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Les Liaisons dangereuses - Collection Classico

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Classe de Première<br />

☛ Le personnage de roman, du XVII e siècle<br />

à nos jours<br />

Pour se venger,<br />

la Marquise de Merteuil<br />

demande au Vicomte<br />

de Valmont de pervertir<br />

la future épouse d’un<br />

de ses anciens amants.<br />

Passés maîtres dans l’art<br />

de la manipulation, les<br />

deux libertins dévoilent,<br />

lettre après lettre, leurs<br />

conquêtes et leur pacte<br />

cruel. Un roman sulfureux,<br />

qui fit scandale en son<br />

temps, et qui n’en finit pas<br />

de fasciner ses lecteurs.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong><br />

<strong>dangereuses</strong><br />

Laclos<br />

Édition de Laure Mangin<br />

ISBN 978-2-7011-6154-9<br />

544 pages<br />

983354_LP_liaisons_02.indd 1 31/08/12 09:45


© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Arrêt sur lecture 1 p. 131-135<br />

Pour comprendre l’essentiel p. 131-132<br />

Le complot des libertins<br />

La Marquise de Merteuil cherche à se venger du Comte de Gercourt. En vous<br />

référant aux lettres 2 et 20, résumez son projet et expliquez dans quelle mesure<br />

il implique le Vicomte de Valmont. C’est en lisant la deuxième note du rédacteur<br />

de la lettre 2 que l’on comprend pourquoi la Marquise de Merteuil veut se venger<br />

du Comte de Gercourt : elle ne lui pardonne pas de l’avoir quittée pour l’Intendante<br />

de ***. Aussi décide-t-elle de profiter de son futur mariage avec Cécile Volanges<br />

pour le ridiculiser. Gercourt veut à tout prix épouser une jeune fille vierge : il a<br />

choisi Cécile car elle a été élevée au couvent. La Marquise projette de faire déflorer<br />

la jeune fille avant le mariage, et elle confie cette mission au Vicomte de Valmont<br />

dans la lettre 2 : ce défi n’est pas difficile à relever pour un séducteur tel que lui.<br />

Pourtant, il refuse, et Mme de Merteuil choisit de le remplacer par le Chevalier<br />

Danceny, qu’elle présente dans la lettre 5. Elle ne fera que favoriser l’amour naissant<br />

entre les deux jeunes gens, évoqué dans la lettre 20.<br />

Le Vicomte préfère s’engager dans une conquête plus ambitieuse. Expliquez<br />

ce que représente pour lui la séduction de la Présidente de Tourvel. Identifiez les<br />

obstacles qu’il rencontre, et les moyens qu’il met en œuvre pour les surmonter.<br />

Valmont refuse le projet de séduction de Cécile pour se consacrer entièrement<br />

à la Présidente de Tourvel. Comme il l’explique dans la lettre 4, elle est dévote<br />

et fidèle à son époux. Elle représente donc un défi digne de Valmont, car elle<br />

n’est pas une proie facile. Cependant, le Vicomte rencontre plusieurs obstacles :<br />

d’une part, la médisance de Mme de Volanges, qui met en garde son amie contre<br />

lui (lettre 9), d’autre part, le refus de la Présidente d’entretenir une correspondance<br />

avec lui (lettre 26). Pour l’obliger à recevoir une de ses lettres, Valmont<br />

s’arrange pour qu’elle semble avoir été envoyée de Dijon, où réside M. de Tourvel<br />

(lettre 34). Ainsi, la Présidente l’ouvre sans méfiance, pensant y trouver un mot<br />

de son époux. Enfin, pour savoir qui a médit de lui, Valmont piège la femme de<br />

chambre de Mme de Tourvel afin de pouvoir lire secrètement toute sa correspondance<br />

(lettre 44).<br />

2<br />

3<br />

Arrêt sur lecture 1<br />

La Marquise propose de pimenter le projet de Valmont par un pacte. Relisez<br />

la lettre 20 et dites en quoi il consiste. Dans la lettre 20, Mme de Merteuil s’offre<br />

comme récompense à la séduction de Mme de Tourvel : dès que Valmont pourra<br />

lui fournir la preuve écrite de sa victoire, la Marquise se donnera à lui.<br />

La vertu face au vice<br />

Cécile Volanges est une jeune fille naïve poussée à la vertu par l’éducation<br />

reçue au couvent. En vous appuyant sur la lettre 16, montrez que son éducation<br />

entre en conflit avec ses désirs. Cécile Volanges est très facilement manipulable<br />

car son éducation au couvent l’a maintenue dans l’ignorance en l’éloignant<br />

du monde. Elle n’a aucune expérience des relations avec les hommes, et tombera<br />

facilement dans tous les pièges de la séduction. La Marquise ne manque pas d’exploiter<br />

cette faille en devenant sa confidente. La lettre 16 à Sophie Carnay révèle le<br />

conflit entre l’éducation de la jeune fille et ses désirs. D’un côté, elle ne veut commettre<br />

aucune action condamnable (comme le soulignent les expressions « c’est<br />

peut-être mal fait de », « je ne voudrais rien faire qui fût mal », « il ne faut pas que<br />

je réponde », « ça ne se doit pas »). Mais en même temps, elle ne peut s’empêcher<br />

de rêver du Chevalier, et exprime à la fois son désir et ses sentiments pour lui : en<br />

effet, elle embrasse sa lettre comme s’il s’agissait de Danceny lui-même, et avoue<br />

que son cœur la pousse à lui répondre.<br />

La Présidente de Tourvel a plus d’expérience, et reste vertueuse par choix.<br />

Observez le lexique employé dans ses lettres, et montrez qu’elle est guidée par sa<br />

piété et par sa bonté naturelle. Expliquez pourquoi elle accepte de se rapprocher<br />

de Valmont. Un lexique religieux parcourt les lettres de Mme de Tourvel. On le voit<br />

bien dans la lettre 22, dans laquelle elle raconte la bonne action de Valmont, qui<br />

s’est opposé à la saisie des meubles d’une famille paysanne : elle interprète ce geste<br />

comme un acte de « bienfaisance », qui est « la plus belle vertu des plus belles âmes »,<br />

mais aussi un « plaisir sacré ». Elle en appelle à Dieu et à sa « divine Providence ».<br />

D’une bonté naturelle, la Présidente ne veut pas se méfier de Valmont : elle ne veut<br />

pas voir le mal derrière l’acte charitable. Au début du roman, elle semble même<br />

accepter de se rapprocher de lui dans l’espoir secret de le convertir, ou du moins<br />

de le pousser vers la vertu, puisqu’elle déclare à Mme de Volanges (lettre 11) : « il<br />

me semble que celui qui est capable d’une amitié aussi suivie pour une femme<br />

aussi estimable, n’est pas un libertin sans retour » (p. 49). Elle reste parfaitement<br />

fidèle à son époux et, se définissant comme une « femme honnête », elle demande<br />

à Valmont de cesser toute correspondance avec elle lorsque celui-ci lui avoue ses<br />

sentiments (lettre 26), puis lui ordonne enfin de quitter le château (lettre 41).<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Valmont et Merteuil font découvrir au lecteur les vices des libertins. En étudiant<br />

le lexique employé dans leurs lettres, montrez qu’ils associent le plaisir de<br />

la conquête amoureuse à une entreprise guerrière et qu’ils cherchent à exercer<br />

un pouvoir sur les êtres. Le Vicomte et la Marquise se racontent mutuellement<br />

leurs anecdotes libertines. Mme de Merteuil explique par exemple dans la lettre 10<br />

comment elle accueille Belleroche dans sa « petite maison », résidence consacrée<br />

à ses aventures amoureuses. Elle évoque leurs premiers ébats sur une ottomane<br />

bien connue de Valmont, puis explique comment elle a cherché à plaire au chevalier<br />

en incarnant tour à tour toutes les « Favorites » du sérail d’un sultan (p. 47).<br />

Valmont, quant à lui, raconte à la Marquise dans la lettre 47 comment il a intrigué<br />

pour passer la nuit avec Émilie, et comment il écrit à Mme de Tourvel en prenant<br />

pour support le corps de la courtisane.<br />

<strong>Les</strong> libertins considèrent la conquête amoureuse comme une entreprise guerrière<br />

: la métaphore du combat parcourt leurs écrits, comme on peut le voir dans<br />

la lettre 4, dans laquelle le Vicomte présente ainsi la Présidente de Tourvel : « voilà<br />

ce que j’attaque ; voilà l’ennemi digne de moi » (p. 30). Dans la lettre 23, il déclare<br />

également : « Ah ! qu’elle se rende, mais qu’elle combatte ; que, sans avoir la force<br />

de vaincre, elle ait celle de résister ; qu’elle savoure à loisir le sentiment de sa faiblesse,<br />

et soit contrainte d’avouer sa défaite » (p. 72). Le cœur de la femme est<br />

une place forte, et Valmont développe des stratégies subtiles pour s’en emparer.<br />

L’art de la lettre<br />

Par la variété des auteurs de lettres, le roman épistolaire offre différents<br />

points de vue sur les événements ou sur les êtres. Trouvez des exemples<br />

d’anecdotes racontées de deux façons, ou de portraits présentant deux visions<br />

opposées du même personnage. <strong>Les</strong> lettres 21 et 22 constituent un bon exemple<br />

d’anecdote racontée de deux points de vue différents : il s’agit de l’action charitable<br />

de Valmont, qui paie au collecteur d’impôt les dettes d’une famille paysanne<br />

afin d’éviter la saisie de ses meubles. Dans la lettre 21, le Vicomte explique comment<br />

il a élaboré cette ruse pour impressionner Mme de Tourvel, qui le fait espionner.<br />

Son but est de se mettre en scène dans un acte de bienfaisance, afin que la<br />

Présidente ait meilleure opinion de lui. La lettre suivante montre la réussite de son<br />

projet : Mme de Tourvel rapporte l’événement à Mme de Volanges et fait l’éloge de<br />

la bonté du Vicomte.<br />

On lit à plusieurs reprises dans le roman des portraits différents du même personnage.<br />

Dans la lettre 5, la Marquise dresse une satire de la Présidente, en se<br />

moquant notamment de sa tenue vestimentaire. Valmont répond à ce cruel<br />

portrait par un éloge de la jeune femme, en expliquant que toute parure lui nuit<br />

4<br />

5<br />

Arrêt sur lecture 1<br />

car elle dissimule sa beauté naturelle. Cette opposition entre éloge et blâme se<br />

retrouve dans l’échange de lettres entre Mme de Tourvel et Mme de Volanges au<br />

sujet de Valmont (lettres 9, 11, 22 et 32).<br />

Le roman met en scène l’élaboration de la correspondance. Observez les<br />

lieux, les dates et l’ordre des lettres et expliquez comment l’auteur donne une<br />

impression d’authenticité. Analysez l’avertissement de l’éditeur et la préface du<br />

rédacteur et montrez que Laclos joue avec son lecteur à ce sujet. Pour donner<br />

une impression d’authenticité à ses lettres, Laclos joue à préciser certaines informations<br />

sur le lieu et la date de rédaction, et à en dissimuler d’autres. Ainsi, l’année<br />

de rédaction est masquée dans l’ensemble de la correspondance, de même que<br />

les lieux exacts de résidence des personnages. En revanche, certains lieux sont<br />

précisés, pour différencier ce qui se passe à Paris de ce qui se déroule au château<br />

de Mme de Rosemonde. Le jour et le mois de rédaction de chaque lettre sont également<br />

mentionnés (parfois accompagnés de l’heure, comme dans la lettre 23),<br />

ce qui permet de reconstituer une chronologie dans l’échange des courriers. Le<br />

lecteur peut ainsi s’apercevoir que plusieurs lettres sont envoyées simultanément<br />

le même jour (comme les lettres 18 à 22 et 24, toutes datées du 20 août), ou que<br />

le rédacteur a bouleversé la chronologie de certains échanges, soit pour en faciliter<br />

la compréhension (ainsi, la lettre 25 de Valmont à Mme de Merteuil raconte<br />

l’embarras et la tristesse de la Présidente, dont celle-ci se justifie dans la lettre 26<br />

datée de la veille), soit pour mettre en valeur la difficulté de l’échange de lettres<br />

(notamment lorsque la Présidente refuse de lire les lettres de Valmont, et qu’on<br />

ne lit la lettre 36 du 23 août qu’après avoir lu le récit de la ruse du Vicomte pour<br />

la faire parvenir à Mme de Tourvel, dans la lettre 34 du 25 août). Ainsi, le lecteur<br />

a bien l’impression que les personnages sont des personnes réelles, qui ont vécu<br />

tous les événements décrits dans les lettres, et que le rédacteur s’est livré à un<br />

travail de censure, pour dissimuler l’identité exacte des personnes concernées, et<br />

à un travail de recomposition, pour rendre l’histoire intelligible.<br />

<strong>Les</strong> deux textes qui précèdent le début de l’œuvre jouent sur cette question de<br />

l’authenticité de l’ouvrage : l’avertissement de l’éditeur présente le roman comme<br />

une fiction (expliquant que la dépravation des mœurs qu’il révèle ne reflète pas<br />

son époque), mais il est immédiatement contredit par la préface du rédacteur,<br />

qui prétend restituer au public une correspondance réelle, qu’il n’a que légèrement<br />

retravaillée. Cela lui permet de souligner la variété des styles, et de se faire<br />

pardonner la simplicité de certaines lettres. Laclos pique ainsi la curiosité de son<br />

lecteur, en posant la question de l’authenticité de cette correspondance. En même<br />

temps, en brouillant les pistes, il désamorce les reproches qu’on pourrait lui faire<br />

quant à l’immoralité de ses personnages.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Dès les premières lettres, le roman propose une réflexion sur l’écriture. En<br />

vous appuyant sur les lettres 2, 20, 23, 26, 29 et 33, résumez les pensées des<br />

personnages sur la qualité ou les dangers de l’écriture, et montrez que la capacité<br />

des libertins à manipuler leur entourage a des points communs avec le travail<br />

du romancier. Tout en proposant des réflexions différentes, les personnages<br />

du roman de Laclos s’accordent sur un point : l’écriture est trompeuse voire dangereuse.<br />

Tout d’abord, une correspondance peut être compromettante : à la fin de<br />

la lettre 26, la Présidente demande à Valmont de lui retourner sa lettre, preuve<br />

d’échanges qui ne devraient pas exister entre eux. De plus, le style de la lettre<br />

peut trahir l’émetteur : dans la lettre 23, Valmont avoue n’être pas satisfait de celle<br />

qu’il a écrite à Mme de Tourvel, car il n’a pas réussi à y exprimer les sentiments<br />

qu’il voulait montrer, et s’est laissé emporter. De même, Cécile explique à Sophie<br />

Carnay dans la lettre 29 que Mme de Merteuil doit lui apprendre à mieux écrire :<br />

sa naïveté transparaît trop dans ses lettres. La Marquise, soucieuse des questions<br />

de style, s’interroge sur la façon dont une femme prude peut écrire après avoir<br />

eu une aventure avec un libertin, et quel « voile » elle peut « met[tre] sur ses discours<br />

» (lettre 20, p. 62). La lettre 33 souligne la lucidité du personnage : Mme de<br />

Merteuil explique à Valmont qu’écrire est une erreur. D’une part, la lettre diffère<br />

l’échange, elle donne donc le temps de la réflexion et offre à la victime du libertin<br />

la possibilité de prendre conscience de son erreur. D’autre part, la lettre trahit les<br />

réels sentiments de l’épistolier : « il n’y a rien de si difficile en amour, que d’écrire<br />

ce qu’on ne sent pas » (p. 90).<br />

Pourtant, les libertins affectionnent l’écriture, et comparent leurs entreprises de<br />

séduction au travail du romancier : comme lui, ils construisent une intrigue, choisissent<br />

un héros, imaginent des péripéties. Dans la lettre 2, la Marquise désigne<br />

Cécile comme « l’Héroïne de ce nouveau Roman » (p. 27), et elle songe à écrire les<br />

mémoires du Vicomte de Valmont.<br />

6<br />

Vers l’oral du Bac p. 133-135<br />

7<br />

Arrêt sur lecture 1<br />

Analyse de la lettre 4 du Vicomte de Valmont à la Marquise<br />

de Merteuil, pages 29-31<br />

☛ Expliquer comment le libertin expose son projet<br />

de conquête amoureuse<br />

Analyse du texte<br />

I. Une réponse négative<br />

a. Le Vicomte prend soin d’éveiller l’attention de la Marquise dans sa lettre.<br />

Montrez-le en relevant les apostrophes, les emplois de la deuxième personne, les<br />

impératifs et les questions qui s’adressent directement à elle. Repérez les références<br />

à la lettre précédente, à laquelle Valmont répond. Le Vicomte répond à la<br />

Marquise et l’implique dans ses propos. Il l’apostrophe (« ma très belle Marquise »,<br />

« ma très belle amie »), emploie abondamment la deuxième personne du singulier<br />

dans des formules qui attirent l’attention de Mme de Merteuil sur ce qu’il dit<br />

(« comme vous savez », « vous saurez donc », « vous devinez », « vous n’imaginez<br />

pas », « vous savez si »), multiplie les impératifs comme si la Marquise était en face<br />

de lui (« ne vous fâchez pas et écoutez-moi »), et lui pose des questions (« Ce langage<br />

vous étonne, n’est-il pas vrai ? », « Que me proposez-vous ? »). Il rétablit donc<br />

au cœur de la lettre le ton de la conversation orale. Il s’agit en effet d’une réponse<br />

à une proposition de la Marquise exprimée dans les lignes 23 à 26.<br />

b. Le Vicomte refuse le projet de la Marquise au profit d’une autre entreprise.<br />

Relevez les négations et les connecteurs logiques d’opposition qui le prouvent,<br />

et expliquez comment il dénigre le projet de séduction de Cécile (l. 23-27). Le<br />

