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La musique folklorique polonaise dans la musique savante

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LESNIK Marie<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> <strong>folklorique</strong> <strong>polonaise</strong><br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>savante</strong><br />

semestre 1, session 1<br />

2007-2008<br />

M. Desjacques<br />

Ethnomusicologie


SOMMAIRE<br />

Introduction ………………………………………………………………...……… p. 3<br />

I - <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong><br />

A - Définition……..………………………………………………..……….. p. 4<br />

B - <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> traitée par Frédéric Chopin …………….....……….…….... p. 8<br />

1. Biographie<br />

2. Les éléments popu<strong>la</strong>ires de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> chez Chopin ………………... p. 8<br />

C - <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> de Szymanowski ……………………………...………….. p. 16<br />

1. Biographie<br />

2. Comment Szymanowski s’inspire de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> popu<strong>la</strong>ire ……….... p. 19<br />

II - L’oberek<br />

A – Définition ……………………………………………………………… p. 23<br />

B - L’oberek <strong>dans</strong> l’œuvre de Szymanowski ………………………………. p. 25<br />

III – Le mazur ou <strong>la</strong> mazurka<br />

A – Définition ……………………………………………………………… p. 30<br />

B - Les mazurkas de Chopin ……………………………………………….. p. 32<br />

C - Autres exemples de mélodies popu<strong>la</strong>ires transcrites …………………... p. 37<br />

Conclusion …………………………………………………………………………. p. 44<br />

2


Comme nous le savons, <strong>la</strong> <strong>musique</strong> eut d’abord un caractère religieux. Celle-ci servait au<br />

culte. Elle n’était d’ailleurs pas considérée comme « <strong>musique</strong> » - comme on l’entend maintenant -<br />

mais plutôt comme objet de culte servant à lier l’Homme à Dieu comme une prière. Aussi, <strong>la</strong><br />

dimension musicale des chants grégoriens n’est toujours pas reconnue par les puristes de ce genre.<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> popu<strong>la</strong>ire a comme point commun avec ces pratiques religieuses qu’elle est transmise<br />

oralement à <strong>la</strong> différence de <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>savante</strong> qui nécessite une réflexion préa<strong>la</strong>ble et qui est plus<br />

complexe par ses règles académiques. On observe que depuis les prémices de <strong>la</strong> <strong>musique</strong> écrite, <strong>la</strong><br />

<strong>musique</strong> popu<strong>la</strong>ire y a toujours été plus ou moins intégrée. En effet, <strong>la</strong> <strong>musique</strong> popu<strong>la</strong>ire inspire les<br />

compositeurs depuis l'époque de <strong>la</strong> Renaissance. Que les compositeurs en soient originaires, qu’ils<br />

le visitent, ou qu’ils le traversent pour fuir une guerre ou un régime politique sévère, ils finissent<br />

souvent par évoquer un pays et son folklore <strong>dans</strong> leurs œuvres. Encore maintenant, <strong>dans</strong> les<br />

compositions les plus contemporaines, on peut trouver des références à <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>folklorique</strong>.<br />

Grâce à quelques connaissances en matière de folklore polonais et les quelques ouvrages qui<br />

concernent ce sujet, nous allons découvrir que celui-ci est présent <strong>dans</strong> certaines compositions<br />

<strong>savante</strong>s et qu’il arrive que le compositeur soit tellement attaché à celui-ci qu’il ne le modifie<br />

presque plus et <strong>la</strong>isse son œuvre à <strong>la</strong> limite du genre popu<strong>la</strong>ire. Pour ce<strong>la</strong>, nous aborderons d’abord<br />

le genre de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> <strong>dans</strong> sa version <strong>folklorique</strong> pour comprendre comment Chopin puis<br />

Szymanowski s'en servent <strong>dans</strong> leurs œuvres respectives. Nous verrons alors comment d'une forme<br />

popu<strong>la</strong>ire nous pouvons créer une œuvre <strong>savante</strong>. Nous continuerons à parcourir l’œuvre<br />

Szymanowski pour étudier l’Oberek, une <strong>dans</strong>e typique de <strong>la</strong> Pologne que nous étudierons comme<br />

<strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>. Enfin, nous analyserons une mazurka de Chopin et verrons ô combien le folklore<br />

polonais l'a inspiré pour écrire sa pièce.<br />

3


I - <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong><br />

A - Définition<br />

<strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> est <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e <strong>la</strong> plus ancienne de Pologne. Les paysans qui <strong>la</strong> <strong>dans</strong>aient faisaient<br />

d'elle une <strong>dans</strong>e pleine de fierté et de distinction. Elle s'est d'abord développée <strong>dans</strong> les campagnes<br />

de <strong>la</strong> région de Mazovie (Mazowsze)<br />

Henri III de France, élu roi de Pologne en 1573, fit de cette <strong>dans</strong>e popu<strong>la</strong>ire une <strong>dans</strong>e noble<br />

nationale et <strong>la</strong> nomma alors "Polonaise". C'est donc pour ce<strong>la</strong> que son nom a été francisé. En<br />

polonais cette <strong>dans</strong>e se dit "Polonez". Dans sa forme popu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> a ce caractère de <strong>dans</strong>e<br />

marchée, ou mieux glissée. Au début du XIX ème siècle, elle prend <strong>la</strong> forme d’une marche virile. Elle<br />

devient <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e de <strong>la</strong> noblesse, une procession au rythme grave et majestueux. C'est en effet à<br />

l'époque napoléonienne qu'on <strong>la</strong> trouve <strong>dans</strong>ée <strong>dans</strong> les salons par les ulhans (soldats de l'armée<br />

prussienne) en photo ci-dessous. Depuis ce temps, les groupes de folklore polonais ont adopté ce<br />

costume pour représenter <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>.<br />

Liszt explique que « cette <strong>dans</strong>e était destinée à faire surtout remarquer les hommes, à mettre en<br />

évidence et à faire admirer leur beauté, leur bel air, leur contenance martiale et courtoise. C’était un<br />

défilé où, si nous osions dire, <strong>la</strong> société entière faisait <strong>la</strong> roue. ». A l'époque romantique, elles<br />

représentent l'aristocratie <strong>polonaise</strong>.<br />

¤ Extrait d'une <strong>polonaise</strong> par une formation de folklore polonais (kape<strong>la</strong>) (CD piste n°1)<br />

<strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> est une <strong>dans</strong>e à trois temps, de tempo modéré et qui se caractérise par un<br />

schéma de six croches dont <strong>la</strong> deuxième est dédoublée : et se termine le plus<br />

4


souvent par le rythme . A partir du XIX ème siècle, <strong>dans</strong> les compositions <strong>savante</strong>s, <strong>la</strong><br />

