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Le Rhumatologue N o 75 - Septembre 2010 - Fédération Française ...

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FMC<br />

<strong>Le</strong><br />

humatologue<br />

La revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie<br />

Rhumatologie :<br />

revue de la littérature<br />

Quand rechercher<br />

une maladie auto-immune<br />

de la thyroïde ?<br />

Fibromyalgie et hypnose<br />

Arthrite révélatrice<br />

d’une sarcoïdose<br />

SoCio-Pro<br />

URPS : rejet de la politique<br />

gouvernementale<br />

Revenus 2009 :<br />

la grande chute<br />

juridique<br />

Un patient averti deux fois...<br />

N° <strong>75</strong> / <strong>Septembre</strong> <strong>2010</strong>


N° <strong>75</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>Rhumatologue</strong><br />

Revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong><br />

de Rhumatologie<br />

www.france-rhumato.fr<br />

Directeur de la Publication<br />

Renaud Samakh<br />

Rédacteur en chef<br />

Dr José Carbonnier<br />

Coordination de la rédaction<br />

Olivia Solvit<br />

o.solvit@regifax.fr<br />

Conseillers Scientifiques<br />

Pr Bernard Mazières, Pr Philippe Orcel,<br />

Pr Jean-Denis Laredo<br />

Comité de Rédaction<br />

Dr Armand Bejbaum, Dr Martine Dellus,<br />

Dr Gérard Duverneuil,<br />

Dr Jean-Claude Gardiol, Dr Jean le Gallo<br />

Dr Benoît Loze, Dr Pierre Monod,<br />

Dr Philippe Pizzuti, Dr Yves d’Omezon,<br />

Dr Olivier Rossignol, Dr Eric Senbel<br />

Comité de lecture<br />

Dr Henri <strong>Le</strong>llouche,<br />

† Dr Marie-Hélène Mizony,<br />

Dr Daniel Chenebit, Dr Philippe Boyer,<br />

Dr Didier Jacques, Dr François Badois,<br />

Dr Nicole Molinas, Dr Patrick Maury,<br />

Dr Michel de Bandt, Dr Françoise Gondouin,<br />

Dr Lydie Coelho-Mandes,<br />

Dr Blandine Gerbay,<br />

Edition, Publicité et abonnements<br />

Régifax<br />

45-47 rue d'Hauteville<br />

<strong>75</strong>010 Paris<br />

Tél : 01 47 70 00 96<br />

Fax : 01 48 24 14 97<br />

Publicité et Congrès F.F.R.<br />

François Bondu<br />

f.bondu@regifax.fr<br />

Maquette<br />

Carole Dufés<br />

c.dufes@regifax.fr<br />

Couverture : photo Shutterstock<br />

Impression<br />

GRAFiCAS JOMAGAR, S. L.<br />

P. i. Arroyomolinos-Calle D, Nave 16<br />

Mostoles 28938, Madrid, Espagne<br />

Tarif abonnement : 1 an : 40 €<br />

Trimestriel réservé au corps médical<br />

Tirage : 3 500 exemplaires<br />

éditorial<br />

Olivier rOssignOl<br />

QUALITÉ DE VIE,<br />

ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE ET DPC<br />

ou l’art de rebondir avec élégance en milieu hostile<br />

uoi de commun entre ces trois thèmes, dont nous entendons parler de plus en plus<br />

souvent ces temps-ci ? <strong>Le</strong>s mauvais augures nous ressasseront que le Développement<br />

Q Professionnel Continu va nous «pourrir la vie» pendant toute la fin de notre carrière,<br />

ajoutant des contraintes coercitives et non rémunérées à un exercice déjà lourd comportant<br />

de plus en plus d’actes, notamment administratifs, peu ou pas valorisés. Plutôt que de considérer ces<br />

concepts comme des modes passagères, ou comme des corvées supplémentaires, pourquoi ne pas les<br />

combiner pour en faire un outil valorisant à la fois à titre individuel et pour la profession ?<br />

<strong>Le</strong> DPC, qui nous est annoncé depuis des mois, et qui finira peut-être par se mettre en place un<br />

jour, n’est que la suite de l’Evaluation des Pratiques Professionnelles, elle-même annoncée depuis des<br />

années avec des tentatives de démarrage vite réprimées par les diverses annonces politico-syndicales.<br />

A l’exception de ceux qui ont vraiment essayé l’EPP, notamment au sein des groupes GREC de la<br />

<strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie, chacun en connaît surtout les aspects rébarbatifs soigneusement<br />

entretenus : obligation d’utiliser des systèmes protocolés et abscons validés par la Haute Autorité de<br />

Santé, obligation de passer par un organisme centralisé pour la validation des actions, mainmise plus<br />

ou moins visible de la <strong>Fédération</strong> des sociétés savantes sur l’évaluation des pratiques de ville, Ordre<br />

des Médecins planqué comme un radar de gendarmerie au dernier virage, tout pour plaire ! Mais<br />

l’évolution vers une telle «usine à gaz» est-elle inéluctable ?<br />

La Qualité de vie (des patients, dont dépend finalement la nôtre) est une notion, certes abstraite,<br />

mais dont on pourrait s’étonner qu’elle ne soit apparue que récemment dans les systèmes d’évaluation<br />

en santé. De nos jours, pour savoir qui fait de la «bonne médecine» (nous, bien sûr…) et qui fait<br />

«n’importe quoi» (les autres…), la seule religion reconnue est celle de l’Evidence-Based Medicine.<br />

Malheureusement, ayant oublié sa Sainte Trinité d’origine pour devenir monothéiste stricte, l’EBM<br />

ne croit plus qu’aux preuves (études, publications, avis d’experts…) et plus du tout à l’expérience<br />

individuelle des praticiens ou aux attentes des patients. Il en résulte une course aux RBS (références<br />

bibliographiques sérieuses…), car ce qui n’est pas prouvé scientifiquement n’est pas pris en considération.<br />

Est-ce vraiment l’important ? Si l’on se demande quel est le service apporté à la collectivité par une<br />

spécialité clinique de proximité comme la Rhumatologie, celui-ci, comme pour les autres branches<br />

de la Médecine, peut se classer en trois rubriques : un gain d’espérance de vie des patients (il est<br />

certes reconnu et mesuré pour des pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde ou les ostéoporoses<br />

sévères, mais modeste comparativement à la cancérologie, aux maladies infectieuses ou à la cardiologie<br />

par exemple); un gain de productivité au travail pour les patients actifs (diminution de l’absentéisme,<br />

amélioration des conditions biomécaniques du geste professionnel) ; mais surtout une amélioration<br />

de la qualité de vie des patients, quelle que soit leur situation socio-professionnelle. <strong>Le</strong> problème est<br />

donc de pouvoir mesurer cette amélioration, car il y entre une grande part de subjectivité.<br />

L’éducation thérapeutique des patients est le dernier concept à la mode. Mais en réalité, chaque<br />

rhumatologue consciencieux la cultive depuis toujours : écoute, empathie, explications verbales<br />

sans cesse reformulées font partie intégrante de l’arsenal de notre spécialité, et chacun connaît leur<br />

importance et leur impact sur le résultat d’une prise en charge, qu’il s’agisse de pathologies aiguës<br />

ou - encore plus – de maladies chroniques. On a d’ailleurs l’intuition que cet impact est au moins aussi<br />

important que la prise en charge standardisée reposant sur l’EBM, mais comment le mesurer ?


éditorial<br />

Partant de ces réflexions, les responsables de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie ont formé le<br />

projet de mettre à la disposition de ceux qui souhaiteront s’en servir, un Indice de mesure de la<br />

Qualité de vie des patients atteints de pathologies rhumatismales de tous types. Pour employer une<br />

terminologie technique, cet indice sera de type psychométrique, c’est-à-dire qu’il évaluera les attentes<br />

du patient par rapport à son état de santé actuel plutôt que de mesurer des résultats d’arbitrages comme<br />

les indices classiques dits de type économique ; il sera de type personnalisé, c’est-à-dire construit en<br />

quelques minutes pour et avec chaque patient, mais sur un modèle standardisé rapide à mettre en<br />

œuvre. Ce projet, dénommé provisoirement GIRL (Gain d’Indice de qualité de vie et Rhumatologie<br />

Libérale), s’articule autour d’un indice déjà validé dans la littérature pour les lombalgies. Son principe<br />

schématique est de recueillir pour chaque patient les «Domaines de vie» que celui-ci juge les plus altérés<br />

par la maladie, et d’effectuer ensuite une pondération qui aboutira à un indice compris entre 0 et 100.<br />

Il reste donc à le décliner pour les autres pathologies. L’intérêt de construire un tel outil apparaîtra à<br />

plusieurs niveaux. A titre individuel, par exemple, il peut permettre de mesurer l’impact de la prise en<br />

charge d’un patient sur la qualité de vie de celui-ci, en effectuant deux mesures comparatives successives<br />

(sachant que la re-mesure est encore plus simple et rapide que la première, puisqu’elle en reprend les<br />

mêmes items). En poussant l’évaluation plus loin, on pourrait même faire un calcul économique de type<br />

QALY sur cet impact. <strong>Le</strong>s premiers tests ont montré que cet indice peut s’améliorer tantôt parce que le<br />

patient va mieux cliniquement, tantôt parce qu’à la suite de sa prise en charge par le praticien il s’adapte<br />

mieux à son handicap, ou encore parce qu’il a révisé de façon plus réaliste ses espérances d’amélioration.<br />

Notre outil sera donc sensible à l’éducation thérapeutique autant qu’au résultat clinique. Au niveau<br />

collectif, un regroupement des données permettrait de mieux appréhender l’altération de la qualité<br />

de vie des patients, ainsi que leurs attentes en matière d’amélioration. Il pourrait même permettre à<br />

terme d’en faire un indice décisionnel reflétant les attentes du patient, opposable aux indices purement<br />

cliniques, comme par exemple : indice GIRL versus DAS 28 pour modifier ou non le traitement d’une<br />

polyarthrite rhumatoïde… Dans un autre contexte, on pourrait aussi l’utiliser pour des études cliniques,<br />

épidémiologiques, thérapeutiques, etc. Enfin l’utilisation d’un tel indice dans la pratique quotidienne<br />

avec des patients présentant telle ou telle pathologie choisie d’avance étant le summum de l’Evaluation<br />

des Pratiques Professionnelles, puisqu’elle mesurera ces pratiques par leur impact, elle ne pourra que<br />

valider le DPC pour un minimum d’efforts.<br />

La construction d’un tel outil validé pour chaque pathologie à mesurer n’est pas très compliquée,<br />

mais elle demande la participation d’un maximum de rhumatologues libéraux… si nous souhaitons que<br />

l’indice GIRL soit vraiment adapté à la pratique de ville. La sélection des «Domaines de vie» pertinents à<br />

proposer ne peut se faire que de manière collective, par une alternance de réunions de travail et d’essais<br />

sur des patients, aboutissant progressivement à un tri des items, lequel doit être ensuite validé par<br />

des tests statistiques : un petit effort pour chacun, un gros travail de synthèse au niveau national, mais<br />

l’enjeu en vaut la peine ! Ce projet, qui vous sera présenté plus en détails dans les mois à venir, a pour<br />

vocation d’être développé en coordination avec le CFMR et la section «Education thérapeutique» de la<br />

SFR. Si nous parvenons au bout de sa mise au point, notre spécialité aura montré que tout en répondant<br />

aux attentes des pouvoirs publics, elle a su transformer une corvée annoncée en un outil simple mais<br />

scientifiquement validé, d’utilisation quotidienne et valorisante pour la profession, car appuyé sur<br />

l’expérience du praticien et orienté vers les attentes du malade, ressuscitant ainsi les deux piliers trop<br />

souvent oubliés de l’EBM.<br />

ATTENTION À VOTRE ATTESTATION DE<br />

PERSONNE COMPÉTENTE EN RADIOPROTECTION<br />

<strong>Le</strong>s attestations validées en 2006 doivent être renouvelées avant le 31 décembre 2011.<br />

Des sessions seront organisées par la F.F.R. dans les régions où la demande sera la plus<br />

forte, ou à défaut à Paris. A cet effet, merci de signaler votre souhait d’y participer par un mail<br />

précisant vos coordonnées adressé à france.rhumato@free.fr<br />

FORMATION à L'HYPNOSE EN RHUMATOLOGIE<br />

La prochaine saison de Formation à l’Hypnose débute<br />

en cette fin d’année. Elle comporte 3 week-end pleins.<br />

<strong>Le</strong>s dates des week-ends seront les 6 -7 novembre,<br />

4-5 décembre <strong>2010</strong> et 8-9 janvier 2011.<br />

Pour obtenir un dossier d’inscription, adresser un courrier au<br />

Dr Eric GIBERT, Centre Jeanne Hachette, 94200 Ivry-sur-Seine<br />

ou un courriel : giberteric@wanadoo.fr


6 Sommaire<br />

Formation Médicale Continue<br />

Revue de la littérature :<br />

Polyarthrite rhumatoïde<br />

Spondyloarthropathies<br />

Lupus et Sjögren<br />

Maladies systémiques<br />

Affections diverses<br />

Michel de Bandt<br />

Quand le rhumatologue doit-il rechercher une maladie auto-immune de la thyroïde ?<br />

Elisabeth Palazzo<br />

La lettre de la SOFOC - n° 3 / <strong>2010</strong><br />

Fibromyalgie, plasticité cérébrale et hypnose<br />

Eric Gibert<br />

Arthrite à cryptococcus neofomans révélatrice d’une sarcoïdose<br />

Zomalheto, Boibieux, Larbre, Persat, Llorca<br />

<strong>Le</strong> coin de l'imagerie<br />

Cas clinique<br />

David Petrover<br />

rubrique juridique<br />

Un patient averti deux fois en vaut... !<br />

Cour de Cassation, 1 re Chambre Civile, 26 octobre 2004<br />

Benjamin Attali<br />

informations Socio-Professionnelles<br />

Catherine Sanfourche<br />

Un régime sec de rentrée<br />

ETP : tous les textes sont parus (ou presque)<br />

Brèves<br />

Revenus 2009 des rhumatologues : la grande chute<br />

Elections aux URPS : le rejet des libéraux de la politique gouvernementale<br />

industrie<br />

Dernières nouvelles<br />

Michel Bodin<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

8<br />

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8<br />

FoRMATIon MéDICA<strong>Le</strong> ConTInUe<br />

revue de la littérature<br />

Dr Michel de Bandt<br />

Hôpital Robert Ballanger, Aulnay-sous-Bois<br />

PoLyarthrite rhuMatoïde<br />

La diffusion des<br />

synoviocytes explique<br />

l’extension de la pr d’une<br />

articulation à l’autre<br />

La maladie rhumatoïde est, par essence, une « polyarthrite »,<br />

donc une affection qui touche de nombreuses articulations.<br />

Il n’est cependant pas rare de voir un patient avec une atteinte<br />

initialement localisée qui va s’étendre ensuite de façon assez<br />

caricaturale pour toucher d’autres articulations et devenir<br />

bilatérale et symétrique. Par quel mécanisme se fait donc<br />

cette « diffusion » de la maladie ?<br />

<strong>Le</strong>s fibroblastes rhumatoïdes jouant un rôle important dans<br />

le processus pathologique (initiation puis entretien des<br />

processus d’inflammation et de destruction) il était logique<br />

de se demander s’ils ne jouaient pas aussi un rôle dans la<br />

diffusion de la maladie.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs ont donc développé un modèle ingénieux :<br />

l’articulation « source » de la maladie est reproduite chez<br />

la souris SCID par greffe dans le flanc droit de l’animal<br />

de cartilage humain sain et de fibroblastes rhumatoïdes<br />

provenant d’une articulation de PR humaine. Sur le flanc<br />

gauche de la bête, les auteurs greffent uniquement du<br />

cartilage sain humain<br />

<strong>Le</strong>s fibroblastes sont marqués et leur devenir est apprécié.<br />

Après quelque temps, les auteurs constatent que les greffes<br />

sont bien tolérées et vascularisées et que grâce à ces néo<br />

vaisseaux, des fibroblastes sont parvenus dans le cartilage<br />

sain du côte opposé et commencent à le détruire...<br />

Ce très élégant travail, publié dans une revue prestigieuse,<br />

nous éclaire donc sur un des mécanismes qui restait<br />

complètement inconnu dans la maladie et suggère aussi que<br />

les stratégies de blocage de la migration de ces fibroblastes<br />

puissent devenir des alternatives thérapeutiques intéressantes<br />

dans les formes précoces de la maladie.<br />

S <strong>Le</strong>fèvre et coll. Synovial fibroblasts spread rheumatoid arthritis to<br />

unaffected joints. Nature Medicine 2009 ;15 :1414-1420.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

<strong>Le</strong>s stratégies de traitement basées<br />

sur la mesure du DAS (contrôle strict<br />

de la pr) utiles dans les PR récentes !<br />

<strong>Le</strong>s stratégies dites « de contrôle strict de l’activité »<br />

des Polyarthrites Rhumatoïdes sont basées sur l’usage<br />

systématique d’un outil de mesure de l’activité pour atteindre<br />

un objectif thérapeutique en majorant systématiquement le<br />

traitement à cette fin.<br />

Une étude supplémentaire ajoute des arguments en faveur de<br />

ce type de stratégie et compare une conduite thérapeutique<br />

« classique » basée sur l’impression du médecin et une<br />

stratégie thérapeutique adaptée sur la mesure du DAS, chez<br />

des PR récentes.<br />

Dans le premier groupe (A), les patients de l’étude BeST<br />

reçoivent un traitement en continuelle majoration tant que<br />

la valeur du DAS reste supérieure à 2,4. L’objectif est la<br />

rémission. Dans le second groupe (B), il s’agit de patients<br />

suivis dans une clinique des arthrites aiguës et dont le<br />

traitement est laissé à la discrétion des cliniciens en charge<br />

des patients.<br />

Dans chaque groupe, les scores HAQ, DAS 28 et de<br />

Sharp/van der Heijde sont appréciés. À l’inclusion, les 234<br />

patients du groupe A et les 201 patients du groupe B ont<br />

des caractéristiques démographiques identiques, la valeur<br />

moyenne du HAQ est de 1,4.<br />

<strong>Le</strong> groupe A a une durée de la maladie plus longue que le<br />

groupe B (0,5 vs 0,4 années, p=0,016), une valeur plus forte<br />

du DAS (6,1 vs 5,7, p


La conclusion est rapide et simple : chez des patients avec<br />

une PR récente et recevant une approche thérapeutique<br />

classique, l’utilisation systématique du DAS et la majoration<br />

du traitement en fonction de cette valeur pour atteindre un<br />

objectif prédéfini permettent d’améliorer plus de patients que<br />

les approches conventionnelles basées sur « l’impression du<br />

clinicien ».<br />

P M Goekoop-Ruiterman et coll. DAS-driven therapy versus routine<br />

care in patients with recent-onset active rheumatoid arthritis. Ann<br />

Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:65-69.<br />

<strong>Le</strong> taux de rémission des anti-tnf<br />

dans la vraie vie : expérience du<br />

registre danbio<br />

<strong>Le</strong>s anti-TnF sont utilisés depuis une dizaine d’année dans le<br />

traitement de la PR. Si l’on garde à l’esprit que ces produits<br />

ont été commercialisés sur des arguments d’efficacité assez<br />

“faibles” (réponse ACR20) et que nos exigences ont maintenant<br />

augmenté depuis quelques années (niveau rémission), il est<br />

intéressant d’apprécier les effets de ces molécules dans la<br />

vraie vie en analysant ce critère de rémission.<br />

<strong>Le</strong> registre DAnBIo a collecté prospectivement tous les<br />

patients danois recevant un anti-TnF pour leur PR et analysé<br />

les taux de réponse, de rémission et de maintenance<br />

thérapeutique chez ces patients. <strong>Le</strong> registre tente aussi de<br />

définir des critères de réponse thérapeutique.<br />

DAnBIo comporte tous les patients suivis en rhumatologie<br />

et en particulier 2 326 patients souffrant de PR et recevant<br />

un anti-TnF (29 % adalimumab, 22 % étanercept, et 49 %<br />

infliximab). <strong>Le</strong>s éléments prédictifs de la réponse au début<br />

de traitement ont été identifiés dans cette cohorte, ainsi que<br />

les odds ratios pour une réponse clinique et les « hazard<br />

ratios » pour un arrêt du traitement (pondéré pour l’âge, la<br />

durée de la maladie, le DAS à l’inclusion, la séropositivité, le<br />

traitement associé par MTX, le score HAQ et ne nombre de<br />

DMARDS déjà reçus).<br />

Dans la vraie vie (reflétée par cette cohorte), une réponse de<br />

type ACR 70 % est notée à 6 mois chez 19 % des patients et<br />

le taux de rémission DAS à 12 mois varie de 16 à 27 % selon<br />

le produit utilisé... Un âge plus avancé, une corticothérapie,<br />

une HAQ altéré, sont prédictifs d’une mauvais réponse.<br />

L’odd ratio d’une réponse ACR70 est de 2,05 (IC95 % 1,52-<br />

2,76) pour l’adalimumab vs l’infliximab, de 1,78 (IC95 %<br />

1,28-2,50) pour l’étanercept vs l’infliximab, et de 1,15<br />

(IC95 % 0,82-1,60) pour l’adalimumab vs l’étanercept. Des<br />

odds ratio similaires sont observés pour les critères “bonne<br />

réponse eULAR”, “rémission DAS” et “rémission CDAI“.<br />

A 48 mois, le risque de ne pas continuer un traitement anti-<br />

TnF est de1,98 pour l’infliximab vs l’étanercept (IC 95 %<br />

1,63-2,40), de 1,35 pour l’infliximab vs l’adalimumab (IC 95 %<br />

1,15-1,58), et de 1,47 pour l’adalimumab vs l’étanercept<br />

(IC 95 % 1,20-1,80). Ici encore, un score de fonction bas, un<br />

âge plus avancé, une corticothérapie, un HAQ altéré, sont<br />

prédictifs d’une faible chance de poursuite du traitement.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

11<br />

De manière générale, dans ce registre, l’infliximab a le<br />

plus faible taux de réponse, de rémission et de maintient<br />

thérapeutique. Adalimumab à les plus fort taux de réponse,<br />

de rémission et de maintien thérapeutique. etanercept a le<br />

meilleur taux de maintien thérapeutique au long cours. Ces<br />

valeurs sont retrouvées avec et sans corrections statistiques.<br />

Globalement, le taux de rémission sous anti-TnF dans la<br />

vraie vie est faible et ne dépasse pas 25 %.<br />

M L Hetland et coll. Direct comparison of treatment responses,<br />

remission rates, and drug adherence in patients with rheumatoid<br />

arthritis treated with adalimumab, etanercept, or infliximab: Results<br />

from eight years of surveillance of clinical practice in the nationwide<br />

Danish DANBIO registry. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:22-32.<br />

Réponse vaccinale et traitement par<br />

Rituximab : quelle influence ?<br />

en supprimant les populations B, le RTX pourrait altérer<br />

les réponses vaccinales chez les patients ? La présente<br />

étude analyse donc les réponses vaccinales vis-à-vis de<br />

toxine tétanique (antigène T dépendant), des antigènes<br />

pneumococciques (antigène T indépendants), de la KLH<br />

(néo antigènes) et des réponses d’hypersensibilité retardées,<br />

en fonction de la déplétion B, obtenues chez des patients<br />

souffrant de PR et traités par RTX.<br />

Dans ce travail, 103 patients sont inclus, avec une PR<br />

active malgré une dose stable de MTX. <strong>Le</strong>s rappels de<br />

vaccins (tétanos, pneumocoque, KLH) et les tests cutanés<br />

(hypersensibilité retardée à candida albicans) sont réalisés<br />

chez des patients recevant MTX + RTX (analyse sur 36<br />

semaines) et un groupe, recevant MTX seul (analyse sur 12<br />

semaines). L’objectif primaire est une majoration par 4 du<br />

titre initial de la réponse IgG anti-tétanique. La réponse antitétanique<br />

est identique dans les deux groupes (39 % groupe<br />

RTX et 42 % groupe MTX seul). La capacité de conserver une<br />

réponse retardée à C Albicans est identique dans les deux<br />

groupes (77 % groupe RTX et 70 % groupe MTX seul). en<br />

revanche, les patients traités par RTX ont une réponse antipneumocoque<br />

franchement abaissée (47 % des patients ont<br />

une réponse avec une majoration de 2 fois leur taux de base<br />

contre au moins un sérotype de pneumocoque, contre 82 %<br />

des patients sous MTX seul) et une réponse à la KLH faible<br />

(47 % dans le groupe RTX contre 93 % dans le groupe MTX).<br />

en conclusion, l’usage du RTX n’altère pas les réponses au<br />

tétanos et les réponses d’hypersensibilité retardée. Par contre<br />

les réponses aux néo antigènes et les réponses aux antigènes<br />

T indépendants (pneumocoque) sont profondément altérées<br />

par le RTX, ce qui implique que ces vaccinations doivent<br />

impérativement être remises à jour avant le traitement RTX.<br />

CO. Bingham et coll. Immunization responses in rheumatoid arthritis<br />

patients treated with rituximab: Results from a controlled clinical trial.<br />

Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:64-74.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


12<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

Etude EXPLORER : quel intérêt du<br />

rituximab dans le lupus erythémateux<br />

disséminé ?<br />

Si une étude a été attendue c’est bien celle-ci... l’étude<br />

eXPLoReR (phase II/III), qui apprécie les bénéfices du RTX<br />

dans le traitement des formes non rénales de lupus. on<br />

connaît le rôle des populations B dans la maladie, on a donc<br />

imaginé les avantages éventuels d’une stratégie anti-B.<br />

<strong>Le</strong>s patients sont inclus s’ils ont un lupus non rénal,<br />

modérément ou fortement actifs, avec au moins un score<br />

BILAG A, ou au moins un score BILAG B, malgré un<br />

immunosuppresseur (qui sera poursuivi durant l’étude). Une<br />

corticothérapie est ajoutée, puis réduite de façon définie. <strong>Le</strong>s<br />

patients sont randomisés pour recevoir soit le RTX (1000 mg)<br />

soit un placebo aux jours 1, 15, 168 et 182. Autrement dit,<br />

le traitement est un traitement « classique » plus RTX ou un<br />

placebo.<br />

L’analyse en ITT concerne 257 patients avec un traitement<br />

équitablement réparti entre azathioprine, mycophénolate<br />

mofétil et méthotrexate ; parmi eux, 53 % des patients ont<br />

un score BILAG A, à l’entrée et 57 % sont corticodépendants.<br />

Malheureusement, aucune différence n’est observée au<br />

terme de l’étude en ce qui concerne les objectifs primaires et<br />

secondaires entre les patients traités par RTX ou par placebo,<br />

quelque soit le type d’analyse effectuée. <strong>Le</strong>s complications et<br />

la tolérance sont identiques dans les deux groupes.<br />

en conclusion, l’étude eXPLoReR montre qu’il n’y a aucun<br />

intérêt à ajouter du RTX chez des patients qui ont une maladie<br />

lupique extra rénale modérément à sévèrement active en<br />

plus du traitement conventionnel.<br />

JT. Merrill et coll. Efficacy and safety of rituximab in moderatelyto-severely<br />

active systemic lupus erythematosus: The randomized,<br />

double-blind, phase ii/iii systemic lupus erythematosus evaluation of<br />

rituximab trial. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>(62):222–233.<br />

Quel groupe de patient bénéficie du<br />

passage de l’anti-TNF au Rituximab ?<br />

<strong>Le</strong>s patients avec une PR et une réponse insuffisante aux<br />

anti-TnF peuvent changer d’anti-TnF ou encore changer<br />

de classe de biothérapie, pour choisir, par exemple, le RTX.<br />

on ne sait pas encore dans quelles situations l’un ou l’autre<br />

choix est le mieux adapté.<br />

Une cohorte suisse a donc été analysée prospectivement<br />

afin de savoir, dans les différents sous groupes de patients,<br />

quelles étaient les meilleures alternatives en cas d’échec d’un<br />

anti-TnF. Tous ont arrêté au moins un anti-TnF et ont ensuite<br />

reçu un anti-TnF ou du RTX. Ces patients sont inclus dans la<br />

cohorte “Swiss RA registry (SCQM-RA)”. Pour chaque patient,<br />

l’objectif primaire est l’amélioration du DAS 28 (et pas la<br />

rémission) en analyse de régression multivariée et après<br />

correction des variables confondantes.<br />

Parmi les 318 patients inclus, 155 reçoivent du RTX et 163<br />

un autre anti-TnF. <strong>Le</strong> bénéfice du RTX varie selon le « passé<br />

anti-TnF » de chaque patient. Si la raison de l’arrêt de l’anti-<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

TnF est un « échec » thérapeutique, l’amélioration du DAS<br />

est meilleure si le patient reçoit du RTX plutôt qu’un nouvel<br />

anti-TnF (p=0,03 ; à 6 mois, -1,34 [95 % CI -1,54 à -1,15]<br />

vs -0,93 [95 % CI -1,28 à -0,59], respectivement).<br />

Si la raison de l’arrêt de l’anti-TnF est une autre cause, le<br />

bénéfice obtenu est identique entre un nouvel anti-TnF et le<br />

RTX (p=0,40).<br />

Que le patient présente un ou plusieurs échecs aux anti-TnF,<br />

que le changement d’anti-TnF se fasse d’un anticorps vers<br />

un autre anticorps ou encore vers un récepteur, qu’il y ait<br />

ou non un traitement associé, le résultat est identique. Il ne<br />

faut cependant pas perdre de vue que nous parlons, dans ce<br />

travail, de niveau de ”réponse” et en aucun cas de « rémission<br />

», ce qui est important en pratique pour le patient, puisque<br />

dans cette étude moins de 3 % des patients dans chaque<br />

groupe arrive en rémission après changement traitement...<br />

La conclusion de ce travail est que si une classe de<br />

biothérapie est inefficace, il faut changer de classe plutôt<br />

que de persévérer dans la même catégorie, tout en sachant<br />

que dans la « vraie vie », la probabilité qu’une telle conduite<br />

débouche sur la rémission semble quasi nulle.<br />

A Finckh et coll. Which subgroup of patients with rheumatoid arthritis<br />

benefits from switching to rituximab versus alternative anti-tumour<br />

necrosis factor (TNF) agents after previous failure of an anti-TNF<br />

agent ? Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:387-393<br />

L’angiogénèse est-elle<br />

« sexe-dépendante » ?<br />

<strong>Le</strong> processus d’angiogenèse est celui qui permet de<br />

développer un supplément de néo vaisseaux au cours d’un<br />

processus pathologique (néoplasie, polyarthrite...). D’un<br />

autre côté, on observe un excès de la mortalité d’origine<br />

cardiovasculaire chez les hommes, et on sait que dans ce cas,<br />

il existe une corrélation inverse entre le taux de testostérone<br />

et cette mortalité.<br />

et si l’angiogenèse était « sexe-dépendante » ou »hormonodépendante<br />

» ?<br />

Une équipe a donc étudié le rôle des hormone sexuelles dans<br />

le processus d’angiogenèse (réparation et néo angiogenèse)<br />

dans un modèle expérimental chez des animaux des<br />

deux sexes et démontre que l’exposition aux androgènes<br />

augmente l’angiogenèse, que les antagonistes des récepteurs<br />

androgéniques ou le Ko génique des androgènes suppriment<br />

la néo angiogenèse chez les souris mâles en modifiant les<br />

fonction des cellules endothéliales mâles.<br />

Chez les femelles, la surexpression des récepteurs<br />

androgéniques rend les cellules sensibles aux androgènes<br />

et augmente la néo angiogenèse. In vivo, chez l’animal,<br />

la castration réduit très fortement la néo angiogenèse et<br />

cet effet est contré totalement par le traitement hormonal<br />

substitutif, qui n’a aucun effet chez les souris femelles. De<br />

plus, l’orchidectomie réduit le flux sanguin dans les modèles<br />

d’ischémie de membre, ce qui est corrigé par le traitement


androgénique. Ces travaux démontrent donc que les<br />

hormones sexuelles masculines modulent l’angiogenèse de<br />

manière sexe-dépendante, avec toutes les implications que<br />

cela comporte vis-à-vis de la supplémentation androgénique<br />

chez l’homme.<br />

D P. Sieveking et coll. A sex-specific role for androgens in angiogenesis.<br />

The Journal of Experimental Medicine, Vol. 207, No. 2, 345-352.<br />

Quelle valeur prédictive des anti-ccp<br />

chez les patients arthralgiques ?<br />

<strong>Le</strong>s anticorps anti-CCP ou ACPA sont fortement associés<br />

avec les formes chroniques et destructrices de la polyarthrite<br />

«rhumatoïde ». Ces auto anticorps sont détectés de plus en<br />

plus tôt, même chez des patients avec un tableau douloureux<br />

diffus, sans signe de polyarthrite. Dans ce cas précis,<br />

signent-ils aussi l’évolution inexorable vers un rhumatisme<br />

inflammatoire chronique et destructeur ?<br />

Pour répondre à cette question, un groupe de patients avec<br />

un tableau douloureux diffus arthralgique avec anti-CCP est<br />

suivi et le rôle des anticorps discuté. Tous ont une mesure des<br />

anti-CCP, une recherche de Facteur Rhumatoïde et sont testés<br />

pour l’épitope partagé, puis sont suivis prospectivement<br />

12 mois. L’absence d’arthrite à l’inclusion et la présence (ou<br />

non) d’arthrite au terme du suivi sont confirmées par deux<br />

examinateurs. La méthode de régression de CoX permet de<br />

calculer le « hazard ratios (HR) » de développer une arthrite.<br />

Une cohorte de 147 patients est constituée (50 patients<br />

positifs en ACPA, 52 positifs en IgM-RF et 45 positifs pour les<br />

deux tests). Après un suivi médian de 28 mois, 29 patients<br />

développent des synovites (médiane 4 synovites) et 26/29<br />

(90 %) ont des ACPA.<br />

La présence d’ACPA (HR=6,0 ; IC 95 % 1,8-19,8 ; p=0,004),<br />

mais pas de IgM-FR (HR=1,4 ; IC 95 % 0,6-3,1) ni de<br />

l’épitope partagé (HR=1,5 ; IC 95 % 0,7- 3,0) est associée<br />

au développement des synovites.<br />

Dans le groupe des patients avec ACPA, le risque de développer<br />

des synovites est majoré si le patient présente aussi de l’IgM-FR<br />

(HR=3,0 ; IC 95 % 1,4-6,9; p=0,01) ou si le taux des ACPA<br />

est fort (HR=1,7 ; IC 95 % 1,1-2,5; p=0,008). Par contre,<br />

la présence de l’épitope partagé n’influence pas le risque<br />

(HR=1,0 ; IC 95 % 0,5-2,1; p=1,0).<br />

en conclusion, chez les patients avec un tableau arthralgique<br />

inflammatoire mais sans synovite, la présence d’ACPA (et<br />

pas de l’épitope partagé ou d’un IgM-FR) prédit l’évolution<br />

vers une polyarthrite. Chez les patients avec ACPA, le risque<br />

augmente encore s’il existe un IgM-FR associé ou si le taux<br />

d’ACPA est fort.<br />

W H Bos et coll. Arthritis development in patients with arthralgia is<br />

strongly associated with anti-citrullinated protein antibody status: a<br />

prospective cohort study. Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:490-494.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

