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Chloé décide d'en rire - premiers chapitres - Pixl Icono

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CAROLINE RUYFFELAERE Le 26/10/2010<br />

86 rue Jules Guesde – 92300 Levallois-Perret<br />

caroline.ruyffelaere@gmail.com<br />

06 16 50 32 75<br />

Est l’auteur de :<br />

CHLOÉ DÉCIDE D’EN RIRE !


IL ETAIT UNE FOIS …<br />

D’aussi longtemps que je me souvienne, mes relations amoureuses ont toujours été spéciales,<br />

différentes de celle des autres, par leur nature inhabituelle, du fait du partenaire, des<br />

circonstances, des acteurs impliqués, et surtout de l'éternelle poisse qui les a accompagnées !<br />

Les spécialistes du comportement humain disent que toutes nos actions et attitudes<br />

s’expliquent par les événements survenus au cours de notre enfance.<br />

Pour comprendre mon désordre affectif et les complications sentimentales que je subis depuis<br />

maintes années, penchons-nous alors sur les prémices de ma vie sentimentale.<br />

Revenons très loin, à la maternelle par exemple.<br />

Je me souviens que j’étais follement amoureuse d’un garçon de ma classe, Valentin. En y<br />

repensant, c’était un petit gringalet blond comme un albinos, je ne vois vraiment pas ce que je<br />

lui trouvais...<br />

Le jour de la Saint Valentin 1989, ma mère, fleuriste de son métier, et au courant de mes élans<br />

intenses envers ce jeune garçon, me confectionna un bouquet de fleurs à lui apporter à<br />

l'occasion de sa fête. On ressent déjà le décalage, moi, offrant des fleurs à un garçon le jour de<br />

la Saint Valentin …<br />

J’arrivais devant l’école, morte de honte et, flageolante sur mes gambettes, le feu aux joues, je<br />

lui tendis l’objet de mon stress en lui disant « Tiens Valentin, c’est ta fête aujourd’hui ». Il ne<br />

dit rien, prit le bouquet et partit.<br />

Les échos et remerciements que j’ai eu ? Sa mère, qui a poliment remercié la mienne pour<br />

cette charmante attention. On peut dire sans exagération que je m’attendais à mieux …<br />

Quelques jours plus tard, j’ai surpris Valentin (enfin il ne se cachait pas d’ailleurs) en train de<br />

tourner autour de Sophie, qui pourtant ne lui avait pas souhaité sa fête !<br />

Nouvelle année, nouvelle école, j’étais maintenant au Cours Préparatoire.<br />

Dans ma classe, un garçon, Thomas, ne me laissait pas indifférente. De plus, nos mères<br />

étaient amies, donc nous étions amenés à nous voir fréquemment en dehors du cercle scolaire.<br />

Nous étions amoureux, on s’écrivait des lettres, des « je t’aime pour toute la vie et bientôt on<br />

se mariera ». Mais pour Thomas, le mariage devait être consommé, je présume, car un jour<br />

que nous nous amusions tranquillement chez lui, il me proposa un jeu plutôt inhabituel pour<br />

des enfants de six ans.<br />

- <strong>Chloé</strong>, si on se mettait tout nus et qu’on jouait à faire le papa et la maman ?<br />

- Euh… mais tu es sûr que c’est bien ?<br />

- Oui, oui, je l’ai déjà fait.<br />

- Bon d’accord.<br />

Ni une, ni deux, nous voilà nus dans son lit, lui sur moi, à mimer je ne sais quelle scène<br />

érotique.<br />

A ce moment-là, sa mère entra dans la chambre et nous surprit, traumatisée de tant de<br />

précocité.<br />

Elle convoqua alors la mienne, et nous nous sommes fait remonter les bretelles (et remettre<br />

nos culottes) dans une scène affreusement honteuse.<br />

Suite à cet épisode traumatisant, Thomas et moi ne tenions plus tellement à passer du temps<br />

ensemble et les projets de mariage furent rapidement avortés…<br />

Mais, du fait de l’amitié de nos génitrices, nous avons dû nous voir pendant des années, et<br />

faire « comme si de rien n’était »!


Suite à cela, au primaire et au collège, rien qui ne vaille la peine d’être retranscrit ici. Des<br />

tocades de jeunesse, des déceptions, des battements de cœur, quelques larmes …<br />

Mais dès quinze ans, les péripéties vont commencer...


AH … RAPHAEL…<br />

Arrivée au lycée, je constate qu’autour de moi, certaines de mes amies s’intéressent fortement<br />

au sexe opposé, parlant énormément de garçons et certaines allant même jusqu’à « sortir<br />

avec ».<br />

Bon, il faut apparemment que je m’y mette, c’est l’heure.<br />

Je tombe donc amoureuse de Raphaël, un garçon de ma classe de seconde, puisque c’est la<br />

règle, mais évidemment, je ne choisis pas le bon car il s’intéresse autant à moi qu’un<br />

végétarien à un steak tartare.<br />

Je multiplie les tentatives, et me dis que soit ma timidité m’empêche de faire passer le<br />

message, soit que le message est passé mais que le récepteur n’en a que faire.<br />

Prise au doute, dans la tourmente, je me tourne vers toutes mes amies, récolte un maximum<br />

de conseils (si contradictoires que je ne peux en appliquer aucun), bref je me prends la tête.<br />

Un jour, la chance me sourit. Nous faisons un voyage de classe en Espagne, et il vient<br />

s’asseoir à mes côtés dans l’avion. Il met son bras autour de mes épaules, et j’ai tant attendu<br />

ce moment que je suis à deux doigts de l’embolie cérébrale, en pleine crise de tachycardie.<br />

Trop concentrée sur la nécessité de rester en vie et de reprendre une respiration normale, trop<br />

tétanisée par ce rapprochement soudain que je n’ai pas prévu, malgré tous les scénarios<br />

imaginés au cours des derniers mois, je … ne fais rien !<br />

Au bout de quelques minutes, il change de place, s’assied à côté d’Estelle, la « meneuse » de<br />

la classe, qui en toute franchise est nettement moins jolie que moi, et refait les mêmes gestes<br />

de « pré péchoage ». Mais la miss n’est pas farouche, elle tourne la tête et l’embrasse, ce qui<br />

se prolongera durant la majeure partie du séjour. Inutile de vous dire que je ne garde pas de<br />

Madrid un souvenir impérissable, ayant ruminé mon absence de réaction durant toute la durée<br />

de ce séjour linguistique ou ma langue, elle, n’avait pas su répondre à ses sollicitations ….<br />

Raphaël a quitté Estelle de retour en France, disant qu’il « voulait juste une copine pour le<br />

voyage », maigre consolation.<br />

Ne m’avouant pas vaincue, et mes sentiments étant toujours aussi présents, l’année suivante,<br />

alors que Raphaël et moi ne sommes plus en classe ensemble, j’échafaude un plan<br />

machiavélique.<br />

Ma meilleure amie, Faustine, est dans un autre lycée, et a dans sa classe un garçon prénommé<br />

Benjamin. Nous nous sommes rendu compte par le plus grand hasard que Benjamin est l’un<br />

des meilleurs amis de Raphaël.<br />

Faustine, au courant de mes sentiments désespérés à son égard, <strong>décide</strong>, sous une légère<br />

pression de ma part je l’avoue, de se nouer d’amitié avec Benjamin, pour que, par effet de<br />

vase communiquant, nous puissions intégrer « la bande ».<br />

C’est chose faite, elle est invitée à une soirée chez Benjamin, et demande à ce que je<br />

l’accompagne.<br />

Le soir S, pleine de stratégies et d’espoir, je me rends à la soirée.<br />

Elle se déroule à merveille, tout le monde discute, rigole, jusqu’au moment ou Raphaël se<br />

rapproche enfin de … Faustine ! Gênée, elle le repousse, mais il insiste.<br />

Je suis à deux doigts de me suicider aux yaourts périmés mais je tiens bon, sauvant la face.<br />

Lors des soirées suivantes, il ne se passe rien de plus. Il arrête de draguer ma copine mais ne<br />

se penche pas davantage sur mon cas.<br />

Je commence à désespérer lorsqu’un soir, passablement ivre, Raphaël s’assied à côté de moi<br />

et commence à me draguer ! Je ne rêve pas, il s’intéresse enfin à moi.


Nous discutons et, pour calmer mes nerfs et oser être entreprenante, je prends une bouteille de<br />

bière. Cependant, peu habituée à boire au goulot, et stressée par sa présence, je fais un<br />

mauvais mouvement, il me donne un coup de coude, bref, un bout de mon incisive se casse,<br />

percuté par la bouteille…<br />

Il rit, se moque de moi, et vraiment je me dis que la poisse n’a jamais eu aussi bonne amie que<br />

moi.<br />

Malgré tout, quelques instants plus tard, il m’invite à danser, je le suis (avec un mal de dents<br />

terrible), et après moult tours de pistes, nos lèvres se rejoignent, c’est l’apothéose, le baiser<br />

tant attendu, et aussi merveilleux que je l’ai imaginé…<br />

La soirée se poursuit, idyllique, et je suis toujours toute à ma love story lorsque je me réveille,<br />

le lendemain.<br />

Je rejoins Faustine dans l’après-midi pour <strong>décide</strong>r de ce qu’il convient de faire.<br />

C'est le début des vacances scolaires, je ne le reverrai pas dans l’enceinte du lycée durant les<br />

mois à venir, il faut donc forcer le destin. De surcroît, je sens qu’il a enfin compris que nous<br />

sommes faits l’un pour l’autre. Ah, les illusions adolescentes…<br />

Saisissant mon portable, d’une main tremblante, je compose son numéro. Je crois même que<br />

Faustine doit m’aider à tenir le portable tant je suis stressée.<br />

Au téléphone, l’ambiance de la veille c’est cependant envolée.<br />

Il me baragouine un « si on peut se voir ? Euh … oui bien sûr, je te rappelle ».<br />

Evidement, silence radio.<br />

Je réessaye quelques jours plus tard « Désolé ma grand-mère est malade, je ne peux pas sortir<br />

ces jours-ci ». J’ai compris … J’abandonne.<br />

Finalement, en terminale, Raphaël est envoyé en pension pour ces mauvais résultats scolaires<br />

(il y a quand même une justice) et je ne le croise plus que de temps à autre, sans réel échange.<br />

Je l’aimerai encore en souffrant pendant toute l’année de ma terminale, jusqu’à ce<br />

qu’heureusement, le temps efface cette blessure.


