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La première guerre mondiale : 1914-1918

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Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°12 – page 1/9<br />

<strong>La</strong> <strong>première</strong> <strong>guerre</strong> <strong>mondiale</strong><br />

Introduction :<br />

<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> qui éclate en <strong>1914</strong> devait être courte. En réalité, elle a duré plus de 4 ans et a fait 10<br />

millions de morts. En effet, après l’échec de la <strong>guerre</strong> de mouvement, les soldats s’enterrent<br />

dans les tranchées et une effroyable <strong>guerre</strong> d’usure commence. Les États s’engagent totalement<br />

pour soutenir l’effort de <strong>guerre</strong>. Après les crises de 1917, les alliés reprennent l’offensive<br />

soutenue par l’entrée en <strong>guerre</strong> des États- Unis. L’armistice du 11 novembre <strong>1918</strong> met fin à la<br />

<strong>guerre</strong> par la défaite des Empires centraux.<br />

1 Pourquoi la <strong>guerre</strong> ?<br />

1.1 L’exacerbation des nationalismes<br />

Le problème des minorités nationales n’est pas résolu en <strong>1914</strong> (voir leçon 9). L’Empire<br />

allemand englobe des Danois, des Alsaciens Lorrains, des Polonais. L’Empire d’Autriche-<br />

Hongrie et l’Empire russe sont des empires multinationaux (leçon 9). À la veille de la <strong>guerre</strong>, ces<br />

nationalismes d’existence sont bien vivants et se manifestent dans la presse, à l’école, dans la<br />

littérature... Ils se heurtent au nationalisme des grandes puissances. En Allemagne, le<br />

pangermanisme est un mouvement qui souhaite une expansion de l’Allemagne en Europe et le<br />

regroupement dans une « grande Allemagne » des peuples d’origine germanique. En Russie, le<br />

panslavisme veut « protéger » tous les Slaves, et en particulier les Slaves du Sud dont une partie<br />

vit en Autriche-Hongrie, alliée de l’Allemagne. Les nationalismes vont s’affronter dans les<br />

Balkans. En effet, la Serbie indépendante veut rassembler tous les Slaves du Sud et constituer la<br />

Yougoslavie. L’Autriche, inquiète, attend une occasion pour lui infliger une leçon.<br />

1.2 Le système des alliances<br />

Les puissances européennes se sont regroupées en deux camps. L’Allemagne, qui cherche à isoler<br />

la France pour l’empêcher de prendre sa revanche, s’allie à l’Autriche et à l’Italie : c’est la<br />

Triplice. <strong>La</strong> Russie, rivale de l’Autriche-Hongrie dans les Balkans, s’allie à la France qui s’est<br />

rapprochée du Royaume-Uni inquiet du dynamisme économique et naval allemand : c’est la<br />

Triple-Entente. Ainsi deux puissantes coalitions défensives se font face. Tout allié attaqué doit<br />

recevoir l’appui des deux autres ; un État peut donc être entraîné dans un conflit sans l’avoir<br />

voulu directement.<br />

©Cned 2004<br />

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1.3 <strong>La</strong> nouvelle crise balkanique<br />

Le 28 juin <strong>1914</strong>, l’archiduc François-Ferdinand, prince héritier de l’Empire d’Autriche-<br />

Hongrie, est assassiné à Sarajevo par un terroriste bosniaque. Sarajevo est la capitale de la<br />

Bosnie, alors sous domination autrichienne. L’Autriche accuse la Serbie d’avoir participé à<br />

l’attentat. Assurée de l’appui de l’Allemagne, elle adresse un ultimatum à la Serbie que celle-ci,<br />

qui a reçu l’appui des Russes, repousse. L’Autriche déclare la <strong>guerre</strong> à la Serbie le 28 juillet<br />

