DIRELOT • N° 177 • AVRIL 2009 11 Les coulisses
C U L T U R E s’imposent désormais, comme des repères décisifs dans le calendrier de bon nombre de nos concitoyens. Certains n’hésitant pas à réserver leurs places six mois à l’avance! L’exemple de ce Tarnais d’origine, retraité de la SNCF et exilé dans la région nantaise qui ne manque aucune représentation, est un témoignage qui fait chaud au cœur et que le Président du Cercle Occitan se plaît à souligner avec empressement. MAIS LA N’EST PAS L’ESSENTIEL. La réussite de ces manifestations ne s‘arrête pas au seul succès populaire et à son engouement hors norme. En effet, l’originalité réside aussi dans le fait que ces spectacles de contes, chants polyphoniques et pièces de théâtre sont entièrement pensés, conçus et interprétés par de purs amateurs lotois. Tous d’ici! “d’en çò nòstre” comme on dit dans le milieu! Voilà un ingrédient supplémentaire, qui donne à l’événement toute sa dimension et sa portée. De l’écriture, au décor, à la mise en scène, et l’interprétation, toutes les étapes de la création sont assurées et effectuées par l’équipe du <strong>Teatre</strong> <strong>del</strong> <strong>Trastet</strong> dont le centre de gravité est situé à Anglars Juillac. Rien d’étonnant à tout cela! EN EFFET, L’AMOUR DU THEATRE ET DE LA LANGUE D’OC EST A CE POINT ANCRE dans la chair et le cœur de certains de ses habitants, que l’en retirer serait rompre avec la vie! L’histoire locale retient que la flamme et l’élan culturel y ont jailli à la fin des années soixante. Sous l’action persévérante de quelques pionniers, jeunes et moins jeunes prirent ainsi l’habitude de monter sur scène, qui pour interpréter quelques chansons, qui pour endosser un rôle dans une pièce ou saynète. Immanquablement, la clôture de ces soirées récréatives printanières, était réservée à une œuvre en langue d’oc. C’est ainsi que tous les classiques du répertoire occitan, furent abordés avec bonheur et occupèrent d’emblée, une place de choix dans le programme des réjouissances. Les pièces d’Henri Mouly (1896-1981) (Auteur rouergat, père de Charles Mouly, le créateur de Jacouti et Catinou) ou de l’ancien sénateur Tarn et Garonnais Frédéric Cayrou (1879- 1958) furent présentées et goûtées en vase clos. Sans nulle autre ambition que celle de satisfaire l’amour-propre et la légitime fierté villageoise. MAIS UN BEAU JOUR, IL FALLUT BIEN EN CONVENIR, ces écrits, pour autant qu’ils soient de qualité, ne paraissaient plus guère adaptés à l’air du temps. Aussi, sous peine de véhiculer une image passéiste de la langue et, afin d’éviter la tentation d’un repli frileux et les clichés éculés, l’idée de créer soit même, sa propre pièce, fit son chemin et s’imposa dans les esprits. Une culture vivante est une culture qui se régé- DIRELOT • N° 177 • AVRIL 2009 12 nère, qui additionne et forcément se transforme. C’est ainsi qu’en 1998, la troupe du Foyer rural d’Anglars-Juillac, changea le fusil d’épaule. À l’issue d’un travail collectif intense, la pièce Matabiau vit le jour, sous la férule de Jean Pierre Laffargue, Michel Raynaly et François Relhié, de purs produits du pays. Émouvants de bonne volonté et d’ardeur à la tâche, ces énergies locales apportèrent ainsi la preuve éclatante que l’on pouvait renouveler la tradition en la dépoussiérant, tout en adhérant à son époque. La critique salua cette ini-