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d'eRcane) reviennent aux agriculteurs soit 11,05 ... - Canne Progrès

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canne<br />

N°20 mai 2010<br />

caro<br />

2€<br />

L e m a g a z i n e d e s p r o f e s s i o n n e l s d e l a c a n n e<br />

Mauvaises herbes<br />

Le fléau des lianes<br />

grimpantes<br />

CTICS<br />

Une décennie<br />

de modernisation<br />

page 08<br />

Les friches reculent<br />

page 17<br />

cahier page 13<br />

technique<br />

Plantations : les bonnes<br />

questions à se poser<br />

Liseron fleur rouge


NOUVEAU SYSTEME DE COUPE<br />

DE LA CANNE A SUCRE PAR CISAILLEMENT<br />

Foucque Matériels a présenté cette année<br />

à la foire de Bras-Panon une méthode alternative<br />

à la récolte de la canne. Les coupeurs de canne,<br />

de moins en moins nombreux, poussent certains <strong>agriculteurs</strong><br />

à modifier leur technique de récolte.<br />

La topographie des champs réunionnais ne permettant pas<br />

de récolter toute la production grâce <strong>aux</strong> machines de récolte<br />

de canne conventionnelles, une solution alternative<br />

a été proposée et testée avec plusieurs <strong>agriculteurs</strong><br />

afin de tester son efficacité en conditions réelles d’utilisation.<br />

Ces essais ont permis de modifier la Cisaille ESCOMEL d’origine<br />

afin de répondre <strong>aux</strong> besoins de la récolte de la canne.<br />

Simple d’utilisation et de fonctionnement, cette cisaille<br />

comprenant une griffe et un système de coupe actionné<br />

par deux vérins hydrauliques, peut être montée<br />

sur n’importe quel type et marque de pelle hydraulique<br />

de 5 à 8 tonnes.<br />

69, Boulevard du ChaudroN - 97490 SaiNte-Clotilde<br />

9 BiS rN1, Zi roNd-poiNt du Gol - 97450 SaiNt-louiS<br />

Numéro d’appel uNique<br />

0262 974 974<br />

www.foucquemateriels.re


SOMMAIRE ><br />

Editorial 3<br />

Le monde de la canne et du sucre 4<br />

> L’actualité française, européenne<br />

et mondiale de la canne et du sucre<br />

Actualités 5/7<br />

> Avec l’acquisition de Quartier Français,<br />

Tereos va développer la filière canne-sucre<br />

> Part bagasse :<br />

un nouveau souffle pour la filière<br />

> Projets photovoltaïques sous surveillance<br />

DOSSIER 8/12<br />

> CTICS :<br />

une décennie de modernisation<br />

Actualités 13/18<br />

> Mauvaises herbes :<br />

le fléau des lianes grimpantes<br />

> Les différents types de liane<br />

> La procédure «Terres incultes»<br />

fait reculer les friches<br />

> Friches : des causes multiples<br />

Publi-rédactionnel 19<br />

> Comment éliminer ses emballages vides<br />

et ses produits phytosanitaires ?<br />

Portrait 20/21<br />

> Sébastien Lépinay : «Nouvelles variétés,<br />

nouvelles coupeuses, j’y crois...»<br />

> Urbain Assaby :<br />

«Un investissement pour la vie»<br />

Actualités 22<br />

> Améliorations foncières :<br />

moins de surfaces aidées en 2009<br />

Fiche 23<br />

> Culture de la canne à sucre :<br />

10 préconisations de base pour réussir<br />

Les conseils de saison<br />

CAHIER TECHNIQUE I/VIII<br />

> Plantations :<br />

les bonnes questions à se poser<br />

CARO CANNE N°20 - MAI 2010<br />

Revue de <strong>Canne</strong> <strong>Progrès</strong> éditée trois fois par an<br />

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION<br />

Bernard Siegmund - Président de l’ARTAS<br />

COORDINATEUR Daniel Marion<br />

RÉDACTION ARTAS - Bernard Grollier - Olivier Soufflet<br />

CONCEPTION ET RÉALISATION HTC<br />

PHOTOS J.M. Grenier - CEDUS/FLA - CTICS - eRcane - CIRAD<br />

INFORMATION ET ABONNEMENT<br />

ARTAS c/o eRcane - BP 315<br />

40 route Gabriel Macé - 97490 Sainte-Clotilde<br />

Tél. : 0262 28 21 29 - Fax : 0262 29 <strong>05</strong> 07<br />

IMPRESSION Print 2000 - N°ISSN 1764-657X<br />

TIRAGE 5 000 exemplaires<br />

DIFFUSION ARDP et <strong>Canne</strong> <strong>Progrès</strong> PRIX AU NUMÉRO 2 €<br />

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO<br />

Chambre d’agriculture | eRcane | CIRAD | CPCS<br />

CTICS | Conseil général | DAF | Industriels du Sucre<br />

Le site de la filière canne-sucre www.canne-progres.com<br />

EDITORIAL ><br />

Combat<br />

pour la terre<br />

La préservation du foncier agricole est plus que<br />

jamais le combat prioritaire de la filière. Il lui faut,<br />

pour le gagner, convaincre les décideurs de<br />

l’aménagement du territoire de sa détermination à<br />

reconquérir les terres en friches. Toute surface<br />

abandonnée est un argument supplémentaire donné<br />

<strong>aux</strong> partisans du déclassement des terres agricoles<br />

pour satisfaire <strong>aux</strong> besoins de l’urbanisation. Depuis<br />

la mise en œuvre de la nouvelle procédure «Terres<br />

incultes», animée par la SAFER, des premiers résultats<br />

encourageants sont enregistrés. Elle favorise davantage le dialogue avec les<br />

propriétaires, impose moins de lourdeurs administratives. Hectare après hectare,<br />

des terres <strong>reviennent</strong> à la canne.<br />

Une parcelle laissée à l’abandon pourra toujours être remise en culture, une parcelle<br />

sacrifiée à l’urbanisation est perdue à jamais pour l’agriculture. A l’heure où nos<br />

élus s’apprêtent à rouvrir la discussion sur l’actualisation du Schéma d’Aménagement<br />

Régional, cette réalité ne doit pas être oubliée. La nouvelle version du SAR devra<br />

absolument tenir compte du rôle de l’agriculture dans l’économie et l’aménagement<br />

du territoire de notre île, pour ne pas hypothéquer l’avenir.<br />

D’autant qu’après une période difficile, marquée par de mauvaises campagnes et<br />

l’augmentation du coût des intrants, la filière est aujourd’hui en confiance. Les<br />

revenus supplémentaires générés par la rémunération de l’énergie issue de la<br />

bagasse à une plus juste valeur ne sont pas étrangers à cette amélioration du climat<br />

général. Les plantations ont atteint un niveau élevé après la coupe, en faisant<br />

largement appel <strong>aux</strong> nouvelles variétés. Les bonnes conditions météo de<br />

l’intercampagne laissent augurer une production à la hausse en 2010. De plus, à<br />

toute chose, malheur est bon : il semble que l’arrêt de la sucrerie de Bois-Rouge en<br />

septembre, et le ralentissement des livraisons qui en a résulté pour les planteurs du<br />

Sud, aient permis d’effectuer les apports d’engrais et les traitements herbicides<br />

sans attendre, comme trop souvent, la fin de la coupe. Ne faudrait-il pas, d’ailleurs,<br />

ouvrir une réflexion sur le timing de la campagne ? Des solutions sont peut-être à<br />

trouver, en répartissant autrement les quotas de livraison, de manière à laisser<br />

quelques jours à chaque agriculteur pour faire les bons gestes au bon moment sur<br />

les parcelles fraîchement récoltées.<br />

Nous ne manquons pas de pistes à explorer pour progresser dans tous les domaines.<br />

Mais plus que jamais, la filière doit réaffirmer la priorité absolue à la préservation<br />

du foncier agricole.<br />

Bernard Siegmund<br />

Président de l’ARTAS<br />

3


Le XXVIIème congrès de l’International Society of Sugar Cane<br />

Technologists (ISSCT), qui s’est tenu du 5 au <strong>11</strong> mars à Veracruz<br />

(Mexique), a offert l’opportunité à La Réunion de partager ses<br />

expériences techniques avec les princip<strong>aux</strong> pays sucriers. Près d’une<br />

dizaine de représentants venant de La Réunion (CIRAD, eRcane et<br />

Sucrière de La Réunion) ont participé à cette importante manifestation,<br />

organisée tous les trois ans.<br />

Plusieurs communications concernant des trav<strong>aux</strong> de recherche ou<br />

des expérimentations menées à La Réunion avaient été retenues au<br />

programme du congrès. Dans le domaine des procédés industriels,<br />

Laurent Corcodel (eRcane) a ainsi présenté les trav<strong>aux</strong> qui ont servi à<br />

la mise au point de l’analyse du saccharose contenu dans la canne<br />

sans utilisation du plomb. La méthode de polarisation par filtration est<br />

désormais la pratique à La Réunion pour la mesure de la richesse des<br />

cannes ainsi que pour le suivi de la qualité des produits en usine.<br />

A l’heure où le co-produit bagasse devient une source importante de<br />

production d’électricité et où la distillation d’éthanol se développe<br />

dans les pays sucriers, Laurent Corcodel a d’autre part proposé une<br />

nouvelle approche pour l’évaluation de la valeur de la canne. Cette<br />

communication a été l’occasion de signaler les avancées d’eRcane sur<br />

la piste de la sélection de cannes plus fibreuses, sans pour autant altérer<br />

leur richesse en sucre.<br />

Sandrine Auzoux (CIRAD Montpellier) a présenté une approche d’aide<br />

à la décision pour évaluer l’impact de nouve<strong>aux</strong> systèmes de paiement<br />

de la canne sur le revenu des planteurs et sur le partage des recettes<br />

entre planteurs et industriels. Cette démarche s’appuie sur un outil de<br />

simulation «Pempa», qui permet de tester de nouvelles formules de<br />

paiement basées sur la qualité des cannes pour la production du sucre<br />

mais aussi pour les coproduits. Les simulations réalisées à La Réunion<br />

ont démontré l’intérêt de cette méthode.<br />

Plusieurs communications réunionnaises concernaient le domaine de<br />

l’agronomie. Daniel Marion (CIRAD/eRcane) a notamment présenté<br />

les résultats des essais d’amendement et de fertilisation, implantés en<br />

20<strong>05</strong> par Emilie Fillols, dans le cadre d’expérimentations agronomiques<br />

menées par le CTICS et conduites en relation directe avec des planteurs<br />

de La Réunion. Jean-Louis Chopart (CIRAD Réunion) a pour sa part<br />

rendu compte des trav<strong>aux</strong> consacrés à l’étude de la profondeur du<br />

système racinaire des cannes, dans trois pays (Brésil, Côte d’Ivoire et<br />

Réunion). Ces recherches ont permis d’estimer à 4 mètres la profondeur<br />

4<br />

LE MONDE DE LA CANNE ET DU SUCRE ><br />

XXVIIe congrès de l’ISSCT<br />

Les contributions réunionnaises saluées<br />

> Guadeloupe<br />

Récolte mécanisée en Guadeloupe.<br />

J.L. Chopart (CIRAD, au centre) et D. Marion (CIRAD/eRcane à gauche),<br />

accompagnés de R. Goebel.<br />

racinaire des variétés modernes, dans des environnements différents.<br />

Une seconde présentation de Jean-Louis Chopart, associant un<br />

chercheur brésilien et deux collègues de La Réunion (Daniel Marion<br />

et Lionel le Mézo), a porté sur la relation entre la biomasse et la longueur<br />

racinaire. Ce travail a reçu le prix de la meilleure communication<br />

agronomique du congrès.<br />

Régis Goebel (CIRAD/BSES Australie) a pour sa part fait le point sur<br />

la lutte biologique menée contre le ver blanc dans notre île.<br />

Outre ces communications orales, la recherche réunionnaise était<br />

également à l’honneur sur les lieux du congrès de Veracruz sous forme<br />

de deux panne<strong>aux</strong> d’informations réalisés par eRcane. Le premier<br />

résumait les résultats de la sélection variétale initiée au Cameroun, au<br />

Congo et au Tchad, à partir de graines de canne produites à La Réunion.<br />

Le second était consacré l’étude de la variété R583, qui malgré une<br />

sensibilité à la maladie du rabougrissement de la canne, a montré de<br />

meilleurs résultats agronomiques, et une qualité du jus comparable<br />

au témoin de la zone (R577) justifiant sa diffusion <strong>aux</strong> planteurs.<br />

Le congrès a également été l’occasion pour ses participants étrangers<br />

de découvrir quelques aspects de la filière canne-sucre mexicaine, qui<br />

se concentre dans la province de Veracruz. Ils ont ainsi pu visiter un<br />

centre de recherche où la canne à sucre est multipliée in vitro, technique<br />

permettant de diffuser vers les planteurs du matériel sain.<br />

Le prochain congrès de l’ISSCT se tiendra en mai 2013 au Brésil.<br />

eRcane accompagne la sélection variétale<br />

Le Centre Technique de la <strong>Canne</strong> et du Sucre (CTCS) de Guadeloupe,<br />

émanation de l’interprofession Iguacanne, est désormais le chef<br />

de file de la création variétale dans le département antillais, où il reprend<br />

une compétence du CIRAD. En relation avec ce dernier, eRcane a été<br />

sollicité pour accompagner la démarche et faire partager son expérience.<br />

Les échanges sont déjà anciens entre le centre d’essais réunionnais et<br />

la Guadeloupe, où les variétés R570 et R577 sont cultivées.<br />

La Guadeloupe compte deux grandes zones de production <strong>aux</strong><br />

conditions très différentes. Celle du Nord de Basse-Terre, sur un sol<br />

volcanique, présente de nombreuses similitudes avec le bassin cannier<br />

du Nord-Est de La Réunion. Celle de Grande Terre (tout comme l’île<br />

de Marie-Galante), au sol corallien et <strong>aux</strong> précipitations plus faibles,<br />

s’apparente davantage à celui de l’Ouest réunionnais.


