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THESE DOCTORAT EN MEDECINE - Service de chirurgie plastique ...

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UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE<br />

(PARIS 6)<br />

FACULTE DE <strong>MEDECINE</strong> PIERRE ET MARIE CURIE<br />

SECTION :<br />

ANNEE 2005 <strong>THESE</strong> N°<br />

POUR LE<br />

<strong>DOCTORAT</strong> <strong>EN</strong> <strong>MEDECINE</strong><br />

Discipline : Chirurgie générale<br />

PAR M CHRISTOPHE LEPAGE<br />

NE(E) LE 22 JANVIER 1976 A PARIS<br />

PRES<strong>EN</strong>TEE ET SOUT<strong>EN</strong>UE PUBLIQUEM<strong>EN</strong>T LE 17 OCTOBRE 2005<br />

EVOLUTIONS DES TECHNIQUES CHIRURGICALES DANS LA PRISE <strong>EN</strong><br />

CHARGE DES MANIFESTATIONS FACIALES DE LA<br />

NEUROFIBROMATOSE DE TYPE 1<br />

DIRECTEUR DE <strong>THESE</strong> : Monsieur le Professeur L. LANTIERI<br />

PRESID<strong>EN</strong>T DE <strong>THESE</strong> : Monsieur le Professeur L. LANTIERI<br />

1


Introduction p 4<br />

Génétique p 7<br />

Le gène Nf1 : transmission et isolement p 7<br />

Le produit <strong>de</strong> Nf1 p 8<br />

Les mutations <strong>de</strong> Nf1 p 9<br />

Le rôle <strong>de</strong> Nf1 p 10<br />

Le rôle <strong>de</strong> la cellule <strong>de</strong> Schwann p 12<br />

Des neurofibromes différents ont une origine différente p 13<br />

Les neurofibromes à l’origine <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes p 14<br />

Répartition <strong>de</strong>s anomalies somatiques p 15<br />

Présentation clinique, radiologique et histologique p 16<br />

Présentation générale p 16<br />

Les signes cardinaux p 16<br />

Les complications p 23<br />

Critères diagnostics p 28<br />

Atteintes faciales p 28<br />

Les atteintes <strong>de</strong>s tissus mous p 29<br />

Les atteintes osseuses p 33<br />

2


Matériel et métho<strong>de</strong> p 37<br />

Matériel p 37<br />

Bilan clinique p 37<br />

Bilan paraclinique p 38<br />

Indications p 41<br />

Critères d’exclusion p 41<br />

Métho<strong>de</strong>s p 42<br />

Résultats p 52<br />

Principes techniques généraux p 42<br />

Particularités <strong>de</strong>s exérèses propres à la localisation p 43<br />

Résultats généraux p 52<br />

Résultats propres à la localisation <strong>de</strong>s neurofibromes p 53<br />

Discussion p 89<br />

Neurofibromes <strong>de</strong> la joue et <strong>de</strong> l’oreille p 53<br />

Neurofibromes du nez et <strong>de</strong>s lèvres p 72<br />

Neurofibromes orbitotemporaux p 75<br />

Neurofibromes frontaux p 88<br />

Le problème du choix thérapeutique p 89<br />

La stabilité <strong>de</strong>s résultats p 92<br />

3


Déterminer la pério<strong>de</strong> idéale pour effectuer l’intervention p 93<br />

Le risque <strong>de</strong> dégénérescence p 94<br />

Malformation vasculaire, et risque hémorragique p 96<br />

Evolutions techniques : efficacité propre à chaque localisation<br />

Conclusion p 103<br />

Bibliographie p 105<br />

Résumé p 113<br />

Mots clés p 113<br />

p 98<br />

4


Introduction<br />

En 1849, Robert Smith décrivit pour la première fois le cas d’un patient porteur <strong>de</strong><br />

tumeurs cutanées multiples. À cette époque, il avait déjà pressenti cette pathologie comme<br />

étant « <strong>de</strong> nature neurogénique ». C’est en 1882, lors du 25ème anniversaire <strong>de</strong> l'Institut<br />

d'anatomo-pathologie <strong>de</strong> Berlin que Friedrich Von Recklinghausen, au cours d’une<br />

conférence dédiée à son maître Rudolf Virchow, rapporta trois cas <strong>de</strong> la littérature, et <strong>de</strong>ux<br />

issus <strong>de</strong> son expérience personnelle. Sa <strong>de</strong>scription popularisa la maladie qui porte désormais<br />

son nom : la maladie <strong>de</strong> Von Recklinghausen, ou neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 (NF1).<br />

La maladie <strong>de</strong> Von Recklinghausen appartient à plusieurs cadres nosologiques :<br />

Elle appartient au cadre <strong>de</strong>s neurofibromatoses. Les neurofibromatoses sont liées à <strong>de</strong>s<br />

désordres génétiques affectant primitivement la croissance cellulaire du tissu neural.<br />

Elle appartient à la classe <strong>de</strong>s néoplasies endocriniennes multiples et à la classe <strong>de</strong>s<br />

phacomatoses, décrites par Van <strong>de</strong>r Hoeve, ou syndrome neurocutané. Ces syndromes<br />

associent <strong>de</strong>s tumeurs, ou phacomes, cutanées et extra-cutanées. Ils sont secondaires à une<br />

atteinte embryologique d'un type cellulaire donné. Ainsi, lors <strong>de</strong> la vie extra-utérine, les<br />

manifestations cliniques sont liées à l’atteinte <strong>de</strong>s cellules qui <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> celle touchée<br />

pendant la vie embryonnaire. Elle appartient au groupe <strong>de</strong>s neurocristopathies, néologisme <strong>de</strong><br />

Bolan<strong>de</strong> (6,7) regroupant toutes les anomalies <strong>de</strong> la crête neurale.<br />

De très nombreuses classifications <strong>de</strong>s neurofibromatoses ont été proposées par le<br />

passé : neurofibromatoses segmentaires, neurofibromatoses périphériques... Seules les<br />

neurofibromatoses <strong>de</strong> type 1 et 2 ont fait, à ce jour, la preuve <strong>de</strong> leur différence clinique et<br />

moléculaire. Les formes segmentaires <strong>de</strong> la NF1 sont en fait le résultat d'un mosaïcisme<br />

génétique. La neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 est une pathologie congénitale, touchant un<br />

individu sur 3 500 naissances, toutes populations confondues. Elle est l'une <strong>de</strong>s maladies<br />

5


génétiques les plus répandues, conséquence d'une mutation du gène Nf1, spontanée pour la<br />

moitié <strong>de</strong>s cas, héritée sur le mo<strong>de</strong> autosomique dominant pour l'autre moitié. La pénétrance<br />

est <strong>de</strong> 100% à l'âge <strong>de</strong> 5 ans, mais l’expressivité, que ce soit pour la sévérité ou la localisation,<br />

est extrêmement variable y compris au sein <strong>de</strong> familles dont les membres ont hérité <strong>de</strong> la<br />

même mutation.<br />

40% <strong>de</strong>s patients présentent <strong>de</strong>s atteintes faciales. Elles concernent essentiellement les<br />

parties molles, mais peuvent également toucher l’os. Comme pour les autres localisations, la<br />

sévérité est variable et l’évolutivité imprévisible. Le retentissement esthétique peut être<br />

parfois considérable à l’origine d’un véritable handicap social. Par ailleurs, en fonction <strong>de</strong> la<br />

localisation, un retentissement fonctionnel peut se surajouter : ptosis, cécité, surdité,<br />

incontinence labiale…C’est pourquoi les patients sont très <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> prise en charge.<br />

Aucun traitement médical n’ayant aujourd’hui prouvé son efficacité, c’est sur la <strong>chirurgie</strong><br />

que repose les moyens thérapeutiques actuels. Elle se heurte à plusieurs problèmes.<br />

Le but <strong>de</strong> la <strong>chirurgie</strong> tumorale est <strong>de</strong> pratiquer l’exérèse <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> la lésion. Les<br />

neurofibromes étant <strong>de</strong> nature bénigne, les marges <strong>de</strong> sécurité sont inutiles. Seule une exérèse<br />

complète assure la guérison, c’est à dire l’absence <strong>de</strong> récidive. Cette exérèse complète est<br />

proposée par <strong>de</strong> nombreux auteurs (8). Cependant, elle-ci n’est possible que lorsque la<br />

tumeur est petite, limitée, et <strong>de</strong> localisation favorable. En revanche, lorsqu’elle est étendue,<br />

infiltrante et localisée dans les régions nobles <strong>de</strong> la face (région orbitaire, nasale, trajet du nerf<br />

facial), cette exérèse est impossible sauf au prix d’un délabrement extrêmement important :<br />

indication selon nous injustifiée pour un problème le plus souvent esthétique. Ainsi, l’exérèse<br />

complète est remise en question au profit <strong>de</strong> l’exérèse partielle, <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong> volume<br />

tumoral, qui s’expose aux problèmes <strong>de</strong> récidive et <strong>de</strong> dégénérescence<br />

neurofibrosarcomateuse. Cette exérèse incomplète, dite intra-tumorale, représente la première<br />

évolution <strong>de</strong> la prise en charge chirurgicale <strong>de</strong> ces mala<strong>de</strong>s. Cependant, cette évolution<br />

6


technique, même si elle est peu délabrante fonctionnellement et qu’elle est plus satisfaisante<br />

esthétiquement, se caractérise par son instabilité. L’histoire naturelle du neurofibrome, en<br />

particulier le neurofibrome plexiforme, fait que cette tumeur évolue par poussées, à l’origine<br />

<strong>de</strong>s récidives tumorales. Par ailleurs, les particularités histologiques <strong>de</strong>s tissus ren<strong>de</strong>nt les<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> suspension et <strong>de</strong> repositionnement globalement peu efficaces dans le temps.<br />

L’évolutivité n’étant pas contrôlable, le seul facteur sur lequel le <strong>chirurgie</strong>n peut intervenir est<br />

sa métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> résection, dans le but d’obtenir <strong>de</strong>s résultats esthétiquement satisfaisants et<br />

stables dans le temps, tout en conservant la fonction. Ainsi, nous proposons, à travers notre<br />

expérience, <strong>de</strong> faire part et d’évaluer nos évolutions techniques concernant les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

résection intra-tumorale <strong>de</strong>s neurofibromes faciaux, en particulier les types histologiques<br />

plexiformes.<br />

Pour <strong>de</strong>s raisons histologiques, les neurofibromes, et en particulier les neurofibromes<br />

plexiformes sont <strong>de</strong>s tumeurs très hémorragiques. Tout geste chirurgical s’expose à un<br />

saignement important, surtout lorsque le neurofibrome est volumineux. Le problème est <strong>de</strong><br />

contrôler ce saignement per-opératoire et l’anémie aigue secondaire. Le contrôle <strong>de</strong><br />

l’hémostase se faisant classiquement à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ligatures et d’électrocoagulation monopolaire,<br />

nous proposons d’évaluer notre évolution technique concernant le contrôle <strong>de</strong> l’hémostase<br />

pour la <strong>chirurgie</strong> <strong>de</strong>s neurofibromes.<br />

Auparavant, nous présenterons les aspects cliniques, histologiques et génétiques <strong>de</strong> la<br />

neurofibromatose <strong>de</strong> type I.<br />

7


Génétique<br />

Le gène Nf1 : transmission et isolement<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s arbres généalogiques <strong>de</strong>s familles atteintes <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Von<br />

Recklinghausen montre que Nf1 se transmet <strong>de</strong> façon dominante. L’héritage d'une copie<br />

mutée du gène transmet la maladie. La <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sujets, dont l'un est atteint,<br />

comportera 50% <strong>de</strong> sujets atteints. La pénétrance du gène est complète (100%).<br />

Il n'est pas possible <strong>de</strong> cloner directement le gène responsable <strong>de</strong> la maladie. Ainsi,<br />

une stratégie <strong>de</strong> clonage positionnel a été adoptée pour i<strong>de</strong>ntifier et isoler le gène Nf1. Elle<br />

consiste à i<strong>de</strong>ntifier un gène à partir <strong>de</strong> sa position, connue, sur la carte chromosomique,<br />

plutôt que par ses propriétés fonctionnelles (70). Cette stratégie implique que la maladie<br />

observée soit monogénique, ou déterminée par l'atteinte d'un gène principal. Cette métho<strong>de</strong> a<br />

démontré que le gène est situé sur le bras long du chromosome 17, dans la région 17q11.2 (5).<br />

Nf1 est un gène très long, <strong>de</strong> 3986 nucléoti<strong>de</strong>s, comportant 61 exons, avec une<br />

orientation <strong>de</strong> transcription <strong>de</strong> 5' en 3' selon le sens centro-télomérique. La région promoteur<br />

<strong>de</strong> ce gène contient <strong>de</strong>s séquences <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> la transcription. Le génome humain<br />

contient <strong>de</strong> nombreuses séquences ayant plus <strong>de</strong> 90% d'homologie avec <strong>de</strong>s séquences <strong>de</strong> Nf1.<br />

Il s'agit <strong>de</strong> séquences non fonctionnelles, ou pseudogènes, qui proviennent probablement <strong>de</strong><br />

réarrangements péricentromériques <strong>de</strong> Nf1.<br />

8


Le produit <strong>de</strong> Nf1<br />

Le produit <strong>de</strong> Nf1 est la neurofibromine. C’est une grosse protéine intracytoplasmique<br />

<strong>de</strong> 350 kDa. Elle est dotée d'un domaine nommé GRD (GAP-related domain) présentant une<br />

forte analogie avec le domaine catalytique <strong>de</strong> la superfamille <strong>de</strong>s protéines GAP (GTP-ase<br />

activating protein). Le rôle principal <strong>de</strong>s protéines GAP est <strong>de</strong> réguler l'oncogène Ras, en le<br />

faisant passer <strong>de</strong> sa forme activée, liée au GTP, à sa forme inactive, liée au GDP. Ce switch<br />

moléculaire joue un rôle important dans la croissance et la différenciation cellulaire. Une<br />

activation anormale <strong>de</strong> Ras est impliquée dans <strong>de</strong> nombreuses tumeurs malignes chez<br />

l'homme. La neurofibromine et GRD, seul, ont une activité Ras-GAP in vitro et in vivo. La<br />

perte <strong>de</strong> la neurofibromine (par mutation du gène Nf1) induirait un déblocage du cycle<br />

cellulaire (activation <strong>de</strong>s mitoses). Ceci ferait <strong>de</strong> Nf1 un gène suppresseur <strong>de</strong> tumeurs. Les<br />

étu<strong>de</strong>s moléculaires réalisées sur <strong>de</strong>s échantillons <strong>de</strong> tumeurs associées à la neurofibromatose<br />

<strong>de</strong> type 1 (neurofibromes, neurofibrosarcomes…) ont mis en évi<strong>de</strong>nce une diminution <strong>de</strong><br />

l’activité <strong>de</strong> la neurofibromine associée à une augmentation <strong>de</strong> l’activité Ras (23). La capacité<br />

<strong>de</strong> la neurofibromine à réguler l'activité Ras <strong>de</strong> nombreux types cellulaires a pour<br />

conséquence la régulation <strong>de</strong> la croissance cellulaire. De ce fait, on peut considérer Nf1<br />

comme un gène suppresseur <strong>de</strong> tumeur.<br />

Hormis GRD, la neurofibromine n'a pas d'autre activité clairement i<strong>de</strong>ntifiée. Chez <strong>de</strong>s<br />

sujets atteints, <strong>de</strong> nombreuses mutations <strong>de</strong> Nf1 ont été localisées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> GRD, ce qui<br />

laisse supposer que la neurofibromine assume d'autres fonctions que son activité Ras-GAP.<br />

9


Les mutations <strong>de</strong> Nf1<br />

Le gène Nf1 a un taux <strong>de</strong> mutation spontanée extrêmement élevé, <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 1/10<br />

000 allèles par génération. Ce taux est 10 à 100 fois plus élevé que le taux <strong>de</strong> mutation<br />

habituel d’un locus. La majorité <strong>de</strong> ces mutations sont d'origine paternelle, sans liaison<br />

significative à l'âge (28). 30 à 50% <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> Nf1 sont porteurs <strong>de</strong> mutations <strong>de</strong><br />

novo (mutation germinale parentale acquise ou mutations somatiques précoces <strong>de</strong> l'embryon).<br />

De nombreux obstacles gênent les analyses :<br />

-La gran<strong>de</strong> taille du gène rend son séquençage difficile.<br />

-La présence <strong>de</strong> l'allèle normal et l'existence <strong>de</strong> nombreux pseudogènes interfèrent avec les<br />

analyses génétiques (Southern blot et PCR).<br />

-L'absence <strong>de</strong> sites préférentiels <strong>de</strong> mutation qui surviennent tout le long du gène.<br />

-La gran<strong>de</strong> variation <strong>de</strong> taille et <strong>de</strong> type <strong>de</strong> mutations : ceci oblige à mettre en oeuvre <strong>de</strong><br />

nombreuses métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détection différentes.<br />

-L’absence <strong>de</strong> corrélation génotype-phénotype. Elles ne permettent pas <strong>de</strong> prévoir le lieu ou la<br />

nature <strong>de</strong> la mutation (sauf les macrodélétions qui impliquent l'ensemble du gène et <strong>de</strong><br />

nombreuses séquences manquantes et qui semblent être à l'origine d'un phénotype plus sévère<br />

(29,73).).<br />

Plus <strong>de</strong> 255 mutations différentes <strong>de</strong> Nf1 ont été mises en évi<strong>de</strong>nce. On trouve <strong>de</strong>s<br />

macrodélétions, <strong>de</strong>s microdélétions, <strong>de</strong>s substitutions d’une seule paire <strong>de</strong> bases, <strong>de</strong>s<br />

duplications, <strong>de</strong>s insertions, <strong>de</strong>s erreurs d'épissage et <strong>de</strong>s translocations. Les mutations<br />

reconnues comme responsables <strong>de</strong> la maladie ne représente pas plus <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s cas. La<br />

plupart <strong>de</strong> ces mutations sont uniques, retrouvées qu'au sein d'une seule famille. Elles<br />

surviennent très souvent dans l'un <strong>de</strong>s introns, et impliquent <strong>de</strong>s aberrations <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong><br />

10


l'ARN pré-messager <strong>de</strong> Nf1 et <strong>de</strong> son épissage, causant l'exclusion d'un exon (3). Elles sont à<br />

l'origine d'une protéine tronquée dans 80% <strong>de</strong>s cas (60).<br />

Le rôle <strong>de</strong> Nf1<br />

L’isolement du gène Nf1 a permis l'unification <strong>de</strong>s nombreuses formes cliniques <strong>de</strong> la<br />

maladie <strong>de</strong> Von Recklinghausen en une seule maladie, la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1. Comme<br />

<strong>de</strong> nombreux gènes impliqués dans le cycle cellulaire, Nf1 semble avoir <strong>de</strong>ux rôles distincts :<br />

-Un rôle dans la mise en place <strong>de</strong> plusieurs tissus (10), car c'est un gène qui, pendant le<br />

développement embryonnaire, est retrouvé a plusieurs endroits et dans plusieurs types <strong>de</strong><br />

cellules. Ainsi, il est possible que les dysplasies osseuses, vasculaires, ou cutanées observées<br />

soient le résultat <strong>de</strong> ce déficit d'expression <strong>de</strong> Nf1 dans <strong>de</strong>s cellules Nf1+- lors <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />

embryonnaire. L'étu<strong>de</strong> génétique <strong>de</strong>s patients mosaïques a montré que les zones cutanées<br />

atteintes <strong>de</strong> taches café au lait et <strong>de</strong> lentigines ont un phénotype Nf1+-, alors que leurs autres<br />

cellules somatiques ont un phénotype Nf1++ (65). Il est probable que la perte d'un seul allèle<br />

<strong>de</strong> Nf1 soit suffisante à la mise en place <strong>de</strong>s malformations.<br />

-Un rôle <strong>de</strong> régulateur exclusif <strong>de</strong>s tissus issus <strong>de</strong>s crêtes neurales. Vers la fin <strong>de</strong> la vie<br />

embryonnaire, le domaine d'expression <strong>de</strong> Nf1 se restreint au système nerveux central et<br />

périphérique, ainsi qu'à la médullosurrénale. C'est à ce moment que commence son rôle <strong>de</strong><br />

gène suppresseur <strong>de</strong> tumeur. Il va réguler le cycle cellulaire <strong>de</strong>s tissus dans lesquels il<br />

continue à s'exprimer, tissus dérivant <strong>de</strong> la crête neurale, siège <strong>de</strong>s tumeurs <strong>de</strong> la<br />

neurofibromatose.<br />

Ainsi pour expliquer la survenue <strong>de</strong>s tumeurs, il faut comprendre qu’elle est liée à la<br />

perte <strong>de</strong>s 2 allèles <strong>de</strong> Nf1. Knudson (30) a émis une hypothèse, pour expliquer que les sujets<br />

11


porteurs d’un seul gène muté vont développer la maladie, élaborée à partir d’observations<br />

réalisées sur le rétinoblastome (anti-oncogène Rb) :<br />

Si toutes les cellules d'un sujet per<strong>de</strong>nt une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux copies normales d'un gène<br />

suppresseur <strong>de</strong> tumeur, ces cellules seront prédisposées à <strong>de</strong>venir tumorales (2,30). Une<br />

première mutation, héritée ou spontanée, du gène atteint toutes les cellules <strong>de</strong> l'organisme.<br />

