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Brochure 2013 - 2014 - Théâtre 95

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Se souvenir<br />

des belles choses…<br />

Venez inaugurer la saison<br />

le vendredi 20 septembre à 19 h<br />

LE CAFÉ DE LA PLAGE<br />

Les soirs de spectacles, l’équipe du Café de la Plage est heureuse de vous accueillir à partir de 19 h,<br />

avant ou après chaque représentation, pour vous régaler d’une cuisine légère et conviviale<br />

ou prendre un verre entre amis.


Le théâtre est peu de choses, son utilité est paradoxale.<br />

Un art si précaire et fragile, dont les œuvres sont vues par un nombre si faible<br />

(et quand bien même tous les théâtres seraient emplis tous les soirs ce serait encore<br />

dérisoire !), un art dont l’ambition semble se limiter à être le laboratoire<br />

des conduites humaines, cet art-là pourtant me semble voué à la compréhension du<br />

temps et des temps, rejouant perpétuellement les anciens poèmes avec les nouveaux,<br />

les comparant, éclairant les uns par les autres, ce qu’aucun autre art ne fait.<br />

Antoine Vitez<br />

Déjà une deuxième saison pour cet équipement tout neuf !<br />

L’effervescence des premiers spectacles des fêtes de l’inauguration<br />

et les beaux succès artistiques et publics, de la création<br />

d’Une Maison en Normandie, de Tartuffe, de Signum…, mais<br />

aussi des premières conférences-débats sur les grandes questions<br />

qui traversent nos sociétés ont composé sur un rythme<br />

soutenu la saison inaugurale. Des milliers de spectateurs<br />

ont également pu découvrir des œuvres contemporaines de<br />

jeunes créateurs et l’éclat de ce théâtre, si bien conçu, même<br />

s’il reste, ici et là, quelques finitions et ajustements « bien<br />

naturels » à opérer après cette première saison « de rodage » !<br />

Mais si nous nous réjouissons de cet événement, si rare aujourd’hui,<br />

qu’est la réouverture d’un équipement culturel, rénové,<br />

agrandi, qui s’inscrit pleinement dans le Grand Centre<br />

de notre agglomération, notre joie ne peut être sans réserve,<br />

puisque nous sommes confrontés dans le même temps à une<br />

crise économique et sociale qui n’en finit plus de meurtrir<br />

nos sociétés.<br />

Car nos sociétés occidentales n’envisagent plus vraiment<br />

l’avenir avec enthousiasme et confiance, ne savent plus<br />

trop comment construire un projet rassembleur, alors que<br />

d’autres crises se profilent à l’horizon : crise écologique, crise<br />

démographique, crise sociale…<br />

Il nous appartient collectivement de dépasser l’idéologie de<br />

l’occidentalisme déclinant. La France et l’Europe ont des ressources<br />

extraordinaires et, au-delà des savoirs technologiques,<br />

scientifiques ou industriels, nous nous devons de croire en<br />

notre patrimoine culturel contemporain et classique, intellectuel<br />

ou artistique comme vrai vecteur de progrès.<br />

Plusieurs observateurs, parmi ceux que nous avons reçus lors<br />

de nos conférences-débats, le confirmaient sur notre scène<br />

ou l’ont écrit dans des ouvrages très récents. Les forces de<br />

notre pays et celles de l’Europe sont avant tout de l’ordre<br />

de la pensée, de l’invention conceptuelle, de l’innovation<br />

artistique. De Frédéric Martel à Olivier Poivre d’Arvor, de<br />

Bernard Stiegler à Edgar Morin, tous nous ont encouragés à<br />

affronter la complexité de notre monde, la nécessité de préparer<br />

notre héritage en lui inventant un à-venir défendable.<br />

Face à la crise « morale » qui se généralise, laissant la place<br />

à toutes les confusions – même les plus néfastes et les plus<br />

absurdes – nous ne pouvons qu’entrer dans une « guerre de<br />

position » intellectuelle et politique telle que Gramsci la définissait,<br />

dont les théâtres, les lieux d’art et de culture, les lieux<br />

de pensée devraient être les avant-postes.<br />

En effet se profile une idéologie de la crise qui risque de briser<br />

les derniers espoirs citoyens, en évitant de remettre en question<br />

le modèle économique ultra-libéral, en affirmant qu’aucun<br />

autre n’est envisageable, hormis quelques rustines sur fond de<br />

désespérance. Le politologue Gaël Brustier nomme cette idéologie<br />

« occidentalisme », « version angoissée et paroxystique » de<br />

l’Occident, désormais synonyme de consumérisme, de croissance<br />

aveugle et de capitalisme dérégulé.<br />

Il nous appartient à nous aussi, gens d’art et de culture, de<br />

lutter contre cette idée d’un déclin inéluctable grâce aux<br />

éclairages des auteurs de théâtre d’aujourd’hui, aux propositions<br />

ou analyses novatrices des intellectuels que nous invitons,<br />

mais aussi grâce à l’engagement de chaque spectateur,<br />

afin de se rencontrer toujours plus nombreux dans les lieux<br />

d’art et de culture et évacuer de notre espace mental toute<br />

résignation.<br />

Le théâtre, depuis ses origines, répond à deux fonctions sociales<br />

essentielles : être un forum démocratique de la Cité, et<br />

être le lieu de la catharsis.<br />

En faisant vivre le mieux possible ce nouveau théâtre, nous<br />

avons voulu consolider et perpétuer ces deux axes majeurs<br />

de notre action originelle. Nous vous attendons donc encore<br />

plus nombreux, plus motivés encore, dans notre nouvelle<br />

salle Luchino Visconti ou dans la salle « historique », rénovée,<br />

dite désormais salle Hannah Arendt, pour découvrir cette<br />

seconde saison pleine de surprises, imaginées, conçues, préparées<br />

à votre intention.<br />

Joël Dragutin<br />

1


2<br />

SOMMAIRE<br />

AGENDA<br />

Le Café de la Plage<br />

Edito de Joël Dragutin<br />

page 1<br />

Les Décalés<br />

Ouverture de saison<br />

Du 20 au 22 septembre <strong>2013</strong><br />

pages 4-5<br />

Dossier<br />

« Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> : un théâtre de création »<br />

