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Les services de garde itinérante de nuit : - Le CLEIRPPA

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06 - AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />

<strong>itinérante</strong> <strong>de</strong> <strong>nuit</strong> :<br />

bilan et perspectives<br />

Valérie Luquet, Chargée d'étu<strong>de</strong>s au <strong>CLEIRPPA</strong><br />

Dans le cadre <strong>de</strong> son programme<br />

"Personnes âgées", la Fondation <strong>de</strong> France soutient<br />

<strong>de</strong>puis une dizaine d’années <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> <strong>services</strong><br />

<strong>de</strong> Gar<strong>de</strong> Itinérante <strong>de</strong> Nuit (ci-après appelés "GIN").<br />

Après un premier travail <strong>de</strong> réflexion lancé en 2000<br />

sur la mise en place <strong>de</strong> ces <strong>services</strong> 2 , elle a souhaité<br />

en 2007 faire le point sur leur évolution et leur développement,<br />

ainsi que sur leurs conditions <strong>de</strong> pérennisation.<br />

<strong>Le</strong> <strong>CLEIRPPA</strong> a ainsi réalisé une enquête<br />

auprès <strong>de</strong> 26 structures ayant bénéficié d’une subvention<br />

<strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> France (citées en fin d'article),<br />

par le biais d’entretiens individuels avec les<br />

responsables <strong>de</strong> service et d’un groupe <strong>de</strong> travail<br />

composé d’une dizaine d’entre eux. Cet article présente<br />

les principaux constats et pistes <strong>de</strong> recommandation<br />

issus <strong>de</strong> cette enquête.<br />

<strong>Le</strong> cadre général <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN sont montés le plus souvent<br />

par <strong>de</strong>s associations d'ai<strong>de</strong> à domicile anciennes et bien<br />

implantées sur leur territoire, mais aussi par d'autres<br />

types d'acteurs (CCAS, SSIAD, établissements d'hébergement<br />

ou réseaux <strong>de</strong> santé). <strong>Le</strong>ur mise en place vise principalement<br />

à offrir <strong>de</strong>s réponses adaptées aux besoins <strong>de</strong><br />

personnes fragilisées durant la soirée et la <strong>nuit</strong>.<br />

Avec pour premier objectif le soutien à domicile <strong>de</strong>s<br />

personnes âgées, ainsi que <strong>de</strong>s personnes handicapées,<br />

ils viennent s'inscrire dans la conti<strong>nuit</strong>é <strong>de</strong> l'offre d'un<br />

panel plus ou moins étendu <strong>de</strong> <strong>services</strong> déjà existants<br />

DOSSIER<br />

Globalement, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> Gar<strong>de</strong> Itinérante <strong>de</strong> Nuit – dont le plus ancien remonte à 1985 1 et qui se développent<br />

progressivement <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 90 – peuvent se définir comme <strong>de</strong>s <strong>services</strong> intervenant<br />

la soirée et la <strong>nuit</strong> en passages <strong>de</strong> courte durée auprès <strong>de</strong> personnes âgées et/ou handicapées vivant<br />

à domicile.<br />

(ai<strong>de</strong> à domicile, soins infirmiers à domicile, mais aussi,<br />

le cas échéant, centre <strong>de</strong> soins, portage <strong>de</strong> repas, accueil<br />

<strong>de</strong> jour, actions <strong>de</strong> prévention, petit bricolage…).<br />

Ils couvrent <strong>de</strong>s territoires variables, en terme<br />

<strong>de</strong> taille (le kilométrage moyen d'une tournée nocturne<br />

variant entre 20 et 150 kilomètres selon le service) et <strong>de</strong><br />

type (rural ou urbain).<br />

Sur les territoires ruraux, les principales difficultés<br />

rési<strong>de</strong>nt dans les distances et temps <strong>de</strong> déplacement,<br />

ce qui nécessite une gran<strong>de</strong> organisation pour optimiser<br />

les tournées. Sur les territoires urbains, les problèmes<br />

concernent davantage les embouteillages et le<br />

stationnement, ainsi que l'absence <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> conduire<br />

pour un certain nombre d'intervenants potentiels.<br />

Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, la zone d'intervention correspond<br />

au territoire "naturel" <strong>de</strong> la structure porteuse.<br />

Mais il arrive qu’un service commence par fonctionner<br />

sur un territoire plus restreint que le territoire naturel<br />

d'intervention, en particulier sur les territoires ruraux<br />

où le service est généralement d'abord testé sur la commune<br />

la plus peuplée. A l’inverse, il arrive qu'un service<br />

mis en place sur le territoire naturel <strong>de</strong> l'association<br />

soit étendu aux communes environnantes, pour trouver<br />

<strong>de</strong> nouveaux usagers ou répondre à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

d'usagers limitrophes au territoire initialement couvert.<br />

Eu égard au faible nombre <strong>de</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN existants,<br />

il n'y a généralement pas <strong>de</strong> concurrence pour cette<br />

prestation sur un territoire donné.


<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN assurent un socle commun d'interventions<br />

(typiquement : ai<strong>de</strong> au dîner, au coucher,<br />

au déshabillage, change/conduite aux WC, sécurisation,<br />

relais nocturne pour la téléassistance) ;<br />

quelques <strong>services</strong> proposent <strong>de</strong>s interventions plus<br />

spécifiques ou techniques, par exemple auprès <strong>de</strong><br />

personnes lour<strong>de</strong>ment handicapées ou <strong>de</strong> personnes<br />

en hospitalisation à domicile, en fin <strong>de</strong> vie ou<br />

en soins palliatifs. <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> interviennent surtout<br />

pour <strong>de</strong>s actes effectifs et peu en passages <strong>de</strong><br />

sécurisation (par exemple, pour vérifier la fermeture<br />

du gaz et <strong>de</strong>s volets ou la prise <strong>de</strong>s médicaments…).<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> interventions "standard" durent en moyenne 30<br />

minutes, trajet compris, les interventions auprès <strong>de</strong><br />

personnes handicapées pouvant prendre davantage<br />

<strong>de</strong> temps.<br />

L'organisation <strong>de</strong>s <strong>services</strong><br />

La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s <strong>services</strong> fonctionnent<br />

en mo<strong>de</strong> prestataire et sont ouverts la <strong>nuit</strong><br />

entière.<br />

<strong>Le</strong> plus souvent, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN proposent à la<br />

fois <strong>de</strong>s interventions dans le cadre <strong>de</strong> tournées programmées<br />

(<strong>de</strong> loin les plus fréquentes) et <strong>de</strong>s interventions<br />

sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

• La plupart <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> passages programmés<br />

concernent la soirée (à partir <strong>de</strong> 20h jusqu'à 23h,<br />

voire mi<strong>nuit</strong> ou 1h). <strong><strong>Le</strong>s</strong> usagers réguliers bénéficient<br />

généralement d'une intervention par <strong>nuit</strong><br />

sept jours par semaine, en particulier les personnes<br />

âgées, mais certains usagers ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong><br />

passages programmés toutes les <strong>nuit</strong>s <strong>de</strong> la semaine,<br />

et d'autres bénéficient <strong>de</strong> plusieurs passages<br />

par <strong>nuit</strong>.<br />

• <strong><strong>Le</strong>s</strong> quelques interventions sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sont souvent<br />

