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La manoeuvre de Lutzen - Institut de Stratégie et des Conflits (ISC ...

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<strong>La</strong> Manœuvre <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

1813<br />

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© CFHM - <strong>ISC</strong> - 2000<br />

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Commandant <strong>La</strong>nrezac<br />

<strong>La</strong> Manœuvre <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

1813<br />

INSTITUT DE STRATEGIE COMPAREE<br />

EPHE IV – Sorbonne<br />

47, rue <strong>de</strong>s Ecoles, 75005 Paris<br />

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Observation générale<br />

Pour se faire idée <strong>de</strong> la situation générale <strong>de</strong> l’Europe, tant<br />

au point <strong>de</strong> vue politique qu’au point <strong>de</strong> vue militaire, au mois<br />

d’avril 1813, lorsque Napoléon entreprend la mémorable campagne<br />

<strong>de</strong> Saxe, il faut au préalable analyser les événements diplomatiques<br />

<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> l’année 1812 <strong>et</strong> du commencement <strong>de</strong> l’année<br />

1813, puis étudier avec quelques détails la réorganisations <strong>de</strong>s<br />

armées françaises, russes <strong>et</strong> prussiennes <strong>et</strong> enfin j<strong>et</strong>er un coup<br />

d’œil rapi<strong>de</strong> sur les opérations <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> janvier <strong>et</strong> février 1813.<br />

Ces questions étant en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la présente étu<strong>de</strong>, on<br />

s’est borné à leur conserver <strong>de</strong>ux courts chapitres donnant<br />

l’analyse succincte <strong>de</strong>s faits essentiels, analyse rédigée surtout en<br />

vue <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre l’étu<strong>de</strong> directe <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> la correspondance<br />

<strong>de</strong> Napoléon relative à c<strong>et</strong>te époque, qui est du plus grand intérêt.<br />

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I<br />

Situation politique <strong>et</strong> militaire<br />

au commencement <strong>de</strong> l’année 1813<br />

Situation politique<br />

Au commencement <strong>de</strong> l’année 1813, lorsque se répandit la<br />

nouvelle que la Gran<strong>de</strong> Armée avait été anéantie dans les plaines<br />

<strong>de</strong> la Russie, une émotion profon<strong>de</strong> s’empara <strong>de</strong> tous les esprits<br />

en Europe : on comprit qu’une ère nouvelle commençait. Le<br />

prestige <strong>de</strong> Napoléon était irrémédiablement atteint ; sa domination,<br />

maintenue par la force <strong>et</strong> la crainte, chancela, dans ses fon<strong>de</strong>ments.<br />

Par l’eff<strong>et</strong> même <strong>de</strong> sa politique <strong>de</strong> conquête, les peuples<br />

avaient pris conscience <strong>de</strong> leur nationalité. En Prusse, où le sentiment<br />

national était plus général <strong>et</strong> plus vif que partout ailleurs,<br />

on avait vu se développer, en même temps, un sentiment plus<br />

large, celui <strong>de</strong> la patrie alleman<strong>de</strong> ; les universités <strong>et</strong> les sociétés<br />

secrètes avaient été les foyers <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’idée qui peu à<br />

peu s’était répandue dans toute l’Allemagne.<br />

En 1792, la France avait eu à combattre une coalition <strong>de</strong><br />

tous les souverains <strong>de</strong> l’Europe : elle avait vaincu. En 1813, la<br />

situation est tout autre car c’est une coalition <strong>de</strong> peuples qui se<br />

forme contre elle. En eff<strong>et</strong>, le caractère essentiel <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te guerre,<br />

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8<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

c’est d’être une guerre vraiment nationale pour tous nos ennemis,<br />

presque partout l’explosion <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong>s peuples précè<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

détermine, dans une certaine mesure, les résolutions <strong>de</strong>s souverains.<br />

Les Allemands l’ont appelée la Guerre <strong>de</strong> l’Indépendance.<br />

Les souverains, jugeant que Napoléon est encore très redoutable,<br />

hésitent à entrer dans une coalition dirigée contre lui ;<br />

d’ailleurs comme ils se sont combattus successivement les uns les<br />

autres en qualité d’alliés <strong>de</strong> l’Empereur, ils s’inspirent une défiance<br />

réciproque : chacun d’eux ne veut s’engager qu’à son heure<br />

<strong>et</strong> après avoir pris toutes ses sûr<strong>et</strong>és pour ne pas être exposé, en<br />

cas <strong>de</strong> défaite, à payer seul les frais <strong>de</strong> la guerre. Il convient<br />

d’ajouter que si l’entente est complète sur la nécessité <strong>de</strong> réduire<br />

la France <strong>de</strong> telle sorte qu’elle cesse d’être à craindre, il reste à<br />

déterminer comment se fera la répartition <strong>de</strong> ses dépouilles quand<br />

on l’aura vaincue.<br />

Napoléon, en rentrant à Paris, le 18 décembre 1812, avait<br />

trouvé ses ministres d’accord pour lui conseiller <strong>de</strong> conclure la<br />

paix que la France réclamait impérieusement.<br />

Quoique convaincu que le moment était fort mal choisi,<br />

l’Empereur jugea politique d’entamer <strong>de</strong>s négociations en vue <strong>de</strong><br />

la cessation <strong>de</strong>s hostilités. Il aurait vivement désiré entrer en relation<br />

directe avec l’Empereur <strong>de</strong> Russie, mais ce <strong>de</strong>rnier ne répondit<br />

pas à ses avances ; circonvenu par les nombreux réfugiés allemands<br />

qui se trouvaient autour <strong>de</strong> lui, il s’était laissé séduire par<br />

l’idée <strong>de</strong> jouer le rôle <strong>de</strong> libérateur <strong>de</strong> l’Allemagne <strong>et</strong> d’arbitre <strong>de</strong><br />

l’Europe. Napoléon fut donc contraint <strong>de</strong> recourir aux bons offices<br />

<strong>de</strong> l’Autriche.<br />

L’Empereur François-Joseph, sur les conseils <strong>de</strong> Mr <strong>de</strong><br />

M<strong>et</strong>ternich, avait négocié avec la Russie, dès la fin <strong>de</strong> janvier, une<br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 9<br />

convention secrète stipulant la cessation <strong>de</strong>s hostilités entre Autrichiens<br />

<strong>et</strong> Russes. Sans rompre ouvertement avec la France,<br />

l’Autriche allait peu à peu se renfermer dans une neutralité absolue,<br />

à la faveur <strong>de</strong> laquelle elle réorganiserait son armée <strong>de</strong> campagne,<br />

dont l’effectif ne dépassait pas pour le moment 5 000 hommes<br />

; elle laisserait les Russes <strong>et</strong> les Prussiens supporter les premiers<br />

coups <strong>de</strong> Napoléon, <strong>et</strong> n’interviendrait qu’à son heure ;<br />

alors, appuyée sur une armée <strong>de</strong> 150 à 200 000 hommes, elle serait<br />

en état <strong>de</strong> s’attribuer, dans les affaires <strong>de</strong> l’Europe, le rôle<br />

prépondérant qu’elle ambitionnait, <strong>et</strong> dont elle attendait à la fois<br />

gloire <strong>et</strong> profit.<br />

Napoléon comblait donc ses désirs en lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong><br />

s’entrem<strong>et</strong>tre entre la France <strong>et</strong> la Russie, en vue <strong>de</strong> la conclusion<br />

<strong>de</strong> la paix, car c<strong>et</strong>te mission lui perm<strong>et</strong>tait ouvertement<br />

d’entr<strong>et</strong>enir <strong>de</strong>s relations avec la Russie <strong>et</strong> en même temps, <strong>de</strong> se<br />

confirmer dans la neutralité qui convenait à la situation d’une<br />

puissance médiatrice.<br />

Tout en prodiguant <strong>de</strong>s protestations aux <strong>de</strong>ux parties adverses,<br />

elle employa les ressources <strong>de</strong> sa diplomatie pour attirer<br />

dans son système ceux <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />

qu’elle avait chance <strong>de</strong> convaincre : la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg<br />

; elle leur proposa <strong>de</strong> former avec elle une sorte <strong>de</strong> ligue<br />

<strong>de</strong>s Neutres en vue d’imposer aux belligérants une paix basée sur<br />

l’indépendance <strong>de</strong> l’Allemagne.<br />

Le roi <strong>de</strong> Saxe, seul, se laissa séduire un instant ; nous verrons<br />

en eff<strong>et</strong> qu’au moment où les armées coalisées<br />

s’approchèrent <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, à la fin <strong>de</strong> mars, il prescrivit à ce qui<br />

restait <strong>de</strong> l’armée saxonne <strong>de</strong> se renfermer dans Torgau, où<br />

commandait le général Thielman, qui avait ordre <strong>de</strong> ne laisser<br />

entrer dans la place aucune troupe étrangère ; lui-même se rendit<br />

à Prague avec la cavalerie <strong>de</strong> sa gar<strong>de</strong>. Après la victoire <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>,<br />

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10<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

il <strong>de</strong>vait capituler <strong>de</strong>vant les menaces <strong>de</strong> Napoléon <strong>et</strong> rentrer à<br />

Dres<strong>de</strong>, repentant <strong>et</strong> soumis.<br />

Quant aux rois <strong>de</strong> Bavière <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wurtemberg, après quelques<br />

hésitations, ils se décidèrent à rester fidèles à la cause française<br />

lorsqu’ils virent les immenses préparatifs que faisait<br />

l’Empereur pour reprendre l’offensive au printemps.<br />

En Prusse, la nouvelle <strong>de</strong> la défection d’York avait porté à<br />

son comble l’effervescence les esprits ; partout, même sur les<br />

territoires occupés par nos troupes, r<strong>et</strong>entissaient <strong>de</strong>s cris <strong>de</strong><br />

guerre contre la France. Mais, comme les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong><br />

l’armée russe ne faisaient que d’approcher <strong>de</strong> la Vistule, <strong>et</strong> que les<br />

Français maîtres <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong>s forteresses dominaient tout le<br />

pays, le roi Frédéric Guillaume ne crut pas le moment opportun<br />

pour j<strong>et</strong>er le gant à Napoléon. Il résista donc au courant patriotique<br />

qui entraînait son peuple.<br />

Pour calmer la colère <strong>de</strong> l’Empereur, il se hâta <strong>de</strong> désavouer<br />

York. Ne voulant pas combattre la Russie <strong>et</strong> ne pouvant<br />

déclarer la guerre à la France, il eut l’étrange idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

Napoléon <strong>de</strong> négocier avec les Russes la neutralité <strong>de</strong> la Silésie,<br />

où il se r<strong>et</strong>irerait avec l’armée prussienne, exposant « qu’il n’y avait<br />

pas d’autre moyen d’atténuer pour son royaume les malheurs <strong>de</strong> la guerre,<br />

puisque les Français n’étaient plus assez puissants pour le protéger contre<br />

l’invasion <strong>de</strong>s armées étrangères. »<br />

En même temps, il réclama le paiement immédiat d’une<br />

somme <strong>de</strong> 46 millions, dont il prétendait que la France était re<strong>de</strong>vable<br />

à la Prusse pour diverses fournitures <strong>de</strong> subsistances. Il fit<br />

observer, en outre, que la Prusse ayant complètement payé<br />

l’in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> guerre stipulée par le traité <strong>de</strong> Tilsit, l’armée française<br />

<strong>de</strong>vait évacuer les places fortes prussiennes qu’elle occupait<br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 11<br />

L’Empereur refusa catégoriquement d’autoriser les négociations<br />

avec la Russie ; en ce qui concerne les 46 millions, il répondit<br />

qu’il les payerait si toutefois l’examen <strong>de</strong>s comptes démontrait<br />

qu’il les <strong>de</strong>vait ; quant aux forteresses, il déclara que dans<br />

l’intérêt même <strong>de</strong> la Prusse, alliée <strong>de</strong> la France, il fallait y laisser<br />

<strong>de</strong>s garnisons françaises. Pour atténuer l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa réponse, il se<br />

montra prodigue <strong>de</strong> promesses, affirmant que la guerre terminée,<br />

il récompenserait la Prusse <strong>de</strong> sa fidélité en lui donnant « une telle<br />

extension qu’elle pût servir <strong>de</strong> rempart contre la Russie au reste <strong>de</strong><br />

l’Europe. »<br />

Les manifestations <strong>de</strong>s patriotes prussiens <strong>de</strong>venant <strong>de</strong><br />

plus en plus violentes, le roi Frédéric Guillaume sentit qu’il serait<br />

obligé à bref délai <strong>de</strong> prendre parti. Dans ces conditions, il jugea<br />

dangereux <strong>de</strong> rester à Berlin au milieu <strong>de</strong>s troupes françaises : le<br />

22 janvier, il quitta sa capitale <strong>et</strong> gagna Breslau. Puis, sous couvert<br />

<strong>de</strong> compléter son contingent, il rendit un décr<strong>et</strong> appelant sous les<br />

drapeaux les citoyens vali<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 17 à 24 ans.<br />

Napoléon persista pendant quelque temps à compter sur<br />

la fidélité <strong>de</strong> la Prusse, mais quand les Russes s’avancèrent au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la Vistule, la connivence <strong>de</strong>s officiers <strong>et</strong> fonctionnaires prussiens<br />

avec l’ennemi <strong>de</strong>vint si évi<strong>de</strong>nte qu’il fut désabusé.<br />

Le 10 février, il écrivit au Prince Eugène pour lui prescrire<br />

<strong>de</strong> faire cesser les levées prussiennes <strong>et</strong> <strong>de</strong> pourvoir à<br />

l’approvisionnement <strong>de</strong>s places comme en pays conquis, c’est-àdire<br />

par voie <strong>de</strong> réquisition.<br />

Le moment était venu, pour la Prusse, <strong>de</strong> se déclarer : le<br />

28 février Frédéric Guillaume signa avec l’Empereur Alexandre la<br />

convention <strong>de</strong> Kalisch portant alliance défensive <strong>et</strong> offensive<br />

entre la France <strong>et</strong> la Prusse. Frédéric Guillaume voulut que c<strong>et</strong>te<br />

convention restât secrète quelque temps encore ; elle ne fut rendue<br />

publique que le 15 mars, après l’occupation <strong>de</strong> Berlin par<br />

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12<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

les Russes. <strong>La</strong> déclaration <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> la Prusse n’arriva à Paris<br />

que le 27 mars.<br />

<strong>La</strong> coalition fut donc formée tout d’abord <strong>de</strong> la Russie, <strong>de</strong><br />

la Prusse, <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> en outre <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong> qui y adhéra<br />

moyennant la cession <strong>de</strong> la Norvège. C<strong>et</strong>te province appartenait<br />

au Danemark que l’on se proposait d’in<strong>de</strong>mniser par <strong>de</strong>s cessions<br />

<strong>de</strong> territoires en Allemagne. Le Danemark, que l’on n’avait pas<br />

consulté à ce suj<strong>et</strong>, refusa d’entrer dans la coalition <strong>et</strong> même après<br />

la victoire <strong>de</strong> Bautzen, contracta alliance avec Napoléon.<br />

<strong>La</strong> Suè<strong>de</strong>, qui voulut avant tout m<strong>et</strong>tre la main sur son<br />

gage, la Norvège, n’entra en action sur le continent qu’après la<br />

victoire <strong>de</strong> Pleischwitz : il n’y a donc pas à en tenir compte pour<br />

la première partie <strong>de</strong>s opérations. Quant à l’Angl<strong>et</strong>erre, la presque<br />

totalité <strong>de</strong> son armée <strong>de</strong> campagne étant employée en Espagne,<br />

où elle contribuait à immobiliser 250 000 hommes <strong>de</strong> troupes<br />

françaises, elle ne put intervenir en Allemagne ; elle se borna à<br />

ai<strong>de</strong>r ses alliés <strong>de</strong> ses subsi<strong>de</strong>s.<br />

En résumé, jusqu’à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, la lutte en<br />

Allemagne fut circonscrite entre la Russie <strong>et</strong> la Prusse, d’une part<br />

<strong>et</strong> la France (la France d’alors comprenant la moitié <strong>de</strong><br />

l’Allemagne, l’Italie, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />

<strong>de</strong> l’autre.<br />

Divers mémoires publiés ces <strong>de</strong>rnières années ont j<strong>et</strong>é un<br />

jour très vif sur l’histoire diplomatique <strong>de</strong> 1813 qui, jusqu’alors,<br />

avait été très mal connue. Ils ont montré combien l’Autriche était<br />

peu sincère dans ses offres <strong>de</strong> services à Napoléon. C<strong>et</strong>te puissance<br />

se déclarait prête à reprendre les armes en faveur <strong>de</strong> la<br />

France pour imposer à la Russie <strong>et</strong> à la Prusse une paix basée sur<br />

les conditions suivantes : dissolution du duché <strong>de</strong> Varsovie, dissolution<br />

<strong>de</strong> la Confédération du Rhin, abandon <strong>de</strong> toutes les nou-<br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 13<br />

velles provinces françaises <strong>de</strong> la Rive droite du Rhin, <strong>de</strong> la Dalmatie,<br />

<strong>de</strong> l’Illyrie, abandon <strong>de</strong> l’Espagne.<br />

Une telle paix nous laissait encore toute la rive gauche du<br />

Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Italie : elle était donc très acceptable, car la France,<br />

davantage repliée sur elle-même, n’en eût été que plus forte.<br />

Mais en réalité, l’Autriche, la Prusse, la Russie <strong>et</strong><br />

l’Angl<strong>et</strong>erre furent, dès le début, très fortement résolues à réduire<br />

la France à ses limites d’avant 1789, estimant qu’il ne pouvait y<br />

avoir d’équilibre européen <strong>et</strong>, par conséquent, <strong>de</strong> paix durable,<br />

avec une France maîtresse <strong>de</strong> la rive gauche du Rhin.<br />

Napoléon ne fut pas dupe ; il comprit que toute concession<br />

serait interprétée par ses adversaires comme une marque <strong>de</strong><br />

faiblesse <strong>et</strong> provoquerait <strong>de</strong> leur part <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> plus en<br />

plus gran<strong>de</strong>s ; il refusa <strong>de</strong> souscrire aux conditions <strong>de</strong> l’Autriche.<br />

Il se trouva donc acculé à la nécessité <strong>de</strong> continuer la guerre, car il<br />

n’avait pas d’autres moyens d’obtenir une paix honorable que <strong>de</strong><br />

terrasser encore une fois ses ennemis.<br />

Les pourparlers entamés dès le mois <strong>de</strong> février se poursuivirent<br />

pendant les premières opérations ; ils aboutirent, le 4<br />

juin, à la conclusion <strong>de</strong> l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz. Un congrès se<br />

réunit à Prague ; pour les raisons indiquées ci-<strong>de</strong>ssus, l’entente ne<br />

put s’établir. L’Autriche adhéra à la coalition ; les hostilités recommencèrent<br />

le 10 août 1813.<br />

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14<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

R<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée<br />

<strong>de</strong> la Vistule à l’O<strong>de</strong>r 1<br />

Lorsque le 17 janvier 1813, le Prince Murat quitta Posen<br />

après avoir remis au Prince Eugène le Comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce que<br />

l’on appelait encore <strong>La</strong> Gran<strong>de</strong> Armée, la situation était la suivante<br />

:<br />

<strong>La</strong> gar<strong>de</strong>, les 1 er , 2 ème , 3 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps, (français) <strong>et</strong> le 6 ème<br />

Corps bavarois, comptaient 12 000 hommes à peu près vali<strong>de</strong>s,<br />

mais pour la plupart si fatigués qu’il ne fallait pas songer <strong>de</strong> longtemps<br />

à les utiliser pour les opérations actives. Les seules troupes<br />

du centre <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’aile gauche qui eussent conservé leur organisation,<br />

Division polonaise Grandjean du corps <strong>de</strong> Macdonald <strong>et</strong><br />

Division française Hen<strong>de</strong>lek du 11 ème Corps, ayant été j<strong>et</strong>ées dans<br />

la place <strong>de</strong> Dantzig, le Prince Eugène n’aurait eu personne pour<br />

tenir la campagne s’il n’avait été rejoint à Posen par environ<br />

10 000 hommes <strong>de</strong> détachements <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> diverses nationalités.<br />

Les corps <strong>de</strong> l’aile droite, corps auxiliaire autrichien du<br />

prince <strong>de</strong> Schwartzenberg <strong>et</strong> le 7 ème Corps (2 Divisions saxonnes<br />

<strong>et</strong> la 32 ème Division française Général Durutte) du général Reynier,<br />

avaient beaucoup moins souffert : leur effectif était encore<br />

<strong>de</strong> 40 000 hommes (25 000 Autrichiens, 10 000 Saxons <strong>et</strong> 5 000<br />

Français). Ils se repliaient d’Ostrolenka sur Varsovie, où se trouvaient<br />

6 à 7 000 hommes du 8 ème Corps polonais que le Prince<br />

Poniatowski s’efforçait <strong>de</strong> réorganiser.<br />

Quant aux Prussiens, <strong>de</strong>puis la défection d’York, ils prétendaient<br />

n’avoir plus <strong>de</strong> troupes disponibles ; sous prétexte <strong>de</strong><br />

réorganiser leur contingent, ils formaient <strong>de</strong>ux Corps d’armée,<br />

1 Voir le croquis n°1.<br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 15<br />

l’un sous le Général Bülow, aux environs <strong>de</strong> Colberg, en Poméranie<br />

; l’autre en Silésie, sous le Général Blücher.<br />

Enfin York, établi à Koenigsberg, au milieu même <strong>de</strong>s<br />

Russes, mobilisait les réserves <strong>de</strong> la vieille Prusse afin <strong>de</strong> compléter<br />

son corps d’armée, dont il conservait le comman<strong>de</strong>ment malgré<br />

la <strong>de</strong>stitution prononcée contre lui par ses souverains.<br />

Dantzig avait une garnison <strong>de</strong> 30 000 hommes dont un<br />

tiers, il est vrai, se composait <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> convalescents ;<br />

4 000 Français <strong>et</strong> Polonais occupaient Modlin ; un même nombre<br />

Zamose ; à Thorn, la garnison se composait <strong>de</strong> 4 000 Français <strong>et</strong><br />

Bavarois.<br />

Il y avait, en arrière <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, la 31 ème Division française,<br />

Général <strong>La</strong>grange, 10 000 hommes, la <strong>de</strong>rnière qui restât du 11 ème<br />

Corps, mais elle n’était pas disponible car elle assurait la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Berlin, <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>bourg, <strong>de</strong> Spandau <strong>et</strong> <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, Glogau,<br />

Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin où, jusqu’alors, on n’avait pu m<strong>et</strong>tre que<br />

<strong>de</strong>s garnisons insuffisantes. Enfin, la Division Grenier, venant<br />

d’Italie, était attendue à Berlin du 20 au 25 janvier.<br />

Les Russes, eux aussi, avaient beaucoup souffert <strong>de</strong>s rigueurs<br />

d’un hiver exceptionnel : l’effectif total <strong>de</strong> leur armée ne<br />

dépassait pas 110 000 hommes.<br />

Après avoir franchi le Niemen, ils s’étaient fractionnés en<br />

4 Corps : Wittgenstein avec 30 000 hommes avait suivi les débris<br />

<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée par Koenigsberg <strong>et</strong> Elbing ; le 19 janvier, il<br />

avait passé la Vistule mais, obligé d’employer la plus gran<strong>de</strong> partie<br />

<strong>de</strong> ses troupes à masquer Dantzig, il s’était arrêté à Stargar pour<br />

attendre l’arrivée, à sa hauteur, <strong>de</strong> l’amiral Tschitschagow qui<br />

s’avançait très lentement sur Thorn avec 20 000 hommes <strong>de</strong><br />

l’ancienne armée du Danube ; plus au sud, le général Kutrisow,<br />

avec 30 000 hommes, marchait <strong>de</strong> Lyk sur Plock ; le Général Mi-<br />

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16<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

loradowitch, avec 30 000 hommes <strong>de</strong> Godno, se portait sur Varsovie,<br />

suivant sans hâte les Corps <strong>de</strong> Schwartzenberg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Reynier.<br />

En raison <strong>de</strong> la lenteur <strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s Russes, lenteur<br />

suffisamment justifiée par les rigueurs <strong>de</strong> la saison, le mauvais état<br />

<strong>de</strong>s chemins <strong>et</strong> la fatigue <strong>de</strong>s troupes, il était à prévoir que les<br />

colonnes <strong>de</strong> gauche n’atteindraient pas la Vistule avant le commencement<br />

<strong>de</strong> février. Le Prince Eugène, certain <strong>de</strong> disposer d’un<br />

répit <strong>de</strong> 10 à 19 jours, entreprit <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l’ordre dans ses<br />

troupes.<br />

Les débris <strong>de</strong>s Corps revenus <strong>de</strong> Russie n’étant pas susceptibles<br />

d’être employés en rase campagne, il décida <strong>de</strong> les utiliser<br />

pour les places : les débris <strong>de</strong> l’Infanterie du 1 er Corps furent<br />

envoyés à St<strong>et</strong>tin, ceux du 2 ème à Küstrin, ceux du 3 ème à Spandau<br />

<strong>et</strong> ceux du 4 ème à Glogau ; grossis <strong>de</strong> divers détachements qui se<br />

trouvaient dans ces places, ou qui étaient en route pour s’y rendre,<br />

(entre autres, les compagnies <strong>de</strong>s vaisseaux), ils <strong>de</strong>vaient former<br />

autant <strong>de</strong> compagnies qu’ils compteraient <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong><br />

soldats présents ; les cadres disponibles seraient renvoyés sur Erfurt<br />

pour servir à l’organisation d’unités nouvelles.<br />

Avec quelques hommes empruntés aux Corps énumérés<br />

ci-<strong>de</strong>ssus (<strong>de</strong>s gradés surtout), les débris <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, 2 bataillons<br />

<strong>de</strong> jeunes gar<strong>de</strong>s appelés <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin, <strong>et</strong> les détachements <strong>de</strong> marche<br />

dont nous avons parlé, le tout faisant environ 12 000 hommes,<br />

on organisa environ 4 faibles divisions : une bavaroise sous<br />

le Général Rechberg ; une polonaise sous le Général Girard ; une<br />

française sous le Général Gérard ; <strong>et</strong> enfin une dite <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong><br />

sous le Général Rogu<strong>et</strong>. <strong>La</strong> cavalerie se réduisait à moins <strong>de</strong> 2 000<br />

hommes, 500 <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, 400 Bavarois, <strong>et</strong> 500 à 1 000 lanciers<br />

lituaniens.<br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 17<br />

L’organisation d’un aussi p<strong>et</strong>it nombre d’hommes en quatre<br />

divisions fut motivée par le désir d’en imposer à l’ennemi<br />

« dans l’esprit duquel, pensait-on, le mot <strong>de</strong> division ne manquerait pas<br />

d’éveiller l’idée <strong>de</strong> force numérique qui correspond habituellement à l’unité<br />

ainsi dénommée » 1 .<br />

Le gros <strong>de</strong>s forces <strong>et</strong> le Quartier général se placèrent à Posen<br />

; la Division Bavaroise fut postée à Guesen pour assurer la<br />

liaison avec Thorn <strong>et</strong> Varsovie ; les lanciers lituaniens du prince<br />

Gedroiez, à Hirke, sur la Wartha, afin <strong>de</strong> couvrir la ligne <strong>de</strong> communication<br />

avec Francfort.<br />

Le prince Eugène ne tarda pas à être convaincu qu’il ne<br />

fallait pas compter sur le concours <strong>de</strong>s Autrichiens <strong>et</strong> qu’il y avait<br />

tout à redouter <strong>de</strong>s Prussiens.<br />

Le Prince <strong>de</strong> Schwartzenberg, qu’il avait invité à couvrir<br />

Varsovie le plus longtemps possible, <strong>de</strong> concert avec les 7 ème <strong>et</strong><br />

8 ème Corps, <strong>et</strong> à se replier ensuite sur Kalisch, lui répondit « que<br />

l’état <strong>de</strong> ses forces ne lui perm<strong>et</strong>tant pas <strong>de</strong> courir le risque d’un engagement, il<br />

évacuerait Varsovie dès que les Russes s’en approcheraient, <strong>et</strong> qu’il se replierait<br />

non pas sur Kalisch mais sur Cracovie, afin <strong>de</strong> couvrir la Galicie <strong>et</strong> <strong>de</strong> se<br />

rapprocher <strong>de</strong> ses dépôts ». En fait, Schwartzenberg venait <strong>de</strong> conclure<br />

un armistice verbal avec l’Etat-Major russe ; il était convaincu<br />

qu’il se r<strong>et</strong>irerait sur la Galicie <strong>et</strong> qu’un corps russe le suivrait à<br />

distance afin qu’il pût expliquer sa r<strong>et</strong>raite par la crainte <strong>de</strong><br />

s’engager contre un ennemi supérieur.<br />

Le Prince Eugène ayant ordonné à Bülow <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre à<br />

la disposition du Maréchal Victor, le général prussien répondit par<br />

un refus catégorique, alléguant que seul le roi <strong>de</strong> Prusse avait qualité<br />

pour lui donner un tel ordre. Les coureurs russes qui battaient<br />

1 Campagne <strong>de</strong> 1813 par le Général Paudoncourt.<br />

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18<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

l’estra<strong>de</strong> dans toute la Poméranie n’étaient nullement inquiétés<br />

par les Prussiens, dont la connivence avec l’ennemi était si évi<strong>de</strong>nte<br />

que l’on <strong>de</strong>vait s’attendre à les voir faire défection au premier<br />

jour.<br />

<strong>La</strong> Division Grenier, qui venait d’Italie, atteignit Berlin du<br />

20 au 25 janvier ; elle fut immédiatement dédoublée pour former<br />

les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions, qui constituèrent avec la Division<br />

<strong>La</strong>grange, 31 ème , un nouveau 11 ème Corps, dont le Maréchal Gouvion<br />

Saint-Cyr prit le comman<strong>de</strong>ment. Les garnisons <strong>de</strong>s places<br />

<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r étant assurées par les moyens indiqués ci-<strong>de</strong>ssus, le<br />

11 ème Corps allait être disponible pour les opérations actives ;<br />

mais, comme il fallait faire sortir <strong>de</strong>s places la 31 ème Division, <strong>et</strong><br />

faire reposer les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème , qui étaient très fatiguées, on ne<br />

pouvait espérer que le corps d’armée fut prêt à se porter au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r avant le 10 février. D’ailleurs, le Prince Eugène, contrairement<br />

à l’opinion <strong>de</strong> l’Empereur, estimait que ce n’était pas <strong>de</strong><br />

trop <strong>de</strong> tout le 11 ème Corps pour dominer Berlin <strong>et</strong> la Marche, où<br />

les populations, en proie à une excitation croissante <strong>de</strong>puis la<br />

défection d’York, ne cessaient <strong>de</strong> proférer <strong>de</strong>s cris <strong>de</strong> guerre<br />

contre la France.<br />

Maintenu à Posen par les ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, le<br />

Prince Eugène allait bientôt s’y trouver dans une situation très<br />

périlleuse.<br />

Wittgenstein, obligé <strong>de</strong> rester immobile à Stargar, avait<br />

voulu au moins utiliser ses troupes légères pour inquiéter les<br />

Français <strong>et</strong> essayer <strong>de</strong> provoquer les soulèvement <strong>de</strong>s populations<br />

prussiennes. Avec une partie <strong>de</strong> ses cosaques, il avait organisé<br />

trois détachements francs, comprenant chacun <strong>de</strong> 1 200 à 1 500<br />

cavaliers <strong>et</strong> 2 canons <strong>et</strong> leur avait donné pour chef le Général<br />

Tschernitchew <strong>et</strong> les colonels Bekendorf <strong>et</strong> T<strong>et</strong>tenborn, qui ne<br />

tardèrent pas à acquérir à nos dépens la réputation méritée <strong>de</strong><br />

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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 19<br />

partisans audacieux <strong>et</strong> habiles. Les partisans russes se lancèrent à<br />

travers la Poméranie, accueillis partout comme <strong>de</strong>s libérateurs <strong>et</strong><br />

fraternisant avec les troupes <strong>de</strong> Bülow ; leur hardiesse ne connut<br />

bientôt plus <strong>de</strong> bornes ; dès le 5 février, leurs pointes poussèrent<br />

jusqu’à l’O<strong>de</strong>r.<br />

Tschitschagow atteignit Thorn le 28 janvier ; après avoir<br />

procédé, sans se presser, à l’investissement <strong>de</strong> la place, il se porta,<br />

le 8 février, sur Bromberg pendant que son avant-gar<strong>de</strong> s’avançait<br />

sur Posen. A c<strong>et</strong>te même date du 8 février, les 2 colonnes <strong>de</strong> gauche<br />

occupèrent simultanément Plock <strong>et</strong> Varsovie.<br />

Les Autrichiens, à l’approche <strong>de</strong>s Russes, s’étaient repliés<br />

sur Cracovie, entraînant dans leur mouvement les 8 à 9 000 Polonais<br />

<strong>de</strong> Poniatowski ; quant au général Reynier, que Schwartzenberg<br />

avait prévenu plusieurs jours à l’avance <strong>de</strong> son intention<br />

formelle <strong>de</strong> ne pas défendre Varsovie, il avait quitté c<strong>et</strong>te ville<br />

avec le 7 ème Corps du 4 au 5 février <strong>et</strong> rétrogradait sur Kalisch.<br />

Le 10 février, les avant-postes du Prince Eugène furent<br />

assaillis à Rogasen par l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tschitschagow <strong>et</strong> obligés<br />

<strong>de</strong> se replier sur Posen ; le 11, les lanciers lituaniens du Prince<br />

Gerdroiez, surpris à Zirke par les cosaques <strong>de</strong> Tschernitchew,<br />

furent aux trois-quarts détruits : il était grand temps pour nous<br />

d’évacuer Posen. Le Prince Eugène rassembla ses troupes <strong>et</strong> le 12,<br />

se mit en r<strong>et</strong>raite ; le 18, il atteignit l’O<strong>de</strong>r, à Francfort, où<br />

l’attendait le Maréchal Gouvion Saint-Cyr avec les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème<br />

divisions. Là, il apprit que les Cosaques avaient franchi l’O<strong>de</strong>r dès<br />

le 16 février, en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> que, déjà, ils battaient<br />

l’estra<strong>de</strong> aux abords même <strong>de</strong> Berlin.<br />

Le général Reynier, qui croyait avoir <strong>de</strong> l’avance, le 12,<br />

s’était arrêté à Kalisch pour y faire reposer ses troupes, sa cavalerie<br />

surveillant la direction <strong>de</strong> Varsovie. Le 13, il avait été assailli à<br />

l’improviste par un corps russe accouru <strong>de</strong> Plock à marches for-<br />

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20<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

cées, dans l’espoir <strong>de</strong> le couper <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r. Les troupes, dispersées<br />

dans <strong>de</strong>s cantonnements très étendus, avaient eu grand peine à se<br />

rallier <strong>et</strong> à se dégager <strong>de</strong> l’étreinte <strong>de</strong>s Russes. Le gros, réduit à<br />

9 000 hommes, s’était replié sur Ylogan où il arriva le 19 ; une<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> quelques compagnies d’infanterie, qui<br />

n’avaient pu passer, se r<strong>et</strong>irèrent vers Czerstockau où elles se joignirent<br />

au corps polonais.<br />

Le dégel étant survenu, la débâcle <strong>de</strong>s glaces avait commencé<br />

sur l’O<strong>de</strong>r ; le flanc pouvait donc être défendu.<br />

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II<br />

Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis<br />

<strong>La</strong> France <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin.<br />

Forces disponibles en Allemagne à la fin <strong>de</strong> 1813<br />

A la fin <strong>de</strong> janvier 1813, l’effectif <strong>de</strong>s troupes françaises <strong>et</strong><br />

alliées disponibles au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la garnison <strong>de</strong>s<br />

places, ne dépassait pas 60 000 hommes <strong>de</strong> toutes armes :<br />

- à Posen, avec le Prince Eugène, 12 000 hommes répartis en<br />

quatre faibles divisions <strong>de</strong>stinées à se fondre dans les autres<br />

corps <strong>de</strong> l’armée au cours <strong>de</strong>s opérations ;<br />

- à Varsovie, le 7 ème Corps, commandé par le général Reynier<br />

<strong>et</strong> comprenant 2 divisions saxonnes <strong>et</strong> une division française<br />

(32 ème général Durutte), 15 000 hommes, <strong>et</strong> le 8 ème<br />

Corps qui était en voie <strong>de</strong> réorganisation <strong>et</strong> comptait à<br />

peine 8 000 polonais ; entre l’Elbe <strong>et</strong> l’O<strong>de</strong>r, le 11 ème Corps<br />

d’armée, commandé par le Maréchal Gouvion Saint-Cyr,<br />

30 000 hommes.<br />

Depuis sa rentrée à Paris, Napoléon travaillait activement<br />

à refaire <strong>de</strong> toutes pièces la Gran<strong>de</strong> Armée.<br />

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22<br />

Organisation d’une armée nouvelle<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Au mois d’octobre 1812, <strong>de</strong> Moscou, il avait prescrit au<br />

ministre <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong> faire passer <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> rigueur dans<br />

les dépôts <strong>et</strong> dans les hôpitaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> diriger sur Mayence tout ce<br />

qui serait disponible ; d’après les documents authentiques, en ce<br />

qui concerne l’infanterie, on trouva 1 822 soldats en état <strong>de</strong> partir<br />

<strong>et</strong> 4 547 mala<strong>de</strong>s dont on attendait la guérison pour les m<strong>et</strong>tre en<br />

route : c’était tout ce qui restait <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> la conscription <strong>de</strong><br />

1812 attribuée au régiment d’infanterie française <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong><br />

Armée.<br />

A la même époque, un appel <strong>de</strong> 137 000 hommes avait été<br />

fait sur la conscription <strong>de</strong> 1813. Les opérations <strong>de</strong> recrutement<br />

durèrent tout le mois <strong>de</strong> novembre ; dans la première quinzaine<br />

<strong>de</strong> décembre, la plupart <strong>de</strong>s dépôts reçurent la majeure<br />

partie <strong>de</strong> leur contingent, les <strong>de</strong>ux-tiers environ, l’arrivée du reste<br />

se prolongea jusqu’au mois <strong>de</strong> janvier.<br />

Fort heureusement, les cohortes constituaient une force<br />

plus immédiatement disponible. L’Empereur, avant <strong>de</strong> s’engager<br />

dans la campagne <strong>de</strong> Russie, avait crée, pour gar<strong>de</strong>r le territoire <strong>de</strong><br />

l’Empire, une force intermédiaire entre la l’armée régulière <strong>et</strong> la<br />

gar<strong>de</strong> nationale. Par une <strong>de</strong> ces levées rétroactives qui étaient<br />

alors d’usage, il s’était procuré environ 80 000 hommes <strong>de</strong> 21 à 27<br />

ans (classes <strong>de</strong> 1807 à 1812) qu’il avait réunis en bataillons. Afin<br />

d’atténuer le mauvais eff<strong>et</strong> produit par c<strong>et</strong>te mesure exceptionnelle,<br />

il avait fait inscrire dans le décr<strong>et</strong> d’appel la mention que ces<br />

bataillons ne seraient pas employés hors du territoire français ; en<br />

outre, il leur avait donné ce nom <strong>de</strong> Cohorte emprunté à<br />

l’Antiquité dans le but <strong>de</strong>s différencier davantage <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong><br />

ligne. Chaque cohorte comprenait 7 compagnies d’infanterie,<br />

dont une <strong>de</strong> dépôt <strong>et</strong> une compagnie d’artillerie ; l’effectif aurait<br />

dû dépasser 1 000 hommes ; en réalité, il s’était maintenu au-<strong>de</strong>s-<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 23<br />

sous <strong>de</strong> 800. 1 300 hommes <strong>de</strong> la conscription <strong>de</strong> 1813 avaient été<br />

affectés en complément <strong>de</strong>s cohortes mais, en janvier, 6 000 seulement<br />

avaient rejoint.<br />

Grâce à une pression habile, on réussit à provoquer <strong>de</strong> la<br />

part d’un grand nombre <strong>de</strong> ces corps le vœu <strong>de</strong> faire campagne.<br />

L’Empereur s’empressa <strong>de</strong> faire rendre un senatus-consulte (11<br />

janvier 1813) appelant à l’activité les 88 cohortes.<br />

Le même senatus-consulte ordonna la levée par anticipation<br />

<strong>de</strong> 150 000 conscrits <strong>de</strong> la classe 1814 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 100 000 hommes<br />

<strong>de</strong>s quatre classes <strong>de</strong> 1809 à 1812.<br />

Pour en finir avec c<strong>et</strong>te question, nous dirons <strong>de</strong> suite<br />

qu’au mois d’avril, fut décrétée une nouvelle levée <strong>de</strong> 180 000<br />

hommes, à savoir 80 000 hommes <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> 1807 à 1812,<br />

90 000 hommes <strong>de</strong> la classe 1814, 10 000 gar<strong>de</strong>s d’honneur à<br />

cheval. Ces <strong>de</strong>rniers étaient <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> famille noble ou<br />

<strong>de</strong> bourgeoisie aisée qui, ayant échappé aux levées précé<strong>de</strong>ntes<br />

par le remplacement, se trouvaient contraints au service personnel<br />

: dans l’armée, on les nomma généralement les otages.<br />

Il faut enfin noter les offres <strong>de</strong> cavaliers équipés <strong>et</strong> montés<br />

faites par les départements <strong>et</strong> les villes.<br />

En résumé, les diverses levées ordonnées du mois<br />

d’octobre 1812 au mois d’avril 1813 s’élèvent au total <strong>de</strong> 647 000<br />

hommes ; il est vrai que les <strong>de</strong>rnières donnèrent lieu à beaucoup<br />

<strong>de</strong> mécompte, surtout dans les nouvelles provinces <strong>de</strong> l’Empire.<br />

Les populations <strong>de</strong> l’ancienne France, qui étaient pourtant<br />

animées d’un vif mécontentement contre l’Empereur, dont elles<br />

maudissaient l’ambition, firent preuve d’un patriotisme élevé :<br />

elles comprirent la nécessité <strong>de</strong> donner à Napoléon les moyens <strong>de</strong><br />

faire la guerre puisqu’il n’était pas possible d’obtenir une paix<br />

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24<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

honorable tant que <strong>de</strong> nouvelles victoires n’auraient pas rétabli le<br />

prestige <strong>de</strong> nos armes.<br />

L’ordre ne fut troublé sérieusement nulle part <strong>et</strong>, en définitive,<br />

les dépôts reçurent assez d’hommes pour assurer les formations<br />

ordonnées. D’ailleurs, le plus difficile ne fut pas <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>de</strong>s hommes, mais bien <strong>de</strong>s cadres pour les utiliser.<br />

En ce qui concerne l’artillerie, le Génie <strong>et</strong> le train <strong>de</strong>s<br />

équipages, on avait le nécessaire ; il n’en était pas <strong>de</strong> même pour<br />

l’Infanterie <strong>et</strong> la Cavalerie.<br />

Infanterie – Après quelques hésitations provenant <strong>de</strong> ce qu’il ne<br />

fut pas <strong>de</strong> suite exactement renseigné sur la situation, l’Empereur<br />

arrêta comme il suit les dispositions à prendre pour la réorganisation<br />

<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée.<br />

1. Les 36 régiments qui avaient fait partie <strong>de</strong>s 4 premiers corps<br />

<strong>de</strong>vaient être reconstitués à quatre bataillons <strong>de</strong> guerre. Or,<br />

abstraction faite <strong>de</strong> ce qui était resté dans les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Vistule, les cadres revenus <strong>de</strong> Russie suffisaient à<br />

peine pour un bataillon, un bataillon <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi ; il y avait donc à<br />

créer <strong>de</strong> toutes pièces plus <strong>de</strong> cent cadres <strong>de</strong> bataillon exigeant<br />

2 000 officiers.<br />

2. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> dépôt, il y avait en France <strong>et</strong> en<br />

Italie une centaine <strong>de</strong> bataillons appartenant à <strong>de</strong>s régiments<br />

dont le gros était détaché en Espagne, en Illyrie, <strong>et</strong>c. ; ceux<br />

qui se trouvaient hors <strong>de</strong> France avaient leurs cadres compl<strong>et</strong>s<br />

<strong>et</strong> comptaient même un certain nombre d’anciens soldats ;<br />

ceux <strong>de</strong> France se réduisaient à <strong>de</strong>s cadres, dont le tiers <strong>de</strong>s<br />

emplois était vacant. Après que leurs cadres eurent été complétés,<br />

puis remplis au moyen <strong>de</strong> recrues <strong>de</strong> la classe 1813, 60<br />

<strong>de</strong> ces bataillons environ furent groupés soit par <strong>de</strong>ux, soit<br />

par trois pour former <strong>de</strong>s régiments dits <strong>de</strong> ligne, quand les<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 25<br />

bataillons appartenaient au même régiment, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s régiments<br />

dits provisoires dans le cas contraire.<br />

3. Les cohortes débarrassées <strong>de</strong> leurs compagnies d’artillerie<br />

furent groupées quatre par quatre en 22 régiments <strong>de</strong> ligne (n°<br />

139 à 156) comprenant chacun 4 bataillons <strong>de</strong> guerre à 6<br />

compagnies <strong>et</strong> un bataillon <strong>de</strong> dépôt.<br />

4. L’artillerie <strong>de</strong> marine comptait près <strong>de</strong> 16 000 anciens soldats<br />

qui restaient inutilisés dans nos ports bloqués par les flottes<br />

anglaises ; 8 000 d’entre eux, mêlés à 4 000 conscrits <strong>de</strong> 1813,<br />

formèrent quatre régiments d’infanterie <strong>de</strong> marine, qui comptèrent<br />

tout d’abord 14 bataillons.<br />

5. Avec 5 000 hommes <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> municipale <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

compagnies départementales, on organisa 2 régiments, le<br />

134 ème (<strong>de</strong>ux bataillons) <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong> le 37 ème léger (quatre bataillons).<br />

6. Il restait, en Italie, trois vieux régiments, le 13 ème <strong>de</strong> ligne (5<br />

bataillons), le 23 ème (4 bataillons) <strong>et</strong> le 101 ème (3 bataillons) : on<br />

décida <strong>de</strong> les faire servir en Allemagne.<br />

<strong>La</strong> mise sur le pied <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> tous ces corps exigeait<br />

beaucoup d’officiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> sous-officiers. Il fallait non seulement<br />

pourvoir aux emplois effectivement vacants, qui étaient déjà très<br />

nombreux, mais encore assurer le remplacement d’un nombre<br />

considérable d’officiers <strong>de</strong>s Cohortes, <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> marine <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> municipale, qui n’étaient pas capables <strong>de</strong> faire un service<br />

<strong>de</strong> guerre. On eut recours aux cadres <strong>de</strong>s dépôts, dont on<br />

combla les vacances ainsi produites en rappelant à l’activité<br />

d’anciens officiers, démissionnaires, r<strong>et</strong>raités, <strong>et</strong>c.. On fit <strong>de</strong>s nominations<br />

jusqu’à l’extrême limite <strong>de</strong> la loi, au-<strong>de</strong>là même ; enfin,<br />

on trouva <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ressources dans l’armée d’Espagne, dont les<br />

cadres avaient été jusque là constitués avec une gran<strong>de</strong> prodiga-<br />

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26<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

lité. L’Empereur prescrivit <strong>de</strong> resserrer les unités <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée, <strong>de</strong><br />

manière à ne gar<strong>de</strong>r qu’autant <strong>de</strong> bataillons qu’il y aurait <strong>de</strong> fois<br />

840 hommes présents <strong>et</strong> <strong>de</strong> diriger sur Paris en poste tous les<br />

gradés disponibles.<br />

Les éléments énumérés ci-<strong>de</strong>ssus furent utilisés pour la<br />

formation <strong>de</strong>s corps d’armée suivants :<br />

1°<br />

Corps d’observation <strong>de</strong><br />

l’Elbe (plus tard, 5 ème<br />

Corps)<br />

4 Divisions d’Infanterie :<br />

Général <strong>La</strong>uriston<br />

2°<br />

1 er Corps d’obser-vation<br />

du Rhin (plus tard, 3 ème<br />

Corps)<br />

4 Divisions d’Infanterie :<br />

Maréchal Ney.<br />

3°<br />

2 ème Corps d’obser-vation<br />

du Rhin (plus tard,<br />

6 ème Corps),<br />

4 Divisions : Maréchal<br />

Marmont<br />

11 régiments <strong>de</strong> cohortes<br />

134 ème <strong>de</strong> ligne (gar<strong>de</strong><br />

municipale <strong>de</strong> Paris)<br />

le 2 ème étranger<br />

48 bataillons<br />

8 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />

13 régiments <strong>de</strong> lignes<br />

ou provisoires,<br />

60 bataillons<br />

4 régiments <strong>de</strong> marine,<br />

2 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />

12 régiments <strong>de</strong> lignes<br />

ou provisoires,<br />

37 ème léger (compagnies<br />

départementales),<br />

50 bataillons<br />

Se rassembla à Mag<strong>de</strong>bourg<br />

du 19 février au 19 mars.<br />

Se rassembla aux environs<br />

<strong>de</strong> Mayence du commencement<br />

à la fin <strong>de</strong> mars<br />

Les trois premières Divisions<br />

se rassemblèrent à<br />

Mayence la fin <strong>de</strong> mars <strong>et</strong><br />

au commencement d’avril.<br />

Quant à la 4 ème, qui ne fut<br />

prête que beaucoup plus<br />

tard vers la fin <strong>de</strong> mai, elle<br />

ne fit jamais partie du 6 ème<br />

Corps<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 27<br />

4°<br />

Corps d’observation<br />

d’Italie,<br />

4 Divisions : Général<br />

Bertrand<br />

5°<br />

1 er Corps d’armée,<br />

4 Divisions (n° 1, 2, 3,<br />

3 bis)<br />

2 ème Corps d’armée,<br />

3 Divisions (n° 4, 5, 6)<br />

3 vieux régiments <strong>de</strong><br />

ligne,<br />

2 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />

8 régiments <strong>de</strong> lignes ou<br />

provisoires,<br />

1 régiment croate,<br />

5 régiments italiens<br />

54 bataillons<br />

Dès le commencement <strong>de</strong><br />

mars, fut dirigé par le Tyrol<br />

sur Augsburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> là sur<br />

Bamberg. Au cours <strong>de</strong>s<br />

opérations, ce corps fut<br />

dédoublé pour former, avec<br />

<strong>de</strong>ux divisions alliées, une<br />

Bavaroise <strong>et</strong> une Wurtembergeoise,<br />

les 4 e <strong>et</strong> 12 e<br />

Corps, que commandèrent<br />

le Général Bertrand (4 e) <strong>et</strong><br />

le Maréchal Oudinot (12 e)<br />

Composé <strong>de</strong>s 16 régiments français <strong>de</strong>s anciens 2 ème<br />

<strong>et</strong> 3 ème Corps<br />

reconstitués à 4 bataillons<br />

12 régiments français <strong>de</strong>s anciens 2 ème <strong>et</strong> 3 ème Corps<br />

reconstitués à 4 Bataillons.<br />

Les 7 Divisions <strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps durent être formées successivement<br />

<strong>de</strong> la manière suivante :<br />

- les 28 bataillons n° 2 composèrent les 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions ;<br />

les cadres prélevés sur ceux rentrés <strong>de</strong> Russie avaient été arrêtés<br />

à Erfurt où on leur envoya leurs recrues.<br />

L’organisation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux Divisions fut terminée dès la fin<br />

<strong>de</strong> février ; mais comme les recrues n’avaient fait que <strong>de</strong> traverser<br />

les dépôts <strong>et</strong> que leurs cadres <strong>de</strong> conduite, réduits à<br />

quelques gradés, n’avaient pu les discipliner <strong>et</strong> à les instruire<br />

au cours du voyage, ces Divisions ne furent en état <strong>de</strong> rendre<br />

<strong>de</strong>s services que vers le commencement d’avril.<br />

Les 28 bataillons n°4, organisés dans les dépôts, se rassemblèrent<br />

à Hesel <strong>et</strong> formèrent les 2 ème <strong>et</strong> 5 ème Divisions qui furent<br />

dirigées sur Brême où elles arrivèrent du 10 au 15 avril.<br />

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28<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Ces 2 ème <strong>et</strong> 5 ème Divisions constituèrent jusqu’à l’armistice,<br />

avec la Division dite <strong>de</strong> Hamburg, un Corps d’armée provisoire<br />

<strong>de</strong>stiné à opérer sur le bas-Elbe <strong>et</strong> qui eut pour chef le<br />

général Vandamme.<br />

Les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème Divisions furent également formées à Hesel<br />

avec les 28 bataillons n°1, puis dirigées sur Brême où elles<br />

n’arrivèrent qu’à la fin <strong>de</strong> mai. On les employa tout d’abord à<br />

renforcer le corps <strong>de</strong> Vandamme.<br />

Quant aux 28 bataillons n° 3, ils ne furent prêts à marcher<br />

qu’au mois <strong>de</strong> juin ; en principe, ils <strong>de</strong>vaient servir les 16 bataillons<br />

du 1 er Corps à former la Division 3 bis, les 12 du 2 ème<br />

Corps à compléter à quatre bataillons les régiments <strong>de</strong>s Divisions<br />

4, 5, 6.<br />

C<strong>et</strong>te organisation n’était que provisoire ; il était entendu qu’on<br />

grouperait les bataillons <strong>de</strong> chaque régiment dès que les circonstances<br />

le perm<strong>et</strong>traient. C’est seulement pendant l’armistice que<br />

l’opération put être effectuée <strong>et</strong> encore pas complètement.<br />

6°<br />

On usa <strong>de</strong> procédés i<strong>de</strong>ntiques à ceux que nous venons d’indiquer<br />

pour assurer la réorganisation successive <strong>de</strong> la Division Durutte<br />

(32 ème ) du 7 ème Corps <strong>et</strong> la formation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux divisions nouvelles,<br />

une affectée jusqu’à nouvel ordre à la place d’Erfurt, l’autre <strong>de</strong>stinée<br />

en principe à Hamburg <strong>et</strong> qui fit partie du Corps provisoire<br />

<strong>de</strong> Vandamme jusqu’à l’armistice.<br />

<strong>La</strong> gar<strong>de</strong> fut reconstituée à 4 divisions ; une <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong>,<br />

formée <strong>de</strong> ce qui était revenu <strong>de</strong> Russie <strong>et</strong> <strong>de</strong> 3 000 vieux soldats<br />

d’élite tirés <strong>de</strong> l’armée d’Espagne ; trois <strong>de</strong> jeunes gar<strong>de</strong>s formées<br />

<strong>de</strong> conscrits choisis <strong>et</strong> qui se rassemblèrent successivement à<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 29<br />

Mayence, la 1 ère à la fin <strong>de</strong> mars, la 2 ème à la fin d’avril <strong>et</strong> la 3 ème en<br />

juin.<br />

Enfin, le 4 avril, l’Empereur prescrivit la formation <strong>de</strong> 2 Corps<br />

d’armée <strong>de</strong> réserve qui se réuniraient l’un à Mayence <strong>et</strong> l’autre en<br />

Italie ; les bataillons <strong>de</strong>stinés à former ces <strong>de</strong>ux Corps d’armée<br />

étaient à organiser <strong>de</strong> toutes pièces : ils ne purent être mis sur<br />

pied qu’au mois d’août.<br />

Cavalerie – <strong>La</strong> Cavalerie était encore plus difficile à rétablir que<br />

l’Infanterie. Il n’était rentré <strong>de</strong> Russie que 9 ou 10 000 cavaliers <strong>et</strong>,<br />

dans les dépôts, il n’y avait guère que <strong>de</strong>s cadres. On compléta les<br />

cadres par les mêmes moyens que pour l’Infanterie ; pour les cavaliers,<br />

on prit <strong>de</strong>s conscrits en s’efforçant <strong>de</strong> choisir ceux qui<br />

avaient une certaine habitu<strong>de</strong> du cheval.<br />

Il fut décidé :<br />

1. Que la cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> serait entièrement reconstituée ;<br />

2. Que les 52 régiments qui avaient fait partie <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée<br />

seraient réorganisés <strong>et</strong> que l’on en formerait <strong>de</strong>ux Corps :<br />

le 1 er , sous le Général <strong>La</strong>tour-Maubourg, comptant quatre Divisions,<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> grosse cavalerie <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> légère ; le 2 ème ,<br />

sous le Général Sébastiani, comptant trois Divisions, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />

légère <strong>et</strong> une <strong>de</strong> grosse cavalerie ;<br />

3. Que les 31 régiments <strong>de</strong> l’armée d’Espagne, indépendamment<br />

<strong>de</strong>s cadres qu’ils cé<strong>de</strong>raient pour la réorganisation <strong>de</strong>s 52 régiments<br />

<strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps, fourniraient <strong>de</strong>s éléments (chacun<br />

un escadron) pour la formation d’un 3 ème Corps comptant<br />

quatre Divisions <strong>et</strong> dont le comman<strong>de</strong>ment serait exercé par<br />

la Général Orrighi.<br />

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30<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> nécessité d’utiliser les moindres fractions <strong>de</strong> cavalerie à<br />

mesure qu’elles étaient prêtes conduisit à adopter les dispositions<br />

suivantes :<br />

Les premières compagnies formées dans chaque Division<br />

seraient réunies en un régiment provisoire <strong>de</strong> telle sorte que le<br />

corps <strong>de</strong> cavalerie, lors <strong>de</strong> sa mise en route, compterait autant <strong>de</strong><br />

régiments qu’il <strong>de</strong>vait avoir <strong>de</strong> Divisions quand son organisation<br />

serait achevée ;<br />

A mesure que <strong>de</strong> nouvelles compagnies seraient prêtes, les<br />

dépôts les dirigeraient sur un point <strong>de</strong> rassemblement fixé, où l’on<br />

en formerait <strong>de</strong>s régiments <strong>de</strong> marche, se composant chacun <strong>de</strong>s<br />

compagnies appartenant à la même Division ; ces régiments <strong>de</strong><br />

marche, groupés en une Division provisoire, seraient dirigés sur<br />

l’Armée ; dès que la Division provisoire aurait rejoint le corps <strong>de</strong><br />

cavalerie correspondant, elle serait dissoute, les diverses compagnies<br />

ralliant leurs régiments respectifs.<br />

Quand les effectifs le perm<strong>et</strong>traient, on reconstituerait les<br />

briga<strong>de</strong>s, puis les divisions définitives.<br />

Le noyau du 1 er Corps fut organisé à Mag<strong>de</strong>bourg <strong>et</strong> celui<br />

du 2 ème à Brunswick ; ils comptèrent l’un <strong>et</strong> l’autre 3 500 à 4 000<br />

cavaliers montés. Les Divisions <strong>de</strong> marches <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux Corps se<br />

réunirent à Mayence ; les <strong>de</strong>ux premières (une pour chaque<br />

Corps) en partirent vers la fin d’avril, les autres ne furent formées<br />

qu’après l’armistice.<br />

<strong>La</strong> cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> s’organisa, en partie à Mayence, en<br />

partie à Paris. Lors <strong>de</strong> l’entrée en campagne, son effectif s’éleva à<br />

près <strong>de</strong> 4 000 cavaliers.<br />

L’Empereur avait espéré (voir la correspondance) que le<br />

1 er <strong>et</strong> le 2 ème Corps réuniraient à la fin d’avril, 15 000 cavaliers<br />

montés ; mais la perte <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong> les incursions <strong>de</strong>s cosaques<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 31<br />

dans le Hanovre ayant désorganisé le service <strong>de</strong>s remontes, le<br />

Général Bourcier, commandant supérieur <strong>de</strong>s dépôts <strong>de</strong><br />

l’Allemagne du Nord, ne put obtenir l’exécution <strong>de</strong>s marchés qu’il<br />

avait passés, si bien que les cavaliers remontés par ses soins ne<br />

dépassèrent pas 8 000 à l’époque indiquée ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Les dépôts <strong>de</strong> France se procurèrent, sans trop <strong>de</strong> peine,<br />

les chevaux nécessaires, mais la plupart <strong>de</strong> ces animaux étaient<br />

d’une qualité médiocre <strong>et</strong> peu propre au service <strong>de</strong> la selle.<br />

Néanmoins, ce fut le manque absolu <strong>de</strong> cavaliers exercés qui r<strong>et</strong>arda<br />

surtout l’organisation <strong>de</strong> la cavalerie.<br />

Valeur <strong>de</strong>s nouvelles troupes<br />

Pour apprécier la valeur <strong>de</strong>s troupes dont va disposer Napoléon,<br />

il faut distinguer celles qui prirent part aux opérations<br />

antérieures à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, <strong>de</strong> celles qui n’ont pu être<br />

employées activement qu’après l’armistice.<br />

C’est pour n’avoir pas fait c<strong>et</strong>te distinction que certains<br />

écrivains ont été amenés à représenter l’Armée <strong>de</strong> 1813 comme<br />

composée d’un ramassis <strong>de</strong> conscrits adolescents, j<strong>et</strong>és pêle-mêle<br />

dans <strong>de</strong>s cadres insuffisants en nombre <strong>et</strong> en qualité.<br />

C<strong>et</strong>te appréciation vraie, dans une certaine mesure,<br />

pour l’armée telle qu’elle fut constituée après l’armistice, n’est pas<br />

applicable à l’armée avec laquelle Napoléon prit l’offensive sur la<br />

Saale, au mois d’octobre 1813.<br />

Si l’on se reporte à ce que nous avons dit précé<strong>de</strong>mment,<br />

il est facile <strong>de</strong> se convaincre 1 que les 3 ème , 4 ème , 5 ème , 6 ème , 11 <strong>et</strong><br />

1 C’est précisément dans ce but que nous avons tant insisté sur le<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> ces Corps d’armée.<br />

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32<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

12 ème Corps, qui formèrent le gros <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée, se composaient<br />

en presque totalité d’éléments permanents mobilisés, ayant<br />

naturellement une valeur beaucoup plus gran<strong>de</strong> que <strong>de</strong>s éléments<br />

constitués, pour ainsi dire, <strong>de</strong> toutes pièces comme ceux qui servirent<br />

à former les sept Divisions <strong>de</strong>stinées aux 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps.<br />

D’après une situation originale, datée du 20 avril, la<br />

Gran<strong>de</strong> Armée (<strong>et</strong> sous c<strong>et</strong>te dénomination, on comprend : les six<br />

corps énumérés plus haut, les quatre divisions alliées, la gar<strong>de</strong><br />

(<strong>de</strong>ux divisions), les 1 ère , 4 ème <strong>et</strong> 32 ème divisions) compte 210 000<br />

fantassins présents sous les armes, dont 35 000 alliés <strong>et</strong> 175 000<br />

français.<br />

Sur les 175 000 Français, 7 000 au plus, provenant <strong>de</strong> la<br />

classe 1813, 105 000 appartiennent donc aux classes antérieures <strong>et</strong><br />

ont accompli au moins une année <strong>de</strong> service effectif : ce sont <strong>de</strong>s<br />

soldats rigoureux <strong>et</strong> instruits.<br />

En ce qui concerne les soldats <strong>de</strong> la classe 1813, il importe<br />

<strong>de</strong> remarquer qu’à la date indiquée (20 avril), ils ont déjà quatre<br />

mois <strong>de</strong> service. En outre, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la vigueur physique,<br />

ils ne laissent pas autant à désirer qu’on pourrait le croire au premier<br />

abord, en raison <strong>de</strong> leur âge, 20 ans en moyenne, attendu<br />

que la sélection s’est faite parmi eux au cours <strong>de</strong>s longues marches<br />

qu’ils ont exécutées pour se rendre <strong>de</strong>s dépôts à l’armée : les<br />

malingres sont restés en route, les suj<strong>et</strong>s vigoureux seuls sont<br />

arrivés à <strong>de</strong>stination ; le déch<strong>et</strong> d’effectifs a été considérable, plus<br />

d’un cinquième, mais ce qui est resté est bon.<br />

Quant aux cadres, malgré le renvoi au dépôt <strong>de</strong>s officiers<br />

âgés ou incapables, ils ont pu être complétés à la date du 20 avril.<br />

On y trouve, c’est vrai, un certain nombre <strong>de</strong> gradés très jeunes <strong>et</strong><br />

très ignorants du métier, mais la gran<strong>de</strong> majorité se compose <strong>de</strong><br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 33<br />

gradés anciens ayant l’expérience <strong>de</strong> la guerre. Or, à la date du 15<br />

avril 1 , une situation originale nous montre l’infanterie du 3 ème<br />

Corps comptant 1 170 officiers <strong>et</strong> 36 289 hommes <strong>de</strong> troupes<br />

présents, soit un officier pour trente <strong>et</strong> un soldats, ce qui est une<br />

proportion assez forte.<br />

Dans les autres Corps d’armée, la situation est moins<br />

bonne, mais dans aucun d’eux, on ne trouve moins d’un officier<br />

pour quarante soldats, ce qui est encore suffisant.<br />

Assurément, c<strong>et</strong>te infanterie ne vaut pas, tant s’en<br />

faut, celle détruite en Russie ; cependant, elle est bonne ;<br />

son attitu<strong>de</strong> sur les champs <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Bautzen le démontre mieux que tous les raisonnements.<br />

L’artillerie était excellente, quoique ses chevaux d’attelage<br />

fussent un peu jeunes. Malheureusement, son organisation n’était<br />

pas terminée lorsque commencèrent les opérations ; la plupart <strong>de</strong>s<br />

corps d’armée n’avaient encore reçu que la moitié <strong>de</strong> leur réserve<br />

d’artillerie ; les <strong>de</strong>ux batteries qui leur manquaient ne les rejoignirent<br />

qu’après <strong>Lutzen</strong>.<br />

Quant à la cavalerie, au début <strong>de</strong>s opérations, elle se réduisait<br />

à 15 000 hommes presque tous anciens soldats, 11 000<br />

français, 4 000 alliés. En présence <strong>de</strong> la cavalerie coalisée, trois<br />

1 L’arrivée, vers c<strong>et</strong>te date, <strong>de</strong> détachements <strong>de</strong> gradés venant<br />

d’Espagne perm<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> donner satisfaction complète aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> Corps d’armée, du Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> du<br />

Maréchal Marmont, entre autres. Jusqu’aux 15 avril, ces <strong>de</strong>ux officiers<br />

généraux ne cessent d’écrire à l’Empereur pour se plaindre, en termes<br />

très vifs, <strong>de</strong>s vacances nombreuses qui existent dans les cadres <strong>de</strong>s<br />

troupes sous leurs ordres ; à partir du 16 avril, on ne trouve plus <strong>de</strong><br />

l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> ce genre, ce qui prouve bien que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s formulées ont<br />

reçu satisfaction.<br />

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34<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

fois plus nombreuse, très bonne <strong>et</strong>, <strong>de</strong> plus, très favorisée par les<br />

populations du théâtre <strong>de</strong> la guerre, notre cavalerie, condamnée à<br />

une extrême circonspection, ne put rendre que <strong>de</strong>s services très<br />

relatifs. Après <strong>Lutzen</strong>, elle reçut, il est vrai, <strong>de</strong>s renforts qui portèrent<br />

son effectif à 25 000 hommes mais, comme ses renforts se<br />

composaient en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> recrues montées sur <strong>de</strong>s chevaux<br />

<strong>de</strong> réquisition, sa qualité diminua à mesure que son effectif augmentait.<br />

C’est seulement à la fin du mois d’août, postérieurement<br />

à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, que nos nouveaux escadrons présentèrent<br />

assez <strong>de</strong> consistance pour pouvoir être employés activement.<br />

Il fallut donc plus <strong>de</strong> neuf mois pour m<strong>et</strong>tre sur pied les<br />

formations <strong>de</strong> cavalerie ordonnées par l’Empereur : il avait été<br />

démontré, une fois <strong>de</strong> plus, que la cavalerie est une arme qui ne<br />

s’improvise pas.<br />

En résumé, l’armée qui franchit la Saale, à la fin d’avril<br />

1813, était dans les mains <strong>de</strong> Napoléon un bon instrument <strong>de</strong><br />

guerre.<br />

Le Major Odleben, un officier saxon qui suivit la campagne<br />

à l’Etat-Major <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> dont la partialité s’est exercée<br />

contre nous à plusieurs reprises, n’a pu s’empêcher <strong>de</strong> témoigner<br />

l’admiration que lui inspira la valeur <strong>de</strong>s troupes françaises :<br />

« <strong>La</strong> bonne tenue militaire qui régnait dans c<strong>et</strong>te nouvelle armée,<br />

sortie <strong>de</strong> terre pour ainsi dire <strong>et</strong> rassemblée d’un coup <strong>de</strong> bagu<strong>et</strong>te, était vraiment<br />

admirable <strong>et</strong> si l’on éprouvait <strong>de</strong> l’horreur pour les excès <strong>de</strong>s soldats<br />

français, l’esprit militaire, l’activité dans les marches <strong>et</strong> la bravoure<br />

<strong>de</strong>s jeunes troupes si rapi<strong>de</strong>ment formées que l’on opposait tout<br />

d’un coup à <strong>de</strong>s soldats exercés n’en excitaient pas moins l’étonnement. »<br />

Il y eut, dans c<strong>et</strong>te armée, <strong>de</strong>s traînards en gran<strong>de</strong> quantité,<br />

mais ce n’était pas là chose nouvelle dans nos armées. On se<br />

rappelle en eff<strong>et</strong> que, dès le commencement <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong><br />

1812, avant même le passage du Niemen, le nombre <strong>de</strong> soldats<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 35<br />

ayant quitté leurs drapeaux était considérable <strong>et</strong> que ce fut en vain<br />

que l’Empereur usa <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> sévérité pour tenter d’enrayer le<br />

mal. Celui-ci tenait à <strong>de</strong>ux causes :<br />

1. <strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> Napoléon qui imposait à ses troupes<br />

<strong>de</strong>s fatigues extraordinaires parce qu’il estimait que les succès<br />

décisifs ne s’obtiennent qu’à force d’activité.<br />

2. <strong>La</strong> mauvaise organisation du service <strong>de</strong>s subsistances qui m<strong>et</strong>tait<br />

le soldat dans l’obligation <strong>de</strong> marau<strong>de</strong>r pour ne pas mourir<br />

<strong>de</strong> faim.<br />

<strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> l’Empereur échappe à la critique<br />

attendu qu’elle lui procurait <strong>de</strong>s succès proportionnels aux<br />

pertes subies, soit par le feu, soit par les maladies.<br />

D’une façon générale, un chef d’armée doit ménager ses<br />

troupes avec soin ; mais, quand l’occasion se présente d’obtenir<br />

<strong>de</strong> grands avantages par <strong>de</strong>s marches très rapi<strong>de</strong>s, il ne doit pas<br />

hésiter à y avoir recours malgré les pertes qu’elles occasionnent.<br />

Dans chaque cas, c’est une question <strong>de</strong> proportion à établir entre<br />

la perte <strong>et</strong> le gain probables. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire démontre<br />

d’ailleurs que c’est au moyen d’opérations menées avec une extrême<br />

rapidité que l’on obtient les succès les plus décisifs.<br />

Par contre, on ne s’explique pas comment l’expérience <strong>de</strong><br />

20 ans <strong>de</strong> guerre n’avait pas démontré la nécessité d’organiser le<br />

service <strong>de</strong>s subsistances sur <strong>de</strong> meilleures bases.<br />

On en était arrivé à croire que quand les administrateurs<br />

n’intervenaient pas en temps utiles, il n’y avait qu’à laisser le soldat<br />

se pourvoir lui-même.<br />

« Le Maréchal Duroc, dit le Major Odleben, déjà cité, se rendit<br />

à la maison <strong>de</strong> ville (à Hamburg) pour hâter les préparatifs <strong>de</strong> la fourniture<br />

<strong>de</strong> vivres. Mais le désordre résultant <strong>de</strong> l’accumulation <strong>de</strong> toutes ces trou-<br />

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36<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

pes était si grand <strong>et</strong> les besoins si urgents qu’il n’était pas possible d’organiser<br />

une distribution régulière. Les officiers haussaient les épaules <strong>et</strong> disaient : "ils<br />

pilleront" <strong>et</strong> cela arriva régulièrement partout où on ne pouvait pas pourvoir<br />

aux besoins <strong>de</strong> ces oiseaux <strong>de</strong> proie affamés. ».<br />

Le maraudage était donc organisé en système ; quelques<br />

officiers s’efforçaient <strong>de</strong> réagir mais la masse trouvait tout naturel<br />

<strong>de</strong> laisser faire. Or le maraudage, qui est le dissolvant le plus actif<br />

<strong>de</strong> la discipline, détruit une énorme quantité <strong>de</strong> subsistances sans<br />

profit pour personne : un marau<strong>de</strong>ur n’hésitera jamais à tuer un<br />

bœuf pour se procurer quelques livres <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s. Puis, il arrive<br />

un moment où les marau<strong>de</strong>urs ne se contentent plus d’enlever<br />

<strong>de</strong>s vivres ; ils volent tout ce qui leur tombe sous la main : organisés<br />

en ban<strong>de</strong> armées, ils m<strong>et</strong>tent le pays en coupe réglée comme<br />

cela est arrivé en 1812 <strong>et</strong> 1813. <strong>La</strong> haine que nous portaient les<br />

peuples auxquels nous avions fait la guerre provenait bien plus<br />

<strong>de</strong>s excès commis par nos soldats au détriment <strong>de</strong>s habitants que<br />

<strong>de</strong> la dur<strong>et</strong>é avec laquelle l’Empereur traitait ses ennemis vaincus ;<br />

dur<strong>et</strong>é qui s’exerçait surtout contre les gouvernements <strong>et</strong> dont les<br />

peuples ne souffraient que <strong>de</strong> façon très indirecte. Hâtons-nous<br />

d’ajouter que la plus gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> ces excès était imputable à<br />

nos alliés, Bavarois, Saxons, Italiens, <strong>et</strong>c..<br />

Or, à la date du 16 mars 1913, on voit le Grand Prévôt <strong>de</strong><br />

l’armée « qui rend compte que les colonnes mobiles organisées pour ramasser<br />

les traînards en ont trouvés entre Pegau <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong>, 5 200 dont les troisquarts<br />

italiens ».<br />

L’armée du début <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> 1813 est bonne,<br />

nous le répétons, mais elle porte en elle-même les germes <strong>de</strong> sa<br />

ruine. Les cadres sont compl<strong>et</strong>s, ou peu s’en faut, mais elle ne<br />

possè<strong>de</strong> pas les éléments nécessaires pour réparer les pertes que<br />

vont subir ces cadres. Le nombre <strong>de</strong>s soldats diminuant dans la<br />

même proportion que celui <strong>de</strong>s gradés, l’inconvénient sera tout<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 37<br />

d’abord <strong>de</strong> peu d’importance. Mais après l’armistice, quand les<br />

détachements <strong>de</strong> renforts rehausseront les effectifs, les cadres se<br />

trouveront insuffisants. <strong>La</strong> valeur <strong>de</strong>s diverses unités sera d’autant<br />

plus réduite que les renforts seront composés <strong>de</strong> soldats <strong>et</strong> plus<br />

jeunes <strong>et</strong> moins instruits que ceux du début <strong>de</strong> la campagne 1 .<br />

D’un autre côté, il faut bien reconnaître que le sentiment<br />

<strong>de</strong> l’honneur militaire ne suffit pas pour soutenir longtemps le<br />

moral <strong>de</strong>s soldats qui ne sont pas <strong>de</strong> vrais professionnels, c’est-àdire<br />

d’hommes dont l’esprit n’a pas été façonné par une longue<br />

éducation militaire. Sous l’action déprimante qu’exercent sur le<br />

moral <strong>de</strong> tout homme <strong>de</strong> caractère ordinaire, <strong>de</strong>s périls <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

privations <strong>de</strong> toute sorte qui se renouvellent sans cesse <strong>et</strong> dont<br />

on n’entrevoit pas le terme, les courages faiblissent. Il arrive un<br />

moment où la lassitu<strong>de</strong> est telle que le premier revers détermine<br />

un effondrement général ; la plus insignifiante défaite dégénère en<br />

déroute. Pour maintenir hauts les cœurs en dépit <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la Fortune, il ne faut pas moins que ce sentiment <strong>de</strong> patriotisme<br />

élevé qui élevait jadis les soldats <strong>de</strong>s armées républicaines <strong>et</strong><br />

qui, maintenant, anime l’armée prussienne.<br />

Il importe <strong>de</strong> ne pas s’y tromper : dans la coalition qui<br />

contre la France en 1813, seule la Prusse est vraiment redoutable<br />

parce que son armée est une armée <strong>de</strong> patriotes qui luttent pour<br />

l’indépendance <strong>de</strong> leur pays.<br />

1 Napoléon après <strong>Lutzen</strong>, écrivant au Ministre <strong>de</strong> la Guerre pour<br />

se plaindre <strong>de</strong> ce que, contrairement à ses ordres, un détachement<br />

d’officiers <strong>de</strong> l’armée d’Espagne n’avait pas été dirigé tout droit sur<br />

l’Allemagne, termine par ces mots : « Je me trouve sur le champ <strong>de</strong> bataille<br />

sans officiers ». L’observation <strong>de</strong> l’Empereur qui est, du reste, d’une exagération<br />

voulue, vise la difficulté <strong>de</strong> pourvoir aux vacances <strong>de</strong> gradés<br />

provenant soit du feu, soit <strong>de</strong> la maladie.<br />

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38<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Il y a là une leçon qui ne doit pas être perdue : un peuple<br />

menacé dans son indépendance ne peut périr que s’il s’abandonne<br />

lui-même ; si, au contraire, il fait tête au danger sans se troubler, il<br />

développe <strong>de</strong>s forces morales si supérieures à celles <strong>de</strong> son adversaire<br />

qu’il finit par en triompher.<br />

Nous ne parlerons pas <strong>de</strong> l’organisation intérieure <strong>de</strong>s unités<br />

parce que c<strong>et</strong>te organisation reste, à peu <strong>de</strong> choses près, ce<br />

qu’elle était dans les campagnes précé<strong>de</strong>ntes.<br />

<strong>La</strong> seule modification importante consiste dans la suppression<br />

<strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s voitures <strong>de</strong>s trains régimentaires <strong>et</strong> leur<br />

remplacement par <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> bât (Décr<strong>et</strong> du 16 février 1813<br />

– Voir le moniteur à c<strong>et</strong>te date).<br />

Par exemple, le train d’un régiment d’infanterie est constitué<br />

comme il suit :<br />

{ Etat-Major<br />

{<br />

cinq<br />

Un bataillon<br />

une voiture à <strong>de</strong>ux chevaux,<br />

un mul<strong>et</strong> <strong>de</strong> bât pour la comptabilité,<br />

une voiture <strong>de</strong> cantinière,.<br />

mul<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bât pour les bagages <strong>de</strong>s 21 officiers<br />

du bataillon<br />

un mul<strong>et</strong> <strong>de</strong> bât pour le transport <strong>de</strong>s paniers<br />

d’ambulance,<br />

une voiture <strong>de</strong> cantinière.<br />

On adopte, pour le train <strong>de</strong>s équipages, <strong>de</strong>s voitures plus<br />

légères que dans les campagnes précé<strong>de</strong>ntes ; l’emploi <strong>de</strong>s voitures<br />

dites à la Courtoise se généralise.<br />

Contingents <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />

Les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin mirent sur pied au<br />

commencement <strong>de</strong> la campagne :<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 39<br />

Bavière : une Division mixte Général Raglowitch<br />

Wurtemberg : une Division mixte Général Franquemont<br />

Ba<strong>de</strong>-Hesse, <strong>et</strong>c. : une Division mixte Général Marchand<br />

Westphalie : une Division mixte Général Hammerstein<br />

Au total, quatre divisions mixtes <strong>de</strong> troupes assez bonnes,<br />

mais d’une fidélité problématique.<br />

Quant à la Saxe, elle garda la neutralité jusqu’après <strong>Lutzen</strong><br />

; à ce moment elle mit sur pied une division d’infanterie <strong>et</strong><br />

une division <strong>de</strong> cavalerie.<br />

L’Empereur eut soin <strong>de</strong> répartir les troupes alliées entre<br />

ses corps d’armée, afin <strong>de</strong> se prémunir contre les conséquences<br />

<strong>de</strong> la défection éventuelle <strong>de</strong> certaines d’entre elles :<br />

- la Division bavaroise fut affectée au 12 ème Corps ;<br />

- la Division wurtembergeoise au 4 ème ;<br />

- la Division badoise au 3 ème ;<br />

- quant à la Division westphalienne, qui ne put être réunie<br />

assez à temps pour participer aux premières opérations <strong>et</strong><br />

qui, d’ailleurs ne valait pas grand-chose, elle fut disloquée :<br />

l’infanterie fut affectée à la garnison <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, la cavalerie<br />

attribuée au 6 ème Corps.<br />

Après <strong>Lutzen</strong>, la Division d’infanterie saxonne forma,<br />

avec la 32 ème Division française, le 7 ème Corps, dont le Général<br />

Reynier prit le comman<strong>de</strong>ment.<br />

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40<br />

<strong>La</strong> Prusse<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Réorganisation <strong>de</strong> l’armée prussienne après 1806<br />

Le traité <strong>de</strong> Tilsitt avait réduit la Prusse à 4 500 000 habitants<br />

<strong>et</strong> ruiné ses finances en lui imposant une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong><br />

guerre <strong>de</strong> 120 millions en même temps que l’obligation <strong>de</strong> se<br />

soum<strong>et</strong>tre au système <strong>de</strong> blocus continental.<br />

Le Roi Frédéric Guillaume eut le bonheur <strong>de</strong> trouver dans<br />

le baron <strong>de</strong> Stein un ministre dont le génie fut à la hauteur <strong>de</strong><br />

circonstances aussi difficiles.<br />

Le soin <strong>de</strong> réorganiser l’armée fut confiée au général<br />

Scharnhorst : la tâche était <strong>de</strong>s plus ardues. L’armée ancienne<br />

n’existant pour ainsi dire plus, il fallut créer <strong>de</strong> toutes pièces une<br />

armée nouvelle, nationale, comme celle du vainqueur, ce qui<br />

exigea la réforme complète <strong>de</strong> toutes les lois militaires.<br />

Tous les citoyens furent astreints au service personnel :<br />

être soldat fut désormais considéré comme un honneur. Le peuple<br />

prussien tout entier, sans distinction <strong>de</strong> classe, comprenant<br />

que c’était l’armée qui jouerait le rôle principal dans l’œuvre <strong>de</strong><br />

relèvement du pays, se prêta à un revirement d’opinion qui plaça<br />

au premier rang <strong>de</strong> la Société le Militaire qui, jusqu’alors, avait été<br />

relégué au <strong>de</strong>rnier. Les règlements furent modifiés en conséquence<br />

; pour assurer le respect <strong>de</strong> la discipline, on fit appel au<br />

sentiment <strong>de</strong> l’honneur <strong>et</strong> non plus seulement à celui <strong>de</strong> la<br />

crainte ; les peines corporelles furent supprimées sauf pour les<br />

fautes contre l’honneur. Le gra<strong>de</strong> d’officier <strong>de</strong>vint accessible à<br />

tous sans distinction <strong>de</strong> naissance.<br />

En même temps, Scharnhorst poursuivit, avec la plus extrême<br />

rigueur, la punition <strong>de</strong>s officiers qui, dans la campagne pré-<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 41<br />

cé<strong>de</strong>nte, n’avaient pas fait leur <strong>de</strong>voir ; les commandants <strong>de</strong> place<br />

qui avaient livré leur forteresse sans combattre furent traduits<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> condamnés ; <strong>de</strong>s tribunaux<br />

d’honneur, institués pour examiner la conduite <strong>de</strong>s officiers qui<br />

avaient capitulé à Prenzlau <strong>et</strong> ailleurs, chassèrent <strong>de</strong> l’armée tous<br />

ceux qui ne purent se justifier.<br />

Pour se ménager <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ressources en soldats exercés<br />

sans dépasser l’effectif <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> 42 000 hommes imposé par le<br />

traité <strong>de</strong> Tilsitt, on organisa les réserves en réduisant la durée du<br />

service dans l’armée active <strong>et</strong> en astreignant les hommes libérés à<br />

rejoindre leur corps en cas <strong>de</strong> guerre. On prépara la réquisition<br />

<strong>de</strong>s chevaux <strong>et</strong> on créa <strong>de</strong>s magasins contenant tout le matériel<br />

nécessaire pour la mise sur pied <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> l’armée active <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

sa réserve.<br />

Les règlements <strong>de</strong> manœuvre furent remaniés ; on supprima<br />

les exercices <strong>de</strong> para<strong>de</strong> pour ne laisser subsister que ceux<br />

qui constituaient une véritable préparation à la guerre. Des écoles<br />

<strong>de</strong> guerre furent créées pour développer l’instruction professionnelle<br />

<strong>de</strong>s officiers.<br />

L’armée fut divisée en 6 corps constitués en toutes armes<br />

que l’on appela <strong>de</strong>s Briga<strong>de</strong>s <strong>et</strong> dont chacun était fort <strong>de</strong> 6 à 7 000<br />

hommes. <strong>La</strong> Prusse fut partagée en trois comman<strong>de</strong>ments militaires<br />

: 1) <strong>La</strong> Prusse proprement dite ; 2) <strong>La</strong> Silésie, 3) <strong>La</strong> Marche<br />

avec la Poméranie.<br />

Mobilisation <strong>de</strong> l’armée prussienne en 1813.<br />

En 1812, après avoir vainement essayé <strong>de</strong> s’entendre avec<br />

l’Empereur Alexandre, le roi <strong>de</strong> Prusse avait signé avec Napoléon<br />

un traité par lequel il m<strong>et</strong>tait à la disposition <strong>de</strong> son vainqueur,<br />

pour la campagne qui allait s’ouvrir, un corps d’armée <strong>de</strong> 20 000<br />

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42<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

hommes, c’est-à-dire près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> ses forces militaires<br />

actives ; beaucoup d’officiers patriotes, entre autres Scharnost,<br />

Gueisenau, Clausewitz, qui avaient été les conseillers militaires du<br />

roi, quittèrent leur pays pour prendre du service en Russie ;<br />

d’autres, parmi lesquels Blücher, signalés comme ennemis irréconciliable<br />

<strong>de</strong>s Français, se virent enlever leur comman<strong>de</strong>ment. Il<br />

en résulta que l’organisation militaire, préparée avec tant <strong>de</strong> soin,<br />

fut en gran<strong>de</strong> partie bouleversée si bien que, quand la Prusse se<br />

déclara contre la France en 1813, la mise sur pied <strong>de</strong> ses forces ne<br />

s’effectua pas aussi rapi<strong>de</strong>ment qu’on l’avait espéré 1<br />

A la fin <strong>de</strong> janvier 1813, le rappel <strong>de</strong> ses réservistes permit<br />

<strong>de</strong> porter à l’effectif <strong>de</strong> guerre les troupes <strong>de</strong> l’armée active (800<br />

hommes par bataillons, 150 hommes par escadrons) <strong>et</strong>, en outre,<br />

<strong>de</strong> former 52 bataillons <strong>de</strong> réserve, qui <strong>de</strong>vaient porter à 90 000<br />

hommes le total <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> ligne.<br />

Le 3 février, le roi Frédéric signa un édit qui organisait <strong>de</strong>s<br />

compagnies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s escadrons <strong>de</strong> chasseurs dits volontaires <strong>et</strong> dont<br />

<strong>de</strong>vaient faire partie les jeunes gens <strong>de</strong> 17 à 24 ans qui,<br />

n’appartenant pas à l’armée active, n’avaient pas <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> dispense.<br />

Ces jeunes gens étaient tenus <strong>de</strong> s’habiller, <strong>de</strong> s’équiper <strong>et</strong><br />

même <strong>de</strong> s’armer à leurs propres frais (ou aux frais <strong>de</strong>s communes).<br />

Les compagnies <strong>et</strong> escadrons ainsi constitués furent annexés<br />

aux régiments <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’infanterie <strong>de</strong> l’armée active.<br />

Le 9 du même mois, un nouvel édit compléta celui du 3<br />

en supprimant les cas <strong>de</strong> dispense <strong>et</strong> en définissant les pénalités<br />

dont seraient frappés tous ceux qui ne prendraient pas du service<br />

(ils ne pourraient plus exercer <strong>de</strong> fonctions publiques <strong>et</strong> seraient<br />

1 C’est probablement pour ce motif que l’on ne comprit pas en<br />

Europe la valeur d’une organisation grâce à laquelle la Prusse <strong>de</strong>vait, par<br />

la suite, prendre le premier rang parmi les puissances militaires.<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 43<br />

privés <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> bourgeoisie <strong>et</strong> <strong>de</strong> patente ; il leur serait interdit<br />

<strong>de</strong> porter la cocar<strong>de</strong> nationale ; <strong>et</strong>c.) 1 .<br />

wehr.<br />

Le 27 mars, parut un décr<strong>et</strong> sur l’organisation <strong>de</strong> la <strong>La</strong>nd-<br />

Pour compléter les cadres <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> campagne, on<br />

avait fait appel aux anciens officiers encore en état <strong>de</strong> servir <strong>et</strong> fait<br />

<strong>de</strong>s promotions non seulement parmi les enseignes porte-épée,<br />

mais encore parmi les ca<strong>de</strong>ts <strong>et</strong> les sous-officiers. Comme cela ne<br />

suffisait pas, on nomma officiers <strong>de</strong>s volontaires n’ayant que<br />

quelques semaines <strong>de</strong> service.<br />

Quand on forma la <strong>La</strong>ndwehr, on éprouva naturellement<br />

<strong>de</strong>s difficultés plus graves encore que l’on résolut <strong>de</strong> la même<br />

manière. En résumé, les compagnies <strong>et</strong> les escadrons <strong>de</strong> chasseurs<br />

volontaires furent, dès le principe, considérés comme <strong>de</strong>s pépinières<br />

d’officiers.<br />

Les troupes <strong>de</strong> l’armée active proprement dite eurent terminé<br />

leur mobilisation au commencement <strong>de</strong> mars. <strong>La</strong> formation<br />

<strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> réserve se prolongea jusqu’au milieu <strong>de</strong> mai ;<br />

une partie, 15 à 20, marchèrent avec les troupes actives, le reste<br />

fut employé à constituer les corps <strong>de</strong> blocus <strong>de</strong>s places occupées<br />

par les Français.<br />

Quand à la <strong>La</strong>ndwehr, son organisation fut entravée par le<br />

manque <strong>de</strong> cadres <strong>et</strong> d’eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> toute sorte <strong>et</strong> d’armes. Au moment<br />

<strong>de</strong> l’armistice, c<strong>et</strong>te organisation était à peine ébauchée.<br />

1 Les écrivains prussiens se sont évertués, en vain, à démontrer que le<br />

second décr<strong>et</strong> était inutile. Ce qui s’est passé en France en 1792 <strong>et</strong> en Prusse en<br />

1813 prouve que, si grand que soit l’élan patriotique <strong>de</strong> la nation, l’engagement<br />

volontaire ne fournit, en temps <strong>de</strong> guerre, qu’un très p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> défenseurs.<br />

Sans une loi astreignant au service militaire personnel tous les citoyens<br />

d’un certain âge, on n’obtient que <strong>de</strong>s résultats insignifiants.<br />

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44<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

