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Goûters servis avec petites cuillers<br />
en peuplier et verres en amidon<br />
<strong>de</strong> maïs, l’amour <strong>de</strong>s bonnes<br />
et belles choses et le respect<br />
<strong>de</strong> l’environnement sont, chez Carole,<br />
une secon<strong>de</strong> nature.<br />
Du cœur et du cerveau : elle a les idées qui fusent, Carole, et elle y<br />
croit, s’y accroche, réussissant là où on la voyait perdre : pensez donc,<br />
une jolie fille maquillée qui se lance dans l’agriculture ! Sans ai<strong>de</strong><br />
motorisée ni produits, la belle brune poursuit son petit bonhomme<br />
<strong>de</strong> chemin tranquillement, sans bruit et sans fureur, tout en douceur,<br />
exquise et délicate comme le safran.<br />
C’est en été qu’elle nous reçoit volontiers pour les visites. Mais la<br />
culture est décalée : la plante dort à cette pério<strong>de</strong>, la safranière se<br />
met au repos. La visite se fait donc sur photos mais le goûter, la<br />
boutique et le cadre valent le coup à eux seuls. Pour son troisième<br />
été, Carole, qui cultive certainement la plus haute safranière <strong>de</strong><br />
France, plante 10 000 bulbes sur une parcelle qui culmine à 1 600 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>. Elle y travaille toute l’année. Érigeant une clôture contre<br />
les sangliers et les chevreuils venus débusquer les oignons enfouis à<br />
20 cm <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Installant <strong>de</strong>s grillages sous la terre, contre les<br />
campagnols convoitant eux aussi son trésor. Plantant vers la fin<br />
juillet, les pluies <strong>de</strong> l’automne venant réveiller la fleur. Ramassant en<br />
octobre-novembre, parfois sous la neige. Se préparant pour le temps<br />
<strong>de</strong> l’émondage, l’extraction du pistil sur la fleur. Séchant ces pistils à<br />
basse température. « Deux mois <strong>de</strong> patience seront nécessaires au<br />
safran pour libérer tous ses arômes, il sera prêt pour la Noël. » Ici,<br />
pas <strong>de</strong> tracteur, pas <strong>de</strong> désherbant. Seulement un travail d’une<br />
infinie patience.<br />
Et d’une infinie délicatesse. Il faut plus <strong>de</strong> 220 fleurs <strong>de</strong> crocus<br />
pour faire 1 gramme <strong>de</strong> safran. Ailleurs 180 suffisent, mais l’altitu<strong>de</strong><br />
complique encore un peu les choses. C’est que Carole récolte ses<br />
fleurs toutes petites, <strong>de</strong> peur que le pistil ne gèle. Pério<strong>de</strong> la plus<br />
intense <strong>de</strong> l’année pour Carole et sa famille, la récolte s’étale sur 5 à<br />
6 semaines pour l’ensemble <strong>de</strong>s fleurs. Tout doit être fait dans une<br />
journée : la cueillette, l’émondage, le séchage, sinon tout est perdu.<br />
Mais le safran n’est pas la seule tasse <strong>de</strong> thé <strong>de</strong> la belle : églantine,<br />
sureau, reine-<strong>de</strong>s-prés, pissenlit, bourgeon <strong>de</strong> sapin, verveine,<br />
prennent vie sous forme <strong>de</strong> compotées, sablés, meringues, sorbets,<br />
sirops, pétillants ou confitures. Autant <strong>de</strong> propositions gourman<strong>de</strong>s<br />
pour <strong>de</strong>s produits qu’elle maîtrise <strong>de</strong> A à Z, du packaging à l’étiquette,<br />
en passant par la cueillette, la transformation. « La seule limite, c’est<br />
que je ne vends que mes cultures transformées, alors <strong>de</strong>s poires oui,<br />
mais pas d’abricots, ni <strong>de</strong> melon. »<br />
Confiture rubis (gelée <strong>de</strong> sureau et fraises<br />
confites), meringues au safran avec les œufs<br />
<strong>de</strong> ses poules ou potimarron confit à la<br />
vanille, les pupilles se réjouissent au moins<br />
autant que les papilles. Tout est beau et<br />
Carole<br />
et le safran,<br />
une histoire<br />
« à la vie,<br />
à l’amour ».<br />
alléchant dans sa boutique-boudoir. « Le safran est une épice très<br />
subtile, il faut le proposer dans <strong>de</strong>s choses très douces, comme une<br />
compote <strong>de</strong> pommes, pour en révéler toute la saveur. » Une douceur<br />
qu’on retrouve dans les manières <strong>de</strong> la propriétaire <strong>de</strong> la safranière<br />
chez qui passer du temps signifie forcément un moment <strong>de</strong> grâce.<br />
À la faveur d’un geste gracieux dans ses cheveux, on découvre un<br />
tatouage sur sa peau laiteuse. Il représente la gardienne du safran<br />
dont les ailes sont serties <strong>de</strong>s initiales <strong>de</strong> ses enfants, Salomé, Ja<strong>de</strong><br />
et Robin. Carole et le safran, une histoire « à la vie, à l’amour ».<br />
Visite-goûter tous les jours 7 jours sur 7 en juillet et août,<br />
<strong>de</strong> 14 h à 19 h.<br />
Plus d’infos : www.safran-ubaye.com<br />
Tél. 06 49 95 00 75 / 06 49 95 00 75 • carole.prost753@orange.fr<br />
Membre du réseau écotourisme<br />
PROdUcTEURS dE PAyS 21<br />
Hébergement<br />
INSOlITE<br />
On peut passer la semaine<br />
dans la yourte qu’elle a<br />
installée sur son domaine.<br />
Toilettes et douche la<br />
complètent, à côté <strong>de</strong> la<br />
boutique pour les amateurs<br />
<strong>de</strong> confort. « J’ai envie que<br />
les gens repartent avec une<br />
expérience en tête, <strong>de</strong>s<br />
sensations. Qu’ils utilisent la<br />
douche solaire avec toute la<br />
montagne <strong>de</strong>vant leurs yeux.<br />
Qu’il puisse couper <strong>de</strong> leur<br />
vie habituelle » sourit Carole.