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Traitement chirurgical par voie basse du prolapsus rectal extériorisé

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<strong>Traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>prolapsus</strong> <strong>rectal</strong> <strong>extériorisé</strong><br />

● F. Pigot*<br />

Points forts<br />

Points forts<br />

Points forts<br />

La chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> des <strong>prolapsus</strong><br />

<strong>du</strong> rectum est en moyenne<br />

moins efficace que la chirurgie <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> haute. Ses résultats sont améliorés<br />

si une sélection correcte des<br />

Mots<br />

clés<br />

TECHNIQUES<br />

Elles sont multiples, avec, pour chacune,<br />

des variantes à l’infini. Nous ne<br />

décrirons ici que les deux principales<br />

techniques telles qu’elles ont été intro<strong>du</strong>ites<br />

respectivement <strong>par</strong> Delorme et<br />

<strong>par</strong> Altemeier, ainsi que les ajouts proposés<br />

<strong>par</strong> quelques auteurs. À côté de<br />

ces deux interventions classiques, citons<br />

la rectopexie <strong>par</strong> <strong>voie</strong> périnéale, avec<br />

ou sans insertion de matériel prothétique<br />

dans l’espace rétro<strong>rectal</strong> ; la technique<br />

d’encerclement périanal décrite<br />

<strong>par</strong> Tiersch pouvant être effectuée avec<br />

<strong>du</strong> fil de soie, une bande de propylène,<br />

un élastique en silicone. Cette dernière<br />

* Service de colo-proctologie, hôpital Bagatelle,<br />

Talence.<br />

D o ssie r th m ati q ue<br />

Prolapsus <strong>rectal</strong> <strong>extériorisé</strong> -<br />

<strong>Traitement</strong> - Chirurgie -<br />

Delorme - Altemeier.<br />

malades est faite : critères fonctionnels<br />

et anatomiques en défécographie.<br />

La <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> ne doit<br />

plus vivre des contre-indications à<br />

la <strong>voie</strong> haute ; elle possède des<br />

indications électives qui découlent<br />

de sa moindre morbidité et<br />

surtout de son absence d’aggravation<br />

de la constipation et de la<br />

dyschésie.<br />

technique est un pis-aller pouvant être<br />

effectué sous anesthésie locale, mais,<br />

outre le risque d’infection et d’effraction<br />

cutanée, elle crée un obstacle à la<br />

vidange <strong>rectal</strong>e souvent très handicapant.<br />

Plus récemment, sont ap<strong>par</strong>ues des<br />

techniques de résection <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong><br />

à la pince mécanique réservées aux<br />

tous petits <strong>prolapsus</strong> <strong>du</strong> bas rectum.<br />

L’intervention de Delorme est une<br />

plicature de la <strong>par</strong>oi musculaire <strong>du</strong><br />

bas rectum effectuée sur toute la hauteur<br />

<strong>du</strong> <strong>prolapsus</strong> après dépouillement<br />

de sa couverture muqueuse et excision<br />

de celle-ci. Elle est effectuée <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> transanale. Le plus souvent, on<br />

arrive à extérioriser la totalité <strong>du</strong> <strong>prolapsus</strong>,<br />

ce qui rend le geste plus facile.<br />

Bien qu’assez longue et hémorragique,<br />

elle n’est toutefois pas très difficile dans<br />

sa réalisation. On peut y ajouter une<br />

plicature <strong>du</strong> sphincter externe et <strong>du</strong><br />

pubo<strong>rectal</strong> en pré- ou en rétroanal, voire<br />

l’insertion de matériel synthétique<br />

dans l’espace rétro-<strong>rectal</strong>. Mais ces<br />

ajouts techniques nécessitent l’ouver-<br />

Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003 105<br />

ture d’autres plans de dissection que le<br />

seul espace sous-muqueux. L’augmentation<br />

nette de la morbidité ainsi provoquée<br />

remet en question l’intérêt majeur<br />

de cette technique qui est son excellente<br />

tolérance <strong>par</strong> des sujets fragiles.<br />

L’intervention d’Altemeier, décrite<br />

initialement <strong>par</strong> Mikulicz en 1889, est<br />

une résection de la totalité de la <strong>par</strong>oi<br />

<strong>du</strong> rectum ainsi que d’une éten<strong>du</strong>e<br />

variable <strong>du</strong> côlon d’amont avec ligature<br />

progressive <strong>du</strong> méso. Elle est effectuée<br />

<strong>par</strong> <strong>voie</strong> périnéale et se conclut <strong>par</strong> une<br />

anastomose colo-anale à la main ou à la<br />

pince mécanique. Là aussi, peut être<br />

associée une plicature pré- ou rétroanale<br />

<strong>du</strong> sphincter externe et <strong>du</strong> pubo<strong>rectal</strong>.<br />

