Le Rhumatologue N o 75 - Septembre 2010 - Fédération Française ...
Le Rhumatologue N o 75 - Septembre 2010 - Fédération Française ...
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FMC<br />
<strong>Le</strong><br />
humatologue<br />
La revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie<br />
Rhumatologie :<br />
revue de la littérature<br />
Quand rechercher<br />
une maladie auto-immune<br />
de la thyroïde ?<br />
Fibromyalgie et hypnose<br />
Arthrite révélatrice<br />
d’une sarcoïdose<br />
SoCio-Pro<br />
URPS : rejet de la politique<br />
gouvernementale<br />
Revenus 2009 :<br />
la grande chute<br />
juridique<br />
Un patient averti deux fois...<br />
N° <strong>75</strong> / <strong>Septembre</strong> <strong>2010</strong>
N° <strong>75</strong><br />
<strong>Le</strong> <strong>Rhumatologue</strong><br />
Revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong><br />
de Rhumatologie<br />
www.france-rhumato.fr<br />
Directeur de la Publication<br />
Renaud Samakh<br />
Rédacteur en chef<br />
Dr José Carbonnier<br />
Coordination de la rédaction<br />
Olivia Solvit<br />
o.solvit@regifax.fr<br />
Conseillers Scientifiques<br />
Pr Bernard Mazières, Pr Philippe Orcel,<br />
Pr Jean-Denis Laredo<br />
Comité de Rédaction<br />
Dr Armand Bejbaum, Dr Martine Dellus,<br />
Dr Gérard Duverneuil,<br />
Dr Jean-Claude Gardiol, Dr Jean le Gallo<br />
Dr Benoît Loze, Dr Pierre Monod,<br />
Dr Philippe Pizzuti, Dr Yves d’Omezon,<br />
Dr Olivier Rossignol, Dr Eric Senbel<br />
Comité de lecture<br />
Dr Henri <strong>Le</strong>llouche,<br />
† Dr Marie-Hélène Mizony,<br />
Dr Daniel Chenebit, Dr Philippe Boyer,<br />
Dr Didier Jacques, Dr François Badois,<br />
Dr Nicole Molinas, Dr Patrick Maury,<br />
Dr Michel de Bandt, Dr Françoise Gondouin,<br />
Dr Lydie Coelho-Mandes,<br />
Dr Blandine Gerbay,<br />
Edition, Publicité et abonnements<br />
Régifax<br />
45-47 rue d'Hauteville<br />
<strong>75</strong>010 Paris<br />
Tél : 01 47 70 00 96<br />
Fax : 01 48 24 14 97<br />
Publicité et Congrès F.F.R.<br />
François Bondu<br />
f.bondu@regifax.fr<br />
Maquette<br />
Carole Dufés<br />
c.dufes@regifax.fr<br />
Couverture : photo Shutterstock<br />
Impression<br />
GRAFiCAS JOMAGAR, S. L.<br />
P. i. Arroyomolinos-Calle D, Nave 16<br />
Mostoles 28938, Madrid, Espagne<br />
Tarif abonnement : 1 an : 40 €<br />
Trimestriel réservé au corps médical<br />
Tirage : 3 500 exemplaires<br />
éditorial<br />
Olivier rOssignOl<br />
QUALITÉ DE VIE,<br />
ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE ET DPC<br />
ou l’art de rebondir avec élégance en milieu hostile<br />
uoi de commun entre ces trois thèmes, dont nous entendons parler de plus en plus<br />
souvent ces temps-ci ? <strong>Le</strong>s mauvais augures nous ressasseront que le Développement<br />
Q Professionnel Continu va nous «pourrir la vie» pendant toute la fin de notre carrière,<br />
ajoutant des contraintes coercitives et non rémunérées à un exercice déjà lourd comportant<br />
de plus en plus d’actes, notamment administratifs, peu ou pas valorisés. Plutôt que de considérer ces<br />
concepts comme des modes passagères, ou comme des corvées supplémentaires, pourquoi ne pas les<br />
combiner pour en faire un outil valorisant à la fois à titre individuel et pour la profession ?<br />
<strong>Le</strong> DPC, qui nous est annoncé depuis des mois, et qui finira peut-être par se mettre en place un<br />
jour, n’est que la suite de l’Evaluation des Pratiques Professionnelles, elle-même annoncée depuis des<br />
années avec des tentatives de démarrage vite réprimées par les diverses annonces politico-syndicales.<br />
A l’exception de ceux qui ont vraiment essayé l’EPP, notamment au sein des groupes GREC de la<br />
<strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie, chacun en connaît surtout les aspects rébarbatifs soigneusement<br />
entretenus : obligation d’utiliser des systèmes protocolés et abscons validés par la Haute Autorité de<br />
Santé, obligation de passer par un organisme centralisé pour la validation des actions, mainmise plus<br />
ou moins visible de la <strong>Fédération</strong> des sociétés savantes sur l’évaluation des pratiques de ville, Ordre<br />
des Médecins planqué comme un radar de gendarmerie au dernier virage, tout pour plaire ! Mais<br />
l’évolution vers une telle «usine à gaz» est-elle inéluctable ?<br />
La Qualité de vie (des patients, dont dépend finalement la nôtre) est une notion, certes abstraite,<br />
mais dont on pourrait s’étonner qu’elle ne soit apparue que récemment dans les systèmes d’évaluation<br />
en santé. De nos jours, pour savoir qui fait de la «bonne médecine» (nous, bien sûr…) et qui fait<br />
«n’importe quoi» (les autres…), la seule religion reconnue est celle de l’Evidence-Based Medicine.<br />
Malheureusement, ayant oublié sa Sainte Trinité d’origine pour devenir monothéiste stricte, l’EBM<br />
ne croit plus qu’aux preuves (études, publications, avis d’experts…) et plus du tout à l’expérience<br />
individuelle des praticiens ou aux attentes des patients. Il en résulte une course aux RBS (références<br />
bibliographiques sérieuses…), car ce qui n’est pas prouvé scientifiquement n’est pas pris en considération.<br />
Est-ce vraiment l’important ? Si l’on se demande quel est le service apporté à la collectivité par une<br />
spécialité clinique de proximité comme la Rhumatologie, celui-ci, comme pour les autres branches<br />
de la Médecine, peut se classer en trois rubriques : un gain d’espérance de vie des patients (il est<br />
certes reconnu et mesuré pour des pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde ou les ostéoporoses<br />
sévères, mais modeste comparativement à la cancérologie, aux maladies infectieuses ou à la cardiologie<br />
par exemple); un gain de productivité au travail pour les patients actifs (diminution de l’absentéisme,<br />
amélioration des conditions biomécaniques du geste professionnel) ; mais surtout une amélioration<br />
de la qualité de vie des patients, quelle que soit leur situation socio-professionnelle. <strong>Le</strong> problème est<br />
donc de pouvoir mesurer cette amélioration, car il y entre une grande part de subjectivité.<br />
L’éducation thérapeutique des patients est le dernier concept à la mode. Mais en réalité, chaque<br />
rhumatologue consciencieux la cultive depuis toujours : écoute, empathie, explications verbales<br />
sans cesse reformulées font partie intégrante de l’arsenal de notre spécialité, et chacun connaît leur<br />
importance et leur impact sur le résultat d’une prise en charge, qu’il s’agisse de pathologies aiguës<br />
ou - encore plus – de maladies chroniques. On a d’ailleurs l’intuition que cet impact est au moins aussi<br />
important que la prise en charge standardisée reposant sur l’EBM, mais comment le mesurer ?
éditorial<br />
Partant de ces réflexions, les responsables de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie ont formé le<br />
projet de mettre à la disposition de ceux qui souhaiteront s’en servir, un Indice de mesure de la<br />
Qualité de vie des patients atteints de pathologies rhumatismales de tous types. Pour employer une<br />
terminologie technique, cet indice sera de type psychométrique, c’est-à-dire qu’il évaluera les attentes<br />
du patient par rapport à son état de santé actuel plutôt que de mesurer des résultats d’arbitrages comme<br />
les indices classiques dits de type économique ; il sera de type personnalisé, c’est-à-dire construit en<br />
quelques minutes pour et avec chaque patient, mais sur un modèle standardisé rapide à mettre en<br />
œuvre. Ce projet, dénommé provisoirement GIRL (Gain d’Indice de qualité de vie et Rhumatologie<br />
Libérale), s’articule autour d’un indice déjà validé dans la littérature pour les lombalgies. Son principe<br />
schématique est de recueillir pour chaque patient les «Domaines de vie» que celui-ci juge les plus altérés<br />
par la maladie, et d’effectuer ensuite une pondération qui aboutira à un indice compris entre 0 et 100.<br />
Il reste donc à le décliner pour les autres pathologies. L’intérêt de construire un tel outil apparaîtra à<br />
plusieurs niveaux. A titre individuel, par exemple, il peut permettre de mesurer l’impact de la prise en<br />
charge d’un patient sur la qualité de vie de celui-ci, en effectuant deux mesures comparatives successives<br />
(sachant que la re-mesure est encore plus simple et rapide que la première, puisqu’elle en reprend les<br />
mêmes items). En poussant l’évaluation plus loin, on pourrait même faire un calcul économique de type<br />
QALY sur cet impact. <strong>Le</strong>s premiers tests ont montré que cet indice peut s’améliorer tantôt parce que le<br />
patient va mieux cliniquement, tantôt parce qu’à la suite de sa prise en charge par le praticien il s’adapte<br />
mieux à son handicap, ou encore parce qu’il a révisé de façon plus réaliste ses espérances d’amélioration.<br />
Notre outil sera donc sensible à l’éducation thérapeutique autant qu’au résultat clinique. Au niveau<br />
collectif, un regroupement des données permettrait de mieux appréhender l’altération de la qualité<br />
de vie des patients, ainsi que leurs attentes en matière d’amélioration. Il pourrait même permettre à<br />
terme d’en faire un indice décisionnel reflétant les attentes du patient, opposable aux indices purement<br />
cliniques, comme par exemple : indice GIRL versus DAS 28 pour modifier ou non le traitement d’une<br />
polyarthrite rhumatoïde… Dans un autre contexte, on pourrait aussi l’utiliser pour des études cliniques,<br />
épidémiologiques, thérapeutiques, etc. Enfin l’utilisation d’un tel indice dans la pratique quotidienne<br />
avec des patients présentant telle ou telle pathologie choisie d’avance étant le summum de l’Evaluation<br />
des Pratiques Professionnelles, puisqu’elle mesurera ces pratiques par leur impact, elle ne pourra que<br />
valider le DPC pour un minimum d’efforts.<br />
La construction d’un tel outil validé pour chaque pathologie à mesurer n’est pas très compliquée,<br />
mais elle demande la participation d’un maximum de rhumatologues libéraux… si nous souhaitons que<br />
l’indice GIRL soit vraiment adapté à la pratique de ville. La sélection des «Domaines de vie» pertinents à<br />
proposer ne peut se faire que de manière collective, par une alternance de réunions de travail et d’essais<br />
sur des patients, aboutissant progressivement à un tri des items, lequel doit être ensuite validé par<br />
des tests statistiques : un petit effort pour chacun, un gros travail de synthèse au niveau national, mais<br />
l’enjeu en vaut la peine ! Ce projet, qui vous sera présenté plus en détails dans les mois à venir, a pour<br />
vocation d’être développé en coordination avec le CFMR et la section «Education thérapeutique» de la<br />
SFR. Si nous parvenons au bout de sa mise au point, notre spécialité aura montré que tout en répondant<br />
aux attentes des pouvoirs publics, elle a su transformer une corvée annoncée en un outil simple mais<br />
scientifiquement validé, d’utilisation quotidienne et valorisante pour la profession, car appuyé sur<br />
l’expérience du praticien et orienté vers les attentes du malade, ressuscitant ainsi les deux piliers trop<br />
souvent oubliés de l’EBM.<br />
ATTENTION À VOTRE ATTESTATION DE<br />
PERSONNE COMPÉTENTE EN RADIOPROTECTION<br />
<strong>Le</strong>s attestations validées en 2006 doivent être renouvelées avant le 31 décembre 2011.<br />
Des sessions seront organisées par la F.F.R. dans les régions où la demande sera la plus<br />
forte, ou à défaut à Paris. A cet effet, merci de signaler votre souhait d’y participer par un mail<br />
précisant vos coordonnées adressé à france.rhumato@free.fr<br />
FORMATION à L'HYPNOSE EN RHUMATOLOGIE<br />
La prochaine saison de Formation à l’Hypnose débute<br />
en cette fin d’année. Elle comporte 3 week-end pleins.<br />
<strong>Le</strong>s dates des week-ends seront les 6 -7 novembre,<br />
4-5 décembre <strong>2010</strong> et 8-9 janvier 2011.<br />
Pour obtenir un dossier d’inscription, adresser un courrier au<br />
Dr Eric GIBERT, Centre Jeanne Hachette, 94200 Ivry-sur-Seine<br />
ou un courriel : giberteric@wanadoo.fr
6 Sommaire<br />
Formation Médicale Continue<br />
Revue de la littérature :<br />
Polyarthrite rhumatoïde<br />
Spondyloarthropathies<br />
Lupus et Sjögren<br />
Maladies systémiques<br />
Affections diverses<br />
Michel de Bandt<br />
Quand le rhumatologue doit-il rechercher une maladie auto-immune de la thyroïde ?<br />
Elisabeth Palazzo<br />
La lettre de la SOFOC - n° 3 / <strong>2010</strong><br />
Fibromyalgie, plasticité cérébrale et hypnose<br />
Eric Gibert<br />
Arthrite à cryptococcus neofomans révélatrice d’une sarcoïdose<br />
Zomalheto, Boibieux, Larbre, Persat, Llorca<br />
<strong>Le</strong> coin de l'imagerie<br />
Cas clinique<br />
David Petrover<br />
rubrique juridique<br />
Un patient averti deux fois en vaut... !<br />
Cour de Cassation, 1 re Chambre Civile, 26 octobre 2004<br />
Benjamin Attali<br />
informations Socio-Professionnelles<br />
Catherine Sanfourche<br />
Un régime sec de rentrée<br />
ETP : tous les textes sont parus (ou presque)<br />
Brèves<br />
Revenus 2009 des rhumatologues : la grande chute<br />
Elections aux URPS : le rejet des libéraux de la politique gouvernementale<br />
industrie<br />
Dernières nouvelles<br />
Michel Bodin<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
8<br />
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8<br />
FoRMATIon MéDICA<strong>Le</strong> ConTInUe<br />
revue de la littérature<br />
Dr Michel de Bandt<br />
Hôpital Robert Ballanger, Aulnay-sous-Bois<br />
PoLyarthrite rhuMatoïde<br />
La diffusion des<br />
synoviocytes explique<br />
l’extension de la pr d’une<br />
articulation à l’autre<br />
La maladie rhumatoïde est, par essence, une « polyarthrite »,<br />
donc une affection qui touche de nombreuses articulations.<br />
Il n’est cependant pas rare de voir un patient avec une atteinte<br />
initialement localisée qui va s’étendre ensuite de façon assez<br />
caricaturale pour toucher d’autres articulations et devenir<br />
bilatérale et symétrique. Par quel mécanisme se fait donc<br />
cette « diffusion » de la maladie ?<br />
<strong>Le</strong>s fibroblastes rhumatoïdes jouant un rôle important dans<br />
le processus pathologique (initiation puis entretien des<br />
processus d’inflammation et de destruction) il était logique<br />
de se demander s’ils ne jouaient pas aussi un rôle dans la<br />
diffusion de la maladie.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs ont donc développé un modèle ingénieux :<br />
l’articulation « source » de la maladie est reproduite chez<br />
la souris SCID par greffe dans le flanc droit de l’animal<br />
de cartilage humain sain et de fibroblastes rhumatoïdes<br />
provenant d’une articulation de PR humaine. Sur le flanc<br />
gauche de la bête, les auteurs greffent uniquement du<br />
cartilage sain humain<br />
<strong>Le</strong>s fibroblastes sont marqués et leur devenir est apprécié.<br />
Après quelque temps, les auteurs constatent que les greffes<br />
sont bien tolérées et vascularisées et que grâce à ces néo<br />
vaisseaux, des fibroblastes sont parvenus dans le cartilage<br />
sain du côte opposé et commencent à le détruire...<br />
Ce très élégant travail, publié dans une revue prestigieuse,<br />
nous éclaire donc sur un des mécanismes qui restait<br />
complètement inconnu dans la maladie et suggère aussi que<br />
les stratégies de blocage de la migration de ces fibroblastes<br />
puissent devenir des alternatives thérapeutiques intéressantes<br />
dans les formes précoces de la maladie.<br />
S <strong>Le</strong>fèvre et coll. Synovial fibroblasts spread rheumatoid arthritis to<br />
unaffected joints. Nature Medicine 2009 ;15 :1414-1420.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
<strong>Le</strong>s stratégies de traitement basées<br />
sur la mesure du DAS (contrôle strict<br />
de la pr) utiles dans les PR récentes !<br />
<strong>Le</strong>s stratégies dites « de contrôle strict de l’activité »<br />
des Polyarthrites Rhumatoïdes sont basées sur l’usage<br />
systématique d’un outil de mesure de l’activité pour atteindre<br />
un objectif thérapeutique en majorant systématiquement le<br />
traitement à cette fin.<br />
Une étude supplémentaire ajoute des arguments en faveur de<br />
ce type de stratégie et compare une conduite thérapeutique<br />
« classique » basée sur l’impression du médecin et une<br />
stratégie thérapeutique adaptée sur la mesure du DAS, chez<br />
des PR récentes.<br />
Dans le premier groupe (A), les patients de l’étude BeST<br />
reçoivent un traitement en continuelle majoration tant que<br />
la valeur du DAS reste supérieure à 2,4. L’objectif est la<br />
rémission. Dans le second groupe (B), il s’agit de patients<br />
suivis dans une clinique des arthrites aiguës et dont le<br />
traitement est laissé à la discrétion des cliniciens en charge<br />
des patients.<br />
Dans chaque groupe, les scores HAQ, DAS 28 et de<br />
Sharp/van der Heijde sont appréciés. À l’inclusion, les 234<br />
patients du groupe A et les 201 patients du groupe B ont<br />
des caractéristiques démographiques identiques, la valeur<br />
moyenne du HAQ est de 1,4.<br />
<strong>Le</strong> groupe A a une durée de la maladie plus longue que le<br />
groupe B (0,5 vs 0,4 années, p=0,016), une valeur plus forte<br />
du DAS (6,1 vs 5,7, p
La conclusion est rapide et simple : chez des patients avec<br />
une PR récente et recevant une approche thérapeutique<br />
classique, l’utilisation systématique du DAS et la majoration<br />
du traitement en fonction de cette valeur pour atteindre un<br />
objectif prédéfini permettent d’améliorer plus de patients que<br />
les approches conventionnelles basées sur « l’impression du<br />
clinicien ».<br />
P M Goekoop-Ruiterman et coll. DAS-driven therapy versus routine<br />
care in patients with recent-onset active rheumatoid arthritis. Ann<br />
Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:65-69.<br />
<strong>Le</strong> taux de rémission des anti-tnf<br />
dans la vraie vie : expérience du<br />
registre danbio<br />
<strong>Le</strong>s anti-TnF sont utilisés depuis une dizaine d’année dans le<br />
traitement de la PR. Si l’on garde à l’esprit que ces produits<br />
ont été commercialisés sur des arguments d’efficacité assez<br />
“faibles” (réponse ACR20) et que nos exigences ont maintenant<br />
augmenté depuis quelques années (niveau rémission), il est<br />
intéressant d’apprécier les effets de ces molécules dans la<br />
vraie vie en analysant ce critère de rémission.<br />
<strong>Le</strong> registre DAnBIo a collecté prospectivement tous les<br />
patients danois recevant un anti-TnF pour leur PR et analysé<br />
les taux de réponse, de rémission et de maintenance<br />
thérapeutique chez ces patients. <strong>Le</strong> registre tente aussi de<br />
définir des critères de réponse thérapeutique.<br />
DAnBIo comporte tous les patients suivis en rhumatologie<br />
et en particulier 2 326 patients souffrant de PR et recevant<br />
un anti-TnF (29 % adalimumab, 22 % étanercept, et 49 %<br />
infliximab). <strong>Le</strong>s éléments prédictifs de la réponse au début<br />
de traitement ont été identifiés dans cette cohorte, ainsi que<br />
les odds ratios pour une réponse clinique et les « hazard<br />
ratios » pour un arrêt du traitement (pondéré pour l’âge, la<br />
durée de la maladie, le DAS à l’inclusion, la séropositivité, le<br />
traitement associé par MTX, le score HAQ et ne nombre de<br />
DMARDS déjà reçus).<br />
Dans la vraie vie (reflétée par cette cohorte), une réponse de<br />
type ACR 70 % est notée à 6 mois chez 19 % des patients et<br />
le taux de rémission DAS à 12 mois varie de 16 à 27 % selon<br />
le produit utilisé... Un âge plus avancé, une corticothérapie,<br />
une HAQ altéré, sont prédictifs d’une mauvais réponse.<br />
L’odd ratio d’une réponse ACR70 est de 2,05 (IC95 % 1,52-<br />
2,76) pour l’adalimumab vs l’infliximab, de 1,78 (IC95 %<br />
1,28-2,50) pour l’étanercept vs l’infliximab, et de 1,15<br />
(IC95 % 0,82-1,60) pour l’adalimumab vs l’étanercept. Des<br />
odds ratio similaires sont observés pour les critères “bonne<br />
réponse eULAR”, “rémission DAS” et “rémission CDAI“.<br />
A 48 mois, le risque de ne pas continuer un traitement anti-<br />
TnF est de1,98 pour l’infliximab vs l’étanercept (IC 95 %<br />
1,63-2,40), de 1,35 pour l’infliximab vs l’adalimumab (IC 95 %<br />
1,15-1,58), et de 1,47 pour l’adalimumab vs l’étanercept<br />
(IC 95 % 1,20-1,80). Ici encore, un score de fonction bas, un<br />
âge plus avancé, une corticothérapie, un HAQ altéré, sont<br />
prédictifs d’une faible chance de poursuite du traitement.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
11<br />
De manière générale, dans ce registre, l’infliximab a le<br />
plus faible taux de réponse, de rémission et de maintient<br />
thérapeutique. Adalimumab à les plus fort taux de réponse,<br />
de rémission et de maintien thérapeutique. etanercept a le<br />
meilleur taux de maintien thérapeutique au long cours. Ces<br />
valeurs sont retrouvées avec et sans corrections statistiques.<br />
Globalement, le taux de rémission sous anti-TnF dans la<br />
vraie vie est faible et ne dépasse pas 25 %.<br />
M L Hetland et coll. Direct comparison of treatment responses,<br />
remission rates, and drug adherence in patients with rheumatoid<br />
arthritis treated with adalimumab, etanercept, or infliximab: Results<br />
from eight years of surveillance of clinical practice in the nationwide<br />
Danish DANBIO registry. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:22-32.<br />
Réponse vaccinale et traitement par<br />
Rituximab : quelle influence ?<br />
en supprimant les populations B, le RTX pourrait altérer<br />
les réponses vaccinales chez les patients ? La présente<br />
étude analyse donc les réponses vaccinales vis-à-vis de<br />
toxine tétanique (antigène T dépendant), des antigènes<br />
pneumococciques (antigène T indépendants), de la KLH<br />
(néo antigènes) et des réponses d’hypersensibilité retardées,<br />
en fonction de la déplétion B, obtenues chez des patients<br />
souffrant de PR et traités par RTX.<br />
Dans ce travail, 103 patients sont inclus, avec une PR<br />
active malgré une dose stable de MTX. <strong>Le</strong>s rappels de<br />
vaccins (tétanos, pneumocoque, KLH) et les tests cutanés<br />
(hypersensibilité retardée à candida albicans) sont réalisés<br />
chez des patients recevant MTX + RTX (analyse sur 36<br />
semaines) et un groupe, recevant MTX seul (analyse sur 12<br />
semaines). L’objectif primaire est une majoration par 4 du<br />
titre initial de la réponse IgG anti-tétanique. La réponse antitétanique<br />
est identique dans les deux groupes (39 % groupe<br />
RTX et 42 % groupe MTX seul). La capacité de conserver une<br />
réponse retardée à C Albicans est identique dans les deux<br />
groupes (77 % groupe RTX et 70 % groupe MTX seul). en<br />
revanche, les patients traités par RTX ont une réponse antipneumocoque<br />
franchement abaissée (47 % des patients ont<br />
une réponse avec une majoration de 2 fois leur taux de base<br />
contre au moins un sérotype de pneumocoque, contre 82 %<br />
des patients sous MTX seul) et une réponse à la KLH faible<br />
(47 % dans le groupe RTX contre 93 % dans le groupe MTX).<br />
en conclusion, l’usage du RTX n’altère pas les réponses au<br />
tétanos et les réponses d’hypersensibilité retardée. Par contre<br />
les réponses aux néo antigènes et les réponses aux antigènes<br />
T indépendants (pneumocoque) sont profondément altérées<br />
par le RTX, ce qui implique que ces vaccinations doivent<br />
impérativement être remises à jour avant le traitement RTX.<br />
CO. Bingham et coll. Immunization responses in rheumatoid arthritis<br />
patients treated with rituximab: Results from a controlled clinical trial.<br />
Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:64-74.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
12<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
Etude EXPLORER : quel intérêt du<br />
rituximab dans le lupus erythémateux<br />
disséminé ?<br />
Si une étude a été attendue c’est bien celle-ci... l’étude<br />
eXPLoReR (phase II/III), qui apprécie les bénéfices du RTX<br />
dans le traitement des formes non rénales de lupus. on<br />
connaît le rôle des populations B dans la maladie, on a donc<br />
imaginé les avantages éventuels d’une stratégie anti-B.<br />
<strong>Le</strong>s patients sont inclus s’ils ont un lupus non rénal,<br />
modérément ou fortement actifs, avec au moins un score<br />
BILAG A, ou au moins un score BILAG B, malgré un<br />
immunosuppresseur (qui sera poursuivi durant l’étude). Une<br />
corticothérapie est ajoutée, puis réduite de façon définie. <strong>Le</strong>s<br />
patients sont randomisés pour recevoir soit le RTX (1000 mg)<br />
soit un placebo aux jours 1, 15, 168 et 182. Autrement dit,<br />
le traitement est un traitement « classique » plus RTX ou un<br />
placebo.<br />
L’analyse en ITT concerne 257 patients avec un traitement<br />
équitablement réparti entre azathioprine, mycophénolate<br />
mofétil et méthotrexate ; parmi eux, 53 % des patients ont<br />
un score BILAG A, à l’entrée et 57 % sont corticodépendants.<br />
Malheureusement, aucune différence n’est observée au<br />
terme de l’étude en ce qui concerne les objectifs primaires et<br />
secondaires entre les patients traités par RTX ou par placebo,<br />
quelque soit le type d’analyse effectuée. <strong>Le</strong>s complications et<br />
la tolérance sont identiques dans les deux groupes.<br />
en conclusion, l’étude eXPLoReR montre qu’il n’y a aucun<br />
intérêt à ajouter du RTX chez des patients qui ont une maladie<br />
lupique extra rénale modérément à sévèrement active en<br />
plus du traitement conventionnel.<br />
JT. Merrill et coll. Efficacy and safety of rituximab in moderatelyto-severely<br />
active systemic lupus erythematosus: The randomized,<br />
double-blind, phase ii/iii systemic lupus erythematosus evaluation of<br />
rituximab trial. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>(62):222–233.<br />
Quel groupe de patient bénéficie du<br />
passage de l’anti-TNF au Rituximab ?<br />
<strong>Le</strong>s patients avec une PR et une réponse insuffisante aux<br />
anti-TnF peuvent changer d’anti-TnF ou encore changer<br />
de classe de biothérapie, pour choisir, par exemple, le RTX.<br />
on ne sait pas encore dans quelles situations l’un ou l’autre<br />
choix est le mieux adapté.<br />
Une cohorte suisse a donc été analysée prospectivement<br />
afin de savoir, dans les différents sous groupes de patients,<br />
quelles étaient les meilleures alternatives en cas d’échec d’un<br />
anti-TnF. Tous ont arrêté au moins un anti-TnF et ont ensuite<br />
reçu un anti-TnF ou du RTX. Ces patients sont inclus dans la<br />
cohorte “Swiss RA registry (SCQM-RA)”. Pour chaque patient,<br />
l’objectif primaire est l’amélioration du DAS 28 (et pas la<br />
rémission) en analyse de régression multivariée et après<br />
correction des variables confondantes.<br />
Parmi les 318 patients inclus, 155 reçoivent du RTX et 163<br />
un autre anti-TnF. <strong>Le</strong> bénéfice du RTX varie selon le « passé<br />
anti-TnF » de chaque patient. Si la raison de l’arrêt de l’anti-<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
TnF est un « échec » thérapeutique, l’amélioration du DAS<br />
est meilleure si le patient reçoit du RTX plutôt qu’un nouvel<br />
anti-TnF (p=0,03 ; à 6 mois, -1,34 [95 % CI -1,54 à -1,15]<br />
vs -0,93 [95 % CI -1,28 à -0,59], respectivement).<br />
Si la raison de l’arrêt de l’anti-TnF est une autre cause, le<br />
bénéfice obtenu est identique entre un nouvel anti-TnF et le<br />
RTX (p=0,40).<br />
Que le patient présente un ou plusieurs échecs aux anti-TnF,<br />
que le changement d’anti-TnF se fasse d’un anticorps vers<br />
un autre anticorps ou encore vers un récepteur, qu’il y ait<br />
ou non un traitement associé, le résultat est identique. Il ne<br />
faut cependant pas perdre de vue que nous parlons, dans ce<br />
travail, de niveau de ”réponse” et en aucun cas de « rémission<br />
», ce qui est important en pratique pour le patient, puisque<br />
dans cette étude moins de 3 % des patients dans chaque<br />
groupe arrive en rémission après changement traitement...<br />
La conclusion de ce travail est que si une classe de<br />
biothérapie est inefficace, il faut changer de classe plutôt<br />
que de persévérer dans la même catégorie, tout en sachant<br />
que dans la « vraie vie », la probabilité qu’une telle conduite<br />
débouche sur la rémission semble quasi nulle.<br />
A Finckh et coll. Which subgroup of patients with rheumatoid arthritis<br />
benefits from switching to rituximab versus alternative anti-tumour<br />
necrosis factor (TNF) agents after previous failure of an anti-TNF<br />
agent ? Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:387-393<br />
L’angiogénèse est-elle<br />
« sexe-dépendante » ?<br />
<strong>Le</strong> processus d’angiogenèse est celui qui permet de<br />
développer un supplément de néo vaisseaux au cours d’un<br />
processus pathologique (néoplasie, polyarthrite...). D’un<br />
autre côté, on observe un excès de la mortalité d’origine<br />
cardiovasculaire chez les hommes, et on sait que dans ce cas,<br />
il existe une corrélation inverse entre le taux de testostérone<br />
et cette mortalité.<br />
et si l’angiogenèse était « sexe-dépendante » ou »hormonodépendante<br />
» ?<br />
Une équipe a donc étudié le rôle des hormone sexuelles dans<br />
le processus d’angiogenèse (réparation et néo angiogenèse)<br />
dans un modèle expérimental chez des animaux des<br />
deux sexes et démontre que l’exposition aux androgènes<br />
augmente l’angiogenèse, que les antagonistes des récepteurs<br />
androgéniques ou le Ko génique des androgènes suppriment<br />
la néo angiogenèse chez les souris mâles en modifiant les<br />
fonction des cellules endothéliales mâles.<br />
Chez les femelles, la surexpression des récepteurs<br />
androgéniques rend les cellules sensibles aux androgènes<br />
et augmente la néo angiogenèse. In vivo, chez l’animal,<br />
la castration réduit très fortement la néo angiogenèse et<br />
cet effet est contré totalement par le traitement hormonal<br />
substitutif, qui n’a aucun effet chez les souris femelles. De<br />
plus, l’orchidectomie réduit le flux sanguin dans les modèles<br />
d’ischémie de membre, ce qui est corrigé par le traitement
androgénique. Ces travaux démontrent donc que les<br />
hormones sexuelles masculines modulent l’angiogenèse de<br />
manière sexe-dépendante, avec toutes les implications que<br />
cela comporte vis-à-vis de la supplémentation androgénique<br />
chez l’homme.<br />
D P. Sieveking et coll. A sex-specific role for androgens in angiogenesis.<br />
The Journal of Experimental Medicine, Vol. 207, No. 2, 345-352.<br />
Quelle valeur prédictive des anti-ccp<br />
chez les patients arthralgiques ?<br />
<strong>Le</strong>s anticorps anti-CCP ou ACPA sont fortement associés<br />
avec les formes chroniques et destructrices de la polyarthrite<br />
«rhumatoïde ». Ces auto anticorps sont détectés de plus en<br />
plus tôt, même chez des patients avec un tableau douloureux<br />
diffus, sans signe de polyarthrite. Dans ce cas précis,<br />
signent-ils aussi l’évolution inexorable vers un rhumatisme<br />
inflammatoire chronique et destructeur ?<br />
Pour répondre à cette question, un groupe de patients avec<br />
un tableau douloureux diffus arthralgique avec anti-CCP est<br />
suivi et le rôle des anticorps discuté. Tous ont une mesure des<br />
anti-CCP, une recherche de Facteur Rhumatoïde et sont testés<br />
pour l’épitope partagé, puis sont suivis prospectivement<br />
12 mois. L’absence d’arthrite à l’inclusion et la présence (ou<br />
non) d’arthrite au terme du suivi sont confirmées par deux<br />
