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Les 2Rives Page 35 - Amis de l'Algérie

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P<br />

arler <strong>de</strong> femme à partir d‟une<br />

notion architecturale, artistique<br />

ou littéraire, nous interroge<br />

plus largement sur sa<br />

fonction dans le temps et<br />

l‟espace. Ce qui nous emmène à réfléchir<br />

sur une lecture et un éclairage <strong>de</strong> son rôle<br />

autour <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> l‟espace et <strong>de</strong> ses<br />

épigones : le pays, la ville, le jardin et l‟architecture,<br />

le voyage et le mythe. Définir<br />

une conception spatiale féminine dans <strong>de</strong>s<br />

disciplines aussi variées que la peinture, la<br />

littérature, l‟urbanisme, le cinéma… pose la<br />

question <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> la création, <strong>de</strong>s<br />

champs d‟investigations.<br />

La reine <strong>de</strong> Saba venue d‟un lointain<br />

royaume caravanier rend hommage au roi<br />

<strong>de</strong>s Hébreux, Salomon. La souveraine sabéenne<br />

est présente dans la Bible et son<br />

iconographie connaît un large développement<br />

du Moyen-âge au XXe siècle. Sémite<br />

ou éthiopienne, chrétienne ou arabe, elle<br />

apparaît comme la première femme<br />

d‟Orient et d‟Occi<strong>de</strong>nt. Le mythe <strong>de</strong>vient<br />

réalité à travers les représentations. L‟iconographie<br />

<strong>de</strong> la femme <strong>de</strong> l‟époque<br />

Omeyya<strong>de</strong> (661-750) s‟interprète à la lecture<br />

<strong>de</strong>s textes arabes dans les régions<br />

conquises par l‟Islam. <strong>Les</strong> « portraits <strong>de</strong><br />

femmes » dans les illustrations <strong>de</strong>s manuscrits<br />

persans présentent <strong>de</strong>s visages dissimulés,<br />

puis révélés par le purdah. Le voile<br />

comme le ri<strong>de</strong>au délimitent une surface<br />

symbolique.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l‟imaginaire <strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s<br />

représentations, il convient d‟analyser la<br />

femme créatrice, ses moyens d‟actions sur<br />

l‟environnement, ses interventions, ses appropriations<br />

et réalisations. Pour dépasser<br />

les stéréotypes d‟une femme d‟Orient cloîtrée<br />

dans le harem, il faut dépasser les limites<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>meure familiale ou du palais<br />

pour découvrir celles qui construisent et<br />

édifient. Sa domination dans l‟espace clos<br />

<strong>de</strong> la maison est bien connue : le jardin et<br />

la terrasse lui appartiennent. La fascination<br />

du «voir sans être vu» du moucharabieh<br />

conforte le stéréotype <strong>de</strong> la<br />

captive que seul le regard libère<br />

<strong>de</strong> la réclusion. Au XIXe siècle, la<br />

féminisation du terme : la moucharaby<br />

(ou mashrabiyya) conforte<br />

l‟idée d‟une architecture <strong>de</strong> la<br />

femme réduite à l‟intérieur, alors<br />

que le mon<strong>de</strong> extérieur appartient<br />

aux hommes. La réalité semble<br />

tout autre.<br />

Nombre <strong>de</strong> femmes d‟Orient, parfois<br />

venues d‟Occi<strong>de</strong>nt, sont <strong>de</strong>s<br />

bâtisseuses et ont laissé leurs<br />

noms à <strong>de</strong>s mosquées, caravansérails,<br />

hammams, quand ce n‟est<br />

pas à un quartier entier. Parfois le<br />

temps a effacé leurs noms, mais<br />

<strong>de</strong>meure l‟édifice. En 859, sous le<br />

règne <strong>de</strong>s Idrissi<strong>de</strong>s, Fatima al<br />

Fihriya fait construire à Fès, la<br />

mosquée <strong>de</strong> Karaouine et sa prestigieuse<br />

université. La liber-<br />

24<br />

un Orient <strong>de</strong> femmes Bâtisseuses<br />

té <strong>de</strong>s Ottomanes <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s biens et<br />

une fortune personnelle est à l‟origine <strong>de</strong><br />

nombreuses réalisations monumentales<br />

construites pour où par <strong>de</strong>s femmes. L‟ère<br />

<strong>de</strong>s sultanes influentes commence au XVIe<br />

siècle avec Hafsa Hatun, la mère <strong>de</strong> Soliman.<br />

L‟épouse <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, une occi<strong>de</strong>ntale<br />

la célèbre Roxelane (d‟origine russe),<br />

fait construire par Sinan, mosquée, écoles,<br />

hôpitaux et mausolées. Le quartier Haseki<br />

d‟Istanbul porte son nom. Son fils Selim se<br />

marie lui avec une vénitienne : Nur Banu.<br />

Au XIXe siècle, l‟occi<strong>de</strong>ntalisation <strong>de</strong> l‟Empire<br />

