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Pont du Diable - L'esprit des pierres

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La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> (AT 1191)<br />

Pré-inventaire<br />

De nombreux lieux portent le nom de « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> », et/ou sont associés au même<br />

type de légen<strong>des</strong> à propos de monuments qui ne sont parfois que de simples amoncellements<br />

mégalithiques naturels ou non. Dans la classification internationale <strong>des</strong> motifs de la littérature<br />

orale (contes, mythes, légen<strong>des</strong>, etc.) ces récits développent les motifs G.303.9.1.1 : « Devil<br />

builds bridge » et S.241.1 : « Bargain with devil evaded by driving dog over bridge first ».<br />

Ce type de légende est assez connu et répan<strong>du</strong> pour avoir été porté sur les planches. À<br />

Paris, lors de l’Exposition Universelle de 1937, le Petit Théâtre d’Essai de l’Exposition a<br />

monté une pièce d’Henri Ghéon intitulée : « La Parade <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » ; y était contée<br />

l’histoire d’un ermite ayant trompé le démon en envoyant un chat sur un pont nouvellement<br />

construit (Paris-Soir <strong>du</strong> 11 novembre 1937) .<br />

1.1.2.1.1 - France<br />

02 - Aisne<br />

À Soissons, une tradition notée au siècle dernier par Thomas de Saint-Mars, voulait que<br />

l’évêque se rendisse à une tour <strong>des</strong> anciennes fortifications de la ville, pour y exorciser le<br />

<strong>Diable</strong>. Ceci parce que l’architecte <strong>du</strong> pont lancé sur l’Ame pour relier Soissons à St-Waast<br />

s’était fait aider par le <strong>Diable</strong>, en échange de la treizième âme qui passerait <strong>des</strong>sus. L’ouvrage<br />

fut bâti dans la nuit, et l’on vint en foule l’admirer mais, conformément au contrat diabolique,<br />

chaque treizième personne passant <strong>des</strong>sus était aussitôt emportée. Saint Waast, alors évêque<br />

d’Arras et abbé dans le diocèse de Soissons, décida donc d’organiser une processions<br />

solenelle, qui partirait de la cathédrale pour aller jusqu’à l’église de St-Waast. Arrivé au pont,<br />

l’évêque fit passer douze enfants de chœur devant lui, et attendit fermement le <strong>Diable</strong>. Quand<br />

celui-ci survint pour prendre le treizième passant comme à l’accoutumée, le saint lui passa<br />

son étole au cou, et le con<strong>du</strong>isit ainsi en laisse, jusqu’à une tour <strong>des</strong> murailles de la cité, où il<br />

l’enferma, en lui défendant expressément de sortir autrement que par la lucarne située tout en<br />

haut de l’escalier. Cet escalier avait 365 marches, et le <strong>Diable</strong> avait interdiction d’en monter<br />

plus d’une par jour. C’est pourquoi chaque année, alors que le <strong>Diable</strong> est enfin arrivé en haut<br />

de l’escalier et risque de s’enfuir, l’évêque arrive en procession au pied de la tour où, par ses<br />

exorcismes, il le force à re<strong>des</strong>cendre (St-Mars ***, Sébillot 1894:166-167).<br />

03 - Allier<br />

Pour la commune d’Avermes, Gérard Blacher donne les informations suivantes :<br />

« Il y avait dans ce village un cimetière pour les non chrétiens. [...] La rue pour s’y


endre était la « rue de l’Enfer ». Elle existe toujours mais le cimetière a disparu. Vers 1850<br />

la construction de la ligne de chemin de fer Paris/Clermont-Ferrand exigeait l’édification<br />

d’un pont, pour que la rue de l’Enfer passe sous la voie ferrée. Ce fut naturellement le <strong>Pont</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Ce pont ne présente donc aucun intérêt architectural. Jusqu’en 1987 il était en<br />

bois, il a été modifié depuis pour l’électrification de la ligne SNCF, il est maintenant en<br />

béton » (Blacher 1996:79).<br />

06 - Alpes-Maritimes<br />

Une légende de <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> a été contée par Chanal pour le via<strong>du</strong>c d’Èze:<br />

« Messsire Satan eut, au moyen âge, la réputation d’un grand architecte, et surtout d’un<br />

habile constructeur de ponts. C’est ainsi qu’on rencontre en Suisse, en Corse, et en maint<br />

autre lieu, tel pont antique en dos d’âne, hardiment jeté par-<strong>des</strong>sus un ravin profond, et que la<br />

tradition fait surnommer: le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>.<br />

On s’expliquera que le village d’Èze ait eu le sien, s’il est vrai, comme le veut la<br />

chronique, que la campagne environnante ait été l’un <strong>des</strong> coins de prédilection où le prince<br />

<strong>des</strong> ténèbres passait ses moments de fraîche villégiature, à l’abri <strong>des</strong> tisons de l’enfer.<br />

Nous ne ferons pas l’honneur à cet ange déchi pour sa perversité, de croire qu’il ait pu<br />

être sé<strong>du</strong>it par la grâce sauvage <strong>du</strong> site et la magnificence de l’horizon: en même temps que le<br />

goût <strong>du</strong> bien Lucifer avait per<strong>du</strong> le sentiment <strong>du</strong> beau!<br />

Nous préférerions penser, avec beaucoup d’autres, qu’Èze lui tenait au cœur pour avoir<br />

perpétué le nom d’Isis et le souvenir d’un temple où il avait eu jadis la joie de voir cette<br />

fausse divinité recueillir les offran<strong>des</strong> de la colonie païenne établie en ces lieux.<br />

Peut-être aussi les vestiges qu’y ont laissé les Sarrasins, ses plus forcené suppôts,<br />

l’attachaient-ils à cet étrange rocher taillé en pyramide, et tout déchiqueté comme par le<br />

ciseau de ses démons, où l’étendard surmonté <strong>du</strong> croissant avait longtemps flotté, dominant<br />

les rivages qu’on appelle, pour cette raison ou pour une autre, la petite Afrique, et la plaine<br />

bleue de la Méditerranée, à perte de vue.<br />

Mais il est une autre supposition qui ne manque pas de vraisemblance pout qui connaît<br />

le pays et les gens, c’est qu’une paroisse dont les ouailles sont réputées indolentes entre<br />

toutes, n’était pas pour déplaire au diable, qui retient plus facilement sous sa domination les<br />

esprits engourdis par la paresse.<br />

Quoi qu’il en soit, un beau samedi, l’ennemi <strong>des</strong> hommes se tenait en observation<br />

derrière un arbrisseau de la campagne d’Èze, en face, précisément, <strong>du</strong> piton où s’élève encore<br />

l’église, au pied <strong>du</strong> château fort ruiné, lorsqu’il entendit, à deux pas un villageois grommeler<br />

entre ses dents:<br />

— “La peste soit <strong>du</strong> vallon qu’il nous faut traverser en plein soleil pour aller demaian à<br />

la grand’messe! Ne verra-t-on jamais les deux monts reliés par quelque passerelle, qui


épargne à nos pauvres jambes deux <strong>des</strong>centes et deux montées pour chaque office? Ou<br />

faudra-t-il que les gens de notre hameau fassent les frais d’une chapelle à construire ici près,<br />

pour leur usage?<br />

— Pas la peine!” aboya une vilaine créature, dont on distinguait à travers le feuillage<br />

les yeux d’un rouge de feu, le corps tout noir et la queue frétillante comme celle d’un chien.<br />

— “Serais-tu, par hasard, le grand diable d’enfer?” — demanda l’homme, qui<br />

n’ignorait pas la fréquente présence <strong>du</strong> rôdeur dans ces parages — “si tu l’es vraiment, c’est<br />

une belle occasion de manifester ta puissance, que de nous faire cadeau, pour demain matin,<br />

d’un pont de deux cents toises de long et de cinquante de haut: qu’en dit ta Seigneurerie?<br />

— Que tu es un peu pressé, l’ami! Laisse-moi <strong>du</strong> moins le temps de dresser mes plans<br />

et devis, de réunir mes matériaux, mes maçons et charpentiers.<br />

— Baste! Ce n’était pas la peine de te faire baptiser le Malin, si tu n’es qu’un architecte<br />

à la douzaine. Nous nous trouverons mieux d’en commander un autre pour avoir notre<br />

chapelle, que de compter sur tes offices et artifices pour obtenir cette passerelle-là!”<br />

L’idée <strong>du</strong> sanctuaire où il y aurait une lampe sainte nuit et jour allumée et un bénitier à<br />

jamais à sec, désobligeait tellement le Tentateur, qu’il prit l’engagement de construire un vrai<br />

pont pour le lendemain, si le paysan voulait faire marché avec lui.<br />

Au demeurant, les conditions <strong>du</strong> grand architecte étaient bien moins léonines que celles<br />

de ses petits confrères mortels: pourvu qu’il pût faire main basse sur la première âme vivante<br />

qui traverserait le pont, il se tenait pour rémunéré s’un si gros travail » (Chanal 1895: 30-35).<br />

Version collectée sur l’internet :<br />

« L'édification entre 1911 et 1914 de l'important via<strong>du</strong>c qui enjambe <strong>du</strong> haut de ses 80<br />

mètres le ravin <strong>du</strong> Gaffinel permit l'achèvement en 1927 de la Moyenne Corniche. Mais dans<br />

le village le bruit court que sa construction se fit seulement en l'espace d'une nuit avec l'aide<br />

<strong>des</strong> puissances <strong>des</strong> ténèbres…<br />

Un paysan, lassé de perdre chaque jour plusieurs heures de marche pour rejoindre ses<br />

restanques (ses champs en terrasses) de l'autre côté <strong>du</strong> ravin, passa avec le <strong>Diable</strong> un marché :<br />

un pont en échange de l'âme <strong>du</strong> premier être vivant qui le traversera. Toute la nuit le paysan<br />

ne put dormir, torturé par l'idée de sacrifier une innocente victime.<br />

Un notable ? le curé qui bénirait l'ouvrage ? La question demeurait sans réponse.<br />

Au petit matin, il se présenta sur la route et découvrit un superbe pont de huit arches en<br />

<strong>pierres</strong> de taille… mais il découvrit aussi le <strong>Diable</strong> de l'autre côté attendant son <strong>du</strong>.<br />

Soudain le berger ramassa un bâton et le lança sur le pont, son chien se précipita pour<br />

l'attraper offrant <strong>du</strong> même coup son âme au <strong>Diable</strong>. Satan, dépité de s'être fait une nouvelle<br />

fois berné, tourna les sabots se promettant qu'on ne lui le reprendrait plus»<br />

(Source : http://www.eze-riviera.com/village/legen<strong>des</strong>.htm).


07 - Ardèche<br />

Un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> se trouve à Thueyts en Ardèche, et on dit qu’il a été construit par le<br />

<strong>Diable</strong>, un jour que celui-ci avait décidé d’exécuter une œuvre que ne pouvaient faire les<br />

hommes :<br />

« Ainsi, il construisit le pont sur la rivière et il étendit son empire sur le gouffre, la<br />

cascade et les rochers. Depuis lors, certaines nuit sur son domaine, il chasse les mauvaises<br />

âmes, accompagné d’un cortège de bêtes horribles mêlant leurs clameurs à celles <strong>du</strong> torrent »<br />

(Charrié 1982:174) .<br />

Gérard Blacher cite les textes suivants, sans en préciser les sources :<br />

« Par nos âmes, que le <strong>Diable</strong> lui-même construise un pont pour que nous puissions<br />

rejoindre nos amoureux, disaient les filles de Thueyts. Ainsi fut fait. C’est pour cela que<br />

certains jours de grand vent on entend leurs lamentations et leurs cris de repentir » (Blacher<br />

1996:73).<br />

« Le <strong>Diable</strong> jeta ce pont sur le sauvage défilé de l’Ardèche à Thueyts pour que les<br />

garçons et les filles <strong>du</strong> pays puissent abriter sur l’autre rive leurs coupables amours. Mais<br />

beaucoup glissant dans le gouffre ne revinrent jamais au village et l’on croit entendre encore<br />

parfois leurs appels désespérés mêlés aux grondement <strong>des</strong> eaux » (Blacher 1996:74).<br />

« Le <strong>Diable</strong> se décida à exécuter ce que les hommes ne pouvaient faire, mais après<br />

avoir bâti un pont, il étendit son pouvoir sur le gouffre et le rocher, et la nuit venue il chassa<br />

les âmes, suivi par un cortège de bêtes impures dont les clameurs se mêlent au tumulte <strong>des</strong><br />

eaux » (Blacher 1996:75).<br />

« Le pont fut construit sous l’inspiration <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> pour la perdition <strong>des</strong> âmes <strong>des</strong><br />

belles filles de Thueyts » (Blacher 1996:76).<br />

L’auteur précise par ailleurs qu’un dicton dit que « Pour être protégé de toutes les<br />

maladies, il faut se baigner dans le gour <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> la nuit de la Saint-Jean » (Blacher<br />

1996:74), et rappelle que « le gour que franchit le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> a porté pendant <strong>des</strong> siècles le<br />

nom de Gour <strong>du</strong> Poyron » (Blacher 1996:45), c’est-à-dire « <strong>du</strong> chaudron ».<br />

Pierre-Albert Clément (2003:297) donne une autre version: «à Thueyts en Vivarais, la<br />

tradition rapporte que ce n’est qu’en sacrifiant une jeune fille vierge que l’on avait pu achever<br />

l’ouvrage sur la rivière Ardèche.»<br />

Un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est également cité à Neyrac-les-Bains.<br />

08 - Ardennes<br />

À Rilly-sur-Aisne, le <strong>Diable</strong> s’était engagé à construire le pont en une seule nuit, en


échange de l’âme de la première personne qui le traverserait avant l’aube. Mais on y fit passer<br />

un chien, dont il <strong>du</strong>t bien se contenter (Sébillot 1894:150-151).<br />

09 - Ariège<br />

Dans le Couserans, les habitants de St-Lizier (Ariège), las de franchir le Salat à gué,<br />

entreprirent de construire un pont au pied de leur ville, mais leur travail étant régulièrement<br />

emporté par une crue ou un orage, il étaient sur le point d’abandonner. Lors survint le <strong>Diable</strong>:<br />

« “Votre pont sera construit en une nuit, leur dit-il, si je peux emporter l’âme <strong>du</strong><br />

premier passant sur l’édifice”. Marché conclu, le Malin se mit au travail et il l’acheva en effet<br />

<strong>du</strong>rant la nuit. C’est alors qu’un chien emprunta, le premier, le nouveau pont. Le <strong>Diable</strong>,<br />

furieux, décida de détruire son ouvrage. En voyant le profit qu’ils pourraient tirer de cette<br />

collaboration sans se compromettre, les villageois lancèrent un défi à Satan : reconstruire le<br />

pont avant l’aube et avant que le coq ne chante. Aussitôt dit, aussitôt fait, mais les<br />

Couseranais, ne voulant pas avoir partie liée avec l’Enfer, firent réveiller un coq en lui<br />

trempant les pattes dans l’eau, juste avant l’aube. Et l’animal chanta alors que le <strong>Diable</strong> allait<br />

poser la dernière pierre <strong>du</strong> pont. Il la jeta dans le Salat et disparut, mais cette ultime pierre<br />

manque toujours à l’édifice » (Marliave 1987:220.).<br />

D’autres localités ariégeoises gardent mémoire <strong>du</strong> même conte, comme à St-Antoine<br />

près de St-Paul de Jarrat, à Mercus, à Orlu ou à Tarascon (Marliave 1987:220).<br />

Le texte suivant est cité par Gérard Blacher pour le pont de Foix, mais il ne cite pas ses<br />

sources, selon son habitude :<br />

« Les constructeurs éprouvaient <strong>des</strong> difficultés inexplicables à la finition <strong>du</strong> pont.<br />

Chaque fois le travail terminé, la nuit suivante l’édifice s’effondrait. Pendant dix fois, on<br />

recommença. Finalement, l’architecte fit appeler Satan pour signer un pacte avec lui. Il était<br />

mentionné que le <strong>Diable</strong> construirait l’édifice sous réserve que l’âme <strong>du</strong> premier être vivant<br />

s’aventurant en ces lieux se livre à l’Enfer. Le jour venu, le maître d’œuvre fit passer sur le<br />

pont un chien fou de rage. Le prince <strong>des</strong> ténèbres jura de se venger. Chaque année, à la même<br />

date, il emporterait l’âme de qui se trouverait à proximité <strong>du</strong> pont à minuit. Tous les ans, le<br />

soir <strong>du</strong> Vendredi-Saint, on voit une énorme chauve-souris errer autour <strong>du</strong> pont. Attention, ne<br />

vous approchez pas, c’est le <strong>Diable</strong> qui cherche <strong>des</strong> âmes » (Blacher 1996:81).<br />

Voici l’histoire contée à Orlu, telle que recueillie par les enfants de l’école (source :<br />

http://www2.ac-toulouse.fr/eco-orlu/projet/payfoix/pondia.htm) :<br />

« La légende <strong>du</strong> pont <strong>du</strong> diable:<br />

Il était une fois un village qui était isolé car les gens ne pouvaient pas traverser l'Ariège,


il n’ y avait pas de pont. Un jour une étrange personne vint voir un fermier <strong>du</strong> village et lui<br />

demanda :<br />

- voulez vous avoir un pont? Le fermier répondit :<br />

- oui, vous seriez capable dans faire un? L’homme lui dit :<br />

- oui, en une nuit.<br />

- On ne peut pas faire un pont en nuit, il faudrait 3 ans.<br />

Tout à coup le fermier s'aperçoit que l’homme a <strong>des</strong> cornes et une queue qui lui<br />

poussent... le diable lui même !<br />

- Mais le premier qui traversera ce pont, j’emporterai son âme.<br />

Le fermier accepta en tremblant. La nuit <strong>des</strong> petits diablotins sortirent de la terre et tous<br />

les gens <strong>du</strong> village condamnèrent leurs portes avec <strong>des</strong> meubles, <strong>des</strong> armoires et même leur<br />

mémé ! Toute la nuit on entendit un bruit insupportable ; et au matin, plus rien. On enleva les<br />

meubles, les armoires et la mémé! On ouvrit la porte et on vit un pont. Tous les gens se<br />

précipitèrent mais s'arrêtèrent brusquement en voyant à l’autre bout <strong>du</strong> pont, le diable. Il les<br />

interroga :<br />

- il est bien construit mon pont ? Les gens répondirent:<br />

- et... oui !<br />

-et vous allez le traverser ?’’<br />

- Et ... non !<br />

Alors le fermier arriva avec un sac, il le posa, l’ouvrit et sortit de la ficelle, une<br />

clochette et un vieux chat raide et tor<strong>du</strong>. Il attacha la clochette à la queue <strong>du</strong> chat et lui donna<br />

un coup pied. Le chat couru et tout à coup il y eut un grand bruit. Le chat disparut. Et le<br />

diable en colère lança <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> sur le pont, il ne pouvait pas le détruire alors il tomba dans<br />

un tourbillon de la rivière. Le curé <strong>du</strong> village jeta de l’eau bénite... Lorsque vous visiterez<br />

l’Ariège, aurez vous le courage de le traverser ?»<br />

l'Ariège.<br />

Le pont de Montoulier bénéficie de trois légen<strong>des</strong> :<br />

« Le pont:<br />

Entre Foix et Tarascon sur Ariège, un ouvrage est lancé au <strong>des</strong>sus <strong>des</strong> « gorges » de<br />

C'est un pont fortifié à deux arca<strong>des</strong> dont l'architecture semble datée <strong>du</strong> XIIIème siècle,<br />

bien qu'aucun texte médiéval officiel n'en fasse état. Une marche de cinq minutes est<br />

nécessaire avant d’arriver sur le site.<br />

Comme beaucoup de pont en France qui porte le nom évocateur de «pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>»,<br />

<strong>des</strong> légen<strong>des</strong> circulent.<br />

Légende 1 :<br />

" En <strong>des</strong> temps forts anciens, les pauvres habitants de Ginabat et Montoulieu<br />

souffraient d’un terrible isolement. La rivière étant impossible à traverser à cause de ses


gouffres et de ses tourbillons, ils leur fallaient se risquer à de périlleuses traversées <strong>des</strong> forêts<br />

et <strong>des</strong> montagnes pour aller aux foires de Foix et de Tarascon.<br />

Mais un jour, l’un <strong>des</strong> habitants passa un étrange marché avec le <strong>Diable</strong>. Satan<br />

s’engagea à construire un pont à condition d’être payé par l’âme <strong>du</strong> premier qui le<br />

traverserait. Le pont à l’incroyable architecture fut construit une nuit . Mais au matin,<br />

personne ne se bousculait pour traverser.... Alors, un habitant très malin de Ginabat fit<br />

traverser le pont à .un chat.<br />

La pauvre bête fut ainsi sacrifiée à la communauté. Mais le <strong>Diable</strong> rage hurla de rage<br />

et gesticula tant qu’il chuta dans la rivière, au milieu <strong>du</strong> tourbillon. Le curé de Ginabat eut<br />

alors tôt fait d’y jeter un peu d’eau bénite et depuis, Lucifer tente vainement de sortir de ce<br />

tourbillon. Mais les passants sont rares sur cet antique ouvrage, car tous savent qu’un jour ou<br />

l’autre le <strong>Diable</strong> pourrait bien remonter à la surface pour réclamer le paiement de son œuvre".<br />

C’est <strong>du</strong> moins ce que l’on racontait le soir, à la veillée.<br />

Légende 2 :<br />

" Ce matin-là, Raymond Roger (Comte de Foix), se leva de fort méchante humeur. Sans<br />

doute le sanglier mangé la veille au soir, passait difficilement. Bref il fit seller son cheval<br />

favori, et partit au galop dans la montagne. Il eut tôt fait de traverser la ville et de s’engager<br />

sur la route qui borde l’Ariège, rive gauche, en remontant vers sa source. Il traversa Ferrières,<br />

puis Prayols. Peu après, lui vint la fantaisie de passer sur la rive droite. Il poussa son cheval<br />

au bord de l’eau, mais à cet endroit l’Ariège est encaissée, l’eau y est profonde, et le cheval<br />

refusa d’avancer. Furieux, le Comte fit demi-tour et rentra au château.<br />

Immédiatement, il envoie chercher le Baron de Saint Paul, et lui commande de faire un<br />

pont sur l’Ariège, à tel endroit au-<strong>des</strong>sous de Montoulieu d’un côté, et <strong>du</strong> territoire de Saint<br />

Antoine de l’autre. Que ce soit fait dans un mois…sinon, le Baron sera pen<strong>du</strong> haut et court,<br />

au sommet de la Tour Carrée. Aucune excuse n’est admise, tout est dit !<br />

Le comte se retire, laissant le pauvre Baron de Saint Paul tout désemparé. Hélas, le<br />

baron était un poète, insouciant <strong>du</strong> lendemain et dépensant dès qu’il avait quelques écus.<br />

Aussi n’avait-il rien pour engager les travaux. Et lui qui chantait toujours, devint tout triste.<br />

Les jours se succédaient et aucune solution en vue. Il alla sur les bords de l’Ariège, à bout de<br />

force il s’écria :<br />

- « Oh ! Je traiterais même avec le diable pour me sortir de ce mauvais pas !… »<br />

- « Tope là… » dit une voix derrière lui, et le diable lui tendit la main. « …Ton pont<br />

sera fait le jour fixé ! Que me donneras-tu ? »<br />

- « …Mais…mais… »bredouilla le pauvre Baron.<br />

- « Tu n’as pas d’argent, je le sais ! D’ailleurs regarde… » et, ramassant une pierre, le<br />

diable la lança et il en sortit <strong>des</strong> pièces d’or.<br />

- « …Ce que je veux, c’est l'âme <strong>du</strong> premier qui passera sur le pont ! »


- « …Eh bien ! Enten<strong>du</strong> !… »…dit le Baron.<br />

Et chacun s’en fut de son côté. Mais à partir de ce moment-là, le Baron fut encore plus<br />

triste. Il avait traité avec le diable et donné vilainement l’âme <strong>du</strong> premier qui passerait sur le<br />

futur pont. Bourré de remords, il alla où vont ceux qui ont besoin de réconfort. Il partit à<br />

l’église St Volusien. De Foix. Honteux de son péché, il se cacha derrière le premier pilier de<br />

droite, et se prosterna en pleurant. Le frère sacristain aperçut cette masse noire et partit<br />

trouver le Révérendissime Abbé :<br />

- « …Mon Père, dit-il, il y a un voleur à l’église !… »<br />

- « …un voleur ! Comment ! Allons voir… »<br />

Il y va et s’arrête un peu avant le piler, écoute et entend les sanglots.<br />

- « …Ce n’est pas un voleur ! C’est un homme qui souffre… »et s’avançant, il frappe<br />

sur l’épaule <strong>du</strong> Baron :<br />

- « …Venez mon ami !… » et il l’emmène à la sacristie où il reconnaît le Baron de St<br />

Paul. Celui-ci raconte son affaire, sa peine et confesse son péché.<br />

Le père Abbé était très sévère, paraît-il. Ce qu’il lui dit ?<br />

Passons, passons, ce n’est pas notre affaire, mais il <strong>du</strong>t lui passer un « savon » de<br />

première classe, et une pénitence assortie. Une fois la confession achevée, le révérend père<br />

dit quelques mots à l’oreille <strong>du</strong> Baron, et cet incorrigible étourdi en eut le sourire. Il rentra<br />

chez lui, sifflant comme un merle. Le lendemain était le jour de l’échéance. Toute la nuit, la<br />

vallée retentit d’un bruit infernal. Un chantier terrible ! Les gens de Montoulieu n’en<br />

dormirent point. Et le matin venu, le pont bâti, le diable s’installa sur le parapet, attendant le<br />

premier client.<br />

Aux premières lueurs de l’aube, arrive le Baron de St Paul, drapé dans une cape noire.<br />

Le diable ricane :<br />

- « …Ainsi, c’est toi qui va être le premier ! … »<br />

- « …Non, non… » dit le Baron… « Le premier, celui qui est pour toi, (car il passe le<br />

premier sur le pont), le voilà ! », et ouvrant le palier caché sous son manteau, il délivre un<br />

énorme chat noir, à la queue <strong>du</strong>quel est attachée une casserole. Le chat détale à toutes pattes<br />

et traverse le pont. Furieux, le diable veut se précipiter sur le Baron quand, d’un repli <strong>du</strong><br />

terrain, émerge la procession <strong>des</strong> moines de St Volusien, chantant <strong>des</strong> litanies <strong>des</strong> saints, avec<br />

la croix en tête et le père Abbé tenant le goupillon et aspergeant le pont d’eau bénite.<br />

Le diable avait détalé. Pendant de longues années, peu de personnes osèrent s’aventurer<br />

la nuit pour traverser le pont. Celles qui le firent ne sont jamais revenues. Le diable se vengea<br />

ainsi dit-on. Depuis près de 10 siècles, plus de traces de lui. Si vous allez vous promener là-<br />

bas et que vous le rencontriez, alors, c’est que c’est vous qui l’avez amené !<br />

(« La legendo del pount del diable » tirée <strong>du</strong> livre« La Mandrette- Mémoire d’Ariège »<br />

- Ed. LACOUR/REDIVIVA)


Conclusion :<br />

Les archéologues et les historiens <strong>des</strong> voies de communication ont noté une constante :<br />

La plupart <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> voies antiques ont utilisé les crêtes en évitant au maximum la<br />

traversée <strong>des</strong> ruisseaux par <strong>des</strong> ouvrages construits. Peut être que la construction d'un pont<br />

important sur un cours d’eau ait provoqué <strong>des</strong> peurs superstitieuses.<br />

Les croyances en <strong>des</strong> êtres malfaisants <strong>des</strong> Eaux, le tribut à payer à un être maléfique<br />

sont de bonne raison populaire pour éviter ses ouvrages.<br />

Satan étant le seul capable d’enfreindre les tabous, nos croyances nous pousent à<br />

justifier les (anciennes) offran<strong>des</strong> <strong>des</strong>tinées à calmer les maléfiques divinités. Le jet de pièces<br />

de monnaie dans les gués ou les puit relève de la même mythologie,<br />

Ne l'avez jamais vous fait ?»<br />

(Source : http://membres.lycos.fr/stephanerevel/montoulier.htm)<br />

Il y a encore un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à Garrabet.<br />

11 - Aude<br />

Selon Gérard Blacher, un « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » est « situé à mi-chemin » <strong>des</strong> deux<br />

villages de Bram et Alzonne « sur l’ancienne voie romaine », et il « enjambe le canal » (Blacher<br />

1996:85).<br />

1987:220).<br />

La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est également connue en Bigorre à Montgaillard (Marliave<br />

12 - Aveyron<br />

Non loin de Cassagnes-Begonhès, dans l’Aveyron, le pont de Bonnecombe a été<br />

construit par le <strong>Diable</strong>, ainsi que l’a raconté Marie-Louise Falip, née en 1932 :<br />

« On bâtissait le pont de Bonnecombe. L’entrepreneur devait l’avoir terminé pour une<br />

date précise, car sinon pour tant de jours de retard, il aurait tant d’amende. Il était dans les<br />

temps, il avait bien fini, il était même en avance d’une quinzaine de jours ou plus. Le pont<br />

était prêt à inaugurer. Ils enlevèrent les étayages qui le maintenaient. à peine eurent-ils<br />

achevé de tout enlever que le pont s’écroula. Il n’était pas fier ! Il rappela tous ses ouvriers et<br />

vite, vite... ils recommencèrent. Ils y travaillaient nuit et jour. Ils faisaient tout ce qu’ils<br />

pouvaient pour y arriver. Ils achevèrent juste la veille de l’inauguration. Ils enlevèrent à<br />

nouveau tous les étayages, et le pont s’écroula à nouveau. Un homme qui passa leur dit : « Si<br />

vous voulez, je vous aiderai. Il sera fini demain mais il faut que vous me donniez votre âme<br />

ou l’âme <strong>du</strong> premier qui passera sur le pont ». L’autre se pensa : « Mon âme, mon âme... cela<br />

ne se donne pas come ça ». Cela lui donnait à réfléchir. Mais enfin, au bout d’un moment, il<br />

promit. Et il y avait beaucoup de monde. Les gens arrivaient de partout. C’était le <strong>Diable</strong><br />

pardi qui l’avait tenté. Et le lendemain matin, le pont fut fait et il tint bon. Mais pendant ce


temps l’entrepreneur était allé trouver le supérieur de Bonnecombe. Celui-ci ne savait pas<br />

comment faire. Il arriva avec son aspersoir. Il dit : « Nous allons le bénir avant que quelqu’un<br />

arrive. Nous verrons bien ». Le chien de Bonnecombe le suivit, c’était un brave chien. Le<br />

<strong>Diable</strong> se présenta de l’autre côté <strong>du</strong> pont. Tout à coup, un chat arriva. Et le supérieur de<br />

Bonnecombe cria : « Au chat ! Au chat ! ». Et le chien se mit à poursuivre le chat qui passa le<br />

premier sur le pont de Bonnecombe. Ils dirent : « Vous avez là l’âme <strong>du</strong> premier qui est passé<br />

sur le pont ! ». Il sauva son âme, et le pont tint et il tient encore » (Texte en occitan et tra<strong>du</strong>ction dans<br />

Loddo 1996:339-339.).<br />

un géant:<br />

Variante publiée sur l’internet, avec mention d’une autre légende, associant ce pont à<br />

« <strong>Pont</strong> de Bonnecombe dit <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong><br />

En traversant le Viaur sur le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, le voyageur atteint la rive gauche et la<br />

haute tour carrée de St Bernard (XIV s) sur laquelle apparaissent les armoiries de l'abbaye.<br />

Elle est surmontée d'une croix impressionnante par sa grandeur. La grande porte donne accès<br />

à l'ancienne abbaye de Bonnecombe constituée d'un ensemble de bâtiments restaurés, d'un<br />

cloître, d'une église, de jardins…<br />

Au milieu <strong>du</strong> XIIè s, alors que les ferveurs religieuses se développaient, les cénobites<br />

vinrent s'installer à Bonnecombe. Leur but : se détacher <strong>du</strong> monde extérieur, et mener une vie<br />

où seuls l'abnégation et les sacrifices importaient. Quel lieu rêvé pour l'isolement que<br />

Bonnecombe, sise au fond de la Gorge <strong>du</strong> Viaur en pleine forêt de Lafon. La fondation<br />

monastique bénéficia de nombreux dons ainsi que de la protection de l'évèque de Rodez.<br />

Ce lieu devint un monastère cistercien consacré en 1167 par l'Abbé Gausbert de<br />

l'Abbaye de Candeil en Albigeois. L'abbaye fut fermée en 1792 et ses propriétés ven<strong>du</strong>es<br />

comme biens nationaux.<br />

L'évèque de Rodez racheta les bâtiments en 1876 à la Société <strong>des</strong> Mines de Carmaux et<br />

y installa les moines cisterciens d'Aiguebelle. Ces derniers entreprirent la restauration <strong>du</strong> site<br />

et de l'église qui fut consacrée en 1891. Tour à tour, les moines trappistes prirent possession<br />

<strong>des</strong> lieux avant de céder la place à <strong>des</strong> moines orthodoxes en 1965 qui eux - mêmes partirent<br />

3 ans plus tard. De 1968 à 1980 un centre de réinsertion sociale prit place dans ces locaux, en<br />

1980 vinrent 10 membres de la communauté de l'Arche, 3 ans plus tard ils étaient 90.<br />

Aujourd'hui, les membres de la communauté <strong>des</strong> Béatitu<strong>des</strong> y vivent.<br />

Le pont dit <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> : ce pont doté d'une seule arche est au moins antérieur à<br />

1509 puisqu'il est fait mention cette année - là, "d'un oratoire <strong>du</strong> bout <strong>du</strong> pont". De par son<br />

style architectural, il semblerait dater <strong>du</strong> XII ème s et remonterait donc à l'époque de la<br />

fondation de l'abbaye de Bonnecombe en janvier 1167.<br />

Deux légen<strong>des</strong> sont évoquées par rapport à la construction de ce pont. La première


ferait allusion à un pacte entre l'architecte et le diable. Ce dernier réclame en échange de sa<br />

contribution aux travaux le premier être vivant qui franchira le pont. Manque de chance pour<br />

lui, le premier utilisateur <strong>du</strong> pont fut … un chat !<br />

Une autre légende moins connue toutefois fait référence à un géant qui s'abreuve au<br />

pont et avale avec l'eau de la rivière une charrette qui passait par là.»<br />

(Source : http://www.levezou-viaur.com/fr/tourisme/ponts_vallee_viaur.php)<br />

Autre texte trouvé sur le réseau à propos <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> sur le Viaur:<br />

« Le montage de l'ouvrage une seule arche, composée de deux arceaux mis l'un sur<br />

l'autre évoque une technique romaine et permet de supposer que sa construction remonterait<br />

au XIIème siècle. Mais l'ancienneté réelle <strong>du</strong> pont (sans doute le plus vieux de la vallée) est<br />

en fait aussi mystérieuse que celle de son nom! Celui-ci peut tout aussi bien évoquer le<br />

danger d'y circuler ou bien encore une prouesse diabolique pour le construire. Placé sur une<br />

route d'accès difficile, le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> était inadadapté au passage <strong>des</strong> grosses charrettes<br />

donc au développement <strong>des</strong> transports. Mais il fournissait l'avantage surtout au Moyen-Âge,<br />

d'être avec Laguépie, le seul point de franchissement <strong>du</strong> Viaur pour aller d'Albi à<br />

Villefranche de Rouergue. En ruine à la fin au XVIIIème siècle, les autorités régionales<br />

repoussent continuellement la rénovation d'un passage qui n'a plus qu'un intérêt local et<br />

comme les habitants concernés n'ont pas l’argent nécessaire pour une reconstruction qui<br />

s'impose après l'écroulement définitif. Rien ne se fait et il ne reste plus aujourd'hui que les<br />

assises de ce qui fut probablement le plus ancien pont de la région.»<br />

(Source : Thierry COUET, sur http://perso.wanadoo.fr/viaur.vivant/VIAUR/Textes/<strong>Pont</strong>/<strong>Pont</strong>1.htm#DIABLE).<br />

Versions données par Pierre-Albert Clément (2003: 296-297):<br />

« On relate une histoire similaire [à celle d’Olargues] en ce qui concerne le pont jeté au<br />

XII e siècle sur le Viaur, dans la commune de Comps-la-Grand-Ville, en Rouergue. Les<br />

moines de l’abbaye voisine de Bonnecombe auraient employé le même stratagème pour<br />

mystifier Belzébuth. Toujours en Rouergue, on sait qu’il existait autrefois un autre pont <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong> sur le Viaur, dans le territoire de Bor-et-Bar. La dernière arche s’est écroulée en 1787<br />

et la légende s’est per<strong>du</strong>e [J. Delmas, Les <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> Rouergue, brochure 2, AD 13 2003, p. 40<br />

et 49]. À l’entrée existait un péage surnommé par les usagers Cureboursol, littéralement<br />

«cure-bourse» tant les droits perçus devaient y être exhorbitants.»<br />

17 - Charente-maritime<br />

C’est une curiosité naturelle près de St-Palais-sur-Mer: «Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Situé à<br />

proximité de la station balnéaire de Saint-Palais-Sur-Mer, Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> constitue une<br />

curiosité : cet ensemble de rochers bizarrement découpés aurait été, selon la légende,


construit par le diable pour sauver un pêcheur de la tempête en échange de son âme.»<br />

(Source : http://www.mairie-saint-augustin.fr/html/cote_mer2.htm)<br />

« Après une légère montée pour retrouver la corniche, on découvre les rochers qui<br />

avancent dans la mer avec la Roche aux Moines et le célèbre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Sur ces rochers<br />

découpés par l’érosion marine, on est surpris de voir certaines parties rectilignes<br />

manifestement taillées par la main de l’homme. Il s’agit effectivement <strong>des</strong> nombreux fronts<br />

de taille exploités pour extraire <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> qui seront utilisées pour la construction <strong>du</strong> phare<br />

de Cordouan, juste en face. En ce qui concerne la légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, elle figure sur<br />

un panneau d’information que vous trouverez un peu plus loin sur le chemin qui longe la<br />

plage <strong>du</strong> Platin. C’est de là que l’on a la meilleure vue sur les rochers <strong>du</strong> fameux <strong>Pont</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong> et sur la belle plage <strong>du</strong> Platin.»<br />

(source : http://www.bernezac.com/StPalais_pont_diable_panneau.htm)<br />

Un panneau situé sur place indique : «Environ 300 <strong>pierres</strong> de taille en ont été extraites<br />

à la fin <strong>du</strong> XVIe siècle pour la construction <strong>du</strong> phare de Cordouan, situé au milieu de<br />

l’estuaire de la Gironde. On peut encore distinguer de nombreux fronts de taille tant sur la<br />

péninsule <strong>du</strong> <strong>Pont</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Diable</strong> que sur la côté avoisinnante. On dit qu’une nuit d’affreuse<br />

tempête, sa barque s’étant brisée sur les récifs, un pauvre pêcheur en grand danger de se<br />

noyer, invoquait vainement tous les saints. Soudain, à la lueur d’un éclair, le diable lui<br />

apparut:<br />

« Je te sauverai, lui dit Satan, si tu consens à m’appartenir.<br />

– Soit, répondit le pêcheur. –Relève-toi, lui dit le diable, le vent va se calmer, marche<br />

droit devant toi et tu pourras regagner la terre ferme. Tu franchiras la passe sur l’arche de<br />

pierre que je vais bâtir devant toi.» Et l’arce salvatrice serait le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>.»<br />

19 - Corrèze<br />

La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> <strong>du</strong> Puy-<strong>des</strong>-Roches, commune de Chamberet (commune<br />

de Treignac, arrondissement de Tulle), a été ainsi transcrite par Marcelle Delpastre en 1970 :<br />

« Les gran<strong>des</strong> <strong>pierres</strong> levées que l’on peut encore voir sur le puy <strong>des</strong> Roches, ce n’est<br />

peut-être pas le chemin de la Sainte Vierge. Au contraire, c’est le <strong>Diable</strong> qui les a laissées là.<br />

Il faut croire qu’en ce temps-là, la Soudaine était bien plus grosse qu’aujourd’hui, puisque<br />

pour la traverser entre le puy <strong>des</strong> Roches et le Mont Ceix, on voulut faire un pont. Mais un tel<br />

pont que personne n’arrivait à le construire, et que le <strong>Diable</strong> finit par offrir ses services.<br />

– Demain, je l’aurai fait, au jour, dit-il à ceux qui le lui avaient commandé.<br />

Pour paiement, il ne faut pas demander ce qu’il voulait. Tout le monde se souvient


parfaitement de cet homme qui fit courir son chat sur le pont, après que le <strong>Diable</strong> lui avait<br />

demandé l’âme de la première bête qui passerait <strong>des</strong>sus.<br />

– Ah ! dit-il en colère, tu me paies avec ce qui m’appartient !<br />

Et depuis, on sait que les chats appartiennent au <strong>Diable</strong>.<br />

Au Mont-Ceix, bien sûr, c’était l’âme de quelqu’un qu’il lui fallait. C’est la seule monnaie<br />

qui intéresse le <strong>Diable</strong> ; mais pour en avoir, il ferait n’importe quoi.<br />

Cette nuit, vous pouvez croire qu’il ne dormit pas. Et encore, pour l’avancer, les <strong>pierres</strong><br />

sortaient de terre toutes seules, se dressaient, s’approchaient et se tenaient debout l’une après<br />

l’autre, afin que le <strong>Diable</strong> n’eût qu’à les prendre et à les mettre en place. Et je vous réponds<br />

que ça y allait !<br />

Pas assez vite, cependant. Car – tout allait être fini, il ne manquait presque rien – voilà<br />

le coq qui chante et le soleil qui montre son nez... le <strong>Diable</strong> n’avait pas fini ! Tout était per<strong>du</strong>.<br />

Alors, mes amis, il se tourna, dans sa mâle colère rouge. Et vlan ! D’un coup d’épaule il<br />

démolit le pont, et de telle sorte qu’on n’en peut voir aucune trace.<br />

Mais les dernières <strong>pierres</strong>, qui s’avançaient toutes prêtes à servir, sont toujours là, dressées,<br />

grosses comme <strong>des</strong> maisons, et elles n’en bougeront pas pour toute l’éternité de la<br />

création » (Delpastre 1970, Guyot 1994:60-61).<br />

Vers 1980, le récit suivant a été recueilli en Haute-Marche par Jacques Chauvin et<br />

Jean-Pïerre Baldit, qui l’ont un peu littérarisé :<br />

« Sur la Creuse, on voit un pont avec une curieuse voûte ogivale; ce pont n’a qu’une seule<br />

arche ; il mène d’une rive de la Creuse à l’autre ; sur l’une <strong>des</strong> rives se trouve un moulin.<br />

Il y a longtemps, au Moyen Âge, puisque l’Enmaliciat [« le <strong>Diable</strong> »] aimait souvent se<br />

montrer dans ce temps-là, il n’y avait pas de pont.<br />

Le maître <strong>du</strong> moulin y pensait chaque fois qu’un paysan qui demeurait sur l’autre rive<br />

lui apportait son blé ou revenait chercher sa farine ; il fallait traverser la rivière avec une<br />

barque ou faire un grand détour jusqu’au pont qui était très loin. Cela ne facilitait pas la vie<br />

<strong>des</strong> h ommes. Le pauvre meunier aurait aimé faire construire un pont, mais il n’était pas assez<br />

riche ; parfois il tirait de son moulin de petites bourses pareilles aux sacs de grain, mais<br />

beaucoup plus petits [sic] qu’eux ; ces bourses contenaient <strong>des</strong> pièces d’or ; peut-être<br />

attendait-il que les pièces deviennnent plus nombreuses à l’heure d’ouvrir les bourses, mais la<br />

monnaie restait ainsi, elle s’accumulait seulement, doucement, lentement, quand le pauvre<br />

homme pouvait y mettre quelques pièces de plus.<br />

Le meunier avait une jolie fille, bien faite et de surcroît très pieuse, on la nommait<br />

Marie. Cela lui aurait bien plu, à elle aussi, d’avoir un pont, elle était obligée de prendre une<br />

barque pour aller à l’église, pour rendre visite à ses amies ; pour cette raison, elle ne<br />

rencontrait pas souvent la jeunesse <strong>du</strong> pays, elle se plaignait parce que son « préten<strong>du</strong> »


Jantou habitait de l’autre côté et elle ne pouvait aller le trouver à son gré.<br />

Un jour cependant, elle était allée danser dans un village <strong>des</strong> environs, mais elle ne<br />

rencontra pas le Jantou, peut-être bien qu’il était malade, mais un fier garçon qui commença à<br />

la courtiser et à lui faire <strong>des</strong> compliments ; il lui proposa même, s’il pouvait la ramener<br />

jusque chez elle. Elle répondit que oui, mais au moment, il voulut lui lêcher [sic] la babine et<br />

la cajôler [sic]. “Avec le corps et l’âme, et pour toujours”. Elle refusa avec force, car elle<br />

aimait le Jantou, et parce qu’elle voulait qu’il soit bientôt son promis, puis son mari pour la<br />

vie ; là-<strong>des</strong>sus, elle sauta dans la barque et revint vite au moulin.<br />

Le lendemain, le fier garçon vint voir le meunier et se mit à courtiser sa fille. Il<br />

demanda la main de la Marie ; le meunier, qui aimait bien Jantou, la lui refusa, mais il<br />

insistait sans cesse, et promit même de faire construire un pont, s’il recevait celle qu’il<br />

voulait. Ensorcelé, le brave meunier appela sa fille qui dit : “Pourquoi donc un pont, si je ne<br />

peux plus aller voir l’homme que j’aime ?” et s’en alla en colère. Alors le visiteur se mit à<br />

montrer au père que le pont était une bonne chose. Il lui expliqua par le détail qu’il y aurait<br />

plus de monde qui viendrait, et par-là plus d’argent dans la maison, et tout ainsi...<br />

Malgré tout, le meunier savait cela mieux que personne ; ce pont, il y pensait tous les jours,<br />

cela lui faisait de la peine de refuser, mais d’un autre côté, il était bon père, il aimait sa fille,<br />

et aussi le Jantou, et il voulait surtout le bonheur.<br />

Alors le <strong>Diable</strong>, car en réalité le fier garçon était bien le <strong>Diable</strong>, proposa au meunier :<br />

“Dès cette nuit, je te construis le pont. Si, avec les premières lueurs <strong>du</strong> jour, je ne l’ai pas<br />

encore [fini], je le terminerai quand même ; cependant, si le pont est terminé, la première<br />

personne qui passera le pont sera mienne pour l’éternité”.<br />

Le meunier éclata de rire : “Construire un pont en une seule nuit, ça ne se peut pas ; il<br />

faut être niais pour croire de pareils mensonges”. Et tout joyeux, il signa d’une croix, car il ne<br />

savait pas écrire, le grimoire que lui donnait le garçon.<br />

Le lendemain, la Marie fut bien étonnée quand elle mena l’âne dehors, un pont avec<br />

une arche unique était construit au-<strong>des</strong>sus de la rivière ; et elle aperçut le fier garçon sur<br />

l’autre rive qui lui criait : “Ma belle, à toi l’honneur de passer... viens chercher cette broche ».<br />

Et il voulait donner un bijou avec <strong>des</strong> diamants superbes qui luisaient au soleil. Elle allait<br />

juste passer le pont, quand lui vint soudain l’idée peut-être envoyée par sa patronne Notre-<br />

Dame, pour laquelle elle avait une grande dévotion, et elle poussa l’âne devant elle... à ce<br />

moment, il y eut <strong>des</strong> éclairs dans le ciel, et la foudre se mit à tonner..., le <strong>Diable</strong> avait<br />

disparu..., il était attrapé.<br />

En effet, le “Sabatonat, l’Enmaliciat”put rien contre une créature aimée de Notre<br />

Seigneur, marquée <strong>du</strong> signe de la croix sur le dos, détestée de l’Esprit <strong>du</strong> Mal.<br />

Tout se termina bien : le meunier et sa famille avaient un pont ; Marie épousa le Jantou ; ils<br />

furent heureux et eurent beaucoup d’enfants.