D’après les prévisions, la mobilisation terminée, l’effectif<br />

<strong>de</strong> l’armée prussienne s’élèverait à plus <strong>de</strong> 250 000 hommes, ainsi<br />

répartis :<br />

Armée <strong>de</strong><br />

campagne<br />

46 bataillons à 800 h 36 800<br />

Cavalerie 19 Régts à 4 esca-drons<br />

2 escadrons indépendants<br />

11 700<br />

Artillerie 45 batteries :<br />

6 600<br />

Armée<br />

36 à pied,<br />

active<br />

9 à cheval<br />

3 compies <strong>de</strong> pion-niers<br />

à 200 h.<br />

Total 55 100<br />

Détachement <strong>de</strong> chasseurs volontaires à pied <strong>et</strong> à<br />

cheval<br />

10 000<br />

52 bataillons <strong>de</strong> réserve à 800 h 41 600<br />

Total 106 700<br />

<strong>La</strong>ndwehr 149 bataillons<br />

124 escadrons<br />

140 000<br />

3 régiments <strong>de</strong> cavalerie nationale 1 650<br />

Divers détachements <strong>de</strong> partisans 5 000<br />

Total 253 350<br />

Les troupes <strong>de</strong> l’armée active, renforcées <strong>de</strong>s détachement<br />

<strong>de</strong> volontaires <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> réserve, formèrent,<br />

au début <strong>de</strong>s opérations, trois corps d’armée <strong>de</strong> composition très<br />

différente, ayant à leur tête les généraux Blücher, Bülow <strong>et</strong> York.<br />

De ces trois corps, celui <strong>de</strong> Blücher est le seul qui conserva toute<br />

son organisation durant toute la première partie <strong>de</strong> la campagne ;<br />

les <strong>de</strong>ux autres furent fractionnés dès le début.<br />

Chaque fois que cela sera nécessaire, on donnera dans le<br />

texte l’ordre <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> l’armée prussienne.<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 45<br />

Lorsque commença la campagne, en mars, les Corps<br />

d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow, éprouvés par la fièvre typhoï<strong>de</strong>, avaient un<br />

très grand nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, 10 000 d’après Clausewitz.<br />

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46<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> Russie<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée russe au moment où elle franchit la<br />

Vistule, en février 1813.<br />

Les corps russes, qui avaient atteints la Vistule au commencement<br />

<strong>de</strong> février, comprenaient ensemble 150 régiments<br />

d’infanterie, 63 <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 50 batteries ; l’effectif <strong>de</strong>s<br />

présents sous les armes ne dépassait pas 110 000 hommes, dont<br />

70 000 fantassins, 30 000 cavaliers <strong>et</strong> cosaques 10 000 artilleurs.<br />

Les régiments d’infanterie étaient réduits, pour la plupart,<br />

à un seul bataillon <strong>et</strong> le bataillon ne comptait pas, en moyenne,<br />

plus <strong>de</strong> 350 hommes. Les régiments <strong>de</strong> cavalerie comptaient seulement<br />

quatre escadrons (au lieu <strong>de</strong> 8) <strong>de</strong> cent hommes chacun.<br />

Organisation d’une armée <strong>de</strong> réserve. Un ukas du 5 février<br />

avait prescrit l’organisation d’une armée <strong>de</strong> réserve comprenant<br />

173 bataillons, 92 escadrons, 37 batteries <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vait se réunir<br />

autour <strong>de</strong> Bialistock. Le manque <strong>de</strong> cadre, joint au manque <strong>de</strong><br />

matériel <strong>et</strong> d’armes, r<strong>et</strong>arda <strong>de</strong> beaucoup la formation <strong>de</strong>s unités<br />

<strong>de</strong> toutes armes.<br />

Du commencement <strong>de</strong> mars à la fin <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> 1813,<br />

l’armée <strong>de</strong> réserve envoya à l’armée d’opération 68 000 fantassins,<br />

14 000 cavaliers, 5 batteries.<br />

Les détachements, mis en route successivement, marchèrent<br />

très lentement <strong>et</strong> perdirent, avant d’arriver à <strong>de</strong>stination, par<br />

désertion ou maladie, près du tiers <strong>de</strong> leur effectif. En définitive,<br />

les renforts qui parvinrent à l’armée active pendant la première<br />

partie <strong>de</strong> la campagne ne suffirent pas, tant s’en faut, pour la<br />

maintenir au faible effectif indiqué ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Les Corps d’armée, d’infanterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> cavalerie furent à<br />

peu près tous fractionnés <strong>et</strong> mélangés à un tel point que, suivant<br />

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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 47<br />

un témoin oculaire, « les généraux ne savaient plus à quelles troupes<br />

comman<strong>de</strong>r <strong>et</strong> réciproquement, les troupes ne savaient plus à chef obéir ».<br />

On sera obligé d’indiquer, pour chaque affaire, la composition<br />

<strong>de</strong>s troupes russes qui y prennent part.<br />

L’armée russe d’Allemagne ne se compose que <strong>de</strong> vieux<br />

soldats éprouvés ; elle est à coup sûr redoutable, mais pas autant<br />

que l’armée prussienne qui compte pourtant dans ses rangs beaucoup<br />

<strong>de</strong> jeunes soldats. Le soldat russe montre, dans les combats,<br />

sa ténacité ordinaire mais il n’est plus animé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ar<strong>de</strong>ur patriotique<br />

que l’on constatait en lui quand il luttait pour chasser<br />

l’étranger du territoire national.<br />

Une partie <strong>de</strong>s <strong>La</strong>ndwehr levées l’année précé<strong>de</strong>nte furent<br />

utilisées pour renforcer les corps d’armée russes chargés <strong>de</strong> bloquer<br />

ou d’assiéger les places <strong>de</strong> la Vistule.<br />

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III<br />

L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

du 19 février à la fin <strong>de</strong> mars<br />

Situation générale au 19 février<br />

Le Prince Eugène, avec les quatre p<strong>et</strong>ites divisions qu’il a<br />

ramenées <strong>de</strong> Posen (12 000 hommes), atteint l’O<strong>de</strong>r, à Francfort,<br />

le 18 février ; c’est le len<strong>de</strong>main 19 qu’arrivera à Glogau le 7 ème<br />

Corps (Général Reynier), réduit à 9 000 hommes <strong>de</strong>puis la malheureuse<br />

affaire <strong>de</strong> Kalisch.<br />

Le Prince trouve à Francfort le Maréchal Gouvion Saint-<br />

Cyr, qui est venu à sa rencontre avec 2 Divisions du 11 ème Corps<br />

(38 ème <strong>et</strong> 36 ème ), 18 000 hommes ; le Maréchal Augereau est resté à<br />

Berlin avec une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> 31 ème Division (l’autre est à St<strong>et</strong>tin) <strong>et</strong><br />

quelques autres troupes, en tout 6 à 7 000 hommes.<br />

Le Général <strong>La</strong>uriston, avec un détachement <strong>de</strong> troupes<br />

saxonnes (2 000 hommes), se trouve dans la Poméranie suédoise.<br />

Les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r sont pourvues <strong>de</strong> leurs garnisons <strong>et</strong><br />

approvisionnées : St<strong>et</strong>tin, 9 000 hommes (en y comprenant une<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division qui n’aurait pas dû y rester) ; Küstrin,<br />

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50<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

4 000 hommes ; Glogau, 4 000 hommes. Il y en a 3 000 à Spandau.<br />

Le prince Poniatowski, avec 8 à 9 000 Polonais, a suivi en<br />

Galicie le corps auxiliaire du prince <strong>de</strong> Schwarzenberg ; malgré<br />

ses protestations, il va être compris dans l’armistice conclu entre<br />

les Autrichiens <strong>et</strong> les Russes <strong>et</strong> se trouvera par suite réduit à<br />

l’inaction. Nous ne nous en occuperons plus.<br />

Les détachements <strong>de</strong> cosaques du corps <strong>de</strong> Wittgenstein<br />

ont franchi l’O<strong>de</strong>r en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Küstrin, dès le 16 février,<br />

ils battent l’estra<strong>de</strong> jusqu’à Berlin, enlevant les courriers <strong>et</strong><br />

les isolés. Dans c<strong>et</strong>te même journée du 16, un <strong>de</strong> leurs partis a<br />

rencontré un bataillon westphalien qui s’est rendu sans combattre<br />

; le 20, un autre détachement, qui a réussi à se glisser <strong>de</strong>rrière<br />

les avant-postes <strong>de</strong> la 31 ème Division, apparaît tout à coup <strong>de</strong>vant<br />

Berlin <strong>et</strong> y pénètre un instant, provoquant une vive échauffourée.<br />

Les gros <strong>de</strong>s corps russes sont encore très loin <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />

Wittgenstein, qui à dû laisser 20 000 hommes <strong>de</strong>vant Thorn <strong>et</strong><br />

Dantzig, n’a plus que 19 000 hommes ; il s’avance très lentement<br />

à travers la Poméranie : le 18, il est encore à marche en arrière <strong>de</strong><br />

Konitz, à plus <strong>de</strong> 250 km <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />

Kutuzow, avec 40 000 hommes, est à Kalisch-Sacken,<br />

avec 20 000 hommes occupe la Pologne <strong>et</strong> observe la Galicie.<br />

Les Prussiens ne nous ont pas encore déclaré la guerre<br />

mais on s’attend à les voir d’un jour à l’autre se joindre aux Russes.<br />

Le Général York, avec son corps d’armée (10 000 hommes),<br />

suit Wittgenstein à <strong>de</strong>ux ou trois marches ; Blücher organise un<br />

nouveau corps à Breslau, en Silésie <strong>et</strong> Bülow, un autre à Colberg<br />

en Poméranie.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 51<br />

Le Prince Eugène se replie sur Berlin. – Le Prince Eugène<br />

est assez mal renseigné ; cependant, il lui est facile <strong>de</strong> se rendre<br />

compte <strong>de</strong> la situation qui est <strong>de</strong>s plus n<strong>et</strong>tes.<br />

L’inaction <strong>de</strong>s Russes montre qu’il sont hors d’état<br />

d’entreprendre quoi que ce soit <strong>de</strong> sérieux sans le concours <strong>de</strong>s<br />

Prussiens ; la défection <strong>de</strong> ceux-ci est probable à bref délai, mais<br />

si elle ne s’est pas produite encore, c’est que le roi Frédéric Guillaume,<br />

craignant <strong>de</strong>s représailles <strong>de</strong> notre part, hésite à se déclarer<br />

contre nous alors que nous sommes maîtres d’une gran<strong>de</strong> partie<br />

<strong>de</strong> ses Etats <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa capitale.<br />

<strong>La</strong> conduite à suivre est donc tout indiquée : il faut tenir<br />

la ligne <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r afin <strong>de</strong> couvrir Berlin <strong>et</strong> prendre une attitu<strong>de</strong><br />

énergique, qui impose le respect à un ennemi <strong>de</strong>venu<br />

trop audacieux <strong>et</strong> maintienne le roi <strong>de</strong> Prusse dans ses hésitations.<br />

Le mieux serait <strong>de</strong> s’établir, avec le gros <strong>de</strong> ses forces dans<br />

une position offensive, en avant <strong>de</strong> Küstrin, en ayant soin <strong>de</strong><br />

rompre tous les ponts en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s places fortes <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

détruire systématiquement les barques <strong>et</strong> nacelles qu’il ne serait<br />

pas possible <strong>de</strong> ramener à l’intérieur <strong>de</strong> ces places.<br />

Si l’on se décidait à tenir ferme sur la rive droite <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r,<br />

il n’y aurait aucun inconvénient à pousser en avant <strong>de</strong> l’Elbe,<br />

quoique leur organisation ne soit pas complètement terminée, les<br />

2 Divisions du 5 ème Corps qui sont à Mag<strong>de</strong>burg. Le corps ennemi<br />

le plus rapproché, celui <strong>de</strong> Wittgenstein, ne pouvant atteindre<br />

Küstrin avant une dizaine <strong>de</strong> jours, on aurait le temps <strong>de</strong> porter<br />

sur Berlin la tête du 5 ème corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> faire venir <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin la 2 ème<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division, <strong>de</strong> manière à disposer, pour les opérations<br />

actives, <strong>de</strong> tout le 11 ème corps, <strong>de</strong>s troupes venues <strong>de</strong> Posen<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s débris du 7 ème corps, au total 50 000 hommes environ.<br />

<strong>La</strong> présence <strong>de</strong> 4 à 5 000 cosaques sur la rive gauche <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r est<br />

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52<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

à coup sûr très gênante en raison du manque <strong>de</strong> cavalerie, mais on<br />

sera assez rapi<strong>de</strong>ment renforcé en troupes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te arme.<br />

D’ailleurs, avec les 2 000 cavaliers dont on dispose <strong>et</strong> 7 à<br />

8 000 fantassins <strong>et</strong> artilleurs, il serait possible <strong>de</strong> former 2 à 3 colonnes<br />

mobiles qui auraient bientôt fait <strong>de</strong> débarrasser <strong>de</strong>s coureurs<br />

ennemis tout le pays, à l’ouest <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, pourvu que l’on se<br />

décidât à traiter avec la plus extrême rigueur les habitants<br />

convaincus <strong>de</strong> connivence avec l’ennemi.<br />

Si l’on réussissait à gagner, le 10 mars, le corps d’opération<br />

se renforcerait successivement <strong>de</strong>s quatre divisions du 5 ème<br />

Corps, qui seraient relevées dans la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />

par les 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions. A partir du 20 mars, on aurait<br />

plus <strong>de</strong> 80 000 hommes pour tenir la campagne en avant <strong>de</strong><br />

l’O<strong>de</strong>r.<br />

Malheureusement, le Prince Eugène, influencé par les rapports<br />

alarmants du Maréchal Augereau, qui était convaincu que<br />

l’approche du premier détachement ennemi serait le signal d’une<br />

insurrection générale du peuple <strong>de</strong> Berlin, a jugé nécessaire <strong>de</strong><br />

rapprocher le gros <strong>de</strong> ses forces <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te capitale. Satisfaire à ce<br />

<strong>de</strong>si<strong>de</strong>ratum eut été possible sans renoncer à défendre la ligne <strong>de</strong><br />

l’O<strong>de</strong>r puisqu’il n’y a que 60 km environ <strong>de</strong> Berlin à Küstrin.<br />

En établissant les troupes vers Münschberg, on restait à<br />

même <strong>de</strong> tomber sur tout corps ennemi qui tenterait <strong>de</strong> franchir<br />

le fleuve entre Francfort <strong>et</strong> Wriezen <strong>et</strong> l’on était assez prêt <strong>de</strong><br />

Berlin pour y arriver en quelques heures si les circonstances<br />

l’exigeaient. En tout cas, c’était indiquer qu’on avait l’intention <strong>de</strong><br />

défendre Berlin, ce qui aurait ramené l’ennemi à une circonspection<br />

dont le moindre bénéfice eût été un gain <strong>de</strong> temps appréciable.<br />

Wittgenstein, livré à ses propres forces, 24 000 hommes en y<br />

comprenant les détachements francs, ne se serait pas hasardé à<br />

passer l’O<strong>de</strong>r en présence d’un corps français très supérieur au<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 53<br />

sien : il aurait attendu d’être renforcé, ce qui l’eût amené au-<strong>de</strong>là<br />

du 5 mars puisque les troupes <strong>de</strong> Kutuzow étaient encore, à la<br />

date du 20 février, réunies près <strong>de</strong> Kalisch.<br />

Il y avait bien, plus à portée, les corrps prussiens d’York<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow mais, tant que la Prusse ne nous avait pas officiellement<br />

déclaré la guerre, on <strong>de</strong>vait espérer que ses troupes ne se<br />

joindraient pas aux Russes <strong>et</strong> agir en conséquence.<br />

Le Maréchal Gouvion Saint-Cyr, qui voulait que l’on restât<br />

sur l’O<strong>de</strong>r, aurait sans doute réussi à faire prévaloir son avis,<br />

mais il tomba mala<strong>de</strong> <strong>et</strong> le comman<strong>de</strong>ment du 11 ème Corps revint<br />

provisoirement au Général Grenier, qui n’avait pas assez<br />

d’influence sur le Prince Eugène pour le convaincre.<br />

Le prince renonça donc à défendre la ligne <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r pour<br />

concentrer, aux environs <strong>de</strong> Berlin, la majeure partie <strong>de</strong> ses forces<br />

; il donna l’ordre suivant : « le 7 ème Corps restera à Glogau, la Division<br />

bavaroise <strong>de</strong> Bechberg à Krossen, la Division Gérard à Francfort ; les<br />

35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions avec le reste <strong>de</strong>s troupes venues <strong>de</strong> Posen, se replieront<br />

sur Berlin ».<br />

On comm<strong>et</strong>tait déjà une faute en faisant rétrogra<strong>de</strong>r le<br />

gros <strong>de</strong>s forces sur Berlin ; on l’aggravait par <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong><br />

détails en contradiction avec la résolution prise.<br />

Les ponts <strong>de</strong> Krossen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Francfort étant détruits, pourquoi<br />

laisser sur ces <strong>de</strong>ux points, à 80 km <strong>de</strong>rrière soi, les 4 000<br />

hommes <strong>de</strong>s Divisions Gérard <strong>et</strong> Bechberg qu’on exposait à être<br />

enlevées ? Dès l’instant où on avait renoncé à défendre l’O<strong>de</strong>r, il<br />

fallait en prendre franchement son parti <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>irer avec tout son<br />

mon<strong>de</strong> ! Il était d’autant plus indispensable <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r ses<br />

troupes réunies qu’elles étaient moins nombreuses <strong>et</strong><br />

l’ennemi plus audacieux.<br />

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54<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Enfin, si l’on voulait absolument laisser un détachement<br />

sur l’O<strong>de</strong>r, la pru<strong>de</strong>nce commandait <strong>de</strong> l’appuyer à Küstrin :<br />

« Puisque vous vous r<strong>et</strong>irez sur Berlin, écrira Napoléon le 5 mars, qui<br />

vous a porté à gar<strong>de</strong>r Francfort, vous n’aviez qu’à brûler le pont (c’était<br />

fait) ». Il ajoutera le 7 mars, en réponse à un rapport du Prince<br />

Eugène signalant que l’on était sans nouvelle du Général Gérard :<br />

« Je ne puis comprendre pourquoi comprom<strong>et</strong>tre ce corps d’observation, lorsque<br />

vous pouviez l’appuyer à Küstrin ».<br />

Le 20 février, c’est-à-dire le jour même où quelques centaines<br />

<strong>de</strong> cavaliers russes causaient à Berlin l’échauffourée dont<br />

nous avons parlé, le Prince Eugène mit ses troupes en mouvement<br />

en <strong>de</strong>ux colonnes ; une division <strong>et</strong> un régiment <strong>de</strong> chasseurs<br />

à cheval passant par Münschberg, le reste suivant la route <strong>de</strong><br />

Fürstenwald. Le 21, le Régiment <strong>de</strong> chasseurs italiens, qui marchait<br />

isolément sans prendre <strong>de</strong> précautions, fut surpris par les<br />

Cosaques <strong>et</strong> presque entièrement détruit. C’était la <strong>de</strong>uxième affaire<br />

<strong>de</strong> ce genre en moins <strong>de</strong> dix jours ; l’Empereur se montra<br />

très irrité <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> négligence : « Tout cela ne serait pas arrivé,<br />

dira-t-il le 19 mars, si la cavalerie avait marché réunie <strong>et</strong><br />

si on y avait joint un régiment d’Infanterie, ce que la pru<strong>de</strong>nce<br />

<strong>et</strong> la manière <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s Cosaques indiquaient impérativement<br />

» . 1<br />

Le 28, le Quartier général s’établit à Köpernich avec la<br />

Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> (Général Rogu<strong>et</strong>), qui détacha un bataillon à<br />

Fürstenwald pour assurer la communication avec Francfort ; les<br />

35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions prirent position face au N-E en avant <strong>de</strong><br />

1 Et, en eff<strong>et</strong>, quand on ne dispose que d’une cavalerie très inférieure<br />

à celle <strong>de</strong> l’adversaire, il n’y a pas d’autre moyen <strong>de</strong> la m<strong>et</strong>tre à<br />

l’abri d’une <strong>de</strong>struction totale que <strong>de</strong> lui donner un soutien<br />

d’Infanterie ; elle perdra, il est vrai, en mobilité, mais mieux vaut une<br />

cavalerie peu mobile que pas <strong>de</strong> cavalerie du tout.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 55<br />

Berlin, où fut placé le Général Girard avec la Division polonaise<br />

<strong>et</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division ; la Division Gérard resta à<br />

Francfort ; la Division Rechberg à Krossen.<br />

Convention <strong>de</strong> Kalisch entre la Prusse <strong>et</strong> la Russie : premières<br />

opérations en commun <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux puissances<br />

Le roi Frédéric Guillaume se décida à signer, avec les Russes,<br />

le 28 février, la convention <strong>de</strong> Kalisch, mais il ne voulut pas<br />

qu’elle fût rendue publique immédiatement <strong>et</strong> émit la prétention<br />

<strong>de</strong> n’adresser à la France sa déclaration <strong>de</strong> guerre que quand les<br />

Russes se seraient rendus maîtres <strong>de</strong> Berlin.<br />

Kutuzow, qui n’avait que 60 000 hommes réellement disponibles<br />

pour les opérations actives, déclara qu’il ne ferait pas un<br />

pas <strong>de</strong> plus vers l’O<strong>de</strong>r tant que les troupes prussiennes n’auraient<br />

pas reçu <strong>de</strong>s ordres positifs pour agir <strong>de</strong> concert avec lui.<br />

Le 1 er mars, le roi Frédéric Guillaume ordonna à ses généraux<br />

<strong>de</strong> s’avancer vers l’O<strong>de</strong>r à la suite <strong>de</strong>s corps russes, mais en<br />

leur recommandant d’éviter avec soin tout acte d’hostilité jusqu’au<br />

moment où il déclarerait la guerre officiellement à la<br />

France. Rappelons <strong>de</strong> suite que ce fut seulement le 15 que notre<br />

ambassa<strong>de</strong>ur près la cour <strong>de</strong> Prusse eut connaissance <strong>de</strong> la<br />

convention <strong>de</strong> Kalisch, <strong>et</strong> le 27 que la déclaration <strong>de</strong> guerre parvint<br />

à Paris 1 .<br />

Les <strong>de</strong>ux souverains alliés s’étaient entendus pour régler<br />

<strong>de</strong> la manière suivante la conduite <strong>de</strong>s opérations.<br />

1 Ne pas perdre <strong>de</strong> vue ces <strong>de</strong>ux dates quand on étudie la correspondance<br />

<strong>de</strong> Napoléon, afin <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> ce qu’il entend par<br />

le mot ennemi.<br />

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56<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Kutuzow était désigné comme généralissime ;<br />

L’aile droite, commandée par Wittgenstein <strong>et</strong> comprenant<br />

le corps russe <strong>de</strong> ce général (19 000 hommes) <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux corps<br />

prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow (30 000 hommes), en tout 50 000<br />

hommes, franchirait l’O<strong>de</strong>r entre Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> marcherait<br />

sur Berlin puis sur Mag<strong>de</strong>bourg. ile gauche, commandée par Blücher<br />

<strong>et</strong> comprenant le corps russe <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, (14 000<br />

hommes, la plupart cavaliers) <strong>et</strong> le corps prussien <strong>de</strong> Blücher<br />

(27 000 hommes), en tout 40 000 hommes, se porterait sur<br />

Dres<strong>de</strong> à travers la Silésie ;<br />

<strong>La</strong> réserve, formée, sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Kutuzow,<br />

du corps <strong>de</strong> Miloradowitch <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> russe, 30 000 hommes,<br />

suivrait l’aile gauche à 3 ou 4 marches.<br />

Les coalisés estimant que, pour le moment, les Français<br />

étaient hors d’état d’opposer une résistance quelconque, se<br />

croyaient certains d’aller jusqu’à l’Elbe sans avoir à combattre. Ils<br />

s’étendaient sur un très grand front, donnant à leur mouvement<br />

<strong>de</strong>s allures d’invasion pour balayer d’un seul coup tout le pays<br />

entre l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> l’Elbe <strong>et</strong> aussi pour tâcher d’influencer les Etats <strong>de</strong><br />

la Confédération du Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> les déterminer à faire cause commune<br />

avec la coalition : « Quand on aura atteint l’Elbe, il sera<br />

temps <strong>de</strong> serrer le jeu ; pendant que <strong>de</strong> forts partis <strong>de</strong> troupes<br />

légères débor<strong>de</strong>raient l’aile gauche <strong>de</strong> l’ennemi, l’on masserait la<br />

plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s forces sur la gauche du théâtre d’opérations<br />

en s’appuyant aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème, afin d’agir en masse<br />

<strong>de</strong> ce côté, selon les circonstances.<br />

Le désir <strong>de</strong> rester lié à l’Autriche, dont l’adhésion à la coalition<br />

était considérée comme une affaire <strong>de</strong> temps <strong>et</strong> le souvenir<br />

<strong>de</strong> la manœuvre exécutée par Napoléon en 1806 avaient dicté aux<br />

coalisés leur résolution.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 57<br />

Nous donnons ci-après la situation détaillée <strong>de</strong> l’armée<br />

coalisée (troupes d’opérations seulement) au 15 mars.<br />

On remarquera la composition hétérogène <strong>de</strong>s différents<br />

corps, qui doit compliquer à l’extrême l’exercice du comman<strong>de</strong>ment<br />

supérieur.<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée coalisée au 15 mars<br />

(troupes d’opérations seulement)<br />

1) Armée <strong>de</strong> Wittgenstein (49 500 h - 188 canons)<br />

Corps russes<br />

19 000 hommes<br />

90 canons<br />

(non compris le<br />

détachement<br />

Horouzow, 5 000<br />

hommes, qui resta<br />

<strong>de</strong>vant Küstrin).<br />

Ce détachement<br />

relevé <strong>de</strong>vant<br />

c<strong>et</strong>te place par<br />

une D on formée<br />

<strong>de</strong> B ons <strong>de</strong> réserve<br />

prussiens <strong>et</strong> fut<br />

utilisé pour masquer<br />

Mag<strong>de</strong>bourg.<br />

Corps Prussiens<br />

30 500 hommes<br />

98 canons<br />

Détachements<br />

francs <strong>de</strong><br />

Tschernitchew,<br />

Bekendorf <strong>et</strong><br />

T<strong>et</strong>tenborn<br />

Corps d’avantgar<strong>de</strong><br />

du Gal<br />

Prince Repnin<br />

Corps du Lt Gal<br />

<strong>de</strong> Berg<br />

Corps d’York<br />

13 500 hommes<br />

58 canons<br />

4 Régts <strong>de</strong> cavalerie<br />

14 Régts <strong>de</strong> Cosaques<br />

6 canons<br />

11 bataillons<br />

4 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />

4 régiments <strong>de</strong> Cosaques<br />

2 batteries - 24 canons<br />

19 bataillons<br />

2 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />

1 régiments <strong>de</strong> Cosaques<br />

5 batteries - 60 canons<br />

5 000 h.<br />

5 000 h.<br />

9 000 h.<br />

Infanterie Gal Kleist :<br />

Briga<strong>de</strong> Gal Hennehein : 7 ½ B ons<br />

Briga<strong>de</strong> Cel Hoin : 9 B ons<br />

Cavalerie Gal Horswand : 12 E ons<br />

Artillerie Gal Schmidt : 8 Bat. dont 3 à<br />

cheval – 58 canons.<br />

Génie : 2 Compagnies<br />

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58<br />

(y compris les<br />

détachements qui<br />

furent employés<br />

au blocus <strong>de</strong><br />

Spandau <strong>et</strong> à celui<br />

<strong>de</strong> Wittemberg)<br />

Corps <strong>de</strong> Bülow<br />

17 000 hommes<br />

40 canons<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

B g<strong>de</strong> Gal S.E. Louis <strong>de</strong> Hesse : 8 ½<br />

B ons<br />

B g<strong>de</strong> Gal Thümen : 3 B ons - 1 Bat. 8<br />

can<br />

B g<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cav. Gal Oppen : 8 E ons<br />

Art. Major Holzendorf : 2½ Bat.<br />

18can<br />

Génie : 2 Compagnies<br />

Armée <strong>de</strong> Blücher (40 800 h - 136 canons)<br />

Corps russes du<br />

Gal Wittzengero<strong>de</strong><br />

13 500 hommes<br />

68 canons<br />

Corps prussiens<br />

du Gal Blücher<br />

27 300 hommes<br />

68 canons<br />

Avant-gar<strong>de</strong> du<br />

Général <strong>La</strong>ndskoï<br />

4 500 hommes<br />

12 canons<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

du Général S. E.<br />

Eroub<strong>et</strong>zksi<br />

2 briga<strong>de</strong>s 3 000 h<br />

Corps d’infanterie<br />

du Général S. E.<br />

Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg<br />

2 D ions 6 400 h<br />

Briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r (9<br />

350 hommes)<br />

Briga<strong>de</strong> Klüx<br />

6 650 hommes<br />

Briga<strong>de</strong> mixte Gal Borstell : 5 500 h<br />

5 B ons – 4 E ons – 2 Bat. (14 pièces) –<br />

1 C ie <strong>de</strong> Pionniers<br />

3 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />

5 divisions <strong>de</strong> cosaques<br />

1 bataillon<br />

1 batterie 8 canons<br />

Détachement <strong>de</strong> partisans<br />

du Colonel Davydow<br />

3 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />

4 régiments <strong>de</strong> cosaques<br />

1 batterie (12 canons)<br />

16 bataillons 5 400 h<br />

4 batteries (48 canons)<br />

9 bataillons<br />

8 escadrons<br />

2 batteries (14 canons)<br />

6 bataillons<br />

6 escadron<br />

2 batteries (14 canons)<br />

1 250 h<br />

1 500 h<br />

450 h<br />

150 h<br />

700 cav<br />

7 900 h<br />

1 000 h<br />

450 h<br />

5 450 h<br />

650 h<br />

750 h<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 59<br />

Briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen<br />

7 250 h<br />

Réserve <strong>de</strong> Cav ie<br />

du Colonel Dolfs<br />

3 700 h<br />

Réserve d’artillerie<br />

Colonel Braun<br />

750 h – 12 canons<br />

7 bataillons<br />

6 escadrons<br />

3 batteries (22 canons)<br />

23 escadrons<br />

1 batterie (6 canons)<br />

1 batterie<br />

4 canons <strong>de</strong> position<br />

les parcs<br />

1 Compagnie <strong>de</strong> pionniers<br />

6 100 h<br />

700 h<br />

450 h<br />

Armée <strong>de</strong> réserve – Général Kutuzow (30 500 h - 272 canons)<br />

Corps <strong>de</strong><br />

Miloradowitch<br />

12 000 h<br />

96 canons<br />

Gar<strong>de</strong> russe<br />

Grand duc Constantin<br />

18 500 h<br />

176 canons<br />

Avant-gar<strong>de</strong><br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

4 ème corps d’infanterie<br />

Cavalerie<br />

Infanterie<br />

Artillerie<br />

4 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />

5 régiments<strong>de</strong> cosaques<br />

6 bataillons<br />

2 batteries (18 canons)<br />

2 divisions <strong>de</strong> cosaques<br />

2 batteries (18 canons)<br />

11 bataillons<br />

3 batteries (30 canons)<br />

5 bataillons<br />

3 batteries (30 canons)<br />

2 divisions légères<br />

2 divisions cuirassiers<br />

Corps <strong>de</strong>s grenadiers<br />

1 ère Don <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />

2 ème Don <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />

15 batteries (176 canons)<br />

Total général 1 = 110 800 hommes, 596 canons<br />

17 E ons<br />

38 E ons<br />

12 Bat.<br />

10 Bat.<br />

8 Bat.<br />

1 Les indications données ci-<strong>de</strong>ssus sont très approximatives ; en<br />

général, les Russes <strong>et</strong> les Prussiens, ces <strong>de</strong>rniers surtout, se sont efforcés<br />

<strong>de</strong> diminuer leurs effectifs afin <strong>de</strong> bien faire ressortir que les Français<br />

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60<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein, commandée par le Général<br />

Prince Repnin, traversa l’O<strong>de</strong>r les 1 er <strong>et</strong> 2 mars, à Gustbiese, à midistance<br />

<strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> s’avança sur la route <strong>de</strong> Berlin.<br />

Dans la journée du 2, le Prince Eugène replia ses troupes<br />

sur la rive gauche <strong>de</strong> la Sprée <strong>et</strong> porta son Quartier général à<br />

Schönberg, à une <strong>de</strong>mie-lieue en arrière <strong>de</strong> Berlin : c’était avouer<br />

qu’on ne voulait pas courir le risque d’un combat pour rester maître<br />

<strong>de</strong> la ville.<br />

Voici le jugement porté à ce suj<strong>et</strong> par Napoléon (l<strong>et</strong>tre du<br />

9 mars) :<br />

« Puisque le passage <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r était impraticable <strong>et</strong> que dans la<br />

Haute-Silésie, le Général Reynier était encore à Bunzlau, je ne vois pas ce<br />

qui vous a porté à quitter Berlin.<br />

Rien n’est moins militaire que le parti que vous avez<br />

pris <strong>de</strong> porter votre Quartier général à Schönberg en arrière<br />

<strong>de</strong> Berlin, il était très clair que c’était attirer l’ennemi. Si, au<br />

contraire, vous aviez pris une situation en avant <strong>de</strong> Berlin, en communiquant<br />

par convois avec Spandau, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Spandau avec Mag<strong>de</strong>burg, en faisant venir<br />

une Division du corps <strong>de</strong> l’Elbe (5 ème Corps) ou en construisant quelques<br />

redoutes, l’ennemi aurait dû croire que vous vouliez livrer bataille. Alors, il<br />

n’aurait passé l’O<strong>de</strong>r qu’après avoir réuni 60 ou 80 000 hommes <strong>et</strong> dans<br />

l’intention sérieuse <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> Berlin, mais il était encore bien loin <strong>de</strong><br />

pouvoir faire celà. Vous pouviez gagner 20 jours <strong>et</strong> cela eût été bien avantageux<br />

politiquement <strong>et</strong> militairement. Il est même probable que l’ennemi n’eût<br />

pas risqué ce mouvement... Mais le jour où votre Quartier général a été placé<br />

<strong>de</strong>rrière Berlin, c’était dire que vous ne vouliez pas gar<strong>de</strong>r c<strong>et</strong>te ville, vous<br />

avez ainsi perdu une attitu<strong>de</strong> que l’art <strong>de</strong> la guerre est <strong>de</strong><br />

savoir conserver. Un général expérimenté, qui eût établi un<br />

n’ont dû leur victoire <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bautzen qu’à une supériorité<br />

numérique écrasante.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 61<br />

camp en avant <strong>de</strong> Küstrin, aurait donné le temps au corps<br />

<strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> venir sur Berlin, il n’aurait pu être attaqué que<br />

par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s dispositions qu’il aurait forcé l’ennemi <strong>de</strong><br />

prendre. »<br />

Quand on a intérêt à rester le plus longtemps possible en<br />

possession d’un point important <strong>et</strong> qu’on est trop faible pour<br />

lutter contre son adversaire, la pire maladresse que l’on puisse<br />

comm<strong>et</strong>tre est <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s dispositions qui signifient clairement<br />

que l’on ne courra pas le risque d’un engagement pour<br />

conserver le point en question. Il faut, tout en prenant ses mesures<br />

pour se dérober au moment voulu, adopter une attitu<strong>de</strong> qui<br />

fasse croire à l’ennemi que l’on est décidé à livrer bataille : c<strong>et</strong><br />

ennemi, rendu pru<strong>de</strong>nt, manœuvrera avec métho<strong>de</strong> <strong>et</strong> par suite,<br />

perdra du temps. Dans la correspondance <strong>de</strong> Napoléon, on<br />

trouve <strong>de</strong> nombreuses observations <strong>de</strong> ce genre. Ainsi, plus tard,<br />

quand le Maréchal Davout fera sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>,<br />

l’Empereur écrira au Prince Eugène (l<strong>et</strong>tre du 16 mars) : « J’ai vu<br />

avec peine que le prince d’Eckmühl a fait sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Cela ne<br />

peut manquer d’y attirer l’ennemi. Surtout, s’il a fait sauter une pile....<br />

« Les Russes ne voulant pas venir à Dres<strong>de</strong> en force, il était plus facile<br />

<strong>de</strong> barrica<strong>de</strong>r le pont <strong>et</strong> <strong>de</strong> rester tranquille dans la ville ; <strong>et</strong> si, enfin, on<br />

<strong>de</strong>vait faire sauter le pont, il fallait n’en faire sauter qu’une arche <strong>de</strong> manière<br />

à pouvoir sur-le-champ la réparer avec <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> bois pour rester maîtres<br />

<strong>de</strong> la ville, sauf à j<strong>et</strong>er ses bois dans la rivière à l’approche <strong>de</strong> l’ennemi. »<br />

En faisant sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, on avouait implicitement<br />

qu’on disposait <strong>de</strong> trop peu <strong>de</strong> troupes pour défendre c<strong>et</strong>te<br />

partie <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong>, par conséquent, on incitait l’ennemi à pousser<br />

<strong>de</strong> suite une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce côté, alors qu’il n’y aurait pas pensé<br />

sans cela.<br />

« Vous avez perdu une attitu<strong>de</strong> que l’art <strong>de</strong> la guerre est <strong>de</strong> savoir<br />

conserver », voilà un précepte qu’il convient <strong>de</strong> méditer. A la guerre,<br />

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62<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

malheur à celui qui laisse son adversaire perdre le respect <strong>de</strong> ses<br />

armes, surtout quand il est le plus faible, il est à la merci <strong>de</strong><br />

l’ennemi qui se croit, dès lors, avec raison, le droit <strong>de</strong> tout tenter.<br />

Les événements que nous allons raconter en sont une<br />

preuve convaincante.<br />

L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein a franchi l’O<strong>de</strong>r le 1 er mars<br />

<strong>et</strong> s’est avancée dans la direction <strong>de</strong> Berlin. A la nouvelle que les<br />

Français se sont repliés <strong>de</strong>rrière la Sprée, le Prince Repnin, le<br />

commandant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te avant-gar<strong>de</strong>, marche droit sur Berlin ; chemin<br />

faisant, il est rejoint par les détachements francs <strong>de</strong> Tschernitchew,<br />

Bekendorf <strong>et</strong> T<strong>et</strong>tenborn, si bien qu’il dispose <strong>de</strong> 12 000<br />

hommes soit 7 000 cavaliers, 5 000 fantassins <strong>et</strong> 30 canons.<br />

Dans la nuit du 3 au 4, les troupes françaises se m<strong>et</strong>tent<br />

en r<strong>et</strong>raite sur Wittenberg. Le prince Repnin entre aussitôt à Berlin<br />

aux acclamations enthousiastes <strong>de</strong> la population <strong>et</strong> laisse sa<br />

cavalerie légère à la poursuite <strong>de</strong>s colonnes françaises. A c<strong>et</strong>te<br />

même date du 4, la tête du Corps <strong>de</strong> Wittgenstein est encore<br />

à <strong>La</strong>ndsberg, à <strong>de</strong>ux marches à l’est <strong>de</strong> Küstrin, c’est-à-dire<br />

à plus <strong>de</strong> cinq jours <strong>de</strong> Berlin.<br />

Ainsi, plus <strong>de</strong> 30 000 hommes <strong>de</strong> bonnes troupes françaises<br />

se r<strong>et</strong>irent <strong>de</strong>vant 12 000 hommes <strong>de</strong> troupes légères russes,<br />

leur abandonnant Berlin dont la possession était pour nous d’une<br />

si gran<strong>de</strong> importance au double point <strong>de</strong> vue politique <strong>et</strong> militaire.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 63<br />

Les Français évacuent Berlin <strong>et</strong> se replient sur l’Elbe supérieur<br />

1<br />

Du 4 au 7 mars, les troupes françaises effectuèrent leur r<strong>et</strong>raite<br />

vers l’Elbe ; le corps principal, harcelé par la cavalerie ennemie,<br />

se dirigea <strong>de</strong> Berlin sur Wittenberg, où il fut rejoint par la<br />

Division Gérard qui avait réussi à se faire jour. <strong>La</strong> Division Rechberg,<br />

passant par Sübben <strong>et</strong> Lücken, gagna Torgau où le commandant<br />

<strong>de</strong> la place, le Général saxon Thielman, refusa <strong>de</strong> la recevoir<br />

; elle appuya alors sur Meissen. Le Général Reynier, avec le<br />

7 ème Corps, avait quitté Slogau, le 26 février, au moment où les<br />

troupes légères <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> franchissaient l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> le 2<br />

mars, avait pris position à Bautzen ; à la nouvelle <strong>de</strong> l’évacuation<br />

<strong>de</strong> Berlin, il se replia sur Dres<strong>de</strong>.<br />

Voici quelles dispositions furent prises par le Prince Eugène<br />

pour annoncer la défaite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

Le Maréchal Davout fut désigné pour comman<strong>de</strong>r l’aile<br />

droite, composée du 7 ème Corps réduit à 6 000 hommes par la<br />

fièvre typhoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> la désertion, <strong>de</strong> la Division Rechberg, <strong>de</strong> la<br />

31 ème Division dans laquelle furent fondues les Divisions Gérard<br />

<strong>et</strong> Girard <strong>et</strong> enfin, <strong>de</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division, en tout,<br />

7 000 hommes avec lesquels le Maréchal <strong>de</strong>vait tenir Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

défendre l’Elbe <strong>de</strong> Koenigstein à Torgau. A Koenigstein, p<strong>et</strong>ite<br />

forteresse sans valeur, il y avait une garnison <strong>de</strong> quelques centaines<br />

<strong>de</strong> soldats saxons. <strong>La</strong> place <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> avait été délaissée en<br />

1806, mais le faubourg <strong>de</strong> Menstadt, qui est situé sur la rive droite<br />

du fleuve, était couvert par un rempart bastionné d’ailleurs en très<br />

mauvais état. Quant à Torgau, où commandait le général Thiel-<br />

1 Voir les croquis 2 <strong>et</strong> 3.<br />

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64<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

man, c’était une place assez forte ; sa garnison se composait <strong>de</strong> 5<br />

à 6 000 hommes <strong>de</strong> troupes saxonnes <strong>de</strong> nouvelles levées.<br />

Les 35 <strong>et</strong> 36 ème Divisions, 18 000 hommes, sous le général<br />

Grenier, formèrent le centre : elles se placèrent en colonnes, la<br />

tête en avant <strong>de</strong> Wittenberg, la queue à Elenburg. Wittenberg était<br />

une ancienne place forte déclassée <strong>de</strong>puis longtemps, mais facile à<br />

rem<strong>et</strong>tre en état, attendu que sa principale défense consistait dans<br />

ses fossés plein d’eau.<br />

Le 5 ème Corps, 35 000 hommes, forma la gauche à Mag<strong>de</strong>burg<br />

où il se trouva bientôt rassemblé en entier. Mag<strong>de</strong>burg était<br />

une place très forte qui renfermait <strong>de</strong>s approvisionnements<br />

considérables en matériels <strong>de</strong> toute espèce.<br />

Le général Montbrun, avec quelques escadrons <strong>de</strong>stinés<br />

au 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie, 1 500 hommes, se plaça à Dessau pour<br />

lier le centre <strong>et</strong> la gauche.<br />

<strong>La</strong> 4 ème Division <strong>et</strong> la 2 ème briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division,<br />

12 000 hommes, se réunirent à Bernburg pour achever <strong>de</strong> s’y organiser,<br />

le Maréchal Victor en eut le comman<strong>de</strong>ment.<br />

Le Quartier général <strong>et</strong> la Division Rogu<strong>et</strong>, 3 000 hommes,<br />

s’établirent à Leipzig.<br />

A Hamburg, il y avait le général Carra-Saint-Cyr, avec un<br />

millier <strong>de</strong> soldats <strong>et</strong> quelques centaines <strong>de</strong> douaniers <strong>et</strong> gendarmes<br />

; la population, très hostile à la cause française, manifestait<br />

ouvertement les intentions les plus malveillantes.<br />

Enfin, le Général Morand, que l’on avait oublié en Poméranie<br />

avec 2 bataillons saxons <strong>et</strong> qui avait appris fortuitement<br />

l’évacuation <strong>de</strong> Berlin, battait en r<strong>et</strong>raite vers Hamburg ; on se<br />

<strong>de</strong>mandait avec inquiétu<strong>de</strong> s’il réussirait à se frayer un passage.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 65<br />

Critiques <strong>de</strong> Napoléon au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions prises pour<br />

la défense <strong>de</strong> l’Elbe supérieur<br />

Le Prince Eugène a compris qu’il ne peut gar<strong>de</strong>r tout le<br />

cours <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> la Bohème à Hamburg : il doit opter entre la<br />

défense du bas Elbe <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’Elbe supérieur.<br />

En s’établissant sur le bas Elbe, on abandonne la Saxe <strong>et</strong><br />

l’on découvre les autres Etats <strong>de</strong> Confédération du Rhin ; en<br />

s’établissant sur l’Elbe supérieur, on abandonne la 32 ème Division<br />

militaire qui fait partie intégrante du territoire français <strong>et</strong> l’on découvre<br />

la Hollan<strong>de</strong> ; on perm<strong>et</strong> aux coalisés <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre la main sur<br />

Hamburg par où ils seront en communication facile avec<br />

l’Angl<strong>et</strong>erre. Chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis présente donc <strong>de</strong>s inconvénients.<br />

Après mûre réflexion, le Prince Eugène se déci<strong>de</strong> à couvrir<br />

l’Elbe supérieur ; il veut gar<strong>de</strong>r Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> couvrir les routes qui<br />

conduisent directement du Meyn sur l’Elbe ; l’armée <strong>de</strong> secours<br />

s’organisant dans la vallée du Meyn, il se croit obligé <strong>de</strong> prendre<br />

sa ligne d’opération sur Mayence pour rester en liaison avec c<strong>et</strong>te<br />

armée. Il adopte, en conséquence, les dispositions que nous avons<br />

exposées plus haut.<br />

Il fallait que le Prince eut <strong>de</strong>s idées bien étranges sur la<br />

guerre pour disperser ainsi en cordon, le long <strong>de</strong> l’Elbe, sur un<br />

front <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 km, une armée <strong>de</strong> 90 000 hommes, en<br />

conservant pour unique réserve les 3 000 <strong>de</strong> la Division Rogu<strong>et</strong>.<br />

L<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l’Empereur du 19 mars<br />

« Par vos dispositions du 10, vous placez parfaitement vos troupes<br />

pour empêcher aux cosaques <strong>et</strong> aux troupes légères <strong>de</strong> passer la rivière. Vous<br />

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66<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

placez votre armée comme une arrière-gar<strong>de</strong> ou comme on placerait une avantgar<strong>de</strong>,<br />

mais il n’y a point <strong>de</strong> dispositions réelles. »<br />

En eff<strong>et</strong>, si l’on n’est pas au courant <strong>de</strong> la situation, on est<br />

tenté <strong>de</strong> considérer les corps placés le long <strong>de</strong> l’Elbe comme <strong>de</strong>s<br />

détachements <strong>de</strong> couverture <strong>et</strong> on cherche immédiatement, à<br />

quelque distance en arrière du centre <strong>de</strong> la ligne qu’ils occupent,<br />

soit vers Leipzig, ce que nous appelons aujourd’hui la masse <strong>de</strong><br />

manœuvre <strong>et</strong> que Napoléon va appeler, un peu plus loin, la « masse<br />

offensive ».<br />

« Il n’y a pas <strong>de</strong> dispositions réelles. »<br />

Le Prince Eugène n’acceptera pas c<strong>et</strong>te critique ; il répliquera<br />

que les mesures prises par lui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> maîtriser, d’une<br />

façon absolue, le cours <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> la Bohème à<br />

Mag<strong>de</strong>burg, si bien que tout le pays à l’Ouest du fleuve est parfaitement<br />

couvert, ce qui est le but à atteindre.<br />

Napoléon, prévoyant les objections du Prince Eugène, a<br />

pourtant pris soin <strong>de</strong> lui expliquer pourquoi ses dispositions ne<br />

sont pas <strong>de</strong>s dispositions réelles.<br />

« En eff<strong>et</strong>, dit-il, vous ne faites pas connaître ce que feront le Prince<br />

d’Eckmühl, le duc <strong>de</strong> Bellune <strong>et</strong> vos officiers généraux si l’ennemi passait<br />

l’Elbe ».<br />

« Il faut m<strong>et</strong>tre en principe que l’ennemi passera l’Elbe où <strong>et</strong> comme<br />

il le voudra. Jamais une rivière 1 n’a été considérée comme un obstacle qui<br />

r<strong>et</strong>ardât <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> quelques jours <strong>et</strong> le passage n’en peut être défendu qu’en<br />

plaçant <strong>de</strong>s troupes en force dans <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> pont sur l’autre rive, prêtes à<br />

1 Ce que dit Napoléon au suj<strong>et</strong> du cours d’eau s’applique évi<strong>de</strong>mment<br />

à toutes les lignes d’obstacles naturels <strong>de</strong> quelque sorte que ce<br />

soit, quand ces lignes ont un grand développement <strong>et</strong> que l’ennemi est<br />

libre <strong>de</strong> les abor<strong>de</strong>r à peu près où bon lui semble.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 67<br />

prendre l’offensive aussitôt que l’ennemi commencerait son passage. Mais,<br />

voulant se borner à la défensive, il n’y a pas d’autre parti à prendre que <strong>de</strong><br />

disposer ses troupes <strong>de</strong> manière à pouvoir les réunir en masse <strong>et</strong> tomber sur<br />

l’ennemi avant que son passage soit achevé ; mais il faut que les localités<br />

s’y prêtent <strong>et</strong> que toutes les dispositions soient faites<br />

d’avance ».<br />

« Si le corps ennemi <strong>de</strong> droite, qui peut être <strong>de</strong> 25 000 hommes, <strong>et</strong><br />

qu’il fera comme <strong>de</strong> raison passer pour 50 000 hommes, se portait sur Havelberg,<br />

<strong>et</strong> voulait passer l’Elbe, que feriez-vous ? L’ennemi aurait passé <strong>et</strong><br />

serait déjà sur Hanovre avant que vous eussiez fait aucun mouvement. Si 40<br />

à 50 000 hommes marchaient sur Dres<strong>de</strong>, se battrait-on dans la ville pour<br />

défendre le pont ? Et si l’ennemi passait l’Elbe du côté <strong>de</strong> Pilnitz, où cela est<br />

si facile, la rivière y étant si étroite, que ferait le Prince d’Eckmühl ? Enfin,<br />

si l’ennemi passait l’Elbe entre Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> Wittenberg,<br />

ce qu’il osera faire s’il ne voit nulle part <strong>de</strong> masses offensives,<br />

que <strong>de</strong>viendraient toutes les colonnes <strong>de</strong> l’armée coupées<br />

par les troupes légères, en ayant sur leurs <strong>de</strong>rrières <strong>et</strong><br />

ne pouvant jamais se rallier ? »<br />

« Rien n’est plus dangereux que d’essayer <strong>de</strong> défendre<br />

sérieusement une rivière en bordant la rive opposée car,<br />

une fois que l’ennemi a surpris le passage <strong>et</strong> il le surprend<br />

toujours, il trouve l’armée dans un ordre défensif très étendu<br />

<strong>et</strong> l’empêche <strong>de</strong> se rallier ».<br />

« Tous ces inconvénients sont encore bien plus<br />

grands dans la situation actuelle <strong>de</strong>s choses, quand l’ennemi<br />

a tant <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> tant d’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces mouvements ».<br />

En adm<strong>et</strong>tant que l’idée <strong>de</strong> défendre l’Elbe supérieur fut<br />

rationnelle (nous verrons plus tard qu’elle ne l’était pas), que <strong>de</strong>vait<br />

donc faire le Prince Eugène <strong>de</strong> ses 90 000 hommes « dès<br />

l’instant où il voulait se borner à la défensive » ?<br />

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68<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Il eût dû prendre 30 000 hommes au plus pour en former<br />

<strong>de</strong>s détachements <strong>de</strong> couverture chargés <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r les principaux<br />

passage <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> tenir tout le reste, 60 000 hommes environ,<br />

bien groupés pour constituer sa masse <strong>de</strong> manœuvre, dont la<br />

place semblait indiquée dans la région, à l’est <strong>de</strong> Leipzig.<br />

Grâce à ses dispositions, le prince restait maître <strong>de</strong> la situation,<br />

tant que l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein opérerait sur Mag<strong>de</strong>bourg<br />

<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> Blücher sur Dres<strong>de</strong>. Si ces armées franchissaient<br />

le fleuve dans les parties où y aboutissaient leurs lignes<br />

d’opérations particulières, au moment où elles pénétreraient sur la<br />

rive gauche, elles se trouveraient à huit jours <strong>de</strong> marche au moins<br />

l’une <strong>de</strong> l’autre, ayant entre elles l’armée française ; celle-ci, dont<br />

l’effectif était très supérieur à celui <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux armées<br />

adverses, aurait beau jeu pour les battre séparément.<br />

Mais il était probable que l’ennemi, voyant nos forces<br />

groupées, se gar<strong>de</strong>rait bien d’agir aussi maladroitement : avant <strong>de</strong><br />

tenter le passage <strong>de</strong> l’Elbe, Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein feraient leur<br />

jonction. C<strong>et</strong>te jonction effectuée, le Prince Eugène réussirait-il<br />

longtemps à empêcher les coalisés <strong>de</strong> franchir le fleuve ? C’était<br />

plus que douteux.<br />

<strong>La</strong> défense en arrière d’un grand cours d’eau est une opération<br />

très simple en théorie, mais d’une exécution très difficile.<br />

Selon l’expression <strong>de</strong> Napoléon, « il faut d’abord que les localités<br />

s’y prêtent <strong>et</strong> que toutes les dispositions soient prises d’avance ».<br />

Il faut que la configuration générale du terrain <strong>et</strong> le tracé <strong>de</strong>s voies<br />

<strong>de</strong> communication perm<strong>et</strong>tent à la masse <strong>de</strong>s manœuvres<br />

d’exécuter facilement ses nav<strong>et</strong>tes. Il faut encore que le défenseur<br />

ait un bon service <strong>de</strong> renseignements qui l’informe, en temps<br />

utile, <strong>de</strong>s mouvements du gros <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> l’adversaire, afin<br />

qu’il puisse faire exécuter à sa masse <strong>de</strong> manœuvre les mouve-<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 69<br />

ments correspondants <strong>de</strong> manière à les placer à portée <strong>de</strong>s points<br />

<strong>de</strong> passage menacés.<br />

Les renseignements arrivent souvent trop tard <strong>et</strong> le défenseur<br />

finit toujours par se laisser prendre aux démonstrations <strong>de</strong><br />

l’ennemi ; pendant qu’il se laisse attirer sur un point, l’armée adverse<br />

passe sur un autre.<br />

Quoi qu’il en soit, le moindre résultat <strong>de</strong>s dispositions indiquées<br />

ci-<strong>de</strong>ssus était d’obliger les coalisés à <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

concentration entraînant pour eux une perte <strong>de</strong> plusieurs jours ;<br />

or, dans la situation où l’on se trouvait tout gain <strong>de</strong> temps était un<br />

avantage appréciable.<br />

Dans sa correspondance <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> janvier, l’Empereur<br />

avait, avec soin, évité <strong>de</strong> parler au Prince Eugène <strong>de</strong> ce qu’il aurait<br />

à faire si les circonstances exigeaient l’abandon <strong>de</strong> Berlin.<br />

Il craignait sans doute d’aviver, dans l’esprit <strong>de</strong> son lieutenant,<br />

l’idée <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite dont celui-ci n’était déjà que trop hanté,<br />

ainsi que le prouvaient ses rapports empreints du pessimisme le<br />

plus exagéré. Cependant, le 2 mars, prévoyant sans doute ce qui<br />

allait arriver, Napoléon s’était décidé à faire connaître la conduite<br />

à tenir en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite 1 .<br />

Les instructions étaient conçues dans le sens suivant :<br />

1 N’ayant pas <strong>de</strong> chiffre pour correspondre avec le Prince Eugène<br />

<strong>et</strong> ne voulant pas lui écrire en clair <strong>de</strong> peur que sa l<strong>et</strong>tre ne tombât<br />

entre les mains <strong>de</strong> Cosaques qui ne cessaient <strong>de</strong> battre l’estra<strong>de</strong> entre<br />

Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> Berlin, Napoléon écrivit au Général <strong>La</strong>uriston, en<br />

l’invitant à faire connaître ses intentions au Prince au moyen <strong>de</strong> son<br />

chiffre particulier. Mais le Général <strong>La</strong>uriston n’avait pas plus <strong>de</strong> chiffre<br />

pour correspondre avec le Prince Eugène que l’Empereur lui-même.<br />

Les ordres <strong>de</strong> l’Empereur arrivèrent trop tard.<br />

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70<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

« L’essentiel est <strong>de</strong> couvrir la 32ème Division militaire, le royaume<br />

<strong>de</strong> Westphalie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>.<br />

« Le gros <strong>de</strong>s forces disponibles, c’est-à-dire les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, la<br />

Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> tout ce qui sera prêt <strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie sera<br />

groupé en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, dans une position offensive.<br />

« Avec le reste <strong>de</strong>s troupes, on bor<strong>de</strong>ra l’Elbe afin d’empêcher les<br />

troupes légères <strong>de</strong> l’ennemi d’envahir la rive gauche.<br />

« Tous les ponts, qui ne seront pas gardés, seront rompus <strong>et</strong> l’on procé<strong>de</strong>ra<br />

à une <strong>de</strong>struction systématique <strong>de</strong>s barques <strong>et</strong> nacelles qu’il ne serait<br />

pas possible <strong>de</strong> ramener à l’intérieur <strong>de</strong>s places.<br />

« Si les circonstances obligeaient l’armée à abandonner Mag<strong>de</strong>burg,<br />

elle prendrait sa ligne d’opérations sur Wesel <strong>et</strong> défendrait successivement la<br />

Harz, le Wesel <strong>et</strong> l’Ems ; dans c<strong>et</strong>te prévision, la ligne d’étapes cesserait<br />

d’être dirigée sur Mayence <strong>et</strong> serait tracée par Cassel sur Wesel ».<br />

Malheureusement, ces instructions, parties <strong>de</strong> Paris le 2<br />

mars au soir, ne parvinrent au Prince Eugène que le 9 mars, c’està-dire<br />

trop tard pour qu’il pût s’y conformer.<br />

Quand le 9, Napoléon apprit le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite sur<br />

Wittenberg, très irrité, il écrivit le jour même :<br />

« Je ne vois pas ce qui vous obligeait à quitter Berlin. Vos mouvements<br />

sont si rapi<strong>de</strong>s que vous n’avez pas pu prendre la direction que je vous<br />

ai indiquée....<br />

« Vous découvrez Mag<strong>de</strong>burg sans être assuré si c<strong>et</strong>te place est approvisionnée<br />

<strong>et</strong> quelle garnison on y m<strong>et</strong>tra : là sont pourtant toute notre<br />

artillerie <strong>de</strong> campagne <strong>et</strong> beaucoup <strong>de</strong> choses importantes.... » (Reproche<br />

excessif car le Prince Eugène avait mis à Mag<strong>de</strong>burg tout le 5 ème<br />

Corps, 30 000 hommes).<br />

« Par la marche que vous avez faite sur Wittenberg, vous avez laissé<br />

à découvert toute la 32 ème Division M re <strong>et</strong> le Royaume <strong>de</strong> Westphalie. Par là,<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 71<br />

vous vous trouvez perdre toute la cavalerie qui est éparpillée dans les cantonnements<br />

<strong>et</strong> vous livrez à une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques milliers d’hommes les<br />

plus belles provinces <strong>de</strong> l’Empire.<br />

« Je vous ai toujours dit que vous <strong>de</strong>viez vous r<strong>et</strong>irer sur Mag<strong>de</strong>burg<br />

: en prenant votre ligne d’opérations sur Mayence, non seulement vous<br />

comprom<strong>et</strong>tez la 32 ème Division M re , mais encore la Hollan<strong>de</strong> <strong>et</strong> nos escadres<br />

<strong>de</strong> l’Escaut.<br />

« Il faut enfin commencer à faire la guerre. C’est <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg<br />

qu’il faut que vous réunissiez 80 000 hommes <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, comme d’un centre,<br />

protégiez tout l’Elbe....<br />

« Nos opérations militaires sont l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la visée <strong>de</strong> nos alliés <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

nos ennemis parce que, constamment, l’armée s’en va huit jours avant que<br />

l’infanterie ennemie soit arrivée, à l’approche <strong>de</strong>s troupes légères <strong>et</strong> sur <strong>de</strong><br />

simples bruits.<br />

« Il est temps que vous travailliez <strong>et</strong> que vous agissiez militairement<br />

: je vous ai tracé ce que vous aviez à faire ».<br />

Les reproches <strong>de</strong> l’Empereur sont mérités, mais le Prince<br />

Eugène a droit aux circonstances atténuantes. En eff<strong>et</strong>, il n’y a<br />

pas à la guerre <strong>de</strong> situation plus difficile que celle d’un chef qui<br />

doit, avec <strong>de</strong>s forces très inférieures à celles <strong>de</strong> l’adversaire, exécuter<br />

une longue r<strong>et</strong>raite, ne reculant que pied à pied, mais évitant<br />

avec le plus grand soin tout engagement sérieux qui causerait sa<br />

perte. Les difficultés <strong>de</strong> la situation sont encore plus gran<strong>de</strong>s<br />

quand le moral <strong>de</strong>s troupes est affaibli par <strong>de</strong> nombreuses défaites<br />

antérieures <strong>et</strong> que l’on ne dispose que d’une cavalerie très inférieure<br />

à celle <strong>de</strong> l’ennemi. On doit reculer <strong>de</strong> position en position,<br />

ne quittant la place ni trop tôt, ni trop tard, toujours prêt à revenir<br />

sur son adversaire dès qu’il comm<strong>et</strong> quelque impru<strong>de</strong>nce : cela<br />

exige plus <strong>de</strong> coup d’œil <strong>et</strong> plus d’énergie que n’en possè<strong>de</strong>nt la<br />

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72<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

plupart <strong>de</strong>s généraux. Pour mener à bien une pareille opération, il<br />

faut un chef <strong>de</strong> premier ordre.<br />

Le problème stratégique qui se pose est le suivant :<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui compte 90 000 hommes, dont<br />

15 000 <strong>de</strong> troupes sans cohésion, remplit le rôle d’armée <strong>de</strong> couverture.<br />

<strong>La</strong> mission consiste à tenir l’ennemi le plus loin possible<br />

<strong>de</strong> la vallée du Meyn jusqu’au 15 avril (pendant 30 à 35 jours par<br />

conséquent puisque l’on est au 15 mars), c’est-à-dire jusqu’au<br />

moment où la Gran<strong>de</strong> Armée, qui se réorganise aux environs <strong>de</strong><br />

Mayence <strong>et</strong> <strong>de</strong> Würzburg, sera prête à entrer en opérations.<br />

A la date indiquée plus haut, les corps ennemis, dont<br />

l’effectif total est <strong>de</strong> 110 000 hommes, ont leur tête <strong>de</strong> colonne<br />

sur la ligne Berlin-Bautzen.<br />

Le rôle <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est essentiellement défensif<br />

car notre intérêt est d’éviter la bataille jusqu’au moment où<br />

l’entrée en ligne <strong>de</strong> l’armée du Meyn nous assurera une telle supériorité<br />

numérique que nous aurons la certitu<strong>de</strong> du succès.<br />

L’Elbe est un fleuve large <strong>et</strong> profond sur lequel les places<br />

<strong>de</strong> Torgau, Wittenberg <strong>et</strong> Mag<strong>de</strong>burg forment tête <strong>de</strong> pont. C’est<br />

une bonne ligne <strong>de</strong> défense qui barre tout le théâtre d’opération<br />

<strong>de</strong>s monts <strong>de</strong> Bohème à la mer ; ligne beaucoup meilleure que<br />

toutes celles situées plus à l'ouest jusqu’au Rhin. De là, découle la<br />

nécessité <strong>de</strong> se cramponner à c<strong>et</strong>te ligne aussi longtemps qu’on le<br />

pourra.<br />

Etant donné nos propres moyens <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’adversaire,<br />

comment organiser la défense <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> ensuite quel<br />

parti prendre à l’ennemi nous contraint à abandonner c<strong>et</strong>te ligne ?<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 73<br />

L’Empereur, dans ses l<strong>et</strong>tres au Prince Eugène, traite la question<br />

dans le plus grand détail.<br />

Pour apprécier à leur juste valeur les leçons magistrales <strong>de</strong><br />

Napoléon, il importe d’observer que celui-ci, conformément à<br />

son habitu<strong>de</strong> invétérée, évalue trop haut les moyens d’action du<br />

Prince Eugène <strong>et</strong> trop bas ceux <strong>de</strong> l’ennemi. Le problème stratégique<br />

qu’il résout est bien celui posé plus haut, mais dont certains<br />

facteurs ont été quelque peu modifiés.<br />

Napoléon, obligé « d’opter entre la défense du bas <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong><br />

celle du haut, se déci<strong>de</strong> à défendre le haut ». Il estime « qu’il importe avant<br />

tout <strong>de</strong> couvrir la 32 ème Division M re <strong>et</strong> la Westphalie ; je préférerai, dit-il,<br />

voir l’ennemi à Leipzig, Erfurt <strong>et</strong> Gotha plutôt qu’à Hanovre <strong>et</strong> Bremen. »<br />

Il faut à tout prix empêcher l’adversaire <strong>de</strong> pénétrer sur le<br />

territoire français, ce qui produirait un très fâcheux eff<strong>et</strong> moral.<br />

Et puis, si l’armée est contrainte d’abandonner la ligne <strong>de</strong> l’Elbe,<br />

elle <strong>de</strong>vra prendre sa direction <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite sur Wesel <strong>et</strong> non pas sur<br />

Würzburg <strong>et</strong> Mayence, ce qui aurait pour résultat d’amener<br />

l’ennemi dans la région où se réorganisa l’armée <strong>de</strong> secours avant<br />

que c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière fût prête. Enfin, si les armées adverses<br />

s’aventuraient à suivre le Prince Eugène vers le Bas-Rhin, quelle<br />

belle occasion <strong>de</strong> renouveler la manœuvre d’Iéna dans <strong>de</strong> meilleures<br />

conditions encore qu’en 1806 puisque Mag<strong>de</strong>burg nous appartient.<br />

Ajoutons que l’Empereur médite, pour le printemps, un<br />

proj<strong>et</strong> d’opérations qui exige qu’il soit maître du bas Elbe. (Nous<br />

reviendrons plus tard sur ce suj<strong>et</strong>).<br />

Le Prince Eugène prendra position à trois ou quatre lieues<br />

à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg avec les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème corps, la Division Rogu<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> la majeure partie <strong>de</strong> la cavalerie, 65 à 70 000 hommes <strong>de</strong>s<br />

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74<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

meilleures troupes disponibles. Le Prince couvrira son camp par<br />

<strong>de</strong>s redoutes « espacées <strong>de</strong> manière qu’on puisse marcher entre elles ».<br />

Le Maréchal Victor, avec la 4 ème Division (12 bataillons),<br />

se tiendra sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe, près <strong>de</strong> Dessau où l’on<br />

établira un pont (<strong>et</strong>, en attendant, on va <strong>et</strong> vient) couvert par <strong>de</strong>s<br />

troupes <strong>de</strong> fortification improvisée. Le Maréchal étendra son action<br />

jusqu’à Torgau exclusivement ; la garnison <strong>de</strong> Wittenberg<br />

sera portée à 2 000 hommes.<br />

Le Général Reynier avec le 7 ème Corps (que l’Empereur<br />

suppose <strong>de</strong> 12 000 hommes mais qui, en réalité, en compte à<br />

peine 6 000) assurera la surveillance <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> Torgau<br />

inclus jusqu’aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème ; il fera couper le<br />

pont <strong>de</strong> Meissen. Le Général saxon qui comman<strong>de</strong> à Torgau emploiera<br />

les <strong>de</strong>ux-tiers <strong>de</strong> sa garnison (4 000 hommes) à gar<strong>de</strong>r le<br />

fleuve en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> la ville, le <strong>de</strong>rnier tiers (2 000 hommes)<br />

restant toujours dans la place.<br />

Le Maréchal Davout, avec la 16 ème Division (16 bataillons),<br />

sera placé sur la gauche <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. « Il y sera fort bon ; il<br />

connaît Hamburg <strong>et</strong> il y est connu <strong>et</strong> sa proximité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville sera fort<br />

utile ». Il s’établira en face <strong>de</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen <strong>et</strong><br />

installera un va <strong>et</strong> vient couvert par une tête <strong>de</strong> pont improvisée.<br />

Il fera surveiller l’Elbe en avant <strong>de</strong> sa position par <strong>de</strong>s postes.<br />

Hamburg aura une garnison <strong>de</strong> 3 000 hommes qui suffira<br />

avec la gar<strong>de</strong> nationale pour interdire aux cosaques d’insulter la<br />

ville.<br />

Le roi <strong>de</strong> Westphalie organisera une Division mixte <strong>de</strong><br />

troupes qu’il placera à <strong>de</strong>ux ou trois marches à l’Ouest <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>-<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 75<br />

burg <strong>et</strong> qui se tiendra prête à appuyer soit le Maréchal Victor, soit<br />

le Maréchal Davout 1 .<br />

Bien entendu, on procé<strong>de</strong>ra à une <strong>de</strong>struction systématique<br />

<strong>de</strong>s bateaux, barques <strong>et</strong> nacelles qu’on trouvera sur l’Elbe <strong>et</strong><br />

sur ses affluents <strong>de</strong> droite, en conservant toutefois ce qui pourra<br />

être rassemblé sous le canon <strong>de</strong>s places.<br />

« <strong>La</strong> ligne d’évacuation <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> l’armée, <strong>de</strong><br />

l’estaf<strong>et</strong>te, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s dépôts d’artillerie, <strong>et</strong>c. ira <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg sur<br />

Wesel ».<br />

Le corps principal placé dans le camp en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />

enverra « tous les jours, dans les différentes directions <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s<br />

comprenant chacune 1 500 chevaux <strong>et</strong> une Division d’infanterie. » Je suppose,<br />

dit l’Empereur au Prince Eugène, que vous ne vous laisserez<br />

pas enfermer par les cosaques <strong>et</strong> quelques bataillons<br />

d’infanterie.<br />

Si l’ennemi j<strong>et</strong>ait <strong>de</strong>s partisans sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe,<br />

on organiserait <strong>de</strong>s colonnes mobiles <strong>de</strong> 2 500 à 3 000 hommes<br />

<strong>de</strong> toutes armés qui seraient chargées <strong>de</strong> leur courir <strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

les j<strong>et</strong>er dans le fleuve.<br />

En cas d’attaque dirigée contre le corps principal, les Maréchaux<br />

Victor <strong>et</strong> Davout, si l’ennemi ne les avait pas masqués au<br />

préalable, déboucheraient sur la rive droite par les têtes <strong>de</strong> pont<br />

<strong>de</strong> Dessau <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen <strong>et</strong> manœuvreraient<br />

sur les flancs du corps principal.<br />

Les dispositions indiquées ci-<strong>de</strong>ssus interdisent à l’ennemi,<br />

qui ne vous est pas très supérieur en nombre (qu’on ne<br />

l’oublie pas) <strong>de</strong> songer à envahir la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe tant que<br />

notre corps principal est en position à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. Avant<br />

1 C<strong>et</strong>te Division ne fut pas prête en temps utile.<br />

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76<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

d’entreprendre une telle opération, l’ennemi doit marcher avec<br />

toutes ses forces contre notre corps principal, le déloger <strong>de</strong> sa<br />

position r<strong>et</strong>ranchée, le rej<strong>et</strong>er au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, puis laisser <strong>de</strong>vant<br />

Mag<strong>de</strong>burg un corps d’observation d’un effectif suffisant pour<br />

masquer les débouchés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place. C’est seulement alors qu’il<br />

sera en droit <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> forcer le passage du fleuve, si toutefois<br />

il lui reste assez <strong>de</strong> troupes disponibles pour cela.<br />

Si l’ennemi se perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> franchir l’Elbe sans tenir<br />

compte <strong>de</strong> notre corps principal, un mouvement offensif <strong>de</strong> celuici<br />

dans la direction <strong>de</strong> Berlin obligerait c<strong>et</strong> ennemi à revenir en<br />

toute hâte sur la rive droite.<br />

« Votre position dans le camp <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg rétablira le moral<br />

<strong>de</strong> vos troupes. Si l’ennemi marchait en force sur Havelberg, il ne pourrait<br />

pas le faire sans avoir 80 000 hommes pour vous masquer », (ce qui est<br />

impossible, les alliés ne disposant pas d’assez <strong>de</strong> forces pour cela).<br />

« S’il veut sérieusement marcher sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> que Reynier ne puisse l’arrêter,<br />

ce général se j<strong>et</strong>tera <strong>de</strong>rrière la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong> défendra c<strong>et</strong>te ligne contre les troupes<br />

légères <strong>de</strong> l'ennemi ; enfin, il se formera toujours sur votre droite. Dans c<strong>et</strong>te<br />

situation, un mouvement (du corps principal), <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg sur Bran<strong>de</strong>burg<br />

<strong>et</strong> Berlin, effraierait l’ennemi <strong>et</strong> le forcerait à rappeler la masse <strong>de</strong> ses forces<br />

sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe. En faisant prendre une position offensive <strong>et</strong> en<br />

montrant la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes qui sont à Mag<strong>de</strong>burg, l’ennemi sera<br />

bridé <strong>et</strong> ne pourra rien faire <strong>de</strong> raisonnable sans opposer une armée <strong>de</strong><br />

100 000 hommes à la vôtre ; <strong>et</strong> en se voyant à la veille d’une bataille, il se<br />

gar<strong>de</strong>ra bien <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s détachements qui l’affaibliraient (l<strong>et</strong>tre du 15<br />

mars) ».<br />

Napoléon n’adm<strong>et</strong> pas que l’ennemi divise ses forces en<br />

<strong>de</strong>ux masses dont l’une serait chargée <strong>de</strong> nous observer sur Mag<strong>de</strong>burg,<br />

tandis que l’autre franchirait l’Elbe à trois ou quatre marches<br />

en amont ou en aval. Il est clair que si l’ennemi comm<strong>et</strong>tait<br />

une pareille faute, notre corps principal manœuvrerait par les<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 77<br />

<strong>de</strong>ux rives du fleuve afin <strong>de</strong> battre les <strong>de</strong>ux corps adverses l’un<br />

après l’autre.<br />

Une telle manière d’opérer ne serait admissible, <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> l’ennemi, que si l’ensemble <strong>de</strong> ses forces lui perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong><br />

donner à chacun <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux corps un effectif, sinon supérieur,<br />

sinon égal à celui <strong>de</strong> notre masse <strong>de</strong> manœuvre grossie <strong>de</strong>s détachements<br />

qu’elle pourrait attirer à elle. Le Prince Eugène rallierait<br />

environ 80 000 hommes ; l’effectif total <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong>vrait donc<br />

être à peu près <strong>de</strong> 150 000 hommes. Napoléon n’adm<strong>et</strong> pas, <strong>et</strong> il a<br />

raison, que les alliés puissent disposer d’autant <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> pour les<br />

opérations actives au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe (leur effectif réel dépasse à<br />

peine 100 000 hommes).<br />

On remarquera les positions assignées aux Maréchaux<br />

Victor <strong>et</strong> Davout. Ces détachements, placés sur la rive gauche <strong>de</strong><br />

l’Elbe, vers Dessau <strong>et</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen, à environ<br />

<strong>de</strong>ux marches <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, l’un en amont, l’autre en aval,<br />

n’ayant pas à craindre d’être jamais séparés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place, prolongent<br />

l’action <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> manœuvre sur l’Elbe <strong>et</strong> obligent<br />

l’adversaire à choisir ses points <strong>de</strong> passage à trois marches au<br />

moins en amont ou en aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />

Notre masse <strong>de</strong> manœuvre jouit ainsi d’une sécurité complète<br />

car elle aura toujours, quoi qu’il arrive, le temps <strong>de</strong> revenir<br />

sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> <strong>de</strong> prendre ses dispositions pour<br />

couvrir sa ligne <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite.<br />

De plus, si, comme il est presque certain étant donné la situation<br />

générale, l’ennemi effectue le passage <strong>de</strong> l’Elbe en amont<br />

<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, il débouchera sur la rive gauche au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Dessau<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>vra par suite forcer successivement les lignes <strong>de</strong> la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la Saale, sur lesquelles nos détachements <strong>de</strong> couverture pourront<br />

le r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r. <strong>La</strong> masse <strong>de</strong> manœuvre aura sûrement le temps<br />

<strong>de</strong> revenir sur la Saale avant que les colonnes adverses aient fran-<br />

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78<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

chi c<strong>et</strong>te rivière. Elle manœuvrera alors, sa gauche appuyée à<br />

l’Elbe, sa droite couverte par le Harz, ses <strong>de</strong>rrières parfaitement<br />

assurés car l’ennemi ne peut pas songer à faire franchir le fleuve à<br />

ses colonnes à la fois en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, sur <strong>de</strong>s<br />

points qui seraient forcément distants <strong>de</strong> six à sept marches l’un<br />

<strong>de</strong> l’autre.<br />

L’envahissement <strong>de</strong> la rive gauche par l’adversaire<br />

n’obligera donc pas le Prince Eugène à abandonner la ligne <strong>de</strong><br />

l’Elbe, ce qui serait très fâcheux aussi bien au point <strong>de</strong> vue moral<br />

qu’au point <strong>de</strong> vue matériel.<br />

Les détachements <strong>de</strong> Davout <strong>et</strong> <strong>de</strong> Victor ont <strong>de</strong>s missions<br />

purement défensives ; néanmoins, l’Empereur a prescrit<br />

d’une façon expresse qu’ils s’assurent <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> passage sur<br />

l’Elbe afin d’être à même, le cas échéant, d’agir offensivement sur<br />

la rive droite pour secon<strong>de</strong>r l’action <strong>de</strong> la masse principale. On se<br />

donne ainsi la possibilité <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong> ces détachements le maximum<br />

d’eff<strong>et</strong> utile.<br />

En résumé, il résulte <strong>de</strong> tout ce que nous venons <strong>de</strong> dire<br />

que l’armée <strong>de</strong> l’Elbe ne peut remplir sa mission que par la<br />

manœuvre.<br />

Il en est <strong>de</strong> même pour toutes les armées <strong>de</strong> couverture,<br />

quels que soient les avantages que présente, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la<br />

défensive pure, la région où elle opère.<br />

Dans ses rapports précé<strong>de</strong>nts, le Prince Eugène avait<br />

donné, entre autres raisons <strong>de</strong>s mesures prises par lui, le 10 mars,<br />

la nécessité <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r Dres<strong>de</strong> ; l’Empereur lui répondit (l<strong>et</strong>tre du<br />

15 mars) :<br />

« Je sais bien que la gran<strong>de</strong> question est Dres<strong>de</strong>. Les dispositions<br />

que vous avez prises ne défen<strong>de</strong>nt point c<strong>et</strong>te ville car si l’ennemi veut sérieusement<br />

marcher sur Dres<strong>de</strong>, que feront la 31 ème Division <strong>et</strong> six bataillons <strong>de</strong><br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 79<br />

plus que vous donnez au Prince d’Eckmühl ? Cela est tout à fait comme<br />

rien. Vous ne défen<strong>de</strong>z pas Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> vous vous exposez à un échec en comprom<strong>et</strong>tant<br />

ce corps si l’ennemi y marchait en force. S’il n’entre pas dans les<br />

proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong> se porter en force sur Dres<strong>de</strong>, le Général Reynier, avec<br />

son Corps qui a dû se renforcer <strong>et</strong> que je suppose avoir été complété à 12 000<br />

hommes, est bien suffisant pour le défendre ».<br />

Il ne s’agit pas d’organiser une défense sérieuse <strong>de</strong><br />

Dres<strong>de</strong>, mais seulement <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te ville à l'abri <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong><br />

main <strong>de</strong>s troupes légères ; on y placera donc un détachement<br />

juste assez fort pour n’avoir rien à craindre <strong>de</strong> celles-ci : 12 000<br />

hommes suffisent certainement ; affecter à c<strong>et</strong>te mission un corps<br />

plus considérable serait donc une faute : le but particulier que l’on<br />

se propose ne serait pas plus complètement atteint <strong>et</strong> l’on affaiblirait<br />

davantage « la masse <strong>de</strong> manœuvre ».<br />

L’Empereur ajoute :<br />

« <strong>La</strong> r<strong>et</strong>raite du Général Reynier <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> ne serait ni un affront<br />

pour nous, ni une nouvelle pour l’Europe : ce ne serait que la suite <strong>de</strong> son<br />

premier mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite ; celle du prince d’Eckmühl serait un véritable<br />

affront : elle montrerait que nous avons voulu défendre Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> que nous ne<br />

l’avons pas pu .<br />

« A la guerre, l’opinion joue un rôle considérable ; il faut éviter <strong>de</strong><br />

fournir à son adversaire <strong>de</strong>s prétextes <strong>de</strong> chanter victoire, car une apparence <strong>de</strong><br />

succès habilement exploitée lui procurera parfois <strong>de</strong>s avantages aussi grands<br />

qu’un succès réel.<br />

« <strong>La</strong> formation du camp <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg est le meilleur<br />

moyen <strong>de</strong> défendre Dres<strong>de</strong>, en ôtant à l’ennemi l’envie<br />

d’y aller puisque, comme je l’ai déjà observé, il pourra craindre qu’on ne<br />

veuille se porter sur St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> c’est le seul moyen <strong>de</strong> réorganiser l’armée.<br />

« S’il avait été convenable <strong>de</strong> défendre Dres<strong>de</strong>, il aurait fallu se grouper<br />

autour mais, nous n’aurions eu ni magasins, ni munitions, ni aucune <strong>de</strong>s<br />

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80<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

ressources que donne une place forte. Si Wittenberg était une place forte<br />

comme Mag<strong>de</strong>burg, vous auriez pu vous y poster comme je l’ai dit pour celle-ci<br />

<strong>et</strong> cela aurait été même plus avantageux puisque Wittenberg est plus près <strong>de</strong><br />

Berlin, <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> même <strong>de</strong> la ligne d’opération <strong>de</strong> l’armée ennemie qui se<br />

porterait sur Hanovre ; mais une armée campée à Wittenberg peut craindre<br />

d’être tournée, tandis que à Mag<strong>de</strong>burg, elle n’a rien à craindre. Elle pourrait,<br />

au besoin, s’y renfermer toute entière <strong>et</strong> peut manœuvrer sur les <strong>de</strong>ux<br />

rives. »<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe pourrait au besoin, c’est-à-dire si<br />

elle y était contrainte par les événements, se renfermer dans<br />

Mag<strong>de</strong>burg ; mais le Prince Eugène comm<strong>et</strong>trait une faute capitale<br />

s’il prenait parti pris une telle résolution.<br />

Remarquons, en passant, que la l<strong>et</strong>tre précitée présente un<br />

très grand intérêt en ce sens qu’elle indique <strong>de</strong> quelles considérations<br />

on doit tenir compte, quand il s’agit <strong>de</strong> déterminer les emplacements<br />

où il convient d’édifier les places fortes. Si l’Empereur<br />

avait à organiser <strong>de</strong> toutes pièces la défense permanente <strong>de</strong> l’Elbe,<br />

il créerait sa place principale à Wittenberg <strong>et</strong> non à Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />

cela pour les raisons qu’il indique.<br />

Le Prince Eugène, ému <strong>de</strong>s reproches qui lui avaient été<br />

adressés, a dû essayer <strong>de</strong> se justifier dans ses l<strong>et</strong>tres du 13 <strong>et</strong> 14<br />

mars ; l’Empereur lui répond à la date du 18 : « Le parti pris <strong>de</strong><br />

faire sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> rétablir l’ancienne enceinte <strong>de</strong><br />

la ville me paraît convenable 1 ; mais tous ces « préparatifs disparaî-<br />

1 Oui, mais à la condition que cela se fasse seulement quand<br />

l’ennemi menacera sérieusement Dres<strong>de</strong>. Dans <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres ultérieures<br />

(25 <strong>et</strong> 26 mars), Napoléon adressera <strong>de</strong> vifs reproches au Maréchal<br />

Davout pour avoir fait sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> alors que l’ennemi<br />

n’avait encore fait avancer sur c<strong>et</strong>te ville que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> troupes légères,<br />

reproches d’ailleurs très peu justifiés.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 81<br />

tront si l’ennemi fait un mouvement <strong>de</strong> 40 000 hommes sur Dres<strong>de</strong> : or, c’est<br />

contre ce mouvement qu’il faut se prémunir.<br />

« Il ne faut pas chercher si l’ennemi fera ou ne fera pas <strong>de</strong> mouvement<br />

; ce qu’il ne fait pas aussitôt, il pourra le faire dans quinze jours ; or,<br />

dans quinze jours, rien ne sera changé <strong>de</strong> votre côté.<br />

« C’est parce que vous vous êtes laissé éblouir par <strong>de</strong> pareilles illusions<br />

que vous n’avez pas pris un grand parti ».<br />

Il n’est pas possible <strong>de</strong> dire plus clairement à un général<br />

en chef qu’il a la vue courte.<br />

Après avoir renouvelé ses ordres antérieurs relativement à<br />

la concentration du gros <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />

l’Empereur ajoute :<br />

« Faites battre par <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’infanterie, avec<br />

<strong>de</strong> l’artillerie, toute la rive droite, l’alarme sera aussitôt à Berlin. <strong>La</strong> crainte<br />

que vous ne preniez l’offensive en vous portant sur St<strong>et</strong>tin r<strong>et</strong>iendra l’ennemi.<br />

C’est le moyen le plus puissant <strong>de</strong> venir au secours <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> vous serez au<br />

moins certain d’empêcher toute opération sur Hamburg...<br />

« Vous gar<strong>de</strong>rez Dres<strong>de</strong> si l’ennemi le veut <strong>et</strong>, sans doute, tant qu’il<br />

ne viendra pas avec 25 à 30 000 hommes qu’il fera passer pour 50 000.<br />

D’après les mesures qui ont été prises, il est évi<strong>de</strong>nt qu’il ne tentera pas <strong>de</strong><br />

forcer la ville ; mais, s’il est en force, il menacera <strong>de</strong> passer ou passera effectivement<br />

à droite ou à gauche... Toutefois, c’est un grand point que <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />

Dres<strong>de</strong> jusqu’à ce que l’ennemi ait fait un grand mouvement d’armée <strong>et</strong> aussi<br />

longtemps que possible.<br />

« Mais il faut enfin prendre une position qui vous<br />

m<strong>et</strong>te à l’abri <strong>de</strong>s volontés <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> que vous puissiez<br />

occuper, quelque chose qu’il fasse, d’où vous puissiez maitriser<br />

ses mouvements en l’obligeant à venir vous bloquer.<br />

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82<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Ce ne peut être que le résultat d’une position offensive en campant en avant <strong>de</strong><br />

Mag<strong>de</strong>burg ».<br />

Quand on étudie les l<strong>et</strong>tres que nous venons <strong>de</strong> citer, il<br />

convient d’observer que chaque fois que Napoléon sort du domaine<br />

<strong>de</strong> la didactique pure pour formuler <strong>de</strong>s prescriptions applicables<br />

aux circonstances du moment, intentionnellement ou<br />

non, il part d’une situation qui diffère assez sensiblement <strong>de</strong> la<br />

situation réelle.<br />

« L’ennemi, dit-il au Prince Eugène, est loin d’avoir autant <strong>de</strong> troupes<br />

disponibles que vous ».<br />

C<strong>et</strong>te affirmation est inexacte. Les coalisés poussent au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r 110 000 hommes <strong>de</strong> troupes excellentes ; or, abstraction<br />

faite <strong>de</strong>s garnisons <strong>de</strong>s places <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Divisions Durutte <strong>et</strong><br />

Rechberg, réduites l’une <strong>et</strong> l’autre à <strong>de</strong>s cadres très fatigués <strong>et</strong> qu’il<br />

faut par conséquente envoyer se réorganiser en arrière, abstraction<br />

faite aussi <strong>de</strong>s Saxons qui se renferment dans Torgau <strong>et</strong> refusent<br />

d’en sortir, le Prince Eugène m<strong>et</strong> en ligne moins <strong>de</strong> 80 000<br />

hommes, dont 12 000 <strong>de</strong>s 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions n’ont pas encore<br />

<strong>de</strong> consistance.<br />

Cependant, les instructions <strong>de</strong> l’Empereur restent applicables<br />

dans leurs gran<strong>de</strong>s lignes, car elles sont fondées sur <strong>de</strong>s principes<br />

immuables, indépendants <strong>de</strong>s circonstances.<br />

Le rôle <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe consistant à tenir l’ennemi à<br />

distance <strong>de</strong> la vallée du Meyn, gar<strong>de</strong>r la majeure partie <strong>de</strong> ses forces<br />

actives groupées en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, prêtes à manœuvrer<br />

sur c<strong>et</strong>te place par les <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> l’Elbe, apparaît comme le<br />

meilleur moyen d’atteindre le but cherché, quelles que soient les<br />

forces <strong>de</strong> l’adversaire <strong>et</strong> quels que soient ses <strong>de</strong>sseins.<br />

Ce qui rend la situation très difficile, c’est que l’ennemi, au<br />

cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>raite qui s’est poursuivie pendant plus <strong>de</strong> 500<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 83<br />

lieues sans que nous ayons fait tête une seule fois, a perdu tout<br />

respect <strong>de</strong> nos armes.<br />

L’Empereur pense que si l’ennemi tente <strong>de</strong> franchir l’Elbe<br />

en négligeant notre corps principal, il suffira, pour le ramener sur<br />

la rive droite, d’un mouvement offensif dirigé avec 65 000 hommes<br />

contre Bran<strong>de</strong>nbourg <strong>et</strong> Berlin : il se trompe. Ainsi que nous<br />

le verrons tout à l’heure, les coalisés ont prévu c<strong>et</strong>te manœuvre <strong>et</strong><br />

ont décidé <strong>de</strong> ne pas s’en préoccuper. Ils continueront à nous<br />

tenir pour quantité négligeable tant que nous ne les aurons pas<br />

rappelés à la pru<strong>de</strong>nce par quelque action <strong>de</strong> vigueur.<br />

L’éloignement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Blücher, dont les têtes <strong>de</strong> colonnes<br />

sont encore à cinquante lieues <strong>de</strong> Berlin, nous offre une<br />

occasion favorable car nous pouvons nous j<strong>et</strong>er avec 65 000<br />

hommes sur les corps <strong>de</strong> Wittgenstein qui ne comptent pas ensemble<br />

plus <strong>de</strong> 40 000 hommes, (abstraction faite <strong>de</strong> ce qui a été<br />

laissé <strong>de</strong>vant Küstrin, St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> Spandau) <strong>et</strong> qui marchent à <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s distances les unes <strong>de</strong>s autres.<br />

Dans ces conditions, il semble que l’offensive s’impose ; il<br />

n’en est rien pourtant car ce mo<strong>de</strong> d’action n’est possible qu’avec<br />

un véritable chef ; or, le Prince Eugène n’en est pas un. Honnête,<br />

brave <strong>et</strong> intelligent, il n’a ni pénétration d’esprit, ni décision, ni<br />

volonté. S’exagérant les forces <strong>de</strong> ses adversaires <strong>et</strong> incapable <strong>de</strong><br />

discerner, même approximativement leurs dispositions, doutant<br />

<strong>de</strong> ses troupes dont il n’a pas su gagner la confiance, le Prince se<br />

rend très bien compte qu’il est impuissant ; c’est pourquoi il est<br />

résolu à éviter toute action sérieuse où pourraient être compromises<br />

<strong>de</strong>s troupes qu’il juge pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> conserver intactes pour le<br />

moment où l’Empereur reprendra l’offensive avec la nouvelle<br />

armée qu’il organise sur le Meyn.<br />

Le Prince finit par se rallier à l’idée <strong>de</strong> rassembler son armée<br />

sur Mag<strong>de</strong>burg parce qu’il comprend que dans c<strong>et</strong>te position,<br />