Pour que se développe une tumeur, il est nécessaire qu’une <strong>de</strong>uxième mutation, somatique,<br />

surviennent. Cette <strong>de</strong>uxième mutation va perturber la production <strong>de</strong> la protéine dans la cellule<br />

(inhibition, production d’une protéine anormale...). Cette cellule gagne alors un avantage<br />

mitogénique à l'origine d'une tumeur bénigne ou maligne, si elle n'est pas détruite par le<br />

système immunitaire.<br />

Au total, la pathologie est récessive au niveau cellulaire, la perte d'hétérozygotie étant<br />

la condition nécessaire à son développement. En revanche, à l'échelle <strong>de</strong> l'individu, le risque<br />

pour que survienne une <strong>de</strong>uxième mutation dans une cellule au cours <strong>de</strong> la vie, et que cette<br />

cellule survive, est proche <strong>de</strong> 100%. Statistiquement, tous les sujets hétérozygotes<br />

développent la maladie, (transmission dominante), malgré l'héritage d'un seul gène muté. En<br />

théorie, le génotype <strong>de</strong>s sujets atteints est donc Nf1+- celui <strong>de</strong> leurs tumeurs Nf1--<br />

(mosaïcisme spécifique).<br />

La perte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux allèles <strong>de</strong> Nf1 est effective dans <strong>de</strong> nombreuses tumeurs pouvant<br />

survenir lors <strong>de</strong> la NF1, telles les neurofibromes, les neurofibrosarcomes, les<br />

phéochromocytomes, les leucémies myéloï<strong>de</strong>s. En revanche, elle n'a été détectée que dans une<br />

minorité <strong>de</strong> neurofibromes sous-cutanés (25,35) Ceci peut être expliqué par :<br />

-La gran<strong>de</strong> taille du gène, rend la détection <strong>de</strong> mutations subtiles particulièrement difficile par<br />

les métho<strong>de</strong>s habituelles.<br />

12


-Une absence effective <strong>de</strong> mutation sur le <strong>de</strong>uxième allèle, et la présence d'une mutation sur<br />

un autre élément <strong>de</strong> la voie <strong>de</strong> signalisation (ce qui ferait <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 une<br />

pathologie non strictement monogénique (75).).<br />

- L’altération d'une autre étape <strong>de</strong> la voie Ras avec le même résultat qu'une perte<br />

d'hétérozygotie.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modèles animaux (9,20,75) montre que les souris Nf1+- ne développent<br />

pas <strong>de</strong> neurofibromes. La perte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux allèles <strong>de</strong> Nf1 semble donc essentielle à la formation<br />

<strong>de</strong>s neurofibromes. Les souris chimères Nf1--/+- développent <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes,<br />

exclusivement aux dépens <strong>de</strong>s cellules Nf1--. En revanche, elles ne développent aucun<br />

neurofibrome sous-cutané. Ces résultats prouvent que la perte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux allèles <strong>de</strong> Nf1 est<br />

indispensable au développement <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes. Aucun <strong>de</strong>s modèles animaux<br />

ne développe <strong>de</strong> neurofibromes sous-cutanés. Dans l'espèce humaine, ces tumeurs surviennent<br />

en général après la puberté, les modifications hormonales semblant être <strong>de</strong>s facteurs aggravant<br />

les neurofibromes. Il existe donc d’autres facteurs concourant au développement <strong>de</strong>s<br />

neurofibromes sous-cutanés. (75)<br />

Le rôle <strong>de</strong> la cellule <strong>de</strong> Schwann<br />

Habituellement, dans les tumeurs bénignes ou malignes, un seul type cellulaire est<br />

habituellement atteint. En particulier dans les tumeurs malignes, ou l'ensemble <strong>de</strong> la tumeur<br />

dérive même d'une seule cellule (tumeur monoclonale). En revanche, les neurofibromes et les<br />

neurofibrosarcomes sont <strong>de</strong>s tumeurs hétérogènes, entités rares. Les cellules <strong>de</strong> ces tumeurs<br />

hétérogènes ne subissent pas nécessairement toutes la perte d'hétérozygotie. Les cellules<br />

hétérozygotes participent à la tumeur , mais ne sont pas capables <strong>de</strong> la générer. La cellule <strong>de</strong><br />

13


Schwann est la cellule dont la modification génétique est la condition sine qua non <strong>de</strong> la<br />

formation <strong>de</strong>s tumeurs. C’est le type cellulaire prédominant dans les neurofibromes et les<br />

neurofibrosarcomes (jusqu'à 80% du contingent cellulaire). La perte d'hétérozygotie et une<br />

altération <strong>de</strong> l’activité Ras ont été détectées dans les cellules <strong>de</strong> Schwann <strong>de</strong>s neurofibromes,<br />

mais pas dans les autres cellules <strong>de</strong>s tissus tumoraux (16,61). Les cellules <strong>de</strong> Schwann isolées<br />

à partir <strong>de</strong> neurofibromes sont capables <strong>de</strong> promouvoir l'angiogenèse et sont invasives,<br />

contrairement aux autres cellules <strong>de</strong>s mêmes tumeurs, et aux cellules <strong>de</strong> Schwann normales<br />

(35).<br />

Les autres cellules <strong>de</strong>s neurofibromes et <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes ont montré qu'elles<br />

avaient une capacité <strong>de</strong> réponse augmentée aux différents facteurs <strong>de</strong> croissance, et une<br />

fragilité accrue <strong>de</strong> leur ADN.<br />

Des neurofibromes différents ont une origine différente<br />

Deux types <strong>de</strong> neurofibromes sont caractéristiques <strong>de</strong> la NF1, les neurofibromes sous-<br />

cutanés et les neurofibromes plexiformes. Ce sont <strong>de</strong>s tumeurs hétérogènes survenant sur les<br />

nerfs périphériques. Elles impliquent tous les types cellulaires présents dans les nerfs<br />

périphériques normaux : les cellules <strong>de</strong> Schwann, les axones, les cellules périneurales, les<br />

fibroblastes, les cellules endothéliales et les mastocytes (32).<br />

Pendant le développement, les cellules <strong>de</strong>s crêtes neurales migrent dans les nerfs<br />

périphériques, et un sous-groupe <strong>de</strong> cellules donne naissance à la lignée <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong><br />

Schwann, les cellules précurseurs. Après la naissance, ces cellules immatures se développent<br />

en formant <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> cellules <strong>de</strong> Schwann : les cellules myélinisantes et les cellules<br />

non myélinisantes (46). Ainsi, la mutation au hasard <strong>de</strong> Nf1 pourrait atteindre les diverses<br />

14


cellules <strong>de</strong>s nerfs périphériques dérivés <strong>de</strong>s crêtes neurales à différentes étapes <strong>de</strong> leur<br />

différenciation, et, conduire à <strong>de</strong>s manifestations différentes (figure 3). Le neurofibrome<br />

plexiforme dérive probablement <strong>de</strong> la lignée embryonnaire <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> Schwann, tandis<br />

que le neurofibrome sous-cutané prend son origine dans <strong>de</strong>s cellules plus matures <strong>de</strong> cette<br />

même lignée.<br />

Les neurofibromes à l’origine <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes<br />

Il semble que 5% <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes se transforment en<br />

neurofibrosarcomes, et que 60% <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes proviennent <strong>de</strong> neurofibromes<br />

plexiformes (75). En fait, seuls les neurofibromes plexiformes sont susceptibles <strong>de</strong> se<br />

transformer en neurofibrosarcome. Cette différence d'évolution pourrait s’expliquer par la<br />

présence d'un type cellulaire « susceptible », présent uniquement dans les neurofibromes<br />

plexiformes. Nous avons vu que les cellules <strong>de</strong> Schwann peu différenciées ayant subi une<br />

perte d'hétérozygotie sont probablement à l'origine <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes, et que les<br />

cellules <strong>de</strong> Schwann plus différenciées sont à l’origine <strong>de</strong>s neurofibromes sous-cutanés qui ne<br />

se transforment pas en neurofibrosarcomes. Ce sont donc les cellules <strong>de</strong> Schwann peu<br />

différenciées qui semble être susceptible d'induire une transformation maligne.<br />

15


Répartition <strong>de</strong>s anomalies somatiques<br />

Parmi les nombreuses <strong>de</strong>scriptions cliniques <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1, une<br />

gran<strong>de</strong> place était faite aux neurofibromatoses « segmentaires », définies par la présence <strong>de</strong><br />

signes cutanés <strong>de</strong> Nf1 limités à une région. Leur origine repose sur la théorie <strong>de</strong> la mutation<br />

somatique : mutation survenant après la première division cellulaire <strong>de</strong> l'embryon. L'étendue<br />

et la variété <strong>de</strong>s tissus Nf1 +/- dépend alors <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> cette mutation dans le<br />

développement embryonnaire, les neurofibromes, porteurs du génotype Nf1-/- (58), survenant<br />

dans ces zones embryologiquement homogènes <strong>de</strong> l'organisme. Ainsi, les neurofibromes vont<br />

se développer à n'importe quel moment <strong>de</strong> la vie chez un individu atteint <strong>de</strong> dysplasie durant<br />

la pério<strong>de</strong> embryonnaire, et chez qui survient une mutation <strong>de</strong> l'allèle restant <strong>de</strong> Nf1, dans <strong>de</strong>s<br />

cellules qui l'expriment encore. La localisation <strong>de</strong> ces tumeurs est fonction <strong>de</strong> la date <strong>de</strong><br />

survenue <strong>de</strong> la mutation affectant le premier allèle, la nature <strong>de</strong>s tumeurs est fonction du <strong>de</strong>gré<br />

<strong>de</strong> maturité <strong>de</strong> la cellule hébergeant la <strong>de</strong>uxième mutation.<br />

16


Présentation clinique, radiologique et histologique<br />

Présentation générale<br />

La neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 est une pathologie présentant une gran<strong>de</strong> variabilité <strong>de</strong><br />

type d'atteinte clinique, <strong>de</strong> gravité, d’extension…Il s'agit d'une maladie fréquente dont<br />

l’inci<strong>de</strong>nce est estimée à 1/3 500 naissances. Cependant, habituellement, les cas passent quasi-<br />

inaperçus, permettant aux patients atteints <strong>de</strong> vivre une existence normale. Cliniquement, les<br />

atteintes peuvent être classées en 2 catégories.<br />

diagnostic.<br />

Les signes cardinaux (36)<br />

Présents chez une très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> patients atteints, ils forment la base du<br />

Les taches café au lait<br />

Elles sont la première manifestation <strong>de</strong> la NF1 et peuvent être présentent dès la<br />

naissance. Elles apparaissent rarement après l’age <strong>de</strong> 2 ans. Leur répartition est aléatoire, leurs<br />

contours sont nettement tracés et leur teinte marron plus ou moins foncé. Le diamètre <strong>de</strong>s<br />

taches café au lait varie <strong>de</strong> 0,5 à 50 cm, mais la majorité d’entre elles font moins <strong>de</strong> 10 cm. A<br />

l’adolescence, les taches café au lait sont présentes dans 90% <strong>de</strong>s cas. A l’age adulte, elles<br />

<strong>de</strong>viennent plus pales, peu visibles, et certaines disparaissent. Leur nombre semble se<br />

stabiliser voire diminuer.<br />

17


Histologiquement, les taches café au lait sont une hyperpigmentation en foyer dans la<br />

membrane basale d’un épi<strong>de</strong>rme normal par ailleurs.<br />

Les lentigines <strong>de</strong>s plis<br />

Caractéristiques <strong>de</strong> la NF1, elles ressemblent à <strong>de</strong>s taches café au lait <strong>de</strong> petite taille,<br />

<strong>de</strong> 1 à 3 mm <strong>de</strong> diamètre, localisées dans les régions axillaire, <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> spécificité,<br />

inguinale et sous mammaire. Rarement présentes avant l’age <strong>de</strong> 2 ans, elles apparaissent après<br />

les taches café au lait. On les retrouve dans 80% <strong>de</strong>s cas après la puberté.<br />

Les nodules <strong>de</strong> Lisch<br />

Ce sont <strong>de</strong>s hamartomes <strong>de</strong> l'iris. Ils n’entraînent aucun trouble <strong>de</strong> la fonction visuelle.<br />

Leur taille et leur nombre augmente avec l’age : retrouvés seulement chez 10% <strong>de</strong>s sujets<br />

avant 6 ans, ils sont présent dans plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s cas après 16 ans. Ils sont recherchés par un<br />

examen ophtalmologique à la lampe à fente. Ils se présentent comme <strong>de</strong>s petits nodules jaune-<br />

brun, parfois très pales, en saillie sur la face antérieure <strong>de</strong> l’iris.<br />

Histologiquement, ils sont constitués <strong>de</strong> cellules fusiformes recouvrant un groupement<br />

<strong>de</strong> cellules naeviques.<br />

Le gliome <strong>de</strong>s voies optiques<br />

C’est l’atteinte ophtalmologique la plus fréquente. C’est une tumeur intracérébrale<br />

présente chez 15 à 20% <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> NF1. Le pic d'inci<strong>de</strong>nce se situe à 5 ans. Il<br />

touche essentiellement le nerf ou le chiasma optique, mais il peut s’étendre tout le long <strong>de</strong>s<br />

voies optiques. La symptomatologie, présente dans 50% <strong>de</strong>s cas, consiste en une baisse <strong>de</strong><br />

l’acuité visuelle, uni- ou bilatérale. Plus rarement, il se manifeste par une exophtalmie. La<br />

tumeur n’est en général pas évolutive, toutefois les évolutions rapi<strong>de</strong>s mettant en jeu les<br />

18


pronostics visuel et vital sont possibles et imprévisibles. Par ailleurs, les gliomes localisés sur<br />

le chiasma optique peuvent se révéler par <strong>de</strong>s manifestations endocriniennes.<br />

Les neurofibromes<br />

Les formes cliniques<br />

Tumeurs les plus communes pouvant survenir chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1. Ce<br />

sont <strong>de</strong>s tumeurs bénignes et hétérogènes <strong>de</strong> la gaine <strong>de</strong>s nerfs périphériques. Bien que <strong>de</strong>s<br />

neurofibromes puissent survenir sporadiquement et isolément, le développement <strong>de</strong><br />

neurofibromes multiples est caractéristique <strong>de</strong> la neurofibromatose (75). On distingue<br />

plusieurs types <strong>de</strong> neurofibromes.<br />

Les neurofibromes cutanés<br />

Ils se développent dans le <strong>de</strong>rme et l'épi<strong>de</strong>rme. Ce sont <strong>de</strong> petites tumeurs molles,<br />

mobiles avec la peau, <strong>de</strong> couleur chair, rosée ou, le plus souvent violacée. En général sessiles,<br />

elles <strong>de</strong>viennent pédiculées réalisant <strong>de</strong>s tumeurs en pseudo-hernie (molluscum pendulum).<br />

Leur consistance est élastique et dépressible. Les neurofibromes varient en taille, <strong>de</strong> 0,1 cm à<br />

quelques centimètres, et en nombre, <strong>de</strong> quelques-uns à plusieurs milliers. En l’absence <strong>de</strong><br />

traitement, ils peuvent atteindre une taille importante, en surface et en relief, donnant un<br />

aspect en besace ou en battant <strong>de</strong> cloche. Leur siège principal est le tronc, mais les autres<br />

parties du corps ne sont pas épargnées (face, membres, cuir chevelu, aréoles chez la femme).<br />

Leur développement débute à la puberté. Ils sont exceptionnellement absents à l’age adulte<br />

(95% <strong>de</strong>s adultes sont atteints). Dans 25% <strong>de</strong>s cas, ces neurofibromes sont prurigineux,<br />

parfois douloureux quand ils ont une composante sous-cutanée.<br />

19


Les neurofibromes sous-cutanés ou neurofibromes périphériques nodulaires<br />

Ils sont présents à l’age adulte chez 20% <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s. Ils apparaissent rarement avant<br />

la secon<strong>de</strong> enfance. Ils se développent sur <strong>de</strong>s troncs nerveux périphériques plus important<br />

que les neurofibromes cutanés. Ils sont peu visibles, essentiellement palpables, bombant sous<br />

la peau, sphériques ou ovoï<strong>de</strong>s, isolés ou en chapelets. Leur consistance est ferme. La pression<br />

<strong>de</strong> ces tumeurs peut entraîner <strong>de</strong>s paresthésies voire <strong>de</strong>s douleurs. Au maximum, ils peuvent<br />

conduire à une symptomatologie neurologique.<br />

Les neurofibromes plexiformes<br />

Ils se développent aux dépens <strong>de</strong>s branches principales <strong>de</strong>s nerfs spinaux ou crâniens<br />

et forment un réseau tumoral aux multiples digitations, qui s'insinuent dans les tissus<br />

adjacents normaux. Ils se distinguent <strong>de</strong>s 2 formes précé<strong>de</strong>ntes car ils impliquent toutes les<br />

couches <strong>de</strong> la peau et peuvent pénétrer profondément muscle, os et viscères. Ils peuvent donc<br />

survenir superficiellement ou dans les tissus profonds. Lorsqu'il est accessible à la palpation,<br />

le neurofibrome plexiforme est classiquement décrit comme une tuméfaction cutanée et sous-<br />

cutanée <strong>de</strong> taille très variable (quelques centimètres, plusieurs dizaines <strong>de</strong> centimètres, au<br />

maximum tout un segment corporel) ayant une consistance molle d'un « sac <strong>de</strong> ficelles ». Leur<br />

texture est irrégulière. La peau en regard est souvent anormale, combinaison d’hypertrophie,<br />

<strong>de</strong> pigmentation café au lait et d’hypertrichose. Ils siègent préférentiellement sur le tronc, le<br />

cou, la tête et les membres. La tumeur, présente le plus souvent dès la première année <strong>de</strong> vie,<br />

augmente <strong>de</strong> volume <strong>de</strong> façon constante, avec <strong>de</strong>s poussées évolutives probablement<br />

hormono-dépendantes, à l'adolescence et lors <strong>de</strong>s grossesses. Elle fait courir le risque <strong>de</strong> perte<br />

<strong>de</strong> fonction du nerf initialement atteint, à laquelle peuvent s'ajouter la déformation <strong>de</strong>s<br />

structures osseuses adjacentes, et la compression ou l'étirement d'autres organes, avec les<br />

risques fonctionnels et vitaux qui s'y rattachent (compression médullaire et cyphoscoliose,<br />

20


compression d'organes thoraciques, compression d'organes intra péritonéaux (tumeur rétro<br />

péritonéale), déformation majeure d'une région du corps, membres, face…). La tumeur est en<br />

général indolore ; l'apparition d'une douleur doit faire suspecter la transformation en<br />

neurofibrosarcome.<br />

Histoire naturelle<br />

L'histoire naturelle <strong>de</strong> la maladie, et <strong>de</strong>s neurofibromes en particulier, a été décrite par<br />

Riccardi (57). Il considère que les neurofibromes plexiformes apparaissent dès la vie<br />

embryonnaire. Leur apparition est estimée vers la 16e semaine <strong>de</strong> développement<br />

embryonnaire. Ceci explique la survenue assez commune <strong>de</strong> neurofibromes congénitaux chez<br />

les enfants atteints <strong>de</strong> NF1. Leur localisation préférentielle est la région orbitaire et péri<br />

orbitaire. On considère que tous les neurofibromes congénitaux sont <strong>de</strong> type plexiforme.<br />

Certains auteurs affirment même que tous les neurofibromes plexiformes sont congénitaux,<br />

même s'ils ne s’expriment que secondairement. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la puberté est la principale<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s neurofibromes. C’est pendant cette pério<strong>de</strong> que les<br />

neurofibromes cutanés et sous-cutanés apparaissent, et que les neurofibromes plexiformes<br />

<strong>de</strong>viennent réellement volumineux. Entre 20 et 30 ans, les neurofibromes sous-cutanés se<br />

développent activement, surtout sur le tronc. La grossesse augmente le nombre <strong>de</strong>s<br />

neurofibromes, mais aussi leur taille. Ceci est le plus souvent réversible. Par la suite, les<br />

neurofibromes se développent <strong>de</strong> façon progressive et extrêmement variable d'un individu à<br />

l'autre, tant dans le nombre que dans la taille finale <strong>de</strong>s tumeurs. La vieillesse est une pério<strong>de</strong><br />

calme concernant leur développement.<br />

21


Aspect histologique<br />

Sur le plan histologique, les neurofibromes sont <strong>de</strong>s tumeurs hétérogènes. Ils sont<br />

formés par une prolifération <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s éléments constitutifs du nerf périphérique<br />

normal : les cellules <strong>de</strong> Schwann, les neurones, les cellules périneurales, les fibroblastes et les<br />

mastocytes (18). En fonction <strong>de</strong> l’endroit où se développe la tumeur sur le trajet <strong>de</strong>s nerfs<br />

périphériques, <strong>de</strong>s petites terminaisons nerveuses intra-<strong>de</strong>rmiques aux gros troncs nerveux, la<br />

tumeur développée sera cutanée, sous cutanée ou plexiforme. Cependant, sa structure<br />

histologique est constante : arrangement assez lâche <strong>de</strong> cellules fusiformes, formant <strong>de</strong>s «<br />

vaguelettes », entremêlées <strong>de</strong> quantité variable <strong>de</strong> fibres collagènes. Une variation myxoï<strong>de</strong><br />

ou gélatineuse est fréquente avec accumulation <strong>de</strong> tissu conjonctif riche en muco-<br />

polysacchari<strong>de</strong>s. Ces tumeurs augmentent <strong>de</strong> façon diffuse le volume <strong>de</strong>s nerfs atteints et<br />

dissocient les fibres nerveuses, ce qui les différencie <strong>de</strong>s schwannomes. Ainsi on reconnaît au<br />

sein <strong>de</strong> la tumeur <strong>de</strong>s axones et <strong>de</strong>s filets nerveux du nerf sous-jacent. Ceci rend impossible<br />

leur énucléation, contrairement aux schwannomes.<br />

Les neurofibromes sous-cutanés sont <strong>de</strong>s petites masses bien limitées fusiformes ou<br />

arrondies, constitués <strong>de</strong> cellules allongées et sinueuses ressemblant aux cellules du périnèvre.<br />

