03 Voyage vers le Gabon

Le Frère Éric et moi nous serons logés à la Procure des Pères Spiritains. Le séjour y est des
plus agréables. La table est bien garnie, de nourriture, certes, mais aussi d’un choix varié de
vins. Ce qui est encore plus intéressant pour moi, c’est la connexion permanente à l’internet
dans ma chambre. Entre temps, grâce à un Frère convers Spiritain appelé Abel Mayeho, nous
pouvons découvrir la capitale gabonaise. C’est encore lui qui nous aide dans les différentes
démarches en vue d’obtenir nos cartes de séjour.
Mais l’organisation conjointe de la CAN orange (coupe d’Afrique des nations) par le Gabon
et la Guinée Équatoriale pendant cette période ne rend pas les choses faciles. Aussi décide-t-on
de nous faire d’abord voyager à Franceville pour revenir deux semaines plus tard.
C’est Son Excellence l’évêque qui vient lui-même nous chercher le 23 janvier à seize heures
et nous conduire à la gare d’Owando pour attendre le train dont le départ est prévu à vingt
heures. Nous voilà de nouveau dans un cortège : deux Joséphites, trois Sœurs IM et deux abbés
ivoiriens, venus deux jours après nous et missionnaires comme nous dans le diocèse de
Franceville. Sept personnes au total. Nous remplissons les formalités d’embarquement. Valises
et bagages à mains, tout est pesé. Je suis impressionné que même les bagages des militaires
sont également pesés et les kilos excédentaires payés, contrairement aux habitudes de
notre pays où les militaires voyagent gratuitement, avec femmes, enfants, chèvres, moutons,
chats, … et personne ne peut rien leur dire.
Vingt heures, à l’heure prévue pour le départ, le train démarre en direction de Lastourville,
lieu où selon les convenances du Père André et de Son Excellence on devait nous chercher
pour nous mener à Koula-Moutou. Pourquoi ? Sans doute pour me permettre de rester
quelques jours avec les confrères d’ici avant de partir à Franceville, ma communauté d’affectation.
Nous arrivons à Lastourville à six heures. Moins de quinze minutes après, le Père André est
là. Il nous prend dans sa voiture et environ trente minutes plus tard, nous voilà à Koula-Moutou.
La distance est sûrement raccourcie par le fait que le Père André ne cesse de nous égayer
tout au long du trajet. La route est impeccable et tout le monde est content. Après les mois
d’attente à Kinshasa, et le stress inévitable que cela entraîne, enfin je suis dans une communauté
joséphite au Gabon et je peux dire avec le poète : « Heureux qui comme Ulysse a fait un
beau voyage ».
(Ceci est la première étape de mon voyage, il reste celle de Franceville).
← Devant la Cathédrale de Libreville (Gabon)
Père Prosper
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