Récifs artificiels en Languedoc-Roussillon - Agropolis-Museum
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<strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> :<br />
des outils originaux d’aménagem<strong>en</strong>t de la bande côtière<br />
La bande côtière est un espace qui fait l’objet d’un fort <strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t. Siège de nombreuses<br />
activités touristiques (voile, plongée, pêche de plaisance..), elle reste le lieu d’une activité<br />
halieutique importante : pêche professionnelle de poissons et de coquillages, élevage de moules<br />
sur filières …<br />
C’est au sein de cet espace très convoité que se déroul<strong>en</strong>t des phases ess<strong>en</strong>tielles de la vie des<br />
organismes marins : site de frayère et de nourricerie, il est à la fois très productif et très fragile.<br />
Or, il a subi durant ces dernières années de fortes pressions liées à l’ext<strong>en</strong>sion de ports de<br />
plaisance et des villes côtières (pollutions terrigènes), aux variations des apports des fleuves<br />
côtiers, mais aussi à l’exploitation, parfois importante, d’arcs traînants (chalutiers notamm<strong>en</strong>t ou<br />
dragues) dans la zone des 3 milles nautiques.<br />
Devant cette situation, les prud’homies de pêche ont réagi et ont souhaité que cet espace soit<br />
aménagé et réservé à certaines catégories de pêcheurs, travaillant avec des <strong>en</strong>gins passifs et<br />
sélectifs, afin de redonner aux pêcheurs artisans quelque espoir dans l’av<strong>en</strong>ir de leur activité.<br />
C’est pour répondre à cette demande que le Cépralmar, dès 1984, s’était porté maître d’ouvrage<br />
d’un projet ambitieux et novateur d’immersion de récifs <strong>artificiels</strong> sur 5 sites de la région (Agde,<br />
Gruissan, Port la Nouvelle, Canet, Saint Cypri<strong>en</strong>).<br />
Dans les années 1990, plusieurs communes, toujours à la demande de leurs pêcheurs, ont<br />
souhaité immerger des modules : Marseillan, Agde, Palavas, Carnon, la Grande Motte, le Grau du<br />
Roi (golfe d’Aigues Mortes). Un suivi sci<strong>en</strong>tifique rigoureux a été réalisé et les résultats ont été<br />
largem<strong>en</strong>t diffusés : la colonisation rapide des récifs, le retour d’espèces commercialem<strong>en</strong>t<br />
intéressantes, la dynamique créée autour de ces aménagem<strong>en</strong>ts ont satisfait les pêcheurs et les<br />
collectivités locales concernées.<br />
En parallèle, ces résultats ont permis d’argum<strong>en</strong>ter auprès de l’Etat pour que ces projets puiss<strong>en</strong>t,<br />
à l’instar de nos voisins méditerrané<strong>en</strong>s, bénéficier d’aides communautaires : depuis 2000, les<br />
plans de financem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t donc faire apparaître 50 % d’aides de l’IFOP.<br />
La conjonction de ces facteurs a conduit à faire éclore de nombreux autres projets non seulem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> (6 projets <strong>en</strong> cours) mais dans toute la France (aménagem<strong>en</strong>ts réalisés<br />
ou <strong>en</strong> cours à Marseille, dans le Parc Marin de la Côte Bleue, dans les Landes et autour de l’Ile<br />
d’Yeu mais aussi discussions <strong>en</strong>gagées <strong>en</strong> Corse, <strong>en</strong> Bretagne et <strong>en</strong> Normandie). Les collectivités<br />
du <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> sont toutefois, et de loin, les plus mobilisées.<br />
Toutefois, ces aménagem<strong>en</strong>ts n’ont pas qu’une simple vocation de production halieutique, ils<br />
sont le support d’une implication croissante des différ<strong>en</strong>tes catégories d’usagers dans la<br />
connaissance, voire la gestion de cet espace <strong>en</strong>core méconnu mais « mythique » qu’est le milieu<br />
marin.<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> – 2004 - Page 1 sur 13