CEDRIC FROM THE BLOC !<br />

Pendant ce temps, en classe de première, même si je restais transie d’amour pour Raphaël, je<br />

décidais d’explorer d’autres horizons.<br />

Mon amie Faustine habitait l’immeuble voisin de mon père, dans une rue bordée de grands<br />

immeubles, style années 60, en bordure de Strasbourg. Nous nous voyions donc fréquemment<br />

lorsque j’allais chez lui.<br />

Elle me présente un jour une connaissance à elle, qui habite le quartier également, Cédric.<br />

Cédric ne sort jamais sans son chien, un berger allemand très mal dressé et incontinent.<br />

En effet, il veut devenir maître chien. Quelle ambition !<br />

Ce jour-là, nous allons donc prendre un verre avec lui, et il nous raconte qu’il sort d’une<br />

relation d’un an avec une fille plus jeune que lui (donc de notre âge, mais nous, nous sommes<br />

tellement matures…). Elle était très coincée, n’osant pas se montrer nue devant lui. Moi, toute<br />

pucelle que je suis, je rigole bien entendu de cette pudeur démesurée.<br />

Après quelques autres entrevues, je <strong>décide</strong> que Cédric mérite que l’on s’y intéresse de plus<br />

près.<br />

Il est temps de vous en dresser un bref portrait : taille moyenne, plutôt musclé, court sur<br />

pattes, ce qui lui conférait un aspect un peu « coq », cheveux bruns très courts, yeux noirs,<br />

visage carré, UNE oreille un peu décollée.<br />

Pour l’heure, en attendant de réaliser son rêve et de devenir maître chien, il exerce la<br />

charmante profession de gardien de parking.<br />

Ma mère, qui est au courant de cette relation (notamment de par mes plus fréquentes visites à<br />

mon père) voit cette relation d’un mauvais œil.<br />

Précisons ici que ma mère est une femme assez atypique.<br />

40 ans à l’époque, elle a toujours été à la limite entre la mère et la copine.<br />

Pouvant me demander à 12h quelles tenues la mettaient le plus en valeur pour sa soirée en<br />

boite du soir, m’engueuler à 13 h parce que ma chambre n’était pas rangée comme il faut, et<br />

venir me demander conseil pour des problèmes avec son jules à 14h …<br />

Un soir donc, ma mère m’emmène avec elle a une crêpe party, organisée par un grand hôtel<br />

de Strasbourg, où « le gratin » de la ville, dont elle fait évidemment partie, est présent.<br />

Et soudain, les coupettes ayant probablement fait leur effet, elle lance à la cantonade :<br />

« Je vous présente ma fille, <strong>Chloé</strong>, qui sort avec un gardien de parking ! » Mémorable…<br />

Je vois donc Cédric régulièrement, mais il est trop mou et a une personnalité trop effacée pour<br />

que je développe des sentiments pour lui.<br />

Cependant, son côté un peu brut de décoffrage m’attire et je ressens une alchimie physique<br />

intéressante, traduction : mes hormones se réveillent et je veux tester le sexe !<br />

Un jour que mon père n’est pas là, nous sommes dans ma chambre, et il évoque son ex, disant<br />

qu’elle n’aimait pas faire l’amour avec préservatifs, puis il me demande mon avis.<br />

- C’est-à-dire que je ne l’ai encore jamais fait...<br />

- Ah, d’accord.<br />

- Mais si je le fais, oui, je veux que ce soit avec préservatifs !<br />

- Mais c’est horrible, en plus quand le mec doit le mettre c’est gênant… ça gâche tout.<br />

- Et bien je le mettrai moi-même alors, dis-je, sentant la conversation m’échapper.<br />

- Pff tu n’y arriverais pas !<br />

- Mais si! J’ai déjà essayé avec Faustine, on en a mis sur une bombe de déodorants (ce qui est


vrai… on voulait s’entraîner, au cas où).<br />

- Et bien je paris que tu ne pourras pas !<br />

- Et bien je paris que si, je rétorque, mon esprit de compétition totalement réveillé (et ma<br />

jugeote au placard).<br />

- Très bien, dit-il, et, dégainant un préservatif, il me le tend.<br />

Là, j’ai la désagréable sensation de m’être fait prendre à un jeu dont je n’ai pas eu<br />

connaissance qu’il se déroulait. A-t-il anticipé mes réponses pour en arriver à ce stade, où,<br />

coincée dans ma fierté, je dois capuchonner son sexe ? Ou est-ce simplement un pari qui a<br />

mal tourné ?<br />

Et bien soit, me dis-je, je le mettrai, pour ne pas perdre la face, mais il ne se passera rien de<br />

plus !<br />

Je le déshabille donc, extrêmement gênée, et découvre sa virilité, tout à fait apte à la chose…<br />

C’est la première fois que j’approche la bête, et dans quelles circonstances au combien<br />

romantiques… Le rêve de toute adolescente en somme…<br />

Je réussis la prouesse, et une fois chose faite, nous nous regardons.<br />

Je suis mortifiée, je ne veux pas faire l’amour avec lui dans ces conditions, il n’y a pas eu de<br />

préliminaires, il n’y a pas de sentiments, du moins de mon côté, mais je ne veux pas non plus<br />

passer pour une gamine allumeuse…<br />

J’opte donc pour une attitude balourde, un peu déménageuse. Je lui tape sur la cuisse un grand<br />

coup en disant :<br />

- Hé ben voilà, c’est fait ! Tu vois.<br />

Puis, me levant :<br />

- Bon, on y va ?<br />

- Ben attends, maintenant qu’il est mit, tu veux pas en profiter ? On va pas gâcher… me<br />

lance-t-il avec un regard coquin.<br />

Mal à l’aise, regrettant d’avoir joué la grande alors que je n’en mène pas large, je me lance<br />

dans une pseudo fellation, pour « assurer ».<br />

Puis, le contexte et le manque d’expérience me bloquant, je stoppe, assez rapidement.<br />

- Bon, on y va ?<br />

- OK...<br />

Voilà comment ce sont déroulés mes <strong>premiers</strong> pas vers cette magie, cette union de deux corps<br />

passionnés et amoureux que l’on appelle la sexualité. Idyllique, je vous dis !<br />

Un peu plus tard, un jour où nous sommes ensemble au téléphone, nous avons une autre<br />

conversation du même acabit, tout aussi spirituelle et romantique :<br />

Je lui demande (et je ne sais vraiment pas pourquoi, croyez-moi) :<br />

- Au fait, il paraît qu’il y a des mecs qui se mesurent le sexe, c’est vrai ?<br />

- Ben oui, c’est normal, pour savoir si on est dans la moyenne.<br />

- Et c’est quoi la moyenne ?<br />

- Je crois que c’est 15cm en érection, mais moi je fais 20 !<br />

- Ah, c’est … bien, dis-je, commençant à regretter d’avoir lancé cette conversation.<br />

- Et même qu’un jour je voulais voir jusqu’où ça pouvait aller et j’ai atteint 22cm, mais là, ma<br />

bite était toute bleue et j’avais trop mal.<br />

- C'est intéressant … (il y en a qui lisent ou vont au musée, chacun son hobbie !).<br />

- D’ailleurs, rien que de t’en parler, je suis justement en action…<br />

- Ah, euh, merci …


Et je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je me retrouve à faire du « sex phone » alors que<br />

je n’ai jamais fait de « sexe tout court », ni avec lui, ni avec personne…<br />

Un jour, cela doit faire un mois à peu près que nous sommes ensembles, nous allons boire un<br />

verre avec Faustine et Loïc, un ami à moi dont tout le monde sait qu’il est homosexuel, sauf<br />

lui-même apparemment. Affirmant son hétérosexualité, il a d’ailleurs embrassé Faustine<br />

quelques heures plus tôt, et ils sont donc « ensemble » d’après nos usages de lycéens. Je<br />

précise qu'à l'heure actuelle il a eu plus d’amants que moi et est de toute les gay pride de<br />

France et de Navarre.<br />

Le jour de ce verre, Cédric est venu avec des amis à lui, trois ou quatre garçons du quartier.<br />

Je suis assise en face de lui, fait important pour la suite de l’histoire, et je ne sais pourquoi,<br />

mauvaise humeur ou volonté de frimer devant mes amis et de le rabaisser devant les siens, je<br />

passe la majeure partie du temps à me moquer de lui, à lui lancer des piques. Au bout d’un<br />

moment, réaction normale, il me répond également par une attaque. Et là je luis dis, sans<br />

réfléchir outre mesure « Oh toi, c’est bon, avec ton oreille qui dit merde à l’autre ! ».<br />

Rires étouffés et silence gêné autour de la table. Je le regarde, et vois dans ses yeux que je suis<br />

allée trop loin. Il prend sa chope de bière, la soulève, et me lance l’intégralité au visage,<br />

arrosant par la même occasion Faustine qui est assise à côté de moi et n’a rien demandé à<br />

personne. Je me lève, folle de rage, et je cours hors du bar, Faustine et Loïc avec moi.<br />

Un peu plus tard dans l’après-midi, alors que je suis toujours bien énervée et pas encore<br />

remise de ce moment de honte intense, je <strong>décide</strong> d’aller sonner chez lui pour avoir des<br />

explications. Il habite dans un immeuble de construction HLMiste, et son appartement est au<br />

dixième étage.<br />

Je sonne, sonne, sans réponse, je crie devant la fenêtre comme une furie, pour qu’il descende<br />

et que nous nous expliquions.<br />

Soudain, je vois quelque chose venir vers moi. Un ange descendu du ciel ? Non, un pack de<br />

yaourts, qu’il vient de lancer violemment de sa fenêtre, pile sur moi. Sachant que comme l’a<br />

démontré Newton ou Einstein, un corps prend de la vitesse et multiplie son poids au fur et à<br />

mesure de sa chute, vous imaginez la folie meurtrière qui s’est emparé de lui. Je réceptionne<br />

le pack en pleine épaule, m’en sortant avec un bon bleu, mais évitant de justesse<br />

l’assommement si je l’avais reçu sur le crâne.<br />

Calmée, je rentre chez mon père, penaude, et <strong>décide</strong> que non, finalement, je me passerais<br />

volontiers d’explications, et qu’un autre rendez-vous avec lui n’est pas indispensable.


LEO FAIT SON APPARITION<br />

Soyons clairs, même si le lycée se résume à une période d'amour inconditionnel pour Raphaël,<br />

je fis tout de même d'autres rencontres! Et vécu ma première « amitié » mixte...<br />

Je suis en première éco. Dans ma classe, il y a Léo, un mec assez délire, mais pas dans le style<br />

« tombeur ». Plus Robert que Redford, un peu gaffeur. Mignon, mais pas beau gosse. On a<br />

sympathisé, et très rapidement nous sommes devenus proches. Une relation de purs<br />

adolescents, basée sur le cassage mutuel, et à qui vannera l’autre le plus. Bref, les cours sont<br />

animés avec nous ! C’est ma première amitié avec un mec et je suis étonnée de voir que<br />

certains spécimens sont agréables à fréquenter ! De toute façon, il a une copine, comme ça pas<br />

d’ambiguïté…<br />

Nous nous voyons souvent en dehors des cours, notamment avec mon amie Faustine. On va à<br />

la Java, LE bar étudiant branché de Strasbourg à l’époque. En gros : 150 gamins pré-pubères<br />

dans un cavot de 60 m2. A chaque fois que nous sommes un peu éméchés (après deux verres<br />

donc), Léo et moi devenons un peu plus tactiles, dansons ensemble, et je commence à me<br />

poser des questions. En plus, il n’amène jamais sa copine, ce qui est suspect. J’échafaude des<br />

hypothèses : soit elle est moche et il a honte de me la montrer, soit il est en fait amoureux de<br />

moi et ne veux pas qu’on se rencontre, soit il a menti pour se donner un genre, et est<br />

célibataire, voire puceau. Il n’en parle quasiment jamais en plus ! Il dit avoir déjà fait l’amour,<br />

mais ses potes ont rigolé à cette annonce. Un jour, je tente d’en savoir plus :<br />

- Et Claire (le nom de l’hypothétique compagne), elle va bien ?<br />

- Ben oui, pourquoi tu me demandes ?<br />

- Comme ça ... On ne la voit jamais.<br />

- Tu sais, je la vois pas beaucoup. C’est chiant les relations à distance !<br />

