La manoeuvre de Lutzen - Institut de Stratégie et des Conflits (ISC ...
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<strong>La</strong> Manœuvre <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
1813<br />
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Commandant <strong>La</strong>nrezac<br />
<strong>La</strong> Manœuvre <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
1813<br />
INSTITUT DE STRATEGIE COMPAREE<br />
EPHE IV – Sorbonne<br />
47, rue <strong>de</strong>s Ecoles, 75005 Paris<br />
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Observation générale<br />
Pour se faire idée <strong>de</strong> la situation générale <strong>de</strong> l’Europe, tant<br />
au point <strong>de</strong> vue politique qu’au point <strong>de</strong> vue militaire, au mois<br />
d’avril 1813, lorsque Napoléon entreprend la mémorable campagne<br />
<strong>de</strong> Saxe, il faut au préalable analyser les événements diplomatiques<br />
<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> l’année 1812 <strong>et</strong> du commencement <strong>de</strong> l’année<br />
1813, puis étudier avec quelques détails la réorganisations <strong>de</strong>s<br />
armées françaises, russes <strong>et</strong> prussiennes <strong>et</strong> enfin j<strong>et</strong>er un coup<br />
d’œil rapi<strong>de</strong> sur les opérations <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> janvier <strong>et</strong> février 1813.<br />
Ces questions étant en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la présente étu<strong>de</strong>, on<br />
s’est borné à leur conserver <strong>de</strong>ux courts chapitres donnant<br />
l’analyse succincte <strong>de</strong>s faits essentiels, analyse rédigée surtout en<br />
vue <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre l’étu<strong>de</strong> directe <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> la correspondance<br />
<strong>de</strong> Napoléon relative à c<strong>et</strong>te époque, qui est du plus grand intérêt.<br />
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I<br />
Situation politique <strong>et</strong> militaire<br />
au commencement <strong>de</strong> l’année 1813<br />
Situation politique<br />
Au commencement <strong>de</strong> l’année 1813, lorsque se répandit la<br />
nouvelle que la Gran<strong>de</strong> Armée avait été anéantie dans les plaines<br />
<strong>de</strong> la Russie, une émotion profon<strong>de</strong> s’empara <strong>de</strong> tous les esprits<br />
en Europe : on comprit qu’une ère nouvelle commençait. Le<br />
prestige <strong>de</strong> Napoléon était irrémédiablement atteint ; sa domination,<br />
maintenue par la force <strong>et</strong> la crainte, chancela, dans ses fon<strong>de</strong>ments.<br />
Par l’eff<strong>et</strong> même <strong>de</strong> sa politique <strong>de</strong> conquête, les peuples<br />
avaient pris conscience <strong>de</strong> leur nationalité. En Prusse, où le sentiment<br />
national était plus général <strong>et</strong> plus vif que partout ailleurs,<br />
on avait vu se développer, en même temps, un sentiment plus<br />
large, celui <strong>de</strong> la patrie alleman<strong>de</strong> ; les universités <strong>et</strong> les sociétés<br />
secrètes avaient été les foyers <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’idée qui peu à<br />
peu s’était répandue dans toute l’Allemagne.<br />
En 1792, la France avait eu à combattre une coalition <strong>de</strong><br />
tous les souverains <strong>de</strong> l’Europe : elle avait vaincu. En 1813, la<br />
situation est tout autre car c’est une coalition <strong>de</strong> peuples qui se<br />
forme contre elle. En eff<strong>et</strong>, le caractère essentiel <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te guerre,<br />
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8<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
c’est d’être une guerre vraiment nationale pour tous nos ennemis,<br />
presque partout l’explosion <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong>s peuples précè<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
détermine, dans une certaine mesure, les résolutions <strong>de</strong>s souverains.<br />
Les Allemands l’ont appelée la Guerre <strong>de</strong> l’Indépendance.<br />
Les souverains, jugeant que Napoléon est encore très redoutable,<br />
hésitent à entrer dans une coalition dirigée contre lui ;<br />
d’ailleurs comme ils se sont combattus successivement les uns les<br />
autres en qualité d’alliés <strong>de</strong> l’Empereur, ils s’inspirent une défiance<br />
réciproque : chacun d’eux ne veut s’engager qu’à son heure<br />
<strong>et</strong> après avoir pris toutes ses sûr<strong>et</strong>és pour ne pas être exposé, en<br />
cas <strong>de</strong> défaite, à payer seul les frais <strong>de</strong> la guerre. Il convient<br />
d’ajouter que si l’entente est complète sur la nécessité <strong>de</strong> réduire<br />
la France <strong>de</strong> telle sorte qu’elle cesse d’être à craindre, il reste à<br />
déterminer comment se fera la répartition <strong>de</strong> ses dépouilles quand<br />
on l’aura vaincue.<br />
Napoléon, en rentrant à Paris, le 18 décembre 1812, avait<br />
trouvé ses ministres d’accord pour lui conseiller <strong>de</strong> conclure la<br />
paix que la France réclamait impérieusement.<br />
Quoique convaincu que le moment était fort mal choisi,<br />
l’Empereur jugea politique d’entamer <strong>de</strong>s négociations en vue <strong>de</strong><br />
la cessation <strong>de</strong>s hostilités. Il aurait vivement désiré entrer en relation<br />
directe avec l’Empereur <strong>de</strong> Russie, mais ce <strong>de</strong>rnier ne répondit<br />
pas à ses avances ; circonvenu par les nombreux réfugiés allemands<br />
qui se trouvaient autour <strong>de</strong> lui, il s’était laissé séduire par<br />
l’idée <strong>de</strong> jouer le rôle <strong>de</strong> libérateur <strong>de</strong> l’Allemagne <strong>et</strong> d’arbitre <strong>de</strong><br />
l’Europe. Napoléon fut donc contraint <strong>de</strong> recourir aux bons offices<br />
<strong>de</strong> l’Autriche.<br />
L’Empereur François-Joseph, sur les conseils <strong>de</strong> Mr <strong>de</strong><br />
M<strong>et</strong>ternich, avait négocié avec la Russie, dès la fin <strong>de</strong> janvier, une<br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 9<br />
convention secrète stipulant la cessation <strong>de</strong>s hostilités entre Autrichiens<br />
<strong>et</strong> Russes. Sans rompre ouvertement avec la France,<br />
l’Autriche allait peu à peu se renfermer dans une neutralité absolue,<br />
à la faveur <strong>de</strong> laquelle elle réorganiserait son armée <strong>de</strong> campagne,<br />
dont l’effectif ne dépassait pas pour le moment 5 000 hommes<br />
; elle laisserait les Russes <strong>et</strong> les Prussiens supporter les premiers<br />
coups <strong>de</strong> Napoléon, <strong>et</strong> n’interviendrait qu’à son heure ;<br />
alors, appuyée sur une armée <strong>de</strong> 150 à 200 000 hommes, elle serait<br />
en état <strong>de</strong> s’attribuer, dans les affaires <strong>de</strong> l’Europe, le rôle<br />
prépondérant qu’elle ambitionnait, <strong>et</strong> dont elle attendait à la fois<br />
gloire <strong>et</strong> profit.<br />
Napoléon comblait donc ses désirs en lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong><br />
s’entrem<strong>et</strong>tre entre la France <strong>et</strong> la Russie, en vue <strong>de</strong> la conclusion<br />
<strong>de</strong> la paix, car c<strong>et</strong>te mission lui perm<strong>et</strong>tait ouvertement<br />
d’entr<strong>et</strong>enir <strong>de</strong>s relations avec la Russie <strong>et</strong> en même temps, <strong>de</strong> se<br />
confirmer dans la neutralité qui convenait à la situation d’une<br />
puissance médiatrice.<br />
Tout en prodiguant <strong>de</strong>s protestations aux <strong>de</strong>ux parties adverses,<br />
elle employa les ressources <strong>de</strong> sa diplomatie pour attirer<br />
dans son système ceux <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />
qu’elle avait chance <strong>de</strong> convaincre : la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg<br />
; elle leur proposa <strong>de</strong> former avec elle une sorte <strong>de</strong> ligue<br />
<strong>de</strong>s Neutres en vue d’imposer aux belligérants une paix basée sur<br />
l’indépendance <strong>de</strong> l’Allemagne.<br />
Le roi <strong>de</strong> Saxe, seul, se laissa séduire un instant ; nous verrons<br />
en eff<strong>et</strong> qu’au moment où les armées coalisées<br />
s’approchèrent <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, à la fin <strong>de</strong> mars, il prescrivit à ce qui<br />
restait <strong>de</strong> l’armée saxonne <strong>de</strong> se renfermer dans Torgau, où<br />
commandait le général Thielman, qui avait ordre <strong>de</strong> ne laisser<br />
entrer dans la place aucune troupe étrangère ; lui-même se rendit<br />
à Prague avec la cavalerie <strong>de</strong> sa gar<strong>de</strong>. Après la victoire <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>,<br />
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10<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
il <strong>de</strong>vait capituler <strong>de</strong>vant les menaces <strong>de</strong> Napoléon <strong>et</strong> rentrer à<br />
Dres<strong>de</strong>, repentant <strong>et</strong> soumis.<br />
Quant aux rois <strong>de</strong> Bavière <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wurtemberg, après quelques<br />
hésitations, ils se décidèrent à rester fidèles à la cause française<br />
lorsqu’ils virent les immenses préparatifs que faisait<br />
l’Empereur pour reprendre l’offensive au printemps.<br />
En Prusse, la nouvelle <strong>de</strong> la défection d’York avait porté à<br />
son comble l’effervescence les esprits ; partout, même sur les<br />
territoires occupés par nos troupes, r<strong>et</strong>entissaient <strong>de</strong>s cris <strong>de</strong><br />
guerre contre la France. Mais, comme les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong><br />
l’armée russe ne faisaient que d’approcher <strong>de</strong> la Vistule, <strong>et</strong> que les<br />
Français maîtres <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong>s forteresses dominaient tout le<br />
pays, le roi Frédéric Guillaume ne crut pas le moment opportun<br />
pour j<strong>et</strong>er le gant à Napoléon. Il résista donc au courant patriotique<br />
qui entraînait son peuple.<br />
Pour calmer la colère <strong>de</strong> l’Empereur, il se hâta <strong>de</strong> désavouer<br />
York. Ne voulant pas combattre la Russie <strong>et</strong> ne pouvant<br />
déclarer la guerre à la France, il eut l’étrange idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />
Napoléon <strong>de</strong> négocier avec les Russes la neutralité <strong>de</strong> la Silésie,<br />
où il se r<strong>et</strong>irerait avec l’armée prussienne, exposant « qu’il n’y avait<br />
pas d’autre moyen d’atténuer pour son royaume les malheurs <strong>de</strong> la guerre,<br />
puisque les Français n’étaient plus assez puissants pour le protéger contre<br />
l’invasion <strong>de</strong>s armées étrangères. »<br />
En même temps, il réclama le paiement immédiat d’une<br />
somme <strong>de</strong> 46 millions, dont il prétendait que la France était re<strong>de</strong>vable<br />
à la Prusse pour diverses fournitures <strong>de</strong> subsistances. Il fit<br />
observer, en outre, que la Prusse ayant complètement payé<br />
l’in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> guerre stipulée par le traité <strong>de</strong> Tilsit, l’armée française<br />
<strong>de</strong>vait évacuer les places fortes prussiennes qu’elle occupait<br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 11<br />
L’Empereur refusa catégoriquement d’autoriser les négociations<br />
avec la Russie ; en ce qui concerne les 46 millions, il répondit<br />
qu’il les payerait si toutefois l’examen <strong>de</strong>s comptes démontrait<br />
qu’il les <strong>de</strong>vait ; quant aux forteresses, il déclara que dans<br />
l’intérêt même <strong>de</strong> la Prusse, alliée <strong>de</strong> la France, il fallait y laisser<br />
<strong>de</strong>s garnisons françaises. Pour atténuer l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa réponse, il se<br />
montra prodigue <strong>de</strong> promesses, affirmant que la guerre terminée,<br />
il récompenserait la Prusse <strong>de</strong> sa fidélité en lui donnant « une telle<br />
extension qu’elle pût servir <strong>de</strong> rempart contre la Russie au reste <strong>de</strong><br />
l’Europe. »<br />
Les manifestations <strong>de</strong>s patriotes prussiens <strong>de</strong>venant <strong>de</strong><br />
plus en plus violentes, le roi Frédéric Guillaume sentit qu’il serait<br />
obligé à bref délai <strong>de</strong> prendre parti. Dans ces conditions, il jugea<br />
dangereux <strong>de</strong> rester à Berlin au milieu <strong>de</strong>s troupes françaises : le<br />
22 janvier, il quitta sa capitale <strong>et</strong> gagna Breslau. Puis, sous couvert<br />
<strong>de</strong> compléter son contingent, il rendit un décr<strong>et</strong> appelant sous les<br />
drapeaux les citoyens vali<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 17 à 24 ans.<br />
Napoléon persista pendant quelque temps à compter sur<br />
la fidélité <strong>de</strong> la Prusse, mais quand les Russes s’avancèrent au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> la Vistule, la connivence <strong>de</strong>s officiers <strong>et</strong> fonctionnaires prussiens<br />
avec l’ennemi <strong>de</strong>vint si évi<strong>de</strong>nte qu’il fut désabusé.<br />
Le 10 février, il écrivit au Prince Eugène pour lui prescrire<br />
<strong>de</strong> faire cesser les levées prussiennes <strong>et</strong> <strong>de</strong> pourvoir à<br />
l’approvisionnement <strong>de</strong>s places comme en pays conquis, c’est-àdire<br />
par voie <strong>de</strong> réquisition.<br />
Le moment était venu, pour la Prusse, <strong>de</strong> se déclarer : le<br />
28 février Frédéric Guillaume signa avec l’Empereur Alexandre la<br />
convention <strong>de</strong> Kalisch portant alliance défensive <strong>et</strong> offensive<br />
entre la France <strong>et</strong> la Prusse. Frédéric Guillaume voulut que c<strong>et</strong>te<br />
convention restât secrète quelque temps encore ; elle ne fut rendue<br />
publique que le 15 mars, après l’occupation <strong>de</strong> Berlin par<br />
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12<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
les Russes. <strong>La</strong> déclaration <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> la Prusse n’arriva à Paris<br />
que le 27 mars.<br />
<strong>La</strong> coalition fut donc formée tout d’abord <strong>de</strong> la Russie, <strong>de</strong><br />
la Prusse, <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> en outre <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong> qui y adhéra<br />
moyennant la cession <strong>de</strong> la Norvège. C<strong>et</strong>te province appartenait<br />
au Danemark que l’on se proposait d’in<strong>de</strong>mniser par <strong>de</strong>s cessions<br />
<strong>de</strong> territoires en Allemagne. Le Danemark, que l’on n’avait pas<br />
consulté à ce suj<strong>et</strong>, refusa d’entrer dans la coalition <strong>et</strong> même après<br />
la victoire <strong>de</strong> Bautzen, contracta alliance avec Napoléon.<br />
<strong>La</strong> Suè<strong>de</strong>, qui voulut avant tout m<strong>et</strong>tre la main sur son<br />
gage, la Norvège, n’entra en action sur le continent qu’après la<br />
victoire <strong>de</strong> Pleischwitz : il n’y a donc pas à en tenir compte pour<br />
la première partie <strong>de</strong>s opérations. Quant à l’Angl<strong>et</strong>erre, la presque<br />
totalité <strong>de</strong> son armée <strong>de</strong> campagne étant employée en Espagne,<br />
où elle contribuait à immobiliser 250 000 hommes <strong>de</strong> troupes<br />
françaises, elle ne put intervenir en Allemagne ; elle se borna à<br />
ai<strong>de</strong>r ses alliés <strong>de</strong> ses subsi<strong>de</strong>s.<br />
En résumé, jusqu’à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, la lutte en<br />
Allemagne fut circonscrite entre la Russie <strong>et</strong> la Prusse, d’une part<br />
<strong>et</strong> la France (la France d’alors comprenant la moitié <strong>de</strong><br />
l’Allemagne, l’Italie, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />
<strong>de</strong> l’autre.<br />
Divers mémoires publiés ces <strong>de</strong>rnières années ont j<strong>et</strong>é un<br />
jour très vif sur l’histoire diplomatique <strong>de</strong> 1813 qui, jusqu’alors,<br />
avait été très mal connue. Ils ont montré combien l’Autriche était<br />
peu sincère dans ses offres <strong>de</strong> services à Napoléon. C<strong>et</strong>te puissance<br />
se déclarait prête à reprendre les armes en faveur <strong>de</strong> la<br />
France pour imposer à la Russie <strong>et</strong> à la Prusse une paix basée sur<br />
les conditions suivantes : dissolution du duché <strong>de</strong> Varsovie, dissolution<br />
<strong>de</strong> la Confédération du Rhin, abandon <strong>de</strong> toutes les nou-<br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 13<br />
velles provinces françaises <strong>de</strong> la Rive droite du Rhin, <strong>de</strong> la Dalmatie,<br />
<strong>de</strong> l’Illyrie, abandon <strong>de</strong> l’Espagne.<br />
Une telle paix nous laissait encore toute la rive gauche du<br />
Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Italie : elle était donc très acceptable, car la France,<br />
davantage repliée sur elle-même, n’en eût été que plus forte.<br />
Mais en réalité, l’Autriche, la Prusse, la Russie <strong>et</strong><br />
l’Angl<strong>et</strong>erre furent, dès le début, très fortement résolues à réduire<br />
la France à ses limites d’avant 1789, estimant qu’il ne pouvait y<br />
avoir d’équilibre européen <strong>et</strong>, par conséquent, <strong>de</strong> paix durable,<br />
avec une France maîtresse <strong>de</strong> la rive gauche du Rhin.<br />
Napoléon ne fut pas dupe ; il comprit que toute concession<br />
serait interprétée par ses adversaires comme une marque <strong>de</strong><br />
faiblesse <strong>et</strong> provoquerait <strong>de</strong> leur part <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> plus en<br />
plus gran<strong>de</strong>s ; il refusa <strong>de</strong> souscrire aux conditions <strong>de</strong> l’Autriche.<br />
Il se trouva donc acculé à la nécessité <strong>de</strong> continuer la guerre, car il<br />
n’avait pas d’autres moyens d’obtenir une paix honorable que <strong>de</strong><br />
terrasser encore une fois ses ennemis.<br />
Les pourparlers entamés dès le mois <strong>de</strong> février se poursuivirent<br />
pendant les premières opérations ; ils aboutirent, le 4<br />
juin, à la conclusion <strong>de</strong> l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz. Un congrès se<br />
réunit à Prague ; pour les raisons indiquées ci-<strong>de</strong>ssus, l’entente ne<br />
put s’établir. L’Autriche adhéra à la coalition ; les hostilités recommencèrent<br />
le 10 août 1813.<br />
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14<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
R<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée<br />
<strong>de</strong> la Vistule à l’O<strong>de</strong>r 1<br />
Lorsque le 17 janvier 1813, le Prince Murat quitta Posen<br />
après avoir remis au Prince Eugène le Comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce que<br />
l’on appelait encore <strong>La</strong> Gran<strong>de</strong> Armée, la situation était la suivante<br />
:<br />
<strong>La</strong> gar<strong>de</strong>, les 1 er , 2 ème , 3 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps, (français) <strong>et</strong> le 6 ème<br />
Corps bavarois, comptaient 12 000 hommes à peu près vali<strong>de</strong>s,<br />
mais pour la plupart si fatigués qu’il ne fallait pas songer <strong>de</strong> longtemps<br />
à les utiliser pour les opérations actives. Les seules troupes<br />
du centre <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’aile gauche qui eussent conservé leur organisation,<br />
Division polonaise Grandjean du corps <strong>de</strong> Macdonald <strong>et</strong><br />
Division française Hen<strong>de</strong>lek du 11 ème Corps, ayant été j<strong>et</strong>ées dans<br />
la place <strong>de</strong> Dantzig, le Prince Eugène n’aurait eu personne pour<br />
tenir la campagne s’il n’avait été rejoint à Posen par environ<br />
10 000 hommes <strong>de</strong> détachements <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> diverses nationalités.<br />
Les corps <strong>de</strong> l’aile droite, corps auxiliaire autrichien du<br />
prince <strong>de</strong> Schwartzenberg <strong>et</strong> le 7 ème Corps (2 Divisions saxonnes<br />
<strong>et</strong> la 32 ème Division française Général Durutte) du général Reynier,<br />
avaient beaucoup moins souffert : leur effectif était encore<br />
<strong>de</strong> 40 000 hommes (25 000 Autrichiens, 10 000 Saxons <strong>et</strong> 5 000<br />
Français). Ils se repliaient d’Ostrolenka sur Varsovie, où se trouvaient<br />
6 à 7 000 hommes du 8 ème Corps polonais que le Prince<br />
Poniatowski s’efforçait <strong>de</strong> réorganiser.<br />
Quant aux Prussiens, <strong>de</strong>puis la défection d’York, ils prétendaient<br />
n’avoir plus <strong>de</strong> troupes disponibles ; sous prétexte <strong>de</strong><br />
réorganiser leur contingent, ils formaient <strong>de</strong>ux Corps d’armée,<br />
1 Voir le croquis n°1.<br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 15<br />
l’un sous le Général Bülow, aux environs <strong>de</strong> Colberg, en Poméranie<br />
; l’autre en Silésie, sous le Général Blücher.<br />
Enfin York, établi à Koenigsberg, au milieu même <strong>de</strong>s<br />
Russes, mobilisait les réserves <strong>de</strong> la vieille Prusse afin <strong>de</strong> compléter<br />
son corps d’armée, dont il conservait le comman<strong>de</strong>ment malgré<br />
la <strong>de</strong>stitution prononcée contre lui par ses souverains.<br />
Dantzig avait une garnison <strong>de</strong> 30 000 hommes dont un<br />
tiers, il est vrai, se composait <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> convalescents ;<br />
4 000 Français <strong>et</strong> Polonais occupaient Modlin ; un même nombre<br />
Zamose ; à Thorn, la garnison se composait <strong>de</strong> 4 000 Français <strong>et</strong><br />
Bavarois.<br />
Il y avait, en arrière <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, la 31 ème Division française,<br />
Général <strong>La</strong>grange, 10 000 hommes, la <strong>de</strong>rnière qui restât du 11 ème<br />
Corps, mais elle n’était pas disponible car elle assurait la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Berlin, <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>bourg, <strong>de</strong> Spandau <strong>et</strong> <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, Glogau,<br />
Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin où, jusqu’alors, on n’avait pu m<strong>et</strong>tre que<br />
<strong>de</strong>s garnisons insuffisantes. Enfin, la Division Grenier, venant<br />
d’Italie, était attendue à Berlin du 20 au 25 janvier.<br />
Les Russes, eux aussi, avaient beaucoup souffert <strong>de</strong>s rigueurs<br />
d’un hiver exceptionnel : l’effectif total <strong>de</strong> leur armée ne<br />
dépassait pas 110 000 hommes.<br />
Après avoir franchi le Niemen, ils s’étaient fractionnés en<br />
4 Corps : Wittgenstein avec 30 000 hommes avait suivi les débris<br />
<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée par Koenigsberg <strong>et</strong> Elbing ; le 19 janvier, il<br />
avait passé la Vistule mais, obligé d’employer la plus gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong> ses troupes à masquer Dantzig, il s’était arrêté à Stargar pour<br />
attendre l’arrivée, à sa hauteur, <strong>de</strong> l’amiral Tschitschagow qui<br />
s’avançait très lentement sur Thorn avec 20 000 hommes <strong>de</strong><br />
l’ancienne armée du Danube ; plus au sud, le général Kutrisow,<br />
avec 30 000 hommes, marchait <strong>de</strong> Lyk sur Plock ; le Général Mi-<br />
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16<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
loradowitch, avec 30 000 hommes <strong>de</strong> Godno, se portait sur Varsovie,<br />
suivant sans hâte les Corps <strong>de</strong> Schwartzenberg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Reynier.<br />
En raison <strong>de</strong> la lenteur <strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s Russes, lenteur<br />
suffisamment justifiée par les rigueurs <strong>de</strong> la saison, le mauvais état<br />
<strong>de</strong>s chemins <strong>et</strong> la fatigue <strong>de</strong>s troupes, il était à prévoir que les<br />
colonnes <strong>de</strong> gauche n’atteindraient pas la Vistule avant le commencement<br />
<strong>de</strong> février. Le Prince Eugène, certain <strong>de</strong> disposer d’un<br />
répit <strong>de</strong> 10 à 19 jours, entreprit <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l’ordre dans ses<br />
troupes.<br />
Les débris <strong>de</strong>s Corps revenus <strong>de</strong> Russie n’étant pas susceptibles<br />
d’être employés en rase campagne, il décida <strong>de</strong> les utiliser<br />
pour les places : les débris <strong>de</strong> l’Infanterie du 1 er Corps furent<br />
envoyés à St<strong>et</strong>tin, ceux du 2 ème à Küstrin, ceux du 3 ème à Spandau<br />
<strong>et</strong> ceux du 4 ème à Glogau ; grossis <strong>de</strong> divers détachements qui se<br />
trouvaient dans ces places, ou qui étaient en route pour s’y rendre,<br />
(entre autres, les compagnies <strong>de</strong>s vaisseaux), ils <strong>de</strong>vaient former<br />
autant <strong>de</strong> compagnies qu’ils compteraient <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong><br />
soldats présents ; les cadres disponibles seraient renvoyés sur Erfurt<br />
pour servir à l’organisation d’unités nouvelles.<br />
Avec quelques hommes empruntés aux Corps énumérés<br />
ci-<strong>de</strong>ssus (<strong>de</strong>s gradés surtout), les débris <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, 2 bataillons<br />
<strong>de</strong> jeunes gar<strong>de</strong>s appelés <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin, <strong>et</strong> les détachements <strong>de</strong> marche<br />
dont nous avons parlé, le tout faisant environ 12 000 hommes,<br />
on organisa environ 4 faibles divisions : une bavaroise sous<br />
le Général Rechberg ; une polonaise sous le Général Girard ; une<br />
française sous le Général Gérard ; <strong>et</strong> enfin une dite <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong><br />
sous le Général Rogu<strong>et</strong>. <strong>La</strong> cavalerie se réduisait à moins <strong>de</strong> 2 000<br />
hommes, 500 <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, 400 Bavarois, <strong>et</strong> 500 à 1 000 lanciers<br />
lituaniens.<br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 17<br />
L’organisation d’un aussi p<strong>et</strong>it nombre d’hommes en quatre<br />
divisions fut motivée par le désir d’en imposer à l’ennemi<br />
« dans l’esprit duquel, pensait-on, le mot <strong>de</strong> division ne manquerait pas<br />
d’éveiller l’idée <strong>de</strong> force numérique qui correspond habituellement à l’unité<br />
ainsi dénommée » 1 .<br />
Le gros <strong>de</strong>s forces <strong>et</strong> le Quartier général se placèrent à Posen<br />
; la Division Bavaroise fut postée à Guesen pour assurer la<br />
liaison avec Thorn <strong>et</strong> Varsovie ; les lanciers lituaniens du prince<br />
Gedroiez, à Hirke, sur la Wartha, afin <strong>de</strong> couvrir la ligne <strong>de</strong> communication<br />
avec Francfort.<br />
Le prince Eugène ne tarda pas à être convaincu qu’il ne<br />
fallait pas compter sur le concours <strong>de</strong>s Autrichiens <strong>et</strong> qu’il y avait<br />
tout à redouter <strong>de</strong>s Prussiens.<br />
Le Prince <strong>de</strong> Schwartzenberg, qu’il avait invité à couvrir<br />
Varsovie le plus longtemps possible, <strong>de</strong> concert avec les 7 ème <strong>et</strong><br />
8 ème Corps, <strong>et</strong> à se replier ensuite sur Kalisch, lui répondit « que<br />
l’état <strong>de</strong> ses forces ne lui perm<strong>et</strong>tant pas <strong>de</strong> courir le risque d’un engagement, il<br />
évacuerait Varsovie dès que les Russes s’en approcheraient, <strong>et</strong> qu’il se replierait<br />
non pas sur Kalisch mais sur Cracovie, afin <strong>de</strong> couvrir la Galicie <strong>et</strong> <strong>de</strong> se<br />
rapprocher <strong>de</strong> ses dépôts ». En fait, Schwartzenberg venait <strong>de</strong> conclure<br />
un armistice verbal avec l’Etat-Major russe ; il était convaincu<br />
qu’il se r<strong>et</strong>irerait sur la Galicie <strong>et</strong> qu’un corps russe le suivrait à<br />
distance afin qu’il pût expliquer sa r<strong>et</strong>raite par la crainte <strong>de</strong><br />
s’engager contre un ennemi supérieur.<br />
Le Prince Eugène ayant ordonné à Bülow <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre à<br />
la disposition du Maréchal Victor, le général prussien répondit par<br />
un refus catégorique, alléguant que seul le roi <strong>de</strong> Prusse avait qualité<br />
pour lui donner un tel ordre. Les coureurs russes qui battaient<br />
1 Campagne <strong>de</strong> 1813 par le Général Paudoncourt.<br />
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18<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
l’estra<strong>de</strong> dans toute la Poméranie n’étaient nullement inquiétés<br />
par les Prussiens, dont la connivence avec l’ennemi était si évi<strong>de</strong>nte<br />
que l’on <strong>de</strong>vait s’attendre à les voir faire défection au premier<br />
jour.<br />
<strong>La</strong> Division Grenier, qui venait d’Italie, atteignit Berlin du<br />
20 au 25 janvier ; elle fut immédiatement dédoublée pour former<br />
les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions, qui constituèrent avec la Division<br />
<strong>La</strong>grange, 31 ème , un nouveau 11 ème Corps, dont le Maréchal Gouvion<br />
Saint-Cyr prit le comman<strong>de</strong>ment. Les garnisons <strong>de</strong>s places<br />
<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r étant assurées par les moyens indiqués ci-<strong>de</strong>ssus, le<br />
11 ème Corps allait être disponible pour les opérations actives ;<br />
mais, comme il fallait faire sortir <strong>de</strong>s places la 31 ème Division, <strong>et</strong><br />
faire reposer les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème , qui étaient très fatiguées, on ne<br />
pouvait espérer que le corps d’armée fut prêt à se porter au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r avant le 10 février. D’ailleurs, le Prince Eugène, contrairement<br />
à l’opinion <strong>de</strong> l’Empereur, estimait que ce n’était pas <strong>de</strong><br />
trop <strong>de</strong> tout le 11 ème Corps pour dominer Berlin <strong>et</strong> la Marche, où<br />
les populations, en proie à une excitation croissante <strong>de</strong>puis la<br />
défection d’York, ne cessaient <strong>de</strong> proférer <strong>de</strong>s cris <strong>de</strong> guerre<br />
contre la France.<br />
Maintenu à Posen par les ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, le<br />
Prince Eugène allait bientôt s’y trouver dans une situation très<br />
périlleuse.<br />
Wittgenstein, obligé <strong>de</strong> rester immobile à Stargar, avait<br />
voulu au moins utiliser ses troupes légères pour inquiéter les<br />
Français <strong>et</strong> essayer <strong>de</strong> provoquer les soulèvement <strong>de</strong>s populations<br />
prussiennes. Avec une partie <strong>de</strong> ses cosaques, il avait organisé<br />
trois détachements francs, comprenant chacun <strong>de</strong> 1 200 à 1 500<br />
cavaliers <strong>et</strong> 2 canons <strong>et</strong> leur avait donné pour chef le Général<br />
Tschernitchew <strong>et</strong> les colonels Bekendorf <strong>et</strong> T<strong>et</strong>tenborn, qui ne<br />
tardèrent pas à acquérir à nos dépens la réputation méritée <strong>de</strong><br />
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Situation au commencement <strong>de</strong> l’année 1813 19<br />
partisans audacieux <strong>et</strong> habiles. Les partisans russes se lancèrent à<br />
travers la Poméranie, accueillis partout comme <strong>de</strong>s libérateurs <strong>et</strong><br />
fraternisant avec les troupes <strong>de</strong> Bülow ; leur hardiesse ne connut<br />
bientôt plus <strong>de</strong> bornes ; dès le 5 février, leurs pointes poussèrent<br />
jusqu’à l’O<strong>de</strong>r.<br />
Tschitschagow atteignit Thorn le 28 janvier ; après avoir<br />
procédé, sans se presser, à l’investissement <strong>de</strong> la place, il se porta,<br />
le 8 février, sur Bromberg pendant que son avant-gar<strong>de</strong> s’avançait<br />
sur Posen. A c<strong>et</strong>te même date du 8 février, les 2 colonnes <strong>de</strong> gauche<br />
occupèrent simultanément Plock <strong>et</strong> Varsovie.<br />
Les Autrichiens, à l’approche <strong>de</strong>s Russes, s’étaient repliés<br />
sur Cracovie, entraînant dans leur mouvement les 8 à 9 000 Polonais<br />
<strong>de</strong> Poniatowski ; quant au général Reynier, que Schwartzenberg<br />
avait prévenu plusieurs jours à l’avance <strong>de</strong> son intention<br />
formelle <strong>de</strong> ne pas défendre Varsovie, il avait quitté c<strong>et</strong>te ville<br />
avec le 7 ème Corps du 4 au 5 février <strong>et</strong> rétrogradait sur Kalisch.<br />
Le 10 février, les avant-postes du Prince Eugène furent<br />
assaillis à Rogasen par l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tschitschagow <strong>et</strong> obligés<br />
<strong>de</strong> se replier sur Posen ; le 11, les lanciers lituaniens du Prince<br />
Gerdroiez, surpris à Zirke par les cosaques <strong>de</strong> Tschernitchew,<br />
furent aux trois-quarts détruits : il était grand temps pour nous<br />
d’évacuer Posen. Le Prince Eugène rassembla ses troupes <strong>et</strong> le 12,<br />
se mit en r<strong>et</strong>raite ; le 18, il atteignit l’O<strong>de</strong>r, à Francfort, où<br />
l’attendait le Maréchal Gouvion Saint-Cyr avec les 35 ème <strong>et</strong> 36 ème<br />
divisions. Là, il apprit que les Cosaques avaient franchi l’O<strong>de</strong>r dès<br />
le 16 février, en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> que, déjà, ils battaient<br />
l’estra<strong>de</strong> aux abords même <strong>de</strong> Berlin.<br />
Le général Reynier, qui croyait avoir <strong>de</strong> l’avance, le 12,<br />
s’était arrêté à Kalisch pour y faire reposer ses troupes, sa cavalerie<br />
surveillant la direction <strong>de</strong> Varsovie. Le 13, il avait été assailli à<br />
l’improviste par un corps russe accouru <strong>de</strong> Plock à marches for-<br />
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20<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
cées, dans l’espoir <strong>de</strong> le couper <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r. Les troupes, dispersées<br />
dans <strong>de</strong>s cantonnements très étendus, avaient eu grand peine à se<br />
rallier <strong>et</strong> à se dégager <strong>de</strong> l’étreinte <strong>de</strong>s Russes. Le gros, réduit à<br />
9 000 hommes, s’était replié sur Ylogan où il arriva le 19 ; une<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> quelques compagnies d’infanterie, qui<br />
n’avaient pu passer, se r<strong>et</strong>irèrent vers Czerstockau où elles se joignirent<br />
au corps polonais.<br />
Le dégel étant survenu, la débâcle <strong>de</strong>s glaces avait commencé<br />
sur l’O<strong>de</strong>r ; le flanc pouvait donc être défendu.<br />
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II<br />
Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis<br />
<strong>La</strong> France <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin.<br />
Forces disponibles en Allemagne à la fin <strong>de</strong> 1813<br />
A la fin <strong>de</strong> janvier 1813, l’effectif <strong>de</strong>s troupes françaises <strong>et</strong><br />
alliées disponibles au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la garnison <strong>de</strong>s<br />
places, ne dépassait pas 60 000 hommes <strong>de</strong> toutes armes :<br />
- à Posen, avec le Prince Eugène, 12 000 hommes répartis en<br />
quatre faibles divisions <strong>de</strong>stinées à se fondre dans les autres<br />
corps <strong>de</strong> l’armée au cours <strong>de</strong>s opérations ;<br />
- à Varsovie, le 7 ème Corps, commandé par le général Reynier<br />
<strong>et</strong> comprenant 2 divisions saxonnes <strong>et</strong> une division française<br />
(32 ème général Durutte), 15 000 hommes, <strong>et</strong> le 8 ème<br />
Corps qui était en voie <strong>de</strong> réorganisation <strong>et</strong> comptait à<br />
peine 8 000 polonais ; entre l’Elbe <strong>et</strong> l’O<strong>de</strong>r, le 11 ème Corps<br />
d’armée, commandé par le Maréchal Gouvion Saint-Cyr,<br />
30 000 hommes.<br />
Depuis sa rentrée à Paris, Napoléon travaillait activement<br />
à refaire <strong>de</strong> toutes pièces la Gran<strong>de</strong> Armée.<br />
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22<br />
Organisation d’une armée nouvelle<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Au mois d’octobre 1812, <strong>de</strong> Moscou, il avait prescrit au<br />
ministre <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong> faire passer <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> rigueur dans<br />
les dépôts <strong>et</strong> dans les hôpitaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> diriger sur Mayence tout ce<br />
qui serait disponible ; d’après les documents authentiques, en ce<br />
qui concerne l’infanterie, on trouva 1 822 soldats en état <strong>de</strong> partir<br />
<strong>et</strong> 4 547 mala<strong>de</strong>s dont on attendait la guérison pour les m<strong>et</strong>tre en<br />
route : c’était tout ce qui restait <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> la conscription <strong>de</strong><br />
1812 attribuée au régiment d’infanterie française <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong><br />
Armée.<br />
A la même époque, un appel <strong>de</strong> 137 000 hommes avait été<br />
fait sur la conscription <strong>de</strong> 1813. Les opérations <strong>de</strong> recrutement<br />
durèrent tout le mois <strong>de</strong> novembre ; dans la première quinzaine<br />
<strong>de</strong> décembre, la plupart <strong>de</strong>s dépôts reçurent la majeure<br />
partie <strong>de</strong> leur contingent, les <strong>de</strong>ux-tiers environ, l’arrivée du reste<br />
se prolongea jusqu’au mois <strong>de</strong> janvier.<br />
Fort heureusement, les cohortes constituaient une force<br />
plus immédiatement disponible. L’Empereur, avant <strong>de</strong> s’engager<br />
dans la campagne <strong>de</strong> Russie, avait crée, pour gar<strong>de</strong>r le territoire <strong>de</strong><br />
l’Empire, une force intermédiaire entre la l’armée régulière <strong>et</strong> la<br />
gar<strong>de</strong> nationale. Par une <strong>de</strong> ces levées rétroactives qui étaient<br />
alors d’usage, il s’était procuré environ 80 000 hommes <strong>de</strong> 21 à 27<br />
ans (classes <strong>de</strong> 1807 à 1812) qu’il avait réunis en bataillons. Afin<br />
d’atténuer le mauvais eff<strong>et</strong> produit par c<strong>et</strong>te mesure exceptionnelle,<br />
il avait fait inscrire dans le décr<strong>et</strong> d’appel la mention que ces<br />
bataillons ne seraient pas employés hors du territoire français ; en<br />
outre, il leur avait donné ce nom <strong>de</strong> Cohorte emprunté à<br />
l’Antiquité dans le but <strong>de</strong>s différencier davantage <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong><br />
ligne. Chaque cohorte comprenait 7 compagnies d’infanterie,<br />
dont une <strong>de</strong> dépôt <strong>et</strong> une compagnie d’artillerie ; l’effectif aurait<br />
dû dépasser 1 000 hommes ; en réalité, il s’était maintenu au-<strong>de</strong>s-<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 23<br />
sous <strong>de</strong> 800. 1 300 hommes <strong>de</strong> la conscription <strong>de</strong> 1813 avaient été<br />
affectés en complément <strong>de</strong>s cohortes mais, en janvier, 6 000 seulement<br />
avaient rejoint.<br />
Grâce à une pression habile, on réussit à provoquer <strong>de</strong> la<br />
part d’un grand nombre <strong>de</strong> ces corps le vœu <strong>de</strong> faire campagne.<br />
L’Empereur s’empressa <strong>de</strong> faire rendre un senatus-consulte (11<br />
janvier 1813) appelant à l’activité les 88 cohortes.<br />
Le même senatus-consulte ordonna la levée par anticipation<br />
<strong>de</strong> 150 000 conscrits <strong>de</strong> la classe 1814 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 100 000 hommes<br />
<strong>de</strong>s quatre classes <strong>de</strong> 1809 à 1812.<br />
Pour en finir avec c<strong>et</strong>te question, nous dirons <strong>de</strong> suite<br />
qu’au mois d’avril, fut décrétée une nouvelle levée <strong>de</strong> 180 000<br />
hommes, à savoir 80 000 hommes <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> 1807 à 1812,<br />
90 000 hommes <strong>de</strong> la classe 1814, 10 000 gar<strong>de</strong>s d’honneur à<br />
cheval. Ces <strong>de</strong>rniers étaient <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> famille noble ou<br />
<strong>de</strong> bourgeoisie aisée qui, ayant échappé aux levées précé<strong>de</strong>ntes<br />
par le remplacement, se trouvaient contraints au service personnel<br />
: dans l’armée, on les nomma généralement les otages.<br />
Il faut enfin noter les offres <strong>de</strong> cavaliers équipés <strong>et</strong> montés<br />
faites par les départements <strong>et</strong> les villes.<br />
En résumé, les diverses levées ordonnées du mois<br />
d’octobre 1812 au mois d’avril 1813 s’élèvent au total <strong>de</strong> 647 000<br />
hommes ; il est vrai que les <strong>de</strong>rnières donnèrent lieu à beaucoup<br />
<strong>de</strong> mécompte, surtout dans les nouvelles provinces <strong>de</strong> l’Empire.<br />
Les populations <strong>de</strong> l’ancienne France, qui étaient pourtant<br />
animées d’un vif mécontentement contre l’Empereur, dont elles<br />
maudissaient l’ambition, firent preuve d’un patriotisme élevé :<br />
elles comprirent la nécessité <strong>de</strong> donner à Napoléon les moyens <strong>de</strong><br />
faire la guerre puisqu’il n’était pas possible d’obtenir une paix<br />
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24<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
honorable tant que <strong>de</strong> nouvelles victoires n’auraient pas rétabli le<br />
prestige <strong>de</strong> nos armes.<br />
L’ordre ne fut troublé sérieusement nulle part <strong>et</strong>, en définitive,<br />
les dépôts reçurent assez d’hommes pour assurer les formations<br />
ordonnées. D’ailleurs, le plus difficile ne fut pas <strong>de</strong> trouver<br />
<strong>de</strong>s hommes, mais bien <strong>de</strong>s cadres pour les utiliser.<br />
En ce qui concerne l’artillerie, le Génie <strong>et</strong> le train <strong>de</strong>s<br />
équipages, on avait le nécessaire ; il n’en était pas <strong>de</strong> même pour<br />
l’Infanterie <strong>et</strong> la Cavalerie.<br />
Infanterie – Après quelques hésitations provenant <strong>de</strong> ce qu’il ne<br />
fut pas <strong>de</strong> suite exactement renseigné sur la situation, l’Empereur<br />
arrêta comme il suit les dispositions à prendre pour la réorganisation<br />
<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée.<br />
1. Les 36 régiments qui avaient fait partie <strong>de</strong>s 4 premiers corps<br />
<strong>de</strong>vaient être reconstitués à quatre bataillons <strong>de</strong> guerre. Or,<br />
abstraction faite <strong>de</strong> ce qui était resté dans les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Vistule, les cadres revenus <strong>de</strong> Russie suffisaient à<br />
peine pour un bataillon, un bataillon <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi ; il y avait donc à<br />
créer <strong>de</strong> toutes pièces plus <strong>de</strong> cent cadres <strong>de</strong> bataillon exigeant<br />
2 000 officiers.<br />
2. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> dépôt, il y avait en France <strong>et</strong> en<br />
Italie une centaine <strong>de</strong> bataillons appartenant à <strong>de</strong>s régiments<br />
dont le gros était détaché en Espagne, en Illyrie, <strong>et</strong>c. ; ceux<br />
qui se trouvaient hors <strong>de</strong> France avaient leurs cadres compl<strong>et</strong>s<br />
<strong>et</strong> comptaient même un certain nombre d’anciens soldats ;<br />
ceux <strong>de</strong> France se réduisaient à <strong>de</strong>s cadres, dont le tiers <strong>de</strong>s<br />
emplois était vacant. Après que leurs cadres eurent été complétés,<br />
puis remplis au moyen <strong>de</strong> recrues <strong>de</strong> la classe 1813, 60<br />
<strong>de</strong> ces bataillons environ furent groupés soit par <strong>de</strong>ux, soit<br />
par trois pour former <strong>de</strong>s régiments dits <strong>de</strong> ligne, quand les<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 25<br />
bataillons appartenaient au même régiment, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s régiments<br />
dits provisoires dans le cas contraire.<br />
3. Les cohortes débarrassées <strong>de</strong> leurs compagnies d’artillerie<br />
furent groupées quatre par quatre en 22 régiments <strong>de</strong> ligne (n°<br />
139 à 156) comprenant chacun 4 bataillons <strong>de</strong> guerre à 6<br />
compagnies <strong>et</strong> un bataillon <strong>de</strong> dépôt.<br />
4. L’artillerie <strong>de</strong> marine comptait près <strong>de</strong> 16 000 anciens soldats<br />
qui restaient inutilisés dans nos ports bloqués par les flottes<br />
anglaises ; 8 000 d’entre eux, mêlés à 4 000 conscrits <strong>de</strong> 1813,<br />
formèrent quatre régiments d’infanterie <strong>de</strong> marine, qui comptèrent<br />
tout d’abord 14 bataillons.<br />
5. Avec 5 000 hommes <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> municipale <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
compagnies départementales, on organisa 2 régiments, le<br />
134 ème (<strong>de</strong>ux bataillons) <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong> le 37 ème léger (quatre bataillons).<br />
6. Il restait, en Italie, trois vieux régiments, le 13 ème <strong>de</strong> ligne (5<br />
bataillons), le 23 ème (4 bataillons) <strong>et</strong> le 101 ème (3 bataillons) : on<br />
décida <strong>de</strong> les faire servir en Allemagne.<br />
<strong>La</strong> mise sur le pied <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> tous ces corps exigeait<br />
beaucoup d’officiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> sous-officiers. Il fallait non seulement<br />
pourvoir aux emplois effectivement vacants, qui étaient déjà très<br />
nombreux, mais encore assurer le remplacement d’un nombre<br />
considérable d’officiers <strong>de</strong>s Cohortes, <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> marine <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> municipale, qui n’étaient pas capables <strong>de</strong> faire un service<br />
<strong>de</strong> guerre. On eut recours aux cadres <strong>de</strong>s dépôts, dont on<br />
combla les vacances ainsi produites en rappelant à l’activité<br />
d’anciens officiers, démissionnaires, r<strong>et</strong>raités, <strong>et</strong>c.. On fit <strong>de</strong>s nominations<br />
jusqu’à l’extrême limite <strong>de</strong> la loi, au-<strong>de</strong>là même ; enfin,<br />
on trouva <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ressources dans l’armée d’Espagne, dont les<br />
cadres avaient été jusque là constitués avec une gran<strong>de</strong> prodiga-<br />
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26<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
lité. L’Empereur prescrivit <strong>de</strong> resserrer les unités <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée, <strong>de</strong><br />
manière à ne gar<strong>de</strong>r qu’autant <strong>de</strong> bataillons qu’il y aurait <strong>de</strong> fois<br />
840 hommes présents <strong>et</strong> <strong>de</strong> diriger sur Paris en poste tous les<br />
gradés disponibles.<br />
Les éléments énumérés ci-<strong>de</strong>ssus furent utilisés pour la<br />
formation <strong>de</strong>s corps d’armée suivants :<br />
1°<br />
Corps d’observation <strong>de</strong><br />
l’Elbe (plus tard, 5 ème<br />
Corps)<br />
4 Divisions d’Infanterie :<br />
Général <strong>La</strong>uriston<br />
2°<br />
1 er Corps d’obser-vation<br />
du Rhin (plus tard, 3 ème<br />
Corps)<br />
4 Divisions d’Infanterie :<br />
Maréchal Ney.<br />
3°<br />
2 ème Corps d’obser-vation<br />
du Rhin (plus tard,<br />
6 ème Corps),<br />
4 Divisions : Maréchal<br />
Marmont<br />
11 régiments <strong>de</strong> cohortes<br />
134 ème <strong>de</strong> ligne (gar<strong>de</strong><br />
municipale <strong>de</strong> Paris)<br />
le 2 ème étranger<br />
48 bataillons<br />
8 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />
13 régiments <strong>de</strong> lignes<br />
ou provisoires,<br />
60 bataillons<br />
4 régiments <strong>de</strong> marine,<br />
2 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />
12 régiments <strong>de</strong> lignes<br />
ou provisoires,<br />
37 ème léger (compagnies<br />
départementales),<br />
50 bataillons<br />
Se rassembla à Mag<strong>de</strong>bourg<br />
du 19 février au 19 mars.<br />
Se rassembla aux environs<br />
<strong>de</strong> Mayence du commencement<br />
à la fin <strong>de</strong> mars<br />
Les trois premières Divisions<br />
se rassemblèrent à<br />
Mayence la fin <strong>de</strong> mars <strong>et</strong><br />
au commencement d’avril.<br />
Quant à la 4 ème, qui ne fut<br />
prête que beaucoup plus<br />
tard vers la fin <strong>de</strong> mai, elle<br />
ne fit jamais partie du 6 ème<br />
Corps<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 27<br />
4°<br />
Corps d’observation<br />
d’Italie,<br />
4 Divisions : Général<br />
Bertrand<br />
5°<br />
1 er Corps d’armée,<br />
4 Divisions (n° 1, 2, 3,<br />
3 bis)<br />
2 ème Corps d’armée,<br />
3 Divisions (n° 4, 5, 6)<br />
3 vieux régiments <strong>de</strong><br />
ligne,<br />
2 régiments <strong>de</strong> cohortes,<br />
8 régiments <strong>de</strong> lignes ou<br />
provisoires,<br />
1 régiment croate,<br />
5 régiments italiens<br />
54 bataillons<br />
Dès le commencement <strong>de</strong><br />
mars, fut dirigé par le Tyrol<br />
sur Augsburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> là sur<br />
Bamberg. Au cours <strong>de</strong>s<br />
opérations, ce corps fut<br />
dédoublé pour former, avec<br />
<strong>de</strong>ux divisions alliées, une<br />
Bavaroise <strong>et</strong> une Wurtembergeoise,<br />
les 4 e <strong>et</strong> 12 e<br />
Corps, que commandèrent<br />
le Général Bertrand (4 e) <strong>et</strong><br />
le Maréchal Oudinot (12 e)<br />
Composé <strong>de</strong>s 16 régiments français <strong>de</strong>s anciens 2 ème<br />
<strong>et</strong> 3 ème Corps<br />
reconstitués à 4 bataillons<br />
12 régiments français <strong>de</strong>s anciens 2 ème <strong>et</strong> 3 ème Corps<br />
reconstitués à 4 Bataillons.<br />
Les 7 Divisions <strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps durent être formées successivement<br />
<strong>de</strong> la manière suivante :<br />
- les 28 bataillons n° 2 composèrent les 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions ;<br />
les cadres prélevés sur ceux rentrés <strong>de</strong> Russie avaient été arrêtés<br />
à Erfurt où on leur envoya leurs recrues.<br />
L’organisation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux Divisions fut terminée dès la fin<br />
<strong>de</strong> février ; mais comme les recrues n’avaient fait que <strong>de</strong> traverser<br />
les dépôts <strong>et</strong> que leurs cadres <strong>de</strong> conduite, réduits à<br />
quelques gradés, n’avaient pu les discipliner <strong>et</strong> à les instruire<br />
au cours du voyage, ces Divisions ne furent en état <strong>de</strong> rendre<br />
<strong>de</strong>s services que vers le commencement d’avril.<br />
Les 28 bataillons n°4, organisés dans les dépôts, se rassemblèrent<br />
à Hesel <strong>et</strong> formèrent les 2 ème <strong>et</strong> 5 ème Divisions qui furent<br />
dirigées sur Brême où elles arrivèrent du 10 au 15 avril.<br />
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28<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Ces 2 ème <strong>et</strong> 5 ème Divisions constituèrent jusqu’à l’armistice,<br />
avec la Division dite <strong>de</strong> Hamburg, un Corps d’armée provisoire<br />
<strong>de</strong>stiné à opérer sur le bas-Elbe <strong>et</strong> qui eut pour chef le<br />
général Vandamme.<br />
Les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème Divisions furent également formées à Hesel<br />
avec les 28 bataillons n°1, puis dirigées sur Brême où elles<br />
n’arrivèrent qu’à la fin <strong>de</strong> mai. On les employa tout d’abord à<br />
renforcer le corps <strong>de</strong> Vandamme.<br />
Quant aux 28 bataillons n° 3, ils ne furent prêts à marcher<br />
qu’au mois <strong>de</strong> juin ; en principe, ils <strong>de</strong>vaient servir les 16 bataillons<br />
du 1 er Corps à former la Division 3 bis, les 12 du 2 ème<br />
Corps à compléter à quatre bataillons les régiments <strong>de</strong>s Divisions<br />
4, 5, 6.<br />
C<strong>et</strong>te organisation n’était que provisoire ; il était entendu qu’on<br />
grouperait les bataillons <strong>de</strong> chaque régiment dès que les circonstances<br />
le perm<strong>et</strong>traient. C’est seulement pendant l’armistice que<br />
l’opération put être effectuée <strong>et</strong> encore pas complètement.<br />
6°<br />
On usa <strong>de</strong> procédés i<strong>de</strong>ntiques à ceux que nous venons d’indiquer<br />
pour assurer la réorganisation successive <strong>de</strong> la Division Durutte<br />
(32 ème ) du 7 ème Corps <strong>et</strong> la formation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux divisions nouvelles,<br />
une affectée jusqu’à nouvel ordre à la place d’Erfurt, l’autre <strong>de</strong>stinée<br />
en principe à Hamburg <strong>et</strong> qui fit partie du Corps provisoire<br />
<strong>de</strong> Vandamme jusqu’à l’armistice.<br />
<strong>La</strong> gar<strong>de</strong> fut reconstituée à 4 divisions ; une <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong>,<br />
formée <strong>de</strong> ce qui était revenu <strong>de</strong> Russie <strong>et</strong> <strong>de</strong> 3 000 vieux soldats<br />
d’élite tirés <strong>de</strong> l’armée d’Espagne ; trois <strong>de</strong> jeunes gar<strong>de</strong>s formées<br />
<strong>de</strong> conscrits choisis <strong>et</strong> qui se rassemblèrent successivement à<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 29<br />
Mayence, la 1 ère à la fin <strong>de</strong> mars, la 2 ème à la fin d’avril <strong>et</strong> la 3 ème en<br />
juin.<br />
Enfin, le 4 avril, l’Empereur prescrivit la formation <strong>de</strong> 2 Corps<br />
d’armée <strong>de</strong> réserve qui se réuniraient l’un à Mayence <strong>et</strong> l’autre en<br />
Italie ; les bataillons <strong>de</strong>stinés à former ces <strong>de</strong>ux Corps d’armée<br />
étaient à organiser <strong>de</strong> toutes pièces : ils ne purent être mis sur<br />
pied qu’au mois d’août.<br />
Cavalerie – <strong>La</strong> Cavalerie était encore plus difficile à rétablir que<br />
l’Infanterie. Il n’était rentré <strong>de</strong> Russie que 9 ou 10 000 cavaliers <strong>et</strong>,<br />
dans les dépôts, il n’y avait guère que <strong>de</strong>s cadres. On compléta les<br />
cadres par les mêmes moyens que pour l’Infanterie ; pour les cavaliers,<br />
on prit <strong>de</strong>s conscrits en s’efforçant <strong>de</strong> choisir ceux qui<br />
avaient une certaine habitu<strong>de</strong> du cheval.<br />
Il fut décidé :<br />
1. Que la cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> serait entièrement reconstituée ;<br />
2. Que les 52 régiments qui avaient fait partie <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée<br />
seraient réorganisés <strong>et</strong> que l’on en formerait <strong>de</strong>ux Corps :<br />
le 1 er , sous le Général <strong>La</strong>tour-Maubourg, comptant quatre Divisions,<br />
<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> grosse cavalerie <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> légère ; le 2 ème ,<br />
sous le Général Sébastiani, comptant trois Divisions, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />
légère <strong>et</strong> une <strong>de</strong> grosse cavalerie ;<br />
3. Que les 31 régiments <strong>de</strong> l’armée d’Espagne, indépendamment<br />
<strong>de</strong>s cadres qu’ils cé<strong>de</strong>raient pour la réorganisation <strong>de</strong>s 52 régiments<br />
<strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps, fourniraient <strong>de</strong>s éléments (chacun<br />
un escadron) pour la formation d’un 3 ème Corps comptant<br />
quatre Divisions <strong>et</strong> dont le comman<strong>de</strong>ment serait exercé par<br />
la Général Orrighi.<br />
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30<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> nécessité d’utiliser les moindres fractions <strong>de</strong> cavalerie à<br />
mesure qu’elles étaient prêtes conduisit à adopter les dispositions<br />
suivantes :<br />
Les premières compagnies formées dans chaque Division<br />
seraient réunies en un régiment provisoire <strong>de</strong> telle sorte que le<br />
corps <strong>de</strong> cavalerie, lors <strong>de</strong> sa mise en route, compterait autant <strong>de</strong><br />
régiments qu’il <strong>de</strong>vait avoir <strong>de</strong> Divisions quand son organisation<br />
serait achevée ;<br />
A mesure que <strong>de</strong> nouvelles compagnies seraient prêtes, les<br />
dépôts les dirigeraient sur un point <strong>de</strong> rassemblement fixé, où l’on<br />
en formerait <strong>de</strong>s régiments <strong>de</strong> marche, se composant chacun <strong>de</strong>s<br />
compagnies appartenant à la même Division ; ces régiments <strong>de</strong><br />
marche, groupés en une Division provisoire, seraient dirigés sur<br />
l’Armée ; dès que la Division provisoire aurait rejoint le corps <strong>de</strong><br />
cavalerie correspondant, elle serait dissoute, les diverses compagnies<br />
ralliant leurs régiments respectifs.<br />
Quand les effectifs le perm<strong>et</strong>traient, on reconstituerait les<br />
briga<strong>de</strong>s, puis les divisions définitives.<br />
Le noyau du 1 er Corps fut organisé à Mag<strong>de</strong>bourg <strong>et</strong> celui<br />
du 2 ème à Brunswick ; ils comptèrent l’un <strong>et</strong> l’autre 3 500 à 4 000<br />
cavaliers montés. Les Divisions <strong>de</strong> marches <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux Corps se<br />
réunirent à Mayence ; les <strong>de</strong>ux premières (une pour chaque<br />
Corps) en partirent vers la fin d’avril, les autres ne furent formées<br />
qu’après l’armistice.<br />
<strong>La</strong> cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> s’organisa, en partie à Mayence, en<br />
partie à Paris. Lors <strong>de</strong> l’entrée en campagne, son effectif s’éleva à<br />
près <strong>de</strong> 4 000 cavaliers.<br />
L’Empereur avait espéré (voir la correspondance) que le<br />
1 er <strong>et</strong> le 2 ème Corps réuniraient à la fin d’avril, 15 000 cavaliers<br />
montés ; mais la perte <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong> les incursions <strong>de</strong>s cosaques<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 31<br />
dans le Hanovre ayant désorganisé le service <strong>de</strong>s remontes, le<br />
Général Bourcier, commandant supérieur <strong>de</strong>s dépôts <strong>de</strong><br />
l’Allemagne du Nord, ne put obtenir l’exécution <strong>de</strong>s marchés qu’il<br />
avait passés, si bien que les cavaliers remontés par ses soins ne<br />
dépassèrent pas 8 000 à l’époque indiquée ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
Les dépôts <strong>de</strong> France se procurèrent, sans trop <strong>de</strong> peine,<br />
les chevaux nécessaires, mais la plupart <strong>de</strong> ces animaux étaient<br />
d’une qualité médiocre <strong>et</strong> peu propre au service <strong>de</strong> la selle.<br />
Néanmoins, ce fut le manque absolu <strong>de</strong> cavaliers exercés qui r<strong>et</strong>arda<br />
surtout l’organisation <strong>de</strong> la cavalerie.<br />
Valeur <strong>de</strong>s nouvelles troupes<br />
Pour apprécier la valeur <strong>de</strong>s troupes dont va disposer Napoléon,<br />
il faut distinguer celles qui prirent part aux opérations<br />
antérieures à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, <strong>de</strong> celles qui n’ont pu être<br />
employées activement qu’après l’armistice.<br />
C’est pour n’avoir pas fait c<strong>et</strong>te distinction que certains<br />
écrivains ont été amenés à représenter l’Armée <strong>de</strong> 1813 comme<br />
composée d’un ramassis <strong>de</strong> conscrits adolescents, j<strong>et</strong>és pêle-mêle<br />
dans <strong>de</strong>s cadres insuffisants en nombre <strong>et</strong> en qualité.<br />
C<strong>et</strong>te appréciation vraie, dans une certaine mesure,<br />
pour l’armée telle qu’elle fut constituée après l’armistice, n’est pas<br />
applicable à l’armée avec laquelle Napoléon prit l’offensive sur la<br />
Saale, au mois d’octobre 1813.<br />
Si l’on se reporte à ce que nous avons dit précé<strong>de</strong>mment,<br />
il est facile <strong>de</strong> se convaincre 1 que les 3 ème , 4 ème , 5 ème , 6 ème , 11 <strong>et</strong><br />
1 C’est précisément dans ce but que nous avons tant insisté sur le<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> ces Corps d’armée.<br />
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32<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
12 ème Corps, qui formèrent le gros <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée, se composaient<br />
en presque totalité d’éléments permanents mobilisés, ayant<br />
naturellement une valeur beaucoup plus gran<strong>de</strong> que <strong>de</strong>s éléments<br />
constitués, pour ainsi dire, <strong>de</strong> toutes pièces comme ceux qui servirent<br />
à former les sept Divisions <strong>de</strong>stinées aux 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps.<br />
D’après une situation originale, datée du 20 avril, la<br />
Gran<strong>de</strong> Armée (<strong>et</strong> sous c<strong>et</strong>te dénomination, on comprend : les six<br />
corps énumérés plus haut, les quatre divisions alliées, la gar<strong>de</strong><br />
(<strong>de</strong>ux divisions), les 1 ère , 4 ème <strong>et</strong> 32 ème divisions) compte 210 000<br />
fantassins présents sous les armes, dont 35 000 alliés <strong>et</strong> 175 000<br />
français.<br />
Sur les 175 000 Français, 7 000 au plus, provenant <strong>de</strong> la<br />
classe 1813, 105 000 appartiennent donc aux classes antérieures <strong>et</strong><br />
ont accompli au moins une année <strong>de</strong> service effectif : ce sont <strong>de</strong>s<br />
soldats rigoureux <strong>et</strong> instruits.<br />
En ce qui concerne les soldats <strong>de</strong> la classe 1813, il importe<br />
<strong>de</strong> remarquer qu’à la date indiquée (20 avril), ils ont déjà quatre<br />
mois <strong>de</strong> service. En outre, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la vigueur physique,<br />
ils ne laissent pas autant à désirer qu’on pourrait le croire au premier<br />
abord, en raison <strong>de</strong> leur âge, 20 ans en moyenne, attendu<br />
que la sélection s’est faite parmi eux au cours <strong>de</strong>s longues marches<br />
qu’ils ont exécutées pour se rendre <strong>de</strong>s dépôts à l’armée : les<br />
malingres sont restés en route, les suj<strong>et</strong>s vigoureux seuls sont<br />
arrivés à <strong>de</strong>stination ; le déch<strong>et</strong> d’effectifs a été considérable, plus<br />
d’un cinquième, mais ce qui est resté est bon.<br />
Quant aux cadres, malgré le renvoi au dépôt <strong>de</strong>s officiers<br />
âgés ou incapables, ils ont pu être complétés à la date du 20 avril.<br />
On y trouve, c’est vrai, un certain nombre <strong>de</strong> gradés très jeunes <strong>et</strong><br />
très ignorants du métier, mais la gran<strong>de</strong> majorité se compose <strong>de</strong><br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 33<br />
gradés anciens ayant l’expérience <strong>de</strong> la guerre. Or, à la date du 15<br />
avril 1 , une situation originale nous montre l’infanterie du 3 ème<br />
Corps comptant 1 170 officiers <strong>et</strong> 36 289 hommes <strong>de</strong> troupes<br />
présents, soit un officier pour trente <strong>et</strong> un soldats, ce qui est une<br />
proportion assez forte.<br />
Dans les autres Corps d’armée, la situation est moins<br />
bonne, mais dans aucun d’eux, on ne trouve moins d’un officier<br />
pour quarante soldats, ce qui est encore suffisant.<br />
Assurément, c<strong>et</strong>te infanterie ne vaut pas, tant s’en<br />
faut, celle détruite en Russie ; cependant, elle est bonne ;<br />
son attitu<strong>de</strong> sur les champs <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Bautzen le démontre mieux que tous les raisonnements.<br />
L’artillerie était excellente, quoique ses chevaux d’attelage<br />
fussent un peu jeunes. Malheureusement, son organisation n’était<br />
pas terminée lorsque commencèrent les opérations ; la plupart <strong>de</strong>s<br />
corps d’armée n’avaient encore reçu que la moitié <strong>de</strong> leur réserve<br />
d’artillerie ; les <strong>de</strong>ux batteries qui leur manquaient ne les rejoignirent<br />
qu’après <strong>Lutzen</strong>.<br />
Quant à la cavalerie, au début <strong>de</strong>s opérations, elle se réduisait<br />
à 15 000 hommes presque tous anciens soldats, 11 000<br />
français, 4 000 alliés. En présence <strong>de</strong> la cavalerie coalisée, trois<br />
1 L’arrivée, vers c<strong>et</strong>te date, <strong>de</strong> détachements <strong>de</strong> gradés venant<br />
d’Espagne perm<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> donner satisfaction complète aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> Corps d’armée, du Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> du<br />
Maréchal Marmont, entre autres. Jusqu’aux 15 avril, ces <strong>de</strong>ux officiers<br />
généraux ne cessent d’écrire à l’Empereur pour se plaindre, en termes<br />
très vifs, <strong>de</strong>s vacances nombreuses qui existent dans les cadres <strong>de</strong>s<br />
troupes sous leurs ordres ; à partir du 16 avril, on ne trouve plus <strong>de</strong><br />
l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> ce genre, ce qui prouve bien que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s formulées ont<br />
reçu satisfaction.<br />
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34<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
fois plus nombreuse, très bonne <strong>et</strong>, <strong>de</strong> plus, très favorisée par les<br />
populations du théâtre <strong>de</strong> la guerre, notre cavalerie, condamnée à<br />
une extrême circonspection, ne put rendre que <strong>de</strong>s services très<br />
relatifs. Après <strong>Lutzen</strong>, elle reçut, il est vrai, <strong>de</strong>s renforts qui portèrent<br />
son effectif à 25 000 hommes mais, comme ses renforts se<br />
composaient en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> recrues montées sur <strong>de</strong>s chevaux<br />
<strong>de</strong> réquisition, sa qualité diminua à mesure que son effectif augmentait.<br />
C’est seulement à la fin du mois d’août, postérieurement<br />
à l’armistice <strong>de</strong> Pleischwitz, que nos nouveaux escadrons présentèrent<br />
assez <strong>de</strong> consistance pour pouvoir être employés activement.<br />
Il fallut donc plus <strong>de</strong> neuf mois pour m<strong>et</strong>tre sur pied les<br />
formations <strong>de</strong> cavalerie ordonnées par l’Empereur : il avait été<br />
démontré, une fois <strong>de</strong> plus, que la cavalerie est une arme qui ne<br />
s’improvise pas.<br />
En résumé, l’armée qui franchit la Saale, à la fin d’avril<br />
1813, était dans les mains <strong>de</strong> Napoléon un bon instrument <strong>de</strong><br />
guerre.<br />
Le Major Odleben, un officier saxon qui suivit la campagne<br />
à l’Etat-Major <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> dont la partialité s’est exercée<br />
contre nous à plusieurs reprises, n’a pu s’empêcher <strong>de</strong> témoigner<br />
l’admiration que lui inspira la valeur <strong>de</strong>s troupes françaises :<br />
« <strong>La</strong> bonne tenue militaire qui régnait dans c<strong>et</strong>te nouvelle armée,<br />
sortie <strong>de</strong> terre pour ainsi dire <strong>et</strong> rassemblée d’un coup <strong>de</strong> bagu<strong>et</strong>te, était vraiment<br />
admirable <strong>et</strong> si l’on éprouvait <strong>de</strong> l’horreur pour les excès <strong>de</strong>s soldats<br />
français, l’esprit militaire, l’activité dans les marches <strong>et</strong> la bravoure<br />
<strong>de</strong>s jeunes troupes si rapi<strong>de</strong>ment formées que l’on opposait tout<br />
d’un coup à <strong>de</strong>s soldats exercés n’en excitaient pas moins l’étonnement. »<br />
Il y eut, dans c<strong>et</strong>te armée, <strong>de</strong>s traînards en gran<strong>de</strong> quantité,<br />
mais ce n’était pas là chose nouvelle dans nos armées. On se<br />
rappelle en eff<strong>et</strong> que, dès le commencement <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong><br />
1812, avant même le passage du Niemen, le nombre <strong>de</strong> soldats<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 35<br />
ayant quitté leurs drapeaux était considérable <strong>et</strong> que ce fut en vain<br />
que l’Empereur usa <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> sévérité pour tenter d’enrayer le<br />
mal. Celui-ci tenait à <strong>de</strong>ux causes :<br />
1. <strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> Napoléon qui imposait à ses troupes<br />
<strong>de</strong>s fatigues extraordinaires parce qu’il estimait que les succès<br />
décisifs ne s’obtiennent qu’à force d’activité.<br />
2. <strong>La</strong> mauvaise organisation du service <strong>de</strong>s subsistances qui m<strong>et</strong>tait<br />
le soldat dans l’obligation <strong>de</strong> marau<strong>de</strong>r pour ne pas mourir<br />
<strong>de</strong> faim.<br />
<strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> l’Empereur échappe à la critique<br />
attendu qu’elle lui procurait <strong>de</strong>s succès proportionnels aux<br />
pertes subies, soit par le feu, soit par les maladies.<br />
D’une façon générale, un chef d’armée doit ménager ses<br />
troupes avec soin ; mais, quand l’occasion se présente d’obtenir<br />
<strong>de</strong> grands avantages par <strong>de</strong>s marches très rapi<strong>de</strong>s, il ne doit pas<br />
hésiter à y avoir recours malgré les pertes qu’elles occasionnent.<br />
Dans chaque cas, c’est une question <strong>de</strong> proportion à établir entre<br />
la perte <strong>et</strong> le gain probables. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire démontre<br />
d’ailleurs que c’est au moyen d’opérations menées avec une extrême<br />
rapidité que l’on obtient les succès les plus décisifs.<br />
Par contre, on ne s’explique pas comment l’expérience <strong>de</strong><br />
20 ans <strong>de</strong> guerre n’avait pas démontré la nécessité d’organiser le<br />
service <strong>de</strong>s subsistances sur <strong>de</strong> meilleures bases.<br />
On en était arrivé à croire que quand les administrateurs<br />
n’intervenaient pas en temps utiles, il n’y avait qu’à laisser le soldat<br />
se pourvoir lui-même.<br />
« Le Maréchal Duroc, dit le Major Odleben, déjà cité, se rendit<br />
à la maison <strong>de</strong> ville (à Hamburg) pour hâter les préparatifs <strong>de</strong> la fourniture<br />
<strong>de</strong> vivres. Mais le désordre résultant <strong>de</strong> l’accumulation <strong>de</strong> toutes ces trou-<br />
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36<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
pes était si grand <strong>et</strong> les besoins si urgents qu’il n’était pas possible d’organiser<br />
une distribution régulière. Les officiers haussaient les épaules <strong>et</strong> disaient : "ils<br />
pilleront" <strong>et</strong> cela arriva régulièrement partout où on ne pouvait pas pourvoir<br />
aux besoins <strong>de</strong> ces oiseaux <strong>de</strong> proie affamés. ».<br />
Le maraudage était donc organisé en système ; quelques<br />
officiers s’efforçaient <strong>de</strong> réagir mais la masse trouvait tout naturel<br />
<strong>de</strong> laisser faire. Or le maraudage, qui est le dissolvant le plus actif<br />
<strong>de</strong> la discipline, détruit une énorme quantité <strong>de</strong> subsistances sans<br />
profit pour personne : un marau<strong>de</strong>ur n’hésitera jamais à tuer un<br />
bœuf pour se procurer quelques livres <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s. Puis, il arrive<br />
un moment où les marau<strong>de</strong>urs ne se contentent plus d’enlever<br />
<strong>de</strong>s vivres ; ils volent tout ce qui leur tombe sous la main : organisés<br />
en ban<strong>de</strong> armées, ils m<strong>et</strong>tent le pays en coupe réglée comme<br />
cela est arrivé en 1812 <strong>et</strong> 1813. <strong>La</strong> haine que nous portaient les<br />
peuples auxquels nous avions fait la guerre provenait bien plus<br />
<strong>de</strong>s excès commis par nos soldats au détriment <strong>de</strong>s habitants que<br />
<strong>de</strong> la dur<strong>et</strong>é avec laquelle l’Empereur traitait ses ennemis vaincus ;<br />
dur<strong>et</strong>é qui s’exerçait surtout contre les gouvernements <strong>et</strong> dont les<br />
peuples ne souffraient que <strong>de</strong> façon très indirecte. Hâtons-nous<br />
d’ajouter que la plus gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> ces excès était imputable à<br />
nos alliés, Bavarois, Saxons, Italiens, <strong>et</strong>c..<br />
Or, à la date du 16 mars 1913, on voit le Grand Prévôt <strong>de</strong><br />
l’armée « qui rend compte que les colonnes mobiles organisées pour ramasser<br />
les traînards en ont trouvés entre Pegau <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong>, 5 200 dont les troisquarts<br />
italiens ».<br />
L’armée du début <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> 1813 est bonne,<br />
nous le répétons, mais elle porte en elle-même les germes <strong>de</strong> sa<br />
ruine. Les cadres sont compl<strong>et</strong>s, ou peu s’en faut, mais elle ne<br />
possè<strong>de</strong> pas les éléments nécessaires pour réparer les pertes que<br />
vont subir ces cadres. Le nombre <strong>de</strong>s soldats diminuant dans la<br />
même proportion que celui <strong>de</strong>s gradés, l’inconvénient sera tout<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 37<br />
d’abord <strong>de</strong> peu d’importance. Mais après l’armistice, quand les<br />
détachements <strong>de</strong> renforts rehausseront les effectifs, les cadres se<br />
trouveront insuffisants. <strong>La</strong> valeur <strong>de</strong>s diverses unités sera d’autant<br />
plus réduite que les renforts seront composés <strong>de</strong> soldats <strong>et</strong> plus<br />
jeunes <strong>et</strong> moins instruits que ceux du début <strong>de</strong> la campagne 1 .<br />
D’un autre côté, il faut bien reconnaître que le sentiment<br />
<strong>de</strong> l’honneur militaire ne suffit pas pour soutenir longtemps le<br />
moral <strong>de</strong>s soldats qui ne sont pas <strong>de</strong> vrais professionnels, c’est-àdire<br />
d’hommes dont l’esprit n’a pas été façonné par une longue<br />
éducation militaire. Sous l’action déprimante qu’exercent sur le<br />
moral <strong>de</strong> tout homme <strong>de</strong> caractère ordinaire, <strong>de</strong>s périls <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
privations <strong>de</strong> toute sorte qui se renouvellent sans cesse <strong>et</strong> dont<br />
on n’entrevoit pas le terme, les courages faiblissent. Il arrive un<br />
moment où la lassitu<strong>de</strong> est telle que le premier revers détermine<br />
un effondrement général ; la plus insignifiante défaite dégénère en<br />
déroute. Pour maintenir hauts les cœurs en dépit <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> la Fortune, il ne faut pas moins que ce sentiment <strong>de</strong> patriotisme<br />
élevé qui élevait jadis les soldats <strong>de</strong>s armées républicaines <strong>et</strong><br />
qui, maintenant, anime l’armée prussienne.<br />
Il importe <strong>de</strong> ne pas s’y tromper : dans la coalition qui<br />
contre la France en 1813, seule la Prusse est vraiment redoutable<br />
parce que son armée est une armée <strong>de</strong> patriotes qui luttent pour<br />
l’indépendance <strong>de</strong> leur pays.<br />
1 Napoléon après <strong>Lutzen</strong>, écrivant au Ministre <strong>de</strong> la Guerre pour<br />
se plaindre <strong>de</strong> ce que, contrairement à ses ordres, un détachement<br />
d’officiers <strong>de</strong> l’armée d’Espagne n’avait pas été dirigé tout droit sur<br />
l’Allemagne, termine par ces mots : « Je me trouve sur le champ <strong>de</strong> bataille<br />
sans officiers ». L’observation <strong>de</strong> l’Empereur qui est, du reste, d’une exagération<br />
voulue, vise la difficulté <strong>de</strong> pourvoir aux vacances <strong>de</strong> gradés<br />
provenant soit du feu, soit <strong>de</strong> la maladie.<br />
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38<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Il y a là une leçon qui ne doit pas être perdue : un peuple<br />
menacé dans son indépendance ne peut périr que s’il s’abandonne<br />
lui-même ; si, au contraire, il fait tête au danger sans se troubler, il<br />
développe <strong>de</strong>s forces morales si supérieures à celles <strong>de</strong> son adversaire<br />
qu’il finit par en triompher.<br />
Nous ne parlerons pas <strong>de</strong> l’organisation intérieure <strong>de</strong>s unités<br />
parce que c<strong>et</strong>te organisation reste, à peu <strong>de</strong> choses près, ce<br />
qu’elle était dans les campagnes précé<strong>de</strong>ntes.<br />
<strong>La</strong> seule modification importante consiste dans la suppression<br />
<strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s voitures <strong>de</strong>s trains régimentaires <strong>et</strong> leur<br />
remplacement par <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> bât (Décr<strong>et</strong> du 16 février 1813<br />
– Voir le moniteur à c<strong>et</strong>te date).<br />
Par exemple, le train d’un régiment d’infanterie est constitué<br />
comme il suit :<br />
{ Etat-Major<br />
{<br />
cinq<br />
Un bataillon<br />
une voiture à <strong>de</strong>ux chevaux,<br />
un mul<strong>et</strong> <strong>de</strong> bât pour la comptabilité,<br />
une voiture <strong>de</strong> cantinière,.<br />
mul<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bât pour les bagages <strong>de</strong>s 21 officiers<br />
du bataillon<br />
un mul<strong>et</strong> <strong>de</strong> bât pour le transport <strong>de</strong>s paniers<br />
d’ambulance,<br />
une voiture <strong>de</strong> cantinière.<br />
On adopte, pour le train <strong>de</strong>s équipages, <strong>de</strong>s voitures plus<br />
légères que dans les campagnes précé<strong>de</strong>ntes ; l’emploi <strong>de</strong>s voitures<br />
dites à la Courtoise se généralise.<br />
Contingents <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin<br />
Les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin mirent sur pied au<br />
commencement <strong>de</strong> la campagne :<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 39<br />
Bavière : une Division mixte Général Raglowitch<br />
Wurtemberg : une Division mixte Général Franquemont<br />
Ba<strong>de</strong>-Hesse, <strong>et</strong>c. : une Division mixte Général Marchand<br />
Westphalie : une Division mixte Général Hammerstein<br />
Au total, quatre divisions mixtes <strong>de</strong> troupes assez bonnes,<br />
mais d’une fidélité problématique.<br />
Quant à la Saxe, elle garda la neutralité jusqu’après <strong>Lutzen</strong><br />
; à ce moment elle mit sur pied une division d’infanterie <strong>et</strong><br />
une division <strong>de</strong> cavalerie.<br />
L’Empereur eut soin <strong>de</strong> répartir les troupes alliées entre<br />
ses corps d’armée, afin <strong>de</strong> se prémunir contre les conséquences<br />
<strong>de</strong> la défection éventuelle <strong>de</strong> certaines d’entre elles :<br />
- la Division bavaroise fut affectée au 12 ème Corps ;<br />
- la Division wurtembergeoise au 4 ème ;<br />
- la Division badoise au 3 ème ;<br />
- quant à la Division westphalienne, qui ne put être réunie<br />
assez à temps pour participer aux premières opérations <strong>et</strong><br />
qui, d’ailleurs ne valait pas grand-chose, elle fut disloquée :<br />
l’infanterie fut affectée à la garnison <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, la cavalerie<br />
attribuée au 6 ème Corps.<br />
Après <strong>Lutzen</strong>, la Division d’infanterie saxonne forma,<br />
avec la 32 ème Division française, le 7 ème Corps, dont le Général<br />
Reynier prit le comman<strong>de</strong>ment.<br />
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40<br />
<strong>La</strong> Prusse<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Réorganisation <strong>de</strong> l’armée prussienne après 1806<br />
Le traité <strong>de</strong> Tilsitt avait réduit la Prusse à 4 500 000 habitants<br />
<strong>et</strong> ruiné ses finances en lui imposant une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong><br />
guerre <strong>de</strong> 120 millions en même temps que l’obligation <strong>de</strong> se<br />
soum<strong>et</strong>tre au système <strong>de</strong> blocus continental.<br />
Le Roi Frédéric Guillaume eut le bonheur <strong>de</strong> trouver dans<br />
le baron <strong>de</strong> Stein un ministre dont le génie fut à la hauteur <strong>de</strong><br />
circonstances aussi difficiles.<br />
Le soin <strong>de</strong> réorganiser l’armée fut confiée au général<br />
Scharnhorst : la tâche était <strong>de</strong>s plus ardues. L’armée ancienne<br />
n’existant pour ainsi dire plus, il fallut créer <strong>de</strong> toutes pièces une<br />
armée nouvelle, nationale, comme celle du vainqueur, ce qui<br />
exigea la réforme complète <strong>de</strong> toutes les lois militaires.<br />
Tous les citoyens furent astreints au service personnel :<br />
être soldat fut désormais considéré comme un honneur. Le peuple<br />
prussien tout entier, sans distinction <strong>de</strong> classe, comprenant<br />
que c’était l’armée qui jouerait le rôle principal dans l’œuvre <strong>de</strong><br />
relèvement du pays, se prêta à un revirement d’opinion qui plaça<br />
au premier rang <strong>de</strong> la Société le Militaire qui, jusqu’alors, avait été<br />
relégué au <strong>de</strong>rnier. Les règlements furent modifiés en conséquence<br />
; pour assurer le respect <strong>de</strong> la discipline, on fit appel au<br />
sentiment <strong>de</strong> l’honneur <strong>et</strong> non plus seulement à celui <strong>de</strong> la<br />
crainte ; les peines corporelles furent supprimées sauf pour les<br />
fautes contre l’honneur. Le gra<strong>de</strong> d’officier <strong>de</strong>vint accessible à<br />
tous sans distinction <strong>de</strong> naissance.<br />
En même temps, Scharnhorst poursuivit, avec la plus extrême<br />
rigueur, la punition <strong>de</strong>s officiers qui, dans la campagne pré-<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 41<br />
cé<strong>de</strong>nte, n’avaient pas fait leur <strong>de</strong>voir ; les commandants <strong>de</strong> place<br />
qui avaient livré leur forteresse sans combattre furent traduits<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> condamnés ; <strong>de</strong>s tribunaux<br />
d’honneur, institués pour examiner la conduite <strong>de</strong>s officiers qui<br />
avaient capitulé à Prenzlau <strong>et</strong> ailleurs, chassèrent <strong>de</strong> l’armée tous<br />
ceux qui ne purent se justifier.<br />
Pour se ménager <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ressources en soldats exercés<br />
sans dépasser l’effectif <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> 42 000 hommes imposé par le<br />
traité <strong>de</strong> Tilsitt, on organisa les réserves en réduisant la durée du<br />
service dans l’armée active <strong>et</strong> en astreignant les hommes libérés à<br />
rejoindre leur corps en cas <strong>de</strong> guerre. On prépara la réquisition<br />
<strong>de</strong>s chevaux <strong>et</strong> on créa <strong>de</strong>s magasins contenant tout le matériel<br />
nécessaire pour la mise sur pied <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> l’armée active <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
sa réserve.<br />
Les règlements <strong>de</strong> manœuvre furent remaniés ; on supprima<br />
les exercices <strong>de</strong> para<strong>de</strong> pour ne laisser subsister que ceux<br />
qui constituaient une véritable préparation à la guerre. Des écoles<br />
<strong>de</strong> guerre furent créées pour développer l’instruction professionnelle<br />
<strong>de</strong>s officiers.<br />
L’armée fut divisée en 6 corps constitués en toutes armes<br />
que l’on appela <strong>de</strong>s Briga<strong>de</strong>s <strong>et</strong> dont chacun était fort <strong>de</strong> 6 à 7 000<br />
hommes. <strong>La</strong> Prusse fut partagée en trois comman<strong>de</strong>ments militaires<br />
: 1) <strong>La</strong> Prusse proprement dite ; 2) <strong>La</strong> Silésie, 3) <strong>La</strong> Marche<br />
avec la Poméranie.<br />
Mobilisation <strong>de</strong> l’armée prussienne en 1813.<br />
En 1812, après avoir vainement essayé <strong>de</strong> s’entendre avec<br />
l’Empereur Alexandre, le roi <strong>de</strong> Prusse avait signé avec Napoléon<br />
un traité par lequel il m<strong>et</strong>tait à la disposition <strong>de</strong> son vainqueur,<br />
pour la campagne qui allait s’ouvrir, un corps d’armée <strong>de</strong> 20 000<br />
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42<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
hommes, c’est-à-dire près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> ses forces militaires<br />
actives ; beaucoup d’officiers patriotes, entre autres Scharnost,<br />
Gueisenau, Clausewitz, qui avaient été les conseillers militaires du<br />
roi, quittèrent leur pays pour prendre du service en Russie ;<br />
d’autres, parmi lesquels Blücher, signalés comme ennemis irréconciliable<br />
<strong>de</strong>s Français, se virent enlever leur comman<strong>de</strong>ment. Il<br />
en résulta que l’organisation militaire, préparée avec tant <strong>de</strong> soin,<br />
fut en gran<strong>de</strong> partie bouleversée si bien que, quand la Prusse se<br />
déclara contre la France en 1813, la mise sur pied <strong>de</strong> ses forces ne<br />
s’effectua pas aussi rapi<strong>de</strong>ment qu’on l’avait espéré 1<br />
A la fin <strong>de</strong> janvier 1813, le rappel <strong>de</strong> ses réservistes permit<br />
<strong>de</strong> porter à l’effectif <strong>de</strong> guerre les troupes <strong>de</strong> l’armée active (800<br />
hommes par bataillons, 150 hommes par escadrons) <strong>et</strong>, en outre,<br />
<strong>de</strong> former 52 bataillons <strong>de</strong> réserve, qui <strong>de</strong>vaient porter à 90 000<br />
hommes le total <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> ligne.<br />
Le 3 février, le roi Frédéric signa un édit qui organisait <strong>de</strong>s<br />
compagnies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s escadrons <strong>de</strong> chasseurs dits volontaires <strong>et</strong> dont<br />
<strong>de</strong>vaient faire partie les jeunes gens <strong>de</strong> 17 à 24 ans qui,<br />
n’appartenant pas à l’armée active, n’avaient pas <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> dispense.<br />
Ces jeunes gens étaient tenus <strong>de</strong> s’habiller, <strong>de</strong> s’équiper <strong>et</strong><br />
même <strong>de</strong> s’armer à leurs propres frais (ou aux frais <strong>de</strong>s communes).<br />
Les compagnies <strong>et</strong> escadrons ainsi constitués furent annexés<br />
aux régiments <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’infanterie <strong>de</strong> l’armée active.<br />
Le 9 du même mois, un nouvel édit compléta celui du 3<br />
en supprimant les cas <strong>de</strong> dispense <strong>et</strong> en définissant les pénalités<br />
dont seraient frappés tous ceux qui ne prendraient pas du service<br />
(ils ne pourraient plus exercer <strong>de</strong> fonctions publiques <strong>et</strong> seraient<br />
1 C’est probablement pour ce motif que l’on ne comprit pas en<br />
Europe la valeur d’une organisation grâce à laquelle la Prusse <strong>de</strong>vait, par<br />
la suite, prendre le premier rang parmi les puissances militaires.<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 43<br />
privés <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> bourgeoisie <strong>et</strong> <strong>de</strong> patente ; il leur serait interdit<br />
<strong>de</strong> porter la cocar<strong>de</strong> nationale ; <strong>et</strong>c.) 1 .<br />
wehr.<br />
Le 27 mars, parut un décr<strong>et</strong> sur l’organisation <strong>de</strong> la <strong>La</strong>nd-<br />
Pour compléter les cadres <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> campagne, on<br />
avait fait appel aux anciens officiers encore en état <strong>de</strong> servir <strong>et</strong> fait<br />
<strong>de</strong>s promotions non seulement parmi les enseignes porte-épée,<br />
mais encore parmi les ca<strong>de</strong>ts <strong>et</strong> les sous-officiers. Comme cela ne<br />
suffisait pas, on nomma officiers <strong>de</strong>s volontaires n’ayant que<br />
quelques semaines <strong>de</strong> service.<br />
Quand on forma la <strong>La</strong>ndwehr, on éprouva naturellement<br />
<strong>de</strong>s difficultés plus graves encore que l’on résolut <strong>de</strong> la même<br />
manière. En résumé, les compagnies <strong>et</strong> les escadrons <strong>de</strong> chasseurs<br />
volontaires furent, dès le principe, considérés comme <strong>de</strong>s pépinières<br />
d’officiers.<br />
Les troupes <strong>de</strong> l’armée active proprement dite eurent terminé<br />
leur mobilisation au commencement <strong>de</strong> mars. <strong>La</strong> formation<br />
<strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> réserve se prolongea jusqu’au milieu <strong>de</strong> mai ;<br />
une partie, 15 à 20, marchèrent avec les troupes actives, le reste<br />
fut employé à constituer les corps <strong>de</strong> blocus <strong>de</strong>s places occupées<br />
par les Français.<br />
Quand à la <strong>La</strong>ndwehr, son organisation fut entravée par le<br />
manque <strong>de</strong> cadres <strong>et</strong> d’eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> toute sorte <strong>et</strong> d’armes. Au moment<br />
<strong>de</strong> l’armistice, c<strong>et</strong>te organisation était à peine ébauchée.<br />
1 Les écrivains prussiens se sont évertués, en vain, à démontrer que le<br />
