Mémoires d'Orient. Du Hainaut à Héliopolis - Musée Royal de ...

MÉMOIRES D’ORIENT
DU HAINAUT À HÉLIOPOLIS
Musée royal de Mariemont
B-7140 Morlanwelz
064 21 21 93
www.musee-mariemont.be
Exposition ouverte tous les jours
(sauf les lundis non fériés)
7 mai - 17 octobre 2010
Documentation pédagogique
© Photographie : M. Lechien - Graphisme: Chr. Lemaire

MÉMOIRES D’ORIENT
DU HAINAUT À HÉLIOPOLIS
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DU HAINAUT À HÉLIOPOLIS
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(sauf les lundis non fériés)
7 mai - 17 octobre 2010
Documentation pédagogique
© Photographie : M. Lechien - Graphisme: Chr. Lemaire

D’où vient ce charabia ?
Les liens entre le français et l’arabe
D’après BARAKE B. et WALTER H., Arabesques. L’aventure de la langue arabe en Occident,
Robert Laffont. Éditions du Temps, 2006.
De l’arabe au français... Quelques exemples :
-algèbre < al-jabr « réduction (à une forme plus simple) », titre d’un ouvrage du mathématicien al-
Khuwârizmî (9 e s.), traduit en latin dès le début du 12 e s.
-babouche < bâbûch (arabe dialectal) provenant lui-même du persan pâpoûch, la chaussure
-bled < bled « pays » (arabe maghrébin). 19 e s.
-calibre < qâlib « forme, moule »
-carafe < gharrâfa « pot à boire », par l’espagnol garrafa et l’italien caraffa. 16 e s.
-charabia < al-gharbiyya « celle de l’Ouest ». 19 e s.
-maboul < mahbûl « imbécile, illuminé ». 19 e s.
-magasin < makhâzin « entrepôts », de khazana « rassembler, amasser ». 14 e s.
-matelas < matrah « qui est jeté à terre », de taraha « jeter ».
-momie < mûmiyâ’ « bitume d’embaumement », du persan moûm « cire », (le sens actuel de
« momie » date du 16 ème s.). 13 e s.
-safari < sâfara « voyager », par le swahili safari « bon voyage ». 20 e s.
-sofa < sûfa « coussin ». 16 e s.
-tasse < tâsa « écuelle, coupe », du persan tâst. 12 e s.
-zéro < sifr « vide », par l’italien zefiro, contracté en zero. 15 e s.
Mais encore abricot, albatros, alcool, artichaut, se barrer, café, caïd, calife, camphre, chouia, clébard,
couffin, couscous, curcuma, douane, écarlate, échecs, élixir, estragon, fardeau, flouze, gazelle,
gilet, hasard, henné, jarre, jasmin, jupe, laiton, limonade, …
Du français à l’arabe …. Quelques exemples :
-alaminyo(m) < aluminium « métal industriel léger »
-akordyon(n) < accordéon, emprunté à l’allemand.
-akséswar < accessoires (voiture) « pièces détachées.
-aryèr < (marche) arrière « dispositif permettant de faire reculer la voiture ».
-bakadouch < bac à douche « réceptacle destiné à recueillir l’eau de la douche ».
-bakalorya < baccalauréat « diplôme de fin d’études secondaires ».
-bissékléta (Egypte) < bicyclette « véhicule à deux roues ».
-borselènn < porcelaine « céramique fine ».
-chinyonn (Egypte) < chignon « cheveux regroupés en masse à l’arrière ou au sommet de la
tête »
-doktor (Egypte) < docteur « médecin ».
-diskotèk < discothèque « lieu de divertissement où l’on peut danser ».
-farmasi < pharmacie « point de vente de médicaments ».
-forcha (Egypte) < fourchette.
-frèz < fraise.
-jadarmiya < gendarmerie « militaires chargés de l’ordre et de la sécurité publique ».
-kaféolè < café au lait (couleur).
-mayonéz< mayonnaise.
-okazyounn < occasion « en solde ».
-parfin < parfum « senteur agréable ».
-sandriyé < cendrier.
-sommon (Egypte) < saumon « couleur rose orangé ».
-tayybass < taille basse « pantalon ou jupe dont la ceinture se place au-dessous des hanches.