examinateurs. La méthode de régression de CoX permet de<br />
calculer le « hazard ratios (HR) » de développer une arthrite.<br />
Une cohorte de 147 patients est constituée (50 patients<br />
positifs en ACPA, 52 positifs en IgM-RF et 45 positifs pour les<br />
deux tests). Après un suivi médian de 28 mois, 29 patients<br />
développent des synovites (médiane 4 synovites) et 26/29<br />
(90 %) ont des ACPA.<br />
La présence d’ACPA (HR=6,0 ; IC 95 % 1,8-19,8 ; p=0,004),<br />
mais pas de IgM-FR (HR=1,4 ; IC 95 % 0,6-3,1) ni de<br />
l’épitope partagé (HR=1,5 ; IC 95 % 0,7- 3,0) est associée<br />
au développement des synovites.<br />
Dans le groupe des patients avec ACPA, le risque de développer<br />
des synovites est majoré si le patient présente aussi de l’IgM-FR<br />
(HR=3,0 ; IC 95 % 1,4-6,9; p=0,01) ou si le taux des ACPA<br />
est fort (HR=1,7 ; IC 95 % 1,1-2,5; p=0,008). Par contre,<br />
la présence de l’épitope partagé n’influence pas le risque<br />
(HR=1,0 ; IC 95 % 0,5-2,1; p=1,0).<br />
en conclusion, chez les patients avec un tableau arthralgique<br />
inflammatoire mais sans synovite, la présence d’ACPA (et<br />
pas de l’épitope partagé ou d’un IgM-FR) prédit l’évolution<br />
vers une polyarthrite. Chez les patients avec ACPA, le risque<br />
augmente encore s’il existe un IgM-FR associé ou si le taux<br />
d’ACPA est fort.<br />
W H Bos et coll. Arthritis development in patients with arthralgia is<br />
strongly associated with anti-citrullinated protein antibody status: a<br />
prospective cohort study. Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:490-494.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
13<br />
L’étude save : les corticoïdes en<br />
monothérapie et à forte dose ont-ils<br />
un intérêt dans les pr débutantes ?<br />
<strong>Le</strong>s corticoïdes sont souvent utilisés en traitement des arthrites<br />
inflammatoires débutantes et il a, depuis longtemps, été<br />
suggéré qu’ils pouvaient induire la rémission ou retarder<br />
l’évolution naturelle vers une authentique PR et donc retarder<br />
la nécessité de débuter un traitement de fond type MTX.<br />
Un travail multicentrique européen a donc voulu apprécier<br />
les bénéfices des corticoïdes donnés à un stade tout débutant<br />
(< 16 semaines d’évolution) d’une maladie articulaire<br />
inflammatoire. <strong>Le</strong> traitement est randomisé entre une<br />
injection unique de 120mg de méthylprednisolone ou de<br />
placebo puis un suivi d’un an est établi, 383 patients sont<br />
inclus. L’objectif primaire est la présence ou non d’une<br />
rémission sans traitement à la 12 e et la 52 e semaine. <strong>Le</strong>s<br />
objectifs secondaires comprennent le nombre de critères<br />
ACR, la rémission à la 2 e semaine et le nombre de patients<br />
débutants un traitement de fond.<br />
L’analyse montre que 17 % des patients entrent en rémission<br />
persistante (65/383), ils se répartissent en 17,8 % (33/185)<br />
dans le groupe placebo et 16,2 % (32/198) parmi les<br />
patients recevant les corticoïdes (oR=1,13, IC 95 % 0,66-<br />
1,92, p=0,6847). L’analyse des objectifs secondaires ne<br />
montre qu’un bénéfice modeste des corticoïdes 2 semaines<br />
après l’injection et qui disparaît ensuite.<br />
Un traitement de fond est débuté chez 162 patients dont<br />
50,3 % dans le groupe corticoïdes et 56,7 % dans le groupe<br />
placebo (oR=0,78 ; IC 95 % 0,49-1,22, p=0,30). De façon<br />
significative, plus de patients avec une polyarthrite qu’avec<br />
une oligo arthrite ont reçu un traitement de fond (oR=2,84 ;<br />
IC 95 % 1,<strong>75</strong>-4,60, p
14<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
Des patients avec une maladie inflammatoire très récente<br />
(moins de 10 semaines) ont été inclus et randomisés pour<br />
recevoir soit un placebo soit une injection hebdomadaire de<br />
triamcinolone à 80 mg pendant 3 semaines consécutives.<br />
Ils sont évalués tous les 6 mois pendant un an. L’objectif<br />
primaire est le besoin (ou non) de débuter un traitement de<br />
fond chez ces patients au 6 e mois après la première injection.<br />
<strong>Le</strong>s objectifs secondaires sont le diagnostic final par le<br />
rhumatologue à un an et la valeur du DAS.<br />
L’analyse montre que les patients du groupe placebo ont plus<br />
souvent besoin (76 %) d’un traitement de fond au 6 e mois<br />
que ceux ayant reçu les corticoïdes (61 %) (oR 2,11 ; IC<br />
95 % 1,16-3,85, p=0,015). À 12 mois, la valeur moyenne<br />
du DAS est identique dans les deux groupes, probablement<br />
parce que de nombreux patients du groupe placebo ont<br />
débuté rapidement un traitement de fond. À 12 mois, la<br />
maladie est en rémission sans traitement de fond chez 9,9 %<br />
(11/111) des patients du groupe placebo et 19,8 % (22/111)<br />
du groupe corticoïdes (oR=0,42 ; IC 95 % 0,18-0,99 ;<br />
p=0,048).<br />
<strong>Le</strong> bénéfice d’une telle approche semble donc limité, au<br />
mieux il expliquerait que 10 % des patients ayant reçu des<br />
corticoïdes n’évoluent pas vers une PR authentique, mais<br />
cette différence n’est pas significative et justifie probablement<br />
que cette attitude ne soit pas conservée (en monothérapie).<br />
S M M Verstappen et coll. Beneficial effects of a 3-week course of<br />
intramuscular glucocorticoid injections in patients with very early<br />
inflammatory polyarthritis: results of the STIVEA trial. Ann Rheum Dis<br />
<strong>2010</strong>;69:503-509.<br />
Effet de la déxaméthasone sur<br />
les auto anticorps des pr débutantes<br />
La polyarthrite rhumatoïde survient sur un terrain<br />
dysimmunitaire spécial caractérisé par la présence d’anticorps<br />
anti-protéines citrullinées (ACPA) et de facteur rhumatoïde.<br />
Des médecins se sont demandés si une intervention ultra<br />
précoce, destinée à réduire de taux de ces auto anticorps,<br />
permettait de modifier le profil évolutif de la maladie et en<br />
particulier son évolution vers une polyarthrite établie.<br />
Pour ce faire, 83 patients présentant un tableau<br />
arthromyalgique inflammatoire bilatéral et symétrique<br />
associé avec des anticorps anti-protéines citrullinées (ACPA)<br />
et du facteur rhumatoïde ont été recrutés, randomisés et<br />
traités par une injection de 100 mg de déxaméthasone (ou<br />
de placebo) à l’inclusion et 6 semaines plus tard. L’objectif<br />
primaire est une baisse de 50 % ou une disparition du taux<br />
des auto anticorps à 6 mois.<br />
L’objectif primaire est atteint chez un seul patient dans chaque<br />
groupe. <strong>Le</strong>s sujets ayant reçu des corticoïdes ont une baisse<br />
nette des taux d’auto anticorps à un mois. Cette baisse est de<br />
–22 % à 1 mois dans le groupe traité de –13 % à 3 mois et<br />
de –8 % à six mois (contre respectivement +3 %, +12 % et<br />
+2 %, à 1, 3 et 6 mois). Une évolution similaire mais moins<br />
marquée est notée pour le FR. Durant un suivi moyen de<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
26 mois, des synovites sont apparues chez un nombre<br />
identique de patients dans les deux groupes, respectivement<br />
20 et 21 % des patients.<br />
en conclusion, chez les patients présentant un tableau<br />
polyarthralgique, un traitement par déxaméthasone réduit<br />
(faiblement et transitoirement) le taux d’auto anticorps sans<br />
modifier l’évolution clinique vers une polyarthrite établie.<br />
W H Bos et coll. Effect of dexamethasone on autoantibody levels and<br />
arthritis development in patients with arthralgia: a randomised trial.<br />
Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:571-574.<br />
Tous les patients atteints de pr qui<br />
justifieraient d’une statine reçoiventils<br />
le traitement ?<br />
Il existe un sur risque cardiovasculaire au cours de la PR,<br />
en partie du aux facteurs de risque traditionnels, lesquels<br />
peuvent être identifiés et pris en charge de façon spécifique.<br />
Une de ces approches utilise les statines. Quel usage en est-il<br />
fait au cours de la PR ? Autrement dit, quelle est la proportion<br />
de patients porteurs d’une PR qui demanderait à être traitée et<br />
quelle est la proportion de patients recevant un tel traitement ?<br />
Pour ce faire, les patients à risque (à l’exclusion de ceux avec<br />
une maladie cardiovasculaire connue) et souffrant de PR<br />
ont été identifiés dans une cohorte de 400 PR en utilisant<br />
les recommandations proposées par l’eULAR. <strong>Le</strong> nombre de<br />
patients devant bénéficier et le nombre de patients recevant<br />
en pratique des statines a été apprécié.<br />
<strong>Le</strong> pourcentage de patients présentant un sur risque est<br />
variable selon le risque étudié et le seuil pris en compte :<br />
21,6 % de risque cardiovasculaire global, 15,5 % de risque<br />
de morbidité et mortalité cardiovasculaire et cérébrale dont<br />
la majorité d’entre eux ne sont pas traités par des statines...<br />
en conclusion, selon la méthode des stratification, entre<br />
2 et 26 % des PR qui devraient bénéficier d’un traitement<br />
par statines en raison d’un nombre de facteurs de risque<br />
important ne sont pas traités…<br />
T E Toms et coll. Statin use in rheumatoid arthritis in relation to actual<br />
cardiovascular risk: evidence for substantial undertreatment of lipidassociated<br />
cardiovascular risk ? Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:683-688.<br />
<strong>Le</strong> rôle pro-inflammatoire<br />
paradoxal de la crp expliqué par<br />
sa configuration<br />
Une élévation chronique de la CRP est associée à une<br />
augmentation du risque cardiovasculaire. Sa valeur permet<br />
de prédire l’intensité du risque... mais cette CRP est-elle simple<br />
témoin innocent ou acteur impliqué dans le phénomène ?<br />
In vivo, la CRP circule sous la forme d’un pentamère (pCRP).<br />
Il a été postulé l’existence d’une forme particulière de CRP,<br />
dite monomérique (mCRP), mais son origine et ses fonctions<br />
ne sont pas claires.
Un travail allemand apporte des informations intéressantes :<br />
la mCRP possède la propriété de se déposer sur les parois<br />
artérielles des aortes et des carotides malades mais jamais<br />
sur les artère saines. La pCRP, elle, ne se dépose jamais sur<br />
les artères, qu’elles soient saines ou malades. <strong>Le</strong>s auteurs<br />
démontrent que la pCRP est la source de la mCRP par<br />
dissociation in vivo sous l’action de la lysophosphatidylcholine<br />
libérée par les plaquettes activées. Cette dissociation peut<br />
aussi être menée à bien par des cellules apoptotiques<br />
circulantes.<br />
La conséquence fonctionnelle est de démasquer les effets<br />
pro-inflammatoire de la mCRP, comme le montrent plusieurs<br />
expériences sur des parois athéromateuses : par comparaison<br />
avec la pCRP la mCRP provoque une majoration de la<br />
chémotaxie des monocytes au sein de la paroi artérielle,<br />
une activation locale des monocytes macrophages, une<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
modification conformationnelle des intégrines mac-1, une<br />
génération forte de formes réactives de l’oxygène et une<br />
majoration de l’adhésion endothéliale des monocytes (au<br />
repos et en condition de stress de flux).<br />
<strong>Le</strong>s auteurs démontrent donc une génération de mCRP par<br />
dégradation de la pCRP au contact des plaquettes activées,<br />
identifiant par là un nouveau phénomène pro-inflammatoire<br />
pouvant potentiellement faire le lien entre une maladie<br />
inflammatoire, la maladie cardiovasculaire, le marqueur<br />
(biologique) de risque, l’activation plaquettaire et le processus<br />
athéromateux.<br />
S U. Eisenhardt et coll. Dissociation of Pentameric to Monomeric<br />
C-Reactive Protein on Activated Platelets Localizes Inflammation to<br />
Atherosclerotic Plaques. Circ Res. 2009 Jul 17;105(2):128-37.<br />
SPondyLoarthroPathieS<br />
Sensibilité et spécificité<br />
des lésions observées en<br />
IRM corps entier au cours<br />
des spondylarthrites<br />
Comment utiliser au mieux l’imagerie IRM dans le diagnostic<br />
des spondylarthrites et spondyloarthropathies ? L’extrême<br />
sensibilité de cette méthode d’imagerie permet en effet<br />
de détecter des anomalies de signal qui existent aussi,<br />
malheureusement, dans des affections dégénératives ou<br />
tumorales par exemple. Comment, alors, définir des critères<br />
d’imagerie permettant d’aider le clinicien en pratique clinique<br />
face à un patient avec une lombalgie inflammatoire récente<br />
ou une spondyloarthropathie ?<br />
Pour répondre à cette question, le groupe canadien de<br />
Maksimowitch a étudié 35 patients répondant aux critères de<br />
new York ; 25 avec une lombalgie inflammatoire de moins<br />
de 24 mois (dans les deux groupes l’âge moyen est 4) et un groupe de 35 sujets sains<br />
appariés pour l’âge et le sexe. Tous ont eu un IRM du rachis<br />
entier en séquences STIR.<br />
<strong>Le</strong>s images ont été analysées par 3 lecteurs indépendants<br />
selon les critères proposés par le groupe de travail<br />
collaboratif Canadien et Danois sur l’imagerie IRM de la SPA.<br />
<strong>Le</strong>s lésions considérées comme significatives sont des lésions<br />
inflammatoires des coins ou des centres vertébraux sur les<br />
images sagittales centrales et des lésions inflammatoires<br />
latérales sur les coupes sagittales paramédianes. <strong>Le</strong>s lésions<br />
analysées de façon concordantes par les 3 lecteurs servent<br />
de référence pour l’analyse de sensibilité, spécificité et valeur<br />
prédictive.<br />
L’apport diagnostic maximal de l’IRM apparaît pour un nombre<br />
de lésions inflammatoires des coins > 2. Pour les patients avec<br />
une SPA la sensibilité est de 69 %, la spécificité de 94 % et pour<br />
les patients avec une lombalgie inflammatoire, ces valeurs<br />
sont respectivement de 32 % et 96 %. La présence de lésions<br />
latérales a, dans cette étude, une forte spécificité (97 %) mais<br />
une faible sensibilité (31 %). Parmi les sujets sains, on note<br />
que 9 (26 %) avaient en IRM une lésion inflammatoire d’un<br />
coin et que deux en avaient > 2 lésions.<br />
en conclusion, en pratique clinique, on gardera le seuil d’au<br />
moins deux lésions inflammatoires des coins pour retenir le<br />
diagnostic de SPA.<br />
U Weber et coll. Sensitivity and specificity of spinal inflammatory<br />
lesions assessed by whole-body magnetic resonance imaging in<br />
patients with ankylosing spondylitis or recent-onset inflammatory<br />
back pain. Arthritis Rheum. 2009;61(7):900-8.<br />
15<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
16<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
Quelles régions analyser<br />
en IRM rachidienne au cours<br />
des spondylarthrites ?<br />
L’imagerie du rachis inflammatoire des spondyloarthropathies<br />
est en plein essor mais repose essentiellement sur<br />
l’identification des lésions inflammatoires axiales et sacro<br />
iliaques en imagerie IRM. Cependant, peu de choses sont<br />
connues en ce qui concerne la distribution des images,<br />
autrement dit, certaines régions du rachis (latérales, axiales…)<br />
sont-elles plus intéressantes que d’autres à examiner en IRM ?<br />
Pour ce faire, 49 patients avec une SPA ont bénéficié d’une<br />
imagerie sagittale IRM en STIR et T1 de l’ensemble du<br />
rachis, puis les clichés ont été relus par trois radiologues.<br />
<strong>Le</strong>s contrôles ont été 6 sujets indemnes de SPA appariés<br />
pour l’âge. Pour chaque vertèbre, les images d’œdème<br />
intra-osseux ont été relevées et localisées (partie centrale ou<br />
latérale de la vertèbre, proche ou à distance du pédicule…).<br />
La reproductibilité inter- et intra-observateur a été appréciée.<br />
<strong>Le</strong> travail montre que 263 (45 %) des vertèbres thoraciques<br />
et 86 des 245 vertèbres lombaires (35 %) ont des signaux<br />
inflammatoires détectables en IRM. en moyenne, 5,4 vertèbres<br />
thoraciques et 1,8 vertèbres lombaires sont affectées chez un<br />
même patient.<br />
<strong>Le</strong>s signaux inflammatoires sont le plus souvent dans les<br />
structures latérales que médiales des vertèbres : 219 / 588<br />
soit 37 % des vertèbres thoraciques et 45/285, soit 18 %<br />
des vertèbres lombaires (p
de plaques carotidiennes est la présence d’un syndrome<br />
inflammatoire (apprécié sur la VS) au moment du diagnostic<br />
(odds ratio 1,18 ; IC 95 % 1,04-1,33 ; p=0,01) et la durée de<br />
la maladie (odds ratio 1,39; IC 95 % 1,01-1,92 ; p = 0,05).<br />
en revanche, il n’est noté aucune corrélation significative entre<br />
l’épaisseur intimale carotidienne et la VS ou la CRP dans ce<br />
travail.<br />
en résumé, cette étude démontre donc bien que les<br />
sujets souffrant de SPA et dépourvus de tout antécédent<br />
cardiovasculaire ont cependant un risque supérieur à<br />
la population de référence de développer des lésions<br />
athéromateuses. Ceci doit être intégré dans notre pratique<br />
clinique quotidienne.<br />
C Gonzalez-Juanatey et coll. The High Prevalence of Subclinical<br />
Atherosclerosis in Patients With Ankylosing Spondylitis Without<br />
Clinically Evident Cardiovascular Disease. Medicine 2009;88:358-<br />
365.<br />
Comment définir un état de « mda » au<br />
cours du rhumatisme psoriasique ?<br />
<strong>Le</strong> développement de nouvelles armes dans le traitement<br />
du rhumatisme psoriasique rend possible maintenant des<br />
objectifs thérapeutiques précis. Il est ainsi apparu intéressant<br />
de définir dans cette affection un état de « Minimal Disease<br />
Activity (MDA)», ou état d’activité résiduelle minimale de la<br />
maladie, qui n’est pas une rémission, mais qui est un état<br />
d’activité minimale assez aisé à obtenir et qui puisse satisfaire<br />
à la fois le patient et le médecin. Ce MDA n’est pas une<br />
variation quantifiable, n’est pas un indice de bonne ou de<br />
mauvaise réponse, mais un état stable intégrant tous les<br />
aspects de l’affection.<br />
<strong>Le</strong>s profils de 40 patients ont été extraits d’une base de<br />
données et 60 experts, spécialisés dans la prise en charge<br />
du rhumatisme psoriasique, les ont classés en MDA ou non.<br />
Un consensus ≥70 % était exigé et a permis d’identifier<br />
13 profils typiques de MDA. Pour chaque profil, une valeur<br />
de « cut off » a été déterminée statistiquement. Considérant<br />
ensuite le nombre d’items à obéir pour être en MDA, 35<br />
définitions initiales, de travail, ont été proposées et pour<br />
chacune, les courbes RoC (receiver operating characteristic)<br />
ont permis de calculer la sensibilité et la spécificité.<br />
De toutes ces approches, il ressort que 4 définitions sont<br />
plus efficaces en termes de sensibilité et de spécificité.<br />
en préférant une définition avec une forte spécificité (pour<br />
réduire les faux positifs) une définition émerge.<br />
Un patient est classé en MDA s’il répond à 5 sur 7 items<br />
suivants :<br />
- un compte des articulations douloureuses ≤1<br />
- un compte des articulations gonflées ≤1<br />
- un score PASI ≤1<br />
- une EVA douleur ≤15<br />
- une appréciation globale de la maladie par le patient ≤20<br />
- un HAQ ≤0,5<br />
- un nombre d’enthèses douloureuses ≤1.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
en conclusion, ce travail propose pour la première fois une<br />
définition du MDA dans le rhumatisme psoriasique. Bien sûr, il<br />
est probable que cette définition évoluera dans le temps. Pour<br />
l’instant, elle représente une approche clinique intéressante,<br />
à la fois objectif pratique en clinique quotidienne et moyen<br />
simple pour uniformiser la prise en charge des patients.<br />
L C Coates et coll. Defining minimal disease activity in psoriatic<br />
arthritis: a proposed objective target for treatment. Ann Rheum Dis<br />
<strong>2010</strong>;69:48-53.<br />
17<br />
Bilan inflammatoire des spa par<br />
analyse irm systématique du segment<br />
rachidien postérieur<br />
Depuis quelques années, les images IRM du segment<br />
antérieur du rachis ont montré leur apport et leur intérêt<br />
dans le diagnostic et le suivi sous traitement des SPA, mais<br />
a-t-on étudié les bonnes structures ? C’est la question que<br />
pose l’équipe de Maksymowych, très impliquée dans cette<br />
approche IRM et qui s’intéresse au segment postérieur. Ainsi,<br />
ils ont systématiquement étudié le segment postérieur des<br />
patients SPA et précisé le type et la localisation des lésions.<br />
L’analyse porte sur 32 patients inclus dans une étude<br />
prospective comportant un anti-TnF. <strong>Le</strong>s images IRM sagittales<br />
du rachis entier ont été lues en double aveugle par deux<br />
lecteurs appréciant les aspects avant et après traitement. <strong>Le</strong>s<br />
lésions étaient notées présentes ou absentes sur chacune<br />
des structures postérieures. La reproductibilité a été analysée<br />
(modèle de variance aléatoire) et la discrimination par la<br />
mesure de l’« effect size » de Guyatt.<br />
La majorité des patients (87,5 %) ont 1 ou plusieurs lésions<br />
dans le segment rachidien postérieur (moyenne 6,7 + 5,3<br />
étages touchés). Ces lésions sont le plus souvent détectées au<br />
niveau du rachis dorsal. La reproductibilité inter observateur<br />
est excellente en ce qui concerne le compte des lésions<br />
inflammatoires, au niveau des parties transverses et épineuses<br />
des vertèbres dorsales.<br />
Pour ces auteurs, il semble donc que les lésions du segment<br />
postérieur soient présentes chez la grande majorité des patients,<br />
prédominent au niveau dorsal et soient facile à reconnaître.<br />
Il est donc important de faire savoir à nos correspondants<br />
radiologues que les fenêtres d’IRM rachidiennes doivent être<br />
élargies et qu’un intérêt tout particulier au moment de la<br />
lecture doit être porté au segment postérieur.<br />
W P. Maksymowych et coll. Systematic assessment of inflammation by<br />
magnetic resonance imaging in the posterior elements of the spine<br />
in ankylosing spondylitis. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:4-10.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
18<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
<strong>Le</strong>s images d’ « ostéïte graisseuse de<br />
Romanus », spécifiques des spa<br />
<strong>Le</strong>s lésions inflammatoires observées en IRM au cours des SPA<br />
évoluent de deux façon vers la « cicatrisation », soit vers un<br />
syndesmophyte, soit vers une lésion graisseuse séquellaire<br />
(dite « lésion de dégénérescence graisseuse de Romanus »,<br />
LGR). Cependant, la distribution et la spécificité de ces lésions<br />
graisseuses n’ont pas été précisées.<br />
Pour ce faire, des IRM (séquences axiales T1 et FAT-SAT) ont<br />
été réalisées chez 174 patients lombalgiques et 11 témoins.<br />
L’analyse radiologique a été faite en aveugle du diagnostic<br />
clinique. <strong>Le</strong>s LGR ont été relevées et leur spécificité pour le<br />
diagnostic de SPA évaluée.<br />
<strong>Le</strong> travail montre que 29 patients ont des lésions graisseuses<br />
de Romanus. Ces patients représentent 31 % du total des<br />
patients avec une SPA (20/64), 13 % des rachis dégénératifs<br />
(6/45), 4 % des métastases rachidiennes (2/45), et 5 % des<br />
patients avec un « autre diagnostic » (1/20).<br />
Chez les patients avec une SPA, la majorité des lésions de<br />
LGR sont situées au rachis dorsal (135/226 lésions). L’« intérêt<br />
diagnostic » des LGR est significativement plus fort pour le<br />
diagnostic de SPA (likelihood ratio=4,7 ; p
LuPuS et Sjögren<br />
La réduction de la<br />
mortalité du lupus par<br />
les antimalariques est<br />
fonction de la dose et de<br />
la durée du traitement<br />
<strong>Le</strong>s anti paludéens de synthèse sont le traitement de fond de<br />
la maladie lupique en réduisant le nombre et l’intensité des<br />
poussées. Ces molécules ont-elles aussi un bénéfice sur la<br />
survie des patients ? Pour répondre, les effets du plaquenil<br />
ont été appréciés dans une cohorte de nouveaux patients<br />
multiethniques, suivie de manière prospective.<br />
<strong>Le</strong>s données socio-économiques, démographiques, cliniques,<br />
biologiques et thérapeutiques ont été précisées dans la<br />
cohorte GLADeL (Grupo Latino Americano de estudio del<br />
Lupus eritematoso). <strong>Le</strong> diagnostic de lupus est posé selon les<br />
critères ACR. La survie des patients est appréciée et les causes<br />
de mortalité sont précisées (poussée de lupus, infection,<br />
cardiovasculaire, thrombose, cancer, autre...). L’analyse<br />
est faite ensuite, que les patients aient pris ou non un anti<br />
malarique, pendant plus de six mois consécutifs ou non, en<br />
continu ou non.<br />
Parmi les 1 480 patients de la cohorte GLADeL 1141 (77 %)<br />
ont reçu du plaquenil avec une durée d’exposition moyenne<br />
de 48,5 mois (écarts 6-98). Un décès est survenu chez 89<br />
patients (6 %). Une mortalité plus faible est notée chez les<br />
patients qui prenaient des antipaludéens, par comparaison<br />
avec ceux qui n’en prennent pas (4,4 % vs 11,5 % ;<br />
p
20<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
efficacité thérapeutique) et sa tolérance, une étude prospective<br />
multicentrique américaine à été menée chez des patients<br />
lupiques.<br />
Pour ce faire, 449 patients lupiques avec une maladie active<br />
(définie par un score du Se<strong>Le</strong>nA S<strong>Le</strong>DAI d’au moins 4 points)<br />
ont été inclus et randomisés pour recevoir un traitement<br />
par Bélimumab (1, 4, ou 10 mg/kg) ou un placebo sur une<br />
période de 52 semaines. <strong>Le</strong>s deux objectifs primaires de cette<br />
étude étaient à la fois la variation du score à la 24 e semaine<br />
et la date de la première poussée lupique. Tous les patients<br />
recevaient leurs traitements conventionnels sans modification<br />
(et recevaient en plus le protocole).<br />
Dans les deux bras de l’étude, aucune différence significative<br />
n’est observée quels que soient le traitement reçu ou la dose<br />
de produit administrée. La baisse du S<strong>Le</strong>DAI est en moyenne<br />
de 19,5 % dans le groupe Belimumab et de 17,2 % dans<br />
le groupe placebo. <strong>Le</strong> délai médian entre le traitement et<br />
la survenue d’une poussée est de 67 jours dans le groupe<br />
Belimumab contre 83 jours dans le groupe placebo.<br />
Dans le sous groupe des patients (71,5 % des patients)<br />
avec une maladie active sérologiquement (soit avec des<br />
FAn > 1/80° et/ou des anti-DnA > 30 UI) le Bélimumab<br />
s’accompagne d’une meilleure réponse à la 52 e semaine que<br />
dans le groupe placebo en ce qui concerne la variation du<br />
score S<strong>Le</strong>DAI (-28,8 % versus -14,2 % ; p=0,0435), l’avis<br />
global du clinicien (-32,7 % versus -10,7 % ; p=0,0011), et le<br />
SF36 (+3,0 versus +1,2 points; P = 0,0410).<br />
<strong>Le</strong> traitement avec le Belimumab provoque une baisse de<br />
63 à 71 % des populations B circulantes CD20+ (B naïfs,<br />
activés, et plasmacytoïdes) et de 29,4 % des titres d’anti-DnA<br />
(p=0,0017) à la 52 e semaine. <strong>Le</strong> taux des effets secondaires<br />
est identique dans les deux groupes. <strong>Le</strong> Belimumab est<br />
biologiquement efficace et bien toléré.<br />
en conclusion, ce travail pose une réelle question : est-il bien<br />
logique de continuer à cibler les populations B au cours du<br />
lupus? Après deux études prospectives bien conduite montrant<br />
le manque d’intérêt du Rituximab dans les lupus rénaux et<br />
extra rénaux (études LUnAR et eXPLoReR), voici que ce travail<br />
ciblant les B par une autre approche et mené par des gens<br />
qui connaissent bien la maladie montre, encore une fois, que<br />
le bénéfice obtenu est marginal et porte essentiellement sur<br />
des variations de paramètres biologiques sans conséquences<br />
bénéfiques cliniques notables pour les patients.<br />
D J. Wallace et coll. A phase II, randomized, double-blind, placebocontrolled,<br />
dose-ranging study of belimumab in patients with<br />
active systemic lupus erythematosus. Arthritis Care & Research<br />
2009;61:1168-1178.<br />
Une nouvelle maladie nommée<br />
« IgG4 molps »<br />
Une nouvelle maladie : le syndrome IgG4/MoLPS ?<br />
<strong>Le</strong> syndrome de Mikulicz’s est de longue date considéré<br />
comme une manifestation du syndrome de Sjögren mais<br />
depuis peu, il a été évoqué la possibilité que ce syndrome<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
soit lié à une autre affection dénommée IgG4/MoLPS (Multi<br />
organ Lympho Proliferative Syndrome associé à l’IgG4).<br />
L’étude présentée ici tente de caractériser les aspects<br />
spécifiques de chacune de ces deux affections (syndromes<br />
IgG4/MoLPS et de Sjögren) parmi des patients japonais.<br />
<strong>Le</strong> diagnostic repose sur la présence (critères préliminaires)<br />
d’une augmentation des taux sériques d’IgG4, au moins 50 %<br />
de plasmocytes exprimant IgG4+ sur les biopsies d’organes<br />
examinés associés à des signes de fibrose et de sclérose.<br />
L’étude compare 64 patients avec le syndrome MoLPS et 31<br />
avec un syndrome de Sjögren.<br />
Chez les patients souffrant de IgG4 MoLPS, l’incidence<br />
de xérostomie, de xérophtalmie et d’arthralgies ainsi que<br />
de FAn, de facteur rhumatoïde, d’anti-SSA et d’anti-SSB<br />
est significativement plus faible qu’au cours du syndrome<br />
de Sjögren. La présence d’une rhinite allergique, d’une<br />
pancréatite auto immune ainsi qu’une élévation des taux<br />
sériques d’IgG, IgG2, IgG4 et Ige est plus fréquente au<br />
cours du syndrome MoLPS. Chez ces patients, l’infiltrat par<br />
des plasmocytes exprimant IgG4 est plus marqué que chez<br />
les patients souffrant de Sjögren. <strong>Le</strong>s patients affectés par<br />
le syndrome IgG4/MoPLS ont de nombreuses formations<br />
folliculaires lymphocytaires mais peu de lésions lympho<br />
épithéliales. À l’inverse, les patients souffrant de Sjögren ont<br />
un infiltrat tissulaire dépourvu de cellules exprimant IgG4.<br />
enfin, au plan thérapeutique, les patients souffrant de ce<br />
nouveau syndrome ont une réponse extrêmement marquée<br />
aux corticoïdes.<br />
Tous ces éléments incitent les auteurs à différencier les<br />
syndromes IgG4/MoLPS du syndrome de Sjögren et à<br />
proposer cet acronyme pour désigner une nouvelle maladie<br />
différente du syndrome de Sjögren sur de nombreux aspects<br />
cliniques, histologiques et immunologiques.<br />
Y Masaki et coll. Proposal for a new clinical entity, IgG4-positive<br />
multiorgan lymphoproliferative syndrome: analysis of 64 cases<br />
of IgG4-related disorders. Annals of the Rheumatic Diseases<br />
2009;68:1310-1315.<br />
Mycophénolate Mofetil ou<br />
Cyclophosphamide dans le traitement<br />
des néphrites lupiques ?<br />
<strong>Le</strong> mycophénolate mofétil (MMF) est présenté depuis peu<br />
comme une alternative thérapeutique qui pourrait être<br />
plus intéressante (plus efficace, mieux tolérée…) que le<br />
cyclophosphamide en IV dans la néphrite lupique. Cependant,<br />
aucune étude prospective randomisée prospective n’a vérifié<br />
ce point. C’est chose faite maintenant.<br />
Une étude prospective a enrôlé 370 patients lupiques avec<br />
une néphrite de classe III ou IV et a comparé, chez ces sujets,<br />
les avantages respectifs des deux stratégies en tant que<br />
traitement d’induction de la rémission puis de maintien de<br />
cette rémission. Pendant la période d’étude de 24 mois, les<br />
deux traitements : MMF (3gr/jour, Po) et le cyclophosphamide<br />
(IVCY : 0,5 à 1,0 g/m 2 en bolus mensuel) ont été comparés<br />
face/face avec une hypothèse de supériorité du MMF.