Les neurofibromes plexiformes envahissent un nerf <strong>de</strong> façon diffuse. Ils constituent<br />

<strong>de</strong>s épaississements mal limités <strong>de</strong>s troncs nerveux, dont l’analyse montre une prolifération<br />

<strong>de</strong>s cellules du périnèvre et <strong>de</strong> la matrice extra-cellulaire.<br />

Les marqueurs immunohistochimiques sont :<br />

-La protéine S 100 (PS 100), exprimée par les cellules <strong>de</strong> Schwann en intracytoplasmique.<br />

-Les anticorps anti-vimentine (collagène) et anti- <strong>de</strong>smine ou anti-actine (muscle).<br />

22


Les différentes composantes <strong>de</strong> la tumeur pouvant être représentées en quantités<br />

variables, il est en général réalisé une étu<strong>de</strong> immunohistochimique <strong>de</strong>s prélèvements, afin<br />

d'établir le diagnostic différentiel avec une tumeur d'origine musculaire ou fibroblastique.<br />

Les atteintes osseuses spécifiques<br />

Dysplasies <strong>de</strong>s os longs<br />

Elles sont congénitales et sont le plus souvent localisées sur le tibia. Elles touchent 2%<br />

<strong>de</strong>s patients. Elles se manifestent par une courbure d’une jambe, apparaissant précocement à<br />

la naissance, ou à la marche. Elles peuvent être révélées par <strong>de</strong>s fractures avec pseudarthrose<br />

secondaires.<br />

Dysplasies <strong>de</strong>s ailes sphénoï<strong>de</strong>s<br />

Elles sont congénitales, unilatérales et non évolutives. Rares (


Les complications<br />

Elles se définissent comme les pathologies survenant avec une fréquence accrue chez<br />

les individus atteints <strong>de</strong> NF1, par rapport à la population générale. Ce groupe comprend :<br />

Les complications cardiovasculaires<br />

Les malformations vasculaires<br />

Elles peuvent être retrouvées chez <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> NF1 (15,24,48,57). On a<br />

retrouvé <strong>de</strong>s sténoses, <strong>de</strong>s occlusions, <strong>de</strong>s ruptures, <strong>de</strong>s anévrysmes et <strong>de</strong>s fistules sur les<br />

artères <strong>de</strong> moyen et <strong>de</strong> gros calibre. Les artères rénales sont les plus souvent touchées. La<br />

lésion la plus classiquement retrouvée à cet endroit est une sténose. Les artères à <strong>de</strong>stinée<br />

cervicale, faciale, occipitale et cérébrale, sont rarement atteintes. Cependant, on a décrit <strong>de</strong>s<br />

sténoses et <strong>de</strong>s occlusions <strong>de</strong>s artères cervicale et cérébrale, <strong>de</strong>s malformations<br />

artérioveineuses cérébrales, <strong>de</strong>s anévrysmes <strong>de</strong>s artères cervicales et <strong>de</strong>s fistules<br />

artérioveineuses cervicales (vascularisées par l’artère vertébrale) (11,59,62,69). La gran<strong>de</strong><br />

fragilité vasculaire, retrouvée chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1, expose au risque d’hémorragie<br />

massive en peropératoire.<br />

L’artériopathie <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 se caractérise histologiquement par<br />

une fibrose <strong>de</strong> l’intima, un amincissement <strong>de</strong> la media, une fragmentation <strong>de</strong>s fibres élastiques<br />

avec formations anévrysmales sur les vaisseaux <strong>de</strong> 0,5 à 1 mm <strong>de</strong> diamètre (56). Cette<br />

artériopathie peut favoriser le développement <strong>de</strong> fistules artérioveineuses suite à la rupture<br />

d’un petit anévrysme préexistant ou suite à la rupture directe d’une petite artère dans une<br />

veine. Pour certains auteurs, ces anomalies sont congénitales (17,21). Cependant, les fistules<br />

artérioveineuses se développent en général après un traumatisme. Une intervention<br />

chirurgicale peut être la cause du développement d’une fistule (21,48,55,56). Ainsi, les<br />

24


eprises sont plus exposées au risque d’hémorragie provoquée par une malformation<br />

vasculaire. Ceci pourrait justifier d’un examen d’imagerie vasculaire systématique avant toute<br />

reprise chirurgicale, la présence d’une lésion, quasi toujours non repérable cliniquement,<br />

<strong>de</strong>vant être traité par embolisation.<br />

L'hypertension artérielle<br />

C’est une complication commune <strong>de</strong> la neurofibromatose. Elle peut être due :<br />

-à une dysplasie vasculaire, responsable d'une coarctation <strong>de</strong> l'aorte, d'une sténose ou d'un<br />

anévrysme <strong>de</strong> l'artère rénale,<br />

-à une masse rétropéritonéale, responsable d’une compression <strong>de</strong> l'artère rénale,<br />

-à un phéochromocytome. Le phéochromocytome, le plus souvent surrénalien, n’est présent<br />

que dans 1% <strong>de</strong>s cas à l’age adulte. Il est exceptionnel chez l’enfant. Il peut être isolé ou<br />

s’inscrire dans le cadre d’une néoplasie endocrinienne multiple.<br />

Les complications orthopédiques<br />

La cyphoscoliose touche 10% <strong>de</strong>s patients. Elle peut être d'origine dysplasique, liée à<br />

la présence d'un neurofibrome, ou idiopathique. Le plus souvent, l’atteinte est discrète, mais<br />

dans 5% <strong>de</strong>s cas, celle-ci est majeure, secondaire à <strong>de</strong>s dysplasies vertébrales plus ou moins<br />

étendues, associées à d’éventuelles dysplasies costales. Ces atteintes majeures apparaissent,<br />

en général, pendant l’enfance.<br />

On peut également retrouver :<br />

-<strong>de</strong>s lacunes crâniennes,<br />

-<strong>de</strong>s anomalies thoraciques à type <strong>de</strong> pectus excavatum ou <strong>de</strong> pectus carinatum (2% <strong>de</strong>s cas),<br />

-une macrocéphalie,<br />

-un hypertélorisme,<br />

25


-une petite taille,<br />

-<strong>de</strong>s neurofibromes intra-osseux.<br />

Les complications neurologiques<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> tumeurs <strong>de</strong> type gliale du système nerveux central, la plus<br />

fréquente étant le gliome du nerf optique, les complications neurologiques sont rares. On<br />

retrouve <strong>de</strong>s céphalées migraineuses chez une gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s<br />

convulsions n’est pas supérieure à la population générale, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5%.<br />

L'atteinte intellectuelle<br />

30 à 60% <strong>de</strong>s enfants atteints <strong>de</strong> NF1 ont <strong>de</strong>s difficultés d'apprentissage, 3 à 8%<br />

d'entre eux ont un retard mental. Ces troubles cognitifs altèrent le déroulement <strong>de</strong> la scolarité.<br />

Cliniquement, l’atteinte intellectuelle se présente comme un syndrome <strong>de</strong> déficit <strong>de</strong><br />

l’attention, associé ou non à une hyperréactivité. On retrouve <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> l’attention, <strong>de</strong>s<br />

difficultés <strong>de</strong> coordination motrice, <strong>de</strong>s déficits <strong>de</strong> la mémoire récente, <strong>de</strong>s troubles perceptifs<br />

essentiellement visuels entraînant <strong>de</strong>s difficultés à lire, à écrire, à <strong>de</strong>ssiner, à se repérer dans<br />

l’espace, et <strong>de</strong>s difficultés d’élocution. Plusieurs hypothèses étiologiques sont avancées :<br />

-La présence <strong>de</strong> lésions d’hypersignal en T2 à l'IRM, typiques <strong>de</strong> la neurofibromatose. Ces<br />

zones sont bien circonscrites, hyperintenses, sans effet <strong>de</strong> masse. Ces anomalies ont tendance<br />

à s’estomper à l’age adulte.<br />

-L'expression altérée <strong>de</strong> la neurofibromine dans le cerveau.<br />

-L’aspect désocialisant est un facteur aggravant <strong>de</strong> certaines formes <strong>de</strong> la maladie.<br />

26


Les complications esthétiques et fonctionnelles<br />

Les neurofibromes cutanés, parfois affichants, voire spectaculaires, peuvent avoir un<br />

retentissement psychologique et social lourd.<br />

majeures.<br />

Les neurofibromes plexiformes peuvent être responsables <strong>de</strong> complications esthétiques<br />

Les tumeurs malignes<br />

Le risque <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s tumeurs malignes chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1 est 4<br />

fois plus élevé que celui <strong>de</strong> la population générale. Les cancers communs <strong>de</strong> l'adulte ne sont<br />

pas plus fréquents chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1. En revanche, le développement <strong>de</strong><br />

certaines leucémies, principalement les leucémies myéloï<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'enfant, sont plus fréquentes<br />

en cas d'atteinte par la NF1. Le pronostic ne semble pas modifié par cette association. De<br />

même, le développement <strong>de</strong> neurofibrosarcomes et <strong>de</strong> phéochromocytomes, tumeurs rares, est<br />

statistiquement corrélé à la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1.<br />

Le neurofibrosarcome est une tumeur maligne <strong>de</strong> la gaine <strong>de</strong>s nerfs périphériques. On<br />

l’appelle également schwannome malin, sarcome neurogène, ou MPNST (malignant<br />

peripheral nerve sheath tumor). C'est une tumeur exceptionnelle dans la population générale.<br />

Dans les séries <strong>de</strong> neurofibrosarcomes, on a retrouvé une NF1 dans 25 à 52% <strong>de</strong>s patients<br />

touchés. Le risque <strong>de</strong> développer un neurofibrosarcome dans la population générale est <strong>de</strong><br />

0,001%. Ce risque atteint 5% chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1 (13,14,63). C’est une tumeur<br />

très spécifique <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1. Le neurofibrosarcome survient dans 60% <strong>de</strong>s<br />

cas au sein d'un neurofibrome plexiforme préexistant. La surveillance <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong><br />

NF1 et porteurs <strong>de</strong> neurofibromes plexiformes doit donc être très attentive, encore plus s’ils<br />

sont nombreux, ou étendus. L’apparition <strong>de</strong> douleurs chez un patient atteint <strong>de</strong> NF1 et porteur<br />

<strong>de</strong> neurofibromes plexiformes doit faire suspecter une transformation en neurofibrosarcome.<br />

27


Il en est <strong>de</strong> même pour l’augmentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> la tumeur, le durcissement <strong>de</strong> sa<br />

consistance ou l’apparition d’un déficit neurologique. Cependant, les neurofibromes<br />

plexiformes peuvent présenter <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> croissance rapi<strong>de</strong>, suivie <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

quiescence relative. L’évolutivité n’est pas synonyme <strong>de</strong> malignité (14). La tumeur se<br />

développe le plus souvent lors <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> la troisième déca<strong>de</strong>. Elle touche surtout le<br />

tronc (50%), les extrémités (30%), la région cervico-faciale (20%). Le pronostic est mauvais.<br />

Les taux <strong>de</strong> survie à 5 ans varient, selon les étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> 48 à 58%. Les taux <strong>de</strong> récidive varient<br />

<strong>de</strong> 38 à 45%. On observe <strong>de</strong>s métastases dans 50 à 80% <strong>de</strong>s cas, localisées le plus souvent<br />

dans le poumon, les relais lymphatiques, et le foie (63).<br />

Sur le plan histologique, le neurofibrosarcome est caractérisé, lui aussi, par la présence<br />

<strong>de</strong> cellules fusiformes, probablement dérivées <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> Schwann. Les fibres <strong>de</strong><br />

collagène sont rares. Il existe un arrangement grossier <strong>de</strong> fibrilles <strong>de</strong> réticuline, en rangs<br />

parallèles entre les cellules fusiformes. Cet arrangement est très caractéristique <strong>de</strong> la lésion.<br />

Les signes <strong>de</strong> malignité sont représentés par <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> cellules pleïomorphes, géantes,<br />

mono ou polynucléaires, un excès <strong>de</strong> mitoses, une invasion <strong>de</strong>s tissus environnants, et une<br />

invasion vasculaire. Même si ces signes sont typiques, et qu’il n'existe que peu <strong>de</strong> diagnostics<br />

différentiels, une réaction à la MIB 1, marqueur <strong>de</strong> l'activité cellulaire, est systématiquement<br />

réalisée. Elle permet <strong>de</strong> faire la différence entre un neurofibrome à forte composante cellulaire<br />

et un neurofibrosarcome.<br />

28


Critères diagnostics<br />

En 1988, une conférence <strong>de</strong> consensus du National Institutes of Health a déterminé les<br />

critères diagnostics <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1. Sont atteints les individus présentant au<br />

moins <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s critères suivants :<br />

-au moins six taches café au lait, d'un diamètre d'au moins 5mm chez les individus pré-<br />

pubères, d'au moins 15 mm après la puberté.<br />

-au moins <strong>de</strong>ux neurofibromes, quel qu'en soit le type, ou un neurofibrome plexiforme.<br />

-<strong>de</strong>s lentigines <strong>de</strong>s plis.<br />

-un gliome du nerf optique.<br />

-au moins <strong>de</strong>ux nodules <strong>de</strong> Lisch.<br />

-une atteinte osseuse caractéristique : dysplasie du sphénoï<strong>de</strong> ou amincissement <strong>de</strong> la corticale<br />

d'un os long, avec ou sans pseudarthrose.<br />

-un parent du premier <strong>de</strong>gré atteint <strong>de</strong> NF1 selon les critères évoqués ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Atteintes faciales<br />

La prévalence <strong>de</strong> l’atteinte faciale est difficile à évaluer chez les mala<strong>de</strong>s atteints <strong>de</strong><br />

neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 en raison <strong>de</strong> la très gran<strong>de</strong> variabilité d’expression <strong>de</strong> la maladie<br />

qui disperse les patients dans différentes spécialités médicales. Il n’est pas systématiquement<br />

réalisé <strong>de</strong> bilan facial, surtout en cas d’absence d’atteinte clinique évi<strong>de</strong>nte, laissant passer <strong>de</strong>s<br />

atteintes minimes qui ne sont donc pas prises en compte. Environ 40% <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong><br />

NF1 se révèlent par une manifestation faciale (42). Un neurofibrome diffus <strong>de</strong> la région<br />

orbito-temporale est retrouvé chez 1 à 10% <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> NF1 (22). L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

29


séries réalisées par les radiologues ont mis en évi<strong>de</strong>nce une atteinte céphalique dans 75% <strong>de</strong>s<br />

cas (31) et une atteinte sphéno-orbitaire dans 24 à 36% <strong>de</strong>s cas (19, 76)<br />

Les atteintes <strong>de</strong>s tissus mous<br />

Dans cette localisation, toutes les formes <strong>de</strong> neurofibromes peuvent se rencontrer :<br />

- neurofibromes sous cutanés. Ils sont les plus souvent multiples, créant dans ce cas un<br />

préjudice esthétique important.<br />

- neurofibromes plexiformes. Ils posent <strong>de</strong>s problèmes majeurs. Ces neurofibromes se<br />

développent soit dans une cavité osseuse qu’ils vont déformer : cavité buccale, orbite et dont<br />

ils vont comprimer le contenu, soit sur <strong>de</strong>s surfaces externes, comme la joue, la région<br />

parotidienne, la région temporale où, envahissant à la fois les muscles et le <strong>de</strong>rme, ils vont<br />

créer une ptose parfois majeure <strong>de</strong>s tissus mous. La littérature rapporte <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> la<br />

langue, <strong>de</strong> la gencive, du plancher buccal, <strong>de</strong>s espaces rétro pharyngés, du larynx, <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s<br />

salivaires.<br />

Il existe <strong>de</strong>ux formes cliniques particulières <strong>de</strong> neurofibromatose faciale.<br />

La neurofibromatose orbito-temporale (26)<br />

Elle touche les paupières, l’orbite et la région temporale. Débutant dans l’enfance,<br />

l’atteinte progresse avec les années. Elle commence habituellement par une infiltration <strong>de</strong>s<br />

paupières. Plus tard, l’envahissement <strong>de</strong> plus en plus important du tissu sous-cutané palpébral<br />

se complique d’une ptose <strong>de</strong>s paupières <strong>de</strong> sévérité variable, associée a une ptose du globe<br />

oculaire (enophtalmie). À ce sta<strong>de</strong>, l’œil reste fonctionnel. Dans les cas les plus sévères,<br />

l’atteinte palpébrale rend l’ouverture <strong>de</strong> l’œil impossible, il existe une diminution <strong>de</strong> l’acuité<br />

30


visuelle, voire une cécité. Dans ces cas, le globe peut être atteint par le neurofibrome, réalisant<br />

une buphtalmie. L’atteinte orbitaire est systématique. La plus classique est l’absence partielle<br />

ou totale <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> aile du sphénoï<strong>de</strong>. Ceci a pour conséquence un défect <strong>de</strong> taille et <strong>de</strong><br />

localisation variable <strong>de</strong> la paroi postéro-latérale <strong>de</strong> l’orbite, réalisant un élargissement <strong>de</strong> la<br />

fissure orbitaire supérieure. Cet élargissement peut se compliquer <strong>de</strong> hernie du lobe temporal<br />

qui majore l’enophtalmie et, est à l’origine <strong>de</strong>s pulsations du globe oculaire retrouvées chez<br />

certains patients. L’orbite peut également être élargi et prendre une forme d’œuf, associé à<br />

une hypoplasie <strong>de</strong>s rebords supra et infraorbitaire. Parfois le zygoma est hypoplasique et le<br />

plancher orbitaire est déprimé. Le toit <strong>de</strong> l’orbite et le rebord orbitaire supérieur peuvent être<br />

légèrement élevés.<br />

La classification <strong>de</strong> Jackson permet <strong>de</strong> classer les patients en 3 catégories, répondant à<br />

3 types <strong>de</strong> traitement differents (26).<br />

Type 1 : Envahissement <strong>de</strong>s tissus mous sans lésion osseuse majeure, avec vision<br />

normale ou diminuée.<br />

Ce type est caractérisé par l’atteinte palpébrale, habituellement la paupière supérieure, bien<br />

que la paupière inférieure puisse également être atteinte. Le neurofibrome envahi l’orbite. La<br />

gran<strong>de</strong> aile du sphénoï<strong>de</strong> est absente. L’enophtalmie est variable. La taille <strong>de</strong> l’orbite est<br />

légèrement différente par rapport au coté controlatéral.<br />

diminuée.<br />

Type 2 : Envahissement <strong>de</strong>s tissus mous et du squelette, avec vision normale ou<br />

Ce type est caractérisé par l’atteinte <strong>de</strong> la paupière et <strong>de</strong>s tissus mous intraorbitaires.<br />

L’enophtalmie est généralement sévère. L’importance du défect <strong>de</strong> la paroi postérieure <strong>de</strong><br />

l’orbite est variable, <strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong> la hernie du lobe temporal. L’élargissement <strong>de</strong><br />

31


l’orbite est présent, <strong>de</strong> même que la dépression du plancher orbitaire. Les examens<br />

radiographiques confirment également l’absence <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> aile du sphénoï<strong>de</strong>. L’IRM et le<br />

scanner précisent la position et la taille <strong>de</strong> la tumeur, la position du lobe temporal et la<br />

présence éventuelle <strong>de</strong> citernes arachnoïdiennes.<br />

Type 3 : Envahissement <strong>de</strong>s tissus mous et du squelette, avec vision abolie.<br />

Dans ces cas très sévères, la lésion touche l’orbite et la région temporale. Il existe en général<br />

une enophtalmie pulsatile sévère en raison d’un large défect postérieur accompagné d’une<br />

volumineuse hernie du lobe temporal ou <strong>de</strong>s citernes arachnoïdiennes. L’œil est aphaque et<br />

peut être très augmenté <strong>de</strong> volume en raison <strong>de</strong> l’envahissement tumoral (buphtalmie). Les<br />

paupières sont fermées en permanence en raison <strong>de</strong> l’envahissement massif <strong>de</strong> la paupière<br />

supérieure à l’origine d’un ptosis sévère et d’une incapacité <strong>de</strong> mouvement. L’orbite est très<br />

élargi et prend typiquement la forme d’un œuf. Le zygoma est hypoplasique. L’infiltration<br />

massive et extensive touche le muscle temporal lui-même. Les examens radiographiques<br />

confirment l’absence <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> aile du sphénoï<strong>de</strong>. L’IRM et le scanner 3D précisent la<br />

position et la taille <strong>de</strong> la tumeur, la position du globe oculaire, la taille du défect postérieur et<br />

<strong>de</strong> la hernie du lobe temporal, la taille <strong>de</strong> l’orbite comparée avec le coté sain.<br />

L'hypertrophie hémifaciale (57).<br />

Elle associe une macro-orbite, <strong>de</strong>s déformations <strong>de</strong> la mandibule, et un neurofibrome<br />

plexiforme diffus étendu à toutes les régions anatomiques <strong>de</strong> l'hémiface concernée. Des<br />

déformations majeures s’installent progressivement :<br />

tumeur.<br />

Front, tempe : les régions frontale et temporale sont infiltrées et déformées par la<br />

