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Performance des LBO : Une revue de littérature - cergam

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UNIVERSITE DE DROIT, D'ECONOMIE ET DES SCIENCES D'AIX MARSEILLE<br />

UNIVERSITE PAUL CEZANNE<br />

CENTRE D’ETUDES ET DE RECHERCHE<br />

SUR LES ORGANISATIONS ET LA GESTION<br />

PERFORMANCE DES <strong>LBO</strong> :<br />

UNE REVUE DE LA LITTERATURE<br />

Myriam GASQUE*<br />

W.P. n° 694 Juillet 2004<br />

* Etudiante en Doctorat en Sciences <strong>de</strong> Gestion , rattachée au CEROG-IAE d’Aix-en-Provence<br />

, Université Aix-Marseille III, Clos Guiot, Boulevard <strong><strong>de</strong>s</strong> Camus, 13540 Puyricard<br />

Toute reproduction interdite<br />

L'institut n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises<br />

dans ces publications : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs<br />

auteurs.


Myriam Gasqué<br />

<strong>Performance</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> : une <strong>revue</strong> <strong>de</strong> la <strong>littérature</strong><br />

Doctorante à l’IAE d’Aix-en-Provence<br />

Allocataire <strong>de</strong> recherche<br />

CEROG<br />

Myriam.Gasque@iae-aix.com<br />

2


Résumé : Depuis quelques années, la France détient la <strong>de</strong>uxième place en Europe, après le Royaume-<br />

Uni en ce qui concerne les investissements dans les opérations <strong>de</strong> <strong>LBO</strong>. Ce constat s’explique par une<br />

meilleure performance <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes reprises par <strong>LBO</strong>. Mais sur ce sujet les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empiriques françaises ne concor<strong>de</strong>nt pas avec ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> anglo-saxonnes. Il va alors s’agir dans<br />

cet article dans un premier temps d’énoncer les différentes bases théoriques sur lesquelles s’appuie le<br />

principe du <strong>LBO</strong>. On différenciera les apports <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’agence, <strong>de</strong> l’asymétrie d’informations,<br />

<strong>de</strong> la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction, et <strong>de</strong> la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> free cash flows, puis leurs controverses au<br />

travers notamment <strong>de</strong> l’hypothèse du transfert <strong>de</strong> richesse, et <strong>de</strong> l’hypothèse <strong>de</strong> l’économie d’impôts.<br />

Il apparaîtra que la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> free cash flows (issue <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’agence) permet bien, dans<br />

certains cas, d’expliquer le phénomène <strong>LBO</strong>, et que les gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires ne sont pas dus à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

transferts <strong>de</strong> richesse au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> autres parties prenantes. On nuancera cependant l’apport <strong>de</strong> la<br />

théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF qui renferme certaines faiblesses et ouvre la voie vers <strong>de</strong> nouvelles recherches,<br />

notamment par une approche cognitive. Quant à l’hypothèse <strong>de</strong> l’économie d’impôts, elle ne permet<br />

pas à elle seule d’expliquer les meilleures performances post <strong>LBO</strong>. On énoncera ensuite plus<br />

précisément les performances observées (meilleure productivité, meilleur résultat d’exploitation etc.),<br />

en tentant d’expliquer les divergences entre les résultats français et les résultats anglo-saxons. On<br />

constatera enfin que celles-ci s’expliquent surtout par les différences au niveau <strong>de</strong> la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles,<br />

<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> levier utilisé, et d’un environnement actuel différent en termes <strong>de</strong> gouvernement<br />

d’entreprise <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> années fastes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong>.<br />

Mots clés : Leverage Buy-Out, retraits <strong>de</strong> la cote, structure du capital, gouvernement d’entreprise, free<br />

cash flows.<br />

Abstract : This last 30 years <strong>LBO</strong> has provoked a great attraction and nowadays especially in Europe<br />

where France holds the second place behind England. This phenomenon can be explained by the<br />

better performance of <strong>LBO</strong> firms. But, results of Anglo-Saxon studies don’t agree with the French<br />

ones. Therefore the aim of this paper will be first to express the theoretical foundations such as agency<br />

theory, asymmetric information, costs of transaction, free cash flow (FCF) theory, and then their<br />

controversies via wealth transfer and tax savings hypothesises. This article will show that the FCF<br />

theory enables sometimes to explain <strong>LBO</strong> transactions, that sharehol<strong>de</strong>rs gains don’t come from<br />

wealth transfers at stakehol<strong>de</strong>rs’ expense. However, the FCF theory will also be contradicted and its<br />

weaknesses will open the door for a cognitive approach. As for the tax saving hypothesis, it cannot<br />

explain the better performances of targets after the <strong>LBO</strong>. Then these performances will be stated<br />

trying to explain the differences observed between French and Anglo-Saxon <strong>LBO</strong>. These differences<br />

are partly due to the different nature of the French targets, the financial leverage, and the changes in<br />

the corporate governance since the 80’s.<br />

Key words : Leverage Buy-Out, going private transactions, capital structure, corporate governance,<br />

free cash flows.<br />

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Le Leverage Buy-Out (<strong>LBO</strong>) est généralement défini comme « une opération par laquelle un ou<br />

plusieurs investisseurs acquièrent une entreprise via une société holding (la plupart du temps créée<br />

pour l’occasion), qui s’en<strong>de</strong>ttera autant que la capacité <strong>de</strong> remboursement <strong>de</strong> la société cible le<br />

permettra, et qui sera capitalisée, par les acquéreurs, uniquement à hauteur du sol<strong>de</strong> du prix<br />

d’acquisition (effet <strong>de</strong> levier financier) » (Thoumieux 1996).<br />

La <strong>littérature</strong> concernant les <strong>LBO</strong> est liée à celles sur la structure du capital et le gouvernement<br />

d’entreprise en raison <strong>de</strong> la nature même <strong><strong>de</strong>s</strong> montages et <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications organisationnelles qui en<br />

découlent. En ce qui concerne la première, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Harris et Raviv (1991) en dresse un excellent<br />

bilan, et comme le montre Zingales (2000) celle-ci est toujours d’actualité puisqu’il n’y a pas eu <strong>de</strong><br />

paradigme nouveau <strong>de</strong>puis. Pour le second domaine, on peut se référer à Shleifer et Vishny (1997).<br />

La théorie prédit une meilleure performance pour les cibles ayant fait l’objet d’un <strong>LBO</strong>, mais qu’en<br />

est-il réellement ? Les <strong>LBO</strong> représentent-ils une forme d’organisation plus efficiente que les firmes<br />

peu en<strong>de</strong>ttées ?<br />

Pour tenter <strong>de</strong> répondre à cette question on développera tout d’abord le fon<strong>de</strong>ment théorique. On<br />

distinguera les apports contractualistes puis l’approfondissement par la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> free cash flows<br />

(FCF) et les controverses qui sont apparues. Il s’agira ensuite <strong>de</strong> comparer les résultats anglo-saxons et<br />

les résultats français concernant la performance <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles ayant fait l’objet d’un <strong>LBO</strong>, en essayant<br />

d’expliquer les différences observées.<br />

I. FONDEMENT THEORIQUE<br />

On peut voir les théories contractualistes comme la base <strong>de</strong> la <strong>littérature</strong> sur les <strong>LBO</strong>. Jensen est par la<br />

suite allé plus loin en proposant la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> free cash flows qui a été controversée et à laquelle<br />

certains auteurs ont préféré d’autres hypothèses.<br />

I.1. Les apports contractualistes<br />

On rappellera tout d’abord les éléments clés <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’agence en rapport avec les <strong>LBO</strong> ainsi<br />

que les conclusions <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> concernant les gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires puisqu’elles permettent <strong>de</strong><br />

déterminer comment le marché juge ces opérations. La question <strong>de</strong> l’asymétrie d’information sera<br />

ensuite développée, puis suivront les apports <strong>de</strong> la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction.<br />

I.1.1. La théorie <strong>de</strong> l’agence et les gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires.<br />

Jensen et Meckling (1976) définissent « une relation d’agence comme un contrat par lequel une (ou<br />

plusieurs) personne a recours aux services d’une autre personne pour accomplir en son nom une tâche<br />

quelconque, ce qui implique une délégation <strong>de</strong> nature décisionnelle à l’agent ». Les agents peuvent<br />

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tricher et ne pas honorer leur contrat car ils sont rationnels. Il faut donc <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong> contrôle<br />

pour inciter les agents à agir selon ce qui était prévu dans le contrat. Il y a relation d’agence quand une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux parties détient plus d’informations que l’autre. L’agent étant mieux renseigné que le<br />

principal, il peut avoir tendance à agir différemment et à se montrer opportuniste.<br />

On ne détaillera pas ici les travaux <strong>de</strong> Modigliani et Miller (1958), mais plutôt leurs conséquences sur<br />

la compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong>. L’usage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte dans les <strong>LBO</strong> pour créer <strong>de</strong> la valeur montrait que la<br />

structure du capital, la proportion <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte, avaient leur importance. Miller objectait que cette création<br />

<strong>de</strong> valeur n’avait rien à voir avec le levier, mais qu’il y avait <strong>de</strong> meilleurs managers et <strong>de</strong> meilleures<br />

stratégies.<br />

Mais l’usage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte peut diminuer les coûts d’agence résultant <strong>de</strong> la séparation propriété et<br />

contrôle, spécialement quand les prêteurs sont concentrés ou quand la <strong>de</strong>tte est utilisée pour accroître<br />

la part <strong><strong>de</strong>s</strong> managers dans le capital (Jensen et Meckling 1976), comme c’est le cas pour les LMBO<br />

(Leverage Management Buy-Out). La <strong>de</strong>tte peut permettre <strong>de</strong> tirer avantage <strong>de</strong> l’asymétrie<br />

d’information (asymétrie que n’avaient pas pris en compte Modigliani et Miller). Selon la théorie <strong>de</strong><br />

l’agence développée par Jensen et Meckling (1976), la structure financière a pour but <strong>de</strong> minimiser les<br />

coûts d’agence issus <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits d’intérêt existant entre les différents partenaires <strong>de</strong> l’entreprise :<br />

actionnaires, dirigeants et obligataires, dans un premier temps. La structure optimale <strong>de</strong> financement<br />

s’obtient donc par un arbitrage entre les coûts d’agence <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds propres et ceux <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Les<br />

actionnaires peuvent reprocher aux managers d’éventuels avantages en nature excessifs, et les<br />

créanciers craindre <strong><strong>de</strong>s</strong> substitutions d’actifs ou le sous-investissement.<br />

L’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> certains managers entraîne <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’agence très importants lorsqu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />

contrôle efficace <strong>de</strong> leurs activités. Par exemple, un dirigeant peut investir dans <strong><strong>de</strong>s</strong> projets à VAN<br />

(valeur actuelle nette) négative pour que son entreprise atteigne une taille <strong>de</strong> plus en plus importante<br />

mais uniquement pour son propre prestige. Il peut entreprendre une politique <strong>de</strong> croissance externe qui<br />

s’avèrera défavorable à long terme, ou encore, dépenser <strong>de</strong> manière discrétionnaire <strong><strong>de</strong>s</strong> cash flows (jet<br />

privé etc.) au lieu <strong>de</strong> servir <strong><strong>de</strong>s</strong> divi<strong>de</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong> plus élevés aux actionnaires. Le passage en <strong>LBO</strong> permet <strong>de</strong><br />

changer le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> primes versées aux managers. Celles-ci ne sont plus calculées sur la<br />

progression du chiffre d’affaires mais le plus souvent sur un indice <strong>de</strong> rentabilité.<br />

Il serait intéressant d’évaluer le niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéfices privés dans les sociétés cibles. Il est certain qu’il<br />

n’est pas aisé <strong>de</strong> les déterminer mais une récente étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dyck et Zingales (2004) permet <strong>de</strong> penser<br />

que la vision <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> pourrait s’en trouver enrichie. Il semble plus facile pour les managers <strong>de</strong> retirer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéfices privés lorsque la firme n’est plus cotée, ou lorsqu’un spin-off est mis en place . Ceci<br />

serait une vision assez pessimiste <strong><strong>de</strong>s</strong> LMBO mais c’est un aspect qu’il faudrait prendre en compte.<br />

Finalement le <strong>LBO</strong> est un mo<strong>de</strong> efficace <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> conflits d’agence grâce notamment à la<br />

participation <strong><strong>de</strong>s</strong> dirigeants au capital (qui pourront ainsi bénéficier <strong>de</strong> leurs efforts), à une meilleure<br />

