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Rapport d'Activité 2010 - SATO Picardie

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RAPPORT D’ACTIVITE <strong>SATO</strong>-PICARDIE<br />

ANNEE <strong>2010</strong><br />

SOMMAIRE<br />

INTRODUCTION page 2<br />

CAARUD page 5<br />

La réduction des risques sur les territoires Oise-Est et Oise-Ouest page 11<br />

La réduction des risques sur le territoire Aisne-Sud page 22<br />

CSAPA Soins et Prévention en ambulatoire page 30<br />

Antenne de Creil page 30<br />

Tableau récapitulatif des données chiffrées page 32<br />

L’activité soins page 33<br />

L’activité prévention page 62<br />

Antenne de Beauvais page 87<br />

Tableau récapitulatif des données chiffrées page 89<br />

L’activité soins page 90<br />

L’activité prévention page 110<br />

Antenne de Compiègne page 131<br />

Tableau récapitulatif des données chiffrées page 133<br />

L’activité du service page 134<br />

CSAPA en résidentiel page 155<br />

Tableau récapitulatif des données chiffrées page 156<br />

La Communauté Thérapeutique de Flambermont page 163<br />

Les Appartements Thérapeutiques Relais de Compiègne page 194<br />

LHSS – Lits Halte Soins Santé de Compiègne page 213<br />

Compte-rendu des 30 ans du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> page 220<br />

1


INTRODUCTION<br />

L’année <strong>2010</strong> a été pour le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> celle de la mise en place effective de ses CSAPA -<br />

Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie - avec et sans<br />

hébergement ainsi que celle de son CAARUD - Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la<br />

Réduction de risques pour Usagers de Drogues. La création de ses nouvelles structures,<br />

entièrement dédiées aux addictions, correspond à une réorganisation au niveau national, tant du<br />

côté du sanitaire que de celui du médico-social, dont le but et les objectifs sont, à priori, d’unifier et<br />

de rationaliser le dispositif spécialisé afin de mieux répondre aux problèmes que posent les<br />

conduites addictives et, plus généralement, les consommations de produits psychotropes. Nous<br />

mesurerons à l’avenir l’efficacité de ce changement ainsi que l’effet réel de cette « révolution »<br />

sémantique qui fait pratiquement disparaître le mot « toxicomanie » de nos savants discours, sur<br />

notre capacité à développer de nouvelles réponses et stratégies pour faire face à la<br />

complexification des problématiques liées aux dépendances.<br />

La diversification des usages et des modes de consommation, la prégnance des comorbidités<br />

qu’elles soient somatiques (VHC, VIH) et/ou psychiatriques ainsi que la prise en compte des<br />

dépendances sans produit impliquent une réévaluation importante des modes de prises en charge<br />

que nous devons mettre en œuvre. L’ensemble de nos structures de soins accueille dorénavant<br />

des patients qui, le plus souvent dans le cadre d’une polytoxicomanie, utilisent simultanément et/ou<br />

indifféremment des drogues licites et/ou illicites. Les modes de consommation représentent un<br />

discriminant significatif quant aux indications de soin et de prise en charge. Ils sont souvent plus<br />

signifiants que le produit utilisé. En effet, des écarts abyssaux existent entre certains usages qui<br />

rendent difficile de les référencer à un mécanisme psychopathologique clairement identifié. Par<br />

exemple, l’on ne peut comparer une personne qui pratique le « binge drinking » en ingurgitant<br />

massivement et rapidement de grandes quantités d’alcool et, le cas échéant, d’autres produits<br />

psychotropes, avec un usager régulier, voire compulsif, d’alcool et/ou de médicaments.<br />

L’importance et le développement de la consommation de cannabis chez les jeunes demeure une<br />

préoccupation majeure. Or, peu de fumeurs de cannabis consultent spontanément. Ils considèrent<br />

cet usage comme banal et en minimisent les risques réels. L’importance de l’usage festif des<br />

drogues, qu’elles soient licites ou illicites, par les jeunes est un élément essentiel à prendre en<br />

compte, en matière de santé publique, pour définir des stratégies efficaces de prévention et de<br />

réduction des risques. D’une manière générale, il apparait indispensable de penser des modalités<br />

de soutien pour les parents, et plus globalement pour la communauté éducative, afin de les aider à<br />

faire face à la réalité de l’usage précoce chez les adolescents, phénomène qui peut s’avérer<br />

particulièrement angoissant et déstabilisant pour les adultes.<br />

Depuis plusieurs années le développement de la substitution a permis une amélioration sensible de<br />

l’accès aux soins ainsi que du suivi médico-psycho-social d’un grand nombre d’usagers.<br />

Cependant, développer des programmes bas seuil de substitution dans une logique de réduction<br />

des risques devrait faciliter l’accès aux soins des usagers les plus marginalisés. Par ailleurs, l’offre<br />

de sevrage, en particulier celle d’un sevrage sélectif, demeure largement insuffisante pour un grand<br />

nombre d’usagers qui souhaitent s’orienter vers l’abstinence. La conjugaison des registres que<br />

constituent l’importance de la polyconsommation avec l’augmentation régulière de l’usage de<br />

2


cocaïne et de ses dérivés, la multiplication des drogues de synthèse, le mésusage médicamenteux,<br />

la présence, parfois, d’une comorbidité, qu’elle soit somatique ou psychique, la prégnance de la<br />

consommation d’alcool et de tabac, la prise en compte des addictions sans produit nous oblige à<br />

faire évoluer les stratégies de prévention, de soins et de réduction des risques à mettre en œuvre<br />

et nous invite à établir des liens de travail plus effectifs et efficaces avec l’ensemble du secteur<br />

sanitaire.<br />

Le fait d’être dépendant à un produit, quel qu’il soit, n’induit pas nécessairement un processus de<br />

désinsertion grave. Pourtant l’on constate que pour un certain nombre d’usagers qui ont une longue<br />

« carrière » dans l’addiction et qui sont en proie à des processus de marginalisation importants, il<br />

devient illusoire et hasardeux d’envisager, pour eux, une possible réinsertion dans un circuit de<br />

droit commun. Pour autant, développer une approche globale qui permette d’instaurer à minima<br />

une vie sociale et professionnelle reste une condition nécessaire pour envisager une amélioration<br />

sensible de leur addiction et de leurs conditions de vie. De ce point de vue, l’importance d’une prise<br />

en charge communautaire au long cours, qui mobilise et responsabilise la personne de façon<br />

significative, est sans aucun doute une réponse efficace qui reste à explorer. Le lien entre<br />

marginalisation sociale et usage de produits psychotropes explique notre intérêt pour la<br />

problématique de l’urgence sociale et nous incite à réfléchir à de nouvelles initiatives pour<br />

promouvoir l’insertion des personnes les plus marginalisées.<br />

La mise en place en <strong>2010</strong> de nos deux CSAPA et de notre CAARUD a constitué un changement<br />

majeur dans l’organisation des établissements que gère de notre association. Pour autant, d’autres<br />

réalisations ont marqué l’année qui vient de s’écouler :<br />

- l’inauguration, à l’occasion du 30 ème anniversaire de notre association, des nouveaux<br />

locaux de notre communauté thérapeutique de Flambermont qui portent dorénavant la<br />

capacité d’accueil à 35 lits et permet d’améliorer sensiblement le confort de cette structure<br />

tant en ce qui concerne les conditions de travail des salariés que d’accueil pour les<br />

résidants.<br />

- L’extension de l’activité de notre CAARUD aux territoires de santé Sud du département de<br />

l’Aisne par l’ouverture de deux unités, l’une à Château-Thierry sous la forme d’une reprise<br />

de l’activité du réseau de l’Omois, l’autre à Soissons, dans les locaux du CHG. Cette<br />

nouvelle présence sur le département de l’Aisne, témoigne de l’esprit d’initiative de notre<br />

association et se conjugue, grâce à la réflexion instaurée avec les différents partenaires<br />

intervenant dans le champ de l’addictologie sur le sud de ce département avec la<br />

perspective de créer, en 2011, un Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale.<br />

- L’intégration et le financement de l’activité de prévention dans le cadre de notre CSAPA<br />

ambulatoire a été un sujet de grande satisfaction. Cette acceptation par l’ARS d’intégrer<br />

cette part importante et nécessaire de l’activité du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> récompense les efforts et<br />

le combat que nous avons menés pour sauvegarder l’existence du Tamarin et du Fusain<br />

Ailé et, plus généralement, de maintenir la dimension de la prévention comme un élément<br />

majeur de l’action de notre association. Il convient à ce propos de remercier l’ensemble des<br />

collectivités locales que ce soit le Conseil Général de l’Oise, la Communauté<br />

d’agglomération du Beauvaisis ou encore la Communauté d’Agglomération Creilloise, sans<br />

l’aide desquelles ces structures n’auraient pu perdurer.<br />

- L’ouverture en décembre, avec l’accueil des premiers résidants du « Pourquoi Pas », notre<br />

3


nouvelle structure des Lits Halte Soin Santé à Compiègne. Il faut souligner l’effort important<br />

que tous les acteurs de ce projet, qu’ils fassent partie ou non du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, ont<br />

consenti pour tenir les délais extrêmement courts que nous nous étions fixés pour la<br />

réalisation de cet établissement qui, de l’avis de tous, est une réussite architecturale.<br />

Ces changements dans l’organisation des services de notre association ne nous ont pas empêchés<br />

d’assurer nos missions et de développer nos actions dans les champs de la prévention, du soin et<br />

de la réduction des risques. Comme en témoigne, une fois de plus, ce document, chacun pourra<br />

mesurer l’ampleur du travail réalisé par l’ensemble des salariés avec le concours de tous nos<br />

partenaires, qu’ils soient du secteur sanitaire, médico-social, de la communauté éducative ou<br />

encore de la justice.<br />

Enfin, je souhaiterais terminer ce propos en rappelant le colloque et les deux séminaires que nous<br />

avons organisés à l’occasion des 30 ans de l’association. Ces manifestations ont regroupé environs<br />

400 participants, dont environ 130 représentants venus d’Algérie, de Belgique, du Danemark,<br />

d’Espagne, de Grèce, d’Italie, de Pologne, du Portugal, du Royaume-Uni, de Slovaquie et des Etats<br />

Unis. Cet événement co-organisé avec le réseau européen T3E témoigne de l’image et de la<br />

notoriété que le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> a su promouvoir durant ces 30 années d’existence tant au niveau<br />

national qu’international. Le succès et l’esprit qui a présidé à ces rencontres souligne les liens<br />

d’amitiés sincères qui se sont tissés au fil des années avec un grand nombre de spécialistes et de<br />

professionnels du champ des addictions. Cet événement constitue également pour nous une<br />

reconnaissance pour le travail accompli et nous invite à poursuivre nos efforts pour continuer<br />

l’œuvre entreprise par le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>.<br />

Jean-Pierre DEMANGE<br />

Directeur du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

4


CENTRE D’ACCUEIL ET<br />

D’ACCOMPAGNEMENT A LA<br />

REDUCTION DES RISQUES<br />

POUR USAGERS DE<br />

DROGUES<br />

5


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

Equipe Oise<br />

- Mme Joëlle LTEIF- Educatrice spécialisée, (0.46 ETP)<br />

- Mlle Hélima BOUKRAA-Opératrice de proximité (1 ETP)<br />

- Mlle Lola LEFEVRE-Educatrice spécialisée (1 ETP)<br />

- M Patrick TAQUET-Educateur spécialisé (0, 36 ETP)<br />

- M Abdelhafid ABDELKEBIR-Educateur spécialisé (1 ETP)<br />

- M Benjamin APPERT-Moniteur éducateur (1 ETP)<br />

- Mlle Isabelle BURRO-Infirmière Diplômée d’Etat (0, 40 ETP)<br />

Equipe Aisne<br />

- Mme Caroline OLRY-Cadre technique (1 ETP)<br />

- Mlle Maguelone PROISY-Animatrice de prévention (0.50 ETP)<br />

- Mlle Elodie ROOCK-Educatrice spécialisée (1 ETP)<br />

- M Fabien FAYOLLE-Educateur spécialisé (1 ETP)<br />

Ces équipes sont appuyées sur le plan méthodologique par M Claude LEFEVRE, conseiller<br />

technique du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, et placées sous la responsabilité fonctionnelle de M François<br />

BROSSARD, directeur-adjoint du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>.<br />

Nous avons également reçu en stage de formation :<br />

- Mlle Leslie GUIBERT-Educatrice spécialisée.<br />

- Mlle Leslie SEEL-Educatrice spécialisée.<br />

6


LE CENTRE D’ACCUEIL ET D’ACCOMPAGNEMENT A LA REDUCTION DES<br />

RISQUES POUR LES USAGERS DE DROGUES<br />

INTRODUCTION<br />

Indicateurs de l’activité globale<br />

1. CAARUD OISE<br />

1.1 Les accueils fixes<br />

1.1.1 L’accueil fixe à Montataire<br />

1.1.2 L’accueil fixe à Beauvais<br />

1.2 Les maraudes<br />

1.2.1 Un exemple d’accompagnement<br />

1.2.2 La maraude de Compiègne<br />

1.2.3 Les missions de l’infirmière du CAARUD<br />

1.3 Les interventions en milieu festif<br />

1.3.1 L’activité<br />

1.3.2 Un exemple d’intervention<br />

1.3.3 Les indicateurs d’activité en festif<br />

1.3.4 Les moyens et perspectives 2011<br />

1.4 L’activité auprès des Prostituées<br />

1.5 Partenariat aves les CADA<br />

2. CAARUD AISNE<br />

2.1 L’antenne de Château-Thierry<br />

2.1.1 L’accueil fixe<br />

2.1.2 Les maraudes<br />

2.1.3 Les soirées festives<br />

2.1.4 L’action en milieu pénitentiaire<br />

2.1.5 Partenariat avec les pharmacies<br />

2.2 L’antenne de Soissons<br />

2.2.1 Les contacts avec les partenaires<br />

2.2.2 L’équipe mobile à Soissons<br />

2.2.3 L’équipe mobile à Villers-Cotterêts<br />

2.3 Projets et perspective 2011<br />

2.3.1 Antenne de Château-Thierry<br />

2.3.2 Antenne de Soissons<br />

3. Synthèse et objectifs 2011 du CAARUD<br />

7


INTRODUCTION<br />

Mr François BROSSARD Directeur-adjoint du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Responsable du CAARUD<br />

Le fait marquant pour le CAARUD du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> au cours de l’année <strong>2010</strong> est l’extension de<br />

nos activités sur le Territoire de Santé Aisne Sud à travers la reprise de l’association et des<br />

activités du Rés’Omois à Château Thierry en juillet, suivie de l’ouverture d’une antenne à Soissons.<br />

Cette extension vise à compléter le dispositif de prise en charge des addictions sur ce secteur qui<br />

voit par ailleurs les partenaires, tant sanitaires que médico-sociaux, travailler ensemble à la<br />

conception d’un Groupement de Coopération Sociale et Médico-sociale destiné à porter un<br />

agrément CSAPA.<br />

Sur le département de l’Oise, notre action a porté sur le développement des actions en milieu festif,<br />

l’expérimentation d’un accueil fixe à Beauvais, le recentrage des maraudes sur Compiègne et le<br />

travail de sensibilisation des communes de Beauvais et Compiègne à l’utilité d’y implanter des<br />

« Totems » (celui de Creil ayant fait l’objet d’un remplacement en cours d’année).<br />

Par ailleurs, les équipes du CAARUD ont initié un travail expérimental sur des groupes de femmes<br />

se livrant à la prostitution sur les secteurs de Compiègne et Senlis, dans le but d’étudier leurs<br />

éventuelles consommations mais aussi de réduction des risques de transmission des Infections<br />

Sexuellement Transmissibles.<br />

L’équipe du CAARUD a pu en fin d’année être complétée par l’embauche d’une infirmière à temps<br />

partiel, sur le poste à 0,40 ETP vacant depuis la fin de l’été 2009. Ce recrutement permet<br />

d’améliorer la prise en charge des usagers à l’accueil fixe de Montataire, au cours des maraudes<br />

sur Compiègne, mais aussi en milieu festif.<br />

Sur le plan matériel, nous attendons avec impatience pour le début 2011, la mise en service du<br />

nouveau local d’accueil mis à disposition par la commune de Montataire que nous remercions pour<br />

cette initiative prouvant son soutien et sa détermination à nous permettre de développer un accueil<br />

de qualité.<br />

A Château-Thierry, après avoir été hébergés au Pôle Santé de l’Hôpital, nous nous sommes<br />

résolus, avec l’accord de l’ARS, à prendre un local indépendant en ville dans lequel pourront<br />

s’exercer au mieux les fonctions d’accueil d’un CAARUD. Enfin, à Soissons, nous sommes<br />

hébergés à titre provisoire dans deux bureaux mis à disposition par le Centre Hospitalier dans<br />

l’attente d’une proposition durable de sa part.<br />

La diversification des lieux et des activités nécessitant des moyens de locomotion adaptés, le<br />

CAARUD s’est doté de deux véhicules d’occasion : de type Berlingot pour les maraudes dans le<br />

sud de l’Aisne et fourgon aménagé en camping-car utilisable tant pour les maraudes de l’Oise que<br />

pour les interventions en milieu festif.<br />

L’ensemble de ces actions sera développé ci-après.<br />

8


Indicateurs de l’activité globale<br />

Tableau comparatif des files actives<br />

Oise Aisne<br />

2008 2009 <strong>2010</strong> <strong>2010</strong> Total <strong>2010</strong><br />

File active lieux fixes 71 87 63 14 77<br />

- don Montataire 71 64 48 - -<br />

- dont Beauvais - 23 15 - -<br />

File active unité mobile 82 155 108 8 116<br />

- dont travail de rue Compiègne 51 91 54 - -<br />

- dont travail de rue Noyon 10 13 3 - -<br />

- dont travailleuses du sexe - - 51 - -<br />

File active « réduction des risques » CSAPA 34 73 52 - 52<br />

File active milieu festif 4800 7687 10850 284 11134<br />

- dont venues au stand - 2600 4955 284 5239<br />

Total file active annuelle des usagers 187 380 223 22 245<br />

File active milieu carcéral Château Thierry 10<br />

- dont nombre total de nouveaux usagers - 187 94 18 112<br />

Distribution/Mise à disposition/Récupération kits seringue réduction des risques<br />

Oise Aisne<br />

2008 2009 <strong>2010</strong> <strong>2010</strong> Total <strong>2010</strong><br />

Total kits lieux fixes 2258 1386 1352 926 2278<br />

- dont Montataire (FA = 48) 2258 1248 928 - -<br />

- dont Beauvais (FA = 15) - 138 424 - -<br />

Total kits unité mobile 196 4657 8947 - 8947<br />

- dont Compiègne (FA = 54) 160 2516 8176 - -<br />

- dont Noyon (FA = 3) 9 1426 771 - -<br />

- dont Pont Sainte Maxence 27 715 **** - -<br />

Total kits CSAPA 4937 6032 6629 - 6629<br />

- dont Creil 2057 2614 2040 - -<br />

-dont Compiègne 2880 2340 3050 - -<br />

- dont Beauvais - 1078 1539 - -<br />

Nombre total kits distribués/Mis à disposition (équipes) 7391 12092 16928 926 17854<br />

Nombre total kits écoulés par automate 5842 2592 2421 0 2421<br />

Total global kits écoulés (automates + équipes) 13233 14684 19349 926 20275<br />

Total global seringues usagées récupérées 7555 15682 18380 1241 19621<br />

9


Distribution/Mise à disposition matériel réduction des risques et brochures d’information<br />

Oise Aisne<br />

2008 2009 <strong>2010</strong> <strong>2010</strong> Total <strong>2010</strong><br />

Stérifilts distribués 4410 4000 6500 2112 8612<br />

Brochures distribuées 1000 2966 1835 1076 2911<br />

Total distribution préservatifs 4780 13236 31543 2635 33021<br />

-dont masculins 4623 13031 30386 2635 33021<br />

-dont féminins 157 205 1157 0 1157<br />

-dont travailleuses du sexe (FA = 51) - - 24230 0 24230<br />

« Roule ta paille » distribués - 1314 2076 57 2133<br />

Ethylotests distribués - - 885 389 1274<br />

Ethylomètres (nombre d’usage) - - 29 - 29<br />

Bouchons oreilles distribués (par paire) - - 2575 232 2807<br />

Vente de kits seringues en pharmacies<br />

<strong>2010</strong><br />

Nombre officines sondées Nombre stéribox vendus<br />

Oise 27 3606<br />

Aisne 19 456<br />

TOTAL 46 4062<br />

Tableau récapitulatif de la distribution (<strong>SATO</strong>) et de la vente (pharmacies sondées) de matériel<br />

stérile d’injection sur nos secteurs d’intervention<br />

<strong>2010</strong><br />

Distribution Kits <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> Vente Kits pharmacies sondées<br />

Oise 19349 926<br />

Aisne 3606 456<br />

TOTAL 22955 1382<br />

Délivrance de traitements de substitution dans les pharmacies (sondées)<br />

<strong>2010</strong><br />

Subutex délivré Méthadone délivrée<br />

Oise 170 55<br />

Aisne 56 48<br />

TOTAL 226 103<br />

10


1. LE C.A.A.R.U.D. OISE<br />

1.1 Les accueils fixes<br />

1.1.1 L’accueil fixe à Montataire<br />

Mr Abdelhafid ABDELKEBIR Educateur spécialisé<br />

Le Relais existe dans cette ville depuis 16 ans. Il a connu ces dernières années une baisse<br />

de fréquentation. Nous avons reçu en <strong>2010</strong>, 48 usagers de drogues dont 20 nouveaux soit un taux<br />

de renouvellement de 42 %. Ces accueils ont donné lieu à 907 passages.<br />

Il faut noter également 224 passages de jeunes essentiellement venus pour demander des<br />

préservatifs.<br />

L’évolution de la file active<br />

Il est important de noter que les personnes accueillies au Relais ont aujourd’hui, pour la grande<br />

majorité d’entre elles, un logement, même si un grand nombre vit de minima sociaux et d’emplois<br />

précaires.<br />

Les consommations concernent essentiellement l’héroïne, la cocaïne, et le mésusage des produits<br />

de substitution (buprénorphine, dérivés morphiniques et méthadone) souvent accompagnés<br />

d’ailleurs de consommations de benzodiazépines, d’alcool et de cannabis.<br />

Au relais, les usagers qui utilisent la voie intraveineuse représentent 44% de la file active.<br />

Nous constatons une diminution importante des kits distribués. Cette baisse est due, d’une part à la<br />

réduction du nombre de personnes accueillies et, d’autre part, à l’amoindrissement des pratiques<br />

d’injection. En effet, un grand nombre d’usagers ont les veines très abîmées et, de ce fait, il leur est<br />

de plus en plus difficile de s’injecter. Cette difficulté, associée parfois à de graves problèmes de<br />

santé, peut les conduire à abandonner la voie intraveineuse.<br />

Les hypothèses émises l’année précédente au sujet de la baisse de la file active nous semblent<br />

toujours d’actualité :<br />

- de nombreux usagers du Relais ont maintenant intégré le CSAPA de Creil soit, pour la<br />

délivrance d’un traitement de substitution à la méthadone soit, pour obtenir du matériel de<br />

réduction des risques. Nous observons, à ce titre, que l’équipe du CSAPA de Creil distribue<br />

pratiquement deux fois plus de kits seringues que le Relais. Ceci est certainement dû aux<br />

plages d’ouverture plus larges en journée, mais également à un accueil aujourd’hui facilité<br />

qui permet aux usagers de drogues, au-delà de la mise à disposition de matériel de<br />

réduction des risques, de tisser des liens avec les professionnels du Centre de soins.<br />

- le développement du travail de rue (maraudes dans plusieurs villes, plusieurs jours dans la<br />

semaine) a entraîné une nouvelle répartition du temps de travail. Le succès de ces<br />

maraudes pénalise l’accueil au Relais. Celui-ci est dorénavant fermé lors d’’absences de<br />

salariés (maladie, congés, formation….) En effet, quand l’équipe est restreinte, nous<br />

privilégions toujours le travail de rue et les maraudes où nous allons à la rencontre des<br />

usagers. Ce choix se fait au détriment du Relais qui de ce fait, doit réduire ses heures<br />

d’ouverture particulièrement durant les périodes les plus tendues au niveau du planning.<br />

- Par ailleurs, comme nous le disions l’année dernière la qualité de l’accueil passe par<br />

l’équipe mais aussi par le lieu. Ce dernier a vieilli, les sols sont abîmés et la peinture<br />

défraîchie, les espaces sanitaires sont peu adaptés.<br />

- enfin, la loi contre le tabagisme passif interdit de fumer dans les locaux. Beaucoup<br />

d’usagers fument énormément et ne peuvent donc plus se poser à l’accueil pour fumer leur<br />

cigarette. Ils sont obligés pour ce faire de sortir devant le Relais, sur le trottoir. Ce n’est ni<br />

11


très pratique, ni très discret pour des personnes qui ne veulent pas forcément être<br />

repérées devant un local accueillant des toxicomanes.<br />

RELAIS-MONTATAIRE-<strong>2010</strong><br />

File active 48<br />

Nombre passages 784<br />

Produits Modalités consommation Substitution<br />

Héroïne 20 Injecté 14 Méthadone 4<br />

Cocaïne 13 Sniffé 12 Subutex 14<br />

Crack 1 Inhalé 18<br />

Morphine 1 Gobé 11<br />

Subutex détourné 18<br />

Benzodiazépines 16<br />

Cannabis 23<br />

Alcool 26<br />

TRANCHES D’ÂGE<br />

Moins de 20 ans 1<br />

20-24 ans 1<br />

25-34 ans 12<br />

35-45 ans 33<br />

Plus de 45 ans 1<br />

Le nouveau local du relais<br />

Les négociations avec la commune de Montataire ont abouti par la proposition d’un nouveau local<br />

mis à disposition du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> afin d’y développer un accueil plus confortable. Situé au 1 Rue<br />

des Déportés, face à la bibliothèque municipale et proche du centre ville, cette maison individuelle<br />

est intégrée dans un site composé de trois bâtiments. Le local qui nous est attribué a fait l’objet<br />

d’importants travaux d’aménagement de la part des services techniques de la ville de Montataire.<br />

Cette maison est composée :<br />

- d’une pièce d’accueil avec un coin cuisine,<br />

- d’un espace sanitaire avec wc, douche et buanderie,<br />

- d’un salon d’accueil, convivial,<br />

- d’une infirmerie,<br />

- d’un grand bureau avec un accès direct sur l’extérieur,<br />

- d’appentis pouvant servir de rangement,<br />

- d’un espace extérieur engazonné devant la maison.<br />

Combiné à une action de communication sur la ville et la CAC ainsi qu’à la reprise de contact avec<br />

les acteurs de terrain œuvrant dans les quartiers, nous espérons que ce changement notamment,<br />

la qualité de l’accueil, pourra redynamiser l’activité et nous permettra de recevoir de nouveaux<br />

usagers.<br />

1.1.2 L’accueil fixe à Beauvais<br />

En 2009, l’équipe du CAARUD a ouvert un local dans le centre ville de Beauvais afin de<br />

rencontrer des usagers de drogues dans le but de les informer d’un accès facilité à la réduction des<br />

12


isques. Pour ce faire nous avons débuté un travail de rue afin de nous faire connaître auprès de ce<br />

public et lui expliquer nos missions.<br />

Cette démarche a pris du temps. En effet, nous avons dû au préalable découvrir la ville, ainsi que<br />

les lieux stratégiques où nous pouvions rencontrer des usagers.<br />

Cependant, une fois ce travail d’investigation effectué nous n’avons rencontré que quelques<br />

usagers. Nous avons créé du lien avec eux et petit à petit d’autres sont venus au local par le biais<br />

du « bouche à oreille ». En août <strong>2010</strong>, nous avions atteint une file active de 15 usagers pour 71<br />

passages. Par la suite nous n’avons accueilli au local que quelques personnes supplémentaires.<br />

Notre permanence ne représentait que peu d’heures d’ouverture par semaine. L’équipe en charge<br />

s’est donc rapprochée du CSAPA de Beauvais pour collaborer et envisager la venue dans ce<br />

service, durant ses heures d’ouverture, d’usagers en demande de matériel de réduction des<br />

risques.<br />

Le peu de fréquentation du local CAARUD de Beauvais semble dû d’une part, aux incarcérations<br />

de plusieurs personnes et d’autre part à la délocalisation d’un groupe de jeunes « travellers ».<br />

Malgré une nouvelle investigation du travail de rue durant les mois de septembre et octobre, nous<br />

n’avons pas pu nouer contact avec d’autres usagers.<br />

Après réflexions en réunion d’équipe, nous avons décidé de suspendre l’activité de Beauvais et<br />

donc de fermer le local pour nous investir davantage dans les autres maraudes et permanences du<br />

département.<br />

La mise en service d’un camping car qui puisse accueillir à son bord des usagers nous permet<br />

d’envisager un travail de réduction des risques itinérant. Nous pourrions ainsi suivre les<br />

déplacements des usagers de drogues et revenir sur la ville de Beauvais en nous déplaçant dans<br />

les quartiers sensibles.<br />

ACCUEIL FIXE BEAUVAIS--<strong>2010</strong><br />

File active 15<br />

Nombre passages 67<br />

Nouveaux 10<br />

Produits Modalités consommation Substitution<br />

Héroïne 11 Injecté 9 Méthadone 0<br />

Cocaïne 5 Sniffé 5 Subutex 2<br />

Crack 0 Inhalé 11<br />

Morphine 2 Gobé 3<br />

Subutex détourné 7<br />

Benzodiazépines 3<br />

Cannabis 8<br />

Alcool 7<br />

Amphétamines 3<br />

LSD 5<br />

Ecstasy 3<br />

TRANCHES D’ÂGE<br />

Moins de 20 ans 1<br />

20-24 ans 1<br />

25-34 ans 10<br />

35-45 ans 2<br />

Plus de 45 ans 0<br />

Non renseigné 1<br />

13


1.2 Les maraudes<br />

Mlle Lola LEFEVRE Educatrice spécialisée.<br />

1.2.1 Un exemple d’accompagnement d’un usager des maraudes<br />

Nous intervenons depuis maintenant trois ans sur Compiègne dans le cadre de nos<br />

maraudes hebdomadaires, les mercredis après-midi.<br />

Nous rencontrons J. depuis le début de notre travail. Cet homme de 39 ans vit seul en forêt, depuis<br />

plusieurs années, dans un squat rudimentaire. Il a toujours eu un mode de vie marginal, car il est<br />

issu de la communauté des gens du voyage, d’où il a été rapidement exclu du fait de sa<br />

toxicomanie. C’est un homme solitaire, autonome, indépendant, très peu entouré, qui vit<br />

principalement avec son chien et un ami.<br />

Le contact a été relativement aisé avec J, il a de suite voulu profiter de la distribution de kits et de<br />

trousses d’hygiène. Il s’injecte son subutex depuis quelques années déjà, d’où la présence de<br />

séquelles veineuses au niveau des mains. Il dit ne plus consommer d’autre drogue mais avoue un<br />

fort alcoolisme. Nous sommes attendus tous les mercredis à la même heure. Au fil du temps, nous<br />

avons réussi à créer une relation constructive avec J. Une confiance réciproque est née entre nous.<br />

Cela l’a amené à nous parler un peu plus de sa vie et de sa santé et plus précisément de son<br />

hépatite C. En effet, il est atteint du VHC depuis 5 ans. Il a essayé de se faire soigner mais le<br />

contact avec son médecin de l’époque ne fut pas concluant et l’a amené à un échec thérapeutique.<br />

Observant que son état physique se dégradait, nous avons décidé de travailler avec J. sur sa<br />

santé. Nous avons commencé par lui proposer un bilan de santé au CPES de Creil pour qu’il ait<br />

des bilans complets. J. avait comme argument pour ne pas s’y rendre, de n’avoir personne pour lui<br />

garder le chien. Nous avons alors proposé notre soutien, c’est à dire concrètement de l’amener au<br />

rendez-vous et de garder le chien en attendant. Il a accepté et a donc passé ses examens. Cette<br />

journée de bilan de santé a été éprouvante pour J : difficulté pour rester à jeun (alcool), pour la<br />

prise de sang (veines sclérosées) et longue attente. Mais le personnel du CPES avec qui nous<br />

travaillons de plus en plus, a su s’adapter à sa situation. Les résultats du bilan de santé ont permis<br />

à J. de prendre conscience de l’importance de rentrer en soin pour son VHC ; en effet celui-ci<br />

s’était aggravé et son foie vraiment abîmé.<br />

Nous avons entre temps assisté à une conférence au sein du <strong>SATO</strong> où le Dr MERRIEN était invité<br />

pour parler du VHC. Hépatologue à l’hôpital de Compiègne, elle avait un discours clair et disait se<br />

préoccuper de la situation sociale de ses patients. Nous avons donc proposé à J. de la rencontrer<br />

lors d’un rendez-vous. Nous l’avons accompagné physiquement à chaque prise de rendez-vous et<br />

à chaque rendez-vous avec le docteur. Le docteur MERRIEN a prodigué les soins nécessaires en<br />

s’adaptant au contexte social de J ; il a alors accepté les contraintes nécessaires liées à ce<br />

traitement compliqué.<br />

Durant la même période, J. a accepté de se lancer dans la recherche d’un logement autonome.<br />

Nous avions préalablement insisté sur l’importance d’avoir un toit et d’être au calme pendant ce<br />

traitement qui a de nombreux effets secondaires (état grippal, dépression …). Après lui avoir<br />

ramené plusieurs dossiers et plusieurs adresses, J. a pris les choses en main. Il se rend désormais<br />

lui-même toutes les semaines dans les différentes institutions ; il demande de l’aide au docteur<br />

MERRIEN pour soutenir ses dossiers logements. Il fait également des efforts pour diminuer ses<br />

consommations d’alcool et la possibilité d’une prise en charge méthadone commence à émerger. J<br />

14


a commencé depuis un mois son traitement VHC. C’est un moment compliqué pour lui, la fatigue et<br />

les effets secondaires le rendent un peu plus pessimiste sur sa situation. Nous faisons notre<br />

possible pour garder un contact régulier avec lui…<br />

Nous sommes arrivés à ce contact avec J. parce que nous avons su adapter notre<br />

accompagnement à sa situation (marginalité, méfiance, son chien …). Ce fut un travail de toutes<br />

les semaines, de beaucoup d’écoute, qui a nécessité une grande disponibilité de l’équipe de rue.<br />

Les accompagnements concrets, physiques ont été primordiaux. J. a vu que le <strong>SATO</strong> en tant<br />

qu’association, s’engageait pour son accompagnement et il nous semble que cela lui a permis<br />

d’accorder à nouveau sa confiance dans les institutions et donc à améliorer son insertion sociale. Il<br />

a fallu une année complète de démarches pour commencer en décembre son traitement.<br />

1.2.2 La maraude de Compiègne<br />

J. est un cas concret qui illustre le profil des personnes que nous rencontrons lors de la<br />

maraude du mercredi à Compiègne sur une courte plage horaire (4 heures environ). En effet,<br />

plusieurs usagers sont en forte demande d’accompagnement et nécessitent beaucoup de temps<br />

d’écoute, de soutien et de recherche. Les chiffres de la file active de cette année ont<br />

considérablement baissé (environ 40 %). Nous pouvons l’expliquer de plusieurs façons :<br />

- comme nous venons de l’illustrer, la relation de confiance est désormais réelle entre nous<br />

et les usagers. Ils osent donc nous solliciter davantage sur différents problèmes tels la<br />

toxicomanie mais aussi la santé, le logement, les traitements de substitution … Cela nous<br />

demande donc plus de temps en écoute et en recherche. Nous nous centrons désormais<br />

sur un accompagnement plus global des usagers, ce qui peut expliquer que nous voyons<br />

moins de personnes.<br />

- Nous avons également changé de procédé pour la maraude. Il devenait compliqué de<br />

travailler en centre ville, du fait de l’interdiction de mendicité et de ne pas pouvoir rester sur<br />

la voie publique pour ne pas enfreindre les arrêtés municipaux. Nous avons décidé de<br />

garer le véhicule de prévention toutes les semaines à la même place, sur un parking un<br />

peu excentré. De ce fait, nous croisons essentiellement les usagers intéressés par notre<br />

venue et moins, ceux qui pouvaient graviter autour du groupe devant les magasins par<br />

exemple.<br />

- Cette année a également été marquée par de nombreuses incarcérations d’anciens<br />

usagers. Plusieurs ont également quitté le département, du fait de leur mode de vie et de la<br />

rudesse de l’hiver.<br />

Nous voyons actuellement 54 personnes différentes (contre 91 l’année dernière) cependant, la<br />

distribution de kits seringues a plus que triplé (2516 pour 2009 et 8176 pour <strong>2010</strong>). Un travail<br />

d’auto- support est également plus visible. Nous pouvons faire confiance à certains usagers pour<br />

redistribuer du matériel aux personnes que nous ne croisons pas. Notre travail est en constante<br />

évolution et cette année <strong>2010</strong> nous démontre l’importance de cibler notre public, d’adapter nos<br />

interventions à leurs modes de consommation et d’envisager un accompagnement global allant audelà<br />

de la mission de base de la réduction des risques pour la prolonger vers l’accès au soin et la<br />

réinsertion sociale.<br />

15


MARAUDE COMPIEGNE-<strong>2010</strong><br />

File active 54<br />

Nombre passages 635<br />

Nouveaux 29<br />

Produits Modalités consommation Substitution<br />

Héroïne 28 Injecté 35 Méthadone 21<br />

Cocaïne 25 Sniffé 25 Subutex 7<br />

Crack 22 Inhalé 29<br />

Morphine 6 Gobé 18<br />

Subutex détourné 29<br />

Benzodiazépines 11<br />

Cannabis 21<br />

Alcool 32<br />

Amphétamines 15<br />

LSD 15<br />

Ecstasy 17<br />

TRANCHES D’ÂGE<br />

Moins de 20 ans 1<br />

20-24 ans 8<br />

25-34 ans 32<br />

35-45 ans 12<br />

Plus de 45 ans 1<br />

1.2.3 Les missions de l’infirmière du CAARUD<br />

Mme Isabelle BURRO Infirmière diplômée d’Etat<br />

J’ai intégré le <strong>SATO</strong> <strong>Picardie</strong> en décembre <strong>2010</strong> en tant qu’infirmière récemment diplômée.<br />

Mon activité s’articule comme suit :<br />

- 0,5 ETP au CSAPA de Creil<br />

- 0,4 ETP au CAARUD (accueil et prise en charge au Relais, prévention et RdR en milieu festifs,<br />

maraudes des travailleuses du sexe).<br />

- 0,1 ETP consacré à la maraude compiégnoise, ce sur quoi je vais plus précisément m’attarder<br />

pour décrire mes missions en tant qu’infirmière.<br />

Cette maraude s’effectue chaque mercredi depuis 3 ans. Elle a été mise en place par Lola<br />

(éducatrice spécialisée) et Benjamin (moniteur éducateur), que j’ai rejoints dès mon embauche.<br />

Les rencontres se font à des endroits stratégiques en termes d’accès et un peu en retrait des<br />

passages, ceci dans le but de permettre aux personnes de nous rencontrer au gré de leurs<br />

besoins.<br />

J’appréhendais un peu la réaction des gens que nous rencontrons quant à ma présence sachant<br />

les difficultés relationnelles inhérentes à cette population très marginalisée. Mes craintes furent<br />

passagères et un climat de confiance réciproque s’est rapidement instauré et ceci, je pense, grâce<br />

au travail réalisé en amont et aux liens tissés par mes collègues éducateurs.<br />

Mes missions et objectifs au sein du CAARUD :<br />

- Assurer une veille sanitaire et sociale auprès des personnes marginalisées par la toxicomanie.<br />

- Créer un climat de confiance par l’intermédiaire des soins prodigués et motiver ces personnes à<br />

prendre soin de leur hygiène et de leur santé.<br />

16


- Orienter vers les structures de soins les plus appropriées aux besoins de chacun.<br />

- Optimiser l’accès aux soins en développant des liens avec différents partenaires de santé.<br />

- Distribuer du matériel stérile dans une vision de prévention primaire et secondaire et veiller à la<br />

récupération et au traitement du matériel usagé.<br />

- Prodiguer des soins dans la limite de mes compétences et de la réalité du terrain…….<br />

Cette liste est loin d’être exhaustive, je n’ai que peu de recul, mais il est important de préciser que<br />

ce travail ne peut se faire sans l’intervention des différents professionnels de l’équipe.<br />

Vignette clinique<br />

« D est une jeune femme de 25 ans originaire de Vendée ; elle a connu une adolescence<br />

compliquée : des relations conflictuelles avec sa mère et son beau père, D se retrouve de plus en<br />

plus livrée à elle-même et commence rapidement à consommer des produits et principalement de<br />

l’héroïne. Elle n’a que 13 ans lorsqu’elle se fait son premier sniff et, quelques mois plus tard, elle<br />

passe à l’injection.<br />

Après plusieurs années d’errance dans différentes régions, D arrive dans l’Oise où elle rencontre<br />

celui qui est aujourd’hui son compagnon.<br />

Le couple vit dans une vieille caravane sur les bords de l’Oise avec ses 3 chiens. L’installation et<br />

les conditions de vie sont plus que précaires.<br />

Je rencontre D lors de ma première maraude ; je me présente en lui précisant mes fonctions ; elle<br />

acquiesce d’un léger sourire et s’éloigne. La fois suivante, elle me demande si elle peut me parler<br />

en « privé », je l’invite à monter dans notre véhicule de prévention et là, elle me montre ses bras et,<br />

plus précisément un « sale abcès » et me demande si je peux lui faire un pansement, le contact est<br />

établi. …Le mercredi suivant elle me remercie et me dit que son abcès va mieux, mais elle se dit<br />

inquiète par rapport à sa santé. Avec mes collègues, nous lui proposons une consultation au CPES<br />

de Creil afin de faire un bilan de santé, ce qu’elle refusait jusque là…….elle accepte, nous prenons<br />

RDV, je propose de venir la chercher et de l’accompagner à la consultation pour être sûre qu’elle<br />

s’y rende étant donné la difficulté de transport et 2 semaines plus tard nous y allons.<br />

Durant le chemin qui menait au centre, D à commencé à me parler d’elle, de son parcours, je ne lui<br />

posais aucune question intrusive pour ne pas la fermer, ce trajet fut très riche en échanges, je<br />

pense que cela a permis d’instaurer une réelle relation de confiance avec D. Une fois arrivée, elle a<br />

tenu à ce que je reste avec elle pendant l’intervention des différents professionnels de santé, ce<br />

que j’ai fait après en avoir demandé l’autorisation. Suite à ce bilan, D a décidé de s’occuper de sa<br />

santé ; nous mettons tout en œuvre pour qu’elle puisse s’inscrire dans un processus de soins et<br />

retrouver un peu de sérénité.<br />

1.3 Interventions en milieu festif<br />

Mr Benjamin APPERT Moniteur éducateur.<br />

1.3.1 Activité<br />

Nous constatons cette année une augmentation significative des interventions. C’est maintenant<br />

près d’un week-end sur deux que notre équipe se déplace pour intervenir.<br />

Comme pour les années précédentes, nous pouvons observer des consommations massives et,<br />

quelques fois problématiques, de produits psychoactifs lors des rassemblements estampillés<br />

« techno ».<br />

17


Les produits disponibles sont sensiblement les mêmes que les années précédentes et sont les<br />

suivants :<br />

Amphétamines +++<br />

Cocaïne ++<br />

LSD (buvard et goutte) +++<br />

MDMA +++ (en particulier sur la deuxième partie de l’année)<br />

Ecstasy +<br />

Alcool +++ (toujours en association avec d’autres produits)<br />

Cannabis +++<br />

Kétamine +++<br />

Ce dernier produit nous semble le plus préoccupant actuellement. Dans presque chaque<br />

rassemblement où nous étions présents, des incidents liés à des « surdosages » ont nécessité<br />

notre intervention (mise en PLS, réassurance de la personne et de son entourage et si nécessité<br />

évacuation par les services spécialisés).<br />

Nous n’avons pas ou peu constaté de consommation d’opiacés cette année (héroïne ou rachacha)<br />

Un seul kit d’injection a été donné malgré une mise à disposition discrète mais systématique.<br />

Le « Roule Ta Paille » démontre, par une augmentation des distributions plus que massive, à quel<br />

point le public « sniffeur » s’est approprié cet outil et a su mettre en place des modes de<br />

consommations à risques diminués.<br />

Afin d’augmenter notre visibilité, nous avons créé une adresse « facebook » pour faciliter et<br />

maintenir les contacts avec les différents acteurs et ou participants que nous rencontrons : sato-lek-meleon@hotmail.fr<br />

Deux plaquettes ont été réalisées par l’équipe :<br />

• La première rappelle les services et missions que nous proposons.<br />

• La deuxième est plus en direction d’un public jeune, consommateur problématique d’alcool<br />

en milieu rock.<br />

Une tenue spécifique, avec un logo crée par un membre de l’équipe, est utilisé depuis le milieu<br />

d’année afin que les participants nous identifient clairement lors des manifestations.<br />

1.3.2 Un exemple d’intervention<br />

Il nous semble pertinent de faire un point plus précis sur une intervention lors d’un festival<br />

d’été qui reflète bien notre activité en milieu festif.<br />

Ce festival se déroule en milieu rural sur presque trois jours.<br />

Pour sa 7°édition, les organisateurs ont gardé la même ligne artistique et ont proposé une<br />

programmation hétéroclite qui mélangeait techno alternative, chanson française, rock ainsi que<br />

reggae.<br />

Nous avions pour cette année établi un partenariat avec une association du Val d’Oise : K-SUS-P,<br />

afin de proposer un vrai espace de repos et d’information (chill-out). Cette association est un<br />

partenaire de longue date de notre service car nous avons collaboré à de nombreuses reprises lors<br />

d’évènements technos.<br />

18


Au cours de ce week-end, ce sont près de 1500 personnes le vendredi et 2500 le samedi qui se<br />

sont déplacées pour participer à cet évènement.<br />

Nous sommes intervenus du vendredi matin au dimanche soir. Le festival s’est terminé dans la<br />

matinée du dimanche et il nous a semblé judicieux d’accompagner le public présent jusqu’au bout<br />

car un camping gratuit était proposé aux participants et ce jusqu’au dimanche soir.<br />

Les organisateurs, sauveteurs de la Croix Rouge et autres professionnels, ont été quelques peu<br />

dépassés par le nombre de participants bien au delà de toutes les prévisions et ce sont des gens<br />

de toute la moitié nord de la France qui se déplacés.<br />

Même si la programmation se voulait la plus large possible, le public fréquentant le milieu « teuf »<br />

était en forte représentation. De fait, l’accessibilité aux produits était assez forte et variée.<br />

Sur presque trois jours, ce sont plus de 1500 personnes qui ont fréquenté notre structure pour des<br />

raisons différentes<br />

Pour information, sur cette seule action, près de 1200 préservatifs, plus de 200 flyers, 300<br />

éthylotests et plus de 200 RTP ont été distribués.<br />

Nous avons reçu près d’une vingtaine de personnes dans le « chill-out » afin de « gérer » au calme,<br />

dans un endroit protégé, la montée difficile d’un produit (MDMA) ou bien pour reprendre un peu de<br />

confiance face à l’emprise d’un produit trop fort (kétamine)<br />

Nous avons circulé à de nombreuses reprises sur tout le festival (camping et parking compris) afin<br />

de repérer les personnes en difficultés.<br />

Au final, ce sera à peine une dizaine de personnes qui seront évacuées pour des raisons sanitaires<br />

variées (mais toutes sans gravité).<br />

Il nous semble judicieux, pour la prochaine édition, de mieux préparer l’accompagnement des<br />

professionnels de santé présents et souvent assez peu informés sur les produits consommés lors<br />

de ces rassemblements. La présence de personnel médical (IDE) ainsi que de bénévoles nous<br />

semble indispensable afin de couvrir au mieux ce genre de manifestation.<br />

1.3.3 Les indicateurs chiffrés<br />

Nombre de soirées * 24<br />

Nombre de participants 11550<br />

Passage au stand 5045<br />

Flyers distribués ** 1720<br />

Roule Ta Paille distribués 1635<br />

Préservatifs masculins distribués 3880<br />

Préservatifs féminins distribués 610<br />

Kits injection distribués 1<br />

Bouchons d’oreille distribués 2575<br />

Ethylomètres (nombre d’usages) 29<br />

Ethylotests distribués 885<br />

* 2 dans des bars.<br />

8 free parties.<br />

12 festivals ou soirées en salle.<br />

2 relais hors département.<br />

** + 600 prospectus crées par nos soins.<br />

19


1.3.4 Moyens et perspectives 2011<br />

Le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> s’est doté en octobre dernier d’un véhicule de prévention multi usages,<br />

sous la forme d’un camping car utilisable également sur nombre de soirées festives. Ceci permet à<br />

l’équipe de travailler dans de meilleures conditions : entretiens confidentiels, soins, repos des<br />

intervenants, transport du matériel en sont facilités.<br />

L’équipe d’intervention en milieu festif est composée de deux salariés du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> (personnel<br />

éducatif) auxquels s’est jointe depuis le mois de Décembre <strong>2010</strong>, une infirmière à temps partiel qui<br />

a pour mission de renforcer les capacités d’actions du groupe en matière de « bobologie », conseils<br />

plus pointus d’ordre médical, prise en charge des personnes en difficulté. Un petit groupe de<br />

bénévoles et de sympathisants se joint souvent à nous de façon informelle lors des soirées.<br />

Les sollicitations hors milieu techno se font aussi plus présentes mais ne nécessitent pas toujours<br />

la présence de notre équipe. Nous envisageons pour répondre à cette demande la création d’un<br />

réseau de professionnels relais afin d’assurer dans un premier temps l’accès au matériel de<br />

prévention (préservatifs, protections auditives, informations diverses…) dans chacun des<br />

établissements accueillant des musiques actuelles. Trois sites sont actuellement envisagés sur les<br />

plus grandes agglomérations du département (Creil, Beauvais, Compiègne).<br />

L’intervention en milieu festif reste donc un mode de rencontre des usagers essentiel dans les<br />

actions du CAARUD.<br />

1.4. L’activité auprès des prostituées<br />

Mlle Lola LEFEVRE Educatrice spécialisée.<br />

Nous avons commencé les maraudes prostitution en septembre 2009. Nous travaillions<br />

alors avec des personnes toxicomanes sur la ville de Pont Saint Maxence. Cette action s’étiolant<br />

peu à peu, nous avions plus de temps pour faire davantage de maraudes en voiture. C’est ainsi<br />

que nous avons remarqué les camionnettes des prostituées en bordure de route de ce secteur. Il<br />

nous a semblé judicieux d’essayer d’entrer en contact avec ces femmes. Nous avions alors comme<br />

postulat de départ de distribuer quelques préservatifs et d’observer si elles avaient des problèmes<br />

d’addiction (alcool, drogue …). Nous avons donc créé une maraude, le jeudi réservée à la<br />

rencontre des prostituées en camionnettes.<br />

En équipe de deux salariés, nous rencontrons 23 femmes environ toutes les semaines, sur le<br />

secteur de Pont Saint Maxence, Fleurines, Senlis, Ermenonville. La confiance s’est rapidement<br />

installée entre nous, ce qui a permis de leur poser des questions plus personnelles et concrètes sur<br />

leurs pratiques sexuelles et leurs possibles consommations. Bien qu’aucune n’ait évoqué des<br />

problèmes de consommation, nous suspectons malgré tout l’usage d’alcool et de benzodiazépines<br />

pour certaines filles.<br />

Nous avons remarqué la multiplication des actes sexuels non protégés, à cause de la diminution<br />

des clients liée à la crise économique : elles sont alors prêtes « à tout » pour gagner plus d’argent.<br />

Notre venue et les préservatifs distribués gratuitement nous ont permis de remettre en question ces<br />

pratiques sexuelles à risques. Nous avons réussi à établir un vrai lien éducatif avec ces personnes.<br />

Notre présence est attendue tous les jeudis. Elles posent beaucoup plus de questions relatives à<br />

des pratiques sexuelles et à la transmission des IST. Certaines d’entres elles émettent des<br />

demandes spécifiques telles qu’un besoin d’assistance juridique, une aide pour la création<br />

20


d’entreprise, des conseils par rapport aux impôts ou pour sortir du milieu de la prostitution … Au<br />

bout d’une année, elles sont plus à l’écoute de nos propos, essayent les préservatifs féminins,<br />

comprennent plus l’importance du préservatif pour toutes leurs prestations, sont plus réceptives à<br />

nos propositions (digues dentaires …).<br />

Depuis 2 mois, nous intervenons également sur le secteur du Compiégnois où nous rencontrons<br />

une dizaine de femmes. Le contact s’est rapidement établi. Elles sont plus en demande de soutien<br />

psychologique et social que sur l’autre secteur. L’une d’entre elles, une transsexuelle, nous a<br />

rapporté ses anciennes consommations de cocaïne mais dit avoir arrêté. Nous ne pouvons pas<br />

encore dire si ces filles ont des problèmes d’addictions ou non.<br />

Toutes pratiquent leur activité de façon indépendante. Les africaines (la grosse majorité des<br />

femmes rencontrées) travaillent beaucoup pour leur famille restée au pays, ce qui montre bien<br />

l’importance cruciale de cet apport d’argent. C’est une prostitution organisée mais sans proxénète.<br />

Les places de stationnement des véhicules sont payantes ( ?) et individuelles. C’est souvent une<br />

dame, appelée « mama », qui s’occupe de toute cette organisation mais plus dans un sens de<br />

« hiérarchie » et de « protection » que de surveillance. Beaucoup de ces femmes viennent de<br />

départements limitrophes de l’Oise. Elles sont toutes dans des situations sanitaires et sociales<br />

stables (sécurité sociale, bonne prise en charge médicale, dépistage régulier …) et ont<br />

pratiquement toutes un travail à temps partiel à côté. Les trois quarts ont des enfants et vivent en<br />

couple.<br />

Le travail que nous effectuons depuis 1 an se place donc dans un contexte de santé publique<br />

notamment en prévention de risques infectieux et plus que tout dans la création de lien social.<br />

Nous sommes apparemment la seule association à intervenir auprès d’elles dans l’Oise. Les autres<br />

associations départementales proposent des lieux d’information et d’accueil. Ces femmes sont<br />

donc ravies de notre venue, leur présence est alors reconnue et elles disent se sentir moins seules<br />

et moins isolées. Il serait dommage de résumer notre activité à une simple distribution de<br />

préservatifs au vu de la demande d’écoute et de soutien psychologique qui émane de ces<br />

personnes. Il est envisageable qu’avec le temps, elles sauront nous solliciter pour d’autres<br />

problématiques liées à leur santé et à leur désir de réinsertion sociale et professionnelle.<br />

PROSTITUTION<br />

File active 51<br />

Nombre de passages 746<br />

Personnes nouvelles 45<br />

TRANCHES D’ÂGE<br />

Moins de 20 ans 0<br />

20-24 ans 2<br />

25-34 ans 21<br />

35-45 ans 20<br />

Plus de 45 ans 8<br />

1.5 Partenariat avec les Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA)<br />

L’équipe du CAARUD collabore depuis quelques années avec le Centre d’Accueil pour<br />

Demandeur d’Asile situé dans les foyers ADOMA de Nogent sur Oise et de Senlis.<br />

Les objectifs de travail sont d’une part, la transmission d’information, la promotion de la réduction<br />

des risques liés au VIH, aux IST et aux hépatites et d’autre part le cas échéant, l’accès aux soins<br />

21


des personnes concernées par problèmes de consommation de produits psycho-actifs et/ou de<br />

dépendance.<br />

Au cours de l’année <strong>2010</strong>, nous avons rencontré à plusieurs reprises l’équipe du CADA de Nogent<br />

et de Senlis principalement pour mettre à disposition du matériel de prévention.<br />

Nous avons participé à un atelier de promotion de la santé qui s’est déroulé durant toute une<br />

semaine à Nogent sur Oise. Cette sensibilisation à la santé a été animée chaque jour par des<br />

professionnels différents. Tous les usagers du CADA sont venus discuter avec l’équipe du <strong>SATO</strong>-<br />

<strong>Picardie</strong>, quelques uns en ont profité pour prendre des plaquettes d’information et des préservatifs<br />

que nous avions mis à disposition sur notre stand. Nous avons présenté aux participants nos<br />

services et leurs missions en particulier, celles liées à la réduction des risques des conduites<br />

addictives ainsi que le matériel que nous distribuons (Kits seringues, « roule ta paille », préservatifs<br />

masculins et/ou féminins, etc.). Ce matériel est resté en libre accès toute la semaine ; nous notons<br />

à ce sujet et pour la première fois, qu’une vingtaine de kits seringues ont été pris.<br />

Tout au long de cette année nous avons mis à disposition 820 préservatifs masculins et 320<br />

féminins sur les deux CADA cités.<br />

2 C.A.A.R.U.D AISNE<br />

Mme Caroline OLRY, Educatrice spécialisée, Cadre technique<br />

Le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> a obtenu l’autorisation d’extension de son CAARUD, dont le siège est à<br />

Montataire (Oise), sur le sud de l’Aisne par la création de deux antennes : Soissons et Château-<br />

Thierry.<br />

L’antenne de Château-Thierry a pu être mise en place dès le mois de juillet <strong>2010</strong> par la reprise des<br />

activités et des salariés de l’association Rés’Omois (animatrice de prévention et cadre technique).<br />

Parmi les activités transférées, l’une concernait la réduction des risques puisque cette association<br />

accueillait des usagers de drogues et d’alcool, leur proposait l’information, l’accompagnement<br />

social, la promotion de la santé, vis-à-vis des pratiques de consommation, la fourniture gratuite de<br />

préservatifs, des kits d’injection stériles, des stérifilts, des collecteurs de seringues usagées et la<br />

récupération et destruction des déchets liés à l’injection.<br />

En ce qui concerne l’antenne de Soissons, l’équipe salariée composée de deux éducateurs<br />

spécialisés a été recrutée au 15 novembre et débute donc son activité.<br />

2.1 Antenne CAARUD de CHATEAU-THIERRY<br />

2.1.1 Accueil fixe<br />

Notre projet prévoyait de continuer à utiliser les locaux mis à disposition du Rés’Omois par<br />

le Centre Hospitalier au sein du Pôle de Santé Publique. Nous devions disposer d’un espace<br />

d’accueil, d’un bureau d’entretien et de sanitaires réservés à l’usage du CAARUD afin de permettre<br />

à notre service de remplir la totalité de ses missions, notamment en terme d’accès à l’hygiène<br />

(douche, machine à laver et sèche linge). Or, il s’avère qu’un seul bureau à l’étage a été mis à<br />

notre disposition et que les locaux d’accueil du rez-de-chaussée devaient être utilisés en alternance<br />

avec la « Maison des ados » qui est en cours d’installation et qui occupera également deux<br />

bureaux voisins de celui qui nous est octroyé à l’étage.<br />

De par cette configuration nous n’avons pu remplir toutes nos missions et même si l’accueil des<br />

usagers était possible, nous ne pouvions leur offrir un espace convivial.<br />

22


Face à ces difficultés et à la préoccupation du croisement de public avec celui de la « Maison des<br />

ados », nous nous sommes mis à la recherche d’un local convenant au fonctionnement d’un<br />

CAARUD.<br />

Notre choix s’est porté sur un appartement en rez-de-chaussée constitué de 3 pièces, cuisine et<br />

salle d’eau en centre ville avec un accès discret. Nous emménagerons dès le début de l’année<br />

2011. Ainsi pourrons-nous assurer toutes les missions.<br />

Durant ces 6 mois, il a fallu recontacter tous nos partenaires afin de leur expliquer le transfert des<br />

activités du Rés’Omois ainsi que la présentation du CAARUD.<br />

Dans le tableau suivant, les années 2008 et 2009 concernent exclusivement l’activité du<br />

Res’Omois.<br />

Files actives du CAARUD<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Res’Omois Res’Omois Res’Omois * <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>** TOTAL<br />

File active lieux fixes 14 16 8 6 14<br />

File active unité mobile - - 0 8 8<br />

File active en forums, infos, etc. - - 0 11 11<br />

File active milieux festifs - - 200 73 273<br />

File active milieu carcéral 13 10 7 3 10<br />

Total files actives (hors festif) 27 26 15 17 32<br />

dont nouveaux usagers nr nr 3 15 18<br />

* de janvier à juin<br />

** de juillet à décembre<br />

2.1.2 Les maraudes<br />

Des maraudes ont été effectuées à Château-Thierry et à Charly sur Marne : jusqu’à<br />

maintenant peu d’usagers ont été rencontrés lors de celles-ci mais nous donnons l’information<br />

concernant la mise en place de notre structure afin qu’ils la véhiculent autour d’eux à des<br />

personnes concernées.<br />

Une personne relais à Charly sur Marne s’est portée volontaire pour donner des préservatifs aux<br />

jeunes qu’elle côtoie. Environ une dizaine en a donc profité.<br />

2.1.3 Les soirées festives<br />

L’une des misions du CAARUD prévoit des interventions en milieu festif avec, en outre, les<br />

« raves et free party ». Des organisateurs de ce type de fêtes connus de nos collègues du<br />

CAARUD de l’Oise ont été prévenus de notre mise en place.<br />

De notre côté, nous sommes déjà en contact avec des organisateurs de festivals et un partenariat<br />

se met en place avec « la Biscuiterie » qui organise des concerts à Château-Thierry.<br />

23


Données chiffrées<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Res’Omois Res’Omois <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> TOTAL<br />

Nombre de soirées 1 1 3 4<br />

Nombre de participants 800 800 890 1690<br />

Nombre de flyers distribués 0 0 676 676<br />

Nombre de « Roule ta paille » distribués * 0 5 14 19<br />

Nombre de préservatifs distribués 200 200 635 835<br />

dont féminins 0 0 0 0<br />

dont masculins 200 200 635 835<br />

Nombre bouchons oreilles distribués 50 100 32 132<br />

Nombre d’éthylotests distribués 200 50 180 230<br />

Nombre de passages au stand 200 200 73 273<br />

* carnet de 10 feuilles<br />

Pour <strong>2010</strong> nous avons participé :<br />

- au festival Berzyk à Berzy le Sec,<br />

- à un rassemblement de motards à Samoussy,<br />

- à un forum organisé par la ville de Château-Thierry,<br />

- à un concert à la Biscuiterie.<br />

Les consommations observées dans les soirées festives<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Cocaïne - -<br />

Ecstasy - -<br />

Amphétamine - -<br />

Speed -<br />

LSD - -<br />

Cannabis + +<br />

Champignons - -<br />

Alcool +++ ++<br />

MDMA poudre - -<br />

GHB - -<br />

Héroïne -<br />

Poppers -<br />

Autres (précisez) - -<br />

Les modalités de consommation observées<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Sniffé - -<br />

Mangé/Bu +++ ++<br />

Fumé + +<br />

Injecté - -<br />

Non renseigné - -<br />

24


2.1.4 Action en milieu pénitentiaire<br />

Nous assurons une permanence d’une demi-journée tous les quinze jours au centre<br />

pénitentiaire de Château-Thierry. Notre action est d’ailleurs formalisée par une convention entre le<br />

Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, le Centre Pénitentiaire et le <strong>SATO</strong> <strong>Picardie</strong>.<br />

Les personnes détenues nous sont adressées par le Conseiller en Insertion et Probation afin de les<br />

aider à préparer leur sortie par rapport à leur problématique avec les substances psycho actives<br />

illicites.<br />

Sur les 10 détenus rencontrés, tous consommaient avant leur incarcération et la plupart était poly<br />

consommateur. Actuellement :<br />

- 50 % suivent un traitement de substitution,<br />

- 50 % ont arrêté de consommer,<br />

1 détenu a été transféré et 3 autres sont sortis dont 1 en attente d’un nouveau jugement.<br />

2.1.5 Les pharmacies/Données chiffrées<br />

Nous interrogeons les pharmacies de ville afin de collecter des informations sur la vente de<br />

kits seringues et sur le nombre de personnes sous traitements de substitution (méthadone,<br />

buprénorphine). Cela nous permet également d’établir un contact avec les pharmaciens, de<br />

connaître leur perception des usagers et de faire connaître notre antenne.<br />

Il nous a paru pertinent de rencontrer les pharmaciens de la Ferté sous Jouarre puisque des<br />

personnes toxicomanes de la Seine et Marne viennent chercher leur matériel de réduction des<br />

risques à notre local, il n’y a ni association ni automate sur ce secteur : en conséquence, ils se<br />

rendent soit à Château-Thierry soit à Paris.<br />

Vente de kits seringues en pharmacie<br />

<strong>2010</strong><br />

Nombre officines sondées Nombre stéribox vendus<br />

Château-Thierry 6 215<br />

Arrondissement 9 79<br />

La Ferté /s Jouarre 4 162<br />

TOTAL 19 456<br />

Délivrance de traitements de substitution dans les pharmacies de ville<br />

Nombre officines Subutex délivré Méthadone délivré<br />

Château-Thierry 6 30 18<br />

Arrondissement 9 12 14<br />

La Ferté /s Jouarre 4 14 16<br />

TOTAL 19 56 48<br />

2.2 ANTENNE CAARUD DE SOISSONS<br />

Les locaux sont situés au Centre Hospitalier de Soissons et offrent aux usagers un accueil<br />

discret. Cependant, l’affichage extérieur n’étant pas autorisé, l’accès à la structure n’est pas facilité.<br />

Nous disposons d’un bureau, d’une salle de stockage et d’une salle d’accueil.<br />

25


Les premières semaines d’ouverture du CAARUD ont été principalement consacrées à l’installation<br />

matérielle des locaux, à l’organisation du travail et à l’élaboration des différents outils (plaquettes et<br />

cartes de visites, grilles diverses,…)<br />

2.2.1 Contacts avec les partenaires.<br />

Depuis l’ouverture du CAARUD, nous prenons progressivement contact avec les structures<br />

et les professionnels de terrain intervenant dans le domaine de la toxicomanie ou plus largement<br />

dans le champ de l’action médico-sociale. Ces diverses rencontres nous permettent de mieux<br />

connaitre et appréhender notre secteur d’intervention et les actions qui y sont déjà menées. Ainsi,<br />

nous avons d’abord participé à une réunion du GCSMS (Groupement de Coopération Sociale et<br />

Médico-Sociale Aisne sud) avec le groupe de travail « prévention ».<br />

Nous avons également établi des contacts avec les différentes structures d’hébergement. Ces<br />

dernières représentent des possibilités de rencontres et/ou d’orientation pour les usagers de<br />

drogues.<br />

L’objectif majeur est de présenter le CAARUD ainsi que le <strong>SATO</strong> <strong>Picardie</strong>, d’avoir en retour une<br />

présentation des différentes structures et de leurs missions. Il s’agit aussi de réfléchir à la mise en<br />

place d’un travail en partenariat, d’en organiser les modalités en fonction des spécificités de chaque<br />

établissement et du public accueilli.<br />

Ainsi sur le secteur de Soissons nous avons rencontré depuis notre arrivée :<br />

- Les équipes du Point Ecoute Drogue, ELSA, Point addicto de l’hôpital de Soissons ainsi<br />

que les médecins généralistes d’ARTS,<br />

- La directrice ainsi qu’un membre de l’équipe éducative du CHRS « 14 Maisons »,<br />

- La responsable de la Maison des préventions,<br />

- Le responsable et l’animateur du FJT, Association Accueil et Promotion,<br />

- Deux membres de l’équipe éducative de l’AMSAM, pôle insertion sociale (hôtels sociaux)<br />

et pôle juridique et social,<br />

- Le responsable et l’équipe de l’accueil de nuit et du SAMU social de l’AFTAM<br />

(Association pour la Formation des Travailleurs Africains et Malgaches).<br />

Les directeur, directeur-adjoint et responsable d’équipe CAARUD ont eux-mêmes rencontré le chef<br />

de service de l’AFTAM ; l’adjointe municipale réfèrente de l’action sociale et de la santé ainsi que la<br />

directrice de la Maison des préventions également responsable des centres sociaux.<br />

Pour Villers-Cotterêts : une adjointe au maire, un policier, le médecin généraliste ayant une grande<br />

part d’activité concernant la toxicomanie, un animateur socio culturel.<br />

D’autres rencontres sont à organiser ou déjà planifiées pour 2011, notamment avec :<br />

- L’Association des médecins généralistes de Villers-Cotterêts,<br />

- Les pharmacies du secteur,<br />

- Les animateurs des centres sociaux ainsi que les médiateurs de quartiers de Presles et<br />

Chevreux,<br />

- Les médecins libéraux du secteur,<br />

- Les différents services hospitaliers, notamment les urgences et le CDAG,<br />

- Les organisateurs des divers festivals se déroulant dans la région ainsi que l’association<br />

Spiritek de Lille qui intervient dans l’Aisne (essentiellement sur le secteur de Laon).<br />

- Les services sociaux (CIPAS, CCAS…)<br />

- Les services de police et de gendarmerie de Soissons et de Villers-Cotterêts.<br />

26


2.2.2 Equipe mobile à Soissons<br />

Nous avons débuté récemment les maraudes dans Soissons. Celles-ci nous ont<br />

essentiellement permis un travail de repérage. Aucune personne n’a été rencontrée mais des lieux<br />

ont pu être ciblés pour les prochaines maraudes.<br />

Suite à la rencontre avec l’équipe de l’accueil de nuit et du SAMU Social de l’AFTAM, nous avons<br />

envisagé un travail de partenariat sous la forme de maraudes communes. Une première tournée a<br />

été organisée aux alentours du quartier de la Gare où se situe également l’accueil de nuit avec une<br />

éducatrice de ce service. Ce quartier compte de nombreux locaux désaffectés ou inoccupés, que<br />

les personnes en situation de grande précarité occupent de façon ponctuelle ou régulière, en y<br />

faisant des lieux de passage ou de squats.<br />

Bien que les personnes en errance ne soient pas toutes concernées par l’action du CAARUD, un<br />

certain nombre d’entre elles sont également consommatrices de stupéfiants ou en lien étroit avec<br />

des personnes consommatrices. Par ailleurs, la découverte des différents lieux fréquentés par un<br />

public souvent marginalisé nous donne évidemment une meilleure connaissance du terrain,<br />

d’autant que le CAARUD est implanté au cœur de ce quartier.<br />

Ainsi, au cours de cette première maraude en soirée, 2 personnes consommatrices ont été<br />

rencontrées, et nous avons pu diffuser des informations concernant l’existence de notre service et<br />

ses missions. L’organisation de maraudes communes avec le SAMU Social paraît être un travail de<br />

partenariat pertinent et complémentaire.<br />

La signature d’une convention avec ce service permettra, très prochainement, l’organisation<br />

d’interventions régulières de ce type.<br />

2.2.3 Equipe mobile à Villers-Cotterêts<br />

Quelques maraudes ont été faites en centre ville, toutefois celles-ci n’ont pu être<br />

nombreuses en raison des difficultés météorologiques du mois de décembre. Cependant, nous<br />

avons déjà repéré différents lieux dans lesquels il semblerait intéressant de se rendre<br />

régulièrement. Ces endroits sont apparemment des lieux de rencontres et de détente privilégiés, où<br />

il semble y avoir des pratiques de consommation.<br />

Des contacts ont été pris avec les intervenants du secteur de Villers-Cotterêts, dont un médecin<br />

généraliste fortement impliqué dans les questions de toxicomanie, une rencontre avec celui-ci aura<br />

lieu prochainement.<br />

Dans la continuité du travail engagé sur le département de l’Oise, nous intervenons également<br />

auprès des travailleuses du sexe, principalement présentes sur la RN2, à proximité de Villers-<br />

Cotterêts. Les maraudes ont débuté début décembre et les premiers échanges se sont révélés<br />

positifs. Une dizaine de prostituées travaillent sur cet axe et la poursuite de ces maraudes nous<br />

semble intéressante au regard des besoins exprimés : création de lien, fourniture de matériel,<br />

informations sur les démarches sociales et administratives. Un travail sur la réduction des risques<br />

sexuels est mené, accompagné par la distribution de préservatifs et de gel. Nous proposons<br />

également une boisson chaude de façon à créer un moment de partage. Encore une fois les<br />

conditions climatiques défavorables de décembre ont repoussé certaines maraudes. Toutefois,<br />

nous tentons de garantir leur régularité de façon hebdomadaire.<br />

27


2.3 Projets et perspectives 2011<br />

2.3.1 A Château-Thierry<br />

Pour l’année 2011, nous serons vigilants à :<br />

- offrir un local accueillant qui nous permette enfin de remplir toutes nos missions, de les<br />

faire connaître aux partenaires et surtout aux usagers,<br />

- poursuivre le travail entrepris notamment avec le groupe « réduction des risques » dans<br />

le cadre de la mise en place du Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale<br />

Aisne sud,<br />

- renforcer le partenariat avec différentes structures tant pour l’accueil des usagers que<br />

pour les évènements festifs,<br />

- intensifier les maraudes.<br />

2.3.2 A Soissons<br />

Les grands axes à travailler en 2011 seront donc :<br />

- La continuité des maraudes en soirée avec le SAMU Social au rythme de 2 maraudes<br />

par mois,<br />

- La mise en place d’un travail en partenariat avec les médiateurs de quartier sur le<br />

secteur de Soissons,<br />

- Renforcer les relations de partenariat avec les différentes structures,<br />

- Trouver un local définitif pour l’accueil des usagers et ainsi remplir toutes nos missions,<br />

- Proposer des informations collectives sur la réduction des risques auprès des usagers à<br />

la demande de certains partenaires (CHRS « 14 maisons », FJT et Hôtels sociaux de<br />

l’AMSAM),<br />

- Pérenniser le travail auprès des travailleuses du sexe afin d’instaurer une relation de<br />

confiance et d’évaluer leurs besoins,<br />

- Etablir des contacts avec les organisateurs de soirées sur le département de l’Aisne.<br />

4. Synthèse et perspectives<br />

L’année <strong>2010</strong> a été une année de développement des actions, en particulier avec<br />

l’ouverture des antennes Aisne-sud du CAARUD à Château-Thierry puis à Soissons, mais aussi<br />

avec le développement des actions en milieu festif, la mise en place du nouveau véhicule de<br />

l’équipe mobile, le développement de l’action expérimentale en direction des prostituées.<br />

Pour cette dernière action, nous envisageons à partir de l’expérience acquise, d’écrire un projet sur<br />

les besoins auxquels il faudrait répondre en termes de santé publique, de réinsertion, d’accès aux<br />

droits. Ce projet devra faire apparaitre les moyens nécessaires dans la durée et être soumis aux<br />

financeurs tant du coté de l’ARS de <strong>Picardie</strong> que de la DDCS de l’Oise et de l’Aisne.<br />

L’année 2011 débutera par les préoccupations de locaux de nos trois antennes :<br />

- Aménagement du local loué à Château-Thierry et développement de l’ensemble des<br />

missions liées à l’accueil (à compter de janvier 2011) ;<br />

- Déménagement du « Relais » de Montataire dans le nouveau bâtiment mis à disposition<br />

par la municipalité et revitalisation de l’accueil (à compter de mars 2011) ;<br />

28


- Recherche d’une solution durable pour l’antenne de Soissons, hébergée de façon<br />

précaire dans des bureaux prêtés par le Centre Hospitalier mais sans perspective<br />

durable pour le moment.<br />

Les actions menées par les équipes mobiles figurent au premier plan de nos préoccupations :<br />

possibilités sur Beauvais et Creil à développer, consolidation des maraudes à Soissons, Villers-<br />

Cotterêt et Château-Thierry, maintien du travail engagé à Compiègne, exploration du secteur de<br />

Crépy-en-Valois.<br />

Les interventions en milieu festif, tant en milieu ouvert qu’en salles, devront être développées à la<br />

mesure des sollicitations et des moyens dans le département de l’Aisne, tout en conservant le<br />

même niveau d’activité dans l’Oise.<br />

Des contacts ont d’ores et déjà été pris avec l’ELSA de l’hôpital de Laon qui nous a sollicités en<br />

matière de réduction des risques, faisant état de l’inexistence d’action structurée dans ce domaine<br />

sur cet arrondissement. Ce secteur étant désormais intégré au territoire de santé Aisne-sud,<br />

l’extension des actions du CAARUD y est légitime, sous réserve de l’augmentation des moyens mis<br />