32


Paupières : la paupière inférieure est le siège d'un ectropion, secondaire à la<br />

dissociation du muscle orbiculaire par la tumeur, à l’infiltration du tarse et <strong>de</strong>s ligaments<br />

canthaux qui <strong>de</strong>viennent hypotoniques, et au poids <strong>de</strong> l'infiltration jugale. La paupière<br />

supérieure est ptosée, suite à l’infiltration <strong>de</strong>s muscles (orbiculaire et releveur <strong>de</strong> la paupière<br />

supérieure) et à leur relâchement. Le risque est alors ophtalmologique.<br />

Oreille : le pavillon <strong>de</strong> l'oreille est augmenté <strong>de</strong> volume. Il est repoussé en bas et en<br />

<strong>de</strong>hors par l'atteinte <strong>de</strong> la région parotidienne. La conséquence est une élongation parfois<br />

considérable du conduit auditif externe, et une éventuelle surdité <strong>de</strong> perception.<br />

la pesanteur.<br />

Joue : la joue est très augmentée <strong>de</strong> volume et subit une ptose majeure sous l’effet <strong>de</strong><br />

Nez : le nez est augmenté <strong>de</strong> volume jusqu'au dorsum. Les cartilages alaires et<br />

triangulaires sont infiltrés, hypotoniques, ce qui contribue à la ptose <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> nasale.<br />

Lèvres : les lèvres sont hypertrophiées entraînant une incompétence labiale et une<br />

ptose commissurale.<br />

Régions sous-mentale et sous-mandibulaire : Ces régions marquent en général la<br />

limite inférieure <strong>de</strong> la zone atteinte. Il existe donc un point fixe ou se forment les principaux<br />

replis générés par la ptose.<br />

La peau faciale envahie a une consistance très molle, et la dissociation <strong>de</strong>s muscles<br />

peauciers qui s’y associe lui fait perdre toute mobilité et toute mimique. Des neurofibromes<br />

cutanés et <strong>de</strong>s anomalies cutanées à type <strong>de</strong> pigmentation ou d’hypertrichose aggravent le<br />

tableau. Globalement, les tissus mous du visage sont volumineux et déformés. Ils ne sont plus<br />

soutenus par les plans profonds, qui sont eux-mêmes infiltrés par la tumeur. Ils ptosent sous<br />

l’effet <strong>de</strong> la pesanteur réalisant un tableau pathétique.<br />

33


Les atteintes osseuses<br />

Dans la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1, l’atteinte osseuse peut se faire selon 3 modalités :<br />

-Atteinte directe du tissu : on parle <strong>de</strong> dysplasie osseuse.<br />

-Atteinte par contiguïté.<br />

-Envahissement par un neurofibrome.<br />

Tous les étages <strong>de</strong> la face peuvent être touchés (schéma 1).<br />

Étages supérieur et moyen<br />

L’atteinte osseuse faciale caractéristique <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Recklinghausen est la<br />

macro-orbite, longtemps décrite comme un syndrome à part (26) :<br />

Os Sphénoï<strong>de</strong><br />

La gran<strong>de</strong> aile du sphénoï<strong>de</strong> est hypotrophique : simple amincissement, élargissement<br />

<strong>de</strong> la fente sphénoïdale, au maximum absence complète, avec ou sans hernie intra-orbitaire du<br />

lobe temporal. La petite aile est dystrophique. La selle turcique est asymétrique.<br />

Os Zygomatique<br />

Le malaire est épaissi dans son sens antéro-postérieur. La margelle orbitaire est<br />

déformée et sa concavité est accentuée. L'apophyse orbitaire est hypotrophique, voire absente.<br />

L’aspect radiologique est hyper<strong>de</strong>nse.<br />

Os Maxillaire<br />

Ses dimensions sont augmentées dans le sens antéro-postérieur. Le rempart alvéolaire<br />

est hypertrophique. Le sinus maxillaire est peu développé du fait <strong>de</strong> l'épaississement <strong>de</strong> l'os et<br />

<strong>de</strong> son défaut <strong>de</strong> développement dans l'axe vertical. Combinée à la dysplasie du sphénoï<strong>de</strong>,<br />

cette hypoplasie est responsable d'un élargissement <strong>de</strong> la fente sphéno-maxillaire.<br />

34


Pour certains auteurs, la présence d'un neurofibrome plexiforme intra-orbitaire<br />

explique à elle seule les anomalies osseuses décrites (27). Cependant, plusieurs arguments<br />

vont à l'encontre <strong>de</strong> cette théorie. Tout d'abord, <strong>de</strong>s déformations osseuses très importantes<br />

sont parfois présentes très précocement : l'aspect radiologique <strong>de</strong> l'os est anormal : il est<br />

hyper<strong>de</strong>nse, avec <strong>de</strong>s travées anormalement visibles, aux lignes <strong>de</strong> force modifiées. Ceci est<br />

peu évocateur d'un simple phénomène <strong>de</strong> compression extrinsèque. Par ailleurs, les examens<br />

histologiques <strong>de</strong> l'os prélevé chez un enfant atteint montre <strong>de</strong>s anomalies structurelles<br />

marquées, qui ne sont certainement pas le fait d'une simple réaction. Les anomalies osseuses<br />

caractérisant la macro-orbite correspondraient donc à une atteinte osseuse indépendante du<br />

neurofibrome. La physiopathologie <strong>de</strong> la NF1 permet d'expliquer cette atteinte :<br />

-Les os <strong>de</strong> la face, qui ont pour origine la crête neurale, sont pathologiques, expliquant la<br />

dystrophie initiale.<br />

-Le neurofibrome intra-orbitaire entraîne l'augmentation du volume d'une cavité déjà agrandie<br />

par une malformation osseuse.<br />

Étage inférieur<br />

De nombreuses anomalies ont été rapportées dans la littérature, sans précision sur leur<br />

fréquence. Une étu<strong>de</strong> a été réalisée sur <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> neurofibromatose <strong>de</strong> type 1<br />

avec localisation mandibulaire. L’analyse <strong>de</strong>s radiographies standards et <strong>de</strong>s scanners a mis en<br />

évi<strong>de</strong>nce par ordre <strong>de</strong> fréquence : (37)<br />

-Une hyper<strong>de</strong>nsité radiologique.<br />

-Un ramus concave et aminci dans le sens transversal, lié soit à une dysplasie osseuse, soit à<br />

une déformation <strong>de</strong> contiguïté par un neurofibrome envahissant le nerf <strong>de</strong>ntaire inférieur à son<br />

entrée dans la mandibule, responsable d'une disparition progressive <strong>de</strong> la corticale interne<br />

(37).<br />

35


-Un élargissement du trou mentonnier.<br />

-Un approfondissement <strong>de</strong> l'échancrure sigmoï<strong>de</strong> qui est, pour certains auteurs, un signe<br />

pathognomonique <strong>de</strong> la NF1 (41).<br />

-Un abaissement du trou mentonnier.<br />

-Un effacement <strong>de</strong> l'angle mandibulaire.<br />

-Une déformation <strong>de</strong> la tête condylienne.<br />

-Une diminution <strong>de</strong> l'épaisseur verticale du corps.<br />

-Un élargissement du canal <strong>de</strong>ntaire.<br />

-Des <strong>de</strong>nts incluses.<br />

-Des lésions d'aspect kystique, correspondant soit à <strong>de</strong>s localisations intra osseuses <strong>de</strong><br />

neurofibromes, soit à <strong>de</strong>s lacunes dysplasiques.<br />

-Un rebord basilaire irrégulier.<br />

D’autres atteintes ont été rapportées, comme celle <strong>de</strong> l'articulation temporo-<br />

mandibulaire par un neurofibrome. Cette lésion est responsable <strong>de</strong> douleurs et <strong>de</strong> craquements<br />

(54).<br />

Voûte crânienne<br />

Les atteintes les plus fréquemment mises en évi<strong>de</strong>nce sont :<br />

-Des lacunes siégeant principalement au niveau <strong>de</strong>s sutures sagittale et lambdoï<strong>de</strong>, mais aussi<br />

en plein os, souvent occipital (31).<br />

-Des amincissements localisés <strong>de</strong> siège, le plus souvent, pariéto-occipital (31).<br />

-Des élargissements <strong>de</strong>s sutures, principalement coronales.<br />

-Une macro ou une microcrânie, associée éventuellement à une craniosténose.<br />

36


Schéma 1 : les déformations du massif facial<br />

1 : macro orbite<br />

2 : ramus déformé et aminci<br />

3 : hypertrophie maxillaire<br />

4 : lacune mandibulaire<br />

5 : élargissement, abaissement du trou mentonnier<br />

6 : approfondissement <strong>de</strong> l’échancrure sigmoï<strong>de</strong><br />

7 : dysmorphie condylienne<br />

8 : lacune lambdoï<strong>de</strong><br />

37


Matériel et métho<strong>de</strong><br />

Matériel<br />

Entre janvier 1995 et mai 2005, 36 patients atteints <strong>de</strong> neurofibromatose <strong>de</strong> type 1<br />

localisée à la face ont été opérés. Parmi eux, 32 patients présentaient un neurofibrome<br />

plexiforme et 4 uniquement <strong>de</strong>s neurofibromes cutanés multiples. Sur les 32 neurofibromes<br />

plexiformes <strong>de</strong> la face, 4 patients ont présenté une dégénérescence neurofibrosarcomateuse <strong>de</strong><br />

la récidive <strong>de</strong> leur tumeur. L’âge moyen était <strong>de</strong> 30 ans avec un minimum <strong>de</strong> 16 ans et un<br />

maximum <strong>de</strong> 53 ans (figure 1).<br />

Pour 10 d’autres eux, soit 36%, nous avons réalisé une reprise d’exérèse sur une récidive <strong>de</strong><br />

leur neurofibrome, tous avaient bénéficié <strong>de</strong>s premiers temps dans d’autres centres. Les autres<br />

patients ont été opérés uniquement dans le service <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> <strong>plastique</strong> et reconstructrice du<br />

CHU Henri Mondor <strong>de</strong> Créteil.<br />

Localisations<br />

Bilan clinique<br />

4 patients présentaient <strong>de</strong>s localisations multiples. Ces patients présentaient plusieurs<br />

dizaines <strong>de</strong> neurofibromes cutanés distribués au hasard.<br />

28 patients présentaient <strong>de</strong>s localisations isolées, toutes <strong>de</strong> nature plexiforme. Le sexe<br />

ratio était <strong>de</strong> 11 hommes pour 17 femmes. Ces localisations sont : (figure 3)<br />

-frontale chez 2 patients,<br />

-orbitopalpébrale chez 14 patients,<br />

38


-jugale chez 6 patients dont une extension nasale chez un patient et une extension auriculaire<br />

chez 3 patients,<br />

-nasale chez 5 patients dont une extension labiale chez un patient,<br />

-labiale chez un patient.<br />

<strong>de</strong> la face.<br />

Il n’y a aucune prépondérance <strong>de</strong> côté dans notre série <strong>de</strong> neurofibromes plexiformes<br />

Surface<br />

12 patients présentaient un neurofibrome <strong>de</strong> surface inférieure à 25 cm2.<br />

16 patients présentaient un neurofibrome plexiforme <strong>de</strong> surface supérieure à 25 cm2.<br />

La surface moyenne <strong>de</strong> ces 16 neurofibromes plexiformes est <strong>de</strong> 110 cm2.<br />

8 patients présentaient un neurofibrome <strong>de</strong> surface comprise entre 25 et 100 cm2.<br />

5 patients présentaient un neurofibrome <strong>de</strong> surface comprise entre 100 et 150 cm2.<br />

3 patients présentaient un neurofibrome <strong>de</strong> surface supérieure à 150 cm2.<br />

La surface maximale est <strong>de</strong> 300 cm2 (figure 2).<br />

Signes associés<br />

Nous avons retrouvé une absence <strong>de</strong> thrill vasculaire dans 100% <strong>de</strong>s cas.<br />

Bilan paraclinique<br />

Bilan d’hémostase et une numération formule sanguine.<br />

Nous n’avons pas retrouvé d’anomalie particulière.<br />

Aucun prélèvement <strong>de</strong> culots globulaires autologues n’a été pratiqué.<br />

39


14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

Nombre <strong>de</strong> localisations<br />

figure 3<br />

frontales<br />

orbitopalpébrales<br />

jugales<br />

nasales<br />

labiales<br />

41


Examens d’imagerie<br />

Un scanner injecté avec éventuellement <strong>de</strong>s reconstructions tridimensionnelles, ou une<br />

IRM a été réalisé pour les lésions cliniquement supérieures à 100 cm2. Le but est d’apprécier<br />

d’une part l’extension <strong>de</strong> la lésion et d’autre part le retentissement sur les structures osseuses<br />

et cartilagineuses sous-jacentes.<br />

Aucune angiographie ou embolisation pré-opératoire n’a été réalisée. Le principe <strong>de</strong><br />

réaliser un bilan radiologique vasculaire pré-opératoire, recommandé par certaines équipes<br />

(74), n’est pas appliqué dans notre équipe en raison la métho<strong>de</strong> thérapeutique employée.<br />

Indications<br />

La stratégie thérapeutique a évolué entre 1995, date <strong>de</strong> début <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, et 2005.<br />

L’indication opératoire a été posée :<br />

-soit sur la gêne esthétique ou la gêne fonctionnelle,<br />

-soit sur une augmentation <strong>de</strong> volume rapi<strong>de</strong> faisant craindre une dégénérescence<br />

sarcomateuse.<br />

Critères d’exclusion<br />

Les critères d’exclusion que nous avons retenu sont :<br />

-Les patients présentant <strong>de</strong>s neurofibromes cutanés multiples, car ils ne posent pas <strong>de</strong><br />

problèmes chirurgicaux, que ce soit l’exérèse ou la réparation. 4 patients sont concernés. Ils<br />

ont été traités soit par <strong>de</strong>s excisions itératives et sutures simples, soit par laser CO2.<br />

-La présence d’un neurofibrosarcome au sein du neurofibrome, confirmé par examen<br />

anatomopathologique. Quatre patients ont été concernés, ils ont bénéficié d’une intervention<br />

secondaire précoce d’exérèse large avec couverture par lambeau libre pour 2 d’entre eux,<br />

lambeau pédiculé pour un, et greffe <strong>de</strong>rmo-graisseuse abdominale pour le <strong>de</strong>rnier.<br />

42


Métho<strong>de</strong>s<br />

Le traitement classique <strong>de</strong>s atteintes faciales <strong>de</strong> la neurofibromatose n’est pas codifié.<br />

Il est variable d’un mala<strong>de</strong> à l’autre en fonction <strong>de</strong> la localisation et du <strong>de</strong>gré d’atteinte.<br />

Principes techniques généraux<br />

L’intervention se déroule systématiquement sous anesthésie générale. Une tension<br />

artérielle stable doit être maintenue.<br />

La zone opérée est massivement infiltrée au sérum adrénaliné. La dissection est faite<br />

pas à pas en contrôlant en permanence l’hémostase. La dissection et l’hémostase sont faites en<br />

même temps, au moyen <strong>de</strong> ciseaux bipolaires. L’opérateur électrocoagule systématiquement<br />

ce qu’il coupe. Aucune hémostase ne doit être pratiquée au bistouri mono polaire.<br />

L’hémostase <strong>de</strong>s gros vaisseaux hyperplasiques est faite au moyen <strong>de</strong> ligatures par fils<br />

résorbables ou par clips à la pince automatique.<br />

L’exérèse tumorale est réalisée <strong>de</strong> manière extra-tumorale lorsque la lésion est <strong>de</strong> petit<br />

volume, ou que l’exérèse ne risque pas <strong>de</strong> léser une structure noble. Sinon, on pratique une<br />

résection intra-tumorale, associée éventuellement à un réamarrage <strong>de</strong>s structures déviées ou<br />

distendues dès que nécessaire. La résection est effectuée en profon<strong>de</strong>ur, si possible jusqu’aux<br />

tissus sains. On effectue un décollement à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en général limité en raison <strong>de</strong> la très<br />

gran<strong>de</strong> laxité tissulaire propre aux neurofibromes plexiformes. La fermeture est faite sans<br />

tension, en un plan cutané, par points séparés <strong>de</strong> fil non résorbable. Un drainage par 1 ou 2<br />

drains <strong>de</strong> Redon en aspiration est systématiquement mis en place.<br />

43


Les suites post-opératoires immédiates sont focalisées sur la surveillance du<br />

saignement. Elle est effectuée sur <strong>de</strong>s données cliniques (constantes hémodynamiques, signes<br />

d’anémie aiguë, débit quotidien <strong>de</strong>s drains <strong>de</strong> Redon) et <strong>de</strong>s données biologiques (Hémocu<br />

per et post opératoire immédiat, Numération Formule Sanguine et Plaquettes à J1 post-<br />

opératoire puis répétés selon les résultats et l’évolution clinique du patient). Une<br />

supplémentation en fer et foldine est systématique dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> l’intervention.<br />

L’indication transfusionnelle sanguine est posée sur les critères biologiques classiques<br />

d’anémie aiguë, <strong>de</strong> tolérance clinique et <strong>de</strong> terrain. L’ablation <strong>de</strong>s drains <strong>de</strong> Redon est réalisée<br />

dès que le débit quotidien est inférieur à 10cc. Les patients restent hospitalisés jusqu’à<br />

l’ablation du <strong>de</strong>rnier drain <strong>de</strong> Redon, la sortie étant alors programmée au len<strong>de</strong>main.<br />

Particularités <strong>de</strong>s exérèses propres à la localisation<br />

La neurofibromatose jugale.<br />

Dans les cas ou la tumeur peut être retirée en totalité, le problème posé est celui <strong>de</strong> la<br />

reconstruction <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> substance <strong>de</strong> la joue. Dans les cas ou la tumeur ne peut être<br />

retirée en totalité, le principe technique initial repose sur une exérèse intra-lésionnelle<br />

associée à une suture, selon une technique <strong>de</strong> lifting unilatéral. On utilise une voie d’abord<br />

préauriculaire classique, et on effectue un décollement sous-cutané. Comme toujours dans ce<br />

type d’intervention, et encore plus dans le cas <strong>de</strong> cette pathologie, dans laquelle l’infiltration<br />

tumorale est massive, perturbant les plans <strong>de</strong> dissection, le risque pour les branches du nerf<br />

facial est élevé. Nous avons tenté plusieurs techniques différentes <strong>de</strong> lifting afin d’obtenir les<br />

résultats les plus satisfaisants esthétiquement et les plus stables dans le temps :<br />

-lifting sous-cutané simple,<br />

-lifting sous-cutané conservant une ban<strong>de</strong>lette désépi<strong>de</strong>rmisée, amarrée au périoste occipital,<br />

44


-lifting sous-cutané associé à un geste <strong>de</strong> remise en tension du SMAS amarré à la mastoï<strong>de</strong>.<br />

Pour les patients pris en charge plus récemment dans le service, nous avons employé<br />

une technique <strong>de</strong> résection intra-tumorale dite technique <strong>de</strong> la « résection mo<strong>de</strong>lante<br />

respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face ». Les unités esthétiques, préalablement définies,<br />

sont <strong>de</strong>ssinées sur le coté sain du patient et sont reportées <strong>de</strong> manière symétrique par rapport à<br />

un axe vertical en ce qui concerne leur forme et leurs dimensions. En revanche, leur position<br />

est déterminée par rapport à <strong>de</strong>s points fixes <strong>de</strong> la face, par rapport à <strong>de</strong>s repères qui semblent<br />

sains, par rapport à <strong>de</strong>s sillons constants… Ce <strong>de</strong>ssin finit par délimiter une zone faciale <strong>de</strong><br />

forme indéterminée, <strong>de</strong>vant être réséquée. La résection est effectuée en profon<strong>de</strong>ur, si possible<br />

jusqu’aux tissus sains. Après la résection, les différentes unités esthétiques sont suturées l’une<br />

à l’autre, comme si l’on reconstituait un puzzle. Au besoin, un décollement cutané limité est<br />

effectué au préalable afin <strong>de</strong> faciliter la fermeture sans tension.<br />

au moyen :<br />

Le traitement <strong>de</strong> la dystopie auriculaire souvent associée consiste à remonter l’oreille<br />

-d’excision/ suture sus-auriculaire<br />

-<strong>de</strong> suspension à l’ai<strong>de</strong> d’une ban<strong>de</strong>lette <strong>de</strong> tenseur <strong>de</strong> fascia lata amarré au péricrâne.<br />

La neurofibromatose nasale et labiale<br />

Dans les cas ou la tumeur peut être retirée en totalité, le problème posé est celui <strong>de</strong> la<br />

reconstruction <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> substance du nez et <strong>de</strong>s lèvres. Dans les autres cas, le traitement<br />

repose sur un principe : l’exérèse/suture. Les excisions sont réalisées au sein même <strong>de</strong> la<br />

tumeur en plaçant les cicatrices dans <strong>de</strong>s plis naturels <strong>de</strong> la face : sillon nasogénien, sillon sus-<br />

alaire (alogénien), pied <strong>de</strong> l’aile, philtrum et seuil narinaire. Parfois, la perte <strong>de</strong> substance<br />

obtenue après cette résection ne permet pas <strong>de</strong> suture directe, le geste est alors associé à un<br />

décollement <strong>de</strong>s berges ou une plastie locale classique <strong>de</strong> reconstruction labiale ou nasale.<br />