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prise en compte du coût du capital, et aux investisseurs financiers qui sont très actifs et surveillent <strong>de</strong><br />

près la gestion <strong>de</strong> l’entreprise par les managers (ce qui n’étaient pas le cas avant l’apparition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rai<strong>de</strong>rs <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80).<br />

Jensen (1989) rappelle que l’augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’agence (entre propriété et contrôle) a atteint son<br />

apogée dans les années 60, quand <strong><strong>de</strong>s</strong> cash flows conséquents étaient générés par les entreprises et que<br />

celles-ci ne trouvaient que peu d’investissements rentables. Elles menaient alors <strong><strong>de</strong>s</strong> programmes <strong>de</strong><br />

diversification qui conduisaient à un ensemble <strong>de</strong> conglomérats qui ne s’avéraient pas productifs.<br />

C’est pour cela qu’avec les <strong>LBO</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80 les entreprises se sont souvent recentrées sur leur cœur<br />

<strong>de</strong> métier au lieu <strong>de</strong> détruire <strong>de</strong> la valeur. Ce <strong>de</strong>rnier point est confirmé par Easterwood et Seth (1993)<br />

sur la pério<strong>de</strong> dont parle Jensen et pour les firmes <strong>de</strong> taille importante.<br />

L’auteur met aussi l’accent sur les investisseurs actifs qui détiennent en moyenne 60% du capital. Ils<br />

sont là pour contrôler le management, siègent au conseil d’administration (CA), et sont impliqués dans<br />

la stratégie <strong>de</strong> la firme.<br />

Avant le milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> années 30, les banques étaient très présentes et actives ; puis elles se sont<br />

détachées <strong>de</strong> la gestion et du contrôle à cause <strong>de</strong> nouvelles lois qui réduisaient leur possible<br />

implication. Quant aux actionnaires, leur intérêt étant d’avoir un portefeuille diversifié pour limiter les<br />

risques ils ne cherchaient pas à aller dans le détail <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions prises par les managers <strong>de</strong> telle ou<br />

telle firme. Ce qui <strong>de</strong> plus aurait été très coûteux pour eux. Par conséquent pendant presque 50 ans, les<br />

managers ont été peu surveillés ; Jensen les désigne par l’expression « constructeurs d’empire », ce qui<br />

explique l’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> dans le but <strong>de</strong> recapturer cette valeur perdue.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cotter et Peck (2001) confirme, si besoin était, que les avantages liés à la <strong>de</strong>tte, disciplinant<br />

les managers, varient avec le type d’investisseurs présents dans le <strong>LBO</strong>. Les auteurs examinent en<br />

particulier le rôle que les spécialistes du BO jouent dans la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et le contrôle du<br />

management. On y retrouve le profil <strong>de</strong> firmes comme celle <strong>de</strong> Kohlberg Kravis et Roberts (KKR) et<br />

bien d’autres qui s’impliquent dans la gestion <strong>de</strong> la firme et font remplacer les dirigeants s’ils n’en<br />

sont pas satisfaits. De Angelo, De Angelo et Rice (1984) vont plus loin en démontrant que quand le<br />

<strong>LBO</strong> s’est monté avec <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers le levier y est en général plus fort, mais le coût <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte moins élevé<br />

grâce aux relations <strong><strong>de</strong>s</strong> spécialistes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> prêteurs.<br />

Habib (1997) explique que lors <strong>de</strong> la mise en place du <strong>LBO</strong> les investisseurs choisissent un niveau <strong>de</strong><br />

concentration <strong>de</strong> la propriété très élevé. Puis quelque temps plus tard, alors que <strong><strong>de</strong>s</strong> ajustements ont été<br />

réalisés à l’intérieur <strong>de</strong> la firme, la concentration <strong>de</strong> la propriété pourra être moins élevée. Et, si elle<br />

était au départ excessive, elle atteindra le niveau optimal lorsque les investisseurs vendront tout ou<br />

partie <strong>de</strong> leur part.<br />

Durant la pério<strong>de</strong> faste <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80 aux Etats-Unis, les <strong>LBO</strong> se faisant majoritairement par retrait <strong>de</strong><br />

la cote. Il s’agissait <strong>de</strong> going private transactions. <strong>Une</strong> entreprise public (au sens anglo-saxon du<br />

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terme), et donc cotée en bourse, était rachetée et retirée du marché par <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers ou à l’instigation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

managers pour re<strong>de</strong>venir private. Pour Jensen le <strong>LBO</strong> n’est pas qu’une pério<strong>de</strong> transitoire dans la vie<br />

d’une firme avant <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir public.<br />

Bruton, Keels et Scifres (2002), cherchent à comprendre les cycles privée-publique-privée, à partir<br />

d’un échantillon <strong>de</strong> 39 firmes. Cette étu<strong>de</strong> est semble-t-il la seule qui examine la performance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mêmes firmes durant le cycle complet. L’entreprise est retirée <strong>de</strong> la cote par un premier <strong>LBO</strong>, puis y<br />

retourne (c’est le reverse <strong>LBO</strong>), et re<strong>de</strong>vient à nouveau private à l’occasion d’un second <strong>LBO</strong>. Pour<br />

mesurer les problèmes d’agence les auteurs partent du postulat que plus le pourcentage <strong>de</strong> capital<br />

détenu par le management est élevé, plus le <strong>de</strong>gré d’agence sera faible. Ils montrent que la théorie <strong>de</strong><br />

l’agence explique bien les améliorations <strong>de</strong> performance durant le cycle et qu’un accroissement <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> capital détenu par les managers conduit à une meilleure performance. Cependant, les coûts<br />

d’agence qui ont diminué durant la pério<strong>de</strong> private ne réapparaissent pas tout <strong>de</strong> suite lors du reverse<br />

buyout, il faut plusieurs années.<br />

Travlos et Cornett (1993) ne rejoignent pas Jensen sur un point. Pour eux, une firme cotée est la forme<br />

d’organisation la plus efficiente, et le retrait par <strong>LBO</strong> ne serait qu’une phase transitoire le temps <strong>de</strong><br />

corriger les défauts dans les contrats et relations entre agents. Le fait que <strong>de</strong> nombreuses firmes<br />

retournent au marché par une secon<strong>de</strong> introduction en bourse semble leur donner raison. Mais en<br />

réalité on retrouve surtout l’idée <strong>de</strong> Demsetz et Lehn (1985), la structure du capital varie<br />

systématiquement d’une manière qui est conforme à la maximisation <strong>de</strong> la valeur. Autrement dit, une<br />

firme peut être plus efficiente en étant cotée puis en se retirant du marché. Pour Travlos et Cornett la<br />

théorie <strong>de</strong> l’agence semble être une bonne base théorique pour expliquer les choix managériaux du<br />

cycle complet du buyout.<br />

Il faut cependant ici nuancer l’importance <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’agence, du moins sur le marché français.<br />

En effet, en ce qui concerne les firmes cotées en bourse, la propriété est rarement diffuse, et on<br />

observe plus souvent la présence d’un actionnaire majoritaire. On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il n’y a pas un<br />

déplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits d’actionnaires/dirigeants vers actionnaires majoritaires/actionnaires<br />

minoritaires/dirigeants (Charreaux 2002b). La prise en compte ce cette caractéristique pourrait<br />

conduire à une autre vision <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong>.<br />

L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens utilisé pour déterminer s’il y a création <strong>de</strong> valeur est <strong>de</strong> réaliser une étu<strong>de</strong><br />

d’événement lors <strong>de</strong> l’annonce d’un possible retrait par <strong>LBO</strong>, et <strong>de</strong> voir si les actionnaires sont<br />

gagnants ou non, s’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> ren<strong>de</strong>ments anormaux.<br />

C’est ce qu’ont réalisé De Angelo, De Angelo et Rice (1984) à partir d’un échantillon <strong>de</strong> 72 firmes<br />

ayant proposé <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la bourse entre 1973 et 1980 par LMBO. Certains détracteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> going<br />

private (GP) avancent que puisqu’il ne s’agit pas <strong>de</strong> créer <strong><strong>de</strong>s</strong> synergies entre différentes entités, il ne<br />

peut pas être créée suffisamment <strong>de</strong> valeur pour les actionnaires et pour le management. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

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aurait tendance à placer son intérêt avant celui <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires lorsqu’il propose un MBO. Cependant,<br />

cet argument n’est pas vérifié, au contraire, les actionnaires réalisent <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéfices substantiels. Lors<br />

<strong>de</strong> l’annonce <strong>de</strong> la proposition le cours <strong>de</strong> l’action augmente en moyenne sur 2 jours <strong>de</strong> 22,3%, les<br />

données montrent même une anticipation <strong>de</strong> l’annonce (sur 2 mois + 30,4%).<br />

Kaplan (1989a) montre qu’entre les 2 mois précédant le rachat d’une cible et la vente ou l’introduction<br />

en bourse du <strong>LBO</strong> (en moyenne 5 ans plus tard), la valeur <strong>de</strong> la firme a progressé <strong>de</strong> 96%. Les<br />

actionnaires pre-buyout bénéficient d’une prime en moyenne <strong>de</strong> 38% et les investisseurs post-buyout<br />

réalisent un gain d’environ 42%. Ces 42% sont mesurés par rapport au capital pre-buyout. Bien<br />

évi<strong>de</strong>mment certains investisseurs ont réalisé <strong><strong>de</strong>s</strong> gains considérablement plus importants. Ces gains<br />

sont positivement corrélés avec l’amélioration <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong> la firme, mais également avec les<br />

avantages fiscaux dont bénéficie le <strong>LBO</strong>.<br />

Travlos et Cornett (1993) à partir d’un échantillon <strong>de</strong> 56 firmes faisant l’objet <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong><br />

retrait aux Etats-Unis entre 1975 et 1983, ont testé les trois hypothèses concernant l’explication <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ren<strong>de</strong>ments anormaux lors du rachat. Il s’agit <strong>de</strong> l’élimination <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts induits par la cotation, du<br />

changement dans la structure du capital (l’accroissement <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> levier financier), et <strong>de</strong><br />

l’élimination <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’agence. Ces ren<strong>de</strong>ments anormaux sont corrélés à l’élimination <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts<br />

d’agence qui prévalaient avant le <strong>LBO</strong>. Les conséquences positives sur la productivité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

changements organisationnels qui suivent sont anticipés par les actionnaires.<br />

Il faut à ce sta<strong>de</strong> s’assurer que les meilleures performances <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> ne sont pas la conséquence<br />

d’informations privilégiées dues à une asymétrie d’information.<br />

I.1.2. Asymétries d’information<br />

Myers et Majluf (1984) expliquent que dans le cas où les dirigeants seraient mieux informés que les<br />

investisseurs extérieurs, la firme peut être sous-évaluée par le marché si la valeur réelle <strong><strong>de</strong>s</strong> actifs et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> opportunités à venir sont méconnues. Elle n’a donc pas intérêt à chercher à se financer à l’ai<strong>de</strong> du<br />

marché, mais risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir rejeter <strong><strong>de</strong>s</strong> projets à VAN positive et sous investir. Myers (1984) montre<br />

que lors d’une telle situation, le recours à l’autofinancement, puis aux <strong>de</strong>ttes peu risquées, est préféré à<br />

l’émission d’actions nouvelles. Il s’agit <strong>de</strong> la théorie du financement hiérarchique. Ainsi le recours à la<br />

<strong>de</strong>tte lors d’un <strong>LBO</strong> peut s’expliquer par le fait que les dirigeants ne souhaitent pas avoir recours au<br />

marché. La sous-évaluation d’une firme peut être un déterminant important <strong>de</strong> son retrait du marché<br />

boursier.<br />

En s’interrogeant sur la présence d’informations privilégiées Long et Ravenscraft (1993)ont réalisé<br />

une étu<strong>de</strong>. Ils concluent que les LMBO ne s’avèrent pas plus performants que les <strong>LBO</strong> classiques, ce<br />

qui laisse penser que les managers ne bénéficiaient pas d’informations privées. Mais l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lee<br />

(1992) approfondit ce sujet puisqu’il a étudié 118 retraits par LMBO entre 1973 et 1989. Les LMBO<br />

subissent <strong>de</strong> nombreuses critiques et notamment on accuse les managers <strong>de</strong> vouloir s’approprier la<br />