à notre disposition. Un projet sera présenté en ce sens à l’ARS prochainement.<br />

Enfin, le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> fait partie intégrante du projet de GCSMS Addictologie Aisne sud, dont<br />

nous espérons qu’il verra le jour courant 2011 et permettra une meilleure coordination des actions<br />

des différents intervenants en addictologie de ce territoire de santé. L’annonce d’un financement de<br />

la MILDT sur les interventions du CAARUD dans les structures AHI du secteur de Soissons est un<br />

premier élément favorable à ce nouveau projet.<br />

François BROSSARD<br />

Directeur adjoint du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

29


CSAPA AMBULATOIRE<br />

CREIL<br />

30


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

Mr Claude LEFEVRE-Chef de service (0,5 ETP).<br />

I. Centre de soins<br />

- Docteur Sylvie SUQUET-Médecin généraliste du 01/01 au 23/08/<strong>2010</strong> (0,7 ETP au CSAPA/<br />

Détachement convention hôpital Creil).<br />

- Docteur Nathalie HEYMES-Médecin généraliste (0,2 ETP).<br />

- M Patrick MELIOT-Pharmacien (0,07 ETP) du 01/01 au 30/05/<strong>2010</strong>.<br />

- M Romain STEINBAUER-Pharmacien (0,07 ETP) du 15/06 au 31/12/<strong>2010</strong>.<br />

- Mme ANSART Mireille-Infirmière (0,25 ETP).<br />

- Mme Elise BOURSIER-Infirmière (0,75 ETP).<br />

- Mme Isabelle BURROT-Infirmière du 01/12/ au 31/12/<strong>2010</strong> (0,5 ETP au CSAPA/ Détachement convention<br />

hôpital de Creil).<br />

- Mme Virginie BAILLE-Psychologue (0,3 ETP).<br />

- Mme Marie ANTONA-Psychologue (0,5 ETP).<br />

- Mme Martine BRUYER-Assistante de service social (0,25 ETP).<br />

- Mme Joëlle LTEIF-Educatrice spécialisée (0,5 ETP).<br />

- M Nicolas BOURRY-Educateur spécialisé (1 ETP).<br />

- M Patrick TAQUET-Educateur (0,5 ETP détaché au centre pénitentiaire de Liancourt).<br />

Stagiaires<br />

- Mme Elodie BUIS Stagiaire éducatrice spécialisée. IRFFE Amiens (jusque fin mars <strong>2010</strong>).<br />

- M Loïc FLEUROUX Stagiaire éducateur spécialisé. IRFFE Amiens CFA (du 08/02 au 16/04/<strong>2010</strong>).<br />

- Mme Marion DUBOC Stagiaire éducatrice spécialisée. IRTS Paris (du 15/09/<strong>2010</strong> au 01/07/2011).<br />

- Mme Emilie RAVOT Stagiaire infirmière. IFSI Beaumont sur Oise (Accompagnement travail fin<br />

d’études).<br />

- Mlle Estelle CREBASSA Stagiaire infirmière. IFSI Beaumont sur Oise (stage d’observation du 20<br />

au 22/09 /<strong>2010</strong>)<br />

- M Issa M’BAYE Stagiaire infirmier. IFSI Beaumont sur Oise (stage observation du 20 au<br />

22/09/<strong>2010</strong>).<br />

- Mme Nadia MERMOUDA Stagiaire infirmière. IFSI Clermont (du 27/09 au 21/11/<strong>2010</strong>).<br />

II. Pôle prévention<br />

- M Pascal HACHET-Psychologue (0,5 ETP).<br />

- M Yves CASU-Educateur (1 ETP).<br />

- M Benjamin APPERT-Moniteur-éducateur (1 ETP) du 01/01 au 28/02/<strong>2010</strong>.<br />

- Mme France FATH-Secrétaire d’accueil (0,5 ETP) du 01/01 au 15/10/<strong>2010</strong>.<br />

31


FILE ACTIVE GLOBALE DU CSAPA DE CREIL<br />

Ce premier tableau offre une vue d’ensemble de l’activité menée par l’équipe du Centre de Soin<br />

d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie de Creil.<br />

Dans la suite du rapport d’activité une présentation détaillée permettra grâce aux données chiffrées<br />

présentées sur les trois dernières années, une lecture comparative accompagnée pour chacune<br />

des missions (Soin/Prévention) d’une analyse clinique et critique indiquant les observations les plus<br />

marquantes de l’année <strong>2010</strong>.<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active centre de soins 472 491 474<br />

File active pôle prévention 518 512 473<br />

File active globale 990 1003 947<br />

Nombre d’actes centre de soins 15184 15123 13728<br />

Nombre d’actes pôle prévention 859 843 804<br />

Total des actes 16043 15996 14532<br />

32


AVANT-PROPOS<br />

INTRODUCTION<br />

LE CENTRE DE SOINS<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE DU CENTRE DE SOINS<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Les actes honorés<br />

1.3 Répartition par sexe<br />

1.4 Tranches d’âge<br />

1.5 Moyenne d’âge<br />

1.6 Origine géographique<br />

1.7 Statut matrimonial<br />

1.8 Nombre d’enfants à charge<br />

1.9 Logement<br />

1.10 Situation professionnelle<br />

1.11 Origine principale des ressources<br />

1.12 Origine de la demande de consultation<br />

1.13 Couverture sociale<br />

1.14 Etat de santé des patients<br />

1.15 Les sevrages<br />

1 .16 Traitements de substitution aux opiacés<br />

1.16.1 Méthadone<br />

1.16.2 Buprénorphine<br />

1.17 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

1.18 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables<br />

1.19 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1<br />

1.20 Voie intraveineuse<br />

1.21 Modalité de consommation<br />

1.22 Justice<br />

1.23 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

1.24 Réduction des risques au centre de soins<br />

1.25 Activité de groupes thérapeutiques<br />

1.26 De l’importance de l’accueil informel/Les effets liés au départ du médecin<br />

(Textes rédigés par l’équipe du CSAPA)<br />

2 SYNTHESE DE L’ACTIVITE MEDICALE A L’HÔPITAL LAENNEC DE CREIL<br />

(Docteur Sylvie SUQUET)<br />

3 ACTIVITE AU CENTRE PENITENTIAIRE DE LIANCOURT<br />

(Mr Patrick TAQUET Educateur spécialisé)<br />

3.1 Tableau récapitulatif des files actives depuis 2005 ;<br />

3.2 Analyse clinique de l’activité <strong>2010</strong><br />

3.2.1 Données chiffrées<br />

3.2.2 Lecture et commentaires<br />

3.2.3 Conclusion. Perspectives<br />

33


AVANT-PROPOS<br />

Au cours du second semestre des mouvements de personnel, certains prévus d’autres<br />

inattendus, ont fragilisé l’équilibre de l’équipe et, de ce fait, l’ont astreinte à envisager<br />

conjoncturellement de nouvelles postures.<br />

- En premier lieu le docteur Sylvie SUQUET nous a informés de son départ. Recrutée à temps<br />

plein sur un poste d’attachée à l’hôpital général de Creil, elle occupait depuis plusieurs années<br />

par le biais d’une convention, 0,7 de son temps au centre de soin, soit une présence<br />

quotidienne.<br />

Du 23 août à mi-novembre nous n’avons disposé que de 0,2 ETP médecin soit deux demijournées<br />

par semaine occupées par le docteur Nathalie HEYMES qui par ailleurs nous<br />

annoncera également son départ, pour fin décembre.<br />

Dès le 10 novembre le docteur Jean-Jacques PICK, en attente d’un remplacement et avec<br />

l’accord de la direction de l’hôpital de Creil, acceptera de soutenir le service et son activité en<br />

étant présent selon ses disponibilités, environ une matinée semaine. Nous le remercions<br />

infiniment pour sa précieuse collaboration.<br />

- Durant pratiquement toute l’année un poste d’infirmière n’a pas été pourvu. Recrutée elle aussi<br />

par le biais de la convention avec l’hôpital général de Creil et mise à disposition pour<br />

l’intégralité de son temps soit, 0,5 ETP au centre de soin, elle ne rejoindra l’équipe qu’en<br />

décembre.<br />

- Enfin, l’entrée en formation dès septembre au Certificat d’Aptitude aux Fonctions<br />

d’Encadrement et de Responsable d’Unité d’Intervention Sociale (CAFERUIS) de l’éducateur<br />

« fil rouge » participera également à la modification de l’équilibre du service.<br />

Ces différents événements n’ont pas été sans effet sur le fonctionnement et par ricochets ont<br />

impliqués des conséquences pour les patients.<br />

- Tout d’abord la mise en réserve du projet « méthadone bas seuil » sur lequel l’équipe avait<br />

travaillé en 2009 avec pour perspective de le mettre en œuvre au second semestre <strong>2010</strong>. En<br />

effet, il nous est apparu déraisonnable d’initier ce nouveau programme au regard de l’actualité<br />

du service en l’occurrence du trop peu de temps de présence de médecin.<br />

- Pour soulager la file active nous avons orienté, avec leur accord, certains patients vers les<br />

pharmacies et/ou en médecine générale. Nous vérifierons à ce sujet d’ailleurs la difficulté de<br />

les adresser en médecine de ville : nous y reviendrons…<br />

La contrainte exercée par l’absence du médecin et la nécessité de ces adressages nous ont<br />

fait remarquer que nous maintenions parfois au centre des patients pour lesquels cette<br />

indication aurait pu être envisagée bien en amont dans une perspective d’évolution positive de<br />

leur démarche. Mais leur compliance à notre cadre de soin, la relative bonne observance de<br />

leur traitement, l’amélioration et la stabilisation de leur situation sociale nous ont<br />

fait négliger l’exigence de les orienter vers un processus de droit commun.<br />

- Enfin, en attente du remplacement du médecin et de l’infirmière nous avons bloqué les<br />

nouvelles entrées et les initialisations au traitement méthadone au risque de mettre en réelle<br />

difficulté de nouveaux demandeurs et par ailleurs de tarir notre file active. Nous avons<br />

cependant pris attache auprès de nos collègues des centres de Beauvais et de Compiègne<br />

34


ainsi que du CASA de Clermont pour orienter en cas d’urgence des patients qui souhaitaient<br />

être d’initialisés.<br />

INTRODUCTION<br />

Claude LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

Malgré ces circonstances, l’activité du CSAPA de Creil n’a pas cette année démérité. En<br />

effet, bien que nous ayons enregistré une légère baisse du nombre d’usagers accueillis au service,<br />

le travail d’accompagnement, de soutien et de suivi accompli par l’équipe pluridisciplinaire a été<br />

riche et dense.<br />

Je profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier l’ensemble de l’équipe pour sa faculté<br />

d’adaptation. Elle a su en effet, avec efficacité, opiniâtreté et constance maintenir dans des<br />

conditions très difficiles un accueil convivial et une prise en charge de qualité.<br />

Il est grand temps néanmoins de retrouver une certaine stabilité et nous espérons tous vivement<br />

que le poste de médecin sera très prochainement pourvu. Nous ne pouvons pas en effet maintenir<br />

encore longuement, en flux tendu, une activité importante avec des moyens indispensables réduits.<br />

La disponibilité et la bonne volonté ne suffisent pas toujours…<br />

Si quantitativement, les conséquences liées à l’absence de médecin durant le second semestre ne<br />

semblent pas trop perturber l’activité de cette année, elles se traduiront inévitablement en 2011 par<br />

une diminution de la file active.<br />

Concernant les points les plus saillants de l’activité que nous commenterons davantage dans le<br />

chapitre « Activité clinique du centre de soins », nous enregistrons une file active globale de 474<br />

personnes soit une baisse attendue mais cependant contrôlée, de 3,5% par rapport à l’année<br />

précédente. La lecture attentive des différents items fait apparaître toutefois des différences<br />

significatives selon qu’il s’agisse des patients reçus au service ou des détenus rencontrés en<br />

incarcération. Nous y reviendrons plus précisément…<br />

La file active entourage est en légère diminution mais nous observons cependant un nombre<br />

d’actes réalisés après d’elle plus élevé que l’année dernière.<br />

En conséquence à la baisse de la file active, nous observons une nette diminution du nombre<br />

d’actes pratiquement toutes disciplines confondues.<br />

La grosse majorité des patients se présente au service avec une demande de traitement de<br />

substitution aux opiacés. Comme déjà évoqué en avant-propos, l’absence du médecin référent<br />

durant cinq mois, l’absence d’infirmière durant 11 mois et le départ en formation dés septembre<br />

d’un éducateur ont considérablement altéré notre capacité à assumer l’arrivée de nouveaux<br />

patients et nous ont contraints à réorienter le plus possible ces personnes vers nos collègues des<br />

CSAPA du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> (Compiègne, Beauvais) et/ou du CASA de Clermont.<br />

Nous analyserons plus précisément ces éléments dans le chapitre intitulé « Les traitements de<br />

substitution aux opiacés ».<br />

En revanche, concernant notre travail auprès de personnes incarcérées, nous enregistrons une file<br />

active et un nombre d’actes en hausse sans pour autant que nous ayons bénéficié de temps<br />

complémentaire nécessaire pour mener à bien cette mission. Plus en avant dans ce rapport<br />

35


d’activité un chapitre est consacré à ce travail et nous exposerons plus en détail l’activité de cette<br />

année.<br />

Profil des patients<br />

A propos de la répartition par sexe nous observons que la présence des femmes est toujours sous<br />

représentée : 14% de la file active globale accueillie au service.<br />

La moyenne d’âge est de 36,2 ans. Elle augmente chaque année faiblement mais régulièrement. A<br />

titre d’exemple en 2005 elle était de 33,2 ans.<br />

La tranche d’âge la plus représentative (45%) se situe entre 30-39 ans. Seulement 8% de la<br />

clientèle du centre a moins de 20 ans.<br />

80% de la population qui fréquente le service est originaire du département de l’Oise dont 42% de<br />

l’agglomération creilloise.<br />

22% des usagers du service sont des parents ayant des enfants à charge.<br />

Majoritairement (68%) les personnes accueillies bénéficient d’un logement. Nous notons cependant<br />

une progression de 8% des personnes en situation de précarité par rapport à l’hébergement.<br />

7% des patients qui composent la file active n’ont aucune ressource.<br />

Pour 43% des personnes accueillies leurs ressources proviennent d’un salaire.<br />

Concernant l’origine de la demande de consultation nous constatons une fois encore que la plupart<br />

des personnes se présente au service de leur propre initiative et/ou accompagnées par un de leur<br />

proche (parents, conjoints, amis, frères et/ou sœurs, etc.).<br />

En incarcération, tous les détenus rencontrés ont sollicité l’éducateur spécialisé du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

de leur propre chef.<br />

42% des personnes reçues sont au moment de leur entrée au centre de soins sous main de justice.<br />

Le premier produit repéré et déclaré comme le plus dommageable à l’arrivée des patients est<br />

l’héroïne : 66% de la file active. Toutefois, une investigation plus approfondie des consommations<br />

fait apparaître que massivement les personnes accueillies poly-consomment. EIles usent ou<br />

mésusent en association et/ou en alternance plusieurs produits psycho-actifs illicites et/ou licites<br />

dont l’alcool.<br />

77% de la file active patients bénéficient d’un traitement de substitution aux opiacés.<br />

89% d’entre eux sont directement encadrés et suivis par l’équipe pluridisciplinaire de la structure<br />

dont 68% sous protocole de substitution par la méthadone.<br />

Comparativement à l’année précédente nous enregistrons une baisse de 12% du nombre de<br />

personnes sous TSO. Cette diminution est essentiellement liée à la découverture du poste de<br />

médecin.<br />

Concernant l’état de santé de la file active patient (centre de soins et centre pénitentiaire<br />

confondues), sur un pourcentage conséquent de tests réalisés (88%) nous enregistrons un patient<br />

HIV positif. En revanche, concernant le VHC sur un taux de 89% de tests effectués nous<br />

observons un pourcentage de 25% de patients VHC positif. Ce dernier doit être néanmoins<br />

relativisé. En effet si l’on se réfère uniquement à la file active accueillie au centre de soin ce<br />

pourcentage s’élève alors à 32%.<br />

Les prélèvements sanguins sont systématiquement proposés à l’entrée dans le service et sont<br />

reproposés régulièrement aux personnes qui ont ou pensent avoir pris des risques. Une convention<br />

avec le Centre Polyvalent d’Examens de Santé de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie nous<br />

36


permet d’adresser en cas de nécessité les personnes qui souhaiteraient engager pour la première<br />

fois, vérifier ou revérifier leur sérologie.<br />

Cette synthèse ne fait pas apparaître de profonds changements concernant le profil des usagers<br />

reçus au centre sinon des variables quantitatives consécutives au manque de moyens en<br />

personnel. Cependant, je vous invite à prendre connaissance dans la suite de ce rapport d’une<br />

lecture plus précise des données chiffrées comparées à l’année précédente et le cas échéant<br />

accompagnées de quelques réflexions ou observations qui ont animé nos réunions d’équipes<br />

hebdomadaires.<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE DU CENTRE DE SOINS<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active usagers* 382 387 381<br />

Nombre de patients vu au moins une fois * 382 387 381<br />

- dont nombre de patients vu une seule fois ** 77 41 51<br />

- dont nombre nouveaux usagers * 164 143 140<br />

File active entourage ** 90 104 93<br />

- dont nombre nouvelles personnes - 104 93<br />

Total file active * 472 491 474<br />

*File active centre pénitentiaire de Liancourt incluse<br />

** Ne concerne que la file active centre de soins.<br />

La file active globale enregistre un léger fléchissement de : 3,5% (17).<br />

Son taux de renouvellement est de : 49%.<br />

Claude LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

La file active usagers est en baisse également par rapport à l’année 2009 de : 1,5% (6).<br />

Son taux de renouvellement est de : 36%.<br />

28% de détenus (105) composent cette file active dont 70% (73) de nouveaux.<br />

Dans le détail, nous observons donc :<br />

- une hausse de la file active rencontrée en détention de : 17% (17).<br />

- une diminution en revanche de la file active patients accueillis au service d’environ : 8% (23) et<br />

corrélativement une baisse importante de nouveaux patients de : 20% (20).<br />

La file active entourage est elle aussi en réduction de : 11% (11). Toutefois nous notons un taux<br />

d’évolution du nombre d’actes réalisés auprès de l’entourage de : 123%.<br />

37


1.2 Les actes honorés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Actes médicaux 2197 1919 1240<br />

Actes infirmiers (tous confondus) 5751 5282 5475<br />

Actes psychologiques 577 481 428<br />

Actes sociaux-éducatif 533 359 343<br />

Actes réalisés en incarcération 246 234 312<br />

Actes-accueil* 5854 6831 5892<br />

Actes réalisés auprès de l’entourage** 26 17 38<br />

Total des actes 15184 15123 13728<br />

* Les actes-accueil comptabilisent les passages quotidiens des personnes reçues au service et accueillies par les<br />

différents membres de l’équipe (usagers, patients réguliers, accompagnateurs, entourage/famille, etc.).<br />

** Il s’agit de comptabiliser les entretiens réalisés auprès de l’entourage (parents, conjoints, enfants, etc.).<br />

Conséquence des baisses enregistrées nous observons cette année une décroissance d’environ<br />

9% (1395 actes) du nombre total des actes.<br />

Dans le détail :<br />

- baisse des actes médicaux de : 35% (679 actes),<br />

- baisse des actes psychologiques de : 11% (53 actes),<br />

- baisse de actes sociaux-éducatifs de : 4,5% (16 actes),<br />

- baisse des actes accueil d’environ : 13,5% (939 actes).<br />

En revanche nous notons une hausse des actes :<br />

- infirmiers de : 4% (193 actes),<br />

- entourage de : 123% (21 actes),<br />

- en incarcération de : 33% (109 actes).<br />

De fait ce sont les actes médicaux qui enregistrent la baisse la plus élevée.<br />

La file active en diminution entraîne corrélativement la baisse des actes accueil, des actes sociauxéducatifs<br />

et des actes psychologiques.<br />

Les actes concernant l’entourage enregistrent un taux d’évolution important qu’il faut néanmoins<br />

pondérer au regard d’un nombre relativement faible d’actes en valeur absolue.<br />

1.3 Répartition par sexe*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 45 45 38<br />

Hommes 337 342 343<br />

Total 382 387 381<br />

* File active centre pénitentiaire incluse.<br />

La file active reçue directement au centre de soins est composée de 14% de femmes et de 86%<br />

d’hommes. Ces pourcentages sont à peu de chose près identiques aux années précédentes.<br />

La file active du centre pénitentiaire de Liancourt n’est composée que d’hommes<br />

38


1.4 Tranches d’âge*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 20 ans 3 8 5<br />

dont moins de 18 ans 0 1 0<br />

20-24 ans 25 37 15<br />

25-29 ans 56 80 44<br />

30-39 ans 122 174 125<br />

40-49 ans 70 83 82<br />

50-59 ans 2 4 4<br />

60 et plus 0 0 1<br />

* Hors file active centre pénitentiaire<br />

45% de la clientèle reçue au service a entre 30-39 ans.<br />

30% a entre 40-49 ans.<br />

1,5% a entre 50-59 ans.<br />

Nous avons cette année accueilli une seule personne qui avait plus de 60 ans.<br />

77% de la file active accueillie au centre est âgée de plus de 30 ans.<br />

23% de la population a moins de 30 ans dont 8% moins de 20 ans.<br />

1.5 Moyenne d’âge*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 32,9 33,9 35,2<br />

Hommes 34,9 35,1 36,3<br />

Générale 34,5 34,9 36,2<br />

* Hors file active pénitentiaire<br />

Nous notons une augmentation sensible et régulière de la moyenne d’âge.<br />

1.6 Origine géographique*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 361 358 313<br />

Originaires du département 322 322 306<br />

Originaires de la ville d’implantation du service 69 81 68<br />

En provenance d’autres régions - 14 19<br />

Non renseigné ** 21 15 49<br />

* File active centre pénitentiaire incluse.<br />

**Le nombre de « non renseigné » concerne essentiellement une partie des personnes vues en incarcération.<br />

Plus de 80% de la population rencontrée cette année par l’équipe du CSAPA de Creil est originaire<br />

du département.<br />

Concernant la file active reçue au centre de soins nous notons que 42% (117) des patients résident<br />

dans l’agglomération creilloise.<br />

39


Dans le détail :<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Creil 75 68<br />

Montataire 26 20<br />

Nogent sur Oise 24 20<br />

Villers Saint Paul 10 9<br />

25% habitent Creil,<br />

7% résident à Montataire,<br />

7% résident à Nogent sur Oise,<br />

3% habitent Villers Saint Paul.<br />

Nous observons par ailleurs un pourcentage non négligeable de personnes accueillies qui résident<br />

sur Pont Sainte Maxence (8%) (21) et Senlis (5%) (14).<br />

1.7 Statut matrimonial*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Célibataire 165 242 161<br />

Union libre 54 64 51<br />

Marié 17 27 18<br />

Séparé 24 36 29<br />

Divorcé 8 12 12<br />

Veuf (e) - 1 1<br />

Non renseigné 10 5 4<br />

* Hors incarcération.<br />

58% de la clientèle est célibataire.<br />

25% sont mariés ou vivent en union libre.<br />

1.8 Nombre d’enfants à charge*<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Un 44 26<br />

Deux 27 20<br />

Trois 15 8<br />

Quatre et plus 5 4<br />

Non renseigné 13 10<br />

* Hors file active pénitentiaire.<br />

22% des personnes suivies au service sont des parents ayant des enfants à charge.<br />

Dans le détail :<br />

- 45% ont un enfant,<br />

- 34% ont deux enfants,<br />

- 14% ont trois enfants,<br />

- 7% ont quatre enfants.<br />

40


1.9 Logement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Indépendant 105 111 92<br />

Stable en famille 83 102 95<br />

Provisoire ou précaire 83 74 79<br />

SDF - 3 4<br />

Etablissement pénitentiaire 104 88 105<br />

Non renseigne 7 9 6<br />

68% des patients ont un logement stable dont 49% bénéficient de leur propre logement et 51%<br />

résident en famille.<br />

29% sont dans une situation provisoire ou précaire en ce qui concerne l’hébergement.<br />

Enfin 1,5% sont des Sans Domicile Fixe.<br />

Nous observons un taux d’évolution des personnes en difficulté d’hébergement de : 8% (6).<br />

1.10 Situation professionnelle *<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Ont un emploi 121 135 121<br />

- dont CDI 71 77 64<br />

- dont CDD ou stage rémunéré 46 56 54<br />

- dont travailleur indépendant 4 2 3<br />

Autres 157 164 155<br />

* Hors file active pénitentiaire.<br />

44% de la population reçue au centre de soins a un emploi dont :<br />

- 53% en Contrat à Durée Indéterminée,<br />

- 45% en Contrat à Durée Déterminée ou en stage rémunéré,<br />

- 2% sont travailleurs indépendants.<br />

1.11 Origine principale des ressources*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Revenus de l’emploi (y compris retraite, pension invalidité) 113 149 106<br />

Assedic 38 48 43<br />

RMI/RSA 65 70 58<br />

AAH 8 11 12<br />

Ressources provenant d’un tiers 5 48 12<br />

Autres ressources (y compris sans revenu) 21 33 18<br />

Non renseigné 28 28 27<br />

* Hors file active centre pénitentiaire.<br />

Pour 43% des personnes accueillies leurs ressources proviennent du salaire.<br />

17% perçoivent les Assedic.<br />

23% bénéficient du RSA.<br />

5% sont allocataires de l’AAH.<br />

5% sont tributaires d’un tiers.<br />

41


1.12 Origine de la demande de consultation<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Initiative du patient ou des proches 264 227 161<br />

Médecins de ville 25 30 24<br />

Structures spécialisées (CCAA, CSST, autres.) - 15 19<br />

Equipes de liaison - 0 0<br />

Autre hôpital, autres sanitaires 12 20 13<br />

Institutions et services sociaux - 33 7<br />

Justice obligation de soins 13 12 13<br />

Justice injonction thérapeutique 8 13 20<br />

Autres mesures administratives ou judiciaires 17 14 4<br />

Milieu scolaire/universitaire - 0 0<br />

Autres 43 14 10<br />

Non renseigné - 9 5<br />

Majoritairement les personnes se présentent au service de leur propre initiative ou adressées par<br />

un proche : 58%.<br />

13% sont orientées par nos partenaires sanitaires dont 65% par les médecins de ville et 35% par<br />

les hôpitaux.<br />

7% sont adressées par les services spécialisés.<br />

13% se présentent au service de manière contrainte indiquées par les services judiciaires dont 54%<br />

pour une injonction thérapeutique, 35% pour une obligation de soins et 11% pour d’autres mesures<br />

judiciaires ou administratives.<br />

Environ 3% sont indiquées au service par les services sociaux.<br />

1.13 Couverture sociale<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Régime général et complémentaire - 102 80<br />

Régime général sans complémentaire - 176 95<br />

CMU avec complémentaire - 81 72<br />

CMU sans complémentaire - 0 0<br />

Sans couverture sociale - 10 10<br />

Autres (AEM, à la charge d’un tiers,...) - 14 13<br />

Non renseigné - 4 6<br />

Seulement 4% des personnes suivies n’ont pas de couverture sociale.<br />

65% sont bénéficiaires du régime général dont 54% sans complémentaire.<br />

27% ont la Couverture Complémentaire Universelle (CMU) avec complémentaire<br />

42


1.14 Etat de santé des patients<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Taux de renseignement HIV 82% 87% 88%<br />

Tests effectues 192 294 310<br />

Séropositifs 3 2 1<br />

Taux de renseignement VHC 84% 89% 89%<br />

Tests effectués 203 308 318<br />

Séropositifs 74 89 79<br />

Taux de renseignement VHB * 80% 80% 78%<br />

Tests effectués 167 184 168<br />

Nombre de vaccinations réalisées au centre 0 0 49<br />

Séropositifs 50 57 54<br />

Nombre de prélèvements sanguins réalisés au service - 8 16<br />

Nombre de patients orientés vers le CPES - 8 3<br />

Nombre actes « bobologie » - 13 10<br />

Nombre actes de distribution de traitement - 5261 4315<br />

Autres soins infirmiers (tests urinaires, prise de constantes, etc.) - - 1134<br />

Nombre de patients présentant des comorbidités psychiatriques - 54 42<br />

Nombre de patients qui ont bénéficie antérieurement d’un suivi spécialisé - 45 39<br />

* Hors file active pénitentiaire.<br />

Le taux de renseignement c'est-à-dire le pourcentage de personnes auprès desquelles la question<br />

des sérologies a été investiguée est relativement élevé : 85%.<br />

Concernant le HIV nous observons que 83% des personnes sondées déclarent avoir fait les tests.<br />

Seule l’une d’entre elle présente une sérologie positive.<br />

Concernant le VHC nous notons que 83% des personnes sondées déclarent avoir fait les tests.<br />

Parmi elles, 25% présentent un VHC positif. Si l’on extrait de la file active les détenus rencontrés au<br />

centre pénitentiaire de Liancourt le pourcentage de patients VHC séropositifs est alors plus élevé :<br />

32%.<br />

Concernant le VHB nous remarquons que 44% des personnes déclarent avoir fait les tests.<br />

Parmi elles 32% sont séropositives.<br />

Bien qu’en valeur absolue le chiffre de prélèvements sanguins réalisés à l’infirmerie du centre soit<br />

faible, il a été comparativement à l’année 2009, multiplié par deux.<br />

15% de la clientèle accueillie au centre de soin présente des comorbidités psychiatriques.<br />

Nous notons que 14% des patients du service ont bénéficié antérieurement d’un suivi spécialisé.<br />

43


1.15 Les sevrages<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de sevrages réalisés 13 11 9<br />

- dont ambulatoire 5 4 2<br />

buprénorphine - 0 1<br />

méthadone - 4 1<br />

alcool - 0 0<br />

benzodiazépine - 0 0<br />

héroïne - 0 0<br />

autres - 0 0<br />

- dont hospitaliers 8 7 7<br />

buprénorphine - 0 2<br />

méthadone - 3 0<br />

alcool - 2 3<br />

benzodiazépine - 0 0<br />

héroïne - 2 2<br />

autres - 0 0<br />

Comme le démontrent les données chiffrées de ce rapport d’activité la demande de soins aujourd’hui<br />

semble davantage se concentrer sur la délivrance de traitements de substitution que sur la réalisation<br />

d’un sevrage. En effet, en valeur absolue ils sont peu nombreux et semblent majoritairement concerner<br />

l’arrêt de la substitution.<br />

3% des patients suivis au service ont bénéficié d’un sevrage dont :<br />

- 22% (2) organisés en ambulatoire,<br />

- 78% (7) organisés en milieu hospitalier.<br />

44% (4) des sevrages concernent la substitution.<br />

33% (3) des sevrages concernent la dépendance alcoolique et ont été réalisés en milieu hospitalier.<br />

22% (2) des sevrages concernent l’abstinence à l’héroïne.<br />

1.16 Traitements de substitution aux opiacés*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de patients sous traitement dans la file active globale 204 286 212<br />

- dont patients sous buprénorphine 72 111 78<br />

- dont patients sous méthadone 132 175 134<br />

Nombre de patients sous traitement suivis par le centre* 176 214 189<br />

- dont patients sous buprénorphine 57 72 60<br />

- dont patients sous méthadone 119 142 129<br />

Nombre patients sous autres traitement à visée substitutive 0 0 0<br />

* Hors file active suivie en incarcération<br />

Le pourcentage de patients sous TSO dans la file active globale est toujours élevé : 77%.<br />

Dans le détail :<br />

- 37% sous buprénorphine.<br />

- 63% sous traitement de substitution par la méthadone.<br />

Par rapport à l’année dernière nous enregistrons une progression de 3%.<br />

44


Parmi eux 89% sont suivis directement par l’équipe du centre de soins dont :<br />

- 32% sous buprénorphine.<br />

- 68% sous protocole méthadone.<br />

Nous enregistrons une diminution de : 12% (25) de la file active patients sous TSO suivis par le centre.<br />

Dans le détail :<br />

- moins 10% (13) concernant la méthadone.<br />

- moins 17% (12) concernant la buprénorphine.<br />

Cette baisse est liée à l’absence de médecin durant le second semestre.<br />

1.17 Concernant la file active de patients suivis au centre<br />

1.17.1 Méthadone<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 21 27 21<br />

Nombre d’hommes 105 115 108<br />

Nouveaux patients 30 26 19<br />

Nombre d’initialisations réalisées par le service - 23 13<br />

Nombre de relais - 19 21<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacies de ville 36 40 32<br />

Nombre de patients suivis en médecine et pharmacies de ville 8 12 28<br />

Nombre de patients délivrés sous forme gélules 44 73 68<br />

Nombre de patients sortis du programme - 33 17<br />

- dont devenus abstinents - 4 1<br />

- dont, de leur propre initiative - 20 9<br />

- dont, à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) - 2 0<br />

- dont exclusion (violence) - 1 0<br />

- dont incarcération - 5 6<br />

- dont décès - 1 1<br />

Le ratio hommes/femmes est relativement constant cependant nous notons une très légère diminution<br />

de la présence des femmes dans le programme méthadone : 16% cette année contre 19% en 2009.<br />

Le nombre de nouveaux patients est en décroissance de : 28% (7).<br />

Le nombre d’initialisations réalisées au centre enregistre une baisse tés significative de 42% (10).<br />

Le taux de croissance concernant les orientations en médecine de ville est exponentiel, 133% (16).<br />

Ces trois items, complémentaires, illustrent tous les trois les contraintes dans lesquelles nous nous<br />

sommes retrouvés. Ils éclairent de manière chiffrée les orientations imposées et démontrent que<br />

lorsque la présence du médecin est insuffisante, c’est l’accessibilité au service et par voie de<br />

conséquence aux soins qui se restreint.<br />

Le nombre de patients sortis définitivement du programme est très en baisse comparativement à 2009,<br />

de : 50% (17). Malgré les contraintes de cette année nous nous félicitons d’enregistrer une forte<br />

diminution du nombre de patients qui ont quitté le service de leur propre initiative.<br />

Nous observons encore un fort pourcentage : 35% (6) de personnes qui se sont retrouvées incarcérées.<br />

45


Nous notons que 43% (81) de la file active des personnes sous substitution par la méthadone et suivies<br />

au centre a bénéficié de ce traitement sous la forme gélules. Au cours de l’année un certain nombre<br />

d’entre elles sont passées en délivrance pharmacies de ville et pour les situations les plus stabilisées en<br />

prescription médecine générale.<br />

1.17.2 Buprénorphine<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 8 9 5<br />

Nombre d’hommes 61 63 55<br />

Nouveaux patients 23 20 14<br />

Nombre de relais - 1 0<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacie de ville - 72 60<br />

- dont suivis en médecine de ville - - 24<br />

Nombre de patients sortis du programme - 26 21<br />

- dont devenus abstinents - 2 1<br />

- dont, de leur propre initiative - 22 20<br />

- dont, à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) - 0 0<br />

- dont, orientés sous prescription méthadone - 0 0<br />

- dont, exclusion (violence) - 0 0<br />

- dont incarcération - 2 0<br />

92% de la file active patients sous buprénorphine est constituée d’hommes. Comparativement à l’année<br />

2009 nous notons une baisse de 4,5% de la présence des femmes.<br />

Nous observons une diminution de 27% (6) du nombre de nouveaux patients.<br />

La totalité des personnes suivies sous buprénorphine est délivrée en pharmacies de ville. Nous<br />

noterons néanmoins pour quelques unes d’entre elles, lorsque l’observance n’est pas respectée et que<br />

momentanément la situation l’exige, nous délivrons (avec leur accord) ce traitement directement et<br />

parfois quotidiennement au service.<br />

Nous avons orienté en médecine de ville 40% (24) de la file active.<br />

35% (21) des patients sont sortis de leur propre initiative du programme dont 1 seul devenu abstinent.<br />

Les difficultés d’orientation vers la médecine générale<br />

Les circonstances nous ont imposé de réviser momentanément nos modalités de prise en<br />

charge. Conséquemment nous observons donc un pourcentage plus élevé qu’à l’ordinaire d’orientations<br />

de patients sous TSO vers la médecine générale.<br />

Dans nos centres de soins spécialisés occupés aujourd’hui très majoritairement par des toxicomanes<br />

sous traitement de substitution l’objectif de la prise en charge est variable et selon le patient concerné il<br />

peut prendre différentes formes : réduire voire annuler les prises de drogues, diminuer les risques,<br />

permettre un suivi régulier (sanitaire, social, éducatif), engager une psychothérapie, envisager le<br />

sevrage, travailler des indications en hébergements spécialisés, etc.<br />

46


Néanmoins la visée finale de l’accompagnement reste dans la mesure du possible l’insertion en milieu<br />

de droit commun et dés que l’évolution de la situation le permet nous organisons avec le patient des<br />

orientations particulièrement vers la médecine de ville.<br />

En effet, il nous semble peu souhaitable de maintenir dans nos services les patients stabilisés même si<br />

notre offre d’accompagnement semble leur convenir parfaitement.<br />

Des raisons techniques nous l’imposent, des raisons cliniques nous y incitent :<br />

- de fait si nous voulons accueillir de nouveaux patients il faut bien qu’à un moment ou à un<br />

autre des sorties s’envisagent au risque « d’embouteillage » ingérable et préjudiciable à<br />

l’arrivée de nouvelles personnes,<br />

- par ailleurs il est de notre mission d’offrir aux usagers un accompagnement dynamique qui<br />

puisse leur permettre d’expérimenter de nouvelles situations mieux adaptées à l’évolution de<br />

leurs projets et aux circonstances,<br />

- enfin nous devons veiller à ne pas engendrer d’éventuelles chronicisations même si par<br />

ailleurs pour un certain nombre de patients il est préférable de continuer la prise en charge en<br />

milieu spécialisé.<br />

Le départ du médecin généraliste en août dernier nous a, en l’attente de son remplacement, contraints<br />

plus rapidement que prévu à envisager pour des patients stabilisés qui pouvaient bénéficier de cet<br />

accompagnement des relais auprès des médecins libéraux installés dans la périphérie de notre centre.<br />

Les difficultés d’orientation se sont révélées prégnantes…<br />

Depuis la mise en place des programmes de substitution en 1993 nous nous sommes toujours quelque<br />

peu heurtés à ce problème. En effet, l’orientation est complexe du fait même du refus d’un certain<br />

nombre de médecins de prendre en charge cette pathologie.<br />

Nous comprenons fort bien et ne contestons nullement le fait que cette « clientèle » requiert parfois une<br />

certaine régulation c’est pourquoi, nous nous attachons :<br />

- à ne pas indiquer trop de patients chez un même médecin,<br />

- à toujours le contacter afin de lui exposer la situation,<br />

- à recevoir son accord préalable à l’orientation,<br />

- à lui garantir le retour du patient dans notre structure en cas de rechute ou de difficultés<br />

particulières,<br />

- enfin, nous prenons régulièrement contact directement avec son cabinet afin de s’assurer que<br />

le suivi ne pose pas de difficulté.<br />

Malgré cela, un certain nombre d’entre eux exprime une réticence à l’arrivée de ces patients dans leur<br />

cabinet…<br />

Les tentatives de constitution d’un réseau se sont à ce jour sur notre secteur géographique révélées<br />

infructueuses en dépit de nos propositions de formation, de rencontres, d’interventions dans le cadre<br />

des EPU, de la formation continue, etc.<br />

Nous constatons malheureusement que les représentations sont tenaces et qu’il est toujours aussi<br />

laborieux d’inscrire nos patients dans un circuit de droit commun.<br />

Pour les médecins qui acceptent de prendre en charge cette population leur cabinet devient rapidement<br />

« engorgé » et à juste titre parfois ils émettent des réserves concernant de nouvelles orientations.<br />

Nous avons orienté cette année en particulier à partir du second semestre un nombre relativement<br />

important, en tous les cas inhabituel, de patients sous TSO vers la médecine générale. Nous avons pris<br />

soin à l’issue de quelques semaines et de manière régulière de contacter les médecins concernés.<br />

Nous n’avons pas constaté suite à d’éventuels problèmes un nombre important de retour au service.<br />

47


En effet, très majoritairement les patients adressés se sont comportés correctement et ont suivi<br />

régulièrement les obligations inhérentes au traitement.<br />

Quelques pharmaciens néanmoins ont pris contact avec l’équipe pour des difficultés rencontrées avec<br />

certains patients. Globalement il s’agit surtout de problèmes liés au non paiement des ordonnances. En<br />

effet, du fait parfois de leur négligence à prendre en charge leurs dossiers administratifs, leur couverture<br />

sociale n’est pas toujours aboutie et de ce fait entraîne des complications quant au règlement des<br />

prescriptions.<br />

1.18 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 18 ans 135 85<br />

18-24 ans 101 55<br />

25-29 ans 25 18<br />

30-34 ans 3 5<br />

35-39 ans 1 1<br />

40-44 ans 0 0<br />

45-49 ans 0 0<br />

50 ans et plus 0 0<br />

Non renseigné 122 112*<br />

* Le taux de « non renseigné» est important 41% de la file active.<br />

Claude LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

A partir des informations enregistrées nous observons que majoritairement (52%) les patients déclarent<br />

avoir débuté leur consommation avant l’âge de 18 ans.<br />

85% des personnes sondées déclarent les premières consommations avant l’âge de : 24 ans.<br />

Le début de la toxicomanie après 30 ans semble relativement rare : 4%.<br />

Cependant, ces indications ne précisent en aucune manière de quel produit il s’agit.<br />

Nous pouvons émettre l’hypothèse que très majoritairement c’est le cannabis qui a d’abord été<br />

consommé. Cela ne signifie pas pour autant que tous les usagers de cannabis deviendront un jour ou<br />

l’autre des consommateurs d’autres produits psycho-actifs et deviendront dépendants.<br />

Ces tendances nous renseignent néanmoins sur l’importance et la pertinence d’engager de façon<br />

précoce des actions d’information et de prévention auprès des jeunes mineurs.<br />

48


1.19 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables *<br />

1er produit le plus 2<br />

dommageable<br />

ième produit le plus 3<br />

dommageable<br />

ième produit le plus<br />

dommageable<br />

Alcool 10 20 15<br />

Tabac 0 0 0<br />

Cannabis 22 59 34<br />

Opiacés 174 29 7<br />

Cocaïne et crack 28 54 36<br />

Amphétamines, ecstasy, … 2 3 11<br />

Médicaments psychotropes détournés 6 11 6<br />

Traitement substitution détourné 22 23 14<br />

Autres 0 0 2<br />

Pas de produits - 9 10<br />

Non renseigné 12 68 141<br />

Total (100% de la file active) 276 276 276<br />

66% de la clientèle du CSAPA de Creil déclare être en difficulté avec une consommation d’opiacés<br />

essentiellement de l’héroïne.<br />

10% disent être concernés en priorité par des difficultés liées à une consommation de cocaïne.<br />

8% évoquent des ennuis consécutifs à l’utilisation détournée de leur usage de traitements de<br />

substitution en priorité la buprénorphine.<br />

8% évoquent comme problème majeur l’usage de cannabis.<br />

4% déclarent une consommation problématique d’alcool qui sous-tend leur demande de prise en<br />

charge.<br />

Pour 2% enfin, il s’agit d’abord d’une dépendance liée au mésusage de médicaments psychotropes.<br />

Une investigation plus fine concernant les usages fait apparaître de façon massive une polyconsommation.<br />

Le cannabis ainsi que l’alcool consommé de manière abusive sont couramment<br />

présents dans l’éventail des produits psycho-actifs consommés.<br />

La cocaïne comme deuxième produit consommé représente 26% de la file active renseignée.<br />

Les traitements de substitution utilisés de façon détournée représentent 11% de la file active<br />

renseignée. Nous rencontrons parfois des usagers qui n’ont jamais consommé d’héroïne et qui ont<br />

cependant de réelles difficultés avec les opiacés. Ils déclarent utiliser la buprénorphine, obtenue au<br />

« marché noir », pour gérer les « descentes » de psychostimulants.<br />

1.20 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1 (hors tabac) *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

En usage à risque 28 21<br />

En usage nocif 38 17<br />

En dépendance 264 212<br />

Non renseigné 57 26<br />

Lors de l’évaluation du risque d’usage nous notons que 85% des usagers du service présentent une<br />

dépendance qui justifie pleinement leur démarche vers le centre de soins spécialisés.<br />

49


1.21 Voie intraveineuse *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent 49 44<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement (auparavant au dernier mois) 101 69<br />

N’ayant jamais utilisé la voie intraveineuse antérieurement 222 148<br />

Non renseigné 15 15<br />

* Mois précédent le contact pour les patients inconnus.<br />

Dernière situation connue pour les patients déjà suivis.<br />

43% des patients déclarent avoir utilisé l’injection intraveineuse dont 39% au cours du mois précédent<br />

leur arrivée au service. Ces pourcentages sont en hausse comparativement à l’année dernière<br />

notamment concernant l’utilisation de la seringue au cours du mois précédent (33% en 2009).<br />

1.22 Modalité de consommation<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Injecté 71 51<br />

Sniffé 176 129<br />

Mangé/Bu 31 35<br />

Fumé 64 31<br />

Non renseigné 45 30<br />

52% des patients annoncent le recours à la paille. Nous constatons une progression régulière de cette<br />

modalité de consommation.<br />

1.23 Justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes suivies sous main de justice * 171 117 194<br />

- dont obligation de soin 17 19 13<br />

- dont contrôle judiciaire 30 34 20<br />

- dont injonction thérapeutique 13 21 20<br />

- dont travail d’intérêt général - 1 3<br />

- dont bracelet électronique 5 4 7<br />

- dont autres (précisez) 2 2 0<br />

- dont sursis mise à l’épreuve - 31 23<br />

- dont liberté conditionnelle - 5 3<br />

- Nombre de personnes suives en incarcération 104 88 105<br />

- Sans objet 211 166 169<br />

* Une même personne peut être contrainte à plusieurs mesures judiciaires.<br />

54% des personnes rencontrées sont lors du premier contact en incarcération.<br />

12% bénéficient d’un Sursis Mise à l’Epreuve.<br />

10% se présentent au service sous Injonction Thérapeutique.<br />

10% sont sous Contrôle Judiciaire.<br />

50


7% sont sous Obligation de Soins.<br />

4% ont un bracelet électronique.<br />

1,5% ont un Travail d’Intérêt Général à effectuer.<br />

1,5% sont en Liberté Conditionnelle.<br />

61% des personnes accueillies n’ont pas de contrainte judiciaire au moment de leur premier accueil au<br />

centre de soins.<br />

1.24 Les orientations réalisées par le service<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Vers une postcure 0 1 1<br />

Vers une communauté thérapeutique 0 1 2<br />

Vers une hospitalisation spécialisée (hôpital psychiatrique) 0 1 0<br />

Vers une hospitalisation en hôpital général 0 0 0<br />

Vers un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) 0 0 0<br />

Vers autres (ATR, familles d’accueil, etc.) 7 3 0<br />

La lecture de ce tableau nous indique un très faible nombre de patients pour lesquels une orientation en<br />

structure résidentielle a été réalisée. Ne sont pas prises en compte les nombreuses démarches<br />

enclenchées qui n’ont pas, du fait d’événements inattendus (rupture du suivi, incarcération,<br />

hospitalisation, etc.) ou du souhait du patient à envisager d’autres éventualités, abouti.<br />

Nous devons cependant constater particulièrement, pour l’orientation des patients vers les postcures,<br />

des exigences et un niveau d’admission souvent incompatibles avec l’actualité des usagers accueillis<br />

au service.<br />

1.25 Réduction des risques au centre de soins<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de kits distribués (pris ou remis) 2057 2244 2070<br />

Nombre de stérifilts distribués (pris ou remis) 1506 1205 821<br />

Nombre de préservatifs distribués (pris ou remis) 645 1530 1968<br />

Nombre de plaquettes d’information distribuées * nr nr 67<br />

Nombre de seringues usagées récupérées 220 6553 3600<br />

* Il s’agit des livrets d’accueil remis systématiquement aux nouveaux arrivants.<br />

Tous les items concernant la réduction des risques sont cette année en baisse excepté la distribution<br />

de préservatifs qui enregistre une progression d’environ : 29%.<br />

En effet, nous observons une diminution de la distribution de matériel stérile d’injection (environ 8%)<br />

ainsi que du nombre de stérifilts distribués (32%).<br />

La récupération de seringues usagées enregistre également une très nette chute d’environ : 51%.<br />

1.26 Activités de groupe thérapeutiques*<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de groupes 8 9<br />

Nombre de réunions 4 6<br />

Nombre de patients concernés 32 45<br />

* Sont considérés comme activité de groupe thérapeutique toutes les activités associant plusieurs patients avec au minimum<br />

un soignant.<br />

51


Les activités proposées au centre de soins sont liées aux expositions que nous organisons tout au long<br />

de l’année. Les artistes qui nous font le plaisir de nous prêter gracieusement et pendant quelques<br />

semaines leurs œuvres offrent également de leur temps (sur deux ou trois séances) pour initier les<br />

usagers qui le souhaitent à leur technique (peinture, photos, calligraphies, etc.).<br />

1.27 De l’importance de l’accueil informel au CSAPA de Creil<br />

Chaque année, à cette époque de l’élaboration du rapport d’activité nous analysons les<br />

données chiffrées et commentons qualitativement les faits marquants du travail accompli. Jusqu’à ce<br />

jour, nous n’avons pas eu l’occasion d’évoquer l’importance que revêt souvent le premier contact avec<br />

l’usager d’autant que cette mise en relation est fréquemment fondatrice pour la suite de la prise en<br />

charge. En effet, de cette « accroche » initiale résultera pour lui l’envie de revenir, de se poser,<br />

d’échanger …et le cas échéant le désir d’enclencher une démarche de soin.<br />

Nous ne comptabilisons pas ces contacts « non-programmés », comme des « actes d’accueil ». Ils sont<br />

pourtant très nombreux et débouchent couramment vers une demande de rencontre plus formalisée.<br />

Un premier entretien éducatif ou psychologique, un acte infirmier ou médical est repérable, manifeste,<br />

une conversation autour d’une tasse de café l’est beaucoup moins. Pourtant, ces moments informels<br />

sont déjà des espaces de travail, de construction et de mise en perspective qui demandent à l’équipe<br />

de l’attention, de la vigilance.<br />

Ce qui se joue dans le temps du premier accueil est essentiel et l’équipe déploie une énergie infinie<br />

pour rendre cette rencontre inaugurale, attractive et dynamique.<br />

La particularité du public accueilli au service lors de la première entrevue consiste à « déverser » une<br />

foultitude de difficultés toutes prioritaires et toutes urgentes à régler : une demande de traitement cache<br />

parfois une réalité plus complexe qu’il incombe aux professionnels présents de déceler pour « démêler<br />

l’écheveau » (problèmes familiaux et/ou administratifs, de surendettement, de justice, de santé, etc.).<br />

Ces difficultés sont toujours vivement exprimées par une demande de solution immédiate…<br />

Afin de mieux cerner ce qui se passe lors de ces premiers contacts nous proposons de décliner d’une<br />

part, la démarche du professionnel en charge et d’autre part, de repérer les difficultés évoquées par ces<br />

usagers.<br />

Nous constatons que si la prescription d’un traitement de substitution est la principale demande, au<br />

moins 30% des personnes nouvellement accueillies ont par la suite du fait de leurs nombreux<br />

problèmes, un investissement relationnel avec l’ensemble des membres de l’équipe, toutes fonctions<br />

confondues. Cette forme d’accompagnement pluridisciplinaire autour d’une même situation n’apparaît<br />

pas dans les statistiques.<br />

L’investigation du professionnel<br />

La présentation, le contexte dans lequel arrivent les personnes requiert de la part de l’accueillant une<br />

adaptation rapide ainsi qu’une compréhension immédiate et synthétique de la situation, il faut :<br />

- Répertorier la ou les demandes de chacun des usagers qui franchissent la porte du centre.<br />

- Mettre en relation les difficultés évoquées et/ou repérées (multiples problèmes sociaux, notamment<br />

liés à la couverture médicale) avec le suivi du traitement<br />

- Coordonner en interne la mise en relation avec les différentes fonctions (médicale, psychologique,<br />

éducative, sociale).<br />

52


Les demandes et /ou difficultés énoncées par l’usager<br />

Il nous a semblé judicieux de lister de manière non exhaustive le type de demandes adressées aux<br />

professionnels du service par les nouveaux arrivants :<br />

- Errance ou épuisement psychique,<br />

- Démarches telles que CV, recherches d’emploi,<br />

- Actualisation Pôle Emploi, échanges avec la tutelle, régler des dettes,<br />

- Problèmes avec la justice,<br />

- Gardes à vue,<br />

- Sortants de prison,<br />

- Accompagnements extérieurs,<br />

- Liens famille / parents,<br />

- Réduction des risques,<br />

- Orientations et suivis socio-éducatifs<br />

- Liens avec l’hôpital de Creil ou le CASA (sevrages alcool ou régulation des traitements<br />

médicamenteux),<br />

- Liens avec les Centres Médicaux Psychologiques (Creil ou Chantilly),<br />

- RDV médicaux,<br />

- RDV assistante sociale,<br />

- Orientations post-cures, communautés thérapeutiques ou appartements thérapeutiques,<br />

- Sortie de programme méthadone,<br />

- Relais de traitement pour les personnes dont l’initialisation est d’un autre centre,<br />

- Liens avec médecins généralistes / pharmaciens,<br />

- Problèmes de santé inhérents ou non au traitement,<br />

…. /….<br />

Place de l’accueillant<br />

Chacun des intervenants quelle que soit sa fonction, peut se retrouver, à un moment, à occuper la place<br />

de l’accueillant pour en compagnie des usagers :<br />

- boire un café<br />

- lire le journal<br />

- s’asseoir autour de la table<br />

- fumer une cigarette sur le pas de la porte<br />

- …<br />

Tous ces moments sont des occasions de rencontres propices à des conversations.<br />

Les liens qui se créent de manière spontanée aident à nouer des échanges simples, de l’ordre du<br />

quotidien ; on évoque aussi bien le film vu la veille (sujet apparemment anodin) que des bribes de<br />

situations vécues autour des difficultés à gérer le traitement, à résister aux tentations de consommer, à<br />

éviter la rencontre avec telle ou telle personne. Le simple fait de l’évoquer permet parfois à l’intéressé<br />

de maintenir une distance et de chercher un réconfort en s’autorisant à en parler.<br />

Des liens se nouent aussi entre les usagers et nécessitent une vigilance permanente de la part des<br />

professionnels. Il ne faut en effet pas se leurrer sur l’aspect purement convivial des rencontres entre les<br />

usagers (échanges de n° de téléphone, attentes au coin de la rue, éventuellement troc de produits ou<br />

autres).<br />

Les espaces<br />

Les différents espaces qu’offre le lieu d’accueil permettent aux gens de se poser.<br />

Chaque endroit a une signification particulière et la manière dont il est géré aussi.<br />

53


Nous nous rendons compte à quel point ces lieux ont une signification pour ceux qui y passent un<br />

moment particulièrement, quand nous devons en interdire l’accès (problème de personnels, de<br />

comportement, de « plans » …). Il nous arrive de nous faire « oublier » en restant en retrait, à l’écoute…<br />

Cette simple présence participe à la gestion de l’accueil.<br />

Les endroits caractéristiques du service sont les suivants :<br />

- l’infirmerie.<br />

- le bureau des infirmières où l’on délivre quotidiennement les traitements méthadone.<br />

- le bureau des éducateurs.<br />

- le bureau du médecin.<br />

- la salle de réunion de l’équipe.<br />

- Deux lieux plus « confidentiels » dont l’un est utilisé de façon formelle pour rencontrer les<br />

« premiers accueils », l’entourage des patients, organiser les contrats/les bilans et l’autre, le<br />

coin « canapés » situé au fond de la grande salle d’accueil, mis à disposition des usagers de la<br />

structure.<br />

Nous repérons également d’autres espaces plus informels, de passage et investis par les usagers :<br />

- la porte d’entrée.<br />

- le coin petite table et les fauteuils du sas d’entrée.<br />

- le comptoir où se trouve la cafetière.<br />

- la grande table et les chaises de la salle d’accueil.<br />

- le trottoir où l’on fume et l’on « cause ».<br />

Les usagers localisent rapidement les lieux et différencient très vite les espaces informels des espaces<br />

plus spécifiques. Pour illustrer ce propos nous proposons d’évoquer la situation de D :<br />

« D. vient tout au long de l’année, souvent sans prétexte, parfois aussi pour éviter de « sauter » dans un<br />

train et aller chercher du « crack » sur Paris (la gare SNCF est toute proche). Il sonne à la porte, entre<br />

avec un bonjour entre les dents, capuche sur la tête et « fonce » se servir un café à la salle d’accueil.<br />

La cafetière est vide, il va dans la salle de soins (interdite hors présence d’une infirmière) la remplir<br />

d’eau, utilise filtre, café. Il n’attend pas que le café soit prêt pour se servir une tasse ; il en renverse une<br />

partie sur la table et repart vers la sortie pour fumer une cigarette…En l’espace de quelques minutes, D.<br />

a utilisé les endroits dits « informels » et transgressé l’accès interdit à la « salle de soins ».<br />

Pour des raisons à la fois de comportement et de suivi irrégulier de son traitement, nous avons dû<br />

cadrer ses venues et autoriser sa présence au service seulement dans le cas de rendez-vous<br />

spécifiques en l’occurrence, avec la psychologue.<br />

Que faire lorsqu’il se présente à 9h00 pour son RV de 11h00 ? Parfois lui demander de revenir plus tard<br />

(il n’est pas vraiment toujours réceptif !), accepter qu’il reste et le cantonner dans le sas d’entrée ? D. se<br />

plaint alors d ‘un « bobo quelque part », ou souhaite un RV médical, un renseignement téléphonique…<br />

C’est parfois parmi tous ces prétextes que nos actions thérapeutiques, éducatives, trouvent leur sens ».<br />

Autre exemple : les personnes qui arrivent tôt le matin, reçoivent leur traitement et, en attendant<br />

l’éducateur ou le médecin, patientent dans le SAS d’entrée. L’infirmière présente à ce moment-là,<br />

investit beaucoup ce temps d’accueil, court mais intense quelque fois. En effet, il faut à la fois garder un<br />

œil sur la personne qui règle un problème par téléphone, répondre à celle qui sonne à l’entrée tout en<br />

étant soi-même en conversation téléphonique. Cette polyvalence nécessite une vigilance de tous les<br />

instants, une disponibilité et du recul face à la multiplicité de demandes toutes aussi importantes les<br />

unes que les autres.<br />

54


Ces quelques réflexions montrent d’une part, que l’origine psycho-éducative de la prise en charge des<br />

toxicomanes est toujours essentielle dans le parcours d’une personne suivie dans un centre de soins<br />

comme le nôtre et d’autre part, nous amènent à réfléchir sur notre façon « d’acter » nos interventions<br />

éducatives de manière plus précise.<br />

Les effets liés au départ du médecin<br />

Chronique d’un départ annoncé<br />

Le docteur Sylvie SUQUET, médecin au centre d’accueil, détachée de l’hôpital de Creil, a dû pour des<br />

raisons personnelles quitter ses fonctions après huit ans de « bons et loyaux services ». L’ensemble de<br />

l’équipe regrette ce départ car la notion d’équipe pluridisciplinaire ne se décrète pas mais se construit<br />

au détour du travail réalisé en commun.<br />

Ce départ, programmé pour fin août, nous a laissé deux mois ainsi qu’aux patients, pour organiser la<br />

poursuite des soins médicaux.<br />

Durant la période d’été, il nous a donc fallu gérer les effets de ce départ : sentiments d’abandon, crises<br />

d’angoisse voire de panique.<br />

Pour illustrer ce propos, nous évoquerons le cas d’un patient stabilisé depuis plusieurs mois, ayant<br />

retrouvé un travail et pour lequel nous avons préconisé une orientation en médecine de ville ; il s’est<br />

brutalement remis à consommer de l’héroïne, nous signifiant la nécessité de conserver ce lien avec le<br />

centre et son équipe.<br />

Projet d’accueil « bas-seuil »<br />

Le départ du médecin, à ce jour non remplacé, nous a obligés à différer notre projet d’accueil « basseuil<br />

». Le médecin est le pivot incontournable de ce type de prise en charge.<br />

Ce projet avait été évoqué dans le rapport d’activité 2009. Pour citer une de nos collègues belges,<br />

définissant la notion de bas seuil ; il s’agit « d’abaisser le seuil pour le rendre franchissable ».<br />

Ce premier pas franchi, il nous incombe de garantir et d’organiser un espace qu’ils pourront habiter,<br />

investir. Quel que soit le seuil d’accès, il nous paraît essentiel de créer un lieu d’hospitalité, d’ouverture<br />

bienveillante.<br />

Les personnes arrivent dans le service à un moment de crise. Il nous importe de saisir ce 1 er constat en<br />

nous rendant disponibles, quelle que soit la fonction.<br />

Il ne s’agit pas de travailler dans l’urgence mais de se garder d’ériger un cordon sanitaire, en renvoyant<br />

le consultant à un rendez-vous lointain.<br />

Face à ces états de crise, nous nous efforçons d’établir un début de dialogue, d’apaiser le consultant<br />

et/ou son entourage, en ouvrant des perspectives de soins dans un délai raisonnable.<br />

2 SYNTHESE DE L’ACTIVITE MEDICALE A L’HÔPITAL LAENNEC DE CREIL<br />

L’équipe du CSAPA de Creil.<br />

Le présent document concerne l'activité médicale réalisée lors du deuxième trimestre <strong>2010</strong> soit<br />

du 1er avril au 30 juin. Un précédent bilan effectué fin mars <strong>2010</strong> se rapportant au premier trimestre a<br />

déjà été effectué. Ces travaux sont donc complémentaires.<br />

Le nombre de prises en charge a connu une augmentation de 38% par rapport au premier trimestre<br />

<strong>2010</strong>.<br />

55


La file active globale (FA) se compose de 26 personnes correspondant à 25 patients (FAP) suivis et une<br />

personne de l'entourage. Parmi les premiers, 8 sont nouveaux (7 hommes et 1 femme) soit 32% de la<br />

FAP.<br />

La répartition selon le sexe montre toujours une majorité d'hommes : 23 (92% FAP) pour 2 femmes (8%<br />

FAP).<br />

La tranche d'âges des 30-49 ans est toujours la plus représentée avec 19 patients (76% FAP),<br />

cependant, une légère majorité pour les 40-49 ans qui est composée de 11 patients.<br />

La prise en charge d'un jeune de 16 ans (4% FAP) est à prendre particulièrement en considération. En<br />

effet, dans ce cas, la problématique de la poly-addiction (alcool-cannabis) s'est révélée être accentuée<br />

et entretenue par l'effet de groupe, en dehors du contexte familial. Les 18-29 ans avec 5 patients<br />

représentent 20% de la FAP.<br />

L'origine de l'orientation de ces patients reste principalement le CSAPA du <strong>SATO</strong> de Creil.<br />

18 patients (72% FAP) ont ainsi bénéficié de l'avantage des deux lieux de consultation, leur prise en<br />

charge a ainsi pu ne pas subir de retard. Deux patients ont été dirigés par le CCAA (8% FAP) de même<br />

en ce qui concerne la justice (8% FAP).<br />

Trois autres modes d'orientation sont renseignés pour 4% chacun. A savoir, une personne venue à sa<br />

demande, une durant son séjour au SAU de l'hôpital et enfin une personne à la demande de l'IDE de<br />

son lycée.<br />

Les motifs de consultation sont représentés par :<br />

- 14 demandes de mise ou suivi de TSO soit 56% des prises en charge.<br />

- 6 demandes de sevrage soit 24% FAP.<br />

- 4 présentaient une affection somatique (16% FAP).<br />

- 1 a fait une intoxication aigüe (4% FAP).<br />

Le nombre d'actes effectués est de 39, soit un nombre à peu près identique à celui du premier trimestre.<br />

Ils sont constitués de 29 en consultations externes (74,4%) et de 10 en milieu hospitalier (25,6%) dont 1<br />

au SAU, 9 dans les services hospitaliers (dont 3 en gastroentérologie).<br />

La répartition selon les produits consommés, concernant la principale prise de risque, est :<br />

- opiacés (héroïne) pour 15 patients (60% FAP).<br />

- alcool pour 5 d'entre eux (20% FAP).<br />

- cannabis pour 2 patients (8% FAP).<br />

- cocaïne: 1 patient (4% FAP); le même pourcentage est retrouvé pour ce qui concerne la prise<br />

de médicaments et la buprénorphine détournés de leur usage. (4% chacun).<br />

La poly-consommation est toujours d'actualité avec une moyenne de 2,4 produits par patients. Il y a<br />

une nette prédominance du tabac retrouvé dans l'anamnèse de 21 patients soit 84% d'entre eux, puis<br />

viennent les opiacés et le cannabis au même niveau soit 11 patients pour chacun (44%), l'alcool qui<br />

concerne 9 patients (36%) suit de près. La cocaïne est présente pour 2 patients (8%) dont un pour qui<br />

elle est le principal toxique (cf. alinéa précédent). Cette proportion relativement faible semble en<br />

contradiction avec d'autres études qui font état d'une utilisation plus importante. Il faut tenir compte du<br />

fait que les chiffres annoncés dans le présent bilan sont issus d'un panel de patients peu important sur<br />

le plan quantitatif. La même restriction analytique doit être en faite dans l'interprétation de la présence<br />

d'un seul patient ayant consulté pour mésusage du traitement par buprénorphine.<br />

56


Les modalités thérapeutiques comportent :<br />

- les traitements de substitution aux opiacés par voie orale pour 13 patients (52% FAP), utilisant :<br />

la méthadone prescrite en traitement de suivi pour 8 patients (32% FAP) ;<br />

la buprénorphine pour 5 patients (20% FAP) dont 3 (12% FAP) en suivi de traitement et<br />

2 initialisations de traitement (8% FAP).<br />

les sevrages, au nombre de six (24%), se divisent en deux catégories:<br />

- ceux organisés et suivis en ambulatoire pour 5 patients (20% FAP). Ils ont concernés<br />

le cannabis (N2), les opiacés (N1), l'alcool (N1) et la cocaïne (N1).<br />

- ceux organisés et suivis en hospitalisation pour un patient (4% FAP) et concernaient<br />

l'alcool.<br />

- autres : la prise en charge pour 6 patients (24% FAP) comportait des traitements<br />

annexes. Parmi ceux-ci, 2 patients (8% FAP) ont été vus dans le cadre de la<br />

préparation au protocole d'initialisation au traitement par la méthadone concrétisé dès<br />

le lundi suivant au <strong>SATO</strong> de Creil.<br />

A noter que l'activité médicale du Dr Suquet ayant pris fin en août <strong>2010</strong> après 3 semaines de congé<br />

suivies d'une période de travail très « calme » au sein de l'hôpital, aucun autre acte (à l'hôpital) n'est à<br />

enregistrer après le 30 juin <strong>2010</strong>.<br />

Au total : la file active des patients suivis à l'hôpital reste à peu près constante d'une année à l'autre (en<br />

tenant compte du fait que le poste médical est resté vacant après août <strong>2010</strong>). Il faut également<br />

considérer que le rapprochement des hôpitaux de Creil et de Senlis entraîne la répartition des missions<br />

entre les deux établissements. L'addictologie concernant les produits psycho-actifs illégaux, dont les<br />

sevrages, serait plus particulièrement prise en charge à Senlis dans l'avenir. Un autre facteur pouvant<br />

rendre compte du fait que le nombre de patients vus n'évolue que très peu est la difficulté d'obtenir la<br />

collaboration de certains services hospitaliers. Enfin, des primo prescriptions de traitements de<br />

substitution dont la méthadone ont été faites au SAU. Ce qui, d'une part, est fondamentalement hors<br />

protocole et d'autre part, implique que ces patients n'ont pas un suivi assurant leur sécurité. Aucun n'a<br />

été dirigé sur la consultation d'addictologie.<br />

La collaboration avec le <strong>SATO</strong>, par contre, reste par très efficace permettant d'assurer, outre la<br />

continuité de la prise en charge médicale, l'accompagnement psycho-social qui est un des éléments<br />

fondamentaux de l'évolution des patients addicts.<br />

Lors de l'hospitalisation des patients dépendants, l'accent sur le dépistage était important. Les mesures<br />

prises, entre autres, concernaient les bilans sanguins qui incluaient systématiquement la détermination<br />

des sérologies concernant le HIV, l'HVB et l'HVC. Il s'agit d'une population particulièrement à risque.<br />

Pour l'hépatite C, plusieurs réunions de service ont été organisées par le Docteur CADRANEL, chef du<br />

service d'hépato gastroentérologie, afin d'en préciser les modalités de prise en charge, les protocoles<br />

instaurés et le suivi. A noter que ces déterminations étaient également réalisées pour tous les patients<br />

du <strong>SATO</strong>. Lorsque l'un d'entre eux s'avérait porteur d'une HVC, il était systématiquement dirigé vers la<br />

consultation du Docteur CADRANEL à l'hôpital.<br />

3 L’ACTIVITE AU CENTRE PENITENTIAIRE DE LIANCOURT<br />

Dr Sylvie SUQUET.<br />

La présence régulière du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> au Centre Pénitentiaire de Liancourt a débuté en<br />

décembre 2004. Ce travail occupe un 0,5 ETP d’éducateur spécialisé attaché au CSAPA de Creil.<br />

57


Nous rappelons que les structures de soins avec hébergement du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> (la Communauté de<br />

Flambermont et les Appartements Thérapeutiques Relais de Compiègne) ont conventionné de longue<br />

date avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Prévention de l’Oise pour accueillir des personnes<br />

en placements extérieurs.<br />

A l’origine, le centre pénitentiaire de Liancourt comprend 852 places qui se répartissent ainsi :<br />

- 384 places au centre de détention,<br />

- 202 places au « vieux » centre de détention,<br />

- 246 places en maison d’arrêt,<br />

- 20 places au quartier pour mineurs.<br />

-<br />

A ce jour, 478 personnes, prévenues ou condamnées, ont été rencontrées en entretien individuel.<br />

Concernant l’accompagnement des usagers de drogue incarcérés les plans MILDT 2004-2008 et 2008-<br />

2011 indiquent la nécessité d’améliorer la prise en charge et :<br />

- de renforcer le partenariat entre les établissements pénitentiaires et les services spécialisés,<br />

- de mettre en oeuvre une stratégie d’actions coordonnées de prévention et de prise en charge des<br />

addictions en prison,<br />

- de mettre en place des mesures de réduction des risques préconisées à la suite du rapport<br />

« réduction des risques en milieu carcéral »,<br />

- d’évaluer l’offre de dépistage et de soin concernant le VIH et le VHC et les traitements de<br />

substitution aux opiacés en milieu pénitentiaire.<br />

3.1 Tableau récapitulatif des files actives depuis 2005<br />

2005 2006 2007 2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Files actives 90 105 114 104 88 105<br />

3.2 Analyse clinique de l’activité <strong>2010</strong><br />

3.2.1 Données chiffrées<br />

Personnes rencontrées Lieux incarcération Origine géographique Personnes nouvelles<br />

Janvier 18 MA =9/CD = 9 Oise = 10 07<br />

Février 09 MA = 3/CD = 6 Oise = 05 06<br />

Mars 05 MA = 05 Oise = 03 04<br />

Avril 07 MA = 4/CD = 03 Oise = 03 04<br />

Mai 08 MA = 04/CD = 04 Oise = 05 06<br />

Juin 12 MA = 05/CD = 07 Oise = 04 09<br />

Juillet 05 MA = 04/QM= 01 Oise = 04 03<br />

Août 06 MA = 06 Oise = 04 05<br />

Septembre 11 MA = 08/CD = 03 0ise = 08 10<br />

Octobre 07 MA = 05/CD = 02 Oise = 05 06<br />

Novembre 09 MA = 06/CD = 03 Oise = 07 06<br />

Décembre 08 MA = 06/CD = 02 Oise = 05 07<br />

TOTAL 105 MA= 65 / CD= 39 / QM = 1 Oise = 63 73<br />

MA = Maison d’arrêt<br />

CD = Centre de détention<br />

QM= Quartier Mineurs<br />

58


3.2.2 Lecture et commentaires<br />

Nous enregistrons un taux d’évolution de la file active de 19% et une progression du nombre d’actes<br />

de : 33% (234 actes en 2009/312 actes en <strong>2010</strong>) qui s’explique également par une répartition plus<br />

efficace du temps de travail de l’éducateur en charge.<br />

Le taux de renouvellement de la file active est de 70%.<br />

60% des détenus rencontrés sont originaires du département de l’Oise dont 18% (19) de<br />

l’agglomération creilloise.<br />

62% (65) des détenus ont été rencontrés en maison d’arrêt,<br />

37% (39) en centres de détention,<br />

1% (1) en quartier mineurs.<br />

Les produits consommés<br />

49% (52) sont consommateurs d’opiacés,<br />

22% (23) sont des consommateurs de cocaïne dont 13% (3) de crack et/ou de cocaïne basée.<br />

24% (25) sont usagers réguliers de cannabis.<br />

5% (5) sont alcoolo-dépendants.<br />

Ces pourcentages sont proches des années précédentes cependant, nous notons que dans le cadre<br />

d’une poly-consommation la cocaïne comme deuxième produit représente un pourcentage important<br />

de : 44% (46) ainsi que l’alcool de : 29% (30).<br />

Les traitements de substitution<br />

56% (59) de la file active est sous TSO.<br />

Dans le détail :<br />

- 36% (38) sous substitution méthadone,<br />

- 20% (21) sous buprénorphine.<br />

Nous pensons que la méthadone comme option thérapeutique doit être favorisée. En effet, cette<br />

alternative offre une qualité de prise en charge durant l’incarcération étayée par la collaboration des<br />

différents intervenants et facilite par ailleurs, après la libération, l’orientation vers les CSAPA.<br />

Par ailleurs, contrairement au subutex nous observons un très faible mésusage de la méthadone.<br />

Etat de santé<br />

La totalité des détenus bénéficie du régime général de la sécurité sociale dans le cadre des « assurés<br />

non cotisants ».<br />

Nous précisons que les données qui vont suivre ont été recueillies sur du déclaratif.<br />

Le taux de renseignement est égal à 100%.<br />

Tests VIH effectués = 97% (102)<br />

Tests non effectués = 3% (3).<br />

HIV positif = 1% (1).<br />

En attente de résultats = 2% (2)<br />

Tests VHC effectués = 97% (102)<br />

Tests non effectués = 3% (3)<br />

59


VHC positifs = 9,5% (10)<br />

VHC négatif = 84% (88)<br />

Ne sait pas = 4% (4)<br />

Nous remarquons par rapport à 2009 une baisse de 8,5% de personnes présentant un VHC positif. En<br />

comparant les estimations nationales et les pourcentages relevés dans nos structures de soins, nous<br />

constatons (sans en tirer de conclusion) un taux plus faible de personnes VHC positif.<br />

Nous observons une baisse significative du nombre d’injecteurs. Ils représentent cette année 23% de la<br />

file active contre 31% en 2009.<br />

Comorbidités psychiatriques<br />

27% (28) des personnes composant la file active présentent des comorbidités psychiatriques dont 43%<br />

(12) des pathologies avérées.<br />

30,5% (32) ont des suivis en cours auprès des professionnels de la Fédération de soins.<br />

L’origine des ressources<br />

37% (39) travaillent en prison et perçoivent un salaire.<br />

4% (4) sont allocataires de l’AAH (partiellement).<br />

6% (6) n’ont aucune ressource.<br />

53% ont des ressources provenant d’un tiers (familles, conjoints, amis, etc.).<br />

Les principaux objectifs de la prise en charge menés en coopération avec tous les intervenants se<br />

déclinent de la manière suivante :<br />

- préconiser le maintien des traitements TSO et, le cas échéant, son adaptation durant le temps de<br />

l’incarcération,<br />

- à la libération, privilégier des réorientations vers des services spécialisés (CSAPA ambulatoires,<br />

Elsa, etc.) en vue de la continuité des soins,<br />

- dans le cadre de l’aménagement de peine « Placements extérieurs » accompagner et soutenir les<br />

démarches vers des structures de soins spécialisés, notamment Appartements Thérapeutiques<br />