pages 6-9<br />

Concert Val d’Oise Océan<br />

Partenaire<br />

Le 28 septembre <strong>2013</strong><br />

page 66<br />

Bérénice de Jean Racine<br />

mise en scène Yannik Landrein<br />

Création<br />

Du 8 au 18 octobre <strong>2013</strong><br />

pages 10-11<br />

Dossier<br />

« Jeune création »<br />

pages 12-13<br />

Roman<br />

texte et mise en scène Clément Bondu<br />

Jeune création<br />

Du 6 au 8 novembre <strong>2013</strong><br />

pages 14-15<br />

Dossier<br />

« Le théâtre, le territoire,les habitants »<br />

pages 16-18<br />

Le Banquet de la vie<br />

texte et mise en scène Léa Dant<br />

Coproduction<br />

Du 15 au 17 novembre <strong>2013</strong><br />

page 19<br />

Sous la ceinture de Richard Dresser<br />

mise en scène Delphine Salkin<br />

Coproduction<br />

Les 22 et 23 novembre <strong>2013</strong><br />

pages 20-21<br />

Dossier<br />

« Jeune public »<br />

pages 22<br />

Un chien dans la tête<br />

de Stéphane Jaubertie<br />

mise en scène Olivier Letellier<br />

Jeune public<br />

Les 25 et 26 novembre <strong>2013</strong><br />

page 23<br />

La Maison et le Zoo d’Edward Albee<br />

mise en scène Gilbert Desveaux<br />

Coproduction<br />

Les 28 et 29 novembre <strong>2013</strong><br />

pages 24-25<br />

Ravel de Jean Echenoz<br />

mise en scène Anne-Marie Lazarini<br />

Coproduction<br />

Du 4 au 6 décembre <strong>2013</strong><br />

pages 26-27<br />

La Grenouille…<br />

du Vélo <strong>Théâtre</strong>, mise en scène<br />

Francesca Bettini - Jeune public<br />

Du 7 au 11 décembre <strong>2013</strong><br />

page 28<br />

Dossier<br />

« Le théâtre au service de la démocratie »<br />

pages 30-31<br />

La démocratie confisquée, ébranlée :<br />

à réinventer ?<br />

Colloque<br />

Le 7 décembre <strong>2013</strong><br />

page 32<br />

Catherine Clément<br />

« Les questions du genre »<br />

Conférence-Débat<br />

Le 11 décembre <strong>2013</strong><br />

page 33<br />

Le Guide du démocrate<br />

d’Éric Arlix et Jean-Charles Massera<br />

mise en scène Simon Delétang<br />

Le 13 décembre <strong>2013</strong><br />

page 34<br />

Le Dindon de Georges Feydeau<br />

mise en scène Vica Zagreba<br />

et Hélène Lebarbier<br />

Les 17 et 18 décembre <strong>2013</strong><br />

page 35<br />

Somewhere<br />

textes et mise en scène<br />

Christian Eymery<br />

Concert de Noël - Partenaire<br />

Le 21 décembre <strong>2013</strong><br />

page 66<br />

Détails de Lars Norén<br />

mise en scène Lena Paugam<br />

Jeune création<br />

Les 9 et 10 janvier <strong>2014</strong><br />

pages 36-37<br />

Blue Monday Jazz Apéro<br />

Partenaire<br />

Le 13 janvier <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

La Vie extérieure d’Annie Ernaux<br />

mise en scène Hugues Demorge<br />

Coproduction<br />

Les 17 et 18 janvier <strong>2014</strong><br />

page 38<br />

Récital Piano Campus<br />

Daniel Petrica Ciobanu<br />

Partenaire<br />

Le 24 janvier <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

Mythologies enfantines<br />

texte et mise en scène Joël Dragutin<br />

Création<br />

Du 28 au 31 janvier, du 5 au 14 février <strong>2014</strong><br />

pages 40-41<br />

Patrick Pelloux « La Santé / Une<br />

soirée sans ordonnances »<br />

Conférence-Débat<br />

Le 29 janvier <strong>2014</strong><br />

page 33<br />

Les coproductions du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

en tournée<br />

page 42


Blue Monday Jazz Apéro<br />

Partenaire<br />

Le 10 février <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

Dakini - Incantations<br />

d’Olivier Boninnec et Valérie Capdepont<br />

Le 28 février <strong>2014</strong><br />

page 43<br />

La Parité<br />

Création<br />

Les 6 et 7 mars <strong>2014</strong><br />

pages 44-45<br />

Blue Monday Jazz Apéro<br />

Partenaire<br />

Le 10 mars <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

Spirale d’Anne Provoost<br />

adaptation et mise en scène<br />

Eric de Dadelsen - Jeune public<br />

Le 14 mars <strong>2014</strong><br />

page 46<br />

Dal Vivo de Flop Lefebvre<br />

Jeune public<br />

Du 19 au 22 mars <strong>2014</strong><br />

page 47<br />

Lune Jaune… de David Greig,<br />

mise en scène Baptiste Guiton<br />

Coproduction<br />

Du 20 au 22 mars <strong>2014</strong><br />

pages 48-49<br />

Maître Fendard (ah, ah, ah)<br />

de Fred Tousch et François Rollin<br />

Coproduction<br />

Du 2 au 4 avril <strong>2014</strong><br />

pages 50-51<br />

i<br />

13 e Rencontres internationales de<br />

composition musicale<br />

de Cergy-Pontoise - Partenaire<br />

Les 5 et 6 avril <strong>2014</strong><br />

page 68<br />

Blue Monday Jazz Apéro<br />

Partenaire<br />

Le 7 avril <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

Les Contemporaines : Jon Fosse<br />

Le Manuscrit des chiens / Hiver / Rambuku<br />

Festival<br />

Du 9 au 11 avril <strong>2014</strong><br />

Pages 52-55<br />

Alan Sokal « Sciences, savoir, vérité –<br />

tout est relatif ? »<br />

Conférence-Débat<br />

Le 30 avril <strong>2014</strong><br />

page 33<br />

Les Présidentes de Werner Schwab<br />

mise en scène Yordan Goldwaser<br />

Jeune création<br />

Les 6 et 7 mai <strong>2014</strong><br />

pages 56-57<br />

Chantier de la classe théâtre du CRR<br />

Partenaire<br />

Les 9 et 10 mai <strong>2014</strong><br />

page 68<br />

Blue Monday Jazz Apéro<br />

Partenaire<br />

Le 12 mai <strong>2014</strong><br />

page 67<br />

Denis Podalydès « La culture »<br />

(sous réserve)<br />

Conférence-Débat<br />

Le 14 mai <strong>2014</strong><br />

Page 33<br />

Norma Jean<br />

texte et mise en scène John Arnold<br />

Les 15 et 16 mai <strong>2014</strong><br />

page 58<br />

L’Estivante, La Spectatrice<br />

texte et mise en scène Joël Dragutin<br />

Création<br />

Du 20 au 23 mai <strong>2014</strong><br />

pages 60-61<br />

Marie Tudor de Victor Hugo<br />

mise en scène LA gALERIE<br />

Jeune création<br />

Les 27 et 28 mai <strong>2014</strong><br />

pages 62-63<br />

La Chute d’Albert Camus<br />

mise en scène Géraud Bénech<br />

Hors les murs<br />

page 64<br />

CNSAD - Les autres « Journées de juin »<br />

Partenaire<br />

Du 3 au 8 juin <strong>2014</strong><br />

page 65<br />

L’Histoire du Soldat d’Igor Stravinsky et<br />

de C. F. Ramuz<br />

Partenaire<br />

Le 18 juin <strong>2014</strong><br />

page 69<br />

Action culturelle<br />

pages 70-71<br />

Courrier des spectateurs<br />

page 59<br />

Mortagne<br />

page 39<br />

Infos pratiques<br />

page 72<br />

Le club entreprises<br />

page 73<br />

Partenaires<br />

page 76<br />

Tarifs<br />

page 77<br />

Devenir un ami du <strong>Théâtre</strong><br />

page 77<br />

Bulletin de réservation<br />

page 78<br />

Calendrier des spectacles<br />

pages 79-80<br />

3


4<br />

LES<br />

DÉ<br />

CA<br />

LÉS<br />

VENDREDI 20 SEPTEMBRE<br />

DE 21 h À MINUIT<br />

SAMEDI 21 SEPTEMBRE<br />

DE 12 h À MINUIT<br />

DIMANCHE 22 SEPTEMBRE<br />

DE 12 h À 18 h<br />

RAPPEL :<br />

PRÉSENTATION DE SAISON<br />

VENDREDI 20 SEPTEMBRE<br />

À 19 h


Pour ouvrir sa saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> braque ses projecteurs sur les formes brèves.<br />

Au programme de ces trois jours « décalés », une quarantaine de « microformes » – de 2 à 12 minutes –<br />

ont été sélectionnées par un jury composé principalement de jeunes Cergypontains.<br />

On trouvera du théâtre bien sûr, et sous toutes ses formes, mais aussi d’autres expressions artistiques<br />

populaires : humour, danse urbaine, chanson, poésie, musique, arts de la rue, installations…<br />

Autant de propositions qui attestent une vitalité culturelle qu’il est temps de prendre en compte.<br />

Véritable « poste d’écoute » implanté<br />

dans une réalité urbaine qui préfigure le<br />

monde de demain, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ne cesse<br />