- Quoi ? Mais tu ne m’avais pas dit qu’elle habitait loin !<br />

- Ah bon ? Ben si, à Haguenau.<br />

J’explose de <strong>rire</strong>, c’est à 30 km de Strasbourg.<br />

- Oui mais je n’ai pas encore le permis, répond-il sur la défensive.<br />

- Quand même ! Et vous vous voyez tous les combiens ?<br />

- Une fois par mois environ.<br />

Vers le mois d’avril, je reçois un soir un SMS (on s’en envoie peu), disant simplement « je<br />

t’aime ».<br />

Accélération du rythme cardiaque à la lecture de ces trois mots : X500% !<br />

Avant même de penser à répondre quelque chose, j’appelle Faustine pour le plan d’action :<br />

- Putain !<br />

- Euh, salut <strong>Chloé</strong> !<br />

- Attends, c’est la merde ! Je viens de recevoir un texto de Léo « je t’aime ».<br />

- Merde ! Et t’as répondu quoi ?<br />

- Ben rien, je t’ai appelée !<br />

- Et tu crois que c’est pour toi ?<br />

- Comment ça ?<br />

- Et bien il s’est peut-être trompé et c’est pour sa copine.<br />

- Merde, je n’y avais pas pensé. J’avoue, si c’est ça c’est la honte de répondre …<br />

- Mais tu l’aimes toi ?<br />

- Je sais pas ! Je l’aime bien, mais c’est un pote ! Je suis pas sûre que ..<br />

- Arrête ! Vous vous tournez autour c’est clair ! Pour moi il y a deux options, soit il t’envoie<br />

ce message à toi, et dans ce cas il faut voir ce que toi tu souhaites, soit il s’est trompé et là<br />

c’est la honte à mort si tu réponds un truc genre « moi aussi ».


- Y a une troisième option ! Il fait semblant de s’être trompé ! Comme ça, si je dis oui, c’est<br />

bon, et si je dis un truc négatif, il dit que c’était pour Claire.<br />

- Claire ! Lance-t-elle soudain.<br />

- Oui, quoi ?<br />

- Tu dois être juste avant dans le téléphone ! <strong>Chloé</strong>, Claire ! C’est possible qu’il se soit trompé<br />

quand même. ..<br />

A dix-sept ans (et à vingt-six aussi d’ailleurs), la fierté est plus importante que l’éventuel<br />

sentiment amoureux, et j’opte donc pour la réponse la plus « politiquement correct », celle qui<br />

nous permet à tous deux de sauver la face : « Je pense que tu t’es trompé de destinataires ».<br />

Quelques minutes plus tard, je reçois « Oups, en effet, j’espère que tu l’as pas mal pris ? ».<br />

« Non, a demain ». Ca sent quand même le texto envoyé « exprès par erreur ».<br />

D’ailleurs, il est plus froid les jours suivants. Puis, ça se tasse.<br />

En juin, alors que ma mère est en vacances, je lui propose de passer un soir chez moi pour une<br />

soirée « entre potes ». Il arrive avec une bouteille de Martini blanc, cela allait nous être fatal.<br />

Encore jeunes et le foie vierge, nous sommes rapidement raides. Un CD des Red Hot Chili<br />

Peppers tourne, Californication, et on discute, se rapprochant de plus en plus sur le canapé.<br />

Mon cœur s’emballe à un rythme incroyable. J’ai peur qu’il l’entende. Puis, à un moment, on<br />

se regarde, gênés, et on reprend notre discussion. Cependant, au regard appuyé suivant, on<br />

préfère couper court en se rapprochant davantage … pour s’embrasser. Je m’attends à ne rien<br />

ressentir, car c’est la première fois que je vais plus loin avec quelqu’un que je connais<br />

vraiment. Je pensais que seul le mystère était attirant. Mais non ! C’est comme une révélation,<br />

et pour lui aussi, on ne s’arrête plus ! Puis soudain, il se recule pour me dire :<br />

- Putain, j’ai tenu six mois, merde !<br />

- Comment ça ?<br />

- Ben t’étais la nana interdite.<br />

- Comment ça ? C'est quoi ça encore?<br />

- Ben je ne voulais pas ! C’est le Martini, dit-il en tapant la bouteille. C’est la première fois<br />

que j’ai une amie fille et je trouve ça cool !<br />

- J’avoue, pareil…<br />

- Bon, on verra plus tard, là j’ai quand même sérieusement envie de t’embrasser.<br />

On continue à se découvrir sous cet angle nouveau et il reste dormir. Nous restons sages, petit<br />

flirt et c’est tout.<br />

Le lendemain, nous sommes gênés. Que va-t-on faire ? Si ça se trouve, il préfère quand même<br />

rester avec sa copine … Il part d'ailleurs assez précipitamment. Ayant ma fierté, mal placé<br />

bien entendu, je ne le recontacte pas. Les cours étant finis (<strong>décide</strong>mment l’histoire se répète),<br />

nous ne nous sommes ni vus ni appelés de l’été.<br />

Vient ensuite la rentrée de terminale. Au début, il y a de la distance entre nous. On est un peu<br />

mal à l’aise de ce qui s’est passé, et je pense que chacun en veut à l’autre de ne pas avoir<br />

donné signe de vie.<br />

Puis, au bout de quelques semaines, on recommence à communiquer, à s’entendre. J’apprends<br />

par des amis qu’il est toujours avec la fameuse Claire. Je réussis même à choper une photo<br />

(elle existe donc vraiment !), petite, cheveux châtains, avec la GQP'S, évidemment.<br />

Explications : La GQP's, raccourci donné à l'acronyme GQPAG est un phénomène<br />

scientifique que j’ai identifié avec ma copine Julie en seconde. Il y a un type de nana, qui a, ce<br />

que l’on appelle « La Gueule Qui Plait Au Gars », abréviation qui est devenu en nom de code<br />

la GQPAG. Il n’y a pas de critères physiques particuliers, mais ce sont des filles<br />

« mignonettes ». En gros, banales, mais mignonne : petit nez, traits fins, souvent petites et<br />

menues, avec les yeux et cheveux foncés. On peut être une belle fille, mais sans avoir la


GQPAG (en toute modestie, c’est mon cas !). Et une fois que nous avons intégré ce concept,<br />

mes amies et moi tombons toujours d’accord sur les membres de ce club privilégié. Et on se<br />

trompe rarement, elles sont souvent avec des canons ! Par exemple : Nathalie Portman a la<br />

GQPAG, Angelina Jolie non.<br />

Et je pense que Nathalie Portman se fait davantage abordée, car est plus accessible.<br />

Bref, Claire est toujours de la partie, et je <strong>décide</strong> de garder mes distances le reste de l’année.<br />

On rigole ensemble, mais je limite les tête-à-tête. Peu de soirées aussi.


JERÔME – LES JOIES DE LA CAMPAGNE<br />

Je me rapprochais d'ailleurs d'autres camarades de classe, dont Cynthia. Très élégante, jolie,<br />

toujours habillée à la dernière mode, un peu snob aussi je l’avoue. Cela ne faisait que<br />

quelques semaines que l'on se fréquentait, c’est pourquoi je fus surprise quand un jour elle me<br />

proposa de l’accompagner en week-end. Elle allait chez son meilleur ami à la campagne en<br />

Bourgogne, près de Belfort.<br />

Me disant qu’il s’agissait certainement de la maison de campagne de l’un de ses amis riche et<br />

tendance, j’acquiesçai, ravie d’un petit week-end dans la société.<br />

Le samedi matin, elle vient donc me chercher en voiture pour les quelques heures de route qui<br />

nous séparent de cette charmante destination.<br />

A l’arrivée, il s’avère que nous sommes logées chez son ami, Julien, au premier étage d’une<br />

maison dans laquelle ses parents tiennent un restaurant de spécialités locales.<br />

Je suis étonnée, l’appartement est très sommaire, dans une maison, style fermette en bois, au<br />

cœur d’un village très « campagne ». Son ami est plus « jean / basket » que « costard /<br />

cravate » et je me demande comment elle, si bourgeoise, est amie avec ce garçon, certes<br />

sympathique, mais sans distinction aucune.<br />

Arrive la soirée, et nous nous préparons pour aller dans la boite locale.<br />

N’ayant prévu que des tenues correspondants aux soirées VIP que je m’imaginais, je suis<br />

quelque peu décalée par rapport aux autochtones lorsque j’arrive, brushée, maquillée, moulée<br />

et talonnée, au « Djoony’s ».<br />

Cependant, la discothèque est correcte, la musique sympathique, et l’alcool coule à flot à<br />

notre table.<br />

Je bois, je danse, je m’amuse.<br />

A un moment, alors que je reviens vers la table pour m’abreuver, Julien me présente l’un de<br />

ses amis, Jérôme. Très grand, très musclé, Jérôme est plutôt beau garçon. Il a quelques années<br />

de plus que moi et je suis immédiatement sous le charme. Cependant, la discussion est<br />

quelque peu limitée, du fait des forts décibels de la musique et de mon taux d’alcoolémie qui<br />

doit perturber légèrement mon audition…<br />

Peu importe, il me plaît, l’alcool me désinhibe, et je l’invite à danser.<br />

Sentant que mon état décline de plus en plus, il tente l’assaut et m’embrasse.<br />

Je suis ravie, l’ambiance est excellente, j’embrasse un beau garçon, le week-end se passe<br />

finalement sous les meilleurs auspices…<br />

Au petit matin, Cynthia et moi rentrons chez Julien pour y passer la nuit, et Jérôme nous<br />

informe qu’il viendra le lendemain pour déjeuner avec nous, et passer du temps avec moi…<br />

Je rentre donc me coucher, impatiente de le revoir.<br />

Le lendemain midi, je me réveille, avec une légère gueule de bois… et déjà moins envie de ce<br />

déjeuner avec Jérôme.<br />

La perspective de devoir me préparer, de faire la conversation avec ce garçon que je ne<br />

connais finalement pas m’angoisse quelque peu…<br />

Vers 13h, il arrive.<br />

Il est certes grand, musclé et plutôt beau gosse, mais je lui trouve un air un peu rougeaud,<br />

rustre, que les lumières tamisées du club ne m’avaient pas permis de remarquer.<br />

Et là, un phénomène d’ordre surnaturel se produit : il parle !<br />

Je tombe presque de ma chaise, tant je suis choquée.<br />

- Hé béh alors la <strong>Chloé</strong>, on a bien dormi ? Vin Dieux ! C’était une sacrée soirée, hein ! me<br />

lance-t-il avec un accent campagnard à couper au couteau.