-twalètt < toilettes
-vanilya (Egypte) < vanille « gousse utilisée pour parfumer la pâtisserie ».
Mais aussi alarm, albom, ananass, andiv, apartman, blastik, bouklé, chèk, chofaj, dékolté, frèz,
jigo, kadr, kassarola, koulott, massaj, mizanpli, opital, …
Envie d’en savoir plus ? découvrez l’atelier « Du bled au village » qui suit la visite guidée
(informations p. 3).

Bibliographie
Quelques titres relatifs aux thèmes développés dans l’exposition
Croisades
J. FAVIER, Godefroi de Bouillon , in Encyclopaedia Universalis, 2007 (DVD).
S. GODFRINNE et Ch. HENNEGHIEN, Le livre des admirables histoires des nobles Princes de Hainaut,
Jumet, 2004.
Ch. HENNEGHIEN, Sur les traces des croisades, Bruxelles-Tournai, 2004.
A. MAALOUF, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, 2001.
J. RICHARD, Histoire des Croisades, Paris, 1996.
G. TATE, L’Orient des croisades, Paris, 2008 (Découvertes Gallimard).
Templiers
R. PERNOUD, Les Templiers. Chevaliers du Christ, Paris, 1995.
Histoire des juifs en Belgique
J.-Ph. SCHREIBER, L’immigration juive en Belgique. Du Moyen Âge à la Première Guerre mondiale
, in A. MORELLI, Histoire des étrangers et de l’immigration en Belgique de la préhistoire à
nos jours, Bruxelles, 1996.
J. STENGERS, Les Juifs dans les Pays-Bas au Moyen Age, Bruxelles, 1950 (Académie royale de
Belgique. Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Mémoires, collection in-8°, t.
XLV, fasc. 2.) (en ligne)
Site de Gérard Waelput, professeur d’Histoire à la Haute Ecole de la Communauté française du
Hainaut, à Mons : http://www.waelput.net/
Tsiganes
H. ASSEO, Les Tsiganes. Une destinée européenne, Paris, 1994 (Découvertes Gallimard).
Villes et pays d’Orient
G. ANDREU, Inventaire de l’Égypte, Éditions Universalis, 2010.
M.-C. BRUWIER et A. VAN LOO (dir.), Héliopolis, Bruxelles, 2010.
N. MONCEAU, Istanbul. Histoire, promenades, anthologie & dictionnaire, « Bouquins », Paris,
2010.
Religion
Solidarité-Orient, bulletin 253, janvier-février-mars 2010: Aux origines chrétiennes de l’Islam.
Islam et chrétiens d’Orient, une mémoire commune.
Industries régionales
Baume & Marpent. De la Haine au Nil… Itinéraire d’un géant, La Louvière, 2006.
Voyageurs (Égypte)
M.-C. BRUWIER, Les aventures d’une comtesse en Égypte : récit annoté et commenté du voyage
de Juliette Robersart - Décembre 1863 à mars 1864, Bruxelles, 2005.
S. MOUSSA, Le voyage en Égypte. Anthologie de voyageurs européens de Bonaparte à l’occupation
anglaise, Paris, 2004.
S. MOUSSA, La Relation Orientale. Enquête sur la communication dans les récits de voyage en
Orient (1811-1961), Paris, 1995
L. MURAT et N. WEILL, L’expédition d’Égypte. Le rêve oriental de Bonaparte, Paris, 1998
(Découvertes Gallimard).
Folklore
J.-P. DUCASTELLE, M.-F. GHEUSQUIN, et al., Géants et dragons. Mythes et traditions à Bruxelles,
en Wallonie, dans le nord de la France et en Europe, Coll. Les beaux livres du patrimoine, Casterman,
Tournai, 1996.
P.-J. FOULON (dir.), Dragons d’Orient et d’Occident (dossier documentaire publié à l’occasion de
l’exposition Dragons d’Orient et d’Occident. Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, du 23 septembre
au 27 novembre 1994).
B. VAN CAENEGEM, La Ducasse de Mons, Mons, 1996
Saints (histoire et iconographie)
A. COLLIGNON, Dictionnaire des saints et des cultes populaires de Wallonie, Liège, 2003.
Toponymie
J.-J. JESPERS, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, Bruxelles, 2005.
