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Se souvenir<br />
des belles choses…<br />
Venez inaugurer la saison<br />
le vendredi 20 septembre à 19 h<br />
LE CAFÉ DE LA PLAGE<br />
Les soirs de spectacles, l’équipe du Café de la Plage est heureuse de vous accueillir à partir de 19 h,<br />
avant ou après chaque représentation, pour vous régaler d’une cuisine légère et conviviale<br />
ou prendre un verre entre amis.
Le théâtre est peu de choses, son utilité est paradoxale.<br />
Un art si précaire et fragile, dont les œuvres sont vues par un nombre si faible<br />
(et quand bien même tous les théâtres seraient emplis tous les soirs ce serait encore<br />
dérisoire !), un art dont l’ambition semble se limiter à être le laboratoire<br />
des conduites humaines, cet art-là pourtant me semble voué à la compréhension du<br />
temps et des temps, rejouant perpétuellement les anciens poèmes avec les nouveaux,<br />
les comparant, éclairant les uns par les autres, ce qu’aucun autre art ne fait.<br />
Antoine Vitez<br />
Déjà une deuxième saison pour cet équipement tout neuf !<br />
L’effervescence des premiers spectacles des fêtes de l’inauguration<br />
et les beaux succès artistiques et publics, de la création<br />
d’Une Maison en Normandie, de Tartuffe, de Signum…, mais<br />
aussi des premières conférences-débats sur les grandes questions<br />
qui traversent nos sociétés ont composé sur un rythme<br />
soutenu la saison inaugurale. Des milliers de spectateurs<br />
ont également pu découvrir des œuvres contemporaines de<br />
jeunes créateurs et l’éclat de ce théâtre, si bien conçu, même<br />
s’il reste, ici et là, quelques finitions et ajustements « bien<br />
naturels » à opérer après cette première saison « de rodage » !<br />
Mais si nous nous réjouissons de cet événement, si rare aujourd’hui,<br />
qu’est la réouverture d’un équipement culturel, rénové,<br />
agrandi, qui s’inscrit pleinement dans le Grand Centre<br />
de notre agglomération, notre joie ne peut être sans réserve,<br />
puisque nous sommes confrontés dans le même temps à une<br />
crise économique et sociale qui n’en finit plus de meurtrir<br />
nos sociétés.<br />
Car nos sociétés occidentales n’envisagent plus vraiment<br />
l’avenir avec enthousiasme et confiance, ne savent plus<br />
trop comment construire un projet rassembleur, alors que<br />
d’autres crises se profilent à l’horizon : crise écologique, crise<br />
démographique, crise sociale…<br />
Il nous appartient collectivement de dépasser l’idéologie de<br />
l’occidentalisme déclinant. La France et l’Europe ont des ressources<br />
extraordinaires et, au-delà des savoirs technologiques,<br />
scientifiques ou industriels, nous nous devons de croire en<br />
notre patrimoine culturel contemporain et classique, intellectuel<br />
ou artistique comme vrai vecteur de progrès.<br />
Plusieurs observateurs, parmi ceux que nous avons reçus lors<br />
de nos conférences-débats, le confirmaient sur notre scène<br />
ou l’ont écrit dans des ouvrages très récents. Les forces de<br />
notre pays et celles de l’Europe sont avant tout de l’ordre<br />
de la pensée, de l’invention conceptuelle, de l’innovation<br />
artistique. De Frédéric Martel à Olivier Poivre d’Arvor, de<br />
Bernard Stiegler à Edgar Morin, tous nous ont encouragés à<br />
affronter la complexité de notre monde, la nécessité de préparer<br />
notre héritage en lui inventant un à-venir défendable.<br />
Face à la crise « morale » qui se généralise, laissant la place<br />
à toutes les confusions – même les plus néfastes et les plus<br />
absurdes – nous ne pouvons qu’entrer dans une « guerre de<br />
position » intellectuelle et politique telle que Gramsci la définissait,<br />
dont les théâtres, les lieux d’art et de culture, les lieux<br />
de pensée devraient être les avant-postes.<br />
En effet se profile une idéologie de la crise qui risque de briser<br />
les derniers espoirs citoyens, en évitant de remettre en question<br />
le modèle économique ultra-libéral, en affirmant qu’aucun<br />
autre n’est envisageable, hormis quelques rustines sur fond de<br />
désespérance. Le politologue Gaël Brustier nomme cette idéologie<br />
« occidentalisme », « version angoissée et paroxystique » de<br />
l’Occident, désormais synonyme de consumérisme, de croissance<br />
aveugle et de capitalisme dérégulé.<br />
Il nous appartient à nous aussi, gens d’art et de culture, de<br />
lutter contre cette idée d’un déclin inéluctable grâce aux<br />
éclairages des auteurs de théâtre d’aujourd’hui, aux propositions<br />
ou analyses novatrices des intellectuels que nous invitons,<br />
mais aussi grâce à l’engagement de chaque spectateur,<br />
afin de se rencontrer toujours plus nombreux dans les lieux<br />
d’art et de culture et évacuer de notre espace mental toute<br />
résignation.<br />
Le théâtre, depuis ses origines, répond à deux fonctions sociales<br />
essentielles : être un forum démocratique de la Cité, et<br />
être le lieu de la catharsis.<br />
En faisant vivre le mieux possible ce nouveau théâtre, nous<br />
avons voulu consolider et perpétuer ces deux axes majeurs<br />
de notre action originelle. Nous vous attendons donc encore<br />
plus nombreux, plus motivés encore, dans notre nouvelle<br />
salle Luchino Visconti ou dans la salle « historique », rénovée,<br />
dite désormais salle Hannah Arendt, pour découvrir cette<br />
seconde saison pleine de surprises, imaginées, conçues, préparées<br />
à votre intention.<br />
Joël Dragutin<br />
1
2<br />
SOMMAIRE<br />
AGENDA<br />
Le Café de la Plage<br />
Edito de Joël Dragutin<br />
page 1<br />
Les Décalés<br />
Ouverture de saison<br />
Du 20 au 22 septembre <strong>2013</strong><br />
pages 4-5<br />
Dossier<br />
« Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> : un théâtre de création »<br />
pages 6-9<br />
Concert Val d’Oise Océan<br />
Partenaire<br />
Le 28 septembre <strong>2013</strong><br />
page 66<br />
Bérénice de Jean Racine<br />
mise en scène Yannik Landrein<br />
Création<br />
Du 8 au 18 octobre <strong>2013</strong><br />
pages 10-11<br />
Dossier<br />
« Jeune création »<br />
pages 12-13<br />
Roman<br />
texte et mise en scène Clément Bondu<br />
Jeune création<br />
Du 6 au 8 novembre <strong>2013</strong><br />
pages 14-15<br />
Dossier<br />
« Le théâtre, le territoire,les habitants »<br />
pages 16-18<br />
Le Banquet de la vie<br />
texte et mise en scène Léa Dant<br />
Coproduction<br />
Du 15 au 17 novembre <strong>2013</strong><br />
page 19<br />
Sous la ceinture de Richard Dresser<br />
mise en scène Delphine Salkin<br />
Coproduction<br />
Les 22 et 23 novembre <strong>2013</strong><br />
pages 20-21<br />
Dossier<br />
« Jeune public »<br />
pages 22<br />
Un chien dans la tête<br />
de Stéphane Jaubertie<br />
mise en scène Olivier Letellier<br />
Jeune public<br />
Les 25 et 26 novembre <strong>2013</strong><br />
page 23<br />
La Maison et le Zoo d’Edward Albee<br />
mise en scène Gilbert Desveaux<br />
Coproduction<br />
Les 28 et 29 novembre <strong>2013</strong><br />
pages 24-25<br />
Ravel de Jean Echenoz<br />
mise en scène Anne-Marie Lazarini<br />
Coproduction<br />
Du 4 au 6 décembre <strong>2013</strong><br />
pages 26-27<br />
La Grenouille…<br />
du Vélo <strong>Théâtre</strong>, mise en scène<br />
Francesca Bettini - Jeune public<br />
Du 7 au 11 décembre <strong>2013</strong><br />
page 28<br />
Dossier<br />
« Le théâtre au service de la démocratie »<br />
pages 30-31<br />
La démocratie confisquée, ébranlée :<br />
à réinventer ?<br />
Colloque<br />
Le 7 décembre <strong>2013</strong><br />
page 32<br />
Catherine Clément<br />
« Les questions du genre »<br />
Conférence-Débat<br />
Le 11 décembre <strong>2013</strong><br />
page 33<br />
Le Guide du démocrate<br />
d’Éric Arlix et Jean-Charles Massera<br />
mise en scène Simon Delétang<br />
Le 13 décembre <strong>2013</strong><br />
page 34<br />
Le Dindon de Georges Feydeau<br />
mise en scène Vica Zagreba<br />
et Hélène Lebarbier<br />
Les 17 et 18 décembre <strong>2013</strong><br />
page 35<br />
Somewhere<br />
textes et mise en scène<br />
Christian Eymery<br />
Concert de Noël - Partenaire<br />
Le 21 décembre <strong>2013</strong><br />
page 66<br />
Détails de Lars Norén<br />
mise en scène Lena Paugam<br />
Jeune création<br />
Les 9 et 10 janvier <strong>2014</strong><br />
pages 36-37<br />
Blue Monday Jazz Apéro<br />
Partenaire<br />
Le 13 janvier <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
La Vie extérieure d’Annie Ernaux<br />
mise en scène Hugues Demorge<br />
Coproduction<br />
Les 17 et 18 janvier <strong>2014</strong><br />
page 38<br />
Récital Piano Campus<br />
Daniel Petrica Ciobanu<br />
Partenaire<br />
Le 24 janvier <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
Mythologies enfantines<br />
texte et mise en scène Joël Dragutin<br />
Création<br />
Du 28 au 31 janvier, du 5 au 14 février <strong>2014</strong><br />
pages 40-41<br />
Patrick Pelloux « La Santé / Une<br />
soirée sans ordonnances »<br />
Conférence-Débat<br />
Le 29 janvier <strong>2014</strong><br />
page 33<br />
Les coproductions du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
en tournée<br />
page 42
Blue Monday Jazz Apéro<br />
Partenaire<br />
Le 10 février <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
Dakini - Incantations<br />
d’Olivier Boninnec et Valérie Capdepont<br />
Le 28 février <strong>2014</strong><br />
page 43<br />
La Parité<br />
Création<br />
Les 6 et 7 mars <strong>2014</strong><br />
pages 44-45<br />
Blue Monday Jazz Apéro<br />
Partenaire<br />
Le 10 mars <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
Spirale d’Anne Provoost<br />
adaptation et mise en scène<br />
Eric de Dadelsen - Jeune public<br />
Le 14 mars <strong>2014</strong><br />
page 46<br />
Dal Vivo de Flop Lefebvre<br />
Jeune public<br />
Du 19 au 22 mars <strong>2014</strong><br />
page 47<br />
Lune Jaune… de David Greig,<br />
mise en scène Baptiste Guiton<br />
Coproduction<br />
Du 20 au 22 mars <strong>2014</strong><br />
pages 48-49<br />
Maître Fendard (ah, ah, ah)<br />
de Fred Tousch et François Rollin<br />
Coproduction<br />
Du 2 au 4 avril <strong>2014</strong><br />
pages 50-51<br />
i<br />
13 e Rencontres internationales de<br />
composition musicale<br />
de Cergy-Pontoise - Partenaire<br />
Les 5 et 6 avril <strong>2014</strong><br />
page 68<br />
Blue Monday Jazz Apéro<br />
Partenaire<br />
Le 7 avril <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
Les Contemporaines : Jon Fosse<br />
Le Manuscrit des chiens / Hiver / Rambuku<br />
Festival<br />
Du 9 au 11 avril <strong>2014</strong><br />
Pages 52-55<br />
Alan Sokal « Sciences, savoir, vérité –<br />
tout est relatif ? »<br />
Conférence-Débat<br />
Le 30 avril <strong>2014</strong><br />
page 33<br />
Les Présidentes de Werner Schwab<br />
mise en scène Yordan Goldwaser<br />
Jeune création<br />
Les 6 et 7 mai <strong>2014</strong><br />
pages 56-57<br />
Chantier de la classe théâtre du CRR<br />
Partenaire<br />
Les 9 et 10 mai <strong>2014</strong><br />
page 68<br />
Blue Monday Jazz Apéro<br />
Partenaire<br />
Le 12 mai <strong>2014</strong><br />
page 67<br />
Denis Podalydès « La culture »<br />
(sous réserve)<br />
Conférence-Débat<br />
Le 14 mai <strong>2014</strong><br />
Page 33<br />
Norma Jean<br />
texte et mise en scène John Arnold<br />
Les 15 et 16 mai <strong>2014</strong><br />
page 58<br />
L’Estivante, La Spectatrice<br />
texte et mise en scène Joël Dragutin<br />
Création<br />
Du 20 au 23 mai <strong>2014</strong><br />
pages 60-61<br />
Marie Tudor de Victor Hugo<br />
mise en scène LA gALERIE<br />
Jeune création<br />
Les 27 et 28 mai <strong>2014</strong><br />
pages 62-63<br />
La Chute d’Albert Camus<br />
mise en scène Géraud Bénech<br />
Hors les murs<br />
page 64<br />
CNSAD - Les autres « Journées de juin »<br />
Partenaire<br />
Du 3 au 8 juin <strong>2014</strong><br />
page 65<br />
L’Histoire du Soldat d’Igor Stravinsky et<br />
de C. F. Ramuz<br />
Partenaire<br />
Le 18 juin <strong>2014</strong><br />
page 69<br />
Action culturelle<br />
pages 70-71<br />
Courrier des spectateurs<br />
page 59<br />
Mortagne<br />
page 39<br />
Infos pratiques<br />
page 72<br />
Le club entreprises<br />
page 73<br />
Partenaires<br />
page 76<br />
Tarifs<br />
page 77<br />
Devenir un ami du <strong>Théâtre</strong><br />
page 77<br />
Bulletin de réservation<br />
page 78<br />
Calendrier des spectacles<br />
pages 79-80<br />
3
4<br />
LES<br />
DÉ<br />
CA<br />
LÉS<br />
VENDREDI 20 SEPTEMBRE<br />
DE 21 h À MINUIT<br />
SAMEDI 21 SEPTEMBRE<br />
DE 12 h À MINUIT<br />
DIMANCHE 22 SEPTEMBRE<br />
DE 12 h À 18 h<br />
RAPPEL :<br />
PRÉSENTATION DE SAISON<br />
VENDREDI 20 SEPTEMBRE<br />
À 19 h
Pour ouvrir sa saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> braque ses projecteurs sur les formes brèves.<br />
Au programme de ces trois jours « décalés », une quarantaine de « microformes » – de 2 à 12 minutes –<br />
ont été sélectionnées par un jury composé principalement de jeunes Cergypontains.<br />
On trouvera du théâtre bien sûr, et sous toutes ses formes, mais aussi d’autres expressions artistiques<br />
populaires : humour, danse urbaine, chanson, poésie, musique, arts de la rue, installations…<br />
Autant de propositions qui attestent une vitalité culturelle qu’il est temps de prendre en compte.<br />
Véritable « poste d’écoute » implanté<br />
dans une réalité urbaine qui préfigure le<br />
monde de demain, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ne cesse<br />
d’interroger l’ensemble des pratiques<br />
culturelles des habitants de l’agglomération.<br />
Majoritairement jeune, diversifiée<br />
et populaire, complétée de façon plus<br />
transitoire par les étudiants répartis sur<br />
les différents campus cergypontains,<br />
cette population ne se reconnaît pas<br />
toujours dans l’offre que lui proposent<br />
les institutions culturelles traditionnelles<br />
(théâtres, musées, médiathèques…).<br />
Elle lui préfère d’autres formes d’expression<br />
appartenant le plus souvent à la<br />
catégorie du divertissement : spectacles<br />
d’humour relayés par les petits écrans,<br />
web, TV, films « blockbusters », concerts<br />
« géants » de stars internationales. Ce<br />
mainstream culturel est volontiers méprisé<br />
par les héritiers de la culture « officielle<br />
», au prétexte qu’il induirait des<br />
comportements de consommateur (passivité,<br />
addiction, « panurgisme »). Mais,<br />
heureusement, cette catégorisation<br />
simpliste ne résume pas l’ensemble des<br />
pratiques culturelles de cette génération.<br />
Un regard attentif à ce qui se crée localement<br />
ou à ce qui s’expose sur le Net et se<br />
diffuse largement au moyen des réseaux<br />
sociaux, nous apprend que, à Cergy-<br />
Pontoise comme ailleurs, la culture ne<br />
cesse jamais de se transformer, d’innover,<br />
de vivre.<br />
Aussi, plutôt que de déplorer une fréquentation<br />
trop faible de nos salles par<br />
cette jeune génération, de stigmatiser<br />
son manque d’adhésion à des pratiques<br />
aux antipodes de ses codes et de ses représentations,<br />
nous faisons au contraire<br />
le choix de lui ouvrir ce théâtre. Ces<br />
jeunes gens pourront s’en approprier<br />
chaque recoin, pour y créer le plus librement<br />
possible, sans frontières disciplinaires.<br />
Nous leur proposons un format<br />
court, mieux adapté à leurs standards<br />
(clips, sketches, chansons…), et l’accueil<br />
d’un grand nombre de propositions sur<br />
trois jours. Enfin, nous avons renoncé<br />
à la distinction entre amateurs et professionnels,<br />
le plus souvent inopérante<br />
lorsqu’il s’agit d’artistes qui n’appartiennent<br />
ni aux réseaux officiels ni aux<br />
lieux institués.<br />
Les Décalés seront l’occasion pour tous<br />
ceux qui ne vont pas « naturellement »<br />
au théâtre de découvrir de jeunes talents<br />
qui leur ressemblent et de s’approprier<br />
un lieu de culture et de création qui est<br />
aussi le leur. Et, pour tous ceux qui sont<br />
des fidèles, de comprendre et apprécier<br />
l’expression artistique des nouvelles générations<br />
Génération LOL<br />
En « stand up » ou sous forme de<br />
« buzz » sur Youtube, au travers de<br />
jeux verbaux ou de situations insolites,<br />
l’humour, la poésie, l’invention<br />
rythment la vie quotidienne<br />
de la jeune génération. Ils sont le sel<br />
des rapports sociaux, des échanges<br />
en « live » ou par SMS, comme des<br />
commentaires lâchés sur les murs<br />
virtuels. Les médias et les communicants<br />
s’en sont emparé depuis<br />
longtemps. L’humour, la poésie, le<br />
décalage, ce sont en quelque sorte<br />
les couleurs d’une génération !<br />
Ils seront donc naturellement au<br />
centre des propositions de ces trois<br />
jours « décalés ».<br />
5
6<br />
« J’AI<br />
BEAUCOUP,<br />
BEAUCOUP,<br />
BEAUCOUP<br />
AIMÉ… »<br />
Joël Dragutin, La Spectatrice
LE THÉÂTRE <strong>95</strong> :<br />
UN THÉÂTRE DE CRÉATION<br />
C’est la création théâtrale qui fonde<br />
l’identité du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>. Écriture, mise<br />
en scène, utopie sociale d’une vie émancipée<br />
du consumérisme et de toutes les<br />
formes d’aliénations fabriquent le quotidien<br />
d’un outil et d’une équipe de<br />
production ancrés dans la Cité.<br />
L’histoire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> commence<br />
avec un parti pris radical : il s’agit<br />
d’expérimenter des formes scéniques<br />
et des écritures, et de solliciter la participation<br />
du public à l’élaboration de<br />
l’œuvre artistique, apportant par là une<br />
légitimité nouvelle à la jeune structure.<br />
Au fil des années, le projet évolue, la<br />
mise en œuvre gagne en maturité : élargissement<br />
du champ des mythologies<br />
contemporaines, dialogue avec les auteurs<br />
vivants, invitation du public à la<br />
prospective sociale et regard réflexif sur<br />
les esthétiques de la société du spectacle<br />
et sur les conséquences des mutations<br />
en cours dans tous les domaines du<br />
savoir et des disciplines...<br />
Le processus de création mis en œuvre<br />
par Joël Dragutin va révéler l’identité<br />
de ce théâtre, la nourrir et constamment<br />
la modeler.<br />
L’auteur-metteur en scène conçoit la<br />
création théâtrale comme une échappée<br />
belle au-delà des idéologies, des<br />
propagandes et des censures de toutes<br />
natures – même lorsque celles-ci se parent,<br />
comme parfois dans notre société<br />
consumériste, des attributs d’un combat<br />
pour la liberté de pensée.<br />
Signifier scéniquement sa « vérité » de<br />
l’humain, formuler des bribes d’utopies<br />
encore audibles, lutter contre tout<br />
renoncement à la vie de la pensée, à<br />
la « spiritualité » de la poétique, à la<br />
critique de la comédie sociale, à cette<br />
fameuse « lueur d’espoir » qui a fait<br />
l’objet de si nombreux débats au sein<br />
du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> : telles sont les pistes<br />
dramaturgiques poursuivies.<br />
Depuis l’origine, à partir d’une investigation<br />
aux frontières de l’ethnologie<br />
et de la sociologie, tentative de mise<br />
à jour des structures des mythologies<br />
qui dessinent la réalité de nos classes<br />
sociales, Joël Dragutin reconstruit les<br />
cadres dans lesquels les histoires de ses<br />
personnages se jouent : les images du<br />
bonheur des magazines ou des spots<br />
publicitaires, l’univers viril et déchaîné<br />
du succès managérial, les dérives<br />
du discours politique ou de la sphère<br />
culturelle, la novlangue des technologies<br />
de la communication et de la globalisation,<br />
le catastrophisme des idéalismes<br />
brisés…<br />
Ce travail de création original se situe en<br />
outre dans un territoire particulier : l’agglomération<br />
nouvelle, génératrice et<br />
avide de mythologies contemporaines,<br />
inventrice de modes de vie et de paroles<br />
spécifiques. Il correspond à un dialogue<br />
engagé entre les habitants de ce territoire<br />
– à la fois sujets de la pièce, acteurs<br />
volontaires ou inconscients de la<br />
prise de parole des personnages, et public<br />
recherché et désiré – et un auteur,<br />
entouré d’une équipe de création, qui,<br />
si elle n’est plus la troupe rêvée d’une<br />
utopie théâtrale désormais révolue, a su<br />
maintenir des fidélités, des amitiés et<br />
des engagements sans faille pour ce travail<br />
singulier entre tradition (la troupe,<br />
l’humour, la passion) et postmodernité<br />
(la sémiotique, la technologie, l’autoréflexivité).<br />
Sous l’impulsion de son auteur-directeur,<br />
le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> vise donc à une<br />
critique au scalpel de notre société,<br />
certes teintée de compréhension, de<br />
tendresse et toujours accompagnée<br />
d’un humour bienveillant. Décryptant<br />
les pouvoirs de tous ordres, les aliénations<br />
politiques, névrotiques ou amoureuses,<br />
les mirages du matérialisme, du<br />
libéralisme, de la consommation, la<br />
confusion entre croissance et progrès,<br />
il défend, tout en l’illustrant par ses<br />
modes de création et le rapport qu’il<br />
entretient avec ses publics, une pensée<br />
7
8<br />
libertaire et vivifiante, la recherche d’un<br />
gai savoir, le plaisir partagé de l’intelligence,<br />
la réconciliation avec l’« être » du<br />
monde et du langage.<br />
C’est ainsi que, au-delà de la création<br />
et des représentations des pièces de Joël<br />
Dragutin, l’ensemble de la programmation<br />
et des travaux du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> se<br />
fabrique dans l’esprit du processus créatif<br />
que nous venons d’esquisser, depuis<br />
l’accueil de nombreux auteurs et metteurs<br />
en scène contemporains qui expriment<br />
une proximité dans leurs créations<br />
avec les partis pris esthétiques et<br />
citoyens, jusqu’aux ateliers de pratique<br />
et d’éducation artistiques, en passant<br />
par la mise en scène d’auteurs classiques<br />
envisagés d’abord comme des « contemporains<br />
de leur temps », sans oublier les<br />
cycles de conférences-débats, les festivals<br />
internationaux, la découverte de<br />
jeunes artistes, les tournées de petites<br />
formes proactives…<br />
La liste est désormais très longue des<br />
auteurs vivants souvent jeunes, des<br />
metteurs en scène ou des compagnies<br />
qui ont nourri les saisons du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
(et, dans cette liste, nombre de projets<br />
et de spectacles n’auraient pu voir le<br />
jour sans le soutien de ce lieu d’invention<br />
et de liberté) : René Loyon, David<br />
Ayala, Philippe Calvario, le collectif<br />
DRAO, Léa Dant, Gilles Gleizes, Sylvie<br />
Ollivier, Stéphane Braunschweig,<br />
Florence Giorgetti, Michael Batz, Julie<br />
Duclos, Maxime Franzetti, Serge Cribus,<br />
Howard Barker, Xavier Maurel,<br />
Mario Gonzalez, Catherine Anne,<br />
David Noir, Éléonore Weber, Frédéric<br />
Constant, Elsa Solal, Geneviève Rosset,<br />
Gerold Schuman, Anne-Marie Lazarini,<br />
Rémi De Vos, Stéphanie Loïk, etc.<br />
Ainsi l’ensemble du travail de l’équipe<br />
artistique au sein du théâtre constituet-il<br />
une sorte de mise en abyme de la<br />
démarche créative de l’auteur-metteur<br />
en scène. Sans doute parce que créer<br />
n’est pas reproduire, ni même tout-à-<br />
fait exactement produire, et que les modalités<br />
de la création influencent profondément<br />
sa concrétisation et jusqu’à<br />
sa finalité.<br />
Ajoutons que, si l’humour et la dis-<br />
tance irriguent l’ensemble du projet<br />
artistique du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, si ces modes<br />
de représentations accompagnent le<br />
plus souvent des démarches artistiques<br />
profondément impliquées dans<br />
leur époque, voire politiquement exigeantes,<br />
la programmation du théâtre a<br />
toujours fait la part belle à des œuvres<br />
dont le travail sur la langue et la rigueur<br />
littéraire renouvellent le répertoire dramatique,<br />
et dont les mises en jeu proposent<br />
également des visions scéniques<br />
profondément originales.<br />
Mais, répétons-le une fois encore, pour<br />
le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, l’ambition artistique ne<br />
doit jamais aboutir à une sacralisation<br />
élitiste de la culture, et tous les créateurs<br />
qui s’y retrouvent partagent avant<br />
tout le souci d’être sérieux le plus possible<br />
sans pour autant se « prendre au<br />
sérieux », et tous préservent, dans leur<br />
démarche, la part de la mise en doute,<br />
voire en crise, de cette démarche ellemême.<br />
Pour illustrer la poursuite de cette<br />
délicatesse en forme de « marque de<br />
fabrique » du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, on peut évoquer<br />
encore, dans le travail de son directeur,<br />
la série des petites formes sur<br />
la société du spectacle égrenées à des<br />
moments clés de l’évolution du théâtre :<br />
La Spectatrice, Chantiers publics, et, qui<br />
sera créée cette saison, L’Estivante. Ces<br />
petites formes permettent à Joël Dragutin<br />
de porter sur son propre théâtre<br />
un regard décapant, le comique provocateur<br />
de la satire sociale, la démystification<br />
des postures et le décodage des<br />
conditionnements…<br />
Valérie Battaglia<br />
LES RENDEZ-VOUS<br />
CRÉATION<br />
BÉRÉNICE<br />
PP. 10/11<br />
MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />
PP. 40/41<br />
LA PARITÉ<br />
PP. 44/45<br />
LA SPECTATRICE, L’ESTIVANTE<br />
PP. 60/61
10<br />
BÉRÉNICE<br />
de Jean Racine<br />
mise en scène de Yannik Landrein<br />
Bérénice est l’histoire<br />
d’un mensonge long de cinq ans,<br />
d’une passion aveugle et de<br />
leur « effet papillon ».<br />
L’empereur Titus achève de rendre les<br />
honneurs funèbres à son père Vespasien.<br />
La rumeur dit que, se sentant libre désormais,<br />
il va épouser Bérénice, la reine de<br />
Palestine. Antiochus, le roi de Comagène,<br />
confident du couple, s’apprête, après cinq<br />
ans d’amour muet, à lui déclarer ses sentiments,<br />
avant de quitter Rome pour<br />
toujours. Dans le même temps, conscient<br />
que son devoir s’oppose à cet union, car<br />
le Sénat a toujours interdit à l’empereur<br />
d’épouser une reine étrangère, Titus se<br />
résout à renvoyer Bérénice dans son pays<br />
et demande à Antiochus de lui délivrer le<br />
message d’adieu et de départ qu’il n’a pas<br />
osé lui adresser lui-même. La reine refuse<br />
de le croire. Elle tente en vain de fléchir<br />
Titus et semble décidée à mourir plutôt<br />
que de renoncer à son amour…<br />
mardi 8, mercredi 9, vendredi 11,<br />
samedi 12, mardi 15<br />
et vendredi 18 octobre à 20 h 30,<br />
jeudis 10 et 17 octobre à 19 h,<br />
vendredi 11, mardi 15<br />
et vendredi 18 octobre à 14 h 30,<br />
dimanche 13 octobre à 16 h
Yannik Landrein<br />
Né en 1984, Yannik Landrein<br />
débute sa formation théâtrale au<br />
CNR de Versailles, avant d’intégrer<br />
l’ESAD, puis d’entrer au Conservatoire<br />
national supérieur d’Art dramatique,<br />
dans les classes de Daniel<br />
Mesguich et Nada Strancar.<br />
Ces années lui ont permis de<br />
rencontrer et de travailler avec<br />
des artistes tels que Jean Claude<br />
Cotillard, Nicolas Bouchaud,<br />
Michel Didym, Sophie Loucachevski,<br />
Yves Beaunesne, Hans Peter<br />
Cloos, Caroline Marcadé, Christophe<br />
Patty…<br />
En 2012, il interprète le vicomte de<br />
Valmont dans Les Liaisons dangereuses,<br />
mis en scène par John Malkovich<br />
au <strong>Théâtre</strong> de l’Atelier, et il<br />
jouera en <strong>2014</strong> dans Comme il vous<br />
plaira de Shakespeare sous la direction<br />
de Patrice Chéreau au <strong>Théâtre</strong><br />
de l’Odéon. Bérénice est sa première<br />
mise en scène.<br />
avec Julien Bouanich, Florent Dorin,<br />
David Houri, Pauline Huruguen,<br />
Yannick Landrein, Julie Moulier<br />
et Stanley Weber<br />
scénographie Charles Vitez<br />
lumière Julien Dubuc<br />
son Grégoire Letouvet<br />
coproduction Mouvement du 22, <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>,<br />
<strong>Théâtre</strong> d’Annonay / avec la participation artistique<br />
du Jeune théâtre national<br />
Bérénice de Racine a été écrit dans un<br />
contexte particulier, que pouvez-vous<br />
nous en dire ?<br />
Yannik Landrein : Un an auparavant,<br />
une cabale fomentée par Corneille avait<br />
fait tomber Britannicus.<br />
Mû par un désir de revanche et de reconnaissance,<br />
Racine s’attelle aussitôt à l’écriture<br />
de Bérénice. En même temps, Corneille<br />
compose Tite et Bérénice. Les deux<br />
pièces sont présentées à une semaine<br />
d’intervalle.<br />
Il est fréquent à l’époque que plusieurs<br />
auteurs s’emparent d’un même sujet,<br />
mais, cette fois, ce sont les deux poètes<br />
les plus puissants de leur temps qui se<br />
confrontent, deux auteurs qui au surplus<br />
se détestent. Le concours d’écriture<br />
devient vite une guerre qui oppose deux<br />
mondes, deux générations, deux manières<br />
de penser le théâtre. La Tradition<br />
contre le Renouveau.<br />
Avec, en jeu, ni plus ni moins que la<br />
supériorité incontestée de l’un sur l’autre.<br />
La victoire est sans appel. Si Tite et Bérénice<br />
rencontre un succès plus qu’honorable,<br />
Bérénice de Racine le surclasse dans<br />
tous les domaines et le public parisien<br />
adopte instantanément la tragédie nouvelle<br />
proposée par Racine.<br />
Ainsi, trois ans après qu’Andromaque eut<br />
révélé le talent prodigieux de Racine, Bérénice<br />
consacre son génie.<br />
Que vous évoque cette histoire de la<br />
guerre des Bérénice ?<br />
Quand Racine écrit les premiers vers de<br />
sa pièce, il est seul contre tous. Ses seuls<br />
alliés sont sa confiance et son talent.<br />
Cette histoire nous dit d’abord le courage,<br />
la foi, l’audace, l’impertinence, la<br />
fougue, la révolte, l’insoumission avec<br />
lesquels Racine a composé cette œuvre et<br />
avec lesquels nous devons travailler Bérénice,<br />
si nous voulons lui être fidèle.<br />
Surtout, Bérénice était le manifeste de la<br />
révolution théâtrale voulue par Racine.<br />
Elle nous dit que l’art est un combat pour<br />
exister dans un monde qui ne nous appartient<br />
pas, mais qu’il nous faut conquérir.<br />
Et nous souffle que, pour arriver à<br />
cela, nous devons croire en notre génie.<br />
Quels ont été vos partis pris dans la<br />
mise en scène ?<br />
Ce qui est ironique, c’est qu’aujourd’hui<br />
on voit la tragédie classique de la même<br />
manière que Racine voyait la tragédie<br />