second décr<strong>et</strong> était inutile. Ce qui s’est passé en France en 1792 <strong>et</strong> en Prusse en<br />
1813 prouve que, si grand que soit l’élan patriotique <strong>de</strong> la nation, l’engagement<br />
volontaire ne fournit, en temps <strong>de</strong> guerre, qu’un très p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> défenseurs.<br />
Sans une loi astreignant au service militaire personnel tous les citoyens<br />
d’un certain âge, on n’obtient que <strong>de</strong>s résultats insignifiants.<br />
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44<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
D’après les prévisions, la mobilisation terminée, l’effectif<br />
<strong>de</strong> l’armée prussienne s’élèverait à plus <strong>de</strong> 250 000 hommes, ainsi<br />
répartis :<br />
Armée <strong>de</strong><br />
campagne<br />
46 bataillons à 800 h 36 800<br />
Cavalerie 19 Régts à 4 esca-drons<br />
2 escadrons indépendants<br />
11 700<br />
Artillerie 45 batteries :<br />
6 600<br />
Armée<br />
36 à pied,<br />
active<br />
9 à cheval<br />
3 compies <strong>de</strong> pion-niers<br />
à 200 h.<br />
Total 55 100<br />
Détachement <strong>de</strong> chasseurs volontaires à pied <strong>et</strong> à<br />
cheval<br />
10 000<br />
52 bataillons <strong>de</strong> réserve à 800 h 41 600<br />
Total 106 700<br />
<strong>La</strong>ndwehr 149 bataillons<br />
124 escadrons<br />
140 000<br />
3 régiments <strong>de</strong> cavalerie nationale 1 650<br />
Divers détachements <strong>de</strong> partisans 5 000<br />
Total 253 350<br />
Les troupes <strong>de</strong> l’armée active, renforcées <strong>de</strong>s détachement<br />
<strong>de</strong> volontaires <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> réserve, formèrent,<br />
au début <strong>de</strong>s opérations, trois corps d’armée <strong>de</strong> composition très<br />
différente, ayant à leur tête les généraux Blücher, Bülow <strong>et</strong> York.<br />
De ces trois corps, celui <strong>de</strong> Blücher est le seul qui conserva toute<br />
son organisation durant toute la première partie <strong>de</strong> la campagne ;<br />
les <strong>de</strong>ux autres furent fractionnés dès le début.<br />
Chaque fois que cela sera nécessaire, on donnera dans le<br />
texte l’ordre <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> l’armée prussienne.<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 45<br />
Lorsque commença la campagne, en mars, les Corps<br />
d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow, éprouvés par la fièvre typhoï<strong>de</strong>, avaient un<br />
très grand nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, 10 000 d’après Clausewitz.<br />
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46<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> Russie<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée russe au moment où elle franchit la<br />
Vistule, en février 1813.<br />
Les corps russes, qui avaient atteints la Vistule au commencement<br />
<strong>de</strong> février, comprenaient ensemble 150 régiments<br />
d’infanterie, 63 <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 50 batteries ; l’effectif <strong>de</strong>s<br />
présents sous les armes ne dépassait pas 110 000 hommes, dont<br />
70 000 fantassins, 30 000 cavaliers <strong>et</strong> cosaques 10 000 artilleurs.<br />
Les régiments d’infanterie étaient réduits, pour la plupart,<br />
à un seul bataillon <strong>et</strong> le bataillon ne comptait pas, en moyenne,<br />
plus <strong>de</strong> 350 hommes. Les régiments <strong>de</strong> cavalerie comptaient seulement<br />
quatre escadrons (au lieu <strong>de</strong> 8) <strong>de</strong> cent hommes chacun.<br />
Organisation d’une armée <strong>de</strong> réserve. Un ukas du 5 février<br />
avait prescrit l’organisation d’une armée <strong>de</strong> réserve comprenant<br />
173 bataillons, 92 escadrons, 37 batteries <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vait se réunir<br />
autour <strong>de</strong> Bialistock. Le manque <strong>de</strong> cadre, joint au manque <strong>de</strong><br />
matériel <strong>et</strong> d’armes, r<strong>et</strong>arda <strong>de</strong> beaucoup la formation <strong>de</strong>s unités<br />
<strong>de</strong> toutes armes.<br />
Du commencement <strong>de</strong> mars à la fin <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> 1813,<br />
l’armée <strong>de</strong> réserve envoya à l’armée d’opération 68 000 fantassins,<br />
14 000 cavaliers, 5 batteries.<br />
Les détachements, mis en route successivement, marchèrent<br />
très lentement <strong>et</strong> perdirent, avant d’arriver à <strong>de</strong>stination, par<br />
désertion ou maladie, près du tiers <strong>de</strong> leur effectif. En définitive,<br />
les renforts qui parvinrent à l’armée active pendant la première<br />
partie <strong>de</strong> la campagne ne suffirent pas, tant s’en faut, pour la<br />
maintenir au faible effectif indiqué ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
Les Corps d’armée, d’infanterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> cavalerie furent à<br />
peu près tous fractionnés <strong>et</strong> mélangés à un tel point que, suivant<br />
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Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 47<br />
un témoin oculaire, « les généraux ne savaient plus à quelles troupes<br />
comman<strong>de</strong>r <strong>et</strong> réciproquement, les troupes ne savaient plus à chef obéir ».<br />
On sera obligé d’indiquer, pour chaque affaire, la composition<br />
<strong>de</strong>s troupes russes qui y prennent part.<br />
L’armée russe d’Allemagne ne se compose que <strong>de</strong> vieux<br />
soldats éprouvés ; elle est à coup sûr redoutable, mais pas autant<br />
que l’armée prussienne qui compte pourtant dans ses rangs beaucoup<br />
<strong>de</strong> jeunes soldats. Le soldat russe montre, dans les combats,<br />
sa ténacité ordinaire mais il n’est plus animé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ar<strong>de</strong>ur patriotique<br />
que l’on constatait en lui quand il luttait pour chasser<br />
l’étranger du territoire national.<br />
Une partie <strong>de</strong>s <strong>La</strong>ndwehr levées l’année précé<strong>de</strong>nte furent<br />
utilisées pour renforcer les corps d’armée russes chargés <strong>de</strong> bloquer<br />
ou d’assiéger les places <strong>de</strong> la Vistule.<br />
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III<br />
L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
du 19 février à la fin <strong>de</strong> mars<br />
Situation générale au 19 février<br />
Le Prince Eugène, avec les quatre p<strong>et</strong>ites divisions qu’il a<br />
ramenées <strong>de</strong> Posen (12 000 hommes), atteint l’O<strong>de</strong>r, à Francfort,<br />
le 18 février ; c’est le len<strong>de</strong>main 19 qu’arrivera à Glogau le 7 ème<br />
Corps (Général Reynier), réduit à 9 000 hommes <strong>de</strong>puis la malheureuse<br />
affaire <strong>de</strong> Kalisch.<br />
Le Prince trouve à Francfort le Maréchal Gouvion Saint-<br />
Cyr, qui est venu à sa rencontre avec 2 Divisions du 11 ème Corps<br />
(38 ème <strong>et</strong> 36 ème ), 18 000 hommes ; le Maréchal Augereau est resté à<br />
Berlin avec une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> 31 ème Division (l’autre est à St<strong>et</strong>tin) <strong>et</strong><br />
quelques autres troupes, en tout 6 à 7 000 hommes.<br />
Le Général <strong>La</strong>uriston, avec un détachement <strong>de</strong> troupes<br />
saxonnes (2 000 hommes), se trouve dans la Poméranie suédoise.<br />
Les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r sont pourvues <strong>de</strong> leurs garnisons <strong>et</strong><br />
approvisionnées : St<strong>et</strong>tin, 9 000 hommes (en y comprenant une<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division qui n’aurait pas dû y rester) ; Küstrin,<br />
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50<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
4 000 hommes ; Glogau, 4 000 hommes. Il y en a 3 000 à Spandau.<br />
Le prince Poniatowski, avec 8 à 9 000 Polonais, a suivi en<br />
Galicie le corps auxiliaire du prince <strong>de</strong> Schwarzenberg ; malgré<br />
ses protestations, il va être compris dans l’armistice conclu entre<br />
les Autrichiens <strong>et</strong> les Russes <strong>et</strong> se trouvera par suite réduit à<br />
l’inaction. Nous ne nous en occuperons plus.<br />
Les détachements <strong>de</strong> cosaques du corps <strong>de</strong> Wittgenstein<br />
ont franchi l’O<strong>de</strong>r en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Küstrin, dès le 16 février,<br />
ils battent l’estra<strong>de</strong> jusqu’à Berlin, enlevant les courriers <strong>et</strong><br />
les isolés. Dans c<strong>et</strong>te même journée du 16, un <strong>de</strong> leurs partis a<br />
rencontré un bataillon westphalien qui s’est rendu sans combattre<br />
; le 20, un autre détachement, qui a réussi à se glisser <strong>de</strong>rrière<br />
les avant-postes <strong>de</strong> la 31 ème Division, apparaît tout à coup <strong>de</strong>vant<br />
Berlin <strong>et</strong> y pénètre un instant, provoquant une vive échauffourée.<br />
Les gros <strong>de</strong>s corps russes sont encore très loin <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />
Wittgenstein, qui à dû laisser 20 000 hommes <strong>de</strong>vant Thorn <strong>et</strong><br />
Dantzig, n’a plus que 19 000 hommes ; il s’avance très lentement<br />
à travers la Poméranie : le 18, il est encore à marche en arrière <strong>de</strong><br />
Konitz, à plus <strong>de</strong> 250 km <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />
Kutuzow, avec 40 000 hommes, est à Kalisch-Sacken,<br />
avec 20 000 hommes occupe la Pologne <strong>et</strong> observe la Galicie.<br />
Les Prussiens ne nous ont pas encore déclaré la guerre<br />
mais on s’attend à les voir d’un jour à l’autre se joindre aux Russes.<br />
Le Général York, avec son corps d’armée (10 000 hommes),<br />
suit Wittgenstein à <strong>de</strong>ux ou trois marches ; Blücher organise un<br />
nouveau corps à Breslau, en Silésie <strong>et</strong> Bülow, un autre à Colberg<br />
en Poméranie.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 51<br />
Le Prince Eugène se replie sur Berlin. – Le Prince Eugène<br />
est assez mal renseigné ; cependant, il lui est facile <strong>de</strong> se rendre<br />
compte <strong>de</strong> la situation qui est <strong>de</strong>s plus n<strong>et</strong>tes.<br />
L’inaction <strong>de</strong>s Russes montre qu’il sont hors d’état<br />
d’entreprendre quoi que ce soit <strong>de</strong> sérieux sans le concours <strong>de</strong>s<br />
Prussiens ; la défection <strong>de</strong> ceux-ci est probable à bref délai, mais<br />
si elle ne s’est pas produite encore, c’est que le roi Frédéric Guillaume,<br />
craignant <strong>de</strong>s représailles <strong>de</strong> notre part, hésite à se déclarer<br />
contre nous alors que nous sommes maîtres d’une gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong> ses Etats <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa capitale.<br />
<strong>La</strong> conduite à suivre est donc tout indiquée : il faut tenir<br />
la ligne <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r afin <strong>de</strong> couvrir Berlin <strong>et</strong> prendre une attitu<strong>de</strong><br />
énergique, qui impose le respect à un ennemi <strong>de</strong>venu<br />
trop audacieux <strong>et</strong> maintienne le roi <strong>de</strong> Prusse dans ses hésitations.<br />
Le mieux serait <strong>de</strong> s’établir, avec le gros <strong>de</strong> ses forces dans<br />
une position offensive, en avant <strong>de</strong> Küstrin, en ayant soin <strong>de</strong><br />
rompre tous les ponts en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s places fortes <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
détruire systématiquement les barques <strong>et</strong> nacelles qu’il ne serait<br />
pas possible <strong>de</strong> ramener à l’intérieur <strong>de</strong> ces places.<br />
Si l’on se décidait à tenir ferme sur la rive droite <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r,<br />
il n’y aurait aucun inconvénient à pousser en avant <strong>de</strong> l’Elbe,<br />
quoique leur organisation ne soit pas complètement terminée, les<br />
2 Divisions du 5 ème Corps qui sont à Mag<strong>de</strong>burg. Le corps ennemi<br />
le plus rapproché, celui <strong>de</strong> Wittgenstein, ne pouvant atteindre<br />
Küstrin avant une dizaine <strong>de</strong> jours, on aurait le temps <strong>de</strong> porter<br />
sur Berlin la tête du 5 ème corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> faire venir <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin la 2 ème<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division, <strong>de</strong> manière à disposer, pour les opérations<br />
actives, <strong>de</strong> tout le 11 ème corps, <strong>de</strong>s troupes venues <strong>de</strong> Posen<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s débris du 7 ème corps, au total 50 000 hommes environ.<br />
<strong>La</strong> présence <strong>de</strong> 4 à 5 000 cosaques sur la rive gauche <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r est<br />
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52<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
à coup sûr très gênante en raison du manque <strong>de</strong> cavalerie, mais on<br />
sera assez rapi<strong>de</strong>ment renforcé en troupes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te arme.<br />
D’ailleurs, avec les 2 000 cavaliers dont on dispose <strong>et</strong> 7 à<br />
8 000 fantassins <strong>et</strong> artilleurs, il serait possible <strong>de</strong> former 2 à 3 colonnes<br />
mobiles qui auraient bientôt fait <strong>de</strong> débarrasser <strong>de</strong>s coureurs<br />
ennemis tout le pays, à l’ouest <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, pourvu que l’on se<br />
décidât à traiter avec la plus extrême rigueur les habitants<br />
convaincus <strong>de</strong> connivence avec l’ennemi.<br />
Si l’on réussissait à gagner, le 10 mars, le corps d’opération<br />
se renforcerait successivement <strong>de</strong>s quatre divisions du 5 ème<br />
Corps, qui seraient relevées dans la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />
par les 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions. A partir du 20 mars, on aurait<br />
plus <strong>de</strong> 80 000 hommes pour tenir la campagne en avant <strong>de</strong><br />
l’O<strong>de</strong>r.<br />
Malheureusement, le Prince Eugène, influencé par les rapports<br />
alarmants du Maréchal Augereau, qui était convaincu que<br />
l’approche du premier détachement ennemi serait le signal d’une<br />
insurrection générale du peuple <strong>de</strong> Berlin, a jugé nécessaire <strong>de</strong><br />
rapprocher le gros <strong>de</strong> ses forces <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te capitale. Satisfaire à ce<br />
<strong>de</strong>si<strong>de</strong>ratum eut été possible sans renoncer à défendre la ligne <strong>de</strong><br />
l’O<strong>de</strong>r puisqu’il n’y a que 60 km environ <strong>de</strong> Berlin à Küstrin.<br />
En établissant les troupes vers Münschberg, on restait à<br />
même <strong>de</strong> tomber sur tout corps ennemi qui tenterait <strong>de</strong> franchir<br />
le fleuve entre Francfort <strong>et</strong> Wriezen <strong>et</strong> l’on était assez prêt <strong>de</strong><br />
Berlin pour y arriver en quelques heures si les circonstances<br />
l’exigeaient. En tout cas, c’était indiquer qu’on avait l’intention <strong>de</strong><br />
défendre Berlin, ce qui aurait ramené l’ennemi à une circonspection<br />
dont le moindre bénéfice eût été un gain <strong>de</strong> temps appréciable.<br />
Wittgenstein, livré à ses propres forces, 24 000 hommes en y<br />
comprenant les détachements francs, ne se serait pas hasardé à<br />
passer l’O<strong>de</strong>r en présence d’un corps français très supérieur au<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 53<br />
sien : il aurait attendu d’être renforcé, ce qui l’eût amené au-<strong>de</strong>là<br />
du 5 mars puisque les troupes <strong>de</strong> Kutuzow étaient encore, à la<br />
date du 20 février, réunies près <strong>de</strong> Kalisch.<br />
Il y avait bien, plus à portée, les corrps prussiens d’York<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow mais, tant que la Prusse ne nous avait pas officiellement<br />
déclaré la guerre, on <strong>de</strong>vait espérer que ses troupes ne se<br />
joindraient pas aux Russes <strong>et</strong> agir en conséquence.<br />
Le Maréchal Gouvion Saint-Cyr, qui voulait que l’on restât<br />
sur l’O<strong>de</strong>r, aurait sans doute réussi à faire prévaloir son avis,<br />
mais il tomba mala<strong>de</strong> <strong>et</strong> le comman<strong>de</strong>ment du 11 ème Corps revint<br />
provisoirement au Général Grenier, qui n’avait pas assez<br />
d’influence sur le Prince Eugène pour le convaincre.<br />
Le prince renonça donc à défendre la ligne <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r pour<br />
concentrer, aux environs <strong>de</strong> Berlin, la majeure partie <strong>de</strong> ses forces<br />
; il donna l’ordre suivant : « le 7 ème Corps restera à Glogau, la Division<br />
bavaroise <strong>de</strong> Bechberg à Krossen, la Division Gérard à Francfort ; les<br />
35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions avec le reste <strong>de</strong>s troupes venues <strong>de</strong> Posen, se replieront<br />
sur Berlin ».<br />
On comm<strong>et</strong>tait déjà une faute en faisant rétrogra<strong>de</strong>r le<br />
gros <strong>de</strong>s forces sur Berlin ; on l’aggravait par <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong><br />
détails en contradiction avec la résolution prise.<br />
Les ponts <strong>de</strong> Krossen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Francfort étant détruits, pourquoi<br />
laisser sur ces <strong>de</strong>ux points, à 80 km <strong>de</strong>rrière soi, les 4 000<br />
hommes <strong>de</strong>s Divisions Gérard <strong>et</strong> Bechberg qu’on exposait à être<br />
enlevées ? Dès l’instant où on avait renoncé à défendre l’O<strong>de</strong>r, il<br />
fallait en prendre franchement son parti <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>irer avec tout son<br />
mon<strong>de</strong> ! Il était d’autant plus indispensable <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r ses<br />
troupes réunies qu’elles étaient moins nombreuses <strong>et</strong><br />
l’ennemi plus audacieux.<br />
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54<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Enfin, si l’on voulait absolument laisser un détachement<br />
sur l’O<strong>de</strong>r, la pru<strong>de</strong>nce commandait <strong>de</strong> l’appuyer à Küstrin :<br />
« Puisque vous vous r<strong>et</strong>irez sur Berlin, écrira Napoléon le 5 mars, qui<br />
vous a porté à gar<strong>de</strong>r Francfort, vous n’aviez qu’à brûler le pont (c’était<br />
fait) ». Il ajoutera le 7 mars, en réponse à un rapport du Prince<br />
Eugène signalant que l’on était sans nouvelle du Général Gérard :<br />
« Je ne puis comprendre pourquoi comprom<strong>et</strong>tre ce corps d’observation, lorsque<br />
vous pouviez l’appuyer à Küstrin ».<br />
Le 20 février, c’est-à-dire le jour même où quelques centaines<br />
<strong>de</strong> cavaliers russes causaient à Berlin l’échauffourée dont<br />
nous avons parlé, le Prince Eugène mit ses troupes en mouvement<br />
en <strong>de</strong>ux colonnes ; une division <strong>et</strong> un régiment <strong>de</strong> chasseurs<br />
à cheval passant par Münschberg, le reste suivant la route <strong>de</strong><br />
Fürstenwald. Le 21, le Régiment <strong>de</strong> chasseurs italiens, qui marchait<br />
isolément sans prendre <strong>de</strong> précautions, fut surpris par les<br />
Cosaques <strong>et</strong> presque entièrement détruit. C’était la <strong>de</strong>uxième affaire<br />
<strong>de</strong> ce genre en moins <strong>de</strong> dix jours ; l’Empereur se montra<br />
très irrité <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> négligence : « Tout cela ne serait pas arrivé,<br />
dira-t-il le 19 mars, si la cavalerie avait marché réunie <strong>et</strong><br />
si on y avait joint un régiment d’Infanterie, ce que la pru<strong>de</strong>nce<br />
<strong>et</strong> la manière <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s Cosaques indiquaient impérativement<br />
» . 1<br />
Le 28, le Quartier général s’établit à Köpernich avec la<br />
Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> (Général Rogu<strong>et</strong>), qui détacha un bataillon à<br />
Fürstenwald pour assurer la communication avec Francfort ; les<br />
35 ème <strong>et</strong> 36 ème Divisions prirent position face au N-E en avant <strong>de</strong><br />
1 Et, en eff<strong>et</strong>, quand on ne dispose que d’une cavalerie très inférieure<br />
à celle <strong>de</strong> l’adversaire, il n’y a pas d’autre moyen <strong>de</strong> la m<strong>et</strong>tre à<br />
l’abri d’une <strong>de</strong>struction totale que <strong>de</strong> lui donner un soutien<br />
d’Infanterie ; elle perdra, il est vrai, en mobilité, mais mieux vaut une<br />
cavalerie peu mobile que pas <strong>de</strong> cavalerie du tout.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 55<br />
Berlin, où fut placé le Général Girard avec la Division polonaise<br />
<strong>et</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 31 ème Division ; la Division Gérard resta à<br />
Francfort ; la Division Rechberg à Krossen.<br />
Convention <strong>de</strong> Kalisch entre la Prusse <strong>et</strong> la Russie : premières<br />
opérations en commun <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux puissances<br />
Le roi Frédéric Guillaume se décida à signer, avec les Russes,<br />
le 28 février, la convention <strong>de</strong> Kalisch, mais il ne voulut pas<br />
qu’elle fût rendue publique immédiatement <strong>et</strong> émit la prétention<br />
<strong>de</strong> n’adresser à la France sa déclaration <strong>de</strong> guerre que quand les<br />
Russes se seraient rendus maîtres <strong>de</strong> Berlin.<br />
Kutuzow, qui n’avait que 60 000 hommes réellement disponibles<br />
pour les opérations actives, déclara qu’il ne ferait pas un<br />
pas <strong>de</strong> plus vers l’O<strong>de</strong>r tant que les troupes prussiennes n’auraient<br />
pas reçu <strong>de</strong>s ordres positifs pour agir <strong>de</strong> concert avec lui.<br />
Le 1 er mars, le roi Frédéric Guillaume ordonna à ses généraux<br />
<strong>de</strong> s’avancer vers l’O<strong>de</strong>r à la suite <strong>de</strong>s corps russes, mais en<br />
leur recommandant d’éviter avec soin tout acte d’hostilité jusqu’au<br />
moment où il déclarerait la guerre officiellement à la<br />
France. Rappelons <strong>de</strong> suite que ce fut seulement le 15 que notre<br />
ambassa<strong>de</strong>ur près la cour <strong>de</strong> Prusse eut connaissance <strong>de</strong> la<br />
convention <strong>de</strong> Kalisch, <strong>et</strong> le 27 que la déclaration <strong>de</strong> guerre parvint<br />
à Paris 1 .<br />
Les <strong>de</strong>ux souverains alliés s’étaient entendus pour régler<br />
<strong>de</strong> la manière suivante la conduite <strong>de</strong>s opérations.<br />
1 Ne pas perdre <strong>de</strong> vue ces <strong>de</strong>ux dates quand on étudie la correspondance<br />
<strong>de</strong> Napoléon, afin <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> ce qu’il entend par<br />
le mot ennemi.<br />
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56<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Kutuzow était désigné comme généralissime ;<br />
L’aile droite, commandée par Wittgenstein <strong>et</strong> comprenant<br />
le corps russe <strong>de</strong> ce général (19 000 hommes) <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux corps<br />
prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bülow (30 000 hommes), en tout 50 000<br />
hommes, franchirait l’O<strong>de</strong>r entre Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> marcherait<br />
sur Berlin puis sur Mag<strong>de</strong>bourg. ile gauche, commandée par Blücher<br />
<strong>et</strong> comprenant le corps russe <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, (14 000<br />
hommes, la plupart cavaliers) <strong>et</strong> le corps prussien <strong>de</strong> Blücher<br />
(27 000 hommes), en tout 40 000 hommes, se porterait sur<br />
Dres<strong>de</strong> à travers la Silésie ;<br />
<strong>La</strong> réserve, formée, sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Kutuzow,<br />
du corps <strong>de</strong> Miloradowitch <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> russe, 30 000 hommes,<br />
suivrait l’aile gauche à 3 ou 4 marches.<br />
Les coalisés estimant que, pour le moment, les Français<br />
étaient hors d’état d’opposer une résistance quelconque, se<br />
croyaient certains d’aller jusqu’à l’Elbe sans avoir à combattre. Ils<br />
s’étendaient sur un très grand front, donnant à leur mouvement<br />
<strong>de</strong>s allures d’invasion pour balayer d’un seul coup tout le pays<br />
entre l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> l’Elbe <strong>et</strong> aussi pour tâcher d’influencer les Etats <strong>de</strong><br />
la Confédération du Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> les déterminer à faire cause commune<br />
avec la coalition : « Quand on aura atteint l’Elbe, il sera<br />
temps <strong>de</strong> serrer le jeu ; pendant que <strong>de</strong> forts partis <strong>de</strong> troupes<br />
légères débor<strong>de</strong>raient l’aile gauche <strong>de</strong> l’ennemi, l’on masserait la<br />
plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s forces sur la gauche du théâtre d’opérations<br />
en s’appuyant aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème, afin d’agir en masse<br />
<strong>de</strong> ce côté, selon les circonstances.<br />
Le désir <strong>de</strong> rester lié à l’Autriche, dont l’adhésion à la coalition<br />
était considérée comme une affaire <strong>de</strong> temps <strong>et</strong> le souvenir<br />
<strong>de</strong> la manœuvre exécutée par Napoléon en 1806 avaient dicté aux<br />
coalisés leur résolution.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 57<br />
Nous donnons ci-après la situation détaillée <strong>de</strong> l’armée<br />
coalisée (troupes d’opérations seulement) au 15 mars.<br />
On remarquera la composition hétérogène <strong>de</strong>s différents<br />
corps, qui doit compliquer à l’extrême l’exercice du comman<strong>de</strong>ment<br />
supérieur.<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée coalisée au 15 mars<br />
(troupes d’opérations seulement)<br />
1) Armée <strong>de</strong> Wittgenstein (49 500 h - 188 canons)<br />
Corps russes<br />
19 000 hommes<br />
90 canons<br />
(non compris le<br />
détachement<br />
Horouzow, 5 000<br />
hommes, qui resta<br />
<strong>de</strong>vant Küstrin).<br />
Ce détachement<br />
relevé <strong>de</strong>vant<br />
c<strong>et</strong>te place par<br />
une D on formée<br />
<strong>de</strong> B ons <strong>de</strong> réserve<br />
prussiens <strong>et</strong> fut<br />
utilisé pour masquer<br />
Mag<strong>de</strong>bourg.<br />
Corps Prussiens<br />
30 500 hommes<br />
98 canons<br />
Détachements<br />
francs <strong>de</strong><br />
Tschernitchew,<br />
Bekendorf <strong>et</strong><br />
T<strong>et</strong>tenborn<br />
Corps d’avantgar<strong>de</strong><br />
du Gal<br />
Prince Repnin<br />
Corps du Lt Gal<br />
<strong>de</strong> Berg<br />
Corps d’York<br />
13 500 hommes<br />
58 canons<br />
4 Régts <strong>de</strong> cavalerie<br />
14 Régts <strong>de</strong> Cosaques<br />
6 canons<br />
11 bataillons<br />
4 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />
4 régiments <strong>de</strong> Cosaques<br />
2 batteries - 24 canons<br />
19 bataillons<br />
2 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />
1 régiments <strong>de</strong> Cosaques<br />
5 batteries - 60 canons<br />
5 000 h.<br />
5 000 h.<br />
9 000 h.<br />
Infanterie Gal Kleist :<br />
Briga<strong>de</strong> Gal Hennehein : 7 ½ B ons<br />
Briga<strong>de</strong> Cel Hoin : 9 B ons<br />
Cavalerie Gal Horswand : 12 E ons<br />
Artillerie Gal Schmidt : 8 Bat. dont 3 à<br />
cheval – 58 canons.<br />
Génie : 2 Compagnies<br />
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58<br />
(y compris les<br />
détachements qui<br />
furent employés<br />
au blocus <strong>de</strong><br />
Spandau <strong>et</strong> à celui<br />
<strong>de</strong> Wittemberg)<br />
Corps <strong>de</strong> Bülow<br />
17 000 hommes<br />
40 canons<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
B g<strong>de</strong> Gal S.E. Louis <strong>de</strong> Hesse : 8 ½<br />
B ons<br />
B g<strong>de</strong> Gal Thümen : 3 B ons - 1 Bat. 8<br />
can<br />
B g<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cav. Gal Oppen : 8 E ons<br />
Art. Major Holzendorf : 2½ Bat.<br />
18can<br />
Génie : 2 Compagnies<br />
Armée <strong>de</strong> Blücher (40 800 h - 136 canons)<br />
Corps russes du<br />
Gal Wittzengero<strong>de</strong><br />
13 500 hommes<br />
68 canons<br />
Corps prussiens<br />
du Gal Blücher<br />
27 300 hommes<br />
68 canons<br />
Avant-gar<strong>de</strong> du<br />
Général <strong>La</strong>ndskoï<br />
4 500 hommes<br />
12 canons<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
du Général S. E.<br />
Eroub<strong>et</strong>zksi<br />
2 briga<strong>de</strong>s 3 000 h<br />
Corps d’infanterie<br />
du Général S. E.<br />
Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg<br />
2 D ions 6 400 h<br />
Briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r (9<br />
350 hommes)<br />
Briga<strong>de</strong> Klüx<br />
6 650 hommes<br />
Briga<strong>de</strong> mixte Gal Borstell : 5 500 h<br />
5 B ons – 4 E ons – 2 Bat. (14 pièces) –<br />
1 C ie <strong>de</strong> Pionniers<br />
3 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />
5 divisions <strong>de</strong> cosaques<br />
1 bataillon<br />
1 batterie 8 canons<br />
Détachement <strong>de</strong> partisans<br />
du Colonel Davydow<br />
3 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />
4 régiments <strong>de</strong> cosaques<br />
1 batterie (12 canons)<br />
16 bataillons 5 400 h<br />
4 batteries (48 canons)<br />
9 bataillons<br />
8 escadrons<br />
2 batteries (14 canons)<br />
6 bataillons<br />
6 escadron<br />
2 batteries (14 canons)<br />
1 250 h<br />
1 500 h<br />
450 h<br />
150 h<br />
700 cav<br />
7 900 h<br />
1 000 h<br />
450 h<br />
5 450 h<br />
650 h<br />
750 h<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 59<br />
Briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen<br />
7 250 h<br />
Réserve <strong>de</strong> Cav ie<br />
du Colonel Dolfs<br />
3 700 h<br />
Réserve d’artillerie<br />
Colonel Braun<br />
750 h – 12 canons<br />
7 bataillons<br />
6 escadrons<br />
3 batteries (22 canons)<br />
23 escadrons<br />
1 batterie (6 canons)<br />
1 batterie<br />
4 canons <strong>de</strong> position<br />
les parcs<br />
1 Compagnie <strong>de</strong> pionniers<br />
6 100 h<br />
700 h<br />
450 h<br />
Armée <strong>de</strong> réserve – Général Kutuzow (30 500 h - 272 canons)<br />
Corps <strong>de</strong><br />
Miloradowitch<br />
12 000 h<br />
96 canons<br />
Gar<strong>de</strong> russe<br />
Grand duc Constantin<br />
18 500 h<br />
176 canons<br />
Avant-gar<strong>de</strong><br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
4 ème corps d’infanterie<br />
Cavalerie<br />
Infanterie<br />
Artillerie<br />
4 régiments <strong>de</strong> cavalerie<br />
5 régiments<strong>de</strong> cosaques<br />
6 bataillons<br />
2 batteries (18 canons)<br />
2 divisions <strong>de</strong> cosaques<br />
2 batteries (18 canons)<br />
11 bataillons<br />
3 batteries (30 canons)<br />
5 bataillons<br />
3 batteries (30 canons)<br />
2 divisions légères<br />
2 divisions cuirassiers<br />
Corps <strong>de</strong>s grenadiers<br />
1 ère Don <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />
2 ème Don <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />
15 batteries (176 canons)<br />
Total général 1 = 110 800 hommes, 596 canons<br />
17 E ons<br />
38 E ons<br />
12 Bat.<br />
10 Bat.<br />
8 Bat.<br />
1 Les indications données ci-<strong>de</strong>ssus sont très approximatives ; en<br />
général, les Russes <strong>et</strong> les Prussiens, ces <strong>de</strong>rniers surtout, se sont efforcés<br />
<strong>de</strong> diminuer leurs effectifs afin <strong>de</strong> bien faire ressortir que les Français<br />
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60<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein, commandée par le Général<br />
Prince Repnin, traversa l’O<strong>de</strong>r les 1 er <strong>et</strong> 2 mars, à Gustbiese, à midistance<br />
<strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> s’avança sur la route <strong>de</strong> Berlin.<br />
Dans la journée du 2, le Prince Eugène replia ses troupes<br />
sur la rive gauche <strong>de</strong> la Sprée <strong>et</strong> porta son Quartier général à<br />
Schönberg, à une <strong>de</strong>mie-lieue en arrière <strong>de</strong> Berlin : c’était avouer<br />
qu’on ne voulait pas courir le risque d’un combat pour rester maître<br />
<strong>de</strong> la ville.<br />
Voici le jugement porté à ce suj<strong>et</strong> par Napoléon (l<strong>et</strong>tre du<br />
9 mars) :<br />
« Puisque le passage <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r était impraticable <strong>et</strong> que dans la<br />
Haute-Silésie, le Général Reynier était encore à Bunzlau, je ne vois pas ce<br />
qui vous a porté à quitter Berlin.<br />
Rien n’est moins militaire que le parti que vous avez<br />
pris <strong>de</strong> porter votre Quartier général à Schönberg en arrière<br />
<strong>de</strong> Berlin, il était très clair que c’était attirer l’ennemi. Si, au<br />
contraire, vous aviez pris une situation en avant <strong>de</strong> Berlin, en communiquant<br />
par convois avec Spandau, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Spandau avec Mag<strong>de</strong>burg, en faisant venir<br />
une Division du corps <strong>de</strong> l’Elbe (5 ème Corps) ou en construisant quelques<br />
redoutes, l’ennemi aurait dû croire que vous vouliez livrer bataille. Alors, il<br />
n’aurait passé l’O<strong>de</strong>r qu’après avoir réuni 60 ou 80 000 hommes <strong>et</strong> dans<br />
l’intention sérieuse <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> Berlin, mais il était encore bien loin <strong>de</strong><br />
pouvoir faire celà. Vous pouviez gagner 20 jours <strong>et</strong> cela eût été bien avantageux<br />
politiquement <strong>et</strong> militairement. Il est même probable que l’ennemi n’eût<br />
pas risqué ce mouvement... Mais le jour où votre Quartier général a été placé<br />
<strong>de</strong>rrière Berlin, c’était dire que vous ne vouliez pas gar<strong>de</strong>r c<strong>et</strong>te ville, vous<br />
avez ainsi perdu une attitu<strong>de</strong> que l’art <strong>de</strong> la guerre est <strong>de</strong><br />
savoir conserver. Un général expérimenté, qui eût établi un<br />
n’ont dû leur victoire <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bautzen qu’à une supériorité<br />
numérique écrasante.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 61<br />
camp en avant <strong>de</strong> Küstrin, aurait donné le temps au corps<br />
<strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> venir sur Berlin, il n’aurait pu être attaqué que<br />
par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s dispositions qu’il aurait forcé l’ennemi <strong>de</strong><br />
prendre. »<br />
Quand on a intérêt à rester le plus longtemps possible en<br />
possession d’un point important <strong>et</strong> qu’on est trop faible pour<br />
lutter contre son adversaire, la pire maladresse que l’on puisse<br />
comm<strong>et</strong>tre est <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s dispositions qui signifient clairement<br />
que l’on ne courra pas le risque d’un engagement pour<br />
conserver le point en question. Il faut, tout en prenant ses mesures<br />
pour se dérober au moment voulu, adopter une attitu<strong>de</strong> qui<br />
fasse croire à l’ennemi que l’on est décidé à livrer bataille : c<strong>et</strong><br />
ennemi, rendu pru<strong>de</strong>nt, manœuvrera avec métho<strong>de</strong> <strong>et</strong> par suite,<br />
perdra du temps. Dans la correspondance <strong>de</strong> Napoléon, on<br />
trouve <strong>de</strong> nombreuses observations <strong>de</strong> ce genre. Ainsi, plus tard,<br />
quand le Maréchal Davout fera sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>,<br />
l’Empereur écrira au Prince Eugène (l<strong>et</strong>tre du 16 mars) : « J’ai vu<br />
avec peine que le prince d’Eckmühl a fait sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Cela ne<br />
peut manquer d’y attirer l’ennemi. Surtout, s’il a fait sauter une pile....<br />
« Les Russes ne voulant pas venir à Dres<strong>de</strong> en force, il était plus facile<br />
<strong>de</strong> barrica<strong>de</strong>r le pont <strong>et</strong> <strong>de</strong> rester tranquille dans la ville ; <strong>et</strong> si, enfin, on<br />
<strong>de</strong>vait faire sauter le pont, il fallait n’en faire sauter qu’une arche <strong>de</strong> manière<br />
à pouvoir sur-le-champ la réparer avec <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> bois pour rester maîtres<br />
<strong>de</strong> la ville, sauf à j<strong>et</strong>er ses bois dans la rivière à l’approche <strong>de</strong> l’ennemi. »<br />
En faisant sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, on avouait implicitement<br />
qu’on disposait <strong>de</strong> trop peu <strong>de</strong> troupes pour défendre c<strong>et</strong>te<br />
partie <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong>, par conséquent, on incitait l’ennemi à pousser<br />
<strong>de</strong> suite une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce côté, alors qu’il n’y aurait pas pensé<br />
sans cela.<br />
« Vous avez perdu une attitu<strong>de</strong> que l’art <strong>de</strong> la guerre est <strong>de</strong> savoir<br />
conserver », voilà un précepte qu’il convient <strong>de</strong> méditer. A la guerre,<br />
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62<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
malheur à celui qui laisse son adversaire perdre le respect <strong>de</strong> ses<br />
armes, surtout quand il est le plus faible, il est à la merci <strong>de</strong><br />
l’ennemi qui se croit, dès lors, avec raison, le droit <strong>de</strong> tout tenter.<br />
Les événements que nous allons raconter en sont une<br />
preuve convaincante.<br />
L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein a franchi l’O<strong>de</strong>r le 1 er mars<br />
<strong>et</strong> s’est avancée dans la direction <strong>de</strong> Berlin. A la nouvelle que les<br />
Français se sont repliés <strong>de</strong>rrière la Sprée, le Prince Repnin, le<br />
commandant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te avant-gar<strong>de</strong>, marche droit sur Berlin ; chemin<br />
faisant, il est rejoint par les détachements francs <strong>de</strong> Tschernitchew,<br />
Bekendorf <strong>et</strong> T<strong>et</strong>tenborn, si bien qu’il dispose <strong>de</strong> 12 000<br />
hommes soit 7 000 cavaliers, 5 000 fantassins <strong>et</strong> 30 canons.<br />
Dans la nuit du 3 au 4, les troupes françaises se m<strong>et</strong>tent<br />
en r<strong>et</strong>raite sur Wittenberg. Le prince Repnin entre aussitôt à Berlin<br />
aux acclamations enthousiastes <strong>de</strong> la population <strong>et</strong> laisse sa<br />
cavalerie légère à la poursuite <strong>de</strong>s colonnes françaises. A c<strong>et</strong>te<br />
même date du 4, la tête du Corps <strong>de</strong> Wittgenstein est encore<br />
à <strong>La</strong>ndsberg, à <strong>de</strong>ux marches à l’est <strong>de</strong> Küstrin, c’est-à-dire<br />
à plus <strong>de</strong> cinq jours <strong>de</strong> Berlin.<br />
Ainsi, plus <strong>de</strong> 30 000 hommes <strong>de</strong> bonnes troupes françaises<br />
se r<strong>et</strong>irent <strong>de</strong>vant 12 000 hommes <strong>de</strong> troupes légères russes,<br />
leur abandonnant Berlin dont la possession était pour nous d’une<br />
si gran<strong>de</strong> importance au double point <strong>de</strong> vue politique <strong>et</strong> militaire.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 63<br />
Les Français évacuent Berlin <strong>et</strong> se replient sur l’Elbe supérieur<br />
1<br />
Du 4 au 7 mars, les troupes françaises effectuèrent leur r<strong>et</strong>raite<br />
vers l’Elbe ; le corps principal, harcelé par la cavalerie ennemie,<br />
se dirigea <strong>de</strong> Berlin sur Wittenberg, où il fut rejoint par la<br />
Division Gérard qui avait réussi à se faire jour. <strong>La</strong> Division Rechberg,<br />
passant par Sübben <strong>et</strong> Lücken, gagna Torgau où le commandant<br />
<strong>de</strong> la place, le Général saxon Thielman, refusa <strong>de</strong> la recevoir<br />
; elle appuya alors sur Meissen. Le Général Reynier, avec le<br />
7 ème Corps, avait quitté Slogau, le 26 février, au moment où les<br />
troupes légères <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> franchissaient l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> le 2<br />
mars, avait pris position à Bautzen ; à la nouvelle <strong>de</strong> l’évacuation<br />
<strong>de</strong> Berlin, il se replia sur Dres<strong>de</strong>.<br />
Voici quelles dispositions furent prises par le Prince Eugène<br />
pour annoncer la défaite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
Le Maréchal Davout fut désigné pour comman<strong>de</strong>r l’aile<br />
droite, composée du 7 ème Corps réduit à 6 000 hommes par la<br />
fièvre typhoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> la désertion, <strong>de</strong> la Division Rechberg, <strong>de</strong> la<br />
31 ème Division dans laquelle furent fondues les Divisions Gérard<br />
<strong>et</strong> Girard <strong>et</strong> enfin, <strong>de</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division, en tout,<br />
7 000 hommes avec lesquels le Maréchal <strong>de</strong>vait tenir Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
défendre l’Elbe <strong>de</strong> Koenigstein à Torgau. A Koenigstein, p<strong>et</strong>ite<br />
forteresse sans valeur, il y avait une garnison <strong>de</strong> quelques centaines<br />
<strong>de</strong> soldats saxons. <strong>La</strong> place <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> avait été délaissée en<br />
1806, mais le faubourg <strong>de</strong> Menstadt, qui est situé sur la rive droite<br />
du fleuve, était couvert par un rempart bastionné d’ailleurs en très<br />
mauvais état. Quant à Torgau, où commandait le général Thiel-<br />
1 Voir les croquis 2 <strong>et</strong> 3.<br />
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64<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
man, c’était une place assez forte ; sa garnison se composait <strong>de</strong> 5<br />
à 6 000 hommes <strong>de</strong> troupes saxonnes <strong>de</strong> nouvelles levées.<br />
Les 35 <strong>et</strong> 36 ème Divisions, 18 000 hommes, sous le général<br />
Grenier, formèrent le centre : elles se placèrent en colonnes, la<br />
tête en avant <strong>de</strong> Wittenberg, la queue à Elenburg. Wittenberg était<br />
une ancienne place forte déclassée <strong>de</strong>puis longtemps, mais facile à<br />
rem<strong>et</strong>tre en état, attendu que sa principale défense consistait dans<br />
ses fossés plein d’eau.<br />
Le 5 ème Corps, 35 000 hommes, forma la gauche à Mag<strong>de</strong>burg<br />
où il se trouva bientôt rassemblé en entier. Mag<strong>de</strong>burg était<br />
une place très forte qui renfermait <strong>de</strong>s approvisionnements<br />
considérables en matériels <strong>de</strong> toute espèce.<br />
Le général Montbrun, avec quelques escadrons <strong>de</strong>stinés<br />
au 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie, 1 500 hommes, se plaça à Dessau pour<br />
lier le centre <strong>et</strong> la gauche.<br />
<strong>La</strong> 4 ème Division <strong>et</strong> la 2 ème briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division,<br />
12 000 hommes, se réunirent à Bernburg pour achever <strong>de</strong> s’y organiser,<br />
le Maréchal Victor en eut le comman<strong>de</strong>ment.<br />
Le Quartier général <strong>et</strong> la Division Rogu<strong>et</strong>, 3 000 hommes,<br />
s’établirent à Leipzig.<br />
A Hamburg, il y avait le général Carra-Saint-Cyr, avec un<br />
millier <strong>de</strong> soldats <strong>et</strong> quelques centaines <strong>de</strong> douaniers <strong>et</strong> gendarmes<br />
; la population, très hostile à la cause française, manifestait<br />
ouvertement les intentions les plus malveillantes.<br />
Enfin, le Général Morand, que l’on avait oublié en Poméranie<br />
avec 2 bataillons saxons <strong>et</strong> qui avait appris fortuitement<br />
l’évacuation <strong>de</strong> Berlin, battait en r<strong>et</strong>raite vers Hamburg ; on se<br />
<strong>de</strong>mandait avec inquiétu<strong>de</strong> s’il réussirait à se frayer un passage.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 65<br />
Critiques <strong>de</strong> Napoléon au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions prises pour<br />
la défense <strong>de</strong> l’Elbe supérieur<br />
Le Prince Eugène a compris qu’il ne peut gar<strong>de</strong>r tout le<br />
cours <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> la Bohème à Hamburg : il doit opter entre la<br />
défense du bas Elbe <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’Elbe supérieur.<br />
En s’établissant sur le bas Elbe, on abandonne la Saxe <strong>et</strong><br />
l’on découvre les autres Etats <strong>de</strong> Confédération du Rhin ; en<br />
s’établissant sur l’Elbe supérieur, on abandonne la 32 ème Division<br />
militaire qui fait partie intégrante du territoire français <strong>et</strong> l’on découvre<br />
la Hollan<strong>de</strong> ; on perm<strong>et</strong> aux coalisés <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre la main sur<br />
Hamburg par où ils seront en communication facile avec<br />
l’Angl<strong>et</strong>erre. Chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis présente donc <strong>de</strong>s inconvénients.<br />
Après mûre réflexion, le Prince Eugène se déci<strong>de</strong> à couvrir<br />
l’Elbe supérieur ; il veut gar<strong>de</strong>r Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> couvrir les routes qui<br />
conduisent directement du Meyn sur l’Elbe ; l’armée <strong>de</strong> secours<br />
s’organisant dans la vallée du Meyn, il se croit obligé <strong>de</strong> prendre<br />
sa ligne d’opération sur Mayence pour rester en liaison avec c<strong>et</strong>te<br />
armée. Il adopte, en conséquence, les dispositions que nous avons<br />
exposées plus haut.<br />
Il fallait que le Prince eut <strong>de</strong>s idées bien étranges sur la<br />
guerre pour disperser ainsi en cordon, le long <strong>de</strong> l’Elbe, sur un<br />
front <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 km, une armée <strong>de</strong> 90 000 hommes, en<br />
conservant pour unique réserve les 3 000 <strong>de</strong> la Division Rogu<strong>et</strong>.<br />
L<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l’Empereur du 19 mars<br />
« Par vos dispositions du 10, vous placez parfaitement vos troupes<br />
pour empêcher aux cosaques <strong>et</strong> aux troupes légères <strong>de</strong> passer la rivière. Vous<br />
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66<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
placez votre armée comme une arrière-gar<strong>de</strong> ou comme on placerait une avantgar<strong>de</strong>,<br />
mais il n’y a point <strong>de</strong> dispositions réelles. »<br />
En eff<strong>et</strong>, si l’on n’est pas au courant <strong>de</strong> la situation, on est<br />
tenté <strong>de</strong> considérer les corps placés le long <strong>de</strong> l’Elbe comme <strong>de</strong>s<br />
détachements <strong>de</strong> couverture <strong>et</strong> on cherche immédiatement, à<br />
quelque distance en arrière du centre <strong>de</strong> la ligne qu’ils occupent,<br />
soit vers Leipzig, ce que nous appelons aujourd’hui la masse <strong>de</strong><br />
manœuvre <strong>et</strong> que Napoléon va appeler, un peu plus loin, la « masse<br />
offensive ».<br />
« Il n’y a pas <strong>de</strong> dispositions réelles. »<br />
Le Prince Eugène n’acceptera pas c<strong>et</strong>te critique ; il répliquera<br />
que les mesures prises par lui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> maîtriser, d’une<br />
façon absolue, le cours <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> la Bohème à<br />
Mag<strong>de</strong>burg, si bien que tout le pays à l’Ouest du fleuve est parfaitement<br />
couvert, ce qui est le but à atteindre.<br />
Napoléon, prévoyant les objections du Prince Eugène, a<br />
pourtant pris soin <strong>de</strong> lui expliquer pourquoi ses dispositions ne<br />
sont pas <strong>de</strong>s dispositions réelles.<br />
« En eff<strong>et</strong>, dit-il, vous ne faites pas connaître ce que feront le Prince<br />
d’Eckmühl, le duc <strong>de</strong> Bellune <strong>et</strong> vos officiers généraux si l’ennemi passait<br />
l’Elbe ».<br />
« Il faut m<strong>et</strong>tre en principe que l’ennemi passera l’Elbe où <strong>et</strong> comme<br />
il le voudra. Jamais une rivière 1 n’a été considérée comme un obstacle qui<br />
r<strong>et</strong>ardât <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> quelques jours <strong>et</strong> le passage n’en peut être défendu qu’en<br />
plaçant <strong>de</strong>s troupes en force dans <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> pont sur l’autre rive, prêtes à<br />
1 Ce que dit Napoléon au suj<strong>et</strong> du cours d’eau s’applique évi<strong>de</strong>mment<br />
à toutes les lignes d’obstacles naturels <strong>de</strong> quelque sorte que ce<br />
soit, quand ces lignes ont un grand développement <strong>et</strong> que l’ennemi est<br />
libre <strong>de</strong> les abor<strong>de</strong>r à peu près où bon lui semble.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 67<br />
prendre l’offensive aussitôt que l’ennemi commencerait son passage. Mais,<br />
voulant se borner à la défensive, il n’y a pas d’autre parti à prendre que <strong>de</strong><br />
disposer ses troupes <strong>de</strong> manière à pouvoir les réunir en masse <strong>et</strong> tomber sur<br />
l’ennemi avant que son passage soit achevé ; mais il faut que les localités<br />
s’y prêtent <strong>et</strong> que toutes les dispositions soient faites<br />
d’avance ».<br />
« Si le corps ennemi <strong>de</strong> droite, qui peut être <strong>de</strong> 25 000 hommes, <strong>et</strong><br />
qu’il fera comme <strong>de</strong> raison passer pour 50 000 hommes, se portait sur Havelberg,<br />
<strong>et</strong> voulait passer l’Elbe, que feriez-vous ? L’ennemi aurait passé <strong>et</strong><br />
serait déjà sur Hanovre avant que vous eussiez fait aucun mouvement. Si 40<br />
à 50 000 hommes marchaient sur Dres<strong>de</strong>, se battrait-on dans la ville pour<br />
défendre le pont ? Et si l’ennemi passait l’Elbe du côté <strong>de</strong> Pilnitz, où cela est<br />
si facile, la rivière y étant si étroite, que ferait le Prince d’Eckmühl ? Enfin,<br />
si l’ennemi passait l’Elbe entre Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> Wittenberg,<br />
ce qu’il osera faire s’il ne voit nulle part <strong>de</strong> masses offensives,<br />
que <strong>de</strong>viendraient toutes les colonnes <strong>de</strong> l’armée coupées<br />
par les troupes légères, en ayant sur leurs <strong>de</strong>rrières <strong>et</strong><br />
ne pouvant jamais se rallier ? »<br />
« Rien n’est plus dangereux que d’essayer <strong>de</strong> défendre<br />
sérieusement une rivière en bordant la rive opposée car,<br />
une fois que l’ennemi a surpris le passage <strong>et</strong> il le surprend<br />
toujours, il trouve l’armée dans un ordre défensif très étendu<br />
<strong>et</strong> l’empêche <strong>de</strong> se rallier ».<br />
« Tous ces inconvénients sont encore bien plus<br />
grands dans la situation actuelle <strong>de</strong>s choses, quand l’ennemi<br />
a tant <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> tant d’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces mouvements ».<br />
En adm<strong>et</strong>tant que l’idée <strong>de</strong> défendre l’Elbe supérieur fut<br />
rationnelle (nous verrons plus tard qu’elle ne l’était pas), que <strong>de</strong>vait<br />
donc faire le Prince Eugène <strong>de</strong> ses 90 000 hommes « dès<br />
l’instant où il voulait se borner à la défensive » ?<br />
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68<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Il eût dû prendre 30 000 hommes au plus pour en former<br />
<strong>de</strong>s détachements <strong>de</strong> couverture chargés <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r les principaux<br />
passage <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> tenir tout le reste, 60 000 hommes environ,<br />
bien groupés pour constituer sa masse <strong>de</strong> manœuvre, dont la<br />
place semblait indiquée dans la région, à l’est <strong>de</strong> Leipzig.<br />
Grâce à ses dispositions, le prince restait maître <strong>de</strong> la situation,<br />
tant que l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein opérerait sur Mag<strong>de</strong>bourg<br />
<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> Blücher sur Dres<strong>de</strong>. Si ces armées franchissaient<br />
le fleuve dans les parties où y aboutissaient leurs lignes<br />
d’opérations particulières, au moment où elles pénétreraient sur la<br />
rive gauche, elles se trouveraient à huit jours <strong>de</strong> marche au moins<br />
l’une <strong>de</strong> l’autre, ayant entre elles l’armée française ; celle-ci, dont<br />
l’effectif était très supérieur à celui <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux armées<br />
adverses, aurait beau jeu pour les battre séparément.<br />
Mais il était probable que l’ennemi, voyant nos forces<br />
groupées, se gar<strong>de</strong>rait bien d’agir aussi maladroitement : avant <strong>de</strong><br />
tenter le passage <strong>de</strong> l’Elbe, Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein feraient leur<br />
jonction. C<strong>et</strong>te jonction effectuée, le Prince Eugène réussirait-il<br />
longtemps à empêcher les coalisés <strong>de</strong> franchir le fleuve ? C’était<br />
plus que douteux.<br />
<strong>La</strong> défense en arrière d’un grand cours d’eau est une opération<br />
très simple en théorie, mais d’une exécution très difficile.<br />
Selon l’expression <strong>de</strong> Napoléon, « il faut d’abord que les localités<br />
s’y prêtent <strong>et</strong> que toutes les dispositions soient prises d’avance ».<br />
Il faut que la configuration générale du terrain <strong>et</strong> le tracé <strong>de</strong>s voies<br />
<strong>de</strong> communication perm<strong>et</strong>tent à la masse <strong>de</strong>s manœuvres<br />
d’exécuter facilement ses nav<strong>et</strong>tes. Il faut encore que le défenseur<br />
ait un bon service <strong>de</strong> renseignements qui l’informe, en temps<br />
utile, <strong>de</strong>s mouvements du gros <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> l’adversaire, afin<br />
qu’il puisse faire exécuter à sa masse <strong>de</strong> manœuvre les mouve-<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 69<br />
ments correspondants <strong>de</strong> manière à les placer à portée <strong>de</strong>s points<br />
<strong>de</strong> passage menacés.<br />
Les renseignements arrivent souvent trop tard <strong>et</strong> le défenseur<br />
finit toujours par se laisser prendre aux démonstrations <strong>de</strong><br />
l’ennemi ; pendant qu’il se laisse attirer sur un point, l’armée adverse<br />
passe sur un autre.<br />
Quoi qu’il en soit, le moindre résultat <strong>de</strong>s dispositions indiquées<br />
ci-<strong>de</strong>ssus était d’obliger les coalisés à <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />
concentration entraînant pour eux une perte <strong>de</strong> plusieurs jours ;<br />
or, dans la situation où l’on se trouvait tout gain <strong>de</strong> temps était un<br />
avantage appréciable.<br />
Dans sa correspondance <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> janvier, l’Empereur<br />
avait, avec soin, évité <strong>de</strong> parler au Prince Eugène <strong>de</strong> ce qu’il aurait<br />
à faire si les circonstances exigeaient l’abandon <strong>de</strong> Berlin.<br />
Il craignait sans doute d’aviver, dans l’esprit <strong>de</strong> son lieutenant,<br />
l’idée <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite dont celui-ci n’était déjà que trop hanté,<br />
ainsi que le prouvaient ses rapports empreints du pessimisme le<br />
plus exagéré. Cependant, le 2 mars, prévoyant sans doute ce qui<br />
allait arriver, Napoléon s’était décidé à faire connaître la conduite<br />
à tenir en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite 1 .<br />
Les instructions étaient conçues dans le sens suivant :<br />
1 N’ayant pas <strong>de</strong> chiffre pour correspondre avec le Prince Eugène<br />
<strong>et</strong> ne voulant pas lui écrire en clair <strong>de</strong> peur que sa l<strong>et</strong>tre ne tombât<br />
entre les mains <strong>de</strong> Cosaques qui ne cessaient <strong>de</strong> battre l’estra<strong>de</strong> entre<br />
Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> Berlin, Napoléon écrivit au Général <strong>La</strong>uriston, en<br />
l’invitant à faire connaître ses intentions au Prince au moyen <strong>de</strong> son<br />
chiffre particulier. Mais le Général <strong>La</strong>uriston n’avait pas plus <strong>de</strong> chiffre<br />
pour correspondre avec le Prince Eugène que l’Empereur lui-même.<br />
Les ordres <strong>de</strong> l’Empereur arrivèrent trop tard.<br />
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70<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
« L’essentiel est <strong>de</strong> couvrir la 32ème Division militaire, le royaume<br />
<strong>de</strong> Westphalie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>.<br />
« Le gros <strong>de</strong>s forces disponibles, c’est-à-dire les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, la<br />
Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> tout ce qui sera prêt <strong>de</strong>s 1 er <strong>et</strong> 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie sera<br />
groupé en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, dans une position offensive.<br />
« Avec le reste <strong>de</strong>s troupes, on bor<strong>de</strong>ra l’Elbe afin d’empêcher les<br />
troupes légères <strong>de</strong> l’ennemi d’envahir la rive gauche.<br />
« Tous les ponts, qui ne seront pas gardés, seront rompus <strong>et</strong> l’on procé<strong>de</strong>ra<br />
à une <strong>de</strong>struction systématique <strong>de</strong>s barques <strong>et</strong> nacelles qu’il ne serait<br />
pas possible <strong>de</strong> ramener à l’intérieur <strong>de</strong>s places.<br />
« Si les circonstances obligeaient l’armée à abandonner Mag<strong>de</strong>burg,<br />
elle prendrait sa ligne d’opérations sur Wesel <strong>et</strong> défendrait successivement la<br />
Harz, le Wesel <strong>et</strong> l’Ems ; dans c<strong>et</strong>te prévision, la ligne d’étapes cesserait<br />
d’être dirigée sur Mayence <strong>et</strong> serait tracée par Cassel sur Wesel ».<br />
Malheureusement, ces instructions, parties <strong>de</strong> Paris le 2<br />
mars au soir, ne parvinrent au Prince Eugène que le 9 mars, c’està-dire<br />
trop tard pour qu’il pût s’y conformer.<br />
Quand le 9, Napoléon apprit le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite sur<br />
Wittenberg, très irrité, il écrivit le jour même :<br />
« Je ne vois pas ce qui vous obligeait à quitter Berlin. Vos mouvements<br />
sont si rapi<strong>de</strong>s que vous n’avez pas pu prendre la direction que je vous<br />
ai indiquée....<br />
« Vous découvrez Mag<strong>de</strong>burg sans être assuré si c<strong>et</strong>te place est approvisionnée<br />
<strong>et</strong> quelle garnison on y m<strong>et</strong>tra : là sont pourtant toute notre<br />
artillerie <strong>de</strong> campagne <strong>et</strong> beaucoup <strong>de</strong> choses importantes.... » (Reproche<br />
excessif car le Prince Eugène avait mis à Mag<strong>de</strong>burg tout le 5 ème<br />
Corps, 30 000 hommes).<br />
« Par la marche que vous avez faite sur Wittenberg, vous avez laissé<br />
à découvert toute la 32 ème Division M re <strong>et</strong> le Royaume <strong>de</strong> Westphalie. Par là,<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 71<br />
vous vous trouvez perdre toute la cavalerie qui est éparpillée dans les cantonnements<br />
<strong>et</strong> vous livrez à une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques milliers d’hommes les<br />
plus belles provinces <strong>de</strong> l’Empire.<br />
« Je vous ai toujours dit que vous <strong>de</strong>viez vous r<strong>et</strong>irer sur Mag<strong>de</strong>burg<br />
: en prenant votre ligne d’opérations sur Mayence, non seulement vous<br />
comprom<strong>et</strong>tez la 32 ème Division M re , mais encore la Hollan<strong>de</strong> <strong>et</strong> nos escadres<br />
<strong>de</strong> l’Escaut.<br />
« Il faut enfin commencer à faire la guerre. C’est <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg<br />
qu’il faut que vous réunissiez 80 000 hommes <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, comme d’un centre,<br />
protégiez tout l’Elbe....<br />
« Nos opérations militaires sont l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la visée <strong>de</strong> nos alliés <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
nos ennemis parce que, constamment, l’armée s’en va huit jours avant que<br />
l’infanterie ennemie soit arrivée, à l’approche <strong>de</strong>s troupes légères <strong>et</strong> sur <strong>de</strong><br />
simples bruits.<br />
« Il est temps que vous travailliez <strong>et</strong> que vous agissiez militairement<br />
: je vous ai tracé ce que vous aviez à faire ».<br />
Les reproches <strong>de</strong> l’Empereur sont mérités, mais le Prince<br />
Eugène a droit aux circonstances atténuantes. En eff<strong>et</strong>, il n’y a<br />
pas à la guerre <strong>de</strong> situation plus difficile que celle d’un chef qui<br />
doit, avec <strong>de</strong>s forces très inférieures à celles <strong>de</strong> l’adversaire, exécuter<br />
une longue r<strong>et</strong>raite, ne reculant que pied à pied, mais évitant<br />
avec le plus grand soin tout engagement sérieux qui causerait sa<br />
perte. Les difficultés <strong>de</strong> la situation sont encore plus gran<strong>de</strong>s<br />
quand le moral <strong>de</strong>s troupes est affaibli par <strong>de</strong> nombreuses défaites<br />
antérieures <strong>et</strong> que l’on ne dispose que d’une cavalerie très inférieure<br />
à celle <strong>de</strong> l’ennemi. On doit reculer <strong>de</strong> position en position,<br />
ne quittant la place ni trop tôt, ni trop tard, toujours prêt à revenir<br />
sur son adversaire dès qu’il comm<strong>et</strong> quelque impru<strong>de</strong>nce : cela<br />
exige plus <strong>de</strong> coup d’œil <strong>et</strong> plus d’énergie que n’en possè<strong>de</strong>nt la<br />
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72<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
plupart <strong>de</strong>s généraux. Pour mener à bien une pareille opération, il<br />
faut un chef <strong>de</strong> premier ordre.<br />
Le problème stratégique qui se pose est le suivant :<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui compte 90 000 hommes, dont<br />
15 000 <strong>de</strong> troupes sans cohésion, remplit le rôle d’armée <strong>de</strong> couverture.<br />
<strong>La</strong> mission consiste à tenir l’ennemi le plus loin possible<br />
<strong>de</strong> la vallée du Meyn jusqu’au 15 avril (pendant 30 à 35 jours par<br />
conséquent puisque l’on est au 15 mars), c’est-à-dire jusqu’au<br />
moment où la Gran<strong>de</strong> Armée, qui se réorganise aux environs <strong>de</strong><br />
Mayence <strong>et</strong> <strong>de</strong> Würzburg, sera prête à entrer en opérations.<br />
A la date indiquée plus haut, les corps ennemis, dont<br />
l’effectif total est <strong>de</strong> 110 000 hommes, ont leur tête <strong>de</strong> colonne<br />
sur la ligne Berlin-Bautzen.<br />
Le rôle <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est essentiellement défensif<br />
car notre intérêt est d’éviter la bataille jusqu’au moment où<br />
l’entrée en ligne <strong>de</strong> l’armée du Meyn nous assurera une telle supériorité<br />
numérique que nous aurons la certitu<strong>de</strong> du succès.<br />
L’Elbe est un fleuve large <strong>et</strong> profond sur lequel les places<br />
<strong>de</strong> Torgau, Wittenberg <strong>et</strong> Mag<strong>de</strong>burg forment tête <strong>de</strong> pont. C’est<br />
une bonne ligne <strong>de</strong> défense qui barre tout le théâtre d’opération<br />
<strong>de</strong>s monts <strong>de</strong> Bohème à la mer ; ligne beaucoup meilleure que<br />
toutes celles situées plus à l'ouest jusqu’au Rhin. De là, découle la<br />
nécessité <strong>de</strong> se cramponner à c<strong>et</strong>te ligne aussi longtemps qu’on le<br />
pourra.<br />
Etant donné nos propres moyens <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’adversaire,<br />
comment organiser la défense <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> ensuite quel<br />
parti prendre à l’ennemi nous contraint à abandonner c<strong>et</strong>te ligne ?<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 73<br />
L’Empereur, dans ses l<strong>et</strong>tres au Prince Eugène, traite la question<br />
dans le plus grand détail.<br />
Pour apprécier à leur juste valeur les leçons magistrales <strong>de</strong><br />
Napoléon, il importe d’observer que celui-ci, conformément à<br />
son habitu<strong>de</strong> invétérée, évalue trop haut les moyens d’action du<br />
Prince Eugène <strong>et</strong> trop bas ceux <strong>de</strong> l’ennemi. Le problème stratégique<br />
qu’il résout est bien celui posé plus haut, mais dont certains<br />
facteurs ont été quelque peu modifiés.<br />
Napoléon, obligé « d’opter entre la défense du bas <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong><br />
celle du haut, se déci<strong>de</strong> à défendre le haut ». Il estime « qu’il importe avant<br />
tout <strong>de</strong> couvrir la 32 ème Division M re <strong>et</strong> la Westphalie ; je préférerai, dit-il,<br />
voir l’ennemi à Leipzig, Erfurt <strong>et</strong> Gotha plutôt qu’à Hanovre <strong>et</strong> Bremen. »<br />
Il faut à tout prix empêcher l’adversaire <strong>de</strong> pénétrer sur le<br />
territoire français, ce qui produirait un très fâcheux eff<strong>et</strong> moral.<br />
Et puis, si l’armée est contrainte d’abandonner la ligne <strong>de</strong> l’Elbe,<br />
elle <strong>de</strong>vra prendre sa direction <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite sur Wesel <strong>et</strong> non pas sur<br />
Würzburg <strong>et</strong> Mayence, ce qui aurait pour résultat d’amener<br />
l’ennemi dans la région où se réorganisa l’armée <strong>de</strong> secours avant<br />
que c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière fût prête. Enfin, si les armées adverses<br />
s’aventuraient à suivre le Prince Eugène vers le Bas-Rhin, quelle<br />
belle occasion <strong>de</strong> renouveler la manœuvre d’Iéna dans <strong>de</strong> meilleures<br />
conditions encore qu’en 1806 puisque Mag<strong>de</strong>burg nous appartient.<br />
Ajoutons que l’Empereur médite, pour le printemps, un<br />
proj<strong>et</strong> d’opérations qui exige qu’il soit maître du bas Elbe. (Nous<br />
reviendrons plus tard sur ce suj<strong>et</strong>).<br />
Le Prince Eugène prendra position à trois ou quatre lieues<br />
à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg avec les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème corps, la Division Rogu<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> la majeure partie <strong>de</strong> la cavalerie, 65 à 70 000 hommes <strong>de</strong>s<br />
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74<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
meilleures troupes disponibles. Le Prince couvrira son camp par<br />
<strong>de</strong>s redoutes « espacées <strong>de</strong> manière qu’on puisse marcher entre elles ».<br />
Le Maréchal Victor, avec la 4 ème Division (12 bataillons),<br />
se tiendra sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe, près <strong>de</strong> Dessau où l’on<br />
établira un pont (<strong>et</strong>, en attendant, on va <strong>et</strong> vient) couvert par <strong>de</strong>s<br />
troupes <strong>de</strong> fortification improvisée. Le Maréchal étendra son action<br />
jusqu’à Torgau exclusivement ; la garnison <strong>de</strong> Wittenberg<br />
sera portée à 2 000 hommes.<br />
Le Général Reynier avec le 7 ème Corps (que l’Empereur<br />
suppose <strong>de</strong> 12 000 hommes mais qui, en réalité, en compte à<br />
peine 6 000) assurera la surveillance <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> Torgau<br />
inclus jusqu’aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème ; il fera couper le<br />
pont <strong>de</strong> Meissen. Le Général saxon qui comman<strong>de</strong> à Torgau emploiera<br />
les <strong>de</strong>ux-tiers <strong>de</strong> sa garnison (4 000 hommes) à gar<strong>de</strong>r le<br />
fleuve en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> la ville, le <strong>de</strong>rnier tiers (2 000 hommes)<br />
restant toujours dans la place.<br />
Le Maréchal Davout, avec la 16 ème Division (16 bataillons),<br />
sera placé sur la gauche <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. « Il y sera fort bon ; il<br />
connaît Hamburg <strong>et</strong> il y est connu <strong>et</strong> sa proximité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville sera fort<br />
utile ». Il s’établira en face <strong>de</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen <strong>et</strong><br />
installera un va <strong>et</strong> vient couvert par une tête <strong>de</strong> pont improvisée.<br />
Il fera surveiller l’Elbe en avant <strong>de</strong> sa position par <strong>de</strong>s postes.<br />
Hamburg aura une garnison <strong>de</strong> 3 000 hommes qui suffira<br />
avec la gar<strong>de</strong> nationale pour interdire aux cosaques d’insulter la<br />
ville.<br />
Le roi <strong>de</strong> Westphalie organisera une Division mixte <strong>de</strong><br />
troupes qu’il placera à <strong>de</strong>ux ou trois marches à l’Ouest <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>-<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 75<br />
burg <strong>et</strong> qui se tiendra prête à appuyer soit le Maréchal Victor, soit<br />
le Maréchal Davout 1 .<br />
Bien entendu, on procé<strong>de</strong>ra à une <strong>de</strong>struction systématique<br />
<strong>de</strong>s bateaux, barques <strong>et</strong> nacelles qu’on trouvera sur l’Elbe <strong>et</strong><br />
sur ses affluents <strong>de</strong> droite, en conservant toutefois ce qui pourra<br />
être rassemblé sous le canon <strong>de</strong>s places.<br />
« <strong>La</strong> ligne d’évacuation <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> l’armée, <strong>de</strong><br />
l’estaf<strong>et</strong>te, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s dépôts d’artillerie, <strong>et</strong>c. ira <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg sur<br />
Wesel ».<br />
Le corps principal placé dans le camp en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />
enverra « tous les jours, dans les différentes directions <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s<br />
comprenant chacune 1 500 chevaux <strong>et</strong> une Division d’infanterie. » Je suppose,<br />
dit l’Empereur au Prince Eugène, que vous ne vous laisserez<br />
pas enfermer par les cosaques <strong>et</strong> quelques bataillons<br />
d’infanterie.<br />
Si l’ennemi j<strong>et</strong>ait <strong>de</strong>s partisans sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe,<br />
on organiserait <strong>de</strong>s colonnes mobiles <strong>de</strong> 2 500 à 3 000 hommes<br />
<strong>de</strong> toutes armés qui seraient chargées <strong>de</strong> leur courir <strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
les j<strong>et</strong>er dans le fleuve.<br />
En cas d’attaque dirigée contre le corps principal, les Maréchaux<br />
Victor <strong>et</strong> Davout, si l’ennemi ne les avait pas masqués au<br />
préalable, déboucheraient sur la rive droite par les têtes <strong>de</strong> pont<br />
<strong>de</strong> Dessau <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen <strong>et</strong> manœuvreraient<br />
sur les flancs du corps principal.<br />
Les dispositions indiquées ci-<strong>de</strong>ssus interdisent à l’ennemi,<br />
qui ne vous est pas très supérieur en nombre (qu’on ne<br />
l’oublie pas) <strong>de</strong> songer à envahir la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe tant que<br />
notre corps principal est en position à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. Avant<br />
1 C<strong>et</strong>te Division ne fut pas prête en temps utile.<br />
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76<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
d’entreprendre une telle opération, l’ennemi doit marcher avec<br />
toutes ses forces contre notre corps principal, le déloger <strong>de</strong> sa<br />
position r<strong>et</strong>ranchée, le rej<strong>et</strong>er au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, puis laisser <strong>de</strong>vant<br />
Mag<strong>de</strong>burg un corps d’observation d’un effectif suffisant pour<br />
masquer les débouchés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place. C’est seulement alors qu’il<br />
sera en droit <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> forcer le passage du fleuve, si toutefois<br />
il lui reste assez <strong>de</strong> troupes disponibles pour cela.<br />
Si l’ennemi se perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> franchir l’Elbe sans tenir<br />
compte <strong>de</strong> notre corps principal, un mouvement offensif <strong>de</strong> celuici<br />
dans la direction <strong>de</strong> Berlin obligerait c<strong>et</strong> ennemi à revenir en<br />
toute hâte sur la rive droite.<br />
« Votre position dans le camp <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg rétablira le moral<br />
<strong>de</strong> vos troupes. Si l’ennemi marchait en force sur Havelberg, il ne pourrait<br />
pas le faire sans avoir 80 000 hommes pour vous masquer », (ce qui est<br />
impossible, les alliés ne disposant pas d’assez <strong>de</strong> forces pour cela).<br />
« S’il veut sérieusement marcher sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> que Reynier ne puisse l’arrêter,<br />
ce général se j<strong>et</strong>tera <strong>de</strong>rrière la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong> défendra c<strong>et</strong>te ligne contre les troupes<br />
légères <strong>de</strong> l'ennemi ; enfin, il se formera toujours sur votre droite. Dans c<strong>et</strong>te<br />
situation, un mouvement (du corps principal), <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg sur Bran<strong>de</strong>burg<br />
<strong>et</strong> Berlin, effraierait l’ennemi <strong>et</strong> le forcerait à rappeler la masse <strong>de</strong> ses forces<br />
sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe. En faisant prendre une position offensive <strong>et</strong> en<br />
montrant la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes qui sont à Mag<strong>de</strong>burg, l’ennemi sera<br />
bridé <strong>et</strong> ne pourra rien faire <strong>de</strong> raisonnable sans opposer une armée <strong>de</strong><br />
100 000 hommes à la vôtre ; <strong>et</strong> en se voyant à la veille d’une bataille, il se<br />
gar<strong>de</strong>ra bien <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s détachements qui l’affaibliraient (l<strong>et</strong>tre du 15<br />
mars) ».<br />
Napoléon n’adm<strong>et</strong> pas que l’ennemi divise ses forces en<br />
<strong>de</strong>ux masses dont l’une serait chargée <strong>de</strong> nous observer sur Mag<strong>de</strong>burg,<br />
tandis que l’autre franchirait l’Elbe à trois ou quatre marches<br />
en amont ou en aval. Il est clair que si l’ennemi comm<strong>et</strong>tait<br />
une pareille faute, notre corps principal manœuvrerait par les<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 77<br />
<strong>de</strong>ux rives du fleuve afin <strong>de</strong> battre les <strong>de</strong>ux corps adverses l’un<br />
après l’autre.<br />
Une telle manière d’opérer ne serait admissible, <strong>de</strong> la part<br />
<strong>de</strong> l’ennemi, que si l’ensemble <strong>de</strong> ses forces lui perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong><br />
donner à chacun <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux corps un effectif, sinon supérieur,<br />
sinon égal à celui <strong>de</strong> notre masse <strong>de</strong> manœuvre grossie <strong>de</strong>s détachements<br />
qu’elle pourrait attirer à elle. Le Prince Eugène rallierait<br />
environ 80 000 hommes ; l’effectif total <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong>vrait donc<br />
être à peu près <strong>de</strong> 150 000 hommes. Napoléon n’adm<strong>et</strong> pas, <strong>et</strong> il a<br />
raison, que les alliés puissent disposer d’autant <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> pour les<br />
opérations actives au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe (leur effectif réel dépasse à<br />
peine 100 000 hommes).<br />
On remarquera les positions assignées aux Maréchaux<br />
Victor <strong>et</strong> Davout. Ces détachements, placés sur la rive gauche <strong>de</strong><br />
l’Elbe, vers Dessau <strong>et</strong> l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen, à environ<br />
<strong>de</strong>ux marches <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, l’un en amont, l’autre en aval,<br />
n’ayant pas à craindre d’être jamais séparés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place, prolongent<br />
l’action <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> manœuvre sur l’Elbe <strong>et</strong> obligent<br />
l’adversaire à choisir ses points <strong>de</strong> passage à trois marches au<br />
moins en amont ou en aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />
Notre masse <strong>de</strong> manœuvre jouit ainsi d’une sécurité complète<br />
car elle aura toujours, quoi qu’il arrive, le temps <strong>de</strong> revenir<br />
sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> <strong>de</strong> prendre ses dispositions pour<br />
couvrir sa ligne <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite.<br />
De plus, si, comme il est presque certain étant donné la situation<br />
générale, l’ennemi effectue le passage <strong>de</strong> l’Elbe en amont<br />
<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, il débouchera sur la rive gauche au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Dessau<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>vra par suite forcer successivement les lignes <strong>de</strong> la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la Saale, sur lesquelles nos détachements <strong>de</strong> couverture pourront<br />
le r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r. <strong>La</strong> masse <strong>de</strong> manœuvre aura sûrement le temps<br />
<strong>de</strong> revenir sur la Saale avant que les colonnes adverses aient fran-<br />
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78<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
chi c<strong>et</strong>te rivière. Elle manœuvrera alors, sa gauche appuyée à<br />
l’Elbe, sa droite couverte par le Harz, ses <strong>de</strong>rrières parfaitement<br />
assurés car l’ennemi ne peut pas songer à faire franchir le fleuve à<br />
ses colonnes à la fois en amont <strong>et</strong> en aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, sur <strong>de</strong>s<br />
points qui seraient forcément distants <strong>de</strong> six à sept marches l’un<br />
<strong>de</strong> l’autre.<br />
L’envahissement <strong>de</strong> la rive gauche par l’adversaire<br />
n’obligera donc pas le Prince Eugène à abandonner la ligne <strong>de</strong><br />
l’Elbe, ce qui serait très fâcheux aussi bien au point <strong>de</strong> vue moral<br />
qu’au point <strong>de</strong> vue matériel.<br />
Les détachements <strong>de</strong> Davout <strong>et</strong> <strong>de</strong> Victor ont <strong>de</strong>s missions<br />
purement défensives ; néanmoins, l’Empereur a prescrit<br />
d’une façon expresse qu’ils s’assurent <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> passage sur<br />
l’Elbe afin d’être à même, le cas échéant, d’agir offensivement sur<br />
la rive droite pour secon<strong>de</strong>r l’action <strong>de</strong> la masse principale. On se<br />
donne ainsi la possibilité <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong> ces détachements le maximum<br />
d’eff<strong>et</strong> utile.<br />
En résumé, il résulte <strong>de</strong> tout ce que nous venons <strong>de</strong> dire<br />
que l’armée <strong>de</strong> l’Elbe ne peut remplir sa mission que par la<br />
manœuvre.<br />
Il en est <strong>de</strong> même pour toutes les armées <strong>de</strong> couverture,<br />
quels que soient les avantages que présente, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la<br />
défensive pure, la région où elle opère.<br />
Dans ses rapports précé<strong>de</strong>nts, le Prince Eugène avait<br />
donné, entre autres raisons <strong>de</strong>s mesures prises par lui, le 10 mars,<br />
la nécessité <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r Dres<strong>de</strong> ; l’Empereur lui répondit (l<strong>et</strong>tre du<br />
15 mars) :<br />
« Je sais bien que la gran<strong>de</strong> question est Dres<strong>de</strong>. Les dispositions<br />
que vous avez prises ne défen<strong>de</strong>nt point c<strong>et</strong>te ville car si l’ennemi veut sérieusement<br />
marcher sur Dres<strong>de</strong>, que feront la 31 ème Division <strong>et</strong> six bataillons <strong>de</strong><br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 79<br />
plus que vous donnez au Prince d’Eckmühl ? Cela est tout à fait comme<br />
rien. Vous ne défen<strong>de</strong>z pas Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> vous vous exposez à un échec en comprom<strong>et</strong>tant<br />
ce corps si l’ennemi y marchait en force. S’il n’entre pas dans les<br />
proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong> se porter en force sur Dres<strong>de</strong>, le Général Reynier, avec<br />
son Corps qui a dû se renforcer <strong>et</strong> que je suppose avoir été complété à 12 000<br />
hommes, est bien suffisant pour le défendre ».<br />
Il ne s’agit pas d’organiser une défense sérieuse <strong>de</strong><br />
Dres<strong>de</strong>, mais seulement <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te ville à l'abri <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong><br />
main <strong>de</strong>s troupes légères ; on y placera donc un détachement<br />
juste assez fort pour n’avoir rien à craindre <strong>de</strong> celles-ci : 12 000<br />
hommes suffisent certainement ; affecter à c<strong>et</strong>te mission un corps<br />
plus considérable serait donc une faute : le but particulier que l’on<br />
se propose ne serait pas plus complètement atteint <strong>et</strong> l’on affaiblirait<br />
davantage « la masse <strong>de</strong> manœuvre ».<br />
L’Empereur ajoute :<br />
« <strong>La</strong> r<strong>et</strong>raite du Général Reynier <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> ne serait ni un affront<br />
pour nous, ni une nouvelle pour l’Europe : ce ne serait que la suite <strong>de</strong> son<br />
premier mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite ; celle du prince d’Eckmühl serait un véritable<br />
affront : elle montrerait que nous avons voulu défendre Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> que nous ne<br />
l’avons pas pu .<br />
« A la guerre, l’opinion joue un rôle considérable ; il faut éviter <strong>de</strong><br />
fournir à son adversaire <strong>de</strong>s prétextes <strong>de</strong> chanter victoire, car une apparence <strong>de</strong><br />
succès habilement exploitée lui procurera parfois <strong>de</strong>s avantages aussi grands<br />
qu’un succès réel.<br />
« <strong>La</strong> formation du camp <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg est le meilleur<br />
moyen <strong>de</strong> défendre Dres<strong>de</strong>, en ôtant à l’ennemi l’envie<br />
d’y aller puisque, comme je l’ai déjà observé, il pourra craindre qu’on ne<br />
veuille se porter sur St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> c’est le seul moyen <strong>de</strong> réorganiser l’armée.<br />
« S’il avait été convenable <strong>de</strong> défendre Dres<strong>de</strong>, il aurait fallu se grouper<br />
autour mais, nous n’aurions eu ni magasins, ni munitions, ni aucune <strong>de</strong>s<br />
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80<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
ressources que donne une place forte. Si Wittenberg était une place forte<br />
comme Mag<strong>de</strong>burg, vous auriez pu vous y poster comme je l’ai dit pour celle-ci<br />
<strong>et</strong> cela aurait été même plus avantageux puisque Wittenberg est plus près <strong>de</strong><br />
Berlin, <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> même <strong>de</strong> la ligne d’opération <strong>de</strong> l’armée ennemie qui se<br />
porterait sur Hanovre ; mais une armée campée à Wittenberg peut craindre<br />
d’être tournée, tandis que à Mag<strong>de</strong>burg, elle n’a rien à craindre. Elle pourrait,<br />
au besoin, s’y renfermer toute entière <strong>et</strong> peut manœuvrer sur les <strong>de</strong>ux<br />
rives. »<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe pourrait au besoin, c’est-à-dire si<br />
elle y était contrainte par les événements, se renfermer dans<br />
Mag<strong>de</strong>burg ; mais le Prince Eugène comm<strong>et</strong>trait une faute capitale<br />
s’il prenait parti pris une telle résolution.<br />
Remarquons, en passant, que la l<strong>et</strong>tre précitée présente un<br />
très grand intérêt en ce sens qu’elle indique <strong>de</strong> quelles considérations<br />
on doit tenir compte, quand il s’agit <strong>de</strong> déterminer les emplacements<br />
où il convient d’édifier les places fortes. Si l’Empereur<br />
avait à organiser <strong>de</strong> toutes pièces la défense permanente <strong>de</strong> l’Elbe,<br />
il créerait sa place principale à Wittenberg <strong>et</strong> non à Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />
cela pour les raisons qu’il indique.<br />
Le Prince Eugène, ému <strong>de</strong>s reproches qui lui avaient été<br />
adressés, a dû essayer <strong>de</strong> se justifier dans ses l<strong>et</strong>tres du 13 <strong>et</strong> 14<br />
mars ; l’Empereur lui répond à la date du 18 : « Le parti pris <strong>de</strong><br />
faire sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> rétablir l’ancienne enceinte <strong>de</strong><br />
la ville me paraît convenable 1 ; mais tous ces « préparatifs disparaî-<br />
1 Oui, mais à la condition que cela se fasse seulement quand<br />
l’ennemi menacera sérieusement Dres<strong>de</strong>. Dans <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres ultérieures<br />
(25 <strong>et</strong> 26 mars), Napoléon adressera <strong>de</strong> vifs reproches au Maréchal<br />
Davout pour avoir fait sauter le pont <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> alors que l’ennemi<br />
n’avait encore fait avancer sur c<strong>et</strong>te ville que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> troupes légères,<br />
reproches d’ailleurs très peu justifiés.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 81<br />
tront si l’ennemi fait un mouvement <strong>de</strong> 40 000 hommes sur Dres<strong>de</strong> : or, c’est<br />
contre ce mouvement qu’il faut se prémunir.<br />
« Il ne faut pas chercher si l’ennemi fera ou ne fera pas <strong>de</strong> mouvement<br />
; ce qu’il ne fait pas aussitôt, il pourra le faire dans quinze jours ; or,<br />
dans quinze jours, rien ne sera changé <strong>de</strong> votre côté.<br />
« C’est parce que vous vous êtes laissé éblouir par <strong>de</strong> pareilles illusions<br />
que vous n’avez pas pris un grand parti ».<br />
Il n’est pas possible <strong>de</strong> dire plus clairement à un général<br />
en chef qu’il a la vue courte.<br />
Après avoir renouvelé ses ordres antérieurs relativement à<br />
la concentration du gros <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />
l’Empereur ajoute :<br />
« Faites battre par <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’infanterie, avec<br />
<strong>de</strong> l’artillerie, toute la rive droite, l’alarme sera aussitôt à Berlin. <strong>La</strong> crainte<br />
que vous ne preniez l’offensive en vous portant sur St<strong>et</strong>tin r<strong>et</strong>iendra l’ennemi.<br />
C’est le moyen le plus puissant <strong>de</strong> venir au secours <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> vous serez au<br />
moins certain d’empêcher toute opération sur Hamburg...<br />
« Vous gar<strong>de</strong>rez Dres<strong>de</strong> si l’ennemi le veut <strong>et</strong>, sans doute, tant qu’il<br />
ne viendra pas avec 25 à 30 000 hommes qu’il fera passer pour 50 000.<br />
D’après les mesures qui ont été prises, il est évi<strong>de</strong>nt qu’il ne tentera pas <strong>de</strong><br />
forcer la ville ; mais, s’il est en force, il menacera <strong>de</strong> passer ou passera effectivement<br />
à droite ou à gauche... Toutefois, c’est un grand point que <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />
Dres<strong>de</strong> jusqu’à ce que l’ennemi ait fait un grand mouvement d’armée <strong>et</strong> aussi<br />
longtemps que possible.<br />
« Mais il faut enfin prendre une position qui vous<br />
m<strong>et</strong>te à l’abri <strong>de</strong>s volontés <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> que vous puissiez<br />
occuper, quelque chose qu’il fasse, d’où vous puissiez maitriser<br />
ses mouvements en l’obligeant à venir vous bloquer.<br />
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82<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Ce ne peut être que le résultat d’une position offensive en campant en avant <strong>de</strong><br />
Mag<strong>de</strong>burg ».<br />
Quand on étudie les l<strong>et</strong>tres que nous venons <strong>de</strong> citer, il<br />
convient d’observer que chaque fois que Napoléon sort du domaine<br />
<strong>de</strong> la didactique pure pour formuler <strong>de</strong>s prescriptions applicables<br />
aux circonstances du moment, intentionnellement ou<br />
non, il part d’une situation qui diffère assez sensiblement <strong>de</strong> la<br />
situation réelle.<br />
« L’ennemi, dit-il au Prince Eugène, est loin d’avoir autant <strong>de</strong> troupes<br />
disponibles que vous ».<br />
C<strong>et</strong>te affirmation est inexacte. Les coalisés poussent au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r 110 000 hommes <strong>de</strong> troupes excellentes ; or, abstraction<br />
