diagnostic d'un torticolis chez le nourrisson - Pascal POMMEROL
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FOCUS<br />
<strong>Pascal</strong><br />
<strong>POMMEROL</strong><br />
Kinésithérapeute<br />
cadre de Santé -<br />
Ostéopathe<br />
Master 2 de<br />
biomécanique<br />
Directeur de<br />
PLP Formation<br />
Chargé de cours<br />
à l'ISTR de l'Université<br />
Lyon 1<br />
Lyon (69)<br />
Pr Guillaume<br />
CAPTIER<br />
MD, Ph D<br />
Université<br />
de Montpellier 1 :<br />
UFR médecine,<br />
Laboratoire<br />
d'anatomie<br />
et<br />
EA 2415<br />
Épidémiologies<br />
biostatistiques et<br />
Santé publique, IURC<br />
CHU de Montpellier,<br />
Service de chirurgie<br />
plastique pédiatrique<br />
Hôpital Lapeyronie<br />
Montpellier (34)<br />
KS n°538 - décembre 2012<br />
48<br />
THÉRAPIE MANUELLE<br />
Diagnostic <strong>d'un</strong> <strong>torticolis</strong> <strong>chez</strong><br />
<strong>le</strong> <strong>nourrisson</strong><br />
Qu'est-ce qu'un <strong>torticolis</strong><br />
congénital ?<br />
Le <strong>torticolis</strong> est une attitude vicieuse de la tête et du<br />
cou. La tête est inclinée du côté du <strong>torticolis</strong> et tournée<br />
du côté opposé. C'est un symptôme fréquent<br />
<strong>chez</strong> <strong>le</strong> <strong>nourrisson</strong> et il représente la troisième cause<br />
de déformations congénita<strong>le</strong>s, après la dysplasie<br />
des hanches et <strong>le</strong> pied-bot varus équin.<br />
Le <strong>diagnostic</strong> peut être établi parfois à la naissance<br />
mais <strong>le</strong> plus souvent il est fait dans <strong>le</strong>s semaines<br />
qui suivent, la médiane du <strong>diagnostic</strong> étant à 2<br />
mois [1]. Il doit être recherché systématiquement<br />
par <strong>le</strong> médecin, notamment à la consultation du<br />
premier mois.<br />
Les étiologies<br />
et la physiopathologie<br />
Le <strong>torticolis</strong> congénital peut être secondaire à une<br />
atteinte musculaire ou à une malformation vertébra<strong>le</strong><br />
qui reste exceptionnel<strong>le</strong> (moins de 1 % dans<br />
l'étude de Snyder [2] et l'étiologie musculaire est<br />
de loin la plus fréquente).<br />
La physiopathologie de l'atteinte musculaire<br />
reste mal connue et de nombreux mécanismes<br />
ont été évoqués. Les mécanismes peuvent être<br />
X Tab<strong>le</strong>au I<br />
Classifi cation du <strong>torticolis</strong> musculaire congénital<br />
Torticolis musculaire Torticolis postural<br />
Fréquence 80 % 20 %<br />
Physiopathologie<br />
Rétraction musculaire<br />
(fi brose musculaire)<br />
après, <strong>le</strong> plus souvent,<br />
un œdème<br />
Contracture musculaire<br />
par origine<br />
myoé<strong>le</strong>ctrique<br />
Rotation du cou en passif Limitation permanente Examen subnormal<br />
Palpation musculaire Corde fi breuse ou olive Rénitence des musc<strong>le</strong>s<br />
secondaires à des contraintes intra-utérines, des<br />
traumatismes per partum, ou bien <strong>le</strong>s deux [3-6].<br />
L'existence <strong>d'un</strong> syndrome des loges, qui se développe<br />
en période périnata<strong>le</strong> au niveau du musc<strong>le</strong><br />
sterno-cléido-mastoïdien (SCM), est la physiopathologie<br />
qui explique <strong>le</strong> mieux <strong>le</strong> <strong>torticolis</strong> musculaire<br />
congénital (TMC) [7].<br />
Les fl exion et rotation de la tête entraîneraient une<br />
ischémie et un œdème du musc<strong>le</strong> SCM enfermé<br />
dans sa loge constituée par <strong>le</strong> fascia cervical. La souffrance<br />
musculaire va entraîner secondairement une<br />
fi brose musculaire responsab<strong>le</strong> <strong>d'un</strong>e rétraction du<br />
musc<strong>le</strong> avec raccourcissement. La fi brose musculaire<br />
est objectivée sur <strong>le</strong>s analyses histologiques [8],<br />
mais aussi avec l'échographie [9] et l'IRM [10].<br />
L'atteinte musculaire peut s'accompagner <strong>d'un</strong>e<br />