13<br />

L’étude save : les corticoïdes en<br />

monothérapie et à forte dose ont-ils<br />

un intérêt dans les pr débutantes ?<br />

<strong>Le</strong>s corticoïdes sont souvent utilisés en traitement des arthrites<br />

inflammatoires débutantes et il a, depuis longtemps, été<br />

suggéré qu’ils pouvaient induire la rémission ou retarder<br />

l’évolution naturelle vers une authentique PR et donc retarder<br />

la nécessité de débuter un traitement de fond type MTX.<br />

Un travail multicentrique européen a donc voulu apprécier<br />

les bénéfices des corticoïdes donnés à un stade tout débutant<br />

(< 16 semaines d’évolution) d’une maladie articulaire<br />

inflammatoire. <strong>Le</strong> traitement est randomisé entre une<br />

injection unique de 120mg de méthylprednisolone ou de<br />

placebo puis un suivi d’un an est établi, 383 patients sont<br />

inclus. L’objectif primaire est la présence ou non d’une<br />

rémission sans traitement à la 12 e et la 52 e semaine. <strong>Le</strong>s<br />

objectifs secondaires comprennent le nombre de critères<br />

ACR, la rémission à la 2 e semaine et le nombre de patients<br />

débutants un traitement de fond.<br />

L’analyse montre que 17 % des patients entrent en rémission<br />

persistante (65/383), ils se répartissent en 17,8 % (33/185)<br />

dans le groupe placebo et 16,2 % (32/198) parmi les<br />

patients recevant les corticoïdes (oR=1,13, IC 95 % 0,66-<br />

1,92, p=0,6847). L’analyse des objectifs secondaires ne<br />

montre qu’un bénéfice modeste des corticoïdes 2 semaines<br />

après l’injection et qui disparaît ensuite.<br />

Un traitement de fond est débuté chez 162 patients dont<br />

50,3 % dans le groupe corticoïdes et 56,7 % dans le groupe<br />

placebo (oR=0,78 ; IC 95 % 0,49-1,22, p=0,30). De façon<br />

significative, plus de patients avec une polyarthrite qu’avec<br />

une oligo arthrite ont reçu un traitement de fond (oR=2,84 ;<br />

IC 95 % 1,<strong>75</strong>-4,60, p


14<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

Des patients avec une maladie inflammatoire très récente<br />

(moins de 10 semaines) ont été inclus et randomisés pour<br />

recevoir soit un placebo soit une injection hebdomadaire de<br />

triamcinolone à 80 mg pendant 3 semaines consécutives.<br />

Ils sont évalués tous les 6 mois pendant un an. L’objectif<br />

primaire est le besoin (ou non) de débuter un traitement de<br />

fond chez ces patients au 6 e mois après la première injection.<br />

<strong>Le</strong>s objectifs secondaires sont le diagnostic final par le<br />

rhumatologue à un an et la valeur du DAS.<br />

L’analyse montre que les patients du groupe placebo ont plus<br />

souvent besoin (76 %) d’un traitement de fond au 6 e mois<br />

que ceux ayant reçu les corticoïdes (61 %) (oR 2,11 ; IC<br />

95 % 1,16-3,85, p=0,015). À 12 mois, la valeur moyenne<br />

du DAS est identique dans les deux groupes, probablement<br />

parce que de nombreux patients du groupe placebo ont<br />

débuté rapidement un traitement de fond. À 12 mois, la<br />

maladie est en rémission sans traitement de fond chez 9,9 %<br />

(11/111) des patients du groupe placebo et 19,8 % (22/111)<br />

du groupe corticoïdes (oR=0,42 ; IC 95 % 0,18-0,99 ;<br />

p=0,048).<br />

<strong>Le</strong> bénéfice d’une telle approche semble donc limité, au<br />

mieux il expliquerait que 10 % des patients ayant reçu des<br />

corticoïdes n’évoluent pas vers une PR authentique, mais<br />

cette différence n’est pas significative et justifie probablement<br />

que cette attitude ne soit pas conservée (en monothérapie).<br />

S M M Verstappen et coll. Beneficial effects of a 3-week course of<br />

intramuscular glucocorticoid injections in patients with very early<br />

inflammatory polyarthritis: results of the STIVEA trial. Ann Rheum Dis<br />

<strong>2010</strong>;69:503-509.<br />

Effet de la déxaméthasone sur<br />

les auto anticorps des pr débutantes<br />

La polyarthrite rhumatoïde survient sur un terrain<br />

dysimmunitaire spécial caractérisé par la présence d’anticorps<br />

anti-protéines citrullinées (ACPA) et de facteur rhumatoïde.<br />

Des médecins se sont demandés si une intervention ultra<br />

précoce, destinée à réduire de taux de ces auto anticorps,<br />

permettait de modifier le profil évolutif de la maladie et en<br />

particulier son évolution vers une polyarthrite établie.<br />

Pour ce faire, 83 patients présentant un tableau<br />

arthromyalgique inflammatoire bilatéral et symétrique<br />

associé avec des anticorps anti-protéines citrullinées (ACPA)<br />

et du facteur rhumatoïde ont été recrutés, randomisés et<br />

traités par une injection de 100 mg de déxaméthasone (ou<br />

de placebo) à l’inclusion et 6 semaines plus tard. L’objectif<br />

primaire est une baisse de 50 % ou une disparition du taux<br />

des auto anticorps à 6 mois.<br />

L’objectif primaire est atteint chez un seul patient dans chaque<br />

groupe. <strong>Le</strong>s sujets ayant reçu des corticoïdes ont une baisse<br />

nette des taux d’auto anticorps à un mois. Cette baisse est de<br />

–22 % à 1 mois dans le groupe traité de –13 % à 3 mois et<br />

de –8 % à six mois (contre respectivement +3 %, +12 % et<br />

+2 %, à 1, 3 et 6 mois). Une évolution similaire mais moins<br />

marquée est notée pour le FR. Durant un suivi moyen de<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

26 mois, des synovites sont apparues chez un nombre<br />

identique de patients dans les deux groupes, respectivement<br />

20 et 21 % des patients.<br />

en conclusion, chez les patients présentant un tableau<br />

polyarthralgique, un traitement par déxaméthasone réduit<br />

(faiblement et transitoirement) le taux d’auto anticorps sans<br />

modifier l’évolution clinique vers une polyarthrite établie.<br />

W H Bos et coll. Effect of dexamethasone on autoantibody levels and<br />

arthritis development in patients with arthralgia: a randomised trial.<br />

Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:571-574.<br />

Tous les patients atteints de pr qui<br />

justifieraient d’une statine reçoiventils<br />

le traitement ?<br />

Il existe un sur risque cardiovasculaire au cours de la PR,<br />

en partie du aux facteurs de risque traditionnels, lesquels<br />

peuvent être identifiés et pris en charge de façon spécifique.<br />

Une de ces approches utilise les statines. Quel usage en est-il<br />

fait au cours de la PR ? Autrement dit, quelle est la proportion<br />

de patients porteurs d’une PR qui demanderait à être traitée et<br />

quelle est la proportion de patients recevant un tel traitement ?<br />

Pour ce faire, les patients à risque (à l’exclusion de ceux avec<br />

une maladie cardiovasculaire connue) et souffrant de PR<br />

ont été identifiés dans une cohorte de 400 PR en utilisant<br />

les recommandations proposées par l’eULAR. <strong>Le</strong> nombre de<br />

patients devant bénéficier et le nombre de patients recevant<br />

en pratique des statines a été apprécié.<br />

<strong>Le</strong> pourcentage de patients présentant un sur risque est<br />

variable selon le risque étudié et le seuil pris en compte :<br />

21,6 % de risque cardiovasculaire global, 15,5 % de risque<br />

de morbidité et mortalité cardiovasculaire et cérébrale dont<br />

la majorité d’entre eux ne sont pas traités par des statines...<br />

en conclusion, selon la méthode des stratification, entre<br />

2 et 26 % des PR qui devraient bénéficier d’un traitement<br />

par statines en raison d’un nombre de facteurs de risque<br />

important ne sont pas traités…<br />

T E Toms et coll. Statin use in rheumatoid arthritis in relation to actual<br />

cardiovascular risk: evidence for substantial undertreatment of lipidassociated<br />

cardiovascular risk ? Ann Rheum Dis <strong>2010</strong>;69:683-688.<br />

<strong>Le</strong> rôle pro-inflammatoire<br />

paradoxal de la crp expliqué par<br />

sa configuration<br />

Une élévation chronique de la CRP est associée à une<br />

augmentation du risque cardiovasculaire. Sa valeur permet<br />

de prédire l’intensité du risque... mais cette CRP est-elle simple<br />

témoin innocent ou acteur impliqué dans le phénomène ?<br />

In vivo, la CRP circule sous la forme d’un pentamère (pCRP).<br />

Il a été postulé l’existence d’une forme particulière de CRP,<br />

dite monomérique (mCRP), mais son origine et ses fonctions<br />

ne sont pas claires.


Un travail allemand apporte des informations intéressantes :<br />

la mCRP possède la propriété de se déposer sur les parois<br />

artérielles des aortes et des carotides malades mais jamais<br />

sur les artère saines. La pCRP, elle, ne se dépose jamais sur<br />

les artères, qu’elles soient saines ou malades. <strong>Le</strong>s auteurs<br />

démontrent que la pCRP est la source de la mCRP par<br />

dissociation in vivo sous l’action de la lysophosphatidylcholine<br />

libérée par les plaquettes activées. Cette dissociation peut<br />

aussi être menée à bien par des cellules apoptotiques<br />

circulantes.<br />

La conséquence fonctionnelle est de démasquer les effets<br />

pro-inflammatoire de la mCRP, comme le montrent plusieurs<br />

expériences sur des parois athéromateuses : par comparaison<br />

avec la pCRP la mCRP provoque une majoration de la<br />

chémotaxie des monocytes au sein de la paroi artérielle,<br />

une activation locale des monocytes macrophages, une<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

modification conformationnelle des intégrines mac-1, une<br />

génération forte de formes réactives de l’oxygène et une<br />

majoration de l’adhésion endothéliale des monocytes (au<br />

repos et en condition de stress de flux).<br />

<strong>Le</strong>s auteurs démontrent donc une génération de mCRP par<br />

dégradation de la pCRP au contact des plaquettes activées,<br />

identifiant par là un nouveau phénomène pro-inflammatoire<br />

pouvant potentiellement faire le lien entre une maladie<br />

inflammatoire, la maladie cardiovasculaire, le marqueur<br />

(biologique) de risque, l’activation plaquettaire et le processus<br />

athéromateux.<br />

S U. Eisenhardt et coll. Dissociation of Pentameric to Monomeric<br />

C-Reactive Protein on Activated Platelets Localizes Inflammation to<br />

Atherosclerotic Plaques. Circ Res. 2009 Jul 17;105(2):128-37.<br />

SPondyLoarthroPathieS<br />

Sensibilité et spécificité<br />

des lésions observées en<br />

IRM corps entier au cours<br />

des spondylarthrites<br />

Comment utiliser au mieux l’imagerie IRM dans le diagnostic<br />

des spondylarthrites et spondyloarthropathies ? L’extrême<br />

sensibilité de cette méthode d’imagerie permet en effet<br />

de détecter des anomalies de signal qui existent aussi,<br />

malheureusement, dans des affections dégénératives ou<br />

tumorales par exemple. Comment, alors, définir des critères<br />

d’imagerie permettant d’aider le clinicien en pratique clinique<br />

face à un patient avec une lombalgie inflammatoire récente<br />

ou une spondyloarthropathie ?<br />

Pour répondre à cette question, le groupe canadien de<br />

Maksimowitch a étudié 35 patients répondant aux critères de<br />

new York ; 25 avec une lombalgie inflammatoire de moins<br />

de 24 mois (dans les deux groupes l’âge moyen est 4) et un groupe de 35 sujets sains<br />

appariés pour l’âge et le sexe. Tous ont eu un IRM du rachis<br />

entier en séquences STIR.<br />

<strong>Le</strong>s images ont été analysées par 3 lecteurs indépendants<br />

selon les critères proposés par le groupe de travail<br />

collaboratif Canadien et Danois sur l’imagerie IRM de la SPA.<br />

<strong>Le</strong>s lésions considérées comme significatives sont des lésions<br />

inflammatoires des coins ou des centres vertébraux sur les<br />

images sagittales centrales et des lésions inflammatoires<br />

latérales sur les coupes sagittales paramédianes. <strong>Le</strong>s lésions<br />

analysées de façon concordantes par les 3 lecteurs servent<br />

de référence pour l’analyse de sensibilité, spécificité et valeur<br />

prédictive.<br />

L’apport diagnostic maximal de l’IRM apparaît pour un nombre<br />

de lésions inflammatoires des coins > 2. Pour les patients avec<br />

une SPA la sensibilité est de 69 %, la spécificité de 94 % et pour<br />

les patients avec une lombalgie inflammatoire, ces valeurs<br />

sont respectivement de 32 % et 96 %. La présence de lésions<br />

latérales a, dans cette étude, une forte spécificité (97 %) mais<br />

une faible sensibilité (31 %). Parmi les sujets sains, on note<br />

que 9 (26 %) avaient en IRM une lésion inflammatoire d’un<br />

coin et que deux en avaient > 2 lésions.<br />

en conclusion, en pratique clinique, on gardera le seuil d’au<br />

moins deux lésions inflammatoires des coins pour retenir le<br />

diagnostic de SPA.<br />

U Weber et coll. Sensitivity and specificity of spinal inflammatory<br />

lesions assessed by whole-body magnetic resonance imaging in<br />

patients with ankylosing spondylitis or recent-onset inflammatory<br />

back pain. Arthritis Rheum. 2009;61(7):900-8.<br />

15<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


16<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

Quelles régions analyser<br />

en IRM rachidienne au cours<br />

des spondylarthrites ?<br />

L’imagerie du rachis inflammatoire des spondyloarthropathies<br />

est en plein essor mais repose essentiellement sur<br />

l’identification des lésions inflammatoires axiales et sacro<br />

iliaques en imagerie IRM. Cependant, peu de choses sont<br />

connues en ce qui concerne la distribution des images,<br />

autrement dit, certaines régions du rachis (latérales, axiales…)<br />

sont-elles plus intéressantes que d’autres à examiner en IRM ?<br />

Pour ce faire, 49 patients avec une SPA ont bénéficié d’une<br />

imagerie sagittale IRM en STIR et T1 de l’ensemble du<br />

rachis, puis les clichés ont été relus par trois radiologues.<br />

<strong>Le</strong>s contrôles ont été 6 sujets indemnes de SPA appariés<br />

pour l’âge. Pour chaque vertèbre, les images d’œdème<br />

intra-osseux ont été relevées et localisées (partie centrale ou<br />

latérale de la vertèbre, proche ou à distance du pédicule…).<br />

La reproductibilité inter- et intra-observateur a été appréciée.<br />

<strong>Le</strong> travail montre que 263 (45 %) des vertèbres thoraciques<br />

et 86 des 245 vertèbres lombaires (35 %) ont des signaux<br />

inflammatoires détectables en IRM. en moyenne, 5,4 vertèbres<br />

thoraciques et 1,8 vertèbres lombaires sont affectées chez un<br />

même patient.<br />

<strong>Le</strong>s signaux inflammatoires sont le plus souvent dans les<br />

structures latérales que médiales des vertèbres : 219 / 588<br />

soit 37 % des vertèbres thoraciques et 45/285, soit 18 %<br />

des vertèbres lombaires (p


de plaques carotidiennes est la présence d’un syndrome<br />

inflammatoire (apprécié sur la VS) au moment du diagnostic<br />

(odds ratio 1,18 ; IC 95 % 1,04-1,33 ; p=0,01) et la durée de<br />

la maladie (odds ratio 1,39; IC 95 % 1,01-1,92 ; p = 0,05).<br />

en revanche, il n’est noté aucune corrélation significative entre<br />

l’épaisseur intimale carotidienne et la VS ou la CRP dans ce<br />

travail.<br />

en résumé, cette étude démontre donc bien que les<br />

sujets souffrant de SPA et dépourvus de tout antécédent<br />

cardiovasculaire ont cependant un risque supérieur à<br />

la population de référence de développer des lésions<br />

athéromateuses. Ceci doit être intégré dans notre pratique<br />

clinique quotidienne.<br />

C Gonzalez-Juanatey et coll. The High Prevalence of Subclinical<br />

Atherosclerosis in Patients With Ankylosing Spondylitis Without<br />

Clinically Evident Cardiovascular Disease. Medicine 2009;88:358-<br />

365.<br />

Comment définir un état de « mda » au<br />

cours du rhumatisme psoriasique ?<br />

<strong>Le</strong> développement de nouvelles armes dans le traitement<br />

du rhumatisme psoriasique rend possible maintenant des<br />

objectifs thérapeutiques précis. Il est ainsi apparu intéressant<br />

de définir dans cette affection un état de « Minimal Disease<br />

Activity (MDA)», ou état d’activité résiduelle minimale de la<br />

maladie, qui n’est pas une rémission, mais qui est un état<br />

d’activité minimale assez aisé à obtenir et qui puisse satisfaire<br />

à la fois le patient et le médecin. Ce MDA n’est pas une<br />

variation quantifiable, n’est pas un indice de bonne ou de<br />

mauvaise réponse, mais un état stable intégrant tous les<br />

aspects de l’affection.<br />

<strong>Le</strong>s profils de 40 patients ont été extraits d’une base de<br />

données et 60 experts, spécialisés dans la prise en charge<br />

du rhumatisme psoriasique, les ont classés en MDA ou non.<br />

Un consensus ≥70 % était exigé et a permis d’identifier<br />

13 profils typiques de MDA. Pour chaque profil, une valeur<br />

de « cut off » a été déterminée statistiquement. Considérant<br />

ensuite le nombre d’items à obéir pour être en MDA, 35<br />

définitions initiales, de travail, ont été proposées et pour<br />

chacune, les courbes RoC (receiver operating characteristic)<br />

ont permis de calculer la sensibilité et la spécificité.<br />

De toutes ces approches, il ressort que 4 définitions sont<br />

plus efficaces en termes de sensibilité et de spécificité.<br />

en préférant une définition avec une forte spécificité (pour<br />

réduire les faux positifs) une définition émerge.<br />

Un patient est classé en MDA s’il répond à 5 sur 7 items<br />

suivants :<br />

- un compte des articulations douloureuses ≤1<br />

- un compte des articulations gonflées ≤1<br />

- un score PASI ≤1<br />

- une EVA douleur ≤15<br />

- une appréciation globale de la maladie par le patient ≤20<br />

- un HAQ ≤0,5<br />

- un nombre d’enthèses douloureuses ≤1.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

en conclusion, ce travail propose pour la première fois une<br />

définition du MDA dans le rhumatisme psoriasique. Bien sûr, il<br />

est probable que cette définition évoluera dans le temps. Pour<br />

l’instant, elle représente une approche clinique intéressante,<br />

à la fois objectif pratique en clinique quotidienne et moyen<br />

simple pour uniformiser la prise en charge des patients.<br />

L C Coates et coll. Defining minimal disease activity in psoriatic<br />

arthritis: a proposed objective target for treatment. Ann Rheum Dis<br />

<strong>2010</strong>;69:48-53.<br />

17<br />

Bilan inflammatoire des spa par<br />

analyse irm systématique du segment<br />

rachidien postérieur<br />

Depuis quelques années, les images IRM du segment<br />

antérieur du rachis ont montré leur apport et leur intérêt<br />

dans le diagnostic et le suivi sous traitement des SPA, mais<br />

a-t-on étudié les bonnes structures ? C’est la question que<br />

pose l’équipe de Maksymowych, très impliquée dans cette<br />

approche IRM et qui s’intéresse au segment postérieur. Ainsi,<br />

ils ont systématiquement étudié le segment postérieur des<br />

patients SPA et précisé le type et la localisation des lésions.<br />

L’analyse porte sur 32 patients inclus dans une étude<br />

prospective comportant un anti-TnF. <strong>Le</strong>s images IRM sagittales<br />

du rachis entier ont été lues en double aveugle par deux<br />

lecteurs appréciant les aspects avant et après traitement. <strong>Le</strong>s<br />

lésions étaient notées présentes ou absentes sur chacune<br />

des structures postérieures. La reproductibilité a été analysée<br />

(modèle de variance aléatoire) et la discrimination par la<br />

mesure de l’« effect size » de Guyatt.<br />

La majorité des patients (87,5 %) ont 1 ou plusieurs lésions<br />

dans le segment rachidien postérieur (moyenne 6,7 + 5,3<br />

étages touchés). Ces lésions sont le plus souvent détectées au<br />

niveau du rachis dorsal. La reproductibilité inter observateur<br />

est excellente en ce qui concerne le compte des lésions<br />

inflammatoires, au niveau des parties transverses et épineuses<br />

des vertèbres dorsales.<br />

Pour ces auteurs, il semble donc que les lésions du segment<br />

postérieur soient présentes chez la grande majorité des patients,<br />

prédominent au niveau dorsal et soient facile à reconnaître.<br />

Il est donc important de faire savoir à nos correspondants<br />

radiologues que les fenêtres d’IRM rachidiennes doivent être<br />

élargies et qu’un intérêt tout particulier au moment de la<br />

lecture doit être porté au segment postérieur.<br />

W P. Maksymowych et coll. Systematic assessment of inflammation by<br />

magnetic resonance imaging in the posterior elements of the spine<br />

in ankylosing spondylitis. Arthritis Care & Research <strong>2010</strong>;62:4-10.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


18<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

<strong>Le</strong>s images d’ « ostéïte graisseuse de<br />

Romanus », spécifiques des spa<br />

<strong>Le</strong>s lésions inflammatoires observées en IRM au cours des SPA<br />

évoluent de deux façon vers la « cicatrisation », soit vers un<br />

syndesmophyte, soit vers une lésion graisseuse séquellaire<br />

(dite « lésion de dégénérescence graisseuse de Romanus »,<br />

LGR). Cependant, la distribution et la spécificité de ces lésions<br />

graisseuses n’ont pas été précisées.<br />

Pour ce faire, des IRM (séquences axiales T1 et FAT-SAT) ont<br />

été réalisées chez 174 patients lombalgiques et 11 témoins.<br />

L’analyse radiologique a été faite en aveugle du diagnostic<br />

clinique. <strong>Le</strong>s LGR ont été relevées et leur spécificité pour le<br />

diagnostic de SPA évaluée.<br />

<strong>Le</strong> travail montre que 29 patients ont des lésions graisseuses<br />

de Romanus. Ces patients représentent 31 % du total des<br />

patients avec une SPA (20/64), 13 % des rachis dégénératifs<br />

(6/45), 4 % des métastases rachidiennes (2/45), et 5 % des<br />

patients avec un « autre diagnostic » (1/20).<br />

Chez les patients avec une SPA, la majorité des lésions de<br />

LGR sont situées au rachis dorsal (135/226 lésions). L’« intérêt<br />

diagnostic » des LGR est significativement plus fort pour le<br />

diagnostic de SPA (likelihood ratio=4,7 ; p


LuPuS et Sjögren<br />

La réduction de la<br />

mortalité du lupus par<br />

les antimalariques est<br />

fonction de la dose et de<br />

la durée du traitement<br />

<strong>Le</strong>s anti paludéens de synthèse sont le traitement de fond de<br />

la maladie lupique en réduisant le nombre et l’intensité des<br />

poussées. Ces molécules ont-elles aussi un bénéfice sur la<br />

survie des patients ? Pour répondre, les effets du plaquenil<br />

ont été appréciés dans une cohorte de nouveaux patients<br />

multiethniques, suivie de manière prospective.<br />

<strong>Le</strong>s données socio-économiques, démographiques, cliniques,<br />

biologiques et thérapeutiques ont été précisées dans la<br />

cohorte GLADeL (Grupo Latino Americano de estudio del<br />

Lupus eritematoso). <strong>Le</strong> diagnostic de lupus est posé selon les<br />

critères ACR. La survie des patients est appréciée et les causes<br />

de mortalité sont précisées (poussée de lupus, infection,<br />

cardiovasculaire, thrombose, cancer, autre...). L’analyse<br />

est faite ensuite, que les patients aient pris ou non un anti<br />

malarique, pendant plus de six mois consécutifs ou non, en<br />

continu ou non.<br />

Parmi les 1 480 patients de la cohorte GLADeL 1141 (77 %)<br />

ont reçu du plaquenil avec une durée d’exposition moyenne<br />

de 48,5 mois (écarts 6-98). Un décès est survenu chez 89<br />

patients (6 %). Une mortalité plus faible est notée chez les<br />

patients qui prenaient des antipaludéens, par comparaison<br />

avec ceux qui n’en prennent pas (4,4 % vs 11,5 % ;<br />

p


20<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

efficacité thérapeutique) et sa tolérance, une étude prospective<br />

multicentrique américaine à été menée chez des patients<br />

lupiques.<br />

Pour ce faire, 449 patients lupiques avec une maladie active<br />

(définie par un score du Se<strong>Le</strong>nA S<strong>Le</strong>DAI d’au moins 4 points)<br />

ont été inclus et randomisés pour recevoir un traitement<br />

par Bélimumab (1, 4, ou 10 mg/kg) ou un placebo sur une<br />

période de 52 semaines. <strong>Le</strong>s deux objectifs primaires de cette<br />

étude étaient à la fois la variation du score à la 24 e semaine<br />

et la date de la première poussée lupique. Tous les patients<br />

recevaient leurs traitements conventionnels sans modification<br />

(et recevaient en plus le protocole).<br />

Dans les deux bras de l’étude, aucune différence significative<br />

n’est observée quels que soient le traitement reçu ou la dose<br />

de produit administrée. La baisse du S<strong>Le</strong>DAI est en moyenne<br />

de 19,5 % dans le groupe Belimumab et de 17,2 % dans<br />

le groupe placebo. <strong>Le</strong> délai médian entre le traitement et<br />

la survenue d’une poussée est de 67 jours dans le groupe<br />

Belimumab contre 83 jours dans le groupe placebo.<br />

Dans le sous groupe des patients (71,5 % des patients)<br />

avec une maladie active sérologiquement (soit avec des<br />

FAn > 1/80° et/ou des anti-DnA > 30 UI) le Bélimumab<br />

s’accompagne d’une meilleure réponse à la 52 e semaine que<br />

dans le groupe placebo en ce qui concerne la variation du<br />

score S<strong>Le</strong>DAI (-28,8 % versus -14,2 % ; p=0,0435), l’avis<br />

global du clinicien (-32,7 % versus -10,7 % ; p=0,0011), et le<br />

SF36 (+3,0 versus +1,2 points; P = 0,0410).<br />

<strong>Le</strong> traitement avec le Belimumab provoque une baisse de<br />

63 à 71 % des populations B circulantes CD20+ (B naïfs,<br />

activés, et plasmacytoïdes) et de 29,4 % des titres d’anti-DnA<br />

(p=0,0017) à la 52 e semaine. <strong>Le</strong> taux des effets secondaires<br />

est identique dans les deux groupes. <strong>Le</strong> Belimumab est<br />

biologiquement efficace et bien toléré.<br />

en conclusion, ce travail pose une réelle question : est-il bien<br />

logique de continuer à cibler les populations B au cours du<br />

lupus? Après deux études prospectives bien conduite montrant<br />

le manque d’intérêt du Rituximab dans les lupus rénaux et<br />

extra rénaux (études LUnAR et eXPLoReR), voici que ce travail<br />

ciblant les B par une autre approche et mené par des gens<br />

qui connaissent bien la maladie montre, encore une fois, que<br />

le bénéfice obtenu est marginal et porte essentiellement sur<br />

des variations de paramètres biologiques sans conséquences<br />

bénéfiques cliniques notables pour les patients.<br />

D J. Wallace et coll. A phase II, randomized, double-blind, placebocontrolled,<br />

dose-ranging study of belimumab in patients with<br />

active systemic lupus erythematosus. Arthritis Care & Research<br />

2009;61:1168-1178.<br />

Une nouvelle maladie nommée<br />

« IgG4 molps »<br />

Une nouvelle maladie : le syndrome IgG4/MoLPS ?<br />

<strong>Le</strong> syndrome de Mikulicz’s est de longue date considéré<br />

comme une manifestation du syndrome de Sjögren mais<br />

depuis peu, il a été évoqué la possibilité que ce syndrome<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

soit lié à une autre affection dénommée IgG4/MoLPS (Multi<br />

organ Lympho Proliferative Syndrome associé à l’IgG4).<br />

L’étude présentée ici tente de caractériser les aspects<br />

spécifiques de chacune de ces deux affections (syndromes<br />

IgG4/MoLPS et de Sjögren) parmi des patients japonais.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic repose sur la présence (critères préliminaires)<br />

d’une augmentation des taux sériques d’IgG4, au moins 50 %<br />

de plasmocytes exprimant IgG4+ sur les biopsies d’organes<br />

examinés associés à des signes de fibrose et de sclérose.<br />

L’étude compare 64 patients avec le syndrome MoLPS et 31<br />

avec un syndrome de Sjögren.<br />

Chez les patients souffrant de IgG4 MoLPS, l’incidence<br />

de xérostomie, de xérophtalmie et d’arthralgies ainsi que<br />

de FAn, de facteur rhumatoïde, d’anti-SSA et d’anti-SSB<br />

est significativement plus faible qu’au cours du syndrome<br />

de Sjögren. La présence d’une rhinite allergique, d’une<br />

pancréatite auto immune ainsi qu’une élévation des taux<br />

sériques d’IgG, IgG2, IgG4 et Ige est plus fréquente au<br />

cours du syndrome MoLPS. Chez ces patients, l’infiltrat par<br />

des plasmocytes exprimant IgG4 est plus marqué que chez<br />

les patients souffrant de Sjögren. <strong>Le</strong>s patients affectés par<br />

le syndrome IgG4/MoPLS ont de nombreuses formations<br />

folliculaires lymphocytaires mais peu de lésions lympho<br />

épithéliales. À l’inverse, les patients souffrant de Sjögren ont<br />

un infiltrat tissulaire dépourvu de cellules exprimant IgG4.<br />

enfin, au plan thérapeutique, les patients souffrant de ce<br />

nouveau syndrome ont une réponse extrêmement marquée<br />

aux corticoïdes.<br />

Tous ces éléments incitent les auteurs à différencier les<br />

syndromes IgG4/MoLPS du syndrome de Sjögren et à<br />

proposer cet acronyme pour désigner une nouvelle maladie<br />

différente du syndrome de Sjögren sur de nombreux aspects<br />

cliniques, histologiques et immunologiques.<br />

Y Masaki et coll. Proposal for a new clinical entity, IgG4-positive<br />

multiorgan lymphoproliferative syndrome: analysis of 64 cases<br />

of IgG4-related disorders. Annals of the Rheumatic Diseases<br />

2009;68:1310-1315.<br />

Mycophénolate Mofetil ou<br />

Cyclophosphamide dans le traitement<br />

des néphrites lupiques ?<br />

<strong>Le</strong> mycophénolate mofétil (MMF) est présenté depuis peu<br />

comme une alternative thérapeutique qui pourrait être<br />

plus intéressante (plus efficace, mieux tolérée…) que le<br />

cyclophosphamide en IV dans la néphrite lupique. Cependant,<br />

aucune étude prospective randomisée prospective n’a vérifié<br />

ce point. C’est chose faite maintenant.<br />

Une étude prospective a enrôlé 370 patients lupiques avec<br />

une néphrite de classe III ou IV et a comparé, chez ces sujets,<br />

les avantages respectifs des deux stratégies en tant que<br />

traitement d’induction de la rémission puis de maintien de<br />

cette rémission. Pendant la période d’étude de 24 mois, les<br />

deux traitements : MMF (3gr/jour, Po) et le cyclophosphamide<br />

(IVCY : 0,5 à 1,0 g/m 2 en bolus mensuel) ont été comparés<br />

face/face avec une hypothèse de supériorité du MMF.