Vicomte dénigre le projet de séduction de Cécile car il le juge trop facile. L’idée<br />

est développée dans les négations du second paragraphe : Cécile est « une jeune<br />

fille qui n’a rien vu », « sans défense », « qu’un premier hommage ne manquera<br />

pas d’enivrer ». Valmont préfère s’attaquer à une femme plus difficile à obtenir<br />

car il en retirera plus de gloire. Il souligne l’opposition entre les deux projets avec<br />

l’expression « il n’en est pas ainsi de » et le présentatif « voilà » répété trois fois en<br />

anaphore, et il met en évidence la nécessité de se lancer dans de grandes entreprises<br />

avec la conjonction de coordination « mais » (l. 7, 18).<br />

c. Le Vicomte et la Marquise sont unis par une complicité qui mêle la provocation<br />

et le badinage amoureux. Relevez les allusions de Valmont à leurs amours<br />

passées et les marques de flatterie envers Mme de Merteuil, puis analysez les<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

passages ironiques au début et à la fin de la lettre. Valmont fait allusion à ses<br />

amours passées avec Mme de Merteuil aux lignes 2 à 5 : « je ne me rappelle jamais<br />

sans plaisir le temps où vous m’honoriez de noms plus doux ». Il évoque également<br />

leur rupture (« nous séparant pour le bonheur du monde »). Il flatte Mme de<br />

Merteuil en employant des apostrophes élogieuses, « ma belle amie » et « ma très<br />

belle amie », et en louant sa dévotion à l’amour : « je connais votre zèle, votre<br />

ardente ferveur ». En utilisant le pronom « nous » dans tout le premier paragraphe,<br />

le Vicomte souligne sa complicité avec la Marquise : sous la plume de Valmont, le<br />

couple de libertins devient un couple d’exception, à la recherche de grands projets.<br />

En témoignent les lignes 7 à 9, où Valmont évoque avec exaltation le destin des<br />

libertins, qui consiste à conquérir les cœurs.<br />

Cependant, certains passages ironiques introduisent dans cet éloge des pointes<br />

de cynisme. Dans la première phrase, les adjectifs mélioratifs « charmants » et<br />

« aimable » frôlent l’antiphrase, et l’oxymore « chérir le despotisme » trahit l’agacement<br />

de Valmont face aux demandes de Mme de Merteuil : un libertin n’obéit<br />

à personne. À la fin de la lettre, l’éloge se transforme en raillerie, car le Vicomte<br />

assimile la Marquise à une « femme facile » (l. 65-66) : ce n’est pas seulement le<br />

désir de se faire pardonner, mais aussi et avant tout la « reconnaissance » pour<br />

la « jouissance » qu’elle lui offre sans aucun combat, qui amène le Vicomte aux<br />

pieds de Mme de Merteuil. Ce faux témoignage de soumission est profondément<br />

vexant pour la Marquise, puisqu’il la rabaisse à l’état d’objet de plaisir aisément<br />

accessible.<br />

II. Un nouveau projet de conquête<br />

a. Valmont prend plaisir à présenter son projet de séduction. Montrez comment<br />

il crée le mystère en retardant l’exposition de ce projet dans les deux premiers<br />

paragraphes, puis commentez-en l’annonce aux lignes 33-37 (intéressez-vous<br />

notamment aux parallélismes, aux répétitions et à la citation). Le Vicomte rédige<br />

deux longs paragraphes avant de présenter son projet de séduction de Mme de<br />

Tourvel. Il surprend sa destinataire en employant dans le premier paragraphe un<br />

ton dévot qui ne lui est pas familier, et retarde l’annonce de ses intentions par une<br />

longue digression sur le destin des libertins. Dans le second paragraphe, il crée<br />

une attente en annonçant « le plus grand projet qu[’il ait] jamais formé », puis en<br />

retarde la présentation en revenant sur son refus de séduire Cécile. Enfin, dans<br />

le troisième paragraphe, il nomme sa future victime, la Présidente de Tourvel, et<br />

confie son projet avec emphase, en opposant deux groupes ternaires : le premier<br />

qualifie la jeune femme en soulignant les obstacles que le libertin va rencontrer<br />

(« sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères ») ; le second présente<br />

8<br />

9<br />

Arrêt sur lecture 1<br />

le projet du Vicomte en insistant sur la gloire qu’il lui procurera : « voilà ce que<br />

j’attaque ; voilà l’ennemi digne de moi ; voilà le but où je prétends atteindre ».<br />

Le présentatif « voilà », répété trois fois en anaphore, met en valeur l’intérêt de<br />

l’entreprise.<br />

b. Après avoir livré l’identité de sa cible, Valmont expose le contexte dans<br />

lequel son projet est né. Relevez les informations qui sont données sur la situation<br />

de Mme de Tourvel et sur la vie quotidienne chez la tante du Vicomte, et<br />

montrez comment ce dernier souligne l’ennui qui règne chez elle : analysez le<br />

lexique, la construction des phrases, les passages ironiques. Des lignes 39 à 45,<br />

le Vicomte présente le cadre de son intrigue. Il évoque la raison de la présence de<br />

la Présidente chez sa tante (l’absence du Président, retenu en Bourgogne pour un<br />

procès), et dresse un tableau bien fade de la vie au château aux lignes 42 à 45.<br />

Une longue énumération lui permet de détailler les activités offertes par le lieu ; il<br />

en souligne le caractère répétitif par plusieurs procédés : l’emploi des articles et<br />

des adjectifs indéfinis (« quelques visites », « des prières », « des promenades »), la<br />

présence du complément circonstanciel de temps « chaque jour » et du complément<br />

du nom « du matin et du soir » mettent en évidence la monotonie de toutes<br />

ces activités. <strong>Les</strong> adjectifs péjoratifs « solitaires » et « triste » insistent sur l’ennui<br />

qui règne chez sa tante, et qui ne peut que gagner la Présidente. Le Vicomte se<br />

moque de la situation de la jeune femme à travers deux expressions ironiques :<br />

« son inconsolable moitié » et « cet affligeant veuvage ». Leur caractère hyperbolique<br />

laisse deviner le scepticisme du Vicomte sur les liens du mariage.<br />

c. Valmont présente son projet de séduction avec passion et enthousiasme.<br />

Analysez les marques du registre lyrique dans le dernier paragraphe en commentant<br />

la récurrence du pronom de la première personne, le lexique des<br />

sentiments, la ponctuation, les parallélismes des lignes 56 à 65. Le lyrisme envahit<br />

le dernier paragraphe de la lettre du Vicomte : après avoir évoqué sa cible,<br />

le discours se centre à nouveau sur ses sentiments. La première personne est<br />

employée à chaque phrase, au singulier (« je désire », « je dévore », « je n’ai plus<br />

qu’une idée », « j’ai bien besoin ») ou au pluriel (« que nous sommes heureux »).<br />

Le lexique des sentiments parcourt le texte, notamment celui de l’amour, avec des<br />

expressions telles que « passion forte », « ardeur du désir », « être amoureux ». Le<br />

ton se fait plus vif, avec des phrases exclamatives (« Que nous sommes heureux et<br />

que les femmes se défendent mal ! »), ou interrogatives (« […] car où ne mène pas<br />

un désir contrarié ? »), une apostrophe emphatique (« Ô délicieuse jouissance ! »),<br />

et des parallélismes qui rythment le texte (« j’y pense le jour, et j’y pense la nuit »,<br />

« pour mon bonheur, et surtout pour mon repos »).<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

III. Une lettre provocatrice<br />

a. Le Vicomte présente la conquête amoureuse comme un exploit guerrier.<br />

Relevez les marques du registre épique dans la lettre : champ lexical de<br />

la guerre, métaphores et hyperboles associées à l’entreprise de séduction.<br />

Commentez l’allégorie du myrte et du laurier (l. 29-30). Le Vicomte se présente<br />

comme un conquérant, et emploie le registre épique pour parler de ses conquêtes<br />

amoureuses. Un lexique guerrier parcourt le texte, avec les verbes « conquérir »,<br />

« attaque », « se défendent », ou les noms « gloire », « triomphe », « ennemi ». Le<br />

comparatif de supériorité « de plus grands intérêts », la construction attributive<br />

« conquérir est notre destin », et le superlatif « le plus grand projet que j’aie jamais<br />

formé » évoquent les activités des libertins de façon hyperbolique. Enfin, l’allusion<br />

à la couronne de myrte et de laurier des lignes 19-20 mêle étroitement les thèmes<br />

de l’amour et de la guerre : le myrte est en effet l’arbre de Vénus, tandis que le<br />

laurier représente la gloire militaire, puisqu’il constituait, dans la Rome antique,<br />

la couronne d’un général vainqueur au combat. Associée à la personnification de<br />

l’amour, cette double allégorie de la victoire et de l’amour renforce la dimension<br />

épique du texte.<br />

b. Valmont blasphème dans sa présentation de la conquête amoureuse.<br />

Expliquez comment il associe les domaines amoureux et religieux en étudiant le<br />

lexique et les métaphores des lignes 12-17. Dans le dernier paragraphe, dites en<br />

quoi ses propos peuvent paraître scandaleux pour un lecteur chrétien. La fin du<br />

premier paragraphe de la lettre du Vicomte évoque les conquêtes des libertins au<br />

moyen d’un lexique religieux : l’amour devient une « foi » qui se prêche, une « mission<br />

», dans laquelle les libertins font des « prosélytes », et pour laquelle ils font<br />

preuve de « zèle » et de « ferveur ». À ce lexique s’ajoutent des métaphores religieuses,<br />

qui font de la Marquise une « Patronne » et du Vicomte un « Saint », deux<br />

figures sacrées chargées de guider et de protéger les fidèles (notons que dans<br />

cette comparaison, exceptionnellement, le Vicomte se place dans une position<br />

inférieure à celle de la Marquise, puisqu’il n’est qu’un simple « Saint de village »,<br />

tandis que le mot « Patronne » renvoie à une sainte de premier ordre, voire à la<br />

sainte Vierge). L’amour, au sens physique du terme, est donc le dieu des libertins,<br />

comme l’indique l’expression « ce Dieu-là » employée par le Vicomte. L’apostrophe<br />

du dernier paragraphe « Ô délicieuse jouissance » fait du plaisir sexuel une nouvelle<br />

divinité.<br />

Tous ces propos sont particulièrement scandaleux pour des lecteurs chrétiens, a<br />

fortiori du XVIII e siècle, car ils constituent un blasphème. En effet, l’Église condamne<br />

toutes les relations adultères et extérieures au mariage, or c’est exclusivement<br />

dans ce type de relations que les libertins s’épanouissent. Leur conception de<br />

10<br />

11<br />

Arrêt sur lecture 1<br />

l’amour ne peut que les mener à la damnation. Le caractère blasphématoire de la<br />

lettre rappelle au lecteur que les libertins de mœurs sont avant tout des libertins<br />

d’esprit, qui non seulement s’affranchissent des lois morales dictées par la religion,<br />

mais surtout remettent en question les dogmes religieux, et n’hésitent pas à<br />

les tourner en dérision.<br />

<strong>Les</strong> trois questions de l’examinateur<br />

Question 1. Vous avez souligné l’ambiguïté de la relation qui unit la Marquise et<br />

le Vicomte ; pouvez-vous donner d’autres exemples dans la suite du roman ? La<br />

Marquise et le Vicomte ne cessent de se louer et de se séduire l’un l’autre dans<br />

leurs propos, tout en essayant de se rendre jaloux. Dans la première partie du<br />

roman, la Marquise parle abondamment à Valmont de son amant, Belleroche. Le<br />

Vicomte, quant à lui, fait un récit détaillé de son entreprise de séduction de Mme de<br />

Tourvel tout au long du roman. <strong>Les</strong> deux libertins se défient aussi constamment.<br />

La Marquise pimente par exemple le projet du Vicomte par un pacte : elle s’offrira<br />

à lui s’il parvient à séduire la Présidente. Cependant, loin de respecter ses engagements,<br />

elle cherchera à perdre sa rivale en manipulant le Vicomte pour qu’il<br />

rejette Mme de Tourvel. La jalousie et la fierté des deux libertins s’opposent donc<br />

à leur respect mutuel et à leur complicité, et les conduiront à leur perte.<br />

Question 2. Peut-on qualifier ces deux personnages de héros ? Dans quelle<br />

mesure peuvent-ils fasciner le lecteur ? Il s’agit plutôt d’anti-héros : ils se distinguent<br />

des autres personnages par leurs qualités exceptionnelles (la profondeur de<br />

leur réflexion, la finesse de leur analyse psychologique des autres personnages,<br />

leur capacité à élaborer des stratégies complexes), mais loin de les utiliser à bon<br />

escient, ils les mettent égoïstement au service de leur intérêt personnel et de<br />

leurs débauches. Leur intelligence machiavélique et démoniaque a donc de quoi<br />

fasciner le lecteur.<br />

Question 3. Observez l’image reproduite en couverture de cet ouvrage, tirée<br />

de l’adaptation cinématographique de Stephen Frears. Dans quelle mesure vous<br />

semble-t-elle représentative de l’attitude de Valmont envers la Présidente de<br />

Tourvel ? L’image reproduite en couverture est représentative de l’attitude de<br />

Valmont envers la Présidente de Tourvel car elle met en valeur son pouvoir de<br />

manipulation. Situé derrière elle, il lui parle à l’oreille sans la regarder et lui souffle<br />

des mots qui semblent la contrarier. C’est l’exacte illustration des manœuvres<br />

mises en place dans ses lettres : ses propos insidieux bouleversent la Présidente,<br />

mais il ne l’affronte jamais directement. Sur l’image, le regard du Vicomte tombe<br />

sur sa victime dont il est très proche : sa bouche effleure presque son oreille. Ainsi,<br />

cette image du film rend bien compte de son entreprise de séduction.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Arrêt sur lecture 2 p. 244-248<br />

Pour comprendre l’essentiel p. 244-245<br />

Des projets contrariés<br />

Au début de la deuxième partie du roman, le projet de la Marquise piétine :<br />

Cécile Volanges et Danceny ne parviennent pas à se rapprocher. Expliquez pourquoi.<br />

Dans la lettre 51, la Marquise de Merteuil explique à Valmont que Cécile, qui<br />

est allée se confesser, craint pour son âme. Elle tente de rompre avec Danceny,<br />

malgré ses sentiments pour lui. La Marquise leur arrange une entrevue de rupture,<br />

espérant qu’elle réunira les jeunes amants, mais Danceny est trop timide<br />

et scrupuleux pour joindre le geste à la parole dans ses déclarations d’amour<br />

(lettre 54). Ainsi, dans la lettre 55, Cécile déclare à Sophie Carnay : « nous voilà<br />

revenus exactement où nous en étions » (p. 148). <strong>Les</strong> deux jeunes gens continuent<br />

de s’aimer et de s’écrire, sans oser vraiment se rapprocher.<br />

Valmont ne semble pas plus progresser dans son entreprise de séduction de<br />

Mme de Tourvel. Montrez que l’amour prétendu du Vicomte se heurte à l’amitié<br />

de la Présidente, et identifiez les indices qui prouvent que, malgré tout, les sentiments<br />

de Mme de Tourvel évoluent. Mme de Tourvel repousse les demandes<br />

amoureuses de Valmont en lui offrant son amitié, et développe les arguments suivants<br />

: l’amour honnête qu’elle éprouve pour son époux lui apporte bonheur et<br />

sérénité, tandis que la passion n’apporte que souffrance et destruction (lettre 56) ;<br />

de plus, les sentiments amoureux du Vicomte sont pour elle une offense<br />

(lettre 67) ; enfin, ce sont précisément ces sentiments qui les séparent (lettre 67).<br />

Son argumentation repose sur des raisonnements logiques. Celle du Vicomte est<br />

bien plus insidieuse, car il cherche à troubler la jeune femme. Dans la lettre 58,<br />

il se présente comme une victime de l’amour en exprimant sa souffrance d’être<br />

rejeté par Mme de Tourvel ; il espère ainsi lui inspirer de la culpabilité. Il flatte également<br />

sa fierté de femme honnête en lui disant qu’elle n’a rien à craindre de ses<br />

déclarations d’amour, puisqu’elle reste maîtresse de la situation et qu’elle continue<br />

à aimer son époux. Enfin, dans la lettre 68, il affirme la supériorité du sentiment<br />

amoureux sur l’amitié. Mme de Tourvel semble intraitable, et affirme au Vicomte<br />

qu’elle restera indifférente à toutes ses avances dans la lettre 78.<br />

12<br />

13<br />

Arrêt sur lecture 2<br />

Malgré ces refus, le lecteur comprend que les sentiments de la Présidente évoluent<br />

: alors qu’elle dit fuir toute conversation amoureuse, elle répond systématiquement<br />

au Vicomte et se justifie dans de longues lettres. Elle pourrait tout<br />

simplement cesser de correspondre avec lui, mais elle n’en fait rien.<br />

L’art du libertinage<br />

Valmont a finalement accepté d’aider la Marquise de Merteuil à pervertir<br />

Cécile pour se venger de sa mère. Résumez les stratégies du Vicomte. Valmont<br />

commence tout d’abord par se rapprocher de Danceny pour devenir son confident<br />

et conseiller (lettres 53 et 57). De retour chez Mme de Rosemonde, il se fait le<br />

messager du Chevalier auprès de Cécile (lettre 73) et gagne ainsi sa confiance. Il<br />

propose enfin à la jeune fille une ruse pour obtenir la clef de sa chambre sans que<br />

sa mère ne s’en aperçoive, afin, dit-il, de pouvoir l’aider plus facilement à transmettre<br />

sa correspondance avec Danceny (lettre 84). Mais Cécile, méfiante, refuse<br />

tout d’abord.<br />

La Marquise pense que c’est en multipliant les obstacles qu’elle favorisera la<br />

liaison entre Danceny et Cécile. Expliquez comment elle piège la jeune fille. Dans<br />

la lettre 63, relevez les passages qui mettent en évidence le plaisir de Mme de<br />

Merteuil à manipuler son entourage. La Marquise de Merteuil piège Cécile en<br />

avertissant Mme de Volanges au sujet de sa liaison avec Danceny. Cécile raconte<br />

comment sa mère a découvert leur correspondance dans la lettre 61, et Mme de<br />

Merteuil expose le détail de sa ruse à Valmont dans la lettre 63 : elle a d’abord<br />