<strong>polonaise</strong> traduit <strong>la</strong> résistance d’un peuple agressé et menacé. Le succès de <strong>la</strong> Polonaise au XIXème<br />

siècle est lié à <strong>la</strong> prise de conscience, en Europe, du drame polonais. C’est le cri de révolte d’une<br />

nation persécutée. <strong>La</strong> formation instrumentale que l'on entend <strong>dans</strong> cet extrait est représentative de<br />

celles utilisées généralement pour le folklore. Aux violons, trompette, c<strong>la</strong>rinette, flûte et accordéon,<br />

on peut parfois ajouter une contrebasse, quelques percussions (cymbales, tambourin…) ou<br />

instruments typiques de <strong>la</strong> région. Toutes les <strong>dans</strong>es nationales <strong>polonaise</strong>s ont, outre leur version<br />

<strong>dans</strong>e de salon, développé une variante pour <strong>la</strong> scène. Aujourd’hui, les <strong>dans</strong>es nationales se <strong>dans</strong>ent<br />

surtout <strong>dans</strong> les groupes <strong>folklorique</strong>s et les ballets. <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> est <strong>la</strong> seule <strong>dans</strong>e nationale<br />

exécutée par les gens ordinaires. Encore aujourd’hui, les grands bals s’ouvrent sur une <strong>polonaise</strong>.<br />

Les <strong>polonaise</strong>s les plus célèbres sont anonymes et portent souvent le nom d’un héros. <strong>La</strong> Polonaise<br />

Kosciusko en est un des modèles les plus répandus. En effet, cette <strong>polonaise</strong> est écrite en l'honneur<br />

d'Andrzej Tadeusz Bonawentura Kościuszko (1746 – 1817) général et dirigeant du soulèvement de<br />

1794 contre <strong>la</strong> Russie.<br />

<strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> Kosciusko, 1792<br />

5


¤ Ecoute de <strong>la</strong> Polonaise Warszawski (CD piste n°2 / partition ci-dessous)<br />

Cette <strong>polonaise</strong> dédiée à <strong>la</strong> ville de Varsovie a été composée par Feliks Dzierżanowski (1890-1975)<br />

pour le folklore contrairement à celles de Chopin, par exemple, qui n'étaient pas destinées à <strong>la</strong><br />

<strong>dans</strong>e. Celle-ci est annoncée par le schéma rythmique caractéristique de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> :<br />

6


Autre exemple:<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> Naszej chlebnej en si b Maj (CD piste n°3 / Partition ci-dessous)<br />

7


B- <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> traitée par Frédéric Chopin<br />

1. Biographie<br />

Frédéric Chopin est né en 1810 à Ze<strong>la</strong>zowa-Wo<strong>la</strong>, près de<br />

Varsovie (<strong>dans</strong> <strong>la</strong> région de Mazovie) et mort en 1849 à Paris. Il est un<br />

grand représentant de l'écriture romantique. Il composa pratiquement que<br />

pour le piano (on peut trouver une vingtaine de mélodies sur des poèmes<br />

polonais, quatre pièces de <strong>musique</strong> de chambre mettant à l'honneur le<br />

violoncelle et sept pièces pour piano et orchestre). Le piano représentait<br />

pour Chopin le moyen d'expression musical par excellence. Ses Études,<br />

pourtant œuvres de jeunesse, sont <strong>la</strong> consécration de <strong>la</strong> révolution<br />

pianistique ébauchée par Beethoven et qu'acheva Chopin. Il étudia de<br />

manière systématique l'univers sonore du c<strong>la</strong>vier en utilisant tous ses<br />

registres. Le piano focalisa dès lors toutes les richesses orchestrales.<br />

Ainsi, les douze Études, (opus 10), dédiées à Liszt, traduisent toutes les potentialités de l'instrument,<br />

mettant en exergue ses facultés harmoniques et polyphoniques. Chopin use avec fluidité du<br />

mouvement harmonique et donne à chacune de ses œuvres une couleur qui lui était propre.<br />

Il entra au Conservatoire de Varsovie (1826-1829) où il étudia le contrepoint et l'harmonie. Il<br />

composa à cette époque ses premiers chefs-d'œuvre : Valses en <strong>la</strong> bémol majeur et en si bémol<br />

majeur, Polonaise en ré mineur, Mazurka en <strong>la</strong> mineur, Nocturne en mi mineur, Variations sur un<br />

thème de « Don Juan » de Mozart et ses deux Concertos pour piano en mi mineur et en fa mineur<br />

(1830). On remarque que Chopin s'inspire des formes que lui prodigue le folklore polonais<br />

(Mazurka, Polonaise). Sa première œuvre sera justement une <strong>polonaise</strong>, composée à l'âge de 7 ans.<br />

En 1828-1829, il effectua ses deux premiers voyages hors de Pologne, à Berlin puis à Vienne,<br />

Prague et Dresde qui lui permettront de compléter sa culture et trouver de nouvelles inspirations.<br />

Les nombreuses compositions publiées de Chopin comprennent cinquante-cinq Mazurkas, vingtsept<br />

Études, vingt-quatre Préludes, dix-neuf Nocturnes, treize Polonaises et trois Sonates pour piano<br />

ainsi que ses deux Concertos pour piano en mi mineur et en fa mineur.<br />

Chopin, par sa touche personnelle, donnera à ses <strong>polonaise</strong>s un sens patriotique. Il ne fut pas le<br />

premier à faire de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> un genre de <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>savante</strong>. En effet, Oginski, Kurpinski,<br />

Meyseder ou encore Elsner s’y sont essayé avant lui. Le genre est plutôt « naïf et mé<strong>la</strong>ncolique »<br />

dira Oginski ou « sémil<strong>la</strong>nt » (Meyseder).<br />

2. Les éléments popu<strong>la</strong>ires de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> <strong>dans</strong> l'œuvre de Chopin<br />

Nous restons tentés de considérer Chopin comme un musicien "nationaliste". <strong>La</strong> seule<br />

réponse à cette interrogation est de considérer le caractère rare de son œuvre : le folklore et les<br />

thèmes utilisés <strong>dans</strong> sa <strong>musique</strong>, lorsqu’ils le sont, proviennent d’une source d’inspiration<br />

supérieure, Chopin n’insiste jamais, il suggère les thèmes <strong>folklorique</strong>s.<br />

Pour comprendre comment Chopin peut qualifier ses œuvres de "<strong>polonaise</strong>s", nous allons comparer<br />

sa Polonaise en <strong>La</strong> Majeur, opus 40 n°1, intitulée "<strong>polonaise</strong> militaire" avec les <strong>polonaise</strong>s Naszej<br />

chlebnej et Warszawski entendues auparavant.<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> Polonaise en <strong>La</strong> Majeur, opus 40 n°1, intitulée "<strong>polonaise</strong> militaire" de F.<br />

