La politique de censure des partis de i'opposition se consolide et le ...

CHRONIQUE 2001 :
La politique de censure des partis de i'opposition
se consolide et le thème tabou de i'esc1avag;e
est au devant de la scène po1itiqu.e
Hilzdou :Mint Aininn" '
Avec la collaboration de Mariella Villasante Cervello
'année 2001 a commencé sur un fond de réactions politiqiies contre
l'interdiction de la branche de l3(iriion ries Forces 116r>~ocraliques-~re
not.~z~elle (UFD/EN) dirigée par Ahnled Ould Daddali, qu'il était convenii cle
désigner par la presse locale comme le principal parti de l'opposition mauritanienne.
Cette interdiction a étb dbcidée p;ir décret di1 Conseil des niinistres
extraordinaire, tenu le mercredi 28 octobre 2000 ; iin mois plus tard, fut
annoncée la teniie d'élections miinicipales et législatives anticipées.
L'interdiction antidémocratiqiie cle cette branche de 13UFD/EN ne
concerne pas cependant I'UFD-EN dirigée par Molianied Ould Maouloiid [voir
I'A~z~zzfairt> de l>4J?ique du Nord 19991. Elle intervient après une série de
conférences de presse, de marches et de manifestations organisées par ce
parti à Nouakchott et à Nouadhibou, et qui ont été souvent dispersées par les
bombes I:icryiiiogèties, les coups de niatraques et les balles à blanc tirées p;ir
1;i police, ou qui ont dégénéré en affrontements entre des niilitants et les
forces de l'ordre entraînant l'arrestation de dizaines de personnes. Dans ces
manifestations, les participants demandaient la mise en place de comnlissions
d'enquête sur les fortiines personnelles de la faniille du Président mauritanien,
Maaouya Oiild Sid'Ahmed Taya, et sur la gestion des biens piiblics. Ils s,e
mobilisaient égaleillent pour soutenir l'Intifada palestinienne actuelle et la
rupture des relations mauritaniennes avec Israël, ramenant de nouveaii siir le
tapis la qiiestion non éliicidée des déchets niicléaires israéliens enfouis sous
le sol mauritanien [voir l'A~z~zrfai~e de I'AJkiqzre LI hrord 19991.
Kappelons qiie cette question des dbchets nucléaires israéliens a été
dénoncée par Ah~ned Oiild Daddali, président de 13 branche historiqiie de
* Cliercheiir ;tssocié à I'IREMXM.
1. Pour clçs raisons pt.rsonneUes. notre cokaboratricr Ursel Cl;iusen (Deutsches Orient-
Institut. Hambourg. Aleniagne). ne pourra plus écrire la chronique politiqiie tii;iiiritariienne. Noiis
In remercions vivement de son aide précieuse tout ail long des dernières années. Et p;tnllèlement.
nous soiihaitons la bienvenue dans ces pages et d;ins I'Aiii~~rnire rie I'AJriqlre cl~r iznr.d, à Hindou
Mint Aininit, sociologiie et rédactrice en chef clil Journal indépendant Lr Coln~zr cle Nouakchott.
inauritanie (tirages liri~doniadaires en frai1c;ais et en ünbe). IXsonnais cetcr clironiqiie politiqiie
mauritanienne se fera également iivec nia co1kibor;ition Editoriale. hlVC (NDE).
Aniiiiaire lie I'At'rique du Nord. tome X?(SiX, 2000-2001. CNRS ÉDITIONS

i 46 HINDOU MINT AININA
l'EIFIU/EN. opposant du président actuel, Maaouya Ould Sid'AIimed Riya, et
ciindidat mallieiireux a la preiiiière élection présidentielle pluraliste d:ins le
pays de janvier 1991. Ce qui lui a valu plusieurs arrestations par la Ilirection
cle la Sûreté de l'État (DSE). la police politique, dorit la deriiiére en date a eu
lieu le dinianche 10 décembre f 000 à l'aéroport cle Nouakcliott, à son retour
d'iitie toiir~iée qui l'a mené cn Arabie Saoudite (pour le pèlerin~ge), en France
et dans quelques pays arabes (I,il->ye et Syrie notaninlent). Incarcéré et interrogé
en en da nt trois jours, il a été relaxé Ic niardi 13 décembre 2000 à
13 heiires. C'était la cinquième fois qu'il était nrrêtb depuis 1998. Quelques
niois auparavant, le luildi 24 avril 2000, Alinied Ould Daddali avait été arrêté
ri11 siège de son parti, à l'îlot M de Nouakchott, par les policiers cle la direction
de la Sûreté de l'État.
Ilans le iiiên~e contexte, des sraffitis sur les niiirs de la capitale, Nouakchott,
et des nianifestatioils I I'llniversité cle Nouakcliott qui fiistigeaieiit la
position du gouvernement et soiitenaient 1'IJFD-EN, menèrent à la violation
par les forces de l'ordre de l'eiiceiiite universitaire, à la confroiltatioii avec les
~tudiaiits et à l'arrestation d'une dizaine de jeiii-ies dont trois restèrent eli
yrisori pour atteinte i l'ordre piiblic et à la sécurité des citoyens, puis fiirelit
mis en liberté provisoire, un rilois plus tard, à Kaédi, ville de la vallée du fleiive
Sénésa1 pour que fiiialen-ient leur dossier soit classé sans siiite. Ils fiircilt
défendus par iin collectif des avocats du Barreau inaiiritanieii constitué systbinatiquen-ieiit
pour la défense des déteniis politiques depuis le preinier procès
politique de l'ère cléiiiocratique niauritanieilne, qui avait coiiceriié des
personnalités cle la société civile en janvier 1998, lorsque des inilitants des
droits de I'homiiie avaient été arrêtés à la suite d'iin reportage effectué par la
troisiènie chaîne de télévision francaise, France 3, siir les esclaves en Mauritanie
reportage qui avait beaucoup irrité les autorités maiiritaiiiennes '.
Entre-temps, la l'ITFI>/EN dissous préserita un recours auprès de la Cour
suprêiiie dernaridailt I'ann~ilatioil du décret portant sur son iiirercliction. Uiie
interdiction qui résoudra défiiiitiveineiit le contentieux autour du iioin du
parti IIFD/EN, distingué par les journalistes ainsi : IIFD/EN-A de iU-iilîed Ould
Iladdah, et IJFD/EN-B de Mohammed Ould Maouloucl. Cette dernière braiiclie
procéda ail dépôt d'une demande de reconnaissance d'un i-ioiiveaii nom,
~J~lio~l des fol-ces dir A.og~"ès (ITFP) le 10 novembre 2000. tout en continualit
sa politiqiie de (( coii~pron-iis )) et de « coiise~isris )) dans son approclie de participation
et de dialogiie avec le goiiverneinent mauritanieii, et qui était I'iine
(les cniises de la division du principal parti de l'opposition.
Yarnii les fdits marquants de cette année, signaloiis le retour, le 17 juillet.
(.le l'ancien Président nlauritaiiien Mokl-itar Ould Daddah, âgé de 86 ans, après
7. Rappeloiis que diiraiit Le Rallye Paris-Dakar de cléceiiihre 1997. iine sCrie cle report:igcs
siir la X1aurit:inie a été effectuée par les c11:iiiies qui accompagnaient la course h [ritvers le désert.
I'arini ces reportages. il y en a un. sur la question des escl;tves en M;iuritiii-iie. qui kit particiiliiii.c.iiicnt
irritant polir les autoritCs inauritaniemes qui y ont ni iiiiic ~~olonti. cle porter atteinte ii
l'image di1 pays ),. Trois personnes fiircnt arrêtées ct poursui~~irs h la suite de ces report:iges :
13oub;ic:ir Oiild Messaoiid de l'organisation non goiirerrien~elitale non rrconriiie SOS-Esckives.
i:lliciliIi Saad Hoiili Kamara de l'Association mauritanienne des droits de I'honin-ie (Mf1)H. ilon
recoiiniie ion plus). hl:iitre Br:ihinl Ould Ehetn. avocat ;lu kirreaii de Nouakcliott et niilitaii~
;ictif :I 13CFI)/En-A. et enfin Abderraliniane Ould Yessa. qui était en Fr:incc ct ;ivait Ct6 jiigk et
coiid:imné par coiitiinlace [Voir la imbrique Mauritanie, de I';tl,V 19981.

