27.06.2013 Views

La maladie de Verneuil Épidémiologie - Étiopathogénie

La maladie de Verneuil Épidémiologie - Étiopathogénie

La maladie de Verneuil Épidémiologie - Étiopathogénie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Dossier thématique<br />

pour les régions axillaire et inguino-périnéale.<br />

Les hommes et les femmes peuvent présenter<br />

la <strong>maladie</strong>, et la plupart <strong>de</strong>s séries soulignent<br />

une prépondérance féminine, avec un ratio<br />

pouvant atteindre 4 pour 1 (8). <strong>La</strong> localisation<br />

axillaire – encore que, sur ce point, l’accord<br />

ne soit pas fait (9) – serait plus fréquente chez<br />

la femme, alors que la localisation anopérinéale<br />

le serait chez l’homme (1). Le pic<br />

d’apparition correspond à l’élévation <strong>de</strong> la<br />

sécrétion androgénique. C’est dire que la MV<br />

s’observe après la puberté (<strong>de</strong>uxième, troisième<br />

ou quatrième déca<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie), bien que<br />

d’exceptionnelles formes prépubertaires aient<br />

été décrites (10), faisant discuter un statut<br />

d’hyperandrogénie prépubertaire (1). L’avis<br />

n’est pas unanime quant à l’influence éventuelle<br />

<strong>de</strong> la race, la <strong>maladie</strong> paraissant plus fréquente<br />

chez les Noirs dans quelques séries<br />

(11). L’usage <strong>de</strong> cosmétique, la contraception<br />

orale, l’in<strong>de</strong>x <strong>de</strong> masse corporelle ne sont pas<br />

apparus comme <strong>de</strong>s facteurs déterminants (9).<br />

Enfin, le tabac est considéré comme favorisant<br />

(12, 13).<br />

ÉTIOPATHOGÉNIE<br />

L’étiopathogénie <strong>de</strong> la <strong>maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Verneuil</strong><br />

reste encore incertaine. Elle relève <strong>de</strong> multiples<br />

facteurs, d’influence et d’importance<br />

variables, que nous allons essayer <strong>de</strong> passer en<br />

revue.<br />

Les facteurs génétiques ont été avancés par<br />

Fitzsimmons et al. qui émirent l’hypothèse<br />

d’une transmission autosomique dominante<br />

(7). Khönig et al. ont supposé une hérédité <strong>de</strong><br />

type polygénique (12). Récemment, von <strong>de</strong>r<br />

Werth et al. ont confirmé la possibilité d’une<br />

hérédité autosomique dominante associée à<br />

une pénétrance variable et à une éventuelle<br />

influence hormonale sur l’expressivité du<br />

gène. Ils ont aussi soulevé la question <strong>de</strong> l’intervention<br />

possible <strong>de</strong> plusieurs gènes (14).<br />

Cela posé, il reste que la question essentielle<br />

autour <strong>de</strong> laquelle débats et controverses se<br />

sont organisés <strong>de</strong>meure, à savoir : la MV estelle<br />

une affection suppurative <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s apocrines<br />

?<br />

<strong>La</strong> mise en cause <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s apocrines tenait<br />

initialement à la localisation <strong>de</strong>s lésions qui ne<br />

s’observaient que dans le territoire <strong>de</strong> ces<br />

glan<strong>de</strong>s. Toutefois, cela ne disait rien du primum<br />

movens <strong>de</strong> la <strong>maladie</strong>. Était-elle une<br />

affection primitive <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s apocrines ? Si<br />

tel était le cas, il fallait s’en remettre à l’hypothèse<br />

d’une obstruction du canal glandulaire,<br />

car Morgan et Hughes avaient montré<br />

que les glan<strong>de</strong>s apocrines <strong>de</strong>s sujets atteints ne<br />

se différenciaient pas <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s témoins<br />

dans leur forme et leur nombre (15). Une telle<br />

théorie s’appuyait sur les travaux <strong>de</strong> Shelley<br />

et Cahn (16), qui avaient provoqué une occlusion<br />

<strong>de</strong>s canaux apocrines par l’application <strong>de</strong><br />

produits dépilatoires au niveau <strong>de</strong>s creux axillaires.<br />

Cependant, les lésions ne s’observaient<br />

que dans 26 % <strong>de</strong>s cas et n’évoluaient pas vers<br />

la chronicité comme dans l’hidradénite suppurative<br />

(HS) : le tableau réalisé ne pouvait<br />

donc constituer un modèle expérimental <strong>de</strong> la<br />

<strong>maladie</strong>. D’ailleurs, la seule <strong>maladie</strong> connue<br />

où existe une oblitération isolée du canal apocrine<br />

– la <strong>maladie</strong> <strong>de</strong> Fox Fordyce – ne se présente<br />

pas comme une MV. En fait, et Yu et<br />

Cook furent parmi les premiers à l’avancer,<br />

l’obstruction existait bien, mais elle se trouvait<br />

en amont, au niveau du follicule pileux<br />

(5). Attanoos et al., par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> biopsies<br />

cutanées <strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> MV, le confirmèrent<br />

en montrant que l’occlusion <strong>de</strong>s follicules<br />

par <strong>de</strong> la kératine était l’étape initiale <strong>de</strong><br />

la <strong>maladie</strong>, suivie d’une inflammation folliculaire<br />

et d’une <strong>de</strong>struction secondaire <strong>de</strong>s<br />

annexes (17). Ainsi la MV est-elle plutôt<br />

considérée comme secondaire à une anomalie<br />

<strong>de</strong> la tige folliculaire <strong>de</strong> follicules dans lesquels<br />

s’abouchent <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s apocrines (1).<br />