Une corticothérapie d’induction à 60mg/j était débutée chez<br />
tous les patients et baissée de façon protocolisée. L’objectif<br />
primaire était une baisse prédéfinie du ratio protéinurie/<br />
créatininurie et une stabilisation ou une amélioration de la<br />
créatininémie (cet objectif primaire n’est pas le plus classique).<br />
<strong>Le</strong>s objectifs secondaires étaient la rémission rénale complète,<br />
l’activité générale de la maladie, les infections et la tolérance.<br />
De manière globale, aucune différence significative ne fut<br />
détectée entre les deux groupes : 104 (56,2 %) des 185<br />
patients sous MMF et 98 (53,0 %) des 185 sous IVCY ont<br />
atteint l’objectif primaire. <strong>Le</strong>s objectifs secondaires sont<br />
atteints de la même manière dans les deux groupes. Il y<br />
a 9 morts dans le groupe MMF et 5 dans le groupe IVCY.<br />
<strong>Le</strong>s effets secondaires sont identiques en nombre, en sévérité<br />
et en type dans les deux groupes.<br />
en conclusion, même si les deux groupes s’améliorent, cette<br />
étude ne permet pas de montrer la supériorité du MMF sur<br />
le IVCY.<br />
Gerald B. Appel et coll for the Aspreva Lupus Management Study<br />
Group. Mycophenolate Mofetil versus Cyclophosphamide for<br />
Induction Treatment of Lupus Nephritis. J Am Soc Nephrol 2009 ;20:<br />
1103-1112.<br />
Myélite transverse lupique :<br />
une ou plusieurs affections sous<br />
ce vocable ?<br />
La myélite est une complication rare mais classique des<br />
lupus et se présente comme un tableau douloureux diffus<br />
sous lésionnel, un déficit des voies longues et une atteinte<br />
sphinctérienne. La prévalence de l’affection est 1000 fois plus<br />
importante chez les lupiques que dans la population générale.<br />
La description des myélites lupiques est surtout basée sur des<br />
cas cliniques. La description des myélites au cours des maladies<br />
inflammatoires telles la SeP ou la neuromyélite optique de<br />
Devic, démontre des tableaux cliniques assez différents.<br />
<strong>Le</strong> groupe de M pétri à Baltimore rapporte 22 cas de myélite<br />
lupique survenus dans leur immense cohorte de patients.<br />
À côté de la description clinique des atteintes neurologiques<br />
de la maladie lupique, les auteurs analysent également les<br />
aspects immunologiques, les données de l’imagerie IRM, et<br />
de l’analyse du LCR.<br />
Dans cette série, 11 patients présentent des signes d’atteinte<br />
de la substance blanche (flaccidité, hyporéflexie...) alors<br />
que les 11 autres ont des signes d’atteinte de la substance<br />
grise (hypertonie, hyper réflexie...). <strong>Le</strong>s atteintes de la<br />
substance grise sont plus souvent associées à une paraplégie<br />
irréversible (p
22<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
À l’inverse, des arguments en faveur du rôle bénéfique de ces<br />
molécules chez des patients avec une maladie très active, sur<br />
le bilan lipidique et sur le risque athéromateux sont faibles et<br />
inconsistants.<br />
Des petites séries limitées suggèrent que les antimalariques<br />
empêchent l’évolution d’une maladie lupique « incomplète »<br />
vers un lupus complet et certain, influencent les taux de<br />
Vitamine D sérique et réduisent l’incidence générale des<br />
cancers chez les patients lupiques.<br />
MaLadieS SyStéMiqueS<br />
Aspects cliniques<br />
du syndrome d’activation<br />
macrophagique de<br />
l’adulte<br />
<strong>Le</strong> syndrome d’activation macrophagique (SAM) est une<br />
complication rare mais redoutable de la maladie de Still de<br />
l’adulte et d’autres rhumatismes inflammatoires chroniques.<br />
<strong>Le</strong> SAM associe de la fièvre, une pancytopénie, une<br />
insuffisance hépatique, une coagulopathie et divers signes<br />
dont une atteinte neurologique... <strong>Le</strong> SAM peut survenir<br />
chez des patients souffrant de cancer ou de lymphome, des<br />
transplantés, des maladies infectieuses sévères, un lupus, une<br />
arthrite juvénile...et une maladie de Still. La cause de cette<br />
complication reste inconnue. Une équipe française rapporte<br />
16 épisodes de SAM au cours de Still de l’adulte chez<br />
8 patients. Une étude cas contrôle a été réalisée en appariant<br />
chaque patient avec 2 sujets n’ayant pas développé de SAM.<br />
L’âge moyen au diagnostic de SAM est de 44,5 ans ; la<br />
fréquence du SAM dans cette cohorte est de 15,3 % (8/52).<br />
Chez 7 patients le SAM est la manifestation initiale du Still<br />
qui révèle la maladie. <strong>Le</strong>s signes principaux étaient de la<br />
fièvre (n=8), une éruption (n=6), des arthralgies (n=7), une<br />
polyadénopathie (n=6), un choc (n=4). La ferritinémie est<br />
toujours élevée (>1000 μg/L dans 8/8 cas), avec une baisse<br />
de la ferritine glycosylée dans tous les cas (
<strong>Le</strong> début de la maladie est survenu à un âge plus jeune<br />
chez les patients sépharades d’Afrique du nord par rapport<br />
aux deux autres populations. Une histoire familiale de FMF<br />
n’est présente que chez 30 % des ashkénazes alors que<br />
près de 100 % des patients des deux autres origines ont cet<br />
antécédent (p=0,001).<br />
La fréquence des attaques abdominales et des poussées<br />
fébriles est identique dans les 3 groupes, alors que les<br />
douleurs thoraciques et articulaires sont beaucoup plus<br />
rares dans les populations ashkénazes et iraquiennes par<br />
comparaison avec les sépharades.<br />
Une bonne réponse à la colchicine est observée chez les<br />
populations ashkénazes et iraquiennes alors qu’elle est<br />
beaucoup plus rares chez les sépharades (respectivement<br />
82 % et 84 % par comparaison à 56 %, p=0,0001).<br />
Une protéinurie, une insuffisance rénale, une amylose, sont<br />
observées bien plus souvent dans les populations ashkénazes<br />
que dans les groupes iraquiens et sépharades (respectivement<br />
18 %, 6,6 % et 9,8 % comparés à 5,3 %, 0 % et 3,5 % et à<br />
1,6 %, 0 % et 0 % dans les populations ashkénazes,<br />
iraquiennes et sépharades)<br />
La conclusion de ce travail original est que la présentation<br />
de la FMF varie considérablement en fonction de l’origine<br />
ethnique des patients. La maladie existe dans les populations<br />
d’origine ashkénaze mais est d’intensité assez modérée,<br />
répond assez bien à la colchicine. <strong>Le</strong> diagnostic est malaisé<br />
car cette présentation dans cette population est mal connue<br />
et les antécédents familiaux souvent absent. La fréquence de<br />
l’amylose rénale doit rester à l’esprit en raison de sa gravité.<br />
M Lydar et coll. Familial Mediterranean Fever in Ashkenazi Jews:<br />
The Mild End of the Clinical Spectrum. Rheumatology <strong>2010</strong> ;49(3):<br />
490-500.<br />
Critères eular de classification des<br />
vascularites systémiques de l’enfant<br />
<strong>Le</strong> diagnostic et la classification des vascularites systémiques<br />
de l’enfant sont difficiles et il manquait un travail de référence.<br />
<strong>Le</strong> groupe PRInTo vient de combler cette lacune en proposant<br />
une classification (comme Chapel Hill l’avait fait pour l’adulte<br />
il y a quelques années) de quatre vascularites de l’enfant.<br />
Il s’agit du purpura d’Henoch–Schönlein (HSP), de la PAn<br />
pédiatrique (PAn), de la maladie de Wegener (WG) et de<br />
l’artérite de Takayasu (TA). Cette classification devrait faire<br />
référence à l’avenir.<br />
<strong>Le</strong>s dossiers de 280 patients âgés de moins de 18 ans<br />
et souffrant de ces 4 affections de manière certaine et<br />
indiscutable, ont été collectés dans le monde entier. Ils ont<br />
ensuite été reclassés par l’ensemble des experts de manière<br />
consensuelle. enfin, la sensibilité et la spécificité de chaque<br />
signe ont été appréciées dans chacune des affections. Puis,<br />
en utilisant ces items, l’analyse porte ensuite de manière<br />
prospective sur 827 HSP, 150 PAn, 60 WG et TA.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 23<br />
Un patient est classé comme ayant un HSP s’il présente<br />
des pétéchies/un purpura (obligatoire) prédominant sur les<br />
membres inférieurs plus au moins un des items suivants : des<br />
douleurs abdominales, des dépôts d’IgA en histologie, une<br />
atteinte rénale, des arthralgies ou arthrites.<br />
Un patient est classé PAn en présence d’une atteinte<br />
inflammatoire multi organique et systémique associée à<br />
une vascularite nécrosante prouvée histologiquement ou<br />
démontrée radiographiquement (critère obligatoire), plus au<br />
moins un des 5 critères suivants : atteinte cutanée, atteinte<br />
musculaire, atteinte rénale, neuropathie périphérique,<br />
hypertension.<br />
<strong>Le</strong> diagnostic de maladie de Wegener repose sur la<br />
présence de 3 critères parmi les 6 suivants : présence de<br />
lésions inflammatoires granulomateuses, atteinte des voies<br />
respiratoires hautes, atteinte pulmonaire, atteinte trachéolaryngo-bronchique,<br />
présence de C-AnCA, atteinte rénale.<br />
Un patient est classé comme ayant une artérite de Takayasu<br />
s’il est démontré des anomalies typiques sur les imageries de<br />
l’aorte ou de ses branches principales (critère obligatoire),<br />
plus au moins un parmi les 5 critères suivants : abolition d’un<br />
pouls ou claudication vasculaire, asymétrie tensionnelle entre<br />
deux membres, souffle vasculaire, syndrome inflammatoire<br />
biologique.<br />
S Ozen for the Paediatric Rheumatology International Trials<br />
Organisation (PRINTO). EULAR/PRINTO/PRES criteria for Henoch–<br />
Schönlein purpura, childhood polyarteritis nodosa, childhood<br />
Wegener granulomatosis and childhood Takayasu arteritis:<br />
Ankara 2008. Part II: Final classification criteria. Ann Rheum Dis<br />
<strong>2010</strong>;69:798-806.<br />
Un marqueur d’atteinte cardiaque<br />
dans la sclérodermie : le N-terminal<br />
pro-brain natriuretique peptide<br />
La complication actuelle, la plus grave et la plus fréquente<br />
des sclérodermies est l’atteinte cardiaque. elle est recherchée<br />
systématiquement par échographie cardiaque doppler. Cette<br />
méthode a ses limites et imperfections et il est possible que<br />
certains marqueurs biologiques soient utiles aux cliniciens<br />
pour détecter ces complications cardiaques.<br />
Un candidat potentiel est le “n-terminal pro-brain natriuretic<br />
peptide” (nT-proBnP), dont l’intérêt est testé dans le présent<br />
travail qui concerne 69 patients sclérodermiques. Ces sujets<br />
ont un âge moyen de 56 (±13) ans et sont majoritairement<br />
des femmes (56/69). Tous ont une échographie standard ainsi<br />
qu’une échographie doppler afin de mesurer les vitesses des<br />
flux mitraux et tricupisdiens, pour détecter l’apparition d’une<br />
atteinte cardiaque. en parallèle, le nT-proBnP est mesuré<br />
prospectivement chez chaque patient.<br />
Après le suivi, on observe que 18 patients ont une atteinte<br />
cardiaque, 7 avec une baisse de la contractilité du ventricule<br />
gauche, 8 avec une baisse de la contractilité du ventricule<br />
droit et 8 avec une hypertension artérielle débutante jugée<br />
sur l’élévation de la pression artérielle pulmonaire systolique<br />
moyenne.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
24<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
<strong>Le</strong>s patients avec une baisse de contractilité ont une élévation<br />
du nT-proBnP par comparaison avec ceux dont la contractilité<br />
est normale (704±878 pg/ml vs 118±112 pg/ml ; p
L’usage de stéroïdes en monothérapie est plus fortement<br />
associé à une réduction du risque de récupération faciale<br />
non satisfaisante tardive (RR 0,69 ; IC 95 % 0,55-0,87 ;<br />
p=0,001), une réduction du risque des troubles dysautonomiques<br />
et syncinésies (RR 0,48 ; IC 95 % 0,36-0,65 ;<br />
p
26<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
Traitement d’un modèle murin de<br />
thalassémie par la ferritine<br />
Il n’y a pas de traitement radical de la thalassémie, dont le<br />
pronostic reste grave. <strong>Le</strong>s patients développent en particulier<br />
une surcharge systémique en fer, qui majore leur morbidité<br />
et leur mortalité. Cette surcharge est facilitée par une<br />
augmentation des stocks plasmatiques labiles de fer, qui<br />
sont captés de manière aléatoire et dérégulés par les cellules<br />
parenchymateuses. À l’inverse, l’érythropoïèse dépend d’une<br />
captation du fer lié à la transferrine via son récepteur.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs ont postulé que l’anémie chronique et<br />
l’érythropoïèse anormale des thalassémiques pouvaient<br />
être améliorées par une augmentation des taux circulants<br />
de transferrine et ont testé cette hypothèse dans un modèle<br />
murin de l’affection (souris Hbbth1/th1). <strong>Le</strong> travail montre<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
que l’injection de transferrine corrige les stocks circulants<br />
de fer, augmente la production d’hepcidine, normalise la<br />
durée de vie des globules rouges et augmente la production<br />
d’hémoglobine. <strong>Le</strong> phénotype thalassémique des souris est<br />
profondément modifié par cette intervention thérapeutique.<br />
en parallèle de ce traitement, on observe une réduction de la<br />
réticulocytose, une baisse des taux circulants d’érythropoïétine<br />
et de la splénomégalie.<br />
Ce joli travail ouvre donc d’intéressantes pistes de recherche<br />
thérapeutique chez l’homme, en montrant que la transferrine<br />
est le facteur limitant de l’anémie observée dans l’affection<br />
et que sa correction -au moins dans le modèle murin- est<br />
bénéfique.<br />
H Li et coll. Transferrin therapy ameliorates disease in b-thalassemic<br />
mice. Nature Medicine <strong>2010</strong> ;16 :177-182.<br />
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doit-iL reCherCher une MaLadie<br />
auto-iMMune de La thyroïde ?<br />
S<br />
Dr Elisabeth Palazzo - Service de Rhumatologie du Pr. O. Meyer, Hôpital Bichat, Paris.<br />
ous le terme de maladies auto-immunes de la thyroïde (MAIT), sont regroupées la maladie de<br />
Basedow encore appelée Graves’ disease par les anglosaxons et la thyroïdite chronique autoimmune<br />
d’Hashimoto. Il s’agit en fait d’entités très différentes sur le pan clinique, qui ont en commun d’être<br />
associées à la présence d’autoanticorps dirigés contre des constituants de la thyroide et de survenir sur un terrain<br />
génétique déterminé. <strong>Le</strong>s maladies autoimmunes de la thyroïde sont fréquentes. <strong>Le</strong>ur prévalence est estimée à<br />
3 % dans la population générale. Ce sont les maladies autoimmunes (MAI) les plus fréquentes (5 %) dans les<br />
MAI multiples.<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue peut être amené à rechercher une maladie autoimmune de la thyroïde dans des circonstances<br />
variées. Il s’agit le plus souvent de symptômes rhumatologiques qui sont connus comme pouvant être rapportés<br />
à une dysthyroïdie, mais également lors du bilan étiologique d’une ostéoporose, de polyarthromyalgies ou de<br />
polyarthrite et enfin dans le bilan initial des maladies autoimmunes multiples.<br />
RAPPEL SUR LES MALA-<br />
DIES AUTO-IMMUNES DE<br />
LA ThyROïDE<br />
Il s’agit d’entités très différentes qui ont<br />
en commun d’être associées à la présence<br />
d’auto anticorps. Dans la maladie<br />
de Basedow, ce sont des anticorps<br />
anti récepteur de la TSH (anti TRAK)<br />
sur la cellule thyroïdienne alors que,<br />
dans la thyroïdite d’Hashimoto (TH),<br />
ce sont des anticorps dirigés contre les<br />
constituants de la cellule thyroïdienne,<br />
la thyroglobuline, protéine qui sert de<br />
substrat à la synthèse des hormones<br />
thyroïdiennes (T3 triiodothyronine et<br />
T4 tétraiodothyronine), et la thyroperoxydase<br />
enzyme qui permet l’iodination<br />
de l’ion iodure et le couplage des<br />
dérivés iodotyrosines dans la substance<br />
colloïde afin de former les hormones<br />
thyroïdiennes [6,32].<br />
Dans le cas de la maladie de Basedow,<br />
les anticorps se lient aux récepteurs de<br />
la TSH situés au pôle basal du thyréocyte<br />
et activent non seulement la cellule<br />
thyroïdienne, ce qui va induire une<br />
hypertrophie des cellules thyroïdiennes<br />
à l’origine du goitre, mais également<br />
la sécrétion de mucine par les fibroblastes<br />
de l’atmosphère péri oculaire<br />
et par ceux du derme, ce qui entraîne<br />
l’ophtalmopathie et le myxœdème pré<br />
tibial. Ils augmentent également la synthèse<br />
des hormones thyroïdiennes, ce<br />
qui conduit à l’hyperthyroïdie. L’inflammation<br />
histologique est au deuxième<br />
plan [32].<br />
en revanche, au cours de la thyroïdite<br />
d’Hashimoto, il existe une réelle thyroïdite<br />
histologique qui peut entraîner<br />
un goitre puis évoluer vers une fibrose<br />
responsable de l’atrophie de la glande<br />
et de la diminution de la synthèse des<br />
hormones thyroïdiennes. Dans la TH,<br />
les auto anticorps n’ont pas de rôle<br />
pathogène reconnu actuellement et ne<br />
sont que des témoins de la maladie<br />
[13]. Cependant, dans certains cas, il<br />
existe des anticorps anti récepteur de la<br />
TSH bloquant qui peuvent diminuer la<br />
synthèse des hormones thyroïdiennes<br />
sans qu’il n’y ait une atrophie de la<br />
glande.<br />
hISTOIRE DE GèNES<br />
ET D’ENvIRONNEMENT<br />
<strong>Le</strong>s facteurs qui prédisposent à la survenue<br />
d’une MAIT sont génétiques et<br />
environnementaux [7,29].<br />
Facteurs génétiques<br />
Il s’agit de maladies polygéniques qui<br />
sont la conséquence d’une combinaison<br />
défavorable de plusieurs allèles de<br />
susceptibilité de différents gènes et sur<br />
lesquels un environnement particulier<br />
agit pour conduire au processus pathogène<br />
et à un phénotype maladie.<br />
<strong>Le</strong>s facteurs génétiques prédisposant<br />
sont les gènes du locus HLA de classe<br />
II et des gènes non HLA. <strong>Le</strong>s allèles des<br />
gènes HLA codant pour le complexe<br />
majeur d’histocompatibilité jouent un<br />
rôle central dans la présentation de<br />
l’antigène aux cellules T et représentent<br />
le facteur génétique qui a le plus<br />
de poids avec un risque attribuable<br />
modéré (Population Attribuable Risk)<br />
comparable à ce qui est observé au<br />
cours du lupus et inférieur à ce qui est<br />
observé dans la PR [15]. HLA DR3 et<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
28<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
HLA DQA10501 sont les allèles des<br />
gènes d’histocompatibilité impliqués<br />
dans la maladie de Basedow, HLA DR3<br />
dans la forme atrophique de TH et HLA<br />
DR5 dans la forme avec goitre. <strong>Le</strong>s allèles<br />
des gènes de susceptibilité non<br />
HLA retrouvés dans les MAIT codent<br />
pour des protéines impliquées dans des<br />
voies physiopathologiques différentes :<br />
la voie d’activation des lymphocytes T,<br />
CTLA4, PTPn 22 mais également celle<br />
de l’immunité innée nALP1 ou CARD7<br />
[15,29].<br />
Facteurs environnementaux<br />
<strong>Le</strong>s principaux facteurs environnementaux<br />
sont le sexe féminin, notamment<br />
au-delà de 45 ans [13], le régime riche<br />
en iode, le déficit en sélénium, le tabac,<br />
le stress et les infections [7,21,29].<br />
<strong>Le</strong>s MAIT sont plus fréquentes chez la<br />
femme (5 à 15 %) que chez l’homme<br />
(1 à 5 %) [13]. <strong>Le</strong>s principaux agents<br />
infectieux incriminés sont d’origine virale<br />
avec principalement le virus de<br />
l’hépatite C, le Parvovirus B19 et certains<br />
rétrovirus (HIV et HTLV 1) [14],<br />
mais également d’origine bactérienne<br />
avec Yersinia enterolitica et Helicobacter<br />
pylori [23]. Certains médicaments<br />
peuvent induire une thyroïdite auto-immune.<br />
Il s’agit de l’amiodarone et de<br />
l’interféron alpha [24,30]. <strong>Le</strong>s mécanismes<br />
physiopathogéniques incriminés<br />
sont soit le mimétisme moléculaire<br />
qui conduit à l’activation des lymphocytes<br />
T et à la production d’Ac produits<br />
en réponse à un agent infectieux qui a<br />
une communauté antigénique avec les<br />
constituants de la thyroïde, soit la stimulation<br />
de Toll Like Receptor 3 (TLR<br />
3) exprimés par les thyréocytes lors<br />
d’une inflammation locale conduisant<br />
à l’activation de cellules T autoréactives<br />
résidentes avec une réponse de type interféron.<br />
en ce qui concerne l’impact<br />
des différents régimes, la modification<br />
du contenu en iode ou en sélénium<br />
(agent antioxydant) peut conduire à<br />
une augmentation de l’immunogénicité<br />
des constituants de la thyroïde : la thyroglobuline<br />
en cas de régime riche en<br />
iode, la TPo en cas de régime pauvre<br />
en sélénium [7].<br />
Il n’y a pas de classification internationale<br />
des maladies thyroïdiennes qui<br />
permet de définir les thyroïdites autoimmunes<br />
[in 15]. La TH est caractérisée<br />
par la présence d’un goitre ou d’une<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
dysthyroïdie, habituellement une hypothyroïdie,<br />
associée à la présence d’anticorps<br />
antithyroïdiens, principalement<br />
anti TPo [13].<br />
La maladie de Basedow est caractérisée<br />
par une hyperthyroïdie ou une<br />
ophtalmopathie associée à la présence<br />
d’Ac antirécepteur de la TSH ou à l’association<br />
d’une hyperthyroïdie à une<br />
ophtalmopathie [32].<br />
SyMPTôMES RhUMA-<br />
TOLOGIQUES D’APPEL<br />
D’UNE DySThyROïDIE<br />
<strong>Le</strong>s signes faisant évoquer une dysthyroïdie<br />
sont variés. Ils sont le plus souvent<br />
d’ordre neuromusculaire (tableau 1).<br />
- <strong>Le</strong> patient consulte habituellement<br />
pour des myalgies, des crampes, un<br />
enraidissement musculaire douloureux<br />
et/ou une fatigabilité musculaire. L’examen<br />
des muscles peut révéler parfois<br />
une hypertrophie au cours de l’hypothyroïdie<br />
ou une atrophie au cours de<br />
l’hyperthyroïdie .<strong>Le</strong>s muscles atteints<br />
sont ceux des ceintures, au début, puis<br />
les muscles distaux et, dans de rares<br />
cas, une atteinte respiratoire. <strong>Le</strong>s enzymes<br />
musculaires sont le plus souvent<br />
normales dans l’hyperthyroïdie alors<br />
qu’elles sont élevées au cours de l’hypothyroïdie.<br />
La myopathie proximale n’est<br />
pas corrélée à l’importance de l’hypothyroïdie,<br />
elle peut parfois mimer une<br />
PPR avec élévation des enzymes musculaires<br />
[20,22,26]. La forme axiale est<br />
responsable d’une camptocormie [18].<br />
<strong>Le</strong>s biopsies musculaires, lorsqu’elles<br />
sont réalisées, mettent en évidence la<br />
présence d’infiltrat cellulaire mononucléé<br />
comportant des macrophages,<br />
de rares lymphocytes ou mastocytes,<br />
mais également des altérations des<br />
capillaires. <strong>Le</strong> mécanisme supposé est<br />
l’existence de dépôts de mucopolysaccharides<br />
des fibres musculaires de localisation<br />
endo- et périmysiale. L’évolution<br />
sous traitement est favorable au<br />
bout d’une à plusieurs semaines.<br />
- <strong>Le</strong> syndrome du canal carpien par infiltration<br />
péri et endoneurale avec infiltration<br />
oedémateuse (cause dans 7 %<br />
des cas).<br />
- Une neuropathie sensitive des petites<br />
fibres.<br />
- L’atteinte péri-articulaire des épaules<br />
est classique dans l’hyperthyroïdie. elle<br />
se présente sous la forme d’une capsulite<br />
rétractile qui peut être bilatérale.<br />
elle est observée dans 7 % des maladies<br />
de Basedow [20,26,32].<br />
- <strong>Le</strong> syndrome polyalgique ressemblant<br />
en tout point à la fibromyalgie (fréquence<br />
de 5 %) avec des anomalies<br />
du sommeil qui peuvent être corrigées<br />
par le traitement substitutif alors que le<br />
syndrome douloureux ne l’est que dans<br />
50 % des cas.<br />
- L’acropathie est rare et se manifeste<br />
par un hippocratisme digital. La radio<br />
montre une ostéopathie particulière<br />
avec striation intracorticale donnant<br />
un aspect feuilleté des métacarpiens et<br />
des phalanges qui peut s’accompagner<br />
de périostite. elle s’observe essentiellement<br />
dans la maladie de Basedow. elle<br />
peut être isolée ou associée à l’ophtalmopathie<br />
et au myxoedème prétibial.<br />
Tableau 1. Symptômes faisant rechercher<br />
une dysthyroïdie<br />
Signes Hypothyroïdie Hyperthyroïdie<br />
Canal carpien + -<br />
Capsulite de l’épaule - +<br />
Crampes + +<br />
Arthralgies + +<br />
Douleurs des ceintures + +<br />
Fibromyalgie + +<br />
Hippocratisme digital - +<br />
Myalgies + +<br />
Myolyse (CPK) + -<br />
Ostéoporose + +
BILAN éTIOLOGIQUE<br />
D’UNE OSTéOPOROSE<br />
<strong>Le</strong> risque de fracture est augmenté au<br />
cours des dysthyroïdies. Il est plus élevé<br />
chez les femmes ménopausées, principalement<br />
à la hanche et en cas d’hyperthyroïdie.<br />
La perte osseuse est partiellement<br />
réversible sous traitement [9,11, 31].<br />
BILAN éTIOLOGIQUE<br />
DE POLyARThRALGIES<br />
ET DE POLyARThRITE<br />
Une maladie auto-immune de la thyroïde<br />
doit être recherchée dans le bilan<br />
étiologique des polyarthrites même en<br />
l’absence de signes extra rhumatologiques<br />
de dysthyroïdie. on peut rencontrer<br />
deux types de manifestations<br />
articulaires : d’une part une atteinte articulaire<br />
par le biais de l’auto-immunité<br />
responsable de la thyroïdite et d’autre<br />
part, l’association d’un rhumatisme inflammatoire<br />
auto-immun avec la thyroïdite.<br />
<strong>Le</strong>s manifestations articulaires liées à<br />
l’auto-immunité responsable de la thyroïdite<br />
peuvent être révélatrices [27].<br />
elles ont été décrites par <strong>Le</strong> Riche et<br />
Bell en 1984 sous la forme d’une polyarthrite<br />
d’allure rhumatoïde séronégative<br />
[19]. Punzi en 1997 a rapporté 33<br />
cas suivis pendant plus de 6 ans [25].<br />
Il s’agissait de 16 polyarthrites, 17 oligoarthrites<br />
séronégatives non érosives.<br />
Parmi les polyarthrites, 50 % des patients<br />
ont évolué vers une PR classique,<br />
destructrice. Parmi ces patients, 50 %<br />
des patients avaient une hypothyroïdie.<br />
<strong>Le</strong>s facteurs prédictifs de cette évolution<br />
étaient la présence du HLA DR4 et d’un<br />
taux élevé d’IL1 béta dans le liquide articulaire.<br />
La recherche d’anti CCP n’a<br />
pas été réalisée dans cette étude. Dans<br />
les autres cas de polyarthrite, l’évolution<br />
était bénigne, sans destruction articulaire,<br />
avec une réponse satisfaisante<br />
au traitement symptomatique. Dans les<br />
17 cas d’oligoarthrite, l’évolution était<br />
peu sévère, intermittente avec des périodes<br />
de rémission spontanée.<br />
L’existence d’une hypothyroïdie ne<br />
permettait pas de prévoir l’évolution<br />
puisqu’elle était présente dans les différentes<br />
formes cliniques (50 % dans<br />
la forme destructrice, 40 % dans la<br />
forme non destructrice et 37,5 % dans<br />
la forme oligoarticulaire).<br />
Ces observations suggèrent qu’il existe<br />
donc une forme de rhumatisme inflammatoire<br />
caractérisé par des arthrites<br />
non érosives, indépendantes de la<br />
fonction thyroïdienne répondant favorablement<br />
au traitement anti inflammatoire<br />
non stéroïdien ou stéroïdien<br />
comme cela est également observé au<br />
cours de la plupart des autres MAI [26].<br />
Même si l’indication d’un traitement de<br />
fond par hydroxychloroquine (Plaquenil®)<br />
n’a pas été évaluée, ce traitement peut<br />
être proposé comme agent immunomodulateur.<br />
De plus, en cas de polyarthrite,<br />
une réévaluation diagnostique régulière<br />
est nécessaire pour ne pas méconnaître<br />
l’évolution vers une polyarthrite rhumatoïde<br />
authentique justifiant un traitement<br />
spécifique tel que le methotrexate.<br />
BILAN DES MALADIES<br />
AUTO-IMMUNES<br />
MULTIPLES<br />
Parmi les rhumatismes inflammatoires<br />
chroniques, c’est le syndrome<br />
de Gougerot-Sjögren [1,4,10,17] qui<br />
est le plus souvent associé à une MAIT,<br />
puis les connectivites mixtes, la sclérodermie,<br />
la PR et le <strong>Le</strong>S [5]. La TH y<br />
est plus fréquente que la maladie de<br />
Basedow. <strong>Le</strong>s anticorps anti thyroïde<br />
précèdent, en général, l’apparition des<br />
symptômes, comme cela est observé<br />
avec d’autres autoanticorps comme<br />
les antiCCP dans la PR. Au cours du<br />
syndrome de Gougerot-Sjögren, la<br />
prévalence des Ac anti TPo varie de<br />
11 % à 17,3 %, celle des Ac anti TG de<br />
3 % à 13,2 % [1,4,12]. La TH est observée<br />
dans 7 à 15,3 % des cas avec une<br />
prévalence multipliée par 1<strong>75</strong> dans<br />
l’étude de Biro portant sur 400 patients<br />
[4]. La maladie de Basedow est observée<br />
quant à elle dans 0,7 à 10 % avec<br />
une prévalence multipliée par 74 dans<br />
la même étude [4].<br />
Dans les connectivites mixtes, la prévalence<br />
de la TH est très variable allant<br />
de 21,4 % (multipliée par 555) à 2,5 %<br />
multipliée par 76 dans une autre étude<br />
portant sur 159 patients [4].<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 29<br />
Dans la PR, la prévalence de la TH<br />
varie de 3,2 à 6,2 % et est multipliée<br />
par 160. La maladie de Basedow est<br />
retrouvée dans 1,3 à 1,6 % des cas [4].<br />
Au cours du <strong>Le</strong>S, la prévalence de la<br />
TH est plus faible 2,3 % (multipliée par<br />
90) [4]. elle atteint 6,1 % dans l’étude<br />
d’Appenzeller portant sur 524 patients<br />
et est plus élevée en cas d’association<br />
à un syndrome de Gougerot-Sjögren et<br />
à la présence de facteurs rhumatoïdes<br />
[2]. Dans cette étude, les Ac précèdent<br />
la survenue de la maladie dans 70 %<br />
des cas.<br />
Dans la sclérodermie, la prévalence<br />
de la TH est de 4,2 % (multipliée par<br />
219 [4]). Dans l’étude d’une cohorte<br />
franco-italienne comportant 1132 cas,<br />
les thyroïdites auto-immunes sont observées<br />
dans 6 % des cas. elles sont<br />
associées à une forme plus limitée de<br />
la maladie comportant moins souvent<br />
une fibrose pulmonaire et sont fréquemment<br />
associées au syndrome de<br />
Gougerot-Sjögren [3].<br />
Ces résultats suggèrent qu’il est utile<br />
de rechercher une MAIT dans les rhumatismes<br />
inflammatoires chroniques,<br />
notamment chez la femme de plus de<br />
45 ans, surtout s’il existe un syndrome<br />
de Gougerot-Sjögren associé dans le<br />
but de dépister une dysthyroïdie le plus<br />
souvent une hypothyroïdie dont les manifestations<br />
peuvent être confondues<br />
avec celles du rhumatisme. De plus,<br />
au cours du syndrome de Gougerot-<br />
Sjögren, en cas de thyroïdite d’Hashimoto<br />
associé, il est recommandé de<br />
surveiller l’aspect morphologique de la<br />
glande thyroïde en raison du risque de<br />
lymphome de type MALT dont la prévalence<br />
est augmentée [17].<br />
Dans quelques rares cas, on peut être<br />
confronté à la découverte d’anticorps<br />
anti thyroïdiens demandés au cours<br />
d’un bilan immunologique dont la signification<br />
est incertaine. La signification<br />
de la découverte d’anticorps (Ac)<br />
antithyroïdien dépend du contexte clinique<br />
au cours duquel cette recherche<br />
a été effectuée. Ainsi, au cours du bilan<br />
étiologique d’une dysthyroïdie, c’est<br />
un élément essentiel pour porter le<br />
diagnostic de thyroïdite auto-immune<br />
ou de maladie de Basedow. Au cours<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
30<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
de l’évaluation d’une MAI définie, elle<br />
permet d’évoquer l’existence d’une<br />
MAI multiple.<br />
Lorsque cette recherche est effectuée<br />
dans l’enquête étiologique de polyarthromyalgies<br />
ou d’une polyarthrite<br />
indéterminée, la présence d’anticorps<br />
antithyroïdien conduit à rechercher<br />
d’autres éléments pour le diagnostic<br />
de MAIT. Au cas où ces éléments ne<br />
sont pas réunis, il est nécessaire de<br />
réévaluer régulièrement le diagnostic<br />
puisqu’il est établi, comme cela est<br />
observé au cours d’autres maladies<br />
auto-immunes, que les anticorps sont<br />
présents avant l’apparition des symptômes<br />
de MAIT. en cas de présence isolée<br />
d’Ac antithyroïdien, le risque de développer<br />
une MAIT est évalué à 2,6 %<br />
par an. Ce risque est plus élevé en cas<br />
RéFéRENCES<br />
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LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
d’antécédent familial de MAIT. Il l’est<br />
d’autant plus que 2 personnes sont atteintes<br />
dans la famille, que la TSH est<br />
dans la partie supérieure de la normale<br />
et que le taux d’anticorps anti TPo est<br />
élevé (score d’Amsterdam)[28].<br />
La signification des Ac anti thyroïdien a<br />
été étudiée dans une étude rétrospective<br />
portant sur 100 patients chez qui<br />
des anticorps avaient été recherchés en<br />
raison de symptômes rhumatologiques<br />
variés. Dans 50 % des cas, le diagnostic<br />
de rhumatisme inflammatoire défini<br />
a été porté (PR, Sjögren, <strong>Le</strong>S). Chez 10<br />
patients, celui de fibromyalgie a pu être<br />
retenu. 14 patients souffraient d’une<br />
polyarthrite séronégative d’origine indéterminée.<br />
Seuls 9 patients répartis<br />
dans les différents groupes avaient une<br />
dysthyroïdie [16].<br />
C ONCLUSION<br />
La présence d’une maladie auto-immune<br />
de la thyroïde doit être cherchée<br />
en cas de situations cliniques<br />
aussi différentes qu’une atteinte musculaire,<br />
une fibromyalgie, des polyarthralgies,<br />
une polyarthrite séronégative<br />
ou une ostéoporose qu’elle<br />
soit fracturaire ou non.<br />
Ces différents symptômes peuvent être<br />
dûs à la dysthyroïdie, mais également<br />
à un rhumatisme inflammatoire chronique<br />
associé, le plus souvent un syndrome<br />
de Gougerot-Sjögren, ou être<br />
uniquement le témoin d’un syndrome<br />
d’auto-immunité commun à la plupart<br />
des maladies auto-immunes.<br />
17. Jara LJ, Navarro C, Brito-Zeron Mdel P, et al. Thyroid disease in Sjogren’s syndrome.<br />
Clin Rheumatol 2007;26:1601-1606.<br />
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: a nationwide follow-up in 16249 patients. Thyroid 2002 ; 12 : 411-9.