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84<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

il sera moins abordable que dans toute autre <strong>et</strong> qu’il pourra rester<br />

plus longtemps sur l’Elbe sans être obligé <strong>de</strong> combattre.<br />

Par contre, s’il ne prenait conseil que <strong>de</strong> lui-même, il resterait<br />

avec ses troupes sur la rive gauche du fleuve, prêt à rétrogra<strong>de</strong>r<br />

sur Brunswick dès que l’ennemi s’approcherait <strong>de</strong> lui avec<br />

<strong>de</strong>s forces suffisantes pour l’inquiéter.<br />

Mais l’Empereur lui ayant ordonné, d’une façon formelle,<br />

<strong>de</strong> prendre une position offensive sur la rive droite, il se résigne à<br />

contre cœur à exécuter une manœuvre dont il n’attend aucun<br />

résultat <strong>et</strong> qu’il estime très périlleuse.<br />

Etant donné c<strong>et</strong> état d’esprit, il est évi<strong>de</strong>nt que la manœuvre<br />

en question se réduirait à une timi<strong>de</strong> démonstration sur le<br />

sens <strong>de</strong> laquelle l’ennemi ne se tromperait pas un instant.<br />

Chose à peine croyable, la l<strong>et</strong>tre du 9 mars ne suffit pas<br />

pour déterminer le Prince Eugène à m<strong>et</strong>tre ses troupes en mouvement<br />

; il voulut au préalable attendre la réponse à différentes observations<br />

<strong>de</strong> ces rapports précé<strong>de</strong>nts : ce fut seulement le 18, à la<br />

réception d’une l<strong>et</strong>tre datée du 13 <strong>et</strong> dans laquelle l’Empereur<br />

confirmait ses instructions antérieures, que le Prince donna ses<br />

ordres. Un événement malheureux, l’évacuation <strong>de</strong> Hamburg,<br />

dont il fut informé à ce moment, lui montra combien les circonstances<br />

étaient pressantes. Grâce à l’inaction <strong>de</strong>s coalisés,<br />

inaction dont nous expliquerons plus loin les causes, sa fausse<br />

manœuvre put être en partie réparée.<br />

L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe se concentre sur Mag<strong>de</strong>burg<br />

<strong>La</strong> concentration <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe sur Mag<strong>de</strong>burg exigeait<br />

quelques précautions.<br />

Napoléon avait écrit à ce suj<strong>et</strong> :<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 85<br />

« Puisque notre mouvement sur Wittenberg y a attiré l’ennemi, exécutez<br />

votre mouvement sur Mag<strong>de</strong>burg avec l’art nécessaire pour que l’ennemi<br />

vous y suive ».<br />

Puis, venait l’indication <strong>de</strong>s mesures à prendre pour obtenir<br />

ce résultat.<br />

« Il est nécessaire que l’ennemi puisse craindre qu’on veuille (ou que<br />

vous ne vouliez) prendre l’offensive par Mag<strong>de</strong>burg avant qu’il sache que vous<br />

vous êtes dégarni sur Wittenberg ».<br />

En eff<strong>et</strong>, si l’adversaire franchissait l’Elbe près <strong>de</strong> Wittenberg<br />

pendant que nos troupes seraient en marche sur Mag<strong>de</strong>burg,<br />

le mouvement offensif par la rive droite ne serait plus possible :<br />

nous serions contraints <strong>de</strong> rester sur la rive gauche pour faire face<br />

à l’ennemi.<br />

« Il faut donc que le général <strong>La</strong>uriston choisisse d’abord le camp, y<br />

fasse entrer ses quatre Divisions, construise les redoutes <strong>et</strong> y place son artillerie<br />

<strong>et</strong> qu’ensuite, les trois Divisions du 11 ème Corps y arrivent successivement,<br />

étant relevées dans leurs positions par les troupes du duc <strong>de</strong> Bellune....<br />

nous ».<br />

tions ».<br />

« Tout ceci dans l’hypothèse que l’ennemi est en gran<strong>de</strong> forces <strong>de</strong>vant<br />

Le Prince Eugène ne mit pas « tant d’art dans ses disposi-<br />

Le Maréchal Davout, invité à quitter Dres<strong>de</strong> le 17, avant<br />

la 31 ème Division <strong>et</strong> la 1 ère Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division, partit au jour<br />

fixé après avoir fait sauter une pile du pont <strong>de</strong> pierre, malgré les<br />

protestations <strong>de</strong>s habitants ; il laissait à peine 7 000 hommes 1 au<br />

Général Durutte qui avait pris le comman<strong>de</strong>ment en l’absence du<br />

Général Reynier, tombé mala<strong>de</strong>.<br />

1 Non compris les garnisons <strong>de</strong> Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigstein<br />

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86<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le 21, comme le Maréchal n’était plus qu’à une marche <strong>de</strong><br />

Leipzig, le Quartier général, la Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> les 35 <strong>et</strong> 36 ème<br />

Divisions quittèrent simultanément Leipzig <strong>et</strong> Wittenberg <strong>et</strong>, filant<br />

vers l’Elbe que bordaient les bataillons <strong>de</strong> la 4 ème Division,<br />

marchèrent sur Mag<strong>de</strong>burg pour se joindre au 5 ème Corps.<br />

Le 23, une Division du 5 ème Corps franchit l’Elbe <strong>et</strong> se<br />

porta à Mockern, à une p<strong>et</strong>ite marche en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />

dans le but d’attirer l’attention <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> <strong>de</strong> le détourner <strong>de</strong><br />

se porter vers Wittenberg ; le gros du corps d’armée resta sur la<br />

rive gauche.<br />

Pertes <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong><br />

Avant <strong>de</strong> poursuivre le récit <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />

l’Elbe, il est nécessaire <strong>de</strong> donner un coup d’œil rapi<strong>de</strong> sur les<br />

événements qui se sont passés d’une part, du côté <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong><br />

d’autre part, du côté <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> pendant que l’armée effectuait sa<br />

concentration sur Mag<strong>de</strong>burg.<br />

Le Général Carra-Saint-Cyr, qui commandait à Hamburg<br />

<strong>et</strong> qui n’avait avec lui que 2 000 soldats (2 bataillons du 152 ème du<br />

5 ème Corps), douaniers <strong>et</strong> gendarmes, n’avait pas cru pouvoir rester<br />

au milieu d’une population <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000 habitants ouvertement<br />

hostiles <strong>et</strong> parmi lesquels se produisaient à chaque instant<br />

<strong>de</strong> véritables actes <strong>de</strong> rébellion . Le 12 mars, à la nouvelle <strong>de</strong><br />

l’approche <strong>de</strong>s cosaques, il avait quitté la ville après avoir détruit<br />

une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> s’était replié <strong>de</strong>rrière<br />

l’Elbe. Le 17, il avait été rejoint par le Général Morand qui avait<br />

réussi à se frayer, non sans peine, un passage à travers le Mecklessburg.<br />

A ce moment, il semblait que toute la 32 ème Division militaire<br />

fût sur le point <strong>de</strong> s’insurger. Des frégates anglaises ayant<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 87<br />

débarqué à l’embouchure du Weser quelques centaines <strong>de</strong> soldats,<br />

les habitants <strong>de</strong> Ol<strong>de</strong>nburg s’étaient soulevés <strong>et</strong> avaient aidé les<br />

Anglais à détruire les batteries du côté <strong>de</strong> Blexen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bremerlehe.<br />

Carra-Saint-Cyr, qui reçut quelques renforts (2 bataillons<br />

du 152 ème <strong>de</strong> ligne, entre autres), se trouva à la tête <strong>de</strong> près <strong>de</strong><br />

5 000 hommes ; il se porta sur Brême, força les Anglais à se rembarquer<br />

<strong>et</strong> rétablit l’ordre.<br />

Le 18 mars, le partisan russe T<strong>et</strong>tenborn était entré à<br />

Hamburg, dont la population l’avait accueilli avec enthousiasme.<br />

Hamburg <strong>et</strong> Lübeck avaient immédiatement proclamé leur indépendance<br />

<strong>et</strong> décidé la levée d’une légion hanséatique <strong>de</strong> 4 000<br />

hommes <strong>de</strong>stinée à combattre les Français. Comme l’organisation<br />

<strong>de</strong> ce corps était très lente, T<strong>et</strong>tenborn <strong>de</strong>manda du renfort à<br />

Wittgenstein <strong>et</strong>, en attendant, se contenta <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er sur la rive gauche<br />

<strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its détachements <strong>de</strong> 50 à 60 cavaliers qui allèrent<br />

jusqu’au Weser porter <strong>de</strong>s proclamations appelant les populations<br />

aux armes. Quelques localités, Lüneburg entre autres, répondirent<br />

à c<strong>et</strong> appel <strong>et</strong> chassèrent les fonctionnaires français ;<br />

cependant, il y eut plus d’agitation que d’action réelle.<br />

Carra-Saint-Cyr, voyant la région <strong>de</strong> Bohème pacifiée,<br />

prescrivit au Général Morand <strong>de</strong> se reporter sur l’Elbe pour m<strong>et</strong>tre<br />

un terme aux incursions <strong>de</strong> cosaques <strong>et</strong> châtier les localités<br />

rebelles. Morand partit le 28 mars, emmenant trois bataillons, un<br />

français <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux saxons, une centaine <strong>de</strong> cavaliers <strong>et</strong> une batterie,<br />

en tout 2 000 hommes ; Carra-Saint-Cyr, qui avait gardé avec lui<br />

environ 3 000 hommes, se proposait <strong>de</strong> le suivre <strong>de</strong> près, mais un<br />

rapport <strong>de</strong> police lui ayant fait craindre un soulèvement <strong>de</strong>s habitants<br />

<strong>de</strong> Brême, il se porta sur c<strong>et</strong>te ville, laissant Morand continuer<br />

seul vers Lüneburg. Il n’était pas possible <strong>de</strong> prendre une<br />

résolution plus fâcheuse : puisqu’on ne disposait que d’une poi-<br />

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88<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

gnée d’hommes, la pru<strong>de</strong>nce la plus élémentaire commandait <strong>de</strong><br />

les tenir réunis : il fallait donc ou bien rester à Brême, ou bien<br />

marcher sur Lüneburg, avec tout son mon<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te faute, une<br />

<strong>de</strong> celles que l’on comm<strong>et</strong> le plus fréquemment à la guerre, fut,<br />

dans ce cas, chèrement payée car, le 2 avril, la colonne du Général<br />

Morand fut prise toute entière à Lüneburg, ainsi que nous le verrons<br />

plus tard.<br />

A Dres<strong>de</strong>, le Général Durutte avait été abandonné par les<br />

Divisions saxonnes qui s’étaient r<strong>et</strong>irées à Torgau, conformément<br />

à l’ordre <strong>de</strong> leur souverain ; ne disposant plus que <strong>de</strong> 3 000 Français<br />

<strong>et</strong> Bavarois, le Général fut contrait <strong>de</strong> quitter Dres<strong>de</strong>, le 27<br />

mars, lorsque les partisans <strong>de</strong> Blücher franchirent l’Elbe. Il fit sa<br />

r<strong>et</strong>raite sur Wilsdurf <strong>et</strong> Altenburg <strong>et</strong> ne s’arrêta que <strong>de</strong>rrière la<br />

Saale, le 2 avril.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 89<br />

Opérations <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> mars au 15 avril<br />

Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s coalisés<br />

A la date du 20 mars, l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein était établie<br />

en cantonnements autour <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Postdam, occupant par<br />

<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s Rathenau, Bran<strong>de</strong>nburg <strong>et</strong> Tressenbriezen ; sa<br />

cavalerie légère se tenait le long <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> Wittenberg à Havelberg,<br />

surveillant principalement les débouchés <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Wittenberg <strong>et</strong> j<strong>et</strong>ant, <strong>de</strong> temps à autres, <strong>de</strong>s partis sur la rive<br />

gauche. Ainsi que nous l’avons vu précé<strong>de</strong>mment, le détachement<br />

franc <strong>de</strong> T<strong>et</strong>tenborn, envoyé à Hamburg, avait occupé c<strong>et</strong>te ville<br />

dès le 18 mars.<br />

A la même date, l’armée <strong>de</strong> Blücher s’avançait lentement<br />

vers Dres<strong>de</strong> ; la tête du gros n’était encore qu’à Leignitz ; l’avantgar<strong>de</strong><br />

formée <strong>de</strong> corps russes <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> venait d’atteindre<br />

Bautzen ; les partisans <strong>et</strong> la cavalerie légère étaient déjà sur l’Elbe.<br />

Quant à l’armée <strong>de</strong> réserve, elle n’avait pas encore bougé ;<br />

le corps <strong>de</strong> Miloradowitch se tenait <strong>de</strong>vant Glogau, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le<br />

Quartier général étaient toujours à Kalisch.<br />

Du 20 au 27, il y eut une sorte <strong>de</strong> temps d’arrêt général dû<br />

aux divergence qui se produisirent entre Kutuzow <strong>et</strong> le Général<br />

Scharnhorst au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la conduite <strong>de</strong>s opérations. Kutuzow,<br />

influencé par les souvenirs <strong>de</strong> 1806, ne faisait pas grand cas <strong>de</strong><br />

l’armée prussienne ; aussi était-il bien décidé à n’entreprendre<br />

aucune action sérieuse avant d’avoir réorganisé l’armée russe au<br />

moyen <strong>de</strong>s renforts qu’il attendait. Ses procédés <strong>de</strong> temporisation<br />

ne pouvaient convenir à l’impatience <strong>de</strong>s Allemands qui récla-<br />

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90<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

maient à grands cris « la marche jusqu’au Rhin » 1 , prétendant que les<br />

Français étaient hors d’état d’opposer la moindre résistance <strong>et</strong><br />

qu’à l’approche <strong>de</strong>s armées alliées, tous les peuples <strong>de</strong> la Confédération<br />

du Rhin se lèveraient en masse pour secouer le joug <strong>de</strong><br />

Napoléon. Malgré l’Empereur Alexandre, qui prêtait volontiers<br />

l’oreille aux discours <strong>de</strong>s patriotes allemands, Kutuzow persista<br />

dans son système.<br />

Il prescrivit à Wittgenstein <strong>de</strong> laisser quelques milliers<br />

d’hommes <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> <strong>de</strong> remonter l’Elbe par la rive<br />

droite avec la majeure partie <strong>de</strong> ses forces pour se joindre à Blücher<br />

; quand les <strong>de</strong>ux armées auraient effectué leur jonction, elles<br />

franchiraient l’Elbe simultanément pour marcher sur Leipzig <strong>et</strong><br />

Altenburg : « on verrait ensuite à agir selon les circonstances ».<br />

Wittgenstein jugeait très mauvais <strong>de</strong> découvrir prématurément<br />

Berlin, qui était un centre <strong>de</strong> ressources considérables <strong>et</strong><br />

dont la perte aurait porté une grave atteinte à la confiance <strong>de</strong>s<br />

1 Le 24 mars, Kutuzow écrivait <strong>de</strong> Kalisch, au Général Wittzengero<strong>de</strong>,<br />

la l<strong>et</strong>tre suivante, dont nous respectons le français bizarre :<br />

« Perm<strong>et</strong>tez-moi <strong>de</strong> répéter mon opinion sur la rapidité <strong>de</strong> vos marches en avant. Je<br />

sais que, dans toute l’Allemagne, chaque p<strong>et</strong>it individu se perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> crier contre nos<br />

lenteurs. On croit que chaque marche en avant équivaut à une victoire <strong>et</strong> que chaque<br />

journée perdue est une défaite. Moi, qui par le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> ma charge suis assuj<strong>et</strong>ti à<br />

<strong>de</strong>s calculs, je dois bien peser les distances <strong>de</strong> l’Elbe à nos réserves <strong>et</strong> les forces <strong>de</strong><br />

l’ennemi dans tout son rassemblement que nous pouvons rencontrer à telle ou telle<br />

hauteur....<br />

« Soyez persuadé qu’un échec porté par l’ennemi à l’un <strong>de</strong> vos corps détruirait<br />

le prestige <strong>de</strong> l’opinion que nous avons en notre faveur en Allemagne.<br />

« Je ne veux pas parler avec toute c<strong>et</strong>te confiance à M.<br />

Blücher, mais c’est à Votre Excellence <strong>de</strong> l’influencer dans ce<br />

sens, sans lui faire une parfaite confi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> nos moyens. »<br />

C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre en dit long sur les rapports qui existaient à c<strong>et</strong>te<br />

époque entre Français <strong>et</strong> Russes.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 91<br />

Allemands ; il présenta donc <strong>de</strong>s observations au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s ordres<br />

indiqués ci-<strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> finit par faire adopter les dispositions suivantes<br />

:<br />

Avec son armée, il prendrait position au S.-E. <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />

entre Loburg <strong>et</strong> Zerbst, <strong>de</strong> manière à se rapprocher <strong>de</strong> Blücher<br />

sans cesser <strong>de</strong> couvrir Berlin ; il ferait j<strong>et</strong>er un pont à Hosslau,<br />

afin <strong>de</strong> pouvoir franchir l’Elbe dès que l’armée <strong>de</strong> Blücher,<br />

qui aurait passé le fleuve à Dres<strong>de</strong>, serait arrivée à sa hauteur,<br />

c’est-à-dire dès que les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée atteindraient<br />

la Pleisse. Il pousserait alors rapi<strong>de</strong>ment ses avant-gar<strong>de</strong>s<br />

vers la Basse-Saale, ce qui suffirait, pensait-il, à faire renoncer le<br />

Prince Eugène à toute idée d’offensive sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

De c<strong>et</strong>te manière, Berlin ne cesserait pas d’être couvert,<br />

soit directement, soit indirectement.<br />

Le Général russe, convaincu qu’avec ses seules forces il<br />

aurait facilement raison <strong>de</strong>s troupes du Prince Eugène, ne désirait<br />

rien tant que <strong>de</strong> voir le Prince prendre l’offensive en avant <strong>de</strong><br />

Mag<strong>de</strong>burg.<br />

Il fut décidé, en outre, que les détachements <strong>de</strong> Tschernitchew<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Bekendorf, auxquels se joindraient 2 000 fantassins,<br />

passeraient l’Elbe à Havelberg, ou plus en aval si c’était nécessaire<br />

<strong>et</strong> tenteraient <strong>de</strong> pénétrer jusqu’à Brunswick pour essayer <strong>de</strong> soulever<br />

le Hanovre <strong>et</strong> la Westphalie.<br />

Ce fut le 27 mars que les troupes <strong>de</strong> Wittgenstein quittèrent<br />

les environs <strong>de</strong> Berlin pour se porter sur Zerbst.<br />

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92<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Mouvement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />

Au Quartier général français, on était à peu près bien renseigné<br />

sur les positions occupées par les armées coalisées, mais<br />

malheureusement, on s’exagérait beaucoup leurs forces, ce qui<br />

paralysait le comman<strong>de</strong>ment.<br />

En outre, l’attention <strong>de</strong> l’Etat-Major était attirée plus que<br />

<strong>de</strong> raison sur l’Elbe inférieur. Le bruit courait que 10 à 15 000<br />

Anglais étaient attendus à Hamburg, où ils <strong>de</strong>vaient former, avec<br />

10 000 Danois, 5 000 à 6 000 Russes <strong>et</strong> quelques milliers <strong>de</strong> Suédois,<br />

un corps <strong>de</strong>stiné à envahir la 32 ème Division militaire <strong>et</strong> à<br />

couper les communications <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe avec le Rhin.<br />

Le Général <strong>La</strong>uriston avait prêté l’oreille à ce racontar <strong>et</strong><br />

en avait fait mention dans plusieurs rapports qui avaient frappé<br />

l’imagination <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong> l’entourage du Prince Eugène. Napoléon,<br />

qui était très mécontent <strong>de</strong> la facilité avec laquelle ses<br />

généraux ajoutaient foi à toute mauvaise nouvelle, leur donna à<br />

tous une leçon sur le dos du Général <strong>La</strong>uriston.<br />

« L<strong>et</strong>tre du 27 mars.<br />

« Vous allez trop vite <strong>et</strong> vous vous alarmez trop promptement.<br />

Vous ajoutez trop <strong>de</strong> confiance à tous les bruits. Il faut plus <strong>de</strong> calme<br />

dans la direction <strong>de</strong>s affaires militaires <strong>et</strong>, avant d’ajouter<br />

croyances aux rapports, il faut les discuter. Tous ce que les<br />

espions <strong>et</strong> agents disent, sans qu’ils l’aient vu <strong>de</strong> leurs yeux,<br />

n’est rien <strong>et</strong> souvent, quand ils ont vu, ce n’est pas grandchose.<br />

« Pourquoi croyez-vous que les Anglais vont débarquer à Hamburg<br />

? Où sont leurs moyens ? Tous leurs efforts sont au Portugal. Est-ce<br />

parce que beaucoup <strong>de</strong> bâtiments sont en vue ; mais on en voit <strong>de</strong>s milliers<br />

tous les jours. Ce que je vous dis là est inutile car ce n’est que<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 93<br />

l’expérience qui réduit à leur juste valeur tous ces rapports<br />

qui étonnent dans le commencement. »<br />

Il est incontestable que la partie la plus difficile <strong>de</strong> la tâche<br />

d’un comman<strong>de</strong>ment en chef consiste à définir la situation <strong>de</strong><br />

l’ennemi au moyen <strong>de</strong> renseignements incompl<strong>et</strong>s <strong>et</strong> le plus souvent,<br />

contradictoires <strong>et</strong> cela non pas d’une façon précise car c’est<br />

presque toujours impossible, mais seulement d’une façon assez<br />

approximative pour limiter le nombre <strong>de</strong>s éventualités dont il faut<br />

tenir compte dans la conduite <strong>de</strong>s opérations 1 .<br />

Un comman<strong>de</strong>ment en chef, qui manque <strong>de</strong> perspicacité,<br />

se trouve en face <strong>de</strong> tant d’éventualités diverses qu’il n’existe pas<br />

<strong>de</strong> dispositions perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> parer à toutes les événements qu’il<br />

prévoit. S’il est d’un caractère hardi, il agit quand même, au hasard<br />

mais, si c’est un timi<strong>de</strong>, il se confine dans l’inaction. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

cas est celui du Prince Eugène.<br />

Le 26 mars, un fort détachement <strong>de</strong> cavalerie russe ayant<br />

surpris le passage <strong>de</strong> l’Elbe dans le voisinage <strong>de</strong> Werben, le général<br />

Montbrun, avec un millier <strong>de</strong> cavaliers <strong>et</strong> 3 bataillons, se j<strong>et</strong>a<br />

sur ce détachement, le bouscula <strong>et</strong> l’obligea à repasser le fleuve.<br />

Comme on avait reçu avis que <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> toutes armes se<br />

rassemblaient aux environs d’Havelberg (les détachements <strong>de</strong><br />

Benkendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Tschernitchew), le Prince Eugène s’imagina que<br />

les coalisés allaient tenter une action sérieuse <strong>de</strong> ce côté ; en<br />

conséquence, il maintint ses troupes en arrière <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />

rappela même la Division du 5 ème Corps qui avait été envoyée à<br />

Moëhern.<br />

1 Si l’on était suffisamment renseigné pour définir exactement la<br />

situation <strong>de</strong> l’ennemi, ce serait un jeu d’enfant que <strong>de</strong> trouver la meilleure<br />

solution que comportent les circonstances.<br />

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94<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le 31, on apprit que les troupes <strong>de</strong> Wittgenstein avaient<br />

quitté Berlin le 27 <strong>et</strong> qu’elles s’avançaient sur Rosslau, avec<br />

l’intention d’y franchir l’Elbe. Le Prince Eugène se décida enfin à<br />

porter son armée sur la rive droite du fleuve. Le Maréchal Victor,<br />

avec la 4 ème Division, (10 bataillons), gar<strong>de</strong>rait les passages <strong>de</strong> la<br />

basse Saale <strong>de</strong> Bernburg à Barby <strong>et</strong> le Général Poinsot, avec la 1 ère<br />

Division, (12 bataillons), le cours <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />

entre Tangermünd <strong>et</strong> Werben. En outre, le Maréchal Davout<br />

reçut l’ordre <strong>de</strong> se porter à Stendal avec la 17 ème Division<br />

(5 ème Corps Général Puthod) <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie (Général<br />

Sébastiani), 8 000 fantassins, 2 500 cavaliers <strong>et</strong> 22 canons <strong>et</strong> <strong>de</strong> se<br />

tenir prêt à courir sus à tout parti ennemi qui passerait l’Elbe en<br />

aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. Devaient prendre part au mouvement en<br />

avant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place le 11 ème Corps, 3 Divisions du 5 ème <strong>et</strong> la Division<br />

Rogu<strong>et</strong>, le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (Général <strong>La</strong>tour-Maubourg)<br />

45 000 fantassins, 4 000 cavaliers <strong>et</strong> 180 pièces.<br />

Bien qu’il fût résolu à se borner à une simple démonstration,<br />

le Prince Eugène comm<strong>et</strong>tait une faute en laissant sur la rive<br />

gauche, sans nécessité absolue, les troupes confiées au Maréchal<br />

Davout, 8 000 fantassins, 2 500 cavaliers <strong>et</strong> 22 canons ; en eff<strong>et</strong>,<br />

comme il n’avait pas la certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas se trouver engagé sérieusement<br />

en dépit <strong>de</strong> ses intentions, la pru<strong>de</strong>nce eût exigé qu’il<br />

franchit l’Elbe avec toutes ses forces actives ainsi que le lui avait<br />

prescrit Napoléon.<br />

Combats <strong>de</strong> Moëckern (3, 4, 5 avril)<br />

Le 5 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie passèrent l’Elbe<br />

le 2 avril <strong>et</strong> prirent position à Koenigsborn, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

Le 9, le 11 ème Corps <strong>et</strong> la Division Rogu<strong>et</strong> passèrent à leur<br />

tour. Dans c<strong>et</strong>te même journée, le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le<br />

11 ème Corps s’avancèrent jusqu’à Medlitz.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 95<br />

Le 4, une Division du 11 ème Corps <strong>et</strong> la cavalerie allèrent<br />

en reconnaissance à Kohenziatz (à 30 km environ <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />

sur la route <strong>de</strong> Berlin), puis se replièrent sur Medlitz, laissant une<br />

arrière-gar<strong>de</strong> (3 bataillons, 8 escadrons, <strong>et</strong> 1 batterie) à Zelu<strong>de</strong>nick.<br />

Les détachements ennemis, qui observaient Mag<strong>de</strong>burg,<br />

s’étaient r<strong>et</strong>irés <strong>de</strong>vant nos troupes <strong>et</strong> avaient rétrogradé vers<br />

Gleina ; on n’avait échangé avec eux que quelques coups <strong>de</strong> fusil.<br />

Un rapport officiel adressé à l’Empereur, le 4 avril au soir,<br />

s’exprime ainsi :<br />

« C<strong>et</strong>te reconnaissance militaire a inspiré <strong>de</strong> la confiance <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’ar<strong>de</strong>ur au soldat ; il est animé du meilleur esprit <strong>et</strong> brûle du désir <strong>de</strong> combattre<br />

les Prussiens. On nous a dit à Moëckern que Wittgenstein se trouve à<br />

Zerbst avec 30 000 hommes <strong>et</strong> le Général York à Kohenziatz <strong>et</strong> Bran<strong>de</strong>nburg<br />

avec 14 000 hommes.<br />

Le 5, dit un autre rapport, le vice-roi, comprenant qu’il allait être<br />

attaqué par toute l’armée ennemie, déploya son armée ».<br />

On avait en eff<strong>et</strong> signalé la marche <strong>de</strong> fortes colonnes ennemies<br />

venant <strong>de</strong> Ziesar, Gleina <strong>et</strong> Zerbst.<br />

Le croquis n° 4 fait connaître la configuration générale <strong>de</strong><br />

la région à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. L’Elbe est une p<strong>et</strong>ite rivière guéable<br />

partout, qui coule dans une vallée peu profon<strong>de</strong>, large <strong>de</strong> 800<br />

à 1 000 pas, marécageuse sur beaucoup <strong>de</strong> points <strong>et</strong> qui est en<br />

définitive un obstacle assez sérieux.<br />

Le 5, au matin, nos troupes occupent les emplacements<br />

suivants :<br />

Le 11 ème Corps est en position à hauteur <strong>de</strong> Medlitz, <strong>de</strong>rrière<br />

la branche supérieure <strong>de</strong> l’Elbe, couvert sur la route <strong>de</strong> Berlin<br />

par l’arrière-gar<strong>de</strong> (8 escadrons, 3 bataillons <strong>et</strong> 1 batterie) éta-<br />

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96<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

blie à Zelu<strong>de</strong>nick ; en outre, un bataillon <strong>et</strong> un escadron occupent<br />

Weglitz.<br />

Le 5 ème Corps, placé à une lieue <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie du 11 ème , a <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong> ses Divisions spécialement affectées à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés<br />

<strong>de</strong> Men-Gerwisch <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigsborn ; la 3 ème Division, qui est à<br />

Walitz, est seule réellement disponible ; elle détache un bataillon<br />

pour occuper Gommern <strong>et</strong> Danigkow sur le flanc droit du 11 ème<br />

Corps.<br />

<strong>La</strong> Division Rogu<strong>et</strong> est chargée <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la tête <strong>de</strong> la digue<br />

<strong>de</strong> Péchau.<br />

On le voit, la préoccupation unique du Prince Eugène est<br />

d’assurer contre toute éventualité ses communications avec Mag<strong>de</strong>burg<br />

; ses troupes sont placées pour battre en r<strong>et</strong>raite dès que<br />

l’ennemi paraîtra. Le Prince s’illusionne au point <strong>de</strong> croire que sa<br />

seule présence sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe, aux portes même <strong>de</strong><br />

Mag<strong>de</strong>burg, suffira pour déterminer Wittgenstein à ramener <strong>de</strong>vant<br />

c<strong>et</strong>te place le gros <strong>de</strong> ses forces.<br />

Wittgenstein reviendra en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg, mais la<br />

raison <strong>de</strong> sa détermination sera non pas la crainte que lui inspirera<br />

pour Berlin la timi<strong>de</strong> démonstration <strong>de</strong> l’armée française, mais<br />

bien son vif désir <strong>de</strong> joindre celle-ci pour la combattre.<br />

A la date du 2 avril, les Corps <strong>de</strong> Wittgenstein occupaient<br />

les emplacements suivants :<br />

<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Borstell (prussienne), à Walitz observant les<br />

débouchés <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg ;<br />

- Le Quartier général <strong>et</strong> le corps d’York à Zerbst ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Berg (russe) à Liezow ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Bülow (prussien) à Ziesar.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 97<br />

Le 2 avril, dès qu’il sut que les Français passeraient l’Elbe,<br />

le Général russe ordonna au Général Borstell <strong>de</strong> lier le combat<br />

avec les colonnes françaises, tout en évitant <strong>de</strong> s’engager à fond <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r lentement vers Gleina <strong>de</strong> manière à y attirer<br />

l’ennemi qu’il pouvait alors attaquer en flanc avec le gros <strong>de</strong> ses<br />

forces <strong>et</strong> couper <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />

Dans la nuit du 4 au 5, ayant reçu un rapport qui rendait<br />

compte que les Français s’étaient avancés au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Medlitz,<br />

Wittgenstein se figura que sa ruse avait réussi ; il donna aussitôt<br />

ses ordres en vue <strong>de</strong> la bataille générale qu’il prévoyait pour le<br />

len<strong>de</strong>main, 6. Mais le 5 au matin, il fut informé que les Français<br />

battaient en r<strong>et</strong>raite 1 . Emporté par son désir d’en venir aux<br />

mains, il se décida à aller chercher l’ennemi, le jour même, jusque<br />

dans sa position <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg : <strong>de</strong>s ordres en conséquence<br />

furent immédiatement envoyés aux différents corps.<br />

Bülow marcha <strong>de</strong> Ziesar sur Moëckern, Borstell <strong>et</strong> Berg<br />

<strong>de</strong> Gleina <strong>et</strong> <strong>de</strong> Liezow sur Weglitz, York <strong>de</strong> Zerbst sur Danigkow.<br />

Au début du mouvement, les corps alliés, qui ne comptaient<br />

pas plus <strong>de</strong> 30 000 combattants, étaient dispersés sur un<br />

front <strong>de</strong> 40 km (c’est la distance, à vol d’oiseau, <strong>de</strong> Zerbst à Ziesar),<br />

ceux du centre se trouvant à moins <strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong> la position<br />

française ; ils marchèrent concentriquement vers c<strong>et</strong>te position,<br />

en vue <strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong>vait s’effectuer leur jonction. C’était vraiment<br />

trop <strong>de</strong> témérité ; si le Prince Eugène eût pris l’offensive dans une<br />

direction quelconque avec ses 50 000 combattants, il lui aurait été<br />

facile <strong>de</strong> donner aux alliés la leçon que méritait leur impru<strong>de</strong>nce.<br />

1 C’était la reconnaissance du 11 ème Corps sur Hohenziatz, qui<br />

avait donné lieu à ces informations inexactes.<br />

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98<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Wittgenstein n’avait pas cru utile <strong>de</strong> prendre la moindre<br />

précaution contre un adversaire qu’il jugeait incapable d’agir offensivement.<br />

Pour suivre l’engagement, nous nous placerons dans le<br />

camp français.<br />

A 3 h du soir, nos avant-postes <strong>de</strong> Danigkow sont attaqués<br />

; une Division du 11 ème Corps se porte à leur secours. Une<br />

reconnaissance ennemie ayant fait son apparition au sud <strong>de</strong><br />

Gommern, le Prince Eugène, toujours préoccupé <strong>de</strong> ses communications<br />

avec Mag<strong>de</strong>burg, s’imagine que l’ennemi songe à se glisser<br />

dans l’étroit couloir compris entre l’Ehle <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Elbe pour le<br />

couper <strong>de</strong> la place ; il ordonne à la Division du 5 ème Corps, qui est<br />

à Walitz, la seule qui soit disponible, d’aller au plus vite prendre<br />

position à Kahlenberg <strong>de</strong> manière à fermer le passage.<br />

Sur ces entrefaites, d’autres colonnes ennemies débouchent<br />

sur Weglitz <strong>et</strong> Zelu<strong>de</strong>nick ; les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières Divisions du<br />

11 ème Corps s’engagent à leur tour.<br />

Les Divisions du 5 ème Corps, postées à Men-Gerwisch <strong>et</strong><br />

Koenigsborn, n’ont <strong>de</strong>vant elles que quelques cavaliers, mais le<br />

Prince Eugène juge indispensable <strong>de</strong> les maintenir sur ces points.<br />

En résumé, toutes nos Divisions sont engagées, ou immobilisées,<br />

à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés plus ou moins importants<br />

sur les flancs <strong>et</strong> les <strong>de</strong>rrières : il n’y a plus une seule fraction <strong>de</strong><br />

troupes réellement disponible.<br />

Les généraux commandant les Divisions du 11 ème Corps<br />

ont l’ordre <strong>de</strong> tenir ferme tout en engageant très peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Au début du combat, cela est assez facile ; l’ennemi, qui arrive<br />

formé en colonnes <strong>de</strong> route, ne pouvant m<strong>et</strong>tre ses troupes en<br />

ligne que successivement. Les avant-gar<strong>de</strong>s adverses, malgré<br />

l’énergie <strong>de</strong> leurs attaques, sont tenues en respect par nos avant-<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 99<br />

postes renforcés <strong>de</strong> quelques bataillons. C’est seulement à la tombée<br />

<strong>de</strong> la nuit, vers 7 h du soir, que les colonnes <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong>s<br />

alliés emportent Danigkow <strong>et</strong> Weglitz <strong>et</strong> commencent à monter<br />

sur le plateau, pendant que la colonne <strong>de</strong> droite gagne du terrain<br />

vers Medlitz.<br />

Le 11 ème Corps est alors serré <strong>de</strong> près sur tout son front, le<br />

tiers <strong>de</strong> ses bataillons est déjà engagé ; il est grand temps <strong>de</strong> le<br />

faire rétrogra<strong>de</strong>r si l’on ne veut pas accepter la bataille. Pourtant,<br />

le Prince Eugène ne peut se déci<strong>de</strong>r à donner l’ordre <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>raite<br />

; la raison en est facile à comprendre.<br />

Jusqu’ici, l’ennemi n’a pas montré, d’après les évaluations<br />

les plus exagérées, plus <strong>de</strong> 20 000 hommes. Or, le Prince Eugène,<br />

qui s’est donné pour but d’atteindre, <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg, le gros<br />

<strong>de</strong> l’armée adverse, ne veut pas risquer <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong>vant une<br />

simple fraction <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée ; il attend donc, pour ordonner la<br />

r<strong>et</strong>raite, que le développement du combat l’ait fixé sur<br />

l’importance <strong>de</strong>s forces ennemies qu’il a <strong>de</strong>vant lui. Il est compréhensible<br />

qu’à ce jeu là, il risque <strong>de</strong> se trouver engagé à fond <strong>et</strong><br />

contraint d’accepter c<strong>et</strong>te bataille qu’il voulait refuser.<br />

On voit maintenant combien ses dispositions étaient défectueuses.<br />

Il <strong>de</strong>vait assurer la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés sur ses <strong>de</strong>rrières<br />

avec beaucoup moins <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, une Division au plus, <strong>et</strong> tenir<br />

le reste <strong>de</strong> ses troupes rassemblées sur le plateau <strong>de</strong> Medlitz, couvertes<br />

par <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s <strong>et</strong> prêtes à manœuvrer selon les<br />

circonstances, soit pour se défendre, soit pour attaquer ; prêtes<br />

par conséquent à accepter la bataille si elles y étaient contraintes<br />

par un inci<strong>de</strong>nt quelconque.<br />

Fort heureusement pour nous, l’obscurité mit fin à la lutte<br />

avant qu’elle eût pu prendre son caractère vraiment sérieux.<br />

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100<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Dans la nuit, le Prince Eugène fut informé que les coalisés<br />

avaient construit un pont à Rosslau <strong>et</strong> commencé à passer l’Elbe.<br />

L’information était inexacte, mais elle répondait trop bien au sentiment<br />

personnel du Prince pour qu’il ne la tînt pas pour vraie. Il<br />

en conclut que l’attaque qu’il venait d’essuyer n’était qu’une démonstration<br />

« <strong>de</strong>stinée à voiler le principal mouvement <strong>de</strong><br />

l’ennemi, celui du passage <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> que, par suite, il <strong>de</strong>vait<br />

s’attendre à voir arriver sur lui, par la rive gauche, un gros corps<br />

d’armée ». Rapport adressé au Maréchal Berthier, le 6 avril.<br />

Dans la nuit même, il ramena ses troupes sur Mag<strong>de</strong>burg<br />

<strong>et</strong> le len<strong>de</strong>main matin, leur fit repasser le fleuve.<br />

Nos pertes s’élevaient à moins <strong>de</strong> 12 000 hommes, tués,<br />

blessés ou disparus, dont 450 hommes du 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

que l’on avait fait prendre ou sabrer par maladresses ; les pertes<br />

<strong>de</strong> l’ennemi étaient au moins égales.<br />

Le mouvement en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg ne produisit aucun<br />

résultat utile, car il ne r<strong>et</strong>arda pas d’un jour le passage <strong>de</strong><br />

l’Elbe par l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein ; en eff<strong>et</strong>, celui-ci fit franchir le<br />

fleuve à ses troupes le 10 avril, quand l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Blücher<br />

atteignit Leipzig, c’est-à-dire au moment précis qu’il s’était fixé à<br />

lui-même.<br />

Les coalisés grossirent l’importance <strong>de</strong>s combats <strong>de</strong>s 3, 4<br />

<strong>et</strong> 5 avril (combats dits <strong>de</strong> Moëckern) ; exploitant les apparences<br />

qui nous étaient défavorables, ils répandirent le bruit qu’ils avaient<br />

remporté une gran<strong>de</strong> victoire. Dans la Prusse entière, on chanta<br />

<strong>de</strong>s Te Deum à c<strong>et</strong>te occasion.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt que le Prince Eugène eût beaucoup mieux<br />

fait <strong>de</strong> s’abstenir d’une opération pour laquelle il n’avait aucun<br />

goût <strong>et</strong> que, par conséquent, il était incapable <strong>de</strong> diriger.<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 101<br />

Nous avions exposé la leçon magistrale <strong>de</strong> L’Empereur à<br />

son lieutenant, nous venons <strong>de</strong> voir la piètre application que celui-ci<br />

en a faite. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi Napoléon, au lieu <strong>de</strong><br />

prodiguer <strong>de</strong>s conseils à qui n’était pas capable <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre en<br />

pratique, n’a pas placé à la tête <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée <strong>de</strong> l’Elbe, dont le<br />

rôle était si important, un chef qui fût à la hauteur <strong>de</strong>s circonstances.<br />

N’avait-il pas à sa disposition, sur les lieux mêmes, Davout,<br />

que l’on confina dans la mission secondaire <strong>de</strong> pourchasser quelques<br />

cosaques ?<br />

Davout, dont le seul nom eût rendu la confiance à nos<br />

soldats <strong>et</strong> inspiré à l’ennemi une crainte salutaire.<br />

Opérations <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe du 6 au 21 avril<br />

Du 29 au 31 mars, Tschernitchew <strong>et</strong> Benkendorf (3 000<br />

cavaliers, 1 200 fantassins <strong>et</strong> 4 canons) avaient réussi à franchir<br />

l’Elbe en aval d’Havelberg sur <strong>de</strong>s barques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ra<strong>de</strong>aux. Poursuivis<br />

par Davout, ils s’étaient repliés lestement vers le N. <strong>et</strong> se<br />

préparaient à repasser le fleuve quand ils avaient appris que le<br />

Général Morand, avec 2 000 hommes, venait d’occuper Emebourg<br />

<strong>et</strong> qu’il voulait faire fusiller les habitants les plus compromis<br />

dans la récente rébellion. Forçant leur marche, les partisans<br />

russes étaient apparus <strong>de</strong>vant Emebourg le 2, au matin <strong>et</strong> grâce à<br />

l’appui <strong>de</strong>s habitants, avaient pénétré dans la ville, tué, blessé ou<br />

pris tout le détachement franco-saxon. Le len<strong>de</strong>main, à<br />

l’approche <strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Davout, ils avaient repassé l’Elbe à<br />

Bleke<strong>de</strong>.<br />

Le Prince Eugène résolut <strong>de</strong> prendre position sur la basse<br />

Saale pour défendre le couloir compris entre la rivière <strong>et</strong> la Harz.<br />

Le 8, l’armée s’établit en avant <strong>de</strong> Stassfurtls où fut installé le<br />

Quartier général.<br />

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102<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> 1 ère Division, qui gardait l’Elbe entre Tangermund <strong>et</strong><br />

Werben, ayant été rapprochée <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg (la droite à la place,<br />

la gauche à l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen), les patrouilles adverses<br />

recommencèrent aussitôt leurs incursions sur la rive gauche.<br />

Le Prince Eugène, inqui<strong>et</strong> pour ses <strong>de</strong>rrières, prescrivit à<br />

Davout <strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r sur Gifhorn.<br />

Il abandonnait le bas Elbe, comptant utiliser la ligne <strong>de</strong><br />

l’Aller <strong>et</strong> <strong>de</strong> Weser pour arrêter les troupes légères <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Davout aurait son gros à Gifhorn <strong>et</strong> ferait occuper Celle sur sa<br />

gauche ; le corps <strong>de</strong> Vandamme, dont les Divisions commençaient<br />

à se former <strong>et</strong> qui pouvaient bientôt (26 avril) m<strong>et</strong>tre vingtcinq<br />

bataillons en ligne, tiendrait Nienburg, Min<strong>de</strong>n <strong>et</strong> Brême, les<br />

trois seuls points du Weser où l’on eût laissé subsister <strong>de</strong>s ponts.<br />

Dès que Davout se mit en r<strong>et</strong>raite, les partisans ennemis<br />

revinrent aussitôt sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> s’avancèrent jusqu’au<br />

Weser.<br />

Les cavaliers <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher bordaient<br />

toute la Saale <strong>et</strong> leurs partisans poussaient <strong>de</strong>s pointes très au loin,<br />

à l’Ouest <strong>de</strong> la rivière, sur Nordhausen, Erfurt, Planen, Coburg <strong>et</strong><br />

Bayreuth. Le Prince Eugène, pensant que les coalisés ne tar<strong>de</strong>raient<br />

pas à s’avancer en force contre lui, prit toutes ses dispositions<br />

pour faire promptement sa r<strong>et</strong>raite sur Brunswick. Le 10, les<br />

reconnaissances <strong>et</strong> les rapports <strong>de</strong>s espions ayant appris que<br />

l’ennemi, qui avait peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> sur la Basse-Saale, portait beaucoup<br />

<strong>de</strong> troupes sur Leipzig <strong>et</strong> avait une forte avant-gar<strong>de</strong> à Halle,<br />

on crut, au Quartier général français, qu’il se préparait à déboucher<br />

en masse par Halle <strong>et</strong> Merseburg afin d’essayer <strong>de</strong> nous couper<br />

la r<strong>et</strong>raite en débordant notre droite. En conséquence, le 11<br />

avril, l’armée appuya à droite sur Aschersleben « pour prévenir<br />

l’ennemi dans le cas où il se dirigerait vers la Harz par Halberstadt.<br />

» (Rapport <strong>de</strong> Montbrun au Maréchal Berthier).<br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 103<br />

Les Divisions Durutte <strong>et</strong> Reichberg rejoignirent l’armée à<br />

ce moment, la Division Durutte (1 500 hommes à peine) fut placée<br />

en détachement <strong>de</strong> flanc à Stolberg ; la Division Rechberg<br />

(2 000 hommes) fut dirigée par <strong>La</strong>ngelsalza <strong>et</strong> Würzburg sur<br />

Bayreuth où elle <strong>de</strong>vait se réorganiser.<br />

<strong>La</strong> situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe reste la même jusqu’au<br />

moment où l’armée du Meyn commença à déboucher sur Erfurt,<br />

le 21 avril.<br />

<strong>La</strong> position prise couvrait indirectement les routes qui<br />

mènent <strong>de</strong> la vallée du Meyn sur la Saale à travers le Thüringenwald<br />

<strong>et</strong> le Frankenwald ; le choix <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te position donne lieu à<br />

diverses observations sur lesquelles nous reviendrons plus tard.<br />

Opérations <strong>de</strong>s coalisés du commencement à la fin d’avril<br />

Wittzengero<strong>de</strong>, dont le corps formait l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’armée <strong>de</strong> Blücher, avait occupé Leipzig le 3 avril <strong>et</strong> poussé aussitôt<br />

sa cavalerie sur la basse Saale, avec ordre <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s partis au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la rivière, le plus loin possible. Le gros <strong>de</strong> l’armée (corps<br />

<strong>de</strong> Blücher) avait quitté Dres<strong>de</strong> le 3 <strong>et</strong> s’était dirigé sur Altenburg,<br />

où le Quartier général s’installa le 14, pendant que les troupes<br />

prenaient leurs cantonnements entre Borna <strong>et</strong> Zwickau ; la cavalerie<br />

légère, sur la Haute-Saale, poussant <strong>de</strong>s pointes vers Planen,<br />

Coburg <strong>et</strong> Bayreuth. Wittgenstein laissant le Corps <strong>de</strong> Bülow <strong>de</strong>vant<br />

Mag<strong>de</strong>burg, passa l’Elbe à Rosslau le 10 avril <strong>et</strong> s’établit à<br />

Dessau <strong>et</strong> Höthen, avec les corps <strong>de</strong> Berg <strong>et</strong> d’York.<br />

Dans l’armée <strong>de</strong> réserve, le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, relevé<br />

<strong>de</strong>vant Glogau par <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> réserve prussiennes, avait<br />

suivi sur Dres<strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Blücher. Le Quartier général <strong>et</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong> russe avaient été maintenus à Kalisch par Kutuzow malgré<br />

les vives protestations <strong>de</strong> l’Etat-Major prussien. Ce fut seulement<br />

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104<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

le 7 avril que la Gar<strong>de</strong> commença son mouvement vers Dres<strong>de</strong> ;<br />

comme la distance <strong>de</strong> Kalisch à Dres<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 300 km <strong>et</strong> celle <strong>de</strong><br />

Dres<strong>de</strong> à Leipzig <strong>de</strong> 130, la Gar<strong>de</strong> ne pouvait pas atteindre la<br />

<strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> ces villes avant le 27 ou le 28 avril. Jusqu’à c<strong>et</strong>te date,<br />

les coalisés étaient hors d’état <strong>de</strong> rien entreprendre car, sur c<strong>et</strong>te<br />

partie du théâtre <strong>de</strong> la guerre, ils ne disposaient pas plus <strong>de</strong> 70 000<br />

hommes pour les opérations actives.<br />

Réduits pour quelque temps à l’inaction, les Alliés mirent<br />

à profit la fin du mois d’avril pour organiser la Saxe <strong>et</strong> se ménager<br />

<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage sur l’Elbe. A Dres<strong>de</strong>, ils réparèrent le pont<br />

<strong>de</strong> pierre <strong>et</strong> construisirent <strong>de</strong>ux autres ponts, un <strong>de</strong> bateaux en<br />

amont <strong>et</strong> un <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux en aval ; ils établirent en outre un pont <strong>de</strong><br />

bateaux à Meissen <strong>et</strong> un autre à Mühlberg <strong>et</strong> les couvrirent par<br />

<strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> fortification passagère.<br />

Ils ne réussirent pas à persua<strong>de</strong>r au roi <strong>de</strong> Saxe d’adhérer à<br />

la coalition ; sur les conseils <strong>de</strong> l’Autriche, ce souverain voulut,<br />

sans rompre ouvertement avec la France, gar<strong>de</strong>r une stricte neutralité.<br />

Pour soustraire Torgau aux convoitises <strong>de</strong>s Alliés, il prescrivit<br />

<strong>de</strong> la façon la plus formelle au Général Thielman, qui commandait<br />

la place, <strong>de</strong> n’ouvrir les portes ni aux Français, ni aux<br />

coalisés <strong>et</strong> cela quoi qu’il advînt.<br />

Thielman était <strong>de</strong> cœur avec la coalition, mais il avait à<br />

compter avec le loyalisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> ses officiers ; il<br />

n’osa pas enfreindre les ordres <strong>de</strong> son souverain, mais il fit parvenir<br />

à Wittgenstein un plan détaillé <strong>de</strong> Wittenberg avec une note<br />

dans laquelle était exposé le mauvais état <strong>de</strong>s remparts,<br />

l’insuffisance du matériel d’artillerie <strong>et</strong> la faiblesse <strong>de</strong> la garnison.<br />

Wittgenstein résolut d’enlever Wittenberg ; il chargea le<br />

général Kleist d’exécuter l’opération avec 7 à 8 000 prussiens <strong>et</strong><br />

russes. <strong>La</strong> place avait heureusement pour commandant le brave<br />

général <strong>La</strong>poype, dont l’énergique défense démontra une fois <strong>de</strong><br />

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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 105<br />

plus que la force essentielle d’une forteresse ne rési<strong>de</strong> pas dans<br />

ses remparts, mais bien dans la bravoure <strong>de</strong> sa garnison <strong>et</strong> la ferm<strong>et</strong>é<br />

<strong>de</strong> son gouverneur : toutes les attaques échouèrent.<br />

Le 19 avril, arriva tout à coup la nouvelle, inexacte<br />

d’ailleurs, que Napoléon s’avançait avec son armée du Meyn pour<br />

faire sa jonction avec le Prince Eugène ; une émotion profon<strong>de</strong> se<br />

manifesta chez les alliés : « On comprit qu’il était temps <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre fin<br />

aux entreprises particulières ».<br />

Wittgenstein fit appuyer ses troupes sur Duben pour<br />

mieux se lier à Blücher ; par son ordre, Kleist, laissant <strong>de</strong>ux p<strong>et</strong>its<br />

détachements <strong>de</strong>vant Wittenberg <strong>et</strong> Dessau, vint s’établir à Halle.<br />

L’arrivée <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg du détachement russe du Général<br />

Worouzow, employé jusque là au blocus <strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> qui avait<br />

été relevé par <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> réserves prussiennes, permit <strong>de</strong> rappeler<br />

sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe le Corps <strong>de</strong> Bülow, moins une<br />

briga<strong>de</strong> laissée <strong>de</strong>vant Spandau.<br />

Thorn ouvrit ses portes le 18 avril, le Corps <strong>de</strong> Barclay <strong>de</strong><br />

Tolly (14 000 hommes environ <strong>de</strong> l’ancienne armée du Danube),<br />

qui avait été chargé du siège, fut immédiatement dirigé sur<br />

Dres<strong>de</strong> ; mais, en raison <strong>de</strong> la distance, il ne pouvait y arriver<br />

avant le 15 mai.<br />

Spandau capitula à son tour le 21 avril.<br />

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IV<br />

Offensive <strong>de</strong> l’armée française<br />

du Meyn à l’Elbe<br />

Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> Napoléon<br />

Les désastres <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> Russie n’avaient nullement<br />

abattu Napoléon. A aucune époque, il ne montra plus <strong>de</strong><br />

ferm<strong>et</strong>é d’âme, plus <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vues.<br />

Les Russes franchirent la Vistule : abandonnés <strong>de</strong>s Autrichiens,<br />

trahis par les Prussiens, nous n’avons qu’à opposer à nos<br />

ennemis qu’une poignée <strong>de</strong> soldats ; l’Empereur ne s’émeut pas.<br />

On le voit qui médite pour le printemps un plan d’offensive<br />

grandiose : d’un bond, il reviendra sur la Vistule avec une armée<br />

nouvelle <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>tera les Russes au-<strong>de</strong>là du Niemen (L<strong>et</strong>tre écrite le<br />

27 janvier au Prince Eugène).<br />

<strong>La</strong> situation <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus sombre, les Prussiens<br />

nous déclarent la guerre, les armées alliées franchissent l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong><br />

marchent sur l’Elbe : Napoléon ne se départit pas <strong>de</strong> son calme <strong>et</strong><br />

persiste dans son proj<strong>et</strong> primitif.<br />

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108<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Dans une note rédigée le 11 mars pour le Prince Eugène,<br />

il expose en détail ce qu’il a l’intention <strong>de</strong> faire : « ...... <strong>de</strong> Havelberg,<br />

c’est la ligne la plus courte pour se porter sur St<strong>et</strong>tin. On conçoit donc que<br />

comme le principal but <strong>de</strong> l’armée française est d’arriver<br />

promptement au secours <strong>de</strong> Dantzig, en supposant l’armée <strong>de</strong><br />

l’Elbe réunie à Mag<strong>de</strong>burg, à Havelberg <strong>et</strong> à Wittenberg, <strong>et</strong> l’armée du Meyn<br />

réunie sous Würzburg, Erfurt <strong>et</strong> Leipzig, un mouvement naturel qui<br />

serait facilement dérobé à l’ennemi serait <strong>de</strong> faire passer toute l’armée <strong>de</strong><br />

l’Elbe, suivie <strong>de</strong> l’armée du Meyn, par Havelberg sur St<strong>et</strong>tin : <strong>de</strong> sorte qu’on<br />

serait arrivé, dans c<strong>et</strong>te ville, on se trouverait avoir passé l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> avoir gagné<br />

dix jours <strong>de</strong> marche sans que l’ennemi qui est à Dres<strong>de</strong>, Glogau <strong>et</strong> Varsovie<br />

pût être en mesure <strong>de</strong> se pelotonner pour couvrir Dantzig.<br />

Après avoir fait <strong>de</strong>s tentatives pour faire supposer que je veux me<br />

porter sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> dans la Silésie, mon intention sera probablement à couvert<br />

<strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> la Thüringe <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> me porter par Havelberg,<br />

d’arriver à marches forcées sur St<strong>et</strong>tin avec 300 000 hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong> continuer<br />

la marche <strong>de</strong> l’armée sur Dantzig, où on peut arriver en quinze jours <strong>et</strong>, le<br />

vingtième jour du mouvement, après qu’on aurait passé l’Elbe, on aurait<br />

débloqué c<strong>et</strong>te ville <strong>et</strong> on serait maître <strong>de</strong> Marienburg, <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> la Nogat <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> tous les ponts <strong>de</strong> la Basse Vistule. Voilà pour l’ordre offensif.... »<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt qu’un tel plan suppose que l’on a <strong>de</strong>s forces<br />

très supérieures à celles <strong>de</strong> l’adversaire : c’est à proprement parler<br />

<strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> trois contre un. Napoléon ne croit pas à<br />

l’intervention <strong>de</strong> l’Autriche, il pense donc n’avoir affaire qu’aux<br />

Russes appuyés parles Prussiens dont il ne soupçonne pas les<br />

ressources militaires. Néanmoins, on est surpris <strong>de</strong> le voir prendre<br />

Dantzig comme premier objectif.<br />

A coup sûr, si sa manœuvre réussissait (<strong>et</strong> elle réussirait<br />

certainement si la situation était telle qu’il se la figure), il en r<strong>et</strong>irerait<br />

les plus grands avantages. Il aurait débloqué les places <strong>de</strong> la<br />

Vistule <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, dont les garnisons forment une véritable<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 109<br />

armée (plus <strong>de</strong> 60 000 hommes <strong>et</strong> qui contiennent d’immenses<br />

approvisionnements. Pendant que l’armée ennemie s’affaiblirait<br />

<strong>de</strong> tous les détachements dispersés, ou détruits en chemin par<br />

l’armée française, celle-ci se renforcerait <strong>de</strong> 40 000 vieux soldats<br />

au moins qui sortiraient <strong>de</strong>s places où ils seraient relevés par un<br />

même nombre <strong>de</strong> conscrits. Les coalisés, surpris, n’auraient<br />

d’autre parti raisonnable à prendre que <strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r prestement<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Vistule, nous abandonnant ainsi toute<br />

l’Allemagne. Les avantages perdus à la suite <strong>de</strong> la désastreuse r<strong>et</strong>raite<br />

<strong>de</strong> 1812 seraient reconquis d’un seul coup : en montrant sa<br />

puissance par un tel coup <strong>de</strong> théâtre, l’Empereur r<strong>et</strong>rouverait son<br />

prestige sur l’Europe ; l’Autriche <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération<br />

re<strong>de</strong>viendraient <strong>de</strong>s alliés sinon sincères, du moins résignés ; la<br />

Prusse, dont nous occuperions tout le territoire, serait réduite à<br />

l’impuissance.<br />

Cela est vrai mais à ce moment, la question se trouverait<br />

ramenée au même point qu’au début <strong>de</strong> la campagne précé<strong>de</strong>nte.<br />

Or, nos désastres ont eu pour cause principale l’obligation <strong>de</strong><br />

suivre les Russes jusqu’au cœur même <strong>de</strong> leur vaste pays ; ces<br />

armées adverses, insaisissables alors, sont venues se placer à portée<br />

<strong>de</strong> nos coups, entre l’Elbe <strong>et</strong> l’O<strong>de</strong>r. Pourquoi Napoléon<br />

n’emploie-t-il pas tout son génie à essayer <strong>de</strong> les atteindre <strong>et</strong> <strong>de</strong> les<br />

détruire ? Ce résultat obtenu, ne serait-il pas maître <strong>de</strong> la situation<br />

même si, entre temps, quelques unes <strong>de</strong>s forteresses <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la Vistule tombaient entre les mains <strong>de</strong> l’ennemi ? N’est-ce pas<br />

le cas plus que jamais d’appliquer le principe fondamental <strong>de</strong> sa<br />

propre doctrine qui veut que l’on prenne pour principal objectif la<br />

principale armée adverse ?<br />

Peut-être l’Empereur se dit-il que s’il marchait droit aux<br />

coalisés par Mag<strong>de</strong>burg ou par Dres<strong>de</strong>, ceux-ci, imitant l’exemple<br />

<strong>de</strong>s Russes l’année précé<strong>de</strong>nte, reculeraient lentement <strong>de</strong>vant lui,<br />

gu<strong>et</strong>tant l’occasion d’une surprise que faciliterait leur immense<br />

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110<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

supériorité en cavalerie <strong>et</strong> en tout cas, évitant la bataille générale<br />

jusqu’à ce que l’armée française se fût suffisamment affaiblie du<br />

fait même <strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> se ligne d’opérations. En définitive,<br />

jusqu’à la Vistule au moins, les opérations se réduiraient à une<br />

poursuite directe que le manque <strong>de</strong> cavalerie rendrait forcément<br />

très lente ; le seul résultat obtenu serait l’abandon par l’ennemi <strong>de</strong><br />

tout le pays à l’ouest du fleuve ; or, la manœuvre proj<strong>et</strong>ée par<br />

Napoléon est une sorte <strong>de</strong> poursuite indirecte, susceptible<br />

d’être menée très rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> qui, par suite, procurera plus vite<br />

le résultat en question ; non seulement, on ne risquera pas<br />

d’arriver trop tard au secours <strong>de</strong>s places mais encore, l’eff<strong>et</strong> moral<br />

produit sera plus grand.<br />

Un point essentiel à observer est que le plan <strong>de</strong><br />

l’Empereur n’est praticable que parce que le théâtre <strong>de</strong>s opérations<br />

a, pour ainsi dire, été machiné en vue <strong>de</strong> son exécution.<br />

Les forteresses, qui dominent le cours <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Vistule nous assurent <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage <strong>et</strong> en outre,<br />

elles créent une situation générale qui subsistera tant que nous en<br />

serons maîtres ; situation générale qui sert <strong>de</strong> base à Napoléon<br />

dans son proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> manœuvre.<br />

En eff<strong>et</strong>, comme ces forteresses comman<strong>de</strong>nt les seuls<br />

ponts permanents qu’on ait laissés subsister, les opérations dans<br />

le Nord <strong>de</strong> l’Allemagne sont très dangereuses pour les alliés.<br />

Assurément, l’ennemi peut j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts <strong>de</strong> circonstances<br />

<strong>et</strong> les couvrir au moyen d’ouvrages <strong>de</strong> fortification <strong>de</strong> campagne,<br />

mais c’est là un expédient d’une valeur relative. Quand il<br />

s’agit <strong>de</strong> fleuves aussi considérables que ceux énumérés ci-<strong>de</strong>ssus,<br />

une armée n’est en droit <strong>de</strong> se considérer comme ayant <strong>de</strong>s points<br />

<strong>de</strong> passage assurés que si elle est maîtresse <strong>de</strong> ponts assez soli<strong>de</strong>s<br />

pour ne pas être emportée à la moindre crue <strong>et</strong> qui, <strong>de</strong> plus,<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 111<br />

soient protégés par une place forte, <strong>de</strong> manière à être à l’abri <strong>de</strong>s<br />

coups <strong>de</strong> main <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Or, les alliés, faute d’équipage d’artillerie <strong>de</strong> siège, sont<br />

pour quelque temps hors d’état <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong>s forteresses que<br />

nous occupons.<br />

Ils seront donc contraints <strong>de</strong> prendre leur ligne<br />

d’opération dans le sud <strong>de</strong> l’Allemagne ; leur masse principale sera<br />

groupée <strong>de</strong> ce côté.<br />

C’est précisément la certitu<strong>de</strong> que le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s<br />

forces adverses sera orienté sur Dres<strong>de</strong> qui perm<strong>et</strong> à Napoléon<br />

d’imaginer si longtemps à l’avance son plan <strong>de</strong> manœuvre.<br />

Pendant qu’un corps d’observation amusera l’ennemi sur<br />

Dres<strong>de</strong>, l’armée, filant <strong>de</strong>rrière les montagnes <strong>de</strong> la Thüringe,<br />

gagnera à la dérobée Havelberg, où <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> passage auront<br />

été préparés ; elle franchira l’Elbe <strong>et</strong> marchera, sans désemparer,<br />

sur Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin. Comme il y a plus <strong>de</strong> 200 km <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à<br />

Havelberg, l’armée française est assurée d’atteindre l’O<strong>de</strong>r avant<br />

que les coalisés aient eu le temps <strong>de</strong> faire quoi que ce soit pour<br />

gêner son mouvement.<br />

Si les coalisés ne se m<strong>et</strong>tent pas en r<strong>et</strong>raite au plus vite, il<br />

va sans dire que Napoléon ne continuera pas sa marche sur<br />

Dantzig : il se rabattra vers le Sud pour se j<strong>et</strong>er sur leurs communications.<br />

<strong>La</strong> réussite <strong>de</strong> l’entreprise repose sur une extrême rapidité<br />

<strong>de</strong> mouvement ; il faut que l’armée française soit leste ; or, elle ne<br />

le serait pas si elle <strong>de</strong>vait traîner à sa suite les immenses parcs <strong>et</strong><br />

convois que nécessitent ordinairement <strong>de</strong>s manœuvres d’une telle<br />

amplitu<strong>de</strong> (ou se propose d’aller d’un seul bond jusqu’à Dantzig<br />

qui est à 400 km <strong>de</strong> l’Elbe). Mais la possession <strong>de</strong>s places fortes<br />

du théâtre d’opérations choisi perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réduire parcs <strong>et</strong> convois<br />

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112<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

car on trouve dans ces places, outre les approvisionnements normaux<br />

<strong>de</strong> siège, <strong>de</strong>s approvisionnements <strong>de</strong> réserve en vivres, munitions<br />

<strong>et</strong> matériels qui serviront à ravitailler l’armée quand les<br />

circonstances l’amèneront à proximité <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong> ces places.<br />

Napoléon excelle à faire jouer aux forteresses un rôle qui<br />

n’a rien <strong>de</strong> passif ; pour lui, elles sont surtout <strong>de</strong>s pivots <strong>de</strong> manœuvre,<br />

<strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> pont, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> ravitaillement, <strong>de</strong>s<br />

points d’appui pour ses lignes <strong>de</strong> communication. Dans le cas<br />

présent, elles seules ren<strong>de</strong>nt possible une manœuvre qui ne le<br />

serait pas autrement.<br />

Mais, à mesure que le temps s’écoule, la situation se <strong>de</strong>ssine<br />

tout autre que ne l’avait prévu l’Empereur ; elle <strong>de</strong>vient pour<br />

nous <strong>de</strong> moins en moins favorable. Napoléon éprouve <strong>de</strong> graves<br />

mécomptes dans l’organisation <strong>de</strong> ses forces, en ce qui concerne<br />

la cavalerie surtout ; il ne tar<strong>de</strong> pas à constater qu’un grand nombre<br />

d’unités ne seront pas prêtes à la date fixée : par suite, au début<br />

<strong>de</strong>s opérations, les forces dont il disposera seront inférieures<br />

à ses prévisions, ce qui est d’autant plus fâcheux que les coalisés,<br />

<strong>de</strong> leur côté, m<strong>et</strong>tent en ligne plus <strong>de</strong> troupes qu’il n’y comptait.<br />

L’occupation <strong>de</strong> Hamburg par l’ennemi provoque une vive effervescence<br />

dans toute la région, entre le Rhin <strong>et</strong> l’Elbe ; l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’Autriche est <strong>de</strong> plus en plus incertaine, le roi <strong>de</strong> Saxe se confine<br />

dans la neutralité <strong>et</strong> les rois <strong>de</strong> Bavière <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wurtemberg manifestent<br />

une tendance à suivre son exemple ; Dres<strong>de</strong>, qui n’est plus<br />

gardée que par une poignée d’hommes, va, d’un jour à l’autre,<br />

tomber entre les mains <strong>de</strong>s coalisés qui envahiront en force la rive<br />

gauche <strong>de</strong> l’Elbe : dans ces conditions, Napoléon ne peut plus<br />

songer à aller courir la Fortune à l’autre extrémité <strong>de</strong> l’Europe ; il<br />

doit avant tout refouler l’ennemi au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong><br />

contraindre le roi <strong>de</strong> Saxe à se conduire en allié fidèle afin <strong>de</strong><br />

prévenir <strong>de</strong> nouvelles défections.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 113<br />

Les premières opérations auront donc Dres<strong>de</strong> comme<br />

point <strong>de</strong> direction générale.<br />

A la fin <strong>de</strong> mars, l’armée du Meyn comprend :<br />

Le 3ème Corps (Maréchal 4 Divisions françaises 40 000 hommes<br />

Ney),<br />

Le 6ème Corps (Maréchal 3 Divisions françaises 25 000 hommes<br />

Marmont),<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> 1 Division d’Infanterie 4 000 hommes<br />

(Maréchal Mortier)<br />

1 Division <strong>de</strong> Cavalerie 12 000 hommes<br />

(Maréchal Bessières)<br />

Le Corps d’observation 3 Divisions françaises 40 000 hommes<br />

d’Italie, (Gal Bertrand) 1 Division italienne<br />

Les contingents alliés 1 Division bavaroise Gal 8 000 hommes<br />

Raglowitch<br />

1 Division badoise-hes- 8 000 hommes<br />

sine Gal Marelsant<br />

1 Division wurtember- 7 000 hommes<br />

geoise Gal Franquemont<br />

Au total <strong>de</strong> 140 à 150 000 hommes 1 .<br />

Le 3 ème Corps, qui s’est formé à Mayence, s’est avancé sur<br />

Würzburg dès que son infanterie a été prête pour faire <strong>de</strong> la place<br />

au 6 ème Corps ; il occupe Schweinfurt, Würzburg, où est le Quartier<br />

général <strong>et</strong> Aschalfenburg ; il ne lui manque plus que son artillerie<br />

qu’il récevra du 1 er au 10 avril.<br />

Le 6 ème Corps est établi autour <strong>de</strong> Hanau ; son organisation<br />

ne sera pas terminée avant le 15 avril.<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> est à Mayence.<br />

1 Voir le croquis n°5.<br />

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114<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le corps d’observation d’Italie débouche du Tyrol en une<br />

longue colonne qui doit marcher par Augsburg, Donauwerth <strong>et</strong><br />

Nuremberg : la tête <strong>de</strong> sa première briga<strong>de</strong> atteindra Bamberg du<br />

10 au 15 avril.<br />

<strong>La</strong> Division badoise se réunit à Würzburg ; la Division<br />

bavaroise à Bayreuth ; la Division wurtembergeoise à Mergentheim.<br />

<strong>La</strong> place d’Erfurt, où comman<strong>de</strong> le Général Danc<strong>et</strong>, a une<br />

garnison <strong>de</strong> 4 000 hommes ; Kronach, Forcheim, Koenigsholen<br />

<strong>et</strong> la cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> Würzburg ont été mis en état <strong>et</strong> armés.<br />

Rappelons que l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est en train <strong>de</strong> se masser<br />

en arrière <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> s’apprête à passer sur la rive droite <strong>de</strong><br />

l’Elbe.<br />

L’Empereur n’a que <strong>de</strong>s renseignements assez vagues sur<br />

la situation <strong>de</strong>s coalisés. <strong>La</strong> position <strong>de</strong> leurs différents corps ne<br />

leur perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> leurs intentions, mais le<br />

29 mars, au moment où il expédie <strong>de</strong> Paris ses ordres pour<br />

l’exécution <strong>de</strong>s mouvements préparatoires au rassemblement, il<br />

sait <strong>de</strong> source certaine que le 22, Grand Quartier général <strong>de</strong>s alliés<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe étaient encore à Kalisch où ils <strong>de</strong>vaient rester<br />

au moins jusqu’au 1 er avril.<br />

Dans ces conditions, Napoléon conclut que les coalisés ne<br />

seront pas en état d’opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale avec l’ensemble <strong>de</strong><br />

leurs forces, avant le 1 er mai. Nos corps d’armée <strong>de</strong>vant se m<strong>et</strong>tre<br />

en mouvement avant le 15 avril (dès qu’ils seront prêts),<br />

l’Empereur est à peu près certain <strong>de</strong> pouvoir les rassembler sur la<br />

Saale sans que l’opération soit troublée autrement que par <strong>de</strong>s<br />

partis <strong>de</strong> cavalerie légère. Néanmoins, il se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> régler<br />

ses premiers mouvements sur une hypothèse aussi favorable ; il<br />

prévoit le cas où Blücher, Wittgenstein <strong>et</strong> Miloradowitch conti-<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 115<br />

nueraient leur marche en avant sans attendre la Gar<strong>de</strong> russe, ce<br />

qui leur perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> franchir la Saale vers le 20 avril.<br />

Napoléon prend sa ligne d’opération par Erfurt, Weymar,<br />

Naumburg <strong>et</strong> Leipzig, <strong>de</strong> manière à se lier avec son armée <strong>de</strong><br />

couverture (armée <strong>de</strong> l’Elbe), qui manœuvre sur Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />

qu’il compte attirer à lui, au moment voulu, pour déboucher sur<br />

la rive droite <strong>de</strong> la Saale avec toutes ses forces.<br />

L’ennemi, pour les raisons développées précé<strong>de</strong>mment,<br />

doit baser ses opérations au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, sur la partie du fleuve<br />

comprise entre la Bohème <strong>et</strong> Torgau ; il est donc à supposer que<br />

le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> son armée se trouvera au sud <strong>de</strong> Leipzig.<br />

L’armée française débouchant en masse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, <strong>de</strong>ux cas<br />

peuvent se présenter :<br />

Les coalisés, ayant discerné la direction du mouvement<br />

<strong>de</strong>s colonnes françaises <strong>et</strong> s’étant décidés à accepter la lutte, se<br />

concentrent en temps utile sur leur droite. Il se produira alors une<br />

bataille que l’Empereur se croit certain <strong>de</strong> gagner car il disposera<br />

<strong>de</strong> forces doubles <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> ses adversaires ; même dans ce cas<br />

qui est le moins favorable, la défaite peut être désastreuse pour<br />

ces <strong>de</strong>rniers en raison <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

Les coalisés se laissent attirer vers la Saale supérieure <strong>et</strong> le<br />

Frankenwald par les souvenirs <strong>de</strong> 1806 <strong>et</strong> les démonstrations que<br />

l’Empereur fait exécuter <strong>de</strong> ce côté ; l’armée française ne rencontrera<br />

<strong>de</strong>vant elle que <strong>de</strong>s détachements dont elle aura facilement<br />

raison, ce qui lui perm<strong>et</strong>tra d’avancer rapi<strong>de</strong>ment sur<br />

Dres<strong>de</strong>, <strong>de</strong> couper les communications du gros <strong>de</strong> l’armée adverse<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’acculer aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème.<br />

C’est la manœuvre inverse <strong>de</strong> celle exécutée en 1806,<br />

sur le même théâtre d’opération.<br />

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116<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> ligne d’opération choisie répond également bien au cas<br />

où, contre toutes prévisions, les coalisés franchiraient la Saale vers<br />

le 30 avril, avant que l’armée du Meyn est entièrement débouché<br />

sur Erfurt. Si c<strong>et</strong>te éventualité se réalise, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui<br />

sera revenue sur la rive droite du fleuve, prendra position <strong>de</strong>rrière<br />

la Wipper, la gauche appuyée à la Saale <strong>et</strong> la droite aux <strong>de</strong>rniers<br />

contreforts du Harz, couvrant sa ligne <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite par Halberstadt<br />

<strong>et</strong> menaçant <strong>de</strong> se porter sur le flanc <strong>de</strong>s coalisés s’ils tentaient <strong>de</strong><br />

marcher sur Erfurt ; en même temps, on pressera le mouvement<br />

du 3 ème Corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division badoise, dont la préparation est<br />

plus avancée que celle <strong>de</strong>s autres corps <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> qui auront le<br />

temps <strong>de</strong> se réunir à Erfurt avant que les coalisés aient achevé <strong>de</strong><br />

franchir la Saale.<br />

L’ennemi, qui ne disposera pas <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 80 000 hommes,<br />

ayant, <strong>de</strong>vant lui les 50 000 hommes du Maréchal Ney, appuyés<br />

à la place d’Erfurt <strong>et</strong> <strong>de</strong>rrière lesquels accourraient le 6 ème<br />

Corps <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong>, <strong>et</strong>, sur son flanc droit, les 70 000 hommes du<br />

Prince Eugène, ne pourra « rien faire <strong>de</strong> raisonnable, il sera<br />

bridé ».<br />

Remarquons que le mo<strong>de</strong> d’emploi <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

est une application <strong>de</strong> la couverture indirecte ou <strong>de</strong> manœuvre qui, souvent<br />

est plus efficace que la couverture directe, tout en exposant<br />

moins les troupes qui y sont employées. Dans le cas considéré,<br />

l’armée <strong>de</strong> l’Elbe protège plus efficacement les débouchés <strong>de</strong><br />

l’armée du Meyn <strong>et</strong> court <strong>de</strong>s risques moindres que si elle était<br />

établie <strong>de</strong>rrière la Saale, immédiatement en avant <strong>de</strong> ces débouchés.<br />

Au cas où les alliés marcheraient contre le Prince Eugène,<br />

celui-ci rétrogra<strong>de</strong>rait lentement <strong>de</strong>vant eux <strong>de</strong> manière à rester à<br />

leur contact immédiat sans courir le risque d’un engagement général.<br />

L’ennemi, entraîné à sa suite, se trouverait dans une situa-<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 117<br />

tion <strong>de</strong>s plus critiques quand l’armée du Meyn déboucherait<br />

d’Erfurt sur Aschersleben : pris entre <strong>de</strong>s forces françaises d’un<br />

effectif double <strong>et</strong> la partie <strong>de</strong> l’Elbe que comman<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, il<br />

serait voué à une <strong>de</strong>struction certaine.<br />

On s’explique donc que les coalisés se soient abstenus<br />

d’attaquer le Prince Eugène quand (à partir du 10 avril), il eût pris<br />

la position que nous venons d’indiquer.<br />

S’il eût établi ses troupes <strong>de</strong>rrière la Saale, vers Naumburg,<br />

<strong>de</strong> manière à barrer directement les routes qui conduisaient sur<br />

Erfurt, les coalisés n’auraient pas hésité à l’y attaquer pour essayer<br />

<strong>de</strong> le battre avant l’arrivée <strong>de</strong> l’armée du Meyn ou, tout au moins,<br />

rej<strong>et</strong>er ses troupes en désordre sur les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

armée : à défaut d’un grand eff<strong>et</strong> matériel, ils eussent obtenu un<br />

grand eff<strong>et</strong> moral.<br />

Clausewitz, dans sa relation <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> 1813, voulant<br />

expliquer pourquoi Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein restèrent inactifs<br />

durant toute la secon<strong>de</strong> quinzaine d’avril, dit en substance :<br />

« Prendre l’offensive pour opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale contre le Prince Eugène<br />

sans attendre la Gar<strong>de</strong> russe, c’eût été se placer dans une situation plus mauvaise<br />

encore que celle où l’on se trouvait, uniquement pour satisfaire à un<br />

besoin d’action. Il est évi<strong>de</strong>nt que nous n’aurions pas pû atteindre le Prince<br />

qui se serait mis en r<strong>et</strong>raite à l’approche <strong>de</strong> nos corps d’armée ; en le poursuivant,<br />

nous eussions été exposés à nous trouver pris entre Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

forces françaises d’un effectif très supérieur ».<br />

Mise en marche <strong>de</strong> l’armée du Meyn vers la Saale<br />

Les 28 <strong>et</strong> 29 mars, l’Empereur donne <strong>de</strong>s ordres pour qu’à<br />

partir du 18 avril, les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème Corps <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> soient échelonnés<br />

sur leur route <strong>de</strong> marche vers Erfurt.<br />

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118<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le 3 ème Corps marchant par Schweinfurt <strong>et</strong> portant sa tête<br />

à Meiningen <strong>et</strong>, si les circonstances le perm<strong>et</strong>tent, à Erfurt <strong>et</strong><br />

même à Weymar ;<br />

Le 6 ème Corps marchant par Ful<strong>de</strong> <strong>et</strong> avançant sa tête jusqu’à<br />

Eisenach, ou jusqu’à Gotha si le 3 ème Corps occupe Erfurt ;<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> suivant le 6 ème Corps ;<br />

Les Divisions bavaroises <strong>et</strong> badoises assureront la gar<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s passages du Frankenwald, les Bavarois à Bayreuth, avec une<br />

avant-gar<strong>de</strong> à Münchberg pour observer les directions <strong>de</strong> Kof <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Schleiz, <strong>et</strong> un détachement s’appuyant à Kronach pour tenir la<br />

route <strong>de</strong> Schleiz à Bamberg ; les Badois, à Coburg, avec une<br />

avant-gar<strong>de</strong> à Grafenthal pour observer le débouché <strong>de</strong> Saalfeld.<br />

Le Corps d’Italie, à la date indiquée ci-<strong>de</strong>ssus, 18, <strong>de</strong>vra<br />

avoir ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> tête réunies à Bamberg, prêtes à marcher<br />

ensemble sur Saalfeld dès le len<strong>de</strong>main.<br />

Le 9 avril, l’Empereur reçoit la nouvelle que les coalisés se<br />

sont emparés <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> qu’ils portent leurs avant-gar<strong>de</strong>s sur la<br />

Saale. Le len<strong>de</strong>main ou le surlen<strong>de</strong>main, il apprend que le Prince<br />

Eugène, dont la démonstration sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe n’a eu<br />

qu’un succès relatif, va ramener ses troupes sur la rive gauche <strong>et</strong><br />

prendre position <strong>de</strong>rrière la basse Saale <strong>et</strong> la Wipper.<br />

Il écrit alors à ses lieutenants pour leur prescrire<br />

d’accélérer la marche <strong>de</strong> leurs colonnes. <strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre que nous reproduisons<br />

ci-après <strong>et</strong> qu’il adresse, le 12 avril, au Général Bertrand,<br />

donne toute l’économie <strong>de</strong> son mouvement.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 119<br />

L<strong>et</strong>tre du 12 avril au Général Bertrand<br />

« Vous aurez reçu, le 12, les ordres que je vous ai expédiés le 8<br />

pour porter votre Quartier général à Bamberg. Je suppose que le 14 <strong>et</strong> le 15,<br />

vous y aurez été 1 <strong>de</strong> votre personne avec vos 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions....<br />

« Le Prince <strong>de</strong> la Moskowa vous aura fait connaître<br />

que mon intention est <strong>de</strong> refuser ma droite... faisant un<br />

mouvement inverse <strong>de</strong> celui que j’ai fait dans ma campagne<br />

d’Iéna, <strong>de</strong> sorte que si l’ennemi pénètre sur Bayreuth, je<br />

puisse arriver avant lui sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> le couper <strong>de</strong> la Prusse.<br />

« Le duc d’Istrie, ayant sous ses ordres le duc <strong>de</strong> Raguse, 40 000<br />

hommes d’infanterie <strong>et</strong> 10 000 <strong>de</strong> cavalerie, se porte sur Eisenach où il sera<br />

arrivé du 18 au 20. Le prince <strong>de</strong> la Moskowa se porte également sur Erfurt<br />

où il sera également arrivé le 20 ; il a sous ses ordres 60 000 hommes, y<br />

compris les alliés <strong>et</strong> quelques milliers <strong>de</strong> chevaux.... Je serai à Mayence le 20.<br />

Le prince <strong>de</strong> la Moskowa dirigera votre mouvement ; mais comme je<br />

suppose que votre cavalerie <strong>et</strong> vos <strong>de</strong>ux Divisions seront à Bamberg le 16,<br />

vous appuierez le mouvement du prince <strong>de</strong> la Moskowa en vous portant avec<br />

ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>et</strong> votre cavalerie sur Coburg. Ce mouvement est le<br />

plus naturel parce qu’il est le plus court <strong>et</strong> que <strong>de</strong> Coburg, vous ne<br />

vous trouverez éloigné que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> Meiningen, que <strong>de</strong><br />

trois d’Erfurt <strong>et</strong> <strong>de</strong> trois d’Iéna <strong>et</strong> qu’ainsi, vous pourrez toujours manœuvrer<br />

vers la Saale. Ainsi donc, si les choses sont telles que le prince <strong>de</strong> la Moskowa<br />

se porte sur Erfurt, votre position sur Coburg vous placera sur sa droite<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> là, vous pourrez vous porter, suivant les circonstances sur Iéna, sur Erfurt<br />

ou sur Meiningen. Ce qu’il est convenable <strong>de</strong> vous recomman<strong>de</strong>r, c’est <strong>de</strong><br />

marcher serré, vos <strong>de</strong>ux Divisions réunies, votre artillerie placée convenablement,<br />

n’ayant pas <strong>de</strong> queue, bivouaquant tous les soirs dès que vous serez<br />

sorti <strong>de</strong> Bamberg.... L’ennemi est loin <strong>de</strong> se douter <strong>de</strong>s forces considérables qui<br />

1 C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre parviendra le 16 seulement au <strong>de</strong>stinataire.<br />

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120<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

vont se porter sur la Saale. Si nous étions assez heureux pour que l’ennemi<br />

fit réellement un gros mouvement sur Bayreuth, il serait bientôt rappelé sur<br />

Dres<strong>de</strong>.<br />

Vous pourrez, comme je vous l’ai mandé, diriger la ligne <strong>de</strong> vos 2 ème<br />

<strong>et</strong> 3 ème Divisions sur Würzburg. Au reste, je serai moi-même à Mayence <strong>et</strong> je<br />

pourrai diriger leur marche selon les circonstances ».<br />

Une autre raison <strong>de</strong> faire passer le Corps d’Italie par Coburg<br />

<strong>et</strong> Saalfeld, c’est que la route Gotha-Erfurt-Weymar est déjà<br />

très encombrée <strong>et</strong> que les ressources <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région en moyens<br />

<strong>de</strong> subsistances seront en gran<strong>de</strong> partie épuisées par les corps <strong>de</strong><br />

l’armée du Meyn. On ne doit pas oublier que pendant les marches<br />

<strong>de</strong> rassemblement, nos troupes vivent entièrement sur la pays.<br />

On peut considérer les forces françaises, pendant leur<br />

mouvement vers la Saale, comme divisées en trois groupes ou<br />

Armées.<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, 60 à 65 000 hommes, (non compris<br />

les 18 à 20 000 laissés avec le Maréchal Davout sur le bas Elbe) ;<br />

c’est une armée <strong>de</strong> couverture qui a pris position <strong>de</strong>rrière le Wipper<br />

afin <strong>de</strong> protéger indirectement les débouchés est du Thüringenwald.<br />

L’armée du Meyn proprement dite, formée <strong>de</strong>s corps<br />

qui se sont organisés dans la vallée du Meyn, les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème<br />

Corps, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> les Divisions badoises <strong>et</strong> wurtembergeoises,<br />

105 à 110 000 hommes ; c’est l’armée principale avec laquelle<br />

marchera Napoléon ; elle va se rassembler dans la région d’Erfurt.<br />

Le Corps d’Italie, auquel il faut rattacher la Division bavaroise,<br />

environ 40 000 hommes ; à la date du 12 avril, il est formé<br />

en une longue colonne qui se dirige sur Coburg par Bamberg.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 121<br />

Dès que l’armée du Meyn aura terminé son rassemblement<br />

près d’Erfurt, elle se portera droit sur Naumburg ; l’armée<br />

<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> le corps d’Italie appuieront sur elle en manœuvrant<br />

<strong>de</strong>rrière la Saale.<br />

Au début du mouvement, l’armée du Meyn se trouvera<br />

séparée <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe par une très gran<strong>de</strong> distance (80 km).<br />

Nous avons exposé précé<strong>de</strong>mment comment ces <strong>de</strong>ux armées<br />

manœuvraient, si contrairement aux prévisions, Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein<br />

entreprenaient d’opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale sans attendre<br />

la Gar<strong>de</strong> russe, avec moins <strong>de</strong> 80 000 hommes par conséquent. Il<br />

est bien évi<strong>de</strong>nt que si l’effectif total <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux armées n’était<br />

pas double ou presque double <strong>de</strong>s forces adverses immédiatement<br />

disponibles, il serait impru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur faire opérer leur<br />

jonction vers Naumburg, au contact même <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Quant au corps d’Italie, nous avons vu les raisons qui ont<br />

poussé Napoléon à le diriger <strong>de</strong> Bamberg par Coburg sur Saalfeld<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> là sur Naumburg : il a à jouer un rôle <strong>de</strong> démonstration. Sa<br />

marche vers la Haute-Saale a pour but d’attirer l’ennemi, <strong>de</strong> ce<br />

côté si possible, afin <strong>de</strong> faciliter la manœuvre enveloppante que<br />

proj<strong>et</strong>te l’Empereur.<br />

Il y a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s précautions à prendre pour que ce corps<br />

ne soit pas compromis, si l’adversaire, donnant dans le piège qui<br />

lui est tendu, se porte en masse vers le Frankenwald.<br />

Le corps d’Italie suivra donc la direction Saalfeld-Naumburg,<br />

tant qu’il pourra le faire sans danger mais, au premier indice<br />

<strong>de</strong> péril, il appuiera vers le Nord-Ouest pour rallier l’armée du<br />

Meyn, laissant l’ennemi donner dans le vi<strong>de</strong> s’il persiste dans son<br />

offensive. Depuis <strong>de</strong>ux mois, Napoléon fait étudier avec un soin<br />

extrême la viabilité <strong>de</strong> la région comprise entre Mayence <strong>et</strong> la<br />

Saale, portant particulièrement son attention sur les chemins<br />

transversaux qui font communiquer entre elles les routes que<br />

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122<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

suivront ses corps d’armée. Il s’est ainsi rendu compte que le<br />

corps d’Italie pourra effectuer son changement <strong>de</strong> direction, quel<br />

que soit le point où sera arrivée sa tête, lorsque ce mouvement<br />

<strong>de</strong>viendra nécessaire.<br />

D’ailleurs, au cas où, pour une raison quelconque, le<br />

changement <strong>de</strong> direction ne pourrait s’effectuer en temps utile, le<br />

Général Bertrand aura toujours la ressource <strong>de</strong> faire rétrogra<strong>de</strong>r<br />

sa tête <strong>de</strong> colonne pour concentrer ses troupes soit à Coburg, soit<br />

même plus en arrière si c’est nécessaire pour éviter l’étreinte <strong>de</strong><br />

l’ennemi.<br />

On le voit, ce qui fait la sécurité du Corps d’Italie, comme<br />

ce qui faisait la sécurité <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe dans le cas précé<strong>de</strong>nt,<br />

c’est la possibilité <strong>de</strong> se soustraire aux attaques d’un ennemi supérieur<br />

en nombre par un mouvement rétrogra<strong>de</strong>, prévu <strong>et</strong> par<br />

conséquent, préparé.<br />

Beaucoup d’officiers ne veulent pas entendre parler <strong>de</strong>s<br />

mouvements rétrogra<strong>de</strong>s, sous prétexte qu’ils démoralisent les<br />

troupes, qui ne font aucune différence entre un mouvement <strong>de</strong> ce<br />

genre <strong>et</strong> une r<strong>et</strong>raite pure <strong>et</strong> simple.<br />

Pourtant, les corps <strong>de</strong> démonstration, les corps d’avantgar<strong>de</strong>,<br />

