1964 - Fondation du Collège de Bathurst inc.

POURQUOI NOUS GRADUONS
Après sept années de travail continu, de renoncement et de sacrifices, nous VOICI
enfin parvenus à la fin de cette longue ascension qu'est le cours classique. 1 Ce parchemin,
si longtemps désiré, c'est avec tOute la fierté et la satisfaction devant le but atteint, que
nous le brandissons. Nous sommes maintenant prêts à entrer dans la grande communauté
des hommes pour y apporter, au point de vue humain, notre coopération, et au point de
vue religieux le témoignage d'une foi éclairée.
La société dans laquelle nous entrons est fortement communautaire. Elle est révolue
l'époque des familles Chapdelaine, l'époque où chaque individu pourvoyait, lui-même
à tous ses besoins, depuis la nourriture jusqu'aux vêtements. Avec le progrès, l'activité
humaine s'est diversifiée en plusieurs branches. Chacune s'adonne à satisfaire un besoin
spécifique. Nous sommes à l'ère de la spécialisation, de la division du travail, où chacun
a une tâche déterminée à remplir, où chaque individu a besoin de son prochain pour
pouvoir vivre. Notre société constitue donc un engrenage de roues dont chacune, si
petite soit-elle, est nécessaire à la bonne marche du tout, tout comme dans un mouvement
d'horloge.
Ce parchemin en mains, nous nous dirigeons vers l'une de ces différentes branches
de l'activité humaine. Avec l'aide de nos frères, nous contribuerons à faire tourner l'une
des roues de l'engrenage et par ce fait même tOut l'engrenage. Quelle qu'elle soit, et si
petite qu'elle puisse être, notre participation contribuera ainsi à la bonne marche de route
la société. Il est donc facile de voir quelles répercussions aurait un manque de sens des
responsabilités.
Mais en tant que gradués d'une institution catholique, notre tâche dans la société
va bien au-delà du niveau humain. Pendant sept ans, nous avons eu la chance de
recevoir une éducation religieuse des plus éclairées et des plus poussées. Dans cette
société moderne, où Dieu n'a plus sa place, où le mot Vérité n'a presque plus de sens,
et où enfin tous les efforts sont centrés sur l'obtention de biens matériels, nous n'avons
pas le droit de nous laisser emporter par ce courant matérialiste. Nous devrons en tout
temps donner l'exemple d'une vie menée selon les principes de la morale chrétienne.
Nour devrons rendre un témoignage constant à la vérité, être une lampe dont la lumière
éclaire tout l'entouragé, Cette obligation est d'autant plus pressante que nous sommes
appelés à occuper dans cette société les postes les plus importants. Comment alors
pourrons-nous diriger les autres conformément aux principes moraux si nous n'y conformons
pas notre propre vie? Tous les yeux seront fixés sur nous pour y trouver un
modèle de vie. Si nous ne sommes pas dans la droite voie, comment attendre des autres
qu'ils y demeurent? Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on?
Elle est grande et noble la tâche qui nous attend, mais aussi combien ardue. C'est
donc armés d'un courage à roure épreuve qu'il nous faut entrer dans notre nouvelle vie.
Ce n'est pas un pique-nique qui nous attend, mais un combat. Rappelons-nous alors,
chers amis gradués, notre devise: Scientia et Sapientia, et c'est victorieux que nous
sortirons de ce combat.
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Jean-Eudes Hébert.