d’interroger l’ensemble des pratiques<br />

culturelles des habitants de l’agglomération.<br />

Majoritairement jeune, diversifiée<br />

et populaire, complétée de façon plus<br />

transitoire par les étudiants répartis sur<br />

les différents campus cergypontains,<br />

cette population ne se reconnaît pas<br />

toujours dans l’offre que lui proposent<br />

les institutions culturelles traditionnelles<br />

(théâtres, musées, médiathèques…).<br />

Elle lui préfère d’autres formes d’expression<br />

appartenant le plus souvent à la<br />

catégorie du divertissement : spectacles<br />

d’humour relayés par les petits écrans,<br />

web, TV, films « blockbusters », concerts<br />

« géants » de stars internationales. Ce<br />

mainstream culturel est volontiers méprisé<br />

par les héritiers de la culture « officielle<br />

», au prétexte qu’il induirait des<br />

comportements de consommateur (passivité,<br />

addiction, « panurgisme »). Mais,<br />

heureusement, cette catégorisation<br />

simpliste ne résume pas l’ensemble des<br />

pratiques culturelles de cette génération.<br />

Un regard attentif à ce qui se crée localement<br />

ou à ce qui s’expose sur le Net et se<br />

diffuse largement au moyen des réseaux<br />

sociaux, nous apprend que, à Cergy-<br />

Pontoise comme ailleurs, la culture ne<br />

cesse jamais de se transformer, d’innover,<br />

de vivre.<br />

Aussi, plutôt que de déplorer une fréquentation<br />

trop faible de nos salles par<br />

cette jeune génération, de stigmatiser<br />

son manque d’adhésion à des pratiques<br />

aux antipodes de ses codes et de ses représentations,<br />

nous faisons au contraire<br />

le choix de lui ouvrir ce théâtre. Ces<br />

jeunes gens pourront s’en approprier<br />

chaque recoin, pour y créer le plus librement<br />

possible, sans frontières disciplinaires.<br />

Nous leur proposons un format<br />

court, mieux adapté à leurs standards<br />

(clips, sketches, chansons…), et l’accueil<br />

d’un grand nombre de propositions sur<br />

trois jours. Enfin, nous avons renoncé<br />

à la distinction entre amateurs et professionnels,<br />

le plus souvent inopérante<br />

lorsqu’il s’agit d’artistes qui n’appartiennent<br />

ni aux réseaux officiels ni aux<br />

lieux institués.<br />

Les Décalés seront l’occasion pour tous<br />

ceux qui ne vont pas « naturellement »<br />

au théâtre de découvrir de jeunes talents<br />

qui leur ressemblent et de s’approprier<br />

un lieu de culture et de création qui est<br />

aussi le leur. Et, pour tous ceux qui sont<br />

des fidèles, de comprendre et apprécier<br />

l’expression artistique des nouvelles générations<br />

Génération LOL<br />

En « stand up » ou sous forme de<br />

« buzz » sur Youtube, au travers de<br />

jeux verbaux ou de situations insolites,<br />

l’humour, la poésie, l’invention<br />

rythment la vie quotidienne<br />

de la jeune génération. Ils sont le sel<br />

des rapports sociaux, des échanges<br />

en « live » ou par SMS, comme des<br />

commentaires lâchés sur les murs<br />

virtuels. Les médias et les communicants<br />

s’en sont emparé depuis<br />

longtemps. L’humour, la poésie, le<br />

décalage, ce sont en quelque sorte<br />

les couleurs d’une génération !<br />

Ils seront donc naturellement au<br />

centre des propositions de ces trois<br />

jours « décalés ».<br />

5


6<br />

« J’AI<br />

BEAUCOUP,<br />

BEAUCOUP,<br />

BEAUCOUP<br />

AIMÉ… »<br />

Joël Dragutin, La Spectatrice


LE THÉÂTRE <strong>95</strong> :<br />

UN THÉÂTRE DE CRÉATION<br />

C’est la création théâtrale qui fonde<br />

l’identité du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>. Écriture, mise<br />

en scène, utopie sociale d’une vie émancipée<br />

du consumérisme et de toutes les<br />

formes d’aliénations fabriquent le quotidien<br />

d’un outil et d’une équipe de<br />

production ancrés dans la Cité.<br />

L’histoire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> commence<br />

avec un parti pris radical : il s’agit<br />

d’expérimenter des formes scéniques<br />

et des écritures, et de solliciter la participation<br />

du public à l’élaboration de<br />

l’œuvre artistique, apportant par là une<br />

légitimité nouvelle à la jeune structure.<br />

Au fil des années, le projet évolue, la<br />

mise en œuvre gagne en maturité : élargissement<br />

du champ des mythologies<br />

contemporaines, dialogue avec les auteurs<br />

vivants, invitation du public à la<br />

prospective sociale et regard réflexif sur<br />

les esthétiques de la société du spectacle<br />

et sur les conséquences des mutations<br />

en cours dans tous les domaines du<br />

savoir et des disciplines...<br />

Le processus de création mis en œuvre<br />

par Joël Dragutin va révéler l’identité<br />

de ce théâtre, la nourrir et constamment<br />

la modeler.<br />

L’auteur-metteur en scène conçoit la<br />

création théâtrale comme une échappée<br />

belle au-delà des idéologies, des<br />

propagandes et des censures de toutes<br />

natures – même lorsque celles-ci se parent,<br />

comme parfois dans notre société<br />

consumériste, des attributs d’un combat<br />

pour la liberté de pensée.<br />

Signifier scéniquement sa « vérité » de<br />

l’humain, formuler des bribes d’utopies<br />

encore audibles, lutter contre tout<br />

renoncement à la vie de la pensée, à<br />

la « spiritualité » de la poétique, à la<br />

critique de la comédie sociale, à cette<br />

fameuse « lueur d’espoir » qui a fait<br />

l’objet de si nombreux débats au sein<br />

du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> : telles sont les pistes<br />

dramaturgiques poursuivies.<br />

Depuis l’origine, à partir d’une investigation<br />

aux frontières de l’ethnologie<br />

et de la sociologie, tentative de mise<br />

à jour des structures des mythologies<br />

qui dessinent la réalité de nos classes<br />

sociales, Joël Dragutin reconstruit les<br />

cadres dans lesquels les histoires de ses<br />

personnages se jouent : les images du<br />

bonheur des magazines ou des spots<br />

publicitaires, l’univers viril et déchaîné<br />

du succès managérial, les dérives<br />

du discours politique ou de la sphère<br />

culturelle, la novlangue des technologies<br />

de la communication et de la globalisation,<br />

le catastrophisme des idéalismes<br />

brisés…<br />

Ce travail de création original se situe en<br />

outre dans un territoire particulier : l’agglomération<br />

nouvelle, génératrice et<br />

avide de mythologies contemporaines,<br />

inventrice de modes de vie et de paroles<br />

spécifiques. Il correspond à un dialogue<br />

engagé entre les habitants de ce territoire<br />

– à la fois sujets de la pièce, acteurs<br />

volontaires ou inconscients de la<br />

prise de parole des personnages, et public<br />

recherché et désiré – et un auteur,<br />

entouré d’une équipe de création, qui,<br />

si elle n’est plus la troupe rêvée d’une<br />

utopie théâtrale désormais révolue, a su<br />

maintenir des fidélités, des amitiés et<br />

des engagements sans faille pour ce travail<br />

singulier entre tradition (la troupe,<br />

l’humour, la passion) et postmodernité<br />

(la sémiotique, la technologie, l’autoréflexivité).<br />

Sous l’impulsion de son auteur-directeur,<br />

le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> vise donc à une<br />

critique au scalpel de notre société,<br />

certes teintée de compréhension, de<br />

tendresse et toujours accompagnée<br />

d’un humour bienveillant. Décryptant<br />

les pouvoirs de tous ordres, les aliénations<br />

politiques, névrotiques ou amoureuses,<br />

les mirages du matérialisme, du<br />

libéralisme, de la consommation, la<br />

confusion entre croissance et progrès,<br />

il défend, tout en l’illustrant par ses<br />

modes de création et le rapport qu’il<br />

entretient avec ses publics, une pensée<br />

7


8<br />

libertaire et vivifiante, la recherche d’un<br />

gai savoir, le plaisir partagé de l’intelligence,<br />

la réconciliation avec l’« être » du<br />

monde et du langage.<br />

C’est ainsi que, au-delà de la création<br />

et des représentations des pièces de Joël<br />

Dragutin, l’ensemble de la programmation<br />

et des travaux du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> se<br />

fabrique dans l’esprit du processus créatif<br />

que nous venons d’esquisser, depuis<br />

l’accueil de nombreux auteurs et metteurs<br />

en scène contemporains qui expriment<br />

une proximité dans leurs créations<br />

avec les partis pris esthétiques et<br />

citoyens, jusqu’aux ateliers de pratique<br />

et d’éducation artistiques, en passant<br />

par la mise en scène d’auteurs classiques<br />

envisagés d’abord comme des « contemporains<br />

de leur temps », sans oublier les<br />

cycles de conférences-débats, les festivals<br />

internationaux, la découverte de<br />

jeunes artistes, les tournées de petites<br />

formes proactives…<br />

La liste est désormais très longue des<br />

auteurs vivants souvent jeunes, des<br />

metteurs en scène ou des compagnies<br />

qui ont nourri les saisons du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