<strong>et</strong>c, à moins d’agir avec une timidité presque toujours incompatible<br />

avec la mission dont ils sont chargés, seront souvent<br />

entraînés à se placer dans une situation périlleuse dont ils ne<br />

pourront sortir que par un mouvement rétrogra<strong>de</strong>.<br />

Il importe donc, d’une part, <strong>de</strong> propager c<strong>et</strong>te idée qu’un<br />

tel mouvement est une manœuvre qui n’implique nullement un<br />

aveu <strong>de</strong> faiblesse <strong>et</strong> d’autre part, d’étudier les procédés tactiques<br />

spéciaux que comporte ce genre <strong>de</strong> manœuvre.<br />

Quand l’armée du Meyn <strong>et</strong> le Corps d’Italie auront atteint<br />

la Saale, c<strong>et</strong>te rivière se trouvera bordée par nos troupes surtout<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 123<br />

son développement <strong>de</strong> Saalfeld à son confluent dans l’Elbe : Napoléon<br />

donnera les ordres les plus formels pour que tous les passages<br />

soient gardés d’une façon permanente.<br />

C<strong>et</strong>te rivière sera alors, selon l’expression même <strong>de</strong><br />

l’Empereur, « comme un ri<strong>de</strong>au tendu entre l’armée française <strong>et</strong> l’ennemi ».<br />

A défaut d’une cavalerie assez nombreuse pour tenir à distance<br />

celle <strong>de</strong>s alliés, il utilisera un obstacle naturel continu pour se ménager<br />

une zone où il puisse faire mouvoir ses corps d’armée relativement<br />

en secr<strong>et</strong> <strong>et</strong> préparer sa <strong>manoeuvre</strong> débordante par<br />

Leipzig en s’assurant le bénéfice <strong>de</strong> la surprise.<br />

Le mérite <strong>de</strong>s dispositions prises par Napoléon résulte <strong>de</strong><br />

ce qu’elles réalisent le rassemblement <strong>de</strong> toutes nos forces, sur la<br />

Saale, à portée du point sensible <strong>de</strong> l’ennemi, dans <strong>de</strong>s conditions<br />

<strong>de</strong> sécurité complètes <strong>et</strong> aussi dans le minimum <strong>de</strong> temps, ce qui<br />

est essentiel car les circonstances sont pressantes ; dès le début<br />

<strong>de</strong>s opérations, nos armées seront en situation d’infliger aux alliés<br />

une défaite désastreuse pour peu que ceux-ci comm<strong>et</strong>tent la<br />

moindre impru<strong>de</strong>nce.<br />

Le comman<strong>de</strong>ment jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong> l’Empereur avait<br />

été réglé <strong>de</strong> la manière suivante :<br />

L<strong>et</strong>tre du 10 avril au Maréchal Ney<br />

« Le duc d’Istrie comman<strong>de</strong>ra au duc <strong>de</strong> Raguse comme plus ancien<br />

<strong>et</strong> lui-même sera sous vos ordres pour la même raison. Le duc d’Istrie n’a<br />

d’ordre que <strong>de</strong> prendre position à Eisenach ; si je ne suis pas arrivé, c’est <strong>de</strong><br />

vous qu’il recevra l’initiative <strong>de</strong> se porter sur Gotha si vous vous portez sur<br />

Erfurt.... Dans les cas imprévus, vous comman<strong>de</strong>rez aussi au Général Bertrand...<br />

».<br />

En définitive, Napoléon ne veut pas se <strong>de</strong>ssaisir du comman<strong>de</strong>ment<br />

; les pouvoirs qu’il accor<strong>de</strong> au Maréchal Ney sont<br />

illusoires ; jusqu’à son arrivée, l’armée sera privée <strong>de</strong> toute direc-<br />

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124<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

tion supérieure ce qui est d’autant plus grave que, fidèle à son<br />

système ordinaire, il ne rejoindra ses troupes que très tard.<br />

Il n’est donc pas étonnant que nos premières opérations<br />

aient présenté, dans le détail, un certain décousu, bien que<br />

l’ennemi n’ait rien fait pour les troubler.<br />

Mouvements du 12 au 24 avril<br />

Armée du Meyn – Le 3 ème Corps rompt par briga<strong>de</strong>s, le<br />

15 avril <strong>et</strong>, marchant par Gotha <strong>et</strong> Erfurt, se porte sur Weymar où<br />

sa tête, 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Souham (6 000 fantassins, 1 000<br />

chevaux <strong>et</strong> 16 canons) arrive le 18 ; à c<strong>et</strong>te date, le corps d’armée<br />

s’échelonne en arrière jusqu’à Schweinfurt ; il m<strong>et</strong>tra sept jours,<br />

du 18 au 24, pour se rassembler sur sa briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête <strong>et</strong> prendre<br />

position à hauteur <strong>de</strong> Weymar, sa droite bordant l’Ilm. On avouera<br />

qu’il eût été pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> reformer au moins les Divisions avant<br />

<strong>de</strong> leur faire repasser Erfurt.<br />

Le 6 ème Corps <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong>, se suivant dans c<strong>et</strong> ordre, se<br />

m<strong>et</strong>tent en marche par briga<strong>de</strong>s, le 12 avril, <strong>et</strong> se portent par<br />

Ful<strong>de</strong>, Hacha <strong>et</strong> Eisenach sur Gotha : le 16, la tête <strong>de</strong> la colonne,<br />

(1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Compans du 6 ème Corps) débouche<br />

d’Eisenach pour gagner Gotha, mais elle est obligée <strong>de</strong> s’arrêter<br />

en arrière <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville pour laisser défiler le 3 ème Corps 1 . Du 15<br />

au 21, la colonne serre lentement sur sa tête ; la Gar<strong>de</strong>, doublant<br />

le 6 ème Corps, se porte sur Gotha ; le 6 ème Corps s’établit entre<br />

1 L’Empereur avait pensé que le 3ème Corps se porterait directement<br />

<strong>de</strong> Meiningen sur Erfurt ; mais faute d’instructions précises, le<br />

Maréchal Ney avait jugé bon <strong>de</strong> prendre la route d’Eisenach-Gotha, qui<br />

était bien meilleure que la précé<strong>de</strong>nte.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 125<br />

c<strong>et</strong>te ville <strong>et</strong> Eisenach avec un détachement à <strong>La</strong>ngensalza comme<br />

nous le dirons plus loin.<br />

Le Corps d’Italie, dont les fractions s’échelonnent sur<br />

une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> douze étapes, marche par Auspach <strong>et</strong> Nuremberg<br />

vers Bamberg ; le 16, sa tête arrive à Bamberg où elle<br />

s’arrête, poussant sur Coburg une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>stinée à relever<br />

les Divisions Marchand (badoise) ; les <strong>de</strong>ux premières divisions<br />

(Division Morand <strong>et</strong> Division italienne du Général Peyri) se réunissent<br />

à Bamberg, du 16 au 19 inclus ; le 20, elles partent pour<br />

Coburg où elles arrivent le 21. Là, le Général Bertrand les arrête<br />

parce qu’il ne juge pas pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> continuer sur Saalfeld tant que<br />

le 3 ème Corps n’aura pas dépassé Weymar ; il se contente<br />

d’envoyer une avant-gar<strong>de</strong> à Grafenthal, pour tenir la tête du défilé<br />

qui conduit à Saalfeld.<br />

L’attitu<strong>de</strong> louche du Général Raglowitch, commandant<br />

la Division bavaroise, avait déterminé le Général Bertrand à agir<br />

avec la plus extrême circonspection ; Raglowitch, contrairement<br />

aux ordres <strong>de</strong> l’Empereur qui lui prescrivaient <strong>de</strong> concentrer sa<br />

Division sur les hauteurs d’Ebersdorf pour surveiller <strong>de</strong> près les<br />

débouchés <strong>de</strong> Hof <strong>et</strong> <strong>de</strong> Schleiz, avait r<strong>et</strong>iré les détachements qui<br />

étaient sur la Saale <strong>et</strong> commencé à réunir ses troupes à Bayreuth.<br />

Le 16, quand le Général Bertrand lui <strong>de</strong>manda <strong>de</strong>s explications à<br />

ce suj<strong>et</strong>, il dit qu’il se conformait aux instructions du roi <strong>de</strong> Bavière<br />

qui lui avait ordonné <strong>de</strong> ne pas dépasser la frontière<br />

saxonne. Cependant, sur les instances <strong>de</strong> Bertrand, il consentit à<br />

laisser une avant-gar<strong>de</strong> à Münchberg. L’inci<strong>de</strong>nt ne manquait pas<br />

<strong>de</strong> gravité car il révélait l’hésitation du roi <strong>de</strong> Bavière à rester fidèle<br />

à la cause française ; ce fut seulement le 22 que ce souverain<br />

se décida à prescrire au Général Raglowitch <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre, avec ses<br />

troupes, à la disposition du Général Bertrand.<br />

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126<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> Division badoise du Général Marchand quitte Coburg<br />

le 17 (nous avons dit plus haut qu’elle est remplacée par<br />

l’avant-gar<strong>de</strong> du Corps d’Italie) <strong>et</strong> se porte sur Thémar, d’où elle<br />

part le 21, pour se diriger sur Ilmenau afin d’assurer la liaison<br />

entre le 3 ème Corps <strong>et</strong> le Corps d’Italie.<br />

<strong>La</strong> Division wurtembergeoise quitte Mergentheim le<br />

19 ; elle marche par Würzburg <strong>et</strong> Schweinfurt sur Hildburghausen.<br />

Armée <strong>de</strong> l’Elbe – Depuis le 11, ainsi que nous l’avons<br />

dit précé<strong>de</strong>mment, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe était en position à Aschersleben.<br />

Le 21, elle fit un léger mouvement en appuyant un peu<br />

sur sa droite afin d’occuper Leinbach <strong>et</strong> d’être à portée <strong>de</strong> surveiller<br />

Eisleben : le Quartier général se transporta à Hoym.<br />

Une Division westphalienne, Général Hammerstein, qui<br />

s’organisait à Heiligenstadt, fit occuper en avant d’elle Mulhausen<br />

<strong>et</strong> Nordhausen : elle était chargée d’assurer la liaison entre l’armée<br />

<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> l’armée du Meyn.<br />

Depuis le 10 avril, la cavalerie légère ennemie bordait la<br />

Saale sur tout son développement, poussant <strong>de</strong> nombreux partis à<br />

l’Ouest <strong>de</strong> la rivière. Un fort détachement (2 000 hommes environ),<br />

qui était posté à Eisleben, se tenait en contact avec l'armée<br />

<strong>de</strong> l’Elbe ; d’autres détachements <strong>de</strong> force variable battaient<br />

l’estra<strong>de</strong> vers Nordhausen, Mulhausen, Gotha, Coburg <strong>et</strong><br />

Bayreuth, semant partout l’alarme <strong>et</strong> le désordre.<br />

Le 12, le major Blücher (fils du Général), avec 200 cavaliers<br />

prussiens, s’était présenté <strong>de</strong>vant Weymar ; un bataillon formé<br />

<strong>de</strong>s contingents <strong>de</strong>s maisons ducales <strong>de</strong> Saxe, qui se trouvait<br />

dans c<strong>et</strong>te ville, avait immédiatement fait défection.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 127<br />

Le 17, un autre officier prussien, le major Helwig, avec un<br />

escadron <strong>de</strong> 150 hommes, tomba à l’improviste près <strong>de</strong> <strong>La</strong>ngensalza,<br />

sur l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Rechberg (2 000 hommes,<br />

dont 1 500 fantassins <strong>et</strong> 300 cavaliers) qui se dirigeait sur Erfurt ;<br />

à la faveur <strong>de</strong> la panique provoquée par la surprise, les Prussiens<br />

enlevèrent une centaine d’hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>u canons. Le len<strong>de</strong>main,<br />

le 18, le même escadron dispersait près <strong>de</strong> Wanfried (sur la route<br />

<strong>de</strong> Cassel) un régiment <strong>de</strong> cavalerie westphalienne <strong>de</strong> la Division<br />

Hammerstein.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier, qui avait pourtant 4 à 5 000 hommes à Heiligenstadt,<br />

prit peur <strong>et</strong> envoya au roi Jérôme <strong>de</strong>s rapports où il était<br />

question « d’un corps ennemi <strong>de</strong> toutes armes comprenant plusieurs milliers<br />

d’hommes <strong>et</strong> qui était en train <strong>de</strong> marcher sur Cassel ».<br />

Le 21, la Division Compans du 6 ème Corps <strong>et</strong> 500 chevaux<br />

<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, commandés par le Général Lefebvre-Desnou<strong>et</strong>tes, se<br />

portèrent d’Eisenach <strong>et</strong> <strong>de</strong> Gotha sur <strong>La</strong>ngensalza, menaçant <strong>de</strong><br />

couper la r<strong>et</strong>raite aux détachements adverses qui s’aventureraient<br />

sur Cassel. CE mouvement détermina les partisans ennemis à se<br />

replier vers l’Est tout en continuant à surveiller <strong>de</strong> près la marche<br />

<strong>de</strong>s colonnes françaises.<br />

Ces inci<strong>de</strong>nts, grossis par la rumeur publique, causèrent<br />

une certaine émotion au Quartier général du Maréchal Ney, à<br />

Erfurt, où l’on était assez mal informé.<br />

Le 19, au soir, sur <strong>de</strong> faux renseignements, le Maréchal se<br />

figura que les coalisés marchaient en force sur Naumburg <strong>et</strong> Iéna<br />

; dans la nuit même, il envoya <strong>de</strong>s ordres pour accélérer la<br />

marche <strong>de</strong>s troupes en arrière. Mieux renseigné le len<strong>de</strong>main matin,<br />

il donna aussitôt contrordre. Une l<strong>et</strong>tre écrite à ce suj<strong>et</strong> par le<br />

Maréchal Bessières au major général perm<strong>et</strong> d’entrevoir quel désarroi<br />

régnait alors dans le haut comman<strong>de</strong>ment.<br />

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128<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

« Je dois vous dire franchement que si le mouvement <strong>de</strong> l’ennemi eût<br />

été véritablement prononcé sur Naumburg <strong>et</strong> Iéna, comme me l’a écrit c<strong>et</strong>te<br />

nuit le prince <strong>de</strong> la Moskowa, nous n’aurions pas été en mesure, ni<br />

lui non plus ».<br />

Fort heureusement, l’ennemi, rendu circonspect par la<br />

faiblesse <strong>de</strong> ses moyens, <strong>de</strong>meura dans l’inaction.<br />

Le 15, Napoléon apprit que le Quartier général <strong>de</strong>s alliés<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe avait quitté Kalisch le 7 avril pour se rendre à<br />

Dres<strong>de</strong> ; il partit <strong>de</strong> Paris le 16 <strong>et</strong> arriva à Mayence le 17.<br />

Ne jugeant pas les circonstances trop pressantes, il resta à<br />

Mayence jusqu’au 25, occupé à résoudre les mille difficultés <strong>de</strong><br />

détails qu’avait soulevées la mise sur pied <strong>de</strong> sa nouvelle armée.<br />

Quelques modifications furent apportées à l’organisation<br />

<strong>de</strong> celle-ci :<br />

Le Corps d’Italie fut dédoublé : la Division Morand <strong>et</strong> la<br />

Division italienne Peyri formèrent, avec la Division wurtembergeoise<br />

Franquemont, le 4 ème Corps d’armée dont le Général Bertrand<br />

eut le comman<strong>de</strong>ment ; les Divisions Pacthod <strong>et</strong> <strong>La</strong>urencez<br />

constituèrent avec la Division bavaroise Raglowitch le 12 ème<br />

Corps à la tête duquel fut placé le Maréchal Oudinot ;<br />

<strong>La</strong> Division badoise Marchand fut attribuée au 3 ème Corps.<br />

En annonçant ces dispositions au Maréchal Ney,<br />

l’Empereur eut soin <strong>de</strong> lui faire remarquer que son corps d’armée<br />

était le seul qui comptât cinq divisions.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 129<br />

Situation <strong>de</strong>s forces françaises qui marchent vers la Saale le<br />

25 avril 1<br />

Bons Eons Bies Eff 2<br />

Armée du Meyn 140 000<br />

3ème Corps Maréchal Ney<br />

8ème Don Gal Souham<br />

9ème Don Gal Brennier<br />

10ème Don Gal Girard<br />

11ème Don Gal Ricard<br />

39ème 45 000<br />

16<br />

15<br />

14 }4 }10<br />

Don badoisse-hessi-ne Gal<br />

Marchand<br />

14<br />

10<br />

1<br />

6ème Corps Maréchal Marmont<br />

20ème Don Gal Compans<br />

21ème Don Gal Bonn<strong>et</strong><br />

22ème Don Gal Frie<strong>de</strong>richs<br />

23ème (pour mém., non formée)<br />

12<br />

13<br />

14 }1 3<br />

25 000<br />

}8<br />

4 ème Corps Général Bertrand<br />

12 ème Don Gal Morand<br />

15 ème Don italienne (Gal Peyri)<br />

38 ème Don wurtembergeois<br />

Gal Franquemont<br />

12 ème Corps Maréchal Oudinot<br />

13 ème Don Gal Pacthod<br />

14 ème Don Gal <strong>La</strong>urencez<br />

29 ème Don bavaroise<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />

Division Dumonstier<br />

Cavalerie<br />

Gal Raglowitch<br />

13<br />

13<br />

8 (?)<br />

12<br />

15<br />

10<br />

16<br />

}11<br />

4<br />

3<br />

?<br />

}7<br />

2<br />

}3<br />

2<br />

}7<br />

30 000<br />

25 000<br />

11 000<br />

4 000<br />

1 D’après les Etats qui existent dans les archives du Ministère <strong>de</strong><br />

la Guerre.<br />

2 En nombres ronds, leffectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />

3 <strong>La</strong>nciers <strong>de</strong> Berg<br />

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130<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Bons Eons Bies Eff<br />

Armée <strong>de</strong> l’Elbe 62 000<br />

11ème Corps Mal Mac Donald<br />

31ème Don Gal Gérard<br />

35ème Don Gal Fressin<strong>et</strong><br />

36ème Don Gal Charpentier<br />

7 ou 8<br />

12 }2<br />

11<br />

}7<br />

22 000<br />

5ème Corps Général <strong>La</strong>uriston<br />

16ème Don Gal Maisons 1<br />

17ème Don Gal Puthod 2<br />

18ème Don Gal <strong>La</strong>grange<br />

19ème 8<br />

10<br />

22 000<br />

}10<br />

Don Gal Rochambeau<br />

12<br />

Don Rogu<strong>et</strong> (Sar<strong>de</strong>s) 6 2 3 3 500<br />

32ème Division Gal Durutte 3 7 4 500<br />

4ème Don Maréchal Victor 10 1 6 000<br />

1ère Division (pour mémoire, sur le bas Elbe <strong>et</strong> à Mag<strong>de</strong>burg)<br />

1er Corps <strong>de</strong> cavalerie Gal <strong>La</strong>tour-<br />

Maubourg<br />

1 4 000<br />

2ème Corps <strong>de</strong> cavalerie Gal Sébastiani (pour mémoire, sur le bas Elbe)<br />

Don westphalienne Gal Hammerstein (pour mém., n’est pas encore prête)<br />

Total général 202 000<br />

Le 24 avril, au soir, les mouvement préparatoires sont<br />

terminés.<br />

L’armée du Meyn a son corps <strong>de</strong> tête, le 3 ème , en position à<br />

hauteur <strong>de</strong> Weymar, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 6 ème Corps s’échelonnent en<br />

arrière jusqu’à Eisenach.<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe est toujours dans sa position d’Hoym ;<br />

1 Non-compris le 152 ème détaché à la Division <strong>de</strong> Hamburg.<br />

2 Pour mémoire, détaché sur le bas-Elbe.<br />

3 Y compris 5 bataillons qui marchent avec la Division Bonn<strong>et</strong><br />

du 6 ème Corps.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 131<br />

Le Corps d’Italie a ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> tête réunies à<br />

Coburg <strong>et</strong> prêtes à se porter sur Saalfeld ; les <strong>de</strong>ux autres Divisions<br />

serrent sur Nuremberg.<br />

Il <strong>de</strong>vient certain que le rassemblement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong><br />

nos forces s’achèvera sur la Saale sans avoir été gêné par l’ennemi.<br />

L’Empereur, dès le 22, a expédié <strong>de</strong> Mayence <strong>de</strong> nouveaux<br />

ordres pour que la marche en avant continue le 25.<br />

L’armée du Meyn se portera sur Iéna <strong>et</strong> Naumburg,<br />

l’armée <strong>de</strong> l’Elbe remontera la Saale <strong>et</strong> viendra occuper Halle <strong>et</strong><br />

Merseburg ; enfin, le Corps d’Italie, si les circonstances le perm<strong>et</strong>tent,<br />

marchera par Saalfeld sur Iéna en remontant la Saale par la<br />

rive gauche.<br />

Ordre adressé par le Major Général au Prince Eugène.<br />

« Mayence, le 22 avril,<br />

« L’Empereur est encore aujourd’hui à Mayence. Le Corps du<br />

Prince <strong>de</strong> la Moskowa ne pouvant être entièrement réuni que le 24, il est<br />

nécessaire que vous occupiez Querfurt afin que les communications soient<br />

directes entre vous <strong>et</strong> le Prince, qui va faire occuper les hauteurs <strong>de</strong> Naumburg.<br />

« Détruisez le pont que l’ennemi avait, sur la Saale, près <strong>de</strong> W<strong>et</strong>tin.<br />

Occupez Halle <strong>et</strong> Merseburg comme têtes <strong>de</strong> pont <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tez ces places à l’abri<br />

<strong>de</strong>s Cosaques en palissadant les portes. Occupez d’abord Halle <strong>et</strong> après Merseburg.<br />

« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r toute la<br />

Saale afin d’empêcher l’ennemi <strong>de</strong> détacher aucun parti sur<br />

la rive gauche <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te rivière.<br />

Vous <strong>de</strong>vez donc être très alerte pour marcher sur l’ennemi s’il voulait<br />

prendre l’offensive par Iéna <strong>et</strong> Naumburg. »<br />

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132<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Concentration sur Naumburg <strong>de</strong> l’armée du Meyn <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

L’Empereur, le 25 au soir, quitte Mayence <strong>et</strong> le 25, arrive à<br />

Erfurt dans l’après-midi. Son premier soin est <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> la<br />

question <strong>de</strong>s subsistances qui va probablement soulever <strong>de</strong> grosses<br />

difficultés par suite <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> toutes nos forces<br />

sur Naumburg.<br />

Les Corps d’armée ont dû se m<strong>et</strong>tre en route avec 12 à 14<br />

jours <strong>de</strong> pain, biscuit ou farine, 4 jours <strong>de</strong> pain sur le sac <strong>de</strong>s<br />

hommes <strong>et</strong> 8 à 10 jours <strong>de</strong> biscuit ou <strong>de</strong> farine sur les caissons du<br />

train ; la Gar<strong>de</strong> a même une réserve <strong>de</strong> 10 jours <strong>de</strong> farine <strong>de</strong> plus<br />

que transporte un convoi <strong>de</strong> voitures <strong>de</strong> réquisition. Jusqu’au 25,<br />

les troupes ont vécu sur le pays mais, à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te date, elles<br />

sont trop concentrées pour continuer à user <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> subsistance<br />

; l’Empereur ordonne donc <strong>de</strong> constituer à Erfurt <strong>de</strong>s<br />

magasins <strong>de</strong>stinés à assurer les ravitaillements <strong>de</strong> l’armée. 1<br />

L<strong>et</strong>tre au Maréchal Duroc :<br />

Erfurt, le 25 au soir.<br />

« Réunissez c<strong>et</strong>te nuit l’Intendant <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux ou trois <strong>de</strong>s principaux<br />

membres <strong>de</strong> l’administration du pays ainsi que le commissaire <strong>de</strong>s guerres <strong>et</strong><br />

avisez aux moyens à prendre pour constituer à Erfurt <strong>de</strong>s approvisionnements.<br />

Il faut, sous quatre jours, 200 000 rations <strong>de</strong> pain à livrer à raison<br />

<strong>de</strong> 50 000 par jour ; il faut se procurer, en outre, le plus tôt possible, <strong>de</strong>ux<br />

millions <strong>de</strong> rations <strong>de</strong> farine, autant d’eau-<strong>de</strong>-vie, autant <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> sur pied,<br />

<strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> rations d’avoine, <strong>et</strong>c... ; pour obtenir plus vite les <strong>de</strong>nrées, on<br />

les payera comptant. »<br />

1 Des ordres avaient été donnés antérieurement à ce suj<strong>et</strong>, mais<br />

ils n’avaient pas été exécutés.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 133<br />

Des ordres antérieurs avaient prescrit d’organiser à Erfurt,<br />

une manutention <strong>de</strong> 24 jours, <strong>de</strong>s hôpitaux pour 4 000 mala<strong>de</strong>s.<br />

<strong>La</strong> route <strong>de</strong> l’armée est prise <strong>de</strong> Mayence par Ful<strong>de</strong>, Eisenach,<br />

Gotha <strong>et</strong> Erfurt ; Erfurt jouant le rôle <strong>de</strong> gîte principal<br />

d’étapes. Dès que les 4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps auront dépassé Saalfeld,<br />

on abandonnera la route <strong>de</strong> Nuremberg, Coburg ; les communications<br />

<strong>de</strong> ces corps avec Augsburg se feront par Würzburg <strong>et</strong><br />

Ful<strong>de</strong>.<br />

Le Maréchal Augereau, dont le Quartier général est à<br />

Mayence, a le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> tout le territoire que traverse la<br />

route <strong>de</strong> l’armée jusqu’à Gotha ; le Général Douc<strong>et</strong>, commandant<br />

la place d’Erfurt, comman<strong>de</strong>ra dans toute la région qui s’étend <strong>de</strong><br />

Gotha à l’armée.<br />

A partir du 26, l’Empereur est au milieu <strong>de</strong> ses corps<br />

d’armée ; il leur donne jour par jour <strong>de</strong>s ordres, presque tous reproduits<br />

soit dans sa Correspondance, soit dans le Livre d’ordres <strong>de</strong><br />

Berthier, dont il existe une copie aux archives du Ministère <strong>de</strong> la<br />

Guerre.<br />

On trouvera aux appendices un tableau qui fait connaître<br />

le détail <strong>de</strong>s mouvements exécutés par les diverses factions <strong>de</strong><br />

l’armée française jusqu’au 30 avril, c’est-à-dire jusqu’au moment<br />

où elle débouche sur la rive droite <strong>de</strong> la Saale pour marcher sur<br />

Leipzig.<br />

Quand on rapproche les indications <strong>de</strong> ce tableau <strong>de</strong>s ordres<br />

<strong>de</strong> l’Empereur, on constate que pour tous les corps <strong>de</strong><br />

l’armée du Meyn, il y a concordance complète entre les prescriptions<br />

<strong>de</strong>s ordres <strong>et</strong> les mouvements exécutés ; mais pour l’armée<br />

<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> le corps d’Italie, l’exécution est en r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> vingtquatre<br />

<strong>et</strong> même parfois <strong>de</strong> quarante-huit heures.<br />

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134<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

En ce qui concerne l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, le r<strong>et</strong>ard provient,<br />

d’une part, <strong>de</strong> ce que, sans qu’on sache pourquoi, elle a commencé<br />

son mouvement le 26 au lieu du 25 <strong>et</strong> d’autre part, <strong>de</strong> ce<br />

que le Prince Eugène, poussant la circonspection au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce<br />

qu’exigeait la pru<strong>de</strong>nce, a fait marcher ses corps d’armée lentement<br />

si bien qu’ils ont mis cinq jours pour franchir les 55 km qui<br />

séparent Meyn <strong>de</strong> Merseburg.<br />

Pour le corps d’Italie (4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps), la lenteur <strong>de</strong><br />

son mouvement provient <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> marche qu’il a eu à<br />

surmonter <strong>de</strong> Coburg à Saalfeld ; le chemin <strong>de</strong> montagne qu’il a<br />

suivi était si mal entr<strong>et</strong>enu que, sur plusieurs points du parcours<br />

entre Sonnenberg <strong>et</strong> Grafenthal, l’artillerie n’a pu passer qu’en<br />

doublant les attelages.<br />

Nous résumerons en quelques mots les faits saillants <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> du 26 au 30.<br />

26 – <strong>La</strong> Division Souham, qui marche en tête du 3 ème Corps,<br />

s’empara <strong>de</strong> Naumburg sans coup férir ; le 4 ème corps avance sa<br />

tête jusqu’à Rudolstadt, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe se poste d’Hoym à<br />

Mansfeld. L’ennemi brûle son pont <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin.<br />

27 – L’armée du Meyn serre sur Naumburg, le 4 ème Corps sur<br />

Rudolstadt ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe avance <strong>de</strong> Mansfeld à Eisleben.<br />

28 – Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur est transféré d’Erfurt à<br />

Echartsberg ; le 3 ème Corps se masse à Naumburg, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

le 6 ème Corps à Ouerstadt ; la 1 ère Division du 4 ème Corps occupe<br />

Iéna ; la tête du 12 ème arrive à Coburg ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

marque un temps d’arrêt pendant que la Division Maisons du<br />

5 ème Corps essaye en vain <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> Halle, dont l’ennemi<br />

brûle le pont.<br />

29 – <strong>La</strong> Division Souham s’empare <strong>de</strong> Weissenfels, dont elle<br />

chasse le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï ; le 3 ème Corps serre sur la<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 135<br />

Division Souham ; le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> se placent à<br />

Naumburg, le 6 ème Corps à Kösen ; le 4 ème Corps serre sur Iéna<br />

; le 12 ème porte son avant-gar<strong>de</strong> sur Saalfeld ; l’armée <strong>de</strong><br />

l’Elbe enlève Merseburg.<br />

30 – Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> rejoignent le<br />

3 ème Corps Weissenfels, le 6 ème Corps occupe Naumburg ; le<br />

4 ème Corps occupe Dornburg <strong>et</strong> Iéna ; le 12 ème débouche sur<br />

Saalfeld ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe serre sur Merseburg.<br />

En étudiant le détail <strong>de</strong>s mouvements au moyen du tableau,<br />

on remarquera qu’à partir du 26, les passages <strong>de</strong> la Saale<br />

entre Saalfeld <strong>et</strong> Naumburg d’une part, <strong>et</strong> Bernburg <strong>et</strong> W<strong>et</strong>tin<br />

<strong>de</strong> l’autre, ne cessent pas d’être gardés, toute fraction qui occupe<br />

l’un <strong>de</strong> ces passages ne quittant son poste qu’après l’arrivée <strong>de</strong> la<br />

fraction appelée à la relever ; les partisans ennemis, qui ne peuvent<br />

plus franchir la rivière que sur les <strong>de</strong>ux ponts <strong>de</strong> Merseburg<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Halle, n’osent pas s’aventurer au loin. A partir du 29,<br />

Merseburg <strong>et</strong> Halle étant à leur tour occupées par nos troupes,<br />

plus un seul détachement ennemi ne pénètre sur la rive gauche <strong>de</strong><br />

la Saale : « Tous les mouvements <strong>de</strong>s corps français s’exécutent <strong>de</strong>rrière c<strong>et</strong>te<br />

rivière comme <strong>de</strong>rrière un ri<strong>de</strong>au ».<br />

Les Français débouchent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale – 1 er mai<br />

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136<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le 30 avril au soir, l’armée française occupe les emplacements<br />

suivants :<br />

Armée du Meyn<br />

Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur à Weissenfels<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />

Division Vieille Gar<strong>de</strong><br />

Cavalerie<br />

}à Weissenfels<br />

Division Jeune Gar<strong>de</strong> à Naumburg<br />

3ème Corps QG <strong>et</strong> 4 Dons<br />

en position à l’est <strong>de</strong> Weissenfels<br />

Division Marchand à Stoessen<br />

6ème Corps QG <strong>et</strong> 2 Dons<br />

à Naumburg<br />

Don Friedrich<br />

à Kösen<br />

4ème Corps QG Don Morand à Dornburg avec 3 bat. à Camburg<br />

Don italienne Peyri à Iéna<br />

Don wurtembergeoise<br />

Franquemont<br />

à Burgau, Kola <strong>et</strong> Rudolstadt<br />

12ème Corps<br />

Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

s’échelonne entre Saalfeld <strong>et</strong> Coburg<br />

Quartier général<br />

Division Rogu<strong>et</strong><br />

}à Merseburg<br />

1er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

11ème Corps<br />

en position à une lieue à l’est <strong>de</strong><br />

Merseburg<br />

5ème Corps 3 Divisions en arrière <strong>de</strong> Merseburg, détachant<br />

un Rgt, 4 bat. à Halle<br />

32 ème Don Général Durutte<br />

4<br />

à Schafstadt<br />

ème Don, Maréchal Victor<br />

Quartier général<br />

à Bernburg<br />

10 bataillons<br />

en cordon le long <strong>de</strong> la Saale, <strong>de</strong><br />

Barby à W<strong>et</strong>tin<br />

Division westphalienne se rassemble à San<strong>de</strong>rshausen<br />

<strong>La</strong> cavalerie légère ennemie est partout en contact avec<br />

nos avant-postes ; le service <strong>de</strong>s renseignements a fait connaître<br />

qu’il y avait <strong>de</strong> gros corps ennemis constitués en toutes armes à<br />

Dessau, à Leipzig, à Altenburg <strong>et</strong> Zwickau.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 137<br />

Le rassemblement <strong>de</strong>s troupes françaises n’est pas complètement<br />

terminé ; la Division wurtembergeoise <strong>et</strong> tout le 12 ème<br />

Corps ont besoin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours au moins pour serrer avec le gros<br />

<strong>de</strong> l’armée.<br />

A première vue, il semble que la pru<strong>de</strong>nce impose un<br />

temps d’arrêt d’autant plus que l’effectif <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est<br />

très inférieur aux prévisions <strong>de</strong> l’Empereur, car en raison <strong>de</strong>s détachements<br />

laissés mal à propos sur le bas Elbe avec Davout,<br />

c<strong>et</strong>te armée ne compte que 60 000 hommes au lieu <strong>de</strong> 80 000.<br />

Napoléon n’a que <strong>de</strong>s renseignements assez vagues sur les<br />

coalisés. Conformément à son habitu<strong>de</strong> invétérée, évaluant les<br />

forces <strong>de</strong> ses adversaires plutôt au-<strong>de</strong>ssous qu’au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

réalité, il estime qu’ils ont sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe beaucoup<br />

moins <strong>de</strong> cent mille hommes. Il voit leurs corps dispersés <strong>de</strong>puis<br />

Dessau jusqu’à Zwickau, la masse principale se tenant entre Leipzig<br />

<strong>et</strong> Altenburg. En définitive, les coalisés sont placés à peu près<br />

comme il avait désiré qu’ils le fussent.<br />

Abstraction faite <strong>de</strong> la Division wurtembergeoise <strong>et</strong> du<br />

12 ème Corps <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> la Division Durutte, qui est chargée <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>r Merseburg que l’on a mis en état <strong>de</strong> défense pour servir <strong>de</strong><br />

tête <strong>de</strong> pont sur la Saale <strong>et</strong> d’un régiment (4 bataillons) du 5 ème<br />

Corps affecté à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Halle, l’Empereur dispose encore au<br />

moins <strong>de</strong> 150 000 combattants tous présents sous les armes,<br />

135 000 fantassins, 10 000 cavaliers, 400 canons : avec Napoléon<br />

pour chef, c’est assez pour assurer la victoire sur une armée d’un<br />

effectif inférieur <strong>de</strong> près <strong>de</strong> moitié, composée, il est vrai, <strong>de</strong> très<br />

bonnes troupes mais qui n’est que médiocrement conduite ; on<br />

pense bien, en eff<strong>et</strong>, que l’Empereur spécule sur la faiblesse du<br />

comman<strong>de</strong>ment supérieur chez ses adversaires, dont le généralissime<br />

est un homme d’une valeur plus ou moins contestée, subissant<br />

l’influence <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong>s monarques alliés <strong>et</strong> obligé, par<br />

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138<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

suite, <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à exécution un plan qui est une sorte <strong>de</strong> compromis<br />

entre ses idées personnelles <strong>et</strong> celles <strong>de</strong>s généraux formant<br />

les Etats-Majors <strong>de</strong> l’Empereur Alexandre <strong>et</strong> du roi Frédéric Guillaume.<br />

Napoléon a besoin <strong>de</strong> remporter, à bref délai, une victoire<br />

décisive, qui lui ren<strong>de</strong> tout son prestige <strong>de</strong> général invincible <strong>et</strong> lui<br />

ramène l’opinion <strong>de</strong> l’Autriche <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération<br />

du Rhin. On comprend qu’il ne redoute rien tant que <strong>de</strong> voir ses<br />

adversaires se dérober à ses coups en se r<strong>et</strong>irant <strong>de</strong>rrière l’Elbe<br />

avant qu’il ait pu les atteindre.<br />

En adm<strong>et</strong>tent que jusqu’ici, l’ennemi ne se soit pas rendu<br />

compte <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> supériorité numérique <strong>de</strong> l’armée française <strong>et</strong><br />

qu’il n’ait pas discerné les intentions <strong>de</strong> l’Empereur, il est peu<br />

probable qu’il persiste longtemps encore dans son erreur ;<br />

Quand les quatre Divisions, qui se trouvent sur la Haute-<br />

Saale, auront serré sur Naumburg, il ne pourra plus s’y méprendre<br />

; or, le but <strong>de</strong> l’Empereur étant <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la droite du gros<br />

<strong>de</strong> l’armée adverse, afin <strong>de</strong> la contraindre à une bataille à front<br />

renversé, sa manœuvre n’a chance d’aboutir que si l’ennemi ne<br />

s’en aperçoit que trop tard.<br />

Dès l’instant où il dispose <strong>de</strong> forces suffisantes pour être<br />

certain que le résultat <strong>de</strong> la bataille lui sera favorable, l’Empereur<br />

doit agir sans r<strong>et</strong>ard <strong>et</strong> exploiter les <strong>de</strong>ux principaux facteurs du<br />

succès, la rapidité <strong>et</strong> la surprise ; il ne doit donc pas hésiter à se<br />

passer <strong>de</strong>s quatre Divisions qui sont sur la Haute-Saale <strong>et</strong> qui<br />

contribuent, dans une large mesure, à la réussite <strong>de</strong> sa manœuvre<br />

en attirant <strong>de</strong> ce côté l’attention <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Telles sont, croyons-nous, les raisons qui déterminent<br />

Napoléon à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale, le 1 er mai pour marcher<br />

par <strong>Lutzen</strong> sur Leipzig. D’ailleurs, l’armée française ne peut<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 139<br />

rester collée à la Saale ; il faut qu’elle gagne du terrain au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

la rivière afin <strong>de</strong> se ménager l’espace qui lui est nécessaire pour<br />

manœuvrer.<br />

<strong>La</strong> veille, au soir, <strong>de</strong>s ordres ont été donnés pour réorganiser<br />

la Gar<strong>de</strong> par la fusion <strong>de</strong> la Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division<br />

Dumonstier ; tout ce qui appartient à la Vieille Gar<strong>de</strong> rallie la<br />

Division Rogu<strong>et</strong> (3 bataillons, 3 000 hommes) <strong>et</strong> tout ce qui appartient<br />

à la Jeune Gar<strong>de</strong> rallie la Division Dumonstier (16 bataillons<br />

en 3 briga<strong>de</strong>s) ; cinq bataillons <strong>de</strong> la Division Durutte, qui<br />

ont marché avec le 6 ème Corps <strong>de</strong>puis Mayence, rejoignent c<strong>et</strong>te<br />

Division dont l’effectif est ainsi porté <strong>de</strong> 1 000 à 4 500 hommes.<br />

Pour la journée du 1 er mai, il est ordonné :<br />

- A l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> se porter en avant <strong>de</strong> Merseburg<br />

jusqu’à hauteur <strong>de</strong> Schla<strong>de</strong>bach ; Merseburg doit être mis en<br />

état <strong>de</strong> défense « afin <strong>de</strong> pouvoir être facilement défendue<br />

en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite » ; le Parc, le Quartier général administratif<br />

viendront s’établir dans c<strong>et</strong>te ville où seront organisés<br />

<strong>de</strong>s hôpitaux pour 4 000 mala<strong>de</strong>s ;<br />

- Au 3 ème Corps, renforcé <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, <strong>de</strong> déboucher<br />

<strong>de</strong> Weissenfels pour se porter sur <strong>Lutzen</strong> ;<br />

- Au 6 ème Corps d’appuyer le mouvement du 3 ème avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />

ses Divisions, le 3 ème restant à Naumburg.<br />

Dans c<strong>et</strong>te journée, nous n’avions pas à craindre une attaque<br />

du gros <strong>de</strong>s forces adverses, mais nous pouvions être assaillis<br />

par la nombreuse cavalerie <strong>de</strong>s alliés à laquelle la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

offrait un terrain d’action particulièrement favorable. Obligés <strong>de</strong><br />

nous avancer dans c<strong>et</strong>te plaine <strong>et</strong> ne disposant que d’une cavalerie<br />

très inférieure à celle <strong>de</strong> l’adversaire, nous avions à prendre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s précautions pour éviter une surprise très dangereuse avec<br />

<strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> nouvelles formation. Pendant c<strong>et</strong>te journée du 1 er<br />

<strong>et</strong> aussi pendant celle <strong>de</strong>s 2 <strong>et</strong> 3 mai, nos corps d’armée marchent<br />

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140<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

en masse <strong>de</strong> guerre à travers champs, dans <strong>de</strong>s formations analogues<br />

à celles que nous indiquerons plus loin pour le 3 ème Corps.<br />

Dans ces conditions, la marche est très fatigante <strong>et</strong>, <strong>de</strong> plus, très<br />

lente car, au moindre obstacle, il faut quitter la formation pour la<br />

reprendre au-<strong>de</strong>là.<br />

Le 3 ème Corps d’armée se m<strong>et</strong> en marche à 11 h du matin,<br />

couvert par une avant-gar<strong>de</strong> comprenant la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie, 2<br />

bataillons, <strong>et</strong> une <strong>de</strong>mie batterie légère ; le gros, qui suit à une<br />

<strong>de</strong>mi-lieue est formé en autant <strong>de</strong> lignes qu’il compte <strong>de</strong> briga<strong>de</strong>s<br />

; dans chaque briga<strong>de</strong>s, les régiments en colonne à <strong>de</strong>mi-distance<br />

par division 1 afin <strong>de</strong> pouvoir former rapi<strong>de</strong>ment les carrés<br />

par régiment ; l’artillerie entre les régiments <strong>de</strong>s briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> tête<br />

<strong>de</strong> chaque division.<br />

<strong>La</strong> cavalerie du corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, qui était en observation<br />

<strong>de</strong>vant Weissenfels, refoulée par le 3 ème Corps, se replie<br />

lestement <strong>de</strong>rrière le Rippach pour essayer <strong>de</strong> nous en disputer le<br />

passage.<br />

Après avoir perdu quelque temps pour franchir le ruisseau<br />

(plutôt du fait du terrain que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’ennemi), le 3 ème Corps<br />

débouche au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> s’avance à travers la plaine.<br />

Les Divisions Souham <strong>et</strong> Girard, qui tiennent la tête, ont à<br />

repousser plusieurs charges <strong>de</strong> la cavalerie russe. Celle-ci, voyant<br />

l’inutilité <strong>de</strong> ses efforts, se r<strong>et</strong>ire dans la direction <strong>de</strong> Pegau.<br />

1 Les subdivisions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te colonne étant formées <strong>de</strong> 2 Compagnies<br />

(ou pelotons) accolées. L’expression <strong>de</strong> division a disparu <strong>de</strong> notre<br />

terminologie militaire en 1875 seulement. Il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue<br />

non plus que <strong>de</strong> 1791 à 1875, les expressions peloton <strong>et</strong> compagnie ont été<br />

synonymes.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 141<br />

Nos pertes se réduisaient à quelques tués ou blessés ;<br />

malheureusement, parmi les morts, se trouvait le Maréchal Bessières,<br />

tué rai<strong>de</strong> par un boul<strong>et</strong> au passage <strong>de</strong> Rippach.<br />

L’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos soldats avait été très ferme : « tous ces jeunes<br />

gens sont gens sont <strong>de</strong>s héros, écrivit le Maréchal Ney à l’Empereur, le<br />

soir même ; je ferai avec eux tout ce que vous voudrez ». C<strong>et</strong> excès d’éloges<br />

à propos d’un combat sans importance démontre que nos généraux<br />

avaient quelque appréhension au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la manière dont<br />

leurs nouvelles troupes se comporteraient au feu.<br />

Les autres corps s’étaient conformés strictement aux prescriptions<br />

<strong>de</strong> l’Empereur.<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée française le 1 er mai au soir<br />

Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

- L’Empereur est à <strong>Lutzen</strong><br />

- 11 ème Corps : Quesitz <strong>et</strong> Markranstaedt<br />

- 5 ème Corps : en arrière <strong>de</strong> Punthersdorf (un rgt détaché à<br />

Halle)<br />

- 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie : entre Schla<strong>de</strong>bach <strong>et</strong> O<strong>et</strong>zsch<br />

- 32 ème Division Durutte à Merseburg<br />

Armée du Meyn<br />

- Cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à <strong>Lutzen</strong><br />

- Division Vieille Gar<strong>de</strong> à Weissenfels<br />

- Division Jeune Gar<strong>de</strong> à Weissenfels<br />

3 ème Corps<br />

- Quartier général <strong>et</strong> Division Souham occupant les quatre<br />

villages <strong>de</strong> Kaja, Ralsna, Klein <strong>et</strong> Gross-Görschen<br />

- Division Girard : Starsie<strong>de</strong>l<br />

- Divisions Brennier <strong>et</strong> Ricard : près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> ( ?)<br />

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142<br />

- Division Marchand : <strong>Lutzen</strong><br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

6 ème Corps<br />

- Quartier général : près <strong>de</strong> Rippach<br />

- Division Bonn<strong>et</strong> : sur les hauteurs à l’est <strong>de</strong> Rippach. Détachement<br />

<strong>de</strong> 2 bataillons à Mellschütz<br />

- Division Compans : près <strong>de</strong> Lösau (à l’Ouest du Rippach)<br />

- Division Frie<strong>de</strong>richs à Naumburg<br />

4 ème Corps<br />

- Quartier général : Stoessen<br />

- Division Morand : Stoessen avec avant-gar<strong>de</strong> à Pr<strong>et</strong>zsch<br />

- Division italienne Peyri : Gross-Gesterwitz<br />

- Division wurtembergeoise à Iéna<br />

12 ème Corps<br />

- la tête à Kahla, la queue en arrière <strong>de</strong> Saalfeld.<br />

Les renseignements recueillis sur l’ennemi sont les mêmes<br />

que la veille.<br />

Le 1 er mai, au soir, l’armée française est divisée en <strong>de</strong>ux<br />

groupes :<br />

- le 12 ème Corps <strong>et</strong> la Division wurtembergeoise, qui sont en<br />

train <strong>de</strong> serrer sur Naumburg, forment un corps <strong>de</strong> démonstration,<br />

dont la présence sur la Haute-Saale déterminera<br />

l’ennemi (on l’espère, du moins) à maintenir le gros <strong>de</strong> ses<br />

forces au sud <strong>de</strong> Leipzig ;<br />

- le reste <strong>de</strong> l’armée, qui forme la masse <strong>de</strong> manœuvres,<br />

concentré entre Markranstaedt <strong>et</strong> Stoessen, dans un rectangle<br />

dont le front est <strong>de</strong> 30 km <strong>et</strong> la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 15, est prêt à<br />

livrer bataille <strong>de</strong> quelque côté que débouche l’ennemi, par<br />

Leipzig, par Pegau ou par Zeitz.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 143<br />

Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

Dans la nuit du 1 er au 2 mai, l’Empereur apprend que les<br />

corps ennemis qui se trouvaient à Leipzig sont <strong>de</strong>scendus sur<br />

Zwickau : il en conclut que l’armée alliée est en train <strong>de</strong> se<br />

concentrer sur ce <strong>de</strong>rnier point, peut-être dans l’intention <strong>de</strong><br />

l’attaquer sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster.<br />

C<strong>et</strong>te attaque ne semble pas très vraisemblable car en la<br />

tentant, les coalisés se m<strong>et</strong>tront d’eux-mêmes dans une situation<br />

encore plus défavorable que celle ou Napoléon s’efforce <strong>de</strong> les<br />

placer.<br />

Néanmoins, l’Empereur désire tellement que c<strong>et</strong>te attaque<br />

se produise qu’il en vient à la croire probable ; sa conviction à ce<br />

suj<strong>et</strong> s’appuie sur la connaissance du caractère <strong>de</strong> Wittgenstein.<br />

« Wittgenstein, écrivait-il quelques jours avant au Prince<br />

Eugène, est d’un tempérament hardi ; en débouchant avec <strong>de</strong> fortes masses,<br />

on pourrait lui infliger <strong>de</strong> grosses pertes ».<br />

Il va sans dire que Napoléon ne tiendra pas ses troupes<br />

immobilisées dans l’attente <strong>de</strong> l’attaque qui n’est rien moins que<br />

certaine ; il ne doit pas perdre <strong>de</strong> vue le plan qu’il a formé <strong>de</strong> déboucher<br />

en masse par Leipzig pour débor<strong>de</strong>r les coalisés sur leur<br />

droite. Tout en jouant très serré afin d’être prêt à m<strong>et</strong>tre à profit<br />

la témérité <strong>de</strong> l’ennemi si celui-ci l’attaque, il va étendre sa gauche<br />

vers l’Elster pour m<strong>et</strong>tre la main sur Leipzig dont la possession<br />

lui importe à tant <strong>de</strong> titre <strong>et</strong> en même temps, il fera serrer les<br />

corps <strong>de</strong> sa droite sur son centre <strong>de</strong> manière à dérober <strong>de</strong> plus en<br />

plus son aile droite.<br />

Le centre restera immobile à Kaja <strong>et</strong> à <strong>Lutzen</strong>, face à Pegau<br />

<strong>et</strong> à Zwenckau qui sont les débouchés dangereux ; il servira<br />

<strong>de</strong> pivot à toute la manœuvre.<br />

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144<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> la journée, si l’attaque ne s’est<br />

pas produite, l’Empereur achèvera <strong>de</strong> masser sa gauche à Leipzig<br />

<strong>et</strong> portera une partie <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> son centre vers l’Elster, afin <strong>de</strong><br />

s’emparer <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> Pegau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Zwenckau, qui lui sont<br />

nécessaires pour sa manœuvre du len<strong>de</strong>main.<br />

En raison <strong>de</strong> leur importance, nous reproduisons presque<br />

in extenso les ordres donnés par l’Empereur pour la journée du 2<br />

mai 1 .<br />

L’Empereur au Maréchal Mortier. <strong>Lutzen</strong>, 1 er mai à (?)<br />

heures du soir.<br />

« Partez <strong>de</strong>main à 5 heures du matin avec la Division du Général<br />

Rogu<strong>et</strong>, la Division Dumonstier, toute l’artillerie <strong>et</strong> tout ce qui appartient à<br />

la Gar<strong>de</strong>, afin d’arriver <strong>de</strong> bonne heure à <strong>Lutzen</strong> ».<br />

soir.<br />

Au Maréchal Marmont. <strong>Lutzen</strong>, 1 er mai à (?) heures du<br />

« Votre Quartier général, comme je vous l’ai mandé, sera ce soir au<br />

ravin, sur la route entre Weissenfels <strong>et</strong> <strong>Lutzen</strong>. Réunissez-y tout votre corps<br />

d’armée. Faites partir la Division qui est à Naumburg à cinq heures du<br />

matin pour rejoindre. Placez <strong>de</strong>s troupes à la tête du défilé. Renvoyez les<br />

bataillons du Général Marchand qui avaient été mis là en position. Faites<br />

vous éclairer sur la route <strong>de</strong> Pegau. Le Quartier général est à <strong>Lutzen</strong> où s’est<br />

faite notre jonction avec le vice-roi, qui occupe Markranstaedt. L’ennemi s’est<br />

r<strong>et</strong>iré sur Zwenckau <strong>et</strong> Pegau ».<br />

Au Maréchal Oudinot<br />

1 <strong>La</strong> Correspondance <strong>de</strong> Napoléon contient la série complète <strong>de</strong> ces<br />

ordres ; ce qui le prouve, c’est que le livre d’ordres du Maréchal Berthier<br />

n’en contient pas un seul édictant <strong>de</strong>s prescriptions nouvelles.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 145<br />

rez ».<br />

« Portez-vous sur Naumburg ; faites moi connaître quand vous y se-<br />

Au Général Bertrand<br />

« Partez <strong>de</strong>main à 6 heures du matin pour vous porter sur Starsie<strong>de</strong>l.<br />

Vous communiquerez avec Marmont qui est au défilé <strong>de</strong> Weissenfels, sur<br />

la route <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong>. Si la Division italienne est fatiguée <strong>et</strong> ne<br />

peut vous suivre, vous la laisserez un jour à Naumburg. Si elle vous a rejoint<br />

(c’est le cas), elle marchera avec vous. Donnez ordre à la Division wurtembergeoise<br />

<strong>de</strong> se rendre à Naumburg ; faites moi connaître quand elle y arrivera.<br />

« Faites partir <strong>de</strong>main, à quatre heures du matin, un officier qui<br />

vienne prévenir l’Empereur, au Quartier général, <strong>de</strong> l’heure où vous arriverez<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la route que vous suivrez.<br />

« Prenez langue avec le duc <strong>de</strong> Raguse au passage, au défilé sur le<br />

chemin <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong>, parce que c’est là que j’adresserai mes ordres<br />

si j’avais à vous en donner.<br />

« Donnez ordre que ce qui vous vient d’Iéna <strong>et</strong> tout ce qui vous arrive<br />

passe sur la rive gauche <strong>de</strong> la Saale, d’Iéna à Naumburg ; <strong>de</strong> Naumburg,<br />

en reprenant la rivière à Weissenfels <strong>de</strong> manière à être sur la<br />

rive gauche <strong>de</strong> la Saale : cela est très important ».<br />

Au Major Général. <strong>Lutzen</strong>, le 2 mai à 4 h du matin.<br />

« Donnez ordre au vice-roi <strong>de</strong> faire partir aujourd’hui le Général<br />

<strong>La</strong>uriston pour se porter sur Leipzig. Le 11 ème Corps se portera sur Markranstaedt,<br />

d’où il enverra une reconnaissance sur Zwenckau<br />

<strong>et</strong> une sur Leipzig ; pour rester en communication avec le Général <strong>La</strong>uriston<br />

<strong>et</strong> favoriser ses opérations sur Leipzig. <strong>La</strong> reconnaissance que le 11 ème<br />

Corps enverra sur Zwenckau se liera avec la reconnaissance que le prince <strong>de</strong><br />

la Moskowa y enverra. Le Quartier général du 11 ème Corps sera à Markranstaedt<br />

».<br />

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146<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

« Donnez ordre au prince <strong>de</strong> la Moskowa <strong>de</strong> ses cinq<br />

Divisions 1 <strong>et</strong> d’envoyer <strong>de</strong>ux fortes reconnaissances, une<br />

sur Zwenckau <strong>et</strong> l’autre sur Pegau. Prévenez le que le 11 ème Corps<br />

aura son Quartier général à Markranstaedt <strong>et</strong> enverra une reconnaissance sur<br />

Zwenckau ; que le 5 ème Corps, que comman<strong>de</strong> le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> qui est<br />

sur la route <strong>de</strong> Leipzig, se portera sur Leipzig ; que le Général Bertrand doit<br />

arriver aujourd’hui, à 3 heures <strong>de</strong> l’après-midi près <strong>de</strong> Kaja ; que le duc <strong>de</strong><br />

Raguse est au débouché ».<br />

En exécution <strong>de</strong> ces ordres, <strong>de</strong> cinq à 9 h du matin, le 5 ème<br />

Corps, avec une partie du 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (20 000 hommes),<br />

se portera sur Leipzig ; le 11 ème Corps, avec le reste du 1 er<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie (25 000 hommes), se massera à hauteur <strong>de</strong><br />

Markranstaedt, prêt à appuyer soit le 5 ème , soit le 3 ème Corps ; le<br />

3 ème Corps <strong>de</strong>vra se rallier à Kaja pour observer les débouchés <strong>de</strong><br />

Pegau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Zwenckau ; les 2 Divisions du 6 ème Corps qui sont à<br />

Rippach y resteront ; elles seront rejointes, entre 9 <strong>et</strong> 10 h du matin<br />

par la 3 ème Division venant <strong>de</strong> Naumburg ; la Gar<strong>de</strong> à pied<br />

marchera <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong> qu’elle atteindra vers 9 h ; le<br />

4 ème Corps (2 Divisions) se portera <strong>de</strong> Stoessen sur Kaja où l’on<br />

pense qu’il arrivera à 3 h au soir.<br />

En cas d’attaque sur Pegau ou Zwenckau, le 3 ème Corps,<br />

rallié à Kaja <strong>et</strong> orienté sur les directions dangereuses, est <strong>de</strong>stiné à<br />

servir d’avant-gar<strong>de</strong> ; c’est à lui qu’incombera la mission d’arrêter<br />

l’ennemi <strong>et</strong> <strong>de</strong> le fixer pour perm<strong>et</strong>tre au reste <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> le<br />

manœuvrer.<br />

Kaja est à 19 km <strong>de</strong> Leipzig, 9 <strong>de</strong> Markranstaedt, 7 <strong>de</strong><br />

Rippach, 15 <strong>de</strong> Weissenfels <strong>et</strong> à 20 <strong>de</strong> Stoessen.<br />

1 L’Empereur ne précise pas où doit se rallier le 3 ème Corps, mais<br />

c’est évi<strong>de</strong>mment à Kaja où se trouve le Quartier général.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 147<br />

A quelque moment que l’attaque se produise, le 3 ème<br />

Corps, qui compte à lui seul 45 000 combattants, sera soutenu en<br />

moins <strong>de</strong> trois heures par les 50 000 hommes du 11 ème Corps, <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux premières Divisions du 6è, <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à cheval <strong>et</strong> du 1 er<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie ; six à sept heures au plus après le commencement<br />

<strong>de</strong> l’action, tout le reste <strong>de</strong> l’armée sera entré en ligne ;<br />

nous opposerons alors 150 000 combattants aux 80 000 que les<br />

coalisés peuvent, tout au plus 1 , concentrer <strong>de</strong> ce côté dans la<br />

journée pour livrer bataille.<br />

Dans la matinée du 2, les ordres donnés s’exécutent ponctuellement<br />

sauf que les Divisions du 3 ème Corps, au lieu <strong>de</strong> se rallier,<br />

restent sur les emplacements où elles ont passé la nuit.<br />

A mesure que le temps s’écoule, rien ne bougeant, ni du<br />

côté <strong>de</strong> Pegau, ni du côté <strong>de</strong> Zwenckau, l’Empereur renonce peu<br />

à peu à l’espoir <strong>de</strong> voir les coalisés prendre l’offensive sur la rive<br />

droite <strong>de</strong> l’Elster.<br />

Dans une nouvelle série d’ordres expédiés <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, entre<br />

8 h <strong>et</strong> 10 h du matin, il prescrit au 5 ème Corps <strong>de</strong> continuer son<br />

attaque sur Leipzig ; au 11 ème Corps <strong>de</strong> s’avancer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Markranstaedt,<br />

prêt à se porter soit sur Leipzig, soit sur Zwenckau ;<br />

au 3 ème Corps <strong>de</strong> rester à Kaja, où on le croit rallié ; au 6 ème Corps<br />

<strong>de</strong> se porter sur Pegau ; au 4 ème Corps d’échelonner ses trois Divisions<br />

<strong>de</strong> Taucha à Stoessen, si la fatigue <strong>de</strong>s troupes ne perm<strong>et</strong><br />

pas <strong>de</strong> les faire serrer sur Taucha 2 ; à la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> rester à <strong>Lutzen</strong>,<br />

prête à marcher au premier ordre.<br />

1 Nous calculons le temps très largement pour tenir compte <strong>de</strong><br />

ce que nos troupes marchent à travers champs, en masses <strong>de</strong> guerre.<br />

2 Le 4 ème Corps recevra c<strong>et</strong> ordre trop tard <strong>et</strong> fera serrer ses <strong>de</strong>ux<br />

Divisions <strong>de</strong> tête sur Taucha.<br />

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148<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Nous reproduisons l’ordre adressé au Maréchal Ney qui<br />

résume tous les autres :<br />

<strong>Lutzen</strong>, 2 mai, 9 h 30 du matin.<br />

« J’ai donné ordre au duc <strong>de</strong> Raguse <strong>de</strong> se porter sur Pegau. Si, en<br />

approchant, il apprend qu’il y ait quelque chose, il prendra position entre<br />

Pegau <strong>et</strong> Zwenckau. Si vous enten<strong>de</strong>z la canonna<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce côté, tenez vous prêt<br />

à marcher au secours.<br />

« Le Général Bertrand arrivera ce soir à Taucha avec une Division,<br />

une autre Division au Gleissberg <strong>et</strong> une autre à Stoessen afin d’observer<br />

Zeitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> se porter <strong>de</strong>main sur Pegau <strong>et</strong> Zwenckau. Tous les rapports qu’on<br />

a sont que l’ennemi se réunit à Zwenckau <strong>et</strong> que Wittgenstein a été nommé<br />

commandant en chef. Faites-moi connaître la position <strong>de</strong> vos cinq Divisions.<br />

Vous pouvez r<strong>et</strong>irer le Général Bertrand <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Leipzig, toute ma<br />

gar<strong>de</strong> étant là pour l’appuyer (la Division Marchand) dans la direction <strong>de</strong><br />

Zwenckau. J’attends le rapport <strong>de</strong> ce que vous pouvez avoir appris ce matin<br />

».<br />

<strong>La</strong> Division <strong>de</strong> tête du 5 ème Corps (Division Maisons) 1 refoulant<br />

<strong>de</strong>vant elle une ligne <strong>de</strong> postes <strong>de</strong> cavalerie ennemie,<br />

s’avance sur Leipzig par Gunthersdorf. Quand elle arrive sur les<br />

hauteurs <strong>de</strong> Ruckmarsdorf, elle aperçoit, dans la plaine, une masse<br />

<strong>de</strong> 3 à 4 000 cavaliers <strong>et</strong> plus en arrière, près <strong>de</strong> Lin<strong>de</strong>nau, quelque<br />

infanterie avec <strong>de</strong> l’artillerie. <strong>La</strong> canonna<strong>de</strong> s’engage. <strong>La</strong> Division<br />

Maisons, avançant rapi<strong>de</strong>ment, oblige l’ennemi à se replier ; elle le<br />

suit, pénètre dans Lin<strong>de</strong>nau sur ses talons <strong>et</strong> s’empare <strong>de</strong>s ponts<br />

<strong>de</strong> l’Elster qui sont intacts. Pendant que la Division Maisons se<br />

place en avant <strong>de</strong> Leipzig pour tenir le débouché, les <strong>de</strong>ux autres<br />

Divisions du 5 ème Corps occupent la ville. Il est 11 h.<br />

1 Voir la carte au 1/100 000 ème <strong>de</strong> l’Etat-Major prussien.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 149<br />

<strong>La</strong> Division Gérard du 11 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie,<br />

pour appuyer le mouvement du 5 ème Corps, se sont avancés<br />

<strong>de</strong> Markranstaedt sur Schönau <strong>et</strong> se sont établis au sud <strong>de</strong> ce village.<br />

Le reste du 11 ème Corps s’est placé entre <strong>La</strong>usen <strong>et</strong> Markranstaedt.<br />

Le 6 ème Corps, rallié par sa 3 ème Division, se m<strong>et</strong> en mouvement<br />

entre 10 h <strong>et</strong> 11 h pour se porter sur Pegau en passant par<br />

Starsie<strong>de</strong>l <strong>de</strong> façon à rester lié au 3 ème Corps.<br />

Le Général Bertrand, qui n’a pas reçu à temps le <strong>de</strong>uxième<br />

ordre <strong>de</strong> Napoléon, marche par Aupitz sur Taucha avec ses <strong>de</strong>ux<br />

premières Divisions. Le Général, qui a appris l’arrivée d’un corps<br />

ennemi à Zeitz (c’est simplement l’avant-gar<strong>de</strong> du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch),<br />

a prévenu l’Empereur en lui faisant savoir qu’il arrêtera<br />

son corps d’armée sur la hauteur <strong>de</strong> Dippelsdorf afin d’être à<br />

même <strong>de</strong> marcher soir sur Taucha <strong>et</strong> Kaja, soit sur Zeitz, si<br />

l’Empereur le juge plus convenable. A midi, au reçu du <strong>de</strong>rnier<br />

ordre visé ci-<strong>de</strong>ssus, le Général Bertrand continue son mouvement<br />

; à une heure <strong>de</strong> l’après-midi, la Division Morand est établie<br />

entre Taucha <strong>et</strong> Aupitz, face à Hohen-Molsen ; la Division Peyri<br />

est en train <strong>de</strong> serrer sur Aupitz. A ce moment, la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la<br />

fusilla<strong>de</strong> font rage du côté <strong>de</strong> Görschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l, à moins<br />

<strong>de</strong> 6 km à vol d’oiseau ; le Général Bertrand ne s’en émeut pas : il<br />

attend <strong>de</strong>s ordres ! ! !<br />

Quant au 3 ème Corps, il n’a pas bougé <strong>de</strong>puis le matin,<br />

malgré les prescriptions formelles <strong>de</strong> l’Empereur ; le Maréchal<br />

Ney n’a pas rallié ses Divisions sur Kaja. <strong>La</strong> Division Souham, qui<br />

occupe ce village ainsi que Ralsna <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Görschen, a <strong>de</strong>s<br />

avant-postes à Hohenlohe, du côté <strong>de</strong> Zwenckau, mais elle ne se<br />

gar<strong>de</strong> pas du côté <strong>de</strong> Pegau.<br />

Des patrouilles <strong>de</strong> cavalerie légère ennemie tiennent la<br />

plaine <strong>de</strong> Bösdorf, à Hohen-Molsen ; on les aperçoit qui galopent<br />

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150<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

sur toutes les crêtes ; mais on n’y prend pas gar<strong>de</strong> car c’est là<br />

un spectacle avec lequel on est déjà blasé.<br />

L’Empereur, accompagné du Maréchal Ney, s’est<br />

rendu à Markranstaedt avec la cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> ; là, il s’est<br />

arrêté pour passer en revue le 11 ème Corps ; puis, son attention<br />

s’est fixée sur le combat que livre le 5 ème Corps qui, déjà, pénètre<br />

dans Leipzig.<br />

Tout à coup, vers midi, une violente canonna<strong>de</strong> r<strong>et</strong>entit<br />

<strong>de</strong>rrière lui, du côté <strong>de</strong> Görschen ; il se r<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> examine<br />

l’horizon avec sa lun<strong>et</strong>te. En un instant, il a compris ce qui se<br />

passe <strong>et</strong> arrêté ses dispositions. Des ordres <strong>de</strong> quelques lignes<br />

écrits au crayon sous sa dictée par les ai<strong>de</strong>s-<strong>de</strong>-camp vont suffire<br />

à m<strong>et</strong>tre en mouvement tous les corps <strong>de</strong> l’armée française. L’un<br />

<strong>de</strong> ces ordres, celui adressé à la Vieille Gar<strong>de</strong>, ne contient que<br />

c<strong>et</strong>te phrase courte <strong>et</strong> énergique : « <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> en feu ».<br />

Les dispositions prises se résume en ceci :<br />

Le 3 ème Corps se maintiendra sur ses positions coûte que<br />

coûte, afin d’arrêter l’ennemi, <strong>de</strong> le fixer <strong>et</strong> <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre aux autres<br />

Corps <strong>de</strong> manœuvrer sur lui. Le 6 ème Corps prolongera le 3 ème<br />

sur sa droite ; le 4 ème Corps agira contre l’aile gauche ennemie ; le<br />

11 ème <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie contre l’aile droite ; le 5 ème Corps<br />

fera occuper Leipzig par l’une <strong>de</strong> ses Divisions <strong>et</strong> tiendra les <strong>de</strong>ux<br />

autres échelonnées sur Markranstaedt <strong>et</strong> prêtes à se porter sur<br />

Kaja.<br />

Le Maréchal Ney, au premier coup <strong>de</strong> canon, est parti<br />

ventre à terre dans la direction <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, pour faire avancer les<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 151<br />

Divisions Marchand, Brennier <strong>et</strong> Ricard au soutien <strong>de</strong>s Divisions<br />

Souham <strong>et</strong> Girard 1 .<br />

Avant <strong>de</strong> continuer l’exposé <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s Français,<br />

il est indispensable <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er un coup d’œil sur la situation <strong>de</strong>s<br />

coalisés.<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée coalisée dans les journées du 30 avril<br />

<strong>et</strong> du 1 er mai <strong>et</strong> du 2 mai jusqu’à midi<br />

Dans la <strong>de</strong>rnière quinzaine d’avril, pendant que l’armée<br />

française marchait vers la Saale, les coalisés avaient lentement<br />

rassemblé toutes leurs forces sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch avait passé le fleuve à Dres<strong>de</strong><br />

du 16 au 19 <strong>et</strong> rejoint le Corps <strong>de</strong> Blücher qui, <strong>de</strong>puis le 14 avril,<br />

1 <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong>s ordres, que nous avons reproduits textuellement,<br />

montre combien se sont trompés les nombreux écrivains militaires qui<br />

ont prétendu que le jour <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, Napoléon avait été surpris par<br />

l’attaque <strong>de</strong>s coalisés.<br />

Il est vrai qu’à partir <strong>de</strong> dix heures du matin, l’Empereur a cessé <strong>de</strong><br />

croire à la probabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, mais il n’en a pas moins pris<br />

toutes ses précautions pour y parer si elle se produisait.<br />

Partant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te idée fausse d’un Napoléon surpris en flagrant délit <strong>de</strong><br />

manœuvre, ces mêmes écrivains se sont émerveillés <strong>de</strong> la rapidité avec<br />

laquelle il avait vu clair dans la situation au premier coup <strong>de</strong> canon tiré à<br />

Kaja <strong>et</strong> « renversé son ordre <strong>de</strong> bataille ». C<strong>et</strong>te rapidité s’explique par ce fait<br />

que Napoléon avait mûrement réfléchi à l’éventualité qui se présentait<br />

<strong>et</strong> pris ses dispositions en conséquence : il ne fut pas surpris le moins<br />

du mon<strong>de</strong>.<br />

Mr. Thiers, en c<strong>et</strong>te circonstance, a vu très juste : l’Empereur, dit-il, put<br />

arrêter ses dispositions en un clin d’œil parce qu’il avait pris la précaution<br />

<strong>de</strong> s’assurer à Kaja avec le 3ème Corps, un soli<strong>de</strong> pivôt <strong>de</strong> manœuvre.<br />

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152<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

était établi en cantonnements autour d’Altenburg. Ce fut seulement<br />

le 24 avril qu’arrivèrent à Dres<strong>de</strong> les souverains alliés <strong>et</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong> russe.<br />

Le 28, on apprit la mort <strong>de</strong> Kutuzow, qui était resté mala<strong>de</strong><br />

à Bunzlau. On décida <strong>de</strong> ne pas faire connaître c<strong>et</strong>te nouvelle<br />

dans la crainte <strong>de</strong> porter atteinte au moral <strong>de</strong>s troupes russes qui<br />

avaient une confiance superstitieuse dans leur vieux Général.<br />

D’un commun accord, les souverains alliés nommèrent Commandant<br />

en chef le Général russe Wittgenstein, qui s’était acquis<br />

une gran<strong>de</strong> réputation dans la campagne précé<strong>de</strong>nte, à peu <strong>de</strong><br />

frais d’ailleurs.<br />

A la date du 30 avril, l’armée prusso-russe occupe les emplacements<br />

suivants :<br />

Le Corps <strong>de</strong> Berg, 7 500 hommes, <strong>et</strong> celui d’York, 10 000<br />

hommes, sont en marche <strong>de</strong> Skenditz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Leipzig sur Zwenckau<br />

pour se rapprocher <strong>de</strong> Blücher ;<br />

Le détachement <strong>de</strong> Kleist, 6 000 hommes, est chargé <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>r Leipzig ;<br />

Du Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, 13 500 hommes, la cavalerie<br />

(5 000 hommes) est près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> ; l’infanterie en avant <strong>de</strong><br />

Zwenckau entre l’Elster <strong>et</strong> Flossgraben ;<br />

Le Corps <strong>de</strong> Blücher, 27 000 hommes, est aux environs <strong>de</strong><br />

Borna ;<br />

nig ;<br />

Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, 12 000 hommes, près <strong>de</strong> Pe-<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> russe, 18 500 hommes, à Frohburg <strong>et</strong> Kohren<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein le 30 avril<br />

(Corps <strong>de</strong> Bülow non compris)<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 153<br />

Corps russes (54 300 h)<br />

Berg, 22 bons, 1 rgt <strong>de</strong> cavalerie, 1 rgt <strong>de</strong> cosaques, 3 bies. 7 500 h<br />

Wittzengero<strong>de</strong> : 20 bons, 6 rgts cavalerie, 9 rgts cosaques, 6 bies 13 500 h<br />

Miloradowitch : 22 bons, 9 rgts cavalerie, 7 rgts cosaques, 10 bies 12 000 h<br />

Gar<strong>de</strong> : 30 bons, 15 rgts cav., (55 eons) 7 rgts <strong>de</strong> cosaques, 15 bies 18 500 h<br />

Kleist 1<br />

Troupes russes : 5 rgts <strong>de</strong> cavalerie, 3 rgts <strong>de</strong> cosaques, 2 bies 2 800 h<br />

Troupes prussiennes : 4 ½ bons, 4 eons, 1 bie, 3 200 h<br />

Corps prussiens (37 700 h)<br />

Blücher : 22 bons, 43 eons, 11 bies 27 000 h<br />

York : 12 bons, 12 eons, 7 bies 7 500 h<br />

Les effectifs indiqués ci-<strong>de</strong>ssus sont un peu faibles parce<br />

que les situations prussiennes ne mentionnent que les compagnies<br />

<strong>et</strong> les escadrons <strong>de</strong> chasseurs volontaires qui étaient rattachés aux<br />

troupes <strong>de</strong> ligne. On peut adm<strong>et</strong>tre que l’effectif total est <strong>de</strong> :<br />

95 000 hommes soit 65 000 fantassins, 22 000 cavaliers, 8 000<br />

artilleurs servant 530 à 550 pièces.<br />

Les coalisés s’étaient <strong>de</strong>mandés s’ils accepteraient la bataille<br />

sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe, ou s’ils se replieraient <strong>de</strong>rrière le<br />

fleuve pour essayer <strong>de</strong> la défendre. Ils avaient reconnu que la ligne<br />

<strong>de</strong> l’Elbe n’étant pas défendable dès l’instant où l’ennemi était<br />

maître <strong>de</strong> Wittenberg <strong>et</strong> même <strong>de</strong> Torgau, le parti pris <strong>de</strong> refuser<br />

la bataille les conduirait à reculer bien au-<strong>de</strong>là du fleuve, jusqu’au<br />

fond <strong>de</strong> la Silésie <strong>et</strong> peut-être même plus loin, attendu que les<br />

renforts, landwehrs prussiennes <strong>et</strong> troupes <strong>de</strong> réserve russes, ne<br />

pourraient pas entrer en ligne avant <strong>de</strong>ux grands mois ; or, il était<br />

à craindre qu’une r<strong>et</strong>raite aussi prolongée ne ruinât le moral <strong>de</strong>s<br />

troupes <strong>et</strong> n’amenât un revirement <strong>de</strong> l’opinion en Allemagne <strong>et</strong><br />

1 Le détachement <strong>de</strong> Kleist a été constitué avec <strong>de</strong>s fractions<br />

empruntées à l’ancien Corps <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> au Corps d’York.<br />

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154<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

en Autriche où, jusqu’alors, on s’était montré très favorable à la<br />

cause <strong>de</strong> la coalition.<br />

On espérait d’ailleurs que la qualité <strong>de</strong>s troupes compenserait<br />

leur infériorité numérique, car Russes <strong>et</strong> Prussiens étaient<br />

d’accord pour considérer les troupes françaises comme n’ayant<br />

que peu <strong>de</strong> valeur. Les coalisés pensaient, en outre, qu’avec une<br />

cavalerie aussi nombreuse <strong>et</strong> aussi bonne que la leur, ils seraient<br />

très exactement informés <strong>de</strong> tous les faits <strong>et</strong> gestes <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong><br />

qu’ils pourraient facilement lui cacher leurs propres mouvements<br />

; pour combattre, ils auraient donc le choix du lieu <strong>et</strong> du<br />

moment, ce qui leur assurerait <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> vaincre.<br />

Enfin, si le résultat <strong>de</strong> la bataille ne leur était pas favorable, c<strong>et</strong>te<br />

même supériorité en cavalerie leur perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> battre en r<strong>et</strong>raite<br />

sans trop <strong>de</strong> difficultés.<br />

Les alliés avaient donc décidé <strong>de</strong> livrer bataille sur la rive<br />

gauche <strong>de</strong> l’Elbe, en profitant <strong>de</strong> la première occasion favorable<br />

pour attaquer les Français.<br />

En apprenant qu’une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes adverses<br />

venaient d’atteindre la Saale entre Naumburg <strong>et</strong> Merseburg, Wittgenstein<br />

avait pensé que l’intention <strong>de</strong> Napoléon était <strong>de</strong> marcher<br />

directement sur Leipzig. En conséquence, il avait donné <strong>de</strong>s ordres<br />

pour concentrer l’armée entre Leipzig <strong>et</strong> Würzen. C’est en<br />

exécution <strong>de</strong> ces ordres que le Corps <strong>de</strong> Blücher avait quitté la<br />

région d’Altenburg pour se porter sur Borna.<br />

Mais l’Empereur Alexandre, arrivé au Quartier général sur<br />

ces entrefaites, n’approuva pas les dispositions du Généralissime,<br />

estimant qu’elles exposaient les coalisés en cas <strong>de</strong> défaite à être<br />

acculés à l’Elbe, du côté <strong>de</strong> Torgau : il décida que son armée se<br />

rassemblerait plus au Sud, entre Leipzig <strong>et</strong> Borna.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 155<br />

Les conseillers militaires <strong>de</strong> l’Empereur Alexandre <strong>et</strong><br />

parmi eux, le Général prussien Scharnhorst qui étaient le plus<br />

écouté, ne croyaient pas que l’armée française se risquât à marcher<br />

sur Leipzig par <strong>Lutzen</strong>. Il ne leur paraissait pas admissible<br />

que Napoléon, qui n’avait pour ainsi dire pas <strong>de</strong> cavalerie,<br />

s’aventurât dans une plaine aussi favorable à l’action <strong>de</strong>s nombreux<br />

escadrons <strong>de</strong>s alliés ; ils pensaient que l’Empereur replierait<br />

sa droite sur Naumburg <strong>et</strong> déboucherait vers Zeitz <strong>et</strong> Altenburg,<br />

<strong>de</strong> manière à se maintenir dans une région moyennement acci<strong>de</strong>ntée<br />

très favorable à l’action <strong>de</strong> l’infanterie <strong>et</strong> très peu à celle <strong>de</strong><br />

la cavalerie.<br />

En outre, la présence <strong>de</strong> colonnes françaises considérables<br />

sur la Haute-Saale semblait obliger Napoléon, s’il voulait prendre<br />

l’offensive immédiatement, à déboucher plutôt par Zeitz que par<br />

Naumburg, afin d’être à même d’attirer plus facilement à lui les<br />

colonnes en question.<br />

Ce raisonnement était parfaitement juste, mais il ne tenait<br />

pas compte <strong>de</strong> ce que la direction <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, moins favorable au<br />

point <strong>de</strong> vue tactique que celle <strong>de</strong> Zeitz, l’était davantage au point<br />

<strong>de</strong> vue stratégique.<br />

Quoi qu’il en soit, ce furent les raisons exposées ci-<strong>de</strong>ssus<br />

qui déterminèrent les coalisés à placer le gros <strong>de</strong> leurs forces entre<br />

Borna <strong>et</strong> Leipzig.<br />

Le 1 er mai, quand les Français s’avancèrent <strong>de</strong> Weissenfels<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Merseburg sur <strong>Lutzen</strong>, il <strong>de</strong>vint évi<strong>de</strong>nt que leur offensive,<br />

contrairement aux prévisions, allait se produire par <strong>Lutzen</strong> sur<br />

Leipzig.<br />

Au reçu <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> se cavalerie, qui avait relevé d’une<br />

façon très précise la position <strong>de</strong>s détachements avancés <strong>de</strong><br />

l’armée française, l’Etat-Major coalisé s’imagina c<strong>et</strong>te armée for-<br />

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156<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

mée en une longue colonne qui marchait processionnellement sur<br />

Leipzig, ne se gardant du côté <strong>de</strong> Pegau que par <strong>de</strong> faibles détachements.<br />

Wittgenstein jugea qu’il fallait profiter <strong>de</strong> la disposition<br />

<strong>de</strong>s corps français pour les attaquer brusquement sur <strong>Lutzen</strong> en<br />

débouchant par Pegau, <strong>de</strong> manière à j<strong>et</strong>er dans les marais <strong>de</strong><br />

l’Elster tout ce qui aurait dépassé <strong>Lutzen</strong>.<br />

A la suite <strong>de</strong>s marches effectuées dans la journée du 1 er<br />

mai, les corps russes <strong>et</strong> prussiens occupent les emplacements indiquées<br />

ci-après : (Voir le croquis)<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> (le gros) à Stönzsch, au contact<br />

<strong>de</strong>s Français ;<br />

- Le détachement <strong>de</strong> Kleist à Leipzig ;<br />

- Les Corps d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg autour <strong>de</strong> Zwenckau ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Blücher à Rotha <strong>et</strong> en arrière ;<br />

- <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> russe à Borna <strong>et</strong> en arrière ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch à Altenburg <strong>et</strong> en arrière ;<br />

- Le Quartier général à Zwenckau ;<br />

L’ordre pour la bataille, qui est signé à 11 h 30 du soir,<br />

prescrit ce qui suit :<br />

- Le détachement <strong>de</strong> Kleist assurera la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Leipzig ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch se portera sur Zeitz pour surveiller les<br />

directions <strong>de</strong> Naumburg <strong>et</strong> d’Iéna.<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, moins un détachement <strong>de</strong> 1 500 hommes<br />

environ qui est affecté à la gar<strong>de</strong> du pont <strong>de</strong> Zwenckau, prendra position<br />

à Werben pour couvrir le débouché du gros <strong>de</strong> l’armée au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

l’Elster <strong>et</strong> du Flossgraben ;<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Blücher marchera en <strong>de</strong>ux colonnes qui franchiront<br />

l’Elster, celle <strong>de</strong> droite à Storkwitz <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> gauche à Pegau ;<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 157<br />

- Le Corps d’York passera l’Elster à Pegau <strong>de</strong>rrière la colonne <strong>de</strong> gauche<br />

<strong>de</strong> Blücher ; le corps <strong>de</strong> Berg à Starkwitz, <strong>de</strong>rrière la colonne <strong>de</strong> droite ;<br />

- <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> suivra les Corps d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg ;<br />

- L’armée se formera au-<strong>de</strong>là du Flossgraben, la droite appuyée à ce canal<br />

près <strong>de</strong> Werben <strong>et</strong> la gauche au Grünabach près <strong>de</strong> Söhesten.<br />

- Le Corps <strong>de</strong> Blücher <strong>de</strong>vra commencer à passer l’Elster à 5 heures du<br />

matin, <strong>de</strong> façon que le mouvement <strong>de</strong> l’armée soit terminé vers 7 heures.<br />

L’Ordre n’est expédié qu’à minuit, mais il est probable<br />

qu’un avis préalable a été adressé aux commandants <strong>de</strong> corps car<br />

les troupes sont toutes en marche entre 1 h <strong>et</strong> 2 h du matin.<br />

Comme aucune prescription n’a été faite en ce qui concerne<br />

les mouvements sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster, les colonnes<br />

d’York <strong>et</strong> celles <strong>de</strong> Blücher se croisent ; le désordre qui en résulte<br />

amène une perte <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures, si bien que les troupes<br />

<strong>de</strong> Blücher ne commencent à passer l’Elster qu’à 7 h du matin.<br />

C’est seulement à 11 h que l’armée a fini <strong>de</strong> déboucher au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> Flossgraben. Elle se trouve alors formée sur trois lignes,<br />

<strong>de</strong>rrière la crête située à environ 2 000 mètres au sud <strong>de</strong> Gross-<br />

Görschen :<br />

- en 1 ère ligne, le corps <strong>de</strong> Blücher, la droite à Werben ayant<br />

à sa gauche la réserve <strong>de</strong> cavalerie du colonel Dolfs qui se<br />

tient en face <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l ;<br />

- en 2 ème ligne, les corps <strong>de</strong> Berg, d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />

se succédant <strong>de</strong> la droite à la gauche dans l’ordre où<br />

ils sont énumérés ; en réserve, la Gar<strong>de</strong> russe, qui a laissé<br />

un détachement <strong>de</strong> 2 000 hommes pour tenir les passages<br />

<strong>de</strong> Stönzsch <strong>et</strong> <strong>de</strong> Werben.<br />

Les troupes, dont beaucoup ont marché presque sans repos<br />

<strong>de</strong>puis vingt-quatre heures, sont très fatiguées : on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

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158<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

leur faire prendre une heure <strong>de</strong> repos avant <strong>de</strong> donner le signal <strong>de</strong><br />

l’attaque.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 159<br />

Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

<strong>La</strong> carte au 1/100 000 ème 1 donne une idée très n<strong>et</strong>te <strong>de</strong> la<br />

configuration générale du champ <strong>de</strong> bataille.<br />

C’est une plaine mollement ondulée, s’étendant entre<br />

l’Elster, qui est une rivière non guéable <strong>et</strong> le Grünabach, un p<strong>et</strong>it<br />

ruisseau sans importance ; le terrain est très soli<strong>de</strong> ; partout, l’on<br />

circule facilement à travers champs. Un canal d’irrigation, appelé<br />

le Flossgraben, serpente à travers la plaine qu’il coupe en <strong>de</strong>ux ;<br />

très étroit <strong>et</strong> peu profond, il coule entre <strong>de</strong>s berges assez rai<strong>de</strong>s,<br />

couvertes d’arbres <strong>et</strong> <strong>de</strong> broussailles ; l’infanterie le traverse aisément,<br />

mais c’est un obstacle presque partout infranchissable pour<br />

la cavalerie <strong>et</strong> l’artillerie ; ajoutons que la végétation qui croît sur<br />

ses bords forme un ri<strong>de</strong>au qui masque les vues. Les nombreux<br />

villages <strong>de</strong> la région sont entourés <strong>de</strong> vergers fermés par <strong>de</strong>s haies<br />

ou <strong>de</strong>s levées <strong>de</strong> terre ; les habitations, assez soli<strong>de</strong>ment construites,<br />

sont couvertes en chaume si bien que l’artillerie peut facilement<br />

les incendier.<br />

Du somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> la hauteur qui est au Sud <strong>de</strong> Gross-Görschen,<br />

les généraux coalisés découvrent toute la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>.<br />

A l’Est <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te localité, le long <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Leipzig, on voit<br />

d’épais nuages <strong>de</strong> poussière qui révèlent que <strong>de</strong>s colonnes françaises<br />

sont en marche vers Markranstaedt.<br />

A Gross-Görschen, on aperçoit <strong>de</strong>s troupes au bivouac ;<br />

après avoir cru que ce n’était qu’un faible détachement qui se<br />

r<strong>et</strong>irerait au plus vite dès que l’armée coalisée se montrerait, on<br />

finit par constater qu’il y a là plusieurs milliers d’hommes. C<strong>et</strong>te<br />

circonstance j<strong>et</strong>te le trouble dans l’esprit <strong>de</strong> Wittgenstein qui<br />

1 Voir le croquis 10 qui est la reproduction pour la partie qui<br />

avoisine Kaja.<br />

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160<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

s’était figuré qu’il pourrait porter son armée en bloc jusqu’à <strong>Lutzen</strong><br />

sans éprouver la moindre résistance.<br />

Au lieu <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> ce que ses troupes sont toutes déployées<br />

pour faire débor<strong>de</strong>r par les <strong>de</strong>ux ailes les villages occupés<br />

par l’ennemi en même temps qu’il les fera attaquer <strong>de</strong> front, Wittgenstein<br />

déci<strong>de</strong> qu’une avant-gar<strong>de</strong>, composée <strong>de</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Blücher, sera chargée <strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyer la<br />

place <strong>et</strong> d’ouvrir le chemin <strong>de</strong> Lûtzen au gros <strong>de</strong> l’armée.<br />

A midi, Blücher s’approche <strong>de</strong> Wittgenstein, le salue du<br />

sabre <strong>et</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’autorisation <strong>de</strong> commencer le combat : « A<br />

la grâce <strong>de</strong> Dieu », répond Wittgenstein ; quelques minutes plus<br />

tard, le premier coup <strong>de</strong> canon r<strong>et</strong>entit.<br />

Midi. – <strong>La</strong> briga<strong>de</strong> du Général Klüx (6 bataillons, 6 escadrons, 4<br />

batteries), marche droit à Gross-Görschen pendant que la cavalerie<br />

du colonel Dolfs (23 escadrons <strong>et</strong> 3 batteries à cheval)<br />

s’avance à sa gauche vers Ralsna ; la cavalerie <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />

suit le mouvement <strong>et</strong> prend sa direction sur Starsie<strong>de</strong>l.<br />

L’artillerie <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> Klüx (36 canons) se m<strong>et</strong> en batteries<br />

à 800 pas <strong>de</strong> Gross-Görschen <strong>et</strong> ouvre le feu sur un bivouac<br />

français qui se trouve à l’Est du village. Les Français, quoique<br />

surpris, se forment assez rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent douze pièces en<br />

batteries ; mais c<strong>et</strong>te artillerie est <strong>de</strong> suite réduite au silence.<br />

L’infanterie prussienne s’avance alors au pas <strong>de</strong> course <strong>et</strong><br />

s’empare <strong>de</strong> Gross-Görschen presque sans coup férir. Mais,<br />

quand le colonel Dolfs veut j<strong>et</strong>er sa cavalerie sur les Français en<br />

r<strong>et</strong>raite, <strong>de</strong>s batteries établies entre Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen<br />

l’accueillent par un tir à mitraille <strong>et</strong> l’obligent à se r<strong>et</strong>irer précipitamment.<br />

Le Général Souham a rallié sa Division (12 000 hommes)<br />

; il lui fait prendre position, la droite à Kalsna, la gauche à<br />

Klein-Görschen <strong>et</strong> empêche la briga<strong>de</strong> Klüx <strong>de</strong> dépasser Gross-<br />

Gorschen.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 161<br />

Pendant ce temps, Starsie<strong>de</strong>l, la Division Girard prend les<br />

armes dans un certain désordre, résultat <strong>de</strong> la surprise : il faut<br />

envoyer chercher les attelages <strong>de</strong> l’artillerie qui sont allés au fourrage<br />

dans les villages voisins. Fort heureusement qu’à ce moment<br />

même, arrive le Maréchal Marmont avec tout le 6 ème Corps. Le<br />

Maréchal j<strong>et</strong>te un détachement dans Starsie<strong>de</strong>l pour s’en servir<br />

comme point d’appui <strong>et</strong> porte ses Divisions en échelons, la gauche<br />

en avant vers la crête, sur laquelle se montrent les masses <strong>de</strong><br />

la cavalerie ennemie. Mais le bruit <strong>de</strong> la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la fusilla<strong>de</strong><br />

augmentant d’intensité du côté <strong>de</strong> Görschen, le Maréchal<br />

craint <strong>de</strong> se trouver compromis ; il arrête ses troupes qui supporte<br />

avec le calme le plus admirable le feu <strong>de</strong> la nombreuse artillerie<br />

adverse. <strong>La</strong> Division Girard, qui s’est rassemblée sous la protection<br />

du 6 ème Corps, s’engage vers Ralsna, à la droite <strong>de</strong> la Division<br />