ACTUALITÉS > Communiqué<br />

Avec l’acquisition de Quartier Français, Tereos<br />

va développer la filière canne-sucre à La Réunion<br />

• Avis favorable de l’Autorité de la Concurrence<br />

• Acquisition de 67,1% de la Société Sucrière de Quartier Français<br />

Déjà présent à La Réunion, Tereos Internacional<br />

va ainsi transformer la canne à sucre<br />

produite par 3 600 planteurs indépendants<br />

qui exploitent ensemble quelque 25 000<br />

hectares.<br />

La production totale des deux usines de Bois-<br />

Rouge et du Gol a atteint 210 000 tonnes de<br />

sucre en 2009, dont 150 000 tonnes en prove -<br />

nance de Quartier Français. Cette acquisition<br />

permet de consolider l’approvisionnement de<br />

la raffinerie de Tereos située à Olmedo en<br />

Espagne et la fourniture de sucres spéci<strong>aux</strong> de<br />

haute qualité utilisés notamment pour la production<br />

des marques La Perruche et Blonvilliers.<br />

Afin de se conformer à la décision de l’Autorité<br />

de la Concurrence qui a donné un avis favorable<br />

à l’opération, Tereos a pris l’engagement<br />

Des solutions<br />

pour<br />

valoriser<br />

Remorque<br />

hacheuse<br />

mélangeuse ><br />

distributrice<br />

de céder la Société Mascarin qui commercialise<br />

8 000 tonnes de sucre sur le marché local.<br />

Tereos Internacional poursuivra et développera<br />

l’action du centre de Recherche & Déve -<br />

lop pement eRcane qui contribue notamment<br />

à l’émergence de nouvelles variétés de canne<br />

très productives.<br />

Pour mettre en œuvre la stratégie de ce nouvel<br />

ensemble et en assurer la gestion, le groupe<br />

Tereos met en place un Conseil de Surveillance<br />

et une structure collégiale avec un Directoire<br />

composé de Philippe Labro, président, Jean-<br />

François Moser, Alain Détappe et Jean-Claude<br />

Pony.<br />

Ce Directoire, actif depuis le 2 juin 2010,<br />

s’attache à définir la meilleure organisation<br />

possible du nouvel ensemble et à en piloter<br />

< Presses<br />

< Andainer<br />

<<br />

la<br />

Tubulaire ><br />

Broyeur<br />

de canne<br />

les chantiers stratégiques. Aucun changement<br />

significatif ne viendra modifier l’organisation<br />

de la campagne 2010.<br />

Philippe Duval, Président du Directoire de<br />

Tereos, a déclaré : «Nous sommes heureux<br />

d’avoir obtenu l’avis favorable de l’Autorité de<br />

la Concurrence. L’acquisition du Groupe<br />

Quartier Français constitue une étape importante<br />

de notre développement dans l’Océan<br />

Indien et témoigne de notre volonté de nous<br />

engager durablement pour développer la filière<br />

canne-sucre dans cette région. Cette opération<br />

marque la grande confiance que Tereos place<br />

dans les planteurs de l’île de La Réunion,<br />

confortés par la prime énergie bagasse<br />

découlant de la cogénération et par le fort<br />

potentiel des nouvelles variétés de canne».<br />

canne<br />

Bourg Murat PK27<br />

Plaine des Cafres - La Réunion<br />

Tél : 0262 59 35 30<br />

Fax : 0262 59 08 49<br />

5


6<br />

ACTUALITÉS ><br />

La part bagasse,<br />

un nouveau souffle pour la filière<br />

Le versement de la rémunération de l’énergie issue de la bagasse (13 € par tonne de canne<br />

livrée, dont <strong>11</strong>,<strong>05</strong> € nets versés <strong>aux</strong> planteurs) pour 2009 a été effective à la mi-mai.<br />

La valeur énergétique de la canne est désormais reconnue.<br />

Au cours des dernières semaines, les<br />

représentants du monde agricole ont<br />

manifesté leur impatience, dans l’attente du<br />

versement <strong>aux</strong> planteurs des <strong>11</strong>,<strong>05</strong> € (sur les<br />

13 € au total) par tonne de canne livrée en<br />

2009, pour rémunérer l’énergie issue de la<br />

bagasse transformée en électricité par les<br />

centrales thermiques. Cette rémunération<br />

annuelle, qui consacre le rôle de la canne à<br />

sucre dans la production d’énergie renouvelable,<br />

doit en effet aider à restaurer des<br />

trésoreries d’exploitations mises à mal par les<br />

mauvaises campagnes précédentes et l’augmentation<br />

du coût des intrants. L’annonce de<br />

cette revalorisation substantielle du prix de la<br />

tonne de canne (+17% en moyenne) par le<br />

Premier ministre François Fillon, lors de sa venue<br />

à La Réunion en juillet 2009, a fait naître de<br />

Pourquoi <strong>11</strong>,<strong>05</strong> € pour les planteurs ?<br />

La formule de calcul de la rémunération de l’énergie issue de la bagasse est particulièrement<br />

complexe. Son équation se compose de trois éléments : le t<strong>aux</strong> de fibre, un coefficient de<br />

dégressivité et un cœur de formule combinant le prix, celui du charbon et celui de la tonne de<br />

CO2. Le t<strong>aux</strong> de fibre est en fait une moyenne des cinq dernières années (dont sont enlevées<br />

la plus haute et la plus basse). L’introduction d’un coefficient de dégressivité vise à inciter à<br />

augmenter le t<strong>aux</strong> de fibre des cannes, par l’utilisation de variétés plus fibreuses. Cette<br />

augmentation ne pouvant se produire que lentement, au rythme de la mise en culture de<br />

nouvelles variétés, le coefficient ne s’appliquera qu’à partir de la quatrième année, <strong>soit</strong> sur les<br />

livraisons 2012. Les trois années de dégressivité précédentes seront alors cumulées. Cette<br />

solution donne la garantie de maintenir une rémunération bagasse à hauteur de 13 € au moins<br />

jusqu’à cette date. En cas de forte hausse des prix du charbon et du CO2, la barre des 13 €<br />

pourrait toutefois être dépassée. L’accord trouvé en décembre dernier par l’interprofession<br />

fixe quant à lui le partage de cette valeur :<br />

- <strong>11</strong>,30/13 (diminués de 25 centimes prélevés à la source pour contribuer au financement<br />

d’eRcane) <strong>reviennent</strong> <strong>aux</strong> <strong>agriculteurs</strong> <strong>soit</strong> <strong>11</strong>,<strong>05</strong> € nets ;<br />

- 1,70/13 (diminués de 25 centimes pour le financement d’eRcane) <strong>reviennent</strong> <strong>aux</strong> industriels<br />

<strong>soit</strong> 1,45 € nets.<br />

nombreux projets de développement et<br />

d’investissement. Le versement des <strong>11</strong>,<strong>05</strong> €<br />

était espéré pour la fin du premier trimestre<br />

(voir Caro <strong>Canne</strong> n°19), mais la mise en œuvre<br />

du dispositif a nécessité des procédures plus<br />

longues que prévues.<br />

Les raisons d’un versement tardif<br />

Séchilienne Sidec, opérateur des centrales<br />

thermiques charbon-bagasse de Bois-Rouge,<br />

du Gol mais aussi du Moule, en Guadeloupe,<br />

a d’abord dû faire une demande officielle pour<br />

bénéficier du tarif d’achat réglementé de<br />

l’électricité produite à partir de la biomasse.<br />

EDF et Séchilienne Sidec ont ensuite dû réviser<br />

les trois contrats les liant, à chacune des<br />

centrales. Cependant, avant que le paiement<br />

ne <strong>soit</strong> activé, il a été nécessaire d’attendre<br />

l’avis favorable de la Commission de Régulation<br />

de l’Energie, autorité indépendante qui veille<br />

sur le marché de l’électricité et du gaz en<br />

France.<br />

La CRE n’a finalement émis aucune objection<br />

à la révision tarifaire, en examinant le dossier<br />

le 29 avril. Les industriels avaient, pour leur<br />

part, pris l’engagement de verser les <strong>11</strong>,<strong>05</strong> €<br />

<strong>aux</strong> planteurs sous quarante huit heures, après<br />

le versement des 13 € par les centrales<br />

thermiques. Le paiement de la part bagasse<br />

a donc pu commencer le 14 mai.<br />

Les planteurs bientôt<br />

représentés à eRcane<br />

L’accord interprofessionnel intervenu le<br />

21 décembre dernier sur le partage de la<br />

rémunération de l’énergie issue de la<br />

bagasse ouvre les portes du conseil<br />

d’administration d’eRcane (ex-CERF) au<br />

monde agricole.<br />

La prochaine assemblée générale d’eRcane,<br />

qui se tiendra avant la fin du premier<br />

semestre 2010, modifiera les statuts en<br />

conséquence. Le conseil d’administration<br />

devrait accueillir trois représentants du<br />

monde agricole, qui seront désignés par<br />

l’Interprofession.


ACTUALITÉS ><br />

Projets photovoltaïques<br />

sous surveillance<br />

Près de deux ans après la signature du protocole visant à limiter l’impact des projets<br />

photovoltaïques sur le foncier agricole, la vigilance est plus que jamais de mise au sein de la<br />

filière canne-sucre.<br />

Quel bilan dresser du protocole signé en<br />

2008 pour réguler le développement<br />

des centrales photovoltaïques et limiter leur<br />

impact sur le foncier agricole ?<br />

Le texte signé par le préfet, les représentants<br />

des collectivités locales et ceux du monde<br />

agricole définissait tout d’abord un seuil<br />

maximal de terres agricoles pouvant recevoir<br />

des installations photovoltaïques : de 2008 à<br />

20<strong>11</strong>, la limite étant fixée à 50 hectares.<br />

Deux ans après, force est de constater que le<br />

seuil des 50 hectares est atteint en cumulant<br />

les surfaces des centrales photovoltaïques EDF<br />

à Sainte-Rose, de celles d’Akuo à Saint-Pierre<br />

et d’un projet en cours de montage à Saint-<br />

Benoît. Cette pression de la demande conduit<br />

la filière à redoubler de vigilance, face <strong>aux</strong><br />

nouve<strong>aux</strong> projets qui pourraient émerger à<br />

court terme.<br />

Le protocole introduit d’autre part un<br />

mécanisme de compensation des surfaces<br />

agricoles stérilisées par les panne<strong>aux</strong> photovoltaïques.<br />

Chaque hectare perdu, à cause de<br />

ces installations, doit être compensé par la<br />

remise en culture de friches hors des Cahiers<br />

de l’Agri culture. Ainsi les 30 hectares couverts<br />

de panne<strong>aux</strong> ont fait l’objet d’une compensation<br />

de plusieurs millions d’euros versés par<br />

EDF pour remettre en culture, via la SAFER,<br />

50 hectares de terres incultes à Sainte-Rose.<br />

Les projets d’Akuo de Saint-Pierre ont pour<br />

leur part échappé au coût de la compensation.<br />

C’est d’ailleurs une des raisons qui a conduit<br />

le Syndicat des Fabricants de Sucre à entamer<br />

une procédure contre le permis de construire<br />

auprès du tribunal administratif.<br />

Ce que dit le protocole<br />

Centrale photovoltaïque à Sainte-Rose.<br />

«Le protocole de 2008 n’est pas parfait,<br />

analyse Florent Thibault, délégué général du<br />

Syndicat des Fabricants de Sucre de La Réunion,<br />

mais il a contribué à limiter le nombre de<br />

projets photovoltaïques sur les terres agricoles.<br />

Il a également conduit à l’ouverture d’une<br />

réflexion juridique au plus haut niveau national.<br />

Il serait effectivement bon qu’une instruction<br />

ministérielle vienne définitivement clarifier<br />

cette question».<br />

Des décisions récentes contribuaient déjà à<br />

ralentir la ruée vers le photovoltaïque<br />

Le «protocole pour une gestion dynamique et responsable du foncier agricole», signé le<br />