Relais et Communautés Thérapeutiques.<br />

Nous noterons qu’au regard des procédures d’admission des postcures, inadéquates par rapport aux<br />

possibilités du milieu carcéral nous n’avons à ce jour jamais pu concrétiser une seule demande. Ce<br />

phénomène semble s’amplifier du fait des nouvelles mesures d’aménagement de peine, notamment les<br />

mesures probatoires.<br />

Pour l’année <strong>2010</strong>, 2 placements extérieurs (vers les structures résidentielles du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>) se<br />

sont concrétisés :<br />

- 1 en Appartements Thérapeutiques Relais (Compiègne).<br />

- 1 en Communauté Thérapeutique (Flambermont).<br />

Ce peu d’indications réalisées s’explique en partie par la somme de travail nécessaire en amont à<br />

l’orientation, l’implication ainsi que la ténacité de la personne concernée à poursuivre ses démarches<br />

malgré les nombreuses difficultés rencontrées.<br />

60


3.2.3 Conclusion. Perspectives<br />

Nous constatons une forte prévalence des conduites addictives à l’entrée en incarcération. De<br />

ce fait, cet espace concentre un maximum de difficultés et de pratiques à risques aujourd’hui identifiées.<br />

Le rapport INSERM du 24 juin <strong>2010</strong> conclut que « la prison est un lieu à haut risque infectieux ». Les<br />

détenus sont exposés au risque de contamination par le VIH et le virus d’hépatites. Aujourd’hui des<br />

tests de dépistage HIV, hépatite C sont systématiquement proposés aux nouveaux entrants mais ne<br />

sont pas réitérés (sauf à la demande) durant toute la période d’emprisonnement. Nous n’avons donc<br />

pas d’informations réellement objectives pour évaluer le cas échéant la contamination pendant le temps<br />

de l’incarcération.<br />

Si nous observons une très nette amélioration de la continuité des soins après la libération pour le<br />

moment il n’existe pas réellement durant la période d’emprisonnement de dispositif de réduction des<br />

risques superposable au « milieu libre » si ce n’est les Traitements de Substitution aux Opiacés qui se<br />

sont ces dernières années considérablement développés et qui jouent en effet pour les consommateurs<br />

d’héroïne détenus un rôle majeur.<br />

Nous remarquons la généralisation des actions d’information et de prévention mais constatons en<br />

revanche que l’accès aux préservatifs, mieux adapté, reste toutefois toujours relativement limité. Par<br />

ailleurs, à l’instar d’un certain nombre de pays étrangers (la Suisse par exemple) nous relevons<br />

l’inexistence d’une mise à disposition contrôlée de matériel stérile.<br />

Bien que la consommation de drogue en prison soit avérée et aujourd’hui largement reconnue nous ne<br />

disposons pas actuellement d’éléments de connaissance suffisants sur la disponibilité des produits et<br />

les pratiques des toxicomanes détenus. Une étude (certes complexe !) de ce phénomène favoriserait<br />

une approche pragmatique des problèmes et faciliterait très certainement la mise en œuvre d’un<br />

dispositif répondant, au plus prés, aux besoins des usagers de drogue incarcérés.<br />

Enfin, une augmentation du temps de présence, réparti le cas échéant sur deux professionnels du<br />

<strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> permettrait d’accompagner davantage de détenus concernés par les addictions,<br />

d’investir de façon plus régulière et plus impliquée le champ de la réduction des risques et de<br />

développer la collaboration de travail avec les équipes de l’Unité de Consultation et de Soins<br />

Ambulatoires, de la Fédération de Soins, du service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, de la<br />

Protection Judiciaire de la Jeunesse, du personnel pénitentiaire et des professionnels d’autres<br />

associations qui interviennent en milieu carcéral.<br />

Patrick TAQUET<br />

Educateur spécialisé<br />

61


AVANT-PROPOS<br />

INTRODUCTION<br />

LE PÔLE PREVENTION<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE DU TAMARIN<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Taux de renouvellement des files actives<br />

1.3 Les actes honorés<br />

2 DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE JEUNES RECUS EN ENTRETIEN INDIVIDUEL.<br />

LECTURE ET COMMENTAIRES<br />

2.1 Répartition par sexe<br />

2.2 Tranches d’âge<br />

2.3 Moyenne d’âge<br />

2.4 Origine géographique<br />

2.5 Logement<br />

2.6 Situation professionnelle<br />

2.7 Origine de la demande<br />

2.8 Les actes<br />

2.9 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

2.10 Les suivis sous main de justice<br />

2.11Les usagers de cannabis<br />

3 DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE PARENTS RECUS EN ENTRETIEN. LECTURE ET<br />

COMMENTAIRES<br />

3.1 Origine de la demande<br />

3.2 Nature de la demande<br />

3.3 Lien de parenté<br />

3.4 Origine géographique<br />

3.5 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

4 PRISE EN CHARGE GROUPALE DES USAGERS DE CANNABIS<br />

4.1 Tableau comparatif<br />

4.2 Les stages de sensibilisation<br />

4.2.1 Tableau comparatif 2009-<strong>2010</strong><br />

4.2.2 « La participation du Tamarin aux stages »Texte P.HACHET (psychologue)<br />

5 LES ACTIONS DE PREVENTION<br />

6 PERSPECTIVES<br />

7 REFLEXIONS CLINIQUES<br />

7.1 Ces ados qui se « ratatinent »<br />

(Pascal HACHET, psychologue)<br />

7.2 Les publications<br />

62


AVANT-PROPOS<br />

Comme nous le rappelions dans chacun de nos rapports d’activité pour des raisons budgétaires<br />

l’existence même des Points Ecoute Jeunes et Parents du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> a été ces dernières années<br />

mise en péril. Cette situation a été source d’inconfort et d’insécurité permanente pour les équipes en<br />

charge de cette activité.<br />

La mise en place des Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie et<br />

l’intégration en leur sein des missions de prévention a représenté pour ces équipes le dernier espoir,<br />

fragile, de tenter de maintenir le travail accompli depuis 1996 au Tamarin à Creil et depuis décembre<br />

2000 au Fusain Ailé à Beauvais.<br />

Dans la présentation du dossier CSAPA, l’équipe de direction a soumis aux autorités de tutelles<br />

l’éventualité d’envisager de financer de manière durable les missions développées par ces deux<br />

structures.<br />

En août <strong>2010</strong> nous étions informés que notre suggestion avait été retenue et que les services<br />

concernés bénéficieraient désormais de financements stables sur des fonds médico-sociaux.<br />

Cette nouvelle réconfortante confirme et valide le travail de soutien et d’accompagnement réalisé<br />

depuis toutes ces années auprès des jeunes en conduites à risques et de leur famille ainsi qu’auprès de<br />

nombreux partenaires. Elle n’est pas néanmoins sans conséquences.<br />

En effet, l’appellation « Points Ecoute Jeunes et Parents » a dû disparaître, au profit de la dénomination<br />

« Pôles prévention ». Ce remaniement conduira inévitablement les équipes en charge à réviser et à<br />

repenser leur posture…<br />

Je profite de l’occasion pour remercier une fois encore ces professionnels et saluer leur disponibilité<br />

ainsi que la ténacité dont ils ont fait preuve pour entretenir avec conviction et compétence et au travers<br />

d’un avenir incertain, l’activité de ces structures. Je ne doute pas qu’il en sera de même pour affiner<br />

avec dynamisme et pertinence l’évidente complémentarité de la prévention et du soin dans le cadre du<br />

CSAPA.<br />

Je me réjouis enfin que la prévention qui est traditionnellement parent pauvre des politiques publiques<br />

bénéficie d’une reconnaissance affirmée par un engagement de l’Agence Régionale de Santé de<br />

<strong>Picardie</strong>. En effet, en octroyant à la prévention les moyens financiers pérennes nécessaires à son<br />

activité l’ARS lui permet désormais de s’‘incrire dans la durée.<br />

Aux professionnels de mettre en oeuvre des évaluations rigoureuses afin de confirmer le bien fondé de<br />

cet investissement et de démontrer que la prévention, au-delà de son incroyable richesse et créativité<br />

peut être aussi un facteur économiquement rentable !<br />

Claude LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

63


INTRODUCTION<br />

Début mars, Monsieur Benjamin APPERT nouvellement diplômé moniteur-éducateur quittait<br />

comme prévu le Tamarin pour rejoindre l’équipe du CAARUD. Malgré une légère baisse de la file active<br />

globale attendue en conséquence, l’activité du pôle prévention du CSAPA de Creil a été cette année<br />

encore relativement fournie.<br />

A quelques variables près nous n’observons pas de véritables bouleversements dans l’activité de la<br />

structure. Néanmoins une lecture attentive des données chiffrées permet de pointer quelques<br />

indicateurs qui aident à repérer, d’une part, l’évolution du profil des usagers jeunes et/ou parents qui<br />

fréquentent le service, d’autre part, les éventuelles variations dans les orientations et corrélativement<br />

l’implication du Tamarin auprès de ses partenaires locaux.<br />

La moyenne d’âge des jeunes usagers du service augmente sensiblement mais régulièrement chaque<br />

année. Toutefois la proportion de jeunes mineurs accueillis en <strong>2010</strong> représente plus d’un tiers de la file<br />

active, 34% précisément. Ce pourcentage est le plus élevé que nous ayons enregistré depuis ces trois<br />

dernières années. Ce bon indicateur révèle une certaine adéquation avec nos partenaires qui n’hésitent<br />

pas à adresser au service de manière précoce afin d’anticiper des préconisations et des orientations<br />

utiles et d’éviter le plus possible que les situations ne se dégradent davantage.<br />

La file active jeune enregistre une baisse de 8%. En revanche, nous observons une progression de<br />

13% du nombre de parents accueillis. Majoritairement ces personnes se sont présentées au Tamarin de<br />

leur propre initiative et 28% d’entre elles ont été orientées par la communauté éducative le plus souvent<br />

par les assistantes sociales de collèges. Le travail de collaboration avec les parents est répétons le,<br />

indispensable en particulier lorsqu’il s’agit de jeunes mineurs ou de jeunes majeurs et nous nous<br />

félicitons que l’entourage familial ait été cette année davantage représenté.<br />

Le taux de renouvellement des files actives se situe toujours à un pourcentage élevé. Il oscille selon les<br />

années entre 77% et 86%. C’est encore le cas en <strong>2010</strong>. Je rappellerais au passage que l’objectif du<br />

travail mené au Tamarin consiste à prendre en charge les situations de manière plutôt brève et selon<br />

nécessité, d’effectuer des passations vers des services spécialisés.<br />

Nous enregistrons cette année une diminution significative de certaines orientations faites par les<br />

services de justice. En effet, nous observons une réduction de 12% environ des indications « rappels à<br />

la loi » et une baisse de 23% des orientations vers les « stages de sensibilisation aux dangers de<br />

l’usage des produits stupéfiants ». Ce constat éclaire la décroissance du nombre de jeunes reçus et<br />

relativise d’une certaine façon nos craintes évoquées dans notre précédent rapport d’activité<br />

d’« instrumentalisation » de nos missions par les instances judiciaires.<br />

Traditionnellement nous recevons une population de jeunes plutôt bien intégrés socialement tout du<br />

moins sur le plan du logement de la scolarité et/ou du travail. A 84% c’est toujours le cas cette année,<br />

nonobstant un accroissement des jeunes inactifs. En effet, le taux d’évolution de cet item entre 2009 et<br />

<strong>2010</strong> est de 246%.<br />

La file active jeune reçue en entretien individuel est de 211 personnes soit une baisse de 14% par<br />

rapport à l’année dernière. Pour 78% d’entre eux c’est un usage de cannabis qui les a amenés au<br />

service. Le plus fort pourcentage (45%) de ces consommateurs est constitué d’usagers réguliers qui<br />

entretiennent un rapport problématique avec le produit.<br />

64


Enfin cette année encore l’équipe du Tamarin a été beaucoup sollicitée pour participer à diverses<br />

manifestations et/ou rencontres de travail afin d’élaborer de nouvelles collaborations et/ou stratégies de<br />

prévention. Nous noterons en particulier une présence accrue et soutenue auprès des personnes en<br />

parcours d’insertion professionnelle ainsi qu’auprès de l’équipe de « L’Envolée», Etablissement et<br />

Service d’Aide par le Travail (ESAT) de Creil concernée elle aussi par les problèmes de consommation<br />

de produits stupéfiants des personnes handicapées dont elle a la charge.<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE DU PÔLE PREVENTION LE TAMARIN<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

Claude LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

Ce premier tableau ne comptabilise pas les jeunes et/ou adultes-parents et/ou professionnels<br />

rencontrés en dehors du service au cours d’actions de prévention, de séances d’information ou de<br />

formation.<br />

Les chiffres indiqués ne concernent que les personnes rencontrées en entretien au service.<br />

Nous consacrerons plus en avant un chapitre spécifique « les actions de prévention » à ce sujet.<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de jeunes reçus 397 404 351<br />

- dont nouveaux 342 348 288<br />

- dont passages* 57 41 52<br />

Nombre de parents reçus 121 108 122<br />

- dont nouveaux 96 83 98<br />

- dont passages* 9 12 9<br />

Total file active 518 512 473<br />

* Il s’agit de jeunes et/ou d’‘adultes qui se sont adressés au service afin d’obtenir des informations (plaquettes, aide à la<br />

réalisation d’une enquête, d’un devoir, etc.), des conseils, ou des préservatifs. Ces personnes n’ont pas été reçues en<br />

entretien individuel ou en groupe.<br />

La file active jeune se compose comme suit :<br />

- 211 jeunes ont été reçus en entretien individuel,<br />

- 52 jeunes sont passés au service afin d’obtenir des informations, des préservatifs ou<br />

une aide technique pour rédiger un devoir et/ou une enquête,<br />

- 88 jeunes ont été convoqués pour un stage de sensibilisation aux dangers de l’usage<br />

des stupéfiants.<br />

La file active parents se compose comme suit :<br />

- 113 parents ont été reçus en entretien,<br />

- 9 parents sont passés au service afin d’obtenir des informations.<br />

1.2 Taux de renouvellement des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Jeunes 86% 86% 82%<br />

Parents 79% 77% 80%<br />

Global 85% 84% 82%<br />

65


1.3 Les actes honorés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre actes jeunes 641 671 616<br />

- dont entretiens individuels - 508 528<br />

Nombre actes parents 218 172 188<br />

- dont entretiens sans le jeune - 46 79<br />

- dont entretiens en famille - 114 109<br />

Total actes 859 843 804<br />

- dont nombre entretiens socio-éducatifs - 443 356<br />

- dont nombre entretiens psychologiques - 225 293<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre moyen d’entretiens/jeune 2,72 2,10 2,5<br />

Nombre moyen d’entretiens/parent 2 1,66 1,55<br />

La file active globale enregistre cette année une diminution de 8%. Ce fléchissement intéresse<br />

essentiellement la file jeune qui est en baisse de 13% par rapport à l’année dernière.<br />

En revanche, et contrairement à l’année précédente, la file active parents est en augmentation de 13%.<br />

Par ailleurs, conséquence de la baisse de la file active globale, nous remarquons une légère diminution<br />

(5%) de la globalité des actes réalisés.<br />

Dans le détail, nous avons reçu moins de jeunes en entretien individuel ; 211 cette année contre 241 en<br />

2009. En contre partie nous comptabilisons un nombre d’entretiens individuels en augmentation et un<br />

taux moyen d’entretiens par jeune plus élevé.<br />

2. DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE « JEUNES » RECUE EN ENTRETIEN<br />

INDIVIDUEL. LECTURE ET COMMENTAIRES<br />

Les données suivantes sont considérées uniquement à partir de la file active jeune reçue en entretien<br />

individuel, soit 211 personnes. Ce chiffre est en diminution de 14% par rapport à l’année précédente.<br />

Il faut noter que les conditions de rencontre avec les autres jeunes intégrés dans la file active globale ne<br />

nous permettent pas de recueillir de manière suffisamment renseignée et complète les éléments<br />

nécessaires à la saisie des items déclinés ci-dessous.<br />

2.1 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Filles 47 31 30<br />

Garçons 188 210 181<br />

Total 235 241 211<br />

Le sex ratio est quasi invariable. Il s’établit en moyenne autour de 16% pour les filles et à 84% pour les<br />

garçons.<br />

66


2.2 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 18 ans 45 49 71<br />

18-23 ans 112 91 55<br />

24-29 ans 44 59 44<br />

30 et plus 34 42 41<br />

La tranche d’âge la plus représentée concerne cette année les jeunes mineurs qui totalisent 34% de la<br />

file active.<br />

Par ailleurs, 40% de la population accueillie au Tamarin avait plus 23 ans. Dans le détail on relève 21%<br />

de 24 et 29 ans et 19% de plus de 30 ans.<br />

La personne la plus jeune reçue en <strong>2010</strong> avait 11 ans et la plus âgée 49 ans.<br />

2.3 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Filles 21,8 19,5 20,2<br />

Garçons 23,8 24,3 24,4<br />

Générale 23,4 23,7 23,8<br />

Notons au fil des années une très légère augmentation des moyennes d’âge.<br />

2.4 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 234 241 211<br />

Originaires du département 232 236 210<br />

- dont originaires de la ville d’implantation du service 59 72 58<br />

Non renseigné 0 0 1<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Creil 59 72 58<br />

Montataire 6 5 11<br />

Nogent sur Oise 17 21 30<br />

Villers saint Paul 14 9 4<br />

TOTAL 96 107 103<br />

67


La totalité des jeunes accueillie au Tamarin est originaire de l’Oise. Près de la moitié d’entre eux (49%)<br />

résident dans la communauté de l’agglomération creilloise soit une augmentation de 9% par rapport à<br />

2009.<br />

Dans le détail, parmi les jeunes qui habitent dans l’agglomération creilloise :<br />

- 56% résident à Creil,<br />

- 29% résident à Nogent sur Oise,<br />

- 11% résident à Montataire,<br />

- 4% résident à Villers Saint Paul.<br />

2.5 Logement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Indépendant 47 43 41<br />

Stable en famille 148 148 113<br />

Stable monoparental 15 29 33<br />

Provisoire ou précaire 18 18 20<br />

SDF 6 0 0<br />

Hébergé en institution 1 1 1<br />

Non renseigné 0 2 3<br />

89% de la population reçue bénéficie d’un logement stable.<br />

Dans le détail<br />

- 54% des jeunes résident en famille,<br />

- 20% ont un logement indépendant,<br />

- 16% bénéficient d’un hébergement stable dans un contexte de monoparentalité.<br />

10% ont un logement provisoire et/ou précaire.<br />

2.6 Situation professionnelle<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Etudiants 101 85 84<br />

Apprentissage 15 11<br />

Activité rémunérée 79 83 69<br />

Inactifs 18 13 45<br />

Autres 37 45 2<br />

Les jeunes scolarisés ou en apprentissage représentent le pourcentage le plus élevé de la file active :<br />

45%.<br />

33% des jeunes reçus ont une activité rémunérée.<br />

78% des jeunes accueillis au Tamarin sont de ce point de vue plutôt bien intégrés socialement.<br />

En revanche, on observe une nette progression des jeunes inactifs par rapport à 2009.<br />

68


2.7 Origine de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Venus d’eux-mêmes 42 12 9<br />

Famille/Ami 16 10<br />

Services justice 142 161 137<br />

Education Nationale 28 33 37<br />

Services sanitaires 17 4 9<br />

- dont médecin généraliste - 2 5<br />

- dont psychiatre - - 1<br />

- dont pédopsychiatre - - 2<br />

- dont CSST - - 1<br />

- dont services hospitaliers - 2 0<br />

Services sociaux 2 5 8<br />

- dont AS du commissariat - - 3<br />

- dont Maison des Ados (CG) - - 1<br />

- dont MSF (CG) - - 3<br />

- dont CHRS - - 1<br />

Associations 0 3 1<br />

Services téléphoniques 2 1 0<br />

Autres - 5 0<br />

Non renseigné 2 0 0<br />

Les orientations de la justice restent, en pourcentage les plus fréquentes (65%) mais contrairement aux<br />

années précédentes elles sont en légère diminution. Cette dernière est en partie compensée par une<br />

augmentation des indications de l’Education Nationale et des services sanitaires.<br />

Dans le détail :<br />

- Les adressages de l’Education Nationale sont réalisés majoritairement (57%) par les assistantes<br />

sociales des collèges et par les infirmières des lycées (19%).<br />

- Les indications du sanitaire sont pour la première fois effectuées majoritairement par les médecins<br />

généralistes (56%). Autre fait nouveau, deux orientations ont été réalisées par un pédopsychiatre<br />

et une par un médecin psychiatre.<br />

En revanche les venues spontanées continuent à décroître.<br />

La diversité des sources d’indications est plutôt un signe de bonne appréciation du service auprès de<br />

notre partenariat.<br />

2.8 Les actes<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre d’actes jeunes reçus en entretien individuel 508 528<br />

Actes qui concernent les orientations justice 166 (33%) 137 (26%)<br />

- dont retour « récidive » 22 (13%) 26 (19%)<br />

Prise en charge non aboutie * 68 (13%) 70 (13%)<br />

- dont obligation de soin 14 (21%) 41 (59%)<br />

- dont rappel à la loi 15 (22%) 11 (16%)<br />

- dont autres 39 (57%) 18 (26%)<br />

* Cet item concerne des jeunes qui sont venus au moins une fois mais ne se sont pas représentés aux entretiens suivants<br />

et pour lesquels nous n’avons donc pas établi d’attestation de fin de suivi.<br />

69


Ce tableau fait ressortir deux indicateurs<br />

- le taux de « récidive » c'est-à-dire de jeunes que nous avons déjà reçus et qui reviennent au<br />

Tamarin à nouveau sous pression de la justice est plus important que l’année dernière.<br />

Il progresse de 6%.<br />

- le taux de prise en charge « non aboutie » (calculé sur la totalité des actes) est identique à celui de<br />

2009. Il concerne en revanche beaucoup plus fréquemment (hausse de 38%) des personnes sous<br />

mesure d’obligation de soin.<br />

Nous ne possédons pas d’information sur les suites données par les services de la justice vis à vis des<br />

jeunes qui n’assurent pas régulièrement leur accompagnement au Tamarin ou qui décident de<br />

l’interrompre prématurément. Dans ce cas de figure, nous ne délivrons pas l’attestation de fin de suivi<br />

qui leur aurait permis de justifier leur démarche auprès des autorités concernées.<br />

Qu’elles sont les conséquences de cette non-observance de la mesure ? Quelles réponses et/ou<br />

procédures sont alors mises en œuvre par les instances judiciaires ?<br />

Pour qu’elle prenne réellement sens il nous semble que la mesure prononcée nécessite une implication<br />

de la personne suivie sous main de justice ainsi qu’une certaine rigueur de l’encadrement, qui doit<br />

s’assurer qu’elle aura bien été menée jusqu’à son terme. Rappelons l’adage latin idoine : « Dura lex sed<br />

lex » (« La loi est dure, mais c’est la loi »), sous-entendu : la loi s’impose dans toute sa rigueur.<br />

2.9 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Vers un CSST 2 2<br />

Vers le CCAA 1 7<br />

Vers le médecin généraliste 5 17<br />

Vers l’hôpital général 0 0<br />

Vers le CMPP/CMP 5 17<br />

Vers l’Unité d’Accueil d’Urgence (UAU Psychiatrie) 3 1<br />

Vers un service social (CPAI, ADAVIJ, Foyers) 0 4<br />

Vers pôle emploi/Mission locale/Organismes formation - 31<br />

Sans orientation ou fin de suivi 71 163<br />

En cours de prise en charge 139 44<br />

Activités sportives et/ou culturelles - 72<br />

Deux types d’orientation ont été développés cette année de façon significative, en direction :<br />

- Des médecins généralistes. Cette recommandation concerne essentiellement, d’une part, des<br />

jeunes mineurs qui présentent des troubles du sommeil passagers ou persistants, d’autre part, des<br />

adolescents et des jeunes adultes qui souhaitent s’engager dans une démarche d’abstinence visà-vis<br />

du cannabis et nécessitent donc, de notre point de vue, une prescription médicamenteuse<br />

complémentaire de l’aide psycho-éducative apportée par notre équipe.<br />

- Des Centres Médico-Psycho-Pédagogiques et des Centres Médico-Psychologiques (pour les plus<br />

de 16 ans ou 18 ans). Ces indications « ciblent » des adolescents confrontés à une souffrance<br />

psychique persistante qui nécessite un accompagnement au long cours de type<br />

psychothérapeutique (ce que ne permet pas le cahier des charges de notre structure), voire une<br />

prescription médicamenteuse par un psychiatre.<br />

77% des jeunes accueillis concluent leur prise en charge sans qu’aucune orientation n’ait été<br />

préconisée. Il s’agit d’une fin de suivi (après 2 ou 3 entretiens) prononcée par le professionnel du<br />

70


Tamarin qui juge alors que la situation ne requiert plus un accompagnement spécialisé ou qu’elle s’est<br />

régularisée et/ou améliorée.<br />

Il est toujours indiqué aux jeunes concernés qu’en cas de besoin ou dès qu’ils le souhaitent, ils pourront<br />

à nouveau être reçus au service.<br />

2.10 Les suivis sous main de justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes suivies sous main de justice * 217 136 137<br />

- dont obligations de soins 32 36 52<br />

- dont injonction thérapeutique 0 0 0<br />

- dont travail d’intérêt général 0 0 0<br />

- dont réparation pénale 2 5 0<br />

- dont « rappel à la loi » 183 84 73<br />

- dont contrôle judiciaire 0 11 9<br />

- dont autres (précisez) * PJJ/AEMO renforcée 0 0 3<br />

* hors stage de sensibilisation<br />

En pourcentage, nous observons globalement une légère augmentation (5%) du nombre de personnes<br />

suivi sous main de justice. Cependant, on note une réduction des indications « rappels à la loi » (12%),<br />

certes largement contrebalancée par l’augmentation massive des obligations de soin (44%).<br />

2.11 Les usagers de cannabis<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de jeunes adressés pour usage de cannabis 172/235 (73%) 189/241 (78%) 165/211 (78%)<br />

Nombre de parents concernés par un usage de leur enfant 65/109 (60%) 60/96 (62%) 56/113 (50%)<br />

Type d’usage*<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Expérimental 0 2 2<br />

Occasionnel 26 39 39<br />

Festif 14 16 22<br />

Régulier 65 73 70<br />

Dépendance 23 17 23<br />

Non renseigné 44 42 9<br />

* Pour les jeunes reçus en entretien individuel uniquement. Seul ce type de rencontre permet de mener une évaluation du<br />

rapport qu’entretient l’usager à sa consommation.<br />

Le pourcentage d’usagers de cannabis accueillis au Tamarin est le même que l’année précédente. En<br />

revanche, on observe une baisse relativement significative du pourcentage (12%) des parents<br />

concernés par un usage de cannabis de leur enfant mineur.<br />

71


Concernant le type d’usage, nous observons<br />

- 1% sont des fumeurs expérimentaux.<br />

- 39% des jeunes sont des usagers occasionnels et/ou festifs.<br />

- 45% des jeunes rencontrés sont des consommateurs réguliers (10 fois - ou plus - lors du mois<br />

précédent). Ici se situe le seuil des usages dits problématiques de cannabis : le produit est alors<br />

utilisé sur un mode auto-thérapeutique, même si spontanément réversible, pour amenuiser un malêtre<br />

plus ou moins prononcé.<br />

- 14% sont des consommateurs dépendants. La réalité et la fréquence de ces usages addictifs de<br />

cannabis, qui excédent nos limites techniques, nous conduisent à travailler en lien avec nos<br />

collègues du Centre de Soins Spécialisés aux Toxicomanes.<br />

L’addition des deux derniers items révèle que plus de la moitié (59%) des usagers de cannabis reçus<br />

cette année dans notre service ont fait un usage problématique de ce produit. Cette réalité, d’une part,<br />

met en lumière la justesse de la majorité des indications faites aux consommateurs de cette substance,<br />

d’autre part, voue notre équipe à développer et à affiner ses réponses internes et partenariales.<br />

En complément de ces commentaires statistiques, notre attention a été attirée en <strong>2010</strong> par la<br />

recrudescence de situations cliniques précises :<br />

- Les jeunes fumeurs de cannabis qui viennent hors mesure judiciaire. Ces personnes nous<br />

sollicitent clairement pour « arrêter ». Comment ces usagers de cannabis prennent-ils conscience<br />

du caractère problématique de leur consommation ? Les professionnels savent certes que la<br />

précocité de l’usage de cannabis corrèle fortement un abus ou une dépendance actuelle ou à<br />

venir, mais qu’en est-il des consommateurs eux-mêmes ?<br />

- Les adolescents et les jeunes adultes qui achètent sur Internet des produits destinés à remplacer<br />

une consommation régulière ou addictive de cannabis et/ou accélérer l’élimination du THC par<br />

l’organisme (dans l’optique d’un contrôle urinaire ou sanguin). Ces stratégies sont également<br />

mises en œuvre par certains consommateurs d’ecstasy, qui achètent un produit présenté comme<br />

« l’alternative aux psychostimulants » : la méphédrone.<br />

- Les collégiens renvoyés de leur établissement. La décision d’exclusion définitive est motivée par<br />

l’association d’un refus de travailler et d’un comportement violent. Ces jeunes nous sont orientés<br />

par l’assistante sociale scolaire et viennent, au moins pour le premier entretien, accompagnés par<br />

leurs parents. Bousculant le cadre jusqu’à se retrouver hors cadre, ils apparaissent comme les<br />

« maillons faibles » d’une organisation sociétale où le « monde » des institutions soutient de moins<br />

en moins les individus, leur offre de moins en moins de garanties en termes de contenance<br />

protectrice et de stimulation valorisante.<br />

- Les adolescents dont les parents font des enfants alors qu’ils sont séparés : « l’enfant symptôme »<br />

est alors soit le jeune qui s’adresse à nous, soit un de ses frères et sœurs.<br />

3. DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE « PARENTS » RECUS EN ENTRETIEN.<br />

LECTURE ET COMENTAIRES.<br />

Les données suivantes sont considérées uniquement à partir de la file active parents reçue en entretien<br />

soit 113 personnes.<br />

72


3.1 Origine de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Venus d’eux-mêmes 29 23 43<br />

Via la communauté éducative 23 19 32<br />

Via les services justice 29 32 19<br />

Via les travailleurs sociaux 0 5 7<br />

Via leur médecin généraliste 5 2 3<br />

Via les services hospitaliers 0 1 0<br />

Sollicités par leur propre enfant 5 7 -<br />

Autres 0 1 4<br />

Plaquettes, numéros verts - - 4<br />

Non renseigné 21 6 1<br />

Le plus souvent, l’entourage familial (38% de la file active) s’est présenté de lui même au Tamarin. Ce<br />

pourcentage est en nette augmentation par rapport à l’année précédente (24% de la file active 2009).<br />

En revanche, les orientations de la justice ne représentent que 17% de la file active, contre 33% l’année<br />

précédente.<br />

Par ailleurs, 28% des parents ont été orientés par la communauté éducative contre 20% l’année<br />

dernière. Dans le détail, 81% d’entre eux ont été adressés par les assistantes sociales des collèges en<br />

particulier, ceux de Creil (Havez, Michelet, Rousseau) et celui de Mouy (Romain Rolland).<br />

3.2 Nature de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Conseils 62 63 68<br />

Informations 10 13 12<br />

Soutien 33 20 29<br />

Pour un enfant mineur 75 70 90<br />

Autres - - 4<br />

Comme à l’habitude les parents accueillis au Tamarin sont en recherche de conseils pour faire face aux<br />

problèmes comportementaux que pose leur adolescent.<br />

Environ 80% de ces personnes viennent pour un enfant mineur, c’est en l’occurrence en forte<br />

augmentation (29%) par rapport à l’année 2009.<br />

73


3.3 Liens de parenté<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Mères 66 62 63<br />

Pères 26 20 29<br />

Beaux-parents 3 2 1<br />

Frères/Soeurs 7 4 11<br />

Grands-parents 0 0 1<br />

Conjoints 0 1 1<br />

Oncles/Tantes 1 1 1<br />

Autres 9 6 6<br />

La file active de l’environnement familial des jeunes est composée de :<br />

- 59% de mères,<br />

- 27% de pères,<br />

- 10% de frères et/ou de sœurs.<br />

3.4 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Région 107 96 92<br />

Département 107 96 78<br />

Ville d’implantation du service 20 22 25<br />

Non renseigné 5 0 21<br />

dont agglomération creilloise 2009 <strong>2010</strong><br />

- Creil 22 25<br />

- Montataire 1 4<br />

- Nogent sur Oise 8 10<br />

- Villers Saint Paul 0 3<br />

TOTAL 31 42<br />

85% des parents reçus au Tamarin pour lesquels nous avons cette information sont originaires du<br />

département de l’Oise. Parmi ces personnes 54% résident dans l’agglomération creilloise, dont :<br />

- 60% à Creil,<br />

- 24% à Nogent sur Oise,<br />

- 10% à Montataire,<br />

- 7% à Villers Saint Paul.<br />

Nous observons une progression de 24% concernant les adultes qui se sont présentés au Tamarin et<br />

qui habitent dans l’une des quatre villes qui composent l’agglomération creilloise.<br />

3.5 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

<strong>2010</strong><br />

Vers une Maison de la Solidarité et de la Famille (MSF) 18<br />

Vers une Consultation Médico-Psychologique (CMP) 2<br />

Vers le Centre d’Information des Droits de la Femme (CIDF) 1<br />

Vers l’Association (ADAVIJ) 4<br />

Vers le Tribunal 1<br />

En cours de prise en charge 36<br />

74


La majorité de ces orientations concerne les Maisons de la Solidarité et de la Famille. Cette<br />

préconisation est surtout suggérée à des parents qui ont implicitement ou explicitement besoin que leur<br />

fils ou leur fille adolescent cède sur une attitude de rejet « tout puissant » de leur autorité. Il est<br />

important de rappeler à ces adultes qu’ils ont le droit de solliciter, en plus d’une guidance dans nos<br />

locaux, l’intervention éducative à domicile des services sociaux et qu’un tel recours n’est ni infâmant ni<br />

catastrophique. La portée de cette information est maximale lorsque nous la délivrons et l’argumentons<br />

en présence du jeune concerné.<br />

Par ailleurs, les problèmes éducatifs rencontrés par certains parents ont des résonnances négatives sur<br />

leur santé mentale. Pour cette raison, en parallèle à la guidance que nous leur proposons, nous<br />

conseillons alors à ces personnes d’effectuer une démarche psychothérapeutique personnelle, soit<br />

dans un Centre Médico-Psychologique, soit auprès d’un professionnel en libéral formé à ce type de<br />

prise en charge (la plupart des psychologues, certains psychiatres). Notons toutefois que de nombreux<br />

parents en souffrance psychique importante sont déjà engagés dans ce « travail sur soi » ou/et<br />

bénéficient d’une prescription médicamenteuse par un médecin généraliste ou (plus rarement) par un<br />

psychiatre. Notons que chez ces personnes, l’impact de la « crise » de leur adolescent a soit conflué<br />

avec une souffrance existante, soit fait « éclore » ou « réveillé » une souffrance préexistante (parfois en<br />

lien avec leur propre adolescence).<br />

4. PRISE EN CHARGE GROUPALE DES USAGERS DE CANNABIS<br />

4.1 Tableau comparatif<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de groupes « rappel à loi » * 7 0 0<br />

-dont nombre de jeunes adressés 75 0 0<br />

-dont nombre de jeunes reçus 59 0 0<br />

Nombre de » stages de sensibilisation »** 1 8 7<br />

- dont nombre de jeunes adressés 17 143 120<br />

- dont nombre de jeunes reçus 17 114 88<br />

Total des jeunes adressés 76 143 120<br />

Nombre de groupes autres 0 1 0<br />

- dont nombre de jeunes reçus 0 8 0<br />

Total des jeunes reçus 76 122 88<br />

* Les » rappels à la loi » nous sont désormais uniquement adressés en entretien individuel. Nous n’organisons plus de<br />

groupe rappel à la loi depuis décembre 2008, date de la mise en place des stages de sensibilisation.<br />

**Orientations des Procureurs vers un stage de « sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants » dans le<br />

cadre des alternatives aux poursuites pour consommation (majoritairement), de cannabis.<br />

4.2 Les stages de sensibilisation<br />

Afin d’assurer leur intervention les professionnels du Tamarin se déplacent à la Maison de la Justice et<br />

du droit de Creil où sont convoqués les stagiaires.<br />

75


4.2.1 Tableau comparatif<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Jeunes adressés Jeunes présents Jeunes adressés Jeunes présents<br />

22 et 23 Janvier 19 17/19 29 Janvier 21 17<br />

19 et 20 Février 17 12/13 26 Février 20 16<br />

13 Mars 16 13 Mars<br />

10 Avril 15 11 2 Avril 16 9<br />

15 Mai 20 13 7 Mai 15 10<br />

26 Juin 24 19 Juin<br />

Juillet Juillet<br />

Août Août<br />

18 Septembre 24 Septembre 22 16<br />

16 Octobre 22 Octobre 13 11<br />

20 Novembre 21 17 26 Novembre 13 9<br />

11 Décembre 11 9 Décembre<br />

TOTAL 143 114 TOTAL 120 88<br />

En <strong>2010</strong>, 7 stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants ont été organisés<br />

(contre 8 en 2009).<br />

120 personnes ont été adressées vers ces stages 88 d’entre elles se sont présentées.<br />

En d’autres termes, 27% des personnes concernées par cette mesure d’alternative aux poursuites ne<br />

se sont pas présentées au stage.<br />

Description<br />

4.2.2 La participation du Tamarin aux stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de<br />

produits stupéfiants.<br />

(Pascal HACHET, psychologue)<br />

Depuis l’automne 2008, deux membres de notre équipe interviennent au cours de la deuxième<br />

journée de ces stages, dont la fréquence est grosso modo mensuelle et dont la maîtrise d’œuvre est<br />

assurée par l’Association Enquête Médiation (AEM), sous l’autorité du Parquet du Tribunal de Senlis.<br />

Après l’apport pédagogique dispensé en première journée par Mr le Procureur (au sujet de la législation<br />

sur stupéfiants) puis par le Dr Schwartz (au sujet de l’action des stupéfiants 1 sur le système nerveux<br />

central), nous lançons un débat interactif avec les stagiaires au sujet de leurs représentations et<br />

expériences en matière de risques liés à la consommation de cannabis (ou d’autres produits, pas<br />

toujours classés « stupéfiants » d’ailleurs, tels l’alcool et le tabac…) 2.<br />

Sur le plan technique, nous procédons en sept temps :<br />

(1) Nous indiquons rapidement nos fonctions professionnelles et la raison de notre intervention<br />

dans ce stage. Nous insistons d’entrée de jeu sur la diversité des rapports au cannabis (expérimental,<br />

1 La plupart des stagiaires sont des consommateurs exclusifs de cannabis. L’intérêt qu’ils manifestent tant que l’exposé porte<br />

sur les effets de cette substance tend donc à s’estomper lorsque l’intervenant aborde les effets des « drogues dures ».<br />

Certains stagiaires estiment que la présentation des effets de stupéfiants autres que le cannabis est hors sujet et se sentent<br />

alors « pris pour des drogués ».<br />

2 Cette organisation n’est pas le fruit de quelque spécificité ou créativité locale. Le cahier des charges de ces stages<br />

(caractère obligatoire, paiement et contenu des interventions) des stages de sensibilisation a été défini au niveau national,<br />

par la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT). Il en résulte que ni les participants ni<br />

les organisateurs et les intervenants ne sont tenus d’en remettre en question les modalités…<br />

76


occasionnel ou festif, régulier, addictif) que nous observons dans notre pratique. Le message est le<br />

suivant : nous n’allons ni encenser ni diaboliser le cannabis et ses utilisateurs.<br />

(2) Nous prenons ensuite le risque (!) d’inviter les stagiaires à « crever l’abcès » au sujet de leur<br />

mécontentement, d’emblée perceptible, de se trouver là, au moyen de la « question qui fâche » : « Que<br />

pensez-vous de la loi sur les stupéfiants (et, donc, en ce qui vous concerne, de l’existence des stages<br />

de sensibilisation) ? ». Vives et cacophoniques, les réponses fusent aussitôt ; elles sont toutes<br />

négatives et plaintives 3.<br />

Le groupe prend des allures de « cour des miracles » : tous les stagiaires<br />

considèrent que la loi est trop sévère, inégalitaire (puisque certains produits dangereux sont interdits et<br />

d’autres - alcool, tabac - non) et, par là même, absurde et « inassimilable ». Le sujet est si sensible pour<br />

eux qu’il tend à abolir leur discernement : ils ne peuvent, ou ne veulent alors plus, distinguer les notions<br />

de « dépénalisation » et de « légalisation ». Le débordement et la confusion guettent… mais une fois<br />

que le contenu de la boîte de Pandore est sorti, le groupe est moins « sur les nerfs » et récupère une<br />

certaine capacité à penser.<br />

(3) Nous tentons alors d’introduire de la nuance dans les points de vue et de les articuler avec<br />

notre expérience de la prise en charge psychoéducative de fumeurs de cannabis, au moyen de<br />

questions qui impliquent les stagiaires de manière graduelle et, si possible, sous la forme de tours de<br />

table :<br />

- « Pensez-vous dire en quelques mots ce que vous cherchiez et ce que vous avez trouvé au<br />

début de votre consommation de cannabis ? »<br />

On note que certains stagiaires utilisent le « joint » comme un « attracteur » ou « aspirateur »<br />

de fatigue : les effets sédatifs du cannabis envelopperaient cette dernière et permettraient (par<br />

condensation psychophysiologique) de la ressentir de façon très forte mais également brève et, donc,<br />

de manière paradoxale, de surmonter plus rapidement cette fatigue.<br />

- « Avez-vous remarqué des changements dans votre consommation au fil du temps ? Avez-vous<br />

augmenté les doses ? Avez-vous recherché d’autres effets ? »<br />

Certains participants décrivent alors sans ambiguïté un passage progressif du plaisir à la<br />

contrainte de fumer, voire à une addiction avérée. Les « aveux de dépendance » sont écoutés par tous<br />

avec gravité. Les trublions retiennent alors leurs sarcasmes et les « endormis » font preuve d’attention.<br />

- « Avez-vous déjà essayé d’arrêter de consommer du cannabis ? Si c’est le cas, comment cela<br />

s’est-il passé ? »<br />

Nous comparons l’arrêt de cette consommation avec le processus du deuil, où le fait de se<br />

cramponner au souvenir des expériences (bonnes ou mauvaises) partagées avec le disparu freine<br />

l’acceptation de la perte.<br />

- « Comment faites-vous pour contrôler votre consommation ? »<br />

- « Pouvez-vous imaginer votre vie sans usage de cannabis ? A quelles conditions votre<br />

consommation pourrait-elle cesser ? »<br />

(4) Au gré des réponses des stagiaires, nous traitons alors des risques qui peuvent être liés à<br />

une consommation de cannabis : les risques pour la santé (physique et psychique), les risques<br />

relationnels (amis, famille), les risques pour la scolarité (altérations de la concentration, de la mémoire<br />

et de la motivation), les risques pour la conduite d’engins motorisés (déficit de vigilance, distorsions<br />

sensorielles) et les risques pour la vie professionnelle (à l’embauche puis au travail).<br />

3 Dans le détail, il est fréquent que les intéressés se livrent à des comparaisons hargneuses entre les lois sur les stupéfiants<br />

dans différents pays (en premier lieu, les Pays-Bas). D’autres estiment que les forces de l’ordre s’honoreraient en faisant<br />

davantage preuve de cohérence (par exemple : « Les policiers te confisquent le shit et d’autres fois ils t’emmènent en garde<br />

à vue. On n’y comprend rien ») et de protection des personnes (ainsi : « En cas de cambriolage, les gendarmes<br />

n’interviennent pas ou attendent que ce soit terminé »).<br />

77


(5) Nous utilisons des supports vidéo pour faire rebondir les échanges :<br />

- En fin de matinée, un documentaire assez généraliste sur le cannabis (40 minutes).<br />

Nous « appâtons » les stagiaires par une insistance sur la diversité des points de vue exprimés dans ce<br />

support. Nous « exemplifions » ce « bouquet » multicolore par des références discrètes à des situations<br />

cliniques que nous rencontrons. En effet, cette substance peut être consommée tant à des fins<br />

d’expérimentation et d’amusement que dans un but « auto-thérapeutique », voire dans une logique de<br />

« défonce ». Comme le formule Yves Casu, « le cannabis est le couteau suisse des substances<br />

psychoactives ».<br />

- En début d’après-midi (et depuis peu), une douzaine de séquences (35 minutes au total)<br />

conçues par l’Association Prévention Routière et consacrées au thème « alcool, cannabis et conduite ».<br />

Le visionnage de témoignages de personnes gravement blessées à la suite d’un accident de la route<br />

sous emprise d’une substance psychoactive et le fait que la plupart des stagiaires soient conducteurs<br />

confèrent alors une certaine gravité à la discussion qui s’ensuit…<br />

(6) Nous « administrons » aux stagiaires deux questionnaires confidentiels, dont nous<br />

accompagnons avec soin, question par question, la passation :<br />

- L’un, conçu par et pour Le Tamarin, vise à recueillir des données précises sur l’expérience<br />

des stagiaires en matière d’usage de substances psychoactives. Cet outil (dont nous avons exposé les<br />

premiers résultats dans notre <strong>Rapport</strong> d’activité 2009) est présenté comme une petite contribution « à la<br />

science ». Eloquemment, nous lisons avec régularité que le principal danger du cannabis, « c’est qu’il<br />

est interdit par la loi »…<br />

- L’autre est une grille d’évaluation commentée, en forme d’« araignée », des différents éléments du<br />

stage.<br />

(7) Nous remettons aux stagiaires des documents relatifs au Tamarin et à la législation sur le<br />

cannabis dans les pays de l’Union Européenne ainsi qu’une proposition d’entretien individuel, si<br />

besoin et hors mesure judiciaire, avec notre service.<br />

Observations<br />

- Certaines personnes payent le stage (comme s’il suffisait de s’acquitter d’une amende) mais<br />

ne s’y présentent pas. D’autres n’ont pas payé et ne sont pas venues. Le stage constituant une<br />

alternative aux poursuites judiciaires, ces occurrences sont inquiétantes : elles posent la question de<br />

l’intégration de la loi en général (des règles, des droits, des devoirs et des obligations) par les individus<br />

concernés.<br />

- La forme trop oblongue de la salle et le nombre important de participants (parfois, une<br />

vingtaine) engendrent, lorsque les débats montent en puissance, des sous-groupes souvent syntones<br />

avec ce qui est en discussion mais qui échappent à notre encadrement et à la mise en commun.<br />

- Malgré le filtrage opéré en amont par l’AEM, certains stagiaires présentent une problématique<br />

psychique « décompensée », qui se traduit par l’évocation débridée (aux effets désorganisateurs) de<br />

souffrances personnelles. Le stage fournit l’occasion d’un repérage de la souffrance psychique sévère,<br />

mais il nous faut alors recadrer ce qui est dit. Une chose est certaine : même si nous voyons les<br />

stagiaires dans un cadre précis et ponctuel, non propice à la verbalisation de la subjectivité (très)<br />

douloureuse, il serait indécent que nous nous bornions à être spectateurs de telles situations sanitaires<br />

dégradées.<br />

Quels « leviers » concevoir pour amener les personnes concernées à rencontrer de façon individuelle<br />

un membre de notre équipe ? L’AEM possède les adresses des participants. Nous avons donc décidé<br />

78


de signaler à la coordinatrice les situations qui nécessiteraient une aide psychoéducative personnalisée<br />

et rapide, afin qu’elle relaie auprès des intéressés notre offre de prise en charge, sur le mode : « Vous<br />

avez exprimé pendant le stage des difficultés personnelles qui gagneraient à être dites et écoutées<br />

dans un autre cadre.<br />

C’est pour cela que nous nous permettons de vous recontacter ». Nous avons aussi choisi de dire en<br />

préambule de notre intervention que nous ne fermerions pas les yeux face aux stagiaires en état de<br />

mal-être prononcé, sans bien sûr les contraindre à « en parler » devant les autres participants.<br />

- Dans les faits, malgré nos invitations répétées au cours de notre intervention, aucun stagiaire<br />

n’est ensuite venu nous rencontrer de façon individuelle et hors mesure judiciaire au Tamarin. Il semble<br />

que les participants vivent le stage de sensibilisation comme une « séance de torture » qu’ils<br />

s’empressent d’oublier (en faisant de même vis-à-vis de l’entretien individuel de « rappel à la loi »<br />

assuré par l’AEM avant le stage et que les intéressés qualifient de « pur remontage de bretelles ») dès<br />

qu’il prend fin. Cette réalité est contre-productive.<br />

Analyse et conclusion<br />

Une bonne partie des stagiaires peut être considérée comme une population « en risque » de<br />

développer une consommation problématique de cannabis, mais la forme groupale du stage et son<br />

caractère contraignant 4 ne permettent pas à notre équipe d’y impulser une prise en charge<br />

psychoéducative adaptée à nos « missions princeps » de prévention des risques sanitaires excessifs<br />

chez les adolescents et les post-adolescents.<br />

Dans le détail, nous avons vu que les stagiaires sont prompts à développer des revendications<br />

au sujet de l’état de la législation française sur les stupéfiants. S’il est clair que ces considérations<br />

pourraient trouver utilement place dans divers espaces citoyens 4,<br />

nous constatons, groupe après<br />

groupe, que le fossé qualitatif net entre la prohibition des substances stupéfiantes et la<br />

réglementation d’autres substances psychoactives (alcool, tabac) dont l’usage pose également<br />

des problèmes de santé publique tend à enkyster la capacité de pensée des stagiaires : le<br />

caractère monolithique de la législation française sur les stupéfiants suscite chez eux des réactions en<br />

miroir, elles aussi en bloc ! Ce fait nous paraît questionner la raison d’être de ces stages.<br />

4 Initialement, nous redoutions que la somme à payer par ces jeunes adultes plutôt désargentés constitue - au risque de faire<br />

mentir le proverbe - une « plaie mortelle » tant pour leur portefeuille que pour leur amour-propre… L’expérience a<br />

montré que ce sont l’entretien de rappel à la loi puis la tenue et le déroulement du stage qui sont parfois vécus comme<br />

persécutants.<br />

5 D’autant plus que certains stagiaires ont un raisonnement intéressant : ils ne souhaitent pas une légalisation du cannabis<br />

mais une dépénalisation réglementée de son usage (ils fixent en particulier un âge minimum d’usage, consensuellement à<br />

16 ans, et souhaitent sanctionner l’ivresse cannabique au volant).<br />

79


5. LES ACTIONS DE PREVENTION<br />

Dates Partenaires Intitulé de l’action Nombre participants<br />

19/01/<strong>2010</strong> Hôtel des jeunes Réunion de travail 2 professionnels<br />

19/01/<strong>2010</strong> Centre de jour PJJ Réunion de travail 5 professionnels<br />

26/01/<strong>2010</strong> ESAT Infos-Débat 42 salariés<br />

28/01/<strong>2010</strong> ESAT Infos-Débat 45 salariés<br />

01.02.<strong>2010</strong> Mairie Pont St Maxence Réunion préparation 5 personnes<br />

04/02/<strong>2010</strong> CAC Réunion CUCS 15 personnes<br />

25/02/<strong>2010</strong> Collège Villers St Paul Infos-Débat Santé 35 élèves (3 ième )<br />

01/03/<strong>2010</strong> Collège Villers St Paul Infos-Débat Santé 45 élèves (3 ième )<br />

04/03/<strong>2010</strong> Prévention routière Réunion de travail 3 personnes<br />

08/03/<strong>2010</strong> Maison des Ados (CG) Réunion de travail 1 professionnel<br />

11/03/<strong>2010</strong> Maison des Ados (CG) Réunion de travail 35 personnes<br />

15/03/<strong>2010</strong> Hôpital Creil Réunion PASS 35 personnes<br />

18/03/<strong>2010</strong> Association OISIS Débat/Addiction 30 personnes<br />

26/03/<strong>2010</strong> CP Liancourt (JAPD) Débat/Addiction 15 détenus<br />

29/03/<strong>2010</strong> IFSI Clermont Module Addictologie 90 élèves<br />

01/04/<strong>2010</strong> Adéquation/Creil Label Actif 15 stagiaires<br />

08/04/<strong>2010</strong> Nogent R.E Bury 15 stagiaires<br />

19/04/<strong>2010</strong> Creil Dynamique « Choix professionnel » 11 stagiaires<br />

23/04/<strong>2010</strong> IFSI Clermont Module Addictologie 90 élèves<br />

29/04/<strong>2010</strong> CCAS Montataire Réunion de travail 8 personnes<br />

03/05/<strong>2010</strong> Nogent Préméa adéquation 15 stagiaires<br />

12/05/<strong>2010</strong> Nogent Préméa adéquation 10 stagiaires<br />

18/05/<strong>2010</strong> Nogent Séminaire international <strong>SATO</strong> 120 professionnels<br />

01/06/<strong>2010</strong> Creil/Alice Chantier insertion 22 stagiaires<br />

15/06/<strong>2010</strong> IRFFE Beauvais Module Addictologie 12 élèves AS<br />

24/06/<strong>2010</strong> Saint Leu Chantier insertion 16 stagiaires<br />

01/07/<strong>2010</strong> Collège Gouvieux Réunion préparatoire 3 personnes<br />

17/09/<strong>2010</strong> MJD Réunion de travail 5 professionnels<br />

21/09/<strong>2010</strong> Hôtel Sarcus/Nogent Chantier insertion 12 stagiaires<br />

29/09/<strong>2010</strong> Adéquation Creil Chantier insertion 10 stagiaires<br />

01/10/<strong>2010</strong> Lycée du Moncel Infos-Débat addiction sans drogue 25 parents<br />

05/10/<strong>2010</strong> Adéquation Creil Stage préparation ASH 9 stagiaires<br />

18/10/<strong>2010</strong> Adéquation Creil Stage préparation ME/ES 12 stagiaires<br />

19/10/<strong>2010</strong> Adéquation Creil Stage préparation Sanitaire et Social 10 stagiaires<br />

05/11/<strong>2010</strong> Maison des Ados (CG) Réunion de travail 5 professionnels<br />

10/11/<strong>2010</strong> Collège Villers St Paul Santé/Jeunesse (CG) 60 professionnels<br />

17/11/<strong>2010</strong> Château des Rochers Assises Politique de la ville 150 personnes<br />

19/11/<strong>2010</strong> Château des Rochers Phobie scolaire 300 personnes<br />

10/12/<strong>2010</strong> Lycée Rotchild CESC 15 personnes<br />

15/12/<strong>2010</strong> Conseil Général Santé/Jeunesse 100 personnes<br />

Les rencontres avec les professionnels de l’ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail)<br />

« L’Envolée » préparées l’année dernière ont eu lieu cette année. Ces deux séances de travail ont<br />

réuni 97 salariés.<br />

Deux rencontres infos-Débat-Santé se sont déroulées au collège Lambert de Villers Saint Paul et ont<br />

concerné 90 élèves des classes de troisième.<br />

Des sessions de formation sur l’addictologie se sont déroulées :<br />

- à l’IFSI de Clermont. Elles ont regroupé 180 étudiants,<br />

- à l’IRFFE de Beauvais pour 12 élèves assistants de service social.<br />

Comme évoqué en introduction nous avons beaucoup été sollicités pour intervenir auprès de jeunes ou<br />

moins jeunes en parcours d’insertion professionnelle, dans le cadre des chantiers d’insertion ou dans<br />

80


des stages de formation qui préparent aux carrières sociales. Tout au long de l’année nous avons<br />

rencontré 157 stagiaires dans 11 stages.<br />

Par ailleurs, 15 jeunes détenus ont été rencontrés au centre pénitentiaire de Liancourt dans le cadre de<br />

la Journée d’Appel à la Préparation à la Défense (JAPD). Notre intervention a eu pour thème « La<br />

prévention routière liée aux risques engendrés par l’usage de produits psycho-actifs ».<br />

Deux rencontres Infos-débat ont été organisées :<br />

- pour l’association OISIS *. Cette soirée thématique autour des dangers liés à l’usage de<br />

drogue a regroupé 30 personnes,<br />

- au Lycée Joseph du Moncel de Pont Sainte Maxence pour 25 parents. Au cours de leur<br />

Assemblée Générale, ces personnes ont souhaité recevoir des informations sur les<br />

addictions sans drogue et les éventuels dangers liés à l’utilisation de « Facebook » ainsi que<br />

sur la présentation des services spécialisés susceptibles de prendre en charge ce type de<br />

difficultés.<br />

Dans le cadre des journées Santé/Jeunesse organisées par le Conseil Général de l’Oise notre<br />

intervention au collège Emile Lambert de Villers Saint Paul a permis de rencontrer et d’échanger avec<br />

60 professionnels et partenaires locaux sur les problèmes liés à la consommation de drogue ainsi<br />

qu’aux addictions en général.<br />

La tenue d’un stand aux « Assises de la politique de la ville de la Communauté de l’Agglomération<br />

Creilloise » organisées aux Château des Rochers à Nogent sur Oise a permis à notre équipe de<br />

rencontrer 150 personnes.<br />

Diverses réunions de travail avec :<br />

- nos partenaires sanitaires de l’hôpital de Creil,<br />

- nos partenaires du Conseil Général (en particulier l’équipe de la Maison des Ados de Creil),<br />

- l’association des Orphelins d’Auteuil (l’équipe de l’Hôtel Social de Creil),<br />

- le centre de jour de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de Creil,<br />

- le groupe « Prévention des toxicomanies » de Montataire,<br />

- l’équipe de la Maison de la Justice et du Droit de Creil,<br />

- et dans le cadre de notre participation à divers CESC d’établissements scolaires, nous ont<br />

permis de présenter notre activité et/ou d’envisager de nouvelles collaborations de travail.<br />

Enfin l’équipe du Tamarin a participé, à l’initiative du docteur Bapt-Cazalets pédopsychiatre à la<br />

Nouvelle Forge et en association avec l’ADSEAO, JCLT, les Apprentis d’Auteuil et les PEP 60 au<br />

colloque « Entre décrochage scolaire et phobie scolaire ». Cette journée de travail et d’échange<br />

organisée au Château des Rochers de Nogent sur Oise a réuni 33O personnes.<br />

* Ce Groupe d’Entraide Mutuelle est un espace d’accueil et d’amitié où des personnes en souffrance psychique peuvent se<br />

retrouver, s’entraider, organiser des activités visant au développement personnel et créer des liens. Ce Gem a pour objectif<br />

de rompre l’isolement, de restaurer les liens sociaux et de redonner confiance en soi. C’est un espace pensé et organisé au<br />

quotidien par les adhérents eux-mêmes, avec l’aide d’animateurs salariés et bénévoles. Par ailleurs, ce lieu a pour vocation<br />

d’informer et non de soigner. En effet, il permet de renseigner ou d’orienter les patients ou les proches.<br />

6. PERSPECTIVES<br />

Comme précisé dans l’introduction, au cours de l’année 2011 l’équipe du Tamarin devra concrétiser<br />

son intégration dans le CSAPA de Creil. Des rencontres et des réunions de travail sont prévues dés<br />

janvier prochain. Il s’agira d’envisager de manière pragmatique et en collaboration avec l’équipe du<br />

centre de soins comment lier davantage le travail des uns et des autres dans une perspective d’objectifs<br />

et d’actions réalisés au plus près des besoins des populations.<br />

81


Comme le démontre ce rapport d’activité et les précédents notre dispositif participe activement et<br />

depuis de nombreuses années aux pratiques de prévention des toxicomanies. Elles ciblent l’ensemble<br />

des consommations de produits psycho-actifs, intègre les différents usages (précoces, abus, polyconsommation)<br />

et diversifient les réponses selon les publics (jeunes scolarisés, parents, professionnels,<br />

groupes spécifiques ou population générale). Faire en sorte que la prévention devienne dorénavant une<br />

réelle composante du projet CSAPA, en particulier en confortant la dimension de prévention secondaire<br />

auprès des jeunes consommateurs de produits licites et/ou illicites, tel est le défi…<br />

Par ailleurs, nous souhaitons entreprendre une recherche-action au sujet des réponses médicales face<br />

aux consommateurs de cannabis :<br />

- D’abord nous nous proposons de contacter les médecins généralistes du Sud de l’Oise et l’équipe<br />

de la Consultation Cannabis du CASA (Clermont de l’Oise), sans omettre de passer en revue la<br />

littérature scientifique, pour établir un état des lieux des pratiques ad hoc (prescription<br />

médicamenteuse ou non face aux usages de cannabis en général ou non, pour cibler des<br />

symptômes « psy » visibles et concomitants - par exemple, un état dépressif marqué - ou non,<br />

etc.).<br />

- Ensuite nous identifierons les médecins intéressés par cette clinique et nous leur ferons une<br />

proposition de travail claire : nous constituerons une cohorte de jeunes adultes (plus de 25 ans)<br />

reçus au Tamarin de façon régulière (dans le cadre d’une mesure judiciaire d’obligation de soins)<br />

et qui souhaiteraient remettre en question un rapport problématique entretenu avec le cannabis.<br />

- Nous adresserons ces personnes à un médecin, en complément de leur prise en charge au<br />

Tamarin, et les informerons du caractère expérimental de ce partenariat.<br />

7. REFLEXIONS CLINIQUES<br />

Problématique<br />

7.1 Un article<br />

CES ADOS QUI SE « RATATINENT »<br />

(Pascal HACHET, psychologue)<br />

C’est un fait : les prises de risques excessives à l’adolescence ne prennent pas toujours la<br />

forme de comportements « extravertis ». De nombreux jeunes qui sont mal dans leur peau « pètent un<br />

câble » par l’immobilité ou l’inertie et par l’évitement des relations et des situations. C’est comme s’ils<br />

s’affaissaient alors sous l’effet d’une invisible hémorragie mentale…<br />

Cette réalité a été observée et commentée par plusieurs auteurs. Duez (2005) remarque que<br />

« le passage à l’acte le plus fréquent des adolescents n’est pas […] actif mais l’attaque par la passivité<br />

du milieu familial et social ». Il précise que c’est souvent après ce temps de passivité que « l’adolescent<br />

passera sur des formes plus actives de passage à l’acte, susceptibles d’entraîner une réponse active de<br />

l’environnement » (ibid.). Marcelli (2007) discerne dans ce phénomène la marque d’une nouvelle<br />

exigence sociale : l’individualisme ambiant, qui pousse l’adolescent « à s’engager dans une<br />

déconstruction de toute forme d’intersubjectivité pour s’affirmer dans une subjectivité solipsiste,<br />

véritable fantasme du sujet contemporain ». De façon corrélative, Maïdi (2008) repère que les<br />

adolescents traumatisés ont souvent souffert d’une situation environnementale régie par du « trop de<br />

pas assez » (et, donc, pas toujours par du « trop de trop »).<br />

Mon expérience clinique suggère que les adolescents qui se mettent en danger « par le<br />

dedans » :<br />

- Souffrent moins d’un manque de limites que d’inhibitions et de blocages psychologiques,<br />

comme dans la « névrose commune » de l’adulte.<br />

82


- Rencontrent (eux aussi) des difficultés scolaires. Ils n’ont certes pas besoin d’être sermonnés<br />

ou punis, voire exclus, par la communauté éducative, puisque leur mal-être les isole, les retranche et<br />

tend à les faire « s’évanouir » en tant que « sujets » de parole et de désir 5.<br />

Educateurs et soignants ont<br />

à « penser » des interventions capables de « réanimer » ces adolescents pré-effondrés ou semieffondrés<br />

sans provoquer une grave décompensation psychique (à les décramponner d’une position « à<br />

flanc d’abîme » sans les faire chuter en eux-mêmes).<br />

- Expriment volontiers des plaintes somatiques 6 à tonalité dépressive et / ou phobique.<br />

- Suscitent moins l’exaspération de ses proches que leur inquiétude.<br />

Une observation clinique<br />

L’observation d’Alexandre illustre en partie ces considérations.<br />

Cet adolescent a 13 ans et aborde la puberté. Je le rencontre avec sa mère, qui est à l’origine<br />

de sa venue 7.<br />

Alexandre est un bon élève, mais il souffre d’une « angoisse scolaire » dont le contexte<br />

de surgissement est atypique. Ce jeune n’est pas saisi par l’angoisse lorsqu’il se trouve à<br />

l’intérieur de l’établissement, mais au moment d’y pénétrer. C’est le franchissement de la limite,<br />

matérialisée par une porte métallique et un grillage, entre l’espace non scolaire et l’espace scolaire qui<br />

lui pose problème. Une fois dedans, tout va bien. Alexandre situe l’apparition de cette phobie suite à<br />

une altercation avec un « grand », qui ne l’a ni frappé ni menacé et a été puni. Un matin, derrière la<br />

porte du collège que les surveillants venaient de refermer, il a crié à sa mère et à sa grand-mère, qui<br />

venaient de le déposer en voiture : « Ne me laissez pas tomber ».<br />

Alexandre a quelques amis sûrs, qui lui transmettent les cours et passent un peu de temps<br />

auprès de lui. Mais son angoisse tend à faire tache d’huile, au point de le clouer parfois au lit dés le<br />

réveil. Il ferme alors la porte de sa chambre à clé, ce qui oblige sa mère - alors folle d’inquiétude - à<br />

parlementer avec lui pour qu’il déverrouille la serrure. Le médecin de famille lui a prescrit un traitement<br />

anxiolytique, sans effet.<br />

En l’état, je communique à cet adolescent une hypothèse « basique » : sa peur de passer dans<br />

un espace où il est voué à se trouver pendant la première partie de son adolescence (puisque deux ans<br />

le séparent encore de la fin du collège) traduit peut-être son appréhension - commune à cet âge - de<br />

quitter l’enfance pour affronter l’entre-deux pas toujours serein et source de multiples interrogations que<br />

constitue la puberté.<br />

Plusieurs entretiens se déroulent. Le collège a décidé de mettre en place des cours à domicile.<br />

Alexandre est l’aîné d’une fratrie de trois et s’entend bien avec son cadet et sa benjamine. Il déplore<br />

simplement un écart d’âge marqué avec eux. Je souligne : « De sorte que tu ne peux pas t’appuyer sur<br />

un frère ou une sœur adolescent ou en passe de l’être ». Sa mère l’accompagne lorsque nous nous<br />

rencontrons. Je sens qu’il est important de les recevoir ensemble dans un premier temps. Je m’enquiers<br />

de la vie en famille. Les parents de l’adolescent ont divorcé il y a un an et demi. Sa mère a quitté le<br />

domicile conjugal et emmené ses trois enfants lorsqu’une nièce a dénoncé des attouchements sexuels<br />

commis par le père. Ils vivent à présent chez les grands-parents d’Alexandre, dans une maison<br />

spacieuse. Le père de l’adolescent est violent et procédurier. Bien que la justice ait attribué la garde des<br />

enfants à son ex-épouse et brandi la menace d’une déchéance de ses droits parentaux, il entretient un<br />

climat d’anxiété : il fait savoir par personnes interposées qu’il n’en restera « pas là ». Alexandre refuse<br />

5 Dans un tel contexte, Herlant, Caron et Beaune (2008) rappellent que le psychologue peut être « le représentant de<br />

l’intrapsychique alors même que le monde intérieur de l’adolescent lui apparaît chaotique, angoissant, mis en danger par la<br />

pression pulsionnelle ».<br />

6 Ce qui fait penser à une définition du symptôme proposée par Lacan (1975-1976) : « un évènement corporel ».<br />

7 Huerre, Giraud et Petitqueux-Glaser (2007) notent avec pertinence que « sous couvert des symptômes qu’ils présentent<br />

eux-mêmes, bon nombre d’adolescents se débrouillent pour nous amener leurs parents. Ils souhaitent que nous les aidions,<br />

en partageant le trouble que cela occasionne pour eux, afin qu’ils puissent grandir et construire leurs destinées adultes en<br />

étant moins lestés par des non-dits ou des secrets dont la charge négative imaginée est à la hauteur du silence qui les<br />

entoure ».<br />

83


de le revoir. Charmant jusqu’au mariage, cet homme s’est révélé odieux une fois l’anneau passé ! Je<br />

pense alors : « Dès qu’il a fait rituellement franchir la porte de leur logement à sa jeune épousée ». Je<br />

risque à haute voix un parallèle entre le sentiment d’insécurité éprouvé par la mère et la peur bizarre qui<br />

étreint son fils. Je m’adresse ensuite à ce dernier : « Ta mère a pris la porte avec toi pour fuir la<br />

violence de ton père. Je me demande si ta peur de passer la porte de l’école n’est pas une façon<br />

d’aider ta mère, comme si tu voulais lui dire « Regarde, tu n’es plus toute seule. Moi aussi je suis<br />

capable d’avoir très peur lorsqu’il s’agit de franchir une porte. Je veux avoir peur à ta place, pour que tu<br />

ailles mieux et que tu continues à m’aimer. En plus, puisque je reste à la maison, je te protège contre<br />

Papa. Je ne le laisserai jamais entrer et te faire du mal. Je suis ton « chevalier en culotte courte ».<br />

La mère d’Alexandre est très proche de sa propre mère, qui l’épaule contre la « folie » de son<br />

ex-mari. A présent retraitée, cette dame était infirmière dans un service hospitalier de pédopsychiatrie.<br />

A ce point du récit maternel, l’adolescent s’écrie avec une gaieté nerveuse : « Elle travaillait dans un<br />

bâtiment plat qu’elle appelait « le pavillon ». On allait quelquefois la chercher avec ma mère, mais on<br />

n’avait pas le droit de rentrer. Mammy s’occupait d’enfants malades qui ne devaient pas sortir. Elle<br />

disait que dehors ils risquaient de se perdre ou de se faire du mal. Je crois qu’elle voulait aussi que je<br />

ne les voie pas, pour que je n’aie pas peur d’eux. Elle donnait deux tours de clé et regardait autour<br />

d’elle avant de nous rejoindre.<br />

Un jour, dans la voiture, elle a dit à ma mère : « Les pauvres gosses. Ils sont fichus. J’en ai ma claque<br />

de ce boulot ». Elle pleurait et Maman l’a prise dans ses bras ». J’interviens : « Il me semble que tu fais<br />

coup double ! Tu prends également soin de ta grand-mère. C’est comme si tu lui disais « N’aie plus<br />

peur que des enfants bizarres s’échappent de l’hôpital et se mettent en danger. Puisque la peur<br />

m’empêche d’entrer dans le collège, je ne risque pas, moi, de m’en échapper ! Je suis là, près de<br />

Maman et de toi. Et puis je ne suis pas « fichu » : je veux continuer à apprendre mes leçons et à faire<br />

mes devoirs ». La mère d’Alexandre se dit « frappée » par mes rapprochements : « C’est vraiment<br />

étonnant. Voilà qui donne à penser ». Elle regarde son fils comme l’on observe une « bête curieuse »,<br />

sans réprobation mais avec une surprise interrogative, comme si elle le découvrait…<br />

Les cours à domicile démarrent, dispensés par deux enseignants. Alexandre les accepte sans<br />

crainte. J’ai l’impression que mes interprétations ont un peu porté et que l’adolescent tente à présent de<br />

penser à lui-même, de désentraver ses préoccupations de celles de ses ascendantes. De fait, il vient de<br />

rêver qu’il retournait au collège, qu’il s’y sentait bien et qu’une fille avait promis de l’embrasser s’il<br />

voulait bien ne plus avoir peur.... Pourtant, l’angoisse « guette » toujours. Comment déconstruire de<br />

manière décisive le symptôme d’Alexandre ?<br />

Lors de l’entretien suivant, la mère de l’adolescent lâche devant son fils ébahi : « A force de me<br />

creuser la tête pour savoir comment guérir Alexandre, j’ai rêvé de la porte de son collège : elle était<br />

pleine de fils barbelés et gardée par des Allemands ! » Je souligne : « Voilà qui nous entraîne loin dans<br />

le temps ». Elle se prend la tête et murmure : « Oh, mais oui ! C’est même incroyable ». Elle réfléchit<br />

puis poursuit : « Ma mère est née quelques années avant la Seconde Guerre mondiale. Entre 40 et 42,<br />

ses parents ont dû franchir chaque jour la ligne de démarcation entre la France occupée et la « zone<br />

libre » pour aller cultiver leur champ. Ma mère m’a parlé de silhouettes en uniforme qui vérifiaient les<br />

papiers 8<br />

de gens qui faisaient la queue et se moquaient d’eux. Son père lui interdisait de regarder les<br />

soldats et de parler, tandis qu’elle tremblait de peur… Elle en faisait même des cauchemars ». Après<br />

cette ahurissante évocation, la mère d’Alexandre m’a téléphoné pour me dire que face aux difficultés<br />

8 Un laissez-passer (Ausweis). Cette ligne de 1200 kilomètres coupa 13 départements en deux et fut établie sous le prétexte<br />

que le territoire français était trop vaste pour être occupé en totalité. Alary (2003) et Webster (2004) expliquent qu’elle servit<br />

surtout à humilier et faire souffrir les habitants : familles séparées, exploitations agricoles morcelées, administrations isolées,<br />

tracas voire impossibilité de procéder à l’enterrement d’un proche décédé de « l’autre côté ». Des millions de vies en furent<br />

bouleversées. Pourtant, ce fait topographique et humain ne passionne guère les historiens et est peu traité dans les manuels<br />

scolaires.<br />

84


persistantes de son fils, elle allait plutôt l’amener chez un psychiatre. Je ne me suis pas opposé de<br />

façon frontale à ce « choix » et je lui ai répondu que je demeurais disponible, mais je l’ai fortement<br />

invitée à promouvoir des discussions en famille élargie (en présence de l’adolescent) au sujet des<br />

expériences difficiles endurées par les uns et les autres...<br />

Bibliographie<br />

Alary E. (2003) La ligne de démarcation. 1940-1944. Paris : Perrin.<br />

Duez B. (2005) L’enfermement et les issues de l’indécidabilité. Adolescence, 24, 4, n°54, 825-859.<br />

Hachet P. (2009) Adolescents et parents en crise. Psychologue dans un Point Accueil Ecoute Jeunes.<br />

Nîmes : Champ social.<br />

Herlant K., Caron R., Beaune D. (2008) Quand l’adolescent se heurte au mur du temps.<br />

Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 56, 127-134.<br />

Huerre P., Giraud C., Petitqueux-Glaser C. (2007) Les faux-semblants. Aléas de la construction<br />

identitaire à l’adolescence. Enfance & Psy, 37, 22-28.<br />

Lacan J. (1975-1976) Séminaire Livre XXIII Le sinthome. Paris : Seuil, 2005.<br />

Maïdi H. (2008) Les souffrances de l’adolescent. Trauma et figurations du traumatique. Besançon :<br />

Presses Universitaires de Franche-Comté.<br />

Marcelli D. (2007) Adolescence et subjectivation. Une déconstruction de l’intersubjectivité ?<br />

Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 55, 5-6, 251-257.<br />

Webster P. (2004) Voyages sur la ligne de démarcation. Héroïsmes et trahisons. Paris : Le Cherche-<br />

Midi.<br />

7.2 Les publications<br />

En <strong>2010</strong>, l’équipe du Tamarin a publié :<br />

- 2 articles scientifiques :<br />

Hachet, P. (<strong>2010</strong>). Adolescence et succession de générations. Santé mentale, 146, 36-41.Le processus<br />

pubertaire contraint le sujet adolescent – désormais efficient sur le plan génital – à redéfinir sa place<br />

dans la succession des générations. Les adolescents en psychothérapie réalisent assez souvent cette<br />

opération psychique (parfois périlleuse) en tissant des liens entre leurs événements de vie et ceux de<br />

leurs aïeux. De façon corrélative, la capacité juvénile de rêverie autour de l’histoire et de la géographie<br />

familiales amenuise le risque de « catastrophe » mentale à l’adolescence. Une observation clinique<br />

détaillée illustre ces considérations.<br />

Hachet, P. (<strong>2010</strong>). Quand la guidance parentale permet d'éviter une addiction chez l'adolescent. "Vous<br />

avez mis le doigt sur quelque chose…", Santé mentale, 150.<br />

L’observation d’un jeune consommateur régulier de cannabis et de sa mère suggère qu’une<br />

guidance parentale peut déconstruire une addiction juvénile incipiens. Cette prise en charge préventive<br />

amène les parents à prendre la mesure de l’influence psychique transgénérationnelle exercée par leurs<br />

traumatismes irrésolus et à les verbaliser suffisamment pour que leur adolescent ne recourt pas à<br />

l’addiction, qui constitue souvent un essai pour gommer un tiraillement pulsionnel extrême entre le désir<br />

d’exister pour soi et le besoin d’assister une souffrance parentale muette.<br />

