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Fighting Cholitas - Daniele Tamagni - photographer

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<strong>Fighting</strong><br />

<strong>Cholitas</strong><br />

by <strong>Daniele</strong> <strong>Tamagni</strong><br />

Julia, Carmen<br />

et Yolanda posent<br />

en costumes de<br />

combat. La tenue<br />

traditionnelle<br />

des femmes<br />

boliviennes.<br />

112 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Très populaires à La Paz, « Les Déesses du ring »,<br />

comme d’autres troupes du même genre,<br />

ne se produisent pas simplement pour le spectacle<br />

ou l’argent. Elles mènent un combat de tous les<br />

jours pour l’émancipation de la femme bolivienne.<br />

Pour s’exprimer, elles ont choisi la lucha libre,<br />

le catch local, qui était, avant elles, le domaine<br />

réservé des hommes.<br />

Julia et Yolanda<br />

à l’entraînement.<br />

113


114 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Carmen<br />

dans son<br />

restaurant.<br />

Dans l’atelier<br />

de couture<br />

qui fabrique<br />

les tenues.<br />

Chez elle,<br />

se préparant<br />

au combat.<br />

Carmen<br />

La patronne<br />

De son vrai nom POLONIA ANA CHOQUE<br />

SILVESTRE, Carmen Rosa est une pionnière.<br />

Elle est à l’origine, il y a dix ans, de la création de<br />

la troupe « Las Diosas del ring » (les déesses du ring).<br />

À 41 ans, elle veut pratiquer encore longtemps avant<br />

de se consacrer au développement de son sport.<br />

Forte du succès des « Déesses du ring », sa troupe<br />

qui fait de temps en temps des déplacements en<br />

province et même à l’étranger, elle veut surfer sur<br />

la considération et les encouragements que leur<br />

témoignent aujourd’hui les instances politiques qui,<br />

soucieuses de donner une vraie place aux femmes,<br />

accompagnent le phénomène.<br />

Oscar, son mari avec lequel elle a eu deux enfants,<br />

est un peu l’agent, le manager, l’entraîneur et<br />

l’homme à tout faire de la troupe. Sa fille aînée<br />

participe à la conception de la mise en scène.<br />

Son fils, Wismar Junior, vingt ans, est déjà un très<br />

bon catcheur. « Toute ma famille est derrière moi »,<br />

lance Carmen, qui précise tout de même que<br />

son mari ne voulait pas suivre, au début.<br />

Carmen poursuit en évoquant l’origine de la<br />

démarche : « Avec les autres filles, nous montrons<br />

que nous, femmes boliviennes, sommes fortes et<br />

pouvons faire beaucoup. » Hors du ring, Carmen<br />

tient un restaurant familial. Il n’offre que deux<br />

tables. Elle travaille dans sa propre cuisine, où<br />

elle a aménagé un petit comptoir. Elle y sert<br />

principalement des plats à emporter.<br />

Sur le ring, Carmen et ses acolytes portent<br />

les vêtements traditionnels des cholitas, les femmes<br />

indiennes indigènes. Elles les achètent dans<br />

un atelier de couture d’El Alto, leur quartier, situé<br />

sur les hauteurs de La Paz. Elle poursuit :<br />

« C’est une partie de notre identité et c’est aussi une<br />

manière de montrer que vous pouvez faire tout cela<br />

sans trahir vos racines. »<br />

Avec son mari Oscar, chez eux.<br />

115


Dina et Santos, son époux,<br />

en costumes de scène dans<br />

leur intérieur du quartier<br />

d’El Alto. Leurs deux<br />

enfants dorment sur le lit.<br />

116 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Dina<br />

La relève<br />

LIDIA FLORES est femme<br />

de ménage, mais elle est aussi<br />

Dina, « la reine du ring ».<br />

À 32 ans, elle fait pourtant<br />

partie de la nouvelle<br />

génération de lutteuses,<br />

n’ayant débuté qu’il y a quatre<br />

ans. C’est à l’invitation d’une<br />

amie qu’elle a participé à ses<br />

premiers entraînements :<br />

« Au début, je n’ai pas aimé, je<br />

trouvais ça violent. C’est venu<br />

peu à peu. » Son mari Santos,<br />

qui est lutteur professionnel,<br />

connu sous le nom<br />

d’« El Satinador », fait aussi,<br />

depuis un an et demi, partie<br />

de la troupe. C’est lui<br />

qui l’avait encouragée au<br />

début, quand elle vivait des<br />

moments difficiles. Il lui<br />

trouvait de grandes qualités<br />

de souplesse et voyait bien que<br />

le mouvement des catcheuses<br />

cholitas se développait,<br />

devenait à la mode et qu’elle<br />

pourrait s’y épanouir. Ils ont<br />

deux enfants.<br />

Avant match. Derrière Dina, Wismar Junior, le fils de Carmen, est déjà prêt à monter sur le ring.<br />

