Télécharger - Naturalistes de Mayotte

Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
••• Photographie
MAYOTTE
[village du sud-ouest
de Mayotte, à la fin
des années quatre-vingts.
Les nyumba-shanza s’organisent tous de
façon presque identique. D’une superficie
de 100 à 200 mètres-carrés, le shanza
recouvre l’ensemble de la vie
domestique et familiale.
Il est adapté à une faible
densité de population.
PATRIMOINE
de MAYOTTE
© Archives départementales de Mayotte - 1Fi 121
le NYUMBA
© Archives départementales de Mayotte - image 190 - SDAP de La Réunion
••• Carte postale
MAYOTTE
[“village indigène”
au début du XXe siècle.
-shanza
1 ] présentation générale
L’habitat traditionnel mahorais,
le nyumba-shanza, traduit les rapports sociaux
qui règlent la vie du village
et celle de la famille.
Cet élément du patrimoine, encore présent
il y a une vingtaine d'années, est en voie
de disparition à Mayotte sous l'effet
de la transformation des modes de vie,
de la forte pression démographique
et de l'élévation du niveau de vie.
On pourrait traduire l’expression
nyumba-shanza par case (maison)
- enclos (cour). Mais les fonctions
du nyumba ne sont pas
celles d’une maison ordinaire, de
même que le shanza doit être
considéré comme une pièce à
part entière et non pas une simple
cour. Par opposition au
nyumba qui désigne une case
d’au moins deux pièces, le banga
est une case d’une seule pièce.
1 ] BARAZA
• la véranda
2 ] le SHANZA
• la cour clôturée
3 ] BARAZA intérieure
4 ] FUKO LA MTRUBABA
• la chambre de l’homme
5 ] FUKO LA MTRUMAMA
• la chambre de la femme
6 ] MRABA WA SHO
• les toilettes
••• Une production pédagogique des Naturalistes de Mayotte, avec le concours de la Direction des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte •••
Textes : Jennifer Pally ••• Fonds photographique des Archives départementales de Mayotte ••• Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
conception graphique: Éric Gintrand (naturalistes.edition@hotmail.fr) ••• impression: Lacroix Mayotte (lacroix@lacroix-may.com)

••• Photographie
MAYOTTE
[clôtures de shanza
en feuilles de cocotier
tressées entières,
impénétrables
mais moins stables.
••• Photographie
MAYOTTE
[entrée en chicane.
PATRIMOINE
de MAYOTTE
© Archives départementales de Mayotte - image 538 - RéA
1. Il est d’abord entouré par une clôture
opaque, avec entrée en chicane, qui empêche
le regard de pénétrer et indique
que l’accès n’est pas autorisé. La meilleure
opacité est assurée par les clôtures en
feuilles de cocotier, soit serrées entre des
lattes de bambous et palis, soit tressées
entières.
2. La cour est en terre nue, désherbée, car
Le shanza a trois caractéristiques :
© Archives départementales de Mayotte - image 667 - RéA
les herbes sont le symbole de la brousse
qui est un espace non domestiqué, non
humain donc extérieur au village. Un petit
enclos servant de petit jardin, où les femmes
cultivent légumes et condiments,
peut cependant exister.
2. Des pierres peuvent signaler des emplacements
connus, indiquant par exemple
l’endroit où est enterré le placenta de tous
ceux nés dans la maison.
••• Photographie
MAYOTTE
[cour familiale avec clôture
du shanza en feuilles de
cocotiers (méthode
plus récente et d'exécution
plus rapide comme celles
en lattes de bambous).
© Archives départementales de Mayotte - image 375 - RéA
le NYUMBA
-shanza
2 ] les caractéristiques du shanza
3. Enfin, le shanza contient des
éléments précis (voir panneau
suivant).
••• Une production pédagogique des Naturalistes de Mayotte, avec le concours de la Direction des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte •••
Textes : Jennifer Pally ••• Fonds photographique des Archives départementales de Mayotte ••• Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
conception graphique: Éric Gintrand (naturalistes.edition@hotmail.fr) ••• impression: Lacroix Mayotte (lacroix@lacroix-may.com)

