Textes d'introduction à l'exposition" Contres Façons - jamal lansari

Pour apprendre à lire les signes invisibles.
Douze ans plus tard, après quelques voyages en Asie et au Montana,
l’artiste a repris sa parka de peintre pour composer une nouvelle
exposition: « Contres façons pour Trésors de rien du tout.» Deux termes
antinomiques. Mais la notion de trésor n’est pas la mieux partagée.
Patrick Le Bars. « Journaliste »
Il contrefait
Il contrefait, déforme, déraisonne les ustensiles les plus communs, il les
expatrie de leur cadre et de leur sens, veut leur donner un élan qui est le
sien a rebours de leur identité. Ors et étoiles, pétales et tiges, bambous et
tissus, papiers et verres, cailloux et sables, plastiques et bois, il réordonne
les matières pour une cosmogénèse sans dieu. Car il y a des limites
formelles, carrées ou rondes, des cartographies particulières dans cette
géographie commune dont il refuse de s’échapper.
Dominique Decèze « Ecrivain »
Pour un Art ethnique
J’ai toujours puisé mes ressources lors de mes divers voyages dans le
monde des cultures ethniques.
Mes intentions et mon regard se portaient sur les objets rencontrés dans
différents marchés, brocantes, souks etc.… Je me suis alors interrogé sur
le sens de ces objets et comment je pouvais leur faire dire autrement les
choses. Contrer un objet de sa fonction première, se l’approprier, le
détourner de ses objectifs décoratifs ou de bibelot pour le façonner dans
un espace pictural qui est le mien… Alors, l’objet deviendrait une clef pour
signifier la magie de l’œuvre et du monde. Il se sacraliserait malgré sa
matérialité ordinaire et deviendrait autrement vivant pour inciter le regard
à voyager dans une élévation en excitant la mémoire pour le délire de
l’imagination.
L’objet est donc acteur dans mes mises en œuvre, il opère dans l’œuvre
et devient un langage plastique qui échappe à la tradition du "signifiant –
signifié".
Si nous parcourons toute l’histoire de l’art contemporain, nous
rencontrons des milliers d’œuvres chargées d’objets et de gadgets.
Jamal Lansari

Le joyeux capharnaüm
Contrefaçons… Nous sommes avertis. Ce joyeux capharnaüm n’est pas la
caverne d’Ali Baba. Dans ce trésor de contrebande, point de diamant ni de
matières précieuses, d’originaux inestimables, mais des concrétions
d’objets hétéroclites, prélevés aux quatre coins du monde, collés, englués,
fragmentés, détournés de leur fonction ordinaire et soumis aux caprices
du faussaire. Ici, tout est copie, et copie de copies, simulacres du réel,
amoncellements fantomatiques. Serions-nous donc transportés dans la
caverne de Platon ?
Jean Cabon « professeur de philosophie »