L’âne qui avait sauvé tout le monde vivait, caressé et dorlotté par tous ; il pouvait se<br />

saôuler [sic] de chardons » (Chauvin & Baldit 1991:50-51).<br />

Cette version assez originale laisse malheureusement suspecter une part importante<br />

laissée à la ré-écriture. Un détail intéressant est que le fait que le contrat est rompu <strong>du</strong> fait que<br />

le premier à passer sur le pont est un âne, animal bien connu pour être marqué d’une croix sur<br />

le dos, alors que le meunier, ne sachant écrire, avait signé le pacte diabolique avec une croix,<br />

ce qui aurait déjà dû suffire à le rendre ca<strong>du</strong>c.<br />

20 - Corse<br />

Le gué <strong>du</strong> moulin <strong>du</strong> village de Castirlo, sur le Golo, était souvent ren<strong>du</strong> impraticable<br />

par les crues, au grand dam <strong>du</strong> meunier qui, un jour qu’il lançait <strong>des</strong> imprécations à cause de<br />

l’eau qui l’empêchait de traverser avec son âne chargé de farine, vit apparaître un étranger,<br />

qui l’interrogea sur les raisons de sa colère. Renseigné, l’étranger s’engagea à construire un<br />

pont avant minuit sonnant, en échange de l’âme <strong>du</strong> meunier :<br />

« Le meunier accepta. Peu d’instants après, la rivière était le centre d’un grand<br />

mouvement ; l’œuvre commencée se poursuivait avec une activité diabolique, et tout faisait<br />

prévoir que la promesse de l’inconnu serait réalisée. Le meunier, qui n’avait pas tout d’abord<br />

réfléchi aux conséquences <strong>du</strong> contrat, devint perplexe. Cet inconnu pouvait être Lucifer, et il<br />

lui avait livré son âme. Son angoisse allait grandissant avec l’avancement <strong>des</strong> travaux. Elle<br />

fut à son comble quand il vit que les trois voûtes étaient fermées que l’on commençait à<br />

maçonner les tympans. L’ouvrage ne pouvait tarder à être achevé, et minuit était encore loin.<br />

Une idée lui vint : il alla réveiller le curé <strong>du</strong> village et lui raconta le pacte qu’il avait conclu.<br />

Après quelques instants de réflexion, le curé lui dit : “As-tu un coq parmi tes poules ?” Et, sur<br />

sa réponse affirmative, il ajouta : “Va vite, remplis une cruche d’eau, et jettes-en une partie<br />

sur lui : en sentant la fraîcheur de l’eau, le coq battera <strong>des</strong> ailes et chantera. Pars, et si tu<br />

arrives avant l’heure convenue, tu est sauvé.” Le meunier se hâta de suivre ce conseil, et<br />

avant minuit, le coq chanta. Il ne restait plus que les parapets à construire. Un épouvantable<br />

fracas suivit le chant <strong>du</strong> coq et fut répété par les échos de la vallée. Avant que le pont ne fût<br />

restauré et élargi pour l’usage de la route forestière qui l’a emprunté, on découvrait sur la<br />

chaussée une large pierre portant l’empreinte d’un pied fourchu » (Sébillot 1894:158-159).<br />

Une variante versifiée précise que lorsque le <strong>Diable</strong> comprit qu’il avait été <strong>du</strong>pé, il<br />

voulut détruire son ouvrage, mais en vain (Sébillot 1894:162).


21 - Côte-d’Or<br />

Dans sa Côte-d’Or mythologique, A. Colombet rapporte la légende suivante :<br />

« Une nuit de Noël, la planche qui permettait aux habitants de Cissey (près de<br />

Mercueil) de gagner l’église de l’abbaye de Maizières (Saône-et-Loire) afin d’assister à la<br />

messe de minuit, disparut. Satan se présenta à eux et leur promit de reconstruire en quelques<br />

instants un pont de pierre à condition que, comme salaire, il puisse s’approprier le premier<br />

villageois qui y passerait. Nos paysans acceptèrent. Quand le pont fut terminé, un enfant bien<br />

inspiré piqua un âne qui se trouvait là ; la bête, affolée, traversa le pont et devint la proie <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong> » (Cité dans Fromage 1990:7).<br />

23 - Creuse<br />

Les ponts de Crozant et d’Anzême, dans la Creuse, sont <strong>des</strong> <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> et, à<br />

propos <strong>du</strong> second, le Dr Janicaud a publié le récit suivant :<br />

« Anzême n’avait pas de <strong>Pont</strong>. Pour y traverser la Creuse, encaissée entre deux rives<br />

abruptes, il fallait prendre un bateau, non sans danger, le lit de la rivière étant encombré de<br />

roches et le courant souvent torrentueux. Depuis longtemps, les habitants réclamaient un<br />

mont ; mais sa construction dans cet étroit ravin devait être difficile, longue et coûteuse. Les<br />

entrepreneurs sollicités se récusaient ou demandaient un prix bien supérieur aux ressources<br />

de la paroisse. Un soir, les notables, réunis dans une salle obscure, discutaient la question.<br />

– Si nous ne trouvons pas d’entrepreneur à prix abordable, s’écria enfin l’un d’eux, il<br />

n’y a qu’à s’adresser au <strong>Diable</strong> !<br />

À peine avait-il parlé qu’au milieu de la salle apparut un homme noir.<br />

– Le <strong>Diable</strong>, c’est moi ! déclara-t-il. Vous voulez un pont ? Je m’engage à vous en<br />

construire un solide en une nuit. Mais, comme paiement, j’exige l’âme <strong>du</strong> premier être qui<br />

passera <strong>des</strong>sus. Je viendrai demain soir chercher votre réponse. Puis il disparut. Les pauvres<br />

notables étaient bien ennuyés. Que faire ? Ils allèrent consulter le curé qui répondit :<br />

“Acceptez et laissez-moi faire”. Le lendemain soir les notables déclarèrent à Satan qu’ils<br />

acceptaient le marché. Il se mit aussitôt à l’œuvre. Toute la nuit il maçonna. Le matin, au<br />

petit jour, il ne restait plus qu’une pierre à sceller à une extrémité <strong>du</strong> pont, quand, à l’autre<br />

extrémité, se présenta le curé. Il portait un panier qu’il posa sur le sol et ouvrit. Satan,<br />

stupéfait, en vit sortir un gros chat noir qui s’avança gravement vers lui et vint se frotter à ses<br />

jambes. Le <strong>Diable</strong> était bien attrapé. Il avait négligé de spécifier qu’il voulait l’âme d’un<br />

chrétien ; il <strong>du</strong>t se contenter de celle d’un matou. Furieux, il déclara que le pont ne serait<br />

jamais achevé. C’est pourquoi la dernière pierre n’a jamais pu être scellée. Chaque fois qu’on<br />

la remet en place, Satan vient la déplacer la nuit suivante » (Republié par Laconche 1993, III:165-166).


La légende <strong>du</strong> pont d’Anzème est ainsi rapportée par Gérard Blacher :<br />

« La fille <strong>du</strong> meunier voulait rejoindre ses amants de l’autre côté de la rivière, mais il<br />

n’y avait pas de pont Le <strong>Diable</strong> <strong>du</strong>t construire le pont en une nuit avant le chant <strong>du</strong> coq. Il ne<br />

restait qu’une pierre à poser pour que le <strong>Diable</strong> gagne son pari. La meunière mit une bague<br />

devant une bougie éclairée. Le diamant lança une étincelle vers le coq qui croyant le jour<br />

arrivé poussa un retentissant cocorico. Le <strong>Diable</strong> avait per<strong>du</strong> son pari. Il manque toujours une<br />

pierre au pont. Quiconque essaiera de la remettre; me <strong>Diable</strong> la retirera la pleine lune<br />

suivante » (Blacher 1996:86).<br />

25 - Doubs<br />

Dans ses Traditions populaires <strong>du</strong> Doubs, Charles Thuriet rapporte en 1891 une<br />

légende selon laquelle, lors de la construction (au XIXe siècle ?) <strong>du</strong> « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> »<br />

enjambant le gouffre <strong>des</strong> Laizines sur le Lison entre Ste-Anne et Crouzet, le Malin venait<br />

chaque nuit renverser les travaux exécutés <strong>du</strong>rant la journée. Il promet finalement au maître-<br />

maçon de ne plus l’importuner, à la condition d’emporter la première âme à passer sur<br />

l’ouvrage. Mais le maître-maçon tombe fort malade, et ses ouvriers préviennent le curé de<br />

Crouzet, pour qu’il vienne l’administrer. Le premier à passer sur le pont nouvellement<br />

terminé, le lendemain, fut donc ce curé, qui portait avec lui le Bon Dieu... ce que voyant, le<br />

<strong>Diable</strong> tomba d’épouvante dans un gouffre sans fond (Thuriet 1891:18). Ainsi explique-t-on de nos<br />

jours encore la présence d’une sculpture figurant la tête <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, à l’emplacement de la clef<br />

de voûte <strong>du</strong> pont . Selon une autre version, le <strong>Diable</strong> aurait atten<strong>du</strong> que le curé soit arrivé à la<br />

moitié <strong>du</strong> pont, pour bondir sur lui. Mais le saint homme se défendit vaillamment et, en lui<br />

assénant <strong>des</strong> coups de chapelets, réussit à mettre le <strong>Diable</strong> en fuite (Cornaille 1997:68-69.).<br />

La version donnée par Gérard Blacher pour Nans-sous-Ste-Anne est la suivante :<br />

« Un maçon audacieux se chargea de la construction <strong>du</strong> pont. Le but était presque<br />

atteint, quand, une nuit, l’ouvrage s’écroula. Le maçon tenace ne perdit pas courage et<br />

recommença. Mais le sort s’obstinait et le maçon était sur le point de recommencer, quand se<br />

présenta devant lui le <strong>Diable</strong> en personne. Le malin s’av oua responsable <strong>des</strong> effondrements<br />

successifs et proposa de tout reconstruire, à une seule condition : que le maçon lui livrât en<br />

échange l’âme <strong>du</strong> premier passant qui emprunterait le fameux pont. Le marché était <strong>du</strong>r ; le<br />

maçon s’y résigna tout de même et la construction fit l’admiration de tous. Mais dans la nuit,<br />

l’imprudent fut pris de violents remords et dans son délier appela un prêtre. Le curé, pour<br />

aller plus vite, emprunta le premier le pont. Aussitôt, le <strong>Diable</strong> se précipita au devant de lui<br />

pour s’emparer de son âme, mais, ébloui par l’éclat <strong>du</strong> ciboire, Satan enjamba le parapet et<br />

sauta dans le vide, d’où le nom de <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » (Blacher 1996:89).


<strong>Pont</strong>hous:<br />

Le même Gérard Blacher signale un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, sur la commune de<br />

« Ce pont est bien le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Il se raconte qu’il fallait bâtir un pont. ‘Deux<br />

frères, les frères Colet, se chargèrent de l’affaire, mais une fois le pont terminé, ils se<br />

disputèrent et se fâchèrent à vie. On y vit l’œuvre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, ce fut le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>’. Le<br />

problème est que, si les frères Colet ont bien vécu et étaient bien maçons au XVIIIe siècle, le<br />

pont, lui, a été bâti en 1870, donc un siècle plus tard selon les archives de la DDE.<br />

L’architecture elle-même porte bien l’empreinte <strong>du</strong> XIXe siècle. Ce pont ne semble pas être<br />

connu <strong>des</strong> habitants eux-mêmes. Seules deux personnes sont à même d’en parler et très peu<br />

savent où il se trouve » (Blacher 1996:92).<br />

27 - Eure<br />

Le nom de la ville de <strong>Pont</strong>-de-l’Arche fait allusion au fait qu’elle est traversée par un<br />

vieux pont reconstruit en 1858, mais dont les parapets présentent <strong>des</strong> interruptions<br />

importantes. Pour les expliquer, ont dit que « le <strong>Diable</strong>, n’ayant eu qu’un chat pour salaire,<br />

refusa de le terminer » (Sébillot 1894:150).<br />

Cet ouvrage a fait l’objet d’une abondante bibliographie.<br />

En 1833, un érudit signant Alf. B. donne un récit selon lequel un <strong>du</strong>c de Normandie<br />

(non nommément cité), désireux de rendre visite au comte d’Evreux, aurait exigé <strong>du</strong><br />

gouverneur d’Hasdams qu’il préparât en quelques heures un nombre de barques suffisant<br />

pour le passer, lui et sa suite et ses gens d’armes. Le message aurait été apporté par le diable<br />

lui-même, sous les apparences d’un chevalier normand offrant ses services au gourverneur,<br />

en proposant de le tirer de ce mauvais pas :<br />

« Pour toi un pont, dit-il, pour moi le premier être qui de ses pas en pressera les dalles.<br />

Le gouverneur jure sa parole de chevalier ; Satan disparaît avec l’intention de tenir la sienne.<br />

Comme la gentille Alice, fille <strong>du</strong> gouverneur, va s’élancer sur le pont et tomber sous la main<br />

infernale, son père a l’adresse de lancer un chat, qui sert de paiement ; cet animal a passé le<br />

premier sur le pont. Malheureusement, une arche restait à faire, et jamais elle ne put arriver à<br />

bonne fin. La ville où tout cela s’est passé a reçu depuis le nom de <strong>Pont</strong>-de-l’Arche, et cette<br />

arche si célèbre, on la montre encore à gauche en arrivant de Rouen, à l’entrée <strong>du</strong> pont.<br />

Souvent on a tenté de la terminer ; mais les <strong>pierres</strong> qu’on employait ou devenaient tout à coup<br />

disproportionnées en longueur, ou, placées pendant le jour, disparaissaient la nuit au fond <strong>des</strong><br />

eaux » (Revue de Rouen 1833:423).<br />

En 1843, Léon de Duranville donne deux versions de la légende :<br />

« Comme si ce n’était point assez, pour le pont construit sous Charles-le-Chauve, et qui


fournit le nom de la petite ville de <strong>Pont</strong>-de-l’Arche, que de remonter jusqu’aux invasions<br />

norman<strong>des</strong>, et d’avoir été construit au chant <strong>des</strong> terribles litanies <strong>du</strong> IXe siècle, on a voulu lui<br />

donner une origine diabolique : le prince de l’enfer a semblé préférable au roi de France, au<br />

petit-fils de Charlemagne. Il existe plusieurs variantes de cet événement merveilleux. [...]. Ou<br />

bien l’architecte n’aurait pas voulu de l’assistance <strong>du</strong> prince d’enfer, qui lui faisait offre de<br />

services, et pour lors Satan, partout reconnaissable à ses griffes, c’est-à-dire à ses mauvais<br />

tours, aurait juré que personne ne verrait le pont fait et parfait, ni dans les IXe, Xe et XIe<br />

siècles, ni même dans le XIXe. Ou bien le découragement de l’architecte fut si grand, qu’il<br />

supplia le mauvais génie de lui venir en aide. Le prix qu’il s’engageait à payer était d’une<br />

autre valeur que le premier objet vivant : il promettait de livrer son âme, de la dévouer aux<br />

tourments éternels de l’autre monde, à ces supplices que le tentateur porte partout avec lui, à<br />

cet enfer, qui n’abandonne jamais Satan quand il apparaît sous forme humaine, quand il se<br />

plonge dans les eaux de l’Océan et soulève d’affreuses tempêtes. Le jour de l’échéance<br />

devait être le propre jour où l’ouvrage serait terminé : “Or sus, maintenant,” lui crierait une<br />

voix épouvantable, “tu m’appartiens à bon droit, tu es un de mes vassaux.” Désolé d’avoir<br />

souscrit un semblable engagement, il répandait <strong>des</strong> larmes amères : on peut en répandre à<br />

moins. Heureusement, son repentir intéresse son patron en sa faveur et, chaque nuit, ce<br />

bienheureux habitant <strong>du</strong> ciel enlève quelque pierre <strong>du</strong> pont. Il en fut ainsi de la toile de<br />

Pénélope et <strong>du</strong> tonneau <strong>des</strong> Danaï<strong>des</strong> : le pont ne fut jamais achevé entièrement ; l’architecte<br />

eut le temps de mourir de sa belle mort et d’échapper aux griffes qui le convoitaient » (L. de<br />

Duranville, Nouveaux documents sur la ville de <strong>Pont</strong>-de-l’Arche. Revue de Rouen 1843:1-2.).<br />

En 1856, le même auteur republiera ces deux versions, en <strong>des</strong> termes pratiquement<br />

identiques (L. de Duranville, Essai historique et archéologique sur la ville <strong>du</strong> <strong>Pont</strong>-de-l’Arche et sur l’abbaye de N.-D. de Bonport,<br />

Rouen / Paris, Lebrument / Didron, 1856:15-17), mais en attirant l’attention sur <strong>des</strong> légen<strong>des</strong> homologues<br />

d’autres régions :<br />

« Ce conte fantastique se rattache à d’autres localités. Il y a le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, à Voilau,<br />

dans le midi de la France, et l’on peut lire un récit fort agréable de sa construction dans<br />

l’Echo de la Jeune France (année 1837, article de M. Eugène Barruau). Il y a encore dans le<br />

pays de Galles le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, jeté sur le Minach, torrent qui coule à près de 70 mètres de<br />

profondeur ; son origine est de la fin <strong>du</strong> XIe siècle. Les paysans suisses attribuent au diable<br />

un pont jeté sur la Reuss, et qui réunit les vallées de Gœschenen, canton d’Uri, au val de<br />

Cornéra, canton <strong>des</strong> Grisons. Des circonstances semblables se rattachent au pont de Saint-<br />

Guillem, dans les environs de Montpellier. M. le Comte Amédée de Beaufort en parle fort au<br />

long dans les légen<strong>des</strong> de saint Guillem, objet de comparaison : Guillaume, <strong>du</strong>c de Toulouse,<br />

parent de Charlemagne, et célébré par les poëtes <strong>du</strong> moyen-âge sous le nom de Marquis au<br />

court nez, voulant construire un pont sur l’Hérault, avait fait marché dans ce but avec Satan,


moyennant le premier passager. Saint Guillem, que Guillaume visitait souvent, et qui, en sa<br />

qualité de saint, avait à cœur de mettre <strong>des</strong> bâtons dans les roues <strong>du</strong> char satanique, fit<br />

connaître cette convention à tous ses amis, de peur qu’ils ne tombassent dans le guet-à-pens :<br />

car fort souvent la curiosité pousse certaines personnes à tenter les premières un passage<br />

qu’on n’a point encore franchi. Puis, aussitôt que l’ouvrage est terminé, saint Guillem lâche<br />

un chat dont le malin esprit est contraint de se contenter. Depuis ce temps, dans ce pays, les<br />

chats appartiennent au diable, et le pont à saint Guillem » (Duranville 1856:19-20, n. 1).<br />

Voici la version popularisée par Amélie Bosquet :<br />

« Si l’on en croit... l’opinion la plus répan<strong>du</strong>e, il s’agissait de livrer à Satan le premier<br />

être vivant qui traverserait le pont, et l’on eu soin d’y faire passer un malheureux matou qui<br />

était devenu suspect aux ménagères <strong>du</strong> voisinage, pour cause d’abus de confiance et de vol<br />

domestique. Toujours est-il que le diable se trouva forcément débouté de ses réclamations, à<br />

preuve, c’est qu’il refusa de terminer son œuvre. En effet, on remarque aujourd’hui encore de<br />

notables interruptions aux parapets <strong>du</strong> pont. Au reste, satan eut lieu de se consoler de sa<br />

défaite : la remarquable solidité de ce pont est toujours un sujet d’étonnement pour<br />

l’observateur, et cet échantillond <strong>des</strong> ouvres d’art <strong>du</strong> diable peut faire sincèrement regretter<br />

que l’infernal architecte ne nous vienne plus désormais en aide que dans les travaux de<br />

démolition » (A. Bosquet, La Normandie romanesque et merveilleuse, rééd. Vertout, 1987, pp. 487-488).<br />

Amélie Bosquet rapproche de cette légende la suivante, concernant l’ancienne voie<br />

romaine qui, <strong>des</strong> environs de Condé-sur-Iton, con<strong>du</strong>isait à Suindinum :<br />

« Voici comment les habitants de Condé expliquent ce fait merveilleux : On avait un<br />

besoin pressant de ce chemin, mais il paraissait impossible de l’achever pour l’époque<br />

déterminée. Le diable proposa de se charger de cette entreprise, et même de la mener si<br />

promptement à fin, qu’un cheval lancé au galop ne pourrait suivre les progrès de son travail.<br />

Témoins pris et gageure faite, le diable acheva le travail dans le délai fixé » (Bosquet 1987:488,<br />

d’après G. Vaugeois, Histoire <strong>des</strong> antiquités de la ville de l’Aigle, p. 478.).<br />

Le pont fut constuit au lieu-dit Archas ou les Dans (ad Danos), au point extrême de la<br />

marée montante. La Chronique de l’abbaye de Fontenelle dit que les Normands abordèrent<br />

dans un lieu nommé Augusto Dunæ, qui, selon l’abbé Lebeuf, serait, par contraction à<br />

l’origine de celui de Hasdans, puis de Dans (L. de Duranville, Essai historique et archéologique sur la ville <strong>du</strong> <strong>Pont</strong>-<br />

de-l’Arche. Documents supplémentaires. Rouen, Le Brument, 1870:5).<br />

Le bras de la Seine s’étendant en aval au-delà <strong>du</strong> pont s’appelait au XIIe siècle<br />

Maresdans, de Mare as Dans. Le 14 juillet 1856, la marée finit de ruiner le vieux pont de<br />

pierre, dont la sécurité était depuis longtemps compromise. On a parfois écrit que ce pont<br />

aurait été construit par Charles le Chauve, ce qui en ferait le plus ancien pont de pierre de<br />

France alors que, <strong>du</strong> point de vue architectural, il doit dater <strong>des</strong> XIIe-XIIIe siècles. Mais


selon Hincmar, le castellum (ensemble de l’ouvrage fortifié) était « ex ligno et lapide », ce<br />

qui signifie que les têtes <strong>du</strong> pont étaient <strong>des</strong> tours de pierre, mais que le reste de l’ouvrage<br />

était en bois. Le premier pont de pierre est dû à Richard Cœur de Lion, qui l’entreprit en<br />

1195, pour contribuer à la défense de la Normandie contre les attaques de Philippe-Auguste.<br />

à partir de cette date, ce pont acquit une grande importance stratégique, <strong>du</strong> fait qu’il était<br />

alors l’unique lieu reliant les portions <strong>du</strong> <strong>du</strong>ché de Normandie situées à droite et à gauche <strong>du</strong><br />

fleuve (F. Lot, Mélanges carolingiens, Le Moyen Âge XVIII(1905):21-27).<br />

Ce pont « mesurait 334 mètres de longueur et 6 m. 50 de largeur, non compris<br />

l’épaisseur <strong>des</strong> parapets. Il était formé de 23 arches de largeurs fort inégales » (Émile Chevallier, Le<br />

pont de <strong>Pont</strong>-de-l’Arche. Les Amis <strong>des</strong> Monuments Rouennais 1903:79-92, ici 80). Il est vraisemblable que les parapets<br />

étaient crénelés à l’origine : en 1858, Raymond Bordeaux rapporte « que l’on avait retrouvé<br />

sous les parapets modernes les vestiges d’un système de créneaux <strong>des</strong> plus curieux » (R.<br />

Bordeaux, dans : Annuaire de l’Institut <strong>des</strong> Provinces et <strong>des</strong> Congrès Scientifiques 1858:141). Il a été démoli pour moitié en<br />

1855 par les ingénieurs <strong>des</strong> <strong>Pont</strong>s et Chaussées, vers la rive droite (Il devait déjà être en mauvais état.<br />

L’une <strong>des</strong> piles de « l’arche marinière » (arche principale) était presque entièrement détruite en 1639 – cf. Chevallier 1903:85), pour<br />

faciliter la navigation de la Seine ; ce qui restait a été emporté par la catastrophe <strong>du</strong> 12 juillet<br />

1856. Lors de la <strong>des</strong>truction, on a retrouvé dans <strong>des</strong> objets dans ses fondations : « On n’a<br />

trouvé aucune médaille dans les fondations <strong>du</strong> vieux <strong>Pont</strong>-de-l’Arche qui puisse assigner une<br />

date certaine à sa création. Les seuls choses remarquables qu’on ait trouvées sont une pierre<br />

tombale et une cotte de maille » (C. Leclerc, dans : Revue générale de l’Architecture et <strong>des</strong> Travaux publics XVI(1858):<br />

col. 93). Les attributions chronologiques très anciennes prêtées à ce monument s’appuient sur<br />

un passage d’Hincmar, auteur <strong>des</strong> Annales de Saint-Bertin, qui raconte que Charles-le-<br />

Chauve, voulant s’opposer aux incursions <strong>des</strong> Normands, vint avec les principaux de son<br />

royaume à son château de Pîtres, au début de juin 862, et y rassembla de nombreux chariots<br />

et <strong>des</strong> ouvriers qui travaillèrent au moins quatre ans à l’exécution d’un barrage<br />

fortifié (« Karolus... omnes primores regni sui ad locum qui Pistis dicitur, ubi ex una parte Andella et ex altera Au<strong>du</strong>ra Sequanam<br />

influunt, circa juni Kalendas cum multis operatiis et carris convenire facit, et in Sequana munitiones construens ascendendi vel <strong>des</strong>cendendi<br />

nabibus propter Nortmannos aditum intercludit » (Annales Bertiniani, ad annum 862. - Les Annales de Saint-Bertin et de Saint-Vaast,<br />

publiées par l’abbé Dehaisne, Paris 1871:112). Le problème est que la nature de cette construction n’est pas<br />

précisée, ni son emplacement exact...<br />

Son appellation en langue vulgaire est <strong>Pont</strong>-de-l’Arche ou <strong>Pont</strong> -<strong>des</strong>-Arches. Parmi les autres<br />

formes anciennes, on trouve Pons Arcæ sur une carte de la Normandie datée <strong>des</strong> environs de<br />

l’an 1200, mais aussi : Pons Arcûs, Pons Archæ, Pons Archie, Pons Archas, Pons Arcuatus,<br />

Pons Arcatum, Pons Arcis et en français, <strong>Pont</strong> <strong>des</strong> Arches ou <strong>des</strong> Archiers. Un historien<br />

anglais cité par Adrien de Valois a écrit le <strong>Pont</strong> de l’Arche guerroise (L. de Duranville, Essai historique et<br />

archéologique sur la ville <strong>du</strong> <strong>Pont</strong>-de-l’Arche. Documents supplémentaires. Rouen, Le Brument, 1870:8.).


Selon Le Prévost, l’étymologie de ce nom se trouverait dans un diplôme d’Henri II :<br />

« pons arcis meae », c’est-à-dire « pont de ma citadelle », ce qui est linguistiquement<br />

insoutenable. Différents actes <strong>du</strong> XIIe siècle offrent la forme Pons archæ, ce qui pourrait faire<br />

penser à une tautologie, arca désignant le pont. Or les textes latins plus anciens donnent la<br />

forme Arcas. Ainsi Dudon écrit-il à la fin <strong>du</strong> Xe siècle, en parlant de Rollon remontant la<br />

Seine jusqu’à Rouen : « Rollo igitur super responsis suorum laesus, a Rotomo, divulsis<br />

navibus, subvenitur ad Archas usque As Danas dicitur » (De moribus et actis primorum<br />

Normanniæ <strong>du</strong>cum, ed. J. Lair, p. 153-154). Guillaume de Jumièges, continuateur <strong>du</strong><br />

précédent, dit « statio navium apud Hasdans quae Archas dicitur » (Historia Nothmannorum,<br />

l. II, c. 10, ds Migne, Patr. lat. 149:796) (F. Lot, Mélanges carolingiens, Le Moyen Âge XVIII(1905):21-27.). La<br />

chronique de Guillaume de Jumièges rapporte les faits suivants : « Rollon s’étant emparé de<br />

Rouen, méditait la ruine de Paris. Lui et les siens détachant alors leurs navires, sillonnèrent<br />

les flots de la Seine et vinrent s’arrêter aux Damps, que l’on appelle aussi Arches. Renaud,<br />

généralissime <strong>des</strong> troupes françaises, ayant appris l’arrivée <strong>des</strong> payens, se porta au devant<br />

d’eux, sur le fleuve de l’Eure, avec une vaillante armée, et envoya en avant, avec d’autres<br />

députés, Hastings, qui habitait Chartres et connaissait leur langage ; il vint à eux en suivant le<br />

cours de la rivière de l’Eure. Il leur demanda ce qu’ils voulaient ; Rolon répondit qu’ils ne<br />

voulaient se soumettre à personne, mais se rendre maître de tout ce qu’ils pourraient<br />

conquérir. Hastings alla porter cette réponse au chef français. Pendant ce temps, Rollon et<br />

ses Normands se firent <strong>des</strong> retranchements et une redoute en forme de château ; ils se<br />

fortifièrent derrière une levée de terre, en laissant au lieu de porte un vaste espace ouvert. à la<br />

pointe <strong>du</strong> jour, les Francs se rendirent à l’église Saint-Germain de Louviers, entendirent la<br />

messe, participèrent au corps et au sang <strong>du</strong> Christ. Partant de là, ils aperçurent bientôt sur la<br />

rive <strong>du</strong> fleuve les vaisseaux <strong>des</strong> pirates, et ceux-ci cachés derrière leurs retranchements.<br />

L’attaque a lieu sur-le-champ ; mais les Normands, cachés et recouverts de leurs boucliers, se<br />

relèvent. Roland, porte-enseigne <strong>du</strong> général <strong>des</strong> francs, s’élance avec ardeur ; il est tué au<br />

premier choc. Sa mort entraîne la fuite <strong>des</strong> assaillants, et Rollon peut ensuite sans obstacle<br />

lever son camp <strong>des</strong> Dans et s’avancer sur la Seine jusqu’à Meulan » (Cité dans Charpillon, Dictionnaire<br />

historique de l’Eure, 1868, p. 925). Dans son Histoire et Chronique de Normandie (éd. de 1610, p. 10, citée par L.<br />

de Duranville 1843:5), Guillaume de Jumièges évoque en ces termes le dialogue entre Hastings et<br />

Rollon :<br />

« – Holà, très vaillants chevaliers [dit Hastings], apprenez-nous de quelles rives vous<br />

êtes arrivés ici, ce que vous cherchez en ces lieux, et quel est le nom de votre seigneur : nous<br />

sommes députés vers vous par le roi <strong>des</strong> Francs.– à ces questions Rollon répondit : – Nous<br />

sommes Danois et tous égaux. Nous venons chasser les habitants de cette terre, désirant nous<br />

faire une patrie et la soumettre à notre domination ».<br />

La première mention de ce toponyme associé au mot pons se trouve <strong>des</strong> chartes <strong>du</strong> <strong>du</strong>c


Richard II pour l’abbaye de Jumièges : « ipso loco concedo... pontem Archas et ecclesiam et<br />

theoloneum ... » (Le Prévost, loc. cit. II:573) . On écrit ici Archas et non archae, c’est-à-dire<br />

qu’on disait alors <strong>Pont</strong>-d’Arches et non <strong>Pont</strong>-de-l’Arche. C’est que cet ouvrage était construit<br />

dans une localité appelée As Dans et Archas, nom à l’origine d’un grand nombre de<br />

toponymes en France, <strong>du</strong> type Arches ou Arques, d’un terme qui, selon Ferdinand Lot, aurait<br />

voulu dire « borne, limite ». Dès le XIIe siècle, il y a eu remotivation sous l’influence <strong>du</strong> mot<br />

arche (<strong>du</strong> bas latin arca pour arcus). Et ainsi, Pons Archas devint <strong>Pont</strong>-d’Arches, voire <strong>Pont</strong>-<br />

<strong>des</strong>-Arches (F. Lot, Mélanges carolingiens, Le Moyen Âge XVIII(1905):21-27).<br />

29 - Finistère<br />

En Finistère, le double alignement qui s’étend au nord de Plougastel-Daoulas jusqu’au<br />

Quilliou, s’appelle « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » (Saintyves 1936, n° 1866).<br />

Une légende comparable est connue à Plounéventer (Finistère), bien qu’elle concerne<br />

un pont dont le nom évoque le Christ, et non le <strong>Diable</strong> :<br />

« Avant de construire le pont <strong>du</strong> <strong>Pont</strong>-Christ, en Plounéventer, il avait fallu promettre<br />

au <strong>Diable</strong> de lui livrer le premier être qui y aurait passé. Le pont achevé, on n’y avait fait<br />

passer qu’un chat : ce qui avait tellement mystifié Satan, qu’il avait juré, sur le pont même,<br />

qu’il l’aurait détruit sans cesse, et que de plus, à ses côtés, il aurait formé deux trous, dont<br />

l’un aurait été pour les marquis et l’autre pour les papes. Il détruisait la nuit ce qui avait été<br />

édifié le jour ; enfin, de guerre lasse, il a donné la paix à la digue, qui remplace aujourd’hui le<br />

vieux pont » (Sébillot 1894:150).<br />

Un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> se trouve entre Plouguerneau et Lannilis :<br />

« <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> ou pont Krac'h<br />

Date : âge de fer ou haut Moyen Âge<br />

Lieu : sur l'aber Wrac'h<br />

Le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> ou pont Krac'h, qui relie Plouguerneau et Lannilis, est un très ancien<br />

pont au-<strong>des</strong>sus de l'aber Wrac'h. Il aurait entre 1.000 et 2.000 ans. Construit à une époque où<br />

le niveau de la mer était plus bas, il est ennoyé à chaque marée.<br />

Selon la légende, il existait autrefois sur la rive, côté Plouguerneau, un petit moulin qui<br />

approvisionnait en farine les habitants <strong>des</strong> environs mais aussi ceux de Lannilis, de l'autre<br />

côté de la rivière (ou plutôt de Ploudiner, nom de l'ancienne trêve qui regroupait les paroisses<br />

de Lannilis, Landéda et Broennou). Pour <strong>des</strong>servir ses derniers clients, le meunier devait<br />

accomplir un long détour qui l'obligeait à emprunter, souvent lourdement chargé, <strong>des</strong> pentes<br />

abruptes. Aussi fut-il heureux le jour où le diable, qu'il avait invoqué en pestant, lui proposa<br />

un marché : "Tu veux un pont. Demain tu pourras traverser la rivière, mais à une condition :


que la première âme qui emprunte ce pont m'appartienne !"<br />

Marché conclu et, la nuit venue, le diable, armé d'un grand marteau, se mit au travail.<br />

Aux premières lueurs de l'aube seuls quelques blocs manquaient encore lorsque le meunier<br />

s'approcha, chargé d'un sac. Le diable se réjouissait déjà, lorsque le meunier s'arrêta et ouvrit<br />

le sac. Il en jaillit un chat qui en quelques bonds eut franchi le pont ! Il faut croire que les<br />

animaux avaient une âme. Le diable furieux d'avoir été joué, lança de dépit son marteau qui<br />

se ficha en terre et prit la forme d'une croix en granit, à laquelle manque un croisillon à<br />

l'extrémité supérieure. Une telle croix existe encore côté Lannilis.»<br />

(source: site de la commune de Plouguerneau, à http://perso.wanadoo.fr/plouguerneau/patrimoine/pc6.html#dia).<br />

Des traditions orales régionales ont été relevées par un habitant de Lampaul qui se<br />

présente ainsi : «Les longues soirées consacrées à étudier le vocabulaire breton à Lampaul en<br />

compagnie de ma grand-mère Kerebel ont été pour moi l'occasion de noter quelques<br />

croyances païennes et autres superstitions. Il m'est paru intéressant d'en faire part aux lecteurs<br />

de Peseurt' Nevez. Dans le but de confirmer et de compléter la mémoire de ma grand-mère,<br />

j'ai contacté une petite quinzaine de Lampaulais "de souche" en avril 1999.» Parmi ses notes,<br />

on trouve la suivante:<br />

« Passer de nuit les petits ponts qui enjambent le ruisseau à Milin an Aod et à<br />

Keramelon (Poull Edarn) est donc particulièrement dangereux. On raconte l'histoire d'un<br />

homme <strong>des</strong>cendant un soir de Pelleoc, qui arrivé devant le pont de Milin an Aod (Ar<br />

Chaocheur), marque un temps d'arrêt. Il dit : "<strong>Pont</strong>ig Doue ! (petit pont de Dieu)", et passe le<br />

pont en courant. Arrivé de l'autre côté, il se retourne pour dire : "<strong>Pont</strong>ig an Diaoul ! (petit<br />

pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>)" avant de disparaître vers les fermes de Plouarzel. Peut-être voulait-il se<br />

protéger <strong>des</strong> viltansou ? ou pire, <strong>du</strong> diable ?»<br />

(Source: http://lambaol.chez.tiscali.fr/patrirel/croyance.htm; 5-X-2005)<br />

30 - Gard<br />

L’une <strong>des</strong> légen<strong>des</strong> les plus célèbres est celle <strong>du</strong> « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> Gard », cet aque<strong>du</strong>c romain<br />

long de 266 m construit sans mortier en 19 avant J.-C., pour con<strong>du</strong>ire les eaux de la fontaine<br />

d’Eure à Nîmes. Cette légende a été contée en 1868 par Frédéric Mistral dans son Armana<br />

prouvençau. Les riverains avaient résolu de construire un pont sur le Gardon tumultueux,<br />

mais le maître maçon ne pouvait arriver à bout de son ouvrage, car la rivière détruisait tout.<br />