••• Photographie
MAYOTTE
[préparations culinaires
sous la baraza intérieure,
à Ouongojou.
••• Croquis
MAYOTTE
[poulaillers sur pilotis.
PATRIMOINE
de MAYOTTE
© Archives départementales de Mayotte - image 60 - SDAP de la Réunion
Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
© Archives départementales de Mayotte - image 25 - DRAC de La Réunion
© Archives départementales de Mayotte - 647 - RéA
le NYUMBA
La cuisine, banga laopishia, était à l’origine
un abri couvert avec un foyer d’assez grande
dimension. Avec l’introduction de la baraza intérieure,
il a évolué vers un petit abri à deux
versants pour le foyer, non adjacent au
nyumba à cause de la fumée, sauf si la case
est en terre.
Le poulailler, daho la kuhu, est une construction
sur pilotis pour être protégée des rats.
Quelques poulaillers peuvent être suspendus.
Le grenier à riz, kanya, a été introduit par les
invasions malgaches au XVIII e siècle en
même temps que la culture du riz. Il est de
construction très soignée car on y entrepose
ses richesses (riz, coton, vivres divers…).
Sur pilotis avec un toit à deux pentes, les parois
souvent en raphia sont opaques et impénétrables.
Des travaux domestiques peuvent
être réalisés à l’ombre sous le kanya, on peut
••• Photographie
MAYOTTE
••• Croquis
MAYOTTE
[mraba wa sho.
[grenier à riz à Ouongojou
abritant des chèvres.
••• Photographie
MAYOTTE
-shanza
3 ] les différents éléments du shanza
également y attacher des chèvres, y entreposer
du bois ou des instruments de cuisine.
Le mraba wa sho avec son entrée en chicane
protégeant des regards est un enclos à l’intérieur
du shanza. Lieu intime, il est dédié aux
soins du corps et sert de toilettes. Un petit
socle de pierres sèches sert de support pour
des récipients d’eau froide et d’eau chaude;
l’autre socle plus grand avec une large pierre
plate au centre sert de paillasse pour éviter
les éclaboussures. Les latrines sont rares
car les déchets humains comme ceux des
chiens sont impurs.
Même si la baraza intérieure est une partie de
la case, elle reste un espace privilégié du
shanza pour les préparations culinaires des
femmes, la fabrication des outils pour les
hommes. Elle abrite aussi la réserve d’eau près
de la chambre de l’homme.
Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
••• Une production pédagogique des Naturalistes de Mayotte, avec le concours de la Direction des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte •••
Textes : Jennifer Pally ••• Fonds photographique des Archives départementales de Mayotte ••• Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
[ banga laopishia
loin de la case.
conception graphique: Éric Gintrand (naturalistes.edition@hotmail.fr) ••• impression: Lacroix Mayotte (lacroix@lacroix-may.com)

••• Photographie
MAYOTTE
[à travers ce nyumba
en construction, on identifie
la chambre de l'homme
(à droite), ouverte sur
l'extérieur, et on devine
la chambre de la femme
(à gauche), sans accès
extérieur.
••• Croquis
MAYOTTE
[plan d’un nyumba-shanza.
PATRIMOINE
de MAYOTTE
le NYUMBA
-shanza
4 ] le nyumba
© Naturalistes de Mayotte
le nyumba est une construction destinée à protéger
des regards, des nuisibles mais aussi des éléments
naturels (chaleur, pluie, cyclone…).
Les activités se faisant à l’extérieur, le nyumba est de taille réduite et
meublé sommairement. Son organisation interne illustre bien la place
respective des hommes et des femmes dans la société mahoraise.
La chambre de l’homme est ouverte sur la baraza extérieure donnant
sur la voie de passage, espace de sociabilité semi-public des hommes
(plus récemment des femmes aussi) propice aux jeux, aux discussions
ou lectures du Coran. Elle n’apparaît qu’à la fin du XIX e siècle. La
© Archives départementales de Mayotte - 26W
••• Photographie
MAYOTTE
[le cyclone Kamisy en 1984
a fait prendre conscience de
la fragilité des constructions
traditionnelles et a accéléré
leur disparition.
© Archives départementales de Mayotte - image 76 - SDAP de La Réunion
chambre de l’homme est semi-privée,
elle peut accueillir un invité.
La chambre de la femme est ouverte
sur la chambre de l’homme
et sur la baraza intérieure donnant
sur le shanza. Chambre du
couple, c’est un lieu très privé.
Ainsi, les espaces extérieurs de
sociabilité et publics sont masculins
; les espaces intérieurs,
domestiques et privés féminins.
••• Une production pédagogique des Naturalistes de Mayotte, avec le concours de la Direction des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte •••
Textes : Jennifer Pally ••• Fonds photographique des Archives départementales de Mayotte ••• Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
conception graphique: Éric Gintrand (naturalistes.edition@hotmail.fr) ••• impression: Lacroix Mayotte (lacroix@lacroix-may.com)

