INTOLERANCE - Arte
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David Wark GRIFFITH (1875-1948)<br />
Né le 22 janvier 1875 à LaGrange dans le Kentucky, David Llewelyn Wark Griffith,<br />
fils d’un colonel ruiné par la guerre de Sécession, grandit dans la nostalgie de la<br />
Confédération sudiste.<br />
Il rêve de théâtre et commence une carrière de comédien et d’auteur dramatique,<br />
avant d’être recruté, comme acteur, par l’Edison Company - le cinéma vient de<br />
naître.<br />
En 1908, il entre à l’American Biograph Company, où il réalise plus de 450 films, dont<br />
le public raffole. Il découvre les toutes premières stars de l’histoire du cinéma : la<br />
petite fiancée de l’Amérique, Mary Pickford, et les sœurs Gish, Dorothy et Lillian.<br />
Ambitieux, Griffith ne s’entend guère avec les dirigeants du studio : on rechigne<br />
à lui accorder les moyens qu’il réclame ; on le méprise parce qu’il n’a pas eu de<br />
succès à la scène. Tout cela tandis que, avec son chef opérateur G. W. Bitzer, Griffith<br />
invente la grammaire du 7 e art.<br />
Lorsqu’il passe enfin au grand spectacle, il réalise Naissance d’une nation, une<br />
épopée raciste et réactionnaire que son inventivité stylistique fait passer à la<br />
postérité. Le cinéaste poursuit sa recherche sur le montage alterné dans Intolérance.<br />
Le dispositif déroute le public, et Griffith doit revenir à des projets de moindre<br />
envergure, mais il ne transige jamais sur sa recherche esthétique.<br />
En 1919, comprenant que le grand combat du cinéaste est celui de l’indépendance<br />
artistique, il fonde le studio United Artists avec Charlie Chaplin et le couple Pickford-<br />
Fairbanks.<br />
Son Lys brisé, un mélodrame admirable, est un triomphe. Malgré un Abraham<br />
Lincoln prometteur, il ne réussit pas le passage au parlant. Griffith reste toutefois<br />
une figure respectée : au cours des années 1930, il reçoit un Oscar d’honneur. Il est<br />
décédé à Hollywood le 21 juillet 1948.<br />
Tout véritable artiste de l’écran devrait, à quelque moment de sa vie, essayer<br />
de réaliser au moins un film pour la postérité, pour la vérité, pour la beauté,<br />
tout en sachant parfaitement bien que ce film ne sera pas populaire, pas<br />
davantage d’ailleurs que du Shakespeare, de l’Homère n’est « public ».<br />
En recherchant le vrai et le beau, il ne devrait pas trop se préoccuper<br />
de l’avenir financier de son entreprise, car un succès d’argent n’est pas<br />
nécessairement une grande chose ; loin de là.<br />
Ainsi, Intolérance, le seul grand film peut être pour lequel je perdis de vue<br />
l’avenir financier, ne me rapporta pas un sou. En fait, il me coûta même<br />
une fortune. Une année s’écoula après que je l’eus produit sans que j’aie<br />
pu trouver un commanditaire pour mon prochain film. Mais Intolérance<br />
m’a valu l’amitié de quelques uns des gens de valeur de notre époque. Dix<br />
années après sa réalisation , ce film fut projeté de nouveau à New York<br />
par le Film Arts Guild avec un succès complet, après y avoir connu une<br />
première fois, jadis, l’indifférence ou l’incompréhension.<br />
D.W Griffith à propos d’<strong>INTOLERANCE</strong><br />
(In CINEA-CINE pour tous, n° 140, 15 septembre 1929)