Certains ont proposé la confection d’un<br />

réservoir colique sus-anastomotique<br />

pour améliorer les résultats fonctionnels.<br />

De la même façon, ces gestes<br />

supplémentaires alourdissent la technique,<br />

le risque, ainsi que la gravité<br />

des éventuelles complications. En effet,<br />

cette technique est elle aussi préférentiellement<br />

indiquée chez des malades<br />

fragiles (1, 2).<br />

COMPLICATIONS<br />

Après chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong>, les complications<br />

immédiates sont rares, ce qui<br />

est remarquable s’agissant de sujets en<br />

général fragiles et récusés pour la chirurgie<br />

<strong>par</strong> <strong>voie</strong> abdominale dans la plu<strong>par</strong>t<br />

des séries disponibles. Pour l’intervention<br />

de Delorme, la mortalité<br />

est de 1 à 2,5 % (3, 4), la morbidité<br />

immédiate est faite d’hémorragie (2-<br />

5 %), de désunion (2 %). Le taux des<br />

complications est plus élevé pour les


D o ssie r th m ati q ue<br />

techniques modifiées : 22 % versus<br />

7% (3). À long terme, les séquelles<br />

sont dominées <strong>par</strong> le risque de sténose<br />

(3-13 %) et d’incontinence (développé<br />

plus loin).<br />

Après intervention d’Altemeier les<br />

complications relevées dans la littérature<br />

sont un peu différentes <strong>par</strong> leur<br />

nature mais de fréquence semblablement<br />

peu élevée : fistule 1,6-4 % (5-7),<br />

fistule rectovaginale (3 %) (7). À long<br />

terme, dominent les sténoses : 3 % (7).<br />

Cette intervention a, comme celle de<br />

Delorme, la réputation d’un faible<br />

risque postopératoire. En effet, une étude<br />

com<strong>par</strong>ative avec la rectopexie <strong>par</strong> <strong>voie</strong><br />

abdominale faite de façon rétrospective<br />

sur deux cohortes contemporaines<br />

montrait une morbidité com<strong>par</strong>able à<br />

Référence n Succès Suivi<br />

(%) (mois)<br />

Watts et al. (10) 101 73 36<br />

Tobin et al. (18) 49 74 20<br />

Oliver et al. (19) 40 77 47<br />

Lechaux et al. (3)* 40 77 33<br />

Pigot et al. (8) 33 89 30<br />

Uhlig et al. (13) 44 93 24-120<br />

Lechaux et al. (3)* 40 95 33<br />

la <strong>voie</strong> abdominale en dépit d’une<br />

comorbidité bien plus importante dans<br />

le groupe opéré <strong>par</strong> <strong>voie</strong> périnéale (1).<br />

RÉSULTAT ANATOMIQUE<br />

Tableau I. Succès anatomique après intervention de Delorme en cas de<br />

contre-indication à la <strong>voie</strong> haute ou en cas d’indication élective.<br />