faite <strong>de</strong>s garnisons <strong>de</strong>s places <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Divisions Durutte <strong>et</strong><br />
Rechberg, réduites l’une <strong>et</strong> l’autre à <strong>de</strong>s cadres très fatigués <strong>et</strong> qu’il<br />
faut par conséquente envoyer se réorganiser en arrière, abstraction<br />
faite aussi <strong>de</strong>s Saxons qui se renferment dans Torgau <strong>et</strong> refusent<br />
d’en sortir, le Prince Eugène m<strong>et</strong> en ligne moins <strong>de</strong> 80 000<br />
hommes, dont 12 000 <strong>de</strong>s 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions n’ont pas encore<br />
<strong>de</strong> consistance.<br />
Cependant, les instructions <strong>de</strong> l’Empereur restent applicables<br />
dans leurs gran<strong>de</strong>s lignes, car elles sont fondées sur <strong>de</strong>s principes<br />
immuables, indépendants <strong>de</strong>s circonstances.<br />
Le rôle <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe consistant à tenir l’ennemi à<br />
distance <strong>de</strong> la vallée du Meyn, gar<strong>de</strong>r la majeure partie <strong>de</strong> ses forces<br />
actives groupées en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, prêtes à manœuvrer<br />
sur c<strong>et</strong>te place par les <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> l’Elbe, apparaît comme le<br />
meilleur moyen d’atteindre le but cherché, quelles que soient les<br />
forces <strong>de</strong> l’adversaire <strong>et</strong> quels que soient ses <strong>de</strong>sseins.<br />
Ce qui rend la situation très difficile, c’est que l’ennemi, au<br />
cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>raite qui s’est poursuivie pendant plus <strong>de</strong> 500<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 83<br />
lieues sans que nous ayons fait tête une seule fois, a perdu tout<br />
respect <strong>de</strong> nos armes.<br />
L’Empereur pense que si l’ennemi tente <strong>de</strong> franchir l’Elbe<br />
en négligeant notre corps principal, il suffira, pour le ramener sur<br />
la rive droite, d’un mouvement offensif dirigé avec 65 000 hommes<br />
contre Bran<strong>de</strong>nbourg <strong>et</strong> Berlin : il se trompe. Ainsi que nous<br />
le verrons tout à l’heure, les coalisés ont prévu c<strong>et</strong>te manœuvre <strong>et</strong><br />
ont décidé <strong>de</strong> ne pas s’en préoccuper. Ils continueront à nous<br />
tenir pour quantité négligeable tant que nous ne les aurons pas<br />
rappelés à la pru<strong>de</strong>nce par quelque action <strong>de</strong> vigueur.<br />
L’éloignement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Blücher, dont les têtes <strong>de</strong> colonnes<br />
sont encore à cinquante lieues <strong>de</strong> Berlin, nous offre une<br />
occasion favorable car nous pouvons nous j<strong>et</strong>er avec 65 000<br />
hommes sur les corps <strong>de</strong> Wittgenstein qui ne comptent pas ensemble<br />
plus <strong>de</strong> 40 000 hommes, (abstraction faite <strong>de</strong> ce qui a été<br />
laissé <strong>de</strong>vant Küstrin, St<strong>et</strong>tin <strong>et</strong> Spandau) <strong>et</strong> qui marchent à <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s distances les unes <strong>de</strong>s autres.<br />
Dans ces conditions, il semble que l’offensive s’impose ; il<br />
n’en est rien pourtant car ce mo<strong>de</strong> d’action n’est possible qu’avec<br />
un véritable chef ; or, le Prince Eugène n’en est pas un. Honnête,<br />
brave <strong>et</strong> intelligent, il n’a ni pénétration d’esprit, ni décision, ni<br />
volonté. S’exagérant les forces <strong>de</strong> ses adversaires <strong>et</strong> incapable <strong>de</strong><br />
discerner, même approximativement leurs dispositions, doutant<br />
<strong>de</strong> ses troupes dont il n’a pas su gagner la confiance, le Prince se<br />
rend très bien compte qu’il est impuissant ; c’est pourquoi il est<br />
résolu à éviter toute action sérieuse où pourraient être compromises<br />
<strong>de</strong>s troupes qu’il juge pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> conserver intactes pour le<br />
moment où l’Empereur reprendra l’offensive avec la nouvelle<br />
armée qu’il organise sur le Meyn.<br />
Le Prince finit par se rallier à l’idée <strong>de</strong> rassembler son armée<br />
sur Mag<strong>de</strong>burg parce qu’il comprend que dans c<strong>et</strong>te position,<br />
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84<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
il sera moins abordable que dans toute autre <strong>et</strong> qu’il pourra rester<br />
plus longtemps sur l’Elbe sans être obligé <strong>de</strong> combattre.<br />
Par contre, s’il ne prenait conseil que <strong>de</strong> lui-même, il resterait<br />
avec ses troupes sur la rive gauche du fleuve, prêt à rétrogra<strong>de</strong>r<br />
sur Brunswick dès que l’ennemi s’approcherait <strong>de</strong> lui avec<br />
<strong>de</strong>s forces suffisantes pour l’inquiéter.<br />
Mais l’Empereur lui ayant ordonné, d’une façon formelle,<br />
<strong>de</strong> prendre une position offensive sur la rive droite, il se résigne à<br />
contre cœur à exécuter une manœuvre dont il n’attend aucun<br />
résultat <strong>et</strong> qu’il estime très périlleuse.<br />
Etant donné c<strong>et</strong> état d’esprit, il est évi<strong>de</strong>nt que la manœuvre<br />
en question se réduirait à une timi<strong>de</strong> démonstration sur le<br />
sens <strong>de</strong> laquelle l’ennemi ne se tromperait pas un instant.<br />
Chose à peine croyable, la l<strong>et</strong>tre du 9 mars ne suffit pas<br />
pour déterminer le Prince Eugène à m<strong>et</strong>tre ses troupes en mouvement<br />
; il voulut au préalable attendre la réponse à différentes observations<br />
<strong>de</strong> ces rapports précé<strong>de</strong>nts : ce fut seulement le 18, à la<br />
réception d’une l<strong>et</strong>tre datée du 13 <strong>et</strong> dans laquelle l’Empereur<br />
confirmait ses instructions antérieures, que le Prince donna ses<br />
ordres. Un événement malheureux, l’évacuation <strong>de</strong> Hamburg,<br />
dont il fut informé à ce moment, lui montra combien les circonstances<br />
étaient pressantes. Grâce à l’inaction <strong>de</strong>s coalisés,<br />
inaction dont nous expliquerons plus loin les causes, sa fausse<br />
manœuvre put être en partie réparée.<br />
L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe se concentre sur Mag<strong>de</strong>burg<br />
<strong>La</strong> concentration <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe sur Mag<strong>de</strong>burg exigeait<br />
quelques précautions.<br />
Napoléon avait écrit à ce suj<strong>et</strong> :<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 85<br />
« Puisque notre mouvement sur Wittenberg y a attiré l’ennemi, exécutez<br />
votre mouvement sur Mag<strong>de</strong>burg avec l’art nécessaire pour que l’ennemi<br />
vous y suive ».<br />
Puis, venait l’indication <strong>de</strong>s mesures à prendre pour obtenir<br />
ce résultat.<br />
« Il est nécessaire que l’ennemi puisse craindre qu’on veuille (ou que<br />
vous ne vouliez) prendre l’offensive par Mag<strong>de</strong>burg avant qu’il sache que vous<br />
vous êtes dégarni sur Wittenberg ».<br />
En eff<strong>et</strong>, si l’adversaire franchissait l’Elbe près <strong>de</strong> Wittenberg<br />
pendant que nos troupes seraient en marche sur Mag<strong>de</strong>burg,<br />
le mouvement offensif par la rive droite ne serait plus possible :<br />
nous serions contraints <strong>de</strong> rester sur la rive gauche pour faire face<br />
à l’ennemi.<br />
« Il faut donc que le général <strong>La</strong>uriston choisisse d’abord le camp, y<br />
fasse entrer ses quatre Divisions, construise les redoutes <strong>et</strong> y place son artillerie<br />
<strong>et</strong> qu’ensuite, les trois Divisions du 11 ème Corps y arrivent successivement,<br />
étant relevées dans leurs positions par les troupes du duc <strong>de</strong> Bellune....<br />
nous ».<br />
tions ».<br />
« Tout ceci dans l’hypothèse que l’ennemi est en gran<strong>de</strong> forces <strong>de</strong>vant<br />
Le Prince Eugène ne mit pas « tant d’art dans ses disposi-<br />
Le Maréchal Davout, invité à quitter Dres<strong>de</strong> le 17, avant<br />
la 31 ème Division <strong>et</strong> la 1 ère Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la 1 ère Division, partit au jour<br />
fixé après avoir fait sauter une pile du pont <strong>de</strong> pierre, malgré les<br />
protestations <strong>de</strong>s habitants ; il laissait à peine 7 000 hommes 1 au<br />
Général Durutte qui avait pris le comman<strong>de</strong>ment en l’absence du<br />
Général Reynier, tombé mala<strong>de</strong>.<br />
1 Non compris les garnisons <strong>de</strong> Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigstein<br />
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86<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le 21, comme le Maréchal n’était plus qu’à une marche <strong>de</strong><br />
Leipzig, le Quartier général, la Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> les 35 <strong>et</strong> 36 ème<br />
Divisions quittèrent simultanément Leipzig <strong>et</strong> Wittenberg <strong>et</strong>, filant<br />
vers l’Elbe que bordaient les bataillons <strong>de</strong> la 4 ème Division,<br />
marchèrent sur Mag<strong>de</strong>burg pour se joindre au 5 ème Corps.<br />
Le 23, une Division du 5 ème Corps franchit l’Elbe <strong>et</strong> se<br />
porta à Mockern, à une p<strong>et</strong>ite marche en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />
dans le but d’attirer l’attention <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> <strong>de</strong> le détourner <strong>de</strong><br />
se porter vers Wittenberg ; le gros du corps d’armée resta sur la<br />
rive gauche.<br />
Pertes <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong><br />
Avant <strong>de</strong> poursuivre le récit <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />
l’Elbe, il est nécessaire <strong>de</strong> donner un coup d’œil rapi<strong>de</strong> sur les<br />
événements qui se sont passés d’une part, du côté <strong>de</strong> Hamburg <strong>et</strong><br />
d’autre part, du côté <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> pendant que l’armée effectuait sa<br />
concentration sur Mag<strong>de</strong>burg.<br />
Le Général Carra-Saint-Cyr, qui commandait à Hamburg<br />
<strong>et</strong> qui n’avait avec lui que 2 000 soldats (2 bataillons du 152 ème du<br />
5 ème Corps), douaniers <strong>et</strong> gendarmes, n’avait pas cru pouvoir rester<br />
au milieu d’une population <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000 habitants ouvertement<br />
hostiles <strong>et</strong> parmi lesquels se produisaient à chaque instant<br />
<strong>de</strong> véritables actes <strong>de</strong> rébellion . Le 12 mars, à la nouvelle <strong>de</strong><br />
l’approche <strong>de</strong>s cosaques, il avait quitté la ville après avoir détruit<br />
une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> s’était replié <strong>de</strong>rrière<br />
l’Elbe. Le 17, il avait été rejoint par le Général Morand qui avait<br />
réussi à se frayer, non sans peine, un passage à travers le Mecklessburg.<br />
A ce moment, il semblait que toute la 32 ème Division militaire<br />
fût sur le point <strong>de</strong> s’insurger. Des frégates anglaises ayant<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 87<br />
débarqué à l’embouchure du Weser quelques centaines <strong>de</strong> soldats,<br />
les habitants <strong>de</strong> Ol<strong>de</strong>nburg s’étaient soulevés <strong>et</strong> avaient aidé les<br />
Anglais à détruire les batteries du côté <strong>de</strong> Blexen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bremerlehe.<br />
Carra-Saint-Cyr, qui reçut quelques renforts (2 bataillons<br />
du 152 ème <strong>de</strong> ligne, entre autres), se trouva à la tête <strong>de</strong> près <strong>de</strong><br />
5 000 hommes ; il se porta sur Brême, força les Anglais à se rembarquer<br />
<strong>et</strong> rétablit l’ordre.<br />
Le 18 mars, le partisan russe T<strong>et</strong>tenborn était entré à<br />
Hamburg, dont la population l’avait accueilli avec enthousiasme.<br />
Hamburg <strong>et</strong> Lübeck avaient immédiatement proclamé leur indépendance<br />
<strong>et</strong> décidé la levée d’une légion hanséatique <strong>de</strong> 4 000<br />
hommes <strong>de</strong>stinée à combattre les Français. Comme l’organisation<br />
<strong>de</strong> ce corps était très lente, T<strong>et</strong>tenborn <strong>de</strong>manda du renfort à<br />
Wittgenstein <strong>et</strong>, en attendant, se contenta <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er sur la rive gauche<br />
<strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its détachements <strong>de</strong> 50 à 60 cavaliers qui allèrent<br />
jusqu’au Weser porter <strong>de</strong>s proclamations appelant les populations<br />
aux armes. Quelques localités, Lüneburg entre autres, répondirent<br />
à c<strong>et</strong> appel <strong>et</strong> chassèrent les fonctionnaires français ;<br />
cependant, il y eut plus d’agitation que d’action réelle.<br />
Carra-Saint-Cyr, voyant la région <strong>de</strong> Bohème pacifiée,<br />
prescrivit au Général Morand <strong>de</strong> se reporter sur l’Elbe pour m<strong>et</strong>tre<br />
un terme aux incursions <strong>de</strong> cosaques <strong>et</strong> châtier les localités<br />
rebelles. Morand partit le 28 mars, emmenant trois bataillons, un<br />
français <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux saxons, une centaine <strong>de</strong> cavaliers <strong>et</strong> une batterie,<br />
en tout 2 000 hommes ; Carra-Saint-Cyr, qui avait gardé avec lui<br />
environ 3 000 hommes, se proposait <strong>de</strong> le suivre <strong>de</strong> près, mais un<br />
rapport <strong>de</strong> police lui ayant fait craindre un soulèvement <strong>de</strong>s habitants<br />
<strong>de</strong> Brême, il se porta sur c<strong>et</strong>te ville, laissant Morand continuer<br />
seul vers Lüneburg. Il n’était pas possible <strong>de</strong> prendre une<br />
résolution plus fâcheuse : puisqu’on ne disposait que d’une poi-<br />
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88<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
gnée d’hommes, la pru<strong>de</strong>nce la plus élémentaire commandait <strong>de</strong><br />
les tenir réunis : il fallait donc ou bien rester à Brême, ou bien<br />
marcher sur Lüneburg, avec tout son mon<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te faute, une<br />
<strong>de</strong> celles que l’on comm<strong>et</strong> le plus fréquemment à la guerre, fut,<br />
dans ce cas, chèrement payée car, le 2 avril, la colonne du Général<br />
Morand fut prise toute entière à Lüneburg, ainsi que nous le verrons<br />
plus tard.<br />
A Dres<strong>de</strong>, le Général Durutte avait été abandonné par les<br />
Divisions saxonnes qui s’étaient r<strong>et</strong>irées à Torgau, conformément<br />
à l’ordre <strong>de</strong> leur souverain ; ne disposant plus que <strong>de</strong> 3 000 Français<br />
<strong>et</strong> Bavarois, le Général fut contrait <strong>de</strong> quitter Dres<strong>de</strong>, le 27<br />
mars, lorsque les partisans <strong>de</strong> Blücher franchirent l’Elbe. Il fit sa<br />
r<strong>et</strong>raite sur Wilsdurf <strong>et</strong> Altenburg <strong>et</strong> ne s’arrêta que <strong>de</strong>rrière la<br />
Saale, le 2 avril.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 89<br />
Opérations <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> mars au 15 avril<br />
Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s coalisés<br />
A la date du 20 mars, l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein était établie<br />
en cantonnements autour <strong>de</strong> Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Postdam, occupant par<br />
<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s Rathenau, Bran<strong>de</strong>nburg <strong>et</strong> Tressenbriezen ; sa<br />
cavalerie légère se tenait le long <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> Wittenberg à Havelberg,<br />
surveillant principalement les débouchés <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> Wittenberg <strong>et</strong> j<strong>et</strong>ant, <strong>de</strong> temps à autres, <strong>de</strong>s partis sur la rive<br />
gauche. Ainsi que nous l’avons vu précé<strong>de</strong>mment, le détachement<br />
franc <strong>de</strong> T<strong>et</strong>tenborn, envoyé à Hamburg, avait occupé c<strong>et</strong>te ville<br />
dès le 18 mars.<br />
A la même date, l’armée <strong>de</strong> Blücher s’avançait lentement<br />
vers Dres<strong>de</strong> ; la tête du gros n’était encore qu’à Leignitz ; l’avantgar<strong>de</strong><br />
formée <strong>de</strong> corps russes <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> venait d’atteindre<br />
Bautzen ; les partisans <strong>et</strong> la cavalerie légère étaient déjà sur l’Elbe.<br />
Quant à l’armée <strong>de</strong> réserve, elle n’avait pas encore bougé ;<br />
le corps <strong>de</strong> Miloradowitch se tenait <strong>de</strong>vant Glogau, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le<br />
Quartier général étaient toujours à Kalisch.<br />
Du 20 au 27, il y eut une sorte <strong>de</strong> temps d’arrêt général dû<br />
aux divergence qui se produisirent entre Kutuzow <strong>et</strong> le Général<br />
Scharnhorst au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la conduite <strong>de</strong>s opérations. Kutuzow,<br />
influencé par les souvenirs <strong>de</strong> 1806, ne faisait pas grand cas <strong>de</strong><br />
l’armée prussienne ; aussi était-il bien décidé à n’entreprendre<br />
aucune action sérieuse avant d’avoir réorganisé l’armée russe au<br />
moyen <strong>de</strong>s renforts qu’il attendait. Ses procédés <strong>de</strong> temporisation<br />
ne pouvaient convenir à l’impatience <strong>de</strong>s Allemands qui récla-<br />
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90<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
maient à grands cris « la marche jusqu’au Rhin » 1 , prétendant que les<br />
Français étaient hors d’état d’opposer la moindre résistance <strong>et</strong><br />
qu’à l’approche <strong>de</strong>s armées alliées, tous les peuples <strong>de</strong> la Confédération<br />
du Rhin se lèveraient en masse pour secouer le joug <strong>de</strong><br />
Napoléon. Malgré l’Empereur Alexandre, qui prêtait volontiers<br />
l’oreille aux discours <strong>de</strong>s patriotes allemands, Kutuzow persista<br />
dans son système.<br />
Il prescrivit à Wittgenstein <strong>de</strong> laisser quelques milliers<br />
d’hommes <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> <strong>de</strong> remonter l’Elbe par la rive<br />
droite avec la majeure partie <strong>de</strong> ses forces pour se joindre à Blücher<br />
; quand les <strong>de</strong>ux armées auraient effectué leur jonction, elles<br />
franchiraient l’Elbe simultanément pour marcher sur Leipzig <strong>et</strong><br />
Altenburg : « on verrait ensuite à agir selon les circonstances ».<br />
Wittgenstein jugeait très mauvais <strong>de</strong> découvrir prématurément<br />
Berlin, qui était un centre <strong>de</strong> ressources considérables <strong>et</strong><br />
dont la perte aurait porté une grave atteinte à la confiance <strong>de</strong>s<br />
1 Le 24 mars, Kutuzow écrivait <strong>de</strong> Kalisch, au Général Wittzengero<strong>de</strong>,<br />
la l<strong>et</strong>tre suivante, dont nous respectons le français bizarre :<br />
« Perm<strong>et</strong>tez-moi <strong>de</strong> répéter mon opinion sur la rapidité <strong>de</strong> vos marches en avant. Je<br />
sais que, dans toute l’Allemagne, chaque p<strong>et</strong>it individu se perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> crier contre nos<br />
lenteurs. On croit que chaque marche en avant équivaut à une victoire <strong>et</strong> que chaque<br />
journée perdue est une défaite. Moi, qui par le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> ma charge suis assuj<strong>et</strong>ti à<br />
<strong>de</strong>s calculs, je dois bien peser les distances <strong>de</strong> l’Elbe à nos réserves <strong>et</strong> les forces <strong>de</strong><br />
l’ennemi dans tout son rassemblement que nous pouvons rencontrer à telle ou telle<br />
hauteur....<br />
« Soyez persuadé qu’un échec porté par l’ennemi à l’un <strong>de</strong> vos corps détruirait<br />
le prestige <strong>de</strong> l’opinion que nous avons en notre faveur en Allemagne.<br />
« Je ne veux pas parler avec toute c<strong>et</strong>te confiance à M.<br />
Blücher, mais c’est à Votre Excellence <strong>de</strong> l’influencer dans ce<br />
sens, sans lui faire une parfaite confi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> nos moyens. »<br />
C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre en dit long sur les rapports qui existaient à c<strong>et</strong>te<br />
époque entre Français <strong>et</strong> Russes.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 91<br />
Allemands ; il présenta donc <strong>de</strong>s observations au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s ordres<br />
indiqués ci-<strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> finit par faire adopter les dispositions suivantes<br />
:<br />
Avec son armée, il prendrait position au S.-E. <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />
entre Loburg <strong>et</strong> Zerbst, <strong>de</strong> manière à se rapprocher <strong>de</strong> Blücher<br />
sans cesser <strong>de</strong> couvrir Berlin ; il ferait j<strong>et</strong>er un pont à Hosslau,<br />
afin <strong>de</strong> pouvoir franchir l’Elbe dès que l’armée <strong>de</strong> Blücher,<br />
qui aurait passé le fleuve à Dres<strong>de</strong>, serait arrivée à sa hauteur,<br />
c’est-à-dire dès que les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée atteindraient<br />
la Pleisse. Il pousserait alors rapi<strong>de</strong>ment ses avant-gar<strong>de</strong>s<br />
vers la Basse-Saale, ce qui suffirait, pensait-il, à faire renoncer le<br />
Prince Eugène à toute idée d’offensive sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
De c<strong>et</strong>te manière, Berlin ne cesserait pas d’être couvert,<br />
soit directement, soit indirectement.<br />
Le Général russe, convaincu qu’avec ses seules forces il<br />
aurait facilement raison <strong>de</strong>s troupes du Prince Eugène, ne désirait<br />
rien tant que <strong>de</strong> voir le Prince prendre l’offensive en avant <strong>de</strong><br />
Mag<strong>de</strong>burg.<br />
Il fut décidé, en outre, que les détachements <strong>de</strong> Tschernitchew<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Bekendorf, auxquels se joindraient 2 000 fantassins,<br />
passeraient l’Elbe à Havelberg, ou plus en aval si c’était nécessaire<br />
<strong>et</strong> tenteraient <strong>de</strong> pénétrer jusqu’à Brunswick pour essayer <strong>de</strong> soulever<br />
le Hanovre <strong>et</strong> la Westphalie.<br />
Ce fut le 27 mars que les troupes <strong>de</strong> Wittgenstein quittèrent<br />
les environs <strong>de</strong> Berlin pour se porter sur Zerbst.<br />
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92<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Mouvement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />
Au Quartier général français, on était à peu près bien renseigné<br />
sur les positions occupées par les armées coalisées, mais<br />
malheureusement, on s’exagérait beaucoup leurs forces, ce qui<br />
paralysait le comman<strong>de</strong>ment.<br />
En outre, l’attention <strong>de</strong> l’Etat-Major était attirée plus que<br />
<strong>de</strong> raison sur l’Elbe inférieur. Le bruit courait que 10 à 15 000<br />
Anglais étaient attendus à Hamburg, où ils <strong>de</strong>vaient former, avec<br />
10 000 Danois, 5 000 à 6 000 Russes <strong>et</strong> quelques milliers <strong>de</strong> Suédois,<br />
un corps <strong>de</strong>stiné à envahir la 32 ème Division militaire <strong>et</strong> à<br />
couper les communications <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe avec le Rhin.<br />
Le Général <strong>La</strong>uriston avait prêté l’oreille à ce racontar <strong>et</strong><br />
en avait fait mention dans plusieurs rapports qui avaient frappé<br />
l’imagination <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong> l’entourage du Prince Eugène. Napoléon,<br />
qui était très mécontent <strong>de</strong> la facilité avec laquelle ses<br />
généraux ajoutaient foi à toute mauvaise nouvelle, leur donna à<br />
tous une leçon sur le dos du Général <strong>La</strong>uriston.<br />
« L<strong>et</strong>tre du 27 mars.<br />
« Vous allez trop vite <strong>et</strong> vous vous alarmez trop promptement.<br />
Vous ajoutez trop <strong>de</strong> confiance à tous les bruits. Il faut plus <strong>de</strong> calme<br />
dans la direction <strong>de</strong>s affaires militaires <strong>et</strong>, avant d’ajouter<br />
croyances aux rapports, il faut les discuter. Tous ce que les<br />
espions <strong>et</strong> agents disent, sans qu’ils l’aient vu <strong>de</strong> leurs yeux,<br />
n’est rien <strong>et</strong> souvent, quand ils ont vu, ce n’est pas grandchose.<br />
« Pourquoi croyez-vous que les Anglais vont débarquer à Hamburg<br />
? Où sont leurs moyens ? Tous leurs efforts sont au Portugal. Est-ce<br />
parce que beaucoup <strong>de</strong> bâtiments sont en vue ; mais on en voit <strong>de</strong>s milliers<br />
tous les jours. Ce que je vous dis là est inutile car ce n’est que<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 93<br />
l’expérience qui réduit à leur juste valeur tous ces rapports<br />
qui étonnent dans le commencement. »<br />
Il est incontestable que la partie la plus difficile <strong>de</strong> la tâche<br />
d’un comman<strong>de</strong>ment en chef consiste à définir la situation <strong>de</strong><br />
l’ennemi au moyen <strong>de</strong> renseignements incompl<strong>et</strong>s <strong>et</strong> le plus souvent,<br />
contradictoires <strong>et</strong> cela non pas d’une façon précise car c’est<br />
presque toujours impossible, mais seulement d’une façon assez<br />
approximative pour limiter le nombre <strong>de</strong>s éventualités dont il faut<br />
tenir compte dans la conduite <strong>de</strong>s opérations 1 .<br />
Un comman<strong>de</strong>ment en chef, qui manque <strong>de</strong> perspicacité,<br />
se trouve en face <strong>de</strong> tant d’éventualités diverses qu’il n’existe pas<br />
<strong>de</strong> dispositions perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> parer à toutes les événements qu’il<br />
prévoit. S’il est d’un caractère hardi, il agit quand même, au hasard<br />
mais, si c’est un timi<strong>de</strong>, il se confine dans l’inaction. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
cas est celui du Prince Eugène.<br />
Le 26 mars, un fort détachement <strong>de</strong> cavalerie russe ayant<br />
surpris le passage <strong>de</strong> l’Elbe dans le voisinage <strong>de</strong> Werben, le général<br />
Montbrun, avec un millier <strong>de</strong> cavaliers <strong>et</strong> 3 bataillons, se j<strong>et</strong>a<br />
sur ce détachement, le bouscula <strong>et</strong> l’obligea à repasser le fleuve.<br />
Comme on avait reçu avis que <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> toutes armes se<br />
rassemblaient aux environs d’Havelberg (les détachements <strong>de</strong><br />
Benkendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Tschernitchew), le Prince Eugène s’imagina que<br />
les coalisés allaient tenter une action sérieuse <strong>de</strong> ce côté ; en<br />
conséquence, il maintint ses troupes en arrière <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />
rappela même la Division du 5 ème Corps qui avait été envoyée à<br />
Moëhern.<br />
1 Si l’on était suffisamment renseigné pour définir exactement la<br />
situation <strong>de</strong> l’ennemi, ce serait un jeu d’enfant que <strong>de</strong> trouver la meilleure<br />
solution que comportent les circonstances.<br />
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94<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le 31, on apprit que les troupes <strong>de</strong> Wittgenstein avaient<br />
quitté Berlin le 27 <strong>et</strong> qu’elles s’avançaient sur Rosslau, avec<br />
l’intention d’y franchir l’Elbe. Le Prince Eugène se décida enfin à<br />
porter son armée sur la rive droite du fleuve. Le Maréchal Victor,<br />
avec la 4 ème Division, (10 bataillons), gar<strong>de</strong>rait les passages <strong>de</strong> la<br />
basse Saale <strong>de</strong> Bernburg à Barby <strong>et</strong> le Général Poinsot, avec la 1 ère<br />
Division, (12 bataillons), le cours <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />
entre Tangermünd <strong>et</strong> Werben. En outre, le Maréchal Davout<br />
reçut l’ordre <strong>de</strong> se porter à Stendal avec la 17 ème Division<br />
(5 ème Corps Général Puthod) <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie (Général<br />
Sébastiani), 8 000 fantassins, 2 500 cavaliers <strong>et</strong> 22 canons <strong>et</strong> <strong>de</strong> se<br />
tenir prêt à courir sus à tout parti ennemi qui passerait l’Elbe en<br />
aval <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. Devaient prendre part au mouvement en<br />
avant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place le 11 ème Corps, 3 Divisions du 5 ème <strong>et</strong> la Division<br />
Rogu<strong>et</strong>, le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (Général <strong>La</strong>tour-Maubourg)<br />
45 000 fantassins, 4 000 cavaliers <strong>et</strong> 180 pièces.<br />
Bien qu’il fût résolu à se borner à une simple démonstration,<br />
le Prince Eugène comm<strong>et</strong>tait une faute en laissant sur la rive<br />
gauche, sans nécessité absolue, les troupes confiées au Maréchal<br />
Davout, 8 000 fantassins, 2 500 cavaliers <strong>et</strong> 22 canons ; en eff<strong>et</strong>,<br />
comme il n’avait pas la certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas se trouver engagé sérieusement<br />
en dépit <strong>de</strong> ses intentions, la pru<strong>de</strong>nce eût exigé qu’il<br />
franchit l’Elbe avec toutes ses forces actives ainsi que le lui avait<br />
prescrit Napoléon.<br />
Combats <strong>de</strong> Moëckern (3, 4, 5 avril)<br />
Le 5 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie passèrent l’Elbe<br />
le 2 avril <strong>et</strong> prirent position à Koenigsborn, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
Le 9, le 11 ème Corps <strong>et</strong> la Division Rogu<strong>et</strong> passèrent à leur<br />
tour. Dans c<strong>et</strong>te même journée, le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le<br />
11 ème Corps s’avancèrent jusqu’à Medlitz.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 95<br />
Le 4, une Division du 11 ème Corps <strong>et</strong> la cavalerie allèrent<br />
en reconnaissance à Kohenziatz (à 30 km environ <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg,<br />
sur la route <strong>de</strong> Berlin), puis se replièrent sur Medlitz, laissant une<br />
arrière-gar<strong>de</strong> (3 bataillons, 8 escadrons, <strong>et</strong> 1 batterie) à Zelu<strong>de</strong>nick.<br />
Les détachements ennemis, qui observaient Mag<strong>de</strong>burg,<br />
s’étaient r<strong>et</strong>irés <strong>de</strong>vant nos troupes <strong>et</strong> avaient rétrogradé vers<br />
Gleina ; on n’avait échangé avec eux que quelques coups <strong>de</strong> fusil.<br />
Un rapport officiel adressé à l’Empereur, le 4 avril au soir,<br />
s’exprime ainsi :<br />
« C<strong>et</strong>te reconnaissance militaire a inspiré <strong>de</strong> la confiance <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l’ar<strong>de</strong>ur au soldat ; il est animé du meilleur esprit <strong>et</strong> brûle du désir <strong>de</strong> combattre<br />
les Prussiens. On nous a dit à Moëckern que Wittgenstein se trouve à<br />
Zerbst avec 30 000 hommes <strong>et</strong> le Général York à Kohenziatz <strong>et</strong> Bran<strong>de</strong>nburg<br />
avec 14 000 hommes.<br />
Le 5, dit un autre rapport, le vice-roi, comprenant qu’il allait être<br />
attaqué par toute l’armée ennemie, déploya son armée ».<br />
On avait en eff<strong>et</strong> signalé la marche <strong>de</strong> fortes colonnes ennemies<br />
venant <strong>de</strong> Ziesar, Gleina <strong>et</strong> Zerbst.<br />
Le croquis n° 4 fait connaître la configuration générale <strong>de</strong><br />
la région à l’Est <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg. L’Elbe est une p<strong>et</strong>ite rivière guéable<br />
partout, qui coule dans une vallée peu profon<strong>de</strong>, large <strong>de</strong> 800<br />
à 1 000 pas, marécageuse sur beaucoup <strong>de</strong> points <strong>et</strong> qui est en<br />
définitive un obstacle assez sérieux.<br />
Le 5, au matin, nos troupes occupent les emplacements<br />
suivants :<br />
Le 11 ème Corps est en position à hauteur <strong>de</strong> Medlitz, <strong>de</strong>rrière<br />
la branche supérieure <strong>de</strong> l’Elbe, couvert sur la route <strong>de</strong> Berlin<br />
par l’arrière-gar<strong>de</strong> (8 escadrons, 3 bataillons <strong>et</strong> 1 batterie) éta-<br />
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96<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
blie à Zelu<strong>de</strong>nick ; en outre, un bataillon <strong>et</strong> un escadron occupent<br />
Weglitz.<br />
Le 5 ème Corps, placé à une lieue <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie du 11 ème , a <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong> ses Divisions spécialement affectées à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés<br />
<strong>de</strong> Men-Gerwisch <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigsborn ; la 3 ème Division, qui est à<br />
Walitz, est seule réellement disponible ; elle détache un bataillon<br />
pour occuper Gommern <strong>et</strong> Danigkow sur le flanc droit du 11 ème<br />
Corps.<br />
<strong>La</strong> Division Rogu<strong>et</strong> est chargée <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la tête <strong>de</strong> la digue<br />
<strong>de</strong> Péchau.<br />
On le voit, la préoccupation unique du Prince Eugène est<br />
d’assurer contre toute éventualité ses communications avec Mag<strong>de</strong>burg<br />
; ses troupes sont placées pour battre en r<strong>et</strong>raite dès que<br />
l’ennemi paraîtra. Le Prince s’illusionne au point <strong>de</strong> croire que sa<br />
seule présence sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe, aux portes même <strong>de</strong><br />
Mag<strong>de</strong>burg, suffira pour déterminer Wittgenstein à ramener <strong>de</strong>vant<br />
c<strong>et</strong>te place le gros <strong>de</strong> ses forces.<br />
Wittgenstein reviendra en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg, mais la<br />
raison <strong>de</strong> sa détermination sera non pas la crainte que lui inspirera<br />
pour Berlin la timi<strong>de</strong> démonstration <strong>de</strong> l’armée française, mais<br />
bien son vif désir <strong>de</strong> joindre celle-ci pour la combattre.<br />
A la date du 2 avril, les Corps <strong>de</strong> Wittgenstein occupaient<br />
les emplacements suivants :<br />
<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Borstell (prussienne), à Walitz observant les<br />
débouchés <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg ;<br />
- Le Quartier général <strong>et</strong> le corps d’York à Zerbst ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Berg (russe) à Liezow ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Bülow (prussien) à Ziesar.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 97<br />
Le 2 avril, dès qu’il sut que les Français passeraient l’Elbe,<br />
le Général russe ordonna au Général Borstell <strong>de</strong> lier le combat<br />
avec les colonnes françaises, tout en évitant <strong>de</strong> s’engager à fond <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r lentement vers Gleina <strong>de</strong> manière à y attirer<br />
l’ennemi qu’il pouvait alors attaquer en flanc avec le gros <strong>de</strong> ses<br />
forces <strong>et</strong> couper <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />
Dans la nuit du 4 au 5, ayant reçu un rapport qui rendait<br />
compte que les Français s’étaient avancés au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Medlitz,<br />
Wittgenstein se figura que sa ruse avait réussi ; il donna aussitôt<br />
ses ordres en vue <strong>de</strong> la bataille générale qu’il prévoyait pour le<br />
len<strong>de</strong>main, 6. Mais le 5 au matin, il fut informé que les Français<br />
battaient en r<strong>et</strong>raite 1 . Emporté par son désir d’en venir aux<br />
mains, il se décida à aller chercher l’ennemi, le jour même, jusque<br />
dans sa position <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg : <strong>de</strong>s ordres en conséquence<br />
furent immédiatement envoyés aux différents corps.<br />
Bülow marcha <strong>de</strong> Ziesar sur Moëckern, Borstell <strong>et</strong> Berg<br />
<strong>de</strong> Gleina <strong>et</strong> <strong>de</strong> Liezow sur Weglitz, York <strong>de</strong> Zerbst sur Danigkow.<br />
Au début du mouvement, les corps alliés, qui ne comptaient<br />
pas plus <strong>de</strong> 30 000 combattants, étaient dispersés sur un<br />
front <strong>de</strong> 40 km (c’est la distance, à vol d’oiseau, <strong>de</strong> Zerbst à Ziesar),<br />
ceux du centre se trouvant à moins <strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong> la position<br />
française ; ils marchèrent concentriquement vers c<strong>et</strong>te position,<br />
en vue <strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong>vait s’effectuer leur jonction. C’était vraiment<br />
trop <strong>de</strong> témérité ; si le Prince Eugène eût pris l’offensive dans une<br />
direction quelconque avec ses 50 000 combattants, il lui aurait été<br />
facile <strong>de</strong> donner aux alliés la leçon que méritait leur impru<strong>de</strong>nce.<br />
1 C’était la reconnaissance du 11 ème Corps sur Hohenziatz, qui<br />
avait donné lieu à ces informations inexactes.<br />
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98<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Wittgenstein n’avait pas cru utile <strong>de</strong> prendre la moindre<br />
précaution contre un adversaire qu’il jugeait incapable d’agir offensivement.<br />
Pour suivre l’engagement, nous nous placerons dans le<br />
camp français.<br />
A 3 h du soir, nos avant-postes <strong>de</strong> Danigkow sont attaqués<br />
; une Division du 11 ème Corps se porte à leur secours. Une<br />
reconnaissance ennemie ayant fait son apparition au sud <strong>de</strong><br />
Gommern, le Prince Eugène, toujours préoccupé <strong>de</strong> ses communications<br />
avec Mag<strong>de</strong>burg, s’imagine que l’ennemi songe à se glisser<br />
dans l’étroit couloir compris entre l’Ehle <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Elbe pour le<br />
couper <strong>de</strong> la place ; il ordonne à la Division du 5 ème Corps, qui est<br />
à Walitz, la seule qui soit disponible, d’aller au plus vite prendre<br />
position à Kahlenberg <strong>de</strong> manière à fermer le passage.<br />
Sur ces entrefaites, d’autres colonnes ennemies débouchent<br />
sur Weglitz <strong>et</strong> Zelu<strong>de</strong>nick ; les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières Divisions du<br />
11 ème Corps s’engagent à leur tour.<br />
Les Divisions du 5 ème Corps, postées à Men-Gerwisch <strong>et</strong><br />
Koenigsborn, n’ont <strong>de</strong>vant elles que quelques cavaliers, mais le<br />
Prince Eugène juge indispensable <strong>de</strong> les maintenir sur ces points.<br />
En résumé, toutes nos Divisions sont engagées, ou immobilisées,<br />
à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés plus ou moins importants<br />
sur les flancs <strong>et</strong> les <strong>de</strong>rrières : il n’y a plus une seule fraction <strong>de</strong><br />
troupes réellement disponible.<br />
Les généraux commandant les Divisions du 11 ème Corps<br />
ont l’ordre <strong>de</strong> tenir ferme tout en engageant très peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>.<br />
Au début du combat, cela est assez facile ; l’ennemi, qui arrive<br />
formé en colonnes <strong>de</strong> route, ne pouvant m<strong>et</strong>tre ses troupes en<br />
ligne que successivement. Les avant-gar<strong>de</strong>s adverses, malgré<br />
l’énergie <strong>de</strong> leurs attaques, sont tenues en respect par nos avant-<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 99<br />
postes renforcés <strong>de</strong> quelques bataillons. C’est seulement à la tombée<br />
<strong>de</strong> la nuit, vers 7 h du soir, que les colonnes <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong>s<br />
alliés emportent Danigkow <strong>et</strong> Weglitz <strong>et</strong> commencent à monter<br />
sur le plateau, pendant que la colonne <strong>de</strong> droite gagne du terrain<br />
vers Medlitz.<br />
Le 11 ème Corps est alors serré <strong>de</strong> près sur tout son front, le<br />
tiers <strong>de</strong> ses bataillons est déjà engagé ; il est grand temps <strong>de</strong> le<br />
faire rétrogra<strong>de</strong>r si l’on ne veut pas accepter la bataille. Pourtant,<br />
le Prince Eugène ne peut se déci<strong>de</strong>r à donner l’ordre <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>raite<br />
; la raison en est facile à comprendre.<br />
Jusqu’ici, l’ennemi n’a pas montré, d’après les évaluations<br />
les plus exagérées, plus <strong>de</strong> 20 000 hommes. Or, le Prince Eugène,<br />
qui s’est donné pour but d’atteindre, <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg, le gros<br />
<strong>de</strong> l’armée adverse, ne veut pas risquer <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong>vant une<br />
simple fraction <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée ; il attend donc, pour ordonner la<br />
r<strong>et</strong>raite, que le développement du combat l’ait fixé sur<br />
l’importance <strong>de</strong>s forces ennemies qu’il a <strong>de</strong>vant lui. Il est compréhensible<br />
qu’à ce jeu là, il risque <strong>de</strong> se trouver engagé à fond <strong>et</strong><br />
contraint d’accepter c<strong>et</strong>te bataille qu’il voulait refuser.<br />
On voit maintenant combien ses dispositions étaient défectueuses.<br />
Il <strong>de</strong>vait assurer la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s débouchés sur ses <strong>de</strong>rrières<br />
avec beaucoup moins <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, une Division au plus, <strong>et</strong> tenir<br />
le reste <strong>de</strong> ses troupes rassemblées sur le plateau <strong>de</strong> Medlitz, couvertes<br />
par <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s <strong>et</strong> prêtes à manœuvrer selon les<br />
circonstances, soit pour se défendre, soit pour attaquer ; prêtes<br />
par conséquent à accepter la bataille si elles y étaient contraintes<br />
par un inci<strong>de</strong>nt quelconque.<br />
Fort heureusement pour nous, l’obscurité mit fin à la lutte<br />
avant qu’elle eût pu prendre son caractère vraiment sérieux.<br />
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100<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Dans la nuit, le Prince Eugène fut informé que les coalisés<br />
avaient construit un pont à Rosslau <strong>et</strong> commencé à passer l’Elbe.<br />
L’information était inexacte, mais elle répondait trop bien au sentiment<br />
personnel du Prince pour qu’il ne la tînt pas pour vraie. Il<br />
en conclut que l’attaque qu’il venait d’essuyer n’était qu’une démonstration<br />
« <strong>de</strong>stinée à voiler le principal mouvement <strong>de</strong><br />
l’ennemi, celui du passage <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> que, par suite, il <strong>de</strong>vait<br />
s’attendre à voir arriver sur lui, par la rive gauche, un gros corps<br />
d’armée ». Rapport adressé au Maréchal Berthier, le 6 avril.<br />
Dans la nuit même, il ramena ses troupes sur Mag<strong>de</strong>burg<br />
<strong>et</strong> le len<strong>de</strong>main matin, leur fit repasser le fleuve.<br />
Nos pertes s’élevaient à moins <strong>de</strong> 12 000 hommes, tués,<br />
blessés ou disparus, dont 450 hommes du 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
que l’on avait fait prendre ou sabrer par maladresses ; les pertes<br />
<strong>de</strong> l’ennemi étaient au moins égales.<br />
Le mouvement en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg ne produisit aucun<br />
résultat utile, car il ne r<strong>et</strong>arda pas d’un jour le passage <strong>de</strong><br />
l’Elbe par l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein ; en eff<strong>et</strong>, celui-ci fit franchir le<br />
fleuve à ses troupes le 10 avril, quand l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Blücher<br />
atteignit Leipzig, c’est-à-dire au moment précis qu’il s’était fixé à<br />
lui-même.<br />
Les coalisés grossirent l’importance <strong>de</strong>s combats <strong>de</strong>s 3, 4<br />
<strong>et</strong> 5 avril (combats dits <strong>de</strong> Moëckern) ; exploitant les apparences<br />
qui nous étaient défavorables, ils répandirent le bruit qu’ils avaient<br />
remporté une gran<strong>de</strong> victoire. Dans la Prusse entière, on chanta<br />
<strong>de</strong>s Te Deum à c<strong>et</strong>te occasion.<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt que le Prince Eugène eût beaucoup mieux<br />
fait <strong>de</strong> s’abstenir d’une opération pour laquelle il n’avait aucun<br />
goût <strong>et</strong> que, par conséquent, il était incapable <strong>de</strong> diriger.<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 101<br />
Nous avions exposé la leçon magistrale <strong>de</strong> L’Empereur à<br />
son lieutenant, nous venons <strong>de</strong> voir la piètre application que celui-ci<br />
en a faite. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi Napoléon, au lieu <strong>de</strong><br />
prodiguer <strong>de</strong>s conseils à qui n’était pas capable <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre en<br />
pratique, n’a pas placé à la tête <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée <strong>de</strong> l’Elbe, dont le<br />
rôle était si important, un chef qui fût à la hauteur <strong>de</strong>s circonstances.<br />
N’avait-il pas à sa disposition, sur les lieux mêmes, Davout,<br />
que l’on confina dans la mission secondaire <strong>de</strong> pourchasser quelques<br />
cosaques ?<br />
Davout, dont le seul nom eût rendu la confiance à nos<br />
soldats <strong>et</strong> inspiré à l’ennemi une crainte salutaire.<br />
Opérations <strong>de</strong> l’Armée <strong>de</strong> l’Elbe du 6 au 21 avril<br />
Du 29 au 31 mars, Tschernitchew <strong>et</strong> Benkendorf (3 000<br />
cavaliers, 1 200 fantassins <strong>et</strong> 4 canons) avaient réussi à franchir<br />
l’Elbe en aval d’Havelberg sur <strong>de</strong>s barques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ra<strong>de</strong>aux. Poursuivis<br />
par Davout, ils s’étaient repliés lestement vers le N. <strong>et</strong> se<br />
préparaient à repasser le fleuve quand ils avaient appris que le<br />
Général Morand, avec 2 000 hommes, venait d’occuper Emebourg<br />
<strong>et</strong> qu’il voulait faire fusiller les habitants les plus compromis<br />
dans la récente rébellion. Forçant leur marche, les partisans<br />
russes étaient apparus <strong>de</strong>vant Emebourg le 2, au matin <strong>et</strong> grâce à<br />
l’appui <strong>de</strong>s habitants, avaient pénétré dans la ville, tué, blessé ou<br />
pris tout le détachement franco-saxon. Le len<strong>de</strong>main, à<br />
l’approche <strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Davout, ils avaient repassé l’Elbe à<br />
Bleke<strong>de</strong>.<br />
Le Prince Eugène résolut <strong>de</strong> prendre position sur la basse<br />
Saale pour défendre le couloir compris entre la rivière <strong>et</strong> la Harz.<br />
Le 8, l’armée s’établit en avant <strong>de</strong> Stassfurtls où fut installé le<br />
Quartier général.<br />
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102<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> 1 ère Division, qui gardait l’Elbe entre Tangermund <strong>et</strong><br />
Werben, ayant été rapprochée <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg (la droite à la place,<br />
la gauche à l’embouchure du canal <strong>de</strong> Planen), les patrouilles adverses<br />
recommencèrent aussitôt leurs incursions sur la rive gauche.<br />
Le Prince Eugène, inqui<strong>et</strong> pour ses <strong>de</strong>rrières, prescrivit à<br />
Davout <strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r sur Gifhorn.<br />
Il abandonnait le bas Elbe, comptant utiliser la ligne <strong>de</strong><br />
l’Aller <strong>et</strong> <strong>de</strong> Weser pour arrêter les troupes légères <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Davout aurait son gros à Gifhorn <strong>et</strong> ferait occuper Celle sur sa<br />
gauche ; le corps <strong>de</strong> Vandamme, dont les Divisions commençaient<br />
à se former <strong>et</strong> qui pouvaient bientôt (26 avril) m<strong>et</strong>tre vingtcinq<br />
bataillons en ligne, tiendrait Nienburg, Min<strong>de</strong>n <strong>et</strong> Brême, les<br />
trois seuls points du Weser où l’on eût laissé subsister <strong>de</strong>s ponts.<br />
Dès que Davout se mit en r<strong>et</strong>raite, les partisans ennemis<br />
revinrent aussitôt sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> s’avancèrent jusqu’au<br />
Weser.<br />
Les cavaliers <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher bordaient<br />
toute la Saale <strong>et</strong> leurs partisans poussaient <strong>de</strong>s pointes très au loin,<br />
à l’Ouest <strong>de</strong> la rivière, sur Nordhausen, Erfurt, Planen, Coburg <strong>et</strong><br />
Bayreuth. Le Prince Eugène, pensant que les coalisés ne tar<strong>de</strong>raient<br />
pas à s’avancer en force contre lui, prit toutes ses dispositions<br />
pour faire promptement sa r<strong>et</strong>raite sur Brunswick. Le 10, les<br />
reconnaissances <strong>et</strong> les rapports <strong>de</strong>s espions ayant appris que<br />
l’ennemi, qui avait peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> sur la Basse-Saale, portait beaucoup<br />
<strong>de</strong> troupes sur Leipzig <strong>et</strong> avait une forte avant-gar<strong>de</strong> à Halle,<br />
on crut, au Quartier général français, qu’il se préparait à déboucher<br />
en masse par Halle <strong>et</strong> Merseburg afin d’essayer <strong>de</strong> nous couper<br />
la r<strong>et</strong>raite en débordant notre droite. En conséquence, le 11<br />
avril, l’armée appuya à droite sur Aschersleben « pour prévenir<br />
l’ennemi dans le cas où il se dirigerait vers la Harz par Halberstadt.<br />
» (Rapport <strong>de</strong> Montbrun au Maréchal Berthier).<br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 103<br />
Les Divisions Durutte <strong>et</strong> Reichberg rejoignirent l’armée à<br />
ce moment, la Division Durutte (1 500 hommes à peine) fut placée<br />
en détachement <strong>de</strong> flanc à Stolberg ; la Division Rechberg<br />
(2 000 hommes) fut dirigée par <strong>La</strong>ngelsalza <strong>et</strong> Würzburg sur<br />
Bayreuth où elle <strong>de</strong>vait se réorganiser.<br />
<strong>La</strong> situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe reste la même jusqu’au<br />
moment où l’armée du Meyn commença à déboucher sur Erfurt,<br />
le 21 avril.<br />
<strong>La</strong> position prise couvrait indirectement les routes qui<br />
mènent <strong>de</strong> la vallée du Meyn sur la Saale à travers le Thüringenwald<br />
<strong>et</strong> le Frankenwald ; le choix <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te position donne lieu à<br />
diverses observations sur lesquelles nous reviendrons plus tard.<br />
Opérations <strong>de</strong>s coalisés du commencement à la fin d’avril<br />
Wittzengero<strong>de</strong>, dont le corps formait l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’armée <strong>de</strong> Blücher, avait occupé Leipzig le 3 avril <strong>et</strong> poussé aussitôt<br />
sa cavalerie sur la basse Saale, avec ordre <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s partis au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> la rivière, le plus loin possible. Le gros <strong>de</strong> l’armée (corps<br />
<strong>de</strong> Blücher) avait quitté Dres<strong>de</strong> le 3 <strong>et</strong> s’était dirigé sur Altenburg,<br />
où le Quartier général s’installa le 14, pendant que les troupes<br />
prenaient leurs cantonnements entre Borna <strong>et</strong> Zwickau ; la cavalerie<br />
légère, sur la Haute-Saale, poussant <strong>de</strong>s pointes vers Planen,<br />
Coburg <strong>et</strong> Bayreuth. Wittgenstein laissant le Corps <strong>de</strong> Bülow <strong>de</strong>vant<br />
Mag<strong>de</strong>burg, passa l’Elbe à Rosslau le 10 avril <strong>et</strong> s’établit à<br />
Dessau <strong>et</strong> Höthen, avec les corps <strong>de</strong> Berg <strong>et</strong> d’York.<br />
Dans l’armée <strong>de</strong> réserve, le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, relevé<br />
<strong>de</strong>vant Glogau par <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> réserve prussiennes, avait<br />
suivi sur Dres<strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Blücher. Le Quartier général <strong>et</strong> la<br />
Gar<strong>de</strong> russe avaient été maintenus à Kalisch par Kutuzow malgré<br />
les vives protestations <strong>de</strong> l’Etat-Major prussien. Ce fut seulement<br />
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104<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
le 7 avril que la Gar<strong>de</strong> commença son mouvement vers Dres<strong>de</strong> ;<br />
comme la distance <strong>de</strong> Kalisch à Dres<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 300 km <strong>et</strong> celle <strong>de</strong><br />
Dres<strong>de</strong> à Leipzig <strong>de</strong> 130, la Gar<strong>de</strong> ne pouvait pas atteindre la<br />
<strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> ces villes avant le 27 ou le 28 avril. Jusqu’à c<strong>et</strong>te date,<br />
les coalisés étaient hors d’état <strong>de</strong> rien entreprendre car, sur c<strong>et</strong>te<br />
partie du théâtre <strong>de</strong> la guerre, ils ne disposaient pas plus <strong>de</strong> 70 000<br />
hommes pour les opérations actives.<br />
Réduits pour quelque temps à l’inaction, les Alliés mirent<br />
à profit la fin du mois d’avril pour organiser la Saxe <strong>et</strong> se ménager<br />
<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage sur l’Elbe. A Dres<strong>de</strong>, ils réparèrent le pont<br />
<strong>de</strong> pierre <strong>et</strong> construisirent <strong>de</strong>ux autres ponts, un <strong>de</strong> bateaux en<br />
amont <strong>et</strong> un <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux en aval ; ils établirent en outre un pont <strong>de</strong><br />
bateaux à Meissen <strong>et</strong> un autre à Mühlberg <strong>et</strong> les couvrirent par<br />
<strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> fortification passagère.<br />
Ils ne réussirent pas à persua<strong>de</strong>r au roi <strong>de</strong> Saxe d’adhérer à<br />
la coalition ; sur les conseils <strong>de</strong> l’Autriche, ce souverain voulut,<br />
sans rompre ouvertement avec la France, gar<strong>de</strong>r une stricte neutralité.<br />
Pour soustraire Torgau aux convoitises <strong>de</strong>s Alliés, il prescrivit<br />
<strong>de</strong> la façon la plus formelle au Général Thielman, qui commandait<br />
la place, <strong>de</strong> n’ouvrir les portes ni aux Français, ni aux<br />
coalisés <strong>et</strong> cela quoi qu’il advînt.<br />
Thielman était <strong>de</strong> cœur avec la coalition, mais il avait à<br />
compter avec le loyalisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> ses officiers ; il<br />
n’osa pas enfreindre les ordres <strong>de</strong> son souverain, mais il fit parvenir<br />
à Wittgenstein un plan détaillé <strong>de</strong> Wittenberg avec une note<br />
dans laquelle était exposé le mauvais état <strong>de</strong>s remparts,<br />
l’insuffisance du matériel d’artillerie <strong>et</strong> la faiblesse <strong>de</strong> la garnison.<br />
Wittgenstein résolut d’enlever Wittenberg ; il chargea le<br />
général Kleist d’exécuter l’opération avec 7 à 8 000 prussiens <strong>et</strong><br />
russes. <strong>La</strong> place avait heureusement pour commandant le brave<br />
général <strong>La</strong>poype, dont l’énergique défense démontra une fois <strong>de</strong><br />
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L’armée <strong>de</strong> l’Elbe 105<br />
plus que la force essentielle d’une forteresse ne rési<strong>de</strong> pas dans<br />
ses remparts, mais bien dans la bravoure <strong>de</strong> sa garnison <strong>et</strong> la ferm<strong>et</strong>é<br />
<strong>de</strong> son gouverneur : toutes les attaques échouèrent.<br />
Le 19 avril, arriva tout à coup la nouvelle, inexacte<br />
d’ailleurs, que Napoléon s’avançait avec son armée du Meyn pour<br />
faire sa jonction avec le Prince Eugène ; une émotion profon<strong>de</strong> se<br />
manifesta chez les alliés : « On comprit qu’il était temps <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre fin<br />
aux entreprises particulières ».<br />
Wittgenstein fit appuyer ses troupes sur Duben pour<br />
mieux se lier à Blücher ; par son ordre, Kleist, laissant <strong>de</strong>ux p<strong>et</strong>its<br />
détachements <strong>de</strong>vant Wittenberg <strong>et</strong> Dessau, vint s’établir à Halle.<br />
L’arrivée <strong>de</strong>vant Mag<strong>de</strong>burg du détachement russe du Général<br />
Worouzow, employé jusque là au blocus <strong>de</strong> Küstrin <strong>et</strong> qui avait<br />
été relevé par <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> réserves prussiennes, permit <strong>de</strong> rappeler<br />
sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe le Corps <strong>de</strong> Bülow, moins une<br />
briga<strong>de</strong> laissée <strong>de</strong>vant Spandau.<br />
Thorn ouvrit ses portes le 18 avril, le Corps <strong>de</strong> Barclay <strong>de</strong><br />
Tolly (14 000 hommes environ <strong>de</strong> l’ancienne armée du Danube),<br />
qui avait été chargé du siège, fut immédiatement dirigé sur<br />
Dres<strong>de</strong> ; mais, en raison <strong>de</strong> la distance, il ne pouvait y arriver<br />
avant le 15 mai.<br />
Spandau capitula à son tour le 21 avril.<br />
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IV<br />
Offensive <strong>de</strong> l’armée française<br />
du Meyn à l’Elbe<br />
Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> Napoléon<br />
Les désastres <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> Russie n’avaient nullement<br />
abattu Napoléon. A aucune époque, il ne montra plus <strong>de</strong><br />
ferm<strong>et</strong>é d’âme, plus <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vues.<br />
Les Russes franchirent la Vistule : abandonnés <strong>de</strong>s Autrichiens,<br />
trahis par les Prussiens, nous n’avons qu’à opposer à nos<br />
ennemis qu’une poignée <strong>de</strong> soldats ; l’Empereur ne s’émeut pas.<br />
On le voit qui médite pour le printemps un plan d’offensive<br />
grandiose : d’un bond, il reviendra sur la Vistule avec une armée<br />
nouvelle <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>tera les Russes au-<strong>de</strong>là du Niemen (L<strong>et</strong>tre écrite le<br />
27 janvier au Prince Eugène).<br />
<strong>La</strong> situation <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus sombre, les Prussiens<br />
nous déclarent la guerre, les armées alliées franchissent l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong><br />
marchent sur l’Elbe : Napoléon ne se départit pas <strong>de</strong> son calme <strong>et</strong><br />
persiste dans son proj<strong>et</strong> primitif.<br />
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108<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Dans une note rédigée le 11 mars pour le Prince Eugène,<br />
il expose en détail ce qu’il a l’intention <strong>de</strong> faire : « ...... <strong>de</strong> Havelberg,<br />
c’est la ligne la plus courte pour se porter sur St<strong>et</strong>tin. On conçoit donc que<br />
comme le principal but <strong>de</strong> l’armée française est d’arriver<br />
promptement au secours <strong>de</strong> Dantzig, en supposant l’armée <strong>de</strong><br />
l’Elbe réunie à Mag<strong>de</strong>burg, à Havelberg <strong>et</strong> à Wittenberg, <strong>et</strong> l’armée du Meyn<br />
réunie sous Würzburg, Erfurt <strong>et</strong> Leipzig, un mouvement naturel qui<br />
serait facilement dérobé à l’ennemi serait <strong>de</strong> faire passer toute l’armée <strong>de</strong><br />
l’Elbe, suivie <strong>de</strong> l’armée du Meyn, par Havelberg sur St<strong>et</strong>tin : <strong>de</strong> sorte qu’on<br />
serait arrivé, dans c<strong>et</strong>te ville, on se trouverait avoir passé l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> avoir gagné<br />
dix jours <strong>de</strong> marche sans que l’ennemi qui est à Dres<strong>de</strong>, Glogau <strong>et</strong> Varsovie<br />
pût être en mesure <strong>de</strong> se pelotonner pour couvrir Dantzig.<br />
Après avoir fait <strong>de</strong>s tentatives pour faire supposer que je veux me<br />
porter sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> dans la Silésie, mon intention sera probablement à couvert<br />
<strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> la Thüringe <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> me porter par Havelberg,<br />
d’arriver à marches forcées sur St<strong>et</strong>tin avec 300 000 hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong> continuer<br />
la marche <strong>de</strong> l’armée sur Dantzig, où on peut arriver en quinze jours <strong>et</strong>, le<br />
vingtième jour du mouvement, après qu’on aurait passé l’Elbe, on aurait<br />
débloqué c<strong>et</strong>te ville <strong>et</strong> on serait maître <strong>de</strong> Marienburg, <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> la Nogat <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> tous les ponts <strong>de</strong> la Basse Vistule. Voilà pour l’ordre offensif.... »<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt qu’un tel plan suppose que l’on a <strong>de</strong>s forces<br />
très supérieures à celles <strong>de</strong> l’adversaire : c’est à proprement parler<br />
<strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> trois contre un. Napoléon ne croit pas à<br />
l’intervention <strong>de</strong> l’Autriche, il pense donc n’avoir affaire qu’aux<br />
Russes appuyés parles Prussiens dont il ne soupçonne pas les<br />
ressources militaires. Néanmoins, on est surpris <strong>de</strong> le voir prendre<br />
Dantzig comme premier objectif.<br />
A coup sûr, si sa manœuvre réussissait (<strong>et</strong> elle réussirait<br />
certainement si la situation était telle qu’il se la figure), il en r<strong>et</strong>irerait<br />
les plus grands avantages. Il aurait débloqué les places <strong>de</strong> la<br />
Vistule <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r, dont les garnisons forment une véritable<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 109<br />
armée (plus <strong>de</strong> 60 000 hommes <strong>et</strong> qui contiennent d’immenses<br />
approvisionnements. Pendant que l’armée ennemie s’affaiblirait<br />
<strong>de</strong> tous les détachements dispersés, ou détruits en chemin par<br />
l’armée française, celle-ci se renforcerait <strong>de</strong> 40 000 vieux soldats<br />
au moins qui sortiraient <strong>de</strong>s places où ils seraient relevés par un<br />
même nombre <strong>de</strong> conscrits. Les coalisés, surpris, n’auraient<br />
d’autre parti raisonnable à prendre que <strong>de</strong> rétrogra<strong>de</strong>r prestement<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Vistule, nous abandonnant ainsi toute<br />
l’Allemagne. Les avantages perdus à la suite <strong>de</strong> la désastreuse r<strong>et</strong>raite<br />
<strong>de</strong> 1812 seraient reconquis d’un seul coup : en montrant sa<br />
puissance par un tel coup <strong>de</strong> théâtre, l’Empereur r<strong>et</strong>rouverait son<br />
prestige sur l’Europe ; l’Autriche <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération<br />
re<strong>de</strong>viendraient <strong>de</strong>s alliés sinon sincères, du moins résignés ; la<br />
Prusse, dont nous occuperions tout le territoire, serait réduite à<br />
l’impuissance.<br />
Cela est vrai mais à ce moment, la question se trouverait<br />
ramenée au même point qu’au début <strong>de</strong> la campagne précé<strong>de</strong>nte.<br />
Or, nos désastres ont eu pour cause principale l’obligation <strong>de</strong><br />
suivre les Russes jusqu’au cœur même <strong>de</strong> leur vaste pays ; ces<br />
armées adverses, insaisissables alors, sont venues se placer à portée<br />
<strong>de</strong> nos coups, entre l’Elbe <strong>et</strong> l’O<strong>de</strong>r. Pourquoi Napoléon<br />
n’emploie-t-il pas tout son génie à essayer <strong>de</strong> les atteindre <strong>et</strong> <strong>de</strong> les<br />
détruire ? Ce résultat obtenu, ne serait-il pas maître <strong>de</strong> la situation<br />
même si, entre temps, quelques unes <strong>de</strong>s forteresses <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la Vistule tombaient entre les mains <strong>de</strong> l’ennemi ? N’est-ce pas<br />
le cas plus que jamais d’appliquer le principe fondamental <strong>de</strong> sa<br />
propre doctrine qui veut que l’on prenne pour principal objectif la<br />
principale armée adverse ?<br />
Peut-être l’Empereur se dit-il que s’il marchait droit aux<br />
coalisés par Mag<strong>de</strong>burg ou par Dres<strong>de</strong>, ceux-ci, imitant l’exemple<br />
<strong>de</strong>s Russes l’année précé<strong>de</strong>nte, reculeraient lentement <strong>de</strong>vant lui,<br />
gu<strong>et</strong>tant l’occasion d’une surprise que faciliterait leur immense<br />
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110<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
supériorité en cavalerie <strong>et</strong> en tout cas, évitant la bataille générale<br />
jusqu’à ce que l’armée française se fût suffisamment affaiblie du<br />
fait même <strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> se ligne d’opérations. En définitive,<br />
jusqu’à la Vistule au moins, les opérations se réduiraient à une<br />
poursuite directe que le manque <strong>de</strong> cavalerie rendrait forcément<br />
très lente ; le seul résultat obtenu serait l’abandon par l’ennemi <strong>de</strong><br />
tout le pays à l’ouest du fleuve ; or, la manœuvre proj<strong>et</strong>ée par<br />
Napoléon est une sorte <strong>de</strong> poursuite indirecte, susceptible<br />
d’être menée très rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> qui, par suite, procurera plus vite<br />
le résultat en question ; non seulement, on ne risquera pas<br />
d’arriver trop tard au secours <strong>de</strong>s places mais encore, l’eff<strong>et</strong> moral<br />
produit sera plus grand.<br />
Un point essentiel à observer est que le plan <strong>de</strong><br />
l’Empereur n’est praticable que parce que le théâtre <strong>de</strong>s opérations<br />
a, pour ainsi dire, été machiné en vue <strong>de</strong> son exécution.<br />
Les forteresses, qui dominent le cours <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Vistule nous assurent <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage <strong>et</strong> en outre,<br />
elles créent une situation générale qui subsistera tant que nous en<br />
serons maîtres ; situation générale qui sert <strong>de</strong> base à Napoléon<br />
dans son proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> manœuvre.<br />
En eff<strong>et</strong>, comme ces forteresses comman<strong>de</strong>nt les seuls<br />
ponts permanents qu’on ait laissés subsister, les opérations dans<br />
le Nord <strong>de</strong> l’Allemagne sont très dangereuses pour les alliés.<br />
Assurément, l’ennemi peut j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts <strong>de</strong> circonstances<br />
<strong>et</strong> les couvrir au moyen d’ouvrages <strong>de</strong> fortification <strong>de</strong> campagne,<br />
mais c’est là un expédient d’une valeur relative. Quand il<br />
s’agit <strong>de</strong> fleuves aussi considérables que ceux énumérés ci-<strong>de</strong>ssus,<br />
une armée n’est en droit <strong>de</strong> se considérer comme ayant <strong>de</strong>s points<br />
<strong>de</strong> passage assurés que si elle est maîtresse <strong>de</strong> ponts assez soli<strong>de</strong>s<br />
pour ne pas être emportée à la moindre crue <strong>et</strong> qui, <strong>de</strong> plus,<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 111<br />
soient protégés par une place forte, <strong>de</strong> manière à être à l’abri <strong>de</strong>s<br />
coups <strong>de</strong> main <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Or, les alliés, faute d’équipage d’artillerie <strong>de</strong> siège, sont<br />
pour quelque temps hors d’état <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong>s forteresses que<br />
nous occupons.<br />
Ils seront donc contraints <strong>de</strong> prendre leur ligne<br />
d’opération dans le sud <strong>de</strong> l’Allemagne ; leur masse principale sera<br />
groupée <strong>de</strong> ce côté.<br />
C’est précisément la certitu<strong>de</strong> que le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s<br />
forces adverses sera orienté sur Dres<strong>de</strong> qui perm<strong>et</strong> à Napoléon<br />
d’imaginer si longtemps à l’avance son plan <strong>de</strong> manœuvre.<br />
Pendant qu’un corps d’observation amusera l’ennemi sur<br />
Dres<strong>de</strong>, l’armée, filant <strong>de</strong>rrière les montagnes <strong>de</strong> la Thüringe,<br />
gagnera à la dérobée Havelberg, où <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> passage auront<br />
été préparés ; elle franchira l’Elbe <strong>et</strong> marchera, sans désemparer,<br />
sur Küstrin <strong>et</strong> St<strong>et</strong>tin. Comme il y a plus <strong>de</strong> 200 km <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à<br />
Havelberg, l’armée française est assurée d’atteindre l’O<strong>de</strong>r avant<br />
que les coalisés aient eu le temps <strong>de</strong> faire quoi que ce soit pour<br />
gêner son mouvement.<br />
Si les coalisés ne se m<strong>et</strong>tent pas en r<strong>et</strong>raite au plus vite, il<br />
va sans dire que Napoléon ne continuera pas sa marche sur<br />
Dantzig : il se rabattra vers le Sud pour se j<strong>et</strong>er sur leurs communications.<br />
<strong>La</strong> réussite <strong>de</strong> l’entreprise repose sur une extrême rapidité<br />
<strong>de</strong> mouvement ; il faut que l’armée française soit leste ; or, elle ne<br />
le serait pas si elle <strong>de</strong>vait traîner à sa suite les immenses parcs <strong>et</strong><br />
convois que nécessitent ordinairement <strong>de</strong>s manœuvres d’une telle<br />
amplitu<strong>de</strong> (ou se propose d’aller d’un seul bond jusqu’à Dantzig<br />
qui est à 400 km <strong>de</strong> l’Elbe). Mais la possession <strong>de</strong>s places fortes<br />
du théâtre d’opérations choisi perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réduire parcs <strong>et</strong> convois<br />
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112<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
car on trouve dans ces places, outre les approvisionnements normaux<br />
<strong>de</strong> siège, <strong>de</strong>s approvisionnements <strong>de</strong> réserve en vivres, munitions<br />
<strong>et</strong> matériels qui serviront à ravitailler l’armée quand les<br />
circonstances l’amèneront à proximité <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong> ces places.<br />
Napoléon excelle à faire jouer aux forteresses un rôle qui<br />
n’a rien <strong>de</strong> passif ; pour lui, elles sont surtout <strong>de</strong>s pivots <strong>de</strong> manœuvre,<br />
<strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> pont, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> ravitaillement, <strong>de</strong>s<br />
points d’appui pour ses lignes <strong>de</strong> communication. Dans le cas<br />
présent, elles seules ren<strong>de</strong>nt possible une manœuvre qui ne le<br />
serait pas autrement.<br />
Mais, à mesure que le temps s’écoule, la situation se <strong>de</strong>ssine<br />
tout autre que ne l’avait prévu l’Empereur ; elle <strong>de</strong>vient pour<br />
nous <strong>de</strong> moins en moins favorable. Napoléon éprouve <strong>de</strong> graves<br />
mécomptes dans l’organisation <strong>de</strong> ses forces, en ce qui concerne<br />
la cavalerie surtout ; il ne tar<strong>de</strong> pas à constater qu’un grand nombre<br />
d’unités ne seront pas prêtes à la date fixée : par suite, au début<br />
<strong>de</strong>s opérations, les forces dont il disposera seront inférieures<br />
à ses prévisions, ce qui est d’autant plus fâcheux que les coalisés,<br />
<strong>de</strong> leur côté, m<strong>et</strong>tent en ligne plus <strong>de</strong> troupes qu’il n’y comptait.<br />
L’occupation <strong>de</strong> Hamburg par l’ennemi provoque une vive effervescence<br />
dans toute la région, entre le Rhin <strong>et</strong> l’Elbe ; l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’Autriche est <strong>de</strong> plus en plus incertaine, le roi <strong>de</strong> Saxe se confine<br />
dans la neutralité <strong>et</strong> les rois <strong>de</strong> Bavière <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wurtemberg manifestent<br />
une tendance à suivre son exemple ; Dres<strong>de</strong>, qui n’est plus<br />
gardée que par une poignée d’hommes, va, d’un jour à l’autre,<br />
tomber entre les mains <strong>de</strong>s coalisés qui envahiront en force la rive<br />
gauche <strong>de</strong> l’Elbe : dans ces conditions, Napoléon ne peut plus<br />
songer à aller courir la Fortune à l’autre extrémité <strong>de</strong> l’Europe ; il<br />
doit avant tout refouler l’ennemi au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong><br />
contraindre le roi <strong>de</strong> Saxe à se conduire en allié fidèle afin <strong>de</strong><br />
prévenir <strong>de</strong> nouvelles défections.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 113<br />
Les premières opérations auront donc Dres<strong>de</strong> comme<br />
point <strong>de</strong> direction générale.<br />
A la fin <strong>de</strong> mars, l’armée du Meyn comprend :<br />
Le 3ème Corps (Maréchal 4 Divisions françaises 40 000 hommes<br />
Ney),<br />
Le 6ème Corps (Maréchal 3 Divisions françaises 25 000 hommes<br />
Marmont),<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> 1 Division d’Infanterie 4 000 hommes<br />
(Maréchal Mortier)<br />
1 Division <strong>de</strong> Cavalerie 12 000 hommes<br />
(Maréchal Bessières)<br />
Le Corps d’observation 3 Divisions françaises 40 000 hommes<br />
d’Italie, (Gal Bertrand) 1 Division italienne<br />
Les contingents alliés 1 Division bavaroise Gal 8 000 hommes<br />
Raglowitch<br />
1 Division badoise-hes- 8 000 hommes<br />
sine Gal Marelsant<br />
1 Division wurtember- 7 000 hommes<br />
geoise Gal Franquemont<br />
Au total <strong>de</strong> 140 à 150 000 hommes 1 .<br />
Le 3 ème Corps, qui s’est formé à Mayence, s’est avancé sur<br />
Würzburg dès que son infanterie a été prête pour faire <strong>de</strong> la place<br />
au 6 ème Corps ; il occupe Schweinfurt, Würzburg, où est le Quartier<br />
général <strong>et</strong> Aschalfenburg ; il ne lui manque plus que son artillerie<br />
qu’il récevra du 1 er au 10 avril.<br />
Le 6 ème Corps est établi autour <strong>de</strong> Hanau ; son organisation<br />
ne sera pas terminée avant le 15 avril.<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> est à Mayence.<br />
1 Voir le croquis n°5.<br />
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114<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le corps d’observation d’Italie débouche du Tyrol en une<br />
longue colonne qui doit marcher par Augsburg, Donauwerth <strong>et</strong><br />
Nuremberg : la tête <strong>de</strong> sa première briga<strong>de</strong> atteindra Bamberg du<br />
10 au 15 avril.<br />
<strong>La</strong> Division badoise se réunit à Würzburg ; la Division<br />
bavaroise à Bayreuth ; la Division wurtembergeoise à Mergentheim.<br />
<strong>La</strong> place d’Erfurt, où comman<strong>de</strong> le Général Danc<strong>et</strong>, a une<br />
garnison <strong>de</strong> 4 000 hommes ; Kronach, Forcheim, Koenigsholen<br />
<strong>et</strong> la cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> Würzburg ont été mis en état <strong>et</strong> armés.<br />
Rappelons que l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est en train <strong>de</strong> se masser<br />
en arrière <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> s’apprête à passer sur la rive droite <strong>de</strong><br />
l’Elbe.<br />
L’Empereur n’a que <strong>de</strong>s renseignements assez vagues sur<br />
la situation <strong>de</strong>s coalisés. <strong>La</strong> position <strong>de</strong> leurs différents corps ne<br />
leur perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> leurs intentions, mais le<br />
29 mars, au moment où il expédie <strong>de</strong> Paris ses ordres pour<br />
l’exécution <strong>de</strong>s mouvements préparatoires au rassemblement, il<br />
sait <strong>de</strong> source certaine que le 22, Grand Quartier général <strong>de</strong>s alliés<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe étaient encore à Kalisch où ils <strong>de</strong>vaient rester<br />
au moins jusqu’au 1 er avril.<br />
Dans ces conditions, Napoléon conclut que les coalisés ne<br />
seront pas en état d’opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale avec l’ensemble <strong>de</strong><br />
leurs forces, avant le 1 er mai. Nos corps d’armée <strong>de</strong>vant se m<strong>et</strong>tre<br />
en mouvement avant le 15 avril (dès qu’ils seront prêts),<br />
l’Empereur est à peu près certain <strong>de</strong> pouvoir les rassembler sur la<br />
Saale sans que l’opération soit troublée autrement que par <strong>de</strong>s<br />
partis <strong>de</strong> cavalerie légère. Néanmoins, il se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> régler<br />
ses premiers mouvements sur une hypothèse aussi favorable ; il<br />
prévoit le cas où Blücher, Wittgenstein <strong>et</strong> Miloradowitch conti-<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 115<br />
nueraient leur marche en avant sans attendre la Gar<strong>de</strong> russe, ce<br />
qui leur perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> franchir la Saale vers le 20 avril.<br />
Napoléon prend sa ligne d’opération par Erfurt, Weymar,<br />
Naumburg <strong>et</strong> Leipzig, <strong>de</strong> manière à se lier avec son armée <strong>de</strong><br />
couverture (armée <strong>de</strong> l’Elbe), qui manœuvre sur Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong><br />
qu’il compte attirer à lui, au moment voulu, pour déboucher sur<br />
la rive droite <strong>de</strong> la Saale avec toutes ses forces.<br />
L’ennemi, pour les raisons développées précé<strong>de</strong>mment,<br />
doit baser ses opérations au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, sur la partie du fleuve<br />
comprise entre la Bohème <strong>et</strong> Torgau ; il est donc à supposer que<br />
le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> son armée se trouvera au sud <strong>de</strong> Leipzig.<br />
L’armée française débouchant en masse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, <strong>de</strong>ux cas<br />
peuvent se présenter :<br />
Les coalisés, ayant discerné la direction du mouvement<br />
<strong>de</strong>s colonnes françaises <strong>et</strong> s’étant décidés à accepter la lutte, se<br />
concentrent en temps utile sur leur droite. Il se produira alors une<br />
bataille que l’Empereur se croit certain <strong>de</strong> gagner car il disposera<br />
<strong>de</strong> forces doubles <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> ses adversaires ; même dans ce cas<br />
qui est le moins favorable, la défaite peut être désastreuse pour<br />
ces <strong>de</strong>rniers en raison <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
Les coalisés se laissent attirer vers la Saale supérieure <strong>et</strong> le<br />
Frankenwald par les souvenirs <strong>de</strong> 1806 <strong>et</strong> les démonstrations que<br />
l’Empereur fait exécuter <strong>de</strong> ce côté ; l’armée française ne rencontrera<br />
<strong>de</strong>vant elle que <strong>de</strong>s détachements dont elle aura facilement<br />
raison, ce qui lui perm<strong>et</strong>tra d’avancer rapi<strong>de</strong>ment sur<br />
Dres<strong>de</strong>, <strong>de</strong> couper les communications du gros <strong>de</strong> l’armée adverse<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’acculer aux montagnes <strong>de</strong> la Bohème.<br />
C’est la manœuvre inverse <strong>de</strong> celle exécutée en 1806,<br />
sur le même théâtre d’opération.<br />
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116<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> ligne d’opération choisie répond également bien au cas<br />
où, contre toutes prévisions, les coalisés franchiraient la Saale vers<br />
le 30 avril, avant que l’armée du Meyn est entièrement débouché<br />
sur Erfurt. Si c<strong>et</strong>te éventualité se réalise, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui<br />
sera revenue sur la rive droite du fleuve, prendra position <strong>de</strong>rrière<br />
la Wipper, la gauche appuyée à la Saale <strong>et</strong> la droite aux <strong>de</strong>rniers<br />
contreforts du Harz, couvrant sa ligne <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite par Halberstadt<br />
<strong>et</strong> menaçant <strong>de</strong> se porter sur le flanc <strong>de</strong>s coalisés s’ils tentaient <strong>de</strong><br />
marcher sur Erfurt ; en même temps, on pressera le mouvement<br />
du 3 ème Corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division badoise, dont la préparation est<br />
plus avancée que celle <strong>de</strong>s autres corps <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> qui auront le<br />
temps <strong>de</strong> se réunir à Erfurt avant que les coalisés aient achevé <strong>de</strong><br />
franchir la Saale.<br />
L’ennemi, qui ne disposera pas <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 80 000 hommes,<br />
ayant, <strong>de</strong>vant lui les 50 000 hommes du Maréchal Ney, appuyés<br />
à la place d’Erfurt <strong>et</strong> <strong>de</strong>rrière lesquels accourraient le 6 ème<br />
Corps <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong>, <strong>et</strong>, sur son flanc droit, les 70 000 hommes du<br />
Prince Eugène, ne pourra « rien faire <strong>de</strong> raisonnable, il sera<br />
bridé ».<br />
Remarquons que le mo<strong>de</strong> d’emploi <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
est une application <strong>de</strong> la couverture indirecte ou <strong>de</strong> manœuvre qui, souvent<br />
est plus efficace que la couverture directe, tout en exposant<br />
moins les troupes qui y sont employées. Dans le cas considéré,<br />
l’armée <strong>de</strong> l’Elbe protège plus efficacement les débouchés <strong>de</strong><br />
l’armée du Meyn <strong>et</strong> court <strong>de</strong>s risques moindres que si elle était<br />
établie <strong>de</strong>rrière la Saale, immédiatement en avant <strong>de</strong> ces débouchés.<br />
Au cas où les alliés marcheraient contre le Prince Eugène,<br />
celui-ci rétrogra<strong>de</strong>rait lentement <strong>de</strong>vant eux <strong>de</strong> manière à rester à<br />
leur contact immédiat sans courir le risque d’un engagement général.<br />
L’ennemi, entraîné à sa suite, se trouverait dans une situa-<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 117<br />
tion <strong>de</strong>s plus critiques quand l’armée du Meyn déboucherait<br />
d’Erfurt sur Aschersleben : pris entre <strong>de</strong>s forces françaises d’un<br />
effectif double <strong>et</strong> la partie <strong>de</strong> l’Elbe que comman<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg, il<br />
serait voué à une <strong>de</strong>struction certaine.<br />
On s’explique donc que les coalisés se soient abstenus<br />
d’attaquer le Prince Eugène quand (à partir du 10 avril), il eût pris<br />
la position que nous venons d’indiquer.<br />
S’il eût établi ses troupes <strong>de</strong>rrière la Saale, vers Naumburg,<br />
<strong>de</strong> manière à barrer directement les routes qui conduisaient sur<br />
Erfurt, les coalisés n’auraient pas hésité à l’y attaquer pour essayer<br />
<strong>de</strong> le battre avant l’arrivée <strong>de</strong> l’armée du Meyn ou, tout au moins,<br />
rej<strong>et</strong>er ses troupes en désordre sur les têtes <strong>de</strong> colonnes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
armée : à défaut d’un grand eff<strong>et</strong> matériel, ils eussent obtenu un<br />
grand eff<strong>et</strong> moral.<br />
Clausewitz, dans sa relation <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> 1813, voulant<br />
expliquer pourquoi Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein restèrent inactifs<br />
durant toute la secon<strong>de</strong> quinzaine d’avril, dit en substance :<br />
« Prendre l’offensive pour opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale contre le Prince Eugène<br />
sans attendre la Gar<strong>de</strong> russe, c’eût été se placer dans une situation plus mauvaise<br />
encore que celle où l’on se trouvait, uniquement pour satisfaire à un<br />
besoin d’action. Il est évi<strong>de</strong>nt que nous n’aurions pas pû atteindre le Prince<br />
qui se serait mis en r<strong>et</strong>raite à l’approche <strong>de</strong> nos corps d’armée ; en le poursuivant,<br />
nous eussions été exposés à nous trouver pris entre Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
forces françaises d’un effectif très supérieur ».<br />
Mise en marche <strong>de</strong> l’armée du Meyn vers la Saale<br />
Les 28 <strong>et</strong> 29 mars, l’Empereur donne <strong>de</strong>s ordres pour qu’à<br />
partir du 18 avril, les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème Corps <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> soient échelonnés<br />
sur leur route <strong>de</strong> marche vers Erfurt.<br />
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118<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le 3 ème Corps marchant par Schweinfurt <strong>et</strong> portant sa tête<br />
à Meiningen <strong>et</strong>, si les circonstances le perm<strong>et</strong>tent, à Erfurt <strong>et</strong><br />
même à Weymar ;<br />
Le 6 ème Corps marchant par Ful<strong>de</strong> <strong>et</strong> avançant sa tête jusqu’à<br />
Eisenach, ou jusqu’à Gotha si le 3 ème Corps occupe Erfurt ;<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> suivant le 6 ème Corps ;<br />
Les Divisions bavaroises <strong>et</strong> badoises assureront la gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s passages du Frankenwald, les Bavarois à Bayreuth, avec une<br />
avant-gar<strong>de</strong> à Münchberg pour observer les directions <strong>de</strong> Kof <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> Schleiz, <strong>et</strong> un détachement s’appuyant à Kronach pour tenir la<br />
route <strong>de</strong> Schleiz à Bamberg ; les Badois, à Coburg, avec une<br />
avant-gar<strong>de</strong> à Grafenthal pour observer le débouché <strong>de</strong> Saalfeld.<br />
Le Corps d’Italie, à la date indiquée ci-<strong>de</strong>ssus, 18, <strong>de</strong>vra<br />
avoir ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> tête réunies à Bamberg, prêtes à marcher<br />
ensemble sur Saalfeld dès le len<strong>de</strong>main.<br />
Le 9 avril, l’Empereur reçoit la nouvelle que les coalisés se<br />
sont emparés <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> qu’ils portent leurs avant-gar<strong>de</strong>s sur la<br />
Saale. Le len<strong>de</strong>main ou le surlen<strong>de</strong>main, il apprend que le Prince<br />
Eugène, dont la démonstration sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe n’a eu<br />
qu’un succès relatif, va ramener ses troupes sur la rive gauche <strong>et</strong><br />
prendre position <strong>de</strong>rrière la basse Saale <strong>et</strong> la Wipper.<br />
Il écrit alors à ses lieutenants pour leur prescrire<br />
d’accélérer la marche <strong>de</strong> leurs colonnes. <strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre que nous reproduisons<br />
ci-après <strong>et</strong> qu’il adresse, le 12 avril, au Général Bertrand,<br />
donne toute l’économie <strong>de</strong> son mouvement.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 119<br />
L<strong>et</strong>tre du 12 avril au Général Bertrand<br />
« Vous aurez reçu, le 12, les ordres que je vous ai expédiés le 8<br />
pour porter votre Quartier général à Bamberg. Je suppose que le 14 <strong>et</strong> le 15,<br />
vous y aurez été 1 <strong>de</strong> votre personne avec vos 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions....<br />
« Le Prince <strong>de</strong> la Moskowa vous aura fait connaître<br />
que mon intention est <strong>de</strong> refuser ma droite... faisant un<br />
mouvement inverse <strong>de</strong> celui que j’ai fait dans ma campagne<br />
d’Iéna, <strong>de</strong> sorte que si l’ennemi pénètre sur Bayreuth, je<br />
puisse arriver avant lui sur Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> le couper <strong>de</strong> la Prusse.<br />
« Le duc d’Istrie, ayant sous ses ordres le duc <strong>de</strong> Raguse, 40 000<br />
hommes d’infanterie <strong>et</strong> 10 000 <strong>de</strong> cavalerie, se porte sur Eisenach où il sera<br />
arrivé du 18 au 20. Le prince <strong>de</strong> la Moskowa se porte également sur Erfurt<br />
où il sera également arrivé le 20 ; il a sous ses ordres 60 000 hommes, y<br />
compris les alliés <strong>et</strong> quelques milliers <strong>de</strong> chevaux.... Je serai à Mayence le 20.<br />
Le prince <strong>de</strong> la Moskowa dirigera votre mouvement ; mais comme je<br />
suppose que votre cavalerie <strong>et</strong> vos <strong>de</strong>ux Divisions seront à Bamberg le 16,<br />
vous appuierez le mouvement du prince <strong>de</strong> la Moskowa en vous portant avec<br />
ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>et</strong> votre cavalerie sur Coburg. Ce mouvement est le<br />
plus naturel parce qu’il est le plus court <strong>et</strong> que <strong>de</strong> Coburg, vous ne<br />
vous trouverez éloigné que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> Meiningen, que <strong>de</strong><br />
trois d’Erfurt <strong>et</strong> <strong>de</strong> trois d’Iéna <strong>et</strong> qu’ainsi, vous pourrez toujours manœuvrer<br />
vers la Saale. Ainsi donc, si les choses sont telles que le prince <strong>de</strong> la Moskowa<br />
se porte sur Erfurt, votre position sur Coburg vous placera sur sa droite<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> là, vous pourrez vous porter, suivant les circonstances sur Iéna, sur Erfurt<br />
ou sur Meiningen. Ce qu’il est convenable <strong>de</strong> vous recomman<strong>de</strong>r, c’est <strong>de</strong><br />
marcher serré, vos <strong>de</strong>ux Divisions réunies, votre artillerie placée convenablement,<br />
n’ayant pas <strong>de</strong> queue, bivouaquant tous les soirs dès que vous serez<br />