Une corticothérapie d’induction à 60mg/j était débutée chez<br />

tous les patients et baissée de façon protocolisée. L’objectif<br />

primaire était une baisse prédéfinie du ratio protéinurie/<br />

créatininurie et une stabilisation ou une amélioration de la<br />

créatininémie (cet objectif primaire n’est pas le plus classique).<br />

<strong>Le</strong>s objectifs secondaires étaient la rémission rénale complète,<br />

l’activité générale de la maladie, les infections et la tolérance.<br />

De manière globale, aucune différence significative ne fut<br />

détectée entre les deux groupes : 104 (56,2 %) des 185<br />

patients sous MMF et 98 (53,0 %) des 185 sous IVCY ont<br />

atteint l’objectif primaire. <strong>Le</strong>s objectifs secondaires sont<br />

atteints de la même manière dans les deux groupes. Il y<br />

a 9 morts dans le groupe MMF et 5 dans le groupe IVCY.<br />

<strong>Le</strong>s effets secondaires sont identiques en nombre, en sévérité<br />

et en type dans les deux groupes.<br />

en conclusion, même si les deux groupes s’améliorent, cette<br />

étude ne permet pas de montrer la supériorité du MMF sur<br />

le IVCY.<br />

Gerald B. Appel et coll for the Aspreva Lupus Management Study<br />

Group. Mycophenolate Mofetil versus Cyclophosphamide for<br />

Induction Treatment of Lupus Nephritis. J Am Soc Nephrol 2009 ;20:<br />

1103-1112.<br />

Myélite transverse lupique :<br />

une ou plusieurs affections sous<br />

ce vocable ?<br />

La myélite est une complication rare mais classique des<br />

lupus et se présente comme un tableau douloureux diffus<br />

sous lésionnel, un déficit des voies longues et une atteinte<br />

sphinctérienne. La prévalence de l’affection est 1000 fois plus<br />

importante chez les lupiques que dans la population générale.<br />

La description des myélites lupiques est surtout basée sur des<br />

cas cliniques. La description des myélites au cours des maladies<br />

inflammatoires telles la SeP ou la neuromyélite optique de<br />

Devic, démontre des tableaux cliniques assez différents.<br />

<strong>Le</strong> groupe de M pétri à Baltimore rapporte 22 cas de myélite<br />

lupique survenus dans leur immense cohorte de patients.<br />

À côté de la description clinique des atteintes neurologiques<br />

de la maladie lupique, les auteurs analysent également les<br />

aspects immunologiques, les données de l’imagerie IRM, et<br />

de l’analyse du LCR.<br />

Dans cette série, 11 patients présentent des signes d’atteinte<br />

de la substance blanche (flaccidité, hyporéflexie...) alors<br />

que les 11 autres ont des signes d’atteinte de la substance<br />

grise (hypertonie, hyper réflexie...). <strong>Le</strong>s atteintes de la<br />

substance grise sont plus souvent associées à une paraplégie<br />

irréversible (p


22<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

À l’inverse, des arguments en faveur du rôle bénéfique de ces<br />

molécules chez des patients avec une maladie très active, sur<br />

le bilan lipidique et sur le risque athéromateux sont faibles et<br />

inconsistants.<br />

Des petites séries limitées suggèrent que les antimalariques<br />

empêchent l’évolution d’une maladie lupique « incomplète »<br />

vers un lupus complet et certain, influencent les taux de<br />

Vitamine D sérique et réduisent l’incidence générale des<br />

cancers chez les patients lupiques.<br />

MaLadieS SyStéMiqueS<br />

Aspects cliniques<br />

du syndrome d’activation<br />

macrophagique de<br />

l’adulte<br />

<strong>Le</strong> syndrome d’activation macrophagique (SAM) est une<br />

complication rare mais redoutable de la maladie de Still de<br />

l’adulte et d’autres rhumatismes inflammatoires chroniques.<br />

<strong>Le</strong> SAM associe de la fièvre, une pancytopénie, une<br />

insuffisance hépatique, une coagulopathie et divers signes<br />

dont une atteinte neurologique... <strong>Le</strong> SAM peut survenir<br />

chez des patients souffrant de cancer ou de lymphome, des<br />

transplantés, des maladies infectieuses sévères, un lupus, une<br />

arthrite juvénile...et une maladie de Still. La cause de cette<br />

complication reste inconnue. Une équipe française rapporte<br />

16 épisodes de SAM au cours de Still de l’adulte chez<br />

8 patients. Une étude cas contrôle a été réalisée en appariant<br />

chaque patient avec 2 sujets n’ayant pas développé de SAM.<br />

L’âge moyen au diagnostic de SAM est de 44,5 ans ; la<br />

fréquence du SAM dans cette cohorte est de 15,3 % (8/52).<br />

Chez 7 patients le SAM est la manifestation initiale du Still<br />

qui révèle la maladie. <strong>Le</strong>s signes principaux étaient de la<br />

fièvre (n=8), une éruption (n=6), des arthralgies (n=7), une<br />

polyadénopathie (n=6), un choc (n=4). La ferritinémie est<br />

toujours élevée (>1000 μg/L dans 8/8 cas), avec une baisse<br />

de la ferritine glycosylée dans tous les cas (


<strong>Le</strong> début de la maladie est survenu à un âge plus jeune<br />

chez les patients sépharades d’Afrique du nord par rapport<br />

aux deux autres populations. Une histoire familiale de FMF<br />

n’est présente que chez 30 % des ashkénazes alors que<br />

près de 100 % des patients des deux autres origines ont cet<br />

antécédent (p=0,001).<br />

La fréquence des attaques abdominales et des poussées<br />

fébriles est identique dans les 3 groupes, alors que les<br />

douleurs thoraciques et articulaires sont beaucoup plus<br />

rares dans les populations ashkénazes et iraquiennes par<br />

comparaison avec les sépharades.<br />

Une bonne réponse à la colchicine est observée chez les<br />

populations ashkénazes et iraquiennes alors qu’elle est<br />

beaucoup plus rares chez les sépharades (respectivement<br />

82 % et 84 % par comparaison à 56 %, p=0,0001).<br />

Une protéinurie, une insuffisance rénale, une amylose, sont<br />

observées bien plus souvent dans les populations ashkénazes<br />

que dans les groupes iraquiens et sépharades (respectivement<br />

18 %, 6,6 % et 9,8 % comparés à 5,3 %, 0 % et 3,5 % et à<br />

1,6 %, 0 % et 0 % dans les populations ashkénazes,<br />

iraquiennes et sépharades)<br />

La conclusion de ce travail original est que la présentation<br />

de la FMF varie considérablement en fonction de l’origine<br />

ethnique des patients. La maladie existe dans les populations<br />

d’origine ashkénaze mais est d’intensité assez modérée,<br />

répond assez bien à la colchicine. <strong>Le</strong> diagnostic est malaisé<br />

car cette présentation dans cette population est mal connue<br />

et les antécédents familiaux souvent absent. La fréquence de<br />

l’amylose rénale doit rester à l’esprit en raison de sa gravité.<br />

M Lydar et coll. Familial Mediterranean Fever in Ashkenazi Jews:<br />

The Mild End of the Clinical Spectrum. Rheumatology <strong>2010</strong> ;49(3):<br />

490-500.<br />

Critères eular de classification des<br />

vascularites systémiques de l’enfant<br />

<strong>Le</strong> diagnostic et la classification des vascularites systémiques<br />

de l’enfant sont difficiles et il manquait un travail de référence.<br />

<strong>Le</strong> groupe PRInTo vient de combler cette lacune en proposant<br />

une classification (comme Chapel Hill l’avait fait pour l’adulte<br />

il y a quelques années) de quatre vascularites de l’enfant.<br />

Il s’agit du purpura d’Henoch–Schönlein (HSP), de la PAn<br />

pédiatrique (PAn), de la maladie de Wegener (WG) et de<br />

l’artérite de Takayasu (TA). Cette classification devrait faire<br />

référence à l’avenir.<br />

<strong>Le</strong>s dossiers de 280 patients âgés de moins de 18 ans<br />

et souffrant de ces 4 affections de manière certaine et<br />

indiscutable, ont été collectés dans le monde entier. Ils ont<br />

ensuite été reclassés par l’ensemble des experts de manière<br />

consensuelle. enfin, la sensibilité et la spécificité de chaque<br />

signe ont été appréciées dans chacune des affections. Puis,<br />

en utilisant ces items, l’analyse porte ensuite de manière<br />

prospective sur 827 HSP, 150 PAn, 60 WG et TA.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 23<br />

Un patient est classé comme ayant un HSP s’il présente<br />

des pétéchies/un purpura (obligatoire) prédominant sur les<br />

membres inférieurs plus au moins un des items suivants : des<br />

douleurs abdominales, des dépôts d’IgA en histologie, une<br />

atteinte rénale, des arthralgies ou arthrites.<br />

Un patient est classé PAn en présence d’une atteinte<br />

inflammatoire multi organique et systémique associée à<br />

une vascularite nécrosante prouvée histologiquement ou<br />

démontrée radiographiquement (critère obligatoire), plus au<br />

moins un des 5 critères suivants : atteinte cutanée, atteinte<br />

musculaire, atteinte rénale, neuropathie périphérique,<br />

hypertension.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de maladie de Wegener repose sur la<br />

présence de 3 critères parmi les 6 suivants : présence de<br />

lésions inflammatoires granulomateuses, atteinte des voies<br />

respiratoires hautes, atteinte pulmonaire, atteinte trachéolaryngo-bronchique,<br />

présence de C-AnCA, atteinte rénale.<br />

Un patient est classé comme ayant une artérite de Takayasu<br />

s’il est démontré des anomalies typiques sur les imageries de<br />

l’aorte ou de ses branches principales (critère obligatoire),<br />

plus au moins un parmi les 5 critères suivants : abolition d’un<br />

pouls ou claudication vasculaire, asymétrie tensionnelle entre<br />

deux membres, souffle vasculaire, syndrome inflammatoire<br />

biologique.<br />

S Ozen for the Paediatric Rheumatology International Trials<br />

Organisation (PRINTO). EULAR/PRINTO/PRES criteria for Henoch–<br />

Schönlein purpura, childhood polyarteritis nodosa, childhood<br />

Wegener granulomatosis and childhood Takayasu arteritis:<br />

Ankara 2008. Part II: Final classification criteria. Ann Rheum Dis<br />

<strong>2010</strong>;69:798-806.<br />

Un marqueur d’atteinte cardiaque<br />

dans la sclérodermie : le N-terminal<br />

pro-brain natriuretique peptide<br />

La complication actuelle, la plus grave et la plus fréquente<br />

des sclérodermies est l’atteinte cardiaque. elle est recherchée<br />

systématiquement par échographie cardiaque doppler. Cette<br />

méthode a ses limites et imperfections et il est possible que<br />

certains marqueurs biologiques soient utiles aux cliniciens<br />

pour détecter ces complications cardiaques.<br />

Un candidat potentiel est le “n-terminal pro-brain natriuretic<br />

peptide” (nT-proBnP), dont l’intérêt est testé dans le présent<br />

travail qui concerne 69 patients sclérodermiques. Ces sujets<br />

ont un âge moyen de 56 (±13) ans et sont majoritairement<br />

des femmes (56/69). Tous ont une échographie standard ainsi<br />

qu’une échographie doppler afin de mesurer les vitesses des<br />

flux mitraux et tricupisdiens, pour détecter l’apparition d’une<br />

atteinte cardiaque. en parallèle, le nT-proBnP est mesuré<br />

prospectivement chez chaque patient.<br />

Après le suivi, on observe que 18 patients ont une atteinte<br />

cardiaque, 7 avec une baisse de la contractilité du ventricule<br />

gauche, 8 avec une baisse de la contractilité du ventricule<br />

droit et 8 avec une hypertension artérielle débutante jugée<br />

sur l’élévation de la pression artérielle pulmonaire systolique<br />

moyenne.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


24<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

<strong>Le</strong>s patients avec une baisse de contractilité ont une élévation<br />

du nT-proBnP par comparaison avec ceux dont la contractilité<br />

est normale (704±878 pg/ml vs 118±112 pg/ml ; p


L’usage de stéroïdes en monothérapie est plus fortement<br />

associé à une réduction du risque de récupération faciale<br />

non satisfaisante tardive (RR 0,69 ; IC 95 % 0,55-0,87 ;<br />

p=0,001), une réduction du risque des troubles dysautonomiques<br />

et syncinésies (RR 0,48 ; IC 95 % 0,36-0,65 ;<br />

p


26<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

Traitement d’un modèle murin de<br />

thalassémie par la ferritine<br />

Il n’y a pas de traitement radical de la thalassémie, dont le<br />

pronostic reste grave. <strong>Le</strong>s patients développent en particulier<br />

une surcharge systémique en fer, qui majore leur morbidité<br />

et leur mortalité. Cette surcharge est facilitée par une<br />

augmentation des stocks plasmatiques labiles de fer, qui<br />

sont captés de manière aléatoire et dérégulés par les cellules<br />

parenchymateuses. À l’inverse, l’érythropoïèse dépend d’une<br />

captation du fer lié à la transferrine via son récepteur.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs ont postulé que l’anémie chronique et<br />

l’érythropoïèse anormale des thalassémiques pouvaient<br />

être améliorées par une augmentation des taux circulants<br />

de transferrine et ont testé cette hypothèse dans un modèle<br />

murin de l’affection (souris Hbbth1/th1). <strong>Le</strong> travail montre<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

que l’injection de transferrine corrige les stocks circulants<br />

de fer, augmente la production d’hepcidine, normalise la<br />

durée de vie des globules rouges et augmente la production<br />

d’hémoglobine. <strong>Le</strong> phénotype thalassémique des souris est<br />

profondément modifié par cette intervention thérapeutique.<br />

en parallèle de ce traitement, on observe une réduction de la<br />

réticulocytose, une baisse des taux circulants d’érythropoïétine<br />

et de la splénomégalie.<br />

Ce joli travail ouvre donc d’intéressantes pistes de recherche<br />

thérapeutique chez l’homme, en montrant que la transferrine<br />

est le facteur limitant de l’anémie observée dans l’affection<br />

et que sa correction -au moins dans le modèle murin- est<br />

bénéfique.<br />

H Li et coll. Transferrin therapy ameliorates disease in b-thalassemic<br />

mice. Nature Medicine <strong>2010</strong> ;16 :177-182.<br />

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FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 27 11<br />

quand <strong>Le</strong> rhuMatoLogue<br />

doit-iL reCherCher une MaLadie<br />

auto-iMMune de La thyroïde ?<br />

S<br />

Dr Elisabeth Palazzo - Service de Rhumatologie du Pr. O. Meyer, Hôpital Bichat, Paris.<br />

ous le terme de maladies auto-immunes de la thyroïde (MAIT), sont regroupées la maladie de<br />

Basedow encore appelée Graves’ disease par les anglosaxons et la thyroïdite chronique autoimmune<br />

d’Hashimoto. Il s’agit en fait d’entités très différentes sur le pan clinique, qui ont en commun d’être<br />

associées à la présence d’autoanticorps dirigés contre des constituants de la thyroide et de survenir sur un terrain<br />

génétique déterminé. <strong>Le</strong>s maladies autoimmunes de la thyroïde sont fréquentes. <strong>Le</strong>ur prévalence est estimée à<br />

3 % dans la population générale. Ce sont les maladies autoimmunes (MAI) les plus fréquentes (5 %) dans les<br />

MAI multiples.<br />

<strong>Le</strong> rhumatologue peut être amené à rechercher une maladie autoimmune de la thyroïde dans des circonstances<br />

variées. Il s’agit le plus souvent de symptômes rhumatologiques qui sont connus comme pouvant être rapportés<br />

à une dysthyroïdie, mais également lors du bilan étiologique d’une ostéoporose, de polyarthromyalgies ou de<br />

polyarthrite et enfin dans le bilan initial des maladies autoimmunes multiples.<br />

RAPPEL SUR LES MALA-<br />

DIES AUTO-IMMUNES DE<br />

LA ThyROïDE<br />

Il s’agit d’entités très différentes qui ont<br />

en commun d’être associées à la présence<br />

d’auto anticorps. Dans la maladie<br />

de Basedow, ce sont des anticorps<br />

anti récepteur de la TSH (anti TRAK)<br />

sur la cellule thyroïdienne alors que,<br />

dans la thyroïdite d’Hashimoto (TH),<br />

ce sont des anticorps dirigés contre les<br />

constituants de la cellule thyroïdienne,<br />

la thyroglobuline, protéine qui sert de<br />

substrat à la synthèse des hormones<br />

thyroïdiennes (T3 triiodothyronine et<br />

T4 tétraiodothyronine), et la thyroperoxydase<br />

enzyme qui permet l’iodination<br />

de l’ion iodure et le couplage des<br />

dérivés iodotyrosines dans la substance<br />

colloïde afin de former les hormones<br />

thyroïdiennes [6,32].<br />

Dans le cas de la maladie de Basedow,<br />

les anticorps se lient aux récepteurs de<br />

la TSH situés au pôle basal du thyréocyte<br />

et activent non seulement la cellule<br />

thyroïdienne, ce qui va induire une<br />

hypertrophie des cellules thyroïdiennes<br />

à l’origine du goitre, mais également<br />

la sécrétion de mucine par les fibroblastes<br />

de l’atmosphère péri oculaire<br />

et par ceux du derme, ce qui entraîne<br />

l’ophtalmopathie et le myxœdème pré<br />

tibial. Ils augmentent également la synthèse<br />

des hormones thyroïdiennes, ce<br />

qui conduit à l’hyperthyroïdie. L’inflammation<br />

histologique est au deuxième<br />

plan [32].<br />

en revanche, au cours de la thyroïdite<br />

d’Hashimoto, il existe une réelle thyroïdite<br />

histologique qui peut entraîner<br />

un goitre puis évoluer vers une fibrose<br />

responsable de l’atrophie de la glande<br />

et de la diminution de la synthèse des<br />

hormones thyroïdiennes. Dans la TH,<br />

les auto anticorps n’ont pas de rôle<br />

pathogène reconnu actuellement et ne<br />

sont que des témoins de la maladie<br />

[13]. Cependant, dans certains cas, il<br />

existe des anticorps anti récepteur de la<br />

TSH bloquant qui peuvent diminuer la<br />

synthèse des hormones thyroïdiennes<br />

sans qu’il n’y ait une atrophie de la<br />

glande.<br />

hISTOIRE DE GèNES<br />

ET D’ENvIRONNEMENT<br />

<strong>Le</strong>s facteurs qui prédisposent à la survenue<br />

d’une MAIT sont génétiques et<br />

environnementaux [7,29].<br />

Facteurs génétiques<br />

Il s’agit de maladies polygéniques qui<br />

sont la conséquence d’une combinaison<br />

défavorable de plusieurs allèles de<br />

susceptibilité de différents gènes et sur<br />

lesquels un environnement particulier<br />

agit pour conduire au processus pathogène<br />

et à un phénotype maladie.<br />

<strong>Le</strong>s facteurs génétiques prédisposant<br />

sont les gènes du locus HLA de classe<br />

II et des gènes non HLA. <strong>Le</strong>s allèles des<br />

gènes HLA codant pour le complexe<br />

majeur d’histocompatibilité jouent un<br />

rôle central dans la présentation de<br />

l’antigène aux cellules T et représentent<br />

le facteur génétique qui a le plus<br />

de poids avec un risque attribuable<br />

modéré (Population Attribuable Risk)<br />

comparable à ce qui est observé au<br />

cours du lupus et inférieur à ce qui est<br />

observé dans la PR [15]. HLA DR3 et<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


28<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

HLA DQA10501 sont les allèles des<br />

gènes d’histocompatibilité impliqués<br />

dans la maladie de Basedow, HLA DR3<br />

dans la forme atrophique de TH et HLA<br />

DR5 dans la forme avec goitre. <strong>Le</strong>s allèles<br />

des gènes de susceptibilité non<br />

HLA retrouvés dans les MAIT codent<br />

pour des protéines impliquées dans des<br />

voies physiopathologiques différentes :<br />

la voie d’activation des lymphocytes T,<br />

CTLA4, PTPn 22 mais également celle<br />

de l’immunité innée nALP1 ou CARD7<br />

[15,29].<br />

Facteurs environnementaux<br />

<strong>Le</strong>s principaux facteurs environnementaux<br />

sont le sexe féminin, notamment<br />

au-delà de 45 ans [13], le régime riche<br />

en iode, le déficit en sélénium, le tabac,<br />

le stress et les infections [7,21,29].<br />

<strong>Le</strong>s MAIT sont plus fréquentes chez la<br />

femme (5 à 15 %) que chez l’homme<br />

(1 à 5 %) [13]. <strong>Le</strong>s principaux agents<br />

infectieux incriminés sont d’origine virale<br />

avec principalement le virus de<br />

l’hépatite C, le Parvovirus B19 et certains<br />

rétrovirus (HIV et HTLV 1) [14],<br />

mais également d’origine bactérienne<br />

avec Yersinia enterolitica et Helicobacter<br />

pylori [23]. Certains médicaments<br />

peuvent induire une thyroïdite auto-immune.<br />

Il s’agit de l’amiodarone et de<br />

l’interféron alpha [24,30]. <strong>Le</strong>s mécanismes<br />

physiopathogéniques incriminés<br />

sont soit le mimétisme moléculaire<br />

qui conduit à l’activation des lymphocytes<br />

T et à la production d’Ac produits<br />

en réponse à un agent infectieux qui a<br />

une communauté antigénique avec les<br />

constituants de la thyroïde, soit la stimulation<br />

de Toll Like Receptor 3 (TLR<br />

3) exprimés par les thyréocytes lors<br />

d’une inflammation locale conduisant<br />

à l’activation de cellules T autoréactives<br />

résidentes avec une réponse de type interféron.<br />

en ce qui concerne l’impact<br />

des différents régimes, la modification<br />

du contenu en iode ou en sélénium<br />

(agent antioxydant) peut conduire à<br />

une augmentation de l’immunogénicité<br />

des constituants de la thyroïde : la thyroglobuline<br />

en cas de régime riche en<br />

iode, la TPo en cas de régime pauvre<br />

en sélénium [7].<br />

Il n’y a pas de classification internationale<br />

des maladies thyroïdiennes qui<br />

permet de définir les thyroïdites autoimmunes<br />

[in 15]. La TH est caractérisée<br />

par la présence d’un goitre ou d’une<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

dysthyroïdie, habituellement une hypothyroïdie,<br />

associée à la présence d’anticorps<br />

antithyroïdiens, principalement<br />

anti TPo [13].<br />

La maladie de Basedow est caractérisée<br />

par une hyperthyroïdie ou une<br />

ophtalmopathie associée à la présence<br />

d’Ac antirécepteur de la TSH ou à l’association<br />

d’une hyperthyroïdie à une<br />

ophtalmopathie [32].<br />

SyMPTôMES RhUMA-<br />

TOLOGIQUES D’APPEL<br />

D’UNE DySThyROïDIE<br />

<strong>Le</strong>s signes faisant évoquer une dysthyroïdie<br />

sont variés. Ils sont le plus souvent<br />

d’ordre neuromusculaire (tableau 1).<br />

- <strong>Le</strong> patient consulte habituellement<br />

pour des myalgies, des crampes, un<br />

enraidissement musculaire douloureux<br />

et/ou une fatigabilité musculaire. L’examen<br />

des muscles peut révéler parfois<br />

une hypertrophie au cours de l’hypothyroïdie<br />

ou une atrophie au cours de<br />

l’hyperthyroïdie .<strong>Le</strong>s muscles atteints<br />

sont ceux des ceintures, au début, puis<br />

les muscles distaux et, dans de rares<br />

cas, une atteinte respiratoire. <strong>Le</strong>s enzymes<br />

musculaires sont le plus souvent<br />

normales dans l’hyperthyroïdie alors<br />

qu’elles sont élevées au cours de l’hypothyroïdie.<br />

La myopathie proximale n’est<br />

pas corrélée à l’importance de l’hypothyroïdie,<br />

elle peut parfois mimer une<br />

PPR avec élévation des enzymes musculaires<br />

[20,22,26]. La forme axiale est<br />

responsable d’une camptocormie [18].<br />

<strong>Le</strong>s biopsies musculaires, lorsqu’elles<br />

sont réalisées, mettent en évidence la<br />

présence d’infiltrat cellulaire mononucléé<br />

comportant des macrophages,<br />

de rares lymphocytes ou mastocytes,<br />

mais également des altérations des<br />

capillaires. <strong>Le</strong> mécanisme supposé est<br />

l’existence de dépôts de mucopolysaccharides<br />

des fibres musculaires de localisation<br />

endo- et périmysiale. L’évolution<br />

sous traitement est favorable au<br />

bout d’une à plusieurs semaines.<br />

- <strong>Le</strong> syndrome du canal carpien par infiltration<br />

péri et endoneurale avec infiltration<br />

oedémateuse (cause dans 7 %<br />

des cas).<br />

- Une neuropathie sensitive des petites<br />

fibres.<br />

- L’atteinte péri-articulaire des épaules<br />

est classique dans l’hyperthyroïdie. elle<br />

se présente sous la forme d’une capsulite<br />

rétractile qui peut être bilatérale.<br />

elle est observée dans 7 % des maladies<br />

de Basedow [20,26,32].<br />

- <strong>Le</strong> syndrome polyalgique ressemblant<br />

en tout point à la fibromyalgie (fréquence<br />

de 5 %) avec des anomalies<br />

du sommeil qui peuvent être corrigées<br />

par le traitement substitutif alors que le<br />

syndrome douloureux ne l’est que dans<br />

50 % des cas.<br />

- L’acropathie est rare et se manifeste<br />

par un hippocratisme digital. La radio<br />

montre une ostéopathie particulière<br />

avec striation intracorticale donnant<br />

un aspect feuilleté des métacarpiens et<br />

des phalanges qui peut s’accompagner<br />

de périostite. elle s’observe essentiellement<br />

dans la maladie de Basedow. elle<br />

peut être isolée ou associée à l’ophtalmopathie<br />

et au myxoedème prétibial.<br />

Tableau 1. Symptômes faisant rechercher<br />

une dysthyroïdie<br />

Signes Hypothyroïdie Hyperthyroïdie<br />

Canal carpien + -<br />

Capsulite de l’épaule - +<br />

Crampes + +<br />

Arthralgies + +<br />

Douleurs des ceintures + +<br />

Fibromyalgie + +<br />

Hippocratisme digital - +<br />

Myalgies + +<br />

Myolyse (CPK) + -<br />

Ostéoporose + +


BILAN éTIOLOGIQUE<br />

D’UNE OSTéOPOROSE<br />

<strong>Le</strong> risque de fracture est augmenté au<br />

cours des dysthyroïdies. Il est plus élevé<br />

chez les femmes ménopausées, principalement<br />

à la hanche et en cas d’hyperthyroïdie.<br />

La perte osseuse est partiellement<br />

réversible sous traitement [9,11, 31].<br />

BILAN éTIOLOGIQUE<br />

DE POLyARThRALGIES<br />

ET DE POLyARThRITE<br />

Une maladie auto-immune de la thyroïde<br />

doit être recherchée dans le bilan<br />

étiologique des polyarthrites même en<br />

l’absence de signes extra rhumatologiques<br />

de dysthyroïdie. on peut rencontrer<br />

deux types de manifestations<br />

articulaires : d’une part une atteinte articulaire<br />

par le biais de l’auto-immunité<br />

responsable de la thyroïdite et d’autre<br />

part, l’association d’un rhumatisme inflammatoire<br />

auto-immun avec la thyroïdite.<br />

<strong>Le</strong>s manifestations articulaires liées à<br />

l’auto-immunité responsable de la thyroïdite<br />

peuvent être révélatrices [27].<br />

elles ont été décrites par <strong>Le</strong> Riche et<br />

Bell en 1984 sous la forme d’une polyarthrite<br />

d’allure rhumatoïde séronégative<br />

[19]. Punzi en 1997 a rapporté 33<br />

cas suivis pendant plus de 6 ans [25].<br />

Il s’agissait de 16 polyarthrites, 17 oligoarthrites<br />

séronégatives non érosives.<br />

Parmi les polyarthrites, 50 % des patients<br />

ont évolué vers une PR classique,<br />

destructrice. Parmi ces patients, 50 %<br />

des patients avaient une hypothyroïdie.<br />

<strong>Le</strong>s facteurs prédictifs de cette évolution<br />

étaient la présence du HLA DR4 et d’un<br />

taux élevé d’IL1 béta dans le liquide articulaire.<br />

La recherche d’anti CCP n’a<br />

pas été réalisée dans cette étude. Dans<br />

les autres cas de polyarthrite, l’évolution<br />

était bénigne, sans destruction articulaire,<br />

avec une réponse satisfaisante<br />

au traitement symptomatique. Dans les<br />

17 cas d’oligoarthrite, l’évolution était<br />

peu sévère, intermittente avec des périodes<br />

de rémission spontanée.<br />

L’existence d’une hypothyroïdie ne<br />

permettait pas de prévoir l’évolution<br />

puisqu’elle était présente dans les différentes<br />

formes cliniques (50 % dans<br />

la forme destructrice, 40 % dans la<br />

forme non destructrice et 37,5 % dans<br />

la forme oligoarticulaire).<br />

Ces observations suggèrent qu’il existe<br />

donc une forme de rhumatisme inflammatoire<br />

caractérisé par des arthrites<br />

non érosives, indépendantes de la<br />

fonction thyroïdienne répondant favorablement<br />

au traitement anti inflammatoire<br />

non stéroïdien ou stéroïdien<br />

comme cela est également observé au<br />

cours de la plupart des autres MAI [26].<br />

Même si l’indication d’un traitement de<br />

fond par hydroxychloroquine (Plaquenil®)<br />

n’a pas été évaluée, ce traitement peut<br />

être proposé comme agent immunomodulateur.<br />

De plus, en cas de polyarthrite,<br />

une réévaluation diagnostique régulière<br />

est nécessaire pour ne pas méconnaître<br />

l’évolution vers une polyarthrite rhumatoïde<br />

authentique justifiant un traitement<br />

spécifique tel que le methotrexate.<br />

BILAN DES MALADIES<br />

AUTO-IMMUNES<br />

MULTIPLES<br />

Parmi les rhumatismes inflammatoires<br />

chroniques, c’est le syndrome<br />

de Gougerot-Sjögren [1,4,10,17] qui<br />

est le plus souvent associé à une MAIT,<br />

puis les connectivites mixtes, la sclérodermie,<br />

la PR et le <strong>Le</strong>S [5]. La TH y<br />

est plus fréquente que la maladie de<br />

Basedow. <strong>Le</strong>s anticorps anti thyroïde<br />

précèdent, en général, l’apparition des<br />

symptômes, comme cela est observé<br />

avec d’autres autoanticorps comme<br />

les antiCCP dans la PR. Au cours du<br />

syndrome de Gougerot-Sjögren, la<br />

prévalence des Ac anti TPo varie de<br />

11 % à 17,3 %, celle des Ac anti TG de<br />

3 % à 13,2 % [1,4,12]. La TH est observée<br />

dans 7 à 15,3 % des cas avec une<br />

prévalence multipliée par 1<strong>75</strong> dans<br />

l’étude de Biro portant sur 400 patients<br />

[4]. La maladie de Basedow est observée<br />

quant à elle dans 0,7 à 10 % avec<br />

une prévalence multipliée par 74 dans<br />

la même étude [4].<br />

Dans les connectivites mixtes, la prévalence<br />

de la TH est très variable allant<br />

de 21,4 % (multipliée par 555) à 2,5 %<br />

multipliée par 76 dans une autre étude<br />

portant sur 159 patients [4].<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 29<br />