Dina et ses enfants dans le quartier d’El Alto. Dina à l’entraînement.<br />

117


Yolanda<br />

L’ héritière<br />

VERALUZ CORTEZ HIDALGO<br />

est Yolanda, « la Amorosa » sur<br />

le ring. À 33 ans, elle a deux filles.<br />

Elle marche sur les traces de son<br />

père, lui-même catcheur, tout<br />

comme ses frères. Au début, elle<br />

n’était pas du tout attirée par<br />

ce sport qu’elle ne trouvait pas<br />

féminin, mais il a été un moyen<br />

pour elle de s’affirmer au niveau<br />

familial. Aujourd’hui, elle est très<br />

fière d’avoir gagné la considération<br />

de tous, en particulier celle de sa<br />

famille : « Mon père dit toujours<br />

que je suis la meilleure. Je suis une<br />

lutteuse dans le sang », dit-elle.<br />

Blessée à plusieurs reprises, elle<br />

s’est toujours rétablie à force de<br />

volonté, de ténacité et aussi,<br />

ajoute-t-elle, « grâce à Dieu ».<br />

Quand elle regarde ses deux filles,<br />

elle n’est pas certaine d’aimer<br />

les voir embrasser la même<br />

carrière, mais elle ajoute :<br />

« Si elles le souhaitent et font<br />

ce choix, je les soutiendrai. »<br />

118 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Yolanda<br />

avec ses filles.<br />

À l’entraînement<br />

avec Julia.<br />

Julia<br />

La technique<br />

AJSARA REMEDIO CONDORI,<br />

dite Julia, est issue d’une famille<br />

de catcheurs. Son père, sorte de<br />

Roger Couderc* bolivien, animait<br />

au micro des galas de catch<br />

partout dans la ville. Au quotidien,<br />

elle travaille dans le quartier de<br />

Sopocache, dans l’atelier de son<br />

mari qui est mécanicien.<br />

Elle a deux enfants.<br />

Elle a commencé la lutte il y a<br />

sept ans. « Je suis très amie avec<br />

Carmen, on lutte souvent l’une<br />

contre l’autre. Elle est la force et<br />

je suis la technique. Elle préfère<br />

frapper ; moi, je préfère sauter. »<br />

À 36 ans aujourd’hui, elle se<br />

souvient que les débuts n’ont<br />

pas été faciles : « Les hommes se<br />

moquaient de nous. Il n’y a que<br />

les filles les plus résistantes qui ont<br />

persévéré. Nous ne sommes plus<br />

que quatre, parce que certaines<br />

nous ont quittées en raison de<br />

blessures, notamment. C’est<br />

un sport fatigant qui demande<br />

force physique et mentale.<br />

Depuis quelques années, c’est plus<br />

facile parce que nous sommes<br />

devenues célèbres. »<br />

* Roger Couderc, chantre du rugby<br />

dans les années 70-80, commentait<br />

aussi le catch.<br />

Julia dans le garage<br />

de son mari.<br />

À l’entraînement.


120 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Julia, Carmen et Yolanda répètent le salut final.<br />

L’ entraînement<br />

Les filles s’entraînent deux heures<br />

par jour, généralement entre<br />

16 et 18 heures. Il y a parfois quelques<br />

amis et curieux qui viennent les regarder.<br />

Elles répètent les prises, la mise en scène<br />

et la chorégraphie du spectacle. Pas<br />

de rivalité entre elles, elles se soutiennent<br />

mutuellement pour s’améliorer et pour le<br />

bien de la troupe. Chacune a sa spécialité.<br />

Carmen est la plus massive et la plus rude,<br />

les autres pratiquent plus en souplesse.<br />

Elles s’imposent donc des entraînements<br />

différenciés, mais toujours ensemble.<br />

Elles enchaînent exercices d’aérobie<br />

et de combats et s’étirent soigneusement<br />

pour éviter les blessures. Les hommes<br />

font plus de musculation. Santos, le<br />

mari de Dina, issu lui aussi d’une grande<br />

famille de lutteurs, reconnaît qu’elles ont<br />

beaucoup évolué grâce à l’entraînement<br />

et sont aujourd’hui tout à fait crédibles.<br />

Il explique : « Les cholitas réussissent<br />

parce que c’est une nouveauté, un<br />

phénomène, mais aussi parce qu’elles<br />

sont plus sérieuses. Elles travaillent<br />

et s’améliorent. » Il arrive que le<br />

mari de Carmen, Oscar, participe aux<br />

entraînements pour les aider à répéter<br />

certaines figures.<br />

Yolanda et Julia.<br />

Julia remercie le public venu assister à l’entraînement. Oscar, le mari de Carmen, participe aux répétitions.<br />