45


Les patients les plus récemment pris en charge dans le service ont bénéficié <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong><br />

résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face.<br />

La neurofibromatose orbitotemporale<br />

Le schéma thérapeutique, établi par Jackson (26), varie selon le <strong>de</strong>gré d’atteinte établi<br />

par sa classification.<br />

Pour les types 1 :<br />

Le traitement consiste en une incision <strong>de</strong> la paupière supérieure, permettant <strong>de</strong> retirer<br />

complètement la tumeur dans <strong>de</strong> nombreux cas. En revanche, en cas d’envahissement diffus<br />

du contenu <strong>de</strong> l’orbite, comme c’est souvent le cas avec les neurofibromes plexiformes,<br />

l’exérèse complète <strong>de</strong> la lésion peut se compliquer <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong>s composants<br />

neuromusculaires <strong>de</strong> l’orbite, risquant <strong>de</strong> perturber les mouvements oculaires et pouvant se<br />

manifester par une diplopie. C’est pour cette raison que l’exérèse complète est impossible et<br />

inenvisageable dans ces cas.<br />

En cas <strong>de</strong> ptosis, on doit tenter d’i<strong>de</strong>ntifier l’aponévrose du releveur <strong>de</strong> la paupière<br />

supérieure. Une fois repérée et disséquée, elle est soit plicaturée en fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

ptose, soit raccourcie en fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> ptose. L’aponévrose raccourcie est ensuite<br />

suturée au bord supérieur du tarse avec du fil non résorbable.<br />

Enfin, la peau excé<strong>de</strong>ntaire palpébrale supérieure est retirée. Il est important <strong>de</strong> ne<br />

retirer que la peau excé<strong>de</strong>ntaire mesurée par rapport au coté sain.<br />

En cas <strong>de</strong> défect <strong>de</strong> la paroi orbitaire postérieure, si celui-ci est petit, il peut être laissé<br />

tel quel. En revanche, s’il est important, il doit être fermé avec une greffe osseuse. On utilise<br />

habituellement un greffon costal ou crânien. Le greffon est habituellement apposé sur le<br />

défect.<br />

46


En cas <strong>de</strong> localisation préférentiellement interne, le traitement consiste en une<br />

résection associée à une remise en tension <strong>de</strong>s structures palpébrales internes par canthopexie<br />

interne. Plusieurs techniques sont employées par notre équipe :<br />

-canthopexie trans-nasale appuyée du côté opposé par un toron <strong>de</strong> fil d’acier (schéma 2),<br />

-réinsertion du ligament canthal interne à la face latérale <strong>de</strong> la base nasale,<br />

-plicature du ligament canthal interne.<br />

En cas <strong>de</strong> localisation préférentiellement externe, le traitement consiste en une<br />

résection associée à une remise en tension <strong>de</strong>s structures externes par canthopexie externe :<br />

-canthopexie selon Montandon. L’intervention consiste à désépi<strong>de</strong>rmiser un lambeau cutané<br />

triangulaire palpébral supérieur externe qui est tunnelisé à travers l’os en passant autour <strong>de</strong><br />

l’apophyse orbitaire externe (schéma 3 et photo 1).<br />

-réamarrage du tarse au périoste. L’intervention est préférentiellement réalisée lorsqu’une<br />

excision cunéiforme externe transfixiante <strong>de</strong> la partie externe <strong>de</strong> la paupière est nécessaire. Le<br />

réamarrage du bord externe du tarse au canthus externe est réalisé par un point sous-périosté<br />

<strong>de</strong> nylon 2/0.<br />

Dans tous les cas, le ptosis doit être traité s’il est présent, et l’excé<strong>de</strong>nt cutané retiré<br />

par la voie <strong>de</strong> blépharoplastie classique.<br />

47


Schéma 2 : Canthopexie interne trans-nasale.<br />

Schéma 3 : Canthopexie externe selon Montandon<br />

48


Photo 1 : canthopexie externe selon Montandon<br />

49


Pour les types 2 :<br />

Il nécessite une double voie d’abord : palpébral supérieur pour corriger le ptosis et<br />

traiter l’excé<strong>de</strong>nt cutané, coronal pour traiter les déformations osseuses, la hernie temporale et<br />

retirer la partie profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la tumeur. Lors du temps coronal, le muscle temporal est séparé<br />

<strong>de</strong> la paroi latérale <strong>de</strong> l’orbite. On débute par une résection osseuse <strong>de</strong> la paroi latérale <strong>de</strong><br />

l’orbite. Puis on réalise une ostéotomie verticale <strong>de</strong> la paroi latérale <strong>de</strong> l’orbite en joignant le<br />

bord inférieur du défect qui vient d’être effectué à la fissure orbitaire inférieure. La section<br />

osseuse est ensuite poursuivie à travers le plancher orbitaire jusqu’à la jonction entre le<br />

plancher et la paroi médiale <strong>de</strong> l’orbite. Une ostéotomie latérale verticale est également<br />

réalisée au niveau <strong>de</strong> la partie moyenne <strong>de</strong> l’arca<strong>de</strong> zygomatique. Enfin, on réalise une<br />

ostéotomie horizontale, transmaxillaire, située sous le nerf infraorbitaire, jusqu’à l’extrémité<br />

médiale du rebord orbitaire inférieur. La partie médiale du rebord orbitaire inférieur est<br />

ensuite sectionnée verticalement avec <strong>de</strong>s ciseaux à os très fins, afin <strong>de</strong> rejoindre le trait<br />

d’ostéotomie vertical. Le segment osseux est mobilisé, et élevé. Il faut être pru<strong>de</strong>nt, à ce<br />

moment, avec le sac lacrymal, qu’il faut éviter <strong>de</strong> léser. Le fragment orbitaire, libéré, est<br />

écarté latéralement afin d’obtenir une bonne exposition <strong>de</strong> la région orbitaire postérieure et du<br />

défect postérieur. La dure-mère est disséquée <strong>de</strong>s bords du défect postérieur en prenant gar<strong>de</strong><br />

à ne pas léser le nerf optique, et les vaisseaux optiques situés médialement. Les extensions<br />

intracrâniennes du neurofibrome sont retirées. Le défect est comblé par un greffon osseux<br />

crânien. Il peut être stabilisé par <strong>de</strong>s vis. Le fragment osseux orbitaire est ensuite placé dans<br />

sa position adéquate le long du rebord orbitaire externe. La fixation sur le rebord orbitaire<br />

externe est assurée par <strong>de</strong>s vis. Un greffon osseux crânien est mis en place dans le défect<br />

zygomatique inférieur. Un greffon osseux crânien est mis en place dans le défect<br />

zygomaticomaxillaire. Les greffons osseux sont maintenus par <strong>de</strong>s vis. L’éventuel défect du<br />

plancher orbitaire est greffé également. Le muscle temporal est repositionné sur la paroi et le<br />

50


ebord orbitaire externe et fixé par <strong>de</strong>s sutures trans-osseuses. Le ligament canthal externe est<br />

retendu et repositionné sur le rebord orbitaire externe. La voie coronale est ensuite refermée.<br />

On termine par le temps palpébral. L’aponévrose du releveur <strong>de</strong> la paupière supérieure<br />

est recherchée. Elle est raccourcie puis réinsérée sur le tarse. Le reste <strong>de</strong> la tumeur est réséqué<br />

et l’excé<strong>de</strong>nt cutané palpébral supérieur est retiré.<br />

Le geste peut être complété si besoin par une canthopexie. Les techniques le plus<br />

souvent employées dans les types 2 sont les canthopexies internes trans-nasales au fil d’acier<br />

et les canthopexies externes selon Montandon.<br />

Pour les types 3 :<br />

La zone d’envahissement tumoral est déterminée par l’envahissement cutané. La<br />

profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> résection dépend <strong>de</strong> l’envahissement du muscle temporal. Si la lésion est<br />

superficielle par rapport au muscle, la dissection en profon<strong>de</strong>ur ne doit pas dépasser le fascia<br />

temporo-pariétal. Si la lésion envahie le muscle temporal, la résection doit atteindre le plan<br />

sous-périosté et emporter le muscle atteint. Les incisions sont effectuées le long du bord <strong>de</strong>s<br />

paupières afin <strong>de</strong> conserver la peau palpébrale. La peau est séparée du muscle orbiculaire. Le<br />

contenu <strong>de</strong> l’orbite est disséqué en sous-périosté et retiré après avoir lié les vaisseaux<br />

ophtalmiques. Au niveau palpébral, tout ce qui est plus profond que les plexus sous-<br />

<strong>de</strong>rmiques est excisé. La dure-mère est disséquée <strong>de</strong>s bords du défect orbitaire postérieur, et la<br />

hernie du lobe temporal est réduite. Le défect est comblé par un greffon osseux. La taille <strong>de</strong><br />

l’orbite est réduite au moyen d’une ostéotomie i<strong>de</strong>ntique aux types 2. Afin <strong>de</strong> pouvoir couvrir<br />

l’orbite reconstruite avec <strong>de</strong>s tissus bien vascularisés, les bords <strong>de</strong>s paupières sont suturés l’un<br />

à l’autre. Cette peau est ensuite poussée au fond <strong>de</strong> l’orbite couvrant ainsi l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

cavité osseuse. Ce n’est qu’après cicatrisation complète que le défect oculopalpébral sera<br />

reconstruit au moyen d’une épithèse.<br />

51


Dans certains cas, les paupières sont moins sévèrement atteintes et sont conservées.<br />

Une prothèse oculaire est introduite dans la cavité d’exentération. Cette procédure est<br />

également réalisée en 2 étapes en raison <strong>de</strong> la reconstruction du défect du mur orbitaire<br />

postérieur.<br />

Dans les cas ou le muscle temporal est excisé, le défect est comblé par une prothèse en<br />

silicone ou du methyl-methacrylate.<br />

La neurofibromatose frontale<br />

Dans les cas ou la tumeur peut être retirée en totalité, le problème posé est celui <strong>de</strong> la<br />

reconstruction <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> substance du front. Dans les cas ou la tumeur ne peut être retirée<br />

en totalité, le principe technique initial repose sur une exérèse intra-lésionnelle associée à une<br />

suture directe ou une plastie locale. Quand la fermeture directe n’est pas possible, nous avons<br />

employé une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> résection intra-tumorale triangulaire, à base située à la jonction <strong>de</strong> la<br />

ligne d’implantation <strong>de</strong>s cheveux. La fermeture a été effectuée au moyen d’une plastie locale<br />

<strong>de</strong> translation en T inversé, la branche horizontale étant située à la limite <strong>de</strong> la ligne<br />

d’implantation <strong>de</strong>s cheveux.<br />

52


Résultats<br />

Résultats généraux<br />

La résection a pu être extra-tumorale chez 5 patients, soit 18%, qui présentaient tous,<br />

<strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> petite taille. Aucune <strong>chirurgie</strong> endo-cranienne n’a été nécessaire.<br />

Aucun patient n’a bénéficié d’une exérèse en urgence pour contrôle <strong>de</strong> l’hémostase.<br />

Aucun patient n’a présenté d’hématome spontané ou post-traumatique sur son<br />

neurofibrome plexiforme. Aucune reprise chirurgicale pour hémorragie, hématome ou<br />

désunion cicatricielle n’a été nécessaire. Un hématome a été drainé en consultation 7 jours<br />

après la sortie (exérèse intra tumorale d’un neurofibrome <strong>de</strong> 30 cm2 hospitalisé 4 jours).<br />

Aucune transfusion per-opératoire n’a été requise dans cette série. Un patient<br />

(neurofibrome <strong>de</strong> 150 cm2) a nécessité une allotransfusion isogroupe isorhésus à J2 puis J4<br />

post opératoire <strong>de</strong>, respectivement, 2 et 3 culots globulaires.<br />

La durée moyenne d’hospitalisation post-opératoire était <strong>de</strong> 5 jours (entre 2 et 13<br />

jours). La figure 4 reprend le temps d’hospitalisation post-opératoire en fonction <strong>de</strong> la surface<br />

d’exérèse du neurofibrome. La durée moyenne d’hospitalisation <strong>de</strong>s exérèses extra-tumorales<br />

était <strong>de</strong> 3 jours (entre 2 et 4 jours).<br />

15% <strong>de</strong>s patients présentant un neurofibrome plexiforme <strong>de</strong> la face ont présenté une<br />

dégénérescence neurofibrosarcomateuse.<br />

Le petit nombre <strong>de</strong> patients ne nous a malheureusement pas permis d’étu<strong>de</strong> statistique.<br />

Figure 4<br />

53


Résultats propres à la localisation <strong>de</strong>s neurofibromes<br />

Neurofibromes <strong>de</strong> la joue et <strong>de</strong> l’oreille<br />

Cette atteinte concerne 6 patients, tous présentant un neurofibrome plexiforme<br />

confirmé histologiquement. Parmi eux, un patient présentait une hémi-hypertrophie faciale<br />

droite et un patient, une hypertrophie bilatérale. Les 4 autres présentaient <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> la<br />

joue, s’étendant vers l’oreille pour 2 d’entre eux, le nez pour un, et le menton pour un. Notre<br />

série met en évi<strong>de</strong>nce que 5 <strong>de</strong> ces patients ont bénéficié en général <strong>de</strong> plusieurs interventions<br />

sur leur neurofibrome avant d’être pris en charge par notre équipe.<br />

Les 3 premiers patients ont bénéficiés <strong>de</strong>s techniques standards types lifting :<br />

Premier cas<br />

C’est une localisation jugale gauche (Photos 2). Le patient avait bénéficié <strong>de</strong> 3<br />

interventions auparavant, sans succès. La quatrième intervention, réalisée en 1998, consistait<br />

en un lifting jugocervical gauche. 2 ans après, il a été repris pour ptose auriculaire, traitée par<br />

exérèse/suture sus et rétro auriculaire. Le patient n’a pas été réopéré <strong>de</strong>puis 5 ans.<br />

Actuellement, le résultat est satisfaisant concernant la dystopie auriculaire.<br />

54


Photos 2 : 02 1998<br />

55


Deuxième cas<br />

C’est une localisation jugale droite (photos 3). Le patient a subi 5 interventions<br />

chirurgicales. La première intervention, réalisée en 1992, consistait en un lifting jugocervical<br />

associé à une résection du lobule <strong>de</strong> l’oreille. Devant l’insuffisance et l’instabilité du résultat,<br />

il a été repris un an plus tard en amarrant la berge désépi<strong>de</strong>rmisée <strong>de</strong> la peau jugale décollée<br />

au périoste occipital. L’amélioration était discrète et l’oreille toujours un peu basse. Les<br />

résultats se sont ensuite progressivement dégradés en 3 ans. Il a été réopéré en 1996 afin <strong>de</strong><br />

réaliser une exérèse suture <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané, excé<strong>de</strong>nt conséquent puisqu’il mesurait 10*7<br />

cm. Il n’y a eu aucune amélioration et l’oreille était toujours dystopique. Il a été réopéré un an<br />

plus tard afin <strong>de</strong> suspendre l’oreille au péricrâne <strong>de</strong> la région temporale droite par une<br />

ban<strong>de</strong>lette <strong>de</strong> tenseur <strong>de</strong> fascia lata, cerclant le cartilage conchal et tunnelisée sous le cuir<br />

chevelu. Malgré cette intervention, l’oreille était toujours dystopique. Le patient a donc été<br />

réopéré un an après, en 1998, afin <strong>de</strong> tenter une ultime correction par une technique<br />

d’excision suture. Dans le même temps, il a bénéficié également d’une excision suture au<br />

niveau <strong>de</strong> la bajoue afin <strong>de</strong> corriger un excé<strong>de</strong>nt tumoral. Les résultats n’étaient pas très<br />

satisfaisants esthétiquement mais stable dans le temps, le patient n’ayant plus bénéficié<br />

d’intervention <strong>de</strong> son neurofibrome jugal.<br />

56


Photos 3 : 11 1995<br />

57


Troisième cas<br />

C’est une localisation bilatérale <strong>de</strong> type hypertrophie faciale (Photos 4). Il a bénéficié<br />

<strong>de</strong> 9 interventions chirurgicales, les 3 premières ayant été réalisées dans un autre centre. La<br />

première intervention, réalisée il y a 16 ans au niveau du menton, a permis une amélioration<br />

transitoire. Il a ensuite été opéré 1 an après afin d’éviter un encombrement du conduit auditif<br />

externe droit. La troisième intervention consistait à réduire la masse tumorale jugale. Le<br />

résultat fut mauvais en raison d’une repousse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la tumeur. Il a ensuite été pris en<br />

charge dans le service. La quatrième intervention, réalisée en 1995, consistait à traiter le coté<br />

gauche par une exérèse/suture type lifting jugocervical. La pièce mesurait 15*20 cm. 6 mois<br />

plus tard le côté droit fut traité par une exérèse/suture type lifting jugocervical. 6 mois plus<br />

tard, Nous avons traité les tiers supérieur et moyen <strong>de</strong> la face par un lifting temporal associé à<br />

une canthopexie externe et une suspension <strong>de</strong> l’oreille fixée au périoste. Enfin, 6 mois plus<br />

tard, nous avons traité l’étage inférieur <strong>de</strong> la face, en particulier les lèvres supérieures et<br />

inférieures au moyen d’excisions transversales labiales supérieures, située à la jonction naso-<br />

labiale, et inférieure, située à la jonction labio-mentonniere. La suture fut directe en haut,<br />

après décollement sous-cutané en bas. Les pièces mesuraient 15*4 cm. Les résultats étaient<br />

toujours insuffisants, en particulier à gauche, ou la distension était <strong>de</strong> plus en plus marquée.<br />

Un an et trois mois plus tard, en février 1998, nous avons repris le coté gauche au moyen d’un<br />

lifting jugocervical permettant une résection tumorale importante. Dans le même temps, nous<br />

avons traité la dystopie auriculaire par une excision cutanée fusiforme rétro-auriculaire<br />

permettant <strong>de</strong> redraper le pavillon. Le résultat était toujours insuffisant et très instable, la<br />

ptose faciale réapparaissant dans les mois suivant l’intervention. Le patient est opéré, un an et<br />

<strong>de</strong>mi après (septembre 1999), pour la 9 e fois d’une exérèse massive bilatérale associée à un<br />

lifting jugocervical bilatéral permettant la remise en tension <strong>de</strong>s tissus faciaux. Les pièces<br />

58


mesuraient 7*2,5 cm à gauche et 8*8 cm à droite. Les résultats sont très insuffisants,<br />

dépassant toutes nos possibilités <strong>de</strong> traitement.<br />

59


Photos 4 : 02 1995<br />

60


Photos 4 : 10 1995<br />

61


Photos 4 : 01 1999<br />

62


Les 3 patients suivants ont bénéficié <strong>de</strong> notre nouvelle approche thérapeutique : la<br />

résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face.<br />

Premier cas<br />

C’est une localisation jugale gauche prédominant en bas associée à un excès<br />

mentonnier (Photos 5). Le patient avait bénéficié <strong>de</strong> plusieurs interventions auparavant<br />

associant <strong>de</strong>s résections tumorales et <strong>de</strong>s reconstructions osseuses. Il a été repris en 2000 afin<br />

<strong>de</strong> remettre en tension les tissus jugaux gauches au moyen d’un lifting jugo-cervical associé a<br />

une remise en tension du SMAS fixé à la mastoï<strong>de</strong>. Au niveau du menton, il a été réalisé dans<br />

le même temps, une simple excision/suture <strong>de</strong> l’excès tumoral. Le résultat s’est dégradé<br />

progressivement, surtout dans la région mentonnière, nous conduisant à lui proposer, 4 ans ½<br />

plus tard, une nouvelle intervention. Il a bénéficié d’une résection <strong>de</strong> l’excès cutané sous-<br />

mental respectant les unités esthétiques : le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> la joue saine reporté sur la joue<br />

pathologique, <strong>de</strong> la région mentonnière et sous-mentale, aboutissant à un excès cutané en fer à<br />

cheval que nous avons réséqué. Nous avons un recul actuellement <strong>de</strong> 1 an : le résultat est pour<br />

l’instant satisfaisant sur le plan esthétique et stable dans le temps.<br />

63


Photos 5 : 01 1997<br />

Photos 5 : 2001<br />

64


Photos 5 : 10 2004<br />

65


Photos 5 : 06 2005<br />

66


Deuxième cas<br />

C’est une localisation jugale droite (Photos 6). Le patient avait bénéficié <strong>de</strong> 7<br />

interventions chirurgicales avant d’être prise en charge par notre équipe. Les 5 premières<br />

interventions ont été réalisées entre 1990 et 1995, au rythme d’une par an. La première<br />

consistait en un lifting jugo-cervical droit, la <strong>de</strong>uxième en une aspiration <strong>de</strong> la masse, la<br />

troisième, la quatrième et la cinquième en une résection/suture. Même au décours immédiat<br />

<strong>de</strong>s interventions, les résultats ne furent pas satisfaisants esthétiquement, et se dégradèrent<br />

progressivement en 5 ans. Le patient a donc été réopéré, en mars 2000, selon une technique <strong>de</strong><br />

lifting. 6 mois plus tard, il a été repris pour complément d’excision associé à un geste <strong>de</strong><br />

réduction du volume <strong>de</strong> l’aile narinaire au moyen d’une exérèse/suture simple. Les résultats<br />

étaient toujours insuffisants et instables, le patient présentant toujours une déformation<br />

important <strong>de</strong> la joue droite. Il a été pris en charge par notre équipe en juin 2004, 4 ans après la<br />