sorti <strong>de</strong> Bamberg.... L’ennemi est loin <strong>de</strong> se douter <strong>de</strong>s forces considérables qui<br />
1 C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre parviendra le 16 seulement au <strong>de</strong>stinataire.<br />
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120<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
vont se porter sur la Saale. Si nous étions assez heureux pour que l’ennemi<br />
fit réellement un gros mouvement sur Bayreuth, il serait bientôt rappelé sur<br />
Dres<strong>de</strong>.<br />
Vous pourrez, comme je vous l’ai mandé, diriger la ligne <strong>de</strong> vos 2 ème<br />
<strong>et</strong> 3 ème Divisions sur Würzburg. Au reste, je serai moi-même à Mayence <strong>et</strong> je<br />
pourrai diriger leur marche selon les circonstances ».<br />
Une autre raison <strong>de</strong> faire passer le Corps d’Italie par Coburg<br />
<strong>et</strong> Saalfeld, c’est que la route Gotha-Erfurt-Weymar est déjà<br />
très encombrée <strong>et</strong> que les ressources <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région en moyens<br />
<strong>de</strong> subsistances seront en gran<strong>de</strong> partie épuisées par les corps <strong>de</strong><br />
l’armée du Meyn. On ne doit pas oublier que pendant les marches<br />
<strong>de</strong> rassemblement, nos troupes vivent entièrement sur la pays.<br />
On peut considérer les forces françaises, pendant leur<br />
mouvement vers la Saale, comme divisées en trois groupes ou<br />
Armées.<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, 60 à 65 000 hommes, (non compris<br />
les 18 à 20 000 laissés avec le Maréchal Davout sur le bas Elbe) ;<br />
c’est une armée <strong>de</strong> couverture qui a pris position <strong>de</strong>rrière le Wipper<br />
afin <strong>de</strong> protéger indirectement les débouchés est du Thüringenwald.<br />
L’armée du Meyn proprement dite, formée <strong>de</strong>s corps<br />
qui se sont organisés dans la vallée du Meyn, les 3 ème <strong>et</strong> 6 ème<br />
Corps, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> les Divisions badoises <strong>et</strong> wurtembergeoises,<br />
105 à 110 000 hommes ; c’est l’armée principale avec laquelle<br />
marchera Napoléon ; elle va se rassembler dans la région d’Erfurt.<br />
Le Corps d’Italie, auquel il faut rattacher la Division bavaroise,<br />
environ 40 000 hommes ; à la date du 12 avril, il est formé<br />
en une longue colonne qui se dirige sur Coburg par Bamberg.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 121<br />
Dès que l’armée du Meyn aura terminé son rassemblement<br />
près d’Erfurt, elle se portera droit sur Naumburg ; l’armée<br />
<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> le corps d’Italie appuieront sur elle en manœuvrant<br />
<strong>de</strong>rrière la Saale.<br />
Au début du mouvement, l’armée du Meyn se trouvera<br />
séparée <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe par une très gran<strong>de</strong> distance (80 km).<br />
Nous avons exposé précé<strong>de</strong>mment comment ces <strong>de</strong>ux armées<br />
manœuvraient, si contrairement aux prévisions, Blücher <strong>et</strong> Wittgenstein<br />
entreprenaient d’opérer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale sans attendre<br />
la Gar<strong>de</strong> russe, avec moins <strong>de</strong> 80 000 hommes par conséquent. Il<br />
est bien évi<strong>de</strong>nt que si l’effectif total <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux armées n’était<br />
pas double ou presque double <strong>de</strong>s forces adverses immédiatement<br />
disponibles, il serait impru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur faire opérer leur<br />
jonction vers Naumburg, au contact même <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Quant au corps d’Italie, nous avons vu les raisons qui ont<br />
poussé Napoléon à le diriger <strong>de</strong> Bamberg par Coburg sur Saalfeld<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> là sur Naumburg : il a à jouer un rôle <strong>de</strong> démonstration. Sa<br />
marche vers la Haute-Saale a pour but d’attirer l’ennemi, <strong>de</strong> ce<br />
côté si possible, afin <strong>de</strong> faciliter la manœuvre enveloppante que<br />
proj<strong>et</strong>te l’Empereur.<br />
Il y a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s précautions à prendre pour que ce corps<br />
ne soit pas compromis, si l’adversaire, donnant dans le piège qui<br />
lui est tendu, se porte en masse vers le Frankenwald.<br />
Le corps d’Italie suivra donc la direction Saalfeld-Naumburg,<br />
tant qu’il pourra le faire sans danger mais, au premier indice<br />
<strong>de</strong> péril, il appuiera vers le Nord-Ouest pour rallier l’armée du<br />
Meyn, laissant l’ennemi donner dans le vi<strong>de</strong> s’il persiste dans son<br />
offensive. Depuis <strong>de</strong>ux mois, Napoléon fait étudier avec un soin<br />
extrême la viabilité <strong>de</strong> la région comprise entre Mayence <strong>et</strong> la<br />
Saale, portant particulièrement son attention sur les chemins<br />
transversaux qui font communiquer entre elles les routes que<br />
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122<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
suivront ses corps d’armée. Il s’est ainsi rendu compte que le<br />
corps d’Italie pourra effectuer son changement <strong>de</strong> direction, quel<br />
que soit le point où sera arrivée sa tête, lorsque ce mouvement<br />
<strong>de</strong>viendra nécessaire.<br />
D’ailleurs, au cas où, pour une raison quelconque, le<br />
changement <strong>de</strong> direction ne pourrait s’effectuer en temps utile, le<br />
Général Bertrand aura toujours la ressource <strong>de</strong> faire rétrogra<strong>de</strong>r<br />
sa tête <strong>de</strong> colonne pour concentrer ses troupes soit à Coburg, soit<br />
même plus en arrière si c’est nécessaire pour éviter l’étreinte <strong>de</strong><br />
l’ennemi.<br />
On le voit, ce qui fait la sécurité du Corps d’Italie, comme<br />
ce qui faisait la sécurité <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe dans le cas précé<strong>de</strong>nt,<br />
c’est la possibilité <strong>de</strong> se soustraire aux attaques d’un ennemi supérieur<br />
en nombre par un mouvement rétrogra<strong>de</strong>, prévu <strong>et</strong> par<br />
conséquent, préparé.<br />
Beaucoup d’officiers ne veulent pas entendre parler <strong>de</strong>s<br />
mouvements rétrogra<strong>de</strong>s, sous prétexte qu’ils démoralisent les<br />
troupes, qui ne font aucune différence entre un mouvement <strong>de</strong> ce<br />
genre <strong>et</strong> une r<strong>et</strong>raite pure <strong>et</strong> simple.<br />
Pourtant, les corps <strong>de</strong> démonstration, les corps d’avantgar<strong>de</strong>,<br />
<strong>et</strong>c, à moins d’agir avec une timidité presque toujours incompatible<br />
avec la mission dont ils sont chargés, seront souvent<br />
entraînés à se placer dans une situation périlleuse dont ils ne<br />
pourront sortir que par un mouvement rétrogra<strong>de</strong>.<br />
Il importe donc, d’une part, <strong>de</strong> propager c<strong>et</strong>te idée qu’un<br />
tel mouvement est une manœuvre qui n’implique nullement un<br />
aveu <strong>de</strong> faiblesse <strong>et</strong> d’autre part, d’étudier les procédés tactiques<br />
spéciaux que comporte ce genre <strong>de</strong> manœuvre.<br />
Quand l’armée du Meyn <strong>et</strong> le Corps d’Italie auront atteint<br />
la Saale, c<strong>et</strong>te rivière se trouvera bordée par nos troupes surtout<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 123<br />
son développement <strong>de</strong> Saalfeld à son confluent dans l’Elbe : Napoléon<br />
donnera les ordres les plus formels pour que tous les passages<br />
soient gardés d’une façon permanente.<br />
C<strong>et</strong>te rivière sera alors, selon l’expression même <strong>de</strong><br />
l’Empereur, « comme un ri<strong>de</strong>au tendu entre l’armée française <strong>et</strong> l’ennemi ».<br />
A défaut d’une cavalerie assez nombreuse pour tenir à distance<br />
celle <strong>de</strong>s alliés, il utilisera un obstacle naturel continu pour se ménager<br />
une zone où il puisse faire mouvoir ses corps d’armée relativement<br />
en secr<strong>et</strong> <strong>et</strong> préparer sa <strong>manoeuvre</strong> débordante par<br />
Leipzig en s’assurant le bénéfice <strong>de</strong> la surprise.<br />
Le mérite <strong>de</strong>s dispositions prises par Napoléon résulte <strong>de</strong><br />
ce qu’elles réalisent le rassemblement <strong>de</strong> toutes nos forces, sur la<br />
Saale, à portée du point sensible <strong>de</strong> l’ennemi, dans <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> sécurité complètes <strong>et</strong> aussi dans le minimum <strong>de</strong> temps, ce qui<br />
est essentiel car les circonstances sont pressantes ; dès le début<br />
<strong>de</strong>s opérations, nos armées seront en situation d’infliger aux alliés<br />
une défaite désastreuse pour peu que ceux-ci comm<strong>et</strong>tent la<br />
moindre impru<strong>de</strong>nce.<br />
Le comman<strong>de</strong>ment jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong> l’Empereur avait<br />
été réglé <strong>de</strong> la manière suivante :<br />
L<strong>et</strong>tre du 10 avril au Maréchal Ney<br />
« Le duc d’Istrie comman<strong>de</strong>ra au duc <strong>de</strong> Raguse comme plus ancien<br />
<strong>et</strong> lui-même sera sous vos ordres pour la même raison. Le duc d’Istrie n’a<br />
d’ordre que <strong>de</strong> prendre position à Eisenach ; si je ne suis pas arrivé, c’est <strong>de</strong><br />
vous qu’il recevra l’initiative <strong>de</strong> se porter sur Gotha si vous vous portez sur<br />
Erfurt.... Dans les cas imprévus, vous comman<strong>de</strong>rez aussi au Général Bertrand...<br />
».<br />
En définitive, Napoléon ne veut pas se <strong>de</strong>ssaisir du comman<strong>de</strong>ment<br />
; les pouvoirs qu’il accor<strong>de</strong> au Maréchal Ney sont<br />
illusoires ; jusqu’à son arrivée, l’armée sera privée <strong>de</strong> toute direc-<br />
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124<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
tion supérieure ce qui est d’autant plus grave que, fidèle à son<br />
système ordinaire, il ne rejoindra ses troupes que très tard.<br />
Il n’est donc pas étonnant que nos premières opérations<br />
aient présenté, dans le détail, un certain décousu, bien que<br />
l’ennemi n’ait rien fait pour les troubler.<br />
Mouvements du 12 au 24 avril<br />
Armée du Meyn – Le 3 ème Corps rompt par briga<strong>de</strong>s, le<br />
15 avril <strong>et</strong>, marchant par Gotha <strong>et</strong> Erfurt, se porte sur Weymar où<br />
sa tête, 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Souham (6 000 fantassins, 1 000<br />
chevaux <strong>et</strong> 16 canons) arrive le 18 ; à c<strong>et</strong>te date, le corps d’armée<br />
s’échelonne en arrière jusqu’à Schweinfurt ; il m<strong>et</strong>tra sept jours,<br />
du 18 au 24, pour se rassembler sur sa briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête <strong>et</strong> prendre<br />
position à hauteur <strong>de</strong> Weymar, sa droite bordant l’Ilm. On avouera<br />
qu’il eût été pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> reformer au moins les Divisions avant<br />
<strong>de</strong> leur faire repasser Erfurt.<br />
Le 6 ème Corps <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong>, se suivant dans c<strong>et</strong> ordre, se<br />
m<strong>et</strong>tent en marche par briga<strong>de</strong>s, le 12 avril, <strong>et</strong> se portent par<br />
Ful<strong>de</strong>, Hacha <strong>et</strong> Eisenach sur Gotha : le 16, la tête <strong>de</strong> la colonne,<br />
(1 ère briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Compans du 6 ème Corps) débouche<br />
d’Eisenach pour gagner Gotha, mais elle est obligée <strong>de</strong> s’arrêter<br />
en arrière <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville pour laisser défiler le 3 ème Corps 1 . Du 15<br />
au 21, la colonne serre lentement sur sa tête ; la Gar<strong>de</strong>, doublant<br />
le 6 ème Corps, se porte sur Gotha ; le 6 ème Corps s’établit entre<br />
1 L’Empereur avait pensé que le 3ème Corps se porterait directement<br />
<strong>de</strong> Meiningen sur Erfurt ; mais faute d’instructions précises, le<br />
Maréchal Ney avait jugé bon <strong>de</strong> prendre la route d’Eisenach-Gotha, qui<br />
était bien meilleure que la précé<strong>de</strong>nte.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 125<br />
c<strong>et</strong>te ville <strong>et</strong> Eisenach avec un détachement à <strong>La</strong>ngensalza comme<br />
nous le dirons plus loin.<br />
Le Corps d’Italie, dont les fractions s’échelonnent sur<br />
une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> douze étapes, marche par Auspach <strong>et</strong> Nuremberg<br />
vers Bamberg ; le 16, sa tête arrive à Bamberg où elle<br />
s’arrête, poussant sur Coburg une avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>stinée à relever<br />
les Divisions Marchand (badoise) ; les <strong>de</strong>ux premières divisions<br />
(Division Morand <strong>et</strong> Division italienne du Général Peyri) se réunissent<br />
à Bamberg, du 16 au 19 inclus ; le 20, elles partent pour<br />
Coburg où elles arrivent le 21. Là, le Général Bertrand les arrête<br />
parce qu’il ne juge pas pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> continuer sur Saalfeld tant que<br />
le 3 ème Corps n’aura pas dépassé Weymar ; il se contente<br />
d’envoyer une avant-gar<strong>de</strong> à Grafenthal, pour tenir la tête du défilé<br />
qui conduit à Saalfeld.<br />
L’attitu<strong>de</strong> louche du Général Raglowitch, commandant<br />
la Division bavaroise, avait déterminé le Général Bertrand à agir<br />
avec la plus extrême circonspection ; Raglowitch, contrairement<br />
aux ordres <strong>de</strong> l’Empereur qui lui prescrivaient <strong>de</strong> concentrer sa<br />
Division sur les hauteurs d’Ebersdorf pour surveiller <strong>de</strong> près les<br />
débouchés <strong>de</strong> Hof <strong>et</strong> <strong>de</strong> Schleiz, avait r<strong>et</strong>iré les détachements qui<br />
étaient sur la Saale <strong>et</strong> commencé à réunir ses troupes à Bayreuth.<br />
Le 16, quand le Général Bertrand lui <strong>de</strong>manda <strong>de</strong>s explications à<br />
ce suj<strong>et</strong>, il dit qu’il se conformait aux instructions du roi <strong>de</strong> Bavière<br />
qui lui avait ordonné <strong>de</strong> ne pas dépasser la frontière<br />
saxonne. Cependant, sur les instances <strong>de</strong> Bertrand, il consentit à<br />
laisser une avant-gar<strong>de</strong> à Münchberg. L’inci<strong>de</strong>nt ne manquait pas<br />
<strong>de</strong> gravité car il révélait l’hésitation du roi <strong>de</strong> Bavière à rester fidèle<br />
à la cause française ; ce fut seulement le 22 que ce souverain<br />
se décida à prescrire au Général Raglowitch <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre, avec ses<br />
troupes, à la disposition du Général Bertrand.<br />
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126<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> Division badoise du Général Marchand quitte Coburg<br />
le 17 (nous avons dit plus haut qu’elle est remplacée par<br />
l’avant-gar<strong>de</strong> du Corps d’Italie) <strong>et</strong> se porte sur Thémar, d’où elle<br />
part le 21, pour se diriger sur Ilmenau afin d’assurer la liaison<br />
entre le 3 ème Corps <strong>et</strong> le Corps d’Italie.<br />
<strong>La</strong> Division wurtembergeoise quitte Mergentheim le<br />
19 ; elle marche par Würzburg <strong>et</strong> Schweinfurt sur Hildburghausen.<br />
Armée <strong>de</strong> l’Elbe – Depuis le 11, ainsi que nous l’avons<br />
dit précé<strong>de</strong>mment, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe était en position à Aschersleben.<br />
Le 21, elle fit un léger mouvement en appuyant un peu<br />
sur sa droite afin d’occuper Leinbach <strong>et</strong> d’être à portée <strong>de</strong> surveiller<br />
Eisleben : le Quartier général se transporta à Hoym.<br />
Une Division westphalienne, Général Hammerstein, qui<br />
s’organisait à Heiligenstadt, fit occuper en avant d’elle Mulhausen<br />
<strong>et</strong> Nordhausen : elle était chargée d’assurer la liaison entre l’armée<br />
<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> l’armée du Meyn.<br />
Depuis le 10 avril, la cavalerie légère ennemie bordait la<br />
Saale sur tout son développement, poussant <strong>de</strong> nombreux partis à<br />
l’Ouest <strong>de</strong> la rivière. Un fort détachement (2 000 hommes environ),<br />
qui était posté à Eisleben, se tenait en contact avec l'armée<br />
<strong>de</strong> l’Elbe ; d’autres détachements <strong>de</strong> force variable battaient<br />
l’estra<strong>de</strong> vers Nordhausen, Mulhausen, Gotha, Coburg <strong>et</strong><br />
Bayreuth, semant partout l’alarme <strong>et</strong> le désordre.<br />
Le 12, le major Blücher (fils du Général), avec 200 cavaliers<br />
prussiens, s’était présenté <strong>de</strong>vant Weymar ; un bataillon formé<br />
<strong>de</strong>s contingents <strong>de</strong>s maisons ducales <strong>de</strong> Saxe, qui se trouvait<br />
dans c<strong>et</strong>te ville, avait immédiatement fait défection.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 127<br />
Le 17, un autre officier prussien, le major Helwig, avec un<br />
escadron <strong>de</strong> 150 hommes, tomba à l’improviste près <strong>de</strong> <strong>La</strong>ngensalza,<br />
sur l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Rechberg (2 000 hommes,<br />
dont 1 500 fantassins <strong>et</strong> 300 cavaliers) qui se dirigeait sur Erfurt ;<br />
à la faveur <strong>de</strong> la panique provoquée par la surprise, les Prussiens<br />
enlevèrent une centaine d’hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>u canons. Le len<strong>de</strong>main,<br />
le 18, le même escadron dispersait près <strong>de</strong> Wanfried (sur la route<br />
<strong>de</strong> Cassel) un régiment <strong>de</strong> cavalerie westphalienne <strong>de</strong> la Division<br />
Hammerstein.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier, qui avait pourtant 4 à 5 000 hommes à Heiligenstadt,<br />
prit peur <strong>et</strong> envoya au roi Jérôme <strong>de</strong>s rapports où il était<br />
question « d’un corps ennemi <strong>de</strong> toutes armes comprenant plusieurs milliers<br />
d’hommes <strong>et</strong> qui était en train <strong>de</strong> marcher sur Cassel ».<br />
Le 21, la Division Compans du 6 ème Corps <strong>et</strong> 500 chevaux<br />
<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, commandés par le Général Lefebvre-Desnou<strong>et</strong>tes, se<br />
portèrent d’Eisenach <strong>et</strong> <strong>de</strong> Gotha sur <strong>La</strong>ngensalza, menaçant <strong>de</strong><br />
couper la r<strong>et</strong>raite aux détachements adverses qui s’aventureraient<br />
sur Cassel. CE mouvement détermina les partisans ennemis à se<br />
replier vers l’Est tout en continuant à surveiller <strong>de</strong> près la marche<br />
<strong>de</strong>s colonnes françaises.<br />
Ces inci<strong>de</strong>nts, grossis par la rumeur publique, causèrent<br />
une certaine émotion au Quartier général du Maréchal Ney, à<br />
Erfurt, où l’on était assez mal informé.<br />
Le 19, au soir, sur <strong>de</strong> faux renseignements, le Maréchal se<br />
figura que les coalisés marchaient en force sur Naumburg <strong>et</strong> Iéna<br />
; dans la nuit même, il envoya <strong>de</strong>s ordres pour accélérer la<br />
marche <strong>de</strong>s troupes en arrière. Mieux renseigné le len<strong>de</strong>main matin,<br />
il donna aussitôt contrordre. Une l<strong>et</strong>tre écrite à ce suj<strong>et</strong> par le<br />
Maréchal Bessières au major général perm<strong>et</strong> d’entrevoir quel désarroi<br />
régnait alors dans le haut comman<strong>de</strong>ment.<br />
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128<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
« Je dois vous dire franchement que si le mouvement <strong>de</strong> l’ennemi eût<br />
été véritablement prononcé sur Naumburg <strong>et</strong> Iéna, comme me l’a écrit c<strong>et</strong>te<br />
nuit le prince <strong>de</strong> la Moskowa, nous n’aurions pas été en mesure, ni<br />
lui non plus ».<br />
Fort heureusement, l’ennemi, rendu circonspect par la<br />
faiblesse <strong>de</strong> ses moyens, <strong>de</strong>meura dans l’inaction.<br />
Le 15, Napoléon apprit que le Quartier général <strong>de</strong>s alliés<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe avait quitté Kalisch le 7 avril pour se rendre à<br />
Dres<strong>de</strong> ; il partit <strong>de</strong> Paris le 16 <strong>et</strong> arriva à Mayence le 17.<br />
Ne jugeant pas les circonstances trop pressantes, il resta à<br />
Mayence jusqu’au 25, occupé à résoudre les mille difficultés <strong>de</strong><br />
détails qu’avait soulevées la mise sur pied <strong>de</strong> sa nouvelle armée.<br />
Quelques modifications furent apportées à l’organisation<br />
<strong>de</strong> celle-ci :<br />
Le Corps d’Italie fut dédoublé : la Division Morand <strong>et</strong> la<br />
Division italienne Peyri formèrent, avec la Division wurtembergeoise<br />
Franquemont, le 4 ème Corps d’armée dont le Général Bertrand<br />
eut le comman<strong>de</strong>ment ; les Divisions Pacthod <strong>et</strong> <strong>La</strong>urencez<br />
constituèrent avec la Division bavaroise Raglowitch le 12 ème<br />
Corps à la tête duquel fut placé le Maréchal Oudinot ;<br />
<strong>La</strong> Division badoise Marchand fut attribuée au 3 ème Corps.<br />
En annonçant ces dispositions au Maréchal Ney,<br />
l’Empereur eut soin <strong>de</strong> lui faire remarquer que son corps d’armée<br />
était le seul qui comptât cinq divisions.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 129<br />
Situation <strong>de</strong>s forces françaises qui marchent vers la Saale le<br />
25 avril 1<br />
Bons Eons Bies Eff 2<br />
Armée du Meyn 140 000<br />
3ème Corps Maréchal Ney<br />
8ème Don Gal Souham<br />
9ème Don Gal Brennier<br />
10ème Don Gal Girard<br />
11ème Don Gal Ricard<br />
39ème 45 000<br />
16<br />
15<br />
14 }4 }10<br />
Don badoisse-hessi-ne Gal<br />
Marchand<br />
14<br />
10<br />
1<br />
6ème Corps Maréchal Marmont<br />
20ème Don Gal Compans<br />
21ème Don Gal Bonn<strong>et</strong><br />
22ème Don Gal Frie<strong>de</strong>richs<br />
23ème (pour mém., non formée)<br />
12<br />
13<br />
14 }1 3<br />
25 000<br />
}8<br />
4 ème Corps Général Bertrand<br />
12 ème Don Gal Morand<br />
15 ème Don italienne (Gal Peyri)<br />
38 ème Don wurtembergeois<br />
Gal Franquemont<br />
12 ème Corps Maréchal Oudinot<br />
13 ème Don Gal Pacthod<br />
14 ème Don Gal <strong>La</strong>urencez<br />
29 ème Don bavaroise<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />
Division Dumonstier<br />
Cavalerie<br />
Gal Raglowitch<br />
13<br />
13<br />
8 (?)<br />
12<br />
15<br />
10<br />
16<br />
}11<br />
4<br />
3<br />
?<br />
}7<br />
2<br />
}3<br />
2<br />
}7<br />
30 000<br />
25 000<br />
11 000<br />
4 000<br />
1 D’après les Etats qui existent dans les archives du Ministère <strong>de</strong><br />
la Guerre.<br />
2 En nombres ronds, leffectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />
3 <strong>La</strong>nciers <strong>de</strong> Berg<br />
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130<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Bons Eons Bies Eff<br />
Armée <strong>de</strong> l’Elbe 62 000<br />
11ème Corps Mal Mac Donald<br />
31ème Don Gal Gérard<br />
35ème Don Gal Fressin<strong>et</strong><br />
36ème Don Gal Charpentier<br />
7 ou 8<br />
12 }2<br />
11<br />
}7<br />
22 000<br />
5ème Corps Général <strong>La</strong>uriston<br />
16ème Don Gal Maisons 1<br />
17ème Don Gal Puthod 2<br />
18ème Don Gal <strong>La</strong>grange<br />
19ème 8<br />
10<br />
22 000<br />
}10<br />
Don Gal Rochambeau<br />
12<br />
Don Rogu<strong>et</strong> (Sar<strong>de</strong>s) 6 2 3 3 500<br />
32ème Division Gal Durutte 3 7 4 500<br />
4ème Don Maréchal Victor 10 1 6 000<br />
1ère Division (pour mémoire, sur le bas Elbe <strong>et</strong> à Mag<strong>de</strong>burg)<br />
1er Corps <strong>de</strong> cavalerie Gal <strong>La</strong>tour-<br />
Maubourg<br />
1 4 000<br />
2ème Corps <strong>de</strong> cavalerie Gal Sébastiani (pour mémoire, sur le bas Elbe)<br />
Don westphalienne Gal Hammerstein (pour mém., n’est pas encore prête)<br />
Total général 202 000<br />
Le 24 avril, au soir, les mouvement préparatoires sont<br />
terminés.<br />
L’armée du Meyn a son corps <strong>de</strong> tête, le 3 ème , en position à<br />
hauteur <strong>de</strong> Weymar, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 6 ème Corps s’échelonnent en<br />
arrière jusqu’à Eisenach.<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe est toujours dans sa position d’Hoym ;<br />
1 Non-compris le 152 ème détaché à la Division <strong>de</strong> Hamburg.<br />
2 Pour mémoire, détaché sur le bas-Elbe.<br />
3 Y compris 5 bataillons qui marchent avec la Division Bonn<strong>et</strong><br />
du 6 ème Corps.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 131<br />
Le Corps d’Italie a ses <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> tête réunies à<br />
Coburg <strong>et</strong> prêtes à se porter sur Saalfeld ; les <strong>de</strong>ux autres Divisions<br />
serrent sur Nuremberg.<br />
Il <strong>de</strong>vient certain que le rassemblement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong><br />
nos forces s’achèvera sur la Saale sans avoir été gêné par l’ennemi.<br />
L’Empereur, dès le 22, a expédié <strong>de</strong> Mayence <strong>de</strong> nouveaux<br />
ordres pour que la marche en avant continue le 25.<br />
L’armée du Meyn se portera sur Iéna <strong>et</strong> Naumburg,<br />
l’armée <strong>de</strong> l’Elbe remontera la Saale <strong>et</strong> viendra occuper Halle <strong>et</strong><br />
Merseburg ; enfin, le Corps d’Italie, si les circonstances le perm<strong>et</strong>tent,<br />
marchera par Saalfeld sur Iéna en remontant la Saale par la<br />
rive gauche.<br />
Ordre adressé par le Major Général au Prince Eugène.<br />
« Mayence, le 22 avril,<br />
« L’Empereur est encore aujourd’hui à Mayence. Le Corps du<br />
Prince <strong>de</strong> la Moskowa ne pouvant être entièrement réuni que le 24, il est<br />
nécessaire que vous occupiez Querfurt afin que les communications soient<br />
directes entre vous <strong>et</strong> le Prince, qui va faire occuper les hauteurs <strong>de</strong> Naumburg.<br />
« Détruisez le pont que l’ennemi avait, sur la Saale, près <strong>de</strong> W<strong>et</strong>tin.<br />
Occupez Halle <strong>et</strong> Merseburg comme têtes <strong>de</strong> pont <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tez ces places à l’abri<br />
<strong>de</strong>s Cosaques en palissadant les portes. Occupez d’abord Halle <strong>et</strong> après Merseburg.<br />
« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r toute la<br />
Saale afin d’empêcher l’ennemi <strong>de</strong> détacher aucun parti sur<br />
la rive gauche <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te rivière.<br />
Vous <strong>de</strong>vez donc être très alerte pour marcher sur l’ennemi s’il voulait<br />
prendre l’offensive par Iéna <strong>et</strong> Naumburg. »<br />
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132<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Concentration sur Naumburg <strong>de</strong> l’armée du Meyn <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
L’Empereur, le 25 au soir, quitte Mayence <strong>et</strong> le 25, arrive à<br />
Erfurt dans l’après-midi. Son premier soin est <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> la<br />
question <strong>de</strong>s subsistances qui va probablement soulever <strong>de</strong> grosses<br />
difficultés par suite <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> toutes nos forces<br />
sur Naumburg.<br />
Les Corps d’armée ont dû se m<strong>et</strong>tre en route avec 12 à 14<br />
jours <strong>de</strong> pain, biscuit ou farine, 4 jours <strong>de</strong> pain sur le sac <strong>de</strong>s<br />
hommes <strong>et</strong> 8 à 10 jours <strong>de</strong> biscuit ou <strong>de</strong> farine sur les caissons du<br />
train ; la Gar<strong>de</strong> a même une réserve <strong>de</strong> 10 jours <strong>de</strong> farine <strong>de</strong> plus<br />
que transporte un convoi <strong>de</strong> voitures <strong>de</strong> réquisition. Jusqu’au 25,<br />
les troupes ont vécu sur le pays mais, à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te date, elles<br />
sont trop concentrées pour continuer à user <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> subsistance<br />
; l’Empereur ordonne donc <strong>de</strong> constituer à Erfurt <strong>de</strong>s<br />
magasins <strong>de</strong>stinés à assurer les ravitaillements <strong>de</strong> l’armée. 1<br />
L<strong>et</strong>tre au Maréchal Duroc :<br />
Erfurt, le 25 au soir.<br />
« Réunissez c<strong>et</strong>te nuit l’Intendant <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux ou trois <strong>de</strong>s principaux<br />
membres <strong>de</strong> l’administration du pays ainsi que le commissaire <strong>de</strong>s guerres <strong>et</strong><br />
avisez aux moyens à prendre pour constituer à Erfurt <strong>de</strong>s approvisionnements.<br />
Il faut, sous quatre jours, 200 000 rations <strong>de</strong> pain à livrer à raison<br />
<strong>de</strong> 50 000 par jour ; il faut se procurer, en outre, le plus tôt possible, <strong>de</strong>ux<br />
millions <strong>de</strong> rations <strong>de</strong> farine, autant d’eau-<strong>de</strong>-vie, autant <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> sur pied,<br />
<strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> rations d’avoine, <strong>et</strong>c... ; pour obtenir plus vite les <strong>de</strong>nrées, on<br />
les payera comptant. »<br />
1 Des ordres avaient été donnés antérieurement à ce suj<strong>et</strong>, mais<br />
ils n’avaient pas été exécutés.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 133<br />
Des ordres antérieurs avaient prescrit d’organiser à Erfurt,<br />
une manutention <strong>de</strong> 24 jours, <strong>de</strong>s hôpitaux pour 4 000 mala<strong>de</strong>s.<br />
<strong>La</strong> route <strong>de</strong> l’armée est prise <strong>de</strong> Mayence par Ful<strong>de</strong>, Eisenach,<br />
Gotha <strong>et</strong> Erfurt ; Erfurt jouant le rôle <strong>de</strong> gîte principal<br />
d’étapes. Dès que les 4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps auront dépassé Saalfeld,<br />
on abandonnera la route <strong>de</strong> Nuremberg, Coburg ; les communications<br />
<strong>de</strong> ces corps avec Augsburg se feront par Würzburg <strong>et</strong><br />
Ful<strong>de</strong>.<br />
Le Maréchal Augereau, dont le Quartier général est à<br />
Mayence, a le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> tout le territoire que traverse la<br />
route <strong>de</strong> l’armée jusqu’à Gotha ; le Général Douc<strong>et</strong>, commandant<br />
la place d’Erfurt, comman<strong>de</strong>ra dans toute la région qui s’étend <strong>de</strong><br />
Gotha à l’armée.<br />
A partir du 26, l’Empereur est au milieu <strong>de</strong> ses corps<br />
d’armée ; il leur donne jour par jour <strong>de</strong>s ordres, presque tous reproduits<br />
soit dans sa Correspondance, soit dans le Livre d’ordres <strong>de</strong><br />
Berthier, dont il existe une copie aux archives du Ministère <strong>de</strong> la<br />
Guerre.<br />
On trouvera aux appendices un tableau qui fait connaître<br />
le détail <strong>de</strong>s mouvements exécutés par les diverses factions <strong>de</strong><br />
l’armée française jusqu’au 30 avril, c’est-à-dire jusqu’au moment<br />
où elle débouche sur la rive droite <strong>de</strong> la Saale pour marcher sur<br />
Leipzig.<br />
Quand on rapproche les indications <strong>de</strong> ce tableau <strong>de</strong>s ordres<br />
<strong>de</strong> l’Empereur, on constate que pour tous les corps <strong>de</strong><br />
l’armée du Meyn, il y a concordance complète entre les prescriptions<br />
<strong>de</strong>s ordres <strong>et</strong> les mouvements exécutés ; mais pour l’armée<br />
<strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> le corps d’Italie, l’exécution est en r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> vingtquatre<br />
<strong>et</strong> même parfois <strong>de</strong> quarante-huit heures.<br />
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134<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
En ce qui concerne l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, le r<strong>et</strong>ard provient,<br />
d’une part, <strong>de</strong> ce que, sans qu’on sache pourquoi, elle a commencé<br />
son mouvement le 26 au lieu du 25 <strong>et</strong> d’autre part, <strong>de</strong> ce<br />
que le Prince Eugène, poussant la circonspection au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce<br />
qu’exigeait la pru<strong>de</strong>nce, a fait marcher ses corps d’armée lentement<br />
si bien qu’ils ont mis cinq jours pour franchir les 55 km qui<br />
séparent Meyn <strong>de</strong> Merseburg.<br />
Pour le corps d’Italie (4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps), la lenteur <strong>de</strong><br />
son mouvement provient <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> marche qu’il a eu à<br />
surmonter <strong>de</strong> Coburg à Saalfeld ; le chemin <strong>de</strong> montagne qu’il a<br />
suivi était si mal entr<strong>et</strong>enu que, sur plusieurs points du parcours<br />
entre Sonnenberg <strong>et</strong> Grafenthal, l’artillerie n’a pu passer qu’en<br />
doublant les attelages.<br />
Nous résumerons en quelques mots les faits saillants <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> du 26 au 30.<br />
26 – <strong>La</strong> Division Souham, qui marche en tête du 3 ème Corps,<br />
s’empara <strong>de</strong> Naumburg sans coup férir ; le 4 ème corps avance sa<br />
tête jusqu’à Rudolstadt, l’armée <strong>de</strong> l’Elbe se poste d’Hoym à<br />
Mansfeld. L’ennemi brûle son pont <strong>de</strong> St<strong>et</strong>tin.<br />
27 – L’armée du Meyn serre sur Naumburg, le 4 ème Corps sur<br />
Rudolstadt ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe avance <strong>de</strong> Mansfeld à Eisleben.<br />
28 – Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur est transféré d’Erfurt à<br />
Echartsberg ; le 3 ème Corps se masse à Naumburg, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
le 6 ème Corps à Ouerstadt ; la 1 ère Division du 4 ème Corps occupe<br />
Iéna ; la tête du 12 ème arrive à Coburg ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
marque un temps d’arrêt pendant que la Division Maisons du<br />
5 ème Corps essaye en vain <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> Halle, dont l’ennemi<br />
brûle le pont.<br />
29 – <strong>La</strong> Division Souham s’empare <strong>de</strong> Weissenfels, dont elle<br />
chasse le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï ; le 3 ème Corps serre sur la<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 135<br />
Division Souham ; le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> se placent à<br />
Naumburg, le 6 ème Corps à Kösen ; le 4 ème Corps serre sur Iéna<br />
; le 12 ème porte son avant-gar<strong>de</strong> sur Saalfeld ; l’armée <strong>de</strong><br />
l’Elbe enlève Merseburg.<br />
30 – Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> rejoignent le<br />
3 ème Corps Weissenfels, le 6 ème Corps occupe Naumburg ; le<br />
4 ème Corps occupe Dornburg <strong>et</strong> Iéna ; le 12 ème débouche sur<br />
Saalfeld ; l’armée <strong>de</strong> l’Elbe serre sur Merseburg.<br />
En étudiant le détail <strong>de</strong>s mouvements au moyen du tableau,<br />
on remarquera qu’à partir du 26, les passages <strong>de</strong> la Saale<br />
entre Saalfeld <strong>et</strong> Naumburg d’une part, <strong>et</strong> Bernburg <strong>et</strong> W<strong>et</strong>tin<br />
<strong>de</strong> l’autre, ne cessent pas d’être gardés, toute fraction qui occupe<br />
l’un <strong>de</strong> ces passages ne quittant son poste qu’après l’arrivée <strong>de</strong> la<br />
fraction appelée à la relever ; les partisans ennemis, qui ne peuvent<br />
plus franchir la rivière que sur les <strong>de</strong>ux ponts <strong>de</strong> Merseburg<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Halle, n’osent pas s’aventurer au loin. A partir du 29,<br />
Merseburg <strong>et</strong> Halle étant à leur tour occupées par nos troupes,<br />
plus un seul détachement ennemi ne pénètre sur la rive gauche <strong>de</strong><br />
la Saale : « Tous les mouvements <strong>de</strong>s corps français s’exécutent <strong>de</strong>rrière c<strong>et</strong>te<br />
rivière comme <strong>de</strong>rrière un ri<strong>de</strong>au ».<br />
Les Français débouchent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale – 1 er mai<br />
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136<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le 30 avril au soir, l’armée française occupe les emplacements<br />
suivants :<br />
Armée du Meyn<br />
Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur à Weissenfels<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />
Division Vieille Gar<strong>de</strong><br />
Cavalerie<br />
}à Weissenfels<br />
Division Jeune Gar<strong>de</strong> à Naumburg<br />
3ème Corps QG <strong>et</strong> 4 Dons<br />
en position à l’est <strong>de</strong> Weissenfels<br />
Division Marchand à Stoessen<br />
6ème Corps QG <strong>et</strong> 2 Dons<br />
à Naumburg<br />
Don Friedrich<br />
à Kösen<br />
4ème Corps QG Don Morand à Dornburg avec 3 bat. à Camburg<br />
Don italienne Peyri à Iéna<br />
Don wurtembergeoise<br />
Franquemont<br />
à Burgau, Kola <strong>et</strong> Rudolstadt<br />
12ème Corps<br />
Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
s’échelonne entre Saalfeld <strong>et</strong> Coburg<br />
Quartier général<br />
Division Rogu<strong>et</strong><br />
}à Merseburg<br />
1er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
11ème Corps<br />
en position à une lieue à l’est <strong>de</strong><br />
Merseburg<br />
5ème Corps 3 Divisions en arrière <strong>de</strong> Merseburg, détachant<br />
un Rgt, 4 bat. à Halle<br />
32 ème Don Général Durutte<br />
4<br />
à Schafstadt<br />
ème Don, Maréchal Victor<br />
Quartier général<br />
à Bernburg<br />
10 bataillons<br />
en cordon le long <strong>de</strong> la Saale, <strong>de</strong><br />
Barby à W<strong>et</strong>tin<br />
Division westphalienne se rassemble à San<strong>de</strong>rshausen<br />
<strong>La</strong> cavalerie légère ennemie est partout en contact avec<br />
nos avant-postes ; le service <strong>de</strong>s renseignements a fait connaître<br />
qu’il y avait <strong>de</strong> gros corps ennemis constitués en toutes armes à<br />
Dessau, à Leipzig, à Altenburg <strong>et</strong> Zwickau.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 137<br />
Le rassemblement <strong>de</strong>s troupes françaises n’est pas complètement<br />
terminé ; la Division wurtembergeoise <strong>et</strong> tout le 12 ème<br />
Corps ont besoin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours au moins pour serrer avec le gros<br />
<strong>de</strong> l’armée.<br />
A première vue, il semble que la pru<strong>de</strong>nce impose un<br />
temps d’arrêt d’autant plus que l’effectif <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe est<br />
très inférieur aux prévisions <strong>de</strong> l’Empereur, car en raison <strong>de</strong>s détachements<br />
laissés mal à propos sur le bas Elbe avec Davout,<br />
c<strong>et</strong>te armée ne compte que 60 000 hommes au lieu <strong>de</strong> 80 000.<br />
Napoléon n’a que <strong>de</strong>s renseignements assez vagues sur les<br />
coalisés. Conformément à son habitu<strong>de</strong> invétérée, évaluant les<br />
forces <strong>de</strong> ses adversaires plutôt au-<strong>de</strong>ssous qu’au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />
réalité, il estime qu’ils ont sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe beaucoup<br />
moins <strong>de</strong> cent mille hommes. Il voit leurs corps dispersés <strong>de</strong>puis<br />
Dessau jusqu’à Zwickau, la masse principale se tenant entre Leipzig<br />
<strong>et</strong> Altenburg. En définitive, les coalisés sont placés à peu près<br />
comme il avait désiré qu’ils le fussent.<br />
Abstraction faite <strong>de</strong> la Division wurtembergeoise <strong>et</strong> du<br />
12 ème Corps <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> la Division Durutte, qui est chargée <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>r Merseburg que l’on a mis en état <strong>de</strong> défense pour servir <strong>de</strong><br />
tête <strong>de</strong> pont sur la Saale <strong>et</strong> d’un régiment (4 bataillons) du 5 ème<br />
Corps affecté à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Halle, l’Empereur dispose encore au<br />
moins <strong>de</strong> 150 000 combattants tous présents sous les armes,<br />
135 000 fantassins, 10 000 cavaliers, 400 canons : avec Napoléon<br />
pour chef, c’est assez pour assurer la victoire sur une armée d’un<br />
effectif inférieur <strong>de</strong> près <strong>de</strong> moitié, composée, il est vrai, <strong>de</strong> très<br />
bonnes troupes mais qui n’est que médiocrement conduite ; on<br />
pense bien, en eff<strong>et</strong>, que l’Empereur spécule sur la faiblesse du<br />
comman<strong>de</strong>ment supérieur chez ses adversaires, dont le généralissime<br />
est un homme d’une valeur plus ou moins contestée, subissant<br />
l’influence <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong>s monarques alliés <strong>et</strong> obligé, par<br />
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138<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
suite, <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à exécution un plan qui est une sorte <strong>de</strong> compromis<br />
entre ses idées personnelles <strong>et</strong> celles <strong>de</strong>s généraux formant<br />
les Etats-Majors <strong>de</strong> l’Empereur Alexandre <strong>et</strong> du roi Frédéric Guillaume.<br />
Napoléon a besoin <strong>de</strong> remporter, à bref délai, une victoire<br />
décisive, qui lui ren<strong>de</strong> tout son prestige <strong>de</strong> général invincible <strong>et</strong> lui<br />
ramène l’opinion <strong>de</strong> l’Autriche <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération<br />
du Rhin. On comprend qu’il ne redoute rien tant que <strong>de</strong> voir ses<br />
adversaires se dérober à ses coups en se r<strong>et</strong>irant <strong>de</strong>rrière l’Elbe<br />
avant qu’il ait pu les atteindre.<br />
En adm<strong>et</strong>tent que jusqu’ici, l’ennemi ne se soit pas rendu<br />
compte <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> supériorité numérique <strong>de</strong> l’armée française <strong>et</strong><br />
qu’il n’ait pas discerné les intentions <strong>de</strong> l’Empereur, il est peu<br />
probable qu’il persiste longtemps encore dans son erreur ;<br />
Quand les quatre Divisions, qui se trouvent sur la Haute-<br />
Saale, auront serré sur Naumburg, il ne pourra plus s’y méprendre<br />
; or, le but <strong>de</strong> l’Empereur étant <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la droite du gros<br />
<strong>de</strong> l’armée adverse, afin <strong>de</strong> la contraindre à une bataille à front<br />
renversé, sa manœuvre n’a chance d’aboutir que si l’ennemi ne<br />
s’en aperçoit que trop tard.<br />
Dès l’instant où il dispose <strong>de</strong> forces suffisantes pour être<br />
certain que le résultat <strong>de</strong> la bataille lui sera favorable, l’Empereur<br />
doit agir sans r<strong>et</strong>ard <strong>et</strong> exploiter les <strong>de</strong>ux principaux facteurs du<br />
succès, la rapidité <strong>et</strong> la surprise ; il ne doit donc pas hésiter à se<br />
passer <strong>de</strong>s quatre Divisions qui sont sur la Haute-Saale <strong>et</strong> qui<br />
contribuent, dans une large mesure, à la réussite <strong>de</strong> sa manœuvre<br />
en attirant <strong>de</strong> ce côté l’attention <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Telles sont, croyons-nous, les raisons qui déterminent<br />
Napoléon à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale, le 1 er mai pour marcher<br />
par <strong>Lutzen</strong> sur Leipzig. D’ailleurs, l’armée française ne peut<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 139<br />
rester collée à la Saale ; il faut qu’elle gagne du terrain au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
la rivière afin <strong>de</strong> se ménager l’espace qui lui est nécessaire pour<br />
manœuvrer.<br />
<strong>La</strong> veille, au soir, <strong>de</strong>s ordres ont été donnés pour réorganiser<br />
la Gar<strong>de</strong> par la fusion <strong>de</strong> la Division Rogu<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division<br />
Dumonstier ; tout ce qui appartient à la Vieille Gar<strong>de</strong> rallie la<br />
Division Rogu<strong>et</strong> (3 bataillons, 3 000 hommes) <strong>et</strong> tout ce qui appartient<br />
à la Jeune Gar<strong>de</strong> rallie la Division Dumonstier (16 bataillons<br />
en 3 briga<strong>de</strong>s) ; cinq bataillons <strong>de</strong> la Division Durutte, qui<br />
ont marché avec le 6 ème Corps <strong>de</strong>puis Mayence, rejoignent c<strong>et</strong>te<br />
Division dont l’effectif est ainsi porté <strong>de</strong> 1 000 à 4 500 hommes.<br />
Pour la journée du 1 er mai, il est ordonné :<br />
- A l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, <strong>de</strong> se porter en avant <strong>de</strong> Merseburg<br />
jusqu’à hauteur <strong>de</strong> Schla<strong>de</strong>bach ; Merseburg doit être mis en<br />
état <strong>de</strong> défense « afin <strong>de</strong> pouvoir être facilement défendue<br />
en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite » ; le Parc, le Quartier général administratif<br />
viendront s’établir dans c<strong>et</strong>te ville où seront organisés<br />
<strong>de</strong>s hôpitaux pour 4 000 mala<strong>de</strong>s ;<br />
- Au 3 ème Corps, renforcé <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, <strong>de</strong> déboucher<br />
<strong>de</strong> Weissenfels pour se porter sur <strong>Lutzen</strong> ;<br />
- Au 6 ème Corps d’appuyer le mouvement du 3 ème avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />
ses Divisions, le 3 ème restant à Naumburg.<br />
Dans c<strong>et</strong>te journée, nous n’avions pas à craindre une attaque<br />
du gros <strong>de</strong>s forces adverses, mais nous pouvions être assaillis<br />
par la nombreuse cavalerie <strong>de</strong>s alliés à laquelle la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
offrait un terrain d’action particulièrement favorable. Obligés <strong>de</strong><br />
nous avancer dans c<strong>et</strong>te plaine <strong>et</strong> ne disposant que d’une cavalerie<br />
très inférieure à celle <strong>de</strong> l’adversaire, nous avions à prendre <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s précautions pour éviter une surprise très dangereuse avec<br />
<strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> nouvelles formation. Pendant c<strong>et</strong>te journée du 1 er<br />
<strong>et</strong> aussi pendant celle <strong>de</strong>s 2 <strong>et</strong> 3 mai, nos corps d’armée marchent<br />
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140<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
en masse <strong>de</strong> guerre à travers champs, dans <strong>de</strong>s formations analogues<br />
à celles que nous indiquerons plus loin pour le 3 ème Corps.<br />
Dans ces conditions, la marche est très fatigante <strong>et</strong>, <strong>de</strong> plus, très<br />
lente car, au moindre obstacle, il faut quitter la formation pour la<br />
reprendre au-<strong>de</strong>là.<br />
Le 3 ème Corps d’armée se m<strong>et</strong> en marche à 11 h du matin,<br />
couvert par une avant-gar<strong>de</strong> comprenant la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie, 2<br />
bataillons, <strong>et</strong> une <strong>de</strong>mie batterie légère ; le gros, qui suit à une<br />
<strong>de</strong>mi-lieue est formé en autant <strong>de</strong> lignes qu’il compte <strong>de</strong> briga<strong>de</strong>s<br />
; dans chaque briga<strong>de</strong>s, les régiments en colonne à <strong>de</strong>mi-distance<br />
par division 1 afin <strong>de</strong> pouvoir former rapi<strong>de</strong>ment les carrés<br />
par régiment ; l’artillerie entre les régiments <strong>de</strong>s briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> tête<br />
<strong>de</strong> chaque division.<br />
<strong>La</strong> cavalerie du corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, qui était en observation<br />
<strong>de</strong>vant Weissenfels, refoulée par le 3 ème Corps, se replie<br />
lestement <strong>de</strong>rrière le Rippach pour essayer <strong>de</strong> nous en disputer le<br />
passage.<br />
Après avoir perdu quelque temps pour franchir le ruisseau<br />
(plutôt du fait du terrain que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’ennemi), le 3 ème Corps<br />
débouche au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> s’avance à travers la plaine.<br />
Les Divisions Souham <strong>et</strong> Girard, qui tiennent la tête, ont à<br />
repousser plusieurs charges <strong>de</strong> la cavalerie russe. Celle-ci, voyant<br />
l’inutilité <strong>de</strong> ses efforts, se r<strong>et</strong>ire dans la direction <strong>de</strong> Pegau.<br />
1 Les subdivisions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te colonne étant formées <strong>de</strong> 2 Compagnies<br />
(ou pelotons) accolées. L’expression <strong>de</strong> division a disparu <strong>de</strong> notre<br />
terminologie militaire en 1875 seulement. Il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue<br />
non plus que <strong>de</strong> 1791 à 1875, les expressions peloton <strong>et</strong> compagnie ont été<br />
synonymes.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 141<br />
Nos pertes se réduisaient à quelques tués ou blessés ;<br />
malheureusement, parmi les morts, se trouvait le Maréchal Bessières,<br />
tué rai<strong>de</strong> par un boul<strong>et</strong> au passage <strong>de</strong> Rippach.<br />
L’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos soldats avait été très ferme : « tous ces jeunes<br />
gens sont gens sont <strong>de</strong>s héros, écrivit le Maréchal Ney à l’Empereur, le<br />
soir même ; je ferai avec eux tout ce que vous voudrez ». C<strong>et</strong> excès d’éloges<br />
à propos d’un combat sans importance démontre que nos généraux<br />
avaient quelque appréhension au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la manière dont<br />
leurs nouvelles troupes se comporteraient au feu.<br />
Les autres corps s’étaient conformés strictement aux prescriptions<br />
<strong>de</strong> l’Empereur.<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée française le 1 er mai au soir<br />
Armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
- L’Empereur est à <strong>Lutzen</strong><br />
- 11 ème Corps : Quesitz <strong>et</strong> Markranstaedt<br />
- 5 ème Corps : en arrière <strong>de</strong> Punthersdorf (un rgt détaché à<br />
Halle)<br />
- 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie : entre Schla<strong>de</strong>bach <strong>et</strong> O<strong>et</strong>zsch<br />
- 32 ème Division Durutte à Merseburg<br />
Armée du Meyn<br />
- Cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à <strong>Lutzen</strong><br />
- Division Vieille Gar<strong>de</strong> à Weissenfels<br />
- Division Jeune Gar<strong>de</strong> à Weissenfels<br />
3 ème Corps<br />
- Quartier général <strong>et</strong> Division Souham occupant les quatre<br />
villages <strong>de</strong> Kaja, Ralsna, Klein <strong>et</strong> Gross-Görschen<br />
- Division Girard : Starsie<strong>de</strong>l<br />
- Divisions Brennier <strong>et</strong> Ricard : près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> ( ?)<br />
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142<br />
- Division Marchand : <strong>Lutzen</strong><br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
6 ème Corps<br />
- Quartier général : près <strong>de</strong> Rippach<br />
- Division Bonn<strong>et</strong> : sur les hauteurs à l’est <strong>de</strong> Rippach. Détachement<br />
<strong>de</strong> 2 bataillons à Mellschütz<br />
- Division Compans : près <strong>de</strong> Lösau (à l’Ouest du Rippach)<br />
- Division Frie<strong>de</strong>richs à Naumburg<br />
4 ème Corps<br />
- Quartier général : Stoessen<br />
- Division Morand : Stoessen avec avant-gar<strong>de</strong> à Pr<strong>et</strong>zsch<br />
- Division italienne Peyri : Gross-Gesterwitz<br />
- Division wurtembergeoise à Iéna<br />
12 ème Corps<br />
- la tête à Kahla, la queue en arrière <strong>de</strong> Saalfeld.<br />
Les renseignements recueillis sur l’ennemi sont les mêmes<br />
que la veille.<br />
Le 1 er mai, au soir, l’armée française est divisée en <strong>de</strong>ux<br />
groupes :<br />
- le 12 ème Corps <strong>et</strong> la Division wurtembergeoise, qui sont en<br />
train <strong>de</strong> serrer sur Naumburg, forment un corps <strong>de</strong> démonstration,<br />
dont la présence sur la Haute-Saale déterminera<br />
l’ennemi (on l’espère, du moins) à maintenir le gros <strong>de</strong> ses<br />
forces au sud <strong>de</strong> Leipzig ;<br />
- le reste <strong>de</strong> l’armée, qui forme la masse <strong>de</strong> manœuvres,<br />
concentré entre Markranstaedt <strong>et</strong> Stoessen, dans un rectangle<br />
dont le front est <strong>de</strong> 30 km <strong>et</strong> la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 15, est prêt à<br />
livrer bataille <strong>de</strong> quelque côté que débouche l’ennemi, par<br />
Leipzig, par Pegau ou par Zeitz.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 143<br />
Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
Dans la nuit du 1 er au 2 mai, l’Empereur apprend que les<br />
corps ennemis qui se trouvaient à Leipzig sont <strong>de</strong>scendus sur<br />
Zwickau : il en conclut que l’armée alliée est en train <strong>de</strong> se<br />
concentrer sur ce <strong>de</strong>rnier point, peut-être dans l’intention <strong>de</strong><br />
l’attaquer sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster.<br />
C<strong>et</strong>te attaque ne semble pas très vraisemblable car en la<br />
tentant, les coalisés se m<strong>et</strong>tront d’eux-mêmes dans une situation<br />
encore plus défavorable que celle ou Napoléon s’efforce <strong>de</strong> les<br />
placer.<br />
Néanmoins, l’Empereur désire tellement que c<strong>et</strong>te attaque<br />
se produise qu’il en vient à la croire probable ; sa conviction à ce<br />
suj<strong>et</strong> s’appuie sur la connaissance du caractère <strong>de</strong> Wittgenstein.<br />
« Wittgenstein, écrivait-il quelques jours avant au Prince<br />
Eugène, est d’un tempérament hardi ; en débouchant avec <strong>de</strong> fortes masses,<br />
on pourrait lui infliger <strong>de</strong> grosses pertes ».<br />
Il va sans dire que Napoléon ne tiendra pas ses troupes<br />
immobilisées dans l’attente <strong>de</strong> l’attaque qui n’est rien moins que<br />
certaine ; il ne doit pas perdre <strong>de</strong> vue le plan qu’il a formé <strong>de</strong> déboucher<br />
en masse par Leipzig pour débor<strong>de</strong>r les coalisés sur leur<br />
droite. Tout en jouant très serré afin d’être prêt à m<strong>et</strong>tre à profit<br />
la témérité <strong>de</strong> l’ennemi si celui-ci l’attaque, il va étendre sa gauche<br />
vers l’Elster pour m<strong>et</strong>tre la main sur Leipzig dont la possession<br />
lui importe à tant <strong>de</strong> titre <strong>et</strong> en même temps, il fera serrer les<br />
corps <strong>de</strong> sa droite sur son centre <strong>de</strong> manière à dérober <strong>de</strong> plus en<br />
plus son aile droite.<br />
Le centre restera immobile à Kaja <strong>et</strong> à <strong>Lutzen</strong>, face à Pegau<br />
<strong>et</strong> à Zwenckau qui sont les débouchés dangereux ; il servira<br />
<strong>de</strong> pivot à toute la manœuvre.<br />
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144<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> la journée, si l’attaque ne s’est<br />
pas produite, l’Empereur achèvera <strong>de</strong> masser sa gauche à Leipzig<br />
<strong>et</strong> portera une partie <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> son centre vers l’Elster, afin <strong>de</strong><br />
s’emparer <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> Pegau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Zwenckau, qui lui sont<br />
nécessaires pour sa manœuvre du len<strong>de</strong>main.<br />
En raison <strong>de</strong> leur importance, nous reproduisons presque<br />
in extenso les ordres donnés par l’Empereur pour la journée du 2<br />
mai 1 .<br />
L’Empereur au Maréchal Mortier. <strong>Lutzen</strong>, 1 er mai à (?)<br />
heures du soir.<br />
« Partez <strong>de</strong>main à 5 heures du matin avec la Division du Général<br />
Rogu<strong>et</strong>, la Division Dumonstier, toute l’artillerie <strong>et</strong> tout ce qui appartient à<br />
la Gar<strong>de</strong>, afin d’arriver <strong>de</strong> bonne heure à <strong>Lutzen</strong> ».<br />
soir.<br />
Au Maréchal Marmont. <strong>Lutzen</strong>, 1 er mai à (?) heures du<br />
« Votre Quartier général, comme je vous l’ai mandé, sera ce soir au<br />
ravin, sur la route entre Weissenfels <strong>et</strong> <strong>Lutzen</strong>. Réunissez-y tout votre corps<br />
d’armée. Faites partir la Division qui est à Naumburg à cinq heures du<br />
matin pour rejoindre. Placez <strong>de</strong>s troupes à la tête du défilé. Renvoyez les<br />
bataillons du Général Marchand qui avaient été mis là en position. Faites<br />
vous éclairer sur la route <strong>de</strong> Pegau. Le Quartier général est à <strong>Lutzen</strong> où s’est<br />
faite notre jonction avec le vice-roi, qui occupe Markranstaedt. L’ennemi s’est<br />
r<strong>et</strong>iré sur Zwenckau <strong>et</strong> Pegau ».<br />
Au Maréchal Oudinot<br />
1 <strong>La</strong> Correspondance <strong>de</strong> Napoléon contient la série complète <strong>de</strong> ces<br />
ordres ; ce qui le prouve, c’est que le livre d’ordres du Maréchal Berthier<br />
n’en contient pas un seul édictant <strong>de</strong>s prescriptions nouvelles.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 145<br />
rez ».<br />
« Portez-vous sur Naumburg ; faites moi connaître quand vous y se-<br />
Au Général Bertrand<br />
« Partez <strong>de</strong>main à 6 heures du matin pour vous porter sur Starsie<strong>de</strong>l.<br />
Vous communiquerez avec Marmont qui est au défilé <strong>de</strong> Weissenfels, sur<br />
la route <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong>. Si la Division italienne est fatiguée <strong>et</strong> ne<br />
peut vous suivre, vous la laisserez un jour à Naumburg. Si elle vous a rejoint<br />
(c’est le cas), elle marchera avec vous. Donnez ordre à la Division wurtembergeoise<br />
<strong>de</strong> se rendre à Naumburg ; faites moi connaître quand elle y arrivera.<br />
« Faites partir <strong>de</strong>main, à quatre heures du matin, un officier qui<br />
vienne prévenir l’Empereur, au Quartier général, <strong>de</strong> l’heure où vous arriverez<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la route que vous suivrez.<br />
« Prenez langue avec le duc <strong>de</strong> Raguse au passage, au défilé sur le<br />
chemin <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong>, parce que c’est là que j’adresserai mes ordres<br />
si j’avais à vous en donner.<br />
« Donnez ordre que ce qui vous vient d’Iéna <strong>et</strong> tout ce qui vous arrive<br />
passe sur la rive gauche <strong>de</strong> la Saale, d’Iéna à Naumburg ; <strong>de</strong> Naumburg,<br />
en reprenant la rivière à Weissenfels <strong>de</strong> manière à être sur la<br />
rive gauche <strong>de</strong> la Saale : cela est très important ».<br />
Au Major Général. <strong>Lutzen</strong>, le 2 mai à 4 h du matin.<br />
« Donnez ordre au vice-roi <strong>de</strong> faire partir aujourd’hui le Général<br />
<strong>La</strong>uriston pour se porter sur Leipzig. Le 11 ème Corps se portera sur Markranstaedt,<br />
d’où il enverra une reconnaissance sur Zwenckau<br />
<strong>et</strong> une sur Leipzig ; pour rester en communication avec le Général <strong>La</strong>uriston<br />
<strong>et</strong> favoriser ses opérations sur Leipzig. <strong>La</strong> reconnaissance que le 11 ème<br />
Corps enverra sur Zwenckau se liera avec la reconnaissance que le prince <strong>de</strong><br />
la Moskowa y enverra. Le Quartier général du 11 ème Corps sera à Markranstaedt<br />
».<br />
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146<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
« Donnez ordre au prince <strong>de</strong> la Moskowa <strong>de</strong> ses cinq<br />
Divisions 1 <strong>et</strong> d’envoyer <strong>de</strong>ux fortes reconnaissances, une<br />
sur Zwenckau <strong>et</strong> l’autre sur Pegau. Prévenez le que le 11 ème Corps<br />
aura son Quartier général à Markranstaedt <strong>et</strong> enverra une reconnaissance sur<br />
Zwenckau ; que le 5 ème Corps, que comman<strong>de</strong> le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> qui est<br />
sur la route <strong>de</strong> Leipzig, se portera sur Leipzig ; que le Général Bertrand doit<br />
arriver aujourd’hui, à 3 heures <strong>de</strong> l’après-midi près <strong>de</strong> Kaja ; que le duc <strong>de</strong><br />
Raguse est au débouché ».<br />
En exécution <strong>de</strong> ces ordres, <strong>de</strong> cinq à 9 h du matin, le 5 ème<br />
Corps, avec une partie du 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (20 000 hommes),<br />
se portera sur Leipzig ; le 11 ème Corps, avec le reste du 1 er<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie (25 000 hommes), se massera à hauteur <strong>de</strong><br />
Markranstaedt, prêt à appuyer soit le 5 ème , soit le 3 ème Corps ; le<br />
3 ème Corps <strong>de</strong>vra se rallier à Kaja pour observer les débouchés <strong>de</strong><br />
Pegau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Zwenckau ; les 2 Divisions du 6 ème Corps qui sont à<br />
Rippach y resteront ; elles seront rejointes, entre 9 <strong>et</strong> 10 h du matin<br />
par la 3 ème Division venant <strong>de</strong> Naumburg ; la Gar<strong>de</strong> à pied<br />
marchera <strong>de</strong> Weissenfels à <strong>Lutzen</strong> qu’elle atteindra vers 9 h ; le<br />
4 ème Corps (2 Divisions) se portera <strong>de</strong> Stoessen sur Kaja où l’on<br />
pense qu’il arrivera à 3 h au soir.<br />
En cas d’attaque sur Pegau ou Zwenckau, le 3 ème Corps,<br />
rallié à Kaja <strong>et</strong> orienté sur les directions dangereuses, est <strong>de</strong>stiné à<br />
servir d’avant-gar<strong>de</strong> ; c’est à lui qu’incombera la mission d’arrêter<br />
l’ennemi <strong>et</strong> <strong>de</strong> le fixer pour perm<strong>et</strong>tre au reste <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> le<br />
manœuvrer.<br />
Kaja est à 19 km <strong>de</strong> Leipzig, 9 <strong>de</strong> Markranstaedt, 7 <strong>de</strong><br />
Rippach, 15 <strong>de</strong> Weissenfels <strong>et</strong> à 20 <strong>de</strong> Stoessen.<br />
1 L’Empereur ne précise pas où doit se rallier le 3 ème Corps, mais<br />
c’est évi<strong>de</strong>mment à Kaja où se trouve le Quartier général.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 147<br />
A quelque moment que l’attaque se produise, le 3 ème<br />
Corps, qui compte à lui seul 45 000 combattants, sera soutenu en<br />
moins <strong>de</strong> trois heures par les 50 000 hommes du 11 ème Corps, <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux premières Divisions du 6è, <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à cheval <strong>et</strong> du 1 er<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie ; six à sept heures au plus après le commencement<br />
<strong>de</strong> l’action, tout le reste <strong>de</strong> l’armée sera entré en ligne ;<br />
nous opposerons alors 150 000 combattants aux 80 000 que les<br />
coalisés peuvent, tout au plus 1 , concentrer <strong>de</strong> ce côté dans la<br />
journée pour livrer bataille.<br />
Dans la matinée du 2, les ordres donnés s’exécutent ponctuellement<br />
sauf que les Divisions du 3 ème Corps, au lieu <strong>de</strong> se rallier,<br />
restent sur les emplacements où elles ont passé la nuit.<br />
A mesure que le temps s’écoule, rien ne bougeant, ni du<br />
côté <strong>de</strong> Pegau, ni du côté <strong>de</strong> Zwenckau, l’Empereur renonce peu<br />
à peu à l’espoir <strong>de</strong> voir les coalisés prendre l’offensive sur la rive<br />
droite <strong>de</strong> l’Elster.<br />
Dans une nouvelle série d’ordres expédiés <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, entre<br />
8 h <strong>et</strong> 10 h du matin, il prescrit au 5 ème Corps <strong>de</strong> continuer son<br />
attaque sur Leipzig ; au 11 ème Corps <strong>de</strong> s’avancer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Markranstaedt,<br />
prêt à se porter soit sur Leipzig, soit sur Zwenckau ;<br />
au 3 ème Corps <strong>de</strong> rester à Kaja, où on le croit rallié ; au 6 ème Corps<br />
<strong>de</strong> se porter sur Pegau ; au 4 ème Corps d’échelonner ses trois Divisions<br />
<strong>de</strong> Taucha à Stoessen, si la fatigue <strong>de</strong>s troupes ne perm<strong>et</strong><br />
pas <strong>de</strong> les faire serrer sur Taucha 2 ; à la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> rester à <strong>Lutzen</strong>,<br />
prête à marcher au premier ordre.<br />
1 Nous calculons le temps très largement pour tenir compte <strong>de</strong><br />
ce que nos troupes marchent à travers champs, en masses <strong>de</strong> guerre.<br />
2 Le 4 ème Corps recevra c<strong>et</strong> ordre trop tard <strong>et</strong> fera serrer ses <strong>de</strong>ux<br />
Divisions <strong>de</strong> tête sur Taucha.<br />
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148<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Nous reproduisons l’ordre adressé au Maréchal Ney qui<br />
résume tous les autres :<br />
<strong>Lutzen</strong>, 2 mai, 9 h 30 du matin.<br />
« J’ai donné ordre au duc <strong>de</strong> Raguse <strong>de</strong> se porter sur Pegau. Si, en<br />
approchant, il apprend qu’il y ait quelque chose, il prendra position entre<br />
Pegau <strong>et</strong> Zwenckau. Si vous enten<strong>de</strong>z la canonna<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce côté, tenez vous prêt<br />
à marcher au secours.<br />
« Le Général Bertrand arrivera ce soir à Taucha avec une Division,<br />
une autre Division au Gleissberg <strong>et</strong> une autre à Stoessen afin d’observer<br />
Zeitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> se porter <strong>de</strong>main sur Pegau <strong>et</strong> Zwenckau. Tous les rapports qu’on<br />
a sont que l’ennemi se réunit à Zwenckau <strong>et</strong> que Wittgenstein a été nommé<br />
commandant en chef. Faites-moi connaître la position <strong>de</strong> vos cinq Divisions.<br />
Vous pouvez r<strong>et</strong>irer le Général Bertrand <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Leipzig, toute ma<br />
gar<strong>de</strong> étant là pour l’appuyer (la Division Marchand) dans la direction <strong>de</strong><br />
Zwenckau. J’attends le rapport <strong>de</strong> ce que vous pouvez avoir appris ce matin<br />
».<br />
<strong>La</strong> Division <strong>de</strong> tête du 5 ème Corps (Division Maisons) 1 refoulant<br />
<strong>de</strong>vant elle une ligne <strong>de</strong> postes <strong>de</strong> cavalerie ennemie,<br />
s’avance sur Leipzig par Gunthersdorf. Quand elle arrive sur les<br />
hauteurs <strong>de</strong> Ruckmarsdorf, elle aperçoit, dans la plaine, une masse<br />
<strong>de</strong> 3 à 4 000 cavaliers <strong>et</strong> plus en arrière, près <strong>de</strong> Lin<strong>de</strong>nau, quelque<br />
infanterie avec <strong>de</strong> l’artillerie. <strong>La</strong> canonna<strong>de</strong> s’engage. <strong>La</strong> Division<br />
Maisons, avançant rapi<strong>de</strong>ment, oblige l’ennemi à se replier ; elle le<br />
suit, pénètre dans Lin<strong>de</strong>nau sur ses talons <strong>et</strong> s’empare <strong>de</strong>s ponts<br />
<strong>de</strong> l’Elster qui sont intacts. Pendant que la Division Maisons se<br />
place en avant <strong>de</strong> Leipzig pour tenir le débouché, les <strong>de</strong>ux autres<br />
Divisions du 5 ème Corps occupent la ville. Il est 11 h.<br />
1 Voir la carte au 1/100 000 ème <strong>de</strong> l’Etat-Major prussien.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 149<br />
<strong>La</strong> Division Gérard du 11 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie,<br />
pour appuyer le mouvement du 5 ème Corps, se sont avancés<br />
<strong>de</strong> Markranstaedt sur Schönau <strong>et</strong> se sont établis au sud <strong>de</strong> ce village.<br />
Le reste du 11 ème Corps s’est placé entre <strong>La</strong>usen <strong>et</strong> Markranstaedt.<br />
Le 6 ème Corps, rallié par sa 3 ème Division, se m<strong>et</strong> en mouvement<br />
entre 10 h <strong>et</strong> 11 h pour se porter sur Pegau en passant par<br />
Starsie<strong>de</strong>l <strong>de</strong> façon à rester lié au 3 ème Corps.<br />
Le Général Bertrand, qui n’a pas reçu à temps le <strong>de</strong>uxième<br />
ordre <strong>de</strong> Napoléon, marche par Aupitz sur Taucha avec ses <strong>de</strong>ux<br />
premières Divisions. Le Général, qui a appris l’arrivée d’un corps<br />
ennemi à Zeitz (c’est simplement l’avant-gar<strong>de</strong> du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch),<br />
a prévenu l’Empereur en lui faisant savoir qu’il arrêtera<br />
son corps d’armée sur la hauteur <strong>de</strong> Dippelsdorf afin d’être à<br />
même <strong>de</strong> marcher soir sur Taucha <strong>et</strong> Kaja, soit sur Zeitz, si<br />
l’Empereur le juge plus convenable. A midi, au reçu du <strong>de</strong>rnier<br />
ordre visé ci-<strong>de</strong>ssus, le Général Bertrand continue son mouvement<br />
; à une heure <strong>de</strong> l’après-midi, la Division Morand est établie<br />
entre Taucha <strong>et</strong> Aupitz, face à Hohen-Molsen ; la Division Peyri<br />
est en train <strong>de</strong> serrer sur Aupitz. A ce moment, la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la<br />
fusilla<strong>de</strong> font rage du côté <strong>de</strong> Görschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l, à moins<br />
<strong>de</strong> 6 km à vol d’oiseau ; le Général Bertrand ne s’en émeut pas : il<br />
attend <strong>de</strong>s ordres ! ! !<br />
Quant au 3 ème Corps, il n’a pas bougé <strong>de</strong>puis le matin,<br />
malgré les prescriptions formelles <strong>de</strong> l’Empereur ; le Maréchal<br />
Ney n’a pas rallié ses Divisions sur Kaja. <strong>La</strong> Division Souham, qui<br />
occupe ce village ainsi que Ralsna <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Görschen, a <strong>de</strong>s<br />
avant-postes à Hohenlohe, du côté <strong>de</strong> Zwenckau, mais elle ne se<br />
gar<strong>de</strong> pas du côté <strong>de</strong> Pegau.<br />
Des patrouilles <strong>de</strong> cavalerie légère ennemie tiennent la<br />
plaine <strong>de</strong> Bösdorf, à Hohen-Molsen ; on les aperçoit qui galopent<br />
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150<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
sur toutes les crêtes ; mais on n’y prend pas gar<strong>de</strong> car c’est là<br />
un spectacle avec lequel on est déjà blasé.<br />
L’Empereur, accompagné du Maréchal Ney, s’est<br />
rendu à Markranstaedt avec la cavalerie <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> ; là, il s’est<br />
arrêté pour passer en revue le 11 ème Corps ; puis, son attention<br />
s’est fixée sur le combat que livre le 5 ème Corps qui, déjà, pénètre<br />
dans Leipzig.<br />
Tout à coup, vers midi, une violente canonna<strong>de</strong> r<strong>et</strong>entit<br />
<strong>de</strong>rrière lui, du côté <strong>de</strong> Görschen ; il se r<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> examine<br />
l’horizon avec sa lun<strong>et</strong>te. En un instant, il a compris ce qui se<br />
passe <strong>et</strong> arrêté ses dispositions. Des ordres <strong>de</strong> quelques lignes<br />
écrits au crayon sous sa dictée par les ai<strong>de</strong>s-<strong>de</strong>-camp vont suffire<br />
à m<strong>et</strong>tre en mouvement tous les corps <strong>de</strong> l’armée française. L’un<br />
<strong>de</strong> ces ordres, celui adressé à la Vieille Gar<strong>de</strong>, ne contient que<br />
c<strong>et</strong>te phrase courte <strong>et</strong> énergique : « <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> en feu ».<br />
Les dispositions prises se résume en ceci :<br />
Le 3 ème Corps se maintiendra sur ses positions coûte que<br />
coûte, afin d’arrêter l’ennemi, <strong>de</strong> le fixer <strong>et</strong> <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre aux autres<br />
Corps <strong>de</strong> manœuvrer sur lui. Le 6 ème Corps prolongera le 3 ème<br />
sur sa droite ; le 4 ème Corps agira contre l’aile gauche ennemie ; le<br />
11 ème <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie contre l’aile droite ; le 5 ème Corps<br />
fera occuper Leipzig par l’une <strong>de</strong> ses Divisions <strong>et</strong> tiendra les <strong>de</strong>ux<br />
autres échelonnées sur Markranstaedt <strong>et</strong> prêtes à se porter sur<br />
Kaja.<br />
Le Maréchal Ney, au premier coup <strong>de</strong> canon, est parti<br />
ventre à terre dans la direction <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, pour faire avancer les<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 151<br />
Divisions Marchand, Brennier <strong>et</strong> Ricard au soutien <strong>de</strong>s Divisions<br />
Souham <strong>et</strong> Girard 1 .<br />
Avant <strong>de</strong> continuer l’exposé <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s Français,<br />
il est indispensable <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er un coup d’œil sur la situation <strong>de</strong>s<br />
coalisés.<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée coalisée dans les journées du 30 avril<br />
<strong>et</strong> du 1 er mai <strong>et</strong> du 2 mai jusqu’à midi<br />
Dans la <strong>de</strong>rnière quinzaine d’avril, pendant que l’armée<br />
française marchait vers la Saale, les coalisés avaient lentement<br />
rassemblé toutes leurs forces sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch avait passé le fleuve à Dres<strong>de</strong><br />
du 16 au 19 <strong>et</strong> rejoint le Corps <strong>de</strong> Blücher qui, <strong>de</strong>puis le 14 avril,<br />
1 <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong>s ordres, que nous avons reproduits textuellement,<br />
montre combien se sont trompés les nombreux écrivains militaires qui<br />
ont prétendu que le jour <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, Napoléon avait été surpris par<br />
l’attaque <strong>de</strong>s coalisés.<br />
Il est vrai qu’à partir <strong>de</strong> dix heures du matin, l’Empereur a cessé <strong>de</strong><br />
croire à la probabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, mais il n’en a pas moins pris<br />
toutes ses précautions pour y parer si elle se produisait.<br />
Partant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te idée fausse d’un Napoléon surpris en flagrant délit <strong>de</strong><br />
manœuvre, ces mêmes écrivains se sont émerveillés <strong>de</strong> la rapidité avec<br />
laquelle il avait vu clair dans la situation au premier coup <strong>de</strong> canon tiré à<br />
Kaja <strong>et</strong> « renversé son ordre <strong>de</strong> bataille ». C<strong>et</strong>te rapidité s’explique par ce fait<br />
que Napoléon avait mûrement réfléchi à l’éventualité qui se présentait<br />
<strong>et</strong> pris ses dispositions en conséquence : il ne fut pas surpris le moins<br />
du mon<strong>de</strong>.<br />
Mr. Thiers, en c<strong>et</strong>te circonstance, a vu très juste : l’Empereur, dit-il, put<br />
arrêter ses dispositions en un clin d’œil parce qu’il avait pris la précaution<br />
<strong>de</strong> s’assurer à Kaja avec le 3ème Corps, un soli<strong>de</strong> pivôt <strong>de</strong> manœuvre.<br />
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152<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
était établi en cantonnements autour d’Altenburg. Ce fut seulement<br />
le 24 avril qu’arrivèrent à Dres<strong>de</strong> les souverains alliés <strong>et</strong> la<br />
Gar<strong>de</strong> russe.<br />
Le 28, on apprit la mort <strong>de</strong> Kutuzow, qui était resté mala<strong>de</strong><br />
à Bunzlau. On décida <strong>de</strong> ne pas faire connaître c<strong>et</strong>te nouvelle<br />
dans la crainte <strong>de</strong> porter atteinte au moral <strong>de</strong>s troupes russes qui<br />
avaient une confiance superstitieuse dans leur vieux Général.<br />
D’un commun accord, les souverains alliés nommèrent Commandant<br />
en chef le Général russe Wittgenstein, qui s’était acquis<br />
une gran<strong>de</strong> réputation dans la campagne précé<strong>de</strong>nte, à peu <strong>de</strong><br />
frais d’ailleurs.<br />
A la date du 30 avril, l’armée prusso-russe occupe les emplacements<br />
suivants :<br />
Le Corps <strong>de</strong> Berg, 7 500 hommes, <strong>et</strong> celui d’York, 10 000<br />
hommes, sont en marche <strong>de</strong> Skenditz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Leipzig sur Zwenckau<br />
pour se rapprocher <strong>de</strong> Blücher ;<br />
Le détachement <strong>de</strong> Kleist, 6 000 hommes, est chargé <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>r Leipzig ;<br />
Du Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, 13 500 hommes, la cavalerie<br />
(5 000 hommes) est près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> ; l’infanterie en avant <strong>de</strong><br />
Zwenckau entre l’Elster <strong>et</strong> Flossgraben ;<br />
Le Corps <strong>de</strong> Blücher, 27 000 hommes, est aux environs <strong>de</strong><br />
Borna ;<br />
nig ;<br />
Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, 12 000 hommes, près <strong>de</strong> Pe-<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> russe, 18 500 hommes, à Frohburg <strong>et</strong> Kohren<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein le 30 avril<br />
(Corps <strong>de</strong> Bülow non compris)<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 153<br />
Corps russes (54 300 h)<br />
Berg, 22 bons, 1 rgt <strong>de</strong> cavalerie, 1 rgt <strong>de</strong> cosaques, 3 bies. 7 500 h<br />
Wittzengero<strong>de</strong> : 20 bons, 6 rgts cavalerie, 9 rgts cosaques, 6 bies 13 500 h<br />
Miloradowitch : 22 bons, 9 rgts cavalerie, 7 rgts cosaques, 10 bies 12 000 h<br />
Gar<strong>de</strong> : 30 bons, 15 rgts cav., (55 eons) 7 rgts <strong>de</strong> cosaques, 15 bies 18 500 h<br />
Kleist 1<br />
Troupes russes : 5 rgts <strong>de</strong> cavalerie, 3 rgts <strong>de</strong> cosaques, 2 bies 2 800 h<br />
Troupes prussiennes : 4 ½ bons, 4 eons, 1 bie, 3 200 h<br />
Corps prussiens (37 700 h)<br />
Blücher : 22 bons, 43 eons, 11 bies 27 000 h<br />
York : 12 bons, 12 eons, 7 bies 7 500 h<br />
Les effectifs indiqués ci-<strong>de</strong>ssus sont un peu faibles parce<br />
que les situations prussiennes ne mentionnent que les compagnies<br />
<strong>et</strong> les escadrons <strong>de</strong> chasseurs volontaires qui étaient rattachés aux<br />
troupes <strong>de</strong> ligne. On peut adm<strong>et</strong>tre que l’effectif total est <strong>de</strong> :<br />
95 000 hommes soit 65 000 fantassins, 22 000 cavaliers, 8 000<br />
artilleurs servant 530 à 550 pièces.<br />
Les coalisés s’étaient <strong>de</strong>mandés s’ils accepteraient la bataille<br />
sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elbe, ou s’ils se replieraient <strong>de</strong>rrière le<br />
fleuve pour essayer <strong>de</strong> la défendre. Ils avaient reconnu que la ligne<br />
<strong>de</strong> l’Elbe n’étant pas défendable dès l’instant où l’ennemi était<br />
maître <strong>de</strong> Wittenberg <strong>et</strong> même <strong>de</strong> Torgau, le parti pris <strong>de</strong> refuser<br />
la bataille les conduirait à reculer bien au-<strong>de</strong>là du fleuve, jusqu’au<br />
fond <strong>de</strong> la Silésie <strong>et</strong> peut-être même plus loin, attendu que les<br />
renforts, landwehrs prussiennes <strong>et</strong> troupes <strong>de</strong> réserve russes, ne<br />
pourraient pas entrer en ligne avant <strong>de</strong>ux grands mois ; or, il était<br />
à craindre qu’une r<strong>et</strong>raite aussi prolongée ne ruinât le moral <strong>de</strong>s<br />
troupes <strong>et</strong> n’amenât un revirement <strong>de</strong> l’opinion en Allemagne <strong>et</strong><br />
1 Le détachement <strong>de</strong> Kleist a été constitué avec <strong>de</strong>s fractions<br />
empruntées à l’ancien Corps <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> au Corps d’York.<br />
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154<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
en Autriche où, jusqu’alors, on s’était montré très favorable à la<br />
cause <strong>de</strong> la coalition.<br />
On espérait d’ailleurs que la qualité <strong>de</strong>s troupes compenserait<br />
leur infériorité numérique, car Russes <strong>et</strong> Prussiens étaient<br />
d’accord pour considérer les troupes françaises comme n’ayant<br />
que peu <strong>de</strong> valeur. Les coalisés pensaient, en outre, qu’avec une<br />
cavalerie aussi nombreuse <strong>et</strong> aussi bonne que la leur, ils seraient<br />
très exactement informés <strong>de</strong> tous les faits <strong>et</strong> gestes <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong><br />
qu’ils pourraient facilement lui cacher leurs propres mouvements<br />
; pour combattre, ils auraient donc le choix du lieu <strong>et</strong> du<br />
moment, ce qui leur assurerait <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> vaincre.<br />
Enfin, si le résultat <strong>de</strong> la bataille ne leur était pas favorable, c<strong>et</strong>te<br />
même supériorité en cavalerie leur perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> battre en r<strong>et</strong>raite<br />
sans trop <strong>de</strong> difficultés.<br />
Les alliés avaient donc décidé <strong>de</strong> livrer bataille sur la rive<br />
gauche <strong>de</strong> l’Elbe, en profitant <strong>de</strong> la première occasion favorable<br />
pour attaquer les Français.<br />
En apprenant qu’une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes adverses<br />
venaient d’atteindre la Saale entre Naumburg <strong>et</strong> Merseburg, Wittgenstein<br />
avait pensé que l’intention <strong>de</strong> Napoléon était <strong>de</strong> marcher<br />
directement sur Leipzig. En conséquence, il avait donné <strong>de</strong>s ordres<br />
pour concentrer l’armée entre Leipzig <strong>et</strong> Würzen. C’est en<br />
exécution <strong>de</strong> ces ordres que le Corps <strong>de</strong> Blücher avait quitté la<br />
région d’Altenburg pour se porter sur Borna.<br />
Mais l’Empereur Alexandre, arrivé au Quartier général sur<br />
ces entrefaites, n’approuva pas les dispositions du Généralissime,<br />
estimant qu’elles exposaient les coalisés en cas <strong>de</strong> défaite à être<br />
acculés à l’Elbe, du côté <strong>de</strong> Torgau : il décida que son armée se<br />
rassemblerait plus au Sud, entre Leipzig <strong>et</strong> Borna.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 155<br />
Les conseillers militaires <strong>de</strong> l’Empereur Alexandre <strong>et</strong><br />
parmi eux, le Général prussien Scharnhorst qui étaient le plus<br />
écouté, ne croyaient pas que l’armée française se risquât à marcher<br />
sur Leipzig par <strong>Lutzen</strong>. Il ne leur paraissait pas admissible<br />
que Napoléon, qui n’avait pour ainsi dire pas <strong>de</strong> cavalerie,<br />
s’aventurât dans une plaine aussi favorable à l’action <strong>de</strong>s nombreux<br />
escadrons <strong>de</strong>s alliés ; ils pensaient que l’Empereur replierait<br />
sa droite sur Naumburg <strong>et</strong> déboucherait vers Zeitz <strong>et</strong> Altenburg,<br />
<strong>de</strong> manière à se maintenir dans une région moyennement acci<strong>de</strong>ntée<br />
très favorable à l’action <strong>de</strong> l’infanterie <strong>et</strong> très peu à celle <strong>de</strong><br />
la cavalerie.<br />
En outre, la présence <strong>de</strong> colonnes françaises considérables<br />
sur la Haute-Saale semblait obliger Napoléon, s’il voulait prendre<br />
l’offensive immédiatement, à déboucher plutôt par Zeitz que par<br />
Naumburg, afin d’être à même d’attirer plus facilement à lui les<br />
colonnes en question.<br />
Ce raisonnement était parfaitement juste, mais il ne tenait<br />
pas compte <strong>de</strong> ce que la direction <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, moins favorable au<br />
point <strong>de</strong> vue tactique que celle <strong>de</strong> Zeitz, l’était davantage au point<br />
<strong>de</strong> vue stratégique.<br />
Quoi qu’il en soit, ce furent les raisons exposées ci-<strong>de</strong>ssus<br />
qui déterminèrent les coalisés à placer le gros <strong>de</strong> leurs forces entre<br />
Borna <strong>et</strong> Leipzig.<br />
Le 1 er mai, quand les Français s’avancèrent <strong>de</strong> Weissenfels<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Merseburg sur <strong>Lutzen</strong>, il <strong>de</strong>vint évi<strong>de</strong>nt que leur offensive,<br />
contrairement aux prévisions, allait se produire par <strong>Lutzen</strong> sur<br />
Leipzig.<br />
Au reçu <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> se cavalerie, qui avait relevé d’une<br />
façon très précise la position <strong>de</strong>s détachements avancés <strong>de</strong><br />
l’armée française, l’Etat-Major coalisé s’imagina c<strong>et</strong>te armée for-<br />
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156<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
mée en une longue colonne qui marchait processionnellement sur<br />
Leipzig, ne se gardant du côté <strong>de</strong> Pegau que par <strong>de</strong> faibles détachements.<br />
Wittgenstein jugea qu’il fallait profiter <strong>de</strong> la disposition<br />
<strong>de</strong>s corps français pour les attaquer brusquement sur <strong>Lutzen</strong> en<br />
débouchant par Pegau, <strong>de</strong> manière à j<strong>et</strong>er dans les marais <strong>de</strong><br />
l’Elster tout ce qui aurait dépassé <strong>Lutzen</strong>.<br />
A la suite <strong>de</strong>s marches effectuées dans la journée du 1 er<br />
mai, les corps russes <strong>et</strong> prussiens occupent les emplacements indiquées<br />
ci-après : (Voir le croquis)<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> (le gros) à Stönzsch, au contact<br />
<strong>de</strong>s Français ;<br />
- Le détachement <strong>de</strong> Kleist à Leipzig ;<br />
- Les Corps d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg autour <strong>de</strong> Zwenckau ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Blücher à Rotha <strong>et</strong> en arrière ;<br />
- <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> russe à Borna <strong>et</strong> en arrière ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch à Altenburg <strong>et</strong> en arrière ;<br />
- Le Quartier général à Zwenckau ;<br />
L’ordre pour la bataille, qui est signé à 11 h 30 du soir,<br />
prescrit ce qui suit :<br />
- Le détachement <strong>de</strong> Kleist assurera la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Leipzig ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch se portera sur Zeitz pour surveiller les<br />
directions <strong>de</strong> Naumburg <strong>et</strong> d’Iéna.<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>, moins un détachement <strong>de</strong> 1 500 hommes<br />
environ qui est affecté à la gar<strong>de</strong> du pont <strong>de</strong> Zwenckau, prendra position<br />
à Werben pour couvrir le débouché du gros <strong>de</strong> l’armée au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
l’Elster <strong>et</strong> du Flossgraben ;<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Blücher marchera en <strong>de</strong>ux colonnes qui franchiront<br />
l’Elster, celle <strong>de</strong> droite à Storkwitz <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> gauche à Pegau ;<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 157<br />
- Le Corps d’York passera l’Elster à Pegau <strong>de</strong>rrière la colonne <strong>de</strong> gauche<br />
<strong>de</strong> Blücher ; le corps <strong>de</strong> Berg à Starkwitz, <strong>de</strong>rrière la colonne <strong>de</strong> droite ;<br />
- <strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> suivra les Corps d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg ;<br />
- L’armée se formera au-<strong>de</strong>là du Flossgraben, la droite appuyée à ce canal<br />
près <strong>de</strong> Werben <strong>et</strong> la gauche au Grünabach près <strong>de</strong> Söhesten.<br />
- Le Corps <strong>de</strong> Blücher <strong>de</strong>vra commencer à passer l’Elster à 5 heures du<br />
matin, <strong>de</strong> façon que le mouvement <strong>de</strong> l’armée soit terminé vers 7 heures.<br />
L’Ordre n’est expédié qu’à minuit, mais il est probable<br />
qu’un avis préalable a été adressé aux commandants <strong>de</strong> corps car<br />
les troupes sont toutes en marche entre 1 h <strong>et</strong> 2 h du matin.<br />
Comme aucune prescription n’a été faite en ce qui concerne<br />
les mouvements sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster, les colonnes<br />
d’York <strong>et</strong> celles <strong>de</strong> Blücher se croisent ; le désordre qui en résulte<br />
amène une perte <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures, si bien que les troupes<br />
<strong>de</strong> Blücher ne commencent à passer l’Elster qu’à 7 h du matin.<br />
C’est seulement à 11 h que l’armée a fini <strong>de</strong> déboucher au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> Flossgraben. Elle se trouve alors formée sur trois lignes,<br />
<strong>de</strong>rrière la crête située à environ 2 000 mètres au sud <strong>de</strong> Gross-<br />
Görschen :<br />
- en 1 ère ligne, le corps <strong>de</strong> Blücher, la droite à Werben ayant<br />
à sa gauche la réserve <strong>de</strong> cavalerie du colonel Dolfs qui se<br />
tient en face <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l ;<br />
- en 2 ème ligne, les corps <strong>de</strong> Berg, d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />
se succédant <strong>de</strong> la droite à la gauche dans l’ordre où<br />
ils sont énumérés ; en réserve, la Gar<strong>de</strong> russe, qui a laissé<br />
un détachement <strong>de</strong> 2 000 hommes pour tenir les passages<br />
<strong>de</strong> Stönzsch <strong>et</strong> <strong>de</strong> Werben.<br />
Les troupes, dont beaucoup ont marché presque sans repos<br />
<strong>de</strong>puis vingt-quatre heures, sont très fatiguées : on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
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158<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
leur faire prendre une heure <strong>de</strong> repos avant <strong>de</strong> donner le signal <strong>de</strong><br />
l’attaque.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 159<br />
Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