Désespéré, il finit par s’écrier : « Voilà trois fois que je recommence ; maugrebleu de ma<br />

vie ! – Il y aurait de quoi se donner au <strong>Diable</strong> ! ». Aussitôt, le <strong>Diable</strong> apparaît, et promet de<br />

construire l’ouvrage en échange de la première âme qui y passera. Voyant que le malin aura<br />

fini avant l’aube, le maçon se confie à sa femme, qui lui conseille d’envoyer sur le pont un


levraut que vient de capturer leur chienne. Au moment où sonne la cloche de l’angélus, le<br />

maçon lâche donc le levraut sur le pont ; le <strong>Diable</strong> s’en empare, mais voyant ce que c’est, le<br />

placarde contre le pont, et disparaît.<br />

Gérard Blacher présente les faits différemment :<br />

« Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est le pont <strong>du</strong> chemin de fer situé à l’entrée Nord de Nîmes. Il a été<br />

construit en 1839 et il enjamble la route. A cette époque c’était le quartier <strong>du</strong> Mas <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>.<br />

On peut donc penser que le pont a pris tout simplement le nom <strong>du</strong> quartier [...]. Quant au nom<br />

<strong>du</strong> quartier il est lui-même récent car il ne figure pas sous cette appellation sur le plan<br />

Napoléon » (Blacher 1996:93).<br />

Il convient de noter que dans la légende associée au <strong>Pont</strong>-Saint-Esprit «un étrange et<br />

mystérieux ouvrier arrivait chaque jour le premier à l’embauche, avant même le lever <strong>du</strong><br />

soleil. Il travaillait avec une telle ardeur qu’il entraînait tous ses compagnons à accélerer les<br />

cadences lors <strong>du</strong> coffrage <strong>des</strong> arches et lors <strong>du</strong> montage <strong>des</strong> piles. Bien mieux, à la tombée de<br />

la nuit, il ne venait jamais réclamer le salaire de la journée, comme il en était coutume au<br />

Moyen Âge! Cette intervention <strong>du</strong> Saint-Esprit ne pouvait qu’inciter les chrétiens à apporter<br />

leur concours à ce qui reste encore un <strong>des</strong> monuments les plus représentatifs <strong>du</strong> génie civil au<br />

XIV e siècle. La première pierre <strong>du</strong> pont Saint-Esprit avait été posée le 12 septembre 1265 sur<br />

la rive gauche par le prieur clunisien Jean de Thianges. Les travaux <strong>du</strong>rèrent quarante-quatre<br />

ans et l’ouvrage fut ouvert à la circulation en 1309» (Clément 2003: 300, d’après Alain<br />

Girard, <strong>Pont</strong>-Saint-Esprit, Mairie de <strong>Pont</strong>-St-Esprit, 1980).<br />

Version donnée sur l’internet (7-oct-2005):<br />

« Mais d'où vient il ? Qui l'a construit ? Les romains, comme le prétendent les<br />

scientifiques, ou bien… un maçon, ainsi que le veut la légende, et le disent les bonnes gens…<br />

Un jour, un maçon décida de construire un pont. Mais pas n'importe lequel : un pont<br />

gigantesque, capable de transporter l'eau <strong>des</strong> sources, afin d'irriguer les champs de la région,<br />

et d'avoir <strong>des</strong> récoltes plus pro<strong>du</strong>ctives. Sa femme, comme tous les gens <strong>du</strong> village, se<br />

moquait de lui, et lui rabâchait sans cesse :<br />

"—Arrête de t'escrimer sur ce pont, et viens dans les champs avec moi, les légumes ne<br />

vont pas pousser tous seuls ! "<br />

Le maçon lui répondait alors :<br />

"—Tu verras, quand ce pont seras construit, nous n'aurons plus besoin d'aller chercher<br />

l'eau, et nous vivrons dans la joie et la richesse ! " Il reprenait alors tous ses instruments,<br />

pelle, marteau, pioche, brouette, truelle, et il continuait son ouvrage. A force de persévérance,<br />

la première arche fut achevée. Elle était magnifique, prestigieuse, digne de la volonté dont le<br />

maçon avait été animé. Sa femme le félicita comme il se doit, et les villageois admirèrent


l'ouvrage, en pique - niquant sous l'arche. Soudain, une pluie torrentielle s'abattit, et tout le<br />

pont s'effondra, laissant le maçon devant son ouvrage, totalement désemparé ; tandis que les<br />

villageois rentraient chez eux. Le maçon se remit à l'œuvre, et tailla les <strong>pierres</strong> encore et<br />

encore, les scella, et à force de persévérance, la première arche fut achevée. On revint le<br />

féliciter, mais encore une fois, <strong>des</strong> pluies diluviennes s'abattirent, et l'arche s'effondra.<br />

"Bon sang de bonsoir ! Cela n'est pas possible, cela est l'œuvre <strong>du</strong> diable." dit - il à sa<br />

femme. Tous regardèrent vers le ciel, et sa femme répondit : " En effet, je vois ses cornes<br />

dans le ciel !"<br />

La silhouette <strong>du</strong> diable se <strong>des</strong>sinait déjà dans le ciel, et tous les gens apeurés rentrèrent<br />

chez eux. Le maçon, resté seul, recommença à tailler et à sceller les <strong>pierres</strong>, afin de<br />

reconstruire son ouvrage. Tandis qu'il travaillait <strong>du</strong>r, une voie nasillarde et grinçante lui<br />

proposa :<br />

"—Veux -tu que je t'aide, au lieu de travailler comme une bête de somme ? " Le maçon<br />

leva les yeux, et vit le diable s'adresser à lui. Il lui demanda :<br />

"— Que veux -tu en échange ?<br />

— Juste une petite compensation. Que la première créature vivante qui passe sur ce<br />

pont vienne avec moi.<br />

— Je réfléchis, répondit le maçon.<br />

— Donne moi tout de suite la réponse, ou j'enverrai les pires pluies sur ton ouvrage, qui<br />

le détruiront sans cesse.<br />

— Alors d'accord."<br />

Ainsi, le pacte entre le diable et le maçon fut conclu. Soudain, <strong>des</strong> nuées de diablotins<br />

sortirent de nulle part, et s'affairèrent sans relâche à construire le pont. Déjà, il était achevé, et<br />

le maçon rentra chez lui.<br />

"— Le pont est fini, mais j'ai fait un pacte avec le diable : si je veux que le pont reste<br />

debout, je dois lui donner l'âme de la première créature qui le franchira. Je partirai donc<br />

demain, et traverserai donc ce maudit pont.<br />

— Quel malheur ! Mon frère a ramené un lièvre, et je voulais le cuisiner. Mais le diable<br />

a parlé d'une créature vivante, n'est- ce- pas ?<br />

— Oui.<br />

— Demain, tu partiras avec le lièvre, et tu le feras traverser le pont avant toi. C'est une<br />

créature vivante. Ainsi, le diable sera bien attrapé ! "<br />

Tout content, le maçon partit, le lendemain, avec le lièvre sous l'épaule, et le lâcha sur<br />

le pont. Le diable, qui attendait de l'autre côté, fut fou de rage devant la supercherie, et<br />

renvoya le lapin. Il se contente maintenant d'envoyer <strong>des</strong> orages qui grossissent le cours <strong>des</strong><br />

rivières.<br />

Ainsi se termine la légende <strong>du</strong> pont <strong>du</strong> Gard, mais allez voir, peut -être découvrirez-


vous sur les <strong>pierres</strong> <strong>du</strong> pont un tête de lièvre, en hommage à l'animal qui a sauvé la vie au<br />

maçon, et là, qui croirez -vous : les savants ou les bonnes gens…?»<br />

(source: http://www.philagora.org/contes-legen<strong>des</strong>/gard2.htm)<br />

31 - Haute-Garonne<br />

La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est connue en Comminges à St-Christaud (Marliave 1987:220).<br />

33 - Gironde<br />

On dit que la table <strong>du</strong> pseudo-dolmen de la Pierre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à Lugos aurait été<br />

abandonnée par le <strong>Diable</strong>, sur injonction divine, alors qu’il la transportait à Dax, pour y<br />

construire un pont sur l’Adour. Ce bloc de grès naturel, en place, porte une série de cinq traits<br />

interprétés comme une trace de la « Main <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> », mais qui sont peut-être d’origine<br />

récente (il ne s’agit pas d’un polissoir, en tout cas).<br />

34 - Hérault<br />

Le pont d’Aniane, appelé <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> ou <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> Gour Noir, long de 65 mètres,<br />

haut de 16m, à trois arches inégales et remontant au XIe siècle (il fut construit en 1031), fait<br />

l’objet d’une légende ainsi racontée par Gérard Blacher :<br />

« La bonté de Guillaume, retiré dans le Comté de Gellone, attire les humbles et les<br />

malheureux. Pour faciliter le passage de l’Hérault, Guillaume décide de construire un pont.<br />

Mais chaque nuit, un inconnu vient détruire ce que Guillaume a édifié le jour. Cela <strong>du</strong>re<br />

depuis plus d’un mois. Guillaume excédé fait le guet. Une nuit, il surprend le <strong>Diable</strong>. Aussitôt<br />

il engage la lutte. Avec l’aide de Dieu, il saisit Satanas à bout de bras, le fait tourner trois fois<br />

au-<strong>des</strong>sus de sa tête et à la quatrième il le précipite dans la rivière. Le <strong>Diable</strong> se noie et le<br />

‘gour’ où l’eau en tournoie est toute noire [sic] : les pèlerins y jettent encore <strong>des</strong><br />

<strong>pierres</strong> » (Blacher 1996:95).<br />

La version rapportée par Paul Sébillot en 1894 est la suivante :<br />

« Quand Guillaume, <strong>du</strong>c de Toulouse, dit le Marquis-au-Court-Nez, qui allait souvent<br />

visiter son ami saint Benoît au couvent d’Aniane, voulut construire un pont sur l’Hérault, au<br />

lieu ordinaire de sa traversée, le <strong>Diable</strong> renversait la nuit ce qu’il avait édifié à grand’peine<br />

pendant le jour. Guillaume finit par se lasser : il appela le <strong>Diable</strong> et fit un pacte avec lui, aux<br />

conditions ordinaires : le premier passager lui appartiendrait. Le saint <strong>du</strong>c, plus rusé que<br />

Satan, fit connaître le marché à tous ses amis pour les en préserver ; puis il lâcha un chat qui<br />

le premier traversa le pont, et dont le démon fut bien forcé de se contenter. Depuis ce temps,<br />

dans le pays, les chats appartiennent au <strong>Diable</strong>, et les chiens à saint Guillem » (Sébillot 1894:151).


Voici celle que donne Pierre-Albert Clément, lequel précise que les mentions écrites de<br />

l’appellation «pont <strong>du</strong> diable» ne sont pas antérieures au XVII e siècle:<br />

« Le démon était intervenu pour démolir chaque nuit les piles <strong>du</strong> pont construites dans<br />

la journée par les maçons employés par les moines. Les deux abbés qui s’alarmaient de voir<br />

leur travail anéanti avaient demandé à une sorcière de leur prendre rendez-vous avec le malin.<br />

Celui-ci leur avait promis de les laisser terminer leur ouvrage à condition qu’ils s’engagent à<br />

lui livrer la première âme qui y passerait. Le frère cellerier avait alors imaginé, au matin de<br />

l’inauguration, de lancer un chien sur la chaussée terminée la veille. Furieux d’avoir été floué,<br />

Satan avait poussé un cri horrible et s’était précipité dans l’Hérault, enveloppé d’un nuage à<br />

l’odeur et à la couleur de soufre. Depuis, les rochers qui tapissent le lit <strong>du</strong> fleuve ont pris une<br />

teinte sombre qui a valu au gouffre de toujours s’appeler «le Gour Noir ». Pour les<br />

détracteurs de légen<strong>des</strong>, le diable ne serait autre que le fleuve Hérault, dont les violentes crues<br />

ne cessaient d’emporter les piles en construction.» (Clément 2003: 295). En légende de la<br />

figure p. 296, le même auteur indique «Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> <strong>du</strong> Gour Noir à Saint-Jean-de-<br />

Fos ».<br />

Version collectée sur l’internet :<br />

« Le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> a été construit de concert par les abbayes amies<br />

d'Aniane et de Gellone, vers 1025, pour faciliter leurs échanges.<br />

Dix siècles plus tard, il résiste encore aux crues de l'Hérault. La beauté de l"ouvrage,<br />

considéré comme un exemple parfait de l'art roman primitif,<br />

et son rôle historique de point de passage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle,<br />

lui ont valu d'être inscrit en 1998 au patrimoine mondial de l'UNSECO. L'amitié entre les<br />

deux abbayes a <strong>du</strong>ré moins longtemps que le pont:<br />

dès 1060 Aniane, jalouse de la renommée et de l'indépendance acquise<br />

par Gellone tente de rétablir son autorité. Le conflit ne sera réglé qu'en 1090,<br />

lorsque le pape Urbain II reconnait solennellement l'indépendance de Gellone.<br />

Le nom <strong>du</strong> pont dérive d'une légende liée à Guilhem d'Aquitaine, devenu Saint<br />

Guilhem. Ce dernier avait entrepris de construire un pont<br />

sur la rivière d'Alaor (l'Hérault) pour visiter plus commodément son ami Benoît<br />

(voir l'histoire d'Aniane), mais Satan, pour empêcher la réunion <strong>des</strong> deux saints,<br />

détruisait chaque nuit ce qui avait été fait le jour. Guilhem fit alors un pacte avec lui:<br />

il pourrait construire son pont à condition que le premier passant soit livré au <strong>Diable</strong>.<br />

Guilhem construit son pont, fait prévenir tous ses amis de se garder d'y passer<br />

quand il serait achevé, et lâche un chat qui devient ainsi le premier passant.<br />

Depuis, les chats <strong>du</strong> pays sont propriété <strong>du</strong> diable, mais le pont tient toujours.»<br />

Source : http://www.univ-montp2.fr/~neurodvpmt/places4/PDA.html


À Ollargues se trouve également un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, construit de 1060 à 1100 sur la<br />

rivière Jaur. Il est long de 32,60 m et a trois arches (une grande, flanquée de deux petites)<br />

(Blacher 1996:101). Voici ce qu’en dit Pierre-Albert Clément (2003: 296):<br />

« La tradition rapporte que les habitants avaient entrepris d’élever un pont car le gué qui<br />

permettait à la route de Vieille-Toulouse de franchir le Jaur était souvent submergée par les<br />

sautes d’humeur de la rivière. Malgré l’aide de fées bienveillantes, le chantier était sans cesse<br />

à recommencer. On fut donc contrant de pactiser avec le diable. Le matin où il fallut tenir la<br />

promesse faite à Lucifer, on vit arriver deux aubergistes portant chacun un sac à l’intérieur<br />

<strong>du</strong>quel on avait l’impression que quelque chose bougeait. Lorsque l’on ouvrit le premier, un<br />

chat s’en échappa, frénétiquement poursuivi par le chien qui était caché dans le second».<br />

Il y en a un autre à Villemagne, long de 14m, à deux arches, construit au XVIIIe siècle<br />

sur la rivière la Mare. Voici de qu’en dit Pierre-Albert Clément (2003: 295-296):<br />

« Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> qui surmonte la Mare au nord de Villemagne est lui aussi très<br />

proche voisin d’une abbaye bénédictine héraultaise. Dans le village, on raconte qu’un âne y<br />

fut offert en holocauste au démon.»<br />

37 - Indre-et-Loire<br />

En 1644, la tradition suivante a été notée pour Chinon par Louis Coulon, dans son livre<br />

sur Les rivières de France :<br />

« Chinon est remarquable par ses grands ponts de pierre qu’on nomme communément<br />

les ponts de la Nonain, soutenus d’une infinité d’arca<strong>des</strong> inégales, et chargés de croix en<br />

plusieurs endroits, pour ce qu’on tient que ce fut un Lutin ou quelque Esprit inconnu qui en<br />

assit la première pierre et acheva le <strong>des</strong>sin de l’Architecte qui l’auoit entrepris » (Coulon 1644,<br />

I:344).<br />

38 - Isère<br />

À St-Christophe-en-Oisans, un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> franchit un torrent appelé Torrent <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong>, qui prend sa source au glacier de la Selle et coule au pied d’un sommet dit <strong>du</strong> <strong>Diable</strong><br />

(2867 m) et dominant un Lac Noir. Selon Gérard Blacher, « ici... lorsque l’on demande le<br />

<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> on vous montre l’actuel pont routier construit en 1898 alors que le véritable<br />

<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> se trouve en <strong>des</strong>sous. Il est daté d’époque romaine. Aux alentours, il reste les<br />

vestiges d’une implantation médiévale. [...]. Contiguës au pont on peut voir les ruines d’un<br />

moulin qui apparaît dans les textes en 1313. Il a été détruit en 1825 écrasé par un bloc de<br />

rocher tombé de la falaise. Il fut reconstruit en 1827 à l’emplacement actuel et porte le nom<br />

de Moulin <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » (Blacher 1996:103). Blacher ajoute ce commentaire de son crû :


« certainement afin d’harmoniser la toponymie » et raconte ainsi la légende :<br />

« Les hommes voulaient bâtir un pont. La tâche était particulièrement ar<strong>du</strong>e. à plusieurs<br />

reprises la construction s’écroula. Découragés, les hommes allaient abandonner lorsqu’un<br />

passant vêtu de noir leur proposa de bâtir ce pont en une nuit. En contrepartie, il prendrait,<br />

l’âme <strong>du</strong> premier passant. De retour au village ils en parlent au curé. Le lendemain, ce dernier<br />

se rendit sur les lieux avec son chien. Le diable attendait, le curé lança son chien courir sus au<br />

<strong>Diable</strong>. Le chien traversa le pont, le diable berné, dû [sic] prendre l’âme <strong>du</strong> chien et s’enfuit<br />

en hurlant » (Blacher 1996:105.).<br />

Légende cité pour Salins-les-Bains:<br />

« Le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong><br />

39 - Jura<br />

Au nord-est de Salins-les-Bains, le touriste curieux ne manque pas de visiter la Source<br />

<strong>du</strong> Lison, le Creux Billard et la Grotte Sarrazin qui forment une <strong>des</strong> plus remarquables<br />

curiosités naturelles <strong>du</strong> massif jurassien. Quelques kilomètres plus loin, en admirant la vallée<br />

encaissée entre les deux villages de Crouzet-Migette et Sainte-<br />

Anne, il emprunte le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> qui enjambe la gorge très profonde où coule un<br />

ruisseau, affluent <strong>du</strong> Lison. Quelle est donc la légende se rapportant à ce pont et qui se<br />

raconte dans la région r<br />

Vers la fin <strong>du</strong> XIIIe siècle, les gens <strong>du</strong> pays sollicitèrent un entrepreneur de Salins<br />

nommé Babey pour réaliser cet ouvrage difficile. Consciencieux et de bonne renommée,<br />

ayant déjà fait ses preuves en construisant une église et d'autres édifices importants,<br />

paraissant suffisamment compétent pour réussir, il signa un contrat avec les deux communes<br />

qui voulaient faciliter leurs échanges et promit d'achever les travaux avant un an.<br />

Terrassiers, carriers, maçons, manoeuvres et transporteurs affluèrent. Sur chaque<br />

versant, quelle animation sur les chantiers! L'entrepreneur, l'architecte et les maîtres-<br />

compagnons se concertèrent pour choisir de part et d'autre l'endroit adéquat où l'on<br />

entaillerait la roche pour asseoir solidement sur leurs fondations les extrémités <strong>du</strong> pont ou<br />

culées.<br />

Des chariots tirés par <strong>des</strong> boeufs ou <strong>des</strong> chevaux, dans un va-et-vient incessant,<br />

amenaient à pied d'oeuvre les énormes blocs extraits <strong>des</strong> carrières voisines, ou transportaient<br />

<strong>des</strong> poutres de chêne. Les appels répétés, les cris rauques <strong>des</strong> voituriers retentissaient au loin<br />

dans la vallée. A proximité, <strong>des</strong> équipes s'activèrent autour <strong>des</strong> roches pour les transformer en<br />

<strong>pierres</strong> de taille que les maçons assemblaient.<br />

Infatigable, les plans en mains, Babey se déplaçait d'un groupe à l'autre, exigeant ici un<br />

travail plus soigné, là stimulant les ouvriers. Après plusieurs mois, les culées furent


terminées. L'arche progressa lentement et l'on envisagea de poser prochainement le tablier ou<br />

plancher <strong>du</strong> pont. Heureux, le maître d'oeuvre se frottait les mains de satisfaction.<br />

Mais une nuit, un vacarme assourdissant réveilla les gens de Crouzet-Migette et Sainte-<br />

Anne. Inquiet, dès l'aube Babey fut sur les lieux. Quel désastre! Dans un enchevêtrement<br />

in<strong>des</strong>criptible, pêle-mêle au fond de la gorge, étaient entassés blocs, poutres, cailloux et<br />

autres matériaux. L'homme de l'art ne s'attarda pas à se lamenter, ni à discourir sur les causes<br />

de la catastrophe. Volontaire et décidé, n'ayant qu'une parole, il embaucha aussitôt d'autres<br />

ouvriers pour doubler les équipes. Il fallait se remettre à l'ouvrage avec ardeur pour pouvoir<br />

respecter les délais. Avec plus de rigueur et de minutie qu'auparavant, il contrôla le travail<br />

<strong>des</strong> maçons. Bientôt la construction reprit forme... Hélas! un soir un épouvantable fracas fit à<br />

nouveau sursauter les habitants effrayés qui se signèrent.<br />

-Quelle malédiction s'acharne donc sur cet édifice ? se demandait-on à la ronde. Babey<br />

toujours si sûr de lui, avait-il vraiment toutes les capacités pour mener à bien cette<br />

délicate entreprise ? Le doute commençait à s'installer dans les esprits.<br />

L'entrepreneur déçu ne pensa qu'à recommencer une fois de plus pour tenir ses<br />

engagements. Désormais une garde de quelques hommes resterait la nuit sur place pour<br />

empêcher toute malveillance et effectuerait de fréquentes ron<strong>des</strong>. Tous les ouvriers <strong>du</strong><br />

chantier redoublèrent de courage, travaillant dès l'aube jusqu'à la nuit. Une troisième fois, le<br />

pont se dressa solide et massif. Que pouvait-on encore craindre ? Dans quelques jours il serait<br />

complètement achevé.<br />

Pourtant dans la nuit, malgré les précautions prises, tout s'écroula à nouveau pour la<br />

troisième fois dans un bruit infernal. L'éboulement faillit même entraîner au fond <strong>du</strong><br />

précipice les gardiens présents sur les lieux.<br />

Accablé, prostré, le constructeur resta le dernier à contempler les décombres <strong>du</strong> pont<br />

qui, la veille encore, avait si fière allure. Tous ses efforts étaient anéantis. D'après le contrat,<br />

l'ouvrage devait être achevé dans huit jours! Babey se voyait humilié, ruiné, la risée de tous,<br />

lui, qui d'habitude mettait son honneur à respecter scrupuleusement les délais.<br />

Impuissant devant ce nouveau coup <strong>du</strong> sort, il s'écria :<br />

-Pour terminer, je donnerais tout, absolument tout, même mon âme au diable s'il le faut.<br />

A ces mots, le démon surgit à sa gauche. C'était bien lui, cet être étrange au visage<br />

sillonné de ri<strong>des</strong>, à la chevelure noire et hirsute, à la barbiche taillée en pointe et surtout au<br />

regard perçant et à la longue queue poilue relevée vers l'arrière.<br />

-Je suis Satan. Tu m'as bien appelé. Que désires-tu ?<br />

Abasourdi, effrayé, l'entrepreneur ne put articuler un seul mot.<br />

-Tu es fort troublé. A trois reprises, tu t'es acharné à reconstruire un pont que je<br />

démolissais à chaque fois. Ne cherche pas à poursuivre les travaux sans mon consentement,<br />

car ma puissance est sans limite. Par contre si tu acceptes mes conditions, j'ai le pouvoir de


tout achever aujourd'hui même.<br />

-Que faudrait-il donc pour cela, interrogea Babey d'un air embarrassé.<br />

-Tu es déjà d'accord pour me vendre ton âme. C'est enten<strong>du</strong>. J'exige encore celle de la<br />

première personne qui utilisera le pont terminé.<br />

-Je ne peux guère consentir à cela et je n'en ai pas le droit.<br />

-Alors tu t'en repentiras.<br />

Satan fit mine de s'éloigner vers le fond de la gorge tandis que Babey hésitait... Mais<br />

l'orgueil l'emporta à la pensée de ce troisième échec, de sa réputation ternie à jamais, <strong>des</strong><br />

critiques malveillantes à son égard le jugeant incompétent... Finalement il rappela Lucifer.<br />

jauni.<br />

-Allons, signe ce contrat sans attendre, trancha le diable en lui tendant un parchemin<br />

Tandis que l'homme de l'art s'exécutait, sur un geste mystérieux <strong>du</strong> démon, <strong>pierres</strong> de<br />

taille et poutres reprenaient leur place initiale... et voilà le pont reconstruit.<br />

O surprise, ô satisfaction! Babey était-il comblé ? Obsédé par ce pacte qu'il se repentait<br />

maintenant d'avoir signé, avec de sinistres pressentiments, il rentra très tard à Sainte-Anne où<br />

il ne dit mot, ne confiant son secret à personne. Malgré l'insistance de sa femme, il refusa<br />

toute nourriture. Las, accablé, fiévreux, il <strong>du</strong>t se coucher. Des cauchemars terrifiants, <strong>des</strong><br />

visions horribles l'assaillirent, hantant son esprit tourmenté, secouant son corps de grands<br />

frissons. Le malheureux cherchait à s'asseoir sur son lit, transpirait à grosses gouttes, hurlait,<br />

parlait <strong>du</strong> diable et voulait fuir au loin.<br />

Épouvantée, sa femme appela les voisins.<br />

-Mon pauvre mari est bien mal. Il délire et va trépasser... Ayez pitié et courez prévenir<br />

le curé de Crouzet, je vous en supplie, pour qu'il lui apporte les sacrements.<br />

Le jour commençait à poindre quand le vieux prêtre alerté sortit <strong>du</strong> presbytère. Portant<br />

le ciboire d'or contenant les hosties, il pressait le pas, se sachant atten<strong>du</strong> impatiemment à<br />

Sainte-Anne. Il allait emprunter le sentier abrupt qui <strong>des</strong>cendait au fond de la vallée quand il<br />

vit, à son grand étonnement, le pont terminé. A Crouzet ne chuchotait-on pas que l'oeuvre<br />

serait abandonnée après les trois échecs successifs ? Comme il fallait faire au plus vite, il<br />

revint donc sur ses pas et s'engagea résolument sur le pont qu'il était le premier à franchir.<br />

A mi-chemin le diable surgit, s'apprêtant à l'assaillir. Mais le brave curé reconnut tout<br />

de suite le Prince <strong>des</strong> ténèbres.<br />

-Vade retro Satanas !<br />

Retire-toi Satan, s'écria-t-il aussi fort qu'il put, en présentant le ciboire devant lui. Et<br />

Dieu intervint, sauvant son serviteur<br />

Ébloui, désemparé, Lucifer sauta au-<strong>des</strong>sus <strong>du</strong> parapet pour tomber au fond de la gorge<br />

et disparaître à jamais dans une profonde excavation, qui n'est autre que l'entrée en forme<br />

d'entonnoir de l'Enfer, selon la croyance...


Alors le prêtre put poursuivre sa route jusqu'à la maisonnette de Babey toujours délirant<br />

qu'il rassura et réconforta. Bientôt le patient retrouva son calme.<br />

Depuis, solidement amarré aux deux versants de la vallée, le pont subsiste... Bien plus<br />

tard, d'importantes modifications lui furent apportées, mais son nom rappelle toujours<br />

l'hallucinante aventure.»<br />

(Source : http://www.cancoillotte.net/html/heritages/Legen<strong>des</strong>/<strong>Pont</strong>Du<strong>Diable</strong>.htm ;<br />

également cité sur : http://www.tromal.net/conte/view.php?urlHistoCount=6414; 7-X-2005)<br />

40 - Lan<strong>des</strong><br />

Mac Devignes précise qu’une légende analogue à celle de la Pierre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à Lugos<br />

(Gironde) « existe pour de nombreux menhirs <strong>du</strong> département <strong>des</strong> Lan<strong>des</strong> : Rion, Ste-<br />

Colombe, Pouillon, Sarron... » (Devignes 1995:120).<br />

42 - Loire<br />

Le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> de St-Marcelin-en-Gorez (ou en Forêt ? ==> à vérifier), construit au<br />

XIVe siècle, long de 14,4 m et à deux arches, est le support de la légende suivante :<br />

« Il fallait l’aide <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> pour construire le pont. Le <strong>Diable</strong> demandait en contrepartie<br />

l’âme <strong>du</strong> premier vivant qui passait sur ce pont, en général un ‘cochon’. Le <strong>Diable</strong> aurait<br />

construit ce pont en une nuit, cadeau <strong>du</strong> Malin » (Blacher 1996:106).<br />

43 - Haute-Loire<br />

Gérard Blacher rapporte la légende suivante, expliquant la construction <strong>du</strong> pont de<br />

Chalençon, qui remonte au XVe siècle (long de 50m, il est à deux arches):<br />

« Un vieux pont que les crues de la rivière qu’il enjambe détruisaient régulièrement,<br />

était, reconstruit au prix de <strong>du</strong>res journées d’efforts par les habitants <strong>du</strong> village. Un jour, le<br />

seigneur de ce village <strong>des</strong>cendant une nouvelle fois voir les dégâts, fut accosté par le <strong>Diable</strong><br />

qui lui tint ce langage : ‘Je reconstruirai le pont cette nuit à la condition que la première âme<br />

qui le franchira m’appartienne’. Et il disparut. Le seigneur, car c’était un bon seigneur, ne<br />

voulant point sacrifier un de ses sujets, décida de se sacrifier lui-même. Le lendemain il<br />

<strong>des</strong>cendit et il vit que le <strong>Diable</strong>, qui se tenait de l’autre côté <strong>du</strong> pont, avait tenu parole. Le<br />

pont était là, magnifique et solide. Ce que le <strong>Diable</strong> n’avait pas prévu, c’est que le chien <strong>du</strong><br />

seigneur qui gambadait devant son maître comme le font beaucoup de chiens, passa le<br />

premier sur le pont. Le <strong>Diable</strong>, tout d’abord surpris, <strong>du</strong>t prendre l’âme <strong>du</strong> chien, mais furieux<br />

fit tomber, en disparaissant, une <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> <strong>du</strong> parapet. Chaque fois que cette pierre est


emise à sa place, elle est retrouvée dans la rivière le lendemain. Le diable disparut à jamais.<br />

Le pont devint <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> et ne s’écroula plus » (Blacher 1996:109).<br />

Pierre-Albert Clément (2003:297) dit simplement: «à Saint-André-de-Chalançon, dans<br />

le nord <strong>du</strong> Velay, le seigneur <strong>du</strong> lieu avait réussi à terminer son pont sur l’Ance en se<br />

défaisant d’un de ses lévriers, vieux, usé, fatigué et presque aveugle».<br />

Il continue en citant cette autre légende:<br />

« Un récit atypique demeure lié au pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> sur lequel la voie romaine et<br />

médiévale de Nïmes à Gergovie franchissait jadis le ruisseau de Rouchoux, un kilomètre au<br />

nord-ouest de Saint-Privat-d’Allier. Douze jeunes gens, un chiffre symbolique, y dansaient<br />

rituellement. tout-à-coup, ils s'aperçurent avec frayeur qu’un treizième personnage s’était<br />

mêlé à eux: ses pieds avaient la forme de sabots de pourceaux, attributs spécifiques de<br />

Lucifer» (Clément 2003: 297).<br />

suivante :<br />

44 - Loire-Atlantique<br />

Le nom de Barbechat, en Loire-Atlantique, est populairement expliqué par la légende<br />

« Saint Martin [de Vertou] avait souvent besoin d’user <strong>du</strong> chemin de Vertou au Loroux,<br />

mais il était toujours gêné par la nécessité de recourir à un bac, dont le service n’était pas<br />

régulier, pour passer le fossé dit de Louan, dans le marais de Goulaine, fossé d’ailleurs très<br />

profond : ce qui gênait pour la construction d’un pont. Le <strong>Diable</strong> vint offrir ses services à<br />

saint Martin à une condition : c’est qu’il aurait en retour la propriété de la première personne<br />

qui passerait le pont. Saint Martin, qui n’était point sot, accepta, prit un chat sous son<br />

manteau et le jour où l’ouvrage fut terminé, lança la bête. Le <strong>Diable</strong> se mit à la poursuite et<br />

ne put saisir que sa barbe, tant il courait fort. Depuis ce temps, le lieu où la course prit fin<br />

s’appelle Barbe-Chat » (Dr Marcel Baudouin, notes manuscrites conservées aux Archives Départementales de la Vendée).<br />

Celui de la commune de <strong>Pont</strong>-Saint-Martin fait manifestement allusion à une légende<br />

similaire. Voici ce qu’en dit le site de l’association « Sauvegarder et Promouvoir le<br />

Patrimoine naturel et culture <strong>du</strong> Pays de Rez » :<br />

« Dans cette commune, Saint-Martin entre dans plusieurs légen<strong>des</strong>. La mémoire de ce<br />

moine évangélisateur est souvent rattachée à la réalisation de ponts. C'est le cas <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> de<br />

l'Ouen, dans les marais de Goulaine, ou <strong>du</strong> pont entre l'Ile d'Yeu et le continent. A chaque<br />

fois, Saint-Martin faisait un pacte avec le diable pour lui faire construire les ouvrages<br />

nécessaires. A <strong>Pont</strong> Saint Martin, pour franchir l'Ognon, le diable demande pour paiement


l'âme <strong>du</strong> premier être vivant qui passerait sur le pont. Le jour venu, St Martin ne présenta<br />

qu'un chat pour le sacrifice… C'est ainsi que furent construits tous ces ponts… Vous<br />

connaissez l'Ile d'Yeu, et vous avez le souvenir d'avoir pris un bateau, pour vous y rendre?<br />

L'ouvrage fut construit, mais le diable, de colère, le détruisit en découvrant le subterfuge. Il<br />

reste, en vestiges, le <strong>Pont</strong> d'Yeu, une chaussée rocailleuse de quelques kilomètres qui se<br />

découvre lors <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> marées. Elle est située sur la côte vendéenne, près de Notre Dame<br />

de Monts. »<br />

(Source : http://museepaysderetz.free.fr/p_pontsaintmartin.html)<br />

45 - Loiret<br />

En 1884, Henry Gaidoz et Paul Sébillot signalaient que les gens de Beaugency sont<br />

surnommés « Les chats de Beaugency » par allusion à une légende de pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> :<br />

« La tradition rapporte que ce sobriquet remonte à un pont difficile à construire que le<br />

<strong>Diable</strong> fit à condition que l’architecte lui donnerait la première âme qui passerait sur le pont.<br />

L’architecte y fit passer un chat, qui déchira le visage <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> et finit par lui<br />

échapper » (Gaidoz & Sébillot 1884:254).<br />

La légende de Beaugency est ainsi développée en 1894 :<br />

« Un architecte qui ne pouvait achever la construction <strong>du</strong> pont se voua au <strong>Diable</strong>. Le<br />

pont terminé, l’architecte lâcha <strong>des</strong>sus un chat ; le <strong>Diable</strong>, furieux, chercha à détruire son<br />

ouvrage : il lui donna un grand coup de pied, mais ne put que faire pencher un contrefort ; il<br />

s’empara <strong>du</strong> chat, mais celui-ci se débattit et lui déchira le visage » (Sébillot 1894:150).<br />

Version diffusée sur l’internet (7-X-2005):<br />

« Cette histoire, encore toute récente à l'échelle de l'humanité, remonte à l'époque où les<br />

balgenciens se promenaient encore à pied où en calèche et déféquaient, sans états d'âme, dans<br />

quelques recoins sombres et puants <strong>des</strong> ruelles. Point d'usine ne régurgitait encore de poisons<br />

dans l'air et dans l'eau. Et les pires toxines étaient véhiculées par la langue <strong>des</strong> curés. C'était<br />

au temps béni où les poumons tuberculeux respiraient un air moins nauséeux, mais tout aussi<br />

brumeux…<br />

Par une curieuse nuit d'hiver, comme on n'en trouve de pareille qu'aux abords <strong>des</strong><br />

larges rivières. Un immense linceul de brume recouvrait alors la Loire. A tel point, qu'aucune<br />

embarcation raisonnable ne se serait risquée à en effectuer la traversée. Cette nuit nuit là, le<br />

bac était solidement amarré et gardé par quelques algues.<br />

Donc, je reprends... par cette curieuse et étrange nuit, désertée de la lune, mais point<br />

<strong>des</strong> étoiles qui étaient fort nombreuses, Le <strong>Diable</strong> surgit soudain à la surface brumeuse <strong>des</strong><br />

eaux et, imitant Jésus, par quelque ironie, se mit à faire les cent pas. L'ange déchu, de rouge


vétu, réfléchissait de quelle délicate manière il pourrait capturer l'âme d'un de ces balgentiens,<br />

rusés et fiers à qui on ne la fait point. Jetant un regard vers la rive il apperçu à travers la<br />

brume un volet qui remuait, comme pour lui rappeler que la ville était bien gardée.<br />

Un volet qui remue, se dit le diable! se souvennant alors, qu'il était pour de nombreuses<br />

mémères le loisir de journées entières de contempler les mouches voler, tapies derrière le<br />

rideau d'une fenêtre, d'un volet entrouvert ou d'une meurtrière. Ces mémères furent et<br />

demeurent au fil <strong>des</strong> âges, les gardiennes de la bienséance sacrée, telles d'antiques statues de<br />

granit érodé et moussu elles veillent sur la sérénité <strong>des</strong> nuits Balgentiennes.<br />

Donc notre ami <strong>Diable</strong> réfléchissait, et le fait d'imiter Jésus en parcourant les eaux<br />

subjugait sa réflexion Car il n'était pas sans ignorer que cet acte portait sur les nerfs <strong>des</strong><br />

mémères et exitait les Ursulines à l'oeil perçant qui, observent la Loire de leur couvent<br />

perché. Dans un instant de clairvoyance, jaillit dans l'esprit <strong>du</strong> malin une idée qu'il tint alors<br />

pour remarquable. Ainsi le diable éructa quelques incantations de son cru à travers la brume.<br />

Au matin la brume humide et fraîche se dissipa, révélant un pont<br />

qui enjambait la loire, sous un ciel se sombres nuages. Les balgentiens s'attroupèrent à<br />

l'entrée de l'édifice, moines, marauds, artisans, notables et malandrins se bousculaient<br />

aux abords de cet ouvrage remarquable qui n'existait pas la veille.<br />

Un malandrin s'avança pour l'inaugurer mais fut arrêté net<br />

par une voix de fausset : c'était l'Abbé Barnabé qui était non seulement lettré, clairsemé,<br />

quasi-ton<strong>du</strong>, mais avait également de belles lunnettes recouvertes de peau de batracien.<br />

— Halte-là malandrin, s'exclama-t-il ! Ne vois tu, donc pas cette pancarte<br />

négligemment posée contre le pont ?<br />

mon abbé!<br />

— Millediou! l'avois pas vue, c'étiou que j'n'aviou pas d'si belles lunettes que vious<br />

L'Abbé flatté s'avança prestemment de la pancarte, suivit par ses ouailles aussi<br />

curieuses que roucoulantes. L'Abbé Barnabé y décrypta une inscription latine, portée en fines<br />

lettres gothiques. Même avec <strong>des</strong> lunettes en peau de batracien, c'était pas évident à lire.<br />

qu'il tra<strong>du</strong>isit en prenant soin de laisser les syllabes se détacher dans le vent : — Gentils<br />

Balgentiens, ce pont est pour vous, traversez-le prestement !<br />

A ces mots les balgentiens, dont l'esprit n'était pas moins vif que celui <strong>des</strong> moutons de<br />

Grand-Mère Bérangère, ne se sentirent plus de joie et se précipitèrent vers le pont, tels un<br />

essaim de grosses mouches apercevant sur un gros fromage oubliée sur le soleil de l'été .<br />

— Restez ici badeaux! S'écria l'Abbé Barnabé brandissant sa loupe,<br />

qu'il transportait en général pour observer les fourmis. Je n'ai pas terminé, il y a encore<br />

quelque chose d'annoté en caractères liliputiens, là juste en <strong>des</strong>sous...<br />

(et il poursuivit :) Post Scriptum : En mo<strong>des</strong>te contrepartie à cet ouvrage,<br />

je prendrai la première âme qui s'engagera sur le pont.