A l’image de ce qu’il se passe autour des lagunes (Schémas d’Aménagem<strong>en</strong>t et de Gestion des<br />
Eaux, contrats d’étangs…), des projets de gestion intégrée s’organis<strong>en</strong>t :<br />
- dans le Golfe d’Aigues-Mortes, des li<strong>en</strong>s ont été établis depuis 2000 <strong>en</strong>tre pêcheurs<br />
professionnels et clubs de plongée. Une structure de gestion est <strong>en</strong> cours de constitution, qui<br />
permettrait de recruter un personnel qualifié pour coordonner toutes les actions, au sein du<br />
syndicat mixte qui assure la maîtrise d’ouvrage des projets.<br />
- Autour des Aresquiers et du projet d’immersion de récifs <strong>artificiels</strong> lancé par la mairie de<br />
Frontignan, c’est toute une dynamique locale qui est créée, associant de nombreux part<strong>en</strong>aires<br />
(collectivités locales, pêcheurs, plaisanciers, plongeurs, associations écologistes...) De réc<strong>en</strong>tes<br />
réunions ont conduit à l’élaboration d’objectifs de protection clairem<strong>en</strong>t établis.<br />
- Enfin, sur le site d’Agde, un Espace Littoral de Gestion Associé est <strong>en</strong> cours de gestation et<br />
une réflexion a été <strong>en</strong>gagée pour la création de récifs paysagers, qui permettrai<strong>en</strong>t de limiter<br />
la pression sur les sites de plongée <strong>en</strong> bouteille (<strong>en</strong>viron 20 000 plongées par an sur le site des<br />
tables) et de rapprocher ces opérations des <strong>en</strong>treprises du loisir.<br />
Les récifs <strong>artificiels</strong> sont donc un catalyseur très efficace des énergies locales autour de la<br />
problématique du milieu marin. Ils apparaiss<strong>en</strong>t comme des supports de communication<br />
idéaux <strong>en</strong>vers le grand public et peuv<strong>en</strong>t être considérés comme de réels outils d’aménagem<strong>en</strong>t<br />
durable et de gestion intégrée de la bande côtière.<br />
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1/ Qu’est ce qu’un récif artificiel ?<br />
Une définition cons<strong>en</strong>suelle a été proposée par Ifremer dans le rapport « Lacroix » de 2001 :<br />
« Les récifs <strong>artificiels</strong> sont :<br />
• des structures immergées volontairem<strong>en</strong>t dans le but de créer, protéger, restaurer un<br />
écosystème,<br />
• pouvant induire des réponses d’attraction, de conc<strong>en</strong>tration, de protection,<br />
d’augm<strong>en</strong>tation de la biomasse de certaines espèces »<br />
Le Golfe du Lion est un milieu particulièrem<strong>en</strong>t riche, dont la forte productivité est liée aux<br />
apports des fleuves côtiers, <strong>en</strong> particulier le Rhône. Il comporte peu de substrats rocheux<br />
naturels, mais ces sites rocheux sont particulièrem<strong>en</strong>t poissonneux et constitu<strong>en</strong>t donc des zones<br />
de pêche privilégiées pour les pêcheurs côtiers.<br />
Les récifs <strong>artificiels</strong> sont placés sur le fond pour « mimer » les caractéristiques des milieux<br />
rocheux naturels : la fixation d’organismes sur les substrats durs s’effectue à une vitesse<br />
étonnamm<strong>en</strong>t rapide. Ainsi, au bout d’un an, dans le Golfe d’Aigues Mortes, le béton des<br />
modules était intégralem<strong>en</strong>t recouvert de moules, de vers tubicoles, de comatules, d’alcyonnaires.<br />
Toute une chaîne alim<strong>en</strong>taire peut alors se reconstituer.<br />
Les récifs serv<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t de « garde-manger » mais aussi d’abris pour toutes les étapes de<br />
la vie des espèces (observation de pontes de seiches, de juvéniles de poissons …). Par ailleurs,<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t dit <strong>en</strong> « villages » (où la distance <strong>en</strong>tre les modules est calculée <strong>en</strong> fonction de<br />