<strong>La</strong> carte au 1/100 000 ème 1 donne une idée très n<strong>et</strong>te <strong>de</strong> la<br />
configuration générale du champ <strong>de</strong> bataille.<br />
C’est une plaine mollement ondulée, s’étendant entre<br />
l’Elster, qui est une rivière non guéable <strong>et</strong> le Grünabach, un p<strong>et</strong>it<br />
ruisseau sans importance ; le terrain est très soli<strong>de</strong> ; partout, l’on<br />
circule facilement à travers champs. Un canal d’irrigation, appelé<br />
le Flossgraben, serpente à travers la plaine qu’il coupe en <strong>de</strong>ux ;<br />
très étroit <strong>et</strong> peu profond, il coule entre <strong>de</strong>s berges assez rai<strong>de</strong>s,<br />
couvertes d’arbres <strong>et</strong> <strong>de</strong> broussailles ; l’infanterie le traverse aisément,<br />
mais c’est un obstacle presque partout infranchissable pour<br />
la cavalerie <strong>et</strong> l’artillerie ; ajoutons que la végétation qui croît sur<br />
ses bords forme un ri<strong>de</strong>au qui masque les vues. Les nombreux<br />
villages <strong>de</strong> la région sont entourés <strong>de</strong> vergers fermés par <strong>de</strong>s haies<br />
ou <strong>de</strong>s levées <strong>de</strong> terre ; les habitations, assez soli<strong>de</strong>ment construites,<br />
sont couvertes en chaume si bien que l’artillerie peut facilement<br />
les incendier.<br />
Du somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> la hauteur qui est au Sud <strong>de</strong> Gross-Görschen,<br />
les généraux coalisés découvrent toute la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>.<br />
A l’Est <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te localité, le long <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Leipzig, on voit<br />
d’épais nuages <strong>de</strong> poussière qui révèlent que <strong>de</strong>s colonnes françaises<br />
sont en marche vers Markranstaedt.<br />
A Gross-Görschen, on aperçoit <strong>de</strong>s troupes au bivouac ;<br />
après avoir cru que ce n’était qu’un faible détachement qui se<br />
r<strong>et</strong>irerait au plus vite dès que l’armée coalisée se montrerait, on<br />
finit par constater qu’il y a là plusieurs milliers d’hommes. C<strong>et</strong>te<br />
circonstance j<strong>et</strong>te le trouble dans l’esprit <strong>de</strong> Wittgenstein qui<br />
1 Voir le croquis 10 qui est la reproduction pour la partie qui<br />
avoisine Kaja.<br />
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160<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
s’était figuré qu’il pourrait porter son armée en bloc jusqu’à <strong>Lutzen</strong><br />
sans éprouver la moindre résistance.<br />
Au lieu <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> ce que ses troupes sont toutes déployées<br />
pour faire débor<strong>de</strong>r par les <strong>de</strong>ux ailes les villages occupés<br />
par l’ennemi en même temps qu’il les fera attaquer <strong>de</strong> front, Wittgenstein<br />
déci<strong>de</strong> qu’une avant-gar<strong>de</strong>, composée <strong>de</strong> la 1 ère briga<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Blücher, sera chargée <strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyer la<br />
place <strong>et</strong> d’ouvrir le chemin <strong>de</strong> Lûtzen au gros <strong>de</strong> l’armée.<br />
A midi, Blücher s’approche <strong>de</strong> Wittgenstein, le salue du<br />
sabre <strong>et</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’autorisation <strong>de</strong> commencer le combat : « A<br />
la grâce <strong>de</strong> Dieu », répond Wittgenstein ; quelques minutes plus<br />
tard, le premier coup <strong>de</strong> canon r<strong>et</strong>entit.<br />
Midi. – <strong>La</strong> briga<strong>de</strong> du Général Klüx (6 bataillons, 6 escadrons, 4<br />
batteries), marche droit à Gross-Görschen pendant que la cavalerie<br />
du colonel Dolfs (23 escadrons <strong>et</strong> 3 batteries à cheval)<br />
s’avance à sa gauche vers Ralsna ; la cavalerie <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />
suit le mouvement <strong>et</strong> prend sa direction sur Starsie<strong>de</strong>l.<br />
L’artillerie <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> Klüx (36 canons) se m<strong>et</strong> en batteries<br />
à 800 pas <strong>de</strong> Gross-Görschen <strong>et</strong> ouvre le feu sur un bivouac<br />
français qui se trouve à l’Est du village. Les Français, quoique<br />
surpris, se forment assez rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent douze pièces en<br />
batteries ; mais c<strong>et</strong>te artillerie est <strong>de</strong> suite réduite au silence.<br />
L’infanterie prussienne s’avance alors au pas <strong>de</strong> course <strong>et</strong><br />
s’empare <strong>de</strong> Gross-Görschen presque sans coup férir. Mais,<br />
quand le colonel Dolfs veut j<strong>et</strong>er sa cavalerie sur les Français en<br />
r<strong>et</strong>raite, <strong>de</strong>s batteries établies entre Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen<br />
l’accueillent par un tir à mitraille <strong>et</strong> l’obligent à se r<strong>et</strong>irer précipitamment.<br />
Le Général Souham a rallié sa Division (12 000 hommes)<br />
; il lui fait prendre position, la droite à Kalsna, la gauche à<br />
Klein-Görschen <strong>et</strong> empêche la briga<strong>de</strong> Klüx <strong>de</strong> dépasser Gross-<br />
Gorschen.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 161<br />
Pendant ce temps, Starsie<strong>de</strong>l, la Division Girard prend les<br />
armes dans un certain désordre, résultat <strong>de</strong> la surprise : il faut<br />
envoyer chercher les attelages <strong>de</strong> l’artillerie qui sont allés au fourrage<br />
dans les villages voisins. Fort heureusement qu’à ce moment<br />
même, arrive le Maréchal Marmont avec tout le 6 ème Corps. Le<br />
Maréchal j<strong>et</strong>te un détachement dans Starsie<strong>de</strong>l pour s’en servir<br />
comme point d’appui <strong>et</strong> porte ses Divisions en échelons, la gauche<br />
en avant vers la crête, sur laquelle se montrent les masses <strong>de</strong><br />
la cavalerie ennemie. Mais le bruit <strong>de</strong> la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la fusilla<strong>de</strong><br />
augmentant d’intensité du côté <strong>de</strong> Görschen, le Maréchal<br />
craint <strong>de</strong> se trouver compromis ; il arrête ses troupes qui supporte<br />
avec le calme le plus admirable le feu <strong>de</strong> la nombreuse artillerie<br />
adverse. <strong>La</strong> Division Girard, qui s’est rassemblée sous la protection<br />
du 6 ème Corps, s’engage vers Ralsna, à la droite <strong>de</strong> la Division<br />
Souham.<br />
En résumé, à une heure du soir, 75 000 coalisés ont <strong>de</strong>vant<br />
eux, sur la ligne Klein-Görschen, Ralsna, Starsie<strong>de</strong>l, un peu<br />
plus <strong>de</strong> 40 000 Français.<br />
Une heure. – Blücher, voyant que sa première briga<strong>de</strong> est arrêtée<br />
<strong>de</strong>vant Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen, fait avancer sa <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong>,<br />
Général Zi<strong>et</strong>hen (7 bataillons, 6 escadrons <strong>et</strong> 6 batteries) à<br />
l’Est <strong>de</strong> Gross-Görschen <strong>et</strong> lui fait prolonger à droite la ligne <strong>de</strong><br />
la première ; les <strong>de</strong>ux briga<strong>de</strong>s attaquent simultanément Ralsna <strong>et</strong><br />
Klein-Görschen. Il se livre alors, dans les vergers qui entourent<br />
les <strong>de</strong>ux villages, un combat <strong>de</strong>s plus acharnés ; partout, on se<br />
fusille à bout portant, on s’attaque à la baïonn<strong>et</strong>te ; <strong>de</strong> part <strong>et</strong><br />
d’autre, on déploie la plus brillante bravoure. Les Prussiens finissent<br />
par s’emparer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux villages ; ils s’élancent aussitôt sur<br />
Kaja.<br />
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162<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Mais le Maréchal Ney a fait avancer ses trois <strong>de</strong>rnières divisions<br />
; il a dirigé la Division Marchand sur Eisdorf pour contenir<br />
le mouvement débordant <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen <strong>et</strong> fait serrer<br />
sur Kaja les Divisions Brennier <strong>et</strong> Ricard. Le Maréchal se m<strong>et</strong> luimême<br />
à la tête <strong>de</strong> la Division Brennier, la porte en avant <strong>et</strong>, entraînant<br />
les Divisions Souham <strong>et</strong> Girard, les ramène d’un bond<br />
jusqu’à Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen. Blücher envoie <strong>de</strong>ux bataillons<br />
à Eisdorf pour arrêter la Division Marchand <strong>et</strong> j<strong>et</strong>te dans la mêlée<br />
sa troisième briga<strong>de</strong> (celle <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, Général Rö<strong>de</strong>r), dont<br />
l’entrée en ligne détermine un r<strong>et</strong>our offensif <strong>de</strong> toutes les troupes<br />
engagées ; les Prussiens s’emparent <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong> Klein-<br />
Görschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Ralsna. En même temps, la cavalerie du colonel<br />
Dolfs s’élance à la charge sur les Divisions Compans <strong>et</strong> Bonn<strong>et</strong><br />
du 6 ème Corps ; malgré la vigueur <strong>de</strong> l’attaque, nos bataillons tiennent<br />
ferme, pas un ne se laisse entamer ; néanmoins, le Maréchal<br />
Marmont croit <strong>de</strong>voir reporter ses troupes un peu plus en arrière,<br />
à hauteur <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l.<br />
2 h 30. – Napoléon vient d’arriver en arrière <strong>de</strong> Kaja avec la<br />
Gar<strong>de</strong>. Sa présence produit un eff<strong>et</strong> inexprimable sur les troupes<br />
françaises qui font r<strong>et</strong>entir l’air du cri <strong>de</strong> « Vive l’Empereur » ; « les<br />
blessés <strong>et</strong> les mourants eux-mêmes le saluent <strong>de</strong> leurs vivats » 1 .<br />
<strong>La</strong> lutte prend un caractère d’acharnement inouï. Les<br />
Prussiens gagnant toujours du terrain, sur ordre <strong>de</strong> Napoléon, le<br />
Général Mouton, un <strong>de</strong> ses ai<strong>de</strong>s-<strong>de</strong>-camp, se lance à la contreattaque<br />
avec la Division Ricard, la <strong>de</strong>rnière du 3 ème Corps ;<br />
l’ennemi est refoulé ; nous sommes encore une fois maîtres <strong>de</strong><br />
Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Görschen. A l’aile gauche <strong>de</strong>s coalisés, la cavalerie<br />
<strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong> reste immobile <strong>de</strong>rrière ses batteries qui<br />
1 Major Odleben<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 163<br />
sont engagées contre celles du 6 ème Corps ; <strong>de</strong> ce côté, tout se<br />
réduit à un duel d’artillerie.<br />
Le Maréchal Marmont, se laissant impressionner par la<br />
gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> d’artillerie qu’il a en face <strong>de</strong> lui,<br />
bien que son corps d’armée n’ait pas été sérieusement engagé,<br />
envoie <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r du renfort. L’Empereur répond à l’officier porteur<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : « Dites à votre Maréchal qu’il se trompe,<br />
qu’il n’a personne <strong>de</strong>vant lui, que la bataille est à Kaja ».<br />
4 h. – Wittgenstein, qui est informé <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong>s 4 ème <strong>et</strong> 11 ème<br />
Corps, comprend enfin qu’il faut en finir rapi<strong>de</strong>ment avec les<br />
troupes qui sont <strong>de</strong>vant lui ; il fait donc avancer un soutien <strong>de</strong><br />
Blücher, d’abord, le corps d’York puis, presque aussitôt après,<br />
celui <strong>de</strong> Berg. Les coalisés reprennent l’avantage ; ils chassent les<br />
Français <strong>de</strong> Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Görschen <strong>et</strong> s’avancent jusqu’à<br />
Kaja. Tous les villages du champ <strong>de</strong> bataille sont en feu.<br />
L’instant est solennel ; le 3 ème Corps, dont les Divisions<br />
désunies se sont mélangées, ne tient presque plus ; le 6 ème Corps<br />
est intact, mais il semble nécessaire <strong>de</strong> le laisser à Starsie<strong>de</strong>l pour<br />
empêcher l’ennemi <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la droite du 3 ème Corps <strong>et</strong> assurer<br />
la liaison avec le 4 ème Corps ; les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps ne sont pas<br />
encore assez rapprochés pour faire sentir leur action à l'’nnemi ; la<br />
Gar<strong>de</strong>, qui forme la réserve générale est, il est vrai, disponible<br />
<strong>de</strong>rrière le 3 ème Corps, mais l’Empereur hésite à l’engager car il ne<br />
trouve pas que « la bataille soit mûre ».<br />
Quelques bataillons du 3 ème Corps se déban<strong>de</strong>nt ; Napoléon<br />
court au-<strong>de</strong>vant d’eux au milieu <strong>de</strong>s balles <strong>et</strong> les rallie d’un<br />
geste. Une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong> (Général <strong>La</strong>nusse) se j<strong>et</strong>te<br />
sur Kaja, baïonn<strong>et</strong>tes basses, en chasse les Prussiens <strong>et</strong> les Russes<br />
<strong>et</strong> ramène en avant tout le 3 ème Corps.<br />
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164<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
5 h. – Enfin, vers 5 h, le 11 ème Corps débouche sur Eisdorf <strong>et</strong><br />
Kitzen, précédé <strong>de</strong> ses soixante bouches à feu <strong>et</strong>, en même temps,<br />
apparaît du côté <strong>de</strong> Pablès la 1 ère Division du 4 ème Corps, la Division<br />
Morand.<br />
Wittgenstein oppose la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (6 à<br />
7 000 hommes) à la Division Morand <strong>et</strong> prescrit au Prince Eugène<br />
<strong>de</strong> Würtemberg, qui comman<strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>,<br />
d’appuyer directement l’attaque <strong>de</strong> Blücher sur Kaja avec la<br />
moitié <strong>de</strong> sa Division <strong>et</strong> <strong>de</strong> porter l’autre moitié au-<strong>de</strong>là du Flossgraben<br />
sur Eisdorf pour contenir le 11 ème Corps.<br />
Les coalisés réussissent encore une fois à s’avancer jusqu’à<br />
Kaja ; mais nos ailes gagnent du terrain ; à la gauche, le 11 ème<br />
Corps, maître d’Eisdorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Kitzen, commence à progresser au<strong>de</strong>là<br />
du Flossgraben, menaçant <strong>de</strong> prendre à revers la droite ennemie<br />
; à notre droite, la Division Morand, dont le fond se compose<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vieux régiments, les 13 ème <strong>et</strong> 23 ème <strong>de</strong> ligne (ensemble 9<br />
bataillons), continue sa marche à travers la plaine sans se laisser<br />
intimi<strong>de</strong>r par la cavalerie russe.<br />
6 h. – Napoléon juge que l’instant décisif est arrivé. Par son ordre,<br />
le 3 ème Corps, entraîné par la Division <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>,<br />
reprend l’offensive sur Ralsna <strong>et</strong> Klein-Görschen ; une Division<br />
du 6 ème Corps, la Division Bonn<strong>et</strong>, appuie le mouvement en marchant<br />
sur Ralsna ; le Général Drouot m<strong>et</strong> en batterie à l’Est <strong>de</strong><br />
Starsie<strong>de</strong>l les 60 canons <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> qui mitraillent en flanc les<br />
bataillons prussiens <strong>et</strong> russes <strong>et</strong> tiennent à distance la cavalerie<br />
adverse.<br />
Les coalisés font preuve d’une ténacité incroyable ; néanmoins,<br />
ils doivent cé<strong>de</strong>r sur tous les points ; vers 7 h, ce n’est plus<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 165<br />
qu’à grand peine qu’ils réussissent à se maintenir dans la partie<br />
sud <strong>de</strong> Gross-Görschen.<br />
<strong>La</strong> tombée <strong>de</strong> la nuit vient heureusement pour interrompre<br />
le combat <strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> se dérober. Ils se replient sur<br />
les crêtes entre Werben <strong>et</strong> Tornau <strong>et</strong> se rallient sous la protection<br />
<strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (11 000 hommes) qui n’a pas été<br />
engagée.<br />
L’armée française s’arrête à hauteur <strong>de</strong> Gross-Görschen.<br />
Quelques escadrons prussiens, qui donnent par mégar<strong>de</strong><br />
sur la Division Compans du 6 ème Corps, provoquent une panique<br />
dans le 37 ème léger, qui se m<strong>et</strong> à fuir en désordre. Le Maréchal<br />
Marmont <strong>et</strong> son Etat-major, entraînés par les fuyards, passent<br />
sous le feu <strong>de</strong>s autres régiments <strong>de</strong> la Division qui les prennent<br />
pour l’ennemi. Le Maréchal parvient à rallier le 37 ème ; il reporte<br />
alors ses Divisions un peu plus en arrière <strong>et</strong> les dispose en vue<br />
d’une nouvelle attaque qu’il prévoit plus sérieuse.<br />
Wittgenstein, qui juge la partie perdue, donne <strong>de</strong>s ordres<br />
pour la r<strong>et</strong>raite mais Blücher, quoique blessé, veut combattre encore<br />
; il finit par arracher à Wittgenstein l’autorisation <strong>de</strong> lancer<br />
une partie <strong>de</strong> la cavalerie prussienne sur les Français. 11 escadrons<br />
du colonel Dolfs, partant <strong>de</strong> Söhesten, se dirigent, au milieu <strong>de</strong><br />
l’obscurité la plus complète, vers l’intervalle compris entre Starsie<strong>de</strong>l<br />
<strong>et</strong> Ralsna. Ils s’égarent <strong>et</strong> se j<strong>et</strong>tent dans un terrain coupé <strong>de</strong><br />
chemins creux, où ils se désunissent <strong>et</strong> se séparent en <strong>de</strong>ux groupes,<br />
dont l’un va donner sur l’infanterie <strong>de</strong> Marmont <strong>et</strong> l’autre sur<br />
les carrés <strong>de</strong> la Vieille Gar<strong>de</strong> qui protégeaient le bivouac <strong>de</strong><br />
l’Empereur ; sur les <strong>de</strong>ux points, les cavaliers prussiens sont repoussés<br />
avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pertes. Leur tentative généreuse n’a pas<br />
réussi ; elle aura pourtant un résultat avantageux : les Français,<br />
dans la crainte <strong>de</strong> nouvelles attaques, resteront sur pied toute la<br />
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166<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
nuit si bien que le len<strong>de</strong>main, leur état <strong>de</strong> fatigue les empêchera<br />
<strong>de</strong> mener la poursuite avec toute la rapidité nécessaire.<br />
Le Corps <strong>de</strong> Miloradowitch, qui était arrivé à Zeitz à 11 h<br />
30 du soir seulement (sans qu’on sache pour quelle raison car il<br />
n’y a que 30 km d’Altenburg à Zeitz), y était resté immobile dans<br />
l’attente d’ordres qui ne vinrent pas.<br />
D’autre part, le Général Bülow, qui avait appris que Halle<br />
était très faiblement occupée, s’était porté sur c<strong>et</strong>te localité avec<br />
une partie <strong>de</strong> son corps d’armée, 5 à 6 000 hommes, <strong>et</strong> s’en était<br />
emparé. Les quatre bataillons français du 5 ème Corps, qui s’étaient<br />
emparés <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, rej<strong>et</strong>és sur la rive gauche <strong>de</strong> la<br />
Saale, s’étaient repliés sur Merseburg, où ils avaient été recueillis<br />
par la Division Durutte.<br />
Avant la fin <strong>de</strong> la nuit, l’armée coalisée se mit en r<strong>et</strong>raite<br />
dans le plus grand ordre, ne laissant entre nos mains aucun trophée<br />
<strong>et</strong> emmenant la plupart <strong>de</strong> ses blessés ; elle passa l’Elster en<br />
amont <strong>de</strong> Pegau aux gués d’Ostran <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pre<strong>de</strong>l <strong>et</strong>, sous la protection<br />
du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch renforcé <strong>de</strong> Wittgenstein,<br />
gagna Frohburg <strong>et</strong> Borna. Quand le mouvement du gros fut complètement<br />
terminé, Miloradowitch se replia sur Lucka.<br />
Les souverains alliés ayant décidé que l’armée se r<strong>et</strong>irerait<br />
<strong>de</strong>rrière l’Elbe, la r<strong>et</strong>raite continua en trois colonnes, les corps<br />
prussiens marchant par Codlitz sur Meissen, les corps russes, par<br />
Rochlitz sur Dres<strong>de</strong>, les parcs <strong>et</strong> les convois par Freyberg <strong>et</strong><br />
Chernnitz également sur Dres<strong>de</strong>.<br />
Miloradowitch fut chargé <strong>de</strong> faire l’arrière-gar<strong>de</strong> ; le 4 mai,<br />
il rétrograda sur Rochlitz.<br />
Le Général Kleist, dont les cosaques étaient rentrés dans<br />
Leipzig, abandonné par le 5 ème Corps français, ainsi que nous le<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 167<br />
dirons plus loin, reçut l’ordre <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer sur Mühlberg par Würzen<br />
Le Général Bülow, auquel revenait la mission <strong>de</strong> couvrir<br />
Berlin, fut prévenu du mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> invité<br />
à se replier <strong>de</strong>rrière l’Elbe à Rosslau.<br />
Observations sur la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong><br />
Opérations <strong>de</strong>s alliés – C’est une idée fausse qui sert <strong>de</strong><br />
point <strong>de</strong> départ à Wittgenstein pour l’établissement du plan <strong>de</strong> sa<br />
manœuvre. Interprétant à sa manière les renseignements assez<br />
compl<strong>et</strong>s que lui fournit sa cavalerie, il s’imagine que les corps <strong>de</strong><br />
l’armée française sont placés les uns <strong>de</strong>rrière les autres, formant<br />
une longue colonne, dont la tête est entre <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong> Leipzig, pendant<br />
que la guerre est encore à Naumburg <strong>et</strong> même à Iéna <strong>et</strong> qui<br />
va marcher processionnellement sur Leipzig sans prendre d’autre<br />
mesure <strong>de</strong> précaution que <strong>de</strong> placer « un faible détachement à<br />
Gross-Görschen ».<br />
Il n’est pas permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en mouvement une armée<br />
sur <strong>de</strong>s superstitions aussi folles, quand on a en face <strong>de</strong> soi un<br />
adversaire tel que Napoléon.<br />
Le plan <strong>de</strong> Wittgenstein pêche donc par la base.<br />
Quoi qu’il en soit, l’opération qu’il proj<strong>et</strong>te n’est pas autre<br />
chose qu’une embusca<strong>de</strong> tendue avec une armée entière à une<br />
armée adverse qui se gar<strong>de</strong> avec négligence : en pareil cas, la<br />
principale condition du succès est la surprise. Le Général<br />
russe s’en rend compte <strong>et</strong> s’efforce <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s dispositions en<br />
conséquence.<br />
M<strong>et</strong>tre la nuit à profit pour masser ses troupes à portée <strong>de</strong><br />
Görschen, à moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lieues <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, est parfaitement<br />
rationnel car, d’une part, on a plus <strong>de</strong> chances pour que ce ras-<br />
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168<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
semblement s’effectue à l’insu <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> d’autre part, c’est le<br />
seul moyen d’être prêt à agir <strong>de</strong> très grand matin, c’est-à-dire<br />
avant que la situation sur laquelle on table ait eu le temps <strong>de</strong> se<br />
modifier d’une façon sensible. En France, on a été longtemps très<br />
contraire aux marches <strong>de</strong> nuit, sous le prétexte qu’elles entraînent<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s fatigues pour les troupes <strong>et</strong> donnent lieu aux plus graves<br />
mécomptes. Cependant, il est <strong>de</strong>s cas (celui que nous considérons<br />
en est un), où une marche <strong>de</strong> nuit seule perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser<br />
une opération avantageuse : il ne faut donc pas en proscrire systématiquement<br />
l’emploi.<br />
L’idée était excellente, nous le répétons, mais l’exécution<br />
fut déplorable ; la mise en marche tardive <strong>de</strong>s troupes <strong>et</strong> <strong>de</strong> mauvaises<br />
dispositions qui amenèrent <strong>de</strong>s croisements <strong>de</strong> colonnes<br />
firent perdre quatre heures, si bien que le rassemblement, au lieu<br />
d’être achevé à 7 h, comme on le désirait, ne le fut qu’à 11 h. Sans<br />
entrer dans le détail du problème, ce qui n’est pas possible attendu<br />
que nous n’en possédons pas tous les éléments, il est facile<br />
<strong>de</strong> voir qu’en désignant les troupes d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Berg, qui étaient<br />
les plus rapprochées <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage, pour franchir l’Elster<br />
les premières, on aurait pu commencer l’opération dès 3 h du<br />
matin <strong>de</strong> telle sorte qu’elle aurait été terminée vers 7 h.<br />
D’un autre côté, on ne s’explique pas pourquoi Wittgenstein<br />
a attendu pour m<strong>et</strong>tre son armée en mouvement que la<br />
Gar<strong>de</strong> russe, qui était <strong>de</strong>stinée à former sa réserve, eût complètement<br />
serré sur les autres troupes. Puisque la négligence <strong>de</strong><br />
l’ennemi le perm<strong>et</strong>tait, il convenait <strong>de</strong> rassembler les troupes afin<br />
d’être à même d’agir du premier coup avec <strong>de</strong>s masses <strong>et</strong><br />
d’obtenir une action brusque, quasi-instantanée. Il était non seulement<br />
inutile, mais encore dangereux <strong>de</strong> les entasser comme on<br />
l’a fait sur moins d’une lieue carrée ; un tel bloc, même dans un<br />
terrain aussi praticable aux masses que la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, <strong>de</strong>vait<br />
être très difficile à faire mouvoir. Il aurait fallu m<strong>et</strong>tre en mouve-<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 169<br />
ment les troupes <strong>de</strong> la première ligne, dès que les têtes <strong>de</strong> colonnes<br />
<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe atteignirent Stönzsch <strong>et</strong> Werben : on aurait<br />
ainsi gagné environ une heure.<br />
On observera que Wittgenstein sut r<strong>et</strong>enir sa cavalerie,<br />
dont l’apparition prématurée dans la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> aurait sûrement<br />
mis les Français sur leurs gar<strong>de</strong>s ; jusqu’au moment où fut<br />
tiré le premier coup <strong>de</strong> canon contre Görschen, la cavalerie alliée<br />
ne montra que « son service ordinaire ».<br />
Un chose singulière, c’est que la formation que Wittgenstein<br />
fait prendre à son armée, au sud <strong>de</strong> Görschen, n’est pas une<br />
simple formation <strong>de</strong> rassemblement, mais bien un ordre <strong>de</strong> combat.<br />
C’est dans c<strong>et</strong> ordre, en eff<strong>et</strong>, que le Général russe, amateur<br />
<strong>de</strong> batailles rangées à la mo<strong>de</strong> frédéricienne, entend faire évoluer<br />
<strong>et</strong> combattre ses troupes. <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong> son ordre pour la bataille 1<br />
ne laisse aucun doute à ce suj<strong>et</strong> ; l’expérience <strong>de</strong> quinze ans <strong>de</strong><br />
guerre ne lui a pas appris que <strong>de</strong>s troupes ainsi entassées les unes<br />
sur les autres per<strong>de</strong>nt toute aptitu<strong>de</strong> à la manœuvre ; elle ne lui a<br />
pas appris non plus que l’on ne règle pas d’avance une bataille<br />
comme on règle un ball<strong>et</strong>.<br />
L’ordre <strong>de</strong> Wittgenstein, qui n’avait pas moins <strong>de</strong> quatre<br />
gran<strong>de</strong>s pages, était une macédoine <strong>de</strong> prescriptions <strong>de</strong> tout genre ;<br />
si long qu’il fût, il était pourtant incompl<strong>et</strong> puisqu’il ne réglait pas<br />
les mouvements à exécuter sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elster, ce qui<br />
occasionna les croisements <strong>de</strong> colonnes que l’on sait. On se figure<br />
aisément l’embarras <strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> corps d’armée recevant<br />
un tel document entre 1 h <strong>et</strong> 2 h du matin, alors que les circonstances<br />
exigent la mise en marche immédiate <strong>de</strong>s troupes.<br />
1 Nous le donnons en appendice, à titre <strong>de</strong> curiosité.<br />
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170<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Vers midi, le rassemblement <strong>de</strong> l’armée est terminé ; on va<br />
pouvoir enfin attaquer.<br />
Mais, entre-temps, on s’est aperçu que Gross-Görschen <strong>et</strong><br />
les villages en arrière sont occupés, non pas par un faible détachement,<br />
comme on l’avait cru tout d’abord, mais par plusieurs<br />
milliers d’hommes qui ne manqueront pas <strong>de</strong> se défendre énergiquement<br />
<strong>et</strong> qu’il faudra déloger <strong>de</strong> leurs points d’appui à coups <strong>de</strong><br />
canon, ce qui donnera l’alarme aux corps voisins que l’on comptait<br />
surprendre. Ce simple inci<strong>de</strong>nt suffit pour déconcerter Wittgenstein.<br />
Ayant toutes ses troupes sous la main, il lui serait facile <strong>de</strong><br />
faire débor<strong>de</strong>r par la droite <strong>et</strong> par la gauche les points d’appui <strong>de</strong><br />
l’ennemi, en même temps qu’il les ferait attaquer <strong>de</strong> front ; il est<br />
probable que, sous l’eff<strong>et</strong> combiné <strong>de</strong> la surprise <strong>et</strong> d’une attaque<br />
en masse, la résistance <strong>de</strong>s Français serait <strong>de</strong> courte durée. Une<br />
fois maîtres <strong>de</strong> Kaja <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l, les coalisés, ayant pris<br />
pied soli<strong>de</strong>ment en avant <strong>de</strong> l’Elster, pourraient se lancer en toute<br />
tranquillité vers <strong>Lutzen</strong>.<br />
Wittgenstein ne l’entend pas ainsi ; il envoie à l’attaque <strong>de</strong><br />
Görschen une briga<strong>de</strong> prussienne qui est appuyée par 5 ou 6 000<br />
cavaliers.<br />
Mais, le premier coup <strong>de</strong> canon produit un eff<strong>et</strong> magique :<br />
<strong>de</strong>s Français se montrent partout en grand nombre, à Gross-<br />
Görschen, dans les 3 villages au Nord <strong>et</strong> aussi à Starsie<strong>de</strong>l ; il y a<br />
là 40 000 hommes <strong>de</strong> toutes armes.<br />
<strong>La</strong> situation est donc différente <strong>de</strong> celle que l’on avait<br />
prévue ; la surprise, la surprise tactique est manquée ; on veut<br />
quand même livrer bataille ; on espère remporter un succès grâce<br />
à la surprise stratégique sur laquelle on compte encore.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 171<br />
Soit, mais étant donné la gran<strong>de</strong> supériorité numérique<br />
<strong>de</strong>s troupes françaises qui peuvent, en quelques heures, se réunir<br />
aux environs <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, il est évi<strong>de</strong>nt que les coalisés n’ont <strong>de</strong><br />
chances <strong>de</strong> succès qu’à la condition d’agir très vite : il faut à tout<br />
prix qu’ils aient complètement écrasés les corps français postés à<br />
Kaja <strong>et</strong> à Starsie<strong>de</strong>l avant l’arrivée <strong>de</strong>s autres corps, qui vont se<br />
hâter d’accourir sur le terrain <strong>de</strong> la lutte, attirés par le bruit <strong>de</strong> la<br />
fusilla<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la canonna<strong>de</strong>.<br />
<strong>La</strong> négligence <strong>de</strong> l’ennemi a permis aux coalisés <strong>de</strong> rassembler<br />
toutes leurs forces à portée <strong>de</strong> canon <strong>de</strong> ses positions ;<br />
c’est là une bonne fortune inouïe dont il importe <strong>de</strong> profiter pour<br />
attaquer franchement partout à la fois en m<strong>et</strong>tant, sur-le-champ,<br />
en ligne, toutes les troupes nécessaires pour triompher promptement<br />
<strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong> l’adversaire. En un mot, la situation<br />
comporte un coup <strong>de</strong> boutoir rapi<strong>de</strong> ; si l’on réussit, on poursuivra<br />
son succès ; dans le cas contraire, on se r<strong>et</strong>irera lestement<br />
<strong>de</strong>rrière l’Elster sans attendre d’avoir sur les bras toute l’armée<br />
française.<br />
Wittgenstein ne le comprend pas. Maître <strong>de</strong> Gross-Görschen<br />
que lui a livré la surprise, il poursuit l’attaque <strong>de</strong>s villages en<br />
arrière, que ses troupes abor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> front. <strong>La</strong> première briga<strong>de</strong><br />
est bientôt serrée <strong>de</strong> près par <strong>de</strong>s forces supérieures, il en fait<br />
avancer une <strong>de</strong>uxième, puis une troisième <strong>et</strong> ainsi <strong>de</strong> suite, à mesure<br />
que les Français se renforcent : peu à peu, toute son infanterie<br />
vient s’user à l’attaque <strong>de</strong> Gross-Görschen, <strong>de</strong> Ralsna <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Kaja.<br />
En engageant ainsi successivement ses troupes, le Général<br />
russe fait le jeu <strong>de</strong> ses adversaires.<br />
Vers 5 h du soir, quand les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps français apparaissent<br />
sur les <strong>de</strong>ux flancs <strong>de</strong> l’armée alliée, celle-ci, presque<br />
toute entière engagée à fond, est si bien fixée <strong>et</strong> usée que, sans la<br />
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172<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
bravoure <strong>de</strong>s soldats <strong>et</strong> une faveur particulière <strong>de</strong> la fortune, elle<br />
n’échapperait pas à un désastre.<br />
Les coalisés avaient beaucoup compté sur leur cavalerie à<br />
laquelle la plaine <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> offrait un terrain d’action exceptionnellement<br />
favorable <strong>et</strong> qui avait sur la cavalerie française une supériorité<br />
numérique écrasante.<br />
Avant la bataille, la cavalerie alliée avait assez exactement<br />
renseigné le comman<strong>de</strong>ment ; pendant la bataille, elle ne rendit<br />
pas tous les services qu’elle aurait pu rendre, mais son rôle ne fut<br />
pas aussi nul qu’on le dit généralement.<br />
Les escadrons <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein ne<br />
réussirent pas à entamer l’infanterie du 6 ème Corps à laquelle ils<br />
étaient opposés, mais ce fut leur action combinée avec celle <strong>de</strong><br />
leur artillerie <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (150<br />
pièces en tout) qui arrêta le 6 ème Corps <strong>et</strong> l’empêcha <strong>de</strong> prendre en<br />
flanc les bataillons qui attaquaient Kaja.<br />
Entre le Grünabach <strong>et</strong> le Flossgraben, à hauteur <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l,<br />
le terrain n’était praticable à <strong>de</strong>s masse <strong>de</strong> cavalerie<br />
qu’entre l’intervalle compris entre Starsie<strong>de</strong>l <strong>et</strong> Kaja ; c<strong>et</strong> intervalle<br />
n’étant que <strong>de</strong> 2 000 mètres, la cavalerie ne pouvait espérer forcer<br />
la ligne d’infanterie <strong>et</strong> d’artillerie établie entre les <strong>de</strong>ux villages ;<br />
par suite, dès l’instant où elle restait collée à sa propre infanterie,<br />
elle était contrainte <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer inactive jusqu’à ce que les Français<br />
eussent été chassés soit <strong>de</strong> Kaja, soit <strong>de</strong> Starsie<strong>de</strong>l.<br />
Le meilleur moyen <strong>de</strong> l’utiliser eût été <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>irer du milieu<br />
<strong>de</strong> l’infanterie (la plus gran<strong>de</strong> partie du moins), <strong>de</strong> la grouper<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> lui confier la mission d’aller avec son artillerie à cheval, au<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s colonnes <strong>de</strong> renfort <strong>de</strong> l’ennemi pour les r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r ; on<br />
n’y songea que trop tard, alors que déjà apparaissaient sur le<br />
champ <strong>de</strong> bataille les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps français.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 173<br />
Wittgenstein a commis une faute capitale en envoyant à<br />
Zeitz le corps <strong>de</strong> Miloradowitch ; c<strong>et</strong>te mesure fut motivée par la<br />
crainte que les troupes françaises signalées à Naumburg <strong>et</strong> à Iéna<br />
ne vinssent tomber sur les <strong>de</strong>rrières <strong>de</strong> l’armée alliée pendant que<br />
celle-ci serait engagée du côté <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>. Il était naturel <strong>de</strong> prendre<br />
<strong>de</strong>s mesures en vue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité mais, en examinant la<br />
carte, on voit que ce n’est pas sur Zeitz mais bien sur Pre<strong>de</strong>l<br />
(<strong>de</strong>ux lieues en amont <strong>de</strong> Pegau) qu’aurait dû être dirigé Miloradowitch.<br />
Là, il était tout aussi en situation <strong>de</strong> contenir une attaque<br />
venant <strong>de</strong> Naumburg <strong>et</strong> il se trouvait à portée d’appuyer sur le<br />
gros <strong>de</strong> l’armée si les circonstances l’exigeaient.<br />
Si la marche <strong>de</strong> ce corps avait été bien réglée, il aurait quitté<br />
Altenburg entre 4 <strong>et</strong> 5 h du matin <strong>et</strong> fût arrivé à Pre<strong>de</strong>l (30 km<br />
environ) entre midi <strong>et</strong> 1 h. A ce moment, sa cavalerie l’aurait informé<br />
que rien n’avait bougé du côté d’Iéna <strong>et</strong> que les troupes<br />
françaises <strong>de</strong> Naumburg avaient appuyé vers <strong>Lutzen</strong>. L’absence<br />
d’ennemi dans les directions indiquées rendant inutile le maintien<br />
<strong>de</strong> son corps à Pre<strong>de</strong>l, Miloradowitch eût pu, sans attendre<br />
d’ordre, continuer sur le champ son mouvement vers Pegau, marchant<br />
à la bataille dont le bruit provenait jusqu’à lui.<br />
Maintenant, nous avons vu que Miloradowitch, pour <strong>de</strong>s<br />
causes inconnues, n’atteignit Zeitz que vers 4 h 30 du soir. <strong>La</strong><br />
distance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville à Pegau étant <strong>de</strong> 17 km, le corps russe<br />
n’aurait pu arriver à Pegau avant 9 h du soir. C’est donc a tort<br />
qu’on a blâmé Wittgenstein d’avoir laissé Miloradowitch immobile<br />
à Zeitz pendant toute la bataille. <strong>La</strong> faute commise fut tout<br />
aussi grave, mais d’une nature différente.<br />
Clausewitz a dit que l’idée stratégique qui fut, pour les alliés,<br />
le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, est une <strong>de</strong>s plus<br />
belles que l’on ait jamais conçues mais que, si la conception fut<br />
excellente, par contre, l’exécution fut déplorable.<br />
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174<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Assurément, Wittgenstein mérite d’être loué pour avoir<br />
compris que c’était seulement par un r<strong>et</strong>our offensif brusque,<br />
exécuté au bon moment <strong>et</strong> dans la direction convenable, qu’il<br />
pourrait remporter un succès marqué sur Napoléon ; mais, le<br />
principe une fois posé, quand il s’agit <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> la théorie au<br />
fait, il ne montra guère d’habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong> coup d’œil. Son plan pour<br />
la bataille du 2 mai fut conçu en partant d’une appréciation complètement<br />
fausse <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> l’armée française ; par conséquent,<br />
dans sa manœuvre, la conception ne valut pas mieux que<br />
l’exécution.<br />
Il n’est pas sans intérêt d’observer que c’est précisément le<br />
r<strong>et</strong>ard dû à la mauvaise organisation <strong>de</strong> la marche sur la rive<br />
droite <strong>de</strong> l’Elster qui sauva les coalisés d’une <strong>de</strong>struction totale.<br />
Nous avons vu, en eff<strong>et</strong>, que les Français furent arrêtés par la<br />
tombée <strong>de</strong> la nuit, juste au moment où ils n’avaient plus qu’un<br />
<strong>de</strong>rnier effort à faire pour consommer la défaite <strong>de</strong> l’armée alliée,<br />
usée <strong>et</strong> à moitié enveloppée.<br />
De ce fait, ressort l’enseignement suivant : un Corps, obligé<br />
pour une cause quelconque d’attaquer son adversaire <strong>et</strong> qui<br />
craint que l’opération ne tourne mal pour lui, <strong>de</strong>vra commencer<br />
son mouvement assez tard pour que la nuit vienne interrompre le<br />
combat avant que l’ennemi ait pu lui donner tout son développement.<br />
Observations sur les opérations <strong>de</strong>s Français<br />
<strong>La</strong> correspondance <strong>de</strong> Napoléon établit que, dans les<br />
journées du 1 er au 2 mai, l’Empereur ne cessa <strong>de</strong> voir clair dans le<br />
jeu <strong>de</strong> Wittgenstein <strong>et</strong> qu’il manœuvra très serré afin d’être prêt à<br />
m<strong>et</strong>tre à profit l’impru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> son adversaire, si celui-ci osait<br />
l’attaquer sur la rive gauche <strong>de</strong> l’Elster.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 175<br />
C<strong>et</strong>te attaque, qu’il désirait si vivement, se produisit ; une<br />
bataille générale eut lieu : elle resta indécise bien qu’il eût mis en<br />
action <strong>de</strong>s forces très supérieures à celles <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> bien que<br />
ce <strong>de</strong>rnier eût commis <strong>de</strong>s fautes multiples.<br />
L’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s faits démontre que la responsabilité du peu<br />
<strong>de</strong> résultats obtenus incombe au Maréchal Ney <strong>et</strong> au Général<br />
Souham.<br />
L’un <strong>de</strong>s principaux facteurs sur lesquels reposent les calculs<br />
du Général en chef est la capacité <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong>s corps<br />
d’avant-gar<strong>de</strong> ; si, par l’eff<strong>et</strong> d’une surprise, c<strong>et</strong>te capacité est réduite<br />
à néant, les plus belles conceptions sont compromises.<br />
L’Empereur avait prescrit, dès 4 h 30 du matin, au Maréchal<br />
Ney « <strong>de</strong> rallier les cinq Divisions <strong>de</strong> son corps d’armée <strong>et</strong> d’envoyer <strong>de</strong><br />
fortes reconnaissances sur Zwenckau <strong>et</strong> sur Pegau ». Malgré un ordre<br />
aussi catégorique, le Maréchal maintint les trois Divisions Brennier,<br />
Ricard <strong>et</strong> Marchand, près <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, sur les emplacements<br />
où elles avaient passé la nuit <strong>et</strong>, ce qui est plus grave, n’envoya<br />
aucune reconnaissance sur Pegau.<br />
Certains écrivains ont dit que la faiblesse numérique <strong>de</strong> la<br />
cavalerie du Maréchal Ney (1 000 chevaux) ne lui perm<strong>et</strong>tait pas<br />
d’exécuter l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur : c<strong>et</strong>te opinion n’est pas acceptable<br />
car il s’agissait d’aller, au plus, à une lieue <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie <strong>de</strong> Görschen,<br />
ce que pouvait faire sans peine un détachement mixte.<br />
<strong>La</strong> responsabilité du Général Souham est également engagée<br />
car, en adm<strong>et</strong>tant même qu’il n’eût pas reçu l’ordre d’envoyer<br />
une reconnaissance sur Pegau, il avait le <strong>de</strong>voir d’organiser son<br />
service <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong> manière qu’une armée <strong>de</strong> 80 000 hommes ne<br />
pût pas se rassembler à son insu à 2 km <strong>de</strong>s positions qu’il occupait.<br />
Son incurie lui a fait courir le risque d’être enlevé avant<br />
même <strong>de</strong> s’être mis en défense.<br />
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176<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
L’Empereur reçut pourtant, vers 10 h du matin, <strong>de</strong>s rapports<br />
<strong>de</strong> reconnaissance fournis par le 3 e Corps <strong>et</strong> dont le fond<br />
était la formule « rien <strong>de</strong> nouveau ; l’ennemi n’a montré que le service<br />
ordinaire ». On s’était borné à envoyer à portée <strong>de</strong> fusil <strong>de</strong> la lisière<br />
<strong>de</strong> Görschen <strong>de</strong>s patrouilles, qui avaient constaté que les postes<br />
<strong>de</strong> la cavalerie légère ennemie étaient à la même place que la<br />
veille. Il n’est pas permis <strong>de</strong> penser que le Maréchal Ney <strong>et</strong> le<br />
Général Souham se soient imaginé ainsi avoir rempli les intentions<br />
<strong>de</strong> l’Empereur. Un commandant d’armée n’intervient pas<br />
dans ce qui est le service normal <strong>de</strong>s avant-postes ; quand il prescrit<br />
d’envoyer une reconnaissance sur un point, cela veut dire qu’il<br />
faut m<strong>et</strong>tre en mouvement un détachement assez fort pour pouvoir<br />
aller, sans se comprom<strong>et</strong>tre, jusqu’à ce point.<br />
Quoi qu’il en soit, l’Empereur, qui supposait que les détachements<br />
dont il recevait les rapports étaient allés assez loin pour<br />
découvrir la sortie <strong>de</strong> Pegau, resta convaincu qu’aucune colonne<br />
ennemie n’avait encore commencé l’Elster à 8 h du matin : il tira<br />
<strong>de</strong> ce fait la conclusion logique que l’ennemi ne l’attaquerait pas<br />
<strong>de</strong> ce côté.<br />
C’est probablement pourquoi il autorisa <strong>et</strong>, peut-être<br />
même, engagea le Maréchal Ney à le suivre à Markranstaedt.<br />
Si, conformément aux ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, le<br />
Maréchal Ney eût réuni tout son corps d’armée autour <strong>de</strong> Kaja<br />
entre 5 <strong>et</strong> 6 h du matin <strong>et</strong> s’il se fût éclairé avec soin vers Zwenckau<br />
<strong>et</strong> vers Pegau, il est clair que les choses auraient pris une<br />
tournure différente. Le 3 ème Corps, engagé avec calme <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>,<br />
eût opposé une résistance beaucoup plus gran<strong>de</strong> aux coalisés,<br />
même si ces <strong>de</strong>rniers avaient procédé moins maladroitement.<br />
Nous avons vu que ce corps d’armée, qui comptait 45 000<br />
combattants, se trouva complètement usé dès 4 h du soir, bien<br />
que l’ennemi n’eût pas engagé contre lui plus <strong>de</strong> 30 000 hommes :<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 177<br />
un pareil résultat ne s’explique que par la surprise du début, qui<br />
livra aux coalisés, dès le commencement du combat les <strong>de</strong>ux<br />
Görschen <strong>et</strong> Ralsna, <strong>de</strong> telle sorte que le 3 ème Corps dût agir offensivement<br />
toute la journée pour reprendre ses points d’appui.<br />
Le 4 e Corps n’est arrivé sur le champ <strong>de</strong> bataille qu’à 5 h<br />
du soir ; or, à une heure <strong>de</strong> l’après-midi, « la Division Morand était<br />
en position à Gramschutz <strong>et</strong> la Division italienne serrait sur Lupitz. »<br />
(Rapport du Général Bertrand). A ce moment, la canonna<strong>de</strong> faisait<br />
rage à Starsie<strong>de</strong>l <strong>et</strong> à Görschen ; le Général Bertrand l’a certainement<br />
entendu car la distance <strong>de</strong> Gramschutz au champ <strong>de</strong> bataille<br />
n’est que <strong>de</strong> 6 km. Il aurait dû marcher immédiatement au<br />
canon, cela n’est pas contestable : il n’en fit rien <strong>et</strong> c’est seulement<br />
vers 3 h, après avoir reçu l’ordre <strong>de</strong> Napoléon, qu’il mit ses Divisions<br />
en mouvement.<br />
En c<strong>et</strong>te circonstance, le Général Bertrand a commis<br />
la faute la plus grave que puisse comm<strong>et</strong>tre un chef à la<br />
guerre.<br />
Un commandant <strong>de</strong> troupes, qui a une mission spéciale à<br />
remplir <strong>et</strong> qui, tout-à-coup, entend r<strong>et</strong>entir le bruit du canon à<br />
quelque distance <strong>de</strong> lui, peut parfois être très embarrassé : doit-il<br />
ou ne doit-il pas marcher au canon ? Il faut qu’il prenne une décision<br />
en s’inspirant <strong>de</strong> la situation <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> ses instructions.<br />
Mais, un Chef qui, n’ayant pas <strong>de</strong> mission spéciale, attend <strong>de</strong>s<br />
ordres quand un combat se livre à quelques kilomètres, c’est une<br />
monstruosité : avec <strong>de</strong> tels chefs, une armée est vouée à la<br />
défaite.<br />
A c<strong>et</strong> égard, le Général <strong>La</strong>uriston n’est pas non plus in<strong>de</strong>mne<br />
<strong>de</strong> tout reproche. Il s’était emparé <strong>de</strong> Leipzig presque sans<br />
coup férir <strong>et</strong> s’était vite aperçu qu’il n’avait presque personne <strong>de</strong>vant<br />
lui. En conformité <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong> l’Empereur, il avait laissé<br />
une Division à Leipzig <strong>et</strong> r<strong>et</strong>iré les <strong>de</strong>ux autres en arrière <strong>de</strong> la<br />
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178<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
ville. Toute l’après-midi, il resta immobile, attendant <strong>de</strong>s ordres<br />
qui ne vinrent pas par suite d’un malentendu, l’Empereur ayant<br />
compté sur le Prince Eugène pour donner au 5 e Corps, qui faisait<br />
partie <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe, les ordres que comporteraient les circonstances<br />
<strong>et</strong> le Prince Eugène n’ayant pas cru pouvoir modifier<br />
les ordres donnés au 5 ème Corps par l’Empereur lui-même. Le<br />
<strong>de</strong>voir du Général <strong>La</strong>uriston était tout tracé : s’il ne croyait pas<br />
pouvoir <strong>de</strong> lui-même faire marcher une partie <strong>de</strong> son Corps<br />
d’armée vers Kaja, il fallait qu’il envoyât un <strong>de</strong> ses officiers pour<br />
rendre compte <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> son côté <strong>et</strong> réclamer <strong>de</strong>s<br />
ordres <strong>et</strong> cela plutôt dix fois qu’une.<br />
Napoléon, qui ne récriminait pas d’ordinaire sur le passé,<br />
lui reprocha son inaction en termes très vifs (Voir mémoires <strong>de</strong><br />
Berthozène) 1 <strong>et</strong> pourtant le malentendu, cause première <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
inaction, était dû à la détestable métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong><br />
l’Empereur 2 .<br />
Pertes. – <strong>La</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> coûtait aux Français<br />
18 000 hommes, tués, blessés ou prisonniers, dont 12 000 pour le<br />
3 ème Corps qui se trouvait avoir perdu plus du quart <strong>de</strong> son infanterie.<br />
Les coalisés ont accusé une perte <strong>de</strong> 10 000 hommes<br />
environ ; en réalité, les pertes furent sensiblement égales <strong>de</strong> part<br />
<strong>et</strong> d’autre mais, tandis que du côté <strong>de</strong>s alliés, les hommes légèrement<br />
atteints restèrent dans le rang <strong>et</strong> ne furent pas comptés<br />
1 D’après Berthozène, un ai<strong>de</strong>-<strong>de</strong>-camp du Général <strong>La</strong>uriston<br />
venu le 3 mai, au matin, au Grand Quartier Général, fut interpellé en<br />
ces termes par Napoléon : « Que faisiez-vous hier pendant que nous<br />
nous battions ici, vous vous chauffiez les C...... au soleil ».<br />
2 Le Généralissime ne doit donner directement <strong>de</strong>s ordres aux<br />
Commandants <strong>de</strong> Corps d’armée que dans <strong>de</strong>s circonstances exceptionnelles<br />
sans quoi il se produira fatalement <strong>de</strong>s malentendus du genre<br />
<strong>de</strong> celui dont il est question ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 179<br />
parmi les blessés, <strong>de</strong> notre côté, une foule <strong>de</strong> soldats, qui<br />
n’avaient que <strong>de</strong>s égratignures ou <strong>de</strong> simples contusions, se précipitèrent<br />
dans les ambulances <strong>et</strong> réussirent, par subterfuge, à se<br />
faire évacuer avec les vrais blessés.<br />
Ajoutons que durant la marche vers l’Elbe à la poursuite<br />
<strong>de</strong>s alliés, le nombre <strong>de</strong>s traînards <strong>et</strong> <strong>de</strong>s déserteurs fut considérable.<br />
Quand l’armée française atteignit le fleuve, elle comptait environ<br />
35 000 hommes <strong>de</strong> moins qu’au moment où elle avait franchi<br />
la Saale.<br />
« Ce que, les vrais blessés partis, l’armée perdait en force matérielle<br />
<strong>et</strong> numérique, l’évasion <strong>de</strong>s déserteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s faux blessés le lui rendait en force<br />
morale, les mauvais n’étant plus là pour infecter la masse généralement bonne,<br />
mais facile aux impressions les plus opposées, prompte à l’enthousiasme, mais<br />
prompte aussi au découragement <strong>et</strong> à l’indiscipline. » (Camille Rouss<strong>et</strong>, la<br />
Gran<strong>de</strong> Armée, 1913).<br />
Poursuites <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> à Dres<strong>de</strong><br />
Dès la fin <strong>de</strong> la bataille, à 11 h du soir, Napoléon avait<br />
prescrit au Prince Eugène <strong>de</strong> r<strong>et</strong>irer le 5 ème Corps <strong>de</strong> Leipzig <strong>et</strong><br />
d’être prêt dès 4 h du matin à poursuivre l’ennemi avec le 1 er<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> les 5 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps qui avaient été très<br />
peu engagés.<br />
Le 3, à la pointe du jour, quand on constata que l’ennemi<br />
s’était r<strong>et</strong>iré, il ordonna d’entamer immédiatement la poursuite ; il<br />
eut à déployer une gran<strong>de</strong> somme d’énergie <strong>et</strong> <strong>de</strong> volonté<br />
pour m<strong>et</strong>tre en branle ses troupes fatiguées.<br />
L’armée, exécutant une gran<strong>de</strong> conversion à gauche, franchit<br />
l’Elster à Zwenckau, Pegau, Pre<strong>de</strong>l <strong>et</strong> Ostran.<br />
Le 11 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie s’avancèrent<br />
jusqu’à Pol<strong>de</strong>witz, à <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> Pegau ; le 5 ème Corps prit<br />
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180<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
position à Pérès, à la gauche du 11, le 6 ème Corps à Lobnitz, le 4 ème<br />
à Ostran, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le Quartier général à Pegau, le 3 ème Corps<br />
resta à <strong>Lutzen</strong> pour se rallier <strong>et</strong> se reposer.<br />
Le 12 ème Corps, n’ayant pas reçu en temps utile l’ordre <strong>de</strong><br />
changer <strong>de</strong> direction pour se porter sur Zeitz, continua sur<br />
Naumburg ; le 3, la tête du Corps d’armée atteignit c<strong>et</strong>te localité<br />
<strong>et</strong> la queue atteignit Iéna. Les troupes ne firent pas plus <strong>de</strong> quatre<br />
lieues pendant la journée du 3 ; leur état <strong>de</strong> fatigue ne leur perm<strong>et</strong>tait<br />
pas <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r davantage <strong>et</strong> d’ailleurs, Napoléon ne<br />
savait pas encore exactement dans quelle direction les coalisés<br />
s’étaient r<strong>et</strong>irés.<br />
Dans la nuit du 3 au 4, il reçut les renseignements les plus<br />
précis à ce suj<strong>et</strong> : les coalisés effectuaient leur r<strong>et</strong>raite sur Dres<strong>de</strong>,<br />
en <strong>de</strong>ux colonnes, par Codlitz <strong>et</strong> Roschlitz ; ils marchaient en très<br />
bon ordre ; cependant, leur défaite les avait impressionnés plus<br />
qu’ils ne le disaient ; la mésintelligence régnait entre eux, Russes<br />
<strong>et</strong> Prussiens s’accusant réciproquement d’avoir causé la perte <strong>de</strong> la<br />
bataille.<br />
L’Empereur décida <strong>de</strong> se porter droit sur Dres<strong>de</strong> en pressant<br />
sa marche le plus possible dans l’espoir <strong>de</strong> couper quelques<br />
colonnes ou, tout au moins, d’enlever les traînards <strong>et</strong> les convois.<br />
En même temps, il ordonna <strong>de</strong> constituer, sous les ordres du<br />
Maréchal Ney, une armée auxiliaire <strong>de</strong>stinée à manœuvrer sur la<br />
gauche <strong>de</strong> l’armée principale (nous désignons ainsi l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
corps placés sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Napoléon) <strong>et</strong> qui comprendrait<br />
:<br />
- le 3 ème Corps ;<br />
- le 7 ème , qui se composerait <strong>de</strong> la Division Durutte <strong>et</strong> <strong>de</strong>s troupes<br />
saxonnes qu’on allait faire sortir <strong>de</strong> Torgau ;<br />
- le 2 ème Corps provisoire, que comman<strong>de</strong>rait le Maréchal Victor<br />
<strong>et</strong> qui serait formé <strong>de</strong>s 1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions ;<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 181<br />
- le corps provisoire du Général Sébastiani, 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
(2 500 hommes) <strong>et</strong> Division Puthod du 5 ème Corps, dont<br />
la présence sur le bas Elbe n’était plus nécessaire attendu que<br />
le corps <strong>de</strong> Vandamme, à peu près organisé, suffisait pour<br />
gar<strong>de</strong>r le fleuve en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> même reprendre<br />
Hamburg.<br />
Le Maréchal Ney <strong>de</strong>vait tout d’abord débloquer Torgau <strong>et</strong><br />
Wittenberg <strong>et</strong> reconstituer le 7 ème Corps ; pendant ce temps, le<br />
2 ème Corps <strong>et</strong> le corps provisoire <strong>de</strong> Sébastiani se réuniraient à<br />
Bernburg <strong>et</strong> rejoindraient ensuite le Maréchal. Celui-ci passerait<br />
alors sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe <strong>et</strong> prendrait position avec toutes<br />
ses forces, 75 000 combattants, en avant <strong>de</strong> Torgau.<br />
L’Empereur, qui n’avait pas d’équipage <strong>de</strong> pont, prévoyait<br />
le cas où les coalisés chercheraient à défendre le passage <strong>de</strong> l’Elbe<br />
à Dres<strong>de</strong> : en faisant déboucher l’armée du Maréchal Ney par<br />
Torgau, il les empêchait <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre ce proj<strong>et</strong> à exécution.<br />
Le 4 au matin, l’armée principale se mit en mouvement en<br />
trois colonnes :<br />
- Colonne du centre : le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le 11 ème<br />
Corps, sous les ordres du Prince Eugène, formaient l’avantgar<strong>de</strong><br />
: ils s’engagèrent sur la route <strong>de</strong> Borna qu’avaient prise<br />
les Prussiens <strong>et</strong> s’avancèrent jusqu’à <strong>La</strong>ussigk ; le 6 ème Corps,<br />
la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le Quartier général suivirent l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>et</strong>, à la<br />
fin <strong>de</strong> la journée, s’établirent à Flossberg <strong>et</strong> à Borna ;<br />
- Colonne <strong>de</strong> droite : le 4 ème Corps, marchant sur les traces <strong>de</strong>s<br />
Russes, se porta d’Ostran sur Frohburg, suivi par le 12 ème<br />
Corps qui, <strong>de</strong> Naumburg, alla directement sur Zeitz ;<br />
- Colonne <strong>de</strong> gauche : Le 5 ème Corps, marchant parallèlement<br />
au 11 ème <strong>et</strong> à la même hauteur, se porta <strong>de</strong> Pérès à Stockheim.<br />
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182<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
L’armée était tenue très rassemblée dans la crainte d’un r<strong>et</strong>our<br />
offensif <strong>de</strong> l’ennemi, dont les partis <strong>de</strong> cavalerie légère se<br />
montraient <strong>de</strong> tous côtés à proximité <strong>de</strong> nos colonnes.<br />
Des renseignements erronés ayant fait croire qu’un corps<br />
prussien d’un effectif élevé se rassemblait aux environs <strong>de</strong> Mülhberg<br />
(en réalité, il n’y avait dans c<strong>et</strong>te direction que le détachement<br />
<strong>de</strong> Kleist), Napoléon prescrit au 5 ème Corps <strong>de</strong> marcher le 5,<br />
sur Würzen afin d’être à même d’appuyer, en cas <strong>de</strong> besoin, le<br />
Maréchal Ney, qui, déjà, commençait à pousser sur Torgau une<br />
partie du 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division Durutte.<br />
Le 5 mai, pendant que le 5 ème Corps effectuait le mouvement<br />
indiqué ci-<strong>de</strong>ssus, le reste <strong>de</strong> l’armée continua sur Dres<strong>de</strong>.<br />
<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z, qui formait l’arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la colonne<br />
prussienne, avait pris position <strong>de</strong>rrière la Mul<strong>de</strong> à Codlitz ;<br />
l’arrière-gar<strong>de</strong> russe, que commandait Miloradowitch <strong>et</strong> qui se<br />
composait du corps <strong>de</strong> ce général <strong>et</strong> <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong>,<br />
était encore en gran<strong>de</strong> partie sur la rive gauche <strong>de</strong> la rivière en<br />
avant <strong>de</strong> Rochlitz. Le Prince Eugène força le passage <strong>de</strong> la Mul<strong>de</strong><br />
à Codlitz <strong>et</strong> refoula la briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z jusqu’à Karta, menaçant<br />
ainsi <strong>de</strong> couper la r<strong>et</strong>raite à Miloradowitch. Ce <strong>de</strong>rnier, qui était en<br />
train <strong>de</strong> franchir la Mul<strong>de</strong> sans se presser, car l’avant-gar<strong>de</strong> du 4 ème<br />
Corps français n’avait pas encore dépassé Frohburg, envoya en<br />
toute hâte au soutien <strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z toutes les troupes qu’il avait<br />
sous la main ; ayant réussi non sans peine à se dégager, il prit position<br />
<strong>de</strong>rrière la Tschoppau à Waldheim. Le Prince Eugène<br />
s’arrêta à Karta, poussant ses avant-postes jusqu’à la Tschoppau ;<br />
le 6 ème Corps se plaça immédiatement <strong>de</strong>rrière lui ; la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le<br />
Quartier général s’établirent à Codlitz.<br />
Dans la colonne <strong>de</strong> droite, le 4 ème Corps, dont la lenteur<br />
avait permis à Miloradowitch <strong>de</strong> s’échapper, atteignit Rochlitz très<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 183<br />
tard dans la soirée ; le 12 ème Corps porta sa tête <strong>de</strong> Zeitz jusqu’à<br />
Altenburg.<br />
Les nouvelles recueillies dans la journée du 5 démontrèrent<br />
que toute l’armée coalisée se r<strong>et</strong>irait sur Meissen <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
qu’il n’y avait qu’un faible détachement du côté <strong>de</strong> Mühlberg.<br />
Napoléon prescrivit en conséquence au 5 ème Corps <strong>de</strong> se rabattre<br />
<strong>de</strong> Würzen sur Dres<strong>de</strong> en marchant le plus vite possible.<br />
L’Empereur au Major Général, Codlitz, le 5 mai (9 h)<br />
« Ecrivez au Général <strong>La</strong>uriston par un homme du pays, à qui<br />
vous prom<strong>et</strong>tez vingt Napoléons <strong>de</strong> récompense s’il apporte la réponse avant<br />
six heures du matin. Faites connaître au Général qu’il se porte à gran<strong>de</strong>s<br />
marches <strong>et</strong> par la gran<strong>de</strong> route sur Dres<strong>de</strong>, <strong>de</strong> manière à faire sept à huit<br />
lieues par jour ; que mon Quartier général est arrivé ici aujourd’hui ; que tous<br />
les corps sont passés par ici <strong>et</strong> qu’il ne doit rien y avoir <strong>de</strong> considérable du côté<br />
du Prince <strong>de</strong> la Moskowa ».<br />
L’Empereur au Major Général, Codlitz, 6 mai, 3 h <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />
du matin.<br />
« Ecrivez au duc <strong>de</strong> Raguse que le vice-roi a défait, hier, le corps <strong>de</strong><br />
Miloradowitch, au village <strong>de</strong> Gersdorf ; que son avant-gar<strong>de</strong> était sur les<br />
hauteurs <strong>de</strong> Karta ; qu’il est nécessaire que sa 1 ère Division commence à entrer<br />
dans la ville à quatre heures du matin <strong>et</strong> se porte, en toute diligence, sur<br />
Waldheim ; qu’une Division du Général Kleist, qui venait du côté <strong>de</strong> Wittenberg,<br />
est r<strong>et</strong>ournée sur Würzen par Leipzig où il est bon que l’on entre<br />
pour savoir ce qui est passé ; que cela ne doit pas arrêter la marche <strong>de</strong> son<br />
corps d’armée dans la direction du vice-roi.<br />
Ecrivez au vice-roi que j’ai vu avec plaisir sa relation d’hier, mais<br />
qu’il y a bien peu <strong>de</strong> prisonniers ; que, dans un pays où la cavalerie ne peut<br />
rien, on aurait dû prendre 2 à 3 000 hommes ; qu’il parte à la pointe du<br />
jour pour arriver à Mossen dans la journée ; que le duc <strong>de</strong> Raguse le soutient<br />
à trois heures <strong>de</strong> marche ; que toute la Gar<strong>de</strong> est en avant <strong>de</strong> Codlitz ; qu’il<br />
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184<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
peut donc marcher droit <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>ment ; que, comme toutes les colonnes <strong>de</strong><br />
l’ennemi convergent sur Dres<strong>de</strong>, il est important d’arriver rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>vant<br />
c<strong>et</strong>te ville, puisque tout ce qui n’aurait pas passé serait rej<strong>et</strong>é sur la Bohème ;<br />
que le Général <strong>La</strong>uriston a reçu l’ordre <strong>de</strong> se diriger à gran<strong>de</strong>s marches <strong>de</strong><br />
Würzen, par le grand chemin, sur Dres<strong>de</strong>. Donnez l’ordre au Général Bertrand,<br />
qui est à Rochlitz, <strong>de</strong> marcher sur <strong>de</strong>ux colonnes, l’une pour passer la<br />
rivière entre Waldheim <strong>et</strong> Mittweida, l’autre sur Mittweida ; faites-lui<br />
connaître que le vice-roi est à Waldheim, qu’il a défait le corps <strong>de</strong> Miloradowitch,<br />
que le vice-roi a ordre d’aller aujourd’hui à Mossen ; qu’il faut donc<br />
qu’il s’approche ; que le Général <strong>La</strong>uriston part aujourd’hui pour faire huit<br />
lieues par jour sur la gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> ; qu’il est donc nécessaire<br />
d’arriver tous à la fois sur Dres<strong>de</strong> ; qu’il envoie <strong>de</strong>ux officiers au duc <strong>de</strong> Reggio<br />
pour avoir <strong>de</strong> ses nouvelles car il est à prévoir que, s’il y a une colonne<br />
ennemie qui ne soit pas encore arrivée à Dres<strong>de</strong>, l’ennemi voudra tenir pour<br />
gagner vingt-quatre heures. »<br />
L’Empereur au Maréchal Ney, Codlitz, 6 mai, 3 h <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />
du matin.<br />
(Après diverses indications <strong>de</strong> la situation)<br />
« J’ai bien <strong>de</strong> l’impatience <strong>de</strong> vous savoir sur Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> voir débloquer<br />
Wittenberg, car les choses prennent une tournure telle qu’il serait très<br />
possible que je prisse le parti <strong>de</strong> me porter <strong>de</strong> suite sur Berlin ».<br />
Au moment où l’Empereur écrit les lignes qui précè<strong>de</strong>nt,<br />
il vient d’apprendre <strong>de</strong> source sûre que les Prussiens <strong>et</strong> les Russes<br />
se sont formés pour la r<strong>et</strong>raite en <strong>de</strong>ux colonnes distinctes. Il<br />
déduit, <strong>de</strong> ce fait <strong>et</strong> <strong>de</strong> divers bruits recueillis par ses agents secr<strong>et</strong>s,<br />
que les alliés ont l’intention <strong>de</strong> se séparer aussitôt après<br />
avoir franchi l’Elbe, les Prussiens remontant vers le Nord pour<br />
couvrir Berlin, les Russes continuant vers l’Est à travers la Silésie<br />
pour se rapprocher <strong>de</strong> leurs centres <strong>de</strong> renforts <strong>et</strong> <strong>de</strong> ravitaillements.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 185<br />
Si c<strong>et</strong>te éventualité se réalisait, ce serait pour lui un coup<br />
<strong>de</strong> fortune : laissant un corps d’observation <strong>de</strong>vant les Russes, il<br />
marcherait sur Berlin avec le gros <strong>de</strong> ses forces sans perdre un<br />
instant ; disposant alors <strong>de</strong> 170 à 180 000 hommes, il aurait bientôt<br />
fait <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à raison les 60 à 80 000 soldats que pourraient<br />
lui opposer les Prussiens. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit<br />
impatient <strong>de</strong> voir l’armée du Maréchal Ney groupée en avant <strong>de</strong><br />
Torgau, à vingt lieues <strong>de</strong> Berlin seulement, car sa présence sur ce<br />
point inspirera aux Prussiens <strong>de</strong>s craintes pour leur capitale <strong>et</strong><br />
achèvera peut-être <strong>de</strong> les déci<strong>de</strong>r à se séparer <strong>de</strong>s Russes.<br />
Les 6, 7 <strong>et</strong> 8 mai, l’armée principale poursuivit son mouvement<br />
sur Dres<strong>de</strong>.<br />
Le Prince Eugène <strong>et</strong> Macdonald s’efforcèrent en vain<br />
d’obliger Miloradowitch à hâter sa r<strong>et</strong>raite. Le Général russe,<br />
grâce à sa nombreuse cavalerie, qui le renseignait très exactement,<br />
opérait en toute sécurité ; il s’arrêtait <strong>de</strong>rrière chaque coupure <strong>de</strong><br />
terrain, obligeant les Français à manœuvrer pour débor<strong>de</strong>r sa position,<br />
qu’il abandonnait pour en prendre une autre à quelques<br />
distances en arrière, dès que ses flancs étaient menacés <strong>de</strong> trop<br />
près. Pour déjouer ce système, il aurait fallu que la colonne <strong>de</strong><br />
droite, dont l’effectif dépassait 50 000 hommes <strong>et</strong> qui n’avait <strong>de</strong>vant<br />
elle que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie, avançât rapi<strong>de</strong>ment afin <strong>de</strong><br />
dépasser la colonne du centre <strong>et</strong> d’être à même <strong>de</strong> couper<br />
l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie si elle s’arrêtait. Malheureusement, le 4 ème<br />
Corps, qui tenait la tête <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> gauche, marcha si rapi<strong>de</strong>ment<br />
qu’il ne parvint même pas à se tenir à la hauteur <strong>de</strong> la<br />
colonne du centre.<br />
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186<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le tableau ci-<strong>de</strong>ssous indique le détail <strong>de</strong>s mouvements<br />
<strong>de</strong>s corps français, du 6 au 8 inclus.<br />
Armée française principale<br />
Colonne du centre<br />
6 mai 7 mai 8 mai<br />
Avantgar<strong>de</strong><br />
1er Corps <strong>de</strong> Cavie<br />
11ème Corps<br />
} Lembach } Dres<strong>de</strong><br />
Ersdorf<br />
En arrière <strong>de</strong><br />
Mossen<br />
6ème Corps Rosswein Deutsch- En arrière <strong>de</strong><br />
Bohren Dres<strong>de</strong><br />
Quartier général <strong>de</strong><br />
l’Empereur <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />
Colonne <strong>de</strong> droite<br />
Waldheim Mossen Dres<strong>de</strong><br />
4ème Corps Mittweida <strong>et</strong> Courarsdorf à Pottzehapel à<br />
en arrière Freyberg Elsaarandt<br />
12ème Corps Senig <strong>et</strong> en Hartmansdorf O<strong>de</strong>rsau <strong>et</strong> en<br />
Colonne <strong>de</strong> gauche<br />
arrière à Senig arrière<br />
5ème Corps Dahlen Lommatzch Meissen<br />
Situation <strong>de</strong> l’ennemi<br />
Arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Milorado-<br />
witch<br />
Gros <strong>de</strong> l’armée russe<br />
Gros <strong>de</strong> l’armée prussienne<br />
Détachement <strong>de</strong> Kleist<br />
Mossen<br />
Wilsdurf<br />
Wilsdurf passe l’Elbe à<br />
Dres<strong>de</strong><br />
Meissen<br />
en arrière <strong>de</strong><br />
Mühlberg<br />
l’Elbe<br />
passent l’Elbe :<br />
les Russes à<br />
Dres<strong>de</strong>,<br />
les Prussiens à<br />
Meissen<br />
De Gross-Görschen à Dres<strong>de</strong>, par la route qu’a suivi le<br />
11 ème Corps, il y a environ 120 km. L’armée française mit six jours<br />
pour franchir c<strong>et</strong>te distance.<br />
Dès son arrivée à Dres<strong>de</strong>, l’Empereur exécuta la reconnaissance<br />
<strong>de</strong> l’Elbe. Les coalisés, en se r<strong>et</strong>irant, avaient incendié<br />
leurs ponts <strong>de</strong> bateaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> détruit l’arche en bois<br />
qu’ils avaient édifiée pour rétablir le passage sur le pont <strong>de</strong> pierre.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 187<br />
Comme cela arrive fréquemment en pareil cas, les<br />
mesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction avaient été prises avec négligence ; les<br />
Français arrivèrent à temps pour sauver un grand nombre <strong>de</strong> bateaux<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux.<br />
Les Russes occupant Menstadt, il n’était pas possible <strong>de</strong><br />
réparer le pont <strong>de</strong> pierre ; l’Empereur prescrit <strong>de</strong> rétablir le pont<br />
<strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Briesnitz. Il y avait sur ce point un emplacement<br />
favorable pour un passage <strong>de</strong> la rive gauche à la rive droite : le<br />
fleuve y faisait un cou<strong>de</strong> très prononcé dont la convexité était<br />
tournée du côté <strong>de</strong> la rive gauche ; les hauteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te rive dominaient<br />
celles <strong>de</strong> la rive droite.<br />
L’opération fut commencée le 9, dès 7 h du matin. On<br />
établit <strong>de</strong>s batteries à droite <strong>et</strong> à gauche <strong>de</strong> Briesnitz pour balayer<br />
sous les feux croisés la plaine comprise dans le rentrant du fleuve.<br />
Deux bataillons passèrent sur quelques ra<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> prirent position<br />
dans <strong>de</strong>s tranchées en avant <strong>de</strong> l’emplacement du pont pour protéger<br />
les travailleurs.<br />
L’ennemi tenta <strong>de</strong> s’opposer à l’opération : il mit soixante<br />
pièces en batteries ; l’Empereur en fit avancer quatre-vingts :<br />
l’avantage nous resta. Au même moment, les Russes, qui occupaient<br />
Menstadt, dirigeaient contre Dres<strong>de</strong> un feu violent<br />
d’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> mousqu<strong>et</strong>erie. Vingt pièces <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, que l’on<br />
mit en batterie sur la terrasse <strong>de</strong> Bühl, obligèrent les Russes à<br />
s’éloigner <strong>de</strong>s bords du fleuve <strong>et</strong> permirent <strong>de</strong> faire passer sur <strong>de</strong>s<br />
barques 300 voltigeurs qui se logèrent dans un grand bâtiment<br />
situé au débouché du pont <strong>de</strong> pierre sur la rive droite. <strong>La</strong> réparation<br />
<strong>de</strong> ce pont fut immédiatement entreprise.<br />
Pendant ce temps, l’armée avait serré sur Dres<strong>de</strong>. Des ordres<br />
furent donnés pour que les 11 ème , 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps passassent<br />
l’Elbe, le len<strong>de</strong>main matin, sur le pont <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Bries-<br />
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188<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
nitz ; mais, dans la nuit (9 au 10), une crue fit lâcher les ancres <strong>de</strong><br />
ce pont ; il fallut le réparer, ce qui occupa toute la journée du 10.<br />
Dans l’après-midi, la Division Charpentier du 11 ème Corps<br />
passa sur la brèche du pont <strong>de</strong> pierre au moyen <strong>de</strong> longues échelles<br />
à incendie <strong>et</strong> occupa Menstadt.<br />
Avant d’aller plus loin, il faut revenir en arrière pour examiner<br />
les opérations exécutées par les troupes du Maréchal Ney.<br />
Le 4 mai, le Maréchal avait réuni le 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division<br />
Durutte à Leipzig.<br />
Bülow, qui avait évacué Halle, le 3 au soir, s’était replié sur<br />
son pont <strong>de</strong> Rosslau ; ses partisans parcouraient tout le pays entre<br />
la Mul<strong>de</strong> <strong>et</strong> la Saale. Sans s’inquiéter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cavalerie, qui allait<br />
être contrainte <strong>de</strong> repasser l’Elbe dès que le Maréchal Victor déboucherait<br />
<strong>de</strong> Bernburg, Ney commença le 5 mai son mouvement<br />
pour s’approcher <strong>de</strong> Torgau par Enlenburg, pendant que <strong>de</strong>ux<br />
Divisions du 3 ème Corps <strong>de</strong>scendaient la Mul<strong>de</strong> pour communiquer<br />
avec Wittenberg.<br />
Le 7, le Général Reynier arriva <strong>de</strong>vant Torgau avec la Division<br />
Durutte ; le Général Thielman, s’abritant <strong>de</strong>rrière les ordres<br />
formels du roi <strong>de</strong> Saxe, refusa d’ouvrir les portes <strong>de</strong> la place aux<br />
Français. L’Empereur, le 8, quand il apprit le refus <strong>de</strong> Thielman,<br />
fit envoyer sur-le-champ, au roi <strong>de</strong> Saxe, à Prague, une note<br />
comminatoire dans laquelle il le sommait :<br />
- <strong>de</strong> rentrer immédiatement à Dres<strong>de</strong>, avec sa cavalerie ;<br />
- d’ordonner à Thielman <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre entièrement à la disposition<br />
du Maréchal Ney ;<br />
- <strong>de</strong> déclarer par écrit, d’une façon explicite, qu’il était prêt à<br />
remplir tous les engagements auxquels il était tenu en qualité<br />
<strong>de</strong> membre <strong>de</strong> la Confédération du Rhin.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 189<br />
Le roi était avisé que, s’il ne donnait pas satisfaction sur<br />
ces trois points dans un délai <strong>de</strong> six heures, il serait déclaré félon<br />
<strong>et</strong> aurait cessé <strong>de</strong> régner.<br />
Ce contr<strong>et</strong>emps se compliquait d’un autre d’un genre différent<br />
: le corps provisoire <strong>de</strong> Sébastiani ne pouvait atteindre<br />
Bernburg que le 12 mai, c’est-à-dire sept à huit jours plus tard que<br />
ne l’avait prévu Napoléon.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier, qui tenait essentiellement (nous savons pourquoi)<br />
à faire déboucher le plus tôt possible un gros corps <strong>de</strong><br />
troupes sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe, prescrivit :<br />
- Au Maréchal Ney <strong>de</strong> faire serrer le 3 ème Corps <strong>et</strong> la Division<br />
Durutte au nord <strong>de</strong> Torgau <strong>et</strong> <strong>de</strong> rassembler tous les matériaux<br />
nécessaires pour j<strong>et</strong>er un pont à Belgern, à une <strong>de</strong>mimarche<br />
en amont <strong>de</strong> la place ;<br />
- Au Général <strong>La</strong>uriston, <strong>de</strong> laisser un détachement à Meissen<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> se porter avec son corps d’armée (5 ème ) entre ce point <strong>et</strong><br />
Torgau, afin d’être à portée <strong>de</strong> se joindre au Maréchal Ney si<br />
les circonstances l’exigeaient.<br />
Ces ordres furent promptement exécutés <strong>et</strong> dès le 11 mai,<br />
le Maréchal Ney aurait pu franchir l’Elbe à Belgern, avec 60 000<br />
hommes.<br />
Mais les événements prirent une tournure plus favorable<br />
qui rendit ce mouvement inutile. Les coalisés ne défendirent pas<br />
sérieusement le passage <strong>de</strong> l’Elbe si bien que, le 11mai au matin,<br />
l’armée principale pût sans peine prendre pied sur la rive droite.<br />
En outre, le roi <strong>de</strong> Saxe ayant fait soumission complète, le 11, les<br />
portes <strong>de</strong> Torgau s’ouvrirent <strong>de</strong>vant le Maréchal Ney qui passa<br />
aussitôt le fleuve avec les 3 ème , 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps ; ce <strong>de</strong>rnier,<br />
composé <strong>de</strong> la Division Durutte <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division saxonne du<br />
Général Sahr (9 000 fantassins, 250 cavaliers, 3 batteries).<br />
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V<br />
Offensive <strong>de</strong> l’armée française<br />
<strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r<br />
Mouvement <strong>de</strong>s coalisés après leur r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>rrière l’Elbe :<br />
Ils se concentrent à Bautzen<br />
Quand les alliés eurent repassé l’Elbe, ils ne purent<br />
s’entendre sur la direction à donner aux opérations. Tandis que<br />
les Prussiens voulaient remonter vers le Nord pour couvrir Berlin,<br />
les Russes exigeaient qu’on se repliât sur Breslau afin <strong>de</strong> rester<br />
lié avec l’Autriche, dont l’adhésion à la coalition semblait <strong>de</strong>voir<br />
se produire d’un jour à l’autre. L’entente n’ayant pu s’établir, les<br />
coalisés résolurent <strong>de</strong> se séparer.<br />
Le 9 mai, le gros <strong>de</strong> l’armée russe se replia sur Rä<strong>de</strong>berg,<br />
couvert par le corps <strong>de</strong> Miloradowitch qui resta à Menstadt ;<br />
l’armée prussienne se porta <strong>de</strong> Meissen sur Grossenhayn.<br />
Mais le roi Frédéric-Guillaume comprit que c<strong>et</strong>te séparation<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux armées était une lour<strong>de</strong> faute. En conséquence, le<br />
10 mai, se résignant à abandonner la défense <strong>de</strong> sa capitale au<br />
corps <strong>de</strong> Bülow, il décida que Blücher <strong>et</strong> York rejoindraient<br />
l’armée russe.<br />
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192<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Dans les journées <strong>de</strong>s 10, 11 <strong>et</strong> 12 mai, les Prussiens <strong>et</strong> les<br />
Russes firent leur r<strong>et</strong>raite concentriquement sur Bautzen, sous la<br />
protection <strong>de</strong> Miloradowitch qui rétrogradait lentement <strong>de</strong>vant les<br />
Français.<br />
Les souverains alliés étaient tombés d’accord sur la nécessité<br />
<strong>de</strong> ne pas rentrer en Silésie avant d’avoir livré une nouvelle<br />
bataille. Ils résolurent <strong>de</strong> prendre position sur les hauteurs en<br />
arrière <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’y fortifier pour attendre, <strong>de</strong> pied ferme,<br />
l’attaque <strong>de</strong>s Français.<br />
Miloradowitch, après avoir disputé pied à pied tout le terrain<br />
entre l’Elbe <strong>et</strong> la Sprée, se replia <strong>de</strong>rrière c<strong>et</strong>te rivière le 14<br />
mai au soir ; il prit alors position sur la rive droite, occupant<br />
Bautzen qui avait été mise en état <strong>de</strong> défense, couvert par <strong>de</strong>s<br />
avant-postes établis sur la rive gauche <strong>et</strong> sur ses flancs, par <strong>de</strong>s<br />
détachements <strong>de</strong> cavalerie légère placés à Wittschenau (Détachement<br />
<strong>La</strong>ndskoï) <strong>et</strong> à Boblitz (Détachement Emmanuel) <strong>et</strong> qui, <strong>de</strong><br />
là, poussaient <strong>de</strong>s partis jusqu’à l’Elbe, au milieu même <strong>de</strong>s colonnes<br />
françaises.<br />
Le 16 mai, Barclay <strong>de</strong> Tolly, qui venait <strong>de</strong> Thorn, rejoignit<br />
l’armée alliée avec 13 500 hommes.<br />
Dispositions préparatoires <strong>de</strong> Napoléon pour les opérations<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe<br />
Le Quartier général <strong>de</strong> Napoléon fut maintenu à Dres<strong>de</strong>,<br />
du 8 mai au 17. Il y eut alors, pour l’armée française, une pério<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> calme relatif, qui fut mise à profit pour faire rejoindre les unités<br />
qui s’étaient formées <strong>de</strong>puis le commencement <strong>de</strong>s opérations<br />
(une Division <strong>de</strong> Jeune Gar<strong>de</strong>, quatre bataillons <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> Compagnie, <strong>et</strong>c), pour mobiliser les<br />
troupes saxonnes, (une Division d’infanterie <strong>de</strong>stinée au 7 ème<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 193<br />
Corps <strong>et</strong> une Division <strong>de</strong> Compagnie, dont les quatre régiments<br />
furent versés au 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie) <strong>et</strong> enfin, pour attirer sur<br />
Wittenberg <strong>et</strong> Torgau, le 2 ème Corps, la Division Puthod <strong>et</strong> le 2 ème<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie qui, jusqu’alors, étaient restés immobiles près<br />
<strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg.<br />
Les données chiffrées ci-<strong>de</strong>ssous donnent la composition<br />
détaillée <strong>de</strong> l’armée à la date du 15 mai.<br />
Bons Eons Bies Eff 1<br />
Armée du Maréchal Ney (84 000 hommes 2 )<br />
3ème Corps Maréchal Ney<br />
Quatre Divisions françaises<br />
Gaux Souham, Delmas, Albert <strong>et</strong><br />
Ricard 66 8<br />
1 Division badoisse-hessoise<br />
3<br />
30 000<br />
12<br />
Général Marchand<br />
5 ème Corps Général <strong>La</strong>uriston<br />
Les trois Divisions françaises<br />
Maisons, <strong>La</strong>grange <strong>et</strong> Rochambeau<br />
Division Puthod<br />
7ème Corps Général Reynier<br />
Division française Général Durutte<br />
Division saxonne Sahr<br />
2ème Corps Maréchal Victor<br />
1 ère <strong>et</strong> 4 ème Divisions françaises<br />
30<br />
14<br />
16 4<br />
22<br />
1(?)<br />
10<br />
2<br />
2<br />
2<br />
19 000<br />
8 000<br />
9 500<br />
13 000<br />
Don <strong>de</strong> cavalerie légère Gal Chatel,<br />
détachére du 1er Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
pour marcher avec le 5ème Corps<br />
8 à 9<br />
1 800<br />
2ème Corps <strong>de</strong> cavie Gal Sébastiani 15 à 20 3 000<br />
1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />
2 Effectif réel <strong>de</strong> combattants est compris entre 80 <strong>et</strong> 85 000 h.<br />
3 3 à 4 escadrons du 10 e hussard français <strong>et</strong> 4 e escadron badois.<br />
4 Saxons<br />
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194<br />
Armée principale (119 000 hommes 2 )<br />
4 ème Corps<br />
1 Division française Général Morand<br />
1 Division italienne Général Peyri<br />
1 Don wu<strong>et</strong>embergeoise<br />
6 ème Corps<br />
3 Divisions françaises<br />
Gal Franquemont<br />
Gaux Bonn<strong>et</strong>, Compans, Frie<strong>de</strong>richs<br />
11 ème Corps<br />
3 Divisions françaises <strong>et</strong> italiennes<br />
Gaux Gérard Fressin<strong>et</strong>, Charpentier<br />
12 ème Corps<br />
2 Divisions françaises<br />
Généraux <strong>La</strong>urencez <strong>et</strong> Pacthod<br />
1 Don bavaroise Gal Raglowitch<br />
Gar<strong>de</strong> Infanterie<br />
Division Vieille Gar<strong>de</strong><br />
2 Divisions Jeune Gar<strong>de</strong><br />
Gaux Dumonstier <strong>et</strong> Barrois<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Bons Eons Bies Eff 1<br />
34<br />
39<br />
31<br />
33<br />
6 à 7<br />
25 à 30<br />
4 3<br />
4 4<br />
2 5<br />
7<br />
10<br />
8<br />
7<br />
14<br />
25 000<br />
22 000<br />
17 000<br />
24 000<br />
4 000<br />
15 000<br />
Gar<strong>de</strong>-Cavalerie 20 (?) 3 4 000<br />
1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />
2 115 à 120 combattants présents sous les armes.<br />
3 Briga<strong>de</strong> Wurtembergoise.<br />
4 Briga<strong>de</strong> westphalienne commandée par le Général Bammiot<br />
5 Du 4 ème régiment <strong>de</strong> chasseurs italiens <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chasseurs <strong>de</strong><br />
Würzburg.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 195<br />
1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie du<br />
Général <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />
Division Bruyère<br />
Division Chastel<br />
p. m., dét. au 5 ème Corps<br />
Don <strong>de</strong> grosse cavalerie<br />
Bour<strong>de</strong>souble<br />
Division <strong>de</strong> Cavalerie<br />
Boumerc<br />
8 rgts français 1 200<br />
1 rgt <strong>de</strong> chass. it. 2 400<br />
2 régiments saxons<br />
1800 Français<br />
6 rgts français 1 200<br />
2 Dons saxons 1 200<br />
6 rgts fr. 1 200<br />
1 don nap. 1 000<br />
Bons Eons Bies Eff 1<br />
8 000<br />
45 à<br />
50<br />
(?)<br />
Total général 203 000 hommes<br />
4<br />
(dont 1<br />
briga<strong>de</strong><br />
italienne<br />
<strong>et</strong> 1 Don<br />
saxonne)<br />
Défalcation faite <strong>de</strong>s pertes subies par le feu <strong>et</strong> par la maladie,<br />
30 000 hommes environ, l’effectif <strong>de</strong>s troupes appelées à<br />
prendre part aux opérations sous les ordres <strong>de</strong> Napoléon s’élevait<br />
à 205 000 hommes ; l’armée coalisée, qui s’était renforcée <strong>de</strong>s<br />
corps <strong>de</strong> Barclay <strong>et</strong> <strong>de</strong> quelques troupes <strong>de</strong> réserve russes <strong>et</strong> prussiennes,<br />
ne comptait pas plus <strong>de</strong> 110 000 hommes (le corps <strong>de</strong><br />
Bülow compris) : la supériorité numérique <strong>de</strong>s Français s’était<br />
donc accentuée <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe, qui n’existait plus que <strong>de</strong> nom, fut dissoute<br />
; le Prince Eugène partit pour l’Italie, où il <strong>de</strong>vait former un<br />
nouveau corps d’observation <strong>de</strong>stiné à contenir l’Autriche si elle<br />
se déclarait contre nous.<br />
L’organisation <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, qui allait servir <strong>de</strong> base<br />
d’opérations à l’armée française, fut l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’Empereur.<br />
Le comman<strong>de</strong>ment militaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te place <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout le<br />
territoire <strong>de</strong> la Saxe fut confié au Général <strong>de</strong> Division Durosuel.<br />
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196<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
L’enceinte <strong>de</strong> Menstadt fut remise en état <strong>et</strong> palissadée.<br />
Un pont <strong>de</strong> bateaux fut construit à côté du pont <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux<br />