LA POLITIQIIE DE CENSURE DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIDE ji-'
un exil en France qui durait depuis 1978, suite au coup d'État militaire qiii l'a
déposé, Oiild Daddah décide de revenir au pays pour y finir ses jours. Sacs
avoir eii droit ail tapis rouge et au retour en gloire, l'ancien Prksident profite
d'une retraite présidentielle accordée par la loi a tous ceiix qui ont, con~~ne
lui, présiclé aiix destinées du pays.
Sur le plaii kconomiqiie, signalons le renouvellement de l'accord de
peclie entre la Mauritanie et l'Union Européenne, accord contesté par les
armateurs mauritaniens et la plupart des acteurs nationaiix, qiii considèrent
qu'il porte préjudice aiix intérêts mauritaniens. Le même sentiment s'est aussi
benilcoup tléveloppé ail sein des analystes et observateiirs de la scène écono-
inique nationale qui jugent que le renouvellement inconditionnel des ;iccorcts
cle peche ;ivec l'Union Européenne, au moment oii les pays voisins, coinine
le Maroc, ont redktïni les termes du contrat similaire qui les liait avec I'Eiiropc,
est une déi?iillarice de plus sur le long registre des déficits en termes de négo-
ci;itions des responsables politiques mauritaniens.
Précisons ici qiie depuis plus d'une décennie, l'exploitation inconsi-
clérbe de la ressoiirce halieutique tlii pays inqiiiète l'opinion publique et les
armateiirs, et provoque de courantes mises en clemeure de la part des org;i-
nisnîes écologiqiies internationaux, quant à 1;i manière avec laquelle le noil
respect des normes dkfinies par les accords internationailx de pêclie est systc:m;~tique
(maillage, capture de juvéniles.. .). C'est dans ce cadre que depuis
plusieiirs années, les aiitorités mauritaniennes ont imposé une période
;inniielle de deiix mois d'arrêt d'exploitation, appelé « arrêt biologique .,
pendant les mois de Septembre et Octobre.
Sur Ic plan politiqiie, tout au long de l'année 2001. on verr;i s'approfoi~dir
les tendances aux fissions des partis de l'opposition, et, parallèlement,
la consolidation di1 parti du gouvernement [Pnrli R6pirbIicnit2, Ilél~locl.crtique
et Socir~l, PRDS], qui devient une sorte de nouveau parti uniqiie en
M;iiiritailie. Le siijet tabou de l'esclavage sera kgaleineilt ;lu premier plan de la
scène politiqiie rnaiii-itanienne, ayant été porté au débat au sein inetnc- de
l'Assemblée nationale.
L'imposition de la proportionnelle partielle dans les élections
municipales et législatives : les réactions des partis politiques
Ide Président Ma;iouyi Ould Sid'Ahmed Taya a choisi d'annonccr des
cliangeiî-iei-its d'in~portance concernant les scrutins niaiiritailiens le
28 no\.embre 2000, lors de son discours traditionnel à la nation maiiritanienne
le jour de la fête de l'indépendance. Il a déclaré ainsi qiie la proportionnelle
partielle sera adoptée dans les klections n~iinicipales et législative:

décret d'application établi par le Ministère de l'Intérieur, sortira pliis tard, le
'7 février 2001, pour fixer les modalités pratiques, sans poiir aiit;iiit résoudre
le problènie dc tien transparence.
Cepetidnnt, la décision des autorites mauritaniennes d'adopter la
nroportionnelle l>ai-tieiie concerie seiilenient trois circonscriptions
(:lectorales : Nouakcliott, Nouadhiboii et Sélibaby, qiii ont. seloti le di-cret,
plils de 100 000 Iiabitants. II faiit reniarqiier néanmoins qu'à I'exceptioii de
Vouakcliott, les autres ne répondent pas au critère de sélection précisé. Cette
:sitiiation a suscite des réactions yolitiqiies divergentes, allant de la franclie
satisfactioii des partis de la majorité, siirtoiit le parti au pouvoir [Pot-ti
Ré)1/1?1ic~7i17 De~~~oci-nIiqc~e et Socin/. PRnS]. ii la iictte réprol~atioii de la part
de la plupart des paizis d'opposition, en passant par iiiie note moclerée
expriméc par le parti de I'LT~riorr des EOt'ces drl Pi-ogrès [UFP], dont In
reclierclic de dialogiie ct de coiiiproinis a été. selon ses dirigeantq, l'origine
(le cette attitude du gouvernement ;.
Poiirtant, plus que 1';idoptiori de la propoi-tioiînclle, c'est la noiivt.lle
volonté du çoiiver~iemeiit de fiiianccr les partis politiqiies en fonction de leur
représelitatioti au niveau des conseils muiiicil->aux et de leur ouvrir les niédias
publics cliii a doilné il11 souffle de vie 2 iine scène politique morte depuis la
décision du gouvernement d'interdire 1'LIT;D-EN, dans un cadre global marqué
par 1';ibsence de perspectives politiqiies I court terme.
1,'IIFD-EN dissoute a été le preiuier parti de l'opposition - derleilri illésal -
à réagir par la ~oLx de soli respoi~sahle des relations extcrieiires, Alimed Oiilcl
Lafdal. Sur les ondes radiales de Radio France Intenlationale, il a déclaré cliic les
décisions du gouvernement n'étaient que .( de la poudre ails jreiix n.
Ile son côté, dans iine déclaration piibliée poiir la même occasion,
I'lJ~zior? des for.ces dl1 progrès (LJFP) se félicite cles réformes annoncées par le
['résident iiiaiiritanien qiii constitiient. selon ?vloliamed Oiild Maoiiloud (( un
geste d'oiivei-tiire politique qui satisfait certaines de 110s propositions ». Oultl
Maouloud déclare égalenielit que $( les mesures annonc6cs contribiicroiit à
mettre fin à la logique de confrontation dangereuse pour la paix et la stabi!ité.
Mais aiissi à baisser le climat de tension, de répression et de rupture avec
l'opinion publique. Il est nécessaire que ces mesures ou\.rerit 1;i voie à une
large concer-tation politique. sans csclusive, entre le poiivoir et l'opl>osition
afin d'en déterminer, sur une base conseiisuelle, les contenus et les inodalités
de tnise eli oeuvre )).
Le seul parti ~nenibre de la majorité yrésiclenticllc I réagir, l'U17io11 poui.
ln dkl17oc~ntie et icp7.og1.è~ (l ll>I'), se rkjoiiit de l'initiative di1 I->résitlent niauritanien
qui va, seloti soli commiiniqiii-. dans la bonne direction.
Poiir I'AZlici~~ce popzilr~irvprogi~c.~siste (APP), parti ii;itionaliste arabe, (( le
financemetit des partis politiqiies, la couverture niédiatique de leiirs ;ictir itcs
oii leur participation proportiotiiiellc au parleineiit ne sont que des points
élémentaires qui n'ont auciin sens dalis la conjoncture actiielle », car financer
cles partis politiques qu'on interdit ou dont on emprisonne les dirigeants lie
veut rien dire, selon la déclaration du parti piibliée I la mêiiie occasion.
3. LP C ~ICII?~ et l'6.ireil ficbdo. publiant une déc1ar:ition du p;irti de I'LIFP