cornélienne. À savoir poussiéreuse, emphatique,<br />
invraisemblable, et très éloignée<br />
de nos réalités.<br />
Racine voulait une tragédie dépouillée,<br />
concentrée sur l’essentiel, une tragédie<br />
pure, rajeunie, et surtout qui peindrait<br />
de la manière la plus fidèle qui soit toutes<br />
les subtilités de la passion humaine. La<br />
mise en scène s’attachera donc à traduire<br />
le désir de Racine, en offrant aux acteurs<br />
un terrain de jeu propice au spectacle<br />
des passions, et aux spectateurs un laboratoire<br />
fantastique où l’homme devient<br />
tout et tout devient humain.<br />
Pourquoi un jeune metteur en scène<br />
s’attaque-t-il à un classique comme<br />
Bérénice ?<br />
D’abord, il y a eu ce constat que mes<br />
batailles et mes révoltes sont les mêmes<br />
que celles de mes contemporains : une<br />
réaction aux réalités sociales et politiques<br />
dans lesquelles nous évoluons…<br />
Mais parce que je crois à l’idée que l’art<br />
doit inspirer le quotidien bien plus que le<br />
quotidien n’inspire l’art, mettre en scène<br />
Bérénice s’est imposé comme une respiration<br />
nécessaire par rapport à cette colère<br />
générationnelle dont je suis moi-même<br />
porteur. La force du théâtre racinien, c’est<br />
que, loin d’être une mise à distance, il est<br />
une prise de hauteur.<br />
Bérénice n’a pas vocation à être un pansement<br />
sur la fracture sociale, son objet est<br />
de mettre l’homme dans ce qu’il a de plus<br />
éternel face à ses questions essentielles.<br />
Elle ne se préoccupe pas du particulier,<br />
seul le fondamental l’intéresse.<br />
De fait, il était important pour moi de<br />
faire entendre que le terme « classique »<br />
définit certes un cadre littéraire, mais pas<br />
un propos, ni une pensée. « Classique » ne<br />
signifie ni « archaïque » ni « conventionnel<br />
». Les questions que pose Bérénice, les<br />
faiblesses qu’elle éclaire, l’humain qu’elle<br />
révèle ne sont pas d’un autre temps. C’est<br />
nous, dans ce que nous avons de plus<br />
contemporain.<br />
propos recueillis par le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
11
12<br />
LES RENDEZ-VOUS<br />
JEUNE CRÉATION<br />
ROMAN<br />
PP. 14/15<br />
DÉTAILS<br />
PP. 36/37<br />
LES PRÉSIDENTES<br />
PP. 56/57<br />
MARIE TUDOR<br />
PP. 62/63<br />
CRÉATION
En 2012-<strong>2013</strong>, quatre jeunes compagnies ont eu carte blanche pour proposer au public cergypontain<br />
des créations souvent surprenantes, parfois déroutantes, mais toutes débordantes d’un désir et d’une<br />
énergie qui sont la marque d’une génération montante d’artistes et de créateurs de théâtre.<br />
Cette saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> reconduit ce cycle « Jeune Création » qu’il avait initié sans savoir<br />
qu’il deviendrait l’une des grandes priorités du ministère de la Culture.<br />
Pour son directeur, Joël Dragutin, soutenir l’émergence de ceux qui « produisent déjà le théâtre<br />
de demain » est au cœur de la mission d’une scène conventionnée aux écritures contemporaines.<br />
Qu’entend-on par «jeune création » ?<br />
Par quels critères peut-on la distinguer<br />
de la création théâtrale en général ?<br />
Joël Dragutin : La notion de « jeune<br />
création » est par essence subjective. Si<br />
par « jeune » par exemple on entend « novateur<br />
», alors un spectateur peut en effet<br />
trouver une création très « jeune » dans<br />
son esthétique, dans son approche, sa<br />
thématique, tandis qu’un autre la jugera<br />
plutôt conventionnelle. Restent alors les<br />
critères de l’âge du créateur et de son<br />
expérience vécue, qui peuvent sembler<br />
arbitraires, mais qui ont au moins l’avantage<br />
d’être objectifs, et ce sont ces critères<br />
qui ont été retenus par le ministère de la<br />
Culture. Un mot sur cette priorité définie<br />
par le ministère : il se trouve que ce souci<br />
est le nôtre depuis longtemps. Nombreux<br />
sont les auteurs ou les metteurs en scène<br />
que nous avons soutenus dans le début<br />
de leur carrière. Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, il faut le<br />
répéter, a été et demeure, comme l’a dit<br />
l’un d’entre eux « un lieu du possible ».<br />
Oui, nous avons beaucoup accompagné<br />
la « jeune création » sans qu’on nous le<br />
demande !<br />
Quel est le profil de ces jeunes créateurs<br />
?<br />
Il s’agit de metteurs en scène ou d’auteurs-metteurs<br />
en scène qui ont entre<br />
vingt et trente ans. Il doivent posséder<br />
une relative expérience du travail de plateau<br />
et justifier d’un nombre suffisant de<br />
créations à leur actif (deux ou trois) pour<br />
pouvoir être identifiés.<br />
En quoi consiste pratiquement cette<br />
aide à la jeune création ?<br />
Chaque compagnie est accueillie pour<br />
une résidence d’au moins une semaine.<br />
Le temps de finaliser un travail de création<br />
et de l’adapter aux exigences techniques<br />
de la salle. Je rappelle que selon<br />
les propositions, les jeunes compagnies<br />
disposent de la salle modulable (salle Visconti)<br />
ou de la salle « historique » (salle<br />
Arendt). Le spectacle est ensuite proposé<br />
au public pour deux ou trois représentations,<br />
ni plus ni moins que la moyenne<br />
des spectacles accueillis au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
Pouvez-vous nous tracer en quelques<br />
mots les grandes lignes du cycle « Jeune<br />
création » <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>.<br />
Nous avons choisi à la fois un jeune auteur,<br />
comme Clément Bondu, qui ouvrira<br />
ce cycle en novembre <strong>2013</strong> avec une<br />
pièce inédite, et de jeunes metteurs en<br />
scène – Lena Paugam, Yordan Goldwaser,<br />
Céline Champinot et le groupe LA<br />
gALERIE – qui posent un regard nouveau<br />
sur des œuvres du répertoire classique<br />
ou contemporain : Norén, Schwab,<br />
Hugo… Chacun a une approche du<br />
théâtre qui lui est propre, qu’il s’agisse du<br />
propos, des matériaux employés ou du<br />
processus de création. Mais ils sont tous<br />
des artistes de leur temps et dans leur<br />
temps, et s’adressent de façon consciente<br />
à un public d’aujourd’hui.<br />
Qu’est-ce qui, selon vous, rapproche<br />
ou distingue les jeunes créateurs d’aujourd’hui<br />
de ceux de la génération précédente<br />
?<br />
La civilisation du verbe peu à peu cède<br />
le pas à une civilisation de l’image et<br />
du son. Aujourd’hui, le processus de la<br />
création théâtrale se rapproche de plus<br />
en plus de celui de la création cinématographique<br />
ou vidéo, avec lesquels les<br />
jeunes créateurs et le public jeune sont<br />
souvent plus en phase. Les croisements<br />
disciplinaires qui s’opèrent naturellement<br />
permettent de multiplier les possibilités<br />
créatives. D’ailleurs, la division même du<br />
travail artistique entre créateurs (auteurs,<br />
metteurs en scène), techniciens et interprètes<br />
est remise en cause. Dès leurs années<br />
d’études, les jeunes gens se trouvent<br />
engagés dans des projets collectifs où ils<br />
assument des rôles divers – auteur, dramaturge,<br />
chorégraphe, acteur, vidéaste,<br />
créateur sonore, metteur en scène –, en<br />
fonction des désirs ou des conditions<br />
dans lesquelles ils produisent.<br />
Vous êtes à la fois directeur du <strong>Théâtre</strong><br />
<strong>95</strong> et auteur. Cette réflexion sur la<br />
jeune création que vous menez depuis<br />
longtemps a-t-elle une incidence sur<br />
votre écriture ?<br />
Tout créateur a été un jour un jeune<br />
créateur… et ne doit pas l’oublier ! La<br />
confrontation permanente avec les<br />
jeunes artistes de la génération montante<br />
n’a jamais cessé de nourrir mon<br />
travail de création : dans Une maison<br />
en Normandie, créée à l’automne 2012,<br />
j’ai exploré à ma façon les mêmes voies<br />
qu’empruntent bien des jeunes créateurs<br />
d’aujourd’hui. J’ai construit ce spectacle<br />
à partir de « chantiers » et en grande partie<br />
sur le plateau, en laissant la parole aux<br />
acteurs, jeunes pour la plupart. Ils ont<br />
mis à l’épreuve de leur vision propre de<br />
ce monde que nous partageons pourtant<br />
le canevas que j’avais prémédité. Le texte<br />
que j’ai produit en dernière étape porte la<br />
marque de leur vécu, de leur regard, de<br />
leurs aspirations.<br />
propos recueillis par Géraud Bénech<br />
13
14<br />
ROMAN<br />
texte et mise en scène de Clément Bondu<br />
Je meurs d’espoir d’embrasement je meurs je meurs pendu égorgé je meurs mais je ne dis pas notre<br />
amour est fini et mort non notre amour est impérissable.<br />
Mahmoud Darwich<br />
Un homme et une femme se retrouvent<br />
dans les ruines d’un bar « karaoké ». Une<br />
maison abandonnée. Un appartement<br />
vide. Tout est blanc. Dévasté. Lui et elle.<br />
Dans cet espace clos. Intérieur. Elle et lui.<br />
L’un à l’autre. Confrontés. Un homme.<br />
Une femme. Une femme. Un homme.<br />
L’un à l’autre. Affrontés.<br />
Roman. Le langage veut se faire histoire.<br />
Mais il n’y a pas d’histoire. Tout juste le<br />
flux continu des mots qui nous assaillent,<br />
des idées qui nous hantent, des ombres<br />
avec Julien Allouf et Naïs El Fassi<br />
scénographie Élodie Dauguet<br />
voix-off Michel Archimbaud<br />
Algérie News : Votre pièce Roman est<br />
une sorte de chronique obsessionnelle<br />
dont on n’arrive pas à fixer la portée.<br />
Est-elle purement existentialiste ou<br />
plutôt liée à l’amour torturé du personnage<br />
de l’homme face à la femme<br />
impossible ?<br />
Clément Bondu : L’enjeu réside justement<br />
dans cette multiplicité thématique<br />
qui englobe l’ensemble des questionnements<br />
formulés par les deux figures de la<br />
pièce, Lui et Elle, dont la pierre angulaire<br />
est : comment vivre sa vie ? Sans qu’on<br />
sache grand-chose, la pièce débute avec<br />
Lui, face à Elle. Ce sont des retrouvailles,<br />
on le comprend peu à peu. On est dans<br />
un endroit détruit, fantomatique ou rêvé,<br />
un lieu de tous les possibles, comme on<br />
en trouve chez Antonioni, Melville, ou<br />
dans les films de Théo Angelopoulos.<br />
Elle, on le comprend aussi peu à peu, c’est<br />
qui nous poursuivent, des fantômes de<br />
l’enfance, des fantasmes de l’adolescence.<br />
Notre vie. Comme un roman. Vanité,<br />
vanité. Nature morte dans un karaoké.<br />
Un homme et une femme cherchent la<br />
joie. Souvenirs. Flash-backs. Images d’un<br />
passé révolu. L’amour. L’amour fou. La<br />
jeunesse. Ou quelque chose comme ça.<br />
Dans les ruines d’un bar « karaoké ». Une<br />
maison abandonnée. Un appartement<br />
vide. Tout est blanc. Dévasté. Il pleut. Il<br />
pleut des cordes. À l’intérieur. Il pleut. La<br />
production L’Impossible et la Comédie de Reims-CDN<br />
/ coproduction <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> /avec la participation du<br />
JTN et le soutien de l’Espace Plasti d’Alger<br />
une sorte de miroir pour ses fantasmes à<br />
Lui, ses projections masculines, égoïstes,<br />
angoissées. Elle est comme un personnage<br />
de roman, le personnage du roman que<br />
Lui se fait. C’est le début du Bleu du ciel<br />
de Bataille : « Un peu plus, un peu moins,<br />
tout homme est suspendu aux récits, aux<br />
romans qui lui révèlent la vérité multiple<br />
de la vie. » Pour ça, la structure temporelle<br />
de la pièce est heurtée, comme la mémoire,<br />
elle fonctionne par à-coups, séquences<br />
courtes, flash-backs. Et l’espace dont je<br />
parlais est ce lieu vide, vidé, comme une<br />
page blanche, où révéler ces tentatives<br />
désespérées.<br />
On remarque un contraste entre la volubilité<br />
de la pièce et le propos véhiculé<br />
dans le prologue qui affirme a priori<br />
que les limites du langage sont celles<br />
du monde… Peut-on en déduire que la<br />
pluie lave les paroles. La bave. La pluie<br />
lave. Les visages des vivants. Les douleurs.<br />
Les retrouvailles. Les séparations. Il pleut.<br />
Il pleut des cordes. À l’intérieur. La pluie<br />
emporte la blancheur. L’eau coule. Le vide<br />
s’efface. Enfin. La pluie découvre les couleurs.<br />
Révèle le temps disparu.<br />
Clément Bondu<br />
Roman a été écrit lors d’une résidence<br />
à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon<br />
(Centre national des écritures du spectacle).<br />
mercredi 6<br />
et vendredi 8 novembre à 20 h 30<br />
jeudi 7 novembre à 19 h<br />
pièce questionne cette impossibilité de<br />
vivre sans définir la vie par des mots ?<br />
Oui. Ce sont des mots empruntés à<br />
Godard. On serait quelque part entre le<br />
poème et la psychanalyse. Tenter de savoir<br />
comment on peut se libérer de l’étroitesse<br />
de sa vie par la profusion du langage.<br />
Pour se rendre compte qu’on a vécu, saisir<br />
un peu du passé, et envisager les luttes<br />
à venir. Mais ça, d’ailleurs, c’est son problème<br />
à Lui. Elle est beaucoup plus forte,<br />
concrète, capable de silence. Roman, c’est<br />
ma première pièce qui ne soit pas l’adaptation<br />
d’un texte préexistant (Dostoïevski,<br />
Brecht), alors forcément, c’est un peu<br />
autobiographique, c’est un acte de naissance,<br />
je me libère, et c’est bien sûr de ma,<br />
de notre jeunesse qu’il s’agit. C’est la genèse.<br />
Je voulais parler de tout. L’amour, la<br />
mort, le désir, l’angoisse. Dans cet état de<br />
tremblement. D’une rencontre. Devant
quelqu’un qu’on aime. Je voulais sans<br />
doute retrouver une forme de candeur.<br />
Loin du cynisme désabusé de l’époque.<br />
Roman est donc votre première pièce<br />
en tant qu’auteur-metteur en scène.<br />
Quelle est votre vision du théâtre tant<br />
par rapport à la tendance en France<br />
qu’aux références connues de la production<br />
théâtrale contemporaine ?<br />
En France, il y a depuis plusieurs années<br />
une nouvelle vague d’auteurs-metteurs<br />
en scène, de collectifs, d’écriture de plateau,<br />
dont je me sens proche. Et face à ça,<br />
des metteurs en scène de répertoire. Ce<br />
qui est très bien aussi, mais qui ne représente<br />
pas du tout le même métier, si c’est<br />
un métier. De toute façon, au fond, je me<br />
fous un peu du théâtre. Ce qui me fait<br />
vivre, ce sont les romanciers, les poètes,<br />
Clément Bondu<br />
Né en 1988, Clément Bondu écrit<br />
principalement pour le théâtre et la<br />
musique. Il est cofondateur de La<br />
Meute et de L’Impossible, structures<br />
avec lesquelles il monte ses<br />
textes depuis 2010. De ses nombreux<br />
voyages, il tire une série de<br />
poèmes qu’il porte régulièrement à<br />
la scène avec le compositeur Jean-<br />
Baptiste Cognet et le label Music<br />
for a train. En 2011, Clément<br />
Bondu reçoit l’encouragement du<br />
CNT pour sa pièce Idiots, d’après<br />
les cinéastes. Pasolini, Duras, Kateb Yacine,<br />
Roberto Bolano, etc. D’ailleurs je<br />
fais autant du théâtre que de la musique,<br />
comme avec Errances, que je prépare, qui<br />
est un truc hybride où je parle et chante<br />
pendant une heure et demie, avec huit<br />
musiciens qui m’accompagnent. Un<br />
peu comme du Ferré dernière période.<br />
En tout cas, ça me plaît, ça m’excite.<br />
J’ai envie de tout essayer, faire des films,<br />
écrire des tas de textes, changer. Je ne sais<br />
pas. Voyager. Regarder le visage des gens.<br />
Et me rentrer dans le crâne que tout ça,<br />
même si c’est important, bien sûr, ça n’est<br />
pas non plus la seule raison de vivre.<br />
propos recueillis par Sarah Haidar<br />
Algérie News, janvier <strong>2013</strong><br />
Dostoïevski, mise en espace par<br />
Frédéric Maragnani aux Rencontres<br />
d’été de la Chartreuse de<br />
Villeneuve-lez-Avignon. En 2012,<br />
en résidence à la Chartreuse, il écrit<br />
La musique la liberté d’après Baal<br />
de Brecht, qu’il met en scène à Paris<br />
au CNSAD (atelier de troisième<br />
année) et publie son recueil Premières<br />
impressions (L’Harmattan),<br />
dont deux disques sont nés : Premières<br />
impressions (EP, 2011) et Premières<br />
impressions # 2 (EP, <strong>2013</strong>).<br />
En <strong>2013</strong>, dans le cadre d’Acte zéro,<br />
résidence de la compagnie L’Impossible<br />
au Studio de la Comédie de<br />
Reims menée de pair avec Julien<br />
Allouf, il compose et interprète la<br />
musique de Prose du Transsibérien<br />
d’après Blaise Cendrars, et présente<br />
Roman dans une première étape de<br />
chantier. En <strong>2014</strong>, Clément Bondu<br />
créera Errances, poème-oratorio-rock,<br />
présentera À nos adieux,<br />
d’après Hamlet de Shakespeare, et<br />
poursuivra l’écriture d’un livret<br />
d’opéra intitulé Révolution. Il sera<br />
également intervenant au Conservatoire<br />
de Lyon (CNR) et au Studio-théâtre<br />
d’Asnières.<br />
15
16<br />
LES RENDEZ-VOUS<br />
LE TERRITOIRE ,<br />
LES HABITANTS<br />
LE BANqUET DE LA VIE<br />
P. 19<br />
LA VIE ExTÉRIEURE<br />
P. 38
LE THÉÂTRE,<br />
LE TERRITOIRE,<br />
LES HABITANTS<br />
« Le théâtre (…) même dans ses formes les plus épurées<br />
reste porteur d’un message social et (…) ne peut « passer » que sur la<br />
base d’un accord immédiat et profond avec les valeurs<br />
et les attentes du public. »<br />
Pierre Bourdieu<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’est développé sur un territoire<br />
porteur de l’imaginaire puissant<br />
d’une ville nouvelle pionnière et novatrice.<br />
Il est allé à la rencontre d’un public<br />
nourri des mythologies contemporaines<br />
d’une société d’abord fondée sur la certitude<br />
d’un progrès et d’une croissance<br />
permanente, puis désorientée par la remise<br />
en cause définitive de ces postulats,<br />
et enfin ébranlée par l’absence de projet<br />
collectif pour son avenir.<br />
Joël Dragutin et son équipe de création<br />
ont mené ici depuis des années, un travail<br />
théâtral participatif, engagé, décalé,<br />
empreint de tendresse et d’humour, un<br />
travail théâtral qui a interrogé l’histoire,<br />
l’identité, les aspirations de cette communauté<br />
qui, sous bien des aspects, représente<br />
la diversité et la singularité de notre<br />
société tout entière.<br />
Parce que le théâtre ne peut exister sans<br />
son public, parce que le public est le sujet<br />
même du théâtre, parce que rien au<br />
monde pour les êtres humains ne peut<br />
exister sans sa représentation, parce que<br />
« être et paraître coïncident » (Hannah<br />
Arendt), notre théâtre ne peut que représenter<br />
ce qu’il est, son identité profonde :<br />
un théâtre ancré dans sa cité, qui trouve<br />
son origine et sa pérennité dans un dialogue<br />
et un échange permanents avec le<br />
territoire et ses habitants.<br />
Que ce soit dans les créations de Joël<br />
Dragutin, dans les ateliers de création<br />
collective, et dans le cycle La parole des<br />
Habitants, qui suscitent, recueillent, puis<br />
interprètent la parole des Cergypontains,<br />
dans de nombreuses petites formes itinérantes,<br />
ou encore dans les cycles de<br />
conférences-débats, le public se trouve au<br />
17
18<br />
centre du projet artistique du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />
Les créations de Joël Dragutin mettent en<br />
scène des personnages aux prises avec la<br />
complexité d’une époque où le consensus<br />
autour du « sens de l’histoire » s’est effrité<br />
pour laisser place à la saturation publicitaire<br />
et aux slogans consuméristes qui<br />
tournent à vide. Ces personnages, souvent<br />
issus des classes moyennes ou aspirant à<br />
les intégrer, traversent des « crises de sens »<br />
symptomatiques des maux que nous ressentons<br />
tous, mais la nostalgie de l’utopie<br />
reste présente, une utopie illustrée par le<br />
projet de la ville nouvelle, une ville où tout<br />
est à nouveau possible dès que l’étincelle<br />
collective rallume l’espoir.<br />
Les quatre épisodes des Habitants, puis<br />
la pièce Butterfly ont ainsi raconté l’imaginaire,<br />
l’identité et l’histoire de Cergy-<br />
Pontoise et de ceux qui vivent cette ville.<br />
En donnant la parole aux habitants, en<br />
écoutant les récits de leur vie dans la ville<br />
et de la ville dans leur vie, en croisant les<br />
histoires des quotidiens individuels avec<br />
les évolutions de la communauté, en mettant<br />
à jour l’intrication des destins particuliers<br />
avec les perspectives de la cité, nous<br />
sommes revenus à l’une des sources du<br />
théâtre : représenter le chœur des citoyens<br />
au sein de la polis. Faire que le théâtre<br />
intime de chacun devienne le théâtre citoyen<br />
de tous.<br />
Cette saison, Le Banquet de la vie met<br />
en scène de façon originale et complice<br />
autour d’un dîner convivial auquel sont<br />
« invités » cinquante spectateurs, les récits<br />
et les histoires personnelles d’habitants de<br />
Cergy-Pontoise, d’Eaubonne et de Marines.<br />
Autour des nourritures de l’esprit et<br />
du corps, la diversité des expériences et la<br />
reconnaissance d’un vivre ensemble seront<br />
interprétées par les comédiens et les spectateurs<br />
attablés ensemble.<br />
Par la mise en scène d’un texte d’Annie<br />
Ernaux, nous entendrons la voix littéraire<br />
d’une auteure importante de notre<br />
époque, qui a su révéler l’extraordinaire<br />
influence de cette ville nouvelle sur son<br />
écriture et sa perception du réel. Nous assisterons<br />
à « cette expérience bouleversante<br />
d’étrangeté » de découvrir un espace sans<br />
histoire, créé ex nihilo, un espace tellement<br />
semblable à la page blanche du livre à venir,<br />
à la scène encore vide du théâtre avant<br />
la représentation. La ville comme une<br />
œuvre, les habitants comme des acteursspectateurs.<br />
Un lieu d’art et de culture est avant tout<br />
un lieu de vie, un lieu d’échanges, un lieu<br />
où l’on peut faire advenir un rapport différent<br />
au monde. Il nous invite à entretenir<br />
avec nos semblables ce « commerce<br />
non commercial », qui fonde un authentique<br />
« vivre ensemble ». C’est un lieu de<br />
« gratuité », dans la mesure où le premier<br />
de ses apports est, précisément et avant<br />
tout, simplement un apport humain.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> fait écho aux attentes exprimées<br />
par nos publics, attentifs à la qualité<br />
de nos créations et propositions artistiques,<br />
au brassage des savoirs, des idées et<br />
des esthétiques mais aussi à la qualité des<br />
rencontres qu’il permet.<br />
Les cycles de conférences-débats, les colloques,<br />
les ateliers de pratique artistique<br />
hors les murs participent à cette vocation<br />
du théâtre au service de la Cité à laquelle<br />
nous sommes profondément attachés.<br />
Le théâtre comme art vivant se doit d’inventer<br />
toujours des démarches, des pra-<br />
tiques et des ouvertures nouvelles pour aller<br />
vers un public qui, de plus en plus avec<br />
l’essor des technologies, communique,<br />
interagit, expérimente et crée des relations<br />
inédites entre le local et le global, entre sa<br />
ville et le monde.<br />
Ainsi dans la dynamique d’un théâtre qui<br />
a dû – et pu – se réinventer hors ses murs<br />
pendant les travaux du nouveau bâtiment,<br />
nous avions invité des auteurs de théâtre à<br />
visiter la ville et à écrire des petites formes<br />
autour du lien entre le théâtre et son espace<br />
urbain.<br />
Nous prolongeons de façon originale cette<br />
manière d’expérimenter notre ancrage<br />
dans le territoire et l’approche de nouveaux<br />
publics par la mise en place d’un<br />
Conseil des Jeunes Habitants qui participera<br />
à des réunions de programmation<br />
pour élaborer avec l’équipe du théâtre les<br />
futures saisons et des projets inédits. Parce<br />
que le théâtre, comme pratique de la démocratie,<br />
est un territoire de négociation,<br />
de reconnaissance, de dialogue, d’identité,<br />
notre théâtre entend ainsi renouveler sans<br />
cesse son ouverture à ses habitants, l’autre<br />
nom du public, l’autre nom de sa raison<br />
d’être.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> fortifie ainsi son lien organique<br />
avec son implantation géographique<br />
et sociologique. Son évolution<br />
accompagne, dans un rapport dialectique<br />
permanent, celle de Cergy-Pontoise et du<br />
Val-d’Oise.<br />
Valérie Battaglia
LE BANqUET DE LA VIE<br />
texte et mise en scène de Léa Dant<br />
Racontez-nous…<br />
qu’est-ce qui vaut vraiment la peine d’être vécu ?<br />
quand vous êtes-vous senti le plus vivant ?<br />
quand et qu’avez-vous osé ? Et qu’est-ce qu’une vie réussie ?<br />
Et goûtons ensemble au plaisir d’être vivants !<br />
Il paraît que nous n’en avons qu’une seule… Alors ne passons pas à côté de la vie.<br />
(Telle est l’invitation qui a été faite à ceux qui se sont prêtés au jeu de l’interview pour ce banquet…)<br />
La vie se trouve-t-elle seulement dans le<br />
bien-être, le bonheur ?<br />
Cette quête permanente semble habiter<br />
notre société et les images-mirages que<br />
l’industrie de consommation nous donne<br />
comme « nourriture ». Mais la joie pourrait-elle<br />
être éprouvée sans nos difficultés ?<br />
La vie ne se trouve-t-elle pas nichée dans<br />
toute expérience nouvelle ?<br />
Dans toute expérience pleinement vécue ?<br />
Dans la vitalité, l’intensité ?<br />
La part d’ombre dans nos vies n’est-elle<br />
pas à accepter tout simplement ?<br />
Peut-on dire oui à toutes les expériences<br />
que la vie met sur notre chemin ?<br />
La vie a beaucoup plus d’imagination que<br />
nous… Ce spectacle est une invitation à<br />
nous rappeler toutes ces nuances que la<br />
vie nous offre et à les déguster pleinement<br />
ensemble.<br />
vendredi 15 novembre à 20 h 30<br />
samedi 16 novembre<br />
à 12 h et à 20 h 30<br />
dimanche 17 novembre à 16 h<br />
avec Frank Baruk,<br />
Marie-Pascale Grenier, Estelle Kerkor,<br />
Isabelle Saudubray et Laurent Savalle<br />
costumes Candice Arnouil<br />
chorégraphie Pjilippe Lafeuille<br />
régie générale Cyrille Nitkowsky<br />
coproduction <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, l’Atelier 231, Centre national<br />
des Arts de la rue, Sotteville-lès-Rouen, Lieux Publics,<br />
Centre national de création, Marseille, le Moulin fondu,<br />
Centre national des Arts de la rue, Noisy-le-Sec, Festival<br />
théâtral du Val d’Oise / avec le soutien du ministère de<br />
la Culture (DRAC Île-de-France), du Conseil général du<br />
Val d’Oise, de la Ville d’Eaubonne, du Conseil général<br />
de la Seine-Saint-Denis<br />
Léa Dant nous invite à un banquet, pour<br />
célébrer la vie et se nourrir mais également<br />
pour partager nos expériences de vie<br />
mutuelles. Véritable création-miroir, née<br />
de paroles partagées, ce banquet est un<br />
temps de célébration, de partage, de communauté<br />
humaine, une mise en avant des<br />
différents regards portés sur l’existence.<br />
Dans la morosité ambiante, le contexte<br />
de crise, l’usure des batailles et la fatigue<br />
du quotidien, ce banquet est l’occasion<br />
de nous rappeler, ensemble, que l’on est<br />
vivant, vibrant, à chaque instant.<br />
Le concept :<br />
Cinquante spectateurs sont invités à<br />
s’attabler en cercle autour d’un banquet<br />
foisonnant et baroque. Dans ce cercle,<br />
chacun peut se voir et la rencontre peut<br />
naître. La trame du spectacle se compose<br />
d’histoires vécues et de récits d’habitants<br />
recueillis par Léa Dant lors de son processus<br />
de création et désormais incarnés par<br />
les acteurs attablés parmi les spectateurs.<br />
La nourriture est également présente,<br />
riche du sens à transmettre et véhicule<br />
de sensations et d’actions rituelles partagées.<br />
À la fois spectateurs et acteurs, les<br />
invités sont à l’écoute des récits comme<br />
lors d’une veillée mais également parties<br />
prenantes par l’intermédiaire de gestes<br />
simples tels que choisir ce qui est goûté<br />
ou simplement chuchoter un mot à son<br />
voisin.<br />
Tous dégustent ensemble les plats préparés<br />
et apportés par chacun pour terminer<br />
cette rencontre dans la convivialité. Avec<br />
ce spectacle, chacun a ainsi accès à la poésie<br />
du vivant, et tous peuvent vibrer de<br />
vie, de plaisir et d’émotion.<br />
19
20<br />
SOUS LA CEINTURE<br />
de Richard Dresser<br />
mise en scène de Delphine Salkin<br />
Une pièce qui décrit avec une remarquable acuité un certain monde de l’entreprise,<br />
un huis-clos où l’hilarité et la vivacité, loin de nuire à la gravité du propos, lui donnent un relief inattendu.<br />
Trois hommes dans un désert. Dobbitt,<br />
le nouveau venu, de nature conciliante,<br />
occupe un poste de Vérificateur dans un<br />
site industriel hautement polluant qui fabrique<br />
des unités dont on ne sait pas grand<br />
chose. Hanrahan, l’ancien, voit aussitôt<br />
en lui un possible rival et le traite comme<br />
tel. Quant au cynique Merkin, leur supérieur,<br />
il éprouve pour sa part autant de<br />
plaisir que d’intérêt à souffler les braises.<br />
Jalousies, harcèlement et manipulations<br />
en tous genres ponctués de coups bas et de<br />
mesquineries comiques jalonnent les existences<br />
de ce trio de solitudes.<br />
Mais pendant que les hommes se déchirent<br />
et s’égarent dans leurs propres pièges au<br />
milieu du désert, le monde nocturne et<br />
son peuple inquiétant accentuent silencieusement,<br />
inexorablement, leur pression<br />
sur les palissades…<br />
avec Olivier Cruveiller,<br />
Jean-Philippe Salério<br />
et François Macherey<br />
traduction Daniel Loayza<br />
lumière Daniel Lévy<br />
costumes Catherine Somers<br />
assistée de Muriel Lemaître<br />
création sonore Pascale Salkin<br />
spectacle de Nonumoï / coproduction <strong>Théâtre</strong><br />
national de Bordeaux en Aquitaine, <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
/ aide à la création des textes dramatiques du<br />
CNT / aide à la création de la Spedidam pour<br />
la bande originale / avec le soutien du <strong>Théâtre</strong><br />
Varia à Bruxelles, du <strong>Théâtre</strong> de L’Europe–<br />
Odéon et du <strong>Théâtre</strong> de Gennevilliers<br />
La traduction de la pièce est parue<br />
aux Editions Actes Sud-Papiers (<strong>2013</strong>).<br />
L’Auteur est représenté dans les pays de<br />
langue française par l’Agence MCR, Marie<br />
Cécile Renauld, Paris, en accord avec The<br />
Gersh Agency, New York.<br />
vendredi 22 novembre à 20 h 30<br />
samedi 23 novembre à 20 h 30<br />
Une rencontre avec l’auteur,<br />
le traducteur et l’équipe artistique<br />
aura lieu le vendredi 22 novembre<br />
à l’issue de la représentation.