tuméfaction du SCM qui prend la forme <strong>d'un</strong>e<br />
olive. Il ne s'agit pas <strong>d'un</strong> hématome car il n'y a pas<br />
d’hémosidérine, marqueur des hématomes évolués,<br />
dans pratiquement tous <strong>le</strong>s prélèvements [1].<br />
En dehors de la fi brose musculaire, l'atteinte musculaire<br />
peut être liée à une contraction réfl exe responsab<strong>le</strong><br />
<strong>d'un</strong>e contracture musculaire. El<strong>le</strong> peut être<br />
due à une posture préférentiel<strong>le</strong>, à une infl ammation<br />
loca<strong>le</strong>, à un refl ux gastro-œsophagien (syndrome de<br />
Sandifer), à une dysfonction du nerf accessoire (XI)<br />
ou des nerfs spinaux C2-C3, et à une cause oculaire<br />
(strabisme 15 % des <strong>torticolis</strong>, mauvaise coordination<br />
entre <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s oculaires). Dans ce cas, il n'y<br />
a pas de fi brose musculaire mais une hypertonie<br />
asymétrique des musc<strong>le</strong>s du cou, principa<strong>le</strong>ment du<br />
SCM, d'origine neurogène (myoé<strong>le</strong>ctrique).<br />
Classifi cation du <strong>torticolis</strong><br />
musculaire congénital (TMC)<br />
La classifi cation va dépendre de l'examen clinique<br />
des musc<strong>le</strong>s du cou et de la mobilité cervica<strong>le</strong> (tab. I).<br />
On peut distinguer deux grands tab<strong>le</strong>aux cliniques<br />
[11-13] :
© P. Pommerol<br />
X Figure 1<br />
Corde du musc<strong>le</strong> SCM dans <strong>le</strong> cas <strong>d'un</strong> TMC<br />
par atteinte musculaire<br />
n Le <strong>torticolis</strong> musculaire<br />
Il représente près de 80 % des TMC [12, 13]. C'est<br />
une hypertonie musculaire par rétraction musculaire<br />
du SCM avec une limitation des amplitudes<br />
de rotation passive.<br />
On peut distinguer deux entités :<br />
n Le <strong>torticolis</strong> musculaire simp<strong>le</strong> (30,6 %)<br />
– La corde du SCM : l'aspect dur et ferme de l'hypertonie<br />
s'accompagne <strong>d'un</strong>e corde palpab<strong>le</strong> du<br />
SCM (fig. 1).<br />
n Le <strong>torticolis</strong> musculaire pseudo-tumoral<br />
(47,2 %) : présence d’une tumeur du SCM à la<br />
palpation (fig. 2).<br />
n Le <strong>torticolis</strong> postural<br />
Ce type de <strong>torticolis</strong> représente environ 20 % des<br />
TMC [12, 13]. Cliniquement, l'hypertonie ne s'accompagne<br />
pas de corde ou de tumeur du SCM<br />
[12] et <strong>le</strong>s amplitudes de rotation cervica<strong>le</strong> sont<br />
presque norma<strong>le</strong>s ou cèdent à l'examen sans dou<strong>le</strong>ur<br />
[11]. Il peut être la conséquence d’une attitude<br />
préférentiel<strong>le</strong>, d’un déséquilibre musculaire<br />
localisé ou hémicorporel.<br />
Diagnostic<br />
Le <strong>diagnostic</strong> est fait dans 50 % des cas avant 2<br />
mois [14]. Certains <strong>torticolis</strong> sont présents à la<br />
naissance et sont associés à un syndrome déformatif<br />
qui associent une inclinaison de la tête, une<br />
encoche mandibulaire et une épau<strong>le</strong> suré<strong>le</strong>vée<br />
© P. Pommerol<br />
X Figure 2<br />
L'olive peut créer une tuméfaction très importante<br />
comme sur l'image mais parfois insignifiante<br />
[15]. Tout se passe comme si l'épau<strong>le</strong> s'était moulée<br />
sur la mandibu<strong>le</strong> in utero.<br />
Le <strong>diagnostic</strong> est fait <strong>le</strong> plus souvent par <strong>le</strong>s parents<br />
et peut être associé à une plagiocéphalie [16]. La<br />
plagiocéphalie est plutôt fronto-occipita<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s<br />
<strong>torticolis</strong> musculaires, et plutôt occipita<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s<br />
<strong>torticolis</strong> posturaux [17]. Il ne semb<strong>le</strong> pas y avoir de<br />
côté préférentiel [14], bien qu'il soit plus fréquent à<br />