leurs zones d’influ<strong>en</strong>ce cf. schéma du projet Leucate-Barcarès ci après) permet aux poissons de se<br />
déplacer d’un module à l’autre au sein même de surfaces vastes mais délimitées. Cet effet<br />
« producteur » se cumule à un effet « conc<strong>en</strong>trateur » qui permet aux pêcheurs côtiers de<br />
bénéficier d’une ressource plus abondante (notamm<strong>en</strong>t de poissons nobles de grandes tailles)<br />
mais aussi plus proche.<br />
Enfin, l’aspect massif des récifs empêche l’utilisation d’<strong>en</strong>gins tractés et réserve les espaces<br />
aménagés aux pêcheurs utilisant des <strong>en</strong>gins passifs et sélectifs.<br />
Source<br />
Ifremer<br />
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2/ Quels récifs pour quels objectifs ?<br />
Dans plusieurs pays du monde, la mise à l'eau de récifs <strong>artificiels</strong> est une opération courante.<br />
Le Japon est apparu comme un pionnier <strong>en</strong> la matière, dès les années 1960, avec pour objectif de<br />
fournir des protéines à un pays qui est loin d'être autosuffisant <strong>en</strong> matière alim<strong>en</strong>taire. A ce jour,<br />
il a immergé plus de 20 millions de m 3 soit 12 % de son plateau contin<strong>en</strong>tal.<br />
Pour les Etats Unis, la vocation des récifs est plus ludique <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec une pêche de loisir et une<br />
industrie de la plongée florissantes.<br />
En Europe, l'Espagne et l'Italie ont aménagé de nombreux linéaires côtiers dans un but affiché<br />
de protéger les posidonies des arcs traînants dans la bande côtière et de constituer des zones de<br />
production halieutique.<br />
En <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong>, l'objectif est avant tout de maint<strong>en</strong>ir, voire de développer une pêche<br />
artisanale qui a vu son nombre de navires diminuer régulièrem<strong>en</strong>t dans les 20 dernières années.<br />
Les récifs, s'ils matérialis<strong>en</strong>t un partage de l'espace <strong>en</strong>tre diverses catégories professionnelles,<br />
constitu<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t des habitats pour poissons et crustacés - souv<strong>en</strong>t de forte valeur ajoutée et<br />
des lieux de fixation pour les coquillages. Ils favoris<strong>en</strong>t la diversité et la taille des espèces pêchées.<br />
Ce double objectif de production et de protection a impliqué la sélection de modules de<br />
différ<strong>en</strong>ts types, mais tous <strong>en</strong> béton « marinisé », dont la solidité et la t<strong>en</strong>ue à la mer ont été testés<br />
avec succès.<br />
L’aspect « protection » est, <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong>, assurée principalem<strong>en</strong>t par des doubles-<br />
doubles, d’<strong>en</strong>viron 10 tonnes.<br />
Les récifs de production sont plus volumineux, constitués souv<strong>en</strong>t de plusieurs types d’élém<strong>en</strong>ts<br />
pour favoriser la diversité d’habitats, et gagner <strong>en</strong> hauteur.<br />
Source CEGEL<br />
<strong>Récifs</strong> de production<br />
<strong>Récifs</strong> de protection<br />
ou mixtes<br />
La recherche sur une meilleure adéquation <strong>en</strong>tre les structures des modules et les objectifs poursuivis a<br />
progressé, mais des améliorations sont <strong>en</strong>core à rechercher.<br />
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3/ Contexte global <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong><br />
Pêche artisanale<br />
Les 850 navires de moins de 18 mètres représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t plus de 80 % des<br />
navires de pêche régionaux.<br />
Cette activité est :<br />
- très impliquée dans le tissu socio-économique local<br />
(plus de 3000 emplois ),<br />
- importante <strong>en</strong> terme d’aménagem<strong>en</strong>t du territoire<br />
(prés<strong>en</strong>ce perman<strong>en</strong>te sur le littoral où nombre d’emplois sont<br />