LA POLITIQIJE DE CENSURE DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLI1)E ji9
Le parti dirigé par Messaoud Ould Rulkheir [dirigeant historique de El
FIor, qiii revencliqiie les droits citoyens des groiipes serviles], Actio~r polir. le
C/~nngenzerlt (AC), reste sceptique quant aux mesures annonckes par le I'réhi-
dent de la Républiqiie qiii sont destinées, selon sa dCclaration, la consomn-ia-
tion locale et internationale et constituent des (( iiyaiieiivres )) pour (( éliider les
vrais problèmes de l'heure )). En fait, AC estiriie qii'il est inipérieiix d'oiivrir iiii
vrai dialogiie franc et sincère entre le gouvernement et tous les acteurs de 1;i
vie politique natioliale, sans exclusivités, pour trouver les voies et les nloyeiis
d'apaiser, par des décisions et des mesiires concrètes, les tensions politiqut:~.
Le dialogiie préconisé par AC doit porter siir (( l'élaboration concertée d'une
loi n-ioderrie siir le statut des partis politiques, leiir place dans la vie nationale.
leur inode de financement et l'organisation de leur acctts aux 1n6cIia publics )).
Aiitant de propositions de bon sens restées cependant sans aiicune rkpoiise
de la part du gouvernement et de son parti, le PRDS, devenu majoritaire en
Mailritanie.
Fissions au sein des partis de l'opposition
et consolidation du parti au pouvoir
La vie politiqiie de l'année ZOO1 est marquée par deiix faits d'inipor-
tance, d'abord l'expansion des fissions au sein des partis de l'opposition, et
parallèlement, la consolidation du parti dii gouvernement, le PRIX.
En effet, ;ilors que l'interdiction du principal parti de l'ol>position soulevliit
des réactions de solidarité non négligeables, notamn-ient p;tr~ni les
étiicliants de l'université de Nouakchott, des Iiittes internes et cles fissions sc
sont manifestkes ail sein du Front des partis de l'opposition @PO). Rappelons
que ce front, crée en 1995, réiinissait les cinq partis les pliis importants siir la
scène nationale : I'UFD-EN de Aiirned Ould Daddah, Actio~z porri* le chrrlr;;t.i~zelzt
de Messaoud Ould Rulkheir, l'Allin~?ce Pop~rlnire P~.ogr.essiste cles
nasseriens, nt-TuliC~ al-zr1~rta~li_)y~n (parti de l'avant-garde n;ition;ile) cles
baatliistes pro-irakiens, puis plus tard, en 1998, le Fro~îtpopulaire de Ch'hilî
Ould Clieikli Melaïnine.
En prenant des clécisions politiqiies unilatérales, le président en titre clu
Frout des partis de l'oppositiolz, Messaoiid Ould Boiilklieir [la présidence est
tournante, tous les six mois] a surpris tout le monde, y compris son propre
parti, en coiivoquant le 16 décembre 2000 iine réunion du I=v'o71t, sans avertir
le secrétaire général cle L'UFD-EN, Ahmed Ould Daddah, qiii venait de sortir
de prison trois jours plus tôt. Une décision d'autant plus étonnante et iinpre-
visible qiie son parti, l'AC, avait prit fait et caiise contre l'interdiction dc
I'UFD-EN de Ould Daddah, ce alors qu'il effectuait un séjour de travail ails
États-unis d'h~iériqiie.
En faisant appel à une position lbgaliste, Messaoi~d Ould Roulklieir
explique sa position en affirmzint qiie le parti de Ould Daddali est un parti
interdit et qiie la charte dii FI-~II~ stipule que les partis membres doi\reiît être
des formations politiques reconnues légalement par le ministère de ['Intérieur.
D'après Ould Boulklieir, le cas du parti pro-irakien at-Tnli'n, qiii ne
siège plus au Aaolzt depuis sont interdiction fin 1999, devrait faire jurispriidence
[Le C~iZn11ze no 301 dii 12 au 23 décembre 20001.

350 HINDOU MINT AININA
Messaoud Oiild Boulklieir a ainsi préféré exclure un ancien parti allié,
auquel il a apporté son soiitien depuis sa création en 1771, que lui apporter
son soiitien 2 un moment critiq~ie ; révélant ainsi les fissiires et les divisioils
profondes existant au sein d'un front qui prétend représenter l'essentiel des
forces d'opposition du pays.
Dans ce contexte de division de l'opposition, le gouverneiileilt, par
l'interniédiaire de son parti le PRDS, continiie ses activités politiqiies de ralliement
de la population. Dans cette période, celles-ci s'organisent autour de la
noiivelle carte d'identité, nécessaire pour participer aux élections miinicipales
et législatives prévues en octobre 2001.
Ia création de nouvelles listes électorales sur la bace
clu Recetisemeiit général à vocation d'état civil
Deux nouveaiités iniportantes cette année sont, d'une part, la création
cle nouvelles listes électorales siir la base du Rrce~zsenze~zt~é~zé~-al i ziocation
clSt;tat civil (RANVEC)' de 1998 et, d'autre part. la création de cartes d'identité
non falsifiables sur la base desqiielles seront faites les élections iniinicipales
et IGgislatives d'octobre 2001.
À cette occasion le Parti Rél~zlblicnir? Dé~~zocratiqzre cl Social, envoie
cles niissions officielles dans toutes les régions du pays, dirigées par des niiilistres
ou de I-iauts fonctionnaires, « poiir espliquer aiix popiilations l'enjeu de
la nouvelle carte d'identité et son utilité )) [Lc Calalî?c no 305, janvier 20011.
Si cette nouvelle mesure de modernisation de systèmes d'enregistrement
civils est jugée salutaire - notamnleilt parce qu'elle introduit la possibilité de
simplification des longs patronymes iliauritatiiens, par le choix d'un seul noni
de famille - il faut préciser que la procédure est particiilièrement longue
(environ 6 mois), et peu accessible aiix citoyens niauritailiens vivant eii milieii
r~iral,
n.lesiires arbitraires de répression civile légalisées
Le gouvernement mauritanien semble se soucier désorinais de trouver
une légitimité judiciaire à tout ce qiii concerne les décisions arbitraires et
irnilatérales. En effet, après avoir déclaré dissoiis le parti d'opposition UFD-EN,
le gouvernement a permis qu'une demande en recours soit déposée aiiprès
de la chambre administrative de la Coiir suprême, dirigée par son président,
R4alSoudh Ould Lemrabot. Cependant, celle-ci a confiriné la dissolution du (lit
parti le 14 janvier 2001.
Cette sentence n'a pas surpris l'opinion piibliq~ie, pas pliis que la classe
politique, qui tloiirrissait peu d'espoirs de voir la jiistice prenclre le contre-
4. Le RANVEC est iin recenseri-icnt organise en 1998 par le Secrktariat d'1it;it cllargé dc
l'État civil. dont l'objectif principal est dc faire une base pour un état civil fiable clans le pays. II
a éti. financé par plusieurs bailleurs de fonds dont principalemcnr l'Union eiin~péenne et 1;1
France.

