Comptes rendus d'audition du 24 mars 1998 au 5 mai 1998
Comptes rendus d'audition du 24 mars 1998 au 5 mai 1998
Comptes rendus d'audition du 24 mars 1998 au 5 mai 1998
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
En Ouganda, <strong>au</strong> début des années quatre-vingts, Milton Obote,<br />
convaincu que son rival Yoweri Museveni était soutenu entre <strong>au</strong>tres par les<br />
populations d’origine rwandaise, décide de chasser ces dernières. C’est ainsi<br />
qu’environ 80 000 réfugiés seront refoulés dans un “ no man’s land ” à la<br />
frontière de l’Ouganda et <strong>du</strong> Rwanda sans que l’une ou l’<strong>au</strong>tre des<br />
citoyennetés leur soit reconnue.<br />
Le problème des Rwandais installés <strong>au</strong> Congo ex-Zaïre et en<br />
Ouganda est d’ailleurs d’<strong>au</strong>tant plus complexe que le partage colonial a<br />
entraîné le rattachement de terres rwandaises ou réputées telles à ces deux<br />
pays.<br />
M. José Kagabo a estimé que cette situation des exilés rwandais<br />
<strong>au</strong>rait dû attirer l’attention tant <strong>du</strong> HCR que <strong>du</strong> Gouvernement rwandais et<br />
les amener à esquisser une solution politique <strong>du</strong> problème. Ils ont <strong>au</strong><br />
contraire préféré lui réserver un traitement humanitaire.<br />
Sur le plan interne, le discours des <strong>au</strong>torités rwandaises à l’égard<br />
des réfugiés se radicalise : arguant de l’exiguïté <strong>du</strong> territoire, de la pression<br />
démographique qui s’y exerce et de la p<strong>au</strong>vreté <strong>du</strong> pays, les pouvoirs publics<br />
n’<strong>au</strong>torisent à rentrer <strong>au</strong> Rwanda que les réfugiés disposant des moyens<br />
d’assurer leur survie matérielle et ceux qui n’ont ja<strong>mai</strong>s été ennemis <strong>du</strong><br />
régime. Ils ne préconisent que la naturalisation dans les pays d’accueil pour le<br />
plus grand nombre. Pour leur part, les membres de la diaspora demandent la<br />
reconnaissance <strong>du</strong> statut d’expatrié rwandais que le Rwanda leur refuse.<br />
M. José Kagabo a indiqué <strong>au</strong>x membres de la mission qu’il avait,<br />
dans un article de l’époque, qualifié la position des <strong>au</strong>torités rwandaises<br />
“ d’inutilement choquante ”, soulignant le caractère difficilement admissible<br />
par les réfugiés d’un tel discours d’exclusion. Il a également précisé qu’il<br />
s’agissait d’un débat essentiellement rwandais, <strong>du</strong> fait, notamment, qu’il se<br />
déroulait souvent dans la presse de langue nationale rwandaise, et que les<br />
observateurs étrangers n’y portaient que peu d’intérêt.<br />
A l’issue de la période s’étendant des années soixante-dix <strong>au</strong> milieu<br />
des années quatre-vingts, un double constat s’impose : d’une part, un<br />
dialogue politique <strong>au</strong>rait pu s’inst<strong>au</strong>rer entre les réfugiés et les <strong>au</strong>torités<br />
rwandaises si celles-ci n’avaient pas adopté une attitude de refus ; d’<strong>au</strong>tre<br />
part, le lien indissociable entre le sort <strong>du</strong> Rwanda et celui de sa diaspora<br />
apparaît très clairement.<br />
En 1987, les <strong>au</strong>torités rwandaises se préparent à une confrontation<br />
armée, alors que des échos, en provenance de la diaspora, témoignent<br />
également d’une certaine radicalisation de cette dernière. L’apparente