9 juillet 2008, fixe des seuils successifs pour les surfaces agricoles mobilisables pour la production<br />

d’énergie. Le mécanisme de compensation défini par ce protocole précise d’autre part que<br />

les friches devant être remises en culture en substitution <strong>aux</strong> hectares perdus doivent être<br />

trouvées en dehors des surfaces déjà recensées par les Cahiers de l’Agriculture en 20<strong>05</strong> et<br />

mobilisables dans le cadre de la procédure Terres incultes. Un comité technique calcule les<br />

compensations financières dont doivent s’acquitter les promoteurs des projets photovoltaïques.<br />

Le protocole n’a pas qu’une dimension photovoltaïque. Il reprend les objectifs à relever pour<br />

gérer de manière harmonieuse les espaces agricoles et atteindre les 50 000 hectares de SAU.<br />

Les signataires du texte sont : l’Etat, le Conseil général, le Conseil régional, l’Assemblée des<br />

maires, la Chambre d’agriculture, la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles et le<br />

Comité Paritaire de la <strong>Canne</strong> et du Sucre.<br />

provoquée ces dernières années par des<br />

investisseurs en quête de défiscalisation.<br />

D’une part, une dégressivité a été introduite<br />

dans le prix de rachat de l’électricité «solaire»<br />

par EDF : les investisseurs ne donneront sans<br />

doute pas suite <strong>aux</strong> projets dont la rentabilité<br />

s’en trouve affectée et le gouvernement a<br />

également exclu l’électricité photovoltaïque<br />

du périmètre des énergies renouvelables<br />

susceptibles de bénéficier d’un abondement<br />

tarifaire Outre-Mer, comme le prévoit la<br />

LODEOM.<br />

D’autre part, fin avril 2010, une circulaire du<br />

ministère, adressée <strong>aux</strong> préfets, rappelle que<br />

l’usage de production agricole des zones<br />

classées A doit être garanti et que la production<br />

d’énergie photovoltaïque ne constitue pas<br />

une activité agricole. Seule l’installation de<br />

panne<strong>aux</strong> sur les toitures des bâtiments<br />

d’élevage est donc autorisée.<br />

Ces décisions renforcent les arguments de la<br />

filière, montrant que le développement durable<br />

doit se faire en économisant et protégeant les<br />

espaces de production agricole, source de<br />

denrées alimentaires et d’énergie renouvelable.<br />

7


DOSSIER ><br />

CTICS - Une décennie<br />

de modernisation<br />

L’obtention en 2008 de la certification ISO 9001 a consacré une décennie de modernisation du<br />

CTICS. Les sondes, broyeurs et appareils de mesure ont été renouvelés, les laboratoires reconstruits<br />

et un système de gestion de la qualité mis en place. Cette mutation s’est déroulée en plusieurs<br />

étapes.<br />

Les nouvelles sondes FAPMO permettent un meilleur échantillonnage des cannes livrées.<br />

Apartir de 2000, les vieilles sondes ont<br />

été remplacées, ainsi que les broyeurs.<br />

Entre 2004 et 2007 le programme<br />

s’est étendu à l’acquisition d’un appareillage<br />

d’analyse plus moderne. Parallèlement, les<br />

conditions de travail des personnels ont<br />

radicalement changé avec la construction de<br />

nouve<strong>aux</strong> loc<strong>aux</strong> ou la rénovation de bâtiments<br />

existants. En un peu plus de 6 ans, 4,3 millions<br />

d’euros ont été investis dans un plan de modernisation<br />

financé à 80% par l’Union Euro péenne<br />

et l’Etat. «Le CTICS dispose aujourd’hui d’un<br />

matériel performant et fiable pour assurer sa<br />

mission première : la mesure de la richesse<br />

des cannes que les 3 600 planteurs de l’île<br />

livrent <strong>aux</strong> usines de Bois-Rouge et du Gol»<br />

affirmait François Brelle, directeur du CTICS,<br />

8<br />

en mai 2009 en exposant les objectifs qualité<br />

du centre technique.<br />

L’échantillonnage amélioré<br />

Ce plan de modernisation a fait l’objet d’une<br />

expertise en 2001 qui en a confirmé le bienfondé.<br />

Première conséquence, les matériels<br />

sont désormais rigoureusement identiques sur<br />

toutes les plates-formes. Cette normalisation<br />

garantit <strong>aux</strong> planteurs et <strong>aux</strong> industriels des<br />

conditions uniformes de calcul de la richesse<br />

sur tout le territoire réunionnais. Entre 2000<br />

et 2003 a commencé le remplacement des<br />

sondes. Un sujet particulièrement sensible<br />

puisque la mesure de richesse dépend de<br />

l’échantillonnage. Douze sondes FAPMO pour<br />

le prélèvement par carottage sont aujour d’hui<br />

opérationnelles. Ce sont des sondes utilisées<br />

pour la betterave qui ont été adaptées à la<br />

canne. Elles améliorent l’échantillonnage car,<br />

et c’est là que se situe l’innovation, les sondes<br />

FAPMO ont des positions inclinables qui<br />

permettent d’aller dans toutes les directions,<br />

jusque derrière les ridelles des remorques.<br />

«Nous avons gardé les tracteurs en réserve<br />

en cas de problème sur une sonde» précise<br />

toutefois Philippe Esnay, responsable technique<br />

et qualité du CTICS. Même chose pour les<br />

broyeurs dans les laboratoires.<br />

Après l’échantillonnage, l’objectif était d’amé -<br />

liorer la qualité du broyage de l’échantillon de<br />

cannes. Grâce à une puissance d’aspiration


DOSSIER > CTICS<br />

Aujourd’hui, les analyses s’effectuent avec les mêmes matériels et dans des conditions identiques, quelle que <strong>soit</strong> la localisation du laboratoire à travers l’île.<br />

supérieure et un effet «cyclone», les nouve<strong>aux</strong><br />

broyeurs recueillent instantanément la pulpe<br />

issue du broyage. Pour le sous-échantillonnage,<br />

étape suivante, des tables disposant de trous<br />

calibrés ont remplacé les anciennes tables en<br />

bois sur lesquelles les sacs de pulpe de canne<br />

étaient vidés pour former les échantillons.<br />

Mesure de la richesse:<br />

vers une analyse respectueuse<br />

de l’environnement<br />

La richesse est mesurée par polarisation, c'està-dire<br />

par la déviation d’un rayon lumineux<br />

polarisé. Cela nécessite que le jus, obtenu du<br />

pressage de la pulpe, <strong>soit</strong> clarifié des impuretés<br />

qui fausseraient la lecture polarimétrique. Cette<br />

clarification était obtenue par filtration du jus<br />

après addition d’acétate de plomb, nocif pour<br />

l’environnement et donc à usage proscrit par<br />

l’Europe, mais cette clarification permettait<br />

Nouvelle organisation<br />

de la maintenance<br />

Les nouve<strong>aux</strong> équipements du CTICS ont<br />

connu peu de panne pendant la campagne<br />

sucrière de 2009 grâce à une prévention<br />

rigoureuse. Entretien, réparation d’urgence<br />

ou remplacement d’appareil, la maintenance<br />

est organisée pour intervenir le plus<br />

rapidement possible et réduire le temps<br />

d’immobilisation des matériels sur le terrain.<br />

Avec le renouvellement des appareils,<br />

l’entretien et la maintenance ont été adaptés<br />

et ont suivi l’évolution. Les techniciens et<br />

informaticiens ont été formés en<br />

conséquence.<br />

Le CTICS possède désormais un atelier de<br />

maintenance situé à Bois-Rouge où sont<br />

stockées les pièces de rechange. Les équipements<br />

sont vérifiés durant l’inter-campagne<br />

et régulièrement pendant la campagne.<br />

L’étalonnage des appareils de mesure a lieu<br />

tous les deux ans. Par sécurité, des équipements<br />

de secours restent disponibles en<br />

réserve pour faire face à toute éventualité.<br />

Personnels, véhicules, matériels : tout est en<br />

place pour assurer un service optimal.<br />

l’utilisation d’un rayon lumineux dans le visible.<br />

Le CTICS se devait d’intégrer cette contrainte<br />

environnementale européenne. Une nouvelle<br />

méthode, utilisant une filtration sous pression,<br />

après addition au jus de la terre de silice, a<br />

donc été testée puis développée en y associant<br />

un polarimètre dont le rayon lumineux<br />

appartient au proche infra-rouge.<br />

«Cette nouvelle méthode nous donne une<br />

étendue de mesure plus importante et réduit<br />

le risque de mauvaise lecture de la composition<br />

des jus. Nous lisons aujourd’hui des jus<br />

d’une densité que nous aurions été incapables<br />

de lire auparavant. Le périmètre de la<br />

mesure de la richesse a été élargi» explique<br />

Philippe Esnay. Cette mutation ne s’est pas<br />

faite du jour au lendemain. L’évolution de la<br />

méthode de mesure de la richesse a demandé<br />

trois ans d’étude avant d’entrer en pratique.<br />

Chaque appareil a d’abord été testé, pour vérifier<br />

qu’il répondait parfaitement <strong>aux</strong> objectifs,<br />

avant d’équiper l’ensemble des laboratoires.<br />

Le programme de modernisation a vu également<br />

le renouvellement du parc informatique<br />

L’entretien et la maintenance ont été adaptés <strong>aux</strong> nouve<strong>aux</strong> matériels.<br />

du CTICS utilisé pour les calculs de richesse et<br />

le transfert quotidien des données des platesformes<br />

vers le siège, pour leurs mises à jour le<br />

soir même ou au plus tard le lendemain.<br />

La modernisation du CTICS<br />

est un succès<br />

Les difficultés que pouvait laisser craindre le<br />

passage d’une méthode de mesure de la<br />

richesse à une autre ne se sont pas manifestées.<br />

L’Interprofession a joué pleinement son<br />

rôle d’instance de concertation et le nouvel<br />

équilibre de la mesure a été accepté par tous.<br />

De son côté, le CTICS a fait preuve de la plus<br />

grande transparence pour expliquer à la<br />

profession les changements en cours. Car tel<br />

était l’enjeu du plan de modernisation du CTICS<br />

débuté en 2000 : améliorer la fiabilité de la<br />

mesure et la rendre incontestable <strong>aux</strong> yeux de<br />

tous, planteurs et industriels. Ce programme<br />

s’est achevé en 2006-2007. Un seul projet reste<br />

à l’heure actuelle en suspens sans être du<br />

ressort du CTICS : il s’agit de la reconstruction<br />

du laboratoire de la plate-forme de Grand-Bois.<br />

9


DOSSIER > CTICS<br />

Un rôle devenu central dans la filière<br />

Le Centre Technique Interprofessionnel de la <strong>Canne</strong> et du Sucre a toujours eu pour vocation<br />

première de mesurer la richesse des cannes. Mais, pour répondre <strong>aux</strong> besoins d’encadrement<br />

et d’expérimentations de la filière, ses missions se sont peu à peu élargies à des domaines divers.<br />