<strong>de</strong>s interventions d'urgence, notamment pour<br />

<strong>de</strong>s abonnés à la téléassistance.<br />

En terme d'organisation du travail, <strong>de</strong>ux<br />

options existent, qui jouent sur le coût du service et,<br />

éventuellement, la fidélisation <strong>de</strong>s intervenants.<br />

• Soit les intervenants sont considérés en "travail<br />

effectif" (et rémunérés comme tels) toute la <strong>nuit</strong> :<br />

c'est le choix fait par <strong>de</strong>s <strong>services</strong> qui ont <strong>de</strong>s passages<br />

programmés en cours <strong>de</strong> <strong>nuit</strong> (notamment<br />

pour <strong>de</strong>s personnes lour<strong>de</strong>ment handicapées) et/ou<br />

qui veulent fidéliser leur personnel en lui proposant<br />

suffisamment d'heures <strong>de</strong> travail dans la <strong>nuit</strong> pour<br />

lui garantir un certain niveau <strong>de</strong> salaire).<br />

• Soit le personnel est rémunéré en "travail effectif"<br />

sur la plage horaire <strong>de</strong>s tournées programmées et<br />

en astreinte le reste <strong>de</strong> la <strong>nuit</strong> : sur la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30 - 07<br />

tournées, les intervenants sont payés au nombre<br />

(fixe) d'heures effectuées, et sur la pério<strong>de</strong> d'astreinte<br />

(qu'ils effectuent chez eux), ils touchent un<br />

forfait d'astreinte et perçoivent en plus, s'ils effectuent<br />

<strong>de</strong>s interventions sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, une rémunération<br />

en fonction du temps travaillé. En diminuant<br />

les charges <strong>de</strong> personnel, cette option réduit le<br />

coût <strong>de</strong> revient du service, mais elle ne peut être<br />

mise en place que si la plage d'astreinte est d'une<br />

durée suffisante pour permettre le repos. Par<br />

ailleurs, certains porteurs <strong>de</strong> projet choisissent<br />

cette organisation pour proposer un complément<br />

<strong>de</strong> travail à <strong>de</strong>s personnels travaillant à temps partiel<br />

la journée.<br />

L’organisation du travail initialement mise<br />

en place peut évoluer : certains <strong>services</strong> ont réduit le<br />

temps <strong>de</strong> "travail effectif" et mis en place un système<br />

d'astreinte pour s’ajuster à l’absence <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’intervention en cours <strong>de</strong> <strong>nuit</strong> et réduire<br />

ainsi les coûts du service ; cela a nécessité <strong>de</strong> renégocier<br />

les contrats <strong>de</strong> travail. D'autres, au contraire,<br />

avec la montée en charge du service, ont augmenté<br />

le temps <strong>de</strong> "travail effectif" quand les tournées programmées<br />

se sont allongées pour répondre à <strong>de</strong><br />

nouvelles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />

<strong>Le</strong> nombre d'intervenants affectés au service<br />

<strong>de</strong> GIN varie selon les structures et dépend du<br />

nombre <strong>de</strong> tournées mises en place et du temps<br />

mensuel sur lequel sont embauchés les intervenants.<br />

Sur les <strong>services</strong> enquêtés, le nombre d'intervenants<br />

oscille entre 3 et 19 personnes, qui effectuent<br />

<strong>de</strong> 1 à 8 tournées par <strong>nuit</strong>.<br />

La plupart du temps, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN démarrent<br />

avec une petite équipe, puis, lorsqu'il y a trop <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sur le même créneau horaire (souvent en<br />

soirée), d'autres équipes sont créées pour effectuer<br />

<strong>de</strong>s tournées supplémentaires sur les plages<br />

horaires <strong>de</strong>mandées : par exemple, une première<br />

équipe travaille <strong>de</strong> 19h30 à 6h (avec une pério<strong>de</strong> d'astreinte)<br />

et une <strong>de</strong>uxième équipe travaille <strong>de</strong> 19h30 à<br />

23h30. En effet, étant donné le très faible nombre<br />

d'interventions sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, une seule équipe peut<br />

assurer la permanence sur le reste <strong>de</strong> la <strong>nuit</strong>.<br />

Au démarrage du service, le taille réduite <strong>de</strong> l'équipe<br />

rend plus difficile le remplacement en cas d’absence<br />

ou <strong>de</strong> congés d’un intervenant, les interventions non<br />

programmées et la formation <strong>de</strong>s salariés. Quand<br />

l’équipe <strong>de</strong>vient plus importante, cela facilite l’entrai<strong>de</strong><br />

et le soutien au sein <strong>de</strong> l'équipe <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>, et permet,<br />

par l’établissement d’une rotation du personnel


08 - AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30<br />

sur les tournées, <strong>de</strong> pallier l'éventuel effet d'usure<br />

que l'on peut éprouver à intervenir toujours auprès<br />

<strong>de</strong>s mêmes personnes.<br />

L'organisation matérielle du service est<br />

comparable d'un site à l'autre, qu'il s'agisse <strong>de</strong>s<br />

moyens matériels (locaux et moyens administratifs<br />

dédiés au service, véhicules, téléphones portables,<br />

gestion <strong>de</strong>s clés) ou <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> sécurité.<br />

Toutefois, certains utilisent <strong>de</strong>s véhicules i<strong>de</strong>ntifiés<br />

(logo du service <strong>de</strong> GIN ou <strong>de</strong> la structure-support),<br />

ce qui leur permet <strong>de</strong> communiquer pour faire<br />

connaître le service et d'être i<strong>de</strong>ntifiés par les usagers,<br />

les familles et les <strong>services</strong> <strong>de</strong> police. D'autres<br />

préfèrent au contraire recourir à <strong>de</strong>s véhicules banalisés<br />

par souci <strong>de</strong> discrétion, pour ne pas gêner les<br />

personnes aidées ni attirer l'attention d'éventuels<br />

voleurs.<br />

Quant à la sécurité (<strong>de</strong>s intervenants, <strong>de</strong>s interventions<br />

et, d'une certaine façon, <strong>de</strong>s usagers), les <strong>services</strong><br />

utilisent différentes métho<strong>de</strong>s et outils : présentation<br />

<strong>de</strong>s intervenants aux personnes aidées,<br />

repérage préalable <strong>de</strong>s lieux d'intervention par les<br />

intervenants, système <strong>de</strong> codification <strong>de</strong>s clés <strong>de</strong>s<br />

usagers garantissant leur anonymat, véhicules ou<br />

téléphones assurant la sécurité <strong>de</strong>s travailleurs (par<br />

exemple, véhicules à ouverture centralisée, téléphones<br />

avec système <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s travailleurs<br />

isolés), information <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> police ou <strong>de</strong> gendarmerie<br />

sur les tournées programmées…<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> intervenants<br />

Eu égard à la fragilité du public <strong>de</strong>s <strong>services</strong><br />

<strong>de</strong> GIN, le recours à <strong>de</strong>s personnels qualifiés (<strong>de</strong> catégorie<br />

C) garantit une certaine qualité <strong>de</strong> service et<br />

évite d'avoir à leur procurer une formation trop<br />

importante au départ. De fait, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s<br />

<strong>services</strong> utilisent comme intervenants <strong>de</strong>s auxiliaires<br />

<strong>de</strong> vie sociale (diplômées ou en cours <strong>de</strong> VAE), y compris<br />

pour accompagner <strong>de</strong>s personnes lour<strong>de</strong>ment<br />

handicapées : selon ces <strong>services</strong>, la GIN relève <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong><br />

à domicile et non du soin. De rares <strong>services</strong> ont<br />

toutefois opté pour un profil obligatoire d'ai<strong>de</strong>-soignant,<br />

pour accomplir les rares actes effectués en<br />

GIN ne pouvant être réalisés par une auxiliaire <strong>de</strong> vie<br />

sociale, mais surtout parce qu'ils ont obtenu, dans<br />

leur montage financier, <strong>de</strong>s forfaits-soins <strong>de</strong> la<br />