Souham.<br />

En résumé, à une heure du soir, 75 000 coalisés ont <strong>de</strong>vant<br />

eux, sur la ligne Klein-Görschen, Ralsna, Starsie<strong>de</strong>l, un peu<br />

plus <strong>de</strong> 40 000 Français.<br />

Une heure. – Blücher, voyant que sa première briga<strong>de</strong> est arrêtée<br />

<strong>de</strong>vant Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen, fait avancer sa <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong>,<br />

Général Zi<strong>et</strong>hen (7 bataillons, 6 escadrons <strong>et</strong> 6 batteries) à<br />

l’Est <strong>de</strong> Gross-Görschen <strong>et</strong> lui fait prolonger à droite la ligne <strong>de</strong><br />

la première ; les <strong>de</strong>ux briga<strong>de</strong>s attaquent simultanément Ralsna <strong>et</strong><br />

Klein-Görschen. Il se livre alors, dans les vergers qui entourent<br />

les <strong>de</strong>ux villages, un combat <strong>de</strong>s plus acharnés ; partout, on se<br />

fusille à bout portant, on s’attaque à la baïonn<strong>et</strong>te ; <strong>de</strong> part <strong>et</strong><br />

d’autre, on déploie la plus brillante bravoure. Les Prussiens finissent<br />

par s’emparer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux villages ; ils s’élancent aussitôt sur<br />

Kaja.<br />

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162<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Mais le Maréchal Ney a fait avancer ses trois <strong>de</strong>rnières divisions<br />

; il a dirigé la Division Marchand sur Eisdorf pour contenir<br />

le mouvement débordant <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen <strong>et</strong> fait serrer<br />

sur Kaja les Divisions Brennier <strong>et</strong> Ricard. Le Maréchal se m<strong>et</strong> luimême<br />

à la tête <strong>de</strong> la Division Brennier, la porte en avant <strong>et</strong>, entraînant<br />

les Divisions Souham <strong>et</strong> Girard, les ramène d’un bond<br />

jusqu’à Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen. Blücher envoie <strong>de</strong>ux bataillons<br />

à Eisdorf pour arrêter la Division Marchand <strong>et</strong> j<strong>et</strong>te dans la mêlée<br />

sa troisième briga<strong>de</strong> (celle <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, Général Rö<strong>de</strong>r), dont<br />

l’entrée en ligne détermine un r<strong>et</strong>our offensif <strong>de</strong> toutes les troupes<br />

engagées ; les Prussiens s’emparent <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong> Klein-<br />

Görschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Ralsna. En même temps, la cavalerie du colonel<br />

Dolfs s’élance à la charge sur les Divisions Compans <strong>et</strong> Bonn<strong>et</strong><br />

du 6 ème Corps ; malgré la vigueur <strong>de</strong> l’attaque, nos bataillons tiennent<br />

ferme, pas un ne se laisse entamer ; néanmoins, le Maréchal<br />

Marmont croit <strong>de</strong>voir reporter ses troupes un peu plus en arrière,<br />

à hauteur <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l.<br />

2 h 30. – Napoléon vient d’arriver en arrière <strong>de</strong> Kaja avec la<br />

Gar<strong>de</strong>. Sa présence produit un eff<strong>et</strong> inexprimable sur les troupes<br />

françaises qui font r<strong>et</strong>entir l’air du cri <strong>de</strong> « Vive l’Empereur » ; « les<br />

blessés <strong>et</strong> les mourants eux-mêmes le saluent <strong>de</strong> leurs vivats » 1 .<br />

<strong>La</strong> lutte prend un caractère d’acharnement inouï. Les<br />

Prussiens gagnant toujours du terrain, sur ordre <strong>de</strong> Napoléon, le<br />

Général Mouton, un <strong>de</strong> ses ai<strong>de</strong>s-<strong>de</strong>-camp, se lance à la contreattaque<br />

avec la Division Ricard, la <strong>de</strong>rnière du 3 ème Corps ;<br />

l’ennemi est refoulé ; nous sommes encore une fois maîtres <strong>de</strong><br />

Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Görschen. A l’aile gauche <strong>de</strong>s coalisés, la cavalerie<br />

<strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> reste immobile <strong>de</strong>rrière ses batteries qui<br />

1 Major Odleben<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 163<br />

sont engagées contre celles du 6 ème Corps ; <strong>de</strong> ce côté, tout se<br />

réduit à un duel d’artillerie.<br />

Le Maréchal Marmont, se laissant impressionner par la<br />

gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’artillerie qu’il a en face <strong>de</strong> lui,<br />

bien que son corps d’armée n’ait pas été sérieusement engagé,<br />

envoie <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r du renfort. L’Empereur répond à l’officier porteur<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : « Dites à votre Maréchal qu’il se trompe,<br />

qu’il n’a personne <strong>de</strong>vant lui, que la bataille est à Kaja ».<br />

4 h. – Wittgenstein, qui est informé <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong>s 4 ème <strong>et</strong> 11 ème<br />

Corps, comprend enfin qu’il faut en finir rapi<strong>de</strong>ment avec les<br />

troupes qui sont <strong>de</strong>vant lui ; il fait donc avancer un soutien <strong>de</strong><br />

Blücher, d’abord, le corps d’York puis, presque aussitôt après,<br />

celui <strong>de</strong> Berg. Les coalisés reprennent l’avantage ; ils chassent les<br />

Français <strong>de</strong> Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Görschen <strong>et</strong> s’avancent jusqu’à<br />

Kaja. Tous les villages du champ <strong>de</strong> bataille sont en feu.<br />

L’instant est solennel ; le 3 ème Corps, dont les Divisions<br />

désunies se sont mélangées, ne tient presque plus ; le 6 ème Corps<br />

est intact, mais il semble nécessaire <strong>de</strong> le laisser à Starsie<strong>de</strong>l pour<br />

empêcher l’ennemi <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la droite du 3 ème Corps <strong>et</strong> assurer<br />

la liaison avec le 4 ème Corps ; les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps ne sont pas<br />

encore assez rapprochés pour faire sentir leur action à l'’nnemi ; la<br />

Gar<strong>de</strong>, qui forme la réserve générale est, il est vrai, disponible<br />

<strong>de</strong>rrière le 3 ème Corps, mais l’Empereur hésite à l’engager car il ne<br />

trouve pas que « la bataille soit mûre ».<br />

Quelques bataillons du 3 ème Corps se déban<strong>de</strong>nt ; Napoléon<br />

court au-<strong>de</strong>vant d’eux au milieu <strong>de</strong>s balles <strong>et</strong> les rallie d’un<br />

geste. Une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong> (Général <strong>La</strong>nusse) se j<strong>et</strong>te<br />

sur Kaja, baïonn<strong>et</strong>tes basses, en chasse les Prussiens <strong>et</strong> les Russes<br />

<strong>et</strong> ramène en avant tout le 3 ème Corps.<br />

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164<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

5 h. – Enfin, vers 5 h, le 11 ème Corps débouche sur Eisdorf <strong>et</strong><br />

Kitzen, précédé <strong>de</strong> ses soixante bouches à feu <strong>et</strong>, en même temps,<br />

apparaît du côté <strong>de</strong> Pablès la 1 ère Division du 4 ème Corps, la Division<br />

Morand.<br />

Wittgenstein oppose la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (6 à<br />

7 000 hommes) à la Division Morand <strong>et</strong> prescrit au Prince Eugène<br />

<strong>de</strong> Würtemberg, qui comman<strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>,<br />

d’appuyer directement l’attaque <strong>de</strong> Blücher sur Kaja avec la<br />

moitié <strong>de</strong> sa Division <strong>et</strong> <strong>de</strong> porter l’autre moitié au-<strong>de</strong>là du Flossgraben<br />

sur Eisdorf pour contenir le 11 ème Corps.<br />

Les coalisés réussissent encore une fois à s’avancer jusqu’à<br />

Kaja ; mais nos ailes gagnent du terrain ; à la gauche, le 11 ème<br />

Corps, maître d’Eisdorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Kitzen, commence à progresser au<strong>de</strong>là<br />

du Flossgraben, menaçant <strong>de</strong> prendre à revers la droite ennemie<br />

; à notre droite, la Division Morand, dont le fond se compose<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vieux régiments, les 13 ème <strong>et</strong> 23 ème <strong>de</strong> ligne (ensemble 9<br />

bataillons), continue sa marche à travers la plaine sans se laisser<br />

intimi<strong>de</strong>r par la cavalerie russe.<br />

6 h. – Napoléon juge que l’instant décisif est arrivé. Par son ordre,<br />

le 3 ème Corps, entraîné par la Division <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>,<br />

reprend l’offensive sur Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen ; une Division<br />

du 6 ème Corps, la Division Bonn<strong>et</strong>, appuie le mouvement en marchant<br />

sur Ralsna ; le Général Drouot m<strong>et</strong> en batterie à l’Est <strong>de</strong><br />

Starsie<strong>de</strong>l les 60 canons <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> qui mitraillent en flanc les<br />

bataillons prussiens <strong>et</strong> russes <strong>et</strong> tiennent à distance la cavalerie<br />

adverse.<br />

Les coalisés font preuve d’une ténacité incroyable ; néanmoins,<br />

ils doivent cé<strong>de</strong>r sur tous les points ; vers 7 h, ce n’est plus<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 165<br />

qu’à grand peine qu’ils réussissent à se maintenir dans la partie<br />

sud <strong>de</strong> Gross-Görschen.<br />

<strong>La</strong> tombée <strong>de</strong> la nuit vient heureusement pour interrompre<br />

le combat <strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> se dérober. Ils se replient sur<br />

les crêtes entre Werben <strong>et</strong> Tornau <strong>et</strong> se rallient sous la protection<br />

<strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (11 000 hommes) qui n’a pas été<br />

engagée.<br />

L’armée française s’arrête à hauteur <strong>de</strong> Gross-Görschen.<br />

Quelques escadrons prussiens, qui donnent par mégar<strong>de</strong><br />

sur la Division Compans du 6 ème Corps, provoquent une panique<br />

dans le 37 ème léger, qui se m<strong>et</strong> à fuir en désordre. Le Maréchal<br />

Marmont <strong>et</strong> son Etat-major, entraînés par les fuyards, passent<br />

sous le feu <strong>de</strong>s autres régiments <strong>de</strong> la Division qui les prennent<br />

pour l’ennemi. Le Maréchal parvient à rallier le 37 ème ; il reporte<br />

alors ses Divisions un peu plus en arrière <strong>et</strong> les dispose en vue<br />

d’une nouvelle attaque qu’il prévoit plus sérieuse.<br />

Wittgenstein, qui juge la partie perdue, donne <strong>de</strong>s ordres<br />

pour la r<strong>et</strong>raite mais Blücher, quoique blessé, veut combattre encore<br />

; il finit par arracher à Wittgenstein l’autorisation <strong>de</strong> lancer<br />

une partie <strong>de</strong> la cavalerie prussienne sur les Français. 11 escadrons<br />

du colonel Dolfs, partant <strong>de</strong> Söhesten, se dirigent, au milieu <strong>de</strong><br />

l’obscurité la plus complète, vers l’intervalle compris entre Starsie<strong>de</strong>l<br />

<strong>et</strong> Ralsna. Ils s’égarent <strong>et</strong> se j<strong>et</strong>tent dans un terrain coupé <strong>de</strong><br />

chemins creux, où ils se désunissent <strong>et</strong> se séparent en <strong>de</strong>ux groupes,<br />

dont l’un va donner sur l’infanterie <strong>de</strong> Marmont <strong>et</strong> l’autre sur<br />

les carrés <strong>de</strong> la Vieille Gar<strong>de</strong> qui protégeaient le bivouac <strong>de</strong><br />

l’Empereur ; sur les <strong>de</strong>ux points, les cavaliers prussiens sont repoussés<br />

avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pertes. Leur tentative généreuse n’a pas<br />

réussi ; elle aura pourtant un résultat avantageux : les Français,<br />

dans la crainte <strong>de</strong> nouvelles attaques, resteront sur pied toute la<br />

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166<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

nuit si bien que le len<strong>de</strong>main, leur état <strong>de</strong> fatigue les empêchera<br />

<strong>de</strong> mener la poursuite avec toute la rapidité nécessaire.<br />

Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, qui était arrivé à Zeitz à 11 h<br />

30 du soir seulement (sans qu’on sache pour quelle raison car il<br />

n’y a que 30 km d’Altenburg à Zeitz), y était resté immobile dans<br />

l’attente d’ordres qui ne vinrent pas.<br />

D’autre part, le Général Bülow, qui avait appris que Halle<br />

était très faiblement occupée, s’était porté sur c<strong>et</strong>te localité avec<br />

une partie <strong>de</strong> son corps d’armée, 5 à 6 000 hommes, <strong>et</strong> s’en était<br />

emparé. Les quatre bataillons français du 5 ème Corps, qui s’étaient<br />

emparés <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, rej<strong>et</strong>és sur la rive gauche <strong>de</strong> la<br />

Saale, s’étaient repliés sur Merseburg, où ils avaient été recueillis<br />

par la Division Durutte.<br />

Avant la fin <strong>de</strong> la nuit, l’armée coalisée se mit en r<strong>et</strong>raite<br />

dans le plus grand ordre, ne laissant entre nos mains aucun trophée<br />

<strong>et</strong> emmenant la plupart <strong>de</strong> ses blessés ; elle passa l’Elster en<br />

amont <strong>de</strong> Pegau aux gués d’Ostran <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pre<strong>de</strong>l <strong>et</strong>, sous la protection<br />

du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch renforcé <strong>de</strong> Wittgenstein,<br />

gagna Frohburg <strong>et</strong> Borna. Quand le mouvement du gros fut complètement<br />

terminé, Miloradowitch se replia sur Lucka.<br />

Les souverains alliés ayant décidé que l’armée se r<strong>et</strong>irerait<br />

<strong>de</strong>rrière l’Elbe, la r<strong>et</strong>raite continua en trois colonnes, les corps<br />

prussiens marchant par Codlitz sur Meissen, les corps russes, par<br />

Rochlitz sur Dres<strong>de</strong>, les parcs <strong>et</strong> les convois par Freyberg <strong>et</strong><br />

Chernnitz également sur Dres<strong>de</strong>.<br />

Miloradowitch fut chargé <strong>de</strong> faire l’arrière-gar<strong>de</strong> ; le 4 mai,<br />

il rétrograda sur Rochlitz.<br />

Le Général Kleist, dont les cosaques étaient rentrés dans<br />

Leipzig, abandonné par le 5 ème Corps français, ainsi que nous le<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 167<br />

dirons plus loin, reçut l’ordre <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer sur Mühlberg par Würzen<br />

Le Général Bülow, auquel revenait la mission <strong>de</strong> couvrir<br />

Berlin, fut prévenu du mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> invité<br />

à se replier <strong>de</strong>rrière l’Elbe à Rosslau.<br />

Observations sur la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />

Opérations <strong>de</strong>s alliés – C’est une idée fausse qui sert <strong>de</strong><br />

point <strong>de</strong> départ à Wittgenstein pour l’établissement du plan <strong>de</strong> sa<br />

manœuvre. Interprétant à sa manière les renseignements assez<br />

compl<strong>et</strong>s que lui fournit sa cavalerie, il s’imagine que les corps <strong>de</strong><br />

l’armée française sont placés les uns <strong>de</strong>rrière les autres, formant<br />

une longue colonne, dont la tête est entre <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> Leipzig, pendant<br />

que la guerre est encore à Naumburg <strong>et</strong> même à Iéna <strong>et</strong> qui<br />

va marcher processionnellement sur Leipzig sans prendre d’autre<br />

mesure <strong>de</strong> précaution que <strong>de</strong> placer « un faible détachement à<br />

Gross-Görschen ».<br />

Il n’est pas permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en mouvement une armée<br />

sur <strong>de</strong>s superstitions aussi folles, quand on a en face <strong>de</strong> soi un<br />

adversaire tel que Napoléon.<br />

Le plan <strong>de</strong> Wittgenstein pêche donc par la base.<br />

Quoi qu’il en soit, l’opération qu’il proj<strong>et</strong>te n’est pas autre<br />

chose qu’une embusca<strong>de</strong> tendue avec une armée entière à une<br />

armée adverse qui se gar<strong>de</strong> avec négligence : en pareil cas, la<br />

principale condition du succès est la surprise. Le Général<br />

russe s’en rend compte <strong>et</strong> s’efforce <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s dispositions en<br />

conséquence.<br />

M<strong>et</strong>tre la nuit à profit pour masser ses troupes à portée <strong>de</strong><br />

Görschen, à moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lieues <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, est parfaitement<br />

rationnel car, d’une part, on a plus <strong>de</strong> chances pour que ce ras-<br />

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168<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

semblement s’effectue à l’insu <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> d’autre part, c’est le<br />

seul moyen d’être prêt à agir <strong>de</strong> très grand matin, c’est-à-dire<br />

avant que la situation sur laquelle on table ait eu le temps <strong>de</strong> se<br />

modifier d’une façon sensible. En France, on a été longtemps très<br />

contraire aux marches <strong>de</strong> nuit, sous le prétexte qu’elles entraînent<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s fatigues pour les troupes <strong>et</strong> donnent lieu aux plus graves<br />

mécomptes. Cependant, il est <strong>de</strong>s cas (celui que nous considérons<br />

en est un), où une marche <strong>de</strong> nuit seule perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser<br />

une opération avantageuse : il ne faut donc pas en proscrire systématiquement<br />

l’emploi.<br />

L’idée était excellente, nous le répétons, mais l’exécution<br />

fut déplorable ; la mise en marche tardive <strong>de</strong>s troupes <strong>et</strong> <strong>de</strong> mauvaises<br />

dispositions qui amenèrent <strong>de</strong>s croisements <strong>de</strong> colonnes<br />

firent perdre quatre heures, si bien que le rassemblement, au lieu<br />

d’être achevé à 7 h, comme on le désirait, ne le fut qu’à 11 h. Sans<br />

entrer dans le détail du problème, ce qui n’est pas possible attendu<br />

que nous n’en possédons pas tous les éléments, il est facile<br />

<strong>de</strong> voir qu’en désignant les troupes d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg, qui étaient<br />

les plus rapprochées <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage, pour franchir l’Elster<br />

les premières, on aurait pu commencer l’opération dès 3 h du<br />

matin <strong>de</strong> telle sorte qu’elle aurait été terminée vers 7 h.<br />

D’un autre côté, on ne s’explique pas pourquoi Wittgenstein<br />

a attendu pour m<strong>et</strong>tre son armée en mouvement que la<br />

Gar<strong>de</strong> russe, qui était <strong>de</strong>stinée à former sa réserve, eût complètement<br />

serré sur les autres troupes. Puisque la négligence <strong>de</strong><br />

l’ennemi le perm<strong>et</strong>tait, il convenait <strong>de</strong> rassembler les troupes afin<br />

d’être à même d’agir du premier coup avec <strong>de</strong>s masses <strong>et</strong><br />

d’obtenir une action brusque, quasi-instantanée. Il était non seulement<br />

inutile, mais encore dangereux <strong>de</strong> les entasser comme on<br />

l’a fait sur moins d’une lieue carrée ; un tel bloc, même dans un<br />

terrain aussi praticable aux masses que la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, <strong>de</strong>vait<br />

être très difficile à faire mouvoir. Il aurait fallu m<strong>et</strong>tre en mouve-<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 169<br />

ment les troupes <strong>de</strong> la première ligne, dès que les têtes <strong>de</strong> colonnes<br />

<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe atteignirent Stönzsch <strong>et</strong> Werben : on aurait<br />

ainsi gagné environ une heure.<br />

On observera que Wittgenstein sut r<strong>et</strong>enir sa cavalerie,<br />

dont l’apparition prématurée dans la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> aurait sûrement<br />

mis les Français sur leurs gar<strong>de</strong>s ; jusqu’au moment où fut<br />

tiré le premier coup <strong>de</strong> canon contre Görschen, la cavalerie alliée<br />

ne montra que « son service ordinaire ».<br />

Un chose singulière, c’est que la formation que Wittgenstein<br />

fait prendre à son armée, au sud <strong>de</strong> Görschen, n’est pas une<br />

simple formation <strong>de</strong> rassemblement, mais bien un ordre <strong>de</strong> combat.<br />

C’est dans c<strong>et</strong> ordre, en eff<strong>et</strong>, que le Général russe, amateur<br />

<strong>de</strong> batailles rangées à la mo<strong>de</strong> frédéricienne, entend faire évoluer<br />

<strong>et</strong> combattre ses troupes. <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong> son ordre pour la bataille 1<br />

ne laisse aucun doute à ce suj<strong>et</strong> ; l’expérience <strong>de</strong> quinze ans <strong>de</strong><br />

guerre ne lui a pas appris que <strong>de</strong>s troupes ainsi entassées les unes<br />

sur les autres per<strong>de</strong>nt toute aptitu<strong>de</strong> à la manœuvre ; elle ne lui a<br />

pas appris non plus que l’on ne règle pas d’avance une bataille<br />

comme on règle un ball<strong>et</strong>.<br />

L’ordre <strong>de</strong> Wittgenstein, qui n’avait pas moins <strong>de</strong> quatre<br />

gran<strong>de</strong>s pages, était une macédoine <strong>de</strong> prescriptions <strong>de</strong> tout genre ;<br />

si long qu’il fût, il était pourtant incompl<strong>et</strong> puisqu’il ne réglait pas<br />

les mouvements à exécuter sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster, ce qui<br />

occasionna les croisements <strong>de</strong> colonnes que l’on sait. On se figure<br />

aisément l’embarras <strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> corps d’armée recevant<br />

un tel document entre 1 h <strong>et</strong> 2 h du matin, alors que les circonstances<br />

exigent la mise en marche immédiate <strong>de</strong>s troupes.<br />

1 Nous le donnons en appendice, à titre <strong>de</strong> curiosité.<br />

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170<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Vers midi, le rassemblement <strong>de</strong> l’armée est terminé ; on va<br />

pouvoir enfin attaquer.<br />

Mais, entre-temps, on s’est aperçu que Gross-Görschen <strong>et</strong><br />

les villages en arrière sont occupés, non pas par un faible détachement,<br />

comme on l’avait cru tout d’abord, mais par plusieurs<br />

milliers d’hommes qui ne manqueront pas <strong>de</strong> se défendre énergiquement<br />

<strong>et</strong> qu’il faudra déloger <strong>de</strong> leurs points d’appui à coups <strong>de</strong><br />

canon, ce qui donnera l’alarme aux corps voisins que l’on comptait<br />

surprendre. Ce simple inci<strong>de</strong>nt suffit pour déconcerter Wittgenstein.<br />

Ayant toutes ses troupes sous la main, il lui serait facile <strong>de</strong><br />

faire débor<strong>de</strong>r par la droite <strong>et</strong> par la gauche les points d’appui <strong>de</strong><br />

l’ennemi, en même temps qu’il les ferait attaquer <strong>de</strong> front ; il est<br />

probable que, sous l’eff<strong>et</strong> combiné <strong>de</strong> la surprise <strong>et</strong> d’une attaque<br />

en masse, la résistance <strong>de</strong>s Français serait <strong>de</strong> courte durée. Une<br />

fois maîtres <strong>de</strong> Kaja <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l, les coalisés, ayant pris<br />

pied soli<strong>de</strong>ment en avant <strong>de</strong> l’Elster, pourraient se lancer en toute<br />

tranquillité vers <strong>Lutzen</strong>.<br />

Wittgenstein ne l’entend pas ainsi ; il envoie à l’attaque <strong>de</strong><br />

Görschen une briga<strong>de</strong> prussienne qui est appuyée par 5 ou 6 000<br />

cavaliers.<br />

Mais, le premier coup <strong>de</strong> canon produit un eff<strong>et</strong> magique :<br />

<strong>de</strong>s Français se montrent partout en grand nombre, à Gross-<br />

Görschen, dans les 3 villages au Nord <strong>et</strong> aussi à Starsie<strong>de</strong>l ; il y a<br />

là 40 000 hommes <strong>de</strong> toutes armes.<br />

<strong>La</strong> situation est donc différente <strong>de</strong> celle que l’on avait<br />

prévue ; la surprise, la surprise tactique est manquée ; on veut<br />

quand même livrer bataille ; on espère remporter un succès grâce<br />

à la surprise stratégique sur laquelle on compte encore.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 171<br />

Soit, mais étant donné la gran<strong>de</strong> supériorité numérique<br />

<strong>de</strong>s troupes françaises qui peuvent, en quelques heures, se réunir<br />

aux environs <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, il est évi<strong>de</strong>nt que les coalisés n’ont <strong>de</strong><br />

chances <strong>de</strong> succès qu’à la condition d’agir très vite : il faut à tout<br />

prix qu’ils aient complètement écrasés les corps français postés à<br />

Kaja <strong>et</strong> à Starsie<strong>de</strong>l avant l’arrivée <strong>de</strong>s autres corps, qui vont se<br />

hâter d’accourir sur le terrain <strong>de</strong> la lutte, attirés par le bruit <strong>de</strong> la<br />

fusilla<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la canonna<strong>de</strong>.<br />

<strong>La</strong> négligence <strong>de</strong> l’ennemi a permis aux coalisés <strong>de</strong> rassembler<br />

toutes leurs forces à portée <strong>de</strong> canon <strong>de</strong> ses positions ;<br />

c’est là une bonne fortune inouïe dont il importe <strong>de</strong> profiter pour<br />

attaquer franchement partout à la fois en m<strong>et</strong>tant, sur-le-champ,<br />

en ligne, toutes les troupes nécessaires pour triompher promptement<br />

<strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong> l’adversaire. En un mot, la situation<br />

comporte un coup <strong>de</strong> boutoir rapi<strong>de</strong> ; si l’on réussit, on poursuivra<br />

son succès ; dans le cas contraire, on se r<strong>et</strong>irera lestement<br />

<strong>de</strong>rrière l’Elster sans attendre d’avoir sur les bras toute l’armée<br />

française.<br />

Wittgenstein ne le comprend pas. Maître <strong>de</strong> Gross-Görschen<br />

que lui a livré la surprise, il poursuit l’attaque <strong>de</strong>s villages en<br />

arrière, que ses troupes abor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> front. <strong>La</strong> première briga<strong>de</strong><br />

est bientôt serrée <strong>de</strong> près par <strong>de</strong>s forces supérieures, il en fait<br />

avancer une <strong>de</strong>uxième, puis une troisième <strong>et</strong> ainsi <strong>de</strong> suite, à mesure<br />

que les Français se renforcent : peu à peu, toute son infanterie<br />

vient s’user à l’attaque <strong>de</strong> Gross-Görschen, <strong>de</strong> Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Kaja.<br />

En engageant ainsi successivement ses troupes, le Général<br />

russe fait le jeu <strong>de</strong> ses adversaires.<br />

Vers 5 h du soir, quand les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps français apparaissent<br />

sur les <strong>de</strong>ux flancs <strong>de</strong> l’armée alliée, celle-ci, presque<br />

toute entière engagée à fond, est si bien fixée <strong>et</strong> usée que, sans la<br />

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172<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

bravoure <strong>de</strong>s soldats <strong>et</strong> une faveur particulière <strong>de</strong> la fortune, elle<br />

n’échapperait pas à un désastre.<br />

Les coalisés avaient beaucoup compté sur leur cavalerie à<br />

laquelle la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> offrait un terrain d’action exceptionnellement<br />

favorable <strong>et</strong> qui avait sur la cavalerie française une supériorité<br />

numérique écrasante.<br />

Avant la bataille, la cavalerie alliée avait assez exactement<br />

renseigné le comman<strong>de</strong>ment ; pendant la bataille, elle ne rendit<br />

pas tous les services qu’elle aurait pu rendre, mais son rôle ne fut<br />

pas aussi nul qu’on le dit généralement.<br />

Les escadrons <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein ne<br />

réussirent pas à entamer l’infanterie du 6 ème Corps à laquelle ils<br />

étaient opposés, mais ce fut leur action combinée avec celle <strong>de</strong><br />

leur artillerie <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (150<br />

pièces en tout) qui arrêta le 6 ème Corps <strong>et</strong> l’empêcha <strong>de</strong> prendre en<br />

flanc les bataillons qui attaquaient Kaja.<br />

Entre le Grünabach <strong>et</strong> le Flossgraben, à hauteur <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l,<br />

le terrain n’était praticable à <strong>de</strong>s masse <strong>de</strong> cavalerie<br />

qu’entre l’intervalle compris entre Starsie<strong>de</strong>l <strong>et</strong> Kaja ; c<strong>et</strong> intervalle<br />

n’étant que <strong>de</strong> 2 000 mètres, la cavalerie ne pouvait espérer forcer<br />

la ligne d’infanterie <strong>et</strong> d’artillerie établie entre les <strong>de</strong>ux villages ;<br />

par suite, dès l’instant où elle restait collée à sa propre infanterie,<br />

elle était contrainte <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer inactive jusqu’à ce que les Français<br />

eussent été chassés soit <strong>de</strong> Kaja, soit <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l.<br />

Le meilleur moyen <strong>de</strong> l’utiliser eût été <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>irer du milieu<br />

<strong>de</strong> l’infanterie (la plus gran<strong>de</strong> partie du moins), <strong>de</strong> la grouper<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> lui confier la mission d’aller avec son artillerie à cheval, au<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s colonnes <strong>de</strong> renfort <strong>de</strong> l’ennemi pour les r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r ; on<br />

n’y songea que trop tard, alors que déjà apparaissaient sur le<br />

champ <strong>de</strong> bataille les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps français.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 173<br />

Wittgenstein a commis une faute capitale en envoyant à<br />

Zeitz le corps <strong>de</strong> Miloradowitch ; c<strong>et</strong>te mesure fut motivée par la<br />

crainte que les troupes françaises signalées à Naumburg <strong>et</strong> à Iéna<br />

ne vinssent tomber sur les <strong>de</strong>rrières <strong>de</strong> l’armée alliée pendant que<br />

celle-ci serait engagée du côté <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>. Il était naturel <strong>de</strong> prendre<br />

<strong>de</strong>s mesures en vue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité mais, en examinant la<br />

carte, on voit que ce n’est pas sur Zeitz mais bien sur Pre<strong>de</strong>l<br />

(<strong>de</strong>ux lieues en amont <strong>de</strong> Pegau) qu’aurait dû être dirigé Miloradowitch.<br />

Là, il était tout aussi en situation <strong>de</strong> contenir une attaque<br />

venant <strong>de</strong> Naumburg <strong>et</strong> il se trouvait à portée d’appuyer sur le<br />

gros <strong>de</strong> l’armée si les circonstances l’exigeaient.<br />

Si la marche <strong>de</strong> ce corps avait été bien réglée, il aurait quitté<br />

Altenburg entre 4 <strong>et</strong> 5 h du matin <strong>et</strong> fût arrivé à Pre<strong>de</strong>l (30 km<br />

environ) entre midi <strong>et</strong> 1 h. A ce moment, sa cavalerie l’aurait informé<br />

que rien n’avait bougé du côté d’Iéna <strong>et</strong> que les troupes<br />

françaises <strong>de</strong> Naumburg avaient appuyé vers <strong>Lutzen</strong>. L’absence<br />

d’ennemi dans les directions indiquées rendant inutile le maintien<br />

<strong>de</strong> son corps à Pre<strong>de</strong>l, Miloradowitch eût pu, sans attendre<br />

d’ordre, continuer sur le champ son mouvement vers Pegau, marchant<br />

à la bataille dont le bruit provenait jusqu’à lui.<br />

Maintenant, nous avons vu que Miloradowitch, pour <strong>de</strong>s<br />

causes inconnues, n’atteignit Zeitz que vers 4 h 30 du soir. <strong>La</strong><br />

distance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville à Pegau étant <strong>de</strong> 17 km, le corps russe<br />

n’aurait pu arriver à Pegau avant 9 h du soir. C’est donc a tort<br />

qu’on a blâmé Wittgenstein d’avoir laissé Miloradowitch immobile<br />

à Zeitz pendant toute la bataille. <strong>La</strong> faute commise fut tout<br />

aussi grave, mais d’une nature différente.<br />

Clausewitz a dit que l’idée stratégique qui fut, pour les alliés,<br />

le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, est une <strong>de</strong>s plus<br />

belles que l’on ait jamais conçues mais que, si la conception fut<br />

excellente, par contre, l’exécution fut déplorable.<br />

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174<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Assurément, Wittgenstein mérite d’être loué pour avoir<br />

compris que c’était seulement par un r<strong>et</strong>our offensif brusque,<br />

exécuté au bon moment <strong>et</strong> dans la direction convenable, qu’il<br />

pourrait remporter un succès marqué sur Napoléon ; mais, le<br />

principe une fois posé, quand il s’agit <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> la théorie au<br />

fait, il ne montra guère d’habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong> coup d’œil. Son plan pour<br />

la bataille du 2 mai fut conçu en partant d’une appréciation complètement<br />

fausse <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> l’armée française ; par conséquent,<br />

dans sa manœuvre, la conception ne valut pas mieux que<br />

l’exécution.<br />

Il n’est pas sans intérêt d’observer que c’est précisément le<br />

r<strong>et</strong>ard dû à la mauvaise organisation <strong>de</strong> la marche sur la rive<br />

droite <strong>de</strong> l’Elster qui sauva les coalisés d’une <strong>de</strong>struction totale.<br />

Nous avons vu, en eff<strong>et</strong>, que les Français furent arrêtés par la<br />

tombée <strong>de</strong> la nuit, juste au moment où ils n’avaient plus qu’un<br />

<strong>de</strong>rnier effort à faire pour consommer la défaite <strong>de</strong> l’armée alliée,<br />

usée <strong>et</strong> à moitié enveloppée.<br />

De ce fait, ressort l’enseignement suivant : un Corps, obligé<br />

pour une cause quelconque d’attaquer son adversaire <strong>et</strong> qui<br />

craint que l’opération ne tourne mal pour lui, <strong>de</strong>vra commencer<br />

son mouvement assez tard pour que la nuit vienne interrompre le<br />

combat avant que l’ennemi ait pu lui donner tout son développement.<br />

Observations sur les opérations <strong>de</strong>s Français<br />

<strong>La</strong> correspondance <strong>de</strong> Napoléon établit que, dans les<br />

journées du 1 er au 2 mai, l’Empereur ne cessa <strong>de</strong> voir clair dans le<br />

jeu <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> qu’il manœuvra très serré afin d’être prêt à<br />

m<strong>et</strong>tre à profit l’impru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> son adversaire, si celui-ci osait<br />

l’attaquer sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elster.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 175<br />

C<strong>et</strong>te attaque, qu’il désirait si vivement, se produisit ; une<br />

bataille générale eut lieu : elle resta indécise bien qu’il eût mis en<br />

action <strong>de</strong>s forces très supérieures à celles <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> bien que<br />

ce <strong>de</strong>rnier eût commis <strong>de</strong>s fautes multiples.<br />

L’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s faits démontre que la responsabilité du peu<br />

<strong>de</strong> résultats obtenus incombe au Maréchal Ney <strong>et</strong> au Général<br />

Souham.<br />

L’un <strong>de</strong>s principaux facteurs sur lesquels reposent les calculs<br />

du Général en chef est la capacité <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong>s corps<br />

d’avant-gar<strong>de</strong> ; si, par l’eff<strong>et</strong> d’une surprise, c<strong>et</strong>te capacité est réduite<br />

à néant, les plus belles conceptions sont compromises.<br />

L’Empereur avait prescrit, dès 4 h 30 du matin, au Maréchal<br />

Ney « <strong>de</strong> rallier les cinq Divisions <strong>de</strong> son corps d’armée <strong>et</strong> d’envoyer <strong>de</strong><br />

fortes reconnaissances sur Zwenckau <strong>et</strong> sur Pegau ». Malgré un ordre<br />

aussi catégorique, le Maréchal maintint les trois Divisions Brennier,<br />

Ricard <strong>et</strong> Marchand, près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, sur les emplacements<br />

où elles avaient passé la nuit <strong>et</strong>, ce qui est plus grave, n’envoya<br />

aucune reconnaissance sur Pegau.<br />

Certains écrivains ont dit que la faiblesse numérique <strong>de</strong> la<br />

cavalerie du Maréchal Ney (1 000 chevaux) ne lui perm<strong>et</strong>tait pas<br />

d’exécuter l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur : c<strong>et</strong>te opinion n’est pas acceptable<br />

car il s’agissait d’aller, au plus, à une lieue <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie <strong>de</strong> Görschen,<br />

ce que pouvait faire sans peine un détachement mixte.<br />

<strong>La</strong> responsabilité du Général Souham est également engagée<br />

car, en adm<strong>et</strong>tant même qu’il n’eût pas reçu l’ordre d’envoyer<br />

une reconnaissance sur Pegau, il avait le <strong>de</strong>voir d’organiser son<br />

service <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong> manière qu’une armée <strong>de</strong> 80 000 hommes ne<br />

pût pas se rassembler à son insu à 2 km <strong>de</strong>s positions qu’il occupait.<br />

Son incurie lui a fait courir le risque d’être enlevé avant<br />

même <strong>de</strong> s’être mis en défense.<br />

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176<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

L’Empereur reçut pourtant, vers 10 h du matin, <strong>de</strong>s rapports<br />

<strong>de</strong> reconnaissance fournis par le 3 e Corps <strong>et</strong> dont le fond<br />

était la formule « rien <strong>de</strong> nouveau ; l’ennemi n’a montré que le service<br />

ordinaire ». On s’était borné à envoyer à portée <strong>de</strong> fusil <strong>de</strong> la lisière<br />

<strong>de</strong> Görschen <strong>de</strong>s patrouilles, qui avaient constaté que les postes<br />

<strong>de</strong> la cavalerie légère ennemie étaient à la même place que la<br />

veille. Il n’est pas permis <strong>de</strong> penser que le Maréchal Ney <strong>et</strong> le<br />

Général Souham se soient imaginé ainsi avoir rempli les intentions<br />

<strong>de</strong> l’Empereur. Un commandant d’armée n’intervient pas<br />

dans ce qui est le service normal <strong>de</strong>s avant-postes ; quand il prescrit<br />

d’envoyer une reconnaissance sur un point, cela veut dire qu’il<br />

faut m<strong>et</strong>tre en mouvement un détachement assez fort pour pouvoir<br />

aller, sans se comprom<strong>et</strong>tre, jusqu’à ce point.<br />

Quoi qu’il en soit, l’Empereur, qui supposait que les détachements<br />

dont il recevait les rapports étaient allés assez loin pour<br />

découvrir la sortie <strong>de</strong> Pegau, resta convaincu qu’aucune colonne<br />

ennemie n’avait encore commencé l’Elster à 8 h du matin : il tira<br />

<strong>de</strong> ce fait la conclusion logique que l’ennemi ne l’attaquerait pas<br />

<strong>de</strong> ce côté.<br />

C’est probablement pourquoi il autorisa <strong>et</strong>, peut-être<br />

même, engagea le Maréchal Ney à le suivre à Markranstaedt.<br />

Si, conformément aux ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, le<br />

Maréchal Ney eût réuni tout son corps d’armée autour <strong>de</strong> Kaja<br />

entre 5 <strong>et</strong> 6 h du matin <strong>et</strong> s’il se fût éclairé avec soin vers Zwenckau<br />

<strong>et</strong> vers Pegau, il est clair que les choses auraient pris une<br />

tournure différente. Le 3 ème Corps, engagé avec calme <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>,<br />

eût opposé une résistance beaucoup plus gran<strong>de</strong> aux coalisés,<br />

même si ces <strong>de</strong>rniers avaient procédé moins maladroitement.<br />

Nous avons vu que ce corps d’armée, qui comptait 45 000<br />

combattants, se trouva complètement usé dès 4 h du soir, bien<br />

que l’ennemi n’eût pas engagé contre lui plus <strong>de</strong> 30 000 hommes :<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 177<br />

un pareil résultat ne s’explique que par la surprise du début, qui<br />

livra aux coalisés, dès le commencement du combat les <strong>de</strong>ux<br />

Görschen <strong>et</strong> Ralsna, <strong>de</strong> telle sorte que le 3 ème Corps dût agir offensivement<br />

toute la journée pour reprendre ses points d’appui.<br />

Le 4 e Corps n’est arrivé sur le champ <strong>de</strong> bataille qu’à 5 h<br />

du soir ; or, à une heure <strong>de</strong> l’après-midi, « la Division Morand était<br />

en position à Gramschutz <strong>et</strong> la Division italienne serrait sur Lupitz. »<br />

(Rapport du Général Bertrand). A ce moment, la canonna<strong>de</strong> faisait<br />

rage à Starsie<strong>de</strong>l <strong>et</strong> à Görschen ; le Général Bertrand l’a certainement<br />

entendu car la distance <strong>de</strong> Gramschutz au champ <strong>de</strong> bataille<br />

n’est que <strong>de</strong> 6 km. Il aurait dû marcher immédiatement au<br />

canon, cela n’est pas contestable : il n’en fit rien <strong>et</strong> c’est seulement<br />

vers 3 h, après avoir reçu l’ordre <strong>de</strong> Napoléon, qu’il mit ses Divisions<br />

en mouvement.<br />

En c<strong>et</strong>te circonstance, le Général Bertrand a commis<br />

la faute la plus grave que puisse comm<strong>et</strong>tre un chef à la<br />

guerre.<br />

Un commandant <strong>de</strong> troupes, qui a une mission spéciale à<br />

remplir <strong>et</strong> qui, tout-à-coup, entend r<strong>et</strong>entir le bruit du canon à<br />

quelque distance <strong>de</strong> lui, peut parfois être très embarrassé : doit-il<br />

ou ne doit-il pas marcher au canon ? Il faut qu’il prenne une décision<br />

en s’inspirant <strong>de</strong> la situation <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> ses instructions.<br />

Mais, un Chef qui, n’ayant pas <strong>de</strong> mission spéciale, attend <strong>de</strong>s<br />

ordres quand un combat se livre à quelques kilomètres, c’est une<br />

monstruosité : avec <strong>de</strong> tels chefs, une armée est vouée à la<br />

défaite.<br />

A c<strong>et</strong> égard, le Général <strong>La</strong>uriston n’est pas non plus in<strong>de</strong>mne<br />

<strong>de</strong> tout reproche. Il s’était emparé <strong>de</strong> Leipzig presque sans<br />

coup férir <strong>et</strong> s’était vite aperçu qu’il n’avait presque personne <strong>de</strong>vant<br />

lui. En conformité <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong> l’Empereur, il avait laissé<br />

une Division à Leipzig <strong>et</strong> r<strong>et</strong>iré les <strong>de</strong>ux autres en arrière <strong>de</strong> la<br />

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178<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

ville. Toute l’après-midi, il resta immobile, attendant <strong>de</strong>s ordres<br />

qui ne vinrent pas par suite d’un malentendu, l’Empereur ayant<br />

compté sur le Prince Eugène pour donner au 5 e Corps, qui faisait<br />

partie <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, les ordres que comporteraient les circonstances<br />

<strong>et</strong> le Prince Eugène n’ayant pas cru pouvoir modifier<br />

les ordres donnés au 5 ème Corps par l’Empereur lui-même. Le<br />

<strong>de</strong>voir du Général <strong>La</strong>uriston était tout tracé : s’il ne croyait pas<br />

pouvoir <strong>de</strong> lui-même faire marcher une partie <strong>de</strong> son Corps<br />

d’armée vers Kaja, il fallait qu’il envoyât un <strong>de</strong> ses officiers pour<br />

rendre compte <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> son côté <strong>et</strong> réclamer <strong>de</strong>s<br />

ordres <strong>et</strong> cela plutôt dix fois qu’une.<br />

Napoléon, qui ne récriminait pas d’ordinaire sur le passé,<br />

lui reprocha son inaction en termes très vifs (Voir mémoires <strong>de</strong><br />

Berthozène) 1 <strong>et</strong> pourtant le malentendu, cause première <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

inaction, était dû à la détestable métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong><br />

l’Empereur 2 .<br />

Pertes. – <strong>La</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> coûtait aux Français<br />

18 000 hommes, tués, blessés ou prisonniers, dont 12 000 pour le<br />

3 ème Corps qui se trouvait avoir perdu plus du quart <strong>de</strong> son infanterie.<br />

Les coalisés ont accusé une perte <strong>de</strong> 10 000 hommes<br />

environ ; en réalité, les pertes furent sensiblement égales <strong>de</strong> part<br />

<strong>et</strong> d’autre mais, tandis que du côté <strong>de</strong>s alliés, les hommes légèrement<br />

atteints restèrent dans le rang <strong>et</strong> ne furent pas comptés<br />

1 D’après Berthozène, un ai<strong>de</strong>-<strong>de</strong>-camp du Général <strong>La</strong>uriston<br />

venu le 3 mai, au matin, au Grand Quartier Général, fut interpellé en<br />

ces termes par Napoléon : « Que faisiez-vous hier pendant que nous<br />

nous battions ici, vous vous chauffiez les C...... au soleil ».<br />

2 Le Généralissime ne doit donner directement <strong>de</strong>s ordres aux<br />

Commandants <strong>de</strong> Corps d’armée que dans <strong>de</strong>s circonstances exceptionnelles<br />

sans quoi il se produira fatalement <strong>de</strong>s malentendus du genre<br />

<strong>de</strong> celui dont il est question ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 179<br />

parmi les blessés, <strong>de</strong> notre côté, une foule <strong>de</strong> soldats, qui<br />

n’avaient que <strong>de</strong>s égratignures ou <strong>de</strong> simples contusions, se précipitèrent<br />

dans les ambulances <strong>et</strong> réussirent, par subterfuge, à se<br />

faire évacuer avec les vrais blessés.<br />

Ajoutons que durant la marche vers l’Elbe à la poursuite<br />

<strong>de</strong>s alliés, le nombre <strong>de</strong>s traînards <strong>et</strong> <strong>de</strong>s déserteurs fut considérable.<br />

Quand l’armée française atteignit le fleuve, elle comptait environ<br />

35 000 hommes <strong>de</strong> moins qu’au moment où elle avait franchi<br />

la Saale.<br />

« Ce que, les vrais blessés partis, l’armée perdait en force matérielle<br />

<strong>et</strong> numérique, l’évasion <strong>de</strong>s déserteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s faux blessés le lui rendait en force<br />

morale, les mauvais n’étant plus là pour infecter la masse généralement bonne,<br />

mais facile aux impressions les plus opposées, prompte à l’enthousiasme, mais<br />

prompte aussi au découragement <strong>et</strong> à l’indiscipline. » (Camille Rouss<strong>et</strong>, la<br />

Gran<strong>de</strong> Armée, 1913).<br />

Poursuites <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> à Dres<strong>de</strong><br />

Dès la fin <strong>de</strong> la bataille, à 11 h du soir, Napoléon avait<br />

prescrit au Prince Eugène <strong>de</strong> r<strong>et</strong>irer le 5 ème Corps <strong>de</strong> Leipzig <strong>et</strong><br />

d’être prêt dès 4 h du matin à poursuivre l’ennemi avec le 1 er<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps qui avaient été très<br />

peu engagés.<br />

Le 3, à la pointe du jour, quand on constata que l’ennemi<br />

s’était r<strong>et</strong>iré, il ordonna d’entamer immédiatement la poursuite ; il<br />

eut à déployer une gran<strong>de</strong> somme d’énergie <strong>et</strong> <strong>de</strong> volonté<br />

pour m<strong>et</strong>tre en branle ses troupes fatiguées.<br />

L’armée, exécutant une gran<strong>de</strong> conversion à gauche, franchit<br />

l’Elster à Zwenckau, Pegau, Pre<strong>de</strong>l <strong>et</strong> Ostran.<br />

Le 11 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie s’avancèrent<br />

jusqu’à Pol<strong>de</strong>witz, à <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> Pegau ; le 5 ème Corps prit<br />

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180<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

position à Pérès, à la gauche du 11, le 6 ème Corps à Lobnitz, le 4 ème<br />

à Ostran, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le Quartier général à Pegau, le 3 ème Corps<br />

resta à <strong>Lutzen</strong> pour se rallier <strong>et</strong> se reposer.<br />

Le 12 ème Corps, n’ayant pas reçu en temps utile l’ordre <strong>de</strong><br />

changer <strong>de</strong> direction pour se porter sur Zeitz, continua sur<br />

Naumburg ; le 3, la tête du Corps d’armée atteignit c<strong>et</strong>te localité<br />

<strong>et</strong> la queue atteignit Iéna. Les troupes ne firent pas plus <strong>de</strong> quatre<br />

lieues pendant la journée du 3 ; leur état <strong>de</strong> fatigue ne leur perm<strong>et</strong>tait<br />

pas <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r davantage <strong>et</strong> d’ailleurs, Napoléon ne<br />

savait pas encore exactement dans quelle direction les coalisés<br />

s’étaient r<strong>et</strong>irés.<br />

Dans la nuit du 3 au 4, il reçut les renseignements les plus<br />

précis à ce suj<strong>et</strong> : les coalisés effectuaient leur r<strong>et</strong>raite sur Dres<strong>de</strong>,<br />

en <strong>de</strong>ux colonnes, par Codlitz <strong>et</strong> Roschlitz ; ils marchaient en très<br />

bon ordre ; cependant, leur défaite les avait impressionnés plus<br />

qu’ils ne le disaient ; la mésintelligence régnait entre eux, Russes<br />

<strong>et</strong> Prussiens s’accusant réciproquement d’avoir causé la perte <strong>de</strong> la<br />

bataille.<br />

L’Empereur décida <strong>de</strong> se porter droit sur Dres<strong>de</strong> en pressant<br />

sa marche le plus possible dans l’espoir <strong>de</strong> couper quelques<br />

colonnes ou, tout au moins, d’enlever les traînards <strong>et</strong> les convois.<br />

En même temps, il ordonna <strong>de</strong> constituer, sous les ordres du<br />

Maréchal Ney, une armée auxiliaire <strong>de</strong>stinée à manœuvrer sur la<br />

gauche <strong>de</strong> l’armée principale (nous désignons ainsi l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

corps placés sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Napoléon) <strong>et</strong> qui comprendrait<br />

:<br />

- le 3 ème Corps ;<br />

- le 7 ème , qui se composerait <strong>de</strong> la Division Durutte <strong>et</strong> <strong>de</strong>s troupes<br />

saxonnes qu’on allait faire sortir <strong>de</strong> Torgau ;<br />

- le 2 ème Corps provisoire, que comman<strong>de</strong>rait le Maréchal Victor<br />

<strong>et</strong> qui serait formé <strong>de</strong>s 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions ;<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 181<br />

- le corps provisoire du Général Sébastiani, 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

(2 500 hommes) <strong>et</strong> Division Puthod du 5 ème Corps, dont<br />

la présence sur le bas Elbe n’était plus nécessaire attendu que<br />

le corps <strong>de</strong> Vandamme, à peu près organisé, suffisait pour<br />

gar<strong>de</strong>r le fleuve en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> même reprendre<br />

Hamburg.<br />

Le Maréchal Ney <strong>de</strong>vait tout d’abord débloquer Torgau <strong>et</strong><br />

Wittenberg <strong>et</strong> reconstituer le 7 ème Corps ; pendant ce temps, le<br />

2 ème Corps <strong>et</strong> le corps provisoire <strong>de</strong> Sébastiani se réuniraient à<br />

Bernburg <strong>et</strong> rejoindraient ensuite le Maréchal. Celui-ci passerait<br />

alors sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> prendrait position avec toutes<br />

ses forces, 75 000 combattants, en avant <strong>de</strong> Torgau.<br />

L’Empereur, qui n’avait pas d’équipage <strong>de</strong> pont, prévoyait<br />

le cas où les coalisés chercheraient à défendre le passage <strong>de</strong> l’Elbe<br />

à Dres<strong>de</strong> : en faisant déboucher l’armée du Maréchal Ney par<br />

Torgau, il les empêchait <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre ce proj<strong>et</strong> à exécution.<br />

Le 4 au matin, l’armée principale se mit en mouvement en<br />

trois colonnes :<br />

- Colonne du centre : le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le 11 ème<br />

Corps, sous les ordres du Prince Eugène, formaient l’avantgar<strong>de</strong><br />

: ils s’engagèrent sur la route <strong>de</strong> Borna qu’avaient prise<br />

les Prussiens <strong>et</strong> s’avancèrent jusqu’à <strong>La</strong>ussigk ; le 6 ème Corps,<br />

la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le Quartier général suivirent l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>et</strong>, à la<br />

fin <strong>de</strong> la journée, s’établirent à Flossberg <strong>et</strong> à Borna ;<br />

- Colonne <strong>de</strong> droite : le 4 ème Corps, marchant sur les traces <strong>de</strong>s<br />

Russes, se porta d’Ostran sur Frohburg, suivi par le 12 ème<br />

Corps qui, <strong>de</strong> Naumburg, alla directement sur Zeitz ;<br />

- Colonne <strong>de</strong> gauche : Le 5 ème Corps, marchant parallèlement<br />

au 11 ème <strong>et</strong> à la même hauteur, se porta <strong>de</strong> Pérès à Stockheim.<br />

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182<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

L’armée était tenue très rassemblée dans la crainte d’un r<strong>et</strong>our<br />

offensif <strong>de</strong> l’ennemi, dont les partis <strong>de</strong> cavalerie légère se<br />

montraient <strong>de</strong> tous côtés à proximité <strong>de</strong> nos colonnes.<br />

Des renseignements erronés ayant fait croire qu’un corps<br />

prussien d’un effectif élevé se rassemblait aux environs <strong>de</strong> Mülhberg<br />

(en réalité, il n’y avait dans c<strong>et</strong>te direction que le détachement<br />

<strong>de</strong> Kleist), Napoléon prescrit au 5 ème Corps <strong>de</strong> marcher le 5,<br />

sur Würzen afin d’être à même d’appuyer, en cas <strong>de</strong> besoin, le<br />

Maréchal Ney, qui, déjà, commençait à pousser sur Torgau une<br />

partie du 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division Durutte.<br />

Le 5 mai, pendant que le 5 ème Corps effectuait le mouvement<br />

indiqué ci-<strong>de</strong>ssus, le reste <strong>de</strong> l’armée continua sur Dres<strong>de</strong>.<br />

<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z, qui formait l’arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la colonne<br />

prussienne, avait pris position <strong>de</strong>rrière la Mul<strong>de</strong> à Codlitz ;<br />

l’arrière-gar<strong>de</strong> russe, que commandait Miloradowitch <strong>et</strong> qui se<br />

composait du corps <strong>de</strong> ce général <strong>et</strong> <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>,<br />

était encore en gran<strong>de</strong> partie sur la rive gauche <strong>de</strong> la rivière en<br />

avant <strong>de</strong> Rochlitz. Le Prince Eugène força le passage <strong>de</strong> la Mul<strong>de</strong><br />

à Codlitz <strong>et</strong> refoula la briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z jusqu’à Karta, menaçant<br />

ainsi <strong>de</strong> couper la r<strong>et</strong>raite à Miloradowitch. Ce <strong>de</strong>rnier, qui était en<br />

train <strong>de</strong> franchir la Mul<strong>de</strong> sans se presser, car l’avant-gar<strong>de</strong> du 4 ème<br />

Corps français n’avait pas encore dépassé Frohburg, envoya en<br />

toute hâte au soutien <strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z toutes les troupes qu’il avait<br />

sous la main ; ayant réussi non sans peine à se dégager, il prit position<br />

<strong>de</strong>rrière la Tschoppau à Waldheim. Le Prince Eugène<br />

s’arrêta à Karta, poussant ses avant-postes jusqu’à la Tschoppau ;<br />

le 6 ème Corps se plaça immédiatement <strong>de</strong>rrière lui ; la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le<br />

Quartier général s’établirent à Codlitz.<br />

Dans la colonne <strong>de</strong> droite, le 4 ème Corps, dont la lenteur<br />

avait permis à Miloradowitch <strong>de</strong> s’échapper, atteignit Rochlitz très<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 183<br />

tard dans la soirée ; le 12 ème Corps porta sa tête <strong>de</strong> Zeitz jusqu’à<br />

Altenburg.<br />

Les nouvelles recueillies dans la journée du 5 démontrèrent<br />

que toute l’armée coalisée se r<strong>et</strong>irait sur Meissen <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

qu’il n’y avait qu’un faible détachement du côté <strong>de</strong> Mühlberg.<br />

Napoléon prescrivit en conséquence au 5 ème Corps <strong>de</strong> se rabattre<br />

<strong>de</strong> Würzen sur Dres<strong>de</strong> en marchant le plus vite possible.<br />

L’Empereur au Major Général, Codlitz, le 5 mai (9 h)<br />

« Ecrivez au Général <strong>La</strong>uriston par un homme du pays, à qui<br />

vous prom<strong>et</strong>tez vingt Napoléons <strong>de</strong> récompense s’il apporte la réponse avant<br />

six heures du matin. Faites connaître au Général qu’il se porte à gran<strong>de</strong>s<br />

marches <strong>et</strong> par la gran<strong>de</strong> route sur Dres<strong>de</strong>, <strong>de</strong> manière à faire sept à huit<br />

lieues par jour ; que mon Quartier général est arrivé ici aujourd’hui ; que tous<br />

les corps sont passés par ici <strong>et</strong> qu’il ne doit rien y avoir <strong>de</strong> considérable du côté<br />

du Prince <strong>de</strong> la Moskowa ».<br />

L’Empereur au Major Général, Codlitz, 6 mai, 3 h <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />

du matin.<br />

« Ecrivez au duc <strong>de</strong> Raguse que le vice-roi a défait, hier, le corps <strong>de</strong><br />

Miloradowitch, au village <strong>de</strong> Gersdorf ; que son avant-gar<strong>de</strong> était sur les<br />

hauteurs <strong>de</strong> Karta ; qu’il est nécessaire que sa 1 ère Division commence à entrer<br />

dans la ville à quatre heures du matin <strong>et</strong> se porte, en toute diligence, sur<br />

Waldheim ; qu’une Division du Général Kleist, qui venait du côté <strong>de</strong> Wittenberg,<br />

est r<strong>et</strong>ournée sur Würzen par Leipzig où il est bon que l’on entre<br />

pour savoir ce qui est passé ; que cela ne doit pas arrêter la marche <strong>de</strong> son<br />

corps d’armée dans la direction du vice-roi.<br />

Ecrivez au vice-roi que j’ai vu avec plaisir sa relation d’hier, mais<br />

qu’il y a bien peu <strong>de</strong> prisonniers ; que, dans un pays où la cavalerie ne peut<br />

rien, on aurait dû prendre 2 à 3 000 hommes ; qu’il parte à la pointe du<br />

jour pour arriver à Mossen dans la journée ; que le duc <strong>de</strong> Raguse le soutient<br />

à trois heures <strong>de</strong> marche ; que toute la Gar<strong>de</strong> est en avant <strong>de</strong> Codlitz ; qu’il<br />

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184<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

peut donc marcher droit <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>ment ; que, comme toutes les colonnes <strong>de</strong><br />

l’ennemi convergent sur Dres<strong>de</strong>, il est important d’arriver rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>vant<br />

c<strong>et</strong>te ville, puisque tout ce qui n’aurait pas passé serait rej<strong>et</strong>é sur la Bohème ;<br />

que le Général <strong>La</strong>uriston a reçu l’ordre <strong>de</strong> se diriger à gran<strong>de</strong>s marches <strong>de</strong><br />

Würzen, par le grand chemin, sur Dres<strong>de</strong>. Donnez l’ordre au Général Bertrand,<br />

qui est à Rochlitz, <strong>de</strong> marcher sur <strong>de</strong>ux colonnes, l’une pour passer la<br />

rivière entre Waldheim <strong>et</strong> Mittweida, l’autre sur Mittweida ; faites-lui<br />

connaître que le vice-roi est à Waldheim, qu’il a défait le corps <strong>de</strong> Miloradowitch,<br />

que le vice-roi a ordre d’aller aujourd’hui à Mossen ; qu’il faut donc<br />

qu’il s’approche ; que le Général <strong>La</strong>uriston part aujourd’hui pour faire huit<br />

lieues par jour sur la gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> ; qu’il est donc nécessaire<br />

d’arriver tous à la fois sur Dres<strong>de</strong> ; qu’il envoie <strong>de</strong>ux officiers au duc <strong>de</strong> Reggio<br />

pour avoir <strong>de</strong> ses nouvelles car il est à prévoir que, s’il y a une colonne<br />

ennemie qui ne soit pas encore arrivée à Dres<strong>de</strong>, l’ennemi voudra tenir pour<br />

gagner vingt-quatre heures. »<br />

L’Empereur au Maréchal Ney, Codlitz, 6 mai, 3 h <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />

du matin.<br />

(Après diverses indications <strong>de</strong> la situation)<br />

« J’ai bien <strong>de</strong> l’impatience <strong>de</strong> vous savoir sur Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> voir débloquer<br />

Wittenberg, car les choses prennent une tournure telle qu’il serait très<br />

possible que je prisse le parti <strong>de</strong> me porter <strong>de</strong> suite sur Berlin ».<br />

Au moment où l’Empereur écrit les lignes qui précè<strong>de</strong>nt,<br />

il vient d’apprendre <strong>de</strong> source sûre que les Prussiens <strong>et</strong> les Russes<br />

se sont formés pour la r<strong>et</strong>raite en <strong>de</strong>ux colonnes distinctes. Il<br />

déduit, <strong>de</strong> ce fait <strong>et</strong> <strong>de</strong> divers bruits recueillis par ses agents secr<strong>et</strong>s,<br />

que les alliés ont l’intention <strong>de</strong> se séparer aussitôt après<br />

avoir franchi l’Elbe, les Prussiens remontant vers le Nord pour<br />

couvrir Berlin, les Russes continuant vers l’Est à travers la Silésie<br />

pour se rapprocher <strong>de</strong> leurs centres <strong>de</strong> renforts <strong>et</strong> <strong>de</strong> ravitaillements.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 185<br />

Si c<strong>et</strong>te éventualité se réalisait, ce serait pour lui un coup<br />

<strong>de</strong> fortune : laissant un corps d’observation <strong>de</strong>vant les Russes, il<br />

marcherait sur Berlin avec le gros <strong>de</strong> ses forces sans perdre un<br />

instant ; disposant alors <strong>de</strong> 170 à 180 000 hommes, il aurait bientôt<br />

fait <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à raison les 60 à 80 000 soldats que pourraient<br />

lui opposer les Prussiens. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit<br />

impatient <strong>de</strong> voir l’armée du Maréchal Ney groupée en avant <strong>de</strong><br />

Torgau, à vingt lieues <strong>de</strong> Berlin seulement, car sa présence sur ce<br />

point inspirera aux Prussiens <strong>de</strong>s craintes pour leur capitale <strong>et</strong><br />

achèvera peut-être <strong>de</strong> les déci<strong>de</strong>r à se séparer <strong>de</strong>s Russes.<br />

Les 6, 7 <strong>et</strong> 8 mai, l’armée principale poursuivit son mouvement<br />

sur Dres<strong>de</strong>.<br />

Le Prince Eugène <strong>et</strong> Macdonald s’efforcèrent en vain<br />

d’obliger Miloradowitch à hâter sa r<strong>et</strong>raite. Le Général russe,<br />

grâce à sa nombreuse cavalerie, qui le renseignait très exactement,<br />

opérait en toute sécurité ; il s’arrêtait <strong>de</strong>rrière chaque coupure <strong>de</strong><br />

terrain, obligeant les Français à manœuvrer pour débor<strong>de</strong>r sa position,<br />

qu’il abandonnait pour en prendre une autre à quelques<br />

distances en arrière, dès que ses flancs étaient menacés <strong>de</strong> trop<br />

près. Pour déjouer ce système, il aurait fallu que la colonne <strong>de</strong><br />

droite, dont l’effectif dépassait 50 000 hommes <strong>et</strong> qui n’avait <strong>de</strong>vant<br />

elle que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie, avançât rapi<strong>de</strong>ment afin <strong>de</strong><br />

dépasser la colonne du centre <strong>et</strong> d’être à même <strong>de</strong> couper<br />

l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie si elle s’arrêtait. Malheureusement, le 4 ème<br />

Corps, qui tenait la tête <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> gauche, marcha si rapi<strong>de</strong>ment<br />

qu’il ne parvint même pas à se tenir à la hauteur <strong>de</strong> la<br />

colonne du centre.<br />

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186<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le tableau ci-<strong>de</strong>ssous indique le détail <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>de</strong>s corps français, du 6 au 8 inclus.<br />

Armée française principale<br />

Colonne du centre<br />

6 mai 7 mai 8 mai<br />

Avantgar<strong>de</strong><br />

1er Corps <strong>de</strong> Cavie<br />

11ème Corps<br />

} Lembach } Dres<strong>de</strong><br />

Ersdorf<br />

En arrière <strong>de</strong><br />

Mossen<br />

6ème Corps Rosswein Deutsch- En arrière <strong>de</strong><br />

Bohren Dres<strong>de</strong><br />

Quartier général <strong>de</strong><br />

l’Empereur <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />

Colonne <strong>de</strong> droite<br />

Waldheim Mossen Dres<strong>de</strong><br />

4ème Corps Mittweida <strong>et</strong> Courarsdorf à Pottzehapel à<br />

en arrière Freyberg Elsaarandt<br />

12ème Corps Senig <strong>et</strong> en Hartmansdorf O<strong>de</strong>rsau <strong>et</strong> en<br />

Colonne <strong>de</strong> gauche<br />

arrière à Senig arrière<br />

5ème Corps Dahlen Lommatzch Meissen<br />

Situation <strong>de</strong> l’ennemi<br />

Arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Milorado-<br />

witch<br />

Gros <strong>de</strong> l’armée russe<br />

Gros <strong>de</strong> l’armée prussienne<br />

Détachement <strong>de</strong> Kleist<br />

Mossen<br />

Wilsdurf<br />

Wilsdurf passe l’Elbe à<br />

Dres<strong>de</strong><br />

Meissen<br />

en arrière <strong>de</strong><br />

Mühlberg<br />

l’Elbe<br />

passent l’Elbe :<br />

les Russes à<br />

Dres<strong>de</strong>,<br />

les Prussiens à<br />

Meissen<br />

De Gross-Görschen à Dres<strong>de</strong>, par la route qu’a suivi le<br />

11 ème Corps, il y a environ 120 km. L’armée française mit six jours<br />

pour franchir c<strong>et</strong>te distance.<br />

Dès son arrivée à Dres<strong>de</strong>, l’Empereur exécuta la reconnaissance<br />

<strong>de</strong> l’Elbe. Les coalisés, en se r<strong>et</strong>irant, avaient incendié<br />

leurs ponts <strong>de</strong> bateaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> détruit l’arche en bois<br />

qu’ils avaient édifiée pour rétablir le passage sur le pont <strong>de</strong> pierre.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 187<br />

Comme cela arrive fréquemment en pareil cas, les<br />

mesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction avaient été prises avec négligence ; les<br />

Français arrivèrent à temps pour sauver un grand nombre <strong>de</strong> bateaux<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux.<br />

Les Russes occupant Menstadt, il n’était pas possible <strong>de</strong><br />

réparer le pont <strong>de</strong> pierre ; l’Empereur prescrit <strong>de</strong> rétablir le pont<br />

<strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Briesnitz. Il y avait sur ce point un emplacement<br />

favorable pour un passage <strong>de</strong> la rive gauche à la rive droite : le<br />

fleuve y faisait un cou<strong>de</strong> très prononcé dont la convexité était<br />

tournée du côté <strong>de</strong> la rive gauche ; les hauteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te rive dominaient<br />

celles <strong>de</strong> la rive droite.<br />

L’opération fut commencée le 9, dès 7 h du matin. On<br />

établit <strong>de</strong>s batteries à droite <strong>et</strong> à gauche <strong>de</strong> Briesnitz pour balayer<br />

sous les feux croisés la plaine comprise dans le rentrant du fleuve.<br />

Deux bataillons passèrent sur quelques ra<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> prirent position<br />

dans <strong>de</strong>s tranchées en avant <strong>de</strong> l’emplacement du pont pour protéger<br />

les travailleurs.<br />

L’ennemi tenta <strong>de</strong> s’opposer à l’opération : il mit soixante<br />

pièces en batteries ; l’Empereur en fit avancer quatre-vingts :<br />

l’avantage nous resta. Au même moment, les Russes, qui occupaient<br />

Menstadt, dirigeaient contre Dres<strong>de</strong> un feu violent<br />

d’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> mousqu<strong>et</strong>erie. Vingt pièces <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, que l’on<br />

mit en batterie sur la terrasse <strong>de</strong> Bühl, obligèrent les Russes à<br />

s’éloigner <strong>de</strong>s bords du fleuve <strong>et</strong> permirent <strong>de</strong> faire passer sur <strong>de</strong>s<br />

barques 300 voltigeurs qui se logèrent dans un grand bâtiment<br />

situé au débouché du pont <strong>de</strong> pierre sur la rive droite. <strong>La</strong> réparation<br />

<strong>de</strong> ce pont fut immédiatement entreprise.<br />

Pendant ce temps, l’armée avait serré sur Dres<strong>de</strong>. Des ordres<br />

furent donnés pour que les 11 ème , 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps passassent<br />

l’Elbe, le len<strong>de</strong>main matin, sur le pont <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Bries-<br />

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188<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

nitz ; mais, dans la nuit (9 au 10), une crue fit lâcher les ancres <strong>de</strong><br />

ce pont ; il fallut le réparer, ce qui occupa toute la journée du 10.<br />

Dans l’après-midi, la Division Charpentier du 11 ème Corps<br />

passa sur la brèche du pont <strong>de</strong> pierre au moyen <strong>de</strong> longues échelles<br />

à incendie <strong>et</strong> occupa Menstadt.<br />

Avant d’aller plus loin, il faut revenir en arrière pour examiner<br />

les opérations exécutées par les troupes du Maréchal Ney.<br />

Le 4 mai, le Maréchal avait réuni le 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division<br />

Durutte à Leipzig.<br />

Bülow, qui avait évacué Halle, le 3 au soir, s’était replié sur<br />

son pont <strong>de</strong> Rosslau ; ses partisans parcouraient tout le pays entre<br />

la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong> la Saale. Sans s’inquiéter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cavalerie, qui allait<br />

être contrainte <strong>de</strong> repasser l’Elbe dès que le Maréchal Victor déboucherait<br />

<strong>de</strong> Bernburg, Ney commença le 5 mai son mouvement<br />

pour s’approcher <strong>de</strong> Torgau par Enlenburg, pendant que <strong>de</strong>ux<br />

Divisions du 3 ème Corps <strong>de</strong>scendaient la Mul<strong>de</strong> pour communiquer<br />

avec Wittenberg.<br />

Le 7, le Général Reynier arriva <strong>de</strong>vant Torgau avec la Division<br />

Durutte ; le Général Thielman, s’abritant <strong>de</strong>rrière les ordres<br />

formels du roi <strong>de</strong> Saxe, refusa d’ouvrir les portes <strong>de</strong> la place aux<br />

Français. L’Empereur, le 8, quand il apprit le refus <strong>de</strong> Thielman,<br />

fit envoyer sur-le-champ, au roi <strong>de</strong> Saxe, à Prague, une note<br />

comminatoire dans laquelle il le sommait :<br />

- <strong>de</strong> rentrer immédiatement à Dres<strong>de</strong>, avec sa cavalerie ;<br />

- d’ordonner à Thielman <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre entièrement à la disposition<br />

du Maréchal Ney ;<br />

- <strong>de</strong> déclarer par écrit, d’une façon explicite, qu’il était prêt à<br />

remplir tous les engagements auxquels il était tenu en qualité<br />

<strong>de</strong> membre <strong>de</strong> la Confédération du Rhin.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 189<br />

Le roi était avisé que, s’il ne donnait pas satisfaction sur<br />

ces trois points dans un délai <strong>de</strong> six heures, il serait déclaré félon<br />

<strong>et</strong> aurait cessé <strong>de</strong> régner.<br />

Ce contr<strong>et</strong>emps se compliquait d’un autre d’un genre différent<br />

: le corps provisoire <strong>de</strong> Sébastiani ne pouvait atteindre<br />

Bernburg que le 12 mai, c’est-à-dire sept à huit jours plus tard que<br />

ne l’avait prévu Napoléon.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier, qui tenait essentiellement (nous savons pourquoi)<br />

à faire déboucher le plus tôt possible un gros corps <strong>de</strong><br />

troupes sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe, prescrivit :<br />

- Au Maréchal Ney <strong>de</strong> faire serrer le 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division<br />

Durutte au nord <strong>de</strong> Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> rassembler tous les matériaux<br />

nécessaires pour j<strong>et</strong>er un pont à Belgern, à une <strong>de</strong>mimarche<br />

en amont <strong>de</strong> la place ;<br />

- Au Général <strong>La</strong>uriston, <strong>de</strong> laisser un détachement à Meissen<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> se porter avec son corps d’armée (5 ème ) entre ce point <strong>et</strong><br />

Torgau, afin d’être à portée <strong>de</strong> se joindre au Maréchal Ney si<br />

les circonstances l’exigeaient.<br />

Ces ordres furent promptement exécutés <strong>et</strong> dès le 11 mai,<br />

le Maréchal Ney aurait pu franchir l’Elbe à Belgern, avec 60 000<br />

hommes.<br />

Mais les événements prirent une tournure plus favorable<br />

qui rendit ce mouvement inutile. Les coalisés ne défendirent pas<br />

sérieusement le passage <strong>de</strong> l’Elbe si bien que, le 11mai au matin,<br />

l’armée principale pût sans peine prendre pied sur la rive droite.<br />

En outre, le roi <strong>de</strong> Saxe ayant fait soumission complète, le 11, les<br />

portes <strong>de</strong> Torgau s’ouvrirent <strong>de</strong>vant le Maréchal Ney qui passa<br />

aussitôt le fleuve avec les 3 ème , 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps ; ce <strong>de</strong>rnier,<br />

composé <strong>de</strong> la Division Durutte <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division saxonne du<br />

Général Sahr (9 000 fantassins, 250 cavaliers, 3 batteries).<br />

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V<br />

Offensive <strong>de</strong> l’armée française<br />

<strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r<br />

Mouvement <strong>de</strong>s coalisés après leur r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>rrière l’Elbe :<br />

Ils se concentrent à Bautzen<br />

Quand les alliés eurent repassé l’Elbe, ils ne purent<br />

s’entendre sur la direction à donner aux opérations. Tandis que<br />

les Prussiens voulaient remonter vers le Nord pour couvrir Berlin,<br />

les Russes exigeaient qu’on se repliât sur Breslau afin <strong>de</strong> rester<br />

lié avec l’Autriche, dont l’adhésion à la coalition semblait <strong>de</strong>voir<br />

se produire d’un jour à l’autre. L’entente n’ayant pu s’établir, les<br />

coalisés résolurent <strong>de</strong> se séparer.<br />

Le 9 mai, le gros <strong>de</strong> l’armée russe se replia sur Rä<strong>de</strong>berg,<br />

couvert par le corps <strong>de</strong> Miloradowitch qui resta à Menstadt ;<br />

l’armée prussienne se porta <strong>de</strong> Meissen sur Grossenhayn.<br />

Mais le roi Frédéric-Guillaume comprit que c<strong>et</strong>te séparation<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux armées était une lour<strong>de</strong> faute. En conséquence, le<br />

10 mai, se résignant à abandonner la défense <strong>de</strong> sa capitale au<br />

corps <strong>de</strong> Bülow, il décida que Blücher <strong>et</strong> York rejoindraient<br />

l’armée russe.<br />

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192<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Dans les journées <strong>de</strong>s 10, 11 <strong>et</strong> 12 mai, les Prussiens <strong>et</strong> les<br />

Russes firent leur r<strong>et</strong>raite concentriquement sur Bautzen, sous la<br />

protection <strong>de</strong> Miloradowitch qui rétrogradait lentement <strong>de</strong>vant les<br />

Français.<br />

Les souverains alliés étaient tombés d’accord sur la nécessité<br />

<strong>de</strong> ne pas rentrer en Silésie avant d’avoir livré une nouvelle<br />

bataille. Ils résolurent <strong>de</strong> prendre position sur les hauteurs en<br />

arrière <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’y fortifier pour attendre, <strong>de</strong> pied ferme,<br />

l’attaque <strong>de</strong>s Français.<br />

Miloradowitch, après avoir disputé pied à pied tout le terrain<br />

entre l’Elbe <strong>et</strong> la Sprée, se replia <strong>de</strong>rrière c<strong>et</strong>te rivière le 14<br />

mai au soir ; il prit alors position sur la rive droite, occupant<br />

Bautzen qui avait été mise en état <strong>de</strong> défense, couvert par <strong>de</strong>s<br />

avant-postes établis sur la rive gauche <strong>et</strong> sur ses flancs, par <strong>de</strong>s<br />

détachements <strong>de</strong> cavalerie légère placés à Wittschenau (Détachement<br />

<strong>La</strong>ndskoï) <strong>et</strong> à Boblitz (Détachement Emmanuel) <strong>et</strong> qui, <strong>de</strong><br />

là, poussaient <strong>de</strong>s partis jusqu’à l’Elbe, au milieu même <strong>de</strong>s colonnes<br />

françaises.<br />

Le 16 mai, Barclay <strong>de</strong> Tolly, qui venait <strong>de</strong> Thorn, rejoignit<br />

l’armée alliée avec 13 500 hommes.<br />

Dispositions préparatoires <strong>de</strong> Napoléon pour les opérations<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe<br />

Le Quartier général <strong>de</strong> Napoléon fut maintenu à Dres<strong>de</strong>,<br />

du 8 mai au 17. Il y eut alors, pour l’armée française, une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> calme relatif, qui fut mise à profit pour faire rejoindre les unités<br />

qui s’étaient formées <strong>de</strong>puis le commencement <strong>de</strong>s opérations<br />

(une Division <strong>de</strong> Jeune Gar<strong>de</strong>, quatre bataillons <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> Compagnie, <strong>et</strong>c), pour mobiliser les<br />

troupes saxonnes, (une Division d’infanterie <strong>de</strong>stinée au 7 ème<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 193<br />

Corps <strong>et</strong> une Division <strong>de</strong> Compagnie, dont les quatre régiments<br />

furent versés au 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie) <strong>et</strong> enfin, pour attirer sur<br />

Wittenberg <strong>et</strong> Torgau, le 2 ème Corps, la Division Puthod <strong>et</strong> le 2 ème<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie qui, jusqu’alors, étaient restés immobiles près<br />

<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />

Les données chiffrées ci-<strong>de</strong>ssous donnent la composition<br />

détaillée <strong>de</strong> l’armée à la date du 15 mai.<br />

Bons Eons Bies Eff 1<br />

Armée du Maréchal Ney (84 000 hommes 2 )<br />

3ème Corps Maréchal Ney<br />

Quatre Divisions françaises<br />

Gaux Souham, Delmas, Albert <strong>et</strong><br />

Ricard 66 8<br />

1 Division badoisse-hessoise<br />

3<br />

30 000<br />

12<br />

Général Marchand<br />

5 ème Corps Général <strong>La</strong>uriston<br />

Les trois Divisions françaises<br />

Maisons, <strong>La</strong>grange <strong>et</strong> Rochambeau<br />

Division Puthod<br />

7ème Corps Général Reynier<br />

Division française Général Durutte<br />

Division saxonne Sahr<br />

2ème Corps Maréchal Victor<br />

1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions françaises<br />

30<br />

14<br />

16 4<br />

22<br />

1(?)<br />

10<br />

2<br />

2<br />

2<br />

19 000<br />

8 000<br />

9 500<br />

13 000<br />

Don <strong>de</strong> cavalerie légère Gal Chatel,<br />

détachére du 1er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

pour marcher avec le 5ème Corps<br />

8 à 9<br />

1 800<br />

2ème Corps <strong>de</strong> cavie Gal Sébastiani 15 à 20 3 000<br />

1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />

2 Effectif réel <strong>de</strong> combattants est compris entre 80 <strong>et</strong> 85 000 h.<br />

3 3 à 4 escadrons du 10 e hussard français <strong>et</strong> 4 e escadron badois.<br />

4 Saxons<br />

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194<br />

Armée principale (119 000 hommes 2 )<br />

4 ème Corps<br />

1 Division française Général Morand<br />

1 Division italienne Général Peyri<br />

1 Don wu<strong>et</strong>embergeoise<br />

6 ème Corps<br />

3 Divisions françaises<br />

Gal Franquemont<br />

Gaux Bonn<strong>et</strong>, Compans, Frie<strong>de</strong>richs<br />

11 ème Corps<br />

3 Divisions françaises <strong>et</strong> italiennes<br />

Gaux Gérard Fressin<strong>et</strong>, Charpentier<br />

12 ème Corps<br />

2 Divisions françaises<br />

Généraux <strong>La</strong>urencez <strong>et</strong> Pacthod<br />

1 Don bavaroise Gal Raglowitch<br />

Gar<strong>de</strong> Infanterie<br />

Division Vieille Gar<strong>de</strong><br />

2 Divisions Jeune Gar<strong>de</strong><br />

Gaux Dumonstier <strong>et</strong> Barrois<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Bons Eons Bies Eff 1<br />

34<br />

39<br />

31<br />

33<br />

6 à 7<br />

25 à 30<br />

4 3<br />

4 4<br />

2 5<br />

7<br />

10<br />

8<br />

7<br />

14<br />

25 000<br />

22 000<br />

17 000<br />

24 000<br />

4 000<br />

15 000<br />

Gar<strong>de</strong>-Cavalerie 20 (?) 3 4 000<br />

1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />

2 115 à 120 combattants présents sous les armes.<br />

3 Briga<strong>de</strong> Wurtembergoise.<br />

4 Briga<strong>de</strong> westphalienne commandée par le Général Bammiot<br />

5 Du 4 ème régiment <strong>de</strong> chasseurs italiens <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chasseurs <strong>de</strong><br />

Würzburg.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 195<br />

1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie du<br />

Général <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />

Division Bruyère<br />

Division Chastel<br />

p. m., dét. au 5 ème Corps<br />

Don <strong>de</strong> grosse cavalerie<br />

Bour<strong>de</strong>souble<br />

Division <strong>de</strong> Cavalerie<br />

Boumerc<br />

8 rgts français 1 200<br />

1 rgt <strong>de</strong> chass. it. 2 400<br />

2 régiments saxons<br />

1800 Français<br />

6 rgts français 1 200<br />

2 Dons saxons 1 200<br />

6 rgts fr. 1 200<br />

1 don nap. 1 000<br />

Bons Eons Bies Eff 1<br />

8 000<br />

45 à<br />

50<br />

(?)<br />

Total général 203 000 hommes<br />

4<br />

(dont 1<br />

briga<strong>de</strong><br />

italienne<br />

<strong>et</strong> 1 Don<br />

saxonne)<br />

Défalcation faite <strong>de</strong>s pertes subies par le feu <strong>et</strong> par la maladie,<br />

30 000 hommes environ, l’effectif <strong>de</strong>s troupes appelées à<br />

prendre part aux opérations sous les ordres <strong>de</strong> Napoléon s’élevait<br />

à 205 000 hommes ; l’armée coalisée, qui s’était renforcée <strong>de</strong>s<br />

corps <strong>de</strong> Barclay <strong>et</strong> <strong>de</strong> quelques troupes <strong>de</strong> réserve russes <strong>et</strong> prussiennes,<br />

ne comptait pas plus <strong>de</strong> 110 000 hommes (le corps <strong>de</strong><br />

Bülow compris) : la supériorité numérique <strong>de</strong>s Français s’était<br />

donc accentuée <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui n’existait plus que <strong>de</strong> nom, fut dissoute<br />

; le Prince Eugène partit pour l’Italie, où il <strong>de</strong>vait former un<br />

nouveau corps d’observation <strong>de</strong>stiné à contenir l’Autriche si elle<br />

se déclarait contre nous.<br />

L’organisation <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, qui allait servir <strong>de</strong> base<br />

d’opérations à l’armée française, fut l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’Empereur.<br />

Le comman<strong>de</strong>ment militaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout le<br />

territoire <strong>de</strong> la Saxe fut confié au Général <strong>de</strong> Division Durosuel.<br />

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196<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

L’enceinte <strong>de</strong> Menstadt fut remise en état <strong>et</strong> palissadée.<br />

Un pont <strong>de</strong> bateaux fut construit à côté du pont <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux<br />

<strong>de</strong> Briesnitz, <strong>de</strong> telle sorte qu’on disposât <strong>de</strong> trois points <strong>de</strong><br />

passage sur l’Elbe. Les chemins conduisant aux ponts <strong>de</strong> Briesnitz<br />

furent soigneusement aménagés.<br />

Des hôpitaux, <strong>de</strong>s magasins, <strong>de</strong>s manutentions furent organisés.<br />

Des dépôts généraux, à raison <strong>de</strong> un par corps d’armée,<br />

furent établis à Dres<strong>de</strong>, pour les 4 ème , 7 ème , 11 ème , 12 ème Corps <strong>de</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> à Torgau pour les 2 ème , 3 ème , <strong>et</strong> 5 ème Corps. Il fut crée, en<br />

outre, <strong>de</strong>ux dépôts généraux <strong>de</strong> cavalerie, un à Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’autre à<br />

Leipzig 1 .<br />

Les troupes indiquées ci-après furent affectées à la garnison<br />

<strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> :<br />

- 4 bataillons westphaliens (Division Hammerstein) ;<br />

- Un régiment <strong>de</strong> flanqueurs <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>, qui avait besoin<br />

<strong>de</strong> quelque temps pour s’organiser <strong>et</strong> compléter<br />

l’organisation <strong>de</strong> ses hommes (1 800) ;<br />

- les dépôts emmenés ci-<strong>de</strong>ssus (2 000 fantassins <strong>et</strong> 600 cavaliers)<br />

;<br />

- 5 à 600 hommes <strong>de</strong> troupes saxonnes ;<br />

Au total, 6 000 à 6 500 hommes <strong>et</strong> 12 canons.<br />

Par décision du 11 mai, les routes <strong>de</strong> l’armée furent organisées<br />

comme il suit :<br />

- Route principale <strong>de</strong> Mayence à Dres<strong>de</strong> par Francfort, Ful<strong>de</strong>,<br />

Erfurt, Weymar ; à partir <strong>de</strong> Weymar, <strong>de</strong>ux embranchements,<br />

l’un par Iéna <strong>et</strong> Altenburg, l’autre par Naumburg <strong>et</strong> Leipzig.<br />

1 Antérieurement, on en avait créé un à Iéna.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 197<br />

- Un embranchement <strong>de</strong> Leipzig à Wittenberg ;<br />

- Un autre d’Augsburg à Altenburg à Nüremberg, Bamberg,<br />

Schleiz <strong>et</strong> Géra.<br />

- <strong>La</strong> route d’Augsburg par Würzburg était supprimée.<br />

Les étapes étaient d’environ six lieues, avec un jour <strong>de</strong> repos<br />

pour six à sept jours <strong>de</strong> marche.<br />

Il n’était pas très pru<strong>de</strong>nt (la suite ne le prouvera que trop)<br />

<strong>de</strong> ne pas continuer à faire passer par Würzburg les détachements<br />

venant d’Augsburg <strong>et</strong> d’organiser, entre Erfurt <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong>, pour<br />

gagner trois marches, la ligne d’étapes d’Altenburg au lieu <strong>de</strong> se<br />

contenter <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Leipzig. On supposait évi<strong>de</strong>mment que tout<br />

le pays à l’Ouest <strong>de</strong> l’Elbe était à l’abri <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong><br />

l’ennemi. Il avait d’ailleurs été prescrit, <strong>de</strong> la façon la plus formelle,<br />

<strong>de</strong> ne m<strong>et</strong>tre en route que dés détachements comprenant<br />

au moins 500 combattants ; ces détachements <strong>de</strong>vaient se gar<strong>de</strong>r<br />

militairement <strong>de</strong> manière à n’avoir rien à craindre <strong>de</strong>s partisans<br />

ennemis si, par hasard, quelques-uns se glissaient sur les <strong>de</strong>rrières<br />

<strong>de</strong> l’armée, comme cela était déjà arrivé plusieurs fois.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, il n’y avait qu’une seule route <strong>de</strong><br />

l’armée, celle partant <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Quand nos troupes s’avancèrent<br />

jusqu’à Bautzen, un gîte secondaire d’étapes fut organisé à<br />

Schmiedfeld.<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée française du 10 au 18 mai<br />

Au moment où commence la <strong>de</strong>uxième série <strong>de</strong>s opérations,<br />

les forces françaises sont divisées en trois groupes :<br />

- l’armée principale, sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Napoléon ;<br />

4 ème , 6 ème , 11 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> ca-<br />

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198<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

valerie ; 120 000 hommes après l’arrivée <strong>de</strong>s renforts dont<br />

nous avons parlé ;<br />

- l’armée du Maréchal Ney, 2 ème , 3 ème , 5 ème , 7 ème Corps <strong>et</strong> 2 ème<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie (25 000 hommes) ;<br />

les troupes mises à la disposition du Maréchal Davout<br />

pour opérer sur l’Elbe inférieur <strong>et</strong> qui forment un Corps provisoire<br />

à trois Divisions, sous les ordres du Général Vandamme<br />

(30 000 hommes) ; nous ne nous occuperons pas <strong>de</strong> ce groupe<br />

qui a un théâtre d’action distinct.<br />

L’armée principale est tout entière réunie à Dres<strong>de</strong>, le 11<br />

mai. Du 11 au 16, elle va s’étendre sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe,<br />

vers Koenigsbrüch <strong>et</strong> Bautzen, pour prendre possession <strong>de</strong>s débouchés<br />

<strong>et</strong> se procurer <strong>de</strong>s renseignements sur l’ennemi.<br />

Dans l’armée du Maréchal Ney, le 11 mai, les 3 ème , 5 ème<br />

(moins la Division Puthod) <strong>et</strong> le 7 ème Corps, sont en avant <strong>de</strong><br />

Torgau ; à c<strong>et</strong>te même date, le Maréchal Victor rassemble à Bernburg<br />

la Division Puthod, le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

; le 13, il partira <strong>de</strong> Bernburg pour rejoindre le Maréchal Ney,<br />

en passant par Wittenberg. Le 16 mai, quand les ordres donnés<br />

par Napoléon auront été exécutés en entier, les divers corps occuperont<br />

les emplacements suivants en avant <strong>de</strong> Torgau, entre<br />

l’Elbe <strong>et</strong> la Sprée :<br />

- Quartier général <strong>et</strong> le 3 ème Corps à Luckar, avec une avantgar<strong>de</strong><br />

à Lüblen ;<br />

- 5 ème Corps à Dabrilugk ;<br />

- 7 ème Corps à Dahure ;<br />

- le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie vers Schönwald.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 199<br />

