Jean-Claude Cheynet
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JEAN-CLAUDE CHEYNET<br />
me dignité. La plupart des ducs de Thessalonique, au premier rang de la<br />
guerre contre les Bulgares, sont patrices ou magistres, mais Constantin<br />
Diogénès, catépan en 1015, n’est que protospathaire 25 .<br />
Un élément plaide malgré tout pour l’intérêt porté par le souverain<br />
au front le plus occidental de l’Empire. Les noms des titulaires, s’ils ne sont<br />
pas parmi les plus distingués de l’Empire, ne renvoient pas à des familles<br />
vraiment médiocres. En revanche, le fait que nous ayons une liste presque<br />
complète entre 998 et 1025 s’explique par la qualité des archives italiennes<br />
qui nous ont préservé des documents signés par les catépans. Basile II<br />
laissa en place plusieurs catépans durant plusieurs années, signe de la confiance<br />
qu’il leur accordait. En effet, après l’achèvement des grandes rébellions<br />
en 989, le souverain pourvut les postes les plus importants par des<br />
fidèles et les maintint longtemps dans la même province, Nicéphore Ouranos,<br />
duc d’Antioche, constituant en quelque sorte l’archétype.<br />
La date de 998 doit peu au hasard. Comme l’a bien noté Vera von<br />
Falkenhausen 26 , la protection du catépanat d’Italie est liée à la progression<br />
des guerres contre les Bulgares. Les Byzantins visent d’abord à défendre<br />
le Détroit d’Otrante plus qu’à s’étendre immodérément en Italie<br />
du Sud. En effet, depuis la victoire de Nicéphore Ouranos sur Samuel en<br />
997, la perspective de reprendre Dyrrachion récemment perdue au profit<br />
du souverain bulgare redevenait d’actualité. De fait, en 1005, le rétablissement<br />
de l’autorité impériale sur la puissante forteresse est rapporté par<br />
les Annales de Bari 27 .Tarchaneiôtès en poste depuis 998 le quitta l’année<br />
suivant la réoccupation de Dyrrachion. Comme son successeur Alexis<br />
Xiphias, il paraît appartenir à une famille devant sa fortune à Basile II,<br />
qui renouvela après l’échec des Phocas les cadres aristocratiques de l’Empire.<br />
C’est ainsi que furent promus sous ce règne les Comnènes et les<br />
Dalassènes pour ne citer que les plus illustres.<br />
Les Tarchaneiôtai connurent une remarquable ascension au cours du<br />
XI e siècle 28 . Ils occupèrent d’importantes fonctions dans la hiérarchie des<br />
troupes d’Occident et étaient établis, au milieu du XI e siècle, dans la<br />
région d’Andrinople. Cependant, rien n’indique qu’ils aient été origi-<br />
25 Sur Constantin Diogénès, cf. en dernier lieu, J.-Cl. CHEYNET, Grandeur et décadence<br />
des Diogénai, in The Empire in Crisis (?). Byzantium in the 11th Century (1025-<br />
1081), ed.V.N. VLYSSIDOU, Athens 2003, pp.119-138.<br />
26 FALKENHAUSEN, Basil II, p.144.<br />
27 Ibid., p.146.<br />
28 La famille a fait l’objet d’une récente étude qui comprend toutes les références:<br />
I.G. LEONTIADES, Die Tarchaneiotai. Eine prosopographisch-sigillographische Studie,<br />
Θεσσαλνίκη 1998 (Βυαντινά Κείµενα και Μελέται, 27).