<strong>de</strong> Briesnitz, <strong>de</strong> telle sorte qu’on disposât <strong>de</strong> trois points <strong>de</strong><br />
passage sur l’Elbe. Les chemins conduisant aux ponts <strong>de</strong> Briesnitz<br />
furent soigneusement aménagés.<br />
Des hôpitaux, <strong>de</strong>s magasins, <strong>de</strong>s manutentions furent organisés.<br />
Des dépôts généraux, à raison <strong>de</strong> un par corps d’armée,<br />
furent établis à Dres<strong>de</strong>, pour les 4 ème , 7 ème , 11 ème , 12 ème Corps <strong>de</strong> la<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> à Torgau pour les 2 ème , 3 ème , <strong>et</strong> 5 ème Corps. Il fut crée, en<br />
outre, <strong>de</strong>ux dépôts généraux <strong>de</strong> cavalerie, un à Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’autre à<br />
Leipzig 1 .<br />
Les troupes indiquées ci-après furent affectées à la garnison<br />
<strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> :<br />
- 4 bataillons westphaliens (Division Hammerstein) ;<br />
- Un régiment <strong>de</strong> flanqueurs <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>, qui avait besoin<br />
<strong>de</strong> quelque temps pour s’organiser <strong>et</strong> compléter<br />
l’organisation <strong>de</strong> ses hommes (1 800) ;<br />
- les dépôts emmenés ci-<strong>de</strong>ssus (2 000 fantassins <strong>et</strong> 600 cavaliers)<br />
;<br />
- 5 à 600 hommes <strong>de</strong> troupes saxonnes ;<br />
Au total, 6 000 à 6 500 hommes <strong>et</strong> 12 canons.<br />
Par décision du 11 mai, les routes <strong>de</strong> l’armée furent organisées<br />
comme il suit :<br />
- Route principale <strong>de</strong> Mayence à Dres<strong>de</strong> par Francfort, Ful<strong>de</strong>,<br />
Erfurt, Weymar ; à partir <strong>de</strong> Weymar, <strong>de</strong>ux embranchements,<br />
l’un par Iéna <strong>et</strong> Altenburg, l’autre par Naumburg <strong>et</strong> Leipzig.<br />
1 Antérieurement, on en avait créé un à Iéna.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 197<br />
- Un embranchement <strong>de</strong> Leipzig à Wittenberg ;<br />
- Un autre d’Augsburg à Altenburg à Nüremberg, Bamberg,<br />
Schleiz <strong>et</strong> Géra.<br />
- <strong>La</strong> route d’Augsburg par Würzburg était supprimée.<br />
Les étapes étaient d’environ six lieues, avec un jour <strong>de</strong> repos<br />
pour six à sept jours <strong>de</strong> marche.<br />
Il n’était pas très pru<strong>de</strong>nt (la suite ne le prouvera que trop)<br />
<strong>de</strong> ne pas continuer à faire passer par Würzburg les détachements<br />
venant d’Augsburg <strong>et</strong> d’organiser, entre Erfurt <strong>et</strong> Dres<strong>de</strong>, pour<br />
gagner trois marches, la ligne d’étapes d’Altenburg au lieu <strong>de</strong> se<br />
contenter <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Leipzig. On supposait évi<strong>de</strong>mment que tout<br />
le pays à l’Ouest <strong>de</strong> l’Elbe était à l’abri <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong><br />
l’ennemi. Il avait d’ailleurs été prescrit, <strong>de</strong> la façon la plus formelle,<br />
<strong>de</strong> ne m<strong>et</strong>tre en route que dés détachements comprenant<br />
au moins 500 combattants ; ces détachements <strong>de</strong>vaient se gar<strong>de</strong>r<br />
militairement <strong>de</strong> manière à n’avoir rien à craindre <strong>de</strong>s partisans<br />
ennemis si, par hasard, quelques-uns se glissaient sur les <strong>de</strong>rrières<br />
<strong>de</strong> l’armée, comme cela était déjà arrivé plusieurs fois.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe, il n’y avait qu’une seule route <strong>de</strong><br />
l’armée, celle partant <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Quand nos troupes s’avancèrent<br />
jusqu’à Bautzen, un gîte secondaire d’étapes fut organisé à<br />
Schmiedfeld.<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée française du 10 au 18 mai<br />
Au moment où commence la <strong>de</strong>uxième série <strong>de</strong>s opérations,<br />
les forces françaises sont divisées en trois groupes :<br />
- l’armée principale, sous les ordres immédiats <strong>de</strong> Napoléon ;<br />
4 ème , 6 ème , 11 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps, la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> ca-<br />
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198<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
valerie ; 120 000 hommes après l’arrivée <strong>de</strong>s renforts dont<br />
nous avons parlé ;<br />
- l’armée du Maréchal Ney, 2 ème , 3 ème , 5 ème , 7 ème Corps <strong>et</strong> 2 ème<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie (25 000 hommes) ;<br />
les troupes mises à la disposition du Maréchal Davout<br />
pour opérer sur l’Elbe inférieur <strong>et</strong> qui forment un Corps provisoire<br />
à trois Divisions, sous les ordres du Général Vandamme<br />
(30 000 hommes) ; nous ne nous occuperons pas <strong>de</strong> ce groupe<br />
qui a un théâtre d’action distinct.<br />
L’armée principale est tout entière réunie à Dres<strong>de</strong>, le 11<br />
mai. Du 11 au 16, elle va s’étendre sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe,<br />
vers Koenigsbrüch <strong>et</strong> Bautzen, pour prendre possession <strong>de</strong>s débouchés<br />
<strong>et</strong> se procurer <strong>de</strong>s renseignements sur l’ennemi.<br />
Dans l’armée du Maréchal Ney, le 11 mai, les 3 ème , 5 ème<br />
(moins la Division Puthod) <strong>et</strong> le 7 ème Corps, sont en avant <strong>de</strong><br />
Torgau ; à c<strong>et</strong>te même date, le Maréchal Victor rassemble à Bernburg<br />
la Division Puthod, le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
; le 13, il partira <strong>de</strong> Bernburg pour rejoindre le Maréchal Ney,<br />
en passant par Wittenberg. Le 16 mai, quand les ordres donnés<br />
par Napoléon auront été exécutés en entier, les divers corps occuperont<br />
les emplacements suivants en avant <strong>de</strong> Torgau, entre<br />
l’Elbe <strong>et</strong> la Sprée :<br />
- Quartier général <strong>et</strong> le 3 ème Corps à Luckar, avec une avantgar<strong>de</strong><br />
à Lüblen ;<br />
- 5 ème Corps à Dabrilugk ;<br />
- 7 ème Corps à Dahure ;<br />
- le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie vers Schönwald.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 199<br />
L’armée du Maréchal Ney se trouvera alors à 23 lieues <strong>de</strong><br />
l’armée principale <strong>et</strong> à 21 <strong>de</strong> Berlin à peu près, disposée en carré,<br />
prête à marcher dans n’importe quelle direction.<br />
Ce fractionnement <strong>de</strong>s forces disponibles sur le principal<br />
théâtre d’opération à <strong>de</strong>ux armées placées à trois marches l’une <strong>de</strong><br />
l’autre est un dispositif préparatoire <strong>de</strong>stiné à faciliter les manœuvres<br />
que nécessitent les circonstances ultérieures.<br />
L’Empereur n’a pas encore arrêté son plan d’opérations ;<br />
il attend pour cela que les premiers mouvements <strong>de</strong>s coalisés lui<br />
aient révélé ce que ces <strong>de</strong>rniers comptent faire.<br />
Le Major Général écrit au Maréchal Ney le 13 :<br />
« L’Empereur, d’ici le 15, prendra sa détermination, selon ce<br />
qu’aura fait l’ennemi, pour faire occuper Berlin ou pour ordonner tous autre<br />
mouvement ».<br />
Le même jour, l’Empereur lui-même au Maréchal Ney, <strong>de</strong><br />
Dres<strong>de</strong> : « Je ne vois pas bien ce qu’ont fait les Prussiens ; il est certain que<br />
les Russes se r<strong>et</strong>irent sur Breslau ; mais les Prussiens se r<strong>et</strong>irent-ils sur c<strong>et</strong>te<br />
ville, comme on le prétend, ou se sont-ils j<strong>et</strong>és sur Berlin, comme<br />
cela paraît naturel, pour défendre leur capitale ? C’est ce que les<br />
renseignements que j’attends c<strong>et</strong>te nuit m’apprendront parfaitement. Vous<br />
sentez qu’avec <strong>de</strong>s forces aussi considérables que celles que vous avez 1 , ce n’est<br />
pas le cas <strong>de</strong> rester au repos. Dégager Glogau, occuper Berlin, pour<br />
m<strong>et</strong>tre le prince d’Eckmühl à même <strong>de</strong> réoccuper Hamburg <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’avancer,<br />
avec ses cinq Divisions 2 , en Poméranie <strong>et</strong> m’emparer <strong>de</strong> Breslau : voilà les<br />
trois buts importants que je me propose <strong>et</strong> que je voudrais remplir dans le<br />
1 Napoléon évaluait à 100 000 l’effectif <strong>de</strong>s Corps du Maréchal<br />
Ney ; l’effectif ne dépassait pas 85 000 hommes.<br />
2 Nous avons dit plus haut que, pour le moment, Davout ne<br />
possédait que trois Divisions.<br />
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200<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
mois. Par la position que je vous fait prendre, nous nous trouverons<br />
toujours réunis, pouvant nous porter sur la droite ou<br />
sur la gauche <strong>et</strong> avec le plus <strong>de</strong> masses possibles, selon les<br />
renseignements ».<br />
Deux passages <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre qui précè<strong>de</strong> exigent quelques<br />
explications.<br />
L’Empereur avait espéré que la présence <strong>de</strong>s 85 000 hommes<br />
<strong>de</strong> Ney, à trois marches <strong>de</strong> Berlin, inspirerait aux Prussiens<br />
<strong>de</strong>s craintes pour leur capitale <strong>et</strong> les déterminerait à se séparer <strong>de</strong>s<br />
Russes pour se porter à son secours : nous avons déjà dit que<br />
c’eût été <strong>de</strong> leur part une faute insigne. Quand l’Empereur écrit<br />
« qu’il paraît naturel que les Prussiens se j<strong>et</strong>tent du côté <strong>de</strong> Berlin<br />
», cela signifie non pas qu’il juge ce mouvement rationnel, mais<br />
bien qu’il est probable que les Prussiens ne sauront pas résister à<br />
la tentation <strong>de</strong> se placer, avec le gros <strong>de</strong> leurs forces, <strong>de</strong> manière à<br />
couvrir directement leur capitale. En restant réunis, les coalisés<br />
couvrent Berlin indirectement <strong>de</strong> la façon la plus efficace ; en<br />
eff<strong>et</strong>, leur armée <strong>de</strong> Silésie, qui compte plus <strong>de</strong> 100 000 hommes,<br />
continue à être l’objectif principal <strong>de</strong> Napoléon, qui doit agir<br />
contre elle avec la presque totalité <strong>de</strong> ses forces, attendu que<br />
l’expérience <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> a démontré que, pour obtenir c<strong>et</strong>te victoire<br />
décisive, dont il a tant besoin, il faut disposer <strong>de</strong> forces<br />
presque doubles <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> ses adversaires.<br />
« Par la position que je vous fais prendre, nous serons toujours réunis<br />
... ». Les <strong>de</strong>ux armées françaises ne sont pas réunies, mais elle<br />
le seront quand Napoléon le voudra. Pour s’en convaincre, il suffit<br />
<strong>de</strong> considérer que, d’une part, l’armée principale a un effectif<br />
sensiblement supérieur à celui <strong>de</strong> l’armée coalisée <strong>et</strong> l’armée <strong>de</strong><br />
Ney, un effectif à peu près égal <strong>et</strong> que d’autre part, la région<br />
comprise entre la Sprée <strong>et</strong> l’Elbe supérieur est partout facilement<br />
praticable pour <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> troupes. Ceci étant, il n’y a<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 201<br />
que <strong>de</strong>s avantages à laisser entre les <strong>de</strong>ux armées, un certain intervalle<br />
grâce auquel l’ensemble jouit <strong>de</strong> facilités <strong>de</strong> manœuvres plus<br />
gran<strong>de</strong>s.<br />
Pendant que les corps du Maréchal Ney prennent position<br />
en avant <strong>de</strong> Torgau dans les conditions que nous venons<br />
d’indiquer, nous j<strong>et</strong>terons un coup d’œil rapi<strong>de</strong> sur les opérations<br />
<strong>de</strong> l’armée principale, du 11 au 15 mai.<br />
Nous avons vu que le 11, les 4 ème , 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps<br />
étaient passés sur la rive droite pour dégager les abords <strong>de</strong> Menstadt<br />
<strong>et</strong> se procurer <strong>de</strong>s renseignements précis sur l’ennemi ; la<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 12 ème Corps restèrent à Dres<strong>de</strong>.<br />
Le Maréchal Macdonald, avec le 11 ème Corps <strong>et</strong> une Division<br />
<strong>de</strong> cavalerie légère, refoula <strong>de</strong>vant lui le Corps <strong>de</strong> Moloradowitch<br />
qui lui disputait le terrain pied à pied ; il s’avança le 11 jusqu’à<br />
Weissuf <strong>et</strong> le 12, jusqu’à Norschofwer<strong>de</strong>r, où il resta le 13 <strong>et</strong><br />
le 14, ayant ses avant-postes au contact <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’arrière-gar<strong>de</strong><br />
russe dont le gros se tenait à Gödau.<br />
Le 4 ème Corps marcha par Attendorf sur Koenigsbrück <strong>et</strong><br />
Kameuz : il ne concentra que <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie légère. Le 13,<br />
il occupa Koenigsbrück, poussant son avant-gar<strong>de</strong> jusqu’à Kameuz.<br />
Le 6 ème Corps prit tout d’abord position en 2 ème ligne à<br />
Reichenberg, pendant que le Général Beaumont, avec son avantgar<strong>de</strong><br />
(une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie westphalienne, 3 bataillons<br />
d’infanterie <strong>et</strong> une <strong>de</strong>mi-batterie) se portait à Moritzburg pour<br />
surveiller la direction <strong>de</strong> Grossenhayn. Le 13, le gros du corps<br />
d’armée alla s’établir à Ra<strong>de</strong>burg ; le Général Beaumont avec son<br />
détachement resta à Moritzburg pour continuer à éclairer vers<br />
Grossenhayn où se montraient <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux.<br />
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202<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Nos corps d’armée, du 11 au 13, ayant recoupé toutes les<br />
routes suivies par les colonnes russes <strong>et</strong> prussiennes dans leur<br />
mouvement sur Bautzen, l’Empereur, en rapprochant leurs rapports,<br />
put se convaincre que toutes les forces <strong>de</strong>s coalisés s’étaient<br />
r<strong>et</strong>irées <strong>de</strong>rrière la Sprée.<br />
Maintenant, l’ennemi recevrait-il la bataille à Bautzen ou<br />
continuerait-il sa r<strong>et</strong>raite à l’approche <strong>de</strong> l’armée française ? Les<br />
grands travaux <strong>de</strong> fortification entrepris à Bautzen semblaient<br />
indiquer son intention d’accepter la bataille sur ce point ; pourtant,<br />
<strong>de</strong>s renseignements qui paraissaient fondés donnaient à supposer<br />
que le gros <strong>de</strong> son armée était déjà en r<strong>et</strong>raite sur Görlitz.<br />
Pour être fixé à ce suj<strong>et</strong>, il était nécessaire <strong>de</strong> s’avancer sur Bautzen<br />
; la pru<strong>de</strong>nce exigeait qu’au préalable, on fit serrer les 4 ème ,<br />
6 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps sur le 11 ème .<br />
Le 14, en conformité <strong>de</strong>s ordres donnés le même jour à 4<br />
h du matin :<br />
- le 11 ème Corps resta en position à Bischoffswerda ;<br />
- le 4 ème se porta à Kameuz, faisant avancer son avant-gar<strong>de</strong><br />
jusqu’à Closter-Marienstern, sur le chemin <strong>de</strong> Kameuz à<br />
Bautzen ;<br />
- le 6 ème Corps serra sur Frankenthal, à une lieue <strong>de</strong> Bischoffswerda,<br />
le Général Beaumont restant toujours à Moritzburg ;<br />
- le 12 ème Corps, s’avançant par Weissig, poussa sa Division <strong>de</strong><br />
tête jusqu’à Fischbach ;<br />
- la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie restèrent à Dres<strong>de</strong> <strong>et</strong> aux<br />
environs.<br />
Le 15, <strong>de</strong> grand matin, Macdonald, débouchant <strong>de</strong> Bischoffswerda,<br />
se heurta à Gödan, à l’arrière-gar<strong>de</strong> russe qu’il réussit<br />
à déloger après un violent combat <strong>et</strong> à rej<strong>et</strong>er sur Bautzen. Il<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 203<br />
prit position sur les hauteurs à l’Ouest <strong>de</strong> la ville, d’où il put apercevoir<br />
les campements <strong>de</strong> l’armée coalisée. Le 6 ème Corps, qui<br />
avait marché au soutien du 11 ème , s’établit <strong>de</strong>rrière lui. Le 4 ème<br />
Corps occupa Closter-Marienstern <strong>et</strong> fit avancer son avant-gar<strong>de</strong><br />
à mi-chemin <strong>de</strong> ce point <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bautzen, <strong>de</strong> manière à se lier avec<br />
le 11 ème Corps. Le 12 ème Corps serra sur Bischoffswerda.<br />
L’ennemi n’ayant pas reculé, il était à peu près certain qu’il<br />
avait résolu d’accepter la bataille à Bautzen. L’Empereur <strong>de</strong>vait<br />
donc faire serrer l’armée principale sur Bautzen <strong>et</strong> se hâter<br />
d’appeler à lui la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’armée du Maréchal Ney.<br />
Voici, en substance, les ordres donnés le 15 au soir <strong>et</strong> le<br />
16 au matin aux corps <strong>de</strong> l’armée principale :<br />
« Les 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps prendront position <strong>de</strong>vant Bautzen, le 6 ème à<br />
hauteur <strong>et</strong> à la gauche du 11 ème ; le 4 ème à hauteur <strong>et</strong> à la gauche du 6 ème ; le<br />
12 ème Corps se placera en réserve en avant <strong>de</strong> Bischoffswerda <strong>et</strong> fournira trois<br />
colonnes mobiles <strong>de</strong> 1 200 à 1 500 hommes <strong>de</strong>stinées à chasser <strong>de</strong>s bois situés<br />
entre la grand-route <strong>et</strong> la frontière autrichienne les partis ennemis qui s’y sont<br />
glissés <strong>et</strong> <strong>de</strong> là, inquiètent les communications avec Dres<strong>de</strong>.<br />
« Le Maréchal Mortier, avec une Division <strong>de</strong> Jeune Gar<strong>de</strong>, le 1 er<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie <strong>et</strong> le détachement du Général Beaumont, sera chargé <strong>de</strong><br />
n<strong>et</strong>toyer le pays sur la gauche <strong>de</strong> l’armée, afin d’assurer les communications<br />
avec les Corps du Maréchal Ney ; le 16, échelonnant son infanterie sur ses<br />
<strong>de</strong>rrières, il se portera rapi<strong>de</strong>ment avec toute sa cavalerie sur Grossenhayn <strong>de</strong><br />
manière à couper tous les partis ennemis qui se trouvent <strong>de</strong> ce côté <strong>et</strong> qui ne se<br />
r<strong>et</strong>ireraient pas assez vite ».<br />
Tous ces mouvements s’exécutèrent sans difficulté. Le<br />
Maréchal Mortier ne trouva à Grossenhayn qu’un parti <strong>de</strong> 1 500 à<br />
2 000 cavaliers qui, à son approche, se r<strong>et</strong>irèrent précipitamment<br />
sur Elsterwerda. Le Maréchal fit suivre l’ennemi par le Général<br />
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204<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Beaumont 1 ; lui-même, avec le reste <strong>de</strong> ses troupes, se rabattit, le<br />
17, sur Bischoffswerda ; quant au Général Beaumont, après avoir<br />
communiqué avec le 5 ème Corps, il rétrograda le 18 sur Moritzburg.<br />
Nous relaterons in extenso les ordres concernant les<br />
Corps du Maréchal Ney.<br />
Le Major Général au Général <strong>La</strong>uriston, Dres<strong>de</strong>, le 15<br />
mai, à 10 h du soir :<br />
« Partez <strong>de</strong> Dobrilugk <strong>et</strong> dirigez-vous sur Hoyerswerda, l’ennemi<br />
paraissant vouloir tenir à Bautzen.<br />
« Je donne ordre au Prince <strong>de</strong> la Moskowa, qui est à Werzberg, <strong>de</strong><br />
se diriger sur Spremberg ».<br />
De même au Maréchal Ney, même jour, même heure, sur<br />
la copie <strong>de</strong> l’ordre précé<strong>de</strong>nt.<br />
« De la position où vous êtes, à Werzberg, dirigez vous sur Spremberg<br />
sur la Sprée, l’ennemi paraissant se réunir <strong>et</strong> vouloir tenir dans la position<br />
<strong>de</strong> Bautzen ».<br />
Ces ordres, partis <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>, le 15 à 11 h du soir, ne parvinrent<br />
aux corps <strong>de</strong>stinataires que le 16, dans la soirée, c’est-àdire<br />
après la marche. A ce moment, le 5 ème Corps se trouvait effectivement<br />
à Dobrilugk, mais le 3 ème Corps était à Lückau <strong>et</strong> non<br />
à Werzberg. Comme c’était en exécution <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong><br />
l’Empereur que le 3 ème Corps avait marché sur Lückau le 15 <strong>et</strong> le<br />
16, on ne s’explique pas comment le Major Général a pu supposer<br />
que l’ordre en question parviendrait au Maréchal Ney à Werzberg.<br />
1 Un détachement <strong>de</strong> 5 à 600 hommes, appartenant à une Division<br />
<strong>de</strong> cavalerie légère, qui marchait avec le 5 ème Corps, suivit le Général<br />
Beaumont afin <strong>de</strong> rejoindre sa Division.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 205<br />
Les ordres ci-<strong>de</strong>ssus restaient applicables ; seulement, ils ne pouvaient<br />
recevoir leur exécution que le 17.<br />
Dans sa l<strong>et</strong>tre au Maréchal Ney, le Major Général n’avait<br />
pas spécifié quelles étaient les troupes qui <strong>de</strong>vaient se porter sur<br />
Spremberg avec ce Maréchal ; il s’agissait en réalité du 3 ème Corps<br />
seul, l’intention <strong>de</strong> l’Empereur étant <strong>de</strong> charger le Maréchal Victor<br />
avec les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie, soit<br />
plus <strong>de</strong> 25 000 hommes, d’opérer offensivement contre le Général<br />
Bülow.<br />
Ney ne le comprit pas ainsi ; il prit ses dispositions pour<br />
faire marcher sur Spremberg non seulement le 3 ème Corps, mais<br />
aussi les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème . Il faut reconnaître qu’en c<strong>et</strong>te circonstance, le<br />
Maréchal 1 se montra mieux avisé que Napoléon : car la situation<br />
commandait impérieusement d’agir avec le plus <strong>de</strong> moyens possibles<br />
contre la principale armée <strong>de</strong>s coalisés ; il fallait donc se<br />
contenter <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>vant Bülow quelques milliers d’hommes<br />
qui, en s’appuyant sur Torgau <strong>et</strong> Wittenberg, suffiraient pour le<br />
contenir.<br />
En examinant sur la carte les points <strong>de</strong> direction assignés<br />
aux 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps, Spremberg <strong>et</strong> Hoyerswerda, on voit que<br />
l’Empereur ne vise pas à faire arriver ces corps <strong>de</strong>vant Bautzen<br />
par la ligne la plus courte. Sans doute, il prévoit le cas où<br />
l’ennemi, à l’approche <strong>de</strong> ce renfort qui nous assurera une si<br />
gran<strong>de</strong> supériorité numérique, se déci<strong>de</strong>rait à continuer sa r<strong>et</strong>raite<br />
à travers la Silésie ; les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps constitueraient alors un<br />
groupe <strong>de</strong> manœuvre qui se tiendrait à une marche sur la gauche<br />
<strong>de</strong> l’armée, afin d’être en situation <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r les lignes <strong>de</strong> défense<br />
successives sur lesquelles l’ennemi tenterait <strong>de</strong> s’arrêter.<br />
1 Il paraît qu’il agit sous l’inspiration du Général Gomini qui était<br />
son chef d’Etat-Major.<br />
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206<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Mais, à mesure que <strong>de</strong> nouveaux renseignements lui parviennent<br />
Napoléon acquiert <strong>de</strong> plus en plus la conviction que les<br />
coalisés sont résolus à livrer bataille quand même à Bautzen. Le<br />
16, à 10 h du matin, <strong>de</strong> nouveaux ordres sont expédiés.<br />
Le Major Général au Maréchal Ney :<br />
« ..... Votre ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp, parti hier à 11 h, avec vos notes à michemin<br />
<strong>de</strong> Lückau, est arrivé.<br />
« Nous sommes décidément en présence <strong>de</strong> l’ennemi à Bautzen, où<br />
l’ennemi est en forces. Sa Majesté pense donc que Vous ( ?) <strong>de</strong>vez venir avec<br />
le 5 ème Corps vous placer à Hoyerswerda ».<br />
Le 16, à 1 h du soir, en chiffres :<br />
« L’Empereur vous ordonne <strong>de</strong> vous porter, en toute diligence, du<br />
point où vous recevrez c<strong>et</strong> ordre sur Hoyerswerda. Je vous ai écrit ce matin par<br />
Torgau, mais ce duplicata vous est porté par un gendarme du pays qui passe<br />
par la route directe. Je fais donner le même ordre au Général <strong>La</strong>uriston, mais<br />
adressez le lui <strong>de</strong> votre côté.... »<br />
Le 16, à 5 h du soir.<br />
« Je vous ai expédié hier, à 10 h du soir, l’ordre <strong>de</strong> vous diriger sur<br />
Spremberg. L’officier que je vous avais envoyé <strong>et</strong> qui est parti hier à 11 heures<br />
du soir <strong>et</strong> vous a laissé à mi-chemin <strong>de</strong> Torgau à Lückau, à fait connaître<br />
à l’Empereur la situation <strong>de</strong> votre corps d’armée. Sa Majesté approuve que<br />
vous arriviez le plus tôt possible, avec votre corps <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>uriston<br />
sur Hoyerswerda, d’où vous ne serez plus qu’à une marche <strong>de</strong> Bautzen, où<br />
l’ennemi paraît être en force <strong>et</strong> vouloir tenir.<br />
« Ordonnez à la Division Puthod, qui appartient au Général <strong>La</strong>uriston,<br />
<strong>de</strong> prendre la plus courte direction pour se rendre à Hoyerswerda.<br />
« Envoyez <strong>de</strong>s ordres à Torgau pour qu’on arrête tout ce qui arriverait<br />
pour rejoindre votre Corps d’armée <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>uriston parce que, du<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 207<br />
moment où vous serez arrivé à Hoyerswerda, vous prendrez votre ligne<br />
d’opération par Dres<strong>de</strong>.<br />
« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur serait que le duc <strong>de</strong> Bellune, sous les ordres<br />
duquel vous placerez le Général Reynier, manœuvrât sur Berlin ; qu’il<br />
prît possession <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville ; réoccupât Spandau si cela est possible, dans le<br />
cas où les brèches ne seraient pas réparées ; <strong>et</strong> enfin, suivant les circonstances,<br />
poursuivît Bülow selon la direction qu’il prendra.<br />
« Arrivé à Berlin, il sera facile au duc <strong>de</strong> Bellune <strong>de</strong> connaître si<br />
l’ennemi attaque St<strong>et</strong>tin, Küstrin ou Glogau <strong>et</strong> il irait au secours <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />
ses trois places qui en aurait le plus besoin. Si aucune n’était assiégée <strong>et</strong><br />
qu’elles n’eussent pas besoin <strong>de</strong> sa présence, il agirait suivant les circonstances<br />
<strong>de</strong> manière à faire une diversion en passant l’O<strong>de</strong>r, soit à Küstrin, St<strong>et</strong>tin ou<br />
Glogau, pour établir un camp r<strong>et</strong>ranché sur la rive droite <strong>de</strong> ce fleuve <strong>et</strong>, <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te position, menacer tout le pays entre l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> la Vistule. Le Maréchal<br />
<strong>de</strong>vra aussi se m<strong>et</strong>tre en communication avec Davout qui a ordre <strong>de</strong> se porter<br />
<strong>de</strong> Hamburg sur le Mecklemburg.<br />
« Ainsi donc, la première opération qu’aura à faire le duc <strong>de</strong> Bellune<br />
sera d’obliger Bülow à repasser l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> <strong>de</strong> forcer l’ennemi à brûler le<br />
pont <strong>de</strong> Schwedt qu’il a établi sur l’O<strong>de</strong>r <strong>et</strong> il aura soin <strong>de</strong> faire détruire la<br />
tête <strong>de</strong> pont ».<br />
Ce <strong>de</strong>rnier ordre était très explicite ; Ney, qui le reçut à<br />
Kahlau, le 17 au soir, prescrivit au 7 ème Corps <strong>de</strong> rester le 18 à<br />
Lückau <strong>et</strong> fit connaître au Maréchal Victor la mission que lui<br />
confiait l’Empereur.<br />
Le Major Général au Général <strong>La</strong>uriston,<br />
Dres<strong>de</strong>, le 17 mai, à 10 h du matin.<br />
« D’Hoyerswerda, dirigez-vous sur Bautzen en marchant militairement<br />
par la rive droite <strong>de</strong> la Schwarze-Elster. Toute notre armée touche<br />
à Bautzen ; l’armée ennemie <strong>et</strong> la nôtre sont en présence. Faites-moi<br />
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208<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
connaître par r<strong>et</strong>our du porteur la direction du porteur <strong>et</strong> le jour où vous arriverez<br />
à Bautzen où est l’ennemi ».<br />
De même au Maréchal Ney.<br />
« Donnez <strong>de</strong>s ordres au duc <strong>de</strong> Bellune, aux généraux Reynier <strong>et</strong><br />
Sébastiani selon ce que vous aurez appris <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> que<br />
vous jugerez le plus convenable suivant les circonstances.<br />
Tout porte à penser que nous allons avoir une bataille ».<br />
Le Maréchal n’hésita pas un instant à interpréter les indications<br />
relatives aux troupes du Maréchal Victor comme une autorisation<br />
implicite <strong>de</strong> se faire suivre <strong>de</strong> ces troupes si, à son avis,<br />
les circonstances ne comportaient pas leur envoi sur Berlin.<br />
En conséquence, il prescrivit au Maréchal Victor <strong>et</strong> au<br />
Général Reynier <strong>de</strong> quitter Dahme <strong>et</strong> Lückau le 19 pour se diriger<br />
sur Bautzen par Kahlau <strong>et</strong> Hoyerswerda, à la suite du 3 ème Corps.<br />
Il eut raison, nous le répétons ; malheureusement, les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème<br />
Corps avaient perdu 24 heures : ce r<strong>et</strong>ard fut cause qu’ils arrivèrent<br />
trop tard pour prendre part à la bataille.<br />
Le 18 au matin, les corps du Maréchal Ney occupaient les<br />
emplacements suivants :<br />
- le 5 ème Corps (3 Divisions) à Seuftenberg ;<br />
- le 3 ème Corps avec le Quartier général à Kahlau ;<br />
- le 7 ème à Lückau ;<br />
- le Maréchal Victor avec le 2 ème Corps, la Division Puthod <strong>et</strong><br />
le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie à Dahme.<br />
En exécution <strong>de</strong>s ordres envoyés par le Major Général le<br />
16, au soir :<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 209<br />
- le 2 ème Corps <strong>et</strong> le 2 ème Corps <strong>de</strong> cavalerie restèrent à Dahme,<br />
<strong>et</strong> le 7 ème à Lückau.<br />
- le 5 ème Corps gagna Hoyerswerda, la Division Puthod, Finsterwald<br />
<strong>et</strong> le 3 ème Corps, Sorne.<br />
Le même jour, à 10 h du matin, le Major Général écrivit<br />
<strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> au Maréchal Ney, en chiffres :<br />
« L’Empereur vous fait connaître que nous sommes à une portée <strong>de</strong><br />
canon <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite ville <strong>de</strong> Bautzen, que l’ennemi a occupé comme tête <strong>de</strong> position<br />
<strong>et</strong> où il a fait <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements ; que sur la droite, sont placés les Prussiens<br />
<strong>et</strong> sur la gauche, les Russes ; qu’il désire, avec le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong><br />
toutes vos forces réunies en marche militaire, vous vous dirigiez sur<br />
Dresa, près Gottamel<strong>de</strong>. (C’est la Brösa <strong>de</strong> la carte au 1/100 000 ème ) ;<br />
ayant ainsi dépassé la Sprée, vous vous trouverez avoir tourné la position <strong>de</strong><br />
l’ennemi : vous prendrez là une bonne position.<br />
Sa Majesté suppose que vous êtes dans le cas d’arriver à Hoyerswerda<br />
le 19, bien complètement.<br />
Vous vous approcherez <strong>de</strong> nous le 19 <strong>et</strong> le 20 <strong>et</strong> vous pourrez, le<br />
21, vous porter sur la position, ce qui aura l’eff<strong>et</strong>, ou que l’ennemi évacue<br />
pour se r<strong>et</strong>irer plus loin, ou <strong>de</strong> nous m<strong>et</strong>tre à même <strong>de</strong> l’attaquer avec avantage<br />
» 1 .<br />
1 L’Empereur, dans sa l<strong>et</strong>tre au Major Général, avaient indiqué<br />
d’autres dates que celles mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus :<br />
« Je suppose, disait-il, que le Maréchal Ney est dans le cas d’arriver bien entièrement<br />
le 19, à Hoyerswerda ; il s’approchera <strong>de</strong> nous le 19 <strong>et</strong> le 20, il pourra se porter sur<br />
la position. »<br />
Le mouvement n’était que difficilement exécutable dans ces conditions<br />
<strong>de</strong> temps, même si l’on ne considère que les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps ; c’est là<br />
sans doute la raison <strong>de</strong>s modifications introduites par le Maréchal Berthier,<br />
avec l’assentiment <strong>de</strong> l’Empereur bien entendu.<br />
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210<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le 18, l’Empereur quitta Dres<strong>de</strong> avec la Gar<strong>de</strong> pour se<br />
rendre à Harthau, à mi-chemin <strong>de</strong> Bautzen, où il voulait être le<br />
matin <strong>de</strong> très bonne heure. Voici les ordres donnés par lui à<br />
l’armée principale pour la journée du 18 :<br />
L’Empereur au Major Général à Dres<strong>de</strong>, 4 h du matin.<br />
« .... donnez ordre au duc <strong>de</strong> Trévise <strong>et</strong> au Général <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />
<strong>de</strong> se porter aujourd’hui en avant <strong>de</strong> Bischoffswerda.<br />
« Aussitôt que sa tête sera arrivée, le duc <strong>de</strong> Reggio se portera entièrement<br />
en ligne. Vous lui réitérerez l’ordre <strong>de</strong> faire occuper Menkirch <strong>et</strong> les<br />
positions <strong>de</strong> la droite, <strong>de</strong> manière qu’il n’y ait aucun ennemi dans ces bois.<br />
« Donnez ordre également au Général <strong>La</strong>tour-Maubourg <strong>de</strong> faire<br />
fouiller toute la droite <strong>et</strong> vivement poursuivre tous ces cosaques sur les routes<br />
<strong>de</strong> Menstadt <strong>et</strong> <strong>de</strong> Menkirch.<br />
« Donnez ordre à la Vieille Gar<strong>de</strong>, avec les réserves d’artillerie, <strong>de</strong><br />
sept à huit heures du matin pour se rendre à une journée sur la route <strong>de</strong><br />
Bautzen.<br />
« Donnez ordre à la Division Barrois (2 ème <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong>) <strong>de</strong><br />
se tenir également prête à partir à onze heures du matin. Je pense qu’il serait<br />
nécessaire <strong>de</strong> faire distribuer une livre <strong>de</strong> riz à chaque soldat <strong>de</strong> la Vieille<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Division Barrois ; cela ferait une réserve pour quatre jours en<br />
cas d’embarras dans les transports.<br />
« Réitérez l’ordre au Général Bertrand <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre en communication<br />
avec le Général <strong>La</strong>uriston <strong>et</strong> le Prince <strong>de</strong> la Moskowa, qui arrivent<br />
aujourd’hui à Hoyerswerda.<br />
« Je suppose que le p<strong>et</strong>it Quartier général est parti. Faites partir tout<br />
ce qui est nécessaire pour un jour <strong>de</strong> bataille.... »<br />
(Autre l<strong>et</strong>tre) : « Donnez ordre au Général Beaumont <strong>de</strong> rester en<br />
observation pour couvrir Dres<strong>de</strong> à Moritzburg, ayant <strong>de</strong>s postes à Grossenhayn,<br />
à Ra<strong>de</strong>burg <strong>et</strong> sur la route <strong>de</strong> Koenigsbrück <strong>et</strong> d’instruire <strong>de</strong> tous les<br />
mouvements le Quartier général qui est à Bautzen <strong>et</strong> le Général Durosnel qui<br />
reste à Dres<strong>de</strong> ; d’envoyer <strong>de</strong>s espions <strong>et</strong> <strong>de</strong> bien s’éclairer sur toutes les routes<br />
».<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 211<br />
(Autre l<strong>et</strong>tre) : « Donnez ordre <strong>de</strong> faire partir aujourd’hui avant<br />
neuf heures du matin pour le Quartier général (à Schmie<strong>de</strong>lfeld, dit la note<br />
rédigée par Berthier), l’équipage <strong>de</strong> pont, les sapeurs <strong>et</strong> tout ce qui compose le<br />
génie <strong>de</strong> l’armée, en laissant à Dres<strong>de</strong> ce qui est nécessaire pour la confection<br />
du pont <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux que j’ai ordonnés ; qu’ils prennent du pain pour quatre<br />
jours.<br />
« Donnez ordre que tout le matériel <strong>de</strong>s ponts, du génie, <strong>de</strong><br />
l’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s équipements militaires, tous les caissons soient parqués, attelés<br />
ou non attelés sur la rive gauche, dans le lieu qui sera indiqué par le Général<br />
Durosnel <strong>et</strong> que rien ne reste sur la rive droite.<br />
« Réitérez l’ordre que les hôpitaux soient placés sur la rive gauche.<br />
« Enfin, prévenez l’administration qu’il faut qu’on puisse évacuer la<br />
rive droite en six heures si les circonstances l’exigeaient... »<br />
L’armée principale se trouve disposée comme il suit le 18<br />
au soir :<br />
A Harthau, à une lieue à l’Ouest <strong>de</strong> Bischoffswerda :<br />
- Quartier Général,<br />
- <strong>La</strong> cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>,<br />
- <strong>La</strong> Division <strong>de</strong> Vieille Gar<strong>de</strong><br />
En position sur les hauteurs à l’Ouest <strong>de</strong> Bautzen :<br />
- 11 ème Corps : au sud <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à Bautzen, <strong>de</strong>vant<br />
Windmühlenberg ; dans la matinée, il a fait occuper par ses<br />
avant-postes Stiebitz, Grübschütz <strong>et</strong> Techritz.<br />
- 6 ème Corps : au Nord <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> à Salzenförst,<br />
occupant Rottrvitz par ses avant-postes.<br />
- 4 ème Corps : Lubackau ; une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division italienne<br />
est échelonnée sur la route <strong>de</strong> Koenigswartha.<br />
- 12 ème Corps : s’est porté à la droite du 11 ème : la Division Pacthod<br />
à Dranschkowitz, Division bavaroise à Cofsern, Gunthersdorf<br />
<strong>et</strong> Gaufsig ; la Division <strong>La</strong>urencez à Tröbigau <strong>et</strong><br />
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212<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Ob.Putzkau ; c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière a fourni trois colonnes <strong>de</strong> 1 200<br />
hommes qui fouillent les forêts <strong>de</strong> Menstadt <strong>et</strong> <strong>de</strong> Menkirch.<br />
- <strong>La</strong> Jeune Gar<strong>de</strong> : Division Dumonstier à Bischoffswerda,<br />
Division Barrois à Fischbach.<br />
- 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie à l’Est <strong>de</strong> Bischoffswerda, faisant fouiller<br />
les bois au sud <strong>de</strong> la grand-route ; le détachement du Général<br />
Beaumont à Moritzburg.<br />
Journée du 19 – Combats <strong>de</strong> Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigswartha 1<br />
Le 19, à la pointe du jour, l’Empereur se rendit sur les<br />
hauteurs <strong>de</strong> Bautzen pour reconnaître la position <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Le Quartier Général <strong>et</strong> la Vieille Gar<strong>de</strong> s’installèrent à<br />
Klein-Görschen, la Jeune Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />
à Göda <strong>et</strong> en arrière ; le 4 ème Corps envoya toute la Division<br />
italienne à Koenigswartha pour assurer la liaison avec le 5 ème<br />
Corps ; le 12 ème Corps se porta en ligne droite du 11 ème <strong>et</strong> fit occuper<br />
<strong>de</strong>vant son front Guaswitz ; il continua à faire fouiller les<br />
forêts jusqu’à la frontière autrichienne pour essayer d’en chasser<br />
les partisans ennemis.<br />
<strong>La</strong> Veille 18, le Maréchal Ney, en exécution <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />
l’Empereur du 17, avait prescrit :<br />
- que le 5 ème Corps partirait d’Hoyerswerda le 19, à la pointe du<br />
jour <strong>et</strong>, marchant par Wittichenau, irait prendre position au<br />
Füschberg 2 , la droite à Zerna, se tenant en communication<br />
avec l’armée principale vers Closter-Marienstern ;<br />
1 Voir le croquis 11 ter.<br />
2 C’est probablement la hauteur <strong>de</strong> Manslitz, cote 147, carte au<br />
1/100 000 ème.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 213<br />
- que le 3 ème Corps, continuant sa marche <strong>de</strong> Sorne par<br />
Hoyerswerda, s’établirait avec son gros à Miessendorf <strong>et</strong><br />
Koenigswartha, poussant son avant-gar<strong>de</strong> sur Mendorf ;<br />
- que les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani marcheraient<br />
avec la plus gran<strong>de</strong> diligence sur Hoyerswarda.<br />
Si les mouvements indiqués ci-<strong>de</strong>ssus pour les 3 ème<br />
<strong>et</strong> 5 ème Corps eussent été exécutés, le 19 au soir, ces <strong>de</strong>ux corps<br />
d’armée se seraient trouvés en position entre Zerna <strong>et</strong> Mendorf,<br />
faisant face au Sud, comme l’indique le croquis ci-<strong>de</strong>ssous.<br />
Le Maréchal Ney supposait évi<strong>de</strong>mment l’armée ennemie<br />
en position sur la rive gauche <strong>de</strong> la Sprée à l’Ouest <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong><br />
l’armée française, établie en face d’elle, sa gauche à Closter-Marienstern.<br />
Il était impossible d’être plus mal orienté ; la responsabilité<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong> état <strong>de</strong> choses r<strong>et</strong>ombait en gran<strong>de</strong> partie sur le Major<br />
Général, dont les ordres, par trop laconiques, n’avaient pas indiqué<br />
la situation d’une façon assez précise.<br />
Fort heureusement, l’officier (Commandant Gronchy),<br />
chargé <strong>de</strong> porter une <strong>de</strong>s expéditions <strong>de</strong> l’ordre du 18 qui dirigeait<br />
les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps sur Dresa (Brösa), joignit le Général <strong>La</strong>uriston<br />
<strong>de</strong> très grand matin ; chemin faisant, il avait appris, on ne sait<br />
comment, qu’un corps ennemi marchait <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Bautzen<br />
sur Koenigswartha.<br />
Le Général <strong>La</strong>uriston prévint le Maréchal Ney <strong>et</strong>,<br />
en attendant ses ordres, fit serrer son corps d’armée sur Wittichenau<br />
<strong>et</strong> Mankendorf.<br />
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214<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 215<br />
Le Maréchal arriva à Hoyerswerda à 11 h du matin, il ordonna<br />
:<br />
- au 5 ème Corps <strong>de</strong> marcher sur Opitz <strong>et</strong> Lippitsch par Mortka ;<br />
- au 3 ème Corps <strong>de</strong> porter son avant-gar<strong>de</strong> (Division Souham <strong>et</strong><br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie Kellermann) à Mendorf ; <strong>de</strong>ux Divisions<br />
à Miessendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux à Koenigswartha où serait établi le<br />
Quartier général....<br />
<strong>La</strong> Division italienne du 4 ème Corps (Général Peyri) atteignit<br />
Koenigswartha à midi <strong>et</strong> s’y établit sans prendre aucune précaution,<br />
ne faisant même pas fouiller les bois qui se trouvaient sur<br />
son front à une portée <strong>de</strong> canon.<br />
Revenons maintenant aux coalisés.<br />
Wittgenstein avait été averti par ceux <strong>de</strong> ses partisans qui<br />
battaient l’estra<strong>de</strong> du côté d’Hoyerswerda (détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï)<br />
<strong>de</strong> l’approche du 5 ème Corps français ; ne sachant pas que<br />
celui-ci était suivi à courte distance par les 3 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, il<br />
crut qu’il serait possible <strong>de</strong> le surprendre <strong>et</strong> <strong>de</strong> le détruire.<br />
Le Général Barclay <strong>de</strong> Tolly fut chargé <strong>de</strong> se porter à la<br />
rencontre <strong>de</strong> la colonne française avec ses troupes <strong>et</strong> celles<br />
d’York. Il était convaincu que, pour couvrir son mouvement, les<br />
avant-postes <strong>de</strong> Miloradowitch exécuteraient <strong>de</strong>s démonstrations<br />
contre les troupes ennemies qui étaient en position en face <strong>de</strong><br />
Bautzen.<br />
Les troupes mises à la disposition <strong>de</strong> Barclay quittèrent<br />
leurs bivouacs <strong>de</strong> Klein-Bautzen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Preititz à minuit <strong>et</strong> marchèrent<br />
en <strong>de</strong>ux colonnes ; à gauche, le corps russe (13 000 hommes)<br />
passa la Sprée à Nie<strong>de</strong>r-Gurig <strong>et</strong> se porta directement sur Johnsdorf,<br />
défilant ainsi à une <strong>de</strong>mi-lieue <strong>de</strong> Lubackau, qui était occupé<br />
par les avant-postes <strong>de</strong>s 4 ème Corps français ; à droite, le<br />
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216<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Corps prussien d’York (9 000 hommes) se porta par Gleina, Gottau<br />
<strong>et</strong> Liska sur Hermsdorf.<br />
L’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> gauche atteignit Johnsdorf<br />
vers une heure <strong>de</strong> l’après-midi ; ses éclaireurs signalèrent la présence<br />
<strong>de</strong> la Division italienne à Koenigswartha. Barclay fit avancer<br />
une <strong>de</strong> ses divisions droit sur la localité, pendant qu’une autre<br />
prenait plus à gauche afin <strong>de</strong> couper à l’ennemi la route <strong>de</strong> Bautzen<br />
; en même temps, il envoya au Général York l’ordre <strong>de</strong> se<br />
porter par le plus court chemin sur Wartha <strong>de</strong> manière à prendre<br />
en flanc tout corps ennemi qui tenterait <strong>de</strong> déboucher <strong>de</strong> ce village<br />
sur Koenigswartha.<br />
Les Italiens, complètement surpris, essayèrent en vain <strong>de</strong><br />
tenir sur Koenigswartha : ils en furent chassés <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>és sous les<br />
bois voisins où ils se rallièrent tant bien que mal sous la protection<br />
<strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong> du 3 ème Corps, qui parut au Sud <strong>de</strong> Wartha<br />
vers 3 h <strong>de</strong> l’après-midi. Les pertes <strong>de</strong> la Division italienne en<br />
tués, blessés <strong>et</strong> prisonniers s’élevèrent à près <strong>de</strong> 3 000 hommes,<br />
dont le Général Peyri lui-même <strong>et</strong> ses trois généraux <strong>de</strong> briga<strong>de</strong> ;<br />
quatre canons <strong>et</strong> tout le train restèrent entre les mains <strong>de</strong>s Russes.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers avaient perdu environ 1 200 hommes, tués ou blessés.<br />
Barclay, informé <strong>de</strong> l’approche du 3 ème Corps, fit prendre<br />
position à ses troupes à Koenigswartha <strong>et</strong> en arrière, laissant à ses<br />
cosaques le soin <strong>de</strong> poursuivre les Italiens.<br />
<strong>La</strong> colonne <strong>de</strong> droite avait atteint Hermsdorf à 3 h du<br />
soir : pendant qu’elle y faisait une courte halte, le Général York<br />
reçut l’ordre <strong>de</strong> lui enjoignant <strong>de</strong> se porter au plus vite sur Wartha.<br />
A ce moment même, l’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps français<br />
venait d’atteindre Steinitz ; ses détachements avancés pénétraient<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 217<br />
dans Weissig <strong>et</strong> dans les bois à l’Est. L’avant-gar<strong>de</strong> prussienne<br />
réussit à refouler les éclaireurs adverses au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Weissig. York,<br />
<strong>de</strong> la hauteur du Eichberg (au sud du village), put apercevoir la<br />
tête <strong>de</strong> colonne du 5 ème Corps qui débouchait <strong>de</strong> Steinitz ; il fit<br />
aussitôt occuper par sa briga<strong>de</strong> d’avant-gar<strong>de</strong> Weissig, le Eichberg<br />
<strong>et</strong> les bois voisins ; une batterie à cheval réussit non sans peine à<br />
s’installer sur le Eichberg, d’où elle battait la clairière qui s’étend<br />
<strong>de</strong> Weissig à Steinitz ; la 2 ème briga<strong>de</strong>, la cavalerie <strong>et</strong> le reste <strong>de</strong><br />
l’artillerie se placèrent en arrière <strong>de</strong> la hauteur.<br />
L’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps se déploya au sortir <strong>de</strong> Steinitz<br />
<strong>et</strong> commença à gagner du terrain par les bois entre Men-Steinitz<br />
<strong>et</strong> le Eichberg ; la fusilla<strong>de</strong> <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> suite très vive mais,<br />
comme cela arrive quand les partis d’infanterie sont aux prises<br />
sous bois, le combat prit une allure traînante bien que, <strong>de</strong> part <strong>et</strong><br />
d’autre, on renforçât peu à peu les troupes engagées tout d’abord.<br />
Vers 5 h du soir, York reçut un nouvel ordre lui prescrivant<br />
<strong>de</strong> venir se placer <strong>de</strong>rrière Koenigswartha pour servir <strong>de</strong><br />
réserve au corps russe.<br />
Quand Barclay avait donné c<strong>et</strong> ordre, il ignorait que les<br />
Prussiens fussent aux prises avec les Français ; il évi<strong>de</strong>nt que le<br />
Général York n’avait pas à tenir compte d’un ordre donné dans<br />
ces conditions ; pourtant, il se crut obligé <strong>de</strong> s’y conformer. Pendant<br />
que sa <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong> <strong>et</strong> sa cavalerie filaient à travers bois<br />
sur Johnsdorf, la première briga<strong>de</strong> (Général Steinm<strong>et</strong>z) évacua<br />
successivement Weissig, puis les bois <strong>et</strong> le Eichberg.<br />
<strong>La</strong> Division Maisons, qui marchait en tête du 5 ème Corps,<br />
occupa immédiatement les positions abandonnées par les Prussiens<br />
<strong>et</strong> fit suivre ceux-ci pas à pas ses tirailleurs.<br />
Entre 5 h <strong>et</strong> 6 h du soir, alors que la <strong>de</strong>uxième briga<strong>de</strong><br />
prussienne arrivait à Johnsdorf, Barclay, voyant que rien ne venait<br />
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218<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
du côté <strong>de</strong> Wartha, prescrivit à York <strong>de</strong> réoccuper Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
s’y établir pour la nuit ; en même temps, une Division russe<br />
(2 000 hommes environ) fut dirigé à travers bois <strong>de</strong> Koenigswartha<br />
sur Men-Steinitz pour tomber sur le flanc droit <strong>de</strong>s Français ;<br />
une secon<strong>de</strong> Division fut chargée d’appuyer directement le corps<br />
prussien dans son mouvement sur Weissig.<br />
<strong>La</strong> briga<strong>de</strong> Steinm<strong>et</strong>z, revenant rapi<strong>de</strong>ment sur ses pas, se<br />
j<strong>et</strong>a sur les détachements français qui la poursuivaient <strong>et</strong> les ramena<br />
jusque sur le Eichberg. Un combat acharné s’engagea alors<br />
pour la possession <strong>de</strong> la hauteur qui fut prise <strong>et</strong> reprise plusieurs<br />
fois ; les Français finirent par en rester maîtres ; ils occupèrent<br />
alors les bois du côté d’Hermsdorf mais, malgré tous leurs efforts,<br />
ne parvinrent pas à en déboucher.<br />
<strong>La</strong> fusilla<strong>de</strong> continua jusque vers 11 h du soir.<br />
Barclay avait abandonné Koenigswartha entre 8 <strong>et</strong> 10 h ;<br />
York quitta Hermsdorf à minuit seulement. Le len<strong>de</strong>main 20, à 6<br />
h du matin, les troupes russes étaient <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our à leurs campements<br />
<strong>de</strong> Preititz ; quant aux Prussiens, ils ne rejoignirent qu’à 5 h<br />
du soir pendant la bataille.<br />
Les coalisés avaient perdu, tant à Weissig qu’à Koenigswartha,<br />
3 500 hommes dont 1 200 Russes <strong>et</strong> 2 300 Prussiens ; les<br />
pertes, <strong>de</strong> notre côté, s’élevaient à 5 000 hommes, soit 2 000 du<br />
5 ème Corps <strong>et</strong> 3 000 <strong>de</strong> la Division italienne.<br />
Les Français avaient engagé à Weissig 15 000 hommes <strong>et</strong><br />
les coalisés, 12 000 ; les <strong>de</strong>ux infanterie adverses avaient rivalisé<br />
<strong>de</strong> bravoure.<br />
On a reproché au Général <strong>La</strong>uriston d’avoir engagé ses<br />
troupes comme au hasard ; il est possible que ce reproche ne soit<br />
pas tout à fait mérité (ce que nous savons du combat ne nous<br />
perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> trancher la question). Quand un combat <strong>de</strong> ren-<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 219<br />
contre se produit dans un terrain aussi couvert que celui qui<br />
s’étend autour <strong>de</strong> Weissig, le chef, qui ne connaît pas la région où<br />
l’on opère <strong>et</strong> qui, en outre, ne possè<strong>de</strong> que les mauvaises cartes<br />
que l’on avait à l’époque, ne peut exercer qu’une très faible action<br />
<strong>de</strong> direction : en pareil cas, c’est l’initiative <strong>de</strong>s chefs en sous-ordres<br />
qui assure le succès.<br />
Le bruit <strong>de</strong>s combats qui s’étaient livrés à Weissig <strong>et</strong> à<br />
Koenigswartha avaient été entendu <strong>de</strong>s hauteurs <strong>de</strong> Bautzen.<br />
L’Empereur ne s’en était pas inquiété mais, par la suite, il reprocha<br />
au Général Bertrand 1 <strong>de</strong> ne pas avoir marché au soutien <strong>de</strong> la<br />
Division italienne au premier coup <strong>de</strong> canon. L’inaction <strong>de</strong> ce<br />
général est d’autant plus blâmable que ses avant-postes ont dû<br />
l’avertir <strong>de</strong> très bonne heure <strong>de</strong> la marche du corps <strong>de</strong> Barclay sur<br />
Koenigswartha.<br />
Le Maréchal Ney, en recevant à Hoyerswerda, à midi,<br />
l’ordre expédié <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> le 18, à 10 h du matin, en avait aussitôt<br />
accusé réception en ajoutant :<br />
1 Leignitz, le 6 juin. L’Empereur au Général Bertrand : « Il est vrai<br />
que je n’ai pas été satisfait <strong>de</strong> la manière dont vos troupes se sont trouvées placées le<br />
19 <strong>et</strong> qu’au premier coup <strong>de</strong> canon, vous ne vous êtes pas informé <strong>de</strong> ce que c’était <strong>et</strong><br />
n’avez pas marché au secours <strong>de</strong> la Division italienne... Vous avez fait preuve, sous<br />
différentes circonstances, <strong>de</strong> talents distingués ; mais la guerre ne se fait qu’avec <strong>de</strong> la<br />
vigueur, <strong>de</strong> la décision <strong>et</strong> une volonté constante; il ne faut ni tâtonner, ni hésiter.<br />
Employez le temps <strong>de</strong> l’armistice à bien organiser votre corps... L’expérience que<br />
vous avez acquise, quoiqu’en peu <strong>de</strong> mois, doit d’être d’un grand profit dans un<br />
esprit comme le vôtre...<br />
« Croyez, du reste, que mes sentiments pour vous sont toujours les mêmes <strong>et</strong> que je<br />
pense qu’avec un peu d’expérience <strong>de</strong> manier les troupes, vous mériterez <strong>de</strong> moi dans<br />
l’arme <strong>de</strong> l’infanterie comme vous en avez mérité dans votre arme primitive (le Génie).<br />
»<br />
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220<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
« Je manœuvrerai <strong>de</strong>main 20, sur la position <strong>de</strong> Dresa (Brösa),<br />
mais je crois très important <strong>de</strong> faire appuyer mon mouvement afin que si<br />
l’ennemi était décidé à attendre la bataille sur les hauteurs <strong>de</strong> Bautzen, je<br />
fusse en mesure <strong>de</strong> le contenir dans le cas où il marcherait à moi par Klein-<br />
Bautzen. Mon Quartier général sera aujourd’hui à Koenigswartha <strong>et</strong> <strong>de</strong>main<br />
Klix probablement ».<br />
Les événements <strong>de</strong> la journée décidèrent le Maréchal à arrêter<br />
son corps d’armée en arrière (au Nord), <strong>de</strong> Koenigswartha.<br />
Dans une l<strong>et</strong>tre écrite à Mankendorf à 9 h du soir, pour rendre<br />
compte <strong>de</strong> ce qui s’était passé, il disait : « ... Un prisonnier a annoncé<br />
que l’armée ennemie était en marche sur Hoyerswerda. Si cela était vrai, je<br />
recevrai la bataille <strong>de</strong>main matin. Le feu d’aujourd’hui a été nécessairement<br />
entendu par le Général Bertrand <strong>et</strong> je crois qu’il est essentiel qu’on lui donne<br />
l’ordre <strong>de</strong> faire un mouvement à gauche pour faciliter mon débouché, pénible à<br />
cause <strong>de</strong>s sables ».<br />
Et il ajoutait en chiffres : « Deux Divisions sont ici (à Mankendorf),<br />
avec moi, les trois autres sont à Hoyerswerda. C’est à Buchwal<strong>de</strong><br />
que je recevrai la bataille si l’ennemi m’attaque <strong>de</strong>main<br />
».<br />
Si l’on considère sur le croquis (11ter) la position <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
armées adverses le 19 au soir, il est difficile <strong>de</strong> comprendre comment<br />
le Maréchal a pu concevoir l’idée <strong>de</strong> recevoir la bataille à<br />
Buchwal<strong>de</strong>. Il est surprenant d’ailleurs que le chef d’une armée <strong>de</strong><br />
manœuvre s’arrête en plein mouvement à la première menace <strong>de</strong><br />
l’ennemi <strong>et</strong> qu’il songe beaucoup plus à prendre position dans le<br />
sens étroit du mot qu’à manœuvrer conformément à l’esprit <strong>de</strong><br />
ses instructions : ce chef ne comprend pas le rôle qui lui est assigné.<br />
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Bataille <strong>de</strong> Bautzen 1<br />
Position choisie par les coalisés <strong>et</strong> plan <strong>de</strong> Wittgenstein<br />
Pour la configuration générale <strong>de</strong> la région autour <strong>de</strong><br />
Bautzen, il faut se reporter à la carte au 1/100 000 ème . Nous nous<br />
bornerons à donner quelques indications complémentaires.<br />
Le champ <strong>de</strong> bataille proprement dit, qui est compris entre<br />
l’arête montagneuse au Schleiberg <strong>et</strong> la plaine <strong>de</strong> Klix, est<br />
formé <strong>de</strong> collines en partie boisées, qui vont en s’abaissant lentement<br />
du Sud au Nord <strong>et</strong> présentent <strong>de</strong>s pentes en général assez<br />
douces, coupées, sur quelques points d’escarpements rocheux.<br />
<strong>La</strong> Sprée, dont le volume d’eau est peu considérable, est<br />
guéable partout ; <strong>de</strong>puis sa source jusqu’à Ochna, elle coule dans<br />
une vallée étroite <strong>et</strong> profon<strong>de</strong> aux flancs escarpés ; à partir<br />
d’Ochna, elle serpente à travers <strong>de</strong>s prairies marécageuses.<br />
Le Blossauer-Wasser <strong>et</strong> le Lobauer-Wasser sont <strong>de</strong> simples<br />
ruisseaux, dont les vallées marécageuses constituent <strong>de</strong>s obstacles<br />
assez sérieux pour la cavalerie <strong>et</strong> pour l’artillerie.<br />
Les nombreux étangs qui se trouvent le long <strong>de</strong> la Sprée<br />
ou au Lobauer-Wasser dans le voisinage <strong>de</strong> leur confluent <strong>et</strong> aussi<br />
entre Pri<strong>et</strong>itz <strong>et</strong> Pliesskowitz sont <strong>de</strong>s étangs artificiels, en général<br />
peu profonds, que l’on <strong>de</strong>ssèche périodiquement ; pour savoir<br />
ceux qui existaient en 1813, il faut avoir recours au croquis 12.<br />
Bautzen, ville <strong>de</strong> 7 à 8 000 habitants, est située dans une<br />
sorte <strong>de</strong> promontoire rocheux qui se dresse à une vingtaine <strong>de</strong><br />
mètres au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la Sprée <strong>et</strong> qui est dominé <strong>de</strong> tous côtés, à<br />
1 Carte au 1/100 000 ème<br />
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222<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
courte distance par les collines avoisinantes ; en 1813, elle était<br />
entourée d’un vieux mur.<br />
Les coalisés avaient choisi leur position principale à une<br />
lieue en arrière <strong>de</strong> Bautzen, le centre sur les collines <strong>de</strong> Jenkwitz,<br />
<strong>de</strong> Baschütz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Litten ; la gauche dans les montagnes <strong>de</strong> Klein-<br />
Künitz à Kirschen <strong>et</strong> Jenkwitz ; la droite occupant un système <strong>de</strong><br />
p<strong>et</strong>its mamelons pointus entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz, couverte<br />
en partie par la Sprée ; l’extrême-droite en potence <strong>de</strong> Malschwitz<br />
à Gleina entre la Sprée <strong>et</strong> le Lobauer-Wasser.<br />
Les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la Sprée servaient <strong>de</strong> position<br />
avancée, avec Bautzen comme point d’appui principal.<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein, le 20 mai au matin<br />
Bons Eons Bies Eff 1<br />
Russes<br />
Détachement du Général Saint-Priest 6 1 3 500<br />
Détachement léger Emmanuel, Orlow,<br />
Kaisarow<br />
34 1 3 200<br />
Cies du Corps <strong>de</strong> Miloradowitch 36 1 2 800<br />
Corps d’infanterie du Prince Eugène<br />
<strong>de</strong> Wurtemberg<br />
20 2 5 000<br />
Corps <strong>de</strong> Gortschakow 2 22 27 6 12 000<br />
Gar<strong>de</strong> russe (Grand duc Constantin) 30 55 20 18 000<br />
Corps <strong>de</strong> Barclay<br />
12 000<br />
Avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tscap 4 20 1<br />
Corps <strong>de</strong> <strong>La</strong>ngeron<br />
14 8 2<br />
Réserve<br />
6 5 4<br />
Détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï<br />
Détachement <strong>de</strong> Kleist<br />
47 1 3 000<br />
Troupes russes 28 1 ½ 3 000<br />
Troupes prussiennes 4 ½ 2 1 2 000<br />
1 En nombres ronds, l’effectif est celui <strong>de</strong>s combattants sous les armes<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 223<br />
Prussiens<br />
Corps <strong>de</strong> Blücher 27 1 47 10<br />
Corps d’York 16 2 16 6<br />
Totaux<br />
Russes 100 à<br />
120 3<br />
260 4 40 62 500 5<br />
Prussiens 47 ½ 65 17 29 700<br />
Total général en hommes 61 000 22 200 9 300<br />
600 canons<br />
92 500<br />
Le 20 mai, au matin, l’armée alliée occupe les emplacements<br />
suivants :<br />
A) -25 000 hommes, sous le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong><br />
Miloradowitch, sont répartis sur la position avancée :<br />
- à l’extrême-gauche, vers Döberschau, les détachements légers<br />
<strong>de</strong> cavalerie d’Emmanuel, Orlow, Kaisarow, 3 200 hommes ;<br />
- détachement Saint-Priest entre Prenschwitz <strong>et</strong> Bautzen, 3<br />
500 hommes ;<br />
- corps d’infanterie d’Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg, 5 000 hommes ;<br />
<strong>de</strong> Bautzen inclus à Ochna ;<br />
- détachement <strong>de</strong> Kleist, 5 000 hommes, le gros à Burk, avec<br />
<strong>de</strong>s postes avancés à Malsitz, Nimmuschitz <strong>et</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig ;<br />
- détachement <strong>de</strong> Tschaplitz, 3 000 hommes à Klix ;<br />
- à l’extrême-droite, à Milkel, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï,<br />
3 000 hommes ;<br />
1 Dont 5 <strong>de</strong> réserve venus <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />
2 Dont 5 <strong>de</strong> réserve venus <strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong>.<br />
3 Il est impossible <strong>de</strong> déterminer le nombre <strong>de</strong> bataillons <strong>et</strong> <strong>de</strong> régiments<br />
4 Ou s<strong>et</strong>inas <strong>de</strong> cosaques<br />
5 Soit 40 000 fantassins + 16 000 cavaliers + 6 500 artilleurs.<br />
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224<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
B) – Sur la position principale :<br />
1. gauche <strong>et</strong> partie du centre y attenant, le corps russe du prince<br />
Gortschakow 2, environ 12 000 hommes ;<br />
2. droite <strong>et</strong> partie du centre y attenant, les corps prussiens<br />
d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, 27 à 28 000 hommes (le corps d’York<br />
n’était pas encore <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> son expédition <strong>de</strong> Weissig ;<br />
nous avons dit qu’il ne rejoignit qu’à 6 h du soir) ;<br />
3. extrême-droite, le corps russe <strong>de</strong> Barclay <strong>de</strong> Tolly (moins le<br />
détachement <strong>de</strong> Tschaplitz), 9 000 hommes ;<br />
4. en réserve, <strong>de</strong>rrière Baschütz, la Gar<strong>de</strong> russe, 18 000 hommes.<br />
<strong>La</strong> position sur laquelle est établie l’armée coalisée a un<br />
développement <strong>de</strong> 15 km, qui est hors <strong>de</strong> proportion avec son<br />
effectif d’autant plus qu’en raison <strong>de</strong> la nature acci<strong>de</strong>ntée du terrain,<br />
sa nombreuse cavalerie ne pourra jouer qu’un rôle très secondaire.<br />
Les inconvénients inhérents à un front trop étendus<br />
sont ici rendus plus sensibles par ce fait que la position est divisée<br />
par le Blossauer-Wasser <strong>et</strong> les étangs <strong>de</strong> Preititz à Malschwitz en<br />
quatre secteurs ou compagnies distincts qui n’ont, entre eux, que<br />
<strong>de</strong>s communications difficiles.<br />
<strong>La</strong> gauche (<strong>de</strong> Gross-Künitz <strong>et</strong> Jenkwitz par Rieschen)<br />
placée dans les montagnes, a été renforcée par <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s abatis ; mais les vues sont limitées à courte distance<br />
<strong>et</strong> le flanc extérieur est mal appuyé.<br />
Les trois villages <strong>de</strong> Jenkwitz, Baschütz <strong>et</strong> Litten qui ont<br />
été en état <strong>de</strong> défense, constituent <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s points d’appui pour<br />
le centre ; sur leurs abords, on a construit un grand nombre <strong>de</strong><br />
batteries, qui croisent leurs feux sur un glacis découvert d’une<br />
longueur <strong>de</strong> 1 000 mètres <strong>et</strong> plus. Le centre est inabordable mais,<br />
en face <strong>de</strong> lui, les hauteurs du Blossauer-Wasser offrent à<br />
l’assaillant une position symétrique <strong>de</strong> valeur égale ; il en résulte<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 225<br />
que sur c<strong>et</strong>te partie du front, défenseurs <strong>et</strong> assaillants, sont réduits<br />
à s’observer à distance.<br />
<strong>La</strong> droite, appuyée à Kreckwitz, Doberschütz <strong>et</strong> Pliesskowitz,<br />
renforcée <strong>de</strong> plusieurs lignes <strong>de</strong> redoutes <strong>et</strong> <strong>de</strong> batteries,<br />
couverte en partie par la Sprée, est assurément très forte ; mais les<br />
troupes chargées <strong>de</strong> sa défense seront réduites à la défensive<br />
presque absolue car, en sortant <strong>de</strong> leurs lignes, elles courraient le<br />
risque d’être prises en flanc par les corps assaillants établis entre<br />
Basankwitz <strong>et</strong> Burk ; en outre, ces troupes sont enserrées entre le<br />
Blossauer- Wasser <strong>et</strong> les étangs <strong>de</strong> Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Malschwitz, qui<br />
les isolent du reste <strong>de</strong> l’armée <strong>et</strong> ren<strong>de</strong>nt leur r<strong>et</strong>raite très périlleuse.<br />
Quant à l’extrême-droite, elle trouve <strong>de</strong> bons points<br />
d’appui dans Malschwitz, le Windmühlenberg <strong>et</strong> Gleina, mais son<br />
aile extérieure est en l’air, car le Lobauer-Wasser n’est pas un obstacle<br />
sérieux ; en outre, le développement <strong>de</strong> sa position qui est <strong>de</strong><br />
4 km exigerait <strong>de</strong>s troupes plus nombreuses.<br />
Les communications à l’intérieur <strong>de</strong> la position sont peu<br />
commo<strong>de</strong>s car, pour aller du centre, soit vers la gauche, soit vers<br />
la droite, il faut traverser la vallée marécageuse du Blossauer-Wasser<br />
; <strong>de</strong>s passages ont été aménagés sur divers points du ruisseau,<br />
mais ils ne qu’en partie à c<strong>et</strong> inconvénient.<br />
<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> étendue du front <strong>et</strong> les difficultés <strong>de</strong> parcours à<br />
l’intérieur <strong>de</strong> la position ren<strong>de</strong>nt très difficile le jeu <strong>de</strong>s réserves.<br />
Le défaut capital <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>s alliés résulte <strong>de</strong> ce que<br />
l’extrême-droite, qui en est la partie la plus faible, est disposée <strong>de</strong><br />
telle sorte que sa chute entraîne celle <strong>de</strong> toute la position qui se<br />
trouve prise à revers.<br />
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226<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
En résumé, il s’en faut <strong>de</strong> beaucoup que c<strong>et</strong>te position<br />
soit <strong>de</strong> celles où une armée puisse tenir tête à une armée adverse<br />
d’un effectif double.<br />
Wittgenstein s’est bien rendu compte qu’en restant sur la<br />
défensive absolue, il s’exposerait à une défaite complète ; aussi<br />
est-il résolu à agir offensivement dès que l’occasion s’en présentera.<br />
<strong>La</strong>issant les Français prononcer leur attaque, il <strong>manoeuvre</strong>ra<br />
suivant les circonstances. Dans son ordre pour la bataille, envisageant<br />
les différentes éventualités qu’il prévoit, l’ennemi attaquant<br />
à droite, l’attaquant à gauche, <strong>et</strong>c, <strong>et</strong>c, il formule pour chacune <strong>de</strong><br />
ces éventualités un ensemble <strong>de</strong> prescriptions qui se résument en<br />
ceci : le ou les corps attaqués tiendront ferme sur leurs positions<br />
pendant que les corps voisins, conversant sur eux, se j<strong>et</strong>teront sur<br />
les flancs <strong>de</strong> l’assaillant.<br />
Il n’y a qu’un seul cas que le généralissime russe n’ait pas<br />
prévu, précisément celui qui se réalisera : une partie <strong>de</strong> l’armée<br />
française attaquant l’armée alliée sur tout son front pour le fixer<br />
autant que possible, afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à un corps <strong>de</strong> manœuvre <strong>de</strong><br />
lui porter au bon endroit le coup mortel 1 .<br />
Combats préparatoires du 20<br />
Le 20 au matin, quand Napoléon reçut les rapports <strong>de</strong><br />
Ney, il lui envoya l’ordre <strong>de</strong> continuer sur-le-champ son mouvement<br />
sur Klix où il fallait que toutes les troupes furent rassemblées<br />
le soir même, afin d’être prêtes à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />
Sprée le len<strong>de</strong>main matin. En même temps, prévoyant le cas où<br />
les coalisés chercheraient à r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r la marche <strong>de</strong>s colonnes du<br />
1 Nous donnons en appendice l’extrait <strong>de</strong> la partie principale <strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> Wittgenstein.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 227<br />
Maréchal, l’Empereur prescrivit que le 4 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong><br />
cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg, sous les ordres du Maréchal Soult,<br />
s’avanceraient à mi-chemin <strong>de</strong> Gross-Welkau <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klix, <strong>de</strong> manière<br />
à pouvoir se porter, le cas échéant, au soutien <strong>de</strong>s troupes<br />
<strong>de</strong> Ney. Le 6 ème Corps fut invité à s’étendre par sa gauche <strong>de</strong> façon<br />
à rester lié avec le 4 ème qu’il suivrait sur Klix, si les circonstances<br />
l’exigeaient.<br />
Vers 8 h du matin, quand les avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s colonnes<br />
<strong>de</strong> Ney commencèrent à déboucher sur Klix, Napoléon, complètement<br />
rassuré <strong>de</strong> ce côté, se décida à attaquer le jour même avec<br />
l’armée principale, afin <strong>de</strong> chasser l’ennemi <strong>de</strong> sa position avancée,<br />
<strong>de</strong> l’investir <strong>de</strong> près sur sa position principale <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’y fixer<br />
autant que possible : il craignait que l’ennemi ne décampât dès<br />
qu’il verrait arriver sur sa route les corps du Maréchal Ney.<br />
Il commença l’attaque à midi afin que la nuit vint<br />
l’interrompre, comptant disposer <strong>de</strong> toute la journée du len<strong>de</strong>main<br />
pour emporter la position principale <strong>de</strong>s alliés <strong>et</strong> compléter<br />
sa victoire par une longue poursuite.<br />
Sur son ordre, le Maréchal Oudinot fit avancer son corps<br />
d’armée (12 ème ) <strong>de</strong> Dranschkowitz sur Suigwitz. <strong>La</strong> Division Pacthod,<br />
sous la protection <strong>de</strong> toute l’artillerie du corps d’armée,<br />
franchit la rivière, en partie à gué, en partie aux ponts du village <strong>et</strong><br />
prit pied, sans coup férir, sur les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite,<br />
l’ennemi n’ayant montré tout d’abord que ses détachements <strong>de</strong><br />
cavalerie. Le Général Saint-Priest accourut avec la plus gran<strong>de</strong><br />
partie <strong>de</strong> son détachement, au soutien <strong>de</strong>s escadrons russes <strong>de</strong><br />
l’extrême gauche, mais il ne put que r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r pendant quelques<br />
instants la marche du 12 ème Corps. Celui-ci, vers 4 h du soir, déboucha<br />
en entier sur Boblitz ; la Division Pacthod, soutenue par<br />
la Division bavaroise, continua sur Brünewitz ; une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
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228<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Division <strong>La</strong>urencez (la seule présente) appuya à droite <strong>et</strong> escalada<br />
la montagne sur Drohmsberg.<br />
Le 11 ème Corps avait mission d’enlever Bautzen. Une Division<br />
s’empara du pont <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la grand’route, que les alliés<br />
n’avaient pas détruit, on ne sait pourquoi ; les <strong>de</strong>ux autres Divisions<br />
franchirent la Sprée à une <strong>de</strong>mi-lieue en amont sur <strong>de</strong>s<br />
ponts <strong>de</strong> cheval<strong>et</strong>s, enlevèrent Prenschwitz <strong>et</strong> commencèrent à<br />
attaquer Bautzen par le Sud : les bataillons russes qui occupaient<br />
la ville se défendirent avec opiniâtr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> empêchèrent le 11 ème<br />
Corps d’aller plus avant.<br />
Mais, pendant ce temps, le 6 ème Corps effectuait son passage<br />
sur Ochna. Une batterie <strong>de</strong> 60 pièces, placée par le Maréchal<br />
Marmont sur la crête 210-213, balaya les abris du point choisi<br />
pour l’établissement <strong>de</strong>s ponts, réduisit au silence l’artillerie adverse<br />
qui se composait <strong>de</strong> quelques pièces <strong>et</strong> obligea l’infanterie à<br />
reculer. Les tirailleurs français se j<strong>et</strong>èrent alors dans la rivière <strong>et</strong><br />
prirent position sur la crête opposée. A 4 h, le 6 ème Corps déboucha<br />
sur le plateau, refoulant au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>lwitz le corps du<br />
Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg. <strong>La</strong> Division Compans attaqua<br />
aussitôt Bautzen à revers <strong>et</strong> y pénétra ; les bataillons Russes, chargés<br />
<strong>de</strong> la défense <strong>de</strong> la ville, eurent à peine le temps <strong>de</strong> s’enfuir ;<br />
ils laissèrent entre nos mains quelques centaines <strong>de</strong> prisonniers.<br />
Le 11 ème Corps put alors s’avancer au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Strehla <strong>et</strong> prendre<br />
position sur les hauteurs en face d’Auritz. Le mouvement du 6 ème<br />
Corps eut, en outre, pour conséquence <strong>de</strong> dégager la droite du<br />
4 ème Corps.<br />
Celui-ci avait attaqué les avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> s’était<br />
emparé <strong>de</strong> Nimmschütz, <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Briesnig. Il avait<br />
voulu franchir la Sprée mais Blücher, ayant envoyé une <strong>de</strong> ses<br />
briga<strong>de</strong>s au soutien <strong>de</strong> Kleist, ce <strong>de</strong>rnier avait réussi à contenir<br />
nos troupes. Cependant, une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division Morand<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 229<br />
(23 ème <strong>de</strong> ligne) était parvenue à occuper, sur la rive droite <strong>de</strong> la<br />
Sprée, un mamelon, où elle avait réussi à se maintenir grâce à une<br />
batterie <strong>de</strong> 22 pièces placée sur une hauteur <strong>de</strong> la rive gauche (le<br />
Gottlesberg) <strong>et</strong> dont le tir à mitraille balayait les abords du mamelon<br />
en question. A 6 h du soir, la Division Bonn<strong>et</strong>, du 6 ème Corps,<br />
s’empara <strong>de</strong> Burk, ce qui contraignit Kleist à se replier au plus vite<br />
sur Litten par Basankuritz.<br />
Entre 6 <strong>et</strong> 7 h du soir, les Français furent donc maîtres <strong>de</strong><br />
toute la position avancée <strong>de</strong>s coalisés.<br />
Ainsi qu’il a été dit plus haut, le détachement <strong>de</strong> Kleist<br />
avait rétrogradé sur Litten ; le corps du Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg,<br />
le détachement <strong>de</strong> Saint-Priest <strong>et</strong> la cavalerie <strong>de</strong> gauche<br />
s’étaient repliés sur la ligne Auritz, Daranitz, Meltheuer, Klein-<br />
Künitz. Voici quelle était à ce moment la situation exacte <strong>de</strong>s<br />
corps français.<br />
Quartier général <strong>et</strong> Division italienne à Jeschütz<br />
4 ème Corps<br />
- Division Morand<br />
o Une briga<strong>de</strong> occupant le mamelon <strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la<br />
Sprée, au sud du Gottlesberg.<br />
o 5 bataillons à Nie<strong>de</strong>r-Gurig<br />
o Une briga<strong>de</strong> (23 ème <strong>de</strong> ligne, 5 bataillons) à Briesnig<br />
- Division wurtembergeoise en arrière <strong>de</strong> Gottlesberg avec un<br />
détachement à Nimmschütz<br />
6 ème Corps<br />
- les trois Divisions en ligne sur le plateau au Nord <strong>de</strong> la route<br />
<strong>de</strong> Bautzen à Löbau, la droite à la route, la gauche à Burk,<br />
ayant un régiment dans chacun <strong>de</strong>s trois villages situés <strong>de</strong>vant<br />
son front : Basankwitz, Nie<strong>de</strong>r Kaynir <strong>et</strong> Na<strong>de</strong>lwitz.<br />
11 ème Corps sur les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Strehla en face d’Auritz.<br />
12 ème Corps<br />
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230<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
- la Division Pacthod à Binnewitz<br />
- Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Division <strong>La</strong>urencez sur le Drohmsberg<br />
- Quartier général à Ebendörfel<br />
- Division bavaroise à Ebendörfel<br />
Le Quartier général <strong>de</strong> l’Empe-<br />
reur<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong><br />
<strong>La</strong> réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-<br />
Maubourg<br />
} à Bautzen <strong>et</strong> environs<br />
Le 12 ème Corps, poursuivant <strong>de</strong>s offensives malgré la tombée<br />
<strong>de</strong> la nuit, parvint vers 7 h du soir à pénétrer jusqu’à Meltheuer<br />
<strong>et</strong> Klein-Künitz, m<strong>et</strong>tant ainsi la main sur les points<br />
d’appui <strong>de</strong> l’extrême-gauche <strong>de</strong> la position principale <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
C<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt émut vivement l’empereur Alexandre <strong>et</strong> la plupart<br />
<strong>de</strong>s généraux russes qui, déjà, étaient persuadés que Napoléon<br />
dirigerait son effort principal <strong>de</strong> ce côté, où la configuration générale<br />
du terrain était très favorable à sa nombreuse infanterie.<br />
Wittgenstein, quoique ne partageant pas c<strong>et</strong>te manière <strong>de</strong> voir,<br />
dut envoyer à Miloradowitch, qui avait pris le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong><br />
toutes les troupes <strong>de</strong> l’aile gauche, un renfort <strong>de</strong> 3 à 4 000 hommes<br />
<strong>de</strong> la réserve générale. Miloradowitch reprit alors l’offensive<br />
<strong>et</strong> refoula les troupes d’Oudinot sur Bümewitz <strong>et</strong> la Drohmsberg.<br />
De ce côté, les <strong>de</strong>rniers coups <strong>de</strong> fusil ne furent tirés qu’à 10 h du<br />
soir.<br />
Pendant la bataille, les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps s’étaient rassemblés<br />
à Sörchen ; l’avant-gar<strong>de</strong> du 3 ème Corps (Division Souham)<br />
avait chassé <strong>de</strong> Klix <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>é au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée le détachement<br />
<strong>de</strong> Tschaplitz, qui s’était établi à Salga <strong>et</strong> Brösa ayant sur sa droite,<br />
à Lömischau, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 231<br />
Les autres corps <strong>de</strong> l’armée du Maréchal Ney avaient atteint<br />
:<br />
- la Division Puthod, Steinitz ;<br />
- le 7 ème Corps, Hoyerswerda ;<br />
- le 2 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, Döbern.<br />
Les pertes <strong>de</strong>s coalisés, dans la journée du 20, s’élevaient à<br />
environ 3 000 tués, blessés <strong>et</strong> prisonniers ; celles <strong>de</strong>s Français à<br />
4 000.<br />
vante :<br />
<strong>La</strong> situation <strong>de</strong> l’armée coalisée, le 20 au soir, est la sui-<br />
<strong>La</strong> Gauche <strong>et</strong> la partie du centre y attenant :<br />
Miloradowitch, avec le corps d’infanterie d’Eugène <strong>de</strong><br />
Wurtemberg, le détachement <strong>de</strong> Saint-Priest, le corps <strong>de</strong> Gortschakow<br />
2, divers détachements légers <strong>et</strong> d’une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
Gar<strong>de</strong> russe, sont établis sur une position fortifiée, jalonnée par<br />
les villages <strong>de</strong> Klein-Künitz, Meltheuer, Rieschen, Daranitz, Jenkwitz<br />
<strong>et</strong> Baschütz ;<br />
<strong>La</strong> Droite <strong>et</strong> la partie du centre y attenant occupent :<br />
Le corps d’York, Kreckwitz <strong>et</strong> Litten, le corps <strong>de</strong> Blücher,<br />
les hauteurs du Nord <strong>de</strong> Kreckwitz, Doberschütz <strong>et</strong> Pliesskowitz ;<br />
le détachement <strong>de</strong> Kleist formant réserve, Dürsckwitz.<br />
A l’extrême-droite, le gros du Corps <strong>de</strong> Barclay tient Malschwitz,<br />
le Windmühlenberg <strong>et</strong> Gleina ; le détachement d’avantgar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Tschaplitz, Salga <strong>et</strong> Brösa, le détachement <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï,<br />
Leichmann.<br />
<strong>La</strong> Réserve générale formée <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe (moins une briga<strong>de</strong>)<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong> Miloradowitch est réunie en arrière <strong>de</strong><br />
Baschütz.<br />
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232<br />
Bataille du 21<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le plan <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> Napoléon pour le 21 est le suivant :<br />
L’aile droite : 12 ème Corps <strong>et</strong> une partie du 11 ème , attaquera<br />
à fond la gauche adverse sur les hauteurs <strong>de</strong> Rieschen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Meltheuer<br />
afin d’attirer l’attention <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong> ce côté ; pendant ce<br />
temps, l’armée du Maréchal Ney débouchera au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée<br />
par Klix, culbutera l’extrême-droite adverse <strong>et</strong> s’avancera sur Preititz<br />
<strong>de</strong> manière à prendre à revers les positions occupées par les<br />
troupes <strong>de</strong> Blücher ;<br />
Les corps du centre : 11 ème , la Gar<strong>de</strong>, la réserve <strong>de</strong> cavalerie<br />
<strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg, les 6 ème <strong>et</strong> 4 ème Corps, resteront tout<br />
d’abord immobiles en face du centre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la droite <strong>de</strong>s coalisés,<br />
se contentant d’entr<strong>et</strong>enir le combat au moyen <strong>de</strong> leur artillerie <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> leurs tirailleurs. Dès que le Maréchal Ney sera maître <strong>de</strong> Preititz,<br />
entre 11 h <strong>et</strong> midi probablement, l’Empereur donnera le signal<br />
<strong>de</strong> l’attaque générale.<br />
Napoléon, <strong>de</strong>s hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Bautzen, où il se tiendra<br />
pendant la bataille, découvre tout le terrain qui s’étend <strong>de</strong>s montagnes<br />
aux mamelons boisés occupés par les Prussiens ; mais il ne<br />
voit pas les prairies basses entre Preititz <strong>et</strong> Klix, par lesquelles<br />
doit se faire le mouvement du Maréchal Ney. Ajoutons que les<br />
ordres envoyés à ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vant passer par Klix, m<strong>et</strong>tront au<br />
moins une heure <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie pour lui parvenir. Le Maréchal sera<br />
donc complètement livré à lui-même <strong>et</strong> <strong>de</strong>vra agir en s’inspirant<br />
<strong>de</strong>s circonstances.<br />
suit :<br />
Le 20 au soir, le Major Général lui adresse la note qui<br />
« L’Empereur veut que vous vous dirigiez sur Dresa (c’est la Brösa<br />
<strong>de</strong> la carte au 1/100 000 è), chassant l’ennemi <strong>de</strong> ses positions, vous liant<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 233<br />
avec nous <strong>et</strong> que, <strong>de</strong> là, vous vous dirigiez sur Weissemberg <strong>de</strong> manière à<br />
trouver l’ennemi ».<br />
Le 21, entre 8 h <strong>et</strong> 10 h, une secon<strong>de</strong> note sera remise au<br />
Maréchal par un officier <strong>de</strong> son Etat-Major qu’il avait envoyé à<br />
l’Empereur pour lui rendre compte <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> ses troupes<br />
<strong>et</strong> lui faire connaître ses intentions.<br />
Au bivouac <strong>de</strong>vant Bautzen, 21 mai, à 8 h du matin :<br />
« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous suiviez toujours le mouvement<br />
<strong>de</strong> l’ennemi.<br />
« Sa Majesté a fait voir à votre officier d’Etat-major la position <strong>de</strong><br />
l’ennemi qui paraît définitive par les redoutes qu’il a construites <strong>et</strong> qu’il occupe.<br />
« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous soyez, ce matin, à onze<br />
heures, au village <strong>de</strong> Preititz. Nous attaquerons franchement sur tous les<br />
points. Faites marcher <strong>La</strong>uriston sur votre gauche pour être en mesure <strong>de</strong><br />
tourner l’ennemi si votre mouvement le déci<strong>de</strong> à abandonner sa position ».<br />
Sans doute, les officiers porteurs <strong>de</strong> ces notes ont pu<br />
donner au Maréchal <strong>de</strong>s renseignements complémentaires ; cependant,<br />
il est certain que Napoléon, conformément à son habitu<strong>de</strong>,<br />
n’orienta pas suffisamment son lieutenant sur la situation.<br />
Il aurait dû au moins lui faire connaître ce qu’il savait <strong>de</strong>s<br />
forces <strong>de</strong>s coalisés <strong>et</strong> indiquer, d’une façon plus précise, comment<br />
agirait l’armée principale.<br />
Au lever du jour, le Maréchal Oudinot fit avancer la Division<br />
Pacthod, <strong>de</strong> Binnewitz sur Duramitz <strong>et</strong> Meltheuer <strong>et</strong> la Division<br />
<strong>La</strong>urencez (une briga<strong>de</strong>) du Drohmsberg sur Klein-Künitz <strong>et</strong><br />
Pielitz ; la Division bavaroise, qui formait la réserve du 12 ème<br />
Corps, suivit la Division Pacthod. Le 11 ème Corps, pour flanquer<br />
le mouvement du 12 ème , se porta sur quelques centaines <strong>de</strong> pas en<br />
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234<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
avant <strong>et</strong> s’arrêta en face d’Auritz <strong>et</strong> du Falkenberg, évitant <strong>de</strong><br />
s’engager.<br />
L’attaque du 12 ème Corps fut conduite avec la plus extrême<br />
vigueur ; malgré la résistance opiniâtre <strong>de</strong>s Russes, la Division<br />
Pacthod s’avança jusqu’à Rieschen <strong>et</strong> s’en empara pendant que la<br />
Division <strong>La</strong>urencez, débordant l’extrême-droite <strong>de</strong> l’ennemi, enlevait<br />
successivement Pielitz <strong>et</strong> Döhlen <strong>et</strong> débouchait sur Rachlau.<br />
A l’autre extrémité du champ <strong>de</strong> bataille, du côté <strong>de</strong> Klix,<br />
la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la fusilla<strong>de</strong> s’étaient également fait entendre dès 5<br />
h du matin <strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis, avaient toujours été en croissant<br />
d’intensité : les corps du Maréchal Ney débouchaient sur la rive<br />
droite <strong>de</strong> la Sprée.<br />
Quant aux corps français du centre, ils restaient immobiles,<br />
couverts par <strong>de</strong> forts détachements avancés, dont les tirailleurs<br />
échangeaient <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> fusil avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Les souverains alliés s’étaient placés pour suivre les péripéties<br />
<strong>de</strong> la bataille sur un rocher, en arrière <strong>de</strong> Baschütz ; <strong>de</strong> là,<br />
ils apercevaient, en face d’eux, sur le plateau compris entre le<br />
Blossauer-Wasser <strong>et</strong> la Sprée, le 6 ème Corps déployé entre Ma<strong>de</strong>lwitz<br />
<strong>et</strong> Burk <strong>et</strong>, plus en arrière, entre Ra<strong>de</strong>lwitz <strong>et</strong> Bautzen, la<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg ; ils apercevaient<br />
aussi, un peu plus à gauche, la plus gran<strong>de</strong> partie du 11 ème<br />
Corps. C’était au total plus <strong>de</strong> 60 000 hommes que Napoléon leur<br />
montrait <strong>et</strong> qui semblaient prêts à fondre sur la gauche <strong>et</strong> le centre<br />
<strong>de</strong> l’armée alliée.<br />
Quand arriva la nouvelle <strong>de</strong>s avantages remportés par notre<br />
12 ème Corps, l’Empereur Alexandre, convaincu plus que jamais<br />