éveillé les soupçons de Mme de Volanges, puis elle lui a parlé d’un secrétaire dans<br />

lequel Cécile dissimule des lettres. La Marquise est persuadée que c’est en multipliant<br />

les obstacles qu’elle parviendra à réunir Cécile et Danceny. La lettre 63 met<br />

en évidence le plaisir qu’elle prend à manipuler son entourage, puisqu’elle raconte<br />

avec délice sa trahison, et explique comment, confidente de la mère et de la fille à<br />

la fois, elle les a consolées toutes deux tour à tour. Elle file la métaphore religieuse<br />

en se présentant comme une « Divinité » aux « décrets immuables », un « Ange<br />

consolateur » (p. 163), et en comparant Cécile à Marie-Madeleine (p. 164).<br />

<strong>Les</strong> libertins font le récit de deux histoires secondaires : celle de Vressac et<br />

celle de Prévan. Résumez-les et expliquez en quoi elles pimentent le roman<br />

tout en mettant en évidence le pouvoir de manipulation des libertins. La première<br />

intrigue secondaire concerne Vressac, et elle est racontée par Valmont<br />

dans la lettre 71. En chemin pour le château de Mme de Rosemonde, le Vicomte<br />

s’arrête chez la Comtesse de *** (lettre 70). Il y trouve la Vicomtesse de M***,<br />

embarrassée par la présence simultanée de son époux et de son amant, Vressac.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Valmont, qui veut passer la nuit avec elle, la décide à se brouiller avec Vressac. La<br />

Vicomtesse rejoint le libertin à une heure du matin, mais après leurs ébats, elle<br />

trouve la porte de sa chambre close. Valmont élabore une ruse pour la sauver du<br />

déshonneur : il lui demande de pousser des cris, enfonce la porte, et lui permet<br />

ainsi de regagner son lit avant l’arrivée de l’époux et de l’amant. La Vicomtesse<br />

prétexte avoir entendu du bruit et cru à une intrusion. Valmont se présente<br />

comme le sauveur zélé qui a immédiatement réagi aux cris et est entré de force,<br />

et il réconcilie Vressac et la Vicomtesse qui finissent la nuit ensemble.<br />

La seconde intrigue concerne Prévan, un libertin redouté de Valmont. En apprenant<br />

que Mme de Merteuil le fréquente, le Vicomte la met en garde : Prévan a<br />

déshonoré plus d’une femme, et s’est moqué publiquement de la prétendue vertu<br />

de la Marquise. Il est connu pour une triple aventure célèbre, racontée dans la<br />

lettre 79. Il est parvenu à séduire trois amies inséparables, en faisant croire à<br />

chacune qu’il lui sacrifiait son amante actuelle. Après avoir partagé des ébats<br />

sexuels avec les trois femmes d’affilée, il a convié chacun de leurs amants à dîner<br />

ensemble afin de piéger les infidèles ; malgré les colères et les rancunes, la soirée<br />

s’est terminée en orgie. Cet exploit n’effraie pas la Marquise, qui piège l’audacieux<br />

libertin sans difficulté (lettres 85 à 87). Elle lui propose un rendez-vous nocturne<br />

chez elle, en l’invitant à passer par un escalier dérobé et à l’attendre secrètement<br />

dans son boudoir. Lorsqu’elle va se coucher, toute la maisonnée la croit seule.<br />

Prévan pénètre dans sa chambre, elle sonne ses domestiques et feint une tentative<br />

de viol. Prévan est déshonoré et emprisonné.<br />

Ces anecdotes mettent en évidence le pouvoir de manipulation des libertins, qui<br />

parviennent à obtenir toutes les faveurs qu’ils désirent et piègent leurs conquêtes<br />

trop orgueilleuses. Mais surtout, elles pimentent le roman car elles racontent les<br />

aventures sexuelles des libertins.<br />

Une réflexion sur la condition des femmes<br />

Dans la société du XVIII e siècle, les femmes ne disposent d’aucune liberté.<br />

Prouvez-le en vous appuyant sur les lettres 61 et 81. Après la découverte de<br />

Danceny, Cécile n’a plus le droit d’écrire : sa mère lui a confisqué son papier et ses<br />

plumes, et elle est réduite à écrire au crayon sur un morceau de lettre de Danceny<br />

(lettre 69). Elle n’a pas la liberté de se déplacer à sa guise et doit suivre sa mère :<br />

elle sait qu’on doit la conduire à la campagne, mais ignore où précisément. Elle n’a<br />

aucun pouvoir de décision sur tout ce qui concerne sa propre vie (son mariage,<br />

ses fréquentations).<br />

La lettre 81 de la Marquise de Merteuil nous en apprend bien davantage sur la<br />

condition de la femme au XVIII e siècle. Élevée par sa mère et sans amie de son âge,<br />

14<br />

15<br />

Arrêt sur lecture 2<br />

la Marquise n’a pu se faire une idée des relations avec les hommes qu’en mentant<br />

à son confesseur, et elle dénonce l’ignorance dans laquelle on maintient les jeunes<br />

filles de son époque. Soumise d’abord à l’autorité de sa mère, elle l’a été ensuite à<br />

celle de son époux, et précise que c’est en se montrant parfaitement froide avec<br />

lui qu’elle a gagné sa confiance : on comprend donc que le plaisir est considéré<br />

comme suspect chez une femme honnête. À la mort de son époux, la Marquise<br />

n’a pas été libérée pour autant : soumise aux convenances, elle a dû rester isolée à<br />

la campagne. De retour dans la société mondaine, elle est la proie des jugements<br />

des femmes dévotes, et doit montrer au monde une conduite exemplaire pour<br />

conserver sa réputation.<br />

La Marquise de Merteuil explique qu’il est nécessaire pour une femme de<br />

savoir dissimuler et jouer la comédie. Dans la lettre 81, trouvez des exemples<br />

de ces deux pratiques qui montrent comment la Marquise a réussi à prendre<br />

le contrôle de sa vie. La dissimulation est la première chose que la Marquise<br />

apprend en entrant dans le monde : elle s’entraîne à cacher ses émotions en faisant<br />

paraître sur son visage l’inverse de ce qu’elle ressent. Après son mariage,<br />

isolée à la campagne, elle dissimule ses liaisons en choisissant pour amants des<br />

personnes trop éloignées de sa condition pour inspirer des soupçons. Une fois<br />

veuve et revenue à Paris, elle accepte les hommages de quelques hommes qu’elle<br />

n’aime pas, et à qui elle peut publiquement résister, pour mieux cacher ses aventures<br />

secrètes avec d’autres amants. Enfin, elle a pour principe de ne jamais écrire<br />

pour ne laisser aucune preuve de ses liaisons.<br />

À cet art de la dissimulation s’ajoute un talent de comédienne. Toute jeune, la<br />

Marquise règle ses gestes et ses discours sur ceux des autres. Elle se montre<br />

« impassible » dans ses relations avec son époux pour lui faire croire qu’elle ne s’intéresse<br />

pas aux plaisirs de l’amour. Veuve, elle feint le repentir après avoir dévoilé<br />

quelques aventures légères, afin de plaire aux vieilles dévotes. Enfin, elle joue la<br />

comédie avec ses amants, les flatte ou les piège pour qu’ils restent discrets.<br />

L’individualisme de la Marquise interdit de la considérer comme féministe,<br />

mais ses projets pourraient sembler l’être. Relisez les lettres 54 et 55 et montrez<br />

que sa relation avec Cécile évolue vers une alliance des femmes contre les<br />

hommes. Dans la lettre 54, la Marquise dévoile son affection pour Cécile, qu’elle<br />

qualifie de « vraiment aimable » : elle est touchée par son éveil à la sensualité. Elle<br />

a promis de la « former », et émet même l’idée d’en faire son amie, quand elle sera<br />

instruite, afin d’avoir auprès d’elle une femme « dans [s]a confidence », c’est-à-dire<br />

une autre libertine. Elle regrette la niaiserie de Danceny qui ne sait pas profiter de<br />

cet élan amoureux. Cécile est sensible aux attentions de Mme de Merteuil, et dans<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

la lettre 55 à Sophie Carnay, elle avoue qu’elle l’aime presque comme Danceny.<br />

Une alliance entre femmes se dessine, avec un soupçon d’ambiguïté : Mme de<br />

Merteuil et Cécile sont émues l’une par l’autre, et l’on peut se demander si leur<br />

affection réciproque ne dissimule pas quelques penchants lesbiens.<br />

Toutefois, cette alliance est vite rompue (sans que Cécile en ait conscience) car<br />

la Marquise s’agace de la naïveté de sa protégée. Ses ambitions sont bien plus<br />

élevées. Dans la lettre 81, Mme de Merteuil se définit de la façon suivante au<br />

Vicomte de Valmont : « née pour venger mon sexe et dominer le vôtre » (p. 214).<br />

Elle dénonce l’inégalité entre hommes et femmes. Dans le domaine amoureux, les<br />

hommes ne courent aucun risque, contrairement aux femmes : leur honneur n’est<br />

pas en jeu dans leurs conquêtes, et leurs entreprises de séduction sont faciles,<br />

car elles ne sont pas condamnées par la société. La Marquise le rappelle ainsi au<br />

Vicomte : « Vous avez séduit, perdu même beaucoup de femmes : mais quelles difficultés<br />

avez-vous eues à vaincre ? quels obstacles à surmonter ? où est le mérite<br />

qui soit véritablement à vous ? […] Pour vous autres hommes, les défaites ne sont<br />

que des succès de moins. Dans cette partie si inégale, notre fortune est de ne pas<br />

perdre, et votre malheur de ne pas gagner » (p. 212). La Marquise dénonce aussi<br />

l’absurdité de l’éducation des jeunes filles, qui sont « vouée[s] par état au silence<br />

et à l’inaction » (p. 214).<br />

Mme de Merteuil a choisi de prendre sa revanche sur les hommes, mais on ne peut<br />

pas pour autant parler de féminisme, car elle ne sert que ses propres intérêts, et<br />

de façon dissimulée, sans chercher à combattre les inégalités de la société.<br />

Vers l’oral du Bac p. 246-248<br />

Analyse de la lettre 81, lignes 105-169, pages 214-216<br />

☛ Analyser le récit d’apprentissage de la femme libertine<br />

Analyse du texte<br />

I. Le récit d’une expérience personnelle<br />

a. La Marquise relate sa propre vie. Relevez les marques de la première personne,<br />

les verbes exprimant les actions et sentiments du personnage, les indications<br />

de temps qui organisent la chronologie du récit. La Marquise de Merteuil<br />

se livre ici à un récit autobiographique. La première personne du singulier domine<br />

toute la lettre, et les temps employés sont ceux du passé (passé simple, imparfait<br />

et passé composé) : il est bien question de l’histoire de la vie de l’épistolière.<br />

16<br />

17<br />

Arrêt sur lecture 2<br />

<strong>Les</strong> verbes du texte expriment aussi bien les actions (« je recueillais », « je m’étudiais<br />

», « je m’amusais », « je cherchais », « je surmontais »…) que les ressentis<br />

de la Marquise (« ressentais-je », « je ne désirais », « je sentis »…) : tout le récit<br />

s’articule donc autour de ce personnage. Le récit est organisé de façon chronologique.<br />

<strong>Les</strong> deux premières indications de temps sont assez floues : « dans le<br />

temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence et à l’inaction » et « bien<br />

jeune encore ». Elles concernent la période où la Marquise apprend à dissimuler<br />

ses sentiments. Ensuite, la Marquise précise son âge, qui n’est plus celui de<br />

l’enfance (« je n’avais pas quinze ans »), mais celui où elle cherche à s’instruire<br />

sur l’amour. Cette période est divisée en deux événements : la discussion avec<br />

le confesseur, annoncée par l’adverbe « aussitôt », et l’annonce de son mariage,<br />

« peu de jours après ».<br />

b. Dans cet extrait, la Marquise raconte la période qui va de son entrée dans le<br />

monde à sa nuit de noces. Distinguez les différentes étapes de son apprentissage.<br />

Chaque paragraphe du texte livre une nouvelle étape de la formation de la<br />

Marquise. Le premier paragraphe ouvre le récit de son « entrée dans le monde ».<br />

<strong>Les</strong> trois suivants présentent trois apprentissages successifs de la vie en société :<br />

la dissimulation (deuxième paragraphe), la comédie (troisième paragraphe), et la<br />

connaissance des caractères (quatrième paragraphe). Le cinquième paragraphe<br />

constitue une courte pause : la Marquise y exprime la satisfaction de sa formation<br />

autodidacte, et la volonté de la poursuivre dans d’autres domaines. <strong>Les</strong> quatre<br />

paragraphes suivants concernent la découverte de l’amour : dans le sixième, la<br />

Marquise souligne son ignorance à ce sujet ; dans le septième, elle évoque la ruse<br />

qui mène son confesseur à lui parler de la chose ; et dans les deux derniers, elle<br />

évoque son mariage avec M. de Merteuil : l’annonce que lui en fait sa mère, puis la<br />

nuit de noces.<br />

c. La Marquise de Merteuil a fait son éducation elle-même. Montrez-le en vous<br />

appuyant sur le lexique, la syntaxe (notamment la récurrence des appositions en<br />

tête de phrase), les expressions qui soulignent le travail sur soi, celles qui affirment<br />

le refus de subir toute emprise sur son esprit. La Marquise emploie de nombreux<br />

verbes qui appartiennent au champ lexical de l’instruction : « je recueillais »,<br />

« m’apprit », « guider », « je m’étudiais », « j’ai su », « je cherchais ». Ils sont presque<br />

tous conjugués à la première personne du singulier, ce qui insiste sur la capacité<br />

de la Marquise à se former elle-même.<br />

La structure des phrases met également en valeur cette qualité : on retrouve souvent<br />

le même schéma syntaxique, qui consiste à débuter la phrase par une apposition<br />

définissant un état de la Marquise (et organisée autour d’un participe passé),<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

et à la poursuivre par un récit de ses progrès : « entrée dans le monde dans le<br />

temps où […] j’étais vouée au silence et à l’inaction, j’ai su en profiter pour observer<br />

et réfléchir » ; « forcée souvent de cacher les objets de mon attention aux yeux<br />

de ceux qui m’entouraient, j’essayai de guider les miens à mon gré » ; « encouragée<br />

par ces premiers succès, je tâchais de régler de même les divers mouvements de<br />

ma figure » ; « munie de ces premières armes, j’en essayai l’usage ».<br />

On trouve également des phrases construites sur des oppositions, exprimées dans<br />

des propositions subordonnées (« tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite,<br />

[…] je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait à me cacher »), ou coordonnées<br />

(« j’étais bien jeune encore, et presque sans intérêt : mais je n’avais à moi que ma<br />

pensée »).<br />

Mme de Merteuil insiste sur le travail sur elle-même accompli au cours de son<br />

auto-formation, au moyen de verbes pronominaux réfléchis tels que « je m’étudiais<br />

» et « je me suis travaillée », ou de verbes transitifs conjugués à la première<br />

personne et dont le complément d’objet contient un pronom ou un adjectif possessif<br />

: « j’essayai de guider les miens », « je tâchai de régler […] les divers mouvements<br />

de ma figure ».<br />

Enfin, la Marquise affirme à plusieurs reprises son refus de subir une emprise sur<br />

son esprit, notamment lorsqu’elle s’« indign[e] » qu’on puisse déceler sa pensée<br />

(l. 123-125).<br />

II. <strong>Les</strong> qualités acquises par la libertine<br />

a. La première qualité de toute libertine est de penser par elle-même. Repérez<br />

les procédés qui mettent en valeur cette faculté (répétitions, groupes binaires,<br />

adverbes et adjectifs mélioratifs). Dès le début de la lettre, la Marquise affirme<br />

son refus de laisser guider sa pensée, en déclarant qu’elle « écout[ait] peu à la<br />

vérité les discours qu’on s’empressait à [lui] tenir ». Dès son plus jeune âge,<br />

Mme de Merteuil a choisi de penser par elle-même, et a construit son jugement<br />

comme une véritable scientifique (le mot « science » est d’ailleurs évoqué à la<br />

ligne 138), en deux temps : l’observation tout d’abord (le verbe « observer » apparaît<br />

aux lignes 128 et 168, et on retrouve la même idée dans l’expression « avait fixé<br />

mon attention sur »), puis la réflexion, qui est mentionnée dès le début du texte<br />

avec l’emploi du verbe « réfléchir », est mise en valeur dans les phrases suivantes :<br />

« je n’avais à moi que ma pensée » et « ma façon de penser fut pour moi seule ».<br />

À chaque fois, l’idée de « pensée » est accompagnée de marques de la première<br />

personne : des adjectifs possessifs (« ma ») et des pronoms personnels compléments<br />

toniques (« à moi », « pour moi »), ce qui permet d’insister sur le fait que la<br />

Marquise pense uniquement par elle-même.<br />

18<br />

19<br />

Arrêt sur lecture 2<br />

En bonne scientifique, la Marquise est capable de réaliser des expériences et d’en<br />

tirer des conclusions : ainsi, elle conclut le récit de sa discussion avec son confesseur<br />

par la phrase suivante : « j’en conclus que le plaisir devait être extrême ».<br />

La Marquise met en valeur cette double capacité d’observation et de réflexion en<br />

employant des groupes binaires qui donnent du rythme à la phrase : « pour observer<br />

et pour réfléchir », « suivant les circonstances, ou même seulement suivant<br />

mes fantaisies », « fixé mon attention sur l’expression des figures et le caractère<br />

des physionomies », « des faits à recueillir et à méditer ». Elle fait son propre éloge<br />

en mentionnant ses qualités au moyen de noms ou d’adjectifs mélioratifs : « utile<br />

curiosité », « coup d’œil pénétrant », « talents ».<br />

b. La deuxième qualité indispensable à la libertine est l’art de la dissimulation<br />

et de la feinte. Dressez la liste des différents talents que la Marquise<br />

développe pour devenir bonne comédienne. La Marquise de Merteuil apprend<br />

tout d’abord à dissimuler ses émotions et sentiments : dans le second paragraphe,<br />

les verbes « dissimuler », « cacher », « réprimer » insistent sur cet art de<br />

la dissimulation. Mais la libertine apprend aussi à feindre des émotions qu’elle<br />

ne ressent pas : en témoigne la répétition du verbe « prendre » dans le premier<br />

paragraphe (« prendre […] ce regard distrait », « prendre, sur ma physionomie,<br />

cette puissance »), mais aussi l’emploi du verbe « régler » (« je tâchai de régler<br />