(et, dans cette liste, nombre de projets<br />

et de spectacles n’auraient pu voir le<br />

jour sans le soutien de ce lieu d’invention<br />

et de liberté) : René Loyon, David<br />

Ayala, Philippe Calvario, le collectif<br />

DRAO, Léa Dant, Gilles Gleizes, Sylvie<br />

Ollivier, Stéphane Braunschweig,<br />

Florence Giorgetti, Michael Batz, Julie<br />

Duclos, Maxime Franzetti, Serge Cribus,<br />

Howard Barker, Xavier Maurel,<br />

Mario Gonzalez, Catherine Anne,<br />

David Noir, Éléonore Weber, Frédéric<br />

Constant, Elsa Solal, Geneviève Rosset,<br />

Gerold Schuman, Anne-Marie Lazarini,<br />

Rémi De Vos, Stéphanie Loïk, etc.<br />

Ainsi l’ensemble du travail de l’équipe<br />

artistique au sein du théâtre constituet-il<br />

une sorte de mise en abyme de la<br />

démarche créative de l’auteur-metteur<br />

en scène. Sans doute parce que créer<br />

n’est pas reproduire, ni même tout-à-<br />

fait exactement produire, et que les modalités<br />

de la création influencent profondément<br />

sa concrétisation et jusqu’à<br />

sa finalité.<br />

Ajoutons que, si l’humour et la dis-<br />

tance irriguent l’ensemble du projet<br />

artistique du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, si ces modes<br />

de représentations accompagnent le<br />

plus souvent des démarches artistiques<br />

profondément impliquées dans<br />

leur époque, voire politiquement exigeantes,<br />

la programmation du théâtre a<br />

toujours fait la part belle à des œuvres<br />

dont le travail sur la langue et la rigueur<br />

littéraire renouvellent le répertoire dramatique,<br />

et dont les mises en jeu proposent<br />

également des visions scéniques<br />

profondément originales.<br />

Mais, répétons-le une fois encore, pour<br />

le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, l’ambition artistique ne<br />

doit jamais aboutir à une sacralisation<br />

élitiste de la culture, et tous les créateurs<br />

qui s’y retrouvent partagent avant<br />

tout le souci d’être sérieux le plus possible<br />

sans pour autant se « prendre au<br />

sérieux », et tous préservent, dans leur<br />

démarche, la part de la mise en doute,<br />

voire en crise, de cette démarche ellemême.<br />

Pour illustrer la poursuite de cette<br />

délicatesse en forme de « marque de<br />

fabrique » du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, on peut évoquer<br />