La lettre de la SOFOC<br />
(Nouvelle formule du Lobstein journal)<br />
SOciété <strong>Française</strong> d’Ostéodensitométrie Clinique<br />
n° 3 / <strong>2010</strong><br />
Président : Rémy Dufour, Avignon. Secrétaire : Bertrand Godfrin, St Gaudens. Trésorier : Alain Belleville, Tournefeuille.<br />
Conseil d’Administration : Catherine Dray, Toulouse - Michel Ferly, Cugnaux - Alain Forgue, Lourdes - Jean-Louis Godfrin, Luchon Gilbert Guiraud,<br />
Muret - Roland Hamisultane, Antibes - Benoît Loze, Cornebarieu - Jean Roquefort, Castelnaudary - Alain Rouanet (Président d’honneur), Narbonne<br />
Siège : clinique Rhône-Durance chemin du Laverin 84000 Avignon - sofoc.christel@wanadoo.fr - site internet: www. sofoc<br />
editorial<br />
Vera lemaire<br />
Xèmes journées de la société française d’ostéodensitométrie clinique*<br />
on apprend toujours quelque chose en matière d’ostéoporose au cours d’une session<br />
d’enseignement.<br />
On sait depuis de nombreuses années que de nombreuses femmes ont des fractures avec<br />
une valeur de la densité osseuse qui ne les classe pas dans l’ostéoporose. Il en est de<br />
même pour les hommes. D’où l’importance des facteurs de risque cliniques, ce que prend<br />
en compte le FRAX, qui donne à l’âge la plus grande importance.<br />
L’attention s’est donc portée sur la qualité de l’os, en étudiant sa micro-architecture par le microCT, qui permet<br />
d’apprécier la résistance mécanique de l’os. <strong>Le</strong>s études ont permis de montrer des différences entre les femmes<br />
ostéopéniques, fracturées ou non. Mais les mesures (volume trabéculaire, nombre et épaisseur des travées) ont-elles<br />
une valeur ajoutée à celle de la densité osseuse? <strong>Le</strong> problème n’est pas encore réglé.<br />
<strong>Le</strong>s bisphosphonates ont-ils un effet anti-tumoral ? Deux études, dont l’étude WHI, ont montré qu’ils avaient un effet<br />
sur l’incidence des cancers du sein, avec une diminution du risque de 30 %. Ils pourraient agir par l’intermédiaire de<br />
l’inhibition de la résorption osseuse, d’où leur effet sur l’incidence des métastases osseuses, mais aussi par un effet<br />
anti angiogénique. <strong>Le</strong> denosumab a montré aussi que chez les femmes ayant des métastases osseuses d’origine<br />
mammaire, le délai avant le premier événement osseux était augmenté. Il s’est montré supérieur pour cet effet à une<br />
anti-aromatase, mais sans différence pour la progression de la maladie ou la survie.<br />
<strong>Le</strong>s résultats d’études de grande ampleur, pour confirmer l’effet anti-tumoral de ces médicaments sont attendus<br />
avec impatience.<br />
*<strong>Le</strong>s communications de ce 10ème Congrès de la SOFOC seront publiées tout au long de cette année.<br />
Bisphosphonates, ostéoporose et soins dentaires<br />
rené Gourmet<br />
docteur en chirurgie dentaire - centre régional de lutte contre le cancer, lyon<br />
depuis 2003, date de la première publication de marx (1) relatant 3 cas d’ostéonécrose des maxillaires<br />
chez des patients ayant été traités par bisphosphonates dans le cadre d’une pathologie cancéreuse, une<br />
certaine confusion s’est installée dans l’esprit de nombreux professionnels de santé les incitant à penser<br />
que les bisphosphonates, qu’ils soient prescrits en pathologie bénigne ou en pathologie maligne, et quelle<br />
que soit la voie d’administration per os ou IV, les bisphosphonates étaient « in fine » des pourvoyeurs<br />
d’ostéonécrose des maxillaires.<br />
L’étiologie dentaire étant mentionnée dans environ 70 % des cas, une certaine suspicion est née chez les<br />
praticiens de la chirurgie dentaire, les amenant à prendre, parfois, des décisions sans aucun rapport avec<br />
le risque réel encouru.<br />
Ce risque d’ONM est très diffèrent entre pathologie maligne et pathologie bénigne : il varie de 0,8 à 12 %<br />
en oncologie (2) , alors qu’il est estimé entre 1 et 4/100 000 en ostéoporose.<br />
21 31<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
32<br />
Définition de l’ONM (3) :<br />
n Lésion de la muqueuse au niveau de la région<br />
maxillo-faciale mettant à nu l’os nécrosé, et persistant<br />
plus de 8 semaines<br />
n Traitement par BP antérieur ou en cours<br />
n Absence d’antécédent de radiothérapie dans la région<br />
maxillaire<br />
n Absence de métastase au niveau maxillaire<br />
Signes cliniques :<br />
n Tuméfaction<br />
n Inflammation<br />
n Mobilité dentaire<br />
n Abcès dentaire<br />
n Ulcération<br />
n Fistulisation intra ou extra-buccale<br />
n Hypoesthésie labio mentonnière (signe de Vincent)<br />
n Absence de localisation métastatique au niveau de<br />
la zone d’ONM<br />
Signes radiologiques :<br />
n OPT<br />
n Dental scan<br />
La lettre de la SOFOC<br />
g<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
n° 3 / <strong>2010</strong><br />
Scintigraphie :<br />
Elle permet la mise en évidence des<br />
zones de fixation, dans 66 % des<br />
cas d’ONM, chez des patients traités<br />
par BP IV<br />
Diagnostic différentiel :<br />
n Maladie parodontale<br />
n Gingivite<br />
n Ostéites de la face d’origine infectieuse, dentaire,<br />
traumatique, tumorale ou primitive, infection d’étiologie<br />
imprécise, ostéomyélite chronique récurrente multifocale,<br />
syndrome Sapho<br />
n Sinusite<br />
n Pathologie péri-apicale<br />
n Ostéonécrose radique<br />
n Lésion cavitationnelle ostéonécrotique neuropathique<br />
(NICO)<br />
n Tumeurs osseuses ou métastases<br />
Profil des BP<br />
<strong>Le</strong>s BP ne sont pas identiques, ils présentent tous<br />
un profil différent : si l’affinité pour l’os détermine<br />
la puissance et la durée de l’effet, la puissance antirésorptive<br />
est fonction de l’inhibition de la FPPS.<br />
Ainsi, le risédronate a une affinité plus faible pour<br />
l’os que l’alendronate, mais il inhibe plus fortement<br />
la FPPS.<br />
<strong>Le</strong>s BP, de part leur action inhibitrice sur la croissance<br />
des cellules endothéliales et sur la PTHrp, ils entraînent<br />
l’apoptose des kératinocytes des fibroblastes,ce<br />
qui peut induire des ulcérations au niveau de la muqueuse<br />
gingivale ou des retards de cicatrisation.<br />
EtiOPathOgéNiE DE l’ONM (4)<br />
Bien qu’un certain nombre de facteurs favorisant<br />
soient identifiés, la véritable étiologie de l’ONM reste<br />
encore inconnue.<br />
L’action anti-ostéoclastique du BP entraîne une diminution<br />
du remodelage osseux et de ce fait une<br />
diminution de la vascularisation, l’os devient hypo<br />
dynamique. Lors d’une chirurgie alvéolo dentaire selon<br />
la durée- dose d’exposition au BP, les traitements<br />
antinéoplasiques délivrés, l’importance de l’immunodépression,<br />
et le degré de pathogénicité de la flore<br />
buccale, le remodelage osseux est insuffisant pour<br />
permettre une cicatrisation alvéolaire, ainsi toutes les<br />
conditions sont réunies pour que s’exprime une éventuelle<br />
ONM.
Quel est le risque d’ONM en pathologie bénigne ?<br />
Mavrokokki et coll. (1) ont montré que chez des patientes<br />
traitées par alendronate pour ostéoporose la<br />
fréquence de survenue d’une ONM est :<br />
- de 0,01 % à 0,04 % (soit 1 à 4 pour 100 000)<br />
- et de 0,09 % à 0,34 % après avulsion dentaire (soit<br />
x 9).<br />
Rizzoli et coll. (5), eux, ont mis en évidence chez<br />
des patientes traitées par BPS oraux pour ostéoporose,<br />
que le risque d’apparition d’ONM est de 1 pour<br />
110 000 patients par année de traitement dont 73 %<br />
d’origine dentaire.<br />
Prévalence de l’ONM chez les patients traités par BP<br />
oraux (7)<br />
n Étude réalisée sur13 946 patients<br />
âge moyen 71 ans (+ ou – 9)<br />
93 % femmes recevant des BP depuis 2006<br />
- 2157 ont présenté des symptômes dentaires<br />
- 9 ont présenté une ONM : 5 spontanées<br />
2 post extractions dentaires<br />
2 post implantation (sans exposition osseuse)<br />
Prévalence d’ONM = 1/1537<br />
D’un point de vue épidémiologique, existe-t-il des<br />
différences entre les molécules de BP en pathologie<br />
bénigne ?<br />
Il n’y a aucun argument, à l’heure actuelle, permettant<br />
de relier la survenue d’une ONM à une molécule<br />
en particulier.<br />
Durée de traitement et risque d’apparition d’ONM<br />
avec les BP oraux<br />
D’après Palaska et Carstos la moyenne se situe entre<br />
36 et 55 mois.<br />
BisPhOsPhONatEs Et sOiNs DENtairEs<br />
Deux catégories de soins dentaires<br />
Soins non chirurgicaux :<br />
- caries,<br />
- endodontie,<br />
- détartrage,<br />
- prothèses.<br />
La lettre de la SOFOC<br />
Soins sollicitant le remodelage osseux :<br />
- extraction,<br />
- résection péri-apicale,<br />
- exérèse de kyste,<br />
- implantologie.<br />
n° 3 / <strong>2010</strong><br />
FACTEuRS DE RISquE PRéDICTIFS<br />
1) État dentaire initial<br />
Hygiène bucco-dentaire<br />
2) Addictions<br />
Tabac<br />
Alcool<br />
3) État général<br />
Pathologies infectieuses<br />
Immunodépression<br />
Hypo fibrinolyse<br />
21 33<br />
4) Traitements associés :<br />
n Vasoconstricteurs : vasopressine, angiotensine, sérotonine,<br />
adrénaline<br />
n Immunosuppresseurs: glucocorticoïdes, biothérapies<br />
n Sialoprives<br />
BisPhOsPhONatEs Et iMPlaNtOlOgiE :<br />
L’étude comparative sur le taux de survie des implants<br />
chez des patientes traitées par alendronate<br />
ou risédronate et un groupe contrôle, de Marjorie et<br />
Jeffcoat (7) sur :<br />
n 50 patientes<br />
n Ostéoporose post ménopausique<br />
n 210 implants<br />
n Durée du traitement 1- 4 ans (moyenne 3 ans)<br />
Montre un taux d’ostéo-intégration à 3 ans de : 99 %.<br />
Une autre étude : celle de Bell (8) réalisée sur<br />
n 42 patients sous traitement BP pour OP de 6 mois<br />
à 11 ans (âge moyen ≈57 ans)<br />
n 101 implants : taux d’ostéointégration = 95 %<br />
Enfin pour C.Madrid et coll. (9) dans une étude rétrospective<br />
portant sur 217 patients montrent qu’un<br />
traitement par BP inférieur à 5 ans ne modifie pas le<br />
taux d’ostéointégration implantaire.<br />
traitement par BP et soins dentaires<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
34<br />
La lettre de la SOFOC<br />
rEcOMMaNDatiONs Ou<br />
guiDE DE BONNEs PratiQuEs<br />
1) Pour l’American Dental Association :<br />
n Avant le début du traitement, si possible :<br />
- Bilan dentaire<br />
- Motivation à l’hygiène bucco-dentaire<br />
n Expliquer au patient que le risque est très faible de<br />
développer une complication.<br />
n Nécessité de bien poser les indications chirurgicales<br />
n Surveillance régulière<br />
2) Recommandations de l’Afssaps (10) pour<br />
les patients candidats à un traitement par BP en OP<br />
n Avant l’instauration du traitement par BP<br />
l Bilan bucco-dentaire recommandé clinique<br />
et radiologique<br />
l Suivi des soins dentaires nécessaire<br />
l Informer le patient<br />
- Nécessité du maintien d’une bonne hygiène<br />
dentaire<br />
- Du risque d’ONM<br />
- Nécessité de signaler toute mobilité<br />
dentaire ou toute douleur, œdème ou inflammation<br />
de la muqueuse gingivale<br />
à son chirurgien dentiste ou à son (ses)<br />
médecin(s).<br />
3) Recommandations de l’Afssaps pour les patients<br />
traités par BP en OP<br />
n Pendant le traitement par BP (sans évidence<br />
d’ONM) (1)<br />
l Suivi bucco-dentaire par un chirurgien dentiste<br />
ou un stomatologue<br />
- Au moindre symptôme bucco-dentaire :<br />
consultation sans tarder<br />
- et minimum 1 fois/an (comme dans la<br />
population générale)<br />
l Effectuer les avulsions dentaires nécessaires<br />
- Sous couverture antibiotique<br />
- et de la façon la moins traumatisante<br />
possible<br />
Pas de contre-indication actuelle à la mise en place<br />
d’un implant dentaire (1,2)<br />
4) Recommandations de l’Afssaps pour les patients<br />
traités par BP en OP en cas d’ONM avérée<br />
l Adresser le patient dans un service hospitalier<br />
de Chirurgie Maxillo-faciale, d’ORL ou d’Odontologie<br />
l En attendant la prise en charge :<br />
- Traiter médicalement la douleur,<br />
- Réaliser un panoramique dentaire,<br />
- Poursuivre une hygiène bucco-dentaire,<br />
accompagnée d’un traitement antiseptique<br />
local.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
n° 3 / <strong>2010</strong><br />
l Informer le médecin prescripteur de la complication,<br />
qui décidera de la poursuite du traitement par<br />
BP au cas par cas.<br />
IL FAuT RAPPELER<br />
n L’OP est une maladie fréquente et grave<br />
n Sa prise en charge est une priorité de santé publique<br />
n L’ONM dans le cadre de l’OP est rare avec les BP<br />
per os ou IV<br />
n <strong>Le</strong> premier facteur de risque d’ONM dans l’OP traitée<br />
par BP est d’origine odonto-stomatologique: ≈70 %.<br />
n Il serait souhaitable de ne jamais initier un traitement<br />
par BP dans l’OP sans bilan bucco-dentaire préalable.<br />
n Veiller à ce qu’une surveillance régulière soit effectuée<br />
tout au long du traitement.<br />
n Il existe une population à risque d’ONM, qu’il faut<br />
pouvoir identifier, dont le schéma thérapeutique, en<br />
particulier odonto-prothétique, peut être à reconsidérer,<br />
en intégrant le rapport bénéfice/ risque.<br />
n Tous les acteurs de santé doivent se sentir concernés<br />
par cette prise en charge du patient.<br />
EN cONclusiON<br />
Faut-il redouter l’ostéonécrose de la mâchoire dans le<br />
traitement de l’ostéoporose?<br />
n La redouter : non<br />
n Être conscient de sa potentialité d’expression : oui.<br />
Bibliographie<br />
1) Marx RE. Pamidronate (Aredia) and Zoledronate (Zometa) induced avascular<br />
necrosis of jaws: a growing epidemic .J.Oral Maxillofac. Surg 2003;<br />
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osteonecrosis of the jaws in Australia. J.Oral Maxillofac.Surg<br />
2007.<br />
3) Khosla S, Burr D, Cauley J, et al. Bisphosphonate-Associated Osteonecrosis<br />
of the Jaw:Report of a task Force of the American Society for Bone and<br />
Mineral Research. J Bone Miner Res 2007.<br />
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bisphosphonates en cancérologie. Bulletin du Cancer 2008; 95 (5): 1-2.<br />
5) Rizzoli R,Burlet N, Cahall D, Delmas PD. Osteonecrosis of the jaw and<br />
bisphosphonate treatement for osteoporosis, Bone 2008; 42: 841-7.<br />
6) Lo JC ,O’Ryan FS, Gordon NP J.Oral Maxillofac.Surg 2009 Jun.<br />
7) Marjorie K. Jeffcoat Safety of oral bisphosphonates: controlled studies on<br />
alveolar bone. IJOMI 2006;3:349-53.<br />
8) Bell J Oral Maxillofac.Surg (2008).<br />
9) Madrid C. coll. Clinic Oral Implants Res 2009 Sep ;Suppl 4: 87-95.<br />
11 e congrès de la sofoc<br />
avignon, palais des sports - 9/10 sept. <strong>2010</strong>
D<br />
La génétique et les neurosciences nous offrent des<br />
perspectives de recherches pour de nombreuses maladies et<br />
spécifiquement dans la physiopathologie de la fibromyalgie.<br />
Il paraît évident pour de nombreux auteurs, que le stress<br />
chronique est un facteur constant retrouvé dans les histoires<br />
de vie des patientes fibromyalgiques. Certains auteurs<br />
ont d’ailleurs apparenté la fibromyalgie au stress posttraumatique.<br />
néanmoins, toutes les personnes soumises à un stress<br />
important ne vivent pas physiquement leur souffrance de la<br />
même manière.<br />
nous pouvons retenir plusieurs facteurs pour expliquer<br />
le polymorphisme de la fibromyalgie : d’une part des<br />
facteurs génétiques, d’autre part une approche individuelle<br />
développée au cours de la vie et également un contexte<br />
social particulier.<br />
L’ensemble des équipes intéressées par la fibromyalgie sont<br />
en accord sur ces points, mais l’élément nouveau qui n’a<br />
jamais été intégré dans l’analyse de ce syndrome est la<br />
plasticité cérébrale aux événements qui ponctuent notre vie.<br />
La plasticité cérébrale est reconnue depuis une trentaine<br />
d’années. Tous les instants de notre vie, positifs ou négatifs,<br />
entraînent des modifications constantes des connections<br />
cérébrales, mobiles et rapides à s’instaurer en termes de<br />
jours et semaines.<br />
nous allons tenter d’ouvrir cette nouvelle voie de<br />
compréhension de la fibromyalgie et d’expliquer comment<br />
l’hypnose est un des modes d’accès à cette plasticité.<br />
COMMENT DEvIENT-ON MALADE ?<br />
L’oMS définit la « bonne santé » comme un état de bien-être<br />
à la fois physique, psychologique et social. Ces trois mots<br />
ont chacun leur importance et représentent un mode d’entrée<br />
possible dans un déséquilibre de notre état de santé.<br />
Il est possible de créer un parallèle avec le concept biopsycho-social.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 35<br />
FibroMyaLgie,<br />
PLaStiCité Cérébra<strong>Le</strong> et hyPnoSe<br />
Dr Eric Gibert - Ivry-sur-Seine<br />
epuis quelques années, le développement de la génétique et des neurosciences bouleverse<br />
notre perception des pathologies. La neuro-imagerie en particulier développe de nouvelles fenêtres<br />
de compréhension des maladies.<br />
Selon le point de départ de la pathologie, organique,<br />
psychologique ou social va s’installer un tableau clinique<br />
particulier : par exemple, un dysfonctionnement corporel<br />
d’origine génétique, infectieux, immunologique peut entraîner<br />
des conséquences psychologiques et des répercussions<br />
sociales, lorsque cette pathologie dure dans le temps.<br />
Mais un trouble psychique peut créer des perturbations<br />
physiques et des difficultés relationnelles durables et un<br />
problème social persistant peut entraîner des conséquences<br />
physiques et psychiques qui se chronicisent.<br />
Ainsi, Allan Young, anthropologue à l’université Mac Gill<br />
de Montréal, a proposé l’usage de trois mots anglais pour<br />
résumer ces trois situations (1) :<br />
- Disease pour l’aspect organique de la pathologie.<br />
- Illness pour l’expérience reconnue par le patient dans son<br />
aspect psychologique<br />
- Sickness pour le ressenti social.<br />
Plusieurs pathologies ont vu leur compréhension évoluer au<br />
cours de ces dix dernières années, citons comme exemples :<br />
- L’autisme, longtemps considéré comme un problème<br />
individuel, relationnel de la mère à l’enfant donc psychique,<br />
a vu sa compréhension bouleversée par les différentes études<br />
sur la génétique de cette maladie. Combien de mères ont été<br />
malheureusement jugées responsables du désarroi de leur<br />
enfant.<br />
- La tuberculose, bien avant que le bacille de Koch ne<br />
soit découvert, fut un exemple de maladie psycho-sociale,<br />
contribuant à développer une littérature romantique des plus<br />
riches. La découverte du bacille, pathologie organique, puis<br />
son traitement efficace ont tourné une page de l’évolution<br />
artistique.<br />
- <strong>Le</strong> stress professionnel, pathologie montante, éminemment<br />
sociale conduit à des troubles physiques et personnels dont<br />
les médias nous relatent les effets au quotidien.<br />
<strong>Le</strong> cursus de nos études médicales nous guide vers la<br />
compréhension des maladies-disease, nous en connaissons<br />
toutes les formes cliniques, les raretés, et surtout toutes les<br />
thérapeutiques possibles.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
36<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
Cependant nos études médicales ne sont guère performantes<br />
pour nous préparer à répondre aux interrogations<br />
existentielles de nombreux patients, induites par leur statut<br />
de malades.<br />
Parfois l’enseignement au lit du malade ou dans un cabinet<br />
privé permet de rencontrer des maîtres de stages intéressés<br />
par cette humanité au-delà des symptômes.<br />
Il reste cependant une difficulté pour le jeune diplômé, celle<br />
de découvrir suffisamment de confiance intérieure pour<br />
engager ce dialogue sur la maladie-illness.<br />
L’ESPRIT ET LE CORPS,<br />
UNE INTERACTION<br />
PERMANENTE ?<br />
Depuis quelques années, la recherche<br />
nous conduit à repenser le paradigme<br />
selon lequel la pensée influence le corps<br />
et le modèle à sa volonté.<br />
De nombreux exemples bousculent cette<br />
hypothèse : le corps impose aussi sa loi à<br />
la pensée, bien que cette interaction soit<br />
bijective, terme mathématique qui définit<br />
une relation égale dans les 2 sens.<br />
Chez les artistes et dans de nombreux<br />
sports, le conscient doit être mis en veille<br />
pour laisser la part physique, sensorielle,<br />
corporelle s’exprimer.<br />
Cette réalité du corps est aussi une preuve<br />
d’humilité pour l’esprit, vénéré pour sa<br />
créativité, certaines maladies apparaissent en opposition<br />
à cette permanence du corps jugée comme une tyrannie :<br />
l’anorexie mentale, « le burn out » pour ne citer que les plus<br />
emblématiques.<br />
Il ne peut exister de « pur esprit ».<br />
L’idée que la perception des émotions repose sur les états du<br />
corps a été abordée par Paul ekman. (2)<br />
Expérience : Paul ekman a demandé à des volontaires de<br />
reproduire sur leurs visages des mouvements de certains<br />
muscles faciaux sans leur expliquer le but de l’expérience.<br />
en réalité, ces mouvements étaient censés conférer une<br />
expression émotionnelle aux patients sans que ceux-ci en<br />
soient avertis.<br />
<strong>Le</strong>s volontaires ont ainsi ressenti l’exacte émotion que les<br />
expérimentateurs pensaient créer en leur demandant de<br />
mimer des “grimaces”.<br />
Cette étude suggère :<br />
- soit qu’une partie de l’état corporel caractéristique d’une<br />
émotion suscitée suffit à permettre sa perception,<br />
- soit que cette partie suscite la reconstitution de l’état corporel<br />
complet, ce qui permet de ressentir l’émotion en question.<br />
« L’âme est l’idée du corps » disait Spinoza.<br />
L’émotion est le lien entre le corps et la pensée : sans perceptions<br />
sensorielles pas d’émotion, sans émotion pas de raison.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
Par ses études et ses écrits sur les blessés cérébraux de toutes<br />
origines (tumorale, traumatique, vasculaire...), Antonio<br />
Damasio, neurophysiologiste américain d’origine portugaise<br />
a échafaudé une théorie du fonctionnement du cerveau qui<br />
étaye cette célèbre phrase de Spinoza. (3)<br />
<strong>Le</strong>s neuro-physiologistes nous ont montré grâce à l’IRM<br />
fonctionnelle, que vivre une émotion et la rêver activent les<br />
mêmes zones cérébrales, nous verrons plus loin l’importance<br />
de cette phrase.<br />
Certains résument même leur travail ainsi : nous rêvons la<br />
réalité plus que nous la vivons.<br />
LA FIBROMyALGIE,<br />
UNE MALADIE SPéCIFIQUE ?<br />
nous parlerons ici de la fibromyalgie dite<br />
primitive, dont nous résumerons la clinique<br />
à quelques points essentiels acceptés<br />
internationalement.<br />
Il s’agit d’un syndrome clinique chronique<br />
caractérisé par des douleurs musculosquelettiques<br />
et tendineuses diffuses<br />
évoluant depuis plus trois mois, une<br />
asthénie, des troubles du sommeil.<br />
Il est important de conserver la notion de<br />
syndrome car elle caractérise une entité<br />
très hétérogène comme nous le constatons<br />
au quotidien.<br />
Il existe quelques signes plus généraux<br />
considérés comme constants dans le tableau<br />
clinique : la fatigue générale, la raideur<br />
matinale, une fatigabilité musculaire.<br />
Pour beaucoup de médecins, la fibromyalgie reste une<br />
maladie-illness, puisque manquent les preuves de son<br />
organicité.<br />
Une étude datant de 2009, apporte un nouvel éclairage :<br />
Watson (4) a demandé à un neurologue d’examiner en<br />
aveugle de la pathologie, 166 fibromyalgiques et 66 témoins<br />
pour rechercher une concordance entre les allégations des<br />
patients et l’examen objectif.<br />
Il retrouve statistiquement trois anomalies : une dysphonie<br />
(42 % versus 8 %), une parésie (33 % versus 3 %) et des<br />
perturbations de la sensibilité quelle qu’elle soit (65 % versus<br />
25 %). Cependant la concordance entre les symptômes<br />
allégués et l’examen clinique reste relative.<br />
1. Nous pouvons aborder le syndrome clinique de<br />
la fibromyalgie en utilisant les trois modes d’entrée<br />
évoqués :<br />
a- <strong>Le</strong>s variables biologiques et génétiques<br />
Des équipes suisses ont remarqué que l’enzyme hépatique<br />
cytochrome 2D6 qui métabolise de nombreux médicaments<br />
analgésiques existait sous forme de quatre phénotypes.<br />
10 % sont des métaboliseurs lents et 10 % de métaboliseurs<br />
rapides.<br />
Si les métaboliseurs lents ont un seuil de la douleur abaissé<br />
avec un déficit relatif de production endogène de morphine
au niveau du système nerveux central, cette équipe a surtout<br />
retrouvé, chez leurs fibromyalgiques à hypersensibilité<br />
centrale de la douleur, plus de métaboliseurs rapides.<br />
La prédisposition sexuelle peut être expliquée par une<br />
perception différente de la douleur entre hommes et femmes<br />
mais aussi par la violence faites aux femmes dans nos<br />
sociétés.<br />
<strong>Le</strong> sommeil peut aussi comporter une variable génétique<br />
particulière, il existe naturellement des « petits dormeurs »<br />
et des « gros dormeurs », et qu’en est-il de la fibromyalgie ?<br />
b- <strong>Le</strong>s facteurs comportementaux et cognitifs ou illness<br />
Ils regroupent le catastrophisme, les croyances et attributions<br />
associées à la douleur, mais aussi les stratégies active et<br />
passive pour lutter contre cette dernière, l’hypervigilance et<br />
surtout la quête du sens sur ce qui leur arrive.<br />
Chez les fibromyalgiques, l’hypersensibilité au stress entraîne<br />
une variabilité sensorielle, avec pour certains auteurs des «<br />
pertes » sensorielles dans l’auditif et l’olfactif.<br />
c- <strong>Le</strong>s variables socioculturelles et environnementales ou<br />
sickness<br />
elle comporte des expériences psycho-sociales souvent<br />
particulières durant l’enfance : des situations douloureuses,<br />
violentes ou d’intenses émotions accumulées à des moments<br />
clés de la jeunesse ou de la vie, d’abus sexuels ou des<br />
contraintes de vie importantes imposées par le milieu familial,<br />
le sport-étude par exemple.<br />
2. L’analyse des corrélations et divergences entre<br />
douloureux chroniques et fibromyalgiques nous<br />
conforte dans cette nécessité de considérer la<br />
fibromyalgie comme une entité à part.<br />
nous avons tous remarqué que le vécu douloureux diffère<br />
entre fibromyalgiques et douloureux chroniques, tout comme<br />
l’efficacité et les effets secondaires des traitements proposés<br />
souvent identiques.<br />
Un travail mené par le Pr Anne Françoise Allaz (5) et<br />
son équipe, aux hôpitaux de Genève, s’est intéressé à<br />
l’exploration des attributions causales de leur maladie entre<br />
fibromyalgiques et lombalgiques chroniques.<br />
Aux deux questions posées « A quoi attribuez-vous votre<br />
maladie et comment cela a-t-il commencé ? », les attributions<br />
causales diffèrent : les fibromyalgiques évoquent des<br />
éléments traumatiques souvent d’ordre psychologique et les<br />
lombalgiques la surcharge de travail et l’usure du corps.<br />
Dans les deux situations, la survenue des symptômes est jugée<br />
brutale, bien identifiée dans 90 % des cas de fibromyalgie ;<br />
elle est jugée traumatique chez les fibromyalgiques dans<br />
plus de 50 % des cas, en citant tout d’abord le deuil puis les<br />
difficultés vécues dans l’enfance.<br />
elles sont décrites comme causes directes des symptômes<br />
dans les deux tiers des cas.<br />
L’hypervigilance aux symptômes existe dans les deux<br />
situations, mais l’hypersensibilité aux stress est majeure dans<br />
la fibromyalgie.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 37<br />
La conclusion de l’étude est la suivante : « la richesse des<br />
narrations montre que l’exploration des attributions et du vécu<br />
de la maladie peuvent être utiles à la relation thérapeutique<br />
notamment pour donner un sens à la plainte et co-construire<br />
un projet de soins. »<br />
3. L’épidémiologie de la fibromyalgie primitive :<br />
elle semble représenter 2 % de population, une enquête<br />
française récente, DeFI, conclut à retenir le chiffre de 1,5 %<br />
pour notre pays.<br />
Plus intéressant sont les 7,3 % obtenus par une étude<br />
effectuée chez les Amish. (6) nous allons nous attarder sur<br />
ce groupe d’abord pour rappeler que ce n’est pas le niveau<br />
des prestations sociales qui est à la base de la recrudescence<br />
de la fibromyalgie puis pour constater qu’il existe dans cette<br />
population des correspondances intéressantes avec notre<br />
propos en reprenant la grille de lecture «bio psycho sociale».<br />
- La composante biologique ou génétique :<br />
<strong>Le</strong>s trois plus importantes congrégations des états-Unis<br />
rassemblent cinq mêmes noms de famille pour 50 %<br />
de population. <strong>Le</strong>s Amish ont instauré un contrôle de<br />
consanguinité avant tout mariage. existe-t-il un facteur<br />
prédisposant ?<br />
- La part individuelle :<br />
La négation de l’individualisme est considérée comme un<br />
facteur de protection selon les fondateurs : « comme il y a peu<br />
de choix individuels, il y a moins de stress psychologique ».<br />
Cependant, leurs médecins remarquent la fréquence notable<br />
de la dépression féminine et l’utilisation tout aussi importante<br />
de tranquillisants chez les jeunes femmes.<br />
<strong>Le</strong>s familles, élargies à 3 générations vivent ensemble sous<br />
le même toit; les jeunes femmes sont sous surveillance<br />
constante, étroite de la famille.<br />
elles n’ont pas de moyens d’exprimer leur frustration par<br />