Ca aussi, la soirée de la veille ne m’avait pas permis de le déceler…<br />

Alors qu’il s’avance pour s’installer à table, je vois qu’il boite quelque peu, et je me souviens<br />

vaguement que l’on en a parlé la veille mais que je n’ai pas entendu son explication.<br />

Je la lui redemande.<br />

- Ben tu sais, jsui bûcheron (petit <strong>rire</strong> étouffé de ma part) et la smaine dernière, tandis que<br />

jtronçonnais une bûche, ben j’ai pas vu la limite entre la bûche et ma jambe, et jme sui<br />

tronçonné la jambe dis donc !! Le truc con, quoi !<br />

- Ah oui, je comprends … (mon Dieu, comment vais-je sortir d’ici ?).<br />

Nous passons à table, et j’hallucine de plus en plus.<br />

Le pire, c’est que pour Jérôme, nous sommes ensemble (il est vrai que dans les villages, les<br />

jeunes ont pour habitude de se caser dès seize ans, avec la première personne croisée), et il ne<br />

se freine pas sur les petits gestes d’affection et autre démonstration corporelle.<br />

En temps normal, malgré ma témérité, je me serais courageusement enfuie, mais là, je suis<br />

coincée. Je suis chez un ami de Cynthia, et mon « mec » est un bon ami de celui-ci…<br />

Heureusement pour moi, nous devons repartir vers la civilisation en fin d’après-midi. Plus que<br />

quelques heures…<br />

C’est alors que Cynthia, soit par pur égoïsme, soit pour aider à l’épanouissement de ma<br />

relation naissante, ou encore parce qu’elle a tout compris et qu’elle veut m’achever, me dit,<br />

devant Julien et Jérôme :<br />

- Au fait, <strong>Chloé</strong>, ça te dit qu’on reste jusqu’à demain finalement ? C’est lundi de Pâques, donc<br />

férié, on n’a pas cours de toute façon.<br />

- Euh… Oui, mais je ne peux pas rester moi, j’ai l’anniversaire de mon père ce<br />

soir (ce qui est vrai).<br />

- Ah … Mais moi j’ai envie de rester.<br />

- OK, mais je rentre comment ? je demande, commençant à m’agacer.<br />

Et oui, nous étions venues avec sa voiture…<br />

- Tu as des horaires de train? Je demande, me tournant vers Julien.<br />

- Oula, le dimanche, il n'y en a que deux. Tu as loupé celui de 12h47, le prochain est vers 20h<br />

je crois.<br />

- Ah bon? Merde!<br />

- Oui, et le temps de changer à Belfort, tu seras pas à Strasbourg avant 23h je pense.<br />

- Bon... Tant pis... Je vais prévenir mon père que je ne serai pas là...<br />

C’est alors que mon chevalier servant intervint :<br />

- T’inquiète pas <strong>Chloé</strong>, jpeux tramener à ta ville moi si tu veux, ça mdérange pô tu sais !<br />

- Non, non, c’est gentil de ta part Jérôme, mais il y en a pour deux heures de route, tu ne vas<br />

pas faire quatre heures aller-retour, surtout avec ta jambe tranchée..<br />

- Si si jt’assure c’est bon !<br />

Mon dieu, culpabilisation totale.<br />

Sachant que je ne veux plus jamais revoir ce garçon de ma vie, dois-je refuser par égard pour<br />

lui et rester un jour de plus dans d’atroces souffrances ou profiter de sa gentillesse, être une<br />

petite égoïste intéressée, mais être à temps délivré d’eux, et présente à l’anniversaire de mon<br />

père ?<br />

- OK d’accord, est finalement la réponse de ma conscience.


Nous nous mettons en route peu après, sous le regard réprobateur de Cynthia, qui je pense a<br />

compris que mon urgente envie de partir n’est pas uniquement due à l’anniversaire de mon<br />

paternel.<br />

Une fois en route, j’ai droit à de nombreuses questions sur ma vie, mes attentes, et comment<br />

allons-nous nous revoir, etc …<br />

Evidement, je ne peux pas lui dire (alors qu’il me rend service) que les réponses à ces<br />

questions sont : ne prends pas la peine de t’intéresser à moi, tu ne me reverras plus.<br />

J’essaye donc de maintenir la conversation, le plus poliment possible, sans pour autant laisser<br />

présager la moindre entrevue à venir.<br />

Arrivée à Strasbourg, mon estomac se dénoue, ça y est, je suis presque chez moi. Mais j’allais<br />

encore avoir droit à une perle avant de partir.<br />

Nous sommes au centre-ville, arrêtés au feu rouge précédant un rond point.<br />

- Un rond point avec des feux rouges ! J’avais jamais vu ça dis donc !! C’est bien différent<br />

dpar chez moi la ville !<br />

- Oui certes… Et bien, merci de m’avoir ramenée…A bientôt.<br />

J’ouvre la portière, lui colle un demi smack, et ça y est, je file vers la liberté.<br />

Finalement, Cynthia ne m'en a pas tenu rigueur, et m'a même prodigué un conseil.<br />

« Discuter avant d'embrasser ». Pourquoi pas ....


LEO REVIENT<br />

L'année 2003 se poursuit avec l'obtention du BAC, début juillet.<br />

Avec les filles (Julie et Marion du même lycée que moi et Faustine et Anna, mes copines du<br />

collège), nous allons fêter l’évènement le week-end suivant l’annonce des résultats. Une<br />

énorme soirée est organisée dans une boite étudiante, et nous y arrivons, déjà complètement<br />

soûles.<br />

Léo est là et nous dansons un peu ensemble. Ca fait presque un an qu’on n’a pas fait la fête<br />

tous les deux. Faustine est aussi sur un coup, ce soir c’est son soir ! Elle est sensée choper le<br />

mec de sa classe qu’elle aime depuis un an ! Et, d’après sa version, elle était à deux<br />

centimètres de la bouche du type quand elle m’a vue embrasser Léo, et qu’elle a dit « attends<br />

je reviens, je vais voir ma copine ». Puis quand elle est revenue, il était avec une autre …<br />

Pendant ce temps, donc, Léo et moi rattrapons le temps perdu !<br />

C’est le plan à la mode lycée, à se tourner les langues dans la bouche pendant deux heures,<br />

sous les regards de toute la classe, morte de <strong>rire</strong> de l’aboutissement de ces deux ans<br />

« d’amitié ».<br />

- J’ai envie de dormir avec toi… me dit-t-il.<br />

- C’est pas possible, on dort toutes chez Marion.<br />

- A cinq ?<br />

- Ben oui, elle a tout un étage de la maison de ses parents, y a de la place !<br />

- Je peux venir ?<br />

- Ben non ! Rentre chez toi !<br />

- Mais je suis en caisse et j’ai trop picolé.<br />

C’est vrai qu’il habite loin, ce n’est pas raisonnable de le laisser repartir en voiture …<br />

Je vais donc négocier auprès de Marion pour pouvoir l’emmener avec nous. Elle accepte<br />

facilement, il est vrai que ses parents sont plutôt cool (un peu trop même, j’ai déjà trouvé son<br />

père en string dans la cuisine, mais c’est une autre histoire...).<br />

Vers 4h, nous partons donc chez Marion, où elle a une grande chambre : un lit double où trois<br />

des filles peuvent dormir ensemble, et deux petits lits.<br />

Anna, Marion et Faustine se couchent ensemble dans le grand, et Julie dans un petit lit.<br />

Léo et moi prenons l'autre.<br />

Tout de suite, nous avons droit aux recommandations d’Anna, la « maman » de la bande :<br />

- Vous ne baisez pas hein !<br />

- C’est bon ! dis-je, mal à l’aise.<br />

- Non mais c’est bon ! Moi je veux dormir !<br />

- Oui, oui.<br />

Léo et moi nous couchons donc sagement, et dans un lit d’appoint une personne, ce n’est pas<br />

le top ! On s’embrasse, mais on entend aussitôt l’oursonne mal léchée nous dire « Ca suffit les<br />

bruits de smack ! ». On développe donc toute une technique du baiser silencieux, assez<br />

efficace je dois dire.<br />

Les autres s’endorment enfin, mais nous avons mieux à faire. Je me mets sur lui, seul moyen<br />

de tenir à deux, et, sentant son excitation, je me sens pousser des ailes (de coquinette !) et je<br />

me frotte sensuellement. Pourtant, pour la découverte du flirt poussé, on a connu plus pratique<br />

qu'avec quatre copines dans la même chambre !<br />

En plus, à chacune de mes « ondulations », mon pied tape dans la porte de l’armoire, ce qui<br />

réveille une fois de plus Anna…<br />

On finit par s’endormir, enlacés.


Le matin, nous descendons toutes pour le petit dej, et je suis super gênée que les parents de<br />

ma copine voient un mec débarquer à l’improviste.<br />

- Je me disais aussi ! dit la mère de Marion en rigolant.<br />

- Quoi ? demande Marion.<br />

- Qu’il y avait un garçon ! J’ai vu les chaussures dans l’entrée et j’ai dit à ton père « Ca, ce<br />

n’est pas une des copines de ta fille qui fait du 46 ! ».<br />

On explose toutes de <strong>rire</strong>, c’est bon, l’ambiance est détendue !<br />

Nous prenons le petit dèj tous ensemble, et je dévore Léo des yeux. Cette fois-ci c’est la<br />

bonne, plus de pression de se revoir au lycée avec tout le monde, on a passé une super nuit.<br />

On va arrêter nos conneries et se mettre ensemble.<br />

Je le raccompagne jusqu’à sa voiture quand il s'en va.<br />

- Merci pour la soirée, dit-il en m’embrassant.<br />

- Mais je t’en prie … On se revoit bientôt.<br />

- Ben là ca va être un peu tendu, je commence mon stage lundi à la banque, je n’aurais pas<br />

trop de temps.<br />

- Ah bon, et tu fais quoi là-bas ? dis-je pour esquiver le vent qui me fouette encore le visage.<br />

- Je suis responsable de la machine à chèque, me dit-il avec la plus grande fierté.<br />

- OK…<br />

Je rassemble le peu de courage que j’ai, nous n'allons pas passer encore un an sans s’appeler<br />

par fierté !<br />

- Et on fait quoi nous ?<br />

- Ben on peut se revoir…<br />

- Et tu quittes ta copine ?<br />

- Je ne sais pas, faut que je réfléchisse.<br />

- Tu plaisantes ? dis-je, abasourdie.<br />

- Ben non, regarde avec elle c’est un plan sûr. C’est vrai que tu me plais plus et que je délire<br />

plus avec toi…<br />

- Dans ce cas c’est tout décidé ! Pourquoi t’hésites ?<br />

- Ben avec elle c’est simple. Toi, je ne suis pas sûr que l’on va s’entendre et que ça va<br />

marcher, on s’engueule tout le temps !<br />

- Mais c’est parce qu’on s’aime bien.<br />

Puis, me rendant compte que je me ridiculise :<br />

- Comme tu veux, mais rester avec sa nana par dépit ou par facilité à dix-huit ans, je trouve ça<br />

un peu limite …<br />

- Attends, je vais réfléchir, dit-il en s’avançant vers moi.<br />

- C’est tout réfléchi ! Bonnes vacances ! Et je pars sans me retourner.<br />

Evidement, avec le recul, je me rends compte que si je l’avais simplement rassuré à ce<br />

moment-là en disant « moi aussi, je tiens à toi, fais-moi confiance », la suite de l’histoire<br />

aurait été tout autre … Mais à dix-huit ans ...