LA POLI'I'IQITE DE CENSURE DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIDE 351
piccl des clécisions du pouvoir exécutif. Ce qui aurait pii constituer, sans
doiite, Lin cas sans précédent dans l'histoire judiciaire de la Mauritanie.
II faut préciser que la juridiction qui a statué sur le recours présenté par
Ould Daddah, a été présidée par le président de la Coiir siiprêine lui-même,
M;llifoudh Ould Lemrabot, alors que dans les cas d'espèce la compétence en
est dévolue, selon les textes, au président de la Chambre administrative. C:e
dernier est aussi vice-président de la Cour suprême. Au moment des faits, Xe
poste était occupé par le juge Atigh Ould Habib, un magistrat peii docile selon
la presse locale, ceci expliquant peut-être cela.
Dii reste, le recoiirs de Ould Iladdah a été introduit trois jours arant
l'expiration tlii clélai imparti par la loi et donc la forclusion, n'a finalement pis
abouti. Au sein cle la directions de ce parti de 1'0ppositio1-i on n'avait pas trop
cl'espoirs de voir le recours accepté ; on affirme en effet avoir effectiié cette
déiiiarclie (( sous la pression de ses nombreux militants et partenaires, qiii
n'aiiraicnt pas compris qu'on n'ait pas toiit essayé ». Conforme ou lion à la loi,
I:I dkcision prise en conseil des ministres va continuer à produire ses effets.
Ilans le cadre de cette même affaire d'interdiction du parti de I'UFD-Er\[.
la Cour d'appel près la Cour Suprême a rendu sa décision, le 15 janvier 2001,
d'accorder la liberté provisoire aux trois jeunes de UFD-EN, détenus en
décembre 2000 et envoyés à Kaédi. La raison invoquée pour cette décision
est N que leur dossier ne contient aucun fait qui justifie de les maintenir t:n
prison )).
Néaiiriioins, I'liistoiique de l'affaire est fort instnictif sur les n-iécanismcs
de la justice niauritanienne. Après les arrestations de Décembre 2000, iiii
collectif S'avocats du Barreau de Nouakchott s'était constitué pour les
defendre. et avait demandé au Procureur de la République près du tribunal (le
K,~kdi letir niisc en liberté. Or celui-ci a refusé la demande - le 3 janvier 2001 -
en invocliiant le fait que ces jeunes font partie « de la génération ratée des
nniiéc-s soixante-dix et qu'ils ont provoqué des troubles à l'université )) [Le
CLrlcl~)ze 11" 303, janvier 20011, selon une déclarütion des avocats du collectif.
Mais ce n'est pas toiit, le Parquet général avait engagé un poiirvoi en cassation
qiii aurait permis de maintenir les détenus en prison jusqu'à ce qu'un jugement
soit rendu. Mais pour des raisons obscures, la Coiir Siiprême a laissé (211
liberte les ~ccusés dont le seul crime est d'avoir manifesté leur désaccord avec
les décisions arbitraires du goiivernement.
Ilert-iier procès à évoqiier au coiirs de l'année 2001 et qui concerne lin
;iLilre clirigeant politique, il s'agit de celiii de Ch'bih Ould Cheikli Maa El Aïnin.
présiclent du Frowt Pop~rlaire (FP), qui a été iiiterpellé par la police politiqi.ie
i son don?icile le dinianche 8 avril 2001, puis déféré et écroiib jeudi 12 avnl
à la prison civile de Noiiakcl-iott avec deux jeunes cliômeurs supposés app;irtenir
2 son parti. Il est acciisé de « flagrant délit de constitution d'association
cle malfaiteurs en nie de déstabiliser les institutions, en intelligence avec une
puissance étr;ingère ». Vue la gravité de ces accusations, il encourait ilne
peine allant jusqii'à la perpétiiité.
Le proces de Ch'bih Ould Cheikh Melaïnine a été fixé pour le jeudi
10 niai devant la Cour criminelle de Nouakchott, auprès de laquelle son
dossier a ét6 renvoyé. Après avoir été entendu, par le président de cette cour
le jeudi 2 mai, Ch'bih a dû comparaître le jeudi 10 mai et son procès a mobilisé

une grande ol>inioti. En fait. Clibih Ould Cheikh Maa El ilinin est le preiiiier
;iccusé de (( délit d'opinion )) à être jugé par une cour criminelle. les autres
;icciisés di1 riiêtne genre ont été jugés par la Cour correctionnelle.
L'acciisé est passé, jeiidi 10 mai, devant la Cour criininelle cle Noiialic:liotl,
présidée par le magistrat Moliaineden Ould hbderraliinaiie qui décide
que l'affaire sera à nouveau examinée le 37 niai. ])ans l'après-niidi dii
diinanclie 1 j mai, on apprend que par (( ordonnance niotivée dc la cour
supreme », la suite de l'affaire l'État contre Ch'bih Oulcl Cheikh Melainine a
ctté confiée à la Coiir criminelle du tribunal de la Wilaya [Gouvcsrnance] du
I-Iodh El Gharbi, à la capitale, Aïoun el-Atrous. La plus liaute jiiricliction du
pays justifie cette décision par (, des risques de troubles de l'ordre public et
(des impératifs de sécurité .. Le 28 mai la Cour criminelle de la ville cl'hïoun
c-ritend les (( présuniks coupables )), mais ne prend pas non plus de decisions.
13le reporte le procès à iiiie date ultérieure pour permettre aux acciis6s dc se
iiire assister par leurs avocats qui avaient boycotté la première aiitlietice,
h-oquant I'illkgalité du transfert du dossier de leurs clients. I,e jeudi 7 jiiin,
l'affaire est à nouveau clevant la cour criminelle. Cette fois-ci el1 présence di1
c:ollectif d'avocats qui s'est constitiié pour défendre les prévenus, d'observaieiirs
nationaiis - dont Boubacar Ould Messaoud qui représente l'Association
inauritanienlie des droits de I'hotnine (AMDH), des représentants des partis
(Je Tnli'n et de I'UFD-EN tous deux dissous, de I'Actio~~ popz11nil.e pl-o81.e~siste.
du FI-ont PoptfIni?-e, de I'U~ziorz des Forces (II! Progles -. ainsi que d'un
obsenrateiir international, Maître Kane. sénégalais, représeiitaiit la RAI>L>IlO
(,Re~îcontr.e qji-icaine por~l. In clCl)zoc~"ntie ct les droits de l%îo1171)1e).
Au cours d'iin procès plein de rebondissements qiii a duré iine semaine,
la Coiir criniinelle d'Aïoun a finalement rendu son verdict le jeudi 14 juin
2001. Jugés siir ce qui est désormais connu soiis le c-lief d'inciilp;~tion
(i association de malfaiteiirs et accointances avec l'étranger )), Cl-i'bili et deux
(Je ses coaccusés sont condamnés cliaciin à 5 ans de prison ferme. Ils piirgent
leiir peine actiiellement et auciin recours en cassatioii n'a abouti.
C'est la deuxième fois, après le procès intenté contre les jeunes
cttiidiaiits en décembre 2000, que des détenus politiques seront jiigbs dans
ilne ville de l'intérieur du pays. On peut avancer que ces mesures sont prises
dans le but eviclent d'éviter des manifestations populaires contre lcs juge-
ments, et en fin de compte, contre le gouvernetiieiit qui manipule à son profit
le doïiiaine de la justice mauritanienne.
1La question de l'esclavage à l'avant de la scène politique
La cliiestion de l'esclavage en Mauritanie a marqiié le clevani de la scène
politique niaiiritaliienne et africaine en cette année 2001. En effet, la troisièriie
C;o~zfére~?cc ~?zo~?cIinIe co~ztl-e Ic racis~ne, In discrilnii1ntio?i ~.nciale, In
.i-é110]11700ie et I'irztolérnncc, qui eut licii à Durban - du 31 août aii
'7 septembre - a soulevé plusieurs niatiifestations associees aux tlièrnes cles
droits humains en Afrique, niais aussi aux problématiques natioiiales dans la
iilajorité des pays concerni.~. En Mauritanie, une Journée nation;.ile de sensi-
13ilisation et cle lancement di1 processiis préparatoire s'est teriiie le 11 janvicr
2001 à Nouakchott. Organisée conjointement par le Coniniissari;it aux droits