l’agressivité, le contrôle de cette dernière étant un des piliers<br />
fondateurs de la doctrine.<br />
<strong>Le</strong>s femmes doivent avoir environ 8 à 10 enfants en vingt<br />
ans et le mariage intervient moins par amour que par<br />
le respect mutuel et l’engagement envers la famille et la<br />
communauté.<br />
- <strong>Le</strong> social par ces liens communautaires :<br />
Si la non-violence absolue est une règle, aucune étude<br />
sociologique n’évoque la «violence masculine» conjugale.<br />
<strong>Le</strong>s travaux agricoles et domestiques sont intenses du matin<br />
au soir tard, avec un domaine clairement délimité séparant<br />
l’activité des hommes et des femmes. Si le respect mutuel<br />
est une règle, la femme reste au second plan, soumise<br />
à son mari, et la valorisation de son travail fondue dans<br />
l’ensemble.<br />
À ce stade de la réflexion, nous devons évoquer ce<br />
bouleversement dans la compréhension du fonctionnement<br />
du cerveau et sa relation au corps qu’est la plasticité cérébrale.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
38<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
LA PLASTICITé CéRéBRALE,<br />
UNE RéALITé UTILISABLE ?<br />
nous savons depuis une trentaine d’années environ que les<br />
théories du localisationnisme, c’est-à-dire de l’immuabilité<br />
des aires corticales, sont battues en brèche par différentes<br />
équipes notamment américaines.<br />
elles ont prouvé que l’on pouvait modifier le câblage du<br />
cerveau par des stimulations sensorielles périphériques.<br />
Ainsi, le travail par la perception sensorielle corporelle<br />
modifie la structure du cerveau. Ceci nous renvoie à la<br />
bijectivité des interactions.<br />
nous citerons quelques études chez l’animal dont nous<br />
pouvons faire le parallèle avec la pathologie fibromyalgique :<br />
Chez le rongeur, une expérience de privation maternelle ou<br />
paternelle dès la naissance modifie la distribution topologique<br />
des synapses de certains neurones du cortex limbique. Cette<br />
altération persiste chez le rongeur adulte.<br />
D’autres expériences, menées chez un rat dans un labyrinthe<br />
stressant sans issue, montre que le nombre de neurones de<br />
l’Hippocampe diminue après trois semaines d’exposition,<br />
tout comme le nombre de dendrites des synapses : il n’est<br />
plus capable de gérer son stress. <strong>Le</strong>s chercheurs ont même<br />
constaté, dans certains cas, que la régénération paraissait<br />
impossible.<br />
Cette plasticité a aussi été étudiée chez l’homme.<br />
Certaines équipes ont retrouvé dans le bulbe olfactif et<br />
l’hippocampe, puis d’autres zones du tronc cérébral, des<br />
cellules neurologiques capables de se multiplier, de modifier<br />
des connexions synaptiques en nombre par cellules et en<br />
connectique. elles évaluent la neurogenèse de l’Hippocampe<br />
à environ 3000 neurones par jour. or l’hippocampe est le<br />
siège d’un des feed-back important des corticoïdes sur le<br />
cerveau.<br />
Une réduction du volume de l’hippocampe a été remarquée<br />
dans les états dépressifs avec un retour à la normale<br />
obtenu, aussi bien grâce à des thérapies chimiques que des<br />
psychothérapies.<br />
Ce même hippocampe, siège de la mémorisation, a été<br />
étudié chez des apprentis taxis londoniens : cette étude<br />
amusante confirme la variabilité de taille de cet hippocampe<br />
entre des étudiants qui maîtrisent la mémorisation du plan de<br />
la ville de Londres par rapport à ceux qui utilisent un guide<br />
ou un GPS à la fin de leur stage. <strong>Le</strong>s premiers voient cette<br />
aire cérébrale doubler de volume à la fin de l’apprentissage.<br />
Paul Bach-y-Rita, neurologue, a travaillé avec des ingénieurs<br />
pour induire chez différents patients soumis à des pertes<br />
sensorielles, une réorganisation des circuits cérébraux,<br />
une perception nouvelle ou une réutilisation de structures<br />
sensorielles devenue inopérantes : il a pu, avec son équipe,<br />
le démontrer notamment chez des aveugles, des amputés,<br />
des accidentés vasculaires cérébraux, des hémiplégiques, ou<br />
lors de troubles majeurs de l’équilibre... (7)<br />
Paul Bach-y-Rita, décédé, ses équipes poursuivent ses<br />
recherches sur le remodelage des connexions cérébrales<br />
par le travail sensoriel périphérique : ils constatent que<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
« la plasticité ne se rencontre jamais de façon isolée. Si une<br />
zone se modifie, celles qui lui sont raccordées se modifient ».<br />
Des études en IRM fonctionnelle ont évalué le volume<br />
cérébral des adolescents soumis à une maltraitance : ils ont<br />
retrouvé une réduction globale de tout le volume cérébral.<br />
Récemment, suite à une autre étude chez des soldats<br />
américains très perturbés psychiquement à leur retour d’Irak,<br />
de mêmes anomalies cérébrales ont été retrouvées.<br />
Ainsi, la plasticité cérébrale existe, elle aussi, de façon<br />
bijective, positive ou négative<br />
La découverte la plus intéressante concernant la fibromyalgie<br />
dans ce domaine, a été récemment publiée dans la Revue<br />
du Rhumatisme de mai 2009 sous le titre : « quelle est la<br />
signification clinique des anomalies retrouvées en neuroimagerie<br />
dans la fibromyalgie ? » ( 8)<br />
C’est la confirmation de l’hypothèse d’un dysfonctionnement<br />
global des processus centraux de la douleur, avec une<br />
augmentation de la perception nociceptive et la diminution<br />
de la réponse affective et émotionnelle de la douleur.<br />
Ainsi, les études morphologiques cérébrales ont démontré<br />
une perte de matière grise dans la plupart des structures<br />
fonctionnellement impliquées que sont le cortex somato<br />
sensoriel, l’amygale, l’hippocampe, le cortex cingulaire<br />
antérieur et le cortex frontal supérieur, structures qui gèrent<br />
entre autres les émotions et la douleur.<br />
Ces études témoignent d’une différence notable entre les<br />
fibromyalgiques et les témoins sur la morphologie et la<br />
fonction des aires corticales et sous corticales impliqués dans<br />
les dimensions sensorielle, affective et attentionnelle de la<br />
douleur.<br />
À ce constat d’organicité, biologique, vient s’ajouter la<br />
part émotionnelle et symbolique que le patient installe au<br />
cours de sa vie. Ainsi, le catastrophisme est un mode de<br />
fonctionnement qui entraîne une augmentation d’activité<br />
des aires cérébrales intervenant sur l’anticipation de la<br />
douleur, l’attention à la douleur, des aspects émotionnels de<br />
la douleur et même son contrôle moteur. L’aspect social est<br />
aussi un facteur d’influence : selon le contexte dans lequel<br />
vivra le patient, le vécu de sa douleur, son expression prendra<br />
une ampleur différente ; ainsi la personne fibromyalgique<br />
qui vit seule tolère moins bien ses douleurs que celle vivant<br />
en couple.<br />
nous pouvons légitimement poser la question suivante :<br />
ces anomalies cérébrales constatées sont-elles causes ou<br />
conséquences de la pathologie fibromyalgique ?<br />
Il semble, à la lumière des exemples cités ci-dessus, que les<br />
pertes de matière grise visualisée à l’IRM fonctionnelle sont<br />
les conséquences d’un stress chronique.<br />
La question sous-jacente repose sur la réalité d’un « retour<br />
complet ou partiel à la normale » des structures cérébrales et<br />
leurs connexions, chez toutes ou partie des fibromyalgiques,<br />
et par quel processus ?<br />
Aucune étude IRM n’a pour l’instant répondu à cette question.
L’hyPNOSE, UTILE ?<br />
éric KAnDeL, prix nobel de physiologie et de médecine en<br />
2000 pour ses travaux sur l’aplysie, mollusque marin, a, le<br />
premier, montré que l’apprentissage engendre un renforcement<br />
neuroplastique des connexions entre neurones. (9)<br />
Il affirme que lorsque la psychothérapie transforme<br />
quelqu’un, « elle le fait probablement au travers d’un<br />
processus d’apprentissage, en opérant des changements<br />
dans l’expression des gènes qui altèrent la puissance des<br />
connexions synaptiques et, par des changements structurels<br />
qui modifient le schéma anatomique des interconnexions<br />
entre les cellules nerveuses du cerveau. »<br />
<strong>Le</strong>s nombreuses études sur l’activité hypnotique, notamment<br />
celles de Pierre Rainville, (10) ont ouvert des pistes de<br />
compréhension du fonctionnement des suggestions<br />
hypnotiques : elles activent le cortex préfrontal et le cortex<br />
cingulaire antérieur, ainsi que le tronc cérébral.<br />
L’hypnose module des structures corticales impliquées dans<br />
la douleur en ciblant la composante sensorielle qui affecte<br />
principalement S1 et la composante affective qui concerne<br />
principalement le CCA tout en contrôlant les réponses<br />
réflexes descendantes.<br />
D’autres zones sont aussi activées, comme le cortex cingulaire<br />
rostral et l’insula antérieure, zone de projection corporelle<br />
des souvenirs.<br />
L’étonnante capacité de changement obtenue par hypnose,<br />
souvent bien au-delà des premiers objectifs, nous questionne<br />
sur les modulations cérébrales qu’elle peut induire.<br />
À la lumière des études déjà évoquées dans la plasticité<br />
cérébrale, l’hypnose, qui utilise l’imagerie mentale, le « rêve »,<br />
la créativité, réutilise des connexions sensorielles « mises en<br />
sommeil » et permet ainsi de réactiver des voies synaptiques<br />
existantes, de créer de nouvelles synapses, de « gonfler »<br />
certaines zones cérébrales et d’instaurer une nouvelle<br />
connectique entre certaines aires cérébrales : nous avons vu<br />
que rêver et vivre activent les mêmes zones cérébrales.<br />
<strong>Le</strong>s quelques études menées sur l’intérêt de l’hypnose dans la<br />
fibromyalgie aboutissent pourtant à un constat : si l’hypnose<br />
permet d’améliorer la qualité du sommeil et la perception du<br />
ressenti de la douleur, elle agit finalement modérément sur<br />
l’eVA-douleur. (11)<br />
Dans mon expérience, l’obtention du lâcher-prise chez la<br />
fibromyalgique prendra plus de temps que chez le douloureux<br />
chronique, du fait de l’hypervigilance et du manque de<br />
confiance envers l’autre qu’elle a développé.<br />
La créativité et l’imaginaire paraissent aussi moins<br />
fréquemment mobilisables que chez le douloureux chronique,<br />
le travail sur les canaux sensoriels souvent perturbés rouvre les<br />
anciennes émotions et réorganise les connexions synaptiques<br />
restées en veille pendant de nombreuses années.<br />
Il est souvent nécessaire de poursuivre plus longtemps chez<br />
le fibromyalgique les séances d’hypnose pour obtenir un<br />
résultat, alors que la réduction de la douleur peut prendre<br />
quelques séances chez le douloureux chronique.<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 39<br />
Un travail psychothérapeutique conjoint est le plus souvent utile,<br />
mais si le traumatisme, le choc émotionnel, le stress cumulé<br />
initiaux restent enkystés, le patient « préférant se protéger »<br />
que d’affronter l’émotion douloureuse, l’hypnose permet<br />
d’aborder le changement par un travail de distanciation.<br />
<strong>Le</strong> chanteur Corneille, seul rescapé de sa famille massacrée<br />
au Rwanda, évoque le changement : « …être suffisamment<br />
fort et vivant pour demander de l’aide et affronter son passé,<br />
aussi ignoble soit-il, sans qu’il vous empêche de vivre au<br />
présent et d’aller vers l’avenir ».<br />
Souvent, l’hypnose permet de rallumer cette force de vie pour<br />
pouvoir changer.<br />
La plasticité cérébrale prend toute sa place : si l’hypnose est<br />
un moyen pour recâbler des connexions et/ou d’en créer<br />
de nouvelles, il faut stimuler plus souvent et longtemps ces<br />
voies neurologiques pour obtenir une stabilisation qui se<br />
maintienne et s’active.<br />
<strong>Le</strong>s changements obtenus sont d’autant plus lentement<br />
acquis que l’exposition au stress et aux défenses construites<br />
par les patients, ont été prolongées. Il s’agit dans ce cas<br />
d’une plasticité cérébrale négative.<br />
C ONCLUSION<br />
Un terrain biologique et génétique, une perception symbolique<br />
particulière de la douleur, rendent les fibromyalgiques<br />
vulnérables à une agression multiforme sociale chronique.<br />
Une plasticité cérébrale d’adaptation se met en place sous l’influence<br />
des multiples hormones sécrétées, dont les corticoïdes,<br />
vecteurs majeurs du stress chronique. Cette modification s’installe<br />
et aboutit à un changement de l’anatomie cérébrale.<br />
Ceci permet de comprendre l’extrême hétérogénéité de cette<br />
maladie, comme son mode de présentation, son terrain, ses<br />
modes d’entrée et par voie de conséquence ses thérapies.<br />
il est souhaitable que des études se poursuivent sur la plasticité<br />
cérébrale des douloureux chroniques quelle que soit<br />
l’étiologie, sur les modalités de régénération des réductions<br />
cérébrales constatées. Parallèlement, il convient de garder en<br />
mémoire les critères génétique, individuel et collectif pour éviter<br />
les errements, les stigmatisations et pour mieux individualiser<br />
les thérapies.<br />
RéFéRENCES<br />
1. « La solution intérieure » Thierry Janssen Ed Fayard<br />
2. Ekman, P. (2003). Darwin, Deception, and Facial Expression. Annals of the New<br />
York Academy of Sciences, 1000, 205-221.<br />
Ekman, P., & Davidson, R. J. (1993). Voluntary Smiling Changes Regional Brain Activity.<br />
Psychological Science, 4 (5), 342-345.<br />
3. « L’Erreur de Descartes » et « Spinoza avait raison » d’Antonio Damasio, éditions<br />
Odile Jacob.<br />
4. Watson NN et coll; neurologic signs and symptomes in FM. Arthritis and rheumatism<br />
2009; 60; 2839-2844.<br />
5. Aspects psychologiques de la fibromyalgie » Anne Françoise Allaz ; Revue du<br />
Rhumatisme 70 2003 331-336.<br />
6. « L’énigme Amish » par Jacques Légeret, Ed Labor et Fides.<br />
7. « <strong>Le</strong>s étonnants pouvoirs de transformation du cerveau. » de Norman Doidge<br />
Pocket n°13849.<br />
8. Revue du Rhumatisme Mai 2009 Vol 76 - n°5.<br />
9. À la recherche de la mémoire, une nouvelle théorie de l’esprit, Eric Kandel éditions<br />
Odile Jacob 2007.<br />
10. Rainville P., Hofbauer R.K., Paus T, et al. Cerebral mechanisms of hypnotic induction<br />
and suggestion. J. Cogn. Neurosci., 1999 jan.,11 (1), 110-25.<br />
11. « Fibromyalgie et hypnose », Douleur, septembre 2008 vol.9 ; 169-173.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
40<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
arthrite à CryPtoCoCCuS<br />
neoFoManS révéLatriCe<br />
d’une SarCoïdoSe<br />
Zomalheto Z1 , Boibieux A2 , Larbre JP1 , Persat F3 , Llorca G1 1 Service de Rhumatologie - Centre Hospitalier de Lyon<br />
2 Service des maladies infectieuses et tropicales - Groupement Hospitalier de Lyon<br />
3 Service de parasitologie mycologie médicale - Université de Lyon<br />
L es cas de cryptococcose articulaire sont rares et doivent faire rechercher une<br />
immunodéficience associée (HIV, les hémopathies lymphoïdes malignes, les néoplasies, les<br />
transplantations). Nous rapportons le cas d’un patient VIH négatif atteint d’une monoarthrite du<br />
genou droit à Cryptococcus neoformans révélant une sarcoïdose.<br />
INTRODUCTION<br />
La sarcoïdose, ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann<br />
(BBS) ou lymphogranulomatose bénigne est une maladie inflammatoire<br />
systémique de cause inconnue, qui atteint préférentiellement<br />
les poumons, mais peut atteindre n’importe<br />
quel organe. Son diagnostic repose sur un faisceau d’arguments<br />
biologiques, radiologiques et anatomopathologiques.<br />
elle est souvent à l’origine d’une immunodépression cellulaire<br />
TCD4 qui peut - rarement -faire le nid d’infections opportunistes<br />
[1]. La sarcoïdose n’est cependant pas considérée<br />
comme un facteur de risque infectieux. <strong>Le</strong>s complications infectieuses<br />
sont souvent d’origine iatrogène [2].<br />
La cryptococcose est l’infection fungique la plus fréquemment<br />
rapportée (48,2 %), toutefois la localisation articulaire est très<br />
rare [3, 4].<br />
nous rapportons le cas d’un patient atteint d’une monoarthrite<br />
du genou droit à Cryptococcus neoformans révélant<br />
exceptionnellement une sarcoïdose.<br />
OBSERvATION<br />
Patient de 18 ans, paysagiste depuis 5 ans, été admis aux urgences<br />
puis hospitalisé dans le service de rhumatologie pour<br />
une monoarthrite aiguë du genou droit.<br />
Dans les antécédents, on ne retrouvait qu’une mononucléose<br />
infectieuse 10 mois auparavant. on ne notait pas d’intoxi-<br />
LE RHUMATOLOGUE 74 <strong>75</strong> / SEpTEMbRE MAI <strong>2010</strong> <strong>2010</strong><br />
cation alcoolo-tabagique, ni de notion de consommation<br />
de drogues. L’anamnèse retrouvait une symptomatologie<br />
évoluant depuis 10 jours avant l’admission par l’apparition<br />
brutale, au décours d’un épisode rhinopharyngé, d’une gonalgie<br />
droite d’emblée invalidante accompagnée de gonflement,<br />
sans fièvre, sans signes généraux ni viscéraux retrouvés.<br />
<strong>Le</strong> patient a pris du kétoprofène pendant 10 jours<br />
sans succès. Devant l’intensité des douleurs et le gonflement<br />
important du genou, il fut admis aux urgences puis dans le<br />
service de rhumatologie.<br />
A l’examen clinique, le patient avait un bon état général,<br />
apyrétique. on retrouvait une discrète amyotrophie quadricipitale<br />
droite, un flexum à 45° du genou droit, très douloureux<br />
à la mobilisation. <strong>Le</strong> choc rotulien était positif. La ponction<br />
articulaire ramenait un liquide jaune citrin, inflammatoire.<br />
La radiographie standard du genou droit n’a retrouvé qu’une<br />
densification des parties molles. L’IRM retrouvait un important<br />
épanchement articulaire associé à une synovite sans abcès<br />
intra-osseux (figure 1).<br />
<strong>Le</strong>s examens biologiques retrouvaient une absence d’hyperleucocytose<br />
mais une lymphopénie TCD4 à 158/mm 3 ,<br />
une CRP à 250mg/l, une hypergammaglobulinémie polyclonale.<br />
<strong>Le</strong>s hémocultures sont négatives, les examens bactériologiques<br />
et recherche de mycobactéries négatifs dans le<br />
sang, liquide articulaire et biopsies synoviales sont négatifs.<br />
<strong>Le</strong>s facteurs anti nucléaires, le test de farr, les facteurs rhumatoïdes<br />
et les antiCCP sont négatifs.
Figure 1. IRM du genou droit en coupe sagittale avec injection de gadolinium<br />
L’examen mycologique pratiqué sur les biopsies synoviales a<br />
révélé la présence de levures de cryptococcus neoformans.<br />
L’examen du liquide cépahalo-rachidien (examen microscopique<br />
avec coloration à l’encre de Chine, Gomori-Grocott et<br />
la culture systématique) était sans particularité. <strong>Le</strong>s sérologies<br />
HIV 1et 2, hépatitiques sont revenues négatives. <strong>Le</strong> scanner<br />
TAP réalisé a mis en évidence des adénopathies médiastinales<br />
et une splénomégalie nodulaire (figure 2). <strong>Le</strong>s investigations<br />
ultérieures, enzymes de conversion élevées, la persistance de<br />
la lymphopénie CD4< 200/mm 3 , la mise en évidence de<br />
granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires sans nécrose<br />
caséeuse à la biopsie ostéo-médullaire) ont permis de retenir<br />
le diagnostic de sarcoïdose.<br />
Figure 2. Scanner TAP révélant une spléomégalie d’allure nodulaire<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 41<br />
<strong>Le</strong> patient a été mis dans un premier temps sous amphotéricine<br />
B responsable au bout de 48 heures d’une insuffisance<br />
rénale aiguë nécessitant le passage dans un deuxième temps<br />
au fluconazole 400 mg/j pendant 2 mois suivi d’un traitement<br />
d’entretien de 200 mg.<br />
L’évolution a été favorable avec régression des signes et normalisation<br />
progressive des signes biologiques de l’inflammation.<br />
notons que le patient n’a pas bénéficié d’un traitement<br />
par corticoïde, par contre il a reçu du bactrim 480 mg/j en<br />
dose prophylactique.<br />
DISCUSSION<br />
<strong>Le</strong> cryptocoque est une levure encapsulée saprophyte, le plus<br />
souvent opportuniste. La principale espèce pathogène chez<br />
l’homme est Cryptococcus neoformans dont il existe deux sérotypes<br />
(A et D). <strong>Le</strong> sérotype A est fortement lié à l’infection<br />
par le VIH [4, 5].<br />
La contamination se fait par inhalation de levures aérosolisées.<br />
La diffusion se fait ensuite par voie hématogène. Il<br />
existe de rares cas de contamination par voie cutanée, d’origine<br />
traumatique. La transmission interhumaine n’est pas<br />
établie. Chez notre patient, la contamination a dû se faire<br />
lors de travaux dans un pigeonnier.<br />
<strong>Le</strong> développement d’une cryptococcose maladie dépend de<br />
trois facteurs principaux : les défenses de l’hôte, la virulence<br />
du germe et l’importance de l’inoculum. L’immunodépression<br />
est donc un facteur essentiel de survenue d’une cryptococcose<br />
symptomatique. <strong>Le</strong>s infections à cryptocoque sont<br />
notamment favorisées par la diminution de l’immunité à<br />
médiation cellulaire [6]. Ceci correspond bien au profil de<br />
notre patient qui présentait une immunodépression cellulaire<br />
TCD4 à 158/mm 3 .<br />
notons cependant que dans 20 % des cas, il n’est retrouvé<br />
aucun terrain prédisposant et notamment aucune immunodépression<br />
[6, 7].<br />
Des infections à cryptocoque ont été rapportées dans de<br />
nombreuses situations qui induisent directement ou à la faveur<br />
des traitements, une immunodépression : les hémopathies<br />
lymphoïdes malignes, les néoplasies, la sarcoïdose, les<br />
cirrhoses, la polyarthrite rhumatoïde et les transplantations<br />
[8, 9,10].<br />
<strong>Le</strong> terrain de sarcoïdose retrouvé chez notre patient peut bien<br />
s’inscrire dans ce cadre.<br />
Cependant, dans le cas de la sarcoïdose, la découverte<br />
d’une cryptococcose est souvent retrouvée au cours du<br />
traitement par les corticoïdes et il s’agit bien souvent d’une<br />
atteinte neuroméningée ou respiratoire. elle est rarement<br />
osseuse. L’arthrite cryptococcique est rare et s’observe<br />
habituellement en association avec une corticothérapie<br />
[11, 12,]<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
42<br />
FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />
L’atteinte articulaire, et en plus révélatrice dans notre cas, est<br />
exceptionnelle et paraît être le premier cas suivant notre revue<br />
de littérature. <strong>Le</strong> diagnostic repose surtout sur la biopsie<br />
du tissu atteint [4, 13].<br />
<strong>Le</strong> traitement de la cryptococcose chez le patient VIH négatif,<br />
fait appel à des antifongiques notemment l’amphotéricine B<br />
à la dose de 0,7 à 1 mg/kg/j parfois associée au 5-fluorocytosine<br />
ou du fluconazole à la dose de 400 mg/j pendant<br />
6 à 10 semaines.<br />
L’itraconazole parfois utilisé paraît bien moins efficace [4, 14].<br />
notre patient a bénéficié du traitement par fluconazole à<br />
l’instar du rare cas décrit par Agrawal et coll. [15]. L’évolution<br />
de la cryptococcose quelle que soit la localisation est<br />
mauvaise en l’absence du traitement avec une tendance à la<br />
dissémination mettant en jeu le pronostic vital. [15]<br />
C ONCLUSION<br />
La rareté de la localisation articulaire de l’infection à cryptocoque<br />
en général et son caractère révélateur de la sarcoïdose<br />
constituent l’originalité de l’observation.<br />
Devant les cas de plus en plus rapportés d’apparition de<br />
cryptococcose sur un terrain de sarcoïdose, nous pouvons<br />
conclure, sous réserves d’études immunologiques plus<br />
fines, que la sarcoïdose constitue un facteur de risque infectieux<br />
de développement d’infection à cryptocoque et<br />
la recherche de sarcoïdose doit donc être systématique<br />
devant toute infection cryptococcique chez un sujet ViH<br />
négatif.<br />
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LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
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r r<br />
1- R.P. Baughman, E.E. Lower and R.M. du Bois, Sarcoidosis, Lancet 361 (2003), pp.<br />
1111–1118.<br />
2- N. Girard, V. Cottin, A. Hot, B. Etienne-Mastroianni, C. Chidiac and J.F. Cordier.<br />
infections opportunistes et sarcoïdose. Rev Mal Respir 2004; 21: 1083- 90.<br />
3- Geller DS, Pope JB, Thornhill BA, Dorfman HD.Cryptococcal pyarthrosis and sarcoidosis.<br />
Skeletal Radiol. 2009 Jul;38(7):721-7.<br />
4- Dromer F. Cryptococcose. EMC- Maladies infectieuses 1 (2004): 21-37.<br />
5- A. Rameh, K. Oufroukhil, M.J. Youssef, E. Laurens Arthrite à Cryptococcus neoformans.<br />
A propos d’un cas . Chir Main 2000 ; 19 : 269-71<br />
6- D. <strong>Le</strong>beaux, F. Lanternier, A. <strong>Le</strong>fort, M. <strong>Le</strong>cuit, O. Lortholary Risque infectieux fongique<br />
au cours des maladies systémiques. Presse Med. 2009; 38: 260–273.<br />
7- M. Revest, O. Decaux, T. Frouget, C. Cazalets, J.D. Albert, et coll.<br />
infections à cryptocoque chez des patients non ViH. À propos de quatre cas et revue<br />
de la littérature. Rev Med int, Vol 27 ; (3) : 203-208<br />
8- P. Kieffer, G. ioannou, L. Martzolff, F. Jaeger-Bizet, P. Thannberger, L. Serbb. La sarcoïdose<br />
constitue un facteur de risque indépendant pour la survenue d’une méningite<br />
à cryptocoque. La Revue de Médecine interne, Volume 29, Supplement 3, December<br />
2008, Page S385<br />
9- Chang B, Steimel J, Moller DR, Baughman RP, Judson MA, Yeager H Jr, Teirstein<br />
AS, Rossman MD, Rand CS. Depression in sarcoidosis. Am J Respir Crit Care Med<br />
2001;163:329-34<br />
10- Jaffuel S, Ansart S, Visieux V, Sparfel A, Vilque JP, Hiar i, et coll. Sarcoïdose et<br />
cryptococcose: une association non fortuite. Rev Méd int 2001; 22 suppl 4.<br />
11- Govender S, Mutasa E, Parbhoo A. Cryptococcal osteomyelitis of the spine. J Bone<br />
Joint Surg 1999; 8B: 459-61.<br />
12- Italiano A, Yen BC, Rosenthal SA, Rafii M. Cryptococcal osteomyelitis with septic<br />
arthritis. Orthopaedics 2001; 2: 59-60.<br />
13- Mauri M, Castells L, Ruiz i, Vargas V, Guardia J. Cryptococcal arthritis as the initial<br />
form of human immunodeficiency syndrome. Enferm Infecc Microbiol Clin. 1997<br />
Dec;15(10):560<br />
14- Cook PP. Successful treatment of cryptococcal osteomyelitis and paraspinous abscess<br />
with fluconazole and flucytosine. South Med J 2001; 9: 936-8.<br />
15- Agrawal A, Brown WS, McKenzie S. Cryptococcal arthritis in an immunocompetent<br />
host. J S C Med Assoc. 2000 jul; 96 (7): 297-9.<br />
Revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie<br />
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<strong>Le</strong><br />
humatologue
LE COin DE L’imAGERiE<br />
CaS CLinique<br />
dou<strong>Le</strong>ur du genou :<br />
une PathoLogie MéConnue<br />
DESCRIPTION RADIOLOGIQUE<br />
1) L’IRM réalisée avec un protocole standard (coupes<br />
axiales, coronales et sagittales T2 avec saturation de la<br />
graisse, ainsi que des coupes sagittales T1), montre une<br />
arthropathie évoluée, tri-compartimentale.<br />
Il existe une mise à nue complète des surfaces d’encroûtement<br />
cartilagineuses condyliennes et tibiales médiales, témoin<br />
de la prédominance de l’atteinte sur le compartiment<br />
interne du genou.<br />
Dr David Petrover - Centre d’imagerie Bachaumont, Hopital Lariboisiere, Paris.<br />
1 2<br />
43<br />
L’atteinte fémoro-tibiale latérale et fémoro-patellaire est<br />
également marquée.<br />
on note un œdème modéré sous-chondral condylien médial,<br />
témoin de l’arthropathie en poussée inflammatoire.<br />
Il existe également un épanchement intra-articulaire abondant<br />
(figure 2).<br />
L’ensemble traduit une arthropathie dégénérative en poussée<br />
inflammatoire expliquant la symptomatologie.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
3<br />
5<br />
44<br />
LE COin DE L’imAGERiE<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
4<br />
2) Une étude plus poussée de l’examen montre l’atteinte<br />
méniscale bilatérale avec un aspect atypique des ménisques<br />
(figure 2) qui sont certes, dégénératifs mais présentent des<br />
plages en hyposignal au sein de la substance méniscale.<br />
Ces plages en hyposignal T1 et T2 traduisent la présence de<br />
dépôts calciques autour et au sein des ménisques.<br />
Celles-ci doivent donc faire penser à une méniscocalcose ou<br />
des dépôts microcristallins dans le cadre d’une chondrocalcinose<br />
articulaire.<br />
<strong>Le</strong>s clichés standards réalisés au décours ainsi que les anciens<br />
clichés rapportés par le patient ultérieurement confirmeront<br />
l’aspect caractéristique de dépôts microcristallins des différentes<br />
interlignes articulaires du genou, mais également des<br />
autres localisations classiques de chondrocalcinose.<br />
3) Il existe des corps étrangers nodulaires centimétriques et<br />
infracentimétriques en hyposignal T1 et T2 traduisant la présence<br />
de corps étrangers intra-articulaires calcifiés en rapport<br />
avec une ostéo-chondromatose synoviale secondaire.<br />
4) enfin, et c’est ce qui nous intéresse dans ce cas, il existe<br />
une prolifération synoviale prédominant sur le récessus fémoro-patellaire<br />
latéral (supérieur) d’aspect atypique.<br />
Certes, une métaplasie synoviale avec hypertrophie des<br />
franges synoviales peut tout à fait être observée dans le<br />
cadre d’une arthropathie dégénérative chronique, en particulier<br />
lors des poussées inflammatoires (figure 1).