Pour la mesure de la richesse, le CTICS<br />

dispose aujourd’hui de 13 laboratoires<br />

répartis sur les plates-formes de réception (deux<br />

seulement n’en possèdent pas jusqu'à présent,<br />

La Mare et Baril). Trente et un permanents<br />

forment l’ossature de son équipe, <strong>aux</strong>quels<br />

s’ajoutent pendant les campagnes sucrières<br />

un personnel saisonnier qui double cet effectif.<br />

Cependant, cette montée en puissance<br />

s’explique aussi par l’extension des activités<br />

du centre technique en 10 ans. Le CTICS a vu<br />

ses compétences s’élargir à de nouvelles missions<br />

qui font de lui un acteur central de la<br />

filière. Pour les plus récentes, rappelons que<br />

le CTICS assure des missions pour le compte<br />

du Comité Paritaire de la <strong>Canne</strong> et du Sucre<br />

(CPCS) créé en 2007. Ainsi, il a distribué l’aide<br />

<strong>aux</strong> intrants, mis en place la Caisse de portage<br />

et gère le système des aides à la plantation<br />

des industriels. Au fil des ans, le CTICS n'a cessé<br />

de développer une ingénierie de grande qualité.<br />

Depuis 2001, il est en charge de la gestion<br />

du système d’information géogra phique (SIG),<br />

la base de données géoréférencées des exploitations<br />

cannières.<br />

A partir de 2008, l’encadrement administratif<br />

La disparition de François Brelle<br />

Directeur du CTICS depuis 1995, François Brelle est décédé le 13 février dernier. Sa carrière<br />

professionnelle se confond avec l’évolution du centre technique auquel il a donné une nouvelle<br />

légitimité par la modernisation de ses équipements et par son sens du dialogue.<br />

François Brelle nous a quitté en début d’année.<br />

10<br />

et technique des planteurs a pris une place<br />

accrue dans les activités du CTICS avec l’entrée<br />

en fonction des Pôles canne.<br />

Au sein de ces Pôles, les personnels du CTICS<br />

Localisation des parcelles<br />

de canne en 2009<br />

assurent l’accueil pour l’information, l’orientation<br />

et la réception des dossiers de demandes<br />

de financement des planteurs. Ses techniciens<br />

plantation accompagnent les planteurs dans<br />

«<br />

Avec les industriels, je suis 50% planteur.<br />

Avec les planteurs, je suis 50% industriel»<br />

aimait à répéter François Brelle pour afficher<br />

sa neutralité vis-à-vis des uns et des autres. Sa<br />

disparition brutale à l’âge de 49 ans a surpris<br />

et affecté ses collaborateurs, ainsi que tous les<br />

acteurs de la filière, car tous appréciaient les<br />

compétences, l’efficacité et le sens du dialogue<br />

de cet homme ouvert, disponible, qui avait mis<br />

son intelligence et son énergie au service de<br />

la filière. L’hommage qui lui est rendu est<br />

unanime. A l’image de celui des deux coprésidents<br />

du Comité Paritaire de la <strong>Canne</strong> et<br />

du Sucre dont François Brelle était le délégué.<br />

Pour Xavier Thiéblin, «Il jouait pleinement le<br />

rôle d’arbitre qui revient au CTICS. C’est une<br />

grande perte pour l’Interprofession et pour<br />

toute notre filière». Jean-Patrice Pounoussamy<br />

souligne que «François avait de grandes<br />

qualités humaines. Il savait écouter et mettre<br />

à l’aise ses interlocuteurs».<br />

Source : BDORTHO 2008 - IGN - DAF - BDPA 2009 - Réalisation : SIG CTICS - Mai 2010


DOSSIER > CTICS<br />

Des essais d’amendement, de fertilisation<br />

et de techniques culturales<br />

Les expérimentations ont pour but de fournir des référentiels techniques<br />

<strong>aux</strong> planteurs.<br />

Débutées il y a 5 ans, les expérimentations<br />

agronomiques sont une évolution assez<br />

récente du CTICS. En partenariat avec le<br />

CIRAD et eRcane, ces essais ont pour but de<br />

définir des référentiels destinés <strong>aux</strong> planteurs.<br />

Leur quatrième coupe a eu lieu en 2009.<br />

Après qu’une enquête ait témoigné d’une<br />

forte attente de repères techniques dans la<br />

profession, c’est à la demande des planteurs<br />

que les essais ont été lancés.<br />

Les expérimentations sont menées à travers<br />

l’île sur différents types de terrain, essentiellement<br />

chez des planteurs, et occasionnelle-<br />

leurs démarches administratives (immatriculation,<br />

déclaration de surface, demande d’aide<br />

à la plantation et <strong>aux</strong> améliorations foncières,<br />

etc.). Ils dispensent du conseil technique et<br />

contribuent à l’approvisionnement des planteurs<br />

en boutures par le biais d’un réseau de<br />

pépiniéristes (15 à 20% des boutures de canne<br />

sont commercialisées par le CTICS).<br />

Menées en collaboration avec le CIRAD et<br />

eRcane, les expérimentations agronomiques<br />

sont un autre développement récent des activités<br />

du CTICS. Ces essais de vulgarisation ont<br />

C’est en effet sous l’impulsion de son nouveau<br />

directeur que le CTICS avait repris à bras le<br />

corps le problème de la fiabilité technique de<br />

la mesure de la richesse, source de tensions<br />

entre planteurs et industriels. François Brelle<br />

est à l’origine du plan de modernisation actuel<br />

du centre technique, qu’il a accompagné d’un<br />

intense travail d’explication auprès des<br />

partenaires de la filière sur les méthodes de<br />

prélèvement et d’analyse.<br />

Toute la vie professionnelle de François Brelle<br />

est marquée par cette volonté d’ouverture et<br />

de dialogue et par le désir de mettre ses<br />

compétences d’ingénieur en agriculture au<br />

service du développement agricole. Diplômé<br />

de l’institut supérieur d’agriculture Rhônes-<br />

Alpes, François Brelle a connu une première<br />

expérience, humainement très forte, en 1984,<br />

en tant que volontaire du Service National<br />

(VSN) au Cameroun où il conduit un projet<br />

d’appui technique au développement agricole.<br />

Dans ce cadre, il mène plusieurs actions. Il<br />

dirige un projet de provenderie pour volailles<br />

et porcs, crée une Maison des paysans pour<br />

la fourniture des intrans et encadre deux<br />

associations professionnelles d’éleveurs et de<br />

maraîchers. Parallèlement, avec son épouse,<br />

il œuvre au sein de l’association pour la<br />

ment en station d’essai. Elles ont pour thème<br />

les amendements chaulant (Cendres de<br />

bagasse, Ch<strong>aux</strong> magnésienne et Physiolith®),<br />

divers modes de fertilisation azotée.<br />

Depuis deux campagnes est aussi testée la<br />

technique de plantation en rangs jumelés,<br />

mode de plantation qui doit éviter à la récolte<br />

les risques de compaction des rangs de canne.<br />

Actuellement, une vingtaine de sites sont<br />

concernés par ces expérimentations pour un<br />

régime de croisière qui devrait atteindre une<br />

trentaine.<br />

pour but de diffuser dans la profession des<br />

pratiques culturales performantes. Les essais<br />

de référencement testent aussi localement des<br />

techniques ayant donné de bons résultats dans<br />

d’autres pays ou d’autres cultures (voir encadré<br />

ci-dessus). Pour l’ensemble de ces missions, le<br />

CTICS dispose d’un budget annuel d’environ<br />

trois millions d’euros. Ses ressources proviennent<br />

de la cotisation (1,30 € par tonne de<br />

canne) servant à financer la mesure de la<br />

richesse et, pour ses autres missions, de subventions<br />

de l’Europe, de l’Etat, du Département<br />

et de l’Interprofession <strong>Canne</strong>-Sucre.<br />

formation de cadres de l’industrie et de<br />

l’administration.<br />

En 1986, nouvelle étape : François Brelle rejoint<br />

la sucrerie de Bourdon, à Aulnat dans le Puyde-Dôme.<br />

Il y découvre l’activité sucrière en<br />

tant que responsable du service technique. Il<br />

entreprend de moderniser la sucrerie sur le<br />

plan technique et sur celui des méthodes de<br />

travail.<br />

François Brelle s’est vu confier la direction du<br />

CTICS en 1995 et, plus récemment, le poste<br />

de délégué du CPCS. Sa neutralité revendiquée<br />

haut et fort lui a valu la confiance de<br />

tous. Chacun peut mesurer le chemin parcouru<br />

par le centre technique sous sa direction.<br />

L’évolution du système de paiement du prix<br />

de la canne indépendamment des zones<br />

géographiques est à son actif. Au-delà du plan<br />

de modernisation, il a engagé le centre<br />

technique dans la démarche de qualité ayant<br />

abouti en 2008 à la certification ISO 9001.<br />

C’est également sous sa direction que le CTICS<br />

a pris un rôle grandissant dans la filière en<br />

élargissant ses missions d’encadrement des<br />

planteurs et d’expérimentation agricole.<br />

Par son action, François Brelle a su rétablir le<br />

crédit du CTICS. «Pour mesurer le chemin<br />

parcouru, il faut se rappeler qu’une partie des<br />

planteurs avait une très mauvaise image du<br />

CTICS. Ils l’appelaient la “boîte noire“ ! François<br />

a su redonner confiance par son sens de<br />

l’écoute et du dialogue. Il a ouvert les laboratoires<br />

<strong>aux</strong> planteurs, il a expliqué ce qu’on<br />

y faisait. Par sa neutralité, il a contribué à<br />

décrisper les relations entre planteurs et industriels.<br />

Il était reconnu pour cela par toute la<br />

filière et l’Interprofession s’est naturellement<br />

tournée vers lui pour occuper le poste de<br />

délégué» témoigne Jean-Yves Gonthier qui<br />

dirigeait alors le service planteurs du CTICS.<br />

Bernard de Ranchin<br />

assure l’intérim<br />

Ancien secrétaire permanent de la Mission<br />

<strong>Canne</strong> du Conseil général, Bernard de<br />

Ranchin s’est vu confier l’intérim de la<br />

direction du CTICS en tant que chargé de<br />

mission. Il en assure l’interim avec l’appui<br />

de trois personnes représentant l’Etat, la<br />

Chambre d’agriculture et les industriels.<br />

Outre la gestion des affaires courantes,<br />

Bernard de Ranchin mettra en œuvre la<br />

procédure de recrutement du remplaçant<br />

de François Brelle pour proposer des<br />

candidats au Bureau et au Conseil<br />

d’Administration.<br />

<strong>11</strong>


DOSSIER > CTICS<br />

Les grandes étapes du CTICS<br />

Longtemps cantonné à la mesure de la richesse, le centre technique n’a cessé de se développer<br />

depuis 30 ans.<br />

Les premières mesures de richesses<br />

En 1952, le CTICS s’installe dans des loc<strong>aux</strong><br />

situés place Joffre sur le front de mer de Saint-<br />

Denis. Dès l’origine, il est prévu dans ses statuts<br />

qu’il intervienne sur toutes les questions de<br />

développement agricole. Mais, dans les faits,<br />

jusqu’au milieu des années 70, il se cantonne<br />

essentiellement à sa mission première : la<br />

mesure de la richesse. A l'époque, les jus<br />

servant à la mesure étaient échantillonnés dans<br />

les usines au niveau des moulins. Les agents<br />

du CTICS utilisaient des saccharimètres et des<br />

réfractomètres manuels pour les mesures et<br />

procèdaient eux-mêmes au calcul de richesse<br />

à l'aide d’une formule. Chaque soir, les données<br />

étaient transmises par téléphone au siège du<br />

CTICS. Une première évolution est venue avec<br />

les débuts de l'informatique : les données<br />

étaient alors envoyées (sur cartes perforées)<br />

chez IBM qui procédait au calcul.<br />

12<br />

La dynamisation<br />

Les années 80 voient le CTICS évoluer. Il<br />

développe de nouvelles missions et se structure.<br />

Le service planteurs est créé. Un fichier des<br />

exploitants est mis en place. Un réseau de<br />

pépinières pour la fourniture de boutures voit<br />

le jour. Un plan d’expérimentations agronomiques<br />

par zones, dit “hawaïen“ en référence<br />

<strong>aux</strong> méthodes de culture pratiquées sur l’île<br />

de Hawaï, est lancé. L’organisme déménage<br />

dans ses loc<strong>aux</strong> actuels de la Providence au<br />

début de 1987. L’accompagnement des<br />

planteurs et la recherche de moyens pour<br />

accroître la productivité et la richesse des<br />

cannes deviennent des missions importantes<br />

du CTICS. C’est à cette époque que sont menés<br />

notamment les essais d’épandage aérien d’un<br />

maturateur pour augmenter la richesse des<br />

cannes en début de campagne.<br />

Une nouvelle organisation<br />

Le tournant des années 90 voit le CTICS<br />

développer ses implantations sur les platesformes<br />

à la suite de l’ouverture d’antennes de<br />

la direction de l’Agriculture et de la Forêt, son<br />

organisme de tutelle. Aux laboratoires s'ajou -<br />

tent des cellules planteurs qui prennent place<br />

à Bois Rouge, Beaufonds, Le Gol, Grand Bois,<br />

Savannah. Ce sont les prémices des Pôles canne<br />

actuels. Durant cette période, il met en œuvre<br />

l’accompagnement des planteurs et accompagne<br />

la création du service d’information<br />

géographique (SIG). Le CTICS met au point<br />

un modèle de prévision de récolte toujours<br />

utilisé aujourd’hui. Les prestations assurées<br />

couvrent désormais un vaste champ d’applications<br />

qui intéresse les planteurs dans tous<br />

les aspects de leur obligations administratives.<br />

L’échec des sondes verticales<br />

Le besoin de renouveler les équipements se<br />

traduit en 1993 par des essais de nouvelles<br />

sondes pour procéder <strong>aux</strong> prélèvements<br />

d’échantillons. Cependant, le nouveau système<br />

de sondes verticales s’avère inadapté et soulève<br />

de vigoureuses protestations chez les planteurs.<br />

Les sondes verticales sont abandonnées et<br />

l’ancien système de sondes horizontales sur<br />

tracteur reste maintenu encore quelques<br />

temps. A son arrivée à la direction du CTICS,<br />

François Brelle tourne la page de cette période<br />

troublée et engage la réflexion ayant abouti<br />

au programme de modernisation actuel.<br />

La norme ISO 9001 couronne l’effort de qualité<br />

L’activité de mesure de la richesse de la canne a obtenu sa première<br />

certification en novembre 2008.<br />

Le directeur du CTICS, François Brelle, avait fixé plusieurs objectifs à la démarche de certification<br />