8


ichesse qui revient aux actionnaires grâce à leur connaissance d’informations internes. Lee examine la<br />

variation du cours <strong>de</strong> l’action lors <strong>de</strong> l’annonce d’une proposition <strong>de</strong> rachat par les managers et lors <strong>de</strong><br />

l’annonce du retrait <strong>de</strong> l’offre. Il apparaît que pour les firmes dont les managers retirent leur offre <strong>de</strong><br />

rachat, les effets positifs sur le cours <strong>de</strong> l’action ne perdurent pas. Si le marché est efficient et en<br />

supposant que les managers <strong>de</strong> firmes dont le rachat a été achevé ne sont pas plus susceptibles d’avoir<br />

accès à <strong><strong>de</strong>s</strong> informations privilégiées que les managers qui ont retiré leur proposition, l’hypothèse<br />

d’information interne motivant les offres <strong>de</strong> rachat <strong><strong>de</strong>s</strong> managers n’est pas vérifiée.<br />

L’auteur convient que <strong><strong>de</strong>s</strong> informations privilégiées peuvent influencer les décisions <strong>de</strong> rachat <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

managers mais ne sont en aucun cas l’unique explication à leur choix. Au contraire, les managers ont<br />

plutôt tendance à éviter <strong><strong>de</strong>s</strong> propositions <strong>de</strong> rachat qui peuvent conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong> litiges avec les<br />

actionnaires si leur action semble être abusive. Si les managers proposent un rachat en ayant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

informations dont la valeur enrichirait, au bout d’un certain temps, les actionnaires <strong>de</strong> la firme même<br />

en l’absence <strong>de</strong> rachat, leur proposition révèlerait la présence d’informations privées et les<br />

investisseurs réviseraient le cours <strong>de</strong> l’action en conséquence. <strong>Une</strong> partie <strong>de</strong> l’effet positif sur le cours<br />

<strong>de</strong> l’action à l’annonce <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> rachat <strong>de</strong>vrait persister même si le rachat n’aboutit pas.<br />

Or ce n’est pas ce qui se produit. Donc si l’on considère que le marché est efficient on en conclue qu’il<br />

n’y a pas d’informations privilégiées à l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong> MBO. La hausse du cours <strong>de</strong> l’action à l’annonce<br />

d’une proposition <strong>de</strong> rachat ne traduit que les améliorations et les conséquences positives qui suivront<br />

les changements organisationnels. De plus, il apparaît que la performance opérationnelle n’est pas<br />

améliorée avec le retrait <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> rachat contrairement à <strong><strong>de</strong>s</strong> rachats réussis. Si l’hypothèse<br />

d’informations privilégiées concernant <strong>de</strong> futurs cash-flows d’exploitation était vraie, <strong><strong>de</strong>s</strong> gains<br />

d’exploitation <strong>de</strong>vraient apparaître même si la firme n’est pas rachetée.<br />

De Angelo De Angelo et Rice (1984) n’ont pas exactement les mêmes résultats, mais la conclusion est<br />

i<strong>de</strong>ntique. Lors <strong>de</strong> l’annonce <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> retrait, la hausse du cours <strong>de</strong> l’action peut, selon eux,<br />

signifier que la proposition du management révèle implicitement que la firme a <strong>de</strong> meilleures<br />

perspectives que ce que l’on pouvait penser avant (information interne privilégiée). Cependant, cette<br />

hausse n’est pas uniquement due à cela. En effet, il apparaît que l’offre <strong>de</strong> rachat dépasse le prix du<br />

marché tel qu’il était 5 jours après l’annonce <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> retrait d’en moyenne +14% (à cette<br />

date le marché a capitalisé la valeur attendue d’une information interne), ce qui signifie que le marché<br />

considère que la firme vaut davantage en étant private que public.<br />

Pour les 18 retraits <strong>de</strong> proposition constatés, le cours <strong>de</strong> l’action diminue d’en moyenne 8,9%.<br />

L’impact <strong>de</strong> cette annonce sur le cours est plus faible que celui <strong>de</strong> la proposition, car le retrait a plus<br />

<strong>de</strong> chance d’être anticipé et il est probable qu’une autre proposition verra le jour. Mais cela peut aussi<br />

révéler <strong>de</strong> l’information interne privilégiée en ce qui concerne la profitabilité qui aurait été surestimée.<br />

Cependant, c’est peu probable car les managers ont tout intérêt à faire part <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvaises nouvelles<br />

pour être mieux vus du marché.<br />

9


Tout ceci confirme que le marché voit le <strong>LBO</strong> comme outil <strong>de</strong> création <strong>de</strong> valeur ; la cible semble aux<br />

yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires plus efficiente hors du marché boursier. La théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction<br />

apporte un autre éclairage du phénomène <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> en prenant en compte d’autres avantages liés à un<br />

retrait <strong>de</strong> la cote.<br />

I.1.3. Théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction<br />

La théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction peut ici s’appliquer en considérant qu’il s’agit d’un arbitrage entre<br />

le financement par fonds propres et par <strong>de</strong>tte. On sait que Williamson (1988) voyait ces sources <strong>de</strong><br />

financement comme <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> gestion, ayant un coût lié à la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> actifs à financer et à la<br />

fréquence <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> financement. Il en ressort que l’entreprise doit chercher à émettre <strong><strong>de</strong>s</strong> actions<br />

nouvelles seulement si la spécificité <strong><strong>de</strong>s</strong> actifs et la fréquence <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins sont élevés. Si ce n’est pas<br />

le cas, l’entreprise n’a pas à se tourner vers le marché pour lever <strong><strong>de</strong>s</strong> capitaux et si telle était sa<br />

première raison d’y figurer, elle peut tout aussi bien sortir du marché boursier.<br />

Les managers reprochent aussi aux actionnaires d’avoir une vision court-termiste qui ne leur permet<br />

pas toujours <strong>de</strong> mener <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques d’investissement rentables à moyen ou long terme et qui seraient<br />

bénéfiques pour la firme. Certains dirigeants se sont vite lassés <strong>de</strong> craindre chaque matin l’ouverture<br />

<strong>de</strong> la bourse risquant <strong>de</strong> voir leur titre chuter, et leur entreprise sous-évaluée.<br />

De la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction on peut déduire aussi que le financement par fonds propres peut<br />

<strong>de</strong>venir trop coûteux. L’entreprise est vue comme un nœud <strong>de</strong> contrats et ces contrats ont <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts.<br />

Les financiers s’accor<strong>de</strong>nt généralement pour dire que les actionnaires <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un taux <strong>de</strong><br />

ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> 15% (Betbèze 2003), et les fonds <strong>de</strong> pension notamment ont ce type d’exigence.<br />

<strong>Une</strong> autre exigence <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires est, à juste titre, la transparence. Cependant cela peut conduire à<br />

<strong>de</strong>voir dévoiler <strong>de</strong> l’information stratégique qui peut alors être utilisée par les concurrents, contre la<br />

firme. C’est un coût que les managers prennent en compte. Et il n’est pas rare <strong>de</strong> voir <strong><strong>de</strong>s</strong> LMBO<br />

réalisés en gran<strong>de</strong> partie à cause <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> protéger <strong>de</strong> l’information cruciale pour l’entreprise.<br />

Cependant il ne semble pas y avoir d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ayant testé cette hypothèse.<br />

En ce qui concerne les gains qui se dégagent <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> par retraits <strong>de</strong> la cote, ils ont plusieurs origines.<br />

Tout d’abord De Angelo, De Angelo et Rice (1984) insistent sur l’économie <strong><strong>de</strong>s</strong> services rendus aux<br />

actionnaires. En plus <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’enregistrement, <strong>de</strong> listing et autres services aux actionnaires, il n’y a<br />

plus <strong>de</strong> frais vis-à-vis <strong>de</strong> la SEC, <strong>de</strong> préparation et d’envois <strong>de</strong> rapports annuels, <strong>de</strong> dépenses en<br />

salaires pour le service <strong><strong>de</strong>s</strong> relations publiques, moins <strong>de</strong> temps est <strong>de</strong>mandé au top management en<br />

meetings etc. Mais bien sûr il n’est pas intéressant pour toutes les firmes <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la bourse. Il y<br />

a aussi <strong>de</strong> nombreux avantages à être coté comme l’accès à <strong><strong>de</strong>s</strong> montants importants <strong>de</strong> capitaux et la<br />

notoriété.<br />

Engel, Hayes et Wang (2004) ont étudié les retraits <strong>de</strong> la cote <strong>de</strong>puis l’adoption <strong>de</strong> la loi Sarbanes<br />

Oxley en 2002 qui a fait croître les coûts induits par la cotation. Cette étu<strong>de</strong> ne concerne pas<br />

10


directement les <strong>LBO</strong>. Cependant, elle illustre bien l’impact que les coûts <strong>de</strong> cotation mentionnés par<br />

De Angelo, De Angelo et Rice (1984) peuvent avoir sur la décision <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir private, par le biais<br />

ou non d’un <strong>LBO</strong>, si les coûts engendrés par la cotation sont supérieurs aux bénéfices <strong>de</strong> la cotation.<br />

Et il apparaît que les petites firmes sont plus susceptibles que les autres <strong>de</strong> se retirer du marché. Pour<br />

elles les coûts <strong>de</strong> la cotation sont supérieurs aux avantages qui y sont liés.<br />

Finalement, la théorie <strong>de</strong> l’agence et la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> transaction permettent assez bien<br />

d’expliquer le phénomène <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> et les <strong>de</strong>ux se complètent. <strong>Une</strong> formalisation <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong><br />

l'agence appliquée au mécanisme <strong><strong>de</strong>s</strong> OPA et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> est présentée par Jensen. Elle s'articule autour<br />

<strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> free cash-flows (flux <strong>de</strong> trésorerie disponible).<br />

I.2. Approfondissement par la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> free cash-flows<br />

Jensen (1986) définit les FCF comme étant le cash-flow excé<strong>de</strong>ntaire par rapport à ce qui est requis<br />

pour investir dans tous les projets à valeur actuelle nette positive actualisée au coût du capital. Il émet<br />

l’hypothèse que les conflits sont particulièrement sévères lorsqu’il y a un niveau élevé <strong>de</strong> FCF,<br />

autrement dit, il y a plus <strong>de</strong> cash disponible que d’opportunités d’investissements rentables. La <strong>de</strong>tte<br />

intervient alors pour réduire les coûts d’agence. Finalement, la <strong>de</strong>tte est une sorte <strong>de</strong> substitut aux<br />

divi<strong>de</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong> qui n’étaient pas versés comme ils auraient du l’être.<br />

Les managers ne peuvent plus se permettre d’investir ces ressources dans <strong><strong>de</strong>s</strong> projets non rentables car<br />

ils ont <strong><strong>de</strong>s</strong> emprunts à rembourser et ne peuvent y déroger. Alors qu’ils ne se sentaient pas dans<br />

l’obligation <strong>de</strong> distribuer ce surplus aux actionnaires sous forme <strong>de</strong> divi<strong>de</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong>, ils doivent à présent<br />

rembourser les prêteurs sous peine <strong>de</strong> banqueroute. Ils ont ainsi une motivation bien concrète <strong>de</strong> ne<br />

pas investir en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous du coût du capital. D’autant que les spécialistes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> veillent à ce qu’il en<br />

soit fait ainsi.<br />

Selon Jensen les cibles <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> sont <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes caractérisées par un environnement stable et un<br />

niveau <strong>de</strong> FCF substantiel (donc <strong>de</strong> faibles opportunités <strong>de</strong> croissance mais un potentiel élevé à<br />

générer du cash). La <strong>de</strong>tte aura beaucoup moins d’effets positifs pour les firmes qui ont <strong>de</strong> nombreux<br />

projets très rentables et pas <strong>de</strong> FCF car elles <strong>de</strong>vront s’adresser régulièrement au marché. Il semble y<br />

avoir <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> cibles : celles qui ont un management qui n’est pas à la hauteur <strong>de</strong> sa tâche et qui<br />

ont par conséquent <strong>de</strong> mauvais résultats avant le retrait, et celles qui ont d’excellents résultats avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

FCF substantiels mais où le management refuse d’en faire profiter les actionnaires.<br />

L’article intitulé “Eclipse of the public corporation” <strong>de</strong> Jensen (1989b), montre l’intérêt et la<br />

confiance que Jensen a dans ce type <strong>de</strong> firme. Si le <strong>LBO</strong> est la structure idéale pour résoudre les<br />

conflits d’agence, il est légitime <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il s’agit <strong>de</strong> la forme d’entreprise la plus efficiente.<br />

Cette forme d’organisation ne trouve pas, selon Jensen, sa raison d’être dans une simple économie<br />

11


d’impôt, n’est pas une phase transitoire avant <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir cotée, n’est pas initiée par <strong><strong>de</strong>s</strong> managers<br />

détenant <strong>de</strong> l’information privilégiée.<br />

Pour les détracteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong>, les gains s’expliquent par <strong>de</strong> simples économies d’impôts. En effet les<br />

intérêts <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte d’acquisition sont déductibles du bénéfice <strong>de</strong> la cibles. En France pour bénéficier<br />