STEPHANE – TOUT CE QUI BRILLE…<br />

Le lycée finit et le bac obtenu, moi et ma bande de copines habituelles, nous sommes parti en<br />

vacances à Cannes, car la famille de Marion a un appartement sur place.<br />

Ce sont nos premières vacances entre copines, nous avons dix-huit ans, et deux semaines de<br />

folies à passer. Toutes célibataires, mise à part Julie, nous sommes bien décidées à en profiter.<br />

Je ne suis pas du tout branché prémonitions, sciences occultes et tout le toutim, mais quelques<br />

jours avant notre départ, j’ai rêvé que je rencontrais un garçon merveilleux en boite, et qu’il<br />

m’invitait à déjeuner le lendemain. Le tête-à-tête se passait à merveille et nous étions<br />

éperdument amoureux…<br />

Le premier soir, d’emblée, nous décidons d’attaquer le « love », La boite de Cannes à cette<br />

époque, et, même si nos réserves d’argent pour les vacances sont fortement limitées (surtout<br />

au su des prix sur la côte), j’insiste pour que nous prenions une table et une bouteille. Le<br />

credo, qui est devenu une tirade récurrente après quelques verres : nous, on est des filles qui<br />

s’assument.<br />

C’est vrai que quand on voit les minettes en tenues griffées achetées aux soldes qui arpentent<br />

les clubs de la côte, ce positionnement est pour le moins original !<br />

J’ai revêtu pour l’occasion une tenue très élégante, une combi-pantalon noire, tout à fait<br />

classe, avec des escarpins assortis. Cependant, peu habituée aux talons, tandis que je me<br />

déhanche excessivement sur le podium jouxtant notre table, je défaille, mais ô miracle ! Je me<br />

rattrape comme si de rien était et atterri pile sur la banquette.<br />

Alors que je me relève pour retourner rejoindre mes amies sur la piste, un jeune homme, fort<br />

séduisant bien que de taille somme toute restreinte, me prend la main et m’entraîne avec lui.<br />

Etonnée par une attitude si directe, je me laisse faire, et sur les rythmes house / R’n’b, nous<br />

entamons des mouvements corporels diverses et variés, tango, salsa, même un peu de valse<br />

peut-être. On se cherche, on s’effleure, on s’embrasse. Les yeux dans les yeux, nous sommes<br />

dans notre bulle (les bulles de champagne aidant). Puis, il me propose un verre. Je lui<br />

rétorque : « Non, j’ai ma bouteille, nous on est des filles qui s’assument ! ». Il vient donc à<br />

notre table et nous papotons.<br />

Il décline son identité : Stéphane, 24 ans, propriétaire de son agence immobilière sur la<br />

croisette, il réside à Cannes toute l’année. Et en plus c’est un bon parti !<br />

Un autre mec nous rejoint, Fred, et commence d’emblée à discuter avec Faustine.<br />

- C’est mon vendeur, il travaille avec moi, m’informe Stéphane.<br />

- Ah, d’accord.<br />

- On va partir quelques jours en bateau en fin de semaine, si jamais tu veux me revoir, tu<br />

pourrais te joindre à nous…<br />

Euphorique à cette idée, qui n’est certes qu’une phrase en l’air de soirée entre gens<br />

passablement éméchés, je murmure à l’oreille de Faustine, toujours en pleine conversation<br />

avec Fred. « Embrasse-le et on part faire du bateau avec eux ! ».<br />

A cette annonce, elle s’exécute.<br />

Quelques heures plus tard, nous sortons du « Love », commandons un taxi, et attendons.<br />

Stéphane insiste pour me raccompagner, et moi, d’habitude prudente et raisonnée, j’ai<br />

follement envie de le suivre. Mais c’était sans compter sur Anna, qui m’arrache de ses bras<br />

pour me coller dans le taxi.<br />

J’ai juste le temps de lancer à Stéphane « Appelle-moi demain pour déjeuner » et nous<br />

sommes parties.<br />

- Déjeuner ? Mais <strong>Chloé</strong>, il est déjà 6h du mat’ me dit Faustine dans le taxi.<br />

Je lui raconte alors le rêve, et elle se moque de moi. Bonne joueuse, je ris aussi.


J’ouvre un œil vers 15h du matin, et constate qu’il y a plusieurs appels en absence sur mon<br />

portable.<br />

Stéphane.<br />

J’écoute les messages « Oui c’est Stéphane, bon ben tu voulais que l’on déjeune ensemble<br />

donc rappelle-moi » « C’est Stéphane, si tu veux déjeuner rappelle-moi vite » « Bon ben<br />

écoute il est 14h là donc j’en déduis que c’est annulé, rappelle-moi ». Quel acharnement, il a<br />

vraiment envie de me revoir. Par contre, pour la prémonition, c’est raté !<br />

Ravie, je compose son numéro et nous décidons de nous retrouver à la plage, du côté de notre<br />

appartement. Je l’attends là-bas depuis quelques minutes lorsqu’il me rejoint.<br />

- Excuse-moi, j’étais retenu à l’agence.<br />

- Pas de soucis. Tu n’as pas de vacances ?<br />

- J’ai pas le temps et …<br />

Nous sommes interrompus par la sonnerie de son portable. Il décroche, négocie une affaire<br />

pendant quelques minutes.<br />

- Excuse-moi. Non c’est la forte saison là, je bosse non stop.<br />

- C'est ...<br />

Re portable. Re conversation de quelques minutes.<br />

Un peu énervée de cette indisponibilité, je lui dis :<br />

- Ben en tout cas, ça doit y aller sur les factures de téléphones !<br />

- T’es mignonne, me lance-t-il d’un air condescendant, là je viens de gagner une commission<br />

de 10 000 euros en trois minutes.<br />

- Ah, ben ... Super !<br />

- Oui, ça marche trop pour moi, on fait plein de fric, je viens de déménager, j’ai acheté une<br />

villa à Mougins.<br />

- Super … dis-je, mais je commence à être lassée de ce côté frime.<br />

Je n’arrive pas à savoir s’il est naturellement comme cela ou s’il croit que je recherche ça,<br />

donc, pour éliminer la deuxième hypothèse, je luis dis :<br />

- Pour moi, l’argent c’est pas très important, je veux avant tout faire un métier qui me plait.<br />

- C’est bien, mais moi j’ai des goûts de luxe, il me faut de l’argent, tu vois là on va louer un<br />

bateau, on sort tous les soirs, faut suivre!<br />

Merde. Hypothèse 1.<br />

Pour couper court à cette discussion, je propose que l’on aille se baigner.<br />

Mais là aussi, la magie n’opère plus, au creux des vagues, les attouchements et tentatives de<br />

pelotage ont remplacé les œillades romantiques de la veille.<br />

Déçue, je lui dis que je dois rejoindre mes amies et il propose de me raccompagner.<br />

On remonte la plage, et il me conduit à sa voiture… une Fiat Uno d’il y a au moins dix ans,<br />

avec des sièges en tissus un peu défoncés… En temps normal je ne me serais permise aucune<br />

réflexion mais là, il l’a trop cherché.<br />

- C’est ta voiture ? Je lui demande d’un air ironique.<br />

- Oui, enfin, ma deuxième voiture. Parce que j’ai une BM tu vois, alors vis-à-vis des clients,<br />

ça le fait pas trop, ça fait genre je me fais plein d’argent donc que je vais les arnaquer.<br />

Non, je ne vois pas, je ne comprends pas pourquoi un agent immobilier, de surcroît sur la<br />

côte, devrait faire semblant de gagner le SMIC pour être « crédible » dans son boulot… Mais<br />

bon.


Arrivée à l’appartement, je débriefe avec les filles pour avoir leurs avis.<br />

- C’est clair, c’est un mytho ce mec ! lance Anna, toujours méfiante<br />

- Mais non, si ça se trouve c’est vrai, rétorque Faustine, et puis sinon il pourrait pas payer le<br />

bateau !<br />

- Mais le bateau, on n’a que ses paroles, renchérit Julie.<br />

Bref, cela reste un mystère.<br />

- Je vais le piéger !<br />

- Comment ça ? me demande Faustine.<br />

- Je vais lui dire qu’on vient ce week-end en bateau avec eux. Il ne s’attend pas à ce que l’on<br />

accepte et lâche nos amies, comme ça on verra bien si c’est vrai ou pas.<br />

- Carrément ! Et si c’est faux, tu le largues ?<br />

- Oui. Et pas parce qu’il n’a pas un radis, ce qui est tout à fait honorable, mais simplement<br />

parce que c’est un menteur !<br />

Le lendemain, il m’appelle.<br />

- Hello ! J’ai vu avec nos amies, Faustine et moi pouvons venir avec vous ce week-end.<br />

- Ah bon ? Il a l’air étonné. Vous laissez tomber vos copines?<br />

- Ben oui, je dis, masquant mon sou<strong>rire</strong>, c’est pas tous les jours qu’on se fait inviter sur un<br />

yacht.<br />

- Euh… Bon ben génial !<br />

- On part quand ? Vendredi ?<br />

- Euh… ça dépend d’un pote en fait, je te rappelle !<br />

- Ok !<br />

Je me retourne vers les filles.<br />

- OK, vu comme il était gêné, 5 contre 1 qu’il appelle tout à l’heure pour annuler.<br />

Effectivement, il rappelle une heure plus tard.<br />

- <strong>Chloé</strong> ?<br />

- Oui ?<br />

- C’est Stéphane. Ecoute, il y a un souci pour ce week-end, un des potes a un empêchement de<br />

dernière minute… Donc on le refera un autre week-end avec lui…<br />

- Oh, je comprends ! Que c’est dommage, je réponds, laissant transparaître l’ironie.<br />

- Oui, je suis vraiment désolé. Dîner demain soir, ça te va ? Je connais un endroit géni…<br />

- Oui, oui, génial mais finalement le resto sera complet et on se retrouvera à manger une pizza<br />

à Port-Fréjus ! J’ai compris, ne te fatigue pas.<br />

Et je lui raccroche au nez.<br />

Ensuite, nous avons enfin passé des vacances sereines, entre filles !


DAVID – UN HOMME, UN VRAI !<br />

Après ces vacances trépidantes, je commençais un nouveau cycle scolaire et entrais en DUT.<br />

Je me fis alors de nouvelles amies, et rapidement, nous avons fait des soirées ensemble,<br />

vivement pleinement la vie d’étudiante !<br />

Il y avait dans ce groupe d’amies Diane, une belle et grande fille très sérieuse, vivant déjà<br />

(une OVNI pour une handicapée des relations comme moi) en couple, avec son copain depuis<br />

trois ans ! Amélie, qui était avec le sien depuis deux ans, et Lucie, une célibataire qui<br />

enchaînait les mecs comme certaines dévorent leurs pop-corn devant un bon film au ciné…<br />

Quant à moi, je commençais à en avoir marre de ne jamais trouver chaussure à mon pied, et<br />

d’entendre :<br />

- Et toi, les amours ?<br />

Puis :<br />

- Oh mais t’inquiète, tu vas finir par trouver… quand je répondais que non, je n’avais<br />

personne.<br />

Et d’ailleurs, je ne cherchais pas ! Au final, j’étais très bien comme cela. Indépendante,<br />

célibataire dans l’âme, je ne voyais pas ce que pourrait m’apporter la présence d’un mâle viril<br />

à mes côtés.<br />

Par contre, le sexe, ça oui, ça m’intriguait, mais je ne voulais pas faire ça à la va-vite avec un<br />

mec de passage… J’étais donc dans une impasse…<br />

Un soir, nous allons à une soirée étudiante, moi et mes copines, et faisons tout d’abord une<br />

« before » chez Diane. Il y a donc son copain, Eric, et, ne voulant pas affronter une ambiance<br />

totalement féminine, il a invité un ami à lui, David.<br />

Il est plutôt pas mal, un peu trop grand à mon goût mais mignon. Par contre, côté<br />

personnalité, il semble un peu effacé, et c’est à peine s’il me regarde dans les yeux.<br />

Plus tard, un autre ami d’Eric arrive. Beau, souriant, charismatique, il m’attire bien plus que<br />