Amicalement, le <strong>Diable</strong>. à ces mots les balgentiens reculèrent vivement en bèlant indignés :<br />

ils ne se sentaient plus <strong>du</strong> tout de joie. Bien heureusement l'Abbé Barnabé qui passait pour un<br />

esprit vif et agile, bien qu'ayant une panse fort développée, roula un peu <strong>des</strong> yeux et sourit<br />

d'un air plein de malice.<br />

— Qu'on m'apporte un seau d'eau! Dit-il.<br />

Les balgentiens intrigués par la ferveur de l'Abbé s'exécutèrent. L'Abbé Barnabé<br />

s'empara alors d'un gras matou, dénommé Kroukrou, qui observait tranquilement un pigeon,<br />

L'Abbé saisit le seau d'eau de Loire, verte et pleine d'algue, par le rebord de sa main libre<br />

et en déversa le contenu glacé sur le chat qui s'enfuit sur le pont en miaulant <strong>des</strong> protestations<br />

indignées. Parvenu au milieu <strong>du</strong> pont, il s'arrêta et vit, un <strong>Diable</strong>, très bien habillé qui le<br />

saisit par la peau <strong>du</strong> cou et jetant un regard dédaigneux vers les balgentiens il se jura à lui<br />

même qu'on ne le prendrai plus à méditer en marchant sur l'eau.<br />

Alors que le chat se débattait en griffant, le <strong>Diable</strong> déclara que Jésus était un crétin et<br />

les balgentiens <strong>des</strong> ânes. Puis il fit apparaître une trappe à la surface <strong>du</strong> pont et emmena son<br />

chat en enfer.<br />

Depuis, les balgentiens qui connaissent cette légende traversent le pont d'un pas rapide<br />

avec une crainte mêlée de respect. La trappe n'existe plus, car c'est à son emplacement qu'au<br />

XXe siècle, le pont s'écroula. Si votre chat est turbulent, racontez-lui cette histoire. Et si par<br />

défiance il refusait d'y croire, emmenez-le se promener au bord de la loire.<br />

Aujourd'hui encore, dès la tombée de la nuit, <strong>des</strong> dizaines de chats parcourent Beaugency. Et<br />

si l'envie vous prenait, de les suivre, vous constateriez que jamais, ça non, jamais,<br />

un seul d'entre eux ne s'aventure trop prêt... <strong>du</strong> pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>.»<br />

(Source : http://www.2ours.com/beaugency-pont-legende/legende-pont-diable-beaugency/legende-pont-diable-<br />

beaugency.html).<br />

Autre texte publié sur l’internet:<br />

« Dès le Moyen-Age. En Orléanais, au XIXè siècle, on disait tout aussi bien : "Malheur<br />

à celui qui tue un chat, car rien ne lui réussira" que "Rêver d'un chat, c'est signe de malheur<br />

pour soi ou pour la maison où l'on est". La légende de Beaugency illustre le côté obscur <strong>du</strong><br />

chat. Bien que trois versions différentes soient apparues au cours <strong>du</strong> XVIIIè et <strong>du</strong> XIXè<br />

siècles pour "dédiaboliser" l'histoire <strong>des</strong> chats attachée à cette ville, il semble bien que<br />

l'origine de celle-ci doive être recherchée dès le Moyen-Age dans la légende <strong>du</strong> "<strong>Pont</strong> <strong>du</strong><br />

diable". La première édition rédigée date de 1842. Elle fut popularisée en 1936, par James<br />

Joyce qui écrivit alors "Le chat et le diable". Le Malin, n'ayant obtenu en échange de la<br />

construction <strong>du</strong> pont de Beaugency qu'un chat, aurait dit à ses habitants : "Vous n'êtes pas de<br />

belles gens <strong>du</strong> tout ! Vous n'êtes que <strong>des</strong> chats !" Aujourd'hui, les Balgentiens semblent avoir<br />

admis cette comparaison à l'origine peu flatteuse puisque de par les rues, sur les toits ou les


enseignes, les chats ont investi la ville.<br />

(Source : http://www.loiret.com/cgloiret/<br />

index.php?page=display&class=notrehistoire_traditions&object=r81_chats&method=h_display_full; 7-X-2005)<br />

46 - Lot<br />

À Cahors, le pont de Valentré a été constuit par un architecte qui vendit son âme au<br />

<strong>Diable</strong> à la condition que ce dernier obéirait à tous ses ordres pendant la construction. Au<br />

moment où le pont allait bientôt être terminé grâce à cette aide, l’architecte demanda au<br />

<strong>Diable</strong> d’aller chercher dans un crible l’eau nécessaire aux maçons...<br />

« Satan alla trouver l’architecte et lui promit de lui jouer un tour de sa façon ; le pont<br />

allait être terminé, quand tout à coup, sans cause apparente, l’angle nord-est de la tour <strong>du</strong><br />

milieu s’écorna dans le voisinage <strong>du</strong> toit. On le répara ; le lendemain nouvelle écornure. Cette<br />

fois, Satan lassa les ouvriers, si bien qu’en 1872 l’angle était encore écorné. M. Gout, qui<br />

restaura le pont à cette époque, combla le vide, mais, désireux de perpétuer cette vieille<br />

légende, il a fait sculpter sur la pierre Satan faisant encore <strong>des</strong> efforts pour l’arracher » (Sébillot<br />

1894:165-166).<br />

Une autre version de ce récit précise que le pont était pratiquable mais que, « à toutes<br />

fins utiles, on fit traverser un chien, puis un brigand de grands chemins à qui l’on avait promis<br />

la liberté : rien ne se passa » (Martinot ***).<br />

Une lettre de l’abbé Victor Dorin, adressée au Dr. Marcel Baudouin le 20 décembre<br />

1937 et conservée aux Archives Départementales de la Vendée, apporte les précisions<br />

suivantes :<br />

« On racontait que lorsqu’on traversait le pont pour la première fois, une vieille femme<br />

apparaissait au voyageur et lui adressait ces paroles : Cal boïa lo bieilho (“Il faut embrasser la<br />

vieille”). La légende <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> arrachant les dernières <strong>pierres</strong> pour empêcher l’achèvement<br />

<strong>du</strong> pont Valentré est la seule transmise jusqu’à nos jours, en quelque sorte attachée à<br />

l’histoire <strong>du</strong> pont » (Fonds Baudouin aux Archives départementales de la Vendée. Cote provisoire 47.14, p. 226. ).<br />

Gérard Blacher donne les deux versions suivantes :<br />

1. « Pour que l’on aidât Satan à construire le pont, l’architecte jura de lui donner son<br />

âme. Mais lorsque vint le jour de payer le démon, l’architecte ne voulut pas laisser prendre<br />

son âme. Aussi il lui demanda de porter de l’eau dans un crible. Satan échoua, c’est là chose<br />

impossible. Mais le <strong>Diable</strong>, car il est rancunier, revint chaque nuit pour <strong>des</strong>celler une pierre<br />

<strong>du</strong> pilier de la tour qu’on ne put, de ce fait, achever. Des siècles donc passèrent jusqu’au jour


où Calmon fit un <strong>Diable</strong> de pierre de ce méchant démon. La tour fut terminée et depuis,<br />

accroché par les pieds et les griffes, là-haut, tout au faîte, bien que tentant la nuit d’ébranler le<br />

pilier, l’affreux <strong>Diable</strong> vaincu a signé sa défaite » (Blacher 1996:111).<br />

2. « Le <strong>Diable</strong> se voyant joué, revendiqua l’honneur de poser la dernière pierre de la<br />

tour centrale. Mais elle était tellement peu conforme que le chapiteau de la tour tombait sur<br />

les voyageurs qui l’empruntaient. On alla chasser le <strong>Diable</strong> que l’on dénicha un soir d’orage<br />

dans sa tanière. On le traîna de force jusqu’au milieu de l’édifice et on le hissa par force<br />

d’échaffaudages au sommet de la tour où un solide rivet qui tenait tout eut raison de<br />

lui » (Blacher 1996:113).<br />

Version donnée sur l’internet:<br />

« Tous les habitants de Cahors avaient grand chagrin : plusieurs générations avaient mis<br />

leur cœur à bâtir un pont sur le Lot, et depuis si longtemps que Consuls et échevins<br />

travaillaient à le faire construire, la besogne en était à peu près au même point.<br />

On aurait dit que le Lot mettait malice à déjouer les projets <strong>des</strong> Ca<strong>du</strong>rciens. Il faisait<br />

sec, la fontaine <strong>des</strong> Chartreux ne coulait plus par <strong>des</strong>sus-bords, la rivière baissait. Vite,<br />

compagnons et manoeuvres, au travail ! On élevait <strong>des</strong> barrages, on creusait <strong>des</strong> trous, et on<br />

commençait les piles. Tout à coup, une nuit, le vent soufflait, il pleuvait gros comme <strong>des</strong> socs<br />

de charrue, et tout fier, le Lot montait, emportant tout, barrages et maçonneries, dans <strong>des</strong> eaux<br />

rouges comme <strong>du</strong> sang.<br />

Les bourgeois de Cahors étaient découragés, et quelques-uns, disaient déjà que cela<br />

avait coûté force beaux écus sans rien rapporter. Les anciens avaient toujours passé le Lot en<br />

barque, on pouvait continuer ainsi. Cet avis commençait à être écouté, quand un homme<br />

hardi, maître maçon <strong>des</strong> plus habiles, s'en vint trouver les consuls, et se fit fort , si l'on voulait<br />

le bien payer, de finir le pont avant les pluies de l'automne.<br />

Ce fut une rude discussion entre les consuls : les uns disant que l'homme tiendrait<br />

parole et les autres objectant que les deniers de la ville s'épuisaient. Enfin, les consuls se<br />

mirent d'accord, et, ils dirent au maçon qu'on le pendrait haut et court si l'on ne passait pas la<br />

prochaine vendange sur un solide pont de <strong>pierres</strong> à tours crénelées.<br />

Le maître maçon réfléchit un moment et relevant la tête : "C'est dit, !", fit-il, et l'on se<br />

frappa dans les mains. Il fit venir tout de suite beaucoup d'ouvriers de tout le Quercy, et l'on<br />

posa bientôt, au son <strong>des</strong> cloches, la première pierre, arrosée de vin de Cahors comme on n'en<br />

boit plus. Cette fois le Lot se laissa faire, il n'y eut plus une seule crue de tout l'été, et chaque<br />

soirs les bourgeois venaient voir de combien les piles avaient monté. Mais elles ne montaient<br />

pas bien vite ! Pourtant les pampres rougissaient aux basses branches <strong>des</strong> ceps et on arrivait à<br />

la Saint-Michel. Les vendanges s'annonçaient fort belles, et dans l'attente <strong>du</strong> vin nouveau,<br />

tout le monde riait et chantait, sauf le maître maçon.<br />

Le pauvre homme était au désespoir : mais une parle est une parole, ce qui est promis


doit-être exécuté, et malheureux voyait maintenant que son pont demandait encore au moins<br />

une année de travail. Enfin, brûlé de fièvre, poussé par l'orgueil qui était son grand défaut, il<br />

résolut de demander l'aide <strong>du</strong> diable. Il connaissait de vue une fagillière, une de ces étranges<br />

créatures qui, vont tourmenter les gens dans leur sommeil et rentrent ensuite dans leur<br />

enveloppe mortelle. Le maître maçon l'appela donc et lui murmura comme dans un râle :<br />

"Venez demain sur les huit heures". On ne peut pas dire qu'il fût soulagé, il ne pouvait plus<br />

dormir. Son coeur honnête était brisé. Il ne voulait pas qu'on pût continuer à sourire devant<br />

son pont, en disant qu'on ne le verrait jamais fini. Si, il le finirait son pont, à l'heure dite, et<br />

pour cela il y perdrait son âme.<br />

Le lendemain, de bonne heure, seul en sa maison il attendit la femme. Trois coups<br />

furent frappés à la porte et une vieille affreuse, ridée, ratatinée, avec <strong>des</strong> yeux verts et<br />

méchants, se trouva devant lui.<br />

"Que me veux-tu et que me donneras-tu ?" Je te donnerai une carte de farine et deux<br />

poques d'huile si tu me dis comment je pourrai parler au diable. La vielle se mit à rire : "Je te<br />

le dirai : montre moi d'abord la farine et l'huile, et je veux le double de ce que tu m'offres."<br />

Elle se fit remplir un sac et une grosse gourde, puis elle donna ses instructions à l'homme.<br />

Quand il fût bien instruit, elle s'assit sur le sac et tout disparut.<br />

Cette nuit-même, l'homme se leva, sortit de la ville . Il portait une besace où quelque<br />

chose s'agitait. Il faisait très beau, le ciel était plein d'étoiles qui se répétaient, brillantes, dans<br />

le Lot. Le maître maçon ne voyait rien, n'entendait rien. Il gravissait les roches glissantes,<br />

arriva tout en haut de la colline, à une grande place où l'on aurait dit que l'herbe avait été<br />

brûlée. Il s'arrêtât, plaça sept <strong>pierres</strong> en rond, et tira de sa besace un chat noir. Il le posa par<br />

terre : aussitôt <strong>des</strong> étincelles jaillirent en crépitant de tout le corps <strong>du</strong> chat qui miaula trois<br />

fois. Au troisième miaulement, il vit devant lui un diablotin qui lui arrivait à peu près au<br />

genou.<br />

Il s'attendait à un diable aussi haut qu'un chêne et en demeura stupide de surprise et de<br />

désappointement. "Eh bé, lui dit le petit démon, tu n'as pas de langue ? Pourquoi m'as-tu fait<br />

appeler ? "<br />

Que veux-tu que je demande à un ragnalet comme toi, dit le maçon ? "Ragnalet, toi-<br />

même. Tu pensais peut-être voir Lucifer en personne ? "<br />

Écoute, diablatou, dit-il, parlons franc. Oui ou non, es-tu capable de me finir le pont <strong>du</strong> Lot<br />

en une semaine ? L'autre s'esclaffa : "Une semaine ! Tu me prends pour une fourmi ? Je le<br />

finirai bien la nuit prochaine si je le voulais. "<br />

Toi, si petit ? "Oui, grande bête, moi tout seul ! Avant que le premier coq de Cahors<br />

chante, la nuit prochaine, je t'achèverai ton pont, si fort et si solide que les gens de Cahors ne<br />

pourraient pas le démolir s'ils s'en avisaient."<br />

L'homme crut voir la foule, bannières au vent, qui venait fleurir la tour la plus haute.


Une sueur froide baignait tout son corps, mais il dompta cette défaillance de sa chair baptisée<br />

et topa avec le diablotin. Le prix de pont c'était son salut : il trembla, mais il n'hésita plus.<br />

A peine s'était-il frappé dans les mains que le maçon se retrouva devant sa porte sans savoir<br />

comment il y était venu?. Dans l'âtre le chat noir veillait. Il ne put trouver le sommeil...<br />

Le matin, en sortant de chez lui, dans la rue étroite, il rencontra <strong>des</strong> Consuls qui s'arrêtèrent.<br />

Eh bien, maître dirent-ils, en riant, les vendanges sont mûres, il serait temps de planter le<br />

rameau sur le pont ! c'est vrai messires, mais on pourra le planter demain. Comment, ?<br />

demain ! vous voulez rire. Non, répondit-il <strong>du</strong> même air fier et froid, demain le pont sera prêt.<br />

Eh bien soit ! Demain, à l'aube nous viendrons avec toute la ville lever le rameau et si vous<br />

voulait faire le plaisant, maître maçon, vous vous en repentirez !<br />

Il s'inclina sans rien dire, et continua son chemin.<br />

Ce soir là, toute la ville était en rumeur : les consuls avaient ordonnés de tout préparer<br />

pour planter le lendemain à l'aube le rameau sur le pont. Au premier son de cloche, on devait<br />

se former en cortège. Les bourgeois savaient pourtant bien où en étaient les travaux... Quand<br />

toutes les portes furent closes, l'homme <strong>des</strong>cendit vers le Lot, portant ses plans. Le diablotin<br />

l'attendait.<br />

Il examina les <strong>des</strong>sins et les approuva : "Tu es habile, dit-il. Je n'aurais pas aussi bien<br />

fait, je l'avoue ; mais je saurai te contenter maintenant. Dirige, je bâtirai."<br />

C'était à voir, croyez le bien. L'homme et le diable rivalisaient d'ardeur. L'homme ordonnait,<br />

et le diable allait revenait , retournait encore, remuant pierre et moellons comme <strong>des</strong> plumes.<br />

Il posait sa petite patte velue sur un énorme rocher qui se transformait aussitôt en une<br />

quantité de larges dalles, de fiers créneaux, qui-d'eux-mêmes allaient se placer où il<br />

commandait.<br />

Le maçon était transfiguré, debout au milieu <strong>du</strong> pont, un noble pont armé de tours<br />

légères et massives à la fois, couronnées comme <strong>des</strong> reines.<br />

Se doutant de quelque chose, sa femme s'était levée pour le suivre. Elle avait vue, à<br />

l'insu de son mari, un célèbre devin qui employait sa science au soulagement <strong>des</strong> peines :<br />

Jésus Seigneur ! dit-elle, Il ne manque plus qu'une pierre ! Vite la lanterne ! O mon Dieu<br />

merci, le coq chante et la pierre n'est pas posée.<br />

La femme sortant de sa cachette, alla se jeter dans les bras de son mari riant et pleurant<br />

à la fois. Le sonneur de la Cathédrale ébranlait ces cloches, et le diablotin était encore à<br />

pousser sa dernière pierre, sans pouvoir arriver à la bien consolider. Va-t'en ! Va-t'en<br />

Diablatou : voici venir les consuls, les prêtres et la foule pour la bénédiction et Monseigneur<br />

lui-même avec sa crosse et sa mitre. Va-t'en, pauvre Diablatou ! Il n'écoutait rien. On planta<br />

le rameau, on bénit le pont, le diable posait toujours sa pierre. Il a fini par prendre corps avec<br />

elle, et la retient encore en haut de la maîtresse tour.<br />

Le maître maçon pleura sa faute, repentant et heureux, fier et brisé. Mais un homme ne


saurait vivre longtemps après avoir tant souffert. Son corps ne tarda pas à revenir sur terre,<br />

mais son âme immortelle fut sauvée et sa femme obtint de le rejoindre bientôt dans l'autre<br />

vie. Les gens de Cahors lui firent de belles funérailles, et menèrent un grand deuil quand il<br />

mourut. Puis ils se dirent que le maître maçon avait bien fait de ne pas vivre davantage, car<br />

ainsi nulle autre ville n'aurait un pont aussi beau que le pont Valentré.<br />

(D'après Légen<strong>des</strong> Quercynoises racontées par Tante Basiline - J. Vertuel, Libraire-Éditeur à<br />

Saint-Céré, 1970)<br />

Source secondaire : http://perso.wanadoo.fr/claude.lufeaux/pont_valentre/diable.htm.<br />

Autre version collectée sur l’internet:<br />

« On voit au sommet de la tour centrale, accroché à une pierre d'angle, un diable qui<br />

s'efforce de l'arracher. En effet, le pont, qu'on appelle aussi <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, a sa légende, où<br />

le diable a une part importante, encore que l'histoire tourne à son désavantage. Commencé en<br />

1308, la construction <strong>du</strong> pont se poursuit <strong>du</strong>rant plus d'un demi-siècle. Désespéré par la<br />

lenteur <strong>des</strong> travaux, l'architecte accepte de signer un pacte avec le diable : Satan apportera à<br />

pied d'oeuvre tous les matériaux nécessaires et, s'il exécute fidèlement tous ses ordres,<br />

l'homme lui abandonnera son âme. Le pont s'élève alors avec une rapidité prodigieuse,<br />

bientôt les travaux touchent à leur fin. Lorsque le moment vient de poser la dernière pierre, au<br />

sommet de la plus haute tour, l'architecte, ne tenant pas à gouter au supplice éternel, a l'idée<br />

de demander au démon d'y porter l'eau de la rivière dans un crible. Après quelques vaines<br />

tentatives, Satan doit s'avouer vaincu. Pour se venger de sa défaite, il prend soin d'écorner à<br />

son sommet la tour <strong>du</strong> milieu. Chaque fois qu'on tente de poser la dernière pierre, elle tombe<br />

de nouveau. Jusqu'en 1879 où l'architecte, lors d'une restauration, la fait sceller solidement et<br />

fait sculpter par le ciseau de C.A. Calmon sur l'angle de la pierre un petit diable faisant <strong>des</strong><br />

efforts pour l'arracher.»<br />

Source : http://www.geocities.com/Hollywood/Cinema/4188/clem/cult/Cah.html<br />

49 - Maine-et-Loire<br />

À Liré en Maine-et-Loire, trois menhirs appelés Pierres <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, disposés en triangle<br />

mais dont deux furent détruits en 1857 par M. Bauchet d’Ancenis leur propriétaire, étaient<br />

l’objet d’une légende de pont citée pour la première fois en 1897. Le <strong>Diable</strong> avait en effet<br />

projeté de faire une nuit, avant le chant <strong>du</strong> coq, un pont sur le ruisseau <strong>des</strong> Robinets, au lieu-<br />

dit Le <strong>Pont</strong>-Renaud ou <strong>Pont</strong> Guerlin. Pour exécuter cette entreprise, le Malin partit un soir au<br />

clair de lune, chargé de ces trois grosses <strong>pierres</strong>, une sur la tête, les deux autres sous les bras.<br />

Arrivé sur la coulée de la Nanterie, il était fatigué de son fardeau et ralentissait le pas. Pour<br />

son malheur, il fut surpris par le jour (ou bien, selon une variante, le coq de la Ferrière, à St-<br />

Laurent, se mit à chanter à plein gosier). Voyant son projet manqué, il laissa choir ces trois


<strong>pierres</strong> au milieu de la prairie avant de s’asseoir, plein de dépit, sur la plus grosse, qui était<br />

en forme de siège. Depuis, elle porte l’empreinte de son derrière, et l’on dit que les pactes<br />

avec le <strong>Diable</strong> se concluaient ici, lorsqu’il était assis sur ce trône minéral (Bousrez 1897, Desmazières<br />

1931, Gruet1967:147).<br />

50 - Manche<br />

Dans la Manche, on surnomme le grand <strong>Pont</strong> jeté sur le Braye-<strong>du</strong>-Valle « <strong>Pont</strong>-<strong>du</strong>-<br />

<strong>Diable</strong> », car sa construction serait <strong>du</strong>e à celui qu’on a parfois appelé <strong>Pont</strong>ifex<br />

Maximus (Saintyves, 1936, n° 1687).<br />

La légende suivante est citée, sous le titre «<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>», pour Mortain :<br />

« Le dernier ouragan venait de tout renverser à travers la vallée de la Cance, sous les<br />

murs <strong>du</strong> château de Mortain, et d'enlever pour la dixième fois le pont bâti sur le torrent<br />

impétueux, en avant <strong>du</strong> Pas-<strong>du</strong>-<strong>Diable</strong>, presqu'au pied <strong>du</strong> fameux roc connu sous le nom de<br />

l'aiguille et qui est peut-être le plus beau monolyte que la nature ait créé dans la Normandie<br />

entière.<br />

- Bien malin celui qui refera un pont sur la Cance, dit un vieux railleur. Notre rivière a<br />

mauvais caractère, elle emportera toujours tout dans ses bonds furieux.<br />

- Rien ne coûte d'essayer, dit un autre.<br />

- Comment ! rien ne coûte, dites-vous ? On a beau tenter tous les moyens, creuser<br />

profondément les rives, élargir le ravin, on n'a jamais réussi à rien faire qui pût résister aux<br />

chocs <strong>des</strong> eaux rapi<strong>des</strong>. Qui en boit sait combien elles sont froi<strong>des</strong> !<br />

- Non, fit un troisième interlocuteur. Jusqu'ici aucun pont n'a résisté aux ouragans :<br />

mais on réussira à la fin avec de la persévérance.<br />

et possible.<br />

- Le pont nous est indispensable ! s'écria un groupe.<br />

- Il est impossible, reprit le railleur.<br />

- Allons donc ! il est nécessaire et tout ce qui est nécessaire devient un jour exécutable<br />

Là-<strong>des</strong>sus on commença à se quereller fort et ferme. Tous se mirent à parler à la fois,<br />

les têtes s'échauffaient. Chacun prenait son voisin ou son vis-à-vis à partie. Bientôt on ne<br />

s'entendit même plus.<br />

Peut-être allait-on passer <strong>des</strong> paroles aux actes, quand on vit entrer dans la salle un<br />

inconnu habillé de noir. Sa façon de regarder les gens étonnait.<br />

- Pourquoi vous disputez-vous ? demanda-t-il.<br />

On le mit aussitôt au courant de la discussion.<br />

- Un pont ! s'exclama-t-il. C'est bien une petite affaire : Je me charge d'en construire un<br />

en moins d'une semaine.


- Vous ! Et combien demandez-vous pour cela ? cria-t-on de tous les côtés.<br />

- Je ne demande rien, absolument rien. On ne paiera même pas de tribut pour franchir<br />

mon pont ! Tout le monde y pourra passer. Mais il me faut un otage... Le premier qui<br />

franchira le pont me suivra !<br />

Le marché fut immédiatement accepté. On l'arrosa solennellement <strong>du</strong> contenu de<br />

quelques bons verres et l'on se frappa dans la main.<br />

Tout à coup, notre premier orateur devint affreusement pâle et perdit contenance ; il<br />

avait senti dans sa main le contact d'une griffe pointue. Il voulut le dire ; mais avant qu'il eût<br />

pu prononcer une parole, l'inconnu s'était évanoui en fumée : l'homme noir n'était autre que le<br />

diable.<br />

On se dispersa en silence, ils étaient tous dégrisés, et ne savaient plus que dire.<br />

Le lendemain, dès la première lueur <strong>du</strong> jour, la surprise <strong>des</strong> habitants de la petite ville<br />

fut grande. La matinée se passa en commentaires. Un nouveau pont, magnifique cette fois,<br />

unissait les deux rives fleuries de la Cance. Tous se rendirent en hâte dans la vallée profonde<br />

pour le contempler. Seulement les buveurs de la veille , c'est-à-dire ceux qui avaient été les<br />

témoins <strong>du</strong> contrat, empêchèrent que l'on s'engageât sur le pont.<br />

On apercevait, de l'autre côté <strong>du</strong> pont, sur la rive opposée, l'homme noir dissimulé<br />

derrière un chêne. Il semblait attendre patiemment que l'on veuille bien lui envoyer l'otage.<br />

Cependant la foule s'amassait sous les murs de la forteresse. Elle devenait houleuse et<br />

ne savait quel parti prendre, quand un jeune homme, qui avait enten<strong>du</strong>, lui aussi les<br />

conditions <strong>du</strong> marché, s'avança seul, vers la tête <strong>du</strong> pont. On tremblait pour lui, mais la<br />

curiosité de ce qui allait advenir l'emportait.<br />

Il ouvrit alors tranquillement un petit sac de toile qu'il tenait à la main, en fit sortir un<br />

jeune chat tout noir. Après avoir fait <strong>du</strong> feu au moyen d'un fragment de pierre et d'un<br />

morceau de fer, il alluma une chandelle de résine qu'il fixa à l'une <strong>des</strong> pattes de l'animal, et le<br />

lança brusquement sur le pont.<br />

Des rires et <strong>des</strong> cris éclatèrent aussitôt et le pauvre minet s'enfuit à toutes pattes vers<br />

celui qui était aux aguets en poussant <strong>des</strong> miaulements de souffrance.<br />

Aussitôt le jeune homme s'avança à la suite <strong>du</strong> félin et se hâta de planter une croix sur<br />

l'un <strong>des</strong> piliers <strong>du</strong> pont.<br />

Belzébuth n'avait pas spécifié quel genre d'être vivant devait passer le pont en premier...<br />

Alors, dans sa fureur, il se mit à renverser les sapins et les chênes sur les rochers et bouscula<br />

les rochers contre le pont. Mais la croix l'empêcha de détruire son propre oiuvrage : les<br />

quartiers de roc se heurtaient en vain contre l'arche surmontée de la croix bénite. Ils<br />

retombaient sur les rives de telles façons qu'ils formèrent deux contreforts qui protégèrent<br />

pendant <strong>des</strong> siècles le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, dont le nom survécut aux ouragans et aux assauts de la<br />

tempête.»


Source : http://mortain.free.fr/Legen<strong>des</strong>/legende4.htm<br />

53 - Mayenne<br />

Il y aurait un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> près de Mayenne, dans la Mayenne (Congrès Scientifique de France,<br />

Session de Poitiers, 1834:206). Je ne sais s’il s’agit de l’un <strong>des</strong> suivants. Du <strong>Pont</strong> Perron situé près de<br />

la seigneurie <strong>du</strong> parc d’Avaugour, Robert Guy rapporte qu’il « possède une légende<br />

comparable à celle <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> d’Aron ». Selon lui « la diablesse aurait contribué à la<br />

construction de ce pont en amenant dans son tablier <strong>des</strong> blocs de pierre disséminés dans le<br />

vallon. Pour prix de ses services, elle aurait exigé <strong>du</strong> fermier riverain l’âme <strong>du</strong> premier être<br />

vivant qui passerait sur le pont une fois achevé. Comme dans toutes les histoires analogues, la<br />

femme <strong>du</strong> fermier amena au bout <strong>du</strong> pont un chat dans un panier et le lâcha à l’entrée <strong>du</strong><br />

pont. La diablesse le voyant traverser la chaussée comprit qu’elle était punie et se contenta <strong>du</strong><br />

chat » (Guy 1989:24).<br />

56 - Morbihan<br />

Jeannette Maquignon a raconté en 1980 qu’entre St-Martin-sur-Oust et St-Gobrien, « le<br />

<strong>Diable</strong> s’était fait rouler par saint Gobrien avec un pont en construction » (Poulain 1995:262). Le<br />

nom de saint Gobrien est populairement comme « le saint qui gobe rien », c’est-à-dire « qui<br />

ne se fait pas berner », ce qui pourrait être mis en rapport avec une légende de <strong>Diable</strong> <strong>du</strong>pé.<br />

Pour le vérifier, il serait bon de connaître une version développée de la légende.<br />

Les restes d’une telle légende ont été cités pour le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> de Sené :<br />

« On appelle [...] <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> un ancien passage à gué jeté sur un petit bras de mer et<br />

dont il subsiste encore quelques vestiges. Au XVIIIe siècle vécut à Séné un abbé fort pieux et<br />

fort charitable qui mourut en odeur de saintenté. Il subissait les attaques <strong>du</strong> démon, sous la<br />

forme d’un grand chien noir, lorsqu’il empruntait ce gué » (Blacher 1996:136).<br />

L’un <strong>des</strong> plus célèbres « <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » est celui qui est associé à saint Cado en la<br />

commune de Belz. Selon un guide de 1900 consacré aux plages de Bretagne, « St-Cado est<br />

un village à la pointe d’une petite presqu’île de la rivière d’Etel. Une petite île, reliée au<br />

village par une chaussée longue de 100 m, formée d’énormes <strong>pierres</strong>, porte la chapelle<br />

romane de St-Cado, contiguë à un jardin qui renferme les ruines d’un prieuré de templiers. Le<br />

village, l’île et la chapelle ont pris le nom d’un saint moine, fils d’un roi de Clamorgan, qui<br />

vint s’établir dans l’île au Ve ou au VIe siècle » (Joanne 1900:54). La légende associée au lieu,<br />

illustrée par les imageries populaires de Rennes et d’Épinal dès 1863, a été ainsi publiée en<br />

1894 par Paul Sébillot, qui l’avait recueillie lui-même :<br />

« Le saint habitait son îlot de la rivière d’Etel et avait de la peine à traverser l’eau pour


aller à la grande terre. Le <strong>Diable</strong> y passe un jour ; saint Cado le rencontre et lui dit :<br />

– Fais-moi un pont pour venir de mon île à Belz.<br />

– Que me donneras-tu ?<br />

– Le premier qui y passera, à la condition que tout le travail soit fait en une seule nuit.<br />

– Marché fait.<br />

Le <strong>Diable</strong> va chercher sa mère pour l’aider et, la nuit venue, ils se mettent à l’œuvre. La mère<br />

ramasse <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> et les porte à son fils dans son tablier. Celui-ci les pose en place en faisant<br />

le maçon : mais il ne savait pas son métier, car le pont est grossièrement façonné : et c’est<br />

depuis qu’on dit d’un travail mal fait qu’il est fait à la <strong>Diable</strong>. Le pont fut achevé néanmoins<br />

en une seule nuit. Lorsqu’il eut mis la dernière pierre en place, pour rappeler sa mère, il lâche<br />

un cri qui fait résonner tout le pays. La mère <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> était en ce moment sur une lande de<br />

Plouhinec avec son tablier plein de si grosses <strong>pierres</strong> que la plus petite d’entre elles pesait<br />

bien une tonne de cidre. Elle les jette là en tas, donne un coup de bâton sur la plus grosse et la<br />

casse en deux. Et depuis, tout le monde, dans le pays, connaît les <strong>pierres</strong> de la mère <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong>.<br />

Celui-ci, avant la lever <strong>du</strong> soleil, va trouver le saint et lui réclame le paiement convenu.<br />

Il riait de bonheur, car il pensait avoir quelque moine ou le saint lui-même à brûler en enfer.<br />

– Oui, oui, dit le saint, je vais te payer de suite. Cours vite à l’autre extrémité <strong>du</strong> pont et<br />

emporte celui qui va y passer.<br />

Saint Cado suit de près. Arrivé sur le pont, il fait sortir de sa large manche un petit chat.<br />

– Attrape ! attrape ! crie-t-il au <strong>Diable</strong>. Voilà ton paiement.<br />

Le <strong>Diable</strong> prend le chat par la queue, et depuis tous les chats portent sur la queue la<br />

marque <strong>des</strong> doigts <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>.<br />

Celui-ci devient furieux.<br />

– Ah ! tu m’as trompé ! Tu t’es moqué de moi ! Je vais défaire le pont..<br />

Et aussitôt il se mit à jeter les <strong>pierres</strong> <strong>du</strong> pont dans la mer. Le saint, se précipitant pour<br />

l’arrêter, glissa ; mais le pont fut conservé et existe encore aujourd’hui.<br />

L’empreinte <strong>du</strong> pied de saint Cado, laissée sur le pont lorsqu’il glissa, se nomme la glissade<br />

de saint Cado. Elle est restée un objet de vénération pour les pèlerins et pour les habitants <strong>du</strong><br />

pays ; on l’a recouverte d’une grille en fer, au-<strong>des</strong>sus de laquelle on a élevé un calvaire en<br />

granit » (Sébillot 1894:146-147).<br />

Voici une autre version de ce récit, recueillie en 1929 :<br />

« Entre la petite île de de S. cado et la côte, près de l’embouchure de la rivière d’Etel, le<br />

<strong>Diable</strong> fut sollicité par le Saint de lui construire un pont. Il y consentit, à condition de pouvoir<br />

emporter la première créature vivante qui y passerait. En une seule nuit, le <strong>Diable</strong> vint à bout<br />

de son travail, fait d’énormes <strong>pierres</strong>, transportées avec la plus grande facilité. Sa femme


l’aidait de son mieux, ayant, dans son tablier, d’autres “roches”, beaucoup plus petites.<br />

Comme il n’en était plus besoin, elle les jeta à terre, ce qui en fit un “beau tas”, sur lequel le<br />

saint bâtit, plus tard, sa chapelle. Le <strong>Diable</strong> attendant son salaire, S. Cado sortit, d’un sac, un<br />

chat noir et le jeta sur le pont. Satan, furieux d’avoir été <strong>du</strong>pé, se met en devoir de détruire ce<br />

pont, pour lequel il avait été si mal payé ; mais S. Cado fut plus leste que lui, et, arrivé au<br />

bout <strong>du</strong> pont, d’un signe de croix, il sanctifie l’œuvre infernale. En courant, le saint glissa,<br />

laissant sur l’une <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> les traces de sa chute, entourées, aujourd’hui, d’une grille et<br />

surmontées d’une croix » (Fouquet 1857:100, Saintyves 1936, n° 2239).<br />

57 - Moselle<br />

Le pont de Jouy-aux-Arches, près de Metz (Moselle) est réputé être contruit par le<br />

<strong>Diable</strong> (Collin de Plancy 1863:551.).<br />

62 - Pas-de-Calais<br />

Il existe un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à la limite de Calonne-Ricouart et de Camblain-Châtelain, là<br />

où la Chaussée Brunehaut (Chemin de Théréwane au XVe siècle, Chaussée de Brunault au<br />

XVIIIe, Quémin d’Arrau au XIXe) enjambe la Clarence. Le <strong>Diable</strong> avait fait ce pont<br />

« suffisamment dangereux pour que les ivrognes et les jeunes imprudents puissent y avoir un<br />

accident et gagner ainsi l’enfer un peu plus vite que prévu » (Coussée 1998:21).<br />

63 - Puy-de-Dôme<br />

Le pont de Giroux est un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à deux arches dissymétriques (portée : 10 m et<br />

16,5 m), qui enjambe la Dore, sur la route de Courpière à Ambert par Olliergues. Miss L.<br />

Stuart-Costello, qui passa en ce lieu à l’occasion d’un voyage accompli en 1841, apprit que se<br />

tenait là une « laveuse de nuit » :<br />

« On la voit au clair de lune lavant son linge dans le ruisseau et le frottant avec une<br />

pierre bleue magique. Elle vous demandera de l’aider à tordre son linge ; si vous acceptez<br />

avec bonne grâce, les gouttes d’eau qui en sortiront se changeront au clair de lune en perles<br />

de saphir qui disparaîtront lorsque le soleil les frappera de ses rayons. Si vous refusez d’aider<br />

la laveuse, elle vous jettera dans le torrent la tête en avant. Si vous avez hésité avant<br />

d’accepter, elle tordra malicieusement le linge <strong>du</strong> même côté que vous et instantanément<br />

votre bras se mettra à enfler d’une manière horrible : puis elle laissera tomber son ouvrage, se<br />

jettera sur vous, vous brisera un bras et prendra la fuite avec un rire perçant » (Stuart-Costello 1945,<br />

apud Blacher 1996:118-119).<br />

64 - Pyrénées Atlantiques<br />

La légende <strong>du</strong> pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est connue à Licq-Atherey et à Orthez (Stuart-Costello 1945, apud


Blacher 1996:118-119). Dans cette dernière localité, les récits concernent un pont construit au XIIIe<br />

siècle pour en remplacer un plus ancien, mais il a été partiellement détruit vers 1860, pour<br />

permettre le passage de la voie ferrée. Trois récits sont cités par Gérard Blacher, le sedond,<br />

très littérarisé, ayant été publié en 1900 :<br />

1. « On connaît bien la légende d’un maçon qui se proposa d’en dresser le plan et qui<br />

se laissa sé<strong>du</strong>ire par le <strong>Diable</strong>. Ce <strong>Diable</strong> qui lui promettait d’édifier lui-même le pont en une<br />

seule nuit... s’il lui accordait son amitié. Accord signé ! Le pont fut bel et bien construit dans<br />

le temps imparti. Chacun sait cela à Orthez ! Mais personne n’a jamais pu vous donner <strong>des</strong><br />

nouvelles <strong>du</strong> pauvre maçon » (Blacher 1996:125).<br />

2. « Lugubre retour dans un orage épouvantable. Et comment passer le Gave,<br />

puisqu’aucun pont n’apparaît ? C’est alors qu’au milieu <strong>des</strong> éclairs, un homme au visage<br />

rougeoyant et tout de rouge vêtu se présente à l’illustre chasseur embarrassé. Et le diabogue<br />

suivant s’engage :<br />

– Je suis ici pour t’aider, parle.<br />

– Qui es-tu ?<br />

– Celui qui commande au tonnerre et dirige l’éclair.<br />

– Puisque tu es si puissant, bâtis-moi donc ici un pont de pierre.<br />

– Et que me donneras-tu pour ce service ?<br />

Tout ce que tu voudras, vachettes, ardits (monnaie ancienne) et menues pièces, mon<br />

corps, mon âme également, s’il faut, par-<strong>des</strong>sus le marché.<br />

... enhardi, le Malin devient plus exigeant. Et il réclame ainsi les neufs premières<br />

vierges qui viendront à passer sur le pont !<br />

– Donné ! Donné ! s’écrie le seigneur en demandant son nom à l’étranger. Point de<br />

réponse. Et l’étranger paraît reculer.<br />

Il recule en effet, tourne même les talons et s’enfuit en courant sur la [sic] Gave. à cinq<br />

cents pas, on le distingue encore ! On aperçoit ses deux cornes et entre ses cornes on peut<br />

lire, écrit en lettres de feu, ce ceux mots qui font frémir et qui disent qui il est : « Lou H<br />

astiàu » (Le Sale... Le <strong>Diable</strong> !). Mais le lendemain, chaque orthézien pouvait admirer un<br />

superbe pont sur le Gave. Un pont si beau que Monseigneur de Moncade l’adopta et fit graver<br />

sur ses <strong>pierres</strong> la fameuse devise: ‘Toques-y si gaùses !’ » (Blacher 1996:125-126).<br />

3. « Le pont aurait été bâti en une nuit par les fées afin de permettre à une amie de<br />

Charlemagne de traverser le Gave... Les fées ne marchandèrent pas leur zèle ce jour-là !<br />

L’une d’elles qui venait de loin portait un rocher à la pointe de sa quenouille. Bien près <strong>du</strong><br />

Béarn, elle fut interpelée par un ange de la manière suivante :<br />

– Où achemines-tu cette pierre ?