que l’effort principal <strong>de</strong>s Français serait dirigé contre l’aile gauche,<br />
ordonna d’envoyer au soutien <strong>de</strong> Miloradowitch, qui disposait<br />
déjà <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 20 000 hommes, 4 à 5 000 hommes <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 235<br />
L’infanterie <strong>de</strong> la réserve générale se trouva donc réduite à moins<br />
<strong>de</strong> 6 000 hommes dès le début <strong>de</strong> la bataille ; c<strong>et</strong>te réserve comprenait,<br />
il est vrai, une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie (7 à 8 000<br />
hommes) <strong>et</strong> d’artillerie (100 à 150 pièces), mais cela ne compensait<br />
pas la faiblesse numérique <strong>de</strong> l’infanterie.<br />
Miloradowitch, aussitôt après avoir reçu les renforts dont<br />
nous venons <strong>de</strong> parler, reprit l’offensive <strong>et</strong>, après une lutte acharnée,<br />
réussit à refouler les 15 000 hommes du 12 ème Corps sur le<br />
Dromhsberg <strong>et</strong> les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Binnewitz.<br />
Le Maréchal Oudinot, enragé <strong>de</strong> perdre du terrain, envoya<br />
prévenir l’Empereur qu’il avait sur les bras <strong>de</strong>s forces très supérieures<br />
<strong>et</strong> qu’il allait être rej<strong>et</strong>é dans la plaine d’Ebendörfel, si on<br />
ne lui envoyait pas du secours au plus vite : Napoléon ne répondit<br />
même pas.<br />
Vers midi, les bataillons désunis <strong>de</strong>s Divisions Pacthod <strong>et</strong><br />
<strong>La</strong>urencez furent contraints d’abandonner les hauteurs ; ils rétrogradaient<br />
lentement, contenant l’ennemi par <strong>de</strong> vigoureux r<strong>et</strong>ours<br />
offensifs partiels ; la Division bavaroise était toujours à peu près<br />
intacte, mais Oudinot ne voulait l’engager qu’à la <strong>de</strong>rnière extrémité.<br />
Il adressa une nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> secours, plus pressante<br />
que la première : Napoléon, après avoir j<strong>et</strong>é un coup d’œil rapi<strong>de</strong><br />
sur le champ <strong>de</strong> bataille, répondit en ces termes à son ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
camp : « Dites à votre Maréchal que la bataille sera gagnée à trois heures <strong>et</strong><br />
que, d’ici là, il tienne comme il pourra ».<br />
En réalité, le 12 ème Corps, bien qu’il eût subi <strong>de</strong> grosses<br />
pertes, pouvait tenir encore longtemps, puisque l’une <strong>de</strong> ses Divisions<br />
n’avait pas encore été engagée ; d’ailleurs, le 11 ème Corps<br />
était à portée <strong>de</strong> l’appuyer si c’était nécessaire : il n’y avait pas<br />
besoin d’un ordre <strong>de</strong> l’Empereur pour cela.<br />
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236<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Et en eff<strong>et</strong>, la Division Gérard, soutenue par une briga<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la Division Fressin<strong>et</strong>, prononça un mouvement par Grubnitz<br />
sur Binnewitz ; c<strong>et</strong>te démonstration obligea les Russes à marquer<br />
un temps d’arrêt ; le 12 ème Corps en profita pour se reformer ; il<br />
occupa Ebendörfel <strong>et</strong> les hauteurs en arrière <strong>de</strong> Binnewitz, sa<br />
ligne placée à portée <strong>de</strong> mitraille <strong>de</strong> la lisière <strong>de</strong>s bois qu’il venait<br />
d’abandonner à l’ennemi. Ce <strong>de</strong>rnier, qui ne pouvait utiliser<br />
qu’une très faible partie <strong>de</strong> l’artillerie faute d’emplacements favorables<br />
pour la m<strong>et</strong>tre en batterie, s’efforça en vain <strong>de</strong> déboucher<br />
<strong>de</strong>s bois : les braves troupes d’Oudinot réussirent à le tenir en<br />
échec jusqu’au soir.<br />
Le 12 ème Corps avait rempli <strong>et</strong> au-<strong>de</strong>là, les intentions <strong>de</strong><br />
Napoléon : il avait attiré sur lui l’effort <strong>de</strong> toute l’aile gauche <strong>de</strong>s<br />
alliés <strong>et</strong> une fraction importante <strong>de</strong> leur réserve générale ; il avait<br />
dû cé<strong>de</strong>r une partie du terrain conquis la veille, mais c<strong>et</strong>te circonstance<br />
elle-même favorisait le plan <strong>de</strong> l’Empereur car, plus<br />
l’aile gauche ennemie gagnerait du terrain vers Bautzen, <strong>et</strong> plus il<br />
lui serait difficile <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer du combat quand la défaite <strong>de</strong><br />
l’extrême-droite rendrait nécessaire un mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite<br />
général.<br />
Les Corps du Maréchal Ney s’étaient ébranlés entre 4 <strong>et</strong> 5<br />
h du matin.<br />
<strong>La</strong> Division Pacthod était partie <strong>de</strong> Steinitz à 5 h ; ayant<br />
parcouru 15 km par <strong>de</strong> mauvais chemins pour gagner Klix, elle<br />
n’y arriverait que vers 11 h.<br />
Le 7 ème Corps, parti à Hoyerswerda à 4 h du matin, ne<br />
pouvait atteindre Klix avant 1 heure <strong>de</strong> l’après-midi.<br />
Le 5 ème Corps, qui avait reçu l’ordre <strong>de</strong> se diriger sur Gottau<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> là, sur Baruth, en marchant à la gauche du 3 ème Corps, se<br />
porta sur Klix. Sa Division <strong>de</strong> tête, Division Maisons, traversa le<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 237<br />
village occupé <strong>de</strong>puis la veille par la Division Souham du 3 ème<br />
Corps <strong>et</strong> commença à déboucher au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Sprée ; elle tomba<br />
alors sous le feu <strong>de</strong> la batterie du détachement <strong>de</strong> Tschaplitz qui<br />
était en position près <strong>de</strong> Salga. Le Général Maisons déploya sa<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête en avant <strong>de</strong> Klix, sa briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> queue en arrière <strong>et</strong><br />
attendit. Le Général <strong>La</strong>uriston, prévenu, ne crut pas <strong>de</strong>voir continuer<br />
son mouvement <strong>de</strong> ce côté par crainte <strong>de</strong> se trouver être<br />
engagé sérieusement dans une direction tout autre que celle qui<br />
lui avait été indiquée. « Me trouvant au milieu <strong>de</strong>s bivouacs du 3 ème<br />
Corps, dit-il dans son rapport officiel <strong>et</strong> mes ordres portant <strong>de</strong> me rendre à<br />
Baruth par Gottamel<strong>de</strong> (Gothau), je laissai à Klix la Division Maisons <strong>et</strong><br />
me portai avec les <strong>de</strong>ux autres, au débouché <strong>de</strong> Leichnam qui conduit à Gottamel<strong>de</strong><br />
par Dresa (Brösa). C<strong>et</strong>te manœuvre était d’autant plus nécessaire<br />
que j’eus à combattre, <strong>de</strong> ce côté, <strong>de</strong> l’infanterie, <strong>de</strong> la cavalerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie<br />
qui m’auraient pris en flanc toute la journée si, moi-même les débordant<br />
d'abord par Lömisch, je ne les eusse forcées à se r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong>rrière Dresa que<br />
l’ennemi incendia ».<br />
Nous savons que le parti rencontré à Lömischau était celui<br />
<strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï.<br />
Le Général <strong>La</strong>uriston franchit donc la Sprée à Leichmann<br />
avec les Divisions <strong>La</strong>grange <strong>et</strong> Rochambeau qui ne comptaient<br />
ensemble que dix-huit faibles bataillons (12 000 hommes) <strong>et</strong><br />
s’arrêta en face <strong>de</strong> Brösa, faisant occuper Lömischau sur sa gauche<br />
Les cavaliers <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï se replièrent au sud <strong>de</strong> Gottau.<br />
Le 3 ème Corps s’était mis en mouvement à son tour. Le<br />
Maréchal Ney, qui le dirigeait en personne, trouvant à Klix la<br />
Division Maisons du 5 ème Corps, la poussa à sa droite sur Malschwitz<br />
; les Divisions Souham <strong>et</strong> Delmas, débouchant <strong>de</strong> Klix,<br />
emportèrent Salga <strong>et</strong> se déployèrent pour attaquer le Windmühlenberg<br />
<strong>et</strong> Gleina ; les trois autres Divisions serrèrent sur Klix.<br />
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238<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Ordre fut envoyé au Général <strong>La</strong>uriston <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong><br />
Brösa, puis <strong>de</strong> Gottau <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’avancer sur Baruth, <strong>de</strong> manière à<br />
débor<strong>de</strong>r l’extrême-droite <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Barclay, en voyant la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> troupes qui<br />
s’avançaient contre lui, avait <strong>de</strong>mandé du renfort. Mais, la réserve<br />
générale, déjà affaiblie <strong>de</strong>s fractions envoyées au soutien <strong>de</strong> Miloradowitch,<br />
ne comptait plus que 6 000 hommes d’infanterie que<br />
l’Empereur Alexandre jugeait indispensable <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>rrière<br />
le centre pour parer à une attaque possible <strong>de</strong>s masses françaises<br />
que l’on apercevait <strong>de</strong>vant Bautzen ; il fut répondu à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> renfort <strong>de</strong> Barclay par l’ordre <strong>de</strong> tenir ferme sur sa<br />
position.<br />
Le 3 ème Corps français gagna du terrain sans se laisser intimi<strong>de</strong>r<br />
par le feu <strong>de</strong>s quatre-vingts pièces russes établies sur le<br />
Windmühlenberg.<br />
Entre 8 <strong>et</strong> 9 h, pendant que la Division Maisons attaquait<br />
Malschwitz <strong>et</strong> qu’à sa gauche, le 5 ème Corps, maître <strong>de</strong> Gottau,<br />
débouchait sur Buchwal<strong>de</strong>, le 3 ème Corps s’élança à l’assaut <strong>de</strong><br />
Windmühlenberg <strong>et</strong> <strong>de</strong> Gleina <strong>et</strong> s’en empara.<br />
Barclay, forcé sur son front <strong>et</strong> débordé sur ses <strong>de</strong>ux<br />
flancs, fit rétrogra<strong>de</strong>r une partie (?) <strong>de</strong> ses troupes sur Preititz <strong>et</strong><br />
envoya le reste au soutien <strong>de</strong> Tschaplitz qui, avec son détachement<br />
<strong>et</strong> celui <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndskoï, <strong>de</strong>vait s’efforcer <strong>de</strong> disputer Baruth au<br />
5 ème Corps.<br />
<strong>La</strong> nouvelle <strong>de</strong> la défaite <strong>de</strong> son extrême droite ne suffit<br />
pas pour convaincre l’Empereur Alexandre <strong>de</strong> son erreur ; toujours<br />
persuadé que c’était son aile gauche qui aurait à supporter<br />
l’attaque principale, il persista à n’envoyer aucun renfort à Barclay,<br />
auquel il prescrivit : « <strong>de</strong> tenir au moins Preititz jusqu’à la<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 239<br />
<strong>de</strong>rnière extrémité <strong>et</strong> d’arrêter les progrès <strong>de</strong>s Français au<br />
moyen <strong>de</strong> sa nombreuse artillerie ».<br />
Entre 9 h trente <strong>et</strong> 10 h, le Maréchal Ney reçut la note du<br />
Major Général qui l’invitait à être à Preititz à 11 h. Avant même<br />
d’avoir reçu c<strong>et</strong>te note, il avait fait avancer la Division Souham<br />
vers le Blossauer-Wasser à la poursuite <strong>de</strong> l’ennemi : il n’avait<br />
donc qu’à continuer son mouvement. Comme Malschwitz était<br />
encore occupé par les Russes <strong>et</strong> que, sur les hauteurs du Nord <strong>de</strong><br />
Preititz, il voyait les Prussiens <strong>de</strong> Blücher, dont il s’exagérait le<br />
nombre, le Maréchal se crut obligé à beaucoup <strong>de</strong> circonspection.<br />
<strong>La</strong>issant la Division Souham marcher sur Preititz, suivie à<br />
distance par la Division Delmas, il arrêta au Windmühlenberg <strong>et</strong> à<br />
Gleina les Divisions Albert <strong>et</strong> Ricard <strong>et</strong> maintint à Klix la Division<br />
Marchand pour assurer la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce débouché jusqu’à<br />
l’arrivée <strong>de</strong> la Division Puthod.<br />
Il est bien évi<strong>de</strong>nt que la Division Souham, qui allait<br />
s’avancer en pointe sur les <strong>de</strong>rrières <strong>de</strong> la position ennemie, courait<br />
le risque <strong>de</strong> se faire détruire.<br />
Le Général <strong>La</strong>uriston, qui s’était emparé <strong>de</strong> Buchwal<strong>de</strong><br />
presque sans combat, continuait lentement son mouvement sur<br />
Baruch, très préoccupé d’assurer son flanc gauche contre toute<br />
surprise.<br />
Les vaillants fantassins <strong>de</strong> Souham se j<strong>et</strong>èrent tête baissée<br />
sur Preititz <strong>et</strong> s’en emparèrent. Il était environ 10 h.<br />
Barclay laissa trois bataillons <strong>de</strong> chasseurs <strong>et</strong> quatre escadrons<br />
(1 500 à 2 000 hommes) pour contenir les Français <strong>et</strong> rallier<br />
le reste <strong>de</strong> son corps d’armée sur la forte position <strong>de</strong> Rachel <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Briesnitz, afin <strong>de</strong> tenir en échec le 5 ème Corps qui venait d’enlever<br />
Baruth <strong>et</strong> cherchait à en déboucher.<br />
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240<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
L’Empereur Alexandre, informés que les Français étaient<br />
maîtres <strong>de</strong> Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Baruth, comprit enfin son erreur. Les<br />
alliés se trouvaient dans une situation <strong>de</strong>s plus périlleuses car, s’ils<br />
ne reprenaient pas Preititz au plus vite, toutes les troupes <strong>de</strong> la<br />
droite allaient être coupées.<br />
Malgré l’imminence du péril, Alexandre ne crut pas <strong>de</strong>voir<br />
diriger sur Preititz la moindre partie du peu qui restait disponible<br />
<strong>de</strong> l'infanterie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe ; il envoya à Blücher l’ordre <strong>de</strong><br />
lancer sur le village tout ce qu’il pourrait tirer <strong>de</strong> sa réserve particulière.<br />
Quand c<strong>et</strong> ordre lui parvint, Blücher n’était pas encore engagé<br />
; il put donc diriger sur Preititz la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> son<br />
corps d’armée (Briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r) <strong>et</strong> le détachement <strong>de</strong> Kleist. Ces<br />
troupes, jointes aux chasseurs <strong>de</strong> Barclay, marchèrent résolument<br />
à l’attaque. Au premier coup <strong>de</strong> canon, le village prit feu. <strong>La</strong> Division<br />
Souham, assaillie par <strong>de</strong>s forces doubles, fut contrainte<br />
d’abandonner le point d’appui après une résistance opiniâtre.<br />
Il était midi. A ce moment, le centre français, qui n’avait<br />
pas encore bougé, se mit en mouvement.<br />
Le 6 ème Corps se porta au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Blossauer-Wasser,<br />
comme s’il voulait assaillir Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz mais, après avoir<br />
franchi le ruisseau, il s’arrêta, laissant son artillerie engager contre<br />
les batteries russes un duel à gran<strong>de</strong> distance qui ne pouvait donner<br />
aucun résultat sérieux.<br />
<strong>La</strong> Jeune Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie, filant <strong>de</strong>rrière le<br />
6 ème Corps, se placèrent vers Burk pour appuyer l’attaque que le<br />
4 ème Corps <strong>de</strong>vait diriger contre les troupes prussiennes qui défendaient<br />
les hauteurs entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz.<br />
Depuis que les Prussiens <strong>de</strong> Blücher avaient perdu le mamelon<br />
<strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la Sprée, sur lequel s’était logé un régi-<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 241<br />
ment <strong>de</strong> la Division Morand, le 23 ème <strong>de</strong> ligne, ils n’avaient plus <strong>de</strong><br />
vues sur la partie <strong>de</strong> la vallée comprise entre Nimmschütz <strong>et</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig.<br />
Le Maréchal Soult, profitant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te circonstance,<br />
avait fait passer sur la rive droite <strong>de</strong> la Sprée, sans que l’ennemi<br />
s’en aperçût, la plus gran<strong>de</strong> partie du 4 ème Corps ; la Division wurtembergeoise<br />
s’était placée à la droite du 23 ème <strong>de</strong> ligne avec la<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> cavalerie du Général <strong>de</strong> Briche ; la Division italienne,<br />
réduite <strong>et</strong> très mal remise <strong>de</strong> son affaire d’Hemerswerda, s’était<br />
rassemblée <strong>de</strong>rrière les wurtembergeoises. <strong>La</strong> Division Morand<br />
avait un régiment, le 23 ème (quatre bataillons) au mamelon visé ci<strong>de</strong>ssus,<br />
trois bataillons légers à Nie<strong>de</strong>r-Gurig, un régiment léger,<br />
le 13 ème <strong>de</strong> ligne (cinq bataillons) à Briesnig, 12 pièces étaient restées<br />
en batterie sur le Gottlesberg, d’où elles balayaient tout le<br />
terrain jusqu’aux r<strong>et</strong>ranchements prussiens.<br />
A 2 h <strong>de</strong> l’après-midi, l’artillerie <strong>de</strong> Gottlesberg <strong>et</strong> quatre<br />
batteries établies sur le front <strong>de</strong> la division wurtembergeoise ouvrirent<br />
un feu très vif contre le mamelon r<strong>et</strong>ranché, cote 189, qui<br />
était le point d’appui principal du corps <strong>de</strong> Blücher. Au même<br />
moment, les pièces <strong>de</strong> l’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> établie à l’Ouest <strong>de</strong><br />
Basankwitz, sous la protection d’une Division <strong>de</strong> la Jeune Gar<strong>de</strong><br />
qui occupait ce village, commencèrent à canonner Kreckwitz <strong>et</strong><br />
les hauteurs voisines.<br />
Entre 2 <strong>et</strong> 3 h, le 4 ème Corps attaqua à fond sur tout son<br />
front ; le 13 ème <strong>de</strong> ligne se porta <strong>de</strong> Briesnig, en partie sur Pliesskowitz<br />
pour appuyer l’attaque que la Division Maisons dirigeait<br />
sur ce point, partie sur Doberschütz pour appuyer les trois bataillons<br />
légers qui débouchaient <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Gurig ; le 23 ème <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong><br />
la Division wurtembergeoise attaqua le mamelon 189. Le combat<br />
prit <strong>de</strong> suite un caractère d’acharnement inouï ; les Prussiens défendirent<br />
leur terrain pied à pied avec une ténacité admirable ;<br />
leur cavalerie exécuta plusieurs charges contre le 23 ème <strong>de</strong> ligne <strong>et</strong><br />
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242<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
les Wurtembergeois sans réussir à entamer aucun <strong>de</strong> nos bataillons.<br />
Pendant que le 4 ème Corps entrait en action, la Division<br />
Maisons enlevait Malschwitz puis Pliesskowitz ; son artillerie se<br />
m<strong>et</strong>tait en batterie en avant <strong>de</strong> ce village <strong>et</strong> ouvrait le feu contre la<br />
droite <strong>de</strong> Blücher.<br />
Le Maréchal Ney, se voyant couvert sur sa droite, avait<br />
aussitôt pris ses dispositions pour se réamparer <strong>de</strong> Preititz. Il<br />
avait, sous la main, outre le 3 ème Corps, la Division Puthod ; <strong>de</strong><br />
plus, la tête du 7 ème Corps était en train <strong>de</strong> franchir la Sprée à<br />
Klix ; il disposait donc <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 45 000 hommes, défalcation<br />
faite <strong>de</strong>s pertes déjà subies par le 3 ème Corps. C’était plus que suffisant<br />
pour triompher <strong>de</strong> toutes les résistances qu’il pouvait rencontrer<br />
<strong>et</strong> s’il eût été bien inspiré, il se fût hâté d’envoyer au Général<br />
<strong>La</strong>uriston au moins la Division Puthod qui appartenait à son<br />
corps d’armée. Le Général, disposant alors <strong>de</strong> 20 000 hommes,<br />
eût été en mesure <strong>de</strong> culbuter Barclay <strong>et</strong> d’atteindre Belgern sur la<br />
route <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s coalisés. Malheureusement, le Maréchal<br />
comprit si peu la situation qu’il prescrivit au Général <strong>La</strong>uriston<br />
d’appuyer à droite sur le 3 ème Corps pour coopérer à l’attaque <strong>de</strong><br />
Preititz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Bautzen. Un tel ordre surprit <strong>La</strong>uriston qui<br />
eut peur que Barclay ne se j<strong>et</strong>ât sur le flanc <strong>de</strong> ses colonnes dès<br />
qu’il les verrait se m<strong>et</strong>tre en mouvement pour marcher vers Preititz.<br />
« Le Maréchal Ney, dit-il dans son rapport officiel déjà cité, m’envoya<br />
l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur 1 <strong>de</strong> me porter sur Preititz <strong>et</strong> Klein-Bautzen... Pour<br />
gagner Preititz, il fallait évacuer les positions que j’avais prises <strong>et</strong> prêter constamment<br />
le flanc à l’ennemi. Je me décidai à y laisser la Division Ro-<br />
1 C’est une manière <strong>de</strong> parler ; l’Empereur a prescrit au Maréchal<br />
Ney d’enlever Preititz ; il ne lui a jamais d’enfourner sur ce point les<br />
60 000 hommes <strong>de</strong>s 3 ème, 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 243<br />
chambeau <strong>et</strong> je gagnai Buchwal<strong>de</strong> avec la Division <strong>La</strong>grange <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, je me<br />
dirigeai sur Preititz, dont les Français venaient <strong>de</strong> s’emparer ».<br />
En eff<strong>et</strong>, vers 3 h, le Maréchal Ney avait fait avancer tout<br />
le 3 ème Corps sur Preititz <strong>et</strong> en avait chassé le détachement <strong>de</strong><br />
Kleist qui y était resté seul, la briga<strong>de</strong> Rö<strong>de</strong>r ayant été rappelée<br />
par Blücher dès que le 4 ème Corps avait commencé son attaque<br />
contre les hauteurs <strong>de</strong> Kreckwitz.<br />
Entre 2 <strong>et</strong> 3 h, Blücher, vivement pressé par le 4 ème Corps<br />
<strong>et</strong> la Division Maisons, avait fait avancer au soutien <strong>de</strong> son corps<br />
d’armée la 1 re briga<strong>de</strong> du corps d’York, dont il avait laissé la secon<strong>de</strong><br />
briga<strong>de</strong> à Litten pour faire face à la Division <strong>de</strong> la Jeune<br />
Gar<strong>de</strong> qui commençait à déboucher <strong>de</strong> Basankwitz. Obligé <strong>de</strong><br />
cé<strong>de</strong>r peu à peu du terrain <strong>et</strong> menacé d’être rej<strong>et</strong>é sur le Blossauer-Wasser,<br />
Blücher avait <strong>de</strong>mandé à grands cris du renfort.<br />
L’Empereur Alexandre s’était enfin décidé à lui envoyer la Division<br />
Yermoloss <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe, la seule qui restât disponible ;<br />
mais c<strong>et</strong>te Division n’arriva pas à temps, car la reprise <strong>de</strong> Preititz<br />
obligea Blücher à se replier <strong>de</strong>rrière le Blossauer-Wasser.<br />
Le 4 ème Corps <strong>et</strong> la Division Maisons couronnèrent la<br />
crête qui domine le ruisseau <strong>de</strong> Litten à Klein-Bautzen ; leur artillerie<br />
<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> dirigèrent un feu très vif sur Litten, Durochwitz<br />
<strong>et</strong> Klein-Bautzen, où voulaient tenir les détachements<br />
chargés <strong>de</strong> couvrir la r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>s Prussiens qui se rétrogradaient<br />
vers Würschen.<br />
Si, à ce moment, les Corps du Maréchal Ney avaient débouché<br />
en masse dans la plaine à l’Est <strong>de</strong> Preititz, ils auraient<br />
rej<strong>et</strong>é les colonnes prussiennes en r<strong>et</strong>raite sur Pürschwitz <strong>et</strong> Baschütz,<br />
c’est-à-dire sur le centre <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>s coalisés ; ce<br />
centre étant à peu près à revers, toute la position tombait : la victoire<br />
eût été décisive.<br />
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244<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Mais dans c<strong>et</strong>te journée, comme à <strong>Lutzen</strong>, la Fortune réservait<br />
toutes ses faveurs pour nos adversaires ; les Prussiens purent<br />
se r<strong>et</strong>irer sans être inquiétés. Voici ce qui s’était passé.<br />
Quand le 3 ème Corps eut enlevé Preititz, le Maréchal Ney,<br />
voyant <strong>de</strong>vant lui dans la plaine, 10 à 12 000 cavaliers ennemis<br />
appuyés d’un grand nombre <strong>de</strong> batteries <strong>et</strong>, d’autre part, entendant<br />
toujours la canonna<strong>de</strong> <strong>et</strong> la fusilla<strong>de</strong> r<strong>et</strong>entir avec autant <strong>de</strong><br />
violence sur sa droite, n’avait pas cru pouvoir s’aventurer au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> Blossauer-Wasser. Il avait prescrit au 3 ème Corps, qui formait sa<br />
première ligne, (la Division Puthod <strong>et</strong> le 7 ème Corps se trouvaient<br />
plus en arrière sur le Windmühlenberg) <strong>de</strong> gravir les hauteurs au<br />
Nord <strong>de</strong> Preititz, <strong>de</strong> telle sorte que nos troupes étaient montées<br />
sur ces hauteurs au moment même où les Prussiens les abandonnaient.<br />
Le 3 ème Corps vint donner sur le 4 ème pendant que le 5 ème<br />
serrait sur lui. Il se produisit là un désordre dont on peut se faire<br />
une idée <strong>et</strong> qui eut pour conséquence désastreuse d’immobiliser<br />
momentanément toute la gauche française, sur l’action <strong>de</strong> laquelle<br />
reposait la réussite du plan <strong>de</strong> Napoléon.<br />
L’artillerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, celle <strong>de</strong>s 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, dirigèrent<br />
sans succès un feu <strong>de</strong>s plus violents contre les troupes<br />
russes qui défendaient Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz : ces troupes restèrent<br />
inébranlables ; Grâce à l’appui <strong>de</strong> l’artillerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cavalerie<br />
<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> russe, elles purent tenir en échec tout le centre français<br />
jusqu’à 5 h du soir. Les détachements, laissés par Blücher à<br />
Litten, Pürschwitz <strong>et</strong> Klein-bautzen, étaient ainsi couverts sur leur<br />
gauche <strong>et</strong>, n’ayant rien à craindre par suite <strong>de</strong>s faux mouvements<br />
<strong>de</strong> Ney, prolongèrent leur résistance assez longtemps pour perm<strong>et</strong>tre<br />
au corps prussiens <strong>de</strong> gagner Belgern sans se presser.<br />
L’aile gauche <strong>de</strong>s coalisés, engagée sur Brünewitz, avait<br />
commencé à rétrogra<strong>de</strong>r entre 3 <strong>et</strong> 4 h du soir sur ordre <strong>de</strong><br />
l’Empereur Alexandre. Dès que le maréchal Oudinot s’en était<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 245<br />
aperçut, il reprit aussitôt l’offensive mais ses Divisions, très<br />
éprouvées <strong>et</strong> très fatiguées, ne purent mener la poursuite assez<br />
vite pour entamer les bataillons russes <strong>de</strong> Miloradowitch.<br />
Vers 5 h, les corps du Maréchal Ney, 3 ème , 5 ème <strong>et</strong> 7 ème , enfin<br />
remis dans la bonne direction, marchèrent sur Würschen pendant<br />
qu’à leur droite, le 4 ème Corps s’avançait sur Pürschwitz <strong>et</strong> la<br />
Jeune Gar<strong>de</strong> sur Litten. Les Russes, menacés d’être débordés sur<br />
leur droite, abandonnèrent Jenkwitz <strong>et</strong> Baschütz. Dès que leur<br />
artillerie eût cessé son tir, les 6 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps se portèrent en<br />
avant pour occuper la position. Napoléon fit avancer, à l’Est <strong>de</strong><br />
Baschütz, la réserve <strong>de</strong> cavalerie, mais celle-ci ne put rien faire,<br />
car les Russes exécutèrent leur r<strong>et</strong>raite dans un ordre parfait.<br />
Les corps prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, le détachement<br />
<strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> le corps <strong>de</strong> Barclay se replièrent sur Weissemberg, les<br />
corps russes sur Löbau.<br />
A 10 h du soir, un violent orage arrêta la poursuite.<br />
Les corps <strong>de</strong> l’armée française occupaient alors les emplacements<br />
suivants (en partant <strong>de</strong> la gauche) :<br />
- le 7 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie à Nockern ;<br />
- le 5 ème Corps à Würschen, Camenwitz <strong>et</strong> Rockel ;<br />
- le 3 ème Corps <strong>de</strong>rrière le 5 ème avec son Quartier général à<br />
Klein-Bautzen ;<br />
- le 4 ème Corps à Dresa ;<br />
- le 11 ème Corps à Wöchkirch ;<br />
- le 12 ème Corps en arrière du 11 ème ;<br />
- le Quartier général <strong>de</strong> l’Empereur <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> à Men-Pürschwitz.<br />
Ajoutons que le Maréchal Victor, avec le 2 ème Corps <strong>et</strong> la<br />
réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, venait d’atteindre Wittichenau.<br />
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246<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Les pertes pour les 3 journées <strong>de</strong>s 19, 20 <strong>et</strong> 21 étaient à<br />
peu près égales <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre ; on peut les évaluer approximativement<br />
à 20 000 hommes tués, blessés ou prisonniers.<br />
Nous étions vainqueurs, puisque le champ <strong>de</strong> bataille<br />
nous restait, mais notre victoire n’était rien moins que décisive,<br />
car l’armée alliée effectuait sa r<strong>et</strong>raite dans le plus grand ordre, ne<br />
laissant entre nos mains ni canon sur roues, ni un drapeau.<br />
Observations sur la bataille <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> les mouvements<br />
qui l’ont précédé<br />
Opérations <strong>de</strong>s coalisés.<br />
Nous avons examiné en détail la position <strong>de</strong> Bautzen ; nous ne<br />
reviendrons pas sur ce suj<strong>et</strong>.<br />
On ne s’explique pas comment les généraux alliés eurent l’idée d’attendre sur<br />
une pareille position l’attaque <strong>de</strong> l’armée française ; le récit <strong>de</strong> la bataille nous a<br />
montré, en eff<strong>et</strong>, que leur armée courut le risque d’être complètement détruite.<br />
Dans l’état <strong>de</strong> leurs forces, les coalisés n’avaient qu’un but<br />
à poursuivre : gagner du temps pour perm<strong>et</strong>tre aux troupes <strong>de</strong><br />
nouvelles formations, troupes <strong>de</strong> réserves russes <strong>et</strong> <strong>La</strong>ndwehrs<br />
prussiennes, d’achever <strong>de</strong> s’organiser <strong>et</strong> pour attendre que<br />
l’Autriche, dont on se croyait sûr, se déclarât en faveur <strong>de</strong> la coalition.<br />
Napoléon, ayant envoyé une partie <strong>de</strong> ses forces sur Torgau,<br />
ils avaient eu raison <strong>de</strong> s’arrêter à Bautzen, où ils trouvaient<br />
une position assez forte pour pouvoir tenir tête facilement aux<br />
corps français rassemblés aux environs <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. En agissant<br />
ainsi, ils obligeaient Napoléon à rappeler à lui ceux <strong>de</strong> ses corps<br />
qui étaient détachés du côté <strong>de</strong> Torgau : ils gagnaient trois ou<br />
quatre jours <strong>et</strong> dégageaient la direction <strong>de</strong> Berlin. Mais le 21,<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 247<br />
quand ils apprirent l’arrivée <strong>de</strong>s colonnes du Maréchal Ney à Klix,<br />
ils auraient dû décamper immédiatement pour aller occuper à<br />
quelques distances en arrière une autre position préparée à<br />
l’avance en vue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité. Ils pouvaient jouer le même<br />
jeu longtemps sans courir grand risque, en raison <strong>de</strong> leur supériorité<br />
en cavalerie, qui les m<strong>et</strong>tait à l’abri <strong>de</strong> toute surprise.<br />
L’armée française, mal éclairée faute <strong>de</strong> pouvoir opposer<br />
une cavalerie suffisante à la leur, aurait avancé à tâtons ; elle eût<br />
dû par conséquent rester toujours très concentrée si bien que sa<br />
marche eût été extrêmement lente. Peut-être les alliés auraient-ils<br />
trouvé une occasion d’attaquer isolément quelques-uns <strong>de</strong> ces<br />
corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> les détruire.<br />
En tout cas, les lignes <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> l’armée française,<br />
s’allongeant <strong>de</strong> plus en plus, <strong>de</strong>venaient très vulnérables, car<br />
Napoléon ne disposait pas <strong>de</strong> troupes spéciales d’étapes. Les détachements<br />
<strong>de</strong> convalescents <strong>et</strong> les quelques bataillons <strong>de</strong> nouvelles<br />
formations qu’il laissait dans les principaux gîtes étaient<br />
tout justes capables d’en assurer la gar<strong>de</strong>, ils étaient hors d’état<br />
d’agir à l’extérieur. Quand on considère les résultats obtenus par<br />
les ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> partisans qui se j<strong>et</strong>èrent sur les communications <strong>de</strong><br />
l’armée française après Bautzen, on <strong>de</strong>meure convaincu qu’en<br />
multipliant ces ban<strong>de</strong>s, les alliés seraient arrivés à interrompre si<br />
complètement les communications <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te armée que Napoléon<br />
aurait dû se résigner à s’affaiblir <strong>de</strong>s troupes nécessaires pour n<strong>et</strong>toyer<br />
le pays sur ses <strong>de</strong>rrières. A mesure que les alliés reculaient,<br />
leur situation matérielle <strong>de</strong>venait donc meilleure.<br />
Assurément, une r<strong>et</strong>raite prolongée était <strong>de</strong> nature à porter<br />
atteinte au moral <strong>de</strong>s troupes <strong>et</strong> <strong>de</strong>vait impressionner favorablement<br />
l’Autriche ; mais l’eff<strong>et</strong> produit serait certainement moindre<br />
si l’on se repliait en bon ordre <strong>de</strong>vant l’armée française sans<br />
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248<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
s’être laissé entamer par elle, que si l’on attendait pour rétrogra<strong>de</strong>r<br />
d’avoir subi une nouvelle défaite.<br />
Or, nous le répétons, en recevant la bataille à Bautzen,<br />
non seulement les coalisés n’avaient aucune chance <strong>de</strong> vaincre<br />
mais encore, ils s’exposaient à être détruits. Ils commirent donc<br />
une faute capitale en n’évacuant pas leur position, le 21 au matin.<br />
Des écrivains militaires étrangers ont prétendu que les<br />
coalisés auraient dû attaquer à fond l’armée principale française,<br />
quand elle passa la Sprée, le 23, dans l’après-midi, alors que<br />
l’armée du Maréchal Ney n’était pas encore en situation<br />
d’intervenir. A coup sûr, cela eût mieux valu que <strong>de</strong> livrer, le len<strong>de</strong>main,<br />
une bataille purement défensive ; mais, en adm<strong>et</strong>tant que<br />
la manœuvre eût réussi, ce qui n’est pas prouvé, la situation générale<br />
n’en aurait pas été sensiblement modifiée. Les coalisés auraient<br />
peut-être refoulé les corps français sur la rive gauche <strong>de</strong> la<br />
rivière, mais ils n’auraient certainement pas dépassé celle-ci, si<br />
bien que le len<strong>de</strong>main, la bataille eût commencé sur la Sprée ; or,<br />
les hauteurs <strong>de</strong> la rive droite formaient <strong>de</strong>s positions plus vulnérables<br />
que celles que les alliés occupèrent à Litten, Baschütz <strong>et</strong><br />
Rieschen. En résumé, l’armée principale française eut bien plus <strong>de</strong><br />
facilités pour remplir sa mission, qui était <strong>de</strong> lier le combat <strong>de</strong><br />
front avec l’armée coalisée.<br />
Il convient d’observer que, si les alliés exécutèrent si facilement<br />
leur r<strong>et</strong>raite c’est grâce, non seulement aux faux mouvements<br />
du Maréchal Ney, mais encore à ce fait que l’armée principale<br />
française n’a pu engager dans le combat <strong>de</strong> front que les<br />
<strong>de</strong>ux corps <strong>de</strong> ses ailes, le 12 ème <strong>et</strong> le 4 ème , tandis que les corps du<br />
centre, 11 ème <strong>et</strong> 6 ème , la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie ne purent<br />
approcher <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ranchements <strong>de</strong> Baschütz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Jenkwitz que<br />
quand les Russes les abandonnèrent : vainqueur à sa gauche,<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 249<br />
n’ayant aucune inquiétu<strong>de</strong> pour son centre, l’ennemi n’était que<br />
très imparfaitement fixé.<br />
Opérations <strong>de</strong>s Français.<br />
<strong>La</strong> division <strong>de</strong>s forces françaises en <strong>de</strong>ux armées placées, l’une à<br />
Dres<strong>de</strong>, l’autre à Torgau, a donné lieu à <strong>de</strong> très vives critiques. On<br />
a fait remarqué que si Napoléon avait rassemblé tous ces corps<br />
d’armée aux environs <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong> sous sa direction immédiate, ils<br />
auraient eu plus <strong>de</strong> facilités pour régler leurs mouvements en vue<br />
<strong>de</strong> la manœuvre qu’ils <strong>de</strong>vaient exécuter ; le Maréchal Ney, recevant<br />
ses instructions <strong>de</strong> l’Empereur lui-même, aurait été mieux<br />
orienté <strong>et</strong>, par suite, n’eût pas commis c<strong>et</strong>te série d’erreurs qui<br />
firent manquer la manœuvre ; celle-ci, d’ailleurs, aurait eu ce caractère<br />
d’imprévu sans lequel une opération <strong>de</strong> ce genre n’a guère<br />
<strong>de</strong> chance <strong>de</strong> réussir.<br />
Ces opérations sont fort justes en elles-mêmes mais, pour<br />
les formuler, on s’est placé au point <strong>de</strong> vue étroit <strong>de</strong>s événements<br />
qui se sont réalisés.<br />
Napoléon, en arrêtant son plan d’opérations, à dü tabler<br />
sur <strong>de</strong>s hypothèses multiples, dont la plus probable n’était certes<br />
pas celle qui s’est produite.<br />
Nous savons qu’en réunissant à Torgau, sous les ordres<br />
du Maréchal Ney, une armée <strong>de</strong> 85 000 hommes, Napoléon s’était<br />
proposé :<br />
1. <strong>de</strong> faire tomber la ligne <strong>de</strong> l’Elbe supérieur si les alliés essayaient<br />
<strong>de</strong> la défendre ;<br />
2. <strong>de</strong> menacer Berlin afin <strong>de</strong> déterminer, si c’était possible, les<br />
Prussiens à se séparer <strong>de</strong>s Russes pour courir au secours <strong>de</strong><br />
leur capitale.<br />
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250<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Malheureusement, les coalisés n’étaient pas tombés dans<br />
le piège ; après quelques hésitations, ils s’étaient rassemblés à<br />
Bautzen.<br />
Quand l’Empereur fut informé <strong>de</strong> leur mouvement, le 14<br />
mai, il ne supposa pas tout d’abord qu’ils recevraient la bataille à<br />
Bautzen, ce qui n’était nullement rationnel <strong>de</strong> leur part ; il leur<br />
prêta l’intention d’opérer, comme nous l’avons dit précé<strong>de</strong>mment,<br />
c’est-à-dire <strong>de</strong> reculer lentement dès qu’il aurait concentré<br />
<strong>de</strong>vant eux la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses forces ; rétrogradant <strong>de</strong><br />
position en position dans le but soit <strong>de</strong> gagner du temps, soit<br />
d’attendre une occasion favorable pour attaquer par surprise<br />
comme à <strong>Lutzen</strong>.<br />
Ainsi s’explique que sa première préoccupation ne fut pas<br />
d’attirer à lui, par la ligne la plus courte, le Corps du Maréchal<br />
Ney ; en eff<strong>et</strong>, comme nous l’avons vu par son ordre du 15, il<br />
dirigea le 5 ème Corps <strong>de</strong> Dobrilugk sur Hoyerswerda <strong>et</strong> le 3 ème , <strong>de</strong><br />
Werzberg sur Spremberg. C<strong>et</strong> ordre, bien qu’il n’ait pas reçu un<br />
commencement d’exécution, est cependant d’un intérêt capital<br />
car il contient en germe l’idée <strong>de</strong> la manœuvre que proj<strong>et</strong>ait Napoléon<br />
pour déjouer le plan qu’il prêtait à ses adversaires :<br />
l’Empereur voulait, avec l’armée principale dont l’effectif était<br />
sensiblement supérieur à celui <strong>de</strong> l’armée adverse, marcher sur les<br />
talons <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière, pendant que l’armée du Maréchal Ney,<br />
qui opérerait à une ou <strong>de</strong>ux marches sur sa gauche <strong>et</strong> qui pourrait<br />
marcher rapi<strong>de</strong>ment puisqu’elle n’aurait <strong>de</strong>vant elle que <strong>de</strong> la cavalerie,<br />
débor<strong>de</strong>rait les lignes <strong>de</strong> défense successives sur lesquelles<br />
l’ennemi essaierait <strong>de</strong> tenir. En résumé, la poursuite, car tout se<br />
réduirait à une poursuite tant que l’adversaire refuserait systématiquement<br />
la bataille, serait menée très vivement.<br />
Si les coalisés, voyant leur plan déjoué, s’arrêtaient pour<br />
livrer combat, l’armée principale les attaquerait pour les fixer ;<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 251<br />
l’armée du Maréchal Ney, disposant <strong>de</strong> ses débouchés propres,<br />
aurait alors toute facilité pour se j<strong>et</strong>er sur leur flanc.<br />
Une faute très grave, que commit l’Empereur, fut <strong>de</strong> vouloir<br />
opérer activement à la fois contre la principale armée coalisée<br />
<strong>et</strong> contre le corps qui couvrait Berlin (Général Bülow). Nous<br />
l’avons montré, le 17 au soir, prescrivant à Ney <strong>de</strong> le rejoindre<br />
avec les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> laisser les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> la<br />
réserve <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, soit 50 000 hommes au Maréchal<br />
Victor qui aurait pour mission d’occuper Berlin <strong>et</strong> <strong>de</strong> débloquer<br />
les places <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />
Napoléon a maintes fois formulé ce principe qu’on ne<br />
doit jamais faire <strong>de</strong> détachements à la veille d’une bataille ; or, en<br />
affectant un corps <strong>de</strong> 30 000 hommes à une opération secondaire<br />
sur Berlin, il faisait sans nécessité un énorme détachement : 5 à<br />
6 000 hommes appuyés sur Torgau <strong>et</strong> Wittemberg suffisaient<br />
pour observer Bülow <strong>et</strong> le contenir ; tout le reste <strong>de</strong>s troupes du<br />
Maréchal Ney <strong>de</strong>vait se m<strong>et</strong>tre sur-le-champ en mouvement pour<br />
se rapprocher <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> se trouver en mesure <strong>de</strong> prendre part<br />
aux opérations contre la principale armée adverse.<br />
Mieux avisé <strong>et</strong> probablement aussi, mieux renseigné,<br />
l’Empereur ne donna pas suite à son idée ; les 2 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong><br />
la réserve <strong>de</strong> cavalerie suivirent les 3 ème <strong>et</strong> 5 ème Corps sur Bautzen.<br />
Cependant, l’ordre du 16 occasionna un r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> vingt-quatre<br />
heures qui ne put être réparé : le 7 ème Corps n’arriva sur le champ<br />
<strong>de</strong> bataille le 21, qu’à 2 h du soir ; le 2 ème Corps <strong>et</strong> la réserve <strong>de</strong><br />
cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani n’atteignirent Würschen que le len<strong>de</strong>main.<br />
Nous formulerons quelques observations au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
conduite <strong>de</strong> l’attaque <strong>de</strong> front par l’armée principale, le 21.<br />
Jusqu’à 2 h <strong>de</strong> l’après-midi, à l’exception <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong><br />
droite, le 12 ème , qui attaqua à fond l’aile gauche ennemie, l’armée<br />
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252<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
principale <strong>de</strong>meura dans l’inaction : le combat fut seulement entr<strong>et</strong>enu<br />
par les tirailleurs <strong>de</strong>s détachements avancés qui étaient aux<br />
prises avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi <strong>et</strong> par l’artillerie qui échangea <strong>de</strong>s<br />
coups <strong>de</strong> canon à très gran<strong>de</strong> distance avec l’artillerie adverse.<br />
Un principe fondamental est qu’on ne peut manœuvrer<br />
l’ennemi qu’autant qu’il est fixé : pour obtenir ce résultat, on est<br />
généralement obligé <strong>de</strong> l’attaquer à fond sur tout son front. Dans<br />
le cas considéré, les alliés étaient, dans une certaine mesure,<br />
fixés par leur résolution même à défendre les positions qu’ils occupaient,<br />
résolution qui révélait les travaux <strong>de</strong> fortification exécutés<br />
par eux <strong>et</strong> leur déploiement sur ces positions. Pourtant, ils<br />
restaient libres d’esquiver la bataille, en battant en r<strong>et</strong>raite dès que<br />
le mouvement du Maréchal Ney, en se <strong>de</strong>ssinant contre leur extrême-droite,<br />
leur montrerait à quel péril ils étaient exposés.<br />
Le but <strong>de</strong> l’Empereur n’était pas d’obliger les alliés à évacuer<br />
leurs positions, mais bien <strong>de</strong> les détruire car la situation politique<br />
exigeait qu’il remportât une victoire complète : ils <strong>de</strong>vaient<br />
donc redouter par-<strong>de</strong>ssus tout que ses adversaires ne se dérobassent.<br />
On est ainsi amené à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi il n’a pas mis<br />
en action l’armée principale dès le matin du 21, afin <strong>de</strong> lier le<br />
combat <strong>de</strong> front si étroitement que l’ennemi fût dans<br />
l’impossibilité <strong>de</strong> se dégager quand apparaîtraient les colonnes du<br />
Maréchal Ney.<br />
<strong>La</strong> raison principale est sans doute que les positions r<strong>et</strong>ranchées<br />
<strong>de</strong>s coalisés étaient extrêmement difficiles à abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />
front. L’Empereur, qui avait été très impressionné <strong>de</strong>s pertes<br />
énormes subies par ses troupes à la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong>, se croyait<br />
obligé <strong>de</strong> les ménager. Il décida donc d’attendre, pour donner le<br />
signal <strong>de</strong> l’engagement général, que le mouvement <strong>de</strong> Ney eût,<br />
pour ainsi dire rendu toute défense sérieuse impossible pour les<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 253<br />
coalisés. En opérant ainsi, il risquait <strong>de</strong> voir l’ennemi lui échapper<br />
: il s’en rendait compte, d’ailleurs, comme le prouvent ses<br />
ordres au Maréchal Ney.<br />
Ordre du 18 :<br />
« Sa Majesté suppose que le 21, vous pourrez vous porter<br />
sur la position, ce qui aura l’eff<strong>et</strong> ou que l’ennemi évacue pour<br />
se r<strong>et</strong>irer plus loin, ou <strong>de</strong> vous m<strong>et</strong>tre à même <strong>de</strong> l’attaquer avec<br />
avantage ».<br />
Ordre du 21 :<br />
« L’intention <strong>de</strong> l’Empereur est que vous soyez à Preititz à onze<br />
heures. Nous attaquerons franchement sur tous les points. Faites marcher<br />
<strong>La</strong>uriston sur votre gauche pour être en mesure <strong>de</strong> tourner<br />
l’ennemi si votre mouvement le déci<strong>de</strong> à abandonner sa position<br />
».<br />
Le centre <strong>de</strong>s alliés était inabordable, il fallait renoncer à<br />
s’en approcher ; mais l’attaque <strong>de</strong> l’aile droite ne présentait pas<br />
<strong>de</strong>s difficultés insurmontables à la condition d’y employer une<br />
partie <strong>de</strong>s nombreuses troupes qui restèrent inactives sur le plateau<br />
<strong>de</strong> Bautzen pendant toute la bataille. Le 4 ème Corps, réduit<br />
effectivement à <strong>de</strong>ux Divisions puisque la Division italienne, mal<br />
remise <strong>de</strong> l’affaire d’Hoyerswerda, ne pouvait être engagée <strong>de</strong><br />
quelque temps, n’était pas en état d’attaquer seul les hauteurs entre<br />
Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz. Ileût fallu m<strong>et</strong>tre à la disposition du<br />
Maréchal Soult, qui avait la direction <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, outre le 4 ème<br />
Corps, tout ou partie du 3 ème .<br />
Dans la bataille du 21, il n’y a eu <strong>de</strong> sérieusement engagés<br />
que les 3 ème , 4 ème <strong>et</strong> 12 ème Corps <strong>et</strong> une très faible partie <strong>de</strong>s 5 ème <strong>et</strong><br />
11 ème , soit 80 000 hommes sur un effectif total <strong>de</strong> 180 000. C’est<br />
toujours une faute que <strong>de</strong> ne faire donner dans une bataille<br />
qu’une partie <strong>de</strong>s troupes dont on dispose : « c<strong>et</strong>te faute, dit Gouvion<br />
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254<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Saint-Cyr, est souvent la cause <strong>de</strong>s plus grands revers ; <strong>et</strong> quand, par une<br />
faveur particulière <strong>de</strong> la fortune, elle ne les occasionne pas sur-le-champ, elle<br />
diminue au moins les succès qu’on ne peut encore obtenir qu’au moyen d’une<br />
perte considérable. Alors, on voit les plus nombreuses armées détruites après<br />
la répétition d’un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> victoires si chèrement ach<strong>et</strong>ées, comme cela<br />
eut lieu dans la campagne <strong>de</strong> 1813 ».<br />
Il est vrai qu’à Bautzen, les coalisés poussèrent<br />
l’aveuglement si loin qu’ils ne commencèrent à s’inquiéter <strong>de</strong><br />
l’attaque débordante <strong>de</strong> Ney que quand il était déjà trop tard pour<br />
esquiver le combat ; par conséquent, sans les faux mouvements<br />
<strong>de</strong> ce Maréchal, nous aurions obtenu une victoire décisive presque<br />
sans pertes. Dans ce cas, c’est la sottise <strong>de</strong> nos adversaires qui<br />
aurait assuré la réussite complète du plan <strong>de</strong> Napoléon.<br />
Maintenant, nous pensons que si l’attaque contre la position<br />
<strong>de</strong> Blücher entre Kreckwitz <strong>et</strong> Pliesskowitz avait été commencée<br />
au moment où les corps <strong>de</strong> Ney marchèrent contre le<br />
Windmühlenberg, le Maréchal, à peu près orienté par le fait<br />
même <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attaque, n’aurait pas eu l’idée singulière <strong>de</strong> faire<br />
serrer sur Preititz <strong>et</strong> les hauteurs au nord, toutes les troupes <strong>de</strong> sa<br />
première ligne. En tout cas, Blücher n’aurait pas pu envoyer la<br />
briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> son corps d’armée contre Preititz, dont la<br />
Division Souham fut probablement restée maîtresse.<br />
En ce qui concerne les opérations du Maréchal Ney, leur<br />
simple exposé se passe <strong>de</strong> critique.<br />
On ne comprend pas comment Napoléon a pu confier le<br />
comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> son armée <strong>de</strong> manœuvre à ce Maréchal. Celuici<br />
était un superbe soldat, un enfonceur <strong>de</strong> bataillons, le brave <strong>de</strong>s<br />
braves, mais ce n’était rien moins qu’un commandant en chef.<br />
Il aurait fallu que l’action <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> manœuvre fut si<br />
prompte que l’ennemi n’eût pas le temps <strong>de</strong> se reconnaître ; il<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 255<br />
était d’autant plus nécessaire que c<strong>et</strong>te action fût d’une rapidité<br />
extrême que Napoléon voulait attendre que le mouvement <strong>de</strong><br />
l’armée <strong>de</strong> manœuvre fût presque terminé pour lancer à l’attaque<br />
l’armée principale.<br />
Les avant-gar<strong>de</strong>s auraient dû occuper, <strong>de</strong> grand matin, les<br />
passages <strong>de</strong> la Sprée, afin <strong>de</strong> les aménager <strong>de</strong> leur mieux ; pendant<br />
ce temps, le 3 ème Corps se serait placé <strong>de</strong>rrière Klix <strong>et</strong> le 5 ème , <strong>de</strong>rrière<br />
Lüchmann, prêts à déboucher en masse sur la rive droite <strong>de</strong><br />
la rivière au premier signal. Il n’était pas d’ailleurs indispensable<br />
que leur mouvement commençât à 5 h du matin ; mieux valait le<br />
r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r jusqu’à 8 h pour attendre l’arrivée <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> colonnes<br />
<strong>de</strong> la Division Puthod <strong>et</strong> du 7 ème Corps, auxquels on avait fait<br />
quitter leurs bivouacs <strong>de</strong> Steinitz <strong>et</strong> d’Hoyerswerda entre minuit<br />
<strong>et</strong> une heure du matin, <strong>de</strong> façon à les faire arriver sur la Sprée, à<br />
l’heure que nous venons d’indiquer.<br />
Il est vrai que les troupes <strong>de</strong> la Division Puthod <strong>et</strong> du 7 ème<br />
Corps étaient très fatiguées car, les 19 <strong>et</strong> 20 mai, elles avaient exécuté<br />
<strong>de</strong> longues marches, 40 km en moyenne, mais on <strong>de</strong>vait passer<br />
sans hésiter par <strong>de</strong>ssus c<strong>et</strong>te considération puisqu’il s’agissait<br />
<strong>de</strong> réunir ses forces pour la bataille ; il serait resté beaucoup<br />
d’hommes en route, mais le gros fût arrivé <strong>et</strong> c’était là l’essentiel.<br />
Le 3 ème Corps, suivi du 7 ème <strong>de</strong>stiné à servir <strong>de</strong> réserve générale,<br />
aurait attaqué le corps <strong>de</strong> Barclay sur le Windmühlenberg.<br />
A sa gauche, le 5 ème Corps en entier, avec la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
la cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani, soit 30 000 hommes, se fût avancé sur<br />
Gottau, Buchwal<strong>de</strong> <strong>et</strong> Baruth, débordant l’extrême-droite <strong>de</strong>s<br />
Russes, faisant tomber leur résistance <strong>et</strong>, par contrecoup, dégageant<br />
le terrain <strong>de</strong>vant le 3 ème Corps. Il est bien certain que, si le<br />
Général <strong>La</strong>uriston avait eu à sa disposition 30 000 hommes au<br />
lieu <strong>de</strong> 12 000, il n’aurait pas hésité <strong>et</strong> tâtonné comme il l’a fait,<br />
<strong>de</strong>vant la poignée d’hommes que lui a opposée Barclay ; il eût<br />
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256<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
continué franchement sa marche en avant jusqu’à Belgern, où il<br />
serait arrivé presque sans coup férir, au moment même où le 3 ème<br />
Corps se serait emparé <strong>de</strong> Preititz, entre 11 h <strong>et</strong> midi.<br />
« <strong>La</strong> victoire remportée dans ces conditions eût été décisive ; elle nous<br />
eût procuré plus <strong>de</strong> trophées qu’Austerlitz ».<br />
Pour bien apprécier la responsabilité qui incombe au Maréchal<br />
Ney, il importe <strong>de</strong> ne pas perdre <strong>de</strong> vue que les mauvaises<br />
cartes topographiques <strong>de</strong> l’époque ne donnaient qu’une idée très<br />
grossière <strong>de</strong> la configuration générale du champ <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> ne<br />
perm<strong>et</strong>taient pas <strong>de</strong> se rendre un compte exact <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong><br />
Belgern.<br />
Opérations après la bataille <strong>de</strong> Bautzen 1<br />
Dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> la nuit du 21 au 22, les coalisés<br />
se replièrent sur Reichenbach. Pendant que leurs arrière-gar<strong>de</strong>s<br />
contenaient les Français, ils franchirent le long défilé qui s’étend<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville à Görlitz.<br />
Le 23, en quittant Görlitz, ils se fractionnèrent en <strong>de</strong>ux<br />
groupes :<br />
- le groupe d’aile droite comprenant, sous les ordres <strong>de</strong> Barclay<br />
<strong>de</strong> Tolly, les corps prussiens d’York <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher, le détachement<br />
<strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> le corps russe <strong>de</strong> Barclay, prit sa direction<br />
sur Leignitz par Waldau (23 mai), Bunzlau (24),<br />
Haynau (25) ;<br />
- le groupe d’aile gauche, formé du gros <strong>de</strong> l’armée russe <strong>et</strong><br />
placé sous le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong> Wittgenstein, se<br />
1 Nous donnons à titre <strong>de</strong> renseignement sans commentaire<br />
l’exposé succinct <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Bautzen à l’armistice<br />
<strong>de</strong> Pleisschwitz (Voir les croquis 13, 14, 15)<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 257<br />
dirigea sur Goldberg par <strong>La</strong>ubau (23 mai), Lowenberg (24),<br />
Goldberg (25)... !<br />
Pendant toute c<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>raite, <strong>de</strong> fortes arrière-gar<strong>de</strong>s, appuyées<br />
par la nombreuse cavalerie légère <strong>de</strong>s alliés, se maintinrent<br />
au contact <strong>de</strong>s Français, procédant à une <strong>de</strong>struction systématique<br />
<strong>de</strong>s passages sur les cours d’eau, à mesure qu’elle les dépassaient.<br />
22 mai – Nous avons vu qu’à la fin <strong>de</strong> la bataille, le 21, vers 10 h<br />
du soir, l’armée française s’était trouvée établie sur la ligne Meckern-Hochkirch.<br />
Le len<strong>de</strong>main matin, vers 3 h, la fusilla<strong>de</strong> <strong>et</strong> la canonna<strong>de</strong><br />
recommencèrent entre nos avant-postes <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’ennemi qui<br />
étaient, pour ainsi dire, restés mêlés les uns aux autres, le combat<br />
n’ayant pris fin la veille, qu’à la tombée <strong>de</strong> la nuit.<br />
A 7 h du matin, le 7 ème Corps, soutenu par le 1 er Corps <strong>de</strong><br />
cavalerie, déboucha <strong>de</strong> Meckern <strong>et</strong> se porta sur Reichenbach,<br />
ayant à sa gauche le 5 ème Corps <strong>et</strong> suivi par la Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 6 ème<br />
Corps ; le 3 ème Corps prit position à Weissenberg ; le 12 ème , qui<br />
avait beaucoup souffert <strong>et</strong> dont les nombreux détachements<br />
n’étaient pas encore rentrés, fut laissé à Bautzen pour se reposer<br />
<strong>et</strong> se rallier.<br />
A la droite, le 11 ème Corps, appuyé sur sa gauche par le<br />
4 ème , se porta par Löbau sur Reichenbach.<br />
L’Empereur, escorté par la cavalerie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, marcha<br />
avec le 7 ème Corps.<br />
De ce côté, la poursuite fut menée assez rapi<strong>de</strong>ment ; à<br />
10 h, notre avant-gar<strong>de</strong> arriva <strong>de</strong>vant Reichenbach. Les détachements<br />
russes, qui nous avaient tenu tête jusque là, traversèrent<br />
rapi<strong>de</strong>ment la ville <strong>et</strong> démasquèrent une nouvelle arrière-gar<strong>de</strong><br />
formée du Prince Eugène <strong>de</strong> Wurtemberg, 6 à 7 000 hommes <strong>de</strong><br />
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258<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
toutes armes, qui s’étaient établis à sur les hauteurs à l’Est. <strong>La</strong><br />
position était très forte ; l’ennemi avait résolu d’y tenir le plus<br />
longtemps possible afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre au gros <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />
s’écouler au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Görlitz. Mal éclairés <strong>et</strong>, par suite, ne sachant<br />
pas trop à quelles forces nous avions à faire, nous dûmes agir<br />
avec circonspection, ce qui entraîna une gran<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> temps.<br />
Le 7 ème Corps se déploya pour attaquer <strong>de</strong> front pendant<br />
que le 5 ème manœuvrait afin <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r la position par le Nord.<br />
Comme le combat traînait, Napoléon, impatienté, se décida à<br />
envoyer sa cavalerie. Sur son ordre, la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> franchit<br />
la p<strong>et</strong>ite vallée au fond <strong>de</strong> laquelle se trouve Reichenbach, à 2<br />
km environ en amont <strong>de</strong> la ville <strong>et</strong> prononça un mouvement pour<br />
menacer la r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie. Mais, dès que nos<br />
escadrons commencèrent à s’élever vers la hauteur, ils tombèrent<br />
sous le feu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux batteries à cheval russes qui leur firent essuyer<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pertes ; presque aussitôt, ils virent arriver sur eux une<br />
gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> cavalerie russe. Les escadrons <strong>de</strong> <strong>La</strong>tour-Maubourg<br />
ayant marché au soutien <strong>de</strong> la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, il se<br />
produisit alors un engagement général <strong>de</strong> courte durée, sans résultat<br />
marqué.<br />
A 3 h <strong>de</strong> l’après-midi, l’arrière-gar<strong>de</strong> ennemie, menacée<br />
d’être enveloppée par les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, se replia lestement sur<br />
Makersdorf, où <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> repli avaient pris position à<br />
l’avance.<br />
Après une heure employée à rem<strong>et</strong>tre les troupes en ordre,<br />
les Français débouchèrent <strong>de</strong> Reichenbach. L’ennemi, obligé<br />
d’abandonner Makersdorf, rétrograda en bon ordre sur les hauteurs<br />
à l’Ouest <strong>de</strong> Görlitz.<br />
Le 7 ème Corps, qui, <strong>de</strong>puis le 17, n’avait cessé d’exécuter<br />
<strong>de</strong>s marches forcées, était extrêmement fatigué ; son chef, le Général<br />
Reynier, <strong>de</strong>manda l’autorisation <strong>de</strong> s’arrêter, mais Napoléon<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 259<br />
lui répondit par l’ordre formel <strong>de</strong> continuer sur Görlitz. Le corps<br />
d’armée franchit le ruisseau <strong>de</strong> Makersdorf <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du<br />
village <strong>et</strong> commença à attaquer les hauteurs <strong>de</strong> Görlitz. A ce moment,<br />
un boul<strong>et</strong> perdu qui vint tomber au milieu <strong>de</strong> l’Etat-Major<br />
<strong>de</strong> l’Empereur, tua le Général du Génie Körgener <strong>et</strong> blessa à mort<br />
le Maréchal Duroc. Ce malheur émut profondément Napoléon<br />
qui ordonna <strong>de</strong> cesser le combat.<br />
Les corps d’armée <strong>de</strong> notre gauche (5 ème , 6 ème , 7 ème <strong>et</strong> la<br />
Gar<strong>de</strong>) prirent position pour la nuit autour <strong>de</strong> Makersdorf ;<br />
Les corps <strong>de</strong> la droite, (4 ème <strong>et</strong> 11 ème ) étaient parvenus à<br />
Ober-Solham, à une lieue au sud <strong>de</strong> Reichenbach ;<br />
Le 3 ème Corps était resté à Weissemberg ;<br />
Le Corps du Maréchal Victor (2 ème Corps d’armée provisoire<br />
<strong>et</strong> cavalerie <strong>de</strong> Sébastiani) était arrivé à Baruth.<br />
Dans c<strong>et</strong>te journée, l’armée française avait marché <strong>et</strong><br />
combattu <strong>de</strong> 5 h du matin à 7 h du soir ; malgré la résistance opiniâtre<br />
<strong>de</strong> l’ennemi, elle avait parcouru sept lieues. Ce résultat, qui<br />
est <strong>de</strong>s plus remarquables, était dû à la présence <strong>de</strong> l’Empereur à<br />
l’avant-gar<strong>de</strong>.<br />
C’était la première fois, <strong>de</strong>puis le commencement <strong>de</strong> la<br />
campagne, que les Français engageaient leur cavalerie en masse.<br />
En fait, la Division <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> seule avait réellement donné, ainsi<br />
qu’on peut s’en convaincre, en examinant les états <strong>de</strong> pertes :<br />
c<strong>et</strong>te Division, sur un effectif <strong>de</strong> 4 000 cavaliers, en avait perdu<br />
300, tués, blessés ou faits prisonniers ; les pertes <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong><br />
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260<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong>tour-Maubourg, dont l’effectif atteignit 10 000 cavaliers, se<br />
réduisaient à environ 150 hommes 1 .<br />
Les pertes du 7 ème Corps s’élevaient à 400 hommes.<br />
23 mai. – Le 23 au matin, on constata que les coalisés avaient<br />
évacué Görlitz.<br />
Le 5 ème Corps, passant par Eberlach, prit la route <strong>de</strong> Bunzlau<br />
; son avant-gar<strong>de</strong>, toujours combattant, s’avança jusqu’à Stutzenham<br />
pendant que le gros s’arrêtait à Hochkirch ;<br />
Le 7 ème Corps continua sur <strong>La</strong>ubau mais, le rétablissement<br />
<strong>de</strong>s passages sur un ruisseau marécageux à l’Est <strong>de</strong> Görlitz lui<br />
ayant pris beaucoup <strong>de</strong> temps, il ne put dépasser Troitschendorf ;<br />
Le 6 ème Corps se plaça à Hermsdorf ;<br />
Le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> s’étaient établis dès le matin<br />
à Görlitz ;<br />
Le 3 ème Corps était resté à Weissemberg ;<br />
Le 2 ème s’était avancé jusqu’à Crobnitz.<br />
A notre droite, le 11 ème Corps, qui avait ordre d’occuper<br />
Schönberg, arrêté au passage <strong>de</strong> la Meisse, ne put atteindre c<strong>et</strong>te<br />
localité que par son avant-gar<strong>de</strong> ;<br />
Le 4 ème Corps, attiré vers la gauche par le bruit du combat<br />
que livrait le 5 ème , s’était porté vers Troitschendorf, que son avantgar<strong>de</strong><br />
atteignit très tard dans la soirée.<br />
On avait parcouru environ cinq lieues.<br />
1 Le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie a perdu, pendant les journées <strong>de</strong>s 21,<br />
22 <strong>et</strong> 23 mai : 67 soldats tués, 7 officiers, 122 soldats blessés, 62 soldats<br />
pris ou égarés.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 261<br />
21 mai. – Dans la nuit, l’Empereur donna <strong>de</strong>s ordres pour que la<br />
poursuite continuât le len<strong>de</strong>main, le plus rapi<strong>de</strong>ment possible, les<br />
5 ème ,, 6 ème ,<strong>et</strong> 7 ème ,Corps, sous les ordres du Maréchal Ney, se portant<br />
sur Bunzlau, les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps marchant <strong>de</strong> concert sur<br />
<strong>La</strong>ubau, prêts à se rabattre sur <strong>La</strong>ubau si les circonstances<br />
l’exigeaient, la Gar<strong>de</strong> suivant les Corps du Maréchal Ney, le 3 ème<br />
Corps avançant <strong>de</strong> Weissenberg sur Görlitz. Quant au Corps du<br />
Maréchal Victor, il <strong>de</strong>vait gagner « Kothenburg <strong>et</strong>, <strong>de</strong> là, suivre franchement<br />
l’ennemi vers l’Est, marchant toujours sur la gauche à plusieurs lieues<br />
<strong>de</strong> grand’route Görlitz-Breslau, parallèlement au gros <strong>de</strong> l’armée ».<br />
Le 12 ème Corps était chargé <strong>de</strong> protéger le flanc gauche <strong>de</strong><br />
la ligne d’opérations ; il lui était prescrit en conséquence <strong>de</strong> se<br />
diriger <strong>de</strong> Bautzen par Hoyerswerda dans la direction du Nord<br />
pour opérer contre Bülow, qui semblait vouloir concentrer le gros<br />
<strong>de</strong> ses forces dans la région <strong>de</strong> Lückau.<br />
Les ordres <strong>de</strong> l’Empereur ne purent recevoir leur complète<br />
exécution ; la résistance <strong>de</strong>s arrière-gar<strong>de</strong>s ennemies <strong>et</strong> surtout<br />
les difficultés <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> la Meisse <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Queiss ne permirent<br />
pas d’attaquer les points indiqués.<br />
A la fin <strong>de</strong> la journée du 24, l’armée française occupa les<br />
positions suivantes :<br />
- 5 ème Corps <strong>et</strong> 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (moins une Division détachée<br />
avec le 11 ème Corps), à hauteur <strong>de</strong> Thiergarten, où<br />
s’appuyait la droite ;<br />
- 7 ème Corps, en avant <strong>de</strong> Naumburg ;<br />
- 6 ème Corps, 2 Divisions à droite du 7 ème , une Division plus en<br />
arrière sur la rive gauche <strong>de</strong> la Queiss ;<br />
- Quartier général <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à Görlitz <strong>et</strong> en avant ;<br />
- le 3 ème Corps en arrière <strong>de</strong> Görlitz ;<br />
- le 4 ème Corps, qui avait marché par <strong>La</strong>nterbach <strong>et</strong> Geibsdorf<br />
s’était croisé à Lichtenau avec le 11 ème Corps, dont l’avant-<br />
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262<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
gar<strong>de</strong> s’était par erreur dirigé sur Loeben au lieu <strong>de</strong> <strong>La</strong>ubau ;<br />
le 4 ème Corps s’était établi au sud <strong>de</strong> la ville, que le 11 ème<br />
Corps avait occupée ;<br />
- 2 ème Corps à Nie<strong>de</strong>r-Briehla ;<br />
Les coalisés avaient rétrogradé <strong>de</strong>rrière la Bober, à Bunzlau<br />
<strong>et</strong> Lowenberg, laissant leurs arrière-gar<strong>de</strong>s sur la rive gauche<br />
au contact <strong>de</strong> nos avant-postes ; leur Quartier général à Lowenberg.<br />
25 mai. – Ordre était donné pour le 25 :<br />
- au 5 ème Corps, <strong>de</strong> s’avancer par Bunzlau jusqu’à hauteur <strong>de</strong><br />
Kreibau, poussant son avnt-gar<strong>de</strong> au-<strong>de</strong>là jusqu’au débouché<br />
<strong>de</strong> Haynau ;<br />
- au 7 ème Corps, <strong>de</strong> franchir la Bober à Schimmar <strong>et</strong> <strong>de</strong> porter<br />
son avant-gar<strong>de</strong> à Mo<strong>de</strong>lsdorf <strong>et</strong> son gros à Mittlau ;<br />
- au 6 ème Corps, <strong>de</strong> traverser la Bober à Ottendorf <strong>et</strong> d’occuper<br />
Alt-Jaschwitz par son gros ; son avant-gar<strong>de</strong> à Hartmansdorf<br />
;<br />
- au 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps, <strong>de</strong> s’avancer le plus rapi<strong>de</strong>ment possible<br />
vers Lowenberg.<br />
Pour les mêmes raisons que les jours précé<strong>de</strong>nts, nos<br />
corps d’armée ne purent aller aussi loin que les ordres le prescrivirent.<br />
Le 5 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie occupèrent Wolfsh,<br />
Martinswald, Thomaswald, Schneibendorf ; le 7 ème Corps, Men-<br />
Jaschwitz, le 6 ème Corps, une Division Alt-Jaschwitz, le reste sur la<br />
Bober à Ottendorf.<br />
Le 11 ème Corps, en sortant <strong>de</strong> Löbau, se trouva aux prises<br />
avec une arrière-gar<strong>de</strong> russe qui lui opposa une résistance si énergique<br />
que le Maréchal Macdonald se figura qu’il avait eu à faire « à<br />
<strong>de</strong>s forces triples <strong>de</strong>s siennes », bien qu’en réalité, l’ennemi n’eût pas<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 263<br />
engagé plus d’une dizaine <strong>de</strong> milles hommes. L’engagement<br />
(combat <strong>de</strong> Kimzendorf), commencé à 10 h du matin, ne se termina<br />
qu’à 10 h du soir. Le 11 ème Corps prit position à Steckicht.<br />
Le 4 ème Corps, après avoir laissé défiler le 11 ème Corps,<br />
l’avait suivi jusqu’à Jeifersdorf, puis s’était dirigé par Giessmansdorf<br />
sur Weissig-Rachwitz afin d’assurer la liaison entre le 11 ème<br />
Corps <strong>et</strong> le gros <strong>de</strong> l’armée. Au bruit du canon <strong>de</strong> Macdonald, il<br />
avait appuyé à droite sur Steckicht, mais était arrivé trop tard pour<br />
prendre part à l’engagement 1 .<br />
<strong>La</strong> Gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> le 3 ème Corps avaient fait une gran<strong>de</strong> marche<br />
(?) dans la direction <strong>de</strong> Bunzlau ; la Division Marchand du 3 ème<br />
Corps avait occupé Görlitz où était resté le Quartier général.<br />
Le 2 ème Corps <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>r-Briehla avait gagné Holsfurt <strong>et</strong>,<br />
<strong>de</strong> là, Ehommensdorf parcourant ainsi une étape <strong>de</strong> huit lieues<br />
afin <strong>de</strong> se placer à hauteur du gros <strong>de</strong> l’armée.<br />
Dans le camp <strong>de</strong>s alliés, <strong>de</strong>puis la bataille <strong>de</strong> Bautzen, la<br />
situation <strong>de</strong> Wittgenstein était <strong>de</strong>venue impossible. Le Général<br />
russe offrit sa démission <strong>de</strong> commandant en chef qui fut acceptée<br />
; on lui donna le comman<strong>de</strong>ment supérieur <strong>de</strong> l’aile gauche <strong>et</strong><br />
on nomma Généralissime Barclay <strong>de</strong> Tolly, que l’Etat-major prussien<br />
voyait d’un assez bon œil.<br />
A ce moment, la discor<strong>de</strong> la plus complète régnait entre<br />
les Prussiens <strong>et</strong> les Russes, comme cela arrive toujours entre alliés<br />
après une défaite ; <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre, on s’accusait <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> la<br />
1 Du moins, d’après le rapport du Maréchal Macdonald, car le<br />
Général Bertrand, dans son propre rapport, dit au contraire que c’est<br />
l’arrivée <strong>de</strong> son avant-gar<strong>de</strong> qui a déterminé le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite<br />
<strong>de</strong> l’ennemi. Nous avons adopté le dire <strong>de</strong> Macdonald qui nous a semblé<br />
le plus vraisemblable.<br />
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264<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
bataille <strong>de</strong> Bautzen. Les Prussiens, en outre, se plaignaient amèrement<br />
<strong>de</strong> ce que l’Intendance russe ne prît aucune mesure pour<br />
assurer la subsistance <strong>de</strong> ses troupes qui se livraient à la marau<strong>de</strong><br />
<strong>et</strong> causaient ainsi plus <strong>de</strong> mal que l’ennemi lui-même.<br />
<strong>La</strong> satisfaction causée par la nomination <strong>de</strong> Barclay fut <strong>de</strong><br />
courte durée, car les Prussiens s’aperçurent bien vite que le nouveau<br />
commandant en chef partageait absolument la manière <strong>de</strong><br />
voir <strong>de</strong> son prédécesseur au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la direction générale à imprimer<br />
aux opérations militaires.<br />
Barclay, envisageant les choses <strong>de</strong> sang-froid, voyant les<br />
troupes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations affaiblies (l’effectif <strong>de</strong>s combattants<br />
atteignait à peine 80 000 hommes) <strong>et</strong> constatant <strong>de</strong>s symptômes<br />
<strong>de</strong> démoralisation aussi bien chez les Prussiens que chez les Russes,<br />
était fermement résolu à refuser la bataille. Il proposa, si les<br />
Français continuaient la poursuite, <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer par Breslau <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
rentrer en Pologne <strong>de</strong> manière à se rapprocher <strong>de</strong>s renforts russes.<br />
Les Prussiens refusèrent d’accepter ce proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandèrent<br />
que l’on continuât la r<strong>et</strong>raite sur Schweidnitz, afin <strong>de</strong> rester le plus<br />
longtemps possible en Silésie <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas s’éloigner <strong>de</strong> la Bohème,<br />
où se réunissait une nombreuse armée autrichienne dont<br />
on escomptait l’intervention en faveur <strong>de</strong> la coalition.<br />
L’Empereur Alexandre, sur les instances du roi Frédéric,<br />
serallia à ce <strong>de</strong>rnier parti ; il fut donc convenu qu’après avoir<br />
franchi la Hatzbach, les alliés se dirigeraient sur Schweidnitz.<br />
Barclay, ayant été appelé à Jauer le 25, passa le comman<strong>de</strong>ment<br />
supérieur <strong>de</strong> l’aile droite à Blücher. Les généraux prussiens,<br />
qui n’avaient cessé <strong>de</strong> protester contre la continuation <strong>de</strong> la<br />
r<strong>et</strong>raite, résolurent <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te occasion pour exécuter<br />
contre les Français un r<strong>et</strong>our offensif <strong>de</strong>stiné à les rendre plus<br />
circonspects <strong>et</strong> à les obliger, par conséquent, à marcher plus lentement.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 265<br />
Comme on avait constaté que le 5 ème Corps, qui formait<br />
en quelque sorte l’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gauche française, se gardait<br />
très mal, en marche comme en station, l’Etat-Major prussien décida<br />
<strong>de</strong> lui tendre une embusca<strong>de</strong> au sortir d’Haynau.<br />
A l’est <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, on trouve une série <strong>de</strong> mouvements<br />
<strong>de</strong> terrain bas, mollement ondulés, partout aisément praticables<br />
pour les masses <strong>de</strong> cavalerie ; où que l’on se place, la vue est arrêtée<br />
à courte distance ; en résumé, le site était particulièrement<br />
favorable pour tenter une surprise contre un ennemi négligent qui<br />
marchait sans se faire éclairer au loin.<br />
Ainsi que nous le verrons plus loin, l’opération réussit<br />
complètement : le 26 mai, vers 9 h du soir, la Division Maisons,<br />
qui tenait la tête du 5 ème Corps, fut assaillie à l’improviste au moment<br />
où elle débouchait d’Haynau <strong>et</strong> mise en déroute.<br />
Dans la journée du 26, les alliés se replièrent <strong>de</strong>rrière la<br />
Hatzbach, l’aile droite à Leignitz, l’aile gauche à Goldberg.<br />
Le 27, le mouvement <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite vers Schweidnitz commença<br />
; l’aile gauche, <strong>de</strong> Leignitz, gagna Merschütz, laissant son<br />
arrière-gar<strong>de</strong> (détachement Eschaplitz <strong>et</strong> briga<strong>de</strong> Zi<strong>et</strong>hen) à Kloster-Waldstadt<br />
; l’aile gauche alla <strong>de</strong> Goldberg à Jauer, laissant son<br />
arrière-gar<strong>de</strong> (Division Pahlen) à Hermansdorf.<br />
Le 28, l’armée rétrograda sur Stiegau <strong>et</strong> le 29, sur<br />
Schweidnitz. C<strong>et</strong>te place, démolie en 1807 par les Français, n’avait<br />
pas été rétablie <strong>de</strong>puis ; on ne jugea pas possible <strong>de</strong> s’y arrêter ; le<br />
30, les troupes furent ramenées plus en arrière sur les hauteurs <strong>de</strong><br />
Pilzen où elles <strong>de</strong>vaient rester en position jusqu’au 3 juin.<br />
Le Maréchal Marmont, placé par l’Empereur sous les ordres<br />
<strong>de</strong> Ney, avait été très mécontent <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mesure car il était<br />
extrêmement jaloux du Prince <strong>de</strong> la Moskowa. Influencé par son<br />
désir <strong>de</strong> se soustraire à l’influence <strong>de</strong> celui-ci, Marmont, interpré-<br />
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266<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
tant les renseignements qui arrivaient <strong>de</strong> diverses sources, en était<br />
venu à se persua<strong>de</strong>r dès le 25, que l’ennemi n’avait qu’une faible<br />
arrière-gar<strong>de</strong>, sur la route <strong>de</strong> Bunzlau à Leignitz <strong>et</strong> que son gros se<br />
r<strong>et</strong>irait par Lowenberg <strong>et</strong> Goldberg. En conséquence, le 26 au<br />
matin, le Maréchal avait <strong>de</strong>mandé l’autorisation <strong>de</strong> marcher non<br />
sur Ottendorf, comme cela lui avait été prescrit, mais sur Lowenberg<br />
: Ney, se basant sur les ordres formels <strong>de</strong> l’Empereur, avait<br />
refusé d’autoriser ce mouvement.<br />
Napoléon, très vivement frappé par le rapport du Maréchal<br />
Marmont, qui se montrait <strong>de</strong>s plus catégoriques dans ses<br />
affirmations, donna, pour le 27, les ordres suivants :<br />
- Le Maréchal Ney, avec les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps <strong>et</strong> une Division<br />
<strong>de</strong> cavalerie, se porterait sur Haynau <strong>et</strong> pousserait une avantgar<strong>de</strong><br />
sur Leignitz <strong>et</strong> une autre vers Glogau ;<br />
- Le Général <strong>La</strong>tour-Maubourg, avec <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cavalerie,<br />
irait rejoindre le Maréchal Marmont sous les ordres duquel<br />
il serait placé ;<br />
- Le Maréchal Marmont, avec le 6 ème Corps <strong>et</strong> les 2 Divisions<br />
<strong>de</strong> cavalerie visées ci-<strong>de</strong>ssus, <strong>manoeuvre</strong>rait pour couper<br />
l’arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’aile gauche ennemie, que les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème<br />
Corps pousseraient sur Goldberg.<br />
Enfin, comme le bruit courait qu’une partie <strong>de</strong> l’armée<br />
adverse s’étaitdérobée vers le Nord pour aller se joindre à Bülow,<br />
Napoléon prescrivit au Maréchal Victor <strong>de</strong> gagner Sprottau ; « si<br />
là, il apprenait que quelque chose s’était dirigé dans la direction <strong>de</strong> Berlin, il<br />
marcherait à sa suite ».<br />
L’Empereur, ayant voulu attendre, pour faire avancer les<br />
corps <strong>de</strong> sa gauche, que le mouvement du Maréchal Marmont fût<br />
assez prononcé pour assurer leur droite, les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps ne<br />
furent mis en marche sur Haynau qu’à 11 h du matin.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 267<br />
<strong>La</strong> Division Maisons (réduite à 4 000 hommes), qjui faisait<br />
l’avant-gar<strong>de</strong> du 5 ème Corps, traversa Haynau vers 3 h <strong>de</strong> l’aprèsmidi<br />
<strong>et</strong> se porta sur les hauteurs à l’Est <strong>de</strong> Michelsdorf. Là, elle<br />
s’arrêta, couverte par ses tirailleurs qui, <strong>de</strong>puis le matin, n’avaient<br />
pas cessé d’être aux prises avec ceux <strong>de</strong> l’ennemi ; le soin<br />
d’assurer la sécurité sur les flancs était confié à une cinquantaine<br />
<strong>de</strong> cavaliers qui s’acquittaient <strong>de</strong> ce service avec la plus gran<strong>de</strong><br />
négligence, ne prenant même pas la peine <strong>de</strong> monter jusqu’aux<br />
crêtes qui masquaient les vues à courte distance.<br />
Par suite d’un malentendu, la Division <strong>de</strong> cavalerie Chastel,<br />
qui aurait dû accompagner la Division Maisons, s’était arrêtée<br />
en arrière <strong>de</strong> Haynau, « croyant la journée faite ». Le Général <strong>La</strong>uriston,<br />
s’en étant aperçu, avait prescrit au Général Chastel <strong>de</strong> faire<br />
rejoindre l’avant-gar<strong>de</strong> par une <strong>de</strong> ses briga<strong>de</strong>s.<br />
C<strong>et</strong> ordre venait d’être envoyé quand un moulin à vent, situéau<br />
sud <strong>de</strong> la grand-route, commença à brüler ; presque aussitôt,<br />
une batterie à cheval prussienne se mit en batterie à moins<br />
<strong>de</strong> quatre cents pas du flanc droit <strong>de</strong> la Division Maisons.<br />
C<strong>et</strong>te artillerie avait à peine tiré cinq à six coups à mitraille<br />
quand près <strong>de</strong> 3 000 cavaliers ennemis surgirent d’un plis <strong>de</strong> terrain,<br />
fondirent sur la droite <strong>de</strong> notre infanterie qui fut bousculée<br />
<strong>et</strong> sabrée avant d’avoir pu se m<strong>et</strong>tre en défense. Nos fantassins se<br />
réfugièrent dans Michelsdorf, où se trouvaient fort heureusement<br />
<strong>de</strong>ux tirailleurs d’une autre Division qui empêchèrent l’ennemi <strong>de</strong><br />
pénétrer dans le village <strong>et</strong> lui firent essuyer quelques pertes.<br />
L’engagement dura seulement quelques minutes : les escadrons<br />
aalliés qui, <strong>de</strong> suite, s’étaient trouvés dans le plus grand<br />
désordre, se r<strong>et</strong>irèrent rapi<strong>de</strong>ment pour aller se rallier sur les hauteurs<br />
<strong>de</strong> Pahlsdorf.<br />
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268<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
<strong>La</strong> Division Puthod, qui s’était avancé au pas <strong>de</strong> course,<br />
prit position à Michelsdorf ; le gros du 5 ème Corps s’établit en arrière<br />
<strong>de</strong> Haynau.<br />
<strong>La</strong> Division Maisons, dont l’effectif, le 26 au matin, était<br />
inférieur à 4 000 hommes, avait perdus dans c<strong>et</strong>te échauffourée<br />
environ 1 000 tués, blessés ou faits prisonniers. Le désastre eût<br />
été bien plus compl<strong>et</strong> si la Divisions’était laissée entraîner plus à<br />
l’Est <strong>de</strong> Michelsdorf <strong>et</strong> si l’annonce <strong>de</strong> l’arrivée prochaine <strong>de</strong>s<br />
colonnes du 7 ème Corps n’avait pas déterminé le commandant <strong>de</strong><br />
l’arrière-gar<strong>de</strong> alliée, le Général Zi<strong>et</strong>hen, à donner le signal <strong>de</strong><br />
l’attaque plus tôt qu’il n’était convenu.<br />
Les pertes <strong>de</strong> l’ennemi s’élevaient à 300 hommes, dont le<br />
Colonel Dolfs, le commandant <strong>de</strong> la réserve <strong>de</strong> cavalerie du<br />
Corps <strong>de</strong> Blücher, qui avait été tué rai<strong>de</strong>.<br />
Le 7 ème Corps avait reçu un premier ordre lui prescrivant<br />
<strong>de</strong> prendre position à la gauche du 5 ème sur la route <strong>de</strong> Glogau.<br />
Mais, un rapport du Maréchal Victor ayant fait connaître que<br />
l’ennemi n’avait personne du côté <strong>de</strong> Glogau, Napoléon avait<br />
annulé l’ordre dont nous venons <strong>de</strong> parler <strong>et</strong> prescrit au Général<br />
Reynier d’aller s’établir à Steinsdorf, à la droite du 5è.<br />
Le Maréchal Marmont, r<strong>et</strong>ardé par son artillerie qui avait<br />
eu beaucoup <strong>de</strong> mal à franchir la Bober, avait quitté Jaschwitz<br />
assez tard <strong>et</strong> s’était porté par Gross-Hartmannsdorf sur Wilhemsdorf,<br />
où il avait été rejoint par les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cavalerie <strong>de</strong><br />
<strong>La</strong>tour-Maubourg ; à 2 h du soir, bien que l’avant-gar<strong>de</strong> du 4 ème<br />
Corps, qui marchait à droite du 6è, fût assez loin en arrière, le<br />
Maréchal Marmont s’apprêtait à continuer son mouvement sur<br />
Goldberg, « quand quelques coups <strong>de</strong> canon se firent entendre du côté du<br />
Sud <strong>et</strong> en même temps, on vit s’élever un épais nuage <strong>de</strong> poussière révélant la<br />
présence d’une forte colonne en marche sur la route <strong>de</strong> Goldberg ».<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 269<br />
Marmont lança aussitôt sa cavalerie droit sur Pilgrainsdorf<br />
; malheureusement, quand celle-ci atteignit le village, il était<br />
déjà nuit. L’ennemi, ayant occupé une forte position sur les hauteurs<br />
à l’Est, le Maréchal, dont l’avant-gar<strong>de</strong> d’infanterie était encore<br />
à une <strong>de</strong>mi-lieue en arrière, crut pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> suspendre le<br />
mouvement commencé <strong>et</strong> fit prendre position à ses troupes sur<br />
Graditz.<br />
Le 4 ème Corps, qui avait passé la Bober à Gross-Raschwitz,<br />
atteignit Deutmansdorf à 7 h 30 du soir.<br />
Le 11 ème Corps, obligé d’attendre les détachements qu’il<br />
avait envoyés au sud <strong>de</strong> la ville, s’était mis en mouvement très<br />
tard : il ne put dépasser <strong>La</strong>uterseifen.<br />
Le Quartier général était resté à Bunzlau, où s’était arrêté<br />
la Vieille Gar<strong>de</strong> ; la Jeune Gar<strong>de</strong> avait poussé jusqu’à Thomaswald<br />
; le 8 ème Corps avait porté sa tête à Bunzlau ; la Division<br />
Marchand à mi-chemin <strong>de</strong> Görlitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bunzlau.<br />
Le 2 ème Corps n’avait pas pu atteindre Sprottau ; sa cavalerie<br />
avait occupé Puschkau <strong>et</strong> Loos <strong>et</strong> son infanterie, Menkammer<br />
<strong>et</strong> Z<strong>et</strong>sau.<br />
27 mai – Le 27, nos corps d’armée exécutèrent les mouvements<br />
suivants :<br />
- le 5 ème Corps se porta d’Haynau sur Leignitz <strong>et</strong> s’établit à<br />
l’Est <strong>de</strong> la ville, vers Gross Reckern ;<br />
- le 7 ème Corps,marchant à droite du 5è, se plaça à sa hauteur,<br />
observant du côté <strong>de</strong> Janer ;<br />
- le Quartier général <strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> se rendirent à Leignitz ;<br />
- le 3 ème Corps s’avança jusqu’à Haynau, la Division Marchand<br />
occupa Bunzlau.<br />
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270<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Le Maréchal Marmont, qui avait reçu pour instruction<br />
d’appuyer soit sur Leignitz, soit sur Goldberg, « selon que les<br />
renseignements qu’il recueillerait lui montrerait le gros <strong>de</strong> l’armée<br />
adverse dans l’une ou l’autre <strong>de</strong> ces directions », se dirigea vers<br />
Kroitzsch afin <strong>de</strong> couper la route <strong>de</strong> Goldberg à Leignitz.<br />
Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps continuèrent leur mouvement sur<br />
Goldberg. Le 11 ème Corps trouva une forte arrière-gar<strong>de</strong> ennemie<br />
en position entre Pilgramsdorf <strong>et</strong> Goldberg ; il attaqua avec vigueur<br />
<strong>et</strong> le combat prit, <strong>de</strong> suite, une tournure très vive. Le Maréchal<br />
Macdonald lança contre la cavalerie adverse la Division du 1 er<br />
Corps <strong>de</strong> cavalerie mise à sa disposition mais, bien que le Maréchal<br />
eût conduit en personne la <strong>de</strong>rnière charge, nous eûmes le<br />
<strong>de</strong>ssous ; « les cuirassiers avaient fait leur <strong>de</strong>voir, mais les autres régiments<br />
ne les avaient pas soutenus » 1 . L’ennemi céda <strong>de</strong>vant les attaques <strong>de</strong><br />
notre infanterie ; le 11 ème Corps s’empara <strong>de</strong> Goldberg <strong>et</strong> prit position<br />
en avant, entre les <strong>de</strong>ux routes <strong>de</strong> Leignitz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Janer, en<br />
liaison avec le 6 ème Corps établi à Kroitzsch.<br />
Le 4 ème avait voulu suivre le mouvement du 11 ème ; mais, le<br />
6 ème Corps lui ayant coupé la route, il s’était arrêté à Giersdorf.<br />
Pas plus que les jours précé<strong>de</strong>nts, nous n’avions réussi à<br />
m<strong>et</strong>tre la main sur les arrière-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s alliés.<br />
Le 2 ème Corps avait occupé Sprottau <strong>et</strong> enlevé, chemin faisant,<br />
un convoi d’artillerie russe égaré <strong>de</strong> ce côté.<br />
Le 28 – Les Corps <strong>de</strong> la gauche ne bougèrent pas ; le 6 ème Corps<br />