- 1 article de vulgarisation :<br />

Hachet, P. (<strong>2010</strong>). L'aide psychologique aux "ados" qui fument des "joints" et à leurs parents. Psycho<br />

85


Media, 24, 48-50.<br />

Face à un jeune consommateur de cannabis, le psychologue évalue l’attachement psychique<br />

au produit et, selon la situation, propose au patient des rencontres informelles à caractère informatif,<br />

des entretiens de « guidance » ou encore une prise en charge psychothérapique. Cette intervention<br />

comprend un travail sur les représentations de l’adolescent au sujet des risques liés à sa consommation<br />

surannabis et associe, si possible, ses parents. L’observation clinique de Grégory illustre quelques-unes<br />

de ces considérations.<br />

- 2 entretiens :<br />

Hachet, P., Blancheton, D. (<strong>2010</strong>). Des tests de dépistage pour savoir si mon ado se drogue. Femme<br />

actuelle, 1322.<br />

Hachet, P., Gravillon, I. (<strong>2010</strong>). Skins party : de quoi s'agit-il ? Femme actuelle, 1326.<br />

86


CSAPA AMBULATOIRE<br />

BEAUVAIS<br />

87


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

I. Centre de soins<br />

- Mme Dominique LEFEVRE-Chef de service (0,5 ETP).<br />

- Mme Nathalie HEYMES-Médecin généraliste (0,4 ETP).<br />

- Mme Ghislaine BONGARTZ-Infirmière (0,5 ETP).<br />

- Mme Catherine PAILLARD-Infirmière (0,5 ETP).<br />

- Mlle Virginie BAILLE-Psychologue (0,5 ETP).<br />

- Mme Martine TAINTURIER-Educatrice spécialisée (1 ETP).<br />

- Mr Sébastien DUNET-Educateur spécialisé (1 ETP).<br />

Stagiaires<br />

- Mlle Vanessa PHILIPPE-moniteur éducateur IRFFE.<br />

- Mlle Nastasia KLOC-éducatrice spécialisée IRFFE.<br />

- Mlle Delphine FERRERO-infirmière IFSI Beaumont sur Oise.<br />

- Mlle Betty WATTELLIER-infirmière IFSI Beaumont sur Oise.<br />

- Mme Virginie DETEMMERMANN-infirmière IFSI de Clermont de l’Oise.<br />

- Mlle Julie SOREL-master psychologie Université Jules Verne Amiens.<br />

- Mlle Aurore SOURAYA-assistante sociale IRFFE.<br />

II. Pôle prévention<br />

- Mme Dominique LEFEVRE-chef de service (0.5ETP)<br />

- Mlle Delphine DUFLOT-éducatrice (1 ETP).<br />

- M. P.J BRACHET-psychologue (0.5 ETP).<br />

- Mme E. KALBFLEISCH-coordinatrice du Réseau Prévention Toxicomanie (0.40ETP).<br />

Stagiaires<br />

- Mlle Alice GODARD-éducatrice spécialisée IRFFE.<br />

- Mme Sandrine MASURE-éducatrice spécialisée IRFFE.<br />

- M. Jean-Luc SOUDET-policier municipal.<br />

- M. Frédéric DARRAS-éducateur spécialisé PJJ.<br />

88


FILE ACTIVE GLOBALE DU CSAPA DE BEAUVAIS<br />

Ce premier tableau offre une vue d’ensemble de l’activité menée par l’équipe du Centre de Soin<br />

d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie de Beauvais<br />

Dans la suite du rapport d’activité une présentation détaillée permettra grâce aux données chiffrées<br />

présentées sur les trois dernières années, une lecture comparative accompagnée pour chacune des<br />

missions (Soin/Prévention) d’une analyse clinique et critique indiquant les observations les plus<br />

marquantes de l’année <strong>2010</strong>.<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active centre de soins 388 365 371<br />

File active pôle prévention 373 373 335<br />

File active globale 761 738 706<br />

Nombre d’actes centre de soins 10495 13112 14039<br />

Nombre d’actes pôle prévention 932 971 773<br />

Total des actes 11427 14083 14812<br />

89


INTRODUCTION<br />

LE CENTRE DE SOINS<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE DU CENTRE DE SOINS<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Les actes honorés<br />

1.3 Répartition par sexe<br />

1.4 Tranches d’âge<br />

1.5 Moyenne d’âge<br />

1.6 Origine géographique<br />

1.7 Statut matrimonial<br />

1.8 Nombre d’enfants à charge<br />

1.9 Logement<br />

1.10 Situation professionnelle<br />

1.11 Origine principale des ressources<br />

1.12 Origine de la demande de consultation<br />

1.13 Couverture sociale<br />

1.14 Etat de santé des patients<br />

1.15 Les sevrages<br />

1.16 Traitements de substitution aux opiacés<br />

1.16.1 Méthadone<br />

1.16.2 Buprénorphine<br />

1.17 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

1.18 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables<br />

1.19 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1<br />

1.20 Voie intraveineuse<br />

1.21 Modalité de consommation<br />

1.22 Justice<br />

1.23 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

1.24 Réduction des risques au centre de soins<br />

1.25 Activité de groupes thérapeutiques<br />

2. ACTIVITE A LA MAISON D’ARRÊT DE BEAUVAIS<br />

2.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2.2 Tableau de la file active <strong>2010</strong> déclinée mensuellement<br />

2.3 Situation par rapport au produit au moment de l’incarcération<br />

2.4 Le contenu des prises en charge et leur devenir<br />

3. REFLEXIONS CLINIQUES<br />

3.1 « Réflexion sur les activités proposées au collectif des usagers »<br />

(Mr Sébastien DUNET éducateur spécialisé)<br />

90


Le Fusain Ailé comme le Tamarin de Creil bénéficie dorénavant d’un financement médico-social.<br />

Nous sommes ravis et satisfaits de constater que le travail engagé depuis plus de dix ans est<br />

maintenant soutenu, conforté et encouragé. Les effets de cette excellente nouvelle impliquent la<br />

transformation de ce (ex) Point Ecoute Jeunes et Parents en pôle prévention qui devra, à brève<br />

échéance, intégrer le CSAPA de Beauvais.<br />

Ce changement de statut va t-il induire dans l’avenir d’une part, des modifications dans le dispositif de<br />

prise en charge des addictions et d’autre part, dans la pratique des équipes ?<br />

Ces questions ont été soumises à la réflexion entre les deux équipes du CSAPA de Beauvais. En<br />

synthèse, nous rendons compte, en l’état, des premières interrogations des professionnels concernés :<br />

- Chaque équipe travaille auprès d’un public qui exprime des besoins spécifiques et qui est<br />

accueilli dans un espace adapté.<br />

- L’équipe du pôle prévention « le Fusain Ailé » reçoit un public d’adolescents et de jeunes<br />

adultes (12/25 ans) majoritairement consommateurs de cannabis. Elle propose également un<br />

accueil pour leurs parents et/ou leurs substituts parentaux. La pratique développée jusqu’à ce<br />

jour dans ce service s’apparente à celle d’une consultation jeunes consommateurs. Nos<br />

interventions auprès de ces usagers, au début d’un usage nocif, tendent à limiter l’escalade de<br />

la consommation de produits psycho-actifs qui pourrait entraîner des dommages sur leur santé<br />

et leur épanouissement.<br />

Le travail du pôle prévention repose sur l’idée force selon laquelle la consommation d’un produit<br />

psycho-actif n’est pas prédictif, a priori, d’un processus « d’emballement » vers une addiction<br />

grave et du mode de vie qui s’y rattache. Un accès facilité, permet d’initier plus aisément une<br />

intervention précoce.<br />

- En revanche, l’équipe du pôle soins accompagne des personnes en souffrance d’addictions<br />

sévères, engagées dans un parcours de soins médicaux et psycho-éducatifs long et complexe.<br />

- Si nous regroupons dans un même lieu ces deux activités singulières, nous craignons de<br />

contribuer au « brouillage » de la compréhension des projets spécifiques proposés à chaque<br />

public.<br />

Voilà quelques uns des arguments avancés qui soulignent l’intérêt peut-être de maintenir les<br />

espaces d’accueil différenciés. Nous pensons en effet que l’une de nos mission est de protéger le public<br />

jeune sans complications sociales ni psychiatriques de celui des patients engagés sur le chemin<br />

chaotique du soin des addictions et de la dépendance.<br />

Une autre dimension de notre travail préside à ce choix : selon notre expérience clinique, il est d’un<br />

grand intérêt de proposer à l’entourage l’un ou l’autre lieu selon la dynamique familiale et le projet<br />

thérapeutique.<br />

Cependant, les équipes des deux pôles poursuivront leur rapprochement en 2011, favorisant ainsi des<br />

synergies positives et constructives pour les publics accueillis.<br />

Mme LEFEVRE Dominique<br />

Chef de service<br />

91


INTRODUCTION<br />

Un cadre rassurant et contenant animé par les membres de l’équipe du pôle soins est la base<br />

des relations avec les consultants. Ceux-ci en quête de repères, d’une attention bienveillante, n’hésitent<br />

pas à solliciter les membres de l’équipe.<br />

Cette année encore nous enregistrons une augmentation des actes alors que la file active globale est,<br />

comparée à l’année dernière, stable.<br />

Comme les années précédentes, le taux de renouvellement de la file active usagers est de 43%.<br />

Pour la file active médicale il est de 25%.<br />

Ces indicateurs mettent en évidence que le service est bien repéré sur le territoire.<br />

Le départ de certains consultants suivis médicalement permet de satisfaire dans les plus brefs délais<br />

les demandes de soins de nouveaux patients. 51% des consultants de la file active tentent avec l’aide<br />

d’un traitement de substitution de mettre à distance leurs consommations d’héroïne, 82% d’entre eux<br />

sont suivis par notre équipe médico-psycho-éducative. Dans le chapitre « traitements de substitution »<br />

vous trouverez plus en détail la description de l’accompagnement proposé.<br />

Les traitements de substitutions représentent une aide mais pas une fin en soi pour soutenir une<br />

personne dans ses efforts de changements et pour qu’elle puisse faire face à la réalité de sa vie. Nous<br />

accueillons des personnes en souffrance avant même quelles ne soient « étiquetées » droguées,<br />

toxicomanes ou poly-toxicomanes. Changer ses habitudes n’est pas une mince affaire pour quiconque,<br />

davantage peut-être pour le public que nous recevons. Aider pour certains à trouver, (retrouver pour<br />

d’autres) des objectifs, donner du sens à leur vie sont les motivations qui animent au quotidien dans<br />

leur rencontre avec les consultants, chacun des membres de l’équipe.<br />

Ces échanges s’organisent sous forme d’entretiens individuels formalisés, parfois en entretiens<br />

informels ou au travers de discussions et d’échanges spontanés, en groupe.<br />

Cette année nous avons encouragé et soutenu le processus par lequel les usagers ont expérimenté la<br />

constitution d’un collectif. On pourra lire le déroulé de cette expérience dans le texte écrit par Mr<br />

Sébastien DUNET, éducateur spécialisé.<br />

Les membres de l’équipe sont constamment en éveil pour faire évoluer leur pratique afin d’être au plus<br />

près des besoins des consultants. Je les remercie pour leur engagement professionnel, qui cette année<br />

encore a permis d’accompagner dans les meilleures conditions possibles une file active importante.<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE. LECTURE ET COMENTAIRES<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active usagers* 335 323 326<br />

Nombre de patients vus au moins une fois 335 323 326<br />

- dont nombre de patients vus une seule fois 51 44 43<br />

- dont nombre nouveaux usagers 141 127 138<br />

File active entourage 53 42 45<br />

- dont nombre nouvelles personnes 40 33 37<br />

Total file active 388 365 371<br />

* dont 48 personnes suivies à la maison d’arrêt de Beauvais.<br />

Mme Dominique LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

92


1.2 Les actes honorés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Actes médicaux 765 907 917<br />

Actes infirmiers (tous confondus) 4365 5829 6083<br />

Actes psychologiques 228 289 314<br />

Actes sociaux-éducatifs 713 784 914<br />

Actes réalisés en incarcération 59 81 114<br />

Actes-accueil* 4365 5214 5599<br />

Actes réalisés auprès de l’entourage** 119 86 98<br />

Total des actes 10495 13112 14039<br />

* Les actes-accueil comptabilisent les passages quotidiens des personnes reçues au service et accueillies par les différents<br />

membres de l’équipe (usagers, patients réguliers, accompagnateurs, entourage/famille, etc.)<br />

** Il s’agit de comptabiliser les entretiens réalisés auprès de l’entourage (parents, conjoints, enfants, etc.)<br />

Depuis ces trois dernières années nous observons une file active globale relativement stable.<br />

Nous constatons cependant que le nombre d’usagers a légèrement augmenté de 2%.<br />

Le nombre de personnes composant l’entourage des patients est en hausse lui aussi de 14%.<br />

Enfin, le nombre d’actes réalisés est en augmentation de 7%.<br />

Le taux de renouvellement de la file active usagers est de 43%.<br />

Le taux de renouvellement de la file active parents est de 82%.<br />

Le taux de renouvellement de la file active médicale est de 25%.<br />

Au sujet des actes<br />

Les actes infirmiers sont en progression de 4%<br />

Les infirmières au cours de cette année ont délivré un traitement méthadone à 110 personnes.<br />

7 patients suivis par d’autres CSAPA ont été accueillis temporairement pour la délivrance de leur<br />

traitements, le temps de leur séjour chez des proches.<br />

7 autres patients ont sollicité leur prise en charge en longue durée après avoir été initialisés par<br />

d’autres CSAPA ou UCSA.<br />

Les passages quotidiens au service concernent, en premier lieu, les personnes nouvellement<br />

initialisées au traitement. 34 personnes ont bénéficié au centre d’une initialisation au traitement<br />

méthadone.<br />

Les actes médicaux sont équivalents à ceux de l’année 2009<br />

Le médecin gère une file active composée de 134 personnes, soit 41% de la file active usagers.<br />

Le pourcentage des personnes suivies médicalement est stable depuis 3 ans.<br />

Le médecin a reçu 3 usagers orientés en interne par les éducateurs du service. Ils souhaitaient un<br />

soutien médical pour les aider à arrêter leur consommation de cannabis.<br />

Un autre patient a été suivi pour la prescription d’un traitement benzodiazépine. Ce dernier<br />

consultait notre service pour l’abus de médicaments psychotropes. Il a sollicité l’équipe pour l’aider<br />

à gérer ses prescriptions. Nous lui délivrons son traitement au quotidien.<br />

93


Les actes sociaux-éducatifs sont en progression de 17 %<br />

Cette année nous souhaitons mettre particulièrement en évidence une part d’activité que nous<br />

avons intitulée « actes informels ». Il s’agit de temps de rencontre non quantifié, non convenus au<br />

préalable et qui se réalisent « entre deux portes ». Ces moments d’échanges sont en réalité de<br />

vrais entretiens de soutien. Nous n’hésitons pas à répondre à ces demandes d’écoute immédiate<br />

car force est de constater que lorsque nous différons, ne serait-ce que de quelques heures, les<br />

personnes concernées ne reviennent pas.<br />

Entretiens informels : 104 actes, soit 11 % des entretiens individuels.<br />

Les principaux actes :<br />

- Aide aux droits sociaux : 76 actes, soit 8%.<br />

- Hébergement spécifique : 44 actes, soit 4 %.<br />

- Synthèses/Bilans : 32 actes, soit 0,3 %.<br />

Les actes psychologiques sont en augmentation de 9%<br />

L’activité du psychologue est en légère croissance par rapport à l’année 2009.<br />

69 usagers ont honoré au moins un rendez-vous.<br />

La moyenne d’entretiens par personne est de 5.<br />

1.3 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 44 58 51<br />

Hommes 293 265 275<br />

TOTAL 335 323 326<br />

Depuis l’ouverture des services en 1977 nous constatons que la file active usagers est composée très<br />

majoritairement d’une population masculine à 84%.<br />

1.4 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 20 ans 0 8 6<br />

- dont moins de 18 ans 0 1 2<br />

20-24 ans 73 75 81<br />

25-29 ans 91 97 96<br />

30-39 ans 118 103 96<br />

40-49 ans 51 38 44<br />

50-59 ans 2 1 1<br />

60 et plus 0 0 2<br />

1.5 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 31,6 30,07 30.70<br />

Hommes 31,4 30 31.2<br />

Générale 31,4 30,05 31.10<br />

94


La pyramide des âges ne montre pas de variante significative.<br />

1.6 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 155 301 297<br />

- dont originaires du département 151 298 288<br />

- dont originaires de la ville d’implantation du service 156 158 141<br />

En provenance d’autres régions 8 8 13<br />

Non renseigné 172 14 16<br />

96% des personnes accueillies au CSAPA sont de la région.<br />

93% résident dans le département.<br />

45% sont originaires de la commune de Beauvais.<br />

1.7 Statut matrimonial<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Célibataire 180 179 182<br />

Union libre 79 72 84<br />

Marié 29 23 17<br />

Séparé 11 14 7<br />

Divorcé 28 21 19<br />

Veuf (e) 0 0 0<br />

Non renseigné 8 14 17<br />

Comparativement à l’année 2009, nous notons peu de changement par rapport au statut matrimonial<br />

des usagers accueillis au service.<br />

- 59% sont célibataires.<br />

- 33% vivent en couples (mariés ou en union libre).<br />

- 8% sont soit séparés soit divorcés.<br />

1.8 Nombre d’enfants<br />

A charge Non à charge<br />

Un 30 26<br />

Deux 12 10<br />

Trois 8 5<br />

Quatre et plus 3 2<br />

Non renseigné 8 0<br />

29% de la totalité des consultants ont des enfants (96 parents).<br />

Parmi eux, 55% (53) ont leurs enfants à charge et pour 45% (43), leurs enfants sont sous la<br />

responsabilité de l’autre parent ou d’un tiers (membre de la famille ou services de la protection de<br />

l’enfance).<br />

95


1.9 Logement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Indépendant 163 130 121<br />

Stable en famille 89 115 98<br />

Provisoire ou précaire 38 26 43<br />

SDF 5 6 6<br />

Etablissement pénitentiaire 26 23 48<br />

Non renseigné 14 23 10<br />

38% des personnes reçues au centre ont un logement indépendant.<br />

31% vivent, soit au sein de leur famille, soit dans un logement dont le loyer est payé par un membre de<br />

la famille. 69 % des consultants ont un logement stable.<br />

14% ont un logement précaire.<br />

2% sont sans domicile fixe.<br />

15% sont incarcérés.<br />

En comparaison avec les années précédentes, nous observons une précarisation de la situation<br />

sociale par le logement. En 2009 et 2008, 76% des consultants avaient un logement stable.<br />

Cette précarité amène les consultants à trouver des solutions d’hébergement de dépannage.<br />

Le nombre de personnes sans domicile fixe n’a pas augmenté.<br />

1.10 Situation professionnelle<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Ont un emploi 93 88 76<br />

Activité intermittente 48 59 60<br />

Arrêt prolongé 39 63 78<br />

Sans emploi 75 93 94<br />

Non renseigné 80 20 18<br />

25% des personnes accueillies au service ont un emploi (27% en 2009)<br />

19% ont une activité intermittente (18%)<br />

31% sont sans emploi (29% en 2009)<br />

25% en arrêt prolongé (28.50% en 2009)<br />

1.11 Origine principale des ressources<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Revenus de l’emploi (y compris retraite, pension invalidité) 141 118 125<br />

Assedic 67 50 51<br />

RMI/RSA 52 46 53<br />

AAH 11 10 14<br />

Autres prestations sociales 8 8 5<br />

Ressources provenant d’un tiers 4 11 21<br />

Autres ressources (y compris sans revenu) 41 54 40<br />

Non renseigné 11 26 17<br />

40% des consultants disposent de ressources liées à une activité salariale.<br />

16,5% perçoivent les Assedics, soit 1,5% de moins que l’année dernière.<br />

96


17% reçoivent le RMI/RSA.<br />

7% bénéficient de la solidarité familiale soit 3% de plus qu’en 2009.<br />

5 % ont l’Allocation Adulte handicapé soit plus 3% qu’en 2009.<br />

2% vivent d’autres prestations sociales.<br />

13% ont d’autres ressources ou sont sans revenu. Nous observons un recul de 2% des personnes dans<br />

une extrême précarité.<br />

1.12 Origine de la demande de consultation<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Initiative du patient ou des proches 175 185 201<br />

Médecin de ville 16 16 9<br />

Structures spécialisées (CCAA, CSST, autres.) 0 17 14<br />

Equipe de liaison 0 0 1<br />

Autre hôpital, autre sanitaire 0 0 0<br />

Institutions et services sociaux 10 15 39<br />

Justice obligation de soins 67 27 22<br />

Justice injonction thérapeutique 67 52 35<br />

Autre mesure administrative ou judiciaire 0 4 0<br />

Milieu scolaire/universitaire 0 0 0<br />

Autre 0 0 0<br />

Non renseigné 0 7 5<br />

Comme les années précédentes, nous constatons que la majorité des consultants 63% (54% en 2009)<br />

viennent au service soit de leur propre initiative, soit sur l’impulsion de leur famille ou entourage.<br />

Les orientations des médecins de ville restent marginales : 3%.<br />

Les indications des services de la justice sont en baisse pour la deuxième année consécutive. Elles<br />

représentent cette année 18% des adressages. Cette diminution est marquée par une réduction des<br />

injonctions thérapeutiques.<br />

Les orientations des travailleurs sociaux restent quant à elles, toujours faibles et ce, depuis plusieurs<br />

années. Des rencontres avec les équipes des centres d’hébergement d’urgence ou des CHRS ont lieu,<br />

soit dans le cadre de rencontres proposées par le RESAB, soit à leur demande. Dans les deux cas, la<br />

même question est posée : « Comment accompagner une personne vers le dispositif de soin ? »<br />

1.13 Couverture sociale<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Régime général et complémentaire 111 112 143<br />

Régime général sans complémentaire 108 117 82<br />

CMU avec complémentaire 91 76 85<br />

CMU sans complémentaire 0 0 0<br />

Sans couverture sociale 4 2 1<br />

Non renseigné 21 16 15<br />

46% de la population accueillie bénéficient des droits au régime général et une complémentaire.<br />

27% disposent de la CMU avec complémentaire (pourcentage identique à 2009).<br />

26% bénéficient uniquement du régime général de la CPAM (10% de moins qu’en 2009).<br />

97


1.14 Etat de santé des patients<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Taux de renseignement HIV 88% 77% 83%<br />

Tests effectues 220 176 194<br />

Séropositifs 1 1 1<br />

Nombre de patients sous traitement 1 1 1<br />

Taux de renseignement VHC 88% 77% 83%<br />

Tests effectués 219 176 194<br />

Séropositifs 12 25 27<br />

Nombre de patients sous traitement - - nr<br />

Nombre d’hépatite C guérie - - 6<br />

Taux de renseignement VHB 88% 77% 83%<br />

Tests effectués 219 177 192<br />

Nombre de vaccinations réalisées au centre - 0 5<br />

Séropositifs 45 38 49<br />

Couverts par la vaccination 45 38 77<br />

Nombre de prélèvements sanguins réalisés au service 17 15 28<br />

Nombre de patients orientés vers le CPES - 16 21<br />

Nombre actes « bobologie » 96 26 25<br />

Nombre actes de distribution de traitement 2833 4290 4580<br />

Nombre de patients présentant des comorbidités psychiatriques 10 22 27<br />

Nombre de patients qui ont bénéficie antérieurement d’un suivi spécialisé 19 23 24<br />

26 % des patients sont séropositifs au VHB (nous ne pouvons pas distinguer les personnes atteintes<br />

de l’affection de celles couvertes par les anticorps produits par le vaccin).<br />

14% sont contaminés par le virus de l’hépatite C.<br />

0.5% sont porteurs du virus du VIH<br />

8% des usagers accueillis présentent des comorbidités psychiatriques (le double par rapport à 2009).<br />

1.15 Les sevrages<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de sevrages réalisés 18 10 7<br />

- dont ambulatoire 6 6 4<br />

buprénorphine 3 2 2<br />

méthadone 3 4 1<br />

alcool 0 0 0<br />

benzodiazépine 0 0 0<br />

héroïne 0 0 0<br />

autres 0 0 1*<br />

- dont hospitaliers 12 4 3<br />

buprénorphine 0 0 0<br />

méthadone 0 1 0<br />

alcool 2 1 1<br />

benzodiazépine 0 0 0<br />

héroïne 10 1 0<br />

autres/Polytoxicomanie 0 1 2<br />

* sevrage cannabique.<br />

98


Un patient a été accompagné pour un sevrage cannabique.<br />

1.16 Traitements de substitution aux opiacés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de patients sous traitement dans la file active globale 169 152 167<br />

- dont patients sous buprénorphine 86 64 57<br />

- dont patients sous méthadone 83 88 110<br />

Nombre de patients sous traitement suivis par le centre* 113 101 136<br />

- dont patients sous buprénorphine 41 26 26<br />

- dont patients sous méthadone 72 75 110<br />

Nombre patients sous autres traitement à visée substitutive 0 0 0<br />

Nombre de patients prescription autre ou sans prescription - - 5<br />

* Hors file active suivie en incarcération.<br />

51% de la file active usagers tentent de se soigner de leur dépendance aux opiacés avec l’aide d’un<br />

traitement de substitution dont :<br />

- 34% ont un traitement de subutex.<br />

- 66% ont un traitement méthadone.<br />

81% des patients sous traitement de substitution sont suivis directement par l’équipe du CSAPA.<br />

Le taux d’évolution est de 47% soit 35 patients supplémentaires.<br />

Le taux de renouvellement est de 24% soit 26 patients nouveaux.<br />

1.17 File active de patients substitués suivis au service (hors file active suivie en incarcération)<br />

1.17.1 Méthadone<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 10 12 22<br />

Nombre d’hommes 62 6 3 88<br />

Nouveaux patients 24 25 26<br />

Nombre d’initialisations réalisées par le service 13 20 34<br />

Nombre d’accueils en relais 19 17 11<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacie de ville 15 22 15<br />

Nombre de patients suivis en médecine et pharmacie de ville 11 9 0<br />

Nombre de patients délivrés sous forme gélules 2 9 11<br />

Nombre de patients sortis du programme 55 26 44<br />

- dont relais vers médecin de ville ou autres CSAPA 33 11 22<br />

- dont devenus abstinents 3 4 1<br />

- dont de leur propre initiative 14 11 18<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) 2 2 0<br />

- dont exclusion (violence) 1 0 1<br />

- dont décédés 0 0 1<br />

Cette année nous avons répondu favorablement à 44 demandes d’initialisation à la méthadone. 34<br />

initialisations ont été effectivement réalisées.<br />

99


Le taux de croissance des initialisations est de 70% soit 14 patients supplémentaires par rapport à<br />

l’année précédente.<br />

Nous avons eu la triste nouvelle d’apprendre le décès d’un patient tout nouvellement initialisé. Il n’a pas<br />

survécu aux suites d’un accident de voiture.<br />

Dans notre pratique nous tentons de faire face aux comportements parfois inadaptés voire intolérables<br />

de certains consultants en présence d’un groupe d’autres patients.<br />

En cas de problèmes (proposition de produits, échanges douteux, dépannage de traitements, etc.),<br />

nous reprenons les faits avec l’auteur et convenons dans la plupart des situations d’un aménagement<br />

de ses temps de présence dans la salle d’accueil de manière à ce qu’il soit mis à distance de<br />

l’ensemble des autres usagers du service.<br />

Un patient a été cette année, de notre avis, trop loin dans la transgression des règles qui régissent la<br />

vie du service. Il a tenté de consommer du cannabis dans la salle d’accueil. Nous avons pris la décision<br />

de lui interdire l’accès de la structure.<br />

Cette décision a aussi du sens pour le groupe. Elle indique en premier lieu le seuil de tolérance,<br />

démontre ensuite aux autres consultants que nous voyons ce qui se passe, que nous les protégeons et<br />

maintenons le cadre de l’accueil et qu’en dernier recours si nécessaire, nous agissons.<br />

1.17.2 Buprénorphine<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 4 2 2<br />

Nombre d’hommes 37 24 24<br />

Nouveaux patients 11 10 6<br />

Initialisations 3 3 1<br />

Nombre d’accueils en relais 4 3 9<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacie de ville 41 26 26<br />

Nombre de patients sortis du programme 16 13 10<br />

- dont devenus abstinents 0 2 2<br />

- dont de leur propre initiative relais MG 15 8 7*<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) 1 0 0<br />

- dont orientés sous prescription méthadone 0 1 1<br />

- dont exclusion (violence) 0 0 0<br />

- dont orientés vers un CSST ou autres 0 2 0<br />

* Retour vers leur médecin généraliste.<br />

1.18 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 18 ans 98 127<br />

18-24 ans 56 43<br />

25-29 ans 8 5<br />

30-34 ans 3 3<br />

35-39 ans 1 0<br />

40-44 ans 0 1<br />

45-49 ans 0 0<br />

50 ans et plus 0 1<br />

Non renseigné 157 146<br />

100


1.19 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables *<br />

1er produit le plus 2<br />

dommageable<br />

ième produit le plus 3<br />

dommageable<br />

ième produit le plus<br />

dommageable<br />

Alcool 8 8 6<br />

Tabac 0 0 0<br />

Cannabis 77 51 17<br />

Opiacés 125 24 5<br />

Cocaïne et crack 8 17 5<br />

Amphétamines, ecstasy, … 2 8 7<br />

Médicaments psychotropes détournés 1 2 0<br />

Traitement substitution détourné 1 7 3<br />

Autres 2 1 0<br />

Pas de produits 76 25 18<br />

Non renseigné 26 183 265<br />

Total (100% de la file active) 326 326 326<br />

1.20 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1 (hors tabac) *<br />

Nombre de patients<br />

En usage à risque 32<br />

En usage nocif 39<br />

En dépendance 138<br />

Non renseigné 86<br />

1.21 Voie intraveineuse *<br />

Nombre patients<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent 28<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement (auparavant au dernier mois) 28<br />

N’ayant jamais utilisé la voie intraveineuse antérieurement 232<br />

Non renseigné 38<br />

* Mois précédent le contact pour les patients inconnus.<br />

Dernière situation connue pour les patients déjà suivis.<br />

Dans la file active 81% des usagers n’ont jamais utilisé la voie intraveineuse pour leur consommation<br />

(67% en 2009).<br />

Parmi les 28 personnes ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent, 3 nouvelles sont<br />

concernées.<br />

Parmi les 28 personnes ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement, 3 nouvelles sont dans cette<br />

situation.<br />

Ces chiffres appuient l’hypothèse que nous émettions en 2009 :<br />

« Le faible taux d’utilisation de la voie injectable apporte sûrement un éclairage sur le constat que<br />

seules 27 personnes sont porteuses du virus de l’hépatite C et que nous n’enregistrons aucune<br />

nouvelle contamination par le VIH ».<br />

Nous pouvons nous réjouir de la réussite des actions de prévention et de réduction des risques portées<br />

par l’association depuis de nombres années pour diminuer les dommages sanitaires chez les<br />

consommateurs de stupéfiants (mises à disposition de stéribox dans les services de soins, Totem à<br />

Creil et service de réductions des risques CAARUD) .<br />

101


1.22 Modalité de consommation<br />

Nombre de patients<br />

Injecté 28<br />

Sniffé 112<br />

Mangé/Bu 9<br />

Fumé 80<br />

Autres 0<br />

Non renseigné 97<br />

1.23 Justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes suivies sous main de justice * 171 172 173<br />

- dont obligation de soin 67 66 77<br />

- dont contrôle judiciaire 10 17 26<br />

- dont injonction thérapeutique 67 54 35<br />

- dont travail d’intérêt général 4 2 0<br />

- dont bracelet électronique 4 6 3<br />

- dont autres (précisez) 4 27 39**<br />

- dont non renseigné 19 12 9<br />

Nombre de personnes suives en incarcération 35 27 48<br />

Sans objet 137 145 153<br />

* Une même personne peut être l’objet de plusieurs mesures.<br />

**« liberté conditionnelle, mise à l’épreuve, semi liberté »<br />

Au 31 décembre <strong>2010</strong>, 53% des usagers reçus ont un suivi judiciaire.<br />

1.24 Les orientations réalisées par le service<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Vers une postcure 1 2 1<br />

Vers une communauté thérapeutique 0 2 2<br />

Vers une hospitalisation spécialisée (hôpital psychiatrique) O 1 0<br />

Vers une hospitalisation en hôpital général 10 3 3<br />

Vers un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) 1 0 0<br />

Vers autres 1 1 0<br />

1.25 Réduction des risques au centre de soins<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de kits distribués (pris ou remis) 520 1078 1539<br />

Nombre de stérifilts distribués (pris ou remis) 0 540 872<br />

Nombre de préservatifs distribués (pris ou remis) 1160 1280 851<br />

Nombre de plaquettes d’information distribuées * nr nr nr<br />

Nombre de seringues usagées récupérées 11O 150 325*<br />

Nombre de récupérateurs individuels de seringues usagées distribués 0 24 15<br />

* retour de seringues hors conteneurs mis à disposition.<br />

102


1.26 Activités de groupe thérapeutiques*<br />

Nombre de groupes 12<br />

Nombre de réunions 0<br />

Nombre de patients concernés 15<br />

* Sont considérées comme activités de groupe thérapeutique toutes les activités associant plusieurs patients avec au<br />

minimum un soignant.<br />

2. ACTIVITE A LA MAISON D’ARRÊT DE BEAUVAIS<br />

L’organisation du travail au CSAPA doit tenir compte de la nécessité de libérer du temps pour<br />

assurer l’accompagnement des personnes toxicomanes détenues à la maison d’arrêt de Beauvais. Le<br />

temps réservé à cette activité est de trois heures par semaine. Un éducateur spécialisé est chargé<br />

d’aller au devant de la population carcérale.<br />

Pour des questions d’organisation interne à l’UCSA notamment le peu d’espaces disponibles au regard<br />

du nombre d’intervenants extérieurs, nous n’avons pas eu le choix jusqu’à cette fin d’année de la<br />

matinée réservée à notre intervention. Lorsque la couverture en personnel au CSAPA est trop limitée,<br />

nous privilégions la présence de l’éducateur au service plutôt qu’à la maison d’arrêt réduisant de ce fait<br />

le temps accordé aux personnes incarcérées.<br />

Le tableau ci-dessous, comptabilise les matinées de présence et illustre le temps accordé aux détenus<br />

de la maison d’arrêt.<br />

2006 2007 2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre matinées de présence 31 28 20 24 29<br />

Maximum théorique pour une année<br />

43<br />

L’UCSA accueille au sein de ses locaux différents intervenants extérieurs, parmi lesquels : médecins<br />

généralistes, psychiatre, chirurgien dentiste, psychologues, intervenants de l’ANPAA et du <strong>SATO</strong>. Tous<br />

ces professionnels se partagent en alternance selon un planning bien défini les trois salles disponibles.<br />

Notons que l’adaptabilité à nos contraintes et l’amabilité de l’équipe de l’UCSA (nous les en remercions)<br />

qui nous accueille dans ses locaux nous ont permis de modifier en fonction des aléas du centre de<br />

soins et souvent à la dernière minute, nos moments de présence dans l’établissement évitant ainsi de<br />

nombreuses absences.<br />

Déroulement de l’activité<br />

Une matinée à la maison d’arrêt représente peu de temps de présence. Il se découpe de la façon<br />

suivante:<br />

Un temps passé avec les détenus au quartier hommes et/ou au quartier femmes.<br />

Ces rencontres répondent à différents objectifs :<br />

- Informer les personnes des possibilités qu’elles auront durant leur incarcération de faire<br />

évoluer leur parcours de soins : certains(es) détenus(es) sont arrivés(es) avec une<br />

substitution, d’autres l’ont obtenue dés leur arrivée ; d’autres encore ne bénéficient pas de<br />

traitement de substitution ; par choix afin de se sevrer de l’héroïne sans traitement ou du<br />

fait que leur addiction n’est pas liée à une consommation d’opiacés.<br />

103


- Soutenir les détenus(es) afin qu’ils(elles) supportent l’isolement et l’enfermement, en<br />

rupture avec leur mode de vie pré-incarcération, de façon la plus constructive possible.<br />

- Accompagner les détenus(es) dans leur réflexion pour la préparation d’un projet en vue<br />

d’organiser leur sortie :<br />

- soit, l’orientation vers des lieux d’hébergement thérapeutique durant leur<br />

peine (placements extérieurs) ou à l’issue de celle-ci.<br />

- soit, en préparant un relais vers des CSAPA afin d’assurer au mieux la<br />

continuité des soins et notamment des traitements mais aussi les<br />

sensibiliser, les préparer à se confronter à nouveau au monde extérieur qui<br />

ne leur veut pas forcément que du bien.<br />

- soit, pour offrir un « échappatoire » à l’univers clos dans lequel il n’est pas<br />

toujours simple d’exprimer ce que l’on ressent.<br />

Un temps de rencontre et d’échange avec les Conseillers d’Insertion et de Probation présents à<br />

la maison d’arrêt qui nous permet de faire le point sur les situations administratives et la<br />

préparation aux aménagements de peines.<br />

2.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2005 2006 2007 2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre d’usagers 29 48 49 35 27 48<br />

Nombre d’actes 81 91 83 59 81 114<br />

Moyenne d’actes 2.79 1.89 1.69 1.68 3 2.37<br />

La file active est en progression par rapport aux deux dernières années (+56 % par rapport à 2009)<br />

mais nous rejoignons en fait le niveau de ce qu’elle était en 2006 et 2007.<br />

En revanche, le nombre d’actes réalisés est lui en augmentation significative en comparaison de ces<br />

mêmes années. Son taux de croissance est de 41%. Cette hausse s’explique par quelques suivis<br />

effectués sur une longue période (plus de rencontres et donc plus d’entretiens) pour plusieurs détenus.<br />

Nous notons des rencontres « éclairs » consécutives à différentes situations :<br />

- une demande de rencontre non motivée par un réel désir de changement mais plus dans<br />

l’objectif d’obtenir plus facilement des remises de peine,<br />

- des détenus transférés ou qui ont obtenu, en attente de leur jugement, une mise en liberté<br />

provisoire.<br />

2.2 Tableau de la file active <strong>2010</strong> déclinée mensuellement<br />

Nombre actes Nombre usagers Dont nouveaux<br />

Janvier 10 9 1<br />

Février 11 11 4<br />

Mars 11 10 3<br />

Avril 7 7 1<br />

Mai 4 4 0<br />

Juin 20 19 11<br />

Juillet 11 11 8<br />

Août 0 0 0<br />

Septembre 14 12 2<br />

Octobre 11 10 5<br />

Novembre 3 3 0<br />

Décembre 12 12 3<br />

104


90 % des personnes rencontrées à la maison d’arrêt de Beauvais sont originaires du département de<br />

l’Oise, dont 44 % de Beauvais.<br />

La grande majorité de ces personnes a moins de 30 ans (64 %).<br />

2.3 Situation face au produit au moment de leur incarcération<br />

- 25 personnes sont consommatrices d’opiacés à leur entrée à la maison d’arrêt.<br />

- 18 personnes sont consommatrices « uniquement » de cannabis.<br />

- 1 personne détourne la Buprénorphine.<br />

- 1 personne consomme de l’alcool uniquement.<br />

- 2 personnes ne consomment plus de produit à leur entrée.<br />

- 1 personne ne sait pas pourquoi elle est là !<br />

Nous notons une augmentation qui attire particulièrement notre attention. Elle concerne des personnes<br />

rencontrées en incarcération qui sont des « mono-consommatrices » dans le cadre d’un usage de<br />

cannabis uniquement (37%). Ce constat est-il à mettre en corrélation avec la diminution observée au<br />

centre de soins concernant les injonctions thérapeutiques ?<br />

Ce rapprochement semble peut-être un peu rapide car en effet la plupart des personnes incarcérées ne<br />

le sont pas au premier motif d’une consommation de cannabis (pas plus d’ailleurs que celles<br />

concernées par l’héroïne ne sont là pour sa seule consommation) mais plus dans l’ensemble, pour des<br />

premiers chefs d’incarcération liés au vol et/ou au trafic de stupéfiants.<br />

2.4 Le contenu des prises en charge et le devenir<br />

- 4 détenus ont bénéficié d’un travail d’orientation vers un lieu de vie thérapeutique. Une<br />

s’est réalisée.<br />

- 6 personnes ont préparé un travail d’orientation vers des relais notamment des CSAPA<br />

pour engager à leur libération, la continuité des soins.<br />

- 4 détenus ont envisagé avec notre soutien des solutions afin de concilier lieu de travail<br />

et/ou de formation et continuité des soins.<br />

- 14 personnes sont toujours incarcérées et leur suivi toujours en cours.<br />

- 9 personnes ont été libérées. Le suivi est toujours en cours mais au centre de soin<br />

- 11 personnes sont retournées dans leur milieu de vie sans nous donner plus<br />

d’informations.<br />

3. REFLEXIONS CLINIQUES<br />

3.1 Réflexion sur les activités proposées au collectif d’usagers.<br />

Au cours des années passées, nous avons déjà abordé le thème des « activités au sein du<br />

centre de soins ». Dans le rapport d’activité de l’année 2007, nous mettions en avant le caractère<br />

éducatif des activités proposées au collectif d’usagers : les repas organisés et les randonnées<br />

pédestres. Ces propositions nous apparaissaient alors de bonnes « portes d’entrée » pour aborder,<br />

dans un contexte différent, des questions plus générales liées à la santé des usagers. Néanmoins,<br />

même si inlassablement nous avons renouvelé ces expériences, nous constations que la participation<br />

effective était loin d’atteindre celle que nous escomptions.<br />

La nécessité de créer et d’aménager un nouvel espace d’accueil dans nos locaux a été une occasion<br />

d’organiser des activités manuelles, de mettre ainsi en avant les compétences des uns et des autres<br />

105


pour le confort du centre et donc celui de chacun. Nous présentions dans le rapport d’activités de<br />

l’année 2009 l’organisation et le déroulement de ces activités. Sur la base du volontariat nous avons<br />

entrepris des chantiers avec quelques usagers.<br />

Pour rappel, deux types de travaux nous ont mobilisés à la fin de l’année 2009 et se sont poursuivis<br />

durant le premier semestre <strong>2010</strong>.<br />

Première activité<br />

Tout d’abord nous avons achevé les travaux d’embellissement du grenier avec deux personnes<br />

reçues au service, P. et A. présents du début à la fin de ce chantier.<br />

Nous sommes les uns et les autres des bricoleurs amateurs mais, l’intérêt de cette activité, s’il n’est pas<br />

forcément la qualité du travail réalisé (qui n’est pas si mal que cela soit dit en passant), a résidé dans la<br />

qualité des relations humaines qui se sont jouées durant ces moments de partage de compétences.<br />

Cette expérience a bousculé l’estime que chacun pouvait avoir de lui même.<br />

Il était convenu au préalable avec les intervenants qu’il s’agirait d’une action bénévole. Il nous est<br />

apparu néanmoins que l’on ne pouvait pas conclure ce chantier sans une compensation, une forme de<br />

valorisation du travail accompli. C’est pourquoi nous avons proposé aux participants une sortie au<br />

Stade de France, lieu mythique et inaccessible pour eux. Nous leur avons offert d’assister à un match<br />

de rugby lors du tournoi des six nations…<br />

La réaction de A et P à l’annonce de cette sortie a été étonnante. En effet, d’abord surpris, ils ont cru<br />

que l’équipe du service leur faisait une blague… Ensuite, sur la réserve, ils se sont demandés ce qu’ils<br />

allaient bien pouvoir aller y faire, et ont prétexté leur manque d’intérêt pour un match de rugby, préférant<br />

le football. En fait, il s’est avéré qu’il s’agissait plutôt de leur « crainte » à se confronter à une masse de<br />

personnes qui pensaient-ils, n’avaient rien en commun avec eux. Ils ne se sentaient pas « reliés » à<br />

elles… Leur vision et leur estime de soi induisent continuellement leur mode de vie, ils se fabriquent des<br />

« cases » dans lesquelles ils se « rangent » et ils ne s’autorisent pas à en sortir.<br />

Il aura fallu quasiment attendre le coup d’envoi du match pour qu’ils prennent réellement leur aise et se<br />

lancent dans ce grand bain de foule que peut représenter un match de rugby au Stade de France.<br />

Ce qui les a le plus étonnés ce jour là c’est que les supporters des deux équipes étaient mélangés dans<br />

le stade sans aucune tentative de cloisonnement par nation, donc pas de « cases » ! Le coup de sifflet<br />

final a déclenché le summum de leur étonnement : ils ont été pris dans le mouvement des<br />

congratulations entre supporters et sont sortis de leur « case » grâce aux supporters avec lesquels ils<br />

pensaient n’avoir aucun point commun.<br />

Deuxième activité<br />

L’entretien des espaces verts s’est rappelé à nous au début du printemps…<br />

On retrouve à peu près toujours les mêmes personnes dans ces tâches saisonnières. Ce qui est<br />

intéressant à observer dans cette activité, c’est la prise de responsabilité de chacun. En effet, si durant<br />

les travaux de peinture quasiment tout est établi à l’avance (type de papier, couleur de la peinture,…),<br />

dans le cas des espaces verts, libre à chacun d’organiser, de tailler, de bêcher, d’entretenir comme il<br />

l’entend !<br />

Il est difficile pour les participants de faire quelque chose sans demander si cela convient ou si les<br />

membres de l’équipe ne préfèreraient pas autre chose. Peut-être cela est-il le simple fait qu’ils<br />

s’assurent d’être dans les exigences de départ, mais justement nous leur signifions : il n’y a aucune<br />

consigne de départ ! Nous-mêmes faisons les choses sans forcément avoir de directives précises ;<br />

notre direction ne nous donne pas de consignes particulières, nous sommes tous des jardiniers<br />

amateurs, sans hiérarchie et sans aucune autre contrainte que celle de prendre soin des espaces verts.<br />

Prendre la responsabilité d’un acte sans « garde fou » semble pour certains une épreuve difficile à<br />

surmonter !<br />

106


Troisième activité<br />

Nous avons remis sur pied les « randos du vendredi » ! Nous constatons toujours un gouffre<br />

entre le nombre d’inscrits et le nombre réel de participants. Qu’est-ce qui fait d’ailleurs que dans<br />

chacune des activités, nous faisons la même observation :<br />

1- L’absence de motivation ? si l’on en juge le peu de participation !<br />

2- Les usagers du centre trouvent-ils leur compte dans ce que nous leur proposons ?<br />

3- Quelles sont leurs envies ? Les consultants ont-ils une envie particulière à se réunir<br />

en un groupe formel ?<br />

4- Est-ce uniquement l’envie des membres de l’équipe ?<br />

Le motif de cette défection n’est-il pas en effet que ce soit l’équipe qui propose et organise seule ces<br />

activités. N’est-on pas finalement arrivés à reproduire le système de « consommation » où l’on prend,<br />

ou pas, sans se poser la question de ce qui se joue dans la relation avec les membres de l’équipe et les<br />

consultants, et vice versa.<br />

Nous avons donc fait le choix de ne plus suggérer d’activités collectives à partir du mois de septembre<br />

pour prendre le temps de la réflexion, et voir si les uns et les autres nous solliciteraient. Nous avons<br />

décidé de modifier notre posture éducative vis à vis des activités et d’une manière plus générale dans la<br />

vie du centre. Ces activités de groupe sont certainement une piste d’approche différente qui vient<br />

compléter notre accompagnement individuel.<br />

Notre nouveau positionnement a été rapidement remarqué par les consultants et à la fin du mois de<br />

septembre quelques usagers sont venus nous demander quand l’équipe pensait réorganiser des<br />

randonnées. Nous leur avons proposé de s’impliquer davantage et d’organiser eux-mêmes cette<br />

activité. Nous leur avons conseillé d’utiliser les temps de rencontre avec les autres consultants dans la<br />

salle d’accueil et d’occuper les locaux pour les informer de leur démarche.<br />

Une réunion a donc été organisée un mardi matin entre et par les consultants porteurs du projet, pour<br />

mettre en commun les idées de chacun et voir combien de personnes étaient tentées de se joindre au<br />

groupe. Cette première rencontre a été animée par G, qui pilotera ensuite l’organisation de la première<br />

sortie.<br />

Dans cette démarche, le centre n’est plus le « fournisseur » mais le point de départ d’un groupe de<br />

personnes souhaitant se réunir à propos d’un même centre d’intérêt. L’éducateur n’est plus alors le<br />

moteur de l’activité mais un participant presque comme les autres, vers lequel bien sûr chacun peut se<br />

tourner pour faire le point sur son projet.<br />

Ce changement radical de position a provoqué chez certains usagers une effervescence qui s’est<br />

traduite par une présence plus régulière chaque matin pour informer les autres consultants et les<br />

motiver à franchir le pas pour se joindre à eux.<br />

Durant la préparation par le groupe d’usagers de la randonnée, nous leur avons posé la question de la<br />

nécessité de notre participation : devions-nous toujours participer? Si oui, de quelle manière ? Quelle<br />

était notre place et quelle était celle que les usagers organisateurs de la sortie attendaient?<br />

Après réflexion avec G, il s’est avéré que pour lui notre présence s’imposait et ce, pour plusieurs<br />

raisons :<br />

- D’abord dans un souci de logistique car la majorité des inscrits n’avaient pas de moyen de<br />

locomotion.<br />

- Ensuite comme « garde fou », par sécurité ! En effet, même si c’est une personne « lambda »<br />

qui organise, le fait que des professionnels participent, impose, ipso facto, une gestion de<br />

groupe telle que cela s’organiserait dans le cadre du centre de soin. Les règles de vie, comme<br />

par exemple : pas de consommation de produits psychotropes, les règles de bonne conduite,<br />

s’appliqueront toujours, même hors du centre. C’est précisément cette position que G souhaitait<br />

que l’on conservât, non pas pour lui éviter d’en assumer la charge, mais pour le rassurer.<br />

107


- Enfin, pour superviser l’organisation de l’activité. Nous nous sommes régulièrement vus, à la<br />

demande de G pour faire le point sur son projet et le rassurer dans sa démarche.<br />

-<br />

Le bilan de cette première organisation fut très positif :<br />

- Une seule personne n’a pas participé. Elle a néanmoins téléphoné pour s’excuser. Les neuf<br />

autres inscrites étaient présentes (situation qui ne s’était jusque là jamais produite, tout au plus<br />

étions nous quatre, éducateur compris !). L’un des leurs s’était démené pour préparer cette<br />

sortie, il comptait sur eux… On observe là une dynamique de groupe. On se pose la question<br />

de » savoir quelle importance portaient-ils à cette activité quand c’était nous qui l’organisions?<br />

- Il n’y a eu aucun débordement.<br />

- A la fin de la randonnée, une personne s’est proposée pour organiser la suivante et a pris<br />

immédiatement rendez-vous avec les autres.<br />

Les consultants organisateurs ont apprécié le respect des autres participants manifesté par leur<br />

présence et ont été ravis de l’impression de satisfaction qui régnait dans le groupe à l’issue de cette<br />

randonnée.<br />

C’est ainsi que d’une activité totalement gérée par le centre, nous sommes passés à une activité<br />

collective prenant appui sur le centre.<br />

La vie de ce groupe randonnée marque pour nous la transition vers une prise en charge plus groupale<br />

et « en auto support ».<br />

Et après…<br />

Aujourd’hui d’autres idées germent dans l’esprit de certains : une sortie vélo, profiter du terrain<br />

se trouvant derrière les locaux du centre de soins pour y faire un jardin, A et P se sont proposés pour<br />

refaire d’autres peintures, etc.<br />

Si l’activité professionnelle est un atout majeur dans la démarche de soin (on voit bien que la majorité<br />

de ceux qui travaillent s’en sortent mieux que ceux qui n’ont aucune activité), force est de constater que<br />

chez certains usagers, la difficulté à trouver une occupation professionnelle ne se résume pas qu’à la<br />

crise économique actuelle. En effet, le cadre, les contraintes qu’imposent le milieu du travail et<br />

probablement l’incapacité à exprimer des émotions sans que cela ne se traduise de façon<br />

disproportionnée, y sont aussi pour beaucoup.<br />

Pouvoir proposer en parallèle à la prise en charge au centre de soins un accompagnement du type<br />

réinsertion par le travail, par le biais de chantiers encadrés, en tout ou partie, par des professionnels de<br />

notre secteur permettrait peut-être pour des personnes aux profils particuliers de créer une passerelle<br />

dynamique et efficace entre le « rien du tout » et le monde du travail.<br />

L’intérêt de notre présence offre la possibilité pour l’usager d’aborder ses difficultés sans crainte du<br />

regard ni du jugement, ce qui peut se produire dans les systèmes ordinaires. C’est l’assurance aussi,<br />

d’avoir en face de soi une équipe qui face aux situations conflictuelles apportera une autre réponse que<br />

le renvoi immédiat et systématique.<br />

Le développement d’activités au sein des centres de soins en ambulatoires, à mi chemin entre la prise<br />

en charge type hôpital de jour et celle du type communauté thérapeutique ne pourrait-il pas être une<br />

piste de travail qui permettrait de combler ce vide existant pour ces personnes non pas « allergiques »<br />

au monde du travail mais qui éprouvent de grandes difficultés à s’y confronter de façon durable, et qui<br />

trouvent souvent refuge dans les produits.<br />

Une activité telle que la randonnée est une occupation brève. D’autres activités demandent un<br />

investissement sur plusieurs mois, et une préparation plus minutieuse. Elles pourraient être une<br />

alternative à une activité professionnelle chez des personnes qui pour le moment n’ont guère d’autres<br />

recours que de rester dans leurs « cases ».<br />

108


L’objectif est de les amener à prendre des initiatives, à se mobiliser en s’appuyant sur leur propre<br />

dynamique de groupe et sur le tissu associatif existant.<br />

En conclusion, nous allons soutenir ce groupe naissant et poursuivre notre réflexion en équipe. Il nous<br />

semble d’ores et déjà pertinent de conforter, de consolider et de développer notre nouvelle position<br />

éducative en offrant un espace participatif où se côtoient les idées et les propositions de chacun ;<br />

professionnels et usagers du centre. Ce changement doit être accompagné afin que chacun puisse s’en<br />

approprier les bénéfices éventuels et en intégrer la nécessité (une adaptation en quelque sorte du<br />

conseil de vie sociale prévu dans la loi 2002-2).<br />

Sébastien DUNET<br />

Educateur spécialisé<br />

109


INTRODUCTION<br />

LE PÔLE PREVENTION<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE DU FUSAIN AILE<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Taux de renouvellement des files actives<br />

1.3 Les actes honorés<br />

2. DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE JEUNES RECUS EN ENTRETIEN INDIVIDUEL.<br />

2.1 LECTURE ET COMMENTAIRES<br />

2.2 Au sujet des entretiens individuels<br />

2.3 Répartition par sexe<br />

2.4 Moyenne d’âge<br />

2.5 Tranches d’âge<br />

2.6 Origine géographique<br />

2.7 Logement<br />

2.8 Situation professionnelle<br />

2.9 Origine de la demande<br />

2.10 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

2.11 Les suivis sous main de justice<br />

2.12 Les usagers de cannabis<br />

3. DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE PARENTS RECUS EN ENTRETIEN.<br />

LECTURE ET COMMENTAIRES<br />

3.1 Origine de la demande<br />

3.2 Nature de la demande<br />

3.3 Lien de parenté<br />

3.4 Origine géographique<br />

3.5 A la rencontre des parents :<br />

« Co-construction du groupe Parents Destin de Femmes/IFEP/Fusain Ailé »<br />

(Mr Pierre-Jan BRACHET, psychologue)<br />

4. PRISE EN CHARGE GROUPALE DES USAGERS DE CANNABIS<br />

4.1 Tableau comparatif<br />

4.2 Les stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de stupéfiants<br />

4.2.1 Stages majeurs<br />

4.2.2 Stages mineurs<br />

4.3 La Protection Judiciaire de la Jeunesse<br />

5. LES ACTIVITES A L’EXTERIEUR DU SERVICE<br />

5.1 La communauté éducative<br />

5.2 Le Conseil Général<br />

5.3 La Communauté d’Agglomération du Beauvaisis<br />

5.4 La ville de Beauvais<br />

6. LES ACTIONS DE PREVENTION<br />

7. LE RESEAU PREVENTION TOXICOMANIE DU BEAUVAISIS<br />

7.1 Groupe d’appui aux professionnels<br />

7.2 Groupe « Aide au montage de projets de prévention »<br />

7.3 Préparation d’échanges/débats autour des addictions à l’usage des professionnels.<br />

7.4 Rendre possible des perspectives…<br />

110


INTRODUCTION<br />

Le Pôle Prévention le Fusain Ailé a poursuivi son activité d ‘accueil, d’accompagnement et<br />

d’orientation auprès du public jeune 12/25 ans, de leurs familles et des professionnels.<br />

Cette année, 77% des jeunes reçus sont dans des difficultés liées à l’usage de produits psycho-actifs,<br />

en particulier le cannabis et 40% des parents qui ont pris contact avec notre service ont des inquiétudes<br />

pour leurs enfants à cause de cette consommation. Les autres jeunes soit, 23% consultent pour<br />

d’autres motifs tels que l’expression d’un mal-être.<br />

La file active « jeunes » montre un léger fléchissement. L’origine de cette baisse s’explique par la<br />

diminution des orientations judiciaires en particulier des obligations de soins. Les fluctuations de la file<br />

active jeunes d’une année sur l’autre varient selon les indications des services judiciaires.<br />

En revanche, la venue du public que nous qualifierons de « libre adhésion », orienté par la communauté<br />

éducative, les services sociaux, les services sanitaires, ou venu de lui-même, est stable. Cette<br />

régularité d’adressage laisse à penser que les partenaires reconnaissent l’utilité de notre service et les<br />

compétences des membres de l’équipe.<br />

La qualité d’écoute et d’accompagnement des professionnels du service se traduit par l’engagement<br />

des personnes reçues sur une durée de prise en charge plus longue. Elle contribue par ailleurs à<br />

l’efficience de relations « étayantes ».<br />

L’activité d’accueil en entretien individuel des personnes est l’une des postures psycho-éducatives du<br />

service. Une autre facette de notre activité est constituée d’animations de différents groupes : groupes<br />

« rappel à la loi », stages de sensibilisation pour majeurs, stages de sensibilisation pour mineurs,<br />

groupe parents, groupe de jeunes scolarisés et/ou accueillis dans des foyers.<br />

Le panel de nos activités est complété par le volet « Prévention des conduites à risques ».<br />

Prévenir les conduites addictives n’est pas un travail qui va de soi tant il requiert en amont de l’énergie<br />

et de l’attention pour mettre en cohérence la démarche à engager, convaincus que l’information ne<br />

constitue qu’une réponse partielle et insuffisante. Nous travaillons avec les membres qui composent le<br />

Réseau Prévention Toxicomanie du Beauvaisis pour développer auprès des partenaires qui le<br />

sollicitent, une approche sur la transversalité des pratiques professionnelles et la coordination des<br />

interventions. Ce dispositif a pour finalité de limiter les conduites addictives de la jeunesse sur notre<br />

territoire d’implantation.<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE DU FUSAIN AILE<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de jeunes reçus 263 290 258<br />

- dont nouveaux 195 264 135<br />

- dont passages* 14 13 12<br />

Nombre de parents reçus 110 83 77<br />

- dont nouveaux 101 71 53<br />

- dont passages* 0 0 0<br />

Total file active 373 373 335<br />

Mme Dominique LEFEVRE<br />

Chef de service<br />

* Il s’agit de jeunes et/ou d’‘adultes qui se sont adressés au service afin d’obtenir des informations (plaquettes, aide à la<br />

réalisation d’une enquête, d’un devoir, etc.), des conseils, des préservatifs.<br />

Ils n’ont pas été reçus en entretien individuel ou en groupe.<br />

111


La file active jeunes enregistre un taux de décroissance de 11% qui s’explique par une baisse des<br />

jeunes orientés dans le cadre d’une mesure judiciaire, en particulier, l’obligation de soin.<br />

La file active parents enregistre un taux de décroissance de 19%.<br />

La file active globale se décline de la manière suivante :<br />

- 138 jeunes ont été reçus en entretien individuel dont 70 pour un premier accueil, soit un taux de<br />

renouvellement de 51%.<br />

23 jeunes ont repris contact avec le service après une interruption supérieure à 6 mois, soit 17%.<br />

- 45 jeunes bénéficient d’un suivi et d’un accompagnement au « long cours », soit 31%.<br />

- 43 jeunes ont été orientés par la justice pour un rappel à la loi. Ils ont été accueillis dans les<br />

groupes « rappel à la loi ». Parmi eux, 37 se sont effectivement présentés, soit 86% des<br />

adressages.<br />

- 51 jeunes majeurs ont été orientés vers un stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de<br />

produits stupéfiants. Parmi eux, 44 ont participé à l’intégralité du stage soit 86% des personnes<br />

orientées. Nous avons organisé 6 stages dont 1 qui a été annulé par manque de stagiaires pour<br />

créer une dynamique de groupe.<br />

- 14 jeunes mineurs ont également participé à ces stages soit 100% des indications. Nous avons<br />

organisé 2 stages sur les 3 prévus cette année.<br />

- Nous avons rencontré 77 parents dont 67 ont été reçus en entretien individuel. 10 d’entre eux ont<br />

participé au groupe parents animé par le psychologue du service. Ce groupe se réunit<br />

alternativement dans les locaux de l’association « Destins de femmes » située au quartier Saint<br />

Jean de Beauvais et au Fusain Ailé, pôle prévention du CSAPA du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> de Beauvais.<br />

1.2 Taux de renouvellement des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Jeunes 79% 95,5% 57%<br />

Parents 92% 85,5% 69%<br />

Global 85,5% 90,5% 63%<br />

1.3 Les actes honorés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre actes jeunes 675 781 566<br />

- dont entretiens individuels 456 501 505<br />

Nombre actes parents 257 190 207<br />

- dont entretiens sans le jeune 177 117 116<br />

- dont entretiens en famille 80 73 72<br />

Total actes 932 971 773<br />

- dont nombre entretiens socio-éducatifs nr 368 450<br />

- dont nombre entretiens psychologiques nr 251 243<br />

Malgré la baisse de la file jeunes reçus en entretien individuel nous notons un nombre d’actes<br />

relativement soutenu.<br />

Ces statistiques n’intègrent pas les actes correspondant au temps passé par l’éducatrice :<br />

112


- au Tribunal de Grande Instance pour rencontrer au préalable les jeunes majeurs contraints de<br />

s’inscrire aux stages de sensibilisation, ni prendre en compte les tâches administratives inhérentes<br />

à cette organisation.<br />

- A la préparation des interventions concernant les actions de prévention primaire.<br />

Les entretiens avec les parents représentent 30% des entretiens réalisés.<br />

Nous constatons que depuis 2008, les parents engagent une demande de soutien approfondi ainsi<br />

d’ailleurs que les jeunes reçus en entretien individuel.<br />

2 DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE JEUNES RECUS EN ENTRETIEN INDIVIDUEL.<br />

LECTURE ET COMMENTAIRES<br />

Les données chiffrées suivantes ne concernent que les jeunes reçus en entretien individuel soit une file<br />

active de 138 personnes.<br />

2.1 Au sujet des entretiens individuels<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre moyen d’entretiens/jeune 2,98 2,98 3,65<br />

Nombre moyen d’entretiens/parents 1,45 2,28 2,80<br />

2.2 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Filles 26 35 30<br />

Garçons 124 133 108<br />

Total 150 168 138<br />

La file active est composée à 78% d’une population masculine.<br />

2.3 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Filles 20,30 20 19,6<br />

Garçons 23,40 22,90 21 ,5<br />

Générale 22,90 22,30 20,55<br />

La courbe de la moyenne d’âge depuis 2008 montre un rajeunissement de la population accueillie au<br />

Fusain Ailé. Ce phénomène est induit par la diminution des orientations de jeunes adressés par la<br />

justice.<br />

2.4 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 20 ans 69 70 69<br />

dont moins de 18 ans 31 37 40<br />

20-24 ans 46 49 40<br />

25-29 ans 18 24 18<br />

30 et plus 17 25 11<br />

113


Nous constatons une baisse des tranches d’âge 25-29 ans et 30 et plus.<br />

Concernant les mineurs nous avons accueilli 16 filles et 24 garçons :<br />

- 4 filles se sont présentées pour une consommation de cannabis entraînant des troubles et/ou une<br />

expression de mal-être. 2 d’entre elles ont été orientées par un travailleur social, 1 par un adulte de<br />

la communauté éducative et une est venue d’elle-même.<br />

- Pour les 12 autres, 7 ont été adressées par la communauté éducative, 2 par le médecin de famille,<br />

1 sur l’invitation de sa famille et 2 ont pris contact de leur propre initiative.<br />

- 16 garçons sont concernés par un usage de cannabis. 8 se sont présentés contraints par la<br />

justice, 3 sur incitation de leur famille, 1 sur suggestion de son médecin généraliste et 4 sur<br />

indication d’un travailleur social.<br />

- Pour les 8 autres, 1 est venu de lui-même, 1 soutenu par sa famille, 4 orientés par la communauté<br />

éducative, 1 adressé par un travailleur social et 1 par un animateur.<br />

2.5 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 77 75 138<br />

- dont originaires du département 76 75 78<br />

- dont originaires de la ville d’implantation du service 56 62 47<br />

- dont originaires de la communauté de communes de Beauvais 11 17 13<br />

Non renseigné 73 93 0<br />

2.6 Logement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Indépendant 31 36 22<br />

Stable en famille 76 78 67<br />

Stable monoparental nr nr 16<br />

Provisoire ou précaire 7 22 13<br />

SDF 0 0 0<br />

Hébergé en institution 17 9 8<br />

Non renseigné 19 23 12<br />

16% des personnes ont un logement stable et indépendant. Ces jeunes correspondent à la tranche<br />

d’âge 25-30 ans et plus.<br />

58% bénéficient d’un logement stable dans leur famille dont 9% chez un seul de leur parent. Ces jeunes<br />

correspondent à la tranche d’âge 18-24 ans.<br />

12% ont un logement provisoire ou précaire. A ce sujet, nous recensons des jeunes hébergés chez leur<br />

parent ou chez un membre de la famille. Cet hébergement est conditionné au respect des règles de vie.<br />

2.7 Situation professionnelle<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Etudiants 49 57 66<br />

Apprentissage 17 14 13<br />

Activité rémunérée 43 35 24<br />

Inactifs 19 39 24<br />

Autres 12 0 -<br />

Non renseigné 10 23 11<br />

114


Nous notons une progression de l’accueil de jeunes scolarisés.<br />

2.8 Origine de la demande<br />

2008 200 <strong>2010</strong><br />

Venus d’eux-mêmes 14 13 14<br />

Famille/Ami 17 19 20<br />

Services justice 79 97 66<br />

Education Nationale 17 15 14<br />

Services sanitaires 6 5 4<br />

- dont médecin généraliste 6 5 4<br />

- dont services hospitaliers 0 0 -<br />

Services sociaux 11 14 14<br />

Associations 0 0 -<br />

Services téléphoniques 0 0 -<br />

Autres 3 4 2<br />

Non renseigné 3 1 0<br />

Les orientations des services de la justice restent majoritaires. Elles représentent 48% du total des<br />

orientations. Néanmoins et pour la première fois cette année, nous enregistrons une baisse significative<br />

des obligations de soin (moins 32 jeunes).<br />

Les venues spontanées que nous nommons « libre adhésion » sont identiques à l’année 2009.<br />

Les adressages de l’Education Nationale concernent des élèves des mêmes lycées et collèges de<br />

Beauvais. Nous entretenons de longue date des collaborations de travail avec les CPE, les infirmières<br />

et les assistantes sociales.<br />

2.9 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Vers un CSST 0 1 2<br />

Vers le CCAA 2 0 1<br />

Vers le médecin généraliste 0 0 1<br />

Vers l’hôpital général 1 0 0<br />

Vers le CMPP/CMP 0 0 0<br />

Vers l’Unité d’Accueil d’Urgence (UAU Psychiatrie) 0 0 0<br />

Vers un service social 0 0 0<br />

Autres 7 11 15<br />

Sans orientation 253 278 119<br />

* Pôle emploi, Mission Locale, Blog 46.<br />

Ce tableau met en évidence un faible taux d’orientation des usagers vers d’autres structures. L’équipe<br />

du Fusain Ailé a tenté d’en comprendre les raisons :<br />

- Le travail partenarial mené par l’équipe du Fusain-Ailé a engendré des liens avec de<br />

nombreuses institutions et établissements scolaires. Les échanges autour de nos pratiques<br />

professionnelles ont permis aux collègues de mieux comprendre et appréhender les missions<br />

du CSAPA Pôle Prévention. Ce dernier est désormais identifié comme une structure ressource,<br />

un lieu complémentaire à leurs propres actions. Les orientations vers notre structure sont en<br />

général pleinement justifiées. En effet, les collègues « accompagnant » les « jeunes » vers le<br />

115


Fusain Ailé ont au préalable à leur venue déjà évalué la ou les difficultés de la personne<br />

rencontrée. 75% des consultants poussent la porte de notre structure via un professionnel<br />

médico-socio-judiciaire.<br />

Notre travail auprès des personnes consiste avant tout à les amener à réfléchir sur ce qui pose<br />

problème. En les aidant à se « penser », elles trouvent elles-mêmes les ressources nécessaires<br />

qui leur permettront d’avancer dans la construction de leur projet de vie. La plupart des<br />

« consultants » connaissent les établissements adaptés (pôle emploi, mission locale, etc.) mais<br />

lorsqu’ils se présentent au service ils ne sont pas forcément en capacité psychique de pouvoir<br />

s’y rendre. Il y a alors nécessité à prendre le temps pour les aider à identifier qu’elles sont les<br />

raisons de ce blocage, de comprendre ensemble pourquoi il est si difficile d’aller à tel ou tel<br />

endroit et ce que vient faire le cannabis dans leur vie.<br />

- Pour la majeure partie des parents en difficulté que nous recevons (seuls ou en compagnie de<br />

leurs enfants), nous nous apercevons que le manque de communication au sein de la famille, la<br />

difficulté à poser des limites, à « dire non » sont les sources de l’origine des conflits entre eux et<br />

leurs adolescents. L’écoute que nous leur proposons permet d’apaiser la crise. Nous sommes<br />

en quelque sorte des « passeurs de crise ». Ces situations ne requièrent pas, sauf exception,<br />

d’orientation vers un dispositif complémentaire et/ou spécialisé.<br />

2.10 Les suivis sous main de justice *<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes suivies sous main de justice ** 177 207 172<br />

- dont obligations de soin 54 67 47<br />

- dont injonctions thérapeutiques 1 2 1<br />

- dont travail d’intérêt général 0 0 0<br />

- dont réparation pénale 2 2 1<br />

- dont « rappel à la loi » 117 75 58<br />

- dont « stage de sensibilisation » 3 61 65<br />

- dont autres (précisez) 0 0 0<br />

* Intègre la population reçue dans les groupes et/ou les stages de sensibilisation.<br />

** Une même personne peut faire l’objet de plusieurs mesures.<br />

Les orientations justice représentent 67% de la file active jeunes reçus au service.<br />

Nous observons :<br />

- Les obligations de soins sont en baisse cette année de 29%.<br />

- Les réparations pénales sont stables.<br />

- Les « rappels à la loi » sont en diminution de 22%.<br />

- Les stages de sensibilisation sont en hausse de 7%.<br />

2.11 Les jeunes usagers de cannabis<br />

Delphine DUFLOT<br />

Educatrice spécialisée<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de jeunes adressés pour usage de cannabis 182 232 198<br />

- dont reçus en entretien individuel 88 121 90<br />

- dont reçus en groupe 94 11 108<br />

Nombre de parents concernés par un usage de leur enfant 57 45 30<br />

116


45% des consommateurs de cannabis ont été reçus en entretien individuel. Nous enregistrons une<br />

baisse de 7% par rapport à l’année précédente.<br />

55% des usagers de cannabis ont été reçus en groupe dans le cadre des mesures alternatives aux<br />

poursuites. Nous observons une baisse de 7% par rapport à l’année 2009.<br />

Sur ces trois dernières années nous constatons une progression de l’accueil groupal au détriment de<br />

l’accueil en individuel.<br />

45% des parents accueillis au Fusain Ailé en <strong>2010</strong> sont inquiets pour leurs adolescents<br />

consommateurs de cannabis.<br />

Type d’usage<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Expérimentation 0 0 1<br />

Occasionnel 17 21 11<br />

Festif 13 23 12<br />

Régulier 17 21 30<br />

Dépendance 41 56 23<br />

Non renseigné 0 0 13<br />

* Pour les jeunes reçus en entretien individuel uniquement. Seul ce type de rencontre permet de mener une évaluation du<br />

rapport qu’entretien l’usager avec sa consommation.<br />

- 34% des usagers de cannabis ont une consommation régulière.<br />

- 25% sont dépendants.<br />

- 12% ont un usage festif.<br />

- 12% ont une consommation occasionnelle.<br />

3 DONNEES CHIFFREES DE LA FILE ACTIVE PARENTS RECUS EN ENTRETIEN.<br />

LECTURE ET COMMENTAIRES.<br />

Les statistiques suivantes s’intéressent uniquement aux parents reçus en entretien individuel. Cette file<br />

active représente 67 adultes.<br />

3.1 Origine de la demande<br />

2008 200 <strong>2010</strong><br />

Venus d’eux-mêmes 58 51 26<br />

Via la communauté éducative 6 4 7<br />

Via les services justice 20 11 19<br />

Via les travailleurs sociaux 3 4 0<br />

Via leur médecin généraliste 8 4 11<br />

Via les services hospitaliers 0 0 1<br />

Sollicités par leur propre enfant 3 2 2<br />

Autres 5 1 1<br />

Non renseigné 4 2 0<br />

28% des parents accompagnent leur enfant dans le cadre d’un adressage justice. L’augmentation<br />

enregistrée par rapport à l’année 2009 s’explique en partie par une proposition nouvelle de l’équipe du<br />

117


Fusain Ailé adressée aux parents d’enfants mineurs convoqués à un stage de sensibilisation. Depuis cette<br />

année en effet, nous recommandons vivement aux parents une rencontre conjointe avec leur enfant pour<br />

ensemble faire connaissance. C’’est aussi l’occasion de présenter les missions du service et le cas<br />

échéant d’offrir la possibilité à l’environnement familial de poursuivre librement des entretiens avec les<br />

professionnels de la structure.<br />

69% des parents prennent attache auprès du service dont 10% sous recommandation de la communauté<br />

éducative et 16% de leur médecin généraliste.<br />

3% viennent invités par leur propre adolescent, invitation travaillée avec l’éducatrice et/ou le psychologue<br />

lors des entretiens individuels.<br />

3.2 Nature de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Conseils 18 17 9<br />

Informations 42 45 27<br />

Soutien 34 13 21<br />

Autres 10 3 8<br />

Non renseigné 3 1 2<br />

40% des parents évoquent une demande d’information ou de complément d’information souvent au sujet<br />

du cannabis. Certains d’entre eux acceptent de poursuivre la rencontre afin que nous puissions les aider<br />

à réfléchir sur leurs postures parentales pour accompagner leur enfant à se « reprendre en main ».<br />

31% des parents dès le premier contact demandent un soutien pour mieux appréhender les enjeux<br />

relationnels entre eux et leur enfant.<br />

12% se présentent au service pour inscrire au stage de sensibilisation leur enfant mineur.<br />

3.3 Liens de parenté<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Mères 68 51 46<br />

Pères 24 13 16<br />

Beaux-parents 2 3 0<br />

Frères/Sœurs 5 2 0<br />

Grands-parents 3 3 2<br />

Conjoints 3 5 2<br />

Oncles/Tantes 2 1 0<br />

Autres 0 1 1<br />

Les mères sont traditionnellement largement plus présentes que les pères pour accompagner leur<br />

enfant. Ce constat se confirme cette année encore.<br />

3.4 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 59 46 67<br />

- dont originaires du département 57 46 52<br />

- dont originaires de la ville d’implantation du service 30 11 10<br />

- dont originaires de la communauté de communes de la ville d’implantation nr 12 5<br />