Dans la PR, la prévalence de la TH<br />

varie de 3,2 à 6,2 % et est multipliée<br />

par 160. La maladie de Basedow est<br />

retrouvée dans 1,3 à 1,6 % des cas [4].<br />

Au cours du <strong>Le</strong>S, la prévalence de la<br />

TH est plus faible 2,3 % (multipliée par<br />

90) [4]. elle atteint 6,1 % dans l’étude<br />

d’Appenzeller portant sur 524 patients<br />

et est plus élevée en cas d’association<br />

à un syndrome de Gougerot-Sjögren et<br />

à la présence de facteurs rhumatoïdes<br />

[2]. Dans cette étude, les Ac précèdent<br />

la survenue de la maladie dans 70 %<br />

des cas.<br />

Dans la sclérodermie, la prévalence<br />

de la TH est de 4,2 % (multipliée par<br />

219 [4]). Dans l’étude d’une cohorte<br />

franco-italienne comportant 1132 cas,<br />

les thyroïdites auto-immunes sont observées<br />

dans 6 % des cas. elles sont<br />

associées à une forme plus limitée de<br />

la maladie comportant moins souvent<br />

une fibrose pulmonaire et sont fréquemment<br />

associées au syndrome de<br />

Gougerot-Sjögren [3].<br />

Ces résultats suggèrent qu’il est utile<br />

de rechercher une MAIT dans les rhumatismes<br />

inflammatoires chroniques,<br />

notamment chez la femme de plus de<br />

45 ans, surtout s’il existe un syndrome<br />

de Gougerot-Sjögren associé dans le<br />

but de dépister une dysthyroïdie le plus<br />

souvent une hypothyroïdie dont les manifestations<br />

peuvent être confondues<br />

avec celles du rhumatisme. De plus,<br />

au cours du syndrome de Gougerot-<br />

Sjögren, en cas de thyroïdite d’Hashimoto<br />

associé, il est recommandé de<br />

surveiller l’aspect morphologique de la<br />

glande thyroïde en raison du risque de<br />

lymphome de type MALT dont la prévalence<br />

est augmentée [17].<br />

Dans quelques rares cas, on peut être<br />

confronté à la découverte d’anticorps<br />

anti thyroïdiens demandés au cours<br />

d’un bilan immunologique dont la signification<br />

est incertaine. La signification<br />

de la découverte d’anticorps (Ac)<br />

antithyroïdien dépend du contexte clinique<br />

au cours duquel cette recherche<br />

a été effectuée. Ainsi, au cours du bilan<br />

étiologique d’une dysthyroïdie, c’est<br />

un élément essentiel pour porter le<br />

diagnostic de thyroïdite auto-immune<br />

ou de maladie de Basedow. Au cours<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


30<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

de l’évaluation d’une MAI définie, elle<br />

permet d’évoquer l’existence d’une<br />

MAI multiple.<br />

Lorsque cette recherche est effectuée<br />

dans l’enquête étiologique de polyarthromyalgies<br />

ou d’une polyarthrite<br />

indéterminée, la présence d’anticorps<br />

antithyroïdien conduit à rechercher<br />

d’autres éléments pour le diagnostic<br />

de MAIT. Au cas où ces éléments ne<br />

sont pas réunis, il est nécessaire de<br />

réévaluer régulièrement le diagnostic<br />

puisqu’il est établi, comme cela est<br />

observé au cours d’autres maladies<br />

auto-immunes, que les anticorps sont<br />

présents avant l’apparition des symptômes<br />

de MAIT. en cas de présence isolée<br />

d’Ac antithyroïdien, le risque de développer<br />

une MAIT est évalué à 2,6 %<br />

par an. Ce risque est plus élevé en cas<br />

RéFéRENCES<br />

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Médecine, Créteil 1997.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

d’antécédent familial de MAIT. Il l’est<br />

d’autant plus que 2 personnes sont atteintes<br />

dans la famille, que la TSH est<br />

dans la partie supérieure de la normale<br />

et que le taux d’anticorps anti TPo est<br />

élevé (score d’Amsterdam)[28].<br />

La signification des Ac anti thyroïdien a<br />

été étudiée dans une étude rétrospective<br />

portant sur 100 patients chez qui<br />

des anticorps avaient été recherchés en<br />

raison de symptômes rhumatologiques<br />

variés. Dans 50 % des cas, le diagnostic<br />

de rhumatisme inflammatoire défini<br />

a été porté (PR, Sjögren, <strong>Le</strong>S). Chez 10<br />

patients, celui de fibromyalgie a pu être<br />

retenu. 14 patients souffraient d’une<br />

polyarthrite séronégative d’origine indéterminée.<br />

Seuls 9 patients répartis<br />

dans les différents groupes avaient une<br />

dysthyroïdie [16].<br />

C ONCLUSION<br />

La présence d’une maladie auto-immune<br />

de la thyroïde doit être cherchée<br />

en cas de situations cliniques<br />

aussi différentes qu’une atteinte musculaire,<br />

une fibromyalgie, des polyarthralgies,<br />

une polyarthrite séronégative<br />

ou une ostéoporose qu’elle<br />

soit fracturaire ou non.<br />

Ces différents symptômes peuvent être<br />

dûs à la dysthyroïdie, mais également<br />

à un rhumatisme inflammatoire chronique<br />

associé, le plus souvent un syndrome<br />

de Gougerot-Sjögren, ou être<br />

uniquement le témoin d’un syndrome<br />

d’auto-immunité commun à la plupart<br />

des maladies auto-immunes.<br />

17. Jara LJ, Navarro C, Brito-Zeron Mdel P, et al. Thyroid disease in Sjogren’s syndrome.<br />

Clin Rheumatol 2007;26:1601-1606.<br />

18. Laroche M CP, Uro-Coste E, Arné-Bès MC, Mazières B, Delisle MB. Camptocormie<br />

: mise au point à propos d’une cohorte de 63 malades. Rev Rhum 2006;<br />

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29. Tomer Y, Huber A. The etiology of autoimmune thyroid disease: a story of genes<br />

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31. Vestergaard P, Mosekilde L. Fractures in patients with hyperthryroidism and hypothyroidism<br />

: a nationwide follow-up in 16249 patients. Thyroid 2002 ; 12 : 411-9.


La lettre de la SOFOC<br />

(Nouvelle formule du Lobstein journal)<br />

SOciété <strong>Française</strong> d’Ostéodensitométrie Clinique<br />

n° 3 / <strong>2010</strong><br />

Président : Rémy Dufour, Avignon. Secrétaire : Bertrand Godfrin, St Gaudens. Trésorier : Alain Belleville, Tournefeuille.<br />

Conseil d’Administration : Catherine Dray, Toulouse - Michel Ferly, Cugnaux - Alain Forgue, Lourdes - Jean-Louis Godfrin, Luchon Gilbert Guiraud,<br />

Muret - Roland Hamisultane, Antibes - Benoît Loze, Cornebarieu - Jean Roquefort, Castelnaudary - Alain Rouanet (Président d’honneur), Narbonne<br />

Siège : clinique Rhône-Durance chemin du Laverin 84000 Avignon - sofoc.christel@wanadoo.fr - site internet: www. sofoc<br />

editorial<br />

Vera lemaire<br />

Xèmes journées de la société française d’ostéodensitométrie clinique*<br />

on apprend toujours quelque chose en matière d’ostéoporose au cours d’une session<br />

d’enseignement.<br />

On sait depuis de nombreuses années que de nombreuses femmes ont des fractures avec<br />

une valeur de la densité osseuse qui ne les classe pas dans l’ostéoporose. Il en est de<br />

même pour les hommes. D’où l’importance des facteurs de risque cliniques, ce que prend<br />

en compte le FRAX, qui donne à l’âge la plus grande importance.<br />

L’attention s’est donc portée sur la qualité de l’os, en étudiant sa micro-architecture par le microCT, qui permet<br />

d’apprécier la résistance mécanique de l’os. <strong>Le</strong>s études ont permis de montrer des différences entre les femmes<br />

ostéopéniques, fracturées ou non. Mais les mesures (volume trabéculaire, nombre et épaisseur des travées) ont-elles<br />

une valeur ajoutée à celle de la densité osseuse? <strong>Le</strong> problème n’est pas encore réglé.<br />

<strong>Le</strong>s bisphosphonates ont-ils un effet anti-tumoral ? Deux études, dont l’étude WHI, ont montré qu’ils avaient un effet<br />

sur l’incidence des cancers du sein, avec une diminution du risque de 30 %. Ils pourraient agir par l’intermédiaire de<br />

l’inhibition de la résorption osseuse, d’où leur effet sur l’incidence des métastases osseuses, mais aussi par un effet<br />

anti angiogénique. <strong>Le</strong> denosumab a montré aussi que chez les femmes ayant des métastases osseuses d’origine<br />

mammaire, le délai avant le premier événement osseux était augmenté. Il s’est montré supérieur pour cet effet à une<br />

anti-aromatase, mais sans différence pour la progression de la maladie ou la survie.<br />

<strong>Le</strong>s résultats d’études de grande ampleur, pour confirmer l’effet anti-tumoral de ces médicaments sont attendus<br />

avec impatience.<br />

*<strong>Le</strong>s communications de ce 10ème Congrès de la SOFOC seront publiées tout au long de cette année.<br />

Bisphosphonates, ostéoporose et soins dentaires<br />

rené Gourmet<br />

docteur en chirurgie dentaire - centre régional de lutte contre le cancer, lyon<br />

depuis 2003, date de la première publication de marx (1) relatant 3 cas d’ostéonécrose des maxillaires<br />

chez des patients ayant été traités par bisphosphonates dans le cadre d’une pathologie cancéreuse, une<br />

certaine confusion s’est installée dans l’esprit de nombreux professionnels de santé les incitant à penser<br />

que les bisphosphonates, qu’ils soient prescrits en pathologie bénigne ou en pathologie maligne, et quelle<br />

que soit la voie d’administration per os ou IV, les bisphosphonates étaient « in fine » des pourvoyeurs<br />

d’ostéonécrose des maxillaires.<br />

L’étiologie dentaire étant mentionnée dans environ 70 % des cas, une certaine suspicion est née chez les<br />

praticiens de la chirurgie dentaire, les amenant à prendre, parfois, des décisions sans aucun rapport avec<br />

le risque réel encouru.<br />

Ce risque d’ONM est très diffèrent entre pathologie maligne et pathologie bénigne : il varie de 0,8 à 12 %<br />

en oncologie (2) , alors qu’il est estimé entre 1 et 4/100 000 en ostéoporose.<br />

21 31<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


32<br />

Définition de l’ONM (3) :<br />

n Lésion de la muqueuse au niveau de la région<br />

maxillo-faciale mettant à nu l’os nécrosé, et persistant<br />

plus de 8 semaines<br />

n Traitement par BP antérieur ou en cours<br />

n Absence d’antécédent de radiothérapie dans la région<br />

maxillaire<br />

n Absence de métastase au niveau maxillaire<br />

Signes cliniques :<br />

n Tuméfaction<br />

n Inflammation<br />

n Mobilité dentaire<br />

n Abcès dentaire<br />

n Ulcération<br />

n Fistulisation intra ou extra-buccale<br />

n Hypoesthésie labio mentonnière (signe de Vincent)<br />

n Absence de localisation métastatique au niveau de<br />

la zone d’ONM<br />

Signes radiologiques :<br />

n OPT<br />

n Dental scan<br />

La lettre de la SOFOC<br />

g<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

n° 3 / <strong>2010</strong><br />

Scintigraphie :<br />

Elle permet la mise en évidence des<br />

zones de fixation, dans 66 % des<br />

cas d’ONM, chez des patients traités<br />

par BP IV<br />

Diagnostic différentiel :<br />

n Maladie parodontale<br />

n Gingivite<br />

n Ostéites de la face d’origine infectieuse, dentaire,<br />

traumatique, tumorale ou primitive, infection d’étiologie<br />

imprécise, ostéomyélite chronique récurrente multifocale,<br />

syndrome Sapho<br />

n Sinusite<br />

n Pathologie péri-apicale<br />

n Ostéonécrose radique<br />

n Lésion cavitationnelle ostéonécrotique neuropathique<br />

(NICO)<br />

n Tumeurs osseuses ou métastases<br />

Profil des BP<br />

<strong>Le</strong>s BP ne sont pas identiques, ils présentent tous<br />

un profil différent : si l’affinité pour l’os détermine<br />

la puissance et la durée de l’effet, la puissance antirésorptive<br />

est fonction de l’inhibition de la FPPS.<br />

Ainsi, le risédronate a une affinité plus faible pour<br />

l’os que l’alendronate, mais il inhibe plus fortement<br />

la FPPS.<br />

<strong>Le</strong>s BP, de part leur action inhibitrice sur la croissance<br />

des cellules endothéliales et sur la PTHrp, ils entraînent<br />

l’apoptose des kératinocytes des fibroblastes,ce<br />

qui peut induire des ulcérations au niveau de la muqueuse<br />

gingivale ou des retards de cicatrisation.<br />

EtiOPathOgéNiE DE l’ONM (4)<br />

Bien qu’un certain nombre de facteurs favorisant<br />

soient identifiés, la véritable étiologie de l’ONM reste<br />

encore inconnue.<br />

L’action anti-ostéoclastique du BP entraîne une diminution<br />

du remodelage osseux et de ce fait une<br />

diminution de la vascularisation, l’os devient hypo<br />

dynamique. Lors d’une chirurgie alvéolo dentaire selon<br />

la durée- dose d’exposition au BP, les traitements<br />

antinéoplasiques délivrés, l’importance de l’immunodépression,<br />

et le degré de pathogénicité de la flore<br />

buccale, le remodelage osseux est insuffisant pour<br />

permettre une cicatrisation alvéolaire, ainsi toutes les<br />

conditions sont réunies pour que s’exprime une éventuelle<br />

ONM.


Quel est le risque d’ONM en pathologie bénigne ?<br />

Mavrokokki et coll. (1) ont montré que chez des patientes<br />

traitées par alendronate pour ostéoporose la<br />

fréquence de survenue d’une ONM est :<br />

- de 0,01 % à 0,04 % (soit 1 à 4 pour 100 000)<br />

- et de 0,09 % à 0,34 % après avulsion dentaire (soit<br />

x 9).<br />

Rizzoli et coll. (5), eux, ont mis en évidence chez<br />

des patientes traitées par BPS oraux pour ostéoporose,<br />

que le risque d’apparition d’ONM est de 1 pour<br />

110 000 patients par année de traitement dont 73 %<br />

d’origine dentaire.<br />

Prévalence de l’ONM chez les patients traités par BP<br />

oraux (7)<br />

n Étude réalisée sur13 946 patients<br />

âge moyen 71 ans (+ ou – 9)<br />

93 % femmes recevant des BP depuis 2006<br />

- 2157 ont présenté des symptômes dentaires<br />

- 9 ont présenté une ONM : 5 spontanées<br />

2 post extractions dentaires<br />

2 post implantation (sans exposition osseuse)<br />

Prévalence d’ONM = 1/1537<br />

D’un point de vue épidémiologique, existe-t-il des<br />

différences entre les molécules de BP en pathologie<br />

bénigne ?<br />

Il n’y a aucun argument, à l’heure actuelle, permettant<br />

de relier la survenue d’une ONM à une molécule<br />

en particulier.<br />

Durée de traitement et risque d’apparition d’ONM<br />

avec les BP oraux<br />

D’après Palaska et Carstos la moyenne se situe entre<br />

36 et 55 mois.<br />

BisPhOsPhONatEs Et sOiNs DENtairEs<br />

Deux catégories de soins dentaires<br />

Soins non chirurgicaux :<br />

- caries,<br />

- endodontie,<br />

- détartrage,<br />

- prothèses.<br />

La lettre de la SOFOC<br />

Soins sollicitant le remodelage osseux :<br />

- extraction,<br />

- résection péri-apicale,<br />

- exérèse de kyste,<br />

- implantologie.<br />

n° 3 / <strong>2010</strong><br />

FACTEuRS DE RISquE PRéDICTIFS<br />

1) État dentaire initial<br />

Hygiène bucco-dentaire<br />

2) Addictions<br />

Tabac<br />

Alcool<br />

3) État général<br />

Pathologies infectieuses<br />

Immunodépression<br />

Hypo fibrinolyse<br />

21 33<br />

4) Traitements associés :<br />

n Vasoconstricteurs : vasopressine, angiotensine, sérotonine,<br />

adrénaline<br />

n Immunosuppresseurs: glucocorticoïdes, biothérapies<br />

n Sialoprives<br />

BisPhOsPhONatEs Et iMPlaNtOlOgiE :<br />

L’étude comparative sur le taux de survie des implants<br />

chez des patientes traitées par alendronate<br />

ou risédronate et un groupe contrôle, de Marjorie et<br />

Jeffcoat (7) sur :<br />

n 50 patientes<br />

n Ostéoporose post ménopausique<br />

n 210 implants<br />

n Durée du traitement 1- 4 ans (moyenne 3 ans)<br />

Montre un taux d’ostéo-intégration à 3 ans de : 99 %.<br />

Une autre étude : celle de Bell (8) réalisée sur<br />

n 42 patients sous traitement BP pour OP de 6 mois<br />

à 11 ans (âge moyen ≈57 ans)<br />

n 101 implants : taux d’ostéointégration = 95 %<br />

Enfin pour C.Madrid et coll. (9) dans une étude rétrospective<br />

portant sur 217 patients montrent qu’un<br />

traitement par BP inférieur à 5 ans ne modifie pas le<br />

taux d’ostéointégration implantaire.<br />

traitement par BP et soins dentaires<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


34<br />

La lettre de la SOFOC<br />

rEcOMMaNDatiONs Ou<br />

guiDE DE BONNEs PratiQuEs<br />

1) Pour l’American Dental Association :<br />

n Avant le début du traitement, si possible :<br />

- Bilan dentaire<br />

- Motivation à l’hygiène bucco-dentaire<br />

n Expliquer au patient que le risque est très faible de<br />

développer une complication.<br />

n Nécessité de bien poser les indications chirurgicales<br />

n Surveillance régulière<br />

2) Recommandations de l’Afssaps (10) pour<br />

les patients candidats à un traitement par BP en OP<br />

n Avant l’instauration du traitement par BP<br />

l Bilan bucco-dentaire recommandé clinique<br />

et radiologique<br />

l Suivi des soins dentaires nécessaire<br />

l Informer le patient<br />

- Nécessité du maintien d’une bonne hygiène<br />

dentaire<br />

- Du risque d’ONM<br />

- Nécessité de signaler toute mobilité<br />

dentaire ou toute douleur, œdème ou inflammation<br />

de la muqueuse gingivale<br />

à son chirurgien dentiste ou à son (ses)<br />

médecin(s).<br />

3) Recommandations de l’Afssaps pour les patients<br />

traités par BP en OP<br />

n Pendant le traitement par BP (sans évidence<br />

d’ONM) (1)<br />

l Suivi bucco-dentaire par un chirurgien dentiste<br />

ou un stomatologue<br />

- Au moindre symptôme bucco-dentaire :<br />

consultation sans tarder<br />

- et minimum 1 fois/an (comme dans la<br />

population générale)<br />

l Effectuer les avulsions dentaires nécessaires<br />

- Sous couverture antibiotique<br />

- et de la façon la moins traumatisante<br />

possible<br />

Pas de contre-indication actuelle à la mise en place<br />

d’un implant dentaire (1,2)<br />

4) Recommandations de l’Afssaps pour les patients<br />

traités par BP en OP en cas d’ONM avérée<br />

l Adresser le patient dans un service hospitalier<br />

de Chirurgie Maxillo-faciale, d’ORL ou d’Odontologie<br />

l En attendant la prise en charge :<br />

- Traiter médicalement la douleur,<br />

- Réaliser un panoramique dentaire,<br />

- Poursuivre une hygiène bucco-dentaire,<br />

accompagnée d’un traitement antiseptique<br />

local.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

n° 3 / <strong>2010</strong><br />

l Informer le médecin prescripteur de la complication,<br />

qui décidera de la poursuite du traitement par<br />

BP au cas par cas.<br />

IL FAuT RAPPELER<br />

n L’OP est une maladie fréquente et grave<br />

n Sa prise en charge est une priorité de santé publique<br />

n L’ONM dans le cadre de l’OP est rare avec les BP<br />

per os ou IV<br />

n <strong>Le</strong> premier facteur de risque d’ONM dans l’OP traitée<br />

par BP est d’origine odonto-stomatologique: ≈70 %.<br />

n Il serait souhaitable de ne jamais initier un traitement<br />

par BP dans l’OP sans bilan bucco-dentaire préalable.<br />

n Veiller à ce qu’une surveillance régulière soit effectuée<br />

tout au long du traitement.<br />

n Il existe une population à risque d’ONM, qu’il faut<br />

pouvoir identifier, dont le schéma thérapeutique, en<br />

particulier odonto-prothétique, peut être à reconsidérer,<br />

en intégrant le rapport bénéfice/ risque.<br />

n Tous les acteurs de santé doivent se sentir concernés<br />

par cette prise en charge du patient.<br />

EN cONclusiON<br />

Faut-il redouter l’ostéonécrose de la mâchoire dans le<br />

traitement de l’ostéoporose?<br />

n La redouter : non<br />

n Être conscient de sa potentialité d’expression : oui.<br />

Bibliographie<br />

1) Marx RE. Pamidronate (Aredia) and Zoledronate (Zometa) induced avascular<br />

necrosis of jaws: a growing epidemic .J.Oral Maxillofac. Surg 2003;<br />

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osteonecrosis of the jaws in Australia. J.Oral Maxillofac.Surg<br />

2007.<br />

3) Khosla S, Burr D, Cauley J, et al. Bisphosphonate-Associated Osteonecrosis<br />

of the Jaw:Report of a task Force of the American Society for Bone and<br />

Mineral Research. J Bone Miner Res 2007.<br />

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bisphosphonates en cancérologie. Bulletin du Cancer 2008; 95 (5): 1-2.<br />

5) Rizzoli R,Burlet N, Cahall D, Delmas PD. Osteonecrosis of the jaw and<br />

bisphosphonate treatement for osteoporosis, Bone 2008; 42: 841-7.<br />

6) Lo JC ,O’Ryan FS, Gordon NP J.Oral Maxillofac.Surg 2009 Jun.<br />

7) Marjorie K. Jeffcoat Safety of oral bisphosphonates: controlled studies on<br />

alveolar bone. IJOMI 2006;3:349-53.<br />

8) Bell J Oral Maxillofac.Surg (2008).<br />

9) Madrid C. coll. Clinic Oral Implants Res 2009 Sep ;Suppl 4: 87-95.<br />

11 e congrès de la sofoc<br />

avignon, palais des sports - 9/10 sept. <strong>2010</strong>


D<br />

La génétique et les neurosciences nous offrent des<br />

perspectives de recherches pour de nombreuses maladies et<br />

spécifiquement dans la physiopathologie de la fibromyalgie.<br />

Il paraît évident pour de nombreux auteurs, que le stress<br />

chronique est un facteur constant retrouvé dans les histoires<br />

de vie des patientes fibromyalgiques. Certains auteurs<br />

ont d’ailleurs apparenté la fibromyalgie au stress posttraumatique.<br />

néanmoins, toutes les personnes soumises à un stress<br />

important ne vivent pas physiquement leur souffrance de la<br />

même manière.<br />

nous pouvons retenir plusieurs facteurs pour expliquer<br />

le polymorphisme de la fibromyalgie : d’une part des<br />

facteurs génétiques, d’autre part une approche individuelle<br />

développée au cours de la vie et également un contexte<br />

social particulier.<br />

L’ensemble des équipes intéressées par la fibromyalgie sont<br />

en accord sur ces points, mais l’élément nouveau qui n’a<br />

jamais été intégré dans l’analyse de ce syndrome est la<br />

plasticité cérébrale aux événements qui ponctuent notre vie.<br />

La plasticité cérébrale est reconnue depuis une trentaine<br />

d’années. Tous les instants de notre vie, positifs ou négatifs,<br />

entraînent des modifications constantes des connections<br />

cérébrales, mobiles et rapides à s’instaurer en termes de<br />

jours et semaines.<br />

nous allons tenter d’ouvrir cette nouvelle voie de<br />

compréhension de la fibromyalgie et d’expliquer comment<br />

l’hypnose est un des modes d’accès à cette plasticité.<br />

COMMENT DEvIENT-ON MALADE ?<br />

L’oMS définit la « bonne santé » comme un état de bien-être<br />

à la fois physique, psychologique et social. Ces trois mots<br />

ont chacun leur importance et représentent un mode d’entrée<br />

possible dans un déséquilibre de notre état de santé.<br />

Il est possible de créer un parallèle avec le concept biopsycho-social.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 35<br />

FibroMyaLgie,<br />

PLaStiCité Cérébra<strong>Le</strong> et hyPnoSe<br />

Dr Eric Gibert - Ivry-sur-Seine<br />

epuis quelques années, le développement de la génétique et des neurosciences bouleverse<br />

notre perception des pathologies. La neuro-imagerie en particulier développe de nouvelles fenêtres<br />

de compréhension des maladies.<br />

Selon le point de départ de la pathologie, organique,<br />

psychologique ou social va s’installer un tableau clinique<br />

particulier : par exemple, un dysfonctionnement corporel<br />

d’origine génétique, infectieux, immunologique peut entraîner<br />

des conséquences psychologiques et des répercussions<br />

sociales, lorsque cette pathologie dure dans le temps.<br />

Mais un trouble psychique peut créer des perturbations<br />

physiques et des difficultés relationnelles durables et un<br />

problème social persistant peut entraîner des conséquences<br />

physiques et psychiques qui se chronicisent.<br />

Ainsi, Allan Young, anthropologue à l’université Mac Gill<br />

de Montréal, a proposé l’usage de trois mots anglais pour<br />

résumer ces trois situations (1) :<br />

- Disease pour l’aspect organique de la pathologie.<br />

- Illness pour l’expérience reconnue par le patient dans son<br />

aspect psychologique<br />

- Sickness pour le ressenti social.<br />

Plusieurs pathologies ont vu leur compréhension évoluer au<br />

cours de ces dix dernières années, citons comme exemples :<br />

- L’autisme, longtemps considéré comme un problème<br />

individuel, relationnel de la mère à l’enfant donc psychique,<br />

a vu sa compréhension bouleversée par les différentes études<br />

sur la génétique de cette maladie. Combien de mères ont été<br />

malheureusement jugées responsables du désarroi de leur<br />

enfant.<br />

- La tuberculose, bien avant que le bacille de Koch ne<br />

soit découvert, fut un exemple de maladie psycho-sociale,<br />

contribuant à développer une littérature romantique des plus<br />

riches. La découverte du bacille, pathologie organique, puis<br />

son traitement efficace ont tourné une page de l’évolution<br />

artistique.<br />

- <strong>Le</strong> stress professionnel, pathologie montante, éminemment<br />

sociale conduit à des troubles physiques et personnels dont<br />

les médias nous relatent les effets au quotidien.<br />

<strong>Le</strong> cursus de nos études médicales nous guide vers la<br />

compréhension des maladies-disease, nous en connaissons<br />

toutes les formes cliniques, les raretés, et surtout toutes les<br />

thérapeutiques possibles.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


36<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

Cependant nos études médicales ne sont guère performantes<br />

pour nous préparer à répondre aux interrogations<br />

existentielles de nombreux patients, induites par leur statut<br />

de malades.<br />

Parfois l’enseignement au lit du malade ou dans un cabinet<br />

privé permet de rencontrer des maîtres de stages intéressés<br />

par cette humanité au-delà des symptômes.<br />

Il reste cependant une difficulté pour le jeune diplômé, celle<br />

de découvrir suffisamment de confiance intérieure pour<br />

engager ce dialogue sur la maladie-illness.<br />

L’ESPRIT ET LE CORPS,<br />

UNE INTERACTION<br />

PERMANENTE ?<br />

Depuis quelques années, la recherche<br />

nous conduit à repenser le paradigme<br />

selon lequel la pensée influence le corps<br />

et le modèle à sa volonté.<br />

De nombreux exemples bousculent cette<br />

hypothèse : le corps impose aussi sa loi à<br />

la pensée, bien que cette interaction soit<br />

bijective, terme mathématique qui définit<br />

une relation égale dans les 2 sens.<br />

Chez les artistes et dans de nombreux<br />

sports, le conscient doit être mis en veille<br />

pour laisser la part physique, sensorielle,<br />

corporelle s’exprimer.<br />

Cette réalité du corps est aussi une preuve<br />

d’humilité pour l’esprit, vénéré pour sa<br />

créativité, certaines maladies apparaissent en opposition<br />

à cette permanence du corps jugée comme une tyrannie :<br />

l’anorexie mentale, « le burn out » pour ne citer que les plus<br />

emblématiques.<br />

Il ne peut exister de « pur esprit ».<br />

L’idée que la perception des émotions repose sur les états du<br />

corps a été abordée par Paul ekman. (2)<br />

Expérience : Paul ekman a demandé à des volontaires de<br />

reproduire sur leurs visages des mouvements de certains<br />

muscles faciaux sans leur expliquer le but de l’expérience.<br />

en réalité, ces mouvements étaient censés conférer une<br />

expression émotionnelle aux patients sans que ceux-ci en<br />

soient avertis.<br />

<strong>Le</strong>s volontaires ont ainsi ressenti l’exacte émotion que les<br />

expérimentateurs pensaient créer en leur demandant de<br />

mimer des “grimaces”.<br />

Cette étude suggère :<br />

- soit qu’une partie de l’état corporel caractéristique d’une<br />

émotion suscitée suffit à permettre sa perception,<br />

- soit que cette partie suscite la reconstitution de l’état corporel<br />

complet, ce qui permet de ressentir l’émotion en question.<br />

« L’âme est l’idée du corps » disait Spinoza.<br />

L’émotion est le lien entre le corps et la pensée : sans perceptions<br />

sensorielles pas d’émotion, sans émotion pas de raison.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