– Au pont d’Orthez !<br />

– Dis : si à Dieu plaît !<br />

– Qu’à Dieu plaise ou plaise pas, toi pierre au pont d’Orthez tu iras !<br />

– Eh bien, pose-là ici ! » (Blacher 1996:126).<br />

La pierre en question, abandonnée par force, se trouve entre Hagetmau et Dumes, à<br />

droite de la route. Ses dimensions apparentes sont : 4 x 2 x 1 m, et la légende veut que sa<br />

partie enterrée soit égale à la partie visible.<br />

Olivier de Marliave signale encore <strong>des</strong> <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à St-Martin-d’Arrossa et à<br />

Espès-Un<strong>du</strong>rrein (Marliave 1987:220).<br />

On dit également à Bidarray que le <strong>Pont</strong> d’Enfer est ainsi appelé parce que le <strong>Diable</strong>,<br />

furieux de n’avoir pu apprendre la langue basque, s’y serait précipité (Mozzani 1995:1465). Mais la<br />

version donnée par Gérard Blacher est la suivante :<br />

« Les habitants de Bidarray avaient de grosses difficultés à construire un pont sur la<br />

Nive, lorsque le <strong>Diable</strong> leur apparut. Il leur proposa de construire un pont à condition d’avoir<br />

l’âme de celui qui le franchirait le premier. Les habitants acceptèrent et trompèrent le <strong>Diable</strong><br />

en y faisant passer un chien » (Blacher 1996:123).<br />

66 - Pyrénées Orientales<br />

La Pedra Dreta est un menhir proche de Maçanet de Cabrenys (Ampurdan), que le<br />

<strong>Diable</strong> aurait lancé là, dépité de n’avoir pu terminer le pont qu’il construisait à Céret, car il se<br />

fit berner juste au moment où il ne restait plus que ce bloc à poser (Marliave 1987:220, et 242 n. 10).<br />

Un manuscrit découvert à Prats-de-Mollo atteste que le pont a été construit en 1321<br />

(Pall Mall Gazette, 18 fév. 1890, citée dans Anonyme 1890: 524). Pierre-Albert Clément<br />

(2003: 297) écrit quant à lui : «à Céret, en Roussillon, un chat noir avait été propulsé pour<br />

satisfaire le démon, lorsque le pont sur le Tech a été construit en 1331».<br />

Version diffusée sur l’internet (http://perso.wanadoo.fr/appvcv/Patrimoine/<br />

ceretptdiable.htm):<br />

siècle.<br />

« Situé à l'extérieur de la ville, sur le Tech, le célèbre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> date <strong>du</strong> 14ème<br />

Il avait, à son origine, une importance stratégique <strong>du</strong> fait qu'il était l'unique moyen<br />

d'accès de la ville au moyen-âge et qu'il représentait la limite inférieure <strong>du</strong> Vallespir.<br />

Construit en 1321, Céret s'associa à diverses communes alentours afin d'achever cet ouvrage<br />

qui s'agrémente, depuis plusieurs siècles, d'une légende particulière. Classé parmis les


monuments historiques, ce pont, mesure 45 mètres de haut pour 4 mètres de largeur.<br />

Appareillé de schiste, il ne possède qu'une seule arche ouverte de 45 mètres, et située à 30<br />

mètres au <strong>des</strong>sus <strong>du</strong> Tech.<br />

Il vint un jour aux cérétans, une idée fort naturelle : faire un pont solide en maçonnerie;<br />

mais les rives <strong>du</strong> Tech étaient fort escarpées. A quel endroit construirait-on ce pont ? On<br />

manda tous les ingénieurs <strong>du</strong> pays à réfléchir sur ce problème. Après de nombreuses<br />

prospections sur les lieux, les ingénieurs déclarèrent cet ambitieux projet impossible. Malgré<br />

ces déclarations, un ingénieur, plein d'hésitations, et alléché par la récompense offerte à celui<br />

qui construirait ce pont, se chargea de l'entreprise et promis de le monter en un an. Pendant<br />

que les cérétans se chargèrent de réunir la somme promise, l'ingénieur se mit au travail : il<br />

dressa les plans de construction, et débuta les travaux.<br />

Rapidement, les pieds <strong>du</strong> pont se dressèrent ; les charpentiers s'attelaient à réaliser<br />

l'échaffaudage de la voute. Mais, bien vite un orage fit déborder le fleuve de ses rives<br />

qui emporta tout sur son passage: pieds et voute. Désappointés, les cérétans s'en prirent<br />

à l'ingénieur qui s'innocenta et promis de continuer la construction <strong>du</strong> pont contre une<br />

augmentation de sa récompense. Les mois passèrent, et le pont reprenait vie. Les cérétans,<br />

heureux, gratifiaient l'ingénieur audacieux. Mais, une fois encore, l'ouvrage s'écroula.<br />

Plus de pont, plus de voute ! Les cérétans, en colère, accusèrent l'ingénieur d'être<br />

l'auteur de ces désagréments, et au travers la voix de leurs consuls, firent savoir à l'ingénieur<br />

qu'il n'avait d'autres choix que de remonter le pont dans un délai de six mois, au risque d'être<br />

pen<strong>du</strong> ! Alors, une fois de plus, l'ingénieur se remit au travail.<br />

Jusqu'à la veille <strong>du</strong> dernier jour de l'ultimatum, la reconstruction <strong>du</strong> pont se fit sans<br />

anicroches. Pourtant, ce soir là, de larges nuages apparurent, un vent violent et froid se mit à<br />

souffler. Le tonnerre se mit à gronder et les éclairs à déchirer le ciel. Un violent orage<br />

s'abattit sur la ville. Le fleuve gronda, s'élargit et déborda, encore une fois de ses rives<br />

emportant tout sur son passage, le pont avec ! Effrayé et désespéré, l'ingénieur prit la fuite<br />

dans la montagne afin de se mettre à l'abri de la colère <strong>des</strong> villageois. En chemin, il<br />

rencontra un homme grand, maigre, effrayant. Cet homme questionna alors l'ingénieur :<br />

"Où vas-tu ?<br />

- que t'importe, laisse-moi passer !, répondit l'ingénieur.<br />

- je sais qui tu es, et je peux te sauver la vie.<br />

- et toi, qui es-tu ?<br />

- peu importe. Ce soir, à minuit, le pont sera reconstruit. Mais, il faudra que tu<br />

remplisses une condition.<br />

- laquelle ?<br />

- tu devras me livrer le premier vivant qui traversera ce pont !<br />

Effrayé, l'ingénieur accepta la condition que demandait l'homme se doutant qu'il ne


pouvait s'agir que <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Seul, le <strong>Diable</strong> était capable d'ériger le pont en quelques heures.<br />

Le <strong>Diable</strong> disparut, après s'être assuré que l'ingénieur acceptait le marché. L'ingénieur s'en<br />

retourna chez lui et se mit à réfléchir à ce qu'il devait faire. Vers onze heures, tout le monde<br />

endormi, l'ingénieur se dirigea vers les rives <strong>du</strong> Tech portant sur son dos un sac. Arrivant sur<br />

les rives, il aperçut le <strong>Diable</strong> travailler ardemment à la reconstruction <strong>du</strong> pont. Habilement,<br />

et tel un maçon expert, il entassait les matériaux les uns sur les autres pour redonner forme à<br />

l'arche, solidifier la travée... Lorsque Minuit sonna, le pont était achevé. Aussitôt, l'ingénieur<br />

sortit de sa cachette et attrapa son sac à dos pour en sortir un chat noir ; sa queue attachée à<br />

une casserole en fer ! Alors que le <strong>Diable</strong> posait la dernière pierre, la clef de voute, il fut<br />

interrompu par le passage de ce vivant. Lachant la pierre qu'il tenait dans ses mains, il<br />

attrapa ce premier passant, qu'il prenait pour un chevalier armuré.<br />

"Trompé, trahi ! ", s'écria le diable en colère après avoir compris la supercherie.<br />

Il disparut aussitôt, laissant le pont inachevé.<br />

Encore aujourd'hui, cette pierre manque à l'édifice. Pourtant, bien <strong>des</strong> ingénieurs<br />

s'attelèrent à faire tenir cette pierre dans son trou. Mais sans aucun succès...»<br />

Passage extrait d’un ouvrage de Pierre Vidal, ancien archiviste de la ville de Perpignan:<br />

« Ce pont est une <strong>des</strong> curiosités <strong>du</strong> pays et il est classé, avec juste raison, parmi les<br />

monuments historiques. Il n'a qu'une seule arche, d'une hardiesse inouïe. Avec le pont de<br />

Brioude, lequel n'existe plus, le pont de Cérêt est le plus grand et le plus curieux de l'ancienne<br />

France. L'ouverture de l'arche à 45m45; sa largeur est de 4m; la distance de sa clef de voûte<br />

au niveau <strong>des</strong> eaux ordinaires est de 22m30. (...) Plusieurs archéologues on préten<strong>du</strong> que<br />

notre pont remonte à l'époque romaine, à raison de sa forme en plein cintre; mais<br />

l'architecture gothique ne méconnut point ce genre d'arceau (...) Notre savant ami Salsas a<br />

d'ailleurs péremptoirement démontré que le pont fut construit en 1321. Le travail avait été<br />

entreprit aux frais de la ville de Cérêt, mais diverses communes <strong>du</strong> haut-Vallespir<br />

contribuèrent pécuniairement à l'achèvement de cette oeuvre magistrale. Anciennement, dit la<br />

légende, Cérêt ne communiquait avec la rive gauche <strong>du</strong> Tech qu'au moyen d'une simple<br />

passerelle de planches posées sur de gros cailloux. Au moindre orage, les eaux emportaient<br />

ce pont rudimentaire." (Vidal 1899).<br />

67 - Bas-Rhin<br />

Il se trouve un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> au château <strong>du</strong> Haut-Barr à Saverne :<br />

« La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> :<br />

<strong>Pont</strong> en bois reliant le château primitif au rocher <strong>du</strong> Markfels acquis par l'évêque<br />

Rodolphe suite à un échange avec l'abbé de Marmoutier .<br />

" La légende veut que Lucifer pour aider à la construction difficile de ce pont ait


demandé l'âme <strong>du</strong> premier qui le franchirait après son achèvement. Le maître <strong>des</strong> enfers dût<br />

rire jaune - le premier qu'on fit passer fut un chien galeux ! Depuis ce temps le pont est<br />

appelé " <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> " ". D'après " Notice Historique sur le Château <strong>du</strong> Haut - Barr " de<br />

Dagobert Fischer.»<br />

(Source : http://www.ot-saverne.fr/FR/sites/chateau_haut_barr.htm)<br />

71 - Saône-et-Loire<br />

La légende <strong>du</strong> pont de Toulon-sur-Arroux est ainsi rapportée par Jean Drouillet :<br />

« Il y a bien longtemps, Toulon-sur Arroux ne possédait qu’un petit pont menaçant<br />

ruine ; les notables <strong>du</strong> pays, réunis un soir d’hiver, décidèrent de le remplacer par un grand et<br />

beau pont de pierre qu’on inaugurerait le jour de la fête de Pâques. La tâche fut acceptée par<br />

un entrepreneur qui avait une grande et belle fille ; l’homme travailla d’arrache-pied et il ne<br />

manquait, la vieille de Pâques, que la clé de voûte. Le maçon la voulait forte et d’un seule<br />

bloc ; mais on ne trouva dans le voisinage aucune pierre qui convînt. L’entrepreneur se<br />

désespérait et se vouait à tous les <strong>Diable</strong>s. Aussitôt, le <strong>Diable</strong> apparut et lui proposa :<br />

– La clé de voûte sera en place demain matin avant le chant <strong>du</strong> coq, mais tu me<br />

donneras ta fille !<br />

L’entrepreneur hésita puis finalement accepta ; or sa fille avait enten<strong>du</strong> la conversation<br />

et elle se rendit aussitôt prêt de son amoureux et lui dit :<br />

– Mets ton gros coq dans un sac et montons vite à Uchon (qui est un sommet rocheux à<br />

15 km au nord-est de Toulon-sur-Arroux) !<br />

Ils y arrivèrent aux environs de minuit et virent le <strong>Diable</strong> se précipiter sur un gros<br />

rocher pour l’emporter à Toulon. Ils lâchèrent alors le coq qui, tout heureux d’être libéré, se<br />

mit à chanter. Au chant <strong>du</strong> coq, le <strong>Diable</strong> crut que l’aube était là et que le jour allait se lever :<br />

il s’envola en lâchant la pierre sur laquelle il laissa l’empreinte de ses griffes. La pierre se<br />

voit encore, avec sa griffade, au bord de la colline, au-<strong>des</strong>sus de la vallée. Quant à la clé de<br />

voûte <strong>du</strong> pont, elle fut remplacée par plusieurs claveaux » (Drouillet, cité dans Fromage 1990:7).<br />

73 - Savoie<br />

Il se trouve un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à Modane. Selon Gérard Blacher, « Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong><br />

actuel est très récent puisque construit en 1858. C’est une passerelle en bois de 45 mètres de<br />

long suspen<strong>du</strong>e à 90 mètres au-<strong>des</strong>sus de l’Arc. Il a été réparé en 1990. Il remplace un ancien<br />

<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> qui était construit un peu plus loin. Il permet la liaison entre la redoute Marie-<br />

Thérèse et le fort Victor-Emmanuel » (Blacher 1996:129).<br />

Une légende semblable se conte à Bessans :<br />

« La légende <strong>du</strong> diable à quatre cornes


Il y a bien longtemps, Joseph, un petit entrepreneur bessannais, s'était vu confier la<br />

construction d'un pont de pierre reliant deux ouvrages fortifiés: la Redoute Marie-Thérèse et<br />

le Fort Victor-Emmanuel. Les travaux n'avançaient pas vite et pourtant l'hiver arrivait. Le<br />

malheureux bessannais se lamentait et, pour comble de tous ses tourments, deux jours avant<br />

la date de livraison <strong>du</strong> pont, ses ouvriers le quittèrent. Ce coup-là était trop <strong>du</strong>r pour lui,<br />

jamais il ne pourrait terminer seul le pont, et s'il ne remplissait pas son contrat, c'était l<br />

'emprisonnement dans l'un <strong>des</strong> deux forts ou, pire encore, la déportation en Piémont. "Que<br />

vais-je devenir, se lamentait-il, ce pont sera ma mort si je ne le termine pas avant demain.<br />

Dieu sait si je reverrai ma femme et mon doux village de Bessans ? Que dis-je Dieu ? Seul le<br />

<strong>Diable</strong> peut me venir en aide..."<br />

Arrivant par la route de Modane, un homme de haute taille, coiffé d'un chapeau à larges<br />

bords, comme on en voyait dans la région, s'approcha de Joseph.<br />

- Qu'as-tu l'ami à te lamenter ainsi ?<br />

- Ne m'en parlez pas, Etranger, je dois finir ce pont avant demain, le travail n'avance<br />

pas et tous mes ouvriers m'ont quitté.<br />

- Ce n'est pas bien grave, cela peut encore s'arranger.<br />

- Mais je n'y arriverai jamais et on me jettera en prison.<br />

- Tu as appelé le <strong>Diable</strong> à ton secours, eh bien, il m'envoie t'aider. Tu veux éviter la<br />

prison, alors signe-moi ce papier et ton pont sera construit demain à l'heure dite et toi tu<br />

pourras retourner à Bessans avec tous les honneurs et les écus qu'on te donnera. Joseph,<br />

l'entrepreneur, n'était pas rassuré. Mais d'aller en prison à Turin ne l'enchantait pas. Après<br />

avoir réfléchi, il dit à l'envoyé de Satan :<br />

échange ?<br />

- D'accord, je signe, mais cela me semble trop beau ! Que me deman<strong>des</strong>-tu en<br />

- Voilà, demain, le pont sera fait, mais à une seule condition, la première personne qui<br />

passera sur le pont, appartiendra à mon maître.<br />

Joseph était affolé, il ne pouvait faire une chose pareille ! Mais la peur de moisir en<br />

prison avec les rats fut la plus forte, et... il signa... Revenu à Bessans, sa femme lui trouva un<br />

air tourmenté et à force de questions, elle finit par savoir toute l'histoire.<br />

- Ne t'en fais pas, Joseph, on trouvera bien un moyen d'empêcher le <strong>Diable</strong> de faire<br />

cette sinistre besogne...<br />

Et le lendemain matin, quand Joseph et sa femme arrivèrent près <strong>des</strong> forts, ils eurent la<br />

surprise de voir un magnifique pont tout en belles <strong>pierres</strong> de taille, qui enjambait l'Arc de plus<br />

de cent mètres au-<strong>des</strong>sus de l'eau. Mais quand ils regardèrent à l'autre bout <strong>du</strong> pont, ils virent<br />

avec frayeur une bête monstrueuse, la bouche grande ouverte sur <strong>des</strong> dents horriblement<br />

longues, avec sur la tête une crinière de lion d'où sortaient deux gran<strong>des</strong> cornes pointues,<br />

c'était le <strong>Diable</strong> !... Il attendait la première personne passant sur le pont.


- Mon Dieu ! Marie !... Le bonhomme n'avait pas menti ; le pont est là, mais le <strong>Diable</strong><br />

aussi ! Qu'allons-nous faire, mon Dieu ? Qu'allons-nous faire ?...<br />

Déjà, venant de Modane, toute une troupe de soldats approchait; ils devaient se rendre<br />

au fort en passant par le pont. A leur tête venait un petit tambour, un gamin de 12 ans, tout<br />

fier d'avoir été choisi pour passer le premier.<br />

possible !...<br />

- Ce malheureux gosse ! C'est lui qui va être la victime, pleurait Joseph... Ce n'est pas<br />

C'est alors que Marie aperçut à quelques pas de là, un troupeau de chèvres, broutant<br />

entre les rochers, et au milieu de ce troupeau: un bouc ! Mais pas un petit bouc de rien <strong>du</strong><br />

tout. Non ! Un grand bouc noir, aux sabots luisants et aux cornes redoutables. Marie eut une<br />

idée: ramassant un bâton qui traînait sur le chemin, elle écarta les chèvres et arrivant derrière<br />

le bouc, elle lui donna un tel coup que celui-ci partit comme une flèche en direction <strong>du</strong> pont.<br />

Le bouc stoppa net avant de traverser... De l'autre côté, il avait vu la bête !...<br />

- Un autre bouc, se dit-il, en apercevant les deux cornes <strong>du</strong> monstre ; il voulait prendre<br />

mes chèvres!...<br />

II se rua si fort, qu'il traversa la tête de la bête avec ses deux cornes et celles-ci restèrent<br />

plantées sur le crâne <strong>du</strong> monstre. Plus jamais on ne vit le <strong>Diable</strong> dans la région, mais c'est<br />

depuis ce jour, qu'à Bessans, il porte quatre cornes... Bien <strong>des</strong> années se sont écoulées depuis<br />

cette histoire, le beau pont de pierre s'est depuis longtemps écroulé, il fut remplacé par une<br />

passerelle de fer. Mais cette passerelle s'appelle toujours : " Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>".<br />

Histoire racontée par Lucien Personnaz "de Damien", doyen de Bessans.<br />

Recueillie et adaptée par Maxime Gautier, maire de Bessans ( de 1971 à 1977 ), et par<br />

Georges Personnaz, animateur de la station. »« La légende <strong>du</strong> diable à quatre cornes<br />

Il y a bien longtemps, Joseph, un petit entrepreneur bessannais, s'était vu confier la<br />

construction d'un pont de pierre reliant deux ouvrages fortifiés: la Redoute Marie-Thérèse et<br />

le Fort Victor-Emmanuel. Les travaux n'avançaient pas vite et pourtant l'hiver arrivait. Le<br />

malheureux bessannais se lamentait et, pour comble de tous ses tourments, deux jours avant<br />

la date de livraison <strong>du</strong> pont, ses ouvriers le quittèrent. Ce coup-là était trop <strong>du</strong>r pour lui,<br />

jamais il ne pourrait terminer seul le pont, et s'il ne remplissait pas son contrat, c'était l<br />

'emprisonnement dans l'un <strong>des</strong> deux forts ou, pire encore, la déportation en Piémont. "Que<br />

vais-je devenir, se lamentait-il, ce pont sera ma mort si je ne le termine pas avant demain.<br />

Dieu sait si je reverrai ma femme et mon doux village de Bessans ? Que dis-je Dieu ? Seul le<br />

<strong>Diable</strong> peut me venir en aide..."<br />

Arrivant par la route de Modane, un homme de haute taille, coiffé d'un chapeau à larges<br />

bords, comme on en voyait dans la région, s'approcha de Joseph.<br />

- Qu'as-tu l'ami à te lamenter ainsi ?


- Ne m'en parlez pas, Etranger, je dois finir ce pont avant demain, le travail n'avance<br />

pas et tous mes ouvriers m'ont quitté.<br />

- Ce n'est pas bien grave, cela peut encore s'arranger.<br />

- Mais je n'y arriverai jamais et on me jettera en prison.<br />

- Tu as appelé le <strong>Diable</strong> à ton secours, eh bien, il m'envoie t'aider. Tu veux éviter la<br />

prison, alors signe-moi ce papier et ton pont sera construit demain à l'heure dite et toi tu<br />

pourras retourner à Bessans avec tous les honneurs et les écus qu'on te donnera. Joseph,<br />

l'entrepreneur, n'était pas rassuré. Mais d'aller en prison à Turin ne l'enchantait pas. Après<br />

avoir réfléchi, il dit à l'envoyé de Satan :<br />

échange ?<br />

- D'accord, je signe, mais cela me semble trop beau ! Que me deman<strong>des</strong>-tu en<br />

- Voilà, demain, le pont sera fait, mais à une seule condition, la première personne qui<br />

passera sur le pont, appartiendra à mon maître.<br />

Joseph était affolé, il ne pouvait faire une chose pareille ! Mais la peur de moisir en<br />

prison avec les rats fut la plus forte, et... il signa... Revenu à Bessans, sa femme lui trouva un<br />

air tourmenté et à force de questions, elle finit par savoir toute l'histoire.<br />

- Ne t'en fais pas, Joseph, on trouvera bien un moyen d'empêcher le <strong>Diable</strong> de faire<br />

cette sinistre besogne...<br />

Et le lendemain matin, quand Joseph et sa femme arrivèrent près <strong>des</strong> forts, ils eurent la<br />

surprise de voir un magnifique pont tout en belles <strong>pierres</strong> de taille, qui enjambait l'Arc de plus<br />

de cent mètres au-<strong>des</strong>sus de l'eau. Mais quand ils regardèrent à l'autre bout <strong>du</strong> pont, ils virent<br />

avec frayeur une bête monstrueuse, la bouche grande ouverte sur <strong>des</strong> dents horriblement<br />

longues, avec sur la tête une crinière de lion d'où sortaient deux gran<strong>des</strong> cornes pointues,<br />

c'était le <strong>Diable</strong> !... Il attendait la première personne passant sur le pont.<br />

- Mon Dieu ! Marie !... Le bonhomme n'avait pas menti ; le pont est là, mais le <strong>Diable</strong><br />

aussi ! Qu'allons-nous faire, mon Dieu ? Qu'allons-nous faire ?...<br />

Déjà, venant de Modane, toute une troupe de soldats approchait; ils devaient se rendre<br />

au fort en passant par le pont. A leur tête venait un petit tambour, un gamin de 12 ans, tout<br />

fier d'avoir été choisi pour passer le premier.<br />

possible !...<br />

- Ce malheureux gosse ! C'est lui qui va être la victime, pleurait Joseph... Ce n'est pas<br />

C'est alors que Marie aperçut à quelques pas de là, un troupeau de chèvres, broutant<br />

entre les rochers, et au milieu de ce troupeau: un bouc ! Mais pas un petit bouc de rien <strong>du</strong><br />

tout. Non ! Un grand bouc noir, aux sabots luisants et aux cornes redoutables. Marie eut une<br />

idée: ramassant un bâton qui traînait sur le chemin, elle écarta les chèvres et arrivant derrière<br />

le bouc, elle lui donna un tel coup que celui-ci partit comme une flèche en direction <strong>du</strong> pont.<br />

Le bouc stoppa net avant de traverser... De l'autre côté, il avait vu la bête !...


- Un autre bouc, se dit-il, en apercevant les deux cornes <strong>du</strong> monstre ; il voulait prendre<br />

mes chèvres!...<br />

II se rua si fort, qu'il traversa la tête de la bête avec ses deux cornes et celles-ci restèrent<br />

plantées sur le crâne <strong>du</strong> monstre. Plus jamais on ne vit le <strong>Diable</strong> dans la région, mais c'est<br />

depuis ce jour, qu'à Bessans, il porte quatre cornes... Bien <strong>des</strong> années se sont écoulées depuis<br />

cette histoire, le beau pont de pierre s'est depuis longtemps écroulé, il fut remplacé par une<br />

passerelle de fer. Mais cette passerelle s'appelle toujours : " Le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>".<br />

Histoire racontée par Lucien Personnaz "de Damien", doyen de Bessans.<br />

Recueillie et adaptée par Maxime Gautier, maire de Bessans ( de 1971 à 1977 ), et par<br />

Georges Personnaz, animateur de la station. »<br />

Bibliographie : N° spécial de la revue BJA : "Contes de la Lombarde - Légen<strong>des</strong> au<br />

pays <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>" Damien Tracqui, Editions La Fontaine de Siloé»<br />

(source : http://www.bessans.com/decouvrir_legende.htm<br />

Un pont suspen<strong>du</strong> pour piétons, construit à Aussois en 1991, a reçu le nom de<br />

«<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>». Il est long de 45 m et s’élève à 90m au-<strong>des</strong>sus <strong>du</strong> vide.<br />

74 - Haute-Savoie<br />

Arnold Van Gennep a signalé un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à la Chapelle <strong>du</strong> Bard, sur le Brens<br />

(Haute-Savoie), mais il ne disposait d’aucun autre renseignement à son sujet (Van Gennep 1991,<br />

I:147).<br />

sa légende :<br />

Un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> enjambe le Bonnant à St-Gervais. Gérard Blacher donne ainsi<br />

« Autrefois, il n’y avait pas de pont sur le Bonnant. Comme chacun peut se l’imaginer,<br />

Saint-Gervais était de ce fait-là coupé irrémédiablement en deux. Le curé, particulièrement,<br />

réfléchissait chaque jour aux inconvénients qui résultaient de cet état de fait, si nuisible à ses<br />

ouialles de la rive gauche, qu’il ne pouvait atteindre. Un soir, un étranger se présenta à la<br />

porte <strong>du</strong> presbytère. Intro<strong>du</strong>it devant le curé, il lui dit à brûle-pourpoint : ‘Je vous offre de<br />

bâtir en une seule nuit un pont sur le Bonnant’. Le curé, surpris, lâche une exclamation bien<br />

peu orthodoxe :<br />

– <strong>Diable</strong> ! s’écria-t-il.<br />

– C’est moi-même, répondit le personnage en s’inclinant.<br />

Le curé fit le signe de la croix et Satan grimaça singulièrement.<br />

– Que voulez-vous pour cela ? demanda, le curé, peu rassuré.<br />

– Je demande que l’on m’accorde la première créature vivante qui passera sur le pont.<br />

Le marché fut conclu et signé sur un parchemin aux marques infernales, et le <strong>Diable</strong> se


etira. Le lendemain, le pont était construit. Le curé arriva, portant quelque chose sous sa<br />

soutane. Une foule émerveillée le suivait. Il s’avança sur le pont et y lança, avec force, un<br />

superbe chat que le <strong>Diable</strong> happa avec <strong>des</strong> rugissements de colère, mêlés aux miaulements<br />

désespérés <strong>du</strong> matou expiatoire. Ainsi fut fait et le brave curé put enfin réunir tout son peuple<br />

de ce côté de l’eau » (Blacher 1996:131).<br />

La variante suivante se termine sur une actualisation intéressante :<br />

« La légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> Du <strong>Diable</strong> (Haute-savoie)<br />

Il y a très longtemps, le petit village de St Gervais était partagé en deux parties par un<br />

torrent appelé le Bonnant. Ceci était d'autant plus ennuyeux que le prêtre <strong>du</strong> village habitait<br />

en face de son église mais sur la rive opposée !!! De plus, il n'y avait aucun pont pour<br />

traverser la rivière. Alors, tous les matins, il devait parcourir 10 km à pied pour aller<br />

emprunter le pont <strong>du</strong> village voisin. Il arrivait souvent en retard à la messe de 10 heures et les<br />

gens <strong>du</strong> village commençait à se plaindre.<br />

"Vous n'avez cas construire un pont !" disaient-ils.<br />

Hélas ! Il avait essayé de nombreuses fois de construire le pont "miracle" mais, à<br />

chaque essai, les fondations à peine commencées, la force <strong>du</strong> courant l'emportait.<br />

Un soir, alors que le prêtre priait Dieu de l'aider à trouver la force d'affronter le courant<br />

et de commencer un autre pont, on frappa à sa porte. Le prêtre se leva et alla ouvrir. Une<br />

vision d'horreur lui apparut : c'était le diable en personne ! Affolé, il s'empressa de refermer<br />

la porte et pesa de tout son poids pour ne pas le laisser entrer. Lorsqu'il fut certain de ne plus<br />

entendre aucun bruit suspect, il lacha enfin prise et bougonna :<br />

"- Je perds la tête ! Ce pont va me rendre fou !"<br />

Lorsqu'il se retourna, il faillit avoir une crise cardiaque. Le diable lui faisait face,<br />

souriant. Appeuré, le prêtre balbutia difficilement :<br />

"- Que... que voulez-vous ?"<br />

Le diable, très calmement répondit :<br />

"T'aider."<br />

Ebahi, le prêtre s'étonna :<br />

"- M'aider ? Mais pour quoi ?<br />

- Je peux t'aider à construire le plus solide de tous les ponts <strong>du</strong> monde entier. En<br />

échange, je ne te demande qu'une seule chose...<br />

- Laquelle ?<br />

- Une vie"<br />

Une vie ??? Qui voudrait se sacrifier au diable pour construire un pont dont il ne<br />

profitera pas ? Le prêtre n'était pas d'accord : il ne sacrifiera personne ! A moins que... Un<br />

sourire se <strong>des</strong>sina sur ses lèvres et, très sûr de lui, le prêtre répondit :


"- Je suis d'accord. Vous aurez votre vie.<br />

- Bien ! Demain matin, le pont sera construit. A 6 heures précises, tu m'apporteras la<br />

vie que tu me dois. L'échange aura lieu sur le pont même. Si tu tentes de me tromper, ta vie<br />

sera mienne ! AHAHAHAHAHAH !!!"<br />

Le diable disparut dans <strong>des</strong> rires affreux à glacer le sang. Pourtant, le prêtre avait<br />

confiance et gardait un sourire sournois. Il sortit rapidement et alla réunir le conseil municipal<br />

et leur expliqua la situation en détail. Lorsqu'il en vint à l'échange proposé par le diable, le<br />

maire s'indigna:<br />

"- Vous êtes fou ! Je refuse de sacrifier l'un <strong>des</strong> nôtres !"<br />

Le prêtre adopta le même petit sourire qu'en face <strong>du</strong> diable et leur expliqua son plan...<br />

Le lendemain matin, le pont était là, magnifique. Tout le village s'était réuni pour voir<br />

l'échange. A six heures précises, le diable apparut. Le prêtre était au bout <strong>du</strong> pont, les mains<br />

dérrière le dos. Le diable l'interpella et le prêtre s'avanca. Le diable rit et, le voyant seul, lui<br />

dit :<br />

"-Tu as décidé de te sacrifier toi-même vieux fou ! J'accepte avec plaisir !"<br />

Le prêtre sourit et lui répondit :<br />

"- Bien sûr que non ! Je ne me sacrifie pas, je respecte le pari"<br />

Il lui tendit un chat qu'il cachait derrière son dos et lui dit ironiquement :<br />

"-Voilà ta vie !"<br />

Le diable, fou de rage, arracha le chat <strong>des</strong> mains <strong>du</strong> prêtre et, bien contraint de voir que<br />

le prêtre avait respecté les règles qu'il lui avait imposé, s'en alla en jurant qu'il reviendrait<br />

pour se venger.<br />

Le pont fut surnommé le "pont <strong>du</strong> diable" par les gens <strong>du</strong> village et aujourd'hui encore,<br />

il est toujours là, pareil à son premier jour: il n'a jamais été rénové !<br />

Mais il existe un fait bizarre qui se passe tous les 50 ans, à la même date. Le 23 mars,<br />

quelqu'un se suicide en se jetant <strong>du</strong> haut de ce pont. On ne retrouve jamais le corps... La<br />

prochaine fois que cela doit se pro<strong>du</strong>ire, c'est l'année prochaine...<br />

chin.shtml<br />

Le diable a donc respecté sa parole: tous les 50 ans, il se venge.»<br />

Source : http://www.kazibao.net/francais/adozone/adozine/adozoom/europe/legen<strong>des</strong>/<br />

75 - Paris<br />

« Le pont Notre Dame se situe sur une <strong>des</strong> voies les plus anciennes de franchissement<br />

de la Seine, avec le Petit-<strong>Pont</strong> qui se situe dans son prolongement. Dés l’antiquité les<br />

Romains construisirent un pont sur pilotis appelé Grand <strong>Pont</strong> . Il fut détruit par les Normands<br />

au IXéme siècle et remplacé par une passerelle en bois qui fut emportée par les crues de<br />

1406. Le 31 mai 1413, Charles VI pose le premier pieux de la construction <strong>du</strong> pont Notre


Dame. Ce pont en bois, mesurait 106m de long, sur 27m de large fut achevé en 1421. Il était<br />

célèbre pour ses armureries et ses librairies, car comme beaucoup de ponts à cette époque il<br />

portait 60 maisons, trente de chaque côté, toutes semblables. Hélas le 25 octobre 1499,<br />

malgré les avertissements d’un charpentier, il s’effondre brutalement entraînant les soixante<br />

maisons dans sa chute. Ce fut une épouvantable catastrophe ! Le prévôt <strong>des</strong> marchands<br />

Jacques Piedefer, les échevins furent ren<strong>du</strong>s responsables et finirent leurs jours en prison. Un<br />

nouveau pont en pierre de six arches fut mis en chantier sous la houlette de Jean Joconde. Il<br />

mesure alors 124m de long sur 23m de large et porte 68 maisons, trente quatre de chaque<br />

côté, toutes semblables, faites de briques et de <strong>pierres</strong>, décorées de médaillons <strong>des</strong> rois de<br />

France, ainsi que de bustes d’hommes et de femmes supportant <strong>des</strong> corbeilles de fruits. Ces<br />

maisons portaient <strong>des</strong> numéros en lettres d’or, pairs d’un côté, impairs de l’autre : c’était le<br />

premier essai de numérotation <strong>des</strong> maisons de Paris. C’était un <strong>des</strong> endroits les plus élégants<br />

de Paris. Il fut restauré en 1660 pour l’arrivée à Paris de Marie-Thérèse d’Autriche, l’épouse<br />

de Louis XIV. En 1676, une pompe hydraulique fut installée au milieu aval <strong>du</strong> pont. Cette<br />

Pompe Notre-Dame, œuvre de Daniel Jolly et Jacques Demance, était aspirante et foulante et<br />

servait à alimenter plusieurs fontaines parisiennes. Elles étaient enfermées dans deux<br />

bâtiments aux portes ornées d’un médaillon de Louis XIV et de figures en relief sculptées par<br />

Jean Goujon. Les pompes élevaient l’eau dans une tour haute de 20 m située entre les deux<br />

bâtiments et <strong>des</strong> con<strong>du</strong>ites menaient l’eau de la Seine vers les fontaines La pompe Notre<br />

Dame a été démolie en 1858, après la construction d’un nouveau pont. Suite aux grands<br />

travaux <strong>du</strong> Baron Haussmann, le niveau <strong>du</strong> sol de la rue Saint Martin et de la rue de Rivoli<br />

<strong>du</strong>t être abaissé, ce qui imposait la construction d’un nouveau pont.<br />

Ce nouveau pont en maçonnerie composé de cinq arches de 17m à 19m d’ouverture, est<br />

alors implanté sur les fondations <strong>du</strong> précédent, mais il ne convient pas aux mariniers car à cet<br />

endroit, au moins 35 accidents sont à déplorer, ce qui lui vaut le surnom <strong>du</strong> "pont <strong>du</strong> diable".<br />

Finalement, pour améliorer l’écoulement <strong>du</strong> fleuve, les trois arches médianes furent<br />

remplacées par une seule arche métallique de 60m de long. L’ouvrage ainsi transformé est<br />

inauguré en 1919 par le président de la République Raymond Poincaré. Ce pont mesure 106m<br />

de long et 20m de large et on y accède par le métro Cité.»<br />

(Source : http://www.histoire-en-ligne.com/article.php3?id_article=58; 7-X-2005).<br />

81 - Tarn<br />

À l’occasion d’une exposition organisée à Gaillac sur « les êtres fantastiques »,<br />

l’histoire <strong>du</strong> pont de Bonnecombe (Aveyron) fut présentée en décembre 1997 avec le<br />

commentaire suivant: « Cette même légende existe à propos d’un pont près <strong>du</strong> Travet (Tarn),<br />

aujourd’hui englouti après la construction d’un barrage sur le Dadou ».


Une légende de <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est citée par Gérard Blacher pour Albi :<br />

« Sur la rive gauche de l’Agout de la ‘Poutsado dal diaplé’ (le contenu de la poche <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong>) est un énorme éboulis qui a donné naissance, comme la plupart <strong>des</strong> rochers <strong>du</strong><br />

Sidobre, à une légende où interviennent le <strong>Diable</strong> et Guilhot de Ferrières. On avait demandé<br />

au démon de construire un pont à Thésouliés. Il réclama pour prix de son aide l’âme de celui<br />

qui passerait le premier sur la nouvelle construction. Guiljhot proposa d’y faire passer un âne:<br />

les femmes parlèrent un peu trop, le <strong>Diable</strong> le sut et de colère vida sa poche de <strong>pierres</strong> dans<br />

l’Agout » (Blacher 1996:137).<br />

84 - Vaucluse<br />

Selon Paul Sébillot, une légende de pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> a été signalée dans le Vaucluse : le<br />

<strong>Diable</strong> s’engage à construire l’ouvrage avant l’aube, et n’est finalement payé que d’un chat, à<br />

la place de l’âme promise (Sébillot 1894:348). Il s’agit <strong>du</strong> fameux pont d’Avignon, dont le récit de<br />

la construction par Bénézet, datant <strong>des</strong> années 1230, était lu par les quêteurs de l’œuvre lors<br />

<strong>des</strong> prêches dominicaux ; il y est écrit : « Tunc iratus Diabolus nocte venit ad pontem et<br />

dissipavit pilam unam pontis », « Alors le <strong>Diable</strong> en colère vint une nuit au pont, et détruisit<br />

l’une <strong>des</strong> piles de l’ouvrage... » (Cité dans Mesqui 1986:115). C’est la plus ancienne allusion à la<br />

légende <strong>des</strong> <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> en France.<br />

85 - Vendée<br />

En Vendée (ancien Bas-Poitou), on raconte à Brétignolles que le <strong>Diable</strong> aurait bien<br />

voulu construire un pont reliant la commune à New York, mais que sa tentative échoua (Le<br />

Quellec 1997:52). à Commequiers, un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> fut entrepris sur la rivière de la Vie par<br />

Satan, selon une légende notée au début de ce siècle :<br />

« C’est la nuit que ce dernier portait les <strong>pierres</strong> nécessaires à l’édifice, et il a laissé la<br />

trace énorme de ses pieds sur un sentier qui <strong>des</strong>cend à la rivière. Des blocs, tombés de la<br />

barge <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, bordent ce chemin. Pendant tout le temps que <strong>du</strong>ra la construction, un grand<br />

nombre d’animaux disparurent. Un paysan, moins effrayé que les autres, se mit une nuit aux<br />

aguets, derrière <strong>des</strong> rochers, et vit Satan qui entraînait <strong>des</strong> bêtes vers la rivière, où il les<br />

noyait » (Note manuscrite conservée dans les dossiers d’Edmond Bocquier aux Archives Départementales de la Vendée, cote<br />

59.J.16.11).<br />

Le <strong>Pont</strong> de Sénard, sur la commune de l’Herbergement, a été construit par le <strong>Diable</strong><br />

qui, furieux de s’être laissé <strong>du</strong>per, a voulu le détruire. Depuis, on n’a jamais pu le réparer :<br />

dès qu’on remet en place les <strong>pierres</strong> d’un bout, celles de l’autre extrémité croulent dans la<br />

rivière. à proximité, se trouve une roche présentant quatre cavités qu’on dit être les fesses et<br />

les talons <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> (Note manuscrite conservée dans les dossiers d’Edmond Bocquier aux Archives Départementales de la<br />

Vendée, cote 59.J16.11). La légende a été ainsi racontée en 1901 par Jehan de la Chesnaye :


« Impossible de gagner la rive et ma femme qui m’attend. Le <strong>Diable</strong> m’emporte si un<br />

pont ne serait pas utile là, avait dit un jour un seigneur en indiquant un passage de la Maine,<br />

la petite rivière qui passe à Montaigu ! Et le <strong>Diable</strong> apparût : “Tu auras ton pont, dit-il, mais<br />

j’aurai la première âme qui passera <strong>des</strong>sus”. Le pont fut construit, en effet ; mais la châtelaine<br />

joua le malin, en y lançant une souris, poursuivie par un chat. Le <strong>Diable</strong>, furieux, démolit son<br />

œuvre, et jamais depuis le <strong>Pont</strong> de Sénard n’a pu être réparé » (De la Chesnaye 1901).<br />

Quant à Pierre-Plate, c’est le nom d’un village situé entre la Copechagnière et<br />

l’Herbergement, où un ponceau mégalithique permettait de franchir le petit ruisseau <strong>du</strong> Tail.<br />

Selon Jehan de la Chesnaye, cette pierre de 1,80 par 1,10 mètre aurait été apportée là par le<br />

<strong>Diable</strong>, et il s’agit d’une sorte de réplique miniature <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> de Sénard, voisin :<br />

« Quand la dame d’un châtelain l’eût joué à Sénard en lançant sur le pont un rat et une<br />

souris, le malin se rendit à Pierre-Plate, et déposa un <strong>des</strong> blocs <strong>du</strong> fameux pont sur le Tail, où<br />

il demeure encore » (De la Chesnaye 1906:69).<br />

À Mervent, le <strong>Pont</strong> <strong>des</strong> Ouillères, maintenant englouti sous les eaux retenue d’un<br />

barrage, fut souvent considéré comme « pont romain », alors qu’en réalité, il date <strong>du</strong> Xve<br />

siècle. En 1893, Louis Brochet rapporte qu’il s’agit d’une construction diabolique : après<br />

l’avoir terminé, Satan se serait reposé sur un rocher un peu en aval, et y aurait laissé son<br />

empreinte (Brochet 1893 :42-43, 65-66).<br />

Le <strong>Pont</strong> d’Yeu, supposé relier la Barre de Monts à l’île d’Yeu, résulte d’une tentative<br />

diabolique avortée :<br />

Le <strong>Diable</strong> « avait fait, suivant son habitude, un stupide pari. Pour s’assurer une âme,<br />

une âme de choix sans doute, il s’était engagé à construire entre la nuit tombante et le dernier<br />

coup de minuit, un pont qui réunirait le rivage à l’Ile [d’Yeu]. Or le rivage montois manque<br />

de <strong>pierres</strong>; il fallait aller en chercher jusqu’aux alentours de Challans, et ces courses lui firent<br />

perdre beaucoup de temps. Il fallait pourtant finir quand minuit sonna au clocher de Notre-<br />

Dame, alors qu’il ne croyait pas qu’il se fît si tard. De stupeur, il laissa tomber sa dernière<br />

pierre, qui forma un rocher à fleur d’eau à deux kilomètres en aval de l’Ile d’Yeu » (Texte publié<br />

en 1929 par L. Dubreuil dans La Grande Revue 12:296).<br />

Une autre version de cette légende a été localisée à St-Gilles-Croix-de-Vie par G.R.<br />

Phelippeau, instituteur de Dompierre-sur-Yon qui écrivait en 1904 :<br />

« On raconte que le <strong>Diable</strong> fit un jour avec un propriétaire de St-Gilles un pari qu’il<br />

construirait un pont reliant cette dernière [localité] à l’Ile d’Yeu. Pour cela, il alla au loin


chercher d’énormes quartiers de roc qu’il apportait dans son tablier, lorsque tout d’un coup,<br />

se sentant atteint d’un vigoureux coup de pied, il se retourna et vit avec effroi la Vierge qui le<br />

poursuivait ; il se mit à courir et, en arrivant à Commequiers, une pierre tomba de son tablier.<br />

On peut la voir de nos jours et elle porte les empreintes <strong>du</strong> coprs de Satan. Une autre tomba à<br />

Challans. Enfin, en arrivant à Croix-de-Vie, Satan tomba dans la mer, et ses <strong>pierres</strong> en se<br />

brisant formèrent une partie <strong>des</strong> rochers échelonnés sur la côte » (Phelippeau 1904:6).<br />

Cette histoire est très connue dans toute la région (Baudry 1865:244-245, Bocquier s.d.), et il en<br />

existe de nombreuses variantes. Voici celle publiée par E. Louis en 1881:<br />

« On raconte que, par une brûlante journée d’été, St-Martin voulut se rendre de Notre-<br />

Dame-de-Monts à l’Ile d’Yeu pour y prêcher l’évangile. Mais comment traverser le bras de<br />

mer qui l’en séparait ? Satan seul l’eût tiré d’embarras. Pour tenter le démon, notre saint fait<br />

briller à ses yeux un magnifique moulinet ou éventail en glace. Le Malin ébloui se laisse<br />

prendre au piège et propose en échange de convertir en or tous les graviers <strong>du</strong> rivage. Or saint<br />