<strong>1914</strong> et bombarde Belgrade le lendemain. En fait, les dirigeants austro-hongrois pensent qu’en<br />

agissant fort et vite, ils limiteront les interventions des alliés des Serbes et que le conflit restera<br />

localisé.<br />

1.4 L’engrenage des alliances<br />

Mais le bombardement de Belgrade déclenche une mobilisation partielle des troupes en Russie,<br />

puis un ordre de mobilisation générale le 30 juillet, que les militaires arrachent au tsar, sous<br />

prétexte que l’étendue du pays implique une grande lenteur pour rassembler les soldats. Les<br />

Allemands adressent un ultimatum aux Russes pour qu’ils cessent leur mobilisation. Devant leur<br />

absence de réponse, ils déclarent la <strong>guerre</strong> à la Russie. On ne peut plus éviter une <strong>guerre</strong> dans<br />

toute l’Europe orientale. Elle se déroulera également à l’Ouest. Comme la France mobilise le<br />

premier août, mais sans s’engager davantage, l’Allemagne lui déclare la <strong>guerre</strong> le 3 août. Le 4<br />

août, l’Angleterre déclare la <strong>guerre</strong> à l’Allemagne car celle-ci a violé la neutralité belge. Le 6<br />

août, l’Autriche déclare alors la <strong>guerre</strong> aux adversaires de l’Allema gne. Ainsi, pour la <strong>première</strong><br />

fois depuis les <strong>guerre</strong>s napoléoniennes, l’Europe est plongée dans un conflit généralisé.<br />

2 Les grandes phases de la <strong>guerre</strong> <strong>1914</strong>-<strong>1918</strong><br />

<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> dont tout le monde pensait qu’elle serait courte va durer plus de quatre ans et<br />

mobiliser des dizaines de millions d’hommes.<br />

2.1 Les forces en présence<br />

Les forces en présence n’ont pas les mêmes points forts. Les États de l’Entente sont plus<br />

peuplés et donc peuvent mobiliser davantage d’hommes, ils disposent de vastes empires<br />

coloniaux et ont une supériorité dans la maîtrise des mers. Les Empires centraux ont une artillerie<br />

lourde (canons) remarquable. Leurs soldats, vêtus de gris, sont moins repérables que les<br />

fantassins français au pantalon rouge et sans casque. Mais les forces se modifient au cours du<br />

conflit en fonction de l’entrée de nouveaux belligérants ou de leur sortie.<br />

©Cned 2004<br />

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2.2 L’échec de la <strong>guerre</strong> de mouvement : <strong>1914</strong><br />

Le plan allemand prévoyait d’écraser la France en passant par la Belgique neutre, puis de se<br />

retourner contre la Russie dont la mobilisation est longue. Mais l’offensive des armées<br />

allemandes est stoppée par la contre-offensive du général Joffre sur la Marne (6-13<br />

septembre). Le front se stabilise sur une ligne qui s’étend de la mer du Nord à la Suisse. Les<br />

deux armées s’enterrent dans des tranchées. Sur le front de l’Est, les Russes sont vaincus à<br />

Tannenberg et commencent à reculer.<br />

2.3 L’enlisement : 1915-1916<br />

Sur le front occidental, la <strong>guerre</strong> de position fait suite à la <strong>guerre</strong> de mouvement. Pour<br />

consolider leurs positions, les généraux font creuser plusieurs lignes de tranchées, protégées par<br />

des barbelés et des champs de mines. L’armement évolue : lance-flammes, gaz asphyxiants, «<br />

tanks » qui apparaissent en 1916. Les soldats français adoptent une tenue bleu foncé et un<br />

casque. Les attaques pour percer le front ennemi sont très meurtrières. <strong>La</strong> vie des soldats dans les<br />

tranchées est un enfer.<br />

Les offensives des Français dans la Somme et l’Artois sont des échecs. À l’Est, les Allemands<br />

font reculer les Russes de 500 km. L’état-major allemand décide alors de « saigner à blanc »<br />

l’armée française en concentrant ses forces sur Verdun. Les combats sont particulièrement<br />

intenses de février à mai 1916 où le maréchal Pétain organise la résistance des troupes et fait<br />

approvisionner régulièrement le front par des camions. Les pertes des deux côtés sont énormes :<br />

plus de 500 000 morts.<br />

L’extension du conflit à de nouveaux belligérants suscite de nouveaux fronts dans les Balkans<br />