Comment avez-vous découvert ce<br />
texte ?<br />
Delphine Salkin : Thomas Ostermeier<br />
l’avait monté en allemand en 1998-<br />
99. A l’époque, le programmateur de<br />
l’Odéon avait trouvé le texte formidable<br />
et avait demandé à Daniel Loayza<br />
de le traduire en français pour une lecture.<br />
Alors que je cherchais un texte qui<br />
me permette de particulièrement travailler<br />
sur le jeu de l’acteur, Daniel, qui<br />
est mon mari, a ressorti celui-là d’un tiroir.<br />
La pièce n’avait jamais été mise en<br />
scène en français. Richard Dresser est<br />
inédit en France : Sous la ceinture est la<br />
seule de ses pièces traduite dans notre<br />
langue. Je l’ai lue et j’ai immédiatement<br />
voulu la monter !<br />
Que raconte cette pièce ?<br />
Elle évoque un univers qui rappelle<br />
Brazil, un monde qui oscille entre Kafka<br />
et Beckett. On rit beaucoup mais,<br />
derrière le rire, se révèle une épaisseur<br />
absurde et cauchemardesque. Sur une<br />
plateforme en plein désert, travaillent<br />
trois hommes. Ils sont vérificateurs,<br />
sans qu’on sache ce qu’ils vérifient. Ils<br />
sont perdus, seuls, sans loisirs ni plaisirs<br />
; le travail est le seul point de mire.<br />
Ces trois hommes se racontent mais<br />
sont comme extirpés de ce qui fait le<br />
sens et le goût de la vie humaine. La<br />
pièce raconte une société pleine de solitude,<br />
où les hommes ne parlent pas de<br />
ce qui les anime vraiment. L’ensemble<br />
apparaît comme le cauchemar d’une<br />
fin du monde où ne resteraient que des<br />
rescapés absurdes. Ils passent le temps<br />
à s’infliger les uns aux autres, par la<br />
parole, tous les coups bas possibles.<br />
Sous la ceinture, dit le titre, désignant<br />
ainsi les coups interdits dans un combat<br />
loyal.<br />
Quels acteurs faut-il pour une telle<br />
partition ?<br />
Il faut des acteurs à la palette très large.<br />
Comme toute comédie, elle doit être<br />
jouée avec précision et vélocité. Cela<br />
requiert une grande technicité, et au-<br />
tant d’ironie et d’humour que d’épaisseur<br />
tragique. Les trois rôles sont équivalents<br />
en force et en présence : il faut<br />
donc trouver une égalité de jeu où<br />
les comédiens peuvent se renvoyer la<br />
balle et se motiver les uns les autres.<br />
Et en même temps, il faut des acteurs<br />
capables de rendre la poésie, la beauté<br />
et l’élégance du texte, qui n’est ni trivial<br />
ni vulgaire. Les personnages sont<br />
méchants avec finesse et intelligence : il<br />
faut des acteurs qui aient cette cruauté<br />
élégante, rapide et inattendue.<br />
propos recueillis par Catherine Robert<br />
La Terrasse, septembre 2012<br />
21
22<br />
LE JEUNE PUBLIC<br />
Le théâtre pour enfants c’est le théâtre pour adultes, en mieux !<br />
Constantin Stanislavski<br />
Le théâtre jeune public est devenu un espace de création déployant la liberté d’imaginaires<br />
riches et colorés à l’image de l’inventivité, de la légèreté, de l’humour, de la poésie,<br />
et aussi de l’absence de censure que le monde des rêves et des douleurs de l’enfance suggèrent<br />
aux auteurs et aux artistes de théâtre.<br />
Nombreux sont les auteurs, nombreux<br />
sont les metteurs en scène<br />
et non des moindres (Jean-Claude<br />
Grumberg, Fabrice Melquiot, Jon<br />
Fosse, Olivier Py, Joël Jouanneau,<br />
Joël Pommerat, Alfredo Arias, Eric de<br />
Dadelsen…) qui, à un moment ou<br />
un autre de leur œuvre, ont exploré<br />
cet univers.<br />
Ils accèdent par là à un public souvent<br />
nouveau, sans aucune expérience<br />
de la pratique théâtrale, ouvert à la<br />
découverte, ou qui – intimidé par la<br />
« Culture » ou le « <strong>Théâtre</strong> », avec un<br />
grand C ou un grand T – ose pourtant<br />
pousser la porte d’une maison de<br />
théâtre, accepte d’aller au spectacle,<br />
moins impressionné que face à l’affiche<br />
d’un texte classique ou contemporain,<br />
même dit « tous publics ».<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a toujours réservé une<br />
place privilégiée à cette rencontre entre<br />
les émotions contrastées de l’enfance<br />
et les auteurs de théâtre. Souci d’éducation<br />
d’un futur public, enthousiasme<br />
pour ces spectateurs spontanés<br />
et encore sans vernis conformiste,<br />
écriture de textes souvent très forts<br />
car influencés par les sources mêmes<br />
de la création, les racines de nos sentiments,<br />
de nos mythologies, les structures<br />
de notre inconscient, le théâtre<br />
et ce jeune public composent souvent<br />
ensemble des moments de théâtre<br />
inédits, joyeux, et prometteurs. Joël Dragutin<br />
présente cette saison une création<br />
pour les enfants autour d’un sujet qui les<br />
concerne particulièrement : leur langage,<br />
la construction de leur « micro-société »<br />
dans la nôtre, leur ressemblance avec les<br />
enfants que nous avons été, et leurs radicales<br />
différences d’enfants du XXI e siècle<br />
techno-scientifique. Une création forte,<br />
attentive, poétique, dont les enfants sont<br />
le sujet et les spectateurs à la fois : des<br />
débats passionnés et prometteurs se profilent<br />
à l’horizon.<br />
Les enfants, spectateurs d’aujourd’hui et<br />
de demain, sont souvent prescripteurs<br />
auprès de leurs parents, grands-parents,<br />
frères ou sœurs de la séance de théâtre, si<br />
proche du jeu qu’ils connaissent bien au<br />
quotidien.<br />
C’est à celle-ci que nous vous convions,<br />
car elle est ouverte à tout un chacun, à<br />
tous les âges, à toutes les inclinations,<br />
pour goûter le plaisir du spectacle vivant,<br />
savourer cette expérience collective<br />
d’entrer dans une salle et frémir, rire ou<br />
s’émouvoir aux paroles, aux sons, aux<br />
images et partager ensemble un temps<br />
hors du temps, lors d’épopées, d’histoires,<br />
de contes, de tragi-comédies pour<br />
les petits et pour les grands.<br />
Cette programmation est élaborée en<br />
partenariat avec la ville de Cergy (dans<br />
le cadre de « Pestacles »). Des séances<br />
ont lieu sur temps scolaire, mais aussi<br />
en matinées et en soirées pour que les<br />
classes, les groupes, les familles ou le<br />
public individuel puissent voir ou revoir<br />
les spectacles.<br />
À noter : les jeunes qui ont découvert un<br />
spectacle sur temps scolaire,<br />
reçoivent une invitation pour « accompagner<br />
» leurs proches à une séance tout<br />
public.<br />
Un spectacle pour le jeune public<br />
permet aux adultes de retrouver la<br />
part indestructible d’enfance qu’ils<br />
possèdent et aux enfants de laisser<br />
s’ouvrir un imaginaire dont on<br />
connaît la richesse.<br />
Jean-François Perrier<br />
LES RENDEZ-VOUS<br />
JEUNE PUBLIC<br />
UN CHIEN DANS LA TÊTE<br />
P. 23<br />
LA GRENOUILLE<br />
P. 28<br />
MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />
PP. 40-41<br />
SPIRALE<br />
P. 46<br />
DAL VIVO<br />
P. 47
UN CHIEN<br />
DANS LA TÊTE<br />
de Stéphane Jaubertie<br />
mise en scène d’Olivier Letellier<br />
« Cette histoire, dis-toi que c’est l’histoire<br />
de ce Fils. Dans un jardin, immense et inconnu,<br />
il ira s’abriter. Là, deux personnages<br />
viendront à sa rencontre. Celle qui reste,<br />
jeune fille transparente à force d’être normale,<br />
et le Fils de la Baleine, fils d’une mère<br />
tellement grosse qu’elle prend toute la place.<br />
Avec eux, dans ce jardin, peut-être apprendra-t-il<br />
à dépasser sa honte… »<br />
Stéphane Jaubertie<br />
Ce projet est né de ma rencontre avec<br />
Stéphane Jaubertie. J’ai trouvé des préoccupations<br />
d’auteur qui rejoignaient mes<br />
désirs : les thèmes, la dimension intime et<br />
intérieure, le rapport à la narration et au<br />
merveilleux, la poésie des images, le sens du<br />
dialogue, le travail sur l’oralité…<br />
Nous avons parlé de la honte : sentiment<br />
fort que je souhaitais explorer sur le plateau…<br />
nous nous sommes lancé le défi<br />
d’une commande d’écriture, qui mêlera<br />
dialogues et récit.<br />
J’ai donné à Stéphane très peu d’indications : il<br />
s’agira d’un spectacle de théâtre tout public,<br />
accessible aux jeunes spectateurs à partir de<br />
8 ans, qui réunira trois comédiens sur le<br />
plateau.<br />
Olivier Letellier<br />
lundi 25 novembre à 14 h 30<br />
mardi 26 novembre<br />
à 14 h 30 et 19 h<br />
Tous publics à partir de 8 ans<br />
(En partenariat avec la programmation<br />
« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />
avec Camille Blouet, Alexandre Ethève,<br />
et Lionel Lingelser<br />
dramaturgie Caroline Girard<br />
scénographie Antoine Vasseur<br />
costumes Nathalie Martella<br />
conseil en marionnettes Simon Delattre<br />
lumière, régie Sébastien Revel<br />
création sonore Mickael Plunian<br />
production Fanny Spiess-<strong>Théâtre</strong> du Phare /diffusion<br />
Marielle Carteron-agence SINE QUA NON<br />
23
24<br />
EDWARD ALBEE<br />
LA MAISON ET LE ZOO<br />
adaptation de Jean-Marie Besset<br />
mise en scène de Gilbert Désveaux<br />
New York. Dans le bel appartement où<br />
vivent Anne et Peter. L’éditeur manie nerveusement<br />
un pavé scolaire, tandis que sa<br />
femme lance, à l’autre bout de la pièce :<br />
« Il faut qu’on parle. » Anne, installée dans<br />
son couple, cherche des solutions à la<br />
mort du désir. De son côté, Peter ne comprend<br />
pas ce désarroi, mais finit par livrer<br />
les secrets d’une expérience qu’il a vécue<br />
dans son adolescence.<br />
On pense à Feydeau, un rire grinçant,<br />
la peinture d’une bourgeoisie un peu<br />
ridicule, ou chacun rêve de redécouvrir<br />
l’« animal » qui sommeille en lui.<br />
On retrouve ensuite Peter, assis sur un<br />
banc de Central Park où il se fait haranguer<br />
par un drôle d’individu. Jerry,<br />
d’un milieu beaucoup plus modeste,<br />
raconte les lubies de ses extravagants<br />
jeudi 28 novembre à 19 h<br />
vendredi 29 novembre à 20 h 30<br />
Au début, The Zoo Story, écrit en 1<strong>95</strong>8 par Edward Albee.<br />
Cinquante et un ans plus tard, l’auteur américain écrit Homelife.<br />
Ensemble, ces deux actes constituent La Maison et le Zoo, dans une adaptation de Jean-Marie Besset.<br />
voisins, plongeant peu à peu dans un<br />
récit proche du délire. Peter, interloqué<br />
et intéressé, est comme « sous<br />
hypnose » jusqu’à ce que la situation<br />
dégénère.<br />
Une fin imprévisible plonge la pièce<br />
dans une certaine noirceur et éclaire<br />
de manière acide la première partie.<br />
Lors des premières représentations du diptyque, un critique américain décrivit dans le New York Times : « Une expérience haletante<br />
et essentielle. Si Homelife est une gifle, The Zoo Story est un coup de poing dans l’intestin. Edward Albee n’a aucun<br />
équivalent dans le théâtre américain. »
Qui sont Peter, Ann, Jerry ? Des figures<br />
de naufragés du monde occidental ?<br />
Gilbert Désveaux : Ann et Peter sont<br />
issus de la bourgeoisie intellectuelle,<br />
blanche et chrétienne (WASP - White<br />
Anglo Saxon Protestant) qui a longtemps<br />
été (et demeure en grande partie)<br />
la classe dirigeante des États-Unis<br />
d’Amérique. Edward Albee, dans son<br />
théâtre, s’est évertué à décortiquer<br />
l’image policée et civilisée que donne,<br />
en société, ce couple hétérosexuel idéal.<br />
Car, dans l’intimité, alcool aidant, les<br />
masques tombent et les rancœurs, les<br />
aigreurs, les frustrations surgissent... Et<br />
ces puissants apparaissent misérables et<br />
fragiles. Jerry est un mystérieux agent<br />
provocateur qui vient bousculer la vie<br />
sage des gens civilisés. Est-ce un animal<br />
sauvage échappé du zoo? Peut être…<br />
En tout cas, un « mauvais garçon » qui<br />
hante le parc en quête de rencontres<br />
(sexuelles ?) nocturnes et un rebelle à<br />
tout engagement. Finalement, hors ou<br />
dans le système, il n’y a aucun espoir de<br />
vivre une vie digne et belle dans ce pays<br />
à cette période.<br />
La pièce se divise en deux parties :<br />
monde domestique et monde sauvage…<br />
Quelle est la thèse défendue<br />
par Albee ?<br />
La première partie – La Maison, ou Vie<br />
domestique – a été écrite quarante après la<br />
seconde – Le Zoo ou Vie sauvage – qui a été<br />
créée, et jouée longtemps, sous le titre de<br />
Zoo Story. La maison éclaire le zoo. Elle en<br />
est, paradoxalement, l’antichambre. Nous<br />
sommes tous, plus ou moins, prisonniers<br />
de conventions, de règles, de lois comme<br />
des animaux derrière des barreaux. Mais,<br />
nous sommes tous des animaux. Et il suffit<br />
de peu pour que nous, êtres civilisés et<br />
éduqués, retombions dans notre état sauvage<br />
originel.<br />
Il est beaucoup question de mort et de<br />
sexe, et crûment. Comment représenterez-vous<br />
cela sur le plateau ?<br />
Le travail au plateau avec les acteurs n’a<br />
pas encore commencé. Nous sommes au<br />
stade de lectures préparatoires. Donc…<br />
Des idées. Des choix. Des propositions.<br />
Nous verrons ce qui apparaît lors des répétitions.<br />
En revanche, c’est un théâtre<br />
qui s’appuie sur une langue puissante et<br />
précise qui doit être prise en charge par<br />
les acteurs. Les frustrations de Peter et<br />
Ann se retrouveront dans leurs corps.<br />
Un appel à la jouissance bestiale pour<br />
l’une. Un blocage physique, lié à une<br />
homosexualité refoulée, pour l’autre.<br />
Quant à Jerry, il est comme un lion<br />
lâché dans la jungle des villes et cette<br />
liberté doit être palpable dans une sensualité<br />
affichée. Le travail de conception<br />
de l’espace démarre. Je ne sais pas encore<br />
s’il y aura un seul lieu ou s’il se transformera...<br />
Comment raconter la ville, la<br />
nature, la prison ? L’Upper East Side et<br />
Central Park (devenus depuis territoires<br />
woody-alléniens par excellence) ?… La<br />
civilisation qui domestique la nature<br />
sauvage en croyant l’idéaliser. N’était-ce<br />
pas la chimère même de Frederick Law<br />
Olmsted (1822-1903), l’architecte-paysagiste<br />
qui inventa Central Park ?<br />
En quoi la pièce vous semble-t-elle<br />
essentielle aujourd’hui ?<br />
La pièce est un chef d’œuvre qui révélera<br />
ses secrets et ses richesses avec le<br />
temps. Mais, la question centrale est<br />
celle du vivre ensemble. À deux, en<br />
couple. À plusieurs, en société. Faut-il<br />
céder aux injonctions éternelles et se<br />
marier pour la vie avec une personne<br />
du sexe opposé? Alors que l’épanouissement<br />
sensuel passe peut être par<br />
d’autres types de relations plus fugaces<br />
et sauvages. Faut-il accepter tous les us<br />
et coutumes en vigueur pour se civiliser<br />
et vivre sagement en communauté?<br />
Mais, sans lois, l’humanité retomberait<br />
dans le chaos où la loi du plus fort serait<br />
la seule règle...<br />
propos recueillis par Pierre Notte<br />
pour le <strong>Théâtre</strong> du Rond-Point<br />
février <strong>2013</strong><br />
avec xavier Gallais, Anne Loiret<br />
et Jean-Pierre Lorit<br />
scénographie Annabel Vergne<br />
lumière Maryse Gautier<br />
son Serge Monségu<br />
costumes Annabel Vergne<br />
et Marie Delphin<br />
collaboration artistique<br />
Régis de Martrin-Donos<br />
Edward Albee<br />
Edward Albee est né à Washington<br />
en 1928. Son père étant propriétaire<br />
de théâtres, il se familiarise<br />
très jeune avec cet univers. Proche<br />
de sa grand-mère maternelle, il<br />
lui dédie en 1960 sa pièce Le Bac<br />
à sable (The Sandbox). À dix-huit<br />
ans, sa mère le chasse à cause de<br />
son homosexualité. Il écrira pour<br />
elle Trois femmes grandes.<br />
Installé dans Greenwich Village, il<br />
compose en trois semaines sa pièce<br />
The Zoo Story (1<strong>95</strong>8). Refusée à<br />
New York, elle est créée à Berlin<br />
en 1<strong>95</strong>9. Quatre mois plus tard,<br />
elle est programmée à Greenwich<br />
Village.<br />
En 1963 est présentée à Broadway<br />
son œuvre la plus connue : Qui a<br />
peur de Virginia Woolf ?, récompensée<br />
par un Prix Pulitzer.<br />
Il en sera tiré le film à succès de<br />
Mike Nichols avec ElizabethTaylor<br />
et Richard Burton. Albee obtient<br />
le prix Pulitzer également pour A<br />
Delicate Balance en 1966, Seascape<br />
en 1975, et Trois femmes grandes<br />
(Three Tall Women) en 1991. En<br />
2001, il crée The Play About the<br />
Baby.<br />
En 2005, Albee obtient un « Special<br />
Tony Award » pour l’ensemble<br />
de sa carrière.<br />
production<br />
<strong>Théâtre</strong> des 13-Vents-CDN Languedoc-Roussillon-Montpellier<br />
At Home at the Zoo est représentée dans les pays<br />
de langue française par Dominique Christophe/l’Agence,<br />
Paris, en accord avec William Morris Endeavor Entertainment,<br />
New York.<br />
Edward Albee’s At Home at the Zoo was originally<br />
produced under the title Peter and Jerry by Second Stage<br />
Theatre, New York, 2007, Carole Rothman, Artistic Director.<br />
Homelife was originally commissioned and Peter and Jerry<br />
originally produced by Hartford Stage.<br />
25
26<br />
RAVEL<br />
de Jean Echenoz<br />
mise en scène d’Anne-Marie Lazarini<br />
Ravel retrace les dix dernières années de<br />
la vie du compositeur français Maurice<br />
Ravel (1875-1937), « le musicien le plus<br />
considéré du monde ».<br />
Nourri d’un long travail de documentation<br />
sur l’homme et son époque, Jean<br />
Echenoz nous entraîne à la suite de son<br />
Ravel imaginaire et réel à la fois, dans<br />
sa « petite maison compliquée » à Montfort-l’Amaury<br />
avec sa vue sur la vallée,<br />
dans sa tournée grandiose aux États-<br />
Unis, puis dans les affres de la maladie<br />
neurologique qui le frappe et l’emportera…<br />
Une star mondiale mais aussi un<br />
homme solitaire malgré la présence de<br />
ses fidèles amis proches.<br />
Cette fiction biographique ouvre un<br />
triptyque qu’Echenoz a dédié à trois<br />
figures historiques, les deux autres, Courir<br />
(2008) et Des éclairs (2010), étant<br />
consacrées respectivement au sportif<br />
Émile Zatopek et au scientifique Nikola<br />
Tesla.<br />
Si ces incursions dans la « vraie vie » sont<br />
liées à un désir d’écrire sur une autre<br />
époque que la sienne, Jean Echenoz avait<br />
d’abord pensé inviter le personnage Ravel<br />
dans une fiction, avec d’autres figures de<br />
son temps, mais peu à peu, cette fiction<br />
s’est transformée en la biographie romancée<br />
du célèbre compositeur.<br />
Malgré « toutes les ressemblances avec un<br />
personnage ayant existé » et l’incroyable<br />
précision avec laquelle Jean Echenoz<br />
s’empare de données biographiques, de<br />
détails scrupuleusement nommés, empruntés<br />
à sa vie quotidienne comme à<br />
l’actualité navale, Ravel reste un roman,<br />
et Ravel, un personnage de fiction.<br />
Autour de cet homme et de son destin,<br />
Jean Echenoz compose, improvise, sur<br />
un fil tendu entre réalité historique et<br />
mercredi 4 décembre à 20 h 30<br />
jeudi 5 décembre à 19 h<br />
vendredi 6 décembre à 20 h 30<br />
liberté littéraire. Maître du rythme, il<br />
joue du défilé de ces années, tantôt en<br />
s’attardant à la description particulière<br />
d’une journée ou d’une heure, tantôt en<br />
précipitant son personnage vers sa fin. Et<br />
cela avec la précision d’un orfèvre.<br />
Anne-Marie Lazarini donne à voir et<br />
entendre, non une adaptation théâtrale,<br />
mais le roman même de Jean Echenoz.<br />
Avec une grande intelligence et tout<br />
son talent, elle nous offre à entendre la<br />
partition littéraire si particulière de Jean<br />
Echenoz, le rythme et le son inimitables<br />
de Maurice Ravel, la musique originale<br />
et le phrasé ravélien du jazz d’Andy<br />
Emler. Avec une mise en scène subtile et<br />
des comédiens épris du personnage et de<br />
son auteur, la pièce nous invite à entrer<br />
dans l’utopie chimérique d’un spectacle<br />
littéraire, musical et théâtral.
« J’ai lu Ravel quelques jours après sa publication<br />
et je crois que le projet d’aujourd’hui<br />
s’est dessiné dès que j’en ai eu parcouru les<br />
premières pages… quelques saisons plus<br />
tard, après avoir partagé mes sentiments<br />
de lectrice avec mes compagnons de route,<br />
imaginé avec eux une forme de représentation<br />
possible, le travail avance, ponctué de<br />
rencontres avec Jean Echenoz…<br />
Trois comédiens et… un pianiste, car il<br />
y a aussi la musique qui est au cœur du<br />
texte et que nous souhaitons présente et<br />
vivante. Celle de Ravel, bien sûr, mais pas<br />
seulement : pour la musique de scène, un<br />
compositeur d’aujourd’hui, Andy Emler,<br />
imprégné de cet univers musical et littéraire,<br />
a créé une partition nouvelle. Car, si<br />
Jean Echenoz est un grand amateur de jazz,<br />
Ravel y prêtait une oreille très attentive et les<br />
jazzmen d’aujourd’hui la lui rendent bien. »<br />
Anne-Marie Lazarini<br />
« Cette partition explore (explose !) librement<br />
le langage ravélien et ses couleurs,<br />
joue avec lui, un peu à la manière des artistes<br />
cubistes. Pour nombre de compositeurs<br />
de jazz, la musique de Ravel est une<br />
compagne de route mais chacun la réinvente<br />
sans cesse. En écho à certains des<br />
extraits ou thèmes choisis dans l’œuvre<br />
du compositeur, j’écris des « suites » libres<br />
à travers lesquelles se retrouvera mon<br />
« phrasé » particulier. Mais je souhaitais<br />
aussi renouer avec une pratique familière<br />
à Maurice Ravel : celle de composer « à la<br />
manière de… ». Il l’a fait en son temps,<br />
rappelons-nous ses compositions à la manière<br />
de Chabrier, de Borodine. »<br />
Andy Emler<br />
LA PRESSE EN PARLE…<br />
Anne-Marie Lazarini réussit<br />
admirablement cette adaptation<br />
tout ensemble abstraite et<br />
sensuelle de son Ravel, dans une<br />
délicate mise en scène aux oniriques<br />
décors bleus. La vie est un<br />
rêve.<br />
Fabienne Pascaud, Télérama<br />
Anne-Marie Lazarini orchestre<br />
avec délicatesse cette touchante<br />
partition aux lueurs d’océan…<br />
et la musique est aussi celle de<br />
Jean Echenoz.<br />
Armelle Héliot, Figaroscope<br />
avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet,<br />
Marc Schapira et, en alternance,<br />
Andy Emler et Yvan Robilliard<br />
assistant à la mise en scène<br />
Bruno Andrieux<br />
musique originale Andy Emler<br />
décors et lumière François Cabanat<br />
costumes Dominique Bourde<br />
avec la collaboration de<br />
Sophie Heurlin et Henri Lazarini<br />
création Les Athévains / coproduction La Compa-<br />
gnie aime l’air<br />
Le livre de Jean Echenoz<br />
est publié par les éditions de Minuit.<br />
27
28<br />
LA GRENOUILLE<br />
AU FOND DU PUITS CROIT qUE LE CIEL EST ROND<br />
du Vélo <strong>Théâtre</strong><br />
mise en scène de Francesca Bettini<br />
La maison natale est plus qu’un corps de logis, elle est un corps de songes.<br />
Gaston Bachelard.<br />
Nous sommes tous remplis des souvenirs<br />
de notre première maison et des<br />
premières expériences que nous y avons<br />
faites du monde. Premier terrain de jeu,<br />
lieu de rêverie.<br />
Trois employés modèles nous ouvrent les<br />
portes de l’univers plastique et sensoriel<br />
d’un cabinet de curiosités aux images et<br />
évocations oniriques. Ils nous invitent<br />
ainsi à parcourir les territoires de l’intime<br />
d’un personnage énigmatique, et pour-<br />
avec le bricoluminologue<br />
Flop Lefebvre, Tania Castaing,<br />
José Lopez et Charlot Lemoine<br />
musique Fabien Caltalade<br />
production Vélo <strong>Théâtre</strong> / avec le soutien de la<br />
Drac PACA, de la Région PACA, du Département<br />
de Vaucluse, de la Ville d’Apt-en-Luberon /<br />
coproduction 3 bis F, Lieu d’art contemporain, Aixen-Provence,<br />
<strong>Théâtre</strong> Massalia, Marseille, Centre<br />
culturel Pablo-Picasso, Homécourt, Festival Momix,<br />
Kingersheim, L’Yonne-en-Scène / avec le soutien du<br />
<strong>Théâtre</strong> Durance, Chateau-Arnoux<br />
tant si familier. L’image, comme verbe,<br />
tient une place centrale dans l’évocation<br />
de cette maison onirique où la coquille<br />
initiale devient notre pays natal.<br />
Le Velo <strong>Théâtre</strong>, fondé en 1981 et animé<br />
par Charlot Lemoine et Tania Castaing,<br />
est une compagnie essentiellement jeune<br />
public. Elle développe un travail de créations<br />
et de résidences d’artistes depuis<br />
1992 où le théâtre, la danse, la musique,<br />
les arts plastiques se croisent pour que les<br />
samedi 7 décembre à 16 h<br />
lundi 9, mardi 10<br />
et mercredi 11 décembre<br />
à 10 h et à 14 h 30<br />
<strong>Théâtre</strong> d’objets et installations<br />
Tout public dès 6 ans<br />
(En partenariat avec la programmation<br />
« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />
spectateurs et les artistes vivent à chaque<br />
fois une expérience unique et inoubliable.<br />
Elle est soutenue par le Conseil<br />
général du Vaucluse et la ville d’Apt. Elle<br />
est « Tête de réseau du Pôle départemental<br />
de création artistique en pays d’Apt ».<br />
Cette installation-spectacle est, pour le<br />
Vélo <strong>Théâtre</strong>, l’occasion de poursuivre sa<br />
collaboration avec Flop Lefevre et Francesca<br />
Bettini.