Martin se contenterait d’un pont jeté sur l’Océan avant le chant <strong>du</strong> coq, entre la côte et l’île<br />

d’Oïa. Il est vrai que pour le prix de ce service, Satan deviendra maître <strong>du</strong> premier passant.<br />

Au comble de la joie, Lucifer convoque toutes ses légions infernales, et <strong>des</strong> montagnes de<br />

<strong>pierres</strong> s’entassent dans le gouffre béant. Le coq <strong>du</strong> village a été enivré pour leur besogne.<br />

Hélas! le maudit volatile, dérouté par la boisson qu’il a prise, se met à chanter longtemps<br />

avant l’aube <strong>du</strong> jour. Aussitôt l’œuvre s’arrête; et les énormes monolithes transportés par les<br />

airs tombent à la place qu’ils occupent encore. Satan dissimule sa rage et se porte au milieu<br />

de la chaussée inachevée. Le saint lance alors dans les griffes <strong>du</strong> démon un gros chat noir<br />

poursuivi par un chien; et Satan en est ré<strong>du</strong>it à cacher sa confusion au fond de la sombre forêt<br />

de l’Ile d’Yeu. Il allait assister au triomphe de ses plus mortels ennemis » (Louis 1881).<br />

Il existe aussi, de ce récit, une variante en clé mélusinienne, racontée à Noirmoutier par<br />

Gabriel Boucard, en Février 1982 :<br />

« La grand-mère <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> avait décidé de construire un pont qui relierait l’Ile-d’Yeu<br />

au continent. Dame, elle était douée, la grand-mère, d’une force comment? herculéenne!<br />

Alors, entre le coucher <strong>du</strong> soleil et le chant <strong>du</strong> coq, sans arrêt, toute la nuit, elle transportait<br />

dans son tablier d’énormes blocs de granit pour construire le pont. Il paraît qu’elle les<br />

arrachait à la côte de Pornic et pis elle allait comme ça jusqu’à Notre-Dame-de-Monts qu’est<br />

le point le plus proche de l’Ile-d’Yeu! Pis alors, cette nuit-là, le temps était si beau qu’elle a<br />

voulu faire un voyage de plus, pour gagner <strong>du</strong> temps. Mais voilà que l’aube la surprend, là-<br />

bas, près <strong>du</strong> moulin de la Houssinière. Y avait le coq <strong>du</strong> meunier, monté sur un sac de grain,<br />

qui se mit à chanter, mais alors à tue-tête! À ce moment-là, les nœuds <strong>du</strong> tablier de la pauvre<br />

mère se sont défaits, et le rocher qu’était dedans est tombé à la mer. Ce rocher, il existe


toujours, on peut le voir. Alors après ça, elle a jamais pu reprendre le travail: elle était plus<br />

assez forte! Et pis on dit que c’est pour ça que, de nos jours, l’Ile-d’Yeu n’est toujours pas<br />

reliée au continent » (Gaborit s.d., II:68).<br />

Ce « pont » est en réalité une chaussée en dôme accentué, découvrant aux marées de<br />

115-118 sur une longueur de plus de trois kilomètres. Plus loin, elle est recouverte par très<br />

peu d’eau et, au sixième kilomètre, elle est interrompue par une grande coupure à pic, de plus<br />

de neuf mètres de profondeur. Le Dr Baudouin expliquait cela par l’hypothétique existence<br />

d’une ancienne voie romaine qui se serait affaissée au moment de l’évangélisation de la<br />

contrée par saint Martin de Vertou, dont le nom aurait ensuite été associé traditionnellement<br />

au souvenir de ce phénomène géologique... voilà qui est ingénieux, mais rien moins que<br />

prouvé. Nous retrouvons là, semble-t-il, le même type d’attribution historico-légendaire que<br />

celle qui veut faire <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> Krac’h un monument gaulois.<br />

En tout cas, la première mention connue de cette chaussée naturelle se trouve sous la<br />

plume de Jean Fonteneau dit Alphonse de Saintonge, qui écrivait en 1544 que... « à la terre de<br />

l’Isle Dieu y a un mauvais rochier, qui s’appelle le <strong>Pont</strong>, lequel entre bien une lieue et demye<br />

en la mer». On aura remarqué qu’il n’est donc alors question que de « <strong>Pont</strong> », et non pas de<br />

« <strong>Pont</strong> d’Yeu » ni de « <strong>Pont</strong> St-Martin » (Musset 1904:153, n. 5).<br />

Saint Martin semble n’être mentionné dans les textes qu’à partir <strong>du</strong> XVIIIe siècle. Le<br />

géographe Masse rapporte en effet que « le <strong>Pont</strong> Saint-Martin s’avance à une lieue en mer... il<br />

découvre en malines, sauf quelques endroits, en mort-eau » (Masse 1704:133). Marcel Baudouin<br />

signale néanmoins dans une note manuscrite qu’il a vu l’indication de « <strong>Pont</strong>-St-Martin » sur<br />

une carte <strong>du</strong> Bas-Poitou signée Sanson et datée de 1679, conservée à la Galerie <strong>du</strong><br />

Louvre (Marcel Baudouin, Dossiers manuscrits non classés conservés aux Archives Départementales de la Vendée. Dossier 47 <strong>du</strong><br />

classement provisoire). Les registres paroissiaux mentionnent la découverte de noyés auprès <strong>du</strong><br />

« <strong>Pont</strong> St-Martin » les 26-IX-1726 et 9 XI-1733, ce qui montre que l’appellation de « <strong>Pont</strong><br />

d’Yeu » n’était pas encore utilisée à cette époque et qu’elle est donc récente. Sa première<br />

mention semble remonter à 1815, dans un mémoire inédit de Berthelot, receveur de<br />

l’enregistrement (Mémoire de Berthelot, Navigation, 1er bureau, 4-XI-1815, n° 2112. Archives Nationales, F14.751). En<br />

1844, A.D. de la Fontenelle de Vaudoré conjugue les deux appellations, en mentionnant « le<br />

<strong>Pont</strong>-Dieu ou de St-Martin » (La Fontenelle de Vaudoré 1844:290).<br />

Le <strong>Pont</strong> d’Yeu est parfois appelé « Barre de Dieu », selon le Dr Baudouin (Marcel Baudouin,<br />

Dossiers manuscrits non classés conservés aux Archives Départementales de la Vendée. Dossier 47 <strong>du</strong> classement provisoire). C’est là<br />

une appellation doublement intéressante, car on peut d’une part la rapprocher de celles <strong>du</strong><br />

type « Barre de Monts » – motivée par la topographie <strong>du</strong> rivage – tout en soulignant de<br />

l’autre que « Barre de Dieu » et « <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » ne s’opposent sans doute pas par hasard.


86 - Vienne<br />

À Gençay, dans la Vienne, il existe un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à propos <strong>du</strong>quel on raconte la<br />

légende suivante :<br />

« Jadis, avant la construction <strong>du</strong> pont qui franchit la Clouère au pied <strong>du</strong> bourg de<br />

Gençay, on devait traverser la rivière au gué d’Enfrenet. Or il se trouva qu’en un temps de<br />

gran<strong>des</strong> eaux, un paysan fut longtemps empêché par les inondations de mener son bétail<br />

paître dans ses prés sur l’autre rive. Il en conçut un tel dépit qu’il invoqua le <strong>Diable</strong>. Celui-ci<br />

accourut à son appel et lui promit de construire un pont la nuit même à condition qu’il lui<br />

livrât l’âme de celui <strong>des</strong> membres de sa famille qui y passerait le premier. Le marché conclu,<br />

le paysan rentra chez lui et, dès la chute <strong>du</strong> jour, le <strong>Diable</strong> se mit à la besogne. La nuit <strong>du</strong>rant,<br />

l’homme fut torturé par l’angoisse. Avant l’aube, il réveilla sa femme et lui livra son secret.<br />

Celle-ci, après avoir réfléchi un instant, sortit et revint bientôt avec un sac ficelé dans lequel<br />

elle avait enfermé le chat de la maison. Porte ce sac à l’entrée <strong>du</strong> pont, dit-elle à son mari : tu<br />

l’ouvriras et le frapperas avec ton bâton. Le paysan ayant fait comme il lui avait été dit, le<br />

chat bondit hors <strong>du</strong> sac et s’élança sur le pont à peine achevé. Dans la pénombre, le <strong>Diable</strong> se<br />

jeta à sa poursuite, mais au moment de se saisir de cette proie, il comprit qu’il avait été joué.<br />

De rage, il lança un grand jet de flamme et plongea dans la Clouère. Depuis lors, on voit à cet<br />

endroit une fosse noire et profonde dans le lit de la rivière. Le proche moulin d’Enfrenet porte<br />

un nom qui paraît en relation avec cette légende. En effet, Enfrenet, forme métathétique de<br />

Enfernet, est un diminutif d’enfer et signifie le petit enfer » (Mineau & Racinoux 1995:251).<br />

92 - Hauts-de-Seine<br />

Une légende de <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est signalée par Piganiol de la Force dans sa<br />

Description <strong>des</strong> environs de Paris, à propos <strong>du</strong> pont de St-Cloud, commandé en 1556 par<br />

Henri II :<br />

« On fait un conte de l’architecte de ce pont qui, ne pouvant l’achever, promit au <strong>Diable</strong><br />

(qui lui apparut et lui promit de l’achever pour lui) la première chose qui passerait <strong>des</strong>sus, et,<br />

pour s’acquiter de sa parole, il y fit passer un chat, que le <strong>Diable</strong> prit en enrageant. On fit ce<br />

conte à l’ambassadeur <strong>du</strong> Maroc, qui répondit plaisamment qu’on ne devait pas espérer de<br />

gagner quelque chose avec les Français, ou de surprendre <strong>des</strong> gens qui savent tromper le<br />

<strong>Diable</strong> » (Piganiol, cité dans Sébillot 1894:145-146).<br />

La version donnée par Paul Sébillot contient d’autres détails :<br />

« L’architecte <strong>du</strong> pont, à qui le <strong>Diable</strong> avait avancé une forte somme d’argent, s’était<br />

engagé à lui livrer le premier “être” qui le traverserait. Dès que le pont fut fini, la femme <strong>du</strong><br />

constructeur, qui n’était pas dans le secret, voulut avoir l’honneur d’y passer la première. Le<br />

mari se trouvait fort embarrassé. Il alla consulter le curé de la paroisse, qui se hâta d’accourir,


portant dans les plis de sa soutane un chat, qu’il poussa sur le pont. Ce fut tout ce qu’eut le<br />

<strong>Diable</strong> » (Sébillot 1894:145).<br />

Le caractère diabolique de ce pont est confirmé par J. Collin de Plancy, selon lequel il<br />

s’ébranla au XVIe siècle, lors <strong>du</strong> passage d’un enfant qu’on venait de baptiser, et finit par<br />

s’écrouler (Collin de Plancy 1863:551). Une tradition rapporte que ce pont était ensorcelé, en ce sens<br />

que ceux qui voulaient en compter les arches en trouvaient toujours une de trop (Migne 1846-1848,<br />

Mozzani 1995:1464).<br />

En France, mais à Localiser :<br />

À Vers, la légende met en scène un amoureux qui construit un pont pour une belle<br />

princesse, et se fait aider <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, auquel il donne un chat pour tout salaire (Sébillot 1894:348).<br />

« Autres sujets, les ponts, autres légen<strong>des</strong> car l'homme <strong>du</strong> Moyen-Age voyait dans ces<br />

constructions audacieuses l'oeuvre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Si ce n'était pas le cas, mieux valait de toute<br />

façon l'associer à ces constructions pour éviter que ne lui vienne l'envie de les détruire. Le<br />

pont, élément contre-nature s'il en est, était donc particulièrement exposé à ces croyances,<br />

c'est ainsi que ceux de Beaugency et de Jargeau font l'objet de récits légendaires. Comme<br />

dans la quasi-totalité <strong>des</strong> lieux où l'on trouve un "pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>" (on peut en dénombrer plus<br />

de 80 en France), on y raconte que le Malin a demandé en échange de son travail, que le<br />

premier être vivant à passer sur le pont lui appartienne mais au final il n'hérite que d'un chat.»<br />

(source: http://www.loiret.com/cgloiret/<br />

index.php?page=display&method=h_display_full&class=notrehistoire_traditions&object=r69_legen<strong>des</strong>; 7-X-2005)


Europe<br />

Le récit <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> <strong>du</strong>pé lors de la construction d’un pont se retrouve, hors de France, en<br />

plusieurs pays d’Europe.<br />

Allemagne<br />

La légende se raconte en Allemagne à propos de plusieurs lieux, tel le pont de<br />

Sachsenhäuser à Frankfort :<br />

« L’architecte... voyant qu’il ne pouvait le terminer dans le délai fixé, appela à son<br />

secours le <strong>Diable</strong>, qui lui promit son aide aux conditions habituelles. Le matin, l’architecte<br />

livra un coq au <strong>Diable</strong> ; celui-ci mit en pièces le coq et le jeta à travers le pont dans l’eau ;<br />

cela fit deux trous qui jusqu’à ce jour n’ont pu être bouchés ni maçonnés. On voit encore<br />

aujourd’hui un coq doré sur une lance de fer, à l’entrée » (Sébillot 1894:154).<br />

L’image d’un coq, installée sur le pont, témoigne toujours de ce récit.<br />

Voici la version <strong>des</strong> frères Grimm :<br />

« The Sachsenhäuser Bridge at Frankfurt (Germany)<br />

There are two arches in the middle of the Sachsenhäuser Bridge. At the top they are<br />

closed partially only with wood which, in time of war, can easily be removed so that the<br />

connection can be <strong>des</strong>troyed without blasting. The following legend is told about this bridge:<br />

The builder had agreed to complete the bridge by a certain date. As the date approached<br />

he saw that it would be impossible to meet the deadline. With only two days remaining, in his<br />

fear he called upon the devil and asked him for help.<br />

The devil appeared to him and offered to complete the bridge <strong>du</strong>ring the last night if the<br />

builder would deliver to him the first living being that crossed the bridge. The contract was<br />

settled, and <strong>du</strong>ring the last night the devil completed the bridge. In the darkness no human<br />

eye saw how he did it.<br />

At the break of day the builder came and drove a rooster across the bridge ahead of<br />

himself, thus delivering it to the devil. However, the latter had expected a human soul, and<br />

when he saw that he had been deceived he angrily grabbed the rooster, ripped it apart, and<br />

threw it through the bridge, thus causing the two holes that to the present day cannot be<br />

mortared shut. Any repair work that is completed <strong>du</strong>ring the day just falls apart the next<br />

night.<br />

A golden rooster on an iron bar still stands as the bridge's emblem.»<br />

Source: Jacob and Wilelm Grimm, Deutsche Sagen (1816), vol. 1, no. 186.<br />

À Ratisbone (Regensburg) sur le Danube, c’est également à un architecte que le <strong>Diable</strong><br />

vient en aide :


« L’architecte <strong>du</strong> pont avait parié avec celui de la cathédrale, qui se construisait en<br />

même temps, que le pont serait terminé avant que son confrère eût posé la clef de voûte de<br />

l’édifice sacré. Il n’avait malheureusement pas prévu une forte crue <strong>du</strong> Danube, qui arrêta les<br />

travaux. Il se désespérait, quand le <strong>Diable</strong>, apparaissant tout à coup, lui promit de lui faire<br />

gagner son pari s’il s’engageait à lui donner les “trois premiers” qui passeraient sur le pont.<br />

L’expression était vague, et il faut que le <strong>Diable</strong> ne soit pas aussi normand qu’on le dit pour<br />

s’en être contenté. L’architecte, plus malin que lui, lança sur le pont, pour l’inaugurer, un<br />

chien, un coq et une poule. Le <strong>Diable</strong> comprit qu’il était joué ; il mit en pièces les trois bêtes<br />

et se retira ensuite philosophiquement » (Sébillot 1894:154).<br />

À Bamberg, localité de Bavière construite sur la Regnitz et le canal Louis, on conte le<br />

même type d’histoire de pari entre deux architectes, à qui irait le plus vite, <strong>du</strong> maître qui<br />

construisait un pont, ou de son compagnon qui bâtissait la tour de la cathédrale :<br />

« Le maître avait presque fini, et le compagnon en avait encore pour longtemps, quand<br />

celui-ci conclut avec le <strong>Diable</strong> un pacte, d’après lequel il lui bâtirait le pont rapidement,<br />

moyennant quoi il recevrait le premier être vivant qui y passerait. Le <strong>Diable</strong> se mit avec<br />

ardeur au travail et, en l’espace de peu de temps, l’ouvrage était terminé ; mais le compagnon<br />

avait pris un coq et l’avait chassé sur le pont. Aussi le démon s’en alla mécontent. Quand à<br />

l’architecte de la tour, il fut si affligé de la rapide construction <strong>du</strong> pont, que, dans son chagrin,<br />

il se précipita <strong>du</strong> haut de la tour » (Sébillot 1894:154-155).<br />

Voici la version de Kuhn :<br />

« The Bamberg Cathedral and Bridge (Germany)<br />

A famous master builder and his journeyman, while building the Bamberg Cathedral's<br />

tower and the Bamberg Bridge, entered into a wager which could finish first. When the<br />

master was almost finished, the journeyman was still far behind, so the latter made a pact<br />

with the devil, that he should quickly build the bridge. In return, the devil would receive the<br />

first living being to cross the bridge.<br />

The devil quickly went to work and was finished within a short time. Then the<br />

journeyman fetched a rooster and chased it across the bridge. The devil angrily departed with<br />

it.<br />

The master builder of the tower was so irritated with the early completion of the bridge<br />

that in his dismay he threw himself from the tower.»<br />

Source: Adalbert Kuhn, "Dom und Brücke zu Bamberg," Sagen, Gebräuche und<br />

Märchen aus Westfalen und einigen andern, besonders den angrenzenden Gegenden<br />

Norddeutschlands (Leipzig: F. A. Brockhaus, 1859), vol. 1, no. 418, pp. 372-373.


Récit similaire au lac de Galenbeck:<br />

« In Lake Galenbeck (in the vicinity of Friedland) there is a tongue of land, probably<br />

artificial, that stretches about to the middle of the lake. It is called the devil's bridge, and is<br />

said to be the remains of a bridge started, but never completed, by the devil.<br />

A shepherd had to drive his herd completely around the lake in order to reach his<br />

pasture. This annoyed him, and one day he wished with a curse that a bridge went across the<br />

lake. He had scarcely uttered this wish when a man appeared before him. The man promised<br />

to build a bridge in one night, before the rooster crowed three times, under the condition that<br />

the shepherd would then belong to him. The shepherd entered into this agreement.<br />

That evening when he arrived home, he told his wife what had happened. She said<br />

nothing, but at midnight she went to the chicken coop and awakened the rooster, who thought<br />

that it was already morning, and crowed three times.<br />

The devil heard this. He was not finished with his work, and angrily flew off through<br />

the air without completing the bridge.»<br />

Source: Karl Bartsch, "Die Teufelsbrücke im Gahlenbeker See," Sagen, Märchen und<br />

Gebräuche aus Meklenburg (Vienna: Wilhelm Braumüller, 1879), v. 1, no. 555, p. 400. La<br />

source de Bartsch est «Fräulein W. Zimmermann from Neustrelitz».<br />

Angleterre<br />

Il existe à Kirkby Lonsdale, Westmoreland (Cumbria), un Devil’s Bridge (« <strong>Pont</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong> ») <strong>du</strong> XIVe siècle sur la rivière Lune et dont une légende dit qu’il fut construit par le<br />

<strong>Diable</strong>, mais que celui-ci fut spolié de son salaire, par ruse (Simpson 1975:93, n. 6). Voici ce qu’en<br />

dit un site internet <strong>des</strong>tiné à promouvoir le tourisme dans la région : «Local folklore claims<br />

that Devil's Bridge was built by the devil himself, as the story goes, an old woman driving<br />

her flock across the river Lune at this point day after day was getting weary with the constant<br />

fight against the strong current, noticing this the devil built the bridge and offered to the let<br />

the old woman cross on a day when the river was in flood, but only in return for the soul of<br />

the next being to cross. Tired and confused the woman retreated and thought long and hard<br />

on her plight. Shortly after she returned to the bridge and threw a bread roll across which her<br />

trusty sheep dog ran after. The devil threw himself off the bridge having only received the<br />

soul of a dog and not the old woman.» (source : http://www.virtuaalcumbria.net/views/<br />

southlakes/devils_bridge.htm)<br />

Récit comparable à props <strong>du</strong> Killgrim Bridge:<br />

« Many bridges having been built on this site by the inhabitants, none had been able to<br />

withstand the fury of the floods until his "Satanic Majesty" promised to build a bridge which<br />

would defy the fury of the elements, on condition that the first living creature who passed


over should fall a sacrifice to his "Sable Majesty."<br />

Long did the inhabitants consider, when the bridge was complete, as to who should be<br />

the victim. A shepherd, more wise than his neighbors, owned a dog called Grim. This man<br />

having first swum the river, whistled for the dog to follow. Poor Grim unwittingly bounded<br />

across the bridge and thus fell a victim to his "Sable Majesty."<br />

Tradition says, from this circumstance the spot has ever since been known as Kill Grim<br />

Bridge» (Gutch 1901, vol. 2, Printed Extracts, no. 4., p. 19).<br />

Un autre pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> est signalé près d’Aberystwyth dans le pays de Galles, lancé<br />

sur un gouffre impressionnant. Selon la tradition, une vieille femme s’aperçut un jour que sa<br />

seule vache était de passée de l’autre côté de la cataracte. Comme elle cherchait un moyen de<br />

l’atteindre, le <strong>Diable</strong> lui apparut sous la forme d’un moine, et lui promit de construire un pont<br />

en échange <strong>du</strong> premier être vivant qui le traverserait. Elle accepta avec joie, et le pont apparut<br />

bientôt au-<strong>des</strong>sus <strong>du</strong> ravin. Le <strong>Diable</strong> se tenait à l’autre bout, attendant que la vieille avance<br />

<strong>des</strong>sus pour l’étrenner. Mais elle fut la plus maline, car elle avait reconnu le constructeur :<br />

pendant que celui-ci travaillait, une de ses jambes s’était découverte, et il était visible qu’il<br />

avait le genou articulé à l’envers, et qu’en plus il avait <strong>des</strong> sabots en place de pieds. Elle<br />

fouilla dans sa poche, en sortit un croûton qu’elle jeta sur le pont... son chien se précipita<br />

pour l’attraper, et la vieille s’écria : « Le chien est à toi ! » (Briggs 1971, I:86-87 – Mozzani 1995:1465).<br />

Voici une version littérarisée au début <strong>du</strong> XXe siècle :<br />

« The Devil's Bridge (Wales)<br />

One day in the olden time, old Megan of Llan<strong>du</strong>nach stood by the side of the river<br />

Mynach feeling very sorry for herself.<br />

The Mynach was in flood, and roared down the wooded dingle in five successive falls,<br />

tumbling over three hundred feet in less than no time. Just below the place where Megan was<br />

standing, there was a great cauldron in which the water whirled, boiled, and hissed as if<br />

troubled by some evil spirit. From the cauldron the river rushed and swirled down a narrow,<br />

deep ravine, and if the old woman had had an eye for the beauties of nature, the sight of the<br />

seething pot and the long shadowy cleft would have made her feel joyous rather than<br />

sorrowful.<br />

But Megan at this time cared for none of these things, because her one and only cow<br />

was on the wrong side of the ravine, and her thoughts were centered on the horned beast<br />

which was cropping the green grass carelessly just as if it made no difference what side of the<br />

river it was on. How the wrong-headed animal had got there Megan could not guess, and still<br />

less did she know how to get it back.<br />

As there was no one else to talk to, she talked to herself. "Oh dear, what shall I do?" she


said.<br />

"What is the matter, Megan?" said a voice behind her.<br />

She turned round and saw a man cowled like a monk and with a rosary at his belt. She<br />

had not heard anyone coming, but the noise of the waters boiling over and through the rocks,<br />

she reflected, might easily have drowned the sound of any footsteps. And in any case, she<br />

was so troubled about her cow that she could not stop to wonder how the stranger had come<br />

up.<br />

"I am ruined," said Megan. "There is my one and only cow, the sole support of my old<br />

age, on the other side of the river, and I don't know how to get her back again. Oh dear, oh<br />

dear, I am ruined."<br />

"Don't you worry about that," said the monk. "I'll get her back for you."<br />

"How can you?" asked Megan, greatly surprised.<br />

"I'll tell you," answered the stranger. "It is one of my amusements to build bridges, and<br />

if you like, I'll throw a bridge across this chasm for you."<br />

"Well, indeed," said the old woman, "nothing would please me better. But how am I to<br />

pay you? I am sure you will want a great deal for a job like this, and I am so poor that I have<br />

no money to spare, look you, no indeed."<br />

"I am very easily satisfied," said the monk. "Just let me have the first living thing that<br />

crosses the bridge after I have finished it, and I shall be content."<br />

Megan agreed to this, and the monk told her to go back to her cottage and wait there<br />

until he should call for her.<br />

Now, Megan was not half such a fool as she looked, and she had noticed, while talking<br />

to the kind and obliging stranger, that there was something rather peculiar about his foot. She<br />

had a suspicion, too, that his knees were behind instead of being in front, and while she was<br />

waiting for the summons, she thought so hard that it made her head ache.<br />

By the time she was halloed for, she had hit upon a plan. She threw some crusts to her<br />

little dog to make him follow her, and took a loaf of bread under her shawl to the riverside.<br />

"There's a bridge for you," said the monk, pointing proudly to a fine span bestriding the<br />

yawning chasm. And it really was something to be proud of.<br />

"H'm, yes," said Megan, looking doubtfully at it. "Yes, it is a bridge. But is it strong?"<br />

"Strong?" said the builder, indignantly. "Of course it is strong."<br />

"Will it hold the weight of this loaf?" asked Megan, bringing the bread out for<br />

underneath her shawl.<br />

ha!"<br />

it.<br />

The monk laughed scornfully. "Hold the weight of this loaf? Throw it on and see. Ha,<br />

So Megan rolled the loaf right across the bridge, and the little black cur scampered after


"Yes, it will do," said Megan. "And, kind sir, my little dog is the first live thing to cross<br />

the bridge. You are welcome to him, and I thank you very much for all the trouble you have<br />

taken."<br />

"Tut, the silly dog is no good to me," said the stranger, very crossly, and with that he<br />

vanished into space.<br />

From the smell of brimstone which he had left behind him, Megan knew that, as she<br />

had suspected, it was the devil whom she had outwitted.<br />

And this is how the Bad Man's Bridge came to be built.»<br />

Source: W. Jenkyn Thomas, The Welsh Fairy Book (London: T. Fisher Unwin, Ltd., [1908],<br />

pp. 286-290.<br />

Voici ce qu’en dit un site touristique:<br />

« Devil's Bridge is situated high in the foothills of the Pumlumon mountain range<br />

twelve miles east of Aberystwyth. The village is actually called <strong>Pont</strong>arfynach - which is<br />

Welsh for Devil's Bridge.<br />

The village is world famous thrice over, for:<br />

- The three bridges;<br />

- The great little narrow gauge steam railway that climbs through the verdant Vale of<br />

Rheidol from Aberystwyth.<br />

-For the cascading waterfalls of the river Mynach.<br />

Uniquely, the three bridges are built one on top of the other. The original bridge was<br />

believed to have been built either by the Cistercian monks of Strata Florida abbey or by<br />

Knights Templar.<br />

It is said that the Devil offered to build a bridge across the chasm in return for the soul<br />

of the first living creature to cross the finished bridge. The Devil finished constructing the<br />

bridge and was waiting for his prize but the people came up with a plan to outwit him.<br />

Instead of sacrificing one of the people of the village to the devil they threw a round loaf of<br />

bread across the bridge for a dog to chase and so the Devil did not get his prize.<br />

In the eighteenth century the original bridge was thought to be insecure but instead of<br />

replacing it another bridge was built over the top. The first bridge was used to support the<br />

scaffolding <strong>du</strong>ring the construction of the second bridge. A third bridge was added over the<br />

top of the second in 1901 that carries traffic over the Mynach to this day.<br />

There are paths, accessed via coin-operated turnstiles, that lead down to either side of<br />

the bridges. As with all paths, stout footwear and appropriate dress is recommended. The<br />

longest, and steepest, path leads all the way down to the valley floor affording wonderful<br />

views of the cascading falls; crosses the raging torrent and climbs all the way up again. The


climb back up to Devil's Bridge is something that not all those who venture down realise lies<br />

before them. This path is definitely not for the elderly or for persons not enjoying full<br />

mobility.<br />

The second path, leading to the east of the three bridges, although also requiring care<br />

and attention, does not involve such a climb. It affords magnificent views of the chasms hewn<br />

by the raging torrent from the rock and also allows a close view of the three bridges.<br />

The scenery in and around Devil's Bridge is spectacular in all seasons, the colours of<br />

the woodland in this heavily afforested area changing with the weeks and months.»<br />

(Source : http://members.virtualtourist.com/m/1692b/4cb3a/)<br />

À Kentchurch (Herefordshire), le héros régional légendaire Jack of Kent s’était enten<strong>du</strong><br />

avec le <strong>Diable</strong> pour que soit construit en une seule nuit un pont sur la rivière Monnow, car<br />

toutes les tentatives pour le faire avaient échoué, les constructions <strong>du</strong> jour s’écroulant <strong>du</strong>rant<br />

la nuit. Il avait été prévu que la personne à passer sur l’édifice appartiendrait au <strong>Diable</strong>, mais<br />

Jack lança un os sur la chaussée, et un malheureux chien s’y élança pour le récupérer : c’est<br />

tout ce que le <strong>Diable</strong> put jamais obtenir pour être payé de ses peines (Leather 1912: 134 ;<br />

Briggs 1971, I:52).<br />

Dans le Devon, on raconte que le <strong>Diable</strong> et la Vierge se disputaient pour choisir<br />

l’emplacement <strong>du</strong> Bidefort Bridge : la Vierge voulait le faire là où il se trouve actuellement,<br />

mais le <strong>Diable</strong> le voulait un demi-mile plus haut. La situation n’avançait guère, car le <strong>Diable</strong><br />

venait chaque nuit défaire les travaux effectués <strong>du</strong>rant le jour par la Vierge et ses ouvriers. à<br />

la fin, c’est quand même la Vierge qui eut le fin mot, en prenant le <strong>Diable</strong> de vitesse (Briggs<br />

1971, I:52).<br />

Le pont situé au-<strong>des</strong>sus de la rivière Dibble, sur la route de Pately Bridge à Grassington<br />

dans le Yorkshire, est connu sous le nom de Devil’s Bridge. Le <strong>Diable</strong>, dit-on, le construisit<br />

dans un délai de quatre jours à la demande d’un cordonnier qui passait souvent par-là. Le<br />

prêtre <strong>du</strong> lieu bénit l’édifice, et installa, à chacune de ses extrémités, <strong>des</strong> croix de pierre qui y<br />

restèrent longtemps (Briggs 1971, I:87-88). L’histoire a été notée à la fin <strong>du</strong> XIXe siècle :<br />

« The Devil's Bridge Yorkshire, England<br />

The highway between Pateley Bridge and Grassington crosses, in the parish of<br />

Burnsall, the deep dell in which runs the small river Dibb, or Dibble, by a bridge known in<br />

legend as the Devil's Bridge. It might reasonably be supposed that Deep-Dell Bridge, or<br />

Dibble Bridge, was the correct and <strong>des</strong>irable <strong>des</strong>ignation, but legend and local tradition will<br />

by no means have it so, and account for the less pleasant name in the following manner.<br />

In the days when Fountain's Abbey was in its prime, a shoemaker and small tenant of


part of the abbey lands, named Ralph Calvert, resided at Thorp-sub-Montem, and journeyed<br />

twice a year along this road to pay his rent to the abbot, dispose of the fruits of his six<br />

months' handiwork, and return the shoes entrusted to him on his previous visit for repair, and<br />

bring back with him, on his return, a bag well filled with others that needed his attention.<br />

The night before setting out on one of these occasions, he had a fearful dream, in which<br />

he struggled with the devil, who, in this wild, rocky ravine, amid unpleasant surroundings,<br />

endeavored to thrust Ralph into a bag, similar to the one in which he carried his stock-in-<br />

trade. This he and his wife feared boded no good. In the morning, however, he started on his<br />

journey, and <strong>du</strong>ly reached the abbey, assisted at the service, did his business with the abbot<br />

and brethren, and then started, with his well filled bag, on his return homewards.<br />

When he arrived near home, in the deep ravine, where on previous occasions he had<br />

found but a small brook which he could easily ford, he now found a mountain torrent,<br />

through which he only with difficulty and some danger made his way. Having accomplished<br />

the passage, he sat down to rest and to dry his wetted garments. As he sat and contemplated<br />

the place, he could not but recall how exactly it corresponded with the spot seen in his dream,<br />

and at which the author of evil had tried to bag him. Dwelling on this brought anything but<br />

pleasant thoughts, and to drive them away, and to divert his mind, he struck up a familiar<br />

song, in which the name of the enemy finds frequent mention, and the refrain of which was:<br />

Sing luck-a-down, heigh down,<br />

Ho, down derry.<br />

He was unaware of any presence but his own. But, to his alarm, another voice than his<br />

added a further line:<br />

Tol lol derol, darel dol, dolde derry.<br />

Ralph thought of his dream. Then he fancied he saw the shadow of a man on the road.<br />

Then from a projecting corner of a rock he heard a voice reading over a list of delinquents in<br />

the neighborhood, with whom he must remonstrate -- Ralph's own name among the rest. Not<br />

to be caught eavesdropping, Ralph feigned sleep. But after a time was aroused by the<br />

stranger, and a long conversation ensued, the upshot of which was, after they had entered into<br />

a compact of friendship, that Satan informed the shoemaker who he was and inquired of the<br />

alarmed man if there was anything that he could do for him.<br />

Ralph looked at the swollen torrent and thought of the danger he had lately incurred in<br />

crossing it, and of his future journeys that way to the abbey. And then he said, "I have heard<br />

that you are an able architect. I should wish you to build a bridge across this stream. I know<br />

you can do it."<br />

At nightfall Ralph reached his home at Thorpe, and related his adventure to his wife,<br />

and added, "In spite of all that is said against him, the Evil One is an honest gentleman, and I<br />

have made him promise to build a bridge at the Gill Ford on the road to Pateley. If he fulfils


his promise, St. Crispin bless him."<br />

The news of Ralph's adventure and of the promise soon spread among the neighbors,<br />

and he had no small amount of village chaff and ridicule to meet before the eventful Saturday<br />

-- the fourth day -- arrived. At last it came.<br />

Accompanied by thirty or forty of the villagers, Ralph made his way to the dell, where,<br />

on arrival, picture their astonishment at the sight! Lo, a beautiful and substantial bridge<br />

spanned the abyss! Surveyor, and mason, and priest pronounced it to be perfect. The latter<br />

sprinkled it with holy water, caused a cross to be placed at each approach to it, and then<br />

declared it to be safe for all Christian people to use. So it remained until the Puritan Minister<br />

of Pateley, in the time of the Commonwealth, discerning the story to be a Popish legend,<br />

caused the protecting crosses to be removed as idolatrous.<br />

After that time, neither the original builder nor any other person seems to have thought<br />

fit to keep the bridge in "good and tenantable" repair, and in time it fell into so disreputable<br />

and dangerous a condition, that the liberal and almost magic-working native of the parish --<br />

Sir William Craven, Lord Mayor of London in the reign of the 1st James -- took the matter in<br />

hand and built upon the old foundations a more terrestrial, but not less substantial and<br />

en<strong>du</strong>ring, structure.<br />

Still men call it the Devil's Bridge» (Parkinson 1888: 121-124).<br />

Un impressionnant Devil’s Bridge se trouve près d’Aberystwyth, Ceredigion (Pays de<br />

Galles). Le lieu est également connu pour ses chutes d’eau. Voici ce que dit à son propos un<br />

site publicitaire pour les circuits de randonnées dans la région:<br />

« Take a walk along the Nature Trail and see the spectacular 300ft waterfalls and the<br />

view of the three bridges which span the breathtaking woodland gorge. The first bridge is<br />

reputed to have been built by the Devil but in reality it was built in the 11th century by the<br />

monks; the middle bridge was built in 1708, wider than the lower bridge, to take horse drawn<br />

vehicles; the top bridge was built in 1901 to cope with modern traffic.<br />

Cross the humped bridge spanning over the Mynach river at the bottom of the<br />

waterfalls and begin to ascend the other side of the gorge. Go into Robbers Cave, an old hide<br />

out place next to the waterfall. Alternatively, choose the easier, short walk to view the three<br />

bridges and the Devil's Punchbowl. Discover the legend, of how an old lady and her dog<br />

outwitted the Devil.» (http://www.travelpublishing.co.uk/HiddenPlacesWales/<br />

CeredigionWALDevilsBridgeFalls.htm)<br />

Autriche<br />

Il y a un Teufelsbrücke, en bois, couvert, construit en 1876 à Finkenberg, dans le Tyrol<br />

(source : http://www.structurae.net/structures/data/index.cfm?ID=s0010906). Sa légende est


la suivante:<br />

« Schlau sind die Zillertaler von jeher gewesen, dass sie selbst den Teufel ein<br />

Schnippchen schlagen konnten.<br />

Einst wollten die Bauern von Finkenberg über die tiefe Schlucht beim Dornau Hof<br />

einen Steg bauen, wussten aber nicht recht wie. Sie riefen schließlich den Teufel an, der sich<br />

sogleich bereit erklärte, den Steg zu bauen, aber das erste Lebewesen, das die neue Brücke<br />

betrete, müsse zum Lohn ihm gehören. Die Finkenberger waren einverstanden, und der<br />

Teufel erbaute in stürmischer Nacht einen Steg über den wildbrausenden Tuxer Bach. Als der<br />

Bau vollendet war, setzte sich der Satan mitten auf den Steg, um auf sein Opfer zu lauern. Da<br />

jagten die schlauen Bauern einen Geißbock über die Brücke, der überlistete Satan packte<br />

unter Wutgeheul das Tier bei den Hörnern und ritt mit dem Bock <strong>du</strong>rch die Lüfte, vom<br />

schallenden Gelächter der Finkenberger Bauern begleitet.»<br />

(source : http://www.tiscover.at/at/guide/5,de,SCH1/<br />

objectId,SIG1467at,curr,EUR,parentId,RGN16at,season,at1,selectedEntry,sights/intern.html)<br />

Belgique<br />

« Situé entre Chaudfontaine et Ninane, le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> se <strong>des</strong>sine à l'horizon sur sa<br />

colline, reliant deux promontoirs boisés, dans un de ces sites étonnant qui compte parmi les<br />

gran<strong>des</strong> valeurs touristiques de la localité. Sa construction bizarre remonte à une date<br />

indéterminée. Voici au sujet de sa dénomination la légende que nous a racontée un vieux<br />

calidifontain qui la tenait déjà de son grand-père :<br />

"Jadis les cultivateurs <strong>du</strong> hameau de Ninane et <strong>des</strong> hameaux environnants se rendaient à<br />

la ville en empruntant la vallée de la Vesdre qu'ils rejoignaient en <strong>des</strong>cendant vers<br />

Chaudfontaine. Toutefois, pour atteindre cette dernière localité, un seul chemin était<br />

accessible et au centre de ce chemin se dressait un pont rudimentaire qu'ils devaient<br />

emprunter. Or, un beau matin, à la stupéfaction générale, les paysans constatèrent que le pont<br />

en question s'était écroulé pendant la nuit. Sa reconstruction, à l'époque, allait nécessiter<br />

plusieurs semaines de travail acharné et une nombreuse main-d'oeuvre. Après s'être lamenté<br />

toute la journée, et après examen de la situation, les paysans désespérés décidèrent, la nuit<br />

tombante, de rentrer chez eux. C'est à cet instant même qu'une grande lueur se pro<strong>du</strong>isit et<br />

que dans un tourbillon de flammes apparu le <strong>Diable</strong> en personne. A peine revenu de leur<br />

stupéfaction, les paysans tremblant de frayeur entendirent Satan leur proposer le marché<br />

suivant.<br />

– Si vous le désirez, dit-il, pour demain matin, ce pont sera reconstruit ! Toutefois, en<br />

compensation, je vous demande de me donner l'âme de la première créature qui franchira le<br />

nouveau pont .<br />

Foncièrement chrétiens, les paysans refusèrent un tel marché.