entreprise dans la foulée du plan de modernisation 2000-2007 : «Optimiser et fiabiliser nos<br />

méthodes de travail décrites dans le protocole de campagne (...). Améliorer la communication<br />

avec les planteurs, à la fois sur nos procédures et nos résultats. Mettre les compétences et<br />

l’implication du personnel au service d’un projet nouveau, motivant et fédérateur.» La mise<br />

par écrit d’une méthode de travail a permis d’uniformiser l’activité de mesure. Elle a débouché<br />

sur une procédure unique qui s’applique partout de la même manière. En matière de<br />

communication, un travail de vulgarisation a été effectué pour expliquer le plus largement<br />

possible le protocole du CTICS. Des visites des laboratoires en activité sont organisées, pour<br />

les planteurs, pendant les campagnes sucrières. Le site internet du centre technique<br />

(http://www.ctics.fr) a été étoffé pour, notamment, présenter les matériels utilisés et le<br />

processus de la mesure, de l’échantillonnage jusqu’au calcul du t<strong>aux</strong> de saccharose.


ACTUALITÉS ><br />

Mauvaises herbes<br />

Le fléau des lianes grimpantes<br />

Parmi les mauvaises herbes, les « lianes » constituent un groupe particulier très difficile à maîtriser,<br />

en raison de leur biologie et de leur comportement par rapport <strong>aux</strong> herbicides.<br />

Cocktail de lianes dans un champ de canne.<br />

Le groupe des lianes grimpantes (en excluant<br />

ici les rampantes) comprend plus d’une<br />

trentaine d’espèces appartenant à onze<br />

familles botaniques. Trois familles rassemblent<br />

à elles seules une vingtaine d’espèces : les<br />

convolvulacées (famille des liserons), les cucurbitacées<br />

(famille des concombres), et les<br />

fabacées (famille des haricots). Les principales<br />

espèces sont la margose Momor dica charantia,<br />

la liane poc-poc Cardiospermum halicacabum,<br />

les liserons fleur rouge Ipomoea hederifolia et<br />

Recouvrement moyen (en %)<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

fleur bleue Ipomoea nil, le grenadier marron<br />

encore appelé la poc-poc Passiflora foetida. Si<br />

la plupart des lianes sont annuelles, certaines<br />

sont vivaces, comme la cucurbitacée Coccinia<br />

grandis et la passifloracée Passiflora suberosa.<br />

En 2007 et 2008, la dynamique d’enherbement<br />

après la coupe a été suivie dans 48<br />

champs de canne distribués dans toutes les<br />

zones de La Réunion. Cette étude montre qu’à<br />

partir du quatrième mois suivant la coupe, le<br />

groupe des lianes devient le plus important.<br />

15 30 45 60 75 90 1<strong>05</strong> 120 135 150 165 180 195 210 225 240 255 270 285 300 315 330<br />

Nombre de jours après la coupe<br />

dicotylédones lianes poacées géophytes autres<br />

Evolution de la contribution des différents groupes d’adventices<br />

pendant le cycle de la canne à La Réunion (Lebreton et al. - 2009).<br />

Levées échelonnées,<br />

développement envahissant<br />

Les lianes les plus problématiques pour les<br />

planteurs sont typiquement des espèces<br />

annuelles qui germent tardivement et sur une<br />

longue période comme Momordica charantia,<br />

Cardiospermum halicacabum, Ipomoea spp.<br />

ou Passiflora spp. Une telle stratégie leur<br />

permet d’échapper <strong>aux</strong> interventions de<br />

désher bage normalement réalisées au cours<br />

des trois premiers mois suivant la plantation<br />

ou la coupe, y compris les pulvérisations<br />

d’herbicides en post-levée qui n’affectent pas<br />

ou peu les espèces n’ayant pas encore levé au<br />

moment de l’application.<br />

Elles parviennent à lever malgré l’effet écran<br />

du paillis, et à grandir sous l’ombrage des<br />

cannes déjà développées. En grimpant sur<br />

celles-ci, elles finissent par trouver la lumière<br />

et recouvrir la culture, parfois jusqu’à l’étouffement.<br />

Leur nuisibilité est alors double: pertes<br />

de production et ralentissement de la récolte,<br />

car en liant les cannes, les lianes entravent la<br />

progression des coupeurs comme celle des<br />

machines. Les espèces lianescentes, de plus<br />

en plus fréquentes (Momordica charantia est<br />

présente dans 90% des parcelles), représentent<br />

un problème crucial de désherbage, parfois le<br />

plus important.<br />

13


ACTUALITÉS ><br />

Les lianes font baisser les rendements et gênent aussi la coupe. «Coccinia grandis», liane vivace à surveiller.<br />

Peu sensibles<br />

<strong>aux</strong> herbicides de pré-levée<br />

Les lianes qui apparaissent en début de cycle<br />

cultural ne sont pas bien maîtrisées par les<br />

herbicides de pré-levée homologués pour le<br />

désherbage de la canne à sucre. Mais, surtout,<br />

une grande disparité de comportement est<br />

observée au sein d’une même famille botanique.<br />

Par exemple chez les convolvulacées :<br />

alors que les herbicides de pré-levée ont une<br />

assez bonne action sur Ipomoea hederifolia,<br />

Ipomoea obscura se révèle peu sensible. En<br />

revanche, les produits de post-levée ont<br />

globalement une bonne efficacité sur les lianes<br />

présentes au moment de l’application.<br />

L’apparition tardive des lianes nécessite donc<br />

d’intervenir dans des cannes déjà développées<br />

(à hauteur d’homme). Avec une intervention<br />

mécanique, seuls les départs de lianes dans<br />

l’interligne sont détruits. Or, une élimination<br />

quasi-totale des lianes doit être recherchée, en<br />

raison de leur pouvoir de nuisance ; une densité<br />

d’environ 1 plante/m² étant suffisante pour<br />

qu’à la récolte les cannes soient totalement<br />

ensevelies sous les lianes. Pour atteindre toutes<br />

les lianes, et notamment celles nichées au sein<br />

des rangs de canne, il faut recourir à<br />

l’application d’un herbicide sélectif qui touche<br />

à la fois l’interligne et la ligne de cannes jusqu’à<br />

Liane bleue «Ipomoea nil».<br />

14<br />

mi-hauteur. Des pulvérisateurs automoteurs<br />

enjambeurs ont été introduits récemment pour<br />

répondre à ce besoin et ont montré leur<br />

efficacité. Malheureusement, cet équipement<br />

ne se prête pas à une utilisation en terrain<br />

accidenté ou sur de petites parcelles. Dans ces<br />

situations, il est possible de reproduire son<br />

comportement avec un pulvérisateur à dos en<br />

adoptant une progression uniforme dans le<br />

centre de l’interligne et en utilisant les buses<br />

appropriées. La pratique courante du «badigeonnage»<br />

est à proscrire car elle conduit à<br />

Les lianes grimpantes les plus fréquentes<br />

la fois à du surdosage et à des oublis de jeunes<br />

lianes passées inaperçues lors du traitement,<br />

mais qui deviendront tentaculaires avant la<br />

récolte !<br />

Pour informations complémentaires, voir<br />

cahier technique de Caro <strong>Canne</strong> n°13 (nov.<br />

2007) sur le site Internet de <strong>Canne</strong> <strong>Progrès</strong>:<br />

http://www.canne-progres.com/cahiers _<br />

techniques/13/01_08.pdf.<br />

Cette liste non exhaustive est issue des trav<strong>aux</strong> de Thomas Le Bourgeois et Gérard Lebreton<br />

(Cirad) menés de 2003 à 2008, et des essais du réseau herbicides de 20<strong>05</strong> à 2009<br />

(coordination Cirad).<br />

Convolvulacées<br />

Ipomoea eriocarpa<br />

Ipomoea hederifolia amourette, liseron fleur rouge<br />

Ipomoea nil liane bleue<br />

Ipomoea obscura liane toupie, liseron fleur blanc<br />

Ipomoea pentaphylla<br />

(synonyme de Merremia aegyptia)<br />

Ipomoea triloba<br />

Cucurbitacées<br />

Momordica charantia margose marron, margose<br />

Sicyos angulatus<br />

Fabacées<br />

Centrosema pubescens<br />

Mucuna pruriens poil à gratter<br />

Malvacées<br />

Hibiscus surattensis oseille malbare<br />

Passifloracées<br />

Passiflora foetida passiflore, poc poc, grenadier marron<br />

Sapindacées<br />

Cardiospermum halicacabum liane poc-poc, pois de merveille


ACTUALITÉS ><br />

Les différents types de liane<br />

Ipomoea eriocarpa. Amourette. Liane bleue.<br />

Liane toupie (plantule en encadré). Ipomoea pentaphylla. Margose marron (plantule en encadré).<br />

Sicyos angulatus (fruit en encadré). Poil à gratter (inflorescence en encadré). Feuille Oseille malbare (fleur en encadré).<br />

Grenadier marron (inflorescence en encadré). Cardiospermum halicacabum (fruit en encadré). Margose marron «Momordica charantia».<br />

15


16<br />

ACTUALITÉS ><br />

Sensibilité de quelques lianes <strong>aux</strong> herbicides de pré-levée homologués pour le désherbage de la canne à sucre à La Réunion.<br />

2006-2009 Matières<br />

actives<br />

Espèces<br />

Liane<br />

poc-poc<br />

Liane<br />

Amourette,<br />

liseron<br />

fleur rouge<br />

Liane<br />

bleue<br />

Liane<br />

toupie<br />

Margose<br />

Passiflore,<br />

petite<br />

grenadine<br />

Produits<br />

commerci<strong>aux</strong><br />

(doses)<br />

Espèces<br />

Cardiospermum<br />

halicacabum<br />

Ipomoea<br />

eriocarpa<br />

Ipomoea<br />

hederifolia<br />

Ipomoea nil<br />

Ipomoea<br />

obscura<br />

Momordica<br />

charantia<br />

Passiflora<br />

foetida<br />

S-métolachlore<br />

+ mésotrione<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

S-métolachlore<br />

+ mésotrione<br />

+ isoxaflutole<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

+ Merlin<br />

(100 g/ha)<br />

S-métolachlore<br />

+ mésotrione +<br />

pendiméthaline<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

+ Prowl<br />

(3 l/ha)<br />

S-métolachlore<br />

+ mésotrione<br />

+ S-métolachlore<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

+ Mercantor<br />

(0,5 l/ha)<br />

isoxaflutole +<br />

pendiméthaline<br />

Merlin<br />

(100 g/ha)<br />

+ Prowl<br />

(3 l/ha)<br />

Efficacité bonne moyenne nulle<br />

isoxaflutole<br />

+ S-métolachlore<br />

Merlin<br />

(100 g/ha)<br />

+ Mercantor<br />

(2 l/ha)<br />

pendiméthaline<br />

+ S-métolachlore<br />

Prowl<br />

(3 l/ha)<br />

+ Mercantor<br />

(2 l/ha)<br />

S-métolachlore<br />

+ mésotrione<br />

+ métribuzine<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

+ Sencoral<br />

(1 kg/ha)<br />

isoxaflutole<br />

+ métribuzine<br />

Merlin<br />

(100 g/ha)<br />

+ Sencoral<br />

(1 kg/ha)<br />

Sensibilité de quelques lianes <strong>aux</strong> herbicides de post-levée homologués pour le désherbage de la canne à sucre à La Réunion.<br />