121


122 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Jour de catch<br />

Ce jour-là, « Les Déesses du ring »<br />

se produisent dans une école<br />

située au centre ville de La Paz.<br />

La recette, outre le cachet des lutteurs,<br />

devant participer à la réfection des toilettes<br />

de l’établissement. Quand la troupe se<br />

déplace, elle transporte le ring, dont<br />

elle est propriétaire. Femmes et hommes<br />

participent aux préparatifs du show.<br />

Ces derniers sont bien représentés :<br />

El Satinador, Criatura de dios, El Dios,<br />

El Salvaje, mais sur le ring, ce sont toujours<br />

les femmes qui ont le beau rôle et finissent<br />

par l’emporter. « Nous vivons dans<br />

une société machiste, mais entre nous<br />

il n’y a pas de rivalités. Nous sommes<br />

une famille », dit Carmen.<br />

Le groupe se produit au moins une fois<br />

par semaine, en général le dimanche<br />

après-midi. La plupart du temps dans<br />

le quartier de Sopocache, un quartier<br />

central de La Paz où vit d’ailleurs l’essentiel<br />

de la communauté française. Ce jour-là,<br />

le spectacle ayant lieu dans une école,<br />

le public est plutôt jeune.<br />

En général, il est plus varié mais<br />

toujours très familial.<br />

Les cholitas<br />

soignent<br />

leur entrée.<br />

Dina en<br />

mauvaise posture<br />

face à son mari,<br />

« El Satinador ».<br />

C’est la troupe<br />

qui se charge<br />

de monter et<br />

démonter le ring.<br />

123


124 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Julia (haut blanc) et Carmen ( jupe rouge).<br />

125


126 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Il arrive que, dans l’enthousiasme,<br />