DDASS ; dans ce cas, l'orientation vers un service <strong>de</strong><br />

GIN se fait grâce à une prescription du mé<strong>de</strong>cin traitant.<br />

Enfin, quelques <strong>services</strong> utilisent <strong>de</strong>s professionnels<br />

aux qualifications diverses, davantage par<br />

opportunité <strong>de</strong> recrutement que par choix.<br />

Dans le cas d’intervenants <strong>de</strong> profils différents (en<br />

terme <strong>de</strong> qualification ou <strong>de</strong> sexe), il importe <strong>de</strong> ne<br />

pas créer, chez les usagers, d’attentes auxquelles certains<br />

intervenants ne pourraient pas répondre. Il<br />

faut donc veiller à harmoniser les pratiques professionnelles<br />

en définissant, auprès <strong>de</strong> tous les intervenants,<br />

les limites <strong>de</strong> l'intervention et les façons <strong>de</strong><br />

procé<strong>de</strong>r pour réaliser les différents actes.<br />

Selon le cas, le personnel <strong>de</strong> GIN est recruté<br />

en interne, sur la base du volontariat au sein du personnel<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> la structure porteuse,<br />

ou en externe. <strong>Le</strong> premier critère <strong>de</strong> recrutement est<br />

la capacité d'autonomie <strong>de</strong>s intervenants, auquel<br />

s'ajoutent les qualités relationnelles, le fait <strong>de</strong> ne pas<br />

vivre la <strong>nuit</strong> comme une situation anxiogène et l'aptitu<strong>de</strong><br />

à la conduite nocturne. Mais il est parfois difficile<br />

<strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s intervenants répondant à ces<br />

critères minimaux <strong>de</strong> recrutement.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la qualification initiale <strong>de</strong>s intervenants,<br />

les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN s’assurent systématiquement<br />

<strong>de</strong> leur formation aux premiers secours,<br />

aux "gestes et postures" et aux actes d'hygiène.<br />

D'autres formations sont également proposées sur<br />

le handicap, la communication avec les personnes<br />

âgées (notamment celles atteintes <strong>de</strong> la maladie<br />

d'Alzheimer), l'accompagnement <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> vie, l'incontinence,<br />

mais aussi sur le travail <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>, la gestion<br />

du stress, les troubles du sommeil, la conduite<br />

et la sécurité routière… Généralement, lorsque <strong>de</strong><br />

nouveaux intervenants sont intégrés dans l'équipe,<br />

ils accompagnent pendant quelque temps un professionnel<br />

plus ancien sur ses tournées.<br />

En terme d'encadrement, la gran<strong>de</strong> majorité<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> proposent aux intervenants un référent<br />

en astreinte téléphonique en cas <strong>de</strong> problème lié aux<br />

usagers (urgence, décès…) ou aux intervenants (acci<strong>de</strong>nt,<br />

absence…). Et tous ont mis en place <strong>de</strong>s protocoles<br />

écrits reprenant les consignes à appliquer et<br />

les coordonnées <strong>de</strong>s personnes, organismes et/ou<br />

<strong>services</strong> d'urgence à prévenir en cas <strong>de</strong> problème<br />

pour l'usager.<br />

Hors <strong>de</strong> leurs interventions nocturnes, les intervenants<br />

nécessitent également un encadrement spécifique<br />

du fait <strong>de</strong> leur gran<strong>de</strong> autonomie et un soutien<br />

particulier pour éviter le risque d'isolement. Ce soutien<br />

est généralement assuré à travers <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong><br />

synthèse et par la gran<strong>de</strong> disponibilité <strong>de</strong>s responsables<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN. Quelques <strong>services</strong> leur<br />

proposent aussi <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> parole ou d'analyse


<strong>de</strong> pratiques pour les ai<strong>de</strong>r à gérer les difficultés<br />

auxquelles ils doivent faire face et les recadrer dans<br />

leurs interventions, mais il est parfois difficile, en<br />

particulier pour les petites structures-supports, <strong>de</strong><br />

trouver un financement adéquat.<br />

La quasi-totalité <strong>de</strong>s intervenants en GIN<br />

sont en contrat à durée indéterminée, à temps partiel<br />

ou à temps plein.<br />

<strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> travail mensuel <strong>de</strong>s salariés n'est pas<br />

forcément effectué sur le seul service <strong>de</strong> GIN, car ils<br />

peuvent aussi travailler à temps partiel sur <strong>de</strong>s <strong>services</strong><br />

<strong>de</strong> jour. Cela pose alors <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> planning<br />

en termes <strong>de</strong> repos minimal entre <strong>de</strong>ux<br />

pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> nombre total d'heures <strong>de</strong><br />

travail autorisées sur une journée.<br />

La connaissance <strong>de</strong> la législation du travail<br />

<strong>de</strong> <strong>nuit</strong> semble variable, voire confuse, d'un site à<br />

l'autre. En l'absence <strong>de</strong> règles issues <strong>de</strong> leur convention<br />

collective, seuls quelques <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN ont<br />

établi un contrat local d'entreprise pour définir les<br />

conditions du travail <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>. La plupart ont simplement<br />

envoyé à l'Inspection du travail les contrats<br />

qu'ils proposent à leurs intervenants ; en cas d'accord<br />

ou en l'absence <strong>de</strong> réponse, ils considèrent<br />

qu'ils sont dans le cadre légal, mais ne sont pas certains<br />

d'être soutenus par leur tutelle en cas <strong>de</strong> problème.<br />

En général, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN proposent <strong>de</strong>s conditions<br />

particulières <strong>de</strong> travail à leurs intervenants :<br />

• les salariés bénéficient d'une récupération en<br />

temps ou d'une majoration salariale <strong>de</strong> 10% à 25%<br />

selon les <strong>services</strong>, les horaires (avant ou après 22h)<br />

et les jours (semaine ou week-end), et parfois d'une<br />

"prime <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>" (en plus <strong>de</strong> l'éventuelle rémunération<br />

d’astreinte) ;<br />

• en terme <strong>de</strong> rotation, les plannings sont le plus souvent<br />

organisés en petite et gran<strong>de</strong> semaine, et les<br />

intervenants doivent assurer un week-end sur <strong>de</strong>ux<br />

ou trois.<br />

Si le travail <strong>de</strong> <strong>nuit</strong> peut engendrer, en théorie,<br />

<strong>de</strong>s troubles particuliers chez les professionnels,<br />

dans la réalité, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN ne font pas état<br />

d'impacts négatifs sur leurs intervenants, à part<br />

quelques rares dérèglements du sommeil pour <strong>de</strong>s<br />

intervenants en travail effectif sur toute la <strong>nuit</strong>. A<br />

contrario, ce travail apporte plusieurs éléments <strong>de</strong><br />

satisfaction aux intervenants : autonomie dans le<br />

travail, contact relationnel avec les personnes âgées<br />

AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30 - 09<br />

<strong>de</strong> meilleure qualité (ils sont attendus et valorisés),<br />

salaire généralement plus important, disponibilité<br />

en journée, solidarité plus forte entre les intervenants,<br />

moins <strong>de</strong> coupures que pour un travail <strong>de</strong><br />

jour…<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> usagers<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN comptent généralement<br />

un faible effectif d'usagers : selon le service, entre une<br />

dizaine et 200 personnes sont aidées par an, avec une<br />

moyenne comprise entre 20 et 40 personnes. Cet<br />

effectif dépend <strong>de</strong> l'ancienneté du service, mais aussi<br />

<strong>de</strong> nombreux autres facteurs : territoire couvert, solvabilisation<br />