Le nyumba utilise des matériaux
locaux. Il en existe différents types,
qui ont évolué avec les techniques
mais aussi sous l’influence
des nombreuses migrations
(en provenance de Madagascar ou
des Comores par exemple) ou suite
à des tempêtes ou des cyclones.
PATRIMOINE
de MAYOTTE
••• Photographie
MAYOTTE
[Le modèle m’tsevi, très
présent dans les villages à
forte influence anjouanaise,
en feuilles de cocotier
tressées, est une case
végétale particulière car elle
n’utilise pas de châssis mais
une ossature rudimentaire
enfoncée dans le sol.
Elle est sans soubassement.
le NYUMBA
-shanza
5 ] cases en végétal, cases en terre
Les cases
VÉGÉTALES
Elles ont en général un cadre qui permet de maintenir
les panneaux servant de cloison (bâti en châssis). Elles
résistent mal à l’humidité, sont fragiles et, au départ,
sont sans véranda latérale.
Il existe trois types de couverture végétale:
- en chaume de petits balais de paille serrés (ougnasi);
- en chaume de cocotier ;
- le m’baga, couverture la plus fréquente car la plus
facile à réaliser, faite de palmes de cocotier tressées
mais qu’il faut changer tous les deux ou trois ans.
Les cases
EN TERRE
Elles ont une ossature constituée d’un entrecroisement
de lattes qui est ensuite rempli (bâti en treillis).
Des boules de torchis sont encastrées dans le treillis
puis le mur est enduit avec le reste du mélange. Le
torchis est fabriqué avec de la terre, argile latéritique
rouge, de la paille ou de l’herbe et de l’eau malaxées
par piétinement.
Elles sont plus stables que les cases végétales, permettent
la construction d’une véranda latérale, ce qui
change le sens de la case par rapport au chemin
© Archives départementales de Mayotte - image 73 - SDAP de La Réunion
••• Photographie
MAYOTTE
[case en torchis.
••• Photographie
MAYOTTE
[case tro-tro.
© Archives départementales de Mayotte - image 58 - SDAP de La Réunion
(ndzia), et peuvent être facilement transformées
(ajout d’une pièce par exemple). C’est une révolution
dans le mode de construction.
Ces cases en terre, surtout le modèle tro-tro, s’implantent
fortement à Mayotte à partir des années 1920
à la suite d’un cyclone dévastateur. Il devient dominant
dans les villages de plantations à forte population
anjouanaise comme Koungou, Dzoumogné, Kawéni
ou encore Combani et est vite adopté par les Mahorais.
Les cases
ACTUELLES
La dernière évolution qui constitue aussi une révolution
dans le mode de construction est l’utilisation
massive de la tôle et du parpaing, ce qui est à la
fois une cause et une conséquence des changements
récents de mode de vie à Mayotte.
© Archives départementales de Mayotte - image 21 - DRAC de La Réunion
••• Une production pédagogique des Naturalistes de Mayotte, avec le concours de la Direction des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte •••
Textes : Jennifer Pally ••• Fonds photographique des Archives départementales de Mayotte ••• Source: Bernard Chatain, Léon Attila Cheyssial, “Habitat mahorais, étude analytique et perspectives”
conception graphique: Éric Gintrand (naturalistes.edition@hotmail.fr) ••• impression: Lacroix Mayotte (lacroix@lacroix-may.com)