Chopin (CD piste n°4 / Partition pages 12 à 15)<br />

Cette <strong>polonaise</strong> se construit sur une opposition de deux thèmes avec un retour au thème initial à <strong>la</strong><br />

fin (forme lied) comme <strong>la</strong> Polonaise Warszawski.<br />

8


• <strong>La</strong> 1 ère partie: Elle correspond à <strong>la</strong> première page (mesures 1 à 24)<br />

- Thème A: On le trouve des mesures 1 à 8 en <strong>La</strong> Majeur. Il est à trois temps sur un tempo<br />

allegro con brio et une nuance al<strong>la</strong>nt du forte au fortissimo. Ce thème n'est pas une mélodie<br />

accompagnée mais une série d'accords martelés sur le rythme de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>. En effet, Chopin ne<br />

nous fait pas attendre; dès <strong>la</strong> première mesure nous découvrons ce rythme caractéristique. Même s'il<br />

n'est pas joué exactement sous cette forme: , nous le devinons grâce à <strong>la</strong> deuxième<br />

croche qui est dédoublée (voir mes. 1).<br />

Ce thème est construit en trois propositions, comme une marche dont <strong>la</strong> dernière (ff), plus longue<br />

que les précédentes, nous mènerait jusqu'à <strong>la</strong> mesure 8. Cette dernière mesure du thème nous<br />

rappelle également le caractère popu<strong>la</strong>ire de cette œuvre. Nous ne trouvons pas mais<br />

tout de même un accent sur le deuxième temps grâce au jeu de pédale du piano et le demi-soupir qui<br />

conclue <strong>la</strong> mesure.<br />

Remarquons aussi que Chopin utilise le rythme de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> à <strong>la</strong> mesure 5 mais qu'au lieu de<br />

doubler <strong>la</strong> deuxième croche, il <strong>la</strong> triple.<br />

Ce premier thème, véritable ascension tant au niveau de l'ambitus que de l'harmonie reflète ce<br />

sentiment de fierté et de patriotisme que l'on retrouve chez les paysans chez qui cette <strong>dans</strong>e s'est<br />

développée.<br />

- Thème A': Il se situe des mesures 9 à 16. C'est une excroissance du thème A. Il lui<br />

ressemble par son rythme (celui de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>). A <strong>la</strong> mesure 11, il est exploité pour <strong>la</strong> première<br />

fois <strong>dans</strong> sa forme <strong>la</strong> plus simple aux deux mains. Comme le thème A, il s'intensifie<br />

au bout de quatre mesures pour retourner au thème principal.<br />

-Thème A : le retour de ce thème se fait donc à <strong>la</strong> mesure 17. Il est réexposé à l'identique.<br />

Ce<strong>la</strong> peut donc se rapprocher de <strong>la</strong> forme <strong>folklorique</strong> qui utilise beaucoup les reprises. Nous<br />

pouvons affirmer que cette première partie à elle seule pourrait s'appeler "polonez" car elle constitue<br />

une sorte de forme lied que nous pouvons comparer à <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> Warszawski. En effet, cette<br />

<strong>polonaise</strong> popu<strong>la</strong>ire conserve une forme lied (ABA') comme nous pouvons le voir sur <strong>la</strong> partition.<br />

Schéma de <strong>la</strong> première partie: AA - A'A- A'A<br />

9


• <strong>La</strong> 2 ème partie: Elle s'étend des mesures 25 à 64.<br />

- Thème B: Il se trouve des mesures 25 à 40. Chopin ne module pas sur un ton mineur. Il<br />

module en Ré Majeur pour garder toute <strong>la</strong> vigueur de son discours. <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> est une <strong>dans</strong>e<br />

vivante, à fière allure. Contrairement au premier thème, il s'agit ici d'une mélodie à <strong>la</strong> main droite<br />

accompagnée par des accords sur le rythme de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> à <strong>la</strong> main gauche. C'est véritablement <strong>la</strong><br />

première fois que le rythme est identifiable à l'écoute. Mesure 33, comme à <strong>la</strong> mesure 5, le thème<br />

est amplifié, ici triple forte et à l'octave pour exprimer encore <strong>la</strong> fierté. On imagine les ulhans <strong>dans</strong>er<br />

ce thème <strong>la</strong> tête haute. Il est très solennel. N'oublions pas que cette <strong>polonaise</strong> a été sous-titrée<br />

"<strong>polonaise</strong> militaire" et que par conséquent, Chopin devait penser à ces soldats et autres aristocrates<br />

quand il a écrit cette œuvre.<br />

- Elément de transition : Ce pont se situe des mesures 41 à 48. Tels deux groupes qui<br />

s'affrontent, main gauche et main droite se répondent. Le motif en trilles est le seul élément<br />

perturbateur de cette <strong>polonaise</strong>. Iil s'oppose au sentiment de ferveur et de patriotisme qu'incarnent<br />

les croches à <strong>la</strong> main droite. Il nous ramène au retour triomphant du thème B<br />

-Thème B: il est réexposé comme <strong>la</strong> première fois. Observons que lui aussi se termine par un<br />

accent sur le second temps, élément typique de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> popu<strong>la</strong>ire.<br />

Schéma de <strong>la</strong> deuxième partie: BB- CB-CB. Donc à elle seule <strong>la</strong> deuxième partie adopte une forme<br />

proche de celle de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> Warszawski.<br />

10


• <strong>La</strong> 3 ème partie: Des mesures 65 à <strong>la</strong> fin.<br />

- Mesure 65, le thème A refait son apparition en <strong>La</strong> Majeur suivi de A'(mesure 73) et de A<br />

(mesure 81).<br />

<strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> se termine enfin sur un rythme enlevé qui correspond pratiquement à celui utilisé<br />

généralement <strong>dans</strong> le folklore ( ) avec cette fois l'accent sur le deuxième temps non<br />

seulement exécuté par le jeu de pédale du piano mais notons que Chopin l'a inscrit:<br />

Pour conclure sur cette <strong>polonaise</strong> de Chopin, nous pouvons dire qu'elle s'apparente à l'écriture de <strong>la</strong><br />

<strong>polonaise</strong> <strong>folklorique</strong>:<br />

- Elle utilise <strong>la</strong> même forme que <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> Warszawski, à l'exception que celle-ci utilise<br />

l'introduction pour amener le chant. De plus, elle est assez courte: seulement quatre-vingts mesures.<br />

Pour une œuvre romantique on aurait pu s'attendre à plus mais Chopin tient à ne pas allonger <strong>la</strong><br />

forme pour rester le plus fidèle au folklore tout en dramatisant le discours musical pour l'adapter au<br />

<strong>la</strong>ngage de son époque.<br />

- Ces trois <strong>polonaise</strong>s sont très solennelles par leur tempo et leur accent sur le premier<br />

temps de chaque mesure. En effet, si l'on regarde les chorégraphies de <strong>polonaise</strong>s, on s'aperçoit que<br />

les <strong>dans</strong>eurs effectuent toujours le même mouvement : un grand pas sur le premier temps et deux<br />

petits sur les deuxièmes et troisièmes temps. Sur le deuxième temps de <strong>la</strong> dernière mesure d'un<br />

thème, les cavaliers saluent généralement leur cavalière d'où l'accentuation. Le troisième temps sert<br />