... Les jours passèrent... les nuits passèrent... les finances baissèrent... et la misère<br />

commença à se faire jour.<br />

Acculés par la faim, les paysans retournèrent près <strong>des</strong> ruines <strong>du</strong> pont et conclurent le<br />

marché proposé quelque temps auparavant par Satan. Et le lendemain matin, lorsqu'ils<br />

découvrirent le pont reconstruit et Satan attendant, en triomphateur sa victime, ils se<br />

concertèrent. On installa alors un grand sac à l'entrée <strong>du</strong> pont.<br />

De ce sac, s'enfuit un magnifique bouc qui se précipita sur le pont et se jeta dans les<br />

bras <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> qui, se voyant trompé, n'eut d'autre solution que de retourner en hurlant vers le<br />

feu éternel de son royaume maudit.<br />

Voilà, telle qu'elle nous a été racontée, la légende de ce pont qui depuis lors s'appelle<br />

"LE PONT DU DIABLE". »<br />

Source : http://www.chaudfontaine.be/site/tourisme/curiosites/<br />

index.php?ref_annu=1392<br />

En pays flamand, l’animal lancé sur le pont peut être un porc:<br />

« Le diable lui-même n'est pas toujours plus malin que le Flamand : plusieurs légen<strong>des</strong><br />

font allusion au diable qui construit un pont sur une rivière agitée au profit d'un village en<br />

réclamant simplement l'âme <strong>du</strong> premier à traverser ce pont <strong>du</strong> diable : et le premier passant<br />

est un cochon !» (source : http://www.mdsk.net/histk_fr.html; 7-oct-2005)<br />

Espagne<br />

En 1894, Paul Sébillot mentionnait <strong>des</strong> « <strong>Pont</strong>s <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> » à Gironella (sur le<br />

Llobregat), à <strong>Pont</strong>-Major (sur le Ter), à Olbena (sur l’Essena), et à Orgañá. Du pont de<br />

Martorell (construit en 1283-1289 sur la Llobregat), on dit :<br />

« Il y a bien <strong>des</strong> années, une vieille femme allait tous les soirs chercher de l’eau à la<br />

fontaine de l’En<strong>du</strong> et, comme cette fontaine se trouve de l’autre côté de la rivière, la<br />

vieille était forcée de se mouiller pour la traverser. Un soir, le <strong>Diable</strong> lui apparut et lui promit<br />

de faire un pont, à la condition qu’on lui donnerait l’âme de celui qui passerait le premier ; il<br />

croyait qu’il le finirait juste au moment où la vieille y arriverait. Le lendemain le pont était<br />

fait, mais la vieille, qui n’était pas sotte, y amena un chat et le fit passer le premier, en se<br />

moquant <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. [...] D’autres disent que celui qui a fait ce marché avec le <strong>Diable</strong> fut un<br />

juif d’Igualada qui ne pouvait pas traverser la rivière avec ses bestiaux à cause d’une forte<br />

crue » (Sébillot 1894:151-153).<br />

« Un chat », est <strong>du</strong> reste la bonne réponse à la devinette espagnole : « Qui fut le premier<br />

qui passa sur le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> ? » (Sébillot 1894:153). Un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> se trouvait naguère<br />

près d’Ainsa (Sobrarbe), mais il a été englouti sous la retenue d’eau d’un barrage. En


Catalogne, un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> situé en aval de la Seu d’Urgell fut construit par le démon qui<br />

s’était engagé à le terminer avant le chant <strong>du</strong> coq, en échange de l’âme <strong>du</strong> premier passant,<br />

mais on réussit à le berner. Quant au Puente del <strong>Diable</strong> qui franchit le rio Rigart entre Ribes<br />

et Planoles, s’il manque une pierre à sa voûte, c’est pour la raison suivante :<br />

« Un habitant de Planoles avait essayé de le construire à plusieurs reprises sans y<br />

réussir. En désespoir de cause, il pactisa avec le <strong>Diable</strong> qui s’engagea à finir le travail avant le<br />

chant <strong>du</strong> coq. L’homme, effrayé par la rapidité de la construction <strong>du</strong> Malin, attrapa un coq<br />

roux avant minuit et le fit chanter. Le <strong>Diable</strong> lui dit : “El ros no es pas bo, fins que canti el<br />

negre” (le coq roux ne fait pas l’affaire, j’attends que chante un coq noir). La femme <strong>du</strong><br />

montagnard alla chercher à son tour un coq noir, elle lui donna <strong>du</strong> grain, et il chanta quelques<br />

instants avant l’aube ! Le <strong>Diable</strong>, désespéré, laissa tomber la dernière pierre <strong>du</strong> pont qui se<br />

trouve encore, dit-on, dans le rio » (Marliave 1987:221).<br />

L’aque<strong>du</strong>c de Ségovie, construit par Trajan, est appelé « Puente del diablo », et fait<br />

l’objet d’une légende évoquée en 1615 dans un Inventaire général <strong>des</strong> plus curieuses<br />

recherches <strong>du</strong> royaume d’Espagne, dont l’auteur écrit : « Quelques-uns trouvent qu’il a esté<br />

basti par les <strong>Diable</strong>s, mais j’estime que c’est une fable, parce que je l’ay ouy dire en ceste<br />

mesme ville ». Sur place, on conte que le <strong>Diable</strong> serait apparu, sous les traits d’un beau jeune<br />

homme, à la servante que le curé envoyait chercher de l’eau à deux lieues de la ville, et lui<br />

aurait rempli ses cruches...<br />

« Exorcisé par le curé, il promet de bâtir un aque<strong>du</strong>c, à la condition qu’il aura l’âme de<br />

la servante s’il a achevé sa besogne avant le lever <strong>du</strong> soleil.. Par le conseil <strong>du</strong> curé, elle<br />

retarde l’horloge d’une heure : le <strong>Diable</strong>, trompé, croit avoir près de trois heures pour achever<br />

son œuvre. Le soleil se leva juste au moment où il tenait la pierre qui devait terminer le<br />

dernier pilier ; depuis ce moment, personne n’a pu le terminer » (Sébillot 1894:349.).<br />

Une légende apparentée est celle que mentionne Sandor Ferenczi :<br />

« Le symbolisme <strong>du</strong> pont et la légende de Don Juan<br />

Il y a peu de temps, dans une brève communication portant sur le « symbolisme <strong>du</strong> pont<br />

», j’ai tenté de découvrir les multiples couches de signification prises par le pont dans<br />

l’inconscient.<br />

Selon cette interprétation, le pont est: 1° Le membre viril qui unit le couple parental<br />

pendant les rapports sexuels et auquel le petit enfant doit s’agripper s’il ne veut pas périr dans<br />

1’« eau profonde » que le pont surplombe. 2° Dans la mesure où c’est au membre masculin<br />

que l’on doit d’être né de cette eau, le pont constitue une voie de passage important entre 1’«<br />

autre-côté » (ce qui n’est pas encore né, le sein maternel) et « Ce-Côté » (la vie). 3° Comme


l’être humain est incapable de se représenter la mort, l’au-delà de la vie, autrement qu’à<br />

l’image <strong>du</strong> passé, donc comme un retour au sein maternel (l’eau, la terre-mère), le pont<br />

acquiert également la signification symbolique d’une voie de passage vers la mort. 4° Enfin le<br />

pont peut servir à figurer <strong>des</strong> «passages », <strong>des</strong> « changements d’état ».<br />

Or la version primitive de la Légende de Don Juan présente les trois premiers motifs<br />

(1-3) si étroitement associés à un symbole de pont évident que je me sens autorisé à y voir<br />

une confirmation de mon interprétation.<br />

Selon la légende, le célèbre sé<strong>du</strong>cteur Miguel Monara Vicentello de Leco (Don Juan)<br />

allume son cigare à celui <strong>du</strong> diable par-<strong>des</strong>sus le Guadalquivir. Un jour il rencontra son<br />

propre convoi funèbre et voulut être enterré dans la crypte d’une chapelle construite par lui<br />

afin d’être foulé aux pieds. Ce n’est qu’après cet « enterrement »qu’il se convertit et devint<br />

un pécheur repenti.<br />

Je voudrais montrer que le cigare allumé par-<strong>des</strong>sus le Guadalquivir constitue une<br />

variante <strong>du</strong> symbole « pont » qui (comme c’est souvent le cas avec les variantes) permet le<br />

retour d’une grande partie de l’inconscient refoulé. Le cigare évoque, par sa forme et par son<br />

incan<strong>des</strong>cence, l’organe masculin brûlant de désir.<br />

Le geste grandiose - allumer son cigare par-<strong>des</strong>sus le fleuve - s’accorde parfaitement<br />

avec l’image d’un Don Juan doué d’une puissance prodigieuse dont on voudrait se<br />

représenter le membre dans une colossale érection.<br />

La présence à son propre enterrement pourrait s’expliquer en supposant que ce<br />

fantasme <strong>du</strong> double est en fait la personnification d’une partie essentielle <strong>du</strong> Moi corporel de<br />

Don Juan son organe sexuel. A chaque rapport sexuel, celui-ci est effectivement « enterré » et<br />

ce au lieu même qui fut celui de la naissance ; et le reste <strong>du</strong> Moi pourrait considérer cet «<br />

enterrement » avec une certaine angoisse.<br />

La psychanalyse d’un grand nombre de rêves et de la claustrophobie névrotique<br />

explique la crainte d’être enterré vivant par le désir, transformé en angoisse, de retourner<br />

dans le sein maternel. Par ailleurs, dû point de vue narcissique, tout rapport sexuel, tout don<br />

de soi à la femme, constitue une sorte de castration au sens de Stärke et le Moi lésé peut<br />

réagir à cette castration par une angoisse de mort. Des scrupules de conscience et <strong>des</strong><br />

fantasmes de châtiment peuvent également contribuer à ce qu’un Don Juan se sente à chaque<br />

acte sexuel plus proche de l’enfer, de l’anéantissement.<br />

Ce fantasme de châtiment s’éclaire quelque peu si, à la suite de Freud, nous<br />

considérons la vie amoureuse à la manière de Don Juan, c’est-à-dire la compulsion à la<br />

formation de séries, à la conquête de femmes innombrables (la liste de Leporello!), comme<br />

un simple substitut de la seule et uniquebien-aimée qui reste interdite même à Don Juan<br />

(fantasme oedipien) ce fantasme ne fait sans doute que pressentir le « péché mortel par<br />

excellence.


Je ne prétends nullement avoir dévoilé dans ces quelques lignes le contenu caché de la<br />

légende de Don Juan, qui possède encore plus d’un trait obscur (indiquons par exemple la<br />

signification probablement homosexuelle <strong>du</strong> fait d’allumer son cigare à celui d’un autre); je<br />

voulais seulement pro<strong>du</strong>ire une preuve en faveur de l’interprétation <strong>du</strong> pont comme phallus<br />

ou vie-et-mort quand il apparaît parmi les symboles typiques de la mort, de la naissance et de<br />

la sexualité.» (Ferenczi 1922).<br />

Grèce<br />

Près d’Épidaure, un pont pélasgique a la réputation d’avoir été construit par le<br />

<strong>Diable</strong> (Mozzani 1995:1465).<br />

Islande<br />

Dans la grande collection de contes publiée de 1862 à 1864 par Jón Árnason (À nouveau<br />

disponible: Árnason 1954-1961), figure le récit suivant, dont la source est un manuscrit compilé au<br />

début <strong>du</strong> XVIIIe siècle par Árni Magnúson à partir <strong>des</strong> récits de trois informateurs (dont<br />

l’évêque Björn Thorleifsson, mort en 1710) :<br />

« Sæmun<strong>du</strong>r demanda au démon qui était son serviteur de construire un pont sur la<br />

rivière Rangá au-<strong>des</strong>sous de Bergvad, parce qu’il était souvent difficile de la traverser,<br />

particulièrement pour les gens qui devaient aller à l’église d’Oddi. En paiement, le démon<br />

demanda d’avoir les trois premiers à passer le pont le premier dimanche qu’il serait en<br />

service ; ce que Sæmun<strong>du</strong>r accepta. Pour tenir sa promesse quand le pont fut terminé,<br />

Sæmun<strong>du</strong>r apporta trois chiots jusqu’au pont, et les lança <strong>des</strong>sus. Le maître-bâtisseur <strong>du</strong>t s’en<br />

contenter, car il n’eut jamais d’autre salaire » (Árnason 1954-1961, I:472.).<br />

Sæmun<strong>du</strong>r Sigfússon le Sage, prêtre-prince d’Oddi, né en 1056 et mort en 1133, fut une<br />

autorité en matière d’histoire, et il écrivit notamment une Historia Regum Norwegiæ,<br />

maintenant per<strong>du</strong>e, comme <strong>du</strong> reste tous ses écrits. Sa renommée s’accrut avec le temps, et<br />

son nom finit par être populairement associé à l’idée d’une sagesse plus qu’humaine, acquise<br />

par sorcellerie, si bien qu’au XVIIe, il était devenu l’archétype <strong>du</strong> sorcier. L’un <strong>des</strong> plus<br />

anciens récits recueillis sur lui, justement noté au XVIIe, le présente comme un écolier de<br />

l’École Noire de Satan, où il n’est sauvé que par l’intervention <strong>du</strong> saint évêque d’Hólar, Jón<br />

Ögmundsson (C’est le conte « Sæmun<strong>du</strong>r at the Black School », dans Simpson 1975:19-20).<br />

Selon le folkloriste islandais B.S. Benediktz, « Dans les récits recueillis au XVII et<br />

XVIII siècles, c’est une autre image qui apparaît. Sæmunu<strong>du</strong>r, jusqu’alors présenté comme<br />

un homme sauvé par un saint, est magnifié sous les traits d’un superman, une sorte de héros<br />

de bande <strong>des</strong>sinée <strong>du</strong> XVIIIe, capable de voir dans la terre, et qui est constamment engagé


dans une lutte contre le <strong>Diable</strong>, auquel il promet de gran<strong>des</strong> récompenses en paiment de<br />

tâches pénibles, puis évitant de le payer par <strong>des</strong> moyens tout aussi douteux que ceux<br />

qu’utilise le Maître <strong>du</strong> Mensonge lui-même. Il laisse le <strong>Diable</strong> grincer <strong>des</strong> dents<br />

d’impuissance, et déjoue avec aplomb toutes ses tentatives de revanche » (Benedikz 1964).<br />

Italie<br />

Miss R.H. Busk, dans son Folk-Lore of Rome paru en 1874, rapporte un récit<br />

concernant saint Jean Chrysostome, mais étroitement apparenté aux précédents, et résumé<br />

ainsi par Paul Sébillot :<br />

« Saint Jean-Bouche-d’Or, ayant commis un meurtre, entreprend, pour l’expier, de jeter<br />

un pont sur une rivière profonde et rapide, dans laquelle beaucoup de pèlerins avaient été<br />

noyés. Il se met en route pour chercher <strong>des</strong> ouvriers à Rome ; mais en chemin il en rencontre<br />

qui lui proposent de le construire ; l’ouvrage est fait en deux jours ; la femme <strong>du</strong> saint pense<br />

qu’il y a là-<strong>des</strong>sous quelque <strong>Diable</strong>rie ; elle conseille à son époux de faire rouler sur le pont<br />

un fromage rond, et de lancer un chien après ; quand le chien fut au milieu <strong>du</strong> pont, celui-ci<br />

s’écroula » (Busk 1874:206, Sébillot 1894:157).<br />

Selon P. Faccini Lantermoz, les habitants de <strong>Pont</strong>-St-Martin, en Val-d’Aoste, avaient<br />

entrepris de constuire un pont sur la Lys, mais l’argent vint à manquer pour le terminer. Un<br />

bûcheron inconnu survint, et proposa aux notables <strong>du</strong> lieu de leur offrir une bourse bien<br />

ronde, suffisant largement à tout payer, mais à la seule condition d’emporter la première âme<br />

à traverser l’ouvrage. Les notables acceptèrent, et le pont fut promptement terminé. Mais les<br />

épouses <strong>des</strong> notables, suspectant leurs maris de quelque machination, finirent par leur faire<br />

avouer le pacte qu’ils avaient passé, ce qui fait que, ce secret dévoilé, personne ne se<br />

hasardait à passer sur le pont. Ce que voyant, le <strong>Diable</strong>, qui attendait son paiement, se mit en<br />

colère, et lança sur le pays une série de catastrophes : les vaches ne donnaient plus de lait, les<br />

poules ne pondaient plus, les fruits se <strong>des</strong>séchaient sur les arbres, et toute la région<br />

s’acheminait vers la famine, tandis que les notables rejetaient l’un sur l’autre la responsabilité<br />

de cette situation. Finalement, le curé <strong>du</strong> pays décida de demander conseil à saint Martin, qui<br />

vivait en ermite dans les bois de la chapelle de Nostra Signora della Guardia. Celui-ci<br />

s’écria : « Vous vous inquiétez pour pas grand chose ! Vous avez promis au <strong>Diable</strong> la<br />

première âme à passer sur le pont, mais lui n’a pas précisé laquelle ! Croyez-moi, ce <strong>Diable</strong>-<br />

là est bien sot ! ». Le curé s’étonnait de voir Martin prendre la chose aussi légèrement, quand<br />

celui-ci reprit : « Demain, à l’aube, réunissez la population, et faites sonner l’angelus. Je serai<br />

là ». Ainsi fut fait, et le lendemain, une foule énorme se pressait à l’une <strong>des</strong> extrémités <strong>du</strong><br />

pont. À l’autre bout, le <strong>Diable</strong> se frottait les mains. Martin arriva, tenant en laisse un chien<br />

dont la maigreur disait assez quelle faim devait le tenailler. Les cloches se mirent à sonner.


Martin fit le signe de la croix, tira un pain de son bissac et le lança sur le pont, tout en libérant<br />

le chien. L’animal bondit sur le pont, et courut jusqu’au <strong>Diable</strong>. Lui, furieux de s’être fait<br />

fourguer une telle âme, piqua une colère mémorable, donna un grand coup dans le parapet <strong>du</strong><br />

pont – lui laissant une marque qui se voit encore – et disparut dans un nuage de fumée. Pour<br />

remercier saint Martin, on donna son nom au pont (Lantermoz 1964, Gatto Chanu 1996:197-201).<br />

Voici la version donnée en 1901 par J.J. Christillin:<br />

« La légende <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> et de Saint Martin :<br />

La tradition rapporte que le saint évêque de Tours se rendant à Rome, passa par la<br />

Vallée d'Aoste, et s'arrêta un soir dans un bourg situé au bord d'un torrent. Pendant la nuit les<br />

eaux grossirent tout à coup et emportèrent la seule passerelle en bois qui existait alors sur le<br />

Lys. Le saint <strong>du</strong>t séjourner plusieurs jours chez les habitants de ce pays, en attendant qu'ils<br />

eussent construit un pont provisoire.<br />

Les principaux chefs de famille tinrent conseil. Ils voulaient avoir un pont, mais il le<br />

fallait beau, grand, très solide sans qu'il coutât une trop forte dépense. Le grand thaumaturge,<br />

voyant leur inquiétude, prit la parole et leur dit: "Rassurez-vous, mes frères, je vous aiderai à<br />

construire le pont, car je vous dois de la reconnaissance pour la cordiale hospitalité que vous<br />

exercez envers les étrangers. Votre pont sera comme vous le désirez, beau, grand et surtout<br />

très solide. En outre la dépense sera proportionne à vos faibles ressources, car vous n'êtes pas<br />

riches".<br />

Je tromperai le diable, pensait le saint; et c'est lui qui fera le pont. Le jour suivant, Saint<br />

Martin rencontra le malin esprit dans les environs. Il lui dit: "Or, ça, maître Satan, j'ai pensé à<br />

toi pour la construction d'un pont sur ce torrent, mais il le faut beau, grand et très solide, est-<br />

ce compris? Dis-moi quelles sont tes conditions "Voilà qui est au mieux, répondit le diable en<br />

se frottant les ergots; j'accepte de faire un pont beau, grand et très solide à la condition que le<br />

premier qui y passera m'appartienne tout de bon".<br />

Le pacte fut conclu et la tradition rapporte que Satan aidé d'une troupe de méchant<br />

esprits éleva le pont dans l'espace d'une nuit. Le Saint, toujours plus fin que son adversaire,<br />

avait fait connaître aux habitants la condition posée par le diable de s'emparer <strong>du</strong> premier<br />

passant. Quand la construction fut achevée, Saint Martin se rendit près <strong>du</strong> pont, accompagné<br />

de tout le peuple. Alors, prenant un pain, il le lança à l'autre bout et lâcha un petit chien qu'il<br />

avait apporté dans son manteau. L'animal s'élança sur le pont et passa ainsi le premier.<br />

Le diable fut tellement furieux de se voir ainsi joué en présence d'une foule nombreuse,<br />

qu'il déchira entre ses griffes le pauvre chien, le mit en pièces et voulut ensuite détruire son<br />

propre ouvrage.<br />

Il avait déjà fait une grande brèche dans le parapet quand Saint Martin revint en toute<br />

hâte et planta une croix sur le point culminant.


Le diable disparut pour toujours. Alors le grand Saint suivi de tout le peuple traversa le<br />

pont avec toute assurance et depuis bien <strong>des</strong> siècles on y passe sans danger. Le pont est là,<br />

beau, grand et surtout très solide, car il a l'air de vouloir <strong>du</strong>rer bien longtemps.<br />

Pour perpétuer le souvenir de ce prodige et en témoignage de reconnaissance envers le<br />

Saint bienfaiteur, les habitants donnèrent à leur petite cité le nom de <strong>Pont</strong>-Saint-Martin.<br />

Mais quand on voulut répare le brèche que le diable avait faite, les matériaux placés par<br />

les chrétiens tombaient toujours et pendant longtemps, elle resta béante. On eut enfin l'idée de<br />

construire un oratoire à cette place pour détruire le maléfice.<br />

Le diable fut vaincu encore une fois et l'oratoire bâti au milieru <strong>du</strong> pont en chassa pour<br />

toujours les malins esprits» (Christillin 1901).<br />

Selon une variante <strong>du</strong> même récit, le pont aurait été construit par le <strong>Diable</strong> à la<br />

demande de saint Martin lui-même et, sitôt le chien lancé sur l’ouvrage, le malin <strong>du</strong>pé aurait<br />

tenté de détruire son œuvre. Mais le saint, plus rapide, avait eu le temps d’un planter une<br />

croix, et le <strong>Diable</strong> <strong>du</strong>t disparaître sans rien pouvoir entreprendre (Jorio 1994:95, n. 50).<br />

Pour terminer un pont commencé à Lucca, Saint Julien (S. Giuliano) aurait demandé<br />

l’aide <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> mais, en guise de récompense, il ne lui attribua que l’âme d’un chien, qui<br />

était le premier être vivant à traverser l’ouvrage (D’Aronco 1953:144 (776 b)).<br />

Le <strong>Pont</strong>e del Diavolo à Cividale et celui <strong>du</strong> même nom qui traverse la Stura à Lanza,<br />

dans les Alpes, seraient aussi l’œuvre <strong>du</strong> malin, à preuve pour le second les empreintes de<br />

pied qu’il a laissées à chacune de ses extrémité, lorsqu’il franchit l’ouvrage d’une seule<br />

enjambée (Lopez 1889:72, Sébillot 1894:171-172, Jorio 1994:6). Après s’être acquité de sa construction en<br />

une seule nuit, le <strong>Diable</strong> n’y aurait gagné que l’âme d’un chien... et Piercarlo Jorio révèle que<br />

‘l diao était le surnom donné au maître-maçon anonyme qui fut chargé d’ériger l’ouvrage,<br />

pour 1400 florins, au XIVe siècle (Jorio 1994:6-7).<br />

Légende contée à popos <strong>du</strong> «<strong>Pont</strong> de Tibère» à Rimini:<br />

« De nombreux habitants de Rimini savent que le vieux <strong>Pont</strong> de Tibère s'appelle<br />

également "<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>". Par ailleurs, la fête traditionnelle <strong>du</strong> Bourg de San Giuliano<br />

donna naissance à plusieurs manifestations liées à cet autre nom <strong>du</strong> vieux pont romain. L'une<br />

<strong>des</strong> plus éclatantes de ces initiatives fut l'exposition d'un char représentant le <strong>Diable</strong>, que l'on<br />

plaça à l'entrée <strong>du</strong> pont. Ce nom est lié à la réputation que le <strong>Pont</strong> de Tibère a acquise au long<br />

<strong>des</strong> siècles et selon laquelle il serait in<strong>des</strong>tructible. Commencé en 14 apr. J.-C. par l'empereur<br />

Auguste, il fut achevé par son fils Tibère en 21 apr. J.-C. Cet admirable exemple de<br />

l'ingénierie romaine prit le nom <strong>du</strong> deuxième bâtisseur et il s'entoura d'une légende qui,<br />

aujourd'hui encore, accompagne ses <strong>pierres</strong> millénaires. Tibère mit sept ans à achever la


construction <strong>du</strong> pont d'Ariminum que son père avait entreprise. Au cours de ces années, il<br />

s'avéra très difficile de poursuivre le travail. Les travaux allaient au ralenti, car chaque fois<br />

que l'on construisait un nouveau tronçon <strong>du</strong> pont, il s'écroulait ou il était mal réussi. Il<br />

semblait que cette œuvre ne devait jamais voir le jour et qu'elle était <strong>des</strong>tinée à miner la gloire<br />

de l'empereur. Après avoir prié en vain tous les dieux, ce dernier joua sa dernière carte et<br />

invoqua le seul être surnaturel qui pouvait y mettre son grain de sel. Et il le mit vraiment.<br />

Tibère invoqua le <strong>Diable</strong> et, le priant de lui venir en aide, il noua un pacte avec le seigneur<br />

<strong>des</strong> ténèbres qui aurait construit le pont, recevant, en échange, l'âme <strong>du</strong> premier qui le<br />

passerait. L'empereur <strong>du</strong>t accepter et le <strong>Diable</strong> se mit tout de suite à l'ouvrage. Le pont fut<br />

bâti en une seule nuit. Beau, solide et imposant, il n'attendait plus que quelqu'un le passe. Le<br />

moment de l'inauguration arriva et le cortège officiel était prêt pour la parade. Tout à coup,<br />

l'empereur eut une idée pour se libérer <strong>du</strong> désagréable pacte qu'il avait noué avec le <strong>Diable</strong>.<br />

Tibère ordonna que, en signe propitiatoire, le pont devait être franchi en premier par un<br />

chien. Sitôt dit, sitôt fait!<br />

Le <strong>Diable</strong>, qui attendait son âme sur l'autre rive, en resta sur sa faim. Fou de rage pour<br />

avoir été roulé si bêtement, Satan décida de se venger sur l'heure et de faire crouler le <strong>Pont</strong> de<br />

Tibère. Il déchaîna à plusieurs reprises sa colère sur les <strong>pierres</strong> qu'il avait assemblées, mais il<br />

n'y eut rien à faire. Il l'avait construit in<strong>des</strong>tructible et personne, pas même lui, ne pouvait<br />

l'abattre. Ainsi, il <strong>du</strong>t s'en aller... tout bredouille. Pour témoigner de cet épisode, il reste<br />

quelques empreintes de bouc sur l'une <strong>des</strong> grosses <strong>pierres</strong> situées à l'entrée <strong>du</strong> pont, sur le<br />

côté donnant sur la ville. Il est juste que ce pont romain ait acquis la réputation d'être<br />

in<strong>des</strong>tructible, car il est resté debout pendant près de vingt siècles, supportant pendant tout ce<br />

temps le trafic citadin et assumant ses fonctions quotidiennes "sans faire un pli". Nombreux<br />

sont ceux qui, tout au long de l'histoire, ont tenté de l'endommager ou de le détruire. Ce fut<br />

toujours en vain. Les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale se sont<br />

particulièrement acharnés sur cet important nœud de communication, mais ils ne purent<br />

même pas l'érafler.<br />

Serait-ce vraiment l'œuvre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>?» (http://www.erimini.com/fr/tiberio_fr.htm).<br />

À Venise, où se trouve «La calle del diavolo» (la ruelle <strong>du</strong> diable), «le pont <strong>du</strong> diable<br />

se nomme ainsi non pas pour <strong>des</strong> motifs obscurs mais parce que ce pont était escarpé et<br />

périlleux.» (http://www.veniceguide.net/misterifr.htm).<br />

Autre légende à propos <strong>du</strong> pont d’un autre pont sur la rivière Serchio à Borgo a<br />

Mozzano en Toscane:<br />

« The Devil's Bridge is on the river Serchio near the town of Borgo a Mozzano, along<br />

the road 'SS12 dell'Abetone e del Brennero' that you can take from Lucca.


The Maddalena's bridge connect the two banks of the river Serchio at the height of<br />

Borgo a Mozzano. Its construction goes back to the era of the Countess Matilde di Canossa<br />

(1046-1115), that had large influence and power on this zone of Tuscany, the 'Garfagnana',<br />

but its current aspect is <strong>du</strong>e to the reconstruction carried on by Castruccio Castracani<br />

(1281-1328), Sir of the near town of Lucca , in the first years of the 14th century. The aspect<br />

of this medieval bridge is the classic, for its high frequence in Tuscany, called at 'donkey<br />

back', here, and this becomes a unique characteristic, with asymmetric arches. The bridge is<br />

known as Devil's Bridge' in force of a popular legend, reinforced from its strange aspect: a<br />

master mason had begun its building but soon he noticed that it would not be successful to<br />

complete the work for the fixed day and taken from the fear of the possible consequences<br />

invoked to the Devil asking him aid. The Devil accepted to complete the bridge in a night in<br />

change of the spirit of the first that will cross it. The contract was signed but the constructor,<br />

full of remorse, confess himself with a religious of the zone that advised him to let cross the<br />

bridge for first at a pig. So the Devil was defeated and he disappeared in the deepness of the<br />

river» (http://freeweb.supereva.com/toscanamedievale/diavolo.htm?p)<br />

Version de la même légende selon Pierre-Albert Clément (2003: 298): «En Italie, le<br />

pont roman en dos d’âne de Burgo di Mezzano (province de Lucques) a conservé la légende<br />

<strong>du</strong> chien ayant <strong>du</strong>pé Lucifer». Il ajoute: «on trouve également <strong>des</strong> ponte del Diavolo, dont<br />

les arches remontent à l’école romaine, à Massa Martana (provinde ce Perugia), à Pignatore<br />

(prov. de Frosinone), ainsi qu’à Bieda et à Campobasso (prov. de Viterbo) [P. Gazzola, <strong>Pont</strong>i<br />

romani, vol. II, Leo Olski ed., Florence 1963].»<br />

Un <strong>Pont</strong>e del Diavolo existe à Cividale dans le Frioul:<br />

« The Devil's Bridge is one of the symbols of Cividale del Friuli. Boldly suspended on<br />

the Natisone River is wrapped in legend. The two banks were joined, at least from the 1200's,<br />

by a wooden passage, replaced, after various inconclusive attempts, by a stone bridge<br />

planned by lacopo Daguro from Bissone, who began the construction in 1442. The job, slow<br />

and contrasted by adversity of varied nature, continued five years after under the guide of<br />

Erardo (or Everardo) from Villaco, the former collaborator of Daguro, that perhaps died of<br />

plague or, according to other versions, he gave up without completely honouring his<br />

contractual obligation. When the master builder Erardo died, Bartolomeo delle Cisterne<br />

finished the long <strong>des</strong>ired bridge, that according to a notarial act, was paved in the 1501 and in<br />

the 1558. Its ends were defended by towers, pulled down around the second half of the past<br />

century. Works of restoration followed one another in the course of the ages in order to<br />

maintain in full efficiency the indispensable passage, that it had to support the impetuous<br />

floods of the river. In 1843, <strong>du</strong>ring the works of reinforcing the central pillar, they recovered


two important stones of Roman age, now in Museum. The fate of the bridge had a tragic<br />

epilogue the 27th of October 1917 when, <strong>du</strong>ring the defeat of Caporetto, it was blown up<br />

attempting to slow down the enemy. A useless <strong>des</strong>truction, as the Imperial Army crossed the<br />

river the same evening.The bridge was however reconstructed in short times, by the Germans<br />

with local skilled workers, keeping the ancient structure following the precise reliefs<br />

executed years before by the engineer Ernesto de Paciani of Cividale. The street was widened<br />

by two meters. Already the 18th of May 1918, the new bridge was solemny inaugurated. But<br />

it had short life for the 29th of April 1945 the Germans tried to blow up, but this time it did<br />

not suffered many damages. It therefore remained unchanged in its original lines, only the<br />

parapets and irony loops have been replaced with the current parapet, perhaps aesthetically<br />

less well-chosen, but able to mitigate violent squalls of wind that run over the bridge in<br />

winter. The rocky walls the arches of the bridge rest on have been recently reinforced, they<br />

are different, one is of m. 22 and the other of m. 18, with a height of m. 22.5. The central<br />

pillar rests on a natural rock, protruding nearly in the center of the bed river.The popular<br />

fantasy has connected the construction of the bridge to the supernatural, giving origin to the<br />

demoniac legend, diffused in innumerable variants, according to which the devil would have<br />

facilitated the construction of the bridge in exchange of the soul of the first person passing<br />

through. To carry out in the short space of one night the Evil One bothered also his mother,<br />

and she carried in her apron the central imposing rock. But the inhabitants of Cividale<br />

mocked the devil, sending through the new passage an animal, dog or cat according to the<br />

versions. The admirable buliding inspired the arts: writers have dedicated to it pages of<br />

intense poetry, while skillful painters have repro<strong>du</strong>ced it in their works, fixing shapes and<br />

colors, with the transparency of waters. On the left bank of the river, the wiew of the town<br />

<strong>des</strong>erves to have some photos taken and one can go down to the gravelley river bed from a<br />

stairway, that starts from the boundary of the parapet, on the right. From the bottom, the two<br />

archs reveal all their majesty and a thought goes to the inventor of the brilliant realization<br />

that, after many centuries, is still in a position to excite wonder and admiration. The new<br />

belvedere, realized behind the close church of S. Martino, gives the possibility to enjoy a<br />

wonderful landscape. From here the colored houses are visible, the animated running after<br />

one another of loggias and balconies, the bell towers and on the background the hilly reliefs<br />

and the Matajur (m. 1641) and the Black Mount (m. 2245). Westwards the river is furrowed<br />

by the large arch of the new bridge, that from 1988 it joins the two si<strong>des</strong> of the river with its<br />

futuristic structure » (« Guida Storico Artistica di Claudio Mattaloni», cité à<br />

/www.cividale.com/citta/ponteuk.asp)<br />

Norvège


Les frères Grimm rapportent une tradition de Norvège selon laquelle une géante parie<br />

avec saint Olaf de construire un pont sur un bras de mer avant que lui-même ait terminé de<br />

bâtir son église. Mais le pont n’était pas à moitié construit que déjà les cloches sonnaient dans<br />

le clocher (Grimm 1882-1888:1021, Sébillot 1894:163).<br />

Une note <strong>du</strong> Docteur Baudouin explique ainsi l’origine <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> de Spirillien :<br />

« Le géant Jutul le construisit pour aller voir sa maîtresse qui demeurait de l’autre côté<br />

de l’eau, sans se mouiller. Mais le soleil se leva avant qu’il eût terminé son ouvrage, & le<br />

pont fut mis en pièces » (Note manuscrite de Baudouin aux Archives départementales de la Vendée (cote provisoire : 47.14, p.<br />

227-4), citant comme source : Chorne, t. II, p. 6 (?)).<br />

précision :<br />

Pologne<br />

Le conte suivant est donné pour recueilli en Pologne, mais sans davantage de<br />

« Il y avait un roi qui voulait établir une communication entre son palais et l’autre bord<br />

<strong>du</strong> précipice près <strong>du</strong>quel il était situé. Aucun ingénieur n’osait construire le pont parce qu’il<br />

fallait le bâtir en l’air. Un jeune maçon dit au roi qu’il s’engageait à l’entreprendre. Mais,<br />

ayant réfléchi à cette promesse, ne grande peur s’empara de lui. Néanmoins, comme son<br />

honneur était engagé, il s’écria : “Quoi qu’il arrive, je le bâtirai tout de même, <strong>du</strong>ssé-je faire<br />

un pacte avec le <strong>Diable</strong>.” Tout à coup le <strong>Diable</strong> lui apparut et lui dit : “Quel profit en aurai-<br />

je ? – Eh bien, qu’est-ce que tu deman<strong>des</strong> ? – Je ne suis pas exigeant. À moi doit appartenir<br />

l’être vivant qui le premier passera sur le pont. – Convenu,” répondit le maçon, et dans peu<br />

de temps le pont fut prêt. Le <strong>Diable</strong> croyait que le maçon traverserait le emier le pont. Mais<br />

celui-ci était un homme pieux, et Dieu l’inspira. Or il prit un cochon et le lança sur le pont.<br />

Le <strong>Diable</strong> furieux saisit le cochon et le frappa sur le tablier avec une telle violence qu’il se<br />

forma un trou à l’endroit où il l’avait assommé. Le roi et ceux qui visitèrent le nouveau pont<br />

furent bien étonnés, ne pouvant pas comprendre à quoi pouvait servir ce trou. C’est de ce<br />

temps que vient le proverbe ironique : “indispensable comme un trou dans un pont” » (Sébillot<br />

1894:156-157).<br />

Portugal<br />

Le <strong>Diable</strong> accepta de construisire le pont d’Allaviada, mais seulement après que saint<br />

Gonzalo eut promis de ne pas le bénir. Mais quand l’ouvrage fut terminé, Gonzalo leva son<br />

bâton comme pour montrer quelque chose, et lui fit décrire une croix. Le <strong>Diable</strong>, furieux de<br />

s’être fait berner de la sorte, s’enfuit sur une montagne, d’où il lança <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> au<br />

saint (Vasconselos 1882:313, Sébillot 1894:170).


suivante :<br />

Suisse<br />

J. Collin de Plancy, qui écrivait au milieu <strong>du</strong> siècle dernier, rapporte la légende<br />

« On ne peut rien imaginer de plus hardi que la route qui parcourt la vallée de<br />

Schellenen. Après avoir suivi quelque temps les détours capricieux de cette route terrible, on<br />

arrive à cette œuvre de Satan, qu’on appelle le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Cette construction imposante<br />

est moins merveilleuse encore que le site où elle est placée. Le pont est jeté entre deux<br />

montagnes droites et élevées, sur un torrent furieux, dont les eaux tombent par casca<strong>des</strong> sur<br />

<strong>des</strong> rocs brisés et remplissent l’air de leur fracas et de leur écume » (Collin de Plancy 1863:551).<br />

Dans ce cas, le nom <strong>du</strong> pont a été probablement inspiré par le caractère « imposant » et<br />

« merveilleux » d’un ouvrage d’art particulièrement audacieux. Mais la légende <strong>du</strong> pontife<br />

diabolique et <strong>du</strong>pé est connue en plusieurs localités, comme à Einsiedeln (Mozzani 1995:1465) et<br />

Gœschenen :<br />

« Le <strong>Diable</strong> s’engagea à construire sur la Reuss, en une nuit, un pont assez solide pour<br />

<strong>du</strong>rer cinq cents ans, en paiment <strong>du</strong>quel le bailli de Gœschenen concédait l’âme <strong>du</strong> premier<br />

indivi<strong>du</strong> qui passerait <strong>des</strong>sus. Le lendemain, le bailli y fit passer un chien. Satan, furieux,<br />

voulut démolir le pont, mais il l’avait construit si solidement qu’il usa ses ongles. Il allait<br />

jeter <strong>des</strong>sus un rocher, quand il vit que le clergé de Gœschenen venait de bénir le pont, qui<br />

désormais ne pouvait être détruit par lui ; au sortir <strong>du</strong> petit village de Gœschenen, on<br />

remarque une grande quantité de débris de rochers que les habitants appellent Teufelstein<br />

(Pierre <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>), et que celui-ci avait apporté dans l’intention de détruire le pont qu’il avait<br />

construit, sur la route d’Altdorf à Bellinzona » (Sébillot 1894:155-156).<br />

Selon une autre tradition, recueillie en Suisse au début <strong>du</strong> XIXe siècle par les frères<br />

Grimm, à propos de ce «Teufelsbrücke» :<br />

« Un berger [...] qui allait souvent voir sa maîtresse, était obligé ou de se donner une<br />

peine infinie pour traverser la Reuss, ou d’aller prendre un grand détour. Un jour qu’il était<br />

sur la montagne à une hauteur extraordinaire, il lui échappa de dire dans son impatience : “Je<br />

voudrais que le <strong>Diable</strong> fût ici, et qu’il me construisît un pont pour aller là-bas”. À l’instant<br />

même le <strong>Diable</strong> parut, et il lui dit : “Si tu me promets la première créature vivante qui passera<br />

<strong>des</strong>sus, je vais te construire un pont sur lequel tu pourras toujours passer pour aller et<br />

revenir.” Le berger y consentit. En quelques instants, le pont fut prêt ; mais notre berger<br />

chassa devant lui un chamois et suivit. Le <strong>Diable</strong> trompé fit aussitôt tomber <strong>du</strong> haut <strong>du</strong> pont<br />

dans l’eau les membres mis en pièces de l’animal » (Grimm 1838, I:327-328).<br />

Version donnée sur l’internet :


« Légende <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong><br />

Il y a bien longtemps, la population locale voulait remplacer un pont de bois en<br />

mauvais état par un pont massif mais elle remarqua bien vite que c'était quasiment<br />

impossible. Un étranger se tenait près <strong>des</strong> villageois qui discutaient et leur proposa de<br />

construire le pont. Il exigea toutefois en guise de gage la première âme qui traverserait le<br />

pont. La population se déclara d'accord avec cette proposition et c'est ainsi que fut érigé le<br />

nouveau pont. Quand il fut terminé, personne n'osa le traverser car on s'était ren<strong>du</strong> compte<br />

que seul le diable avait pu exiger un tel gage. Un fermier futé eut l'idée d'envoyer son bouc.<br />

Hors de lui, le diable voulut détruire le pont et jeta un rocher en bas de la Schöllenen. Mais la<br />

pierre manqua son but et vola jusqu'à Göschenen. C'est là que repose depuis lors la "Pierre <strong>du</strong><br />

<strong>Diable</strong>"» (http://www.poste.ch/SiteOnLine/FR/Accueil/1,1727,18404,00.html).<br />

Le Dr Marcel Baudouin cite un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à une demi-heure d’Andermatt, au nord<br />

« c’est-à-dire proche <strong>du</strong> St-Gothard, près <strong>du</strong> Trou d’Uri ». D’après une source qu’il ne cite<br />

pas, il existait en 1707 « un pont suspen<strong>du</strong> qui faisait le tour de la Pierre-<strong>du</strong>-<strong>Diable</strong>, au milieu<br />

<strong>des</strong> gouttelettes d’eau dont l’inondait la Reuss ». La version suivante de la légende a été<br />

« surprise à un poste de radio à Croix-de-Vie le 16 janvier 1940 » :<br />

« Il y avait autrefois sur l’une <strong>des</strong> rives de la Reuss, une auberge, une aubergiste et sa<br />

fille qui, naturellement, était très jolie. Le pays étant superbe, grâce à ses soli<strong>des</strong> montagnes,<br />

les affaires de l’auberge étaient très prospères. Malheureusement, il n’y avait pas là de pont<br />

sur la rivière ; et l’auberge perdait pour cette raison la moitié de sa clientèle. On venait de<br />

loin sur la rive opposée pour admirer la jeune fille qu’on ne voyait qu’à la distance d’une<br />

portée de fusil. On se plaignait de cela à l’aubergiste qui répondait : “C’est aux services<br />

publics d’exécuter ce pont, pas à moi !” – Mais tout le monde cependant regrettait de ne pas<br />

avoir de pont. Un soir, un voyageur aux allures de prince dit qu’il venait à l’auberge pour voir<br />

la “beauté”, et l’épouser. L’aubergiste renouvela ses plaintes et demanda un pont tout<br />

d’abord. L’étranger parut s’y intéresser, se dit constructeur de ponts, et raconta qu’il avait<br />

déjà établi plusieurs ponts. Le lendemain matin, un pont à trois arches était construit sur la<br />

Reuss. Ce fut une surprise générale. Mais le pont avait été apporté et fait pendant la nuit.<br />

Alors le voyageur de l’endroit vit la mère, l’enjomina pour avoir la fille près de lui. Elle ferait<br />

mieux encore en lui donnant sa fille, car elle aurait son pont à elle ! La mère exigea d’abord<br />

que tout le monde passât sur le pont pour venir à l’auberge (les affaires sont les affaires). Le<br />

constructeur commença le pont à la nuit, et appela à l’aide tous les travailleurs de la nuit.<br />

Ravi <strong>du</strong> résultat obtenu, il alla chercher la mère et la fille, car il voulait la fille avant midi.<br />