encore, dans le travail de son directeur,<br />

la série des petites formes sur<br />

la société du spectacle égrenées à des<br />

moments clés de l’évolution du théâtre :<br />

La Spectatrice, Chantiers publics, et, qui<br />

sera créée cette saison, L’Estivante. Ces<br />

petites formes permettent à Joël Dragutin<br />

de porter sur son propre théâtre<br />

un regard décapant, le comique provocateur<br />

de la satire sociale, la démystification<br />

des postures et le décodage des<br />

conditionnements…<br />

Valérie Battaglia<br />

LES RENDEZ-VOUS<br />

CRÉATION<br />

BÉRÉNICE<br />

PP. 10/11<br />

MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />

PP. 40/41<br />

LA PARITÉ<br />

PP. 44/45<br />

LA SPECTATRICE, L’ESTIVANTE<br />

PP. 60/61


10<br />

BÉRÉNICE<br />

de Jean Racine<br />

mise en scène de Yannik Landrein<br />

Bérénice est l’histoire<br />

d’un mensonge long de cinq ans,<br />

d’une passion aveugle et de<br />

leur « effet papillon ».<br />

L’empereur Titus achève de rendre les<br />

honneurs funèbres à son père Vespasien.<br />

La rumeur dit que, se sentant libre désormais,<br />

il va épouser Bérénice, la reine de<br />

Palestine. Antiochus, le roi de Comagène,<br />

confident du couple, s’apprête, après cinq<br />

ans d’amour muet, à lui déclarer ses sentiments,<br />

avant de quitter Rome pour<br />

toujours. Dans le même temps, conscient<br />

que son devoir s’oppose à cet union, car<br />

le Sénat a toujours interdit à l’empereur<br />

d’épouser une reine étrangère, Titus se<br />

résout à renvoyer Bérénice dans son pays<br />

et demande à Antiochus de lui délivrer le<br />

message d’adieu et de départ qu’il n’a pas<br />

osé lui adresser lui-même. La reine refuse<br />

de le croire. Elle tente en vain de fléchir<br />

Titus et semble décidée à mourir plutôt<br />

que de renoncer à son amour…<br />

mardi 8, mercredi 9, vendredi 11,<br />

samedi 12, mardi 15<br />

et vendredi 18 octobre à 20 h 30,<br />

jeudis 10 et 17 octobre à 19 h,<br />

vendredi 11, mardi 15<br />

et vendredi 18 octobre à 14 h 30,<br />

dimanche 13 octobre à 16 h


Yannik Landrein<br />

Né en 1984, Yannik Landrein<br />

débute sa formation théâtrale au<br />

CNR de Versailles, avant d’intégrer<br />

l’ESAD, puis d’entrer au Conservatoire<br />

national supérieur d’Art dramatique,<br />

dans les classes de Daniel<br />

Mesguich et Nada Strancar.<br />

Ces années lui ont permis de<br />

rencontrer et de travailler avec<br />

des artistes tels que Jean Claude<br />

Cotillard, Nicolas Bouchaud,<br />

Michel Didym, Sophie Loucachevski,<br />

Yves Beaunesne, Hans Peter<br />

Cloos, Caroline Marcadé, Christophe<br />

Patty…<br />

En 2012, il interprète le vicomte de<br />

Valmont dans Les Liaisons dangereuses,<br />

mis en scène par John Malkovich<br />

au <strong>Théâtre</strong> de l’Atelier, et il<br />

jouera en <strong>2014</strong> dans Comme il vous<br />

plaira de Shakespeare sous la direction<br />

de Patrice Chéreau au <strong>Théâtre</strong><br />

de l’Odéon. Bérénice est sa première<br />

mise en scène.<br />

avec Julien Bouanich, Florent Dorin,<br />

David Houri, Pauline Huruguen,<br />

Yannick Landrein, Julie Moulier<br />

et Stanley Weber<br />

scénographie Charles Vitez<br />

lumière Julien Dubuc<br />

son Grégoire Letouvet<br />

coproduction Mouvement du 22, <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>,<br />

<strong>Théâtre</strong> d’Annonay / avec la participation artistique<br />

du Jeune théâtre national<br />

Bérénice de Racine a été écrit dans un<br />

contexte particulier, que pouvez-vous<br />

nous en dire ?<br />

Yannik Landrein : Un an auparavant,<br />

une cabale fomentée par Corneille avait<br />

fait tomber Britannicus.<br />

Mû par un désir de revanche et de reconnaissance,<br />

Racine s’attelle aussitôt à l’écriture<br />

de Bérénice. En même temps, Corneille<br />

compose Tite et Bérénice. Les deux<br />

pièces sont présentées à une semaine<br />

d’intervalle.<br />

Il est fréquent à l’époque que plusieurs<br />

auteurs s’emparent d’un même sujet,<br />

mais, cette fois, ce sont les deux poètes<br />

les plus puissants de leur temps qui se<br />

confrontent, deux auteurs qui au surplus<br />

se détestent. Le concours d’écriture<br />