à se relever et se remettre en p<strong>la</strong>ce pour avancer. C'est pour ce<strong>la</strong> qu'il n'est pas mis en valeur. <strong>La</strong><br />

chorégraphie s'arrête sur le deuxième temps de <strong>la</strong> dernière mesure. <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> de Chopin pourrait<br />

correspondre à cette chorégraphie.<br />

- Ces trois <strong>polonaise</strong>s sont identifiables également par l'utilisation du rythme<br />

utilisé tout au long de l'œuvre de Chopin et <strong>dans</strong> l'introduction et le thème B des <strong>polonaise</strong>s Naszej<br />

chlebnej et Warszawski.<br />

- Enfin, on peut remarquer que ces trois <strong>polonaise</strong>s utilisent des tonalités très simples. En<br />

effet, l'écriture de Chopin est connue pour ses nombreuses modu<strong>la</strong>tions. Ici, le compositeur reste<br />

simple (<strong>La</strong> Majeur, et Ré Majeur pour le second thème). <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> Warszawski module en Mi<br />

mineur mais commence tout de même en Sol Majeur tandis que <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> Naszej chlebnej<br />

module au ton voisin (<strong>la</strong> premier thème est en FA Majeur et le second en Sib Majeur). Toutes ces<br />

tonalités restent donc très simples comme celles utilisées couramment <strong>dans</strong> le folklore.<br />

Mais Frédéric Chopin est loin d'être le seul compositeur polonais à avoir recours au folklore<br />

de son pays pour écrire. Nous allons découvrir que Karol Szymanowski <strong>dans</strong> un <strong>la</strong>ngage musical<br />

très différent de celui de Chopin réussit à s'inspirer du folklore et le mé<strong>la</strong>nger à un discours à <strong>la</strong><br />

limite de l'atonalité.<br />

11


C - <strong>La</strong> <strong>polonaise</strong> de Szymanowski<br />

1. Biographie<br />

Karol Szymanowski est né le 3 octobre 1882 à Tymoszowka en Ukraine où<br />

il passe toute son enfance. En 1889 il reçoit ses premières leçons de piano<br />

auprès de son père. Ensuite, il étudie à l'école de <strong>musique</strong> d’Elisavetgrad<br />

dirigée par Gustav Neuhaus. Arrivé à Varsovie, <strong>dans</strong> les années 1901-1905,<br />

il étudie l'harmonie avec Marek Zawirski et <strong>la</strong> composition avec Zygmunt<br />

Noskowski. Il fait connaissance avec Pawel Kochanski, Artur Rubinstein,<br />

Grzegorz Fitelberg, Stanis<strong>la</strong>w Ignacy Witkiewicz et Stefan Zeromski. En<br />

1905, accompagné de Witkiewicz, il fait son premier voyage en Italie. <strong>La</strong><br />

même année il fonde avec Grzegorz Fitelberg, Ludomir Rozycki et<br />

Apolinary Szeluto <strong>la</strong> Société d'Edition de Jeunes Compositeurs Polonais.<br />

Sous le mécénat de W<strong>la</strong>dys<strong>la</strong>w Lubomirski, le groupe, qui acquiert bientôt le<br />

nom de "Jeune Pologne", se propose de popu<strong>la</strong>riser les œuvres des compositeurs polonais<br />

contemporains. Entre 1914 et 1917, il voyage beaucoup, il visite <strong>la</strong> Sicile, l'Afrique du Nord, Paris<br />

et Londres mais aussi Kiev, Moscou et Saint-Petersbourg puis les Etats-Unis en compagnie d'Artur<br />

Rubinstein et de Pawel Kochanski. En 1917, lors de <strong>la</strong> Révolution d'Octobre, le compositeur est<br />

forcé de quitter pour toujours sa Tymoszowka; il déménage finalement à Varsovie en 1919. En août<br />

1922 Szymanowski va à Zakopane; c'est sa première visite après <strong>la</strong> guerre de 14. Il y retournera<br />

désormais régulièrement car à l'époque, ses préoccupations artistiques se focalisent sur <strong>la</strong> <strong>musique</strong><br />

popu<strong>la</strong>ire <strong>polonaise</strong>, surtout celle des régions de Podhalie et de Kurpie.<br />

¤ Ecoute de W murowanej piwnicy (CD piste n°5 / Partition page 17) morceau typique de <strong>la</strong><br />

région de Podhalie <strong>dans</strong> les montagnes des Tatras où se trouve <strong>la</strong> ville de Zakopane tant visitée par<br />

Szymanowski. Il s'y installera d'ailleurs en 1930.<br />

Les violonistes jouent sur de petits violons que l'on trouve exclusivement <strong>dans</strong> cette partie de <strong>la</strong><br />

Pologne (voir partition annexe).<br />

¤ Ecoute d'un chant montagnard doublé<br />

par une petite flûte en bois (CD piste n°6)<br />

16


¤ Ecoute d'un morceau typique de <strong>la</strong> région de Mazowsze où est <strong>dans</strong>é le Kurpie (CD piste<br />

n°7)<br />

Szymanowski assurera <strong>la</strong> direction du Conservatoire de Varsovie de 1927 à 1929. Puis, il remplit <strong>la</strong><br />

fonction du recteur de l'Académie de Musique à Varsovie (à présent l'Académie de Musique<br />

Fryderyk Chopin à Varsovie). En 1930 le compositeur s'installe à Zakopane. Dans les années 1933-<br />

36, Szymanowski voyage beaucoup et présente ses compositions lors des tournées de concerts en<br />

France, Belgique, Hol<strong>la</strong>nde, Grande Bretagne, Italie, Jugos<strong>la</strong>vie, Bulgaire, Allemagne, Suède,<br />

Norvège, au Danemark et en Union soviétique. En 1935, il fait <strong>la</strong> connaissance de Witold<br />