droite pour certains auteurs [3, 18] et à gauche pour<br />
d'autres [19]. On note l’existence de cas familiaux<br />
sans antécédent de difficulté obstétrica<strong>le</strong> et plus d’un<br />
tiers (37,82 %) des enfants avec <strong>torticolis</strong> congénital<br />
ont bénéficié d’un accouchement normal [1]. Il faut<br />
toujours commencer par un <strong>diagnostic</strong> d'exclusion.<br />
Concernant <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> d'exclusion médica<strong>le</strong><br />
(adénopathies +++ , malformations, tumoral), il<br />
faut rechercher la fièvre, la rougeur, et <strong>le</strong>s p<strong>le</strong>urs<br />
non mécaniques.<br />
Après l'interrogatoire sur <strong>le</strong>s antécédents obstétricaux,<br />
et <strong>le</strong> développement psychomoteur du <strong>nourrisson</strong>,<br />
on recherche ensuite <strong>le</strong>s 6 signes suivants :<br />
n Signe n° 1 :<br />
asymétrie de posture<br />
lors de l'observation<br />
L'observation du <strong>nourrisson</strong> en position de repos<br />
permet de constater une position asymétrique de la<br />
tête et du corps. La tête est tournée <strong>d'un</strong> côté et inclinée<br />
de l'autre, avec parfois l'épau<strong>le</strong> suré<strong>le</strong>vée (fig. 3).<br />
Captier [17] retrouve une surélévation de l'épau<strong>le</strong><br />
dans 50 % des <strong>torticolis</strong> musculaires alors qu'el<strong>le</strong><br />
est absente dans <strong>le</strong> <strong>torticolis</strong> postural. L'observation<br />
est complétée par l'interrogatoire des parents<br />
qui ont constaté un côté préférentiel.<br />
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Diagnostic <strong>d'un</strong> <strong>torticolis</strong> <strong>chez</strong> <strong>le</strong> <strong>nourrisson</strong><br />
KS n°538 - décembre 2012<br />
© P. Pommerol<br />
X Figure 3<br />
Attitude classique du <strong>torticolis</strong> musculaire :<br />
dans un <strong>torticolis</strong> droit, la tête est inclinée du côté<br />
droit et la tête tournée sur la gauche<br />
n Signe n° 2 :<br />
présence et palpation<br />
de l'olive bulbaire ou <strong>d'un</strong>e<br />
corde cervica<strong>le</strong><br />
L'examen clinique du musc<strong>le</strong> SCM doit être comparatif.<br />
Il recherche une corde cervica<strong>le</strong> au niveau<br />
du SCM (fi g. 4). La palpation du musc<strong>le</strong> retrouve un<br />
musc<strong>le</strong> dur et raide quel que soit <strong>le</strong> mouvement<br />
eff ectué. Cette hypertonie du SCM s'accompagne<br />
en regard de l'existence <strong>d'un</strong> doub<strong>le</strong> pli cutané de<br />
la peau cervica<strong>le</strong>.<br />
L’olive bulbaire est très caractéristique du <strong>torticolis</strong><br />
musculaire mais el<strong>le</strong> n’est palpab<strong>le</strong> que dans 35,4 %<br />
des cas et el<strong>le</strong> apparaît entre la 2e et la 4e semaine,<br />
puis disparaît en 2 à 6 mois. Lorsqu'el<strong>le</strong> est présente,<br />
el<strong>le</strong> est localisée dans la partie moyenne du SCM et<br />
mesure 8 à 15,8 mm de diamètre transverse maximum,<br />
et 13,7 à 45,8 mm de longueur [20].<br />
Le <strong>diagnostic</strong> d'olive est déterminé cliniquement,<br />
mais une échographie peut être réalisée en cas<br />
de doute, notamment pour éliminer une adénopathie.<br />
C'est l'examen de première intention [21].<br />
Il permet d'établir un facteur pronostic du traitement<br />
[9] (fi g. 5 et 6).<br />
n Signe n° 3 :<br />
défi cit de rotations active<br />
et passive<br />
n Tests actifs : limitation de mobilité : par <strong>le</strong> biais<br />
des réfl exes et par des stimulations visuel<strong>le</strong>s ou<br />
auditives, on recherche une asymétrie de mobilité<br />
surtout recherchée en rotation. Par exemp<strong>le</strong>,<br />
© P. Pommerol<br />
© Dr O. Prodhome<br />
X Figure 4<br />
La palpation et <strong>le</strong> dégagement du thorax<br />