Histoire et patrimoine des communes de Belgique - Province du Hainaut, Éditions Racine, 2009.
Étymologie
H. WALTER, B. BARAKÉ, Arabesques. L’aventure de la langue arabe en Occident, Paris, 2006.

Personnalités importantes dans les relations entre le
Hainaut et l’Orient
Raoul WAROCQUÉ (1870 – 1917)
Homme politique, Raoul Warocqué a notamment été bourgmestre de Morlanwelz à partir
de janvier 1900. La même année, il est élu député. Il occupe ces deux fonctions jusqu’à sa
mort.
Dernier représentant d’une « dynastie » d’industriels charbonniers, il est aussi un remarquable
mécène. Soucieux du bien-être de ses concitoyens, il crée à Morlanwelz une crèche,
une maternité, un athénée, un lycée pour jeunes filles, une école normale pour garçons…
Mais l’aspect le plus connu de Raoul Warocqué reste celui de collectionneur. Très jeune
déjà, il se passionne pour les belles éditions. Il va amasser sa vie durant des milliers d’ouvrages.
Des grands classiques présentés dans de superbes reliures dont certaines sont
commandées à des artistes de renom, des incunables, des manuscrits, un exemplaire de
la monumentale édition de la Description de l’Egypte. Il accumule des autographes, des
ouvrages documentaires en rapport avec les autres collections qu’il se constitue au fil du
temps.
Sa formation classique l’amène tout naturellement à rechercher des témoignages des civilisations
grecque, romaine et égyptienne. Il visite d’ailleurs les pays méditerranéens et finance
même une campagne de fouilles en Egypte.
Il rassemble aussi une impressionnante collection de faïences et porcelaines de Tournai.
Un voyage en Chine, doublé d’une mission diplomatique lui font découvrir les civilisations
extrême-orientales. Il acquiert nombre d’œuvres qui les illustrent.
Il n’en néglige pas moins le passé de sa région. Ainsi il financera diverses recherches archéologiques
en Hainaut, non seulement au sein du Domaine de Mariemont mais aussi sur
le site de l’abbaye de l’Olive toute proche, à Houdeng-Goegnies, à Haulchin, à Fayt-lez-
Manage, à Chapelle-lez-Herlaimont, à Nimy, ainsi qu’à l’emplacement des cimetières mérovingiens
d’Haine-Saint-Paul et à Trivières. Il se constitue ainsi une collection d’histoire
régionale qu’il complète par de judicieuses acquisitions tant d’antiquités que de livres, archives,
cartes, gravures…
Dans son domaine de Mariemont, non content de rassembler les vestiges de son passé, il
acquiert des créations contemporaines et dans le parc une remarquable collection dendrologique.
Soucieux du devenir de cette riche collection et désireux qu’elle soit accessible à tous, il la
lègue à l’Etat Belge, à charge de celui-ci de la préserver et de l’entretenir mais aussi de la
rendre accessible au public. C’est ce geste philanthrope qui est à l’origine de l’actuel
Musée royal de Mariemont.
Juliette de ROBERSART (Mons 1824 – Wambrechies 1900)
À l’instar de Madame de Sévigné, Juliette de Robersart a laissé une abondante correspondance
et un ouvrage, publié en 1867, une première fois sous le titre Orient. Égypte. Journal
de voyage dédié à sa famille par M me la Comtesse Juliette de Robersart et une seconde
fois, la même année, en deux volumes intitulés Orient. Syrie. Journal de voyage dédié à sa
famille par M me la Comtesse Juliette de Robersart, qui relate son séjour en Égypte dans le
premier tome et en Syrie dans le second. Son abondante production épistolaire, un peu
oubliée, a été remise à l’honneur récemment.