<strong>de</strong> cette intégration fiscale il est indispensable que le holding détienne 95% du capital <strong>de</strong> la cible, au<br />

Royaume-Uni il suffit <strong>de</strong> 75%. Mais, Jensen (1989a) démontre qu’il y a véritablement création <strong>de</strong><br />

valeur provenant d’une réelle augmentation <strong>de</strong> la productivité et que le succès <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> ne se réduit<br />

pas à <strong><strong>de</strong>s</strong> économies d’impôts.<br />

Selon Jensen, les <strong>LBO</strong> ne seraient pas nécessaires si les trois principales forces censées contrôler le<br />

management fonctionnaient : le marché <strong><strong>de</strong>s</strong> biens et services, les systèmes <strong>de</strong> contrôle interne comme<br />

le CA, et le marché <strong><strong>de</strong>s</strong> capitaux.<br />

Jensen (1989a) met en exergue que l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte (en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> contrôler les managers<br />

et <strong>de</strong> les motiver), est que les coûts d’insolvabilité sont nettement moins élevés lorsque le levier est<br />

haut. Dans le cas où il n’y aurait par exemple que 20% <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes, la valeur <strong>de</strong> liquidation <strong>de</strong> la firme<br />

est plus proche <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte qu’une même firme avec un en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong> 80%. Si la<br />

l’entreprise en<strong>de</strong>ttée à 20% voit sa valeur décliner durant une pério<strong>de</strong> difficile et ne peut pas faire face<br />

à ses obligations financières, il y a un risque que sa valeur soit en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> liquidation.<br />

Cependant, la même entreprise, mais en<strong>de</strong>ttée à 80%, est plus loin <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> liquidation dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps difficiles où elle ne peut plus rembourser sa <strong>de</strong>tte. Proportionnellement les <strong>LBO</strong> sont moins<br />

déclarés en faillite que <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises moins en<strong>de</strong>ttées. Les managers gèrent mieux les problèmes<br />

d’insolvabilité et peuvent réorganiser la <strong>de</strong>tte en quelques mois seulement. Posé <strong>de</strong> cette manière le<br />

<strong>LBO</strong> semble être une forme d’organisation supérieur aux autres.<br />

Muscarella et Vetsuypens (1990) à partir d’un échantillon <strong>de</strong> 72 reverse <strong>LBO</strong> (firmes qui après être<br />

sorties du marché boursier par <strong>LBO</strong> y sont retournées) mettent en évi<strong>de</strong>nce que les firmes <strong>de</strong> cet<br />

échantillon ont entrepris <strong><strong>de</strong>s</strong> restructurations qui conduisent à une amélioration <strong>de</strong> l’efficience au<br />

niveau opérationnel. Les auteurs insistent notamment sur les changements en matière <strong>de</strong><br />

gouvernement d’entreprise qui ont contribué à l’amélioration <strong>de</strong> la performance.<br />

L’hypothèse <strong>de</strong> Jensen a été testée et vérifiée par Lehn et Poulsen (1989). Ils obtiennent <strong>de</strong>ux<br />

conclusions sur un échantillon <strong>de</strong> 263 going private transactions <strong>de</strong> 1980 à 1987. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> FCF est le suivant : résultat d’exploitation – (impôts +charges d’intérêts sur les <strong>de</strong>ttes financières<br />

+divi<strong>de</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong>). Tout d’abord les firmes quittant la bourse par un <strong>LBO</strong> ont un niveau <strong>de</strong> FCF non<br />

distribués significativement plus élevé que <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes similaires restant cotées, et ont un taux <strong>de</strong><br />

croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ventes plus faible que les firmes <strong>de</strong> l’échantillon <strong>de</strong> contrôle. Ensuite, ce niveau <strong>de</strong> FCF<br />

non distribués est directement lié aux primes payées lors <strong>de</strong> telles opérations.<br />

12


Les résultats sont encore plus forts pour le sous échantillon 1984-1987, pério<strong>de</strong> où les menaces d’OPA<br />

hostiles étaient les plus répandues. On peut en déduire que la menace d’une prise <strong>de</strong> contrôle est un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> déterminants <strong><strong>de</strong>s</strong> retraits. Si les firmes sont susceptibles d’être <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles d’attaques hostiles, les<br />

managers <strong>de</strong>vraient être fortement motivés à les <strong>de</strong>vancer en distribuant l’excès <strong>de</strong> cash, on encore en<br />

proposant un LMBO eux-mêmes. De plus, selon les auteurs, 42,6 % <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes retirées ont été mêlées<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> rumeurs <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> contrôle dans l'année précédant le retrait contre 15,1 % pour les sociétés <strong>de</strong><br />

contrôle. La décision <strong>de</strong> retrait semblerait donc en partie motivée par une menace <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> contrôle.<br />

La relation positive entre les primes versées et les FCF est spécialement forte pour les firmes où les<br />

managers possédaient relativement peu <strong>de</strong> capital avant l’opération, firmes où les coûts d’agence sont<br />

attendus comme les plus élevés. La source principale <strong><strong>de</strong>s</strong> gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires lors <strong>de</strong> ces<br />

transactions est principalement liée à l’atténuation <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’agence associés à un niveau important<br />

<strong>de</strong> FCF pour les repreneurs.<br />

Brush, Bromiley et Hendrickx (2000) étudient la croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ventes, le niveau <strong>de</strong> FCF et le<br />

gouvernement d’entreprise <strong>de</strong> firmes ne faisant pas forcément l’objet d’un <strong>LBO</strong>, et leurs résultats<br />

concor<strong>de</strong>nt également avec la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF.<br />

Globalement, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques qui confirment la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF rejettent celle <strong>de</strong> l’économie<br />

d’impôts. C’est le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Shleifer et Vishny (1988), entreprise sur les LMBO. Ils expliquent<br />

que les <strong>LBO</strong> sont positifs pour les actionnaires (qui bénéficient <strong>de</strong> primes d’environ 50%), pour les<br />

investisseurs financiers (obtenant une rentabilité annuelle <strong>de</strong> 50-60%), pour les banquiers, pour les<br />

managers (étant ainsi à l’abri d’une OPA et se voyant récompenser <strong>de</strong> leurs efforts). Le seul perdant<br />

est donc le Trésor Public qui finalement paie pour au moins une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> profits réalisés par toutes<br />

les autres parties prenantes.<br />

La question est alors <strong>de</strong> savoir si ces gains s’expliquent par les économies d’impôts, une véritable<br />

création <strong>de</strong> valeur ou par le fait que la firme était sous-évaluée (ce qui entraîne la question <strong>de</strong><br />

l’efficience <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés). Les auteurs s’accor<strong>de</strong>nt pour dire qu’il y a véritablement création <strong>de</strong> valeur.<br />

Notamment, parce que les managers sont incités à diminuer les coûts, que les FCF diminuent et que<br />

les tiers sont très attentifs à la gestion. Ils n’oublient pas non plus <strong>de</strong> mentionner la notion <strong>de</strong> risque,<br />

surtout pour les firmes se situant dans un environnement instable où les CF fluctuent beaucoup. Tout<br />

ceci concor<strong>de</strong> avec l’hypothèse <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen.<br />

Opler et Titman (1993) utilisent un échantillon <strong>de</strong> 180 firmes ayant entrepris un <strong>LBO</strong> entre 1980 et<br />

1990 et un échantillon <strong>de</strong> contrôle. Ils remarquent que ces entreprises s’en<strong>de</strong>ttent plus que ce qui est<br />

nécessaire pour éliminer l’impôt. Par conséquent, le rôle prépondérant <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte n’est pas l’économie<br />

d’impôt. Ils observent au contraire que le rôle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte est <strong>de</strong> régler les problèmes d’incitation<br />

(motiver les managers à agir dans l’intérêt <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires) liés aux FCF. Les résultats montrent que<br />

13


ces firmes ont bien <strong><strong>de</strong>s</strong> opportunités d’investissement mais à VAN négative et un niveau élevé <strong>de</strong><br />

FCF. Elles sont également plus diversifiées.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Kim et Lyn (1991) traite davantage <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’agence et étudie le choix entre<br />

propriété publique ou privée, mais s’intéresse également aux caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes qui on fait le<br />

choix <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la cote. Leur échantillon est composé <strong>de</strong> 53 firmes expérimentant un GP entre<br />

1976 et 1984. Il ressort que ces firmes sont sous-évaluées par la bourse et leur niveau <strong>de</strong> financement<br />

par le marché est en déclin, mais elles ont une capacité d’en<strong>de</strong>ttement importante (ayant encore peu eu<br />

recours à la <strong>de</strong>tte pour se financer). Et encore une fois il s’agit <strong>de</strong> firmes ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> métiers stables et<br />

dégageant un niveau <strong>de</strong> CF important, les coûts d’agence <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF sont élevés.<br />

Mais d’autres étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont suivi celles précé<strong>de</strong>mment citées, et les résultats obtenus sont différents,<br />

parfois même à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes échantillons.<br />

I.3. Controverses<br />

Le <strong>LBO</strong> a été beaucoup critiqué et controversé et certains <strong>de</strong> ses détracteurs expliquaient ces<br />

améliorations post-<strong>LBO</strong> par un transfert <strong>de</strong> richesse <strong><strong>de</strong>s</strong> stakehol<strong>de</strong>rs vers les actionnaires. Des étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

faisant état <strong>de</strong> résultats infirmant la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF seront ensuite exposées, ainsi que d’autres<br />

validant l’hypothèse <strong><strong>de</strong>s</strong> économie d’impôts.<br />

I.3.1.Transferts <strong>de</strong> richesse<br />

Il est apparu précé<strong>de</strong>mment que le succès du <strong>LBO</strong> n’est pas dû aux économies d’impôts. Durant<br />

l’année suivant le buyout, 50% <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes n’ont pas d’impôt à payer (en raison <strong>de</strong> la déductibilité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intérêts se reportant à la <strong>de</strong>tte). Mais, même s’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> économies d’impôt les premières années le<br />

niveau <strong>de</strong> l’impôt retrouve dès la 3 ème année (Kaplan 1989) son niveau pre-<strong>LBO</strong> si la performance <strong>de</strong><br />

la firme s’améliore. Comme on pourra le voir ces résultats ne font pas l’unanimité, mais on peut dire<br />

qu’il n’y a pas <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> richesse au détriment du Trésor Public. Cependant, les transferts <strong>de</strong><br />

richesse peuvent apparaître à d’autres niveaux : <strong><strong>de</strong>s</strong> salariés, <strong><strong>de</strong>s</strong> créanciers, <strong><strong>de</strong>s</strong> obligataires.<br />

Finalement le mérite <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> serait faible s’il s’avérait que ces bonnes performances et les primes<br />

versées aux actionnaires lors du rachat ne sont dues qu’à un transfert <strong>de</strong> richesse.<br />

Il s’agit alors <strong>de</strong> déterminer s’il y a transfert <strong>de</strong> richesses au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> salariés ou <strong><strong>de</strong>s</strong> créanciers.<br />

Ippolito et James (1992) se sont engagés sur cette voie en étudiant 278 <strong>LBO</strong> entrepris entre 1980 et<br />

1987 ainsi que les résiliations <strong><strong>de</strong>s</strong> plans <strong>de</strong> retraite <strong><strong>de</strong>s</strong> salariés. Au cœur <strong>de</strong> la théorie du transfert se<br />

trouve l’hypothèse stipulant que la prime versée lors du rachat est entièrement attribuable aux<br />

anticipations du marché estimant qu’il résultera <strong>de</strong> la nouvelle structure d’importants transferts.<br />

L’hypothèse <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> richesse n’est pas validée, mais l’hypothèse d’efficience l’est. Cette<br />

14


<strong>de</strong>rnière stipule ici que la résiliation du plan <strong>de</strong> retraite s’explique par l’incapacité <strong>de</strong> la firme à<br />

s’adapter aux nouvelles conditions <strong>de</strong> concurrence.<br />

Quelques années auparavant, Palepu (1990) concluait qu’il n’y avait pas <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong> l’existence d’un<br />

transfert <strong>de</strong> richesse. En effet, il n’a pas été démontré que les salaires étaient réduits ou que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

licenciements étaient pratiqués. Il est en revanche constaté que les <strong>LBO</strong> embauchent moins que la<br />

moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> secteurs industriels concernés. Mais, ceci peut s’expliquer par le fait que la main-<br />

d’œuvre est utilisée <strong>de</strong> manière plus efficace.<br />

Il convient <strong>de</strong> s’intéresser à l’impact du passage en <strong>LBO</strong> sur les salariés, stakehol<strong>de</strong>rs prépondérants.<br />