<strong>de</strong>s usagers, communication réalisée sur<br />

le service, prescription par les acteurs locaux…<br />

Toutefois, la montée en charge au niveau <strong>de</strong> l'activité<br />

et du nombre d'usagers reste difficile pour la plupart<br />

<strong>de</strong>s sites, et ce, pour <strong>de</strong>ux raisons principales : le<br />

manque d'information sur ces <strong>services</strong> et le manque<br />

<strong>de</strong> moyens financiers <strong>de</strong>s usagers.<br />

En moyenne, les <strong>services</strong> suivent entre 5 et<br />

80 personnes par <strong>nuit</strong>. Mais en fait, le nombre d'usagers<br />

et le nombre d'interventions par <strong>nuit</strong> varient<br />

fortement d'un mois à l'autre, car ces <strong>services</strong> se<br />

caractérisent par un turn-over plus ou moins important<br />

au niveau <strong>de</strong>s usagers : il peut atteindre, dans<br />

certains <strong>services</strong>, <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s usagers par an. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

motifs <strong>de</strong> sortie du service tiennent généralement<br />

aux décès, hospitalisations ou institutionnalisations<br />

<strong>de</strong>s personnes aidées, en particulier pour les personnes<br />

âgées et les personnes très lour<strong>de</strong>ment handicapées<br />

; ils peuvent aussi être liés au coût trop<br />

important <strong>de</strong> la GIN, notamment si l'usager n'est pas<br />

solvabilisé pour cette prestation ; parfois, c'est au<br />

contraire parce que la situation s'améliore que l'usager<br />

quitte le service, par exemple lorsque la GIN<br />

intervient en sortie d'hospitalisation ; plus rarement,<br />

les sorties tiennent au fait que l'accompagnement<br />

en GIN est prévu d'emblée <strong>de</strong> façon temporaire, pendant<br />

les vacances <strong>de</strong>s proches <strong>de</strong>s personnes aidées.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> usagers <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN sont majoritairement<br />

<strong>de</strong>s personnes âgées dépendantes, mais<br />

aussi <strong>de</strong>s personnes lour<strong>de</strong>ment handicapées, et la<br />

plupart bénéficient – au moins pour les <strong>services</strong><br />

classiques d'ai<strong>de</strong> à domicile – <strong>de</strong> l'APA (allocation<br />

personnalisée à l'autonomie), <strong>de</strong> la PCH (prestation<br />

<strong>de</strong> compensation du handicap) ou <strong>de</strong> l'ACTP (allocation<br />

compensatrice tierce personne ). Ce sont souvent<br />

<strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> la<br />

structure-support, mais ils peuvent aussi être usa-


10 - AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30<br />

gers d'autres structures ou aidés seulement par leur<br />

famille.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> usagers handicapés présentent un profil particulier<br />

: ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s interventions plus tard<br />

dans la soirée ou en cours <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>, constituent une<br />

population plus "stable" que les personnes âgées car<br />

ils sont plus jeunes, nécessitent <strong>de</strong>s interventions<br />

souvent plus lour<strong>de</strong>s en terme <strong>de</strong> manipulation et <strong>de</strong><br />

durée et montrent généralement plus d’exigence visà-vis<br />

<strong>de</strong>s horaires d'intervention, tout en étant parfois<br />

moins "fiables" (ils peuvent être absents <strong>de</strong> leur<br />

domicile à l'horaire prévu <strong>de</strong> passage du service).<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN ont dans leur public <strong>de</strong>s<br />

personnes isolées, mais aussi <strong>de</strong> plus en plus souvent<br />

<strong>de</strong>s personnes vivant en couple.<br />

De plus en plus d'aidants <strong>de</strong> personnes âgées ou <strong>de</strong><br />

personnes handicapées <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt en effet l'intervention<br />

<strong>de</strong> ces <strong>services</strong>, soit pour intervenir au quotidien,<br />

soit pour leur permettre <strong>de</strong> partir en<br />

vacances, soit encore dans le cadre d'un "accueil<br />

séquentiel", en relais les <strong>nuit</strong>s où le parent âgé ne<br />

dort pas chez ses enfants. Ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s témoignent<br />

sans doute <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> la mentalité <strong>de</strong>s<br />

"aidants familiaux" : ces personnes qui ai<strong>de</strong>nt un<br />

proche commencent aujourd'hui à accepter <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une ai<strong>de</strong> dans l'accompagnement qu'elles<br />

effectuent.<br />

On note aussi l'émergence <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la part<br />

d'établissements d'hébergement non médicalisés ou<br />

<strong>de</strong> petites structures pour personnes âgées et/ou<br />

handicapées (logements-foyers, maisonnées et<br />

appartements thérapeutiques), qui ne disposent pas<br />

d'un personnel salarié suffisant la <strong>nuit</strong> pour<br />

répondre aux éventuels besoins <strong>de</strong> leurs rési<strong>de</strong>nts.<br />

De même, certains <strong>services</strong> hospitaliers ou d'urgence<br />

sollicitent les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN pour permettre un<br />

retour à domicile plus rapi<strong>de</strong> et en toute sécurité.<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'un service <strong>de</strong> GIN passe par<br />

les personnes elles-mêmes, leur famille, mais aussi<br />

par les professionnels (<strong>services</strong> d'ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> soins<br />

infirmiers à domicile, partenaires sociaux, acteurs<br />

<strong>de</strong> santé…).<br />

Comme pour un service "classique" d'ai<strong>de</strong> à domicile,<br />

l'inscription prend effet après une évaluation <strong>de</strong>s<br />

besoins réalisée au domicile du futur bénéficiaire et<br />

une contractualisation avec l'usager. <strong><strong>Le</strong>s</strong> évaluations<br />

ou réévaluations <strong>de</strong>s besoins sont le plus souvent<br />

réalisées par un travailleur social ou un infirmier,<br />

souvent également responsable du service. <strong>Le</strong><br />

suivi <strong>de</strong>s interventions est opéré grâce au cahier <strong>de</strong><br />

transmission laissé au domicile <strong>de</strong> la personne et au<br />

cahier <strong>de</strong> liaison présent dans la structure, qui permettent<br />

d'échanger avec les autres professionnels<br />

intervenant auprès <strong>de</strong> l'usager et <strong>de</strong> faire le relais<br />

nécessaire avec d'autres <strong>services</strong>.<br />

En terme d'évaluation auprès <strong>de</strong>s usagers,<br />

la plupart <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN mettent en place une<br />

enquête <strong>de</strong> satisfaction (obligatoire avec la loi 2002-<br />

2), mais celle-ci est souvent généraliste ; comme elle<br />

ne présente pas <strong>de</strong> questions spécifiques sur l'impact<br />

<strong>de</strong> la GIN, elle ne peut pas véritablement rendre<br />

compte <strong>de</strong>s <strong>services</strong> rendus aux usagers.<br />

De manière plus informelle, les <strong>services</strong> observent<br />

un certain nombre d'impacts <strong>de</strong> la GIN sur la vie <strong>de</strong>s<br />

personnes aidées.<br />

• Sans la GIN, un certain nombre d'entre elles –<br />

seules, confinées au lit ou au fauteuil, en fin <strong>de</strong> vie,<br />

en HAD, qui ont besoin d’une ai<strong>de</strong> au lever très<br />

matinale (pour aller au travail ou pour une dialyse<br />

par exemple)… – seraient obligées <strong>de</strong> vivre en établissement.<br />