saisonniers, vigilance vis à vis des milieux …)<br />
- fragilisée et très <strong>en</strong>cadrée par des réglem<strong>en</strong>tations contraignantes pour<br />
accéder à la profession ; les ressources sont fluctuantes et nécessit<strong>en</strong>t<br />
que ces métiers fass<strong>en</strong>t preuve d’une grande osuplesse d’afaptation et<br />
d’une réelle polyval<strong>en</strong>ce.<br />
Le nombre de navires « petits métiers » a été divisé par 2 <strong>en</strong> 20 ans …<br />
L’immersion de récifs <strong>artificiels</strong> réponde à une demande exprimée par ces<br />
professions et<br />
Prud’homies<br />
Créées au 15ème siècle, instituées <strong>en</strong> droit<br />
français <strong>en</strong> 1859, ces organisations<br />
typiquem<strong>en</strong>t méditerrané<strong>en</strong>nes apparaiss<strong>en</strong>t<br />
comme des interlocuteurs privilégiés des<br />
pouvoirs publics.<br />
On rec<strong>en</strong>se une prud’homie par port,<br />
rassemblant tous les patrons pêcheurs.<br />
Les prud’hommes sont élus par leurs pairs<br />
pour, notamm<strong>en</strong>t, régler les différ<strong>en</strong>ds<br />
<strong>en</strong>tre pêcheurs et mettre <strong>en</strong> place des<br />
mesures de gestion des pêches sur leur<br />
juridiction.<br />
source Cépralmar<br />
Ce sont les prud’homies qui sont souv<strong>en</strong>t à l’origine des demandes d’immersion de récifs auprès des<br />
collectivités locales.<br />
A cette occasion, elles assum<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t leur rôle de gestionnaire des milieux de production et de<br />
protection des intérêts de la profession maritime.<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> – 2004 - Page 5 sur 13
4/ Montage d’un projet et part<strong>en</strong>ariats locaux<br />
Montage technique des projets<br />
- une demande des prud’homies locales,<br />
- des réunions de concertation animées par la mission « Pêche et Cultures Marines » de la Région ou le<br />
Cépralmar, avec les pêcheurs professionnels et les collectivités locales, pour affiner le projet, préciser<br />
les objectifs, les types de modules <strong>en</strong>visagés, leur localisation…<br />
- une mobilisation de la commune ou d’un syndicat intercommunal pour la maîtrise d’ouvrage qui :<br />
- sollicite des bureaux d’étude pour la conduite technique du projet : réalisation de l’étude<br />
d’impact préalable à la demande de concessions d’<strong>en</strong>digage, réalisation des dossiers de<br />
demande de subv<strong>en</strong>tion, lancem<strong>en</strong>t des appels d’offre et suivi des chantiers,<br />
- sollicite les financeurs pot<strong>en</strong>tiels, pour les immersions et le suivi sci<strong>en</strong>tifique des opérations,<br />
- organise les réunions d’information, de validation, d’évaluation.<br />
Montage financier<br />
Jusqu’<strong>en</strong> 2000 Depuis 2000<br />
et jusqu’<strong>en</strong> 2006<br />
Autofinancem<strong>en</strong>t 50 % 20 %<br />
UE (fonds IFOP) 0 50 %<br />
Région <strong>Languedoc</strong>-<br />
<strong>Roussillon</strong><br />
25 % 15 à 20 %<br />
Départem<strong>en</strong>t 25 % 10 à 15 %<br />
Part<strong>en</strong>aires sci<strong>en</strong>tifiques pour le suivi<br />
Tous ces projets doiv<strong>en</strong>t faire l’objet d’un suivi de 5 années. Un cahier des charges a été réalisé et des<br />
appels d’offre sont lancés après chaque opération, pour attribuer le marché à des bureaux d’études<br />
spécialisés.<br />
Toutefois, ces études sont onéreuses. Une réflexion est <strong>en</strong>gagée pour :<br />
- associer à un suivi sci<strong>en</strong>tifique plus léger, des associations et clubs de plongeurs ou d’apnéistes afin de<br />
multiplier les observations selon des méthodes rigoureuses, définies <strong>en</strong> concertation avec les<br />
sci<strong>en</strong>tifiques spécialisés,<br />
