orphelins Baudelaire
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pas que c’est quand même sacrément acrobatique. Non, laissons<br />
Prunille enquêter ce soir. Elle a de bonnes chances de succès, et<br />
pendant ce temps nous mettrons sur pied un plan d’évasion.<br />
— Laisser ma petite sœur toute seule ici ? s’entêta Violette.<br />
Pas question. Nous séparer, nous, les <strong>Baudelaire</strong> ? Jamais.<br />
— Klausséparé, rappela Prunille.<br />
— S’il existe un dernier lieu sûr pour les volontaires, dit<br />
Quigley, il faut absolument découvrir où il se trouve. Prunille est<br />
bien placée pour ce faire, mais seulement si elle reste ici.<br />
— Je ne vais sûrement pas laisser ma petite sœur en haut<br />
d’une montagne, s’entêta Violette. Tu parles d’un endroit pour<br />
un bébé !<br />
Alors Prunille laissa choir à terre sa brassée de légumes et<br />
s’avança vers sa sœur, radieuse.<br />
— Plus un bébé.<br />
Et, ouvrant grand ses petits bras, elle étreignit son aînée de<br />
toutes ses forces. C’était la plus longue phrase en clair jamais<br />
prononcée par la benjamine des <strong>Baudelaire</strong> et Violette, les yeux<br />
sur sa cadette, se rendit compte qu’elle disait vrai. Nonobstant<br />
son âge et son format, Prunille n’était plus un bébé. C’était une<br />
petite fille, toute petite, une très jeune personne aux dents<br />
exceptionnellement tranchantes, aux talents culinaires<br />
impressionnants, et qui ne voulait pas rater l’occasion<br />
d’espionner une bande de coquins et de capter une information<br />
capitale. Quelque part dans le cours des désastreuses aventures<br />
des <strong>orphelins</strong> <strong>Baudelaire</strong>, Prunille avait dit adieu au stade<br />
bébé – que certains nomment si vilainement le « bas âge ».<br />
Violette en eut un serrement de cœur, mais une bouffée de<br />
fierté aussi. Elle sourit à sa petite sœur.<br />
— Tu as raison, Prunille. Tu n’es plus un bébé. Mais pas<br />
d’imprudence, hein ? Tu es une petite fille, d’accord, mais même<br />
pour une petite fille il est très, très dangereux d’espionner une<br />
bande de malfrats. Et n’oublie pas : nous sommes au bas de la<br />
pente. En cas de besoin, envoie un signal.<br />
Prunille ouvrit la bouche pour répondre, mais à cet instant<br />
un curieux chuintement se fit entendre et les trois enfants se<br />
figèrent. C’était comme un sifflement prolongé en provenance<br />
de la voiture d’Olaf, à croire que l’un des serpents de l’oncle<br />
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