Cependant, dans notre cas, ces franges synoviales irrégulières<br />
flottant au sein de l’épanchement articulaire, présentent<br />
un hypersignal spontané en T1.<br />
Cet hypersignal est identique à celui de la graisse sous-cutanée<br />
et traduit donc son caractère lipomateux (figures 4 et 5).<br />
L’aspect radiologique normal IRM de la synoviale, est un<br />
hyposignal T1, discret hypersignal T2 et se rehausse de manière<br />
intense après injection de Gadolinium.<br />
L’aspect traduit donc ici une métaplasie graisseuse de la synoviale<br />
qui prédomine dans le récessus articulaire supérolatéral.<br />
il s’agit d’un lipome arborescent.<br />
DIAGNOSTIC<br />
LIPOME ARBORESCENT DU GENOU<br />
COMMENTAIRE<br />
<strong>Le</strong> lipome arborescent est une pathologie articulaire rare<br />
mais classique, correspondant à une prolifération synoviale<br />
villeuse de type lipomateux.<br />
Sa localisation classique et préférentielle est le genou, et<br />
en particulier le récessus supra-patellaire.<br />
néanmoins, des observations rapportent une atteinte lipomateuse<br />
de la synoviale de l’épaule, de la bourse sousacromio-deltoïdienne,<br />
de la hanche, et du coude.<br />
Il n’existe pas de tableau clinique caractéristique, celui-ci<br />
s’intégrant dans le cadre d’un genou arthrosique douloureux<br />
auquel le lipome arborescent est dans la majorité<br />
des cas associé.<br />
L’exacerbation douloureuse d’une gonalgie chronique éventuellement<br />
associée à des sensations de dérangements interne<br />
est classique mais pour certains auteurs à rapporter<br />
au conflit entre une frange synoviale « coincée » au sein<br />
d’un repli articulaire.<br />
L’analyse du liquide articulaire à la recherche de micro-cristaux<br />
ou de cellularités est négative et la culture<br />
comme l’analyse bactériologique sont évidemment stériles.<br />
Un article de l’American journal of Radiology avait montré<br />
que dans 20 % des cas, l’atteinte était bilatérale.<br />
L’origine du lipome arborescent est totalement inconnue.<br />
Dans certains cas, cette métaplasie graisseuse apparait<br />
de novo, mais pour beaucoup, elle serait associée à une<br />
ostéo-arthropathie chronique, voire s’intégrerait dans le<br />
cadre d’arthropathie chronique comme la polyarthrite rhumatoïde<br />
ou dans les suites d’un traumatisme.<br />
LE COin DE L’imAGERiE<br />
C ONCLUSION<br />
45<br />
il existerait deux aspects de prolifération synoviale<br />
graisseuse :<br />
- un aspect de prolifération régulière de la synoviale de<br />
signal lipomateux.<br />
- un aspect pseudo-tumoral plus focal, avec une prolifération<br />
à l’origine d’une masse synoviale de signal graisseux<br />
(3 cas sur 11 dans l’article de l’AJR).<br />
<strong>Le</strong> principal diagnostic différentiel devant la constatation<br />
d’une masse lipomateuse intra-articulaire d’origine synoviale<br />
est le rare lipome synovial.<br />
Dans un cas, il s’agit d’une prolifération de frange synoviale<br />
intéressant la totalité de l’articulation et prédominant,<br />
comme on l’a vu, dans le récessus supéro-latéral,<br />
dans l’autre, il s’agit d’une masse ronde ou ovalaire solitaire<br />
aux limites nettes.<br />
<strong>Le</strong>s autres diagnostics différentiels de proliférations<br />
synoviales sont :<br />
-La synovite villonodulaire pigmentée dans sa forme diffuse.<br />
-La chondromatose synoviale.<br />
-L’hémangiome synovial.<br />
-<strong>Le</strong> rhumatisme inflammatoire (PR, SPA etc.).<br />
L’étude du signal en pondération T1 permet immédiatement<br />
de faire le diagnostic différentiel puisque seul le<br />
lipome arborescent présente un signal graisseux.<br />
Dans la synovite villonodulaire, la chute du signal en T1<br />
et T2 (dépôts en hyposignal franc) témoigne des dépôts<br />
d’hémosidérine.<br />
<strong>Le</strong> traitement consiste en une synovectomie globale et surtout<br />
le traitement de l’arthropathie dans sa globalité avec<br />
discussion prothétique, dans notre cas.<br />
<strong>Le</strong> lipome arborescent correspond à une prolifération<br />
lipomateuse villeuse de frange synoviale,<br />
d’étiologie inconnue.<br />
<strong>Le</strong> signal élevé identique à la graisse en pondération<br />
T1 permet le diagnostic d’imagerie.<br />
il accompagne dans la très grande majorité des cas<br />
une arthropathie déjà évoluée (gonarthrose, polyarthrite<br />
rhumatoïde, arthropathie post traumatique).<br />
L’aspect caractéristique et la localisation aux genoux<br />
de franges synoviales en hypersignal T1 permettent<br />
de faire le diagnostic.<br />
RéFéRENCES<br />
Ryu et al. MR. imaging of lipoma arborescens of the knee joint, AJR 167, 1996<br />
(1229-1232).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
46<br />
RUBRiQUE jURiDiQUE<br />
un Patient averti deux FoiS<br />
en vaut... !<br />
Cour de Cassation, 1 re Chambre Civile, 26 octobre 2004<br />
Benjamin Attali - Avocat - Responsabilité médicale / Strasbourg<br />
L e patient doit être informé des risques encourus lors de manipulations vertébrales et doit<br />
pouvoir apprécier en connaissance de cause les risques du traitement. Si le rhumatologue qui va<br />
pratiquer des manipulations sur un patient suivi auparavant par un confrère ne dispose pas de la preuve<br />
que ce dernier avait délivré une information sur les risques liés aux manipulations, il doit alors renouveler l’information.<br />
LE CAS<br />
Une patiente, atteinte par de vives douleurs irradiant la<br />
région du cou, va consulter un médecin rhumatologue. Ce<br />
dernier diagnostique une cervicalgie et décide d’effectuer une<br />
manipulation cervicale. À la suite de cet acte médical, des<br />
complications surviennent, la patiente présentant un syndrome<br />
de Wallenberg et un syndrome de CB Horner.<br />
elle a alors assigné le praticien en déclaration de responsabilité<br />
et indemnisation de son préjudice. De fait, la cour d’appel a<br />
débouté la patiente de ses demandes fondées sur un manquement<br />
du rhumatologue à son devoir d’information au motif qu’elle a<br />
eu recours en 1983 et 1987 à de précédentes manipulations<br />
par un autre médecin, qu’à ces occasions elle a été informée<br />
des risques encourus, que n’ayant subi aucune séquelle elle a<br />
pu apprécier en connaissance de cause les éventuels risques du<br />
traitement proposé par le rhumatologue et que son acception<br />
de la manipulation qui avait été pratiquée était suffisante pour<br />
démontrer qu’elle ne l’aurait pas refusée au regard des risques<br />
rares qu’elle présentait.<br />
estimant cette décision injuste, la patiente a formé un pourvoi<br />
devant la Cour de Cassation dont l’arrêt est ici commenté.<br />
LE PROBLèME POSé PAR LE CAS<br />
en substance, le problème qui était posé à la Cour de Cassation<br />
était de savoir si l’affirmation d’un médecin selon laquelle sa<br />
patiente avait été correctement informée par un confrère qui<br />
la suivait antérieurement des risques liés aux manipulations<br />
vertébrales était suffisante pour exclure un manquement à son<br />
propre devoir d’information ou si la preuve de cette information<br />
antérieure devait être rapportée par le praticien.<br />
LA DéCISION DE jUSTICE<br />
La Cour de Cassation a cassé l’arrêt rendu par la Cour d’Appel<br />
qui a débouté la patiente de ses demandes au motif que le<br />
praticien n’a pas prouvé que cette patiente avait été informée<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
des risques encourus lors de précédentes manipulations et avait<br />
pu apprécier en connaissance de cause les risques du traitement<br />
proposé par le médecin rhumatologue.<br />
LES OBSERvATIONS DE L’AvOCAT<br />
<strong>Le</strong> médecin qui décide de réaliser un acte médical sur un patient<br />
auparavant suivi par un confrère doit s’assurer que ce patient a<br />
été correctement informé par le confrère des risques de l’acte<br />
médical qu’il va subir. Il devra en cas de litige être en mesure<br />
de prouver que cette information avait été délivrée : tel est<br />
l’enseignement que l’on peut tirer de l’arrêt du 26 octobre 2004<br />
de la 1ère chambre civile de la Cour de cassation ici-commenté.<br />
1. La preuve d’une information antérieure par un<br />
autre médecin sur les risques liés à des manipulations<br />
vertébrales doit être apportée<br />
Rappelons que le médecin a une obligation d’informer son<br />
patient sur les risques liés à un acte médical.<br />
en effet l’article 1111-2 du Code la santé publique dispose que :<br />
« Toute personne a le droit d’être informée sur son état de<br />
santé. Cette information porte sur les différentes investigations,<br />
traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité,<br />
leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents<br />
ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur<br />
les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles<br />
en cas de refus. Lorsque, postérieurement à l’exécution des<br />
investigations, traitements ou actions de prévention, des risques<br />
nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être<br />
informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver. » <strong>Le</strong> médecin<br />
doit rapporter la preuve, en cas de litige, de la bonne exécution<br />
de cette obligation. Il est donc recommandé au praticien de<br />
se préconstituer la preuve de l’exécution de son obligation<br />
d’information en faisant signer au patient un document<br />
mentionnant les différents risques liés à un acte médical.<br />
Dans l’affaire commentée, le problème était que la patiente<br />
avait déjà subi l’acte médical litigieux. Pour cette raison, la cour<br />
d’appel a débouté la patiente de ses demandes fondées sur un
manquement du rhumatologue à son devoir d’information au<br />
motif qu’elle a eu recours en 1983 et 1987 à de précédentes<br />
manipulations par un autre médecin, qu’à ces occasions elle<br />
a été informée des risques encourus, que n’ayant subi aucune<br />
séquelle elle a pu apprécier en connaissance de cause les<br />
éventuels risques du traitement proposé par le rhumatologue et<br />
que son acception de la manipulation qui avait été pratiquée<br />
était suffisante pour démontrer qu’elle ne l’aurait pas refusée au<br />
regard des risques rares qu’elle présentait.<br />
Cet arrêt fut cassé par la Cour de Cassation. Selon la plus haute<br />
juridiction judiciaire, le praticien n’a pas prouvé, au cours du<br />
litige, que la patiente ait été correctement informée des risques<br />
liés aux manipulations vertébrales par le médecin qui la suivait<br />
antérieurement. <strong>Le</strong> simple fait d’avoir par le passé subi un acte<br />
médical identique ne suffit pas à prouver qu’une information<br />
sur les risques de cet acte ait été délivrée auparavant. en<br />
conséquence, le rhumatologue actuel de la patiente ne pouvait<br />
se prévaloir d’une information antérieure pour justifier le défaut<br />
d’information de sa part.<br />
il est recommandé au praticien recevant un nouveau patient<br />
auparavant suivi par un confrère de s’assurer que le patient<br />
a bien été informé des risques médicaux par son ancien<br />
médecin et, dans l’affirmative, de se prémunir contre le<br />
risque d’un contentieux judiciaire en se préconstituant la<br />
preuve de la réalité de cette information antérieure. A cette<br />
fin, il est conseillé au médecin de faire signer à son patient<br />
un document mentionnant qu’il a parfaitement été informé<br />
antérieurement par un autre médecin des risques entourant<br />
l’acte médical qu’il va subir et, si possible, les éléments<br />
essentiels de ces risques. Si malgré tout un litige survient, il<br />
est préconisé au médecin de se faire transmettre le document<br />
mentionnant les informations sur les risques de l’acte médical<br />
litigieux établi par le médecin qui suivait antérieurement le<br />
patient. Une incertitude demeure néanmoins sur la légalité d’une<br />
telle transmission au-regard du secret professionnel. <strong>Le</strong> médecin<br />
actuel du patient peut-il se faire transmettre, tout en restant<br />
dans la légalité, un document mentionnant les risques d’un<br />
acte médical établi par un confrère qui suivait antérieurement<br />
le patient ? Dans la mesure où les deux médecins ont concouru<br />
au traitement d’un même patient pour une même pathologie,<br />
il est fort probable qu’une entreprise médicale pourra être<br />
caractérisée et la notion de secret partagé mise en avant.<br />
2. En l’absence d’une telle preuve, le rhumatologue<br />
doit renouveler l’information sur les risques liés à<br />
des manipulations vertébrales<br />
La Cour de Cassation a cassé l’arrêt rendu par la Cour d’Appel<br />
au motif qu’elle n’indiquait pas sur quels éléments de preuve<br />
elle se fondait pour retenir que la patiente avait été informée<br />
des risques encourus lors de précédentes manipulations et<br />
avait pu apprécier en connaissance de cause les risques du<br />
traitement proposé par le médecin rhumatologue.<br />
<strong>Le</strong> médecin qui ne dispose pas de la preuve d’une information<br />
antérieure de son patient sur les risques liés aux manipulations<br />
vertébrales doit alors faire comme si le patient n’avait pas<br />
consulté un confrère auparavant et ignorait les risques de<br />
l’acte médical envisagé. il est recommandé au praticien de<br />
se préconstituer la preuve de l’exécution de son obligation<br />
RUBRiQUE jURiDiQUE 47<br />
d’information en établissant un document mentionnant les<br />
risques de l’acte médical qu’il va réaliser et en faisant signer<br />
au patient ce document.<br />
Si le médecin n’a pas délivré les informations sur les risques<br />
de l’acte médical envisagé et qu’un litige survient par la suite<br />
il existe certains motifs pouvant justifier l’inexécution de son<br />
devoir d’information. Tout d’abord, si tel était le cas, l’urgence<br />
peut expliquer cette inexécution. ensuite, l’impossibilité morale<br />
du patient (par exemple si le patient était dans le coma ou était<br />
atteint de troubles psychiques ayant altéré ou aboli sa conscience)<br />
ou le refus du patient de connaître la réalité de son état de<br />
santé sont des motifs d’exonération de la responsabilité du<br />
médecin.<br />
3. Une information antérieure apportée par un autre<br />
médecin sur les risques liés à des manipulations<br />
vertébrales semble suffisante<br />
Si le praticien ne dispose pas de la preuve qu’une information<br />
sur les risques liés aux manipulations vertébrales a été donnée<br />
au patient par le médecin qui le suivait auparavant, il doit alors<br />
s’acquitter de son obligation d’information. A contrario, l’arrêt<br />
rendu par la Cour de Cassation semble dire que si une telle<br />
preuve est détenue par le médecin, ce dernier n’est pas obligé<br />
de renouveler l’information sur les risques d’un acte médical.<br />
<strong>Le</strong> suivi médical d’un patient semble, sur ce sujet, envisagé<br />
comme un tout, le praticien actuel d’un patient pouvant<br />
s’appuyer sur une information antérieure délivrée par un<br />
confrère pour s’exonérer de sa responsabilité relative à son<br />
obligation d’information. La Cour de Cassation ne semble pas<br />
considérer l’obligation d’information comme un automatisme<br />
auquel seraient soumis les médecins mais du point de vue de sa<br />
finalité qui est la détention par le patient d’informations sur son<br />
état de santé et les actes médicaux envisagés afin qu’il puisse<br />
consentir pleinement à la réalisation des traitements. Si le patient<br />
est déjà informé, il n’y aucune raison de renouveler à chaque<br />
fois et par principe l’information.<br />
C ONCLUSION<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue qui va pratiquer des manipulations<br />
vertébrales sur un patient auparavant suivi par un<br />
confrère doit informer ce patient des risques liés à<br />
ces manipulations. A moins qu’il ne puisse rapporter<br />
la preuve qu’une information sur ces risques avait été<br />
donnée au patient par un médecin qui le suivait par<br />
le passé.<br />
En définitive, mieux vaut informer une deuxième<br />
fois... que ne pas informer du tout !<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
48<br />
L’<br />
inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
un régiMe SeC de rentrée<br />
Catherine Sanfourche, Paris<br />
ONDAM 2011 ne laisse pas une grande marge de manœuvre aux négociateurs de la future<br />
convention pour satisfaire les justes revendications des uns et des autres, notamment celles des<br />
spécialistes cliniques.<br />
<strong>Le</strong>s rentrées se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Cette<br />
rentrée <strong>2010</strong> est particulièrement « chaude » pour les médecins<br />
libéraux qui ont implicitement désigné, en votant pour leurs<br />
représentants aux URPS, les syndicats qu’ils souhaitaient voir<br />
négocier la prochaine convention (voir article en page xx) et<br />
appris -sans surprise, ils en ont l’habitude- qu’ils allaient devoir<br />
participer activement à la réalisation du plan d’économie de<br />
2,4 milliards d’euros contenu dans le PLFSS 2011, pour rester<br />
dans les clous d’un onDAM établi à 2,9 %, et un taux de progression<br />
de 2,8 %, identique, pour la troisième année consécutive,<br />
pour la médecine de ville et l’hôpital. en clair, on attend<br />
des médecins libéraux qu’ils « modèrent » leurs prescriptions à<br />
hauteur de 550 millions d’économies.<br />
<strong>Le</strong>s libéraux peuvent-ils s’attendre à quelques<br />
satisfactions dans ce PLFSS ?<br />
Deux mesures de la loi HPST jugées particulièrement vexatoires<br />
par les médecins devraient être supprimées : la déclaration<br />
obligatoire des dates d’absences, d’une part, et d’autre part, le<br />
« contrat solidarité santé » qui introduisait une pénalité financière<br />
en cas de refus de consultation dans les zones démographiquement<br />
faibles. « C’est une demande que nous avons explicitement<br />
faite à Madame Bachelot lorsqu’elle a reçu la FMF, commente<br />
Jamel Dib, président du collège spécialiste de<br />
la FMF. Ce sont des mesures intolérables, et<br />
qui par ailleurs font le fonds de commerce des<br />
autres syndicats. Contrairement à ce qu’ils affirment,<br />
la FMF n’a pas défendu la loi HPST de<br />
façon inconditionnelle, et a toujours combattu<br />
Dr Jamel Dib<br />
ces deux mesures. »<br />
g <strong>Le</strong> remboursement des médicaments à vignette bleue passe de 35 %<br />
à 30 %.<br />
g <strong>Le</strong>s nouveaux patient atteints d’hypertensions artérielle non compliquée<br />
ne bénéficieront pas du régime ALD ; ils seront pris en charge au<br />
taux normal et s’acquitteront du ticket modérateur.<br />
g Mise en place d’un forfait de prise en charge de kits d’autocontrôle du<br />
diabète.<br />
g <strong>Le</strong>s transports des patients en ALD qui peuvent se déplacer ne seront<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
> <strong>Le</strong>s principales mesures du plan d’économie<br />
Ce que la FMF a aussi demandé avec force à Roselyne Bachelot,<br />
c’est « un vrai plan de sauvetage pour les spécialités cliniques »,<br />
explique Jamel Dib. La CCAM clinique en est à la phase typologique<br />
: entre le 13 et le 19 septembre dernier, les médecins<br />
ont reçu un questionnaire pour le recueil des consultations. La<br />
phase d’exploitation est en cours. « Mais malgré ce petit coup<br />
d’accélérateur, et en attendant la CCAM clinique, souligne<br />
Jamel Dib, des mesures dérogatoires tarifaires s’imposent pour le<br />
cumul d’un acte technique et de l’acte clinique, que les médecins<br />
ne peuvent pas pratiquer pour l’instant. Cela permettrait de rémunérer<br />
l’acte à sa juste valeur. La baisse du chômage a dégagé<br />
deux à trois milliards d’euros, il devrait être possible de dégager<br />
une enveloppe pour la médecine de premier recours ! »<br />
La troisième « surprise » attendue en cet automne est le rapport<br />
de la mission confiée à elisabeth Hubert sur la médecine de<br />
proximité par le président de la république. Bien évidemment,<br />
la FMF a été entendue par Madame Hubert. « Elle s’est montrée<br />
très intéressée par notre référentiel sur la CCAM clinique.<br />
Nous n’inventons d’ailleurs rien en la matière, nous nous basons<br />
sur la réalité d’une consultation médicale qui se décompose en<br />
trois temps : accueil/interrogatoire ; examen clinique ; examens<br />
complémentaires. Il suffit de donner des valeurs à chaque étape.<br />
La Ministre souhaite voir si ce référentiel ne serait pas pertinent. »<br />
La FMF a également fait part à Roselyne Bachelot de ses propositions<br />
sur la rémunération des astreintes dans les cliniques.<br />
« Il n’est pas normal que seuls les chirurgiens et les anesthésistes<br />
soient rémunérés pour les astreintes. <strong>Le</strong>s choses doivent évoluer<br />
dans le cadre d’une réorganisation des astreintes. Cette réflexion<br />
devrait trouver son cadre, au sein du « groupe de contact permanent<br />
» que Roselyne Bachelot a mis en place au niveau de la<br />
DGoS, et qui réunira hospitaliers et libéraux. »<br />
plus systématiquement remboursés.<br />
g <strong>Le</strong> plafond d’application de la franchise de 20 % sur les frais d’hospitalisation<br />
passe de 90 euros à 120 euros.<br />
g Baisse de prix de certains médicaments et dispositifs médicaux.<br />
g <strong>Le</strong> taux « k » passe de 1 % à 0,5 % (taux de croissance des médicaments<br />
remboursables au-delà duquel les laboratoires pharmaceutiques doivent<br />
verser des remises à l’Assurance maladie).<br />
g Nouvelles baisses de tarifs pour les radiologues et les biologistes.
P<br />
lusieurs décrets et arrêtés<br />
sont parus cet été concernant<br />
les programmes<br />
d’éducation thérapeutique du<br />
patient (ETP) et les programme<br />
d’apprentissage. Ceux concernant<br />
les programmes d’accompagnement<br />
des patients se font attendre. Des<br />
textes sont parus relatifs à l’éducation<br />
thérapeutique du patient (eTP).<br />
Pour être autorisés, les programmes<br />
d’eTP doivent être conformes au cahier<br />
des charges national, fixé par arrêté,<br />
et respecter les compétences requises<br />
pour dispenser cette activité, définies<br />
par décret et précisées par arrêté.<br />
<strong>Le</strong>s programmes d’eTP doivent être<br />
mis en œuvre par une équipe pluridisciplinaire<br />
qui comprend au moins<br />
un médecin. <strong>Le</strong>s associations de malades<br />
agréées par le ministère de la<br />
santé peuvent aussi coordonner ces<br />
programmes ou y intervenir. L’autorisation<br />
donnée par l’ARS l’est pour une<br />
période de quatre ans, renouvelable.<br />
Un intervenant au moins doit justifier<br />
de compétences en éducation théra-<br />
inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
ETP : tous les textes sont parus<br />
(ou presque)<br />
peutique. <strong>Le</strong>s compétences requises<br />
sont celles définies par l’oMS : compétences<br />
relationnelles, compétences<br />
pédagogiques et d’animation, méthodologiques<br />
et organisationnelles,<br />
compétences biomédicales et de soins.<br />
L’arrêté fixant le cahier des charges<br />
d’un programme d’eTP précise que «<br />
le programme concerne, sauf exception<br />
répondant à un besoin particulier<br />
à expliciter, une ou plusieurs ALD, ainsi<br />
que l’asthme et les maladies rares, ou<br />
plusieurs problème de santé considérés<br />
comme prioritaires au niveau régional<br />
». Ces programmes sont généralement<br />
structurés en trois étapes : un<br />
diagnostic ou bilan éducatif pour analyser<br />
les besoins des patients et établir<br />
des objectifs éducatifs personnalisés ;<br />
les séances d’éducation proprement<br />
dite, qui peuvent prendre des modalités<br />
différentes ; enfin une évaluation<br />
de l’atteinte des objectifs éducatifs.<br />
<strong>Le</strong> guide méthodologique publié par<br />
la HAS sert de référentiel quant aux<br />
modalités de mise en œuvre de tels<br />
programmes, à l’hôpital comme en<br />
ville. <strong>Le</strong>s promoteurs de programmes<br />
Catherine Sanfourche, Paris<br />
49<br />
d’eTP déjà mis en œuvre avant la publication<br />
de ces textes ont jusqu’au 1er<br />
janvier 2011 pour obtenir leur autorisation<br />
des ARS.<br />
Après ces textes concernant les programmes<br />
d’eTP et ceux concernant les<br />
programmes d’apprentissage (parus<br />
le 31 août), reste à venir un décret<br />
sur l’accompagnement thérapeutique,<br />
que les usagers s’inquiètent de ne pas<br />
voir paraître. « Doit-on comprendre<br />
que l’on s’apprête à enterrer vivantes<br />
ces actions d’accompagnement des<br />
patients que les associations mettent<br />
à l’œuvre et veulent développer pour<br />
améliorer la qualité des malades et<br />
leur dignité ? » interroge le Collectif<br />
interassociatif sur la santé (CISS).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
50<br />
inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
brèves Catherine Sanfourche, Paris<br />
Code barres<br />
sur ordonnance :<br />
à l’hôpital d’abord<br />
Selon un arrêté du 1 er septembre, les ordonnances<br />
médicales devront désormais<br />
comporter deux codes barres, l’un pour<br />
l’identification du prescripteur (n° de<br />
RPPS), l’autre pour l’identification de la<br />
structure d’exercice (établissements sanitaires<br />
et sociaux, cabinet libéral). <strong>Le</strong>s<br />
libéraux ont mal accueilli cette nouvelle<br />
complexification administrative de l’exercice<br />
médical, qui nécessitera notamment<br />
une évolution de leurs logiciels de gestion<br />
du cabinet. Si la Direction de la sécurité<br />
sociale (DSS) confirme l’applicabilité de<br />
la mesure à tous les prescripteurs, elle<br />
précise néanmoins que le premier objectif<br />
est son application dans les établissements<br />
de santé afin de pouvoir assurer les<br />
suivi des prescriptions hospitalières délivrées<br />
en ville. Pour les médecins libéraux,<br />
la DSS indique que l’indentification par<br />
code barres pourra se faire « plus graduellement<br />
».<br />
La Santé et<br />
le Médiateur de<br />
la République<br />
Créé au début de l’année 2009, le Pôle<br />
Santé et Sécurité des Soins (P3S) du Médiateur<br />
de la République a reçu 4795 requêtes<br />
; 2723 dossiers ouverts ont donné<br />
lieu à une analyse approfondie à partir<br />
de pièces médicales. Parmi ces dossiers,<br />
42 % sont liés à un préjudice corporel<br />
susceptible d’engager la responsabilité<br />
pénale civile ou administrative d’un professionnel<br />
de santé, 15 % ont été orientés<br />
vers des structures de médiations locales<br />
(CRUQ) ou régionales (CRI), et 15 % ont<br />
donné lieu à une médiation du P3S avec<br />
les professionnels concernés.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
A noter que 15 % des requêtes faites auprès<br />
du P3S émanent de professionnels<br />
de santé pour divers motifs : éclairage sur<br />
une situation individuelle (65 %), information<br />
juridique et information sur les<br />
risques liés aux soins (15 %), demande de<br />
médiation (15 %), témoignage ou alerte<br />
(5 %).<br />
Appel d’offres de<br />
l’OGC pour le DPC<br />
L’Organisme gestionnaire conventionnel<br />
(OGC) a lancé un appel d’offres pour la<br />
réalisation d’actions de développement<br />
professionnel continu (DPC) en 2011.<br />
Seuls les organismes agréés en 2009 et<br />
<strong>2010</strong> pour la formation professionnelle<br />
conventionnelle (FPC) et /ou l’évaluation<br />
des pratiques professionnelles (EPP)<br />
peuvent y répondre. <strong>Le</strong>s programmes de<br />
DPC agréés (selon le cahier des charges<br />
du DPC 2011) devront débuter avant le<br />
30 septembre 2011.La date limite de dépôt<br />
des dossiers est le vendredi 29 octobre<br />
à 16h.<br />
Pour plus de renseignements :<br />
www.ogc.fr<br />
Renoncement aux<br />
soins pour un quart<br />
des Français<br />
Selon l’édition <strong>2010</strong> du « Baromètre »<br />
établi depuis quatre ans par le Cercle<br />
Santé et Société, et le groupe Europ Assistance,<br />
23 % des Français disent avoir<br />
renoncé (ou avoir repoussé) à des soins<br />
(consultations médicales, examens, interventions<br />
chirurgicales, soins dentaires ou<br />
achats de médicaments), et 12 % disent<br />
qu’ils « pourraient le faire ». En un an,<br />
cette tendance du renoncement aux soins<br />
a progressé de 12 points : en 2009, seuls<br />
11 % des Français disaient avoir renoncé<br />
à des soins.<br />
Par ailleurs, 49 % des Français estiment<br />
que le système de santé ne garantit pas<br />
l’égalité d’accès aux soins. Pour faire face<br />
à la hausse constante des dépenses de santé,<br />
32 % se disent favorables à une augmentation<br />
des impôts ou des cotisations<br />
sociales, 23 % privilégient le recours aux<br />
assurances santé complémentaires, et<br />
28 % optent pour une franchise médicale<br />
étendue à tous les actes.<br />
La retraite mensuelle<br />
d’un médecin :<br />
2 570 euros<br />
Selon la CARMF, au 1er juillet <strong>2010</strong>,<br />
39 333 médecins retraités ont perçu une<br />
retraite pour le deuxième trimestre dont<br />
le montant moyen s’est élevé à<br />
7 707,73 €, correspondant à 2 569,24 €,<br />
mensuels (avant prélèvements sociaux,<br />
CSG et CRDS).<br />
Avec 1 074 € par mois, c’est le régime<br />
complémentaire qui représente la plus<br />
grosse part (42 %) de la retraite CAR-<br />
MF versée au médecin. <strong>Le</strong> régime ASV<br />
s’élève en moyenne à 1 000 € mensuels<br />
(39 %), suivi du régime de base qui représente<br />
495 €, soit 19 % de la retraite<br />
moyenne versée.