Lï\ POLI'TTQLIE DE CENSUW, DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIDE 353
de I'lioriliiie, à la liitte contre la pauvretk et 2 l'insertion (CDHLCPI) et le
Programnie des Nations Unies pour le Développement (PNlTD), cette journke
a permis aux différents participants, issus de la société civile, de débattre de
I'kpineuse question du racisme et de ses corollaires.
IJne confkrence régionale préparatoire à la Conférence de Diirban
(Afrique clu Siid) s'est déroulée du 20 aii 24 janvier 2001 ii Dakar. Elle ;i
regroupe plus de 300 participalits officiels, membres des ONG. intellectiiels
et représentants cle la diaspora africaine. De manière surprenante, cette
réunion de Dakar n'est pas passée inaperqie en Mauritanie oii, fait excep-
tionnel. elle a fait l'objet d'une dkclaration du ministre de la Justice. Leriirabot
Sicli Mahmoud Ould Cheikh hhiiied, qui y avait participe. dès son retour i
Nuiiakchott. Dans cette déclar;ition inédite, il filstigeait cependalit l'attitutle
de cert;ii~is chefs de partis politiq~ies mauritaniens [c'est-à-dire Messao~icl
Oiild Boulkheir. seul chef de parti prksent à Dakar] qui s'en prennent à 1ei.ir
pays dans les finims internation;iux et veulent ternir son inîcfge. En filit. il
s';igit cle propos officiels. bvoqiiés soiivent sous les mênies ternies (c d'image
11kg:itive de 1;~ Mauritanie )) par divers membres dii gouvernement depuis les
atinkes 1939-1 990.
1,a cliiestion de débat siir l'esclavage a provoqiié des inédits dans le pays
ctitre les trois cour;ints principaux : le premier revendiqiie la recoiinaissance
de I'existetlce effective des pratiques de l'esclavage actuellement [le parti
Action po~ft- le chn~zgenzelzt, 1'ONG SOS-Esclaves, l'Association mauriianierine
des droits de l'homme, et le Committee for 1-Iiimaii Riglits in
Mauritaliia] ; le deiixiènie courant est celui des séquelles de l'esclavage
(CNESEM) ; et enfin le courant c~iii nie l'existerice de l'esclavage en Mauritanie
(la I)élt.g;itio~i officielle du gouvernement, et la Ligue mauritanienne des
droits de l'honitne). Néanmoins, la polémiqiie ouverte entre ces groupes s'est
terminke sans qu'auciin consensus n'ait été trouvé ; les positions adoptées
étant, comme oti petit l'apprécier, complètement opposées.
Au coiirs de la conférence mondiale contre le racisme de Diirban. le
président dii parti inaiiritanieil Action ~ OLLI' le cl?nngenzellt, Messaoud Ould
Houlklieir. a préserité une communication dans laq~ielle il affiriiiiiit l'existence
effective tbt coiitiniie de la pratique de l'esclavage en Mauritanie, où elle ctst
Ikgitinibe par I'islani. La délégation officielle di1 goiivernenient, qiii compi-eriait
des (( liaratiri )) [litt. affranchis ))], a contesté les thèses défendues p;tr le
groiipe cle Messaoud. Mais elle alla pliis loin encore, car elle réiissit a ne pas
cxclure la M:iiiritanie dans la cléclaration finale qui tenait conipte des pays IJLI
pcrsibterit cles pratiques esclavagistes, tels le Soudan [Voir le compte-rendu du
Joui.~znl des nji.icn~zistes consacré à l'esclavage, de M. Villasante, dans ce
voliiriie]. Ces kiits eiirent des répercussions directes en Mauritanie, oii uri
ieiiianiei~ient ministériel eut lieu à Nouakchott juste après la reunion et
concerna pal-ticuli2reriient les (( représentants haratin )) du gouverneillekit.
I>eiix des trois ministres (( haratin )) hirent ainsi évinces de leiirs postes.
Prkisons ici que le ternie bri~-nti~z est un euphémisme contemporain
qui désigne les membres rtels ou supposés des groupes serviles de la sociiitk
5. 1-1 presse indépendante parlait de

.\ j4 HINDOU MINT AININA
bidûn (tii;iure), araboplione et majoritaire dans le pays. Des étiicles académiques
récentes on inontré qu'étant d'origine africaine, ils sont insér6s clésoriiiais
dans la société Iîidân ; et qu'ils connaissent - selon les régions et les
milieiix sociaiix - divers degrés d'iiitégration dans la conimunauté dc
persotlnes libres de cette société. Pourtant, des sitiiations estrêmes cle
dépendance sont encore observables, que nous interprétons coiiinie les
dernières iiianifestations de pratiques serviles anciennes en Afrique. Ccla dit,
iin niarclié d'esclaves ou des relations maîtres-esclaves seniblables à celles
i\sut.s tle la traite négrière entre l'Europe et les Arnériques, sont inexistants en
Mauritanie. Enfin, la hiérarcliie statutaire et l'existence de groupes set-viles est
le lot commun de tous les groiipes ethniques mauritaiiieiis, et plus largement
cle toutes les sociétbs sahéliennes et saliariennes [Voir le livre collectif
Gr-o~rpes sel-zriles au Sahara. Approclge co~~zpa~"atiz~e à partir. d~r cos des
'11-nbopho~zes de Mazirita?zie, M. Villasante-de Beauvais (dir.), CNRS-Éditions.
2!000]. Enfin, il semble évident qu'une émancipation générale et rapide de ces
groupes ne pourrait se faire en dehors d'une volonté politique forte de l'gtat
maiiritaiiien allant vers une évolution sociale de défense des valeurs Cgalitnires
modernes.
Mais cette volonté semble faire encore défaut. Pour le gouvernemelit.
les activités de Messaoud Ould Boulklieir sont particulièrement clérangeantcs,
et le retour de la qiiestion de l'esclavage au devant de la scène a teiidii d;n-antage
les rapports entre le parti du gouvernement, les autorités et les partis
cl'oppositioii - ou ce qui en reste. Après la dissolutiori de I'UFD-EN, le gom-ernenient
pouvait croire qu'il avait limité les dangers d'une opposition raclicale
clans le pays, or aiijourd'hiii le danger surgit d'un côté qu'on pensait déjà
inaîtrisé en termes d'organisation et de capacité de manœuvre. Li « question
l-iaratin )), l'axe principal du discours politiqiie du parti Action potrr le chotlgenle~lt
et surtout de son chef, Oiild Boulkheir, va resurgir cle manière plus
laiicinante au cours des intermèdes de liberté que constitiieront les czimyag,nes
électorales et les débats internationaux, notamment à la cotiférencc
internationale de Durban.
Préparatifs de la campagne électorale des partis de l'opposition
La dissolution legale de I'UFD-EN n'a pas impliqué la disparition des
icrlées et des membres de ce parti, ainsi il a été refondé sous le noin de Kassel~z-
lzlel12elzt des Forces du Progrès (RFP), dont l'assemblée générale constitiitive
a eu iieii le jeudi 28 juin à l'hôtel Chinguetti de Nouakchott. L'ordre du jour
de cette asseiiiblée, comportait essentiellement la nomination ou plutôt I'offi-
cialisatioii du choix des dirigeants de ce parti, qui était très attendu sui- la
sctne politique. Les dirigeants, en particulier son secrétaire général. h4e
Aloharned Mahmoud Ould Emtnatt, n'était pas iine tigure politique bien
conniie au niveau national, bien qu'il ait été actif dans la fédération du parti ii
PJouadliibou et fiit l'un des responsables qui avaient subi les inaiivais traite-
ments de la police lors des manifestations dans cette ville. Même si Ould
r);iddali n'est pas revenu immédiatement à la tête du nouveau parti clès sa
cré;ition, Me Oiild Etnniatt était présenté conme l'un de ses liomrncs dc
confiance.