les improvisations dérapent un peu.<br />

Comme ici quand Julia<br />

fracasse une cagette sur<br />

le visage de son amie Carmen<br />

avec la complicité d’Oscar.<br />

Mais ça fait partie du show.<br />

« Un combat entre le bien et le mal »<br />

chaque représentation, les<br />

À combattants sont rémunérés<br />

selon leur importance. De 100 à 250<br />

bolivianos (10-30 euros). La mieux<br />

payée est toujours Carmen, fondatrice<br />

et patronne de la troupe. Tout le monde<br />

gagne beaucoup plus quand la troupe se<br />

produit à l’étranger (120 euros).<br />

Chaque représentation s’appuie<br />

sur une dramaturgie bien réglée :<br />

« C’est un combat entre le bien et le mal.<br />

Une métaphore de la vie quotidienne<br />

où il faut lutter et se sacrifier », dit<br />

Carmen. Mais il faut changer et évoluer<br />

pour éviter de lasser. Elle ajoute :<br />

« Les gens s’amusent beaucoup<br />

des situations improvisées<br />

qui semblent naturelles.<br />

On travaille là-dessus. Il y a<br />

une chorégraphie organisée en amont,<br />

mais on invente en se mettant d’accord<br />

sur le ring sans qu’ils le sachent et<br />

en faisant des choses qu’ils n’attendent<br />

pas et qui les surprennent. »<br />

127


128 Hobo PRINTEMPS 2012<br />

Des femmes<br />

de combat<br />

PAR VÉRONIQUE MARCHAND<br />

Le e côté affectueux du mot cholita vient<br />

contredire le caractère péjoratif, voire insultant,<br />

du mot chola qui, au départ, c’est sûr, vient d’en<br />

haut. Dans la bouche des señoras, les dames<br />

de la ville, habillées à l’occidentale, chola<br />

rappelle l’origine paysanne « indienne ». Chola<br />

peut se traduire brièvement par « Indienne en<br />

ascension sociale » et va souvent de pair avec<br />

l’expression « india de mierda » (Indienne de<br />

merde). Les cholitas se reconnaissent à leur<br />

jupe particulière, la pollera, bouffante, froncée<br />

à la taille et surplombant de nombreux jupons.<br />

Elles-mêmes préfèrent d’ailleurs se nommer,<br />

non sans fierté et coquetterie, « nosotras<br />

las mujeres de pollera » (nous les femmes<br />

à jupe bouffante).<br />

Cette tenue vestimentaire diffère de celle<br />

des paysannes aux robes en toile foncée. Les<br />

vêtements des cholitas sont confectionnés<br />

dans des tissus étincelants, de couleur pastel,<br />

brodés de fils dorés ou argentés. Les femmes de<br />

pollera rivalisent de bijoux : boucles d’oreilles<br />

en pendentif, bagues en or ou en argent serties<br />

de pierres précieuses, ou encore broches ornant<br />

leur châle et leur chapeau. Leurs ballerines<br />

plates sont choisies avec attention, dans le<br />

souci de la concordance des couleurs. Leur<br />

chapeau melon, positionné légèrement de<br />

biais, surmonte deux longues tresses ornées de<br />

rubans et de pompons. Les femmes de pollera<br />

Véronique<br />

Marchand<br />

est sociologue,<br />

chargée de<br />

recherche<br />

au CNRS.<br />

se distinguent ainsi des señoras, habillées en<br />

robe, tailleur, pantalon ou jean.<br />

En fait, être une femme de pollera, c’est<br />

signifier sa supériorité vis-à-vis des paysannes,<br />

qualifiées d’indiennes, pour être traitée par<br />

les señoras de manière moins méprisante. Les<br />

cholitas de La Paz, et par extension d’El Alto,<br />

occupent une position sociale intermédiaire<br />

d’un point de vue migratoire, professionnel<br />

et linguistique. D’origine rurale, elles migrent<br />

vers la ville en quête d’un travail, et ce le<br />

plus souvent seules avec leurs enfants. Leur<br />

bilinguisme, voire trilinguisme, leur confère<br />

également un statut intermédiaire. Elles<br />

parlent à la fois l’aymara et/ou le quechua, de<br />

même que l’espagnol. Les femmes de pollera se<br />

distinguent avant tout par la profession qu’elles<br />

exercent, presque exclusivement féminine, à<br />

savoir employée domestique ou commerçante.<br />

En Bolivie, le premier syndicat de femmes<br />

(Fédération ouvrière féminine), qui voit le jour<br />

en 1930, est créé par des femmes de pollera.<br />

Il est constitué initialement de cuisinières<br />

(culinarias), rejointes progressivement par des<br />

fleuristes et autres commerçantes de marchés<br />

couverts. À leur tour, les syndicats<br />

des associations de commerçantes exerçant<br />

dans la rue fleurissent sur le territoire de<br />

La Paz à partir des années 1970, avec comme<br />

revendications principales la défense des<br />

espaces de vente et l’existence d’un système<br />

fiscal approprié. Le premier syndicat<br />

d’employées domestiques voit lui le jour en<br />

1984, revendiquant notamment la journée de<br />

travail de 8 heures. Les femmes de pollera<br />

mènent des luttes féminines, mettant en<br />

scène la féminité, mais ne sont pas féministes,<br />

même si les composantes antimasculines sont<br />

fréquentes dans leurs discours. Les hommes<br />

sont ainsi le plus souvent présentés comme des<br />

alcooliques irresponsables ou des enfants dont<br />

il faut s’occuper. Pour autant, les combats de ces<br />

Julia et Carmen<br />

dans les rues<br />

de La Paz.<br />

femmes ne portent pas contre la domination<br />

masculine mais avant tout pour la défense de<br />

leurs familles, en tant que femmes travailleuses.<br />

Ce sont des luttes de mères portées au sacrifice,<br />

pouvant aller jusqu’à certaines formes de<br />

lutte extrêmes comme la grève de la faim<br />

et la crucifixion symbolique. Des femmes<br />

combatives mais nullement victimes.<br />

Les cholitas aiment à démontrer qu’elles se<br />

débrouillent très bien sans hommes, en tant que<br />

maîtresses de maison, dans leur travail ainsi<br />

que dans l’action syndicale et politique. Leurs<br />

actions collectives participent indirectement<br />

à une plus grande visibilité des femmes sur<br />

la scène publique et donc à une certaine<br />

émancipation féminine.<br />

En 1989, pour la première fois, une femme de<br />

pollera, Remedios Loza – membre du parti<br />

CONDEPA (Conciencia de Patria), ancienne<br />

animatrice de radio et danseuse<br />

de flamenco –, est élue au parlement bolivien.<br />

Cette ascension politique atteint son summum<br />

lorsque le président bolivien Evo Morales<br />

nomme l’ancienne dirigeante du syndicat<br />

des employées domestiques à la fonction de<br />

ministre de la Justice en 2006. Les cholitas ne<br />

sont en rien des femmes instrumentalisées.<br />

Elles ne sont pas dupes et jonglent mieux que<br />

quiconque avec l’ethnicité, thème si efficace<br />

et en vogue dans le domaine politique. Leur<br />

identité est pleine de paradoxes apparents, de<br />

subtilités qui leur permettent de s’adapter au<br />

mieux à la modernité sur les marchés, au sein<br />

de la sphère politique ou sur un ring.<br />

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