<strong>de</strong>rnière intervention. Nous avons alors réalisé une résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités<br />

esthétiques <strong>de</strong> la face. Les résultats sont très satisfaisant esthétiquement, et très stables avec<br />

un recul d’un an.<br />

67


Photo s 6 : 06 2004<br />

68


Photos 6 : 02 2005<br />

69


Troisième cas<br />

Il s’agit d’un patient pris en charge dans le service pour une localisation jugale droite<br />

prédominant au menton et le long <strong>de</strong> la mandibule (photos 7). Le patient a bénéficié, en mars<br />

2005, d’une résection tumorale selon le principe <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les<br />

unités esthétiques <strong>de</strong> la face. Il n’a jamais bénéficié <strong>de</strong> geste <strong>de</strong> type lifting ou autre sur son<br />

neurofibrome. Le résultat, très satisfaisant esthétiquement, ne peut être évalué correctement<br />

car datant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 6 mois.<br />

70


Photos 7 : 03 2005<br />

71


Photos 7 : 03 2005<br />

72


Neurofibromes du nez et <strong>de</strong>s lèvres<br />

Cette atteinte concerne 6 patients : 5 atteintes nasales et 1 atteinte labiale. Dans notre<br />

série, tous les patients sont <strong>de</strong>s femmes et toutes les tumeurs sont localisées sur l’hémi-nez<br />

droit. Dans tous les cas, l’examen anatomopathologique a confirmé la nature plexiforme du<br />

neurofibrome. Notre série montre que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ces patients ont bénéficié <strong>de</strong> plusieurs<br />

interventions chirurgicales dans d’autres centres avant d’être pris en charge par notre équipe.<br />

On a retrouvé 5 cas d’atteinte <strong>de</strong> l’aile du nez. Le traitement a consisté :<br />

Premier cas<br />

Une intervention, réalisée en 2002, consistait en une exérèse complète, extra-tumorale,<br />

du neurofibrome qui mesurait 7 mm <strong>de</strong> diamètre, décollement sous-cutané et suture directe.<br />

Le résultat fut très satisfaisant et stable : une seule intervention, pas <strong>de</strong> reprise <strong>de</strong>puis 3 ans.<br />

Deuxième cas<br />

L’atteinte alaire droite s’étendait jusqu’à la commissure labiale. Le patient avait<br />

bénéficié auparavant <strong>de</strong> 2 interventions chirurgicales <strong>de</strong> type exérèse/suture, dans un autre<br />

centre. Les résultats se sont dégradés en 19 ans, conduisant le patient à une réintervention en<br />

1996. Pour la troisième intervention, la technique opératoire s’apparentait à un lambeau<br />

d’avancement du type Webster, longeant la jonction lèvre rouge/lèvre blanche, associée à une<br />

exérèse <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané envahi périalaire et périphiltral. Les résultats étaient<br />

satisfaisants, le patient n’ayant pas été réopéré <strong>de</strong>puis 9 ans.<br />

Troisième cas<br />

L’atteinte alaire droite s’étendait jusqu’à l’hémi-lèvre supérieure droite (photo 8). Une<br />

première intervention a été proposée en 1985: elle consistait en une résection/suture du pied<br />

<strong>de</strong> l’aile associée à une résection/suture du sillon nasogénien se prolongeant jusqu’au seuil<br />

narinaire. Les résultats ont été suffisants et stables pendant 11 ans, la détérioration étant<br />

73


attribuée à une grossesse. La tumeur avait essentiellement progressé au niveau <strong>de</strong> la lèvre<br />

supérieure droite. Une intervention <strong>de</strong> diminution du volume tumoral labial été réalisée en<br />

avril 1996, dans un autre centre. Le résultat post-opératoire était peu satisfaisant : le pied <strong>de</strong><br />

l’aile étant situé trop bas, refoulant la lèvre supérieure vers le bas. Une troisième intervention<br />

a été réalisée un an plus tard afin <strong>de</strong> remonter la lèvre supérieure. Elle consistait à effectuer<br />

une résection cutanée dans le sillon alogénien. Le patient a été amélioré par cette <strong>de</strong>rnière<br />

intervention : pas <strong>de</strong> nouvelle intervention <strong>de</strong>puis 8 ans.<br />

Quatrième cas<br />

L’atteinte alaire droite s’étendait vers le sillon nasogénien. Une première intervention<br />

a été réalisée en 1997, elle consistait en une résection /suture du sillon nasogénien droit. Le<br />

traitement <strong>de</strong> l’aile du nez étant effectué par décollement/dégraissage. Les résultats ont été<br />

très insuffisants en ce qui concerne le volume et la position du pied <strong>de</strong> l’aile. Ils se sont, <strong>de</strong><br />

plus, rapi<strong>de</strong>ment dégradés conduisant à une nouvelle intervention 2 ans plus tard. Elle<br />

constituait en une résection/suture à la jonction <strong>de</strong>s unités esthétiques du nez. Cette<br />

intervention a permis d’améliorer la position et le volume alaire. Le patient n’a pas été<br />

réopéré <strong>de</strong>puis 6 ans.<br />

Cinquième cas<br />

Il s’agissait d’une atteinte isolée <strong>de</strong> l’hémi-nez droit (photos 9), se traduisant par un<br />

abaissement <strong>de</strong> l’aile et une hypertrophie <strong>de</strong> la partie moyenne à l’origine d’une asymétrie.<br />

Une première intervention a été effectuée en 1999, elle consistait en une résection arciforme<br />

/décollement/suture dans le pli alaire. Les résultats se sont dégradés 2 ans plus tard. Il a<br />

bénéficié d’une <strong>de</strong>uxième intervention 3 ans plus tard, en octobre 2004, en raison d’une<br />

asymétrie importante. Elle consistait en une résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités<br />

esthétiques. Le résultat final fut très satisfaisant esthétiquement et stable avec un recul <strong>de</strong> 8<br />

mois.<br />

74


Photo 8 : 10 1984<br />

avant la 1ere intervention 2001<br />

Photos 9<br />

75


Un patient présentait une atteinte labiale commissurale isolée. Il a bénéficié, en<br />

octobre 2003, d’une exérèse complète du neurofibrome et suture. Le résultat fut très<br />

satisfaisant.<br />

Neurofibromes orbitotemporaux<br />

Notre série comporte 14 cas <strong>de</strong> neurofibrome plexiforme, histologiquement confirmés<br />

par un examen anatomopathologique.<br />

Notre série comporte 11 atteintes <strong>de</strong> type 1.<br />

Nous avons retrouvé 4 cas simples d’atteinte palpébrale limitée, <strong>de</strong> petite taille,<br />

permettant une résection complète par une technique <strong>de</strong> blépharoplastie supérieure.<br />

Premier cas<br />

Le patient a bénéficié d’une blépharoplastie bilatérale afin d’obtenir <strong>de</strong>s résultats<br />

i<strong>de</strong>ntiques sur chaque oeil. L’intervention, réalisée en 2003, aboutie à <strong>de</strong>s résultats<br />

satisfaisants esthétiquement et stables dans le temps.<br />

Deuxième, troisième et quatrième cas<br />

Ces patients ont bénéficié d’une blépharoplastie unilatérale réalisée respectivement en<br />

1997, 1999 et 2001. Les résultats sont satisfaisants, pas <strong>de</strong> nouvelle intervention.<br />

76


Photo 10 : 11 2000<br />

77


Nous avons recensé 2 cas traités par canthopexie interne.<br />

Premier cas<br />

C’est une atteinte prédominant au niveau du canthus interne gauche à l’origine d’une<br />

dystopie canthale (photo 10). Le patient a bénéficié d’une première intervention en novembre<br />

2000 à type d’exérèse remo<strong>de</strong>lante en Z brisé centrée sur le canthus interne gauche, associée à<br />

une canthopexie trans-nasale appuyée en controlatéral par un petit toron <strong>de</strong> fil d’acier, afin <strong>de</strong><br />

remettre en tension les paupières. Nette amélioration dans l’année suivant l’intervention (juin<br />

2001), mais le résultat n’a pas été stable dans le temps, se dégradant progressivement en 4<br />

ans. Le patient a été réopéré en 2004 afin <strong>de</strong> tenter une nouvelle correction <strong>de</strong> la dystopie<br />

canthale. L’intervention consistait en une réinsertion du ligament canthal interne gauche à la<br />

face latérale <strong>de</strong> la base nasale par un point <strong>de</strong> vicryl 2/0, associée à une plastie d’avancement<br />

cutané en V-Y du canthus interne. Le résultat avec un recul <strong>de</strong> 1 an est qualifié d’assez bon<br />

par l’opérateur.<br />

Deuxième cas<br />

C’est également une atteinte prédominant au niveau du canthus interne gauche à<br />

l’origine d’une dystopie canthale vers le bas. Le patient présentait également un ptôsis. Il<br />

avait déja bénéficié <strong>de</strong> trois interventions chirurgicales. L’intervention réalisée en 1997<br />

consistait en une canthopexie interne par plicature du ligament canthal interne, pas <strong>de</strong> cure <strong>de</strong><br />

ptosis Nette amélioration, mais le résultat n’a pas été stable dans le temps, se dégradant<br />

progressivement en 6 ans. Indication <strong>de</strong> nouvelle canthopéxie et cure <strong>de</strong> ptôsis, mais le patient<br />

a été perdu <strong>de</strong> vue.<br />

Notre série comporte également 2 cas <strong>de</strong> canthopexie externe.<br />

Premier cas<br />

78


Il s’agit d’une atteinte <strong>de</strong> la paupière supérieure gauche, se manifestant par une<br />

asymétrie du canthus externe associée à un ptosis. Le patient a bénéficié d’une première<br />

intervention en janvier 2004. Il a été réalisé une canthopexie externe selon Montandon :<br />

désépi<strong>de</strong>rmisation d’un lambeau cutané triangulaire qui est tunnelisé à travers l’os en passant<br />

autour <strong>de</strong> l’apophyse orbitaire externe. Le résultat, correct en ce qui concerne la remise en<br />

tension tissulaire, était en revanche insuffisant car le patient présentait toujours un excès<br />

cutané palpébral supérieur. Il a été réopéré en décembre 2004 d’une blépharoplastie simple,<br />

emportant le tissu tumoral. Le résultat, satisfaisant actuellement, doit être apprécié à plus<br />

long terme.<br />

Deuxième cas<br />

Il s’agit d’une localisation orbitopalpébrale opérée à plusieurs reprises. Il persistait une<br />

distension du canthus externe. Le patient a été opéré en septembre 2003. Il a été réalisé une<br />

canthopexie externe selon Montandon associé à une greffe graisseuse selon la technique <strong>de</strong><br />

Coleman afin <strong>de</strong> combler une dépression temporale séquellaire <strong>de</strong>s interventions précé<strong>de</strong>ntes<br />

d’exérèse <strong>de</strong> neurofibrome. Le résultat fut satisfaisant en ce qui concerne la remise en tension<br />

tissulaire. En revanche, le patient a été réopéré en juin 2005, afin <strong>de</strong> retirer un neurofibrome<br />

supra sourcilier gauche (exérèse/suture) et <strong>de</strong> réaliser un lambeau temporal désépi<strong>de</strong>rmisé<br />

retourné pour combler une dépression séquellaire d’exérèse <strong>de</strong> neurofibrome. Le résultat est<br />

stable et correct en ce qui concerne la paupière.<br />

Enfin, notre série comportait 3 cas nécéssitant une cure <strong>de</strong> ptosis.<br />

Premier cas<br />

Il s’agit d’un neurofibrome plexiforme sus-orbitaire gauche. Le patient avait déjà été<br />

opéré en 1967. Les suites furent marquées par l’apparition d’une paralysie du muscle frontal.<br />

Lors <strong>de</strong> l’examen, le patient présentait une masse <strong>de</strong> la partie basse du front envahissant la<br />

79


paupière supérieure et provoquant le ptosis. Il a été opéré dans le service en 1997.<br />

L’intervention a consisté à réaliser un abord palpébral supérieur permettant <strong>de</strong> disséquer et <strong>de</strong><br />

retirer une partie <strong>de</strong> la tumeur. Le releveur n’ayant pu être i<strong>de</strong>ntifié, le tarse a été fixé au<br />

périoste <strong>de</strong> l’arca<strong>de</strong> par 3 points <strong>de</strong> nylon. L’excé<strong>de</strong>nt cutané palpébral fut retiré à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en comparant avec le coté sain. Les suites ont été très satisfaisantes, le ptosis ayant<br />

nettement diminué.<br />

Deuxième cas<br />

Il s’agit d’une localisation orbitopalpébrale gauche se manifestant cliniquement par<br />

une masse importante <strong>de</strong> la paupière supérieure gauche associée à un ptosis. L’intervention a<br />

été réalisée décembre 2000. Elle a consisté à réaliser un abord palpébral supérieur permettant<br />

<strong>de</strong> disséquer et <strong>de</strong> retirer la tumeur. Le releveur a pu être i<strong>de</strong>ntifié, il a été discisé et plicaturé.<br />

L’excé<strong>de</strong>nt cutané palpébral fut retiré à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en comparant avec le coté sain. Les suites<br />

ont été très décevantes. Pas <strong>de</strong> nouvelle intervention chirurgicale <strong>de</strong>puis.<br />

Troisième cas<br />

Il s’agit d’une localisation orbitopalpébrale gauche (photos 11). Le patient avait<br />

bénéficié d’une première intervention sur sa paupière supérieure en 1978. Il a été repris, en<br />

1996, <strong>de</strong>vant l’apparition d’un ptosis. Il a d’abord été réalisé une excision cunéiforme externe<br />

transfixiante <strong>de</strong> la partie externe <strong>de</strong> la paupière <strong>de</strong> 1 cm <strong>de</strong> largeur associé à un réamarrage du<br />

bord externe du tarse ainsi libéré au canthus externe, par un point sous-périosté <strong>de</strong> nylon 2/0.<br />

Les résultats, partiellement satisfaisants les premiers mois en ce qui concerne le ptosis, se sont<br />

ensuite progressivement dégradés, avec majoration <strong>de</strong> la ptose palpébrale. Il a été réopéré en<br />

septembre 2000 afin <strong>de</strong> réaliser une nouvelle excision cunéiforme externe transfixiante <strong>de</strong> la<br />

partie externe <strong>de</strong> la paupière associé à un réamarrage du bord externe du tarse ainsi libéré au<br />

canthus externe, par un point sous-périosté <strong>de</strong> nylon 2/0. L’incision s’est prolongée le long <strong>de</strong><br />

la paupière supérieure permettant d’une part <strong>de</strong> disséquer le muscle releveur <strong>de</strong> la paupière<br />

80


supérieure et <strong>de</strong> le plicaturer afin <strong>de</strong> corriger le ptosis, et d’autre part <strong>de</strong> réséquer l’excé<strong>de</strong>nt<br />

cutané à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. L’intervention a permis une petite amélioration en ce qui concerne la<br />

correction du ptosis. En revanche, il persistait un excès cutané nécéssitant une troisième<br />

intervention <strong>de</strong> type blépharoplastie cutanée supérieure, réalisée 1 an ½ après. Les résultats<br />

sont actuellement stables.<br />

Nous n’avons jamais réalisé <strong>de</strong> greffe d’apposition osseuse afin <strong>de</strong> corriger un<br />

éventuel défect <strong>de</strong> la paroi postérieure <strong>de</strong> l’orbite.<br />

81


Photos 11 : 11 1995<br />

Photos 11 : 05 1997<br />

Photos 11 : 09 2001<br />

82


Notre série comporte 3 cas <strong>de</strong> type 2.<br />

Premier cas<br />

Il s’agit d’une localisation orbitopalpébrale droite (Photos 12). Cliniquement, le<br />

patient présentait un abaissement du globe oculaire et du canthus interne associé à un<br />

épaississement <strong>de</strong> la région sourcilière et <strong>de</strong> la paupière supérieure droite. Radiologiquement,<br />

le patient présentait un élargissement <strong>de</strong> la fente sphénoïdale sans hernie temporale et un<br />

cadre orbitaire très déformé, élargi en bas et en <strong>de</strong>hors. Il a bénéficié d’une intervention<br />

chirurgicale en 1993, dans un autre centre. L’intervention réalisée fut celle recommandée par<br />

Jackson (26) dans les types 2 : abord coronal afin <strong>de</strong> réaliser une ostéotomie orbitaire associée<br />

à <strong>de</strong>s greffons osseux pariétaux et <strong>de</strong> retirer la tumeur, et un abord palpébral afin d’effectuer<br />

l’exérèse <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané sans cure <strong>de</strong> ptosis. Par la même voie d’abord palpébrale, le<br />

geste fut complété par une canthopexie interne transnasale au fil d’acier et par une exérèse <strong>de</strong><br />

l’extension sourcilière <strong>de</strong> la tumeur. Les résultats ne furent pas satisfaisants en ce qui<br />

concerne la position du globe oculaire, toujours trop bas par rapport au côté gauche. L’analyse<br />

radiologique montrait un plancher orbitaire déprimé à droite (<strong>de</strong>rrière un rebord orbitaire<br />

normal) et un plafond orbitaire plus bas situé à droite qu’à gauche. Le canthus interne était<br />

également toujours trop bas. Le patient a été réopéré 2 ans plus tard. L’intervention consistait<br />

en une élévation intra-crânienne du plafond orbitaire au moyen d’un volet frontal droit<br />

permettant <strong>de</strong> réaliser une ostéotomie du plafond orbitaire. Le plafond a été déposé et un<br />

implant <strong>de</strong> méthylmétacrilate, faisant office <strong>de</strong> nouveau plafond orbitaire, a été placé en<br />

position haute. Dans le même temps, et par la même voie d’abord, une nouvelle canthopexie<br />

interne transnasale au fil d’acier a été réalisée. Une voie palpébrale inférieure sous-ciliaire a<br />

permis <strong>de</strong> mettre en place un greffon osseux <strong>de</strong> plancher, préparé à partir du plafond orbitaire.<br />

Les résultats furent satisfaisants concernant la position du globe oculaire. En revanche, la<br />

83


canthopexie interne s’est distendue rapi<strong>de</strong>ment. Le patient a été réopéré, toujours par le même<br />

opérateur, 20 mois plus tard, afin <strong>de</strong> reprendre la canthopexie interne trans-nasale au fil<br />

d’acier. Dans le même temps, une reprise <strong>de</strong> la région sourcilière a été effectuée afin <strong>de</strong> retirer<br />

l’excé<strong>de</strong>nt tumoral. Le résultat s’est encore dégradé progressivement en ce qui concerne le<br />

canthus interne et la masse sourcilière. Le patient a été pris en charge par notre équipe, 6 ans<br />

plus tard, pour la <strong>de</strong>rnière intervention réalisée en 2003. Nous avons repris la canthopexie<br />

interne trans-nasale au fil d’acier et repris l’exérèse <strong>de</strong> la masse sourcilière. Depuis les<br />

résultats sont stables.<br />

84


Photos 12 : 01 1999<br />

85


Deuxième cas<br />

Il s’agit d’une localisation orbitopalpébrale gauche se manifestant essentiellement par<br />

une enophtalmie sévère associée à un ptosis. Le patient a bénéficié d’une intervention<br />

chirurgicale en 1995. L’intervention réalisée consistait en un abord coronal afin <strong>de</strong> réaliser<br />

une libération orbitaire et un prélèvement <strong>de</strong> greffons osseux pariétaux, mis en place au<br />

niveau <strong>de</strong> la paroi latérale <strong>de</strong> l’orbite et du rebord orbitaire supérieur. Puis, par une voie sous-<br />

orbitaire, un greffon osseux fut mis en place sur le plancher orbitaire. Enfin, par la classique<br />

voie palpébrale supérieure, l’exérèse <strong>de</strong> la tumeur et <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané fut réalisée et aucun<br />

geste sur le releveur <strong>de</strong> la paupière supérieure ne fut effectué. Par la même voie d’abord<br />

palpébrale supérieure, le geste fut complété par une canthopexie externe <strong>de</strong> réinsertion du<br />

canthus externe au périoste orbitaire. Les résultats, décevants ont été marqués par la<br />

persistance <strong>de</strong> l’enophtalmie et du ptosis, <strong>de</strong>venu quasi complet, et par l’apparition d’une<br />

dystopie orbitaire ainsi que d’une diplopie verticale. Le patient a été réopéré 5 mois plus tard.<br />

Il a été effectué une reprise <strong>de</strong> la voie coronale pour réaliser un nouveau prélèvement <strong>de</strong><br />

greffons osseux pariétaux, puis, reprise <strong>de</strong>s voies palpébrales : inférieure pour remettre en<br />

place <strong>de</strong>s greffons sur le plancher et au contact <strong>de</strong>s parois orbitaires interne et externe,<br />

supérieure pour effectuer la cure <strong>de</strong> ptosis (résection <strong>de</strong> 5 mm <strong>de</strong> releveur) et réaliser<br />

l’excision <strong>de</strong> la tumeur et <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané. Les résultats <strong>de</strong> cette intervention furent<br />

toujours insuffisants en particulier en ce qui concerne le ptosis. Le patient a été réopéré 1 an<br />

plus tard, en juillet 1996, d’une nouvelle blépharoplastie supérieure. Lors <strong>de</strong> cette<br />

intervention, l’isolement du releveur <strong>de</strong> la paupière supérieure fut impossible. Le patient fut<br />

adressé dans notre centre en 2001. L’examen clinique, réalisé à l’époque, mettait en évi<strong>de</strong>nce<br />

un ptosis associé à une paupière supérieure augmentée <strong>de</strong> volume et une enophtalmie<br />

majeure. Il a été décidé d’attendre la fin <strong>de</strong> la croissance du patient avant d’effectuer toute<br />

nouvelle intervention. La quatrième fut réalisée en janvier 2004. Il persistait toujours un excès<br />