devient vite une guerre qui oppose deux<br />

mondes, deux générations, deux manières<br />

de penser le théâtre. La Tradition<br />

contre le Renouveau.<br />

Avec, en jeu, ni plus ni moins que la<br />

supériorité incontestée de l’un sur l’autre.<br />

La victoire est sans appel. Si Tite et Bérénice<br />

rencontre un succès plus qu’honorable,<br />

Bérénice de Racine le surclasse dans<br />

tous les domaines et le public parisien<br />

adopte instantanément la tragédie nouvelle<br />

proposée par Racine.<br />

Ainsi, trois ans après qu’Andromaque eut<br />

révélé le talent prodigieux de Racine, Bérénice<br />

consacre son génie.<br />

Que vous évoque cette histoire de la<br />

guerre des Bérénice ?<br />

Quand Racine écrit les premiers vers de<br />

sa pièce, il est seul contre tous. Ses seuls<br />

alliés sont sa confiance et son talent.<br />

Cette histoire nous dit d’abord le courage,<br />

la foi, l’audace, l’impertinence, la<br />

fougue, la révolte, l’insoumission avec<br />

lesquels Racine a composé cette œuvre et<br />

avec lesquels nous devons travailler Bérénice,<br />

si nous voulons lui être fidèle.<br />

Surtout, Bérénice était le manifeste de la<br />

révolution théâtrale voulue par Racine.<br />

Elle nous dit que l’art est un combat pour<br />

exister dans un monde qui ne nous appartient<br />

pas, mais qu’il nous faut conquérir.<br />

Et nous souffle que, pour arriver à<br />

cela, nous devons croire en notre génie.<br />

Quels ont été vos partis pris dans la<br />

mise en scène ?<br />

Ce qui est ironique, c’est qu’aujourd’hui<br />

on voit la tragédie classique de la même<br />

manière que Racine voyait la tragédie<br />

cornélienne. À savoir poussiéreuse, emphatique,<br />

invraisemblable, et très éloignée<br />

de nos réalités.<br />

Racine voulait une tragédie dépouillée,<br />

concentrée sur l’essentiel, une tragédie<br />

pure, rajeunie, et surtout qui peindrait<br />

de la manière la plus fidèle qui soit toutes<br />

les subtilités de la passion humaine. La<br />

mise en scène s’attachera donc à traduire<br />

le désir de Racine, en offrant aux acteurs<br />

un terrain de jeu propice au spectacle<br />

des passions, et aux spectateurs un laboratoire<br />

fantastique où l’homme devient<br />

tout et tout devient humain.<br />

Pourquoi un jeune metteur en scène<br />

s’attaque-t-il à un classique comme<br />

Bérénice ?<br />

D’abord, il y a eu ce constat que mes<br />

batailles et mes révoltes sont les mêmes<br />

que celles de mes contemporains : une<br />

réaction aux réalités sociales et politiques<br />

dans lesquelles nous évoluons…<br />

Mais parce que je crois à l’idée que l’art<br />

doit inspirer le quotidien bien plus que le<br />

quotidien n’inspire l’art, mettre en scène<br />

Bérénice s’est imposé comme une respiration<br />

nécessaire par rapport à cette colère<br />

générationnelle dont je suis moi-même<br />

porteur. La force du théâtre racinien, c’est<br />

que, loin d’être une mise à distance, il est<br />

une prise de hauteur.<br />

Bérénice n’a pas vocation à être un pansement<br />

sur la fracture sociale, son objet est<br />

de mettre l’homme dans ce qu’il a de plus<br />

éternel face à ses questions essentielles.<br />

Elle ne se préoccupe pas du particulier,<br />

seul le fondamental l’intéresse.<br />

De fait, il était important pour moi de<br />

faire entendre que le terme « classique »<br />

définit certes un cadre littéraire, mais pas<br />

un propos, ni une pensée. « Classique » ne<br />

signifie ni « archaïque » ni « conventionnel<br />

». Les questions que pose Bérénice, les<br />

faiblesses qu’elle éclaire, l’humain qu’elle<br />

révèle ne sont pas d’un autre temps. C’est<br />

nous, dans ce que nous avons de plus<br />

contemporain.<br />

propos recueillis par le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

11


12<br />

LES RENDEZ-VOUS<br />

JEUNE CRÉATION<br />

ROMAN<br />

PP. 14/15<br />

DÉTAILS<br />

PP. 36/37<br />

LES PRÉSIDENTES<br />

PP. 56/57<br />

MARIE TUDOR<br />

PP. 62/63<br />

CRÉATION


En 2012-<strong>2013</strong>, quatre jeunes compagnies ont eu carte blanche pour proposer au public cergypontain<br />

des créations souvent surprenantes, parfois déroutantes, mais toutes débordantes d’un désir et d’une<br />