[…] les divers mouvements de ma figure »), et du verbe « montrer » (« me montrer<br />

sous des formes différentes »). <strong>Les</strong> méthodes de la Marquise semblent extrêmes,<br />

puisqu’elle s’inflige elle-même des « douleurs » tout en recherchant « l’expression<br />

du plaisir ». Pour devenir bonne comédienne, elle a travaillé trois domaines : la<br />

physionomie (qui implique la maîtrise du regard et des mouvements de la figure,<br />

comme elle l’explique dans le second paragraphe), les gestes et les discours<br />

(qu’elle évoque dans le troisième paragraphe). C’est ainsi que Mme de Merteuil<br />

est devenue une experte de la comédie sociale, en acquérant une parfaite maîtrise<br />

des apparences.<br />

c. Pour achever son éducation, la libertine doit maîtriser l’art de tromper les<br />

hommes afin de satisfaire ses désirs. Expliquez comment la Marquise manipule<br />

à la fois son confesseur et son époux pour s’instruire sur l’amour. Le goût de<br />

l’amour naît spontanément chez la Marquise : il s’agit d’une curiosité nouvelle, au<br />

sujet d’un domaine inconnu qu’elle cherche à explorer, à « deviner ». Il n’est pas<br />

encore question de désir physique inspiré par la nature, puisque Mme de Merteuil<br />

précise que celle-ci ne lui a donné « aucun indice », et que sa « tête seule fermentait<br />

» : son premier rapport à l’amour est donc intellectuel, il s’agit d’un désir de<br />

connaissance, comme le souligne la phrase « je ne désirais pas de jouir, je voulais<br />

savoir ».<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Pour parvenir à ses fins, la Marquise manipule son confesseur, en lui faisant<br />

croire qu’elle a déjà découvert les plaisirs de l’amour, comme elle l’explique aux<br />

lignes 149 à 158, employant une périphrase pour désigner l’acte sexuel : « tout ce<br />

que font les femmes ». La réaction du confesseur ne l’instruit pas sur la nature<br />

de l’acte amoureux, mais sur son intensité, qu’elle mesure à l’aune de l’interdit<br />

religieux, mis en valeur par l’adverbe d’intensité « si » : « mais le bon Père me fit le<br />

mal si grand, que j’en conclus que le plaisir devait être extrême ». Au cours de la<br />

nuit de noces, elle découvre véritablement l’amour, et manipule son époux pour<br />

lui donner l’impression qu’elle redoute ce moment (ce que met en valeur le parallélisme<br />

« de l’embarras et de la crainte »), tandis qu’elle profite intérieurement de<br />

cette nouvelle « expérience » pour s’instruire enfin. Le détachement dont elle fait<br />

preuve par rapport au bouleversement physique est exprimé par une négation<br />

restrictive : « et ne voyais dans ces diverses sensations que des faits à recueillir et<br />

à méditer ». C’est bien l’esprit qui prime dans cette première expérience sexuelle.<br />

Avant de jouir du plaisir physique, la Marquise apprend donc à le connaître et à le<br />

maîtriser, et surtout à maîtriser les hommes, à qui elle fait croire absolument ce<br />

qu’elle veut.<br />

III. Une critique sociale<br />

a. Le récit de la Marquise dénonce différents aspects de la condition des<br />

femmes. Relevez et commentez les passages qui révèlent leur ignorance, leur<br />

passivité ou leur soumission. La Marquise met en évidence son ignorance d’alors,<br />

qui est celle de toutes les jeunes filles aristocrates avant le mariage, en employant<br />

des négations (« je n’avais que des idées vagues et que je ne pouvais fixer », « je<br />

ne savais en vérité quelle idée j’exprimais ») ou des mots exprimant l’idée de privation<br />

(« dénuée d’expérience »). <strong>Les</strong> jeunes filles sont condamnées à la passivité,<br />

comme le montrent la tournure passive « j’étais vouée par état au silence et à<br />

l’inaction » et l’expression « sans intérêt ». Lexicalement ou grammaticalement,<br />

tout ce qui touche à la condition de la jeune fille est frappé de négation. Elle est<br />

nécessairement soumise : à sa mère tout d’abord (la Marquise est « surveillée<br />

par une mère vigilante »), puis à son époux. Elle est jetée « entre les bras » d’un<br />

homme qu’elle ne connaît pas, et qui dispose à son gré de son corps au cours de<br />

la nuit de noces.<br />

b. Mme de Merteuil s’est adaptée à une société où règnent les apparences. Dans<br />

les quatrième et cinquième paragraphes, montrez que c’est en prenant la société<br />

pour modèle qu’elle a acquis cet art du paraître. Maîtresse des apparences, la<br />

Marquise n’est pas une exception au sein de la société. D’une part, la pratique de la<br />

dissimulation est courante dans le monde, puisque Mme de Merteuil explique qu’il<br />

20<br />

21<br />

Arrêt sur lecture 2<br />

ne faut pas « se fier entièrement » aux physionomies ; d’autre part, cette pratique<br />

est de mise dans le domaine politique. En effet, dans le cinquième paragraphe, la<br />

Marquise se compare aux « Politiques », avec qui elle partage un même « talent ».<br />

L’ironie apparaît dans ce passage : Mme de Merteuil sous-entend que la « réputation<br />

» des personnalités politiques n’est construite que sur les apparences, et<br />

qu’elle est loin de la vérité. Elle dessine donc ici une double satire sociale, celle des<br />

aristocrates mondains mais aussi celle des puissants.<br />

c. <strong>Les</strong> institutions religieuses font également l’objet d’une critique implicite.<br />

Expliquez l’ironie des lignes 140 à 143 et montrez que la Marquise dénonce le<br />

discours religieux et l’institution du mariage. L’allusion de la Marquise à son éducation<br />

est elle aussi ironique et lourde de sous-entendus. En effet, la Marquise<br />

justifie son ignorance de l’amour par deux négations : « n’ayant jamais été au<br />

Couvent, n’ayant point de bonne amie ». Il faut donc comprendre que c’est paradoxalement<br />

au couvent, et en compagnie d’autres jeunes filles, qu’on apprend les<br />

plaisirs de l’amour, alors que le couvent cherche justement à éloigner les pensionnaires<br />

de toute relation charnelle et de tout péché pour les livrer vierges à leur<br />

époux. Et que dire du choix du confesseur, lorsque la Marquise cherche un interlocuteur<br />

pour s’instruire sur l’amour, alors que les hommes d’Église font vœu de<br />

chasteté ?<br />

Il y a là beaucoup d’ironie de la part de Mme de Merteuil, et beaucoup d’humour<br />

de la part de Laclos : paradoxalement, les institutions religieuses, qui condamnent<br />

les relations charnelles, sont présentées comme des lieux d’éducation sexuelle. Le<br />

lecteur peut alors réfléchir sur les conséquences des frustrations générées par les<br />

interdits religieux : elles poussent les fidèles vers la recherche du plaisir au lieu de<br />

les en éloigner.<br />

<strong>Les</strong> trois questions de l’examinateur<br />

Question 1. Comparez la Marquise de Merteuil et Cécile Volanges : dans quelle<br />

mesure peut-on dire qu’il s’agit de deux personnages opposés ? Comparez leur<br />

caractère et leur rapport à leur éducation. Alors que Cécile Volanges reste naïve<br />

et ignorante, et subit la domination de sa mère, la Marquise de Merteuil prend son<br />

destin en main et cherche à maîtriser sa vie. Son intelligence, son sang-froid et<br />

sa détermination le lui permettent. Cécile Volanges reçoit l’instruction qu’on veut<br />

bien lui donner, qu’elle provienne du couvent ou de la Marquise. Mme de Merteuil,<br />

à l’inverse, est une autodidacte : elle construit sa connaissance du monde à partir<br />

d’une observation minutieuse, à laquelle elle ajoute une réflexion personnelle.<br />

Question 2. La lettre 81 est une réponse aux mises en garde de Valmont sur<br />

Prévan : que va faire la Marquise à ce sujet ? En quoi son aventure avec Prévan<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

est-elle une illustration parfaite des qualités que vous avez identifiées dans la<br />

deuxième partie de votre exposé ? La Marquise va mépriser la mise en garde de<br />

Valmont, puisqu’elle va continuer à fréquenter Prévan. Toutefois, elle a bien noté<br />

que ce libertin s’était moqué d’elle publiquement, et elle va chercher à se venger,<br />

en l’attirant dans un piège : lui faisant croire à un rendez-vous secret, elle simule<br />

une tentative de viol qui le perd socialement et professionnellement. Cette aventure<br />

illustre donc bien les qualités mises en évidence par notre analyse : la dissimulation,<br />

la feinte, et la maîtrise des hommes.<br />

Question 3. Observez les peintures reproduites en fin d’ouvrage, au verso<br />

de la couverture, et montrez qu’elles reflètent l’influence du libertinage<br />

dans les arts au XVIII e siècle. Expliquez notamment comment le corps et<br />

la sensualité de la femme sont mis en valeur. <strong>Les</strong> peintures de Watteau<br />

et de Boucher mettent en valeur la sensualité de la femme en montrant la<br />

beauté de son corps. <strong>Les</strong> femmes représentées sur ces deux toiles sont dénudées<br />

; elles occupent une position centrale ; la lumière attire le regard sur<br />

leur corps nu, dont on peut apprécier les formes arrondies et gracieuses. Le<br />

peintre surprend les femmes dans leur intimité : le sommeil pour Antiope<br />

(que guette Jupiter), la détente dans un boudoir pour l’Odalisque blonde.<br />

Arrêt sur lecture 3 p. 350-354<br />

Pour comprendre l’essentiel p. 350-351<br />

La chute de Cécile<br />

Valmont met finalement en application le projet initial de la Marquise de<br />

Merteuil. Expliquez comment il parvient à prendre Cécile au piège. Aidé de<br />

Danceny, Valmont parvient à convaincre Cécile de lui donner la clef de sa chambre<br />

pour faciliter les échanges de lettres. Il y pénètre la nuit, alors que Cécile est<br />

22<br />

23<br />

Arrêt sur lecture 3<br />

endormie, et veut profiter de la situation. Quand Cécile tente d’appeler au secours,<br />

Valmont l’en empêche en lui rappelant que c’est elle qui lui a donné la possibilité<br />

d’entrer, et qu’elle ne pourra pas se justifier auprès de sa mère sans avouer ses<br />

fautes. Valmont commence par négocier un baiser, et poursuit ses avances jusqu’à<br />

déflorer Cécile. Il raconte cette aventure à la Marquise dans la lettre 96.<br />

Cécile reçoit une double instruction par Valmont et par Mme de Merteuil. En<br />

vous appuyant sur les lettres 105, 110 et 115, résumez ce que chacun lui apprend.<br />

La Marquise de Merteuil explique à Cécile comment gérer ses relations avec les<br />

hommes. Dans la lettre 105, elle lui apprend qu’il n’y a pas de honte à prendre du<br />

plaisir avec un homme tant que cette relation reste secrète ; qu’un refus augmente<br />

l’amour d’un prétendant, qui y voit une preuve de vertu ; et qu’enfin ce n’est pas<br />

l’époux mais les amants que l’on aime, et qu’il est possible d’en prendre plusieurs.<br />

Valmont, quant à lui, s’occupe de l’éducation sexuelle de Cécile : il déclare dans la<br />

lettre 110 composer « une espèce de catéchisme de débauche » (p. 317), et prend<br />

soin d’apprendre à sa jeune écolière le vocabulaire de l’amour, afin qu’elle puisse<br />

nommer ce qu’elle pratique. Dans la lettre 115, le Vicomte semble être parvenu au<br />

terme de son enseignement, puisqu’il se vante d’obtenir de Cécile « ce qu’on n’ose<br />

pas même exiger de toutes les filles dont c’est le métier » (p. 328-329). Insatisfait<br />

du style de ses lettres, il apprend également à Cécile à mieux écrire afin de « nourrir<br />

l’amour » de Danceny (p. 332).<br />

Malgré ses réticences, Cécile semble apprécier sa liaison avec Valmont.<br />

Prouvez-le en relevant des passages des lettres 97 et 109 qui révèlent sa découverte<br />

du plaisir. Dès la lettre 97, Cécile avoue avoir eu du mal à résister à Valmont.<br />

Sans le savoir, elle exprime déjà sa découverte du désir, quand elle écrit que le<br />

baiser du Vicomte l’a « toute troublée », et qu’elle se reproche de ne pas s’être suffisamment<br />

défendue : « sûrement, je n’aime pas M. de Valmont, bien au contraire ;<br />

et il y avait des moments où j’étais comme si je l’aimais… Vous jugez bien que ça<br />

ne m’empêchait pas de lui dire toujours que non : mais je sentais bien que je ne<br />

faisais pas comme je disais ; et ça, c’était comme malgré moi ; et puis aussi, j’étais<br />

bien troublée ! » (p. 271).<br />

Dans la lettre 109, après avoir lu les conseils de Mme de Merteuil, Cécile ne conçoit<br />

plus les choses de la même façon et reconnaît « qu’il y a bien du plaisir » (p. 311).<br />

Danceny n’est pas en reste : la Marquise s’occupe aussi de son éducation sexuelle.<br />

Dans la lettre 113, elle le désigne comme le successeur de Belleroche. Le jeune<br />

homme n’hésite pas à exprimer son affection pour la Marquise à Cécile, en qualifiant<br />

leur relation d’« amitié » (lettre 116). Enfin, dans la lettre 118, il semble aussi<br />

amoureux de l’une que de l’autre.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Conseils et confidences<br />

<strong>Les</strong> lettres 97, 98, 100 et 102 expriment le désespoir ou les doutes de<br />

personnages très différents. Après avoir résumé les confidences de chacun<br />

d’eux, identifiez les procédés communs à toutes ces lettres qui soulignent<br />

l’émotion ou les interrogations des personnages. La Marquise de Merteuil<br />

est la confidente de nombreux personnages : Cécile lui avoue son désespoir<br />

après sa première nuit avec Valmont dans la lettre 97 ; Mme de Volanges lui<br />

demande conseil au sujet du mariage de sa fille, dont elle sent le trouble, dans<br />

la lettre 98 ; Valmont lui fait part de sa colère après la fuite de Mme de Tourvel<br />

dans la lettre 100. La Présidente avoue son amour pour le Vicomte à Mme de<br />

Rosemonde dans la lettre 102. On lit donc quatre confidences différentes,<br />

mais on retrouve des procédés identiques pour mettre en évidence le trouble<br />

des personnages : la récurrence des modalités exclamative et interrogative,<br />

la présence d’interjections (« Ah ! », « Hé bien ! », « Hélas ! ») et d’apostrophes<br />

(« Madame », « ma chère amie », « ma belle amie », « ma respectable amie »,<br />

et même « Ô femmes, femmes ! » dans la lettre de Valmont). On relève enfin<br />

dans la lettre de Cécile de nombreux points de suspension, qui soulignent la<br />

difficulté de la confession : la jeune fille ne parvient pas à achever ses phrases.<br />

À ces quatre confidences répondent quatre lettres de conseils (lettres 103<br />

à 106). Caractérisez les différents tons de ces lettres, résumez les conseils<br />

donnés, et expliquez l’ironie de l’enchaînement des lettres 104 et 105. La<br />

lettre 103 de Mme de Rosemonde est empreinte de bienveillance : la vieille<br />

femme appelle Mme de Tourvel sa « chère Belle », et fait preuve d’une grande<br />

compréhension. Elle lui témoigne son soutien et la conforte dans son choix<br />

de fuir Valmont. Dans la lettre 104, Mme de Merteuil adopte un ton didactique<br />

pour conseiller à Mme de Volanges de ne pas renoncer au mariage de Cécile<br />

avec Gercourt. Elle énonce des vérités générales sur le bonheur, l’amour des<br />

jeunes gens, le mariage. Mme de Volanges ignore que l’apparente sagesse<br />

de ces conseils dissimule une motivation peu louable : la vengeance contre<br />

Gercourt. Le ton de la Marquise est également didactique dans la lettre 105,<br />

mais aussi très cynique : Mme de Merteuil se moque de la naïveté de Cécile,<br />

et l’invite à profiter de la situation pour goûter aux plaisirs de l’amour avec<br />

Valmont sans se préoccuper des questions de morale. Le cynisme est encore<br />

plus mordant dans la lettre suivante, que la Marquise adresse au Vicomte : elle<br />

raille son incapacité à profiter de la faiblesse de Mme de Tourvel quand il en<br />

avait l’occasion, et loin de le consoler, elle lui fait comprendre qu’il mérite cette<br />

déconvenue.<br />

24<br />

25<br />

Arrêt sur lecture 3<br />

<strong>Les</strong> lettres 104, 105 et 106 mettent donc bien en évidence le pouvoir de Mme de<br />

Merteuil : en se succédant, elles rappellent au lecteur la position centrale du<br />

personnage, qui est la confidente des principaux personnages féminins. De<br />

plus, l’enchaînement des lettres 104 et 105 ne manque pas d’ironie : d’un côté, la<br />

Marquise conseille à Mme de Volanges de maintenir le projet de mariage entre<br />

sa fille et Gercourt, et de l’autre, elle enseigne à Cécile l’art de tromper son<br />

époux avec un ou plusieurs amants.<br />

Un jeu de plus en plus cruel<br />

La Marquise de Merteuil s’attache à nuire de plus en plus à son entourage.<br />

Résumez toutes ses trahisons. La Marquise de Merteuil n’hésite pas à trahir<br />

des femmes qui la considèrent comme leur amie afin de servir ses propres intérêts.<br />

Après avoir piégé Cécile en révélant à sa mère sa liaison avec Danceny<br />

dans la deuxième partie du roman, elle lui recommande à présent de se laisser<br />

instruire par Valmont, tout en sachant que cela perdra la jeune fille après son<br />

mariage (lettre 104). De plus, elle conseille à Mme de Volanges de ne pas renoncer<br />

au mariage de Cécile avec Gercourt, alors que Cécile a ce projet en horreur.<br />