Revenus 2009 des <strong>Rhumatologue</strong>s :<br />
la gRande chute<br />
A<br />
vec un recul de sept points par rapport à 2008,<br />
les rhumatologues accusent la plus forte baisse<br />
de revenu de l’ensemble des médecins libéraux.<br />
Mauvais temps pour les revenus des médecins libéraux<br />
en 2009 ! Selon le bilan fiscal des associations de gestion<br />
agréées (AGA) de l’Union nationale des professions<br />
libérales (UnAPL), si une dizaine de spécialités ont vu<br />
leur revenu imposable augmenter - ou à tout le moins<br />
stagner - l’année dernière, la grande majorité des autres<br />
accuse une baisse plus ou moins importante. Même les<br />
radiologues, qui se tiennent toujours dans le peloton de<br />
tête des plus gros revenus, accusent une baisse de presque<br />
cinq points, consécutive à la baisse de forfaits techniques et<br />
du tarif des actes en série entrée en vigueur en mars 2009.<br />
inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES 51<br />
Catherine Sanfourche, Paris<br />
Ce sont surtout les petits cabinets de radiologie, qui<br />
font beaucoup de radiologie conventionnelle, qui en<br />
ont le plus pâti. et, par ricochet, les rhumatologues, qui,<br />
dans la catégorie des « perdants », ont le triste privilège<br />
de fermer la marche : avec un bénéfice moyen de<br />
80 400 euros, ils enregistrent une baisse de 7 % de leurs<br />
revenus en 2009 par rapport à 2008. en effet, la moitié<br />
des rhumatologues fait de la radiologie et a donc subi de<br />
plein fouet cette décote. A quoi il faut ajouter, mais cela<br />
est vrai pour toutes les spécialités, un gel tarifaire et une<br />
augmentation des charges qui expliquent qu’en 2009,<br />
quinze spécialités (y compris la médecin générale) ont vu<br />
leur bénéfice régresser, quand elles n’étaient que quatre<br />
l’année précédente.<br />
évolution 2008/2009 du revenu imposable<br />
des médecins libéraux<br />
Néphrologues : + 4,6 %<br />
Chirurgiens orthopédiques : + 3,8 %<br />
Pédiatres : 2,8 %<br />
Angiologues : + 2,3 %<br />
Anesthésistes-réanimateurs : + 1,9 %<br />
Chirurgiens urologues : + 1,6 %<br />
Gastro-entérologues : + 1,4 %<br />
Ophtalmologistes : + 0,8 %<br />
Cardiologues : + 0,6 %<br />
Médecins remplaçants : + 0,4 %<br />
Généralistes : - 0,2 %<br />
Stomatologues : - 0,5 %<br />
ORL : - 0,6 %<br />
Psychiatres : - 0,7 %<br />
Pneumologues : - 1,2 %<br />
Gynécologues médicaux : - 1,6 %<br />
Dermatologues : - 1,7 %<br />
Endocrinologues : - 1,9 %<br />
Gynécologues-obstétriciens : - 2,6 %<br />
Chirurgiens généraux : - 3 %<br />
Neurologues : - 3,4 %<br />
Radiologues : - 4,9 %<br />
Médecine physique et réadaptation : - 5,8 %<br />
ACP : - 6,1 %<br />
<strong>Rhumatologue</strong>s : - 7%<br />
Source : ARAPL<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
52<br />
L<br />
inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
e<strong>Le</strong>CtionS aux urPS<br />
le rejet des libéraux de la politique<br />
gouvernementale<br />
Catherine Sanfourche, Paris<br />
a CSMF et le SML engrangent les succès de leur opposition à la politique<br />
gouvernementale de santé, tandis que la FMF paye lourdement son soutien, même<br />
nuancé, à la loi HPST.<br />
<strong>Le</strong>s résultats des élections aux unions régionales des professionnels<br />
de santé (URPS) dessinent les contours du paysage syndical<br />
médical pour les cinq ans à venir. La participation globale a<br />
été d’un peu plus de 44 %, sensiblement identique à celle des<br />
précédents scrutin, les généralistes et les spécialistes à plateau<br />
technique lourd (PTL) s’étant un peu plus mobilisés -avec un taux<br />
de participation de 47 %- que les autres spécialistes (40 %). Une<br />
participation dont se félicitent les uns, les autres soulignant que<br />
plus de la moitié des médecins libéraux ne se sont pas sentis<br />
concernés par un scrutin dont l’enjeu était la représentation des<br />
médecins face aux nouvelles ARS, et qui en dit sans doute long<br />
sur le peu d’impact chez les médecins qu’a eu l’action des URML<br />
depuis leur création il y a seize ans.<br />
<strong>Le</strong>s deux centrales gagnantes de ce scrutin sont incontestablement<br />
la CSMF et le SML qui, tous collèges confondus, remportent<br />
respectivement 33,6 % et 22,3 % des suffrages, et vont détenir<br />
60 % des sièges dans les URPS. La CSMF conforte donc<br />
sa place de premier syndicat de médecins, et le SML enregistre<br />
une forte poussée, particulièrement chez les spécialistes où il obtient<br />
31 % des voix, doublant presque ainsi son résultat de 2006<br />
(16 %). Dans ce collège, la CSMF remporte plus de la moitié des<br />
suffrages. Mais si MG France garde sa position de leadership<br />
chez les généralistes en pourcentage des voix avec un peu plus<br />
de 30 %, la CSMF lui passe devant en nombre de sièges, en<br />
remportant 1<strong>75</strong>, tandis que le syndicat généraliste en a 164.<br />
De toute évidence, les résultats de la Confédération et du SML,<br />
farouches opposants de la loi HPST, et qui ont mené leur campagne<br />
sur le thème de « Halte au massacre de la médecine libérale<br />
», ont trouvé un écho plus que favorable : les résultats qu’ils<br />
enregistrent marquent un net rejet de la loi HPST et plus généralement<br />
de la politique gouvernementale en matière de santé.<br />
<strong>Le</strong>s deux centrales sont moins heureuses dans le nouveau collège<br />
des spécialistes PTL, où <strong>Le</strong> Bloc se taille une confortable majorité<br />
en remportant 57 % des voix, et devient donc représentatif.<br />
Après ses très bons résultats de 2006, la FMF enregistre aujourd’hui<br />
un sévère recul, perdant 10 points, tous collèges<br />
confondus, mais perdant plus de la moitié de ses suffrages dans<br />
le collège des spécialistes non PTL, où elle remporte presque<br />
16 % contre 36 % quatre ans plus tôt.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
« Je m’attendais à un recul, commente son<br />
président, Jean-Claude Régi, mais pas d’une<br />
telle ampleur. » Parmi les raisons de ce recul, il<br />
avance en première lieu la « stigmatisation » subie<br />
par la FMF de la part de la CSMF et du SML.<br />
« Ils n’ont eu de cesse de nous présenter comme<br />
Jean-Claude Régi soutien inconditionnel de la loi HPST, alors que<br />
dans la réalité, notre soutien a été modéré, et que nous en avons<br />
dénoncé certains aspects dès le début. Il semble que cette position<br />
nuancée n’a pas été comprise par les médecins. Par ailleurs, j’ai<br />
souhaité l’union de tous les médecins au sein de la <strong>Fédération</strong>,<br />
généralistes et spécialistes. Cette politique d’union n’a, elle aussi,<br />
pas été comprise et acceptée, en particulier chez les spécialistes,<br />
par les électeurs traditionnels de la FMF. Quant au chirurgiens,<br />
qui avaient été nombreux a voté FMF en 2006, ils se sont tournés<br />
vers <strong>Le</strong> Bloc, et c’est autant de voix en moins pour nous. Mais je ne<br />
regrette rien, je n’ai pas honte de ce que j’ai fait, et si ces résultats<br />
m’attristent, en revanche, je me réjouis que les généralistes de la<br />
FMF-UG, avec 18 % de suffrages accèdent enfin à la représentativité.<br />
Car les généralistes de UG sont des généralistes de la FMF,<br />
ils sont chez nous et pas ailleurs, qu’on n’essaye pas me raconter<br />
le contraire ! Il nous reste maintenant à analyser de façon critique<br />
notre ligne politique et à en tirer les enseignements. Nous devrons<br />
sans doute clarifier notre message. »<br />
> <strong>Le</strong>s résultats en chiffres*<br />
Collège spécialiste<br />
CSMF : 51,29 % - 230 sièges<br />
SML : 31,01 % - 114 sièges<br />
FMF : 15,14 % - 61 sièges<br />
L’UC : 1,93 % - 3 sièges<br />
ALLIANCE : 0,68 % - 1 siège<br />
* Source : ministère de la Santé<br />
Ensemble des trois collèges<br />
CSMF : 33,60 % - 434 sièges<br />
SML : 22,32 % - 232 sièges<br />
FMF : 15,95 % - 173 sièges<br />
MGF : 16,70 % - 164 sièges<br />
BLOC : 7,33 % - 92 sièges<br />
UC : 2,91 % - 18 sièges<br />
ALLIANCE : 0,42 % - 3 sièges<br />
UG : 0,54 % - 5 sièges
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
54<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
AMM EUROPéENNE POUR<br />
LE DENOSUMAB (PROLIA®)<br />
Communiqué des Laboratoires AmGEn<br />
28 mai <strong>2010</strong><br />
ette autorisation de mise sur le marché a été ac-<br />
C cordée au denosumab (Prolia® « pour le traitement<br />
de l’ostéoporose post-ménopausique chez les<br />
femmes à risques élevés de fracture, et dans le traitement de<br />
la perte osseuse associée à un traitement hormono-ablatifs<br />
chez les hommes atteints du cancer de la prostate à risques<br />
élevés de fracture ».<br />
Rappelons que Prolia® est la première biothérapie ciblée<br />
dans l’ostéoporose post-ménopausique, inhibant la formation,<br />
la fonction et la survie des ostéoclastes. Il agit spécifiquement<br />
sur le médiateur essentiel de la résorption osseuse : le<br />
Rank ligand.<br />
Six études cliniques de phase III, incluant deux études-<br />
pivot évaluant l’incidence des fractures dans l’ostéoporose<br />
et le cancer de la prostate, ont mis en évidence le fait que<br />
Prolia®, administré en une injection sous-cutanée de 60 mg<br />
tous les six mois, réduit l’incidence fracturaire et augmente la<br />
densité minérale osseuse sur tous les sites du squelette évalués.<br />
Prolia® sera commercialisé en europe et dans divers<br />
autres régions conjointement avec les Laboratoires GSK.<br />
<strong>Le</strong>s experts français soulignent l’intérêt de cette avancée thérapeutique<br />
: « <strong>Le</strong>s propriétés pharmacologiques de Prolia®<br />
permettent d’avoir non seulement une cible biologique précise<br />
(l’ostéoclaste), avec des effets puissants et réversibles,<br />
mais aussi un mode d’administration extrêmement simple<br />
(une injection tous les 6 mois), ce qui est important dans la<br />
prise en charge d’une maladie chronique comme l’ostéoporose<br />
» indique le Pr Thierry THoMAS, (CHU St etienne).<br />
CONSEIL D’ETAT CONTRE AFSSAPS<br />
Annulation du retrait de Ketum® gel 2,5 %<br />
juillet <strong>2010</strong><br />
9 Juillet <strong>2010</strong> : pour la 1ère fois en France, le Conseil d’etat annule<br />
définitivement une décision de l’AFSSAPS de suspendre<br />
l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament.<br />
L’AFSSAPS avait suspendu, en date du 17 décembre<br />
2009, l’autorisation de mise sur le marché de KeTUM gel<br />
2,5% Après un appel en référé autorisant la remise provisoire<br />
sur le marché de ce produit, le 12 janvier <strong>2010</strong>, le<br />
Conseil d’etat confirme sa décision de maintien de celui-ci :<br />
il a considéré que la décision de l’Afssaps était « entachée<br />
d’une erreur manifeste » en l’absence d’une situation d’urgence<br />
qui aurait pu la justifier.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
« Il ne ressort pas des pièces du dossier (...) d’éléments établissant<br />
l’existence d’indices sérieux et concluants d’un risque<br />
grave pour la santé des patients ».<br />
KeTUM gel 2,5% avait été lancé en mars 1993. Depuis cette<br />
date, le produit a été jugé utile, y compris par l’Afssaps, et<br />
sans effets indésirables majeurs. Il est indiqué dans le traitement<br />
symptomatique des entorses, contusions, des tendinites<br />
et lombalgies aiguës, et donc toujours disponible. <strong>Le</strong>s<br />
2 millions de patients traités pourront ainsi continuer leur<br />
traitement préféré.<br />
DOULEURS NEUROPAThIQUES :<br />
Lancement de la campagne grand public<br />
des Laboratoires PFiZER / mai <strong>2010</strong><br />
M<br />
al connues et sous-diagnostiquées, les douleurs<br />
neuropathiques chroniques atteignent environ 7 %<br />
de la population française. elles correspondent soit<br />
à une altération structurelle d’un nerf périphérique, soit à<br />
une atteinte du système nerveux central, et ne répondent<br />
pas aux traitements antalgiques habituels. <strong>Le</strong>ur symptomatologie<br />
est également particulière : sensation de brûlures,<br />
de douleurs transfixiantes, en coup de poignard, sensation<br />
de choc électrique, picotements, fourmillements, engourdissement...<br />
À la suite d’une grande enquête épidémiologique, lancée<br />
par les laboratoires Pfizer en 2007, et touchant plus de<br />
20 000 personnes, il a été établi que les femmes sont plus<br />
touchées que les hommes, avec un pic entre 50 et 64 ans.<br />
Parmi les 32 % de patients souffrant de douleurs chroniques,<br />
22 % présentent des douleurs neuropathiques. La prise en<br />
charge de ce type de douleurs est particulièrement coûteuse,<br />
souvent en raison d’un parcours de soins mal systématisé.<br />
Conscient de l’importance d’une information de qualité auprès<br />
de tous les professionnels de santé ainsi que du grand<br />
public, Pfizer a lancé en mai dernier une vaste campagne<br />
de sensibilisation, avec fourniture aux praticiens d’un certain<br />
nombre d’outils : documents explicitant les symptômes,<br />
fiches de prise en charge, posters explicatifs ; par ailleurs<br />
l’ouverture d’un site Internet pour tout savoir sur ce type de<br />
douleurs a été réalisé en collaboration avec certaines associations<br />
de patients afin de fournir notamment au grand<br />
public toutes les données disponibles pour une meilleure<br />
analyse de leur souffrance, notamment par le complément<br />
d’un questionnaire d’auto dépistage. Par ailleurs, le rôle primordial<br />
du pharmacien comme conseil pour les patients n’a<br />
pas été négligé : des soirées de formation ont été organisées<br />
dans diverses régions.
Ce « plan-douleur » organisé entre 2006 et <strong>2010</strong> s’articule<br />
autour de 4 axes :<br />
- amélioration de la prise en charge des personnes les plus<br />
vulnérables ;<br />
- renforcement de la formation pratique des professionnels de<br />
santé ;<br />
- amélioration de l’utilisation des moyens de traitement pharmacologiques<br />
et non pharmacologiques ;<br />
- mise en place d’une véritable filière des soins de la douleur,<br />
en particulier chronique.<br />
DOS AU MUR<br />
Campagne de sensibilisation de Pfizer sur<br />
les spondylarthrites / 4 mai <strong>2010</strong><br />
es laboratoires PFiZER lancent une vaste campagne<br />
L d’information et de sensibilisation sur la spondylarthrite<br />
ankylosante. <strong>Le</strong> but est d’aider au dépistage précoce<br />
de cette maladie qui évolue de manière insidieuse, mais<br />
qui se traite bien si elle est prise en charge suffisamment tôt. <strong>Le</strong><br />
footballeur professionnel Frank <strong>Le</strong>BoeUF, devenu comédien,<br />
s’est fortement impliqué dans cette campagne : « Moi-même<br />
très actif, j’imagine la difficulté à vivre avec des douleurs du<br />
dos persistantes. <strong>Le</strong>s hommes ne se plaignent pas, alors l’idée<br />
de mettre des images et des mots sur ces douleurs m’a interpellé.<br />
J’espère transmettre le message que des solutions existent,<br />
et il faut avant tout en parler. »<br />
Lors de l’ouverture de cette campagne, le Professeur René<br />
Marc FLIPo, au nom de la Société <strong>Française</strong> de Rhumatologie,<br />
a rappelé l’importance de la prise en charge de cette affection,<br />
véritable problème de santé publique en France. La campagne<br />
de sensibilisation, de grande ampleur est présente depuis le<br />
mois de mai autant sur les écrans de télévision qu’à la radio,<br />
avec diffusion de spots conçus comme une interview entre<br />
Frank <strong>Le</strong>BoeUF et une journaliste. Un site Internet dédié est<br />
également ouvert* et une seconde vague en radio débutera fin<br />
septembre <strong>2010</strong>.<br />
*www.dosaumur.com<br />
PRévENTION DES ChUTES<br />
DES SENIORS ?<br />
La solution proposée par Astelia et Centaure metrix<br />
30 à 60 % des personnes de plus de 65 ans font, chaque année,<br />
une chute grave entrainant une hospitalisation. Cette chute est<br />
vécue comme la conséquence d’une dégradation de la marche,<br />
avec perte d’assurance et risque de voir une chute grave suivre<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
55<br />
à plus ou moins long terme une première chute bénigne. outre<br />
le retentissement sur la qualité de vie, ces chutes coûtent près de<br />
4,9 milliards d’euros à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie<br />
et 3 milliards d’euros aux mutuelles, assurances, conseils généraux<br />
et assurés eux-mêmes.<br />
Astelia et Centaure Metrix, 2 sociétés innovantes dans le domaine<br />
de la santé ont mis au point un programme en plusieurs<br />
phases pour prévenir les chutes :<br />
• pratique d’un test de marche (Locométrix R), mesurant en<br />
quelques minutes le risque de chute en cas de marche irrégulière<br />
(indice de régularité compris entre 280 et 299) ;<br />
• s’il y a risque élevé de chute (indice de régularité inférieur<br />
à 280), établissement d’un bilan et mise en place d’un programme<br />
de rééducation spécifique ;<br />
• mise en place d’une télé-assistance (montre-téléphone Miniphone<br />
R) facilitant l’appel des secours en cas de chute et<br />
permettant de réduire le délai d’intervention médicale.<br />
2 e CONGRèS DE RhUMATOLOGIE<br />
Laboratoire LABRHA / 15-17 mai <strong>2010</strong><br />
rois sessions scientifiques ont été tenues, sous la pré-<br />
T<br />
sidence du Pr Patrice FARDeLLone (Amiens). La première<br />
concernait la fibromyalgie, la deuxième l’arthrose<br />
et l’ostéoporose, la troisième les tendinopathies.<br />
<strong>Le</strong> Pr Philippe BeRTIn (Limoges) a évoqué les différents traitements<br />
de la fibromyalgie, et plus particulièrement les antidépresseurs.<br />
Selon une méta-analyse d’ARnoLD publiée en<br />
2000, l’efficacité des antidépresseurs tricycliques est insuffisamment<br />
démontrée contre la douleur, avec un pourcentage<br />
d’effets indésirables trop important, et un épuisement de l’effet<br />
thérapeutique. <strong>Le</strong>s nouvelles molécules, comme la duloxetine<br />
(CYMBALTA®) et le minalcipran ont un effet supérieur au placebo,<br />
mais présentent une efficacité très partielle, non durable,<br />
avec une mauvaise tolérance clinique. La prégabaline (LYRI-<br />
CA®), le dolasétron (AnZAMeT®) semblent plus intéressantes<br />
en matière d’efficacité.<br />
<strong>Le</strong> problème de l’approche du fibromyalgique a été exposé<br />
par le Dr Patrick GInIeS (Montpellier). A l’évidence, la fibromyalgie<br />
pâtit d’un problème de reconnaissance. Si l’on veut<br />
vraiment prendre en charge la douleur du fibromyalgique, il<br />
faut s’intéresser à lui, écouter ses revendications et ses plaintes,<br />
en un mot « parler sa langue ». Il est essentiel de lui apporter<br />
une information, un soutien, une motivation, indispensables<br />
pour que le traitement de sa douleur soit le meilleur possible.<br />
Pourquoi ne pas s’intéresser à la représentation artistique de la<br />
douleur telle que la reproduisent des auteurs de bandes dessinées<br />
? C’est à un passionnant voyage au cœur de ces images<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
56<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
que le Dr Patrick SICHeRe (Paris) a convié les auditeurs, illustration<br />
parfaite des problèmes de souffrance qui nous préoccupent<br />
tous, dessinateurs comme lecteurs…<br />
La Fibromyalgine® a fait la preuve de son efficacité dans une<br />
pré-étude sur 17 malades (etude FIBRA) <strong>Le</strong> Dr Dominique BA-<br />
Ron (Lannion) a précisé les modalités de la nouvelle étude<br />
(FIBRA 2), destinée à montrer l’efficacité à 6 mois de la Fibromyalgine<br />
forte® comparativement à la Fibromyalgine® classique,<br />
en complément du traitement habituel. <strong>Le</strong> démarrage<br />
de cette étude est prévu pour la fin <strong>2010</strong>.<br />
Au cours de la session Arthrose/ostéoporose, le point sur les<br />
AInS en <strong>2010</strong> a été fait par le Pr Philippe BeRTIn. La prescription<br />
des AInS requiert une analyse soigneuse de l’indication,<br />
avec évaluation du risque digestif (l’association avec un IPP,<br />
bien que coûteuse, réduit considérablement l’atteinte gastroduodénale).<br />
on s’intéresse de plus en plus au risque cardiovasculaire<br />
; en fonction de celui-ci, il peut être indiqué de recourir<br />
au choix des molécules les moins toxiques, comme le<br />
naproxène, avec une durée de prescription courte et en évitant<br />
les formes à libération prolongée. Il faut en outre savoir annuler<br />
une prescription et envisager une thérapeutique de remplacement.<br />
Selon le Pr nathalie BoUTRY (Lille), le diagnostic différentiel<br />
de l’arthrose digitale n’est pas toujours aisé, notamment avec<br />
le rhumatisme psoriasique et la chondrocalcinose. Seule la rhizarthrose<br />
est en général facilement identifiée. <strong>Le</strong>s US et l’IRM<br />
constituent des aides précieuses pour lever les équivoques.<br />
La rhizarthrose doit faire l’objet d’une identification et d’une<br />
classification précises, sur le plan clinique et radiologique. La<br />
décision thérapeutique en dépend : médicamenteuse dans les<br />
cas peu évolués (AInS locaux, capsaïcine, infiltrations cortisoniques,<br />
acide hyaluronique), chirurgicale (arthrodèse, prothèse)<br />
dans les cas plus sévères, en cas d’échec d’un traitement<br />
médical d’au moins 6 mois (Dr Thierry ConRoZIeR, Lyon).<br />
<strong>Le</strong>s thérapeutiques alternatives, en matière d’ostéoporose,<br />
sont légion : de la chiropraxie à l’acupuncture,<br />
des thérapeutiques manuelles à l’aromathérapie, de<br />
la naturopathie à la médecine chinoise, qu’elles soient<br />
conseillées par des thérapeutes ou prises en automédication,<br />
toutes les médecines peuvent être envisagées :<br />
elles ont été passées en revue par le Pr Patrice FARDeLLone,<br />
Amiens. Au final, leurs résultats plus ou moins aléatoires laissent<br />
la part belle aux traitements plus classiques…<br />
nUTRoS®, complément nutritionnel de l’os, fait désormais<br />
partie de l’arsenal thérapeutique de Labrha. <strong>Le</strong> Dr Jean-François<br />
MARC (Roanne) a évoqué sa composition et ses propriétés.<br />
nUTRoS®, outre la vitamine D3, présente à la dose de<br />
800 UI, apporte 3 éléments indispensables au nutriment de<br />
l’os : le lithotame, l’inuline, et la silice. Il est indiqué en prévention<br />
nutritionnelle de l’ostéoporose post-ménopausique, particulièrement<br />
chez les femmes ostéopénques sans fracture, et<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
en complément des traitements de l’ostéoporose des femmes<br />
après la ménopause, fracturées ou non, ainsi que de l’ostéoporose<br />
masculine. La lithiase rénale, l’hypercalcémie et l’intolérance<br />
à la vitamine D constituent des contre-indications.<br />
Glucosamine : sulfate ou chlorhydrate ? D’après le Dr Thierry<br />
ConRoZIeR, seule la forme sulfate est efficace. De nouvelles<br />
molécules à base de glucosamine doivent être prochainement<br />
commercialisées : il sera donc impératif de vérifier s’il s’agit de<br />
chlorhydrate ou de sulfate.<br />
La dernière session était consacrée aux tendinopathies. en cas<br />
de survenue, l’on peut recourir pour le diagnostic soit à l’échographie,<br />
soit à l’IRM. <strong>Le</strong> Pr nathalie BoUTRY a rappelé que<br />
l’atteinte du tendon se traduit sur l’échographie par un signal<br />
hypo-échogène et un hyper signal couleur. en IRM, elle se traduit<br />
par un hyper signal en T2, et en T1 sous gadolinium intra<br />
tendineux. La technique de l’échographie paraît très nettement<br />
supérieure à l’IRM pour l’évaluation des lésions ; il n’existe pas<br />
cependant de corrélation entre la clinique et l’imagerie. et, on<br />
ne peut tirer de l’échographie une valeur prédictive pour l’arrêt<br />
ou la reprise du sport.<br />
Médecin du sport, le Dr Patrick <strong>Le</strong> GoUX (Boulogne) a exposé<br />
la manière de prendre en charge le traitement des tendinopathies.<br />
Il est grandement amélioré par la pratique de l’échographie.<br />
<strong>Le</strong>s thérapeutiques classiques sont bien connues : mise<br />
au repos, glaçage, AInS per os ou par voie locale, massages<br />
transverses profonds, infiltrations cortisoniques, thérapeutiques<br />
physiques, orthèses. À celles-ci s’ajoutent désormais de<br />
nouveaux moyens d’action : les ondes de choc, le laser Co2,<br />
les patches à la trinitrine pour leur effet vasodilatateur, les injections<br />
sclérosantes. L’échec des traitements médicaux et/ou<br />
paramédicaux conduit à la chirurgie : les techniques d’intervention<br />
s’affinent et se font plus légères (chirurgie percutanée).<br />
<strong>Le</strong>s traitements par injection de cellules-souches et de facteurs<br />
de croissance (extraits plaquettaires obtenus par centrifugation<br />
du plasma) sont relativement récents, mais on commence<br />
à disposer des résultats encourageants de certaines études<br />
contrôlées, comme l’a mentionné le Dr olivier FICHeZ (Saint-<br />
Raphaël). <strong>Le</strong> but est d’apporter in situ les facteurs anaboliques<br />
favorisant la restauration du tendon (IGF, TGF bêta, FGF, PDGF,<br />
VeGF….). La tendance actuelle est de privilégier l’injection de<br />
concentré plaquettaire en lieu et place du sang autologue.<br />
<strong>Le</strong> Dr Thierry ConRoZIeR est désormais conseiller au développement<br />
du laboratoire ; il a présenté les études en cours<br />
ou à venir pour les différentes spécialités de celui-ci. De plus<br />
en plus de certitudes existent, mais beaucoup de questions restent<br />
encore en suspens. Un vaste programme de recherche est<br />
ouvert, sur l’efficacité clinique, sur les modèles animaux, en<br />
recherche fondamentale…
CONFéRENCE DE PRESSE<br />
DE L’ASSOCIATION FRANCE<br />
SPONDyLARThRITES (AFS)<br />
Boulogne-Billancourt 3 juin <strong>2010</strong><br />
O<br />
nt participé à cette conférence : les Prs Thomas BAR-<br />
DIn et Bruno FAUTReL (Paris), Mmes et Mr Laurence<br />
CARTon, Marie Laure BIGoURIe, Serge DUTRIeUX, de<br />
l’AFS, et Mr Jean-Michel nIoBe, spondylarthritique titulaire d’un<br />
record de kayak (descente de la Loire, 1020 km, en 10 jours).<br />
Différents thèmes ont été abordés.<br />
L’AFS existe depuis 10 ans, et compte<br />
plus de 2200 adhérents. elle regroupe<br />
de multiples associations régionales<br />
(17 aujourd’hui, 2000 fin <strong>2010</strong>). elle<br />
est particulièrement active : conférences<br />
régionales, magazine spécialisé paraissant 3 fois par<br />
an, attribution d’un prix de 15 000 € en partenariat avec la SFR<br />
pour encourager la recherche (remise en septembre <strong>2010</strong>).<br />
L’un des buts est de répondre aux questions des malades et de<br />
mettre davantage en lumière la spondylarthrite (SA), comparativement<br />
à la PR plus « médiatisée ». <strong>Le</strong> caractère insidieux<br />
de la maladie fait souvent retarder le diagnostic (délai actuel<br />
moyen 5 ans). Pour cette raison, une grande enquête par le<br />
Web a été lancée en <strong>2010</strong> (« Mal au Dos »), à la recherche de<br />
SA non détectées. L’un des rôles de l’association est également<br />
d’aider à l’accès aux biothérapies, par une information éclairée<br />
et largement diffusée.<br />
La maladie est reconnue depuis plus de 60 ans (travaux de de<br />
SeZe et coll.) L’objectif de la prise en charge est de diagnostiquer<br />
le plus tôt possible, afin d’améliorer les douleurs et d’éviter<br />
l’enraidissement. Du point de vue thérapeutique, la SA est particulièrement<br />
sensible aux AInS, ce qui aide parfois à asseoir le<br />
diagnostic. Mais le pronostic a été transformé par l’arrivée des<br />
biothérapies, souvent plus efficaces dans la SA que dans la PR,<br />
au prix cependant d’un coût de traitement particulièrement élevé<br />
et de la survenue possible d’infections. La SFR recommande<br />
l’emploi des anti TnF alpha en cas de résistance aux AInS. Dans<br />
les formes très évoluées, une intervention chirurgicale peut être<br />
indiquée pour redonner une certaine autonomie aux malades.<br />
La SFR et l’industrie pharmaceutique ont développé plusieurs<br />
programmes destinés à mieux connaître la maladie et à en assurer<br />
une meilleure prise en charge (regroupement de moyens<br />
entre l’AFS, la SFR, la fondation ARTHRITIS), étude épidémiologique<br />
de cohorte (« DeSIR »), fonds de dotation de la SFR («<br />
Vaincre le Rhumatisme »), recherche intensive sur de nouvelles<br />
molécules. Il faut rappeler aussi l’importance de la rééducation,<br />
de la réinsertion sociale du malade et de la gestion de sa<br />
détérioration psychologique. enfin, le développement de programmes<br />
d’éducation thérapeutique spécifiques, qui fait partie<br />
de la loi HPST, devrait favoriser une meilleure compréhension<br />
de la maladie et de meilleurs échanges entre les thérapeutes<br />
et leurs patients.<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
1 re jOURNéE REPER<br />
(Rencontres et perspectives en rhumatologie)<br />
Paris, 1 er 0ctobre <strong>2010</strong><br />
Communiqué des Laboratoires ABBOTT<br />
57<br />
Cette 1 re Journée RePeR a pour thème : « inhibition de l’ossification<br />
des spondylarthrites : mythe ou réalité ? »*<br />
De nombreuses hypothèses sont au cœur de discussions sur les<br />