Issue d’une famille noble, Juliette mène une vie très indépendante. Elle refuse le mariage
et entreprend de nombreuses expéditions à travers l’Europe et l’Orient. Ainsi en 1865, elle
voyage à Rome puis en Italie méridionale et en Sicile. En 1866 elle parcourt l’Algérie. Elle
visite l’Espagne en 1863, et 1876. Lors de ces périples, elle entretient une abondante correspondance
avec ses amis dont Charlotte de Grammont ou encore l’écrivain pamphlétaire
Louis Veuillot qui lui écrit : « Chez Madame de Sévigné, l’esprit, la main, le papier, tout
vole ; de même chez vous et c’est ce qu’il faut ». C’est ce dernier qui publie une partie de
sa correspondance, les Lettres d’Espagne.
En 1867, après avoir parcouru l’Espagne, elle entreprend un pèlerinage en Terre Sainte qui
l’amène à visiter l’Égypte et la Syrie et qui se termine par la Grèce et l’Asie mineure. Fidèle
à ses habitudes, elle ne manque pas de correspondre avec ceux qu’elle laisse derrière elle.
Cet abondant témoignage nous laisse une peinture très vivante des aventures de la comtesse
en Orient. Non seulement elle décrit avec verve et enthousiasme les paysages et
monuments qu’elle découvre mais aussi les détails pittoresques du quotidien.
Elle partage ses impressions avec ses correspondants : comment elle se déplace, ce
qu’elle mange et boit, ce qu’elle peut observer de la diversité et des us et coutumes des
populations locales, les couleurs et les odeurs des souks et des marchés, la splendeur des
temples antiques ou de la nature, ses impressions teintées d’émotion, mais aussi les petits
travers de ses contemporains ou la laideur de certaines villes.
Ces trésors d’éloquence nous emmènent du rire aux larmes en passant par l’émerveillement
au travers des yeux de cette femme d’esprit et de cœur qui montre une grande
connaissance des cultures des régions qu’elle traverse.
À partir de 1879, elle décide de ne plus voyager et arrête ses publications. Elle passe les
dernières années de sa vie au château de Wambrechies qu’elle reçoit en héritage après de
multiples deuils.

Émile PRISSE d’AVESNES (Avesnes 1807 – Paris 1879)
Destiné initialement à une carrière au barreau qui ne lui plait guère, Émile Prisse d’Avesnes
fait ses études à l’École royale d’Arts et Métiers de Paris. Il perd son père en 1814, son
grand-père maternel en 1815. Le décès de son grand-père paternel en 1826 le laisse pauvre
et orphelin.
Il prend alors part à la guerre d’indépendance de la Grèce contre l’occupant turc et occupe
ensuite le poste de secrétaire du gouverneur général des Indes. Après avoir démissionné,
il part en Palestine et est nommé chevalier du Saint-Sépulcre pour avoir sauvé le temple de
Jérusalem.
De 1827 à 1844, on le retrouve en Égypte et en Nubie qu’il parcourt et explore. Le vice-roi
d’Égypte, Mohamed-Ali, dont il gagne l’estime, lui confie les fonctions d’ingénieur civil et
d’hydrographe, de professeur de topographie à l’École de la marine. Il devient aussi professeur
de fortifications à l’École d’infanterie de Damiette et gouverneur des jeunes Princes,
enfants d’Ibrahim Pacha, fils de Mohamed-Ali. Dès 1836, il renonce à ces fonctions officielles
pour s’adonner exclusivement à sa passion, l’égyptologie.
Durant les dix-sept années de son séjour en Orient, il parcourt, sous le nom d’Idris effendi,
la Turquie, la Perse, la Palestine, l’Arabie, la Haute et Basse-Égypte, la Nubie, l’Éthiopie,
l’Abyssinie, la Syrie et recueille une abondante moisson d’inestimables trésors qui viennent
enrichir le patrimoine français. On peut ainsi admirer au Louvre la « chambre des rois » ou
« salle des ancêtres » de Thoutmosis III et la « Stèle de Bakhtan ». À la bibliothèque
royale, il donne un papyrus mis au jour à Thèbes et vieux de 4.600 ans. Il rentre au pays
en 1844. De ses voyages, il ramène d’innombrables documents, dessins, aquarelles, photographies,
plans, croquis et de retour en France, publie une quantité de mémoires, de notices.
On lui doit aussi l’une des premières descriptions de l’art de l’époque d’Akhénaton
découvert sur des blocs de pierre remployés à Karnak.