franchit la Hatzbach vers Kroitzsch <strong>et</strong> culbuta un détachement<br />
ennemi <strong>de</strong> plusieurs milliers d’hommes ( ?) ; le 11 ème Corps poussa<br />
jusqu’à Janer ; le 4 ème s’établit à Selsloup <strong>et</strong> Hermansdorf ; le 2 ème<br />
1 Rapport du Maréchal Macdonald.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 271<br />
Corps se rabattit sur Primkenau, d’où il entra en communication<br />
avec Glogau, dont les alliés venaient <strong>de</strong> lever le siège.<br />
Les négociations entamées<strong>de</strong>puis <strong>Lutzen</strong> pour la conclusion<br />
d’un armisticesemblaient sur le point d’aboutir ; pour le cas<br />
où l’on traiterait sur la base <strong>de</strong> « l’utis possi<strong>de</strong>tis », Napoléon jugea<br />
utile <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre la main sur Breslau.<br />
29 mai. – Le 29 au matin, pendant que le 3 ème Corps remplaçait le<br />
5 ème dans ses positions en avant <strong>de</strong> Leignitz <strong>et</strong> que la Division<br />
Marchand serrait sur Haynau, les 5 ème <strong>et</strong> 7 ème Corps, suivis par la<br />
Gar<strong>de</strong>, s’avancèrent vers Menmarkt.<br />
Le 5 ème Corps d’établit à Kammendorf, moins la Division<br />
Maisons qui se porta au Nord <strong>de</strong> Menmarkt, face à Pfaljendorf.<br />
Quant au 7 ème Corps, auquel le Maréchal Ney avait prescrit<br />
<strong>de</strong> se maintenir à hauteur du 4è, il fut arrêté à Kloster-Waldstadt<br />
par un ordre <strong>de</strong> l’Empereur. Ney, qui n’avait pas été prévenu<br />
en temps utile, fut très mécontent : dans un accès <strong>de</strong> mauvaise<br />
humeur, il écrivit au Major Général pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r « <strong>de</strong> le<br />
faire remplacer à la tête <strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong>, ses blessures le fatiguant beaucoup <strong>et</strong><br />
ne lui perm<strong>et</strong>tant pas <strong>de</strong> monter à cheval ». Ce n’est pas sans peine que<br />
l’on parvint à calmer son irritation. C<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt avait une certaine<br />
importance car il était un symptôme du découragement auquel<br />
nos généraux commençaient à se laisser aller.<br />
30 mai. – Le 30, le 5 ème Corps ne bougea pas ; le 7 ème se porta à sa<br />
hauteur ; la Gar<strong>de</strong> serra sur Menmarkt où le Quartier général<br />
s’établit très tard dans la soirée ;<br />
Le 6 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie se portèrent sur<br />
Eisendorf <strong>et</strong> Ober-Moys pour prendre une position intermédiaire<br />
entre la gauche <strong>et</strong> la droite, formée <strong>de</strong>s 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps qui<br />
avaient ordre <strong>de</strong> s’avancer jusqu’à Striegau.<br />
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272<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps se bornèrent à déboucher au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> Jauer ; le Maréchal Macdonald, qui avait appris que la majeure<br />
partie <strong>de</strong> l’armée alliée se repliait sur Schweidnitz, n’avait pas jugé<br />
pru<strong>de</strong>nt d’aller plus avant.<br />
Le 2 ème Corps, continuant son mouvement vers l’Est, gagna<br />
Maudten.<br />
31 mai. – Le 31, le 5 ème Corps se mit en mouvement à 11 h du<br />
matin, refoulant <strong>de</strong>vant lui le détachement du Général Schuhler<br />
(5 à 6 000 hommes) accouru <strong>de</strong> Glogau pour essayer <strong>de</strong> couvrir<br />
Breslau le plus longtemps possible ; il s’arrêta après avoir franchi<br />
la Weistritz ; à 7 h du soir, sur l’ordre <strong>de</strong> l’Empereur, le corps<br />
d’armée se remit en marche mais, la nuit étant arrivée <strong>et</strong> le détachement<br />
ennemi continuant à tenir ferme, il dut s’arrêter à Menkirch.<br />
Le 7 ème Corps prit position à Ornaldsmühl, le Quartier général<br />
<strong>et</strong> la Gar<strong>de</strong> restèrent à Menmarkt ; le 3 ème Corps serra sur<br />
c<strong>et</strong>te ville, la Division Marchand sur Leignitz ; le 6 ème Corps resta<br />
à Eisendorf.<br />
Les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps avaient reçu l’ordre d’occuper<br />
Striegau. Le 4 ème marcha par Prossen sur Gross-Rosen, où il trouva<br />
établie une arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques milliers d’hommes ; le<br />
Général Bertrand, s’exagérant les forces adverses en présence, se<br />
crut obligé à beaucoup <strong>de</strong> circonspection ; ses troupes, engagées<br />
les unes après les autres, furent facilement contenue par un ennemi<br />
inférieur en nombre. Le Maréchal Macdonald, inqui<strong>et</strong> plus<br />
que <strong>de</strong> raison pour sa droite, avait voulu attendre, pour faire<br />
avancer le 11 ème Corps, que le 4 ème eût contraint à la r<strong>et</strong>raite<br />
l’adversaire qu’il avait en tête. Voyant que le combat traînait, il se<br />
dirigea auprès du Général Bertrand, auquel il conseilla d’agir en<br />
vigueur, lui affirmant qu’il n’avait que peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant lui.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 273<br />
Bertrand ne crut pas <strong>de</strong>voir se rendre à c<strong>et</strong> avis ; craignant d’être<br />
compromis, il résolut <strong>de</strong> se replier sur Janer.<br />
Le Maréchal Macdonald, prévenu par lui, fit immédiatement<br />
rétrogra<strong>de</strong>r le 11 ème Corps sur ses positions du matin ; les<br />
troupes du 4 ème Corps en firent autant au milieu <strong>de</strong> la nuit.<br />
Dans les rapports qu’ils adressèrent à l’Empereur, le Maréchal<br />
Macdonald <strong>et</strong> le Général Bertrand ne manquèrent pas <strong>de</strong><br />
rej<strong>et</strong>er l’un sur l’autre la responsabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong> insuccès, responsabilité<br />
qui incombait à tous les <strong>de</strong>ux pour une part égale.<br />
Napoléon reçut en même temps communication d’un<br />
rapport <strong>de</strong> Marmont adressé au Major Général <strong>et</strong> dans lequel on<br />
relevait le passage suivant écrit en chiffres :<br />
« Je vous supplie <strong>de</strong> me perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> vous prier <strong>de</strong> faire observer à<br />
l’Empereur que je suis dans un pays tout à fait ouvert ; sans aucune espèce <strong>de</strong><br />
point d’appui <strong>et</strong> sans qu’il y ait à portée une position déterminée <strong>et</strong> qui puisse<br />
équivaloir à une augmentation <strong>de</strong> forces <strong>et</strong> qu’avec assez peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, je suis<br />
très loin <strong>de</strong> tout secours. Si j’étais attaqué par <strong>de</strong>s forces considérables, il<br />
serait difficile que le Général Bertrand <strong>et</strong> Macdonald arrivassent à temps<br />
pour me secourir, car leur marche rencontrerait bien <strong>de</strong>s obstacles avant qu’ils<br />
pussent me joindre. Enfin, nous sommes bien près <strong>de</strong> l’ennemi,<br />
divisés quand il est rassemblé <strong>et</strong> en masse.<br />
« L’ennemi a reporté ses troupes <strong>de</strong> Striegau sur tout mon front : la<br />
poursuite continuelle pendant la journée me l’indique ».<br />
(En clair) « Il est difficile ou plutôt impossible d’être en communication<br />
directe avec Macdonald en raison <strong>de</strong> la nombreuse cavalerie que<br />
l’ennemi a sur son flanc <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> distance d’ici (Eisendorf) à Jauer <strong>et</strong> si<br />
je <strong>de</strong>vais marcher à son secours, ma marche serait lente <strong>et</strong> difficile, comme elle<br />
l’a été hier, sous peine <strong>de</strong> perdre, avant <strong>de</strong> combattre, un grand nombre <strong>de</strong><br />
soldats ».<br />
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274<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Voici la réponse <strong>de</strong> Napoléon à ce cri d’alarme que rien<br />
ne justifiait :<br />
Au Major Général. Menmarkt, 31 mai 1813, 11 h ½ soir.<br />
« Ecrivez sur-le-champ au duc <strong>de</strong> Raguse que vous avez reçu sa l<strong>et</strong>tre<br />
d’aujourd’hui... que le 3 ème Corps est à Diezdorf <strong>et</strong> le Général<br />
<strong>La</strong>tour-Maubourg à Moys ; que <strong>de</strong> Diezdorf à Moys, il n’y a<br />
que 3 300 toises, que vous ne concevez pas comment il se<br />
trouve en l’air, ayant trois Divisions <strong>et</strong> un Corps <strong>de</strong> cavalerie<br />
<strong>et</strong> à 3 000 toises <strong>de</strong> l’armée. Dites lui que, dans ce genre <strong>de</strong> guerre, il<br />
faut éviter <strong>de</strong> se trop serrer <strong>et</strong> que, les Russes ayant beaucoup <strong>de</strong> cavalerie,<br />
leur situation est toute différente....<br />
« Dites lui qu’il n’entre pas dans les détails qu’il fasse connaître s’il<br />
a <strong>de</strong>vant lui <strong>de</strong> l’infanterie ; que toutes les reconnaissances faites près <strong>de</strong> son<br />
camp n’ont vu que <strong>de</strong> la cavalerie fort loin ; qu’on assure aussi avoir entendu<br />
une canonna<strong>de</strong> aujourd’hui entre Zohtenberg <strong>et</strong> Schweidnitz ou Striegau <strong>et</strong><br />
qu’il fasse connaître s’il n’a rien entendu. Recomman<strong>de</strong>z lui <strong>de</strong> vous faire<br />
savoir, <strong>de</strong>main à la pointe du jour, ce qu’il a <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>vant lui <strong>et</strong> répétez<br />
lui qu’il faut éviter <strong>de</strong> prendre une position trop serrée, qui<br />
empêche les armes <strong>de</strong> se déployer <strong>et</strong> donne un grand avantage<br />
à la cavalerie ennemie.<br />
« Dites lui que tout ce qui est à Menmarkt <strong>et</strong> à Diezdorf viendrait<br />
rapi<strong>de</strong>ment à son secours, <strong>de</strong> tâcher <strong>de</strong> communiquer avec le duc <strong>de</strong> Tarente <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> vous donner <strong>de</strong> ses nouvelles ; qu’avec la cavalerie du Général<br />
<strong>La</strong>tour-Maubourg, en la faisant soutenir par quelques bataillons<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie, il aurait pu pousser très loin aujourd’hui<br />
ses reconnaissances <strong>et</strong> savoir positivement ce qu’il<br />
a <strong>de</strong>vant lui ; il paraît qu’il n’en a rien fait, puisqu’il a <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s là<strong>de</strong>ssus...<br />
<strong>et</strong>c. ».<br />
<strong>La</strong> leçon était donnée <strong>de</strong> main <strong>de</strong> maître.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 275<br />
Les inci<strong>de</strong>nts que nous venons <strong>de</strong> rapporter montre à quel<br />
<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> lassitu<strong>de</strong> morale en étaient arrivés nos généraux, obligés<br />
<strong>de</strong> manœuvrer sans cesse avec une cavalerie peu nombreuse <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
qualité médiocre contre un ennemi disposant d’une excellente<br />
cavalerie, d’un effectif plus que double, toujours prête à fondre à<br />
l’improviste sur celles <strong>de</strong> nos troupes qui se gardaient mal. C<strong>et</strong>te<br />
guerre à tâtons était bien faite pour provoquer l’événement chez<br />
les commandants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s unités.<br />
1 er juin. – Le 1 er juin, l’Empereur, avisé que le gros <strong>de</strong> l’armée<br />
adverse s’était replié sur Schweidnitz, orienta ses corps d’armée<br />
dans c<strong>et</strong>te direction (voir le croquis).<br />
- 5 ème Corps, un détachement à Breslau, trois Divisions à<br />
Kryptan<strong>et</strong> Mochkbern face au sud, une Division à Pürschwitz<br />
;<br />
- 7 ème Corps à Pürschwitz, gardant par ses avant-postes les<br />
débouchés vers Kant <strong>et</strong> Kostenbluth ;<br />
- la Division <strong>de</strong> cavalerie légère Chastel à Hartlieb ;<br />
- le 3 ème Corps au sud <strong>de</strong> Menmarkt appuyant sa droite à Michelsdorf<br />
;<br />
- le 6 ème Corps <strong>et</strong> le 1 er Corps <strong>de</strong> cavalerie (2 Divisions) dans<br />
leurs positions d’Eisendorf <strong>et</strong> <strong>de</strong> Moys ;<br />
- les 4 ème <strong>et</strong> 11 ème Corps à Jauer ;<br />
- le 2 ème Corps fut invitéà se tenir prêt à se rendre à Sargau<br />
pour coopérer aux opérations sur Berlin avec le 12 ème Corps.<br />
Comme les mouvements en cours modifiaient à chaque<br />
instant la situation <strong>et</strong> rendaient très difficile la conclusion <strong>de</strong><br />
l’armistice pour lequel on négociait, on convint d’arrêter les opérations<br />
pendant trente-six heures, puis pendant trois fois vingtquatre<br />
heures.<br />
Le 2 juin, dans un conseil <strong>de</strong> guerre tenu à Schweidnitz,<br />
Barclay fit observer que, si au cours <strong>de</strong>s négociations, les Français<br />
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276<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
faisaient serrer leurs troupes du cöté du Breslau, l’armée serait<br />
exposée à être coupée <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r.<br />
Les souverains alliés reconnurent qu’il y avait là un danger<br />
sérieux <strong>et</strong> décidèrent que l’on appuierait vers l’Est <strong>de</strong> manière à se<br />
placer à portée <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r comprise entre Brieg <strong>et</strong><br />
Ohlau, sur laquelle on ferait j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts.<br />
En conséquence, le 3 juin, les coalisés se portèrent <strong>de</strong> Pilzen<br />
à Hei<strong>de</strong>rsdorf.<br />
C<strong>et</strong>te disposition provoqua le mécontentement <strong>de</strong> tous les<br />
généraux prussiens qui ne voulaient pas entendre parler<br />
d’abandonner la Silésie.<br />
Blücher <strong>et</strong> York écrivirent au roi Frédéric pour lui proposer,<br />
au cas où les Russes se r<strong>et</strong>ireraient en Pologne, <strong>de</strong> se séparer<br />
d’eux pour se replier d’une position à l’autre le long du pied <strong>de</strong> la<br />
chaîne <strong>de</strong> montagnes qui limite le comté <strong>de</strong> Glatz, pendant que la<br />
<strong>La</strong>ndwehr se rassemblerait à portée <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> Meisse <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Glatz.<br />
Le moment était <strong>de</strong>s plus critiques pour les alliés ; les<br />
troupes très réduites, fatiguées à l’extrême, commençaient à se<br />
laisser aller au découragement ; les généraux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations<br />
étaient en compl<strong>et</strong> désaccord, ainsi que nous venons <strong>de</strong> le voir, au<br />
suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la direction à donner aux opérations.<br />
Les renforts russes étaient encore très éloignés du théâtre<br />
<strong>de</strong> la lutte ; quant aux <strong>La</strong>ndwehr prussiens, faute d’armes 1 <strong>et</strong><br />
1 Des milliers <strong>de</strong> fusils fabriqués en Autriche pour le compte du<br />
Gouvernement prussien <strong>et</strong> <strong>de</strong>stinés à l’armement <strong>de</strong> la <strong>La</strong>ndwehr<br />
avaient été reconnus inutilisables au moment <strong>de</strong> leur livraison, attendu<br />
qu’on avait oublié <strong>de</strong> percer les lumières : il avait fallu les renvoyer en<br />
manufacture.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 277<br />
d’eff<strong>et</strong>s d’habillement, il n’était pas possible <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre sur pied<br />
avant plusieurs semaines.<br />
L’Autriche, faisait, il est vrai, les plus belles promesses,<br />
mais son armée <strong>de</strong> Bohème n’était pas prête <strong>et</strong> ne pouvait l’être<br />
avant un grand mois.<br />
Aujourd’hui, on peut facilement se rendre compte que siles<br />
opérations eussent continué encore pendant quelques jours,<br />
c’en était fait <strong>de</strong> la coalition ; malheureusement, il était impossible<br />
à Napoléon <strong>de</strong> se douter jusqu’à quel point était difficile la position<br />
<strong>de</strong>s alliées.<br />
Les effectifs <strong>de</strong> nos troupes fondaient à vue d’œil ; nos<br />
généraux, fatigués <strong>et</strong> énervés, n’avaient plus le sentiment exact<br />
<strong>de</strong>s choses. Les partisans <strong>de</strong> l’ennemi, dont l’audace allait toujours<br />
croissant, parcouraient le pays sur nos <strong>de</strong>rrières, poussant leurs<br />
pointes jusqu’à Erfurt <strong>et</strong> Brunswick, enlevant nos détachements<br />
<strong>et</strong> nos convois ; il fallait prévoir qu’avant peu, on serait contraint<br />
d’employer <strong>de</strong> grosses colonnes pour les m<strong>et</strong>tre à la raison.<br />
Malgré toute son activité <strong>et</strong> toute son énergie, Napoléon<br />
n’avait pu rendre la poursuite assez vive pour entamer sérieusement<br />
ses adversaires ; du 22 mai au 1 er juin, en onze jours, l’armée<br />
française n’avait avancé que <strong>de</strong> quarante quatre lieues (distance<br />
mesurée à vol d’oiseau). De plus, en adm<strong>et</strong>tant que l’ennemi<br />
s’arrêtât encore une fois pour recevoir la bataille, il était peu probable<br />
qu’on remportât une victoire plus complète qu’à <strong>Lutzen</strong> <strong>et</strong><br />
à Bautzen.<br />
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278<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
On exposera brièvement ce qui s’était passé sur les <strong>de</strong>rrières<br />
<strong>de</strong> l’armée française pendant qu’elle s’avançait <strong>de</strong> Bautzen<br />
jusqu’à Breslau 1 .<br />
Coup <strong>de</strong> main tenté par les coalisés contre Leipzig.<br />
Profitant <strong>de</strong> ce que l’Elbe moyen était absolument dégarni,<br />
les Cosaques <strong>de</strong> Tschernitchew avaient repris leurs incursions<br />
sur la rive droite <strong>de</strong> l’Elbe.<br />
Le 25 mai, ils détruisaient, près <strong>de</strong> Halle, un régiment <strong>de</strong><br />
marche <strong>de</strong> cavalerie ; le 30, ils enlevaient, près d’Halbersadt un<br />
convoi d’artillerie escorté par 1 600 fantassins, westphaliens, il est<br />
vrai <strong>et</strong> contraignaient une colonne <strong>de</strong> quatre bataillons, accourue<br />
<strong>de</strong> Brunswick, à se replier sur c<strong>et</strong>te ville.<br />
A Leipzig, où se trouvait le Grand parc d’artillerie<br />
<strong>de</strong>l’armée <strong>et</strong> un important dépôt <strong>de</strong> prisonniers, nous n’avions,<br />
pour toute garnison, que 2 à 3 000 convalescents très mal encadrés<br />
<strong>et</strong> une Division <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> cavalerie encadrée par le Général<br />
Orrighi <strong>et</strong> composé entièrement <strong>de</strong> conscrits ne sachant<br />
même pas se tenir à cheval. Le Commandant <strong>de</strong> la place, le Général<br />
Bertrand, avait exprimé à diverses reprises, l’inquiétu<strong>de</strong> que lui<br />
causait c<strong>et</strong>te situation en présence <strong>de</strong> l’audace croissante <strong>de</strong>s partisans<br />
ennemis.<br />
L’événement ne <strong>de</strong>vait pas tar<strong>de</strong>r, d’ailleurs, à justifier ses<br />
craintes ; en eff<strong>et</strong>, le Général Worouzow, qui était chargé<br />
1 Afin <strong>de</strong> ne pas trop allonger ce récit, on passera sous silence les<br />
divers détachements <strong>de</strong> partisans prussiens <strong>et</strong> russes qui, à partir <strong>de</strong><br />
<strong>Lutzen</strong>, ne cessèrent <strong>de</strong> battre l’estra<strong>de</strong> en Saxe, en Thüringe <strong>et</strong> même<br />
en Franconie, semant partout l’alarme <strong>et</strong> le désordre. Grâce à la connivence<br />
<strong>de</strong>s habitants, grâce aussi à la faiblesse numérique <strong>de</strong> nos troupes<br />
d’étapes, ces détachements purent opérer en toute sécurité, ce qui expliquent<br />
lahardiesse dont ils firent preuve.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 279<br />
d’observer Mag<strong>de</strong>burg, laissant <strong>de</strong>vant c<strong>et</strong>te place un millier <strong>de</strong><br />
cavaliers <strong>et</strong> 7 000 hommes <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndwehr prussienne, franchit<br />
l’Elbe, près <strong>de</strong> Dessau, dans la nuit du 5 au 6 juin, avec 5 000<br />
cavaliers <strong>et</strong> fantassins <strong>et</strong> se dirigea à marches forcées vers Leipzig,<br />
faisant transporter son infanterie sur <strong>de</strong>s voitures ; il avait donné<br />
ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>vant la ville à Tschernitchew, qui opérait alors du<br />
côté <strong>de</strong> Bernburg avec 1 200 cavaliers.<br />
Le 7 juin, à l’aube, les <strong>de</strong>ux colonnes ennemies parurent à<br />
l’improviste <strong>de</strong>vant Leipzig, bousculèrent en un instant nos cavaliers<br />
novices <strong>et</strong> allaient pénétrer dans la ville quand nos généraux<br />
les arrêtèrent, non sans peine, en leur notifiant l’armistice.<br />
Opérations <strong>de</strong> Bülow – Combats d’Hoyerswerda <strong>et</strong> <strong>de</strong> Luckau.<br />
Nous savons que le Maréchal Oudinot, après la bataille <strong>de</strong><br />
Bautzen, avait reçu la mission <strong>de</strong> marcher sur Berlin avec son<br />
corps d’armée, renforcé <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> mixte du Général <strong>de</strong> Beaumont<br />
(4 escadrons westphaliens, 2 bataillons du 6 ème Corps <strong>et</strong> 2<br />
canons).<br />
L’obligation <strong>de</strong> rassembler ses troupes, qui étaient très<br />
dispersées, ne permit pas au Maréchal <strong>de</strong> commencer son mouvement<br />
avant le 26 mai. Le 27, il atteignit Hoyerswerda avec tout<br />
son mon<strong>de</strong>.<br />
Le Général Bülow, qui était chargé <strong>de</strong> couvrir Berlin, avait<br />
réussi, à force d’activité, à réunir, une trentaine <strong>de</strong> mille hommes,<br />
dont il est vrai, beaucoup <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndwehr, sans gran<strong>de</strong> consistance<br />
mais qui faisaient nombre.<br />
Au moment <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Bautzen, voyant que les<br />
Corps français, qui avaient opéré jusque là par Wittenberg <strong>et</strong> Tor-<br />
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280<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
gau, semblant menacer Berlin, étaient rabattus vers le Sud, le Général<br />
prussien avait marché dans la direction <strong>de</strong> Lückau.<br />
Après Bautzen, Wittgenstein lui avait envoyé l’ordre<br />
d’opérer activement contre le flanc gauche <strong>de</strong> l’armée française.<br />
Le 28 mai, informé que les Français venaient d’occuper<br />
Hoyerswerda <strong>et</strong> voyant qu’il s’agissait d’un faible détachement, il<br />
vint attaquer la ville avec son avant-gar<strong>de</strong> <strong>et</strong> se trouva aux prises<br />
avec le 12 ème Corps. Complètement battu, il fit sa r<strong>et</strong>raite précipitamment<br />
après avoir subi <strong>de</strong>s pertes considérables.<br />
Tenu au courant <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong>s Français en Silésie <strong>et</strong><br />
prévenu que le Maréchal Victor se portait sur Sargau, avec un<br />
gros Corps d’armée, il se replia dans la direction <strong>de</strong> Kottbus <strong>et</strong>,<br />
maladroitement, dispersa ses troupes sur une étendue <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
100 km, voulant à la fois couvrir Krossen (sur l’O<strong>de</strong>r) <strong>et</strong> Berlin.<br />
Si Oudinot avait marché droit sur Lückau, qui était le<br />
point <strong>de</strong> concentration obligé <strong>de</strong>s détachements prussiens, il aurait<br />
eu beau jeu <strong>de</strong> les détruire les uns après les autres, mais il ne<br />
sut pas prendre un parti en temps utile. C’est seulement le 4 juin<br />
qu’il s’avança vers Lückau. Bülow, comprenant le danger qui le<br />
menaçait, fit converger ses détachements à marches forcées sur<br />
c<strong>et</strong>te ville ; le 6 juin, au matin, il avait réussi à réunir la presque<br />
totalité <strong>de</strong> ses forces, lorsque les Français parurent <strong>de</strong>vant Lückau.<br />
<strong>La</strong> position <strong>de</strong>s Prussiens était presque inexpugnable ; Oudinot,<br />
qui s’entêta à vouloir l’attaquer <strong>de</strong> front, ne put réussir à<br />
l’enlever. Il dut ramener sur Uebigau son corps d’armée qui avait<br />
perdu près <strong>de</strong> 2 000 hommes.<br />
<strong>La</strong> fatigue <strong>de</strong>s troupes prussiennes ne permit pas tout<br />
d’abord à Bülow <strong>de</strong> poursuivre le 12 ème Corps ; le 9 juin, il allait se<br />
m<strong>et</strong>tre en mouvement quand il apprit la nouvelle <strong>de</strong> l’armistice.<br />
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Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 281<br />
Opérations sur le Bas-Elbe. – Le Maréchal Davout réoccupe<br />
Hamburg<br />
En revanche, sur l’Elbe inférieur, grâce à l’habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> à<br />
l’énergie du Maréchal Davout, nos affaires avaient pris une tournure<br />
favorable : le Corps <strong>de</strong> Vandamme serrait Hamburg <strong>de</strong> très<br />
près.<br />
Le roi <strong>de</strong> Danemark, qui s’était enfin décidé à faire cause<br />
commune avec nous, ordonna à une Division danoise <strong>de</strong> 8 000<br />
hommes, qui se trouvait à Altona, <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre à la disposition du<br />
Maréchal Davout.<br />
Le 30 mai, nos troupes occupèrent Hamburg.<br />
Aux termes <strong>de</strong> l’armistice du 4 juin, il était convenu qu’on<br />
adopterait pour ligne <strong>de</strong> démarcation entre les <strong>de</strong>ux armées la<br />
Hatzbach afin <strong>de</strong> laisser Breslau comme neutre ; qu’après la Hatzbach,<br />
on prendrait l’O<strong>de</strong>r, ce qui nous assurait la basse Silésie<br />
pour y stationner <strong>et</strong> y vivre ; après l’O<strong>de</strong>r, l’ancienne frontière, qui<br />
avait toujours séparé la Saxe <strong>de</strong> la Prusse, ce qui laissait en notre<br />
possession tous les Etats <strong>de</strong> la Saxe ; enfin, la ligne <strong>de</strong> l’Elbe <strong>de</strong>puis<br />
Wittenberg jusqu’à la mer, sauf ce qui serait advenu <strong>de</strong>s villes<br />
hanséatiques. Il fut stipulé, en outre, que les garnisons bloquées<br />
<strong>de</strong> la Vistule <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r seraient successivement approvisionnées<br />
à prix d’argent.<br />
Le jour même <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’armistice, on apprit que<br />
Hamburg <strong>et</strong> les villes hanséatiques étaient rentrées dans les mains<br />
du Maréchal Davout, ce qui nous en assurait la possession pendant<br />
la suspension d’armes 1 .<br />
1 Thiers – Histoire du Consulat <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Empire.<br />
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282<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Paris, le 25 août 1898<br />
Le Chef <strong>de</strong> Bataillon <strong>La</strong>nrezac<br />
(signature)<br />
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usse)<br />
Appendice 2<br />
Ordre donné pour la journée du 19 avril – 1 er mai (armée<br />
Le Corps du Général <strong>de</strong> cavalerie Blücher formera <strong>de</strong>ux<br />
colonnes. <strong>La</strong> colonne <strong>de</strong> droite se trouvera <strong>de</strong>main matin à 5 h, à<br />
Storknitz ; celle <strong>de</strong> gauche sera rendue à la même heure à Harsdorf,<br />
non loin <strong>de</strong> Pégau. A 6 h, ce Corps aura franchi le canal <strong>et</strong><br />
marchera dans la direction <strong>de</strong> Werben sur Sitteln. Toutefois, la<br />
colonne <strong>de</strong> l’aile gauche traversera le canal une <strong>de</strong>mi-heure avant<br />
celle <strong>de</strong> l’aile droite.<br />
Les Corps <strong>de</strong>s lieutenants généraux York <strong>et</strong> Berg se trouveront<br />
également à 5 h du matin immédiatement en arrière <strong>de</strong>s<br />
colonnes du Général Blücher. Le Corps <strong>de</strong> Berg se dirigea sur<br />
Stockwitz <strong>et</strong> celui d’York prendra le chemin qui conduit<br />
d’Audigast sur Pégau.<br />
Les batteries lour<strong>de</strong>s russes affectées au corps Blücher<br />
marcheront en tête <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> ce général qui en disposera<br />
comme il l’entendra.<br />
Le lieutenant-général baron Wittzengero<strong>de</strong> laissera trois<br />
bataillons d’infanterie <strong>et</strong> une batterie légère pour tenir les défilés<br />
<strong>de</strong> Zwenkau. Il laissera, en outre, les <strong>de</strong>ux régiments <strong>de</strong> cosaques<br />
dans la position qu’ils occupent actuellement <strong>de</strong>vant l’ennemi ; si<br />
ces régiments sont assaillis par l’ennemi, ils se r<strong>et</strong>ireront aussi<br />
lentement que possible dans la direction <strong>de</strong> Zwenkau. Le Général<br />
Wittzengero<strong>de</strong> prescrira à l’officier qui comman<strong>de</strong> qui comman<strong>de</strong><br />
à Zwenkau <strong>de</strong> rendre impraticables tous les points <strong>de</strong> passage <strong>de</strong><br />
l’île entre Zwenkau <strong>et</strong> Leipzig ; il se m<strong>et</strong>tra en relation à ce suj<strong>et</strong><br />
avec le général Kleist. A 6 h du matin, le reste du Corps <strong>de</strong> Wittzengero<strong>de</strong><br />
sera formé en ordre <strong>de</strong> bataille à Werben où il couvrira<br />
la marche du Corps <strong>de</strong> Blücher. A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, le détachement du<br />
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284<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Colonel Oclow étendra sa ligne <strong>de</strong> poste jusqu’au canal <strong>et</strong> surveillera<br />
la route <strong>de</strong> Weissenfels. En même temps, le Général Wittzengero<strong>de</strong><br />
aura sous son comman<strong>de</strong>ment la cavalerie <strong>de</strong> réserve<br />
prussienne <strong>et</strong> cé<strong>de</strong>ra à la colonne <strong>de</strong> Blücher, à Werben, sa compagnie<br />
d’artillerie lour<strong>de</strong>.<br />
A sept heure du matin, la Gar<strong>de</strong> russe sera rendue à Pegau<br />
<strong>et</strong> à Stockwitz, couvrant avec <strong>de</strong> l’infanterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie légère<br />
les défilés <strong>de</strong> Steutsch, Kirsdorf, Werben <strong>et</strong> Stockwitz ; elle formera<br />
la réserve <strong>de</strong> l’armée alliée.<br />
Dès qu’il en recevra l’ordre du Général en Chef, le Général<br />
Blücher marchera en première ligne en obliquant à gauche.<br />
Son aile gauche tâchera <strong>de</strong> gagner aussi rapi<strong>de</strong>ment que possible<br />
le ruisseau qui coule <strong>de</strong> Gross-Grimma à Delitsch (la Grüma).<br />
<strong>La</strong> <strong>de</strong>uxième ligne <strong>et</strong> la réserve se conformeront exactement<br />
aux mouvements exécutés par la première ligne, <strong>de</strong> façon à<br />
pouvoir la soutenir en temps opportun. Elles gar<strong>de</strong>ront leurs distances<br />
pour ne pas avoir à souffrir du feu que l’ennemi dirigerait<br />
contre la première ligne.<br />
Le Général Blücher enverra immédiatement <strong>de</strong> la cavalerie<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artillerie à cheval sur son flanc gauche, au-<strong>de</strong>là du ruisseau<br />
<strong>et</strong> sur les hauteurs qui dominent la rive opposée. Pendant<br />
toute la bataille, il refusera autant que possible son aile droite<br />
qu’il appuiera au canal.<br />
Nous prendront l’offensive <strong>de</strong> ce côté en nous avançant<br />
entre les <strong>de</strong>ux cours d’eau, c’est-à-dire entre la Rippach <strong>et</strong> le canal.<br />
Si l’ennemi cherchait à débor<strong>de</strong>r notre aile droite, l’artillerie agirait<br />
immédiatement contre lui ; l’infanterie, en colonnes <strong>de</strong> bataillon,<br />
suivrait <strong>de</strong> près l’artillerie : elle serait soutenue par la cavalerie. Si<br />
l’ennemi se présentait en forces nombreuses, la cavalerie <strong>de</strong> réserve<br />
<strong>et</strong> l’artillerie à cheval se porteraient rapi<strong>de</strong>ment en avant ;<br />
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Apendices 285<br />
l’artillerie, par son tir à mitraille, le m<strong>et</strong>trait en désordre ; la cavalerie<br />
l’attaquerait ensuite pour le m<strong>et</strong>tre en déroute.<br />
Le Corps du lieutenant-général Kleist n’entrera en action<br />
que lorsqu’il entendra, <strong>de</strong> nôtre côté, un feu bien nourri ; il se<br />
porterait également en avant si l’ennemi, se détournant <strong>de</strong> lui,<br />
marchait sur nous. Si, par contre, il était vivement pressé par un<br />
ennemi supérieur en nombre, il se r<strong>et</strong>irerait sur Wurzen <strong>et</strong> défendrait<br />
le mieux possible la route <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>. Il détruirait le pont<br />
qu’on rencontre sur c<strong>et</strong>te route, ainsi que celui <strong>de</strong> la route<br />
d’Enlenburg <strong>et</strong> resterait en liaison avec nous au moyen <strong>de</strong>s cosaques.<br />
Le Corps du Général d’infanterie Miloradowitch marchera<br />
sur Zeitz. Si l’ennemi, venant <strong>de</strong> Weissenfels, se présentait en<br />
forces <strong>et</strong> dirigeait son action contre notre aile gauche ainsi portée<br />
en avant, la gar<strong>de</strong> russe, placée en réserve Stentsch ferait à gauche<br />
<strong>et</strong> tomberait sur le flanc droit <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
En raison du terrain découvert, les Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />
<strong>et</strong> l’artillerie à cheval pourront rendre les plus grands services.<br />
Le but principal <strong>de</strong> tous nos mouvements consistera à gagner<br />
le flanc droit <strong>de</strong> l’ennemi ; à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, toutes les troupes <strong>de</strong>vront<br />
appuyer à gauche en ayant comme pivot, jusqu’à nouvel<br />
ordre, le village <strong>de</strong> Stentsch. En terrain découvert, les tirailleurs<br />
surtout <strong>de</strong>vront le moins possible s’amuser à tirer : les colonnes<br />
<strong>de</strong> bataillon qui les soutiennent ne <strong>de</strong>vront pas non plus faire<br />
battre la charge. <strong>La</strong> cavalerie, qui sera déployée en ligne, <strong>de</strong>vra<br />
profiter immédiatement <strong>de</strong> tout désordre observé dans les rangs<br />
<strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Chacune <strong>de</strong>s briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’armée alliée détachera un officier<br />
d’ordonnance auprès du Général Commandant en chef,<br />
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286<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Comte <strong>de</strong> Wittgenstein qui, pendant le combat, se tiendra à la<br />
réserve <strong>de</strong> la première ligne, entre celle-ci <strong>et</strong> la secon<strong>de</strong> ligne.<br />
Pour le cas d’une r<strong>et</strong>raite inattendue, celle-ci s’effectuera<br />
entre Altenburg <strong>et</strong> Frohburg : c’est pourquoi le commandant du<br />
corps <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong>s ailes reconnaitront exactement les<br />
chemins qui mènent dans ces <strong>de</strong>ux directions. Tous les bagages<br />
seront dirigés sur Borna. En cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite, ils iront à Dres<strong>de</strong> par<br />
Rochlitz. Les blessés <strong>et</strong> les prisonniers seront envoyés à Frohburg.<br />
Quartier Général <strong>de</strong> Zwenckau,<br />
le 1 er mai 1813, à 11 h ½ du soir<br />
Signé <strong>de</strong> Diebitsch II<br />
Général <strong>de</strong> Briga<strong>de</strong> <strong>et</strong> Quartier-maître général<br />
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Apendices 287<br />
Appendice 3<br />
Extrait <strong>de</strong> l’Ordre donné par le Comte <strong>de</strong> Wittgenstein<br />
avant la bataille.<br />
Dans le cas où <strong>de</strong>s troupes ennemies passeraient la Sprée<br />
en forces, le Général Miloradowitch se r<strong>et</strong>irera sur les hauteurs<br />
entre les villages d’Auritz <strong>et</strong> <strong>de</strong> Klein-Jenkwitz qu’il tiendra le plus<br />
possible : si l’ennemi l’oblige à continuer sa r<strong>et</strong>raite, la cavalerie,<br />
avec la batterie lour<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’artillerie à cheval, passera <strong>de</strong>rrière la<br />
ligne <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> se placera en réserve à gauche <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> ;<br />
mais l’infanterie, avec l’artillerie légère, sous le Prince <strong>de</strong> Wurtemberg,<br />
se r<strong>et</strong>irera sur les hauteurs du village <strong>de</strong> Rieschen. Dès<br />
que l’avant-gar<strong>de</strong> sera arrivée sur la position principale, le comte<br />
Miloradowitch prendra le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> tous les corps russes<br />
<strong>de</strong> l’aile gauche.<br />
Dans le cas où l’ennemi continuerait à se porter en avant,<br />
on <strong>de</strong>vra appliquer les dispositions suivantes : si l’attaque est dirigée<br />
contre les troupes du lieutenant général Kleist, celui-ci sera<br />
d’abord soutenu par les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers <strong>et</strong>, plus tard,<br />
par les autres Corps d’armée qui exécuteront un mouvement <strong>de</strong><br />
flanc vers la droite ; mais, si l’ennemi se j<strong>et</strong>te, avec toutes ses forces,<br />
sur le centre <strong>de</strong> l’armée alliée, le corps du Général Kleist <strong>et</strong><br />
les Divisions <strong>de</strong> cuirrassiers le prendront en flanc ; les réserves <strong>et</strong><br />
l’aile gauche soutiendront alors le Général Blücher, en faisant un<br />
à-droite. Si l’ennemi attaque notre aile gauche avec ses forces<br />
principales, le Corps <strong>de</strong> Kleist <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />
le prendront en flanc <strong>et</strong> à revers ; en même temps, le Corps <strong>de</strong><br />
Blücher exécutera un changement <strong>de</strong> front en portant l’aile droite<br />
en avant, pour rej<strong>et</strong>er l’armée ennemie dans les montagnes ; enfin,<br />
si l’attaque est dirigée simultanément sur les <strong>de</strong>ux ailes <strong>de</strong> l’armée<br />
alliée, la majeure partie <strong>de</strong>s réserves soutiendra l’aile droite du<br />
Général Blücher qui, étant ainsi renforcée, rej<strong>et</strong>tera l’ennemi dans<br />
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288<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
les montagnes. Dans le cas où <strong>de</strong>s forces nombreuses <strong>de</strong> l’ennemi<br />
se porteraient sur Klix, afin <strong>de</strong> couper Barclay <strong>de</strong> Tolly du reste<br />
<strong>de</strong>s troupes alliées, les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers franchiront<br />
aussitôt la Sprée pour se porter contre l’ennemi (?) Elles seront<br />
suivies par le Corps <strong>de</strong> Kleist, celui <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> par toute la<br />
première ligne <strong>de</strong> l’aile gauche sous le prince <strong>de</strong> Gortschakow II ;<br />
la <strong>de</strong>uxième ligne <strong>et</strong> la réserve d’artillerie resteront en position. Le<br />
Général Miloradowitch prendra position à Jenkwitz <strong>et</strong> à Baschütz<br />
<strong>et</strong> se r<strong>et</strong>irera, en cas <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite, sur Löbau <strong>et</strong> Reichembach. Mais,<br />
si les alliés étaient obligés <strong>de</strong> battre directement en r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> la<br />
position qu’ils occupent, les troupes <strong>de</strong> l’aile droite, c’est-à-dire les<br />
Corps <strong>de</strong> Kliest <strong>et</strong> <strong>de</strong> Blücher <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux Divisions <strong>de</strong> cuirassiers<br />
se r<strong>et</strong>ireront sur Weissemberg ; les troupes russes <strong>de</strong> l’aile gauche<br />
iront à Löbau <strong>et</strong> se réuniront au reste <strong>de</strong> l’armée à Reichenbach.<br />
Dès que la bataille commencera, le parc se transportera à Reichenbach<br />
; c’est sur ce point que seront évacués les blessés <strong>et</strong> les<br />
prisonniers.<br />
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A<br />
Albert (division .... 193, 239<br />
Alexandre (l'Empereur). 11,<br />
41, 90, 138, 154, 155,<br />
230, 234, 238, 240, 243,<br />
244, 264<br />
Allemagne ... 7, 8, 9, 12, 21,<br />
25, 31, 37, 47, 90, 109,<br />
110, 111, 153, 289, 310<br />
Altenburg 88, 90, 103, 136,<br />
137, 152, 154, 155, 156,<br />
166, 173, 183, 196, 197,<br />
286<br />
Alt-Jaschwitz................ 262<br />
Altona........................... 281<br />
Angl<strong>et</strong>erre (l') ..... 12, 13, 65<br />
Armée (Gran<strong>de</strong>) .. 7, 14, 15,<br />
21, 22, 24, 29, 32, 72,<br />
179<br />
Aschersleben 102, 117, 126<br />
Augereau (Maréchal) .... 49,<br />
52, 133<br />
Augsburg 27, 114, 133, 197<br />
Aupitz........................... 149<br />
Auritz ... 228, 229, 234, 287<br />
Auspach........................ 125<br />
Austerlitz...................... 256<br />
Autriche..... 8, 9, 12, 13, 56,<br />
104, 108, 109, 112, 138,<br />
In<strong>de</strong>x<br />
154, 191, 195, 246, 247,<br />
276, 277, 310<br />
Autrichiens (les).. 9, 14, 17,<br />
19, 50, 107<br />
B<br />
Ba<strong>de</strong>-Hesse .................... 39<br />
Badois (les) .................. 118<br />
Bamberg 27, 114, 118, 119,<br />
120, 121, 125, 197<br />
Bammiot (général) ....... 194<br />
Barby...................... 94, 136<br />
Barclay <strong>de</strong> Tolly.. 105, 192,<br />
215, 224, 256, 263, 288<br />
Baruch.......................... 239<br />
Baruth.. 236, 238, 239, 240,<br />
255, 259<br />
Basankwitz.. 225, 229, 241,<br />
243<br />
Baschütz...... 222, 224, 231,<br />
234, 240, 243, 244, 245,<br />
248, 288<br />
Bas-Rhin ........................ 73<br />
Bautzen . 12, 33, 60, 63, 72,<br />
89, 191, 192, 197, 198,<br />
202, 203, 204, 205, 206,<br />
207, 208, 209, 210, 211,<br />
212, 213, 215, 216, 219,<br />
220, 221, 222, 223, 228,<br />
229, 230, 232, 233, 234,<br />
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290<br />
236, 238, 242, 243, 245,<br />
246, 247, 248, 250, 251,<br />
253, 254, 256, 257, 261,<br />
263, 264, 277, 278, 279,<br />
280, 291, 294<br />
Bavarois (les) .... 15, 16, 36,<br />
88, 118<br />
Bavière (la)....................... 9<br />
Bavière (roi <strong>de</strong>) 10, 39, 112,<br />
125<br />
Bayreuth...... 102, 103, 114,<br />
118, 119, 120, 125, 126<br />
Beaumont (général)..... 201,<br />
202, 203, 204, 210, 212,<br />
279<br />
Bekendorf (colonel) 18, 57,<br />
62, 91<br />
Bellune (duc <strong>de</strong>)...... 66, 85,<br />
207, 208<br />
Berg (lieutenant-général) 57,<br />
96, 97, 103, 129, 152,<br />
153, 156, 157, 163, 168,<br />
283<br />
Berlin10, 11, 15, 18, 19, 49,<br />
50, 51, 52, 53, 54, 55, 56,<br />
60, 62, 63, 64, 69, 70, 72,<br />
76, 80, 81, 83, 89, 90, 91,<br />
94, 95, 96, 167, 184, 185,<br />
191, 199, 200, 207, 208,<br />
246, 249, 251, 266, 275,<br />
279, 280, 290<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Bernburg .. 64, 94, 135, 136,<br />
181, 188, 189, 198, 279<br />
Berthier (maréchal) ...... 100,<br />
102, 133, 144, 209, 211<br />
Berthozène .................... 178<br />
Bertrand (général) . 27, 113,<br />
118, 119, 122, 123, 125,<br />
128, 129, 145, 146, 148,<br />
149, 177, 184, 210, 219,<br />
220, 263, 272, 273, 278,<br />
293<br />
Bessières (maréchal)..... 113,<br />
127, 141<br />
Bialistock........................ 46<br />
Binnewitz..... 230, 233, 235,<br />
236<br />
Bischoffswerda .... 202, 203,<br />
204, 210, 211, 212<br />
Bleke<strong>de</strong>......................... 101<br />
Blexen............................. 87<br />
Blossauer-Wasser. 221, 224,<br />
225, 234, 239, 240, 243,<br />
244<br />
Blücher (général) 15, 42, 44,<br />
50, 56, 58, 68, 83, 88, 89,<br />
90, 91, 100, 102, 103,<br />
105, 114, 117, 121, 126,<br />
151, 152, 153, 154, 156,<br />
157, 160, 161, 162, 163,<br />
164, 165, 172, 191, 223,<br />
224, 228, 231, 232, 239,<br />
240, 241, 242, 243, 244,<br />
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In<strong>de</strong>x 291<br />
245, 254, 256, 264, 268,<br />
276, 283, 284, 287, 288<br />
Bober (la)...... 262, 268, 269<br />
Boblitz .................. 192, 227<br />
Bonn<strong>et</strong> (division).. 129, 130,<br />
142, 162, 164, 194, 229<br />
Borna ... 103, 152, 154, 155,<br />
156, 166, 181, 286<br />
Borstell (général). 58, 96, 97<br />
Bösdorf ......................... 150<br />
Boumerc (division)........ 195<br />
Bourcier (général) ........... 31<br />
Bour<strong>de</strong>souble (division) 195<br />
Bran<strong>de</strong>nbourg.................. 83<br />
Braun (réserve d'artillerie –<br />
colonel) ....................... 59<br />
Brême ............... 28, 87, 102<br />
Bremen ........................... 73<br />
Brennier (division) 129, 142,<br />
151, 162, 175<br />
Breslau..... 11, 50, 191, 199,<br />
261, 264, 271, 272, 275,<br />
276, 278, 281<br />
Briche (général <strong>de</strong>) ........ 241<br />
Brieg ............................. 276<br />
Briesnig......... 228, 229, 241<br />
Briesnitz 187, 188, 196, 239<br />
Bromberg ........................ 19<br />
Brösa.... 209, 213, 220, 230,<br />
231, 232, 237, 238<br />
Brünewitz.............. 227, 244<br />
Brunswick.. 30, 84, 91, 102,<br />
277, 278<br />
Bruyère (division) ......... 195<br />
Buchwal<strong>de</strong> ... 220, 238, 239,<br />
243, 255<br />
Bühl .............................. 187<br />
Bülow (général).. 15, 17, 19,<br />
44, 45, 50, 53, 56, 58, 96,<br />
97, 103, 105, 152, 166,<br />
167, 188, 191, 195, 205,<br />
207, 251, 261, 266, 279,<br />
280, 292, 295<br />
Bunzlau.. 60, 152, 256, 260,<br />
261, 262, 263, 266, 269<br />
Burgau .......................... 136<br />
Burk..... 223, 225, 229, 234,<br />
240<br />
C<br />
Camburg....................... 136<br />
Camenwitz ................... 245<br />
Carra-Saint-Cyr (général)<br />
........................ 64, 86, 87<br />
Cassel ..................... 70, 127<br />
Charpentier (division) . 130,<br />
188, 194<br />
Chastel (division) 195, 267,<br />
275<br />
Chastel (général) .......... 267<br />
Chernnitz...................... 166<br />
Clausewitz 42, 45, 117, 173<br />
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292<br />
Closter-Marienstern .... 202,<br />
203, 212, 213<br />
Coburg. 102, 103, 118, 119,<br />
120, 121, 122, 125, 126,<br />
131, 133, 134, 136<br />
Codlitz. 166, 180, 182, 183,<br />
184<br />
Cofsern......................... 211<br />
Colberg..................... 15, 50<br />
Compans (division)..... 124,<br />
127, 129, 142, 162, 165,<br />
194, 228<br />
Confédération du Rhin.... 9,<br />
12, 21, 39, 56, 65, 90,<br />
138, 188, 289, 293<br />
Constantin (grand duc).. 59,<br />
222<br />
Consulat (histoire du)... 281<br />
Cracovie ................... 17, 19<br />
Crobnitz........................ 260<br />
Czerstockau.................... 20<br />
D<br />
Dahlen .......................... 186<br />
Dahme .................. 208, 209<br />
Dalmatie......................... 13<br />
Danc<strong>et</strong> (général)........... 114<br />
Danemark (roi <strong>de</strong>) .. 12, 281<br />
Danigkow..... 96, 97, 98, 99<br />
Dantzig14, 15, 50, 108, 111<br />
Danube (armée du). 15, 105<br />
Daranitz................ 229, 231<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Davout (maréchal) .. 61, 63,<br />
74, 75, 77, 78, 80, 85, 94,<br />
101, 102, 120, 137, 198,<br />
199, 207, 281, 292, 295<br />
Davydow (colonel)......... 58<br />
Delmas (division) 193, 237,<br />
239<br />
Dessau. 64, 74, 75, 77, 103,<br />
105, 136, 137, 279<br />
Deutmansdorf............... 269<br />
Deutsch-Bohren ........... 186<br />
Diezdorf ....................... 274<br />
Döbern.......................... 231<br />
Döberschau .................... 223<br />
Doberschütz ... 225, 231, 241<br />
Dobrilugk .............. 204, 250<br />
Dolfs (colonel) 59, 157, 160,<br />
162, 165, 268<br />
Donauwerth ................... 114<br />
Dornburg ............... 135, 136<br />
Dranschkowitz ....... 211, 227<br />
Dresa.... 209, 213, 220, 232,<br />
237, 245<br />
Dres<strong>de</strong> 9, 36, 39, 56, 61, 63,<br />
65, 67, 68, 76, 78, 79, 80,<br />
81, 85, 86, 88, 89, 91,<br />
103, 104, 105, 108, 109,<br />
111, 112, 113, 115, 118,<br />
119, 120, 128, 151, 166,<br />
179, 180, 181, 182, 183,<br />
184, 185, 186, 187, 188,<br />
192, 195, 196, 197, 198,<br />
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In<strong>de</strong>x 293<br />
199, 201, 202, 203, 204,<br />
207, 209, 210, 211, 219,<br />
246, 249, 285, 286, 291,<br />
294, 310<br />
Drohmsberg ... 228, 230, 233<br />
Drouot (général) ............. 164<br />
Duben............................ 105<br />
Dumonstier (division) .... 129,<br />
139, 144, 194, 212<br />
Duroc (maréchal)..... 36, 132,<br />
259<br />
Durochwitz .................... 243<br />
Durosnel (général) .. 210, 211<br />
Durutte (général)14, 21, 28,<br />
82, 85, 88, 103, 130, 136,<br />
137, 139, 141, 166, 180,<br />
182, 188, 189, 193<br />
E<br />
Ebendörfel ..... 230, 235, 236<br />
Eberlach......................... 260<br />
Ebersdorf ....................... 125<br />
Eckmühl (prince d') ... 61, 66,<br />
67, 79, 199<br />
Ehle (l')............................ 98<br />
Ehommensdorf ............... 263<br />
Eichberg (le) .......... 217, 218<br />
Eisdorf................... 162, 164<br />
Eisenach 118, 119, 123, 124,<br />
127, 130, 133<br />
Eisleben................. 126, 134<br />
Elbe (l')... 21, 26, 28, 49, 51,<br />
56, 60, 61, 63, 65, 66, 67,<br />
68, 70, 71, 72, 73, 74, 75,<br />
76, 77, 78, 80, 81, 82, 83,<br />
84, 85, 86, 87, 88, 89, 90,<br />
91, 92, 93, 94, 95, 96, 97,<br />
98, 100, 101, 102, 103,<br />
104, 105, 107, 108, 109,<br />
110, 111, 112, 114, 115,<br />
116, 117, 118, 120, 121,<br />
122, 123, 126, 130, 131,<br />
132, 133, 134, 135, 136,<br />
137, 138, 139, 141, 151,<br />
153, 154, 166, 167, 178,<br />
179, 181, 184, 186, 187,<br />
188, 189, 191, 192, 195,<br />
196, 197, 198, 200, 249,<br />
278, 279, 281, 289, 290,<br />
291, 292, 293, 294, 295<br />
Elbing.............................. 15<br />
Elenburg .......................... 64<br />
Elster (l')143, 144, 147, 149,<br />
152, 156, 157, 159, 166,<br />
168, 169, 170, 171, 174,<br />
176, 179, 207<br />
Elsterwerda .................... 203<br />
Emmanuel (détachement)192,<br />
222, 223<br />
Empereur (l') ... 8, 10, 11, 18,<br />
22, 23, 24, 26, 29, 31, 33,<br />
34, 35, 36, 37, 39, 41, 54,<br />
61, 65, 69, 71, 73, 74, 75,<br />
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294<br />
78, 79, 80, 81, 82, 83, 84,<br />
90, 95, 101, 107, 109,<br />
110, 112, 114, 115, 117,<br />
118, 121, 123, 124, 125,<br />
128, 131, 132, 133, 134,<br />
135, 136, 137, 138, 141,<br />
143, 144, 145, 146, 147,<br />
149, 150, 151, 154, 155,<br />
162, 163, 165, 174, 175,<br />
176, 177, 178, 180, 181,<br />
183, 184, 186, 187, 188,<br />
195, 199, 200, 202, 203,<br />
204, 205, 206, 207, 209,<br />
210, 212, 219, 227, 232,<br />
233, 234, 235, 236, 238,<br />
240, 242, 243, 244, 245,<br />
249, 250, 251, 252, 253,<br />
257, 259, 261, 264, 265,<br />
266, 271, 272, 273, 275,<br />
309<br />
Empire (l').... 22, 23, 71, 281<br />
Ems (l') ............................ 70<br />
Enlenburg .............. 188, 285<br />
Erfurt.... 16, 27, 28, 73, 102,<br />
103, 108, 114, 115, 116,<br />
117, 118, 119, 120, 121,<br />
123, 124, 127, 132, 133,<br />
134, 196, 197, 277<br />
Eschaplitz (détachement) 265<br />
Espagne (l') ... 12, 13, 24, 25,<br />
29, 33, 37<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Eugène (prince <strong>de</strong><br />
Wurtemberg)... 11, 14, 16,<br />
17, 18, 19, 21, 49, 51, 52,<br />
53, 54, 58, 60, 61, 63, 65,<br />
66, 68, 69, 70, 71, 73, 75,<br />
77, 78, 80, 82, 83, 84, 85,<br />
91, 92, 93, 94, 96, 97, 98,<br />
99, 100, 101, 102, 105,<br />
107, 108, 116, 117, 118,<br />
131, 134, 143, 164, 178,<br />
179, 181, 182, 185, 195,<br />
222, 223, 228, 229, 231,<br />
257<br />
Europe (l'). 5, 7, 8, 9, 11, 42,<br />
79, 109, 112, 309<br />
F<br />
Falkenberg ..................... 234<br />
Finsterwald .................... 209<br />
Fischbach............... 202, 212<br />
Flossgraben (le)..... 152, 156,<br />
157, 159, 164, 172<br />
Forcheim ....................... 114<br />
Français (les). 10, 14, 15, 18,<br />
32, 42, 43, 56, 59, 62, 63,<br />
87, 88, 90, 97, 104, 135,<br />
151, 154, 155, 156, 160,<br />
161, 163, 165, 169, 170,<br />
171, 172, 174, 178, 185,<br />
187, 188, 192, 195, 217,<br />
218, 226, 229, 231, 234,<br />
239, 240, 243, 249, 256,<br />
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In<strong>de</strong>x 295<br />
257, 258, 259, 264, 265,<br />
275, 280, 290, 291, 294<br />
France7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,<br />
18, 21, 23, 24, 31, 37, 42,<br />
43, 55, 104, 168, 289,<br />
293<br />
Francfort. 17, 19, 49, 52, 53,<br />
54, 196<br />
François-Joseph (l'Empereur)<br />
...................................... 8<br />
Franconie....................... 278<br />
Frankenwald . 103, 115, 118,<br />
121<br />
Franquemont ... 39, 113, 128,<br />
129, 136, 194<br />
Frédéric Guillaume.... 10, 11,<br />
40, 51, 55, 138<br />
Fressin<strong>et</strong> (division) 130, 194,<br />
236<br />
Frie<strong>de</strong>richs (division)..... 129,<br />
142, 194<br />
Frohburg152, 166, 181, 182,<br />
286<br />
Ful<strong>de</strong> ..... 118, 124, 133, 196<br />
Fürstenwald ..................... 54<br />
Füschberg ...................... 212<br />
G<br />
Galicie (la) ................. 17, 50<br />
Gar<strong>de</strong> (division <strong>de</strong> la). 29, 54,<br />
59, 89, 103, 104, 113,<br />
114, 115, 116, 117, 118,<br />
120, 121, 124, 127, 128,<br />
129, 130, 132, 134, 135,<br />
136, 139, 141, 144, 146,<br />
147, 148, 150, 152, 153,<br />
156, 157, 162, 163, 164,<br />
165, 168, 169, 172, 180,<br />
181, 182, 183, 186, 187,<br />
192, 194, 196, 197, 201,<br />
202, 203, 210, 211, 212,<br />
222, 224, 230, 231, 232,<br />
234, 240, 241, 243, 244,<br />
245, 248, 257, 258, 259,<br />
260, 261, 263, 269, 271,<br />
272, 284, 287<br />
Gaufsig.......................... 211<br />
Gedroiez (prince).............. 17<br />
Gérard (général) .. 16, 53, 54,<br />
55, 63, 130, 149, 194,<br />
236<br />
Giersdorf ....................... 270<br />
Gifhorn.......................... 102<br />
Girard (général)... 16, 55, 63,<br />
129, 140, 141, 151, 161,<br />
162<br />
Glatz.............................. 276<br />
Gleina95, 97, 216, 222, 225,<br />
231, 237, 238, 239<br />
Glogau.... 15, 16, 49, 50, 53,<br />
89, 103, 108, 199, 207,<br />
266, 268, 271, 272<br />
Göda.............................. 212<br />
Godno.............................. 16<br />
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296<br />
Goldberg257, 265, 266, 268,<br />
270<br />
Gomini (général) ............ 205<br />
Gommern................... 96, 98<br />
Görschen141, 149, 150, 157,<br />
159, 160, 161, 162, 163,<br />
164, 165, 167, 169, 170,<br />
171, 175, 176, 177, 186,<br />
212<br />
Gortschakow 2 (prince).. 222,<br />
224, 231<br />
Gothau........................... 237<br />
Gottamel<strong>de</strong>............. 209, 237<br />
Gottau... 216, 236, 237, 238,<br />
255<br />
Gottlesberg............. 229, 241<br />
Gouvion Saint-Cyr (maréchal)<br />
.... 18, 19, 21, 49, 53, 254<br />
Graditz........................... 269<br />
Grafenthal...... 118, 125, 134<br />
Gramschutz.................... 177<br />
Grandjean (division) ......... 14<br />
Grenier (général) . 15, 18, 53,<br />
64<br />
Gronchy......................... 213<br />
Grossenhayn . 191, 201, 203,<br />
210<br />
Gross-Hartmannsdorf...... 268<br />
Gross-Künitz.................. 224<br />
Gross-Raschwitz............. 269<br />
Gross-Rosen................... 272<br />
Gross-Welkau ................ 227<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Grubnitz......................... 236<br />
Grübschütz..................... 211<br />
Grünabach (le) 157, 159, 172<br />
Guaswitz........................ 212<br />
Gueisenau ........................ 42<br />
Guesen............................. 17<br />
Gunthersdorf.......... 148, 211<br />
Gustbiese ......................... 60<br />
H<br />
Hacha ............................ 124<br />
Halberstadt............. 102, 116<br />
Halle..... 102, 105, 131, 134,<br />
135, 136, 137, 141, 166,<br />
188, 278<br />
Hamburg. 28, 31, 36, 64, 65,<br />
74, 81, 84, 86, 87, 89, 92,<br />
112, 130, 181, 199, 207,<br />
281, 292, 295<br />
Hammerstein (général)..... 39,<br />
126, 127, 130, 196<br />
Hanau............................ 113<br />
Hanovre... 31, 67, 73, 80, 91<br />
Harthau.................. 210, 211<br />
Hartlieb.......................... 275<br />
Hartmansdorf ......... 186, 262<br />
Harz (le) ... 70, 78, 101, 102,<br />
116<br />
Hatzbach (la). 264, 265, 270,<br />
281<br />
Havelberg 67, 76, 89, 91, 93,<br />
101, 108, 111<br />
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In<strong>de</strong>x 297<br />
Haynau . 256, 262, 265, 266,<br />
267, 268, 269, 271<br />
Heiligenstadt .......... 126, 127<br />
Helwig (major)............... 127<br />
Hemerswerda ................. 241<br />
Hen<strong>de</strong>lek (division) .......... 14<br />
Hermansdorf .......... 265, 270<br />
Hermsdorf...... 216, 218, 260<br />
Hildburghausen .............. 126<br />
Hirke ............................... 17<br />
Hochkirch .............. 257, 260<br />
Hohenlohe...................... 150<br />
Hohen-Molsen........ 149, 150<br />
Hohenziatz....................... 97<br />
Hoin (général) .................. 57<br />
Hollan<strong>de</strong> .............. 65, 70, 71<br />
Holsfurt ......................... 263<br />
Holzendorf (major)........... 58<br />
Horouzow (détachement) .. 57<br />
Horswand (général) .......... 57<br />
Höthen........................... 103<br />
Hoyerswerda . 204, 205, 206,<br />
207, 208, 209, 210, 212,<br />
213, 215, 219, 220, 231,<br />
236, 250, 253, 255, 261,<br />
279, 280, 292, 295<br />
Hoym ............ 126, 130, 134<br />
I<br />
Iéna 73, 119, 127, 128, 131,<br />
134, 135, 136, 142, 145,<br />
156, 167, 173, 180, 196<br />
Illyrie........................ 13, 24<br />
Ilm (l') .......................... 124<br />
Ilmenau ........................ 126<br />
Indépendance (guerrre <strong>de</strong> l')<br />
...................................... 8<br />
Istrie (duc d') ........ 119, 123<br />
Italie 12, 13, 15, 18, 24, 25,<br />
27, 29, 113, 114, 118,<br />
120, 121, 122, 125, 126,<br />
128, 131, 133, 134, 195<br />
J<br />
Jaschwitz.............. 262, 268<br />
Jauer .... 264, 265, 272, 273,<br />
275<br />
Jenkwitz ...... 222, 224, 231,<br />
240, 244, 245, 248, 287,<br />
288<br />
Jeschütz........................ 229<br />
Johnsdorf...... 215, 216, 217<br />
K<br />
Kahla............................ 142<br />
Kahlenberg..................... 98<br />
Kaisarow .............. 222, 223<br />
Kaja..... 141, 143, 146, 147,<br />
149, 150, 151, 159, 161,<br />
162, 163, 164, 170, 171,<br />
172, 176, 178<br />
Kalisch .. 17, 19, 49, 50, 53,<br />
89, 103, 104, 114, 128<br />
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298<br />
Kalisch (convention <strong>de</strong>) 11,<br />
55<br />
Kant.............................. 275<br />
Karta..................... 182, 183<br />
Kellermann................... 215<br />
Kimzendorf .................. 263<br />
Kirschen ....................... 222<br />
Kitzen........................... 164<br />
Klein-Bautzen ..... 220, 242,<br />
243<br />
Kleist (général)...... 57, 104,<br />
105, 152, 153, 156, 166,<br />
182, 183, 186, 222, 223,<br />
228, 229, 231, 240, 243,<br />
245, 256, 283, 285, 287,<br />
288<br />
Klix ..... 220, 221, 223, 226,<br />
227, 230, 232, 234, 236,<br />
237, 239, 242, 247, 255,<br />
288<br />
Klüx (général) ........ 58, 160<br />
Koenigsberg ................... 15<br />
Koenigsborn....... 94, 96, 98<br />
Koenigsbrück ....... 201, 210<br />
Koenigsholen ............... 114<br />
Koenigstein .............. 63, 85<br />
Koenigswartha .... 211, 212,<br />
213, 215, 216, 217, 218,<br />
219, 220, 291, 294<br />
Kof ............................... 118<br />
Kohenziatz ..................... 95<br />
Kohren.......................... 152<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Kola.............................. 136<br />
Konitz............................. 50<br />
Köpernich....................... 54<br />
Körgener ...................... 259<br />
Kösen ................... 135, 136<br />
Kostenbluth.................. 275<br />
Kothenburg .................. 261<br />
Kottbus......................... 280<br />
Kreckwitz.... 222, 225, 231,<br />
240, 241, 243, 253, 254<br />
Kreibau......................... 262<br />
Kroitzsch...................... 270<br />
Kronach................ 114, 118<br />
Krossen ............ 53, 55, 280<br />
Kryptan<strong>et</strong> Mochkbern .. 275<br />
Künitz.. 222, 229, 230, 231,<br />
233<br />
Küstrin... 15, 16, 19, 49, 50,<br />
51, 52, 54, 56, 57, 60, 61,<br />
62, 83, 105, 111, 207<br />
Kutuzow 50, 53, 55, 56, 59,<br />
89, 90, 103, 152<br />
L<br />
<strong>La</strong>grange . 15, 18, 130, 193,<br />
237, 243<br />
<strong>La</strong>ndsberg....................... 62<br />
<strong>La</strong>ndskoï (général) 58, 134,<br />
192, 215, 222, 223, 230,<br />
231, 237, 238<br />
<strong>La</strong>ndwehr (la).... 43, 44, 47,<br />
276, 279<br />
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In<strong>de</strong>x 299<br />
<strong>La</strong>ngelsalza................... 103<br />
<strong>La</strong>nterbach.................... 261<br />
<strong>La</strong>nusse (général) ......... 163<br />
<strong>La</strong>poype (général) ........ 104<br />
<strong>La</strong>tour-Maubourg (général)<br />
..... 29, 94, 130, 195, 210,<br />
212, 227, 230, 232, 234,<br />
258, 260, 266, 268, 274<br />
<strong>La</strong>ubau.. 257, 260, 261, 262<br />
<strong>La</strong>urencez (division) ... 128,<br />
129, 194, 211, 228, 230,<br />
233, 234, 235<br />
<strong>La</strong>uriston (général).. 26, 33,<br />
49, 69, 85, 92, 130, 145,<br />
146, 177, 178, 183, 184,<br />
189, 193, 204, 206, 207,<br />
209, 210, 213, 218, 233,<br />
237, 238, 239, 242, 253,<br />
255, 267<br />
<strong>La</strong>usen .......................... 149<br />
<strong>La</strong>ussigk ....................... 181<br />
<strong>La</strong>uterseifen.................. 269<br />
Lefebvre-Desnou<strong>et</strong>tes<br />
(général) ................... 127<br />
Leichmann............ 231, 237<br />
Leignitz . 89, 219, 256, 265,<br />
266, 269, 270, 271, 272<br />
Leipzig .. 64, 66, 68, 73, 86,<br />
90, 100, 102, 103, 104,<br />
108, 115, 123, 133, 136,<br />
137, 138, 142, 143, 144,<br />
145, 146, 147, 148, 150,<br />
152, 154, 155, 156, 159,<br />
166, 167, 177, 179, 183,<br />
188, 196, 197, 278, 279,<br />
283, 292, 294<br />
Lembach....................... 186<br />
Lichtenau...................... 261<br />
Liezow...................... 96, 97<br />
Lin<strong>de</strong>nau ...................... 148<br />
Lippitsch ...................... 215<br />
Liska............................. 216<br />
Litten... 222, 224, 229, 231,<br />
243, 244, 245, 248<br />
Löbau .. 229, 245, 257, 262,<br />
288<br />
Lobauer-Wasser .. 221, 222,<br />
225<br />
Lobnitz ......................... 180<br />
Loeben.......................... 262<br />
Lömisch........................ 237<br />
Lömischau............ 230, 237<br />
Lommatzch .................. 186<br />
Loos.............................. 269<br />
Lösau............................ 142<br />
Lowenberg ... 257, 262, 266<br />
Lubackau.............. 211, 215<br />
Lübeck............................ 87<br />
Lüchmann .................... 255<br />
Lucka............................ 166<br />
Lückau. 204, 206, 207, 208,<br />
209, 261, 280<br />
Lücken............................ 63<br />
Lüneburg........................ 87<br />
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300<br />
<strong>Lutzen</strong>.... 2, 3, 9, 33, 34, 37,<br />
39, 60, 138, 139, 141,<br />
142, 143, 144, 145, 146,<br />
147, 148, 150, 151, 152,<br />
155, 156, 159, 160, 167,<br />
168, 169, 170, 171, 172,<br />
173, 175, 178, 179, 180,<br />
195, 200, 223, 244, 250,<br />
252, 271, 277, 278, 291,<br />
294, 310<br />
Lyk ................................. 15<br />
M<br />
Macdonald (maréchal) .. 14,<br />
185, 201, 202, 262, 263,<br />
270, 272, 273<br />
Ma<strong>de</strong>lwitz............. 228, 234<br />
Mag<strong>de</strong>burg .. 51, 52, 60, 64,<br />
66, 67, 69, 70, 71, 72, 73,<br />
74, 75, 76, 77, 79, 80, 81,<br />
82, 83, 84, 85, 86, 89, 90,<br />
91, 92, 93, 94, 95, 96, 97,<br />
98, 99, 100, 102, 103,<br />
105, 108, 109, 114, 115,<br />
117, 130, 181, 193, 279,<br />
290<br />
Maisons130, 134, 148, 193,<br />
217, 236, 237, 238, 241,<br />
242, 243, 265, 267, 268,<br />
271<br />
Makersdorf........... 258, 259<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Malschwitz.. 222, 224, 225,<br />
231, 237, 238, 239, 242<br />
Malsitz.......................... 223<br />
Mankendorf.......... 213, 220<br />
Mansfeld ...................... 134<br />
Manslitz........................ 212<br />
Marchand ...... 39, 125, 126,<br />
128, 129, 136, 142, 144,<br />
148, 151, 162, 175, 193,<br />
239, 263, 269, 271, 272<br />
Marche (la)............... 18, 41<br />
Marelsant (général) ...... 113<br />
Marienburg................... 108<br />
Markranstaedt ..... 141, 142,<br />
144, 145, 146, 147, 149,<br />
150, 159, 176<br />
Marmont (général) .. 26, 33,<br />
113, 129, 144, 145, 161,<br />
162, 163, 165, 228, 265,<br />
266, 268, 269, 270, 273<br />
Martinswald ................. 262<br />
Maudten ....................... 272<br />
Mayence 22, 26, 29, 30, 65,<br />
70, 71, 72, 73, 113, 119,<br />
120, 121, 128, 131, 132,<br />
133, 139, 196<br />
Meckern ....................... 257<br />
Mecklemburg (le)......... 207<br />
Meiningen .... 118, 119, 124<br />
Meisse (la).... 260, 261, 276<br />
Meissen ... 63, 74, 104, 166,<br />
183, 186, 189, 191<br />
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In<strong>de</strong>x 301<br />
Mellschütz.................... 142<br />
Meltheuer .... 229, 230, 231,<br />
232, 233<br />
Mendorf................ 213, 215<br />
Men-Gerwisch.......... 96, 98<br />
Menkammer ................. 269<br />
Menkirch ...... 210, 212, 272<br />
Menmarkt.... 271, 272, 274,<br />
275<br />
Men-Pürschwitz ........... 245<br />
Menstadt 63, 187, 188, 191,<br />
196, 201, 210, 212<br />
Men-Steinitz......... 217, 218<br />
Mergentheim ........ 114, 126<br />
Merschütz..................... 265<br />
Merseburg ... 102, 131, 134,<br />
135, 136, 137, 139, 141,<br />
154, 155, 166<br />
M<strong>et</strong>ternich (M. <strong>de</strong>) ........... 8<br />
Meyn (le)..... 65, 72, 82, 83,<br />
103, 105, 107, 108, 113,<br />
116, 117, 120, 121, 122,<br />
124, 126, 129, 130, 131,<br />
132, 133, 134, 136, 141,<br />
290, 293<br />
Michelsdorf .. 267, 268, 275<br />
Miessendorf.......... 213, 215<br />
Miloradowitch (général) 16,<br />
56, 59, 89, 103, 114, 149,<br />
151, 152, 153, 156, 166,<br />
173, 182, 183, 184, 185,<br />
186, 191, 192, 215, 222,<br />
223, 230, 231, 234, 235,<br />
238, 245, 285, 287, 288<br />
Min<strong>de</strong>n ......................... 102<br />
Mittlau.......................... 262<br />
Mittweida ............. 184, 186<br />
Mo<strong>de</strong>lsdorf................... 262<br />
Modlin............................ 15<br />
Moëckern .. 94, 95, 97, 100,<br />
290<br />
Montbrun (général) . 64, 93,<br />
102<br />
Morand (général) .... 64, 86,<br />
87, 88, 101, 125, 128,<br />
129, 136, 142, 149, 164,<br />
177, 194, 228, 229, 241<br />
Moritzburg .. 201, 202, 204,<br />
210, 212<br />
Mortier (maréchal)...... 113,<br />
144, 203<br />
Mortka.......................... 215<br />
Moscou........................... 22<br />
Mossen ................. 183, 186<br />
Mühlberg..... 104, 167, 183,<br />
186<br />
Mul<strong>de</strong> (la). 76, 77, 182, 188<br />
Mulhausen.................... 126<br />
Münschberg.............. 52, 54<br />
Murat (prince) ................ 14<br />
N<br />
Napoléon .. 5, 7, 8, 9, 10, 11,<br />
12, 13, 21, 23, 31, 34, 35,<br />
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302<br />
37, 41, 54, 55, 56, 60, 61,<br />
65, 66, 68, 69, 70, 73, 76,<br />
77, 80, 82, 84, 90, 92, 94,<br />
101, 105, 107, 108, 109,<br />
110, 111, 112, 114, 115,<br />
120, 121, 123, 128, 137,<br />
138, 143, 144, 149, 151,<br />
154, 155, 162, 163, 164,<br />
167, 174, 177, 178, 179,<br />
180, 182, 183, 189, 192,<br />
195, 197, 198, 199, 200,<br />
205, 206, 226, 227, 230,<br />
232, 233, 234, 235, 236,<br />
244, 245, 246, 247, 249,<br />
250, 251, 254, 255, 258,<br />
266, 268, 271, 273, 274,<br />
277, 290, 291, 293, 294,<br />
309<br />
Naumburg..... 115, 117, 121,<br />
127, 128, 131, 132, 134,<br />
135, 136, 138, 139, 142,<br />
144, 145, 146, 154, 155,<br />
156, 167, 173, 180, 181,<br />
196, 261, 290<br />
Neutres (ligue <strong>de</strong>s).............. 9<br />
Ney (maréchal) 26, 113, 116,<br />
123, 124, 127, 128, 129,<br />
141, 148, 149, 150, 162,<br />
175, 176, 180, 181, 182,<br />
184, 185, 188, 189, 193,<br />
198, 199, 200, 201, 203,<br />
204, 205, 206, 207, 208,<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
209, 212, 213, 219, 226,<br />
227, 231, 232, 234, 236,<br />
237, 239, 242, 243, 244,<br />
245, 247, 248, 249, 250,<br />
251, 252, 253, 254, 256,<br />
261, 265, 266, 271<br />
Nie<strong>de</strong>r-Briehla........ 262, 263<br />
Nie<strong>de</strong>r-Gurig. 215, 223, 228,<br />
229, 241<br />
Niemen (le)........ 15, 35, 107<br />
Nienburg........................ 102<br />
Nimmschütz... 228, 229, 241<br />
Nimmuschitz.................. 223<br />
Nockern......................... 245<br />
Nogat (île <strong>de</strong> la).............. 108<br />
Nordhausen............ 102, 126<br />
Norvège (la)..................... 12<br />
O<br />
Ober-Moys..................... 271<br />
Ober-Solham.................. 259<br />
Ochna............ 221, 223, 228<br />
O<strong>de</strong>r (l') .. 14, 15, 18, 19, 20,<br />
21, 24, 49, 50, 51, 52, 53,<br />
54, 55, 56, 60, 62, 63, 82,<br />
107, 108, 109, 110, 111,<br />
191, 207, 251, 276, 280,<br />
281, 289, 291, 293, 294<br />
Odleben (major) . 34, 36, 162<br />
O<strong>et</strong>zsch.......................... 141<br />
Ohlau............................. 276<br />
Ol<strong>de</strong>nburg........................ 87<br />
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In<strong>de</strong>x 303<br />
Opitz ............................. 215<br />
Oppen (général)................ 58<br />
Orlow .................... 222, 223<br />
Orrighi (général)....... 30, 278<br />
Ostran.... 166, 179, 180, 181<br />
Ostrolenka........................ 14<br />
Ottendorf ............... 262, 266<br />
Oudinot (maréchal).. 27, 128,<br />
129, 144, 227, 230, 233,<br />
235, 236, 244, 279, 280<br />
Ouerstadt ....................... 134<br />
P<br />
Pablès ............................ 164<br />
Pacthod (division).. 128, 129,<br />
194, 211, 227, 230, 233,<br />
234, 235, 236<br />
Pahlen (division) ............ 265<br />
Pahlsdorf ...................... 267<br />
Paris... 8, 12, 21, 25, 26, 30,<br />
55, 70, 114, 128, 282<br />
Paudoncourt (général).... 17<br />
Péchau ............................ 96<br />
Pegau..... 36, 140, 142, 143,<br />
144, 146, 147, 148, 149,<br />
150, 156, 157, 166, 173,<br />
175, 176, 179, 284<br />
Penig ............................ 152<br />
Pérès..................... 180, 181<br />
Peyri (général)..... 125, 128,<br />
129, 136, 142, 149, 194,<br />
215, 216<br />
Pfaljendorf.................... 271<br />
Pielitz ................... 233, 234<br />
Pilgrainsdorf................. 269<br />
Pilnitz ............................. 67<br />
Pilzen.................... 265, 276<br />
Planen (canal <strong>de</strong>)74, 75, 77,<br />
102, 103<br />
Pleischwitz .. 12, 13, 31, 34,<br />
310<br />
Pleisse (la)...................... 91<br />
Pliesskowitz 221, 222, 225,<br />
231, 240, 241, 242, 253,<br />
254<br />
Plock ........................ 15, 19<br />
Poinsot (général) ............ 94<br />
Pol<strong>de</strong>witz...................... 179<br />
Pologne (la).... 50, 264, 276<br />
Polonais.............. 15, 19, 50<br />
Poméranie ... 15, 18, 19, 41,<br />
49, 50, 64, 199<br />
Poniatowski (prince)14, 19,<br />
50<br />
Portugal.......................... 92<br />
Posen14, 17, 18, 19, 21, 49,<br />
51, 53<br />
Postdam.......................... 89<br />
Prague ................ 9, 13, 188<br />
Pre<strong>de</strong>l ........... 166, 173, 179<br />
Preititz. 215, 218, 224, 225,<br />
232, 233, 238, 239, 240,<br />
242, 243, 244, 253, 254,<br />
256<br />
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304<br />
Prenschwitz .......... 223, 228<br />
Prenzlau.......................... 41<br />
Pr<strong>et</strong>zsch ........................ 142<br />
Primkenau .................... 271<br />
Prossen ......................... 272<br />
Prusse 7, 10, 11, 12, 13, 15,<br />
17, 37, 40, 41, 42, 43, 51,<br />
53, 55, 100, 109, 119,<br />
281, 289, 293<br />
Prussiens . 9, 14, 17, 18, 50,<br />
51, 57, 59, 95, 107, 108,<br />
127, 154, 161, 162, 163,<br />
180, 181, 184, 185, 186,<br />
191, 192, 199, 200, 209,<br />
217, 218, 223, 232, 239,<br />
240, 241, 243, 244, 249,<br />
263, 264, 280, 310<br />
Punthersdorf................. 141<br />
Pürschwitz... 243, 244, 245,<br />
275<br />
Puschkau ...................... 269<br />
Puthod (général).... 94, 130,<br />
181, 193, 198, 206, 208,<br />
209, 231, 239, 242, 244,<br />
255, 268<br />
Q<br />
Queiss (la) .................... 261<br />
Querfurt........................ 131<br />
Quesitz ......................... 141<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
R<br />
Rachel .......................... 239<br />
Rachlau ........................ 234<br />
Rä<strong>de</strong>berg ...................... 191<br />
Ra<strong>de</strong>burg.............. 201, 210<br />
Ra<strong>de</strong>lwitz ..................... 234<br />
Raglowitch (général)..... 39,<br />
113, 125, 128, 129, 194<br />
Ralsna.. 141, 149, 160, 161,<br />
162, 163, 164, 165, 171,<br />
177<br />
Rechberg (division). 16, 55,<br />
63, 82, 103, 127<br />
Reggio (duc <strong>de</strong>).... 184, 210<br />
Reichenbach 256, 257, 258,<br />
259, 288<br />
Repnin (général prince). 57,<br />
60, 62<br />
Reynier.. 14, 16, 19, 21, 39,<br />
49, 60, 63, 74, 76, 79, 85,<br />
188, 193, 207, 208, 258,<br />
268<br />
Rhin (confédération du) 13,<br />
26, 72, 90, 92, 112<br />
Ricard (division) . 129, 142,<br />
151, 162, 175, 193, 239<br />
Rieschen...... 224, 231, 232,<br />
234, 248, 287<br />
Rippach (le). 140, 141, 142,<br />
146, 147, 284<br />
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In<strong>de</strong>x 305<br />
Rochambeau (division)130,<br />
193, 237, 243<br />
Rochlitz 166, 182, 184, 286<br />
Rockel .......................... 245<br />
Rö<strong>de</strong>r (briga<strong>de</strong>) ..... 58, 162,<br />
240, 243<br />
Rogu<strong>et</strong> (général) 16, 54, 64,<br />
65, 70, 73, 86, 94, 96,<br />
130, 136, 139, 144<br />
Rosslau.. 94, 100, 103, 167,<br />
188<br />
Rottrvitz ....................... 211<br />
Rouss<strong>et</strong> (Camille)......... 179<br />
Ruckmarsdorf............... 148<br />
Russes 9, 10, 11, 12, 15, 16,<br />
17, 19, 20, 50, 51, 53, 55,<br />
59, 61, 90, 92, 107, 108,<br />
109, 154, 163, 180, 181,<br />
184, 185, 186, 187, 191,<br />
192, 199, 200, 209, 216,<br />
218, 222, 223, 228, 234,<br />
236, 239, 245, 248, 249,<br />
255, 263, 264, 274, 276,<br />
310<br />
Russie.... 7, 8, 9, 10, 11, 12,<br />
13, 16, 22, 24, 27, 29, 33,<br />
42, 46, 55, 107, 289, 293,<br />
309<br />
S<br />
Saale (la) 31, 34, 77, 88, 91,<br />
94, 101, 102, 103, 114,<br />
115, 116, 117, 118, 119,<br />
120, 121, 122, 123, 125,<br />
126, 129, 131, 133, 135,<br />
136, 137, 138, 139, 142,<br />
145, 151, 154, 155, 166,<br />
179, 188, 290, 293, 294<br />
Saalfeld 118, 120, 121, 123,<br />
125, 131, 133, 134, 135,<br />
136, 142<br />
Sahr (général)....... 189, 193<br />
Saint-Priest (général) .. 222,<br />
223, 227, 229, 231<br />
Salga............. 230, 231, 237<br />
Salzenförst.................... 211<br />
San<strong>de</strong>rshausen.............. 136<br />
Sargau .................. 275, 280<br />
Saxe. 5, 9, 39, 65, 104, 112,<br />
126, 188, 189, 195, 278,<br />
281, 309<br />
Saxons........ 14, 36, 82, 193<br />
Schafstadt..................... 136<br />
Scharnhorst (général).... 40,<br />
89, 155<br />
Schimmar ..................... 262<br />
Schla<strong>de</strong>bach ......... 139, 141<br />
Schleiberg (le).............. 221<br />
Schleiz.......... 118, 125, 197<br />
Schmidt (général)........... 57<br />
Schmie<strong>de</strong>lfeld .............. 211<br />
Schneibendorf .............. 262<br />
Schönau........................ 149<br />
Schönberg .............. 60, 260<br />
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306<br />
Schuhler (général)........ 272<br />
Schwarzenberg (prince <strong>de</strong>)<br />
.................................... 50<br />
Schwedt (pont <strong>de</strong>) ........ 207<br />
Schweidnitz. 264, 265, 272,<br />
274, 275<br />
Schweinfurt . 113, 118, 124,<br />
126<br />
Sébastiani (général). 29, 94,<br />
130, 181, 189, 193, 208,<br />
213, 231, 245, 251, 255,<br />
259<br />
Seuftenberg .................. 208<br />
Silésie.... 10, 15, 41, 50, 56,<br />
60, 108, 153, 184, 192,<br />
200, 205, 264, 276, 280,<br />
281<br />
Skenditz........................ 152<br />
Slogau ............................ 63<br />
Söhesten ............... 157, 165<br />
Sonnenberg................... 134<br />
Sörchen......................... 230<br />
Sorne ................. 209, 213<br />
Souham (division)124, 129,<br />
134, 135, 140, 141, 149,<br />
151, 160, 161, 162, 175,<br />
176, 193, 215, 230, 237,<br />
239, 240, 254<br />
Soult (maréchal).. 227, 241,<br />
253<br />
Spandau. 15, 16, 50, 57, 60,<br />
83, 105, 207<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Sprée (la). 60, 62, 192, 198,<br />
200, 202, 204, 209, 213,<br />
215, 221, 222, 225, 226,<br />
228, 229, 230, 232, 234,<br />
237, 240, 241, 242, 248,<br />
255, 287, 288<br />
Spremberg ... 204, 205, 206,<br />
250<br />
Sprottau........ 266, 269, 270<br />
Stargar...................... 15, 18<br />
Starkwitz ...................... 157<br />
Stassfurtls..................... 101<br />
Steckicht....................... 263<br />
Stein (baron <strong>de</strong>).............. 40<br />
Steinitz 216, 217, 231, 236,<br />
255<br />
Steinm<strong>et</strong>z (général) ..... 182,<br />
217, 218<br />
Steinsdorf ..................... 268<br />
Stendal............................ 94<br />
St<strong>et</strong>tin .... 15, 16, 49, 51, 56,<br />
60, 79, 81, 83, 108, 111,<br />
134, 207<br />
Stiebitz ......................... 211<br />
Stiegau.......................... 265<br />
Stockheim .................... 181<br />
Stoessen136, 142, 146, 147,<br />
148<br />
Stolberg........................ 103<br />
Stönzsch ....... 156, 157, 169<br />
Strehla .................. 228, 229<br />
Striegau 271, 272, 273, 274<br />
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In<strong>de</strong>x 307<br />
Stutzenham................... 260<br />
Sübben............................ 63<br />
Suè<strong>de</strong>...................... 12, 310<br />
Suigwitz ....................... 227<br />
T<br />
Tangermund ................. 102<br />
Taucha.......... 147, 148, 149<br />
Techritz ........................ 211<br />
T<strong>et</strong>tenborn (colonel) 18, 57,<br />
62, 87, 89<br />
Thémar ......................... 126<br />
Thielman (général).... 9, 63,<br />
64, 104, 188<br />
Thiergarten................... 261<br />
Thiers (M.) ........... 151, 281<br />
Thomaswald......... 262, 269<br />
Thorn... 15, 17, 19, 50, 105,<br />
192<br />
Thüringe....... 108, 111, 278<br />
Thüringenwald ..... 103, 120<br />
Tilsitt (traité <strong>de</strong>) ....... 40, 41<br />
Torgau9, 63, 72, 74, 82, 85,<br />
88, 104, 115, 153, 154,<br />
180, 181, 182, 184, 185,<br />
188, 189, 193, 196, 198,<br />
201, 205, 206, 246, 249,<br />
251, 280<br />
Tressenbriezen ............... 89<br />
Tröbigau....................... 211<br />
Troitschendorf.............. 260<br />
Tschaplitz.... 223, 224, 230,<br />
231, 237, 238<br />
Tschernitchew (général) 18,<br />
19, 57, 62, 91, 93, 101,<br />
278, 279<br />
Tschitschagow.......... 15, 19<br />
Tschoppau.................... 182<br />
Tyrol....................... 27, 114<br />
U<br />
Uebigau........................ 280<br />
V<br />
Vandamme (général)..... 28,<br />
102, 181, 198, 281<br />
Varsovie 12, 14, 16, 17, 19,<br />
21, 108<br />
Victor (maréchal) .... 17, 64,<br />
74, 75, 77, 78, 94, 130,<br />
136, 180, 188, 193, 198,<br />
205, 207, 208, 245, 251,<br />
259, 261, 266, 268, 280<br />
Vistule... 10, 11, 14, 15, 16,<br />
24, 46, 47, 107, 108, 109,<br />
110, 207, 281, 289, 293<br />
W<br />
Waldau ......................... 256<br />
Waldheim.... 182, 183, 184,<br />
186<br />
Walitz....................... 96, 98<br />
Wanfried ...................... 127<br />
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308<br />
Wartha............ 17, 216, 218<br />
Weissemberg233, 245, 259,<br />
260, 288<br />
Weissenfels . 134, 135, 136,<br />
139, 140, 141, 144, 145,<br />
146, 147, 155, 284, 285<br />
Weissig 202, 212, 217, 218,<br />
219, 224, 263, 291, 294<br />
Weistritz (la) ................ 272<br />
Werben.... 93, 94, 102, 156,<br />
157, 165, 169, 283, 284<br />
Werzberg.............. 204, 250<br />
Wesel.................. 70, 73, 75<br />
Weser (la)............... 87, 102<br />
Westphalie... 39, 70, 73, 74,<br />
91<br />
W<strong>et</strong>tin........... 131, 135, 136<br />
Weymar115, 118, 120, 124,<br />
125, 126, 130, 196<br />
Wilhemsdorf ................ 268<br />
Wilsdurf ................. 88, 186<br />
Windmühlenberg. 211, 225,<br />
231, 237, 238, 239, 244,<br />
254, 255<br />
Wipper.......... 116, 118, 120<br />
Wittenberg... 62, 63, 64, 67,<br />
70, 72, 74, 80, 85, 86, 89,<br />
104, 105, 108, 153, 181,<br />
183, 184, 188, 193, 197,<br />
198, 205, 279, 281<br />
Wittgenstein 15, 18, 50, 51,<br />
52, 56, 57, 60, 62, 68, 83,<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
87, 89, 90, 91, 94, 95, 96,<br />
97, 98, 100, 102, 103,<br />
104, 105, 114, 117, 121,<br />
143, 148, 152, 153, 154,<br />
156, 159, 160, 163, 164,<br />
165, 166, 167, 168, 169,<br />
170, 171, 172, 173, 174,<br />
215, 221, 222, 226, 230,<br />
256, 263, 280, 286, 287,<br />
291, 294<br />
Wittichenau.. 212, 213, 245<br />
Wöchkirch.................... 245<br />
Worouzow............ 105, 278<br />
Wriezen .......................... 52<br />
Würschen ..... 243, 245, 251<br />
Wurtemberg .. 9, 10, 39, 58,<br />
112, 222, 223, 228, 229,<br />
231, 257, 287<br />
Würzburg 72, 73, 103, 108,<br />
113, 114, 120, 126, 133,<br />
194, 197<br />
Würzen 154, 167, 182, 183,<br />
184<br />
Y<br />
York (général d') 10, 14, 15,<br />
18, 44, 45, 50, 53, 56, 57,<br />
95, 96, 97, 103, 152, 153,<br />
156, 157, 163, 168, 191,<br />
215, 216, 217, 218, 223,<br />
224, 231, 243, 245, 256,<br />
276, 283<br />
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In<strong>de</strong>x 309<br />
Z<br />
Zamose........................... 15<br />
Zeitz .... 142, 148, 149, 155,<br />
156, 166, 173, 180, 181,<br />
183, 285<br />
Zelu<strong>de</strong>nick.......... 95, 96, 98<br />
Zerbst ........... 91, 95, 96, 97<br />
Zerna .................... 212, 213<br />
Z<strong>et</strong>sau........................... 269<br />
Ziesar.................. 95, 96, 97<br />
Zi<strong>et</strong>hen (général)... 59, 161,<br />
162, 265, 268<br />
Zohtenberg ................... 274<br />
Zwenckau.... 143, 144, 145,<br />
146, 147, 148, 150, 152,<br />
156, 175, 176, 179, 286<br />
Zwickau 103, 136, 137, 143<br />
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Pour donner au lecteur une idée <strong>de</strong> la situation générale <strong>de</strong> l'Europe au<br />
mois d'avril 1813, lorsque Napoléon entreprend la campagne <strong>de</strong> Saxe au<br />
terme <strong>de</strong> la désastreuse campagne <strong>de</strong> Russie, l'auteur débute son ouvrage<br />
par une analyse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s événements diplomatiques <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong><br />
l'année 1812 <strong>et</strong> du début <strong>de</strong> l'année 1813 puis, il présente en détail la<br />
réorganisation <strong>de</strong>s armées françaises, russes <strong>et</strong> prussiennes ainsi que les<br />
opérations menées par celles-ci en janvier <strong>et</strong> février 1813.<br />
Il étudie ensuite la partie <strong>de</strong> la correspondance <strong>de</strong> Napoléon relative<br />
à la campagne <strong>de</strong> Saxe. Ainsi, il nous fait découvrir les ordres<br />
donnés à ses subordonnés par l'Empereur <strong>et</strong> les réflexions qu'il a écrites<br />
dans l'instant, quant au succès ou à l'insuccès <strong>de</strong> leurs <strong>manoeuvre</strong>s militaires.<br />
L'auteur décrit notamment l'offensive menée par l'armée <strong>de</strong><br />
Napoléon, composée en majorité <strong>de</strong> jeunes conscrits dépourvus <strong>de</strong><br />
formation militaire, vers Dres<strong>de</strong>, en avril, sa victoire sur les Prussiens à<br />
<strong>Lutzen</strong>, début mai <strong>et</strong> sur les Russes à B autzen, quelques jours plus tard.<br />
L'ouvrage s'achève avec le cessez-le-feu <strong>et</strong> la signature <strong>de</strong> l'armistice<br />
<strong>de</strong> Pleischwitz, début juin 1813, avant l'entrée en guerre <strong>de</strong> l'Autriche<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong> dans la coalition. Il ne<br />
mène donc pas le lecteur jusqu'au terme <strong>de</strong> la campagne d'Allemagne,<br />
ce qui n'enlève rien au mérite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> historique <strong>et</strong> stratégique<br />
déjà conséquente.<br />
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Table <strong>de</strong>s matières<br />
Observation générale 5<br />
I – Situation politique <strong>et</strong> militaire au commencement<br />
<strong>de</strong> l’année 1813<br />
Situation politique 7<br />
R<strong>et</strong>aite <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Armée <strong>de</strong> la Vistule à l’O<strong>de</strong>r 14<br />
II – Moyens <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis 21<br />
<strong>La</strong> France <strong>et</strong> les Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin 21<br />
Forces disponibles en Allemagne à la fin <strong>de</strong> 1813 21<br />
Organisation d’une armée nouvelle 22<br />
Valeur <strong>de</strong>s nouvelles troupes 31<br />
Contingents <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Confédération du Rhin 39<br />
<strong>La</strong> Prusse 40<br />
Réorganisation <strong>de</strong> l’armée prussienne après 1806 40<br />
Mobilisation <strong>de</strong> l’armée prusienne en 1813 41<br />
<strong>La</strong> Russie 46<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée russe au moment où elle franchit<br />
la Vistule en 1813<br />
III – L’Armée <strong>de</strong> l’Elbe 49<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe (19 février à fin <strong>de</strong> mars) 49<br />
Situation générale au 19 février 49<br />
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7<br />
46
314<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Convention <strong>de</strong> Kalisch entre la Prusse <strong>et</strong> la Russie ;<br />
premières opérations en commun <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux puissances<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée coalisée au 15 mars 57<br />
Les Français évacuent Berlin <strong>et</strong> se replient sur l’Elbe<br />
supérieur<br />
Critiques <strong>de</strong> Napoléon au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions prises<br />
pour la défense <strong>de</strong> l’Elbe supérieur<br />
L’armée <strong>de</strong> l’Elbe se concentre sur Mag<strong>de</strong>burg 84<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe (fin <strong>de</strong> mars au 15 avril) 89<br />
Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s coalisés 89<br />
Mouvement <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe en avant <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>burg<br />
Combats <strong>de</strong> Moëckern (3, 4, 5 avril) 94<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe du 6 au 21 avril 101<br />
Opérations <strong>de</strong>s coalisés du commencement à la fin<br />
d’avril<br />
55<br />
63<br />
65<br />
92<br />
103<br />
IV Offensive <strong>de</strong> l’armée française du Meyn à l’Elbe 107<br />
Plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> Napoléon 107<br />
Mise en marche <strong>de</strong> l’armée du Meyn vers la Saale 117<br />
Mouvements du 12 au 24 avril 124<br />
Situation <strong>de</strong>s forces françaises qui marchent vers la<br />
Saale le 25 avril<br />
Concentration sur Naumburg <strong>de</strong> l’armée du Meyn <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’Elbe<br />
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129<br />
132
Table 315<br />
Les Français débouchent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Saale – 1 er<br />
mai<br />
135<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée française, le 1 er mai au soir 141<br />
Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 143<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée coalisée dans les journées du<br />
30 avril <strong>et</strong> du 1 er mai <strong>et</strong> du 2 mai, jusqu’à midi<br />
151<br />
Bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 159<br />
Observations sur la bataille <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> 167<br />
Observations sur les opérations <strong>de</strong>s Français 174<br />
Poursuite <strong>de</strong> <strong>Lutzen</strong> à Dres<strong>de</strong> 179<br />
V – Offensive <strong>de</strong> l’armée française <strong>de</strong> l’Elbe à l’O<strong>de</strong>r 191<br />
Mouvements <strong>de</strong>s coalisés après leur r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong>rrière<br />
l’Elbe ; ils se concentrent à Bautzen<br />
Dispositions préparatoires <strong>de</strong> Napoléon pour les<br />
opérations au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Elbe<br />
191<br />
192<br />
Opérations <strong>de</strong> l’armée française du 10 au 18 mai 197<br />
Journée du 19. – Combats <strong>de</strong> Weissig <strong>et</strong> <strong>de</strong> Koenigswartha<br />
212<br />
Bataille <strong>de</strong> Bautzen 221<br />
Position choisie par les coalisés <strong>et</strong> plan <strong>de</strong> Wittgenstein<br />
Situation <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Wittgenstein le 20 mai au<br />
matin<br />
221<br />
222<br />
Combats préparatoires du 20 226<br />
Bataille du 21 232<br />
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316<br />
<strong>La</strong> manœuvre <strong>de</strong> Lützen, 1813<br />
Observations sur la bataille <strong>de</strong> Bautzen <strong>et</strong> les manœuvres<br />
qui l’ont précédée<br />
246<br />
Opérations après la bataille <strong>de</strong> Bautzen 256<br />
Coup <strong>de</strong> main tenté par les coalisés contre Leipzig 278<br />
Opérations <strong>de</strong> Bülow - Combats d’Hoyerswerda <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> Luckau<br />
Opérations sur le bas Elbe. Le Maréchal Davout réoccupe<br />
Hamburg<br />
Apendice 1 (dépliant hors texte=<br />
279<br />
281<br />
Apendice 2 283<br />
Apendice 3 287<br />
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