Lutos<strong>la</strong>wski; les deux plus grands compositeurs polonais du XXème siècle ne se sont rencontrés<br />

que cette fois. Cette même année, il quitte Zakopane et fait une série de cures en Suisse où il<br />

s'éteindra deux ans plus tard.<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> de Szymanowski semble jouir d'une popu<strong>la</strong>rité croissante: aux salles de concert<br />

et sur les scènes de l'opéra, ses interprétations se multiplient. Cette renaissance de l'œuvre du<br />

compositeur est due principalement à son opéra Le Roi Roger (Krol Roger), l'un des opéras polonais<br />

les plus connus, composé <strong>dans</strong> les années 1918-1924 sur le livret de Jaros<strong>la</strong>w Iwaszkiewicz. À<br />

l'époque Szymanowski a déjà derrière lui <strong>la</strong> fascination du néo-romantisme allemand, il cherche de<br />

nouvelles sources d'inspiration. Le voyage en Italie, Sicile et Afrique du Nord, entrepris en 1914,<br />

s'avère d'une importance cruciale pour son développement artistique ultérieur. De retour, le<br />

compositeur visite Paris, où il s'intéresse à <strong>la</strong> <strong>musique</strong> de Debussy et de Ravel. Les œuvres qu'il va<br />

créer seront désormais profondément marquées par l'influence de l'impressionnisme, de l'exotisme<br />

et de <strong>la</strong> culture antique: tandis que les motifs méditerranéens et orientaux enrichissent <strong>la</strong> thématique<br />

des compositions, les sonorités acquièrent un caractère impressionniste. Szymanowski simplifie <strong>la</strong><br />

facture de ses compositions, en renonçant à <strong>la</strong> polyphonie dense, pleine de motifs mélodiques<br />

entortillés, mais il ne proscrit pas pour autant <strong>la</strong> mélodie. <strong>La</strong> ligne mélodique a pour toile de fond<br />

des consonances miroitantes, caractéristiques de l'impressionnisme, qui donne <strong>la</strong> priorité à<br />

l'harmonie, mettant en relief <strong>la</strong> valeur émotive de l'œuvre. Szymanowski ne refuse pas le rôle actif à<br />

<strong>la</strong> mélodie; il le joint à l'effet harmonique, ce qui confère à son "impressionnisme" un trait<br />

individuel et différencie ses créations de celles des autres compositeurs pratiquant cette tendance.<br />

Tous ces traits pertinents du <strong>la</strong>ngage musical de Szymanowski se manifestent nettement <strong>dans</strong> son<br />

opéra.<br />

On distingue traditionnellement trois périodes créatrices <strong>dans</strong> son existence. Sa première<br />

période est marquée par le romantisme et plus particulièrement par l'empreinte de Frédéric Chopin<br />

dont il ne cessera de se revendiquer durant toute sa vie, une deuxième période courant jusqu’à <strong>la</strong><br />

révolution russe (1917), résolument éclectique et durant <strong>la</strong>quelle il entre en contact avec des<br />

compositeurs comme C<strong>la</strong>ude Debussy, Maurice Ravel et Igor Stravinski mais aussi avec le monde<br />

18


oriental et mythologique, et une dernière période enfin qui renoue avec ses propres racines, en<br />

l'occurrence <strong>la</strong> <strong>musique</strong> popu<strong>la</strong>ire <strong>polonaise</strong>.<br />

2. Comment Szymanowski s’inspire de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> popu<strong>la</strong>ire<br />

Dans toute l'Oeuvre de Szymanowski, nous pouvons nous attarder sur un recueil de quatre<br />

pièces intitulé "Quatre <strong>dans</strong>es <strong>polonaise</strong>s". Ce recueil, peu connu, comporte une suite de <strong>dans</strong>es<br />

typiques de <strong>la</strong> Pologne : une Mazurka, un Krakowiak, un Oberek et une Polonaise. Il a été composé<br />

en 1926 au même moment que son Stabat Mater qui marie à merveille des éléments de folklore<br />

polonais avec des versions stylisées de <strong>musique</strong>s religieuses traditionnelles. Comme pour <strong>la</strong><br />

<strong>polonaise</strong> de Chopin, nous allons essayer de comprendre comment Szymanowski fait appelle au<br />

folklore de son pays pour écrire sa propre <strong>polonaise</strong>.<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> Polonaise de Szymanowski, tirée du recueil Quatre <strong>dans</strong>es <strong>polonaise</strong>s écrit en<br />

1926 (CD piste n°8 / Partitions pages 20 à 22)<br />

Observons quelles caractéristiques de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> trouvées chez Chopin, Szymanowski réutilise.<br />

• <strong>La</strong> forme : Szymanowski utilise une forme très simple. En effet, nous trouvons une première<br />

partie des mesures 1 à 21, une seconde partie des mesures 22 qui s'étend jusqu'à <strong>la</strong> fin puis un retour<br />

à <strong>la</strong> première partie par un simple système de reprises jusqu'à <strong>la</strong> mesure 21. Il s'agit d'une forme lied<br />

et comme nous l'avons vu auparavant, c'est <strong>la</strong> forme qui correspond à <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>. On peut donc<br />

dire que du point de vue de <strong>la</strong> forme, Szymanowski reste fidèle au folklore.<br />

• Le tempo et les accents : Comme nous l'avons vu, Szymanowski s'est beaucoup inspiré des<br />

œuvres impressionnistes de Debussy et de l'Ecole française mais aussi – <strong>dans</strong> sa première période<br />

compositionnelle – de Frédéric Chopin. C'est pour ce<strong>la</strong> que tout au long de sa <strong>polonaise</strong>,<br />

Szymanowski utilise beaucoup d'indications de tempo, comme des rubatos pour imiter Chopin. Son<br />

tempo de départ est "moderato" ce qui est un peu plus lent qu'une <strong>polonaise</strong> popu<strong>la</strong>ire. <strong>La</strong> deuxième<br />

partie de l'œuvre comporte une indication de tempo pratiquement à chaque mesure. En ce qui<br />

concerne les accents, nous pouvons voir que les premiers temps sont <strong>la</strong>rgement accentués jusqu'à <strong>la</strong><br />

mesure 14 puis, Szymanowski abandonne le <strong>la</strong>ngage rythmique popu<strong>la</strong>ire et <strong>la</strong>isse ses inspirations<br />

impressionnistes s'exprimer accentuant tantôt le deuxième ou troisième temps. Puis, le schéma<br />

rythmique réapparaît par bribes d'une ou deux mesures (voir mesures encadrées en vert).<br />

• Le rythme : Comme Chopin, Szymanowski entame sa <strong>polonaise</strong> par le rythme qui <strong>la</strong><br />

caractérise ( ) mais il triple <strong>la</strong> deuxième croche du premier temps (voir mesure 1). Ce<br />

rythme sillonne entre <strong>la</strong> main gauche et <strong>la</strong> main droite pendant six mesures. Puis Szymanowski<br />

échange <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> croche dédoublée ou triplée et <strong>la</strong> dép<strong>la</strong>ce sur le deuxième temps (voir les<br />

mesures 12 et 14 jusque 21, en jaune). Nous retrouvons le rythme de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> dénudé au début<br />

de <strong>la</strong> seconde partie puis mesures 27 et 29, nous l'identifions très bien pour enfin le retrouver plus<br />

ou moins présent de <strong>la</strong> mesure 34 jusqu'à <strong>la</strong> fin. Contrairement à Chopin, Szymanowski n'utilise pas<br />

