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LA PLATE-FORME MULTIFONCTIONNELLE - PNUD

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La charge de batterie est devenue possible grâce à<br />

la plateforme, évitant ainsi aux habitants de faire de<br />

longues distances<br />

Avec un prix fixé à 10 FCFA (2 centimes de $) pour 20<br />

litres par le comité de gestion, les femmes ont vu leur<br />

charge quotidienne de travail se réduire fortement,<br />

ce qui du même coup a libéré les filles du long trajet<br />

vers la source. Avec un approvisionnement en eau<br />

à portée de main, « nous pouvons maintenant laver<br />

les vêtements – et nous laver tous les jours, » dit<br />

Lamoussa.<br />

Rappelant les premiers jours du Programme d’action,<br />

Laali raconte, « A l’époque, je ne me rendais pas<br />

compte que je n’aurais plus besoin, de mon mortier<br />

ou de ma meule traditionnelle. » « Nous n’aurions<br />

jamais imaginé les quantités de céréales que nous<br />

allions transformer, » interrompt Lamoussa. « A<br />

l’époque, on mesurait les arachides moulues par<br />

assiette, aujourd’hui, on en obtient dix fois plus en un<br />

rien de temps. »<br />

Vingt-trois femmes appartiennent au groupe féminin<br />

de Soualigou. À mesure que les membres du CFG<br />

sont formés par le Programme national plates-formes<br />

multifonctionnelles dans des domaines comme la<br />

gestion, le marketing et la création d’entreprises<br />

lucratives, elles transmettent leurs nouvelles<br />

connaissances à d’autres femmes lors des réunions<br />

mensuelles du Comité, auxquelles une animatrice<br />

participe pour orienter les débats et suivre les progrès.<br />

La hausse de la production enregistrée par les femmes<br />

est surveillée de près, car le Programme plates-<br />

formes multifonctionnelles a mis en place<br />

des outils pour suivre les progrès, analyser<br />

les avantages socio-économiques,<br />

et évaluer des questions pratiques<br />

comme les compétences acquises et les<br />

incidences financières. Au bout de deux<br />

ans, les membres du CFG sont évalués<br />

sur la façon dont ils assument l’entretien<br />

pratique de la plate-forme et sur la gestion<br />

des ressources humaines.<br />

À Soualigou, l’examen de 2006 a par<br />

exemple montré qu’une femme qui<br />

pouvait normalement s’attendre à<br />

posséder un mouton, peut envisager<br />

d’en élever trois depuis l’arrivée de la<br />

Plate-forme. En définissant un montant<br />

maximum permettant de ranger les<br />

membres de la communauté dans les<br />

catégories ‘aisés’, ‘moyens’, ‘pauvres’ et<br />

‘très pauvres’, l’examen a révélé que les<br />

ménages pauvres et très pauvres avaient diminué de<br />

5 % depuis l’introduction d’une plate-forme dans le<br />

village, il y a quatre ans.<br />

Mais il suffit de parler à n’importe qui dans le village<br />

de Soualigou pour comprendre que l’importance des<br />

machines qui se trouvent dans le hangar aux portes<br />

bleues ne se limite pas à la productivité et aux marges<br />

de profits; les gens reconnaissent que le Programme<br />

leur a apporté bien plus que cela, en leur offrant une<br />

vision élargie d’une société développée.<br />

Parfaitement consciente de ses avantages pratiques<br />

au quotidien, Lamoussa n’a aucun mal à les énumérer,<br />

« Nos filles ont le temps d’aller à l’école, nous les<br />

femmes, nous avons un revenu et pouvons obtenir<br />

des crédits pour créer des entreprises. Débarrassées<br />

de cette charge de travail éreintante, nous sommes<br />

moins fatiguées et nous avons plus de temps pour<br />

suivre des cours d’alphabétisation, certaines d’entre<br />

nous apprennent même le français. » C’est comme<br />

si ces choses allaient de soi, qu’elles n’étonnaient<br />

plus personne mais qu’au contraire, elles étaient<br />

acceptées à mesure que le village s’habitue à son<br />

changement de rythme.<br />

Très vite, une discussion plus approfondie s’établit,<br />

autour de questions abstraites comme le degré<br />

d’autonomie atteint par la communauté et attribuable<br />

à la Plate-forme, et ce que cela signifie en termes<br />

d’organisation sociale et de perspectives d’avenir. Le<br />

chef du village et les anciens font savoir qu’ils sont<br />

pleinement conscients de la façon dont ces avantages<br />

influencent tous les membres de la communauté.<br />

Adama Rouamba, Coordonnateur du programme<br />

national Plate-forme multifonctionnelle, décrit cette<br />

autonomisation comme un processus qui prend en<br />

moyenne deux ans, le temps pour une communauté<br />

d’absorber des connaissances en gestion et<br />

d’apprendre à planifier le développement comme<br />