Par ses études et ses écrits sur les blessés cérébraux de toutes<br />

origines (tumorale, traumatique, vasculaire...), Antonio<br />

Damasio, neurophysiologiste américain d’origine portugaise<br />

a échafaudé une théorie du fonctionnement du cerveau qui<br />

étaye cette célèbre phrase de Spinoza. (3)<br />

<strong>Le</strong>s neuro-physiologistes nous ont montré grâce à l’IRM<br />

fonctionnelle, que vivre une émotion et la rêver activent les<br />

mêmes zones cérébrales, nous verrons plus loin l’importance<br />

de cette phrase.<br />

Certains résument même leur travail ainsi : nous rêvons la<br />

réalité plus que nous la vivons.<br />

LA FIBROMyALGIE,<br />

UNE MALADIE SPéCIFIQUE ?<br />

nous parlerons ici de la fibromyalgie dite<br />

primitive, dont nous résumerons la clinique<br />

à quelques points essentiels acceptés<br />

internationalement.<br />

Il s’agit d’un syndrome clinique chronique<br />

caractérisé par des douleurs musculosquelettiques<br />

et tendineuses diffuses<br />

évoluant depuis plus trois mois, une<br />

asthénie, des troubles du sommeil.<br />

Il est important de conserver la notion de<br />

syndrome car elle caractérise une entité<br />

très hétérogène comme nous le constatons<br />

au quotidien.<br />

Il existe quelques signes plus généraux<br />

considérés comme constants dans le tableau<br />

clinique : la fatigue générale, la raideur<br />

matinale, une fatigabilité musculaire.<br />

Pour beaucoup de médecins, la fibromyalgie reste une<br />

maladie-illness, puisque manquent les preuves de son<br />

organicité.<br />

Une étude datant de 2009, apporte un nouvel éclairage :<br />

Watson (4) a demandé à un neurologue d’examiner en<br />

aveugle de la pathologie, 166 fibromyalgiques et 66 témoins<br />

pour rechercher une concordance entre les allégations des<br />

patients et l’examen objectif.<br />

Il retrouve statistiquement trois anomalies : une dysphonie<br />

(42 % versus 8 %), une parésie (33 % versus 3 %) et des<br />

perturbations de la sensibilité quelle qu’elle soit (65 % versus<br />

25 %). Cependant la concordance entre les symptômes<br />

allégués et l’examen clinique reste relative.<br />

1. Nous pouvons aborder le syndrome clinique de<br />

la fibromyalgie en utilisant les trois modes d’entrée<br />

évoqués :<br />

a- <strong>Le</strong>s variables biologiques et génétiques<br />

Des équipes suisses ont remarqué que l’enzyme hépatique<br />

cytochrome 2D6 qui métabolise de nombreux médicaments<br />

analgésiques existait sous forme de quatre phénotypes.<br />

10 % sont des métaboliseurs lents et 10 % de métaboliseurs<br />

rapides.<br />

Si les métaboliseurs lents ont un seuil de la douleur abaissé<br />

avec un déficit relatif de production endogène de morphine


au niveau du système nerveux central, cette équipe a surtout<br />

retrouvé, chez leurs fibromyalgiques à hypersensibilité<br />

centrale de la douleur, plus de métaboliseurs rapides.<br />

La prédisposition sexuelle peut être expliquée par une<br />

perception différente de la douleur entre hommes et femmes<br />

mais aussi par la violence faites aux femmes dans nos<br />

sociétés.<br />

<strong>Le</strong> sommeil peut aussi comporter une variable génétique<br />

particulière, il existe naturellement des « petits dormeurs »<br />

et des « gros dormeurs », et qu’en est-il de la fibromyalgie ?<br />

b- <strong>Le</strong>s facteurs comportementaux et cognitifs ou illness<br />

Ils regroupent le catastrophisme, les croyances et attributions<br />

associées à la douleur, mais aussi les stratégies active et<br />

passive pour lutter contre cette dernière, l’hypervigilance et<br />

surtout la quête du sens sur ce qui leur arrive.<br />

Chez les fibromyalgiques, l’hypersensibilité au stress entraîne<br />

une variabilité sensorielle, avec pour certains auteurs des «<br />

pertes » sensorielles dans l’auditif et l’olfactif.<br />

c- <strong>Le</strong>s variables socioculturelles et environnementales ou<br />

sickness<br />

elle comporte des expériences psycho-sociales souvent<br />

particulières durant l’enfance : des situations douloureuses,<br />

violentes ou d’intenses émotions accumulées à des moments<br />

clés de la jeunesse ou de la vie, d’abus sexuels ou des<br />

contraintes de vie importantes imposées par le milieu familial,<br />

le sport-étude par exemple.<br />

2. L’analyse des corrélations et divergences entre<br />

douloureux chroniques et fibromyalgiques nous<br />

conforte dans cette nécessité de considérer la<br />

fibromyalgie comme une entité à part.<br />

nous avons tous remarqué que le vécu douloureux diffère<br />

entre fibromyalgiques et douloureux chroniques, tout comme<br />

l’efficacité et les effets secondaires des traitements proposés<br />

souvent identiques.<br />

Un travail mené par le Pr Anne Françoise Allaz (5) et<br />

son équipe, aux hôpitaux de Genève, s’est intéressé à<br />

l’exploration des attributions causales de leur maladie entre<br />

fibromyalgiques et lombalgiques chroniques.<br />

Aux deux questions posées « A quoi attribuez-vous votre<br />

maladie et comment cela a-t-il commencé ? », les attributions<br />

causales diffèrent : les fibromyalgiques évoquent des<br />

éléments traumatiques souvent d’ordre psychologique et les<br />

lombalgiques la surcharge de travail et l’usure du corps.<br />

Dans les deux situations, la survenue des symptômes est jugée<br />

brutale, bien identifiée dans 90 % des cas de fibromyalgie ;<br />

elle est jugée traumatique chez les fibromyalgiques dans<br />

plus de 50 % des cas, en citant tout d’abord le deuil puis les<br />

difficultés vécues dans l’enfance.<br />

elles sont décrites comme causes directes des symptômes<br />

dans les deux tiers des cas.<br />

L’hypervigilance aux symptômes existe dans les deux<br />

situations, mais l’hypersensibilité aux stress est majeure dans<br />

la fibromyalgie.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 37<br />

La conclusion de l’étude est la suivante : « la richesse des<br />

narrations montre que l’exploration des attributions et du vécu<br />

de la maladie peuvent être utiles à la relation thérapeutique<br />

notamment pour donner un sens à la plainte et co-construire<br />

un projet de soins. »<br />

3. L’épidémiologie de la fibromyalgie primitive :<br />

elle semble représenter 2 % de population, une enquête<br />

française récente, DeFI, conclut à retenir le chiffre de 1,5 %<br />

pour notre pays.<br />

Plus intéressant sont les 7,3 % obtenus par une étude<br />

effectuée chez les Amish. (6) nous allons nous attarder sur<br />

ce groupe d’abord pour rappeler que ce n’est pas le niveau<br />

des prestations sociales qui est à la base de la recrudescence<br />

de la fibromyalgie puis pour constater qu’il existe dans cette<br />

population des correspondances intéressantes avec notre<br />

propos en reprenant la grille de lecture «bio psycho sociale».<br />

- La composante biologique ou génétique :<br />

<strong>Le</strong>s trois plus importantes congrégations des états-Unis<br />

rassemblent cinq mêmes noms de famille pour 50 %<br />

de population. <strong>Le</strong>s Amish ont instauré un contrôle de<br />

consanguinité avant tout mariage. existe-t-il un facteur<br />

prédisposant ?<br />

- La part individuelle :<br />

La négation de l’individualisme est considérée comme un<br />

facteur de protection selon les fondateurs : « comme il y a peu<br />

de choix individuels, il y a moins de stress psychologique ».<br />

Cependant, leurs médecins remarquent la fréquence notable<br />

de la dépression féminine et l’utilisation tout aussi importante<br />

de tranquillisants chez les jeunes femmes.<br />

<strong>Le</strong>s familles, élargies à 3 générations vivent ensemble sous<br />

le même toit; les jeunes femmes sont sous surveillance<br />

constante, étroite de la famille.<br />

elles n’ont pas de moyens d’exprimer leur frustration par<br />

l’agressivité, le contrôle de cette dernière étant un des piliers<br />

fondateurs de la doctrine.<br />

<strong>Le</strong>s femmes doivent avoir environ 8 à 10 enfants en vingt<br />

ans et le mariage intervient moins par amour que par<br />

le respect mutuel et l’engagement envers la famille et la<br />

communauté.<br />

- <strong>Le</strong> social par ces liens communautaires :<br />

Si la non-violence absolue est une règle, aucune étude<br />

sociologique n’évoque la «violence masculine» conjugale.<br />

<strong>Le</strong>s travaux agricoles et domestiques sont intenses du matin<br />

au soir tard, avec un domaine clairement délimité séparant<br />

l’activité des hommes et des femmes. Si le respect mutuel<br />

est une règle, la femme reste au second plan, soumise<br />

à son mari, et la valorisation de son travail fondue dans<br />

l’ensemble.<br />

À ce stade de la réflexion, nous devons évoquer ce<br />

bouleversement dans la compréhension du fonctionnement<br />

du cerveau et sa relation au corps qu’est la plasticité cérébrale.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


38<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

LA PLASTICITé CéRéBRALE,<br />

UNE RéALITé UTILISABLE ?<br />

nous savons depuis une trentaine d’années environ que les<br />

théories du localisationnisme, c’est-à-dire de l’immuabilité<br />

des aires corticales, sont battues en brèche par différentes<br />

équipes notamment américaines.<br />

elles ont prouvé que l’on pouvait modifier le câblage du<br />

cerveau par des stimulations sensorielles périphériques.<br />

Ainsi, le travail par la perception sensorielle corporelle<br />

modifie la structure du cerveau. Ceci nous renvoie à la<br />

bijectivité des interactions.<br />

nous citerons quelques études chez l’animal dont nous<br />

pouvons faire le parallèle avec la pathologie fibromyalgique :<br />

Chez le rongeur, une expérience de privation maternelle ou<br />

paternelle dès la naissance modifie la distribution topologique<br />

des synapses de certains neurones du cortex limbique. Cette<br />

altération persiste chez le rongeur adulte.<br />

D’autres expériences, menées chez un rat dans un labyrinthe<br />

stressant sans issue, montre que le nombre de neurones de<br />

l’Hippocampe diminue après trois semaines d’exposition,<br />

tout comme le nombre de dendrites des synapses : il n’est<br />

plus capable de gérer son stress. <strong>Le</strong>s chercheurs ont même<br />

constaté, dans certains cas, que la régénération paraissait<br />

impossible.<br />

Cette plasticité a aussi été étudiée chez l’homme.<br />

Certaines équipes ont retrouvé dans le bulbe olfactif et<br />

l’hippocampe, puis d’autres zones du tronc cérébral, des<br />

cellules neurologiques capables de se multiplier, de modifier<br />

des connexions synaptiques en nombre par cellules et en<br />

connectique. elles évaluent la neurogenèse de l’Hippocampe<br />

à environ 3000 neurones par jour. or l’hippocampe est le<br />

siège d’un des feed-back important des corticoïdes sur le<br />

cerveau.<br />

Une réduction du volume de l’hippocampe a été remarquée<br />

dans les états dépressifs avec un retour à la normale<br />

obtenu, aussi bien grâce à des thérapies chimiques que des<br />

psychothérapies.<br />

Ce même hippocampe, siège de la mémorisation, a été<br />

étudié chez des apprentis taxis londoniens : cette étude<br />

amusante confirme la variabilité de taille de cet hippocampe<br />

entre des étudiants qui maîtrisent la mémorisation du plan de<br />

la ville de Londres par rapport à ceux qui utilisent un guide<br />

ou un GPS à la fin de leur stage. <strong>Le</strong>s premiers voient cette<br />

aire cérébrale doubler de volume à la fin de l’apprentissage.<br />

Paul Bach-y-Rita, neurologue, a travaillé avec des ingénieurs<br />

pour induire chez différents patients soumis à des pertes<br />

sensorielles, une réorganisation des circuits cérébraux,<br />

une perception nouvelle ou une réutilisation de structures<br />

sensorielles devenue inopérantes : il a pu, avec son équipe,<br />

le démontrer notamment chez des aveugles, des amputés,<br />

des accidentés vasculaires cérébraux, des hémiplégiques, ou<br />

lors de troubles majeurs de l’équilibre... (7)<br />

Paul Bach-y-Rita, décédé, ses équipes poursuivent ses<br />

recherches sur le remodelage des connexions cérébrales<br />

par le travail sensoriel périphérique : ils constatent que<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

« la plasticité ne se rencontre jamais de façon isolée. Si une<br />

zone se modifie, celles qui lui sont raccordées se modifient ».<br />

Des études en IRM fonctionnelle ont évalué le volume<br />

cérébral des adolescents soumis à une maltraitance : ils ont<br />

retrouvé une réduction globale de tout le volume cérébral.<br />

Récemment, suite à une autre étude chez des soldats<br />

américains très perturbés psychiquement à leur retour d’Irak,<br />

de mêmes anomalies cérébrales ont été retrouvées.<br />

Ainsi, la plasticité cérébrale existe, elle aussi, de façon<br />

bijective, positive ou négative<br />

La découverte la plus intéressante concernant la fibromyalgie<br />

dans ce domaine, a été récemment publiée dans la Revue<br />

du Rhumatisme de mai 2009 sous le titre : « quelle est la<br />

signification clinique des anomalies retrouvées en neuroimagerie<br />

dans la fibromyalgie ? » ( 8)<br />

C’est la confirmation de l’hypothèse d’un dysfonctionnement<br />

global des processus centraux de la douleur, avec une<br />

augmentation de la perception nociceptive et la diminution<br />

de la réponse affective et émotionnelle de la douleur.<br />

Ainsi, les études morphologiques cérébrales ont démontré<br />

une perte de matière grise dans la plupart des structures<br />

fonctionnellement impliquées que sont le cortex somato<br />

sensoriel, l’amygale, l’hippocampe, le cortex cingulaire<br />

antérieur et le cortex frontal supérieur, structures qui gèrent<br />

entre autres les émotions et la douleur.<br />

Ces études témoignent d’une différence notable entre les<br />

fibromyalgiques et les témoins sur la morphologie et la<br />

fonction des aires corticales et sous corticales impliqués dans<br />

les dimensions sensorielle, affective et attentionnelle de la<br />

douleur.<br />

À ce constat d’organicité, biologique, vient s’ajouter la<br />

part émotionnelle et symbolique que le patient installe au<br />

cours de sa vie. Ainsi, le catastrophisme est un mode de<br />

fonctionnement qui entraîne une augmentation d’activité<br />

des aires cérébrales intervenant sur l’anticipation de la<br />

douleur, l’attention à la douleur, des aspects émotionnels de<br />

la douleur et même son contrôle moteur. L’aspect social est<br />

aussi un facteur d’influence : selon le contexte dans lequel<br />

vivra le patient, le vécu de sa douleur, son expression prendra<br />

une ampleur différente ; ainsi la personne fibromyalgique<br />

qui vit seule tolère moins bien ses douleurs que celle vivant<br />

en couple.<br />

nous pouvons légitimement poser la question suivante :<br />

ces anomalies cérébrales constatées sont-elles causes ou<br />

conséquences de la pathologie fibromyalgique ?<br />

Il semble, à la lumière des exemples cités ci-dessus, que les<br />

pertes de matière grise visualisée à l’IRM fonctionnelle sont<br />

les conséquences d’un stress chronique.<br />

La question sous-jacente repose sur la réalité d’un « retour<br />

complet ou partiel à la normale » des structures cérébrales et<br />

leurs connexions, chez toutes ou partie des fibromyalgiques,<br />

et par quel processus ?<br />

Aucune étude IRM n’a pour l’instant répondu à cette question.


L’hyPNOSE, UTILE ?<br />

éric KAnDeL, prix nobel de physiologie et de médecine en<br />

2000 pour ses travaux sur l’aplysie, mollusque marin, a, le<br />

premier, montré que l’apprentissage engendre un renforcement<br />

neuroplastique des connexions entre neurones. (9)<br />

Il affirme que lorsque la psychothérapie transforme<br />

quelqu’un, « elle le fait probablement au travers d’un<br />

processus d’apprentissage, en opérant des changements<br />

dans l’expression des gènes qui altèrent la puissance des<br />

connexions synaptiques et, par des changements structurels<br />

qui modifient le schéma anatomique des interconnexions<br />

entre les cellules nerveuses du cerveau. »<br />

<strong>Le</strong>s nombreuses études sur l’activité hypnotique, notamment<br />

celles de Pierre Rainville, (10) ont ouvert des pistes de<br />

compréhension du fonctionnement des suggestions<br />

hypnotiques : elles activent le cortex préfrontal et le cortex<br />

cingulaire antérieur, ainsi que le tronc cérébral.<br />

L’hypnose module des structures corticales impliquées dans<br />

la douleur en ciblant la composante sensorielle qui affecte<br />

principalement S1 et la composante affective qui concerne<br />

principalement le CCA tout en contrôlant les réponses<br />

réflexes descendantes.<br />

D’autres zones sont aussi activées, comme le cortex cingulaire<br />

rostral et l’insula antérieure, zone de projection corporelle<br />

des souvenirs.<br />

L’étonnante capacité de changement obtenue par hypnose,<br />

souvent bien au-delà des premiers objectifs, nous questionne<br />

sur les modulations cérébrales qu’elle peut induire.<br />

À la lumière des études déjà évoquées dans la plasticité<br />

cérébrale, l’hypnose, qui utilise l’imagerie mentale, le « rêve »,<br />

la créativité, réutilise des connexions sensorielles « mises en<br />

sommeil » et permet ainsi de réactiver des voies synaptiques<br />

existantes, de créer de nouvelles synapses, de « gonfler »<br />

certaines zones cérébrales et d’instaurer une nouvelle<br />

connectique entre certaines aires cérébrales : nous avons vu<br />

que rêver et vivre activent les mêmes zones cérébrales.<br />

<strong>Le</strong>s quelques études menées sur l’intérêt de l’hypnose dans la<br />

fibromyalgie aboutissent pourtant à un constat : si l’hypnose<br />

permet d’améliorer la qualité du sommeil et la perception du<br />

ressenti de la douleur, elle agit finalement modérément sur<br />

l’eVA-douleur. (11)<br />

Dans mon expérience, l’obtention du lâcher-prise chez la<br />

fibromyalgique prendra plus de temps que chez le douloureux<br />

chronique, du fait de l’hypervigilance et du manque de<br />

confiance envers l’autre qu’elle a développé.<br />

La créativité et l’imaginaire paraissent aussi moins<br />

fréquemment mobilisables que chez le douloureux chronique,<br />

le travail sur les canaux sensoriels souvent perturbés rouvre les<br />

anciennes émotions et réorganise les connexions synaptiques<br />

restées en veille pendant de nombreuses années.<br />

Il est souvent nécessaire de poursuivre plus longtemps chez<br />

le fibromyalgique les séances d’hypnose pour obtenir un<br />

résultat, alors que la réduction de la douleur peut prendre<br />

quelques séances chez le douloureux chronique.<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 39<br />

Un travail psychothérapeutique conjoint est le plus souvent utile,<br />

mais si le traumatisme, le choc émotionnel, le stress cumulé<br />

initiaux restent enkystés, le patient « préférant se protéger »<br />

que d’affronter l’émotion douloureuse, l’hypnose permet<br />

d’aborder le changement par un travail de distanciation.<br />

<strong>Le</strong> chanteur Corneille, seul rescapé de sa famille massacrée<br />

au Rwanda, évoque le changement : « …être suffisamment<br />

fort et vivant pour demander de l’aide et affronter son passé,<br />

aussi ignoble soit-il, sans qu’il vous empêche de vivre au<br />

présent et d’aller vers l’avenir ».<br />

Souvent, l’hypnose permet de rallumer cette force de vie pour<br />

pouvoir changer.<br />

La plasticité cérébrale prend toute sa place : si l’hypnose est<br />

un moyen pour recâbler des connexions et/ou d’en créer<br />

de nouvelles, il faut stimuler plus souvent et longtemps ces<br />

voies neurologiques pour obtenir une stabilisation qui se<br />

maintienne et s’active.<br />

<strong>Le</strong>s changements obtenus sont d’autant plus lentement<br />

acquis que l’exposition au stress et aux défenses construites<br />

par les patients, ont été prolongées. Il s’agit dans ce cas<br />

d’une plasticité cérébrale négative.<br />

C ONCLUSION<br />

Un terrain biologique et génétique, une perception symbolique<br />

particulière de la douleur, rendent les fibromyalgiques<br />

vulnérables à une agression multiforme sociale chronique.<br />

Une plasticité cérébrale d’adaptation se met en place sous l’influence<br />

des multiples hormones sécrétées, dont les corticoïdes,<br />

vecteurs majeurs du stress chronique. Cette modification s’installe<br />

et aboutit à un changement de l’anatomie cérébrale.<br />

Ceci permet de comprendre l’extrême hétérogénéité de cette<br />

maladie, comme son mode de présentation, son terrain, ses<br />

modes d’entrée et par voie de conséquence ses thérapies.<br />

il est souhaitable que des études se poursuivent sur la plasticité<br />

cérébrale des douloureux chroniques quelle que soit<br />

l’étiologie, sur les modalités de régénération des réductions<br />

cérébrales constatées. Parallèlement, il convient de garder en<br />

mémoire les critères génétique, individuel et collectif pour éviter<br />

les errements, les stigmatisations et pour mieux individualiser<br />

les thérapies.<br />

RéFéRENCES<br />

1. « La solution intérieure » Thierry Janssen Ed Fayard<br />

2. Ekman, P. (2003). Darwin, Deception, and Facial Expression. Annals of the New<br />

York Academy of Sciences, 1000, 205-221.<br />

Ekman, P., & Davidson, R. J. (1993). Voluntary Smiling Changes Regional Brain Activity.<br />

Psychological Science, 4 (5), 342-345.<br />

3. « L’Erreur de Descartes » et « Spinoza avait raison » d’Antonio Damasio, éditions<br />

Odile Jacob.<br />

4. Watson NN et coll; neurologic signs and symptomes in FM. Arthritis and rheumatism<br />

2009; 60; 2839-2844.<br />

5. Aspects psychologiques de la fibromyalgie » Anne Françoise Allaz ; Revue du<br />

Rhumatisme 70 2003 331-336.<br />

6. « L’énigme Amish » par Jacques Légeret, Ed Labor et Fides.<br />

7. « <strong>Le</strong>s étonnants pouvoirs de transformation du cerveau. » de Norman Doidge<br />

Pocket n°13849.<br />

8. Revue du Rhumatisme Mai 2009 Vol 76 - n°5.<br />

9. À la recherche de la mémoire, une nouvelle théorie de l’esprit, Eric Kandel éditions<br />

Odile Jacob 2007.<br />

10. Rainville P., Hofbauer R.K., Paus T, et al. Cerebral mechanisms of hypnotic induction<br />

and suggestion. J. Cogn. Neurosci., 1999 jan.,11 (1), 110-25.<br />

11. « Fibromyalgie et hypnose », Douleur, septembre 2008 vol.9 ; 169-173.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


40<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

arthrite à CryPtoCoCCuS<br />

neoFoManS révéLatriCe<br />

d’une SarCoïdoSe<br />

Zomalheto Z1 , Boibieux A2 , Larbre JP1 , Persat F3 , Llorca G1 1 Service de Rhumatologie - Centre Hospitalier de Lyon<br />

2 Service des maladies infectieuses et tropicales - Groupement Hospitalier de Lyon<br />

3 Service de parasitologie mycologie médicale - Université de Lyon<br />

L es cas de cryptococcose articulaire sont rares et doivent faire rechercher une<br />

immunodéficience associée (HIV, les hémopathies lymphoïdes malignes, les néoplasies, les<br />

transplantations). Nous rapportons le cas d’un patient VIH négatif atteint d’une monoarthrite du<br />

genou droit à Cryptococcus neoformans révélant une sarcoïdose.<br />

INTRODUCTION<br />

La sarcoïdose, ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann<br />

(BBS) ou lymphogranulomatose bénigne est une maladie inflammatoire<br />

systémique de cause inconnue, qui atteint préférentiellement<br />

les poumons, mais peut atteindre n’importe<br />

quel organe. Son diagnostic repose sur un faisceau d’arguments<br />

biologiques, radiologiques et anatomopathologiques.<br />

elle est souvent à l’origine d’une immunodépression cellulaire<br />

TCD4 qui peut - rarement -faire le nid d’infections opportunistes<br />

[1]. La sarcoïdose n’est cependant pas considérée<br />

comme un facteur de risque infectieux. <strong>Le</strong>s complications infectieuses<br />

sont souvent d’origine iatrogène [2].<br />

La cryptococcose est l’infection fungique la plus fréquemment<br />

rapportée (48,2 %), toutefois la localisation articulaire est très<br />

rare [3, 4].<br />

nous rapportons le cas d’un patient atteint d’une monoarthrite<br />

du genou droit à Cryptococcus neoformans révélant<br />

exceptionnellement une sarcoïdose.<br />

OBSERvATION<br />

Patient de 18 ans, paysagiste depuis 5 ans, été admis aux urgences<br />

puis hospitalisé dans le service de rhumatologie pour<br />

une monoarthrite aiguë du genou droit.<br />

Dans les antécédents, on ne retrouvait qu’une mononucléose<br />

infectieuse 10 mois auparavant. on ne notait pas d’intoxi-<br />

LE RHUMATOLOGUE 74 <strong>75</strong> / SEpTEMbRE MAI <strong>2010</strong> <strong>2010</strong><br />

cation alcoolo-tabagique, ni de notion de consommation<br />

de drogues. L’anamnèse retrouvait une symptomatologie<br />

évoluant depuis 10 jours avant l’admission par l’apparition<br />

brutale, au décours d’un épisode rhinopharyngé, d’une gonalgie<br />

droite d’emblée invalidante accompagnée de gonflement,<br />

sans fièvre, sans signes généraux ni viscéraux retrouvés.<br />

<strong>Le</strong> patient a pris du kétoprofène pendant 10 jours<br />

sans succès. Devant l’intensité des douleurs et le gonflement<br />

important du genou, il fut admis aux urgences puis dans le<br />

service de rhumatologie.<br />

A l’examen clinique, le patient avait un bon état général,<br />

apyrétique. on retrouvait une discrète amyotrophie quadricipitale<br />

droite, un flexum à 45° du genou droit, très douloureux<br />

à la mobilisation. <strong>Le</strong> choc rotulien était positif. La ponction<br />

articulaire ramenait un liquide jaune citrin, inflammatoire.<br />

La radiographie standard du genou droit n’a retrouvé qu’une<br />

densification des parties molles. L’IRM retrouvait un important<br />

épanchement articulaire associé à une synovite sans abcès<br />

intra-osseux (figure 1).<br />

<strong>Le</strong>s examens biologiques retrouvaient une absence d’hyperleucocytose<br />

mais une lymphopénie TCD4 à 158/mm 3 ,<br />

une CRP à 250mg/l, une hypergammaglobulinémie polyclonale.<br />

<strong>Le</strong>s hémocultures sont négatives, les examens bactériologiques<br />

et recherche de mycobactéries négatifs dans le<br />

sang, liquide articulaire et biopsies synoviales sont négatifs.<br />

<strong>Le</strong>s facteurs anti nucléaires, le test de farr, les facteurs rhumatoïdes<br />

et les antiCCP sont négatifs.


Figure 1. IRM du genou droit en coupe sagittale avec injection de gadolinium<br />

L’examen mycologique pratiqué sur les biopsies synoviales a<br />

révélé la présence de levures de cryptococcus neoformans.<br />

L’examen du liquide cépahalo-rachidien (examen microscopique<br />

avec coloration à l’encre de Chine, Gomori-Grocott et<br />

la culture systématique) était sans particularité. <strong>Le</strong>s sérologies<br />

HIV 1et 2, hépatitiques sont revenues négatives. <strong>Le</strong> scanner<br />

TAP réalisé a mis en évidence des adénopathies médiastinales<br />

et une splénomégalie nodulaire (figure 2). <strong>Le</strong>s investigations<br />

ultérieures, enzymes de conversion élevées, la persistance de<br />

la lymphopénie CD4< 200/mm 3 , la mise en évidence de<br />

granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires sans nécrose<br />

caséeuse à la biopsie ostéo-médullaire) ont permis de retenir<br />

le diagnostic de sarcoïdose.<br />

Figure 2. Scanner TAP révélant une spléomégalie d’allure nodulaire<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE 41<br />

<strong>Le</strong> patient a été mis dans un premier temps sous amphotéricine<br />

B responsable au bout de 48 heures d’une insuffisance<br />

rénale aiguë nécessitant le passage dans un deuxième temps<br />

au fluconazole 400 mg/j pendant 2 mois suivi d’un traitement<br />

d’entretien de 200 mg.<br />

L’évolution a été favorable avec régression des signes et normalisation<br />

progressive des signes biologiques de l’inflammation.<br />

notons que le patient n’a pas bénéficié d’un traitement<br />

par corticoïde, par contre il a reçu du bactrim 480 mg/j en<br />

dose prophylactique.<br />

DISCUSSION<br />

<strong>Le</strong> cryptocoque est une levure encapsulée saprophyte, le plus<br />

souvent opportuniste. La principale espèce pathogène chez<br />

l’homme est Cryptococcus neoformans dont il existe deux sérotypes<br />

(A et D). <strong>Le</strong> sérotype A est fortement lié à l’infection<br />

par le VIH [4, 5].<br />

La contamination se fait par inhalation de levures aérosolisées.<br />

La diffusion se fait ensuite par voie hématogène. Il<br />

existe de rares cas de contamination par voie cutanée, d’origine<br />

traumatique. La transmission interhumaine n’est pas<br />

établie. Chez notre patient, la contamination a dû se faire<br />

lors de travaux dans un pigeonnier.<br />

<strong>Le</strong> développement d’une cryptococcose maladie dépend de<br />

trois facteurs principaux : les défenses de l’hôte, la virulence<br />

du germe et l’importance de l’inoculum. L’immunodépression<br />

est donc un facteur essentiel de survenue d’une cryptococcose<br />

symptomatique. <strong>Le</strong>s infections à cryptocoque sont<br />

notamment favorisées par la diminution de l’immunité à<br />

médiation cellulaire [6]. Ceci correspond bien au profil de<br />

notre patient qui présentait une immunodépression cellulaire<br />

TCD4 à 158/mm 3 .<br />

notons cependant que dans 20 % des cas, il n’est retrouvé<br />

aucun terrain prédisposant et notamment aucune immunodépression<br />

[6, 7].<br />

Des infections à cryptocoque ont été rapportées dans de<br />

nombreuses situations qui induisent directement ou à la faveur<br />

des traitements, une immunodépression : les hémopathies<br />

lymphoïdes malignes, les néoplasies, la sarcoïdose, les<br />

cirrhoses, la polyarthrite rhumatoïde et les transplantations<br />

[8, 9,10].<br />

<strong>Le</strong> terrain de sarcoïdose retrouvé chez notre patient peut bien<br />

s’inscrire dans ce cadre.<br />

Cependant, dans le cas de la sarcoïdose, la découverte<br />

d’une cryptococcose est souvent retrouvée au cours du<br />

traitement par les corticoïdes et il s’agit bien souvent d’une<br />

atteinte neuroméningée ou respiratoire. elle est rarement<br />

osseuse. L’arthrite cryptococcique est rare et s’observe<br />

habituellement en association avec une corticothérapie<br />

[11, 12,]<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


42<br />

FORmATiOn méDiCALE COnTinUE<br />

L’atteinte articulaire, et en plus révélatrice dans notre cas, est<br />

exceptionnelle et paraît être le premier cas suivant notre revue<br />

de littérature. <strong>Le</strong> diagnostic repose surtout sur la biopsie<br />

du tissu atteint [4, 13].<br />

<strong>Le</strong> traitement de la cryptococcose chez le patient VIH négatif,<br />

fait appel à des antifongiques notemment l’amphotéricine B<br />

à la dose de 0,7 à 1 mg/kg/j parfois associée au 5-fluorocytosine<br />

ou du fluconazole à la dose de 400 mg/j pendant<br />

6 à 10 semaines.<br />

L’itraconazole parfois utilisé paraît bien moins efficace [4, 14].<br />

notre patient a bénéficié du traitement par fluconazole à<br />

l’instar du rare cas décrit par Agrawal et coll. [15]. L’évolution<br />

de la cryptococcose quelle que soit la localisation est<br />

mauvaise en l’absence du traitement avec une tendance à la<br />

dissémination mettant en jeu le pronostic vital. [15]<br />

C ONCLUSION<br />

La rareté de la localisation articulaire de l’infection à cryptocoque<br />

en général et son caractère révélateur de la sarcoïdose<br />

constituent l’originalité de l’observation.<br />

Devant les cas de plus en plus rapportés d’apparition de<br />

cryptococcose sur un terrain de sarcoïdose, nous pouvons<br />

conclure, sous réserves d’études immunologiques plus<br />

fines, que la sarcoïdose constitue un facteur de risque infectieux<br />

de développement d’infection à cryptocoque et<br />

la recherche de sarcoïdose doit donc être systématique<br />

devant toute infection cryptococcique chez un sujet ViH<br />

négatif.<br />

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LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

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r r<br />

1- R.P. Baughman, E.E. Lower and R.M. du Bois, Sarcoidosis, Lancet 361 (2003), pp.<br />

1111–1118.<br />

2- N. Girard, V. Cottin, A. Hot, B. Etienne-Mastroianni, C. Chidiac and J.F. Cordier.<br />

infections opportunistes et sarcoïdose. Rev Mal Respir 2004; 21: 1083- 90.<br />

3- Geller DS, Pope JB, Thornhill BA, Dorfman HD.Cryptococcal pyarthrosis and sarcoidosis.<br />

Skeletal Radiol. 2009 Jul;38(7):721-7.<br />

4- Dromer F. Cryptococcose. EMC- Maladies infectieuses 1 (2004): 21-37.<br />

5- A. Rameh, K. Oufroukhil, M.J. Youssef, E. Laurens Arthrite à Cryptococcus neoformans.<br />

