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Échos des Communes

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6 Echos <strong>des</strong> <strong>Communes</strong> n° 65 23 avril 2013 Dossier<br />

Mémoire vive<br />

Antiquaire un métier pas<br />

Si les antiquités remontent à… l’Antiquité, le<br />

métier et le nom d’antiquaire dans son sens<br />

d’aujourd’hui, pour désigner celui qui en<br />

boutique, acquiert, restaure et revend <strong>des</strong><br />

meubles, objets d’art et bibelots anciens de<br />

valeur ou de qualité, ont tout juste un siècle.<br />

A Beaune comme ailleurs. Explications…<br />

On lit parfois que <strong>des</strong> Beaunois<br />

du XIX ème siècle, Charles<br />

Bigarne ou Paul Esdouhard<br />

ont été correspondants de la<br />

Société <strong>des</strong> Antiquaires de<br />

France. Mais ils ne faisaient<br />

ni l’un ni l’autre (même si le<br />

second a donné son nom à<br />

une rue du Camp Américain)<br />

commerce de mobilier, ancien<br />

ou contemporain. Le terme désignait<br />

alors <strong>des</strong> érudits et collectionneurs<br />

rassemblés dans<br />

<strong>des</strong> associations d’étude et<br />

de préservation du patrimoine<br />

souvent archéologique. Et s’il<br />

s’est toujours fait le commerce<br />

d’antiquités depuis l’Antiquité,<br />

le métier que l’on désigne aujourd’hui<br />

encore sous le nom<br />

d’antiquaire avec boutique<br />

ayant pignon sur rue n’est<br />

guère antérieur au XX ème siècle.<br />

JULES DORIOT<br />

C’est en 1905 que Jules Doriot<br />

un horloger d’origine suisse<br />

s’installait à Beaune et ouvrait<br />

le premier commerce local<br />

répertorié d’objets anciens,<br />

cartels, pendules, argenterie<br />

etc., au 18 de la rue Maufoux<br />

où avait vécu un autre couple<br />

d’horlogers helvétiques, Joseph<br />

et Anita Chevrolet, dont les fi ls<br />

Louis (né à la Chaux de Fonds),<br />

Gaston et Arthur allaient s’illustrer<br />

quelques années plus tard<br />

dans l’histoire de l’automobile,<br />

comme constructeurs et<br />

comme pilotes. Jules Doriot<br />

eut deux enfants, un garçon,<br />

Maurice, qui travailla avec lui<br />

et une fi lle qui épousa Marcel<br />

Berger qui rejoint l’entreprise<br />

familiale. Mais les deux<br />

hommes tout juste trentenaires<br />

décédèrent à à peine un an<br />

d’intervalle, en 1942 et 1943,<br />

et leurs épouses s’occupèrent<br />

du magasin. Jean Berger, qui<br />

n’avait que 6 ans à la mort de<br />

son père, allait se lancer à son<br />

tour dans l’antiquité 10 ans<br />

après. 6 décennies plus tard,<br />

il est toujours l’un <strong>des</strong> spécialistes<br />

mondiaux reconnus du<br />

XVIII ème siècle, et reçoit, avec<br />

son fi ls Alain qui l’a rejoint il y<br />

Dans les années 20, Antoine Falce était encore ambulant<br />

(Collection Philippe Falce)<br />

a plusieurs années (voir<br />

encadré), au 10 place<br />

<strong>des</strong> Halles. Son magasin<br />

fut longtemps la boutique<br />

de chapeaux de la<br />

grand-mère du regretté<br />

Jacques Desangle.<br />

Et si Jean et Alain Berger<br />

ont racheté depuis le<br />

local “originel“ de Jules<br />

Doriot, 18 rue Maufoux,<br />

celui-ci aura accueilli,<br />

en un demi-siècle, Mme<br />

Chevillot-Darbois, son<br />

gendre Claude Chouet<br />

puis Jean-Luc Girard et<br />

Maurice Dussort.<br />

FALCE ET DURILLON<br />

Avant la première guerre<br />

mondiale, Antoine Falce<br />

horloger-doreur-argenteur-colporteur<br />

venant<br />

régulièrement dans la région,<br />

refaire et redorer<br />

<strong>des</strong> statuettes, horloges,<br />

lustres d’églises et autres<br />

sculptures, et notamment<br />

pour les Hospices de<br />

Beaune, restait environ 3 mois<br />

avant de repartir pour l’Italie<br />

du sud, sa région d’origine.<br />

Après le confl it, Arthur Montoy,<br />

vice-président <strong>des</strong> Hospices<br />

suggéra à Antoine Falce<br />

de s’installer défi nitivement à<br />

Beaune. L’homme commença<br />

la dorure au mercure avec<br />

une remorque, et son épouse<br />

ouvrit une boutique “Au vieux<br />

Venise“ au 6 de la rue Notre-<br />

Dame (actuellement galerie<br />

Seguin). « Il n’y avait pas vraiment<br />

de notion d’objet d’art,<br />

plutôt de meubles d’occasion »<br />

souligne Philippe Falce, petitfi<br />

ls d’Antoine.<br />

Quelques années plus tard,<br />

Joseph Durillon, originaire<br />

de Grandris dans le Rhône,<br />

s’installait à Beaune. D’abord<br />

comme buraliste, au coin du<br />

boulevard Jules Ferry et du<br />

faubourg Madeleine, puis en<br />

1925 il rachetait l’immeuble du<br />

9 rue du faubourg Madeleine,<br />

et réalisait son rêve de gosse<br />

de travailler le bois, en devenant<br />

réparateur de meubles et<br />

antiquaire, avec magasin sur la<br />

Joseph Durillon (au centre), s’installa<br />

faubourg Madeleine<br />

(Collection Jean-Claude Cottier)<br />

rue (aujourd’hui le prêt-à-porter<br />

Cassiopée), et atelier au fond<br />

de la cour (aujourd’hui studio<br />

de la Cie B.A.C.H de son petitfi<br />

ls Jean-Claude Cottier).<br />

Après son décès en 1962, son<br />

épouse Marie-Jeanne poursuivra<br />

l’activité et perpétuera cette<br />

“tradition“ qui consistait à allumer<br />

tous les lustres (et ils étaient<br />

nombreux) de la boutique pour<br />

la vente <strong>des</strong> vins <strong>des</strong> Hospices.<br />

Joseph Durillon travaillait<br />

notamment avec M. Blaise,<br />

initialement garagiste, qui un<br />

jour de 1925 s’en alla tenter<br />

de vendre une 5 CV à Joseph<br />

Doriot. Celui-ci n’ayant pas le<br />

permis de conduire, mais le<br />

sens du commerce, lui proposa<br />

d’acheter la voiture si le garagiste<br />

la conduisait. C’est ainsi<br />

que M. Blaise au contact de<br />

Joseph Doriot devint un spécialiste<br />

du meuble ancien, quitta<br />

la région d’abord pour Villefranche-sur-Saône,<br />

puis pour<br />

Monaco dont il devint l’un <strong>des</strong><br />

plus gros marchands.<br />

C’est à cette époque qu’au coin<br />

de la place Leclerc et de l’avenue<br />

de la République, Victor

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