• La GIN permet <strong>de</strong>s séjours raccourcis à l'hôpital – et<br />

donc <strong>de</strong> libérer <strong>de</strong>s lits en service <strong>de</strong> soins aigus, <strong>de</strong><br />

moyen séjour ou <strong>de</strong> réadaptation – en offrant une<br />

prise en charge et en facilitant la réassurance <strong>de</strong><br />

personnes en sortie d'hospitalisation.<br />

• Elle améliore la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s personnes fragiles<br />

vivant à domicile, grâce au respect <strong>de</strong> leurs<br />

horaires et habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, et permet le maintien<br />

d'une certaine dignité et le respect <strong>de</strong> l'intimité <strong>de</strong>s<br />

personnes : on n'intervient que le temps nécessaire,<br />

on n'impose pas une présence d'une heure ou <strong>de</strong><br />

plus longue durée, ce qui est également important<br />

pour le couple et les familles ; les personnes ne<br />

sont pas souillées quand la famille ou les ai<strong>de</strong>s à<br />

domicile arrivent le matin…<br />

• Elle favorise le maintien d'une vie sociale et familiale<br />

normales, en proposant <strong>de</strong>s interventions à<br />

<strong>de</strong>s horaires non couverts par les <strong>services</strong> "classiques"<br />

<strong>de</strong> jour : <strong>de</strong>s personnes âgées vivant en<br />

couple peuvent manger ou regar<strong>de</strong>r la télévision<br />

avec leur conjoint, <strong>de</strong>s jeunes handicapés peuvent<br />

sortir le soir…<br />

• Elle soulage au quotidien les aidants familiaux et<br />

prolonge ainsi le maintien à domicile <strong>de</strong>s personnes<br />

aidées : la GIN évite au conjoint (ou à l'aidant<br />

cohabitant) d’effectuer certains gestes et<br />

actes risquant <strong>de</strong> lui renvoyer une image "négative"<br />

<strong>de</strong> la personne aidée (par exemple, changer la personne<br />

ou faire sa toilette…), ou encore d'être<br />

réveillé la <strong>nuit</strong> (il n'a plus à se lever la <strong>nuit</strong> pour


emmener son proche aux toilettes et peut dormir<br />

dans une autre chambre)…<br />

• Elle participe au "confort psychologique" <strong>de</strong>s<br />

aidants, en leur apportant une ai<strong>de</strong> au répit et/ou<br />

un sentiment <strong>de</strong> sécurisation, et diminue leur sentiment<br />

<strong>de</strong> culpabilité : d'une part, la GIN permet à<br />

certaines personnes <strong>de</strong> rester plus longtemps,<br />

voire <strong>de</strong> mourir chez elles et, d'autre part, ils peuvent<br />

souffler ou partir en vacances sans avoir l'impression<br />

d'abandonner leur proche.<br />

La communication sur les <strong>services</strong><br />

La communication sur les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN<br />

est réalisée par le biais <strong>de</strong> plaquettes d'information,<br />

d'affiches et d'articles diffusés dans la presse locale.<br />

Elle se fait en direction, d'une part, <strong>de</strong>s usagers déjà<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> leurs <strong>services</strong> <strong>de</strong> jour ou <strong>de</strong> ceux<br />

d’autres structures <strong>de</strong> maintien à domicile du territoire<br />

et, d'autre part, <strong>de</strong>s partenaires locaux, qu'il<br />

s'agisse <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs (Conseil général, municipalités),<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> maintien à domicile (principalement<br />

SAD et SSIAD), <strong>de</strong>s acteurs gérontologiques<br />

(CLIC), <strong>de</strong>s <strong>services</strong> sociaux ou <strong>de</strong>s <strong>services</strong> médicaux<br />

(mé<strong>de</strong>cins généralistes, hôpitaux locaux, <strong>services</strong><br />

d'urgences)… <strong><strong>Le</strong>s</strong> "prescripteurs" les plus efficaces<br />

semblent être les équipes médico-sociales <strong>de</strong><br />

l'APA (qui apportent à la fois l'information et la solvabilisation<br />

du service) et les mé<strong>de</strong>cins généralistes<br />

dans les zones rurales.<br />

La communication est favorisée par les partenariats<br />

précé<strong>de</strong>mment établis avec les acteurs locaux. Il est<br />

à noter que seuls quelques <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN semblent<br />

avoir établi <strong>de</strong>s partenariats forts avec le secteur<br />

sanitaire.<br />

Quelques <strong>services</strong> utilisent une dénomination<br />

particulière (par exemple, La Luciole ou <strong>Le</strong> Fanal),<br />

mais la plupart sont simplement i<strong>de</strong>ntifiés sous l'appellation<br />

<strong>de</strong> "gar<strong>de</strong> <strong>itinérante</strong> <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>". Cette appellation<br />

"générique" crée parfois <strong>de</strong> la confusion, en particulier<br />

chez les financeurs : le terme <strong>de</strong> "gar<strong>de</strong>" ne<br />

rend pas compte <strong>de</strong> la véritable nature <strong>de</strong> la prestation<br />

offerte, qui est d'être une véritable ai<strong>de</strong> à domicile.<br />

De fait, si les déci<strong>de</strong>urs et financeurs n'i<strong>de</strong>ntifient<br />

pas ces <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN pour ce qu'ils sont, ils<br />

auront tendance à ne pas leur accor<strong>de</strong>r d'autorisation<br />

d'ouverture, à ne pas les tarifer et à ne pas les<br />

faire entrer dans les dispositifs <strong>de</strong> solvabilisation.<br />

De façon générale, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN sont<br />

insuffisamment connus, à la fois <strong>de</strong>s usagers, mais<br />

aussi <strong>de</strong>s acteurs locaux, prescripteurs et finan-<br />

AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30 - 11<br />

ceurs. Cette méconnaissance tient à plusieurs facteurs<br />

: la rareté <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> service en France, le<br />

turn-over <strong>de</strong> leur public-cible, un manque <strong>de</strong> renouvellement<br />

<strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong>s <strong>services</strong> existants, voire un manque <strong>de</strong> formalisation<br />

<strong>de</strong>s éléments d'évaluation qui pourraient<br />

ai<strong>de</strong>r à démontrer l'intérêt <strong>de</strong> la GIN auprès <strong>de</strong>s<br />

financeurs et prescripteurs…<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> structures supports doivent donc<br />

mener une politique active <strong>de</strong> communication. Il<br />

s'agit <strong>de</strong> :<br />

• montrer que la GIN est un maillon indispensable du<br />

maintien à domicile qui complète les autres <strong>services</strong><br />

existants en permettant aux personnes <strong>de</strong><br />

retar<strong>de</strong>r ou d'éviter l’entrée en institution ;<br />

• promouvoir l'utilité <strong>de</strong> la GIN dans le cadre <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong><br />

aux aidants, et sensibiliser ces <strong>de</strong>rniers pour qu'ils<br />

utilisent ce service avant d'être épuisés ;<br />

• mobiliser les acteurs prescripteurs sur l'amélioration<br />

<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie offerte par ces <strong>services</strong> ;<br />

• mettre en avant la complémentarité <strong>de</strong>s secteurs<br />

sanitaire et médico-social au travers <strong>de</strong> la GIN, pour<br />

les retours d'hospitalisation, l'HAD (hospitalisation<br />

à domicile) ou l'accompagnement en fin <strong>de</strong> vie ;<br />

• sensibiliser les déci<strong>de</strong>urs et financeurs, notamment<br />

les Conseils généraux, DDASS et CROSMS, à<br />

l'intérêt <strong>de</strong> ces <strong>services</strong> et à la nécessité <strong>de</strong> financement<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> et <strong>de</strong> solvabilisation <strong>de</strong>s usagers<br />

sur la durée.<br />

<strong>Le</strong> cadre financier et les coûts pour les usagers<br />

Selon le cas, les structures porteuses s'inscrivent<br />

dans le cadre soit <strong>de</strong>s "<strong>services</strong> à la personne"<br />

à travers un agrément qualité (le cas le plus fréquent),<br />

soit <strong>de</strong>s "établissements et <strong>services</strong> sociaux<br />

et médico-sociaux" – relevant <strong>de</strong> la loi 2002-2 – grâce<br />

à une autorisation du Conseil général. Selon le<br />

département, les positions <strong>de</strong>s conseils généraux<br />

quant à l'intégration <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN dans les<br />