Lichtenberg et Siegel (1990) testent l’hypothèse <strong>de</strong> Jensen (1989) concernant le remplacement du<br />

contrôle exercé par les cols blancs par <strong><strong>de</strong>s</strong> primes et <strong><strong>de</strong>s</strong> incitations financières. L’idée est qu’un<br />

principal peut obtenir <strong>de</strong> l’effort <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ses agents en utilisant un système <strong>de</strong> compensations<br />

financières plutôt qu’en mettant en place un système <strong>de</strong> surveillance qui s’avèrerait bureaucratique.<br />

Cette hypothèse implique une réduction du ratio salaires <strong><strong>de</strong>s</strong> non productifs/salaires <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers, et<br />

une augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> primes pour les cols bleus. Ces <strong>de</strong>ux implications sont vérifiées, le ratio en<br />

question diminue <strong>de</strong> 15% entre t - 1 et t + 2, et le taux horaire du salaire <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers augmente <strong>de</strong><br />

2,3% et <strong>de</strong> 3,6% pour le taux annuel. Sachant que 30% <strong><strong>de</strong>s</strong> employés dans les manufactures ne sont<br />

pas affectés à la production, on comprend l’impact <strong>de</strong> ces chiffres. Il n’y a en tout cas pas <strong>de</strong> réduction<br />

du nombre <strong>de</strong> cols bleus.<br />

De la même manière Kaplan (1989b) apporte sa contribution sur ce sujet. Il va plus loin que<br />

Lichtenberg et Siegel en annonçant que les emplois progressent <strong>de</strong> 4,9% après le rachat. Et, les<br />

données ne permettent pas d’annoncer que les salaires ont été revus à la baisse. Cette étu<strong>de</strong> fut un pas<br />

en avant non négligeable puisqu’elle contribua à enlever <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits le fait que montage par effet <strong>de</strong><br />

levier était synonyme <strong>de</strong> licenciements ou <strong>de</strong> baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> salaires.<br />

Beaucoup ont pensé que les gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires étaient réalisés au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> obligataires qui<br />

voyaient la valeur <strong>de</strong> leur titre chuter. Lehn et Poulsen (1989) et Marais Schipper et Smith (1989)<br />

trouvent que la baisse <strong>de</strong> valeur <strong><strong>de</strong>s</strong> obligations est très faible. Warga et Welch (1993) montrent une<br />

perte <strong>de</strong> richesse significative <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 6%, mais cette dépréciation ne s’avère pas être reliée aux<br />

gains <strong><strong>de</strong>s</strong> actionnaires.<br />

S’il n’y a pas <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> richesse <strong><strong>de</strong>s</strong> parties prenantes vers les actionnaires, si les salariés ne<br />

pâtissent pas du rachat (parfois c’est même le contraire) et s’il n’y a pas d’information privilégiée, tout<br />

ceci peut laisser penser que le <strong>LBO</strong> serait une structure plus efficiente qu’une firme cotée avec une<br />

propriété diffuse.<br />

Finalement les transferts <strong>de</strong> richesse n’ont pu être démontrés, par contre la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF a été plus<br />

controversée, souvent au profit <strong>de</strong> l’économie d’impôts, et <strong>de</strong> nouvelles hypothèses sont apparues.<br />

15


I.3.2. Théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF contestée<br />

On commencera ici par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Phan et Hill (1995) car finalement la remise en question <strong>de</strong><br />

l’hypothèse <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen est beaucoup plus nuancée que dans les autres étu<strong><strong>de</strong>s</strong> qui suivront.<br />

L’échantillon utilisé comprend 214 firmes ayant entrepris un <strong>LBO</strong> entre 1986 et 1989. La performance<br />

augmente immédiatement après le <strong>LBO</strong> mais s’estompe sur le long terme. Les hypothèses relevant <strong>de</strong><br />

la théorie <strong>de</strong> l’agence ne sont pas rejetées, il apparaît qu’à la suite du <strong>LBO</strong> l’efficience <strong>de</strong> la firme est<br />

améliorée. L’accent est mis sur l’efficience et moins sur la croissance. Cependant, les auteurs<br />

reprochent à Jensen d’être trop focalisé sur le rôle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et les conséquences <strong>de</strong> l’accroissement<br />

<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> levier financier. Pour eux l’augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> parts <strong>de</strong> capital détenues par le management<br />

est aussi important que l’usage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte dans l’explication <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong> la<br />

firme. Mais c’est l’accroissement <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> managers dans le capital plutôt que l’accroissement <strong>de</strong><br />

la <strong>de</strong>tte, qui est corrélé aux changements importants <strong>de</strong> stratégie et d’organisation, surtout à long<br />

terme.<br />

L’une <strong><strong>de</strong>s</strong> premières étu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques sur ce sujet est celle <strong>de</strong> Maupin, Bidwell et Ortegren (1984).<br />

Ils utilisent un échantillon <strong>de</strong> 63 firmes s’étant retirées <strong>de</strong> la cote par un LMBO entre 1972 et 1983 et<br />

testent 25 variables. Ils ont également eu <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens avec 43 <strong><strong>de</strong>s</strong> 63 directeurs financiers qui ont pu<br />

exposer les facteurs qui selon eux ont motivé ces retraits. Il apparaît que la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sociétés cibles étaient détenues par le management et les membres du conseil d’administration. Par<br />

conséquent, si le management était déjà très présent au niveau <strong>de</strong> la répartition du capital, la théorie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen n’est pas validée.<br />

Servaes (1994) examine les dépenses d’investissement <strong>de</strong> 700 cibles s’étant retirées <strong>de</strong> la cote entre<br />

1972 et 1987. Il cherche ainsi à savoir si ces cibles ont effectué <strong><strong>de</strong>s</strong> surinvestissements durant les<br />

quatre années précédant leur rachat. Mais <strong><strong>de</strong>s</strong> surinvestissements ne sont constatés que pour le secteur<br />

du gaz et du pétrole et les firmes <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> tailles. Il n’y a aucune preuve <strong>de</strong> surinvestissement pour<br />

les firmes acquises lors d’OPA hostiles ou celles qui ont choisi <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir privée. Servaes en<br />

conclue que les rachats et les prises <strong>de</strong> contrôle ne sont pas motivés par le besoin <strong>de</strong> réduire l’excès<br />

d’investissement <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles. Cette étu<strong>de</strong> sème encore un peu plus le doute en ce qui concerne la théorie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> FCF.<br />

Concernant les dépenses d’investissement, mais cette fois-ci après le BO, une étu<strong>de</strong> récente <strong>de</strong><br />

Lewellen et Ro<strong>de</strong>n (2000) sur 107 firmes acquises par <strong>LBO</strong> entre 1981 et 1990 apporte <strong>de</strong> nouveaux<br />

résultats. Les dépenses d’investissement diminuent <strong>de</strong> 50% à t+1 (déclin plus important que celui<br />

observé par Kaplan en 1989), ce qui laisse supposer que les projets sont mieux choisis. Mais, à partir<br />

<strong>de</strong> t+2, les dépenses d’investissement sont <strong>de</strong> plus en plus élevées et finissent par retrouver le niveau<br />

<strong>de</strong> t-1. Ces résultats ne sont pas vraiment en accord avec la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF puisque les dépenses<br />

d’investissement <strong>de</strong>vraient être réduites pour pouvoir rembourser la <strong>de</strong>tte.<br />

16


Ayant remarqué qu’il n’y avait pas unanimité dans les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> qui ont suivi celle <strong>de</strong> Jensen et son<br />

hypothèse <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF, Halpern Kieschnick et Rotenberg (1999) ont cherché à trouver une explication.<br />

Selon eux, il faut différencier <strong>de</strong>ux groupes car la population <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes s’étant retirées <strong>de</strong> la cote est<br />

hétérogène. En ce qui concerne les firmes montrant <strong>de</strong> pauvres performances avant le retrait les<br />

auteurs distinguent <strong>de</strong>ux groupes : celles où les managers détenaient peu <strong>de</strong> capital avant l’opération<br />

(firmes vulnérables), et celles où les managers détenaient une part importante <strong>de</strong> capital (et par<br />

conséquent redoutaient peu une OPA hostile). Leur intention est <strong>de</strong> savoir si leur hypothèse est<br />

meilleure que celle <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen. Ils utilisent un échantillon <strong>de</strong> 126 <strong>LBO</strong> réalisés entre 1981 et<br />

1986, un échantillon <strong>de</strong> contrôle (comme dans toutes les autres étu<strong><strong>de</strong>s</strong>), et un échantillon <strong>de</strong> firmes<br />

ayant été rachetées par d’autres firmes cotées. Et il s’avère selon les auteurs que l’hypothèse <strong>de</strong> Jensen<br />

explique beaucoup moins bien les <strong>LBO</strong> que celle <strong>de</strong> l’hétérogénéité. Mais ces différences peuvent<br />

s’expliquer par le fait que les échantillons varient d’une étu<strong>de</strong> à l’autre. Notons qu’il apparaît que les<br />

firmes où le management détenait peu <strong>de</strong> part sont plus susceptibles que les autres <strong>de</strong> revenir vers le<br />

marché ou d’être acquises par une autre firme. Par conséquent, celles où le management détenait une<br />

par importante <strong>de</strong> capital ont plutôt tendance à rester private.<br />

Kaplan et Stein (1993), à partir d’un échantillon <strong>de</strong> 124 LMBO réalisés entre 1980 et 1989, avancent<br />

une autre hypothèse que celle <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF que l’on traduira <strong>de</strong> manière approximative par le phénomène<br />

<strong>de</strong> surchauffe du marché du BO (« overheating phenomenon »). En effet, à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80, les<br />

primes payées aux actionnaires atteignaient <strong><strong>de</strong>s</strong> sommets et le marché du <strong>LBO</strong> entra dans une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> bulle spéculative. Ceci du en gran<strong>de</strong> partie à l’engouement <strong><strong>de</strong>s</strong> junk bonds, il semblait n’y avoir<br />

aucune limite aux financements <strong>de</strong> <strong>LBO</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> montants considérables <strong>de</strong> capitaux étaient disponibles.<br />

Ce qui a eu pour conséquence que le taux <strong>de</strong> faillite qui était <strong>de</strong> 2% entre 1980 et 1984, est passé à<br />

près <strong>de</strong> 27%. <strong>Une</strong> récente étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lewellen et Ro<strong>de</strong>n (2000) sur 107 firmes acquises par <strong>LBO</strong> entre<br />

1981 et 1990 est intéressante car les auteurs se situent parfois jusqu’à 15 années après le <strong>LBO</strong>. Et il<br />

apparaît que la probabilité <strong>de</strong> faire faillite augmente quand une prime élevée est payée et qu’une large<br />

proportion du financement du <strong>LBO</strong> est composée <strong>de</strong> junk bonds. Cette probabilité diminue avec la<br />

taille <strong>de</strong> la firme et lorsque le management participe au rachat.<br />

Mais au-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats précé<strong>de</strong>nts on pourrait reprocher à Jensen certaines hypothèses <strong>de</strong> son<br />

modèle. En effet, on peut contester le présupposé que le dirigeant dispose d’un ensemble<br />

d’opportunités d’investissements dont les caractéristiques sont connues et lui permettent d’en calculer<br />

la valeur. On ne peut ignorer que le processus d’investissement est long et complexe et dépend <strong>de</strong> la<br />

vision et <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences du dirigeant. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'approche contractualiste, il pourrait être<br />

intéressant d'étudier l'origine et le fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> dans le cadre d'une approche cognitive.<br />

Les théories cognitives mettent l'accent sur le concept <strong>de</strong> connaissance. C'est un élément subjectif<br />

résultant <strong>de</strong> l'interprétation <strong>de</strong> l'information par les individus en fonction <strong>de</strong> leur propre modèle<br />

17


cognitif. Charreaux (2002a) a étudié ce sujet qui mérite d’être approfondi et pourra sans doute<br />

beaucoup apporter à la compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> et probablement encore davantage aux LMBO.<br />

Il a été montré précé<strong>de</strong>mment que certains auteurs ont étudié les économies d’impôts qu’ils voyaient<br />

comme une source <strong><strong>de</strong>s</strong> gains importants mais ont conclu que <strong>de</strong> la richesse est créée lors <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> et<br />

que les FCF expliquent bien ce processus. Mais d’autres aboutissent à <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats contraires. La<br />

théorie <strong>de</strong> l’économie d’impôts a pu se trouver renforcée, et ceci sans qu’un consensus ne se dégage.<br />