<strong>la</strong> formule conclusive de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> <strong>folklorique</strong> et n'accentue pas non plus le second<br />

temps.<br />

19


• Le <strong>la</strong>ngage musical : Szymanowski, l'impressionniste se fait ressentir <strong>dans</strong> cette pièce même<br />

si par le choix de l'œuvre il se tourne vers le folklore. Il n'y a pas véritablement de thème<br />

identifiable mais nous distinguons cependant deux parties; <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> deuxième étant plus proche<br />

du folklore par le rythme et l'harmonie plus dépouillée. Nous avons vu qu'à une période de sa vie<br />

Szymanowski s'est beaucoup inspiré de Chopin. Nous pouvons le remarquer en comparant <strong>la</strong><br />

mesure 19 de cette <strong>polonaise</strong> aux mesures 39 et 40 de <strong>la</strong> Polonaise en <strong>La</strong> Majeur de Chopin. On y<br />

retrouve cette montée chromatique en fin de thème. Szymanowski va jusqu'à bousculer <strong>la</strong> mesure et<br />

en faire une à quatre temps pour marquer cette ascension plein d'intensité. Nous retrouvons là le<br />

sentiment de ténacité, de ferveur du patriote polonais. Il s'agit donc du même sentiment que les<br />

paysans évoquaient en <strong>dans</strong>ant cette <strong>dans</strong>e.<br />

Chopin, mesure 39<br />

Même si à l'écoute nous nous rendons compte que cette <strong>polonaise</strong> n'est pas faite pour être <strong>dans</strong>ée,<br />

nous pouvons affirmer que Szymanowski tout comme Chopin s'est inspiré des éléments<br />

<strong>folklorique</strong>s de <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong> tant au niveau de <strong>la</strong> forme, des rythmes et parfois du <strong>la</strong>ngage pour<br />

composer sa <strong>polonaise</strong>.<br />

20


II - L’Oberek<br />

Dans le même recueil "Quatre <strong>dans</strong>es <strong>polonaise</strong>s" de Szymanowski, nous trouvons un Oberek.<br />

A – Définition<br />

L'Oberek est aussi connu sous le nom d'Obertas ou Ober et beaucoup d'autres noms qui<br />

reflètent le tempo rapide, le mouvement circu<strong>la</strong>ire et le caractère tournoyant de <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e. On trouve<br />

les premières traces d'Oberek en 1679. C'est <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e <strong>la</strong> plus enjouée et acrobatique des cinq <strong>dans</strong>es<br />

nationales (avec <strong>la</strong> Polonaise, le Mazur, le Kujawiak et le Krakowiak). Il est né <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région de<br />

Mazowsze telle <strong>la</strong> <strong>polonaise</strong>.<br />

Le nom Oberek est tiré du verbe obracac siê (se tourner) : le mouvement principal de <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e est<br />

rotatif : les <strong>dans</strong>eurs tournoient autour de <strong>la</strong> scène. L'Oberek appartient au groupe de <strong>dans</strong>es qui<br />

présentent les rythmes de Mazurka c'est-à-dire le Mazur (tempo modéré), le Kujawiak (le plus lent)<br />

et l' Oberek (<strong>la</strong> <strong>dans</strong>e <strong>la</strong> plus rapide de ce groupe). Ces trois <strong>dans</strong>es sont d'origine paysanne mais ont<br />

gagné les salons nobles et subi des changements considérables (surtout le Mazur). Souvent l'Oberek<br />

est précédé d'une <strong>dans</strong>e plus lente nommée Chodzony qui était exécutée par les anciens (il deviendra<br />

<strong>la</strong> Polonaise). Ada Dziewanowska décrit l'Oberek comme une <strong>dans</strong>e nationale car "non seulement<br />

c'est une <strong>dans</strong>e commune à tout le pays, mais aussi parce qu'il est <strong>dans</strong>é par toutes les strates<br />

sociales." Pratiquement toutes régions le <strong>dans</strong>ent, c'est pour ce<strong>la</strong> qu'il y a autant de déclinaisons de<br />

cette <strong>dans</strong>e. Chaque région l'agrémente de son propre style tant au niveau des costumes que de <strong>la</strong><br />

<strong>musique</strong>. En effet, on trouvera un appui tantôt sur le premier ou le troisième temps (plus courant).<br />

Pour <strong>la</strong> chorégraphie ce<strong>la</strong> correspond soit à un grand pas et de petits très serrés soit à deux petits pas<br />

et un grand tout en tournant sur soi-même ou en couple.<br />

Costume de <strong>la</strong> région de Mazovie Costume de l'Oberek le plus utilisé par<br />

où s'est développé l'Oberek les groupes <strong>folklorique</strong>s de nos jours<br />

23


¤ Ecoute d'un Chodzony suivi d'un Oberek (CD piste n°9, début de <strong>la</strong> piste)<br />

Chodzony<br />

Oberek<br />

¤ Ecoute d'un Oberek entrecoupé d'un Kujawiak (CD piste n°10)<br />

Cet extrait est très vivant. Il est composé d'une plus grande kape<strong>la</strong> que l'enregistrement<br />

précédent. Grâce à cet extrait nous comprenons le caractère enjoué de l'Oberek face ici au<br />

Kujawiak. L'Oberek est donc une <strong>dans</strong>e joyeuse, exubérante et bruyante (cris des filles et jeux des<br />

vents).<br />

Les musiciens répondent à <strong>la</strong> phrase initialement chantée par un soliste qui "leur demande" de jouer,<br />

en se moquant par moments de leurs adresses et en se moquant de leur pauvreté, ou encore en<br />

taquinant d'autres <strong>dans</strong>eurs. Une caractéristique remarquable de l' Oberek est <strong>la</strong> présence de syl<strong>la</strong>bes<br />

dénuées de sens et d'expression, qui peuvent imiter le son des instruments, exprimer <strong>la</strong> vigueur et le<br />

p<strong>la</strong>isir des <strong>dans</strong>eurs et avoir d'autres fonctions. Les plus popu<strong>la</strong>ires de ces exc<strong>la</strong>mations sont : oj<br />

dana, dana, ou uch, ucha-cha, ou oj dzi, dzi. <strong>La</strong> dernière expression serait l'imitation d'un<br />

instrument de percussion.<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> piste n°7 à 7'20 (remarquons les cris) Cet extrait est précédé d'un Kujawiak<br />

à 6'05.<br />

24


En raison du tempo très rapide, le tempo rubato n'est presque jamais utilisé. Dans l'Oberek<br />

instrumental les valeurs les plus longues de <strong>la</strong> mélodie sont remplies par l'accompagnement en<br />

croches ou doubles croches souvent en arpèges. Le violoniste met sa virtuosité en valeur en<br />

réinventant toujours de nouvelles variantes de <strong>la</strong> mélodie. Le tempo est régulier, ou augmente<br />

progressivement vers <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e, ce qui fait de cette <strong>dans</strong>e une véritable performance tant<br />

pour les musiciens que pour les <strong>dans</strong>eurs.<br />

B – L’Oberek <strong>dans</strong> l’œuvre de Szymanowski<br />

¤ Ecoute de l'Oberek de Szymanowski (CD piste n°11 / Partitions pages 25 à 29)<br />