"établissements et <strong>services</strong>" relevant <strong>de</strong> la loi 2002-2<br />

sont très variables.<br />

<strong>Le</strong> régime d'autorisation constitue un avantage<br />

car il offre une meilleure lisibilité <strong>de</strong> l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> proposés par la structure porteuse et<br />

apporte une certaine garantie financière aux <strong>services</strong>.<br />

Mais il peut aussi présenter <strong>de</strong>s inconvénients liés à<br />

la tarification du service par le Conseil général : le<br />

tarif fixé pour la GIN doit être a priori plus élevé que<br />

celui <strong>de</strong>s <strong>services</strong> d'ai<strong>de</strong> à domicile <strong>de</strong> jour car le<br />

coût <strong>de</strong> revient <strong>de</strong> la GIN est par définition plus


12 - AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30<br />

important (du fait <strong>de</strong> la majoration salariale du personnel,<br />

<strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> déplacement démultipliés sur<br />

<strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> courte durée et <strong>de</strong> la permanence<br />

du service sur toute la <strong>nuit</strong>) ; mais ce tarif doit<br />

aussi être suffisamment bas pour que la GIN soit<br />

intégrée dans les plans d'ai<strong>de</strong> – notamment APA – et<br />

reste financièrement accessible aux usagers.<br />

<strong>Le</strong> décret budgétaire n°2003-1010 du 22<br />

octobre 2003, qui doit soumettre les <strong>services</strong> d'ai<strong>de</strong><br />

à domicile relevant <strong>de</strong> la loi 2002-2 à un tarif horaire<br />

unique 3 <strong>de</strong> leurs prestations indépendamment <strong>de</strong><br />

l'heure à laquelle elles sont rendues (en journée, <strong>nuit</strong>,<br />

semaine ou week-end), <strong>de</strong>vrait conduire à l'augmentation<br />

du tarif horaire <strong>de</strong>s <strong>services</strong> qui proposent<br />

<strong>de</strong>s interventions 24 heures sur 24 et 365 jours sur<br />

365, et donc à pénaliser ces <strong>services</strong> qui permettent<br />

pourtant le maintien à domicile <strong>de</strong>s personnes<br />

(notamment âgées) les plus fragiles. <strong>Le</strong> seul moyen<br />

d'obtenir une tarification spécifique à la GIN serait<br />

alors <strong>de</strong> l'inscrire dans le cadre d'un financement <strong>de</strong><br />

service expérimental.<br />

Selon le cas, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN proposent différentes<br />

formules au niveau <strong>de</strong>s tarifs pour l'usager.<br />

La plupart du temps, les usagers paient un abonnement<br />

mensuel et les interventions effectivement<br />

réalisées auprès d'eux – généralement à raison d'une<br />

<strong>de</strong>mi-heure l'intervention, trajet compris. Une gran<strong>de</strong><br />

attention est portée par les gestionnaires à ne pas<br />

dépasser ce temps d'intervention, à la fois pour organiser<br />

correctement les tournées programmées et<br />

pour la facturation <strong>de</strong>s interventions à l'usager. En<br />

outre, la majorité <strong>de</strong>s <strong>services</strong> appliquent <strong>de</strong>s tarifs<br />

différents en semaine et les dimanche et jours<br />

fériés, car la rémunération du personnel est encore<br />

majorée dans le second cas.<br />

Mais il existe <strong>de</strong> nombreuses variations :<br />

• en terme d'abonnement, certains <strong>services</strong> n'en facturent<br />

pas ; d'autres proposent <strong>de</strong>s tarifs d'abonnement<br />

différents selon qu'ils sont associés à <strong>de</strong>s<br />

visites programmées ou seulement à <strong>de</strong>s passages<br />

sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en cas <strong>de</strong> besoin ("abonnements sécurité",<br />

souscrits essentiellement par <strong>de</strong>s abonnés à<br />

la téléassistance, généralement moins chers pour<br />

les inciter à prendre aussi l'abonnement en GIN) ;<br />

d'autres encore proposent <strong>de</strong>s abonnements mensuels,<br />

hebdomadaires ou au week-end…<br />

• en terme d'interventions, plusieurs <strong>services</strong><br />

appliquent <strong>de</strong>s tarifs différents pour une intervention<br />

programmée et une intervention sur<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> (en général plus chère que la première,<br />

car plus compliquée à organiser) ; certains <strong>services</strong><br />

facturent également <strong>de</strong>s interventions au<br />

quart d'heure ou aux trois-quarts d'heure, et<br />

d'autres appliquent un tarif dégressif en fonction<br />

du nombre d'interventions programmées<br />

par <strong>nuit</strong> ou <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> l'intervention...<br />

En cas d'absence ou d'annulation au <strong>de</strong>rnier<br />

moment <strong>de</strong>s interventions par les usagers euxmêmes,<br />

certains <strong>services</strong> facturent les interventions<br />

non effectuées sous certaines conditions.<br />

Au final, sur les <strong>services</strong> enquêtés, une prestation<br />

<strong>de</strong> GIN est facturée en moyenne entre 350 et<br />

400 €/mois à raison d'un passage programmé par<br />

<strong>nuit</strong> (soit 30 interventions auxquelles s'ajoute, le cas<br />

échéant, l'abonnement). Seuls <strong>de</strong>ux <strong>services</strong> montés,<br />

l'un à partir d'un SSIAD, et l'autre à partir d'un réseau<br />

<strong>de</strong> soins, proposent <strong>de</strong>s interventions gratuites ou<br />

presque, car elles se font sur prescription médicale et<br />

sont financées sur <strong>de</strong>s dotations globales DDASS ou<br />

URCAM.<br />

D'un point <strong>de</strong> vue financier, l'utilisation du<br />

service <strong>de</strong> GIN va donc dépendre <strong>de</strong>s tarifs proposés,<br />

<strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s usagers et <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> solvabilisation<br />

dont ils disposent.<br />

Plusieurs dispositifs <strong>de</strong> solvabilisation ont été repérés<br />

pour les bénéficiaires <strong>de</strong> GIN.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> principaux sont l'APA pour les personnes <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 60 ans, et la PCH pour les personnes handicapées.<br />

• Selon le département, les Conseils généraux intègrent<br />

ou non la GIN dans les plans d'ai<strong>de</strong> APA ; mais<br />

même lorsque ce service est intégré, le plafonnement<br />

<strong>de</strong> l'allocation fait qu'elle couvre rarement<br />

tous les besoins d'ai<strong>de</strong>, diurnes et nocturnes.<br />

• <strong><strong>Le</strong>s</strong> départements semblent beaucoup plus facilement<br />

intégrer la GIN dans les prestations couvertes<br />

par la PCH, dont le montant est moins limité<br />

que l'APA.<br />

En outre, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN recourent parfois,<br />

dans <strong>de</strong>s situations particulières, à d'autres dispositifs<br />

<strong>de</strong> solvabilisation : prise en charge CRAM<br />

lors <strong>de</strong> conventions avec un service <strong>de</strong> HAD (hospitalisation<br />

à domicile), prestation "gar<strong>de</strong>-mala<strong>de</strong> à<br />

domicile" <strong>de</strong> l'assurance-maladie pour les personnes<br />

en fin <strong>de</strong> vie, prestation ARDH (ai<strong>de</strong> au retour à<br />

domicile après hospitalisation) ou allocation <strong>de</strong><br />

"gar<strong>de</strong> à domicile" pour les personnes en sortie<br />

d'hospitalisation, et ai<strong>de</strong>s financières individuelles


possibles par l'action sociale <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> retraite.<br />

En règle générale, on constate un manque <strong>de</strong> solvabilisation<br />