avec l’entrée en <strong>guerre</strong> de l’Empire ottoman et de la Bulgarie. Des combats, limités par rapport<br />

aux fronts européens, ont également lieu en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. Mais tous les<br />

continents participent à l’effort de <strong>guerre</strong> par l’engagement des empires coloniaux aux côtés de<br />

l’Entente. Ainsi les soldats des dominions britanniques, les tirailleurs sénégalais et nordafricains<br />

viennent combattre en Europe. Les colonies fournissent aussi de la main-d’œuvre pour<br />

les usines d’armement et des ressources.<br />

<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> devenue <strong>mondiale</strong> restera avant tout européenne sur le plan des opérations militaires.<br />

<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> se déroule aussi sur mer. Les pays de l’Entente empêchent le ravitaillement des ports<br />

allemands par un blocus. L’Allemagne répond par la <strong>guerre</strong> sous-marine qui torpille les<br />

navires ennemis et les neutres, les sous-marins rudimentaires de l’époque ne permettant pas de<br />

faire la distinction. Les États-Unis protestent au nom de la liberté de circuler sur les mers. Le 7<br />

mai 1915, le paquebot britannique Lusitania est coulé alors qu’il transportait des passagers<br />

américains. Mais c’est donc la décision allemande de déclencher la <strong>guerre</strong> sous-marine à<br />

outrance, y compris contre les neutres, qui entraîne la décision américaine de déclarer la<br />

<strong>guerre</strong> à l’Allemagne le 6 avril 1917. C’est un tournant décisif parce que les Américains vont<br />

mettre leur industrie au service des Alliés et des troupes fraîches, mais les effets n’en seront<br />

effectifs qu’en <strong>1918</strong>.<br />

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2.4 1917 : l’année terrible<br />

<strong>La</strong> lassitude d’un conflit qui semble interminable, les souffrances des soldats et la dégradation<br />

des conditions de vie à l’arrière entraînent des mouvements d’indiscipline militaire et des<br />

grèves.<br />

2.4.1 L’immense lassitude des peuples au front.<br />

Les mutineries concernent toutes les armées. En France, elles ont éclaté après l’échec sanglant<br />

d’une offensive ordonnée par le général Nivelle « au Chemin des Dames », entre le 17 avril et le<br />

10 juin 1917. Les mutineries sont donc liées aux conditions de vie dans les tranchées et à<br />

l’hécatombe qui accompagne les percées inutiles du front adverse. <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> est vécue comme<br />

une « boucherie ». En France, les mutineries s’arrêtent en juin 1917 avec l’action du général<br />

Pétain qui améliore la vie quotidienne des soldats et réduit les sanctions (49 exécutions sur 554<br />

condamnations).<br />

2.4.2 <strong>La</strong> crise à l’arrière<br />

Des grèves éclatent suite à des difficultés de ravitaillement et à la hausse des prix. De plus, la<br />

montée du pacifisme montre la lassitude des populations. Le courant pacifiste est animé par des<br />

socialistes influencés par le manifeste de Zimmerwald en 1915. En effet, à Zimmerwald, en<br />

Suisse, Lénine propose aux socialistes une paix immédiate, « sans annexions ni indemnités »<br />

mais les résolutions issues de cette rencontre n’ont pas de répercussions immédiates sauf en<br />

Russie.<br />

2.4.3 Les Révolutions russes, événements majeurs du XXe siècle, sont nées de<br />

la <strong>guerre</strong><br />

En Russie, l’économie est complètement désorganisée par la <strong>guerre</strong>. En ville, les pénuries<br />

touchent cruellement les milieux populaires.<br />

2.4.3.1 <strong>La</strong> Révolution du 23 au 28 février 1917 : la chute du tsarisme<br />

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, les ouvrières du textile organisent des<br />

manifestations. Elles sont suivies par des ouvriers qui se mettent en grève. <strong>La</strong> foule qui défile<br />

plusieurs jours de suite réclame d’abord du pain, puis se politise et dénonce le tsarisme et la<br />