HOMMAGE ANNUEL AU CHANTEUR<br />
Cécile avait fait des guirlandes<br />
Rouges et dorées pour le 24<br />
Un pudding une truite aux amandes<br />
Elle a revu un peu Agathe<br />
Vincent Delerm Châtenay-Malabry<br />
29
30<br />
LE THÉÂTRE<br />
AU SERVICE DE<br />
LA DÉMOCRATIE<br />
La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les<br />
faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.<br />
Hannah Arendt<br />
Alors qu’une extrême confusion semble<br />
oblitérer la possibilité même d’élaborer<br />
un projet de société partagé, il nous paraît<br />
plus que jamais nécessaire de continuer<br />
nos cycles de conférences-débats et nos<br />
colloques concernant les grandes problématiques<br />
de notre époque.<br />
Le théâtre, rappelons le encore, est né avec<br />
la démocratie athénienne. Il a validé et<br />
illustré cette idée, alors révolutionnaire,<br />
selon laquelle la création de la « polis »,<br />
de la Cité, de la civilisation urbaine, ne se<br />
produirait plus dans la violence, le clivage,<br />
la loi du plus fort mais dans le dialogue,<br />
dans la persuasion, dans le récit d’une<br />
histoire commune et dans la formulation<br />
contradictoire d’un avenir souhaitable.<br />
Au début, nous avons initié ces « forums »<br />
démocratiques pour mettre en discussion<br />
des thématiques d’actualité qui nourrissaient<br />
nos créations théâtrales et leurs dramaturgies.<br />
Nous voulions susciter, entre<br />
les intellectuels pertinents ou novateurs de<br />
notre époque et le public de ce théâtre, des<br />
échanges, des débats, des questionnements<br />
qui viendraient ensuite enrichir le travail<br />
dramaturgique préalable à nos créations.<br />
Petit à petit, au fil des saisons, ces rendezvous<br />
sont devenus des moments de démocratie<br />
participative incontournables car ils<br />
ont répondu à un véritable besoin d’élucidation<br />
et de sens ressenti tout autant<br />
par les penseurs invités et confrontés à des<br />
questions directes et spontanées, que par<br />
un public à la recherche de pensées fortes<br />
et efficaces qu’il peut interroger.<br />
Nous avons ainsi invité des noms qui<br />
résonnent encore dans la mémoire de ce<br />
théâtre : Edgar Morin, Albert Jacquard,<br />
Axel Kahn, Gisèle Halimi, Jacques Attali,<br />
Emmanuel Todd, Ariane Mnouchkine,<br />
Claude Hagège, Laure Adler, Armand<br />
Gatti, Bertrand Stiegler, Marcel Gauchet,<br />
Daniel Sibony, Dominique Méda, Toni<br />
Négri, Monique Canto-Sperber, Michel<br />
Wieviorka, Bernard Cassen, Catherine<br />
Breillat, Patrick Viveret… et tant d’autres<br />
que nous ne pouvons tous citer ici.<br />
Dans le même esprit que ces conférencesdébats,<br />
nous organisons chaque saison<br />
une journée de réflexion, un « colloque »,<br />
sur un thème unique autour de différentes<br />
tables rondes qui associent des intellectuels,<br />
des responsables politiques, des acteurs<br />
associatifs et des citoyens impliqués<br />
dans le sujet abordé.<br />
Nous avons ainsi proposé au public du<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> de réfléchir collectivement sur<br />
des propositions comme : « L’Éducation<br />
artistique, de quoi parle-t-on ? », « L’Humour<br />
? », ou bien : « Faut-il encore lire La<br />
Princesse de Clèves ? »<br />
Cette saison, nous explorerons, dans nos<br />
conférences-débats, des thèmes importants<br />
et actuels : le défi social inacceptable<br />
de la précarité et de la grande pauvreté, les<br />
enjeux de la santé, la nouveauté que représente<br />
dans nos sociétés l’émergence des<br />
« gender studies », des mouvements queers<br />
qui réfutent l’hétérosexisme de la pensée<br />
et de la politique.<br />
Nous avons sollicité pour nous apporter<br />
des éléments de réponse : Catherine Clément,<br />
Patrick Pelloux, Alan Sokal, Denis<br />
Podalydès…<br />
Notre colloque enfin sera consacré à la<br />
démocratie. Nous vivrions aujourd’hui<br />
une crise de la démocratie dans les pays<br />
occidentaux où elle est cependant revendiquée<br />
comme seul modèle. Étrange paradoxe<br />
que nous allons interroger dans ce<br />
colloque : qu’est-ce qui ne fonctionne pas<br />
ou ne fonctionne plus dans nos institutions<br />
et notre vie politique ? Pouvons-nous<br />
penser que la démocratie est réellement<br />
« confisquée » ? L’on incrimine les élites<br />
politiques, économiques, financières, les<br />
experts dont la légitimité serait contestable,<br />
autant de pouvoirs qui dominent le<br />
jeu politique alors que leurs liens avec le<br />
citoyen sont distendus voire inexistants.<br />
Nous analyserons cette situation, les<br />
modes de représentation et les contrepouvoirs<br />
à l’œuvre, ainsi que les formes<br />
alternatives de vie démocratique, car toute<br />
crise ouvre le champ des possibles et la<br />
démocratie est sans cesse à réinventer.<br />
Valérie Battaglia
32<br />
LA DÉMOCRATIE CONFISqUÉE, ÉBRANLÉE : à RÉINVENTER ?<br />
COLLOqUE NATIONAL<br />
samedi 7 décembre de 9 h à 19 h<br />
entrée libre sur réservation<br />
La démocratie, qui désigne un régime politique dans lequel le pouvoir<br />
est exercé par le peuple, est une invention au long cours, de la<br />
Grèce antique à Facebook.<br />
Elle a connu des accélérations et des régressions. Nous vivons aujourd’hui<br />
une période paradoxale, témoins à la fois de progrès de<br />
la démocratie et de reculs. La revendication démocratique connaît<br />
une expansion mondiale et apparait comme universelle et non le<br />
propre des nations occidentales. Nous applaudissons au réveil des<br />
pays arabes, où la population s’est battue et se bat encore contre<br />
les régimes autoritaires et dictatoriaux, et entame ce long chemin<br />
pour obtenir droits, libertés, citoyenneté. Mais au même moment<br />
les démocraties occidentales, et particulièrement la démocratie française,<br />
sont ébranlées.<br />
Nous vivons une crise de ce que l’on nomme la « démocratie représentative<br />
», qui, là où elle est dominante, est pourtant considérée<br />
comme supérieure à d’autres types de régimes.<br />
En effet, rares sont celles et ceux qui, dans les milieux populaires, se<br />
sentent vraiment représentés par les professionnels de la politique.<br />
Peu se sentent concernés par l’offre politique existante, même si<br />
l’expression de leur frustration varie, du désenchantement au sentiment<br />
d’impuissance, en passant par l’« indignation » et le refus de<br />
voter. Ils ont le sentiment que la démocratie consiste à élire à la<br />
majorité (toute relative) des représentants qui vont défendre une<br />
minorité de privilégiés. Le malaise est grand et le sentiment d’un<br />
abandon des principes démocratiques est partagé par une grande<br />
partie de la population.<br />
Aussi nous semble-t-il intéressant de nous interroger sur ce phénomène<br />
: qu’est-ce qui ne fonctionne plus dans nos institutions et<br />
notre vie politique ? Sommes-nous dans une société « post-démocratique<br />
» ?<br />
Nous analyserons les symptômes de cette crise de la représentation<br />
qui, en France mais aussi ailleurs, se manifeste par la montée de<br />
l’abstention au sein des catégories populaires et des jeunes, par de<br />
nombreux mouvements sociaux, comme celui des « indignés » qui<br />
témoignent du refus des logiques institutionnelles et politiques.<br />
Dans ce contexte, peut-on parler de « confiscation de la démocratie<br />
» ? Si oui, quelles en sont les causes ? Par qui la démocratie est-elle<br />
confisquée ? Et selon quels mécanismes ?<br />
Le pouvoir de tous n’est-il pas accaparé par une minorité qui s’« autoreproduit<br />
» ? Ne sommes-nous pas comme le dit Jacques Rancière<br />
dans « un état de droit oligarchique » ?<br />
Qui sont les élites, politiques, économiques, administratives, financières,<br />
ces «experts» à la légitimité contestable, largement médiatisés,<br />
qui dominent le jeu politique alors que leurs liens avec le citoyen<br />
électeur est distendu, souvent inexistant ?<br />
N’utilisent-ils pas la complexification des processus de décisions<br />
pour éloigner le peuple de ses représentants et multiplier les processus<br />
opaques ? Les instances « supra » sont nombreuses, au niveau<br />
européen mais aussi au niveau local (l’intercommunalité en est un<br />
exemple parlant), tendant à rendre « invisibles », en tout cas « illisibles<br />
», les acteurs politiques et les processus de décision.<br />
En même temps, comme toute crise, celle de la représentation peut<br />
ouvrir un nouveau champ de possibles, dans la mesure où la démocratie<br />
n’est pas un modèle achevé mais plutôt une expérimentation<br />
qui se poursuit à travers les époques et les sociétés.<br />
Cette crise est l’occasion de réinterroger la forme actuelle de la démocratie,<br />
réduite au processus électoral, où la légitimité s’appuie sur<br />
les procédures formelles du vote et le multipartisme.<br />
Comment retrouver une vitalité démocratique ? Comment refonder<br />
la démocratie ?<br />
N’est-ce pas en redonnant aux citoyens la capacité de participer<br />
réellement aux débats et aux choix, tout autant qu’à la vie artistique<br />
et politique de leur ville, de leur région, de leur pays ?<br />
Comment, dans ce cadre, en corriger les défauts actuels par une<br />
meilleure représentation des femmes, de la diversité, des milieux<br />
sociaux, par le contrôle de l’action des élus, le développement de<br />
contre-pouvoirs dont on connait l’efficacité à travers les réseaux<br />
sociaux.<br />
Peut-on imaginer des formes alternatives, tout au moins complémentaires,<br />
à la démocratie représentative ?<br />
Ce colloque, ouvert à tous, réunira des philosophes, des sociologues<br />
et des spécialistes des sciences politiques qui dialogueront avec les<br />
participants, acteurs sociaux, culturels, citoyens porteurs d’expériences<br />
et d’interrogations.<br />
En partenariat avec<br />
Anita Weber
CONFÉRENCES / DÉBATS<br />
CATHERINE CLÉMENT<br />
LE 11 DÉCEMBRE à 20 H 30<br />
« LES QUESTIONS DU GENRE »<br />
Catherine Clément est philosophe et romancière. Normalienne, agrégée de philosophie, elle a été l’assistante de Vladimir Jankélévitch<br />
à la Sorbonne, puis, suite à ses rencontres avec Claude Lévi-Strauss et Jacques Lacan, elle s’est beaucoup consacrée à l’ethnologie et à<br />
la psychanalyse. Elle a dirigé la rubrique culture du Matin de Paris (quotidien aujourd’hui disparu) de 1976 à 1982, et l’Association<br />
française d’action artistique (aujourd’hui Institut français) de 1982 à 1987. Plusieurs de ses très nombreux livres, romans ou essais, ont<br />
rencontré un vif succès, notamment ceux qui lui ont été inspirés par ses années de vie à l’étranger (en particulier en Inde, mais également<br />
en Autriche et en Afrique). Citons entre autres Pour l’amour de l’Inde (Flammarion, 1993), Le Voyage de Théo (Seuil, 1998), Le<br />
Sang du monde (Seuil, 2004), Dix mille guitares (Seuil, 2010, prix Historia)… Elle a fondé et dirige actuellement l’Université populaire<br />
du Musée du Quai-Branly, et produit et anime une émission hebdomadaire sur France Culture : « Culture de soi, cultures des autres »…<br />
PATRICK PELLOUx<br />
LE 29 JANVIER à 20 H 30<br />
LA SANTÉ / « UNE SOIRÉE SANS ORDONNANCES »<br />
Patrick Pelloux est médecin urgentiste, et s’est fait connaître du grand public au cours de la canicule de l’été 2003, se servant des médias<br />
pour alerter sur la gravité de la situation, et ses conséquences dans les services d’urgence. Il quitte en 2008 l’hôpital Saint-Antoine où<br />
il a exercé pendant une quinzaine d’années, et exerce actuellement pour le SAMU de Paris à l’hôpital Necker. Il a été président de<br />
l’Asscociation des médecins urgentistes de France et vice-président de la Confédération des praticiens des hôpitaux. Chroniqueur<br />
dans Charlie-Hebdo et dans diverses émissions de télévision et de radio, il est notamment l’auteur de Urgentiste (Fayard, 2004), Histoires<br />
d’urgences (Cherche-Midi, 2007), Urgences pour l’hôpital (Cherche-Midi, 2008), On ne meurt qu’une fois, et c’est pour si longtemps<br />
(Robert Laffont, <strong>2013</strong>)…<br />
ALAN SOKAL<br />
LE 30 AVRIL à 20 H 30<br />
« SCIENCES, SAVOIR, VÉRITÉ : TOUT EST RELATIF ? »<br />
Alan Sokal est physicien et épistémologue. Américain, il enseigne actuellement à l’University College de Londres, après avoir enseigné<br />
longtemps à l’université de New York. Il est très connu pour l’« affaire Sokal », polémique qu’il lance en 1996 en faisant paraître dans<br />
la très sérieuse revue Social Text un article-canular où il parodie les prétentions scientifiques d’un certain nombre d’intellectuels des<br />
sciences humaines et sociales. Cet article, remplis d’énoncés absurdes, prétend mettre en évidence le peu de rigueur, voire le charlatanisme<br />
des auteurs qu’il vise. Sa démarche sera notamment interprétée comme une violente attaque contre la « french theory », dont des<br />
représentants comme Jacques Lacan, Jacques Derrida ou Bruno Latour sont très célébrés dans certains départements des universités<br />
américaines. De son côté, Alan Sokal affirme avoir surtout voulu combattre une sorte de relativisme postmoderne généralisé qui fait<br />
fi, selon lui, des principes les plus élémentaires de la recherche de la vérité, au sens scientifique du mot. Il reviendra sur l’« affaire » dans<br />
un livre coécrit avec Jean Bricmont, Impostures intellectuelles (Odile Jacob, 1997), ainsi que dans Pseudosciences et postmodernisme (Odile<br />
Jacob, 2005) et dans un livre publié en 2008 mais non encore traduit en France, Beyond the Hoax : Science, Philosophy and Culture (Audelà<br />
du canular : science, philosophie et culture).<br />
DENIS PODALYDÈS (SOUS RÉSERVE)<br />
LE 14 MAI à 20 H 30<br />
LA CULTURE<br />
Denis Podalydès est acteur de théâtre et de cinéma, metteur en scène de théâtre, scénariste, écrivain. Depuis 2000, il est sociétaire de<br />
la Comédie-Française, où il est entré comme pensionnaire en 1997. Il a joué dans de très nombreux films, notamment sous la direction<br />
de son frère Bruno (Dieu seul me voit, Liberté-Oléron, Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la dame en noir, Bancs publics,<br />
Adieu Berthe…), mais aussi sous celle, notamment, d’Arnaud Despleschins, Coline Serreau, Michel Deville, Bertrand Tavernier, Diane<br />
Kurys, Pascal Bonitzer, Robert Guédiguian, Raoul Ruiz, Emmanuel Bourdieu, Michael Haneke, Valérie Lemercier, Lætitia Masson,<br />
Xavier Durringer (son interprétation de Nicolas Sarkozy dans La Conquête reste mémorable), Noémie Lvovsky, Jean-Marie et Arnaud<br />
Larrieu… Nommé plusieurs fois aux Césars, comme acteur et comme scénariste, il a reçu deux Molières, dont celui de meilleur metteur<br />
en scène pour Cyrano de Bergerac de Rostand, créé à la Comédie-Française en 2006. Il a notamment publié, aux éditions du Seuil,<br />
Scènes de la vie d’acteur (2006) et La peur, Matamore (2010) et Voix off, au Mercure de France (2008)…<br />
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34<br />
LE GUIDE<br />
DU DÉMOCRATE<br />
d’après Éric Arlix et Jean-Charles Massera<br />
mise en scène de Simon Delétang<br />
« Définition et objectifs des mecs et des nanas qui se font chier grave<br />
et qui ne se sentent plus porté(e)s par des trucs »<br />
Ainsi débute l’un des chapitres du Guide<br />
du démocrate, livre aux questionnements<br />
urgents et ultra-contemporains. Né de la<br />
volonté de réunir deux ouvrages Le Guide<br />
du démocrate, d’Éric Arlix et Jean-Charles<br />
Masséra, et We are l’Europe, de Jean-<br />
Charles Masséra, ce spectacle désopilant<br />
met à plat nos pratiques sociales contemporaines<br />
contaminées par l’imaginaire<br />
marchand. Deux hommes et une femme<br />
avec Lise Chevalier, Steven Fafournoux<br />
et François Rabette<br />
scénographie Daniel Fayet<br />
lumière David Debrinay<br />
son Nicolas Lespagnol-Rizzi<br />
production <strong>Théâtre</strong> Les Ateliers-Lyon<br />
se font tour à tour procureur, avocat ou<br />
cobaye d’une expérience démocratique.<br />
La pièce s’appuie sur le livre pour développer<br />
une structure dramaturgique, sous la<br />
forme d’une soirée type « connaissance du<br />
monde »…<br />
Ce qui pourrait n’être qu’un pensum<br />
politique de plus est ici une matière jubilatoire<br />
pour les acteurs grâce à la verve et<br />
l’humour des auteurs. Ils s’emparent de ce<br />
vendredi 13 décembre à 20 h 30<br />
qu’ils appellent « la langue de l’ennemi »,<br />
du marketing, des politiques et des slogans<br />
tout faits, pour mieux réinventer une<br />
langue dont nous sommes pourtant envahis<br />
ad nauseam : la langue « mdr » du<br />
démocrate, un être menacé d’auto-extinction.<br />
Simon Delétang adapte pour le<br />
théâtre cet essai à quatre mains et explore<br />
la crise existentielle de l’homo democraticus<br />
dans une sorte de catharsis drolatique.<br />
Dans le prologue du livre, vous évoquez<br />
le contexte d’un imaginaire post-politique,<br />
comme si le ou la démocrate ne<br />
vivait plus tellement en « démocratie ».<br />
Qu’est-ce qui a changé ?<br />
Éric Arlix : La plupart des démocrates<br />
sont seuls (même à plusieurs), stressés,<br />
flippés de perdre leur emploi ou de ne pas<br />
en trouver, endettés jusqu’au cou, sûrs<br />
de rien, dépolitisés, en surcharge pondérale,<br />
au régime (même sans surcharge<br />
pondérale), accros au shopping et au<br />
renouvellement incessant de leurs objets<br />
« intimes ». Un démocrate 2.0, cette foisci<br />
bien mondialisé, avec les mêmes pulsions<br />
d’achat de Rio à Osaka en passant<br />
par Limoges ou Tolmin, si tout ça n’est<br />
pas un changement radical… Ce qui a<br />
changé, c’est l’apparition d’une nouvelle<br />
culture, une culture mondiale, de facture<br />
modeste, faite d’ambitions moyennes,<br />
ayant abandonné toute idée d’actions collectives,<br />
une culture mondiale atomisante<br />
ayant enterré à jamais tout effort de transmission<br />
des savoirs. Un nouveau monde<br />
où les adolescents, le soir, pleurent parce<br />
qu’ils non pas eu le tout nouveau smartphone<br />
qui est trop bien.<br />
propos recueillis par Cyril De Graeve<br />
Chronic’art, mai 2010
LE DINDON<br />
Dindon : servir de dupe dans une affaire bancale.<br />
Pontagnac, coureur invétéré de jupons,<br />
suit une inconnue jusque chez elle pour<br />
lui faire des avances. Soudain surgit Vatelin,<br />
son mari, qui semble également<br />
reconnaitre son vieil ami. En position<br />
de faiblesse, Pontagnac voit la situation<br />
se retourner lorsqu’un événement imprévu<br />
vient semer la zizanie…<br />
mardi 17<br />
et mercredi 18 décembre<br />
à 20 h 30<br />
de Georges Feydeau<br />
mise en scène d’Hélène Lebarbier et Vica Zagreba<br />
Violons, guitares, flûtes soutiennent<br />
le tempo de la langue, et traduisent<br />
l’instabilité des rapports humains et<br />
des états, en un crescendo virevoltant.<br />
« Y a d’la folie » dans Le Dindon ! Ce<br />
délire saltimbanque nous plonge au<br />
cœur d’une partition subtile, enlevée,<br />
et provocante. Six musiciens campent<br />
LA PRESSE EN PARLE…<br />
Les jeunes acteurs en font des<br />
tonnes, mais avec brio. Ainsi Sébastien<br />
Rajon et Jean Barlerin qui ne<br />
boudent pas leur plaisir. Le public<br />
ne le boude pas non plus, il glougloute<br />
d’aise.<br />
Jacques Nerson, Nouvel Observateur<br />
Parmi les œuvres les plus connues de<br />
Georges Feydeau, ce Dindon prend ici<br />
un sacré coup de jeune grâce à l’excellente<br />
idée de l’habiller de musique<br />
tzigane. Violons, guitares, flûtes, soulignent<br />
le rythme effréné des situa<br />
sur le plateau. Ils font partie de cette famille<br />
loufoque et burlesque composée<br />
de neuf comédiens ; les corps dansent,<br />
s’emmêlent, les esprits s’échauffent,<br />
les notes volent, les personnages se<br />
fondent en irréductibles fêtards, coupejarrets,<br />
tire-bourses, et magouilleurs<br />
increvables.<br />
avec Vahid Abay en alternance avec<br />
Aurélien Osinski, Jean Barlerin,<br />
Léonard Cortana, Perrine Dauger,<br />
Aurélia Decker, Céline Hilbich,<br />
Laure Portier, Sébastien Rajon,<br />
et Clément Vieu<br />
et les musiciens Steeve Barré,<br />
Fabien Bucher, Marine Goldwaser,<br />
Aline Haelberg, Stélios Lazarou<br />
et Elodie Messmer<br />
scénographie Alice Gervaise<br />
costumes Laurence Barrès<br />
lumière Jérémy Riou<br />
graphisme Lucille Bot<br />
production le Guépard Echappé<br />
tions tout en symbolisant la versatilité<br />
des rapports humains. Sans jamais<br />
trahir Feydeau, six musiciens et neuf<br />
comédiens nous entraînent dans une<br />
sarabande d’une virevoltante vitalité.<br />
Michèle Bourcet, Télérama<br />
Pendant presque deux heures,<br />
l’énergie des jeunes comédiens ne<br />
faiblit jamais. Sautillants et tourbillonnants,<br />
ridicules quand il le<br />
faut, ils sont réjouissants.<br />
20 minutes<br />
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36<br />
DÉTAILS<br />
de Lars Norén<br />
mise en scène de Lena Paugam<br />
Détails est le troisième projet que la compagnie<br />
Lynceus-théâtre réalise dans le<br />
cadre de mon doctorat d’Art et de Création<br />
« SACRe » (PSL Research University)<br />
que j’ai intitulé La Crise du désir - états de<br />
suspension, espaces d’incertitude.<br />
Cette crise est à la fois une crise du sens<br />
(signification et direction) et des sens<br />
(sensations). Celle de ceux qui sont amenés<br />
à douter de leur existence. Celle de<br />
ceux qui ressentent la nécessité de résister<br />
contre l’accumulation des détails insignifiants<br />
de leur vie.<br />
Dans ma recherche sur la question du<br />
désir dans les écritures contemporaines,<br />
je choisis une œuvre pour ce qu’elle a de<br />
Emma, une jeune femme qui aspire à<br />
devenir écrivain, rencontre Erik, un<br />
éditeur, à qui elle a envoyé son premier<br />
roman. Ensemble, ils débutent une histoire<br />
d’amour. En parallèle, Stefan, un<br />
dramaturge talentueux, se retrouve aux<br />
urgences suite à de graves insomnies. Il<br />
est soigné par Ann, la femme d’Erik.<br />
Durant les quinze années que traverse<br />
la pièce, ces quatre visages se croisent,<br />
seuls ou en couple, dans des salons littéraires,<br />
au café, au théâtre, en salle de<br />
singulier et pour sa langue. Je m’intéresse<br />
aux manières dont les dramaturges impriment<br />
cette question dans leur dramaturgie.<br />
Monter Détails de Lars Norén, c’est faire<br />
le choix de se confronter à une langue très<br />
complexe, qui a ses faux-semblants, ses<br />
trompe-l’œil, et qui s’amuse du réel, du<br />
réalisme traditionnel. Ce théâtre ne supporte<br />
pas d’être pris au premier degré. Il<br />
tord les événements, les « réalités », les situations<br />
« normales », du quotidien ; nous<br />
surprend par des excès incontrôlables,<br />
des saillies inattendues. C’est un théâtre<br />
violent, drôle, grinçant, piégé au bord du<br />
précipice.<br />
sport, de Stockholm à New York, en<br />
passant par Florence et Tel Aviv.<br />
Le spectateur suit leurs trajectoires entrelacées,<br />
liées par le temps et l’espace<br />
dans un inévitable désastre, celui d’un<br />
bonheur ardemment recherché, sans<br />
doute jamais vraiment vécu.<br />
En une trentaine de séquences, nous<br />
sommes menés au cœur de la vie de<br />
chacun. Leurs secrets, leurs desseins,<br />
leurs mensonges, leurs espoirs et leurs<br />
abattements ont pour toile de fond la<br />
scène du monde de la fin du XX e siècle.<br />
jeudi 9 janvier à 19 h<br />
vendredi 10 janvier à 20 h 30<br />
Dans ce théâtre, la perte du désir se traduit<br />
comme la prise de pouvoir d’une<br />
absence, comme une soumission à l’invisible,<br />
comme la marque d’un vide oppressant<br />
qui investit tout. Les personnages<br />
sont des ombres explorant les territoires<br />
liminaires de la mort.<br />
Le désir de désir est un moyen de conjurer<br />
la mort. Détails pose la question du<br />
corps de l’autre, comme nécessaire lien<br />
de survie, il peut dire le désir de désir, la<br />
nécessité de réveiller son désir, le besoin<br />
de s’y confronter pour se sentir en vie.<br />
avec Ludmila Dabo, Lena Paugam,<br />
Benjamin Wangermée<br />
et Charles Zevaco<br />
traduction<br />
Camilla Bouchet et Amélie Wendling<br />
dramaturgie Sigrid Carré Lecoindre<br />
création sonore Samuel Gutman<br />
costumes Valérie Montagu<br />
production compagnie Lynceus-Theatre / avec le<br />
soutien du Jeune théâtre national, du Conservatoire<br />
national supérieur d’Art dramatique, de PSL Research<br />
University (doctorat d’art et de création SACRe),<br />
du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, du <strong>Théâtre</strong> des Cinq-Diamants, de<br />
Confluences, du Conseil général des Côtes d’Armor<br />
et de la Mairie de Binic<br />
Détails est publié en français par L’Arche Éditeur<br />
Lena Paugam<br />
Cette pièce, aussi drôle que grinçante,<br />
aussi dure que poignante, examine la<br />
crise du désir aujourd’hui comme un<br />
microcosme vu au microscope.
Le titre de la pièce Détails vous va<br />
comme un gant, si l’on considère votre<br />
œuvre dévolue à l’esprit et à l’art du<br />
détail.<br />
Lars Norén : C’est une pièce que j’ai écrite<br />
à la fin des années 90, qui s’étend sur<br />
dix ans. Des choses minimes, des détails<br />
collectés minutieusement, des fragments<br />
de vie qui, rassemblés, font une histoire.<br />
Chacun de ces événements permet de<br />
cerner les relations à l’intérieur d’un<br />
quatuor et la vie avec ses bonheurs et ses<br />
trahisons. Les intrigues ont lieu dans de<br />
grandes villes, New York, Stockholm,<br />
Florence, où j’ai pu vivre à cette époque.<br />
Détails est aussi une pièce qui parle du<br />
monde à travers des détails infimes, on<br />
sait la présence de guerres dans le Golfe,<br />
au Moyen-Orient, en Europe, on parle<br />
du sida, des problèmes de l’Afrique, etc.<br />
De la même manière, à un niveau intime<br />
ou mondial, on croit toujours qu’il s’agit<br />
de détails, mais en fait on comprend<br />
à quel point c’est important. J’ai aimé<br />
écrire cette pièce qui s’apparente à l’étrangeté<br />
d’un cauchemar fantastique même<br />
s’il ne s’agit que d’une composition faite<br />
de détails réalistes.<br />
Que diriez-vous de la question de<br />
l’amour aujourd’hui ?<br />
C’est un sentiment, une valeur, qu’il est<br />
difficile d’appréhender tant la réalité que<br />
recèle le mot « amour » varie. Quelles sont<br />
les raisons qui font que l’on reste sa vie<br />
entière avec la même personne, si ce n’est<br />
la rigueur de schémas sociaux bien ancrés ?<br />
Forcément, le désir par nature naît, grandit<br />
et meurt en chacun, mais nous cultivons<br />
aussi un idéal personnel, nous pensons à<br />
la survie de notre famille et à la sauvegarde<br />
de nos enfants. Tout aujourd’hui va si vite,<br />
la vie au jour le jour comme les passades<br />
amoureuses. On essaie de bâtir de toutes<br />
ses forces une relation avec autrui. Si l’on<br />
échoue, on souffre puisqu’on perd la maîtrise<br />
de la situation, on meurt d’un suicide<br />
mental tout en continuant à survivre dans<br />
une existence matérielle. Dans les pays<br />
pauvres africains et les pays fondamentalistes,<br />
il est plus difficile de « se séparer »,<br />
en raison de la société et de la religion. En<br />
Occident, on change de partenaire aisément,<br />
personne ne se soucie de vos liens,<br />
ce qui est aussi un problème… D’une<br />
façon générale, il est difficile de trouver<br />
l’âme-sœur tant le poids social pèse sur<br />
les individus. L’amour exige que l’on se<br />
batte pour construire une vie nouvelle ;<br />
en même temps, on fait abstraction de soi<br />
dans sa relation à l’autre et on perd ainsi<br />
un peu de sa vérité…<br />
propos recueillis par Véronique Hotte<br />
La Terrasse, septembre 2007<br />
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38<br />
LA VIE<br />
ExTÉRIEURE<br />
de Annie Ernaux<br />
mise en scène d’Hugues Demorge<br />
Quand je suis arrivée à Cergy, j’ai eu le<br />
désir d’écrire sur ce que ça signifiait de<br />
vivre ici, dans cette « ville nouvelle » de la<br />
région parisienne, moi qui avais toujours<br />
vécu en province. Je me suis mise à tenir<br />
un journal dans lequel je consignais les<br />
choses vues, entendues dans les lieux que<br />
je fréquentais habituellement, ces lieux où<br />
l’on croise les gens, le centre commercial<br />
des Trois-Fontaines, les supermarchés,<br />
la gare RER, les transports en commun.<br />
Une sorte de journal extérieur pour fixer<br />
des mots tagués sur les murs, des scènes<br />
fugitives, des conversations, ces multiples<br />
fragments d’existence saisis aux caisses de<br />
Leclerc et d’Auchan, chez le coiffeur, dans<br />
les couloirs du métro. Retenir le temps<br />
mais aussi déchiffrer les signes de plaisir ou<br />
de souffrance sociale, de la banalisation de<br />
l’exclusion. Donner à voir ce que tout le<br />
monde voit sans voir, sans vouloir voir, car,<br />
comme le dit Heidegger, « le chemin des<br />
choses proches pour nous autres hommes<br />
est de tout temps le plus long et le plus<br />
difficile ». Et sans doute le plus politique.<br />
Aujourd’hui, dans la pureté de sa mise en<br />
scène, Hugues Demorge offre à ces choses<br />
proches un surcroît d’existence et d’inter-<br />
vendredi 17<br />
et samedi 18 janvier à 20 h 30<br />
pellation. Par cette présence absolue qu’est<br />
le théâtre, il confère un accès direct, troublant,<br />
à notre vie et à la vie des autres.<br />
Annie Ernaux<br />
Lorsqu’on s’intéresse à l’œuvre novatrice<br />
d’Annie Ernaux et que, par ailleurs, on se<br />
préoccupe de théâtre, on peut – doit ? –<br />
s’interroger sur la place particulière qu’il<br />
convient de réserver aux fragments qui<br />
composent ses journaux extérieurs, Journal<br />
du dehors, publié en 1993, La Vie extérieure,<br />
en 2000.<br />
Après avoir lu au fil de son introduction :<br />
« J’ai eu envie de transcrire des scènes, des<br />
paroles, des gestes d’anonymes (…) des<br />
graffiti… », ou bien : « qu’on se découvre<br />
soi-même davantage en se projetant dans<br />
le monde extérieur que dans l’introspection<br />
du journal intime… », comment ne<br />
pas songer alors à d’autres termes ? « Adaptation<br />
», par exemple. Des « scènes… »,<br />
qui, paradoxalement, n’avaient jamais été<br />
mises en scène. A fortiori, près du théâtre<br />
des opérations…<br />
Hugues Demorge<br />
Annie Ernaux<br />
Depuis son premier roman Les Armoires<br />
vides en 1974, cette écrivaine,<br />
agrégée de lettres et originaire d’un<br />
milieu ouvrier, n’a eu de cesse de<br />
parler de sa vie, d’elle-même, et plus<br />
particulièrement de ses émotions.<br />
Souvent accusée d’impudeur, elle<br />
nie en bloc expliquant que l’exhibitionniste<br />
se cache en espérant<br />
être pris en flagrant délit. Pas Annie<br />
Ernaux qui ne cache rien, se justifiant<br />
par un simple « ça s’est passé »,<br />
même si elle avait conscience de sa<br />
tendance à vouloir écrire des livres<br />
« qui rendent le regard d’autrui<br />
insoutenable... » C’est de ce paradoxe<br />
que jaillit son écriture épurée.<br />
Non pour se singulariser ; mais pour<br />
exprimer les plaies intérieures, celles<br />
de sa difficulté à surmonter le fossé<br />
entre ses origines et ses amours littéraires,<br />
celles de ses relations passionnées<br />
et complexes avec les hommes<br />
et l’amour en général, celles de la<br />
maladie d’Alzheimer, celle de son<br />
avortement illégal dans La Honte.<br />
Prix Renaudot pour La Place,<br />
Annie Ernaux dérange, agace, fascine<br />
mais ne cède jamais aux sirènes<br />
du business qui domine tant les lois<br />
du marché littéraire.<br />
Hugues Demorge<br />
Professeur de lettres au collège de<br />
Vigny, il est aussi, parfois, auteur et<br />
metteur en scène, créant alors, au<br />
sein du collectif L’Excès inverse, des<br />
formes poétiques un rien déjantées :<br />
En jeu(x) (2001-2002), Ni l’ombre<br />
ni la lumière (2005-2007), Rare fil<br />
(2008-2009). Montrées au <strong>Théâtre</strong><br />
<strong>95</strong>, ou ailleurs. Ses rencontres avec<br />
Annie Ernaux l’incitent, depuis<br />
quelque temps, à revoir sa copie…<br />
avec Corianne Mardirossian<br />
production L’Excès inverse / avec le soutien du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>
Des os et du boudin<br />
MORTAGNE<br />
Le mois dernier, en page une du bulletin<br />
municipal L’Écho des Remparts<br />
(n° 328), un article sur cinq colonnes,<br />
signé de la belle plume de René<br />
Pichegru – président d’honneur de<br />
la Société mortagnaise d’archéologie<br />
– apprenait aux administrés une nouvelle<br />
qui depuis n’a pas manqué de<br />
se propager, telle une onde sismique,<br />
dans les milieux scientifiques internationaux.<br />
Quelques semaines plus tôt,<br />
les travaux d’excavation au 4 e niveau<br />
du futur parking souterrain, place<br />
du Général-de-Gaulle, avaient mis<br />
au jour trois squelettes d’hominiens<br />
(deux adultes et une fillette) vieux de<br />
plus de 8 millions d’années.<br />
Dépêchés sur place en toute hâte, les<br />
deux éminents paléo-anthropologues<br />
David F. Becker et Wolfgang Hugues<br />
s’accordaient aussitôt à dire qu’il<br />
s’agissait là des « plus anciens spécimens<br />
de ce qu’il est convenu d’appeler<br />
nos ancêtres ».<br />
Le défilé hautement médiatisé de personnalités<br />
issues du monde politique<br />
et du spectacle venues s’incliner sur<br />
ces restes vénérables, a permis en un<br />
second temps de les faire connaître au<br />
grand public.<br />
Depuis lors, la ville de Mortagneau-Perche,<br />
soutenue par le Conseil<br />
général de l’Orne, cherche par quels<br />
moyens valoriser ces nouvelles « ressources<br />
humaines » en termes de dé-<br />
veloppement touristique et culturel.<br />
Selon des indiscrétions émanant du<br />
conseil municipal, plusieurs projets<br />
seraient déjà à l’étude, parmi lesquels<br />
la construction d’un grand complexe<br />
muséal à vocation pédagogique<br />
(murs et projections vidéos sur écrans<br />
géants), où seraient exposées des répliques<br />
en silicone des précieux ossements.<br />
Si le choix du lieu porte encore<br />
à polémique (on a évoqué un temps<br />
le site de l’ancien centre de formation<br />
canine), il semblerait toutefois que le<br />
principe en soit acquis.<br />
Nous avons d’autre part appris par le<br />
biais de Susan MacLean, responsable<br />
du service de presse du National Museum<br />
of Natural History de Washington,<br />
que le célèbre musée américain<br />
se proposait d’acquérir le squelette<br />
de la fillette pour une somme encore<br />
tenue secrète mais que des indiscrétions<br />
situent au-delà des 3 millions de<br />
dollars. Une manne dont la ville aurait<br />
bien besoin en ces temps difficiles où<br />
le chômage frappe un actif mortagnais<br />
sur quatre et bon nombre d’exploitations<br />
agricoles.<br />
On retiendra aussi la proposition<br />
audacieuse de la présidente du Comité<br />
des fêtes, mademoiselle Céline<br />
Chartier, qui souhaiterait voir la<br />
cité mortagnaise inscrite au registre<br />
de l’UNESCO sous le titre flatteur<br />
de « berceau de l’Humanité ». Le<br />
Conseil municipal l’a d’ores et déjà<br />
assurée d’un indéfectible soutien, alors<br />
que s’élèvent les cris indignés de l’association<br />
« Laissez-les dormir en paix »,<br />
soutenue (ce n’est un secret pour personne)<br />
par le puissant lobby des producteurs<br />
de boudin noir, qui craint de<br />
voir sa célèbre spécialité charcutière<br />
passer au rang de simple faire-valoir<br />
folklorique.<br />
Quant au non moins puissant lobby<br />
des « anonymes de tous les pays » établi<br />
à Mortagne depuis le début des<br />
années 90, il n’a pas attendu sa réunion<br />
plénière annuelle pour réagir par<br />
un tweet cinglant de son président :<br />
« Nous craignons qu’une telle découverte,<br />
pour peu qu’elle soit validée<br />
(sans parler des polémiques qu’elle est<br />
en train de faire naître à l’échelle régionale),<br />
ne menace, à court ou moyen<br />
terme, la pérennité de ce beau titre de<br />
“capitale mondiale de l’anonymat”,<br />
qui continue de faire le prestige de la<br />
cité mortagnaise, et que la plupart des<br />
bourgs alentours nous envient. »<br />
Jean-Christophe Gallo<br />
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40<br />
AU DÉBUT…<br />
MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />
texte et mise en scène de Joël Dragutin<br />
Porter un regard curieux, étonné, émerveillé,<br />
respectueux sur les enfants. Mesurer<br />
l’écart entre ceux que nous avons été et<br />
ceux dont nous avons – parents, artistes,<br />
citoyens – la responsabilité.<br />
Plus encore aujourd’hui, qu’hier peut-être,<br />
cette responsabilité nous interroge : par<br />
l’extension de son champ, par la difficulté<br />
de l’exercer.<br />
Diagnosticien des symptômes des mutations<br />
sociales, auteur de tragi-comédies sur<br />
nos mythologies contemporaines, capteur<br />
des affects exprimés dans nos mises à jour<br />
linguistiques, Joël Dragutin met ici en<br />
scène une observation attentive, inquiète<br />
parfois, amusée souvent et toujours généreuse<br />
et aimante de l’univers des enfants<br />
à l’heure de la techno-communication<br />
mondialisée. Un spectacle pour les enfants<br />
et leur liberté de rêver, d’expérimenter,<br />
d’inventer, une liberté indispensable à leur<br />
apprentissage d’adulte citoyen et émancipé.<br />
Un spectacle pour les adultes qui<br />
pensent nécessaire de préserver le temps de<br />
l’enfance comme celui de la mise en forme<br />
mardi 28<br />
et vendredi 31 janvier à 19 h,<br />
jeudi 30 et vendredi 31 janvier<br />
à 14 h 30,<br />
jeudi 6, vendredi 7, jeudi 13<br />
et vendredi 14 février à 14 h 30,<br />
samedi 8 février à 17 h,<br />
mardi 11 et vendredi 14 février<br />
à 19 h,<br />
mercredi 12 février à 10 h<br />
Centre culturel de Jouy-le-Moutier<br />
le mercredi 5 février à 9 h et 18 h<br />
à partir de 6 ans<br />
(En partenariat avec la programmation<br />
« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />
distribution en cours<br />
de leur capacité de penser, de la construction<br />
progressive de leur autonomie.<br />
À partir d’un fait divers banal de la vie<br />
quotidienne d’un enfant (le vol d’une tablette<br />
numérique), Joël Dragutin partira à<br />
la découverte de la réalité et de l’imaginaire<br />
d’un groupe d’enfants de notre début de<br />
siècle.<br />
Comment nos enfants parlent, rient,<br />
pleurent, s’effraient, aiment, rêvent,<br />
jouent, grandissent ? Sont-ils encore les<br />
enfants que nous avons été ou est-ce que<br />
notre monde – avec ses grandes mutations<br />
économiques et culturelles, sa complexité<br />
tissée de technologies, d’univers virtuels,<br />
d’images, de sons – aurait profondément<br />
modifié les petits de l’être humain ? Quels<br />
rapports entretiennent-ils avec leur famille<br />
(composée, décomposée, recomposée…) ?<br />
Comment vivent-ils l’école, le quartier, les<br />
autres ? Comment perçoivent-ils l’avenir ?<br />
Une des originalités de ce projet théâtral<br />
consiste à faire interpréter les rôles de ces<br />
enfants de 6 à 8 ans par des comédiens<br />
adultes, en étant le plus proche possible de<br />
leur langage, de leur syntaxe, de leur codes<br />
verbaux, de leurs hésitations. Ce décalage<br />
ouvrira la voie à un surréalisme de situations<br />
propices à la distanciation et aux décadrages<br />
qui permettent le surgissement de<br />
considérations inattendues, surprenantes,<br />
éclairantes.<br />
À un moment où la culture occidentale<br />
s’interroge sur le sens de son histoire,<br />
doute de ses valeurs et de ses certitudes,<br />
explorer les mythologies enfantines peut<br />
nous permettre d’apporter quelques pistes<br />
intéressantes et peut-être quelques débuts<br />
de réponses quant à notre avenir…<br />
Dans le travail dramaturgique autour de<br />
cette création, les concepts de « natalité »,<br />
d’« avènement », de « révolution » qui sont<br />
au cœur de la pensée d’Hannah Arendt<br />
sur l’éducation, la politique et l’histoire,<br />
ont trouvé un écho particulier et ont donné<br />
du sens à ce désir de porter sur la scène<br />
ces personnages enfantins depuis toujours<br />
héritiers et pionniers de notre aventure<br />
humaine.