Hors région 3 0 0<br />

Non renseigné 48 37 0<br />

118


78% des parents sont originaires du département. Finalement relativement peu d’entre eux, 15%<br />

résident à Beauvais.<br />

3.5 A la rencontre des parents<br />

Co- construction du groupe Parents<br />

Destin de Femmes/IFEP/Fusain Ailé<br />

Cette nouvelle année du Groupe Parents animé par l’IFEP (prévention spécialisée) et le<br />

psychologue du Fusain ailé a été l’occasion de modifications importantes dans l’organisation des<br />

groupes. L’année précédente, le faible nombre de parents ayant pu se joindre au groupe nous a invités<br />

à réfléchir à de nouvelles modalités d’organisation afin de continuer à proposer un espace de parole<br />

aux parents rencontrés par les éducateurs de l’IFEP au cours de leur travail auprès des jeunes des<br />

quartiers Saint-Jean, Saint Lucien et Argentine.<br />

Ces parents ont souvent des difficultés à entrer en contact avec une structure telle que le Fusain Ailé.<br />

Cette réflexion collective a abouti à la proposition d’aller présenter l’existence et les finalités du groupe,<br />

lors du conseil du quartier Saint Jean afin de trouver un relais sur place pour y organiser les groupes.<br />

Cette initiative a rencontré un écho favorable au sein de l’association « Destin de Femmes ». Cette<br />

association de femmes du quartier Saint-Jean a proposé ses locaux pour accueillir les groupes de<br />

parents. Par ailleurs les personnes fréquentant cette association pourraient également bénéficier de cet<br />

espace d’échange. Sur les quatre groupes menés de juin à décembre, nous avons pu mettre en place<br />

ce changement de lieu sur deux sessions.<br />

Déroulement des groupes<br />

17 juin <strong>2010</strong><br />

Présents : 2 éducateurs de l’IFEP, la Présidente de DDF, 1 psychologue du Fusain Ailé, 4 Mères, 1<br />

jeune homme.<br />

Lieu : Locaux de l’association « Destin de Femmes ».<br />

Ce premier groupe fut l’occasion de le présenter à deux nouvelles personnes, l’une<br />

accompagnée par l’IFEP, l’autre de passage dans les locaux de Destins De Femmes.<br />

Le passage d’un jeune homme habitué des lieux, rebondit et participe aux thèmes abordés : les jeunes<br />

que l’on dit « hyperactifs ».<br />

Autour de ce thème furent abordées, d’une part les difficultés éducatives des parents face aux enfants<br />

particulièrement remuants et les ressentis des parents et aussi ceux des jeunes, d’autre part, les<br />

rapports entre la famille et l’extérieur, en particulier les rapports avec l’école mais aussi avec le milieu<br />

médical, éducatif et psychologique.<br />

Ainsi une discussion s’engage sur ce que l’on nomme l’ « hyperactivité », la difficulté d’évaluer ce qui<br />

est un trouble déterminé et ce qui est tout simplement de l’agitation, la manifestation particulière d’un<br />

enfant. Les parents et le jeune homme ont pu s’écouter et partager ce qui fut pour eux une ressource<br />

mutuelle.<br />

La fin du groupe fut consacrée à l’organisation du groupe suivant. A l’initiative de l’IFEP et à l’invitation<br />

de l’association « Destin de Femmes », il est proposé de se rencontrer la fois suivante autour d’un<br />

repas. Ce serait l’occasion de passer un moment convivial et de rencontrer d’autres mères fréquentant<br />

l’association « Destins de Femmes ».<br />

Le groupe suivant se tiendra en Octobre.<br />

119


7 octobre <strong>2010</strong><br />

Présents : 3 éducateurs de l’IFEP, la Présidente de DDF, 1 psychologue du Fusain Ailé, 1 stagiaire en<br />

formation d’éducatrice spécialisée au Fusain Ailé, 8 Mères, 1 Père.<br />

Lieu : locaux de l’association « Destin de Femmes ».<br />

Le groupe Parents fut précédé d’un moment convivial autour du repas, comme prévu à la fin du<br />

groupe précédant. A ce repas l’association « Destin de Femmes » a convié 2 membres de l’ASCAO, 1<br />

journaliste du journal du quartier St Jean « Harmonie », Mrs S.RUEL et A.PAPION du service<br />

prévention de la Ville de Beauvais. Chacun a pu se présenter en tant que membre d’association ou<br />

d’une institution mais aussi en tant que parent.<br />

Suite au repas, s’est tenu le groupe parents. Dès lors les invités qui ont souhaité rester ont été<br />

considérés comme parents assistant au groupe.<br />

Celui-ci s’est d’emblée orienté autour du thème des rapports entre les parents et l’institution scolaire.<br />

Ce thème, abordé par la Présidente de DDF rencontra un vif écho parmi les parents du groupe. De<br />

nombreux parents ont pu exprimer leur frustration et souvent leur colère dans leurs rapports avec les<br />

professionnels de la communauté éducative. Les convocations souvent mal vécues, l’impression d’être<br />

mis en accusation mais aussi l’impression vexante de ne pas être considéré comme un adulte<br />

responsable par les professionnels « ils nous regardent de haut ». Une grande partie des échanges fut<br />

ainsi consacrée à l’expression de l’insatisfaction des parents. Certains parents ont su mettre en lien la<br />

reviviscence de leur vécu scolaire de leurs mauvais souvenirs. Il fut noté que c’est souvent au collège<br />

que « commencent les problèmes ». L’entrée au collège est liée aussi à l’entrée dans l’adolescence.<br />

A l’évocation des ressentis douloureux des parents, les éducateurs de l’IFEP ont pu évoquer la<br />

possibilité de faire appel à leur compétence. Ils proposent de se situer comme médiateur dans la<br />

relation entre les professionnels de la communauté éducative et les parents. Des parents présents<br />

avaient bénéficié de cet accompagnement de la part de l’IFEP, mais aussi avec un membre de la<br />

famille ou d’une association de quartier.<br />

L’idée de faire appel à un tiers pour tenter de trouver une issue positive à ce conflit fut ainsi identifiée. Il<br />

semble toutefois que pour certains parents, en conflit avec l’institution scolaire, l’idée de parvenir à une<br />

bonne collaboration avec celle-ci reste assez improbable. Il semble que ce thème très riche puisse se<br />

prolonger dans de prochains groupes.<br />

En fin de groupe, nous convînmes de la tenue d’un autre groupe le mois suivant. Les éducateurs de<br />

l’IFEP se sont proposés d’être à l’initiative du prochain repas, qui serait préparé en commun.<br />

Autour de l’organisation du groupe en lui-même, plusieurs parents ont émis le souhait de chercher une<br />

plus juste répartition de la parole entre les différents participants. En effet, la Présidente de DDF,<br />

souhaitant porter la parole d’autres membres de son association a mobilisé un grand temps de parole.<br />

4 novembre <strong>2010</strong><br />

Présents : 2 éducateurs de l’IFEP, 1 psychologue du Fusain Ailé, 1 stagiaire en formation d’éducateur<br />

spécialisé au Fusain Ailé et 4 Mères.<br />

Lieu : Fusain Ailé<br />

Le groupe Parents s’est déroulé dans les locaux du Fusain Ailé avec la participation de quatre<br />

parents du quartier Saint Jean.<br />

Le thème principal fut celui de l’éducation des adolescents et de l’indépendance progressive que ceuxci<br />

prennent. Quelle peut être la position d’un parent face aux revendications d’indépendance des<br />

adolescents voire d’un discours parfois déstabilisant les concernant ? Comment retrouver une bonne<br />

120


communication avec ses adolescents ? furent des questions soulevées et auxquelles chacun a pu<br />

évoquer ses doutes mais aussi ses tentatives de réponses. D’une manière générale, il fut évoqué la<br />

manière dont chacun évolue dans un rôle parental en réponse à la croissance des enfants et de leurs<br />

besoins différents.<br />

14 Décembre <strong>2010</strong><br />

Présents : 2 éducateurs de l’IFEP, 1 psychologue du Fusain Ailé et 3 Mères.<br />

Lieu : Fusain Ailé<br />

Le groupe Parents a pris la même forme que le groupe précédent : les parents accompagnés<br />

par les éducateurs de l’IFEP se sont retrouvés au Fusain Ailé. Des incidents matériels n’ont pas permis<br />

au groupe de se rassembler à l’heure dite. Il s’est donc déroulé en deux temps : vers 14h00 deux<br />

parents, accompagnés d’un éducateur de l’IFEP ont été accueillis par le psychologue du Fusain. De<br />

manière informelle, autour d’un café, la conversation s’est orientée autour de la vie du quartier Saint<br />

Jean et des évènements auxquels prennent part les parents présents dans ce groupe.<br />

A l’arrivée de l’autre éducateur de l’IFEP et d’un parent, il a été signifié le début de la session du<br />

groupe, pour le temps restant. Comme souvent les échanges furent riches autour de divers thèmes.<br />

L’un des parents a longuement partagé ses inquiétudes concernant sa fille, souffrant de ce que nous<br />

avons identifié comme des troubles post-traumatiques consécutifs à une agression. Ce thème nous a<br />

menés à la question des troubles psychiques et des maladies chroniques d’origine psychique, ce qui a<br />

permis aux membres du groupe d’évoquer ses propres difficultés et de noter la fréquence de ces<br />

troubles.<br />

Synthèse du déroulement des Groupes Parents<br />

Les comptes-rendus ne donnent qu’un rapide aperçu de la diversité et de la richesse des<br />

échanges tenus lors de ces groupes. L’objectif n’est pas de restreindre les échanges autour d’un thème<br />

choisi à l’avance mais plutôt de favoriser l’intervention des parents dans la mobilisation de ressources<br />

qui leur sont propres et d’encourager le soutien mutuel dans la recherche de solutions nouvelles.<br />

Les spécificités du travail de l’IFEP et de l’association « Destin de Femmes » induisent la diversité des<br />

parents accueillis. Cette diversité explique en partie que chaque session réunisse des personnes<br />

nouvelles. Cependant un corpus de 4 parents a participé activement à la majorité des sessions, sur les<br />

dix parents venus.<br />

Cette relative instabilité du groupe ne permet pas une continuité dans les échanges d’une session à une<br />

autre. Celle-ci a pu être augmentée par l’aspect itinérant du groupe qui s’est tenu dans plusieurs lieux.<br />

Toutefois ces moments ont pu être le support d’échanges spontanés entre parents sur les thèmes qui<br />

les préoccupent à l’instant de la tenue du groupe. L’un des objets récurrents de ces discutions est ne<br />

pas se sentir considérés comme des parents « valables » par leurs interlocuteurs (éducation nationale,<br />

travailleurs sociaux, autres parents…), ce sentiment peut résonner avec les revendications<br />

d’indépendance de leurs adolescents et la façon dont eux-aussi s’interrogent sur leur rôle de parent. En<br />

réponse à cette perception, la forme du groupe et son animation basée, non pas sur une parole<br />

« experte » mais sur la mobilisation des ressources propres à chaque parent paraît pertinente. Les<br />

échanges d’expérience et de vécu rassurent les uns et les autres sur leur capacité à faire appel à leurs<br />

compétences et à inventer leurs propres solutions.<br />

Pierre-Jean BRACHET<br />

Psychologue<br />

121


4 PRISE EN CHARGE GROUPALE DES USAGERS DE CANNABIS<br />

4.1 Tableau comparatif<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de groupes « rappel à loi » * 14 7 7<br />

-dont nombre de jeunes adressés 96 50 43<br />

-dont nombre de jeunes reçus 86 42 37<br />

Nombre de » stages de sensibilisation »** 1 7 7<br />

- dont nombre de jeunes adressés 4 61 65<br />

- dont nombre de jeunes reçus 3 58 58<br />

Total des jeunes adressés 100 111 108<br />

Nombre de groupes autres 0 0 0<br />

- dont nombre de jeunes reçus 0 0 0<br />

Total des jeunes reçus 89 100 108<br />

Nombre de groupes parents nr 1 1<br />

- dont nombre de parents participants nr 0 10<br />

* orientation des tribunaux de Grande Instance dans le cadre des alternatives aux poursuites pour usage de stupéfiants<br />

majoritairement, le cannabis.<br />

** Orientations des Procureurs vers un stage de « sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants » dans le<br />

cadre des alternatives aux poursuites pour consommation majoritairement, de cannabis.<br />

Nous avions programmé 9 stages pour l’année. Le nombre insuffisant d’inscrits pour créer une<br />

dynamique de groupe nous a conduits à annuler le groupe du mois de Février dédié aux jeunes<br />

mineurs. Pour les mêmes raisons le stage réservé aux justiciables majeurs du mois de septembre n’a<br />

pas été réalisé.<br />

4.1 Les stages de sensibilisations à l’usage des produits stupéfiants<br />

4.2.1 Stages Majeurs<br />

Les « stages de sensibilisation aux dangers de l’usage des produits stupéfiants » à l'intention<br />

des personnes majeures ont été mis en place en 2008. Ils sont une mesure alternative aux poursuites,<br />

le TGI de Beauvais les propose aux contrevenants dans le cadre d’une composition pénale. Ces stages<br />

sont proposés par le procureur du TGI de Beauvais aux personnes interpellées en possession de<br />

cannabis.<br />

Le Pôle Prévention du CSAPA de Beauvais en est la structure porteuse.<br />

Ils se déroulent sur deux jours et comportent quatre modules :<br />

- La première matinée est dédiée à la constitution d'une dynamique de groupe, propice à de<br />

bonnes conditions d'échanges. Au cours de ce temps, les stagiaires sont invités par l’équipe du<br />

Fusain Ailé à se présenter, évoquer les circonstances justifiant leur participation au stage, puis<br />

sont posées les problématiques qui seront développées au cours du stage autour d'un<br />

brainstorming sur les produits stupéfiants, enfin chacun peut interroger son propre rapport à ces<br />

substances à partir d'un questionnaire d'auto-évaluation (CAST). L'après-midi est consacrée au<br />

thème de la loi, explicité par un délégué du procureur.<br />

122


- La matinée suivante, un médecin de l'équipe de liaison spécialisée en addictologie de l'hôpital<br />

de Beauvais développe la question des risques sanitaires liés aux consommations de<br />

psychotropes. Enfin l'après-midi, les thèmes abordés sont l'impact d'une consommation<br />

régulière sur la vie quotidienne, les liens sociaux. Nous terminons la session en proposant à<br />

chacun des participants de réfléchir sur leurs motivations et leurs stratégies qui pourraient<br />

étayer un changement dans leurs habitudes de consommation.<br />

Le bilan reprend les échanges développés durant la première matinée, enrichie des informations<br />

légales et médicales.<br />

Les modalités précises du déroulement de ces stages ont été développées plus longuement dans un<br />

précédent rapport d'activité (cf 2009).<br />

Globalement l'attention portée à la construction d'une dynamique de groupe positive permet aux<br />

stagiaires de s'impliquer dans les échanges et de profiter de l'expérience des autres stagiaires. Cela<br />

permet souvent de dépasser un discours manichéen fondé sur l'opposition entre l’interdit légal et les<br />

effets positifs du cannabis pour une approche nuancée par l'expérience de chacun. Nous notons une<br />

évolution du discours des stagiaires à la surprise de la découverte des résultats négatifs des tests<br />

d'auto-évaluation, voire leur négation à un discours plus critique sur leurs habitudes de consommation.<br />

En ce sens nous pourrions considérer que l'organisation de ces stages, répond au cahier des charges<br />

défini par la MILDT: « Cette information à l’adresse de consommateurs, ciblée sur les dommages et les<br />

risques encourus, doit être de nature à modifier les habitudes d’usage des stagiaires. » Ce serait<br />

toutefois méconnaître la complexité des conduites liées aux usages de substances psychoactives que<br />

d'estimer qu'une meilleure connaissance des aspects négatifs de celles-ci suffit à provoquer un<br />

changement.<br />

Parmi les stagiaires se retrouvent une grande diversité d'usages reflétant la variété des usages du<br />

cannabis. Nous remarquons toutefois la présence majoritaire d'usagers quotidiens.<br />

Selon le questionnaire présenté en fin de stage 52% des stagiaires déclarent être usagers réguliers de<br />

cannabis, 18% se décrivent comme « dépendant ».Ceux-ci identifient spontanément l'aspect « autothérapeutique<br />

» de ces consommations. Les expressions des uns et des autres sont autant de<br />

« vignettes cliniques » où le besoin de sédation de l'anxiété est clairement décrit dans les effets<br />

recherchés du cannabis.<br />

Se dessine alors le tableau d'usagers quotidiens de cannabis, dont la consommation « pareexcitatrice<br />

» a souvent évolué en prenant compte les contraintes du travail ou de la vie familiale sans<br />

pour autant cesser. Cet usage « socialement réglé » n'a le plus souvent pas d'impact sur l'insertion<br />

sociale de ces personnes (ce qui est souvent noté par les stagiaires « je fume mais j'assure toujours au<br />

boulot »). Bien qu'ils en reconnaissent l'aspect contraignant et qu'ils ne nient pas l'impact possible sur<br />

leur santé, nombre de ces stagiaires ne semble pas souhaiter modifier leur usage de cannabis dans<br />

l'immédiat. Ces consommations « auto-thérapeutiques » ne peuvent qu'interroger l'équipe du Pôle<br />

Prévention, leur identification étant pour nous l'un des signes de risque de s'engager dans une<br />

consommation plus problématique et serait sans doute l'indication d'une prise en charge individuelle.<br />

Malgré un cadre favorisant l'expression et la bonne implication des stagiaires dans le déroulement des<br />

échanges et en dépit de nos propositions de continuer ces derniers dans une prise en charge<br />

individuelle, aucun stagiaire n'a souhaité reprendre contact avec nous suite au stage.<br />

Pour expliquer ce fait, nous émettons l’hypothèse suivante : quelle que soit la qualité des échanges, le<br />

stage de sensibilisation aux dangers de l'usage des produits stupéfiants est principalement vécu<br />

comme une contrainte supplémentaire venant s'ajouter à un parcours judiciaire commençant par<br />

l'interpellation et souvent un placement en garde à vue. Il est à craindre que dans ces conditions, les<br />

membres du Pôle Prévention soient plus ou moins assimilés à l'action des forces de police et de justice<br />

123


pour nombre de stagiaires, bien que nous clarifions notre rôle de prévention et de soin. Ainsi il semble<br />

très peu probable pour les stagiaires dont l'usage de cannabis semble « à risque » ou d’ores et déjà<br />

« problématique » que le stage soit l'occasion d'une évolution vers les structures de soins adaptés que<br />

nous leur présentons. On ne peut donc que rester très réservé sur leur impact à long terme.<br />

4.2.2 Stages Mineurs<br />

Les « stages de sensibilisation aux dangers de l’usage des produits stupéfiants » à l'intention des<br />

personnes mineures ont été mis en place en 2009. Tout comme pour les personnes majeures, ils sont<br />

une mesure judiciaire alternative aux poursuites et proposée dans le cadre d’une composition pénale,<br />

en réponse à une interpellation pour usage de stupéfiant.<br />

Deux stages ont eu lieu au cours de l'année <strong>2010</strong>, un fut annulé faute de participants. Quatorze<br />

personnes mineures y ont participé.<br />

L’organisation de ces stages a fait l'objet de modifications.<br />

En effet l'équipe des Pôles Prévention a fait face pendant le stage organisé au mois d’avril <strong>2010</strong>. Des<br />

difficultés importantes générées par le comportement agité de quelques stagiaires ou complètement<br />

passif pour d’autres ont empêchées la création d’une dynamique du groupe. En l’absence de cohésion<br />

de groupe favorable aux échanges profitables aux stagiaires, ni la transmission et l’assimilation<br />

d’informations n’ont pu exister et encore moins une ébauche de réflexion à propos des produits<br />

stupéfiants.<br />

Nous tenterons ci-dessous de comprendre quelles peuvent être les éléments qui ont rendu impossible<br />

l’établissement d’une dynamique de groupe positive, dans le cadre que nous proposons :<br />

- La première matinée du stage de sensibilisation est dédiée à l’évocation des évènements qui<br />

ont amené les stagiaires à leur participation au présent groupe. Les propos tenus lors de ces<br />

échanges indiquent que les stagiaires n’ont pas perçu le sens de cette sanction et ont du mal à<br />

faire le lien entre une interpellation parfois très lointaine dans le temps et leur présence<br />

actuelle. Cette difficulté à trouver une continuité avec les difficultés rencontrées lors de<br />

l’inscription des stagiaires avec l’absence des parents ou référent éducatif (ASE) lors de<br />

l’inscription et du paiement des frais de participation (voir ci-dessous).<br />

- Absence des parents ou référent éducatif : Malgré notre invitation aux parents à participer à une<br />

séance d’information le vendredi après-midi, nous n’avons, à ce jour, reçu aucun parent. Il nous<br />

semble peu opérationnel de tenter d’expliciter le sens de cette sanction et plus largement de la<br />

loi aux stagiaires sans l’implication des adultes responsables de ces jeunes mineurs au<br />

moment des faits et symboliquement investis comme garants des interdits.<br />

- Composition du groupe : selon les échanges avec les stagiaires, nous nous apercevons qu’ils<br />

aient constitué un groupe ayant bien peu en commun avec les bénéficiaires de ces stages<br />

selon le guide méthodologique, édité par la MILDT, qui a servi de base à l’élaboration de ces<br />

stages ; l’ « usager ni–ni » : ni dépendant, ni récidiviste, bien inséré socialement. La présence<br />

de jeunes déscolarisés, faisant l’objet de mesures judiciaires ou ayant un parcours chaotique<br />

marqué par diverses interventions judiciaires, interroge fortement la pertinence du cadre qui<br />

leur est proposé lors de ces stages. La nécessité d’être assis de longs moments, la prise en<br />

charge groupale, l’animation basée sur l’échange verbal et la réflexion du groupe ne paraissent<br />

pas pertinents pour ce type de public éloigné depuis un certain temps de la scolarité et de ses<br />

contraintes. Ces jeunes montrent par leur attitude dans la vie « ordinaire » leurs besoins d’avoir<br />

une attention individuelle accrue.<br />

124


Ce stage émaillé d’incidents interroge tant les techniques d’animation, le cadre de l’intervention que la<br />

pertinence d’un tel stage auprès de jeunes dont les difficultés semblent dépasser de loin la simple<br />

question de la « sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants ».<br />

Suite au stage de sensibilisation aux dangers de produits stupéfiants adressé aux mineurs présents à<br />

ce stage, il a été mis en œuvre plusieurs modifications allant des modalités de leur inscription au<br />

déroulement du stage. Nous avons mis en œuvre ces changements pour le stage qui a eu lieu en<br />

Octobre <strong>2010</strong>.<br />

D’une part, pour permettre aux stagiaires de bien intégrer le stage dans la continuité des évènements<br />

de l’interpellation, de rencontrer le délégué du procureur et de saisir le sens de cette sanction, nous<br />

avons organisé un entretien préalable à l’inscription en présence des bénéficiaires du stage et d’au<br />

moins l’un de leurs parents ou réfèrent éducatif. Ce fut l’occasion d’impliquer ces derniers dans la<br />

réflexion sur les conduites de leurs enfants et sur la fonction des interdits. Certains ont pu évoquer leurs<br />

inquiétudes quant aux actes de leurs enfants, rappeler les règles de comportement qu’ils souhaitent<br />

transmettre et échanger avec ceux-ci sur ces questions en s’appuyant sur notre médiation. Lors d’une<br />

rencontre avec un parent en présence de son enfant, celui-ci confie que pour lui la consommation de<br />

cannabis « n’est pas un délit », nous avons tenté d’ébaucher avec lui une réflexion autour du sens de la<br />

loi. Ces entretiens permettent de restaurer quelque peu la continuité entre l'interpellation et le stage<br />

alors que ceux-ci ont parfois lieu avec un grand écart temporel. Avant de procéder à l'inscription<br />

effective au stage et au paiement des frais de participation, nous décrivons précisément les différents<br />

modules ce qui permet aux parents d'appréhender les contenus du stage et au jeune de se figurer les<br />

deux jours à venir.<br />

Ces échanges ont permis dès le départ du groupe une meilleure implication des stagiaires.<br />

D’autre part, le vendredi après-midi une partie du temps était libéré pour recevoir les parents en<br />

groupe : compte tenu de leur absence récurrente, nous consacrons maintenant l’après-midi à une<br />

intervention animée par un collègue secouriste à la Croix-Rouge afin de réaliser une sensibilisation aux<br />

gestes de premiers secours. Cette intervention nous paraît pertinente à deux titres : d’une part<br />

permettre aux adolescents d’apprendre les gestes utiles en cas d’urgence, centré dans ce cas sur les<br />

dangers immédiats de l’abus de substances psycho-actives tel qu’un coma éthylique ou une chute.<br />

D’autre part, ce rapide cours de secourisme permet de s’adresser aux stagiaires non comme l’objet des<br />

préoccupations des adultes mais comme des personnes capables d’apporter un soutien à une<br />

personne en danger. Nous pouvons alors tenter d'élargir cet aspect et mener ensemble une réflexion<br />

autour des thèmes des dangers liés aux usages de substances psycho-actives. Ce changement de<br />

perspective est susceptible de ne pas solliciter le discours défensif habituel des adolescents à l'égard<br />

d'adultes manifestant leur anxiété face à leurs agissements.<br />

Malgré une meilleure dynamique de groupe, l'équipe des Pôles Prévention a été confrontée à une<br />

difficulté propre à ces groupes et à laquelle il semble difficile d'apporter une réponse satisfaisante. Les<br />

temps d'échanges entre les animateurs du stage et les jeunes accueillis furent l'occasion pour l'un<br />

d'entre eux d'évoquer des comportements particulièrement alarmants (ivresses excessives, mise en<br />

danger de soi, auto-agressivité) qui nécessiteraient une prise en charge individuelle. Bien que nous<br />

ayons tenté de profiter de temps d'échanges individuels avec ce jeune homme, et malgré nos<br />

propositions d'un suivi hors du cadre judiciaire, nous n'avons pas pu susciter son adhésion à l'idée de<br />

se rencontrer à nouveau. Cette situation est problématique car si les stages organisent la rencontre<br />

entre les jeunes et les acteurs de la prévention et du soin, elle ne permet pas que celle-ci débouche sur<br />

une prise en charge des adolescents les plus « en risque » de s'engager dans des consommations<br />

problématiques ou des comportements dommageables. Les raisons de ces difficultés à transformer la<br />

contrainte judiciaire en prise en charge individuelle semblent les mêmes que pour les personnes<br />

125


majeures (accueil groupal, cadre judiciaire-cf la partie qui leur est dédiée), à celles-ci peuvent s'ajouter<br />

une dynamique de groupe propre à un groupe d'adolescents spontanément unis face aux adultes.<br />

S'extraire du groupe, s'en singulariser pour admettre et aborder ses difficultés semble particulièrement<br />

difficile.<br />

Les bénéfices de ces interventions en groupe, dans le cadre des stages de sensibilisation aux<br />

dangers de l'usage de produits stupéfiants auprès d'adolescents interpellés pour usage de cannabis,<br />

nous semblent discutables. D'une part il s'écoule un temps important entre les faits à l'origine de leur<br />

participation au stage et ainsi plus d'un tiers des jeunes accueillis étaient majeurs lors du stage. Il paraît<br />

particulièrement difficile pour les adolescents de s'impliquer dans une mesure si décalée dans le temps.<br />

Par ailleurs l'animation peut se heurter aux défenses groupales propres à l'adolescence (opposition,<br />

inquiétude du regard des pairs...).<br />

D'autre part ces stages ne permettent pas de créer un lien entre les membres de l'équipe du Pôle<br />

Prévention et les jeunes participant à cette mesure qui autoriserait son évolution vers une prise en<br />

charge individuelle des adolescents les plus fragiles. L'absence de réponse satisfaisante face à des<br />

adolescents dont nous percevons la menace d'aggravation des comportements à risque est<br />

préoccupante. A ce titre ces stages ne nous semblent pas adaptés au public reçu.<br />

4.2.3 La Protection Judiciaire de la Jeunesse<br />

Le Service Territorial Educatif de Milieu Ouvert (ex Centre d’Action Educatif) a sollicité notre<br />

participation au Stage de Formation Civique. Ce stage est, comme les stages de sensibilisation aux<br />

dangers de l’usage de produits stupéfiants une réponse judiciaire qui vise à rappeler aux mineurs les<br />

obligations résultant de la loi ainsi qu’à leur faire prendre conscience de leur responsabilité civile et<br />

pénale et des devoirs qu’implique la vie en société. Les éducateurs pensaient qu’il était opportun que<br />

nous animions un module sur les produits stupéfiants. En effet, ils avaient fait le constat que beaucoup<br />

d’actes d’incivilités se déroulaient sous effet de produits.<br />

Nous avons reçu au Fusain Ailé 10 jeunes accompagnés d’éducateurs. L’animation s’est réalisée<br />

autour du thème de la fête : quels sont les éléments d’une fête réussie et quels sont les comportements<br />

qui peuvent représenter un danger ? Les échangent furent riches et l’un des adolescents a souligné<br />

l’importance du rôle des adultes. Ce jeune homme nous a expliqué que les adultes étaient responsables<br />

et qu’ils posaient les limites.<br />

5 LES ACTIVITES A L’EXTERIEUR DU SERVICE<br />

5.1 La communauté éducative<br />

- Le collège de Froissy a sollicité à nouveau l’équipe du Fusain Ailé pour intervenir<br />

auprès des classes de quatrième. Contrairement aux années précédentes, la<br />

demande de l’établissement s’est centrée sur la problématique alcool.<br />

Préalablement à notre venue, les élèves ont assisté à une représentation du<br />

théâtre interactif du « chaos » ainsi qu’à l’intervention de la BPDJ. En compagnie<br />

de 75 élèves nous avons pu faire le bilan de ces actions et échanger sur les prises<br />

de risques liées à ce type de consommation.<br />

- L’équipe du pôle prévention a participé à un mini forum des métiers et de la santé<br />

au lycée d’enseignement général et technologique agricole de l’Oise (Beauvais).<br />

Cette matinée a été organisée par l’association des élèves et des apprentis de<br />

126


l’établissement. Nous avons abordé sous forme de débat la question des risques<br />

engendrés par l’usage de cannabis. 150 jeunes ont participé à ces échanges.<br />

5.2 Le Conseil Général<br />

- Par l’intermédiaire de l’infirmière, le Centre Départemental de l’Enfance et de la Famille a<br />

contacté le Fusain Ailé afin de réitérer les actions menées en 2008 (cf rapport activité<br />

2008). Une seule rencontre a pu s’organiser autour du thème de l’alimentation. Cette<br />

réunion s’est déroulée pendant la période des vacances, deux jeunes filles seulement<br />

étaient présentes<br />

- L’équipe du pôle prévention rencontre régulièrement l’équipe de la Maison Des<br />

Adolescents afin de développer les collaborations de travail.<br />

5.3 La Communauté d’Agglomération du Beauvaisis<br />

Intervention auprès des maires de la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis<br />

Monsieur BRAQUART, Vice-Président de la communauté de Communes de l’Agglomération<br />

du Beauvaisis est à l’initiative de ces rencontres. 18 communes étaient représentées sur les 31 qui<br />

composent la Communauté.<br />

Les maires sont d’une part souvent interpellés par des administrés et/ou des familles en prise avec<br />

des soucis éducatifs concernant leur enfant et d’autre part fréquemment sollicités par les habitants<br />

qui constatent des dégradations commises dans des lieux publics ou monuments, ce qui génère un<br />

sentiment d’insécurité. Les maires et les conseillers municipaux se disent démunis lorsqu’ils<br />

découvrent que ces actes d’incivilité sont perpétrés par des auteurs en grande difficulté qui auraient<br />

un besoin manifeste de rencontrer des interlocuteurs susceptibles de leur venir en aide.<br />

C’est dans ce contexte que notre intervention a permis aux participants de prendre connaissance<br />

des ressources locales en prévision d’orientations.<br />

Calendrier des rencontres :<br />

- le 21/09/<strong>2010</strong> mairie de BONLIER. 7 communes étaient représentées.<br />

- le 30/09/<strong>2010</strong> mairie de BERNEUIL en BRAY. 7communes étaient représentées.<br />

- le 6/10/<strong>2010</strong> mairie du MONT SAINT ADRIEN. 4 communes étaient représentées<br />

5.4 La ville de Beauvais<br />

La municipalité de Beauvais a organisé pour la première fois cette année « la nuit du bac ».<br />

Cette manifestation s’est déroulée le 6 juillet <strong>2010</strong> sur la place Jeanne HACHETTE. Différents<br />

services de notre association ont été pour l’occasion sollicités dont, l’équipe du pôle prévention le<br />

Fusain Ailé.<br />

127


6 LES ACTIONS DE PREVENTION<br />

Dates Type de partenaire Intitulé de l’action Nombre de participants<br />

Janvier AFTAM Préparation intervention 1 formatrice<br />

Janvier Education Nationale Préparation projet collège Chambly 1 directeur adjoint<br />

Février Education nationale Forum santé 150 élèves<br />

Février Conseil Général Rencontre équipe MDA<br />

Février AFTAM La prise en charge psycho-éducative 7 participants<br />

Février AFTAM Bilan 1 formatrice<br />

Mars Education Nationale Préparation intervention collège Froissy 3 participants<br />

Mars Education nationale Collège Froissy 43 élèves<br />

Mars Education Nationale Préparation projet collège Chambly 1 directeur adjoint<br />

Mars Education Nationale Préparation intervention P. Langevin 3 participants<br />

Mars Conseil Général CDEF préparation intervention 1 infirmière<br />

Avril ADSEAO Réparation pénale Bilan des suivis<br />

Avril Education nationale Collège Froissy 43 élèves<br />

Avril Conseil Général Rencontre équipe MDA<br />

Avril Réseau prévention Beauvais Projet IFEP 2 participants<br />

Mai IFEP Echanges « groupe parents »<br />

Mai Réseau prévention Beauvais Projet IFEP<br />

Mai Education Nationale Intervention collège Frossy 43 élèves<br />

Mai IFEP destins de femmes Echanges « groupe parents »<br />

Mai Conseil Général CDEF préparation intervention Equipe éducative et infirmière<br />

Juin Centre de rééducation Préparation projet CR le Belloy 5 personnes<br />

Juin IFEP Préparation projet « déscolarisation »<br />

Juin Ecume du jour Rallye santé 7 participants<br />

Juillet CAE Réflexion/participation Fusain stages citoyenneté 6 participants<br />

Juillet SPIP Présentation du service. Comment collaborer 7 participants<br />

Juillet Ville de Beauvais « Nuit du bac »<br />

Septembre Lycée Langevin Préparation intervention 3 participants<br />

Septembre Conseil Général CDEF Préparation intervention 1 infirmière<br />

Octobre PJJ Intervention stage citoyenneté 10 jeunes et 5 éducateurs<br />

Octobre Conseil Général CDEF intervention 3 participants<br />

Novembre Collège de Froissy Bilan. Préparation actions 2011 7 participants<br />

Décembre Lycée Jeanne Hachette Echanges 4 participants<br />

7 RESEAU PREVENTION TOXICOMANIE DU BEAUVAISIS<br />

Bilan d’activité<br />

10 mars-31 décembre <strong>2010</strong><br />

Quand, comment être utiles aux adolescents et jeunes adultes-et à leur entourage<br />

parfois- chacun là où nous sommes ?<br />

Continuant à se saisir de cette question transversale, le Réseau a poursuivi ses travaux avec<br />

des professionnels issus de structures du champ social, sanitaire, éducatif, judiciaire et de la<br />

communauté éducative de l’Education Nationale.<br />

Une première rencontre du groupe d’appui aux professionnels a eu lieu le 11 mars. Nous y avons<br />

accueilli la nouvelle infirmière territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).<br />

Le chef de travaux sanitaire et social du Lycée d’Enseignement Professionnel et Technologique St<br />

Vincent de Paul a manifesté son souhait de poursuivre le projet engagé depuis 2008 avec le groupe de<br />

128


soutien au montage de projets de prévention. Destinée aux 50 adultes de la communauté éducative et<br />

intitulée « Regards portés sur les élèves » la première phase de ce projet s’est déroulée en 2009 avec<br />

le concours du Réseau. La seconde phase concerne l’ensemble des élèves de l’établissement soit 400<br />

lycéens. La question des comportements à risques y est resituée dans le champ plus vaste du<br />

« Comment faire du lycée un lieu de vie pour les élèves ».<br />

Ce même groupe de soutien au montage de projets de prévention a été sollicité par des éducateurs de<br />

l’IFEP (Association Insertion Formation Education Prévention-Etablissement de l’Oise) sur un projet<br />

intitulé « Construction d’un projet éducatif concernant des jeunes exclus temporairement des<br />

établissements scolaires ». Ce projet a été élaboré pour les collégiens de quatre collèges de la ville de<br />

Beauvais. Le groupe est investi par les professionnels comme un réel lieu de réflexion.<br />

La « culture » du Réseau, nous a amenés à repenser de façon communautaire le recueil, le<br />

traitement et l’offre de réponses, aux questions posées en 2009 par les professionnels au devant<br />

desquels nous étions allés. Relatives à l’acquisition ou l’affinement de connaissances sur les addictions,<br />

leur prévention, les différentes modalités d’articulation avec les services d’écoute et de soin, elles<br />

avaient fait l’objet d’une ébauche de mise en forme, demeurée en l’état. L’intérêt des acteurs de terrain<br />

pour une création commune, à partir de leur pratique quotidienne, mais aussi ouverte à d’autres<br />

approches cliniques est très encourageant.<br />

7.1 Groupe d’appui aux professionnels<br />

Le groupe est composé de professionnels de l’ANPAA (Association Nationale de Prévention en<br />

Alcoologie et Addictologie), de l’IFEP, du Pôle Prévention du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> (Service d’Aide aux<br />

Toxicomanes), de la PJJ et de la coordinatrice du Réseau.<br />

- 11mars : Première réunion du groupe et présentation de la nouvelle infirmière<br />

territoriale par le directeur territorial adjoint de la PJJ.<br />

- 30 mars : Deuxième réunion au Fusain Ailé (Pôle Prévention du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>)<br />

- avril, 4 mai, 15 juillet, 21 juillet, 22 juillet, 23 septembre, 24 septembre ,12 octobre<br />

et 21 novembre : Rencontres entre la coordinatrice du Réseau et chacun des<br />

professionnels du groupe, à la DTPJJ ou au Fusain Ailé, pour bilan, perspectives et<br />

compte-rendu des réunions auxquelles ils n’ont pu participer.<br />

7.2 Groupe de soutien au montage de projets de prévention<br />

Le groupe est composé de professionnels de l’ANPAA, de l’IFEP, du Pôle Prévention du<br />

<strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, de la PJJ, du chef de projet du Service Prévention de la Délinquance de la Ville de<br />

Beauvais, de la coordinatrice du Réseau et d’autres professionnels susceptibles d’apporter leurs<br />

compétences spécifiques au projet envisagé.<br />

Projet St Vincent de Paul<br />

- 11 mars : Rencontre entre le chef de travaux et la coordinatrice du Réseau au Fusain Ailé.<br />

- 4 mai : Idem au lycée St Vincent de Paul avec une visite de l’établissement.<br />

- 17 juin : 8 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé.<br />

- 7 juillet : Rencontre entre le chef de travaux et la coordinatrice du Réseau au Fusain Ailé.<br />

- 14 septembre : 12 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé.<br />

- 22 octobre : 9 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé.<br />

- 18 novembre : Rencontre entre le chef de travaux et la coordinatrice du Réseau au lycée.<br />

- 23 novembre : 8 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé.<br />

129


Projet IFEP<br />

- 27 avril : 12 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé.<br />

- 11 mai : Idem.<br />

- 25 mai : Idem.<br />

- 17 juin : Rencontre entre un éducateur de l’IFEP et la coordinatrice du Réseau au Fusain Ailé.<br />

- 22 juin matin : 11 personnes. Réunion du groupe au Fusain Ailé, présentation au groupe de la<br />

coordinatrice de ce projet, choisie au sein de l’équipe de l’IFEP.<br />

- 22 juin après-midi : 30 personnes. Participation de la coordinatrice du Réseau à la seconde<br />

réunion pluri-partenaires, organisée par l’IFEP à la Maison de la Jeunesse et des Associations<br />

(ville de Beauvais).<br />

- 17 août : Rencontre de la coordinatrice de l’IFEP, à sa demande, avec la coordinatrice du<br />

Réseau, au Fusain Ailé.<br />

De juin à décembre<br />

7.3 Préparation d’échanges/débats autour des addictions à l’usage des<br />

professionnels<br />

Reprise des projets en suspens : concertation d’une part avec une éducatrice et la chef de<br />

service du Service Socio-Educatif de Contrôle Judiciaire de l’ADARS (Association Départementale<br />

d’Accueil et de Réinsertion Sociale) et d’autre part avec une éducatrice, la psychologue et le chef de<br />

service du SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés) de<br />

l’ADAPEI 60.<br />

Enfin, des séances de travail régulières entre la coordinatrice du Réseau et le chef de projet du Service<br />

Prévention de la Délinquance de la Ville de Beauvais participent elles aussi de la dynamique du Réseau<br />

et de son inscription dans le territoire.<br />

7.4 Rendre possible des perspectives…..<br />

Pour qu’un réseau demeure un organisme vivant, il faut en prendre soin, le nourrir et porter<br />

attention à ce qui l’environne et interagit avec lui.<br />

Nous pourrions décrire de cette manière métaphorique, une grande part de notre fonction d’animation et<br />

de coordination.<br />

Chemin faisant, le Réseau rassemble, assemble, partage, des pratiques professionnelles et bénévoles,<br />

une diversité des approches, des analyses et de la mise en œuvre des actions qui en découlent.<br />

Ne serait-ce pas ainsi qu’un esprit de recherche se maintient en éveil ?<br />

Elisabeth KALBFLEISCH<br />

Coordinatrice du réseau<br />

130


CSAPA AMBULATOIRE<br />

COMPIEGNE<br />

131


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

- M Jocelyn LIBRIN-Chef de Service (0,5 ETP).<br />

- Mme Martine BRUYER-Assistante Sociale (0,25 ETP).<br />

- Mme Laurence BONVALET-Infirmière (0,5 ETP).<br />

- M Pascal HACHET-Psychologue (0,5 ETP).<br />

- Mme Béatrice KOPERSKI-Pharmacienne (0,07 ETP).<br />

- Mme Adeline LEGRAN-Educatrice Spécialisée (1 ETP).<br />

- M Pascal ROSIER-Educateur Spécialisé (1 ETP).<br />

- Mme Cécile DESSEQUELLES-Infirmière (0,5 ETP).<br />

- Mme Christine VASSEUR-Médecin (0,5 ETP).<br />

Stagiaires<br />

- Mlle Catherine Le FOLL-Stagiaire éducatrice spécialisée CFPES Aubervilliers.<br />

- Mlle Clara GUERIN-Stagiaire infirmière IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Emmanuelle LEVY-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Steffy PARENT-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Camille PACQUE-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Agathe JOB-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Virginie ROUSETTE-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Pauline BECU-Stagiaire IFSI Compiègne.<br />

- Mlle Célia KINLOCH-Formation psychologue. Paris 8.<br />

132


FILE ACTIVE GLOBALE DU CSAPA DE COMPIEGNE<br />

Ce premier tableau offre une vue d’ensemble de l’activité menée par l’équipe du Centre de Soin<br />

d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie de Compiègne.<br />

Dans la suite du rapport d’activité une présentation détaillée permettra grâce aux données chiffrées<br />

présentées sur les trois dernières années, une lecture comparative accompagnée pour chacune des<br />

missions (Soin/Prévention) d’une analyse clinique et critique indiquant les observations les plus<br />

marquantes de l’année <strong>2010</strong>.<br />

2008 2009* <strong>2010</strong>*<br />

File active centre de soins 389 460 311<br />

File active pôle prévention 45 - 128<br />

File active globale 434 460 439<br />

Nombre d’actes centre de soins 11252 10994 11228<br />

Nombre d’actes pôle prévention 224 - -<br />

Total des actes 11476 10994 11228<br />

* Les statistiques de l’activité soin et de l’activité prévention sont pour ce qui concerne les actes confondues.<br />

133


INTRODUCTION<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE DU CSAPA<br />

LE CSAPA DE COMPIEGNE<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Les actes honorés<br />

1.3 Répartition par sexe<br />

1.4 Tranches d’âge<br />

1.5 Moyenne d’âge<br />

1.6 Origine géographique<br />

1.7 Statut matrimonial<br />

1.8 Nombre d’enfants à charge<br />

1.9 Logement<br />

1.10 Situation professionnelle<br />

1.11 Origine principale des ressources<br />

1.12 Origine de la demande de consultation<br />

1.13 Couverture sociale<br />

1.14 Etat de santé des patients<br />

1.15 Les sevrages<br />

1.16 Traitements de substitution aux opiacés<br />

1.16.1 Méthadone<br />

1.16.2 Buprénorphine<br />

1.17 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

1.18 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables<br />

1.19 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1<br />

1.20 Voie intraveineuse<br />

1.21 Modalité de consommation<br />

1.22 Justice<br />

1.23 Les orientations préconisées par l’équipe<br />

1.24 Réduction des risques au centre de soins<br />

2. REFLEXIONS CLINIQUES<br />

2.1 Les possibilités de prise en charge des héroïnomanes incarcérés<br />

(Pascal HACHET. Psychologue)<br />

2.2 La prise en charge des héroïnomanes schizophrènes<br />

(Pascal HACHET. Psychologue)<br />

134


INTRODUCTION<br />

Le CSAPA propose des soins ambulatoires personnalisés aux personnes dépendantes à un ou<br />

plusieurs produits stupéfiants. Nous nous efforçons, en particulier, de favoriser l’accès des<br />

héroïnomanes à un traitement de substitution (Subutex et, surtout, Méthadone).<br />

Si les consommateurs d’opiacés sont majoritaires dans notre file active, il n’est pas rare que ces<br />

personnes soient également dépendantes de l’alcool. Cette réalité est particulièrement difficile à gérer<br />

lorsqu’elle concerne un groupe d’usagers poly-dépendants très marginalisés qui fréquentent<br />

régulièrement le lieu d’accueil. Elle se traduit régulièrement par des comportements de provocation,<br />

voire de violence, de la part de certains usagers. Concrètement, ces personnes se présentent en état<br />

d’ivresse, amènent des animaux et tentent de « squatter », en petits groupes, les parties communes de<br />

l’immeuble où nos locaux sont situés. Ces usagers semblent s’auto-stimuler pour transgresser les<br />

limites du cadre soignant et se déresponsabiliser par rapport à leur propre prise en charge. Ce<br />

problème récurrent est une source de découragement au sein de notre équipe et suscite une franche<br />

hostilité des autres organismes et associations qui siègent dans l’immeuble. Nous répondons à cette<br />

situation par des convocations à l’initiative du chef de service qui tente de recadrer ces comportements<br />

intempestifs et, le cas échéant, décide d’exclure ces personnes du CSAPA de façon temporaire. La<br />

réorientation à caractère « disciplinaire » de ces usagers est délicate lorsqu’ils bénéficient d’un<br />

traitement de substitution : nous hésitons à adresser à un pharmacien, pour une prise de méthadone en<br />

officine, des personnes instables et facilement querelleuses.<br />

Sur le plan statistique, la file active du CSAPA est comparable à celle de l’année dernière. Dans le<br />

détail, les initialisations à un traitement méthadone ont gardé le même « rythme de croisière » : elles<br />

demeurent nombreuses. Malgré l’abondance des candidatures, nous sommes toujours en mesure de<br />

fixer dès le premier contact une ou plusieurs dates pour les entretiens d’évaluation préalables à une<br />

mise effective sous traitement. Il en est de même pour les usagers qui demandent un soutien psychoéducatif,<br />

dans le cadre ou non d’une initialisation à la méthadone. D’une façon générale, nous veillons à<br />

ne pas laisser en souffrance les personnes qui sollicitent notre service.<br />

Nous poursuivons un partenariat important avec :<br />

- Les professionnels de la commune qui œuvrent dans les champs de l’hébergement social et<br />

de l’insertion professionnelle.<br />

- Les CSAPA avec hébergement: communautés thérapeutiques, centres de postcure et<br />

appartements thérapeutiques relais, pour les usagers dont les difficultés appellent des réponses<br />

institutionnelles plus « contenantes ».<br />

- L’administration pénitentiaire et les services de justice. Un éducateur et le psychologue de<br />

notre équipe continuent à assurer des entretiens auprès des personnes dépendantes incarcérées à la<br />

Maison d’Arrêt de Compiègne. L’accent est mis sur la préparation à la sortie et sur la prévention de la<br />

rechute Par ailleurs, des réunions de synthèse quasi-mensuelles ont lieu avec l’équipe du SPIP ; une<br />

psychologue du CCAA : les situations cliniques évoquées, dans le respect du « secret technique<br />

partagé », concernent aussi bien des personnes incarcérées que sous mesure d’obligation de soins ou<br />

de liberté surveillée (semi-liberté, contrôle judiciaire, port d’un bracelet électronique).<br />

Au sein de notre structure, nous nous efforçons d’offrir des espaces de parole collectifs aux usagers<br />

pour les associer à l’organisation et à la dynamique de leur prise en charge. Cet effort peine à porter<br />

ses fruits. De nombreuses personnes sont intéressées a priori, mais dans les faits peu se présentent<br />

aux réunions que nous programmons avec elles. Nous nous heurtons à la même désaffection lorsque<br />

nous les incitons à participer aux séances de yoga que nous organisons (une fois par semaine) depuis<br />

plusieurs années : tous sont partants, peu se présentent pour l’activité. Nous faisons le même constat<br />

135


au sujet des bilans de santé qui ont lieu au CPES de Creil, bien que les usagers bénéficient d’un<br />

accompagnement par un éducateur ou une infirmière du service.<br />

Le renouvellement particulièrement rapide de notre file active et l’implication forte de l’équipe dans les<br />

tâches quotidiennes ne nous a pas permis de respecter le calendrier des bilans de suivi que nous<br />

avions mis en place l’année dernière.<br />

Nous avons cette année accueilli de nombreux jeunes fumeurs de cannabis orientés par la justice. Cet<br />

adressage est en nette augmentation et résulte de la recrudescence locale des interpellations pour<br />

usage et détention de cannabis. Les stages de sensibilisation aux dangers des produits stupéfiants que<br />

nous serons amenés à mettre en place sous l’impulsion du TGI de Compiègne feront que notre équipe<br />

disposera d’un nouvel outil clinique vis-à-vis des jeunes fumeurs de « joints ».<br />

Nous nous sommes fixés les objectifs suivants pour 2011 :<br />

- Impliquer avec efficacité les usagers dans les activités adjacentes aux soins que nous<br />

proposons, à participer activement aux activités du centre de soin.<br />

- Renforcer nos liens de travail avec les médecins généralistes et les pharmaciens, afin de<br />

faciliter les orientations de patients sous traitement de substitution en médecine de ville et<br />

dont le traitement est délivré en officine.<br />

- Mettre en place des réunions régulières avec les usagers afin de mieux cerner les<br />

problèmes.<br />

- Faire participer les usagers qui ont des connaissances dans un domaine spécifique afin<br />

d’en faire profiter les autres.<br />

1. ACTIVITE CLINIQUE DU CSAPA<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active usagers* 355 423 404<br />

Nombre de patients vu au moins une fois 355 423 404<br />

- dont nombre de patients vu une seule fois 65 63 43<br />

- dont nombre nouveaux usagers 207 226 165<br />

File active entourage 34 37 35<br />

- dont nombre nouvelles personnes 28 31 33<br />

Total file active 389 460 439<br />

* dont 48 personnes rencontrées en incarcération.<br />

Nous observons une baisse sensible de la file active. L’absence d’un membre de l’équipe durant tout le<br />

mois de décembre explique en partie ce fléchissement. Par rapport aux deux dernières années, nous<br />

constatons une diminution du nombre de nouveaux usagers. Concernant les proches nous<br />

n’enregistrons pas de changement majeur. La file active entourage reste stable. Son taux de<br />

renouvellement est de 94%.<br />

136


1.2 Les actes honorés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Actes médicaux 746 1495 1370<br />

Actes infirmiers (tous confondus) 6657 5480 5613<br />

Actes psychologiques 414 336 362<br />

Actes sociaux-éducatifs*** 1405 1514 1786<br />

Actes réalisés en incarcération**** 120 163 184<br />

Actes-accueil* 1858 1950 1843<br />

Actes réalisés auprès de l’entourage** 49 56 70<br />

Total des actes 11252 10994 11228<br />

* Les actes-accueil comptabilisent les passages quotidiens des personnes reçues au service et accueillies par les différents<br />

membres de l’équipe (usagers, patients réguliers, accompagnateurs, entourage/famille, etc.).<br />

** Il s’agit de comptabiliser les entretiens réalisés auprès de l’entourage (parents, conjoints, enfants, etc.).<br />

*** Dont 144 actes pour assistante sociale pour 54 usagers.<br />

**** Réalisés par un éducateur et le psychologue du service<br />

Le total des actes est très stable, mais révèle quelques disparités qui appellent des commentaires :<br />

- Les actes médicaux et infirmiers, ainsi que les actes-accueils (moins chronophages), sont en<br />

diminution.<br />

- En revanche, les actes psychologiques et socio-éducatifs sont en progression.<br />

- Malgré la petite baisse de la file active entourage, le nombre d’actes correspondants est plus<br />

élevé que l’année précédente, indice d’un meilleur taux de rétention.<br />

- La même analyse s’applique à la population carcérale : notre équipe y a rencontré moins de<br />

personnes, mais a, en revanche, réalisé davantage d’actes. Cette progression n’est pas<br />

étrangère à la qualité de nos liens de travail avec l’UCSA, le CCAA et le SPIP. Par ailleurs, les<br />

demandes de rencontre de personnes mises sous mandat de dépôt ou pour des peines de<br />

courtes durées sont de plus en plus fréquentes.<br />

1.3 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 75 68 58<br />

Hommes 280 355 346<br />

Total 355 423 404<br />

Le pourcentage des femmes est en diminution sur trois années consécutives : il s’établit à 14% en <strong>2010</strong><br />

contre 16% en 2009 et 21% en 2008.<br />

1.4 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 18 ans 2 5 7<br />

18-24 ans 81 120 94<br />

25-29 ans 91 105 103<br />

30-39 ans 136 137 148<br />

40-49 ans 40 45 47<br />

50-59 ans 5 6 4<br />

60 et plus 1<br />

137


Le nombre d’usagers mineurs est en nette augmentation : il s’agit pour l’essentiel de fumeurs de<br />

cannabis reçus en entretien psycho-éducatif et dans une optique préventive. Le nombre d’usagers âgés<br />

de moins de 24 ans est en nette diminution. Enfin, le nombre d’usagers de plus de 30 ans et de plus de<br />

40 ans continue de progresser.<br />

1.5 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 30 30 30,3<br />

Hommes 31 30 31,1<br />

Générale 30,5 30 31<br />

La stabilité de ces moyennes recouvre, comme l’indique le tableau précédent, des disparités au niveau<br />

des tranches d’âge.<br />

1.6 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 345 417 394<br />

Originaires du département 343 409 385<br />

Originaires de la ville d’implantation du service 160 150 147<br />

En provenance d’autres régions 8 3 7<br />

Non renseigné 36 3 3<br />

Notre service continue à « capter » des usagers qui résident essentiellement dans le Nord-Est de l’Oise.<br />

1.7 Statut matrimonial<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Célibataire 228 261 244<br />

Union libre 81 109 106<br />

Marié 11 22 17<br />

Séparé 22 14 16<br />

Divorcé 2 5 11<br />

Veuf (e) 0 0 0<br />

Non renseigné 11 12 10<br />

Les deux tiers de nos usagers sont célibataires. Le nombre important de personnes vivant en union<br />

libre n’est pas forcément un signe de stabilité, de nombreux usagers faisant état de relations courtes ou<br />

chaotiques (« coup de foudre » en « feu de paille », succession d’unions-séparations avec un même<br />

partenaire ou encore « ménages à trois »). Enfin, le nombre d’usagers divorcés est en augmentation.<br />

Notons que la présence d’enfants, comme on l’observe d’ailleurs à l’échelle de la population générale,<br />

ne constitue pas un « ciment » conjugal efficace.<br />

138


1.8 Nombre d’enfants<br />

A charge Non à charge<br />

Un 56 14<br />

Deux 32 8<br />

Trois 9 1<br />

Quatre et plus 3 0<br />

Non renseigné 1 0<br />

Nonobstant la prévalence des situations monoparentales ou conflictuelles, plus des ¾ des usagers avec<br />

enfants élèvent eux-mêmes ces derniers. Cette réalité balaie le préjugé social qui attribue aux<br />

personnes toxicomanes de faibles compétences parentales…<br />

1.9 Logement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Indépendant 114 133 122<br />

Stable en famille 140 172 160<br />

Provisoire ou précaire 62 66 64<br />

SDF 9 10 12<br />

Etablissement pénitentiaire 27 37 39<br />

Non renseigné 3 5 7<br />

Les difficultés croissantes en terme d’habitat rencontrées par la population générale (stagnation des<br />

revenus, précarisation du statut de l’emploi, extension du chômage et spéculation immobilière) sont peu<br />

lisibles, en terme de statistiques, au niveau de nos usagers.<br />

1.10 Situation professionnelle<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Ont un emploi 144 181 159<br />

- dont CDI 62 89 70<br />

- dont CDD ou stage rémunéré 78 88 86<br />

- dont travailleur indépendant 4 4 3<br />

Si les conditions d’hébergement de nos usagers connaissent, comme nous l’avons vu, peu de variations<br />

sur trois ans, leur situation professionnelle est en nette dégradation pour <strong>2010</strong> : diminution du nombre<br />

de personnes qui ont un emploi, doublée d’une diminution du pourcentage de personnes qui bénéficient<br />

d’un emploi stable.<br />

1.11 Origine principale des ressources<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Revenus de l’emploi (y compris retraite, pension invalidité) 139 181 151<br />

Assedic 53 71 66<br />

RMI/RSA 34 47 61<br />

AAH 14 15 18<br />

Autres prestations sociales 19 16 12<br />

Ressources provenant d’un tiers 20 25 21<br />

Autres ressources (y compris sans revenu) 54 61 60<br />

Non renseigné 22 7 15<br />

139


1.12 Origine de la demande de consultation<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Initiative du patient ou des proches 205 210 208<br />

Médecin de ville 31 33 22<br />

Structures spécialisées (CCAA, CSST, autres.) 12 8 13<br />

Equipe de liaison 8 5 10<br />

Autre hôpital, autre sanitaire 0 1 0<br />

Institutions et services sociaux 3 6 8<br />

Justice obligation de soins 67 116 115<br />

Justice injonction thérapeutique 0 5 5<br />

Autre mesure administrative ou judiciaire 18 26 14<br />

Milieu scolaire/universitaire 0 6 1<br />

Autre 5 7 3<br />

Non renseigné 6 0 5<br />

51% des usagers se présentent au service de leur propre initiative et/ou accompagnés par des proches.<br />

28% sont orientés par les services de la justice. Ce partenariat est la première source d’indication issue<br />

de l’environnement professionnel. Cette collaboration est aujourd’hui bien rodée. Les 20% des autres<br />

adressages proviennent du secteur sanitaire : les médecins de ville, l’équipe ELSA de l’hôpital et les<br />

services spécialisés.<br />

Nous accueillons peu d’usagers indiqués par l’Education Nationale, le secteur associatif, etc. Nous<br />

devons améliorer nos contacts avec ces partenaires potentiels afin de leur préciser notre champ de<br />

compétence, nos missions ainsi que notre manière de prendre en charge ces problématiques.<br />

1.13 Couverture sociale<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Régime général et complémentaire 140 183 171<br />

Régime général sans complémentaire 125 129 131<br />

CMU avec complémentaire 72 85 95<br />

CMU sans complémentaire<br />

Sans couverture sociale 6 12 7<br />

Non renseigné 12 14 0<br />

140


1.14 Etat de santé des patients<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Taux de renseignement HIV 67% 52% 65%<br />

Tests effectues 150 220 263<br />

Séropositifs 4 4 3<br />

Taux de renseignement VHC 67% 52% 64%<br />

Tests effectués 148 220 259<br />

Séropositifs 30 32 39<br />

Nombre de patients sous traitement nr nr nr<br />

Taux de renseignement VHB 67% 48% 60%<br />

Tests effectués 121 203 242<br />

Nombre de vaccinations réalisées au centre 0 0 0<br />

Séropositifs 9 11 6<br />

Nombre de prélèvements sanguins réalisés au service 5 16 17<br />

Nombre de patients orientés vers le CPES 7 3 3<br />

Nombre actes « bobologie » 3 14 28<br />

Nombre actes de distribution de traitement 4438 4377 4195<br />

Nombre de patients présentant des comorbidités psychiatriques 32 27 36<br />

Nombre de patients qui ont bénéficie antérieurement d’un suivi spécialisé 30 27 32<br />

Par rapport à la file active globale, nous avons 263 tests effectués soit 65% de notre file active globale.<br />

Ce nombre correspond aux personnes sous traitement de substitution à l’héroïne (pour 192) ou qui ont<br />

effectué le test avant leur arrivée au <strong>SATO</strong>. Les 141 autres personnes dont la sérologie n’est pas<br />

renseignée correspond aux usagers qui utilisent les services psycho-éducatifs du <strong>SATO</strong> mais qui ne<br />

consultent pas le médecin, par exemple les suivis cannabis ou autres indications (jeux). Nous pouvons<br />

conclure que quasiment 100% de la file active en suivi médical est testée pour VIH VHC et VHB. Nous<br />

pouvons nous poser la question de la pertinence de proposer aux autres usagers (sans traitement de<br />

substitution) de faire ces tests. D’autre part, l’augmentation du chiffre de 40 personnes entre 2009 et<br />

<strong>2010</strong> est associée à l’augmentation de la file active. Nous constatons qu’en proposant le prélèvement<br />

au centre juste avant la distribution de la méthadone la prescription du dosage est plus rapidement<br />

réalisée.<br />

Pour les consultations au CPES nous rencontrons des difficultés à motiver les usagers malgré nos<br />

demandes insistantes.<br />

Les actes de « bobologie » restent limités à de petites blessures au niveau des mains ou du visage et<br />

de quelques abcès conséquences des injections. Toutefois l’absence de salle de soins indépendante du<br />

lieu de distribution de méthadone ainsi que le peu de chevauchement du temps infirmier limitent cette<br />

activité que nous pourrions développer en particulier auprès des populations précarisées.<br />

L’augmentation du nombre de patients qui présentent des comorbidités psychiatriques s’explique pour<br />

l’essentiel par une attention accrue portée sur ce point par l’équipe (en particulier le médecin, qui peut<br />

141


esquisser un diagnostic à partir d’une prescription préalable ou concomitante à une demande de<br />

traitement de substitution et le psychologue, qui procède de même par l’évaluation clinique des<br />

symptômes et des « mécanismes de défense du Moi » contre l’angoisse). Sur le fond, puisque<br />

l’addiction constitue une stratégie de « survie » psychique, on peut inférer l’existence d’une comorbidité<br />

psychiatrique chez chaque toxicomane ! Plusieurs facteurs, parmi lesquels la puissance psychotrope<br />

des produits consommés, font que cette comorbidité est plus ou moins visible et peut rester masquée<br />

avec une étonnante « efficacité » pendant des années. Rappelons, par ailleurs, que l’on observe des<br />

comportements toxicomaniaques chez des sujets psychotiques, névrosés et pervers (en d’autres<br />

termes, l’ensemble du spectre nosographique). Précisons surtout que la « découverte » de sa<br />

souffrance par chaque patient et ses soignants est une « aventure » qui est vécue « au cas par cas » :<br />

un même comportement compulsif d’intoxication recouvre toutes les problématiques psychiques<br />

possibles.<br />

1.15 Les sevrages<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de sevrages réalisés 11 7 6<br />

- dont ambulatoire 0 0 0<br />

buprénorphine 0 0 0<br />

méthadone 0 0 0<br />

alcool 0 0 0<br />

benzodiazépine 0 0 0<br />

héroïne 0 0 0<br />

autres 0 0 0<br />

- dont hospitaliers 11 7 6<br />

buprénorphine 2 0 0<br />

méthadone 2 0 0<br />

alcool 0 0 2<br />

benzodiazépine 0 0 0<br />

héroïne 5 5 3<br />

autres 2 2 1<br />

1.16 Traitements de substitution aux opiacés<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de patients sous traitement dans la file active globale 153 158 192<br />

- dont patients sous buprénorphine 19 10 11<br />

- dont patients sous méthadone 134 148 181<br />

Nombre de patients sous traitement suivis par le centre* 118 140 168<br />

- dont patients sous buprénorphine 19 5 7<br />

- dont patients sous méthadone 99 135 161<br />

Nombre patients sous autres traitement à visée substitutive 0 0 0<br />

* Hors file active suivie en incarcération<br />

Déjà non négligeable, le nombre de personnes sous traitement de substitution a de nouveau connu une<br />

forte augmentation entre 2009 et <strong>2010</strong>.<br />

142


Certains usagers ont beaucoup de difficultés à assumer la régularité des passages requise en début de<br />

traitement. Il faut souligner que certains retards ou absences sont liés au fait que l’usager exerce une<br />

activité professionnelle, même s’il s’agit souvent d’une mission d’intérim. Positive en soi, cette réalité<br />

contraint parfois notre équipe à envisager plus rapidement que prévu l’aménagement de la périodicité<br />

des venues au centre de ces personnes.<br />

Le nombre des patients sous buprénorphine demeure faible et résulte d’une option clinique : ces<br />

personnes sont souvent réadressées en médecine de ville. Par contre, nous encourageons les patients<br />

sous buprénorphine qui font un mésusage de ce médicament (injection par voie intraveineuse et/ou<br />

polytoxicomanie) à bénéficier d’un traitement méthadone dans notre centre. De manière plus globale,<br />

la quasi-totalité des demandes de traitement de substitution concerne la méthadone et est faite par des<br />

usagers d’opiacés qui « ont fait le tour » de la buprénorphine et possèdent une expérience - qu’ils<br />

décrivent comme plus protectrice contre le « manque » - de la méthadone « de rue ».<br />

1.16.1 Méthadone<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 25 29 32<br />

Nombre d’hommes 93 106 129<br />

Nouveaux patients - 35 53<br />

Nombre d’initialisation réalisée par le service 45 44 52<br />

Nombre de relais - 9 27<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacie de ville 76 74 93<br />

Nombre de patients suivis en médecine et pharmacie de ville 20 27 14<br />

Nombre de patients délivrés sous forme gélules 0 16 66<br />

Nombre de patients sortis du programme - 34 15<br />

- dont devenus abstinents - 0 0<br />

- dont, de leur propre initiative - 31 14<br />

- dont, à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) - 2 0<br />

- dont exclusion (violence) - 1 1<br />

En <strong>2010</strong>, les initialisations se sont poursuivies à un rythme soutenu, en moyenne 1 à 2 par semaine<br />

(avec des pics à 4). Un passage en pharmacie et/ou en médecine de ville pour un usager se détermine<br />

lors de la réunion d’équipe hebdomadaire. Chacun s’exprime au sujet du parcours et de la progression<br />

de la personne. Les patients ainsi orientés ne sont pas « lâchés dans la nature » : nous sommes<br />

engagés auprès des pharmaciens et médecins partenaires à réintégrer dans notre centre les personnes<br />

qui leur poseraient problème.<br />

1.16.2 Buprénorphine<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 2 1 1<br />

Nombre d’hommes 7 4 6<br />

Nouveaux patients 9 5 2<br />

Nombre de relais - 0 0<br />

Nombre de patients délivrés en pharmacie de ville - 5 7<br />

Nombre de patients sortis du programme - 4 7<br />

- dont devenus abstinents - - 0<br />

- dont, de leur propre initiative - 4 5<br />

- dont, à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) - - 0<br />

- dont, orientés sous prescription méthadone - - 2<br />

- dont, exclusion (violence) - - 0<br />

143


1.17 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

Moins de 18 ans 268<br />

18-24 ans 103<br />

25-29 ans 21<br />

30-34 ans 7<br />

35-39 ans 2<br />

40-44 ans 1<br />

45-49 ans 1<br />

50 ans et plus 1<br />

Ces chiffres appellent deux commentaires :<br />

- Les addictions avérées avant la majorité concernent essentiellement des consommateurs<br />

problématiques (réguliers ou dépendants) de cannabis, que l’usage ait évolué ou non vers une<br />

addiction aux opiacés.<br />

- Les addictions mises en place à la post-adolescence (18-24ans) concernent essentiellement<br />

des consommateurs d’héroïne, d’alcool, ou/et de cocaïne.<br />

1.18 Répartition des patients suivant les produits les plus dommageables *<br />

1er produit le plus 2<br />

dommageable<br />

ième produit le plus 3<br />

dommageable<br />

ième produit le plus<br />

dommageable<br />

Alcool 9 32 25<br />

Tabac - - -<br />

Cannabis 120 94 33<br />

Opiacés 206 22 7<br />

Cocaïne et crack 10 36 18<br />

Amphétamines, ecstasy, … 1 8 17<br />

Médicaments psychotropes détournés 5 4 3<br />

Traitement substitution détourné 11 21 11<br />

Autres 3 4 3<br />

Pas de produits 13 5 4<br />

Non renseigné 26 178 283<br />

Total (100% de la file active) 404 404 404<br />

1.19 Evaluation du risque d’usage par rapport au produit N°1 (hors tabac)<br />

Nombre de patients<br />

En usage à risque 45<br />

En usage nocif 6<br />

En dépendance 306<br />

Non renseigné 47<br />

1.20 Voie intraveineuse *<br />

Nombre patients<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent 9<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement (auparavant au dernier mois) 12<br />

N’ayant jamais utilisé la voie intraveineuse antérieurement 112<br />

Non renseigné 271<br />

144


1.21 Modalité de consommation<br />

Nombre de patients<br />

Injecté 49<br />

Sniffé 158<br />

Mangé/Bu 21<br />

Fumé 125<br />

Non renseigné 26<br />

1.22 Justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes suivies sous main de justice 153 254 245<br />

- dont obligation de soin 92 138 132<br />

- dont contrôle judiciaire 12 26 24<br />

- dont injonction thérapeutique 3 6 4<br />

- dont travail d’intérêt général 2 5 4<br />

- dont bracelet électronique 4 2 5<br />

- dont autres (précisez)* 3 26 28<br />

- dont non renseigné 44 12 13<br />

Nombre de personnes suives en incarcération 37 51 48<br />

Sans objet 191 195 159<br />

* 25 sursis mises à l’épreuve et 3 semi liberté.<br />

Nous n’observons pas de profond changement en ce qui concerne les orientations de la justice.<br />

La file active est relativement importante et nous nous efforçons de respecter les engagements de<br />

travail que nous nous sommes fixés, en ambulatoire ou en incarcération, ce en collaboration avec les<br />

professionnels du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation.<br />

1.23 Les orientations réalisées par le service<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Vers une postcure 2 6 2<br />

Vers une communauté thérapeutique 1 1 2<br />

Vers une hospitalisation spécialisée (hôpital psychiatrique) - 1 2<br />

Vers une hospitalisation en hôpital général - 2 2<br />

Vers un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) - 1 2<br />

Vers autres Appartement thérapeutique 5 2 0<br />

Nous travaillons régulièrement avec les usagers les demandes de prise en charge spécialisée avec<br />

hébergement. Le temps d’attente pour obtenir une réponse est souvent trop long selon eux. L’effort<br />

éducatif vise alors à limiter le découragement et la démotivation. Dans les faits, il existe donc un<br />

décalage important entre le nombre de patients qui entreprennent des démarches pour se rendre dans<br />

une structure spécialisée avec hébergement et le nombre de patients qui réalisent effectivement cette<br />

démarche.<br />

145


1.24 Réduction des risques au centre de soins<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de kits distribués (pris ou remis) 2880 2340 3050<br />

Nombre de stérifilts distribués (pris ou remis) 0 5000 4500<br />

Nombre de préservatifs distribués (pris ou remis) - 2400 3370<br />

Nombre de plaquettes d’information distribuées - 320 300<br />

Nombre de seringues usagées récupérées 2887 3236 4228<br />

Nombre de récupérateurs individuels de seringues usagées distribués 0 45 62<br />

L’équipe, en collaboration avec l’équipe du CAARUD, s’est considérablement mobilisée pour mettre à<br />

disposition des usagers fréquentant le service du matériel stérile (kits seringues, kits sniff) ainsi que des<br />

préservatifs (masculins, féminins) pour lutter efficacement contre les maladies sexuellement<br />

transmissibles.<br />

La mise à disposition de kits seringue ainsi que la récupération de seringues usagées sont en nette<br />

progression. Cette activité est aujourd’hui relativement importante. Elle permet de prendre en compte la<br />

nécessité pour certains patients de passer par cette étape avant d’envisager, le moment venu, de se<br />

soigner. Ce constat s’est vérifié à plusieurs reprises dans notre service.<br />

2. REFLEXION CLINIQUE<br />

2.1 LES POSSIBILITES DE PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE DES<br />

HEROÏNOMANES INCARCERES<br />

(Pascal HACHET, psychologue).<br />

15 % des personnes incarcérés présentent un abus ou une dépendance aux drogues illicites en<br />

général [1]. Les héroïnomanes incarcérés sont difficiles à recenser, pour deux raisons :<br />

- Le pourcentage d’héroïnomanes incarcérés tend à diminuer par rapport à l’ensemble des<br />

toxicomanes aux produits stupéfiants incarcérés : 79 % en 1992 et 70 % en 1995 [2].<br />

- 54 % des personnes qui sont en prison pour Infraction à la Législation sur les Stupéfiants (ILS)<br />

ne présentent pas d’addiction aux substances correspondantes [2]. Auteurs d’ILS et toxicomanes<br />

incarcérés sont loin d’être des populations superposables !<br />

En France, depuis 1996, les héroïnomanes incarcérés peuvent bénéficier d’un traitement de<br />

substitution aux opiacés : Subutex © ou Méthadone ©. Ces traitements sont soit initialisés en milieu<br />

carcéral, soit prescrits en relais d’une initialisation et d’un suivi médico-psycho-éducatif réalisés à<br />

l’extérieur, dans un Centre de Soins Spécialisés aux Toxicomanes (CSST) ou par un médecin en<br />

libéral. Selon les établissements pénitentiaires, la prescription et la délivrance sont assurées par le<br />

personnel médical et paramédical d’un Service Médico-Psychiatrique Régional (SMPR), d’une Unité de<br />

Consultations et de Soins Ambulatoires (UCSA) ou d’une Antenne Toxicomanie (AT).<br />

A l’instar des héroïnomanes pris en charge dans les CSST ambulatoires ou avec hébergement,<br />

les héroïnomanes incarcérés sont très souvent demandeurs d’une telle prescription. En 2004, 3793 de<br />

ces personnes (soit 6,6 % de la population incarcérée) avaient un traitement de substitution aux opiacés<br />

[3]. Par contre et simultanément, les toxicomanes incarcérés sont nettement moins enclins à s’engager<br />

dans un suivi psychologique. Lorsqu’elles existent, les demandes correspondantes sont volontiers<br />

146


motivées, sur la recommandation (appuyée) de l’avocat, par le désir d’obtenir une attestation destinée à<br />

faire bonne impression auprès du juge et à bénéficier d’une libération conditionnelle ou d’une<br />

« confusion de peines », ou plus simplement par le souhait de « voir quelqu’un » et d’échapper pendant<br />

plusieurs dizaines de minutes à la monotonie de la cellule...<br />

En dépit de cette réalité clinique plutôt décevante pour les praticiens du psychisme, certains<br />

héroïnomanes incarcérés formulent une demande authentique d’aide psychologique. Ces patients<br />

réagissent à leur mise sous écrou par une prise de conscience rapide, douloureuse mais assumée, de<br />

leurs difficultés psychiques et par une demande sincère de suivi psychologique. Au nombre de<br />

quelques détenus qui font des psychologues « les témoins privilégiés d’une humanité naïve et<br />

attachante d’où émergent des intuitions remarquables » [4], ils possèdent les « atouts » nécessaires<br />

pour effectuer une démarche psychothérapique :<br />

- Un « aveu » de souffrance psychologique,<br />

- Une authentique demande d’aide,<br />

- Un respect du cadre,<br />

- Un engagement soutenu dans la relation thérapeutique,<br />

- Une absence d’attitude séductrice ou manipulatrice.<br />

Notre expérience clinique suggère que plusieurs facteurs tendent à favoriser cette démarche :<br />