ottoman se fait par l‟irruption <strong>de</strong>s<br />

femmes dans l‟espace public. La ville est<br />

investie <strong>de</strong> leurs présences et l‟architecture<br />

<strong>de</strong>s palais du Bosphore porte la trace <strong>de</strong><br />

cette mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la société.<br />

Pour la femme d‟Occi<strong>de</strong>nt, l‟Orient est aussi<br />

une conquête qui passe par le voyage.<br />

Depuis le XVIIIe siècle, elles sont nombreuses<br />

à vouloir connaître et appréhen<strong>de</strong>r<br />

ce mon<strong>de</strong> mystérieux. Au siècle suivant,<br />

elles sont écrivains, archéologues ou plus<br />

simplement touristes, et participent à la<br />

reconnaissance d‟un Orient savant, ou plus<br />

mo<strong>de</strong>stement espace <strong>de</strong> villégiature. Mais<br />

la frontière est franchie. Au début du XXe<br />

siècle, le voyage <strong>de</strong>vient une fuite dans une<br />

Europe en guerre pour Anne-Marie<br />

Schwarzenbach. En Orient, elle célèbre<br />

son mariage « symbolique », l‟année<br />

(19<strong>35</strong>) où la Perse <strong>de</strong>vient officiellement<br />

l‟Iran. Ses ouvrages (La mort en Perse,<br />

Orient exils, Visions d‟Afghanistan …) sont<br />

les témoignages <strong>de</strong> son errance intérieure.<br />

Le regard et l‟écrit redéfinissent un Orient<br />

<strong>de</strong>s femmes à travers le voile <strong>de</strong> l‟Occi<strong>de</strong>nt.<br />

Aïcha Dib ou Zaha Hadid, aujourd‟hui, la<br />

femme d‟Orient est architecte, elle réinvente<br />

la tradition, sculpte la matière, réalise<br />

<strong>de</strong>s constructions et édifie <strong>de</strong>s villes.<br />

T.H.<br />

La reine <strong>de</strong> Saba<br />

L<br />

a reine <strong>de</strong> Saba, en arabe malikat<br />

Sabaʾa, est un personnage<br />

que l'on retrouve dans<br />

plusieurs récits et qui aurait<br />

régné sur le royaume <strong>de</strong> Saba,<br />

situé aux environs du Yémen<br />

et <strong>de</strong> l'Éthiopie.<br />

Décrite comme une femme sublime, et<br />

considérée comme un personnage d'une<br />

profon<strong>de</strong> sagesse et d'une haute intelligence<br />

par certains, et comme une magicienne<br />

tentatrice par d'autres, la reine <strong>de</strong><br />

Saba suscite toujours l‟intérêt, tout du<br />

moins la curiosité.<br />

Différents prénoms lui sont attribués selon<br />

les sources. Ainsi, les traditions éthiopiennes<br />

l'appelleraient Makéda, celles du<br />

Yémen Balqama, et celles <strong>de</strong> l'islam<br />

Balqis ou Bilqis, du grec ancien pallax,<br />

pallakis : concubine. Par ailleurs son nom<br />

est une translittération <strong>de</strong> l'hébreu dont<br />

l'orthographe peut varier fortement. Dans<br />

la Bible traduite par Louis Segond, on lit<br />

ainsi Seba et non Saba. Dans le Nouveau<br />

Testament, l'Évangile selon Luc l'évoque<br />

et l'appelle «Reine <strong>de</strong> Midi». Dans le Coran<br />

elle apparait dans la sourate 27 et on<br />

apprend dans un hadith, c'est-à-dire à<br />

travers les propos du prophète <strong>de</strong> l'islam<br />

Mahomet, qu'elle s'appelle Balqis. Certains<br />

la dénomment également Cassiopée,<br />

l'associant à la reine éthiopienne du<br />

même nom dans la mythologie grecque.<br />

D'autres récits divers se sont ensuite<br />

amalgamés.<br />

Sa rencontre avec Salomon a marqué les<br />

esprits et perdure dans les récits historiques.<br />

Cette rencontre entre <strong>de</strong>ux<br />

mon<strong>de</strong>s différents a donné lieu à <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s<br />

avec évi<strong>de</strong>mment une histoire<br />

d‟amour entre Salomon et la reine. On<br />

parla même d‟une visite au roi Salomon<br />

dont la reine a entendu vanter la sagesse.<br />

L‟épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la reine <strong>de</strong> Saba, se situait<br />

autour du 10ème siècle av JC, le règne <strong>de</strong><br />

Salomon fut une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> paix et le roi<br />

noua <strong>de</strong>s relations<br />

avec ces voisins, dont<br />

le Yémen d‟où vint la<br />

riche caravane <strong>de</strong> la<br />

reine. La reine avait<br />

apporté au roi une<br />

abondance d‟aromates<br />

telle qu‟il n‟en<br />

vint plus jamais <strong>de</strong><br />

pareille, quant au roi,<br />

il offrit à la reine tout<br />

ce dont elle manifesta<br />

l‟envie, en plus <strong>de</strong>s<br />

ca<strong>de</strong>aux qu‟il lui fit<br />

avec munificence<br />

digne d‟un roi.

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