I.3.3 L’impact <strong><strong>de</strong>s</strong> économies d’impôts<br />

Kosedag et Lane (2002) répliquent l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lehn et Poulsen pour <strong><strong>de</strong>s</strong> re<strong>LBO</strong>s sachant que<br />

l’hypothèse <strong>de</strong> Jensen ou celle <strong><strong>de</strong>s</strong> économies d’impôts <strong>de</strong>vraient leur être applicables. Il y a re<strong>LBO</strong><br />

lorsqu’à la suite d’un premier <strong>LBO</strong> par retrait <strong>de</strong> la cote la firme retourne sur le marché boursier (SIPO<br />

second initial public offering) et re<strong>de</strong>vient ensuite à nouveau privée à au moyen d’un <strong>LBO</strong> (re<strong>LBO</strong>).<br />

Leur échantillon composé <strong>de</strong> 21 re<strong>LBO</strong> <strong>de</strong> 1986 à 1994 révèle que les proxies <strong>de</strong> l’hypothèse <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF<br />

ont <strong><strong>de</strong>s</strong> coefficients qui ne sont pas statistiquement significatifs, alors que celui <strong>de</strong> l’hypothèse <strong>de</strong><br />

l’économie d’impôt est significatif.<br />

Cependant, il faudrait ici nuancer ces résultats en raison du petit nombre d’entreprises constituant<br />

l’échantillon, et surtout parce que les caractéristiques même <strong><strong>de</strong>s</strong> re<strong>LBO</strong>s ne sont pas les mêmes que<br />

lors du premier <strong>LBO</strong>. En effet, entre temps les coûts d’agence ont été diminués par les repreneurs et le<br />

niveau <strong>de</strong> FCF non distribués peut être différent entre les <strong>de</strong>ux <strong>LBO</strong>. Néanmoins, ces résultats<br />

s’opposent à ceux <strong>de</strong> Lehn et Poulsen (1989) et Opler et Titman (1993).<br />

De la même manière Kieschnick (1998) reprend les données utilisées par Lehn et Poulsen (1989) et<br />

parvient à <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats différents. Le niveau <strong>de</strong> FCF pre-buyout et le taux <strong>de</strong> croissance ne sont pas<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> déterminants <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations <strong>de</strong> GP. Par contre, la taille <strong>de</strong> l’entreprise et les réductions d’impôts<br />

qu’engendrerait l’opération sont corrélés positivement et significativement aux primes payées aux<br />

actionnaires lors du retrait. Les régressions logistiques et les estimateurs sont différents, et Kieschnick<br />

corrige certains biais <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lehn et Poulsen. Pour la pério<strong>de</strong> 1984-1987, les résultats <strong>de</strong> ses<br />

tests confirment l’hypothèse <strong>de</strong> surchauffe du marché <strong>de</strong> Kaplan et Stein (1993). Ces firmes avaient<br />

moins à gagner en réduction d’impôt mais suscitaient <strong><strong>de</strong>s</strong> envies d’OPA <strong>de</strong> plus en plus nombreuses.<br />

Finalement, on ne peut pas confirmer la supériorité <strong>de</strong> la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen, même si les<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> vérifiant l’hypothèse <strong>de</strong> l’économie d’impôts n’apportent pas réellement <strong>de</strong> résultats non<br />

contestables. On regrettera la rareté <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques sur le marché français concernant la théorie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> FCF et l’hypothèse <strong>de</strong> l’économie d’impôts par exemple. D’autant que, comme il a été dit<br />

précé<strong>de</strong>mment, le marché français a ses particularités et que la théorie <strong>de</strong> Jensen peut ne pas être<br />

confirmée et ceci par exemple au profit d’une approche cognitive.<br />

Il s’agit à présent <strong>de</strong> déterminer plus précisément ce qu’il en est <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong> ces <strong>LBO</strong>,<br />

puisque la théorie prédit une meilleure efficience et une meilleure productivité.<br />

18


II. PERFORMANCES POST-<strong>LBO</strong><br />

Un état du marché du <strong>LBO</strong> sera tout d’abord rapi<strong>de</strong>ment dressé, il permettra <strong>de</strong> faire un point sur<br />

l’engouement ou non que suscitent les <strong>LBO</strong>. C’est pourquoi il figure à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’article afin <strong>de</strong> le<br />

mettre en relation avec les performances constatées, ce qui soulèvera <strong><strong>de</strong>s</strong> interrogations.<br />

<strong>Une</strong> comparaison sera ensuite faite entre les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> anglo-saxonnes et ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

françaises, et face aux différences constatées <strong><strong>de</strong>s</strong> tentatives d’explications seront apportées.<br />

II.1. Evolution du marché du <strong>LBO</strong><br />

D’après Kaplan (1997) 57% <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> firmes américaines furent l’objet <strong>de</strong> rachat ou se<br />

restructurèrent elles-mêmes entre 1982 et 1989, mais il y a un net ralentissement aux Etats-Unis <strong>de</strong>puis<br />

les années 90. En effet Kaplan (1997) montre comment <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons importantes ont été tirées <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années 80 et, leur application a fait que les <strong>LBO</strong> suivants n’auraient pas engendré les ren<strong>de</strong>ments<br />

anormaux que l’on a pu connaître alors. Ceci est en partie dû à <strong><strong>de</strong>s</strong> changements dans le gouvernement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises. Les modifications qu’apportaient les rai<strong>de</strong>rs (tant en terme <strong>de</strong> structure du passif que<br />

<strong>de</strong> décisions managériales courantes) avaient déjà été appliquées.<br />

Les opportunités d’investissement par <strong>LBO</strong> se sont considérablement réduites aux Etats-Unis, et les<br />

résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières opérations sont décevants. Par contre, l’Europe a toujours un fort potentiel (et<br />

en particulier la France), et les levées <strong>de</strong> fonds à <strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> se multiplient. Les <strong>LBO</strong> ayant<br />

enregistré moins <strong>de</strong> contre-performances que le capital risque, ils représentent <strong>de</strong> 60 à 70% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

allocations <strong>de</strong> fonds en private equity. Et les fonds étrangers se pressent sur le marché européen.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations très importantes se sont montées. Par exemple Legrand racheté<br />

par le consortium KKR-Wen<strong>de</strong>l investissement pour 3,63Mds € en 2002, et <strong>de</strong> plus il s’agissait d’un<br />

retrait <strong>de</strong> la cote. Le levier est cependant faible puisque cette acquisition a été financée pour moitié par<br />

fonds propres. Aujourd’hui ce sont surtout les entreprises <strong>de</strong> taille moyenne qui attirent les<br />

investisseurs. En France la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> sont <strong><strong>de</strong>s</strong> désinvestissements <strong>de</strong> groupe, viennent ensuite<br />

les PME familiales qui sont transmises à un tiers généralement. Les opérations <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong> la cote qui<br />

étaient très rares il y a quelques années sont <strong>de</strong> plus en plus nombreuses. Quant aux <strong>LBO</strong> secondaires<br />

(voire tertiaires), ils se multiplient et sont <strong>de</strong> plus en plus un moyen pour les fonds <strong>de</strong> déboucler le<br />

<strong>LBO</strong> en revendant leur participation à un autre fonds pour récupérer leur plus-value. Tendance qui<br />

risque <strong>de</strong> se poursuivre tant que les investisseurs estiment qu’une IPO ne serait pas la meilleure<br />

solution.<br />

19


Les graphiques 1 et 2 indiquent que la France est le pays d’Europe continentale le plus actif, suivi <strong>de</strong><br />

l’Allemagne. Le marché anglais est lui en chute, après un pic <strong>de</strong> 38,2Md€ en 2000, il a chuté en<br />

2001 à 31,2Md€ puis s’élève à 24,5Md€ en 2002 et 22,9Md€ en 2003.<br />

Graphique 1 : Nombre <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> en Europe , source : CMBOR<br />

Graphique 2 : Montant <strong><strong>de</strong>s</strong> transaction en M€ (<strong>LBO</strong> européens), source : CMBOR<br />

En 2003, le capital-investissement européen a chuté <strong>de</strong> 11,5% mais le secteur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> se maintient.<br />

En France les <strong>LBO</strong> <strong>de</strong> firmes <strong>de</strong> taille moyenne se sont multipliés en 2003. La France conserve <strong>de</strong><br />

justesse sa position <strong>de</strong> numéro <strong>de</strong>ux après le Royaume-Uni avec 9,5Md€ (pour 102 opérations), grâce<br />

au <strong>LBO</strong> secondaire effectué sur Matéris pour 1,15Md€. L’Allemagne est à 9,4Md€ (46 opérations) et<br />

l’Italie à 8,6Md€ (21 opérations).<br />

II.2. Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques anglo-saxonnes<br />

Avant d’aller plus loin une parenthèse qui a son importance va être faite. En effet, au lieu <strong>de</strong> mettre en<br />

place un <strong>LBO</strong> , le management peut opter pour un Leveraged Recapitalization (LR). Il s’agit <strong>de</strong><br />

renégocier la <strong>de</strong>tte, et <strong>de</strong> la restructurer. Ces <strong>de</strong>ux métho<strong><strong>de</strong>s</strong> ayant recours au levier financier il est<br />

intéressant <strong>de</strong> voir laquelle a le plus d’effets positifs.<br />

20


II.2.1. <strong>LBO</strong> vs LR<br />

Certains auteurs ont comparé les <strong>LBO</strong> aux LR. C’est le cas <strong>de</strong> Bae et Simet (1998) qui concluent que<br />

pour les firmes présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF conséquents, il est plus intéressant <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la cote par <strong>LBO</strong><br />

que <strong>de</strong> rester en bourse et <strong>de</strong> mettre en place un plan <strong>de</strong> LR. Ils constatent une meilleure diminution<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’agence lors d’un <strong>LBO</strong>. Ces résultats se retrouvent également lorsqu’ils examinent le cours<br />

<strong>de</strong> bourse. Des ren<strong>de</strong>ments anormaux positifs sont détectés lors <strong>de</strong> l’annonce du plan mais le marché<br />

réagit mieux à l’annonce d’un <strong>LBO</strong> qu’à celle d’un LR (respectivement +12% et +5,7%).<br />

Denis (1994) a lui aussi étudié cette question à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux firmes du secteur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

distribution, et cotées en bourse, Safeway et Kroger qui ont choisi <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions différentes à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

problématiques semblables. Chacune a fait l’objet d’une proposition <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> par KKR. Cette firme a<br />

réussi à reprendre Safeway par <strong>LBO</strong>, mais a échoué avec Kroger qui a ensuite procédé à un LR. Les<br />

<strong>de</strong>ux opérations ont amené le ratio <strong>de</strong>tte/valeur <strong>de</strong> la firme à plus <strong>de</strong> 90%. Mais chez Safeway la part<br />

du management au capital a progressé alors qu’il n’y a pas eu <strong>de</strong> changement chez Kroger. Safeway a<br />

mis en place d’importants changements organisationnels (dont le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> rémunération <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres).<br />

Et il apparaît que Safeway réalise <strong>de</strong> meilleures performances. Ces <strong>de</strong>rnières sont dues au fait que les<br />

managers étaient plus motivés, car plus impliqués, et davantage contrôlés (par les spécialistes<br />

impliqués dans le <strong>LBO</strong>).<br />

Les conclusions <strong>de</strong> ces étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont intéressantes puisque les auteurs ont pu comparer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong><br />

transaction faisant chacune intervenir le levier financier à un niveau important. On peut en conclure<br />

que l’augmentation du levier seule ne suffit pas à améliorer les performances <strong>de</strong> la firme, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

changements organisationnels doivent aller <strong>de</strong> pair avec l’augmentation <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement.<br />

II.2.2. Amélioration <strong>de</strong> la rentabilité et <strong>de</strong> la performance<br />

Il a été montré précé<strong>de</strong>mment que les actionnaires réalisaient <strong><strong>de</strong>s</strong> gains substantiels en anticipant les<br />

meilleurs résultats qu’obtiendrait la firme <strong>de</strong>venue private. Et, il va s’agir ici <strong>de</strong> détailler ces résultats.<br />

Smith (1990) en étudiant 58 LMBO <strong>de</strong> 1977 à 1986, remarque une augmentation significative du<br />

bénéfice opérationnel après le BO. Et surtout, il apparaît que l’accroissement <strong>de</strong> la performance ne<br />

provient pas d’une cession <strong><strong>de</strong>s</strong> activités moins rentables mais bel et bien du <strong>LBO</strong> lui-même. Ceci est<br />

important car on a beaucoup accusé les initiateurs <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> <strong>de</strong> dépecer l’entreprise après l’avoir<br />

racheter pour n’en gar<strong>de</strong>r que les joyaux. Ceci a bien sûr souvent été le cas puisque comme il a été dit<br />

au début <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80 les firmes américaines étaient fréquemment <strong><strong>de</strong>s</strong> conglomérats inefficients.<br />