L’armée du Maréchal Ney se trouvera alors à 23 lieues <strong>de</strong><br />

l’armée principale <strong>et</strong> à 21 <strong>de</strong> Berlin à peu près, disposée en carré,<br />

prête à marcher dans n’importe quelle direction.<br />

Ce fractionnement <strong>de</strong>s forces disponibles sur le principal<br />

théâtre d’opération à <strong>de</strong>ux armées placées à trois marches l’une <strong>de</strong><br />

l’autre est un dispositif préparatoire <strong>de</strong>stiné à faciliter les manœuvres<br />

que nécessitent les circonstances ultérieures.<br />

L’Empereur n’a pas encore arrêté son plan d’opérations ;<br />

il attend pour cela que les premiers mouvements <strong>de</strong>s coalisés lui<br />

aient révélé ce que ces <strong>de</strong>rniers comptent faire.<br />

Le Major Général écrit au Maréchal Ney le 13 :<br />

« L’Empereur, d’ici le 15, prendra sa détermination, selon ce<br />

qu’aura fait l’ennemi, pour faire occuper Berlin ou pour ordonner tous autre<br />

mouvement ».<br />

Le même jour, l’Empereur lui-même au Maréchal Ney, <strong>de</strong><br />

Dres<strong>de</strong> : « Je ne vois pas bien ce qu’ont fait les Prussiens ; il est certain que<br />

les Russes se r<strong>et</strong>irent sur Breslau ; mais les Prussiens se r<strong>et</strong>irent-ils sur c<strong>et</strong>te<br />

ville, comme on le prétend, ou se sont-ils j<strong>et</strong>és sur Berlin, comme<br />

cela paraît naturel, pour défendre leur capitale ? C’est ce que les<br />

renseignements que j’attends c<strong>et</strong>te nuit m’apprendront parfaitement. Vous<br />

sentez qu’avec <strong>de</strong>s forces aussi considérables que celles que vous avez 1 , ce n’est<br />

pas le cas <strong>de</strong> rester au repos. Dégager Glogau, occuper Berlin, pour<br />

m<strong>et</strong>tre le prince d’Eckmühl à même <strong>de</strong> réoccuper Hamburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’avancer,<br />

avec ses cinq Divisions 2 , en Poméranie <strong>et</strong> m’emparer <strong>de</strong> Breslau : voilà les<br />

trois buts importants que je me propose <strong>et</strong> que je voudrais remplir dans le<br />

1 Napoléon évaluait à 100 000 l’effectif <strong>de</strong>s Corps du Maréchal<br />

Ney ; l’effectif ne dépassait pas 85 000 hommes.<br />

2 Nous avons dit plus haut que, pour le moment, Davout ne<br />

possédait que trois Divisions.<br />

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200<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

mois. Par la position que je vous fait prendre, nous nous trouverons<br />

toujours réunis, pouvant nous porter sur la droite ou<br />

sur la gauche <strong>et</strong> avec le plus <strong>de</strong> masses possibles, selon les<br />

renseignements ».<br />

Deux passages <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre qui précè<strong>de</strong> exigent quelques<br />

explications.<br />

L’Empereur avait espéré que la présence <strong>de</strong>s 85 000 hommes<br />

<strong>de</strong> Ney, à trois marches <strong>de</strong> Berlin, inspirerait aux Prussiens<br />

<strong>de</strong>s craintes pour leur capitale <strong>et</strong> les déterminerait à se séparer <strong>de</strong>s<br />

Russes pour se porter à son secours : nous avons déjà dit que<br />

c’eût été <strong>de</strong> leur part une faute insigne. Quand l’Empereur écrit<br />

« qu’il paraît naturel que les Prussiens se j<strong>et</strong>tent du côté <strong>de</strong> Berlin<br />

», cela signifie non pas qu’il juge ce mouvement rationnel, mais<br />

bien qu’il est probable que les Prussiens ne sauront pas résister à<br />

la tentation <strong>de</strong> se placer, avec le gros <strong>de</strong> leurs forces, <strong>de</strong> manière à<br />

couvrir directement leur capitale. En restant réunis, les coalisés<br />

couvrent Berlin indirectement <strong>de</strong> la façon la plus efficace ; en<br />

eff<strong>et</strong>, leur armée <strong>de</strong> Silésie, qui compte plus <strong>de</strong> 100 000 hommes,<br />

continue à être l’objectif principal <strong>de</strong> Napoléon, qui doit agir<br />

contre elle avec la presque totalité <strong>de</strong> ses forces, attendu que<br />

l’expérience <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> a démontré que, pour obtenir c<strong>et</strong>te victoire<br />

décisive, dont il a tant besoin, il faut disposer <strong>de</strong> forces<br />

presque doubles <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> ses adversaires.<br />

« Par la position que je vous fais prendre, nous serons toujours réunis<br />

... ». Les <strong>de</strong>ux armées françaises ne sont pas réunies, mais elle<br />

le seront quand Napoléon le voudra. Pour s’en convaincre, il suffit<br />

<strong>de</strong> considérer que, d’une part, l’armée principale a un effectif<br />

sensiblement supérieur à celui <strong>de</strong> l’armée coalisée <strong>et</strong> l’armée <strong>de</strong><br />

Ney, un effectif à peu près égal <strong>et</strong> que d’autre part, la région<br />

comprise entre la Sprée <strong>et</strong> l’Elbe supérieur est partout facilement<br />

praticable pour <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> troupes. Ceci étant, il n’y a<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 201<br />

que <strong>de</strong>s avantages à laisser entre les <strong>de</strong>ux armées, un certain intervalle<br />

grâce auquel l’ensemble jouit <strong>de</strong> facilités <strong>de</strong> manœuvres plus<br />

gran<strong>de</strong>s.<br />

Pendant que les corps du Maréchal Ney prennent position<br />

en avant <strong>de</strong> Torgau dans les conditions que nous venons<br />

d’indiquer, nous j<strong>et</strong>terons un coup d’œil rapi<strong>de</strong> sur les opérations<br />

<strong>de</strong> l’armée principale, du 11 au 15 mai.<br />

Nous avons vu que le 11, les 4 ème , 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps<br />

étaient passés sur la rive droite pour dégager les abords <strong>de</strong> Menstadt<br />

<strong>et</strong> se procurer <strong>de</strong>s renseignements précis sur l’ennemi ; la<br />

Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 12 ème Corps restèrent à Dres<strong>de</strong>.<br />

Le Maréchal Macdonald, avec le 11 ème Corps <strong>et</strong> une Division<br />

<strong>de</strong> cavalerie légère, refoula <strong>de</strong>vant lui le Corps <strong>de</strong> Moloradowitch<br />

qui lui disputait le terrain pied à pied ; il s’avança le 11 jusqu’à<br />

Weissuf <strong>et</strong> le 12, jusqu’à Norschofwer<strong>de</strong>r, où il resta le 13 <strong>et</strong><br />

le 14, ayant ses avant-postes au contact <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’arrière-gar<strong>de</strong><br />

russe dont le gros se tenait à Gödau.<br />

Le 4 ème Corps marcha par Attendorf sur Koenigsbrück <strong>et</strong><br />

Kameuz : il ne concentra que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie légère. Le 13,<br />

il occupa Koenigsbrück, poussant son avant-gar<strong>de</strong> jusqu’à Kameuz.<br />

Le 6 ème Corps prit tout d’abord position en 2 ème ligne à<br />

Reichenberg, pendant que le Général Beaumont, avec son avantgar<strong>de</strong><br />

(une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie westphalienne, 3 bataillons<br />

d’infanterie <strong>et</strong> une <strong>de</strong>mi-batterie) se portait à Moritzburg pour<br />

surveiller la direction <strong>de</strong> Grossenhayn. Le 13, le gros du corps<br />

d’armée alla s’établir à Ra<strong>de</strong>burg ; le Général Beaumont avec son<br />

détachement resta à Moritzburg pour continuer à éclairer vers<br />

Grossenhayn où se montraient <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> plus en<br />

plus nombreux.<br />

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202<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Nos corps d’armée, du 11 au 13, ayant recoupé toutes les<br />

routes suivies par les colonnes russes <strong>et</strong> prussiennes dans leur<br />

mouvement sur Bautzen, l’Empereur, en rapprochant leurs rapports,<br />

put se convaincre que toutes les forces <strong>de</strong>s coalisés s’étaient<br />

r<strong>et</strong>irées <strong>de</strong>rrière la Sprée.<br />

Maintenant, l’ennemi recevrait-il la bataille à Bautzen ou<br />

continuerait-il sa r<strong>et</strong>raite à l’approche <strong>de</strong> l’armée française ? Les<br />

grands travaux <strong>de</strong> fortification entrepris à Bautzen semblaient<br />

indiquer son intention d’accepter la bataille sur ce point ; pourtant,<br />

<strong>de</strong>s renseignements qui paraissaient fondés donnaient à supposer<br />

que le gros <strong>de</strong> son armée était déjà en r<strong>et</strong>raite sur Görlitz.<br />

Pour être fixé à ce suj<strong>et</strong>, il était nécessaire <strong>de</strong> s’avancer sur Bautzen<br />

; la pru<strong>de</strong>nce exigeait qu’au préalable, on fit serrer les 4 ème ,<br />

6 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps sur le 11 ème .<br />

Le 14, en conformité <strong>de</strong>s ordres donnés le même jour à 4<br />

h du matin :<br />

- le 11 ème Corps resta en position à Bischoffswerda ;<br />

- le 4 ème se porta à Kameuz, faisant avancer son avant-gar<strong>de</strong><br />

jusqu’à Closter-Marienstern, sur le chemin <strong>de</strong> Kameuz à<br />

Bautzen ;<br />

- le 6 ème Corps serra sur Frankenthal, à une lieue <strong>de</strong> Bischoffswerda,<br />

le Général Beaumont restant toujours à Moritzburg ;<br />

- le 12 ème Corps, s’avançant par Weissig, poussa sa Division <strong>de</strong><br />

tête jusqu’à Fischbach ;<br />

- la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie restèrent à Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> aux<br />

environs.<br />

Le 15, <strong>de</strong> grand matin, Macdonald, débouchant <strong>de</strong> Bischoffswerda,<br />

se heurta à Gödan, à l’arrière-gar<strong>de</strong> russe qu’il réussit<br />

à déloger après un violent combat <strong>et</strong> à rej<strong>et</strong>er sur Bautzen. Il<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 203<br />

prit position sur les hauteurs à l’Ouest <strong>de</strong> la ville, d’où il put apercevoir<br />

les campements <strong>de</strong> l’armée coalisée. Le 6 ème Corps, qui<br />

avait marché au soutien du 11 ème , s’établit <strong>de</strong>rrière lui. Le 4 ème<br />

Corps occupa Closter-Marienstern <strong>et</strong> fit avancer son avant-gar<strong>de</strong><br />

à mi-chemin <strong>de</strong> ce point <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bautzen, <strong>de</strong> manière à se lier avec<br />

le 11 ème Corps. Le 12 ème Corps serra sur Bischoffswerda.<br />

L’ennemi n’ayant pas reculé, il était à peu près certain qu’il<br />

avait résolu d’accepter la bataille à Bautzen. L’Empereur <strong>de</strong>vait<br />

donc faire serrer l’armée principale sur Bautzen <strong>et</strong> se hâter<br />

d’appeler à lui la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’armée du Maréchal Ney.<br />

Voici, en substance, les ordres donnés le 15 au soir <strong>et</strong> le<br />

16 au matin aux corps <strong>de</strong> l’armée principale :<br />

« Les 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps prendront position <strong>de</strong>vant Bautzen, le 6 ème à<br />

hauteur <strong>et</strong> à la gauche du 11 ème ; le 4 ème à hauteur <strong>et</strong> à la gauche du 6 ème ; le<br />

12 ème Corps se placera en réserve en avant <strong>de</strong> Bischoffswerda <strong>et</strong> fournira trois<br />

colonnes mobiles <strong>de</strong> 1 200 à 1 500 hommes <strong>de</strong>stinées à chasser <strong>de</strong>s bois situés<br />

entre la grand-route <strong>et</strong> la frontière autrichienne les partis ennemis qui s’y sont<br />

glissés <strong>et</strong> <strong>de</strong> là, inquiètent les communications avec Dres<strong>de</strong>.<br />

« Le Maréchal Mortier, avec une Division <strong>de</strong> Jeune Gar<strong>de</strong>, le 1 er<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le détachement du Général Beaumont, sera chargé <strong>de</strong><br />

n<strong>et</strong>toyer le pays sur la gauche <strong>de</strong> l’armée, afin d’assurer les communications<br />

avec les Corps du Maréchal Ney ; le 16, échelonnant son infanterie sur ses<br />

<strong>de</strong>rrières, il se portera rapi<strong>de</strong>ment avec toute sa cavalerie sur Grossenhayn <strong>de</strong><br />

manière à couper tous les partis ennemis qui se trouvent <strong>de</strong> ce côté <strong>et</strong> qui ne se<br />

r<strong>et</strong>ireraient pas assez vite ».<br />

Tous ces mouvements s’exécutèrent sans difficulté. Le<br />

Maréchal Mortier ne trouva à Grossenhayn qu’un parti <strong>de</strong> 1 500 à<br />

2 000 cavaliers qui, à son approche, se r<strong>et</strong>irèrent précipitamment<br />

sur Elsterwerda. Le Maréchal fit suivre l’ennemi par le Général<br />

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204<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Beaumont 1 ; lui-même, avec le reste <strong>de</strong> ses troupes, se rabattit, le<br />

17, sur Bischoffswerda ; quant au Général Beaumont, après avoir<br />

communiqué avec le 5 ème Corps, il rétrograda le 18 sur Moritzburg.<br />

Nous relaterons in extenso les ordres concernant les<br />

Corps du Maréchal Ney.<br />

Le Major Général au Général <strong>La</strong>uriston, Dres<strong>de</strong>, le 15<br />

mai, à 10 h du soir :<br />

« Partez <strong>de</strong> Dobrilugk <strong>et</strong> dirigez-vous sur Hoyerswerda, l’ennemi<br />

paraissant vouloir tenir à Bautzen.<br />

« Je donne ordre au Prince <strong>de</strong> la Moskowa, qui est à Werzberg, <strong>de</strong><br />

se diriger sur Spremberg ».<br />

De même au Maréchal Ney, même jour, même heure, sur<br />

la copie <strong>de</strong> l’ordre précé<strong>de</strong>nt.<br />

« De la position où vous êtes, à Werzberg, dirigez vous sur Spremberg<br />

sur la Sprée, l’ennemi paraissant se réunir <strong>et</strong> vouloir tenir dans la position<br />

<strong>de</strong> Bautzen ».<br />

Ces ordres, partis <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, le 15 à 11 h du soir, ne parvinrent<br />

aux corps <strong>de</strong>stinataires que le 16, dans la soirée, c’est-àdire<br />

après la marche. A ce moment, le 5 ème Corps se trouvait effectivement<br />

à Dobrilugk, mais le 3 ème Corps était à Lückau <strong>et</strong> non<br />

à Werzberg. Comme c’était en exécution <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong><br />

l’Empereur que le 3 ème Corps avait marché sur Lückau le 15 <strong>et</strong> le<br />

16, on ne s’explique pas comment le Major Général a pu supposer<br />

que l’ordre en question parviendrait au Maréchal Ney à Werzberg.<br />

1 Un détachement <strong>de</strong> 5 à 600 hommes, appartenant à une Division<br />

<strong>de</strong> cavalerie légère, qui marchait avec le 5 ème Corps, suivit le Général<br />

Beaumont afin <strong>de</strong> rejoindre sa Division.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 205<br />

Les ordres ci-<strong>de</strong>ssus restaient applicables ; seulement, ils ne pouvaient<br />

recevoir leur exécution que le 17.<br />

Dans sa l<strong>et</strong>tre au Maréchal Ney, le Major Général n’avait<br />

pas spécifié quelles étaient les troupes qui <strong>de</strong>vaient se porter sur<br />

Spremberg avec ce Maréchal ; il s’agissait en réalité du 3 ème Corps<br />

seul, l’intention <strong>de</strong> l’Empereur étant <strong>de</strong> charger le Maréchal Victor<br />

avec les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie, soit<br />

plus <strong>de</strong> 25 000 hommes, d’opérer offensivement contre le Général<br />

Bülow.<br />

Ney ne le comprit pas ainsi ; il prit ses dispositions pour<br />

faire marcher sur Spremberg non seulement le 3 ème Corps, mais<br />

aussi les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème . Il faut reconnaître qu’en c<strong>et</strong>te circonstance, le<br />

Maréchal 1 se montra mieux avisé que Napoléon : car la situation<br />

commandait impérieusement d’agir avec le plus <strong>de</strong> moyens possibles<br />

contre la principale armée <strong>de</strong>s coalisés ; il fallait donc se<br />

contenter <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>vant Bülow quelques milliers d’hommes<br />

qui, en s’appuyant sur Torgau <strong>et</strong> Wittenberg, suffiraient pour le<br />

contenir.<br />

En examinant sur la carte les points <strong>de</strong> direction assignés<br />

aux 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps, Spremberg <strong>et</strong> Hoyerswerda, on voit que<br />

l’Empereur ne vise pas à faire arriver ces corps <strong>de</strong>vant Bautzen<br />

par la ligne la plus courte. Sans doute, il prévoit le cas où<br />

l’ennemi, à l’approche <strong>de</strong> ce renfort qui nous assurera une si<br />

gran<strong>de</strong> supériorité numérique, se déci<strong>de</strong>rait à continuer sa r<strong>et</strong>raite<br />

à travers la Silésie ; les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps constitueraient alors un<br />

groupe <strong>de</strong> manœuvre qui se tiendrait à une marche sur la gauche<br />

<strong>de</strong> l’armée, afin d’être en situation <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r les lignes <strong>de</strong> défense<br />

successives sur lesquelles l’ennemi tenterait <strong>de</strong> s’arrêter.<br />

1 Il paraît qu’il agit sous l’inspiration du Général Gomini qui était<br />

son chef d’Etat-Major.<br />

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206<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Mais, à mesure que <strong>de</strong> nouveaux renseignements lui parviennent<br />

Napoléon acquiert <strong>de</strong> plus en plus la conviction que les<br />

coalisés sont résolus à livrer bataille quand même à Bautzen. Le<br />

16, à 10 h du matin, <strong>de</strong> nouveaux ordres sont expédiés.<br />

Le Major Général au Maréchal Ney :<br />

« ..... Votre ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp, parti hier à 11 h, avec vos notes à michemin<br />

<strong>de</strong> Lückau, est arrivé.<br />

« Nous sommes décidément en présence <strong>de</strong> l’ennemi à Bautzen, où<br />

l’ennemi est en forces. Sa Majesté pense donc que Vous ( ?) <strong>de</strong>vez venir avec<br />

le 5 ème Corps vous placer à Hoyerswerda ».<br />

Le 16, à 1 h du soir, en chiffres :<br />

« L’Empereur vous ordonne <strong>de</strong> vous porter, en toute diligence, du<br />

point où vous recevrez c<strong>et</strong> ordre sur Hoyerswerda. Je vous ai écrit ce matin par<br />

Torgau, mais ce duplicata vous est porté par un gendarme du pays qui passe<br />

par la route directe. Je fais donner le même ordre au Général <strong>La</strong>uriston, mais<br />

adressez le lui <strong>de</strong> votre côté.... »<br />

Le 16, à 5 h du soir.<br />

« Je vous ai expédié hier, à 10 h du soir, l’ordre <strong>de</strong> vous diriger sur<br />

Spremberg. L’officier que je vous avais envoyé <strong>et</strong> qui est parti hier à 11 heures<br />

du soir <strong>et</strong> vous a laissé à mi-chemin <strong>de</strong> Torgau à Lückau, à fait connaître<br />

à l’Empereur la situation <strong>de</strong> votre corps d’armée. Sa Majesté approuve que<br />

vous arriviez le plus tôt possible, avec votre corps <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>uriston<br />

sur Hoyerswerda, d’où vous ne serez plus qu’à une marche <strong>de</strong> Bautzen, où<br />

l’ennemi paraît être en force <strong>et</strong> vouloir tenir.<br />

« Ordonnez à la Division Puthod, qui appartient au Général <strong>La</strong>uriston,<br />

<strong>de</strong> prendre la plus courte direction pour se rendre à Hoyerswerda.<br />

« Envoyez <strong>de</strong>s ordres à Torgau pour qu’on arrête tout ce qui arriverait<br />

pour rejoindre votre Corps d’armée <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>uriston parce que, du<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 207<br />

moment où vous serez arrivé à Hoyerswerda, vous prendrez votre ligne<br />

d’opération par Dres<strong>de</strong>.<br />

« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur serait que le duc <strong>de</strong> Bellune, sous les ordres<br />

duquel vous placerez le Général Reynier, manœuvrât sur Berlin ; qu’il<br />

prît possession <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville ; réoccupât Spandau si cela est possible, dans le<br />

cas où les brèches ne seraient pas réparées ; <strong>et</strong> enfin, suivant les circonstances,<br />

poursuivît Bülow selon la direction qu’il prendra.<br />

« Arrivé à Berlin, il sera facile au duc <strong>de</strong> Bellune <strong>de</strong> connaître si<br />

l’ennemi attaque St<strong>et</strong>tin, Küstrin ou Glogau <strong>et</strong> il irait au secours <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />

ses trois places qui en aurait le plus besoin. Si aucune n’était assiégée <strong>et</strong><br />

qu’elles n’eussent pas besoin <strong>de</strong> sa présence, il agirait suivant les circonstances<br />

<strong>de</strong> manière à faire une diversion en passant l’O<strong>de</strong>r, soit à Küstrin, St<strong>et</strong>tin ou<br />

Glogau, pour établir un camp r<strong>et</strong>ranché sur la rive droite <strong>de</strong> ce fleuve <strong>et</strong>, <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te position, menacer tout le pays entre l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> la Vistule. Le Maréchal<br />

<strong>de</strong>vra aussi se m<strong>et</strong>tre en communication avec Davout qui a ordre <strong>de</strong> se porter<br />

<strong>de</strong> Hamburg sur le Mecklemburg.<br />

« Ainsi donc, la première opération qu’aura à faire le duc <strong>de</strong> Bellune<br />

sera d’obliger Bülow à repasser l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> <strong>de</strong> forcer l’ennemi à brûler le<br />

pont <strong>de</strong> Schwedt qu’il a établi sur l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> il aura soin <strong>de</strong> faire détruire la<br />

tête <strong>de</strong> pont ».<br />

Ce <strong>de</strong>rnier ordre était très explicite ; Ney, qui le reçut à<br />

Kahlau, le 17 au soir, prescrivit au 7 ème Corps <strong>de</strong> rester le 18 à<br />

Lückau <strong>et</strong> fit connaître au Maréchal Victor la mission que lui<br />

confiait l’Empereur.<br />

Le Major Général au Général <strong>La</strong>uriston,<br />

Dres<strong>de</strong>, le 17 mai, à 10 h du matin.<br />

« D’Hoyerswerda, dirigez-vous sur Bautzen en marchant militairement<br />

par la rive droite <strong>de</strong> la Schwarze-Elster. Toute notre armée touche<br />

à Bautzen ; l’armée ennemie <strong>et</strong> la nôtre sont en présence. Faites-moi<br />

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208<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

connaître par r<strong>et</strong>our du porteur la direction du porteur <strong>et</strong> le jour où vous arriverez<br />

à Bautzen où est l’ennemi ».<br />

De même au Maréchal Ney.<br />

« Donnez <strong>de</strong>s ordres au duc <strong>de</strong> Bellune, aux généraux Reynier <strong>et</strong><br />

Sébastiani selon ce que vous aurez appris <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> que<br />

vous jugerez le plus convenable suivant les circonstances.<br />

Tout porte à penser que nous allons avoir une bataille ».<br />

Le Maréchal n’hésita pas un instant à interpréter les indications<br />

relatives aux troupes du Maréchal Victor comme une autorisation<br />

implicite <strong>de</strong> se faire suivre <strong>de</strong> ces troupes si, à son avis,<br />

les circonstances ne comportaient pas leur envoi sur Berlin.<br />

En conséquence, il prescrivit au Maréchal Victor <strong>et</strong> au<br />

Général Reynier <strong>de</strong> quitter Dahme <strong>et</strong> Lückau le 19 pour se diriger<br />

sur Bautzen par Kahlau <strong>et</strong> Hoyerswerda, à la suite du 3 ème Corps.<br />

Il eut raison, nous le répétons ; malheureusement, les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème<br />

Corps avaient perdu 24 heures : ce r<strong>et</strong>ard fut cause qu’ils arrivèrent<br />

trop tard pour prendre part à la bataille.<br />

Le 18 au matin, les corps du Maréchal Ney occupaient les<br />

emplacements suivants :<br />

- le 5 ème Corps (3 Divisions) à Seuftenberg ;<br />

- le 3 ème Corps avec le Quartier général à Kahlau ;<br />

- le 7 ème à Lückau ;<br />

- le Maréchal Victor avec le 2 ème Corps, la Division Puthod <strong>et</strong><br />

le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie à Dahme.<br />

En exécution <strong>de</strong>s ordres envoyés par le Major Général le<br />

16, au soir :<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 209<br />

- le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie restèrent à Dahme,<br />

<strong>et</strong> le 7 ème à Lückau.<br />

- le 5 ème Corps gagna Hoyerswerda, la Division Puthod, Finsterwald<br />

<strong>et</strong> le 3 ème Corps, Sorne.<br />

Le même jour, à 10 h du matin, le Major Général écrivit<br />

<strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> au Maréchal Ney, en chiffres :<br />

« L’Empereur vous fait connaître que nous sommes à une portée <strong>de</strong><br />

canon <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite ville <strong>de</strong> Bautzen, que l’ennemi a occupé comme tête <strong>de</strong> position<br />

<strong>et</strong> où il a fait <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements ; que sur la droite, sont placés les Prussiens<br />

<strong>et</strong> sur la gauche, les Russes ; qu’il désire, avec le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong><br />

toutes vos forces réunies en marche militaire, vous vous dirigiez sur<br />

Dresa, près Gottamel<strong>de</strong>. (C’est la Brösa <strong>de</strong> la carte au 1/100 000 ème ) ;<br />

ayant ainsi dépassé la Sprée, vous vous trouverez avoir tourné la position <strong>de</strong><br />

l’ennemi : vous prendrez là une bonne position.<br />

Sa Majesté suppose que vous êtes dans le cas d’arriver à Hoyerswerda<br />

le 19, bien complètement.<br />

Vous vous approcherez <strong>de</strong> nous le 19 <strong>et</strong> le 20 <strong>et</strong> vous pourrez, le<br />

21, vous porter sur la position, ce qui aura l’eff<strong>et</strong>, ou que l’ennemi évacue<br />

pour se r<strong>et</strong>irer plus loin, ou <strong>de</strong> nous m<strong>et</strong>tre à même <strong>de</strong> l’attaquer avec avantage<br />

» 1 .<br />

1 L’Empereur, dans sa l<strong>et</strong>tre au Major Général, avaient indiqué<br />

d’autres dates que celles mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus :<br />

« Je suppose, disait-il, que le Maréchal Ney est dans le cas d’arriver bien entièrement<br />

le 19, à Hoyerswerda ; il s’approchera <strong>de</strong> nous le 19 <strong>et</strong> le 20, il pourra se porter sur<br />

la position. »<br />

Le mouvement n’était que difficilement exécutable dans ces conditions<br />

<strong>de</strong> temps, même si l’on ne considère que les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps ; c’est là<br />

sans doute la raison <strong>de</strong>s modifications introduites par le Maréchal Berthier,<br />

avec l’assentiment <strong>de</strong> l’Empereur bien entendu.<br />

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210<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le 18, l’Empereur quitta Dres<strong>de</strong> avec la Gar<strong>de</strong> pour se<br />

rendre à Harthau, à mi-chemin <strong>de</strong> Bautzen, où il voulait être le<br />

matin <strong>de</strong> très bonne heure. Voici les ordres donnés par lui à<br />

l’armée principale pour la journée du 18 :<br />

L’Empereur au Major Général à Dres<strong>de</strong>, 4 h du matin.<br />

« .... donnez ordre au duc <strong>de</strong> Trévise <strong>et</strong> au Général <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />

<strong>de</strong> se porter aujourd’hui en avant <strong>de</strong> Bischoffswerda.<br />

« Aussitôt que sa tête sera arrivée, le duc <strong>de</strong> Reggio se portera entièrement<br />

en ligne. Vous lui réitérerez l’ordre <strong>de</strong> faire occuper Menkirch <strong>et</strong> les<br />

positions <strong>de</strong> la droite, <strong>de</strong> manière qu’il n’y ait aucun ennemi dans ces bois.<br />

« Donnez ordre également au Général <strong>La</strong>tour-Maubourg <strong>de</strong> faire<br />

fouiller toute la droite <strong>et</strong> vivement poursuivre tous ces cosaques sur les routes<br />

<strong>de</strong> Menstadt <strong>et</strong> <strong>de</strong> Menkirch.<br />

« Donnez ordre à la Vieille Gar<strong>de</strong>, avec les réserves d’artillerie, <strong>de</strong><br />

sept à huit heures du matin pour se rendre à une journée sur la route <strong>de</strong><br />

Bautzen.<br />

« Donnez ordre à la Division Barrois (2 ème <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>) <strong>de</strong><br />

se tenir également prête à partir à onze heures du matin. Je pense qu’il serait<br />

nécessaire <strong>de</strong> faire distribuer une livre <strong>de</strong> riz à chaque soldat <strong>de</strong> la Vieille<br />

Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division Barrois ; cela ferait une réserve pour quatre jours en<br />

cas d’embarras dans les transports.<br />

« Réitérez l’ordre au Général Bertrand <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre en communication<br />

avec le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> le Prince <strong>de</strong> la Moskowa, qui arrivent<br />

aujourd’hui à Hoyerswerda.<br />

« Je suppose que le p<strong>et</strong>it Quartier général est parti. Faites partir tout<br />

ce qui est nécessaire pour un jour <strong>de</strong> bataille.... »<br />

(Autre l<strong>et</strong>tre) : « Donnez ordre au Général Beaumont <strong>de</strong> rester en<br />

observation pour couvrir Dres<strong>de</strong> à Moritzburg, ayant <strong>de</strong>s postes à Grossenhayn,<br />

à Ra<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> sur la route <strong>de</strong> Koenigsbrück <strong>et</strong> d’instruire <strong>de</strong> tous les<br />

mouvements le Quartier général qui est à Bautzen <strong>et</strong> le Général Durosnel qui<br />

reste à Dres<strong>de</strong> ; d’envoyer <strong>de</strong>s espions <strong>et</strong> <strong>de</strong> bien s’éclairer sur toutes les routes<br />

».<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 211<br />

(Autre l<strong>et</strong>tre) : « Donnez ordre <strong>de</strong> faire partir aujourd’hui avant<br />

neuf heures du matin pour le Quartier général (à Schmie<strong>de</strong>lfeld, dit la note<br />

rédigée par Berthier), l’équipage <strong>de</strong> pont, les sapeurs <strong>et</strong> tout ce qui compose le<br />

génie <strong>de</strong> l’armée, en laissant à Dres<strong>de</strong> ce qui est nécessaire pour la confection<br />

du pont <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux que j’ai ordonnés ; qu’ils prennent du pain pour quatre<br />

jours.<br />

« Donnez ordre que tout le matériel <strong>de</strong>s ponts, du génie, <strong>de</strong><br />

l’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s équipements militaires, tous les caissons soient parqués, attelés<br />

ou non attelés sur la rive gauche, dans le lieu qui sera indiqué par le Général<br />

Durosnel <strong>et</strong> que rien ne reste sur la rive droite.<br />

« Réitérez l’ordre que les hôpitaux soient placés sur la rive gauche.<br />

« Enfin, prévenez l’administration qu’il faut qu’on puisse évacuer la<br />

rive droite en six heures si les circonstances l’exigeaient... »<br />

L’armée principale se trouve disposée comme il suit le 18<br />

au soir :<br />

A Harthau, à une lieue à l’Ouest <strong>de</strong> Bischoffswerda :<br />

- Quartier Général,<br />

- <strong>La</strong> cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>,<br />

- <strong>La</strong> Division <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong><br />

En position sur les hauteurs à l’Ouest <strong>de</strong> Bautzen :<br />

- 11 ème Corps : au sud <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à Bautzen, <strong>de</strong>vant<br />

Windmühlenberg ; dans la matinée, il a fait occuper par ses<br />

avant-postes Stiebitz, Grübschütz <strong>et</strong> Techritz.<br />

- 6 ème Corps : au Nord <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à Salzenförst,<br />

occupant Rottrvitz par ses avant-postes.<br />

- 4 ème Corps : Lubackau ; une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division italienne<br />

est échelonnée sur la route <strong>de</strong> Koenigswartha.<br />

- 12 ème Corps : s’est porté à la droite du 11 ème : la Division Pacthod<br />

à Dranschkowitz, Division bavaroise à Cofsern, Gunthersdorf<br />

<strong>et</strong> Gaufsig ; la Division <strong>La</strong>urencez à Tröbigau <strong>et</strong><br />

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212<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Ob.Putzkau ; c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière a fourni trois colonnes <strong>de</strong> 1 200<br />

hommes qui fouillent les forêts <strong>de</strong> Menstadt <strong>et</strong> <strong>de</strong> Menkirch.<br />

- <strong>La</strong> Jeune Gar<strong>de</strong> : Division Dumonstier à Bischoffswerda,<br />

Division Barrois à Fischbach.<br />

- 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie à l’Est <strong>de</strong> Bischoffswerda, faisant fouiller<br />

les bois au sud <strong>de</strong> la grand-route ; le détachement du Général<br />

Beaumont à Moritzburg.<br />

Journée du 19 – Combats <strong>de</strong> Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigswartha 1<br />

Le 19, à la pointe du jour, l’Empereur se rendit sur les<br />

hauteurs <strong>de</strong> Bautzen pour reconnaître la position <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Le Quartier Général <strong>et</strong> la Vieille Gar<strong>de</strong> s’installèrent à<br />

Klein-Görschen, la Jeune Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />

à Göda <strong>et</strong> en arrière ; le 4 ème Corps envoya toute la Division<br />

italienne à Koenigswartha pour assurer la liaison avec le 5 ème<br />

Corps ; le 12 ème Corps se porta en ligne droite du 11 ème <strong>et</strong> fit occuper<br />

<strong>de</strong>vant son front Guaswitz ; il continua à faire fouiller les<br />

forêts jusqu’à la frontière autrichienne pour essayer d’en chasser<br />

les partisans ennemis.<br />

<strong>La</strong> Veille 18, le Maréchal Ney, en exécution <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />

l’Empereur du 17, avait prescrit :<br />

- que le 5 ème Corps partirait d’Hoyerswerda le 19, à la pointe du<br />

jour <strong>et</strong>, marchant par Wittichenau, irait prendre position au<br />

Füschberg 2 , la droite à Zerna, se tenant en communication<br />

avec l’armée principale vers Closter-Marienstern ;<br />

1 Voir le croquis 11 ter.<br />

2 C’est probablement la hauteur <strong>de</strong> Manslitz, cote 147, carte au<br />

1/100 000 ème.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 213<br />

- que le 3 ème Corps, continuant sa marche <strong>de</strong> Sorne par<br />

Hoyerswerda, s’établirait avec son gros à Miessendorf <strong>et</strong><br />

Koenigswartha, poussant son avant-gar<strong>de</strong> sur Mendorf ;<br />

- que les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani marcheraient<br />

avec la plus gran<strong>de</strong> diligence sur Hoyerswarda.<br />

Si les mouvements indiqués ci-<strong>de</strong>ssus pour les 3 ème<br />

<strong>et</strong> 5 ème Corps eussent été exécutés, le 19 au soir, ces <strong>de</strong>ux corps<br />

d’armée se seraient trouvés en position entre Zerna <strong>et</strong> Mendorf,<br />

faisant face au Sud, comme l’indique le croquis ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

Le Maréchal Ney supposait évi<strong>de</strong>mment l’armée ennemie<br />

en position sur la rive gauche <strong>de</strong> la Sprée à l’Ouest <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong><br />

l’armée française, établie en face d’elle, sa gauche à Closter-Marienstern.<br />

Il était impossible d’être plus mal orienté ; la responsabilité<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong> état <strong>de</strong> choses r<strong>et</strong>ombait en gran<strong>de</strong> partie sur le Major<br />

Général, dont les ordres, par trop laconiques, n’avaient pas indiqué<br />

la situation d’une façon assez précise.<br />

Fort heureusement, l’officier (Commandant Gronchy),<br />

chargé <strong>de</strong> porter une <strong>de</strong>s expéditions <strong>de</strong> l’ordre du 18 qui dirigeait<br />

les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps sur Dresa (Brösa), joignit le Général <strong>La</strong>uriston<br />

<strong>de</strong> très grand matin ; chemin faisant, il avait appris, on ne sait<br />

comment, qu’un corps ennemi marchait <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Bautzen<br />

sur Koenigswartha.<br />

Le Général <strong>La</strong>uriston prévint le Maréchal Ney <strong>et</strong>,<br />

en attendant ses ordres, fit serrer son corps d’armée sur Wittichenau<br />

<strong>et</strong> Mankendorf.<br />

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214<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 215<br />

Le Maréchal arriva à Hoyerswerda à 11 h du matin, il ordonna<br />

:<br />

- au 5 ème Corps <strong>de</strong> marcher sur Opitz <strong>et</strong> Lippitsch par Mortka ;<br />

- au 3 ème Corps <strong>de</strong> porter son avant-gar<strong>de</strong> (Division Souham <strong>et</strong><br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie Kellermann) à Mendorf ; <strong>de</strong>ux Divisions<br />

à Miessendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux à Koenigswartha où serait établi le<br />

Quartier général....<br />

<strong>La</strong> Division italienne du 4 ème Corps (Général Peyri) atteignit<br />

Koenigswartha à midi <strong>et</strong> s’y établit sans prendre aucune précaution,<br />

ne faisant même pas fouiller les bois qui se trouvaient sur<br />

son front à une portée <strong>de</strong> canon.<br />

Revenons maintenant aux coalisés.<br />

Wittgenstein avait été averti par ceux <strong>de</strong> ses partisans qui<br />

battaient l’estra<strong>de</strong> du côté d’Hoyerswerda (détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï)<br />

<strong>de</strong> l’approche du 5 ème Corps français ; ne sachant pas que<br />

celui-ci était suivi à courte distance par les 3 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, il<br />

crut qu’il serait possible <strong>de</strong> le surprendre <strong>et</strong> <strong>de</strong> le détruire.<br />

Le Général Barclay <strong>de</strong> Tolly fut chargé <strong>de</strong> se porter à la<br />

rencontre <strong>de</strong> la colonne française avec ses troupes <strong>et</strong> celles<br />

d’York. Il était convaincu que, pour couvrir son mouvement, les<br />

avant-postes <strong>de</strong> Miloradowitch exécuteraient <strong>de</strong>s démonstrations<br />

contre les troupes ennemies qui étaient en position en face <strong>de</strong><br />

Bautzen.<br />

Les troupes mises à la disposition <strong>de</strong> Barclay quittèrent<br />

leurs bivouacs <strong>de</strong> Klein-Bautzen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Preititz à minuit <strong>et</strong> marchèrent<br />

en <strong>de</strong>ux colonnes ; à gauche, le corps russe (13 000 hommes)<br />

passa la Sprée à Nie<strong>de</strong>r-Gurig <strong>et</strong> se porta directement sur Johnsdorf,<br />

défilant ainsi à une <strong>de</strong>mi-lieue <strong>de</strong> Lubackau, qui était occupé<br />

par les avant-postes <strong>de</strong>s 4 ème Corps français ; à droite, le<br />

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216<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Corps prussien d’York (9 000 hommes) se porta par Gleina, Gottau<br />

<strong>et</strong> Liska sur Hermsdorf.<br />

L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> gauche atteignit Johnsdorf<br />

vers une heure <strong>de</strong> l’après-midi ; ses éclaireurs signalèrent la présence<br />

<strong>de</strong> la Division italienne à Koenigswartha. Barclay fit avancer<br />

une <strong>de</strong> ses divisions droit sur la localité, pendant qu’une autre<br />

prenait plus à gauche afin <strong>de</strong> couper à l’ennemi la route <strong>de</strong> Bautzen<br />

; en même temps, il envoya au Général York l’ordre <strong>de</strong> se<br />

porter par le plus court chemin sur Wartha <strong>de</strong> manière à prendre<br />

en flanc tout corps ennemi qui tenterait <strong>de</strong> déboucher <strong>de</strong> ce village<br />

sur Koenigswartha.<br />

Les Italiens, complètement surpris, essayèrent en vain <strong>de</strong><br />

tenir sur Koenigswartha : ils en furent chassés <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>és sous les<br />

bois voisins où ils se rallièrent tant bien que mal sous la protection<br />

<strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong> du 3 ème Corps, qui parut au Sud <strong>de</strong> Wartha<br />

vers 3 h <strong>de</strong> l’après-midi. Les pertes <strong>de</strong> la Division italienne en<br />

tués, blessés <strong>et</strong> prisonniers s’élevèrent à près <strong>de</strong> 3 000 hommes,<br />

dont le Général Peyri lui-même <strong>et</strong> ses trois généraux <strong>de</strong> briga<strong>de</strong> ;<br />

quatre canons <strong>et</strong> tout le train restèrent entre les mains <strong>de</strong>s Russes.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers avaient perdu environ 1 200 hommes, tués ou blessés.<br />

Barclay, informé <strong>de</strong> l’approche du 3 ème Corps, fit prendre<br />

position à ses troupes à Koenigswartha <strong>et</strong> en arrière, laissant à ses<br />

cosaques le soin <strong>de</strong> poursuivre les Italiens.<br />

<strong>La</strong> colonne <strong>de</strong> droite avait atteint Hermsdorf à 3 h du<br />

soir : pendant qu’elle y faisait une courte halte, le Général York<br />

reçut l’ordre <strong>de</strong> lui enjoignant <strong>de</strong> se porter au plus vite sur Wartha.<br />

A ce moment même, l’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps français<br />

venait d’atteindre Steinitz ; ses détachements avancés pénétraient<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 217<br />

dans Weissig <strong>et</strong> dans les bois à l’Est. L’avant-gar<strong>de</strong> prussienne<br />

réussit à refouler les éclaireurs adverses au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Weissig. York,<br />

<strong>de</strong> la hauteur du Eichberg (au sud du village), put apercevoir la<br />

tête <strong>de</strong> colonne du 5 ème Corps qui débouchait <strong>de</strong> Steinitz ; il fit<br />

aussitôt occuper par sa briga<strong>de</strong> d’avant-gar<strong>de</strong> Weissig, le Eichberg<br />

<strong>et</strong> les bois voisins ; une batterie à cheval réussit non sans peine à<br />

s’installer sur le Eichberg, d’où elle battait la clairière qui s’étend<br />

<strong>de</strong> Weissig à Steinitz ; la 2 ème briga<strong>de</strong>, la cavalerie <strong>et</strong> le reste <strong>de</strong><br />

l’artillerie se placèrent en arrière <strong>de</strong> la hauteur.<br />

L’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps se déploya au sortir <strong>de</strong> Steinitz<br />

<strong>et</strong> commença à gagner du terrain par les bois entre Men-Steinitz<br />

<strong>et</strong> le Eichberg ; la fusilla<strong>de</strong> <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> suite très vive mais,<br />

comme cela arrive quand les partis d’infanterie sont aux prises<br />

sous bois, le combat prit une allure traînante bien que, <strong>de</strong> part <strong>et</strong><br />

d’autre, on renforçât peu à peu les troupes engagées tout d’abord.<br />

Vers 5 h du soir, York reçut un nouvel ordre lui prescrivant<br />

<strong>de</strong> venir se placer <strong>de</strong>rrière Koenigswartha pour servir <strong>de</strong><br />

réserve au corps russe.<br />

Quand Barclay avait donné c<strong>et</strong> ordre, il ignorait que les<br />

Prussiens fussent aux prises avec les Français ; il évi<strong>de</strong>nt que le<br />

Général York n’avait pas à tenir compte d’un ordre donné dans<br />

ces conditions ; pourtant, il se crut obligé <strong>de</strong> s’y conformer. Pendant<br />

que sa <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong> <strong>et</strong> sa cavalerie filaient à travers bois<br />

sur Johnsdorf, la première briga<strong>de</strong> (Général Steinm<strong>et</strong>z) évacua<br />

successivement Weissig, puis les bois <strong>et</strong> le Eichberg.<br />

<strong>La</strong> Division Maisons, qui marchait en tête du 5 ème Corps,<br />

occupa immédiatement les positions abandonnées par les Prussiens<br />

<strong>et</strong> fit suivre ceux-ci pas à pas ses tirailleurs.<br />

Entre 5 h <strong>et</strong> 6 h du soir, alors que la <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong><br />

prussienne arrivait à Johnsdorf, Barclay, voyant que rien ne venait<br />

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218<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

du côté <strong>de</strong> Wartha, prescrivit à York <strong>de</strong> réoccuper Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

s’y établir pour la nuit ; en même temps, une Division russe<br />

(2 000 hommes environ) fut dirigé à travers bois <strong>de</strong> Koenigswartha<br />

sur Men-Steinitz pour tomber sur le flanc droit <strong>de</strong>s Français ;<br />

une secon<strong>de</strong> Division fut chargée d’appuyer directement le corps<br />

prussien dans son mouvement sur Weissig.<br />

<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z, revenant rapi<strong>de</strong>ment sur ses pas, se<br />

j<strong>et</strong>a sur les détachements français qui la poursuivaient <strong>et</strong> les ramena<br />

jusque sur le Eichberg. Un combat acharné s’engagea alors<br />

pour la possession <strong>de</strong> la hauteur qui fut prise <strong>et</strong> reprise plusieurs<br />

fois ; les Français finirent par en rester maîtres ; ils occupèrent<br />

alors les bois du côté d’Hermsdorf mais, malgré tous leurs efforts,<br />

ne parvinrent pas à en déboucher.<br />

<strong>La</strong> fusilla<strong>de</strong> continua jusque vers 11 h du soir.<br />

Barclay avait abandonné Koenigswartha entre 8 <strong>et</strong> 10 h ;<br />

York quitta Hermsdorf à minuit seulement. Le len<strong>de</strong>main 20, à 6<br />

h du matin, les troupes russes étaient <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our à leurs campements<br />

<strong>de</strong> Preititz ; quant aux Prussiens, ils ne rejoignirent qu’à 5 h<br />

du soir pendant la bataille.<br />

Les coalisés avaient perdu, tant à Weissig qu’à Koenigswartha,<br />

3 500 hommes dont 1 200 Russes <strong>et</strong> 2 300 Prussiens ; les<br />

pertes, <strong>de</strong> notre côté, s’élevaient à 5 000 hommes, soit 2 000 du<br />

5 ème Corps <strong>et</strong> 3 000 <strong>de</strong> la Division italienne.<br />

Les Français avaient engagé à Weissig 15 000 hommes <strong>et</strong><br />

les coalisés, 12 000 ; les <strong>de</strong>ux infanterie adverses avaient rivalisé<br />

<strong>de</strong> bravoure.<br />

On a reproché au Général <strong>La</strong>uriston d’avoir engagé ses<br />

troupes comme au hasard ; il est possible que ce reproche ne soit<br />

pas tout à fait mérité (ce que nous savons du combat ne nous<br />

perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> trancher la question). Quand un combat <strong>de</strong> ren-<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 219<br />

contre se produit dans un terrain aussi couvert que celui qui<br />

s’étend autour <strong>de</strong> Weissig, le chef, qui ne connaît pas la région où<br />

l’on opère <strong>et</strong> qui, en outre, ne possè<strong>de</strong> que les mauvaises cartes<br />

que l’on avait à l’époque, ne peut exercer qu’une très faible action<br />

<strong>de</strong> direction : en pareil cas, c’est l’initiative <strong>de</strong>s chefs en sous-ordres<br />

qui assure le succès.<br />

Le bruit <strong>de</strong>s combats qui s’étaient livrés à Weissig <strong>et</strong> à<br />

Koenigswartha avaient été entendu <strong>de</strong>s hauteurs <strong>de</strong> Bautzen.<br />

L’Empereur ne s’en était pas inquiété mais, par la suite, il reprocha<br />

au Général Bertrand 1 <strong>de</strong> ne pas avoir marché au soutien <strong>de</strong> la<br />

Division italienne au premier coup <strong>de</strong> canon. L’inaction <strong>de</strong> ce<br />

général est d’autant plus blâmable que ses avant-postes ont dû<br />

l’avertir <strong>de</strong> très bonne heure <strong>de</strong> la marche du corps <strong>de</strong> Barclay sur<br />

Koenigswartha.<br />

Le Maréchal Ney, en recevant à Hoyerswerda, à midi,<br />

l’ordre expédié <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> le 18, à 10 h du matin, en avait aussitôt<br />

accusé réception en ajoutant :<br />

1 Leignitz, le 6 juin. L’Empereur au Général Bertrand : « Il est vrai<br />

que je n’ai pas été satisfait <strong>de</strong> la manière dont vos troupes se sont trouvées placées le<br />

19 <strong>et</strong> qu’au premier coup <strong>de</strong> canon, vous ne vous êtes pas informé <strong>de</strong> ce que c’était <strong>et</strong><br />

n’avez pas marché au secours <strong>de</strong> la Division italienne... Vous avez fait preuve, sous<br />

différentes circonstances, <strong>de</strong> talents distingués ; mais la guerre ne se fait qu’avec <strong>de</strong> la<br />

vigueur, <strong>de</strong> la décision <strong>et</strong> une volonté constante; il ne faut ni tâtonner, ni hésiter.<br />

Employez le temps <strong>de</strong> l’armistice à bien organiser votre corps... L’expérience que<br />

vous avez acquise, quoiqu’en peu <strong>de</strong> mois, doit d’être d’un grand profit dans un<br />

esprit comme le vôtre...<br />

« Croyez, du reste, que mes sentiments pour vous sont toujours les mêmes <strong>et</strong> que je<br />

pense qu’avec un peu d’expérience <strong>de</strong> manier les troupes, vous mériterez <strong>de</strong> moi dans<br />

l’arme <strong>de</strong> l’infanterie comme vous en avez mérité dans votre arme primitive (le Génie).<br />

»<br />

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220<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

« Je manœuvrerai <strong>de</strong>main 20, sur la position <strong>de</strong> Dresa (Brösa),<br />

mais je crois très important <strong>de</strong> faire appuyer mon mouvement afin que si<br />

l’ennemi était décidé à attendre la bataille sur les hauteurs <strong>de</strong> Bautzen, je<br />

fusse en mesure <strong>de</strong> le contenir dans le cas où il marcherait à moi par Klein-<br />

Bautzen. Mon Quartier général sera aujourd’hui à Koenigswartha <strong>et</strong> <strong>de</strong>main<br />

Klix probablement ».<br />

Les événements <strong>de</strong> la journée décidèrent le Maréchal à arrêter<br />

son corps d’armée en arrière (au Nord), <strong>de</strong> Koenigswartha.<br />

Dans une l<strong>et</strong>tre écrite à Mankendorf à 9 h du soir, pour rendre<br />

compte <strong>de</strong> ce qui s’était passé, il disait : « ... Un prisonnier a annoncé<br />

que l’armée ennemie était en marche sur Hoyerswerda. Si cela était vrai, je<br />

recevrai la bataille <strong>de</strong>main matin. Le feu d’aujourd’hui a été nécessairement<br />

entendu par le Général Bertrand <strong>et</strong> je crois qu’il est essentiel qu’on lui donne<br />

l’ordre <strong>de</strong> faire un mouvement à gauche pour faciliter mon débouché, pénible à<br />

cause <strong>de</strong>s sables ».<br />

Et il ajoutait en chiffres : « Deux Divisions sont ici (à Mankendorf),<br />

avec moi, les trois autres sont à Hoyerswerda. C’est à Buchwal<strong>de</strong><br />

que je recevrai la bataille si l’ennemi m’attaque <strong>de</strong>main<br />

».<br />

Si l’on considère sur le croquis (11ter) la position <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

armées adverses le 19 au soir, il est difficile <strong>de</strong> comprendre comment<br />

le Maréchal a pu concevoir l’idée <strong>de</strong> recevoir la bataille à<br />

Buchwal<strong>de</strong>. Il est surprenant d’ailleurs que le chef d’une armée <strong>de</strong><br />

manœuvre s’arrête en plein mouvement à la première menace <strong>de</strong><br />

l’ennemi <strong>et</strong> qu’il songe beaucoup plus à prendre position dans le<br />

sens étroit du mot qu’à manœuvrer conformément à l’esprit <strong>de</strong><br />

ses instructions : ce chef ne comprend pas le rôle qui lui est assigné.<br />

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Bataille <strong>de</strong> Bautzen 1<br />

Position choisie par les coalisés <strong>et</strong> plan <strong>de</strong> Wittgenstein<br />

Pour la configuration générale <strong>de</strong> la région autour <strong>de</strong><br />

Bautzen, il faut se reporter à la carte au 1/100 000 ème . Nous nous<br />

bornerons à donner quelques indications complémentaires.<br />

Le champ <strong>de</strong> bataille proprement dit, qui est compris entre<br />

l’arête montagneuse au Schleiberg <strong>et</strong> la plaine <strong>de</strong> Klix, est<br />

formé <strong>de</strong> collines en partie boisées, qui vont en s’abaissant lentement<br />

du Sud au Nord <strong>et</strong> présentent <strong>de</strong>s pentes en général assez<br />

douces, coupées, sur quelques points d’escarpements rocheux.<br />

<strong>La</strong> Sprée, dont le volume d’eau est peu considérable, est<br />

guéable partout ; <strong>de</strong>puis sa source jusqu’à Ochna, elle coule dans<br />

une vallée étroite <strong>et</strong> profon<strong>de</strong> aux flancs escarpés ; à partir<br />

d’Ochna, elle serpente à travers <strong>de</strong>s prairies marécageuses.<br />

Le Blossauer-Wasser <strong>et</strong> le Lobauer-Wasser sont <strong>de</strong> simples<br />

ruisseaux, dont les vallées marécageuses constituent <strong>de</strong>s obstacles<br />

assez sérieux pour la cavalerie <strong>et</strong> pour l’artillerie.<br />

Les nombreux étangs qui se trouvent le long <strong>de</strong> la Sprée<br />

ou au Lobauer-Wasser dans le voisinage <strong>de</strong> leur confluent <strong>et</strong> aussi<br />

entre Pri<strong>et</strong>itz <strong>et</strong> Pliesskowitz sont <strong>de</strong>s étangs artificiels, en général<br />

peu profonds, que l’on <strong>de</strong>ssèche périodiquement ; pour savoir<br />

ceux qui existaient en 1813, il faut avoir recours au croquis 12.<br />

Bautzen, ville <strong>de</strong> 7 à 8 000 habitants, est située dans une<br />

sorte <strong>de</strong> promontoire rocheux qui se dresse à une vingtaine <strong>de</strong><br />

mètres au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la Sprée <strong>et</strong> qui est dominé <strong>de</strong> tous côtés, à<br />

1 Carte au 1/100 000 ème<br />

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222<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

courte distance par les collines avoisinantes ; en 1813, elle était<br />

entourée d’un vieux mur.<br />

Les coalisés avaient choisi leur position principale à une<br />

lieue en arrière <strong>de</strong> Bautzen, le centre sur les collines <strong>de</strong> Jenkwitz,<br />

<strong>de</strong> Baschütz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Litten ; la gauche dans les montagnes <strong>de</strong> Klein-<br />

Künitz à Kirschen <strong>et</strong> Jenkwitz ; la droite occupant un système <strong>de</strong><br />

p<strong>et</strong>its mamelons pointus entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz, couverte<br />

en partie par la Sprée ; l’extrême-droite en potence <strong>de</strong> Malschwitz<br />

à Gleina entre la Sprée <strong>et</strong> le Lobauer-Wasser.<br />

Les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la Sprée servaient <strong>de</strong> position<br />

avancée, avec Bautzen comme point d’appui principal.<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein, le 20 mai au matin<br />

Bons Eons Bies Eff 1<br />

Russes<br />

Détachement du Général Saint-Priest 6 1 3 500<br />

Détachement léger Emmanuel, Orlow,<br />

Kaisarow<br />

34 1 3 200<br />

Cies du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch 36 1 2 800<br />

Corps d’infanterie du Prince Eugène<br />

<strong>de</strong> Wurtemberg<br />

20 2 5 000<br />

Corps <strong>de</strong> Gortschakow 2 22 27 6 12 000<br />

Gar<strong>de</strong> russe (Grand duc Constantin) 30 55 20 18 000<br />

Corps <strong>de</strong> Barclay<br />

12 000<br />

Avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tscap 4 20 1<br />

Corps <strong>de</strong> <strong>La</strong>ngeron<br />

14 8 2<br />

Réserve<br />

6 5 4<br />

Détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï<br />

Détachement <strong>de</strong> Kleist<br />

47 1 3 000<br />

Troupes russes 28 1 ½ 3 000<br />

Troupes prussiennes 4 ½ 2 1 2 000<br />

1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 223<br />

Prussiens<br />

Corps <strong>de</strong> Blücher 27 1 47 10<br />

Corps d’York 16 2 16 6<br />

Totaux<br />

Russes 100 à<br />

120 3<br />

260 4 40 62 500 5<br />

Prussiens 47 ½ 65 17 29 700<br />

Total général en hommes 61 000 22 200 9 300<br />

600 canons<br />

92 500<br />

Le 20 mai, au matin, l’armée alliée occupe les emplacements<br />

suivants :<br />

A) -25 000 hommes, sous le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong><br />

Miloradowitch, sont répartis sur la position avancée :<br />

- à l’extrême-gauche, vers Döberschau, les détachements légers<br />

<strong>de</strong> cavalerie d’Emmanuel, Orlow, Kaisarow, 3 200 hommes ;<br />

- détachement Saint-Priest entre Prenschwitz <strong>et</strong> Bautzen, 3<br />

500 hommes ;<br />

- corps d’infanterie d’Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg, 5 000 hommes ;<br />

<strong>de</strong> Bautzen inclus à Ochna ;<br />

- détachement <strong>de</strong> Kleist, 5 000 hommes, le gros à Burk, avec<br />

<strong>de</strong>s postes avancés à Malsitz, Nimmuschitz <strong>et</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig ;<br />

- détachement <strong>de</strong> Tschaplitz, 3 000 hommes à Klix ;<br />

- à l’extrême-droite, à Milkel, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï,<br />

3 000 hommes ;<br />

1 Dont 5 <strong>de</strong> réserve venus <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />

2 Dont 5 <strong>de</strong> réserve venus <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />

3 Il est impossible <strong>de</strong> déterminer le nombre <strong>de</strong> bataillons <strong>et</strong> <strong>de</strong> régiments<br />

4 Ou s<strong>et</strong>inas <strong>de</strong> cosaques<br />

5 Soit 40 000 fantassins + 16 000 cavaliers + 6 500 artilleurs.<br />

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224<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

B) – Sur la position principale :<br />

1. gauche <strong>et</strong> partie du centre y attenant, le corps russe du prince<br />

Gortschakow 2, environ 12 000 hommes ;<br />

2. droite <strong>et</strong> partie du centre y attenant, les corps prussiens<br />

d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, 27 à 28 000 hommes (le corps d’York<br />

n’était pas encore <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> son expédition <strong>de</strong> Weissig ;<br />

nous avons dit qu’il ne rejoignit qu’à 6 h du soir) ;<br />

3. extrême-droite, le corps russe <strong>de</strong> Barclay <strong>de</strong> Tolly (moins le<br />

détachement <strong>de</strong> Tschaplitz), 9 000 hommes ;<br />

4. en réserve, <strong>de</strong>rrière Baschütz, la Gar<strong>de</strong> russe, 18 000 hommes.<br />

<strong>La</strong> position sur laquelle est établie l’armée coalisée a un<br />

développement <strong>de</strong> 15 km, qui est hors <strong>de</strong> proportion avec son<br />

effectif d’autant plus qu’en raison <strong>de</strong> la nature acci<strong>de</strong>ntée du terrain,<br />

sa nombreuse cavalerie ne pourra jouer qu’un rôle très secondaire.<br />

Les inconvénients inhérents à un front trop étendus<br />

sont ici rendus plus sensibles par ce fait que la position est divisée<br />

par le Blossauer-Wasser <strong>et</strong> les étangs <strong>de</strong> Preititz à Malschwitz en<br />

quatre secteurs ou compagnies distincts qui n’ont, entre eux, que<br />

<strong>de</strong>s communications difficiles.<br />

<strong>La</strong> gauche (<strong>de</strong> Gross-Künitz <strong>et</strong> Jenkwitz par Rieschen)<br />

placée dans les montagnes, a été renforcée par <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s abatis ; mais les vues sont limitées à courte distance<br />

<strong>et</strong> le flanc extérieur est mal appuyé.<br />

Les trois villages <strong>de</strong> Jenkwitz, Baschütz <strong>et</strong> Litten qui ont<br />

été en état <strong>de</strong> défense, constituent <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s points d’appui pour<br />

le centre ; sur leurs abords, on a construit un grand nombre <strong>de</strong><br />

batteries, qui croisent leurs feux sur un glacis découvert d’une<br />

longueur <strong>de</strong> 1 000 mètres <strong>et</strong> plus. Le centre est inabordable mais,<br />

en face <strong>de</strong> lui, les hauteurs du Blossauer-Wasser offrent à<br />

l’assaillant une position symétrique <strong>de</strong> valeur égale ; il en résulte<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 225<br />

que sur c<strong>et</strong>te partie du front, défenseurs <strong>et</strong> assaillants, sont réduits<br />

à s’observer à distance.<br />

<strong>La</strong> droite, appuyée à Kreckwitz, Doberschütz <strong>et</strong> Pliesskowitz,<br />

renforcée <strong>de</strong> plusieurs lignes <strong>de</strong> redoutes <strong>et</strong> <strong>de</strong> batteries,<br />

couverte en partie par la Sprée, est assurément très forte ; mais les<br />

troupes chargées <strong>de</strong> sa défense seront réduites à la défensive<br />

presque absolue car, en sortant <strong>de</strong> leurs lignes, elles courraient le<br />

risque d’être prises en flanc par les corps assaillants établis entre<br />

Basankwitz <strong>et</strong> Burk ; en outre, ces troupes sont enserrées entre le<br />

Blossauer- Wasser <strong>et</strong> les étangs <strong>de</strong> Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Malschwitz, qui<br />

les isolent du reste <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> ren<strong>de</strong>nt leur r<strong>et</strong>raite très périlleuse.<br />

Quant à l’extrême-droite, elle trouve <strong>de</strong> bons points<br />

d’appui dans Malschwitz, le Windmühlenberg <strong>et</strong> Gleina, mais son<br />

aile extérieure est en l’air, car le Lobauer-Wasser n’est pas un obstacle<br />

sérieux ; en outre, le développement <strong>de</strong> sa position qui est <strong>de</strong><br />

4 km exigerait <strong>de</strong>s troupes plus nombreuses.<br />

Les communications à l’intérieur <strong>de</strong> la position sont peu<br />

commo<strong>de</strong>s car, pour aller du centre, soit vers la gauche, soit vers<br />

la droite, il faut traverser la vallée marécageuse du Blossauer-Wasser<br />

; <strong>de</strong>s passages ont été aménagés sur divers points du ruisseau,<br />

mais ils ne qu’en partie à c<strong>et</strong> inconvénient.<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> étendue du front <strong>et</strong> les difficultés <strong>de</strong> parcours à<br />

l’intérieur <strong>de</strong> la position ren<strong>de</strong>nt très difficile le jeu <strong>de</strong>s réserves.<br />

Le défaut capital <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>s alliés résulte <strong>de</strong> ce que<br />

l’extrême-droite, qui en est la partie la plus faible, est disposée <strong>de</strong><br />

telle sorte que sa chute entraîne celle <strong>de</strong> toute la position qui se<br />

trouve prise à revers.<br />

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226<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

En résumé, il s’en faut <strong>de</strong> beaucoup que c<strong>et</strong>te position<br />

soit <strong>de</strong> celles où une armée puisse tenir tête à une armée adverse<br />

d’un effectif double.<br />

Wittgenstein s’est bien rendu compte qu’en restant sur la<br />

défensive absolue, il s’exposerait à une défaite complète ; aussi<br />

est-il résolu à agir offensivement dès que l’occasion s’en présentera.<br />

<strong>La</strong>issant les Français prononcer leur attaque, il <strong>manoeuvre</strong>ra<br />

suivant les circonstances. Dans son ordre pour la bataille, envisageant<br />

les différentes éventualités qu’il prévoit, l’ennemi attaquant<br />

à droite, l’attaquant à gauche, <strong>et</strong>c, <strong>et</strong>c, il formule pour chacune <strong>de</strong><br />

ces éventualités un ensemble <strong>de</strong> prescriptions qui se résument en<br />

ceci : le ou les corps attaqués tiendront ferme sur leurs positions<br />

pendant que les corps voisins, conversant sur eux, se j<strong>et</strong>teront sur<br />

les flancs <strong>de</strong> l’assaillant.<br />

Il n’y a qu’un seul cas que le généralissime russe n’ait pas<br />

prévu, précisément celui qui se réalisera : une partie <strong>de</strong> l’armée<br />

française attaquant l’armée alliée sur tout son front pour le fixer<br />

autant que possible, afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à un corps <strong>de</strong> manœuvre <strong>de</strong><br />

lui porter au bon endroit le coup mortel 1 .<br />

Combats préparatoires du 20<br />

Le 20 au matin, quand Napoléon reçut les rapports <strong>de</strong><br />

Ney, il lui envoya l’ordre <strong>de</strong> continuer sur-le-champ son mouvement<br />

sur Klix où il fallait que toutes les troupes furent rassemblées<br />

le soir même, afin d’être prêtes à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

Sprée le len<strong>de</strong>main matin. En même temps, prévoyant le cas où<br />

les coalisés chercheraient à r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r la marche <strong>de</strong>s colonnes du<br />

1 Nous donnons en appendice l’extrait <strong>de</strong> la partie principale <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> Wittgenstein.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 227<br />

Maréchal, l’Empereur prescrivit que le 4 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong><br />

cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg, sous les ordres du Maréchal Soult,<br />

s’avanceraient à mi-chemin <strong>de</strong> Gross-Welkau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klix, <strong>de</strong> manière<br />

à pouvoir se porter, le cas échéant, au soutien <strong>de</strong>s troupes<br />

<strong>de</strong> Ney. Le 6 ème Corps fut invité à s’étendre par sa gauche <strong>de</strong> façon<br />

à rester lié avec le 4 ème qu’il suivrait sur Klix, si les circonstances<br />

l’exigeaient.<br />

Vers 8 h du matin, quand les avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s colonnes<br />

<strong>de</strong> Ney commencèrent à déboucher sur Klix, Napoléon, complètement<br />

rassuré <strong>de</strong> ce côté, se décida à attaquer le jour même avec<br />

l’armée principale, afin <strong>de</strong> chasser l’ennemi <strong>de</strong> sa position avancée,<br />

<strong>de</strong> l’investir <strong>de</strong> près sur sa position principale <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’y fixer<br />

autant que possible : il craignait que l’ennemi ne décampât dès<br />

qu’il verrait arriver sur sa route les corps du Maréchal Ney.<br />

Il commença l’attaque à midi afin que la nuit vint<br />

l’interrompre, comptant disposer <strong>de</strong> toute la journée du len<strong>de</strong>main<br />

pour emporter la position principale <strong>de</strong>s alliés <strong>et</strong> compléter<br />

sa victoire par une longue poursuite.<br />

Sur son ordre, le Maréchal Oudinot fit avancer son corps<br />

d’armée (12 ème ) <strong>de</strong> Dranschkowitz sur Suigwitz. <strong>La</strong> Division Pacthod,<br />

sous la protection <strong>de</strong> toute l’artillerie du corps d’armée,<br />

franchit la rivière, en partie à gué, en partie aux ponts du village <strong>et</strong><br />

prit pied, sans coup férir, sur les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite,<br />

l’ennemi n’ayant montré tout d’abord que ses détachements <strong>de</strong><br />

cavalerie. Le Général Saint-Priest accourut avec la plus gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>de</strong> son détachement, au soutien <strong>de</strong>s escadrons russes <strong>de</strong><br />

l’extrême gauche, mais il ne put que r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r pendant quelques<br />

instants la marche du 12 ème Corps. Celui-ci, vers 4 h du soir, déboucha<br />

en entier sur Boblitz ; la Division Pacthod, soutenue par<br />

la Division bavaroise, continua sur Brünewitz ; une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

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228<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Division <strong>La</strong>urencez (la seule présente) appuya à droite <strong>et</strong> escalada<br />

la montagne sur Drohmsberg.<br />

Le 11 ème Corps avait mission d’enlever Bautzen. Une Division<br />

s’empara du pont <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la grand’route, que les alliés<br />

n’avaient pas détruit, on ne sait pourquoi ; les <strong>de</strong>ux autres Divisions<br />

franchirent la Sprée à une <strong>de</strong>mi-lieue en amont sur <strong>de</strong>s<br />

ponts <strong>de</strong> cheval<strong>et</strong>s, enlevèrent Prenschwitz <strong>et</strong> commencèrent à<br />

attaquer Bautzen par le Sud : les bataillons russes qui occupaient<br />

la ville se défendirent avec opiniâtr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> empêchèrent le 11 ème<br />

Corps d’aller plus avant.<br />

Mais, pendant ce temps, le 6 ème Corps effectuait son passage<br />

sur Ochna. Une batterie <strong>de</strong> 60 pièces, placée par le Maréchal<br />

Marmont sur la crête 210-213, balaya les abris du point choisi<br />

pour l’établissement <strong>de</strong>s ponts, réduisit au silence l’artillerie adverse<br />

qui se composait <strong>de</strong> quelques pièces <strong>et</strong> obligea l’infanterie à<br />

reculer. Les tirailleurs français se j<strong>et</strong>èrent alors dans la rivière <strong>et</strong><br />

prirent position sur la crête opposée. A 4 h, le 6 ème Corps déboucha<br />

sur le plateau, refoulant au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>lwitz le corps du<br />

Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg. <strong>La</strong> Division Compans attaqua<br />

aussitôt Bautzen à revers <strong>et</strong> y pénétra ; les bataillons Russes, chargés<br />

<strong>de</strong> la défense <strong>de</strong> la ville, eurent à peine le temps <strong>de</strong> s’enfuir ;<br />

ils laissèrent entre nos mains quelques centaines <strong>de</strong> prisonniers.<br />

Le 11 ème Corps put alors s’avancer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Strehla <strong>et</strong> prendre<br />

position sur les hauteurs en face d’Auritz. Le mouvement du 6 ème<br />

Corps eut, en outre, pour conséquence <strong>de</strong> dégager la droite du<br />

4 ème Corps.<br />

Celui-ci avait attaqué les avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> s’était<br />

emparé <strong>de</strong> Nimmschütz, <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Briesnig. Il avait<br />

voulu franchir la Sprée mais Blücher, ayant envoyé une <strong>de</strong> ses<br />

briga<strong>de</strong>s au soutien <strong>de</strong> Kleist, ce <strong>de</strong>rnier avait réussi à contenir<br />

nos troupes. Cependant, une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Morand<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 229<br />

(23 ème <strong>de</strong> ligne) était parvenue à occuper, sur la rive droite <strong>de</strong> la<br />

Sprée, un mamelon, où elle avait réussi à se maintenir grâce à une<br />

batterie <strong>de</strong> 22 pièces placée sur une hauteur <strong>de</strong> la rive gauche (le<br />

Gottlesberg) <strong>et</strong> dont le tir à mitraille balayait les abords du mamelon<br />

en question. A 6 h du soir, la Division Bonn<strong>et</strong>, du 6 ème Corps,<br />

s’empara <strong>de</strong> Burk, ce qui contraignit Kleist à se replier au plus vite<br />

sur Litten par Basankuritz.<br />

Entre 6 <strong>et</strong> 7 h du soir, les Français furent donc maîtres <strong>de</strong><br />

toute la position avancée <strong>de</strong>s coalisés.<br />

Ainsi qu’il a été dit plus haut, le détachement <strong>de</strong> Kleist<br />

avait rétrogradé sur Litten ; le corps du Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg,<br />

le détachement <strong>de</strong> Saint-Priest <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> gauche<br />

s’étaient repliés sur la ligne Auritz, Daranitz, Meltheuer, Klein-<br />

Künitz. Voici quelle était à ce moment la situation exacte <strong>de</strong>s<br />

corps français.<br />

Quartier général <strong>et</strong> Division italienne à Jeschütz<br />

4 ème Corps<br />

- Division Morand<br />

o Une briga<strong>de</strong> occupant le mamelon <strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la<br />

Sprée, au sud du Gottlesberg.<br />

o 5 bataillons à Nie<strong>de</strong>r-Gurig<br />

o Une briga<strong>de</strong> (23 ème <strong>de</strong> ligne, 5 bataillons) à Briesnig<br />

- Division wurtembergeoise en arrière <strong>de</strong> Gottlesberg avec un<br />

détachement à Nimmschütz<br />

6 ème Corps<br />

- les trois Divisions en ligne sur le plateau au Nord <strong>de</strong> la route<br />

<strong>de</strong> Bautzen à Löbau, la droite à la route, la gauche à Burk,<br />

ayant un régiment dans chacun <strong>de</strong>s trois villages situés <strong>de</strong>vant<br />

son front : Basankwitz, Nie<strong>de</strong>r Kaynir <strong>et</strong> Na<strong>de</strong>lwitz.<br />

11 ème Corps sur les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Strehla en face d’Auritz.<br />

12 ème Corps<br />

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230<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

- la Division Pacthod à Binnewitz<br />

- Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division <strong>La</strong>urencez sur le Drohmsberg<br />

- Quartier général à Ebendörfel<br />

- Division bavaroise à Ebendörfel<br />

Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empe-<br />

reur<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />

<strong>La</strong> réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-<br />

Maubourg<br />

} à Bautzen <strong>et</strong> environs<br />

Le 12 ème Corps, poursuivant <strong>de</strong>s offensives malgré la tombée<br />

<strong>de</strong> la nuit, parvint vers 7 h du soir à pénétrer jusqu’à Meltheuer<br />

<strong>et</strong> Klein-Künitz, m<strong>et</strong>tant ainsi la main sur les points<br />

d’appui <strong>de</strong> l’extrême-gauche <strong>de</strong> la position principale <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

C<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt émut vivement l’empereur Alexandre <strong>et</strong> la plupart<br />

<strong>de</strong>s généraux russes qui, déjà, étaient persuadés que Napoléon<br />

dirigerait son effort principal <strong>de</strong> ce côté, où la configuration générale<br />

du terrain était très favorable à sa nombreuse infanterie.<br />

Wittgenstein, quoique ne partageant pas c<strong>et</strong>te manière <strong>de</strong> voir,<br />

dut envoyer à Miloradowitch, qui avait pris le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong><br />

toutes les troupes <strong>de</strong> l’aile gauche, un renfort <strong>de</strong> 3 à 4 000 hommes<br />

<strong>de</strong> la réserve générale. Miloradowitch reprit alors l’offensive<br />

<strong>et</strong> refoula les troupes d’Oudinot sur Bümewitz <strong>et</strong> la Drohmsberg.<br />

De ce côté, les <strong>de</strong>rniers coups <strong>de</strong> fusil ne furent tirés qu’à 10 h du<br />

soir.<br />

Pendant la bataille, les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps s’étaient rassemblés<br />

à Sörchen ; l’avant-gar<strong>de</strong> du 3 ème Corps (Division Souham)<br />

avait chassé <strong>de</strong> Klix <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>é au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée le détachement<br />

<strong>de</strong> Tschaplitz, qui s’était établi à Salga <strong>et</strong> Brösa ayant sur sa droite,<br />

à Lömischau, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 231<br />

Les autres corps <strong>de</strong> l’armée du Maréchal Ney avaient atteint<br />

:<br />

- la Division Puthod, Steinitz ;<br />

- le 7 ème Corps, Hoyerswerda ;<br />

- le 2 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, Döbern.<br />

Les pertes <strong>de</strong>s coalisés, dans la journée du 20, s’élevaient à<br />

environ 3 000 tués, blessés <strong>et</strong> prisonniers ; celles <strong>de</strong>s Français à<br />

4 000.<br />

vante :<br />

<strong>La</strong> situation <strong>de</strong> l’armée coalisée, le 20 au soir, est la sui-<br />

<strong>La</strong> Gauche <strong>et</strong> la partie du centre y attenant :<br />

Miloradowitch, avec le corps d’infanterie d’Eugène <strong>de</strong><br />

Wurtemberg, le détachement <strong>de</strong> Saint-Priest, le corps <strong>de</strong> Gortschakow<br />

2, divers détachements légers <strong>et</strong> d’une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong> russe, sont établis sur une position fortifiée, jalonnée par<br />

les villages <strong>de</strong> Klein-Künitz, Meltheuer, Rieschen, Daranitz, Jenkwitz<br />

<strong>et</strong> Baschütz ;<br />

<strong>La</strong> Droite <strong>et</strong> la partie du centre y attenant occupent :<br />

Le corps d’York, Kreckwitz <strong>et</strong> Litten, le corps <strong>de</strong> Blücher,<br />

les hauteurs du Nord <strong>de</strong> Kreckwitz, Doberschütz <strong>et</strong> Pliesskowitz ;<br />

le détachement <strong>de</strong> Kleist formant réserve, Dürsckwitz.<br />

A l’extrême-droite, le gros du Corps <strong>de</strong> Barclay tient Malschwitz,<br />

le Windmühlenberg <strong>et</strong> Gleina ; le détachement d’avantgar<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Tschaplitz, Salga <strong>et</strong> Brösa, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï,<br />

Leichmann.<br />

<strong>La</strong> Réserve générale formée <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (moins une briga<strong>de</strong>)<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong> Miloradowitch est réunie en arrière <strong>de</strong><br />

Baschütz.<br />

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232<br />

Bataille du 21<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le plan <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> Napoléon pour le 21 est le suivant :<br />

L’aile droite : 12 ème Corps <strong>et</strong> une partie du 11 ème , attaquera<br />

à fond la gauche adverse sur les hauteurs <strong>de</strong> Rieschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Meltheuer<br />

afin d’attirer l’attention <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong> ce côté ; pendant ce<br />

temps, l’armée du Maréchal Ney débouchera au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée<br />

par Klix, culbutera l’extrême-droite adverse <strong>et</strong> s’avancera sur Preititz<br />

<strong>de</strong> manière à prendre à revers les positions occupées par les<br />

troupes <strong>de</strong> Blücher ;<br />

Les corps du centre : 11 ème , la Gar<strong>de</strong>, la réserve <strong>de</strong> cavalerie<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg, les 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps, resteront tout<br />

d’abord immobiles en face du centre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la droite <strong>de</strong>s coalisés,<br />

se contentant d’entr<strong>et</strong>enir le combat au moyen <strong>de</strong> leur artillerie <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> leurs tirailleurs. Dès que le Maréchal Ney sera maître <strong>de</strong> Preititz,<br />

entre 11 h <strong>et</strong> midi probablement, l’Empereur donnera le signal<br />

<strong>de</strong> l’attaque générale.<br />

Napoléon, <strong>de</strong>s hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Bautzen, où il se tiendra<br />

pendant la bataille, découvre tout le terrain qui s’étend <strong>de</strong>s montagnes<br />

aux mamelons boisés occupés par les Prussiens ; mais il ne<br />

voit pas les prairies basses entre Preititz <strong>et</strong> Klix, par lesquelles<br />

doit se faire le mouvement du Maréchal Ney. Ajoutons que les<br />

ordres envoyés à ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vant passer par Klix, m<strong>et</strong>tront au<br />

moins une heure <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie pour lui parvenir. Le Maréchal sera<br />

donc complètement livré à lui-même <strong>et</strong> <strong>de</strong>vra agir en s’inspirant<br />

<strong>de</strong>s circonstances.<br />

suit :<br />

Le 20 au soir, le Major Général lui adresse la note qui<br />

« L’Empereur veut que vous vous dirigiez sur Dresa (c’est la Brösa<br />

<strong>de</strong> la carte au 1/100 000 è), chassant l’ennemi <strong>de</strong> ses positions, vous liant<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 233<br />

avec nous <strong>et</strong> que, <strong>de</strong> là, vous vous dirigiez sur Weissemberg <strong>de</strong> manière à<br />

trouver l’ennemi ».<br />

Le 21, entre 8 h <strong>et</strong> 10 h, une secon<strong>de</strong> note sera remise au<br />

Maréchal par un officier <strong>de</strong> son Etat-Major qu’il avait envoyé à<br />

l’Empereur pour lui rendre compte <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> ses troupes<br />

<strong>et</strong> lui faire connaître ses intentions.<br />

Au bivouac <strong>de</strong>vant Bautzen, 21 mai, à 8 h du matin :<br />

« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous suiviez toujours le mouvement<br />

<strong>de</strong> l’ennemi.<br />

« Sa Majesté a fait voir à votre officier d’Etat-major la position <strong>de</strong><br />

l’ennemi qui paraît définitive par les redoutes qu’il a construites <strong>et</strong> qu’il occupe.<br />

« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous soyez, ce matin, à onze<br />

heures, au village <strong>de</strong> Preititz. Nous attaquerons franchement sur tous les<br />

points. Faites marcher <strong>La</strong>uriston sur votre gauche pour être en mesure <strong>de</strong><br />

tourner l’ennemi si votre mouvement le déci<strong>de</strong> à abandonner sa position ».<br />

Sans doute, les officiers porteurs <strong>de</strong> ces notes ont pu<br />

donner au Maréchal <strong>de</strong>s renseignements complémentaires ; cependant,<br />

il est certain que Napoléon, conformément à son habitu<strong>de</strong>,<br />

n’orienta pas suffisamment son lieutenant sur la situation.<br />

Il aurait dû au moins lui faire connaître ce qu’il savait <strong>de</strong>s<br />

forces <strong>de</strong>s coalisés <strong>et</strong> indiquer, d’une façon plus précise, comment<br />

agirait l’armée principale.<br />

Au lever du jour, le Maréchal Oudinot fit avancer la Division<br />

Pacthod, <strong>de</strong> Binnewitz sur Duramitz <strong>et</strong> Meltheuer <strong>et</strong> la Division<br />

<strong>La</strong>urencez (une briga<strong>de</strong>) du Drohmsberg sur Klein-Künitz <strong>et</strong><br />

Pielitz ; la Division bavaroise, qui formait la réserve du 12 ème<br />

Corps, suivit la Division Pacthod. Le 11 ème Corps, pour flanquer<br />

le mouvement du 12 ème , se porta sur quelques centaines <strong>de</strong> pas en<br />

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234<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

avant <strong>et</strong> s’arrêta en face d’Auritz <strong>et</strong> du Falkenberg, évitant <strong>de</strong><br />

s’engager.<br />

L’attaque du 12 ème Corps fut conduite avec la plus extrême<br />

vigueur ; malgré la résistance opiniâtre <strong>de</strong>s Russes, la Division<br />

Pacthod s’avança jusqu’à Rieschen <strong>et</strong> s’en empara pendant que la<br />

Division <strong>La</strong>urencez, débordant l’extrême-droite <strong>de</strong> l’ennemi, enlevait<br />

successivement Pielitz <strong>et</strong> Döhlen <strong>et</strong> débouchait sur Rachlau.<br />

A l’autre extrémité du champ <strong>de</strong> bataille, du côté <strong>de</strong> Klix,<br />

la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la fusilla<strong>de</strong> s’étaient également fait entendre dès 5<br />

h du matin <strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis, avaient toujours été en croissant<br />

d’intensité : les corps du Maréchal Ney débouchaient sur la rive<br />

droite <strong>de</strong> la Sprée.<br />

Quant aux corps français du centre, ils restaient immobiles,<br />

couverts par <strong>de</strong> forts détachements avancés, dont les tirailleurs<br />

échangeaient <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> fusil avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Les souverains alliés s’étaient placés pour suivre les péripéties<br />

<strong>de</strong> la bataille sur un rocher, en arrière <strong>de</strong> Baschütz ; <strong>de</strong> là,<br />

ils apercevaient, en face d’eux, sur le plateau compris entre le<br />

Blossauer-Wasser <strong>et</strong> la Sprée, le 6 ème Corps déployé entre Ma<strong>de</strong>lwitz<br />

<strong>et</strong> Burk <strong>et</strong>, plus en arrière, entre Ra<strong>de</strong>lwitz <strong>et</strong> Bautzen, la<br />

Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg ; ils apercevaient<br />

aussi, un peu plus à gauche, la plus gran<strong>de</strong> partie du 11 ème<br />

Corps. C’était au total plus <strong>de</strong> 60 000 hommes que Napoléon leur<br />

montrait <strong>et</strong> qui semblaient prêts à fondre sur la gauche <strong>et</strong> le centre<br />

<strong>de</strong> l’armée alliée.<br />

Quand arriva la nouvelle <strong>de</strong>s avantages remportés par notre<br />

12 ème Corps, l’Empereur Alexandre, convaincu plus que jamais<br />

que l’effort principal <strong>de</strong>s Français serait dirigé contre l’aile gauche,<br />

ordonna d’envoyer au soutien <strong>de</strong> Miloradowitch, qui disposait<br />

déjà <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 20 000 hommes, 4 à 5 000 hommes <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 235<br />

L’infanterie <strong>de</strong> la réserve générale se trouva donc réduite à moins<br />

<strong>de</strong> 6 000 hommes dès le début <strong>de</strong> la bataille ; c<strong>et</strong>te réserve comprenait,<br />

il est vrai, une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie (7 à 8 000<br />

hommes) <strong>et</strong> d’artillerie (100 à 150 pièces), mais cela ne compensait<br />

pas la faiblesse numérique <strong>de</strong> l’infanterie.<br />

Miloradowitch, aussitôt après avoir reçu les renforts dont<br />

nous venons <strong>de</strong> parler, reprit l’offensive <strong>et</strong>, après une lutte acharnée,<br />

réussit à refouler les 15 000 hommes du 12 ème Corps sur le<br />

Dromhsberg <strong>et</strong> les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Binnewitz.<br />

Le Maréchal Oudinot, enragé <strong>de</strong> perdre du terrain, envoya<br />

prévenir l’Empereur qu’il avait sur les bras <strong>de</strong>s forces très supérieures<br />

<strong>et</strong> qu’il allait être rej<strong>et</strong>é dans la plaine d’Ebendörfel, si on<br />

ne lui envoyait pas du secours au plus vite : Napoléon ne répondit<br />

même pas.<br />

Vers midi, les bataillons désunis <strong>de</strong>s Divisions Pacthod <strong>et</strong><br />

<strong>La</strong>urencez furent contraints d’abandonner les hauteurs ; ils rétrogradaient<br />

lentement, contenant l’ennemi par <strong>de</strong> vigoureux r<strong>et</strong>ours<br />

offensifs partiels ; la Division bavaroise était toujours à peu près<br />

intacte, mais Oudinot ne voulait l’engager qu’à la <strong>de</strong>rnière extrémité.<br />

Il adressa une nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> secours, plus pressante<br />

que la première : Napoléon, après avoir j<strong>et</strong>é un coup d’œil rapi<strong>de</strong><br />

sur le champ <strong>de</strong> bataille, répondit en ces termes à son ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

camp : « Dites à votre Maréchal que la bataille sera gagnée à trois heures <strong>et</strong><br />

que, d’ici là, il tienne comme il pourra ».<br />

En réalité, le 12 ème Corps, bien qu’il eût subi <strong>de</strong> grosses<br />

pertes, pouvait tenir encore longtemps, puisque l’une <strong>de</strong> ses Divisions<br />

n’avait pas encore été engagée ; d’ailleurs, le 11 ème Corps<br />

était à portée <strong>de</strong> l’appuyer si c’était nécessaire : il n’y avait pas<br />

besoin d’un ordre <strong>de</strong> l’Empereur pour cela.<br />

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236<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Et en eff<strong>et</strong>, la Division Gérard, soutenue par une briga<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la Division Fressin<strong>et</strong>, prononça un mouvement par Grubnitz<br />

sur Binnewitz ; c<strong>et</strong>te démonstration obligea les Russes à marquer<br />

un temps d’arrêt ; le 12 ème Corps en profita pour se reformer ; il<br />

occupa Ebendörfel <strong>et</strong> les hauteurs en arrière <strong>de</strong> Binnewitz, sa<br />

ligne placée à portée <strong>de</strong> mitraille <strong>de</strong> la lisière <strong>de</strong>s bois qu’il venait<br />

d’abandonner à l’ennemi. Ce <strong>de</strong>rnier, qui ne pouvait utiliser<br />

qu’une très faible partie <strong>de</strong> l’artillerie faute d’emplacements favorables<br />

pour la m<strong>et</strong>tre en batterie, s’efforça en vain <strong>de</strong> déboucher<br />

<strong>de</strong>s bois : les braves troupes d’Oudinot réussirent à le tenir en<br />

échec jusqu’au soir.<br />

Le 12 ème Corps avait rempli <strong>et</strong> au-<strong>de</strong>là, les intentions <strong>de</strong><br />

Napoléon : il avait attiré sur lui l’effort <strong>de</strong> toute l’aile gauche <strong>de</strong>s<br />

alliés <strong>et</strong> une fraction importante <strong>de</strong> leur réserve générale ; il avait<br />

dû cé<strong>de</strong>r une partie du terrain conquis la veille, mais c<strong>et</strong>te circonstance<br />

elle-même favorisait le plan <strong>de</strong> l’Empereur car, plus<br />

l’aile gauche ennemie gagnerait du terrain vers Bautzen, <strong>et</strong> plus il<br />

lui serait difficile <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer du combat quand la défaite <strong>de</strong><br />

l’extrême-droite rendrait nécessaire un mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite<br />

général.<br />

Les Corps du Maréchal Ney s’étaient ébranlés entre 4 <strong>et</strong> 5<br />

h du matin.<br />

<strong>La</strong> Division Pacthod était partie <strong>de</strong> Steinitz à 5 h ; ayant<br />

parcouru 15 km par <strong>de</strong> mauvais chemins pour gagner Klix, elle<br />

n’y arriverait que vers 11 h.<br />

Le 7 ème Corps, parti à Hoyerswerda à 4 h du matin, ne<br />

pouvait atteindre Klix avant 1 heure <strong>de</strong> l’après-midi.<br />

Le 5 ème Corps, qui avait reçu l’ordre <strong>de</strong> se diriger sur Gottau<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> là, sur Baruth, en marchant à la gauche du 3 ème Corps, se<br />

porta sur Klix. Sa Division <strong>de</strong> tête, Division Maisons, traversa le<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 237<br />

village occupé <strong>de</strong>puis la veille par la Division Souham du 3 ème<br />

Corps <strong>et</strong> commença à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée ; elle tomba<br />

alors sous le feu <strong>de</strong> la batterie du détachement <strong>de</strong> Tschaplitz qui<br />

était en position près <strong>de</strong> Salga. Le Général Maisons déploya sa<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête en avant <strong>de</strong> Klix, sa briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> queue en arrière <strong>et</strong><br />

attendit. Le Général <strong>La</strong>uriston, prévenu, ne crut pas <strong>de</strong>voir continuer<br />

son mouvement <strong>de</strong> ce côté par crainte <strong>de</strong> se trouver être<br />

engagé sérieusement dans une direction tout autre que celle qui<br />

lui avait été indiquée. « Me trouvant au milieu <strong>de</strong>s bivouacs du 3 ème<br />

Corps, dit-il dans son rapport officiel <strong>et</strong> mes ordres portant <strong>de</strong> me rendre à<br />

Baruth par Gottamel<strong>de</strong> (Gothau), je laissai à Klix la Division Maisons <strong>et</strong><br />

me portai avec les <strong>de</strong>ux autres, au débouché <strong>de</strong> Leichnam qui conduit à Gottamel<strong>de</strong><br />

par Dresa (Brösa). C<strong>et</strong>te manœuvre était d’autant plus nécessaire<br />

que j’eus à combattre, <strong>de</strong> ce côté, <strong>de</strong> l’infanterie, <strong>de</strong> la cavalerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie<br />

qui m’auraient pris en flanc toute la journée si, moi-même les débordant<br />

d'abord par Lömisch, je ne les eusse forcées à se r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong>rrière Dresa que<br />

l’ennemi incendia ».<br />

Nous savons que le parti rencontré à Lömischau était celui<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï.<br />