Envoyé en mission scientifique par Napoléon III, il retourne en Égypte de 1858 à 1860, accompagné
d’A. Jarrot, un jeune photographe. Il revient avec un véritable reportage, trois
cents nouveaux dessins, huit mètres de calques et de nombreuses photos.
On retiendra également de lui trois œuvres maitresses : Les monuments égyptiens (1847),
Histoire de l’art égyptien d’après les monuments depuis les temps les plus reculés jusqu’à
la domination romaine (1858-1879) et L’Art arabe d’après les monuments du Kaire (1877).
Ces éditions d’envergure, en grand format, sont illustrées par des dessins et des estampes
des reliefs réalisés par Prisse d’Avesnnes.
Ogier Ghiselin de BUSBECQ (1522 – 1592)
Ogier Ghiselin de Busbecq fait de brillantes études à l’université de Louvain. Il part ensuite
fréquenter plusieurs universités de France et d’Italie. Grand érudit, il parle sept langues, le
latin, l’italien, l’espagnol, le français, l’allemand, le flamand et l’esclavon, langue slave utilisée
de la Pologne à la Bulgarie.
En 1554, il est envoyé par Ferdinand I er d’Autriche comme ambassadeur auprès de Soliman
II dit le Magnifique. Il le rejoint à Amasya, en Turquie, après un périple qui lui fait traverser
la Basse-Hongrie, la Serbie, la Bulgarie et la Thrace. Il est fort mal accueilli par le
sultan.
En novembre 1555, Ogier de Busbecq retourne en Turquie. Il arrive à Istanbul au commencement
de 1556. Pendant ce séjour, il est en butte à des menaces terribles. Confiné dans
une étroite prison et privé de visite, contraint de rester en ville quand la peste sévit, luttant
sans cesse contre les tracasseries infligées par la diplomatie française et le mauvais vouloir
des ministres de la Sublime Porte, il s’obstine. Malgré ces déboires, son travail de diplomate
amène à une trêve de huit ans entre l’empereur Ferdinand et Soliman II et à la libération
de trois capitaines.
Il quitte Istanbul à la fin du mois d’août 1562. À partir de 1563, il mène une carrière de
courtisan dans nos contrées. Il occupe la fonction de précepteur de l’archiduc Albert, de
préfet de la Bibliothèque impériale, de majordome de l’archiduchesse, Elisabeth d’Autriche,
devenue reine de France.
Ses missions d’ambassade l’amènent à découvrir en Orient diverses plantes qu’il va ramener
dans nos contrées, notamment la tulipe, le lilas et le marronnier d’Inde. Il offre des semences
de tulipes à Charles de l’Écluse qui les met en culture et les étudie dans ses ouvrages.
Dans le Rarorium plantarum historia de 1601, il ne consacre pas moins de quinze
pages à cette plante et plus de vingt gravures.
Outre sa contribution à la botanique, c’est grâce à lui que la bibliothèque impériale de
Vienne s’enrichit de manuscrits grecs et de médailles antiques acquises lors de ses séjours
en Turquie. Il communique au monde savant de l’époque quantité d’inscriptions grecques
qu’il a le loisir d’observer au cours de ses pérégrinations.
Il laisse des récits de ses voyages et de ses missions en tant qu’ambassadeur. Quatre lettres
en latin sont publiées. Ces lettres, agrémentées de l’opuscule De re militari contra Turcas
et de l’allocution adressée à Ferdinand I er , en 1562, par l’envoyé du sultan, Ibrahim
Strozeni sont traduites en français en 1748 par Louis-Etienne de Foy, chanoine de Meaux,
qui y ajoute de nombreuses notes historiques et géographiques.

Georges LENGHERAND (1 ère moitié du XV e s. – 1500)
Georges Lengherand est successivement bailli d’Havré, receveur général du Hainaut,
conseiller au conseil ordinaire et premier clerc du grand baillage de Hainaut ainsi que
mayeur de la ville de Mons. Ces mandats l’amènent à remplir diverses missions importantes
comme celle qui l’envoie, en 1481 à Beaumont pour y ouvrir une enquête sur les travaux
de fortifications qui s’y exécutent depuis quatre ans.