Séries classées <strong>par</strong> taux de succès croissant.<br />

* Deux groupes issus d’une même série<br />

Tableau II. Succès anatomique après intervention d’Altemeier.<br />

Référence n Succès Suivi<br />

(%) (mois)<br />

Friedman et al. (26) 27 50 ND<br />

Kim et a. (1) 183 84 47<br />

Finlay et al. (27) 17 94 24<br />

Ramanujam et al. (6) 72 94 48<br />

Kimmins et al. (7) 63 94 21<br />

Altemeier et al. (5) 106 97 ND<br />

Johansen et al. (22) 20 100 26<br />

* Deux groupes issus d’une même série<br />

D’après toutes les expériences rapportées,<br />

il est évident que le résultat anatomique<br />

de l’intervention de Delorme est<br />

influencé <strong>par</strong> la sélection des malades.<br />

Presque toutes les séries publiées et<br />

rapportées dans le tableau I sont constituées<br />

de malades récusés pour la <strong>voie</strong><br />

abdominale. Les rares séries appliquant<br />

une indication élective sur des critères<br />

de bon pronostic anatomique rapportent<br />

les meilleurs résultats. Les facteurs de<br />

récidive après intervention de Delorme<br />

sont l’existence d’une entérocèle, la<br />

dis<strong>par</strong>ition des moyens d’attache <strong>du</strong><br />

haut rectum (8, 9).<br />

L’intervention de<br />

Delorme pratiquée<br />

en tant que seconde<br />

intervention après<br />

échec d’une précédente<br />

technique<br />

expose à un risque<br />

de récidive presque<br />

deux fois supérieur<br />

à celui constaté après<br />

chirurgie de première<br />

intention (10). La<br />

technique influence<br />

aussi les résultats,<br />

106<br />

pour Lechaux et al., la récidive était<br />

de 21 % après la technique simple et de<br />

5 % après Delorme associé à une douglassectomie<br />

plus une myorraphie des<br />

releveurs pré- et rétroanale plus l’insertion<br />

d’un tissu prothétique dans<br />

l’espace rétro<strong>rectal</strong> (3).<br />

Après intervention d’Altemeier, le<br />

succès anatomique est com<strong>par</strong>able,<br />

compris entre 42 et 100 % sur des suivis<br />

allant de 12 à 48 mois (quand ils sont<br />

mentionnés) (tableau II). Peu de données<br />

existent sur les résultats en fonction<br />

des indications. Comme pour<br />

l’intervention de Delorme, deux séries<br />

ouvertes suggèrent que la récidive est<br />

moins fréquente quand un geste plus<br />

complexe est effectué : réservoir colique<br />

ou myorraphie (11, 12).<br />

RÉSULTAT FONCTIONNEL<br />

Études ouvertes après Delorme et<br />

Altemeier<br />

C’est dans les séries les plus récentes<br />

que l’évolution des symptômes <strong>du</strong>s au<br />

<strong>prolapsus</strong> <strong>rectal</strong> <strong>extériorisé</strong> (PRE) a<br />

été rapportée (tableaux III et IV). La<br />

dis<strong>par</strong>ition de la gêne <strong>du</strong>e au <strong>prolapsus</strong>,<br />

au saignement et aux douleurs est<br />

presque constante, en fait elle est liée<br />

au résultat anatomique. Pour ces critères,<br />

les interventions <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong><br />

n’ont pas d’originalité <strong>par</strong> rapport à la<br />

chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong> abdominale. Il en<br />

Tableau III. Correction des symptômes après chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong><br />

<strong>basse</strong> <strong>du</strong> PRE.<br />

Symptôme Delorme, Altemeier,<br />

suivi 30 mois, suivi 21 mois,<br />

n = 55 (8) (%) n = 63 (7) (%)<br />

Prolapsus 90 95<br />

Saignement 88 -<br />

Douleur 83 -<br />

Dyschésie 76 51<br />

Incontinence<br />

aux selles solides<br />

66 38<br />

Incontinence<br />

aux selles liquides<br />

43<br />

Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003


Tableau IV. Fréquence des symptômes en pré- et postopératoire<br />

après Delorme pour PRE, n = 43 (d’après Lazorthes et al. [15]).<br />

Symptôme Préopératoire À 24 mois<br />

(%) (%)<br />

Poussée 95 10<br />

Obstacle 93 15<br />

Évacuation incomplète 98 39<br />

est autrement pour l’évolution de la<br />

dyschésie et de la continence.<br />

La guérison très fréquente de la dyschésie,<br />

constatée dans 83 à 100 % des cas<br />

suite à l’intervention de Delorme (3,<br />

8, 13-16), et, dans 51 % des cas, après<br />

intervention d’Altemeier (7) pour <strong>prolapsus</strong><br />

<strong>extériorisé</strong>, les distingue nettement<br />

de la chirurgie de fixation <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> haute. Cette dernière entraîne<br />