David. Je me désintéresse donc totalement de ce dernier et jette mon dévolu sur Bastien. Il n’a<br />

pas de travail fixe, est fâché avec ses parents, et n’a pour lui que son groupe de rap et sa belle<br />

gueule : le parfait bad boy.<br />

Midinette dans l’âme, je suis évidemment sous le charme, et me <strong>décide</strong> à tenter un assaut dès<br />

notre arrivée à la discothèque où se déroule la soirée.<br />

Cependant, bien qu’il se soit fortement intéressé à moi chez Diane lorsque nous étions en petit<br />

comité, arrivé sur place, il se transforme en comète. Scrutant les alentours, les yeux et<br />

sûrement le reste aux aguets. Il commente toutes les filles qui passent, et en aborde la plupart.<br />

Son charme n’opérant pas uniquement sur moi, il ne tarde pas à arriver à ses fins, et j’ai à<br />

peine eu le temps de commander ma vodka-pomme que déjà il est parti à la pêche aux<br />

amygdales avec l’une des poufs environnantes…<br />

Vexée et déçue, je saisis l’occasion lorsque David vient me parler pour montrer à Bastien<br />

(comme si cela avait un quelquonque intérêt pour lui) que moi aussi, je peux emballer en<br />

moins de deux. Soudain, je m’intéresse donc à la discussion de cet intello coincé, en<br />

travaillant un air totalement captivé et intéressé. L’alcool et la musique aidant (une fois de<br />

plus, je l’avoue), je finis la soirée dans ses bras, me disant que finalement, je pourrais bien<br />

prendre plaisir à le revoir.<br />

De plus, toutes mes copines sont soit casées, soit célibataires ayant des histoires sexuelles, et<br />

j’en ai marre d’être toujours la pucelle du groupe.<br />

J’ai eu mon lot d’occasions et je ne peux pas dire que les propositions n’affluent pas, mais<br />

toujours pas le déclic me donnant envie de concrétiser.


Alors je me dis que tant pis, je n’attendrai pas éternellement un garçon avec qui j’aurais « la<br />

petite étincelle », comme tout le monde me le dit, mais je me contenterai d’un mec bien, pas<br />

trop moche, pour me lancer.<br />

Après avoir revu David une ou deux fois, je décidais qu’il rentrait parfaitement dans cette<br />

catégorie, et qu’en plus, étant donné qu’il était un peu plus âgé que moi (de deux ans) il aurait<br />

probablement un peu d’expérience, ce qui était un plus. Il embrassait bien, ne paraissait pas<br />

trop entreprenant, une première fois « sûre » à mes yeux.<br />

Par contre, son côté sentimentalo-romantique commence rapidement à m’agacer. Il est trop<br />

prévenant, trop attentionné, trop sur moi, alors que je rêve d’un mec indépendant qui me fasse<br />

vibrer. Il faut donc impérativement passer à l’action avant qu’il ne me devienne tout à fait<br />

insupportable.<br />

C’est pourquoi, rapidement, je l’invite à passer une soirée chez moi, et à rester dormir.<br />

Ce soir-là, il arrive, en avance, une main derrière le dos, un sou<strong>rire</strong> béat sur les lèvres.<br />

Ca commence bien ! Malgré mon envie de lui en coller une pour lui enlever cet air d’imbécile<br />

heureux, je l’invite à entrer.<br />

- Tu ne me demandes pas ce que je cache derrière ma main ? Me demande-t-il comme si<br />

c’était la chose la plus intrigante de l’univers.<br />

- Non, car tu risques de me le dire, sauf si tu veux rester dans cette position toute la soirée !<br />

- Tiens, me dit-il, dégainant une unique rose rouge.<br />

Quel cliché !<br />

- Je n’aime pas trop les fleurs... Alors tu sais.. Mais merci quand même, dis-je, claquant la<br />

rose sur le bar de la cuisine.<br />

- Mets-là à l’eau, sinon elle va fâner.<br />

Soupir intense de ma part. Soit, je prends la fleur et l’enfonce dans le goulot de la bouteille<br />

d’eau minérale se trouvant à côté.<br />

- Voilà ! Bon, tu entres maintenant ?!<br />

Oui, je sais, j’étais d’humeur particulièrement douce et féminine, ce soir-là …<br />

Nous dînons ensemble, je tente quelques rapprochements mais il reste assez sage. Donc, à<br />

22h environ, quelle heure tardive, surtout pour un samedi soir, je lui propose, toute<br />

impatiente, que nous allions nous coucher.<br />

Je passe donc à la salle de bain, et me prends la tête pendant un bon quart d’heure sur la tenue<br />

à adopter.<br />

Une nuisette ? Je passerais pour la fille qui n’attend que cela, alors que quand même, je veux,<br />

mais bon peut-être pas à la seconde non plus…<br />

Un pyjama ? Bonjour la fille coincée…<br />

J’opte finalement pour un short et un débardeur, bon compromis à mes yeux, et tandis que<br />

David passe lui aussi « se changer », je peaufine l’éclairage.<br />

J’éteins tout ? Bonjour l’angoisse quand il va enter dans la chambre… Sans compter la poutre<br />

au milieu de la pièce (qui m’a déjà été fatale).<br />

Le plafonnier? Trop de lumière pourrait nous mettre mal à l’aise…<br />

Bougies ? Même sort que la nuisette, cela afficherait trop clairement mes intentions.<br />

Je pense alors à l’halogène du salon, dont la diffusion de lumière est réglable. Soit, mais<br />

pourvu qu’il ne se souvienne pas qu’il était dans l’autre pièce auparavant !


Je cours dans le salon, priant pour qu’il ne sorte pas de la salle de bain à ce moment-là, et<br />

installe l’halogène dans ma chambre.<br />

Je règle la lumière façon tamisée et me glisse dans les draps.<br />

Quelques instants plus tard, il sort de la salle de bain en boxer / T-shirt, bon compromis aussi,<br />

et me rejoint. Il penche la tête vers moi et m’enlace.<br />

Encore…<br />

Toujours…<br />

Bon. Je me colle un peu plus à lui et l’embrasse.<br />

On s’embrasse.<br />

Longtemps…<br />

Bon, peut-être qu’il n’ose pas, qu’il a peur que je le repousse. Après tout, on ne se voit que<br />

depuis peu et c’est notre première nuit ensemble.<br />

Je colle donc mes seins contre lui et l’embrasse plus intensément pour faire passer le message.<br />

Il répond à mon baiser, puis me dit « Bonne nuit ma puce » et se tourne de l’autre côté.<br />

Pardon ? Choquée, je ne sais quoi faire… Ah si, éteindre l’halogène…<br />

Deuxième soirée chez moi.<br />

Frustrée de cette première nuit d’échec total, je le réinvite chez moi la semaine suivante.<br />

Même scénario du dîner, de la tenue, de la lumière (maintenant je suis obligée de déplacer<br />

l’halogène à chaque fois sinon je suis trahie)<br />

Une fois couchés, je l’embrasse, me serrant au maximum contre son corps.<br />

Cette fois-ci, je suis tellement collée que je sens qu’il est tout à fait « dans l’ambiance ».<br />

Emoustillée par cette découverte, je minaude, soupire légèrement.<br />

Soudain, David se lance, et glisse sa main sous mon débardeur. Enfin !<br />

Il me caresse les seins pendant plusieurs minutes, et je suis au comble de l’excitation lorsque<br />

le rituel « Bonne nuit ma puce» et tournage sur le côté intervient.<br />

Je veux parler mais je suis bloquée, je suis inexpérimentée, j’ai peur de dire les choses<br />

clairement et m’endors donc, frustrée…<br />

Troisième soirée chez moi.<br />

Je n’ai toujours pas développé de sentiments pour lui, pourtant, à ses appels téléphoniques<br />

fréquents et la manière dont il s’intéresse à moi, je sens que pour lui, cette relation est<br />

particulièrement importante. Alors pourquoi ne veut-il pas coucher avec moi ? Il a quand<br />

même 22 ans ! Je ne comprends pas, et cette frustration transforme mon indifférence envers<br />

lui en méchanceté. C’est pourquoi lorsque ce soir-là, après m’avoir refait la même scène du<br />

smack de conclusion (sans le passage « seins » cette fois-ci) il me glisse à l’oreille « Je<br />

t’aime », je rétorque « Je sais !! » d’un ton agressif. Vexé, il se retourne une nouvelle fois.<br />

Quatrième soirée chez moi.<br />

J’ai décrété que si cette fois-ci il ne se passe rien je ne tenterai plus rien et cesserai cette<br />

relation complètement dingue.<br />

Nous sommes sous la couette, et alors que je sens qu’il va s’éloigner, je grimpe sur lui et<br />

l’embrasse sauvagement. Il a l’air paniqué, et je me demande décidément quel est donc son<br />

problème…<br />

Peut-être l’avez-vous deviné, mais moi je suis estomaquée lorsqu’il me dit, presque en<br />

bégayant :<br />

- Euh, faut que je te dise <strong>Chloé</strong>… Voilà, je suis encore puceau.<br />

- Merde !! Moi aussi, je réponds, étouffant difficilement un fou <strong>rire</strong>.<br />

- Vraiment ? Ca me rassure, comme ça tu ne pourras pas savoir que je suis un mauvais coup !


Quelle logique ! Et quelle mise en bouche ! Moi j’aurais pourtant préféré qu’au moins l’un de<br />

nous ait déjà pratiqué mais bon…<br />

Rassuré de voir que je ne connais rien à la chose, il me chevauche, et commence les<br />

préliminaires. Pas besoin d’avoir testé toutes les positions du Kama Sutra pour voir qu’il se<br />

débrouille comme un manche. Il se frotte contre moi, mais sans trop de résultats. Je suis<br />

moyennement motivée et sens le fiasco arriver.<br />

Par ailleurs, j’avoue que j’ai un léger désir de vengeance de toutes ces nuits où il m’a frustrée.<br />

- Bon, tu m’excuses mais j’ai un peu envie de dormir là, on reprendra demain.<br />

- Euh t’es sûre ? Bon... OK… Bonne nuit.<br />

- Oui c’est ça, bonne nuit.<br />

Le lendemain matin, lorsque je me réveille, il est au taquet.<br />

Nous reprenons donc nos acrobaties de la veille.<br />

J’ai envie de lui, enfin pas vraiment de « lui » en tant qu’être mais plutôt en tant que « ça y est<br />

faut que je le fasse, j’y suis, mais j’ai peur, et si j’ai mal, et si … ».<br />

Bref, sentant le moment fatidique approcher, je panique un peu. Il doit le sentir, car il perd<br />

légèrement ses moyens.<br />

Pour arranger le tout, je lui impose le préservatif. Et oui, il suffit d’une fois et je ne veux pas<br />

prendre de risques. Ca le bloque, et il devient guimauve à la vue de ce petit bout de plastique.<br />

Moi, ne comprenant pas qu’il ne soit pas « barreau de chaise » à l’idée de faire l’amour avec<br />

moi (quand même, quel privilège !), je suis plus agressive que compréhensive.<br />