Mais il est rassurant <strong>de</strong> voir qu’il y a néanmoins une véritable création <strong>de</strong> valeur au sein du <strong>LBO</strong>.<br />

De nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques se sont concentrées sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> la rentabilité<br />

post-<strong>LBO</strong>. On reprendra ici les résultats trouvés par Long et Ravenscraft (1993) qui ont confirmé les<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> précé<strong>de</strong>ntes. La base <strong>de</strong> données utilisée contient <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes cotées et non<br />

21


cotées dont le total du bilan s’élève à plus <strong>de</strong> 25 millions <strong>de</strong> dollars. Ces firmes représentent plus <strong>de</strong><br />

85% <strong>de</strong> l’activité totale <strong>LBO</strong>. <strong>Une</strong> comparaison pre et post-<strong>LBO</strong> est faite sur 209 compagnies <strong>LBO</strong> et<br />

48 rachats sans effet <strong>de</strong> levier entre 1978 et 1989. L’avantage majeur <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est que<br />

l’échantillon est jusqu’à 3 fois supérieur aux précé<strong>de</strong>ntes étu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Il apparaît que le <strong>LBO</strong> améliore la performance au niveau <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong> 15% (résultat<br />

d’exploitation/ventes). Ce chiffre se maintient durant les 3 années suivant le passage en <strong>LBO</strong>, ce qui<br />

montre qu’il ne s’agit pas d’améliorations à court terme ou <strong>de</strong> manipulations comptables. Les firmes<br />

rachetées sans effet <strong>de</strong> levier n’affichaient pas une telle performance. Cependant, cette tendance ne se<br />

poursuit pas en 4 ème et 5 ème année et les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sur ce sujet se rejoignent toutes sur ce point. On peut<br />

s’étonner cependant du résultat indiquant que les LMBO ne s’avèrent pas plus performants que les<br />

<strong>LBO</strong>.<br />

Kaplan (1989b) avait déjà affirmé cette tendance en analysant la performance <strong>de</strong> 48 LMBO<br />

(l’échantillon est donc nettement plus petit que celui <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> mentionnée précé<strong>de</strong>mment) entre t – 1<br />

et t +3. Le cash flow opérationnel <strong>de</strong> la troisième année augmente <strong>de</strong> 24%, le cash flow net augmente<br />

<strong>de</strong> 22% en t+1, 43% en t+2, et 80% en t+3. Et, les dépenses d’investissement diminuent. De nombreux<br />

autres ratios secondaires progressent <strong>de</strong> manière importante, mais l’important est que pour les trois<br />

années suivant le <strong>LBO</strong> la performance s’est accrue <strong>de</strong> manière sensible. L’amélioration <strong>de</strong> la trésorerie<br />

nette est non négligeable, et est primordiale puisqu’elle permet <strong>de</strong> rembourser la <strong>de</strong>tte.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bruton, Keels et Scifres (2002) concernant le cycle complet <strong>de</strong> buyout et précé<strong>de</strong>mment<br />

évoquée teste également la performance post-<strong>LBO</strong>. Les auteurs montrent que le profit d’un <strong>LBO</strong><br />

diminue lorsqu’il retourne sur le marché boursier, surtout à partir <strong>de</strong> la troisième année. Ceci laisserait<br />

penser que la firme était plus efficiente lorsqu’elle n’était pas cotée mais détenue par un petit nombre<br />

d’investisseurs. Le taux <strong>de</strong> croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ventes lui progresse lors du re<strong>LBO</strong>. On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si<br />

le management cherche à nouveau la croissance en priorité, avant l’efficience, et pour sa satisfaction<br />

personnelle. Lorsque la firme est dans la phase private elle entame <strong><strong>de</strong>s</strong> changements stratégiques pour<br />

se recentrer sur son métier <strong>de</strong> base. On peut cependant regretter que les auteurs ne mentionnent pas la<br />

part <strong>de</strong> capital détenue par le management lors du retour en bourse.<br />

En ce qui concerne la productivité on citera l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lichtenberg et Siegel (1990) dont la base <strong>de</strong><br />

données comprend les résultats <strong>de</strong> 12000 usines. La particularité <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est d’utiliser le Total<br />

Factor Productivity (TFP) , ce qui mérite d’être examiné <strong>de</strong> plus près. La définition <strong>de</strong> la productivité<br />

est le ratio output/input. Comme la firme utilise plus d’un input (main-d’œuvre, capital), il y a<br />

différentes manières <strong>de</strong> définir la productivité. Il est possible <strong>de</strong> définir <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures partielles <strong>de</strong><br />

productivité, mais les auteurs ont souhaité une mesure moins imparfaite. Un bon indice doit tenir<br />

compte <strong>de</strong> tous les inputs employés par la firme et pondérer chacun <strong>de</strong> manière exacte. Le TFP est un<br />

22


tel indice, il est défini comme l’output par unité d’input total, où l’input total est un indice (somme<br />

pondérée) <strong>de</strong> chaque inputs.<br />

Concrètement, TFP = output / total input (L , K) où L est labour input (nombre d’heures travaillées) et<br />

K est le capital input (stock net réel d’installations et d’équipements)<br />

Ils concluent que les <strong>LBO</strong> ont un impact positif sur le TFP durant les 3 premières années suivant le<br />

rachat. L’amélioration <strong>de</strong> la productivité est <strong>de</strong> 3,9% pour un <strong>LBO</strong> et dépasse ce résultat lorsqu’il<br />

s’agit d’un MBO. Les auteurs émettent cependant <strong><strong>de</strong>s</strong> réserves en affirmant ne pas pouvoir prouver<br />

que le <strong>LBO</strong> est à l’origine <strong>de</strong> ce gain <strong>de</strong> productivité. Cependant d’autres changements sont intervenus<br />

telle que la réduction du ratio cols blancs/cols bleus qui a <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> chances d’avoir été induite par le<br />

<strong>LBO</strong>.<br />

Pour comprendre les origines <strong><strong>de</strong>s</strong> améliorations <strong>de</strong> performance post-<strong>LBO</strong> il est intéressant <strong>de</strong><br />

constater ce qu’il s’est passé dans les firmes pour lesquelles l’offre <strong>de</strong> rachat n’a pas aboutit (que<br />

celle-ci ait été rejetée par le CA ou retirée par les repreneurs potentiels). On peut constater que les<br />

améliorations ont pu avoir lieu grâce à une augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Saffieddine et Titman (1999)<br />

examinent un échantillon <strong>de</strong> 328 firmes dont le rachat n’a pu se faire, entre 1982 et 1991. Pour la<br />

plupart <strong>de</strong> ces tentatives <strong>de</strong> rachats infructueuses, le CA <strong>de</strong> la cible estimait que l’offre était<br />

insuffisante et que la firme vaudrait plus si elle <strong>de</strong>meurait indépendante. A la suite <strong>de</strong> cela le cours <strong>de</strong><br />

l’action baisse <strong>de</strong> 3,42% en moyenne, les actionnaires sont donc sceptiques en ce qui concerne la<br />

conduite <strong>de</strong> l’entreprise. Mais les auteurs constatent que 63% <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes <strong>de</strong> leur échantillon<br />

augmentent leur ratio <strong>de</strong>ttes/capitaux propres en moyenne <strong>de</strong> 59,8% un an après l’échec du rachat et<br />

<strong>de</strong> 71,5% encore un an plus tard (peut-être pour se prémunir d’une OPA).<br />

L’augmentation du levier semble faire partie <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la cible. Elle accroît aussi la<br />

crédibilité <strong>de</strong> la firme en ce qui concerne les promesses <strong><strong>de</strong>s</strong> managers (politique d’investissement<br />

etc.), ce qui fait progresser le cours <strong>de</strong> l’action et rend le coût d’un rachat plus élevé. Les auteurs<br />

démontrent que la performance opérationnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles dont les tentatives <strong>de</strong> rachat ont échoué, est<br />

positivement corrélée à la variation positive du levier financier. Finalement le management <strong>de</strong> la cible<br />

met en place <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications qu’auraient effectuées les repreneurs. Ceci se confirme par le fait<br />

qu’une fois le levier financier augmenté, la probabilité que la firme soit rachetée diminue fortement.<br />

Il semble donc que les <strong>LBO</strong> améliorent la productivité, l’efficacité, et la performance, les <strong>LBO</strong><br />

réussissent mieux que <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes secteurs d’activités restées cotées. Ceci ferait pencher la<br />

thèse en faveur du <strong>LBO</strong> en tant que forme d’organisation plus efficiente.<br />

Il est temps à présent d’examiner ce qu’il advient <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> sur le marché français.<br />

23


II.3. Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques françaises<br />

Tout d’abord notons que les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> françaises sur ce sujet sont très rares, ce qui est paradoxal car le<br />

marché du <strong>LBO</strong> en Europe et plus particulièrement en France est très actif comme il a été dit. Les<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> réalisées sur le marché français ne concor<strong>de</strong>nt pas avec les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> anglo-saxonnes.<br />

Le Nadant (1998) a utilisé un échantillon <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> réalisés en France entre 1992 et 1995. Et comme les<br />

précé<strong>de</strong>nts auteurs, son intention était d’étudier l’hypothèse d’amélioration <strong>de</strong> la performance prédite<br />

par Jensen (1989).<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> ren<strong>de</strong>ments anormaux à l’annonce d’un <strong>LBO</strong> réalisée sur un échantillon d’une vingtaine<br />

<strong>de</strong> sociétés cotées a permis <strong>de</strong> corroborer en partie l’hypothèse d’amélioration <strong>de</strong> la performance. Les<br />

résultats obtenus indiquent qu’en moyenne, les actionnaires réalisent <strong><strong>de</strong>s</strong> gains grâce aux rachats avec<br />

effet <strong>de</strong> levier (les ren<strong>de</strong>ments anormaux moyens cumulés sont positifs autour <strong>de</strong> la date d’annonce).<br />

Dans ce cadre, l’annonce d’une opération <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> signale une hausse <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéfices futurs. Cependant,<br />

il apparaît que la performance <strong>de</strong> ces firmes est inférieure à celle <strong>de</strong> firmes <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes secteurs<br />

d’activité. Et une diminution <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses d’investissement après le rachat n’est pas prouvée.<br />

<strong>Une</strong> amélioration du CA <strong>de</strong> 6,6% est constatée entre t-1 et t+1 mais il n’y a pas d’amélioration par<br />

rapport au secteur. De plus, le BFR augmente <strong>de</strong> 17,5% sur cette même pério<strong>de</strong> et cette variation est<br />

supérieure <strong>de</strong> 10% par rapport aux sociétés du même secteur. Le BFR croît plus vite que le CA. La<br />

croissance n’est pas bien maîtrisée, ce qui est contraire aux prédictions <strong>de</strong> Jensen. Quant au ratio <strong>de</strong><br />

marge VA/CA, au lieu d’être amélioré, il diminue <strong>de</strong> 10% entre t-1 et t+2<br />

Mais les anciennes filiales <strong>de</strong> groupe ont une meilleure performance que les autres, avec un BFR<br />

mieux maîtrisé mais toujours croissant. La productivité et la rémunération <strong><strong>de</strong>s</strong> salariés dans les<br />

anciennes filiales augmentent davantage que dans les cibles indépendantes. Mais l’ETE se dégra<strong>de</strong><br />

pour tout l’échantillon, le ratio ETE/CA chute <strong>de</strong> 36% entre t-1 et t+1. ce qui est contraire à la théorie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> FCF <strong>de</strong> Jensen.<br />

Desbrières et Schatt (2002a), à partir d’un échantillon <strong>de</strong> 161 <strong>LBO</strong> réalisés en France entre 1988 et<br />

1994 (110 PME familiales et 51 anciennes filiales <strong>de</strong> groupes), testent les hypothèses émises par<br />

Jensen (1989). Mais il s’avère que la rentabilité <strong>de</strong> ces firmes chute après le rachat, <strong>de</strong> même pour les<br />

ratios <strong>de</strong> marge. Le ROE chute <strong>de</strong> 5% en t-2 à –3% en t+2, et le ROI chute <strong>de</strong> 14% en t-1 à 9,2% en<br />

t+1 et 5,2% en t+2. Quant au ratio profit net/ventes il chute e 32,5% en t-1 à 17% en t+1 pour atteindre<br />