<strong>guerre</strong>. Le tsar ordonne aux troupes de tirer sur les manifestants, mais elles pactisent avec la<br />

foule. Les insurgés s’emparent des principaux bâtiments publics et le tsar doit abdiquer le 2 mars<br />

1917.<br />

2.4.3.2 <strong>La</strong> dualité des pouvoirs : de mars à octobre 1917<br />

De la Révolution sortent deux pouvoirs concurrents : Le gouvernement provisoire composé<br />

essentiellement de réformistes. Il s’engage auprès des Alliés à poursuivre la <strong>guerre</strong> alors que la<br />

population est exsangue et que l’armée est en proie à des désertions massives.<br />

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Les soviets : conseils composés de délégués des ouvriers, des paysans et des soldats, dominés par<br />

le soviet de Pétrograd. Progressivement les révolutionnaires les plus radicaux appelés bolcheviks,<br />

dirigés par Lénine qui rentre de Suisse le 12 avril 1917, exercent une influence grandissante sur<br />

les soviets. Lénine appelle à l’arrêt immédiat de la <strong>guerre</strong> et à une seconde révolution qui donnera<br />

le pouvoir au prolétariat (voir leçon 5). Il propose une république des soviets plutôt qu’une<br />

république parlementaire. Il a en effet compris que, pour la masse des Russes, la fin de la <strong>guerre</strong><br />

est plus importante que la démocratie et il promet aux millions de soldats-paysans le partage des<br />

terres que les circonstances rendent possible, et la paix immédiate. Les paysans sont majoritaires<br />

dans la société russe : 80 %. Ils sont majoritairement pauvres, analphabètes et techniquement<br />

arriérés. Les terres appartiennent en grande partie à la noblesse, mais la propriété nobiliaire se<br />

rétrécit au profit de paysans riches, les koulaks qui sont haïs dans les villages. Par suite de<br />

l’augmentation de la population et malgré l’exode rural, le lot moyen par famille diminue (3 ha).<br />

Les paysans doivent donc loue r des terres, ce qui absorbe les 4/5 de leurs revenus. De plus, il y a<br />

plus de 4 millions de paysans sans terre durement exploités.<br />

2.4.3.3 <strong>La</strong> Révolution d’octobre 1917 : un coup d’État au profit des bolcheviks<br />

Le gouvernement provisoire, plusieurs fois remanié, se discrédite en raison des échecs militaires<br />

successifs très meurtriers, de la pénurie des denrées de <strong>première</strong> nécessité et de l’anarchie qui<br />

règne dans le pays : les paysans accaparent les terres et des désertions massives se multiplient.<br />

Lénine persuade les bolcheviks qu’il faut faire la révolution prolétarienne immédiatement. Le<br />

coup d’État préparé méthodiquement pour les 24 et 25 octobre réussit sans rencontrer de<br />

résistance. Le nouveau gouvernement est appelé Conseil des commissaires du peuple, tous<br />

bolchéviques. Il est présidé par Lénine, avec Trotski aux Affaires étrangères, Staline aux<br />

Nationalités. Deux décrets sont promulgués : l’un sur la paix qui permet d’engager dès octobre<br />

1917 les négociations d’armistice avec les Allemands, l’autre sur la terre, qui légitime, en fait, ce<br />

que de nombreux comités agraires avaient entrepris à savoir l’appropriation, sans indemnités, des<br />

grands domaines fonciers.<br />

2.4.3.4 Le communisme de <strong>guerre</strong><br />

Le parti bolchevik impose une dictature politique, économique et militaire pour garder le pouvoir<br />

et sauver la Révolution. Appuyés sur l’Armée rouge et une police politique féroce, les bolcheviks<br />

sortent victorieux de la <strong>guerre</strong> civile qui déchire le pays de <strong>1918</strong> à 1921. <strong>La</strong> Russie est<br />

transformée en URSS et le parti bolchevique devient le parti communiste.<br />

2.4.4 <strong>La</strong> révolution russe a un retentissement considérable sur l’évolution du<br />

conflit<br />

D’abord, le nouvel État signe la paix de Brest-Litovk le 3 mars <strong>1918</strong>. Il perd 800 000 km2<br />