- Un délai court entre le début de l’addiction et la rencontre avec un psychologue. En d’autres<br />

termes, une prise en charge précoce.<br />

- Une absence de condamnations et d’incarcérations antérieures : moins le sujet est<br />

« institutionnalisé » par le milieu carcéral, plus il est enclin à changer.<br />

- Une absence d’expertises psychologiques antérieures : les détenus savent que ces examens<br />

sont effectués à la demande du juge. Conjuguée avec l’utilisation possible de termes peu élogieux dans<br />

les comptes-rendus d’expertise, cette réalité tend à susciter une méfiance ou défiance de principe<br />

envers les « psys » en général.<br />

- Une survenue assez rapide du jugement, qui permet au détenu de « passer à autre chose »<br />

une fois qu’il connaît la durée de la peine de prison prononcée.<br />

Rentz et Briand-Monplaisir [5] estiment que « la demande ne devient […] thérapeutiquement<br />

utilisable que quand elle est traversée par le manque ». Concrètement, le manque de liberté est<br />

ressenti de façon plus douloureuse mais aussi, dans ce cas précis, plus constructive lorsque le<br />

toxicomane est désarrimé de son groupe de pairs et, donc, de la « jouissance partagée » procurée par<br />

le produit.<br />

Les recherches princeps de Goffman [6] sur l’asile psychiatrique et le milieu carcéral ont montré<br />

que les usagers de ces institutions coercitives y recourent à plusieurs modes d’adaptation possibles, qui<br />

se succèdent parfois : « le repli sur soi », « l’intransigeance », « l’installation » et, parfois, « la<br />

conversion ». De même, Montandon et Crettaz [7] distinguent un temps psychosocial d’« arrivée en<br />

prison », suivi d’un temps psychosocial d’« exploration-appropriation » (lequel comporte également, si<br />

l’incarcération se prolonge, des phases alternées de « révolte » et de « résignation »). Ces phases se<br />

déroulent soit en parallèle, soit en marge de l’émergence des manifestations psychopathologiques<br />

réactionnelles à l’incarcération. Amal Hachet [8], dont les recherches portent sur la prise en charge<br />

psychologique des agresseurs sexuels incarcérés, confirme et complète ces réflexions par le repérage<br />

d’une succession de trois temps : un choc lors de l’arrivée en prison : « l’adaptation : un refuge dans le<br />

présent » ; un lâcher-prise : « l’attente : un retour du passé » ; une anticipation du jugement ou/et de la<br />

sortie ou du transfert : « le détachement : un élan vers le futur ».<br />

L’auteure constate que le temps d’attente apparaît propice au changement intrapsychique. En<br />

effet, lorsque le détenu est moins aux prises avec la triple nécessité psychique, relationnelle et<br />

147


matérielle de composer avec la réalité de son enfermement et lorsque son énergie et son attention ne<br />

sont pas encore polarisées par le désir de sortir et la sollicitation insistante d’intervenants ad hoc<br />

(conseiller d’insertion et de probation, juge, avocat), il est en quelque sorte « voué » ou « exposé » à<br />

l’introspection et à la remémoration.<br />

En d’autres termes, pour paraphraser la célèbre déclaration de Freud au sujet du rêve, la phase<br />

d’attente est une voie qui mène à l’inconscient du sujet incarcéré. J’ajouterai que la possibilité pour le<br />

détenu de devenir un peu acteur de cette phase, en occupant un emploi (cuisinier, agent d’entretien,<br />

bibliothécaire) et/ou en suivant des cours (remise à niveau, formation), vient soutenir l’ébranlement de<br />

son narcissisme et, à ce titre, encadrer très utilement les moments de « crainte de la folie » [9] qui sont<br />

inhérents au remaniement « iatrogène » de ses mécanismes de défense.<br />

L’existence d’une phase de l’incarcération favorable à l’engagement d’un détenu dans une<br />

démarche psychothérapique est encourageante pour des thérapeutes qui, bien souvent, en arrivent à<br />

douter de l’utilité de leur intervention en milieu carcéral. Toutefois, en ce qui concerne les<br />

héroïnomanes, ce temps propice au remaniement intrapsychique tend à devenir de plus en plus difficile<br />

à susciter et à exploiter, pour plusieurs raisons :<br />

- Avant 1996, l’inexistence de traitements de substitution aux opiacés en milieu carcéral (tout<br />

comme « à l’extérieur ») précipitait parfois une demande d’aide éducative ou psychologique. Le patient<br />

se disait alors : « c’est ça ou rien ». A présent, il est fréquent qu’un héroïnomane ne sollicite ou plutôt<br />

n’accepte une telle prise en charge qu’au bout de plusieurs mois d’incarcération et, donc, le plus<br />

souvent, d’« installation » dans une prescription de buprénorphine ou de méthadone. Un investissement<br />

exclusif du confort ou, du moins, de l’apaisement physique et psychique procuré par le traitement de<br />

substitution, souvent complété par d’autres psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques, voire<br />

neuroleptiques), retarde la prise de conscience des difficultés psychiques et la formulation d’une<br />

demande d’aide ad hoc.<br />

- Le développement des possibilités d’aménagement de l’incarcération « pure et dure » (par<br />

exemple, la libération avec port d’un bracelet électronique) est un gage réaliste de la démocratie qui<br />

régit l’esprit des lois et des institutions. Ces nouvelles mesures sont particulièrement aidantes pour les<br />

héroïnomanes en situation de détention préventive qui, en cas d’ILS, sont soumis à des délais<br />

d’enquête étendus et, donc, à une condamnation tardive. Rappelons que lors d’un emprisonnement<br />

pour ILS, chaque mandat de dépôt dure 4 mois (au lieu de 3 mois pour la plupart des autres délits) et<br />

peut être renouvelé 4 fois, de sorte qu’une personne qui a commis une Infraction à la Législation sur les<br />

Stupéfiants risque de passer 16 mois en prison avant d’être jugée. Dans la mesure où, d’une façon<br />

générale et nonobstant la diversité et la qualité des prestations sanitaires et socio-éducatives,<br />

l’expérience de l’incarcération occasionne au détenu et à ses proches « une blessure inoubliable » [10],<br />

ce cas de figure est particulièrement redouté. Dans ce contexte, la demande écrase l’offre : l’extension<br />

technique de la palette des alternatives à une incarcération « à la lettre » fait flamber l’envie de<br />

« sortir », au risque de dévoyer en prestations de service les prises en charge non pharmacologiques.<br />

De fait, obnubilés par l’éventail des possibilités de libération provisoire ou anticipée, de nombreux<br />

héroïnomanes incarcérés (sachant que ces détenus n’ont pas l’exclusive en la matière, loin de là)<br />

entreprennent de rencontrer un psychologue à la seule fin de se faire délivrer une « attestation de<br />

suivi », destinée à faire « valoir auprès de qui de droit » qu’ils sont de « bons détenus » et, donc, qu’ils<br />

mériteraient d’être libérés... En situation d’entretien, ces personnes se tiennent à l’antipode d’une<br />

verbalisation de leurs difficultés intrinsèques et centrent leur propos sur leurs démarches,<br />

revendications, attentes et satisfactions ou déceptions vis-à-vis de la Commission d’Application des<br />

Peines (la « CAP »), dont les membres sont coutumièrement voués aux gémonies. Le psychologue est<br />

alors cantonné (consigné ? relégué ? condamné ?) à gérer le déversement tour à tour geignard et<br />

vindicatif d’états d’âme fallacieux dont l’utilitarisme met en échec son rôle professionnel.<br />

- Par ailleurs, si le degré d’adaptation plutôt quelconque des héroïnomanes au cadre carcéral<br />

(ni rejetant comme chez les auteurs de vols et de violences non sexuelles, ni hyper conformiste comme<br />

148


chez les agresseurs sexuels) permet à la plupart d’entre eux d’accéder à des représentations<br />

différenciées de la logique judiciaire et pénitentiaire et de la logique du soin, la mise en place des<br />

peines plancher pour les récidivistes (en général) a désormais des effets de découragement et de<br />

rébellion (« plus rien à f… », « rien à perdre ») qui tendent, elles aussi, à « sabrer » les demandes<br />

d’aide psychologique de ces personnes. Par delà le cas particulier des héroïnomanes récidivistes, les<br />

détenus en situation de récidive préfèrent souvent accuser le choc en s’isolant de façon haineuse ou en<br />

s’« engrainant » avec des détenus qui se trouvent dans une situation pénale similaire. Leur seule<br />

motivation est un transfert rapide en Centre de Détention (CD), où ils pourront s’aménager un séjour<br />

« derrière les barreaux » moins stressant (cellule individuelle, temps de parloir supérieur, liberté de<br />

mouvement élargie).<br />

Ces réalités fondent plus que jamais la nécessité d’articulations efficaces entre, d’une part, les<br />

soignants qui interviennent en milieu carcéral et, d’autre part, l’ensemble des professionnels du soin et<br />

de la justice.<br />

Bibliographie<br />

[1] Szabo D, Le Blanc. Consommation de psychotropes et questions criminelles. In : Le Blanc M.,<br />

Cusson M et al. Traité de criminologie empirique. Montréal : Presses de l’Université, 1994 : 113-114.<br />

[2] Facy F et al. Toxicomanes incarcérés. Etude épidémiologique auprès des antennes 1992-1995.<br />

Paris : EDK, 1997.<br />

[3] Canarelli T, Coquelin A. Données récentes relatives aux traitements de substitution aux opiacés.<br />

Tendances 2009 ; 65.<br />

[4] Golovine P. Un psychologue en prison : entre logique psychiatrique et logique judiciaire.<br />

Psychotropes 2004 ; 10 (3-4) : 187-197.<br />

[5] Rentz F, Briand-Monplaisir M. D’une écoute de l’inconscient en milieu carcéral. Interventions 1998 ;<br />

66 : 46-48.<br />

[6] Goffman E. Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux. Paris : Minuit, 1968.<br />

[7] Montandon C, Crettaz B. Paroles de gardiens, paroles de détenus. Bruits et silences de<br />

l’enfermement. Genève : Masson, 1982.<br />

[8] Hachet A. Limites de la prise en charge psychothérapique des agresseurs sexuels. Cahiers du<br />

Centre de Recherches en Psychopathologie et Psychologie Clinique 2005 ; 17 : 147-152.<br />

[9] Winnicott D.W. La crainte de l’effondrement et autres essais. Paris : Gallimard, 2000.<br />

[10] Yakoub S. La prison : moyen thérapeutique pour les usagers de drogues ? THS, revue des<br />

addictions 2001 ; 12 (3) : 691-692.<br />

Problématique<br />

2.2 LA PRISE EN CHARGE DES HEROINOMANES SCHIZOPHRENES EN CSAPA<br />

(Pascal HACHET, psychologue).<br />

L’association d’une toxicomanie et d’une psychopathologie manifeste est fréquente. On parle à cet effet<br />

de « double diagnostic », de comorbidité ou encore de « cooccurrence » (Nadeau, 2001). Ces troubles<br />

psychiatriques ne sont ni homogènes ni spécifiques aux sujets addictés aux drogues : psychoses<br />

chroniques ou états psychotiques, désordres comportementaux, fonctionnements pervers, états<br />

dépressifs, anxiété, névroses « classiques ». Ils interagissent avec la problématique addictive selon des<br />

modalités variées : dans la plupart des cas, les troubles mentaux préexistent à l’addiction ; mais cette<br />

149


dernière est parfois responsable de complications psychiatriques, en particulier de décompensations<br />

sous l’effet d’une consommation de drogues aux effets psychodysleptiques (cannabis, LSD).<br />

Rappelons qu’une addiction aux drogues peut être le fait de sujets névrosés, pervers ou psychotiques.<br />

Sur le plan du fonctionnement psychique, il n’existe donc aucun lien électif (et encore moins exclusif !)<br />

entre psychose et toxicomanie. De manière corrélative, l’idée de l’absence d’une structure psychique<br />

spécifique aux toxicomanes est admise depuis une trentaine d’années.<br />

Les toxicomanes psychotiques sont dépendants à une gamme très étendue de substances<br />

psychoactives, licites (alcool, tabac, médicaments mésusés) comme illicites (cannabis, cocaïne,<br />

ecstasy, héroïne, etc.). Un pourcentage élevé de jeunes schizophrènes est toutefois toxicodépendant<br />

au cannabis. En toile de fond, la mise en place de la plupart des toxicodépendances et le<br />

déclenchement de certaines psychoses (les bouffées délirantes et, surtout, les syndromes dissociatifs)<br />

surviennent à l’adolescence et au début de l’âge adulte (entre 15 et 30 ans).<br />

Le produit principal consommé par les usagers des Centres de Soins d’Accompagnement et Prévention<br />

en Addictologie (CSAPA) focalisés sur la prise en charge des toxicomanes demeure l’héroïne. Le<br />

fonctionnement psychique de certains héroïnomanes fait une place significative à la psychose. Cette<br />

dernière se décline plus souvent sur le mode dissociatif (schizophrénie) qu’agrégatif (paranoïa). Cette<br />

fréquence est à l’origine du choix de notre réflexion 9<br />

L’épidémiologie révèle que les schizophrènes ont six fois plus de risques de développer un abus de<br />

substances psychoactives que la population générale (Regier, Farmer, 1990). Plus de 50 % des<br />

personnes qui souffrent de schizophrénie ont un comportement d’abus ou de dépendance chronique à<br />

une substance psychoactive (Drake, McLaughlin, 1991 ; Mueser, Noordsky, 1996). Cette substance est<br />

un produit stupéfiant chez 28 % des sujets schizophrènes (Mercier, Beaucage, 1997) 10 et, dans le<br />

détail, il s’agit d’un opiacé pour 5 à 13 % d’entre eux (Cartier, Kanit, Laqueille, 2004).<br />

Dans la plupart des cas, la consommation abusive de substances opiacées précède les manifestations<br />

psycho-dissociatives franches. Pourtant, lorsqu’ils se rendent dans un CSAPA, la majorité des<br />

schizophrènes addictés à l’héroïne ne se trouvent plus aux prémices de la folie. Ils sont presque tous<br />

suivis par un psychiatre et ont un traitement neuroleptique (en comprimés ou en injections-retard).<br />

Quelquefois stabilisés sur les plans mental et social, ils sont en revanche rarement autonomes.<br />

Beaucoup d’entre eux, même à plus de trente ans, vivent chez leurs parents ou leurs grands-parents.<br />

La fréquence d’une antériorité chronologique de l’héroïnomanie sur la désorganisation psychotique «<br />

inaugurale » s’explique par la fonction, bien repérée par les cliniciens, d’automédication que le produit<br />

remplit lors de la phase prodromique de la maladie schizophrénique : si le délire et les hallucinations<br />

n’apparaissent pas encore, le sujet est déjà la proie d’affects et de sensations insupportables que<br />

l’intoxication tente de gommer : des angoisses « cosmiques » d’anéantissement, la sensation d’une<br />

transformation aberrante du corps et l’impression d’une dévitalisation bizarre de l’environnement (par<br />

exemple, « les gens sont en bois ou des robots, le monde est un décor en carton pâte »).<br />

Face à ce fait clinique, notons que si l’héroïne possède d’indéniables propriétés antipsychotiques11 qui<br />

semblent parfois retarder12 l’entrée dans le « monde-tombe » (Biswanger, 2002) de la folie, cette<br />

9<br />

Même si la comorbidité héroïnomanie-paranoïa appellerait une étude étendue<br />

10<br />

En contrepartie, la prévalence à vie de la schizophrénie chez les toxicomanes est d’environ 7 % (ibid.).<br />

11<br />

Un petit point d’histoire de la psychiatrie est ici utile : ces propriétés furent identifiées par certains « aliénistes » de la fin du<br />

19 ème siècle et du début du 20ème siècle et donnèrent lieu à des prescriptions ad hoc… avant que la loi française sur les<br />

stupéfiants soit votée, en 1916.<br />

150


drogue n’empêche pas l’avènement d’un processus dissociatif « voué » à se produire du fait d’un «<br />

montage » psychique précarisé à l’extrême : un sol mental mal « porteur », trop vermoulu pour<br />

supporter les remaniements psychiques et relationnels propres à la post-adolescence (à savoir<br />

s’appuyer sur les images parentales pour s’en différencier dans la réalité, par l’amour et le métier). Il se<br />

produit alors un affrontement entre deux contraintes très supérieures à la volonté du sujet et dont l’enjeu<br />

est la survie psychique : le « c’est plus fort que moi » de la psychose versus celui de l’addiction. Dans<br />

ce contexte, la prise en charge ne saurait forclore (!) ni la dimension psychotique ni la dimension<br />

toxicomaniaque de la problématique.<br />

Observations cliniques<br />

Les héroïnomanes schizophrènes « changent de l’ordinaire » les intervenants en toxicomanie, pour<br />

plusieurs raisons :<br />

- Sauf lorsqu’ils sont en état de crise (attitude catatonique ou passages à l’acte sous l’effet de<br />

l’angoisse, des productions délirantes et / ou des hallucinations), ces patients présentent davantage<br />

d’efflorescence fantasmatique et « décollent » volontiers du récit factuel et démétaphorisé de leur «<br />

galère » (Hachet, 2007).<br />

- Ils sont moins enclins à mentir, à manipuler, à être « tapeurs » ou à s’attarder sans raison recevable<br />

dans les locaux de l’institution : au risque de verser dans un certain angélisme, ces toxicomanes<br />

paraissent trop perplexes et dispersés pour « magouiller » !<br />

- Malgré les propriétés antipsychotiques avérées de l’héroïne, leur consommation de drogue joue un<br />

rôle moins efficace de couvercle vissé sur leurs difficultés. De fait, ces sujets ont tendance à verbaliser<br />

ou, du moins, à montrer une souffrance patente qui a des effets d’implosion ou d’explosion<br />

comportementale et qui mobilise autant, sinon davantage, leur attention que leur besoin de s’intoxiquer<br />

(qu’ils n’ont pas toujours la possibilité de satisfaire lorsqu’ils sont saisis par une crise très<br />

désorganisatrice).<br />

Le psychologue, lui, se dit de prime abord qu’il y a « plus à manger » pour sa capacité d’écoute et<br />

d’interprétation, que les héroïnomanes « fous » sont plus gratifiants que les héroïnomanes «normosés».<br />

Mais cette médaille possède un éprouvant revers : si, à la différence de nombreux toxicomanes aux<br />

opiacés, l’extrême fragilité de ces patients rend possible la survenue de moments de crise psychique (et<br />

non de « manque » à l’héroïne), l’intensité de ces périodes troublées est très éprouvante pour les deux<br />

acteurs de la relation thérapeutique ! L’accueil et la mise au travail institutionnels de ces occurrences<br />

terrifiantes (Little, 1985) nécessitent un cadre de soins rigoureux et de solides leviers thérapeutiques. Il<br />

s’agit alors d’aider ces personnes :<br />

- à contenir l’angoisse d’anéantissement qui les submerge par un renforcement de la réponse<br />

pharmacologique, assorti ou non d’une hospitalisation en milieu psychiatrique ;<br />

- A tenter de métaboliser cette angoisse par le maintien contre vents et marées d’un suivi<br />

psychothérapique, qui peut se poursuivre en milieu hospitalier spécialisé dans le cas d’un séjour de<br />

courte durée : le thérapeute du CSAPA se rend alors au chevet du patient pour l’assurer d’une<br />

continuité de la prise en charge et l’inciter à mettre des mots sur ce qui lui arrive. L’état de crise chez un<br />

12 C’est ce que l’on observe dans les quelques situations où un héroïnomane jusqu’alors exempt de troubles dissociatifs<br />

manifestes se désorganise en cours de prise en charge, en particulier lors du « passage à vide » que constitue l’initialisation<br />

d’un traitement de substitution. A cela s’ajoute le fait que certaines schizophrénies - maladies de l’adolescent mais aussi du<br />

jeune adulte - éclosent de manière tardive : entre 25 et 30 ans.<br />

151


sujet psychotique (Azoulay, 1994) recèle un potentiel mutatif que le psychologue doit appréhender et<br />

manier au mieux pour que l’intéressé remonte un peu moins fou (peut-on parler d’un « bon usage » de<br />

la folie ?) de cette descensus ad inferos…<br />

Conséquences sur les prises en charge en CSAPA<br />

La présence de troubles schizophréniques chez certains héroïnomanes complexifie les prises en<br />

charge :<br />

- Observée par les intervenants en toxicomanie (et, de façon plus large, les professionnels de<br />

l’addictologie) comme par les équipes de la psychiatrie, elle confronte les uns et les autres à leurs<br />

limites techniques.<br />

- Par conséquent, la coexistence de troubles dissociatifs et de troubles addictifs est parfois source de<br />

malentendus, voire de conflits, entre ces différents professionnels qui peuvent être tentés de se «<br />

renvoyer » le patient ; les uns disent alors : « C’est un toxicomane ; il n’a rien à faire dans un service de<br />

psychiatrie » et les autres rétorquent : « Il est fou et notre cadre de travail est insuffisant lorsque sa<br />

souffrance déborde ».<br />

- En toile de fond, le patient et son entourage préfèrent (ce qui est désespérément compréhensible : «<br />

Entre deux maux, choisissons le moindre ») l’étiquette de « toxicomane » à celle de « malade mental ».<br />

Dans ce contexte, les productions psychotiques sont volontiers attribuées soit à de l’héroïne de<br />

mauvaise qualité, « coupée » par exemple avec du LSD, soit à un traitement de substitution sousdosé...<br />

Les récriminations ad hoc de l’intéressé et / ou de ses proches viennent renforcer les difficultés<br />

des intervenants en toxicomanie et des équipes de la santé mentale à travailler ensemble lorsqu’elles<br />

sont déposées auprès des uns et des autres !<br />

Ces difficultés doivent conduire les professionnels du champ des addictions à affiner et développer<br />

certaines de leurs interventions :<br />

- Sur le plan médical, l’établissement de diagnostics détaillés et la mise en place de prescriptions<br />

médicamenteuses qui ciblent à la fois la schizophrénie (en milieu psychiatrique) et l’addiction aux<br />

opiacés (en CSAPA). Les traitements de substitution ne doivent alors jamais se substituer (!) aux<br />

neuroleptiques et « correcteurs » antiparkinsoniens, et vice versa. Dans le détail, il semble que la mise<br />

sous Méthadone © - dont la majorité des toxicomanes (psychotiques ou non) mettent en avant le<br />

caractère « enveloppant » – soit plus pertinente pour ces patients qu’une mise sous Subutex ©. Ce<br />

double socle chimiothérapique est indispensable : il protège l’héroïnomane schizophrène du « pire » sur<br />

le plan psychique, minore son recours à l’héroïne face à une souffrance souvent atroce et permet<br />

l’établissement d’une alliance psychothérapique ou, du moins, psychoéducative : restauration d’un<br />

degré satisfaisant d’adhésion à la réalité et préservation globale du suivi. La compliance du patient visà-vis<br />

de son double traitement médicamenteux doit être évaluée, « surveillée » et, si besoin, modifiée<br />

avec une attention et une régularité particulières.<br />

- Sur le plan psychoéducatif, une meilleure connaissance de la dynamique intra-psychique et<br />

relationnelle propre à la schizophrénie ; en particulier, la prise en compte des besoins très contrastés et<br />

assez peu prévisibles des patients au cours d’une prise en charge prolongée : les efforts thérapeutiques<br />

doivent porter tantôt sur le besoin d’être secouru, contenu et étayé, tantôt sur le besoin d’être<br />

autonome, responsabilisé et mobilisé pour faire face. Psychologues et éducateurs doivent également<br />

152


être attentifs aux signes qui, en dépit du brouillage dû aux effets de l’héroïne, sont évocateurs13 d’un<br />

processus schizophrénique chez un sujet jusqu’alors non diagnostiqué et soigné comme tel : des<br />

bizarreries verbales (en particulier l’expression crue et désorganisée de pensées et d’affects<br />

inquiétants) et / ou comportementales (une immobilité posturale qui paraît distincte de la sédation<br />

opiacée et qui alterne avec des moments d’agitation, le tout non explicité ; un manque d’attention qui<br />

donne l’impression que le sujet est parasité par un vécu hallucinatoire ; une incurie tenace malgré des<br />

conditions de vie décentes), une aggravation de l’état mental en cas de consommation de cannabis (ou<br />

d’une autre substance psychodysleptique) ou de cocaïne (dont l’effet psychostimulant tend à ouvrir la «<br />

boîte de Pandore »), sans omettre la sensation d’étrangeté (« C’est une énigme incarnée. Je me<br />

demande s’il est vraiment là »), voire d’affolement (« Le « vide » de ce patient me fiche les jetons »),<br />

que le professionnel éprouve par résonance ponctuelle entre les zones de destruction psychique du<br />

patient et les fibres les moins « dégrossies » de sa propre problématique !<br />

- Last but not least, le tissage patient et obstiné de liens de travail entre les équipes des CSST et celles<br />

des établissements psychiatriques, au moins pour la répartition des prescriptions médicamenteuses.<br />

En définitive, le clinicien me paraît voué à maintenir ouverte son interrogation face à la mystérieuse<br />

complexité des faits : pourquoi certains sujets schizophrènes sont-ils également héroïnomanes, et vice<br />

versa, sachant que la majorité des personnes schizophrènes ne sont pas toxicodépendantes à l’héroïne<br />

et que la plupart des personnes héroïnomanes ne présentent aucun trouble schizophrénique ?<br />

Bibliographie<br />

AZOULAY J. La valeur élaborative des crises au cours des états psychotiques. In : Le poids des<br />

mémoires, le choc des histoires. Actes du VIe Cours International sur les techniques de soins en<br />

psychiatrie de secteur, avril et novembre 1992, Villeurbanne, Santé mentale et communauté, 1994.<br />

BINSWANGER L. Le cas Suzanne Urban. Etude sur la schizophrénie, Brionne, Gérard Monfort, 2002.<br />

CARTIER M, KANIT M, LAQUEILLE X. Comorbidité schizophrénie héroïnomanie et autres addictions :<br />

aspects cliniques et thérapeutiques, Annales médico-psychologiques 2004 : 162, 4 : 311-316.<br />

DRAKE R.E, McLAUGHLIN P. Dual diagnosis of major mental illness and substance disorder : an<br />

overview, New Directions in Mental Health Services 2001 : 50 : 3-12.<br />

HACHET P. Les Toxicomanes et leurs secrets, Paris, L’Harmattan, 2007.<br />

LITTLE M. Psychotic anxieties and containment. A personal record of an analysis with Winnicott,<br />

Northvak, Aronson, 1985.<br />

MERCIER C, BEAUCAGE B. Toxicomanie et problèmes sévères de santé mentale : recension des<br />

écrits et état de la situation pour le Québec. <strong>Rapport</strong> au ministre de la santé et des services sociaux,<br />

Comité permanent de lutte contre la toxicomanie, Gouvernement du Québec, 1997.<br />

13 Sans constituer des certitudes. Gardons-nous de l’intégrisme sémiologique !<br />

153


MUESER K.T, NOORDSKY D.L. Group treatment for dually diagnosed clients, New Directions in Mental<br />

Health Services 1996: 70: 33-51.<br />

NADEAU L. Lorsque le tout est plus grand que la somme des parties : la cooccurrence de la<br />

toxicomanie et des autres troubles mentaux, Santé mentale au Québec 2001 : 26, 2 : 1-7.<br />

REGIER D.A, FARMER M.E. Comorbidity of mental disorders with alcohol and other drug abuse.<br />

Results from the Epidemiologic Catchment Area (ECA) Study, Journal of the American Medical<br />

Association 1990: 264, 19: 2511-2518.<br />

154


CSAPA EN RESIDENTIEL<br />

155


CSAPA EN RESIDENTIEL<br />

Ces tableaux offrent une vue d’ensemble de l’activité menée par les équipes des structures<br />

d’hébergement de l’association.<br />

Dans la suite du rapport d’activité une présentation détaillée permettra grâce aux données chiffrées<br />

présentées sur les trois dernières années, une lecture comparative accompagnée d’une analyse<br />

clinique et critique indiquant les observations les plus marquantes de l’année <strong>2010</strong>.<br />

LA COMMUNAUTE THERAPEUTIQUE<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de résidants hébergés 68 55 64<br />

Nombre journées réalisées 7573 7815 9202<br />

Durée moyenne hébergement (en jours) 112 139 144<br />

Taux occupation 73,24% 75,96% 78,54%<br />

Nombre résidants sortis (du 01/01 au 31/12/<strong>2010</strong>) 50 33 36<br />

LES APPARTEMENTS THERAPEUTIQUES RELAIS<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de résidants hébergés 24 20 15<br />

Nombre journées réalisées 2351 2444 2727<br />

Durée moyenne hébergement (en jours) 94 122 181<br />

Taux occupation 80,50% 83,40% 93,30%<br />

Nombre résidants sortis (du 01/01 au 31/12/<strong>2010</strong>) 17 14 10<br />

TOTAL FILES ACTIVES CSAPA EN RESIDENTIEL<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

File active ATR * 24 20 15<br />

File active CT/FLB** 68 55 64<br />

Total files actives 92 75 79<br />

*Appartements Thérapeutiques relais.<br />

** Communauté Thérapeutique de Flambermont.<br />

156


157


Introduction<br />

L’exercice <strong>2010</strong> de l’ensemble du CSAPA Soins-Hébergement du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> fut marqué par des<br />

changements dont l’ampleur n’a pas été nécessairement perçue par l’ensemble des services.<br />

En effet, chacune de ces structures a changé de locaux :<br />

• la CT a pu bénéficier d’une extension par l’ouverture de deux nouveaux bâtiments ;<br />

• l’équipe des ATR a pu occuper un nouvel espace administratif ;<br />

• les LHSS ont pu ouvrir avant la fin de l’année, remplissant ainsi l’objectif assigné d’accueillir ses<br />

premiers résidants avant la fin décembre.<br />

Toutes les équipes ont réalisé leur déménagement ou emménagement, tout en investissant de<br />

nouveaux espaces qui ont impliqué une (ré) appropriation des projets de service.<br />

Pour autant, l’activité significative dont rendent compte les taux d’occupation respectifs des deux<br />

structures d’hébergements pour personnes ayant des conduites d’addiction (CT et ATR), montre que la<br />

mission de service public, déléguée à l’association, fut remplie à la hauteur des engagements des<br />

projets et des moyens octroyés.<br />

• Concernant la communauté thérapeutique de FLAMBERMONT, en <strong>2010</strong>, son activité s’est<br />

développée en regard de l’ouverture de nouveaux locaux qui ont permis de concrétiser<br />

l’extension du nombre de résidants, en passant à 35 le nombre de personnes pouvant être<br />

admises en son sein.<br />

Il n’en demeure pas moins que les changements initiés par cette extension restent à<br />

poursuivre, voire à consolider, tant est ardue la tâche impartie à cette équipe qui a dû à la fois<br />

s’approprier ces nouveaux espaces de travail, mais également reconfigurer sa prise en charge<br />

communautaire afin de prendre en compte l’augmentation du nombre de ses usagers et ainsi<br />

faire une plus grande place aux résidants.<br />

Cette démarche délicate, toujours à retisser au fil des nouvelles admissions et des départs des<br />

plus anciens, implique un investissement continu de la part de cette équipe parfois fragilisée<br />

par l’absence de certains de ses membres.<br />

Par ailleurs, l’organisation nouvelle induite par l’agrandissement de l’espace éducatif et des<br />

lieux de vie dédiés aux résidants suppose également que les nouveaux locaux administratifs<br />

qui ont été construits en proximité soient, eux-aussi, investis par l’ensemble des professionnels<br />

pour permettre d’affiner la cohérence souhaitée par la direction de la CT dans la conduite des<br />

projets individualisés des personnes accueillies. Ce travail reste à poursuivre et à consolider.<br />

Notons cependant qu’il est complexe, dans un cadre communautaire très impliquant, de pouvoir<br />

mener de front l’extension du nombre d’accueillis (+10), le développement continu d’un projet<br />

institutionnel conviant au changement et l’organisation de l’espace communautaire de la CT de<br />

Flamberont. Notons à ce propos que l’énergie développée par l’ensemble des acteurs de<br />

l’institution (équipe et résidants) ainsi que les résultats obtenus témoignent à la fois de la vitalité<br />

de l’équipe pluri-professionnelle, de son désir de bien faire et, concernant les résidants, d’une<br />

158


meilleure compréhension de la proposition d’accompagnement dans le cadre d’un projet<br />

communautaire mieux compris de tous.<br />

Ainsi, notons que nous avons réalisé 9202 journées réparties sur une capacité d’accueil effectif<br />

de 30 résidants sur les cinq premiers mois de l’exercice <strong>2010</strong>, et sur 35 résidants sur les sept<br />

mois restant.<br />

Sur les cinq mois du début d’exercice <strong>2010</strong>, le taux d’occupation moyen fut de 72% et sur sept<br />

mois suivants, il atteint 84%. Globalement, sur les 12 mois de l’exercice <strong>2010</strong>, le taux<br />

d’occupation pondéré se trouve donc rapporté à 78%.<br />

Plus que ce chiffre, c’est le foisonnement des textes émanant de l’équipe pour ce rapport<br />

d’activité qui rend compte à la fois de l’activité menée par l’équipe médicale et psycho-sociale<br />

de la CT et de l’investissement des professionnels. Ils témoignent de leur engagement et de<br />

leur souhait de transmettre un peu de leur approche dans leurs confrontations aux différents<br />

groupes et personnes de l’institution.<br />

• Concernant les Appartements Thérapeutiques Relais, l’activité de l’année <strong>2010</strong> fut soutenue.<br />

Cet exercice a permis d’améliorer de façon notable les appartements individuels dont la<br />

réfection, commencée en 2009 par les usagers qui en furent les bénéficiaires, est en cours<br />

d’achèvement.<br />

L’espace de vie semi-collectif situé rue de l’Estacade ne fut pas rénové mais maintenu en état<br />

de fonctionnement du fait du prévisible déménagement de la structure en fin d’année.<br />

Le 63, rue de l’Oise, mis à disposition des LHSS courant novembre pour lui permettre d’avoir<br />

un espace de travail dans l’attente de la finition des travaux de ses nouveaux locaux, fut<br />

réinvesti par l’équipe des ATR dès décembre. Ce lieu accueille dorénavant les trois résidants<br />

hébergés rue de l’Estacade. Parallèlement, l’équipe des LHSS a pu prendre possession de ses<br />

nouveaux locaux aux 74, rue de Stalingrad dès décembre.<br />

Le 63 rue de l’Oise réinvesti, devient le nouvel espace de prise en charge semi-collectif des<br />

ATR et une réflexion sur l’orientation de cet espace sera à entreprendre au cours du prochain<br />

exercice, afin d’évaluer la pertinence de la remise en état des locaux ou de faire évoluer le<br />

projet d’accueil semi-collectif dans une nouvelle direction qui reste à définir. Notons que cet<br />

accueil change dans les faits, l’équipe ayant à recréer une dynamique d’accompagnement<br />

venant « légitimer» sa présence sur ce lieu. En effet, cette maison reste un espace<br />

d’hébergement institutionnel de part le nombre d’accueillis et de ce fait, sa gestion ne peut être<br />

laissée à la simple initiative des occupants, mais doit faire appel à une dynamique portée par<br />

l’équipe éducative.<br />

Indépendamment du commentaire statistique élaboré ci-dessous, notons que le taux<br />

d’occupation de l’exercice <strong>2010</strong> dépasse les 93%, progressant de 10% par rapport à l’exercice<br />

2009. Ce chiffre témoigne du travail engagé par une équipe qui doit se recomposer en fin<br />

d’année, l’un de ses membres ayant pris de nouvelles fonctions sur les LHSS.<br />

Enfin pour préparer le déménagement des locaux administratifs de la rue de l’Estacade, une<br />

grande part de ce travail fut réalisée par l’équipe éducative. Cette action, réalisée sous la<br />

conduite du chef de service des ATR, fut menée avec l’aide de résidants qui n’avaient pas<br />

159


d’activité professionnelle en cours. Cela a permis à l’équipe des ATR d’investir le logement<br />

laissé vacant sur le site de la nouvelle structure LHSS au lieu du bureau prévu initialement.<br />

Cette modification fournit ainsi des conditions d’accueil bien meilleures que celles prévues et<br />

permet aussi de ne pas créer de confusion pour les usagers entre les projets, confusion qui<br />

risquait également d’être préjudiciable au fonctionnement de l’une et l’autre équipe.<br />

Notons enfin que la contenance qu’incarne cette équipe fut souvent mise en question voire<br />

mise à mal par certains résidants des ATR, les plus fragiles.<br />

En effet, le projet institutionnel des ATR convie chaque professionnel aux exigences d’un<br />

accompagnement qui ne peut faire l’économie d’une analyse des modalités d’accompagnement<br />

des usagers, du fonctionnement et des habitudes dans lesquelles chacun est pris. Celles-ci ne<br />

doivent pas occulter, qu’en permanence nous avons à faire à des personnes en proie à des<br />

comportements mobilisés par l’addiction parfois empreints de co-morbidité psychiatrique. Ainsi,<br />

il convient de maintenir en permanence vivace les outils qui sont proposés dans le cadre du<br />

suivi individuel des usagers, tels :<br />

Les bilans et leurs transcriptions écrites qu’il conviendrait d’assortir de la rédaction – en fin<br />

de séjour – d’un compte rendu reprenant l’ensemble du séjour.<br />

En effet, nous constatons que la façon dont les individus s’inscrivent dans la temporalité de<br />

leur séjour en investissant plus ou moins leur projet, ne prend sens qu’en étant<br />

régulièrement scandé – avec empathie et compréhension, mais sans concession aucune –<br />

par ces bilans.<br />

Toutefois, en la rappelant en permanence, il est nécessaire de faire vivre cette temporalité<br />

du réel qui, elle, ne s’embarrasse pas des contingences psychiques individuelles qu’il nous<br />

faut cependant également entendre, comprendre, soutenir et prendre en compte.<br />

Mais il ne saurait y avoir confusion au sujet de cette temporalité. Si cette dernière est en<br />

permanence active – frein ou moteur – dans une démarche de (ré) insertion sociale et/ou<br />

professionnelle, la réalité sociale impose au sujet psychique un rythme qu’il lui faut<br />

cependant prendre en compte, sous peine de s’entraver plus encore.<br />

Il nous faut également soutenir de façon active lors des bilans, en mettant aux jours les<br />

points plus ou moins aveugles qui viennent gêner les perspectives d’une insertion qui doit<br />

permettre au sujet de passer à un autre registre que celui de l’addiction. Sans ce but – s’il<br />

pense qu’il n’est pas vain – le séjour que nous accompagnons risque d’amener à nouveau<br />

ce sujet à se retrouver confronté rapidement aux rets qui le lient à son addiction.<br />

Par ailleurs, l’utilisation de la planification de l’activité quotidienne - qu’il conviendrait de<br />

renforcer parfois par des accompagnements individuels in situ au sein des ATR, par<br />

exemple par le partage de repas - permettrait de mieux sérier les aptitudes à vivre seul et à<br />

s’assumer, mises en œuvre pour appréhender le quotidien.<br />

De même, la gestion contrôlée (durant le premier mois de séjour) des médicaments (y<br />

compris de substitution) qui sont prescrits par le médecin référent choisi par les usagers,<br />

doit être un levier de réactivation des objectifs énoncés par l’usager lors de la procédure<br />

160


d’admission et devrait systématiquement figurer comme axe de prise en charge présenté<br />

lors des bilans d’amission.<br />

De même, l’accompagnement aux ATR conduit à devoir poser, soutenir, rappeler voire<br />

reprendre le cadre, les règles, parfois même le cadre de la loi et plus encore lorsqu’il s’agit<br />

de personnes accompagnées lors d’un placement sous main de justice.<br />

Là encore, il ne saurait y avoir confusion, notre action n’est pas d’être un auxiliaire de<br />

justice par délégation, la personne reste sous la responsabilité du cadre pénitentiaire<br />

comme en témoigne la mise sous-écrou inaugurale, lors de l’admission de ressortissants<br />

d’un autre territoire pénitentiaire que celui dans lequel s’inscrit le dispositif des ATR.<br />

Néanmoins, du fait de cette disposition créée par le législateur comme « peine alternative à<br />

l’incarcération (et dont il faut se réjouir car elle permet à nombre de détenus d’entreprendre<br />

une démarche de soin avant la fin de leur condamnation) », nous ne pouvons nous<br />

exonérer d’un des aspects essentiels de l’acte éducatif qu’immanquablement nous sommes<br />

conduits à devoir exercer au cours des accompagnements : à savoir le rappel du cadre,<br />

des règles, voire de la loi et, par la sanction, la mise en sens des transgressions posées au<br />

cours de la prise en charge.<br />

L’oublier, vouloir l’éviter serait dénier le sens mis en exergue dans la posture éducative qui<br />

consiste souvent à poser le « non » comme éminemment structurant. Toutefois, être<br />

« convoqué » à poser les limites chez le sujet, conduit nécessairement à accueillir<br />

également ce qui – de par son histoire personnelle – a fait « structure » en lui. Cela<br />

consiste à proposer au sujet de comprendre, avec notre aide, les rets et les forces qui le<br />

constituent. C’est à ce prix que ce dernier pourra délier de lui-même les liens qui le noue à<br />

son addiction et lui permettra de tisser la trame et les contours de son insertion.<br />

En ce sens, « faire exister la transversalité entre structure et services de justice » n’est pas<br />

« un mal nécessaire » mais – à contrario – un grand bien, pour peu que nous rendions<br />

compréhensible et accessible l’utilité de cette proposition créée par le législateur et mise en<br />

œuvre sur décision de justice.<br />

A ce titre, nous tenons à souligner la rigueur et le sérieux des acteurs judiciaires et<br />

pénitentiaires, que ce soit les SPIP, les Magistrats de l’Application des Peines et les<br />

services de la détention, qui, dans les situations délicates qu’ils nous ont été données<br />

d’accompagner, ont su à la fois répondre à nos sollicitations et prendre en compte la<br />

rigueur de notre travail, tout en sachant apprécier de leur place, et non de la nôtre, les<br />

éléments qui leurs étaient soumis.<br />

Enfin, constatons que l’investissement dont chacun des membres de l’équipe sait faire la<br />

preuve, a permis d’asseoir, pour un plus grand nombre de résidants, des séjours plus<br />

stables, des engagements professionnels effectifs porteurs d’une espérance, et a favorisé<br />

le relogement de deux personnes ayant été accueillies en couple.<br />

• Avec l’ouverture récente des Lits Halte Soins Santé en décembre <strong>2010</strong>, un nouvelle équipe est<br />

convoquée à la prise en compte d’une palette de problèmes sociaux qui concerne une<br />

population à la fois marquée par la désaffiliation mais également par la précarité et, de façon<br />

connexe, par l’addiction sous ses multiples formes.<br />

Notons qu’ayant pris des contacts divers avec des partenaires du champ de la précarité et en<br />

accueillant les premiers usagers de cette nouvelle structure, nous appréhendons une<br />

population plus âgée, pour le moins décalée d’avec la vie sociale. Ses ressorts – en matière de<br />

précarité – sont parfois impactés par le parcours de vie et leur existence dans la rue, théâtre de<br />

161


leur errance. Pourtant, au sein du service, elles cohabitent, se côtoient, se confrontent et<br />

témoignent ainsi d’une réelle volonté de vivre.<br />

Enfin, si l’activité statistique du LHSS est peu significative pour les 18 lits prévus, les premiers<br />

résidants ayant été admis fin décembre, néanmoins cette nouvelle structure a largement<br />

mobilisé la direction des structures d’hébergement du <strong>SATO</strong> <strong>Picardie</strong> comme en témoigne le<br />

compte rendu rapportant la mise en place de l’équipe médico-sociale.<br />

Jacques FORZY<br />

Directeur des structures avec hébergement<br />

162


LA COMMUNAUTE<br />

THERAPEUTIQUE DE<br />

FLAMBERMONT<br />

163


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

- Mr Jacques FORZY-Directeur des structures résidentielles (1ETP).<br />

- Mlle Pascale CROSNIER-Chef de service (1ETP).<br />

- Me Nathalie HEYMES-Médecin généraliste (0,2 ETP)<br />

- Mlle Virginie BAILLE-Psychologue (0,2 ETP).<br />

- Mlle Barbara LOYER-Psychologue (0,5 ETP).<br />

- Mme Catherine PAILLART-Infirmière (0,1 ETP).<br />

- Mme Elise BOURSIER-Infirmière (0, 25 ETP).<br />

- Mme Michèle BASTARD-Educatrice spécialisée (1 ETP).<br />

- Mme Guylaine COULOMBE-Educatrice spécialisée (1 ETP).<br />

- Mme Valérie FRANCOIS-Aide Médico Psychologique (1 ETP).<br />

- Mr Xavier FOURNIVAL- Educateur spécialisé (1 ETP).<br />

- Mlle Lucie VERGNAUD, éducatrice spécialisée (1 ETP)<br />

- Mr Ludovic FAEDY-Moniteur éducateur (1 ETP).<br />

- Mme Christiane MOUEDEB-Animatrice (1 ETP).<br />

- Mr Sylvain LECLERCQ-Educateur technique (1 ETP).<br />

- Mr Serge ODOKINE-Educateur technique (1 ETP).<br />

- Mr Ibou NGOM-Veilleur de nuit (1 ETP).<br />

- Mr Jean-Luc LEROY-Veilleur de nuit (1 ETP).<br />

Stagiaires<br />

- Mlle Jennifer JAROSZ-stagiaire éducatrice spécialisée.<br />

- Mlle Sandy MONCHATRE-stagiaire éducatrice spécialisée<br />

- Mr Quentin THIBAULT-stagiaire éducateur spécialisé<br />

- Mlle Amanda RACEL-stagiaire monitrice éducatrice<br />

- Mlle Elodie BRAYER-stagiaire éducatrice spécialisé<br />

164


LA COMMUNAUTE THERAPEUTIQUE DE FLAMBERMONT<br />

1 COMMENTAIRES DES STATISTIQUES<br />

1.1 La file active et les admissions<br />

1.2 La durée des séjours<br />

1.3 Les femmes<br />

1.4 Justice et placements extérieurs<br />

1.5 Le comité de résidants (Conseil de Vie Sociale)<br />

2 DONNEES CHIFFREES<br />

2.1 File active<br />

2.2 Motifs sortie du résidant<br />

2.3 Nombre de projets de sortie préparés avec les résidants<br />

2.4 Les actes<br />

2.5 Répartition par sexe<br />

2.6 Tranches d’âge<br />

2.7 Moyenne d’âge<br />

2.8 Origine géographique<br />

2.9 Domicile des résidants avant hébergement<br />

2.10 Statut matrimonial<br />

2.11 Nombre d’enfants<br />

2.12 Situation professionnelle avant hébergement<br />

2.13 Origine principale des ressources<br />

2.14 Origine de la demande<br />

2.15 Répartition des résidants suivant les produits les plus dommageables<br />

2.16 Voie intraveineuse<br />

2.17 Autres modalités de consommation<br />

2.18 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

2.19 Couverture sociale<br />

2.20 Etat de santé des résidants<br />

2.21 Les sevrages<br />

2.22 Traitements de substitution<br />

2.23 Justice<br />

2.24 Les activités de groupes thérapeutiques<br />

3 REFLEXIONS CLINIQUES<br />

3.1 « Le rôle du psychologue au sein de la Communauté Thérapeutique de Flambermont.<br />

3.2 Le cadre, le groupe et la parole comme outils thérapeutiques »<br />

(Gabrielle ZANAROLI. Psychologue clinicienne)<br />

3.3 « L’intervention du psychologue au sein du groupe thématique de phase 3 : un<br />

espace transitionnel entre le dedans et le dehors ; un espace transitionnel entre<br />

l’éducatif et le psychologique. »<br />

(Gabrielle ZANAROLI. Psychologue clinicienne)<br />

3.4 Les actes du psychologue<br />

3.5 « Carton plein » (Valérie FRANCOIS et les participants à l’atelier carton)<br />

3.6 Le loisir comme élément du soin (Ludovic FAEDY. Educateur sportif)<br />

3.7 Considérations sur le travail par phases au sein de la communauté thérapeutique<br />

( Lucie VERGNAUD et Xavier FOURNIVAL, Educateurs)<br />

3.8 <strong>Rapport</strong> activité phase 2 (Ludovic FAEDY, Educateur sportif)<br />

165


1 COMMENTAIRES DES STATISTIQUES<br />

1.1 La file active et les admissions<br />

Les 3 personnes rencontrées par l’équipe et non comptabilisées dans le nombre de résidants hébergés<br />

dans l’année correspondent à :<br />

- une femme qui s’est présentée à la gare très alcoolisée et qui suite au refus de l’éducatrice de<br />

l’emmener à la CT s’est montrée violente envers elle aussi bien en paroles qu’en actes,<br />

- 2 personnes (pas dans le même temps) qui après toutes les procédures d’admission et la mise<br />

en chambre, n’ont pas souhaité rester à la CT (départ le soir même ou le lendemain matin de<br />

l’arrivée)<br />

L’arrivée de 3 personnes a été retardée :<br />

- Pour 2, d’un jour ; ils s’étaient présentés alcoolisés à la gare et nous leur avons donc proposé<br />

de s’y représenter le lendemain « clairs », ce qu’ils ont fait.<br />

- La 3 ème personne, ayant manqué son train n’a été admise que la semaine suivante. En effet, les<br />

admissions se font généralement par groupe de 2. L’après-midi est organisée en fonction de<br />

l’heure d’arrivée des nouveaux résidants et les retards (hormis ceux – fréquents – de la SNCF)<br />

ne sont pas acceptés.<br />

5 personnes qui devaient être admises ne se sont pas présentées à la gare et nous n’avons pas eu de<br />

nouvelles.<br />

En <strong>2010</strong> nous avons reçu 318 demandes d’admission par courrier. Il est répondu à toutes les lettres<br />

dans un délai plus ou moins long (maximum 3 semaines). En fonction du nombre de places disponibles<br />

nous répondons aux candidats soit de nous recontacter plus tard s’ils n’ont pas trouvé de place ailleurs,<br />

soit nous leur fixons un RDV téléphonique, soit nous leur disons non, leur demande étant trop inadaptée<br />

aux objectifs proposés par la CT.<br />

Sur ces 312 personnes (6 ont fait 2 courriers), 43 personnes ont été admises en <strong>2010</strong> (nous avons<br />

accueilli 47 nouveaux résidants en <strong>2010</strong> – 4 arrivées étaient dont planifiées à la fin de l’année<br />

précédente). L’admission de 10 personnes ayant fait une demande en <strong>2010</strong> est planifiée pour 2011.<br />

Nous devons aussi noter que sur toutes les personnes à qui il est proposé un entretien téléphonique<br />

(environ 40%) une partie non négligeable de celles-ci ne donne pas suite soit qu’elles aient trouvé une<br />

place ailleurs (ce dont nous sommes rarement informés – 7 cette année), soit pour une autre raison que<br />

nous ignorons.<br />

La file active a été calculée sur 30 résidants pendant les 6 premiers mois et sur 35 les 6 derniers mois.<br />

En effet, nous n’avons pu réellement ouvrir le nouveau bâtiment que fin juin, y faisant déménager les<br />

femmes (auxquelles nous avions réservé un espace de 7 places. Le taux d’occupation maximum a été<br />

de 5 femmes) et les résidants très récemment accueillis pour lesquels 6 places étaient réservées aux<br />

nouveaux dans 2 chambres à 3. Ainsi en juillet nous avons accueilli 5 nouveaux résidants (dont une<br />

femme).<br />

166


Nous avons conservé la maison que nous avions louée à Saint Martin le Nœud en 2009 afin<br />

d’augmenter notre capacité d’accueil alors que le nouveau bâtiment était en cours de construction.<br />

Cette maison réservée aux résidants du Groupe 3 a été occupée en permanence par 3 résidants<br />

maximum (même si le Groupe 3 a accueilli simultanément 4 résidants). En effet ce début d’autonomie<br />

offert à des résidants ayant déjà un long parcours dans la communauté s’est toujours révélé une étape<br />

importante et valorisante pour eux. C’est en effet en même temps le témoignage de la confiance que<br />

nous leur accordons et un pas de plus vers leur future autonomie. Ainsi nous avons droit à deux cas de<br />

figure : des résidants qui demandent d’eux-mêmes à aller dans cette maison, leur parcours leur<br />

semblant inabouti sans cela et d’autres qui « rechignent » un peu à quitter « le cocon Flambermont ».<br />

1.2 La durée des séjours<br />

1/3 des personnes accueillies cette année ont fait un séjour suffisamment long pour qu’on puisse dire<br />

comme François Truffaut à propos de tout autre chose qu’ils ont eu : un début, un milieu et une fin, ce<br />

qui veut dire que nous avons réussi avec ces personnes, avec le groupe, avec les outils proposés par la<br />

CT à mettre en place une stratégie « suffisamment bonne » et contenante pour qu’ils ne se découragent<br />

pas, que leurs difficultés et éventuelles rechutes durant les week-ends à l’extérieur, leurs projets à<br />

l’intérieur de la CT et pour leur avenir soient travaillés de façon satisfaisante pour eux.<br />

En revanche, nous devons déplorer le départ de 8 résidants ayant moins d’un mois de séjour (dont 4<br />

exclusions) et de 5 autres ayant un peu plus d’un mois (autour de 5 à 6 semaines) de séjour.<br />

Nombre de ces départs (6) se sont produits en tout début d’année avant que l’accueil « fil rouge » avec<br />

les résidants ne soit vraiment structuré et avant la mise en place d’une réunion spécifique le samedi en<br />

début d’après-midi, pendant le mois d’accueil (nous en avons fait 34 cette année) avec les nouveaux<br />

arrivants.<br />

Nous avons toujours été conscients de la difficulté pour les personnes accueillies de trouver leur<br />

repères, de comprendre le fonctionnement de la CT, de « se faire la bonne place » c’est à dire ni trop<br />

en retrait ni trop dans le rapport de force, mais l’aide que nous leur apportions était un peu<br />

« désorganisée ».<br />

Cette année entre la participation active des résidants anciens et l’implication plus importante de<br />

l’équipe avec les nouveaux, nous avons essayé de trouver un mode d’accueil plus rassurant. Ceci étant<br />

dit, nous ne pouvons rien faire contre le manque de motivation à cesser l’usage de produit ou à quitter<br />

certains comportements liés à cet usage. On peut imaginer que des résidants viennent juste vérifier<br />

cela en venant à la CT, et ils repartent donc très rapidement. Pour cela les arguments avancés vont<br />

toujours être les mêmes : des personnes de leur famille sont malades et ont besoin d’eux, des<br />

problèmes administratifs qu’ils doivent absolument régler à l’extérieur ou encore et souvent : les autres<br />

résidants qui etc. etc.<br />

10 résidants ont fait des séjours allant de plus de 3 mois à un an.<br />

Nous pouvons dire qu’un des caps difficiles se situe autour de 6 mois – impression de stagner,<br />

sentiment du temps qui passe et difficultés d’imaginer un projet pour le futur ou tout simplement de<br />

mettre en place des objectifs au cours des bilans.<br />

Les résidants peuvent se décourager vite et ont toujours besoin d’être stimulés. Pour certaines<br />

personnes, même organiser un projet week-end à l’extérieur est difficile et nous manquons nous<br />

mêmes parfois d’imagination pour les y aider devant leur absence de désir et d’intérêt.<br />

167


Le vide, comblé par les drogues quelles qu’elles soient, laisse la place à une sorte « d’hébétude »<br />

devant un temps qu’ils ont à imaginer. Un bon week-end, une bonne journée c’est du temps qui passe<br />

vite et non des plaisirs retrouvés.<br />

Heureusement, un certain nombre de résidants arrivent à passer ce cap, à prendre des responsabilités<br />

dans la CT, à s’en trouver valorisés, à reprendre confiance en eux et de ce fait à se risquer vers<br />

l’extérieur et à commencer à faire des projets sérieux et cohérents pour leur avenir.<br />

Les résidants qui font plus d’un an de séjour ont tous, en même temps qu’ils conservent et élargissent<br />

leurs responsabilités au sein de la CT, mis en place des projets à l’extérieur, aussi bien au niveau des<br />

loisirs (inscription dans une salle de gym, un centre de tir à l’arc, une équipe de foot…) qu’au niveau du<br />

suivi de leur démarches administratives et de leurs projets de réinsertion. Les allers et retours entre<br />

l’extérieur et l’intérieur de la CT leur donnent les moyens aussi bien d’affirmer leurs capacités à<br />

s’organiser, que de maintenir leur abstinence (particulièrement vis à vis de l’alcool).<br />

1.3 Les femmes<br />

Cette année nous avons accueilli un peu plus de femmes, mais leur profil n’était guère différent de celui<br />

des hommes, si ce n’est au niveau de la justice (une seule résidante avait été incarcérée et une autre<br />

avait eu des problèmes avec la justice).<br />

Nous avons dû faire face à des problèmes relationnels entre elles qui nous ont amenés à mettre en<br />

place un groupe spécifique ‘le groupe des femmes » (5 réunions). Cette mise au travail n’a pas été<br />

suffisante et nous avons dû procéder à deux exclusions (une de ces femmes était en placement<br />

extérieur, elle est donc retournée à la Maison d’Arrêt de Beauvais).<br />

1.4 Justice et placements extérieurs<br />

Nous avons accueilli cette année 6 résidants en placement extérieur. 3 de ces résidants ont été exclus<br />

(2 pour violence et un pour introduction/détournement et mésusage de traitement). Par contre deux<br />

personnes ont poursuivi leur séjour au delà de leur placement. Comme nous le disions déjà dans notre<br />

rapport 2009, les demandes d’aménagement de peine, si elles sont de plus en plus nombreuses,<br />

demeurent difficiles à évaluer du fait des conditions liées à l’incarcération et une fois les personnes<br />

accueillies, il leur est très difficile de ne pas réintroduire sur place les fonctionnement qu’elles avaient en<br />

prison et qui leur paraissait pratiquement « normaux », d’autant plus qu’ils leur ont souvent permis de<br />

supporter leur incarcération.<br />

De plus, ils retrouvent à la CT un certain nombre de résidants qui ont un long passé carcéral et qui ne<br />

sont pas toujours au clair avec la différence à faire et le sens à donner aux règles de la CT en<br />

comparaison avec celle d’une maison d’arrêt. L’arrivée d’une personne en placement extérieur peut<br />

donc raviver chez ces derniers certains comportements sur lesquels ils venaient juste de commencer à<br />

s’interroger.<br />

1.5 Le comité des résidants (Conseil de la vie sociale)<br />

En <strong>2010</strong> le comité a été particulièrement dynamique en jouant parfaitement son rôle qui est divers : à la<br />

fois force de proposition pour les nouveaux projets, médiateur auprès de résidants en difficulté et qui<br />

ont du mal à s’adresser à l’équipe ou participent à des confrontations en cas de conflit.<br />

Nous nous sommes réunis 18 fois cette année avec le Comité (composé de 5 à 6 personnes) et à<br />

chaque fois un ordre du jour important a été préparé par les 2 parties et a donné lieu à un compte-rendu<br />

168


édigé par les résidants et avalisé (ou corrigé…) par la chef de service après consultation de l’équipe.<br />

Ce compte-rendu est ensuite affiché pour l’ensemble de la communauté.<br />

En <strong>2010</strong> le comité a été à l’origine de :<br />

- la mise en place et de la rédaction d’un contrat spécifique pour l’utilisation des téléphones<br />

portables à l’intérieur de la CT pour les Groupe 2 et les Groupe 3,<br />

- l’utilisation des véhicules de la structure pour des résidants, pas seulement en tant que simples<br />

conducteurs mais aussi en tant que « chargés de missions »,<br />

- la possibilité de séjours plus longs qu’un simple week-end pour des personnes dans une<br />

démarche de soin positive et en fonction d’un projet allant dans ce sens,<br />

- la mise en place d’un résidant coordinateur des chantiers (obligatoirement Groupe 3). Ce<br />

résidant fait le tour des différents chantiers (dont la responsabilité est également assurée<br />

officiellement par un « ancien » afin d’être tenu au courant de ce qui va et ne va pas. Il prend<br />

des notes chaque jour et en réfère aux éducateurs techniques afin de préparer avec eux la<br />

réunion de fin de semaine et organiser au mieux ces plages horaires dans la maison,<br />

- de façon plus anecdotique, le comité a également organisé le programme de la coupe du<br />

monde de foot afin que chacun y trouve son compte,<br />

- à chaque réunion nous faisons également le point sur les difficultés dans la maison et aussi<br />

dans leur partenariat avec nous,<br />

- menée par le comité, la communauté thérapeutique a été pleinement impliquée dans<br />

l’organisation et la tenue des 30 ans du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> (soirée à Flambermont, organisation et<br />

tenue du buffet au cours du colloque à la Maladrerie de Beauvais, accompagnement de<br />

visiteurs et d’invités etc.),<br />

- de même, chaque fois que nous avons des visites d’équipes souhaitant nous rencontrer, le<br />

comité est toujours impliqué.<br />

Nous devons ajouter qu’en <strong>2010</strong> les réunions avec le comité (qui se tiennent le mercredi à 18h15) ont<br />

toujours été des moments de travail productifs amenant de réels projets dans la CT, mais également<br />

des temps de convivialité, d’échange et de débat.<br />

De plus, nous avons vraiment pu apprécier en <strong>2010</strong> la solidarité qui régnait parmi les membres du<br />

comité aussi bien pour tenir leurs engagements que pour aider les autres résidants moins impliqués<br />

dans leur soin.<br />

2 DONNEES CHIFFREES<br />

2.1 File active<br />

Pascale CROSNIER<br />

Chef de service<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes prises en charge par l’équipe* 0 2 3<br />

Nombre (d’admission) de résidants hébergés dans l’année 68 55 64<br />

- dont nombre de résidants sous « placement extérieur » 2 7 6<br />

* Il s’agit de personnes rencontrées effectivement et pour lesquelles il n’y a pas eu de suite (du fait de<br />

sa propre initiative ou du refus de l’équipe).<br />

169


2.2 Durée de séjour<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre total des journées d’hébergement réalisées 7573 7615 9202<br />

Durée moyenne d’hébergement en jours 112 139 144<br />

Taux d’occupation 73,24% 75,96% 78,54%<br />

Nombre de résidants sortis entre le 1 er janvier et le 31 décembre 50 33 36<br />

- dont au plus un mois 17 9 8<br />

- dont de 1 à moins de 3mois 8 10 10<br />

- dont de 3 à moins de 6 mois 9 2 6<br />

- dont de 6 mois à 1 an 10 7 4<br />

- dont plus de 1 an 6 5 8<br />

Nombre de sorties effectuées 50 34 36<br />

2.3 Motifs de sortie du résidant<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Contrat thérapeutique mené à terme 15 11 14<br />

Réorientation vers une structure médico-sociale plus adaptée 2 2 1<br />

Exclusion par le centre 13 11 8<br />

- dont temporaire* 9 9 5<br />

- dont définitive** 4 2 3<br />

Hospitalisation durable 0 0 0<br />

Rupture à l’initiative du résidant 19 9 12<br />

Décès 1 0 0<br />

Autres (précisez) 0 1 0<br />

*Le résidant peut ultérieurement se manifester et faire à nouveau une demande d’hébergement.<br />

** Le résidant ne peut plus faire de demande d’hébergement.<br />

2.4 Nombre de projets de sortie préparés avec les résidants<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Avec la structure qui a orienté vers le centre d’hébergement 5 7 9<br />

Avec une autre structure sanitaire et sociale 6 2 2<br />

Avec des structures d’insertion professionnelle 0 0 1<br />

Avec des structures d’hébergement 6 3 4<br />

Avec la famille du résidant 0 6 1<br />

Autres 0 2 6<br />

Expériences professionnelles réalisées durant le séjour 3 3 7<br />

- dont CDD 0 0 3<br />

- dont CDI 1 0 0<br />

- dont missions intérim 0 0 0<br />

- dont stage qualifiant 1 2 3<br />

- dont autres (bénévolat) 1 1 1<br />

170


2.5 Les actes<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Médecins généralistes 560 480 510<br />

Infirmiers 7900 7900 7900<br />

Psychologues 190 536 518<br />

Educateurs spécialisés/Techniques/Animateurs nr 7200 8500<br />

Nombre d’accompagnement réalisés à l’extérieur du centre 1671 1852 1881<br />

- dont activités collectives organisées à l’extérieur du centre 640 650 680<br />

- dont accompagnements des résidants pour démarches extérieures 1020 1200 1300<br />

- dont autres (olympiades en Slovaquie) 1 2 1<br />

2.6 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 5 8 10<br />

Hommes 63 47 54<br />

Total 68 55 64<br />

2.7 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 20 ans 0 0 0<br />

dont moins de 18 ans 0 0 0<br />

20-24 ans 2 2 1<br />

25-29 ans 6 7 6<br />

30-39 ans 31 21 31<br />

40-49 ans 27 22 23<br />

50-59 ans 2 3 4<br />

60 et plus 0 0 0<br />

2.8 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 28,5 35,5 32<br />

Hommes 39 38 39<br />

Générale 38 37,5 37,5<br />

2.9 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 7 14 4<br />

Originaires du département 6 12 10<br />

En provenance d’autres régions 61 41 50<br />

171


2.10 Domicile des résidants avant hébergement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Durable 13 16 20<br />

Provisoire 23 17 12<br />

SDF 31 16 27<br />

Etablissement pénitentiaire 1 6 5<br />

2.11 Statut matrimonial<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Célibataire 57 44 46<br />

Union libre 0 3 2<br />

Marié 1 3 2<br />

Séparé 6 3 8<br />

Divorcé 4 2 6<br />

Veuf (e) 0 0 0<br />

2.13 Nombre d’enfants<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

A charge Non à charge A charge Non à charge<br />

Un 3 8 7 4<br />

Deux 4 7 4 3<br />

Trois 0 1 1 1<br />

Quatre et plus 0 0 0 1<br />

2.14 Situation professionnelle avant hébergement<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Avaient un emploi 11 8 3<br />

- dont CDI nr 5 1<br />

- dont CDD ou stage rémunéré nr 3 2<br />

- dont travailleur indépendant 1 0 0<br />

2.15 Origine principale des ressources<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Revenus de l’emploi (y compris retraite, pension invalidité) 0 3 3<br />

Assedic 11 7 12<br />

RMI/RSA 38 33 33<br />

AAH 8 6 9<br />

Autres prestations sociales 0 0 0<br />

Ressources provenant d’un tiers 2 1 1<br />

Autres ressources (y compris sans revenu) 9 5 6<br />

172


2.16 Origine de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Initiative du résidant ou des proches 6 5 3<br />

Médecin de ville 0 0 3<br />

Structures spécialisées (CCAA, CSST, autres.) 42 31 31<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Creil nr 1 3<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Beauvais nr 4 3<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Compiègne nr 2 4<br />

Equipe de liaison 0 0 0<br />

Autre hôpital, autres sanitaires 8 6 10<br />

Institutions et services sociaux 2 0 0<br />

Services de la justice 9 2 2<br />

Autres 1 4 5<br />

2.17 Répartition des résidants suivant les produits les plus dommageables<br />

1 er produit<br />

le plus<br />

dommageable<br />

2 ième produit<br />

le plus<br />

dommageable<br />

3 ième produit<br />

le plus<br />

dommageable<br />

Alcool 17 25 9<br />

Tabac 0 0 0<br />

Cannabis 0 15 45<br />

Opiacés 10 5 0<br />

Cocaïne et crack 10 4 5<br />

Amphétamines, ecstasy, … 0 0 5<br />

Médicaments psychotropes détournés 14 10 0<br />

Traitement substitution détourné 8 5 0<br />

Autres 5 0 0<br />

Pas de produits 0 0 0<br />

Non renseigné 0 0 0<br />

Total (10% de la file active) 64 64 64<br />

2.18 Voie intraveineuse *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent l’admission 15 8<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement (auparavant au dernier mois) 19 25<br />

N’ayant jamais utilisé la voie intraveineuse antérieurement 21 31<br />

Non renseigné 0 0<br />

* Au moment de l’admission.<br />

2.19 Autres modalités de consommation *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Sniffé 15 22<br />

Injecté 34 33<br />

Mangé/Bu 3 4<br />

Fumé 3 5<br />

Non renseigné 0 0<br />

* Avant l’hébergement.<br />

173


2.20 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 18 ans 39 41<br />

18-24 ans 12 18<br />

25-29 ans 4 4<br />

30-34 ans 0 0<br />

35-39 ans 0 0<br />

40-44 ans 0 1<br />

45-49 ans 0 0<br />

50 ans et plus 0 0<br />

2.21 Couverture sociale<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Régime général et complémentaire 10 18<br />

Régime général sans complémentaire 3 1<br />

CMU avec complémentaire 30 32<br />

CMU sans complémentaire 7 8<br />

Sans couverture sociale 2 1<br />

Aide Médicale d’Etat 3 4<br />

2.22 Etat de santé des résidants<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Taux de renseignement HIV 100% 100%<br />

Tests effectués 47 57<br />

Séropositifs 2 3<br />

Nombre de résidants sous traitement 0 2<br />

Taux de renseignement VHC 100% 100%<br />

Tests effectués 47 57<br />

Séropositifs 24 22<br />

Nombre de résidants sous traitement 7 5<br />

Nombre d’hépatites C guéries 7 6<br />

Taux de renseignement VHB 100% 100%<br />

Tests effectués 47 54<br />

Nombre de vaccinations réalisées par le centre 0 0<br />

Séropositifs 15 18<br />

Nombre de prélèvements sanguins réalisés au centre 100 105<br />

Nombre de résidants orientés vers le CPES 48 25<br />

Nombre actes « bobologie » réalisés au centre 800 850<br />

Nombre acte de distribution de traitement 26740 26900<br />

Nombre de résidants présentant des comorbidités psychiatriques 13 26<br />

Nombre de résidants qui ont bénéficie antérieurement d’un suivi spécialisé 30 39<br />

174


2.23 Les sevrages *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de sevrages réalisés 20 17<br />

- dont ambulatoire 2 0<br />

Buprénorphine 1 0<br />

Méthadone 1 0<br />

Alcool 0 0<br />

benzodiazépine 0 0<br />

héroïne 0 0<br />

autres 0 0<br />

- dont hospitaliers 18 17<br />

buprénorphine 0 0<br />

méthadone 0 0<br />

alcool 8 6<br />

benzodiazépine 1 0<br />

héroïne 3 2<br />

autres 6 9<br />

* Avant l’hébergement.<br />

2.24 Traitements de substitution<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de résidants hébergés sous traitement 49 38 49<br />

- dont résidants sous buprénorphine 16 18 16<br />

- dont résidants sous méthadone 33 20 33<br />

Nombre résidants sous autres traitement à visée substitutive 0 0 0<br />

Nombre de résidants sans traitement 19 17 15<br />

2.24.1 Méthadone<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 3 7<br />

Nombre d’hommes 17 26<br />

Total 20 33<br />

Nombre de résidants sortis du programme au cours du séjour 1 3<br />

- dont devenus abstinents 1 3<br />

- dont autres prescriptions de substitution 0 0<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) 0 0<br />

2.24.2 Buprénorphine<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 3 1<br />

Nombre d’hommes 15 16<br />

Total 18 17<br />

Nombre de résidants sortis du programme au cours du séjour 1 1<br />

- devenus abstinents 1 1<br />

- dont autres prescriptions de substitution 0 0<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) 0 0<br />

175


2.24.3 Médicamenteux (type BZD ou autres. Précisez)<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 8 8<br />

Nombre d’hommes 32 28<br />

Total 40 36<br />

Devenus « sans prescription » au cours du séjour 8 2<br />

2.25 Justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre résidants suivis sous main de justice 29 34 34<br />

- dont obligation de soin 9 9 12<br />

- dont contrôle judiciaire 6 3 6<br />

- dont injonction thérapeutique 2 3 2<br />

- dont bracelet électronique 0 0 0<br />

- dont en « placement extérieur » 2 7 6<br />

- dont autres 10 8 14<br />

- dont non renseigné 0 2 0<br />

Sans objet 39 23 30<br />

2.26 Les activités de groupe thérapeutiques *<br />

2009 <strong>2010</strong><br />

Nbre/an Nbre résidants Nbre/an Nbre résidants<br />

Réunion «chantiers » 52 Tous 52 Tous<br />

Réunion de « convivialité » 52 Tous 52 Tous<br />

Réunion « Maison » 52 Tous 52 Tous<br />

Réunion de groupe 156 468/780 150 tous<br />

- dont G1 (Phase I) 52 156/260 50 de 8 à 14<br />

- dont G2 (Phase II) 52 156/260 50 de 8 à 12<br />

- dont G3 (Phase III) 52 156/260 50 de 3 à 5<br />

Réunion « week-end » 50 100/500 52 de 4 à 13<br />

Réunion « Comité » 6 36 18 de 4 à 6<br />

Briefing du lundi 50 Tous 50 Tous<br />

Bilans 122 142 56<br />

Atelier « cuisine » 52 156 52 2 à 3<br />

Atelier « bâtiment » 30 90/240<br />

Atelier « jardinage » 20 60/100<br />

Atelier « création » 12 36 36 3 à 5<br />

Atelier « chevaux et ânes » 20 40/60 21 3 à 4<br />

* sont considérées comme activités de groupe thérapeutiques les activités thérapeutiques associant plusieurs<br />

résidants avec au minimum un soignant.<br />

176


3 REFLEXIONS CLINIQUES<br />

3.1 « Le rôle du psychologue au sein de la Communauté thérapeutique de Flambermont ;<br />

Le cadre, le groupe et la parole comme outils thérapeutiques. »<br />

C’est avec un grand plaisir que je participe, grâce à cet écrit, au rapport d’activité après une petite<br />

année de pratique professionnelle au sein de l’équipe de la Communauté thérapeutique de<br />

Flambermont.<br />

La communauté thérapeutique : le cadre comme outil thérapeutique<br />

J’aimerais commencer ma réflexion en détaillant mes premières impressions quant au cadre proposé<br />

par Flambermont. Ce type de structure d’hébergement, la communauté thérapeutique est, à mon sens,<br />

à comprendre comme un lieu de vie contenant et protecteur. Bien que les règles soient souvent<br />

discutées par les résidants et vécues comme des contraintes parfois insupportables, elles viennent<br />

imposer une contenance et des limites là où ils n’avaient pas l’habitude de s’en mettre.<br />

En effet, elles viennent limiter leurs impulsions, leurs conduites addictives et les comportements qui<br />

peuvent y être associés. Ce cadre permet alors l’émergence d’un travail thérapeutique au long cours ;<br />

bien que « les murs ne soient pas thérapeutiques en eux mêmes mais deviennent le support d’une<br />

relation soignante s’ils s’inscrivent dans l’élaboration, sur les deux versants (apprentissages sociaux et<br />

changements psycho-affectifs), d’un cadre centré sur des objectifs contractualisés entre soignant et<br />

soigné ». (A. Morel & al.).<br />

En outre, les résidants sont amenés à s’engager dans une temporalité qu’ils doivent se réapproprier et<br />

ainsi s’abstraire d’un mode de fonctionnement d’urgence « du tout, tout de suite ». Pour étayer mon<br />

propos je citerai P. Gestin et de G. Lambrette : « Penser la communauté thérapeutique comme un<br />

milieu temporel propre à réintroduire pour le sujet une multitude de temps auxquels habituellement<br />

chacun de nous est confronté […] Le passage d’un temps court, sociobiologique, de la toxicomanie à<br />

celui d’un temps long de la communauté, celui d’un passage du "présentisme" à une "retemporalisation"<br />

pour l’individu ».<br />

De plus, par certains aspects, la communauté thérapeutique peut faire penser à un environnement<br />

familial dans lequel les résidants soient amenés à rejouer leurs problématiques individuelles. Cet<br />

environnement ne peut faire l’économie d’être « suffisamment bon » au sens winnicottien du terme.<br />