A propos d’un cas . Chir Main 2000 ; 19 : 269-71<br />

6- D. <strong>Le</strong>beaux, F. Lanternier, A. <strong>Le</strong>fort, M. <strong>Le</strong>cuit, O. Lortholary Risque infectieux fongique<br />

au cours des maladies systémiques. Presse Med. 2009; 38: 260–273.<br />

7- M. Revest, O. Decaux, T. Frouget, C. Cazalets, J.D. Albert, et coll.<br />

infections à cryptocoque chez des patients non ViH. À propos de quatre cas et revue<br />

de la littérature. Rev Med int, Vol 27 ; (3) : 203-208<br />

8- P. Kieffer, G. ioannou, L. Martzolff, F. Jaeger-Bizet, P. Thannberger, L. Serbb. La sarcoïdose<br />

constitue un facteur de risque indépendant pour la survenue d’une méningite<br />

à cryptocoque. La Revue de Médecine interne, Volume 29, Supplement 3, December<br />

2008, Page S385<br />

9- Chang B, Steimel J, Moller DR, Baughman RP, Judson MA, Yeager H Jr, Teirstein<br />

AS, Rossman MD, Rand CS. Depression in sarcoidosis. Am J Respir Crit Care Med<br />

2001;163:329-34<br />

10- Jaffuel S, Ansart S, Visieux V, Sparfel A, Vilque JP, Hiar i, et coll. Sarcoïdose et<br />

cryptococcose: une association non fortuite. Rev Méd int 2001; 22 suppl 4.<br />

11- Govender S, Mutasa E, Parbhoo A. Cryptococcal osteomyelitis of the spine. J Bone<br />

Joint Surg 1999; 8B: 459-61.<br />

12- Italiano A, Yen BC, Rosenthal SA, Rafii M. Cryptococcal osteomyelitis with septic<br />

arthritis. Orthopaedics 2001; 2: 59-60.<br />

13- Mauri M, Castells L, Ruiz i, Vargas V, Guardia J. Cryptococcal arthritis as the initial<br />

form of human immunodeficiency syndrome. Enferm Infecc Microbiol Clin. 1997<br />

Dec;15(10):560<br />

14- Cook PP. Successful treatment of cryptococcal osteomyelitis and paraspinous abscess<br />

with fluconazole and flucytosine. South Med J 2001; 9: 936-8.<br />

15- Agrawal A, Brown WS, McKenzie S. Cryptococcal arthritis in an immunocompetent<br />

host. J S C Med Assoc. 2000 jul; 96 (7): 297-9.<br />

Revue de la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> de Rhumatologie<br />

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<strong>Le</strong><br />

humatologue


LE COin DE L’imAGERiE<br />

CaS CLinique<br />

dou<strong>Le</strong>ur du genou :<br />

une PathoLogie MéConnue<br />

DESCRIPTION RADIOLOGIQUE<br />

1) L’IRM réalisée avec un protocole standard (coupes<br />

axiales, coronales et sagittales T2 avec saturation de la<br />

graisse, ainsi que des coupes sagittales T1), montre une<br />

arthropathie évoluée, tri-compartimentale.<br />

Il existe une mise à nue complète des surfaces d’encroûtement<br />

cartilagineuses condyliennes et tibiales médiales, témoin<br />

de la prédominance de l’atteinte sur le compartiment<br />

interne du genou.<br />

Dr David Petrover - Centre d’imagerie Bachaumont, Hopital Lariboisiere, Paris.<br />

1 2<br />

43<br />

L’atteinte fémoro-tibiale latérale et fémoro-patellaire est<br />

également marquée.<br />

on note un œdème modéré sous-chondral condylien médial,<br />

témoin de l’arthropathie en poussée inflammatoire.<br />

Il existe également un épanchement intra-articulaire abondant<br />

(figure 2).<br />

L’ensemble traduit une arthropathie dégénérative en poussée<br />

inflammatoire expliquant la symptomatologie.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


3<br />

5<br />

44<br />

LE COin DE L’imAGERiE<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

4<br />

2) Une étude plus poussée de l’examen montre l’atteinte<br />

méniscale bilatérale avec un aspect atypique des ménisques<br />

(figure 2) qui sont certes, dégénératifs mais présentent des<br />

plages en hyposignal au sein de la substance méniscale.<br />

Ces plages en hyposignal T1 et T2 traduisent la présence de<br />

dépôts calciques autour et au sein des ménisques.<br />

Celles-ci doivent donc faire penser à une méniscocalcose ou<br />

des dépôts microcristallins dans le cadre d’une chondrocalcinose<br />

articulaire.<br />

<strong>Le</strong>s clichés standards réalisés au décours ainsi que les anciens<br />

clichés rapportés par le patient ultérieurement confirmeront<br />

l’aspect caractéristique de dépôts microcristallins des différentes<br />

interlignes articulaires du genou, mais également des<br />

autres localisations classiques de chondrocalcinose.<br />

3) Il existe des corps étrangers nodulaires centimétriques et<br />

infracentimétriques en hyposignal T1 et T2 traduisant la présence<br />

de corps étrangers intra-articulaires calcifiés en rapport<br />

avec une ostéo-chondromatose synoviale secondaire.<br />

4) enfin, et c’est ce qui nous intéresse dans ce cas, il existe<br />

une prolifération synoviale prédominant sur le récessus fémoro-patellaire<br />

latéral (supérieur) d’aspect atypique.<br />

Certes, une métaplasie synoviale avec hypertrophie des<br />

franges synoviales peut tout à fait être observée dans le<br />

cadre d’une arthropathie dégénérative chronique, en particulier<br />

lors des poussées inflammatoires (figure 1).


Cependant, dans notre cas, ces franges synoviales irrégulières<br />

flottant au sein de l’épanchement articulaire, présentent<br />

un hypersignal spontané en T1.<br />

Cet hypersignal est identique à celui de la graisse sous-cutanée<br />

et traduit donc son caractère lipomateux (figures 4 et 5).<br />

L’aspect radiologique normal IRM de la synoviale, est un<br />

hyposignal T1, discret hypersignal T2 et se rehausse de manière<br />

intense après injection de Gadolinium.<br />

L’aspect traduit donc ici une métaplasie graisseuse de la synoviale<br />

qui prédomine dans le récessus articulaire supérolatéral.<br />

il s’agit d’un lipome arborescent.<br />

DIAGNOSTIC<br />

LIPOME ARBORESCENT DU GENOU<br />

COMMENTAIRE<br />

<strong>Le</strong> lipome arborescent est une pathologie articulaire rare<br />

mais classique, correspondant à une prolifération synoviale<br />

villeuse de type lipomateux.<br />

Sa localisation classique et préférentielle est le genou, et<br />

en particulier le récessus supra-patellaire.<br />

néanmoins, des observations rapportent une atteinte lipomateuse<br />

de la synoviale de l’épaule, de la bourse sousacromio-deltoïdienne,<br />

de la hanche, et du coude.<br />

Il n’existe pas de tableau clinique caractéristique, celui-ci<br />

s’intégrant dans le cadre d’un genou arthrosique douloureux<br />

auquel le lipome arborescent est dans la majorité<br />

des cas associé.<br />

L’exacerbation douloureuse d’une gonalgie chronique éventuellement<br />

associée à des sensations de dérangements interne<br />

est classique mais pour certains auteurs à rapporter<br />

au conflit entre une frange synoviale « coincée » au sein<br />

d’un repli articulaire.<br />

L’analyse du liquide articulaire à la recherche de micro-cristaux<br />

ou de cellularités est négative et la culture<br />

comme l’analyse bactériologique sont évidemment stériles.<br />

Un article de l’American journal of Radiology avait montré<br />

que dans 20 % des cas, l’atteinte était bilatérale.<br />

L’origine du lipome arborescent est totalement inconnue.<br />

Dans certains cas, cette métaplasie graisseuse apparait<br />

de novo, mais pour beaucoup, elle serait associée à une<br />

ostéo-arthropathie chronique, voire s’intégrerait dans le<br />

cadre d’arthropathie chronique comme la polyarthrite rhumatoïde<br />

ou dans les suites d’un traumatisme.<br />

LE COin DE L’imAGERiE<br />

C ONCLUSION<br />

45<br />

il existerait deux aspects de prolifération synoviale<br />

graisseuse :<br />

- un aspect de prolifération régulière de la synoviale de<br />

signal lipomateux.<br />

- un aspect pseudo-tumoral plus focal, avec une prolifération<br />

à l’origine d’une masse synoviale de signal graisseux<br />

(3 cas sur 11 dans l’article de l’AJR).<br />

<strong>Le</strong> principal diagnostic différentiel devant la constatation<br />

d’une masse lipomateuse intra-articulaire d’origine synoviale<br />

est le rare lipome synovial.<br />

Dans un cas, il s’agit d’une prolifération de frange synoviale<br />

intéressant la totalité de l’articulation et prédominant,<br />

comme on l’a vu, dans le récessus supéro-latéral,<br />

dans l’autre, il s’agit d’une masse ronde ou ovalaire solitaire<br />

aux limites nettes.<br />

<strong>Le</strong>s autres diagnostics différentiels de proliférations<br />

synoviales sont :<br />

-La synovite villonodulaire pigmentée dans sa forme diffuse.<br />

-La chondromatose synoviale.<br />

-L’hémangiome synovial.<br />

-<strong>Le</strong> rhumatisme inflammatoire (PR, SPA etc.).<br />

L’étude du signal en pondération T1 permet immédiatement<br />

de faire le diagnostic différentiel puisque seul le<br />

lipome arborescent présente un signal graisseux.<br />

Dans la synovite villonodulaire, la chute du signal en T1<br />

et T2 (dépôts en hyposignal franc) témoigne des dépôts<br />

d’hémosidérine.<br />

<strong>Le</strong> traitement consiste en une synovectomie globale et surtout<br />

le traitement de l’arthropathie dans sa globalité avec<br />

discussion prothétique, dans notre cas.<br />

<strong>Le</strong> lipome arborescent correspond à une prolifération<br />

lipomateuse villeuse de frange synoviale,<br />

d’étiologie inconnue.<br />

<strong>Le</strong> signal élevé identique à la graisse en pondération<br />

T1 permet le diagnostic d’imagerie.<br />

il accompagne dans la très grande majorité des cas<br />

une arthropathie déjà évoluée (gonarthrose, polyarthrite<br />

rhumatoïde, arthropathie post traumatique).<br />

L’aspect caractéristique et la localisation aux genoux<br />

de franges synoviales en hypersignal T1 permettent<br />

de faire le diagnostic.<br />

RéFéRENCES<br />

Ryu et al. MR. imaging of lipoma arborescens of the knee joint, AJR 167, 1996<br />

(1229-1232).<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


46<br />

RUBRiQUE jURiDiQUE<br />

un Patient averti deux FoiS<br />

en vaut... !<br />

Cour de Cassation, 1 re Chambre Civile, 26 octobre 2004<br />

Benjamin Attali - Avocat - Responsabilité médicale / Strasbourg<br />

L e patient doit être informé des risques encourus lors de manipulations vertébrales et doit<br />

pouvoir apprécier en connaissance de cause les risques du traitement. Si le rhumatologue qui va<br />

pratiquer des manipulations sur un patient suivi auparavant par un confrère ne dispose pas de la preuve<br />

que ce dernier avait délivré une information sur les risques liés aux manipulations, il doit alors renouveler l’information.<br />

LE CAS<br />

Une patiente, atteinte par de vives douleurs irradiant la<br />

région du cou, va consulter un médecin rhumatologue. Ce<br />

dernier diagnostique une cervicalgie et décide d’effectuer une<br />

manipulation cervicale. À la suite de cet acte médical, des<br />

complications surviennent, la patiente présentant un syndrome<br />

de Wallenberg et un syndrome de CB Horner.<br />

elle a alors assigné le praticien en déclaration de responsabilité<br />

et indemnisation de son préjudice. De fait, la cour d’appel a<br />

débouté la patiente de ses demandes fondées sur un manquement<br />

du rhumatologue à son devoir d’information au motif qu’elle a<br />

eu recours en 1983 et 1987 à de précédentes manipulations<br />

par un autre médecin, qu’à ces occasions elle a été informée<br />

des risques encourus, que n’ayant subi aucune séquelle elle a<br />

pu apprécier en connaissance de cause les éventuels risques du<br />

traitement proposé par le rhumatologue et que son acception<br />

de la manipulation qui avait été pratiquée était suffisante pour<br />

démontrer qu’elle ne l’aurait pas refusée au regard des risques<br />

rares qu’elle présentait.<br />

estimant cette décision injuste, la patiente a formé un pourvoi<br />

devant la Cour de Cassation dont l’arrêt est ici commenté.<br />

LE PROBLèME POSé PAR LE CAS<br />

en substance, le problème qui était posé à la Cour de Cassation<br />

était de savoir si l’affirmation d’un médecin selon laquelle sa<br />

patiente avait été correctement informée par un confrère qui<br />

la suivait antérieurement des risques liés aux manipulations<br />

vertébrales était suffisante pour exclure un manquement à son<br />

propre devoir d’information ou si la preuve de cette information<br />

antérieure devait être rapportée par le praticien.<br />

LA DéCISION DE jUSTICE<br />

La Cour de Cassation a cassé l’arrêt rendu par la Cour d’Appel<br />

qui a débouté la patiente de ses demandes au motif que le<br />

praticien n’a pas prouvé que cette patiente avait été informée<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

des risques encourus lors de précédentes manipulations et avait<br />

pu apprécier en connaissance de cause les risques du traitement<br />

proposé par le médecin rhumatologue.<br />

LES OBSERvATIONS DE L’AvOCAT<br />

<strong>Le</strong> médecin qui décide de réaliser un acte médical sur un patient<br />

auparavant suivi par un confrère doit s’assurer que ce patient a<br />

été correctement informé par le confrère des risques de l’acte<br />

médical qu’il va subir. Il devra en cas de litige être en mesure<br />

de prouver que cette information avait été délivrée : tel est<br />

l’enseignement que l’on peut tirer de l’arrêt du 26 octobre 2004<br />

de la 1ère chambre civile de la Cour de cassation ici-commenté.<br />

1. La preuve d’une information antérieure par un<br />

autre médecin sur les risques liés à des manipulations<br />

vertébrales doit être apportée<br />

Rappelons que le médecin a une obligation d’informer son<br />

patient sur les risques liés à un acte médical.<br />

en effet l’article 1111-2 du Code la santé publique dispose que :<br />

« Toute personne a le droit d’être informée sur son état de<br />

santé. Cette information porte sur les différentes investigations,<br />

traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité,<br />

leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents<br />

ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur<br />

les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles<br />

en cas de refus. Lorsque, postérieurement à l’exécution des<br />

investigations, traitements ou actions de prévention, des risques<br />

nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être<br />

informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver. » <strong>Le</strong> médecin<br />

doit rapporter la preuve, en cas de litige, de la bonne exécution<br />

de cette obligation. Il est donc recommandé au praticien de<br />

se préconstituer la preuve de l’exécution de son obligation<br />

d’information en faisant signer au patient un document<br />

mentionnant les différents risques liés à un acte médical.<br />

Dans l’affaire commentée, le problème était que la patiente<br />

avait déjà subi l’acte médical litigieux. Pour cette raison, la cour<br />

d’appel a débouté la patiente de ses demandes fondées sur un


manquement du rhumatologue à son devoir d’information au<br />

motif qu’elle a eu recours en 1983 et 1987 à de précédentes<br />

manipulations par un autre médecin, qu’à ces occasions elle<br />

a été informée des risques encourus, que n’ayant subi aucune<br />

séquelle elle a pu apprécier en connaissance de cause les<br />

éventuels risques du traitement proposé par le rhumatologue et<br />

que son acception de la manipulation qui avait été pratiquée<br />

était suffisante pour démontrer qu’elle ne l’aurait pas refusée au<br />

regard des risques rares qu’elle présentait.<br />

Cet arrêt fut cassé par la Cour de Cassation. Selon la plus haute<br />

juridiction judiciaire, le praticien n’a pas prouvé, au cours du<br />

litige, que la patiente ait été correctement informée des risques<br />

liés aux manipulations vertébrales par le médecin qui la suivait<br />

antérieurement. <strong>Le</strong> simple fait d’avoir par le passé subi un acte<br />

médical identique ne suffit pas à prouver qu’une information<br />

sur les risques de cet acte ait été délivrée auparavant. en<br />

conséquence, le rhumatologue actuel de la patiente ne pouvait<br />

se prévaloir d’une information antérieure pour justifier le défaut<br />

d’information de sa part.<br />

il est recommandé au praticien recevant un nouveau patient<br />

auparavant suivi par un confrère de s’assurer que le patient<br />

a bien été informé des risques médicaux par son ancien<br />

médecin et, dans l’affirmative, de se prémunir contre le<br />

risque d’un contentieux judiciaire en se préconstituant la<br />

preuve de la réalité de cette information antérieure. A cette<br />

fin, il est conseillé au médecin de faire signer à son patient<br />

un document mentionnant qu’il a parfaitement été informé<br />

antérieurement par un autre médecin des risques entourant<br />

l’acte médical qu’il va subir et, si possible, les éléments<br />

essentiels de ces risques. Si malgré tout un litige survient, il<br />

est préconisé au médecin de se faire transmettre le document<br />

mentionnant les informations sur les risques de l’acte médical<br />

litigieux établi par le médecin qui suivait antérieurement le<br />

patient. Une incertitude demeure néanmoins sur la légalité d’une<br />

telle transmission au-regard du secret professionnel. <strong>Le</strong> médecin<br />

actuel du patient peut-il se faire transmettre, tout en restant<br />

dans la légalité, un document mentionnant les risques d’un<br />

acte médical établi par un confrère qui suivait antérieurement<br />

le patient ? Dans la mesure où les deux médecins ont concouru<br />

au traitement d’un même patient pour une même pathologie,<br />

il est fort probable qu’une entreprise médicale pourra être<br />

caractérisée et la notion de secret partagé mise en avant.<br />

2. En l’absence d’une telle preuve, le rhumatologue<br />

doit renouveler l’information sur les risques liés à<br />

des manipulations vertébrales<br />

La Cour de Cassation a cassé l’arrêt rendu par la Cour d’Appel<br />

au motif qu’elle n’indiquait pas sur quels éléments de preuve<br />

elle se fondait pour retenir que la patiente avait été informée<br />

des risques encourus lors de précédentes manipulations et<br />

avait pu apprécier en connaissance de cause les risques du<br />

traitement proposé par le médecin rhumatologue.<br />

<strong>Le</strong> médecin qui ne dispose pas de la preuve d’une information<br />

antérieure de son patient sur les risques liés aux manipulations<br />

vertébrales doit alors faire comme si le patient n’avait pas<br />

consulté un confrère auparavant et ignorait les risques de<br />

l’acte médical envisagé. il est recommandé au praticien de<br />

se préconstituer la preuve de l’exécution de son obligation<br />

RUBRiQUE jURiDiQUE 47<br />

d’information en établissant un document mentionnant les<br />

risques de l’acte médical qu’il va réaliser et en faisant signer<br />

au patient ce document.<br />

Si le médecin n’a pas délivré les informations sur les risques<br />

de l’acte médical envisagé et qu’un litige survient par la suite<br />

il existe certains motifs pouvant justifier l’inexécution de son<br />

devoir d’information. Tout d’abord, si tel était le cas, l’urgence<br />

peut expliquer cette inexécution. ensuite, l’impossibilité morale<br />

du patient (par exemple si le patient était dans le coma ou était<br />

atteint de troubles psychiques ayant altéré ou aboli sa conscience)<br />

ou le refus du patient de connaître la réalité de son état de<br />

santé sont des motifs d’exonération de la responsabilité du<br />

médecin.<br />

3. Une information antérieure apportée par un autre<br />

médecin sur les risques liés à des manipulations<br />

vertébrales semble suffisante<br />

Si le praticien ne dispose pas de la preuve qu’une information<br />

sur les risques liés aux manipulations vertébrales a été donnée<br />

au patient par le médecin qui le suivait auparavant, il doit alors<br />

s’acquitter de son obligation d’information. A contrario, l’arrêt<br />

rendu par la Cour de Cassation semble dire que si une telle<br />

preuve est détenue par le médecin, ce dernier n’est pas obligé<br />

de renouveler l’information sur les risques d’un acte médical.<br />

<strong>Le</strong> suivi médical d’un patient semble, sur ce sujet, envisagé<br />

comme un tout, le praticien actuel d’un patient pouvant<br />

s’appuyer sur une information antérieure délivrée par un<br />

confrère pour s’exonérer de sa responsabilité relative à son<br />

obligation d’information. La Cour de Cassation ne semble pas<br />

considérer l’obligation d’information comme un automatisme<br />

auquel seraient soumis les médecins mais du point de vue de sa<br />

finalité qui est la détention par le patient d’informations sur son<br />

état de santé et les actes médicaux envisagés afin qu’il puisse<br />

consentir pleinement à la réalisation des traitements. Si le patient<br />

est déjà informé, il n’y aucune raison de renouveler à chaque<br />

fois et par principe l’information.<br />

C ONCLUSION<br />

<strong>Le</strong> rhumatologue qui va pratiquer des manipulations<br />

vertébrales sur un patient auparavant suivi par un<br />

confrère doit informer ce patient des risques liés à<br />

ces manipulations. A moins qu’il ne puisse rapporter<br />

la preuve qu’une information sur ces risques avait été<br />

donnée au patient par un médecin qui le suivait par<br />

le passé.<br />

En définitive, mieux vaut informer une deuxième<br />

fois... que ne pas informer du tout !<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


48<br />

L’<br />

inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />

un régiMe SeC de rentrée<br />

Catherine Sanfourche, Paris<br />

ONDAM 2011 ne laisse pas une grande marge de manœuvre aux négociateurs de la future<br />

convention pour satisfaire les justes revendications des uns et des autres, notamment celles des<br />

spécialistes cliniques.<br />

<strong>Le</strong>s rentrées se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Cette<br />

rentrée <strong>2010</strong> est particulièrement « chaude » pour les médecins<br />

libéraux qui ont implicitement désigné, en votant pour leurs<br />

représentants aux URPS, les syndicats qu’ils souhaitaient voir<br />

négocier la prochaine convention (voir article en page xx) et<br />

appris -sans surprise, ils en ont l’habitude- qu’ils allaient devoir<br />

participer activement à la réalisation du plan d’économie de<br />

2,4 milliards d’euros contenu dans le PLFSS 2011, pour rester<br />

dans les clous d’un onDAM établi à 2,9 %, et un taux de progression<br />

de 2,8 %, identique, pour la troisième année consécutive,<br />

pour la médecine de ville et l’hôpital. en clair, on attend<br />

des médecins libéraux qu’ils « modèrent » leurs prescriptions à<br />

hauteur de 550 millions d’économies.<br />

<strong>Le</strong>s libéraux peuvent-ils s’attendre à quelques<br />

satisfactions dans ce PLFSS ?<br />

Deux mesures de la loi HPST jugées particulièrement vexatoires<br />

par les médecins devraient être supprimées : la déclaration<br />

obligatoire des dates d’absences, d’une part, et d’autre part, le<br />

« contrat solidarité santé » qui introduisait une pénalité financière<br />

en cas de refus de consultation dans les zones démographiquement<br />

faibles. « C’est une demande que nous avons explicitement<br />

faite à Madame Bachelot lorsqu’elle a reçu la FMF, commente<br />

Jamel Dib, président du collège spécialiste de<br />

la FMF. Ce sont des mesures intolérables, et<br />

qui par ailleurs font le fonds de commerce des<br />

autres syndicats. Contrairement à ce qu’ils affirment,<br />

la FMF n’a pas défendu la loi HPST de<br />

façon inconditionnelle, et a toujours combattu<br />

Dr Jamel Dib<br />

ces deux mesures. »<br />

g <strong>Le</strong> remboursement des médicaments à vignette bleue passe de 35 %<br />

à 30 %.<br />

g <strong>Le</strong>s nouveaux patient atteints d’hypertensions artérielle non compliquée<br />

ne bénéficieront pas du régime ALD ; ils seront pris en charge au<br />

taux normal et s’acquitteront du ticket modérateur.<br />

g Mise en place d’un forfait de prise en charge de kits d’autocontrôle du<br />

diabète.<br />

g <strong>Le</strong>s transports des patients en ALD qui peuvent se déplacer ne seront<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

> <strong>Le</strong>s principales mesures du plan d’économie<br />

Ce que la FMF a aussi demandé avec force à Roselyne Bachelot,<br />

c’est « un vrai plan de sauvetage pour les spécialités cliniques »,<br />

explique Jamel Dib. La CCAM clinique en est à la phase typologique<br />

: entre le 13 et le 19 septembre dernier, les médecins<br />

ont reçu un questionnaire pour le recueil des consultations. La<br />

phase d’exploitation est en cours. « Mais malgré ce petit coup<br />

d’accélérateur, et en attendant la CCAM clinique, souligne<br />

Jamel Dib, des mesures dérogatoires tarifaires s’imposent pour le<br />

cumul d’un acte technique et de l’acte clinique, que les médecins<br />

ne peuvent pas pratiquer pour l’instant. Cela permettrait de rémunérer<br />

l’acte à sa juste valeur. La baisse du chômage a dégagé<br />

deux à trois milliards d’euros, il devrait être possible de dégager<br />

une enveloppe pour la médecine de premier recours ! »<br />

La troisième « surprise » attendue en cet automne est le rapport<br />

de la mission confiée à elisabeth Hubert sur la médecine de<br />

proximité par le président de la république. Bien évidemment,<br />

la FMF a été entendue par Madame Hubert. « Elle s’est montrée<br />

très intéressée par notre référentiel sur la CCAM clinique.<br />

Nous n’inventons d’ailleurs rien en la matière, nous nous basons<br />

sur la réalité d’une consultation médicale qui se décompose en<br />

trois temps : accueil/interrogatoire ; examen clinique ; examens<br />

complémentaires. Il suffit de donner des valeurs à chaque étape.<br />

La Ministre souhaite voir si ce référentiel ne serait pas pertinent. »<br />

La FMF a également fait part à Roselyne Bachelot de ses propositions<br />

sur la rémunération des astreintes dans les cliniques.<br />

« Il n’est pas normal que seuls les chirurgiens et les anesthésistes<br />

soient rémunérés pour les astreintes. <strong>Le</strong>s choses doivent évoluer<br />

dans le cadre d’une réorganisation des astreintes. Cette réflexion<br />

devrait trouver son cadre, au sein du « groupe de contact permanent<br />

» que Roselyne Bachelot a mis en place au niveau de la<br />

DGoS, et qui réunira hospitaliers et libéraux. »<br />

plus systématiquement remboursés.<br />

g <strong>Le</strong> plafond d’application de la franchise de 20 % sur les frais d’hospitalisation<br />

passe de 90 euros à 120 euros.<br />

g Baisse de prix de certains médicaments et dispositifs médicaux.<br />

g <strong>Le</strong> taux « k » passe de 1 % à 0,5 % (taux de croissance des médicaments<br />

remboursables au-delà duquel les laboratoires pharmaceutiques doivent<br />

verser des remises à l’Assurance maladie).<br />

g Nouvelles baisses de tarifs pour les radiologues et les biologistes.


P<br />

lusieurs décrets et arrêtés<br />

sont parus cet été concernant<br />

les programmes<br />

d’éducation thérapeutique du<br />

patient (ETP) et les programme<br />

d’apprentissage. Ceux concernant<br />

les programmes d’accompagnement<br />

des patients se font attendre. Des<br />

textes sont parus relatifs à l’éducation<br />

thérapeutique du patient (eTP).<br />

Pour être autorisés, les programmes<br />

d’eTP doivent être conformes au cahier<br />

des charges national, fixé par arrêté,<br />

et respecter les compétences requises<br />

pour dispenser cette activité, définies<br />

par décret et précisées par arrêté.<br />

<strong>Le</strong>s programmes d’eTP doivent être<br />

mis en œuvre par une équipe pluridisciplinaire<br />

qui comprend au moins<br />

un médecin. <strong>Le</strong>s associations de malades<br />

agréées par le ministère de la<br />

santé peuvent aussi coordonner ces<br />

programmes ou y intervenir. L’autorisation<br />

donnée par l’ARS l’est pour une<br />

période de quatre ans, renouvelable.<br />

Un intervenant au moins doit justifier<br />

de compétences en éducation théra-<br />

inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />

ETP : tous les textes sont parus<br />

(ou presque)<br />

peutique. <strong>Le</strong>s compétences requises<br />

sont celles définies par l’oMS : compétences<br />

relationnelles, compétences<br />

pédagogiques et d’animation, méthodologiques<br />

et organisationnelles,<br />

compétences biomédicales et de soins.<br />

L’arrêté fixant le cahier des charges<br />

d’un programme d’eTP précise que «<br />

le programme concerne, sauf exception<br />

répondant à un besoin particulier<br />

à expliciter, une ou plusieurs ALD, ainsi<br />

que l’asthme et les maladies rares, ou<br />

plusieurs problème de santé considérés<br />

comme prioritaires au niveau régional<br />

». Ces programmes sont généralement<br />

structurés en trois étapes : un<br />

diagnostic ou bilan éducatif pour analyser<br />

les besoins des patients et établir<br />

des objectifs éducatifs personnalisés ;<br />

les séances d’éducation proprement<br />

dite, qui peuvent prendre des modalités<br />

différentes ; enfin une évaluation<br />

de l’atteinte des objectifs éducatifs.<br />

<strong>Le</strong> guide méthodologique publié par<br />

la HAS sert de référentiel quant aux<br />

modalités de mise en œuvre de tels<br />

programmes, à l’hôpital comme en<br />

ville. <strong>Le</strong>s promoteurs de programmes<br />

Catherine Sanfourche, Paris<br />

49<br />

d’eTP déjà mis en œuvre avant la publication<br />

de ces textes ont jusqu’au 1er<br />

janvier 2011 pour obtenir leur autorisation<br />

des ARS.<br />

Après ces textes concernant les programmes<br />

d’eTP et ceux concernant les<br />

programmes d’apprentissage (parus<br />

le 31 août), reste à venir un décret<br />

sur l’accompagnement thérapeutique,<br />

que les usagers s’inquiètent de ne pas<br />

voir paraître. « Doit-on comprendre<br />

que l’on s’apprête à enterrer vivantes<br />

ces actions d’accompagnement des<br />

patients que les associations mettent<br />

à l’œuvre et veulent développer pour<br />

améliorer la qualité des malades et<br />

leur dignité ? » interroge le Collectif<br />

interassociatif sur la santé (CISS).<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


50<br />

inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />

brèves Catherine Sanfourche, Paris<br />

Code barres<br />

sur ordonnance :<br />

à l’hôpital d’abord<br />

Selon un arrêté du 1 er septembre, les ordonnances<br />

médicales devront désormais<br />

comporter deux codes barres, l’un pour<br />

l’identification du prescripteur (n° de<br />

RPPS), l’autre pour l’identification de la<br />

structure d’exercice (établissements sanitaires<br />

et sociaux, cabinet libéral). <strong>Le</strong>s<br />

libéraux ont mal accueilli cette nouvelle<br />

complexification administrative de l’exercice<br />

médical, qui nécessitera notamment<br />

une évolution de leurs logiciels de gestion<br />

du cabinet. Si la Direction de la sécurité<br />

sociale (DSS) confirme l’applicabilité de<br />

la mesure à tous les prescripteurs, elle<br />

précise néanmoins que le premier objectif<br />

est son application dans les établissements<br />

de santé afin de pouvoir assurer les<br />

suivi des prescriptions hospitalières délivrées<br />

en ville. Pour les médecins libéraux,<br />

la DSS indique que l’indentification par<br />

code barres pourra se faire « plus graduellement<br />

».<br />

La Santé et<br />

le Médiateur de<br />

la République<br />

Créé au début de l’année 2009, le Pôle<br />

Santé et Sécurité des Soins (P3S) du Médiateur<br />

de la République a reçu 4795 requêtes<br />

; 2723 dossiers ouverts ont donné<br />

lieu à une analyse approfondie à partir<br />

de pièces médicales. Parmi ces dossiers,<br />

42 % sont liés à un préjudice corporel<br />

susceptible d’engager la responsabilité<br />

pénale civile ou administrative d’un professionnel<br />

de santé, 15 % ont été orientés<br />

vers des structures de médiations locales<br />

(CRUQ) ou régionales (CRI), et 15 % ont<br />

donné lieu à une médiation du P3S avec<br />

les professionnels concernés.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

A noter que 15 % des requêtes faites auprès<br />

du P3S émanent de professionnels<br />

de santé pour divers motifs : éclairage sur<br />

une situation individuelle (65 %), information<br />

juridique et information sur les<br />

risques liés aux soins (15 %), demande de<br />

médiation (15 %), témoignage ou alerte<br />

(5 %).<br />

Appel d’offres de<br />

l’OGC pour le DPC<br />

L’Organisme gestionnaire conventionnel<br />

(OGC) a lancé un appel d’offres pour la<br />

réalisation d’actions de développement<br />

professionnel continu (DPC) en 2011.<br />

Seuls les organismes agréés en 2009 et<br />

<strong>2010</strong> pour la formation professionnelle<br />

conventionnelle (FPC) et /ou l’évaluation<br />

des pratiques professionnelles (EPP)<br />

peuvent y répondre. <strong>Le</strong>s programmes de<br />

DPC agréés (selon le cahier des charges<br />

du DPC 2011) devront débuter avant le<br />

30 septembre 2011.La date limite de dépôt<br />

des dossiers est le vendredi 29 octobre<br />

à 16h.<br />

Pour plus de renseignements :<br />

www.ogc.fr<br />

Renoncement aux<br />

soins pour un quart<br />

des Français<br />

Selon l’édition <strong>2010</strong> du « Baromètre »<br />

établi depuis quatre ans par le Cercle<br />

Santé et Société, et le groupe Europ Assistance,<br />

23 % des Français disent avoir<br />

renoncé (ou avoir repoussé) à des soins<br />

(consultations médicales, examens, interventions<br />

chirurgicales, soins dentaires ou<br />

achats de médicaments), et 12 % disent<br />

qu’ils « pourraient le faire ». En un an,<br />

cette tendance du renoncement aux soins<br />

a progressé de 12 points : en 2009, seuls<br />

11 % des Français disaient avoir renoncé<br />

à des soins.<br />

Par ailleurs, 49 % des Français estiment<br />

que le système de santé ne garantit pas<br />

l’égalité d’accès aux soins. Pour faire face<br />

à la hausse constante des dépenses de santé,<br />

32 % se disent favorables à une augmentation<br />

des impôts ou des cotisations<br />

sociales, 23 % privilégient le recours aux<br />

assurances santé complémentaires, et<br />

28 % optent pour une franchise médicale<br />

étendue à tous les actes.<br />

La retraite mensuelle<br />

d’un médecin :<br />

2 570 euros<br />

Selon la CARMF, au 1er juillet <strong>2010</strong>,<br />

39 333 médecins retraités ont perçu une<br />

retraite pour le deuxième trimestre dont<br />

le montant moyen s’est élevé à<br />

7 707,73 €, correspondant à 2 569,24 €,<br />

mensuels (avant prélèvements sociaux,<br />

CSG et CRDS).<br />

Avec 1 074 € par mois, c’est le régime<br />

complémentaire qui représente la plus<br />

grosse part (42 %) de la retraite CAR-<br />

MF versée au médecin. <strong>Le</strong> régime ASV<br />

s’élève en moyenne à 1 000 € mensuels<br />

(39 %), suivi du régime de base qui représente<br />

495 €, soit 19 % de la retraite<br />

moyenne versée.