énergie qui sont la marque d’une génération montante d’artistes et de créateurs de théâtre.<br />

Cette saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> reconduit ce cycle « Jeune Création » qu’il avait initié sans savoir<br />

qu’il deviendrait l’une des grandes priorités du ministère de la Culture.<br />

Pour son directeur, Joël Dragutin, soutenir l’émergence de ceux qui « produisent déjà le théâtre<br />

de demain » est au cœur de la mission d’une scène conventionnée aux écritures contemporaines.<br />

Qu’entend-on par «jeune création » ?<br />

Par quels critères peut-on la distinguer<br />

de la création théâtrale en général ?<br />

Joël Dragutin : La notion de « jeune<br />

création » est par essence subjective. Si<br />

par « jeune » par exemple on entend « novateur<br />

», alors un spectateur peut en effet<br />

trouver une création très « jeune » dans<br />

son esthétique, dans son approche, sa<br />

thématique, tandis qu’un autre la jugera<br />

plutôt conventionnelle. Restent alors les<br />

critères de l’âge du créateur et de son<br />

expérience vécue, qui peuvent sembler<br />

arbitraires, mais qui ont au moins l’avantage<br />

d’être objectifs, et ce sont ces critères<br />

qui ont été retenus par le ministère de la<br />

Culture. Un mot sur cette priorité définie<br />

par le ministère : il se trouve que ce souci<br />

est le nôtre depuis longtemps. Nombreux<br />

sont les auteurs ou les metteurs en scène<br />

que nous avons soutenus dans le début<br />

de leur carrière. Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, il faut le<br />

répéter, a été et demeure, comme l’a dit<br />

l’un d’entre eux « un lieu du possible ».<br />

Oui, nous avons beaucoup accompagné<br />

la « jeune création » sans qu’on nous le<br />

demande !<br />

Quel est le profil de ces jeunes créateurs<br />

?<br />

Il s’agit de metteurs en scène ou d’auteurs-metteurs<br />

en scène qui ont entre<br />

vingt et trente ans. Il doivent posséder<br />

une relative expérience du travail de plateau<br />

et justifier d’un nombre suffisant de<br />

créations à leur actif (deux ou trois) pour<br />

pouvoir être identifiés.<br />

En quoi consiste pratiquement cette<br />

aide à la jeune création ?<br />

Chaque compagnie est accueillie pour<br />

une résidence d’au moins une semaine.<br />

Le temps de finaliser un travail de création<br />

et de l’adapter aux exigences techniques<br />

de la salle. Je rappelle que selon<br />

les propositions, les jeunes compagnies<br />

disposent de la salle modulable (salle Visconti)<br />

ou de la salle « historique » (salle<br />

Arendt). Le spectacle est ensuite proposé<br />

au public pour deux ou trois représentations,<br />

ni plus ni moins que la moyenne<br />

des spectacles accueillis au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