En effet, il doit donner aux résidants des réponses équilibrées quant à leurs attentes et de manière plus<br />

générale dans la prise en charge éducative et sociale au quotidien. C’est une entreprise périlleuse que<br />

de trouver le juste milieu entre ni trop ni trop peu pour chacun des trente résidants tout en jonglant avec<br />

les aléas du quotidien. Il est cependant primordial d’éviter le « trop » de contenance et de réponses qui<br />

feraient vivre aux résidants une expérience de toute puissance et d’omnipotence, qui pourrait rappeler<br />

les sensations qu’ils éprouvent lors de prises de toxiques.<br />

En outre, certains d’entre eux ont souffert et souffrent encore de carences à la fois éducatives et<br />

plus structurelles, lors de leur construction identitaire et un cadre « trop peu » contenant viendrait<br />

réactiver des angoisses archaïques et un sentiment d’insécurité psychique.<br />

Ainsi, le cadre offert par la communauté thérapeutique de Flambermont semble constituer pour les<br />

résidants un facteur de changement non négligeable, dont chaque membre de l’équipe et moi-même<br />

177


sommes garants. Pour certains résidants il constitue également une première mise au travail afin d’en<br />

accepter les contraintes et de ne plus les vivre comme source de frustration.<br />

Les relations avec l’équipe éducative et la Direction :<br />

Mes relations avec l’équipe éducative et la direction se sont tissées petit à petit, jusqu’à permettre un<br />

véritable échange à la fois sur des questionnements quant aux postures professionnelles de chacun et<br />

sur la personnalité et les modes de fonctionnement psychique des résidants accueillis. Il s’agit pour moi<br />

d’apporter un étayage clinique nécessaire à l’équipe éducative sur ces différentes questions, tentant de<br />

me rendre la plus intelligible et compréhensible possible.<br />

Concernant les attitudes professionnelles de chacun, il semble encore difficile de les aborder dans des<br />

temps formels. Ces questionnements sont plus discutables en individuel et dans des situations<br />

concrètes de prise en charge. Il semblerait important de permettre à l’ensemble de l’équipe éducative<br />

d’avoir un espace neutre de supervision afin d’élaborer davantage leurs postures professionnelles, du<br />

fait des situations auxquelles ils sont confrontés et des problématiques des résidants.<br />

Par ailleurs, je tente de remplir mon rôle de psychologue auprès de l’équipe, principalement lors des<br />

réunions institutionnelles, apportant mon point de vue clinique. Un temps m’est institutionnellement<br />

accordé afin de présenter les résidants nouvellement accueillis. Il s’agit de transmettre à l’équipe les<br />

événements marquants de leur parcours de vie ainsi que leur mode de fonctionnement psychique.<br />

J’invite également l’équipe à exprimer ses réactions et ressentis par rapport aux premiers contacts<br />

établis avec ce nouvel arrivant. Il me semble important de déterminer ensemble et dès la phase<br />

d’accueil les pistes de travail et les outils thérapeutiques à mettre en œuvre pour définir un<br />

accompagnement efficient. Pour certains, la démarche de soin a été motivée par des raisons<br />

extrinsèques et elle reste teintée d’une grande ambivalence et il semble primordial de le repérer<br />

rapidement pour les aider à se la réapproprier.<br />

Enfin, je suis heureuse de pouvoir contribuer au bon fonctionnement de Flambermont de par mon<br />

partenariat avec la Direction. Un travail que j’effectue au quotidien avec Pascale Crosnier, la Chef de<br />

service, grâce à des temps d’échanges et de transmission d’informations. Nous sommes par exemple<br />

allées toutes les deux rencontrer une équipe du CHU de Clermont afin de discuter de la prise en charge<br />

d’un résidant en situation de rupture. J’ai également des temps d’échanges avec Jacques Forzy, le<br />

Directeur d’établissement, sur des questions d’ordre organisationnel. J’apprécie particulièrement ces<br />

échanges avec la Direction, car tous deux à leur manière et avec leurs expériences respectives me<br />

permettent de conforter ma position de cadre.<br />

Le rôle du psychologue auprès des résidants : le groupe et la parole comme outils thérapeutiques<br />

Ma première constatation, concernant mon travail auprès des résidants, porte sur la richesse clinique et<br />

la diversité des activités auxquelles j’ai été confrontée durant cette première année.<br />

En effet, j’ai été amenée à effectuer des activités cliniques très diversifiées. La prise en charge<br />

psychologique à Flambermont s’appuie principalement sur une approche groupale. J’anime donc des<br />

groupes de parole. Les résidants s’y retrouvent en fonction de leur groupe de phase et j’ai pu constater<br />

que les thèmes abordés par chaque groupe répondent de façon quasi systématique au projet<br />

institutionnel tel qu’il est défini. En effet, les résidants du groupe de phase « accueil » apportent des<br />

thèmes qui traitent de leur intégration au sein de la structure, de la façon dont ils se projettent à plus ou<br />

moins long terme, de leurs attentes quant à leur démarche de soin et de la manière dont ils vivent la<br />

séparation d’avec le monde extérieur. Les résidants du groupe de phase « groupe 1 » (la phase<br />

178


d’intégration) sont quant à eux encore beaucoup aux prises avec des envies de consommations, des<br />

difficultés quant à l’acceptation du cadre et l’édification d’un lien de confiance avec l’équipe éducative.<br />

Les résidants du groupe de phase « groupe 2 » (la phase de maturation) sont moins défensifs que ceux<br />

du groupe de phase « groupe 1 » et semblent capables de parler de questionnements plus personnels ;<br />

du fait sans doute de leur engagement « véritable » dans le processus thérapeutique. Durant les<br />

groupes de parole aucun sujet n’est imposé, chacun est libre de s’exprimer sur les thèmes qu’il souhaite<br />

et parfois certains arrivent avec un texte, un livre ou encore une pensée qu’ils partagent avec le reste<br />

du groupe. J’interviens également auprès du groupe de phase « groupe 3 » (autonomisation et<br />

préparation à la sortie) en co-animation avec les éducateurs référents (cf. texte « L’intervention du<br />

psychologue au sein du groupe thématique de phase 3 : un espace transitionnel entre le dedans et le<br />

dehors, un espace transitionnel entre l’éducatif et le psychologique »). Le groupe au sein de la<br />

communauté thérapeutique de Flambermont incarne le socle du projet thérapeutique. De par sa<br />

dimension sociale il permet de resocialiser les résidants petit à petit et de les aider à recréer du lien<br />

avec l’environnement, très longtemps négligé lorsqu’ils étaient dans les consommations de toxiques. Le<br />

groupe leur permet également de partager leurs expériences ce qui constitue un premier travail<br />

d’élaboration de leur parcours. En outre, il offre au résidant la possibilité de se voir tel qu’il est vu par les<br />

autres et c’est à partir de la confrontation à cette image de lui-même et à celle d’autrui que la<br />

reconstruction, la découverte de soi et un changement peuvent s’opérer. En effet, le groupe participe à<br />

leur « reconstruction » psychique par le jeu d’identification. Enfin, il constitue un soutien dans la<br />

démarche de soin, surtout pour des personnes qui sont très isolées et ne bénéficient d’aucun soutien<br />

extérieur. Le groupe est alors à comprendre en terme « d’enveloppe psychique », c’est-à-dire, que<br />

grâce aux interactions, aux réflexions, parfois brutales d’ailleurs, il permet l’émergence de la pensée, de<br />

la parole et de l’introspection. Pour reprendre les termes de René Kaës : « Le groupe thérapeutique<br />

avec ses limites temporelles et spatiales, la pluralité des sujets qui la composent offre un appui<br />

intéressant à la fois pour la construction d’une enveloppe psychique et pour la figuration de sa<br />

construction ».<br />

Cependant cette approche groupale n’est pas suffisante pour certains résidants, du fait de leurs<br />

problématiques et leur fonctionnement psychique. Lors des prises en charge psychologiques en<br />

individuel j’adapte le cadre (durée et fréquence des entretiens, utilisation de médiations thérapeutiques)<br />

en fonction des besoins des résidants. L’utilisation de médiations thérapeutiques est parfois nécessaire<br />

pour permettre l’émergence de la parole, stimuler les processus d’élaboration, d’association d’idées et<br />

permettre l’accès au processus secondaire. J’utilise pour ma part, principalement l’écriture et le<br />

photolangage. Ce dernier est un outil peu connu qui a pourtant des vertus thérapeutiques non<br />

négligeables. Il s’agit d’une médiation thérapeutique basée sur la présentation de photos figuratives.<br />

Cette technique a été développée en 1965 par un groupe de psychologues et psycho-sociologues<br />

lyonnais, parmi lesquels plusieurs pratiquaient la photo de façon professionnelle ou du moins semiprofessionnelle.<br />

Rappelons que le visuel constitue le fondement des premières relations entre la mère<br />

et le nourrisson. En effet, le nourrisson expérimente par le visuel le fait de se voir dans le regard de sa<br />

mère et de s’y reconnaître comme un objet investi affectivement. Le visuel a donc une fonction<br />

d’autoreprésentation, d’investissement narcissique mais aussi de dégagement d’un Moi différencié et<br />

participe ainsi à l’ébauche de la construction identitaire. En outre, « la particularité du regard, c’est non<br />

seulement d’être une fenêtre sur la vie intérieure et les sentiments de l’autre, le reflet visible de son état<br />

interne mais il s’agit aussi d’un mode de communication qui ne se résume pas à être le simple reflet de<br />

l’image de soi renvoyée en miroir par l’autre. » (C.Vacheret). Les entretiens en individuel avec l’aide des<br />

médiations thérapeutiques permettent à ces résidants de « retrouver » la parole. Comme disait Lacan :<br />

« là où la parole se défait, commence la violence ». Il s’agit donc d’aider les résidants à « retrouver » la<br />

parole, permettant une mise en pensée, une mise en sens nécessaire à leur rétablissement. Ils<br />

accèdent alors à la symbolisation dans un espace intersubjectif. La parole vient alors se substituer au<br />

passage à l’acte pulsionnel et permet l’émergence de l’expérience de soi. Qu’il s’agisse de la prise en<br />

179


charge individuelle ou groupale, je les amène à objectiver et expliciter leurs expériences, qu’elles soient<br />

passées ou relatives à ce qu’ils vivent au sein de la structure. Pour certains résidants inhibés et<br />

extrêmement désocialisés cette expérience est véritablement anxiogène et doit se faire<br />

progressivement.<br />

En outre, j’ai effectué des restitutions de compte rendu de prise en charge psychologique lors des<br />

départs des résidants. Ce temps de restitution est primordial car il permet au résidant de se<br />

réapproprier son parcours de vie, ses problématiques psychiques et le travail effectué. Il permet<br />

également de structurer un lien avec le prochain suivi psychologique et de faciliter un nouveau contact.<br />

Enfin, j’ai réalisé, lors de cette année, un bilan psychologique complet (aspects cognitifs et affectifs)<br />

auprès d’une résidante, afin de lui permettre de se réapproprier ses problématiques après un diagnostic<br />

psychiatrique qu’elle avait du mal à accepter.<br />

Les parcours de vie des résidants accueillis à Flambermont sont très variés. Bien que la drogue et/ou<br />

l’alcool y jouent un rôle quasi équivalent, pour chacun d’entre eux la prise de toxiques vient répondre<br />

plus spécifiquement à des problématiques personnelles. J’ai donc été confrontée à une clinique riche et<br />

variée faisant appel à différents domaines d’intervention, principalement aux champs de la psychiatrie,<br />

de la victimologie et de l’ethnopsychiatrie.<br />

Ainsi, mon travail en tant que psychologue à Flambermont est de proposer un espace, qu’il soit groupal<br />

ou individuel, neutre dans lequel la parole peut émerger. À travers le discours des résidants, leurs<br />

problématiques s’élaborent et petit à petit ils se réapproprient leur parcours de vie. En outre,<br />

j’encourage la « liberté d’expression » au sens rogérien du terme, demandant une participation active<br />

aux résidants dans le processus thérapeutique. En outre, je tente d’identifier pour et avec le résidant<br />

ses symptômes en lui renvoyant leur réalité objectivable au sein de la communauté et l’aidant à en<br />

comprendre leur aspect plus subjectif et irrationnel. Il s’agit également de comprendre avec lui la<br />

fonction que les symptômes prennent dans son organisation psychique et/ou dans son environnement<br />

social ou familial. Puis, dans un second temps, plus avancé, il s’agit d’aider le résidant à se dégager de<br />

ses symptômes et plus particulièrement de son identité de toxicomane ou d’alcoolique afin qu’il puisse<br />

se percevoir et se définir autrement.<br />

Conclusion et les différents projets à développer<br />

Pour reprendre l’idée avancée par Bruno Didier, la toxicomanie semble être une forme de « résilience<br />

mal adaptée », tentant d’endiguer les souffrances subsidiaires à un traumatisme. Lorsque le toxicomane<br />

s’engage dans un processus de soins, il retrouve un parcours de vie plus adéquat. Le processus de<br />

remise en cause des conduites addictives pourrait alors être assimilé à une forme de résilience. C’est à<br />

mon avis, le travail central que nous avons à mettre en œuvre à la Communauté thérapeutique de<br />

Flambermont : soutenir la demande de soins, aider les résidants à élaborer les traumatismes antérieurs<br />

et contribuer à la mise en place de facteurs de résilience. C’est un véritable travail de reconstruction<br />

éducative, sociale, physique et psychique que nous avons à mener auprès des résidants accueillis. Ce<br />

travail fait donc appel aux attitudes soignantes positives des différents acteurs du soin. Quand je parle<br />

d’attitudes positives je pense principalement à la bienveillance, à la disponibilité psychique<br />

indispensable à l’écoute et une capacité à soutenir et à contenir les projets et le cheminement<br />

thérapeutique des résidants.<br />

Cette première année de pratique professionnelle au sein de la Communauté thérapeutique de<br />

Flambermont me laisse également à penser qu’il y aurait des projets à développer afin de permettre un<br />

accompagnement plus complet. Je pense principalement à un travail auprès des familles qui prennent,<br />

pour certains résidants, une place importante dans leur parcours de soin et qui peuvent se montrer<br />

180


envahissantes envers l’équipe éducative et auprès de Pascale. Cet envahissement est le plus souvent<br />

à comprendre comme une demande d’aide et malgré des interventions ponctuelles il serait intéressant<br />

de définir un projet plus structuré. Ce projet est encore en réflexion et pourrait éventuellement<br />

concerner d’autres structures du <strong>SATO</strong>. En outre, du fait du mode de fonctionnement inhibé et réticent à<br />

l’élaboration psychique propre aux toxicomanes, il serait également intéressant de réfléchir à une prise<br />

en charge groupale s’appuyant sur une médiation thérapeutique, en sus des groupes de parole. Cette<br />

médiation thérapeutique reste à définir, cependant un groupe mobilisant davantage l’expression<br />

corporelle et la relaxation serait utile pour les résidants ayant volontiers une image négative de leur<br />

corps qu’ils ont continuellement agressé par leur comportement addictif.<br />

Bibliographie<br />

Mlle Gabrielle ZANAROLI<br />

Psychologue clinicienne<br />

Didier, B. (2004). Facteurs de résilience dans les toxico-dépendances. Psychotropes, 9(1).<br />

Gestin, P., & Lambrette, G. (2006). Du bon usage des communautés thérapeutiques en matière de<br />

traitement des toxicomanes : la « fenêtre thérapeutique ». Psychotrope, 12(3-4).<br />

Kaës, R., & Laurent, P. (2009). Le processus thérapeutique dans les groupes. Paris : Erès.<br />

Morel, A., Hervé, B., & Fontaine, B. (1997). Soigner les toxicomanes. Paris : Dunod.<br />

Rogers, C. (<strong>2010</strong>). La relation d’aide et la psychothérapie. Paris : ESF.<br />

Vacheret, C. (2000). Photo, groupe et soin psychique. Lyon : Presses universitaires<br />

3.2 « L’intervention du psychologue au sein du groupe thématique de phase 3 :<br />

un espace transitionnel entre le dedans et le dehors,<br />

un espace transitionnel entre l’éducatif et le psychologique ».<br />

Lors de mon arrivée à la communauté thérapeutique de Flambermont j’ai été sollicitée pour<br />

intervenir de façon permanente auprès du groupe de résidants « phase 3 » afin d’apporter un étayage<br />

clinique à l’équipe éducative. Les particularités de ce groupe de résidants, qui sont à la fois à l’intérieur<br />

de la structure et qui se projettent dans des projets de réinsertion à l’extérieur, rendent son<br />

encadrement et le travail éducatif mené bien spécifiques. En effet, ces résidants évoluent dans un<br />

espace transitionnel entre le dedans et le dehors. Ils doivent entretenir une position que l’on pourrait<br />

associer à une figure parentale pour le reste du groupe de résidants ; veillant à soutenir les rouages<br />

institutionnels et le cadre imposé, intervenant lors de conflits et de situations de passage à l’acte dans la<br />

structure et proposant une écoute bienveillante au reste du groupe. Dans le même temps, ils sont<br />

également encouragés à définir un projet de réinsertion et à l’expérimenter à l’extérieur des murs de<br />

Flambermont, autrement dit faire l’expérience d’une relative autonomie dans le but de préparer leur<br />

sortie. Leur investissement et leur énergie psychiques se portent donc sur deux objets distincts qui<br />

s’avèrent parfois difficiles à harmoniser. Certains résidants vont désinvestir leur rôle au sein de la<br />

communauté pour se centrer uniquement sur l’extérieur. D’autres se trouvent dans une posture<br />

psychique proche d’un conflit de loyauté entre leur projet individuel et l’attachement qu’ils gardent<br />

envers la communauté, acceptant difficilement de ne pouvoir tout maîtriser. Ces difficultés sont propres<br />

à chacun, en lien avec leur problématique personnelle et avec leur expérience de la vie communautaire.<br />

L’équipe éducative référente du groupe de « phase 3 » doit veiller à prendre tous ces éléments en<br />

compte, afin de proposer au résidant un projet de réinsertion le plus adapté possible. En outre, il semble<br />

primordial que, quelles que soient les démarches entamées à l’extérieur de la structure, le résidant<br />

puisse continuer à bénéficier du groupe thématique pour maintenir un lien formel avec son groupe et<br />

181


ses éducateurs référents, rendre compte de son évolution à l’extérieur de la structure et profiter de ce<br />

cadre pour exprimer les difficultés auxquelles il peut être confronté.<br />

Mon intervention au sein de ce groupe, très différent des groupes de parole que je mène par<br />

ailleurs au sein de la structure, a pour but d’apporter un étayage théorico-clinique à l’équipe éducative<br />

référente ainsi qu’au groupe de résidants. Le travail effectué auprès de l’équipe référente consiste<br />

principalement à questionner leur posture professionnelle et à transmettre un savoir-faire de l’animation<br />

de groupe afin de permettre aux processus thérapeutiques de s’activer. En outre, il s’agit de permettre<br />

une rencontre avec le groupe de « phase 3 », qui ne bénéficie pas de groupe de parole avec moi,<br />

durant laquelle il leur est proposé un espace de parole neutre pour exprimer leur vécu, les difficultés<br />

auxquelles ils sont confrontés au quotidien et partager avec le reste du groupe leurs problématiques<br />

personnelles. Enfin, certains outils, tels que l’analyse des canaux de communication privilégiés, des<br />

mises en situation à l’aide de jeux de rôle, un travail sur l’estime et l’affirmation de soi sont assimilés par<br />

l’équipe et proposés par la suite aux résidants. Ces outils leur permettent de repérer les mécanismes<br />

psychiques à l’œuvre et de s’approprier davantage les traits de leur personnalité. Ils permettent<br />

également de mettre en évidence les acquis réalisés durant toute la durée de leur séjour au sein de la<br />

communauté, de les consolider et d’établir des liens avec les projections d’un avenir à l’extérieur de la<br />

structure. Lors de mon expérience professionnelle au Québec, j’ai expérimenté un cadre de travail<br />

encore peu développé en France : « les groupes de psycho-éducation ». L’objectif de ces groupes,<br />

utilisés auprès de populations très variées, est de permettre au patient de se réapproprier les<br />

mécanismes qui sous tendent sa pathologie en lui apportant des connaissances théoriques. En outre, à<br />

l’aide de différents exercices et mises en situation, le patient doit pouvoir dégager des stratégies<br />

alternatives à ses anciens comportements. Ainsi, une participation active est favorisée afin de permettre<br />

au patient une plus grande autonomie et une meilleure compréhension de sa pathologie.<br />

Mon intervention auprès du groupe de « phase 3 » s’efforce de suivre ce modèle de travail. Les<br />

réactions et l’implication des résidants face aux outils proposés sont très variées et dépendent<br />

principalement de leur capacité à intellectualiser et à se réapproprier le matériel apporté. Parfois, ils font<br />

preuve d’attitudes défensives que l’on peut analyser de différentes manières. Il semble s’agir d’une part,<br />

d’une difficulté pour eux à se projeter dans ces situations à l’extérieur et d’autre part, d’une volonté à<br />

être directement confrontés au principe de réalité. La notion de principe de réalité doit être ici entendue<br />

au sens freudien du terme, c’est à dire comme « un principe régulateur de fonctionnement psychique »,<br />

par lequel le sujet prend davantage en compte les exigences du monde réel et les conséquences de<br />

ses actes. Il s’agit également de s’abstraire et de venir réguler le principe de plaisir en faisant preuve<br />

d’une aptitude à ajourner la satisfaction pulsionnelle. Ce besoin de satisfaction pulsionnelle se<br />

manifeste au sein de la communauté par des consommations de toxiques après une longue période<br />

d’abstinence ou encore par des départs précipités de la structure. Certains résidants semblent<br />

rencontrer de grandes difficultés à canaliser ce besoin et à intégrer le principe de réalité au quotidien,<br />

malgré l’encadrement dont ils bénéficient.<br />

Ainsi, le travail effectué au sein du groupe de « phase 3 », cette capacité à être à la fois au sein de la<br />

communauté thérapeutique tout en faisant des expériences à l’extérieur, se confronter au principe de<br />

réalité, s’avèrent être l’aboutissement du parcours institutionnel proposé à Flambermont. Il semble<br />

également nécessaire au bon rétablissement des résidants, car son véritable enjeu consiste à mettre<br />

tout en œuvre pour « partir bien ».<br />

Gabrielle ZANAROLI<br />

Psychologue clinicienne<br />

182


3.3 Actes de psychologue<br />

Prise en charge groupale<br />

- Nombre de séances de groupe "Accueil" : 37<br />

- Nombre de séances de groupe "Phase 1" : 51<br />

- Nombre de séances de groupe "Phase 2" : 45<br />

- Nombre de séances de groupe "Thématique Phase 3" (avec éducateurs) : 29<br />

Prise en charge individuelle<br />

Total des actes en groupe : 162<br />

- Nombre d'entretiens d'évaluation à l'admission 41. Nombre de résidants<br />

concernés : 39<br />

- Nombre d'entretiens de soutien 146. Nombre de résidants concernés : 24<br />

- Nombre d'entretiens restitution : 4. Nombre de résidants concernés : 4<br />

- Nombre de bilans psychologiques effectués : 1. Nombre de résidants<br />

concernés : 1<br />

Total des actes individuels : 192<br />

- Nombre de résidants ayant bénéficié d'une prise en charge individuelle (hors<br />

admission) : 29<br />

- Nombre d'actes de prise en charge individuelle (hors admission) : 151<br />

- Moyenne entretiens ou autre acte en individuel (hors admission) : 5,2 par<br />

résidant<br />

Contacts téléphoniques<br />

- Autres praticiens et/ou structures (après admissions) : 2. Nombre de résidants<br />

concernés : 2<br />

- Autres praticiens, structures (orientations) : 4. Nombre de résidants concernés: 3<br />

- Résidants en rupture (exclusion temporaire) : 1 ; Nombre de résidants concernés :<br />

1<br />

- Résidants en séjour extérieur : 1 ; Nombre de résidants concernés : 1<br />

- Autres situations : 2. Nombre de résidants concernés : 1<br />

3.4 CARTON PLEIN<br />

Total des actes téléphoniques : 10 (Nombre de résidants concernés 8)<br />

TOTAL DES ACTES DU PSYCHOLOGUE : 364<br />

L’année dernière nous vous avions promis la suite de la saga de l’’atelier création… Chose<br />

promise…Chose due !<br />

L’exposition à l’écume du jour : après nous être mis en relation avec l’écume du jour, nous étions<br />

convenus d’une exposition du vendredi 19 au samedi 27 février. Plusieurs rendez vous ont été<br />

nécessaires pour la mise en place de ce projet pour lequel les résidants ont dû rivaliser d’imagination.<br />

183


Création et envoi de 200 invitations en lien avec le thème du carton :<br />

- une carte à rabats en forme de commode.<br />

- se trouver un nom : les Créatifs Cartonneurs.<br />

- organiser le vernissage : Ce sont les résidants en charge de l’atelier cuisine qui ont préparé le<br />

buffet.<br />

- clôture de l’expo avec mise en place d’un atelier.<br />

Lors du marché de Noël nous avions pu constater que le public bien que très intéressé par le concept,<br />

restait très sceptique sur la solidité du produit. Quoi de mieux qu’un fauteuil, libre d’accès aux invités<br />

pour tester cette fameuse solidité ! Les « créatifs cartonneurs » ne disposaient que de 15 jours pour le<br />

livrer. Une fois encore ils ont fait preuve d’imagination et de ténacité. Le fauteuil fut la pièce maitresse<br />

de l’exposition.<br />

Cet évènement fut une réussite, tant en terme d’échanges que de ventes. Il a aussi et surtout permis à<br />

l’ensemble de la Communauté de participer à la préparation et l’élaboration du projet, dynamisant le<br />

groupe et l’impliquant dans sa quasi-totalité sur un projet à moyen terme.<br />

Notre stock n’étant pas suffisant, de nombreuses commandes ont été prises. Ainsi l’atelier a continué<br />

sa production sur le même thème tout au long de l’année. Les bénéfices des ventes ont été<br />

intégralement reversés à la caisse de solidarité de la Communauté Thérapeutique.<br />

Dans le courant de l’année l’équipe création a également fait une exposition au CSAPA de Creil ainsi<br />

que trois ateliers d’une journée à l’Ecume du jour, au CSAPA et à la Bergerette.<br />

Les « créatifs cartonneurs » ont transmis leur savoir faire avant de céder leurs places à de nouveaux<br />

résidants à qui, cet atelier permettra, nous en sommes certains, de travailler des objectifs tels que la<br />

valorisation de l’estime de soi, la prise de confiance, l’autonomisation…<br />

Au total sur l’année <strong>2010</strong>, 12 résidants ont participé à l’atelier « Carton ». Il faut ajouter à cela la<br />

participation de 5 autres résidants à la tenue du stand du marché de Noël ainsi que 6 autres à<br />

l’installation des stands et distribution des sapins dans la commune.<br />

Est également venue se greffer sur ce projet l’équipe des cuisiniers qui a préparé le buffet de<br />

l’exposition mais qui a aussi confectionné des petits gâteaux qui ont remporté un très vif succès lors de<br />

l’exposition sur le marché de Noël. Pour l’année 2011, l’équipe à opté pour un changement de thème<br />

afin de redynamiser l’atelier en explorant d’autres « savoirs faire pour enrichir un savoir être ».<br />

3.5 Le loisir comme élément du soin<br />

Pour l’atelier création, Valérie François, Educatrice Spécialisée<br />

En <strong>2010</strong>, l’un des axes de travail (induit par le projet d’extension de la communauté<br />

thérapeutique) s’est porté sur le sens donné par nos résidants à l’occupation de leur temps libre au sein<br />

de la structure.<br />

L’une des problématiques de la personne dépendante en démarche de soin est de se réapproprier un<br />

rapport au temps « normalisé ». En effet, avant d’arriver à la CT de Flambermont, la problématique<br />

développée par les personnes dépendantes qui ont eu un recours compulsif aux produits stupéfiants<br />

184


consiste généralement en une perte d’intérêt massive pour tout ce qui n’est pas centré sur<br />

l’investissement addictif.<br />

Ainsi, toute activité est organisée de façon autocentrée sur « le produit » et, la prise en compte du<br />

temps dans ses différentes composantes sociales n’a plus guère de sens. Cette prise en compte est<br />

organisée dans un rapport obsessionnel au(x) produit(s) et la scansion occupationnelle de leur journée<br />

tourne autour de la recherche du produit et des moyens financiers pour parvenir à apaiser leur<br />

irrépressible besoin…<br />

Ce mode de fonctionnement, bien connu, affecte le rapport « normalisé » que les personnes<br />

entretiennent avec leur entourage et la société. Il sédimente des comportements décalés qui sont un<br />

obstacle à une insertion ou une réinsertion pourtant souhaitée.<br />

Au sein de la communauté thérapeutique, au-delà de la consolidation d’une abstinence et/ou d’une<br />

stabilisation d’une substitution bien comprise et suffisamment « confortable » pour permettre à la<br />

personne d’envisager l’évolution « positive » de sa démarche de soin sur laquelle elle s’appuie pour<br />

construire sa démarche d’insertion, nous tentons de travailler cette prise en compte du temps.<br />

Ce temps, à la fois temps social avec ses obligations d’inscription administrative, sociale, voire<br />

professionnelle, est traversé par un temps psychique propre à chacun et impacte les rythmes<br />

particuliers qui scandent une journée, une semaine, voire des périodes de temps plus importantes.<br />

Aussi, comme nous l’évoquions dans le rapport d’activité de l’an passé, « …/… la dimension<br />

« culturelle » au sein de la communauté est encore trop timidement développée et reste insuffisamment<br />

reliée aux objectifs progressifs des différentes phases du programme de la communauté thérapeutique<br />

de Flambermont.<br />

Cette dimension vise à ouvrir les usagers sur des aspects qui souvent leur font cruellement défaut<br />

parce que peu ou pas transmis mais qui font partie – s’ils sont insuffisamment mis en œuvre et acquis<br />

au cours de la dernière phase du séjour – de facteurs qui sont extrêmement prégnants dans le risque<br />

de rechute des usagers qui entament une réinsertion sociale que ne peut uniquement meubler le travail.<br />

De fait, lorsque ceux-ci n’arrivent pas à faire face au sentiment diffus en envahissant de solitude qui les<br />

prend, cette vacuité les ramène inexorablement vers des consommations illicites ou licites qu’ils utilisent<br />

pour pallier ce manque ou cette non-capabilité à faire face à l’ennui, puis à la solitude. Cela les<br />

replonge invariablement dans leurs problématiques d’addiction. »<br />

L’occupation du « temps libre » recouvre les centres d’intérêt dans et par lesquels les usagers peuvent<br />

s’investir, voire même, dans le meilleurs des cas s’épanouir. Avec ce postulat de départ, nous avons fait<br />

le choix de développer l’offre de loisirs au sein de la communauté.<br />

Sur cette année <strong>2010</strong>, trois axes ont abouti ou ont été approfondis :<br />

• L’axe Sportif<br />

o Création d’une salle de fitness et de musculation.<br />

o Détente aquatique, apprentissage et perfectionnement à la natation<br />

(sur la piscine tournesol de Beauvais).<br />

o Séance de jogging (Finalité de course de 10km foulée de la rue – corrida)<br />

1 à 2 créneaux dans la semaine.<br />

185


o Diversification du sport le mercredi par roulement de séance.<br />

o Gymnastique / Musculation / Football / Tennis de table / Badminton / Boxe éducative<br />

Tennis/ Ultimate / Volley-ball (mise en place de séances et cycle de progression)<br />

Olympiade (tournoi de jeu sportif).<br />

o En extérieur et en gymnase (avec des dates de rencontres planifiées sur l’année)<br />

Entraînement spécifique en prévision de participation à des olympiades en Slovaquie<br />

(il s’agit d’un tournoi de 2 jours entre Communautés thérapeutiques auxquelles nous<br />

participons depuis 3 ans)<br />

• L’axe Musical<br />

o Création d’une salle de musique, avec mise à disposition des instruments.<br />

(Batterie, Guitare électrique, électroacoustique et classique, Djembé, Basse, clavier,<br />

micro de chant, le tout orchestré sur ampli et table de mixage).<br />

o Accès aux PC où l’écoute et le rechargement de fichiers MP3 est possible.<br />

• L’axe Multimédia-Lecture<br />

o Création d’un espace multimédia avec mise à disposition de trois PC.<br />

Chacun de ces postes est doté de logiciels d’exploitation de base (traitement de texte,<br />

tableur, traitement vidéo et photo, compresseur audio, vidéo, ainsi que différents jeux<br />

tels que le code de la route, création de site Internet, entraîneur cérébral).<br />

o L’espace bibliothèque a été réorganisé, délocalisé et diversifié dans l’optique d’investir<br />

un lieu calme et convivial.<br />

Organisation de ces espaces :<br />

Pour chacun de ces espaces un contrat de responsabilité est signé avec des résidants qui ont atteint un<br />

niveau de responsabilisation au sein du parcours de soin (proposé en 4 phases) pour permettre une<br />

meilleure appropriation des lieux et un meilleur suivi du matériel et des lieux. Ce contrat, instrument<br />

dédié à la reconnaissance des efforts réalisés au sein de la CT, sont investis de diverses manières par<br />

chacun et témoignent ainsi de leur particularisme, du travail qu’ils mettent en œuvre.<br />

L’accès à ces espaces est réglementé et accompagné d’une initiation (effectué par le résidant<br />

responsable de la salle ou bien, en son absence ou lors d’un premier engagement par l’éducateur<br />

référant de l’espace) afin de pouvoir en garder la maîtrise et de permettre un fonctionnement<br />

harmonieux dans de bonnes conditions, tant de sécurité que réglementaire.<br />

Moyen d’évaluation :<br />

Toute réalisation nécessite un moyen de contrôle ou plus exactement implique de mettre en place des<br />

indicateurs de mesure, voire de réussite sur la base de ce qui fut projeté comme objectif à atteindre. Ici,<br />

un des objectifs consiste à évaluer l’assiduité des usagers quant à leur inscription dans une des<br />

propositions d’occupation ou de loisirs. Celle-ci marque en effet une propension à pouvoir<br />

ultérieurement s’inscrire dans un processus similaire lors de leur réinsertion sociale.<br />

Le premier indicateur : fréquentation des résidants (usagers).<br />

Pour cela des feuilles de présence sont placées à l’entrée de chacun de ces espaces de loisirs, et<br />

suivies par un éducateur référent.<br />

Pour illustration :<br />

186


• La Salle de musculation / fitness a permis d’accueillir 34 résidants différents cette année<br />

pour une fréquentation absolue mensuelle de 80 entrées.<br />

• La salle de musique a permis d’accueillir 12 résidants différents, pour une fréquentation<br />

absolue mensuelle de 42 entrées.<br />

• 17 résidants différents ont eu accès à la piscine, dont 4 pour apprendre à nager.<br />

Tous les résidants présents à ce jour ont fréquenté au moins une fois un des espaces sportifs ou<br />

culturels mis à disposition, en revanche, une majorité de nos résidants n’investie pas ces lieux<br />

régulièrement.<br />

Notre second indicateur : le dispositif « après-midi porte fermées » le 1 er samedi de chaque mois.<br />

Le principe est simple, un après-midi par mois toutes les chambres sont fermées. Chacun est libre de<br />

s’organiser dans les espaces externes et internes de la communauté pour passer le temps le plus<br />

agréablement possible. Ou bien alors, une organisation peut être mise en place à leur initiative et en<br />

accord commun lors de la réunion de convivialité, tel un jeu collectif (ex: loto)<br />

Cet autre indicateur permet de constater qu’il leur est très difficile de s’organiser en se projetant dans le<br />

temps, ou bien d’anticiper ce type d’organisation.<br />

Le troisième indicateur : le Test de condition physique (avec couplage de photos-vidéo prises sur la<br />

structure sur des moments forts de la vie communautaire qui peuvent être visionnées à tout moment<br />

dans la salle informatique)<br />

Ce test est obligatoire pour tous les nouveaux résidants et il a lieu au cours des deux premiers mois (34<br />

résidants ont effectué le test depuis son instauration). Ce test a pour but de faire un diagnostic de la<br />

forme physique de chacun lors de son arrivée dans l’institution.<br />

Les exercices réalisés permettent d’identifier :<br />

• l’indice de masse corporel,<br />

• la capacité pulmonaire,<br />

• le rythme circulatoire,<br />

• la capacité de récupération<br />

• et enfin la capacité à se mettre en mouvement et à tenir cet effort.<br />

Ce test peut être renouvelé à la demande du résidant, tout au long de son séjour.<br />

Il doit permettre d’identifier les difficultés ou les points forts de chaque résidant (afin de pouvoir travailler<br />

par la suite sur une amélioration de la forme physique, voire contribuer à une reprise en main par<br />

l’usager de sa condition physique et ainsi, consolider sa décision de diminuer et/ou stabiliser la<br />

médication dont de nombreux résidants font usage sur prescription médicale au sein de la CT. Le<br />

médecin est d’ailleurs partie prenante de cette action, en établissant un certificat médical préalable à la<br />

mise en place du test. ), ou pour identifier des progrès (si celui-ci a été renouvelé).<br />

Le quatrième indicateur : L’aboutissement des actions.<br />

Pour illustration :<br />

Au niveau du sport, 2 résidants ont appris à nager en quelques mois, 6 olympiades ont été organisées<br />

cette année (4 en salle et 2 en extérieur), et toutes ces activités sportives se sont déroulées dans de<br />

bonnes conditions, en fédérant chacun au niveau du groupe, énergie, convivialité et émotions<br />

partagées.<br />

187


Au niveau de la musique, chaque mercredi, en fin de réunion « convivialité », un résidant joue un<br />

morceau de guitare et chante.<br />

Les fêtes de fin d’année ont été accompagnées musicalement, avec la participation de nos musiciens<br />

Flambermontois.<br />

Conclusion :<br />

Ces espaces étant maintenant mis en place et reconnus de tous, et compte tenu du constat fait relatif à<br />

une implication difficile repérée chez les résidants (Il serait intéressant de noter à quel stade du<br />

programme ils accrochent….ou non) dans la durée, notre effort va désormais devoir se porter sur la<br />

création :<br />

- d’animations spécifiques à ces lieux, c’est à dire programmer des temps de pratique (initiation,<br />

perfectionnement) sur lesquels nos résidants vont pouvoir se positionner et s’engager.<br />

- d’une dynamique valorisante et entraînante qui puisse avoir des effets positifs pour nos<br />

résidants ainsi que pour la dynamique générale dans des temps plus longs.<br />

Notre axe à venir sera l’échange de compétences entre résidants…<br />

Ludovic FAEDY<br />

Educateur sportif<br />

3.6 Considérations sur le travail par phases au sein de la communauté thérapeutique<br />

Suite à une série d’admissions dues à l’agrandissement de la communauté thérapeutique, nous<br />

nous sommes retrouvés avec un groupe 1, dit « d’intégration » assez important mais hétérogène, les<br />

résidants n’ayant pas le même niveau d’avancée dans la structure. Entre ceux qui étaient présents<br />

depuis plusieurs semaines et les nouveaux qui venaient d’arriver, les réunions thématiques du lundi<br />

après-midi étaient difficiles à mener. En outre, la principale difficulté résidait dans le fait que tous les<br />

résidants du groupe ne pouvaient participer à la réunion, les temps de paroles étant réduits pour chacun<br />

d’entre eux. Nous avons constaté que nous ne pouvions plus travailler correctement sur les objectifs de<br />

la phase 1.<br />

L’équipe a donc décidé de scinder ce groupe en deux et de créer le « groupe accueil ». Ce groupe<br />

comprend les résidants qui arrivent, c'est-à-dire ceux qui n’ont pas encore eu leur bilan d’admission.<br />

(bilan prévu 1 mois après leur arrivée).<br />

Le groupe accueil<br />

En créant cet espace, nous avons souhaité avoir un groupe avec lequel nous pourrions<br />

travailler sur les règles de la maison, le cadre et sur la manière dont il percevait et comprenait l’aspect<br />

communautaire de la CT. Ce groupe permet aussi aux nouveaux résidants de prendre connaissance du<br />

lieu de vie, d’intégrer l’emploi du temps mis en place.<br />

Au sein de ce groupe, le résidant prend le temps de se repérer tout en ayant une certaine distance avec<br />

les résidants déjà admis à la communauté. Pour permettre aux nouveaux d’assimiler rapidement les<br />

règles et le quotidien de la communauté, un petit livret d’accueil a été rédigé par une résidante faisant<br />

partie du comité. A l’intérieur de ce livret, sont répertoriées toutes les informations basiques telles que la<br />

188


commande du tabac, les horaires de la buanderie, le rôle du comité ou encore les différentes réunions.<br />

Ce livret leur est remis le jour de leur arrivée, dans un classeur contenant la lettre de motivation qu’ils<br />

ont envoyée pour intégrer la structure (cela peut faire du bien de la relire de temps en temps …), le<br />

règlement de fonctionnement qu’ils ont signé, et le planning de la semaine.<br />

Ce premier mois de présence est un mois d’évaluation, pour l’équipe comme pour le résidant.<br />

L’évaluation porte principalement sur sa capacité à s’intégrer au sein de la communauté. C’est un mois<br />

au cours duquel l’équipe et le résidant font connaissance. La phase d’accueil qui dure un mois ou plus,<br />

permet de créer le lien entre le résidant et la CT. Elle l’accueille donc de manière respectueuse, dans<br />

un cadre sécurisant pour lui permettre de poursuivre son évolution personnelle. Ce lien entre la<br />

communauté thérapeutique et le résidant se crée aussi par le biais du règlement intérieur et les règles<br />

de vie de la structure (pas de violence, pas de consommation au sein de la structure, participation aux<br />

chantiers, aux réunions etc.)<br />

A l’issue de ce mois de présence, nous faisons le bilan dit « d’admission ». Celui-ci se déroule avec la<br />

chef de service, le résidant et un éducateur de la phase. Il consiste pour le résidant à confirmer ou non<br />

son souhait de poursuivre son séjour à la CT et pour l’équipe, à lui signifier la possibilité ou non, de<br />

travailler avec lui. Dans ce bilan, on fixe ensemble des objectifs de travail : ce sont des objectifs<br />

concrets tels que régler ses dettes, ne plus être en retard pour les traitements. Ils varient en fonction<br />

des difficultés qu’éprouve le résidant dans le quotidien de Flambermont, mais ils comportent aussi des<br />

objectifs plus systématiques tels que, continuer à respecter le règlement, rester abstinent lors de ses<br />

prochaines sorties week-end.<br />

Avant ce bilan d’admission, un point « fil rouge » se déroule. Les fils rouges sont incarnés par deux<br />

résidants du groupe 2 ou du groupe 3 ayant parfaitement compris et assimilé le fonctionnement et les<br />

règles de la structure. Ils ont été les référents du nouvel arrivant tout au long de son mois d’admission.<br />

Ils l’ont accompagné dans le quotidien de la CT. Ce sont avant tout des personnes auxquelles il a pu<br />

s’adresser en cas de problème. Cela a permis, surtout dans les premiers jours, d’éviter d’avoir différents<br />

interlocuteurs… et donc des sons de cloches différents…<br />

Le résidant ayant eu son bilan d’admission passe ensuite dans le groupe 1, appelé « phase<br />

d’intégration ».<br />

Le groupe 1 :<br />

Les résidants admis dans cette phase vont s’approprier davantage le mode de vie communautaire,<br />

c'est-à-dire la vie de groupe et toutes les règles qui s’y rattachent. A ce stade, ils doivent avoir compris<br />

et être en mesure d’appliquer les règles et le cadre de vie de la communauté thérapeutique.<br />

Néanmoins, il arrive que certains résidants soient dans l’ambivalence par rapport à la transgression ou<br />

non d’une règle. Pour beaucoup, la transgression s’évalue par rapport à la gravité de l’acte alors que le<br />

processus communautaire part du principe qu’une transgression reste une transgression.<br />

Exemple de situation : un résidant qui revient de week-end. Il est parti en achetant ses billets de train<br />

mais ne les a pas compostés. Nous lui expliquerons donc que nous ne pouvons pas garder ces billets,<br />

que nous allons les détruire et qu’il ne pourra pas s’en resservir comme il l’avait envisagé. Une grande<br />

partie du travail se situe à ce niveau des règles : il s’agit de mettre un sens derrière celles-ci afin que le<br />

résidant puisse s’en saisir tout en comprenant que cela fait partie du processus de rupture avec son<br />

mode de vie antérieure. Cette rupture inclut aussi le fait qu’il se réapproprie autant que faire se peut,<br />

tous les actes administratifs de la vie, que ce soient les démarches au niveau de la sécurité sociale, de<br />

la CAF ou les problèmes de justice etc.<br />

189


Le travail éducatif en groupe 1 consiste d’abord à mettre à plat toutes les démarches à faire en les<br />

listant et, dans un second temps, à les mettre en actes dans un ordre de priorité afin d’être à jour<br />

administrativement. Cet accompagnement est bien souvent compliqué dans le sens où le résidant exige<br />

généralement que tout soit réglé dans l’immédiat. Ainsi, il doit apprendre à gérer ses émotions, ses<br />

besoins et, enfin, il doit pouvoir gérer ses relations humaines et ne pas perdre le contrôle contre un<br />

tiers par exemple. Ceci se travaille au travers de jeux de rôle ou de mises en scène où les résidants<br />

doivent exprimer un point de vue, s’affirmer devant une personne, se confronter à l’autre.<br />

Tous les deux mois, des bilans ont lieu dans le but de faire le point sur la situation de la personne dans<br />

le groupe, sur l’évolution de ses objectifs et sur d’autres à définir et à travailler. Nous essayons<br />

d’amener le résidant à s’investir davantage dans la communauté par le biais de petites responsabilités<br />

pratiquées en groupe 1 comme - animer la réunion « convivialité » (réunion du mercredi soir qu’il<br />

animera avec un autre résidant), être responsable du « thé-time » c'est-à-dire que pendant un mois, il<br />

va préparer et servir avec un autre résidant le thé après les heures de chantiers et la tisane après le<br />

diner.<br />

Pour intégrer le groupe 2, le résidant doit avoir atteint un certain nombre de critères :<br />

• Il doit présenter sa courbe de consommation. Cette courbe aide à établir une estimation<br />

approximative de sa consommation. Elle doit être complétée avec les évènements importants<br />

qui sont en rapport avec sa consommation et qui ont jalonné sa vie. Cette courbe est ensuite<br />

présentée et exposée devant le groupe 1 en réunion thématique.<br />

• Il doit passer deux week-ends, abstinent lors des sorties quand il est seul à l’extérieur : le<br />

résidant a la possibilité, après deux mois de présence dans la structure, de sortir un week-end,<br />

une journée ou une demi journée. Cette sortie fait partie de la démarche de soins et doit être<br />

préparée en individuel avec un éducateur référent.<br />

Lorsque le résidant a atteint ces objectifs et pris les différentes responsabilités qui incombent au<br />

résidant de la phase 1, il peut prétendre à passer en groupe 2. Le jour de sa demande de passage en<br />

groupe 2, le résidant doit préparer un écrit (qu’il aura travaillé au préalable durant la réunion<br />

thématique).<br />

Cet écrit résume brièvement les raisons qui l’ont amené à faire une démarche de soins, le travail qu’il a<br />

effectué dans le groupe accueil et le groupe 1, les difficultés qu’il a rencontrées, et enfin les projections<br />

qu’il envisage pour la suite de son séjour. Il va lire ce texte devant tous les résidants et les membres de<br />

l’équipe pendant la réunion dite « de maison » du mardi soir. C’est souvent un moment fort du début de<br />

son parcours dans la CT.<br />

En quelques chiffres :<br />

- En <strong>2010</strong>, la communauté thérapeutique de Flambermont a accueilli 47 nouveaux résidants.<br />

- Sur ces 47, huit étaient des femmes. Aussi, lors de la création des nouveaux locaux, un espace<br />

a été réservé à l’accueil de ces dernières.<br />

- Parmi ces admissions, cinq personnes avaient déjà effectué un premier séjour à Flambermont<br />

et reformulaient une demande d’admission qui avait été acceptée.<br />

- 13 résidants sur ces 47 sont passés en groupe 2 durant l’année <strong>2010</strong>.<br />

- En groupe 1, la durée moyenne de présence au sein de ce groupe se situe aux environs de 149<br />

jours.<br />

190


- Si 13 résidants sont passés en groupe 2, on comptabilise aussi 17 personnes qui sont parties<br />

de leur plein gré et 9 exclus par l’équipe pour transgression grave. (violence, introduction de<br />

produits…)<br />

Les référents du groupe 1 : Lucie, Educatrice Spécialisée, Xavier, Educateur spécialisé<br />

3.7 <strong>Rapport</strong> d’activité phase 2<br />

Le résidant du groupe 2 est dans la phase dite de «maturation » où il pourra restaurer l’estime<br />

de soi ainsi que sa capacité à s’investir et à construire un projet de vie individuel.<br />

A cette étape de son parcours de soin, le résidant est plus ou moins conscient de ses difficultés et<br />

essaie peu à peu d’y apporter des solutions. Par ailleurs il se sent encore partagé entre les aspects<br />

agréables de la consommation et l’énergie à investir pour changer. Il peut aussi être dans une crainte<br />

de l’échec face à des tentatives infructueuses de changement. C’est une étape où il est confronté à son<br />

ambivalence. Le conflit intérieur est présent et, en dépit de bonnes intentions, le résidant peut demeurer<br />

longtemps à réfléchir sur les changements sans passer à l’action. Il peut avoir des discours tel que :<br />

- «J’aimerais changer mais ce n’est pas évident»,<br />

- «Je ne sais pas si j’ai assez d’énergie pour changer».<br />

L’accompagnement éducatif se situera dans ces cas là vers une augmentation de la prise de<br />

conscience en suscitant l’espoir face au changement en affrontant leur peur de l’échec. Cela pourra se<br />

faire en le faisant s’exprimer sur ces réussites passées dans d’autres domaines que la consommation. Il<br />

est important aussi de proposer des objectifs réalistes et adaptés dans le but de réduire les risques de<br />

rechute.<br />

Un résidant du groupe 2 va être amené à effectuer de nouvelles tâches en supplément de ce qu’il faisait<br />

avant, il devra les effectuer seul sans l’aide d’un éducateur ou d’un résidant : par exemple, aller<br />

chercher le pain le matin. Il devra donc apprendre à se lever seul avant les autres et être ponctuel afin<br />

que le petit déjeuner puisse se dérouler sans encombre. Un groupe 2 peut aussi accompagner les<br />

autres résidants afin qu’ils puissent poster leur courrier personnel, etc.<br />

Un groupe 2 devra pendant son parcours être ce qu’on appelle «fil rouge». Pendant un mois il aidera un<br />

résidant en phase d’accueil à s’intégrer petit à petit dans la communauté.<br />

Plus le résidant avancera dans son soin et plus il pourra prendre des responsabilités au sein de la<br />

communauté tel que être responsable d’un chantier et être attentif à la dynamique qui doit exister au<br />

sein de son propre chantier. Il pourra même faire parti du « Comité », une instance de 6 résidants<br />

avancés dans leurs soins et élus par les autres résidants. La fonction de cette instance est notamment<br />

de faire des propositions visant à améliorer la qualité de vie au quotidien : il en est sorti récemment un<br />

contrat d’utilisation des téléphones portables. Cette instance sert également de médiation lors de<br />

conflits entre résidants mais aussi face à des situations particulières auxquelles la communauté peut<br />

être confrontée (personnes sous produits).<br />

Dans un projet de conduite du résidant vers une autonomie, un groupe 2 peut être amené à se rendre à<br />

des rendez vous médicaux et administratifs seul. Il doit aussi apprendre à s’organiser pour effectuer ses<br />

démarches en tenant compte des contraintes imposées par le cadre institutionnel, des contraintes<br />

191


auxquelles il sera confronté à l’extérieur. Pour ce faire, il a un budget de 10 euros pour le mois afin de<br />

faire ses démarches et payer ses déplacements.<br />

Pour les accompagner dans cette phase, la référence du groupe 2 est aujourd’hui assurée par trois<br />

éducateurs. Il est impératif de créer un suivi et une continuité homogène de ce groupe (quel que soit<br />

l’éducateur qui intervient). Pour cela des axes de travail et de réflexion ont été dégagés et des thèmes<br />

sont abordés régulièrement.<br />

4 axes de travail et de réflexions :<br />

- Le suivi des différentes formes de stimulation à la consommation : «Comment se manifestent<br />

mes envies de consommer ?» Cela se fait à l’aide d’une feuille de stimulation où le résidant<br />

doit établir la chronologie et le contexte qui l’ont amené à penser à la consommation, voire à la<br />

rechute.<br />

- Le suivi émotionnel : «Comment mes humeurs évoluent dans le temps en fonction des<br />

situations dans lesquelles je me trouve, et comment s’expriment mes émotions ?» En parallèle<br />

les résidants utilisent une grille des émotions afin de répertorier et de voir l’évolution, ou la<br />

stabilité de leurs émotions dans le temps.<br />

- Le suivi du budget (gérer au mieux son revenu du moment) : «Comment je gère mes revenus<br />

afin de mettre en place un budget mensuel et de faire des économies ?» Le résidant doit ainsi<br />

chaque premier lundi du mois rendre une feuille de budget où y seront notées les différentes<br />

dépenses regroupées dans des rubriques spécifiques (loisirs, tabac, hygiène, ...). Un travail sur<br />

son rapport à l’argent lui est ainsi demandé. Nous avons par exemple constaté que le résidant<br />

revient souvent de week-end soit avec beaucoup de monnaie (il ne fait ses achats qu’avec des<br />

billets) soit il dépense jusqu’au dernier sou. Il peut parfois faire des achats compulsifs. Cela est<br />

révélateur de son fonctionnement antérieur. Il est important que le résidant puisse changer son<br />

rapport à l’argent en le ramenant à une plus juste notion de sa valeur ; il lui faut le gagner par<br />

des moyens licites par opposition à l’argent de la drogue.<br />

- Le suivi du projet de soin : «Comment je me projette dans ma démarche de soin et dans mon<br />

projet de vie à venir, et comment je m’y implique dans le quotidien (gestion du temps).»<br />

Création d'objectifs clairs, évaluables et individuels. Cela permet la mise en relation des actes<br />

du quotidien ; week-end, sorties, chantier, vie de groupe en fonction de sa problématique. Cela<br />

se fait à l’aide d’une feuille où les résidants peuvent mettre les objectifs qu’ils veulent atteindre<br />

mais aussi les moyens qui peuvent être mis en place à cet effet.<br />

Lors de chaque réunion thématique, le support de communication est oral. Cela doit permettre de<br />

laisser libre cours à la spontanéité et à la franchise. En revanche, un effort d’écriture est demandé en<br />

dehors de ce temps de travail. L’écriture peut permettre aux résidants de trouver du sens et de la<br />

cohérence à leurs actes et à leurs pensées. Ecrire pour faire face au morcellement. Mais aussi écrire<br />

pour ne pas être seul. L’écriture est bien sûr individuelle, mais elle peut aussi se partager en groupe où<br />

chacun est libre de lire ce qu’il écrit afin que ses pairs puissent en faire retour pouvant l’aider dans sa<br />

démarche. Des retours écrits sont établis par l’éducateur et sont mis dans le dossier du résidant afin<br />

qu’il puisse constater l’évolution de sa réflexion et de son élaboration. Comme la parole, l’écriture<br />

permet d’organiser, de construire et de faire circuler une pensée, d’élaborer et de se confronter à ses<br />

propres idées et de dégager des projets. L’acte d’écriture est donc une passerelle vers l'extérieur.<br />

192


Ainsi, il ne s’agit pas pour nous de faire une réunion pour faire une réunion mais de donner du sens à<br />

cette réunion dans la démarche quotidienne de chaque résidant.<br />

Les comptes rendus que nous écrivons doivent nous permettre de marquer un véritable temps de<br />

réflexion, de prendre du recul sur ce que nous y faisons mais aussi de mettre en avant des indices<br />

observables. Cela pourra être ré abordé ensuite dans le groupe ou de façon individuelle.<br />

De plus nous avons créé un tronc commun à la phase 2 permettant de visualiser les objectifs et les<br />

savoirs dont a besoin le résidant tout le long de cette étape. On peut ainsi voir, et comprendre ce que<br />

travaille le groupe 2, et quels objectifs le résidant doit atteindre pour passer à une phase supérieure.<br />

« LE SENS NE S’IMPOSE PAS IL SE CREE »<br />

193


LES APPARTEMENTS<br />

THERAPEUTIQUES<br />

RELAIS<br />

194


Membres de l’équipe<br />

- Mr Jacques FORZY-directeur.<br />

- Mr Jocelyn LIBRIN-chef de service (0,5 ETP).<br />

- Mme Martine BRUYER-assistante sociale (0,5 ETP).<br />

- Mme Myriam BAUDOUIN-éducatrice spécialisée (0,5 ETP).<br />

- Mr Jérôme LEFEVRE-éducateur spécialisé (0,5 ETP).<br />

Stagiaires<br />

- Mlle Aline HENIN-Stagiaire Educatrice spécialisée<br />

195


INTRODUCTION<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE<br />

LES APPARTEMENTS THERAPEUTIQUES RELAIS<br />

DE COMPIEGNE<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

1.2 Durée de séjour<br />

1.3 Motifs de sortie du résidant<br />

1.4 Nombre de projets de sortie préparés avec les résidants<br />

1.5 Les actes<br />

1.6 Répartition par sexe<br />

1.7 Tranche d’âge<br />

1.8 Moyenne d’âge<br />

1.9 Origine géographique<br />

1.10 Domicile du résidant avant hébergement)<br />

1.11 Statut matrimonial<br />

1.12 Nombre d’enfants<br />

1.13 Situation professionnelle<br />

1.14 Origine principale des ressources<br />

1.15 Origine de la demande<br />

1.16 Répartition des résidants suivant les produits les plus dommageables<br />

1.17 Voie intraveineuse<br />

1.18 Autres modalités de consommation<br />

1.19 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

1.20 Etat de santé des résidants<br />

1.21Les traitements de substitution<br />

1.21.1 Méthadone<br />

1.21.2 Buprénorphine<br />

1.21.3 Les traitements médicamenteux<br />

1.22 Les traitements médicamenteux<br />

1.23 Justice<br />

1.24 Les activités de groupes thérapeutiques<br />

2 REFLEXIONS CLINIQUES<br />

« Placements extérieurs et alternatives à l’incarcération, entre idéalisation et réalité… »<br />

(Texte Jérôme LEFEVRE Educateur spécialisé).<br />

196


INTRODUCTION<br />

Cette année, dans ce rapport d’activité, nous insisterons particulièrement sur deux aspects de la prise<br />

en charge des résidants :<br />

- l’élaboration et la réalisation d’un projet d’insertion professionnelle au cours de leur séjour,<br />

- la préparation (concomitante) d’un accès au logement « de droit commun ».<br />

Depuis deux ans, le service des ATR fonctionne avec un effectif stable et satisfaisant. Cette stabilité<br />

permet à l’équipe éducative de « pousser les feux » : un encadrement et une écoute régulières, voire<br />

opiniâtres, aident les résidants à repérer et éviter l’écueil dépressif de l’inertie et, par conséquent, à<br />

ranimer et consolider leur goût de l’effort. Certes, l’incitation à entreprendre des démarches sociales et<br />

professionnelles ne constitue pas un levier thérapeutique en soi ! On ne « guérit » pas la dépendance<br />

en mettant le pied à l’étrier…Cette redynamisation n’a de sens et d’efficacité que si le résidant bénéficie<br />

de façon simultanée d’une prise en charge destinée à limiter son comportement d’intoxication et à en<br />

modifier les soubassements subjectifs.<br />

De façon complémentaire, les suivis psychologiques et médical (qui ont pour l’essentiel lieu au CSAPA<br />

Soins de Compiègne) nécessitent d’être étayés par un projet éducatif à la fois :<br />

- réaliste et clair dans sa définition,<br />

- souple dans ses réaménagements possibles,<br />

- ferme et cohérent dans l’accompagnement de sa réalisation.<br />

Nous observons en effet que l’inactivité prolongée d’un résidant constitue un facteur de risque en<br />

matière de répétition, voire d’aggravation, d’une consommation de produits stupéfiants et/ou d’alcool et<br />

/ou de médicaments psychotropes détournés de leur usage. Certains résidants font preuve d’une<br />

célérité remarquable pour concevoir et mettre en œuvre leur projet de réinsertion. Ces personnes<br />

accèdent à une formation professionnelle ou à un emploi dés le premier mois de leur séjour. La<br />

motivation s’allie ici à la qualité de la préparation (ainsi, parfois, qu’à une certaine chance). Dans tous<br />

les cas, la durée limitée du séjour (un an) dans la structure ATR et la tenue de bilans approfondis et<br />

réguliers, en particulier celui - au bout de six mois - de « mi-séjour » (ou le projet de sortie devient à<br />

l’ordre du jour), instaurent un cadre et des repères qui aiguillonnent la démarche du résidant tout en<br />

ménageant des temps où il peut prendre la mesure du chemin parcouru.<br />

L’obtention d’un logement à la sortie des Appartements Thérapeutiques Relais est souvent le fruit d’une<br />

recherche active et précoce, à savoir la constitution et le dépôt d’un dossier personnel de demande de<br />

logement auprès des organismes sociaux dans les deux premières semaines qui suivent l’admission<br />

aux ATR. Nous sensibilisons les résidants à une triple réalité :<br />

- d’abord, dans le contexte économique actuel, l’accession au logement (où la demande excède<br />

démesurément l’offre) représente pour la majorité de nos concitoyens un véritable parcours du<br />

combattant ;<br />

- ensuite, la recevabilité administrative d’une demande de logement est subordonnée à trois prérequis<br />

: ne pas avoir de contentieux financier avec un organisme bailleur ; ne pas avoir un<br />

statut de salarié intérimaire ; ne pas être trop exigeant dans le choix du lieu…<br />

- enfin, si l’équipe accompagne le résidant dans la préparation du dossier, procède avec lui à la<br />

collection des pièces et s’assure que le dossier est ensuite bel et bien déposé à qui de droit,<br />

elle doit aussi composer (certes, sans entériner et « baisser les bras » face à ce phénomène),<br />

le fait que les résidants – à un moment ou à un autre de leur séjour mais surtout lorsque les<br />

197


chose s’améliorent dans la réalité – sont voués à être « saisis » par les aspects désocialisant<br />

de leur souffrance psychique (qu’il serait sot et éthiquement insoutenable de méconnaître et de<br />

laisser « en plan »), qui se manifestent alors par des moments de forte hésitation et de<br />

découragement, voire par des conduites d’ « auto-sabotage » (comme si progresser devait, sur<br />

le plan inconscient, se payer d’un prix exorbitant…).<br />

Ces attitudes, que l’on observe également au niveau du projet de réinsertion professionnelle,<br />

témoignent rarement d’une « paresse » qui appellerait une réponse moralisatrice. Elles correspondent<br />

le plus fréquemment à la réactualisation et au dépôt dans le cadre institutionnel de « productions »<br />

psychiques anachroniques mais persistantes telles que « détresse originaire, angoisses primitives du<br />

nourrisson… » que les résidants tentaient jusqu'à lors de combattre par la « solution » addictive. Ces<br />

attitudes signent également l’activation d’une problématique psychique qui attend d’être défrichée et<br />

déchiffrée, cette flambée symptomatique nécessite une posture éducative spécifique, à la fois<br />

« plurielle » et tenace :<br />

- ne pas céder sur les objectifs du séjour en ATR tels qu’ils ont été contractualisés,<br />

- nommer avec le résidant les contradictions et débordements qu’ils donnent à visibiliser à<br />

l’équipe (et souvent, à d’autres résidants),<br />

- valoriser sa capacité à « accueillir » une souffrance importante sans la colmater<br />

automatiquement par l’intoxication et lui enjoindre d’effectuer sans délai une démarche<br />

psychothérapique assortie, si nécessaire, d’une prescription médicamenteuse (chacun à le droit<br />

à un peu de « magie » pour retraverser ses aires de chaos sans devenir « fou » ou mettre un<br />

terme à sa vie).<br />

1 ACTIVITE CLINIQUE<br />

1.1 Tableau comparatif des files actives<br />

Jocelyn LIBRIN<br />

Chef de service<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de personnes vues par l’équipe* 28 18 14**<br />

Nombre de résidants hébergés (d’admission) dans l’année 24 20 15<br />

- dont nombre de personnes encore hébergés dans l’année 19 12 9<br />

- dont nombre de résidants sous « placement extérieur » nr 1 1<br />

*Il s’agit de personnes rencontrées effectivement et pour lesquelles il n’y a pas eu de suite (du fait de leur propre initiative<br />

ou du refus de l’équipe).<br />

** Le service a reçu 37 courriers, fait proposition de rencontre à 18 personnes (les 19 autres<br />

représentent un ensemble de cas de figures variés : pas de place disponible au moment où la personne<br />

nous écrit, autre choix d’orientation après contact téléphonique pour convenir d’un rendez-vous,<br />

personnes déjà connues du service et réorientées vers d’autre lieux de soins etc.…)<br />

14 personnes se sont présentées à l’entretien de pré-admission, 9 ont été admises (les 5 autres ont soit<br />

fait l’objet d’un refus pour 2 d’entre elles, soit ne se sont pas présentées le jour de l’admission pour 2<br />

également. Un résidant est arrivé, puis reparti quelques heures plus tard)<br />

198


1.2 Durée de séjour<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre total des journées d’hébergement réalisées 2351 2444 2727<br />

Durée moyenne d’hébergement en jours 94 122 181<br />

Taux d’occupation 80.5% 83.4% 93.3%<br />

Nombre de résidants sortis (entre le 01/01et le 31/12/<strong>2010</strong>) 17 14 10<br />

- dont au plus un mois 7 1 0<br />

- dont de 1 à moins de 3mois 5 3 1<br />

- dont de 3 à moins de 6 mois 3 3 3<br />

- dont de 6 mois à 1 an 2 4 3<br />

- dont plus de 1 an - 3 3<br />

Nombre de sorties effectuées 17 14 10<br />

A noter une diminution du nombre d’admissions depuis 2 années, à rapprocher de la durée moyenne<br />

des séjours et du taux d’occupation, qui eux, ont tendance à augmenter.<br />

Ces éléments chiffrés tendent à confirmer la tendance à accueillir des résidants dont la démarche de<br />

soin fut prise en compte en amont de l’arrivée aux ATR par les usagers eux-mêmes et dont le parcours<br />

est suffisamment stabilisé pour pouvoir accéder à des conditions de prise en charge intégrant<br />

rapidement un accès à une autonomie de plus en plus large.<br />

1.3 Motifs de sortie du résidant<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Contrat thérapeutique mené à terme 6 4 4<br />

Réorientation vers une structure médico-sociale plus adaptée 3 2 0<br />

Exclusion par le centre 7 6 4<br />

- dont temporaire* 0 0 0<br />

- dont définitive** 7 6 4<br />

Hospitalisation durable 0 0 0<br />

Rupture à l’initiative du résidant 1 2 2<br />

Décès 0 0 0<br />

Autres (précisez) 0 0 0<br />

* Le résidant peut ultérieurement se manifester et faire à nouveau une demande d’hébergement.<br />

** Le résidant ne peut plus faire de demande d’hébergement.<br />

Pour être mené à terme, le contrat thérapeutique se trouve à la croisée de la complexité sociale. Cette<br />

rencontre vient percuter la « capabilité » effective que les résidants expérimentent au fil des semaines<br />

et des bilans. Ce contrat se trouve également confronté à l’émergence de postures comportementales<br />

qui s’enracinent dans les rets de la structuration psychique de ces individus. Il est aussi à l’épreuve de<br />

la sagacité professionnelle qui est propre à chaque acteur professionnel composant l’équipe qui, elle,<br />

cherche à accompagner les effets de cette émergence au cours de l’accompagnement. Chacun en<br />

reçoit la charge émotive déstabilisante.<br />

199


Notons aussi que les exclusions sont toujours liées à la rechute, rechute souvent déniée, « non<br />

partagée » avec l’équipe éducative comme objet de travail. A un point de tension relationnelle, le<br />

résidant manifeste par une violence verbale ou agie sa résistance à vouloir changer ses modes de<br />

comportements, s’oppose, induit la rupture par ses actes. Dans ce cadre, il est effectif que seule la<br />

capacité manifeste et exprimée par le résidant à accepter les termes du contrat et l’offre de travail qui lui<br />

est proposée peut permettre de continuer à œuvrer « ensemble » quels que soient les errements et les<br />

manifestations du passage à l’acte.<br />

Notons également que cette limite qui appartient au résidant rencontre celle de chaque acteur<br />

institutionnel et que confronté à la croisée de ces limites, il est nécessaire de ne pas « insister » au<br />

risque de mettre l’ensemble des protagonistes en situation difficile, voire dangereuse. Nous avons dû<br />

faire appel pour un résidant, dont le séjour s’effectuait en placement extérieur, au cadre judiciaire. Bien<br />

que l’échéance de ce placement n’ait pas été évidente pour le résidant, nous tenons à témoigner de la<br />

cohérence et de la rigueur appliquée par toute la chaîne des institutions et des professionnels<br />

(magistrat de l’application des peines, SPIP, partenaires de l’insertion sociale..) qui ont assuré le suivi<br />

de cette situation.<br />

A propos d’une autre situation ayant conduit à une rupture de prise en charge, un résidant « happé »<br />

par une relation affective, dont les effets ne furent qu’insuffisamment partagés avec l’équipe éducative,<br />

rend compte de la difficulté de nombre d’entre eux à se confronter à une solitude « choisie et<br />

assumée » avant de chercher à construire une vie affective pouvant déboucher sur une éventuelle vie<br />

de couple. En effet, nous constatons l’emprise importante que cette recherche « amoureuse » impose<br />

et l’aimant puissant qu’elle représente dont l’attraction commande une force souvent plus grande que<br />

l’effort qui a été requis par le résidant pour construire son parcours d’insertion. La question affective,<br />

avec la redécouverte de ses envies, de ses désirs, vient tarauder les choix de vie qui se tissent avec<br />

difficulté au quotidien.<br />

Là encore, pris entre une bienveillance certaine et une difficulté à interroger ce qui se « reproduit » au<br />

cours du parcours de soins et d’insertion, l’équipe s’est confrontée aux limites de ses possibilités<br />

d’intervention, n’allant pas au-delà de l’autorisation donnée par le résidant dans le cadre des<br />

accompagnements individualisés et des bilans. Constatons cependant que pour nombre des personnes<br />

prises en charge, cette question vient impacter de façon forte le séjour et par là, le pronostic de<br />

stabilisation de l’addiction. Une invitation à consulter le psychologue pour élaborer une<br />

« compréhension personnelle » de ce qui se joue dans ces modes relationnels instaurés par les<br />

usagers est faite, mais se confronte, parfois, à la volonté de l’usager à l’entreprendre.<br />

Par ailleurs, plus simplement, le séjour s’arrête souvent par l’inadéquation des attentes institutionnelles<br />

face au projet de l’usager. En effet, quelques personnes utilisent le service ATR comme un dispositif de<br />

vie sociale en soi, elles n’ont pas engagé un véritable projet de changement et très vite les habitudes<br />

reviennent. Cela renvoie à la nécessité de mieux sérier les demandes et devra nous conduire à mieux<br />

profiler la procédure d’entretien avant l’admission, à mieux sérier le mois de pré-admission et les<br />

obligations qui y sont afférentes. Des indicateurs se dégagent de la lecture de l’activité : autonomie sur<br />

la question des traitements, mise en place rapide d’une activité, compliance aux groupes de parole et<br />

de soutien type yoga, activité du samedi, voire implication dans la prise en compte des appartements<br />

quant à leur entretien. Tout cela, ainsi qu’une relative transparence réellement mise en acte dans le<br />

continuum de l’accompagnement nous permet de voir l’avancée ou non de l’usager dans son parcours<br />

et son projet<br />

200


1.4 Nombre de projets de sortie préparés avec les résidants<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Avec la structure qui a orienté vers le centre d’hébergement 2 0 0<br />

Avec une autre structure sanitaire et sociale 1 1 0<br />

Avec des structures d’insertion professionnelle 2 0 0<br />

Avec des structures d’hébergement 3 2 1<br />

Avec la famille du résidant (ou entourage) 3 5 4<br />

Autres (précisez) : autonome / retour détention 7/1 6 /1 4/1<br />

Expériences professionnelles réalisées durant le séjour 7 6 13<br />

- dont CDD nr 2 0<br />

- dont CDI nr 0 1<br />

- dont missions intérim nr 4 5<br />

- dont stage qualifiant nr 1 5<br />

- dont autres (précisez) Contrats Aidés 1 1 2<br />

Dans nombre de ces situations, l’entourage est un recours intéressant comme point d’appui, voire<br />

comme lieu de soutien parallèle. Nous avons, cette année, mobilisé, avec l’accord et assentiment de<br />

quelques usagers cet entourage familial. Cette voie sera à poursuivre en fonction de la plus ou moins<br />

grande proximité géographique des familles avec notre structure.<br />

Cependant, pour 10 résidants sortis cette année, les situations sont justement réparties entre 4<br />

exclusions (dont 3 pour reprise de produits - à noter que pour un résidant, les consommations se font<br />

dans les 10 jours qui précédent la fin du contrat d’hébergement -) et 4 contrats menés à terme.<br />

Deux résidants ont mis fin prématurément à leur séjour : une jeune femme, après 9 mois de séjour,<br />

pour s’installer en couple, malgré les mises en garde de l’équipe relatives à sa fragilité concernant sa<br />

dépendance à l’alcool.<br />

L’autre personne, après des épisodes de consommation d’alcool, liés à une relation amoureuse<br />

compliquée, décide de quitter la structure au bout de 5 mois de séjour.<br />

Ces deux « ruptures prématurées » de séjour sont l’œuvre de personnes qui semblent avoir donné<br />

priorité à la relation amoureuse en tant que « meilleure thérapie » pour elles-mêmes sans pouvoir<br />

mesurer les enjeux préjudiciables dans leur parcours de soin.<br />

Concernant les expériences professionnelles réalisées pendant le séjour :<br />

Malgré le discours ambiant sur la situation de crise économique et la difficulté à évoluer dans le monde<br />

du travail, les expériences professionnelles restent possibles pour bon nombre de résidants.<br />

Nous observons cependant des degrés différents de « mise en mouvement » selon :<br />

- la mise en avant de problèmes de santé (soins dentaires notamment),<br />

- la mise en avant de problèmes familiaux ou administratifs à régler avant de trouver l’énergie<br />

nécessaire pour investir des démarches de recherches d’emploi ou de formation,<br />

- La confrontation de tous les instants avec le résidant ou la résidante qui est persuadé(e) de s’y<br />

prendre de la meilleure façon possible pour « décrocher » un emploi mais qui ne trouve jamais<br />

rien.<br />

201


1.5 Les actes<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Educateurs spécialisés 772 948 1162<br />

Nombre d’accompagnements réalisés à l’extérieur du centre 177 224 263<br />

- dont activités collectives organisées à l’extérieur du centre 11 33 64<br />

- dont accompagnements des résidants pour démarches extérieures 166 191 199<br />

Les actes médicaux (médecin et/ou infirmiers) et/ou psychologiques relèvent de l’Unité CSAPA de<br />

Compiègne. Elles sont à l’initiative du résidant qui a également la possibilité d’effectuer ses soins<br />

médicaux en choisissant un médecin référent qui lui est personnel. En soi, cette démarche<br />

accompagnée par l’équipe, permet au résidant de se réapproprier une capacité à prendre en compte sa<br />

santé de façon autonome. Notons toutefois que cette dynamique implique que le résidant accepte d’en<br />

parler avec l’équipe, voire insiste pour que le médecin accepte que nous soyons un interlocuteur au<br />

sens du « secret médical élargi ». En effet, lors d’accompagnements de personnes en traitement<br />

hépatique, la capacité pour le résidant de communiquer avec l’équipe de façon transparente sur ses<br />

résultats, ses angoisses, son moral et son humeur a permis de conduire de façon conjointe une<br />

thérapie qui n’était pas sans laisser insensible et indemne ni la personne, ni son entourage voire<br />

également son univers professionnel auquel il se confrontait dans sa démarche d’insertion.<br />