Revenus 2009 des <strong>Rhumatologue</strong>s :<br />

la gRande chute<br />

A<br />

vec un recul de sept points par rapport à 2008,<br />

les rhumatologues accusent la plus forte baisse<br />

de revenu de l’ensemble des médecins libéraux.<br />

Mauvais temps pour les revenus des médecins libéraux<br />

en 2009 ! Selon le bilan fiscal des associations de gestion<br />

agréées (AGA) de l’Union nationale des professions<br />

libérales (UnAPL), si une dizaine de spécialités ont vu<br />

leur revenu imposable augmenter - ou à tout le moins<br />

stagner - l’année dernière, la grande majorité des autres<br />

accuse une baisse plus ou moins importante. Même les<br />

radiologues, qui se tiennent toujours dans le peloton de<br />

tête des plus gros revenus, accusent une baisse de presque<br />

cinq points, consécutive à la baisse de forfaits techniques et<br />

du tarif des actes en série entrée en vigueur en mars 2009.<br />

inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES 51<br />

Catherine Sanfourche, Paris<br />

Ce sont surtout les petits cabinets de radiologie, qui<br />

font beaucoup de radiologie conventionnelle, qui en<br />

ont le plus pâti. et, par ricochet, les rhumatologues, qui,<br />

dans la catégorie des « perdants », ont le triste privilège<br />

de fermer la marche : avec un bénéfice moyen de<br />

80 400 euros, ils enregistrent une baisse de 7 % de leurs<br />

revenus en 2009 par rapport à 2008. en effet, la moitié<br />

des rhumatologues fait de la radiologie et a donc subi de<br />

plein fouet cette décote. A quoi il faut ajouter, mais cela<br />

est vrai pour toutes les spécialités, un gel tarifaire et une<br />

augmentation des charges qui expliquent qu’en 2009,<br />

quinze spécialités (y compris la médecin générale) ont vu<br />

leur bénéfice régresser, quand elles n’étaient que quatre<br />

l’année précédente.<br />

évolution 2008/2009 du revenu imposable<br />

des médecins libéraux<br />

Néphrologues : + 4,6 %<br />

Chirurgiens orthopédiques : + 3,8 %<br />

Pédiatres : 2,8 %<br />

Angiologues : + 2,3 %<br />

Anesthésistes-réanimateurs : + 1,9 %<br />

Chirurgiens urologues : + 1,6 %<br />

Gastro-entérologues : + 1,4 %<br />

Ophtalmologistes : + 0,8 %<br />

Cardiologues : + 0,6 %<br />

Médecins remplaçants : + 0,4 %<br />

Généralistes : - 0,2 %<br />

Stomatologues : - 0,5 %<br />

ORL : - 0,6 %<br />

Psychiatres : - 0,7 %<br />

Pneumologues : - 1,2 %<br />

Gynécologues médicaux : - 1,6 %<br />

Dermatologues : - 1,7 %<br />

Endocrinologues : - 1,9 %<br />

Gynécologues-obstétriciens : - 2,6 %<br />

Chirurgiens généraux : - 3 %<br />

Neurologues : - 3,4 %<br />

Radiologues : - 4,9 %<br />

Médecine physique et réadaptation : - 5,8 %<br />

ACP : - 6,1 %<br />

<strong>Rhumatologue</strong>s : - 7%<br />

Source : ARAPL<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


52<br />

L<br />

inFORmATiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />

e<strong>Le</strong>CtionS aux urPS<br />

le rejet des libéraux de la politique<br />

gouvernementale<br />

Catherine Sanfourche, Paris<br />

a CSMF et le SML engrangent les succès de leur opposition à la politique<br />

gouvernementale de santé, tandis que la FMF paye lourdement son soutien, même<br />

nuancé, à la loi HPST.<br />

<strong>Le</strong>s résultats des élections aux unions régionales des professionnels<br />

de santé (URPS) dessinent les contours du paysage syndical<br />

médical pour les cinq ans à venir. La participation globale a<br />

été d’un peu plus de 44 %, sensiblement identique à celle des<br />

précédents scrutin, les généralistes et les spécialistes à plateau<br />

technique lourd (PTL) s’étant un peu plus mobilisés -avec un taux<br />

de participation de 47 %- que les autres spécialistes (40 %). Une<br />

participation dont se félicitent les uns, les autres soulignant que<br />

plus de la moitié des médecins libéraux ne se sont pas sentis<br />

concernés par un scrutin dont l’enjeu était la représentation des<br />

médecins face aux nouvelles ARS, et qui en dit sans doute long<br />

sur le peu d’impact chez les médecins qu’a eu l’action des URML<br />

depuis leur création il y a seize ans.<br />

<strong>Le</strong>s deux centrales gagnantes de ce scrutin sont incontestablement<br />

la CSMF et le SML qui, tous collèges confondus, remportent<br />

respectivement 33,6 % et 22,3 % des suffrages, et vont détenir<br />

60 % des sièges dans les URPS. La CSMF conforte donc<br />

sa place de premier syndicat de médecins, et le SML enregistre<br />

une forte poussée, particulièrement chez les spécialistes où il obtient<br />

31 % des voix, doublant presque ainsi son résultat de 2006<br />

(16 %). Dans ce collège, la CSMF remporte plus de la moitié des<br />

suffrages. Mais si MG France garde sa position de leadership<br />

chez les généralistes en pourcentage des voix avec un peu plus<br />

de 30 %, la CSMF lui passe devant en nombre de sièges, en<br />

remportant 1<strong>75</strong>, tandis que le syndicat généraliste en a 164.<br />

De toute évidence, les résultats de la Confédération et du SML,<br />

farouches opposants de la loi HPST, et qui ont mené leur campagne<br />

sur le thème de « Halte au massacre de la médecine libérale<br />

», ont trouvé un écho plus que favorable : les résultats qu’ils<br />

enregistrent marquent un net rejet de la loi HPST et plus généralement<br />

de la politique gouvernementale en matière de santé.<br />

<strong>Le</strong>s deux centrales sont moins heureuses dans le nouveau collège<br />

des spécialistes PTL, où <strong>Le</strong> Bloc se taille une confortable majorité<br />

en remportant 57 % des voix, et devient donc représentatif.<br />

Après ses très bons résultats de 2006, la FMF enregistre aujourd’hui<br />

un sévère recul, perdant 10 points, tous collèges<br />

confondus, mais perdant plus de la moitié de ses suffrages dans<br />

le collège des spécialistes non PTL, où elle remporte presque<br />

16 % contre 36 % quatre ans plus tôt.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

« Je m’attendais à un recul, commente son<br />

président, Jean-Claude Régi, mais pas d’une<br />

telle ampleur. » Parmi les raisons de ce recul, il<br />

avance en première lieu la « stigmatisation » subie<br />

par la FMF de la part de la CSMF et du SML.<br />

« Ils n’ont eu de cesse de nous présenter comme<br />

Jean-Claude Régi soutien inconditionnel de la loi HPST, alors que<br />

dans la réalité, notre soutien a été modéré, et que nous en avons<br />

dénoncé certains aspects dès le début. Il semble que cette position<br />

nuancée n’a pas été comprise par les médecins. Par ailleurs, j’ai<br />

souhaité l’union de tous les médecins au sein de la <strong>Fédération</strong>,<br />

généralistes et spécialistes. Cette politique d’union n’a, elle aussi,<br />

pas été comprise et acceptée, en particulier chez les spécialistes,<br />

par les électeurs traditionnels de la FMF. Quant au chirurgiens,<br />

qui avaient été nombreux a voté FMF en 2006, ils se sont tournés<br />

vers <strong>Le</strong> Bloc, et c’est autant de voix en moins pour nous. Mais je ne<br />

regrette rien, je n’ai pas honte de ce que j’ai fait, et si ces résultats<br />

m’attristent, en revanche, je me réjouis que les généralistes de la<br />

FMF-UG, avec 18 % de suffrages accèdent enfin à la représentativité.<br />

Car les généralistes de UG sont des généralistes de la FMF,<br />

ils sont chez nous et pas ailleurs, qu’on n’essaye pas me raconter<br />

le contraire ! Il nous reste maintenant à analyser de façon critique<br />

notre ligne politique et à en tirer les enseignements. Nous devrons<br />

sans doute clarifier notre message. »<br />

> <strong>Le</strong>s résultats en chiffres*<br />

Collège spécialiste<br />

CSMF : 51,29 % - 230 sièges<br />

SML : 31,01 % - 114 sièges<br />

FMF : 15,14 % - 61 sièges<br />

L’UC : 1,93 % - 3 sièges<br />

ALLIANCE : 0,68 % - 1 siège<br />

* Source : ministère de la Santé<br />

Ensemble des trois collèges<br />

CSMF : 33,60 % - 434 sièges<br />

SML : 22,32 % - 232 sièges<br />

FMF : 15,95 % - 173 sièges<br />

MGF : 16,70 % - 164 sièges<br />

BLOC : 7,33 % - 92 sièges<br />

UC : 2,91 % - 18 sièges<br />

ALLIANCE : 0,42 % - 3 sièges<br />

UG : 0,54 % - 5 sièges


inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

54<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

AMM EUROPéENNE POUR<br />

LE DENOSUMAB (PROLIA®)<br />

Communiqué des Laboratoires AmGEn<br />

28 mai <strong>2010</strong><br />

ette autorisation de mise sur le marché a été ac-<br />

C cordée au denosumab (Prolia® « pour le traitement<br />

de l’ostéoporose post-ménopausique chez les<br />

femmes à risques élevés de fracture, et dans le traitement de<br />

la perte osseuse associée à un traitement hormono-ablatifs<br />

chez les hommes atteints du cancer de la prostate à risques<br />

élevés de fracture ».<br />

Rappelons que Prolia® est la première biothérapie ciblée<br />

dans l’ostéoporose post-ménopausique, inhibant la formation,<br />

la fonction et la survie des ostéoclastes. Il agit spécifiquement<br />

sur le médiateur essentiel de la résorption osseuse : le<br />

Rank ligand.<br />

Six études cliniques de phase III, incluant deux études-<br />

pivot évaluant l’incidence des fractures dans l’ostéoporose<br />

et le cancer de la prostate, ont mis en évidence le fait que<br />

Prolia®, administré en une injection sous-cutanée de 60 mg<br />

tous les six mois, réduit l’incidence fracturaire et augmente la<br />

densité minérale osseuse sur tous les sites du squelette évalués.<br />

Prolia® sera commercialisé en europe et dans divers<br />

autres régions conjointement avec les Laboratoires GSK.<br />

<strong>Le</strong>s experts français soulignent l’intérêt de cette avancée thérapeutique<br />

: « <strong>Le</strong>s propriétés pharmacologiques de Prolia®<br />

permettent d’avoir non seulement une cible biologique précise<br />

(l’ostéoclaste), avec des effets puissants et réversibles,<br />

mais aussi un mode d’administration extrêmement simple<br />

(une injection tous les 6 mois), ce qui est important dans la<br />

prise en charge d’une maladie chronique comme l’ostéoporose<br />

» indique le Pr Thierry THoMAS, (CHU St etienne).<br />

CONSEIL D’ETAT CONTRE AFSSAPS<br />

Annulation du retrait de Ketum® gel 2,5 %<br />

juillet <strong>2010</strong><br />

9 Juillet <strong>2010</strong> : pour la 1ère fois en France, le Conseil d’etat annule<br />

définitivement une décision de l’AFSSAPS de suspendre<br />

l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament.<br />

L’AFSSAPS avait suspendu, en date du 17 décembre<br />

2009, l’autorisation de mise sur le marché de KeTUM gel<br />

2,5% Après un appel en référé autorisant la remise provisoire<br />

sur le marché de ce produit, le 12 janvier <strong>2010</strong>, le<br />

Conseil d’etat confirme sa décision de maintien de celui-ci :<br />

il a considéré que la décision de l’Afssaps était « entachée<br />

d’une erreur manifeste » en l’absence d’une situation d’urgence<br />

qui aurait pu la justifier.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

« Il ne ressort pas des pièces du dossier (...) d’éléments établissant<br />

l’existence d’indices sérieux et concluants d’un risque<br />

grave pour la santé des patients ».<br />

KeTUM gel 2,5% avait été lancé en mars 1993. Depuis cette<br />

date, le produit a été jugé utile, y compris par l’Afssaps, et<br />

sans effets indésirables majeurs. Il est indiqué dans le traitement<br />

symptomatique des entorses, contusions, des tendinites<br />

et lombalgies aiguës, et donc toujours disponible. <strong>Le</strong>s<br />

2 millions de patients traités pourront ainsi continuer leur<br />

traitement préféré.<br />

DOULEURS NEUROPAThIQUES :<br />

Lancement de la campagne grand public<br />

des Laboratoires PFiZER / mai <strong>2010</strong><br />

M<br />

al connues et sous-diagnostiquées, les douleurs<br />

neuropathiques chroniques atteignent environ 7 %<br />

de la population française. elles correspondent soit<br />

à une altération structurelle d’un nerf périphérique, soit à<br />

une atteinte du système nerveux central, et ne répondent<br />

pas aux traitements antalgiques habituels. <strong>Le</strong>ur symptomatologie<br />

est également particulière : sensation de brûlures,<br />

de douleurs transfixiantes, en coup de poignard, sensation<br />

de choc électrique, picotements, fourmillements, engourdissement...<br />

À la suite d’une grande enquête épidémiologique, lancée<br />

par les laboratoires Pfizer en 2007, et touchant plus de<br />

20 000 personnes, il a été établi que les femmes sont plus<br />

touchées que les hommes, avec un pic entre 50 et 64 ans.<br />

Parmi les 32 % de patients souffrant de douleurs chroniques,<br />

22 % présentent des douleurs neuropathiques. La prise en<br />

charge de ce type de douleurs est particulièrement coûteuse,<br />

souvent en raison d’un parcours de soins mal systématisé.<br />

Conscient de l’importance d’une information de qualité auprès<br />

de tous les professionnels de santé ainsi que du grand<br />

public, Pfizer a lancé en mai dernier une vaste campagne<br />

de sensibilisation, avec fourniture aux praticiens d’un certain<br />

nombre d’outils : documents explicitant les symptômes,<br />

fiches de prise en charge, posters explicatifs ; par ailleurs<br />

l’ouverture d’un site Internet pour tout savoir sur ce type de<br />

douleurs a été réalisé en collaboration avec certaines associations<br />

de patients afin de fournir notamment au grand<br />

public toutes les données disponibles pour une meilleure<br />

analyse de leur souffrance, notamment par le complément<br />

d’un questionnaire d’auto dépistage. Par ailleurs, le rôle primordial<br />

du pharmacien comme conseil pour les patients n’a<br />

pas été négligé : des soirées de formation ont été organisées<br />

dans diverses régions.


Ce « plan-douleur » organisé entre 2006 et <strong>2010</strong> s’articule<br />

autour de 4 axes :<br />

- amélioration de la prise en charge des personnes les plus<br />

vulnérables ;<br />

- renforcement de la formation pratique des professionnels de<br />

santé ;<br />

- amélioration de l’utilisation des moyens de traitement pharmacologiques<br />

et non pharmacologiques ;<br />

- mise en place d’une véritable filière des soins de la douleur,<br />

en particulier chronique.<br />

DOS AU MUR<br />

Campagne de sensibilisation de Pfizer sur<br />

les spondylarthrites / 4 mai <strong>2010</strong><br />

es laboratoires PFiZER lancent une vaste campagne<br />

L d’information et de sensibilisation sur la spondylarthrite<br />

ankylosante. <strong>Le</strong> but est d’aider au dépistage précoce<br />

de cette maladie qui évolue de manière insidieuse, mais<br />

qui se traite bien si elle est prise en charge suffisamment tôt. <strong>Le</strong><br />

footballeur professionnel Frank <strong>Le</strong>BoeUF, devenu comédien,<br />

s’est fortement impliqué dans cette campagne : « Moi-même<br />

très actif, j’imagine la difficulté à vivre avec des douleurs du<br />

dos persistantes. <strong>Le</strong>s hommes ne se plaignent pas, alors l’idée<br />

de mettre des images et des mots sur ces douleurs m’a interpellé.<br />

J’espère transmettre le message que des solutions existent,<br />

et il faut avant tout en parler. »<br />

Lors de l’ouverture de cette campagne, le Professeur René<br />

Marc FLIPo, au nom de la Société <strong>Française</strong> de Rhumatologie,<br />

a rappelé l’importance de la prise en charge de cette affection,<br />

véritable problème de santé publique en France. La campagne<br />

de sensibilisation, de grande ampleur est présente depuis le<br />

mois de mai autant sur les écrans de télévision qu’à la radio,<br />

avec diffusion de spots conçus comme une interview entre<br />

Frank <strong>Le</strong>BoeUF et une journaliste. Un site Internet dédié est<br />

également ouvert* et une seconde vague en radio débutera fin<br />

septembre <strong>2010</strong>.<br />

*www.dosaumur.com<br />

PRévENTION DES ChUTES<br />

DES SENIORS ?<br />

La solution proposée par Astelia et Centaure metrix<br />

30 à 60 % des personnes de plus de 65 ans font, chaque année,<br />

une chute grave entrainant une hospitalisation. Cette chute est<br />

vécue comme la conséquence d’une dégradation de la marche,<br />

avec perte d’assurance et risque de voir une chute grave suivre<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

55<br />

à plus ou moins long terme une première chute bénigne. outre<br />

le retentissement sur la qualité de vie, ces chutes coûtent près de<br />

4,9 milliards d’euros à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie<br />

et 3 milliards d’euros aux mutuelles, assurances, conseils généraux<br />

et assurés eux-mêmes.<br />

Astelia et Centaure Metrix, 2 sociétés innovantes dans le domaine<br />

de la santé ont mis au point un programme en plusieurs<br />

phases pour prévenir les chutes :<br />

• pratique d’un test de marche (Locométrix R), mesurant en<br />

quelques minutes le risque de chute en cas de marche irrégulière<br />

(indice de régularité compris entre 280 et 299) ;<br />

• s’il y a risque élevé de chute (indice de régularité inférieur<br />

à 280), établissement d’un bilan et mise en place d’un programme<br />

de rééducation spécifique ;<br />

• mise en place d’une télé-assistance (montre-téléphone Miniphone<br />

R) facilitant l’appel des secours en cas de chute et<br />

permettant de réduire le délai d’intervention médicale.<br />

2 e CONGRèS DE RhUMATOLOGIE<br />

Laboratoire LABRHA / 15-17 mai <strong>2010</strong><br />

rois sessions scientifiques ont été tenues, sous la pré-<br />

T<br />

sidence du Pr Patrice FARDeLLone (Amiens). La première<br />

concernait la fibromyalgie, la deuxième l’arthrose<br />

et l’ostéoporose, la troisième les tendinopathies.<br />

<strong>Le</strong> Pr Philippe BeRTIn (Limoges) a évoqué les différents traitements<br />

de la fibromyalgie, et plus particulièrement les antidépresseurs.<br />

Selon une méta-analyse d’ARnoLD publiée en<br />

2000, l’efficacité des antidépresseurs tricycliques est insuffisamment<br />

démontrée contre la douleur, avec un pourcentage<br />

d’effets indésirables trop important, et un épuisement de l’effet<br />

thérapeutique. <strong>Le</strong>s nouvelles molécules, comme la duloxetine<br />

(CYMBALTA®) et le minalcipran ont un effet supérieur au placebo,<br />

mais présentent une efficacité très partielle, non durable,<br />

avec une mauvaise tolérance clinique. La prégabaline (LYRI-<br />

CA®), le dolasétron (AnZAMeT®) semblent plus intéressantes<br />

en matière d’efficacité.<br />

<strong>Le</strong> problème de l’approche du fibromyalgique a été exposé<br />

par le Dr Patrick GInIeS (Montpellier). A l’évidence, la fibromyalgie<br />

pâtit d’un problème de reconnaissance. Si l’on veut<br />

vraiment prendre en charge la douleur du fibromyalgique, il<br />

faut s’intéresser à lui, écouter ses revendications et ses plaintes,<br />

en un mot « parler sa langue ». Il est essentiel de lui apporter<br />

une information, un soutien, une motivation, indispensables<br />

pour que le traitement de sa douleur soit le meilleur possible.<br />

Pourquoi ne pas s’intéresser à la représentation artistique de la<br />

douleur telle que la reproduisent des auteurs de bandes dessinées<br />

? C’est à un passionnant voyage au cœur de ces images<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


56<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

que le Dr Patrick SICHeRe (Paris) a convié les auditeurs, illustration<br />

parfaite des problèmes de souffrance qui nous préoccupent<br />

tous, dessinateurs comme lecteurs…<br />

La Fibromyalgine® a fait la preuve de son efficacité dans une<br />

pré-étude sur 17 malades (etude FIBRA) <strong>Le</strong> Dr Dominique BA-<br />

Ron (Lannion) a précisé les modalités de la nouvelle étude<br />

(FIBRA 2), destinée à montrer l’efficacité à 6 mois de la Fibromyalgine<br />

forte® comparativement à la Fibromyalgine® classique,<br />

en complément du traitement habituel. <strong>Le</strong> démarrage<br />

de cette étude est prévu pour la fin <strong>2010</strong>.<br />

Au cours de la session Arthrose/ostéoporose, le point sur les<br />

AInS en <strong>2010</strong> a été fait par le Pr Philippe BeRTIn. La prescription<br />

des AInS requiert une analyse soigneuse de l’indication,<br />

avec évaluation du risque digestif (l’association avec un IPP,<br />

bien que coûteuse, réduit considérablement l’atteinte gastroduodénale).<br />

on s’intéresse de plus en plus au risque cardiovasculaire<br />

; en fonction de celui-ci, il peut être indiqué de recourir<br />

au choix des molécules les moins toxiques, comme le<br />

naproxène, avec une durée de prescription courte et en évitant<br />

les formes à libération prolongée. Il faut en outre savoir annuler<br />

une prescription et envisager une thérapeutique de remplacement.<br />

Selon le Pr nathalie BoUTRY (Lille), le diagnostic différentiel<br />

de l’arthrose digitale n’est pas toujours aisé, notamment avec<br />

le rhumatisme psoriasique et la chondrocalcinose. Seule la rhizarthrose<br />

est en général facilement identifiée. <strong>Le</strong>s US et l’IRM<br />

constituent des aides précieuses pour lever les équivoques.<br />

La rhizarthrose doit faire l’objet d’une identification et d’une<br />

classification précises, sur le plan clinique et radiologique. La<br />

décision thérapeutique en dépend : médicamenteuse dans les<br />

cas peu évolués (AInS locaux, capsaïcine, infiltrations cortisoniques,<br />

acide hyaluronique), chirurgicale (arthrodèse, prothèse)<br />

dans les cas plus sévères, en cas d’échec d’un traitement<br />

médical d’au moins 6 mois (Dr Thierry ConRoZIeR, Lyon).<br />

<strong>Le</strong>s thérapeutiques alternatives, en matière d’ostéoporose,<br />

sont légion : de la chiropraxie à l’acupuncture,<br />

des thérapeutiques manuelles à l’aromathérapie, de<br />

la naturopathie à la médecine chinoise, qu’elles soient<br />

conseillées par des thérapeutes ou prises en automédication,<br />

toutes les médecines peuvent être envisagées :<br />

elles ont été passées en revue par le Pr Patrice FARDeLLone,<br />

Amiens. Au final, leurs résultats plus ou moins aléatoires laissent<br />

la part belle aux traitements plus classiques…<br />

nUTRoS®, complément nutritionnel de l’os, fait désormais<br />

partie de l’arsenal thérapeutique de Labrha. <strong>Le</strong> Dr Jean-François<br />

MARC (Roanne) a évoqué sa composition et ses propriétés.<br />

nUTRoS®, outre la vitamine D3, présente à la dose de<br />

800 UI, apporte 3 éléments indispensables au nutriment de<br />

l’os : le lithotame, l’inuline, et la silice. Il est indiqué en prévention<br />

nutritionnelle de l’ostéoporose post-ménopausique, particulièrement<br />

chez les femmes ostéopénques sans fracture, et<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

en complément des traitements de l’ostéoporose des femmes<br />

après la ménopause, fracturées ou non, ainsi que de l’ostéoporose<br />

masculine. La lithiase rénale, l’hypercalcémie et l’intolérance<br />

à la vitamine D constituent des contre-indications.<br />

Glucosamine : sulfate ou chlorhydrate ? D’après le Dr Thierry<br />

ConRoZIeR, seule la forme sulfate est efficace. De nouvelles<br />

molécules à base de glucosamine doivent être prochainement<br />

commercialisées : il sera donc impératif de vérifier s’il s’agit de<br />

chlorhydrate ou de sulfate.<br />

La dernière session était consacrée aux tendinopathies. en cas<br />

de survenue, l’on peut recourir pour le diagnostic soit à l’échographie,<br />

soit à l’IRM. <strong>Le</strong> Pr nathalie BoUTRY a rappelé que<br />

l’atteinte du tendon se traduit sur l’échographie par un signal<br />

hypo-échogène et un hyper signal couleur. en IRM, elle se traduit<br />

par un hyper signal en T2, et en T1 sous gadolinium intra<br />

tendineux. La technique de l’échographie paraît très nettement<br />

supérieure à l’IRM pour l’évaluation des lésions ; il n’existe pas<br />

cependant de corrélation entre la clinique et l’imagerie. et, on<br />

ne peut tirer de l’échographie une valeur prédictive pour l’arrêt<br />

ou la reprise du sport.<br />

Médecin du sport, le Dr Patrick <strong>Le</strong> GoUX (Boulogne) a exposé<br />

la manière de prendre en charge le traitement des tendinopathies.<br />

Il est grandement amélioré par la pratique de l’échographie.<br />

<strong>Le</strong>s thérapeutiques classiques sont bien connues : mise<br />

au repos, glaçage, AInS per os ou par voie locale, massages<br />

transverses profonds, infiltrations cortisoniques, thérapeutiques<br />

physiques, orthèses. À celles-ci s’ajoutent désormais de<br />

nouveaux moyens d’action : les ondes de choc, le laser Co2,<br />

les patches à la trinitrine pour leur effet vasodilatateur, les injections<br />

sclérosantes. L’échec des traitements médicaux et/ou<br />

paramédicaux conduit à la chirurgie : les techniques d’intervention<br />

s’affinent et se font plus légères (chirurgie percutanée).<br />

<strong>Le</strong>s traitements par injection de cellules-souches et de facteurs<br />

de croissance (extraits plaquettaires obtenus par centrifugation<br />

du plasma) sont relativement récents, mais on commence<br />

à disposer des résultats encourageants de certaines études<br />

contrôlées, comme l’a mentionné le Dr olivier FICHeZ (Saint-<br />

Raphaël). <strong>Le</strong> but est d’apporter in situ les facteurs anaboliques<br />

favorisant la restauration du tendon (IGF, TGF bêta, FGF, PDGF,<br />

VeGF….). La tendance actuelle est de privilégier l’injection de<br />

concentré plaquettaire en lieu et place du sang autologue.<br />

<strong>Le</strong> Dr Thierry ConRoZIeR est désormais conseiller au développement<br />

du laboratoire ; il a présenté les études en cours<br />

ou à venir pour les différentes spécialités de celui-ci. De plus<br />

en plus de certitudes existent, mais beaucoup de questions restent<br />

encore en suspens. Un vaste programme de recherche est<br />

ouvert, sur l’efficacité clinique, sur les modèles animaux, en<br />

recherche fondamentale…


CONFéRENCE DE PRESSE<br />

DE L’ASSOCIATION FRANCE<br />

SPONDyLARThRITES (AFS)<br />

Boulogne-Billancourt 3 juin <strong>2010</strong><br />

O<br />

nt participé à cette conférence : les Prs Thomas BAR-<br />

DIn et Bruno FAUTReL (Paris), Mmes et Mr Laurence<br />

CARTon, Marie Laure BIGoURIe, Serge DUTRIeUX, de<br />

l’AFS, et Mr Jean-Michel nIoBe, spondylarthritique titulaire d’un<br />

record de kayak (descente de la Loire, 1020 km, en 10 jours).<br />

Différents thèmes ont été abordés.<br />

L’AFS existe depuis 10 ans, et compte<br />

plus de 2200 adhérents. elle regroupe<br />

de multiples associations régionales<br />

(17 aujourd’hui, 2000 fin <strong>2010</strong>). elle<br />

est particulièrement active : conférences<br />

régionales, magazine spécialisé paraissant 3 fois par<br />

an, attribution d’un prix de 15 000 € en partenariat avec la SFR<br />

pour encourager la recherche (remise en septembre <strong>2010</strong>).<br />

L’un des buts est de répondre aux questions des malades et de<br />

mettre davantage en lumière la spondylarthrite (SA), comparativement<br />

à la PR plus « médiatisée ». <strong>Le</strong> caractère insidieux<br />

de la maladie fait souvent retarder le diagnostic (délai actuel<br />

moyen 5 ans). Pour cette raison, une grande enquête par le<br />

Web a été lancée en <strong>2010</strong> (« Mal au Dos »), à la recherche de<br />