souvent dyschésie et constipation en<br />

dépit d’une limitation de l’éten<strong>du</strong>e de<br />

la dissection et de l’association à une<br />

résection colique.<br />

Inversement, l’évolution de l’incontinence<br />

après chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong><br />

serait moins souvent favorable qu’après<br />

rectopexie. Néanmoins, elle est globalement<br />

améliorée dans 31 à 76 % des<br />

cas après l’intervention de Delorme<br />

(3, 8, 10, 16-20) et dans 38 à 90 % des<br />

cas après l’intervention d’Altemeier (7,<br />

21). Après Altemeier, elle serait moins<br />

bien corrigée en l’absence de réservoir<br />

colique (0 guérison versus 6 guérisons<br />

sur 6 si un réservoir est construit)<br />

(11), et aussi en cas de neuropathie<br />

(22). Surtout, il faut noter la peu fréquente,<br />

mais possible aggravation<br />

D o ssie r th m ati q ue<br />

rapportée dans 3 à<br />

6 % des cas après<br />

Delorme (8, 10, 19) et<br />

dans 2 à 7 % des cas<br />

après Altemeier (7, 21).<br />

Cette complication est<br />

expliquée <strong>par</strong> la dis<strong>par</strong>ition<br />

<strong>du</strong> réservoir<br />

<strong>rectal</strong>, trait commun<br />

aux deux techniques.<br />

Après intervention de Delorme, on<br />

constate l’absence de modification de<br />

la pression de repos et en contraction<br />

<strong>du</strong> sphincter anal, mais le volume de<br />

première sensation, le volume maximal<br />

tolérable et la compliance <strong>du</strong> rectum<br />

sont diminués dans une série<br />

ouverte et dans deux séries com<strong>par</strong>ées<br />

à la rectopexie (16, 23, 24). De meilleurs<br />

résultats sur la continence (90 versus<br />

50 % d’amélioration) et la récidive<br />

sont notés si une myorraphie des releveurs<br />

est associée à l’intervention<br />

d’Altemeier dans une série de<br />

29 malades (21). Les mêmes résultats<br />

sont notés si un réservoir <strong>rectal</strong> est<br />

associé à l’intervention d’Altemeier,<br />

sans ap<strong>par</strong>ition de constipation postopératoire<br />

dans une série 14 malades<br />

com<strong>par</strong>ant deux cohortes (11).<br />

Études com<strong>par</strong>atives<br />

versus <strong>voie</strong> abdominale<br />

Deux petites études ouvertes de cohorte<br />

com<strong>par</strong>ent l’intervention de Delorme à<br />

la rectopexie plus sigmoïdectomie <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> abdominale. La première (17 malades)<br />

retrouve une tendance à l’amélioration<br />

de la pression anale de repos<br />

et de la compliance <strong>rectal</strong>e après rectopexie,<br />

alors que ces valeurs baissent<br />

après Delorme, sans différence clinique<br />

entre les deux interventions (24). En<br />

revanche, le volume de première sensation,<br />

la capacité et la compliance <strong>rectal</strong>es<br />

étaient diminués après intervention<br />

de Delorme. Dans cette étude,<br />

l’amélioration des troubles de la continence<br />

n’était pas observée après intervention<br />

de Delorme (0 sur 10 versus<br />

6 sur 15) ; de plus l’incontinence<br />

fécale, rapportée après l’intervention<br />

chez des malades qui ne l’étaient pas<br />

avant, était significativement plus fréquente<br />

après intervention de Delorme<br />

(7 sur 10 versus 3 sur 20) (23). Après<br />

rectopexie, 4 malades sur 30 devinrent<br />

constipés ou dyschésiques, mais aucun<br />

après Delorme (23).<br />

Deux études ouvertes de cohorte com<strong>par</strong>ant<br />

l’intervention d’Altemeier à la<br />

rectopexie montrent une récidive plus<br />

fréquente après Altemeier (16 % dans<br />

les deux séries versus 0 et 5 %), une<br />

incontinence corrigée dans plus de la<br />

moitié des cas <strong>par</strong> les deux techniques<br />

et une constipation plus souvent améliorée<br />

<strong>par</strong> l’intervention d’Altemeier<br />

(61 versus 43 %) sans que la différence<br />

soit significative (1, 2).<br />

Une étude randomisée com<strong>par</strong>ant<br />

l’intervention d’Altemeier associée à<br />

une myorraphie des releveurs à une<br />

rectopexie associée à une résection<br />

sigmoïdienne et une myorraphie sur<br />

un effectif de 20 malades n’apporte<br />

pas de conclusion significative sur les<br />

résultats cliniques, mais confirme l’alté-<br />

Tableau V. Étude randomisée com<strong>par</strong>ant l’intervention d’Altemeier associée à une myorraphie des releveurs à une rectopexie associée à une<br />

résection sigmoïdienne et une myorraphie, avec un suivi moyen de 17 mois (25).<br />