LA POLII'IQUE DE CENSUKE DES PAR'TIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIIIE 355
Quelqiie temps après, c'&ait dans ilne liesse populaire et dans la salle
comble de 1':incienne Maison des jeunes que s'est ouvert le 2 août 2001 le
premier Congrès ordinaire de Action poz~r le CI~1~zgenze1.2t (AC). Ces assises
avaient pour objectif de permettre aux délégués des coordinations régionilles
et instances de base de dresser un bilan de l'action du parti, d'éclianger leilrs
points de vues et de discuter des perspectives d'avenir. Le congrès devait
enfin renouveler les stlxictiires di1 parti. Six ans après la création du « parti cles
nxisses desliéritées », les militants ne cachaient pas leur satisfaction et iivdlisaient
d'ardeiir.
Les élections anticipées : transparence étonnante
Les élections niutîicil3ales et législatives anticipées ont eu lieu les 19 et
26 octobre 2001. L? date limite du dépôt des candidatures pour les niunici-
pales anticipi-es devait expirer le 30 août. Celle des législatives était fixée au
9 septembre. Et les observateurs locaux s'accordaient pour affirmer qiie les
élections d'octobre détermineraient l'avenir de la démocratie mauritanienne.
Les partis de l'opposition optèrent pour la participation à ces scnitins
attendus. Cependant, ils se présentèrent en ordre dispersé. Le parti cle
Messaouci Ould Boiilkheïr, Actioli porw le CI9a11genze?zt (AC), fit savoir clairement
à ses partenaires qu'il avait pris la décision de se présenter seul aiix élections
nluriicipales. De son côte, le Rnsse~i?ble~neîlt des forces dé~?zocratiq~~es
(RFD), le nouveau parti issu des rangs de l'ancienne UFD-EN de Ahmed Ould
Daddali, prit lui aussi la décision de se présenter sans établir aiiciine alliance.
Restait I'U~zioi~ des fo~.ces dl! progrès (IJFP) de Ould Maoiiloud et le Frolzt
popzil~~ire (FP) de Ch'bili cliii tentèrent de créer une fornie de concertation ail
sein des partis de l'opposition, en nit. de constituer des listes conlmiines, sans
aiiciin résiiltat.
La campayie électorale fiit entamée le 4 octobre 2001, pour les élec-
tions municipales et législatives du 19 et 26 octobre 2001. Tous les débats
furent ouverts sur des questions aiissi sensibles que l'esclavage, la redistribu-
tion pliis équitable des ricliesses et la gestion des biens publics, ainsi qiie sur
les injustices sociales liées à l'absence de l'État et la non pai-ticipiition de
l'opposition au pouvoir. Les partis eurent l'occasion, pour iine fois, de parler
plus ou moins amplement des thèmes qui les préoccupaient qu'ils développC
sent dans leurs messages publiés, avec parfois des difficultés - i.e. à L'ézpeil
Hebdo -, par les médias audiovisuels publics. En effet, lors de la préparation
cles tranches d'émission accordées aux partis de l'opposition durant la
camp;lgne, Ics censiires, les montages et les blocages firent qii'à plusieurs
reprises les représeritants des partis menacèrent de se retirer avant d'arriver à
trouver iin comproinis avec la direction de la Télévision Nationale de Mauri-
tanie (IVM).
La campagne sc déroula en définitive dans un bon climat, iilais I'opiiiion
publique craignait que les promesses de neutralité de l'administration et cie la
transparence des élections ne soient que des mots en l'air. Cependant, la
publication des listes électorales sur Internet, dans un site web créé par le
ministère de l'Intérieur pour I'occasio~i, renforqa les espoirs eti la volonté
politiqiie réelle de gisantir des élections isséprocliables. Et ce qui n'était

376 HINDOU MlNT AININA
qi-i'iine promesse sur laquelle personne ne pariait devint finalement une
ri.:ilitP : le preniier tour des élections législatives et niiinicil,ales se déroula
d;ins une totale transparence.
De l'avis de tous, y coiiipris les partis politiques, l'adniinistration - qiii
sripen-isait l'orgaiiisation du sct~itin -, a été correcte sur toute l'étendue cl11
territoire n;itional. Les différents acteurs de la vie politiqiie reconnurent, voire
saliièrelit cet effort consenti par l'État, A travers le ministère tle l'Intérieur,
pt-nir garantir le bon déroulemeilt du scnitin du 19 octobre 2001.
A l'issue de ces élections. onze députés issiis de quatre forni;itioiis politiques
de l'opposition firent leur entrée à l'Assemblée nationale. Qiiatre
al~partiennent au parti Action porw Ie cl?n?7genze1zt, trois au Rasseniblernent
des forces clémocratiques, trois à 1'Uniorz des forces dz~ progrès, et un au
Frol?t Populaire. Par ailleurs, plusieiirs coiiimunes ont basculé entre les
ruains de Maires de l'opposition. dont la plus importante est la commune de
B~gliE. sur le fleiive Sénégal, tlont le Maire et les deux députés appartiennent
il l'U12ioiz des forces duprogl.ès.
Nouakchott. sur iin total de neuf comtnunes, le parti ail pouvoir, le
PIS, n'en conserve que trois [Tevragll-Zeina, Ksar et Dar Naïm] ; alors qiie
le Rnsse112ble1ne?zt des forces dénzoct.ntiyzles obtenait trois communes
[Toujounine, Teyarett et Arafat] et enfin I'Actio~z pour. le d~n~zgenzc??tt gagnait
c~:alt.ment trois cornniunes des quartiers très pauvres de la capitale [El Mina,
Sebidi;i et Riadli]. Cette sitiiation a été qualifike de déroiite du parti au
poiivoir, par beaucoup de coniiiientateiirs de la presse locale, en particulier
poiir avoir perdu Nouakchott où réside un 1naurit;inien siir trois, et après
avoir cédé beaiicoup de place à d'autres partis de la majorité OLI de l'opposi-
tion. Précisons aiissi qu'alors que le parti au pouvoir, le PRDS, contrfilait la
plupart dcs coniinunes de l'intérieiiï du pays, il en a perdu 1111 certain nombre,
tout en restant présent d;~ns les villes nirales.
Li question de l'esclavage à l'Assemblée nationale mauritanienne
La prçniière session parlenlentaire a été ouverte not-nlalenie~it en
dkcembre 2001, deux semaines après l'investiture pour fornier les groiipes et
les coniniissions parlemeiitaires. Avec 70 députés sur 131, le parti :ni pouvoir
a largenient occupé les postes de responsabilité et les députés de l'opposition
ont pu foriller iin groiipe parlementaire. Les débats au sein des séances
plénières ont été retransmis par la tblévision iiationale et la radio, qui sont les
derix tn6dias assignbs exclusivement aux activités officielles du gouveriicment
Les iinciens siijets polémiqiies dans le pays ont été largement couverts
p;~r les débats, en particuiier les questions de l'esclavage et des exactions clu
réginie contre les populations négro-africaines de Mauritanie dans les années
1089-1990. Des débats iniiovateiii-s et jainais encore entendus dans la grande
salle de 1'Asseiilblée nationale.
I,e thème principal qui a aniiné le débat politiqiie depuis l'ouvertiire