- Bon t’as pas envie c’est ça ? Ecoute, déjà que t’as encore rien fait à 22 ans, faudrait peut-être<br />

se bouger là !<br />

Allez savoir pourquoi, mes petits mots doux ne l’aident pas réellement à se mettre en<br />

condition…<br />

Tout de même, au bout d’un moment, il arrive à l’enfiler. Je me couche sur le dos, et il vient<br />

sur moi. C’est alors qu’un phénomène inexpliqué se produit. Mon cœur s’emballe d’un coup,<br />

me coupant le souffle, et mes cuisses sont prises de tremblements compulsifs. Une vraie crise<br />

d’épilepsie localisée au niveau des jambes. Je ne peux pas l’arrêter. Je pense que c’est<br />

l’angoisse de la pénétration qui se manifeste.<br />

Du coup, mon viril partenaire, qui n’était déjà pas très rassuré, reperd toute sa vigueur.<br />

Lassée, frustrée, énervée, je <strong>décide</strong> d’en rester là pour l’instant.<br />

- Bon laisse tomber, dis-je, de toute façon il est midi là, faut que je sorte le chien (et oui, je me<br />

rappelle à l’instant de la présence de Titou, mon petit Westie, qui roupille toujours sur le<br />

tapis à côté).<br />

- Non, j’y vais si tu veux, ne te dérange pas, me répond-il tout penaud.<br />

Sa mollesse et son côté gnangnan en rajoute encore à la fureur qui m’habite :<br />

- Non mais tu ne comprends rien ! J’ai besoin de prendre l’air là !<br />

Je descends sortir le chien et rumine ma déception. J’en profite pour appeler Faustine et lui<br />

raconter mes problèmes, et nous décidons que, vu mon état d’esprit du moment, il vaut mieux<br />

remettre la copulation à plus tard.<br />

Je le congédie donc rapidement en lui disant que l’on se verra dans la semaine.<br />

Mais, les jours passant, je garde un souvenir honteux et pathétique de cette tentative d’acte<br />

sexuel, et me dis que, étant donné la pression subie et l’échec de la dernière fois, on aura bien<br />

du mal à remettre ça.<br />

N’étant pas spécialement attachée, voire même légèrement soûlée, je <strong>décide</strong> d’appeler David<br />

pour rompre.


- Bon écoute, je ne sais pas trop comment te dire ça (c’est la première fois que je quitte<br />

quelqu’un, forcément c’est délicat), mais je préfère qu’on arrête.<br />

- Pourquoi ? Me demande-t-il, sanglotant à moitié.<br />

- Ben écoute, dis-je, ne voulant pas accentuer le côté sexuel, je ne suis pas spécialement<br />

attachée, et je ne crois pas que cela viendra, donc autant arrêter maintenant.<br />

- Oui, mais moi je suis déjà attaché…<br />

- Ben c’est pas ma faute ! Conclus-je, et je raccroche.<br />

Bon, il faudra que je songe à m’insc<strong>rire</strong> à des cours de ruptures, et de diplomatie.


FLORENT … MYSTERE ET BOULE DE GOMME<br />

Lorsque j’étais à l’IUT, je venais une à deux fois par semaine déjeuner chez mon père entre<br />

midi et deux. En effet, m’ayant eu tard, il était retraité et avait du temps pour moi. En juin<br />

2004, à la fin de ma première année de cours, il s’est fait une douleur au dos. Il a donc dû<br />

recevoir pendant deux semaines la visite d’un kiné à domicile, tous les jours à 13h.<br />

Un jour, comme à mon habitude, je vais déjeuner chez lui, et j’ai totalement oublié la venue<br />

du kiné. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu’en entrant dans l’appartement, je croise la<br />

réincarnation d’Apollon, descendu sur Terre pour notre plus grand bonheur, à nous, les<br />

femmes.<br />

Je me prépare à manger et m’assois, mine de rien. Tandis qu’il manipule mon père, je ne peux<br />

m’empêcher de le dévorer des yeux. Brun, mince, un visage aux traits délicat, il est splendide<br />

dans le genre « doux romantique », avec de grands yeux noirs bordés de longs cils.<br />

J’essaye toutefois de me concentrer sur ma pitance, ce qui n’est pas chose facile car je viens<br />

juste de me faire percer la langue. Erreur de jeunesse je sais, celle-ci a triplé de volume et je<br />

peux à peine parler.<br />

Lorsque le kiné part, je me précipite sur mon père :<br />

- Non mais t’as fu ! Il est magnifique !<br />

- Ah bon, tu trouves ? Oui, c’est vrai qu’il n’est pas mal…<br />

- Non mais il est trop meeeeerfeilleux ! Il fient tous les jours ? Compien de temps ? (et oui, je<br />

parle comme ça depuis trois jours déjà …)<br />

- Oui, pendant 2 semaines !<br />

Bref, inutile de vous préciser que jamais je ne vins aussi souvent rendre visite à mon père.<br />

Tous les midis, je le vois et chaque jour, nous discutons un petit peu. Cependant, mon père<br />

étant présent, je ne sais pas trop si c’est pour passer le temps ou parce que je l’intéresse. En<br />

plus, avec mon zozotement du moment, bonjour la voix sexy ! Un jour, je dis à mon père, une<br />

fois le kiné (Florent) partit :<br />

- Tu crois qu’il s’intéresse à moi ?<br />

- Oh la la je n’en sais rien. De toute façon, il est plus âgé que toi !<br />

- Pff mais non, il doit avoir 25 ans, maximum ! Par contre c’est étrange, il ne m’a pas<br />

demandé pourquoi je parlais bizarrement. J’espère qu’il ne croit pas que c’est tout le temps<br />

le cas ! Genre un truc de naissance …<br />

- Ne t’inquiète pas, me répond mon père sur un ton tout à fait normal, il m’a demandé et je lui<br />

ai dit que tu avais un abcès dans la bouche, j’avais peur que tu le prennes mal si je lui disais<br />

que c’était un piercing.<br />

- Quoi ? Mais t’es malade ! Un abcès c’est dix fois pire ! Attends, comment tu veux que je<br />

pousse un garçon à vouloir m’embrasser s’il pense que c’est l’usine à bactéries !!<br />

- Ah oui, je n’y avais pas pensé ! me dit-il en rigolant.<br />

Je glisse plus tard à Florent en le croisant dans l’ascenseur la vraie cause de mon problème<br />

d’élocution, arguant que j’avais caché le piercing à mon père.<br />

Mais à part cela, les choses n’avancent pas, et même si nous discutons de plus en plus,<br />

échangeons des sou<strong>rire</strong>s, le temps passe, sans réelle avancée.<br />

Vint le dernier jour où il se rend chez mon père. Manque de chance, je suis retenue en cours et<br />

ne le vois donc point.<br />

Le soir cependant, j’appelle mon père, au cas où il se serait passé quelque chose :


- Alors, il ne viendra plus ?<br />

- Non, mais attention, bonne nouvelle !<br />

- Raconte ! Si tu me dis que tu n’as plus mal eu dos, je m’en fous mais royal !<br />

- Ca je sais ! Non, avant de partir, il m’a demandé si ça me dérangeait que vous vous<br />

revoyiez, j’ai dit non, alors il m’a demandé ton téléphone, mais j’avais peur que tu<br />

m’engueules alors je lui ai dit que je ne préférais pas.<br />

- Mais … T’es complètement malade !<br />

- Mais non, attends, j’ai pris le sien à la place.<br />

- Quoi ? Mais c’est génial ! Mais t’aurais pu lui donner le mien ! Papa, je te parle de lui<br />

depuis qu’il vient et tu te demandes si j’ai envie qu’il m’appelle !<br />

- Peu importe, au moins c’est fait, maintenant je te donne son numéro et laissez-moi tranquille<br />

avec vos histoires !<br />

- OK, je t’adore!<br />

Bon, la vie est merveilleuse à nouveau, un séduisant et irrésistible kiné (très pratique, j’adore<br />

les massages) s’intéresse à moi…<br />

Seul hic, c’est à moi d’appeler, mais bon, c’est à son initiative.<br />

Je laisse passer un jour, histoire de faire genre « c’est bon j’ai une vie, je ne suis pas au taquet<br />

à ce point », et j’appelle le lendemain.<br />

- Allô ?<br />

- Florent ? C’est <strong>Chloé</strong>.<br />

- Bonjour, ça va ?<br />

- Oui oui …<br />

- J’espère que tu l’as pas mal pris, que je demande à ton père ? me demande-t-il l’air gêné. Vu<br />

que c’était un patient à moi, je trouvais ça pas correcte de t’inviter derrière son dos.<br />

Et en plus, il a des principes, on se croirait dans un Walt Disney mais c’est agréable.<br />

- Non, pas du tout. J’étais un peu surprise, mais ça me fait plaisir.<br />

- Moi aussi, j’ai très envie de te voir, enfin dans un autre contexte… Tu veux aller boire un<br />

verre avec moi bientôt?<br />

Rendez-vous est pris pour le lendemain soir.<br />

Je le rejoins dans un café du centre ville. Je suis un peu stressée de ce rendez-vous officiel<br />

avec un garçon plus âgé, ayant son appartement, sa profession, et surtout son physique de<br />

rêve.<br />

Le verre se déroule cependant à merveille, on discute, on rigole, avec une bonne complicité.<br />

Je suis sous le charme. Il me raccompagne ensuite chez moi, et on fait les gamins dans la<br />

voiture. Il me laisse le volant (à ses risques et périls, je n’ai pas le permis) et me taquine.<br />

Arrivés chez moi, il va pour me faire la bise, mais je veux concrétiser ce rendez-vous en<br />

lançant réellement la relation. Je l’embrasse donc, et nous restons quelques instants à se<br />

bisouiller dans la voiture.<br />

Deuxième rendez-vous est pris quelques jours plus tard. Il vient me chercher en voiture et me<br />

propose de venir chez lui.<br />

- Je te préviens, j’habite en colocation, mais il est hyper sympa mon coloc’ tu vas voir.<br />

Il ouvre la porte et entre dans l’appartement. Il pénètre dans le salon et je le suis lorsque, juste<br />

avant d’entrer dans la pièce, il me bloque.<br />

- Franchement Nico, t’abuses, t’aurais au moins pu mettre un caleçon, je suis avec quelqu’un<br />

là !