C’est également avec l’éducation que<br />
nous décidons si nous aimons assez nos<br />
enfants pour ne pas les rejeter de notre<br />
monde, ni les abandonner à eux-mêmes,<br />
ni leur enlever leur chance d’entreprendre<br />
quelque chose de neuf, quelque chose que<br />
nous n’avions pas prévu, mais les préparer<br />
d’avance à la tâche de renouveler un<br />
monde commun.<br />
Hannah Arendt<br />
Joël Dragutin<br />
Metteur en scène, directeur du <strong>Théâtre</strong><br />
<strong>95</strong>, il est également l’auteur d’une dizaine<br />
de pièces dont La Baie de Naples,<br />
Tant d’espace entre nos baisers, Sens<br />
unique, Haute altitude, La Spectatrice,<br />
Grande vacance, Petits voyages au bout<br />
de la rue, Chantier public, Une maison<br />
en Normandie…, représentées tant en<br />
France qu’à l’étranger. Il a également<br />
met en scène une trentaine d’auteurs<br />
classiques et contemporains : Molière,<br />
Courteline, Michaux, Vinaver, Kroetz,<br />
Havel, Musset, Brecht…<br />
41
42<br />
LES COPRODUCTIONS DU<br />
THÉÂTRE <strong>95</strong><br />
EN TOURNÉE<br />
Chaque année, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> reçoit en Résidence et participe à la production de créations<br />
en partenariat avec les compagnies et de nombreux théâtres en France et à l’étranger.<br />
Vous pouvez les voir, revoir ou informer votre entourage que les spectacles du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
sont visibles ailleurs.<br />
Rosilyn<br />
Centre culturel, Jouy-le-Moutier le 20 septembre <strong>2013</strong><br />
La Maison et le Zoo<br />
Les 13-Vents-CDN, Montpellier, représentations du 1 er au 12 octobre <strong>2013</strong><br />
<strong>Théâtre</strong> du Rond-Point, Paris, représentations du 3 au 29 juin <strong>2014</strong><br />
Bérénice<br />
Centre Culturel Aragon, Oyonnax, quatre représentations les 26 et 27 novembre <strong>2013</strong><br />
Le Banquet de la vie<br />
Cormeilles-en-Parisis, deux représentations les 23, 24 novembre <strong>2013</strong><br />
Marines, deux représentations le 29 novembre <strong>2013</strong><br />
Saint-Gratien, deux représentations le 7 décembre <strong>2013</strong><br />
Eaubonne, deux représentations le 13 décembre <strong>2013</strong><br />
Rencontres d’ici et d’ailleurs, Noisy-le-Sec, quatre représentations en mai <strong>2014</strong><br />
Lune Jaune<br />
TNP, Villeurbanne, dix représentations du 11 au 21 février <strong>2014</strong><br />
Marie Tudor<br />
Centre culturel Aragon, Oyonnax, 20 et 21 janvier <strong>2014</strong><br />
<strong>Théâtre</strong> l’Esplanade du Lac, Divonne, 24 janvier <strong>2014</strong><br />
<strong>Théâtre</strong> de Bourg-en-Bresse, 28, 29 et 30 janvier <strong>2014</strong><br />
Sous la ceinture<br />
<strong>Théâtre</strong> des Célestins, Lyon, dix représentations du 1 er au 11 avril <strong>2014</strong><br />
L’Estivante et La Spectatrice<br />
Le Lucernaire, Paris, du 19 mars au 26 avril <strong>2014</strong><br />
Au début…<br />
Centre culturel, Jouy-le-Moutier, deux représentations le 5 février <strong>2014</strong><br />
Les 13-Vents-CDN, Montpellier, trois représentations du 22 au 24 avril <strong>2014</strong>
DAKINI Incantations<br />
La dakini, déité féminine, entre ciel et terre, entre cri et chuchotement, entre parole et chant,<br />
parle « la langue des oiseaux », la langue de la musique.<br />
Trio issu des différentes disciplines du spectacle<br />
vivant (théâtre, musique et danse),<br />
le laboratoire Dakini est une expérience<br />
collaborative entre des musiciens créant à<br />
partir d’improvisations pour aboutir à des<br />
formes écrites ou semi-écrites, voire pour<br />
inventer en public.<br />
Sur scène, ils offrent un concert littéraire<br />
autour du fourmillement des langues, de<br />
la rencontre des textes et de la musique,<br />
à la recherche de l’origine de la parole,<br />
du dire. Véritable espace vivant, à la croisée<br />
des langages et des matières sonores<br />
contemporaines, leur spectacle Incantations<br />
va à la rencontre des textes d’auteurs<br />
vivants ou plus anciens tels que : Édith<br />
Azam, Aimé Cézaire, François Cheng,<br />
Marguerite Duras, Louise Labbé, Wajdi<br />
Mouawad, Fernando Pessoa, Jean Racine,<br />
Saint-John Perse, Jean-Pierre Siméon…<br />
Leur musique flirte avec différents styles<br />
(voix chantée et parlée, guitare, percus-<br />
« Elle chantait, si c’est chanter, mais non. C’était plutôt entre voix et langage,<br />
Une façon de laisser la parole<br />
Errer, comme à l’avant incertain de soi,<br />
Et parfois ce n’étaient pas même des mots,<br />
Rien que le son dont les mots veulent naître,<br />
Le son d’autant d’ombre que de lumière<br />
Ni déjà la musique ni plus le bruit ».<br />
Yves Bonnefoy<br />
sions, piano, sons électro) et interroge,<br />
explore l’univers des mots. Texture, grain,<br />
espace sonore dessinent les contours d’une<br />
esthétique contemporaine.<br />
Incantations est une expérience entre<br />
concert, théâtre et poésie, où les mots se<br />
font musique…<br />
vendredi 28 février à 20 h 30<br />
Laboratoire de poésie sonore<br />
/ concert littéraire<br />
voix Valérie Capdepont<br />
guitare, piano électro Olivier Bobinnec<br />
percussions, batterie Anne-Laure Gros<br />
basse, ordinateur Érik Baron<br />
production Dakini création<br />
43
44<br />
LA PARITÉ<br />
VARIATION EN 6 PETITES FORMES THÉÂTRALES DE 15 MINUTES CHACUNE<br />
POUR 6 AUTEURS (3 F ET 3 H)<br />
POUR 6 METTEURS EN SCÈNE (3 F ET 3 H)<br />
ET 2 ACTEURS (1 F ET 1 H)<br />
Dans le cadre de leur engagement dans la Saison Égalité 1, orchestrée par l’association « H/F Île de<br />
France», le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> et le <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire à Paris proposent d’impulser la production de six<br />
courtes formes théâtrales sur l’égalité homme-femme.<br />
Ces deux théâtres soucieux de soutenir<br />
la production de textes théâtraux<br />
d’auteurs vivants se sont emparé de<br />
cette thématique qu’ils soumettront<br />
aux sociétés d’auteurs, aux associations<br />
regroupant les écrivains et auteurs de<br />
théâtre et à tous.<br />
L’objectif est de créer six formes théâtrales<br />
brèves qui seront présentées en<br />
un seul spectacle, ou de manière fragmentée<br />
pour des levers de rideau, des<br />
présentations de saison, etc.<br />
Un appel à projet a été lancé invitant<br />
des auteurs à proposer des textes courts<br />
(15 minutes environ) sur l’égalité<br />
femme/homme et sur la question de la<br />
parité.<br />
Au cours de la saison une comédienne<br />
et un comédien seront choisis. Ils joueront<br />
les six pièces qui auront été sélectionnées<br />
par un jury paritaire et mises<br />
en scènes par six metteurs en scène,<br />
trois hommes et trois femmes. Ces<br />
créations se répéteront en février et seront<br />
présentées en mars au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>,<br />
au Centre culturel de Jouy-le-Moutier<br />
et au <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire.<br />
distribution en cours
jeudi 6 mars à 19 h<br />
et le vendredi 7 mars à 20 h 30<br />
Constat et Mobilisation<br />
Depuis plusieurs années maintenant la<br />
parité femmes/hommes fait l’objet de<br />
débats et de décisions politiques pour<br />
rééquilibrer les inégalités, réduire les<br />
discriminations. Cette préoccupation<br />
touche depuis peu le monde de la<br />
culture. Au milieu des années 2000, des<br />
personnalités de notre secteur se sont<br />
penchées sur ce que l’on considère, à<br />
juste titre, comme une situation peu<br />
acceptable. Des études, notamment<br />
statistiques, révèlent un état des lieux<br />
fort défavorable quant à la place des<br />
femmes dans le monde de l’art et de<br />
la culture, au sein duquel le spectacle<br />
vivant ne fait pas figure d’exception.<br />
Quelques chiffres cités ci-dessous décrivent<br />
cette réalité.<br />
Forts de ce constat, des collectifs se sont<br />
constitués dans de nombreuses régions<br />
françaises, et militent pour développer<br />
une prise de conscience, proposer des<br />
actions et susciter des initiatives.<br />
En Île-de-France, le collectif H/F a<br />
d’ores et déjà fédéré plus de vingt<br />
théâtres, qui se sont engagés à adhérer<br />
et à appliquer une charte triennale tendant<br />
à la parité dans les programmations<br />
et productions et dans la gouvernance<br />
interne des établissements. Leur<br />
Le saviez-vous ?<br />
Dans nos institutions culturelles nationales…<br />
85% des textes représentés sont écrits par des hommes.<br />
78% des spectacles joués sont mis en scène par des hommes.<br />
97% des musiques interprétées sont composées par des hommes.<br />
81% des dirigeants de l’administration culturelle nationale sont des hommes.<br />
75% des théâtres nationaux dramatiques et lyriques sont dirigés par des<br />
hommes.<br />
96% des opéras sont dirigés par des hommes.<br />
En moyenne, les subventions et les budgets accordés aux femmes sont d’un tiers<br />
inférieurs à ceux des hommes.<br />
Pensez-vous vraiment que les femmes aient moins de talent ?<br />
(Chiffres extraits des rapports de Reine Prat en 2006 et en 2009 sur le spectacle vivant,<br />
commandés par le ministère de la Culture et de la Communication.)<br />
action emblématique sera le lancement<br />
de la Saison Égalité en <strong>2013</strong>/<strong>2014</strong>.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’inscrit avec conviction<br />
dans cette démarche, engagé tant dans<br />
l’esprit que dans sa programmation<br />
tout au cours de cette saison.<br />
Une initiative<br />
d’H/F Ile-de-France<br />
L’association H/F Île-de-France<br />
a pour objectif de parvenir à une<br />
égalité femmes/hommes dans les<br />
politiques et pratiques artistiques<br />
et culturelles. H/F Ile-de-France<br />
s’inscrit dans le mouvement H/F,<br />
fédération interrégionale.<br />
La Saison Égalité Hommes/<br />
Femmes en Île-de-France<br />
est soutenue par le Fonds social<br />
européen et la Région Île-de-<br />
France.<br />
H/F Île-de-France est soutenue<br />
par la Région Île-de-France et<br />
l’Observatoire de l’égalité entre les<br />
femmes et les hommes de la Ville<br />
de Paris.<br />
Retrouvez H/F sur Facebook<br />
et sur Twitter<br />
Informations: :<br />
http://www.hf-idf.org<br />
contact@hf-idf.org<br />
45
46<br />
SPIRALE<br />
d’après le roman Vallen d’Anne Provoost<br />
adaptation et mise en scène d’Eric de Dadelsen<br />
Des vacances d’été chez sa grand-mère<br />
ou comment passer un séjour entre ennui<br />
et bonheur de retrouver Caitlin, une<br />
jeune danseuse contemporaine. Lucas,<br />
jeune adolescent, passe des vacances sans<br />
histoires, quand la maison est visitée<br />
par de petits voleurs. Dans la bourgade,<br />
aucun doute, les rumeurs circulent aussi<br />
bien du côté des villageois que des gendarmes<br />
: « trop d’étrangers, trop d’arabes,<br />
on n’est plus en sécurité ».<br />
Lors d’un passage à l’armurerie, Lucas<br />
rencontre Benoît, un garçon brillant, soidisant<br />
journaliste et défenseur de l’ordre<br />
et des valeurs occidentales. Alex, son<br />
acolyte, joue pour sa part les hommes<br />
de main. Les liens entre eux se nouent<br />
rapidement d’autant plus que Benoît et<br />
vendredi 14 mars <strong>2014</strong><br />
à 14 h 30 et 19 h<br />
À partir de 13 ans<br />
Alex semblent tout connaître du grandpère<br />
de Lucas, de ses idées, de son passé<br />
durant la guerre. Un ensemble d’histoires<br />
dont Lucas, lui, ignore tout…<br />
Une spirale se dessine, peu à peu Lucas<br />
prend conscience du secret de sa famille<br />
et du silence qui l’entoure. Sous l’emprise<br />
de Benoît et de sa vision du monde, il<br />
participe à des actes xénophobes et se<br />
transforme en un véritable activiste :<br />
cocktails molotov, ratonnades…<br />
Lucas est tiraillé… D’un côté, ses convictions<br />
humanistes et son attirance pour<br />
Caitlin, jeune fille juive issue d’une famille<br />
au passé tragique. De l’autre, sa fascination<br />
pour Benoît, pour son charisme<br />
et ses idées. Tourmenté par ces pensées<br />
antagonistes, il plonge et se laisse empor-<br />
avec Laurent Cazanave,<br />
Thomas Pasquelin, Frédéric Pichon<br />
et Lina Schlageter<br />
chorégraphie Loïc Touzé<br />
scénographie Jean-Pierre Gallet<br />
costumes Pascaline Chavanne<br />
lumière Stéphane Chesnais<br />
création vidéo Stéphane Pougnand<br />
production Goldmund <strong>Théâtre</strong> de la Bouche d’Or–<br />
Ploërmel / avec le soutien de la DRAC Bretagne, du<br />
Conseil régional de Bretagne, du Conseil général du<br />
Morbihan et de la CDC de Ploërmel<br />
d’après le roman Vallen d’Anne Provoost, paru en<br />
français sous le titre Le Piège (Seuil, 1997)<br />
ter inexorablement vers les profondeurs.<br />
En mettant en scène le texte d’Anne Provoost,<br />
Eric de Dadelsen nous présente<br />
une véritable fable contemporaine et apporte<br />
des éléments de réponse à de nombreuses<br />
questions toujours très actuelles:<br />
Comment peut-on manipuler les gens en<br />
utilisant leur propre histoire ? Sur quels<br />
mécanismes subtils jouent les idéologues<br />
du néonazisme ? Comment peut-on distiller<br />
des idées au nom du bien commun<br />
et de l’intérêt général tout en maquillant<br />
leur intolérance et en pratiquant l’ostracisme<br />
? Comment le discours populiste<br />
peut-il séduire en se déguisant habilement<br />
derrière une apparence de démocratie ?
DAL VIVO<br />
de Flop Lefebvre<br />
Une escapade lumineuse<br />
Performance sur le geste et la lumière<br />
Étonnante expérience que Dal Vivo !<br />
Sous nos yeux ébahis, Flop construit<br />
des images vivantes et fragiles qui<br />
naissent du mouvement et de la rencontre<br />
entre la lumière et la matière.<br />
D’un dispositif désuet manipulé et<br />
éclairé entièrement à vue, apparaît une<br />
peinture éphémère dans laquelle les<br />
particules de lumières remplacent les<br />
pigments.<br />
Dans une baraque de bois qui lui sert<br />
d’atelier-laboratoire, plongé dans une<br />
semi-obscurité, il cherche à faire parler<br />
des objets de récupération accumulés<br />
au cours de sa vie, il redonne à ces objets<br />
du quotidien toute leur dimension<br />
poétique et nous embarque dans un<br />
monde peuplé de chimères.<br />
Avec des bricolages exposés sous nos<br />
yeux : variateur de lumière à manivelle,<br />
petites machines qui impulsent le mouvement<br />
de la matière, lentilles, miroirs,<br />
diapos, bouts de Scotch suspendus ici<br />
ou là, Flop fait parler des ustensiles de<br />
cuisine, de la vaisselle, des bougeoirs,<br />
des petits systèmes mécaniques et les<br />
transpose sur grand écran en une réalité<br />
ineffable et vibrante. Il crée en direct un<br />
paysage en perpétuelle construction, une<br />
image vivante et fragile. C’est un nouveau<br />
monde animé qu’il nous offre dans<br />
l’intimité de son atelier. Chaque reflet,<br />
mercredi 19 mars<br />
à 9 h 30 et 15 h,<br />
jeudi 20 et vendredi 21 mars<br />
à 9 h, 10 h 30 et 15 h,<br />
samedi 22 mars<br />
à 9 h 30 et 17 h<br />
À partir de 2 ans<br />
(En partenariat avec la programmation<br />
« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />
chaque transparence, chaque ombre ou<br />
diffraction lumineuse devient la composante<br />
de tableaux animés dont nous<br />
sommes les spectateurs.<br />
Cet artiste inclassable crée un nouveau<br />
monde, hors du temps et de l’espace,<br />
dans lequel chacun se raconte son histoire.<br />
Pas à pas, comme un peintre à<br />
l’affût de l’inattendu, il provoque une<br />
émotion qui fait remonter de lointaines<br />
sensations : l’exaltation de l’enfance face<br />
à la magie.<br />
Embarquement immédiat pour une<br />
escapade lumineuse au croisement de la<br />
peinture et du cinéma qui émerveillera<br />
petits et grands.<br />
coproduction Le Channel-Scène nationale de Calais,<br />
A.T.H. Associés, Lili Désastres<br />
47
48<br />
LUNE JAUNE, LA BALLADE DE LEILA ET LEE<br />
de David Greig<br />
mise en espace de Baptiste Guiton<br />
Lune Jaune est la rencontre improbable entre Leila la silencieuse et<br />
Stag-Lee le mauvais garçon, deux adolescents rejetés et stigmatisés,<br />
à l’existence fragile.<br />
Lee vit seul avec sa mère Jenni, depuis<br />
que son père est parti quand il avait cinq<br />
ans, lui laissant pour seul souvenir une<br />
casquette. Lee rêve de faire fortune grâce<br />
au crime, de devenir, tiens, pourquoi pas<br />
le premier mac d’Inverkeithing ? Leila<br />
est «une bonne petite», mais son corps<br />
l’encombre, une jeune fille qui ne se sent<br />
exister que lorsqu’elle se passe une lame<br />
de rasoir sur le corps en rêvant aux célébrités<br />
de la presse people. Quant à Billy,<br />
le beau-père de Lee, il aimerait offrir une<br />
bague à Jenni.<br />
Un mauvais départ, une erreur, un<br />
meurtre, et voilà Lee fuyant en plein<br />
hiver dans les collines hostiles, à la recherche<br />
de son père. Accompagné de<br />
Leila la silencieuse, ils sont recueillis par<br />
Frank le garde-chasse. Trois êtres perdus<br />
qui passent à ça de se trouver. Ou qui se<br />
trouvent… Et se perdent.<br />
avec Émilie Chertier,<br />
Grégoire Isvarine, Jérôme quintard<br />
et Tiphaine Rabaud Fournier<br />
traduction Dominique Hollier<br />
musique originale Sébastien quencez<br />
dramaturgie Adrien Cornaggia<br />
scénographie et costumes Gaëlle Viémont<br />
lumière Arianna Thöni<br />
régie générale Julien Imbs<br />
régie son Clément-Marie Mathieu<br />
administration<br />
Coralie Guibert et Julie Lapalus<br />
production Le <strong>Théâtre</strong> Exalté / avec le soutien du TNP,<br />
Villeurbanne, du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
L’auteur est représenté dans les pays de langue<br />
française par l’Agence MCR, Marie Cécile Renauld, Paris,<br />
en accord avec Casarotto Ramsay, London.<br />
Leila et Lee, deux destins réunis<br />
Leila est un personnage entre souffrance<br />
de la chair et quête spirituelle qui<br />
s’acharne à exister, à sortir d’elle-même.<br />
Lee, inconséquent et impulsif, ressasse le<br />
passé d’un abandon paternel. Il est celui<br />
qu’on exclut, qu’on bannit. Tous deux ne<br />
sont nulle part. Dès lors, leur rencontre<br />
féconde le projet d’un territoire commun,<br />
d’une renaissance. Lune Jaune est<br />
une mémoire, morcelée, l’élaboration<br />
d’un mythe intime dont la restitution<br />
se fait par le biais de multiples procédés<br />
narratifs : ce théâtre s’empare de la forme<br />
romanesque, du polar, du poème, de la<br />
chanson de geste, du slam, de la ballade<br />
enfin. Ce mélange des registres démultiplie<br />
les points de vue et confère à l’œuvre<br />
une dimension tragi-comique. Il s’agit<br />
moins de tout comprendre que de tout<br />
reconnaître.<br />
jeudi 20 mars à 19 h<br />
vendredi 21 et samedi 22 mars<br />
à 20 h 30<br />
Une scène comme un terrain de jeu<br />
Baptiste Guiton installe ses comédiens<br />
dans un espace homogène et escarpé,<br />
une tourbe blonde au sol que l’on peut<br />
modeler à souhait, et dont on extirpe les<br />
nécessités du plateau (table, biche, banc<br />
costumes etc.). Un espace scénique tel<br />
un bac à sable, dans lequel l’enfance sédiment<br />
ses jeux, utilisé ici comme principe<br />
inhérent à toute théâtralité : les enfants<br />
passent plus de temps à définir les règles,<br />
à organiser leur relation et leur terrain de<br />
jeu qu’à jouer, en définitive.<br />
Peut-être que personne<br />
n’imagine ce que c’est<br />
d’être nous. (Leila)
Pourquoi avoir choisi de mettre en<br />
scène Lune Jaune, la Ballade de Leila<br />
et Lee de David Greig ?<br />
Baptiste Guiton : J’ai découvert Lune<br />
Jaune dans la perspective d’une réalisation<br />
radiophonique pour France Culture.<br />
Ému par l’histoire de Leila et Lee, figures<br />
adolescentes et précaires que l’on peut retrouver<br />
notamment dans les films de Ken<br />
Loach, j’ai été immédiatement saisi par le<br />
traitement de la question identitaire : où<br />
va-t-on quand on ne sait pas d’où l’on<br />
vient ? Personne n’est à sa place dans cette<br />
histoire, et on ne fait de place pour personne<br />
– situation passionnante à mettre<br />
en scène au demeurant. Lune Jaune fait<br />
la lumière sur ces oubliés, adolescents<br />
violents ou mutiques, parents dépassés<br />
ou carrément absents. Ce sont des bouts<br />
de littérature juxtaposés : Oreste tuant<br />
son beau-père, Hamlet s’interrogeant sur<br />
le fait d’être ou de n’être pas, Ophélie<br />
se laissant couler sous les eaux. C’est un<br />
texte d’une richesse inouïe, mêlant l’ordinaire<br />
et le mythe, le profane et le sacré, la<br />
culture et la nature.<br />
Dans le texte de David Greig, on perçoit<br />
une tension saisissante entre une<br />
interrogation profonde sur le réel, le<br />
monde âpre et dur, puis une sorte de<br />
poésie étrange qui s’immisce par la<br />
forme du texte et à travers certaines<br />
situations. Comment vous situez-vous,<br />
en tant que metteur en scène, par rapport<br />
à cette dualité ?<br />
David Greig est manifestement un<br />
auteur de théâtre très concerné par le<br />
plateau, par les possibilités d’écriture<br />
au plateau de ses textes. Les ellipses par<br />
exemple sont traitées par l’auteur, nul besoin<br />
d’user d’artifices ou de nouveautés<br />
technologiques pour passer d’une scène<br />
à une autre. La langue, servie par une<br />
traduction brillante, est poétique, incisive<br />
et franche ; c’est l’apanage des grands<br />
textes de lier le réel et la fiction poétique<br />
sans complaisance. C’est pourquoi nous<br />
avons souhaité prendre notre temps pour<br />
sertir ce texte, en en faisant une première<br />
lecture publique puis une mise en espace<br />
pour enfin en proposer la création. Il<br />
fallait travailler minutieusement avec les<br />
acteurs, ne pas sombrer dans un réalisme<br />
télévisuel, éviter l’écueil de l’oratorio, clarifier<br />
les situations et laisser le verbe agir.<br />
Comment parvient-on à se saisir au<br />
théâtre et sur scène des problématiques<br />
de la marginalité et de la condition sociale,<br />
telles qu’elles sont abordées dans<br />
le texte de David Greig ?<br />
J’aurais tendance à penser que c’est là une<br />
des fonctions premières du théâtre. Cela<br />
étant dit, le terme « ballade » est à définir,<br />
il est utilisé dans l’univers de la musique<br />
populaire rock pour désigner un morceau<br />
calme et doux dans lequel la ou les<br />
voix sont accompagnée(s) d’instruments<br />
acoustiques. Il ne s’agit pas d’un docu-fiction<br />
sur la marginalité, mais d’un poème,<br />
d’une longue chanson, d’un concert<br />
presque, comme si Jeff Buckley et Léonard<br />
Cohen s’étaient passé le mot pour<br />
nous parler de deux gosses aussi détestables<br />
qu’attachants.<br />
Avec votre compagnie Le <strong>Théâtre</strong> Exalté,<br />
vous accordez énormément de place<br />
à la composition musicale dans vos<br />
spectacles. Quelle place occupe la musique<br />
dans votre processus de création<br />
autour de Lune Jaune ?<br />
Je crois que, à chaque étape de ma vie,<br />
une musique, un album m’a accompagné.<br />
La musique est une madeleine, il<br />
49<br />
suffit de l’écouter et des souvenirs jaillissent.<br />
Composer pour le théâtre, c’est<br />
donner à la représentation un souvenir<br />
commun. Pour Lune Jaune, Sébastien<br />
Quencez a arrangé des musiques des années<br />
80, citées dans le texte, et en a composé<br />
d’autres, la Ballade de Leila et Lee par<br />
exemple. Le théâtre est verbe, essentiellement,<br />
l’acteur en est le sanctuaire, il me<br />
semble cependant que les mots ne suffisent<br />
pas toujours, il faut convoquer le<br />
silence, et la musique comme liant. Je ne<br />
comprends pas toutes les langues, mais je<br />
peux entendre toutes les musiques.<br />
propos recueillis par Audrey Hadorn<br />
avril <strong>2013</strong>
50<br />
Maître Fendard (Ha !Ha !Ha !) est un avocat spécialisé dans les affaires à caractère poétiques et surréalistes.<br />
Expert dans le droit à la fantasmagorie et à l’incohérence, défenseur de l’inimaginable,<br />
il s’est distingué notamment dans l’affaire du vol du château de sable.<br />
Accompagné de Ménardeau son fidèle musicien-greffier il nous narre et chante son plus beau procès.<br />
MAÎTRE FENDARD<br />
(AH, AH, AH)<br />
de Fred Tousch et François Rollin<br />
mise en scène de François Rollin<br />
« On a volé le château de sable… »<br />
Une famille décomposée se retrouve en<br />
vacances au bord de la mer et décide<br />
de construire un château de sable. Ils<br />
s’investissent corps et âmes dans leur<br />
construction au point que petit à petit<br />
leurs liens se resserrent et un espoir de<br />
recomposition naît.<br />
Le soir venu, ils se promettent de continuer<br />
leur œuvre mais, à leur retour le<br />
lendemain matin sur la plage, ils découvrent<br />
que le château a totalement disparu<br />
!<br />
La famille décide alors de faire appel à<br />
Maître Fendard pour la défendre, trouver<br />
et punir les coupables qui ne sont<br />
autres que la mer et la lune. Le grand<br />
avocat devra à la fois trouver les arguments<br />
justes et faire preuve de détermination<br />
tout en sachant qu’il n’a jamais<br />
mis les pieds dans un tribunal… Dès<br />
lors, il est aisé de deviner que l’affaire ne<br />
sera pas si simple… Fort heureusement,<br />
Maître Fendard (Ah, Ah, Ah) possède<br />
une larme redoutable ; une larme de cristal<br />
dans laquelle sont emprisonnés tous<br />
les pleurs de l’injustice…<br />
Avec Maître Fendard, Fred Tousch<br />
poursuit son exploration de la prise de<br />
parole et du discours sous ses différentes<br />
formes. Après le discours narratif dans<br />
Benoît de Touraine, la prise de parole<br />
philosophique dans le Cabaret philosophique,<br />
son étude de la langue de bois<br />
et de l’art de la parole avec La Foirce, et<br />
plus récemment le discours politique<br />
dans Knût, il se lance ici dans la plaidoirie<br />
avec en filigrane la manipulation du<br />
langage.<br />
À l’heure où les politiques sont avocats<br />
et que les victimes deviennent des<br />
coupables, la futilité de la plaidoirie<br />
de Maître Fendard démonte ces mécanismes<br />
grâce à l’allégorie pour tenter<br />
d’affûter le regard critique.<br />
Fred Tousch ne déroge pas à sa tradition<br />
d’interpréter des personnages décalés<br />
avec Maître Fendard : un personnage<br />
à la John Cleese coincé entre rigueur<br />
judiciaire et loufoque logique. Comme<br />
un besoin de défendre l’indéfendable et<br />
l’irrationnel, ce Don Quichotte en robe<br />