Cette analyse se trouve confirmée par l’étu<strong>de</strong><br />

ultrasonographique <strong>de</strong>s follicules pileux qui,<br />

dans la MV, présentent <strong>de</strong>s anomalies caractéristiques<br />

<strong>de</strong> forme dans leur partie profon<strong>de</strong><br />

(18). L’association possible avec une <strong>maladie</strong><br />

<strong>de</strong> Dowling-Degos (19) a aussi été avancée<br />

pour démontrer la nature folliculaire <strong>de</strong> la MV.<br />

Cependant, on ne peut éliminer ici une association<br />

fortuite.<br />

Cette hypothèse admise, il reste à essayer <strong>de</strong><br />

préciser le rôle éventuel <strong>de</strong>s androgènes car,<br />

nous l’avons vu, la MV est, dans la quasitotalité<br />

<strong>de</strong>s cas, une <strong>maladie</strong> <strong>de</strong> la postpuberté.<br />

Cette participation androgénique se retrouve<br />

chez les femmes atteintes qui décrivent une<br />

aggravation <strong>de</strong>s lésions lors <strong>de</strong>s règles et une<br />

amélioration pendant la grossesse, suivie<br />

d’une aggravation dans le post-partum (20).<br />

<strong>La</strong> <strong>maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Verneuil</strong> n’existe d’ailleurs pas<br />

chez les eunuques (21). De plus, les androgènes<br />

facilitent la production <strong>de</strong> kératine, et<br />

les étu<strong>de</strong>s chez l’animal ont montré que<br />

11<br />

l’occlusion folliculaire pouvait être accrue par<br />

adjonction systémique d’androgènes (1). Toutefois,<br />

il est <strong>de</strong>s auteurs qui discutent le rôle<br />

<strong>de</strong>s androgènes dans la MV, arguant <strong>de</strong> l’absence<br />

d’hyperandrogénisme biologique. En<br />

fait, il est probable que chez les sujets porteurs<br />

<strong>de</strong> MV existe une sensibilité anormale <strong>de</strong> la<br />

glan<strong>de</strong> apocrine aux androgènes (10). Cependant<br />

il n’a pas été montré, entre sujets atteints<br />

et contrôles, <strong>de</strong> différence d’activité enzymatique<br />

vis-à-vis <strong>de</strong>s androgènes au niveau <strong>de</strong>s<br />

glan<strong>de</strong>s apocrines axillaires (22). On le voit,<br />

la relation androgène-<strong>maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Verneuil</strong><br />

n’est pas encore éclaircie. Cette incertitu<strong>de</strong> se<br />

retrouve dans les effets inconstants <strong>de</strong>s traitements<br />

antiandrogéniques <strong>de</strong> la MV chez la<br />

femme.<br />

Qu’en est-il <strong>de</strong> l’infection ? On le sait, la MV<br />

est suppurative, mais l’infection n’est ici que<br />

secondaire. Comme dans l’acné, il s’agit d’une<br />

colonisation bactérienne <strong>de</strong> glan<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> leur<br />

contenu. Une preuve indirecte du caractère<br />

secondaire <strong>de</strong> l’infection est apportée par l’incapacité<br />

<strong>de</strong>s antibiotiques à traiter la MV sur<br />

le fond. Dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 41 patients porteurs<br />

<strong>de</strong> MV, seules 50 % <strong>de</strong>s cultures étaient positives<br />

avec l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> Staphylococcus<br />

aureus, S. epi<strong>de</strong>rmidis et S. hominis, Streptococcus<br />

milleri, Corynebacterium spp, Acinetobacter,<br />

<strong>La</strong>ctobacillus spp (23). Ce travail n’a<br />

pas confirmé l’hypothèse d’un éventuel rôle<br />

causal <strong>de</strong> S. milleri qui avait été avancée par<br />

Highet et al. en 1980 (24). Dans une autre<br />

étu<strong>de</strong> (25), la même équipe ne retrouvait pas<br />

d’arguments pour confirmer le travail <strong>de</strong><br />

Bendahan et al. (26), faisant <strong>de</strong> Chlamydozoon<br />

trachomatis un agent causal <strong>de</strong> MV périanale.<br />

De même, l’association entre MV et <strong>maladie</strong>s<br />

vénériennes s’est avérée fortuite.<br />

TENTATIVE DE SYNTHÈSE<br />

Au terme <strong>de</strong> cette revue <strong>de</strong> la littérature, on<br />

peut retenir que la MV n’est pas une <strong>maladie</strong><br />

primitivement infectieuse, qu’elle se développe<br />

dans le territoire <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s apocrines,<br />

mais qu’il est probable qu’il n’existe pas à son<br />

origine une atteinte première <strong>de</strong> ces glan<strong>de</strong>s.<br />

Le primum movens en serait l’obstruction folliculaire<br />

d’amont dans un contexte hormonal<br />

d’une éventuelle sensibilité à l’imprégnation<br />

androgénique. À cela il faut ajouter la vraisemblable<br />

transmission autosomique<br />

Le Courrier <strong>de</strong> colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!