- mobiliser les laboratoires publics de recherche impliqués régionalem<strong>en</strong>t pour traiter les résultats de<br />
cette veille sci<strong>en</strong>tifique.<br />
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5/ Réalisations <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong><br />
Une première expérim<strong>en</strong>tation d’<strong>en</strong>vergure<br />
Coût du projet : 800 000 euros<br />
avec les financem<strong>en</strong>ts des PIM (programmes Intégrés<br />
Méditerrané<strong>en</strong>s)<br />
Immersion de 15 000 m 3 de modules d’inspiration<br />
japonaise<br />
Sur 5 sites : Agde, Gruissan, Port-la Nouvelle, Canet,<br />
Saint Cypri<strong>en</strong><br />
Coût total des projets : 427 800 euros<br />
Immersion de 305 doubles -buses<br />
Suivi sci<strong>en</strong>tifique <strong>en</strong> 1997-1998, par le<br />
CEGEL et le GIS Posidonies, dont les<br />
résultats ont été largem<strong>en</strong>t diffusés, et<br />
appliqués lors du montage du dossier<br />
du Golfe d’Aigues-Mortes<br />
Satisfaction des pêcheurs d’Agde,<br />
premier port de petits métiers <strong>en</strong> mer<br />
du <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong><br />
(installations de jeunes, montage d’une<br />
coopérative…)<br />
Immersions <strong>en</strong> 1984-1985<br />
Maître d’ouvrage : Cépralmar<br />
Zone de Marseillan et Agde<br />
Années des immersions : 1992, 1995, 1996<br />
Maîtres d’ouvrage : communes de Marseillan et Agde<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> – 2004 - Page 7 sur 13
Zone du Golfe d’Aigues Mortes<br />
Maître d’ouvrage :<br />
Syndicat Mixte pour le développem<strong>en</strong>t de la pêche et la protection des zones marines<br />
dans le Golfe d’Aigues-Mortes<br />
1/ Première phase d’immersion<br />
Année d’immersion : 1999<br />
Syndicat composé de : Région <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong>, Départem<strong>en</strong>t du Gard, Départem<strong>en</strong>t de l’Hérault,<br />
Communes du Grau du Roi, la Grande Motte, Carnon, Palavas<br />
Coût de la première phase du projet d’immersion : 457 000 euros<br />
Immersion de 108 doubles–buses et 500 cubes Sabla (25 amas de 20 cubes) : 22 km² aménagés, 1600 m 3 immergés,<br />
<strong>en</strong>tre 1,5 et 2 milles des cotés, de 7 à 22 mètres de profondeur<br />
2/ Suivi sci<strong>en</strong>tifique 2000-2003<br />
Suivi réalisé par le groupem<strong>en</strong>t : Créocéan /<br />
Œil d’Andromède (rapport final disponible)<br />
Coût total du suivi : 148 000 euros<br />
Co-financeurs :<br />
IFOP, Ag<strong>en</strong>ce de l’Eau, Région LR, Départem<strong>en</strong>ts<br />
de l’Hérault et du Gard, Communes du Grau du<br />
Roi, la Grande Motte, Carnon et Palavas<br />
Maître d’ouvrage délégué : BRL ingénierie<br />
3/ Seconde phase d’immersion : prévue <strong>en</strong> 2005<br />
Avis favorable obt<strong>en</strong>u de la part des services instructeurs<br />
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1/ Première phase d’immersion<br />
Année d’immersion : 2002<br />
Coût de la première phase du projet : 448 200 euros<br />
Co-financeurs :<br />
- Union europé<strong>en</strong>ne (IFOP),<br />
- mairie de Gruissan,<br />
- Région <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong><br />
- Départem<strong>en</strong>t de l’Aude<br />
Immersion de 25 récifs de grands volumes composés<br />
- de poteaux EDF (originalité du projet),<br />
- de modules hélicoïdaux,<br />
- d’amas chaotiques (3 types de composants),<br />
- de dalots<br />
Volume immergé : plus de 4000 m 3 , <strong>en</strong>tre 20 et 30 m soit<br />
<strong>en</strong>tre 1 et 2 milles des côtes<br />
2/ Suivi sci<strong>en</strong>tifique <strong>en</strong>gagé <strong>en</strong> 2004<br />
confié au bureau d’étude Créocéan<br />
3/ Seconde immersion prévue <strong>en</strong> 2005<br />
Zone de Gruissan<br />
Maître d’ouvrage : commune de Gruissan<br />
<strong>Récifs</strong> « tous poteaux »<br />