2006-2009<br />

Espèces<br />

Matières<br />

actives<br />

Produits<br />

commerci<strong>aux</strong><br />

(doses)<br />

Espèces<br />

Liane poc-poc Cardiospermum halicacabum<br />

- Centrosema pubescens<br />

Oseille malbar Hibiscus surratensis<br />

Liane Ipomoea eriocarpa<br />

Amourette, liseron fleur rouge Ipomoea hederifolia<br />

Liane bleue Ipomoea nil<br />

Liane toupie Ipomoea obscura<br />

Liane Ipomoea triloba<br />

Margose Momordica charantia<br />

Poil à gratter Mucuna sp.<br />

2,4-D mésotrione 2,4-D +<br />

asulame<br />

2,4-D<br />

(2 l/ha)<br />

Callisto<br />

(1,5 l/ha)<br />

Efficacité bonne moyenne nulle<br />

2,4-D +<br />

mésotrione<br />

2,4-D +<br />

(S-métolachlore<br />

+ mésotrione)<br />

mésotrione<br />

+ asulame<br />

(S-métolachlore<br />

+ mésotrione)<br />

+ asulame<br />

pendiméthaline<br />

+ métribuzine<br />

Prowl<br />

(3 l/ha)<br />

+ Sencoral<br />

(1 kg/ha)<br />

mésotrione<br />

+ 2,4-D<br />

+ asulame<br />

(Source : Emploi des herbicides en canne à sucre. Résultats des essais en réseau de 20<strong>05</strong> à 2008, dépliant co-édité en 2009 par Les industriels du Sucre, le Cirad et Coroi, et actualisé<br />

avec les résultats de 2009).<br />

2,4-D<br />

(2 l/ha)<br />

+ Asulox<br />

(8 l/ha)<br />

2,4-D<br />

(2 l/ha)<br />

+ Callisto<br />

(1 l/ha)<br />

2,4-D<br />

(2 l/ha)<br />

+ Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

Callisto<br />

(1 l/ha)<br />

+ Asulox<br />

(8 l/ha)<br />

Camix<br />

(3,75 l/ha)<br />

+ Asulox<br />

(8 l/ha)<br />

Callisto<br />

(0,75 l/ha)<br />

+ 2,4-D (1,6 l/ha)<br />

+ Asulox (8 l/ha)


ACTUALITÉS ><br />

La procédure «Terres incultes»<br />

fait reculer les friches<br />

Assouplie et renforcée à la fois, la procédure «Terres incultes» permet de remettre en culture<br />

plusieurs centaines d’hectares par an, en privilégiant les «petits» planteurs en quête de nouvelles<br />

parcelles.<br />

La reconquête des terres en friche est un<br />

des axes forts de la stratégie foncière de<br />

la filière. Elle s’appuie, entre autres, sur un outil<br />

juridique : la procédure de mise en valeur des<br />

terres incultes, réformée par plusieurs lois et<br />

décrets, entre 20<strong>05</strong> et 2007. Dans le cadre<br />

d’une convention qui est entrée en vigueur en<br />

2008, le Conseil général s’est vu confier la<br />

responsabilité et le financement d’une partie<br />

du dispositif et a chargé la SAFER de son<br />

animation. «A chaque étape, il existe une<br />

possibilité de médiation, la porte n’est jamais<br />

fermée à la discussion», explique Pascal de<br />

Gérus, responsable de la cellule Terres incultes<br />

au service foncier de la SAFER. Cette cellule a<br />

reçu le renfort de trois techniciens spécialisés<br />

dans les trav<strong>aux</strong>. Ils apportent leur expérience<br />

du terrain et accompagnent les remises en<br />

valeur des friches, une fois celles-ci attribuées<br />

à un exploitant. Un état des lieux est effectué<br />

six mois plus tard. En cas de retour à la friche,<br />

la procédure n’est pas reprise à zéro mais au<br />

point où elle en était.<br />

800 hectares ont déjà fait l’objet d’une<br />

procédure de médiation, conclue avec réussite<br />

dans la moitié des cas. «La situation des terres<br />

à l’abandon, très mouvante, est en voie d’être<br />

mieux connue, souligne Jean-Marc Treffel, chef<br />

du service foncier de la SAFER. Le recensement<br />

a déjà été effectué dans 17 communes<br />

et les autres suivront. Nous intervenons en<br />

priorité dans celles qui ont signé une charte<br />

de développement agricole, ou s’apprêtent à<br />

le faire, sur les périmètres irrigués et sur les<br />

terres qui ont reçu des aides publiques (amélioration<br />

foncière, plantation…)». Une grande<br />

attention est notamment portée au périmètre<br />

irrigué du littoral Ouest, où la pression<br />

spéculative est forte : 3 000 demandes de<br />

En dernier recours,<br />

fermage d’office ou expropriation<br />

La reconquête des friches, un combat permanent.<br />

déclassement de terres agricoles sont ainsi en<br />

suspens sur la seule commune de Saint-Paul.<br />

Certaines procédures pourront potentiellement<br />

favoriser l’installation de nouve<strong>aux</strong><br />

<strong>agriculteurs</strong>, mais dans la plupart des cas les<br />

parcelles sauvées de la friche ne sont pas assez<br />

grandes pour constituer une exploitation viable.<br />

«L’essentiel de nos attributions permet des<br />

agrandissements», commente Pascal de Gérus.<br />

La recherche du dialogue aide également à<br />

mieux comprendre les raisons de l’abandon<br />

de la culture. Des soupçons de mise en friche<br />

Quand les discussions avec un propriétaire n’aboutissent pas, trois solutions peuvent être<br />

appliquées : la mise en demeure, le fermage d’office ou l’expropriation. Ces étapes ultimes<br />

de la procédure Terres incultes restent du domaine de l’Etat. En cas d’échec des efforts de<br />

médiation, le préfet peut adresser une mise en demeure ordonnant la remise en valeur des<br />

terres dans un délai de huit mois. Il a également la possibilité de décider d’un fermage d’office,<br />

en imposant un exploitant au propriétaire. Enfin, si à l’issue du délai de la mise en demeure,<br />

aucune remise en valeur n’est constatée, le préfet peut recourir à l’expropriation pour cause<br />

d’utilité publique.<br />

délibérée, dans le but d’obtenir un déclassement<br />

du terrain agricole, pèsent sur un certain<br />

nombre de dossiers. Mais les cas de figure sont<br />

multiples : maladie ou difficultés financières<br />

qui amènent aussi un agriculteur à cesser<br />

d’exploiter ou, bien souvent, mésentente entre<br />

propriétaires multiples, au sein d’une même<br />

famille, après un héritage…<br />

Friches en chiffres<br />

En 20<strong>05</strong>, lors de l’élaboration des Cahiers<br />

de l’Agriculture, la surface des terres en friche<br />

était estimée à 6 600 hectares. En 2008,<br />

date de l’entrée en vigueur de la convention<br />

entre le Département et la SAFER, 3 600<br />

hectares étaient déjà en procédure Terres<br />

incultes. Depuis, 2 400 hectares en ont été<br />

retirés, dont 1 700 pour cause de mise en<br />

valeur. En moyenne, au cours des onze<br />

dernières années, la procédure a contribué<br />

à remettre en culture 574 hectares par an.<br />

En 2009, 4<strong>11</strong> hectares de friches ont été<br />

remis en culture, dont 81 hectares dans le<br />

périmètre irrigué de l’Ouest.<br />

17


Situation classique : plusieurs frères et sœurs<br />

héritent d’une propriété d’une dizaine<br />

d’hectares, mais aucun d’entre eux n’est<br />

agriculteur et la fratrie est en désaccord. Alors<br />

que tant de planteurs cherchent à agrandir<br />

leur exploitation, des bonnes terres tombent<br />

à l’abandon.<br />

«Souvent, c’est la méconnaissance du monde<br />

de l’agriculture qui rend les propriétaires<br />

réticents à signer un bail à ferme, explique<br />

Magaly Bassonville, conseillère à la SAFER. Ils<br />

ignorent les tenants et les aboutissants d’un<br />

contrat de fermage, mais sont rassurés quand<br />

18<br />

ACTUALITÉS ><br />

Friches : des causes multiples<br />

Grâce au dialogue avec les propriétaires, la procédure Terres incultes révèle les causes multiples<br />

de l’abandon d’une parcelle. Les situations d’indivision sont les plus complexes à résoudre.<br />

Le recensement des parcelles en friche exige un patient travail de terrain.<br />

Patrick Leichnig, technicien SAFER :<br />

«Une procédure incitative»<br />

nous leur expliquons que nous pouvons être<br />

leur interlocuteur en cas de problème. Certains<br />

regrettent le temps du bail à colonat, qui était<br />

excessivement favorable au propriétaire. La<br />

formule du bail à ferme a justement été<br />

introduite pour compenser ce déséquilibre.<br />

Ce bail protège équitablement les deux parties,<br />

aussi, quand le propriétaire l’a compris, tout<br />

devient plus facile. Il nous faut faire<br />

comprendre que la terre est autant un<br />

patrimoine qu’un outil de travail, et que la<br />

louer à un agriculteur est le meilleur moyen<br />

de conserver ce bien».<br />

Le recensement des parcelles en friches est en cours dans plusieurs communes. Patrick Leichnig,<br />

technicien SAFER dans le Sud, effectue régulièrement des tournées pour localiser les champs à<br />

l’abandon. Le travail avance patiemment. Un relevé GPS est effectué pour chaque parcelle. Les<br />

résultats sont ensuite centralisés et recoupés avec la base cadastrale afin d’identifier le propriétaire<br />

de chaque friche. Le dialogue commence, d’abord par courrier. En fonction des premières<br />

réponses reçues, une visite de vérification, s’impose parfois.<br />

«L’état des friches évolue en permanence, il faut être sur le terrain tous les jours, explique Patrick<br />

Leichnig. Le travail de recensement est très partenarial, nous échangeons beaucoup avec nos<br />

homologues de la Chambre d’agriculture et nos partenaires des filières agricoles. Il nous arrive<br />

également, lors de nos tournées, de trouver le propriétaire de la parcelle que nous relevons à<br />

l’aide du Système d’Information Géographique. Les réactions sont variables, mais la discussion<br />

souvent possible». Quand le propriétaire de la friche se dit dans l’incapacité de remettre sa<br />

parcelle en culture, pour rechercher une solution à son problème, il est orienté vers le technicien<br />

SAFER du Pôle canne, qui tient des permanences régulières. «Le but n’est pas l’expropriation,<br />

mais la remise en culture, poursuit Patrick Leichnig. La procédure Terres incultes était trop lente,<br />

elle devient plus incitative. Lorsque nous arrivons dans un secteur, la nouvelle fait vite le tour<br />

des propriétaires. Après mon passage à Jean-Petit, j’ai constaté que six parcelles avaient été<br />

nettoyées en une semaine. On peut penser que la replantation suivra : on n’investit pas dans<br />

une location d’engin pour laisser la terre revenir à la friche.»<br />

Moïse Turpin a planté ses premières cannes en début d’année.<br />

La situation n’est pas forcément moins<br />

complexe quand les propriétaires de friches<br />

sont eux-mêmes des <strong>agriculteurs</strong>. Ils ont baissé<br />

les bras suite à des difficultés financières ou<br />

en raison de problèmes de santé ou de leur<br />

âge. Quand leurs friches sont identifiées par<br />

la SAFER, la solution de facilité consiste alors<br />

pour eux à transmettre ses terres à leurs<br />

enfants. Dans ce cas, la propriété est déstructurée,<br />

divisée en petites parcelles : il devient<br />

difficile de recomposer une unité foncière<br />

susceptible d’intéresser un exploitant.<br />

«Globalement, poursuit Magaly Bassonville,<br />

les mois de médiation prévus avant le déclenchement<br />

de la procédure sont très utiles car<br />

ils aident à filtrer les dossiers rapidement<br />

solvables».<br />

Quand la procédure trouve une issue favorable,<br />

les techniciens de la SAFER accompagnent<br />

les planteurs dans les opérations de remise en<br />

culture. A commencer par le défrichage, qui<br />

nécessite quelques précautions. Sur le plan<br />

administratif, il ne faut pas oublier de solliciter<br />

l’autorisation de défricher à l’ONF, quand la<br />

zone est boisée. Par ailleurs, pour tenir le sol,<br />

l’ONF a également le droit de demander la<br />

création d’andains. Côté pratique, il est souvent<br />

nécessaire de prévoir des trav<strong>aux</strong> pour enlever<br />

les ordures qui se sont entassées là, parfois<br />

pendant des années : les terres en friches se<br />

transforment rapidement en dépotoir!