Enfin, la Marquise séduit l’amant de sa jeune amie : elle choisit Danceny comme<br />

successeur de Belleroche, et se charge de son éducation amoureuse (lettre 113).<br />

Dans la lettre 106, elle déclare se désintéresser de Cécile. L’affection qu’elle<br />

avait pour la jeune fille dans la deuxième partie du roman se change en mépris :<br />

elle pense que Cécile ne peut devenir qu’une « femme facile », et qu’elle n’a ni<br />

l’intelligence ni la force de caractère d’une libertine. Elle ajoute : « Ces sortes de<br />

femmes ne sont absolument que des machines à plaisir » (p. 303). L’expression<br />

est cruelle car elle déshumanise complètement la petite Volanges. Filant la<br />

métaphore de la machine, Mme de Merteuil explique même qu’il vaut mieux<br />

pour plus de sûreté la « briser » après s’en être servi. Cécile est réduite à l’état<br />

d’objet sexuel entre les mains des libertins.<br />

Mais la cruauté de la Marquise ne s’arrête pas là : elle est aussi très dure avec<br />

Valmont, et se moque de son échec après la fuite de Mme de Tourvel. Elle<br />

débute la lettre 106 par une expression profondément ironique qui ne laisse<br />

place à aucune compassion (« À merveille, Vicomte, et pour le coup, je vous<br />

aime à la fureur ! »), et se moque de l’impuissance de son ami : « Vous voilà donc<br />

absolument réduit à rien » (p. 302). Elle raille le Vicomte en lui disant que ce<br />

retournement de situation était prévisible. Enfin, dans la lettre 113, elle réduit<br />

à néant ce qui pourrait être pour lui une consolation, en affirmant que Cécile<br />

reste profondément amoureuse de Danceny. Valmont n’a pas réussi à lui faire<br />

oublier son Chevalier.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Valmont entre dans une rage folle après la fuite de la Présidente. Relevez<br />

dans la lettre 100 les passages qui expriment ses sentiments les plus noirs, et<br />

identifiez dans ses échanges avec Azolan les ordres qui soulignent son acharnement<br />

à retrouver un pouvoir sur Mme de Tourvel. Après la fuite de Mme de<br />

Tourvel, Valmont laisse éclater sa colère. Il exprime son désir de vengeance :<br />

« Quel plaisir j’aurai à me venger ! je la retrouverai, cette femme perfide ; je reprendrai<br />

mon empire sur elle. […] Je la verrai encore à mes genoux, tremblante et<br />

baignée de pleurs, me criant merci de sa trompeuse voix ; et moi, je serai sans<br />

pitié » (p. 282). L’affection qu’il avait pour la Présidente se transforme en une<br />

haine féroce : « Il n’est plus pour moi de bonheur, de repos, que par la possession<br />

de cette femme que je hais avec une égale fureur. Je ne supporterai mon sort que<br />

du moment où je disposerai du sien » (p. 283).<br />

Ses propos sont particulièrement cruels, car il espère lui faire souffrir tous<br />

les tourments qu’il endure, et bien plus encore. Il multiplie les hyperboles à ce<br />

sujet : « Alors, tranquille et satisfait, je la verrai, à son tour, livrée aux orages que<br />

j’éprouve en ce moment ; j’en exciterai mille autres encore. L’espoir et la crainte, la<br />

méfiance et la sécurité, tous les maux inventés par la haine, tous les biens accordés<br />

par l’amour, je veux qu’ils remplissent son cœur, qu’ils s’y succèdent à ma<br />

volonté » (p. 283).<br />

<strong>Les</strong> ordres que le Vicomte donne à Azolan mettent en évidence son désir de<br />

retrouver un pouvoir sur sa victime : dans la lettre 101, il demande à son domestique<br />

de le renseigner sur absolument tout ce que fait Mme de Tourvel. Pour cela,<br />

il est prêt à employer tous les moyens : il demande à Azolan de renouer avec Julie,<br />

la femme de chambre, pour surveiller au plus près la Présidente, de lier une amitié<br />

avec la personne qui s’occupe de son courrier, et éventuellement d’entrer au service<br />

de Mme de Tourvel. Valmont assure qu’il soutiendra Azolan financièrement et<br />

moralement dans toutes ses entreprises.<br />

Enfin, la lettre 115 achève de dévoiler les plus sombres penchants du Vicomte : ce<br />

dernier se vante d’avoir mis Cécile enceinte, et se réjouit que le futur descendant<br />

de Gercourt soit un Valmont.<br />

Valmont élabore une ultime ruse, sa conversion, pour renouer avec<br />

la Présidente de Tourvel. Dans les lettres 119 à 124, identifiez tous les indices<br />

qui peuvent laisser penser qu’il se tourne vers Dieu pour se repentir. À l’aide<br />

d’un moteur de recherche, dites en quoi Valmont peut ici ressembler à deux<br />

personnages de Molière, Tartuffe et Dom Juan. Dans la lettre 119, Mme de<br />

Rosemonde informe Mme de Tourvel que Valmont s’isole et assiste régulièrement<br />

à la messe. Le Vicomte écrit au Père Anselme, le confesseur de Mme de<br />

Tourvel (lettre 120). Il lui fait part de son repentir, et lui demande de le guider<br />

26<br />

27<br />

Arrêt sur lecture 3<br />

dans une démarche qui semble conçue pour réparer ses fautes : il souhaite obtenir<br />

un entretien avec la Présidente afin de lui remettre toutes ses lettres. Il se<br />

montre à sa tante fatigué et soucieux (lettre 122), implore son pardon, manifeste<br />

son repentir, et évoque « la plus grande affaire de sa vie », sans expliquer de<br />

quoi il retourne. Le vocabulaire religieux envahit son discours. Aussi Mme de<br />

Rosemonde croit-elle à un projet de conversion de son neveu. Valmont peut être<br />

ici comparé à Tartuffe, faux dévot qui dissimule son hypocrisie derrière ses discours<br />

religieux, ou à Dom Juan, libertin qui feint la conversion au cinquième<br />

acte de la comédie de Molière.<br />

Vers l’oral du Bac p. 352-354<br />

Analyse de la lettre 102 de la Présidente de Tourvel<br />

à Mme de Rosemonde, lignes 1-53, pages 288-289<br />

☛ Analyser l’aveu amoureux de la Présidente de Tourvel<br />

Analyse du texte<br />

I. Une confession à Mme de Rosemonde<br />

a. La Présidente de Tourvel sollicite la bienveillance de Mme de Rosemonde.<br />

Expliquez comment elle anticipe sa surprise ou ses reproches : étudiez les<br />

louanges qu’elle lui adresse, les apostrophes et les impératifs du début et de<br />

la fin de l’extrait. Tout le début de la lettre de Mme de Tourvel anticipe les réactions<br />

de Mme de Rosemonde. À trois reprises, la Présidente prévoit la surprise de<br />

son amie à la suite de son départ précipité : « vous serez bien étonnée », « cette<br />

démarche va vous paraître bien extraordinaire », « votre surprise va redoubler ».<br />

Elle anticipe également ses reproches, aux lignes 4 à 7, en employant le futur et<br />

l’adverbe modalisateur « peut-être » : ils concerneraient son manque de respect<br />

et de considération. En imaginant toutes les réactions de Mme de Rosemonde,<br />

Mme de Tourvel lui montre à quel point elle se soucie de son jugement. Elle noue<br />

ensuite un lien affectif très fort avec sa vieille amie. <strong>Les</strong> apostrophes en témoignent<br />

: on passe de « Madame » au début de la lettre à « Ô vous que je choisis pour<br />

ma mère » dans le sixième paragraphe, puis à « Ô mon amie » et « ma respectable<br />

amie » dans le dernier. La Présidente fait l’éloge de Mme de Rosemonde, en la qualifiant<br />

de « douce et prudente », d’« indulgente », en se plaçant sous la protection<br />

de sa « vertu », et en la nommant son « Ange tutélaire ». Surtout, Mme de Tourvel<br />

demande à sa vieille amie de la considérer comme sa fille, au moyen de quatre<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

impératifs : « Regardez-moi comme votre enfant. Ayez pour moi les bontés maternelles<br />

» au début de la lettre (p. 288), et « aimez-moi comme votre fille, adoptezmoi<br />

pour telle » à la fin (p. 290). La Présidente de Tourvel encadre donc le contenu<br />

de sa lettre par une captatio benevolentiae et implore la compréhension et la protection<br />

de sa vieille amie.<br />

b. La Présidente formule son aveu avec difficulté. Prouvez-le en étudiant les<br />

propos qui permettent de le retarder, les expressions qui soulignent la difficulté<br />

à exprimer ses sentiments, l’emploi intransitif du verbe « aimer », et sa façon de<br />

désigner Valmont. Le second paragraphe de la lettre permet à Mme de Tourvel<br />

de retarder son aveu en regrettant sa tranquillité perdue et en se lamentant sur<br />

son état. Elle n’entame sa confession que dans le troisième paragraphe, après des<br />

points de suspension lourds de sous-entendus (« ce fatal voyage m’a perdue… »).<br />

La question qui ouvre ce troisième paragraphe (« Que vous dirai-je enfin ? ») souligne<br />

la difficulté de la Présidente à avouer sa faute. Elle ne prononce d’ailleurs pas<br />

une seule fois le nom de Valmont : elle n’emploie que le pronom de la troisième<br />

personne « il », dont le référent reste implicite : « il va douter encore », « il croira »,<br />

« que ne lui est-il aussi facile de lire dans mon cœur », « je vais le fuir et l’affliger »…<br />

Lorsqu’elle avoue son amour pour Valmont, c’est grâce à un emploi intransitif du<br />

verbe « aimer » : « j’aime, oui, j’aime éperdument ». Dénué de complément, le verbe<br />

est en emploi absolu, ce qui met en valeur l’intensité du sentiment.<br />

c. Mme de Tourvel avoue sa faiblesse avec honte. Expliquez comment elle<br />

confesse ce manquement à ses principes moraux et religieux : commentez le<br />

lexique du combat, les négations et les hyperboles. L’amour coupable de Mme de<br />

Tourvel pour Valmont l’entraîne dans un combat avec elle-même, ce que souligne<br />

le lexique, avec des verbes comme « sauver », « combattre », « résister », « fuir »,<br />

« défendre ». Elle souligne cependant sa défaite par des négations, qu’elles soient<br />

restrictives (« je n’ai sauvé que ma sagesse »), complètes (« je n’en avais plus pour<br />

résister »), ou réalisées par la présence de l’adverbe privatif « sans » (« sans puissance<br />

et sans force », « sans pouvoir le fuir »).<br />

Le lexique souligne sa faute : elle se déclare « coupable », considère sa conduite<br />

comme une « faiblesse », ses désirs comme des « vœux criminels », et cherche à<br />

échapper à la « honte ». Des hyperboles expriment le désespoir de la Présidente :<br />

alors qu’elle n’a encore commis aucune infidélité véritable, elle déclare : « la vertu<br />

s’est évanouie », et considère le malheur comme sa seule perspective, puisqu’elle<br />

se dit « condamnée à faire éternellement » le malheur de Valmont comme le sien.<br />

L’expression hyperbolique de son désespoir va jusqu’à présenter sa vie dans<br />

le malheur comme une véritable mort : « vivre ainsi, n’est-ce pas mourir mille<br />

fois ? » La présence de l’adjectif numéral « mille » accentue encore l’exagération.<br />

28<br />

29<br />

Arrêt sur lecture 3<br />

Pourtant, la Présidente ne craint pas pour sa vie mais pour le salut de son âme.<br />

C’est l’idée qu’elle développe dans les lignes 44 à 51. Mme de Tourvel explique ici<br />

que si seule sa vie était en jeu dans sa liaison avec Valmont, elle courrait le risque<br />

et la sacrifierait sans hésiter. La suite de son raisonnement n’est que sous-entendue<br />

: une telle liaison met son âme en danger, car elle est adultère. C’est ce qui la<br />

pousse à s’éloigner de Valmont, par respect pour sa foi et ses principes religieux.<br />

II. <strong>Les</strong> tourments de l’amour<br />

a. La Présidente de Tourvel a pris une cruelle résolution : celle de fuir l’homme<br />

qu’elle aime. Montrez sa détermination en commentant l’emploi du futur dans<br />

les trois derniers paragraphes, ainsi que l’expression du devoir et de la nécessité.<br />

La détermination de la Présidente à fuir Valmont se lit dans l’emploi récurrent<br />

du futur, qui présente son éloignement comme certain : « je le supporterai », « j’en<br />

aurai le courage », « votre vertu remplacera la mienne », « j’y honorerai encore<br />

l’Ange tutélaire qui me sauvera de la honte ». Il y a dans cet emploi du futur une<br />

démarche d’auto-conviction. Pour la Présidente, s’éloigner de Valmont représente<br />

à la fois un devoir, vis-à-vis de son époux, et une nécessité, pour s’écarter du<br />

péché. <strong>Les</strong> expressions suivantes en témoignent : « il faut le refuser », « je ne dois<br />

pas permettre qu’il vienne », « il me prouve la nécessité de m’y soumettre », « il<br />

vaut mieux mourir que de vivre coupable ». Alors qu’elle rêve de vivre à ses côtés,<br />

Mme de Tourvel choisit de rompre tout contact avec Valmont, ce que souligne l’opposition<br />

(presque un double chiasme) entre les pronoms « je » et « il » dans le quatrième<br />

paragraphe : « tandis qu’il se croira encore près de moi, je serai déjà loin de<br />

lui dans des lieux où il n’est jamais venu, où je ne dois pas permettre qu’il vienne ».<br />

b. La Présidente exprime avec lyrisme son amour pour Valmont. Prouvez-le<br />

en vous appuyant sur le lexique des sentiments, les hyperboles, les questions<br />

rhétoriques, la musicalité des propos. Montrez que la jeune femme idéalise le<br />

Vicomte en lui prêtant des intentions qui ne sont pas les siennes. Le lyrisme<br />

parcourt toute la lettre de la Présidente. La première personne du singulier<br />

est omniprésente. La jeune femme avoue ses sentiments en répétant le verbe<br />

« aimer » (« j’aime, oui, j’aime éperdument ! ») et en employant le verbe « chérir »<br />

(« comment ne le chérirais-je pas ? »), et parle de son « cœur » à deux reprises<br />

(l. 23, 32), siège de ses sentiments. Aux lignes 37 à 39, elle évoque le bonheur des<br />

moments passés en sa compagnie, avec les termes « enivrée », « plaisir », « douceur<br />

», « bonheur ». Elle multiplie les apostrophes, les interjections (« Ah ! », « Hé<br />

bien ! »), les phrases interrogatives et exclamatives. Le ton du texte est emporté :<br />

les nombreuses virgules rendent le rythme des phrases saccadé et soulignent<br />

le trouble de la Présidente. Elle affectionne les groupes binaires qui donnent<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

une certaine musicalité à son propos, et se construisent sur des répétitions ou<br />

des parallélismes : « ce mot que j’écris pour la première fois, ce mot si souvent<br />

demandé sans être obtenu », « le fuir et l’affliger », « sans puissance et sans<br />

force », « il a vu ma peine, et il a eu pitié de moi »… Aveuglée par son amour, la<br />

Présidente prête à Valmont des intentions qui ne sont pas les siennes : la « générosité<br />

» et la « pitié ». Elle croit qu’il l’a épargnée par bonté d’âme, alors qu’il l’a<br />

fait en partie par calcul.<br />

c. Mme de Tourvel exprime également sa douleur. Commentez la dimension<br />

pathétique de cette lettre : étudiez le champ lexical de la souffrance, les exclamations<br />

et interjections. Relevez les oppositions qui traduisent le déchirement<br />

entre sa résolution et son amour. Le registre lyrique devient pathétique lorsque<br />

la Présidente exprime sa souffrance. Le champ lexical de la douleur parcourt tout<br />

le texte (« je suis bien malheureuse », « je souffre », « il a vu ma peine », « son malheur<br />

et le mien »). Le malheur semble être le destin de la Présidente, qui se présente<br />

presque comme une héroïne tragique avec les expressions « fatal voyage »,<br />

« fatal effet d’une présomptueuse confiance », et l’idée d’une condamnation à un<br />

« sort » funeste. <strong>Les</strong> exclamations, les interrogations et les interjections (« Ah ! »,<br />

« Mais quoi ! ») se multiplient dans l’avant-dernier paragraphe pour souligner la<br />

peine de la jeune femme. Des oppositions traduisent le déchirement entre sa<br />

résolution et son amour, exprimées par des connecteurs logiques comme « pourtant<br />

» (l. 20, 51), « tandis que » (l. 26) ou « cependant » (l. 52). On assiste même<br />

à une étonnante inversion des rôles, où Valmont est la victime, et la Présidente<br />

le bourreau, comme le soulignent les expressions « le fuir et l’affliger », « faire<br />

éternellement son malheur », « mettre mes soins à causer sa peine ». En le plaçant<br />

ainsi en position d’objet, la Présidente suggère que le Vicomte subit ses<br />

persécutions !<br />

<strong>Les</strong> trois questions de l’examinateur<br />

Question 1. Mme de Rosemonde répond à la Présidente mais se garde d’intervenir<br />

dans son intrigue avec Valmont. Quel est le rôle de ses lettres ? Que représente<br />

ce personnage dans le roman ? <strong>Les</strong> lettres de Mme de Rosemonde n’ont pas<br />

une fonction narrative : elles ne font pas progresser l’intrigue du roman. Elles permettent<br />

d’approfondir la psychologie des personnages, d’une part en donnant à<br />

Mme de Tourvel une occasion d’exprimer sa passion, et d’autre part en proposant<br />

une réflexion sur l’amour et sur la nature humaine. Ce personnage représente une<br />

forme de sagesse : Mme de Rosemonde connaît la force destructrice des passions,<br />

elle comprend le cœur des hommes aussi bien que celui des femmes, et dans la<br />

majeure partie du roman, pardonne à tous leurs faiblesses.<br />

30<br />

31<br />

Arrêt sur lecture 3<br />

Question 2. Quels sont selon vous les sentiments de Valmont envers Mme de<br />

Tourvel ? Ne recherche-t-il que le plaisir de la conquête, ou peut-on dire qu’il est<br />

amoureux ? Justifiez votre point de vue en faisant référence à des passages précis<br />

du roman. La réponse à cette question dépendra de la sensibilité du candidat,<br />