Pour écrire son Oberek, Szymanowski s'inspire directement de <strong>la</strong> forme et de l'ambiance que crée<br />

l'Oberek popu<strong>la</strong>ire.<br />

• <strong>La</strong> forme: L'Oberek de Szymanowski se construit en trois parties. Une première partie assez<br />

agitée des mesures 1 à 58, une seconde partie plus calme des mesures 59 à 110 puis un retour au<br />

thème principal à <strong>la</strong> mesure 111 et une troisième partie qui se poursuit jusqu'au dernier accord.<br />

Cette forme correspond à l'extrait entendu sur <strong>la</strong> piste n°10 du CD. Entre deux parties rapides<br />

s'intercale un morceau lent qui n'a rien à voir avec ce qui précède.<br />

• Le tempo, le rythme et les accents : Dans <strong>la</strong> première partie, Szymanowski reste proche du<br />

caractère <strong>folklorique</strong> par l'utilisation de l'accent sur le troisième temps comme le veut <strong>la</strong> tradition. Il<br />

en met pratiquement à toutes les mesures pour marquer le caractère enjoué de <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e. Dans cette<br />

première partie, identique à <strong>la</strong> troisième, il utilise des rythmes simples : des noires ou des croches<br />

comme sur cette dernière partition. <strong>La</strong> basse effectue des noires dont <strong>la</strong> troisième est accentuée<br />

telles sur les extraits sonores. Un des éléments rythmiques souvent utilisé <strong>dans</strong> l'Oberek <strong>folklorique</strong><br />

est une série de trois noires puis deux croches et deux noires. On les retrouve exactement comme<br />

telles aux mesures 33 et 34 puis disséminées <strong>dans</strong> l'œuvre (mesures encadrées en orange). <strong>La</strong><br />

deuxième partie est toute différente de <strong>la</strong> première. Elle utilise des valeurs plus longues et des<br />

liaisons d'une mesure à l'autre. Cette partie nous rappelle <strong>la</strong> lenteur du Chodzony ou du Kujawiak.<br />

Dans cette partie, Szymanowski en profite pour exprimer ses inspirations impressionnistes acco<strong>la</strong>nt<br />

beaucoup de tonalités éloignées, usant du chromatisme et des rubatos.<br />

Nous pouvons dire que même si <strong>la</strong> partie centrale de cet Oberek (que l'on peut apparenter à un<br />

Chodzony) est très impressionniste, les deux parties extrêmes de cette pièce correspondent quant à<br />

elles à l'Oberek <strong>folklorique</strong> comme on le trouve <strong>dans</strong>é en Pologne.<br />

25


Comme nous l'avons vu précédemment, l'Oberek fait partie de <strong>la</strong> famille des <strong>dans</strong>es de Mazurka.<br />

Pour continuer à chercher des éléments <strong>folklorique</strong>s <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>savante</strong>, nous allons nous<br />

attarder sur le cas de <strong>la</strong> Mazurka.<br />

III – <strong>La</strong> Mazurka<br />

A – Définition<br />

<strong>La</strong> mazurka est une <strong>dans</strong>e <strong>polonaise</strong> rapide, à trois temps avec un accent sur le deuxième ou parfois<br />

troisième temps. Elle est originaire de Mazovie (Mazowsze) comme toutes les <strong>dans</strong>es qui sont<br />

devenues nationales.<br />

30


Popu<strong>la</strong>ire dès le XVI e siècle, elle devient stylisée au XVIIIe siècle, lorsqu'elle cesse de servir<br />

uniquement à faire <strong>dans</strong>er. <strong>La</strong> Mazurka se décline sous plusieurs <strong>dans</strong>es: l'Oberek, le Mazur et le<br />

Kujawiak. <strong>La</strong> mazurka était jouée <strong>dans</strong> tous les grands bals des capitales européennes au début du<br />

XIXe siècle.<br />

¤ Ecoute d'un Mazur (CD piste n°12)<br />

Costume de Mazur utilisé par les groupes de<br />

folklore<br />

¤ Ecoute du Mazur "Kuba Jurek" (CD piste n°13 à 5'36)<br />

31


¤ Ecoute de l'hymne polonais, Mazurek Dabrowskiego (CD piste n°14)<br />

Puisqu'il est devenu hymne de <strong>la</strong> Pologne, le Mazur représente à merveille <strong>la</strong> Pologne <strong>dans</strong> les<br />

compositions <strong>savante</strong>s.<br />

A présent, pour déceler des traces du Mazur <strong>folklorique</strong> <strong>dans</strong> les œuvres <strong>savante</strong>s, rien ne vaut les<br />

mazurkas de Chopin.<br />

B – Les mazurkas de Chopin<br />

Chopin a composé 58 mazurkas, de 1820 à 1849, qui illustrent les trois types de cette <strong>dans</strong>e<br />

(Oberek, Kujawiak et Mazur). Plus que <strong>dans</strong> les <strong>polonaise</strong>s, c'est <strong>dans</strong> ces pièces qu'il exprime son<br />

mal du pays, en mê<strong>la</strong>nt de manière habile des thèmes authentiquement popu<strong>la</strong>ires à des inventions<br />

personnelles, traversées par toute une gamme de sentiments, al<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong> nostalgie et de <strong>la</strong> solitude à<br />

l'héroïsme, <strong>la</strong> joie et <strong>la</strong> liberté.<br />

Comparons donc ce Mazur à <strong>la</strong> Mazurka opus 30, n°3 de F. Chopin.<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> Mazurka opus 30, n°3 de Chopin (CD piste n°15 / partitions pages)<br />

<strong>La</strong> ressemb<strong>la</strong>nce est f<strong>la</strong>grante, Chopin utilise bien évidemment le rythme , les accents<br />

sur les seconds temps mais également le chromatisme utilisé <strong>dans</strong> le folklore (avec <strong>la</strong> fameuse<br />

gamme qui comprend <strong>la</strong> seconde augmentée) (voir mesure 9 et 10).<br />

32


Quand Chopin ne met pas d'accent sur le deuxième temps, il utilise une valeur longue pour<br />

l'accentuer (mesures 51, 53, 55).<br />

Nous avons l'impression que non content de finir sur un second temps accentué, Chopin a ajouté<br />

une mesure pour redonner à l'œuvre une carrure plus c<strong>la</strong>ssique et ainsi il accentue le premier temps<br />

de <strong>la</strong> dernière mesure qui est en réalité un accord sur le premier degré en Ré b Majeur et qui permet<br />

de finaliser le morceau par une cadence parfaite.<br />

Dans les parties que nous avons appelées "transition" et "thème C", nous retrouvons son désir de<br />

faire de ses mazurkas des œuvres liées au folklore, ancrées de nostalgie. Il réussit ce<strong>la</strong> en utilisant<br />

des tonalités et des accords fort complexes que <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>folklorique</strong> n'utilise pas.<br />