PUBLI RÉDACTIONNEL ><br />

Comment éliminer ses emballages vides et<br />

ses produits phytosanitaires non utilisés ?<br />

Le rinçage, indispensable avant le stockage des bidons vides.<br />

Les déchets agricoles issus de la protection<br />

phytosanitaire sont constitués principalement<br />

par les emballages vides de produits<br />

phytosanitaires (EVPP) et par les produits phyto -<br />

sanitaires non utilisés (PPNU). Ces déchets sont<br />

classés à la rubrique des déchets industriels<br />

spéci<strong>aux</strong> (DIS) considérés comme dangereux,<br />

rubrique 15.01.10 de la liste des déchets<br />

«emballages contenant des résidus de<br />

substances dangereuses ou contaminés par<br />

de tels résidus». Ainsi, il y a obligation pour<br />

l'exploitant agricole d'en assurer ou d'en faire<br />

assurer le traitement correct.<br />

Pour mémoire, chaque producteur ou détenteur<br />

de déchets est responsable devant la loi<br />

de ses déchets et des conditions dans lesquelles<br />

ils sont collectés, transportés, éliminés ou<br />

recyclés (L. 541-2 et L. 541-3 du code de<br />

l'environnement).<br />

Les exploitations agricoles doivent en conséquence<br />

éliminer leurs déchets phytosanitaires<br />

de façon à éviter les effets nocifs sur l'environnement<br />

ou la santé humaine et conformément<br />

<strong>aux</strong> dispositions légales. Le traitement<br />

ne peut être effectué que dans des installations<br />

classées pour l'environnement soumises<br />

à autorisation et agréées. Le code de santé<br />

publique (article R. 5157) précise par ailleurs<br />

que ces emballages ne peuvent recevoir des<br />

produits destinés à l'alimentation humaine ou<br />

animale.<br />

Quelle que <strong>soit</strong> la nature des déchets, il est<br />

formellement interdit de les brûler à l’air libre<br />

ou dans un incinérateur individuel (dégagement<br />

de dioxines ou de gaz toxiques), de les<br />

abandonner, de les enfouir ou de les déverser<br />

dans le milieu naturel.<br />

Préparation et stockage des emballages<br />

vides de produits phytosanitaires (EVPP)<br />

Les EVPP font l'objet d'une collecte annuelle<br />

organisée par la Chambre d'agriculture de La<br />

Réunion. La prochaine collecte est prévue les<br />

21, 22 et 23 juin 2010. Seuls les bidons en<br />

matière plastique sont collectés. Les bidons<br />

doivent être rincés soigneusement trois fois à<br />

l'eau courante. L'eau de rinçage est versée dans<br />

la cuve du pulvérisateur pour être ensuite<br />

épandue sur la culture. Le rinçage soigneux<br />

des bidons présente un double avantage :<br />

• il permet à l'agriculteur de récupérer jusqu'à<br />

3 € de produit résiduel par bidon de<br />

5 litres;<br />

• il permet de reclasser l'emballage en déchet<br />

industriel banal (rubrique 15.01.02), de diminuer<br />

ainsi considérablement les coûts de<br />

collecte et de fournir les usines spécialisées<br />

dans le recyclage des matières plastiques.<br />

Après rinçage, les bidons doivent être égouttés<br />

et stockés au sec. Les bouchons sont conservés<br />

à part dans un sac plastique. Les bidons mal<br />

rincés ou mal égouttés ne sont pas acceptés<br />

sur les points de collecte, car ils ne sont pas<br />

recyclables et sont alors considérés comme<br />

des DIS.<br />

Préparation et stockage des produits<br />

phytosanitaires non utilisés (PPNU)<br />

Les PPNU regroupent les produits phytopharmaceutiques<br />

destinés à la protection des<br />

cultures mais qui ne sont plus utilisables pour<br />

les raisons suivantes :<br />

• le produit est dégradé ;<br />

• le produit est interdit d'emploi suite à un<br />

changement de réglementation ;<br />

• le produit n'est plus adapté à l'itinéraire<br />

cultural de l'exploitation.<br />

Les PPNU font l'objet de collectes programmées<br />

par la Chambre d'agriculture de La<br />

Réunion en fonction de l'importance du<br />

gisement. Dans l'attente d'une collecte, il est<br />

impératif de conserver les PPNU dans leur<br />

emballage d'origine à l'intérieur du local<br />

phytosanitaire en les isolant des autres produits.<br />

En cas de fuite, il faut emballer le PPNU dans<br />

un sac plastique étanche. Un formulaire de<br />

pré-inscription à la collecte doit être rempli par<br />

le détenteur et envoyé à la Chambre d'agriculture.<br />

Ce formulaire est disponible auprès<br />

de la Chambre d'agriculture, de la DAF et des<br />

princip<strong>aux</strong> distributeurs de produits<br />

phytosanitaires.<br />

Il est important, lors de l'achat d'un produit,<br />

de vérifier s'il figure sur la liste des retraits, et<br />

de s'assurer de pouvoir l'utiliser avant la date<br />

limite de mise en marché (consulter le site internet<br />

www.e-phy.agriculture.gouv.fr).<br />

Lorsque vous gérez vos déchets phytosanitaires:<br />

• vous protégez votre santé et celle de votre<br />

famille ;<br />

• vous préservez la qualité de vos produits et<br />

le potentiel de production de votre exploitation<br />

;<br />

• vous préservez l’environnement et agissez<br />

en tant que professionnel de l’agriculture.<br />

PROCHAINE COLLECTE :<br />

21, 22 ET 23 JUIN 2010<br />

Pour toute information complémentaire,<br />

appeler la Chambre d'agriculture<br />

Didier Vincenot au 02 62 96 20 50.<br />

19


Sébastien Lépinay<br />

«Nouvelles variétés,<br />

nouvelles coupeuses, j’y crois...»<br />

Le jeune planteur (26 ans) vient d’acheter 5 hectares au Gol, en misant sur la R582 et la coupe<br />

mécanique. Seul regret de Sébastien Lépinay : il a perdu un an dans son programme de plantation,<br />

en raison de lourdeurs administratives.<br />

20<br />

PORTRAIT ><br />

Les techniciens du CTICS dans la parcelle de Sébastien Lépinay.<br />

Sébastien Lépinay a le sourire : il peut enfin<br />

se consacrer pleinement à ses 5,95 hectares<br />

de canne, sur les hauteurs du Gol, qui sont<br />

devenus sa propriété il y a quelques semaines.<br />

Son parcours du combattant pour obtenir la<br />

Dotation Jeune Agriculteur et conclure l’achat<br />

de la parcelle avec la SAFER aura duré trois<br />

ans, jalonnés de péripéties. «Les problèmes<br />

se sont additionnés, raconte-t-il. J’ai dû recommencer<br />

deux fois mon PGE et reporter une<br />

première tranche de plantation, ce qui m’a<br />

fait perdre un an : autant d’argent perdu».<br />

Son terrain SAFER, d’un seul tenant à 70 mètres<br />

d’altitude au-dessus du plateau du Gol, est<br />

planté de vieilles souches qui donnent tout de<br />

même <strong>11</strong>0 tonnes à l’hectare. Mais le potentiel<br />

agronomique est important. «J’ai commencé<br />

à replanter avec la R582, poursuit<br />

Sébastien, j’espère atteindre 140 tonnes. Si<br />

les résultats sont bons à la fin de cette<br />

campagne, je continuerai».<br />

La nouvelle variété est adaptée <strong>aux</strong> zones bien<br />

arrosées ou irriguées : c’est le cas de ce secteur<br />

du Gol, situé dans un périmètre de la Saphir.<br />

L’exploitation du jeune planteur est équipée<br />

en couverture intégrale d’asperseurs fixes et<br />

de vannes volumétriques qui permettent une<br />

programmation précise de l’arrosage, «sans<br />

avoir à revenir dans le champ plusieurs fois<br />

par jour».<br />

Sébastien Lépinay exploite aussi 5 hectares de<br />

terres familiales, un peu plus haut, à 300 mètres<br />

d’altitude. La parcelle bénéficie également de<br />

l’irrigation : dès le mois de juillet, un premier<br />

hectare sera planté en R582. «Là-haut, les<br />

rendements plafonnent à 70 ou 80 tonnes à<br />

l’hectare, précise-t-il. Ces dernières années,<br />

j’étais davantage à l’école que dans les champs,<br />

ils ont un peu souffert du manque d’entretien,<br />

mais il y a une marge de progression».<br />

Le planteur est titulaire d’un brevet professionnel<br />

Responsable d’Exploitation Agricole,<br />

qu’il a obtenu à l’APR de Montvert (il a fait<br />

partie de la dernière promotion).<br />

Il a également opté pour la coupe mécanique,<br />

sur sa parcelle SAFER : la faible pente s’y prête<br />

sur la moitié de la surface. «J’ai eu quelques<br />

trav<strong>aux</strong> d’amélioration foncière à réaliser, mais<br />

moins que prévu, grâce à l’arrivée de la<br />

nouvelle coupeuse de la Sucrière de La<br />

Réunion, qui passe partout. Dans mon PGE,<br />

j’avais prévu 7 000 € d’investissement à l’hectare,<br />

fina lement 2 000 €/hectare ont suffi.<br />

Ce qui montre bien qu’on nous demande<br />

presque l’impossible, dans le PGE : on doit<br />

faire des devis fictifs pour estimer nos besoins<br />

futurs, mais comment savoir ce que l’on fera<br />

dans trois ans, dans cinq ans, et combien ça<br />

coûtera? Qui sait ce que sera demain, dans<br />

l’agriculture ?»<br />

«Je suis positif, répète pourtant, Sébastien<br />

Lépinay. Il faut avoir le moral, savoir que<br />

certaines procédures administratives prennent<br />

du temps et s’y préparer plusieurs mois à<br />

l’avance, pour ne pas rater les subventions.<br />

Une année perdue coûte cher à un jeune<br />

planteur qui démarre… Mais la conjoncture<br />

est bonne. Les nouvelles variétés sont là, les<br />

nouvelles machines aussi. L’année prochaine,<br />

je ferai un essai avec la R584, pour laquelle<br />

des rendements encore supérieurs sont<br />

annoncés ».<br />

Avec eRcane et le CTICS, le planteur saintlouisien<br />

participe également à l’expérience de<br />

plantation en rangs jumelés. La canne est<br />

plantée en deux rangs rapprochés de 50 cm,<br />

séparés par un inter-rang de 1,40 m. La<br />

technique, conçue pour les parcelles méca -<br />

nisées évite <strong>aux</strong> engins de rouler sur les rangs<br />

et permet de réduire les baisses de rendement<br />

dues au tassement du sol, en raison du passage<br />

des machines.<br />

«On peut espérer jusqu’à 10% de rendement<br />

supplémentaire», explique Sébas tien, bien<br />

décidé à mettre toutes les chances de son côté<br />

pour réussir son démarrage.