(Finlande, Pologne, Ukraine, Pays Baltes) ce qui représente 32 % de sa population, 23 % de la<br />

production industrielle et il doit payer une lourde indemnité de <strong>guerre</strong>. Les Allemands se<br />

trouvent alors libérés du front Est, ce qui change le rapport de force en Europe. Ensuite, la<br />

mise en place du premier État socialiste du monde nourrit la propagande révolutionnaire qui<br />

alimente de grandes grèves et des manifestations en Europe à la fin de <strong>1918</strong> et dans les années<br />

1919/1920. Des révolutions éclatent en Allemagne (révolution spartakiste) et en Hongrie, mais<br />

©Cned 2004<br />

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elles échouent. <strong>La</strong> plus importante est la révolution spartakiste en Allemagne. Les communistes<br />

allemands, appelés spartakistes, militent pendant le conflit pour mettre fin à la <strong>guerre</strong> par la<br />

révolution. Ils veulent donner le pouvoir à des « soviets » d’ouvriers et de soldats. Influents à<br />

Berlin et dans les grandes villes en <strong>1918</strong> et début 1919, ils organisent des grèves et des<br />

manifestations. En janvier 1919, une manifestation de rues et l’occupation de bâtiments publics<br />

donnent l’occasion au gouvernement socialiste d’exercer contre eux une répression brutale. C’est<br />

au cours de cette répression que leurs leaders, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, sont<br />

assassinés. Dès lors, leur mouvement est traqué. C’est un épisode important pour expliq uer<br />

l’hostilité durable entre socialistes et communistes qui ne sauront pas unir leurs forces face à<br />

Hitler. Ces échecs ne découragent pas Lénine qui crée, en mars 1919, une organisation destinée à<br />

regrouper les partis communistes du monde entier dans leur lutte contre le capitalisme et la<br />

démocratie libérale : c’est la IIIe Internationale ou Komintern.<br />

2.4.5 Pour faire face à l’immense fatigue des peuples, des gouvernements<br />

forts<br />

En 1917, la lassitude est générale chez tous les belligérants tant sur les fronts qu’à l’arrière. À la<br />

fin de 1917, ils sont résolus à forcer la décision et dans toute l’Europe des gouvernements<br />

autoritaires susceptibles de remobiliser les énergies sont mis en place. En Allemagne, l’étatmajor<br />

exerce le pouvoir. En France, Clemenceau, président du conseil depuis novembre 1917,<br />

n’hésite pas à faire arrêter des pacifistes considérés comme traîtres et consacre toute son énergie à<br />

l’effort de <strong>guerre</strong>, comme Lloyd George en Angleterre, partisan de la <strong>guerre</strong> à outrance, qui<br />

remplace un Premier ministre partisan d’une paix blanche (sans vainqueur ni vaincu c’est-à-dire<br />

sans indemnités ni annexions). Partout, on assiste à une réduction des libertés et à un<br />

renforcement du « bourrage de crâne » et de la censure.<br />

2.5 <strong>1918</strong> : la fin de la <strong>guerre</strong><br />

2.5.1 Les dernières offensives allemandes<br />

Après l’effondrement de la Russie, le général Ludendorff, commandant en chef de l’armée<br />

allemande, peut transférer 57 divisions sur le front Ouest, ce qui lui donne un avantage<br />

numérique qu’il veut exploit er avant l’arrivée en force des soldats américains. Quatre offensives<br />

allemandes se déroulent entre mars et juillet <strong>1918</strong>. <strong>La</strong> <strong>première</strong> est un succès en raison du<br />

manque de coordination des Alliés qui décident, pour la <strong>première</strong> fois, de se doter d’un<br />

commandement unique confié au général Foch. Les autres offensives sont contenues par les<br />