Le Général <strong>La</strong>uriston franchit donc la Sprée à Leichmann<br />

avec les Divisions <strong>La</strong>grange <strong>et</strong> Rochambeau qui ne comptaient<br />

ensemble que dix-huit faibles bataillons (12 000 hommes) <strong>et</strong><br />

s’arrêta en face <strong>de</strong> Brösa, faisant occuper Lömischau sur sa gauche<br />

Les cavaliers <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï se replièrent au sud <strong>de</strong> Gottau.<br />

Le 3 ème Corps s’était mis en mouvement à son tour. Le<br />

Maréchal Ney, qui le dirigeait en personne, trouvant à Klix la<br />

Division Maisons du 5 ème Corps, la poussa à sa droite sur Malschwitz<br />

; les Divisions Souham <strong>et</strong> Delmas, débouchant <strong>de</strong> Klix,<br />

emportèrent Salga <strong>et</strong> se déployèrent pour attaquer le Windmühlenberg<br />

<strong>et</strong> Gleina ; les trois autres Divisions serrèrent sur Klix.<br />

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238<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Ordre fut envoyé au Général <strong>La</strong>uriston <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong><br />

Brösa, puis <strong>de</strong> Gottau <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’avancer sur Baruth, <strong>de</strong> manière à<br />

débor<strong>de</strong>r l’extrême-droite <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Barclay, en voyant la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes qui<br />

s’avançaient contre lui, avait <strong>de</strong>mandé du renfort. Mais, la réserve<br />

générale, déjà affaiblie <strong>de</strong>s fractions envoyées au soutien <strong>de</strong> Miloradowitch,<br />

ne comptait plus que 6 000 hommes d’infanterie que<br />

l’Empereur Alexandre jugeait indispensable <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>rrière<br />

le centre pour parer à une attaque possible <strong>de</strong>s masses françaises<br />

que l’on apercevait <strong>de</strong>vant Bautzen ; il fut répondu à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> renfort <strong>de</strong> Barclay par l’ordre <strong>de</strong> tenir ferme sur sa<br />

position.<br />

Le 3 ème Corps français gagna du terrain sans se laisser intimi<strong>de</strong>r<br />

par le feu <strong>de</strong>s quatre-vingts pièces russes établies sur le<br />

Windmühlenberg.<br />

Entre 8 <strong>et</strong> 9 h, pendant que la Division Maisons attaquait<br />

Malschwitz <strong>et</strong> qu’à sa gauche, le 5 ème Corps, maître <strong>de</strong> Gottau,<br />

débouchait sur Buchwal<strong>de</strong>, le 3 ème Corps s’élança à l’assaut <strong>de</strong><br />

Windmühlenberg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Gleina <strong>et</strong> s’en empara.<br />

Barclay, forcé sur son front <strong>et</strong> débordé sur ses <strong>de</strong>ux<br />

flancs, fit rétrogra<strong>de</strong>r une partie (?) <strong>de</strong> ses troupes sur Preititz <strong>et</strong><br />

envoya le reste au soutien <strong>de</strong> Tschaplitz qui, avec son détachement<br />

<strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï, <strong>de</strong>vait s’efforcer <strong>de</strong> disputer Baruth au<br />

5 ème Corps.<br />

<strong>La</strong> nouvelle <strong>de</strong> la défaite <strong>de</strong> son extrême droite ne suffit<br />

pas pour convaincre l’Empereur Alexandre <strong>de</strong> son erreur ; toujours<br />

persuadé que c’était son aile gauche qui aurait à supporter<br />

l’attaque principale, il persista à n’envoyer aucun renfort à Barclay,<br />

auquel il prescrivit : « <strong>de</strong> tenir au moins Preititz jusqu’à la<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 239<br />

<strong>de</strong>rnière extrémité <strong>et</strong> d’arrêter les progrès <strong>de</strong>s Français au<br />

moyen <strong>de</strong> sa nombreuse artillerie ».<br />

Entre 9 h trente <strong>et</strong> 10 h, le Maréchal Ney reçut la note du<br />

Major Général qui l’invitait à être à Preititz à 11 h. Avant même<br />

d’avoir reçu c<strong>et</strong>te note, il avait fait avancer la Division Souham<br />

vers le Blossauer-Wasser à la poursuite <strong>de</strong> l’ennemi : il n’avait<br />

donc qu’à continuer son mouvement. Comme Malschwitz était<br />

encore occupé par les Russes <strong>et</strong> que, sur les hauteurs du Nord <strong>de</strong><br />

Preititz, il voyait les Prussiens <strong>de</strong> Blücher, dont il s’exagérait le<br />

nombre, le Maréchal se crut obligé à beaucoup <strong>de</strong> circonspection.<br />

<strong>La</strong>issant la Division Souham marcher sur Preititz, suivie à<br />

distance par la Division Delmas, il arrêta au Windmühlenberg <strong>et</strong> à<br />

Gleina les Divisions Albert <strong>et</strong> Ricard <strong>et</strong> maintint à Klix la Division<br />

Marchand pour assurer la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce débouché jusqu’à<br />

l’arrivée <strong>de</strong> la Division Puthod.<br />

Il est bien évi<strong>de</strong>nt que la Division Souham, qui allait<br />

s’avancer en pointe sur les <strong>de</strong>rrières <strong>de</strong> la position ennemie, courait<br />

le risque <strong>de</strong> se faire détruire.<br />

Le Général <strong>La</strong>uriston, qui s’était emparé <strong>de</strong> Buchwal<strong>de</strong><br />

presque sans combat, continuait lentement son mouvement sur<br />

Baruch, très préoccupé d’assurer son flanc gauche contre toute<br />

surprise.<br />

Les vaillants fantassins <strong>de</strong> Souham se j<strong>et</strong>èrent tête baissée<br />

sur Preititz <strong>et</strong> s’en emparèrent. Il était environ 10 h.<br />

Barclay laissa trois bataillons <strong>de</strong> chasseurs <strong>et</strong> quatre escadrons<br />

(1 500 à 2 000 hommes) pour contenir les Français <strong>et</strong> rallier<br />

le reste <strong>de</strong> son corps d’armée sur la forte position <strong>de</strong> Rachel <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Briesnitz, afin <strong>de</strong> tenir en échec le 5 ème Corps qui venait d’enlever<br />

Baruth <strong>et</strong> cherchait à en déboucher.<br />

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240<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

L’Empereur Alexandre, informés que les Français étaient<br />

maîtres <strong>de</strong> Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Baruth, comprit enfin son erreur. Les<br />

alliés se trouvaient dans une situation <strong>de</strong>s plus périlleuses car, s’ils<br />

ne reprenaient pas Preititz au plus vite, toutes les troupes <strong>de</strong> la<br />

droite allaient être coupées.<br />

Malgré l’imminence du péril, Alexandre ne crut pas <strong>de</strong>voir<br />

diriger sur Preititz la moindre partie du peu qui restait disponible<br />

<strong>de</strong> l'infanterie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe ; il envoya à Blücher l’ordre <strong>de</strong><br />

lancer sur le village tout ce qu’il pourrait tirer <strong>de</strong> sa réserve particulière.<br />

Quand c<strong>et</strong> ordre lui parvint, Blücher n’était pas encore engagé<br />

; il put donc diriger sur Preititz la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> son<br />

corps d’armée (Briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r) <strong>et</strong> le détachement <strong>de</strong> Kleist. Ces<br />

troupes, jointes aux chasseurs <strong>de</strong> Barclay, marchèrent résolument<br />

à l’attaque. Au premier coup <strong>de</strong> canon, le village prit feu. <strong>La</strong> Division<br />

Souham, assaillie par <strong>de</strong>s forces doubles, fut contrainte<br />

d’abandonner le point d’appui après une résistance opiniâtre.<br />

Il était midi. A ce moment, le centre français, qui n’avait<br />

pas encore bougé, se mit en mouvement.<br />

Le 6 ème Corps se porta au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Blossauer-Wasser,<br />

comme s’il voulait assaillir Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz mais, après avoir<br />

franchi le ruisseau, il s’arrêta, laissant son artillerie engager contre<br />

les batteries russes un duel à gran<strong>de</strong> distance qui ne pouvait donner<br />

aucun résultat sérieux.<br />

<strong>La</strong> Jeune Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie, filant <strong>de</strong>rrière le<br />

6 ème Corps, se placèrent vers Burk pour appuyer l’attaque que le<br />

4 ème Corps <strong>de</strong>vait diriger contre les troupes prussiennes qui défendaient<br />

les hauteurs entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz.<br />

Depuis que les Prussiens <strong>de</strong> Blücher avaient perdu le mamelon<br />

<strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la Sprée, sur lequel s’était logé un régi-<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 241<br />

ment <strong>de</strong> la Division Morand, le 23 ème <strong>de</strong> ligne, ils n’avaient plus <strong>de</strong><br />

vues sur la partie <strong>de</strong> la vallée comprise entre Nimmschütz <strong>et</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig.<br />

Le Maréchal Soult, profitant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te circonstance,<br />

avait fait passer sur la rive droite <strong>de</strong> la Sprée, sans que l’ennemi<br />

s’en aperçût, la plus gran<strong>de</strong> partie du 4 ème Corps ; la Division wurtembergeoise<br />

s’était placée à la droite du 23 ème <strong>de</strong> ligne avec la<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie du Général <strong>de</strong> Briche ; la Division italienne,<br />

réduite <strong>et</strong> très mal remise <strong>de</strong> son affaire d’Hemerswerda, s’était<br />

rassemblée <strong>de</strong>rrière les wurtembergeoises. <strong>La</strong> Division Morand<br />

avait un régiment, le 23 ème (quatre bataillons) au mamelon visé ci<strong>de</strong>ssus,<br />

trois bataillons légers à Nie<strong>de</strong>r-Gurig, un régiment léger,<br />

le 13 ème <strong>de</strong> ligne (cinq bataillons) à Briesnig, 12 pièces étaient restées<br />

en batterie sur le Gottlesberg, d’où elles balayaient tout le<br />

terrain jusqu’aux r<strong>et</strong>ranchements prussiens.<br />

A 2 h <strong>de</strong> l’après-midi, l’artillerie <strong>de</strong> Gottlesberg <strong>et</strong> quatre<br />

batteries établies sur le front <strong>de</strong> la division wurtembergeoise ouvrirent<br />

un feu très vif contre le mamelon r<strong>et</strong>ranché, cote 189, qui<br />

était le point d’appui principal du corps <strong>de</strong> Blücher. Au même<br />

moment, les pièces <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> établie à l’Ouest <strong>de</strong><br />

Basankwitz, sous la protection d’une Division <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong><br />

qui occupait ce village, commencèrent à canonner Kreckwitz <strong>et</strong><br />

les hauteurs voisines.<br />

Entre 2 <strong>et</strong> 3 h, le 4 ème Corps attaqua à fond sur tout son<br />

front ; le 13 ème <strong>de</strong> ligne se porta <strong>de</strong> Briesnig, en partie sur Pliesskowitz<br />

pour appuyer l’attaque que la Division Maisons dirigeait<br />

sur ce point, partie sur Doberschütz pour appuyer les trois bataillons<br />

légers qui débouchaient <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig ; le 23 ème <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong><br />

la Division wurtembergeoise attaqua le mamelon 189. Le combat<br />

prit <strong>de</strong> suite un caractère d’acharnement inouï ; les Prussiens défendirent<br />

leur terrain pied à pied avec une ténacité admirable ;<br />

leur cavalerie exécuta plusieurs charges contre le 23 ème <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong><br />

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242<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

les Wurtembergeois sans réussir à entamer aucun <strong>de</strong> nos bataillons.<br />

Pendant que le 4 ème Corps entrait en action, la Division<br />

Maisons enlevait Malschwitz puis Pliesskowitz ; son artillerie se<br />

m<strong>et</strong>tait en batterie en avant <strong>de</strong> ce village <strong>et</strong> ouvrait le feu contre la<br />

droite <strong>de</strong> Blücher.<br />

Le Maréchal Ney, se voyant couvert sur sa droite, avait<br />

aussitôt pris ses dispositions pour se réamparer <strong>de</strong> Preititz. Il<br />

avait, sous la main, outre le 3 ème Corps, la Division Puthod ; <strong>de</strong><br />

plus, la tête du 7 ème Corps était en train <strong>de</strong> franchir la Sprée à<br />

Klix ; il disposait donc <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 45 000 hommes, défalcation<br />

faite <strong>de</strong>s pertes déjà subies par le 3 ème Corps. C’était plus que suffisant<br />

pour triompher <strong>de</strong> toutes les résistances qu’il pouvait rencontrer<br />

<strong>et</strong> s’il eût été bien inspiré, il se fût hâté d’envoyer au Général<br />

<strong>La</strong>uriston au moins la Division Puthod qui appartenait à son<br />

corps d’armée. Le Général, disposant alors <strong>de</strong> 20 000 hommes,<br />

eût été en mesure <strong>de</strong> culbuter Barclay <strong>et</strong> d’atteindre Belgern sur la<br />

route <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s coalisés. Malheureusement, le Maréchal<br />

comprit si peu la situation qu’il prescrivit au Général <strong>La</strong>uriston<br />

d’appuyer à droite sur le 3 ème Corps pour coopérer à l’attaque <strong>de</strong><br />

Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Bautzen. Un tel ordre surprit <strong>La</strong>uriston qui<br />

eut peur que Barclay ne se j<strong>et</strong>ât sur le flanc <strong>de</strong> ses colonnes dès<br />

qu’il les verrait se m<strong>et</strong>tre en mouvement pour marcher vers Preititz.<br />

« Le Maréchal Ney, dit-il dans son rapport officiel déjà cité, m’envoya<br />

l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur 1 <strong>de</strong> me porter sur Preititz <strong>et</strong> Klein-Bautzen... Pour<br />

gagner Preititz, il fallait évacuer les positions que j’avais prises <strong>et</strong> prêter constamment<br />

le flanc à l’ennemi. Je me décidai à y laisser la Division Ro-<br />

1 C’est une manière <strong>de</strong> parler ; l’Empereur a prescrit au Maréchal<br />

Ney d’enlever Preititz ; il ne lui a jamais d’enfourner sur ce point les<br />

60 000 hommes <strong>de</strong>s 3 ème, 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 243<br />

chambeau <strong>et</strong> je gagnai Buchwal<strong>de</strong> avec la Division <strong>La</strong>grange <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, je me<br />

dirigeai sur Preititz, dont les Français venaient <strong>de</strong> s’emparer ».<br />

En eff<strong>et</strong>, vers 3 h, le Maréchal Ney avait fait avancer tout<br />

le 3 ème Corps sur Preititz <strong>et</strong> en avait chassé le détachement <strong>de</strong><br />

Kleist qui y était resté seul, la briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r ayant été rappelée<br />

par Blücher dès que le 4 ème Corps avait commencé son attaque<br />

contre les hauteurs <strong>de</strong> Kreckwitz.<br />

Entre 2 <strong>et</strong> 3 h, Blücher, vivement pressé par le 4 ème Corps<br />

<strong>et</strong> la Division Maisons, avait fait avancer au soutien <strong>de</strong> son corps<br />

d’armée la 1 re briga<strong>de</strong> du corps d’York, dont il avait laissé la secon<strong>de</strong><br />

briga<strong>de</strong> à Litten pour faire face à la Division <strong>de</strong> la Jeune<br />

Gar<strong>de</strong> qui commençait à déboucher <strong>de</strong> Basankwitz. Obligé <strong>de</strong><br />

cé<strong>de</strong>r peu à peu du terrain <strong>et</strong> menacé d’être rej<strong>et</strong>é sur le Blossauer-Wasser,<br />

Blücher avait <strong>de</strong>mandé à grands cris du renfort.<br />

L’Empereur Alexandre s’était enfin décidé à lui envoyer la Division<br />

Yermoloss <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe, la seule qui restât disponible ;<br />

mais c<strong>et</strong>te Division n’arriva pas à temps, car la reprise <strong>de</strong> Preititz<br />

obligea Blücher à se replier <strong>de</strong>rrière le Blossauer-Wasser.<br />

Le 4 ème Corps <strong>et</strong> la Division Maisons couronnèrent la<br />

crête qui domine le ruisseau <strong>de</strong> Litten à Klein-Bautzen ; leur artillerie<br />

<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> dirigèrent un feu très vif sur Litten, Durochwitz<br />

<strong>et</strong> Klein-Bautzen, où voulaient tenir les détachements<br />

chargés <strong>de</strong> couvrir la r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s Prussiens qui se rétrogradaient<br />

vers Würschen.<br />

Si, à ce moment, les Corps du Maréchal Ney avaient débouché<br />

en masse dans la plaine à l’Est <strong>de</strong> Preititz, ils auraient<br />

rej<strong>et</strong>é les colonnes prussiennes en r<strong>et</strong>raite sur Pürschwitz <strong>et</strong> Baschütz,<br />

c’est-à-dire sur le centre <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>s coalisés ; ce<br />

centre étant à peu près à revers, toute la position tombait : la victoire<br />

eût été décisive.<br />

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244<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Mais dans c<strong>et</strong>te journée, comme à <strong>Lutzen</strong>, la Fortune réservait<br />

toutes ses faveurs pour nos adversaires ; les Prussiens purent<br />

se r<strong>et</strong>irer sans être inquiétés. Voici ce qui s’était passé.<br />

Quand le 3 ème Corps eut enlevé Preititz, le Maréchal Ney,<br />

voyant <strong>de</strong>vant lui dans la plaine, 10 à 12 000 cavaliers ennemis<br />

appuyés d’un grand nombre <strong>de</strong> batteries <strong>et</strong>, d’autre part, entendant<br />

toujours la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la fusilla<strong>de</strong> r<strong>et</strong>entir avec autant <strong>de</strong><br />

violence sur sa droite, n’avait pas cru pouvoir s’aventurer au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> Blossauer-Wasser. Il avait prescrit au 3 ème Corps, qui formait sa<br />

première ligne, (la Division Puthod <strong>et</strong> le 7 ème Corps se trouvaient<br />

plus en arrière sur le Windmühlenberg) <strong>de</strong> gravir les hauteurs au<br />

Nord <strong>de</strong> Preititz, <strong>de</strong> telle sorte que nos troupes étaient montées<br />

sur ces hauteurs au moment même où les Prussiens les abandonnaient.<br />

Le 3 ème Corps vint donner sur le 4 ème pendant que le 5 ème<br />

serrait sur lui. Il se produisit là un désordre dont on peut se faire<br />

une idée <strong>et</strong> qui eut pour conséquence désastreuse d’immobiliser<br />

momentanément toute la gauche française, sur l’action <strong>de</strong> laquelle<br />

reposait la réussite du plan <strong>de</strong> Napoléon.<br />

L’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, celle <strong>de</strong>s 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, dirigèrent<br />

sans succès un feu <strong>de</strong>s plus violents contre les troupes<br />

russes qui défendaient Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz : ces troupes restèrent<br />

inébranlables ; Grâce à l’appui <strong>de</strong> l’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cavalerie<br />

<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe, elles purent tenir en échec tout le centre français<br />

jusqu’à 5 h du soir. Les détachements, laissés par Blücher à<br />

Litten, Pürschwitz <strong>et</strong> Klein-bautzen, étaient ainsi couverts sur leur<br />

gauche <strong>et</strong>, n’ayant rien à craindre par suite <strong>de</strong>s faux mouvements<br />

<strong>de</strong> Ney, prolongèrent leur résistance assez longtemps pour perm<strong>et</strong>tre<br />

au corps prussiens <strong>de</strong> gagner Belgern sans se presser.<br />

L’aile gauche <strong>de</strong>s coalisés, engagée sur Brünewitz, avait<br />

commencé à rétrogra<strong>de</strong>r entre 3 <strong>et</strong> 4 h du soir sur ordre <strong>de</strong><br />

l’Empereur Alexandre. Dès que le maréchal Oudinot s’en était<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 245<br />

aperçut, il reprit aussitôt l’offensive mais ses Divisions, très<br />

éprouvées <strong>et</strong> très fatiguées, ne purent mener la poursuite assez<br />

vite pour entamer les bataillons russes <strong>de</strong> Miloradowitch.<br />

Vers 5 h, les corps du Maréchal Ney, 3 ème , 5 ème <strong>et</strong> 7 ème , enfin<br />

remis dans la bonne direction, marchèrent sur Würschen pendant<br />

qu’à leur droite, le 4 ème Corps s’avançait sur Pürschwitz <strong>et</strong> la<br />

Jeune Gar<strong>de</strong> sur Litten. Les Russes, menacés d’être débordés sur<br />

leur droite, abandonnèrent Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz. Dès que leur<br />

artillerie eût cessé son tir, les 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps se portèrent en<br />

avant pour occuper la position. Napoléon fit avancer, à l’Est <strong>de</strong><br />

Baschütz, la réserve <strong>de</strong> cavalerie, mais celle-ci ne put rien faire,<br />

car les Russes exécutèrent leur r<strong>et</strong>raite dans un ordre parfait.<br />

Les corps prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, le détachement<br />

<strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> le corps <strong>de</strong> Barclay se replièrent sur Weissemberg, les<br />

corps russes sur Löbau.<br />

A 10 h du soir, un violent orage arrêta la poursuite.<br />

Les corps <strong>de</strong> l’armée française occupaient alors les emplacements<br />

suivants (en partant <strong>de</strong> la gauche) :<br />

- le 7 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie à Nockern ;<br />

- le 5 ème Corps à Würschen, Camenwitz <strong>et</strong> Rockel ;<br />

- le 3 ème Corps <strong>de</strong>rrière le 5 ème avec son Quartier général à<br />

Klein-Bautzen ;<br />

- le 4 ème Corps à Dresa ;<br />

- le 11 ème Corps à Wöchkirch ;<br />

- le 12 ème Corps en arrière du 11 ème ;<br />

- le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> à Men-Pürschwitz.<br />

Ajoutons que le Maréchal Victor, avec le 2 ème Corps <strong>et</strong> la<br />

réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, venait d’atteindre Wittichenau.<br />

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246<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Les pertes pour les 3 journées <strong>de</strong>s 19, 20 <strong>et</strong> 21 étaient à<br />

peu près égales <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre ; on peut les évaluer approximativement<br />

à 20 000 hommes tués, blessés ou prisonniers.<br />

Nous étions vainqueurs, puisque le champ <strong>de</strong> bataille<br />

nous restait, mais notre victoire n’était rien moins que décisive,<br />

car l’armée alliée effectuait sa r<strong>et</strong>raite dans le plus grand ordre, ne<br />

laissant entre nos mains ni canon sur roues, ni un drapeau.<br />

Observations sur la bataille <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> les mouvements<br />

qui l’ont précédé<br />

Opérations <strong>de</strong>s coalisés.<br />

Nous avons examiné en détail la position <strong>de</strong> Bautzen ; nous ne<br />

reviendrons pas sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

On ne s’explique pas comment les généraux alliés eurent l’idée d’attendre sur<br />

une pareille position l’attaque <strong>de</strong> l’armée française ; le récit <strong>de</strong> la bataille nous a<br />

montré, en eff<strong>et</strong>, que leur armée courut le risque d’être complètement détruite.<br />

Dans l’état <strong>de</strong> leurs forces, les coalisés n’avaient qu’un but<br />

à poursuivre : gagner du temps pour perm<strong>et</strong>tre aux troupes <strong>de</strong><br />

nouvelles formations, troupes <strong>de</strong> réserves russes <strong>et</strong> <strong>La</strong>ndwehrs<br />

prussiennes, d’achever <strong>de</strong> s’organiser <strong>et</strong> pour attendre que<br />

l’Autriche, dont on se croyait sûr, se déclarât en faveur <strong>de</strong> la coalition.<br />

Napoléon, ayant envoyé une partie <strong>de</strong> ses forces sur Torgau,<br />

ils avaient eu raison <strong>de</strong> s’arrêter à Bautzen, où ils trouvaient<br />

une position assez forte pour pouvoir tenir tête facilement aux<br />

corps français rassemblés aux environs <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. En agissant<br />

ainsi, ils obligeaient Napoléon à rappeler à lui ceux <strong>de</strong> ses corps<br />

qui étaient détachés du côté <strong>de</strong> Torgau : ils gagnaient trois ou<br />

quatre jours <strong>et</strong> dégageaient la direction <strong>de</strong> Berlin. Mais le 21,<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 247<br />

quand ils apprirent l’arrivée <strong>de</strong>s colonnes du Maréchal Ney à Klix,<br />

ils auraient dû décamper immédiatement pour aller occuper à<br />

quelques distances en arrière une autre position préparée à<br />

l’avance en vue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité. Ils pouvaient jouer le même<br />

jeu longtemps sans courir grand risque, en raison <strong>de</strong> leur supériorité<br />

en cavalerie, qui les m<strong>et</strong>tait à l’abri <strong>de</strong> toute surprise.<br />

L’armée française, mal éclairée faute <strong>de</strong> pouvoir opposer<br />

une cavalerie suffisante à la leur, aurait avancé à tâtons ; elle eût<br />

dû par conséquent rester toujours très concentrée si bien que sa<br />

marche eût été extrêmement lente. Peut-être les alliés auraient-ils<br />

trouvé une occasion d’attaquer isolément quelques-uns <strong>de</strong> ces<br />

corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> les détruire.<br />

En tout cas, les lignes <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> l’armée française,<br />

s’allongeant <strong>de</strong> plus en plus, <strong>de</strong>venaient très vulnérables, car<br />

Napoléon ne disposait pas <strong>de</strong> troupes spéciales d’étapes. Les détachements<br />

<strong>de</strong> convalescents <strong>et</strong> les quelques bataillons <strong>de</strong> nouvelles<br />

formations qu’il laissait dans les principaux gîtes étaient<br />

tout justes capables d’en assurer la gar<strong>de</strong>, ils étaient hors d’état<br />

d’agir à l’extérieur. Quand on considère les résultats obtenus par<br />

les ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> partisans qui se j<strong>et</strong>èrent sur les communications <strong>de</strong><br />

l’armée française après Bautzen, on <strong>de</strong>meure convaincu qu’en<br />

multipliant ces ban<strong>de</strong>s, les alliés seraient arrivés à interrompre si<br />

complètement les communications <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée que Napoléon<br />

aurait dû se résigner à s’affaiblir <strong>de</strong>s troupes nécessaires pour n<strong>et</strong>toyer<br />

le pays sur ses <strong>de</strong>rrières. A mesure que les alliés reculaient,<br />

leur situation matérielle <strong>de</strong>venait donc meilleure.<br />

Assurément, une r<strong>et</strong>raite prolongée était <strong>de</strong> nature à porter<br />

atteinte au moral <strong>de</strong>s troupes <strong>et</strong> <strong>de</strong>vait impressionner favorablement<br />

l’Autriche ; mais l’eff<strong>et</strong> produit serait certainement moindre<br />

si l’on se repliait en bon ordre <strong>de</strong>vant l’armée française sans<br />

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248<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

s’être laissé entamer par elle, que si l’on attendait pour rétrogra<strong>de</strong>r<br />

d’avoir subi une nouvelle défaite.<br />

Or, nous le répétons, en recevant la bataille à Bautzen,<br />

non seulement les coalisés n’avaient aucune chance <strong>de</strong> vaincre<br />

mais encore, ils s’exposaient à être détruits. Ils commirent donc<br />

une faute capitale en n’évacuant pas leur position, le 21 au matin.<br />

Des écrivains militaires étrangers ont prétendu que les<br />

coalisés auraient dû attaquer à fond l’armée principale française,<br />

quand elle passa la Sprée, le 23, dans l’après-midi, alors que<br />

l’armée du Maréchal Ney n’était pas encore en situation<br />

d’intervenir. A coup sûr, cela eût mieux valu que <strong>de</strong> livrer, le len<strong>de</strong>main,<br />

une bataille purement défensive ; mais, en adm<strong>et</strong>tant que<br />

la manœuvre eût réussi, ce qui n’est pas prouvé, la situation générale<br />

n’en aurait pas été sensiblement modifiée. Les coalisés auraient<br />

peut-être refoulé les corps français sur la rive gauche <strong>de</strong> la<br />

rivière, mais ils n’auraient certainement pas dépassé celle-ci, si<br />

bien que le len<strong>de</strong>main, la bataille eût commencé sur la Sprée ; or,<br />

les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite formaient <strong>de</strong>s positions plus vulnérables<br />

que celles que les alliés occupèrent à Litten, Baschütz <strong>et</strong><br />

Rieschen. En résumé, l’armée principale française eut bien plus <strong>de</strong><br />

facilités pour remplir sa mission, qui était <strong>de</strong> lier le combat <strong>de</strong><br />

front avec l’armée coalisée.<br />

Il convient d’observer que, si les alliés exécutèrent si facilement<br />

leur r<strong>et</strong>raite c’est grâce, non seulement aux faux mouvements<br />

du Maréchal Ney, mais encore à ce fait que l’armée principale<br />

française n’a pu engager dans le combat <strong>de</strong> front que les<br />

<strong>de</strong>ux corps <strong>de</strong> ses ailes, le 12 ème <strong>et</strong> le 4 ème , tandis que les corps du<br />

centre, 11 ème <strong>et</strong> 6 ème , la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie ne purent<br />

approcher <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements <strong>de</strong> Baschütz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Jenkwitz que<br />

quand les Russes les abandonnèrent : vainqueur à sa gauche,<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 249<br />

n’ayant aucune inquiétu<strong>de</strong> pour son centre, l’ennemi n’était que<br />

très imparfaitement fixé.<br />

Opérations <strong>de</strong>s Français.<br />

<strong>La</strong> division <strong>de</strong>s forces françaises en <strong>de</strong>ux armées placées, l’une à<br />

Dres<strong>de</strong>, l’autre à Torgau, a donné lieu à <strong>de</strong> très vives critiques. On<br />

a fait remarqué que si Napoléon avait rassemblé tous ces corps<br />

d’armée aux environs <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> sous sa direction immédiate, ils<br />

auraient eu plus <strong>de</strong> facilités pour régler leurs mouvements en vue<br />

<strong>de</strong> la manœuvre qu’ils <strong>de</strong>vaient exécuter ; le Maréchal Ney, recevant<br />

ses instructions <strong>de</strong> l’Empereur lui-même, aurait été mieux<br />

orienté <strong>et</strong>, par suite, n’eût pas commis c<strong>et</strong>te série d’erreurs qui<br />

firent manquer la manœuvre ; celle-ci, d’ailleurs, aurait eu ce caractère<br />

d’imprévu sans lequel une opération <strong>de</strong> ce genre n’a guère<br />

<strong>de</strong> chance <strong>de</strong> réussir.<br />

Ces opérations sont fort justes en elles-mêmes mais, pour<br />

les formuler, on s’est placé au point <strong>de</strong> vue étroit <strong>de</strong>s événements<br />

qui se sont réalisés.<br />

Napoléon, en arrêtant son plan d’opérations, à dü tabler<br />

sur <strong>de</strong>s hypothèses multiples, dont la plus probable n’était certes<br />

pas celle qui s’est produite.<br />

Nous savons qu’en réunissant à Torgau, sous les ordres<br />

du Maréchal Ney, une armée <strong>de</strong> 85 000 hommes, Napoléon s’était<br />

proposé :<br />

1. <strong>de</strong> faire tomber la ligne <strong>de</strong> l’Elbe supérieur si les alliés essayaient<br />

<strong>de</strong> la défendre ;<br />

2. <strong>de</strong> menacer Berlin afin <strong>de</strong> déterminer, si c’était possible, les<br />

Prussiens à se séparer <strong>de</strong>s Russes pour courir au secours <strong>de</strong><br />

leur capitale.<br />

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250<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Malheureusement, les coalisés n’étaient pas tombés dans<br />

le piège ; après quelques hésitations, ils s’étaient rassemblés à<br />

Bautzen.<br />

Quand l’Empereur fut informé <strong>de</strong> leur mouvement, le 14<br />

mai, il ne supposa pas tout d’abord qu’ils recevraient la bataille à<br />

Bautzen, ce qui n’était nullement rationnel <strong>de</strong> leur part ; il leur<br />

prêta l’intention d’opérer, comme nous l’avons dit précé<strong>de</strong>mment,<br />

c’est-à-dire <strong>de</strong> reculer lentement dès qu’il aurait concentré<br />

<strong>de</strong>vant eux la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses forces ; rétrogradant <strong>de</strong><br />

position en position dans le but soit <strong>de</strong> gagner du temps, soit<br />

d’attendre une occasion favorable pour attaquer par surprise<br />

comme à <strong>Lutzen</strong>.<br />

Ainsi s’explique que sa première préoccupation ne fut pas<br />

d’attirer à lui, par la ligne la plus courte, le Corps du Maréchal<br />

Ney ; en eff<strong>et</strong>, comme nous l’avons vu par son ordre du 15, il<br />

dirigea le 5 ème Corps <strong>de</strong> Dobrilugk sur Hoyerswerda <strong>et</strong> le 3 ème , <strong>de</strong><br />

Werzberg sur Spremberg. C<strong>et</strong> ordre, bien qu’il n’ait pas reçu un<br />

commencement d’exécution, est cependant d’un intérêt capital<br />

car il contient en germe l’idée <strong>de</strong> la manœuvre que proj<strong>et</strong>ait Napoléon<br />

pour déjouer le plan qu’il prêtait à ses adversaires :<br />

l’Empereur voulait, avec l’armée principale dont l’effectif était<br />

sensiblement supérieur à celui <strong>de</strong> l’armée adverse, marcher sur les<br />

talons <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière, pendant que l’armée du Maréchal Ney,<br />

qui opérerait à une ou <strong>de</strong>ux marches sur sa gauche <strong>et</strong> qui pourrait<br />

marcher rapi<strong>de</strong>ment puisqu’elle n’aurait <strong>de</strong>vant elle que <strong>de</strong> la cavalerie,<br />

débor<strong>de</strong>rait les lignes <strong>de</strong> défense successives sur lesquelles<br />

l’ennemi essaierait <strong>de</strong> tenir. En résumé, la poursuite, car tout se<br />

réduirait à une poursuite tant que l’adversaire refuserait systématiquement<br />

la bataille, serait menée très vivement.<br />

Si les coalisés, voyant leur plan déjoué, s’arrêtaient pour<br />

livrer combat, l’armée principale les attaquerait pour les fixer ;<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 251<br />

l’armée du Maréchal Ney, disposant <strong>de</strong> ses débouchés propres,<br />

aurait alors toute facilité pour se j<strong>et</strong>er sur leur flanc.<br />

Une faute très grave, que commit l’Empereur, fut <strong>de</strong> vouloir<br />

opérer activement à la fois contre la principale armée coalisée<br />

<strong>et</strong> contre le corps qui couvrait Berlin (Général Bülow). Nous<br />

l’avons montré, le 17 au soir, prescrivant à Ney <strong>de</strong> le rejoindre<br />

avec les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> laisser les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> la<br />

réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, soit 50 000 hommes au Maréchal<br />

Victor qui aurait pour mission d’occuper Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> débloquer<br />

les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />

Napoléon a maintes fois formulé ce principe qu’on ne<br />

doit jamais faire <strong>de</strong> détachements à la veille d’une bataille ; or, en<br />

affectant un corps <strong>de</strong> 30 000 hommes à une opération secondaire<br />

sur Berlin, il faisait sans nécessité un énorme détachement : 5 à<br />

6 000 hommes appuyés sur Torgau <strong>et</strong> Wittemberg suffisaient<br />

pour observer Bülow <strong>et</strong> le contenir ; tout le reste <strong>de</strong>s troupes du<br />

Maréchal Ney <strong>de</strong>vait se m<strong>et</strong>tre sur-le-champ en mouvement pour<br />

se rapprocher <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> se trouver en mesure <strong>de</strong> prendre part<br />

aux opérations contre la principale armée adverse.<br />

Mieux avisé <strong>et</strong> probablement aussi, mieux renseigné,<br />

l’Empereur ne donna pas suite à son idée ; les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong><br />

la réserve <strong>de</strong> cavalerie suivirent les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps sur Bautzen.<br />

Cependant, l’ordre du 16 occasionna un r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> vingt-quatre<br />

heures qui ne put être réparé : le 7 ème Corps n’arriva sur le champ<br />

<strong>de</strong> bataille le 21, qu’à 2 h du soir ; le 2 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong><br />

cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani n’atteignirent Würschen que le len<strong>de</strong>main.<br />

Nous formulerons quelques observations au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

conduite <strong>de</strong> l’attaque <strong>de</strong> front par l’armée principale, le 21.<br />

Jusqu’à 2 h <strong>de</strong> l’après-midi, à l’exception <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong><br />

droite, le 12 ème , qui attaqua à fond l’aile gauche ennemie, l’armée<br />

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252<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

principale <strong>de</strong>meura dans l’inaction : le combat fut seulement entr<strong>et</strong>enu<br />

par les tirailleurs <strong>de</strong>s détachements avancés qui étaient aux<br />

prises avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> par l’artillerie qui échangea <strong>de</strong>s<br />

coups <strong>de</strong> canon à très gran<strong>de</strong> distance avec l’artillerie adverse.<br />

Un principe fondamental est qu’on ne peut manœuvrer<br />

l’ennemi qu’autant qu’il est fixé : pour obtenir ce résultat, on est<br />

généralement obligé <strong>de</strong> l’attaquer à fond sur tout son front. Dans<br />

le cas considéré, les alliés étaient, dans une certaine mesure,<br />

fixés par leur résolution même à défendre les positions qu’ils occupaient,<br />

résolution qui révélait les travaux <strong>de</strong> fortification exécutés<br />

par eux <strong>et</strong> leur déploiement sur ces positions. Pourtant, ils<br />

restaient libres d’esquiver la bataille, en battant en r<strong>et</strong>raite dès que<br />

le mouvement du Maréchal Ney, en se <strong>de</strong>ssinant contre leur extrême-droite,<br />

leur montrerait à quel péril ils étaient exposés.<br />

Le but <strong>de</strong> l’Empereur n’était pas d’obliger les alliés à évacuer<br />

leurs positions, mais bien <strong>de</strong> les détruire car la situation politique<br />

exigeait qu’il remportât une victoire complète : ils <strong>de</strong>vaient<br />

donc redouter par-<strong>de</strong>ssus tout que ses adversaires ne se dérobassent.<br />

On est ainsi amené à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi il n’a pas mis<br />

en action l’armée principale dès le matin du 21, afin <strong>de</strong> lier le<br />

combat <strong>de</strong> front si étroitement que l’ennemi fût dans<br />

l’impossibilité <strong>de</strong> se dégager quand apparaîtraient les colonnes du<br />

Maréchal Ney.<br />

<strong>La</strong> raison principale est sans doute que les positions r<strong>et</strong>ranchées<br />

<strong>de</strong>s coalisés étaient extrêmement difficiles à abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

front. L’Empereur, qui avait été très impressionné <strong>de</strong>s pertes<br />

énormes subies par ses troupes à la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, se croyait<br />

obligé <strong>de</strong> les ménager. Il décida donc d’attendre, pour donner le<br />

signal <strong>de</strong> l’engagement général, que le mouvement <strong>de</strong> Ney eût,<br />

pour ainsi dire rendu toute défense sérieuse impossible pour les<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 253<br />

coalisés. En opérant ainsi, il risquait <strong>de</strong> voir l’ennemi lui échapper<br />

: il s’en rendait compte, d’ailleurs, comme le prouvent ses<br />

ordres au Maréchal Ney.<br />

Ordre du 18 :<br />

« Sa Majesté suppose que le 21, vous pourrez vous porter<br />

sur la position, ce qui aura l’eff<strong>et</strong> ou que l’ennemi évacue pour<br />

se r<strong>et</strong>irer plus loin, ou <strong>de</strong> vous m<strong>et</strong>tre à même <strong>de</strong> l’attaquer avec<br />

avantage ».<br />

Ordre du 21 :<br />

« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous soyez à Preititz à onze<br />

heures. Nous attaquerons franchement sur tous les points. Faites marcher<br />

<strong>La</strong>uriston sur votre gauche pour être en mesure <strong>de</strong> tourner<br />

l’ennemi si votre mouvement le déci<strong>de</strong> à abandonner sa position<br />

».<br />

Le centre <strong>de</strong>s alliés était inabordable, il fallait renoncer à<br />

s’en approcher ; mais l’attaque <strong>de</strong> l’aile droite ne présentait pas<br />

<strong>de</strong>s difficultés insurmontables à la condition d’y employer une<br />

partie <strong>de</strong>s nombreuses troupes qui restèrent inactives sur le plateau<br />

<strong>de</strong> Bautzen pendant toute la bataille. Le 4 ème Corps, réduit<br />

effectivement à <strong>de</strong>ux Divisions puisque la Division italienne, mal<br />

remise <strong>de</strong> l’affaire d’Hoyerswerda, ne pouvait être engagée <strong>de</strong><br />

quelque temps, n’était pas en état d’attaquer seul les hauteurs entre<br />

Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz. Ileût fallu m<strong>et</strong>tre à la disposition du<br />

Maréchal Soult, qui avait la direction <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, outre le 4 ème<br />

Corps, tout ou partie du 3 ème .<br />

Dans la bataille du 21, il n’y a eu <strong>de</strong> sérieusement engagés<br />

que les 3 ème , 4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps <strong>et</strong> une très faible partie <strong>de</strong>s 5 ème <strong>et</strong><br />

11 ème , soit 80 000 hommes sur un effectif total <strong>de</strong> 180 000. C’est<br />

toujours une faute que <strong>de</strong> ne faire donner dans une bataille<br />

qu’une partie <strong>de</strong>s troupes dont on dispose : « c<strong>et</strong>te faute, dit Gouvion<br />

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254<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Saint-Cyr, est souvent la cause <strong>de</strong>s plus grands revers ; <strong>et</strong> quand, par une<br />

faveur particulière <strong>de</strong> la fortune, elle ne les occasionne pas sur-le-champ, elle<br />

diminue au moins les succès qu’on ne peut encore obtenir qu’au moyen d’une<br />

perte considérable. Alors, on voit les plus nombreuses armées détruites après<br />

la répétition d’un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> victoires si chèrement ach<strong>et</strong>ées, comme cela<br />

eut lieu dans la campagne <strong>de</strong> 1813 ».<br />

Il est vrai qu’à Bautzen, les coalisés poussèrent<br />

l’aveuglement si loin qu’ils ne commencèrent à s’inquiéter <strong>de</strong><br />

l’attaque débordante <strong>de</strong> Ney que quand il était déjà trop tard pour<br />

esquiver le combat ; par conséquent, sans les faux mouvements<br />

<strong>de</strong> ce Maréchal, nous aurions obtenu une victoire décisive presque<br />

sans pertes. Dans ce cas, c’est la sottise <strong>de</strong> nos adversaires qui<br />

aurait assuré la réussite complète du plan <strong>de</strong> Napoléon.<br />

Maintenant, nous pensons que si l’attaque contre la position<br />

<strong>de</strong> Blücher entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz avait été commencée<br />

au moment où les corps <strong>de</strong> Ney marchèrent contre le<br />

Windmühlenberg, le Maréchal, à peu près orienté par le fait<br />

même <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, n’aurait pas eu l’idée singulière <strong>de</strong> faire<br />

serrer sur Preititz <strong>et</strong> les hauteurs au nord, toutes les troupes <strong>de</strong> sa<br />

première ligne. En tout cas, Blücher n’aurait pas pu envoyer la<br />

briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> son corps d’armée contre Preititz, dont la<br />

Division Souham fut probablement restée maîtresse.<br />

En ce qui concerne les opérations du Maréchal Ney, leur<br />

simple exposé se passe <strong>de</strong> critique.<br />

On ne comprend pas comment Napoléon a pu confier le<br />

comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> son armée <strong>de</strong> manœuvre à ce Maréchal. Celuici<br />

était un superbe soldat, un enfonceur <strong>de</strong> bataillons, le brave <strong>de</strong>s<br />

braves, mais ce n’était rien moins qu’un commandant en chef.<br />

Il aurait fallu que l’action <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> manœuvre fut si<br />

prompte que l’ennemi n’eût pas le temps <strong>de</strong> se reconnaître ; il<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 255<br />

était d’autant plus nécessaire que c<strong>et</strong>te action fût d’une rapidité<br />

extrême que Napoléon voulait attendre que le mouvement <strong>de</strong><br />

l’armée <strong>de</strong> manœuvre fût presque terminé pour lancer à l’attaque<br />

l’armée principale.<br />

Les avant-gar<strong>de</strong>s auraient dû occuper, <strong>de</strong> grand matin, les<br />

passages <strong>de</strong> la Sprée, afin <strong>de</strong> les aménager <strong>de</strong> leur mieux ; pendant<br />

ce temps, le 3 ème Corps se serait placé <strong>de</strong>rrière Klix <strong>et</strong> le 5 ème , <strong>de</strong>rrière<br />

Lüchmann, prêts à déboucher en masse sur la rive droite <strong>de</strong><br />

la rivière au premier signal. Il n’était pas d’ailleurs indispensable<br />

que leur mouvement commençât à 5 h du matin ; mieux valait le<br />

r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r jusqu’à 8 h pour attendre l’arrivée <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> colonnes<br />

<strong>de</strong> la Division Puthod <strong>et</strong> du 7 ème Corps, auxquels on avait fait<br />

quitter leurs bivouacs <strong>de</strong> Steinitz <strong>et</strong> d’Hoyerswerda entre minuit<br />

<strong>et</strong> une heure du matin, <strong>de</strong> façon à les faire arriver sur la Sprée, à<br />

l’heure que nous venons d’indiquer.<br />

Il est vrai que les troupes <strong>de</strong> la Division Puthod <strong>et</strong> du 7 ème<br />

Corps étaient très fatiguées car, les 19 <strong>et</strong> 20 mai, elles avaient exécuté<br />

<strong>de</strong> longues marches, 40 km en moyenne, mais on <strong>de</strong>vait passer<br />

sans hésiter par <strong>de</strong>ssus c<strong>et</strong>te considération puisqu’il s’agissait<br />

<strong>de</strong> réunir ses forces pour la bataille ; il serait resté beaucoup<br />

d’hommes en route, mais le gros fût arrivé <strong>et</strong> c’était là l’essentiel.<br />

Le 3 ème Corps, suivi du 7 ème <strong>de</strong>stiné à servir <strong>de</strong> réserve générale,<br />

aurait attaqué le corps <strong>de</strong> Barclay sur le Windmühlenberg.<br />

A sa gauche, le 5 ème Corps en entier, avec la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

la cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, soit 30 000 hommes, se fût avancé sur<br />

Gottau, Buchwal<strong>de</strong> <strong>et</strong> Baruth, débordant l’extrême-droite <strong>de</strong>s<br />

Russes, faisant tomber leur résistance <strong>et</strong>, par contrecoup, dégageant<br />

le terrain <strong>de</strong>vant le 3 ème Corps. Il est bien certain que, si le<br />

Général <strong>La</strong>uriston avait eu à sa disposition 30 000 hommes au<br />

lieu <strong>de</strong> 12 000, il n’aurait pas hésité <strong>et</strong> tâtonné comme il l’a fait,<br />

<strong>de</strong>vant la poignée d’hommes que lui a opposée Barclay ; il eût<br />

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256<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

continué franchement sa marche en avant jusqu’à Belgern, où il<br />

serait arrivé presque sans coup férir, au moment même où le 3 ème<br />

Corps se serait emparé <strong>de</strong> Preititz, entre 11 h <strong>et</strong> midi.<br />

« <strong>La</strong> victoire remportée dans ces conditions eût été décisive ; elle nous<br />

eût procuré plus <strong>de</strong> trophées qu’Austerlitz ».<br />

Pour bien apprécier la responsabilité qui incombe au Maréchal<br />

Ney, il importe <strong>de</strong> ne pas perdre <strong>de</strong> vue que les mauvaises<br />

cartes topographiques <strong>de</strong> l’époque ne donnaient qu’une idée très<br />

grossière <strong>de</strong> la configuration générale du champ <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> ne<br />

perm<strong>et</strong>taient pas <strong>de</strong> se rendre un compte exact <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong><br />

Belgern.<br />

Opérations après la bataille <strong>de</strong> Bautzen 1<br />

Dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> la nuit du 21 au 22, les coalisés<br />

se replièrent sur Reichenbach. Pendant que leurs arrière-gar<strong>de</strong>s<br />

contenaient les Français, ils franchirent le long défilé qui s’étend<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville à Görlitz.<br />

Le 23, en quittant Görlitz, ils se fractionnèrent en <strong>de</strong>ux<br />

groupes :<br />

- le groupe d’aile droite comprenant, sous les ordres <strong>de</strong> Barclay<br />

<strong>de</strong> Tolly, les corps prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, le détachement<br />

<strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> le corps russe <strong>de</strong> Barclay, prit sa direction<br />

sur Leignitz par Waldau (23 mai), Bunzlau (24),<br />

Haynau (25) ;<br />

- le groupe d’aile gauche, formé du gros <strong>de</strong> l’armée russe <strong>et</strong><br />

placé sous le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong> Wittgenstein, se<br />

1 Nous donnons à titre <strong>de</strong> renseignement sans commentaire<br />

l’exposé succinct <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Bautzen à l’armistice<br />

<strong>de</strong> Pleisschwitz (Voir les croquis 13, 14, 15)<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 257<br />

dirigea sur Goldberg par <strong>La</strong>ubau (23 mai), Lowenberg (24),<br />

Goldberg (25)... !<br />

Pendant toute c<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>raite, <strong>de</strong> fortes arrière-gar<strong>de</strong>s, appuyées<br />

par la nombreuse cavalerie légère <strong>de</strong>s alliés, se maintinrent<br />

au contact <strong>de</strong>s Français, procédant à une <strong>de</strong>struction systématique<br />

<strong>de</strong>s passages sur les cours d’eau, à mesure qu’elle les dépassaient.<br />

22 mai – Nous avons vu qu’à la fin <strong>de</strong> la bataille, le 21, vers 10 h<br />

du soir, l’armée française s’était trouvée établie sur la ligne Meckern-Hochkirch.<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, vers 3 h, la fusilla<strong>de</strong> <strong>et</strong> la canonna<strong>de</strong><br />

recommencèrent entre nos avant-postes <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’ennemi qui<br />

étaient, pour ainsi dire, restés mêlés les uns aux autres, le combat<br />

n’ayant pris fin la veille, qu’à la tombée <strong>de</strong> la nuit.<br />

A 7 h du matin, le 7 ème Corps, soutenu par le 1 er Corps <strong>de</strong><br />

cavalerie, déboucha <strong>de</strong> Meckern <strong>et</strong> se porta sur Reichenbach,<br />

ayant à sa gauche le 5 ème Corps <strong>et</strong> suivi par la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 6 ème<br />

Corps ; le 3 ème Corps prit position à Weissenberg ; le 12 ème , qui<br />

avait beaucoup souffert <strong>et</strong> dont les nombreux détachements<br />

n’étaient pas encore rentrés, fut laissé à Bautzen pour se reposer<br />

<strong>et</strong> se rallier.<br />

A la droite, le 11 ème Corps, appuyé sur sa gauche par le<br />

4 ème , se porta par Löbau sur Reichenbach.<br />

L’Empereur, escorté par la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, marcha<br />

avec le 7 ème Corps.<br />

De ce côté, la poursuite fut menée assez rapi<strong>de</strong>ment ; à<br />

10 h, notre avant-gar<strong>de</strong> arriva <strong>de</strong>vant Reichenbach. Les détachements<br />

russes, qui nous avaient tenu tête jusque là, traversèrent<br />

rapi<strong>de</strong>ment la ville <strong>et</strong> démasquèrent une nouvelle arrière-gar<strong>de</strong><br />

formée du Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg, 6 à 7 000 hommes <strong>de</strong><br />

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258<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

toutes armes, qui s’étaient établis à sur les hauteurs à l’Est. <strong>La</strong><br />

position était très forte ; l’ennemi avait résolu d’y tenir le plus<br />

longtemps possible afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre au gros <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />

s’écouler au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Görlitz. Mal éclairés <strong>et</strong>, par suite, ne sachant<br />

pas trop à quelles forces nous avions à faire, nous dûmes agir<br />

avec circonspection, ce qui entraîna une gran<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> temps.<br />

Le 7 ème Corps se déploya pour attaquer <strong>de</strong> front pendant<br />

que le 5 ème manœuvrait afin <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la position par le Nord.<br />

Comme le combat traînait, Napoléon, impatienté, se décida à<br />

envoyer sa cavalerie. Sur son ordre, la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> franchit<br />

la p<strong>et</strong>ite vallée au fond <strong>de</strong> laquelle se trouve Reichenbach, à 2<br />

km environ en amont <strong>de</strong> la ville <strong>et</strong> prononça un mouvement pour<br />

menacer la r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie. Mais, dès que nos<br />

escadrons commencèrent à s’élever vers la hauteur, ils tombèrent<br />

sous le feu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux batteries à cheval russes qui leur firent essuyer<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pertes ; presque aussitôt, ils virent arriver sur eux une<br />

gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie russe. Les escadrons <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />

ayant marché au soutien <strong>de</strong> la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, il se<br />

produisit alors un engagement général <strong>de</strong> courte durée, sans résultat<br />

marqué.<br />

A 3 h <strong>de</strong> l’après-midi, l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie, menacée<br />

d’être enveloppée par les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, se replia lestement sur<br />

Makersdorf, où <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> repli avaient pris position à<br />

l’avance.<br />

Après une heure employée à rem<strong>et</strong>tre les troupes en ordre,<br />

les Français débouchèrent <strong>de</strong> Reichenbach. L’ennemi, obligé<br />

d’abandonner Makersdorf, rétrograda en bon ordre sur les hauteurs<br />

à l’Ouest <strong>de</strong> Görlitz.<br />

Le 7 ème Corps, qui, <strong>de</strong>puis le 17, n’avait cessé d’exécuter<br />

<strong>de</strong>s marches forcées, était extrêmement fatigué ; son chef, le Général<br />

Reynier, <strong>de</strong>manda l’autorisation <strong>de</strong> s’arrêter, mais Napoléon<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 259<br />

lui répondit par l’ordre formel <strong>de</strong> continuer sur Görlitz. Le corps<br />

d’armée franchit le ruisseau <strong>de</strong> Makersdorf <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du<br />

village <strong>et</strong> commença à attaquer les hauteurs <strong>de</strong> Görlitz. A ce moment,<br />

un boul<strong>et</strong> perdu qui vint tomber au milieu <strong>de</strong> l’Etat-Major<br />

<strong>de</strong> l’Empereur, tua le Général du Génie Körgener <strong>et</strong> blessa à mort<br />

le Maréchal Duroc. Ce malheur émut profondément Napoléon<br />

qui ordonna <strong>de</strong> cesser le combat.<br />

Les corps d’armée <strong>de</strong> notre gauche (5 ème , 6 ème , 7 ème <strong>et</strong> la<br />

Gar<strong>de</strong>) prirent position pour la nuit autour <strong>de</strong> Makersdorf ;<br />

Les corps <strong>de</strong> la droite, (4 ème <strong>et</strong> 11 ème ) étaient parvenus à<br />

Ober-Solham, à une lieue au sud <strong>de</strong> Reichenbach ;<br />

Le 3 ème Corps était resté à Weissemberg ;<br />

Le Corps du Maréchal Victor (2 ème Corps d’armée provisoire<br />

<strong>et</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani) était arrivé à Baruth.<br />

Dans c<strong>et</strong>te journée, l’armée française avait marché <strong>et</strong><br />

combattu <strong>de</strong> 5 h du matin à 7 h du soir ; malgré la résistance opiniâtre<br />

<strong>de</strong> l’ennemi, elle avait parcouru sept lieues. Ce résultat, qui<br />

est <strong>de</strong>s plus remarquables, était dû à la présence <strong>de</strong> l’Empereur à<br />

l’avant-gar<strong>de</strong>.<br />

C’était la première fois, <strong>de</strong>puis le commencement <strong>de</strong> la<br />

campagne, que les Français engageaient leur cavalerie en masse.<br />

En fait, la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> seule avait réellement donné, ainsi<br />

qu’on peut s’en convaincre, en examinant les états <strong>de</strong> pertes :<br />

c<strong>et</strong>te Division, sur un effectif <strong>de</strong> 4 000 cavaliers, en avait perdu<br />

300, tués, blessés ou faits prisonniers ; les pertes <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong><br />

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260<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong>tour-Maubourg, dont l’effectif atteignit 10 000 cavaliers, se<br />

réduisaient à environ 150 hommes 1 .<br />

Les pertes du 7 ème Corps s’élevaient à 400 hommes.<br />

23 mai. – Le 23 au matin, on constata que les coalisés avaient<br />

évacué Görlitz.<br />

Le 5 ème Corps, passant par Eberlach, prit la route <strong>de</strong> Bunzlau<br />

; son avant-gar<strong>de</strong>, toujours combattant, s’avança jusqu’à Stutzenham<br />

pendant que le gros s’arrêtait à Hochkirch ;<br />

Le 7 ème Corps continua sur <strong>La</strong>ubau mais, le rétablissement<br />

<strong>de</strong>s passages sur un ruisseau marécageux à l’Est <strong>de</strong> Görlitz lui<br />

ayant pris beaucoup <strong>de</strong> temps, il ne put dépasser Troitschendorf ;<br />

Le 6 ème Corps se plaça à Hermsdorf ;<br />

Le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> s’étaient établis dès le matin<br />

à Görlitz ;<br />

Le 3 ème Corps était resté à Weissemberg ;<br />

Le 2 ème s’était avancé jusqu’à Crobnitz.<br />

A notre droite, le 11 ème Corps, qui avait ordre d’occuper<br />

Schönberg, arrêté au passage <strong>de</strong> la Meisse, ne put atteindre c<strong>et</strong>te<br />

localité que par son avant-gar<strong>de</strong> ;<br />

Le 4 ème Corps, attiré vers la gauche par le bruit du combat<br />

que livrait le 5 ème , s’était porté vers Troitschendorf, que son avantgar<strong>de</strong><br />

atteignit très tard dans la soirée.<br />

On avait parcouru environ cinq lieues.<br />

1 Le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie a perdu, pendant les journées <strong>de</strong>s 21,<br />

22 <strong>et</strong> 23 mai : 67 soldats tués, 7 officiers, 122 soldats blessés, 62 soldats<br />

pris ou égarés.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 261<br />

21 mai. – Dans la nuit, l’Empereur donna <strong>de</strong>s ordres pour que la<br />

poursuite continuât le len<strong>de</strong>main, le plus rapi<strong>de</strong>ment possible, les<br />

5 ème ,, 6 ème ,<strong>et</strong> 7 ème ,Corps, sous les ordres du Maréchal Ney, se portant<br />

sur Bunzlau, les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps marchant <strong>de</strong> concert sur<br />

<strong>La</strong>ubau, prêts à se rabattre sur <strong>La</strong>ubau si les circonstances<br />

l’exigeaient, la Gar<strong>de</strong> suivant les Corps du Maréchal Ney, le 3 ème<br />

Corps avançant <strong>de</strong> Weissenberg sur Görlitz. Quant au Corps du<br />

Maréchal Victor, il <strong>de</strong>vait gagner « Kothenburg <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, suivre franchement<br />

l’ennemi vers l’Est, marchant toujours sur la gauche à plusieurs lieues<br />

<strong>de</strong> grand’route Görlitz-Breslau, parallèlement au gros <strong>de</strong> l’armée ».<br />

Le 12 ème Corps était chargé <strong>de</strong> protéger le flanc gauche <strong>de</strong><br />

la ligne d’opérations ; il lui était prescrit en conséquence <strong>de</strong> se<br />

diriger <strong>de</strong> Bautzen par Hoyerswerda dans la direction du Nord<br />

pour opérer contre Bülow, qui semblait vouloir concentrer le gros<br />

<strong>de</strong> ses forces dans la région <strong>de</strong> Lückau.<br />

Les ordres <strong>de</strong> l’Empereur ne purent recevoir leur complète<br />

exécution ; la résistance <strong>de</strong>s arrière-gar<strong>de</strong>s ennemies <strong>et</strong> surtout<br />

les difficultés <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> la Meisse <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Queiss ne permirent<br />

pas d’attaquer les points indiqués.<br />

A la fin <strong>de</strong> la journée du 24, l’armée française occupa les<br />

positions suivantes :<br />

- 5 ème Corps <strong>et</strong> 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (moins une Division détachée<br />

avec le 11 ème Corps), à hauteur <strong>de</strong> Thiergarten, où<br />

s’appuyait la droite ;<br />

- 7 ème Corps, en avant <strong>de</strong> Naumburg ;<br />

- 6 ème Corps, 2 Divisions à droite du 7 ème , une Division plus en<br />

arrière sur la rive gauche <strong>de</strong> la Queiss ;<br />

- Quartier général <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à Görlitz <strong>et</strong> en avant ;<br />

- le 3 ème Corps en arrière <strong>de</strong> Görlitz ;<br />

- le 4 ème Corps, qui avait marché par <strong>La</strong>nterbach <strong>et</strong> Geibsdorf<br />

s’était croisé à Lichtenau avec le 11 ème Corps, dont l’avant-<br />

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262<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

gar<strong>de</strong> s’était par erreur dirigé sur Loeben au lieu <strong>de</strong> <strong>La</strong>ubau ;<br />

le 4 ème Corps s’était établi au sud <strong>de</strong> la ville, que le 11 ème<br />

Corps avait occupée ;<br />

- 2 ème Corps à Nie<strong>de</strong>r-Briehla ;<br />

Les coalisés avaient rétrogradé <strong>de</strong>rrière la Bober, à Bunzlau<br />

<strong>et</strong> Lowenberg, laissant leurs arrière-gar<strong>de</strong>s sur la rive gauche<br />

au contact <strong>de</strong> nos avant-postes ; leur Quartier général à Lowenberg.<br />

25 mai. – Ordre était donné pour le 25 :<br />

- au 5 ème Corps, <strong>de</strong> s’avancer par Bunzlau jusqu’à hauteur <strong>de</strong><br />

Kreibau, poussant son avnt-gar<strong>de</strong> au-<strong>de</strong>là jusqu’au débouché<br />

<strong>de</strong> Haynau ;<br />

- au 7 ème Corps, <strong>de</strong> franchir la Bober à Schimmar <strong>et</strong> <strong>de</strong> porter<br />

son avant-gar<strong>de</strong> à Mo<strong>de</strong>lsdorf <strong>et</strong> son gros à Mittlau ;<br />

- au 6 ème Corps, <strong>de</strong> traverser la Bober à Ottendorf <strong>et</strong> d’occuper<br />

Alt-Jaschwitz par son gros ; son avant-gar<strong>de</strong> à Hartmansdorf<br />

;<br />

- au 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, <strong>de</strong> s’avancer le plus rapi<strong>de</strong>ment possible<br />

vers Lowenberg.<br />

Pour les mêmes raisons que les jours précé<strong>de</strong>nts, nos<br />

corps d’armée ne purent aller aussi loin que les ordres le prescrivirent.<br />

Le 5 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie occupèrent Wolfsh,<br />

Martinswald, Thomaswald, Schneibendorf ; le 7 ème Corps, Men-<br />

Jaschwitz, le 6 ème Corps, une Division Alt-Jaschwitz, le reste sur la<br />

Bober à Ottendorf.<br />

Le 11 ème Corps, en sortant <strong>de</strong> Löbau, se trouva aux prises<br />

avec une arrière-gar<strong>de</strong> russe qui lui opposa une résistance si énergique<br />

que le Maréchal Macdonald se figura qu’il avait eu à faire « à<br />

<strong>de</strong>s forces triples <strong>de</strong>s siennes », bien qu’en réalité, l’ennemi n’eût pas<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 263<br />

engagé plus d’une dizaine <strong>de</strong> milles hommes. L’engagement<br />

(combat <strong>de</strong> Kimzendorf), commencé à 10 h du matin, ne se termina<br />

qu’à 10 h du soir. Le 11 ème Corps prit position à Steckicht.<br />

Le 4 ème Corps, après avoir laissé défiler le 11 ème Corps,<br />

l’avait suivi jusqu’à Jeifersdorf, puis s’était dirigé par Giessmansdorf<br />

sur Weissig-Rachwitz afin d’assurer la liaison entre le 11 ème<br />

Corps <strong>et</strong> le gros <strong>de</strong> l’armée. Au bruit du canon <strong>de</strong> Macdonald, il<br />

avait appuyé à droite sur Steckicht, mais était arrivé trop tard pour<br />

prendre part à l’engagement 1 .<br />

<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 3 ème Corps avaient fait une gran<strong>de</strong> marche<br />

(?) dans la direction <strong>de</strong> Bunzlau ; la Division Marchand du 3 ème<br />

Corps avait occupé Görlitz où était resté le Quartier général.<br />

Le 2 ème Corps <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Briehla avait gagné Holsfurt <strong>et</strong>,<br />

<strong>de</strong> là, Ehommensdorf parcourant ainsi une étape <strong>de</strong> huit lieues<br />

afin <strong>de</strong> se placer à hauteur du gros <strong>de</strong> l’armée.<br />

Dans le camp <strong>de</strong>s alliés, <strong>de</strong>puis la bataille <strong>de</strong> Bautzen, la<br />

situation <strong>de</strong> Wittgenstein était <strong>de</strong>venue impossible. Le Général<br />

russe offrit sa démission <strong>de</strong> commandant en chef qui fut acceptée<br />

; on lui donna le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong> l’aile gauche <strong>et</strong><br />

on nomma Généralissime Barclay <strong>de</strong> Tolly, que l’Etat-major prussien<br />

voyait d’un assez bon œil.<br />

A ce moment, la discor<strong>de</strong> la plus complète régnait entre<br />

les Prussiens <strong>et</strong> les Russes, comme cela arrive toujours entre alliés<br />

après une défaite ; <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre, on s’accusait <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> la<br />

1 Du moins, d’après le rapport du Maréchal Macdonald, car le<br />

Général Bertrand, dans son propre rapport, dit au contraire que c’est<br />

l’arrivée <strong>de</strong> son avant-gar<strong>de</strong> qui a déterminé le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite<br />

<strong>de</strong> l’ennemi. Nous avons adopté le dire <strong>de</strong> Macdonald qui nous a semblé<br />

le plus vraisemblable.<br />

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264<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

bataille <strong>de</strong> Bautzen. Les Prussiens, en outre, se plaignaient amèrement<br />

<strong>de</strong> ce que l’Intendance russe ne prît aucune mesure pour<br />

assurer la subsistance <strong>de</strong> ses troupes qui se livraient à la marau<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> causaient ainsi plus <strong>de</strong> mal que l’ennemi lui-même.<br />

<strong>La</strong> satisfaction causée par la nomination <strong>de</strong> Barclay fut <strong>de</strong><br />

courte durée, car les Prussiens s’aperçurent bien vite que le nouveau<br />

commandant en chef partageait absolument la manière <strong>de</strong><br />

voir <strong>de</strong> son prédécesseur au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la direction générale à imprimer<br />

aux opérations militaires.<br />

Barclay, envisageant les choses <strong>de</strong> sang-froid, voyant les<br />

troupes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations affaiblies (l’effectif <strong>de</strong>s combattants<br />

atteignait à peine 80 000 hommes) <strong>et</strong> constatant <strong>de</strong>s symptômes<br />

<strong>de</strong> démoralisation aussi bien chez les Prussiens que chez les Russes,<br />

était fermement résolu à refuser la bataille. Il proposa, si les<br />

Français continuaient la poursuite, <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer par Breslau <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

rentrer en Pologne <strong>de</strong> manière à se rapprocher <strong>de</strong>s renforts russes.<br />

Les Prussiens refusèrent d’accepter ce proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandèrent<br />

que l’on continuât la r<strong>et</strong>raite sur Schweidnitz, afin <strong>de</strong> rester le plus<br />

longtemps possible en Silésie <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas s’éloigner <strong>de</strong> la Bohème,<br />

où se réunissait une nombreuse armée autrichienne dont<br />

on escomptait l’intervention en faveur <strong>de</strong> la coalition.<br />

L’Empereur Alexandre, sur les instances du roi Frédéric,<br />

serallia à ce <strong>de</strong>rnier parti ; il fut donc convenu qu’après avoir<br />

franchi la Hatzbach, les alliés se dirigeraient sur Schweidnitz.<br />

Barclay, ayant été appelé à Jauer le 25, passa le comman<strong>de</strong>ment<br />

supérieur <strong>de</strong> l’aile droite à Blücher. Les généraux prussiens,<br />

qui n’avaient cessé <strong>de</strong> protester contre la continuation <strong>de</strong> la<br />

r<strong>et</strong>raite, résolurent <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te occasion pour exécuter<br />

contre les Français un r<strong>et</strong>our offensif <strong>de</strong>stiné à les rendre plus<br />

circonspects <strong>et</strong> à les obliger, par conséquent, à marcher plus lentement.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 265<br />

Comme on avait constaté que le 5 ème Corps, qui formait<br />

en quelque sorte l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gauche française, se gardait<br />

très mal, en marche comme en station, l’Etat-Major prussien décida<br />

<strong>de</strong> lui tendre une embusca<strong>de</strong> au sortir d’Haynau.<br />

A l’est <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, on trouve une série <strong>de</strong> mouvements<br />

<strong>de</strong> terrain bas, mollement ondulés, partout aisément praticables<br />

pour les masses <strong>de</strong> cavalerie ; où que l’on se place, la vue est arrêtée<br />

à courte distance ; en résumé, le site était particulièrement<br />

favorable pour tenter une surprise contre un ennemi négligent qui<br />

marchait sans se faire éclairer au loin.<br />

Ainsi que nous le verrons plus loin, l’opération réussit<br />

complètement : le 26 mai, vers 9 h du soir, la Division Maisons,<br />

qui tenait la tête du 5 ème Corps, fut assaillie à l’improviste au moment<br />

où elle débouchait d’Haynau <strong>et</strong> mise en déroute.<br />

Dans la journée du 26, les alliés se replièrent <strong>de</strong>rrière la<br />

Hatzbach, l’aile droite à Leignitz, l’aile gauche à Goldberg.<br />

Le 27, le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite vers Schweidnitz commença<br />

; l’aile gauche, <strong>de</strong> Leignitz, gagna Merschütz, laissant son<br />

arrière-gar<strong>de</strong> (détachement Eschaplitz <strong>et</strong> briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen) à Kloster-Waldstadt<br />

; l’aile gauche alla <strong>de</strong> Goldberg à Jauer, laissant son<br />

arrière-gar<strong>de</strong> (Division Pahlen) à Hermansdorf.<br />

Le 28, l’armée rétrograda sur Stiegau <strong>et</strong> le 29, sur<br />

Schweidnitz. C<strong>et</strong>te place, démolie en 1807 par les Français, n’avait<br />

pas été rétablie <strong>de</strong>puis ; on ne jugea pas possible <strong>de</strong> s’y arrêter ; le<br />

30, les troupes furent ramenées plus en arrière sur les hauteurs <strong>de</strong><br />

Pilzen où elles <strong>de</strong>vaient rester en position jusqu’au 3 juin.<br />

Le Maréchal Marmont, placé par l’Empereur sous les ordres<br />

<strong>de</strong> Ney, avait été très mécontent <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mesure car il était<br />

extrêmement jaloux du Prince <strong>de</strong> la Moskowa. Influencé par son<br />

désir <strong>de</strong> se soustraire à l’influence <strong>de</strong> celui-ci, Marmont, interpré-<br />

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266<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

tant les renseignements qui arrivaient <strong>de</strong> diverses sources, en était<br />

venu à se persua<strong>de</strong>r dès le 25, que l’ennemi n’avait qu’une faible<br />

arrière-gar<strong>de</strong>, sur la route <strong>de</strong> Bunzlau à Leignitz <strong>et</strong> que son gros se<br />

r<strong>et</strong>irait par Lowenberg <strong>et</strong> Goldberg. En conséquence, le 26 au<br />

matin, le Maréchal avait <strong>de</strong>mandé l’autorisation <strong>de</strong> marcher non<br />

sur Ottendorf, comme cela lui avait été prescrit, mais sur Lowenberg<br />

: Ney, se basant sur les ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, avait<br />

refusé d’autoriser ce mouvement.<br />

Napoléon, très vivement frappé par le rapport du Maréchal<br />

Marmont, qui se montrait <strong>de</strong>s plus catégoriques dans ses<br />

affirmations, donna, pour le 27, les ordres suivants :<br />

- Le Maréchal Ney, avec les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> une Division<br />

<strong>de</strong> cavalerie, se porterait sur Haynau <strong>et</strong> pousserait une avantgar<strong>de</strong><br />

sur Leignitz <strong>et</strong> une autre vers Glogau ;<br />

- Le Général <strong>La</strong>tour-Maubourg, avec <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cavalerie,<br />

irait rejoindre le Maréchal Marmont sous les ordres duquel<br />

il serait placé ;<br />

- Le Maréchal Marmont, avec le 6 ème Corps <strong>et</strong> les 2 Divisions<br />

<strong>de</strong> cavalerie visées ci-<strong>de</strong>ssus, <strong>manoeuvre</strong>rait pour couper<br />

l’arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’aile gauche ennemie, que les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème<br />

Corps pousseraient sur Goldberg.<br />

Enfin, comme le bruit courait qu’une partie <strong>de</strong> l’armée<br />

adverse s’étaitdérobée vers le Nord pour aller se joindre à Bülow,<br />

Napoléon prescrivit au Maréchal Victor <strong>de</strong> gagner Sprottau ; « si<br />

là, il apprenait que quelque chose s’était dirigé dans la direction <strong>de</strong> Berlin, il<br />

marcherait à sa suite ».<br />

L’Empereur, ayant voulu attendre, pour faire avancer les<br />

corps <strong>de</strong> sa gauche, que le mouvement du Maréchal Marmont fût<br />

assez prononcé pour assurer leur droite, les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps ne<br />

furent mis en marche sur Haynau qu’à 11 h du matin.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 267<br />

<strong>La</strong> Division Maisons (réduite à 4 000 hommes), qjui faisait<br />

l’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps, traversa Haynau vers 3 h <strong>de</strong> l’aprèsmidi<br />

<strong>et</strong> se porta sur les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Michelsdorf. Là, elle<br />

s’arrêta, couverte par ses tirailleurs qui, <strong>de</strong>puis le matin, n’avaient<br />

pas cessé d’être aux prises avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi ; le soin<br />

d’assurer la sécurité sur les flancs était confié à une cinquantaine<br />

<strong>de</strong> cavaliers qui s’acquittaient <strong>de</strong> ce service avec la plus gran<strong>de</strong><br />

négligence, ne prenant même pas la peine <strong>de</strong> monter jusqu’aux<br />

crêtes qui masquaient les vues à courte distance.<br />

Par suite d’un malentendu, la Division <strong>de</strong> cavalerie Chastel,<br />

qui aurait dû accompagner la Division Maisons, s’était arrêtée<br />

en arrière <strong>de</strong> Haynau, « croyant la journée faite ». Le Général <strong>La</strong>uriston,<br />

s’en étant aperçu, avait prescrit au Général Chastel <strong>de</strong> faire<br />

rejoindre l’avant-gar<strong>de</strong> par une <strong>de</strong> ses briga<strong>de</strong>s.<br />

C<strong>et</strong> ordre venait d’être envoyé quand un moulin à vent, situéau<br />

sud <strong>de</strong> la grand-route, commença à brüler ; presque aussitôt,<br />

une batterie à cheval prussienne se mit en batterie à moins<br />

<strong>de</strong> quatre cents pas du flanc droit <strong>de</strong> la Division Maisons.<br />

C<strong>et</strong>te artillerie avait à peine tiré cinq à six coups à mitraille<br />

quand près <strong>de</strong> 3 000 cavaliers ennemis surgirent d’un plis <strong>de</strong> terrain,<br />

fondirent sur la droite <strong>de</strong> notre infanterie qui fut bousculée<br />

<strong>et</strong> sabrée avant d’avoir pu se m<strong>et</strong>tre en défense. Nos fantassins se<br />

réfugièrent dans Michelsdorf, où se trouvaient fort heureusement<br />

<strong>de</strong>ux tirailleurs d’une autre Division qui empêchèrent l’ennemi <strong>de</strong><br />

pénétrer dans le village <strong>et</strong> lui firent essuyer quelques pertes.<br />

L’engagement dura seulement quelques minutes : les escadrons<br />

aalliés qui, <strong>de</strong> suite, s’étaient trouvés dans le plus grand<br />

désordre, se r<strong>et</strong>irèrent rapi<strong>de</strong>ment pour aller se rallier sur les hauteurs<br />

<strong>de</strong> Pahlsdorf.<br />

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268<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

<strong>La</strong> Division Puthod, qui s’était avancé au pas <strong>de</strong> course,<br />

prit position à Michelsdorf ; le gros du 5 ème Corps s’établit en arrière<br />

<strong>de</strong> Haynau.<br />

<strong>La</strong> Division Maisons, dont l’effectif, le 26 au matin, était<br />

inférieur à 4 000 hommes, avait perdus dans c<strong>et</strong>te échauffourée<br />

environ 1 000 tués, blessés ou faits prisonniers. Le désastre eût<br />

été bien plus compl<strong>et</strong> si la Divisions’était laissée entraîner plus à<br />

l’Est <strong>de</strong> Michelsdorf <strong>et</strong> si l’annonce <strong>de</strong> l’arrivée prochaine <strong>de</strong>s<br />

colonnes du 7 ème Corps n’avait pas déterminé le commandant <strong>de</strong><br />

l’arrière-gar<strong>de</strong> alliée, le Général Zi<strong>et</strong>hen, à donner le signal <strong>de</strong><br />

l’attaque plus tôt qu’il n’était convenu.<br />

Les pertes <strong>de</strong> l’ennemi s’élevaient à 300 hommes, dont le<br />

Colonel Dolfs, le commandant <strong>de</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie du<br />

Corps <strong>de</strong> Blücher, qui avait été tué rai<strong>de</strong>.<br />

Le 7 ème Corps avait reçu un premier ordre lui prescrivant<br />

<strong>de</strong> prendre position à la gauche du 5 ème sur la route <strong>de</strong> Glogau.<br />

Mais, un rapport du Maréchal Victor ayant fait connaître que<br />

l’ennemi n’avait personne du côté <strong>de</strong> Glogau, Napoléon avait<br />

annulé l’ordre dont nous venons <strong>de</strong> parler <strong>et</strong> prescrit au Général<br />

Reynier d’aller s’établir à Steinsdorf, à la droite du 5è.<br />

Le Maréchal Marmont, r<strong>et</strong>ardé par son artillerie qui avait<br />

eu beaucoup <strong>de</strong> mal à franchir la Bober, avait quitté Jaschwitz<br />

assez tard <strong>et</strong> s’était porté par Gross-Hartmannsdorf sur Wilhemsdorf,<br />

où il avait été rejoint par les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong><br />

<strong>La</strong>tour-Maubourg ; à 2 h du soir, bien que l’avant-gar<strong>de</strong> du 4 ème<br />

Corps, qui marchait à droite du 6è, fût assez loin en arrière, le<br />

Maréchal Marmont s’apprêtait à continuer son mouvement sur<br />

Goldberg, « quand quelques coups <strong>de</strong> canon se firent entendre du côté du<br />

Sud <strong>et</strong> en même temps, on vit s’élever un épais nuage <strong>de</strong> poussière révélant la<br />

présence d’une forte colonne en marche sur la route <strong>de</strong> Goldberg ».<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 269<br />

Marmont lança aussitôt sa cavalerie droit sur Pilgrainsdorf<br />

; malheureusement, quand celle-ci atteignit le village, il était<br />

déjà nuit. L’ennemi, ayant occupé une forte position sur les hauteurs<br />

à l’Est, le Maréchal, dont l’avant-gar<strong>de</strong> d’infanterie était encore<br />

à une <strong>de</strong>mi-lieue en arrière, crut pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> suspendre le<br />

mouvement commencé <strong>et</strong> fit prendre position à ses troupes sur<br />

Graditz.<br />

Le 4 ème Corps, qui avait passé la Bober à Gross-Raschwitz,<br />

atteignit Deutmansdorf à 7 h 30 du soir.<br />

Le 11 ème Corps, obligé d’attendre les détachements qu’il<br />

avait envoyés au sud <strong>de</strong> la ville, s’était mis en mouvement très<br />

tard : il ne put dépasser <strong>La</strong>uterseifen.<br />

Le Quartier général était resté à Bunzlau, où s’était arrêté<br />

la Vieille Gar<strong>de</strong> ; la Jeune Gar<strong>de</strong> avait poussé jusqu’à Thomaswald<br />

; le 8 ème Corps avait porté sa tête à Bunzlau ; la Division<br />

Marchand à mi-chemin <strong>de</strong> Görlitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bunzlau.<br />

Le 2 ème Corps n’avait pas pu atteindre Sprottau ; sa cavalerie<br />

avait occupé Puschkau <strong>et</strong> Loos <strong>et</strong> son infanterie, Menkammer<br />

<strong>et</strong> Z<strong>et</strong>sau.<br />

27 mai – Le 27, nos corps d’armée exécutèrent les mouvements<br />

suivants :<br />

- le 5 ème Corps se porta d’Haynau sur Leignitz <strong>et</strong> s’établit à<br />

l’Est <strong>de</strong> la ville, vers Gross Reckern ;<br />

- le 7 ème Corps,marchant à droite du 5è, se plaça à sa hauteur,<br />

observant du côté <strong>de</strong> Janer ;<br />

- le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> se rendirent à Leignitz ;<br />

- le 3 ème Corps s’avança jusqu’à Haynau, la Division Marchand<br />

occupa Bunzlau.<br />

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270<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Le Maréchal Marmont, qui avait reçu pour instruction<br />

d’appuyer soit sur Leignitz, soit sur Goldberg, « selon que les<br />

renseignements qu’il recueillerait lui montrerait le gros <strong>de</strong> l’armée<br />

adverse dans l’une ou l’autre <strong>de</strong> ces directions », se dirigea vers<br />

Kroitzsch afin <strong>de</strong> couper la route <strong>de</strong> Goldberg à Leignitz.<br />

Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps continuèrent leur mouvement sur<br />

Goldberg. Le 11 ème Corps trouva une forte arrière-gar<strong>de</strong> ennemie<br />

en position entre Pilgramsdorf <strong>et</strong> Goldberg ; il attaqua avec vigueur<br />

<strong>et</strong> le combat prit, <strong>de</strong> suite, une tournure très vive. Le Maréchal<br />

Macdonald lança contre la cavalerie adverse la Division du 1 er<br />

Corps <strong>de</strong> cavalerie mise à sa disposition mais, bien que le Maréchal<br />

eût conduit en personne la <strong>de</strong>rnière charge, nous eûmes le<br />

<strong>de</strong>ssous ; « les cuirassiers avaient fait leur <strong>de</strong>voir, mais les autres régiments<br />

ne les avaient pas soutenus » 1 . L’ennemi céda <strong>de</strong>vant les attaques <strong>de</strong><br />

notre infanterie ; le 11 ème Corps s’empara <strong>de</strong> Goldberg <strong>et</strong> prit position<br />

en avant, entre les <strong>de</strong>ux routes <strong>de</strong> Leignitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Janer, en<br />

liaison avec le 6 ème Corps établi à Kroitzsch.<br />

Le 4 ème avait voulu suivre le mouvement du 11 ème ; mais, le<br />

6 ème Corps lui ayant coupé la route, il s’était arrêté à Giersdorf.<br />

Pas plus que les jours précé<strong>de</strong>nts, nous n’avions réussi à<br />

m<strong>et</strong>tre la main sur les arrière-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s alliés.<br />

Le 2 ème Corps avait occupé Sprottau <strong>et</strong> enlevé, chemin faisant,<br />

un convoi d’artillerie russe égaré <strong>de</strong> ce côté.<br />

Le 28 – Les Corps <strong>de</strong> la gauche ne bougèrent pas ; le 6 ème Corps<br />

franchit la Hatzbach vers Kroitzsch <strong>et</strong> culbuta un détachement<br />

ennemi <strong>de</strong> plusieurs milliers d’hommes ( ?) ; le 11 ème Corps poussa<br />

jusqu’à Janer ; le 4 ème s’établit à Selsloup <strong>et</strong> Hermansdorf ; le 2 ème<br />

1 Rapport du Maréchal Macdonald.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 271<br />

Corps se rabattit sur Primkenau, d’où il entra en communication<br />

avec Glogau, dont les alliés venaient <strong>de</strong> lever le siège.<br />

Les négociations entamées<strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong> pour la conclusion<br />

d’un armisticesemblaient sur le point d’aboutir ; pour le cas<br />

où l’on traiterait sur la base <strong>de</strong> « l’utis possi<strong>de</strong>tis », Napoléon jugea<br />

utile <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre la main sur Breslau.<br />

29 mai. – Le 29 au matin, pendant que le 3 ème Corps remplaçait le<br />

5 ème dans ses positions en avant <strong>de</strong> Leignitz <strong>et</strong> que la Division<br />

Marchand serrait sur Haynau, les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, suivis par la<br />

Gar<strong>de</strong>, s’avancèrent vers Menmarkt.<br />

Le 5 ème Corps d’établit à Kammendorf, moins la Division<br />

Maisons qui se porta au Nord <strong>de</strong> Menmarkt, face à Pfaljendorf.<br />

Quant au 7 ème Corps, auquel le Maréchal Ney avait prescrit<br />

<strong>de</strong> se maintenir à hauteur du 4è, il fut arrêté à Kloster-Waldstadt<br />

par un ordre <strong>de</strong> l’Empereur. Ney, qui n’avait pas été prévenu<br />

en temps utile, fut très mécontent : dans un accès <strong>de</strong> mauvaise<br />

humeur, il écrivit au Major Général pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r « <strong>de</strong> le<br />

faire remplacer à la tête <strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong>, ses blessures le fatiguant beaucoup <strong>et</strong><br />

ne lui perm<strong>et</strong>tant pas <strong>de</strong> monter à cheval ». Ce n’est pas sans peine que<br />

l’on parvint à calmer son irritation. C<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt avait une certaine<br />

importance car il était un symptôme du découragement auquel<br />

nos généraux commençaient à se laisser aller.<br />

30 mai. – Le 30, le 5 ème Corps ne bougea pas ; le 7 ème se porta à sa<br />

hauteur ; la Gar<strong>de</strong> serra sur Menmarkt où le Quartier général<br />

s’établit très tard dans la soirée ;<br />

Le 6 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie se portèrent sur<br />

Eisendorf <strong>et</strong> Ober-Moys pour prendre une position intermédiaire<br />

entre la gauche <strong>et</strong> la droite, formée <strong>de</strong>s 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps qui<br />

avaient ordre <strong>de</strong> s’avancer jusqu’à Striegau.<br />

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272<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps se bornèrent à déboucher au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> Jauer ; le Maréchal Macdonald, qui avait appris que la majeure<br />

partie <strong>de</strong> l’armée alliée se repliait sur Schweidnitz, n’avait pas jugé<br />

pru<strong>de</strong>nt d’aller plus avant.<br />

Le 2 ème Corps, continuant son mouvement vers l’Est, gagna<br />

Maudten.<br />

31 mai. – Le 31, le 5 ème Corps se mit en mouvement à 11 h du<br />

matin, refoulant <strong>de</strong>vant lui le détachement du Général Schuhler<br />

(5 à 6 000 hommes) accouru <strong>de</strong> Glogau pour essayer <strong>de</strong> couvrir<br />

Breslau le plus longtemps possible ; il s’arrêta après avoir franchi<br />

la Weistritz ; à 7 h du soir, sur l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur, le corps<br />

d’armée se remit en marche mais, la nuit étant arrivée <strong>et</strong> le détachement<br />

ennemi continuant à tenir ferme, il dut s’arrêter à Menkirch.<br />

Le 7 ème Corps prit position à Ornaldsmühl, le Quartier général<br />

<strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> restèrent à Menmarkt ; le 3 ème Corps serra sur<br />

c<strong>et</strong>te ville, la Division Marchand sur Leignitz ; le 6 ème Corps resta<br />

à Eisendorf.<br />

Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps avaient reçu l’ordre d’occuper<br />

Striegau. Le 4 ème marcha par Prossen sur Gross-Rosen, où il trouva<br />

établie une arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques milliers d’hommes ; le<br />

Général Bertrand, s’exagérant les forces adverses en présence, se<br />

crut obligé à beaucoup <strong>de</strong> circonspection ; ses troupes, engagées<br />

les unes après les autres, furent facilement contenue par un ennemi<br />

inférieur en nombre. Le Maréchal Macdonald, inqui<strong>et</strong> plus<br />

que <strong>de</strong> raison pour sa droite, avait voulu attendre, pour faire<br />

avancer le 11 ème Corps, que le 4 ème eût contraint à la r<strong>et</strong>raite<br />

l’adversaire qu’il avait en tête. Voyant que le combat traînait, il se<br />

dirigea auprès du Général Bertrand, auquel il conseilla d’agir en<br />

vigueur, lui affirmant qu’il n’avait que peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant lui.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 273<br />

Bertrand ne crut pas <strong>de</strong>voir se rendre à c<strong>et</strong> avis ; craignant d’être<br />

compromis, il résolut <strong>de</strong> se replier sur Janer.<br />

Le Maréchal Macdonald, prévenu par lui, fit immédiatement<br />

rétrogra<strong>de</strong>r le 11 ème Corps sur ses positions du matin ; les<br />

troupes du 4 ème Corps en firent autant au milieu <strong>de</strong> la nuit.<br />

Dans les rapports qu’ils adressèrent à l’Empereur, le Maréchal<br />

Macdonald <strong>et</strong> le Général Bertrand ne manquèrent pas <strong>de</strong><br />

rej<strong>et</strong>er l’un sur l’autre la responsabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong> insuccès, responsabilité<br />

qui incombait à tous les <strong>de</strong>ux pour une part égale.<br />

Napoléon reçut en même temps communication d’un<br />

rapport <strong>de</strong> Marmont adressé au Major Général <strong>et</strong> dans lequel on<br />

relevait le passage suivant écrit en chiffres :<br />

« Je vous supplie <strong>de</strong> me perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> vous prier <strong>de</strong> faire observer à<br />

l’Empereur que je suis dans un pays tout à fait ouvert ; sans aucune espèce <strong>de</strong><br />

point d’appui <strong>et</strong> sans qu’il y ait à portée une position déterminée <strong>et</strong> qui puisse<br />

équivaloir à une augmentation <strong>de</strong> forces <strong>et</strong> qu’avec assez peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, je suis<br />

très loin <strong>de</strong> tout secours. Si j’étais attaqué par <strong>de</strong>s forces considérables, il<br />

serait difficile que le Général Bertrand <strong>et</strong> Macdonald arrivassent à temps<br />

pour me secourir, car leur marche rencontrerait bien <strong>de</strong>s obstacles avant qu’ils<br />

pussent me joindre. Enfin, nous sommes bien près <strong>de</strong> l’ennemi,<br />

divisés quand il est rassemblé <strong>et</strong> en masse.<br />

« L’ennemi a reporté ses troupes <strong>de</strong> Striegau sur tout mon front : la<br />

poursuite continuelle pendant la journée me l’indique ».<br />

(En clair) « Il est difficile ou plutôt impossible d’être en communication<br />

directe avec Macdonald en raison <strong>de</strong> la nombreuse cavalerie que<br />

l’ennemi a sur son flanc <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> distance d’ici (Eisendorf) à Jauer <strong>et</strong> si<br />

je <strong>de</strong>vais marcher à son secours, ma marche serait lente <strong>et</strong> difficile, comme elle<br />

l’a été hier, sous peine <strong>de</strong> perdre, avant <strong>de</strong> combattre, un grand nombre <strong>de</strong><br />

soldats ».<br />

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274<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Voici la réponse <strong>de</strong> Napoléon à ce cri d’alarme que rien<br />

ne justifiait :<br />

Au Major Général. Menmarkt, 31 mai 1813, 11 h ½ soir.<br />

« Ecrivez sur-le-champ au duc <strong>de</strong> Raguse que vous avez reçu sa l<strong>et</strong>tre<br />

d’aujourd’hui... que le 3 ème Corps est à Diezdorf <strong>et</strong> le Général<br />