Altemeier + myorraphie Rectopexie + résection + myorraphie<br />

n 10 10<br />

Récidives 1 0<br />

Incontinence améliorée 8 9<br />

Pression de repos et contraction volontaire Diminuées Augmentées<br />

Compliance <strong>rectal</strong>e Supérieure<br />

Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003 107


ation des pressions de repos et en<br />

contraction et de la compliance après<br />

Altemeier (25).<br />

Altemeier versus Delorme<br />

Malheureusement, nous ne disposons<br />

que d’une seule étude com<strong>par</strong>ant ces<br />

deux techniques et encore s’agit-il d’une<br />

étude de cohortes com<strong>par</strong>ant un petit<br />

nombre d’interventions de Delorme à<br />

deux groupes ayant subi une intervention<br />

d’Altemeier avec ou sans myorraphie<br />

des releveurs (12). L’étude statistique<br />

est impossible, compte tenu<br />

<strong>du</strong> petit effectif <strong>du</strong> groupe Delorme<br />

(respectivement 8, 32 et 21 malades).<br />

Néanmoins, les résultats semblent en<br />

défaveur <strong>du</strong> Delorme : succès 62 %<br />

versus 87 à 95 %, et moindre amélioration<br />

<strong>du</strong> score d’incontinence.<br />

QUAND ET POURQUOI<br />

LES CHOISIR PAR RAPPORT<br />

À LA VOIE HAUTE ?<br />

D o ssie r th m ati q ue<br />

Tableau VI. Étude com<strong>par</strong>ant trois cohortes de malades traités <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> selon des techniques différentes avec un suivi moyen de 25 mois (12).<br />

La contre-indication à la chirurgie <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> abdominale chez un malade fragile<br />

est sûrement la moins bonne indication<br />

à la <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> en termes de récidive.<br />

Dans ce cas de figure, il n’est pas<br />

certain que les variantes alourdies des<br />

techniques <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> remplissent<br />

alors l’objectif de la moindre morbidité.<br />

Le risque élevé de devoir, quelques<br />

mois ou années plus tard, discuter une<br />

nouvelle intervention devrait faire préférer<br />

d’emblée l’intervention ayant le<br />

plus de chances d’être définitive. Heureusement,<br />

les progrès accomplis <strong>par</strong><br />

l’anesthésie ont fait diminuer cette<br />

mauvaise indication à la <strong>voie</strong> <strong>basse</strong>.<br />

Les meilleurs résultats sont obtenus<br />

après sélection des malades sur des<br />

critères anatomiques et fonctionnels,<br />

relativement bien décrits pour l’intervention<br />

de Delorme (<strong>prolapsus</strong> <strong>du</strong> bas<br />

rectum, sans entérocèle, sans périnée<br />

descendant en poussée > 9 cm, absence<br />

de diarrhée chronique et/ou d’incontinence),<br />

encore à définir pour celle<br />

d’Altemeier. Si les conditions anatomiques<br />

et fonctionnelles idéales sont<br />

réunies, la moindre morbidité de la <strong>voie</strong><br />

<strong>basse</strong> et ses grandes chances de succès<br />

la feront préférer chez les sujets fragiles<br />

mais aussi chez des sujets jeunes<br />

sélectionnés. Une autre bonne indication<br />

à la <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> est la présence d’une<br />

constipation ou d’une dyschésie, ou<br />

bien le refus de voir ap<strong>par</strong>aître ce type<br />

de complication en post-opératoire. Une<br />

autre pathologie proctologique pourra<br />

être traitée dans le même temps <strong>par</strong><br />

<strong>voie</strong> <strong>basse</strong>, les hémorroïdes surtout.<br />

L’existence d’un <strong>prolapsus</strong> au niveau<br />

d’une autre filière pelvienne est souvent<br />

le témoin d’une fragilité diffuse et fait<br />

supposer une mauvaise indication à la<br />

<strong>voie</strong> <strong>basse</strong>, d’autant plus qu’un abord<br />

<strong>par</strong> <strong>voie</strong> abdominale permettra de corriger<br />

l’ensemble des anomalies dans<br />

le même temps.<br />

CONCLUSION<br />

Altemeier Altemeier<br />

Delorme (n = 8) sans myorraphie avec myorraphie<br />

(n = 32) (n = 21)<br />

Succès 62 % 87 % 95 %<br />

Score d’incontinence anale pré/postopératoire 16/11 16/7 16/5<br />

Les atouts <strong>du</strong> traitement <strong>chirurgical</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>prolapsus</strong> <strong>rectal</strong> <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong><br />

sont sa moindre morbidité immédiate,<br />

la guérison fréquente de la dyschésie<br />

et l’absence de risque d’ap<strong>par</strong>ition<br />

d’une constipation. Le premier argument<br />

a de moins en moins de poids,<br />

108<br />

compte tenu des progrès de l’anesthésie.<br />

En revanche, la chirurgie <strong>par</strong> <strong>voie</strong><br />

abdominale n’a pas encore résolu sa<br />

mauvaise gestion de la constipation et<br />

de la dyschésie. C’est sur ce point que<br />

les techniques <strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> conservent<br />

leur avantage majeur.<br />

Il ne faut pas oublier que le risque de<br />

récidive est plus important après chirurgie<br />

<strong>par</strong> <strong>voie</strong> <strong>basse</strong> qu’après rectopexie.<br />