Alliés jusqu’à ce que l’arrivée en nombre des Américains donne à Foch les moyens de déclencher<br />

une contre-offensive.<br />

2.5.2 <strong>La</strong> contre-offensive des Alliés<br />

En août, les Alliés, avec le renfort de plus d’un million de soldats américains, lancent une vaste<br />

offensive sur plusieurs fronts qui oblige les armées allemandes à reculer. Ce recul oblige<br />

Ludendorff à engager des négociations d’armistice le 4 octobre <strong>1918</strong>, plutôt que d’attendre de<br />

subir une défaite majeure.<br />

©Cned 2004<br />

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2.5.3 Les armistices<br />

Parallèlement, les alliés de l’Allemagne avaient été contraints de signer l’armistice : la Bulgarie<br />

en septembre, la Turquie en octobre, l’Autriche-Hongrie début novembre au moment où les<br />

différentes nationalités se révoltent et que la république est proclamée à Vienne, Budapest,<br />

Prague. L’Empire d’Autriche-Hongrie est mort.<br />

L’armistice avec l’Allemagne est signé le 11 novembre <strong>1918</strong> dans un wagon à Rethondes (forêt<br />

de Compiègne). Il est signé, bien que les conditions soient dures : évacuation de la rive gauche du<br />

Rhin, reddition de la flotte de <strong>guerre</strong>, livraison de 5 000 canons et 30 000 mitrailleuses. Mais<br />

depuis le début novembre une vague révolutionnaire animée par les spartakistes déferle sur<br />

l’Allemagne, Guillaume II a abdiqué le 9 novembre et la République a été proclamée. Il est<br />

urgent pour le nouveau gouvernement dirigé par le socialiste Ebert de rétablir l’ordre. L’armée,<br />

qui n’a pas été détruite et ne se considère pas comme vaincue, considère qu’il s’agit d’un « coup<br />

de poignard dans le dos », d’autant plus que le territoire allemand n’a jamais été envahi. Les<br />

clauses du traité de Versailles vont renforcer ce sentiment, partagé par la majorité du<br />

peuple, que l’Allemagne a été injustement traitée par les vainqueurs. Cette <strong>guerre</strong> qui a duré<br />

plus de quatre ans, provoqué plus de 10 millions de morts et des millions de mutilés et<br />

d’infirmes, a nécessité la concentration de forces humaines, matérielles, morales considérables :<br />

c’est la <strong>première</strong> <strong>guerre</strong> totale.<br />

3 Une <strong>guerre</strong> totale<br />

<strong>La</strong> Première Guerre <strong>mondiale</strong> voit s’affronter des nations qui mobilisent aussi bien les soldats<br />

que les civils.<br />

3.1 <strong>La</strong> mobilisation humaine<br />

3.1.1 <strong>La</strong> mobilisation des soldats<br />

<strong>La</strong> Première Guerre <strong>mondiale</strong> mobilise plus d’hommes que les <strong>guerre</strong>s antérieures :<br />

France (et son empire) : .............8,5 millions<br />

Royaume-Uni (et son empire) : ..9,5 millions<br />

Russie : .......................................13 millions<br />

Allemagne : ................................13 millions<br />

Autriche-Hongrie : .....................9 millions<br />

Italie : .........................................5 millions<br />

Turquie : .....................................3 millions<br />

États-Unis : .................................4 millions<br />

©Cned 2004<br />

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3.1.2 <strong>La</strong> mobilisation de la main-d’œuvre<br />

Une partie des ouvriers mobilisés fut ramenée à l’arrière dès l’automne <strong>1914</strong>. On fit appel aux<br />

femmes, aux jeunes, aux travailleurs des colonies. Les Allemands qui ne disposaient pas d’un<br />

empire colonial durent réquisitionner de la main-d’œuvre dans les régions qu’ils occupaient.<br />

C’est l’industrie d’armement qui occupa la majorité de la main-d’œuvre. En France, cette<br />

industrie employait 50 000 personnes en 1913, 1 700 000 en <strong>1918</strong>.<br />