En 1486, il suspend son mandat politique et entreprend, avec Nicolas, prévôt de Tournai,
et son frère Arnould de Saint-Genois, Jérôme d’Ennetières, seigneur de Mastine, Arnould
Crocquevillain et leurs serviteurs, un voyage à Rome et en Palestine. Participent également
à ce voyage d’autres rédacteurs de mémoires comme Girolamo de Ferrare, le chevalier
Konrad von Grünemberg ou le chanoine Guy de Toureste. Le marquis Godefroy de Ménilglaise
publie, au XIX e siècle, sous le titre Voyage de Georges Lengherand, mayeur de
Mons en Haynaut, à Venise, Rome, Jérusalem, Mont Sinaï et le Kayre, 1485-1486 les deux
manuscrits qu’il laisse en témoignage de son périple.
Lengherand organise la relation de son périple comme un « guide de voyage ». Il prend
note des évènements qu’il vit au jour le jour, consigne des pratiques comme les tracasseries
douanières, les dépenses pour les guides, les moyens de transport, les lettres de passage
pour le franchissement des frontières, relate des expériences peu communes en vue
de les faire connaître aux futurs pèlerins.
De son passage en Palestine, il laisse une description des lieux saints, des évènements de
l’histoire sacrée de Jésus, des indulgences liées à la visite de divers édifices. Ces notes
dépourvues d’émotions personnelles changent de ton quand il évoque sa découverte du
lieu de la crucifixion. Il relate avec plus d’originalité la visite des sites liés à l’Ancien Testament.
Il explore Gaza, le mont Oreb et le Sinaï. Il parcourt le Caire, Babylone et Damiette
d’où il prend le bateau pour Venise. Il rentre à Mons en passant par le Tyrol et Cologne. En
Italie, le capitaine de la cité de Castel Nuovo saisit ses bagages et entend s’approprier les
reliques qu’il ramène de son pèlerinage. Les autorités vénitiennes interviennent et Lengherand
récupère ses biens mais il est profondément marqué par cette aventure qu’il relate
avec force détails à la fin de la relation de son voyage.
À son retour à Mons, il reprend ses fonctions. En 1493, il fait partie de la délégation qui se
rend aux Etats généraux à Malines pour donner réponse touchant l’aide accordée au roi
des Romains, Maximilien I er , par les États de Hainaut. Trois ans plus tard, on le retrouve en
ambassade en Bourgogne et en France. Il s’éteint le 15 mai 1500.
Jean ZUALLART (1542 – 1634)
Outre la fonction de mayeur d’Ath qu’il occupe de 1584 à sa mort, Jean Zuallart est également
connu pour le récit qu’il publie de son pèlerinage en Terre sainte.
Durant son mayorat, il fait preuve d’une indéfectible fidélité au roi d’Espagne et à l’Église
catholique romaine. C’est dans les premières années où il occupe cette fonction qu’il devient,
pour des raisons encore méconnues, le précepteur des fils de Richard de Mérode,
seigneur de Frentzen. Il les emmène en voyage de formation en Allemagne et en Italie et
leur laisse une forte impression puisque l’un d’eux lui fait promettre de l’accompagner partout
où il voudrait se rendre.
Suite à cette promesse, Jean Zuallart s’embarque en pèlerinage. Il prépare soigneusement
son voyage. Il apprend l’italien. Il prend la mer à Venise en mai 1586 et arrive deux mois
plus tard à Jérusalem. Il visite la ville et est reçu comme chevalier du Saint-Sépulcre. Il renonce
à se rendre en Galilée et précipite son retour, l’un de ses compagnon étant soupçonné
par les Turcs d’être un espion à la solde du roi d’Espagne. Il embarque à Jaffa pour
Tripoli où il attend un mois un navire pour Venise.
Heureux d’avoir accompli ce périple, à l’instigation de ses compagnons, il rassemble les
notes et croquis réalisés durant son voyage et les édite à ses frais sous le titre Il devotissimo
Viaggio di Gerusalemme. Il dédie cet ouvrage au prince Édouard Farnèse en 1587. En
1608, il en fait paraître à Anvers une première édition française qu’il accroit de nombreuses
références glanées dans de nombreuses lectures et de digressions sur l’histoire, la géographie
et les habitants des pays visités. Cinq autres éditions successives de cet ouvrage,
deux italiennes et trois françaises, voient le jour.