accompagné d’un sancho-greffier a un<br />
but ultime, celui de donner une jurisprudence<br />
à la poésie.<br />
mercredi 2 et vendredi 4 avril<br />
à 20 h 30,<br />
jeudi 3 avril à 19 h<br />
avec Fred Tousch et Laurent Mollat<br />
collaboration artistique Joël Dragutin<br />
lumière Nicolas Gili<br />
régie Baptiste Chevalier Duflot<br />
production-diffusion<br />
Fabienne quéméneur et Claire Bidet<br />
coproduction Le Nom du Titre, L’Archipel, Granville,<br />
et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>
FRED TOUSCH ET LA PRESSE<br />
Une question universelle s’impose :<br />
par quelle énigme ces accès de délirium<br />
font-ils l’effet d’une bombe<br />
intelligente ? Sans doute notre philosophe<br />
absurdophile est-il porteur<br />
d’un gène de l’« humour jaune », qui<br />
fait rire de travers, entre ingénuité<br />
grinçante et subtilité camouflée.<br />
Télérama<br />
Révolutionnaire dans tous les sens<br />
du terme, cette conférence philosophico-burlesque,<br />
qui aborde pas<br />
mal de thèmes politiques, poétiques<br />
agit comme un exutoire<br />
jubilatoire, un défouloir général.<br />
Le Point<br />
Un show hallucinant, d’une très<br />
rare intelligence, qui explose littéralement<br />
et dans tous les sens.<br />
Criticomique<br />
Fred Tousch<br />
À la fois poète, clown, philosophe de<br />
l’absurde, imprécateur improbable,<br />
Fred Tousch passe d’un registre à<br />
l’autre en deux secondes, susurre,<br />
éructe, tremble, danse. Après des débuts<br />
sur les scènes de rock alternatif<br />
avec les Béruriers noirs puis bouinax<br />
et clown de tôle avec le cirque Archaos,<br />
il se lance dans deux créations<br />
de solistes : Oui je suis poète puis<br />
Benoît de Touraine ou la Véritable<br />
Histoire du fils du pintadier. Il créé le<br />
délirant Cabaret philosophique avec<br />
Laurent Petit et Arnaud Aymard<br />
puis fait en 2006 des interventions<br />
remarquées dans Le Grand Mezze<br />
d’Édouard Baer et François Rollin<br />
présenté au <strong>Théâtre</strong> du Rond-Point.<br />
En 2009, c’est en Jean-Claude Fischer<br />
qu’il intervient dans Looking for<br />
Mr. Castang d’Édouard Baer.<br />
Pour diffuser ses spectacles il a créé en<br />
2001 Le Nom du titre. Il assure également<br />
par ce biais la mise en œuvre<br />
de projets artistiques atypiques avec<br />
Fabienne Quéméneur : Les Enchoufflichures<br />
et Les Rendez-vous de la<br />
cervelle en sont les exemples les plus<br />
marquants. A quarante et un ans, il<br />
décide de dépasser ses limites grâce à<br />
Knüt présenté en Avignon en 2010<br />
puis réalise désormais ses rêves en<br />
créant Le Retour du grand renard<br />
blanc et Maître Fendard.<br />
François Rollin<br />
Auteur, metteur en scène, scénariste,<br />
comédien et humoriste, François<br />
Rollin a néanmoins débuté sa carrière<br />
en tant que journaliste au journal<br />
Le Monde où il restera dix ans<br />
avant de devenir chroniqueur pour<br />
Fluide glacial. Il acquiert une véritable<br />
notoriété grâce à la série télévisée<br />
Palace et forge son personnage<br />
de professeur Rollin avec lequel il va<br />
multiplier les apparitions sur scène et<br />
sur le petit écran. Il participe également<br />
aux scénarios des Guignols de<br />
l’info et intervient à la radio dans des<br />
émissions humoristiques sur France<br />
Inter, Europe 2 ou France Culture.<br />
Une de ses grandes compositions<br />
est Vertiges, un poème de huit lignes<br />
sur lequel il brode un sketch qui lui<br />
ouvrira le rôle du roi Loth dans la<br />
série Kaamelott.<br />
De septembre 2005 à juin 2006, il<br />
présente Les FMR de Rollin à l’Européen.<br />
Il y joue une série de dix<br />
spectacles uniques et inédits souvent<br />
accompagné par des invités tels que<br />
Ramzy Bedia et Emmanuel Depoix.<br />
Avec Édouard Baer il coréalise le<br />
happening théâtral Le Grand Mezze<br />
et tourne sous sa direction La Bostella<br />
et Akoibon.<br />
51
52<br />
LES<br />
CONTEM-<br />
Jon Fosse<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est un lieu dédié<br />
aux écritures d’aujourd’hui. à ce<br />
titre, il se doit de porter un regard<br />
attentif à la production des auteurs<br />
dramatiques vivants. Pour cela il<br />
a initié depuis plusieurs années<br />
le cycle « Les Contemporaines ».<br />
Ce festival est conçu comme un<br />
temps consacré à la découverte<br />
sous plusieurs de ses facettes<br />
d’un auteur majeur de la création<br />
théâtrale contemporaine, afin<br />
de s’immerger dans son univers<br />
singulier.<br />
Durant trois jours, le public pourra<br />
découvrir des spectacles, assister<br />
à des lectures ou mises en<br />
espace, à des débats autour de<br />
ses textes.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> après avoir présenté<br />
le travail de Fabrice Melquiot,<br />
de Rémi De Vos, de Véronique<br />
Olmi notamment, propose cette<br />
annéede se pencher sur l’œuvre<br />
d’un auteur norvégien de tout premier<br />
ordre, traduit et joué dans de<br />
nombreux pays : Jon Fosse.<br />
PO-<br />
RAINES<br />
LES RENDEZ-VOUS :<br />
MERCREDI 9 AVRIL<br />
À 19 H<br />
JEUDI 10 AVRIL<br />
À 19 H<br />
VENDREDI 11 AVRIL<br />
À 19 H<br />
Jon Fosse<br />
Né en 1<strong>95</strong>9 sur la côte ouest de<br />
la Norvège, Jon Fosse grandit au<br />
bord des fjords. Il n’écrit pour<br />
le théâtre qu’après une quinzaine<br />
de romans et de multiples<br />
récits, essais, recueils de poèmes et<br />
livres pour enfants. Dans ses pièces,<br />
les personnages sont souvent génériques<br />
(Lui, Elle, Le Père, La Fille,<br />
Personnage 1, Personnage 2), ils sont<br />
deux ou trois, parfois quatre, ils se<br />
confrontent à leur solitude.<br />
Avec une écriture simple, minimaliste<br />
et répétitive, mais presque baroque<br />
dans la multiplication et la transformation<br />
infinie de ses motifs, Jon Fosse<br />
capte les pensées intimes, les contradictions<br />
et les soubresauts des sentiments<br />
qui nous assaillent. Ses écrits<br />
(romans, nouvelles, poésie, essais et<br />
théâtre) ont été traduits dans plus de<br />
quarante langues, et ses pièces ont été<br />
montées par les meilleurs metteurs en<br />
scène : Thomas Ostermeier, Claude<br />
Régy… Il fait partie des plus grands<br />
auteurs contemporains.
LE MANUSCRIT<br />
DES CHIENS I : QUELLE GALèRE !<br />
de Jon Fosse<br />
mise en scène de Christophe Laluque<br />
Websterr est un chien d’appartement<br />
qui rêve d’aventures lointaines. Chez la<br />
vieille Oline, il n’en peut plus ! Impossible<br />
d’être un chien solitaire digne de ce nom<br />
lorsqu’on a une maîtresse comme Oline qui<br />
vous habitue aux effusions et aux caresses.<br />
Websterr, lui, est un chien solitaire, c’est sûr.<br />
Il rêve de voir la mer et de porter secours<br />
à la petite chienne blanche dans la forêt,<br />
comme tout chien solitaire qui se respecte.<br />
Il ne lui reste qu’une solution : partir. Au fil<br />
des rencontres, confronté à la bassesse canine,<br />
Websterr réalise que la vie d’un chien<br />
solitaire n’est pas si facile… Et quand en<br />
plus le remords le gagne, quelle galère !<br />
Christophe Laluque<br />
Il a dirigé le <strong>Théâtre</strong> de l’Envol à Viry-<br />
Chatillon de septembre 2005 à juin<br />
2011, après une résidence de deux ans<br />
en partenariat avec le Conseil général de<br />
l’Essonne.<br />
Depuis janvier 2012, il dirige La Friche<br />
des Lacs de l’Essonne, en partenariat<br />
avec le Conseil général de l’Essonne.<br />
En 1994, il monte Aden Arabie de Paul<br />
Nizan. Dans l’optique d’un théâtre de<br />
recherche accessible à tous, il monte<br />
Bertolt Brecht, Gertrude Stein, Alphonse<br />
Daudet, Rainer Maria Rilke,<br />
Robert Walser. Il intègre la vidéo à ses<br />
spectacles, puis entame des collaborations<br />
avec des auteurs vivants.<br />
Il met en scène L’Enfant prodigue,<br />
Prométhée un trou dans les nuages,<br />
Mirlababi, et Vagabonds de Marc<br />
Dans les textes pour la jeunesse de Jon<br />
Fosse, les enfants ont une incroyable détermination,<br />
des désirs qui ne cèdent à rien,<br />
un esprit de conquête prêt à toutes les<br />
épreuves. Ils représentent des forces auxquelles<br />
on a envie de s’identifier.<br />
Dans Le Manuscrit des chiens I : Quelle galère<br />
!, c’est la question du désir d’émancipation<br />
qui se dégage. Le désir de grandir, de<br />
ne plus être considéré comme un bébé, de<br />
faire partie des grands…<br />
L’âge où l’on oscille entre soif de l’inconnu et<br />
besoin de protection, c’est celui de l’enfance<br />
par excellence ! On pense à cette période où<br />
certains enfants ont un peu honte, devant<br />
Soriano, Que disent les cochons quand<br />
le ciel est gris ? de Patrick Lerch. En<br />
2008, il monte Le Manuscrit des chiens<br />
III : Quelle misère ! de Jon Fosse, puis<br />
en 2009 Au panier ! d’après l’album<br />
d’Henri Meunier et Nathalie Choux. Il<br />
met en scène Le Dernier Dodo en 2010,<br />
inspiré du texte Le Dindon et le Dodo de<br />
Gilles Clément, Noir et humide de Jon<br />
Fosse, L’Arrestation et Même l’hiver en<br />
2011. En 2012, il monte Quand à peine<br />
un nuage, « poésie contemporaine pour<br />
les jardins », Le Manuscrit des chiens I :<br />
Quelle galère ! de Jon Fosse et La Magie<br />
des marais (Work in Progress).<br />
mercredi 9 avril à 19 h<br />
leurs camarades, de l’amour prodigué par<br />
la famille. Cela se traduit concrètement<br />
par la volonté de ne pas être accompagné<br />
à l’école, ou de ne plus embrasser son père<br />
ou sa mère…<br />
C’est une étape nécessaire pour la construction<br />
de l’enfant. C’est ce qui lui permet de<br />
s’émanciper.<br />
Christophe Laluque<br />
avec Catherine Bayle, Loïc Le Roux<br />
et Bruno Pesenti<br />
traduction Terje Sinding<br />
scénographie<br />
Christophe Laluque et Franz Laimé<br />
musique et sons Nicolas Guadagno<br />
vidéo Frédéric Bonnet<br />
lumière Franz Laimé<br />
coproduction Amin <strong>Théâtre</strong> et Le <strong>Théâtre</strong> Dunois /<br />
aide à la production DRAC Île-de-France, Adami /<br />
aide à la diffusion au <strong>Théâtre</strong> Dunois de la Mairie<br />
de Paris / aide pour les actions artistiques autour<br />
de la création Arcadi<br />
L’Amin est soutenue par l’Acsé, le ministère de<br />
la Culture et de la Communication (DRAC Île-de-<br />
France), la Région Île-de-France, le Conseil général<br />
de l’Essonne et la Communauté d’agglomération<br />
Les Lacs de l’Essonne.<br />
Elle est associée au <strong>Théâtre</strong> Dunois, théâtre pour<br />
l’enfance et la jeunesse (Paris 13 e ).<br />
Elle est en partenariat artistique et pédagogique<br />
avec l’École départementale de théâtre (EDT91),<br />
et en partenariat technique avec TICE pour le<br />
Théâtrobus.<br />
Le Manuscrit des chiens (I, II, et III)<br />
est publié en français par L’Arche Éditeur<br />
53
54<br />
HIVERjeudi<br />
10 avril à 19 h<br />
de Jon Fosse<br />
mise en scène d’Émilie Anna Maillet<br />
Un homme et une femme. Un banc<br />
public puis une chambre d’hôtel. Se<br />
connaissent-ils ? Une rencontre, un vacillement,<br />
une lente disparition… Qui<br />
sont-ils ? Sont-ils bien réels ? C’est l’histoire<br />
de la rencontre d’un homme et<br />
d’une femme aux vies presque opposées.<br />
Deux êtres qui se trouvent, peut-être pour<br />
mieux se perdre, peut- être pour simplement<br />
se sentir vivants. Ils sont dans un de<br />
ces temps d’arrêts, de vide où les actes paraissent<br />
inconséquents. Jon Fosse parle de<br />
nos glissements hors du monde, de nos<br />
disparitions du réel. Ce sont des sensations<br />
de vertiges, de confusion, de doute<br />
sur notre matière même et notre réalité<br />
qui conduisent la mise en scène vers la<br />
« magie nouvelle », les hologrammes. Les<br />
spectateurs, pris dans une démultiplication<br />
des images et des illusions d’optique,<br />
nagent au travers des sensations des personnages<br />
entre fantasmes et fantômes.<br />
Pour transcrire la dimension au-delà du<br />
réel dans laquelle s’engouffre le couple,<br />
Émilie Anna Maillet crée un croisement<br />
subtil des langages : les mots et la magie<br />
nouvelle confondent peu à peu la réalité et<br />
l’illusion dans une insolite danse se jouant<br />
de nos perceptions et de notre imaginaire.<br />
Hiver devient une poésie des sens, étrangement<br />
drôle, conçue en complicité avec<br />
Raphaël Navarro, co-auteur du Manifeste<br />
pour une magie nouvelle (2010).<br />
La magie nouvelle permet de rendre<br />
visible l’invisible, d’animer l’inanimé, de<br />
matérialiser ou suggérer l’irréel, de créer<br />
le doute, de travailler sur notre identité et<br />
notre perception, de dépasser le domaine<br />
visuel pour s’adresser aux autres sens.<br />
C’est aussi l’une des rares techniques<br />
qui ne soit pas incarnée au départ : elle<br />
peut prendre n’importe quelle forme<br />
tant qu’elle arrive, dans le réel, à incarner<br />
ce qui n’existe pas. Les personnages<br />
se trouvent immergés dans des images<br />
fantomatiques, entourés d’hologrammes,<br />
pris en étau dans une réalité modifiée<br />
provoquant des sensations de confusion<br />
du réel, de troubles optiques. Une disparition<br />
des repères d’espace, du temps, des<br />
corps, de la réalité, qui pose la question<br />
de l’existence de notre matière même,<br />
de manière physique. C’est une réalité<br />
modifiée et en doute permanent que j’ai<br />
souhaité installer.<br />
Le trouble de la perception est un principe<br />
créateur.<br />
LA PRESSE EN PARLE…<br />
Des trouvailles judicieuses correspondant<br />
bien à l’écriture<br />
minimaliste du dramaturge qui<br />
joue des blancs, des silences et<br />
livre des bribes de vie saisies<br />
dans un univers fantômatique.<br />
Claude Régy, Patrice Chéreau<br />
ont porté à la scène avec bonheur<br />
cet auteur énigmatique,<br />
mais les inventions de la jeune<br />
Compagnie Ex Voto sont ici<br />
particulièrement réussies.<br />
Sylviane Bernard Gresh,<br />
Télérama<br />
avec Violaine de Carné, Airy Routier,<br />
et Clotilde Evrard<br />
traduction Terje Sinding<br />
création numérique Maxime Lethelier<br />
scénographie Émilie Anna Maillet<br />
et Maxime Lethelier<br />
conseiller magie nouvelle<br />
Raphael Navarro (Cie 14:20)<br />
musique Asaco Fujimoto<br />
production Compagnie Ex Voto, À La Lune, Résidence<br />
de création à la Ferme du Buisson-Scène nationale de<br />
Marne-la-Vallée / avec le soutien du Centquatre Paris<br />
Hiver est publié en français par L’Arche Éditeur
RAMBUKU<br />
de Jon Fosse<br />
Joël Dragutin proposera la mise en voix d’un des derniers textes inédits de Jon Fosse, Rambuku.<br />
On retrouvera l’atmosphère incertaine, floue mais persistante, de l’attente et de l’incertitude qui caractérise nombre de textes de<br />
l’auteur. Celle aussi, des temps, des souvenirs, des époques mêlés confusément. Un univers fantomatique nimbé des lumières du<br />
nord. Dans un nulle part rêvé. Un théâtre de la parole, de la presque immobilité physique et de l’oscillation mentale.<br />
Ici, il est question d’un homme et d’une femme : un couple, ELLE et LUI.<br />
Ils doivent partir à Rambuku.<br />
Elle se souvient de cet endroit.<br />
Où ils sont allés.<br />
À moins que Rambuku ne soit le souvenir de LUI ?<br />
L’ATELIER LES CONTEMPORAINES<br />
vendredi 11 avril à 19 h<br />
à travers différentes formes théâtrales sera appréhendé l’unviers de Jon Fosse,<br />
auteur invité des « Contemporaines » de cette saison.<br />
vendredi 11 avril à 20 h 30<br />
Une rencontre consacrée<br />
à Jon Fosse aura lieu<br />
à l’issue de la représentation.<br />
Cet atelier, sous forme de stage, sera animé par Thierry Le Gall tous les jeudis de 19 h à 21 h de novembre à avril.<br />
Thierry Le Gall a été formé à l’école internationale de Jacques Lecoq. C’est sur ces bases qu’il vous propose de découvrir<br />
ou d’approfondir les techniques de l’improvisation collective, le voyage du masque neutre, le chœur antique.<br />
55
56<br />
LES PRÉSIDENTES<br />
de Werner Schwab<br />
mise en scène de Yordan Goldwaser<br />
Ce sont des gens qui croient tout savoir, et veulent décider de tout. Je viens moi-même d’une famille de<br />
Présidentes. Werner Schwab<br />
Les Présidentes s’ouvrent sur une messe<br />
télévisée papale regardée par trois femmes<br />
dans une cuisine qui ressemble à un musée<br />
du kitsch. Les trois femmes parlent de<br />
leurs vies fracassées, de leurs enfants abrutis,<br />
de leurs animaux indomesticables, de<br />
sexe, d’argent, de religion : tout leur quotidien<br />
graisseux et vulgaire se déverse ainsi<br />
à pleins seaux, dans une langue bancale,<br />
déformée, défoncée. Erna, championne<br />
de l’épargne, est obsédée par son charcutier<br />
polonais Wojtyla et porte la charge de<br />
son fils alcoolique. Grete, ancienne reine<br />
de la séduction sur le retour, se retrouve<br />
seule avec ses rêves de nymphomane. La<br />
petite Marie, incarnation de l’innocence,<br />
règne sur le cloaque humain, en tant que<br />
spécialiste du débouchage manuel des toilettes,<br />
activité qu’elle pratique en public,<br />
sans utiliser de gants et qu’elle considère<br />
comme un don divin. Toutes trois sont<br />
des machines à évacuer les paroles, le langage,<br />
la solitude endeuillée des rêves et des<br />
espoirs.<br />
Mais lorsque l’on touche le fond du sordide,<br />
peut-être finit-on toujours par faire<br />
remonter des fragments de rédemption,<br />
d’expiation, de nostalgie du martyre… ?<br />
Avec des Présidentes aussi féroces et aussi<br />
déjantées, à l’image d’une société autrichienne<br />
que Werner Schwab vomit littéralement,<br />
tout peut arriver, l’atroce et<br />
mardi 6 et mercredi 7 mai<br />
à 20 h 30<br />
le miracle. Tout peut s’inverser aussi : la<br />
langue, les apparences, l’ordre, la société<br />
ne (se) tiennent plus. Alors, quand l’une<br />
d’entre elles, hystérisée par l’apparition<br />
cathodique divine, rompt la loi du silence<br />
et confesse les secrets les plus intimes et les<br />
plus obscènes des autres, cela ne peut que<br />
vraiment très mal tourner… Tellement<br />
mal d’ailleurs que la pièce n’en finit plus<br />
de rejouer sa propre fin comme si la société<br />
post-hitlérienne dessinée par Schwab<br />
ne savait plus sortir de ses obsessions pour<br />
s’inventer une possibilité d’avenir.
LA PRESSE EN PARLE…<br />
La nuit de la Saint-Sylvestre 1993, Werner Schwab se coucha ivre mort et le<br />
resta. Ainsi s’achevait, à 35 ans, la vie d’un dramaturge autrichien dont la réputation<br />
n’a fait que croître depuis. Les pièces de Schwab ne font pas dans la dentelle.<br />
Scatologie et pornographie sont les deux mamelles d’une écriture-chasse d’eau,<br />
où l’Autriche et ses habitants tiennent le rôle du tas de merde. À côté, Thomas<br />
Bernhard passerait presque pour un optimiste à l’eau de rose et Fassbinder pour<br />
un jeune homme BCBG. On ne voit guère que Jelinek, pour la littérature, et<br />
Hanecke, pour le cinéma, qui puissent s’aligner.<br />
René Solis, Libération<br />
Le théâtre est une sorte de déchetterie supérieure<br />
Werner Schwab<br />
Yordan Goldwaser a choisi trois angles<br />
d’attaque pour la mise en scène de ce<br />
texte décapant : le langage, l’idiotie, l’utopie.<br />
Le langage comme objet et outil<br />
de domination, comme instrument de<br />
sublimation du réel lorsque celui-ci ne<br />
peut plus masquer l’horreur. L’idiotie, qui<br />
comme dans Dostoïevski, est l’autre nom<br />
de la vérité insupportable qui appelle au<br />
sacrifice le plus violent. L’utopie, comme<br />
envers de la dénonciation d’un ordre social<br />
qui produit inéluctablement ces Présidentes<br />
maléfiques et grotesques.<br />
Pourquoi monter Schwab aujourd’hui ?<br />
Yordan Goldwaser : Parce que, derrière<br />
une tradition déjà établie, qui ferait de<br />
Schwab le pape d’un théâtre grotesque,<br />
héritier à la fois du vaudeville et de la<br />
farce populaire, se cache une matière extrêmement<br />
riche et complexe, pour peu<br />
que l’on se donne les moyens d’y regarder<br />
de plus près.<br />
La structure de la pièce, en dépit même<br />
des déclarations provocatrices de l’auteur,<br />
repose sur une architecture d’une extrême<br />
précision.<br />
Récurer des toilettes peut être un acte de<br />
foi, l’éducation d’un animal de compagnie,<br />
une raison d’être. C’est dans ce sens<br />
que nous entamerons le travail. Donner<br />
aux désirs des personnages de la pièce le<br />
même crédit qu’à ceux qui nous meuvent.<br />
Pour essayer d’ausculter avec précision les<br />
mécanismes de leurs expressions, les systèmes<br />
de défense qui les protègent.<br />
C’est pourquoi, pour rompre avec une<br />
certaine tradition schwabienne, nous extirperons<br />
les protagonistes du carcan dans<br />
lequel l’auteur lui-même les a engoncés.<br />
Pas de vieilles bigotes à la retraite, issues<br />
d’un terreau provincial et petit-bourgeois,<br />
mais des personnages indéfinis, sans âge,<br />
et sans appartenance sociale, pour que les<br />
enjeux de la pièce puissent être lus sans la<br />
distance que provoque le grotesque.<br />
Mais plus profondément encore nous<br />
serons amenés à entendre cette œuvre<br />
comme une mise en garde face à l’abdication<br />
de nos rêves, de nos désirs fondamentaux.<br />
Une remise en question de<br />
notre capacité à les faire vivre et fructifier<br />
dans un monde régi par la concurrence,<br />
avec comme seul contrôle, celui des règles<br />
d’une société dont nous ne maîtrisons pas<br />
l’évolution.<br />
Schwab nous pose ainsi à nouveau la<br />
question de notre capacité à vivre ensemble,<br />
en bonne intelligence, et nous<br />
offre avec Les Présidentes un espace de<br />
réflexion à l’échelle d’une microsociété.<br />
Un espace que nous voulons habiter, avec<br />
le plus d’acuité possible.<br />
Ce projet concerne la pièce de Schwab,<br />
mais il est aussi, à notre échelle, un moyen<br />
de créer une zone éphémère d’expérimentation<br />
de notre capacité à nous entendre,<br />
C’est déjà assez grave<br />
comme ça que l’homme soit<br />
obligé de toujours faire caca et<br />
d’avoir souvent des sensations si<br />
mauvaises. Je me suis souvent demandée<br />
pourquoi l’homme<br />
doit-il avoir un derrière.<br />
Ce n’est pas beau du tout,<br />
un derrière comme ça.<br />
Mais les hommes n’arrêtent<br />
pas de fabriquer des derrières et s’en font<br />
des images.<br />
(Erna)<br />
nous comprendre, et à faire cohabiter nos<br />
désirs.<br />
La scène finale, qui voit les trois femmes<br />
assister elles mêmes à la représentation<br />
des Présidentes, nous pousse à questionner<br />
notre capacité d’identification à la scène,<br />
pour que le théâtre que nous voulons<br />
ne soit pas qu’une parenthèse, le temps<br />
d’une représentation, mais plutôt une<br />
invitation à l’engagement, une pierre sur<br />
laquelle pourront s’ériger nos utopies.<br />
propos recueillis par le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
avec Pauline Huruguen, Sofia Teillet,<br />
et Tamaïti Torlasco<br />
assistant à la mise en scène<br />
Barthélémy Meridjen<br />
création lumière Samaël Steiner<br />
création vidéo Robin Fresson<br />
production compagnie Jackie Pall<br />
57
58<br />
NORMA JEAN<br />
d’après Blonde de Joyce Carol Oates<br />
adaptation et mise en scène de John Arnold<br />
Norma Jean, c’est l’histoire d’une Blonde-<br />
Cendrillon de la côte Ouest. Si les citrouilles<br />
se transforment en carrosses,<br />
elles carburent au whisky et à la vodka et<br />
laissent dans leurs sillages des traînées de<br />
cocaïne, les rôles des petites souris sont<br />
tenus par des rats et des porcs, et le prince<br />
charmant ne l’est pas du tout.<br />
LA PRESSE EN PARLE…<br />
Montrer sur scène l’histoire de Marilyn<br />
Monroe, par le biais d’un monologue de<br />
sa mère internée ou d’un dialogue avec un<br />
médecin ou des infirmières, la voir, elle, en<br />
chair et en os, avec tous les autres, Di Maggio,<br />
Miller, Kennedy, Zanuck…, célèbres<br />
ou pas, bref, Hollywood, tout un monde<br />
qui, l’instant d’une représentation, redescend<br />
sur terre et s’incarne.<br />
À la manière de Dogville, le film de Lars Von Trier, cette pièce de presque trois<br />
heures donne une place centrale aux treize acteurs excellents et à leurs mouvements.<br />
« Marilyn est la Cendrillon du XX e siècle », souligne John Arnold. La pièce<br />
se déroule comme un conte, et débute comme un thriller.<br />
Claire Baudéan, France Info<br />
La jeune actrice menue, Marion Malenfant, brûle véritablement les planches.<br />
En nuisette et chaussettes blanches, elle compose une femme-enfant poignante<br />
avant de s’imposer dans le rôle d’une star qui semble s’être toujours punie de<br />
n’avoir pas été aimée. Marion Malenfant sait restituer la complexité de Norma<br />
Jean Baker, devenue une icône qui « appartient au regard du monde ».<br />
Nathalie Simon, Le Figaro<br />
C’est le grand carnaval carnivore qui dévore<br />
des yeux la déesse avant de l’immoler<br />
et de faire de son cadavre une légende et,<br />
cette Blonde, c’est la fille sur qui tombe la<br />
malédiction.<br />
jeudi 15 mai à 19 h<br />
vendredi 16 mai à 20 h 30<br />
John Arnold<br />
avec Aurélia Arto, Philippe Bérodot,<br />
Bruno Boulzaguet,<br />
Jean-Claude Bourbault, Samuel Churin,<br />
Evelyne Fagnen, Antoine Formica,<br />
Jocelyn Lagarrigue, Marion Malenfant,<br />
Olivier Peigné, Fabienne Périneau,<br />
Maryse Poulhe et John Arnold<br />
assistant à la mise en scène<br />
Grégory Fernandes<br />
scénographie et costumes Aurélie Thomas<br />
lumière et direction technique Olivier Oudiou<br />
couturière Magali Angélini<br />
assistant lumière et régie générale<br />
Thomas Cottereau<br />
création sonore Marc Bretonnière<br />
vidéo Michel Ferry<br />
administration Laurent Pousseur<br />
production déléguée Théodoros Group / coproduction<br />
<strong>Théâtre</strong> des Quartiers d’Ivry / avec l’aide à la production<br />
de la DRAC Ile-de-France, ministère de la Culture<br />
et de la Communication et le soutien de l’ADAMI / avec<br />
la participation artistique du Jeune théâtre national /<br />
avec le soutien du <strong>Théâtre</strong> Firmin-Gémier-La Piscine,<br />
du Fonds d’insertion pour jeunes artistes dramatiques,<br />
DRAC et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de<br />
Scènarts et de Tango Prod<br />
Le spectacle Norma Jean est librement<br />
inspiré du roman Blonde de Joyce Carol<br />
Oates (Stock, 2000), des écrits de Don<br />
Wolfe, des rapports d’autopsie du F.B.I., de<br />
la police du comté de Los Angeles et des<br />
interviews de Marilyn Monroe.