3.2 <strong>La</strong> mobilisation économique<br />

Les pays en <strong>guerre</strong> mettent en place une économie de <strong>guerre</strong> c’est-à-dire que toute l’organisation<br />

de la production vise à produire des armes et à ravitailler les soldats et les civils. Pour réaliser ces<br />

objectifs, l’État a pris en main la direction de l’économie, même si la fabrication proprement<br />

dite reste le fait des entreprises privées comme Renault en France qui fournit des tanks. Le<br />

ministère des Armements et des Fabrications de <strong>guerre</strong> contrôle en France toute la production ;<br />

c’est l’Office de <strong>guerre</strong> en Allemagne.<br />

Pour financer l’effort de <strong>guerre</strong>, des sommes énormes sont nécessaires. Les États drainent donc<br />

la richesse intérieure par d’importants emprunts, l’augmentation des impôts. Ils accroissent la<br />

masse monétaire disponible en fabriquant des billets par l’intermédiaire des banques centrales.<br />

Mais des emprunts extérieurs sont aussi nécessaires. Ainsi les Alliés empruntent aux États-Unis.<br />

Ces pratiques ont généré de l’inflation (hausse des prix).<br />

3.3 <strong>La</strong> mobilisation morale<br />

3.3.1 L’Union sacrée<br />

<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> en devenant totale n’affecte pas seule ment les soldats, elle concerne aussi les civils qui<br />

connaissent des problèmes de ravitaillement en particulier dans les empires centraux en raison de<br />

l’efficacité du blocus des Alliés. <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> aérienne a touché des civils, en particulier les<br />

Parisiens que les Allemands bombardèrent d’abord en utilisant des dirigeables, puis des avions,<br />

puis un canon à longue portée (la Bertha). C’est donc l’ensemble de la population qui est appelé à<br />

faire corps avec son armée. Partout, les partis politiques font taire leurs divisions, y compris les<br />

socialistes, pour faire bloc derrière le gouvernement : c’est précisément ce qu’on appelle l’Union<br />

sacrée en France.<br />

<strong>La</strong> population adhère à l’Union sacrée en souscrivant des emprunts d’État, en échangeant son<br />

or contre des billets, en donnant aux nombreuses œuvres qui s’occupent des blessés, des<br />

orphelins... Les écrivains et les journalistes y participent par leurs écrits patriotiques.<br />

3.3.2 <strong>La</strong> propagande<br />

Pour maintenir le moral, l’opinion publique est conditionnée par la censure des journaux, des<br />

livres et du courrier. Les affiches, les films et les chansons masquent les réalités de la <strong>guerre</strong> et<br />

stimulent l’ardeur patriotique : c’est le « bourrage de crâne ».<br />

©Cned 2004<br />

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3.3.3 L’évolution de l’opinion publique<br />

Ce n’est qu’à la fin de 1916 et surtout en 1917 que le moral a fléchi. Des minorités chez les<br />

socialistes et les syndicalistes demandent une paix « blanche », influencées par le manifeste de<br />

Zimmerwald. Mais elles ont assez peu d’influence. Des grèves en France, au Royaume -Uni, en<br />

Allemagne, en Italie sont l’expression de la fatigue des ouvriers qui ne supportent plus les<br />

sacrifices imposés par les circonstances (longues journées de travail, salaires rognés par<br />

l’inflation, rationnement). Des mutineries montrent l’extrême démoralisation des soldats. Partout<br />

l’union sacrée est remise en cause. Ainsi, en France, les socialistes ont quitté le gouvernement.<br />

En Autriche-Hongrie et en Italie, l’unité politique est rompue, mais ce n’est qu’en Russie que la<br />

<strong>guerre</strong> a entraîné une révolution. Ailleurs les populations se résignèrent à poursuivre la lutte sous<br />

la houlette de pouvoirs forts décidés à la <strong>guerre</strong> « à outrance ».<br />

Conclusion :<br />

<strong>La</strong> Première Guerre <strong>mondiale</strong> marque bien une rupture dans l’histoire. C’est un conflit<br />

entièrement nouveau par le nombre de belligérants, l’extension du conflit, les moyens<br />

considérables en hommes et en matériels qui furent mobilisés et l’ampleur de ses conséquences.<br />

©Cned 2004<br />

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