LA POLITIQITE DE CENSURE DES PARTIS I>E L'OPPOSITION SE CONSOI.Il)E 35'
le terme esclavage, ni de ce qiii détermine le statut d'esclave et ce qiii s'y
associe comi-i-~e charge sociale et ciilturelle.
Le thSme a été abordé dès la preinikre séance plénière de l'Asse~nl,lée
- diffusée et redifhisée par les médias officiels -, qui eut lieu le 34 déceinbre
2001, et qui était consacrée au discoiirs dii Preinier ministre, Cheikh El Xvia
Ould Mol-ianied Khouna, poiir présenter sa politique générale ail parlcnient.
Au cours de ses réponses aux questions des dépiités, le Preinier ininistre ;I
montré du doigt le groupe des députés de I'opposition en les accusant de
voiiloir entraîner le pays dans (( iiile tourniente seinblable à celle cle 1989 qiii
a coûté la vie à des milliers de mauritaniens )). A l'écoute de ces propos,
Messaoiid Ould Boulkheïr, président du parti Actio~? por~i. le Cha~zge~?zelzl et
président du groupe parlementaire de l'opposition, s'est levé et a demandé ail
président de l'Assemblée et président de la séance, Rachid Ould Saleh. de
retirer la parole au premier ministre et d'exiger de Iiii des exciises. Oiild Saleli
n'a naturellement pas accordé d'iinportaiîce à la demande de Oiild Boiilkheïr.
ct le Premier ministre a coiitiiliié à parler sur la mênie lancée. Indigné.
Messaoud Oiild Boiilklieïr décide de quitter la salle en signe de rotes station.
Les autres dépiités de l'opposition le siiivent spontanémeilt.
Les positions en confrontation sur l'esclavage
Dans le débat siir l'esclavage i-ilauritanien, trois positions s'affrontent. La
position du gouvernement et, naturellement, des députés du parti au pouvoir,
le PRDS, est qiie l'esclavage n'existe pas en Mauritanie, et qiie ceux qui
parlent de l'existence de cette pratique sociale ne sont que des ennemis ili: la
nation qui veulent détruire le pays. Comme on l'a déjà noté, au sein du PRDS
se trouvent certains hommes politiques qiii sont présentés - et qui se preseii-
teiit - comme des (( représentants )) des (( haratin )) dans le pays. Ainsi, dè:j le
lendemain de l'intervention de Messaoiid Ould Boulkheïr à l'Assemblée natioiiale,
un député (( haratin )) du PRDS cle Nouadhiboii, Ch'rif LU~~-iiecl Oulcl
Moussa, déclara que l'esclavage n'existe pas en Maiiritanie. En riccusanr le
parti de Messaoud Ould Hoiilklîeïr de faire un fonds de commerce de ce (1 fiiux
problkme », il demanda que le parti soit dissous. Quelqiies jours plus tard, iin
aiitre deputé de Magta Lahjar qui etait clief du département politiqiie du
PRDS, Mohamed Vall Ould Bellal, expliqua que la demande de dissolutioi~ dii
parti AC, tout comme celle de at-Tali'a, serait légale et coiSorme à 1:i Constitiition
et à la loi organisant les partis politiques en Mauritanie. 011 voit bien
comment est manipulée cette loi qui par ailleiirs garantit la liberté d'expression
et la libre association en Maiiritanie.
La deuxikme position, exposée à I'Assetilblée sur cette question est
défendue par le député et secrétaire général de l'union des forces clii progrès,
Molianied Moustapl-ia Ould Bedreddine. En apportant qiielqiies nuances ;i la
positiori officielle du goilvernement, il considère qiie si l'esclavage, en tani
qiie systcme organisé, n'existe plus en Mauritanie, et qii'il a kt6 aboli l(+-
lement, il existe cependant des (( survivances et des séqiielles de ce flé:.tii
?)
dans le pays. Et suggère que celles-ci peuvent être combattues à deux
niveaiix : par la lutte contre la pauvreté et par une campagne de sensibilisa-
tion au sein de l'opinion publique. Signalons qii'une telle campagne n'a jamais

Zi8 HINDOU MINT XININA
été réalisée cla~is le pays, même pas après l'abolition fornielle de l'csclavage
eii 1980.
La troisiènie position est complètemeiit opposée h la première qiii nie
iine réalité évidente, et à la seconde qui tente de teinporiser ris-l-vis du
gouvernerilent. Elle est dbfendiie par Messaoud Ould Boulklieïr, qui n'a jamais
niâché ses mots à ce propos et a toujoiirs déclaré 1i;tut et fort qiie l'esclavage
existe bien en Mauiitatiie et qu'il contiiiue à être pratiqiié à l'encontre des
couches les pliis faibles, les « haratin )). II défend ce point de mie depiiis ;iii
nioins deiix ans dans les fonims internationaiix, dont le dernier était la conférence
de Diirban en août 2001 et à laquelle il a assisté en tant que chef du parti
Action poiir le cliangement, mais surtout comme leader du inoiivement el-
Horr. Du reste, son intervention lors de cette conférence a continué d'irriter
le gouvernement qui essaie de le présenter à l'opinion publiqiic cornilie un
homme dangereux poiir l'unité tiation~le. Il faut dire que la retransiiiission de
toiites ses interventioiis à la radio et à la télévision nationales lors de la
c;inipagne électorale, a pii être interprétée comme une teiitative gouvernementale
de préparer l'opinion niauritanienlie à une filtiire action rbpressive à
l'encontre de Messaoud Ould Boulklieïr et de son parti.
En tout état de cause, le débat autour de la question de 1'escl;ivage a été
officiellemetlt ouvert et a dépassé largement l'hsseiiiblée pour devenir le sujet
b

LA P0I.ITIQI JE DE CENSURE DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIDE 359
aiiraient fréqiienté des écoles de pilotage aiix États-unis. Du reste, la liberté
provisoire a été acceptée contre une caution de dix niille dollars demandée à
trois mauritaniens arrêtés. La situation di1 quatrième semble plus confuse. Il
serait entré aux États-unis en provenance des Émirats Arabes Unis et suivilit
dcs cours de pilotage. La police s'est intéressée beaucoiip à lui niais aiissi
trois aiiti-es Maiiritaniens liabitant à Detroit et qui suivaient, eux aiissi, des
coiirs de pilotage d'avions. Sur un autre plan, certains Mailritanieils ont pertlii
leurs emplois parce que leurs en~ployeurs ne veulent plus faire travailler les
rnusulniatis. D'autres reçoivent des menaces de représailles. Signaloiis enfin
que la conlinunauté mauritanienne aux États Unis a tenu à présenter ses
coiidoléai~ces ;ILI peuple américain qiii ont été publiées dans le journal
147asl~ii?gtc~i? Post.
En Maiiritatiie, même s'il n'j7 a pas eu de mouvement de foiile pour ou
contre les attaques du 11 septembre, la tendance générale ail sein cle l'opinion
était sensibleiiie~it favorable aux adversaires des États Unis. Au niveau des
riioscliikes et dans l'enceinte de l'iiniversité et des lycées, la teridance était
franchement ami-américaine, même si pour la plupart de Mauritaniens, les
itttent;its contre les deux tours de New York sont jugés « terrifiants et extrênicment
atroces poiir les civils qui les ont vécus, quelle que soit par ailleiirs
la haine qu'on peut porter à l'arrogance et à l'extrémisme américains » (Le
(:nlarne). Pendant cette période de tension internationale, les forces de
l'orclre ont niontré beaucoup de présence et les ambassades des pays occident;liix
et d'Israël installées à Nouakchott ont été barricadées.
En siih-ant la positioil des imams officiels de la grande moscliiée cle
Nouakcliott, dans la plupart de mosqiiées du pays, le prêclie etait fr;inclienient
hostile à ce genre d'action contre (( l'ennemi de la ZLI?ZITZ~ [con~niiinaiité
de croyants] ». Et dans d'autres mosquées détenues par les intégristes - en
particiilier daris les quartiers populaires et périphériques de la capitale n~aiiritanierine
-, on lançait un appel formel au jihdd et à la 1ibér;itioti des lieux
saints de l'islam.
Chronique diplomatique
Le premier remaniement du gouvernement a été effectué le dimanche
28 janvier 2001, lorsqu'on a annoncé l'entrée de cinq nouveaux ministres au
gouven-ieiiicnt. Mais, comme on le sait, les ministères maiiritanieiis changent
soiivent cle locataires et les portefeuilles de mains, sans qu'une explication
pnrticiilière soit donnée par les coinmeiitateurs ou les observateurs de la poli-
tique locale i ces changements.
Cependant, une fois n'est pas coutiitne, ce premier remaniement de
l'année 2001 est explicable dans certains de ses aspects. Dii moins en ce qiii
concerne la nomination d'un nouveau ministre des Affaires ktrançères en la
personne de Da11 Ould Abdi, liomme de confiance de Ould Tqa, longtemps
;inibassacteiir de Maiiritanie en France, où il a beaucoup de relations. Un
nouvenu ministre dans ce ministère prestigieiix est l'expression d'iine
riouvelle orientation politiqiie. Or si cette personne est un faniilier dii Quai
cl'Orsay, cette orientation n'en est que plus évidente.