Monsieur le directeur,<br />
COURRIER DES SPECTATEURS<br />
Déjà, permettez moi de vous dire que je ne comprends pas très bien pourquoi un théâtre donne pour noms, à ses différentes<br />
salles, ceux d’un cinéaste italien et d’une philosophe allemande, comme s’il n’y avait pas assez d’auteurs de « théâtre », français<br />
ou mêmes étrangers, plus adaptés !<br />
Bon, passons, on aura sans doute voulu se montrer original… Mais, au-delà de cette confusion délibérément<br />
entretenue, faut-il rappeler que, la plupart du temps, nous n’apprenons qu’au dernier moment dans quelle salle<br />
se joue le spectacle que nous allons voir ? D’où une certaine irritation, car comme vous pouvez l’imaginer, nous<br />
ne nous préparons pas de la même façon à entrer dans la salle Visconti que quand nous pénétrons la salle Arendt.<br />
Si cela vous est égal, il aurait fallu leur donner le même nom ou leur affecter un simple numéro, (salle 1 et salle 2).<br />
Mais les choses malheureusement ne s’arrêtent pas là : il fait souvent très froid dans la salle Visconti et très chaud dans la<br />
salle Arendt. Pourquoi cette différence de température ? Est-ce que cela relève d’un choix délibéré ? Serait-ce une mise en<br />
condition particulière ? Quelle en est la perspective dramaturgique, sans doute trop subtile pour moi ? Pourquoi fait-il très<br />
froid pour Tartuffe et très chaud pour Mère Courage ? J’avoue qu’à ce degré d’aberration j’ai du mal à vous suivre… Pouvezvous<br />
nous donner (car je ne suis pas le seul à m’interroger sur ces extravagances diverses) quelques explications cohérentes<br />
et recevables ?<br />
Cordialement,<br />
Mesdames et messieurs les artistes,<br />
J.-P. Faideau, Cergy<br />
Permettez-moi de vous soumettre une petite suggestion : il ne vous a pas échappé que la télévision propose quotidiennement<br />
de nombreuses émissions qui s’attachent à aider les familles à imaginer chaque jour des plats originaux, équilibrés, en<br />
prenant toujours soin de nous montrer qu’il suffit de quelques euros et de quelques minutes pour s’affranchir des surgelés,<br />
des livreurs et des fast-food. La presse, elle aussi, ne manque jamais, fût-ce habilement dissimulées par des articles-prétextes<br />
sur des sujets prétendument d’actualité, de réserver ses plus belles pages à des recettes colorées et appétissantes. Les librairies<br />
regorgent d’ouvrages s’attachant à répertorier les multiples facettes de la créativité humaine dans les domaines de la bouche.<br />
Aussi ai-je pensé que le théâtre, lui aussi, pourrait, de temps à autre, nous offrir des conseils culinaires et des astuces pour<br />
reconnaître les ingrédients sains et goûteux auxquels nous aspirons tous. Car, si nous votre public est avide des nourritures<br />
de l’esprit, celles du corps, sachez-le, ne le laisse pas non plus indifférent. Je vois déjà la scène : au centre un fourneau, de<br />
la vaisselle et divers ustensiles ; derrière ce dispositif, un personnage en toque, qui, devant nos yeux ébahis, découperait,<br />
désosserait, émincerait, ébarberait, farcirait, larderait, glacerait, napperait, panerait, assaisonnerait, braiserait, pocherait,<br />
grillerait, ferait revenir, enfournerait, désenfournerait, que sais-je, enfin – bref, cuisinerait pour nous apprendre à le faire.<br />
J’ajoute que vous, artistes de théâtre, avez sur ce terrain des atouts uniques : vous seuls en effet pouvez nous faire sentir la<br />
présence encore palpitante de la viande et des légumes, la chaleur de la marmite où ils mijotent et le fumet qui s’en dégage…<br />
Car, je dois vous le dire, c’est bien souvent qu’il nous arrive de nous rendre au spectacle le ventre vide et le cœur lourd.<br />
En espérant qu’il vous sera possible de donner suite à cette modeste idée, bien à vous,<br />
K. Hamsun, Puiseux-Pontoise<br />
59
60<br />
PORTRAITS<br />
texte et mise en scène de Joël Dragutin<br />
mardi 20, mercredi 21<br />
et vendredi 23 mai à 20h30,<br />
jeudi 22 mai à 19h<br />
Deux impromptus, deux adresses au public, deux récréations dans les langues de communication de notre époque.<br />
Deux portraits de femmes, deux consommatrices de la culture, de l’espace et du temps,<br />
prisonnières de leurs représentations symboliques contemporaines.<br />
La Spectatrice, créée en 2006, connaît un grand succès public lors de chacune de ses reprises.<br />
Elégant et ironique clin d’œil au public des salles de théâtre, des festivals, et des événements culturels en général.<br />
Quand la société du spectacle métamorphose spectaculairement le spectacle lui-même, la Spectatrice se libère…<br />
Cette Estivante, créée cette saison, poursuit ainsi le projet de Joël Dragutin, de composer une série<br />
de « miniatures ». L’Estivante est une héroïne « hype » dans l’air de notre temps : une femme en quête d’émotions fortes<br />
dans l’espace spectaculaire de la société globalisée. Il nous propose une nouvelle variation<br />
autour du tourisme, qui consomme le monde et son histoire, jusqu’à paraître devenir l’abîme de tous les mythes.<br />
avec Stéphanie Lanier<br />
production <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>
L’ESTIVANTE<br />
De la France, Olga ne connaissait au fond que Paris, se dit Jed en feuilletant le guide French Touch ; et lui-même, à vrai dire,<br />
guère davantage. À travers l’ouvrage, la France apparaissait comme un pays enchanté, une mosaïque de terroirs superbes<br />
constellés de châteaux et de manoirs, d’une stupéfiante diversité mais où, partout, il faisait bon vivre.<br />
Michel Houellebecq<br />
Elle voyage, globe-trotte, excursionne,<br />
randonne, admire, flâne, explore, déguste,<br />
découvre, s’émerveille…<br />
Elle a déjà « à son actif » un safari-photo au<br />
Kenya, un trekking au Népal, un city-trip<br />
à Londres, un stage de yoga en Californie,<br />
un festival de musique sacrée à La Chaise-<br />
Dieu, le tour des villes impériales japonaises,<br />
une croisière-conférences « grandes<br />
civilisations de l’Antiquité ».<br />
Elle s’est laissée tenter par une semaine gastronomique<br />
le long de la route des vins de<br />
Bourgogne, elle a expérimenté un séjour de<br />
tourisme durable en Namibie et repéré un<br />
circuit « châteaux et cyclotourisme » dans la<br />
vallée de la Loire, elle s’est offert un weekend<br />
shopping et spas à Florence, avant de se<br />
décider pour une cure de remise en forme<br />
et une chirurgie plastique mammaire dans<br />
un vieux palace de Budapest.<br />
Elle s’entraîne à l’utilisation des épices<br />
dans la cuisine ayurvédique en Inde, elle<br />
participe à un atelier sur la reforestation<br />
amazonienne à Manaus, avant de goûter<br />
aux charmes des nuits étoilées sous une<br />
yourte avec d’authentiques nomades dans<br />
l’Atlas, mais ressent par ailleurs le besoin<br />
LA SPECTATRICE<br />
Soudain, nous assistons à son lever et à sa<br />
prise de parole. Elle, toujours assise, toujours<br />
silencieuse, toujours anonyme, se<br />
retrouve maintenant debout, en pleine<br />
lumière, dans une des travées du théâtre.<br />
La voici en scène, investie des mots du<br />
théâtre. Et cette femme, qui brûle du désir<br />
de l’art et qui maîtrise brillamment une<br />
langue chauffée à blanc par l’attente du<br />
plaisir esthétique, que nous dit-elle ?<br />
Que le désir ne donne plus signe de vie,<br />
que le désir déserte les scènes et aussi les<br />
salles, que les signes du désir s’évaporent<br />
dans un murmure inaudible.<br />
Avec l’humour provocateur et la tendresse<br />
humaniste, qui sont la griffe de son écriture<br />
libertaire et vivifiante, Joël Dragutin<br />
dresse ici le portrait de cette femme d’au-<br />
de témoigner sur les lieux de mémoire qui<br />
ont marqué l’histoire polonaise, puis part<br />
se recueillir et rechercher la vraie sagesse<br />
dans une retraite monastique en attendant<br />
de s’échapper pour assouvir une libido<br />
cougar sur les plages cubaines.<br />
Elle a « fait » Bali, la Grèce, la Thaïlande, le<br />
Brésil, le Périgord noir, Avignon, Vienne,<br />
New York…<br />
Le menu de la consommation des espaces<br />
et du temps sur notre planète tombée sous<br />
l’empire de la société du tourisme est absolument<br />
infini.<br />
Au début du XXI e siècle, le tourisme a absorbé<br />
et saturé toute l’histoire humaine, la<br />
terre entière, et toutes les pratiques sociales<br />
et culturelles imaginables.<br />
De loisir, il est devenu une pratique existentielle<br />
qui donne du sens à la vie d’occidentaux<br />
gavés, stressés et désorientés, et donne<br />
du travail et des revenus, non seulement<br />
aux populations des pays émergents, mais<br />
de plus en plus à celles des pays désindustrialisés<br />
et démotivés, comme ceux de l’Europe<br />
du Sud, dont la France. Et les voyages<br />
« équitables » ou « humanitaires ne dérogent<br />
pas à cette dynamique de consommation.<br />
jourd’hui, de cette spectatrice éponyme.<br />
Plutôt intelligente, plutôt raffinée, en<br />
quête de sensations rares, elle combat pour<br />
discerner encore, sous un clinquant et<br />
luxueux « packaging », le produit culturel<br />
courant de l’authentique chef-d’œuvre.<br />
Elle s’aventure ainsi, (dés)enchantée, dans<br />
l’immense galerie des glaces de l’art et de<br />
la culture, elle se sent perdre pied dans le<br />
vertige de la consommation effrénée, en<br />
proie au pire des cauchemars : non, elle<br />
ne pousse pas un caddie en folie ! Oui, elle<br />
a bien le programme entre ses mains et<br />
attend son ami dans le hall du théâtre… !<br />
Que reste-t-il du théâtre dans nos vies saturées<br />
d’images, toujours plus médiatisées et<br />
surexposées ? Cet espace civilisé, où le désir<br />
de l’altérité et de la séduction des symboles<br />
Paradoxalement, cette quête d’aventure,<br />
de dépaysement dans de nouveaux espaces<br />
à découvrir contribue à leur destruction.<br />
Nature et culture sont progressivement<br />
aménagées, préfabriquées et standardisées<br />
pour garantir le succès de ce tourisme de<br />
masse, exportation de l’idéologie occidentale<br />
du « développement et de la croissance<br />
illimités ».<br />
Tourisme culturel, écologiste, humanitaire,<br />
sexuel, gastronomique, historique,<br />
médical, sportif, religieux, industriel,<br />
scientifique… la liste est impossible à compléter<br />
tant le tourisme se love désormais<br />
dans l’ensemble des activités humaines. Le<br />
dernier homme, la dernière femme seront<br />
à n’en pas douter les derniers touristes…<br />
Joël Dragutin nous livre là l’instantané<br />
d’une « vacancière » d’aujourd’hui, égarée<br />
dans l’immensité de la grande vacance du<br />
consommable.<br />
Valérie Battaglia<br />
NB : Le tourisme est devenu la première industrie mondiale,<br />
devant l’agro-alimentaire, l’industrie du pétrole et<br />
celle de l’armement. Il représente 200 millions d’emplois,<br />
730 milliards de dollars de CA (OMC, 2012).<br />
triomphent de la violence et de la brutalité,<br />
peut-il encore exister ?<br />
Courageuse, naïve et obstinée, la Spectatrice<br />
ne se résigne pourtant pas à l’illusoire,<br />
au factice et à la standardisation de la<br />
production artistique. Elle veut continuer<br />
malgré tout à rechercher et à éprouver des<br />
sensations inédites.<br />
Et si la confusion qu’elle exprime nous fait<br />
sourire, son désir, allumé et encore vivace,<br />
nous réconcilie avec nous-mêmes.<br />
Valérie Battaglia<br />
(extraits de la préface<br />
à La Spectatrice, éditions de l’Amandier)<br />
61
62<br />
MARIE TUDOR<br />
de Victor Hugo<br />
mise en scène groupe LA gALERIE<br />
Marie Tudor, reine d’Angleterre malade et<br />
vieillissante, s’entiche du jeune et séduisant<br />
Fabiano Fabiani, un aventurier sans scrupules.<br />
Elle lui offre une fortune, des titres<br />
et lui ouvre son lit. Mais elle doit épouser<br />
le roi d’Espagne, qui a envoyé son ambassadeur<br />
Simon Renard pour organiser le<br />
mariage. Quand il s’aperçoit que la reine<br />
a un favori, il va comploter pour éliminer<br />
Fabiani. Le hasard lui fait alors rencontrer<br />
Gilbert, ouvrier ciseleur à la cour d’Angleterre,<br />
fou de douleur parce que Jane, sa<br />
fiancée, s’est laissée séduire par Fabiani.<br />
Renard va utiliser Gilbert et son désir de<br />
vengeance pour organiser l’assassinat du<br />
jeune aventurier. Lorsqu’elle apprend la<br />
trahison de son amant, Marie Tudor accepte<br />
d’entrer dans le complot, avant de<br />
tout tenter pour le sauver finalement…<br />
Dans Marie Tudor, le drame amoureux se<br />
superpose à la tragédie où le véritable enjeu<br />
est la prise de pouvoir, où les rancœurs<br />
privées servent un dessein politique, où<br />
un homme, au demeurant condamnable,<br />
est exécuté pour un crime qu’il n’a pas<br />
commis.<br />
<strong>Théâtre</strong>, politique et passion amoureuse<br />
– thèmes récurrents chez Hugo –<br />
s’imbriquent dans ce drame qu’il a rêvé<br />
comme un modèle du genre. Écrite trois<br />
ans seulement après les Trois Glorieuses<br />
(révolution de juin 1830), Marie Tudor ne<br />
met pas en scène le soulèvement théâtral<br />
d’un peuple contre le despotisme, mais,<br />
sur fond d’émeutes et d’exécutions arbitraires,<br />
une révolte populaire en coulisse,<br />
rythmées par le son de la cloche, les passions<br />
d’une femme qui est aussi la reine.<br />
mardi 27 et mercredi 28 mai<br />
à 20 h 30<br />
Un parti pris scénique<br />
résolument moderne<br />
Dans cette mise en scène, le groupe<br />
LA gALERIE a choisi de raconter<br />
Marie Tudor dans un espace littéral,<br />
sans artifice. Sur scène, un décor<br />
constitué principalement du matériel<br />
technique et des objets sortis tout droit<br />
de notre quotidien manufacturé. Les<br />
matériaux sont choisis et exploités pour<br />
leurs propriétés plastiques. La mise en<br />
jeu de ces quelques éléments scénographiques,<br />
associée à la lumière, permet<br />
aux images d’advenir et sont des tremplins<br />
à la fiction. Les volumes, objets et<br />
matières servent d’obstacles aussi bien<br />
que d’appuis concrets aux corps des<br />
comédiens.
AVANT-PROPOS<br />
En 1827, Victor Hugo entreprend la composition de Cromwell, œuvre<br />
dont la préface est un véritable manifeste du drame romantique ; six ans<br />
plus tard, des notes conservées sur le XVI e siècle anglais nourriront son<br />
nouveau projet, Marie Tudor, un drame sur Marie I re d’Angleterre dite<br />
Marie la Sanglante…<br />
Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai.<br />
Le grand prend les masses, le vrai saisit l’individu. [...] L’écueil du vrai, c’est le petit,<br />
l’écueil du grand, c’est le faux. [...] Le drame selon le dix-neuvième siècle, ce n’est pas<br />
la tragi-comédie hautaine, démesurée, espagnole et sublime de Corneille ; ce n’est pas<br />
la tragédie abstraite, amoureuse, idéale et divinement élégiaque de Racine ; ce n’est<br />
pas la comédie profonde, sagace, pénétrante, mais trop impitoyablement ironique,<br />
de Molière ; ce n’est pas la tragédie à intention philosophique de Voltaire ; ce n’est pas<br />
la comédie à action révolutionnaire de Beaumarchais ; ce n’est pas plus que tout cela,<br />
mais c’est tout cela à la fois ; ou, pour mieux dire, ce n’est rien de tout cela. Ce n’est pas,<br />
comme chez ces grands hommes, un seul côté des choses systématiquement et perpétuellement<br />
mis en lumière, c’est tout regardé à la fois sous toutes les faces.<br />
Victor Hugo, préface de Marie Tudor<br />
Groupe LA gALERIE<br />
avec André Antébi,<br />
Sébastien Chassagne, Thomas Favre,<br />
Maëva Husband, Élise Marie<br />
et Adrienne Winling<br />
création collective<br />
dirigée par Céline Champinot<br />
scénographie Émilie Roy<br />
son Samuel Favart Mikcha<br />
lumière Claire Gondrexon<br />
coproduction <strong>Théâtre</strong> de Bourg en Bresse (EPCC) et le<br />
Centre culturel Louis-Aragon (Oyonnax) / avec l’aide<br />
de la DRAC Rhône-Alpes, de la région Rhône-Alpes<br />
et du Conseil général de l’Ain / avec le soutien à la<br />
Jeune création du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> et du Moulin de l’Etang<br />
de Billon (63)<br />
Nous.<br />
Nous croyons à une histoire, celle de l’instant qui rassemble acteurs et spectateurs<br />
dans un espace unique<br />
Un humain qui parle à un autre humain Tout part de là Pour nous 1+1+1+1+1<br />
etc. c’est toujours mieux que 1 (même quand c’est raté)<br />
Nous croyons que la manifestation artistique n’est que la partie visible d’un processus<br />
plus global<br />
Nous aimons voir émerger du collectif, de ses frictions, de son fatras, l’œuvre<br />
inattendue que nous n’imaginions pas<br />
Chacun d’entre nous sera garant de cette machination collective<br />
Nous sommes un groupe<br />
63
64<br />
LA CHUTE<br />
d’après Albert Camus<br />
mise en scène Géraud Bénech<br />
Cette année, le centenaire de la naissance<br />
d’Albert Camus est l’occasion de revisiter<br />
de façon théâtrale ce récit écrit par l’une<br />
des figures les plus marquantes de la pensée<br />
du XX e siècle.<br />
Aujourd’hui, La Chute est devenu un classique,<br />
et son auteur l’archétype de l’intellectuel<br />
à la française, naviguant en solitaire<br />
entre liberté philosophique et engagement<br />
humaniste.<br />
Cette étrange confession s’inscrit à présent<br />
dans un autre contexte historique, loin<br />
des affrontements idéologiques des années<br />
50 (Guerre froide, décolonisation, forte<br />
influence du marxisme dans les courants<br />
de pensée en Europe) qui lui donnaient<br />
des allures de manifeste. Nous l’abordons<br />
avec nos préoccupations et notre sensibilité<br />
contemporaines, davantage tournées<br />
vers l’intime et les enjeux à court terme.<br />
Elle résonne dans notre quotidien avide de<br />
coming out et où les médias et les réseaux<br />
sociaux ont banalisé jusqu’à saturation le<br />
déballage de l’intime.<br />
Que signifie, pour notre temps envahi par<br />
la toute-puissance de la communication et<br />
la manipulation des images, cette « entreprise<br />
» émanant d’un homme rompu à<br />
l’art de la parole, brillant avocat comme il<br />
se décrit, comédien comme il se prétend,<br />
et qui va se mettre à nu dans un « jeu de la<br />
vérité » sans concession ?<br />
La mise en perspective théâtrale de ce texte<br />
s’appuie sur la stratégie d’écriture de Camus.<br />
Le spectateur, tout comme le lecteur,<br />
n’est pas pris à partie directement. La parole<br />
de Jean-Baptiste Clamence, portée par<br />
le comédien Stanislas de la Tousche, est<br />
adressée à cet interlocuteur invisible qu’il<br />
tente de convertir et d’entraîner dans sa<br />
chute salvatrice. Mais, dans ce miroir qu’il<br />
lui tend, chacun d’entre nous est conduit,<br />
par étapes, à reconnaître sa propre image.<br />
On ne peut porter seul le poids de sa<br />
condition d’homme.<br />
Un ancien avocat réfugié à Amsterdam<br />
sert de guide à un Français de passage,<br />
rencontré dans un bar du port. Jour après<br />
jour, il se raconte et se dévoile, se faisant de<br />
plus en plus intime. Au cœur de sa révélation,<br />
un événement catalyseur : le suicide<br />
par noyade, sous ses yeux, d’une jeune<br />
femme, un soir, alors qu’il traversait un<br />
pont parisien. Mais, au-delà de sa propre<br />
expérience, il rend compte de cette com-<br />
Durée du spectacle : 1 h<br />
Installation dans les lieux :<br />
2 h avant la représentation au minimum.<br />
La Cie25ter propose également<br />
un débat d’une vingtaine de minutes<br />
après le spectacle.<br />
Ce spectacle est proposé dans le cadre d’une programmation Hors les Murs, tout particulièrement à<br />
l’intérieur des établissements scolaires.<br />
Pour l’accueillir dans votre lycée ou collège vous pouvez joindre le service des relations publiques<br />
au 01 34 20 11 07 ou à l’adresse resp.relations.publiques@theatre<strong>95</strong>.fr<br />
plexité irréductible que nous partageons<br />
tous, des choix qui composent la trame de<br />
nos existences, de nos intentions, de nos<br />
actes ou nos immobilités, face au regard<br />
de l’autre, face aux injonctions sociales ou<br />
aux intrusions fracassantes de l’Histoire<br />
dans nos vies.<br />
L’homme se confie : il a été un avocat<br />
brillant, un séducteur, un homme du<br />
monde, vivant pour et par les autres,<br />
n’existant qu’au travers du jeu des regards.<br />
Puis soudain, à la faveur de ce suicide, la<br />
lucidité l’a saisi. Le sentiment de sa lâcheté<br />
intrinsèque, de sa vanité, s’est mis à affleurer.<br />
Toutes ses tentatives pour le refouler<br />
ont échoué. Sa carapace d’être social s’est<br />
fissurée puis brisée. C’est un écorché vivant<br />
qui se voit en transparence, à la fois<br />
sujet et objet de cette « leçon d’anatomie »<br />
qu’est La Chute.<br />
En s’affranchissant ainsi du mensonge<br />
qui est notre lot commun et grâce auquel<br />
il nous est possible de vivre avec nousmêmes<br />
et en société, Jean-Baptiste Clamence<br />
accède à un statut supérieur, omniscient.<br />
Mais il est condamné à errer dans<br />
les limbes en quête d’individus à convertir.<br />
avec Stanislas de la Tousche<br />
adaptation Stanislas de la Tousche<br />
et Géraud Bénech<br />
scénographie, création sonore et vidéo<br />
Géraud Bénech<br />
lumière Rémy Chevillard<br />
production Cie25ter (cie25ter.fr)
CNSAD<br />
Les autres « Journées de juin »<br />
du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique<br />
Le Conservatoire de Paris, désormais très<br />
engagé dans le paysage de l’enseignement<br />
supérieur français, a créé en 2012 un nouveau<br />
cycle d’études, de niveau deuxième<br />
cycle. C’est ainsi que, pour la première<br />
fois en 2012-<strong>2013</strong>, il a ouvert, par un<br />
concours spécifique réservé aux acteurs<br />
titulaires du diplôme national supérieur<br />
professionnel de comédien, l’accès à une<br />
quatrième année d’études (les études « traditionnelles<br />
» durent trois ans au Conservatoire).<br />
Ces élèves, d’un genre tout à fait<br />
nouveau dans une école supérieure d’art<br />
dramatique, effectueront donc leur cinquième<br />
année en <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>.<br />
Ce deuxième cycle d’études est organisé<br />
selon une logique analogue à un deuxième<br />
cycle universitaire (aboutissant à un diplôme<br />
de Master), mais adaptée à un établissement<br />
d’enseignement artistique.<br />
Les jeunes artistes dramatiques en formation<br />
dans ce cadre, interprètes ou metteurs<br />
en scène, poursuivent pendant deux ans, au<br />
travers d’enseignements spécifiques, d’ateliers<br />
de recherche pratique et d’un accompagnement<br />
artistique et intellectuel, la réalisation<br />
d’un projet théâtral personnel, qui<br />
leur permettra d’obtenir un diplôme, dit<br />
de cinquième année, et dont la vocation est<br />
d’être reconnu au grade de Master.<br />
du mardi 2 au dimanche 8 juin<br />
Chaque année, le Conservatoire de Paris présente au mois de juin les travaux<br />
de ses classes d’interprétation. Ce sont les « Journées de juin » du Conservatoire.<br />
Ce moment fort de la vie théâtrale parisienne s’augmente cette année d’un volet nouveau<br />
– et c’est à Cergy !<br />
C’est au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> que seront présentés<br />
ces premiers travaux de fin d’études, véritables<br />
spectacles proposés par certains des<br />
plus prometteurs parmi les jeunes artistes<br />
dramatiques français. Pour la plupart, ils<br />
sont du reste déjà engagés dans la vie professionnelle<br />
de façon très active.<br />
Pendant une semaine, leurs spectacles se<br />
succéderont dans les deux salles du théâtre,<br />
selon un programme qui sera commu-<br />
niqué ultérieurement.<br />
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PARTENARIATS<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’adresse au public, aux publics, sous différentes formes, il lui paraît important<br />
de s’ouvrir à d’autres approches de la scène, à d’autres disciplines, et il a, dans cette optique,<br />
noué depuis longtemps de nombreux partenariats, sur le territoire cergypontain et bien au-delà.<br />
C’est ainsi qu’il s’associe aux programmations et aux activités du Conservatoire national supérieur<br />
d’Art dramatique, du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise,<br />
du Festival d’Auvers-sur-Oise et à de nombreux autres encore…<br />
CONCERT DANS LE CADRE DE VAL D’OISE OCÉAN<br />
Un concert interprété par l’Orchestre symphonique du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise<br />
avec les solistes Sarah Brayer, François Ducasse, Pierre Dutrieu, et Isabelle Lagors.<br />
Au programme de ce concert exceptionnel, La Mer, La Cathédrale engloutie, la Rhapsodie pour clarinette et le Trio pour flûte et<br />
harpe de Claude Debussy, ainsi que deux Gymnopédies d’Erik Satie orchestrées par ce même Debussy.<br />
Les œuvres seront ponctuées par des poèmes ou d’autres textes de contemporains de Debussy et par des odes maritimes.<br />
Cette soirée est organisée en partenariat entre le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise, le Conservatoire à<br />
rayonnement départemental d’Argenteuil et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, dans le cadre de Val d’Oise Océan, opération du Conseil général du<br />
Val d’Oise.<br />
samedi 28 septembre <strong>2013</strong> à 20 h 30<br />
SOMEWHERE<br />
Bernstein – Gershwin – Sondheim<br />
piano Bruno Perbost / percussions Franck Steckar / contrebasse Bernard Lanaspèze<br />
trompette : Fabien Mary / saxophone David Sauzay<br />
avec les 23 interprètes du Chœur des CRÉA’tures<br />
direction musicale Didier Grojsman / arrangements Bruno Perbost<br />
textes et mise en scène Christian Eymery / chorégraphie Linda Faoro<br />
scénographie : Claire Belloc / costumes Isabelle Pasquier<br />
lumières Marie Hélène Pinon / son Laurent Dujarric<br />
régisseur général Saïd Mechehar<br />
Trois compositeurs, une même passion : « The musical ».<br />
Somewhere nous entraîne dans l’univers des années 50 et nous invite le temps d’un réveillon de la Saint-Sylvestre à partager<br />
les retrouvailles d’un groupe d’amis. Au cours de la soirée, petites histoires, confidences et révélations vont se mêler pour nous<br />
transporter à des milliers de kilomètres dans le monde de la comédie musicale américaine made in Broadway.<br />
Les jeunes interprètes du CRÉA, accompagnés par cinq musiciens, rendent hommage à trois compositeurs mythiques du<br />
« musical ».<br />
Somewhere livrera des standards incontournables issus de West Side Story, Porgy and Bess, Un Américain à Paris, mais aussi des<br />
airs injustement méconnus du grand public comme le sont la plupart des œuvres de Stephen Sondheim, le plus estimé des<br />
compositeurs de Broadway encore vivants !<br />
samedi 21 décembre <strong>2013</strong> 20 h 30
BLUE MONDAYS JAZZ APÉRO<br />
Fort du large succès du précédent Cycle Jazz qui a vu s’exprimer de jeunes musiciens au talent remarquable. Art vivant par excellence,<br />
art de l’instant saisi au vol, le jazz présente plus d’une analogie avec l’art théâtral : prise de parole, improvisation, écoute<br />
mutuelle, émotion livrée ou retenue, autant de termes que l’une et l’autre discipline ont en partage. De leurs multiples unions,<br />
toutes librement consenties, sont nées plusieurs formes hybrides dont le cabaret est sans doute l’une des plus anciennes et des<br />
plus familières. Leurs publics, proches en sensibilité et en attentes, y puisent la même énergie et y goûtent la même sincérité du<br />
geste offert. Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> poursuit sa recherche de la « note bleue » en proposant cinq lundis soirs répartis de janvier à mai au<br />
Café de la Plage, dans une atmosphère empreinte de cabaret, de club ou de cave de jazz, et consacrés à la découverte de jeunes<br />
artistes issus de l’excellente classe de jazz du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise…<br />
lundis 13 janvier, 10 février, 10 mars, 7 avril, 12 mai à 19 h<br />
PIANO CAMPUS, PRIx DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />
RÉCITAL DANIEL PETRICA CIOBANU<br />
Ce festival, consacré à la découverte de jeunes talents et à leur promotion, est une Grande « fête du piano »,<br />
un concours international dans un esprit d’audace, de dynamisme et de jeunesse.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> offre cette soirée permettant au Lauréat du Piano Campus de Bronze et Prix du Public <strong>2013</strong><br />
de se produire. Ce prix scelle un peu plus encore le partenariat entre Piano Campus et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />
Diplomé de la Victor Brauner’s Music Highschool de Roumanie, Daniel Petrica Ciobanu totalise quarante premiers prix et vingt<br />
deuxièmes prix de concours de piano en Roumanie. Il participe à de nombreux concours nationaux et internationaux de musique.<br />
Il a obtenu notamment le Premier prix des Olympiades nationales de Roumanie, le Grand Prix du concours Carl Czerny<br />
et le Premier prix du Carpinetto in Musica d’Italie. À partir de 2005, il intègre la fondation humanitaire Musica in Amicizia<br />
dirigée par Iulian Arcadi Trofin. Pendant trois ans, il donne une série de concerts en Italie, en Suisse, en Hongrie et aux États-<br />
Unis. Il joue dans des académies prestigieuses : la Musik Hochschule Winterthur de Zurich, l’Accademia Nazionale di Santa<br />
Cecilia en Italie, la Romanian Embassy de Budapest et le Musicians Institute College of Contemporary Music à Hollywood.<br />
En 2007, il obtient la bourse Constantin Silvestri qui lui permet d’étudier dans la prestigieuse université Stewarts Melville en<br />
Ecosse. Puis il est récompensé en 2008 par le Rotary Club d’Edimbourg en tant que « Jeune Musicien de l’Année ». La même<br />
année il obtient une bourse de quatre ans pour étudier à la l’Académie royale d’Écosse. Il gagne le Premier prix du concours<br />
Morey d’Elgin. Il est invité à se produire aux côtés de Lang Lang au Royal Festival Hall. En juin 2012 il gagne le Deuxième prix<br />
du concours internatonal Adilia Alieva à Gaillard en France.<br />
vendredi 24 janvier <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />
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LES 13 E RENCONTRES INTERNATIONALES<br />
DE COMPOSITION MUSICALE DE CERGY-PONTOISE<br />
Ce festival de musique contemporaine qui se déroule durant une semaine sur notre territoire permet à de jeunes compositeurs<br />
venus des quatre coins du monde de travailler ensemble, et d’échanger leurs savoir-faire.<br />
C’est l’occasion pour eux de faire entendre pour la première fois une œuvre originale créée lors de ces rencontres par<br />
un ensemble professionnel de grande qualité.<br />
CONCERT DE CRÉATION<br />
samedi 5 avril <strong>2014</strong> 18 h<br />
Les rencontres reçoivent cette année des jeunes compositeurs d’Argentine, du Liban, d’Italie, de Belgique et de France,<br />
et seront inspirées par des poèmes de Max Jacob.<br />
Création des œuvres par l’Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise.<br />
CONCERT DE CLôTURE<br />
dimanche 6 avril <strong>2014</strong> à 17 h<br />
Lors de ce concert de clôture, les trois pièces retenues par le Comité de sélection seront données à entendre,<br />
suivies de la création d’un opéra de poche commandé à la compositrice Xu Yi, en partenariat avec le Grame de Lyon.<br />
Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise et Conservatoire à rayonnement Régional de C-P.<br />
Tarif plein 11 e, Réduit : 8 e, Etudiants 5 e<br />
CHANTIER DE LA CLASSE DE THÉÂTRE<br />
DU CONSERVATOIRE à RAYONNEMENT RÉGIONAL<br />
DE CERGY-PONTOISE<br />
Ils sont une douzaine, issus de la classe de théâtre du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise.<br />
Ils vont travailler au théâtre et se produire dans le cadre d’un chantier qui les plongera dans un environnement<br />
artistique professionnel. C’est un metteur en scène de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> qui les dirigera dans ce travail.<br />
vendredi 9 mai <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />
samedi 10 mai à 20 h 30<br />
Dans le cadre de ses diverses collaborations avec le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
ouvre à nouveau ses portes à une partie des étudiants de théâtre du CRR dirigés par Coco Felgeirolles, afin de leur donner<br />
l’occasion de réaliser un spectacle dans un cadre pré-professionnel.<br />
L’aventure commencera en début d’année avec la constitution d’un comité de lecture.<br />
Le but sera de choisir un texte contemporain qui les mobilisera dans un processus de création.<br />
Véritable engagement individuel et collectif dans le temps avec le regard d’un metteur en scène sur le travail du groupe et de<br />
chacun et in fine, la possibilité de répéter avec celui-ci et de le présenter au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.