19% en t+2, cette remontée est due aux anciennes filiales <strong>de</strong> groupes car les entreprises familiales<br />

voient ce ratio continuer à se dégra<strong>de</strong>r.<br />

Les auteurs pensent qu’une étu<strong>de</strong> réalisée sur une fenêtre plus large que t-2 - t+2 montrerait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

résultats différents. En effet, peut-être faut-il plus <strong>de</strong> temps aux repreneurs d’affaires familiales qui ont<br />

24


probablement <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés à obtenir rapi<strong>de</strong>ment toutes les informations nécessaires après le départ<br />

du fondateur.<br />

L’étu<strong>de</strong> montre aussi que ces firmes disposent d'une liquidité supérieure à celle mesurée dans leur<br />

secteur d'activité avant le rachat mais que celle-ci diminue significativement après le <strong>LBO</strong>. Et ce<br />

<strong>de</strong>rnier point ne concor<strong>de</strong> pas avec la thèse <strong>de</strong> Jensen car en principe les FCF doivent croître après le<br />

passage en <strong>LBO</strong> pour permettre <strong>de</strong> rembourser la <strong>de</strong>tte.<br />

Desbrières et Schatt (2002b) ont réalisé une étu<strong>de</strong> empirique portant sur 132 <strong>LBO</strong> français <strong>de</strong> 1989 à<br />

1994 et ont cherché à expliquer la dégradation <strong>de</strong> la sur-performance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> qu’ils avaient constaté.<br />

Le taux <strong>de</strong> valeur ajoutée <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes reprises en <strong>LBO</strong> évolue moins favorablement que celui <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />

sociétés appartenant au même secteur d’activité. Les auteurs suggèrent alors qu’il est possible que le<br />

<strong>LBO</strong> entraîne <strong><strong>de</strong>s</strong> ruptures <strong>de</strong> contrats implicites liant la firme à certains partenaires d’exploitation. Si<br />

le dirigeant fondateur est remplacé, les partenaires qui avaient l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> traiter avec lui peuvent<br />

changer leur manière <strong>de</strong> travailler, par exemple en diminuant le délai fournisseurs. Après l’opération,<br />

le BFR, le coût <strong>de</strong> la main-d’œuvre augmente plus fortement pour les firmes reprises en <strong>LBO</strong> que pour<br />

les autres sociétés du même secteur d’activité. Ce <strong>de</strong>rnier point laisse supposer une gestion moins<br />

efficiente du cycle d’exploitation, ce qui va à l’encontre <strong>de</strong> ce qui a pu être montré dans d’autres<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Les firmes reprises en <strong>LBO</strong> ont une taille plus importante que les autres du même secteur d’activité<br />

(résultat différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Kim et Lyn 1991), elles détiennent davantage d’immobilisations<br />

financières (ce qui sous-entend politique <strong>de</strong> croissance externe). Ceci s’oppose à Kaplan (1989) qui<br />

trouvait une diminution significative <strong><strong>de</strong>s</strong> investissements après le <strong>LBO</strong>. Cela dit l’hypothèse<br />

concernant <strong><strong>de</strong>s</strong> investissements plus importants pour les <strong>LBO</strong> après le rachat n’est pas vérifiée.<br />

La dégradation <strong>de</strong> la sur-performance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> n’est pas due à un surinvestissement, ni à une dérive<br />

<strong>de</strong> la gestion opérationnelle , mais plutôt à une augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> frais <strong>de</strong> personnels, consommations<br />

intermédiaires et/ou baisse du prix <strong>de</strong> vente.<br />

Ceci montre que les conséquences <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> français sont différentes <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes américaines et il<br />

faudrait tenter d’y apporter quelques explications.<br />

II.4. Comprendre ces différences<br />

Tout d’abord il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> différences profon<strong><strong>de</strong>s</strong> en ce qui concerne la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles. En France le<br />

capital est plus concentré que dans les pays anglo-saxons, la propriété <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes faisant un <strong>LBO</strong> est<br />

généralement diffuse aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis il s’agit pour la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> firmes cotées<br />

alors que ce cas est moins fréquent pour les <strong>LBO</strong> français. Le marché français du <strong>LBO</strong> est en gran<strong>de</strong><br />

25


partie composé <strong>de</strong> PME cherchant à résoudre leur problème <strong>de</strong> transmission. De plus, l’usage <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>tte est plus réduit en France, le levier financier est beaucoup plus faible.<br />

On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si ce n’est pas justement ce <strong>de</strong>rnier point qui peut expliquer la mauvaise<br />

performance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> français. Si le niveau <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte était plus important , on constaterait peut-être <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

changements positifs.<br />

La constatation que les <strong>LBO</strong> français ne diminuent pas leurs dépenses d’investissement après le BO<br />

peut être du au fait que les <strong>LBO</strong> américains sont beaucoup plus en<strong>de</strong>ttés que les <strong>LBO</strong> français, et que<br />

par conséquent ils ne peuvent se permettre <strong><strong>de</strong>s</strong> investissements trop élevés. L’augmentation du BFR et<br />

donc la dégradation <strong>de</strong> l’ETE peuvent être justifiées par le fait que les cibles sont <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises en<br />

croissance, ce qui serait à vérifier par une étu<strong>de</strong> empirique.<br />

Onnée (1998) a réalisé une étu<strong>de</strong> à partir <strong>de</strong> 127 filiales qui ont fait l'objet d'un retrait volontaire entre<br />

1990 et 1996 (mais comprenant peu <strong>de</strong> <strong>LBO</strong>). Il apparaît que les retraits portent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés sous-<br />

évaluées et disposant <strong>de</strong> FCF élevés. Mais l’auteur nuance ces résultats à nouveau à cause <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

différence <strong>de</strong> contexte en France et aux Etats-Unis. Il définit les retraits volontaires français par le<br />

terme <strong>de</strong> minority buyouts, c'est-à-dire <strong><strong>de</strong>s</strong> cas où l'initiateur est en situation d'interne et détient déjà le<br />

contrôle <strong>de</strong> la société lorsqu'il la retire.<br />

Il remarque que les anciennes filiales <strong>de</strong> groupe ne sont pas moins performantes que les filiales qui<br />

restent cotées. Elles disposent d'un potentiel d'en<strong>de</strong>ttement plus faible. Le capital <strong><strong>de</strong>s</strong> filiales retirées<br />

est très concentré et révèle une faible implication du management <strong>de</strong> la filiale et <strong><strong>de</strong>s</strong> investisseurs<br />

financiers. Mais il semble que la présence <strong>de</strong> la maison-mère suffise à conserver un gouvernement<br />

d'entreprise efficace. Ces résultats ne corroborent donc que partiellement la théorie <strong>de</strong> l'agence. Quant<br />

aux conditions <strong>de</strong> marché, <strong>de</strong> taille <strong>de</strong> la filiale ou, encore, la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> actifs à financer, elles<br />

n'influencent pas la décision <strong>de</strong> retrait, réfutant ainsi les principales hypothèses issues <strong>de</strong> la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

coûts <strong>de</strong> transaction. Le retrait ne peut être considéré comme l'abandon d'un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement. Il<br />

traduirait plutôt une décision stratégique .<br />

Afin <strong>de</strong> mieux pouvoir comparer les performances il faudrait utiliser un échantillon <strong>de</strong> firmes<br />

françaises s’étant retirées <strong>de</strong> la cote par <strong>LBO</strong>. Les retraits sont moins répandus en France car pour<br />

déclencher une OPRRO (offre publique <strong>de</strong> retrait suivie d’un retrait obligatoire), il faut détenir 95% du<br />

capital <strong>de</strong> la cible. Et bien souvent ce seuil décourage d’éventuels repreneurs qui craignent <strong>de</strong> ne pas<br />

l’atteindre. Lorsqu’ils peuvent s’assurer certains blocs <strong>de</strong> contrôle il en est alors autrement.<br />

Néanmoins, la tendance actuelle est davantage aux retraits <strong>de</strong> la cote qu’aux introductions. En 2003, il<br />

y a eu sur la place parisienne, sur le premier et le second marché, un total <strong>de</strong> 50 radiations pour<br />

seulement 6 introductions. En fait, <strong>de</strong>puis 1999 le nombre <strong>de</strong> radiations est nettement supérieur à celui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> admissions. Et parmi ces retraits on retrouve une majorité d’OPRRO, elles n’ont pas toutes pour<br />

but un <strong>LBO</strong> mais il y en a <strong>de</strong> plus en plus qui sont mis en place <strong>de</strong> cette manière. C’est pourquoi il est<br />

26


aujourd’hui possible d’effectuer une étu<strong>de</strong> empirique concernant les <strong>LBO</strong> français par retrait <strong>de</strong> la<br />

cote.<br />

<strong>Une</strong> étu<strong>de</strong> anglaise <strong>de</strong> Wright et al. (2001) apporte un nouvel éclairage sur les <strong>LBO</strong> ayant observé<br />

qu’en Europe (et particulièrement en France et en Italie), les <strong>LBO</strong> concernent <strong><strong>de</strong>s</strong> PME puis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

filiales <strong>de</strong> grands groupes. La théorie <strong>de</strong> l’agence qui s’applique bien aux GP s’avère limitée pour les<br />

cibles européennes. Entre 1997 et 1999, les PME réalisant un <strong>LBO</strong> pour transmettre l’entreprise<br />

atteignaient 56% <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>LBO</strong> en Italie, 48% en Angleterre et 44% en France, contre 30% aux Etats-Unis.<br />

Les auteurs proposent d’examiner les <strong>LBO</strong> dans une perspective entrepreneuriale. Plus précisément,<br />

l’accent est mis sur la volonté d’innovation et la créativité <strong><strong>de</strong>s</strong> dirigeants qui entreprennent un <strong>LBO</strong><br />

parce que l’ancienne structure ne leur permettait pas d’effectuer ces changements <strong>de</strong> stratégie ou <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>rnisation qui pouvaient paraître risqués. Cette vision intégrant l’esprit d’entreprise paraît mieux<br />

s’adapter au paysage français et plus généralement européen.<br />

Conclusion<br />

Kaplan(1991) a cherché à connaître le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> 183 <strong>LBO</strong> réalisés entre 1979 et 1986. En août 1990,<br />

62% d’entre eux sont toujours private, 14% sont retournés sur le marché boursier, et 24% ont été<br />

rachetés par <strong><strong>de</strong>s</strong> firmes cotées. Mais plus on avance dans le temps et plus les <strong>LBO</strong> s’introduisant en<br />

bourse sont nombreux. La valeur médiane d’un <strong>LBO</strong> restant private est 6,82 ans. Lewellen et Ro<strong>de</strong>n<br />

(2000) ayant une visibilité jusqu’à t+15 trouvent une valeur médiane à 9 ans. Van <strong>de</strong> Gucht et Moore<br />

(1998) montrent que le reverse <strong>LBO</strong> se produit entre 7 et 9 après le rachat, mais qu’au contraire pour<br />

certaines firmes, le <strong>LBO</strong> sera permanent. En fait il n’y a pas <strong>de</strong> règle. On serait tenté <strong>de</strong> dire que le<br />

<strong>LBO</strong> est la forme d’organisation la plus efficiente à une pério<strong>de</strong> précise <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’entreprise mais<br />

que finalement la firme cotée lui est supérieure si les conflits d’agence ont pu être réglés lorsqu’elle<br />

était private.<br />

Mais il est troublant <strong>de</strong> constater l’engouement que suscitent les <strong>LBO</strong> en France alors que les étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empiriques concluent à une dégradation <strong>de</strong> la sur-performance <strong><strong>de</strong>s</strong> cibles. Les fonds <strong>de</strong> <strong>LBO</strong> ayant<br />

investis en France réalisent d’excellents taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment interne. On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si ces mêmes<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> réalisées sur un autre échantillon donneraient <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats plus positifs.<br />

La rareté <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> françaises laisse entrevoir <strong><strong>de</strong>s</strong> opportunités <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> nouvelles hypothèses<br />

n’ont pas encore été testées (la part <strong>de</strong> bénéfices privés, la volonté <strong>de</strong> protéger l’information<br />

stratégique, la fonction cognitive). Notre démarche va à présent consister à tester les déterminants <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

retraits <strong>de</strong> la cote par <strong>LBO</strong>, sur le marché français, même si ce type d’opération ne représente par la<br />

majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> retraits français. Nous pourrons comparer les résultats anglo-saxons et les résultats<br />

français puisque nous aurons délimité le même champ d’application <strong>de</strong> <strong>LBO</strong>. Il sera alors possible <strong>de</strong><br />

vérifier si la théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> FCF ne s’applique pas au cas français et si une autre approche serait mieux<br />

adaptée.<br />

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