étant donné que le roman reste ambigu sur ce point. On attendra que le candidat<br />

propose une argumentation solide pour justifier son point de vue, en s’appuyant<br />

sur une analyse des propos du Vicomte ou de ses réactions dans des épisodes<br />

particuliers qui le confrontent à la Présidente.<br />

Question 3. Observez les affiches des adaptations cinématographiques du<br />

roman, reproduites au verso de la couverture. Analysez comment elles mettent<br />

en valeur les deux libertins, et comment elles suggèrent leur pouvoir de manipulation.<br />

L’affiche du film de Roger Vadim met en évidence le pouvoir de manipulation<br />

des libertins en plaçant leurs visages au centre de l’image, et en faisant<br />

partir de ces visages trois dessins qui représentent trois situations de séduction<br />

ou de manipulation : la Marquise de Merteuil parlant à Cécile en haut à gauche, et<br />

Valmont séduisant la Présidente en bas à gauche et au milieu à droite.<br />

L’affiche du film de Stephen Frears insiste sur la position dominante de la<br />

Marquise, placée tout en haut de l’image, dominant à la fois Valmont et Mme de<br />

Tourvel. La Présidente au regard inquiet, placée en bas de l’image et se protégeant<br />

derrière un éventail, est présentée comme la victime : victime immédiate de<br />

Valmont, qui est placé derrière elle et qu’elle semble redouter, et victime indirecte<br />

de la Marquise, qui domine le trio de personnages. <strong>Les</strong> regards du Vicomte et de<br />

la Marquise sont similaires : profonds, pénétrants, ils révèlent la méchanceté des<br />

personnages.<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Arrêt sur lecture 4 p. 469-473<br />

Pour comprendre l’essentiel p. 469-470<br />

La guerre des libertins<br />

La quatrième partie commence par le triomphe de Valmont sur la Présidente<br />

de Tourvel. Montrez qu’il savoure le plaisir de sa victoire. Relisez la fin de la<br />

lettre 125 et expliquez quels nouveaux triomphes espère Valmont. La lettre 125<br />

est particulièrement longue. Le Vicomte commence par se réjouir de sa victoire,<br />

en comparant Mme de Tourvel à ses précédentes conquêtes, puis il fait un récit<br />

détaillé de l’événement. Le champ lexical du combat parcourt tout le texte : dès<br />

la première phrase, il présente la Présidente comme « vaincue », puis parle de<br />

« capitulation », de « campagne pénible », de « savantes manœuvres ». Le lit où<br />

la Présidente s’est offerte à lui devient le « champ de [s]a victoire ». Valmont va<br />

même jusqu’à se comparer à Turenne, à Frédéric II et à Annibal, trois célèbres<br />

conquérants, et file la métaphore guerrière sur un paragraphe entier. À la fin de<br />

sa lettre, Valmont rappelle à la Marquise qu’elle lui doit une récompense, et espère<br />

qu’elle lui sacrifiera Belleroche et Danceny.<br />

Mme de Merteuil est offensée par la victoire du Vicomte. Prouvez qu’elle parvient<br />

à retourner la situation et à triompher de lui. Dites en quoi la lettre 145 crée<br />

la surprise et révèle toute la cruauté de la Marquise. La Marquise de Merteuil est<br />

offensée par l’attitude de Valmont. Orgueilleuse, elle ne supporte pas d’être reléguée<br />

à la seconde place, après la Présidente (voire à la troisième, après Cécile).<br />

Elle parvient donc à retourner la situation en piquant la fierté du Vicomte. Dans<br />

la lettre 134, elle l’accuse d’être amoureux de Mme de Tourvel. Valmont, qui considère<br />

l’amour comme une faiblesse, s’en défend dans la lettre 138. La Marquise<br />

poursuit ses provocations : le comparant à « un homme de [s]a connaissance » qui<br />

ne parvenait pas à se débarrasser d’une liaison embarrassante, elle raconte une<br />

anecdote qui lui permet de souffler au Vicomte une lettre de rupture particulièrement<br />

cynique (lettre 141). Ce dernier tombe dans le piège, et envoie cette lettre,<br />

recopiée mot pour mot, à la Présidente, pour mettre un terme à leur relation. La<br />

lettre 145 crée la surprise : loin de féliciter le Vicomte de cette rupture, la Marquise<br />

se moque de sa naïveté, et lui explique comment elle est parvenue à le manipuler<br />

pour qu’il lui sacrifie une femme qu’il aimait véritablement.<br />

32<br />

33<br />

Arrêt sur lecture 4<br />

<strong>Les</strong> libertins aboutissent à une rupture fatale et définitive. Commentez<br />

la forme que prend cette rupture dans la lettre 153, et expliquez comment<br />

Valmont parvient à remporter une nouvelle victoire sur la Marquise. Le ton<br />

monte entre la Marquise et le Vicomte dans les lettres 151, 152, et 153 : Valmont<br />

exige le sacrifice de Danceny ; Mme de Merteuil le diffère ; le Vicomte la menace,<br />

lui disant que tout obstacle à sa demande sera interprété comme une déclaration<br />

de guerre, et la Marquise répond par ces quelques mots écrits au bas de sa<br />

lettre : « Hé bien ! la guerre » (p. 428). Cette rupture, par sa brièveté, contraste<br />

terriblement avec tout le reste de la correspondance entre les deux personnages.<br />

C’est le seul message du roman à n’être pas même formé d’une phrase<br />

verbale complète.<br />

On a pu voir précédemment que les libertins affectionnaient la métaphore de la<br />

guerre pour évoquer leurs conquêtes amoureuses. Ici, on glisse du sens figuré au<br />

sens propre : il s’agit d’un véritable conflit, qui mènera les deux personnages à leur<br />

perte. Immédiatement après cette déclaration de guerre, Valmont remporte une<br />

victoire sur la Marquise en rappelant à Danceny son amour pour Cécile (lettres 155<br />

à 158). Le chevalier délaisse donc Mme de Merteuil. Valmont sait à quel point cette<br />

dernière ne supporte pas qu’on lui préfère une autre femme : il blesse son orgueil<br />

une nouvelle fois.<br />

Des fins tragiques<br />

<strong>Les</strong> victimes des libertins connaissent des fins tragiques. Montrez qu’elles<br />

partagent un même destin : la honte, le remords et la mort (mort réelle ou mort<br />

symbolique au monde). Après la terrible rupture avec Valmont, Mme de Tourvel<br />

se réfugie au couvent, où sa santé physique et morale se dégrade (lettre 147).<br />

Rongée par le remords et la honte, la Présidente sombre dans la folie, comme<br />

on peut le voir dans la lettre 161 : elle s’adresse à des interlocuteurs multiples et<br />

difficilement identifiables, et voit en Valmont tantôt le visage de l’amour, tantôt<br />

celui du démon. Cette lettre est particulièrement pathétique : la souffrance de la<br />

Présidente prend la forme d’un délire hallucinatoire dans lequel elle se sent persécutée.<br />

Dans la lettre 165, Mme de Volanges raconte comment la Présidente succombe<br />

à sa tristesse, tuée par l’annonce de la mort du Vicomte.<br />

Cécile Volanges, ayant découvert toutes les trahisons de la Marquise de Merteuil,<br />

rejoint elle aussi le couvent pour se faire religieuse, et s’éloigner définitivement du<br />

monde (lettre 170) : elle sait qu’elle n’est plus digne d’épouser qui que ce soit, et<br />

que son honneur est définitivement entaché.<br />

Enfin, Danceny regagne son ordre à Malte, où il compte embrasser des vœux qui le<br />

sépareront du monde (lettre 174).<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Ainsi, les trois victimes des libertins fuient la société pour dissimuler leur honte,<br />

et se rejoignent dans un même destin, la mort, qu’elle soit réelle pour Mme de<br />

Tourvel, ou que ce soit une mort symbolique au monde pour Danceny et Cécile,<br />

qui se tournent vers Dieu et se mettent en retrait de la société.<br />

La fin de Valmont ne manque pas d’héroïsme. Montrez qu’il meurt avec honneur<br />

et rachète ses crimes par un geste qui permet de les réparer. Valmont meurt<br />

héroïquement, tué en duel par Danceny. Sa mort est racontée par M. Bertrand<br />

dans la lettre 163, qui le qualifie de « véritablement grand », car il témoigne du<br />

respect pour son meurtrier. <strong>Les</strong> larmes de Danceny laissent imaginer qu’il pardonne<br />

ses crimes au libertin. Valmont rachète ses fautes en confiant à Danceny<br />

toute sa correspondance, qui lève le voile sur les machinations de la Marquise.<br />

Ses victimes pourront ainsi être disculpées (notamment Prévan, emprisonné à<br />

tort), ou leurs fautes pardonnées. Mais surtout, la diffusion des lettres empêchera<br />

Mme de Merteuil de nuire à son entourage, en faisant la lumière sur sa véritable<br />

personnalité.<br />

La fin de la Marquise est plus cruelle. Expliquez comment elle perd tout<br />

et prouvez qu’elle subit une triple déchéance, morale, physique et sociale. La<br />

Marquise perd tout à la fin du roman : sa réputation, après la diffusion de certaines<br />

lettres (lettre 173), sa beauté, puisqu’elle est défigurée par la petite vérole<br />

(lettre 175), et sa richesse, puisqu’elle perd son procès et que, poursuivie par des<br />

créanciers, elle est contrainte de fuir en Hollande. Sa déchéance est donc à la fois<br />

physique, morale et sociale : la société mondaine, informée de ses crimes, marque<br />

son indignation en rejetant et en huant Mme de Merteuil à la comédie (lettre 173) ;<br />

la Marquise se trouve publiquement humiliée.<br />

Une réflexion sur la nature humaine<br />

<strong>Les</strong> lettres de personnages secondaires, comme Mme de Rosemonde ou<br />

Mme de Volanges, se multiplient à la fin du roman. Expliquez ce choix d’un<br />

point de vue narratif, et montrez que ces personnages sont à la fois spectateurs<br />

et juges, incarnant une forme de sagesse. La multiplication des lettres de<br />

Mme de Rosemonde et de Mme de Volanges à la fin du roman s’explique d’une<br />

part d’un point de vue narratif, puisqu’elle permet de raconter la fin de tous les<br />

personnages (y compris de ceux qui ont choisi le silence, ou y ont été réduits par la<br />

mort), et d’autre part d’un point de vue moral. En effet, ces deux femmes sont les<br />

spectatrices impuissantes des derniers événements de l’intrigue. Ayant toujours<br />

respecté les codes moraux, elles deviennent les juges des crimes des libertins.<br />

Ainsi, dans la lettre 171, Mme de Rosemonde déclare : « celui qui le premier tente de<br />

34<br />

35<br />

Arrêt sur lecture 4<br />

séduire un cœur encore honnête et simple se rend par là même le premier fauteur<br />

de sa corruption, et doit être à jamais comptable des excès et des égarements<br />

qui la suivent » (p. 459). Quant à Mme de Volanges, après avoir raconté l’humiliation<br />

publique de Mme de Merteuil, elle ajoute : « Je vois bien dans tout cela les<br />

méchants punis ; mais je n’y trouve nulle consolation pour leurs malheureuses victimes<br />

» (p. 464). <strong>Les</strong> deux femmes s’accordent donc pour condamner sans appel<br />

le Vicomte et la Marquise, et les rendre responsables de tous les malheurs qui ont<br />

accompagné leurs odieuses machinations.<br />

Le monde est un théâtre où chacun joue un rôle. Montrez que le romancier<br />

dénonce cette comédie des apparences en faisant tomber tous les masques à la<br />

fin du roman : appuyez-vous sur les lettres 168 à 175 ; analysez la fonction de la<br />

diffusion des lettres. Tous les masques tombent à la fin du roman. Il n’est pas anodin<br />

que la Marquise soit publiquement déchue à la Comédie : le romancier souligne<br />

ainsi que le monde est un théâtre où les hommes et les femmes jouent constamment<br />

un rôle. La révélation de la correspondance des libertins permet de dévoiler<br />

la vérité dissimulée sous les apparences. Ainsi, la question de la diffusion des<br />

lettres prend une importance particulière à la fin du roman. Elle est évoquée dans<br />

les lettres 163, 165, 168 et 169. Valmont remet ses lettres à Danceny, qui en fait<br />

connaître deux et donne le reste à Mme de Rosemonde. <strong>Les</strong> deux lettres dévoilées<br />

au public sont vraisemblablement la lettre 81 et la lettre 85 : la première révèle la<br />

véritable personnalité de Mme de Merteuil, et la seconde disculpe Prévan. Avant<br />

de mourir, Mme de Tourvel charge Mme de Volanges de remettre également ses<br />

lettres à Mme de Rosemonde. Ainsi, c’est au même personnage que revient toute<br />

la correspondance qui constitue le roman. La vieille femme choisit de ne pas la<br />

diffuser, pour passer sous silence l’horreur des événements dont elle est témoin.<br />

<strong>Les</strong> derniers mots du roman reviennent à Mme de Volanges. Résumez la<br />

réflexion qu’elle livre sur la nature humaine, et prouvez qu’elle donne une vision<br />

de l’homme particulièrement pessimiste. Mme de Volanges rappelle le danger<br />

des liaisons à la fin de la dernière lettre du roman, et laisse entendre que les<br />

femmes sont trop souvent sans défense face à la séduction. <strong>Les</strong> conséquences<br />

peuvent en être funestes. <strong>Les</strong> derniers mots du roman donnent une vision de<br />

l’homme particulièrement pessimiste : « j’éprouve en ce moment que notre raison,<br />

déjà si insuffisante pour prévenir nos malheurs, l’est encore davantage pour nous<br />

en consoler » (p. 468). Malgré ses capacités de réflexion, l’homme ne parvient<br />

pas à éviter les fautes, ni à s’éloigner du crime, et il est condamné à en souffrir.<br />

Mme de Volanges met ainsi en évidence la faiblesse des hommes, et le malheur de<br />

la condition humaine.<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Vers l’oral du Bac p. 471-473<br />

Analyse de la lettre 145 de la Marquise de Merteuil au Vicomte<br />

de Valmont, pages 408-410<br />

☛ Analyser le triomphe de la Marquise de Merteuil<br />

Analyse du texte<br />

I. Une lettre de triomphe cynique et orgueilleuse<br />

a. La Marquise dévoile avec jubilation sa vengeance au Vicomte : elle l’a habilement<br />

manipulé pour qu’il rompe avec la Présidente. Analysez les procédés<br />

qui mettent en valeur cette révélation aux lignes 1-13. Relevez les expressions<br />

qui soulignent le plaisir cruel de Mme de Merteuil à nuire à Valmont comme<br />

à Gercourt. Alors que le Vicomte savourait sa victoire sur la Présidente dans<br />

la lettre 125, et se félicitait de l’avoir sacrifiée à la lettre 142, Mme de Merteuil<br />

retourne la situation dans cette lettre en faisant de ce sacrifice son « triomphe »,<br />

et le plus savoureux de sa vie de libertine, ce qu’elle souligne par un comparatif de<br />

supériorité : « ce triomphe me flatte plus que tous ceux que j’ai pu obtenir jusqu’à<br />

présent ». Elle a complètement manipulé Valmont, et met en valeur sa révélation<br />

au moyen d’une succession de présentatifs (l. 7-8) qui, associés aux outils relatifs<br />

« que » et « qui », construisent des structures d’emphase qui mettent notamment<br />

en relief les pronoms personnels « elle » et « vous » : « c’est que ce n’est pas sur<br />

elle que j’ai remporté cet avantage ; c’est sur vous : voilà le plaisant et ce qui est<br />

vraiment délicieux ». Elle poursuit sa révélation en s’expliquant dans le second<br />

paragraphe de la lettre : elle triomphe car elle a poussé le Vicomte à lui sacrifier<br />

une femme qu’il aimait. Le « oui » et la répétition du verbe « aimer », dérivé à l’imparfait<br />

puis au présent, insistent sur cette idée. La Marquise énonce même une<br />

hypothèse hyperbolique : « vous en auriez sacrifié mille, plutôt que de souffrir une<br />

plaisanterie. » Elle a donc joué sur la fierté du Vicomte pour servir sa jalousie. Sa<br />

cruauté se révèle dans les expressions « le plaisant », « vraiment délicieux » (l. 8),<br />

« je m’amusais » (l. 11), qui mettent en évidence le plaisir qu’elle prend à persécuter<br />

Valmont, mais aussi Gercourt, puisqu’elle considère le projet de provoquer une<br />

nouvelle grossesse de Cécile comme une « idée […] assez plaisante » (l. 53-54).<br />

b. Le ton de la lettre est celui de la raillerie. Commentez les questions et les<br />

exclamations qui marquent l’amusement de la Marquise, les expressions qui<br />

dévalorisent le Vicomte. Relevez les termes ironiques qui se moquent de sa crédulité<br />

et de son amour. La Marquise se moque du Vicomte. Elle multiplie les exclamations<br />

et les interrogations qui, sous couvert de marquer la surprise, insistent<br />

36<br />

37<br />

Arrêt sur lecture 4<br />

sur son amusement. On les trouve aux lignes 1-3, 13, 15-16, 20-21, 35-36, accompagnées<br />

parfois d’interjections (« Quoi ! », « Ah ! »). Pour qualifier le sacrifice de<br />

Valmont, Mme de Merteuil alterne entre l’éloge ironique et le blâme. <strong>Les</strong> termes<br />

« charmant », « bravement » et « finesse » sont évidemment ironiques, puisqu’ils<br />

soulignent la crédulité de Valmont. Ils sont contredits par un lexique dépréciatif :<br />

« vanité », « gaucherie », « démarche inconsidérée ». L’opposition entre l’éloge et<br />

le blâme dans les propos de la Marquise se résume dans la phrase suivante : « C’est<br />

dommage qu’avec tant de talent pour les projets, vous en ayez si peu pour l’exécution<br />