SA non détectées. L’un des rôles de l’association est également<br />

d’aider à l’accès aux biothérapies, par une information éclairée<br />

et largement diffusée.<br />

La maladie est reconnue depuis plus de 60 ans (travaux de de<br />

SeZe et coll.) L’objectif de la prise en charge est de diagnostiquer<br />

le plus tôt possible, afin d’améliorer les douleurs et d’éviter<br />

l’enraidissement. Du point de vue thérapeutique, la SA est particulièrement<br />

sensible aux AInS, ce qui aide parfois à asseoir le<br />

diagnostic. Mais le pronostic a été transformé par l’arrivée des<br />

biothérapies, souvent plus efficaces dans la SA que dans la PR,<br />

au prix cependant d’un coût de traitement particulièrement élevé<br />

et de la survenue possible d’infections. La SFR recommande<br />

l’emploi des anti TnF alpha en cas de résistance aux AInS. Dans<br />

les formes très évoluées, une intervention chirurgicale peut être<br />

indiquée pour redonner une certaine autonomie aux malades.<br />

La SFR et l’industrie pharmaceutique ont développé plusieurs<br />

programmes destinés à mieux connaître la maladie et à en assurer<br />

une meilleure prise en charge (regroupement de moyens<br />

entre l’AFS, la SFR, la fondation ARTHRITIS), étude épidémiologique<br />

de cohorte (« DeSIR »), fonds de dotation de la SFR («<br />

Vaincre le Rhumatisme »), recherche intensive sur de nouvelles<br />

molécules. Il faut rappeler aussi l’importance de la rééducation,<br />

de la réinsertion sociale du malade et de la gestion de sa<br />

détérioration psychologique. enfin, le développement de programmes<br />

d’éducation thérapeutique spécifiques, qui fait partie<br />

de la loi HPST, devrait favoriser une meilleure compréhension<br />

de la maladie et de meilleurs échanges entre les thérapeutes<br />

et leurs patients.<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

1 re jOURNéE REPER<br />

(Rencontres et perspectives en rhumatologie)<br />

Paris, 1 er 0ctobre <strong>2010</strong><br />

Communiqué des Laboratoires ABBOTT<br />

57<br />

Cette 1 re Journée RePeR a pour thème : « inhibition de l’ossification<br />

des spondylarthrites : mythe ou réalité ? »*<br />

De nombreuses hypothèses sont au cœur de discussions sur les<br />

mécanismes physiopathologiques des spondylarthrites. C’est<br />

pour faire le point sur leurs connaissances concernant le processus<br />

d’ossification de la spondylarthrite ankylosante depuis les<br />

premiers stades physiopathologiques jusqu’aux conséquences<br />

cliniques et thérapeutiques, que le Pr Pascal CLAUDePIeRRe et le<br />

Pr Philippe GoUPIL<strong>Le</strong> présideront la 1ère Journée RePeR, réalisée<br />

avec le soutien institutionnel d’Abbott. <strong>Le</strong>s diverses communications<br />

seront assurées par les modérateurs, ainsi que<br />

par les Prs et Drs Lories (Belgique), Wendling, Thau Pham, et<br />

Roux (France).<br />

*Pour l’obtention du programme détaillé des sessions, adressez<br />

un mail à : rhumatologie@abbott.fr<br />

« LA SANTé N’A PAS DE PRIX »,<br />

UN SLOGAN OBSOLèTE<br />

Communiqué des Laboratoires PFiZER / 30 juin <strong>2010</strong><br />

ce jour, la médico-économie, qui s’attache à définir<br />

le retentissement financier des affections et de<br />

à leur traitement prend une importance croissante et fait<br />

partie des paramètres essentiels à connaître si l’on veut comprendre<br />

le fonctionnement des systèmes de santé. Pour essayer<br />

de mieux comprendre son caractère essentiel, le Pr Robert<br />

LAUnoIS, Directeur du Réseau d’evaluation d’economie de la<br />

Santé, et Mr Stéphane CoHen, Directeur des opérations en-<br />

BReL au sein des laboratoires Pfizer, ont bien voulu répondre à<br />

quelques questions.<br />

<strong>Le</strong> Pr LAUnoIS s’est attaché à redéfinir l’efficience, qui symbolise<br />

à elle seul le domaine de la médico-économie. Il existe<br />

pour lui 2 définitions :<br />

l’efficience productive, visant, au sein d’une même pathologie,<br />

à obtenir la meilleure rentabilité, et l’efficience redistributive,<br />

qui prend en compte les différences de coût selon les<br />

pathologies concernées : pour un coût donné, par exemple 10<br />

000 €, la préférence va à la prise en charge de 10 malades<br />

dont le traitement coûte 1000 €, plutôt qu’à la prise en charge<br />

d’un seul malade dont le traitement représentera la totalité de<br />

la somme. Toutefois, quelle que soit la définition, l’efficience<br />

n’est jamais liée à une diminution des dépenses.<br />

Mr Stéphane CoHen a défini l’engagement de Pfizer dans la<br />

médico- économie. Pour un laboratoire innovant, la médico-<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


58<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

économie permet de mettre en avant la valeur thérapeutique<br />

des produits, mais aussi leur valeur socio-économique, qui<br />

doit constituer un réel bénéfice pour la collectivité. L’innovation<br />

passe aussi par des traitements efficients. en matière de rhumatologie,<br />

l’on sait que les biothérapies ont un coût moyen de<br />

15 000 € par an et par patient. Ce coût peut-être perçu comme<br />

étant élevé pour les payeurs, raisonnable pour les professionnels<br />

de santé ou incontournable par les patients ; de ce fait, il<br />

est nécessaire d’harmoniser les points de vue par l’instauration<br />

d’un dialogue. <strong>Le</strong> coût d’un traitement n’est pas le seul facteur<br />

à prendre en compte : l’amélioration ressentie par le patient<br />

traité peut se traduire par de substantielles économies sur les<br />

coûts indirects induits, en diminuant les arrêts de travail, les<br />

hospitalisations, en améliorant l’environnement et la qualité<br />

de vie du patient.<br />

« Au final, la médico-économie permet d’avoir une vision globale.<br />

elle permet de mieux appréhender la maladie, les pratiques<br />

médicales, les traitements, les attentes des patients… le<br />

tout au bénéfice de la santé publique. »<br />

O-ARM, NOUvEAU SySTèME<br />

D’IMAGE NUMéRIQUE 3D<br />

Présentation medtronic / Bordeaux, 7 juin <strong>2010</strong><br />

A<br />

ussi bien en neuro chirurgie qu’en orthopédie, la<br />

chirurgie assistée par ordinateur prend de plus en plus<br />

d’ampleur, puisqu’ elle aide le chirurgien dans la réalisation<br />

de gestes diagnostiques ou thérapeutiques plus précis<br />

et moins invasifs. Par le placement d’implants et le guidage<br />

d’instruments, les appareils les plus modernes autorisent un<br />

meilleur déroulement de l’acte opératoire, avec une localisation<br />

précise des repères aussi bien en 2D qu’en 3D en trois<br />

dimensions.<br />

L’appareil présenté par Medtronic<br />

apporte désormais une qualité<br />

d’image jamais égalée en un<br />

délai très court (13 secondes). La<br />

conception de l’appareil, sous une<br />

forme annulaire complète, sans<br />

éléments mobiles, autorise le recueil<br />

de données sur 360°. Il se couple de manière automatique<br />

avec un système de navigation qui facilite grandement<br />

la prise en charge de cas difficiles (difformités, fractures complexes,<br />

anomalies anatomiques, etc.). La sûreté et la rapidité<br />

du geste chirurgical en sont de beaucoup améliorées. C’est un<br />

outil de choix pour le chirurgien orthopédiste tout comme pour<br />

le neurochirurgien, qui doit repérer de manière stéréotaxique<br />

sans aucune marge d’erreur les zones du cerveau à traiter.<br />

<strong>Le</strong> premier appareil o-Arm a été livré au CHU de Bordeaux.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

Il est utilisé en neurochirurgie pour le traitement, entre autres,<br />

de la maladie de Parkinson par implantation d’électrodes intra<br />

encéphaliques, et permet d’obtenir une certitude du geste<br />

en toute sécurité. Son utilisation est partagée par le service<br />

de chirurgie orthopédique pour des opérations complexes de<br />

la colonne vertébrale (mise en place de matériel d’ostéosynthèse,<br />

prothèses discales, ostéosynthèse vertébrale) ou pour le<br />

traitement des scolioses, des spondylolisthésis et des fractures.<br />

Malgré son importance, le système est facilement déplaçable<br />

d’un bloc chirurgical à l’autre. Ceci permet à plusieurs équipes<br />

bénéficier des atouts de l’appareil : meilleur contrôle de l’environnement<br />

chirurgical, réduction du temps d’intervention,<br />

réduction du taux d’infection et donc diminution du temps<br />

de séjour à l’hôpital. <strong>Le</strong>s performances du système devraient<br />

conduire à une amélioration spectaculaire des techniques micro-chirurgicales,<br />

de plus en plus performantes et de moins en<br />

moins invasives.<br />

NOUvELLES DONNéES SUR LES<br />

ARThROPAThIES INFLAMMATOIRES<br />

d’après les symposiums des laboratoires Abbott<br />

EULAR, Rome, 17 juin <strong>2010</strong><br />

Données présentées par le Dr Sandrine GUIS (Marseille)<br />

Élément essentiel de la prise en charge de la polyarthrite<br />

rhumatoïde (PR) : la protection articulaire.<br />

La PR se caractérise par une importante atteinte articulaire inflammatoire<br />

et une détérioration structurale des os et du cartilage.<br />

Cette destruction est responsable du handicap, auquel<br />

elles donnent un caractère définitif et irréversible. La prise en<br />

charge de la PR consiste à faire un diagnostic précoce, à limiter<br />

la destruction articulaire, et déterminer les facteurs prédictifs<br />

d’évolution structurale.<br />

<strong>Le</strong> suivi de la détérioration peut se faire par le score de Sharp,<br />

analysant l’évolution des érosions et pincements Une étude de<br />

2005 (LAnDeWe) a mis en évidence la stabilisation de l’évolution<br />

du score de Sharp dans les PR très actives sous adalimumab,<br />

corrélée à la diminution des phénomènes inflammatoires.<br />

Cette activité est dans le droit fil des recommandations<br />

de l’eULAR.<br />

Par ailleurs la destruction articulaire cartilagineuse est responsable<br />

d’un pincement irréversible, en rapport avec le rôle nocif<br />

joué par le TnF alpha. Là encore, l’efficacité de l’adalimumab a<br />

été démontrée (résultats de l’étude PReMIeR à 5 ans) aussi bien<br />

sur les érosions que sur le pincement. C’est dire l’importance<br />

d’une mise en route précoce d’un traitement efficace, susceptible<br />

de diminuer l’inflammation, de retarder l’apparition des<br />

érosions et pincement, et donc de prévenir le handicap.


Que faut-il attendre du traitement pour les spondylarthropathies<br />

?<br />

Cette pathologie est aussi fréquente que la PR. elle nécessite,<br />

comme celle-ci, un diagnostic et une prise en charge le<br />

plus tôt possible, d’autant plus que, entre les premières douleurs<br />

et l’apparition des signes radiographiques standards, il<br />

s’écoule souvent une période de 5 à 10 ans. L’IRM donne de<br />

meilleurs résultats et fait désormais partie des critères de diagnostic<br />

(ASAS). elle est en effet capable de détecter précocement<br />

l’inflammation, notamment au niveau des sacro-iliaques,<br />

et constitue une aide précieuse pour le suivi des traitements.<br />

Parmi ceux-ci, les anti TnF sont efficaces à tous les stades de<br />

la maladie, avec une réduction de l’inflammation pouvant atteindre<br />

47 % avec l’adalimumab (étude HeRMAnn, eULAR<br />

2008). Au niveau périphérique, les critères de classification<br />

s’appuient sur les associations entre les arthrites, les enthésites<br />

et les dactylites, et les signes spécifiques tels que le psoriasis<br />

ou les inflammations intestinales. <strong>Le</strong>s anti TnF sont également<br />

efficaces dans les spondylarthropathies périphériques, et là<br />

encore, il convient de détecter précocement la maladie et la<br />

traiter possible pour retarder le handicap.<br />

LA SyNERGIE PATIENT/MéDECIN<br />

Clé de la prise en charge de<br />

l’arthrose ?<br />

Symposium iBSA - LABORATOiRES GEnEVRiER<br />

Eular ROmE, 17 juin <strong>2010</strong><br />

<strong>Le</strong>s Drs Catherine BeAUVAIS (Paris, France) et Beat MICHeL<br />

(Suisse) présidaient cette réunion.<br />

en introduction, le Dr BeAUVAIS a rappelé l’importance de<br />

l’éducation thérapeutique du patient, qui fait partie des recommandations<br />

eULAR (2003) pour la prise en charge de la<br />

gonarthrose. elle constitue un élément indispensable sans lequel<br />

la meilleure des thérapeutiques peut être en échec. Sur le<br />

même thème, le Pr Serge PeRRoT (Paris) a évoqué la multiplicité<br />

des aspects de l’arthrose, avec les différents outils permettant<br />

d’en apprécier l’impact : eVA pour la douleur, SF 36 et<br />

AMIQAL pour la qualité de vie, imagerie pour la détérioration<br />

structurale, WoMAC pour le handicap, consultations spécialisées<br />

pour les désordres psychologiques. <strong>Le</strong> patient, souvent un<br />

peu dépassé, est au centre d’un dispositif impliquant un certain<br />

nombre de thérapeutes, tous compétents dans leur spécialité :<br />

rhumatologues, algologues, pharmaciens, infirmières, diététiciens,<br />

et soumis en outre à l’influence de l’entourage qui<br />

peut être considérable. L’éducation thérapeutique du patient<br />

passe par 3 niveaux : information sur la maladie, éducation<br />

du patient et de l’entourage, formation thérapeutique du patient<br />

pour une meilleure connaissance de la maladie, des effets<br />

secondaires de la thérapeutique, et pour une amélioration de<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

59<br />

l’adhérence au traitement. Mieux expliquer la maladie, c’est<br />

informer le patient sur ses possibilités et le motiver pour l’aider<br />

à guérir. Des programmes adaptés sont développés au sein<br />

de diverses entités. Même si un certain nombre de barrières<br />

gêne parfois leur mise en place, il semble désormais établi<br />

que l’éducation thérapeutique du patient constitue un excellent<br />

moyen pour améliorer les symptômes et réduire les coûts du<br />

traitement de l’arthrose.<br />

Un exemple d’éducation thérapeutique du patient a été présenté<br />

par le Pr Philippe RAVAUD (Paris), portant en particulier<br />

sur les moyens non pharmacologiques destinés à réduire<br />

le poids du malade et améliorer ainsi son activité physique.<br />

Ce programme, dénommé ARTIST (osteoarthritis intervention<br />

standardized), a été évalué par un essai thérapeutique portant<br />

sur 327 patients à l’inclusion, 235 ayant pu être recontactés<br />

un an après la mise en place. Même si la méthodologie n’était<br />

pas parfaite, il a été mis en évidence que la perte de poids<br />

moyenne au bout d’un an était d’1 kg ; ce chiffre peut paraître<br />

modeste, toutefois une diminution de poids de cet ordre diminue<br />

de 4,8 kg la charge compressive sur chaque genou pour<br />

chaque mile parcouru.<br />

<strong>Le</strong> Pr Beat MICHeL (Suisse) a exposé son approche rationnelle<br />

du traitement de l’arthrose. Il a rappelé que la douleur liée à<br />

l’arthrose peut être en rapport avec la souffrance des différentes<br />

structures constituant l’articulation. L’effet placebo n’est<br />

jamais négligeable, mais la douleur est généralement améliorée<br />

par l’association de moyens non pharmacologiques et<br />

pharmacologiques, au sein desquels les traitements de fond<br />

tels le chondroïtine sulfate (Chondrosulf®) et la glucosamine<br />

sulfate (GS) figurent en bonne place, avec un niveau d’efficacité<br />

démontrée particulièrement élevé sur la clinique mais également<br />

sur la protection du cartilage . La revue des différents<br />

essais thérapeutiques et méta-analyses autorise une appréciation<br />

exacte de l’efficacité et des effets secondaires attachés à<br />

chaque thérapeutique. <strong>Le</strong>s évènements indésirables liés aux<br />

traitements de la phase aiguë (AInS, antalgiques) sont connus<br />

et fréquents : en revanche, les traitements de fond précités<br />

jouissent d’une excellente tolérance. en parallèle, l’acide hyaluronique<br />

intra-articulaire a également fait la preuve de son<br />

efficacité face aux corticoïdes.<br />

3 principes essentiels toutefois à considérer dans le cadre d’une<br />

prise en charge de l’arthrose: ne mettre en route un traitement<br />

qu’après examen complet du patient ; adapter le traitement à<br />

chaque patient pris en charge ; le moduler si nécessaire.<br />

<strong>Le</strong> Pr Karel PAVeLKA (Tchéquie) a présenté les résultats de<br />

l’étude de non-infériorité de Sinovial® face à Hylane GF-20.<br />

Cette nouvelle étude vient confirmer l’efficacité clinique et l’excellente<br />

tolérance de Sinovial®. (Cf CR conférence de presse<br />

GeneVRIeR, 24.6.<strong>2010</strong>, même n°, page ???.<br />

Une étude helvétique randomisée en double aveugle vs placebo<br />

de Chondrosulf®(chondroïtinesulfate) dans l’arthrose<br />

digitale a été réalisée sur 162 patients en ITT. <strong>Le</strong>s résultats ont<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


60<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

été présentés par le Pr Cem GABAY (Suisse). en per protocole,<br />

72 patients ont reçu le traitement actif, et 67 le placebo. <strong>Le</strong>s<br />

2 groupes présentaient des caractéristiques identiques à l’inclusion,<br />

(caractéristiques démographiques, niveau de douleur,<br />

score de Dreiser). Après 6 mois de traitement, la réduction de<br />

la douleur globale spontanée sur l’eVA, le score de Dreiser,<br />

et l’appréciation de l’amélioration par le médecin sont significativement<br />

en faveur du traitement par Chondrosulf®, ainsi<br />

que la réduction de la raideur matinale. Concernant la force<br />

de préhension, la consommation de médicaments de secours<br />

et la tolérance, aucune différence significative n’a été mise en<br />

évidence. L’efficacité de Chondrosulf® et son excellente tolérance<br />

sont ainsi mises en évidence dans une pathologie arthrosique<br />

souvent particulièrement douloureuse et handicapante.<br />

« Etant donné qu’il n’existe que peu d’alternatives disponibles,<br />

et qu’une bonne partie d’entre elles n’ont pas été bien étudiées,<br />

Chondrosulf® devrait prendre, en raison des résultats de cette<br />

étude, une place plus importante dans le traitement de l’arthrose<br />

des articulations des doigts. » (Dr Cem Gabay)<br />

nouvelles données TDm à haute définition :<br />

EFFICACITé D’EvISTA® DéMONTRéE<br />

SUR LA QUALITé OSSEUSE DES PA-<br />

TIENTES OSTéOPOROTIQUES<br />

(d’après un article publié dans International Journal of<br />

Clinical Rheumatology <strong>2010</strong> vol.5 issue 4)<br />

eVISTA® (raloxifène 60 mg) est un modulateur sélectif du récepteur<br />

des œstrogènes (SeRM : Selective estrogen Receptor<br />

Modulator). Il est indiqué dans le traitement et la prévention de<br />

l’ostéoporose chez les femmes ménopausées. Il a été démontré<br />

que le raloxifène rend les os plus solides et réduit le risque<br />

de fractures vertébrales. eVISTA® a été utilisé par 30,8 millions<br />

de femmes dans le monde, jusqu’à 8 millions en europe.<br />

La densité minérale osseuse (DMo) évaluée par absorptiométrie<br />

biphotonique à rayons X (DeXA) est la méthode de référence<br />

actuelle pour le diagnostic de l’ostéoporose, mais n’est<br />

pas assez fiable pour mesurer l’effet thérapeutique d’un traitement<br />

anti-ostéoporotique. Une nouvelle technique d’imagerie<br />

tridimensionnelle appelée microQCT permet d’accéder à<br />

l’intérieur de l’os pour visualiser la structure et la qualité de<br />

l’os. Ceci constitue une nouvelle approche pour le suivi des<br />

modifications osseuses, en particulier lors d’un traitement médicamenteux<br />

anti-ostéoporotique.<br />

Selon une étude récente, cette nouvelle technique permet d’affirmer<br />

qu’eVISTA® (raloxifène 60 mg ; une prise par jour, Laboratoires<br />

DAIICHI SAnKYo), indiqué dans le traitement et la<br />

prévention de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées,<br />

améliore la qualité osseuse mesurée par tomodensitométrie<br />

quantitative périphérique à haute résolution.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

L’étude qui a duré 15 mois a démontré que tous les paramètres<br />

analysés s’étaient améliorés pendant la période de traitement.<br />

Par exemple, le raloxifène a augmenté le volume trabéculaire<br />

osseux de 2,9 % et 3,9 % et la densité osseuse corticale de<br />

1,1 % et 0,7 % au niveau du radius et du tibia respectivement.<br />

« Grâce aux images 3D, nous pouvons maintenant avoir un<br />

aperçu de la microarchitecture osseuse. Ceci permet de déterminer<br />

l’effet des divers traitements anti-ostéoporotiques,<br />

comme cela est illustré ici avec le raloxifène. Nous comprenons<br />

mieux maintenant et nous sommes en mesure de visualiser<br />

que la structure osseuse et pas seulement la densité osseuse<br />

est cruciale pour maintenir la qualité de l’os », affirme le<br />

Dr RADSPIe<strong>Le</strong>R, coordinateur de l’étude (Munich).<br />

HR-pQCT : h Resolution peripheral Quantitative Computed<br />

Tomography<br />

SINOvIAL® : EFFICACITé ET<br />

TOLéRANCE CONFIRMéES<br />

RéSULTATS D’UNE NOUvELLE éTUDE<br />

COMPARATIvE<br />

Conférence de presse des Laboratoires GEnEVRiER<br />

24 juin <strong>2010</strong><br />

A<br />

fin de procéder au renouvellement de l’inscription<br />

des acides hyaluroniques sur la liste des produits et<br />

prestations remboursables, la HAS a demandé une<br />

réévaluation de leur efficacité selon un cahier des charges<br />

strict. <strong>Le</strong> protocole mis en place par le laboratoire Gene-<br />

VRIeR, conforme à ce cahier des charges, a débouché sur une<br />

étude en conformité avec les bonnes pratiques cliniques européennes.<br />

<strong>Le</strong>s résultats de cette étude ont été présentés par le<br />

professeur Philippe BeRTIn (Limoges)<br />

Au préalable, celui-ci a rappelé les caractéristiques de l’arthrose,<br />

sa fréquence et son retentissement sur la population en<br />

général, et chez les gens plus âgés en particulier. La première<br />

articulation touchée est le genou, avec un retentissement douloureux<br />

qui peut être considérable, lié à l’inflammation synoviale,<br />

à la détérioration de l’os sous-chondral, à l’atteinte<br />

capsulo-tendineuse et au système nerveux sympathique. <strong>Le</strong><br />

passage à la chronicité est dramatiquement vécu par le patient<br />

sur le plan physique, psychologique, comportemental, sociofamilial<br />

et professionnel. <strong>Le</strong>s diverses recommandations (ACR,<br />

eULAR, oARSI) reconnaissent le rôle de l’acide hyaluronique et<br />

conseillent son utilisation dans l’arthrose : restauration d’une<br />

concentration intra-articulaire convenable et mise en œuvre<br />

de la synthèse d’acide hyaluronique de poids moléculaire plus<br />

élevé, restauration des qualités du liquide, amélioration de la<br />

gêne fonctionnelle.


L’étude proprement dite de Sinovial® a été menée comparativement<br />

à l’Hylane GF-20 (Synvisc®, laboratoire Genzyme. <strong>Le</strong><br />

but de l’étude était de prouver la non-infériorité de la performance<br />

clinique de Sinovial comparativement à Hylane GF-20,<br />

chez des patients souffrant de gonarthrose symptomatique. Il<br />

s’agissait d’une étude multicentrique, contrôlée, randomisée,<br />

en double aveugle, sur deux groupes parallèles. 381 patients<br />

ont été randomisés, et 354 analysés en per protocole.<br />

La technique d’injection était la même dans les 2 groupes :<br />

3 injections à une semaine d’intervalle par voie externe latéro-rotulienne.<br />

L’analyse statistique a été faite per protocole<br />

et en intention de traiter. La limite inférieure d’acceptation sur<br />

la douleur de l’indice de Womac, critère principal, a été définie<br />

à 8 mm, ce qui est largement acceptable au regard de<br />

la littérature scientifique qui rend généralement compte d’une<br />

limite fixée à 10mm. <strong>Le</strong>s autres critères étaient l’amélioration<br />

du score Womac et des sous-scores douleur, raideur, et fonction,<br />

la variation de l’indice algo-fonctionnel de <strong>Le</strong>quesne à<br />

1, 3, et 6 mois, et la satisfaction des patients. La tolérance a<br />

également fait l’objet d’une évaluation. L’efficacité de Sinovial<br />

a été confirmée sur la douleur et la mobilité, avec une satisfaction<br />

patient/médecin supérieure à 80 % et une excellente<br />

tolérance. Par ailleurs, l’étude a démontré la non-infériorité de<br />

Sinovial® versus Hylane GF-20 sur le critère primaire.<br />

OSTéOPOROSE POST-MéNOPAUSIQUE<br />

vERTéBRALE<br />

Quelle place pour le raloxifène ?<br />

Symposium DAiiCHi-SAnKYO / 4 juin <strong>2010</strong><br />

C<br />

e symposium avait lieu dans le cadre du premier<br />

Congrès du Groupe d’etudes sur la Ménopause et le<br />

Vieillissement hormonal (GeMVI). <strong>Le</strong> Pr Thierry THo-<br />

MAS (Saint-étienne) a rappelé l’importante incidence de l’ostéoporose<br />

post ménopausique, qui touche plus de 200 millions<br />

de femmes à travers le monde. Cette maladie est grevée<br />

par le risque de survenue de fractures, qui peuvent évoluer de<br />

manière dramatique. Ainsi, la fracture vertébrale et de l’extrémité<br />

supérieure du fémur augmente le risque de mortalité,<br />

majore le risque de survenue d’autres fractures, notamment<br />

vertébrales. La maladie induit par ailleurs une forte incidence<br />

sur la détérioration de la qualité de la vie, cette majoration du<br />

handicap pouvant conduire à une dépression plus ou moins<br />

profonde.<br />

L’incidence fracturaire augmente fortement avec l’âge. La<br />

survenue d’une première fracture multiplie par 5 le risque de<br />

récidive. or, les fractures vertébrales sont souvent sous diagnostiquées<br />

et non prises en charge. Il est donc important de<br />

pratiquer des clichés, qui permettront de classer la fracture<br />

selon la réduction de hauteur du corps vertébral (< à 20 %,<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

61<br />

> à 30 %, > à 40 %). La charge osseuse sera mesurée par<br />

densitométrie. Une bonne identification est indispensable pour<br />

mettre en place un traitement adapté et réduire le risque de<br />

« cascade fracturaire ».<br />

La place du raloxifène dans la stratégie thérapeutique a été<br />

évoquée par le Dr évelyne DRAPIeR- FAURe (Lyon). <strong>Le</strong> raloxifène<br />

est un « modulateur sélectif des récepteurs aux estrogènes<br />

» (« Selective Estrogen Receptor Modulator » ou SeRM).<br />

Après les résultats des études WHI et MWS témoignant d’une<br />

balance bénéfice/risque du THS défavorable chez la femme<br />

ménopausée, d’autres traitements ont dû être envisagés. L’efficacité<br />

du raloxifène pour freiner la perte osseuse post ménopausique<br />

et diminuer l’incidence des fractures vertébrales a<br />

ainsi été démontrée, chez la femme ménopausée ostéoporotique,<br />

par un essai clinique sur plusieurs milliers de patientes<br />

(étude MoRe). Il permet en outre, du fait de la multiplicité de<br />

ses cibles d’action tissulaire, d’envisager une prise en charge<br />

globale de la femme ménopausée, même si son indication<br />

princeps concerne exclusivement la prévention et le traitement<br />

de l’ostéoporose. Ses effets antagonistes sur le sein, et<br />

sa bonne tolérance sur l’endomètre et la sphère cardiovasculaire<br />

en font un traitement d’élection de la femme de la<br />

soixantaine 60 ans. Toutefois, le raloxifène peut augmenter le<br />

risque thromboembolique veineux. Son absence d’efficacité<br />

sur les troubles climatériques et la sécheresse vaginale tend<br />

à en restreindre l’utilisation chez les femmes symptomatiques<br />

au début de la post ménopause.<br />

L’efficacité anti-fracturaire du raloxifène a été démontrée sur<br />

4 ans, avec une tolérance satisfaisante étudiée sur 8 ans dans<br />

les essais cliniques. Comme les autres spécialités anti-ostéoporotiques,<br />

le raloxifène s’inscrit dans la stratégie thérapeutique<br />

par séquences en fonction de l’âge de la femme et du type de<br />

risque de fracture. Il ne devra pas être utilisé chez les femmes<br />

non ménopausées, sous anti-aromatases, en cas d’antécédents<br />

de cancer du col, ou d’accidents thromboemboliques.<br />

en fin de séance, le Dr Florence TReMoLLIeReS (Toulouse) a<br />

présenté trois cas d’utilisation en pratique du raloxifène.<br />

L’OSTEOPOROSE<br />

Un ouvrage du Pr Raoul GhOZLAN<br />

Edité par les Laboratoires ALKOPhARMA<br />

L’auteur de cet ouvrage, le Pr Raoul<br />

GHOZLAn, Professeur au Collège de Médecine,<br />

Chef du Service de Rhumatologie à<br />

l’Hôpital européen de Paris la Roseraie et<br />

de la Polyclinique d’Aubervilliers a initié une<br />

consultation dédiée à la prise en charge l’ostéoporose<br />

et à la prévention des chutes.<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong>


I<br />

62<br />

inDUSTRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />

Compte tenu de son excellente connaissance des problèmes<br />

de déminéralisation, il n’est pas étonnant qu’il ait réalisé ce<br />

petit ouvrage (100 pages) avec le plus grand soin. Tous les<br />

chapitres s’ordonnent dans un ordre logique : le métabolisme<br />

osseux, les conséquences du vieillissement et de l’ostéoporose<br />

sur l’architecture et la résistance mécanique, les marqueurs<br />

biochimiques, les facteurs de risque, les moyens d’évaluation<br />

de la masse osseuse constituent la première partie de l’ouvrage.<br />

on y trouve également, en bonne place, les causes<br />

moins connues d’ostéoporose, en dehors de la ménopause,<br />

ainsi qu’un chapitre sur l’ostéoporose masculine.<br />

<strong>Le</strong>s divers traitements sont évoqués de manière exhaustive et<br />

documentée, avec pour chaque molécule ses avantages et ses<br />

inconvénients, et surtout le bénéfice comparé d’un produit à<br />

l’autre en pourcentage d’activité sur la densité minérale osseuse.<br />

L’auteur a ainsi réalisé un document d’une parfaite maniabilité,<br />

extrêmement clair, qui constitue une très bonne synthèse des<br />

connaissances actuelles de la maladie ostéoporotique.<br />

vOLTARENPLAST 1%® :<br />

EMPLâTRE MéDICAMENTEUX<br />

POUR LE TRAITEMENT DES<br />

TRAUMATISMES BéNINS<br />

Communiqué des Laboratoires nOVARTiS / Avril <strong>2010</strong><br />

l s’agit d’un emplâtre médicamenteux à base de<br />

diclofénac à 1 %, se présentant sous forme d’une<br />

compresse adhésive et constituant un traitement local<br />

pour les traumatismes bénins douloureux.<br />

La fréquence de ce type de blessures est impressionnante:<br />

6000 entorses par jour pour la seule cheville. Parmi les 910<br />

000 accidents annuels liés à la pratique d’une activité physique<br />

et sportive, plus de la moitié consiste en foulures, entorses,<br />

et contusions. C’est à ce type de traumatismes que Voltaren-<br />

Plast® est destiné. L’application en courte durée permet d’apporter<br />

à la fois un effet antalgique et anti-inflammatoire, avec<br />

soulagement et réduction de l’œdème. Il peut être appliqué<br />

chez l’adulte et l’adolescent de plus de 15 ans et est délivré<br />

sans ordonnance. Une application matin et soir sur la zone<br />

douloureuse est recommandée. Son efficacité est reconnue et<br />

il jouit d’une excellente tolérance.<br />

<strong>Le</strong> conditionnement contient 5 emplâtres et correspond à 2,5<br />

jours de traitement. Cette durée est en générale suffisante,<br />

mais, si besoin, le traitement peut être prolongé jusqu’à 7<br />

jours. Il est désormais disponible en pharmacie.<br />

La rubrique “industrie : dernières nouveL<strong>Le</strong>s”<br />

a été réaLisée par <strong>Le</strong> dr MicheL bodin, paris<br />

LE RHUMATOLOGUE <strong>75</strong> / SEpTEMbRE <strong>2010</strong><br />

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