L’HISTOIRE DU SOLDAT<br />
musique de Igor Stravinsky<br />
texte de Charles-Ferdinand Ramuz<br />
mercredi 18 juin <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />
L’Histoire du soldat est née en 1918 de la rencontre d’Igor Stravinsky, réfugié en Suisse pour échapper aux horreurs de la Première<br />
guerre mondiale, avec Charles-Ferdinand Ramuz, écrivain suisse francophone. S’inspirant d’un conte russe d’Afanassiev,<br />
Le Déserteur et la Diable, Ramuz conçoit un livret qui dépasse le caractère spécifiquement russe du texte en lui donnant une<br />
portée universelle qui rejoint le mythe faustien. « C’est d’ailleurs ce côté essentiellement humain qui nous tenta, Ramuz et moi,<br />
dans cette tragique histoire du soldat devenant fatalement la proie du diable… » (Stravinsky)<br />
En dépit de son apparente simplicité, c’est l’un des chefs-d’oeuvre les plus secrets de Stravinsky, offrant un modèle de pure<br />
musique dont les matériaux sonores, qui subissent des torsions imperceptibles, lui confèrent une fraîcheur absolue.<br />
Il fallait bien réunir un des plus grands comédiens français, Didier Sandre et un des meilleurs ensembles de l’Hexagone pour<br />
donner vie à ce bijou du répertoire du XX e siècle qui allie texte et musique.<br />
L’Histoire du soldat est présenté au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> en partenariat avec le Festival d’Auvers-sur-Oise.<br />
Philippe Berrod<br />
Didier Sandre<br />
Olivier Charlier<br />
Jean Christophe Gayot<br />
avec Didier Sandre<br />
et les musiciens de l’Orchestre de Paris :<br />
violon Olivier Charlier<br />
clarinette Philippe Berrod<br />
contrebasse Axel Salles<br />
basson Giorgio Mandolesi<br />
cornet à pistons Bruno Tomba<br />
trombone Guillaume Cottet-Dumoulin<br />
percussions Éric Sammut<br />
direction musicale Jean-Christophe Gayot<br />
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ÊTRE SPECTA(C)TEUR,<br />
L’ECOLE DU SPECTATEUR, UN ENJEU MAJEUR…<br />
Depuis sa création, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a toujours placé la rencontre avec le public au cœur de son projet. Le brassage des<br />
savoirs, des idées et des esthétiques nourrissent le public et notre démarche artistique. Mais fréquenter la création ne<br />
va pas de soi, cela se prépare, s’accompagne pour s’épanouir et enrichir le public. La transmission et la pratique<br />
artistique des jeunes, des enseignants et du public constituent naturellement un enjeu majeur de notre projet.<br />
Nous souhaitons que chacun invente avec l’équipe des relations publiques les conditions de la sensibilisation et de<br />
l’échange avec pertinence, en adéquation avec les exigences des uns et des autres.<br />
Les Parcours spectacles scolaires et associatifs<br />
Allier le plaisir du spectacle et l’apprentissage<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> propose aux enseignants relais, à leurs élèves ainsi qu’aux responsables de groupes associatifs de cheminer<br />
au fil de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> à travers des parcours, articulés autour d’un abonnement de 3 spectacles, qui les conduiront à<br />
découvrir les créations de Joël Dragutin, celles des artistes en résidence ou les spectacles accueillis.<br />
Des outils sont à votre disposition pour composer suivant les spécificités de chaque groupe :<br />
> Un abonnement à au moins 3 spectacles,<br />
> Un dossier pédagogique,<br />
> Une visite guidée permettant de découvrir l’envers du décor ainsi que les métiers du théâtre : artistiques, techniques, administratifs, etc.,<br />
> Des rencontres en amont ou en aval des spectacles,<br />
> Des ateliers de sensibilisation.<br />
De nombreux enseignants proposent ces parcours où sensibilisation, rencontres, travail en classe, exploration des textes et<br />
analyse des représentations sont la base de nos partenariats, dans le cadre d’une démarche éducative par laquelle les élèves<br />
apprennent à devenir des spectateurs actifs et désirants et acquièrent jugement esthétique et esprit critique.<br />
Les Ateliers et options théâtre : université, lycées, collèges, écoles…<br />
Apprendre en jouant et en regardant !<br />
Partager, transmettre, s’éveiller aux côtés des équipes artistiques sont les objectifs des ateliers de pratique artistique.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a à cœur de développer les espaces de « jeu » : écriture, théâtre, expression corporelle…<br />
Ces espaces sont nécessairement mis en perspectives avec une pratique de spectateurs,<br />
par la fréquentation des œuvres jouées au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />
Vivre la représentation en tant que spectateur conscientise d’une autre manière l’épreuve du plateau.<br />
Pour la plupart, les travaux réalisés au sein de ces établissements sont présentés en fin d’année au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />
Ateliers de pratique artistique, options facultatives et « lourdes », modules de formation, projets d’établissements :<br />
Un certain nombre d’établissements partenaires du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> sont engagés dans des dispositifs de longue durée :<br />
Université de Cergy-Pontoise, lycée Jacques-Prévert (Taverny), institution Saint-Martin-de-France (Pontoise), ESSEC (Cergy-Pontoise),<br />
lycée Paul-Emile-Victor (Osny), lycée Camille Claudel (Vauréal), lycée Jeanne d’Arc - Fondation Cognacq Jay (Argenteuil),<br />
lycée Kastler (Cergy-Pontoise), lycée Notre-Dame de la Compassion (Pontoise), lycée Jules-Verne (Cergy le Haut),<br />
lycée Louise-Michel (Gisors), école des Plants (Cergy).<br />
D’autres établissements sont engagés dans des dispositifs ponctuels (classes à Projets artistiques et culturels)…<br />
Des ateliers se développent aussi au sein de structures telles que le Centre d’insertion Césame (Eragny), l’EPSS (Cergy), l’OPEJ<br />
(Saint-Ouen-l’Aumône), le Centre social de Marcouville (Pontoise).
Les Ateliers de pratique amateur au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
De la même manière, au sein du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, des ateliers d’écriture ou de pratique théâtrale hors temps scolaire sont proposés dès la<br />
rentrée, les participants y développent une pratique et une connaissance par la fréquentation des œuvres en tant que spectateurs :<br />
> Enfants (7/13 ans) les mercredis matins<br />
> Adolescents (14/17 ans) les mercredis après-midi<br />
> Adultes les lundis soirs<br />
> Atelier d’écriture (5 journées tout au long de l’année)<br />
Inscriptions à partir du 21 mai <strong>2013</strong><br />
Réunion de présentation des ateliers le mercredi 25 septembre <strong>2013</strong> à 18h30<br />
Un Conseil consultatif des jeunes<br />
« S’approprier le théâtre, c’est peut-être la meilleure façon d’apprendre à l’aimer »<br />
Antoine Vitez<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> constitue chaque année le Conseil consultatif des jeunes en partenariat avec les chefs d’établissements scolaires,<br />
les bureaux des étudiants de l’agglomération et plus largement des associations environnantes.<br />
Un ou deux délégués par structure sont ainsi conviés à participer à des rencontres. Référents culturels des établissements scolaires,<br />
enseignants, relais d’associations de l’agglomération de Cergy-Pontoise sont invités à contacter le service des relations<br />
publiques afin de constituer ce Conseil consultatif des jeunes.<br />
Des tarifs attractifs pour les jeunes<br />
> Pour les -18 ans : les 3 spectacles dans le cadre de l’abonnement, soit 6e le spectacle,<br />
spectacle supplémentaire au même tarif.<br />
Avantages abonnés :<br />
> Priorité de réservation aux groupes abonnés,<br />
> Une boisson au tarif préférentiel de 2i au Café de la Plage tout au long de la saison,<br />
> Une visite du théâtre<br />
> Une rencontre avec l’équipe artistique<br />
> 8i le spectacle (12/25 ans)<br />
> 5i le spectacle (moins de 12 ans)<br />
> 3i le spectacle jeune public (repérage des spectacles JP)<br />
Renseignements : service des relations publiques 01 34 20 11 07<br />
Un centre ressources : la librairie du théâtre<br />
Afin de préparer ou de prolonger les découvertes théâtrales, un centre documentaire / librairie est à la disposition du public.<br />
Il propose principalement les textes des pièces présentées au cours de la saison, et un fond documentaire riche d’ouvrages<br />
modernes et anciens, théoriques et théâtraux.<br />
La librairie est ouverte aux heures d’ouverture de la billetterie.<br />
Amateurs et professionnels<br />
Les associations<br />
Des partenariats sont mis en place avec des associations de pratiquants amateurs dans le domaine du théâtre et de la<br />
musique. Elles sont accueillies au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> pour des répétitions et certaines de leurs représentations publiques. Elles sont<br />
régulièrement spectateurs (à des tarifs préférentiels) des créations et des accueils du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />
MUSAÏQUES, groupe vocal mixte de 150 choristes amateurs, animé par un chef de chœur, Rosario Pulcini, et un pianiste professionnels,<br />
chante exclusivement des chansons en français, et son répertoire comprend aussi bien des grands classiques<br />
de la variété française (Aznavour, Brel, Goldman, Cabrel, Souchon, Bénabar, Dutronc, Julien Clerc, Françoise Hardy…) que des<br />
œuvres moins célèbres (Romain Didier, Zaza Fournier, Ours, Juliette…).<br />
CODEVOTA, L’association est l’intermédiaire entre professionnels, collectivités et troupes amateurs. Elle a pour mission de proposer<br />
des manifestations, de la formation et de la mise à disposition de matériel aux troupes amateurs du Val d’Oise.<br />
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INFOS PRATIqUES<br />
THÉÂTRE <strong>95</strong> / ALLÉE DU THÉÂTRE / BP 70098 / <strong>95</strong>021 CERGY-PONTOISE CEDEx 01<br />
LOCATION, RÉSERVATION<br />
Sur place : aux heures d’ouverture de l’accueil, du mardi au vendredi, de 14h à 18h30, le samedi de 14h à 17h.<br />
Par téléphone : 01 30 38 11 99<br />
Autres modalités : FNAC 08 92 68 36 22 ou www.fnac.com ou www.billetreduc.fr<br />
RÈGLEMENT<br />
Par chèque bancaire ou postal, à l’ordre de « <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> » • Par carte bleue, à l’accueil du théâtre<br />
Par téléphone au 01 30 38 11 99 • Par internet, directement sur notre site www.theatre<strong>95</strong>.fr<br />
Les billets réservés doivent être réglés impérativement 15 jours avant la date de la représentation, faute de quoi ils seront remis à la vente.<br />
COMMENT NOUS JOINDRE<br />
Réservations : 01 30 38 11 99 • E-mail : reservation@theatre<strong>95</strong>.fr • Administration : 01 34 20 11 00 • Fax : 01 30 38 73 32<br />
COMMENT SE RENDRE AU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />
Le parvis du théâtre se trouve avenue Bernard-Hirsch, face à la Préfecture et à l’ESSEC.<br />
En voiture :<br />
À partir de La Défense ou de la porte de Clignancourt, prendre l’autoroute A15, direction Cergy-Pontoise,<br />
Sortie n°9 « Cergy-Préfecture ». Suivre le fléchage « Préfecture », puis « <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ».<br />
Les soirs de spectacles, stationnement au parking de la Préfecture.<br />
En RER :<br />
Ligne A3, direction Cergy-le-Haut, arrêt Cergy-Préfecture (35 minutes de Charles-de-Gaulle-Étoile,<br />
départ toutes les 20 minutes). Depuis le parking de la gare RER, suivre « Préfecture » par l’avenue de la Poste.<br />
Le parvis du théâtre est juste après le tunnel, sur la gauche.<br />
directeur de la publication Joël Dragutin<br />
édition xavier Maurel, Romaric Doublet<br />
rédaction Valérie Battaglia, Joël Dragutin, xavier Maurel, Géraud Bénech, Jean-Philippe Lucas Rubio<br />
secrétariat de rédaction Émilie Barneff<br />
conception graphique La Vache Noire - Alexandre Petitmangin<br />
impression Digi-France Impression Masson<br />
Crédits photographiques<br />
La Maison et le Zoo © Marc Ginot<br />
Le Banquet de la Vie © Alessandra Cabral<br />
Dakini © Lou is<br />
Détails © Lie xie, Martin Skoog<br />
Hiver © Juliette Guénon<br />
Les Présidentes © Jean Gaumy<br />
Marie Tudor © LA gALERIE<br />
Norma Jean © Hervé Bellamy<br />
Ravel © Marion Duhamel<br />
Portrait Ravel © D.R.<br />
Sous la Ceinture © Frédéric Desmesure<br />
Un chien dans la tête © Christophe Raynaud de Lage<br />
Fred Tousch © Philippe Cibille<br />
Lune Jaune © Roxane Kasperski<br />
Le Guide du démocrate © Davic Aménian<br />
Se souvenir des belles choses, Un théâtre de création, Le territoire et les habitants © Jean Piard<br />
Hommage annuel au chanteur, Spirale, Rambuku, Au début… © Souhir Boujday<br />
Dal Vivo © Lila Lütah<br />
Le théâtre au service de la démocratie © Alexandre Petitmangin<br />
Portraits © Inès Noussa<br />
CNSAD © Philippe Chardon<br />
Partenaires et Abonnez-vous ! © Dominique Chauvin
LE CLUB ENTREPRISES<br />
DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />
Investir dans l’art et la culture, c’est investir dans les savoirs et les idées, les formations, les capacités de création et d’initiative.<br />
C’est pourquoi il nous semble capital d’y associer certains acteurs importants de ce territoire par le biais d’un Club Entreprises<br />
associé au théâtre.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est lié de façon organique à son contexte géographique et sociologique et son évolution est parallèle à celle de<br />
l’agglomération de Cergy-Pontoise, important centre économique riche de ses 5000 entreprises, devenue en quarante ans<br />
une cité porteuse d’imaginaire et de modernité. Ce nouvel espace urbain dédié à l’art et à la démocratie est plus que jamais<br />
ouvert à tous et à tous les possibles.<br />
Une agglomération comme Cergy-Pontoise, un département comme celui du Val-d’Oise, et plus largement une région comme<br />
celle de l’Ile-de-France doivent garantir l’accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance en soutenant la création<br />
artistique, un des enjeux majeurs pour nous projeter collectivement dans l’avenir.<br />
Enfin, le nouveau <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est un lieu plus vaste, avec son grand Hall (l’Atrium) ses 2 salles de spectacle (Arendt et Visconti),<br />
son convivial espace de restauration : le Café de la Plage. Adapté aux scénographies contemporaines, notre équipement permet<br />
d’engager des partenariats importants ou prestigieux tout en captivant un public à la fois plus nombreux mais aussi plus diversifié.<br />
LES PARTENAIRES<br />
De nombreuses entreprises, médias et associations ont déjà construit des partenariats ponctuels ou pérennes avec le<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> alors n’hésitez plus et rejoignez-les !<br />
Nous pouvons à tout moment mettre en place des actions sur mesure pour chaque entreprise ou groupe d’entreprises<br />
au gré de nos volontés communes.<br />
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ABONNEZ
-VOUS !<br />
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PARTENAIRES<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, scène conventionnée aux écritures contemporaines, est subventionné par la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise,<br />
le ministère de la Culture et de la Comunication/DRAC Île-de-France, le Conseil général du Val d’Oise,<br />
le Conseil régional d’Île-de-France, et est en convention avec la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale du Val d’Oise.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> national populaire de Villeurbanne (CDN)<br />
www.tnp-villeurbanne.com<br />
Le Centre dramatique national de Reims<br />
www.lacomediedereims.fr<br />
Le Centre dramatique national de Montpellier<br />
www.theatre-13vents.com<br />
Le Jeune théâtre national<br />
www.jeune-theatre-national.com<br />
Le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique<br />
www.cnsad.fr<br />
Le <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire<br />
www.lucernaire.fr<br />
Le <strong>Théâtre</strong> 13 – Paris<br />
www.theatre13.com<br />
La ville de Cergy<br />
www.ville-cergy.fr<br />
La ville de Jouy-le-Moutier<br />
www.jouylemoutier.fr<br />
La ville de Menucourt<br />
www.menucourt.fr<br />
La ville de Courdimanche<br />
www.ville-courdimanche.fr<br />
La ville de Vauréal<br />
www.vaureal.fr<br />
La ville d’Eragny<br />
www.eragny.fr<br />
Le lycée Jacques-Prévert, Taverny<br />
Le lycée Paul-Emile-Victor, Osny<br />
Le lycée Camille-Claudel, Vauréal<br />
Le lycée Alfred-Kastler, Cergy<br />
L’institut Saint-Martin-de-France<br />
Le lycée Jeanne-d’Arc<br />
Le collège des Explorateurs, Cergy<br />
L’école des Plants, Cergy<br />
compagnie ACTA, Festival Premières Rencontres<br />
L’université de Cergy-Pontoise<br />
www.u-cergy.fr<br />
L’ESSEC<br />
www.essec.fr<br />
Le Festival d’Auvers-sur-Oise<br />
www.festival-auvers.com<br />
Piano Campus<br />
www.piano-campus.com<br />
Le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise<br />
www.cergypontoise.fr<br />
Le Festival théâtral du Val d’Oise<br />
www.thea-valdoise.org<br />
La Fondation Royaumont<br />
www.royaumont.com<br />
H / F Île-de-France<br />
www.hf-idf.org<br />
France Culture<br />
www.franceculture.fr<br />
VO News<br />
www.vonews.fr<br />
Radio RGB<br />
www.radiorgb.net<br />
La ligue de l’enseignement<br />
www.ligue<strong>95</strong>.com<br />
La Ruche<br />
www.assolaruche.fr<br />
Espace Cesame<br />
www.espace-cesame.org<br />
CODEVOTA<br />
www.fncta.fr<br />
MUSAIQUES<br />
www.musaiques.com<br />
MGEN<br />
www.mgen.fr
ABONNEMENTS<br />
Carte Pass Intégral : 100e €<br />
valable pour toutes les manifestations de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> (possibilité de payer en plusieurs fois)<br />
Carte Pass Intégral pour les « Amis du <strong>Théâtre</strong> » : 90e €<br />
Abonnement 3 spectacles : 30e €<br />
Spectacles supplémentaires : 12e €<br />
Abonnement 6 spectacles : 48e €<br />
Spectacles supplémentaires : 12e €<br />
Offre spéciale partenaires :<br />
A partir de 50 places, un spectacle/une place : 8e €<br />
Achat en une seule fois, places valables pour tous les spectacles<br />
Abonnement 3 spectacles - scolaires et associatifs<br />
Moins de 25 ans ou groupes (min. 10 personnes) : 18e €<br />
Spectacle supplémentaire : 6e €<br />
TARIFS HORS ABONNEMENT<br />
Tarif plein : 16e €<br />
Tarifs réduit*: 12e €<br />
Tarif plein pour les spectacles « jeunes publics » : 8e<br />
Demandeurs d’emploi, intermittents, étudiants, 12-25 ans : 8e €<br />
Conférence-débat, Pass Culture, moins de 12 ans : 5e €<br />
Spectacles jeune public : 3e € (sous conditions)<br />
* Amis du <strong>Théâtre</strong>, plus de 65 ans et +, familles nombreuses, groupe de plus de 10 personnes et +, CE et collectivités, carte<br />
SACD, adhérents Fnac, CODEVOTA, abonnés des structures partenaires : sur présentation d’un justificatif.<br />
DEVENEZ UN AMI DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />
Adhésion : 10e €<br />
Vous avez envie d’entrouvrir des portes inconnues, de passer la tête par l’entrée des artistes, de vous glisser dans les<br />
coulisses, de rencontrer des équipes artistiques,<br />
de débattre, d’échanger, de partager un peu la vie de la « maison », de participer à des soirées conviviales au Café<br />
de la plage, de rencontrer de nouveaux interlocuteurs ?<br />
En devenant membre de l’association, vous bénéficiez des offres suivantes : un tarif préférentiel sur tous les spectacles,<br />
des invitations à des répétitions publiques et à des rencontres avec les artistes, une réduction – 50% pour un<br />
spectacle dans un théâtre-partenaire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, participation au soirées des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, autour d’un<br />
buffet dînatoire.<br />
En devenant membre de l’association, vous bénéficiez des offres suivantes : un tarif préférentiel sur tous les spectacles,<br />
des invitations à des répétitions publiques et à des rencontres avec les artistes, une réduction – 50% pour un<br />
spectacle dans un théâtre-partenaire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, participation au soirées des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, autour d’un<br />
buffet dînatoire.<br />
Pour cela, il vous suffit d’adhérer à l’association des « Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ». Envoyez sur papier libre vos<br />
noms, prénoms, adresse, téléphone, e-mail et profession (facultatif), ainsi qu’une cotisation de 10e à l’ordre<br />
de : Association des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
à l’adresse suivante : Association des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> / BP 70098 / <strong>95</strong>021 Cergy-Pontoise Cedex 01<br />
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78<br />
THÉÂTRE <strong>95</strong> – BULLETIN DE RÉSERVATION<br />
Je coche mes choix (spectacles et dates) dans le calendrier. Chaque abonnement est nominatif.<br />
Merci de nous préciser les noms des personnes concernées pour chaque abonnement.<br />
Vous pouvez également télécharger des formulaires d’abonnement directement sur notre site www.theatre<strong>95</strong>.fr.<br />
Nom Prénom<br />
Adresse<br />
Code postal Ville<br />
Téléphone Téléphone portable<br />
E-mail<br />
ABONNEMENTS<br />
Carte Pass intégral x 100 i = i<br />
Carte Pass intégral<br />
« Amis du <strong>Théâtre</strong> » x 90 i = i<br />
Abonnement 3 spectacles<br />
Tarif plein x 30 i = i<br />
Spectacle supplémentaire x 12 i = i<br />
Abonnement 6 spectacles<br />
Tarif plein x 48 i = i<br />
Spectacle supplémentaire x 12 i = i<br />
Abonnement 3 spectacles x 18 i = i<br />
(scolaires, association, -25 ans +groupes)<br />
réservations à retourner au<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />
Allée du <strong>Théâtre</strong><br />
BP 70098<br />
<strong>95</strong>021 Cergy-Pontoise cedex 01<br />
HORS ABONNEMENTS<br />
Tarif plein x 16 i = i<br />
Tarif réduit x 12 i = i<br />
Demandeurs d’emploi, intermittents, étudiants, 12-25 ans<br />
x 8 i = i<br />
Conférence-débat, Pass Culture, moins de 12 ans<br />
x 5 i = i<br />
Spectacle jeune public*<br />
Concert Clôture du C.R.R.<br />
x 3 i = i<br />
x 11 i = i<br />
* Un Chien dans la tête, Dal Vivo, Grenouille et Au début…
SEPTEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />
VENDREDI 20 LES DÉCALÉS 21h > minuit<br />
SAMEDI 21 LES DÉCALÉS 12h > minuit<br />
DIMANCHE 22 LES DÉCALÉS 21h > 18h<br />
SAMEDI 28 CONCERT VAL D’OISE OCÉAN 20h30<br />
OCTOBRE SPECTACLE HORAIRES<br />
MARDI 8 BÉRÉNICE 20h30<br />
MERCREDI 9 BÉRÉNICE 20h30<br />
JEUDI 10 BÉRÉNICE 19h<br />
VENDREDI 11 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />
SAMEDI 12 BÉRÉNICE 20h30<br />
DIMANCHE 13 BÉRÉNICE 16h<br />
MARDI 15 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />
JEUDI 17 BÉRÉNICE 19h<br />
VENDREDI 18 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />
NOVEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />
MERCREDI 6 ROMAN 20h30<br />
JEUDI 7 ROMAN 19h<br />
VENDREDI 8 ROMAN 20h30<br />
VENDREDI 15 LE BANQUET DE LA VIE 20h30<br />
SAMEDI 16 LE BANQUET DE LA VIE 12h 20h30<br />
DIMANCHE 17 LE BANQUET DE LA VIE 16h<br />
VENDREDI 22 SOUS LA CEINTURE 20h30<br />
SAMEDI 23 SOUS LA CEINTURE 20h30<br />
LUNDI 25 UN CHIEN DANS LA TÊTE 14h30<br />
MARDI 26 UN CHIEN DANS LA TÊTE 14h30 19h<br />
JEUDI 28 LA MAISON ET LE ZOO 19h<br />
VENDREDI 29 LA MAISON ET LE ZOO 20h30<br />
DÉCEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />
MERCREDI 4 RAVEL 20h30<br />
JEUDI 5 RAVEL 19h<br />
VENDREDI 6 RAVEL 20h30<br />
SAMEDI 7 COLLOQUE 9h > 19h<br />
SAMEDI 7 GRENOUILLE 16h<br />
LUNDI 9 GRENOUILLE 10h 14h30<br />
MARDI 10 GRENOUILLE 10h 14h30<br />
MERCREDI 11 GRENOUILLE 10h 14h30<br />
MERCREDI 11 CONFÉRENCE-DÉBAT / CATHERINE CLÉMENT 20h30<br />
VENDREDI 13 LE GUIDE DU DÉMOCRATE 20h30<br />
MARDI 17 LE DINDON 20h30<br />
MERCREDI 18 LE DINDON 20h30<br />
SAMEDI 21 SOMEWHERE 20h30<br />
JANVIER SPECTACLE HORAIRES<br />
JEUDI 9 DÉTAILS 19h<br />
VENDREDI 10 DÉTAILS 20h30<br />
LUNDI 13 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />
VENDREDI 17 LA VIE EXTÉRIEURE 20h30<br />
SAMEDI 18 LA VIE EXTÉRIEURE 20h30<br />
VENDREDI 24 PIANO CAMPUS 20h30<br />
MARDI 28 AU DÉBUT… 19h<br />
MERCREDI 29 CONFÉRENCE-DÉBAT / PATRICK PELLOUX 20h30<br />
JEUDI 30 AU DÉBUT… 14h30<br />
VENDREDI 31 AU DÉBUT… 14h30 19h<br />
79
80<br />
FÉVRIER SPECTACLE HORAIRES<br />
JEUDI 6 AU DÉBUT… 14h30<br />
VENDREDI 7 AU DÉBUT… 14h30<br />
SAMEDI 8 AU DÉBUT… 17h<br />
LUNDI 10 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />
MARDI 11 AU DÉBUT… 19h<br />
MERCREDI 12 AU DÉBUT… 10h<br />
JEUDI 13 AU DÉBUT… 14h30<br />
VENDREDI 14 AU DÉBUT… 14h30 19h<br />
VENDREDI 28 DAKINI 20h30<br />
MARS SPECTACLE HORAIRES<br />
JEUDI 6 LA PARITÉ 19h<br />
VENDREDI 7 LA PARITÉ 20h30<br />
LUNDI 10 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />
VENDREDI 14 SPIRALE 14h30 19h<br />
MERCREDI 19 DAL VIVO 9h30 15h<br />
JEUDI 20 DAL VIVO 9h 10h30 15h<br />
JEUDI 20 LUNE JAUNE 19h<br />
VENDREDI 21 DAL VIVO 9h 10h30 15h<br />
VENDREDI 21 LUNE JAUNE 20h30<br />
SAMEDI 22 DAL VIVO 9h30 17h<br />
SAMEDI 22 LUNE JAUNE 20h30<br />
AVRIL SPECTACLE HORAIRES<br />
MERCREDI 2 MAÎTRE FENDARD 20h30<br />
JEUDI 3 MAÎTRE FENDARD 19h<br />
VENDREDI 4 MAÎTRE FENDARD 20h30<br />
SAMEDI 5 RENCONTRES CRR 18h<br />
DIMANCHE 6 RENCONTRES CRR 17h<br />
LUNDI 7 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />
MERCREDI 9 LE MANUSCRIT DES CHIENS 19h<br />
JEUDI 10 HIVER 19h<br />
VENDREDI 11 RAMBUKU 19h<br />
MERCREDI 30 CONFÉRENCE-DÉBAT / ALAN SOKAL 20h30<br />
MAI SPECTACLE HORAIRES<br />
MARDI 6 LES PRÉSIDENTES 20h30<br />
MERCREDI 7 LES PRÉSIDENTES 20h30<br />
VENDREDI 9 CHANTIER DU CRR 20h30<br />
SAMEDI 10 CHANTIER DU CRR 20h30<br />
LUNDI 12 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />
MERCREDI 14 CONFÉRENCE-DÉBAT / DENIS PODALYDèS (sous réserve) 20h30<br />
JEUDI 15 NORMA JEAN 19h<br />
VENDREDI 16 NORMA JEAN 20h30<br />
MARDI 20 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />
MERCREDI 21 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />
JEUDI 22 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 19h<br />
VENDREDI 23 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />
MARDI 27 MARIE TUDOR 20h30<br />
MERCREDI 28 MARIE TUDOR 20h30<br />
JUIN SPECTACLE HORAIRES<br />
DU 2 AU 8 CNSAD horaires à préciser<br />
MERCREDI 18 HISTOIRE DU SOLDAT 20h30
RÉSERVATION<br />
01 30 38 11 99<br />
reservation@theatre<strong>95</strong>.fr<br />
WWW.THEATRE<strong>95</strong>.FR