PORTRAIT ><br />

Urbain Assaby<br />

«Un investissement pour la vie»<br />

Urbain Assaby remet en culture 6,6 hectares de friches en bord de route, à Petit-Saint-Pierre. Il<br />

attend beaucoup de cette parcelle qui complètera les 9,5 hectares qu’il exploite déjà dans les<br />

Hauts de Saint-Benoît.<br />

Au-dessus de piton Armand, les chemins d’Urbain Assaby sont mis à rude épreuve par les fortes pluies.<br />

Le dernier champ de canne avant la forêt,<br />

en montant au-dessus de piton Armand,<br />

vers Sainte-Marguerite, c’est celui d’Urbain<br />

Assaby. Sur ces Hauts de l’Est si souvent noyés<br />

de pluies ou enveloppés de nuages, le planteur<br />

n’a pas trouvé le terrain le plus facile lorsqu’il<br />

a décidé de se consacrer à la canne, il y a<br />

quelques années. «Je travaillais dans les trav<strong>aux</strong><br />

publics, raconte-t-il, mais mon employeur a<br />

fait faillite. J’ai réfléchi. Je suis dans la canne<br />

depuis mon plus jeune âge, à 8 ans je travaillais<br />

déjà dans le champ de ma mère. J’ai choisi<br />

d’investir dans la terre. Au moins, on récolte<br />

le fruit de son propre travail. Même s’il est<br />

lourd, c’est un investissement pour la vie».<br />

Les 4,5 hectares de Chemin Pêche, hérités de<br />

sa mère, décédée, étaient alors en friche.<br />

Urbain a tout refait. Après trois récoltes, il<br />

s’apprête à passer à la coupe mécanique, avec<br />

la coupeuse «péï». «On n’a plus le choix, ditil.<br />

Il faut aller vers la mécanisation, sinon les<br />

cannes resteront au champ».<br />

Mais les terres familiales étaient insuffisantes<br />

pour assurer la rentabilité de l’exploitation. Il<br />

n’a donc pas hésité quand il a eu la possibilité<br />

d’intégrer un Groupement Foncier Agricole,<br />

avec cinq autres planteurs, pour cultiver<br />

5 hectares supplémentaires sur les hauteurs<br />

de Sainte-Marguerite. De la pente, de la roche<br />

et des pluies souvent diluviennes : à près de<br />

500 mètres d’altitude, à la limite de la forêt, il<br />

lui a fallu du courage pour remettre en état<br />

cette parcelle qui n’était plus entretenue depuis<br />

dix ans. «Je n’avais pas encore de tracteur, à<br />

l’époque, poursuit Urbain Assaby. Les chemins,<br />

c’est moi qui les ai faits, avec mon vieux 4x4<br />

et ma brouette pour transporter les roches.<br />

Je suis arrivé à maîtriser les mauvaises herbes,<br />

en pulvérisant à dos sur la totalité de la<br />

surface». Un rapide tour de la parcelle permet<br />

de mesurer les difficultés de la culture dans les<br />

conditions des Hauts de l’Est. A plusieurs<br />

endroits, les princip<strong>aux</strong> chemins d’accès sont<br />

à peine praticables en tracteur. Des trainées<br />

grises, au pied des rangs de canne, témoignent<br />

de la violence des précipitations et des véritables<br />

ravines qui peuvent naître après les fortes<br />

pluies avant de dévaler l’exploitation, au hasard<br />

des accidents du relief. «La diversification, je<br />

veux bien, mais s’il n’y avait pas la canne pour<br />

tenir le sol, ici, je me demande bien ce qui<br />

pourrait pousser. Mais si j’étais aidé pour refaire<br />

les chemins, je pourrais agrandir la parcelle»,<br />

commente le planteur. Le paroxysme a été<br />

atteint en 2007, après le passage du cyclone<br />

Gamède. Urbain avait terminé sa première<br />

plantation quelques mois auparavant. «Toutes<br />

les cannes ont été écrasées, j’ai dû tout refaire<br />

et je n’ai pas pu couper cette année-là. Après<br />

les deux campagnes de 2008 et 2009, en<br />

travaillant bien, j’atteins un rendement de 70<br />

tonnes à l’hectare, pas davantage». Progres -<br />

sivement, le planteur a pu s’équiper, acheter<br />

un tracteur, deux remorques, un pulvérisateur,<br />

et vient de terminer le hangar qui les abrite.<br />

Même si sa parcelle de Chemin Pêche bénéficie<br />

d’un meilleur sol et si son rendement approche<br />

des 100 tonnes à l’hectare, ce n’est pas<br />

encore suffisant pour donner à l’exploitation<br />

des garanties suffisantes de rentabilité. Urbain<br />

Assaby s’est donc lancé dans un nouveau<br />

chantier. Puisque vaincre les friches ne lui fait<br />

pas peur, il a signé un bail avec un propriétaire<br />

foncier de Petit-Saint-Pierre pour une parcelle<br />

de 6,6 hectares en voie d’abandon : le locataire<br />

précédent s’était découragé. Les grandes<br />

manœuvres ont commencé : nettoyage au<br />

bulldozer et au broyeur de pierre, puis<br />

épandage de fumier avant la plantation. Tout<br />

en restant fidèle à la R570, Urbain annonce<br />

qu’il va mettre en terre la R582 «au moins sur<br />

trois hectares, j’ai déjà réservé les boutures».<br />

Terrain en pente douce, mécanisable à 100%,<br />

situé au bord de la RN2 à quelques minutes<br />

en tracteur de la balance de Beaufonds : enfin<br />

une vraie perspective d’avenir pour un planteur<br />

qui ne ménage pas sa peine !<br />

21


«<br />

Le PGE m’a fait perdre un an. Ce n’est pas<br />

une mauvaise chose de programmer<br />

l’avenir, mais le dossier devrait être plus simple.<br />

Perdre un an sur un bail de neuf ans, alors<br />

qu’une plantation s’amortit sur sept ans, c’est<br />

jouer avec le feu !». Ce témoignage d’Urbain<br />

Assaby, planteur à Saint-Benoît (voir page de<br />

gauche) n’est pas isolé. De nombreux<br />

<strong>agriculteurs</strong> se plaignent des lenteurs de la<br />

constitution d’un Projet Global d’Exploitation<br />

(PGE), entré en vigueur le 1er janvier 2009.<br />

Le PGE, qui doit définir précisément les projets<br />

d’investissement sur une exploitation pour les<br />

cinq prochaines années, est indispensable pour<br />

bénéficier des aides, notamment celles qui<br />

portent sur les améliorations foncières<br />

supérieures à 15 000 €. Difficile de ne pas voir<br />

22<br />

ACTUALITÉS ><br />

Améliorations foncières<br />

Moins de surfaces aidées en 2009<br />

Les trav<strong>aux</strong> d’améliorations foncières bénéficiant de l’aide ont été moins nombreux l’année<br />

dernière. Des causes multiples sont à l’origine de cette tendance.<br />

un lien de cause à effet entre cette procédure<br />

administrative supplémentaire et la forte baisse<br />

des trav<strong>aux</strong> d’amélioration foncière aidés, l’an<br />

passé: ils ont concerné 289 hectares, contre<br />

674 en 2008. Une augmentation régulière des<br />

coûts ne peut à elle seule expliquer une chute<br />

de plus de 50% des surfaces aménagées en<br />

un an.<br />

Ainsi, le PGE, en limitant tous les gros trav<strong>aux</strong>,<br />

a favorisé les petits trav<strong>aux</strong>, plus couteux à<br />

l’hectare, car il est probable que quelques<br />

<strong>agriculteurs</strong> ont choisi des stratégies d’évitement<br />

du PGE, et pour ne pas perdre une<br />

récolte, ont planté sans attendre. En perdant<br />

le bénéfice de la subvention, renoncent-ils pour<br />

autant à l’amélioration foncière? De nombreux<br />

trav<strong>aux</strong> pourraient avoir été effectués l’an passé<br />

hors du cadre de l’aide et, sans améliorations<br />

foncières, ils mettent à mal les projets de<br />

mécanisation.<br />

Mais au-delà des améliorations foncières, ce<br />

sont aussi les dossiers d’équipement d’irriga -<br />

tion, les plantations de canne, etc. qui pâtissent<br />

de cette nouvelle contrainte administrative.<br />

Les planteurs s’en font écho chaque jour. Où<br />

se trouvent les engagements de simplification<br />

administrative pourtant promis? Les objectifs<br />

de la filière canne pourraient être revus à la<br />

baisse si ce goulet d’étranglement entre les<br />

planteurs et les dispositifs d’aide perdure.<br />

Cette situation anormale mériterait d’être<br />

étudiée, alors que 180 PGE seulement ont été<br />

agréés depuis le 1er janvier 2009.


FICHE ><br />

Culture de la canne à sucre<br />

Les 10 préconisations de base<br />

1 LES AMELIORATIONS FONCIERES<br />

> faire le point sur l’état de sa parcelle avant toute plantationet<br />

envisager les aménagements nécessaires pour la mécanisation;<br />

> anticiper les améliorations foncières, en préparant le dossier<br />

d’aide, pour pouvoir lancer les trav<strong>aux</strong> et planter au moment<br />

voulu.<br />

2 L’ANALYSE DE SOL<br />

> commander son analyse au moins six semaines avant une<br />

plantation, pour avoir les résultats suffisamment tôt et ainsi;<br />

> réaliser à temps un redressement de fertilisation qui serait<br />

nécessaire.<br />

3 LE CHOIX DES VARIETES<br />

> planter les variétés en fonction de son secteur géographique;<br />

> choisir des cannes de début, de milieu et de fin de campagne<br />

afin de bien répartir ses livraisons.<br />

4 LA PREVISION DE BOUTURES<br />

> choisir des boutures de qualité : cannes de 8 à 10 mois, à l’œil<br />

encore tendre;<br />

> s’assurer d’en disposer en quantité suffisante au bon moment;<br />

> ne pas hésiter à constituer sa propre pépinière et à pratiquer<br />

des échanges entre planteurs.<br />

5 L’ACHAT DES INTRANTS<br />

> prévoir ses achats d’engrais, herbicides, ch<strong>aux</strong>… avant la fin<br />

de la coupe;<br />

> les fractionner en deux ou trois fois, pour ne pas vider sa<br />

trésorerie et éviter les ruptures de stock;<br />

> Aviser son fournisseur.<br />

Il sera alors possible d’améliorer son sol, d’épandre ses engrais<br />

et d’appliquer ses herbicides au meilleur moment.<br />

6 LE CHOIX DES INTRANTS<br />

> choisir les bonnes formulations d’engrais, les bons<br />

herbicides;<br />

> recourir <strong>aux</strong> conseils d’un technicien pour valider ses choix,<br />

en qualité et en quantité.<br />

7 LES TRAVAUX D’INTERCAMPAGNE<br />

> entretenir ses chemins, curer ses fossés, réparer ses voies<br />

d’écoulement d’eau pour éviter ravinage et érosion, aménager<br />

des ponce<strong>aux</strong> en sortie de champ… après la saison<br />

des pluies.<br />

Des chemins en bon état limitent les risques de casse matérielle<br />

et nécessitent des tracteurs moins puissants. Les économies<br />

réalisées couvriront largement le coût de la main d’œuvre<br />

de ces trav<strong>aux</strong>.<br />

Conseils de saison<br />

MATÉRIEL : PENSEZ<br />

AUX RÉVISIONS DE SÉCURITÉ<br />

Le début de la campagne approche, prévenez les pannes et<br />

les accidents en faisant réviser votre matériel. Ne négligez<br />

pas les investissements de sécurité (freins, pneus, éclairage<br />

et électricité) : les engins agricoles ne sont pas épargnés par<br />

les contrôles de la police ou la gendarmerie !<br />

PRÉPAREZ LA CAMPAGNE 20<strong>11</strong><br />

Il n’est jamais trop tôt pour monter vos projets de trav<strong>aux</strong> :<br />

les dossiers sont parfois longs à instruire. D’ores et déjà, pensez<br />

au(x) champ(s) qui seront à renouveler après la prochaine<br />

campagne. Contactez le technicien de plantation pour<br />

programmer une analyse de sol et prévoyez vos achats de<br />

boutures.<br />

8 LA REVISION DU MATERIEL<br />

> profiter de l’intercampagne pour réviser son matériel, tracteur,<br />

remorques…<br />

Ces révisions limiteront les pannes et les casses qui interviennent<br />

pendant la campagne et font perdre du temps et de l’argent.<br />

9 LA BONNE CONNAISSANCE DE SON EXPLOITATION<br />

> s’assurer de bien connaître chaque parcelle de son<br />

exploitation;<br />

> enregistrer par écrit leurs rendements, les consommations<br />

d’eau, les apports d’engrais, de produits phytosanitaires…;<br />

> conserver la trace des mesures de surface effectuées par les<br />

techniciens.<br />

Toutes ces données aideront à prendre les bonnes décisions,<br />

le moment venu.<br />

10 LES FORMALITES EN TEMPS VOULU<br />

> déclarer ses prévisions de livraison de canne à l’usine. Grâce<br />

à cette déclaration, l’usine vous délivrera votre quota d’apport<br />

journalier;<br />

> déclarer sa surface exploitée au CTICS afin d’obtenir la photo<br />

aérienne de son exploitation, document faisant foi pour les<br />

subventions;<br />

> penser à votre PGE en cas d'investissements importants sur<br />

l'exploitation.<br />

Le respect du calendrier de ces formalités permet d’éviter des<br />

retards dans le montage des dossiers d’aide.<br />

23

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