mécanismes physiopathologiques des spondylarthrites. C’est<br />
pour faire le point sur leurs connaissances concernant le processus<br />
d’ossification de la spondylarthrite ankylosante depuis les<br />
premiers stades physiopathologiques jusqu’aux conséquences<br />
cliniques et thérapeutiques, que le Pr Pascal CLAUDePIeRRe et le<br />
Pr Philippe GoUPIL<strong>Le</strong> présideront la 1ère Journée RePeR, réalisée<br />
avec le soutien institutionnel d’Abbott. <strong>Le</strong>s diverses communications<br />
seront assurées par les modérateurs, ainsi que<br />
par les Prs et Drs Lories (Belgique), Wendling, Thau Pham, et<br />
Roux (France).<br />
*Pour l’obtention du programme détaillé des sessions, adressez<br />
un mail à : rhumatologie@abbott.fr<br />
« LA SANTé N’A PAS DE PRIX »,<br />
UN SLOGAN OBSOLèTE<br />
Communiqué des Laboratoires PFiZER / 30 juin <strong>2010</strong><br />
ce jour, la médico-économie, qui s’attache à définir<br />
le retentissement financier des affections et de<br />
à leur traitement prend une importance croissante et fait<br />
partie des paramètres essentiels à connaître si l’on veut comprendre<br />
le fonctionnement des systèmes de santé. Pour essayer<br />
de mieux comprendre son caractère essentiel, le Pr Robert<br />
LAUnoIS, Directeur du Réseau d’evaluation d’economie de la<br />
Santé, et Mr Stéphane CoHen, Directeur des opérations en-<br />
BReL au sein des laboratoires Pfizer, ont bien voulu répondre à<br />
quelques questions.<br />
<strong>Le</strong> Pr LAUnoIS s’est attaché à redéfinir l’efficience, qui symbolise<br />
à elle seul le domaine de la médico-économie. Il existe<br />
pour lui 2 définitions :<br />
l’efficience productive, visant, au sein d’une même pathologie,<br />
à obtenir la meilleure rentabilité, et l’efficience redistributive,<br />
qui prend en compte les différences de coût selon les<br />
pathologies concernées : pour un coût donné, par exemple 10<br />
000 €, la préférence va à la prise en charge de 10 malades<br />
dont le traitement coûte 1000 €, plutôt qu’à la prise en charge<br />
d’un seul malade dont le traitement représentera la totalité de<br />
la somme. Toutefois, quelle que soit la définition, l’efficience<br />
n’est jamais liée à une diminution des dépenses.<br />
Mr Stéphane CoHen a défini l’engagement de Pfizer dans la<br />
médico- économie. Pour un laboratoire innovant, la médico-<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
58<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
économie permet de mettre en avant la valeur thérapeutique<br />
des produits, mais aussi leur valeur socio-économique, qui<br />
doit constituer un réel bénéfice pour la collectivité. L’innovation<br />
passe aussi par des traitements efficients. en matière de rhumatologie,<br />
l’on sait que les biothérapies ont un coût moyen de<br />
15 000 € par an et par patient. Ce coût peut-être perçu comme<br />
étant élevé pour les payeurs, raisonnable pour les professionnels<br />
de santé ou incontournable par les patients ; de ce fait, il<br />
est nécessaire d’harmoniser les points de vue par l’instauration<br />
d’un dialogue. <strong>Le</strong> coût d’un traitement n’est pas le seul facteur<br />
à prendre en compte : l’amélioration ressentie par le patient<br />
traité peut se traduire par de substantielles économies sur les<br />
coûts indirects induits, en diminuant les arrêts de travail, les<br />
hospitalisations, en améliorant l’environnement et la qualité<br />
de vie du patient.<br />
« Au final, la médico-économie permet d’avoir une vision globale.<br />
elle permet de mieux appréhender la maladie, les pratiques<br />
médicales, les traitements, les attentes des patients… le<br />
tout au bénéfice de la santé publique. »<br />
O-ARM, NOUvEAU SySTèME<br />
D’IMAGE NUMéRIQUE 3D<br />
Présentation medtronic / Bordeaux, 7 juin <strong>2010</strong><br />
A<br />
ussi bien en neuro chirurgie qu’en orthopédie, la<br />
chirurgie assistée par ordinateur prend de plus en plus<br />
d’ampleur, puisqu’ elle aide le chirurgien dans la réalisation<br />
de gestes diagnostiques ou thérapeutiques plus précis<br />
et moins invasifs. Par le placement d’implants et le guidage<br />
d’instruments, les appareils les plus modernes autorisent un<br />
meilleur déroulement de l’acte opératoire, avec une localisation<br />
précise des repères aussi bien en 2D qu’en 3D en trois<br />
dimensions.<br />
L’appareil présenté par Medtronic<br />
apporte désormais une qualité<br />
d’image jamais égalée en un<br />
délai très court (13 secondes). La<br />
conception de l’appareil, sous une<br />
forme annulaire complète, sans<br />
éléments mobiles, autorise le recueil<br />
de données sur 360°. Il se couple de manière automatique<br />
avec un système de navigation qui facilite grandement<br />
la prise en charge de cas difficiles (difformités, fractures complexes,<br />
anomalies anatomiques, etc.). La sûreté et la rapidité<br />
du geste chirurgical en sont de beaucoup améliorées. C’est un<br />
outil de choix pour le chirurgien orthopédiste tout comme pour<br />
le neurochirurgien, qui doit repérer de manière stéréotaxique<br />
sans aucune marge d’erreur les zones du cerveau à traiter.<br />
<strong>Le</strong> premier appareil o-Arm a été livré au CHU de Bordeaux.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
Il est utilisé en neurochirurgie pour le traitement, entre autres,<br />
de la maladie de Parkinson par implantation d’électrodes intra<br />
encéphaliques, et permet d’obtenir une certitude du geste<br />
en toute sécurité. Son utilisation est partagée par le service<br />
de chirurgie orthopédique pour des opérations complexes de<br />
la colonne vertébrale (mise en place de matériel d’ostéosynthèse,<br />
prothèses discales, ostéosynthèse vertébrale) ou pour le<br />
traitement des scolioses, des spondylolisthésis et des fractures.<br />
Malgré son importance, le système est facilement déplaçable<br />
d’un bloc chirurgical à l’autre. Ceci permet à plusieurs équipes<br />
bénéficier des atouts de l’appareil : meilleur contrôle de l’environnement<br />
chirurgical, réduction du temps d’intervention,<br />
réduction du taux d’infection et donc diminution du temps<br />
de séjour à l’hôpital. <strong>Le</strong>s performances du système devraient<br />
conduire à une amélioration spectaculaire des techniques micro-chirurgicales,<br />
de plus en plus performantes et de moins en<br />
moins invasives.<br />
NOUvELLES DONNéES SUR LES<br />
ARThROPAThIES INFLAMMATOIRES<br />
d’après les symposiums des laboratoires Abbott<br />
EULAR, Rome, 17 juin <strong>2010</strong><br />
Données présentées par le Dr Sandrine GUIS (Marseille)<br />
Élément essentiel de la prise en charge de la polyarthrite<br />
rhumatoïde (PR) : la protection articulaire.<br />
La PR se caractérise par une importante atteinte articulaire inflammatoire<br />
et une détérioration structurale des os et du cartilage.<br />
Cette destruction est responsable du handicap, auquel<br />
elles donnent un caractère définitif et irréversible. La prise en<br />
charge de la PR consiste à faire un diagnostic précoce, à limiter<br />
la destruction articulaire, et déterminer les facteurs prédictifs<br />
d’évolution structurale.<br />
<strong>Le</strong> suivi de la détérioration peut se faire par le score de Sharp,<br />
analysant l’évolution des érosions et pincements Une étude de<br />
2005 (LAnDeWe) a mis en évidence la stabilisation de l’évolution<br />
du score de Sharp dans les PR très actives sous adalimumab,<br />
corrélée à la diminution des phénomènes inflammatoires.<br />
Cette activité est dans le droit fil des recommandations<br />
de l’eULAR.<br />
Par ailleurs la destruction articulaire cartilagineuse est responsable<br />
d’un pincement irréversible, en rapport avec le rôle nocif<br />
joué par le TnF alpha. Là encore, l’efficacité de l’adalimumab a<br />
été démontrée (résultats de l’étude PReMIeR à 5 ans) aussi bien<br />
sur les érosions que sur le pincement. C’est dire l’importance<br />
d’une mise en route précoce d’un traitement efficace, susceptible<br />
de diminuer l’inflammation, de retarder l’apparition des<br />
érosions et pincement, et donc de prévenir le handicap.
Que faut-il attendre du traitement pour les spondylarthropathies<br />
?<br />
Cette pathologie est aussi fréquente que la PR. elle nécessite,<br />
comme celle-ci, un diagnostic et une prise en charge le<br />
plus tôt possible, d’autant plus que, entre les premières douleurs<br />
et l’apparition des signes radiographiques standards, il<br />
s’écoule souvent une période de 5 à 10 ans. L’IRM donne de<br />
meilleurs résultats et fait désormais partie des critères de diagnostic<br />
(ASAS). elle est en effet capable de détecter précocement<br />
l’inflammation, notamment au niveau des sacro-iliaques,<br />
et constitue une aide précieuse pour le suivi des traitements.<br />
Parmi ceux-ci, les anti TnF sont efficaces à tous les stades de<br />
la maladie, avec une réduction de l’inflammation pouvant atteindre<br />
47 % avec l’adalimumab (étude HeRMAnn, eULAR<br />
2008). Au niveau périphérique, les critères de classification<br />
s’appuient sur les associations entre les arthrites, les enthésites<br />
et les dactylites, et les signes spécifiques tels que le psoriasis<br />
ou les inflammations intestinales. <strong>Le</strong>s anti TnF sont également<br />
efficaces dans les spondylarthropathies périphériques, et là<br />
encore, il convient de détecter précocement la maladie et la<br />
traiter possible pour retarder le handicap.<br />
LA SyNERGIE PATIENT/MéDECIN<br />
Clé de la prise en charge de<br />
l’arthrose ?<br />
Symposium iBSA - LABORATOiRES GEnEVRiER<br />
Eular ROmE, 17 juin <strong>2010</strong><br />
<strong>Le</strong>s Drs Catherine BeAUVAIS (Paris, France) et Beat MICHeL<br />
(Suisse) présidaient cette réunion.<br />
en introduction, le Dr BeAUVAIS a rappelé l’importance de<br />
l’éducation thérapeutique du patient, qui fait partie des recommandations<br />
eULAR (2003) pour la prise en charge de la<br />
gonarthrose. elle constitue un élément indispensable sans lequel<br />
la meilleure des thérapeutiques peut être en échec. Sur le<br />
même thème, le Pr Serge PeRRoT (Paris) a évoqué la multiplicité<br />
des aspects de l’arthrose, avec les différents outils permettant<br />
d’en apprécier l’impact : eVA pour la douleur, SF 36 et<br />
AMIQAL pour la qualité de vie, imagerie pour la détérioration<br />
structurale, WoMAC pour le handicap, consultations spécialisées<br />
pour les désordres psychologiques. <strong>Le</strong> patient, souvent un<br />
peu dépassé, est au centre d’un dispositif impliquant un certain<br />
nombre de thérapeutes, tous compétents dans leur spécialité :<br />
rhumatologues, algologues, pharmaciens, infirmières, diététiciens,<br />
et soumis en outre à l’influence de l’entourage qui<br />
peut être considérable. L’éducation thérapeutique du patient<br />
passe par 3 niveaux : information sur la maladie, éducation<br />
du patient et de l’entourage, formation thérapeutique du patient<br />
pour une meilleure connaissance de la maladie, des effets<br />
secondaires de la thérapeutique, et pour une amélioration de<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
59<br />
l’adhérence au traitement. Mieux expliquer la maladie, c’est<br />
informer le patient sur ses possibilités et le motiver pour l’aider<br />
à guérir. Des programmes adaptés sont développés au sein<br />
de diverses entités. Même si un certain nombre de barrières<br />
gêne parfois leur mise en place, il semble désormais établi<br />
que l’éducation thérapeutique du patient constitue un excellent<br />
moyen pour améliorer les symptômes et réduire les coûts du<br />
traitement de l’arthrose.<br />
Un exemple d’éducation thérapeutique du patient a été présenté<br />
par le Pr Philippe RAVAUD (Paris), portant en particulier<br />
sur les moyens non pharmacologiques destinés à réduire<br />
le poids du malade et améliorer ainsi son activité physique.<br />
Ce programme, dénommé ARTIST (osteoarthritis intervention<br />
standardized), a été évalué par un essai thérapeutique portant<br />
sur 327 patients à l’inclusion, 235 ayant pu être recontactés<br />
un an après la mise en place. Même si la méthodologie n’était<br />
pas parfaite, il a été mis en évidence que la perte de poids<br />
moyenne au bout d’un an était d’1 kg ; ce chiffre peut paraître<br />
modeste, toutefois une diminution de poids de cet ordre diminue<br />
de 4,8 kg la charge compressive sur chaque genou pour<br />
chaque mile parcouru.<br />
<strong>Le</strong> Pr Beat MICHeL (Suisse) a exposé son approche rationnelle<br />
du traitement de l’arthrose. Il a rappelé que la douleur liée à<br />
l’arthrose peut être en rapport avec la souffrance des différentes<br />
structures constituant l’articulation. L’effet placebo n’est<br />
jamais négligeable, mais la douleur est généralement améliorée<br />
par l’association de moyens non pharmacologiques et<br />
pharmacologiques, au sein desquels les traitements de fond<br />
tels le chondroïtine sulfate (Chondrosulf®) et la glucosamine<br />
sulfate (GS) figurent en bonne place, avec un niveau d’efficacité<br />
démontrée particulièrement élevé sur la clinique mais également<br />
sur la protection du cartilage . La revue des différents<br />
essais thérapeutiques et méta-analyses autorise une appréciation<br />
exacte de l’efficacité et des effets secondaires attachés à<br />
chaque thérapeutique. <strong>Le</strong>s évènements indésirables liés aux<br />
traitements de la phase aiguë (AInS, antalgiques) sont connus<br />
et fréquents : en revanche, les traitements de fond précités<br />
jouissent d’une excellente tolérance. en parallèle, l’acide hyaluronique<br />
intra-articulaire a également fait la preuve de son<br />
efficacité face aux corticoïdes.<br />
3 principes essentiels toutefois à considérer dans le cadre d’une<br />
prise en charge de l’arthrose: ne mettre en route un traitement<br />
qu’après examen complet du patient ; adapter le traitement à<br />
chaque patient pris en charge ; le moduler si nécessaire.<br />
<strong>Le</strong> Pr Karel PAVeLKA (Tchéquie) a présenté les résultats de<br />
l’étude de non-infériorité de Sinovial® face à Hylane GF-20.<br />
Cette nouvelle étude vient confirmer l’efficacité clinique et l’excellente<br />
tolérance de Sinovial®. (Cf CR conférence de presse<br />
GeneVRIeR, 24.6.<strong>2010</strong>, même n°, page ???.<br />
Une étude helvétique randomisée en double aveugle vs placebo<br />
de Chondrosulf®(chondroïtinesulfate) dans l’arthrose<br />
digitale a été réalisée sur 162 patients en ITT. <strong>Le</strong>s résultats ont<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
60<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
été présentés par le Pr Cem GABAY (Suisse). en per protocole,<br />
72 patients ont reçu le traitement actif, et 67 le placebo. <strong>Le</strong>s<br />
2 groupes présentaient des caractéristiques identiques à l’inclusion,<br />
(caractéristiques démographiques, niveau de douleur,<br />
score de Dreiser). Après 6 mois de traitement, la réduction de<br />
la douleur globale spontanée sur l’eVA, le score de Dreiser,<br />
et l’appréciation de l’amélioration par le médecin sont significativement<br />
en faveur du traitement par Chondrosulf®, ainsi<br />
que la réduction de la raideur matinale. Concernant la force<br />
de préhension, la consommation de médicaments de secours<br />
et la tolérance, aucune différence significative n’a été mise en<br />
évidence. L’efficacité de Chondrosulf® et son excellente tolérance<br />
sont ainsi mises en évidence dans une pathologie arthrosique<br />
souvent particulièrement douloureuse et handicapante.<br />
« Etant donné qu’il n’existe que peu d’alternatives disponibles,<br />
et qu’une bonne partie d’entre elles n’ont pas été bien étudiées,<br />
Chondrosulf® devrait prendre, en raison des résultats de cette<br />
étude, une place plus importante dans le traitement de l’arthrose<br />
des articulations des doigts. » (Dr Cem Gabay)<br />
nouvelles données TDm à haute définition :<br />
EFFICACITé D’EvISTA® DéMONTRéE<br />
SUR LA QUALITé OSSEUSE DES PA-<br />
TIENTES OSTéOPOROTIQUES<br />
(d’après un article publié dans International Journal of<br />
Clinical Rheumatology <strong>2010</strong> vol.5 issue 4)<br />
eVISTA® (raloxifène 60 mg) est un modulateur sélectif du récepteur<br />
des œstrogènes (SeRM : Selective estrogen Receptor<br />
Modulator). Il est indiqué dans le traitement et la prévention de<br />
l’ostéoporose chez les femmes ménopausées. Il a été démontré<br />
que le raloxifène rend les os plus solides et réduit le risque<br />
de fractures vertébrales. eVISTA® a été utilisé par 30,8 millions<br />
de femmes dans le monde, jusqu’à 8 millions en europe.<br />
La densité minérale osseuse (DMo) évaluée par absorptiométrie<br />
biphotonique à rayons X (DeXA) est la méthode de référence<br />
actuelle pour le diagnostic de l’ostéoporose, mais n’est<br />
pas assez fiable pour mesurer l’effet thérapeutique d’un traitement<br />
anti-ostéoporotique. Une nouvelle technique d’imagerie<br />
tridimensionnelle appelée microQCT permet d’accéder à<br />
l’intérieur de l’os pour visualiser la structure et la qualité de<br />
l’os. Ceci constitue une nouvelle approche pour le suivi des<br />
modifications osseuses, en particulier lors d’un traitement médicamenteux<br />
anti-ostéoporotique.<br />
Selon une étude récente, cette nouvelle technique permet d’affirmer<br />
qu’eVISTA® (raloxifène 60 mg ; une prise par jour, Laboratoires<br />
DAIICHI SAnKYo), indiqué dans le traitement et la<br />
prévention de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées,<br />
améliore la qualité osseuse mesurée par tomodensitométrie<br />
quantitative périphérique à haute résolution.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
L’étude qui a duré 15 mois a démontré que tous les paramètres<br />
analysés s’étaient améliorés pendant la période de traitement.<br />
Par exemple, le raloxifène a augmenté le volume trabéculaire<br />
osseux de 2,9 % et 3,9 % et la densité osseuse corticale de<br />
1,1 % et 0,7 % au niveau du radius et du tibia respectivement.<br />
« Grâce aux images 3D, nous pouvons maintenant avoir un<br />
aperçu de la microarchitecture osseuse. Ceci permet de déterminer<br />
l’effet des divers traitements anti-ostéoporotiques,<br />
comme cela est illustré ici avec le raloxifène. Nous comprenons<br />
mieux maintenant et nous sommes en mesure de visualiser<br />
que la structure osseuse et pas seulement la densité osseuse<br />
est cruciale pour maintenir la qualité de l’os », affirme le<br />
Dr RADSPIe<strong>Le</strong>R, coordinateur de l’étude (Munich).<br />
HR-pQCT : h Resolution peripheral Quantitative Computed<br />
Tomography<br />
SINOvIAL® : EFFICACITé ET<br />
TOLéRANCE CONFIRMéES<br />
RéSULTATS D’UNE NOUvELLE éTUDE<br />
COMPARATIvE<br />
Conférence de presse des Laboratoires GEnEVRiER<br />
24 juin <strong>2010</strong><br />
A<br />
fin de procéder au renouvellement de l’inscription<br />
des acides hyaluroniques sur la liste des produits et<br />
prestations remboursables, la HAS a demandé une<br />
réévaluation de leur efficacité selon un cahier des charges<br />
strict. <strong>Le</strong> protocole mis en place par le laboratoire Gene-<br />
VRIeR, conforme à ce cahier des charges, a débouché sur une<br />
étude en conformité avec les bonnes pratiques cliniques européennes.<br />
<strong>Le</strong>s résultats de cette étude ont été présentés par le<br />
professeur Philippe BeRTIn (Limoges)<br />
Au préalable, celui-ci a rappelé les caractéristiques de l’arthrose,<br />
sa fréquence et son retentissement sur la population en<br />
général, et chez les gens plus âgés en particulier. La première<br />
articulation touchée est le genou, avec un retentissement douloureux<br />
qui peut être considérable, lié à l’inflammation synoviale,<br />
à la détérioration de l’os sous-chondral, à l’atteinte<br />
capsulo-tendineuse et au système nerveux sympathique. <strong>Le</strong><br />
passage à la chronicité est dramatiquement vécu par le patient<br />
sur le plan physique, psychologique, comportemental, sociofamilial<br />
et professionnel. <strong>Le</strong>s diverses recommandations (ACR,<br />
eULAR, oARSI) reconnaissent le rôle de l’acide hyaluronique et<br />
conseillent son utilisation dans l’arthrose : restauration d’une<br />
concentration intra-articulaire convenable et mise en œuvre<br />
de la synthèse d’acide hyaluronique de poids moléculaire plus<br />
élevé, restauration des qualités du liquide, amélioration de la<br />
gêne fonctionnelle.
L’étude proprement dite de Sinovial® a été menée comparativement<br />
à l’Hylane GF-20 (Synvisc®, laboratoire Genzyme. <strong>Le</strong><br />
but de l’étude était de prouver la non-infériorité de la performance<br />
clinique de Sinovial comparativement à Hylane GF-20,<br />
chez des patients souffrant de gonarthrose symptomatique. Il<br />
s’agissait d’une étude multicentrique, contrôlée, randomisée,<br />
en double aveugle, sur deux groupes parallèles. 381 patients<br />
ont été randomisés, et 354 analysés en per protocole.<br />
La technique d’injection était la même dans les 2 groupes :<br />
3 injections à une semaine d’intervalle par voie externe latéro-rotulienne.<br />
L’analyse statistique a été faite per protocole<br />
et en intention de traiter. La limite inférieure d’acceptation sur<br />
la douleur de l’indice de Womac, critère principal, a été définie<br />
à 8 mm, ce qui est largement acceptable au regard de<br />
la littérature scientifique qui rend généralement compte d’une<br />
limite fixée à 10mm. <strong>Le</strong>s autres critères étaient l’amélioration<br />
du score Womac et des sous-scores douleur, raideur, et fonction,<br />
la variation de l’indice algo-fonctionnel de <strong>Le</strong>quesne à<br />
1, 3, et 6 mois, et la satisfaction des patients. La tolérance a<br />
également fait l’objet d’une évaluation. L’efficacité de Sinovial<br />
a été confirmée sur la douleur et la mobilité, avec une satisfaction<br />
patient/médecin supérieure à 80 % et une excellente<br />
tolérance. Par ailleurs, l’étude a démontré la non-infériorité de<br />
Sinovial® versus Hylane GF-20 sur le critère primaire.<br />
OSTéOPOROSE POST-MéNOPAUSIQUE<br />
vERTéBRALE<br />
Quelle place pour le raloxifène ?<br />
Symposium DAiiCHi-SAnKYO / 4 juin <strong>2010</strong><br />
C<br />
e symposium avait lieu dans le cadre du premier<br />
Congrès du Groupe d’etudes sur la Ménopause et le<br />
Vieillissement hormonal (GeMVI). <strong>Le</strong> Pr Thierry THo-<br />
MAS (Saint-étienne) a rappelé l’importante incidence de l’ostéoporose<br />
post ménopausique, qui touche plus de 200 millions<br />
de femmes à travers le monde. Cette maladie est grevée<br />
par le risque de survenue de fractures, qui peuvent évoluer de<br />
manière dramatique. Ainsi, la fracture vertébrale et de l’extrémité<br />
supérieure du fémur augmente le risque de mortalité,<br />
majore le risque de survenue d’autres fractures, notamment<br />
vertébrales. La maladie induit par ailleurs une forte incidence<br />
sur la détérioration de la qualité de la vie, cette majoration du<br />
handicap pouvant conduire à une dépression plus ou moins<br />
profonde.<br />
L’incidence fracturaire augmente fortement avec l’âge. La<br />
survenue d’une première fracture multiplie par 5 le risque de<br />
récidive. or, les fractures vertébrales sont souvent sous diagnostiquées<br />
et non prises en charge. Il est donc important de<br />
pratiquer des clichés, qui permettront de classer la fracture<br />
selon la réduction de hauteur du corps vertébral (< à 20 %,<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
61<br />
> à 30 %, > à 40 %). La charge osseuse sera mesurée par<br />
densitométrie. Une bonne identification est indispensable pour<br />
mettre en place un traitement adapté et réduire le risque de<br />
« cascade fracturaire ».<br />
La place du raloxifène dans la stratégie thérapeutique a été<br />
évoquée par le Dr évelyne DRAPIeR- FAURe (Lyon). <strong>Le</strong> raloxifène<br />
est un « modulateur sélectif des récepteurs aux estrogènes<br />
» (« Selective Estrogen Receptor Modulator » ou SeRM).<br />
Après les résultats des études WHI et MWS témoignant d’une<br />
balance bénéfice/risque du THS défavorable chez la femme<br />
ménopausée, d’autres traitements ont dû être envisagés. L’efficacité<br />
du raloxifène pour freiner la perte osseuse post ménopausique<br />
et diminuer l’incidence des fractures vertébrales a<br />
ainsi été démontrée, chez la femme ménopausée ostéoporotique,<br />
par un essai clinique sur plusieurs milliers de patientes<br />
(étude MoRe). Il permet en outre, du fait de la multiplicité de<br />
ses cibles d’action tissulaire, d’envisager une prise en charge<br />
globale de la femme ménopausée, même si son indication<br />
princeps concerne exclusivement la prévention et le traitement<br />
de l’ostéoporose. Ses effets antagonistes sur le sein, et<br />
sa bonne tolérance sur l’endomètre et la sphère cardiovasculaire<br />
en font un traitement d’élection de la femme de la<br />
soixantaine 60 ans. Toutefois, le raloxifène peut augmenter le<br />
risque thromboembolique veineux. Son absence d’efficacité<br />
sur les troubles climatériques et la sécheresse vaginale tend<br />
à en restreindre l’utilisation chez les femmes symptomatiques<br />
au début de la post ménopause.<br />
L’efficacité anti-fracturaire du raloxifène a été démontrée sur<br />
4 ans, avec une tolérance satisfaisante étudiée sur 8 ans dans<br />
les essais cliniques. Comme les autres spécialités anti-ostéoporotiques,<br />
le raloxifène s’inscrit dans la stratégie thérapeutique<br />
par séquences en fonction de l’âge de la femme et du type de<br />
risque de fracture. Il ne devra pas être utilisé chez les femmes<br />
non ménopausées, sous anti-aromatases, en cas d’antécédents<br />
de cancer du col, ou d’accidents thromboemboliques.<br />
en fin de séance, le Dr Florence TReMoLLIeReS (Toulouse) a<br />
présenté trois cas d’utilisation en pratique du raloxifène.<br />
L’OSTEOPOROSE<br />
Un ouvrage du Pr Raoul GhOZLAN<br />
Edité par les Laboratoires ALKOPhARMA<br />
L’auteur de cet ouvrage, le Pr Raoul<br />
GHOZLAn, Professeur au Collège de Médecine,<br />
Chef du Service de Rhumatologie à<br />
l’Hôpital européen de Paris la Roseraie et<br />
de la Polyclinique d’Aubervilliers a initié une<br />
consultation dédiée à la prise en charge l’ostéoporose<br />
et à la prévention des chutes.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>
I<br />
62<br />
inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
Compte tenu de son excellente connaissance des problèmes<br />
de déminéralisation, il n’est pas étonnant qu’il ait réalisé ce<br />
petit ouvrage (100 pages) avec le plus grand soin. Tous les<br />
chapitres s’ordonnent dans un ordre logique : le métabolisme<br />
osseux, les conséquences du vieillissement et de l’ostéoporose<br />
sur l’architecture et la résistance mécanique, les marqueurs<br />
biochimiques, les facteurs de risque, les moyens d’évaluation<br />
de la masse osseuse constituent la première partie de l’ouvrage.<br />
on y trouve également, en bonne place, les causes<br />
moins connues d’ostéoporose, en dehors de la ménopause,<br />
ainsi qu’un chapitre sur l’ostéoporose masculine.<br />
<strong>Le</strong>s divers traitements sont évoqués de manière exhaustive et<br />
documentée, avec pour chaque molécule ses avantages et ses<br />
inconvénients, et surtout le bénéfice comparé d’un produit à<br />
l’autre en pourcentage d’activité sur la densité minérale osseuse.<br />
L’auteur a ainsi réalisé un document d’une parfaite maniabilité,<br />
extrêmement clair, qui constitue une très bonne synthèse des<br />
connaissances actuelles de la maladie ostéoporotique.<br />
vOLTARENPLAST 1%® :<br />
EMPLâTRE MéDICAMENTEUX<br />
POUR LE TRAITEMENT DES<br />
TRAUMATISMES BéNINS<br />
Communiqué des Laboratoires nOVARTiS / Avril <strong>2010</strong><br />
l s’agit d’un emplâtre médicamenteux à base de<br />
diclofénac à 1 %, se présentant sous forme d’une<br />
compresse adhésive et constituant un traitement local<br />
pour les traumatismes bénins douloureux.<br />
La fréquence de ce type de blessures est impressionnante:<br />
6000 entorses par jour pour la seule cheville. Parmi les 910<br />
000 accidents annuels liés à la pratique d’une activité physique<br />
et sportive, plus de la moitié consiste en foulures, entorses,<br />
et contusions. C’est à ce type de traumatismes que Voltaren-<br />
Plast® est destiné. L’application en courte durée permet d’apporter<br />
à la fois un effet antalgique et anti-inflammatoire, avec<br />
soulagement et réduction de l’œdème. Il peut être appliqué<br />
chez l’adulte et l’adolescent de plus de 15 ans et est délivré<br />
sans ordonnance. Une application matin et soir sur la zone<br />
douloureuse est recommandée. Son efficacité est reconnue et<br />
il jouit d’une excellente tolérance.<br />
<strong>Le</strong> conditionnement contient 5 emplâtres et correspond à 2,5<br />
jours de traitement. Cette durée est en générale suffisante,<br />
mais, si besoin, le traitement peut être prolongé jusqu’à 7<br />
jours. Il est désormais disponible en pharmacie.<br />
La rubrique “industrie : dernières nouveL<strong>Le</strong>s”<br />
a été réaLisée par <strong>Le</strong> dr MicheL bodin, paris<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />
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