<strong>La</strong>tour-Maubourg à Moys ; que <strong>de</strong> Diezdorf à Moys, il n’y a<br />

que 3 300 toises, que vous ne concevez pas comment il se<br />

trouve en l’air, ayant trois Divisions <strong>et</strong> un Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />

<strong>et</strong> à 3 000 toises <strong>de</strong> l’armée. Dites lui que, dans ce genre <strong>de</strong> guerre, il<br />

faut éviter <strong>de</strong> se trop serrer <strong>et</strong> que, les Russes ayant beaucoup <strong>de</strong> cavalerie,<br />

leur situation est toute différente....<br />

« Dites lui qu’il n’entre pas dans les détails qu’il fasse connaître s’il<br />

a <strong>de</strong>vant lui <strong>de</strong> l’infanterie ; que toutes les reconnaissances faites près <strong>de</strong> son<br />

camp n’ont vu que <strong>de</strong> la cavalerie fort loin ; qu’on assure aussi avoir entendu<br />

une canonna<strong>de</strong> aujourd’hui entre Zohtenberg <strong>et</strong> Schweidnitz ou Striegau <strong>et</strong><br />

qu’il fasse connaître s’il n’a rien entendu. Recomman<strong>de</strong>z lui <strong>de</strong> vous faire<br />

savoir, <strong>de</strong>main à la pointe du jour, ce qu’il a <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>vant lui <strong>et</strong> répétez<br />

lui qu’il faut éviter <strong>de</strong> prendre une position trop serrée, qui<br />

empêche les armes <strong>de</strong> se déployer <strong>et</strong> donne un grand avantage<br />

à la cavalerie ennemie.<br />

« Dites lui que tout ce qui est à Menmarkt <strong>et</strong> à Diezdorf viendrait<br />

rapi<strong>de</strong>ment à son secours, <strong>de</strong> tâcher <strong>de</strong> communiquer avec le duc <strong>de</strong> Tarente <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> vous donner <strong>de</strong> ses nouvelles ; qu’avec la cavalerie du Général<br />

<strong>La</strong>tour-Maubourg, en la faisant soutenir par quelques bataillons<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie, il aurait pu pousser très loin aujourd’hui<br />

ses reconnaissances <strong>et</strong> savoir positivement ce qu’il<br />

a <strong>de</strong>vant lui ; il paraît qu’il n’en a rien fait, puisqu’il a <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s là<strong>de</strong>ssus...<br />

<strong>et</strong>c. ».<br />

<strong>La</strong> leçon était donnée <strong>de</strong> main <strong>de</strong> maître.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 275<br />

Les inci<strong>de</strong>nts que nous venons <strong>de</strong> rapporter montre à quel<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> lassitu<strong>de</strong> morale en étaient arrivés nos généraux, obligés<br />

<strong>de</strong> manœuvrer sans cesse avec une cavalerie peu nombreuse <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

qualité médiocre contre un ennemi disposant d’une excellente<br />

cavalerie, d’un effectif plus que double, toujours prête à fondre à<br />

l’improviste sur celles <strong>de</strong> nos troupes qui se gardaient mal. C<strong>et</strong>te<br />

guerre à tâtons était bien faite pour provoquer l’événement chez<br />

les commandants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s unités.<br />

1 er juin. – Le 1 er juin, l’Empereur, avisé que le gros <strong>de</strong> l’armée<br />

adverse s’était replié sur Schweidnitz, orienta ses corps d’armée<br />

dans c<strong>et</strong>te direction (voir le croquis).<br />

- 5 ème Corps, un détachement à Breslau, trois Divisions à<br />

Kryptan<strong>et</strong> Mochkbern face au sud, une Division à Pürschwitz<br />

;<br />

- 7 ème Corps à Pürschwitz, gardant par ses avant-postes les<br />

débouchés vers Kant <strong>et</strong> Kostenbluth ;<br />

- la Division <strong>de</strong> cavalerie légère Chastel à Hartlieb ;<br />

- le 3 ème Corps au sud <strong>de</strong> Menmarkt appuyant sa droite à Michelsdorf<br />

;<br />

- le 6 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (2 Divisions) dans<br />

leurs positions d’Eisendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Moys ;<br />

- les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps à Jauer ;<br />

- le 2 ème Corps fut invitéà se tenir prêt à se rendre à Sargau<br />

pour coopérer aux opérations sur Berlin avec le 12 ème Corps.<br />

Comme les mouvements en cours modifiaient à chaque<br />

instant la situation <strong>et</strong> rendaient très difficile la conclusion <strong>de</strong><br />

l’armistice pour lequel on négociait, on convint d’arrêter les opérations<br />

pendant trente-six heures, puis pendant trois fois vingtquatre<br />

heures.<br />

Le 2 juin, dans un conseil <strong>de</strong> guerre tenu à Schweidnitz,<br />

Barclay fit observer que, si au cours <strong>de</strong>s négociations, les Français<br />

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276<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

faisaient serrer leurs troupes du cöté du Breslau, l’armée serait<br />

exposée à être coupée <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />

Les souverains alliés reconnurent qu’il y avait là un danger<br />

sérieux <strong>et</strong> décidèrent que l’on appuierait vers l’Est <strong>de</strong> manière à se<br />

placer à portée <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r comprise entre Brieg <strong>et</strong><br />

Ohlau, sur laquelle on ferait j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts.<br />

En conséquence, le 3 juin, les coalisés se portèrent <strong>de</strong> Pilzen<br />

à Hei<strong>de</strong>rsdorf.<br />

C<strong>et</strong>te disposition provoqua le mécontentement <strong>de</strong> tous les<br />

généraux prussiens qui ne voulaient pas entendre parler<br />

d’abandonner la Silésie.<br />

Blücher <strong>et</strong> York écrivirent au roi Frédéric pour lui proposer,<br />

au cas où les Russes se r<strong>et</strong>ireraient en Pologne, <strong>de</strong> se séparer<br />

d’eux pour se replier d’une position à l’autre le long du pied <strong>de</strong> la<br />

chaîne <strong>de</strong> montagnes qui limite le comté <strong>de</strong> Glatz, pendant que la<br />

<strong>La</strong>ndwehr se rassemblerait à portée <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> Meisse <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Glatz.<br />

Le moment était <strong>de</strong>s plus critiques pour les alliés ; les<br />

troupes très réduites, fatiguées à l’extrême, commençaient à se<br />

laisser aller au découragement ; les généraux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations<br />

étaient en compl<strong>et</strong> désaccord, ainsi que nous venons <strong>de</strong> le voir, au<br />

suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la direction à donner aux opérations.<br />

Les renforts russes étaient encore très éloignés du théâtre<br />

<strong>de</strong> la lutte ; quant aux <strong>La</strong>ndwehr prussiens, faute d’armes 1 <strong>et</strong><br />

1 Des milliers <strong>de</strong> fusils fabriqués en Autriche pour le compte du<br />

Gouvernement prussien <strong>et</strong> <strong>de</strong>stinés à l’armement <strong>de</strong> la <strong>La</strong>ndwehr<br />

avaient été reconnus inutilisables au moment <strong>de</strong> leur livraison, attendu<br />

qu’on avait oublié <strong>de</strong> percer les lumières : il avait fallu les renvoyer en<br />

manufacture.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 277<br />

d’eff<strong>et</strong>s d’habillement, il n’était pas possible <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre sur pied<br />

avant plusieurs semaines.<br />

L’Autriche, faisait, il est vrai, les plus belles promesses,<br />

mais son armée <strong>de</strong> Bohème n’était pas prête <strong>et</strong> ne pouvait l’être<br />

avant un grand mois.<br />

Aujourd’hui, on peut facilement se rendre compte que siles<br />

opérations eussent continué encore pendant quelques jours,<br />

c’en était fait <strong>de</strong> la coalition ; malheureusement, il était impossible<br />

à Napoléon <strong>de</strong> se douter jusqu’à quel point était difficile la position<br />

<strong>de</strong>s alliées.<br />

Les effectifs <strong>de</strong> nos troupes fondaient à vue d’œil ; nos<br />

généraux, fatigués <strong>et</strong> énervés, n’avaient plus le sentiment exact<br />

<strong>de</strong>s choses. Les partisans <strong>de</strong> l’ennemi, dont l’audace allait toujours<br />

croissant, parcouraient le pays sur nos <strong>de</strong>rrières, poussant leurs<br />

pointes jusqu’à Erfurt <strong>et</strong> Brunswick, enlevant nos détachements<br />

<strong>et</strong> nos convois ; il fallait prévoir qu’avant peu, on serait contraint<br />

d’employer <strong>de</strong> grosses colonnes pour les m<strong>et</strong>tre à la raison.<br />

Malgré toute son activité <strong>et</strong> toute son énergie, Napoléon<br />

n’avait pu rendre la poursuite assez vive pour entamer sérieusement<br />

ses adversaires ; du 22 mai au 1 er juin, en onze jours, l’armée<br />

française n’avait avancé que <strong>de</strong> quarante quatre lieues (distance<br />

mesurée à vol d’oiseau). De plus, en adm<strong>et</strong>tant que l’ennemi<br />

s’arrêtât encore une fois pour recevoir la bataille, il était peu probable<br />

qu’on remportât une victoire plus complète qu’à <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong><br />

à Bautzen.<br />

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278<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

On exposera brièvement ce qui s’était passé sur les <strong>de</strong>rrières<br />

<strong>de</strong> l’armée française pendant qu’elle s’avançait <strong>de</strong> Bautzen<br />

jusqu’à Breslau 1 .<br />

Coup <strong>de</strong> main tenté par les coalisés contre Leipzig.<br />

Profitant <strong>de</strong> ce que l’Elbe moyen était absolument dégarni,<br />

les Cosaques <strong>de</strong> Tschernitchew avaient repris leurs incursions<br />

sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />

Le 25 mai, ils détruisaient, près <strong>de</strong> Halle, un régiment <strong>de</strong><br />

marche <strong>de</strong> cavalerie ; le 30, ils enlevaient, près d’Halbersadt un<br />

convoi d’artillerie escorté par 1 600 fantassins, westphaliens, il est<br />

vrai <strong>et</strong> contraignaient une colonne <strong>de</strong> quatre bataillons, accourue<br />

<strong>de</strong> Brunswick, à se replier sur c<strong>et</strong>te ville.<br />

A Leipzig, où se trouvait le Grand parc d’artillerie<br />

<strong>de</strong>l’armée <strong>et</strong> un important dépôt <strong>de</strong> prisonniers, nous n’avions,<br />

pour toute garnison, que 2 à 3 000 convalescents très mal encadrés<br />

<strong>et</strong> une Division <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> cavalerie encadrée par le Général<br />

Orrighi <strong>et</strong> composé entièrement <strong>de</strong> conscrits ne sachant<br />

même pas se tenir à cheval. Le Commandant <strong>de</strong> la place, le Général<br />

Bertrand, avait exprimé à diverses reprises, l’inquiétu<strong>de</strong> que lui<br />

causait c<strong>et</strong>te situation en présence <strong>de</strong> l’audace croissante <strong>de</strong>s partisans<br />

ennemis.<br />

L’événement ne <strong>de</strong>vait pas tar<strong>de</strong>r, d’ailleurs, à justifier ses<br />

craintes ; en eff<strong>et</strong>, le Général Worouzow, qui était chargé<br />

1 Afin <strong>de</strong> ne pas trop allonger ce récit, on passera sous silence les<br />

divers détachements <strong>de</strong> partisans prussiens <strong>et</strong> russes qui, à partir <strong>de</strong><br />

<strong>Lutzen</strong>, ne cessèrent <strong>de</strong> battre l’estra<strong>de</strong> en Saxe, en Thüringe <strong>et</strong> même<br />

en Franconie, semant partout l’alarme <strong>et</strong> le désordre. Grâce à la connivence<br />

<strong>de</strong>s habitants, grâce aussi à la faiblesse numérique <strong>de</strong> nos troupes<br />

d’étapes, ces détachements purent opérer en toute sécurité, ce qui expliquent<br />

lahardiesse dont ils firent preuve.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 279<br />

d’observer Mag<strong>de</strong>burg, laissant <strong>de</strong>vant c<strong>et</strong>te place un millier <strong>de</strong><br />

cavaliers <strong>et</strong> 7 000 hommes <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndwehr prussienne, franchit<br />

l’Elbe, près <strong>de</strong> Dessau, dans la nuit du 5 au 6 juin, avec 5 000<br />

cavaliers <strong>et</strong> fantassins <strong>et</strong> se dirigea à marches forcées vers Leipzig,<br />

faisant transporter son infanterie sur <strong>de</strong>s voitures ; il avait donné<br />

ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>vant la ville à Tschernitchew, qui opérait alors du<br />

côté <strong>de</strong> Bernburg avec 1 200 cavaliers.<br />

Le 7 juin, à l’aube, les <strong>de</strong>ux colonnes ennemies parurent à<br />

l’improviste <strong>de</strong>vant Leipzig, bousculèrent en un instant nos cavaliers<br />

novices <strong>et</strong> allaient pénétrer dans la ville quand nos généraux<br />

les arrêtèrent, non sans peine, en leur notifiant l’armistice.<br />

Opérations <strong>de</strong> Bülow – Combats d’Hoyerswerda <strong>et</strong> <strong>de</strong> Luckau.<br />

Nous savons que le Maréchal Oudinot, après la bataille <strong>de</strong><br />

Bautzen, avait reçu la mission <strong>de</strong> marcher sur Berlin avec son<br />

corps d’armée, renforcé <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> mixte du Général <strong>de</strong> Beaumont<br />

(4 escadrons westphaliens, 2 bataillons du 6 ème Corps <strong>et</strong> 2<br />

canons).<br />

L’obligation <strong>de</strong> rassembler ses troupes, qui étaient très<br />

dispersées, ne permit pas au Maréchal <strong>de</strong> commencer son mouvement<br />

avant le 26 mai. Le 27, il atteignit Hoyerswerda avec tout<br />

son mon<strong>de</strong>.<br />

Le Général Bülow, qui était chargé <strong>de</strong> couvrir Berlin, avait<br />

réussi, à force d’activité, à réunir, une trentaine <strong>de</strong> mille hommes,<br />

dont il est vrai, beaucoup <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndwehr, sans gran<strong>de</strong> consistance<br />

mais qui faisaient nombre.<br />

Au moment <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Bautzen, voyant que les<br />

Corps français, qui avaient opéré jusque là par Wittenberg <strong>et</strong> Tor-<br />

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280<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

gau, semblant menacer Berlin, étaient rabattus vers le Sud, le Général<br />

prussien avait marché dans la direction <strong>de</strong> Lückau.<br />

Après Bautzen, Wittgenstein lui avait envoyé l’ordre<br />

d’opérer activement contre le flanc gauche <strong>de</strong> l’armée française.<br />

Le 28 mai, informé que les Français venaient d’occuper<br />

Hoyerswerda <strong>et</strong> voyant qu’il s’agissait d’un faible détachement, il<br />

vint attaquer la ville avec son avant-gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> se trouva aux prises<br />

avec le 12 ème Corps. Complètement battu, il fit sa r<strong>et</strong>raite précipitamment<br />

après avoir subi <strong>de</strong>s pertes considérables.<br />

Tenu au courant <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong>s Français en Silésie <strong>et</strong><br />

prévenu que le Maréchal Victor se portait sur Sargau, avec un<br />

gros Corps d’armée, il se replia dans la direction <strong>de</strong> Kottbus <strong>et</strong>,<br />

maladroitement, dispersa ses troupes sur une étendue <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

100 km, voulant à la fois couvrir Krossen (sur l’O<strong>de</strong>r) <strong>et</strong> Berlin.<br />

Si Oudinot avait marché droit sur Lückau, qui était le<br />

point <strong>de</strong> concentration obligé <strong>de</strong>s détachements prussiens, il aurait<br />

eu beau jeu <strong>de</strong> les détruire les uns après les autres, mais il ne<br />

sut pas prendre un parti en temps utile. C’est seulement le 4 juin<br />

qu’il s’avança vers Lückau. Bülow, comprenant le danger qui le<br />

menaçait, fit converger ses détachements à marches forcées sur<br />

c<strong>et</strong>te ville ; le 6 juin, au matin, il avait réussi à réunir la presque<br />

totalité <strong>de</strong> ses forces, lorsque les Français parurent <strong>de</strong>vant Lückau.<br />

<strong>La</strong> position <strong>de</strong>s Prussiens était presque inexpugnable ; Oudinot,<br />

qui s’entêta à vouloir l’attaquer <strong>de</strong> front, ne put réussir à<br />

l’enlever. Il dut ramener sur Uebigau son corps d’armée qui avait<br />

perdu près <strong>de</strong> 2 000 hommes.<br />

<strong>La</strong> fatigue <strong>de</strong>s troupes prussiennes ne permit pas tout<br />

d’abord à Bülow <strong>de</strong> poursuivre le 12 ème Corps ; le 9 juin, il allait se<br />

m<strong>et</strong>tre en mouvement quand il apprit la nouvelle <strong>de</strong> l’armistice.<br />

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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 281<br />

Opérations sur le Bas-Elbe. – Le Maréchal Davout réoccupe<br />

Hamburg<br />

En revanche, sur l’Elbe inférieur, grâce à l’habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> à<br />

l’énergie du Maréchal Davout, nos affaires avaient pris une tournure<br />

favorable : le Corps <strong>de</strong> Vandamme serrait Hamburg <strong>de</strong> très<br />

près.<br />

Le roi <strong>de</strong> Danemark, qui s’était enfin décidé à faire cause<br />

commune avec nous, ordonna à une Division danoise <strong>de</strong> 8 000<br />

hommes, qui se trouvait à Altona, <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre à la disposition du<br />

Maréchal Davout.<br />

Le 30 mai, nos troupes occupèrent Hamburg.<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’armistice du 4 juin, il était convenu qu’on<br />

adopterait pour ligne <strong>de</strong> démarcation entre les <strong>de</strong>ux armées la<br />

Hatzbach afin <strong>de</strong> laisser Breslau comme neutre ; qu’après la Hatzbach,<br />

on prendrait l’O<strong>de</strong>r, ce qui nous assurait la basse Silésie<br />

pour y stationner <strong>et</strong> y vivre ; après l’O<strong>de</strong>r, l’ancienne frontière, qui<br />

avait toujours séparé la Saxe <strong>de</strong> la Prusse, ce qui laissait en notre<br />

possession tous les Etats <strong>de</strong> la Saxe ; enfin, la ligne <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong>puis<br />

Wittenberg jusqu’à la mer, sauf ce qui serait advenu <strong>de</strong>s villes<br />

hanséatiques. Il fut stipulé, en outre, que les garnisons bloquées<br />

<strong>de</strong> la Vistule <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r seraient successivement approvisionnées<br />

à prix d’argent.<br />

Le jour même <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’armistice, on apprit que<br />

Hamburg <strong>et</strong> les villes hanséatiques étaient rentrées dans les mains<br />

du Maréchal Davout, ce qui nous en assurait la possession pendant<br />

la suspension d’armes 1 .<br />

1 Thiers – Histoire du Consulat <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Empire.<br />

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282<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Paris, le 25 août 1898<br />

Le Chef <strong>de</strong> Bataillon <strong>La</strong>nrezac<br />

(signature)<br />

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usse)<br />

Appendice 2<br />

Ordre donné pour la journée du 19 avril – 1 er mai (armée<br />

Le Corps du Général <strong>de</strong> cavalerie Blücher formera <strong>de</strong>ux<br />

colonnes. <strong>La</strong> colonne <strong>de</strong> droite se trouvera <strong>de</strong>main matin à 5 h, à<br />

Storknitz ; celle <strong>de</strong> gauche sera rendue à la même heure à Harsdorf,<br />

non loin <strong>de</strong> Pégau. A 6 h, ce Corps aura franchi le canal <strong>et</strong><br />

marchera dans la direction <strong>de</strong> Werben sur Sitteln. Toutefois, la<br />

colonne <strong>de</strong> l’aile gauche traversera le canal une <strong>de</strong>mi-heure avant<br />

celle <strong>de</strong> l’aile droite.<br />

Les Corps <strong>de</strong>s lieutenants généraux York <strong>et</strong> Berg se trouveront<br />

également à 5 h du matin immédiatement en arrière <strong>de</strong>s<br />

colonnes du Général Blücher. Le Corps <strong>de</strong> Berg se dirigea sur<br />

Stockwitz <strong>et</strong> celui d’York prendra le chemin qui conduit<br />

d’Audigast sur Pégau.<br />

Les batteries lour<strong>de</strong>s russes affectées au corps Blücher<br />

marcheront en tête <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> ce général qui en disposera<br />

comme il l’entendra.<br />

Le lieutenant-général baron Wittzengero<strong>de</strong> laissera trois<br />

bataillons d’infanterie <strong>et</strong> une batterie légère pour tenir les défilés<br />

<strong>de</strong> Zwenkau. Il laissera, en outre, les <strong>de</strong>ux régiments <strong>de</strong> cosaques<br />

dans la position qu’ils occupent actuellement <strong>de</strong>vant l’ennemi ; si<br />

ces régiments sont assaillis par l’ennemi, ils se r<strong>et</strong>ireront aussi<br />

lentement que possible dans la direction <strong>de</strong> Zwenkau. Le Général<br />

Wittzengero<strong>de</strong> prescrira à l’officier qui comman<strong>de</strong> qui comman<strong>de</strong><br />

à Zwenkau <strong>de</strong> rendre impraticables tous les points <strong>de</strong> passage <strong>de</strong><br />

l’île entre Zwenkau <strong>et</strong> Leipzig ; il se m<strong>et</strong>tra en relation à ce suj<strong>et</strong><br />

avec le général Kleist. A 6 h du matin, le reste du Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />

sera formé en ordre <strong>de</strong> bataille à Werben où il couvrira<br />

la marche du Corps <strong>de</strong> Blücher. A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, le détachement du<br />

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284<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Colonel Oclow étendra sa ligne <strong>de</strong> poste jusqu’au canal <strong>et</strong> surveillera<br />

la route <strong>de</strong> Weissenfels. En même temps, le Général Wittzengero<strong>de</strong><br />

aura sous son comman<strong>de</strong>ment la cavalerie <strong>de</strong> réserve<br />

prussienne <strong>et</strong> cé<strong>de</strong>ra à la colonne <strong>de</strong> Blücher, à Werben, sa compagnie<br />

d’artillerie lour<strong>de</strong>.<br />

A sept heure du matin, la Gar<strong>de</strong> russe sera rendue à Pegau<br />

<strong>et</strong> à Stockwitz, couvrant avec <strong>de</strong> l’infanterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie légère<br />

les défilés <strong>de</strong> Steutsch, Kirsdorf, Werben <strong>et</strong> Stockwitz ; elle formera<br />

la réserve <strong>de</strong> l’armée alliée.<br />

Dès qu’il en recevra l’ordre du Général en Chef, le Général<br />

Blücher marchera en première ligne en obliquant à gauche.<br />

Son aile gauche tâchera <strong>de</strong> gagner aussi rapi<strong>de</strong>ment que possible<br />

le ruisseau qui coule <strong>de</strong> Gross-Grimma à Delitsch (la Grüma).<br />

<strong>La</strong> <strong>de</strong>uxième ligne <strong>et</strong> la réserve se conformeront exactement<br />

aux mouvements exécutés par la première ligne, <strong>de</strong> façon à<br />

pouvoir la soutenir en temps opportun. Elles gar<strong>de</strong>ront leurs distances<br />

pour ne pas avoir à souffrir du feu que l’ennemi dirigerait<br />

contre la première ligne.<br />

Le Général Blücher enverra immédiatement <strong>de</strong> la cavalerie<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie à cheval sur son flanc gauche, au-<strong>de</strong>là du ruisseau<br />

<strong>et</strong> sur les hauteurs qui dominent la rive opposée. Pendant<br />

toute la bataille, il refusera autant que possible son aile droite<br />

qu’il appuiera au canal.<br />

Nous prendront l’offensive <strong>de</strong> ce côté en nous avançant<br />

entre les <strong>de</strong>ux cours d’eau, c’est-à-dire entre la Rippach <strong>et</strong> le canal.<br />

Si l’ennemi cherchait à débor<strong>de</strong>r notre aile droite, l’artillerie agirait<br />

immédiatement contre lui ; l’infanterie, en colonnes <strong>de</strong> bataillon,<br />

suivrait <strong>de</strong> près l’artillerie : elle serait soutenue par la cavalerie. Si<br />

l’ennemi se présentait en forces nombreuses, la cavalerie <strong>de</strong> réserve<br />

<strong>et</strong> l’artillerie à cheval se porteraient rapi<strong>de</strong>ment en avant ;<br />

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Apendices 285<br />

l’artillerie, par son tir à mitraille, le m<strong>et</strong>trait en désordre ; la cavalerie<br />

l’attaquerait ensuite pour le m<strong>et</strong>tre en déroute.<br />

Le Corps du lieutenant-général Kleist n’entrera en action<br />

que lorsqu’il entendra, <strong>de</strong> nôtre côté, un feu bien nourri ; il se<br />

porterait également en avant si l’ennemi, se détournant <strong>de</strong> lui,<br />

marchait sur nous. Si, par contre, il était vivement pressé par un<br />

ennemi supérieur en nombre, il se r<strong>et</strong>irerait sur Wurzen <strong>et</strong> défendrait<br />

le mieux possible la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Il détruirait le pont<br />

qu’on rencontre sur c<strong>et</strong>te route, ainsi que celui <strong>de</strong> la route<br />

d’Enlenburg <strong>et</strong> resterait en liaison avec nous au moyen <strong>de</strong>s cosaques.<br />

Le Corps du Général d’infanterie Miloradowitch marchera<br />

sur Zeitz. Si l’ennemi, venant <strong>de</strong> Weissenfels, se présentait en<br />

forces <strong>et</strong> dirigeait son action contre notre aile gauche ainsi portée<br />

en avant, la gar<strong>de</strong> russe, placée en réserve Stentsch ferait à gauche<br />

<strong>et</strong> tomberait sur le flanc droit <strong>de</strong> l’ennemi.<br />

En raison du terrain découvert, les Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />

<strong>et</strong> l’artillerie à cheval pourront rendre les plus grands services.<br />

Le but principal <strong>de</strong> tous nos mouvements consistera à gagner<br />

le flanc droit <strong>de</strong> l’ennemi ; à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, toutes les troupes <strong>de</strong>vront<br />

appuyer à gauche en ayant comme pivot, jusqu’à nouvel<br />

ordre, le village <strong>de</strong> Stentsch. En terrain découvert, les tirailleurs<br />

surtout <strong>de</strong>vront le moins possible s’amuser à tirer : les colonnes<br />

<strong>de</strong> bataillon qui les soutiennent ne <strong>de</strong>vront pas non plus faire<br />

battre la charge. <strong>La</strong> cavalerie, qui sera déployée en ligne, <strong>de</strong>vra<br />

profiter immédiatement <strong>de</strong> tout désordre observé dans les rangs<br />

<strong>de</strong> l’ennemi.<br />

Chacune <strong>de</strong>s briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’armée alliée détachera un officier<br />

d’ordonnance auprès du Général Commandant en chef,<br />

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286<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Comte <strong>de</strong> Wittgenstein qui, pendant le combat, se tiendra à la<br />

réserve <strong>de</strong> la première ligne, entre celle-ci <strong>et</strong> la secon<strong>de</strong> ligne.<br />

Pour le cas d’une r<strong>et</strong>raite inattendue, celle-ci s’effectuera<br />

entre Altenburg <strong>et</strong> Frohburg : c’est pourquoi le commandant du<br />

corps <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong>s ailes reconnaitront exactement les<br />

chemins qui mènent dans ces <strong>de</strong>ux directions. Tous les bagages<br />

seront dirigés sur Borna. En cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite, ils iront à Dres<strong>de</strong> par<br />

Rochlitz. Les blessés <strong>et</strong> les prisonniers seront envoyés à Frohburg.<br />

Quartier Général <strong>de</strong> Zwenckau,<br />

le 1 er mai 1813, à 11 h ½ du soir<br />

Signé <strong>de</strong> Diebitsch II<br />

Général <strong>de</strong> Briga<strong>de</strong> <strong>et</strong> Quartier-maître général<br />

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Apendices 287<br />

Appendice 3<br />

Extrait <strong>de</strong> l’Ordre donné par le Comte <strong>de</strong> Wittgenstein<br />

avant la bataille.<br />

Dans le cas où <strong>de</strong>s troupes ennemies passeraient la Sprée<br />

en forces, le Général Miloradowitch se r<strong>et</strong>irera sur les hauteurs<br />

entre les villages d’Auritz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Jenkwitz qu’il tiendra le plus<br />

possible : si l’ennemi l’oblige à continuer sa r<strong>et</strong>raite, la cavalerie,<br />

avec la batterie lour<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’artillerie à cheval, passera <strong>de</strong>rrière la<br />

ligne <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> se placera en réserve à gauche <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> ;<br />

mais l’infanterie, avec l’artillerie légère, sous le Prince <strong>de</strong> Wurtemberg,<br />

se r<strong>et</strong>irera sur les hauteurs du village <strong>de</strong> Rieschen. Dès<br />

que l’avant-gar<strong>de</strong> sera arrivée sur la position principale, le comte<br />

Miloradowitch prendra le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> tous les corps russes<br />

<strong>de</strong> l’aile gauche.<br />

Dans le cas où l’ennemi continuerait à se porter en avant,<br />

on <strong>de</strong>vra appliquer les dispositions suivantes : si l’attaque est dirigée<br />

contre les troupes du lieutenant général Kleist, celui-ci sera<br />

d’abord soutenu par les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers <strong>et</strong>, plus tard,<br />

par les autres Corps d’armée qui exécuteront un mouvement <strong>de</strong><br />

flanc vers la droite ; mais, si l’ennemi se j<strong>et</strong>te, avec toutes ses forces,<br />

sur le centre <strong>de</strong> l’armée alliée, le corps du Général Kleist <strong>et</strong><br />

les Divisions <strong>de</strong> cuirrassiers le prendront en flanc ; les réserves <strong>et</strong><br />

l’aile gauche soutiendront alors le Général Blücher, en faisant un<br />

à-droite. Si l’ennemi attaque notre aile gauche avec ses forces<br />

principales, le Corps <strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />

le prendront en flanc <strong>et</strong> à revers ; en même temps, le Corps <strong>de</strong><br />

Blücher exécutera un changement <strong>de</strong> front en portant l’aile droite<br />

en avant, pour rej<strong>et</strong>er l’armée ennemie dans les montagnes ; enfin,<br />

si l’attaque est dirigée simultanément sur les <strong>de</strong>ux ailes <strong>de</strong> l’armée<br />

alliée, la majeure partie <strong>de</strong>s réserves soutiendra l’aile droite du<br />

Général Blücher qui, étant ainsi renforcée, rej<strong>et</strong>tera l’ennemi dans<br />

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288<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

les montagnes. Dans le cas où <strong>de</strong>s forces nombreuses <strong>de</strong> l’ennemi<br />

se porteraient sur Klix, afin <strong>de</strong> couper Barclay <strong>de</strong> Tolly du reste<br />

<strong>de</strong>s troupes alliées, les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers franchiront<br />

aussitôt la Sprée pour se porter contre l’ennemi (?) Elles seront<br />

suivies par le Corps <strong>de</strong> Kleist, celui <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> par toute la<br />

première ligne <strong>de</strong> l’aile gauche sous le prince <strong>de</strong> Gortschakow II ;<br />

la <strong>de</strong>uxième ligne <strong>et</strong> la réserve d’artillerie resteront en position. Le<br />

Général Miloradowitch prendra position à Jenkwitz <strong>et</strong> à Baschütz<br />

<strong>et</strong> se r<strong>et</strong>irera, en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite, sur Löbau <strong>et</strong> Reichembach. Mais,<br />

si les alliés étaient obligés <strong>de</strong> battre directement en r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> la<br />

position qu’ils occupent, les troupes <strong>de</strong> l’aile droite, c’est-à-dire les<br />

Corps <strong>de</strong> Kliest <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />

se r<strong>et</strong>ireront sur Weissemberg ; les troupes russes <strong>de</strong> l’aile gauche<br />

iront à Löbau <strong>et</strong> se réuniront au reste <strong>de</strong> l’armée à Reichenbach.<br />

Dès que la bataille commencera, le parc se transportera à Reichenbach<br />

; c’est sur ce point que seront évacués les blessés <strong>et</strong> les<br />

prisonniers.<br />

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A<br />

Albert (division .... 193, 239<br />

Alexandre (l'Empereur). 11,<br />

41, 90, 138, 154, 155,<br />

230, 234, 238, 240, 243,<br />

244, 264<br />

Allemagne ... 7, 8, 9, 12, 21,<br />

25, 31, 37, 47, 90, 109,<br />

110, 111, 153, 289, 310<br />

Altenburg 88, 90, 103, 136,<br />

137, 152, 154, 155, 156,<br />

166, 173, 183, 196, 197,<br />

286<br />

Alt-Jaschwitz................ 262<br />

Altona........................... 281<br />

Angl<strong>et</strong>erre (l') ..... 12, 13, 65<br />

Armée (Gran<strong>de</strong>) .. 7, 14, 15,<br />

21, 22, 24, 29, 32, 72,<br />

179<br />

Aschersleben 102, 117, 126<br />

Augereau (Maréchal) .... 49,<br />

52, 133<br />

Augsburg 27, 114, 133, 197<br />

Aupitz........................... 149<br />

Auritz ... 228, 229, 234, 287<br />

Auspach........................ 125<br />

Austerlitz...................... 256<br />

Autriche..... 8, 9, 12, 13, 56,<br />

104, 108, 109, 112, 138,<br />

In<strong>de</strong>x<br />

154, 191, 195, 246, 247,<br />

276, 277, 310<br />

Autrichiens (les).. 9, 14, 17,<br />

19, 50, 107<br />

B<br />

Ba<strong>de</strong>-Hesse .................... 39<br />

Badois (les) .................. 118<br />

Bamberg 27, 114, 118, 119,<br />

120, 121, 125, 197<br />

Bammiot (général) ....... 194<br />

Barby...................... 94, 136<br />

Barclay <strong>de</strong> Tolly.. 105, 192,<br />

215, 224, 256, 263, 288<br />

Baruch.......................... 239<br />

Baruth.. 236, 238, 239, 240,<br />

255, 259<br />

Basankwitz.. 225, 229, 241,<br />

243<br />

Baschütz...... 222, 224, 231,<br />

234, 240, 243, 244, 245,<br />

248, 288<br />

Bas-Rhin ........................ 73<br />

Bautzen . 12, 33, 60, 63, 72,<br />

89, 191, 192, 197, 198,<br />

202, 203, 204, 205, 206,<br />

207, 208, 209, 210, 211,<br />

212, 213, 215, 216, 219,<br />

220, 221, 222, 223, 228,<br />

229, 230, 232, 233, 234,<br />

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290<br />

236, 238, 242, 243, 245,<br />

246, 247, 248, 250, 251,<br />

253, 254, 256, 257, 261,<br />

263, 264, 277, 278, 279,<br />

280, 291, 294<br />

Bavarois (les) .... 15, 16, 36,<br />

88, 118<br />

Bavière (la)....................... 9<br />

Bavière (roi <strong>de</strong>) 10, 39, 112,<br />

125<br />

Bayreuth...... 102, 103, 114,<br />

118, 119, 120, 125, 126<br />

Beaumont (général)..... 201,<br />

202, 203, 204, 210, 212,<br />

279<br />

Bekendorf (colonel) 18, 57,<br />

62, 91<br />

Bellune (duc <strong>de</strong>)...... 66, 85,<br />

207, 208<br />

Berg (lieutenant-général) 57,<br />

96, 97, 103, 129, 152,<br />

153, 156, 157, 163, 168,<br />

283<br />

Berlin10, 11, 15, 18, 19, 49,<br />

50, 51, 52, 53, 54, 55, 56,<br />

60, 62, 63, 64, 69, 70, 72,<br />

76, 80, 81, 83, 89, 90, 91,<br />

94, 95, 96, 167, 184, 185,<br />

191, 199, 200, 207, 208,<br />

246, 249, 251, 266, 275,<br />

279, 280, 290<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Bernburg .. 64, 94, 135, 136,<br />

181, 188, 189, 198, 279<br />

Berthier (maréchal) ...... 100,<br />

102, 133, 144, 209, 211<br />

Berthozène .................... 178<br />

Bertrand (général) . 27, 113,<br />

118, 119, 122, 123, 125,<br />

128, 129, 145, 146, 148,<br />

149, 177, 184, 210, 219,<br />

220, 263, 272, 273, 278,<br />

293<br />

Bessières (maréchal)..... 113,<br />

127, 141<br />

Bialistock........................ 46<br />

Binnewitz..... 230, 233, 235,<br />

236<br />

Bischoffswerda .... 202, 203,<br />

204, 210, 211, 212<br />

Bleke<strong>de</strong>......................... 101<br />

Blexen............................. 87<br />

Blossauer-Wasser. 221, 224,<br />

225, 234, 239, 240, 243,<br />

244<br />

Blücher (général) 15, 42, 44,<br />

50, 56, 58, 68, 83, 88, 89,<br />

90, 91, 100, 102, 103,<br />

105, 114, 117, 121, 126,<br />

151, 152, 153, 154, 156,<br />

157, 160, 161, 162, 163,<br />

164, 165, 172, 191, 223,<br />

224, 228, 231, 232, 239,<br />

240, 241, 242, 243, 244,<br />

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In<strong>de</strong>x 291<br />

245, 254, 256, 264, 268,<br />

276, 283, 284, 287, 288<br />

Bober (la)...... 262, 268, 269<br />

Boblitz .................. 192, 227<br />

Bonn<strong>et</strong> (division).. 129, 130,<br />

142, 162, 164, 194, 229<br />

Borna ... 103, 152, 154, 155,<br />

156, 166, 181, 286<br />

Borstell (général). 58, 96, 97<br />

Bösdorf ......................... 150<br />

Boumerc (division)........ 195<br />

Bourcier (général) ........... 31<br />

Bour<strong>de</strong>souble (division) 195<br />

Bran<strong>de</strong>nbourg.................. 83<br />

Braun (réserve d'artillerie –<br />

colonel) ....................... 59<br />

Brême ............... 28, 87, 102<br />

Bremen ........................... 73<br />

Brennier (division) 129, 142,<br />

151, 162, 175<br />

Breslau..... 11, 50, 191, 199,<br />

261, 264, 271, 272, 275,<br />

276, 278, 281<br />

Briche (général <strong>de</strong>) ........ 241<br />

Brieg ............................. 276<br />

Briesnig......... 228, 229, 241<br />

Briesnitz 187, 188, 196, 239<br />

Bromberg ........................ 19<br />

Brösa.... 209, 213, 220, 230,<br />

231, 232, 237, 238<br />

Brünewitz.............. 227, 244<br />

Brunswick.. 30, 84, 91, 102,<br />

277, 278<br />

Bruyère (division) ......... 195<br />

Buchwal<strong>de</strong> ... 220, 238, 239,<br />

243, 255<br />

Bühl .............................. 187<br />

Bülow (général).. 15, 17, 19,<br />

44, 45, 50, 53, 56, 58, 96,<br />

97, 103, 105, 152, 166,<br />

167, 188, 191, 195, 205,<br />

207, 251, 261, 266, 279,<br />

280, 292, 295<br />

Bunzlau.. 60, 152, 256, 260,<br />

261, 262, 263, 266, 269<br />

Burgau .......................... 136<br />

Burk..... 223, 225, 229, 234,<br />

240<br />

C<br />

Camburg....................... 136<br />

Camenwitz ................... 245<br />

Carra-Saint-Cyr (général)<br />

........................ 64, 86, 87<br />

Cassel ..................... 70, 127<br />

Charpentier (division) . 130,<br />

188, 194<br />

Chastel (division) 195, 267,<br />

275<br />

Chastel (général) .......... 267<br />

Chernnitz...................... 166<br />

Clausewitz 42, 45, 117, 173<br />

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292<br />

Closter-Marienstern .... 202,<br />

203, 212, 213<br />

Coburg. 102, 103, 118, 119,<br />

120, 121, 122, 125, 126,<br />

131, 133, 134, 136<br />

Codlitz. 166, 180, 182, 183,<br />

184<br />

Cofsern......................... 211<br />

Colberg..................... 15, 50<br />

Compans (division)..... 124,<br />

127, 129, 142, 162, 165,<br />

194, 228<br />

Confédération du Rhin.... 9,<br />

12, 21, 39, 56, 65, 90,<br />

138, 188, 289, 293<br />

Constantin (grand duc).. 59,<br />

222<br />

Consulat (histoire du)... 281<br />

Cracovie ................... 17, 19<br />

Crobnitz........................ 260<br />

Czerstockau.................... 20<br />

D<br />

Dahlen .......................... 186<br />

Dahme .................. 208, 209<br />

Dalmatie......................... 13<br />

Danc<strong>et</strong> (général)........... 114<br />

Danemark (roi <strong>de</strong>) .. 12, 281<br />

Danigkow..... 96, 97, 98, 99<br />

Dantzig14, 15, 50, 108, 111<br />

Danube (armée du). 15, 105<br />

Daranitz................ 229, 231<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Davout (maréchal) .. 61, 63,<br />

74, 75, 77, 78, 80, 85, 94,<br />

101, 102, 120, 137, 198,<br />

199, 207, 281, 292, 295<br />

Davydow (colonel)......... 58<br />

Delmas (division) 193, 237,<br />

239<br />

Dessau. 64, 74, 75, 77, 103,<br />

105, 136, 137, 279<br />

Deutmansdorf............... 269<br />

Deutsch-Bohren ........... 186<br />

Diezdorf ....................... 274<br />

Döbern.......................... 231<br />

Döberschau .................... 223<br />

Doberschütz ... 225, 231, 241<br />

Dobrilugk .............. 204, 250<br />

Dolfs (colonel) 59, 157, 160,<br />

162, 165, 268<br />

Donauwerth ................... 114<br />

Dornburg ............... 135, 136<br />

Dranschkowitz ....... 211, 227<br />

Dresa.... 209, 213, 220, 232,<br />

237, 245<br />

Dres<strong>de</strong> 9, 36, 39, 56, 61, 63,<br />

65, 67, 68, 76, 78, 79, 80,<br />

81, 85, 86, 88, 89, 91,<br />

103, 104, 105, 108, 109,<br />

111, 112, 113, 115, 118,<br />

119, 120, 128, 151, 166,<br />

179, 180, 181, 182, 183,<br />

184, 185, 186, 187, 188,<br />

192, 195, 196, 197, 198,<br />

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In<strong>de</strong>x 293<br />

199, 201, 202, 203, 204,<br />

207, 209, 210, 211, 219,<br />

246, 249, 285, 286, 291,<br />

294, 310<br />

Drohmsberg ... 228, 230, 233<br />

Drouot (général) ............. 164<br />

Duben............................ 105<br />

Dumonstier (division) .... 129,<br />

139, 144, 194, 212<br />

Duroc (maréchal)..... 36, 132,<br />

259<br />

Durochwitz .................... 243<br />

Durosnel (général) .. 210, 211<br />

Durutte (général)14, 21, 28,<br />

82, 85, 88, 103, 130, 136,<br />

137, 139, 141, 166, 180,<br />

182, 188, 189, 193<br />

E<br />

Ebendörfel ..... 230, 235, 236<br />

Eberlach......................... 260<br />

Ebersdorf ....................... 125<br />

Eckmühl (prince d') ... 61, 66,<br />

67, 79, 199<br />

Ehle (l')............................ 98<br />

Ehommensdorf ............... 263<br />

Eichberg (le) .......... 217, 218<br />

Eisdorf................... 162, 164<br />

Eisenach 118, 119, 123, 124,<br />

127, 130, 133<br />

Eisleben................. 126, 134<br />

Elbe (l')... 21, 26, 28, 49, 51,<br />

56, 60, 61, 63, 65, 66, 67,<br />

68, 70, 71, 72, 73, 74, 75,<br />

76, 77, 78, 80, 81, 82, 83,<br />

84, 85, 86, 87, 88, 89, 90,<br />

91, 92, 93, 94, 95, 96, 97,<br />

98, 100, 101, 102, 103,<br />

104, 105, 107, 108, 109,<br />

110, 111, 112, 114, 115,<br />

116, 117, 118, 120, 121,<br />

122, 123, 126, 130, 131,<br />

132, 133, 134, 135, 136,<br />

137, 138, 139, 141, 151,<br />

153, 154, 166, 167, 178,<br />

179, 181, 184, 186, 187,<br />

188, 189, 191, 192, 195,<br />

196, 197, 198, 200, 249,<br />

278, 279, 281, 289, 290,<br />

291, 292, 293, 294, 295<br />

Elbing.............................. 15<br />

Elenburg .......................... 64<br />

Elster (l')143, 144, 147, 149,<br />

152, 156, 157, 159, 166,<br />

168, 169, 170, 171, 174,<br />

176, 179, 207<br />

Elsterwerda .................... 203<br />

Emmanuel (détachement)192,<br />

222, 223<br />

Empereur (l') ... 8, 10, 11, 18,<br />

22, 23, 24, 26, 29, 31, 33,<br />

34, 35, 36, 37, 39, 41, 54,<br />

61, 65, 69, 71, 73, 74, 75,<br />

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294<br />

78, 79, 80, 81, 82, 83, 84,<br />

90, 95, 101, 107, 109,<br />

110, 112, 114, 115, 117,<br />

118, 121, 123, 124, 125,<br />

128, 131, 132, 133, 134,<br />

135, 136, 137, 138, 141,<br />

143, 144, 145, 146, 147,<br />

149, 150, 151, 154, 155,<br />

162, 163, 165, 174, 175,<br />

176, 177, 178, 180, 181,<br />

183, 184, 186, 187, 188,<br />

195, 199, 200, 202, 203,<br />

204, 205, 206, 207, 209,<br />

210, 212, 219, 227, 232,<br />

233, 234, 235, 236, 238,<br />

240, 242, 243, 244, 245,<br />

249, 250, 251, 252, 253,<br />

257, 259, 261, 264, 265,<br />

266, 271, 272, 273, 275,<br />

309<br />

Empire (l').... 22, 23, 71, 281<br />

Ems (l') ............................ 70<br />

Enlenburg .............. 188, 285<br />

Erfurt.... 16, 27, 28, 73, 102,<br />

103, 108, 114, 115, 116,<br />

117, 118, 119, 120, 121,<br />

123, 124, 127, 132, 133,<br />

134, 196, 197, 277<br />

Eschaplitz (détachement) 265<br />

Espagne (l') ... 12, 13, 24, 25,<br />

29, 33, 37<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Eugène (prince <strong>de</strong><br />

Wurtemberg)... 11, 14, 16,<br />

17, 18, 19, 21, 49, 51, 52,<br />

53, 54, 58, 60, 61, 63, 65,<br />

66, 68, 69, 70, 71, 73, 75,<br />

77, 78, 80, 82, 83, 84, 85,<br />

91, 92, 93, 94, 96, 97, 98,<br />

99, 100, 101, 102, 105,<br />

107, 108, 116, 117, 118,<br />

131, 134, 143, 164, 178,<br />

179, 181, 182, 185, 195,<br />

222, 223, 228, 229, 231,<br />

257<br />

Europe (l'). 5, 7, 8, 9, 11, 42,<br />

79, 109, 112, 309<br />

F<br />

Falkenberg ..................... 234<br />

Finsterwald .................... 209<br />

Fischbach............... 202, 212<br />

Flossgraben (le)..... 152, 156,<br />

157, 159, 164, 172<br />

Forcheim ....................... 114<br />

Français (les). 10, 14, 15, 18,<br />

32, 42, 43, 56, 59, 62, 63,<br />

87, 88, 90, 97, 104, 135,<br />

151, 154, 155, 156, 160,<br />

161, 163, 165, 169, 170,<br />

171, 172, 174, 178, 185,<br />

187, 188, 192, 195, 217,<br />

218, 226, 229, 231, 234,<br />

239, 240, 243, 249, 256,<br />

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In<strong>de</strong>x 295<br />

257, 258, 259, 264, 265,<br />

275, 280, 290, 291, 294<br />

France7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,<br />

18, 21, 23, 24, 31, 37, 42,<br />

43, 55, 104, 168, 289,<br />

293<br />

Francfort. 17, 19, 49, 52, 53,<br />

54, 196<br />

François-Joseph (l'Empereur)<br />

...................................... 8<br />

Franconie....................... 278<br />

Frankenwald . 103, 115, 118,<br />

121<br />

Franquemont ... 39, 113, 128,<br />

129, 136, 194<br />

Frédéric Guillaume.... 10, 11,<br />

40, 51, 55, 138<br />

Fressin<strong>et</strong> (division) 130, 194,<br />

236<br />

Frie<strong>de</strong>richs (division)..... 129,<br />

142, 194<br />

Frohburg152, 166, 181, 182,<br />

286<br />

Ful<strong>de</strong> ..... 118, 124, 133, 196<br />

Fürstenwald ..................... 54<br />

Füschberg ...................... 212<br />

G<br />

Galicie (la) ................. 17, 50<br />

Gar<strong>de</strong> (division <strong>de</strong> la). 29, 54,<br />

59, 89, 103, 104, 113,<br />

114, 115, 116, 117, 118,<br />

120, 121, 124, 127, 128,<br />

129, 130, 132, 134, 135,<br />

136, 139, 141, 144, 146,<br />

147, 148, 150, 152, 153,<br />

156, 157, 162, 163, 164,<br />

165, 168, 169, 172, 180,<br />

181, 182, 183, 186, 187,<br />

192, 194, 196, 197, 201,<br />

202, 203, 210, 211, 212,<br />

222, 224, 230, 231, 232,<br />

234, 240, 241, 243, 244,<br />

245, 248, 257, 258, 259,<br />

260, 261, 263, 269, 271,<br />

272, 284, 287<br />

Gaufsig.......................... 211<br />

Gedroiez (prince).............. 17<br />

Gérard (général) .. 16, 53, 54,<br />

55, 63, 130, 149, 194,<br />

236<br />

Giersdorf ....................... 270<br />

Gifhorn.......................... 102<br />

Girard (général)... 16, 55, 63,<br />

129, 140, 141, 151, 161,<br />

162<br />

Glatz.............................. 276<br />

Gleina95, 97, 216, 222, 225,<br />

231, 237, 238, 239<br />

Glogau.... 15, 16, 49, 50, 53,<br />

89, 103, 108, 199, 207,<br />

266, 268, 271, 272<br />

Göda.............................. 212<br />

Godno.............................. 16<br />

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296<br />

Goldberg257, 265, 266, 268,<br />

270<br />

Gomini (général) ............ 205<br />

Gommern................... 96, 98<br />

Görschen141, 149, 150, 157,<br />

159, 160, 161, 162, 163,<br />

164, 165, 167, 169, 170,<br />

171, 175, 176, 177, 186,<br />

212<br />

Gortschakow 2 (prince).. 222,<br />

224, 231<br />

Gothau........................... 237<br />

Gottamel<strong>de</strong>............. 209, 237<br />

Gottau... 216, 236, 237, 238,<br />

255<br />

Gottlesberg............. 229, 241<br />

Gouvion Saint-Cyr (maréchal)<br />

.... 18, 19, 21, 49, 53, 254<br />

Graditz........................... 269<br />

Grafenthal...... 118, 125, 134<br />

Gramschutz.................... 177<br />

Grandjean (division) ......... 14<br />

Grenier (général) . 15, 18, 53,<br />

64<br />

Gronchy......................... 213<br />

Grossenhayn . 191, 201, 203,<br />

210<br />

Gross-Hartmannsdorf...... 268<br />

Gross-Künitz.................. 224<br />

Gross-Raschwitz............. 269<br />

Gross-Rosen................... 272<br />

Gross-Welkau ................ 227<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Grubnitz......................... 236<br />

Grübschütz..................... 211<br />

Grünabach (le) 157, 159, 172<br />

Guaswitz........................ 212<br />

Gueisenau ........................ 42<br />

Guesen............................. 17<br />

Gunthersdorf.......... 148, 211<br />

Gustbiese ......................... 60<br />

H<br />

Hacha ............................ 124<br />

Halberstadt............. 102, 116<br />

Halle..... 102, 105, 131, 134,<br />

135, 136, 137, 141, 166,<br />

188, 278<br />

Hamburg. 28, 31, 36, 64, 65,<br />

74, 81, 84, 86, 87, 89, 92,<br />

112, 130, 181, 199, 207,<br />

281, 292, 295<br />

Hammerstein (général)..... 39,<br />

126, 127, 130, 196<br />

Hanau............................ 113<br />

Hanovre... 31, 67, 73, 80, 91<br />

Harthau.................. 210, 211<br />

Hartlieb.......................... 275<br />

Hartmansdorf ......... 186, 262<br />

Harz (le) ... 70, 78, 101, 102,<br />

116<br />

Hatzbach (la). 264, 265, 270,<br />

281<br />

Havelberg 67, 76, 89, 91, 93,<br />

101, 108, 111<br />

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In<strong>de</strong>x 297<br />

Haynau . 256, 262, 265, 266,<br />

267, 268, 269, 271<br />

Heiligenstadt .......... 126, 127<br />

Helwig (major)............... 127<br />

Hemerswerda ................. 241<br />

Hen<strong>de</strong>lek (division) .......... 14<br />

Hermansdorf .......... 265, 270<br />

Hermsdorf...... 216, 218, 260<br />

Hildburghausen .............. 126<br />

Hirke ............................... 17<br />

Hochkirch .............. 257, 260<br />

Hohenlohe...................... 150<br />

Hohen-Molsen........ 149, 150<br />

Hohenziatz....................... 97<br />

Hoin (général) .................. 57<br />

Hollan<strong>de</strong> .............. 65, 70, 71<br />

Holsfurt ......................... 263<br />

Holzendorf (major)........... 58<br />

Horouzow (détachement) .. 57<br />

Horswand (général) .......... 57<br />

Höthen........................... 103<br />

Hoyerswerda . 204, 205, 206,<br />

207, 208, 209, 210, 212,<br />

213, 215, 219, 220, 231,<br />

236, 250, 253, 255, 261,<br />

279, 280, 292, 295<br />

Hoym ............ 126, 130, 134<br />

I<br />

Iéna 73, 119, 127, 128, 131,<br />

134, 135, 136, 142, 145,<br />

156, 167, 173, 180, 196<br />

Illyrie........................ 13, 24<br />

Ilm (l') .......................... 124<br />

Ilmenau ........................ 126<br />

Indépendance (guerrre <strong>de</strong> l')<br />

...................................... 8<br />

Istrie (duc d') ........ 119, 123<br />

Italie 12, 13, 15, 18, 24, 25,<br />

27, 29, 113, 114, 118,<br />

120, 121, 122, 125, 126,<br />

128, 131, 133, 134, 195<br />

J<br />

Jaschwitz.............. 262, 268<br />

Jauer .... 264, 265, 272, 273,<br />

275<br />

Jenkwitz ...... 222, 224, 231,<br />

240, 244, 245, 248, 287,<br />

288<br />

Jeschütz........................ 229<br />

Johnsdorf...... 215, 216, 217<br />

K<br />

Kahla............................ 142<br />

Kahlenberg..................... 98<br />

Kaisarow .............. 222, 223<br />

Kaja..... 141, 143, 146, 147,<br />

149, 150, 151, 159, 161,<br />

162, 163, 164, 170, 171,<br />

172, 176, 178<br />

Kalisch .. 17, 19, 49, 50, 53,<br />

89, 103, 104, 114, 128<br />

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298<br />

Kalisch (convention <strong>de</strong>) 11,<br />

55<br />

Kant.............................. 275<br />

Karta..................... 182, 183<br />

Kellermann................... 215<br />

Kimzendorf .................. 263<br />

Kirschen ....................... 222<br />

Kitzen........................... 164<br />

Klein-Bautzen ..... 220, 242,<br />

243<br />

Kleist (général)...... 57, 104,<br />

105, 152, 153, 156, 166,<br />

182, 183, 186, 222, 223,<br />

228, 229, 231, 240, 243,<br />

245, 256, 283, 285, 287,<br />

288<br />

Klix ..... 220, 221, 223, 226,<br />

227, 230, 232, 234, 236,<br />

237, 239, 242, 247, 255,<br />

288<br />

Klüx (général) ........ 58, 160<br />

Koenigsberg ................... 15<br />

Koenigsborn....... 94, 96, 98<br />

Koenigsbrück ....... 201, 210<br />

Koenigsholen ............... 114<br />

Koenigstein .............. 63, 85<br />

Koenigswartha .... 211, 212,<br />

213, 215, 216, 217, 218,<br />

219, 220, 291, 294<br />

Kof ............................... 118<br />

Kohenziatz ..................... 95<br />

Kohren.......................... 152<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Kola.............................. 136<br />

Konitz............................. 50<br />

Köpernich....................... 54<br />

Körgener ...................... 259<br />

Kösen ................... 135, 136<br />

Kostenbluth.................. 275<br />

Kothenburg .................. 261<br />

Kottbus......................... 280<br />

Kreckwitz.... 222, 225, 231,<br />

240, 241, 243, 253, 254<br />

Kreibau......................... 262<br />

Kroitzsch...................... 270<br />

Kronach................ 114, 118<br />

Krossen ............ 53, 55, 280<br />

Kryptan<strong>et</strong> Mochkbern .. 275<br />

Künitz.. 222, 229, 230, 231,<br />

233<br />

Küstrin... 15, 16, 19, 49, 50,<br />

51, 52, 54, 56, 57, 60, 61,<br />

62, 83, 105, 111, 207<br />

Kutuzow 50, 53, 55, 56, 59,<br />

89, 90, 103, 152<br />

L<br />

<strong>La</strong>grange . 15, 18, 130, 193,<br />

237, 243<br />

<strong>La</strong>ndsberg....................... 62<br />

<strong>La</strong>ndskoï (général) 58, 134,<br />

192, 215, 222, 223, 230,<br />

231, 237, 238<br />

<strong>La</strong>ndwehr (la).... 43, 44, 47,<br />

276, 279<br />

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In<strong>de</strong>x 299<br />

<strong>La</strong>ngelsalza................... 103<br />

<strong>La</strong>nterbach.................... 261<br />

<strong>La</strong>nusse (général) ......... 163<br />

<strong>La</strong>poype (général) ........ 104<br />

<strong>La</strong>tour-Maubourg (général)<br />

..... 29, 94, 130, 195, 210,<br />

212, 227, 230, 232, 234,<br />

258, 260, 266, 268, 274<br />

<strong>La</strong>ubau.. 257, 260, 261, 262<br />

<strong>La</strong>urencez (division) ... 128,<br />

129, 194, 211, 228, 230,<br />

233, 234, 235<br />

<strong>La</strong>uriston (général).. 26, 33,<br />

49, 69, 85, 92, 130, 145,<br />

146, 177, 178, 183, 184,<br />

189, 193, 204, 206, 207,<br />

209, 210, 213, 218, 233,<br />

237, 238, 239, 242, 253,<br />

255, 267<br />

<strong>La</strong>usen .......................... 149<br />

<strong>La</strong>ussigk ....................... 181<br />

<strong>La</strong>uterseifen.................. 269<br />

Lefebvre-Desnou<strong>et</strong>tes<br />

(général) ................... 127<br />

Leichmann............ 231, 237<br />

Leignitz . 89, 219, 256, 265,<br />

266, 269, 270, 271, 272<br />

Leipzig .. 64, 66, 68, 73, 86,<br />

90, 100, 102, 103, 104,<br />

108, 115, 123, 133, 136,<br />

137, 138, 142, 143, 144,<br />

145, 146, 147, 148, 150,<br />

152, 154, 155, 156, 159,<br />

166, 167, 177, 179, 183,<br />

188, 196, 197, 278, 279,<br />

283, 292, 294<br />

Lembach....................... 186<br />

Lichtenau...................... 261<br />

Liezow...................... 96, 97<br />

Lin<strong>de</strong>nau ...................... 148<br />

Lippitsch ...................... 215<br />

Liska............................. 216<br />

Litten... 222, 224, 229, 231,<br />

243, 244, 245, 248<br />

Löbau .. 229, 245, 257, 262,<br />

288<br />

Lobauer-Wasser .. 221, 222,<br />

225<br />

Lobnitz ......................... 180<br />

Loeben.......................... 262<br />

Lömisch........................ 237<br />

Lömischau............ 230, 237<br />

Lommatzch .................. 186<br />

Loos.............................. 269<br />

Lösau............................ 142<br />

Lowenberg ... 257, 262, 266<br />

Lubackau.............. 211, 215<br />

Lübeck............................ 87<br />

Lüchmann .................... 255<br />

Lucka............................ 166<br />

Lückau. 204, 206, 207, 208,<br />

209, 261, 280<br />

Lücken............................ 63<br />

Lüneburg........................ 87<br />

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300<br />

<strong>Lutzen</strong>.... 2, 3, 9, 33, 34, 37,<br />

39, 60, 138, 139, 141,<br />

142, 143, 144, 145, 146,<br />

147, 148, 150, 151, 152,<br />

155, 156, 159, 160, 167,<br />

168, 169, 170, 171, 172,<br />

173, 175, 178, 179, 180,<br />

195, 200, 223, 244, 250,<br />

252, 271, 277, 278, 291,<br />

294, 310<br />

Lyk ................................. 15<br />

M<br />

Macdonald (maréchal) .. 14,<br />

185, 201, 202, 262, 263,<br />

270, 272, 273<br />

Ma<strong>de</strong>lwitz............. 228, 234<br />

Mag<strong>de</strong>burg .. 51, 52, 60, 64,<br />

66, 67, 69, 70, 71, 72, 73,<br />

74, 75, 76, 77, 79, 80, 81,<br />

82, 83, 84, 85, 86, 89, 90,<br />

91, 92, 93, 94, 95, 96, 97,<br />

98, 99, 100, 102, 103,<br />

105, 108, 109, 114, 115,<br />

117, 130, 181, 193, 279,<br />

290<br />

Maisons130, 134, 148, 193,<br />

217, 236, 237, 238, 241,<br />

242, 243, 265, 267, 268,<br />

271<br />

Makersdorf........... 258, 259<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Malschwitz.. 222, 224, 225,<br />

231, 237, 238, 239, 242<br />

Malsitz.......................... 223<br />

Mankendorf.......... 213, 220<br />

Mansfeld ...................... 134<br />

Manslitz........................ 212<br />

Marchand ...... 39, 125, 126,<br />

128, 129, 136, 142, 144,<br />

148, 151, 162, 175, 193,<br />

239, 263, 269, 271, 272<br />

Marche (la)............... 18, 41<br />

Marelsant (général) ...... 113<br />

Marienburg................... 108<br />

Markranstaedt ..... 141, 142,<br />

144, 145, 146, 147, 149,<br />

150, 159, 176<br />

Marmont (général) .. 26, 33,<br />

113, 129, 144, 145, 161,<br />

162, 163, 165, 228, 265,<br />

266, 268, 269, 270, 273<br />

Martinswald ................. 262<br />

Maudten ....................... 272<br />

Mayence 22, 26, 29, 30, 65,<br />

70, 71, 72, 73, 113, 119,<br />

120, 121, 128, 131, 132,<br />

133, 139, 196<br />

Meckern ....................... 257<br />

Mecklemburg (le)......... 207<br />

Meiningen .... 118, 119, 124<br />

Meisse (la).... 260, 261, 276<br />

Meissen ... 63, 74, 104, 166,<br />

183, 186, 189, 191<br />

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In<strong>de</strong>x 301<br />

Mellschütz.................... 142<br />

Meltheuer .... 229, 230, 231,<br />

232, 233<br />

Mendorf................ 213, 215<br />

Men-Gerwisch.......... 96, 98<br />

Menkammer ................. 269<br />

Menkirch ...... 210, 212, 272<br />

Menmarkt.... 271, 272, 274,<br />

275<br />

Men-Pürschwitz ........... 245<br />

Menstadt 63, 187, 188, 191,<br />

196, 201, 210, 212<br />

Men-Steinitz......... 217, 218<br />

Mergentheim ........ 114, 126<br />

Merschütz..................... 265<br />

Merseburg ... 102, 131, 134,<br />

135, 136, 137, 139, 141,<br />

154, 155, 166<br />

M<strong>et</strong>ternich (M. <strong>de</strong>) ........... 8<br />

Meyn (le)..... 65, 72, 82, 83,<br />

103, 105, 107, 108, 113,<br />

116, 117, 120, 121, 122,<br />

124, 126, 129, 130, 131,<br />

132, 133, 134, 136, 141,<br />

290, 293<br />

Michelsdorf .. 267, 268, 275<br />

Miessendorf.......... 213, 215<br />

Miloradowitch (général) 16,<br />

56, 59, 89, 103, 114, 149,<br />

151, 152, 153, 156, 166,<br />

173, 182, 183, 184, 185,<br />

186, 191, 192, 215, 222,<br />

223, 230, 231, 234, 235,<br />

238, 245, 285, 287, 288<br />

Min<strong>de</strong>n ......................... 102<br />

Mittlau.......................... 262<br />

Mittweida ............. 184, 186<br />

Mo<strong>de</strong>lsdorf................... 262<br />

Modlin............................ 15<br />

Moëckern .. 94, 95, 97, 100,<br />

290<br />

Montbrun (général) . 64, 93,<br />

102<br />

Morand (général) .... 64, 86,<br />

87, 88, 101, 125, 128,<br />

129, 136, 142, 149, 164,<br />

177, 194, 228, 229, 241<br />

Moritzburg .. 201, 202, 204,<br />

210, 212<br />

Mortier (maréchal)...... 113,<br />

144, 203<br />

Mortka.......................... 215<br />

Moscou........................... 22<br />

Mossen ................. 183, 186<br />

Mühlberg..... 104, 167, 183,<br />

186<br />

Mul<strong>de</strong> (la). 76, 77, 182, 188<br />

Mulhausen.................... 126<br />

Münschberg.............. 52, 54<br />

Murat (prince) ................ 14<br />

N<br />

Napoléon .. 5, 7, 8, 9, 10, 11,<br />

12, 13, 21, 23, 31, 34, 35,<br />

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302<br />

37, 41, 54, 55, 56, 60, 61,<br />

65, 66, 68, 69, 70, 73, 76,<br />

77, 80, 82, 84, 90, 92, 94,<br />

101, 105, 107, 108, 109,<br />

110, 111, 112, 114, 115,<br />

120, 121, 123, 128, 137,<br />

138, 143, 144, 149, 151,<br />

154, 155, 162, 163, 164,<br />

167, 174, 177, 178, 179,<br />

180, 182, 183, 189, 192,<br />

195, 197, 198, 199, 200,<br />

205, 206, 226, 227, 230,<br />

232, 233, 234, 235, 236,<br />

244, 245, 246, 247, 249,<br />

250, 251, 254, 255, 258,<br />

266, 268, 271, 273, 274,<br />

277, 290, 291, 293, 294,<br />

309<br />

Naumburg..... 115, 117, 121,<br />

127, 128, 131, 132, 134,<br />

135, 136, 138, 139, 142,<br />

144, 145, 146, 154, 155,<br />

156, 167, 173, 180, 181,<br />

196, 261, 290<br />

Neutres (ligue <strong>de</strong>s).............. 9<br />

Ney (maréchal) 26, 113, 116,<br />

123, 124, 127, 128, 129,<br />

141, 148, 149, 150, 162,<br />

175, 176, 180, 181, 182,<br />

184, 185, 188, 189, 193,<br />

198, 199, 200, 201, 203,<br />

204, 205, 206, 207, 208,<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

209, 212, 213, 219, 226,<br />

227, 231, 232, 234, 236,<br />

237, 239, 242, 243, 244,<br />

245, 247, 248, 249, 250,<br />

251, 252, 253, 254, 256,<br />

261, 265, 266, 271<br />

Nie<strong>de</strong>r-Briehla........ 262, 263<br />

Nie<strong>de</strong>r-Gurig. 215, 223, 228,<br />

229, 241<br />

Niemen (le)........ 15, 35, 107<br />

Nienburg........................ 102<br />

Nimmschütz... 228, 229, 241<br />

Nimmuschitz.................. 223<br />

Nockern......................... 245<br />

Nogat (île <strong>de</strong> la).............. 108<br />

Nordhausen............ 102, 126<br />

Norvège (la)..................... 12<br />

O<br />

Ober-Moys..................... 271<br />

Ober-Solham.................. 259<br />

Ochna............ 221, 223, 228<br />

O<strong>de</strong>r (l') .. 14, 15, 18, 19, 20,<br />

21, 24, 49, 50, 51, 52, 53,<br />

54, 55, 56, 60, 62, 63, 82,<br />

107, 108, 109, 110, 111,<br />

191, 207, 251, 276, 280,<br />

281, 289, 291, 293, 294<br />

Odleben (major) . 34, 36, 162<br />

O<strong>et</strong>zsch.......................... 141<br />

Ohlau............................. 276<br />

Ol<strong>de</strong>nburg........................ 87<br />

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In<strong>de</strong>x 303<br />

Opitz ............................. 215<br />

Oppen (général)................ 58<br />

Orlow .................... 222, 223<br />

Orrighi (général)....... 30, 278<br />

Ostran.... 166, 179, 180, 181<br />

Ostrolenka........................ 14<br />

Ottendorf ............... 262, 266<br />

Oudinot (maréchal).. 27, 128,<br />

129, 144, 227, 230, 233,<br />

235, 236, 244, 279, 280<br />

Ouerstadt ....................... 134<br />

P<br />

Pablès ............................ 164<br />

Pacthod (division).. 128, 129,<br />

194, 211, 227, 230, 233,<br />

234, 235, 236<br />

Pahlen (division) ............ 265<br />

Pahlsdorf ...................... 267<br />

Paris... 8, 12, 21, 25, 26, 30,<br />

55, 70, 114, 128, 282<br />

Paudoncourt (général).... 17<br />

Péchau ............................ 96<br />

Pegau..... 36, 140, 142, 143,<br />

144, 146, 147, 148, 149,<br />

150, 156, 157, 166, 173,<br />

175, 176, 179, 284<br />

Penig ............................ 152<br />

Pérès..................... 180, 181<br />

Peyri (général)..... 125, 128,<br />

129, 136, 142, 149, 194,<br />

215, 216<br />

Pfaljendorf.................... 271<br />

Pielitz ................... 233, 234<br />

Pilgrainsdorf................. 269<br />

Pilnitz ............................. 67<br />

Pilzen.................... 265, 276<br />

Planen (canal <strong>de</strong>)74, 75, 77,<br />

102, 103<br />

Pleischwitz .. 12, 13, 31, 34,<br />

310<br />

Pleisse (la)...................... 91<br />

Pliesskowitz 221, 222, 225,<br />

231, 240, 241, 242, 253,<br />

254<br />

Plock ........................ 15, 19<br />

Poinsot (général) ............ 94<br />

Pol<strong>de</strong>witz...................... 179<br />

Pologne (la).... 50, 264, 276<br />

Polonais.............. 15, 19, 50<br />

Poméranie ... 15, 18, 19, 41,<br />

49, 50, 64, 199<br />

Poniatowski (prince)14, 19,<br />

50<br />

Portugal.......................... 92<br />

Posen14, 17, 18, 19, 21, 49,<br />

51, 53<br />

Postdam.......................... 89<br />

Prague ................ 9, 13, 188<br />

Pre<strong>de</strong>l ........... 166, 173, 179<br />

Preititz. 215, 218, 224, 225,<br />

232, 233, 238, 239, 240,<br />

242, 243, 244, 253, 254,<br />

256<br />

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304<br />

Prenschwitz .......... 223, 228<br />

Prenzlau.......................... 41<br />

Pr<strong>et</strong>zsch ........................ 142<br />

Primkenau .................... 271<br />

Prossen ......................... 272<br />

Prusse 7, 10, 11, 12, 13, 15,<br />

17, 37, 40, 41, 42, 43, 51,<br />

53, 55, 100, 109, 119,<br />

281, 289, 293<br />

Prussiens . 9, 14, 17, 18, 50,<br />

51, 57, 59, 95, 107, 108,<br />

127, 154, 161, 162, 163,<br />

180, 181, 184, 185, 186,<br />

191, 192, 199, 200, 209,<br />

217, 218, 223, 232, 239,<br />

240, 241, 243, 244, 249,<br />

263, 264, 280, 310<br />

Punthersdorf................. 141<br />

Pürschwitz... 243, 244, 245,<br />

275<br />

Puschkau ...................... 269<br />

Puthod (général).... 94, 130,<br />

181, 193, 198, 206, 208,<br />

209, 231, 239, 242, 244,<br />

255, 268<br />

Q<br />

Queiss (la) .................... 261<br />

Querfurt........................ 131<br />

Quesitz ......................... 141<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

R<br />

Rachel .......................... 239<br />

Rachlau ........................ 234<br />

Rä<strong>de</strong>berg ...................... 191<br />

Ra<strong>de</strong>burg.............. 201, 210<br />

Ra<strong>de</strong>lwitz ..................... 234<br />

Raglowitch (général)..... 39,<br />

113, 125, 128, 129, 194<br />

Ralsna.. 141, 149, 160, 161,<br />

162, 163, 164, 165, 171,<br />

177<br />

Rechberg (division). 16, 55,<br />

63, 82, 103, 127<br />

Reggio (duc <strong>de</strong>).... 184, 210<br />

Reichenbach 256, 257, 258,<br />

259, 288<br />

Repnin (général prince). 57,<br />

60, 62<br />

Reynier.. 14, 16, 19, 21, 39,<br />

49, 60, 63, 74, 76, 79, 85,<br />

188, 193, 207, 208, 258,<br />

268<br />

Rhin (confédération du) 13,<br />

26, 72, 90, 92, 112<br />

Ricard (division) . 129, 142,<br />

151, 162, 175, 193, 239<br />

Rieschen...... 224, 231, 232,<br />

234, 248, 287<br />

Rippach (le). 140, 141, 142,<br />

146, 147, 284<br />

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In<strong>de</strong>x 305<br />

Rochambeau (division)130,<br />

193, 237, 243<br />

Rochlitz 166, 182, 184, 286<br />

Rockel .......................... 245<br />

Rö<strong>de</strong>r (briga<strong>de</strong>) ..... 58, 162,<br />

240, 243<br />

Rogu<strong>et</strong> (général) 16, 54, 64,<br />

65, 70, 73, 86, 94, 96,<br />

130, 136, 139, 144<br />

Rosslau.. 94, 100, 103, 167,<br />

188<br />

Rottrvitz ....................... 211<br />

Rouss<strong>et</strong> (Camille)......... 179<br />

Ruckmarsdorf............... 148<br />

Russes 9, 10, 11, 12, 15, 16,<br />

17, 19, 20, 50, 51, 53, 55,<br />

59, 61, 90, 92, 107, 108,<br />

109, 154, 163, 180, 181,<br />

184, 185, 186, 187, 191,<br />

192, 199, 200, 209, 216,<br />

218, 222, 223, 228, 234,<br />

236, 239, 245, 248, 249,<br />

255, 263, 264, 274, 276,<br />

310<br />

Russie.... 7, 8, 9, 10, 11, 12,<br />

13, 16, 22, 24, 27, 29, 33,<br />

42, 46, 55, 107, 289, 293,<br />

309<br />

S<br />

Saale (la) 31, 34, 77, 88, 91,<br />

94, 101, 102, 103, 114,<br />

115, 116, 117, 118, 119,<br />

120, 121, 122, 123, 125,<br />

126, 129, 131, 133, 135,<br />

136, 137, 138, 139, 142,<br />

145, 151, 154, 155, 166,<br />

179, 188, 290, 293, 294<br />

Saalfeld 118, 120, 121, 123,<br />

125, 131, 133, 134, 135,<br />

136, 142<br />

Sahr (général)....... 189, 193<br />

Saint-Priest (général) .. 222,<br />

223, 227, 229, 231<br />

Salga............. 230, 231, 237<br />

Salzenförst.................... 211<br />

San<strong>de</strong>rshausen.............. 136<br />

Sargau .................. 275, 280<br />

Saxe. 5, 9, 39, 65, 104, 112,<br />

126, 188, 189, 195, 278,<br />

281, 309<br />

Saxons........ 14, 36, 82, 193<br />

Schafstadt..................... 136<br />

Scharnhorst (général).... 40,<br />

89, 155<br />

Schimmar ..................... 262<br />

Schla<strong>de</strong>bach ......... 139, 141<br />

Schleiberg (le).............. 221<br />

Schleiz.......... 118, 125, 197<br />

Schmidt (général)........... 57<br />

Schmie<strong>de</strong>lfeld .............. 211<br />

Schneibendorf .............. 262<br />

Schönau........................ 149<br />

Schönberg .............. 60, 260<br />

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306<br />

Schuhler (général)........ 272<br />

Schwarzenberg (prince <strong>de</strong>)<br />

.................................... 50<br />

Schwedt (pont <strong>de</strong>) ........ 207<br />

Schweidnitz. 264, 265, 272,<br />

274, 275<br />

Schweinfurt . 113, 118, 124,<br />

126<br />

Sébastiani (général). 29, 94,<br />

130, 181, 189, 193, 208,<br />

213, 231, 245, 251, 255,<br />

259<br />

Seuftenberg .................. 208<br />

Silésie.... 10, 15, 41, 50, 56,<br />

60, 108, 153, 184, 192,<br />

200, 205, 264, 276, 280,<br />

281<br />

Skenditz........................ 152<br />

Slogau ............................ 63<br />

Söhesten ............... 157, 165<br />

Sonnenberg................... 134<br />

Sörchen......................... 230<br />

Sorne ................. 209, 213<br />

Souham (division)124, 129,<br />

134, 135, 140, 141, 149,<br />

151, 160, 161, 162, 175,<br />

176, 193, 215, 230, 237,<br />

239, 240, 254<br />

Soult (maréchal).. 227, 241,<br />

253<br />

Spandau. 15, 16, 50, 57, 60,<br />

83, 105, 207<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Sprée (la). 60, 62, 192, 198,<br />

200, 202, 204, 209, 213,<br />

215, 221, 222, 225, 226,<br />

228, 229, 230, 232, 234,<br />

237, 240, 241, 242, 248,<br />

255, 287, 288<br />

Spremberg ... 204, 205, 206,<br />

250<br />

Sprottau........ 266, 269, 270<br />

Stargar...................... 15, 18<br />

Starkwitz ...................... 157<br />

Stassfurtls..................... 101<br />

Steckicht....................... 263<br />

Stein (baron <strong>de</strong>).............. 40<br />

Steinitz 216, 217, 231, 236,<br />

255<br />

Steinm<strong>et</strong>z (général) ..... 182,<br />

217, 218<br />

Steinsdorf ..................... 268<br />

Stendal............................ 94<br />

St<strong>et</strong>tin .... 15, 16, 49, 51, 56,<br />

60, 79, 81, 83, 108, 111,<br />

134, 207<br />

Stiebitz ......................... 211<br />

Stiegau.......................... 265<br />

Stockheim .................... 181<br />

Stoessen136, 142, 146, 147,<br />

148<br />

Stolberg........................ 103<br />

Stönzsch ....... 156, 157, 169<br />

Strehla .................. 228, 229<br />

Striegau 271, 272, 273, 274<br />

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In<strong>de</strong>x 307<br />

Stutzenham................... 260<br />

Sübben............................ 63<br />

Suè<strong>de</strong>...................... 12, 310<br />

Suigwitz ....................... 227<br />

T<br />

Tangermund ................. 102<br />

Taucha.......... 147, 148, 149<br />

Techritz ........................ 211<br />

T<strong>et</strong>tenborn (colonel) 18, 57,<br />

62, 87, 89<br />

Thémar ......................... 126<br />

Thielman (général).... 9, 63,<br />

64, 104, 188<br />

Thiergarten................... 261<br />

Thiers (M.) ........... 151, 281<br />

Thomaswald......... 262, 269<br />

Thorn... 15, 17, 19, 50, 105,<br />

192<br />

Thüringe....... 108, 111, 278<br />

Thüringenwald ..... 103, 120<br />

Tilsitt (traité <strong>de</strong>) ....... 40, 41<br />

Torgau9, 63, 72, 74, 82, 85,<br />

88, 104, 115, 153, 154,<br />

180, 181, 182, 184, 185,<br />

188, 189, 193, 196, 198,<br />

201, 205, 206, 246, 249,<br />

251, 280<br />

Tressenbriezen ............... 89<br />

Tröbigau....................... 211<br />

Troitschendorf.............. 260<br />

Tschaplitz.... 223, 224, 230,<br />

231, 237, 238<br />

Tschernitchew (général) 18,<br />

19, 57, 62, 91, 93, 101,<br />

278, 279<br />

Tschitschagow.......... 15, 19<br />

Tschoppau.................... 182<br />

Tyrol....................... 27, 114<br />

U<br />

Uebigau........................ 280<br />

V<br />

Vandamme (général)..... 28,<br />

102, 181, 198, 281<br />

Varsovie 12, 14, 16, 17, 19,<br />

21, 108<br />

Victor (maréchal) .... 17, 64,<br />

74, 75, 77, 78, 94, 130,<br />

136, 180, 188, 193, 198,<br />

205, 207, 208, 245, 251,<br />

259, 261, 266, 268, 280<br />

Vistule... 10, 11, 14, 15, 16,<br />

24, 46, 47, 107, 108, 109,<br />

110, 207, 281, 289, 293<br />

W<br />

Waldau ......................... 256<br />

Waldheim.... 182, 183, 184,<br />

186<br />

Walitz....................... 96, 98<br />

Wanfried ...................... 127<br />

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308<br />

Wartha............ 17, 216, 218<br />

Weissemberg233, 245, 259,<br />

260, 288<br />

Weissenfels . 134, 135, 136,<br />

139, 140, 141, 144, 145,<br />

146, 147, 155, 284, 285<br />

Weissig 202, 212, 217, 218,<br />

219, 224, 263, 291, 294<br />

Weistritz (la) ................ 272<br />

Werben.... 93, 94, 102, 156,<br />

157, 165, 169, 283, 284<br />

Werzberg.............. 204, 250<br />

Wesel.................. 70, 73, 75<br />

Weser (la)............... 87, 102<br />

Westphalie... 39, 70, 73, 74,<br />

91<br />

W<strong>et</strong>tin........... 131, 135, 136<br />

Weymar115, 118, 120, 124,<br />

125, 126, 130, 196<br />

Wilhemsdorf ................ 268<br />

Wilsdurf ................. 88, 186<br />

Windmühlenberg. 211, 225,<br />

231, 237, 238, 239, 244,<br />

254, 255<br />

Wipper.......... 116, 118, 120<br />

Wittenberg... 62, 63, 64, 67,<br />

70, 72, 74, 80, 85, 86, 89,<br />

104, 105, 108, 153, 181,<br />

183, 184, 188, 193, 197,<br />

198, 205, 279, 281<br />

Wittgenstein 15, 18, 50, 51,<br />

52, 56, 57, 60, 62, 68, 83,<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

87, 89, 90, 91, 94, 95, 96,<br />

97, 98, 100, 102, 103,<br />

104, 105, 114, 117, 121,<br />

143, 148, 152, 153, 154,<br />

156, 159, 160, 163, 164,<br />

165, 166, 167, 168, 169,<br />

170, 171, 172, 173, 174,<br />

215, 221, 222, 226, 230,<br />

256, 263, 280, 286, 287,<br />

291, 294<br />

Wittichenau.. 212, 213, 245<br />

Wöchkirch.................... 245<br />

Worouzow............ 105, 278<br />

Wriezen .......................... 52<br />

Würschen ..... 243, 245, 251<br />

Wurtemberg .. 9, 10, 39, 58,<br />

112, 222, 223, 228, 229,<br />

231, 257, 287<br />

Würzburg 72, 73, 103, 108,<br />

113, 114, 120, 126, 133,<br />

194, 197<br />

Würzen 154, 167, 182, 183,<br />

184<br />

Y<br />

York (général d') 10, 14, 15,<br />

18, 44, 45, 50, 53, 56, 57,<br />

95, 96, 97, 103, 152, 153,<br />

156, 157, 163, 168, 191,<br />

215, 216, 217, 218, 223,<br />

224, 231, 243, 245, 256,<br />

276, 283<br />

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In<strong>de</strong>x 309<br />

Z<br />

Zamose........................... 15<br />

Zeitz .... 142, 148, 149, 155,<br />

156, 166, 173, 180, 181,<br />

183, 285<br />

Zelu<strong>de</strong>nick.......... 95, 96, 98<br />

Zerbst ........... 91, 95, 96, 97<br />

Zerna .................... 212, 213<br />

Z<strong>et</strong>sau........................... 269<br />

Ziesar.................. 95, 96, 97<br />

Zi<strong>et</strong>hen (général)... 59, 161,<br />

162, 265, 268<br />

Zohtenberg ................... 274<br />

Zwenckau.... 143, 144, 145,<br />

146, 147, 148, 150, 152,<br />

156, 175, 176, 179, 286<br />

Zwickau 103, 136, 137, 143<br />

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Pour donner au lecteur une idée <strong>de</strong> la situation générale <strong>de</strong> l'Europe au<br />

mois d'avril 1813, lorsque Napoléon entreprend la campagne <strong>de</strong> Saxe au<br />

terme <strong>de</strong> la désastreuse campagne <strong>de</strong> Russie, l'auteur débute son ouvrage<br />

par une analyse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s événements diplomatiques <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong><br />

l'année 1812 <strong>et</strong> du début <strong>de</strong> l'année 1813 puis, il présente en détail la<br />

réorganisation <strong>de</strong>s armées françaises, russes <strong>et</strong> prussiennes ainsi que les<br />

opérations menées par celles-ci en janvier <strong>et</strong> février 1813.<br />

Il étudie ensuite la partie <strong>de</strong> la correspondance <strong>de</strong> Napoléon relative<br />

à la campagne <strong>de</strong> Saxe. Ainsi, il nous fait découvrir les ordres<br />

donnés à ses subordonnés par l'Empereur <strong>et</strong> les réflexions qu'il a écrites<br />

dans l'instant, quant au succès ou à l'insuccès <strong>de</strong> leurs <strong>manoeuvre</strong>s militaires.<br />

L'auteur décrit notamment l'offensive menée par l'armée <strong>de</strong><br />

Napoléon, composée en majorité <strong>de</strong> jeunes conscrits dépourvus <strong>de</strong><br />

formation militaire, vers Dres<strong>de</strong>, en avril, sa victoire sur les Prussiens à<br />

<strong>Lutzen</strong>, début mai <strong>et</strong> sur les Russes à B autzen, quelques jours plus tard.<br />

L'ouvrage s'achève avec le cessez-le-feu <strong>et</strong> la signature <strong>de</strong> l'armistice<br />

<strong>de</strong> Pleischwitz, début juin 1813, avant l'entrée en guerre <strong>de</strong> l'Autriche<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong> dans la coalition. Il ne<br />

mène donc pas le lecteur jusqu'au terme <strong>de</strong> la campagne d'Allemagne,<br />

ce qui n'enlève rien au mérite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> historique <strong>et</strong> stratégique<br />

déjà conséquente.<br />

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Table <strong>de</strong>s matières<br />

Observation générale 5<br />

I – Situation politique <strong>et</strong> militaire au commencement<br />

<strong>de</strong> l’année 1813<br />

Situation politique 7<br />

R<strong>et</strong>aite <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée <strong>de</strong> la Vistule à l’O<strong>de</strong>r 14<br />

II – Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 21<br />

<strong>La</strong> France <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin 21<br />

Forces disponibles en Allemagne à la fin <strong>de</strong> 1813 21<br />

Organisation d’une armée nouvelle 22<br />

Valeur <strong>de</strong>s nouvelles troupes 31<br />

Contingents <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin 39<br />

<strong>La</strong> Prusse 40<br />

Réorganisation <strong>de</strong> l’armée prussienne après 1806 40<br />

Mobilisation <strong>de</strong> l’armée prusienne en 1813 41<br />

<strong>La</strong> Russie 46<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée russe au moment où elle franchit<br />

la Vistule en 1813<br />

III – L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe 49<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe (19 février à fin <strong>de</strong> mars) 49<br />

Situation générale au 19 février 49<br />

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7<br />

46


314<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Convention <strong>de</strong> Kalisch entre la Prusse <strong>et</strong> la Russie ;<br />

premières opérations en commun <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux puissances<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée coalisée au 15 mars 57<br />

Les Français évacuent Berlin <strong>et</strong> se replient sur l’Elbe<br />

supérieur<br />

Critiques <strong>de</strong> Napoléon au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions prises<br />

pour la défense <strong>de</strong> l’Elbe supérieur<br />

L’armée <strong>de</strong> l’Elbe se concentre sur Mag<strong>de</strong>burg 84<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe (fin <strong>de</strong> mars au 15 avril) 89<br />

Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s coalisés 89<br />

Mouvement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />

Combats <strong>de</strong> Moëckern (3, 4, 5 avril) 94<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe du 6 au 21 avril 101<br />

Opérations <strong>de</strong>s coalisés du commencement à la fin<br />

d’avril<br />

55<br />

63<br />

65<br />

92<br />

103<br />

IV Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 107<br />

Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> Napoléon 107<br />

Mise en marche <strong>de</strong> l’armée du Meyn vers la Saale 117<br />

Mouvements du 12 au 24 avril 124<br />

Situation <strong>de</strong>s forces françaises qui marchent vers la<br />

Saale le 25 avril<br />

Concentration sur Naumburg <strong>de</strong> l’armée du Meyn <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />

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129<br />

132


Table 315<br />

Les Français débouchent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale – 1 er<br />

mai<br />

135<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée française, le 1 er mai au soir 141<br />

Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 143<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée coalisée dans les journées du<br />

30 avril <strong>et</strong> du 1 er mai <strong>et</strong> du 2 mai, jusqu’à midi<br />

151<br />

Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 159<br />

Observations sur la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 167<br />

Observations sur les opérations <strong>de</strong>s Français 174<br />

Poursuite <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> à Dres<strong>de</strong> 179<br />

V – Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 191<br />

Mouvements <strong>de</strong>s coalisés après leur r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>rrière<br />

l’Elbe ; ils se concentrent à Bautzen<br />

Dispositions préparatoires <strong>de</strong> Napoléon pour les<br />

opérations au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe<br />

191<br />

192<br />

Opérations <strong>de</strong> l’armée française du 10 au 18 mai 197<br />

Journée du 19. – Combats <strong>de</strong> Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigswartha<br />

212<br />

Bataille <strong>de</strong> Bautzen 221<br />

Position choisie par les coalisés <strong>et</strong> plan <strong>de</strong> Wittgenstein<br />

Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein le 20 mai au<br />

matin<br />

221<br />

222<br />

Combats préparatoires du 20 226<br />

Bataille du 21 232<br />

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316<br />

<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />

Observations sur la bataille <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> les manœuvres<br />

qui l’ont précédée<br />

246<br />

Opérations après la bataille <strong>de</strong> Bautzen 256<br />

Coup <strong>de</strong> main tenté par les coalisés contre Leipzig 278<br />

Opérations <strong>de</strong> Bülow - Combats d’Hoyerswerda <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Luckau<br />

Opérations sur le bas Elbe. Le Maréchal Davout réoccupe<br />

Hamburg<br />

Apendice 1 (dépliant hors texte=<br />

279<br />

281<br />

Apendice 2 283<br />

Apendice 3 287<br />

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