86


cutané et un ptosis avec un aspect <strong>de</strong> pseudo-désinsertion du canthus. L’intervention consistait<br />

en une canthopexie externe selon Montandon. Après cette intervention, il persistait toujours<br />

un ptosis résiduel. Le patient a été repris en septembre 2004. Il a été réalisé une cure <strong>de</strong> ptosis<br />

par plicature du releveur associée à une résection <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutanée palpébral supérieur.<br />

Les résultats sont décevants, le ptosis étant toujours présent.<br />

Troisième cas<br />

Il s’agit d’une atteinte <strong>de</strong> l’hémiface droite prédominant dans la région<br />

orbitopalpébrale (Photos 13). Le patient présentait une enophtalmie associée à une infiltration<br />

<strong>de</strong> la paupière supérieure, le releveur n’était pas fonctionnel. Il présentait une acuité visuelle<br />

normale et une paralysie du rameau frontal du nerf facial. L’intervention réalisée en mars<br />

1996, fut celle recommandée par Jackson (26) dans les types 2 : abord coronal afin <strong>de</strong> réaliser<br />

une ostéotomie orbitaire associée à <strong>de</strong>s greffons osseux pariétaux et <strong>de</strong> retirer la tumeur, et un<br />

abord palpébral supérieur afin d’effectuer l’exérèse <strong>de</strong> la tumeur et <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt cutané sans<br />

cure <strong>de</strong> ptosis et palpébral inférieur afin <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s greffons osseux pariétaux sur<br />

le plancher orbitaire. Par la même voie d’abord palpébrale supérieure, le geste fut complété<br />

par une canthopexie externe fixée au périoste. L’intervention a permis une amélioration<br />

concernant le volume <strong>de</strong> la région orbitopalpébrale, mais aucune sur l’enophtalmie. Les<br />

résultats furent stables à un an. Le patient a bénéficié d’une <strong>de</strong>uxième intervention<br />

chirurgicale, en janvier 1997, afin <strong>de</strong> traiter l’atteinte jugale. Il a été réalisé une excision en<br />

boomerang, centrée sur le sillon nasogénien et sur une ancienne cicatrice. Les suites ne furent<br />

pas satisfaisantes, la tumeur ayant repoussé en 4 mois. En revanche, les résultats étaient plus<br />

stables au niveau orbitopalpébral malgré l’immobilité <strong>de</strong> la paupière supérieure et la paralysie<br />

frontale.<br />

87


Photos 13 : 04 1995<br />

88


Notre série ne comporte pas <strong>de</strong> patient <strong>de</strong> type 3.<br />

Neurofibromes frontaux<br />

Notre série comporte <strong>de</strong>ux localisations frontales.<br />

Premier cas<br />

C’est un patient qui présentait une atteinte <strong>de</strong> l’hémifront gauche. Il a été opéré en<br />

septembre 2004. L’intervention consistait en une resection intra-tumorale triangulaire, à base<br />

située à la jonction <strong>de</strong> la ligne d’implantation <strong>de</strong>s cheveux. La fermeture a été effectuée au<br />

moyen d’une plastie locale en T inversé, la branche horizontale étant située à la limite <strong>de</strong> la<br />

ligne d’implantation <strong>de</strong>s cheveux. Les résultats sont satisfaisants esthétiquement. Pour<br />

l’instant, le patient n’a pas récidivé.<br />

Deuxième cas<br />

C’est un patient qui présentait une localisation sourcilière droite d’un neurofibrome<br />

plexiforme. Il a été opéré en mai 1997. L’intervention consistait en une resection intra-<br />

tumorale en forme <strong>de</strong> croissant et suture directe. Les résultats ont été satisfaisants<br />

esthétiquement. Le patient n’a pas récidivé.<br />

89


Discussion<br />

Le problème du choix thérapeutique<br />

La majorité <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong> cette série sont porteurs <strong>de</strong> neurofibromes plexiformes<br />

diffus <strong>de</strong> la face. Malgré les nouvelles voies thérapeutiques actuellement en cours<br />

d’exploration (thalidomi<strong>de</strong>, aci<strong>de</strong> rétinoïque, interféron alpha...) (53), le traitement reste<br />

chirurgical.<br />

L'attitu<strong>de</strong> classique consiste à opérer <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes <strong>de</strong> la face pour<br />

<strong>de</strong>s raisons fonctionnelles ou esthétiques, la fonction la plus souvent menacée étant la vision.<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'intervention à visée esthétique est très fréquente, surtout chez les patients<br />

défigurés par leur tumeur. Le but <strong>de</strong> l’intervention est <strong>de</strong> redonner à ces patients une vie la<br />

plus normale possible, tant socialement que professionnellement. La structure histologique<br />

<strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes rend leur extirpabilité impossible. Les limites <strong>de</strong> résection<br />

sont quasi systématiquement envahies par la lésion. Dans les séries <strong>de</strong> neurofibromes<br />

plexiformes opérés, quelque soit leur localisation, 15% <strong>de</strong>s tumeurs bénéficient d'une<br />

résection totale (52). Cependant, les auteurs reconnaissent que les lésions faciales ne peuvent,<br />

le plus souvent, pas être complètement réséquées, car les séquelles esthétiques et surtout<br />

fonctionnelles sont trop importantes. Toutefois certaines équipes prônent une prise en charge<br />

radicale <strong>de</strong> ces tumeurs : exérèse totale extensive, sacrifiant, au passage, la ou les fonctions, et<br />

reconstruction, le plus souvent complexe, dont les résultats esthétiques et fonctionnels sont<br />

peu satisfaisants (8). Nous ne prônons pas cette conception radicale <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s<br />

neurofibromes plexiforme <strong>de</strong> la face qui est à l’origine d’une mutilation faciale inacceptable.<br />

Notre équipe, comme presque tous les auteurs (43) recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s résections intra-<br />

tumorales, incomplètes, conservatrices au maximum <strong>de</strong> la fonction et <strong>de</strong> l’aspect esthétique,<br />

90


d’autant plus que les limites tumorales sont difficiles à repérer. La poursuite <strong>de</strong> ce « but<br />

conservateur » nous a incité à envisager le traitement, l’exérèse tumorale, selon différentes<br />

modalités. Ainsi, nous avons tenté, comme certaines équipes (4), d’employer la technique <strong>de</strong><br />

lipoaspiration. Cependant, non seulement nos tentatives ont été très décevantes sur la quantité<br />

aspirée mais en plus, le risque d’occulter une dégénérescence sarcomateuse localisée n’est pas<br />

négligeable et ne justifie pas que l’on prenne ce risque. Nous avons donc opté pour <strong>de</strong>s<br />

techniques chirurgicales plus classiques. Elles sont confrontées néanmoins à un problème,<br />

celui <strong>de</strong> la reconstruction. Le principal problème <strong>de</strong>s interventions faciales n'est pas l'exérèse<br />

tumorale en elle-même, ni même l'éventuel déficit neurologique, finalement assez rare, qui<br />

peut en découler (26). En ce qui concerne les parties molles, l'infiltration diffuse du <strong>de</strong>rme par<br />

le neurofibrome plexiforme rend toute suspension quasi-inefficace. Ainsi la commissure<br />

labiale, le pied <strong>de</strong> l'aile narinaire, le canthus externe, réimplantés en position anatomique et<br />

symétrique à la fin <strong>de</strong> chaque intervention, ne conservent pas définitivement leur position. La<br />

ptose <strong>de</strong> la joue entraîne parfois un ectropion <strong>de</strong> la paupière inférieure. La ptose <strong>de</strong> la paupière<br />

supérieure persiste après exérèse du neurofibrome. Nous avons envisagé toutes sortes <strong>de</strong><br />

suspension :<br />

-pour la joue et l’oreille : tenseur <strong>de</strong> fascia lata, peau désépi<strong>de</strong>rmisée fixée au périoste du<br />

crâne, remise en tension du SMAS,<br />

-pour les paupières : canthopexie externe type Montandon, canthopexie interne trans-nasale<br />

au fil d’acier…<br />

Elles furent toutes inefficaces à plus ou moins long terme.<br />

Cet argument, associé au fait que les patients atteints <strong>de</strong> NF1 cicatrisent très<br />

correctement (cicatrices discrètes : fines, souples et normalement pigmentées par rapport aux<br />

tissus avoisinants), nous a conduit à envisager la résection <strong>de</strong> manière différente. C’est le<br />

concept <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face. Afin d’effectuer<br />

91


la résection tumorale, on ne place plus les cicatrices dans <strong>de</strong>s zones masquées <strong>de</strong> la face, voire<br />

à distance <strong>de</strong> la tumeur, mais on les place « au milieu du visage », à <strong>de</strong>s endroits stratégiques<br />

déterminé par le concept <strong>de</strong>s unités esthétiques. Comme l’a décrit Burgett pour le nez, le reste<br />

<strong>de</strong> la face peut être subdivisé en unités esthétiques. Ces unités doivent impérativement être<br />

respectées, c’est-à-dire ne jamais être traversées par une cicatrice, sous peine d’obtenir <strong>de</strong>s<br />

résultats peu satisfaisants esthétiquement. Le principe qu’a développé Burgett s’applique à la<br />

reconstruction nasale. Après exérèse tumorale complète, confirmée par une étu<strong>de</strong><br />

histologique, ou après une perte <strong>de</strong> substance traumatique, le défect traverse, au hasard, les<br />

différentes unités esthétiques du nez. Il ne faut alors pas hésiter à agrandir cette perte <strong>de</strong><br />

substance afin <strong>de</strong> respecter les unités esthétiques si l’on veut obtenir <strong>de</strong> bons résultats<br />

esthétiques après la reconstruction. Nous avons extrapolé le concept <strong>de</strong> Burgett à l’ensemble<br />

<strong>de</strong> la face, tout en sachant que nous ne traitons pas une perte <strong>de</strong> substance mais, cette fois ci,<br />

un excès tissulaire. Ainsi, les unités esthétiques, préalablement définies, <strong>de</strong>ssinées sur le coté<br />

sain du patient sont reportées <strong>de</strong> manière symétrique par rapport à un axe vertical en ce qui<br />

concerne leur forme et leurs dimensions. En revanche, leur position est déterminée par rapport<br />

à <strong>de</strong>s points fixes <strong>de</strong> la face, par rapport à <strong>de</strong>s repères qui nous semblent sains, par rapport à<br />

<strong>de</strong>s sillons constants… Ce <strong>de</strong>ssin finit donc par délimiter une zone <strong>de</strong> la face, <strong>de</strong> forme<br />

indéterminée, <strong>de</strong>vant être réséquée. Après la résection, les différentes unités esthétiques sont<br />

suturées l’une à l’autre, comme si l’on reconstituait un puzzle. Cette technique minimise les<br />

décollements et répartie les tensions sur les cicatrices. Nous pensons qu’elle contribue à<br />

remettre en tension les structures <strong>de</strong> la face, même si elle ne dispense pas absolument d’avoir<br />

recours à <strong>de</strong>s procédés propres <strong>de</strong> remise en tension tissulaire. Nous avons un recul d’un an,<br />

certes limité, mais suffisant pour pouvoir apprécier d’une part la qualité esthétique <strong>de</strong>s<br />

résultats, qui sont jugés excellents par les praticiens et les patients et, d’autre part leur stabilité<br />

qui semble satisfaisante. En effet, aucun <strong>de</strong> nos patients n’a bénéficié d’une reprise<br />

92


chirurgicale. Cependant, dans l’éventualité d’une reprise, secondaire à une récidive tumorale,<br />

cette métho<strong>de</strong> serait à nouveau employée, les cicatrices étant déjà présentes.<br />

La stabilité <strong>de</strong>s résultats<br />

Néanmoins, quelle que soit la technique employée, le concept <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>s résultats<br />

est controversé. En effet, la majorité <strong>de</strong>s auteurs s’accor<strong>de</strong> à dire que les neurofibromes<br />

évoluent lentement et <strong>de</strong> manière irrégulière, avec <strong>de</strong>s poussées évolutives, surtout au moment<br />

<strong>de</strong> la puberté et <strong>de</strong> la grossesse. Avec les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résection intra-tumorale, une nouvelle<br />

croissance <strong>de</strong> la tumeur est possible. Les patients peuvent donc récidiver indéfiniment, en<br />

rapport avec une poussée évolutive postopératoire, dont les délais sont aléatoires Par ailleurs,<br />

le résultat peut également se dégra<strong>de</strong>r suite à un épuisement <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’intervention ayant<br />

été pratiquée. Cette dégradation, indépendante <strong>de</strong> toute poussée évolutive, est liée aux<br />

propriétés du tissu élastique neurofibromateux. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s propriétés viscoélastiques <strong>de</strong> la<br />

peau mala<strong>de</strong> a été réalisée (44). La peau atteinte par la NF1 présente une hyperextensibilité<br />

après élongation par rapport à la peau normale. Par ailleurs, elle est moins élastique que la<br />

peau saine. Il persiste une déformation résiduelle, après élongation, plus importante qu’avec la<br />

peau saine. Cette hyperextensibilité associée à cette hypoélasticité induisent l’hyperlaxité.<br />

Cette étu<strong>de</strong> permet donc d’expliquer pourquoi toutes les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> remise en tension<br />

employées n’aboutissent pas à <strong>de</strong>s résultats stables. Cette stabilité du résultat aurait, selon<br />

nous, pour origine d’une part la faible évolutivité tumorale et d’autre part, l’utilisation <strong>de</strong><br />

techniques chirurgicales aboutissant à <strong>de</strong>s sutures sans tension, comme par exemples la<br />

technique <strong>de</strong> résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques.<br />

93


Déterminer la pério<strong>de</strong> idéale pour effectuer l’intervention<br />

Un autre problème se pose lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> déterminer la pério<strong>de</strong> idéale pour<br />

effectuer ces exérèses. De nombreux auteurs s'accor<strong>de</strong>nt pour affirmer que certaines pério<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la vie sont moins favorables que d'autres à l'obtention <strong>de</strong> résultats chirurgicaux<br />

satisfaisants. Pour certains auteurs (52), les interventions réalisées avant l'âge <strong>de</strong> 10 ans sont<br />

un facteur <strong>de</strong> mauvais pronostic pour le risque <strong>de</strong> récidive locale à court terme. Ainsi, ils<br />

préconisent d'attendre cette date pour opérer. Pour d’autres, comme Marchac (43), une<br />

intervention précoce est recommandée afin d’intervenir avant l’apparition <strong>de</strong>s déformations<br />

majeures et lorsque la tumeur est encore <strong>de</strong> volume modéré. Ceci est particulièrement vrai<br />

dans les localisations orbitopalpébrales, ou la préservation <strong>de</strong> la fonction visuelle du côté<br />

atteint est essentielle. Ainsi, selon eux, si le scanner met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s anomalies typiques<br />

<strong>de</strong> malformation orbitaire comme un élargissement <strong>de</strong> la fissure orbitaire et une enophtalmie,<br />

même mineurs, ils recomman<strong>de</strong>nt une intervention <strong>de</strong> reconstruction orbitaire précoce. Dans<br />

tous les cas, il semble préférable d'éviter d'opérer au moment <strong>de</strong>s poussées évolutives du<br />

neurofibrome, pour éviter <strong>de</strong>ux interventions. Cependant, une poussée évolutive doit toujours<br />

faire redouter l'apparition d'un neurofibrosarcome, en particulier si elle s'accompagne <strong>de</strong><br />

modifications <strong>de</strong> l'examen neurologique. Pour tenter d'établir le diagnostic différentiel entre<br />

une poussée évolutive et une dégénérescence, le PET-scan potentialisé par <strong>de</strong>s marqueurs<br />

spécifiques <strong>de</strong> l'activité cellulaire (thymidine marquée, analogues du glucose) est en cours<br />

d'évaluation (14).<br />

94


Le risque <strong>de</strong> dégénérescence<br />

Le problème <strong>de</strong> dégénérescence neurofibrosarcomateuse n’est jamais réglé puisque la<br />

tumeur est encore présente, en quantité variable suivant les cas et les localisations, après les<br />

résections intra-lésionnelles. Le dilemme du diagnostic différentiel reste donc permanent.<br />

Le pic <strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1 varie :<br />

pour certains, il se situe avant 10 ans, pour d'autres il se situe entre 20 et 30 ans (57). La<br />

<strong>de</strong>rnière conférence internationale <strong>de</strong> consensus le situe entre 20 et 39 ans (14). Cette<br />

pathologie étant plutôt rare, il semble que ces variations soient dues a un biais <strong>de</strong> recrutement.<br />

Les neurofibrosarcomes semblent également survenir plus tôt chez les patients atteints <strong>de</strong><br />

NF1. Leur pronostic est plus sévère (13). Par ailleurs, les localisations multiples d'emblée ne<br />

sont décrites que chez les patients atteints <strong>de</strong> NF1. Certains auteurs ont parfois incriminé la<br />

<strong>chirurgie</strong> comme facteur favorisant la dégénérescence neurofibrosarcomateuse chez les<br />

patients atteints <strong>de</strong> NF1. Ce facteur n’a pas été retenu lors du suivi au long cours <strong>de</strong> cohortes<br />

<strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> NF1. Dans ces groupes, les patients opérés ne développent pas plus <strong>de</strong><br />

neurofibrosarcomes que les patients qui n’ont jamais été opérés. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />

risque dans les cohortes <strong>de</strong> neurofibrosarcomes ne met pas non plus en évi<strong>de</strong>nce la <strong>chirurgie</strong><br />

comme facteur <strong>de</strong> risque (13,42,57). Ainsi, la crainte <strong>de</strong> voir un neurofibrome se transformer<br />

en neurofibrosarcome à la suite d'une intervention chirurgicale est probablement infondée. À<br />

l’inverse, dans la mesure où 60% <strong>de</strong>s neurofibrosarcomes ont pour origine un neurofibrome,<br />

réduire la masse tumorale reviendrait à réduire le risque <strong>de</strong> transformation. Le neurofibrome<br />

est alors considéré comme une tumeur précancéreuse. Un traitement antérieur par<br />

radiothérapie est parfois avancé comme facteur <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> développer un neurofibrosarcome<br />

(13,40). Cependant, la radiothérapie semble ai<strong>de</strong>r au contrôle local <strong>de</strong> la maladie et retar<strong>de</strong>r la<br />

récidive, après le traitement chirurgical qui consiste en une exérèse totale <strong>de</strong> la lésion (40).<br />

95


Elle n'a, en revanche, que peu d'effet sur la survie à long terme. La chimiothérapie n'est pas<br />

curative, mais apporte, chez certains patients, <strong>de</strong>s rémissions <strong>de</strong> longue durée. Les protocoles<br />

employés emploient la doxorubicine seule ou en association avec l'ifosfami<strong>de</strong>. Les nouvelles<br />

voies thérapeutiques emploient un inhibiteur d'un récepteur à la tyrosine kinase (Glivec) qui<br />

semble apporter <strong>de</strong>s résultats prometteurs (14). Au final, le pronostic <strong>de</strong> ces tumeurs est<br />

redoutable.<br />

96


Malformation vasculaire, et risque hémorragique<br />

Le risque hémorragique, spontané ou per-opératoire, <strong>de</strong>s localisations faciales est<br />

majeur et redouté (67,72). Il s’explique par l’hypervascularisation tumorale, <strong>de</strong>s anomalies<br />

tissulaires <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong>s vaisseaux, ou par l'association avec une tumeur vasculaire (1). Ce<br />

risque doit être pris en considération lors d'une décision chirurgicale.<br />

L’exérèse extra-lésionnelle est moins hémorragique. Elle est donc souhaitable dès<br />

qu’elle est réalisable bien que la localisation à la face la ren<strong>de</strong> souvent impossible. En<br />

revanche, l’exérèse intra-lésionelle est toujours plus hémorragique. Elle est, par ailleurs, bien<br />

plus souvent pratiquée à la face pour <strong>de</strong>s raisons esthétiques et fonctionnelles.<br />

techniques :<br />

Pour limiter les hémorragies massives per-opératoire nous avons recours à <strong>de</strong>ux<br />

-L’infiltration intra-tumorale massive <strong>de</strong> sérum adrénaliné à 1mg/l. L’adrénaline permet, par<br />

son effet vasopresseur, d’obtenir une vasoconstriction <strong>de</strong>s vaisseaux, limitant les saignements<br />

lors <strong>de</strong> la dissection. Malgré l’hypocontractilité <strong>de</strong>s vaisseaux tumoraux, cet effet est<br />

bénéfique sur le saignement per-opératoire, même s’il est moins important que sur <strong>de</strong>s tissus<br />

sains. Par ailleurs, il facilite gran<strong>de</strong>ment la dissection.<br />

-La dissection pas à pas aux ciseaux bipolaires. C’est, pour nous, un atout essentiel. Le<br />

contrôle <strong>de</strong> l’hémostase per-opératoire, rendu difficile par l’existence d’une gran<strong>de</strong> fragilité<br />

<strong>de</strong>s vaisseaux hypocontractiles et majorée par le caractère veineux prépondérant <strong>de</strong> la<br />

dysplasie, est très largement simplifié. Les ciseaux bipolaires pallient à l’inefficacité du<br />

bistouri monopolaire. Nous n’avons pas retrouvé, dans la littérature, d’utilisation <strong>de</strong>s ciseaux<br />

bipolaires sur <strong>de</strong>s vaisseaux dysplasiques. En revanche, l’avantage <strong>de</strong> cette dissection<br />

bipolaire, sur la coagulation monopolaire, quant à la diminution du saignement et au<br />

raccourcissement <strong>de</strong>s temps opératoires, a déjà été mis en évi<strong>de</strong>nce sur d’autres tissus (34,68).<br />