Discussion, mais admiration. Alors le curé arrive et dit qu’il s’agissait <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Pour le<br />

faire partir à midi, au lieu de lui envoyer la jeune fille, le prêtre lui envoya sur le pont une<br />

ânesse ! C’est l’ânesse qui devait faire la jeune fille. Le <strong>Diable</strong> fila sans doute. En tout cas,


on ne le revit pas. Mais le pont resta là » (Fonds Baudouin aux Archives départementales de la Vendée, cote provisoire<br />

47.17, p. 227-1 à 3).<br />

Version donnée sur l’internet :<br />

« C'est l'histoire d'un pont très difficile à construire, dans les Alpes (à travers le col <strong>du</strong><br />

St-Gothard). Une légende raconte que les habitants ont pu construire ce pont seulement grâce<br />

au diable, qui a voulu la première âme qui passe sur le pont. Les habitants ont fait passer une<br />

chèvre: on l'a eu, ce diable!» (http://www.esigge.ch/primaire/banque/hist/13/gothard2/<br />

gothard.htm).<br />

Cette autre version a été donnée par Gérard Blacher :<br />

« Les hommes voulaient bâtir un pont. Devant l’ampleur de la tâche qui semblait<br />

impossible tant la vallée était large et profonde, ils se découragèrent. C’est alors qu’un<br />

personnage apparut et leur proposa de réaliser en une nuit ce qu’ils ne pouvaient faire. En<br />

contrepartie, il demanda l’âme <strong>du</strong> premier passant. Les hommes acceptèrent le marché. Au<br />

matin, le pont était construit. les hommes avaient alerté le curé car ils avaient, bien sûr,<br />

reconnu le <strong>Diable</strong>. Le curé jeta un morceau de pain de l’autre côté <strong>du</strong> pont, son chien se<br />

précipita et le <strong>Diable</strong> <strong>du</strong>t prendre l’âme <strong>du</strong> chien » (Blacher 1996:141).<br />

NB : La Reuss River <strong>des</strong>cent <strong>des</strong> Alpes Alpes près <strong>du</strong> cole <strong>du</strong> Saint-Gottard Pass et se<br />

déverse dans le lac Urn près de la ville Suisse d’Altdorf.<br />

Version de Pierre-Albert Clément (2003:298):<br />

« En Suisse, la légende la plus savoureuse concerne le pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> bâti au Moyen<br />

Âge pour franchir la Reuss dans les gorges de Schöllenen situées entre Göschenen et<br />

Andermatt. Les muletiers <strong>du</strong> canton d’Uri avaient […] subi un chantage de la part <strong>du</strong> Malin,<br />

lorsqu’ils avaient commencé les travaux. Leur subterfuge avait consisté à envoyer unbouc<br />

«émissaire». Écumant de rage, Belzébuth s’apprêtait à faire dévaler un énorme rocher pour<br />

détruire le pont, mais une vieille femme avait tracé furtivement une croix sur la pierre, la<br />

clouant ainsi au bord <strong>du</strong> précipice. Très respectueux <strong>des</strong> traditions, les Suisses ont déplacé à<br />

grands frais le rocher au lieu de le dynamiter quand ils ont aménagé l’autoroute <strong>du</strong> Saint-<br />

Gothard. Bien mieux, ils ont peint le diable et le bouc sur la paroi rocheuse <strong>du</strong> tunnel<br />

qu’empruntent aujourd’hui les automobilistes.»<br />

Une légende <strong>du</strong> même type existe à Isleten : «Isleten. La tardive vengeance <strong>du</strong> diable.<br />

Le trafic indivi<strong>du</strong>el, censé favoriser le mouvement et la mobilité, est de plus en plus souvent<br />

synonyme de paralysie et d’attentes. Peut-être est-ce une vengeance tardive <strong>du</strong> diable à qui,


selon la légende, les Uranais ont offert l’âme d’un bouc au lieu de celle d’une être humain<br />

pour salaire de la construction <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> diable (13e siècle)» (Source : http:/<br />

/www.tellbittemelden.ch/html/<br />

index.php?mo<strong>du</strong>le=pagesetter&func=printpub&tid=5&pid=14)<br />

Ce pont <strong>du</strong> diable est le sujet d’une aquarelle de Turner :<br />

« The Devil's Bridge, St Gothard<br />

Maker/s Turner, Joseph Mallord William (draughtsman) [ULAN info: British artist,<br />

1775-1851]. Dimensions height: 238 mm , width: 305 mm. Dates circa 1841 to 1843.<br />

Provenancegiven: Ruskin, John 1861. Content: Devil's Bridge No. 8 (in Turner's hand)/<br />

Documentation 1. Ruskin, John & Cook, E.T. & Wedderburn, Alexander Works, [page:<br />

558]. — Exhibition Catalogue: Gage, John & Wilton, Andrew (1974-5) Turner, 1775-1851,<br />

London: Tate Gallery. — Cormack, Malcolm (1975) J.M.W. Turner, R.A. 1775-1851; a<br />

catalogue of Drawings and Watercolours in the Fitzwilliam Museum, Cambridge, Cambridge<br />

(Cambs.): Cambridge University Press [page: 71] [comments: cat. no. 45, pl. 45 (black and<br />

white)]. — Wilton, Andrew (1979) The Life and Work of J.M.W. Turner, London<br />

[comments: no. 1499 as 'c. 1843']. — Shanes, Eric (1990) Turner. The Masterworks, [page:<br />

134] [comments: repr.p. 135]. Notes: In 1842, Turner crossed the St Gothard pass, from<br />

Lucerne to Bellinzona for the first time in nearly forty years. Since 1802, the flimsy bridge<br />

which he would have seen on his first visit had been replaced in the 1830s by a more stable<br />

structure. The contrast with Turner’s earlier treatment of the same landscape, also exhibited<br />

here, could not be more dramatic. Where the former conveys a notional sense of naturalism<br />

through the use of a monochromatic handling and rugged palette, the direct confrontation<br />

with the rock face and vigorous downwards hatching emphasise the sublime aspect of the<br />

apparently bottomless chasm below. (Text from 'Ruskin's Turners' Exhibition Website).<br />

Accession Number 586 (Paintings, Drawings and Prints) (Input Date: 2000-10-11 /<br />

Last Edit: 2003-09-22)».<br />

Turner a fait au moins un autre tableau sur le même thème.<br />

Et il est ainsi mentionné par Honoré de Balzac :<br />

« (..) j'avais fait un voyage horriblement beau; il est bon de l'avoir fait. (...) J'ai passé le<br />

Saint-Gothard avec quinze pieds de neige sur les sentiers par lesquels je l'ai traversé. (...) J'ai<br />

failli périr plusieurs fois, malgré onze gui<strong>des</strong>. J'ai monté le Saint-Gothard à une heure <strong>du</strong><br />

matin, par une lune sublime; j'y ai vu le lever <strong>du</strong> soleil dans les neiges. Il faut avoir vu cela<br />

dans sa vie. (...) J'ai eu les horreurs <strong>du</strong> pont <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> (...) J'ai cru cette route économique de<br />

temps et d'argent et j'ai, au contraire, dépensé énormément de l'un et de l'autre. Mais j'en ai eu<br />

pour mon argent; c'est un superbe voyage.»


(Cité sur :http://www.esigge.ch/primaire/banque/hist/13/gothard2/gothard.htm#pont_diable; le 7 oct 2005)<br />

Il y en a un autre <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> à Thusy :<br />

« L'histoire <strong>du</strong> village de <strong>Pont</strong>-la-Ville (ou Pons Villa en latin) est étroitement liée à<br />

celle <strong>du</strong> pont de Thusy qui reliait les deux rives de la Sarine avant la montée <strong>des</strong> eaux <strong>du</strong> lac<br />

de la Gruyère en 1948. Ce pont, dont les origines sont antérieures à 1490, a été construit tout<br />

d'abord en bois, et finalement en pierre de tuf vers 1544. D'une longueur de 82 mètres et<br />

comprenant 3 voûtes, il était le plus ancien pont <strong>du</strong> canton de Fribourg. Il constitue d'ailleurs<br />

l'emblème figurant sur les armoiries de la commune de <strong>Pont</strong>-la-Ville.<br />

nuit.<br />

On l'appelait aussi le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, car il avait été, selon la légende, construit en une<br />

L'on pense qu'un passage devait déjà exister à cet endroit au temps <strong>des</strong> Romains,<br />

réunissant les "villas" (ou maisons en latin) de Marsens et celles <strong>du</strong> voisinage au pays de la<br />

Roche encore non habité à l'époque, en passant par Pons Villa. Le village de <strong>Pont</strong>-la-Ville<br />

devrait ainsi l'origine de son nom à cet ancien passage.<br />

Nombreuses sont les légen<strong>des</strong> qui auréolent le site mythique de Thusy.<br />

" <strong>Pont</strong> légendaire de Thusy, tu gis aujourd'hui solitaire, sous les eaux <strong>du</strong> lac de la<br />

Gruyère, mais ton histoire fabuleuse, ta légende dorée, nous la conterons encore aux oreilles<br />

émerveillées de nos petits enfants."» (Source : Clément Fontaine, Nos villages gruériens,<br />

<strong>Pont</strong>-la-Ville), cité sur: http://www.pont-la-ville.ch/presentation/historique.htm)<br />

Voici le commentaire de Bernard de Vevey (1978) :<br />

« Sur la rive gauche de la Sarine, en face de <strong>Pont</strong>-la-Ville, <strong>Pont</strong>, appelé aujourd’hui<br />

<strong>Pont</strong>-en-Ogoz, occupe une presqu’île arrondie formée par un méandre de la rivière, presqu’île<br />

reliée à la terre par un isthme étroit. C’est sur cet isthme qu’était situé le château de <strong>Pont</strong>,<br />

actuellement en ruine, et qui protégeait ainsi <strong>du</strong> côté de la terre un petit bourg défen<strong>du</strong><br />

naturellement <strong>des</strong> autres côtés par les falaises dominant la Sarine. Cet isthme était lui-même<br />

coupé dans toute sa largeur par un grand fossé qu’on ne pouvait traverser que par un pont-<br />

levis. <strong>Pont</strong> est un haut lieu de l’histoire <strong>des</strong> châteaux fribourgeois. En effet, ce site était déjà<br />

occupé à l’âge <strong>du</strong> bronze, vraisemblablement aussi à l’époque de la Tène; il le fut<br />

certainement par les Romains, enfin on en connaît l’histoire assez précise dès le XIIe siècle.<br />

Comme il domine le cours de la Sarine de quelque 50 m il était facile à défendre, et c’était<br />

ainsi un lieu de refuge tout indiqué. Aujourd’hui, le lac de la Gruyère a noyé toute la<br />

presqu’île de <strong>Pont</strong>, sauf son point le plus élevé où se trouvent la chapelle et les ruines <strong>du</strong><br />

château. En 1945/1946, la construction <strong>du</strong> barrage de Rossens avançant rapidement et le lac<br />

artificiel allant être mis en eau, le Heimatschütz de la Gruyère, groupe de la Société<br />

fribourgeoise d’art public, s’est ému de cette situation, car le nouveau lac submergerait pour


toujours <strong>des</strong> terres qui, certainement, devaient contenir de nombreux vestiges archéologiques.<br />

Aussi, fit-il faire <strong>des</strong> prospections sur les berges de la Sarine en 1945 et en 1946. La Société<br />

suisse de préhistoire et la Commission cantonale <strong>des</strong> monuments octroyèrent les subsi<strong>des</strong><br />

nécessaires pour entreprendre les travaux préliminaires. MM. Karl Keller-Tarnuzzer,<br />

secrétaire de la Société suisse de préhistoire, à Frauenfeld, et H.-G. Bandi, <strong>du</strong> Musée<br />

ethnographique de Bâle, se mirent à l’oeuvre et firent <strong>des</strong> sondages qui donnèrent d’heureux<br />

résultats. Grâce aux photographies aériennes fournies par l’aviation militaire et aux<br />

détecteurs de mines <strong>du</strong> génie, un travail précis put être accompli à <strong>Pont</strong>.<br />

Les sondages révélèrent sur le plateau de <strong>Pont</strong>, à une profondeur de 20 à 50 cm. de<br />

nombreux tessons de l’âge <strong>du</strong> bronze. Le Conseil d’Etat ayant accordé une nouvelle<br />

subvention, les recherches furent poursuivies en 1947, spécialement par <strong>des</strong> élèves de l’Ecole<br />

normale et <strong>des</strong> étudiants <strong>du</strong> Cercle universitaire d’archéologie, sous la direction de MM.<br />

Keller-Tarnuzzer et Ferdinand Rüegg. Dès le début, ce fut la découverte d’une foule d’objets,<br />

surtout <strong>des</strong> tessons, appartenant au dernier âge <strong>du</strong> bronze, mais d’autres aussi remontant au<br />

bronze moyen. Notons parmi les plus intéressants un outil d’os, quelques silex bien<br />

retouchés, <strong>des</strong> mortiers à blé, <strong>des</strong> <strong>pierres</strong> meulières; comme objets de bronze, une épingle à<br />

enroulement, une bague remarquable, un anneau assez grand et mince (anneau d’oreille ou<br />

bracelet?); enfin quelques perles de verre, typiques de l’âge <strong>du</strong> bronze, importées<br />

probablement d’Egypte. A plusieurs endroits, on a retrouvé les emplacements <strong>des</strong> pieux <strong>des</strong><br />

habitations. Deux vases d’argile ont pu être complètement reconstitués. Le nombre<br />

considérable de tessons démontre qu’on se trouve ici en présence non pas d’un simple<br />

campement, mais bien d’un établissement stable et qui a <strong>du</strong>ré assez longtemps, la presqu’île<br />

de <strong>Pont</strong> étant un véritable lieu de refuge, précédant la tête de pont qu’il deviendra dans la<br />

suite <strong>des</strong> temps.<br />

Un pavement de galets en forme de rosace pourrait bien dater de l’époque de la Tène.<br />

Enfin, on a trouvé quelques débris de tuiles romaines à rebord et deux beaux morceaux de<br />

vases en terre sigillée décorés à la molette, datant de la première moitié <strong>du</strong> IVe siècle de notre<br />

ère (1).<br />

On a ainsi la preuve que la presqu’île de <strong>Pont</strong> fut occupée de façon permanente de l’âge<br />

<strong>du</strong> bronze moyen à l’époque romaine, soit de l’an 1750 av. J.-C. environ jusque vers 350 de<br />

notre ère. Les Romains avaient établi un réseau routier assez serré dans nos contrées. Ainsi,<br />

de la Basse Gruyère, trois routes menaient à Avenches: l’une allait de Riaz par Vaulruz,<br />

Vuisternens-devant-Romont, Mézières, Châtonnaye, Montagny-les- Monts et rejoignait à<br />

Corcelles la grande route de la vallée de la Broye; deux autres routes couraient le long <strong>des</strong><br />

rives de la Sarine: elles se rejoignaient par <strong>des</strong> embranchements secondaires et traversaient la<br />

Sarine par <strong>des</strong> gués (ou peut-être par <strong>des</strong> bacs) à Corbières, à <strong>Pont</strong>, Arconciel et à Châtillon.<br />

La Glâne était également passée à gué à Sainte-Apolline. Comme la Sarine est très étroite à


<strong>Pont</strong>, on peut même se demander si le gué qui s’y trouvait n’a pas été pratiqué à l’époque<br />

préhistorique déjà. Des postes de vigie furent établis, à l’époque romaine déjà peut-être, sur la<br />

rive droite de la Sarine à Bertigny, Mallamollié, et sur la rive gauche au Vieux-Châtel et<br />

Vers-les-Tours, c’est-à-dire à l’emplacement <strong>du</strong> château de <strong>Pont</strong>.<br />

Le gué a dû être remplacé par un pont au XIIe siècle déjà, et c’est ce dernier qui a<br />

donné son nom à la seigneurie de <strong>Pont</strong>, aux villages de <strong>Pont</strong>-en-Ogoz et d’Avry-devant-<strong>Pont</strong>,<br />

ansi qu’à <strong>Pont</strong>-la-Ville sur la rive droite.<br />

Un premier pont semble avoir été construit sous le lieu-dit Vieux-Châtel, un peu en<br />

amont <strong>des</strong> ruines actuelles <strong>du</strong> château de <strong>Pont</strong>, en un endroit où la Sarine était resserrée à 20<br />

m. entre les falaises et où l’on remarquait, sur la rive gauche, les traces d’un chemin qui<br />

<strong>des</strong>cendait en serpentant vers l’emplacement <strong>du</strong> pont (2).<br />

Un second pont fut construit à l’extrémité de la presqu’île de <strong>Pont</strong>, à laquelle il aura<br />

donné son nom, à environ 20 m en aval <strong>du</strong> confluent <strong>du</strong> ruisseau de Mallamollié, et où l’on<br />

remarquait encore <strong>des</strong> entailles dans le rocher de la falaise. Sur cette même rive droite, le<br />

chemin qui menait au pont existe encore jusqu’au niveau de lac. Sur la rive gauche, le chemin<br />

partait de la barbacane sise en contre-bas de la rangée de maisons <strong>du</strong> bourg et <strong>des</strong>cendait en<br />

zigzag jusqu’à la rivière.<br />

On ignore quand ces deux ponts ont été détruits. Il est vraisemblable qu’ils étaient en<br />

bois et établis trop bas sur l’eau, et comme le régime de la Sarine est essentiellement<br />

torrentiel, ils auront été emportés par une forte crue.<br />

Un troisième pont, enfin, fut construit plus en amont, à quelque 200 m en aval de<br />

l’embouchure de la Serbache dans la Sarine. Aussi en bois, son existence est attestée dès<br />

1490, année où Fribourg, venant d’acheter la seigneurie de <strong>Pont</strong>, entreprit les premières<br />

réparations connues.<br />

Ce pont coûta cher à l’Etat; tous les 5 ou 6 ans, il fallut le réparer, ainsi en 1490, 1500,<br />

1503, 1509, 1515, 1520, 1527! Fribourg payait la moitié <strong>des</strong> frais, l’autre moitié étant à la<br />

charge de l’évêque de Lausanne, seigneur de La Roche. Finalement on le reconstruisit en<br />

pierre en 1544: ce fut le pont appelé «pont de Tusy»; mais Fribourg fut seul à en assumer les<br />

frais, car entre temps La Roche était tombée entre les mains de LL.EE. Il est composé de trois<br />

voûtes surbaissées en tuf, s’appuyant sur <strong>des</strong> îlots de rocher et de petits promontoirs fomés<br />

par l’érosion de la Sarine. Ce pont est maintenant sous l’eau <strong>du</strong> lac!<br />

On comprend que ces nombreuses <strong>des</strong>tructions <strong>du</strong> pont aient frappé l’imagination de la<br />

population (certainement peu cultivée) et aient ainsi provoqué la naissance de la légende de<br />

sa construction par le diable. Celui-ci aurait bâti le pont de Tusy en une nuit et aurait<br />

demandé comme prix de son travail l’âme <strong>du</strong> premier être vivant qui le passerait. Le<br />

gouverneur de <strong>Pont</strong>-la-Ville, homme fort avisé, lâcha le matin suivant un rat que poursuivait<br />

un chat. Le diable, furieux <strong>du</strong> tour qui venait de lui être joué, aurait alors lancé un gros bloc


de rocher pour écraser le pont, mais le bloc tomba à côté <strong>du</strong> but, dans la Sarine, où on pouvait<br />

encore le voir avant la mise en eau <strong>du</strong> lac. Cette légende est donc assez proche de celle qu’on<br />

raconte au sujet de la construction <strong>du</strong> <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>, sur la route <strong>du</strong> col <strong>du</strong> St-Gothard<br />

(Amédée Gremaud, Le pont de Tusy, dans FA 1897 pl. VI).» (Vevey 1978).<br />

Tchéquie<br />

« À Prague, le pont Charles IV sur la Vltava, le célèbre Carlum Most, garde la<br />

réputation d’avoir échappé aux maléfices. Avec leur solide humour, les Tchèques se font un<br />

plaisir de conter que l’architecte qui dirigeait le chantier avait eu l’idée originale de choisir sa<br />

propre épouse comme victime expiatoire. Ils ajoutent avec malice qu’il avait gagné sur les<br />

deux tableaux. D’une part il avait préservé son chef-d’œuvre en contentant pleinement le<br />

<strong>Diable</strong>, et d’autre part, il s’était débarrassé pour toujours d’une femme <strong>du</strong> genre acariâtre.»<br />

(Clément 2003: 298).<br />

Explication donnée par Clément 2003: 299 :«Peut-être l’européanité de ce mythe<br />

dérive-t-elle <strong>des</strong> fantasmes <strong>des</strong> voyageurs médiévaux qui imaginaient <strong>des</strong> démons autour <strong>des</strong><br />

chemins» (!!!!!)


Hors d’Europe<br />

Hors d’Europe, notre thème légendaire est très rare.<br />

Amérique <strong>du</strong> Nord:<br />

Arizona<br />

Devil’s Bridge est le nom donné à une arche naturelle de la forêt de Coconino, près de<br />

Sedonba: «Devil's Bridge is the largest natural sandstone arch in the Sedona area; don't let its<br />

name fool you: It's one of the most heavenly sights in an area famous for them.» (Source :<br />

http://www.fs.fed.us/r3/coconino/recreation/red_rock/devils-bridge-tr.shtml).<br />

Historique <strong>du</strong> pont de Québec :<br />

Québec<br />

Le 2 octobre 1900, lors d'une Grandiose cérémonie, Sir Wilfrid Laurier Premier<br />

Ministre <strong>du</strong> Canada, pose la pierre angulaire <strong>du</strong> piller nord <strong>du</strong> pont de Québec.<br />

Pendant plus de 50 ans, la possibilité de relier le réseau ferroviaire de la rive sud à celui<br />

de la rive nord est étudiée et finalement, en 1900, débute la construction d'un pont de type<br />

cantilever. Ce système est choisi comme principe de construction parce qu'il permet <strong>des</strong><br />

portées plus gran<strong>des</strong> entre les piliers. Le site près de l'embouchure de la rivière Chaudière est<br />

retenu en raison de l'étroitesse <strong>du</strong> fleuve à cet endroit et de l'escarpement <strong>des</strong> falaises, ce qui<br />

laisse une hauteur libre suffisante pour permettre le passage <strong>des</strong> bateaux. Parmi les autres<br />

avantages, les coûts pour l'aménagement <strong>du</strong> site s'avèrent moindre que la construction d'un<br />

pont devant Québec.<br />

Le contrat pour la construction <strong>du</strong> pont est signé le 19 juin 1900 selon les plans de la<br />

Phoenix Bridge Company de Pennsylvanie qui prévoit construire un pont de 67 pieds de<br />

largeur et d'une longueur totale de 3 242 pieds. Le pont compte alors deux voles ferrées, deux<br />

trottoirs, mais pas de voie carrossable. Le 29 août 1907, le pont tombe une première fois,<br />

entraînant dans la mort 76 ouvriers. La cause principale de l'accident est attribuée à une<br />

mauvaise évaluation <strong>du</strong> poids réel <strong>des</strong> composantes <strong>des</strong> structures. Un important télégramme<br />

qui aurait arrêté les travaux à temps avait été expédié par l'ingénieur-consultant, M. Théodore<br />

Cooper de New York. Cependant, ce télégramme arrive trop tard à cause d'une grève <strong>des</strong><br />

télégraphistes aux Etats-Unis. Il faut plus de deux ans pour nettoyer la rive sud <strong>des</strong> 9 000<br />

tonnes de ferrailles visibles à marée basse.<br />

Dès l'année suivante, le Gouvernement canadien décide de reconstruire le pont. La St<br />

Lawrence Bridge Company obtient le contrat et constitue une solide équipe dont le membre<br />

le plus célèbre est certainement l'ingénieur allemand, Joachim Von Ribbentrop, collaborateur


de Hitler et futur ministre <strong>des</strong> Affaires étrangères sous le IIIe Reich.<br />

À l'aube <strong>du</strong> 11 septembre 1916, la travée centrale reconstruite dans l'anse de Sillery est<br />

amenée vers l'endroit de son ascension. Quatre crics hydrauliques placés à chaque extrémité<br />

procèdent à son élévation. À 10 h 47, un bruit épouvantable se fait entendre et la masse de fer<br />

plonge dans les profondeurs <strong>du</strong> fleuve. Cette fois, 13 personnes meurent. On attribue<br />

l'accident au bris d'une pièce de support de l'appareil de levage.<br />

La St Lawrence Bridge Company s'empresse de reconstruire la travée. Le 17 septembre<br />

1917, la travée centrale reprend son chemin vers les deux bras cantilevers. Son ascension se<br />

termine trois jours plus tard.<br />

L'inauguration officielle <strong>du</strong> pont est faite par le prince de Galles, futur Édouard VIII le<br />

22 août 1919 (http://www.pontdequebec.com/page1pont.html)<br />

« Le <strong>Pont</strong> de Québec ou le pont <strong>du</strong> diable<br />

Le 29 août 1907, une partie importante <strong>du</strong> pont en construction s'écroula, tuant d'un<br />

coup plus de 75 ouvriers et en blessant plusieurs autres. Le 20 juillet 1916, un autre accident<br />

eut lieu. On parle alors de 13 morts. Il semble bien que la construction de ce fameux pont<br />

était victime d'un certain maléfice. On décida quand même de poursuivre les travaux car un<br />

pont à Québec était nécessaire au transport ferroviaire et au développement de la région.<br />

À la reprise <strong>des</strong> travaux, un ingénieur se présenta au contremaître pour lui proposer ses<br />

services. Il promettait un travail sans catastrophe mais à certaines conditions: celui-ci devait<br />

entre autres choses, lui promettre que l'âme de la première personne à traverser le pont lui soit<br />

remise.<br />

Ébranlé par tout ce qui venait d'arriver, et sans réfléchir, le contremaître accepta.<br />

Les travaux reprirent enfin et tout se passa bien jusqu'au jour de l'inauguration.<br />

Au moment où l'on s'apprêtait à traverser le pont, le contremaître aperçut le fameux<br />

ingénieur et lui trouva un air diabolique. Il se rappela alors sa promesse de lui offrir l'âme de<br />

la première personne à traverser le pont. Réalisant avec horreur qu'il avait agi sans réfléchir et<br />

avant qu'il ne soit trop tard il empoigna un gros chat noir qui se serait malencontreusement<br />

trouvé, au mauvais endroit au mauvais moment sur le pont et le lanca sur le faux<br />

ingénieur. Tous les deux, l'ingénieur et le chat noir, disparurent. On ne retrouva qu'un petit<br />

tas de poils ensanglantés.<br />

Si vous vous rendez à Québec un jour, et que vous souhaitiez traverser le fleuve, il<br />

vaudrait peut-être mieux emprunter le pont Pierre-Laporte car il paraît que le diable attend<br />

toujours de se venger....» (http://www.legrenierdebibiane.com/trouvailles/legen<strong>des</strong>/pont/<br />

legende.html)<br />

Plusieurs autres légen<strong>des</strong> concernent cet édifice :


« Le boulon d'or<br />

Au fil <strong>des</strong> ans, une rumeur persiste à l'effet qu'un boulon d'or aurait été fixé au pont au<br />

moment de sa construction. Plusieurs personnes auraient tenté de le trouver, mais en vain.<br />

Des versions différentes subsistent concernant cette légende. Cependant, personne n'a<br />

réussi à prouver avec certitude la présence <strong>du</strong> boulon d'or.<br />

Le pont <strong>des</strong> blasphèmes<br />

Une autre légende veut qu'après avoir enten<strong>du</strong> <strong>des</strong> ouvriers et <strong>des</strong> constructeurs <strong>du</strong> pont<br />

blasphémer, <strong>des</strong> témoins se seraient ren<strong>du</strong>s en informer le curé de Sillery, qui à son tour, se<br />

serait ren<strong>du</strong> sur le pont pour dire aux ouvriers: "Tant que vous blasphémerez, jamais ce pont<br />

ne se bâtira". À la construction <strong>du</strong> deuxième pont, les travailleurs blasphémaient toujours. Le<br />

curé se serait ren<strong>du</strong> pour une seconde fois sur le site leur dire qu'une œuvre <strong>du</strong> génie humain<br />

ne peut se réaliser en défiant et en injuriant Dieu. On raconte également que c'est grâce à<br />

l'interdiction de blasphémer que le pont aurait tenu le coup en 1917.<br />

Le pont <strong>du</strong> diable<br />

Enfin, une troisième légende prétend que le pont de Québec aurait été construit par le<br />

diable en personne, déguisé en ingénieur.<br />

Après avoir retrouvé <strong>des</strong> dizaines d'ouvriers aux membres brisés, à la suite de la<br />

première grande catastrophe, un drôle de personnage se serait présenté au contremaître afin<br />

de lui proposer un marché. Le supposé diable aurait promis un travail sans catastrophe à la<br />

condition que l'âme de la première personne à traverser le pont lui soit remise. Sans trop y<br />

penser, le contremaître aurait accepté. Comme prévu, tout se passe bien jusqu'au jour de<br />

l'inauguration. Repensant à son marché, le contremaître, plutôt futé, aurait pris un énorme<br />

chat noir et l'aurait lancé sur le pont. Arrivé au milieu, le chat aurait disparu subitement ! À<br />

l'endroit même, on n'aurait trouvé qu'un petit cas de poils et <strong>du</strong> sang. On dit que le diable<br />

attend toujours pour se venger.» (http://www.pontdequebec.com/page2pont.html).<br />

Il existe aussi un <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> sur la Malbaie, à Charlevoix, où le diable a aussi<br />

construit l’église :<br />

« Les gens de La Malbaie s'étaient groupés pour paver la route en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> fleuve et<br />

construire le pont sur la rivière Malbaie.<br />

L'hiver arrivant et ne réussissant pas à monter les chevalets et les travées <strong>du</strong> pont, le<br />

charpentier engagea <strong>des</strong> hommes pour se faire aider. Mais la mésentente se mettant de la<br />

partie, les travailleurs quittèrent les lieux.<br />

Reconnu pour son mauvais caractère, le charpentier maudissait son entreprise quand il


vit arriver un étranger qui s'offrit à construire le pont. Il ne demandait pas de salaire; mais en<br />

retour, il exigeait que l'âme <strong>du</strong> premier être à traverser le pont lui appartienne.<br />

L'inconnu revint alors avec ses travailleurs qui se mirent à l'ouvrage et quinze jours<br />

après, les habitants apprenaient que le pont était terminé.<br />

Voici alors ce qui arriva. L'épouse <strong>du</strong> menuisier, remarquant que son mari devenait de<br />

plus en plus songeur à mesure que la construction avançait, décida d'agir seule. Lorsque le<br />

jour de l'ouverture <strong>du</strong> pont fut venu, l'étranger arriva et s'assit à un bout <strong>du</strong> pont avec son chat<br />

noir, attendant que le premier être passe. L'épouse, cachée à l'autre bout avec son chien, n'eut<br />

aucune peine à le faire bondir en avant lorsqu'il aperçut le chat. Le diable, réalisant qu'il ne<br />

récolterait que l'âme d'un chien, se précipita à l'eau et disparut. Depuis, on a l'habitude de dire<br />

que la femme est plus rusée que le diable.» (Jean-Claude Dupont, Légen<strong>des</strong> de l'Amérique<br />

française, 1985)<br />

« Le <strong>Diable</strong> constructeur de pont et d’église dans Charlevoix<br />

Les légen<strong>des</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> constructeur de pont à La Malbaie et d’église aux Éboulements<br />

permettent d’évoquer de manière amusante <strong>des</strong> faits d’histoire locale.<br />

Depuis 1999, un nouveau pont enjambe la rivière Malbaie dans la municipalité de la<br />

Malbaie afin de traverser sur la rive est et d’aller ainsi vers la Côte-Nord par la route 138. Il<br />

remplace un autre pont nommé le “ pont Arthur-Leclerc ” en l’honneur <strong>du</strong> député provincial<br />

de l’époque et qui a été érigé là en 1956. Mais, avant cette date, il y avait un pont de fer à La<br />

Malbaie datant <strong>du</strong> début <strong>du</strong> 20e siècle. En principe, comme les autres ponts qui lui ont<br />

succédé ce dernier semble avoir été construit par l’autorité <strong>du</strong> ministère de la Voirie <strong>du</strong><br />

Québec. Toutefois, selon la légende, il n’en est rien et il aurait même été construit avec l’aide<br />

<strong>du</strong> <strong>Diable</strong> en personne.<br />

Au début <strong>du</strong> 20e siècle, il est encore courant de faire appel à une corvée populaire afin<br />

de construire un pont. C’est le cas à La Malbaie. Durant l’automne, le chantier se déroule<br />

plutôt bien mais il paraît clair que l’échéancier prévu risque de ne pas être respecté. L’hiver<br />

approchant qui rend la suite <strong>des</strong> travaux difficile voire impossible, les habitants de La<br />

Malbaie commencent à craindre que le pont ne soit pas terminé à temps. Il se présente alors<br />

un étranger qui se propose afin d’achever la construction <strong>du</strong> pont. Nul ne le connaît. Il ne<br />

demande aucun salaire et son offre généreuse est acceptée.<br />

La construction <strong>du</strong> pont de fer de La Malbaie se termine alors en moins de quinze jours.<br />

Certains commencèrent à reconnaître Satan sous les traits de l’étranger et la rumeur circula<br />

qu’il voudrait en échange de ses services recueillir l’âme de la première personne à traverser<br />

le pont. Le jour de l’inauguration <strong>du</strong> pont aucun <strong>des</strong> dignitaires présents n’accepte de<br />

traverser le pont afin de l’inaugurer. De même, aucun autre habitant de La Malbaie ne semble<br />

intéressé à traverser ce nouveau pont. La femme <strong>du</strong> charpentier <strong>du</strong> pont décide alors


d’envoyer son chat traverser le pont et ce fut la seule âme que recueillit le <strong>Diable</strong> ce jour-là.<br />

Par la suite, tous ont accepté de traverser le pont qui <strong>des</strong>sert La Malbaie <strong>du</strong>rant près de<br />

soixante années.<br />

Aux Éboulements, selon la légende, le <strong>Diable</strong> participe plutôt à la construction d’une<br />

église. Au tournant <strong>du</strong> 18e siècle, il apparaît clair aux paroissiens <strong>des</strong> Éboulements que<br />

l’église paroissiale située sur le bord <strong>du</strong> fleuve est trop éloignée de l’ensemble de la<br />

population qui réside en majorité sur le plateau. Les paroissiens décident donc de reconstruire<br />

leur église sur le plateau en utilisant les matériaux <strong>du</strong> temple situé sur la rive dans la<br />

construction de la nouvelle église. Cette idée est excellente mais les paroissiens ont négligé<br />

de considérer la longue montée que doivent faire les chevaux afin de transporter les<br />

matériaux <strong>des</strong> Éboulements en bas jusque sur le plateau. Les chevaux peinent et peinent<br />

encore. Le travail ne se fait pas très rapidement, loin s’en faut.<br />

Se présente alors un inconnu qui offre ses services. Il possède un magnifique cheval<br />

blanc attelé à un énorme chariot. Après un premier voyage de pierre taillée, le cheval n’est<br />

même pas fatigué. Il travaille ainsi sans relâche la journée <strong>du</strong>rant. Les travaux sont réalisés<br />

rondement en grande partie grâce à l’étranger et à son beau et vaillant cheval blanc. À la fin<br />

<strong>des</strong> travaux, le mystérieux personnage et son cheval disparaissent comme ils sont venus.<br />

Personne ne les a revu par la suite. La légende transporte depuis la rumeur que c’est le <strong>Diable</strong><br />

lui-même qui a assisté les paroissiens <strong>des</strong> Éboulements dans la construction de leur nouvelle<br />

église. En 1934, cette église à l’histoire peu banale fut incendiée. Elle est rapidement<br />

remplacée par un temple à peu près semblable et qui existe toujours dans la paroisse de Les<br />

Éboulements.<br />

Le <strong>Diable</strong> constructeur de pont et d’église : est-ce vraiment sérieux? De nombreuses<br />

légen<strong>des</strong> existent à ce sujet dans Charlevoix. Plus personne ou presque n’y prête vraiment<br />

attention. Ces histoires certes amusantes et pittoresques ont le mérite de nous raconter<br />

l’histoire locale. Elles témoignent en fait d’une mentalité et de croyances religieuses<br />

anciennes. C’est pour cela qu’il est primordial de les garder en mémoire et même de les<br />

raconter encore.» (Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire<br />

de Charlevoix. Notre-Dame-Des-Monts. 26 septembre 2002. Bibliographie : Revue d’histoire<br />

de Charlevoix. Numéro 22 (septembre 1995): 40 pages.Source : http://www.encyclobec.ca/<br />

main.php?docid=30).<br />

Le toponyme est connu à Antigua :<br />

« Devils Bridge<br />

Caraïbes:<br />

At the north-eastern point of Antigua there is a remote wild area known as Indian Town<br />

Point. Why it was named thus, is unknown as to date no Indian archaeological remains have


een found on this peninsula. The area was legally constituted a National Park in the 1950's.<br />

Within the park there is a remarkable example of sea-water erosion. Geological, Devil's<br />

Bridge is a natural arch carved by the sea from soft and hard limestone ledges of the Antigua<br />

formation, a geological division of the flat north-eastern part of Antigua. A bridge was<br />

created when a soft part of the limestone eroded away by action of Atlantic breakers over<br />

countless centuries.<br />

Sammy Smith, a 104 year old Antiguan patriot had the answer. Here is a quote from his<br />

memoirs "To shoot Hard Labour".<br />

"On the east coast of the island is the famous Devil's Bridge. Devil's Bridge was call so<br />

because a lot of slaves from the neighboring estates use to go there and throw themselves<br />

overboard. That was an area of mass suicide, so people use to say the Devil have to be there.<br />

The waters around Devil's Bridge is always rough and anyone fall over the bridge never<br />

come out alive".»<br />

(Source : http://www.antiguanice.com/places/devils/devils.htm)<br />

Amérique <strong>du</strong> Sud<br />

Colombie<br />

Près de Tibacui, le pont monolithique d’Icononzo est appelé la Pena del Diablo (« la<br />

Roche <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> ») ou la Cabeza del Diablo (« la Tête <strong>du</strong> <strong>Diable</strong> »). Il est formé d’une<br />

énorme roche de sept mètres de longueur, posée sur un gouffre d’une centaine de mètres de<br />

profondeur, et qui fait l’objet d’une légende dont l’origine européenne est évidente.<br />

« Le <strong>Diable</strong> voulait bâtir le pont d’Icononzo. Par une belle nuit de vendredi saint, il vint<br />

dans le cerro de Pena Blanca, près de Tibacui, choisit cette pierre et l’emporta. Minuit sonnait<br />

comme il passait devant Panche, roche entre ses griffes. Un coq chanta. Or cet animal est<br />

sacré depuis la nuit de la passion de Jésus-Christ. Belzébuth, épouvanté, laissa tomber la<br />

pierre et s’enfuit à tire d’aile. Arrivé à Icononzo, il fut ré<strong>du</strong>it à pousser péniblement, <strong>du</strong> haut<br />

de la montagne, un énorme grès, qui roula sur le rio de Sumapaz et y forma le pont<br />

actuel » (Sébillot 1894:163).<br />

Ce récit étant parfaitement isolé en Amérique <strong>du</strong> Sud, dans un pays hispanophone, il y<br />

a fort peu de chance qu’il soit précolombien.<br />

Japon<br />

Résumant une communication de M. de Milloué, parue dans la revue Nemausa, Paul<br />

Sébillot rapporte une tradition japonaise selon laquelle <strong>des</strong> ponts auraient été construits par<br />

<strong>des</strong> démons :<br />

« Un saint prêtre <strong>du</strong> Boudhha, Yén-nô-guiô-dja, puissant faiseur de miracles, avait <strong>des</strong><br />

<strong>Diable</strong>s pour serviteurs. Son grand plaisir était de se promener dans les montagnes,


distraction qui lui valut de devenir le dieu <strong>des</strong> touristes. Ayant un jour le désir de franchir<br />

plus facilement une vallée profonde de la province de Kiotô, il donna l’ordre à ses démons de<br />

lui construire un pont sur cette vallée. Mais le pont n’ayant pas été fini dans le temps voulu,<br />

Yén-nô-guiô-dja mit ses <strong>Diable</strong>s pour les punir dans la prison <strong>du</strong> canton. Stimulés par cet<br />

acte de vigueur, ils eurent bientôt achevé leur travail ; mais sans doute ils ne prirent pas assez<br />

de précautions, car aujourd’hui il ne reste plus trace <strong>du</strong> pont » (Nemausa, t. I, p. 83 ; Sébillot<br />

1894:172-173).<br />

Ce récit nous éloigne de notre thème légendaire, car on n’y trouve plus le thème –<br />

crucial – de la <strong>du</strong>perie. Il ne s’agit plus là que d’une variante de la tradition qui, dans le<br />

monde entier, attribue les sites ou monuments grandioses à <strong>des</strong> géants ou à <strong>des</strong> êtres<br />

surnaturels de la mythologie – lesquels peuvent être ensuite démonisés par la suite.<br />

Turquie<br />

Le toponyme «<strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>» est attesté dans les Rhodopes :<br />

« Les gorges de Bouinovo se trouvent à quelques kilomètres plus au sud de Trigrad, le<br />

long de la rivière Bouinovska, affluant initial de Vatcha. Non loin <strong>du</strong> grand carrefour routier à<br />

Téchél, les rochers se joignent presque, en formant <strong>des</strong> gorges majestueuses. Les eaux vives<br />

de la rivière ont creusé la roche calcaire et ont fait un coin magnifique dans la montagne. Les<br />

rochers sont si près, qu'on croit pouvoir sauter de l'un sur l'autre. L'endroit s'appelle « Le saut<br />

<strong>des</strong> loups » et les villageois de Yagodina racontent que les loups affamés en hiver traversent<br />

les gorges ici pour aller s'attaquer à leurs troupeaux. Dans la vallée d'un petit affluant de la<br />

rivière Bouinovska se trouve un autre phénomène naturel - le <strong>Pont</strong> <strong>du</strong> <strong>Diable</strong>. Cette arche<br />

rocheuse est longue de 10 m et large de 2-3, avec une hauteur de 30 m au-<strong>des</strong>sus <strong>du</strong> torrent.<br />

Les falaises <strong>des</strong> deux cotés sont verticales. Selon les légen<strong>des</strong>, ce n'est que le <strong>Diable</strong> qui peut<br />

y passer.<br />

A 1 km plus loin de la bifurcation vers le village de Yagodina on arrive à une <strong>des</strong> plus<br />

belles grottes bulgares - celle de Yagodina.<br />

(Source : http://www.rhodope.net/nat_fr_fr.htm)<br />

Là non plus, on ne trouve pas la <strong>du</strong>perie.


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