:\(>O HINDOU MINT 41NlNA
Néanmoins, la no~ivelle donne mondiale de ce débiit d'année: est loin de
faciliter la tâche a la diplomatie niaiiritanienne. Aiix États-unis, l'arrivée de
l'équipe ~iéo-isolatioiiriiste du président Georges Bus11 à la Maison blaiiche ne
peut que relkguer à l'arrière plan l'intérêt que portaient les officiels nordaniéricaiiis
;lu monde extérieur en général, et a la Maiiritanie en particulier. Et
il ne semble pas plus évident d'établir des bonnes relations diploiiiatiques
iivec l'équipe de Bush, qu'avec le nouveau gouvernenient israélien de hriel
Sharon - la Maiiritanie ayant maintenu ses relations diploinaticliies avec l'État
1-iébreii aii lendemain des élections israéliennes du 6 février 2001.
Dans ces 1iiotiients d'incertitiide aiissi bien par rapport aux positions des
hnéricains, que dans la perspective d'un repli certain vers de noiivelles
alliances, la (( reconquête de Paris » a semblé importante ;tu président mauri-
tanien. Le rioiiveau ministre des Affaires étratigères esprime bien cette
iiouvelle orientation, la France étant un allié traditionnel », 1-oire ( sûr D, pour
çonstitiier la porte du (( recul stratégiqiie )) obligatoire.
Ainsi, I'orientatioil diplomatique générale pour la Mauritaiiie reste la
politique de rapprochement vis-%vis d'Israël et des États-unis, leurs alliés
l-iabitiiels. Dans ce cadre, le ministre Da11 Ould Abdi a &té envoyé, deux mois
après sa iioniination, effectuer une visite de deiix jours en Israël. (lela ail
inoineiit même où Tel Aviv chcrcliait à trouver une issue à la inontée de la
rioleilce dans les territoires occiipés et en Israël. Et alors que la 1,igiie arabe
avait pris la décision d'interroinpre toute forme de relation arec l'État Iiébreii.
La position diplomatique de la Mauritanie ne poiirait pas être plus éloignée
cle celle adoptée par la majorité des pays arabes. De toute évidence, le goiiver-
nement maiiritanieii a choisi une politique pragmatique qui ne tient nulle-
ment compte de l'agression israélienne contre le peuple palestinieii. Une
politiqiie qiii a toiijoiirs été critiquée par l'opinion qiii refiise ci plior-i tout
contact avec les rares missions oii visiteurs venus d'Israël, rnênle si la
présence - très discrète - d'une ambassade israélienne 2 Nouakchott ne crée
pas de manifestation évidente de rejet au niveau de la nie. 1.es réactions à
l'Intifada, et aux actions israéliennes soutenues ouverteincnt par les ainéri-
caitis dans les milieux estudiantins, ont ravivé le sentiment aiili-américain
primaire au sein de la nie mauritanienne, même si aucune violcnce n'a été
reellement signalée par la presse.
Les relations diplomatiques avec les pays voisins
Les relations diplotnatiques entre la Mauritanie et ses voisins deviennent
de pliis en pliis positives. Les conflits latents avec le Sénégal oii avec le Maroc
sont dereiiiis nioins tnenaqants, notamment après les rencontres et les visites
officielles des différents cliefs d'État de la région dans le pays l'iiii de l'aiitre.
En effet, les déplacements successifs di1 Président mauritanien à I>;ikar
et Bamalto [3-4 Avril], suivi de la visite officielle de 0um;ir Konaré Présiclent
du Mali en Maiiritanie [28 Avril], et elifin la visite du Président sénégalais
Abdoulaye Ifade, recii à Nouakchott et Nouadliibou [14-16 Mai], ont pacifié
les rapports entre les trois paj7s, en particulier entre la Mauritanie et le Séiibgal
après 1:i noiivelle crise politique de juin 2000 [Voir I'Anr?zrnir.e de I'AfiAiqtle
drr IZOI.~,
19991.

LA POLITl(>I!E DE CENSIiRE DES PARTIS DE L'OPPOSITION SE CONSOLIDE 361
Maaouya Oiild Sid'Ahnîecl Taya s'était rentlu au Maroc en 2000 : d'abord
pour assister aiix obsèques du défunt roi Hassan II, puis en visite officielle cle
trois joiirs qui avait commencé par la ville symboliclue de Tanger. Qiielqiie
tetiîps après, les 10 et 11 septembre 2001, le roi du Maroc, Moliamed VI, a
effectiié la première visite officielle d'un souverain marocain à la capitale
niaiiritanieni~c Nouakchott. Certes, Hassan II, Gtait venii en visite en 1970,
niais celle-ci s'était limitée uniquement à Nouadhibou. Aussi, la visite

HINDOU MINT AININA
7 fkvrier : Décret cle loi sur les élections partielles et siir le financenieiit
cles pai-tis politiques.
27-28 mars : La Maiiritanie participe au sommet de la Ligue arabe à
Amiilan, Jordanie.
3-4 avril : Visite du Président Maaouya Ould Sid'Ahmed Tay i 1)ak;ii.
8-12 avril : Ch'bili Oiiltl Cheikh Maa El Aïnin, président du Front Popiilalire
(FP), est interpellé par la police politiqiie à son domicile, puis déféré et
kcroiié le 12 avril à la prison civile de Nouakchott avec deux jeiines chômeurs
siipposés appartenir à son parti. Il est accusé de flagrant clélit de constitution
cl'association de maifaiteurs en vue de déstabiliser les institutions, en intclligence
avec une puissance étrangère r. Son procès est fixé poiir le 10 iu:ti près
de la Coiir criminelle de Nouakcl-iott - alors que les accuses d'opinion sont
p,éiiéralerneilt jiigés par la Coiir correctionnelle.
28 avril : Le Président Oumar Konaré du Mali en visite en M;liiritanie.
14-16 ii-iai : Le Président sénégalais 73Crade en visite eii Maiiritanie.
22-23 mai : Dah Ould Abdi, Ministre des affaires étrangères, en visite en
1sr:iël. La Maiiritanie n'a pas rompu ses relations diplomatiques avec ce pays.
14 juin : Ch'bili Oiild Cheikh Maa El Aiilin, président du F1.01lt I'o[~rrlciil.e
(FP), et deux autres acciisés, sont coildamnés à 5 ans de prison ferme.
28 juin : Fondation d'un noiiveau parti : Rnsse~î~hlen~mzt des For.ces dri
1'1-ogl.2~ (RFP), issu de l'ancienne U~zio~z de Fof'ces Dé11~ocrn1iq11e.s de Alinied
Ould Daddah.
17 juillet : Moklitar Ould Daddali, ancien Président rn;~iiritaiiicn, est cle
retour en Mauritanie.
1" aoîit : L'accord de pêche entre la Mauritanie et I'LJnioii Européenne
est renouvelé.
31 août-7 septetiibre : Co~zférelzce ~lzolzdiale coutre Ic rncisnte, In
discri~~ziunlion rncinle, ln xé~zopholîie et I'i~ztoléra~zcc, Diirban, Afrique clu
Sud. Messaoud Oulcl Boulkheir, dirigeant clu parti Action pozir le cl~nr~gc-
~~zellt, présente une commiinication dans laquelle il dénonce la persistance de
l'esclavage en Mauritanie. La Délégation officielle conteste ccs affirinations et
obtient que la Mauritanie ne figure pas dans la déclaration finale (Je la confi.-
rrnce parnii les pays où l'esclavage persiste.
10-12 septembre : Le roi marocain, Mohamed VI, effectue sa prcrilikre
visite officielle en Maiiritanie.
Il septembre : Après les attentats tragiques de New York, plusieiirs
IbIaiiritaniens installés aux États-unis d'Amérique sont interpellés par les
forces de l'ordre.
19 et 26 octobre : Élections muilicipales et législatives anticipées. I.es
partis d'opposition se présentent individuellement. Les listes Glectorales son1
publiées officielleillent sur Internet, et les scnitins se déroiilent cl:ins la tt-:ins-
parence. Le parti au poiivoir a perdu plusieurs communes de Nouakchott,
niais cons et^-e son importance à l'intérieur du pays.
24 décembre : Discours d'ouverture du Premier ministre 5 1'Assembli.e
nationale. Débat polémique sur l'esclavage. ,
2 janvier 2002 : Le Conseil de ministres décide de dissouclse le p;irti
Actiolz pol~l- le chnjzge~tze~zt, dirigé par Ould Boulkheir, iiti ancien ministre
11 ii-niême.