1.6 Répartition par sexe<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 3 4 4<br />

Hommes 21 16 11<br />

Total 24 20 15<br />

Notons que la proportion entre genre reste stable d’une année sur l’autre.<br />

1.7 Tranches d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Moins de 20 ans 0 0 0<br />

dont moins de 18 ans 0 0 0<br />

20-24 ans 4 2 0<br />

25-29 ans 5 4 1<br />

30-39 ans 9 8 8<br />

40-49 ans 5 5 5<br />

50-59 ans 1 1 1<br />

60 et plus 0 0 0<br />

De même, la moyenne d’âge des personnes admises au sein des ATR se situe principalement dans la<br />

tranche des trentenaires et plus. Cela montre qu’une partie non négligeable des personnes se trouvent<br />

encore en grande difficulté pour s’assurer une vie relativement stable, souvent après un long parcours<br />

d’addiction, scandé par des périodes de prises en charge et de sevrages. Cette réalité doit questionner<br />

quant à la pertinence des actions entreprises sur le versant des soins et de l’insertion orientées en<br />

amont de cette tranche d’âge.<br />

202


1.8 Moyenne d’âge<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Femmes 33.6 38.2 35.7<br />

Hommes 32.5 34.1 37.3<br />

Générale 33.1 36.2 37.5<br />

Notons un léger vieillissement de la file active qui s’accentue d’année en année et qui corrobore<br />

l’énoncé ci-dessus. En effet, les difficultés sociales et la mécanique d’addiction à laquelle sont<br />

confrontées les personnes, si massives et patentes qu’elles soient, ne sauraient, à elles seules,<br />

expliquer ce maintien tardif dans des structures d’insertion et des soins. Il semble que le processus de<br />

désaffiliation soit bien ancré chez ces usagers. Aussi, les projets qui visent à réinscrire ces personnes<br />

dans une dynamique sociale plus autonome doivent s’appuyer nécessairement sur leurs capacités<br />

propres, tout en tenant compte des entraves psychiques qui les inhibent et que cette démarche soit<br />

portée par l’ensemble des acteurs professionnels.<br />

1.9 Origine géographique<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Originaires de la région 2 2 2<br />

Originaires du département 15 13 7<br />

En provenance d’autres régions 7 5 6<br />

Notons que même si le nombre est moindre, du fait d’un rallongement non négligeable des séjours, le<br />

service répond globalement de façon majoritaire aux usagers de la région ainsi qu’à une partie<br />

d’usagers provenant de régions plus ou moins proches, en fonction de l’errance induite parfois par les<br />

aléas des réponses des structures de soin aux demandes de prise en charge pour lesquelles elles sont<br />

sollicitées sur le plan national.<br />

1.10 Domicile des résidants (avant hébergement)<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Durable 1 1 2<br />

Provisoire 14 18 12<br />

SDF 4 0 0<br />

Etablissement pénitentiaire 0 1 1<br />

Communauté thérapeutique 5 0 0<br />

Pour les raisons évoquées ci-dessus, notons que la situation d’hébergement confirme la précarisation<br />

des personnes. De ce fait, elles ont recours au dispositif des ATR pour tenter de stabiliser le processus<br />

dans lequel elles se trouvent inscrites.<br />

1.11 Statut matrimonial<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Célibataire 23 18 14<br />

Union libre 0 0 1<br />

Marié 1 0 0<br />

Séparé 0 1 0<br />

Divorcé 0 1 0<br />

Veuf (e) 0 0 0<br />

203


Le statut matrimonial des personnes est révélateur d’une grande difficulté à vivre en couple, ce qui<br />

renvoie aux remarques sur la fragilisation des parcours d’insertion du fait du recours à une relation<br />

affective rapide qui impacte le plus souvent ce processus en venant brouiller le projet de l’usager, voire<br />

en prenant toute la place, au point que les personnes, par peur de la solitude voire par inquiétude de<br />

pouvoir mener une relation affective du fait de leurs atteintes virales, voient leurs projets bousculés et<br />

parfois abandonnés.<br />

1.12 Nombre d’enfants<br />

Non à charge<br />

Un 4<br />

Deux 3<br />

Trois 2<br />

Quatre et plus 0<br />

Non renseigné 0<br />

1.13 Situation professionnelle (avant l’hébergement)<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Avaient un emploi 7 2 2<br />

- dont CDI 1 0 2<br />

- dont CDD ou stage rémunéré 6 2 0<br />

- dont travailleur indépendant 0 0 0<br />

Chômeurs ayant travaillé 17 16 12<br />

Chômeurs jamais travaillé 0 0 1<br />

Autres inactifs 0 0 0<br />

La plupart des usagers des ATR n’ont pas d’emploi, ils ont, par contre, travaillé durant la période qui a<br />

précédé leur engagement dans une dynamique de soin au long court. Le processus de désaffiliation<br />

sociale les cantonne sur le versant du travail précaire. Notons cependant que deux personnes ont pu<br />

bénéficier d’un CDI antérieurement. Pour au moins l’une d’entre elles, ce CDI venait d’être perdu du fait<br />

du « dévissage » social orchestré par trop d’alcool. Cette perte d’emploi se solde par une grande<br />

difficulté à rebondir, tant l’interrogation sur les mécanismes à l’œuvre dans ce « dévissage » social reste<br />

peu questionnée par ces personnes.<br />

1.14 Origine principale des ressources<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Revenus de l’emploi (y compris retraite, pension invalidité) 4 3 3<br />

Assedic 10 7 5<br />

RMI/RSA 6 6 5<br />

AAH 3 3 1<br />

Autres prestations sociales 0 0 0<br />

Ressources provenant d’un tiers 0 0 0<br />

Autres ressources (y compris sans revenu) 1 0 1<br />

Aucune ressource 1 1 0<br />

La majorité des revenus est liée au dispositif d’aide de droit commun auquel les usagers peuvent avoir<br />

recours. Seules trois personnes ont été en capacité de pouvoir bénéficier d’une aide relevant de leur<br />

204


inscription professionnelle antérieure. Notons qu’une personne était sans revenu, mais qu’elle n’avait<br />

pas procédé à son inscription sociale.<br />

1.15 Origine de la demande<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Initiative du résidant ou des proches 1 1 1<br />

Médecin de ville 0 0 0<br />

Structures spécialisées (CCAA, CSST, autres.) 19 16 13<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Creil 5 6 3<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Beauvais 0 0 0<br />

- dont centre de soins <strong>SATO</strong>/Compiègne 6 4 1<br />

- dont C.T DE Flambermont 2 2 3<br />

-dont autres structures spécialisées 6 4 6<br />

Equipe de liaison 0 0 0<br />

Autre hôpital, autres sanitaires 0 0 0<br />

Institutions et services sociaux 4 2 0<br />

Services de la justice 0 1 1<br />

Comme à l’accoutumée, la plupart des demandes émanent du dispositif de soins et de prise en charge<br />

des personnes toxicomanes. Notons qu’une majorité d’entre elles est orientée par les services de<br />

l’association. Elles répondent ainsi à des besoins de prise en charge locale qui permettent d’envisager à<br />

terme, un travail avec les familles, comme ce fut le cas cette année pour au moins deux résidants.<br />

1.16 Répartition des résidants suivant les produits les plus dommageables *<br />

1er produit le plus 2<br />

dommageable<br />

ième produit le plus 3<br />

dommageable<br />

ième produit le plus<br />

dommageable<br />

Alcool 4 1 0<br />

Tabac 0 0 0<br />

Cannabis 0 3 2<br />

Opiacés 9 1 3<br />

Cocaïne et crack 1 3 2<br />

Amphétamines, ecstasy, … 0 2 3<br />

Médicaments psychotropes détournés 0 4 2<br />

Traitement substitution détourné 1 0 1<br />

Autres 0 0 0<br />

Pas de produits** 0 1 2<br />

Non renseigné 0 0 0<br />

Total (100% de la file active) 15 15 15<br />

Nous notons une prise en charge particulière en <strong>2010</strong>, d’une personne addicte au jeu, dont le séjour fut<br />

assez court, mais qui n’a pu trouver les moyens de stabiliser sa situation.<br />

205


1.17 Voie intraveineuse *<br />

Nombre résidants<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse lors du mois précédent l’admission 0<br />

Ayant utilisé la voie intraveineuse antérieurement (auparavant au dernier mois) 11<br />

N’ayant jamais utilisé la voie intraveineuse antérieurement 4<br />

* Au moment de l’admission.<br />

Il semble que le recours à l’injection soit encore, pour cette cohorte de résidants, le moyen le plus<br />

courant utilisé pour s’intoxiquer. Néanmoins, il est à souligner que 4 personnes n’ont pas utilisé de<br />

seringues<br />

1.18 Autres modalités de consommation *<br />

Nombre de résidants<br />

Sniffé 5<br />

Injecté 10<br />

Mangé/Bu 14<br />

Fumé 5<br />

* Avant l’hébergement<br />

1.19 Tranches d’âge début toxicomanie<br />

Moins de 18 ans 12<br />

18-24 ans 3<br />

25-29 ans 0<br />

30-34 ans 0<br />

35-39 ans 0<br />

40-44 ans 0<br />

45-49 ans 0<br />

50 ans et plus 0<br />

Le recours à la toxicomanie dès le jeune âge vient lourdement impacter les perspectives de vie sociale<br />

et professionnelle des personnes sur une durée assez longue, lorsqu’on met en rapport cet item avec la<br />

moyenne d’âge des personnes que nous avons accompagnées durant cet exercice.<br />

1.20 Couverture sociale<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Régime général et complémentaire 12 5 6<br />

Régime général sans complémentaire 2 2 0<br />

CMU avec complémentaire 10 12 9<br />

CMU sans complémentaire 0 0 0<br />

Sans couverture sociale 0 1 0<br />

La couverture sociale est le reflet des engagements des personnes dans une dynamique sociale plutôt<br />

inscrite sur le versant de la précarité que sur celui du travail.<br />

206


1.21 Etat de santé des résidants<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Taux de renseignement HIV 100% 100% 100%<br />

Tests effectués 24 20 15<br />

Séropositifs 4 4 1<br />

Nombre de résidants sous traitement 1 2 1<br />

Taux de renseignement VHC 100% 100% 100%<br />

Tests effectués 24 20 15<br />

Séropositifs 7 7 4<br />

Nombre de résidants sous traitement nr nr 1<br />

Nombre d’hépatites C guéries 1 4 0<br />

Taux de renseignement VHB 99% 99% 100%<br />

Tests effectués 23 19 15<br />

Séropositifs 4 3 2<br />

Nombre de résidants orientés vers le CPES 0 0 0<br />

Nombre actes de distribution de traitement* nr nr nr<br />

* non comptabilisés bien que significatifs.<br />

L’on notera que lors du premier mois de séjour les traitements sont gérés par l’équipe éducative et<br />

qu’une autonomie quant à la prise de ces traitements est assez rapidement mise en œuvre afin<br />

d’apprendre aux résidants à se responsabiliser dans la prise de leurs traitements. Cette action est<br />

progressive ; elle fait partie de la prise en charge globale et, notamment de l’accompagnement dans les<br />

bilans.<br />

1.22 Traitements de substitution<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de résidants hébergés sous traitement 19 16 12<br />

- dont résidants sous buprénorphine 6 2 3<br />

- dont résidants sous méthadone 13 14 9<br />

Nombre résidants sous autres traitement à visée substitutive 0 0 0<br />

Nombre de résidants sans traitement 5 4 3<br />

207


1.22.1 Méthadone<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 2 4 2<br />

Nombre d’hommes 11 10 7<br />

Total 13 14 9<br />

Nombre de résidants sortis du programme au cours du séjour 0 0 0<br />

- dont devenus abstinents 0 0 0<br />

- dont autres prescriptions de substitution 0 0 0<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) 0 0 0<br />

Pour les Appartements Thérapeutique Relais * 0 0 0<br />

- Nombre de résidants avec une délivrance et prescription au centre de soins 12 11 7<br />

- Nombre de résidants avec une prescription centre et délivrance officine ville 0 00 0<br />

-Nombre de résidants prescrits et délivrés en ville 1 3 2<br />

1.22.2 Buprénorphine<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 1 0 1<br />

Nombre d’hommes 5 2 2<br />

Total 6 2 3<br />

Nombre de résidants sortis du programme au cours du séjour nr nr 0<br />

- devenus abstinents nr nr 0<br />

- dont autres prescriptions de substitution nr nr 0<br />

- dont à l’initiative de l’équipe (pour mésusage) nr nr 0<br />

Pour les Appartements Thérapeutique Relais *<br />

- Nombre de résidants avec une délivrance et prescription au centre de soins nr nr 0<br />

- Nombre de résidants avec une prescription centre et délivrance officine ville 3 1 0<br />

-Nombre de résidants prescrits et délivrés en ville 3 1 3<br />

1.23.3 Les traitements médicamenteux (type BZD ou autres)<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre de femmes 2 1 4<br />

Nombre d’hommes 8 12 12<br />

Total 10 13 16<br />

1.23 Justice<br />

2008 2009 <strong>2010</strong><br />

Nombre résidants suivis sous main de justice 7 6 6<br />

- dont obligation de soin 2 3 1<br />

- dont contrôle judiciaire 1 3 2<br />

- dont injonction thérapeutique 0 0 0<br />

- dont bracelet électronique 0 0 0<br />

- dont en « placement extérieur » nr 1 1<br />

- dont autres - sursis / mise à l’épreuve 5 3 2<br />

Sans objet 17 14 9<br />

208


1.24 Les activités de groupes thérapeutiques *<br />

Nombre/an Nombre de résidants concernés<br />

Réunion « groupe de parole » ATR 23 15<br />

Ateliers « d’expression et culturel » ATR 29 15<br />

Atelier « yoga » 29 3<br />

Atelier « piscine » ATR 6 3<br />

* Sont considérées comme activités de groupes thérapeutiques les activités thérapeutiques associant plusieurs résidants<br />

avec au minimum un soignant.<br />

2 REFLEXIONS CLINIQUES<br />

« Placement Extérieur et Alternative à l’incarcération, entre idéalisation et réalité… ».<br />

Préambule :<br />

Les sujets de réflexion collectés au fil des mois voire des années d’exercice, viennent interroger l’équipe<br />

des Appartements Thérapeutiques Relais. Le rapport d’activité est pour nous la possibilité de pouvoir<br />

coucher sur le papier le contenu de certains de nos questionnements. Se saisir d’un thème reste<br />

néanmoins un exercice ardu dans le fait qu’il nécessite de mettre en place des temps afin de se<br />

consulter, de réfléchir et d’extraire ensemble ce qui pourrait être le creuset d’une réflexion.<br />

Forts de moments de partage entre professionnels, où chacun donne libre cours aux questions qui se<br />

posent dans le quotidien de l’accompagnement, nous mettons en exergue ce qui vient interroger, voire<br />

perturber le fonctionnement de l’Institution. Ce travail, remettant en cause nos pratiques et les modalités<br />

de prises en charge, doit nous amener le cas échéant, à renforcer ce qui nous semble être une direction<br />

de travail intéressante ou à l’inverse, modifier notre approche. La complexité de l’exercice, s’il<br />

s’organise, se transforme le plus souvent en moments d’échanges fructueux dont nous souhaitons<br />

extraire et retranscrire ici le contenu en nous attardant sur un sujet en particulier. Faire émerger nos<br />

questions et nos réflexions, mais aussi nos doutes et nos certitudes afin de faire progresser nos<br />

pratiques chaque jour un peu plus.<br />

Une fois encore, notre regard se pose cette année sur une thématique qui interpelle la structure, son<br />

fonctionnement, son cadre et la manière dont nous y répondons : « La prise en charge de personnes<br />

dites « sous main de justice » ou plus précisément en situation de Placement Extérieur ou d’Alternative<br />

à l’incarcération ».<br />

Accompagnement spécifique, cadre d’accueil particulier, liens étroits avec les Services de Probation et<br />

d’Insertion Professionnelle…autant de points qui peuvent servir de levier afin d’alimenter cette réflexion<br />

commune qui se veut avant tout être un regard sur nos pratiques afin de les faire évoluer au service de<br />

l’usager.<br />

En propos liminaires, il me semble intéressant d’expliciter les procédures existantes aux Appartements<br />

Thérapeutiques Relais concernant ces prises en charge qui, même si elles restent très minoritaires,<br />

posent un ensemble de questions non moins importantes.<br />

La convention signée entre le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> et les services de Justice permet d’accueillir aux ATR des<br />

personnes incarcérées pour qui la durée restante de détention est inférieure à un an et qui souhaitent<br />

s’engager d’une part, dans un travail de soins concernant leur addiction et d’autre part construire des<br />

209


projets de réinsertion sociale et professionnelle. Cette même convention permet de prendre en charge<br />

des personnes condamnées à une peine de prison inférieure à un an (souvent pour une Infraction à la<br />

Législation sur les stupéfiants) et qui de la même manière, sont désireuses de s’engager dans un travail<br />

de soins portant sur leur addiction et construire des projets de réinsertion professionnelle et sociale.<br />

Les procédures d’admission aux ATR sont alors différentes d’un accueil dit classique dans la mesure où<br />

elles supposent notamment un engagement de la personne vis à vis de la justice concernant le respect<br />

des règles contractualisées pour l’aménagement de la peine. Une adhésion aux règles de<br />

fonctionnement de la structure assortie d’horaires précis de sortie et de rentrée, des absences en<br />

dehors de la ville réglementées…autant de contraintes qui sont souvent difficiles à maintenir pour<br />

l’usager, d’autant plus que l’autonomie, inhérente au dispositif ATR dont ils se saisissent rapidement<br />

ainsi que la liberté de mouvement difficilement contrôlable en dehors des heures de présence de<br />

l’équipe viennent en opposition aux règles précédemment citées.<br />

On peut comprendre alors les difficultés rencontrées par l’usager à s’astreindre à ses obligations, a<br />

fortiori lorsqu’il ne prend pas conscience qu’elles sont en contradiction avec son contrat d’accueil.<br />

L’équipe elle-même peut se retrouver en difficulté quand il s’agit de recadrer ce qui lui semble être un<br />

glissement des règles liées au contrat qui lie l’usager, la structure et la justice.<br />

Pour illustrer ces propos, développons quelques fragments du séjour d’un résidant.<br />

David 14<br />

David est un homme de 37 ans incarcéré à multiples reprises pour des infractions à l’ILS notamment.<br />

Par le biais d’un suivi en maison d’arrêt, il entre en contact avec nos services afin de formuler une<br />

demande d’appartement thérapeutique. Nous le rencontrons en milieu fermé et, après appréciation de<br />

sa situation, nous décidons de l’accueillir sur le régime d’un Placement Extérieur sur un hébergement<br />

collectif. Le contrat de prise en charge contractualisé avec lui stipule très clairement les obligations<br />

auxquelles il doit se conformer dans le cadre de son séjour. Ainsi, tout déplacement en dehors de la<br />

ville devra être négocié avec l’équipe et les services de probation et les horaires de rentrée dans la<br />

structure devront être rigoureusement respectés.<br />

Très rapidement, David remet en place ses droits sociaux et trouve un poste dans le cadre d’un Contrat<br />

Avenir Emploi. Malgré cette appétence et cette volonté de vouloir accéder à une situation sociale<br />

stabilisée, l’équipe constate qu’il ne respecte pas les termes de son aménagement de peine concernant<br />

notamment les horaires. Ainsi, il rentre dans la structure bien au delà de l’heure fixée ; il instaure un<br />

climat de tension avec ses colocataires et rentre parfois alcoolisé. Malgré des reprises systématiques<br />

avec lui de ces éléments, accompagnés de rapports d’incident destinés au Conseiller d’Insertion et de<br />

Probation du SPIP de Compiègne qui le convoque pour recadrer sa situation, son comportement à<br />

l’égard des autres résidants ainsi qu’envers l’équipe se détériore jour après jour. David se sent<br />

persécuté et ne comprend pas pourquoi l’équipe s’entête à vouloir lui faire respecter les termes de son<br />

placement. Il tente de manipuler le cadre à sa convenance en remettant systématiquement en question<br />

les règles et les propos tenus par chacun des membres de l’équipe en les interprétant. Ce<br />

comportement pathologique renforce son sentiment de toute puissance et le dialogue n’est plus<br />

empreint que de sous-entendus agressifs à l’égard de chacun. Son séjour sera interrompu quand, à<br />

l’occasion d’un bilan, il deviendra violent.<br />

Cette vignette clinique tente d’illustrer le décalage existant entre la volonté d’insertion de l’individu, la<br />

mise en œuvre et la réalité d’un quotidien où l’usager n’est pas prêt à faire les concessions que<br />

14 Pour des raisons d’anonymat, le prénom a été modifié<br />

210


suppose un Placement Extérieur. La fracture d’avec l’univers carcéral en est probablement en partie la<br />

cause. En effet, la privation de liberté ainsi que le quotidien hyper-cadrant tranche avec la soudaine<br />

autonomie qui leur est rendue au sein du dispositif ATR. Mais cette bouffée d’air trop importante ne peut<br />

à elle seule expliquer cette escalade jusqu'à atteindre son point de rupture.<br />

En effet, se réapproprier chaque moment de vie, non rythmé par le carcan de l’univers pénitentiaire<br />

n’est en soi pas si simple comme démarche. Là où l’usager idéalise un séjour aux Appartements<br />

Thérapeutiques Relais comme une formalité une fois l’accord de Placement notifié, il semblerait qu’il en<br />

soit tout autrement. En effet, ce retour à une vie sociale est aussi le point d’émergence où viennent se<br />

cristalliser des difficultés laissées en l’état au moment de l’incarcération et qu’il faut à nouveau mettre<br />

au travail. Addiction, dettes qui réapparaissent selon la solvabilité, barrières sociales du fait de<br />

l’emprisonnement, stigmatisation…autant d’éléments qui viennent alourdir des personnalités<br />

fragilisées.<br />

Enfin, l’enfermement à lui seul est générateur de dégâts. L’isolement, la promiscuité et la soumission à<br />

l’autorité génèrent une dégradation de l’image de soi15 et alimentent probablement les comportements<br />

décrits ici. Ce manque d’autonomie, préjudiciable à l’individu se répercute alors nécessairement à la<br />

sortie de prison, d’une manière ou d’une autre.<br />

Sonia 16<br />

Sonia est une femme de 33 ans sous le coup d’une incarcération possible pour récidive de conduite<br />

sous l’emprise d’un état alcoolique. Elle souhaite engager une démarche de soins dans le cadre d’une<br />

alternative à l’incarcération. Cette orientation, appuyée par nos collègues du CSAPA nous semble être<br />

intéressante et nous validons une entrée aux ATR dans la structure collective. Tout comme David, son<br />

contrat de séjour comprend des clauses spécifiques inhérentes à sa situation judiciaire et auxquelles<br />

Sonia adhère. La difficulté majeure est de l’accompagner sur les questions du maintien de l’abstinence.<br />

En effet, Sonia s’alcoolisait assez fortement il y a encore peu de temps.<br />

Durant les différentes phases de sa prise en charge, nous allons convenir avec elle d’un suivi spécifique<br />

en Centre d’Alcoologie Ambulatoire. Partie prenante dans cette démarche, elle accepte cette idée de se<br />

faire aider par un médecin alcoologue et les premiers entretiens se déroulent a priori bien. Ce temps de<br />

pause d’avec son produit d’addiction n’est que de courte durée puisque nous constatons assez vite une<br />

ré-alcoolisation importante et régulière. Le respect de ces horaires de rentrée dans la structure se<br />

dégrade lui aussi malgré plusieurs tentatives de recadrage. Après un rapport circonstancié au SPIP sur<br />

cette situation, le Juge de l’Application des Peines décide de révoquer l’alternative et Sonia est<br />

incarcérée à la Maison d’arrêt de Beauvais.<br />

Cet exemple tend à démontrer l’absence de prise de conscience par cette jeune femme des enjeux que<br />

suppose l’aménagement de sa peine. La compréhension du fait que le prix à payer pour éviter la<br />

détention réside dans le respect du contrat passé ne prend pas la dimension qu’il devrait.<br />

La proximité des connaissances ou encore la propension à retisser des réseaux d’approvisionnement<br />

sont évidemment des facteurs dommageables mais elles ne sont pas seules en cause.<br />

La préparation pour l’aménagement (alternative ou placement), travail préalable qui devrait être fait afin<br />

de permettre à l’usager de prendre pleinement conscience des enjeux de cette démarche, est-elle<br />

suffisante ? Les équipes éducatives sont-elles suffisamment formées dans cette mission si particulière<br />

de contrôle social ? L’accompagnement socio-éducatif à visée de réinsertion, fonction première de<br />

15 Source ASH, « Accompagner vers la réinsertion », Nov. <strong>2010</strong><br />

16 Pour des raisons d’anonymat, le prénom a été modifié<br />

211


l’aménagement de la peine est-il suffisamment cadrant pour ce public au passé particulièrement<br />

chaotique et chargé de situations morcelées et douloureuses ? Famille éclatée ou absente, affaires en<br />

cours dans différents lieux et différentes temporalités17, autant de points de butée qui peuvent<br />

également mettre à mal la démarche.<br />

Même si le dispositif ATR constitue un socle intéressant en matière d’insertion pour répondre aux<br />

besoins des personnes sous main de justice, force est de constater qu’en parallèle, il est bien souvent<br />

difficile d’accompagner et de répondre à la frustration de l’illusion de la liberté.<br />

Le contrôle côtoie alors l’action éducative et cette démarche singulière est souvent mal vécue par<br />

l’usager qui voit en l’acteur social un « maton » par délégation. Ce fort ressentiment à l’égard de<br />

l’équipe élude souvent les opportunités de se saisir des temps de parole avec les professionnels et<br />

l’outil sémantique se dégrade entraînant une inévitable rupture. Nous constatons que cette réalité de<br />

nécessaire transversalité entre structure et services de justice à faire exister dans l’esprit des usagers<br />

comme un mal nécessaire n’est pas si simple, même si les règles du jeu sont clairement posées.<br />

Sources<br />

Actualités Sociales et Hebdomadaires, « Accompagner vers la réinsertion », Nov. <strong>2010</strong>.<br />

Jérôme LEFEVRE<br />

Educateur spécialisé<br />

<strong>Rapport</strong> Fédération Nationale des Associations d’Accueils et de Réinsertion, « Aménagements de peine<br />

et mesures alternatives à l’incarcération » Nov. 2009<br />

17 Source FNARS Rhône-Alpes, « Aménagements de peine et mesures alternatives à l’incarcération ».<br />

212


LES LITS HALTE SOINS SANTE<br />

213


MEMBRES DE L’EQUIPE<br />

- Mr FORZY Jacques-Directeur (0,2 ETP)<br />

- Mme MARCHAL Agnès-Chef de service (1 ETP)<br />

- Mme VASSEUR Christine-Médecin (0,3 ETP)<br />

- Mr Pierre-Jean BRACHET-Psychologue (0,25 ETP)<br />

- Mlle BATIFFOULIER Aurélie-Secrétaire (0,5 ETP)<br />

- Mme ROSE Céline-Maîtresse de maison (1 ETP)<br />

- Mme PETIT-Infirmière (0,2 ETP)<br />

- Mme GONZALEZ –Infirmière (0,4 ETP)<br />

- Mme PIK-Infirmière (O,6 ETP)<br />

- Mlle JAMIN Carole-Aide soignante (1 ETP)<br />

- Mr PELTIER Stéphane-Aide soignant (1 ETP)<br />

- Mlle SENECHAL Anne-Auxilière de vie (1 ETP)<br />

- Mr LEFEVRE Jérôme-Educateur spécialisé (0,5 ETP)<br />

- Mr LEROY Jean-Luc-Veilleur de nuit (1 ETP)<br />

- Mr FERREIRA Victor-Veilleur de nuit (1 ETP)<br />

- Mme ZIZZO Jessica-Veilleuse de nuit (0,5 ETP)<br />

- Assistante Sociale : Pôle Assistantes sociale CHC (0,25 ETP)<br />

214


INTRODUCTION<br />

Un nouvel établissement vient d’ouvrir ses portes pour répondre aux besoins de prise en<br />

charge de personnes en situation de précarité, souffrantes mais ne nécessitant pas nécessairement<br />

une hospitalisation. Cette réalisation, conduite conjointement par <strong>Picardie</strong>-Habitat et le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>,<br />

fut réalisée avec une grande célérité dès que le permis de construire a été validé. Un bâtiment aux<br />

allures de navire est sorti de terre en moins d’une année. La réception des bâtiments a été effectuée le<br />

15 décembre <strong>2010</strong>.<br />

Très vite, deux résidants ont été admis ; deux hommes, âgés de plus de 60 ans, l’un en errance, l’autre<br />

sans ressource et sans possibilité d’obtenir un hébergement durable, tous deux sans domicile et<br />

malades.<br />

Notons que, dans la continuité de cette mise en œuvre, une équipe médico-sociale a pris place aux<br />

cotés des autres salariés qui œuvrent au sein des structures d’hébergement du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>. La<br />

constitution de cette équipe a mobilisé les énergies d’une partie de l’équipe de direction afin que<br />

l’ensemble des acteurs pluri-professionnels puisse commencer à réfléchir sur le projet, d’une façon<br />

concrète, en visitant deux équipes déjà à l’œuvre : Le LHSS du Foyer Aubois situé près de Troyes et le<br />

LHSS de Lille géré par l’ABEJ. Nous tenons à remercier et à saluer ici, dans ce premier rapport<br />

d’activité, ces deux équipes qui ont su nous accueillir, mais surtout nous transmettre et partager (à<br />

l’ensemble de la composante pluri-professionnelle) à la fois leur expérience, mais aussi leur « punch »<br />

et leur dynamisme. Nous avons trouvé remarquable la considération dont elles font preuve, chacune à<br />

leur manière, auprès des personnes qu’elles accompagnent au travers d’un engagement humaniste qui<br />

convie au respect.<br />

Notons que ces échanges entre professionnels nous ont d’une part, conduits à mieux situer les enjeux<br />

médicaux et sociaux de l’accueil des personnes précarisées et d’autre part, permis de faire<br />

connaissance, c’est-à-dire de mieux situer ses partenaires de travail et leur spécificité professionnelle<br />

puis de faire équipe « ensemble ».<br />

De plus, divers documents tels le livret d’accueil, le règlement intérieur, etc. ont été débattus, construits,<br />

validés. Des éléments de procédure tant sur le plan des soins que sur le plan du suivi des aspects<br />

matériels du projet institutionnel ont été formatés et validés par l’équipe. Ces documents ayant été<br />

entérinés par le directeur et le médecin, ce travail a favorisé leurs appropriations<br />

Notons cependant quelques difficultés lors de la constitution de l’équipe liées au choix d’un de nos<br />

collègues qui finalement déclinera cette offre alors qu’il était pressenti pour occuper les fonctions de<br />

chef de service. Ainsi, Mme Agnès MARCHAL sera recrutée en novembre.<br />

La réorientation professionnelle de l’auxiliaire de vie qui, ayant prospecté d’autres secteurs<br />

professionnels, décidera de quitter le navire avant l’ouverture et verra son poste sollicité par une<br />

salariée occupant la fonction de veilleur de nuit à temps partiel.<br />

Enfin, la recherche d’infirmières s’avèrera complexe et difficile et, pour accueillir nos premiers usagers,<br />

nous aurons recours au conventionnement avec un cabinet d’infirmières libérales.<br />

Devant la difficulté à pourvoir le temps partiel d’assistante sociale, le Centre Hospitalier de Compiègne<br />

sera sollicité pour passer convention sur ce poste ainsi que sur d’autres aspects permettant de garantir<br />

une qualité dans la prise en charge.<br />

215


L’ensemble de la prestation « cuisine » pourra être traité dès l’ouverture grâce à la célérité des acteurs<br />

du Centre Hospitalier qui d’une part, seront d’un conseil précieux pour la mise en place de notre cuisine<br />

en liaison froide, et qui accepteront d’autre part de venir former le personnel sur site aux procédures de<br />

réception et de contrôle des aliments livrés par l’hôpital et de transmettre les règles de remise en<br />

température des plats. La maitresse de maison, recrutée au moment de l’ouverture de la structure est<br />

en charge de ces aspects hôteliers de l’institution. Une convention avec le CH de Compiègne est<br />

envisagée sur la prestation blanchisserie « linge-plat » à l’horizon du 1 er trimestre 2011.<br />

Outre les aspects ayant trait au fonctionnement structurel du LHSS « Le Pourquoi pas », les premiers<br />

résidants proposés par nos partenaires à l’admission ont aussi participé à leurs façons et avec leurs<br />

moyens, à la mise à flot du projet et de la structure. Ils ont proposé spontanément leurs compétences<br />

en aidant à la réalisation de certaines tâches et nous tenons à souligner la belle réalisation d’une huche<br />

à pain construite par l’un d’entre eux avec l’aide d’autres hébergés ; objet symbolique s’il en est pour un<br />

mets non moins symbolique, pour des personnes qui ont souvent connu la faim…<br />

Grâce à ces personnes qu’il a fallu « apprivoiser » et découvrir, l’équipe s’est enfin confrontée à la<br />

réalité de l’accueil, à la mise en place des activités et des soins, au cadre à poser et aux limites à faire<br />

vivre et respecter. Avec tâtonnement en apprenant à mettre son génie professionnel au service des<br />

individus et du groupe dans un contexte d’accueil nouveau pour tous, chacun a commencé à se<br />

confronter au travail d’accueil et de soins et a ainsi pu prendre la mesure de la complexité des parcours<br />

de vie des personnes hébergées et soignées.<br />

Notons que très vite, l’équipe médico-sociale du LHSS est prise à la croisée de plusieurs exigences :<br />

- accueillir en offrant un hébergement permettant de façon temporaire de sortir de la précarité,<br />

- soigner un problème de santé.<br />

- aider les personnes à se réapproprier leur devenir.<br />

L’objectif consiste donc très vite18 à envisager une sortie de la structure avec les personnes dont les<br />

contingences sociales sont loin d’être évidentes et qui ne conduisent pas de façon inéluctable vers un<br />

retour à la précarité. Cela commence par une investigation de la couverture sociale dont disposent ou<br />

non les personnes. Cela implique pour l’équipe de solliciter les acteurs qui sont en relation avec les<br />

usagers, d’avoir aussi recours aux services associatifs et sociaux. Cela implique de ne pas faire les<br />

choses à la place de …, pour aller plus vite, mais de tranquillement se mobiliser pour solliciter sans<br />

délais les compétences dont disposent les personnes pour qu’elles se saisissent de leur projet et les<br />

conduisent elles-mêmes.<br />

Notons que sur les deux personnes hébergées en <strong>2010</strong>, à partir de mi-décembre, l’une était orientée<br />

par le service social du département de l’Oise, l’autre par « Café-Sourire » structure caritative gérée par<br />

le secours catholique qui vient en aide aux personnes démunies, sans domicile fixe.<br />

La mise en expérience de l’accueil a conduit les professionnels à rapidement prendre la mesure et à<br />

accepter de n’être qu’un maillon de plus, pour un temps donné relativement court, dans la chaîne de<br />

solidarité qui se tisse autour des usagers.<br />

Par ailleurs, si les aspects relatifs à la maladie et aux soins19 avec ses composantes sociales semblent<br />

facilement cernables dès l’admission, il n’en demeure pas moins que pour permettre une prise en<br />

18<br />

Rappelons ici que la prise en charge est courte, deux mois maximum, le séjour ne pouvant être prolongé que pour raison<br />

de santé.<br />

19<br />

Au sens de la définition de l’OMS<br />

216


charge cohérente au plan institutionnel et afin d’œuvrer à un projet médico-social qui tienne compte de<br />

la capabilité20 des usagers, le partage - au sens élargi21 - sur les situations médicales doit pouvoir se<br />

faire dans l’intérêt des patients dans le cadre des réunions institutionnelles de l’équipe médico-sociale.<br />

Cette instance doit être le lieu où s’élaborent les éléments d’un projet médical et social partageable et<br />

partagé, avec les usagers.<br />

En effet, nous le constatons rapidement dès la prise en charge des nouveaux résidants, ces aspects<br />

viennent impacter les perspectives de guérison voire, ont une incidence sur les ressources sociales<br />

mobilisées ou à activer, quelles qu’en soient les formes : logement, moyens financiers (RSA, Assedic,<br />

retraite, allocations, etc.) et leurs gestions, démarches à effectuer, lien social et familial à restaurer, à<br />

retisser, deuil à faire d’une situation perdue, d’une famille qui s’est disloquée, d’un pays qu’on a dû fuir.<br />

Permettre aux personnes accueillies de se réapproprier un sens souvent « confisqué » par une errance<br />

et/ou un « dévissage » social sur lesquels ils n’ont plus prise depuis longtemps, nous impose une<br />

certaine humilité et une grande rigueur afin qu’avec les usagers au sein de l’équipe et avec nos<br />

partenaires, nous nous accordions sur les objectifs à soutenir et à poursuivre.<br />

C’est le travail auquel l’ensemble de l’équipe s’attache depuis le 15 décembre <strong>2010</strong>.<br />

LES PREMIERS ECRITS<br />

La mise en place de l'équipe pluridisciplinaire<br />

Jacques FORZY<br />

Directeur<br />

16 novembre <strong>2010</strong>, dans les locaux provisoires du LHSS, l'équipe pluridisciplinaire se constituait. Ce<br />

premier mois a été à la fois un temps de rencontre et de travail.<br />

Les membres de notre équipe viennent de milieux différents, avec une histoire et des expériences de<br />

travail différentes. Aide soignants, éducateurs, veilleurs, chef de service, auxiliaire de vie, infirmière...<br />

Nous allions apprendre des uns et des autres et construire notre futur consensus d'équipe. Que nous<br />

ayons l'habitude de côtoyer la précarité, que nous en ayons un peu d'expérience ou le désir<br />

d'apprendre ; nos richesses propres se complèteront au fil du temps.<br />

Toute cette période nous a permis d'être une bonne équipe, très soudée et nous sommes tous prêts à<br />

nous entraider les uns les autres dans nos difficultés mais aussi à partager de bons moments de<br />

convivialité.<br />

L'élaboration des outils<br />

Le mois précédent l'ouverture de la structure nous avons réfléchi ensemble sur nos outils, les différents<br />

règlements à mettre en place pour une bonne prise en charge de nos futurs résidants. Des visites dans<br />

des structures déjà en place sur Lille et Troyes nous ont donné une projection de ce que pourrait être<br />

notre travail au quotidien. Nous avons dû construire chacun de nos outils à partir de nos différentes<br />

20 L’idée de justice, ARMATYA SEN, Paris, Ed. Flammarion, 2009, p.185<br />

21 Le terme « élargi » est ici à prendre en compte au sens où il fut développé autour de la question du secret professionnel.<br />

En effet, si le secret médical appartient d’abord au patient et est dû à ce dernier par le corps médical qui lui est soumis, le<br />

partage d’informations strictement utiles au patient doit pouvoir, avec l’accord de ce dernier s’envisager, tout en préservant<br />

ce secret, dans le colloque singulier du patient et du médecin.<br />

217


expériences : recueil de soins, grille de soins, fiche de traitement etc.<br />

Lors de notre formation sur la centrale incendie, nous avons pu visiter nos futurs locaux, se projeter<br />

était devenu ainsi un peu moins difficile ; les murs nous donnaient notre espace de fonctionnement.<br />

L'ouverture de la structure<br />

Un mois plus tard, nous pouvions investir nos locaux et commencer l'installation de ces derniers. Le<br />

matériel arrivait petit à petit, prenait sa place en bonne et due forme. C'est à ce moment que notre<br />

équipe s'est complétée avec l'arrivée de la maitresse de maison. Un nouvel esprit pour faire bouger les<br />

choses et donner son expérience et permettre ainsi d'améliorer ce qui avait été mis en place sur le<br />

papier.<br />

Dès ce moment tout s'est enchainé très vite et nous accueillons bientôt nos premiers résidants.<br />

De la théorie à la pratique<br />

Fin décembre ; peu avant les fêtes de fin d'année nous avons reçu nos trois premiers résidants. Le<br />

quatrième est venu en tout début de la nouvelle année, suivi par d'autres.<br />

Ces premiers résidants ont eu un impact très important sur notre fonctionnement et notre regard porté<br />

sur l'élaboration des dossiers de soins et d'accueil.<br />

Leurs remarques justes et leurs conseils nous ont permis d'améliorer nos outils ; d'optimiser nos prises<br />

en charge.<br />

Leurs talents ont été mis à l'honneur également : Mr G, ancien menuisier, a construit une huche à pain<br />

dans les couleurs du salon (rouge et or) dans lequel elle a désormais sa place. Mr P., cuisinier de<br />

formation nous fait partager goûters à thèmes, salade de fruits, conseils culinaires....<br />

Tous les résidants arrivent avec leur passé, leurs espoirs, leurs craintes ; la nécessité de s'adapter à<br />

chacun est plus qu'importante mais pas toujours facile.<br />

C'EST ARRIVE UN 28 DECEMBRE…<br />

Carole JAMIN<br />

Aide soignante<br />

Cela faisait plus d'un mois que l'équipe des L.H.S.S ne faisait que des réunions, à raison de<br />

cinq par semaine et sept heures par jour. Epuisant, mais nécessaire pour commencer à se connaître<br />

mais surtout pour mettre en place les outils nécessaires au bon fonctionnement de notre structure pour<br />

les siècles à venir!!!<br />

Nous sommes le 28 décembre 2011 et nous attendons l'arrivée de notre premier résidant. Impatients et<br />

excités à la fois car venant tous d'univers différents, pas un de nous n'avait travaillé dans une structure<br />

telle que les L.H.S.S. Tous les membres de l'équipe se posent à peu prés les mêmes questions: le<br />

dossier d'accueil est il prêt? La chambre faite? Le repas commandé? etc.<br />

Monsieur S. arrive enfin sur le coup de quatorze heures ; l'aventure va enfin commencer!!! Ah, il était<br />

content le bonhomme, tout le monde était aux petits soins pour lui. Il fallait qu'il en profite car deux jours<br />

plus tard une nouvelle entrée était prévue, puis une autre et encore une autre et encore et encore....<br />

Aujourd'hui, en date du 20 Janvier 2011 nous travaillons avec 8 résidants dont 1 femme et un chien.<br />

C'est vrai qu'on ne peut pas dire que nous sommes au top sur tous les points mais d'un autre côté, il n'y<br />

a qu'un mois que nous sommes « open » et comme dirait notre chef de service, les choses vont<br />

« s’huiler » petit à petit avec le temps. Il va juste falloir qu'on fasse gaffe à pas glisser! En tout cas, une<br />

218


chose est sûre, c'est qu'au niveau de l'équipe, la cohérence et la confiance sont là. Le seul problème<br />

que nous rencontrons à ce jour est lié au temps. C’est compliqué de travailler sur une réinscription<br />

sociale en quelques semaines. Refaire des papiers souvent perdus, se démener pour trouver un<br />

logement, renouer des liens... C'est relativement compliqué mais pour le moment pas impossible !!!<br />

On refera le point l'année prochaine à la même époque ; on aura un peu plus de matière à vous<br />

fournir...<br />

Stéphane PELTIER<br />

Aide soignant<br />

219


RAPPORT FINAL<br />

Séminaire de Nogent sur Oise le 18 mai <strong>2010</strong><br />

Séminaire de Compiègne le 21 mai <strong>2010</strong><br />

Colloque de Beauvais les 19 et 20 mai <strong>2010</strong><br />

Saint Martin le Nœud, le 9/03/11<br />

220


1. Les séminaires<br />

Ces deux séminaires ont réuni environ 350 participants, dont 80 spécialistes venus de différents pays :<br />

Algérie, Danemark, Espagne, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et USA. Ils ont été organisés à<br />

l’occasion du 30 ème anniversaire du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> avec la participation du réseau européen T3E et le<br />

concours de l’ANITeA. Ils ont bénéficié d’un soutien matériel et financier du Conseil Régional de<br />

<strong>Picardie</strong>, du Conseil Général de l’Oise et des Municipalités de Nogent sur Oise et de Compiègne. Ces<br />

deux manifestations ont réuni les partenaires locaux, nationaux et étrangers qui contribuent, parfois de<br />

longue date, à la réflexion et à la mise en œuvre des différents projets développés par le <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

dans le champ de la prévention, du soin et de la réduction des risques de l’usage des drogues.<br />

L’objectif était de réfléchir aux problèmes actuels posés par les addictions ainsi qu’aux nouvelles<br />

stratégies à mettre en œuvre face aux dépendances.<br />

1.1. Le séminaire de NOGENT S/OISE s’est déroulé le mardi 18 mai <strong>2010</strong> au Château des Rochers<br />

sur le thème « Adolescence et conduites à risques: les nouveaux rites de passage. Quelle<br />

prévention, quelle prise en charge ?»<br />

Ce séminaire a réuni environ 200 participants. Il avait pour ambition de faire le point sur les questions<br />

soulevées par les conduites à risques survenant au moment de l’adolescence ainsi que d’envisager les<br />

réponses les plus pertinentes à y apporter. Celui-ci a été ouvert par les interventions de Mr Jean-<br />

François Dardenne, Maire de Nogent sur Oise, Mr Michel Le Carreres, Président du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> et<br />

par une communication introductive du Dr Claude Vedeilhié, Médecin Chef au CHI de Rennes et vice-<br />

Président de T3E.<br />

Un état des lieux basé sur les données les plus récentes a pu être fait grâce aux interventions de :<br />

Mme Françoise Facy, directrice de recherche à INSERM. Elle a présenté, dans le cadre de<br />

son intervention intitulée « Usages et dépendance chez les jeunes », les dernières<br />

informations relatives aux pratiques de consommation chez les jeunes ainsi que sur la mise<br />

en œuvre du plan de lutte contre la violence et les conduites addictives.<br />

Mme Hélène Martineau, Adjointe du Directeur de l’Observatoire Français des Drogues et des<br />

Toxicomanies. Elle a donné, dans le cadre de son intervention intitulée « Combien, quand, à<br />

quel âge, quel produit … », les chiffres relatifs à la consommation des différentes drogues,<br />

qu’elles soient licites ou illicites chez les jeunes.<br />

La question du passage de l’usage à la dépendance chez les adolescents a fait l’objet de deux<br />

interventions : l’une de Mr Pascal Hachet, psychologue au Pôle Prévention de Creil et l’autre de Mme<br />

Elisabeth Rossé, psychologue à l’hôpital Marmottan à Paris qui a traité spécifiquement des addictions<br />

sans produits chez les jeunes : dépendances aux jeux et à l’internet. La discussion a été animée par Mr<br />

Eric Allouche, psychologue, animateur d’un site national de prévention de l’usage des drogues au<br />

Danemark.<br />

Le lien entre la prévention des risques et le rôle de la justice a fait l’objet d’une plénière spécifique<br />

présidée par Mr Armando Gomes Leandro, Président de la Commission Nationale de Protection des<br />

enfants et de jeunes en risques au Portugal. Au cours de cette séance sont intervenus : Mme Sylvie<br />

Vella, chargée de mission Protection Judiciaire de la Jeunesse à la MILDT, Mme Nadine Chaib,<br />

221


Directrice de la PJJ de l’Oise et Mr Freddy Ambroise, Directeur des SPIP de l’Oise. Cette plénière a<br />

permis d’évoquer différents aspects de l’intervention de la justice en matière de protection de la<br />

jeunesse ainsi que son rôle et son importance dans le cadre plus spécifique de l’usage de drogues chez<br />

les jeunes et de la prévention des addictions. Il a été notamment débattu de la mise en œuvre récente<br />

des stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants, mesure issue de la loi du<br />

5 mars 2005 relative à la prévention de la délinquance, ce notamment dans le département de l’Oise.<br />

Une plénière a été consacrée au thème : « Adolescence et approche culturelle ». Au cours de celle-ci<br />

sont intervenus : le Dr Tabti et le Dr Habibeche travaillant dans une unité spécifique destinée à la prise<br />

en charge des toxicomanes à l’hôpital psychiatrique Franz Fanon de Blida en Algérie. Ceux-ci ont<br />

présenté une réflexion sur la question de l’immigration vue de la rive sud de la Méditerranée. Ils ont<br />

également évoqué les problèmes qui peuvent se poser pour les jeunes au moment d’un éventuel retour.<br />

Mme Coralie Durizy, psychologue à la Maison de l’adolescence de Creil, Mme Sophie Latour, Directrice<br />

et Mme Djamila Debab, médiatrice à l’association Interm’Aid à Creil sont ensuite intervenues pour<br />

présenter leurs approches respectives concernant cette dimension de la prévention qui peut s’avérer<br />

complexe.<br />

La dernière plénière a été consacrée à la présentation d’expériences pratiques de prévention. Sont<br />

intervenus :<br />

Mr Mathias Baucher, Responsable de l’Equipe de prévention spécialisée de l’agglomération<br />

creilloise,<br />

Mr Olivier Brugial, Directeur de l’Espace Dynamique d’Insertion « CESAME » à Eragny dans le<br />

Val d’Oise,<br />

le Dr Luis Patricio, psychiatre à Lisbonne, qui a présenté de façon dynamique sa « Valise<br />

Prévention » qui permet de développer une prévention, interactive et ludique, de l’usage des<br />

drogues et plus généralement des risques encourus par les adolescents.<br />

L’on notera que la discussion de cette séance a été animée par Mme Catherine Rousseau, conseillère<br />

technique à l’ Inspection Académique de l’Oise.<br />

La clôture et la synthèse de ce séminaire a été faite par le Pr. Antoine Lazarus, Professeur de Santé<br />

Publique et de Médecine Sociale à l’Université Paris Nord de Bobigny.<br />

Liste des intervenants du séminaire :<br />

Mr Eric ALLOUCHE, psychologue, T3E Danemark,<br />

Mr Freddy AMBROISE, Directeur SPIP de l’Oise<br />

Mr Mathias BAUCHER, Responsable de l’Equipe Prévention Spécialisée de l’Agglomération Creilloise,<br />

Mr Olivier BRUGIAL, Directeur de l’Espace Dynamique d’Insertion « CESAME », Eragny<br />

Mr Yves CASU, Educateur spécialisé, « Le Tamarin », <strong>SATO</strong>- <strong>Picardie</strong>, Creil<br />

Mme Nadine CHAIB, Directrice de la PJJ de l’Oise<br />

Mr Jean-François DARDENNE, Maire de Nogent sur Oise<br />

Mme Coralie DURIZY, psychologue, Maison de l’Adolescence, Creil<br />

Mme Françoise FACY, directrice de recherche à INSERM<br />

Mr Armando GOMES LEANDRO, Président de la Commission Nationale de Protection des Enfants et<br />

Jeunes en Risque, Portugal<br />

Mr Pascal HACHET, psychologue au <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

222


Mr Bernard HEMMER, Directeur de l’ANPAA de l’Oise<br />

Mr Kazim KHAN, T3E UK,<br />

Pr Mohammed LAIDLI, Hôpital Babel-Oued, Alger,<br />

Mme Sophie LATOUR, Directrice, et Mme Djamila DEBAB, Médiatrice Sociale Interculturelle,<br />

INTERM’AIDE, Creil<br />

Pr Antoine LAZARUS, Professeur de Santé Publique et médecine sociale, Université Paris-Nord,<br />

Bobigny<br />

Mr Claude LEFEVRE, Conseiller Technique du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Pr. Juan LLIOPIS, Psychiatre, Université de Castellon, Espagne<br />

Mme Hélène MARTINEAU, Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, Paris<br />

Dr Luis PATRICIO, Lisbonne, Portugal , « La valise prévention – un outil pour atteindre les objectifs »,<br />

Mme Elisabeth ROSSE, Hôpital Marmottan, Paris<br />

Mme Catherine ROUSSEAU, Conseillère Technique, Inspection Académique de l’Oise<br />

Dr TABTI et Dr HABIBECHE Franz Fanon, Blida, Algérie<br />

Mr Patrick TAQUET, Educateur Spécialisé, <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Mme Sylvie VELLA, Chargée de mission Protection Judiciaire de la Jeunesse, MILDT, Paris<br />

1.2. Le séminaire de COMPIEGNE s’est déroulé le vendredi 21 mai <strong>2010</strong> à l’Espace Jean<br />

Legendre sur le thème « Réduction des risques, dispositif de soins et réinsertion sociale :<br />

quelles évolutions ? »<br />

Ce séminaire a réuni environ 180 personnes. Il avait pour objectif d’envisager de façon comparative les<br />

différentes stratégies de réduction des risques développées en France et dans différents pays ainsi que<br />

d’en discuter l’efficacité. Cette journée a été ouverte pas les interventions de Mr Michel Le Carreres,<br />

Adjoint au Maire, représentant Mr le Sénateur Maire Philippe Marini et de Mr Jean-Pierre Demange,<br />

Directeur Général du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, Président de T3E.<br />

Suite à cette ouverture, une plénière présidée par Mr François Brossard, Directeur Adjoint du <strong>SATO</strong>-<br />

<strong>Picardie</strong>, a permis de dresser un état des lieux en matière de réduction des risques et plus précisément<br />

en ce qui concerne la situation de la lutte contre les virus du VIH et des hépatites, que ce soit en France<br />

et, plus largement, dans différents pays du monde. Mr Jean-Michel Costes, Directeur de l’Observatoire<br />

Français des Drogues et des Toxicomanies a pu, dans le cadre de son intervention, donner les<br />

dernières données épidémiologiques concernant ces questions. Le Dr Béatrice Stambul, Présidente de<br />

l’Association Française de Réduction des Risques, a fait une présentation critique de la situation en<br />

matière de réduction des risques indiquant les efforts qu’il restait à engager pour augmenter l’efficacité<br />

du dispositif. Elle a également donné un panorama de la situation en matière de séroprévalence du VIH<br />

dans différentes parties du monde, et notamment en Afrique et en Asie. Mme Beata Zawada,<br />

Coordinatrice Nationale du Programme pour la prévention du SIDA en Pologne a présenté la situation<br />

et décrit les actions menées dans ce pays en matière de prévention et de réduction des risques. Le Dr<br />

Claude Jacob, Médecin Chef au CHS de Jury les Metz, a clôturé cette séance en reprenant l’histoire de<br />

la réduction des risques en France et a proposé une synthèse critique des différentes interventions<br />

présentées.<br />

La dimension pratique des interventions de réduction des risques et de prévention des hépatites et du<br />

VIH chez les usagers de drogues a fait l’objet d’une seconde plénière présidée par le Dr Didier<br />

Touzeau, Directeur de la Clinique Liberté à Bagneux. Le Dr Dominique Merrien, Chef de service<br />

Maladies Infectieuses au CHG de Compiègne, a présenté, d’un point de vue clinique, les avancées<br />

223


thérapeutiques ainsi que les modalités de prise en charge médicale des patients à l’hôpital de<br />

Compiègne.<br />

Un déjeuner a été offert aux intervenants au Lycée Professionnel Charles de Gaulle de Compiègne,<br />

alors que les participants ont été invités à partager un repas autour d’un buffet à la Maison de l’Europe.<br />

Le transport des convives ayant été assuré gracieusement par deux bus mis à disposition par les<br />

transports urbains de l’agglomération de Compiègne.<br />

Les travaux ont repris l’après-midi avec une intervention du sociologue américain Terry Williams, auteur<br />

de plusieurs ouvrages traduits en français sur les problèmes d’usage et de trafic du crack à New York.<br />

Cette intervention a fait l’objet d’une traduction anglais-français assurée par une interprète<br />

professionnelle. Le thème de son intervention était « L’usage de crack et de cocaïne aux Etats Unis ».<br />

Il a, à cette occasion, présenté l’évolution des pratiques et les nouvelles réponses en matière de<br />

prévention et de réduction des risques de l’usage de drogues. Il a, en outre, abordé les questions<br />

spécifiques, notamment de l’accès aux soins, relatives à la communauté noire aux Etats Unis.<br />

La plénière suivante a été consacrée au thème de « Addiction et traitements médicamenteux, quelle<br />

évolution ? ». Mr Russ Hayton, Directeur de Plymouth Community Drug Service a présenté le dispositif<br />

institutionnel existant dans la région de Plymouth en insistant particulièrement sur les pratiques de<br />

prescriptions médicamenteuses que ce soit en matière de substitution ou de traitement psychotrope. Le<br />

Dr Francesco Pascual, Médecin à l’Hôpital de Valence a centré son intervention sur la prise en charge<br />

médicale des alcooliques en Espagne. Le Dr Jean Dugarin, Médecin Chef à l’Hôpital Fernand Vidal à<br />

Paris, l’un des premiers prescripteurs de méthadone en France a dressé un panorama historique et<br />

critique de l’évolution des traitements de substitution dans notre pays. Le Dr Olivier Boitard, Psychiatre<br />

au CHI de Clermont, a animé la discussion relative à ces interventions.<br />

Malheureusement, le retard accumulé au cours de la journée et l’impératif horaire imposé par l’Espace<br />

Jean Legendre, nous a contraints à annuler la dernière plénière consacrée à la réinsertion des usagers<br />

de drogues. Cependant, les intervenants de cette plénière ont pu dire quelques mots à l’assemblée.<br />

D’un commun accord nous avons décidé d’envisager l’idée de consacrer une journée à ce thème<br />

important dans le cadre du programme européen Racine : « Territoires en réseaux et insertion des<br />

usagers de drogues » au cours de l’année 2011.<br />

Liste des intervenants du séminaire :<br />

Dr Olivier BOITARD, Psychiatre CHI Clermont<br />

Mr François BROSSARD, Directeur Adjoint du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Mr Jean-Michel COSTES, Directeur de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies<br />

Mr Pierre CHAPPARD, ASUD<br />

Mr Jean-Pierre DEMANGE, Directeur du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, Président T3E<br />

Dr Jean DUGARIN, Médecin Chef, Hôpital Fernand Vidal, Paris, France<br />

Dr José GONZALES, Directeur Porto, Psychiatre Consultant CAT Cedofeita, IDT Porto, Portugal<br />

Mr Russ HAYTON, Directeur de Plymouth Community Drug Service, Plymouth, UK<br />

Mme Valérie DORSO, CAARUD Oasis, Montargis,<br />

Mr Yvan GRIMALDI, Association Aurore, Paris<br />

Dr Claude JACOB, Médecin Chef, CHS Jury les Metz<br />

Mr Kazim KHAN, T3E UK<br />

Mr Philippe LAGOMANZINI, Directeur Drogue et Société, Créteil,<br />

Pr Mohammed LAIDLI, Hôpital Babel-Oued, Alger,<br />

Dr Henri MARGARON, Directeur Médical de SERT de Livourne, Italie<br />

224


Dr Dominique MERRIEN, Chef de service Maladies Infectieuses, Infectiologue CHG de Compiègne<br />

Dr José PADUA, Directeur Clinique de l’IDT, Ministère de la Santé, Portugal<br />

Dr Francesco PASCUAL, Hôpital de Valence, Espagne<br />

Dr Luis PATRICIO, Lisbonne, Portugal<br />

Dr Beatrice STAMBUL, Présidente de l’AFR<br />

Dr Didier TOUZEAU, Directeur de la Clinique Liberté, Bagneux,<br />

Mr Terry WILLAM, sociologue, New York, USA<br />

Dr Beata ZAWADA, Coordinatrice Nationale du Programme pour la prévention du SIDA, Varsovie,<br />

Pologne<br />

2. Le colloque de Beauvais<br />

Ce colloque, qui a réuni environ 200 participants, s’est déroulé le mercredi 19 mai <strong>2010</strong>, aprèsmidi<br />

et le jeudi 20 mai <strong>2010</strong>, à la Maladrerie Saint Lazare. Il a eu pour thème « La Communauté<br />

Thérapeutique: une réponse au destin chaotique de la dépendance ».<br />

Ce colloque a constitué une étape importante d’une formation nationale destinée aux professionnels qui<br />

doivent intervenir dans les communautés thérapeutiques nouvellement créées ou devant voir le jour<br />

prochainement en France. Ce programme de formation, impulsé par la MILDT a été confié pour sa<br />

réalisation à l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie et en Addictologie (ANITeA) et au<br />

réseau européen Toxicomanie-Europe-Echange-Etudes (T3E). Cette rencontre, organisée par T3E,<br />

avec le concours du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong> et le soutien de l’ANITeA, a permis de réunir des représentants de<br />

l’ensemble des communautés thérapeutiques existantes en France, de nombreux professionnels du<br />

champ des addictions ainsi que des spécialistes venus des différents pays : Algérie, Belgique,<br />

Danemark, Espagne, Grèce, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Slovaquie.<br />

L’on notera que les résidants et l’équipe de la communauté thérapeutique de Flambermont ont<br />

grandement contribué à l’organisation matérielle de cet événement qui a été également l’occasion<br />

d’inaugurer les nouveaux locaux de cette structure. En effet, les résidants ont confectionné et servi les<br />

buffets pour les participants à ce colloque, organisé la réception pour l’inauguration des nouveaux<br />

locaux et largement contribué à l’accueil des nombreux invités étrangers.<br />

Cette manifestation a bénéficié d’une aide importante de la MILDT ainsi que du Conseil Régional de<br />

<strong>Picardie</strong>, du Conseil Général de l’Oise et de la Communauté de l’Agglomération du Beauvaisis.<br />

Après quelques mots de bienvenue prononcés par Mr Michel LE CARRERES, Président du <strong>SATO</strong>-<br />

<strong>Picardie</strong>, la séance d’ouverture a permis d’entendre des interventions de Mr Jean-Luc BRACQUART,<br />

Vice-Président de la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis en charge de la prévention de la<br />

délinquance, représentant Mme Caroline CAILLEUX, Présidente de la CAB, de Mme Sylvie HOUSSIN,<br />

vice-Présidente du Conseil Général de l’Oise, du Dr Joao GOLAO, Président de l’IDT, Président de<br />

l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies du Portugal et, enfin, une intervention du Dr<br />

Julien Emmanuelli, Délégué à la MILDT qui a rappelé l’importance du développement des<br />

communautés thérapeutiques dans le dispositif de prise en charge des addictions en France.<br />

225


La première séance plénière, présidée par Mr Paolo STOCCO, Responsable du Secteur 10 de Santé<br />

Publique de la région de Venise, a été consacrée au thème : « La communauté thérapeutique, une<br />

hésitation française ».<br />

Sont intervenus :<br />

Mr Jean-Pierre DEMANGE, Président T3E, Directeur du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, a rappelé l’histoire difficile<br />

et complexe de l’idée de communauté thérapeutique en France et de l’hostilité à laquelle a du faire<br />

face ces rares partisans. Il souligne le rôle déterminant des partenariats européens pour l’évolution<br />

des mentalités dans notre pays.<br />

Pr Antoine LAZARUS, Professeur de Santé Publique et médecine sociale, Université Paris-Nord,<br />

Bobigny a mis en perspective les enjeux historiques du débat concernant le recours aux méthodes<br />

comportementalistes. Il évoquera notamment la création dans les années 80 du Groupe de Réflexion<br />

sur les Manipulations du Comportement qu’il animera de longues années.<br />

Mr Georges VAN DER STRATEN, Directeur de l’ASBL Trempoline en Belgique a traité du thème du<br />

rapport de la question de l’abstinence à celle des droits des usagers à la lumière de l’évolution des<br />

stratégies thérapeutiques dans le champs des addictions et notamment du développement de la<br />

politique de la réduction des risques.<br />

Le Dr Claude ORCEL, qui fût l’un des premiers défenseurs de ce modèle thérapeutique en France a conclu<br />

cette plénière.<br />

La seconde plénière, présidée par Mme Chantal MASQUELIER, psychothérapeute et membre fondatrice du<br />

<strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong>, a été consacrée au thème « Traitement de substitution et communautés thérapeutiques :<br />

complémentarité ou contradiction ? ».<br />

Sont intervenus :<br />

Mr Petros KEFALAS, psychanalyste à l’Unité de Soins pour Toxicomanes de l’Hôpital psychiatrique<br />

d’Attique, à Athènes,<br />

Mr Alain MOREL, psychiatre, directeur général de l’association OPPELIA<br />

Mr Paolo ROSARIO, directeur de la Communauté Thérapeutique Arco Iris de Coimbra, au Portugal<br />

Mr Nicolas SPIEGEL, directeur de la Communauté Thérapeutique de Mas St Gilles, Nîmes.<br />

Ces différentes interventions ont permis de présenter différentes approches concernant l’inclusion ou non<br />

d’usagers sous traitement de substitution dans un dispositif de prise en charge d’une communauté<br />

thérapeutique. La discussion et le débat ont été animés par Dr Philipe HENNAUX, directeur médical de<br />

l’ASBL « l’Equipe » à Bruxelles.<br />

La deuxième journée a été ouverte avec une séance plénière, présidée par le Pr Bachir RIDOUH,<br />

responsable de l’Unité de Soins pour Toxicomanes à l’Hôpital Franz Fanon de Blida, en Algérie. Elle a été<br />

consacrée au problème du double diagnostic et à la prise en charge des comorbidités en général au sein des<br />

communautés thérapeutiques.<br />

Sont intervenus :<br />

Dr Michel BATUGOWSKI, Directeur de La Pièce, à Bruxelles en Belgique.<br />

226


Mr Carlo BOGGIO qui représentait Mme Raffaella BORTINO, Directrice de la CT Il Fermata di<br />

Autobus à Turin, en Italie.<br />

Dr GUILLAUME, Médecin responsable de l’Unité Psychiatrique de Charleroi et intervenant à la<br />

Communauté Thérapeutique Trempoline à Châtelet en Belgique,<br />

Mme Elzbieta ZIELINSKA, Directrice de la Communauté Thérapeutique de MONAR à Gloskow en<br />

Pologne.<br />

Ces interventions ont traité des possibilités et des limites de la prise en charge de personnes victimes de<br />

comorbidités, qu’elles soient psychiatriques ou somatiques, comme par exemple la possibilité de suivre un<br />

traitement pour l’hépatite C en cours de séjour. Elles ont évoqué l’existence de structures spécialisées<br />

spécifiquement destinées à la prise en charge de la comorbidité psychiatrique et mis en évidence la<br />

complexité et les difficultés que pose, en termes de diagnostiques et de soins, cette problématique pour les<br />

communautés thérapeutiques.<br />

La seconde plénière de la matinée a été consacrée au thème : « L’évolution des communautés<br />

thérapeutiques en France, où en sommes nous ? ». Celle-ci a été présidée par le Dr José PADUA, Directeur<br />

Clinique à l’IDT au Ministère de la Santé au Portugal.<br />

Initialement, cette plénière devait être centrée sur l’intervention du Pr Marc AURIACOMBE du Laboratoire de<br />

Psychologie à l’Université Bordeaux II. Ce dernier devait présenter les premiers éléments de l’évaluation qu’il<br />

mène dans le cadre de son laboratoire concernant deux nouvelles structures ouvertes à titre expérimental : la<br />

communauté de Barsac du CEID et celle de Brantôme de l’association Aurore. L’absence du Pr.<br />

AURIACOMBE a quelques peu perturbé le déroulement de cette séance. Ce sont donc Mr Lysbert<br />

ROUILLON, Directeur de la CT de Barsac et Mr Jean-Loup VALETTE, Directeur de la CT à Brantôme qui<br />

ont, à partir des éléments en leur possession, présenté les modalités de la procédure d’évaluation ainsi que<br />

les premiers résultats et les tendances mis en évidence par cette étude.<br />

Le débat de cette plénière a été animé par le Pr. Umberto NIZZOLI, Directeur de la revue scientifique<br />

Personalità/Dipendenze à Modène, en Italie.<br />

La séance plénière de l’après midi a été consacrée aux critères d’indications pour une admission en<br />

communauté thérapeutique. Cette séance a été présidée par Mr Didier JAYLE, Professeur aux<br />

Conservatoire des Arts et Métiers à Paris et ancien président de la MILDT.<br />

Sont intervenus :<br />

Dr Claude VEDEIHIE, Médecin Chef au CHI de Rennes et Vice-président de T3E,<br />

Mr Andrea ASCARI, chargé de mission au CEIS de Bologne en Italie,<br />

Mr Gabriel ROLDAN, psychothérapeute à San Sebastian en Espagne,<br />

Mr Ruud BRUGGEMAN, directeur d’une communauté thérapeutique en Belgique.<br />

Cette plénière a permis d’ouvrir le débat sur les procédures d’admission dans différentes communautés<br />

thérapeutiques en Europe, en particulier en Belgique, Espagne et Italie. Le Dr Claude VEDEIHIE a plus<br />

spécifiquement abordé la question de l’indication et donc de la nécessaire évaluation à effectuer en amont<br />

dans le cadre d’un parcours thérapeutique. Le Pr Didier JAYLE a insisté sur l’importance de développer des<br />

réponses différenciées en matière d’addiction et a rappelé l’impulsion qu’il avait contribué à donner pour<br />

l’existence et le développement du modèle des communautés thérapeutiques en France.<br />

Ce colloque a été clôturé par une table ronde sur le thème :« Les communautés thérapeutiques en France –<br />

quelles perspectives ? ». Cette table ronde a été présidée par Mr Etienne VENDY, Responsable<br />

227


Thérapeutique à la communauté thérapeutique « Les Hautes Fagnes » à Malmédy, en Belgique et<br />

secrétaire de T3E .<br />

Ont participé à cette table ronde :<br />

Dr Ruth GOZLAN, Coordinatrice Pôle Santé et Recherche à la MILDT à Paris.<br />

Mr Jean-Marc BRUNIN, Directeur de l’Espace du Possible à Lille.<br />

Mr François HERVE, Directeur du Pôle Addiction de l’association Aurore.<br />

Mr Nicolas SPIEGEL, Directeur de la communauté thérapeutique de SOS DI « Le Mas St Gilles » à<br />

Nîmes.<br />

Cette séance de clôture a permis de réaffirmer l’importance du travail mené actuellement en France pour<br />

l’implantation de nouvelles structures ainsi que pour le développement de l’approche communautaire dans la<br />

prise en charge des addictions. Elle a été également l’occasion d’énoncer les questions et les difficultés<br />

auxquelles sont confrontés les acteurs qui œuvrent dans les communautés thérapeutiques. Mme Ruth<br />

GOZLAN a, à cette occasion, reprécisé la position de la MILDT en indiquant la volonté de cette instance à<br />

poursuivre l’expérimentation et le développement de ce monde de prise en charge.<br />

Liste des intervenants du colloque :<br />

Mr Andrea ASCARI, CEIS Bologne, Italie<br />

Dr Michel BATUGOWSKI, Directeur de La Pièce, Bruxelles, Belgique<br />

Mr Ruud BRUGGEMAN, Bruxelles, Belgique<br />

Mr Jean-Marc BRUNIN, Directeur de l’Espace du Possible, Lille<br />

Mme Raffaella BORTINO, Directrice de la CT Il Fermata di Autobus, Turin, Italie représentée par Mr Carlo<br />

BOGGIO,<br />

Dr Antonio COSTA, Directeur du Centre TAIPAS, Lisbonne, Portugal,<br />

Mr Michel LE CARRERES, Président du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Mr Jean-Pierre DEMANGE, Président T3E, Directeur du <strong>SATO</strong>-<strong>Picardie</strong><br />

Mr Bernard FONTAINE, Directeur du Cèdre Bleu, Lille<br />

Mr Joao GOLAO, Président de l’IDT, Président de l’OEDT, Portugal<br />

Dr Ruth GOZLAN, Coordinatrice Pôle Santé et Recherche, MILDT, Paris<br />

Dr GUILLAUME, Médecin responsable de l’Unité Psychiatrique de Charleroi et intervenant à Trempoline,<br />

Belgique<br />

Dr Philippe HENNAUX, Directeur Médical ASBL « L’Equipe », Bruxelles, Belgique<br />

Mr François HERVE, Directeur du Pôle Addiction, Aurore, Paris<br />

Mr Didier JAYLE, Professeur aux Arts et Métiers, Paris<br />

Mr Petros KEFALAS, Unité de soins pour toxicomanes de l'Hôpital psychiatrique d'Attique, Grèce<br />

Pr Antoine LAZARUS, Professeur de Santé Publique et médecine sociale, Université Paris-Nord, Bobigny<br />

Dr Alain MOREL, psychiatre, Directeur Général de l’association OPPELIA<br />

Pr Umberto NIZZOLLI, Directeur de la revue scientifique Personalità/Dipendenze, Italie<br />

Dr Claude ORSEL, Psychiatre, Paris<br />

Dr José PADUA, Directeur Clinique de l’IDT, Ministère de la Santé, Portugal,<br />

Pr Bachir RIDOUH, Hôpital Franz Fanon, Blida, Algérie<br />

Mr Gabriel ROLDAN, San Sebastian, Espagne,<br />

Mr Paulo ROSARIO, CT Arco Iris, IDT DRC Coimbra, Portugal<br />

Mr ROUILLON Lysbert, Directeur de la CT de Barsac, CEID, Bordeaux<br />

Mr Nicolas SPIEGEL, Directeur Mas St Gilles, Nîmes<br />

228


Mr Paolo STOCCO, Responsable du Secteur 10 de Santé Publique de la région de Venise, Italie<br />

Peter SULAK, Directeur de la Communauté Thérapeutique RETEST, Bratislava, Slovaquie<br />

Mr Jean-Loup VALETTE, Directeur Adjoint de la CT Aurore à Brantôme,<br />

Mr Georges VAN DER STRATEN, « Abstinence et droits des usagers », Directeur Trempoline, Belgique<br />

Dr Claude VEDEIHIE, Médecin Chef, CHI de Rennes, Vice-président T3E,<br />

Mr Etienne VENDY, Responsable Thérapeutique, Les Hautes Fagnes, Malmédy, secrétaire T3E, Belgique<br />

Mme Elzbieta ZIELINSKA, Directrice de la Communauté Thérapeutique MONAR, Pologne,<br />

229


ADRESSES DES STRUCTURES DU <strong>SATO</strong>-PICARDIE<br />

http://www.sato.asso.fr<br />

CSAPA Beauvais<br />

18, rue du Dr Lamotte 60000 Beauvais<br />

tél. 03 44 48 34 40 fax. 03 44 45 46 57<br />

e-mail : sato.csst.beauvais@wanadoo.fr<br />

CSAPA Compiègne<br />

8, rue de la Sous-Préfecture 60200 Compiègne<br />

tél. 03 44 40 08 77 fax. 03 44 40 52 04<br />

e-mail : sato.csst.compiegne@wanadoo.fr<br />

Antenne Noyon<br />

29, rue Saint Eloi 60400 Noyon<br />

Tél. 03 44 44 96 21<br />

CSAPA Creil<br />

42-44, rue du Maréchal de Lattre de Tassigny 60100 Creil<br />

tél. 03 44 66 40 70 fax. 03 44 66 40 75<br />

e-mail : sato.csst.creil@wanadoo.fr<br />

Pôle Prévention « Le Tamarin »<br />

1bis, rue Léon Blum 60100 Creil<br />

tél. 03 44 64 12 53 fax.03 44 64 12 55<br />

e-mail : tamarin@wanadoo.fr<br />

Pôle Prévention « Le Fusain Ailé »<br />

5, bd Aristide Briand 60000 Beauvais<br />

tél. 03 44 15 32 40 fax. 03 44 15 32 43<br />

e-mail : sato.fusain@wanadoo.fr<br />

CAARUD<br />

1 Rue des Déportés 60160 Montataire<br />

tél. 03 44 27 46 84 fax. 03 44 27 14 56<br />

e-mail : sato-relais@wanadoo.fr<br />

10, rue Jean de la Fontaine 02400 Château-Thierry<br />

Tél. 03 23 84 04 48 mobile : 06 84 44 73 29<br />

E-mail : sato.caarudchth@orange.fr<br />

38 bis, rue du Général de Gaulle 02200 Soissons<br />

Tél. 03 23 75 73 00 mobile : 07 87 00 40 73<br />

e-mail : sato.caarudsoissons@orange.fr<br />

Appartements Thérapeutiques Relais<br />

21bis, rue de l’Estacade 60200 Compiègne<br />

tél. 03 44 40 27 20 fax. 03 44 40 13 36<br />

e-mail : sato.apparts@wanadoo.fr<br />

Communauté Thérapeutique de Flambermont<br />

2, rue des Malades 60000 Saint Martin le Nœud<br />

tél. 03 44 02 88 60 fax. 03 44 02 88 62<br />

e-mail : sato.secretariat@wanadoo.fr<br />

Lits Halte Soins Santé<br />

74, rue de Stalingrad 60200 COMPIEGNE<br />

tél. 03 44 96 11 11 fax. 03 44 96 02 11<br />

e-mail : sato.lhss@orange-business.fr<br />

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