AHV 1959 520-532. Propos de Vacances. Une ... - La Costelle

Aux VII e et VIII e siècles, les fils spirituels du moine Déodat, fondateur de St Dié, se
sont essaimés par toute la région Haute Meurthe-Fave, dont le roi des Francs,
Chilpéric III, leur avait fait donation et qu'ils avaient appelée Val de Galilée. Une cellule,
dédiée à Sainte Agathe, fut érigée par l'un d'eux, à l'emplacement du village de Clefcy, à
l'entrée de la vallée de la Petite Meurthe. Ce sont les tenanciers de Sainte Agathe qui, à
une époque indéterminée, entre le IX e et le XI e siècle, défrichèrent la montagne de
Sérichamp pour y mener paître leurs troupeaux. De fait, les chanoines de Saint Dié,
successeurs des moines de Galilée, conservèrent, jusqu'à la suppression de leur Chapitre
en 1789, la vieille chaume de Sérichamp.
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Quel joli nom que Sérichamp ! Vraisemblablement, la chaume doit aux moines
défricheurs ce nom poétique et charmant, sonnant clair comme les clarines des vaches
au pâturage dans la grande paix de la montagne. Que signifie-t-il ?...
Pour les uns, il veut dire champ de la souris : « Souri-champ » alias Mausberg (en
allemand mont de la souris) lit-on sur une carte du XVI e siècle (à remarquer qu'une sorte
de petite souris s'appelle en patois s'ri). Pourquoi mont des souris ? Appellation bizarre et
peu vraisemblable. Y avait il là plus de souris qu'ailleurs ? On peut se le demander.
À cause du retard de la végétation à cette altitude, les moines qui baptisèrent la
chaume n'auraient ils pas pensé au mot latin seris, dont ils auraient fait Sérichamp ou
champ tardif ?
À ces deux étymologies possibles, j'en préfère une troisième. Dans les titres
anciens, on lit souvent « Strichamp », que le patois prononce toujours en faisant sonner
le t. Or, « Strichamp », dérivé du latin stratum, étroit, évoque bien l'aspect de la longue
bande de terrain que devait être la chaume primitive. Les lieux-dits « Straiture »,
« Strazy », où la même racine latine se retrouve, sous des formes différentes, dans le
voisinage immédiat, sont en faveur de cette opinion. Nous avons donc de bonnes raisons
de croire que Sérichamp, anciennement « Strichamp », signifie champ étroit. Ce sont les
copistes qui, de « Strichamp » ont fait « Sourichamp » et même, dans certaines pièces
« Périchamp » et « Hérichamp ».
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Le pâturage a été, des siècles durant, la principale ressource des populations de
nos montagnes. Au XV e siècle, en dehors de la chaume de Sérichamp — qui nous occupe
— appartenant en propre au Chapitre de Saint-Dié, le duc de Lorraine est propriétaire
indivis, arec l'abbesse du monastère de Remiremont, de vingt et-une chaumes ou « hauts
pâturages » s'étendant du Ballon d'Alsace au Col du Bonhomme. Sur le versant oriental,
d'autres chaumes appartiennent aux abbayes alsaciennes de Munster et de Pairis. Les
chaumes sont affermées en bloc, non pas à des particuliers, mais à une communauté qui
y met en commun ses troupeaux. Un diplôme de 1503 nous apprend que les marcaires
alsaciens de Munster ont affermé — « amodié » comme on disait alors — les Hautes
Chaumes ou « Grand Pâturage » pendant 270 ans, sans interruption.
En outre du droit au pâturage, les chaumistes peuvent mener leur bétail et l'y faire
paître dans la forêt circonvoisine. Ces cantons forestiers englobant, reliant les diverses
éclaircies des cimes, portent le nom très expressif de « répandises ».
Les revenus tirés des chaumes par le domaine ducal ne sont point négligeable,
puisqu'il y envoie périodiquement des agents chargés d'en dresser l'état.