Les déchets - Michel FUILLET

ASI : En vous remerciant d'avoir
la gentillesse de nous recevoir,
nous aimerions savoir à quoi servent
ces machines, par rapport
à quels besoins les développezvous
?
Jean Jacques Nardin : Notre
objectif est de développer des
technologies permettant de trier
les matières à l'intérieur des
déchets, que ce soit des déchets
ménagers ou industriels, le but
étant de les amener à un recyclage,
car toute matière peut-être
réutilisée si elle est triée correctement.
Les plastiques, par
exemple, qui ont une très mauvaise
image en matière de recyclage,
image construite parce
qu'on ne savait pas les recycler
car nous ne savions pas trier.
Tous les plastiques utilisés,
notamment dans les emballages,
sont des plastiques représentant
les grandes familles et ils ne sont
pas miscibles entre eux. Pour
pouvoir les réutiliser il faut les
trier et pour les trier il faut pouvoir
en lire la composition, car
l'aspect de l'emballage n'est pas
suffisant pour le trier. En effet,
nous pouvons avoir une bouteille
en plastique qui a la même couleur,
la même forme mais elle n'a
pas été fabriquée dans le même
matériau, donc impossible à recycler.
La seule façon de pouvoir
les trier correctement c'était
d'analyser la composition de la
matière. C'est une idée qui a germée
à l'intérieur de la société
Pellenc SA, qui consistait à travailler
sur des technologies de
rayons, notamment l'infra rouge,
pour arriver à reconnaître des
produits sans contact tout en les
triant à grande vitesse. Monsieur
Pellenc a commencé à développer
cette idée dans les années
90/95 au sein de Pellenc SA
pour s'adapter ensuite à cette
problématique du tri des déchets.
Aujourd'hui nous avons une
entreprise de 110 personnes,
positionnée dans 35 pays, qui
fabrique des machines de tri
automatique et développe de
nouvelles technologies pour aller
encore plus loin dans le tri des
déchets. Actuellement, cela vient
parfaitement s'articuler avec le
besoin de gérer correctement les
ressources naturelles pour les
économiser. La plupart des
matières utilisées pour fabriquer
des emballages, des vêtements,
proviennent de ressources non
renouvelables, qu'elles soient
issues du pétrole ou du minier...
Pour permettre de continuer à
consommer comme nous le faisons
aujourd'hui, il faudra utiliser
moins de matière et en recycler
beaucoup plus. Il y a deux
chiffres intéressants sur le sujet :
si les Chinois consommaient
Rencontre avec Jean-Jacques Nardin de Pellenc ST
La Société Pellenc Selective Technologies est spécialisée dans la conception et la fabrica-
tion de machines de tri très performantes pour les déchets. A ce titre elle a attiré notre
curiosité car elle va dans le sens de notre dossier sur les déchets et le tri sélectif. Etant des
béotiens, nous savions que le tri sélectif fait couler beaucoup d'encre, mais nous ignorions
l'existence de machines ultra sophistiquées et encore moins, qu'elles soient pensées et
fabriquées dans notre région. Pour en savoir plus,
nous avons rencontré Jean Jacques Nardin,
Président Directeur Général de Pellenc ST à Pertuis,
pour qu'il nous parle de ses machines
autant d'essence par habitant
que nous Français, la production
mondiale ne suffirait pas, et s'ils
consommaient autant de papier
que nous, il faudrait raser toutes
les forêts du monde ! On se rend
bien compte qu'il y a un déséquilibre
total entre ce qui est en train
de se produire en termes d'évolution
démographique et sociologique
et les ressources qui sont
naturellement à notre disposition.
Dans ce cadre, le recyclage
est le petit morceau de la
réponse à cette problématique.
ASI : Comment fonctionne
ce repérage à l'intérieur des
machines ?
JJ Nardin : Nous faisons passer
sur un convoyeur à grande
vitesse un tapis sur lequel il y a
les produits ; en fin de course ils
passent dans un faisceau lumineux
concentré dirigé en permanence
sur les produits. L'analyse
se fait par la réflexion du résiduel
de lumière non absorbé par
le produit. Chaque produit réagit
différemment à ce faisceau, cela
permet d'obtenir une signature
du spectre du produit qui vient
de passer. Des instructions sont
ensuite données à un système
d'éjection constitué par une
rampe de soufflettes située dans
toute la largeur de la machine,
qui écarte les produits que l'on
a décidé de trier, en les dirigeant
vers des bacs spécifiques. En ce
qui concerne le non recyclable,
ou ce sont des fermenticides et
il faut les utiliser dans le cadre
d'un compostage, ou ce sont des
matières non recyclables car il
n'existe pas de filière ou parce
qu'il n'y a pas de technologie per-
Centre de Test
AMBITIONS INTERNATIONAL - N° 71 - 27