[…]. » Elle pousse le cynisme jusqu’à se placer dans une position généreuse<br />

en évoquant toutes les « chicanes » qu’elle pourrait faire au Vicomte mais qu’elle a<br />

choisi de taire. Tout est donc fait pour humilier Valmont.<br />

II. L’affirmation d’une maîtrise totale<br />

a. La Marquise semble lire sans difficulté dans les pensées et dans le cœur du<br />

Vicomte. Montrez sa lucidité en identifiant les passages où elle se livre à une<br />

analyse psychologique de son alter ego, et ceux qui témoignent d’une connaissance<br />

plus générale de la nature humaine. La Marquise fait preuve d’une grande<br />

lucidité vis-à-vis du Vicomte. D’une part, elle lui révèle ce qu’il n’osait s’avouer à luimême<br />

: « vous aimiez beaucoup Mme de Tourvel, et même vous l’aimez encore ».<br />

Elle met en évidence l’intensité du sentiment amoureux de Valmont au moyen<br />

d’une comparaison, « vous l’aimez comme un fou », et d’un superlatif, « ce que<br />

vous désirez le plus ». D’autre part, elle explique par quel sentiment elle a réussi<br />

à le manipuler : la « vanité ». L’amour est en effet pour le Vicomte une faiblesse<br />

dont il peut avoir « honte » en tant que libertin. Mme de Merteuil ajoute à cette<br />

analyse psychologique de son ami une réflexion générale sur la nature humaine<br />

qui ne manque pas de cynisme, lorsqu’elle s’exclame « Où nous conduit pourtant<br />

la vanité ! » et lorsqu’elle fait allusion à des propos du « Sage », qui ne renvoient en<br />

réalité qu’à un poncif : « elle est l’ennemie du bonheur ». On est passé au présent<br />

de vérité générale, et au pronom « nous », au lieu de « vous » : le propos s’applique<br />

donc à l’ensemble de l’humanité. Alors qu’elle se délecte de la faiblesse de son<br />

ami, la libertine raisonne comme une moraliste !<br />

b. Valmont apparaît comme un pantin manipulé par la Marquise de<br />

Merteuil. Relevez et analysez les passages qui soulignent l’emprise de la libertine<br />

sur lui, et montrez en quoi l’avant-dernier paragraphe de la lettre est provocateur.<br />

La Marquise affirme son pouvoir sur Valmont. D’une part, elle montre<br />

à quel point elle l’a manipulé jusqu’à lui dicter sa conduite, notamment dans la<br />

subordonnée « tandis que je frappais celle-ci, ou plutôt que je dirigeais vos coups ».<br />

La rectification (« ou plutôt ») permet de mettre en évidence le pouvoir de la<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

libertine sur son ami, qui apparaît comme un subordonné, un homme de main qui<br />

exécute ses plans. C’est ce que suggérait, au début de la lettre, l’exclamation « et<br />

vous avez surpassé mon attente ». La Marquise humilie le Vicomte en prouvant<br />

qu’elle est à l’origine des décisions qu’il a prises. D’autre part, Mme de Merteuil<br />

entend continuer à maîtriser Valmont. Feignant la générosité, elle accepte par<br />

avance ses tentatives de vengeance en déclarant : « je trouve bon que vous tentiez<br />

tous les moyens : je vous y invite même », comme si le Vicomte avait besoin de<br />

sa permission. Elle fait de même en ce qui concerne Cécile et Gercourt : elle feint<br />

d’accorder au Vicomte le « choix » entre deux possibilités (notons tout le mépris<br />

contenu dans le verbe « laisser » dans l’expression « en vous laissant le choix ») :<br />

rendre Cécile à Danceny ou provoquer une nouvelle grossesse. Cependant, elle<br />

ne lui permet pas de prendre sa décision sans l’avoir préalablement consultée :<br />

« je vous demande pourtant de ne pas prendre de parti définitif, sans que nous en<br />

ayons causé ensemble ». Le ton de la phrase est péremptoire, et l’adverbe d’opposition<br />

« pourtant », associé à la négation (« ne pas prendre parti sans que ») laisse<br />

en vérité bien peu de liberté à Valmont.<br />

III. Une lettre annonciatrice du dénouement<br />

a. La Marquise sait que sa lettre est une déclaration de guerre. Repérez les passages<br />

qui annoncent et acceptent le conflit ouvert avec Valmont, et montrez que<br />

Mme de Merteuil prédit sa propre fin. La lettre est si humiliante pour Valmont<br />

qu’elle constitue une véritable déclaration de guerre, et derrière sa fausse bienveillance,<br />

la Marquise le sait bien. Elle annonce le conflit ouvert avec Valmont.<br />

Elle en imagine les conséquences aux lignes 17-18 : « dussiez-vous, à mon tour, me<br />

réduire au désespoir et au Couvent ». Le subjonctif évoque ici une éventualité<br />

concédée. Par deux fois, elle accepte ce conflit à venir : « j’en cours les risques »,<br />

« je consens à en porter la faute » (notons qu’elle est alors passée au présent).<br />

Elle va jusqu’à provoquer le Vicomte en l’« invit[ant] » à employer tous les moyens<br />

propices à sa vengeance, mais elle le dénigre immédiatement en annonçant son<br />

échec, au moyen d’une subordonnée hypothétique, « si vous parvenez à en avoir ».<br />

Cette lettre est bien évidemment un défi que la libertine lance à son alter ego. Cet<br />

excès de confiance sera fatal à la Marquise. Véritable héroïne tragique, elle fait<br />

preuve d’hybris : son orgueil la mènera à sa perte. Elle frôle la prophétie lorsqu’elle<br />

imagine être « réduite au désespoir et au Couvent ». En effet, le Vicomte sera responsable<br />

de sa chute : en confiant ses lettres à Danceny, il permettra qu’elle soit<br />

démasquée et déshonorée. Certes, la Marquise ne finira pas ses jours au couvent,<br />

mais elle sera contrainte de fuir la société mondaine parisienne, ce qui revient à<br />

peu près au même.<br />

38<br />

39<br />

Arrêt sur lecture 4<br />

b. La Marquise exclut toute possibilité de réconciliation entre le Vicomte et la<br />

Présidente. Montrez-le en commentant l’emploi du conditionnel des lignes 23<br />

à 30, opposé aux lignes 35 à 39. Identifiez les termes qui annoncent la fin de<br />

la Présidente. Dans les lignes 23 à 30, la Marquise dévoile les désirs secrets que<br />

dissimule le projet de réconciliation avec la Présidente : Valmont pourrait garder<br />

les deux femmes, l’amante qu’il aime véritablement, et l’amie libertine avec qui<br />

il partage plaisir physique et complicité. Cependant, la Marquise repousse cette<br />

éventualité en employant le conditionnel, qui relègue cette solution au dilemme<br />

de Valmont dans le domaine de l’irréel. À ce conditionnel, elle oppose l’impératif<br />

(« croyez-moi ») et le présent dans les lignes 37-39. Le présent de vérité générale<br />

et l’impersonnalité de la proposition (« quand une femme frappe… ») sont un<br />

leurre : la Marquise parle bien d’elle-même, et affirme sa certitude sur le caractère<br />

définitif de cette rupture et de sa vengeance. Ici encore, ses propos revêtent un<br />

caractère prophétique : effectivement la blessure de Mme de Tourvel est « incurable<br />

», puisqu’elle mourra au couvent, terrassée par le remords, la honte et le<br />

chagrin. La Marquise a bien atteint directement le « cœur » de la Présidente.<br />

<strong>Les</strong> trois questions de l’examinateur<br />

Question 1. Dans quelle mesure peut-on dire que le dénouement de ce roman<br />

est tragique ? Ce dénouement est tragique car chaque personnage court à sa<br />

propre perte, et aucun n’échappe au châtiment que mérite sa faute. Danceny et<br />

Cécile, qui ont défié les lois sociales et religieuses, sont déshonorés et contraints<br />

de s’éloigner du monde. Mme de Tourvel, qui s’est laissé entraîner dans une passion<br />

coupable, meurt d’amour. Enfin, les deux libertins succombent à leur orgueil,<br />

et utilisent leur terrible intelligence pour se détruire mutuellement.<br />

Question 2. Selon vous, qui est le personnage principal des <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments précis de<br />

l’intrigue. Cette réponse dépend de la sensibilité du candidat. On attendra qu’elle<br />

soit argumentée et illustrée de nombreuses références à l’ensemble du roman.<br />

Question 3. Laclos a été inspiré par de nombreux auteurs, et son roman a luimême<br />

inspiré bien des artistes. Quelles influences à la source du roman, et<br />

quelles réécritures ou adaptations ultérieures connaissez-vous ? On trouvera<br />

des éléments de réponse à cette question à la fin de l’ouvrage, dans les fiches 5,<br />

7 et 8 (p. 483-490).<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Groupements de textes p. 495-513<br />

■ La guerre des sexes<br />

1. Comment ces différents textes présentent-ils les relations entre les hommes<br />

et les femmes ? Ces différents textes soulignent l’inégalité qui existe entre les<br />

hommes et les femmes.<br />

Cette inégalité est d’abord naturelle, comme l’explique la maréchale dans le texte<br />

de Voltaire, puisque les femmes donnent naissance aux enfants, ce qui, selon<br />

Armande dans le texte de Molière, les enfonce dans la matière. Cette différence<br />

naturelle entre hommes et femmes s’accompagne d’une inégalité de statut. Dans<br />

le ménage, c’est l’homme qui dirige. Balzac compare la vie en couple à son époque<br />

à un système politique : à l’origine, c’est une autocratie, où le pouvoir revient entièrement<br />

à l’époux. Et si celui-ci propose d’en changer, de passer à un « système<br />

constitutionnel », et de laisser à l’épouse le droit de participer à la direction du<br />

ménage, c’est dans le but secret de prouver qu’elle en est incapable. Un siècle<br />

plus tard, Simone de Beauvoir constate toujours une grande inégalité dans le statut<br />

social des hommes et des femmes : les meilleurs postes, les meilleurs salaires,<br />

les fonctions de dirigeant sont toujours réservés aux hommes. Voltaire et Simone<br />

de Beauvoir mettent en évidence le fait que la religion justifie et perpétue cette<br />

inégalité.<br />

Ainsi, entre hommes et femmes s’instaure un rapport de force. <strong>Les</strong> femmes des<br />

différents textes, qu’elles soient auteurs ou personnages, s’insurgent contre<br />

l’« esclavage » qui soumet la femme au pouvoir de l’homme. Louise Labé rappelle<br />

que de « dures lois » ont empêché les femmes de s’instruire. Armande, le personnage<br />

de Molière, voit le mariage comme une soumission, où la femme est « aux<br />

lois d’un homme en esclave asservie ». Dans le texte de Voltaire, la maréchale<br />

précise que la nature n’a pas conçu l’union entre hommes et femmes comme un<br />

« esclavage », et s’oppose ainsi à la vision du mariage de saint Paul. Olympe de<br />

Gouges méprise les « vaines prétentions de supériorité » des hommes.<br />

Dans ces différents textes, certaines femmes appellent donc à la prise de<br />

conscience et à la lutte pour l’égalité. Le combat contre l’injustice passe par l’éducation<br />

: c’est ce que souligne Louise Labé, qui invite les femmes de son temps à<br />

se cultiver pour égaler et dépasser les hommes « en science et en vertu », mais<br />

aussi Armande et Olympe de Gouges qui voient dans la « philosophie » le moyen<br />

40<br />

41<br />

Groupements de textes<br />

de s’affranchir de la domination masculine. Le texte d’Olympe de Gouges est particulièrement<br />

revendicatif, puisqu’il appelle les femmes au soulèvement : l’écrivain<br />

entend poursuivre la révolution et la quête d’égalité jusque dans la condition<br />

féminine ; alors que se présente le besoin d’une éducation nationale, elle montre<br />

que celle-ci ne doit pas être réservée aux hommes. Le groupement se clôt sur<br />

une note optimiste puisque Simone de Beauvoir, au milieu du XX e siècle, constate<br />

un début de changement dans la société. Elle attire cependant l’attention du lecteur<br />

sur le fait que l’instruction a jusqu’ici entretenu l’inégalité entre hommes et<br />

femmes en glorifiant l’histoire des hommes. Elle invite donc implicitement le lecteur<br />

à réfléchir sur la nécessité de réformer l’apprentissage de l’histoire afin de<br />

corriger cette injustice.<br />

2. La réalisation de ces exposés pourra ensuite donner lieu à un travail<br />

comparatif qui mettra en perspective d’une part, d’un point de vue historique<br />

et géographique, l’évolution de la condition féminine à travers les époques et<br />

les cultures, et d’autre part, d’un point de vue artistique, les différentes formes<br />

d’expression de ses grandes problématiques. On pourra également proposer aux<br />

élèves volontaires de réaliser leur propre création artistique sur ce thème (texte,<br />

peinture, dessin, bande-dessinée, film, chorégraphie, musique…), ou sur la condition<br />

humaine en général.<br />

■ Portraits de libertins<br />

1. Quelles sont les caractéristiques des libertins d’après ces textes ? Ces différents<br />

portraits nous livrent les principales caractéristiques des libertins.<br />

Tout d’abord, ce sont des séducteurs, qui charment les femmes en société. Dans le<br />

texte de Richardson, Miss Howe évoque la « fort belle main » de Lovelace, sa fierté,<br />

et sa capacité à s’attirer les éloges de son entourage. Versac est présenté par<br />

M. de Meilcour, narrateur du roman de Crébillon fils, comme un homme élégant,<br />

séduisant, « adoré de toutes les femmes », et dont l’« heureuse impertinence »<br />

charme toutes les compagnies. Ce personnage se caractérise également par sa<br />

noblesse. Enfin, le Duc de ***, dans le roman de Dorat, avoue séduire complètement<br />

et rapidement les femmes afin d’en être « vite débarrassé ».<br />

Habiles séducteurs, les libertins du groupement de textes recherchent les plaisirs<br />

du corps. Il s’agit tout d’abord du plaisir sexuel : Miss Howe évoque les « histoires<br />

folâtres » de Lovelace, qu’elle définit comme un « homme de plaisir » ; Casanova<br />

évoque ses « folies de jeunesse » et avoue aimer l’odeur des femmes qu’il a<br />

séduites ; Mme de Saint-Ange est beaucoup plus explicite puisqu’elle se réjouit de<br />

goûter les « voluptés criminelles » que lui procureront l’éducation sexuelle de la<br />

jeune fille qu’on lui confie pour deux jours. Pour Casanova, « cultiver le plaisir des<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

sens » est une façon de vivre, et il ne le recherche pas seulement dans les relations<br />

charnelles, mais aussi dans la bonne chère : il évoque ainsi différents plats au goût<br />

prononcé qu’il apprécie tout particulièrement.<br />

<strong>Les</strong> libertins du groupement sont tous des gens d’esprit. Miss Howe s’étonne<br />

que Lovelace passe beaucoup de temps à écrire : cette activité met en évidence<br />

ses qualités de réflexion, et Lovelace n’hésite pas à se comparer à Jules César<br />

à ce sujet. <strong>Les</strong> qualités d’écriture se retrouvent chez Casanova, un libertin qui a<br />

réellement existé et a rédigé ses mémoires, mais aussi dans le personnage fictif<br />

du Duc de ***, dont on peut apprécier la finesse de style dans l’extrait du roman<br />

épistolaire de Dorat. Enfin, pour Mme de Saint-Ange, le libertinage comporte deux<br />

facettes : d’une part, la pratique, et d’autre part, la théorie, qui repose sur une véritable<br />

« philosophie ».<br />

Enfin, tous les libertins sont d’habiles manipulateurs. Casanova confesse avoir<br />

trompé des hommes par nécessité, et des femmes par amour. Versac lui aussi<br />

« tromp[e] et déchir[e] » ses victimes, et parvient toujours à tourner les choses<br />

« à son avantage ». La lettre extraite du roman de Dorat présente les plans diaboliques<br />

du Duc de *** : blessé dans sa fierté par Mme de Syrcé qui l’a repoussé,<br />

il utilise le Comte de Mirbelle pour servir sa vengeance. Ce dernier séduira la<br />

jeune femme et la poussera à renoncer à ses principes. Enfin, Mme de Saint-Ange<br />

explique à son frère qu’elle cherche à pervertir une jeune fille, à la « dégrader », à<br />

« culbuter dans elle tous les faux principes de morale dont on aurait pu l’étourdir »<br />

pour qu’elle devienne une vraie « débauchée ». Le libertinage de mœurs rejoint<br />

donc ici le libertinage d’esprit, qui remet en question les dogmes religieux.<br />

Certaines œuvres de ce groupement ont inspiré Laclos : on reconnaît par exemple<br />

beaucoup de traits de caractères de Valmont chez Lovelace et Versac. Le nom de<br />

ce dernier est d’ailleurs assez proche de celui d’un des personnages libertins des<br />

<strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong>, Vressac, le rival du Vicomte. L’entreprise de séduction par<br />

procuration imaginée par le Duc de *** dans le roman de Dorat peut également<br />

faire penser p aux projets de la Marquise concernant Cécile Volanges.<br />

2. Avant qu’ils effectuent ce travail, on rappellera aux élèves la méthode<br />

de l’analyse d’images. On pourra prolonger l’activité par une écriture d’invention<br />

qui consistera à réaliser un portrait du libertin présenté. On proposera alors<br />

aux élèves de s’inspirer des modèles de portraits que propose le groupement de<br />

textes.<br />

42<br />

Vers l’écrit du Bac p. 514-522<br />

Sujet Génies du mal<br />

43<br />

Vers l’écrit du Bac<br />

☛ Le personnage de roman, du XVII e siècle à nos jours<br />

■ Questions sur le corpus<br />

1. Quelles caractéristiques physiques et morales rendent les personnages de<br />

ces documents (textes et annexe) à la fois repoussants et fascinants ? Mme de<br />

Merteuil, Milady, Barkilphedro et O’Brien sont quatre personnages foncièrement<br />

méchants qui suscitent à la fois la répulsion et la fascination chez le lecteur.<br />