Cela peut être amélioré <strong>par</strong> une sélection<br />

des malades sur des critères anatomiques<br />

et fonctionnels bien définis<br />

pour le Delorme. Reste le risque faible,<br />

mais réel, d’aggravation d’une incontinence<br />

pouvant faire proposer un bilan<br />

préopératoire de la fonction sphinctérienne<br />

pour affiner la sélection des<br />

malades. ■<br />

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Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003


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Reappraisal of Delorme’s proce<strong>du</strong>re for <strong>rectal</strong> prolapse.<br />

Dis Colon Rectum 1985 ; 28 : 721-4.<br />

Proctologie : Nouveau<br />

Proctologie au féminin, ouvrage édité <strong>par</strong> les Laboratoires<br />

Martin-Johnson & Johnson –MSD vient de<br />

<strong>par</strong>aître.<br />

Jean Denis et Agnès Sénéjoux, auteurs de ce petit<br />

livre ont eu pour but, dans cet ouvrage, d’essayer<br />

d’apporter une vision concise mais précise des principales<br />

maladies proctologiques dont le retentissement<br />

physique et psychologique peut être important<br />

notamment chez la femme.<br />

Les auteurs nous indiquent que même si la prévalence<br />

exacte n’est pas connue, les affections proctologiques<br />

sont fréquentes et touchent les deux sexes <strong>par</strong>fois<br />

de façon inégale : égalité pour la maladie hémorroïdaire,<br />

prépondérance masculine pour les fistules<br />

anales, incontinence fécale plus fréquente chez la<br />

femme. Si la symptomatologie est identique pour<br />

chaque maladie, la spécificité féminine imprime sa<br />

marque. Souvent la sage femme, le gynécologue,<br />

l’obstétricien, se trouvent confrontés à une pathologie<br />

certes banale mais qui ne leur a pas été forcément<br />

enseignée et qui peut les dérouter. Le diagnostic<br />

“hémorroïdes” <strong>par</strong>fois posé un peu vite peut<br />

masquer bien d’autres affections et que tout signe<br />

proctologique doit amener à un examen.<br />

15. Villet R, Buzelin JM, Lazorthes F. Les troubles<br />

de la statique <strong>rectal</strong>e. In : Les troubles de la statique<br />

pelvi-périnéale de la femme. Paris : Vigot, 1995 ;<br />

141-71.<br />

16. Plusa SM, Charig JA, Balaji V et al.<br />

Physiological changes after Delorme’s proce<strong>du</strong>re<br />

for full-thickness <strong>rectal</strong> prolapse. Br J Surg 1995 ;<br />

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18. Tobin SA, Scott IHK. Delorme operation for <strong>rectal</strong><br />

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19. Oliver GC, Vachon D, Eisenstat TE et al.<br />

Delorme’s proce<strong>du</strong>re for complete <strong>rectal</strong> prolapse in<br />

severely debilitated patients. Dis Colon Rectum<br />

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20. Senapati A, Nicholls RJ, Thomson JPS, Phillips<br />

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21. Williams JG, Wong WD, Jensen LJ et al. Incontinence<br />

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study. Dis Colon Rectum 1991 ; 34 : 209-16.<br />

Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003 109<br />

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Abdominal resection rectopexy versus Delorme’s<br />

proce<strong>du</strong>re for <strong>rectal</strong> prolapse : a predictable outcome.<br />

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rectopexy versus Delorme’s proce<strong>du</strong>re for <strong>rectal</strong> prolapse<br />

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Experience with the one-stage perineal repair of <strong>rectal</strong><br />

prolapse. Dis Colon Rectum 1983 ; 26 : 789-91.<br />

27. Finlay IG, Aitchison M. Perineal excision of the<br />

rectum for prolapse in the elderly. Br J Surg 1991 ;<br />

78 : 687-9.

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