<strong>de</strong>s usagers par la collectivité, en particulier<br />

<strong>de</strong>s personnes âgées, sur les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN, en<br />

raison <strong>de</strong> la position du Conseil général ou faute <strong>de</strong><br />

connaître certains dispositifs existants.<br />

Eu égard à la lente montée en charge <strong>de</strong> ce<br />

type <strong>de</strong> service, la recherche <strong>de</strong> moyens financiers<br />

est un point fondamental du montage d'un projet <strong>de</strong><br />

GIN. Une ai<strong>de</strong> financière au démarrage, voire pour se<br />

développer et "passer le cap" dans la mise en œuvre<br />

<strong>de</strong> nouvelles tournées, semble indispensable dans la<br />

gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> enquêtés (qui ont, par définition, tous<br />

reçu une subvention <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> France) ont<br />

également bénéficié d'autres subventions d'ai<strong>de</strong> au<br />

démarrage – le plus souvent d'équipement, et parfois<br />

<strong>de</strong> fonctionnement sur une pério<strong>de</strong> limitée –, versées<br />

par divers organismes : CNSA, notamment à travers<br />

le FMAD (fond <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> à<br />

domicile), caisses <strong>de</strong> retraite (CRAM, MSA, AG2R,<br />

CPM, Médéric…), fédérations (UNAADMR), banques<br />

et assurances (Mutuelles du Mans, Crédit Mutuel…),<br />

collectivités locales (municipalités ou syndicats <strong>de</strong><br />

communes, qui peuvent d'ailleurs verser <strong>de</strong>s subventions<br />

renouvelables)…<br />

Mais même au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> démarrage,<br />

une <strong>de</strong>s principales difficultés <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong><br />

GIN enquêtés rési<strong>de</strong> dans leur équilibre financier.<br />

Il semble en effet difficile aux <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN d'atteindre<br />

l'équilibre financier sur la seule vente <strong>de</strong><br />

leurs prestations. En effet, en principe, un service <strong>de</strong><br />

GIN fonctionne sur la base d'une permanence <strong>de</strong> service<br />

: un intervenant reste disponible (y compris en<br />

astreinte) pour répondre à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s pendant<br />

toute la <strong>nuit</strong>. Or, dans la mesure où il n'y a pas <strong>de</strong><br />

besoin d'intervention systématique sur toute la<br />

durée <strong>de</strong> la <strong>nuit</strong>, les charges <strong>de</strong> personnel (astreinte<br />

comprise) ne peuvent a priori pas être couvertes par<br />

les recettes issues <strong>de</strong> la seule vente <strong>de</strong>s interventions,<br />

sauf à lisser l'ensemble <strong>de</strong>s charges du service<br />

dans le tarif <strong>de</strong>s interventions. Mais dans ce cas, ce<br />

tarif augmente et la GIN peut <strong>de</strong>venir inaccessible<br />

aux usagers, particulièrement s'ils doivent faire face<br />

seuls à ces dépenses.<br />

<strong>Le</strong> déficit quasi structurel <strong>de</strong> certains <strong>services</strong> les a<br />

ainsi amenés à revoir à la baisse leurs charges, voire<br />

leurs prestations lorsque les structures porteuses<br />

ne voulaient plus prendre en charge les déficits<br />

réguliers du service <strong>de</strong> GIN : certaines ont ainsi<br />

AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30 - 13<br />

cessé <strong>de</strong> proposer une permanence du service sur<br />

toute la <strong>nuit</strong>, en passant à un fonctionnement en<br />

mandataire ou en limitant l'ouverture du service à<br />

une plage horaire en soirée dédiée aux passages programmés.<br />

De fait, les rares <strong>services</strong> à ne pas être déficitaires<br />

disposent <strong>de</strong> montages financiers particuliers<br />

et dépen<strong>de</strong>nt notamment <strong>de</strong> financements liés<br />

au service (et non à la prestation). Lors <strong>de</strong> l'enquête,<br />

quelques <strong>services</strong> disposaient <strong>de</strong> financements <strong>de</strong><br />

fonctionnement plus pérennes, sous forme <strong>de</strong> dotations<br />

globales attribuées pour certains profils d'usagers<br />

:<br />

• pour les personnes handicapées, le forfait DDASS<br />

"Auxiliaire <strong>de</strong> vie" et le forfait DDASS "Handicap<br />

lourd" (qui doivent disparaître du fait <strong>de</strong> la solvabilisation<br />

<strong>de</strong>s usagers handicapés par la PCH) ;<br />

• pour <strong>de</strong>s personnes bénéficiant <strong>de</strong> prescriptions<br />

médicales d'intervention, la dotation DDASS dans<br />

le cadre d'un SSIAD 4 et les financements URCAM<br />

(Dotation régionale <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s réseaux<br />

pour le maintien et le retour à domicile <strong>de</strong>s personnes<br />

âgées) dans le cadre d'un réseau <strong>de</strong> soins.<br />

Mais ces montages ne sont pas a priori possibles<br />

pour les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN les plus courants, portés par<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> d'ai<strong>de</strong> à domicile.<br />

En conclusion<br />

L'enquête a montré l'utilité et la qualité du<br />

service rendu aux usagers par la GIN.<br />

• <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong> réels besoins et<br />

permettent à <strong>de</strong>s personnes âgées ou handicapées<br />

<strong>de</strong> rester à leur domicile, avec une qualité <strong>de</strong> vie<br />

satisfaisante et à un moindre coût qu'une gar<strong>de</strong><br />

permanente <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>.<br />

• Ils complètent le dispositif <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> maintien<br />

à domicile et permettent d'offrir un service<br />

global aux personnes les plus fragiles. Certains responsables<br />

considèrent d'ailleurs que cette prestation<br />

s'inscrit dans la conti<strong>nuit</strong>é <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> à domicile<br />

<strong>de</strong> jour et ne relève pas d'un dispositif particulier.<br />

• Ils apportent <strong>de</strong>s réponses souples, sont réactifs<br />

par rapport à <strong>de</strong>s besoins parfois fluctuants et proposent<br />

<strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> qualité, grâce à l'évaluation<br />

<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s usagers et aux compétences<br />

<strong>de</strong>s intervenants.<br />

• Ils s'ajustent au plus près <strong>de</strong>s besoins d'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

personnes, par <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> courte durée ;<br />

d'ailleurs, <strong>de</strong>puis la mise en place du service <strong>de</strong> GIN,<br />

certaines structures proposent également <strong>de</strong>s<br />

interventions d'une <strong>de</strong>mi-heure en journée. <strong><strong>Le</strong>s</strong> ser-


14 - AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30<br />

vices <strong>de</strong> GIN peuvent ainsi amener les partenaires,<br />

déci<strong>de</strong>urs et financeurs, à adopter une vision et <strong>de</strong>s<br />

pratiques nouvelles en matière <strong>de</strong> soutien à domicile<br />

<strong>de</strong>s populations fragiles.<br />

De fait, les évolutions démographiques et le vieillissement<br />

<strong>de</strong> la population rendront <strong>de</strong> plus en plus<br />

indispensable ce type <strong>de</strong> <strong>services</strong>.<br />

Malgré cela, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN sont<br />

confrontés à un certain nombre <strong>de</strong> difficultés, et<br />

ce, même lorsqu'ils existent <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

années.<br />

• Ils se caractérisent par une montée en charge<br />

faible et lente et s'adressent à un public dont les<br />

besoins fluctuent et qui connaît un fort turn-over.<br />

• Ils sont insuffisamment connus <strong>de</strong>s usagers<br />

potentiels et <strong>de</strong>s acteurs locaux, mais aussi <strong>de</strong>s<br />

déci<strong>de</strong>urs, tutelles et financeurs, ce qui oblige à<br />

une politique <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> développement<br />

très volontariste <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la structure.<br />