créent une vive dou<strong>le</strong>ur <strong>chez</strong> ce patient<br />
X Figures 5 et 6<br />
Échographies du musc<strong>le</strong> SCM du côté normal (A)<br />
et du côté du <strong>torticolis</strong> (B) qui montre une image<br />
hyperéchogène du SCM<br />
<strong>le</strong> tiré-assis (tonus axial nuque et colonne vertébra<strong>le</strong>,<br />
norma<strong>le</strong>ment hypotonie axia<strong>le</strong> modérée<br />
et hypertonie segmentaire au premier mois).<br />
n Tests passifs : amplitude de mouvement <strong>chez</strong><br />
<strong>le</strong> nouveau-né : on recherche une limitation de
© P. Pommerol<br />
X Figure 7<br />
L'examen des rotations est plus reproductib<strong>le</strong><br />
en décubitus ventral et permet de bien tester la<br />
limitation visco-élastique des musc<strong>le</strong>s rétractés<br />
l'amplitude de mobilité. La rotation passive <strong>chez</strong><br />
<strong>le</strong> <strong>nourrisson</strong> est 100 à 120° de chaque côté [22],<br />
et 110° en moyenne [23]. La latérof<strong>le</strong>xion est en<br />
moyenne de 70°.<br />
n On réalise, pour avoir une meil<strong>le</strong>ure reproduction,<br />
une évaluation en décubitus ventral (fig. 7).<br />
Une limitation visco-élastique permet de mettre<br />
en évidence une rétraction.<br />
n Signe n°4 :<br />
contractures et raideur<br />
par la palpation, et tests<br />
myotensifs des musc<strong>le</strong>s<br />
de la région<br />
• Tests activo-passifs : on recherche un ref<strong>le</strong>xe<br />
d’étirement signant une hypertonicité (bouc<strong>le</strong><br />
gamma) avant la fin du mouvement ou lors du<br />
mouvement. La contraction réf<strong>le</strong>xe du SCM est<br />
testée en maintenant l'enfant assis, la main de<br />
l'examinateur est positionnée au niveau du cou<br />
<strong>le</strong> pouce et l'index sur chaque SCM et l'autre main<br />
dans <strong>le</strong> dos. En faisant bascu<strong>le</strong>r l'enfant en arrière<br />
de façon brusque tout en <strong>le</strong> retenant, il est possib<strong>le</strong><br />
de comparer très efficacement <strong>le</strong> degré de<br />
contraction réf<strong>le</strong>xe entre <strong>le</strong>s deux musc<strong>le</strong>s qui est<br />
asymétrique dans <strong>le</strong> <strong>torticolis</strong> postural.<br />
• Lors de la mobilisation passive <strong>le</strong>nte, on met en<br />
évidence l’hyperactivité de la bouc<strong>le</strong> gamma par<br />
des contractions intempestives dans un secteur<br />
d’amplitude non douloureux et qui cède au maintien<br />
de la position ou après un contracté-relâché<br />
réf<strong>le</strong>xe (sollicitation visuel<strong>le</strong> ou auditive sur <strong>le</strong>s<br />
musc<strong>le</strong>s oculaires ou par réf<strong>le</strong>xe de l’archer).<br />
• Examen des trapèzes, scalènes, élévateurs de la<br />
scapula et rhomboïdes, musc<strong>le</strong>s suboccipitaux,<br />
semi-épineux , splénius capitis.<br />
© G. Captier<br />
X Figures 8 et 9<br />
La rétraction du SCOM gauche est bien visib<strong>le</strong>,<br />
avec un aspect plus graci<strong>le</strong> entraînant<br />
une plagiocéphalie fronto-occipita<strong>le</strong><br />
(méplats occipital droit et frontal gauche)<br />
de type side bending rotation<br />
n Signe n° 5 :<br />
déformation du crâne<br />
en plagiocéphalies occipita<strong>le</strong><br />
et fronto-occipita<strong>le</strong><br />
Il existe une relation entre la déformation crânienne<br />
et <strong>le</strong>s anomalies musculaires cervica<strong>le</strong>s<br />
dans <strong>le</strong>s plagiocéphalies positionnel<strong>le</strong>s (fig. 8 et 9)<br />
[17, 24].<br />
Un TMC est présent dans 68,5 % des plagiocéphalies<br />
fronto-occipita<strong>le</strong>s, dans 46,5 % des<br />
plagiocéphalies occipita<strong>le</strong>s et dans 25 % des brachycéphalies<br />
postérieures. Lorsqu’il est présent,<br />
<strong>le</strong> <strong>torticolis</strong> est plus volontiers secondaire à une<br />
