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Sciences et humanisme
Des notions compatibles?
Jeanine Bonamy
Gouverneur
District
Centre-Est
16 Lion n° 631 février 2011
Point de vue d’un gouverneur
La Journée du Lionisme le 26 mai
2011 à Poitiers abordera le thème
des Sciences de l’avenir et leurs
implications en termes d’éthique
et de bioéthique vis-à-vis de la société et
notamment de la jeunesse.
L’humanisme est une philosophie de la
culture dont l’aboutissement est la
pleine réalisation de la personnalité
humaine. Dans cet objectif, les sociétés
ont, à travers les âges, ressenti le besoin et
eu la volonté de développer leurs
connaissances, en particulier dans le
domaine scientifique. C’est le propre de
l’homme de chercher, de penser, d’inventer.
Les avancées technologiques actuelles et les
nouveaux domaines de la recherche
(biomédical, génomique, nanosciences et
nanotechnologies, informatique…)
entraîneront demain des répercussions
très concrètes dans notre façon de
vivre et de penser.
Paradoxalement, le monde actuel est sans
doute technologiquement développé,
disposant d’un réseau permettant de
communiquer instantanément avec
l’ensemble de la planète, capable de
transplanter des organes humains, d’envoyer
des hommes conquérir l’espace, mais
impuissant à gérer les conflits qui éclatent ici
et là ou pour éradiquer la misère et la
famine qui en découlent. Toute information
est disponible pour chacun à chaque instant,
mais le désir effréné d’en savoir toujours
plus empêche l’homme de s’arrêter pour
penser.
Sciences et humanisme, qui paraissent
souvent se développer séparément et
sans interaction réciproque, sont-elles
aujourd’hui des notions compatibles?
Les chercheurs doivent certes présenter les
bienfaits de leurs découvertes mais ne pas
occulter les méfaits possibles de ces
innovations. Les nanotechnologies
permettent aujourd’hui de manipuler la
matière ou le vivant à l’échelle des
molécules. Cela ouvre de grands espoirs
pour le futur mais n’est pas sans risque.
L’évolution de la connaissance scientifique
implique de fait qu’elle ne reste pas
cantonnée à l’intérieur de son propre
domaine. C’est pourquoi les questions
éthiques et bioéthiques sont
primordiales et la politique ne saurait s’en
désintéresser. Doit-on laisser les
scientifiques développer ces nouvelles
technologies sans réflexion politique en
amont? À quelles étapes de la recherche
doivent intervenir les différents comités
éthiques? La société peut-elle (doit-elle)
influencer les axes de recherche via ses
représentants élus? Les considérations
idéologiques dans les débats sont-elles
souhaitables? Ne faut-il pas éclairer les
citoyens en leur fournissant une information
honnête et compréhensible?
Face à cette actualité à la fois prometteuse
et préoccupante, il sera intéressant
d’entendre et de confronter différents
points de vue afin d’essayer de savoir
comment les acteurs majeurs de ces
évolutions (les scientifiques) et de la société
(les politiques) anticipent la situation et
prennent les décisions. On cherchera
également à appréhender la vision des
jeunes à qui s’adressent prioritairement
toutes ces questions fondamentales, car
c’est la société de demain qui se bâtit
aujourd’hui pour eux.Y adhèrent-ils? Leurs
interrogations peuvent-elles influencer le
cours des choses?