En ce qui concerne les deux formes de ces mazurkas, nous pouvons observer le tableau comparatif<br />

situé à <strong>la</strong> page 37. Nous voyons bien que les deux formes se ressemblent. Chopin, au lieu d'utiliser<br />

les reprises comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> forme <strong>folklorique</strong>, préfère répéter directement les thèmes deux fois.<br />

C'est <strong>la</strong> seule grande différence.<br />

Bien sûr, toutes les Mazurkas ont un caractère spécifique mais toutes sont directement inspirées de<br />

thèmes comme celui avec lequel nous avons comparé <strong>la</strong> Mazurka en Réb Majeur.<br />

33


Tableau comparatif de <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> Mazurka de Chopin et une forme de mazurka popu<strong>la</strong>ire.<br />

C – Autres exemples de mélodies popu<strong>la</strong>ires transcrites<br />

Chopin ne vou<strong>la</strong>it pas être catalogué comme un compositeur de <strong>musique</strong> <strong>folklorique</strong>. Dans<br />

son œuvre, il utilisait des caractéristiques de certaines <strong>dans</strong>es et chants <strong>folklorique</strong>s mais n’utilisait<br />

que très rarement des thèmes directement tirés du folklore polonais. Il est pourtant un contreexemple<br />

très f<strong>la</strong>grant <strong>dans</strong> le scherzo en si min. En effet, <strong>dans</strong> celui-ci le thème du trio après une<br />

première partie très agitée est <strong>la</strong> transcription d’un thème de koledy (chant de Noël) intitulé "Lu<strong>la</strong>jze<br />

Jezuniu". Le thème est bien reconnaissable, il installe une ambiance plus calme voire nostalgique<br />

qui correspond au chant qui est une berceuse à l'enfant Jésus.<br />

¤ Ecoute de <strong>la</strong> berceuse "Lu<strong>la</strong>jze Jezuniu" par le chœur de femmes du groupe national<br />

<strong>folklorique</strong> Mazowsze (en sol b Majeur) (CD piste n°16)<br />

¤ Ecoute du trio <strong>dans</strong> le Scherzo n°1 en si mineur de Chopin (CD piste n°17)<br />

"Lu<strong>la</strong>jze Jezuniu" (en do Maj) :<br />

37


Nous pouvons également citer, parmi tant d'autres compositeurs, Francis Poulenc qui a réécrit des<br />

accompagnements pour des chants en polonais.<br />

Par exemple ¤ Ostatni mazur (CD piste n° 18 / Partitions de F. Poulenc)<br />

40


***<br />

Pour conclure, nous pouvons dire que <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>folklorique</strong> <strong>polonaise</strong> s’infiltre <strong>la</strong>rgement<br />

<strong>dans</strong> les œuvres des compositeurs polonais. Chopin et Szymanowski sont des exemples parmi les<br />

compositeurs polonais qui utilisent le folklore. Nous pouvons citer Lutos<strong>la</strong>wski <strong>dans</strong> ses premières<br />

œuvres, Wieniawski, Moniuszko… Ils illustrent le folklore sous tous les angles: au point de vue de<br />

<strong>la</strong> mélodie ou l'harmonie, de <strong>la</strong> forme, des tempi, des caractères mais surtout du rythme. Ces<br />

compositeurs ne s’en tiennent pas à illustrer des aspects <strong>folklorique</strong>s de leur pays d’origine mais<br />

s’inspirent également des <strong>musique</strong>s popu<strong>la</strong>ires des pays qu’ils traversent. En effet, Chopin écrira<br />

des Ecossaises, Wieniawski des <strong>dans</strong>es espagnoles, Poulenc des chants polonais… Les<br />

compositeurs vont donc au-delà des frontières pour puiser ce qui fera leur inspiration.<br />

***<br />

44


CD<br />

1. Extrait d'une <strong>polonaise</strong> par une formation de folklore polonais (kape<strong>la</strong>)<br />

2. Polonaise Warszawski<br />

3. Polonaise Naszej chlebnej en si b Maj<br />

4. Polonaise opus 40 n°1 "militaire" de Frédéric Chopin<br />

5. W murowanej piwnicy<br />

6. Spiewki baciarskie<br />

7. Kurpie<br />

8. Polonaise de Szymanowski par Charles Mignot, étudiant au conservatoire royal de Bruxelles<br />

9. Chodzony suivi d'un Oberek (début d'une <strong>dans</strong>e de <strong>la</strong> région de Silésie)<br />

10. Oberek popu<strong>la</strong>ire entrecoupé d'un Kujawiak<br />

11. Oberek de Szymanowski par Charles Mignot<br />

12. Mazur popu<strong>la</strong>ire<br />

13. Mazur "Kuba Jurek" (tiré d'une <strong>dans</strong>e de <strong>la</strong> région de Lublin)<br />

14. L'hymne polonais, Mazurek Dabrowskiego<br />

15. Mazurka opus 30, n°3 de Chopin<br />

16. "Lu<strong>la</strong>jze Jezuniu" par le chœur de femmes du ballet national <strong>folklorique</strong> Mazowsze (en sol b<br />

Majeur)<br />

17. Scherzo n°1 en si mineur de Chopin<br />

18. Ostatni mazur<br />

Webographie :<br />

• http://www.cioff.org/cioff/Publications/EntreNous03_F.pdf<br />

• http://www.usc.edu/dept/polish_music/dance/oberek.html<br />

• http://www.collection.rossperrin.net/karolszymanowskifr.html.<br />

• http://www.scena.org/lsm/sm5-2/Szymanowski-fr.htm<br />

Bibliographie :<br />

• Miroirs de <strong>la</strong> Musique, "<strong>La</strong> <strong>musique</strong> et ses correspondances avec <strong>la</strong> littérature et les beauxarts<br />

1800-1950", par François Sabatier<br />

• Leksykon Taniec w polskiej tradycji, par Grazyna W. Dabrowska ; 2006<br />

Discographie :<br />

• Chopin Pragnienie milosci, 2002 Bande Originale du film<br />

• Baciarujciez chlopcy, Trebunie Tutki<br />

• Echa Ojczyny, chœur de <strong>la</strong> radio de Pologne<br />

• Mazurek Dabrowskiego i inne hymny, chœur et orchestre de l'armée de Pologne<br />

Partitions de l'ensemble <strong>folklorique</strong> Wis<strong>la</strong> de <strong>la</strong> ville de Dourges.<br />

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