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Coût total du projet : 448 200 euros<br />
Co-financeurs :<br />
- Union europé<strong>en</strong>ne (IFOP),<br />
- SIVOM Leucate le Barcarès,<br />
- Région <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong><br />
L’immersion s’est déroulée de juin à novembre 2004<br />
Zone de Leucate- Le Barcarès<br />
Année d’immersion : 2004<br />
Maître d’ouvrage : SIVOM de Leucate et le Barcarès<br />
Le suivi du chantier a été assuré par BRL.<br />
Il s’agit du premier projet intégrant l’idée d’immersion <strong>en</strong> « villages », repr<strong>en</strong>ant ainsi une méthode développée lors<br />
du programme d’immersion de la ville de Marseille (35 000 m3)<br />
En tout, 6 « villages » ont été immergés, composés chacun de 3 types de modules différ<strong>en</strong>ts soit <strong>en</strong> tout :<br />
- 60 doubles buses<br />
- 72 doubles dalots<br />
- 36 amas chaotiques<br />
- 210 tapis anti-affouillem<strong>en</strong>t (originalité du projet)<br />
Tapis anti-affouillem<strong>en</strong>t Immersion des amas<br />
chaotiques<br />
Dalots<br />
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6/ Principaux résultats<br />
Aspects physiques :<br />
- bonne t<strong>en</strong>ue à la mer des modules <strong>en</strong> béton,<br />
- pas de relargage polluant,<br />
- risques d’<strong>en</strong>vasem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> petites profondeurs (moins de 15 mètres) notamm<strong>en</strong>t pour les buses … qui<br />
s’est traduit par la mise <strong>en</strong> place de tapis anti-affouillem<strong>en</strong>t dans les projets intégrant des<br />
aménagem<strong>en</strong>ts à ces profondeurs (tapis utilisés pour l’émissaire <strong>en</strong> mer de la Céréreide).<br />
Aspects biologiques :<br />
- colonisation très rapide par des peuplem<strong>en</strong>ts b<strong>en</strong>thiques fixés (biomasse moy<strong>en</strong>ne de 2,5 kg/m² pour une<br />
abondance moy<strong>en</strong>ne de 60 000 individus au m²)<br />
Zone géographique Nombre d’espèces<br />
par m²<br />
Fonds meubles face à Port<br />
la Nouvelle<br />
Fonds meubles golfe<br />
d’Aigues Mortes<br />
Nombre d’individus<br />
par m²<br />
Biomasse <strong>en</strong><br />
grammes par m²<br />
60 4 400 250<br />
50 1 100 50<br />
<strong>Récifs</strong> Aigues Mortes 2001 30 15 000 750<br />
<strong>Récifs</strong> Aigues Mortes 2003<br />
80 60 000 2 500<br />
Source : rapport de suivi sci<strong>en</strong>tifique 2000-2003 Golfe d’Aigues Mortes Créocéan / Œil d’Andromède<br />
- fort recouvrem<strong>en</strong>t de moules pour les modules situés à faibles profondeurs, d’huîtres plates,<br />
- rôle de nurseries : nombreuses observations de pontes (calmar : Loligo vulgaris, seiche : Sepia<br />
officinalis …) et de juvéniles (loups : Dic<strong>en</strong>trarchus labrax, borabo : Pagellus acarne…) s’abritant dans<br />
le récif ou dans les substrats meubles voisins (soles, rougets, escargots de mer …)<br />
- diversification des populations de poissons (31 nouvelles espèces régulièrem<strong>en</strong>t observées).<br />
Forte prés<strong>en</strong>ce de juvéniles de poissons<br />
sur les récifs de faibles profondeurs<br />
Plongeur sci<strong>en</strong>tifique à l’œuvre<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> Page 11 sur 13
Banc de capelans devant les amas de cubes Recouvrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moules<br />
Photos : Œil d’Andromède<br />
Effets sur la petite pêche :<br />
- retour d’espèces (raies, turbot, escargots, coquilles St Jacques …)<br />
- installations de jeunes pêcheurs et limitation de l’érosion du nombre de pêcheurs <strong>en</strong> mer,<br />
- utilisation de nouveaux <strong>en</strong>gins de pêche, plus sélectifs,<br />
- tranquillité d’esprit pour les petits métiers.<br />
Les retours d’expéri<strong>en</strong>ce sont, pour cet aspect, d’ordre plus qualitatif, mais de nombreux professionnels<br />