Si la dernière édition peut paraître touffue, certaines parties de l’ouvrage apportent au lecteur
actuel nombre d’informations sur les pèlerinages en Orient, les conditions de voyage,
les modes de vie dans le monde méditerranéen du 16 e siècle et des divers peuples d’Orient.
Hormis le récit de son pèlerinage, Jean Zuallart laisse une Description de la ville d’Ath
considérée comme le premier essai historique sur la ville. Non seulement il la décrit mais il
en établit aussi l’historique et la généalogie de ses premiers seigneurs. Il présente les édifices
importants tant religieux que profanes ou militaires, décrit les privilèges juridiques et
économiques octroyés à la ville aux 14 e et 15 e siècles. Il évoque également les personnages
illustres qui en sont issus.

Applique à décor métroaque
Bronze, II e siècle, Gouy-lez-Piéton (Hainaut).
Applique ajourée ornée d’un buste de Cybèle et de deux
bustes d’Attis.
Cybèle, déesse d’origine phrygienne (la Phrygie est un ancien
pays d’Asie Mineure), était honorée dans l’ensemble du
monde antique. Le centre de son culte se trouvait sur le
mont Dindyme, à Pessinonte où le bétyle (la pierre dressée)
qui la représentait serait tombé du ciel. Principalement associée
à la fertilité, elle incarnait aussi la nature sauvage, symbolisée
par les lions qui l'accompagnent. On disait qu'elle
pouvait guérir des maladies (et les envoyer) et qu'elle protégeait
son peuple pendant la guerre.
Son culte fait son entrée à Rome en 204 av. J.-C. Le culte
métroaque (déesse Cybèle et dieu Attis) est attesté dans nos
régions par la découverte de poignées en bronze représentant
la déesse et Attis, son parèdre (divinité inférieure dont le
culte, les fonctions étaient associés à ceux d'un dieu plus
important)
© MRM. Photo M. Lechien
Schedel Hartmann, Lieber Chronicarum (dite Chronique
de Nuremberg): représentation de Jérusalem
Schedel Hartmann (1440-1514) est un médecin de Nuremberg.
Parmi ses ouvrages les plus célèbres figurent les Chroniques
de Nuremberg , réalisées avec de nombreux collaborateurs
et publiées en 1493. Les Chroniques sont une histoire
illustrée du monde, depuis la création jusqu'aux années
1490. Elles sont illustrées de gravures sur bois. De nombreuses
villes sont gravées sur double ou simple page, la plupart
étant des évocations de ces diverses cités à la fin du XV e
siècle : Jérusalem, Rome, Vienne, Strasbourg, Munich…
© MRM. Photo M. Lechien
Action de société belge. 1895-1913
Les Belges investissent d’énormes capitaux en
Égypte, se classant en troisième position derrière
les Anglais et les Français. Plus de quarante sociétés
furent ainsi constituées, la majorité adoptant le
statut belge.
© Collection privée. Photo M. Lechien

12 tableaux illustrant le Sacrilège de Cambron
Le récit de ce sacrilège est connu par une lettre du 27 mai 1327, écrite un an après les faits par Nicolas Delhove, abbé de Cambron, qui prie tous les évêques et les prélats de bien vouloir accorder des
indulgences aux personnes qui visiteront la chapelle de la Vierge, dans le monastère de Cambron.
En voici les principaux éléments : en avril 1326, Guillaume, un juif converti, est accueilli dans la salle des hôtes de l’abbaye de Cambron. Il est bien vu des autorités puisque le comte de Hainaut, Guillaume
I er a accepté d’être son parrain et de lui donner son nom. Sur le mur de la salle existe une peinture de la Vierge tracée à l’aide de simples traits. À la vue de ce portrait, Guillaume transperce de sa
lance, par cinq fois, l’image sainte. C’est en tout cas l’accusation portée contre lui ; mais il nie farouchement. Sans preuve bien établie, Guillaume n’est pas inquiété jusqu'à ce qu’un ange, puis la Vierge
apparaissent à Jean Flamens, un forgeron d’Estinnes. Celui-ci provoque le « converti » en duel qui tourne à l’avantage du forgeron. Condamné au supplice du feu, Guillaume avoue son méfait avant de
mourir.