• Il existe un manque <strong>de</strong> solvabilisation <strong>de</strong>s usagers,<br />

en particulier <strong>de</strong>s personnes âgées, sur ces <strong>services</strong>.<br />

• <strong>Le</strong> recrutement, la fidélisation, la formation et<br />

l'encadrement <strong>de</strong>s intervenants <strong>de</strong> GIN sont plus<br />

difficiles que dans les <strong>services</strong> <strong>de</strong> jour et nécessitent<br />

<strong>de</strong>s précautions particulières.<br />

• Il existe, chez les porteurs <strong>de</strong> projet, une méconnaissance<br />

sur la législation du travail <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>.<br />

• Enfin, ces <strong>services</strong> sont très souvent déficitaires,<br />

notamment du fait du poids <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> personnel,<br />

ce qui pose la question <strong>de</strong> leur pérennité.<br />

Certaines <strong>de</strong> ces difficultés sont inhérentes<br />

à tout service qui s'adresse par définition<br />

aux populations les plus fragiles. D'autres tiennent<br />

au montage <strong>de</strong> projet, peut-être insuffisamment<br />

réfléchi du fait <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong> ces <strong>services</strong> sur le<br />

territoire national. D'autres encore tiennent davantage<br />

au contexte général, car ces <strong>services</strong> ne sont<br />

pas encore reconnus comme <strong>de</strong>s <strong>services</strong> à part<br />

entière du maintien à domicile, permettant un<br />

accompagnement <strong>de</strong>s personnes sur 24 heures (et<br />

non uniquement sur la journée).<br />

Ainsi, un certain nombre <strong>de</strong> mesures favorisant la<br />

pérennisation <strong>de</strong>s <strong>services</strong> peuvent être prises par<br />

les porteurs <strong>de</strong> projet eux-mêmes : maîtriser les<br />

contraintes légales sur le travail <strong>de</strong> <strong>nuit</strong>, définir<br />

une organisation du travail réduisant les charges<br />

<strong>de</strong> personnel, adopter une politique tarifaire cohérente<br />

avec le coût <strong>de</strong> revient du service et utiliser<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> solvabilisation <strong>de</strong>s<br />

usagers, développer <strong>de</strong>s campagnes locales et<br />

régulières <strong>de</strong> communication, solliciter l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s partenaires pouvant être "prescripteurs" pour<br />

ces <strong>services</strong>, solliciter l'ensemble <strong>de</strong>s financeurs<br />

possibles et trouver les bons arguments à avancer<br />

pour les convaincre…<br />

Mais, en tout état <strong>de</strong> cause, les porteurs <strong>de</strong><br />

service <strong>de</strong> GIN ne peuvent pas résoudre seuls<br />

toutes les difficultés, en particulier leurs difficultés<br />

financières.<br />

Au vu <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'enquête, la gran<strong>de</strong> majorité<br />

<strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN semblent en effet amenés,<br />

dans l'avenir, soit à compter indéfiniment sur leur<br />

structure porteuse pour éponger leurs déficits,<br />

soit à ne plus offrir <strong>de</strong> permanence <strong>de</strong> service, soit<br />

à obtenir, auprès <strong>de</strong>s tutelles, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

financement adéquates – c'est-à-dire une tarification<br />

et un niveau <strong>de</strong> solvabilisation <strong>de</strong>s usagers qui<br />

couvrent le coût <strong>de</strong> revient effectif <strong>de</strong> leur prestation<br />

ou d'autres formes pérennes <strong>de</strong> financement –,<br />

soit à disparaître.<br />

Tant que les financeurs ne seront pas persuadés <strong>de</strong><br />

la nécessité <strong>de</strong> ces <strong>services</strong> pour le soutien <strong>de</strong>s personnes<br />

les plus fragiles à domicile et qu'ils ne prévoiront<br />

pas les moyens financiers suffisants pour<br />

solvabiliser les usagers, l'avenir <strong>de</strong>s <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN<br />

ne sera pas assuré.<br />

1. C'est le service monté par l'AMSAM à Soissons.<br />

2. Cf. le cahier Documents-Cleirppa n° 2, avril 2001, pp. 18-28.<br />

3. Par niveau <strong>de</strong> qualification du personnel (DEAVS et AMP / TISF / ai<strong>de</strong>s ou employés à domicile).<br />

4. En 2001, il était déjà fait part d'une autorisation <strong>de</strong> certaines DDASS d'intégrer <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> <strong>nuit</strong> dans le cadre du prix<br />

<strong>de</strong> journée du SSIAD sous la ligne budgétaire 622.8.


<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> ayant participé au groupe <strong>de</strong> travail,<br />

par ordre d'ancienneté d'ouverture, sont les suivants<br />

:<br />

• APA – <strong>Le</strong> Fanal, 1996 (Mulhouse, Haut-Rhin)<br />

• SAM-AREPA – Soleil <strong>de</strong> mi<strong>nuit</strong>, 1998 (Paris)<br />

• ADMR 47 - Groupement Sud, 2003 (Port-Sainte-<br />

Marie, Lot-et-Garonne)<br />

• CCAS Châtellerault, 1999 (Châtellerault, Vienne)<br />

• ASSAD 35 Pays <strong>de</strong> Rennes – ASSAD 24/24, 1999<br />

(Chartres-<strong>de</strong>-Bretagne, Ille-et-Vilaine)<br />

• Association Vie à domicile, 2000 (Angers,<br />

Maine-et-Loire)<br />

• Entrai<strong>de</strong> Tararienne, 2002 (Tarare, Rhône)<br />

• Vie Santé Mérignac, 2004 (Mérignac, Giron<strong>de</strong>)<br />

• ADMR Périgueux, 2005 (Périgueux, Dordogne)<br />

• CARMAD, 2007 (Plaisir, Yvelines)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> autres <strong>services</strong> enquêtés sont les suivants :<br />

• AAD 07 Pôle Santé – La Luciole, 2002 (Saint-<br />

Péray, Ardèche)<br />

• ASSAD Ro<strong>de</strong>z, 2005 (Ro<strong>de</strong>z, Aveyron)<br />

• GARDE, 2005 (Nancy, Lorraine)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> GIN enquêtés<br />

AVRIL 2008 - documents Cleirppa - CAHIER N°30 - 15<br />

• ADMR Corse, 2006 (Lucciana, Corse)<br />

• ADMR Pays Douessin, 2006 (Doué-la-Fontaine,<br />

Maine-et-Loire)<br />

• ADMR Tours, 2006 (Tours, Indre-et-Loire)<br />

• Dom-Hestia Assistance, 2006 (Clamart, Hauts<strong>de</strong>-Seine)<br />

Parmi eux, ceux qui n'avaient pas encore ouvert<br />

au moment <strong>de</strong> l'enquête :<br />

• ADAPAH (Charleville-Mézières, Ar<strong>de</strong>nnes)<br />

• ADMR Pont-Scorff – SERIAN (service itinérant<br />

d'ai<strong>de</strong> nocturne) (Lorient, Morbihan)<br />

• ADMR Savoie (La Ravoire, Savoie)<br />

• AFAD Lot (Cahors, Lot)<br />

• ASSAD Saint-Omer (Saint-Omer, Pas-<strong>de</strong>-Calais)<br />

• ASSAP 03 (Vichy, Allier)<br />

• Association pour l’ai<strong>de</strong> aux familles <strong>de</strong> Valréas<br />

(Valréas, Vaucluse)<br />

• EHPAD L'Océane (Grand Village Plage,<br />

Charente-Maritime)<br />

• Seniors présence (Montpellier, Hérault)

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