nous ont fait part de captures très importantes à proximité des zones aménagées.<br />
Par ailleurs, d’autres usagers de la mer (pêcheurs plaisanciers, apnéistes, plongeurs <strong>en</strong> bouteille) connaiss<strong>en</strong>t les<br />
emplacem<strong>en</strong>ts et appréci<strong>en</strong>t les effets de ces installations.<br />
Projets <strong>en</strong> cours :<br />
Suite à la large diffusion des résultats des expéri<strong>en</strong>ces précéd<strong>en</strong>tes, 2005 devrait voir se concrétiser plusieurs<br />
opérations dans le Golfe d’Aigues Mortes, à Valras et Gruissan.<br />
Pour Agde, Argelès et Frontignan, les études d’impact ont été réalisées et les dossiers sont actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />
les mains des services instructeurs pour concertation avec les divers services de l’Etat et lancem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête<br />
publique.<br />
Pour chacun de ces projets, un suivi sci<strong>en</strong>tifique de 5 années devra être prévu. D’où l’intérêt de travailler à<br />
une forme de suivi global mobilisant certes des bureaux d’études régionaux, mais aussi des acteurs locaux et des<br />
sci<strong>en</strong>tifiques des organismes publics de recherche afin de bénéficier de leurs expéri<strong>en</strong>ces afin de créer une réelle<br />
dynamique citoy<strong>en</strong>ne autour de ces aménagem<strong>en</strong>ts.<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> Page 12 sur 13
7/ Conclusions et perspectives<br />
Des objectifs <strong>en</strong> évolution :<br />
- maint<strong>en</strong>ir le cap de la vocation halieutique : des récifs <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> libre accès pour les pêcheurs<br />
professionnels, dans la bande côtière des 3 milles nautiques,<br />
- réfléchir à d’autres utilisations, <strong>en</strong> particulier pour des activités de plaisance, <strong>en</strong> fonction des<br />
particularités locales et <strong>en</strong> totale concertation avec l’<strong>en</strong>semble des acteurs.<br />
Une gestion à fédérer :<br />
- des usagers multiples déjà impliqués ou souhaitant l’être dans la gestion de ces aménagem<strong>en</strong>ts,<br />
- des sites pilotes pour tester <strong>en</strong> grandeur nature une gestion cons<strong>en</strong>suelle (Cap d’Agde, Site des<br />
Aresquiers, Golfe d’Aigues Mortes…) sur le principe nouveau des ELGA’s (Espaces Littoraux de<br />
Gestion Associés)<br />
Une connaissance à améliorer :<br />
- augm<strong>en</strong>ter les connaissances sur des aspects liés au b<strong>en</strong>thos, à l’éthologie des poissons, à la<br />
sédim<strong>en</strong>tologie, à l’ingénierie des modules…<br />
- modéliser de nouveaux types de modules et de récifs, <strong>en</strong> fonction des résultats disponibles,<br />
- organiser et diffuser ces connaissances, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec les thèses financées par la Région dans le cadre du<br />
programme SysCoLag (Systèmes côtiers et lagunaires)<br />
- promouvoir l’innovation sci<strong>en</strong>tifique.<br />
Un suivi à réori<strong>en</strong>ter :<br />
- mobiliser des bureaux d’études privés mais aussi des associations locales et des organismes publics de<br />
recherche,<br />
- c<strong>en</strong>traliser et diffuser des données fiables et validées.<br />
Une communication à organiser<br />
- diffuser largem<strong>en</strong>t les résultats des suivis,<br />
- expliquer les démarches auprès des usagers de la mer et auprès du grand public,<br />
- utiliser les récifs comme des « catalyseurs » pour s<strong>en</strong>sibiliser les usagers à la richesse et à la fragilité du<br />
milieu marin, <strong>en</strong> valorisant les aspects pédagogiques.<br />
Béatrice PARY – <strong>Récifs</strong> <strong>artificiels</strong> <strong>en</strong> <strong>Languedoc</strong>-<strong>Roussillon</strong> Page 13 sur 13