une série d’améliorations librement choisies par ses<br />

membres. Le CFG, devenu autonome au bout de<br />

deux ans, n’est plus supervisé par le Programme. Il<br />

pilote le processus lui-même, avec l’appui de Tin Tua,<br />

une ONG locale, lorsqu’il doit trouver des crédits pour<br />

lancer de nouveaux projets.<br />

Les résultats atteints par le Programme Plateforme<br />

au Burkina Faso commencent à être connus dans<br />

le pays. Jusqu’à présent, seule une petite partie<br />

Le déficit énergétique en diminution au grand bonheur des entrepreneurs.<br />

du pays a bénéficié des plateformes, mais plus<br />

de 700 demandes d’installation de Plate-formes<br />

multifonctionnelles ont déjà été envoyées par des<br />

communautés de tout le pays,.<br />

Comme le confirme Adama Rouamba, « Il est<br />

indéniable que la Plate-forme multifonctionnelle<br />

apporte des résultats concrets et génère un<br />

changement qualitatif; c’est notre meilleur atout<br />

pour offrir des bases solides au développement<br />

économique et social de nos villages ». Il conclut :<br />

« Autrefois, il fallait aux femmes trois heures et demi<br />

pour moudre le mil – maintenant, 30 minutes suffisent.<br />

Et il en va de même de la corvée de l’eau. Chaque<br />

jour, elles économisent plusieurs heures. »<br />

« Nous sommes dans un endroit dynamique, situé à un carrefour très fréquenté et toujours plein de monde – mais sans électricité,<br />

nous aurions eu du mal à nous développer. On aurait pu attendre 20 ans pour que le réseau national arrive jusqu’ici ! » dit Yarga<br />

Timbendi en surveillant son atelier de réparation, pas grand mais animé, à l’un des angles de la rue principale de Piela.<br />

D’un côté, sept batteries de voiture sont alignées, en train de se recharger. « Il y a de la place pour dix, et grâce à la Plateforme<br />

multifonctionnelle, nous avons assez d’électricité pour les recharger toutes, même la nuit, » dit Yarga. De l’autre côté<br />

de l’atelier, le mécanicien soude une structure métallique et les étincelles volent tandis qu’il se penche sur les tiges avec son<br />

outil électrique qui rougeoie dans la lumière du soir.<br />

Yarga est un entrepreneur qui a très vite reconnu les avantages du raccordement à la Plate-forme multifonctionnelle. Avant<br />

l’implantation de la plateforme, il vendait des céréales et possédait un entrepôt mais il n’arrivait pas à développer son<br />

entreprise parce que, comme 90 % des zones rurales du Burkina Faso, sa communauté n’avait pas l’électricité. Pour faire<br />

quoi que ce soit, la seule ressource disponible était la force physique, ce qui limitait sérieusement les possibilités de gérer<br />

une entreprise moderne.<br />

Le piège énergie-pauvreté qui enfermait Yarga est reconnu par le <strong>PNUD</strong> comme le principal obstacle au développement rural<br />

du Burkina Faso. Les tâches quotidiennes, en particulier celles des femmes, sont si contraignantes qu’elles ont à peine le<br />

temps d’imaginer ce que serait leur situation si elles gagnaient de l’argent. La capacité de la Plate-forme multifonctionnelle de<br />

libérer les hommes et les femmes ambitieux de ce cycle de frustration a été clairement démontrée par le succès de Yarga.<br />

Avant l’ouverture de l’atelier de Yarga il fallait se rendre en ville, à 150 km, pour faire recharger ou pour souder une batterie<br />

rechargée. Maintenant, Yarga qui facture 500 FCFA (1,1 dollar US) par batterie et 500-700 FCFA pour les petits travaux de<br />

soudure, gagne sa vie, a réussi à engager un assistant et a les moyens d’envoyer son fils de 8 ans, à l’école. De plus en plus,<br />

on lui demande aussi de recharger des téléphones portables.<br />

« Nous nous en sortons bien » admet-il, « mais pas suffisamment pour que je puisse me payer l’électricité à la maison – le<br />

rêve de ma femme. Moi, je rêve de construire un grand atelier avec beaucoup de personnel où je pourrais accepter des<br />

travaux importants. »<br />

Étienne Mouni Kabore, chargé de communication du Programme Plate-forme multifonctionnelle explique « Nous sommes en<br />

train de découvrir à quel point les nouvelles entreprises se sont multipliées; une fois que l’électricité est là, les comités trouvent<br />

de nouvelles idées : pour fabriquer du savon, par exemple, ouvrir une boulangerie, même un restaurant et une pension ! »<br />

Face à la demande croissante de Plate-formes, Etienne reconnaît que le Programme doit rapidement se développer au<br />

niveau national, et accélérer l’achat et la livraison des moteurs et des machines.<br />

6 <strong>LA</strong> P<strong>LA</strong>TE-<strong>FORME</strong> <strong>MULTIFONCTIONNELLE</strong><br />

TÉMOIGNAGES 7

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