97


Kusunoki (34) réalise l’hémostase <strong>de</strong> vaisseaux allant jusqu’à 5mm <strong>de</strong> diamètre lors <strong>de</strong>s<br />

colectomies totales. Uchida (68) au cours <strong>de</strong> paroti<strong>de</strong>ctomies, estime que 3mm est la limite <strong>de</strong><br />

l’utilisation <strong>de</strong>s ciseaux bipolaires. En ce qui nous concerne, nous ligaturons<br />

systématiquement les vaisseaux <strong>de</strong> diamètre supérieur à 5mm. L’ultracision a aussi été<br />

développée par certains (51). Les résultats sont assez décevants sur le contrôle du saignement<br />

per-opératoire.<br />

En revanche, l’angiographie préopératoire systématique ou l’embolisation intra-<br />

artérielle, telles qu’elles sont proposées dans la littérature (33,39,50,51), ne nous semble pas<br />

utile dans la prise en charge chirurgicale <strong>de</strong> ces neurofibromes, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s cas où un thrill<br />

vasculaire est perçu ou, peut-être, lorsqu’un geste d’hémostase est nécessaire en urgence<br />

(47,66,67,71). En effet, la structure vasculaire hyperplasique et dysplasique du neurofibrome<br />

plexiforme, dont la topographie n’est pas clairement définie, rend tout à fait illusoire un<br />

planning préopératoire <strong>de</strong> dissection. Le saignement, imprévisible et non contrôlable, <strong>de</strong> ces<br />

neurofibromes (33,47,49) est, pour nous, plus en rapport avec un lacis anastomotique veineux<br />

qu’un pédicule nourricier artériel clairement i<strong>de</strong>ntifiable (36) et accessible à l’embolisation.<br />

Nous considérons donc l’angiographie comme inutile, d’autant plus qu’elle n’est pas dénuée<br />

<strong>de</strong> morbidité. Nous considérons donc qu’elle n’est utile qu’en cas d’hypervascularisation<br />

tumorale, afin <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce ou <strong>de</strong> confirmer la présence d’une malformation artério-<br />

veineuse. L’embolisation intra-artérielle ou la ligature pré-opératoire <strong>de</strong>s gros vaisseaux<br />

repérés par angiographie doit être indispensable en cas <strong>de</strong> malformations vasculaires (fistule<br />

artério-veineuse et anévrysme artériel), ces malformations pouvant être retrouvées dans la<br />

NF1 (45,64).<br />

En cas d’hémorragie dans la <strong>chirurgie</strong> du neurofibrome plexiforme, la déplétion<br />

sanguine est généralement majeure (34,39,51). Du fait <strong>de</strong> son mauvais ren<strong>de</strong>ment et <strong>de</strong> la<br />

98


nécessité, le cas échéant, d’un nombre important <strong>de</strong> culots globulaires, l’autotransfusion ne<br />

trouve pas sa place dans cette pathologie.<br />

Evolutions techniques : efficacité propre à chaque localisation<br />

Les atteintes jugales sont essentiellement traitées par 2 métho<strong>de</strong>s : le lifting et la<br />

résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face. L’analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong><br />

notre série met en évi<strong>de</strong>nce que la technique <strong>de</strong> lifting est insuffisante. En effet sur les 6<br />

patients présentant une atteinte jugale 5 patients ont bénéficié <strong>de</strong> technique lifting et 3 d’entre<br />

eux n’ont bénéficié que <strong>de</strong> technique lifting. Tous ont été opérés plusieurs fois, et tous ont eu<br />

<strong>de</strong>s résultats instables et peu satisfaisants esthétiquement. De plus, le fait d’associer le lifting à<br />

une suspension <strong>de</strong> la berge décollée ou une plicature du SMAS ne contribue pas à améliorer le<br />

résultat esthétique ni sa stabilité, en effet tous les patients, qui en ont bénéficié, ont tout <strong>de</strong><br />

même été repris par lifting sous-cutané classique ou par résection mo<strong>de</strong>lante respectant les<br />

unités esthétiques <strong>de</strong> la face. Il est certes évi<strong>de</strong>nt que l’évolutivité tumorale joue un rôle<br />

majeur dans le résultat esthétique, dans sa stabilité et donc dans le nombre d’interventions<br />

réalisées. Cependant, la technique employée intervient tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> manière importante<br />

dans l’obtention d’un résultat satisfaisant. Ainsi, aucun <strong>de</strong>s 3 patients ayant bénéficié <strong>de</strong> la<br />

résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face n’a été repris. Cependant, nous<br />

n’avons, à l’heure actuelle, que 16 mois <strong>de</strong> recul, ce qui peut être insuffisant pour certains,<br />

même si le résultat peut tout <strong>de</strong> même déjà être apprécié. Un seul cas <strong>de</strong> notre série a<br />

bénéficié uniquement <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face.<br />

Même si le résultat actuel semble être très prometteur, les 8 mois <strong>de</strong> recul sont trop courts<br />

pour porter un jugement fiable.<br />

99


Les atteintes nasales <strong>de</strong> notre série ont comme principal point commun une atteinte<br />

alaire. Un cas sur les 5 recensés a pu bénéficier d’une résection complète, dont les résultats<br />

sont excellents. Deux <strong>de</strong>s 4 autres cas ont été traités par <strong>de</strong>s excisions centrées sur le sillon<br />

nasogénien et prolongées jusqu’au pied <strong>de</strong> l’aile qui est réséqué ou « dégraissé ». Les résultats<br />

sont globalement mauvais car cette métho<strong>de</strong> traite incomplètement le problème du volume<br />

tumoral nasal, la résection du pied <strong>de</strong> l’aile ou le dégraissage étant insuffisant pour traiter<br />

l’infiltration diffuse <strong>de</strong>s tissus. De plus, ces patients présentent toujours une asymétrie <strong>de</strong><br />

positionnement du pied <strong>de</strong> l’aile. Ils ont tous <strong>de</strong>ux bénéficié d’une reprise chirurgicale pour<br />

traiter ce problème <strong>de</strong> position au moyen d’une excision/suture faisant office <strong>de</strong> remise en<br />

tension. Les 2 <strong>de</strong>rniers cas ont bénéficié d’une résection tumorale centrée sur le pli alaire. Le<br />

résultat du premier (cas n°2) fut très satisfaisant. En revanche, le <strong>de</strong>uxième cas a été repris<br />

selon la technique <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques car la première<br />

intervention était insuffisante en raison d’une atteinte globale <strong>de</strong> l’hémi-nez. Les techniques<br />

<strong>de</strong> résection centrée sur les plis sont donc insuffisantes, surtout lorsque la tumeur envahie<br />

toute la région concernée, car elles ne traitent pas le problème <strong>de</strong> volume, elles créent <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> position et ne traitent qu’une zone tumorale : la zone centrée par le pli. Elles ne<br />

traitent pas l’ensemble <strong>de</strong> l’infiltration nasale. C’est pourquoi nous recommandons<br />

d’employer la technique <strong>de</strong> résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques. Cette<br />

technique traite l’ensemble <strong>de</strong> l’infiltration tumorale, elle corrige le volume et permet <strong>de</strong><br />

positionner les différentes unités <strong>de</strong> manière symétrique par rapport au coté sain.<br />

Notre série d’atteinte labiale ne comporte qu’un seul cas isolé traité par résection<br />

extra-tumorale et suture. En revanche notre série d’atteinte nasale met en évi<strong>de</strong>nce une<br />

extension labiale supérieure dans un cas. Le principal problème est <strong>de</strong> traiter l’excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

100


volume labial en conservant la fonction et en évitant d’induire <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> hauteur <strong>de</strong> la<br />

lèvre. Nous n’avons pas encore employé la technique <strong>de</strong> résection mo<strong>de</strong>lante respectant les<br />

unités esthétiques, mais nous pensons qu’elle risque moins d’induire ces problèmes <strong>de</strong><br />

hauteur.<br />

Notre série d’atteintes orbitotemporales comporte 14 cas : 11 cas <strong>de</strong> type 1, 3 cas <strong>de</strong><br />

type 2 et aucun cas <strong>de</strong> type 3.<br />

L’analyse <strong>de</strong> notre série <strong>de</strong> type 1 met en évi<strong>de</strong>nce que les résultats sont satisfaisants si<br />

l’ensemble <strong>de</strong> la tumeur est réséqué. En effet, les 4 patients ayant bénéficié d’une résection<br />

complète n’ont pas récidivé, et n’ont donc pas été réopérés. En revanche, si la tumeur n’est<br />

pas complètement réséquée, ce qui est souvent le cas <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes, la<br />

récidive est fréquente et pose <strong>de</strong>s problèmes d’exérèse et <strong>de</strong> reconstruction, le résultat <strong>de</strong>vant<br />

être esthétique, fonctionnel et stable. Jackson (26) considère que la partie la plus<br />

insatisfaisante du traitement <strong>de</strong>s types 1 est la correction du ptosis. Elle nécessite souvent <strong>de</strong>s<br />

interventions répétées, et malgré cela l’élévation <strong>de</strong> la paupière supérieure peut être<br />

incomplète. Il faut cependant se forcer à ne pas trop relever la paupière sous peine d’exposer<br />

la cornée pendant le sommeil. Ceci peut survenir également en cas <strong>de</strong> lésion neuromusculaire<br />

secondaire à la résection intraorbitaire. Notre série <strong>de</strong> correction <strong>de</strong> ptosis chez les patients <strong>de</strong><br />

types 1 comporte 3 cas. Nos résultats ne s’accor<strong>de</strong>nt cependant pas complètement avec ceux<br />

<strong>de</strong> Jackson (26) car aucun <strong>de</strong> nos 3 patients n’a été repris afin <strong>de</strong> reprendre le réglage, ce<br />

réglage ayant été considéré comme satisfaisant dans 2 cas sur 3. En effet, seul un patient n’a<br />

pas obtenu <strong>de</strong> résultat satisfaisant concernant la correction <strong>de</strong> son ptosis.<br />

En revanche, la partie la plus insatisfaisante du traitement nous semble être la canthopexie<br />

interne. Les plus mauvais résultats sont obtenus avec les canthopexies internes trans-nasales<br />

au fil d’acier. Le premier cas <strong>de</strong> type 1 a été repris afin <strong>de</strong> réaliser une nouvelle canthopexie<br />

101


(réinsertion du ligament canthal interne à la face latérale <strong>de</strong> la base nasale) dont le résultat est<br />

satisfaisant et stable à 1 an 1/2, le premier cas <strong>de</strong> type 2 a été repris 4 fois sans aucun résultat<br />

satisfaisant. Il nous semble donc préférable <strong>de</strong> réaliser un autre type <strong>de</strong> canthopexie interne,<br />

soit du type réinsertion du ligament canthal interne à la face latérale <strong>de</strong> la base nasale, soit du<br />

type plicature du ligament canthal interne (2 e cas <strong>de</strong>s types 1), ou <strong>de</strong> réaliser, si cela est<br />

possible, une canthopexie externe, <strong>de</strong> préférence selon la technique <strong>de</strong> Montandon. En effet,<br />

les 2 patients <strong>de</strong> type 1 ayant bénéficié d’une canthopexie externe selon Montandon n’ont pas<br />

été repris et ont eu <strong>de</strong>s résultats stables dans le temps. De même, 2 patients <strong>de</strong> type 2 (cas n°2<br />

et n°3) ont bénéficié d’une remise en tension palpébrale par canthopexie externe par<br />

réinsertion du canthus externe au périoste orbitaire. Les résultats furent suffisants pour le cas<br />

n°3, mais pas pour le cas n°2 qui a nécessité une reprise chirurgicale afin <strong>de</strong> réaliser une<br />

canthopexie externe selon Montandon, dont les résultats furent, cette fois ci, jugé bon. Il nous<br />

semble donc que les canthopexies externes, et en particulier la technique <strong>de</strong> Montandon,<br />

apporte <strong>de</strong> bien meilleurs résultats concernant la remise en tension palpébrale. C’est la<br />

technique que nous recommandons.<br />

L’analyse rétrospective <strong>de</strong>s 3 cas <strong>de</strong> notre série <strong>de</strong> type 2 met en évi<strong>de</strong>nce que le<br />

traitement classique recommandé par Jackson (26) a été employé dans 2 cas (cas n°1 et cas<br />

n°3). Le principal problème est le traitement <strong>de</strong> l’enophtalmie. Cette technique d’ostéotomie<br />

orbitaire permet d’améliorer la position du globe, mais semble nécessiter plusieurs<br />

interventions afin d’effectuer le réglage. En effet, la position du globe n’était pas satisfaisante<br />

après la première intervention du cas n°1 et après l’intervention du cas n°3. La reprise<br />

chirurgicale du cas n°1 l’a nettement améliorée. Ceci laisse sous-entendre qu’un <strong>de</strong>uxième<br />

temps peut être nécessaire, afin <strong>de</strong> régler, au moyen <strong>de</strong> greffons osseux, la position du globe<br />

dans une orbite reconstruite. L’analyse du cas n°2 montre qu’il est impératif <strong>de</strong> reconstruire<br />

l’orbite au moyen d’ostéotomie pour traiter l’enophtalmie. En effet, le patient a été traité par<br />

102


<strong>de</strong>s greffons osseux pariétaux mis en place la première fois au niveau <strong>de</strong>s parois externe et<br />

supérieure <strong>de</strong> l’orbite et sur le plancher, et la <strong>de</strong>uxième fois au niveau <strong>de</strong>s parois externe et<br />

interne. Cette technique n’a absolument pas amélioré l’enophtalmie. Ainsi, on peut penser que<br />

les greffons osseux pariétaux sont insuffisants s’ils sont employés seuls, sans ostéotomie<br />

orbitaire. Ils ne serviraient donc qu’au réglage positionnel.<br />

Comme toujours, il est souvent nécessaire d’effectuer plusieurs réglages du releveur<br />

<strong>de</strong> la paupière supérieure afin d’améliorer le ptosis. Précisons que les possibilités <strong>de</strong><br />

mouvement <strong>de</strong> la paupière supérieure peuvent varier <strong>de</strong> la normalité à l’absence complète.<br />

Notre série ne comportait aucun cas <strong>de</strong> type 3. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, il est clairement<br />

admis dans la littérature (26) que les meilleurs résultats sont obtenus après énucléation. En<br />

effet, les tentatives <strong>de</strong> traitement employant la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s types 2 donnent <strong>de</strong>s résultats<br />

médiocres car les paupières restent immobiles en position fermée. L’énucléation associée à<br />

une exérèse <strong>de</strong>s paupières est donc recommandée. En effet, lorsque les paupières sont<br />

conservées, d’autres interventions sont nécessaires afin d’obtenir une symétrie, ce qui est très<br />

difficile. En ce qui concerne la reconstruction, les meilleurs résultats sont obtenus avec<br />

l’utilisation d’épithèse.<br />

103


Conclusion<br />

La face, comme toutes les autres régions du corps, peut être atteinte par la NF1. La<br />

spécificité <strong>de</strong> cette localisation tient en <strong>de</strong>ux points : tout d'abord, la présence, dans une<br />

surface restreinte, <strong>de</strong> nombreuses fonctions importantes <strong>de</strong> l'organisme, et entre autres <strong>de</strong>s<br />

organes <strong>de</strong>s sens, qui pourront être menacées par une tumeur d'un volume même relativement<br />

modéré ; ensuite, la fonction sociale <strong>de</strong> l'aspect du visage, remise en cause par les<br />

remaniements dus à la maladie. Cette atteinte faciale, comme le montre l'étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> la<br />

série du service <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> <strong>plastique</strong> et reconstructrice du centre hospitalo-universitaire<br />

Henri Mondor <strong>de</strong> Créteil que nous venons <strong>de</strong> présenter, peut être discrète, ou réaliser <strong>de</strong><br />

grands délabrements <strong>de</strong> l'os et/ou <strong>de</strong>s tissus mous, défigurant les patients, mettant<br />

éventuellement en cause leur pronostic visuel.<br />

Le traitement <strong>de</strong> la neurofibromatose faciale est chirurgical, à visée esthétique le plus<br />

souvent, ou <strong>de</strong>stiné à sauvegar<strong>de</strong>r la fonction visuelle, et consiste principalement en<br />

interventions itératives entreprises pour diminuer le volume <strong>de</strong>s neurofibromes plexiformes <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> taille. Les résultats <strong>de</strong> telles interventions sont souvent grevés par l'histoire naturelle<br />

<strong>de</strong> ces tumeurs qui ten<strong>de</strong>nt à augmenter <strong>de</strong> volume, notamment à la puberté, et par<br />

l'infiltration tumorale du <strong>de</strong>rme, qui complique les reconstructions. Cependant, il n'existe<br />

actuellement aucune alternative fiable à la <strong>chirurgie</strong>.<br />

L’analyse <strong>de</strong> cette série <strong>de</strong> localisation faciale <strong>de</strong> neurofibromatose souligne plusieurs<br />

gran<strong>de</strong>s évolutions dans la prise en charge chirurgicale du neurofibrome plexiforme.<br />

-L’apport <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face. Le résultat<br />

esthétique obtenu avec les techniques conventionnelles est souvent imparfait et altérable dans<br />

le temps. Il donne pratiquement toujours satisfaction aux mala<strong>de</strong>s, mais reste frustrant pour le<br />

praticien. La résection mo<strong>de</strong>lante semble améliorer gran<strong>de</strong>ment le résultat esthétique. En<br />

104


evanche, notre recul est encore trop peu important pour pouvoir apprécier sa stabilité dans le<br />

temps. Quoi qu’il en soit, cette technique est répétable à l’infini puisque les cicatrices sont<br />

déjà placées, délimitant les diverses unités esthétiques.<br />

-L’inutilité <strong>de</strong> l’angiographie ou <strong>de</strong> l’embolisation pré-opératoire systématique sauf dans les<br />

cas où un thrill vasculaire est perçu ou lorsqu’un geste d’hémostase est nécessaire en urgence.<br />

-L’apport important <strong>de</strong> la dissection aux ciseaux bipolaires qui permet le contrôle <strong>de</strong><br />

l’hémostase à chaque instant du geste chirurgical.<br />

-L’infiltration intra-tumorale massive <strong>de</strong> sérum adrénaliné à 1mg/l qui facilite la dissection en<br />

limitant l’hémorragie diffuse.<br />

-L’absence d’indication <strong>de</strong> l’autotransfusion. Comme nous l’avons vu auparavant, la nécessité<br />

d’un nombre important <strong>de</strong> culots globulaires est telle, en cas d’hémorragie, que<br />

l’autotransfusion n’est pas réalisable du fait <strong>de</strong> son mauvais ren<strong>de</strong>ment.<br />

L’analyse <strong>de</strong> cette série reflète l’évolution d’un service <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> <strong>plastique</strong><br />

hospitalo-universitaire inscrit dans une prise en charge médicochirurgicale globale <strong>de</strong>s<br />

patients atteints <strong>de</strong> neurofibromatose. Elle stigmatise l’état actuel <strong>de</strong> nos compétences en ce<br />

qui concerne le traitement chirurgical <strong>de</strong>s atteintes faciales <strong>de</strong> la neurofibromatose <strong>de</strong> type 1.<br />

Elle ne prétend aucunement apporter <strong>de</strong>s solutions, mais uniquement contribuer à<br />

perfectionner les procédés techniques, procédés simples et reproductibles qui permettent <strong>de</strong><br />

sécuriser le geste opératoire et d’améliorer les résultats.<br />

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Résumé<br />

La neurofibromatose <strong>de</strong> type 1 (NF1), qui touche un individu sur 3500, est une maladie<br />

génétique définie surtout par le développement <strong>de</strong> tumeurs nerveuses hétérogènes, les<br />

neurofibromes. La NF1 se transmet sur le mo<strong>de</strong> autosomique dominant, mais 50% <strong>de</strong>s cas<br />

sont dus à une altération acquise <strong>de</strong> Nf1 gène suppresseur <strong>de</strong> tumeurs. L'expression <strong>de</strong> la<br />

maladie est très variable, sa pénétrance est <strong>de</strong> 100% à 5 ans. 40% <strong>de</strong>s NF1 se révèlent par une<br />

atteinte faciale. Le traitement, à ce jour chirurgical, est peu satisfaisant, du fait <strong>de</strong> l'histoire<br />

naturelle <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> l'histologie <strong>de</strong>s tumeurs. La série présentée souligne plusieurs<br />

gran<strong>de</strong>s évolutions dans la prise en charge chirurgicale du neurofibrome plexiforme <strong>de</strong> la<br />

face : l’apport <strong>de</strong> la résection mo<strong>de</strong>lante respectant les unités esthétiques <strong>de</strong> la face, l’inutilité<br />

<strong>de</strong> l’angiographie ou <strong>de</strong> l’embolisation pré-opératoire systématique, l’infiltration intra-<br />

tumorale massive <strong>de</strong> sérum adrénaliné, l’absence d’indication <strong>de</strong> l’autotransfusion.<br />

Mots clés<br />

Neurofibromatose<br />

Face – <strong>chirurgie</strong><br />

Chirurgie <strong>plastique</strong><br />

Traitement<br />

Esthétique<br />

Neurofibrome plexiforme<br />

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