rétraction musculaire dans <strong>le</strong>s plagiocéphalies<br />
fronto-occipita<strong>le</strong>s et à une asymétrie de tonus<br />
dans <strong>le</strong>s plagiocéphalies occipita<strong>le</strong>s.<br />
n Signe n° 6 :<br />
lésions associées sur<br />
<strong>le</strong> corps<br />
– Diagnostic de la ceinture scapulaire et du MS :<br />
recherche des mouvements des bras et de la<br />
mobilité des scapula ;<br />
– <strong>diagnostic</strong> viscéral : examen abdominal, et<br />
recherche de signes et de points douloureux.<br />
FOCUS<br />
KS n°538 - décembre 2012<br />
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Diagnostic <strong>d'un</strong> <strong>torticolis</strong> <strong>chez</strong> <strong>le</strong> <strong>nourrisson</strong><br />
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L’examen clinique recherche :<br />
– une asymétrie d’abduction de hanche, maladie<br />
luxante de hanche (dysplasie, luxation) est<br />
associée au <strong>torticolis</strong> dans 2 à 29 % des cas. Il<br />
existe souvent une limitation de l’abduction<br />
de la hanche du côté convexe par brièveté des<br />
adducteurs, et une limitation de l’adduction de<br />
la hanche côté concave par brièveté du tenseur<br />
du fascia lata (bassin asymétrique congénital) ;<br />
– la luxation congénita<strong>le</strong> de hanche et la dysplasie<br />
de hanche (du côté limité en abduction) sont<br />
plus fréquentes, et doivent être recherchées<br />
dans un contexte d'anomalie postura<strong>le</strong> ;<br />
– des malpositions des pieds : des anomalies positionnel<strong>le</strong>s<br />
des pieds (métatarsus varus, pied calcanéovalgus)<br />
sont présents dans 6 % des cas (Carlioz) ;<br />
– <strong>le</strong>s défauts de mobilité : anomalies de tonus et/<br />
ou d’amplitude articulaire rachidienne et pelvienne<br />
: recherche des dysfonctions.<br />
Conclusion<br />
L'examen diagnostique <strong>d'un</strong> <strong>torticolis</strong> est simp<strong>le</strong><br />
d'apparence mais il demande un examen comp<strong>le</strong>t<br />
de tout <strong>le</strong> corps et demande de la rigueur. Il doit<br />
être obligatoire pour tout professionnel de santé<br />
prenant en charge des <strong>nourrisson</strong>s. La précocité<br />
du <strong>diagnostic</strong> va conditionner <strong>le</strong> résultat de la<br />
prise en charge thérapeutique et la prévention des<br />
déformations crâniennes.<br />
Le traitement sera complètement diff érent entre un<br />
<strong>torticolis</strong> musculaire et un <strong>torticolis</strong> postural. Ainsi,<br />
pour <strong>le</strong> <strong>torticolis</strong> postural, bien qu'il régresse après la<br />
naissance, un traitement de prévention des déformations<br />
du crâne doit être mis en place. Le traitement<br />
doux à base de techniques fonctionnel<strong>le</strong>s douces, de<br />
stimulations et d'éveil suffi ra à traiter <strong>le</strong>s patients.<br />
En revanche, <strong>le</strong> traitement <strong>d'un</strong> <strong>torticolis</strong> vrai, surtout<br />
si pseudo-tumoral, devra être mixte en ostéopathie<br />
et en kinésithérapie avec 3 à 4 séances d'ostéopathie<br />
et au moins une vingtaine de séances de kinésithérapie,<br />
à raison de 2 à 3 fois par semaine. L’intensité du<br />
traitement dépendra de la précocité du <strong>diagnostic</strong> ;<br />
ainsi, après 6 mois, c'est une séance journalière qui<br />
devra être prescrite.<br />
Ce traitement aura pour but une recherche de gain<br />
d'amplitude. Il comportera un traitement de façon<br />
systématique des étirements musculaires des mobilisations<br />
structurel<strong>le</strong>s en ostéopathie sans manipu-<br />
lation avec trust bien sûr. Ce traitement est fi ab<strong>le</strong> et<br />
effi cace comme <strong>le</strong> montre l'étude de Cheng [9, 12]<br />
avec N = 821 enfants de moins de un an. Nous décrirons<br />
ce traitement dans un prochain artic<strong>le</strong>. ✖<br />
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