<strong>Les</strong> personnages du corpus sont tout d’abord repoussants car ils sont animés<br />

de sentiments mauvais : la vengeance pour la Marquise de Merteuil (texte A), la<br />

haine pour Barkilphedro et pour Milady (le mot revient bon nombre de fois dans<br />

le texte C, et Victor Hugo souligne qu’il s’agit d’une haine purement gratuite), et la<br />

volonté de soumettre l’autre dans l’ensemble des textes. Cette domination passe<br />

par une violence morale ou physique exercée sur la victime, ce que souligne le<br />

lexique employé dans les textes d’Hugo et Orwell avec des verbes comme « l’humilier,<br />

l’amoindrir, la désoler », « la disséquer », « la déchiqueter » dans le texte C,<br />

et « s’user, gémir, ramper, pleurer » dans le texte D. De plus, pour tous ces personnages,<br />

nuire est un plaisir. Mme de Merteuil se prend à « rire » en lisant les<br />

lettres de désespoir de ses deux amies, et se trouve charmée par la douleur de<br />

Cécile, car elle voit dans ses larmes un « nouvel agrément ». Dans L’Homme qui<br />

rit, Hugo précise que Barkilphedro sent « avec joie » la « saveur de l’action mauvaise<br />

», et le « rêve » d’une torture physique de Josiane le « charm[e] ». Dans le<br />

texte de George Orwell, O’Brien évoque sa capacité à soumettre les volontés avec<br />

une « voix rêveuse » remplie d’« exaltation ». La cruauté est bien un délice pour<br />

tous ces personnages, ce qui les rend particulièrement effrayants.<br />

Mais les personnages du corpus sont aussi fascinants pour le lecteur. <strong>Les</strong><br />

femmes (Milady, dans le texte d’Alexandre Dumas, et Mme de Merteuil, héroïne<br />

du texte de Choderlos de Laclos et du film de Stephen Frears) se caractérisent<br />

par leur beauté et leur pouvoir de séduction. L’annexe nous présente la<br />

Marquise dans un moment de complicité avec Cécile Volanges, et l’image met<br />

en valeur son élégance dans son maintien, sa parure et son attitude. De plus,<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

tous les personnages du corpus fascinent par le pouvoir qu’ils ont sur les êtres.<br />

Mme de Merteuil maîtrise l’art de la manipulation, puisqu’elle trace le destin de<br />

Cécile, de sa mère et de Gercourt, et s’en réjouit dans des expressions hyperboliques,<br />

notamment quand elle évoque les « mille moyens » de faire ce qu’elle<br />

veut de Gercourt, ou qu’elle se déclare la « maîtresse de l’esprit » de la jeune fille.<br />

L’influence qu’elle exerce sur Cécile est visible dans la photo du film de Stephen<br />

Frears : la jeune fille, penchée, les yeux clos, se confie à la Marquise, qui met un<br />

doigt sur sa bouche avec un sourire, comme si elle avait déjà deviné tous les<br />

sentiments de sa protégée. Milady, quant à elle, a confiance dans le « génie du<br />

mal », et entend en faire preuve puisqu’elle passe de longs moments à réfléchir<br />

au meilleur moyen de dominer Felton, sa victime, alors qu’il la retient prisonnière.<br />

De son côté, Barkilphedro a choisi pour cible Josiane, sa bienfaitrice, et<br />

va la frapper dans son « orgueil », qu’il a décelé comme sa principale faiblesse.<br />

Enfin, O’Brien explique à Winston comment il est capable d’amener les hommes<br />

révoltés à penser autrement, comment il parvient à réduire leur volonté et à<br />

refaçonner leur jugement.<br />

2. Dans les trois premiers textes, analysez les métaphores et comparaisons<br />

grâce auxquelles est exprimée (par les narrateurs ou par les personnages euxmêmes)<br />

la terrible méchanceté des personnages. Plusieurs comparaisons et<br />

métaphores mettent en relief la terrible méchanceté des personnages dans les<br />

trois premiers textes.<br />

Dans le premier texte, la Marquise se compare à une « Divinité », et à un « Ange<br />

consolateur ». Ces deux images sont particulièrement flatteuses : appartenant<br />

toutes deux au domaine religieux, elles sacralisent le personnage. Si l’« Ange<br />

consolateur » semble apporter le réconfort, la « Divinité » en revanche se caractérise<br />

par son intransigeance et sa capacité à faire souffrir les hommes par ses<br />

« décrets immuables ».<br />

Dans les textes d’Alexandre Dumas et de Victor Hugo, les métaphores sont moins<br />

flatteuses et expriment avant tout la violence que les personnages exercent sur<br />

leurs victimes. Milady est comparée à un « serpent », c’est-à-dire un prédateur, qui<br />

serre ses proies dans ses « anneaux » avant de les tuer. <strong>Les</strong> anneaux du serpent<br />

représentent la pensée de la femme fatale, qui se concentre sur sa cible avant<br />

de la frapper. Dans le texte de Victor Hugo, les métaphores sont plus violentes<br />

encore : on trouve d’une part une métaphore filée de la chasse et de la guerre,<br />

du « coup de fusil » évoqué dans le début du texte à la pointe qui saura transpercer<br />

l’« armure d’or de Josiane » à la fin. Cette première métaphore est déjà<br />

sanglante (la blessure fait « ruisseler le sang » de Josiane, comparée à une déesse<br />

mythologique, une « olympienne »), mais pas autant que celle qui est développée<br />

44<br />

45<br />

Vers l’écrit du Bac<br />

dans le dernier paragraphe : la torture morale que Barkilphedro compte infliger à<br />

sa victime s’apparente à une « vivisection ». Le lexique devient extrêmement violent<br />

: le narrateur du texte de Victor Hugo parle de « disséquer » la femme, de la<br />

« déchiqueter » pendant qu’elle hurle. En lisant ces lignes, le lecteur est forcément<br />

parcouru d’un frisson d’horreur, car à cette extrême violence est associée l’image<br />

de la médecine (avec les mots « convulsive », « table d’anatomie », « chirurgie »),<br />

qui est tout à fait contraire à l’idée de torture. Il y a donc dans la démarche de<br />

Barkilphedro une grande cruauté, et en même temps un esprit scientifique et<br />

méticuleux que cette métaphore met en évidence.<br />

■ Travaux d’écriture<br />

Commentaire (séries générales)<br />

Vous ferez le commentaire du texte de Choderlos de Laclos (texte A).<br />

Proposition de plan détaillé<br />

I. Le plaisir de se raconter<br />

A. Un récit complet<br />

La Marquise raconte aussi bien ses pensées, au discours direct (premier paragraphe),<br />

que ses réactions (second paragraphe) et ses actions (troisième et quatrième<br />

paragraphes). Elle introduit également dans son récit une citation de lettre,<br />

en italiques dans le second paragraphe.<br />

B. Une autosatisfaction<br />

La Marquise fait son propre éloge : pour commenter ses stratégies elle utilise de<br />

nombreux termes mélioratifs. Certaines phrases attirent l’attention du Vicomte<br />

sur ses succès (question rhétorique, prise à parti du destinataire avec l’emploi de<br />

la deuxième personne du pluriel).<br />

C. Une capacité à se mettre en scène<br />

La Marquise endosse plusieurs rôles successifs : celui de l’« Ange consolateur », et<br />

celui de la femme de chambre. Le dernier paragraphe, en partie descriptif, dresse<br />

un véritable tableau de piété et de générosité.<br />

II. L’art de la manipulation<br />

A. <strong>Les</strong> stratégies de la libertine<br />

La Marquise élabore ses stratégies en examinant différentes hypothèses (on<br />

relève l’expression de l’alternative, accompagnée de l’emploi du futur, dans le premier<br />

paragraphe). Elle agit également sur le terrain, en luttant contre les résolutions<br />

de Mme de Volanges (on retrouve un lexique guerrier dans l’expression « j’ai<br />

paré ce coup »).<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

B. Un pouvoir sur les êtres<br />

De nombreuses expressions soulignent le pouvoir qu’a la Marquise sur les autres<br />

personnages : la construction des phrases place souvent ses victimes en position<br />

d’objet, dans des pronoms COD qui montrent qu’ils subissent l’influence de la<br />

libertine.<br />

III. <strong>Les</strong> délices de la cruauté<br />

A. Le plaisir de nuire<br />

La Marquise trouve un sommeil paisible après avoir médité ses plans de vengeance.<br />

Elle rit de voir une même affliction chez la mère et la fille. Elle semble enfin<br />

particulièrement touchée par la douleur de Cécile dans le dernier paragraphe : la<br />

souffrance de la jeune fille éveille une sorte de désir malsain chez la libertine.<br />

B. L’art du blasphème<br />

Mme de Merteuil se présente comme une figure divine dans le second paragraphe,<br />

et fait de Cécile une nouvelle Madeleine dans le dernier : l’ironie de ces deux<br />

références religieuses qui glorifient les vices de la libertine a de quoi choquer le<br />

lecteur.<br />

Commentaire (séries technologiques)<br />

Vous ferez le commentaire du texte de Victor Hugo (texte C) en vous aidant du<br />

parcours de lecture suivant : dans un premier temps, vous expliquerez en quoi<br />

Barkilphedro est un héros négatif qui se caractérise par sa méchanceté ; dans<br />

un second temps, vous montrerez que le texte nous propose une réflexion plus<br />

générale sur la nature humaine.<br />

Proposition de plan détaillé<br />

I. Un héros négatif qui se caractérise par sa méchanceté<br />

A. Un personnage cruel<br />

Le personnage se caractérise par sa haine et sa méchanceté. Le premier paragraphe<br />

désigne sa cible. La suite du texte met en évidence les intentions cruelles<br />

de Barkilphedro envers Josiane (notamment dans l’énumération du huitième<br />

paragraphe).<br />

B. Le plaisir de nuire<br />

Le narrateur souligne à la fois l’ingratitude de Barkilphedro, qui va nuire à sa bienfaitrice,<br />

et le plaisir qu’il prend à élaborer des stratégies pour la persécuter.<br />

C. Des images sanglantes<br />

Le narrateur construit trois comparaisons violentes pour représenter les sentiments<br />

de haine de Barkilphedro et son désir de persécution envers Josiane : celle<br />

46<br />

47<br />

Vers l’écrit du Bac<br />

du chasseur tout d’abord, celle du combat contre une divinité ensuite, et celle de<br />

la vivisection enfin. On note une gradation de la violence dans ces différentes<br />

images.<br />

II. Une réflexion sur la nature humaine<br />

A. Un ton didactique<br />

Le narrateur adopte un ton didactique en multipliant les formules généralisantes<br />

(présent de vérité générale, emploi de pronoms et articles indéfinis, constructions<br />

attributives à caractère définitoire). Il s’adresse parfois à son lecteur, lui pose des<br />

questions, et emploie une référence littéraire (celle de Zoïle et Homère) pour illustrer<br />

son argumentation.<br />

B. Une réflexion sur la haine<br />

Le narrateur livre ses pensées sur le sentiment de haine qui habite l’être humain.<br />

Des comparaisons (celles du projectile et de l’escopette au début du texte) et des<br />

hyperboles (sixième paragraphe) mettent en évidence la puissance du sentiment<br />

de haine et de l’esprit qui l’éprouve, mais aussi le danger qu’ils représentent.<br />

C. Une analyse psychologique<br />

Le narrateur propose une analyse psychologique de deux types, deux personnages<br />

représentatifs d’un caractère particulier : l’orgueilleuse et l’envieux. L’excès<br />

de confiance en soi est la faiblesse de l’orgueilleuse ; l’absence de reconnaissance<br />

est la force de l’envieux. Le roman met ainsi en évidence le fonctionnement des<br />

vices humains.<br />

Dissertation<br />

Quelles sont les fonctions des personnages de méchants dans le roman ?<br />

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous<br />

appuyant sur les documents du corpus, sur les œuvres étudiées en classe et sur<br />

vos lectures personnelles.<br />

Proposition de plan détaillé<br />

I. <strong>Les</strong> personnages de méchants ont avant tout une fonction narrative<br />

A. Des opposants moteurs de l’action<br />

<strong>Les</strong> personnages mauvais jouent le rôle d’opposants dans le schéma actantiel, et<br />

créent des obstacles que les personnages principaux doivent surmonter. Ils sont<br />

parfois même à l’origine de l’élément perturbateur qui crée l’intrigue.<br />

Exemples : Milady dans les Trois Mousquetaires ; Barkilphedro dans L’Homme qui<br />

rit ; Lovelace dans Clarisse Harlove.<br />

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<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

B. Des héros négatifs<br />

Il arrive que les personnages mauvais soient les personnages principaux d’un<br />

roman. On parle alors de héros négatifs : le roman montre comment ils mettent<br />

leurs qualités exceptionnelles au service du mal.<br />

Exemples : Merteuil et Valmont dans <strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> ; Jean-Baptiste<br />

Grenouille dans Le Parfum de Patrick Süskind.<br />

II. <strong>Les</strong> personnages de méchants peuvent également inviter le lecteur à la<br />

réflexion<br />

A. Une fonction didactique<br />

Le roman peut avoir une dimension morale s’il montre les conséquences néfastes<br />

du crime et son châtiment.<br />

Exemples : Merteuil et Valmont à la fin des <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> ; Thérèse et<br />

Laurent dans Thérèse Raquin d’Émile Zola.<br />

B. Une réflexion sur la nature humaine<br />

Le roman peut proposer une analyse psychologique des personnages mauvais, et<br />

montrer comment le mal se développe dans le cœur de l’homme, qu’il y soit intrinsèquement<br />

établi, ou qu’il apparaisse en réaction aux événements, aux rapports<br />

de l’individu avec la société.<br />

Exemples : la lettre 81 de la Marquise de Merteuil dans les <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

qui explique et justifie son tempérament au sein de la société aristocratique du<br />

XVIII e siècle ; Georges Duroy dans Bel-Ami de Guy de Maupassant, personnage peu<br />

scrupuleux prêt à tout pour satisfaire son ambition.<br />

III. <strong>Les</strong> personnages de méchants peuvent enfin avoir une fonction esthétique<br />

A. Des points de contraste<br />

La méchanceté des personnages mauvais met en valeur, par contraste, les qualités<br />

des autres personnages.<br />

Exemples : la bonté et la générosité de Mme de Tourvel éclatent face à la cruauté<br />

des libertins dans les <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> ; dans Notre-Dame de Paris de Victor<br />

Hugo, la pureté de l’amour de Quasimodo pour Esméralda contraste avec la passion<br />

malsaine de Frollo pour la bohémienne.<br />

B. La beauté du mal<br />

<strong>Les</strong> personnages méchants exercent une fascination sur le lecteur : même s’il<br />

s’épanouit dans le mal, leur génie a quelque chose de sublime.<br />

Exemples : tous les textes du corpus.<br />

48<br />

49<br />

Vers l’écrit du Bac<br />

Écriture d’invention<br />

Le Vicomte de Valmont répond à la Marquise de Merteuil (texte A). Il la félicite<br />

pour son initiative et fait à la fois son éloge et le sien, se réjouissant de<br />

leur capacité à manipuler leur entourage. Vous rédigerez cette lettre en vous<br />

appuyant sur des exemples précis puisés dans le roman de Choderlos de Laclos.<br />

Le sujet impose :<br />

— la forme de la lettre : on attendra une formule d’adresse, une date et un lieu de<br />

rédaction, à la manière des lettres présentes dans le roman ;<br />

— l’énonciation : c’est le Vicomte qui s’adresse à la Marquise. On sanctionnera<br />

toutes les copies qui pourraient s’éloigner du contexte du roman (notamment par<br />

des anachronismes). On valorisera celles qui parviennent à adopter le style du<br />

personnage ;<br />

— la référence au texte A : puisqu’il s’agit d’une réponse, on attendra que le<br />

Vicomte se réfère directement à ce que la Marquise vient de lui raconter ;<br />

— un thème, l’art de la manipulation : on suggérera aux élèves de puiser dans leur<br />

connaissance de l’œuvre de Laclos afin d’enrichir le contenu de cette lettre. Le<br />

Vicomte peut par exemple faire référence à des entreprises de manipulation qui<br />

ne sont pas évoquées dans le texte A (les siennes notamment). On pourra inviter<br />

les élèves à développer des métaphores que le Vicomte affectionne tout particulièrement,<br />

telles que la métaphore guerrière ;<br />

— le registre épidictique : on valorisera les copies qui proposent des procédés laudatifs<br />

variés.<br />

On portera une attention toute particulière à la qualité de la langue, et au respect<br />

du registre soutenu, qui s’impose dans un échange épistolaire entre deux<br />

aristocrates.<br />

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© Éditions Belin/Éditions Gallimard.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

Bibliographie et sitographie<br />

■ Ouvrages<br />

Trois préfaces d’éditions des <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> à consulter :<br />

Préface de Béatrice Didier pour l’édition LGF, « Le livre de Poche », 1987.<br />

Préface d’André Malraux pour l’édition Gallimard, « Folio classique »,<br />

1972.<br />

Préface de Catriona Seth pour l’édition Gallimard, « Bibliothèque de la<br />

Pléiade », 2011.<br />

■ Ouvrages critiques<br />

Michel Delon, P.-A. Choderlos de Laclos, <strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong>,<br />

« Études littéraires », Presses universitaires de France, 1986.<br />

Laurent Versini, « Le roman le plus intelligent », <strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

de Laclos, Champion, « Unichamp », 1998.<br />

Ouvrage collectif, Laclos, <strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> : la Passion amoureuse,<br />

Ellipses, 1991.<br />

■ Ressources sur Internet<br />

Conférence de Jean Goldzink sur Choderlos de Laclos :<br />

www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article946<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong>, Choderlos de Laclos et Stephen Frears :<br />

www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article367&var_recherche=<br />

laclos%20frears<br />

<strong>Les</strong> <strong>Liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong> et les arts :<br />

www-zope.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/<br />

pedagogie/les_disciplines/lettres/histoire_des_arts/diverses_<br />

sequences_u/les_liaisons_dangere/view<br />

Libertinage et érotisme dans la peinture française du XVIII e siècle :<br />

www-zope.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/<br />

pedagogie/les_disciplines/lettres/histoire_des_arts/<br />

diverses_sequences_u/les_liaisons_dangere/libertinage_et_eroti/view<br />

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