Une voix répond :<br />

- Merde, j’avais oublié. Tant pis, entrez, ça ne me dérange pas.<br />

Florent se retourne vers moi, l’air gêné :<br />

- Bon ben si ça ne te dérange pas, entre.<br />

Ca me dérange et me met mal à l’aise à fond mais je suis si surprise que je baragouine un<br />

« Non, c’est bon », et j’entre, les yeux à moitié fermés.<br />

Soulagée, je constate que le coloc’ est en fait habillé et mort de <strong>rire</strong>.<br />

Ah ah la bonne blague, ils doivent faire le coup à chaque fois.<br />

En avançant davantage dans le salon, je vois une grande coupelle remplie de préservatifs en<br />

tout genre. Exposés ainsi au milieu de la pièce principale, c’est quelque peu inhabituel !<br />

- Eh bien, on s’éclate ici ! Dis-je, en montrant la coupelle. C’est la fête du slip !!<br />

- Faut bien ! Me répond Florent.<br />

Charmant, j’espère ne pas y passer ce soir en tout cas…<br />

On prend un verre tous les trois, et on discute depuis quelques instants quand la sonnette<br />

retentit.<br />

- Ca doit être Mathilde, lance Florent en allant ouvrir.<br />

Une fille arrive, d’un genre plutôt grotesque : cheveux longs, coiffés n’importe comment,<br />

foulard multicolore, grande blouse, jupe bouffante aux genoux et basket taguées, la parfaite<br />

petite hippie post rebelle, genre « ouè je me lève à 6h du mat’ pour fusionner avec la nature, je<br />

fume des joints et je n’écoute pas de la musique commerciale ». Bon, faisons un effort de<br />

socialisation. En même temps, je constate qu’elle me dévisage de la tête au pied, et que mon<br />

look « djeuns branché » n’est pas à son goût non plus.<br />

D’ailleurs, elle m’ignore soigneusement.<br />

- T’as acheté le cadeau d’anniversaire de Margot ? lui demande Florent<br />

- Non, pas encore, mais je crois que je vais aller dans une brocante, elle va aimer.<br />

- Sinon, tu lui fais une jupe, celle que t’as aujourd’hui est top !<br />

Quoi ? Cette abomination fashion ?<br />

- Tu l’as faite toi-même ? je demande, passablement choquée de croiser au 21 ème siècle<br />

quelqu’un faisant encore ses vêtements (surtout pour obtenir ce résultat).<br />

- Ben oui ! Et j’ai fait la même à Florent aussi.<br />

- Ah, pour un cadeau ?<br />

- Non, j’ai la même, me dit Florent.<br />

- Mais pour qui ? (Je ne comprends rien !)<br />

- Pour moi !<br />

N’osant pas insister en présence de ses amis, je n’en rajoute pas et détourne la conversation.<br />

Cependant, je l’observe plus attentivement et je remarque qu’il est certes beau, mais que sa<br />

beauté est presque féminine (traits fins, longs cils, corps frêle), un peu d’imagination et je le<br />

vois très bien sur un char à la gay pride, en train de chanter « Dancing Queen » à tue-tête.<br />

Même ses fringues, certes fashion, sont tout à fait dans le délire métro sexuel. Alors, homo ou<br />

métro, un doute m’assaille….<br />

Une fois Mathilde partie et le coloc couché, je reviens à la charge.<br />

- Non mais sérieux, tu mets des jupes ?<br />

- Ben oui, de temps en temps. Tu sais, ce que les gens pensent, moi je m’en fous ! me répondil,<br />

un brin agressif.<br />

- Non mais d’accord, mais là c’est un peu différent, c’est carrément hyper inhabituel pour un<br />

mec ! En plus tu ne vas pas me dire que c’est une question de confort ou quoi.<br />

- Non, mais c’est le style que j’aime bien.


- Et, excuse-moi de tomber dans les clichés mais … T’es bi ? Parce que si c’est le cas, y a pas<br />

de soucis… (tu parles, mais bon, je veux savoir).<br />

- Non, non, justement, je suis tellement hétéro que j’assume de mettre des jupes.<br />

- Euh, tu me réexpliques là ?<br />

- Ben oui, me dit-il comme s’il m’annonçait un fait avéré depuis la nuit des temps, pour<br />

mettre une jupe, faut être soit une tata finie, soit au contraire tellement sûr de ta sexualité en<br />

tant qu’hétéro que ça ne te perturbe pas. Tu comprends ?<br />

- Humm humm, c’est une théorie … intéressante.<br />

Après cette « révélation », je le revois plusieurs fois, dehors où chez lui, mais je constate que<br />

notre relation n’évolue pas beaucoup.<br />

Je le vois, on discute, on délire, mais à part les quelques rares bisous quand il me<br />

raccompagne, rien. En fait, on est en train de devenir amis, j’ai l’impression ! Mais il a beau<br />

être probablement gay refoulé, il n’en reste pas moins magnifique, alors je <strong>décide</strong> de<br />

persévérer. Un soir, alors que nous sommes seuls chez lui (Dieu merci, le coloc s’est absenté),<br />

je lance, d’un air coquin :<br />

- Au fait, t’abuses, ça fait quelques semaines que l’on se voit et tu m’as toujours pas proposé<br />

de massages…<br />

- Ben oui, mais c’est des massages médicaux que je fais, pas de détente, me rétorque-t-il, bien<br />

terre à terre.<br />

- OK… Mais quand même, tu dois avoir des mains expertes, dis-je, tentant de prendre un air<br />

coquin.<br />

- Bon, je sens que tu vas insister alors d’accord. Allonge-toi sur le canapé.<br />

Ouah, quel romantisme ! Je m’exécute et m’allonge sur le ventre.<br />

- Euh, va falloir que t’enlèves ton T-shirt par contre.<br />

Aussi facile que ça soit dans un cadre médical ou de détente, c’est très étrange de se<br />

déshabiller devant son mec dans un contexte non sexuel… Gênée, j’ôte, non pas mon « T-<br />

Shirt », mais mon débardeur griffé ultra décolleté, et me rallonge.<br />

- Je vais décrocher ton soutien gorge.<br />

- OK… heureusement, la tête dans le coussin, il ne voit pas que je rougis.<br />

Il me masse, et un silence embarrassant s’installe. C’est vraiment un massage professionnel,<br />

mais étant donné que je suis en bonne santé, je m’attendais plus à un massage « qui dérape ».<br />

J’hésite à me retourner d’un seul coup pour que ses mains soient sur ma poitrine mais je me<br />

ravise.<br />

Après quelques minutes, Florent ragrafe mon soutien gorge.<br />

- Voilà !<br />

- Euh…Merci…<br />

Je me rhabille.<br />

- Je te ramène ?<br />

- Oui, allons-y.<br />

En sortant de la pièce, je regarde maintenant avec envie la coupelle de préservatifs, doutant<br />

que nous nous en servions un jour …<br />

Dans la voiture, je me pose des questions.<br />

Peut-être qu’il est gay, et c’est pour cela qu’il n’est pas pressé de passer à l’action…<br />

Ou alors, c’est parce qu’il connaît mon père ? Ca le met mal à l’aise ?


Ca y est, je sais, il est puceau lui aussi ! Non, à 25 ans et magnifique comme cela, c’est pas<br />

possible. Mais je réalise alors que je ne connais pas grand chose de sa vie sentimentale, et<br />

donc sexuelle, passée. Il faut le faire parler !<br />

- Dis-moi, je me demandais, comme ça, tu as déjà eu de longues histoires ?<br />

- Oui, une ex, <strong>Chloé</strong>, avec qui je suis resté longtemps. On s’est connu au lycée et on est resté<br />

quatre ans ensemble, c’était génial, on était hyper complices, je…<br />

OK OK, un petit « Oui » m’aurait suffit, je ne m’attendais pas à un tel déballage. Je l’écoute<br />

patiemment, attendant le fameux « et toi ? », mais il ne vient pas. Silence.<br />

- Bon, ben au moins tu ne risques pas de te tromper de prénom ! Est tout ce que je trouve à<br />

dire pour détendre l’atmosphère.<br />

- Si, je le fais, mais tu ne t’en rends pas compte, me dit-t-il naturellement.<br />

- Sympa. Ca, t’étais pas obligé de me le dire, je réponds, vexée.<br />

- Désolé, mais c’est la réalité.<br />

Super ! Il ne fait même pas l’effort de se rattraper. Je descends de voiture, un peu sèche.<br />

Je le revois une ou deux fois et la situation ne change pas réellement. Je me suis faite à l’idée<br />

que jamais je n’irai plus loin avec lui, et jamais je ne saurais pourquoi.<br />

Nous sommes maintenant en juillet, et je pars deux semaines en vacances en famille. Au<br />

début, on s’appelle de temps en temps, enfin j’appelle, puis voyant que lui n’appelle jamais,<br />

j’arrête.<br />

Silence radio.<br />

Je suis un peu déçue que cela s’arrête comme cela, mais presque soulagée aussi, car je me dis<br />

que je n’ai jamais réussi à le cerner et à être naturelle et à l’aise avec lui.<br />

Je rentre sur Strasbourg, puis je repars en août en vacances avec mes copines.<br />

Un soir, alors que ça fait maintenant plus d’un mois que je n’ai pas de nouvelles de lui, mon<br />

téléphone sonne : Florent.<br />

A peine son nom affiché, je suis déjà énervée. Mais, la curiosité l’emportant, je décroche.<br />

- Allô ?<br />

- Salut, c’est Florent, ça va ?<br />

- Oui ! Etonnée que tu te rappelles mon existence ? Je lui lance, agressive d’entrée.<br />

- Euh, oui, (il est presque surpris !) Enfin tu n’as pas appelé non plus !<br />

- Ben étant donné qu’il n’y avait que moi qui appelais, j’ai arrêté oui ! Puis, ne voyant pas<br />

l’intérêt de cette conversation, qu’est-ce que tu veux ?<br />

- Ben, j’aimerais te revoir, enfin, qu’on continue à se voir.<br />

- Non mais là, c’est un peu facile. Excuse-moi mais c’est trop tard.<br />

Je me rappelle alors que j’ai laissé un soir ma cassette vidéo des « Anges Gardiens », un de<br />

mes films cultes, chez lui.<br />

- Par contre, j’aimerais bien récupérer ma cassette.<br />

Trop vieux couple…Mais j’y tiens.<br />

- OK, OK, c’est con que tu le prennes comme ça.<br />

- Ben oui ! Tu vois, si je suis si con, tu loupes pas grand chose !<br />

De retour à Strasbourg, je l’appelle pour récupérer ma cassette. Il insiste pour que l’on en<br />

profite pour boire un verre et discuter, mais je refuse. Son côté efféminé, l’absence de<br />

contacts physiques, et maintenant un mois sans nouvelles… Il a beau être sublimissime, il est<br />

temps d’arrêter ! Je viens même au point de rendez-vous avec ma copine Amélie, pour être<br />

sûre de résister (en effet, à moins qu’il ait eu une crise d’acné sévère pendant les vacances, sa<br />

beauté parfaite risque de me faire changer d’avis, et les vacances m’ont ouvert les yeux, je<br />

veux une histoire normal : pas d’ex dans la tête, pas de jupes, et du sexe !)


Nous nous sommes donnés rendez-vous devant un centre commercial, peu pratique vu le<br />

monde.<br />

- Merde, je ne le vois pas ! Dis-je à Amélie.<br />

- T’es sûr qu’il va venir ?<br />

- Il y a intérêt !!<br />

- Putain <strong>Chloé</strong>, il y a un de ces beaux gosses là bas, rega…<br />

- Allez, on y va, je te suis, je l’interromps avec un soupir, c’est lui.<br />

- Ben comment tu peux être sûre ?<br />

- Il n’y a pas tant de beaux gosses au mètre carré !<br />

Effectivement, c’est lui ! Toujours aussi sublime.<br />

Je récupère ma cassette, et tandis qu’il me dévore des yeux, reste sur mes positions et<br />

redécline son énième proposition de verre.<br />

- <strong>Chloé</strong>, tu craques, il est trop beau ! M’hurle Amélie, une fois que nous sommes plus loin.<br />

- Oui, mais il est trop louche !<br />

Il a compris et je n’ai plus eu de nouvelles.<br />

Quelques mois plus tard, je fais une soirée vidéo chez moi avec des copines, et on <strong>décide</strong> de<br />

regarder les Anges Gardiens. Mais, ô surprise, quand j’ouvre le boîtier, au-dessus de la<br />

cassette, il y a une photo de moi et de Florent, que nous avions prise à une soirée.<br />

Derrière, il a écrit un mot : « Au cas où tu aurais envie de garder un bon souvenir, j’aime<br />

beaucoup cette photo… ».<br />

Soit, je garde la photo, mais pas le mec !

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