© Collection privée

© MRM
Lors de l’expédition militaire en Égypte, Bonaparte emmène, avec ses soldats, un ensemble de savants représentant différentes disciplines scientifiques. Quatre militaires hainuyers participent à cette expédition.
À leur retour, huit membres de l’équipe sont chargés de réunir et de publier l’ensemble du matériel scientifique de l’expédition. L'ouvrage en vingt volumes, intitulé Description de l'Égypte ou Recueil des
observations et recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l’armée française comporte dix volumes de 974 planches, dont 74 en couleur, un atlas cartographique et neuf volumes
de texte. L’ensemble est publié entre 1809 et 1828.

Le palais Empain à Héliopolis (Égypte)
Édouard Empain est connu pour être non seulement un industriel et financier, mais aussi un visionnaire
notamment par la fondation de la ville d’Héliopolis en Égypte.
Entre 1881 et 1905, il multiplie la création d’entreprises liées à l’installation et l’exploitation des
tramways et chemins de fer tant en Belgique qu’à l’étranger. En l’espace de dix ans, il construit les
tramways électriques de Bruxelles à Tervuren, de Gand, de Charleroi et du littoral, de Boulogne,
de Lille, du Caire, d’Astrakan.
Ses divers séjours au Caire l’incitent à faire fleurir dans les sables du désert une cité moderne.
Avant de lancer ce projet, et c’est une innovation, il subventionne une mission de fouilles pour
s’assurer de ne pas construire sur les vestiges de l’ancienne Héliopolis.
Le plan urbanistique prévoit de larges avenues traversées de jardins. Il réglemente le style des
habitations, de couleur jaune clair, à la fois européen et revisitant l’architecture classique musulmane,
comprenant arcades, balcons, coupoles et minarets. Il fait construire entre 1907 et 1911 un
extravagant « palais hindou » en béton armé, technique nouvellement mise en fonction à l’époque.
Le jardin présente une véritable composition botanique assemblant des plantes repérées par Empain
lors de ses voyages à travers le monde.
© M.-C. Bruwier
« Basilique » d’Héliopolis
© J.-J. Sommeryns.
Le baron Empain finança la construction de la « basilique » latine, dessinée sur le modèle de la basilique
Sainte-Sophie de Constantinople.
Les travaux débutent en 1911 et s’achèvent deux ans plus tard. Le baron a dédié la basilique «
Notre-Dame de Tongre », en souvenir d’un lieu de pèlerinage proche de son lieu de naissance, mais
depuis toujours les Héliopolitains l’ont désignée comme « l’église du Baron », kinissat el-baron.
Actuellement les catholiques la connaissent comme « la basilique Notre-Dame » ou encore comme «
la basilique » tout court.
Tramways du Caire (relié à Héliopolis)
© MRM

Raoul Warocqué au pied des pyramides (Égypte)
Cette photographie fut prise en 1911 lors du voyage de Raoul Warocqué en Égypte.
Raoul Warocqué s’absente de Mariemont entre le 21 décembre 1911 et le début du mois de février 1912, avec quelques compagnons.
Le circuit touristique qu’il fait en Égypte n’est pas connu. Son carnet de voyage fut détruit lors de l’incendie du château en 1960. Seules
deux photographies le montrent aux pyramides de Giza. Un courrier témoigne également de sa visite au temple de Karnak.
Il fait de nombreux achats d’antiquités et se constitue une collection de photographies et de cartes postales d’Égypte.
© MRM
Louis Piérard au pied du Sphinx
(Égypte)
Issu d’une famille modeste du Borinage, Louis
Piérard (1866-1951) présente de multiples
facettes. Homme politique, journaliste et écrivain,
il vient très jeune au socialisme et lutte
aux côtés de Jules Destrée et Émile Vandervelde
pour le suffrage universel.
Élu député de Mons, il s’attache particulièrement
aux problèmes des artistes, des écrivains
et à l’organisation des loisirs pour les
travailleurs.
© MRM.

Document réalisé par le Service pédagogique du Musée royal de Mariemont
Mai 2010
© Musée royal de Mariemont