Pouvez-vous nous tracer en quelques<br />

mots les grandes lignes du cycle « Jeune<br />

création » <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>.<br />

Nous avons choisi à la fois un jeune auteur,<br />

comme Clément Bondu, qui ouvrira<br />

ce cycle en novembre <strong>2013</strong> avec une<br />

pièce inédite, et de jeunes metteurs en<br />

scène – Lena Paugam, Yordan Goldwaser,<br />

Céline Champinot et le groupe LA<br />

gALERIE – qui posent un regard nouveau<br />

sur des œuvres du répertoire classique<br />

ou contemporain : Norén, Schwab,<br />

Hugo… Chacun a une approche du<br />

théâtre qui lui est propre, qu’il s’agisse du<br />

propos, des matériaux employés ou du<br />

processus de création. Mais ils sont tous<br />

des artistes de leur temps et dans leur<br />

temps, et s’adressent de façon consciente<br />

à un public d’aujourd’hui.<br />

Qu’est-ce qui, selon vous, rapproche<br />

ou distingue les jeunes créateurs d’aujourd’hui<br />

de ceux de la génération précédente<br />

?<br />

La civilisation du verbe peu à peu cède<br />

le pas à une civilisation de l’image et<br />

du son. Aujourd’hui, le processus de la<br />

création théâtrale se rapproche de plus<br />

en plus de celui de la création cinématographique<br />

ou vidéo, avec lesquels les<br />

jeunes créateurs et le public jeune sont<br />

souvent plus en phase. Les croisements<br />

disciplinaires qui s’opèrent naturellement<br />

permettent de multiplier les possibilités<br />

créatives. D’ailleurs, la division même du<br />

travail artistique entre créateurs (auteurs,<br />

metteurs en scène), techniciens et interprètes<br />

est remise en cause. Dès leurs années<br />

d’études, les jeunes gens se trouvent<br />

engagés dans des projets collectifs où ils<br />

assument des rôles divers – auteur, dramaturge,<br />

chorégraphe, acteur, vidéaste,<br />

créateur sonore, metteur en scène –, en<br />

fonction des désirs ou des conditions<br />

dans lesquelles ils produisent.<br />

Vous êtes à la fois directeur du <strong>Théâtre</strong><br />

<strong>95</strong> et auteur. Cette réflexion sur la<br />

jeune création que vous menez depuis<br />

longtemps a-t-elle une incidence sur<br />

votre écriture ?<br />

Tout créateur a été un jour un jeune<br />

créateur… et ne doit pas l’oublier ! La<br />

confrontation permanente avec les<br />

jeunes artistes de la génération montante<br />

n’a jamais cessé de nourrir mon<br />

travail de création : dans Une maison<br />

en Normandie, créée à l’automne 2012,<br />

j’ai exploré à ma façon les mêmes voies<br />

qu’empruntent bien des jeunes créateurs<br />

d’aujourd’hui. J’ai construit ce spectacle<br />

à partir de « chantiers » et en grande partie<br />

sur le plateau, en laissant la parole aux<br />

acteurs, jeunes pour la plupart. Ils ont<br />

mis à l’épreuve de leur vision propre de<br />

ce monde que nous partageons pourtant<br />

le canevas que j’avais prémédité. Le texte<br />

que j’ai produit en dernière étape porte la<br />

marque de leur vécu, de leur regard, de<br />

leurs aspirations.<br />

propos recueillis par Géraud Bénech<br />

13


14<br />

ROMAN<br />

texte et mise en scène de Clément Bondu<br />

Je meurs d’espoir d’embrasement je meurs je meurs pendu égorgé je meurs mais je ne dis pas notre<br />

amour est fini et mort non notre amour est impérissable.<br />

Mahmoud Darwich<br />

Un homme et une femme se retrouvent<br />

dans les ruines d’un bar « karaoké ». Une<br />

maison abandonnée. Un appartement<br />

vide. Tout est blanc. Dévasté. Lui et elle.<br />

Dans cet espace clos. Intérieur. Elle et lui.<br />

L’un à l’autre. Confrontés. Un homme.<br />

Une femme. Une femme. Un homme.<br />

L’un à l’autre. Affrontés.<br />

Roman. Le langage veut se faire histoire.<br />

Mais il n’y a pas d’histoire. Tout juste le<br />

flux continu des mots qui nous assaillent,<br />

des idées qui nous hantent, des ombres<br />

avec Julien Allouf et Naïs El Fassi<br />

scénographie Élodie Dauguet<br />

voix-off Michel Archimbaud<br />

Algérie News : Votre pièce Roman est<br />

une sorte de chronique obsessionnelle<br />

dont on n’arrive pas à fixer la portée.<br />

Est-elle purement existentialiste ou<br />

plutôt liée à l’amour torturé du personnage<br />

de l’homme face à la femme<br />

impossible ?<br />

Clément Bondu : L’enjeu réside justement<br />

dans cette multiplicité thématique<br />

qui englobe l’ensemble des questionnements<br />

formulés par les deux figures de la<br />

pièce, Lui et Elle, dont la pierre angulaire<br />

est : comment vivre sa vie ? Sans qu’on<br />

sache grand-chose, la pièce débute avec<br />

Lui, face à Elle. Ce sont des retrouvailles,<br />

on le comprend peu à peu. On est dans<br />

un endroit détruit, fantomatique ou rêvé,<br />

un lieu de tous les possibles, comme on<br />

en trouve chez Antonioni, Melville, ou<br />

dans les films de Théo Angelopoulos.<br />

Elle, on le comprend aussi peu à peu, c’est<br />

qui nous poursuivent, des fantômes de<br />

l’enfance, des fantasmes de l’adolescence.<br />

Notre vie. Comme un roman. Vanité,<br />

vanité. Nature morte dans un karaoké.<br />

Un homme et une femme cherchent la<br />

joie. Souvenirs. Flash-backs. Images d’un<br />

passé révolu. L’amour. L’amour fou. La<br />

jeunesse. Ou quelque chose comme ça.<br />

Dans les ruines d’un bar « karaoké ». Une<br />

maison abandonnée. Un appartement<br />

vide. Tout est blanc. Dévasté. Il pleut. Il<br />

pleut des cordes. À l’intérieur. Il pleut. La<br />

production L’Impossible et la Comédie de Reims-CDN<br />

/ coproduction <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> /avec la participation du<br />

JTN et le soutien de l’Espace Plasti d’Alger<br />

une sorte de miroir pour ses fantasmes à<br />

Lui, ses projections masculines, égoïstes,<br />

angoissées. Elle est comme un personnage<br />

de roman, le personnage du roman que<br />

Lui se fait. C’est le début du Bleu du ciel<br />

de Bataille : « Un peu plus, un peu moins,<br />

tout homme est suspendu aux récits, aux<br />

romans qui lui révèlent la vérité multiple<br />

de la vie. » Pour ça, la structure temporelle<br />

de la pièce est heurtée, comme la mémoire,<br />

elle fonctionne par à-coups, séquences<br />

courtes, flash-backs. Et l’espace dont je<br />

parlais est ce lieu vide, vidé, comme une<br />

page blanche, où révéler ces tentatives<br />

désespérées.<br />

On remarque un contraste entre la volubilité<br />

de la pièce et le propos véhiculé<br />

dans le prologue qui affirme a priori<br />

que les limites du langage sont celles<br />

du monde… Peut-on en déduire que la<br />

pluie lave les paroles. La bave. La pluie<br />

lave. Les visages des vivants. Les douleurs.<br />

Les retrouvailles. Les séparations. Il pleut.<br />

Il pleut des cordes. À l’intérieur. La pluie<br />

emporte la blancheur. L’eau coule. Le vide<br />

s’efface. Enfin. La pluie découvre les couleurs.<br />

Révèle le temps disparu.<br />

Clément Bondu<br />

Roman a été écrit lors d’une résidence<br />

à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon<br />

(Centre national des écritures du spectacle).<br />

mercredi 6<br />

et vendredi 8 novembre à 20 h 30<br />

jeudi 7 novembre à 19 h<br />

pièce questionne cette impossibilité de<br />

vivre sans définir la vie par des mots ?<br />

Oui. Ce sont des mots empruntés à<br />

Godard. On serait quelque part entre le<br />

poème et la psychanalyse. Tenter de savoir<br />

comment on peut se libérer de l’étroitesse<br />

de sa vie par la profusion du langage.<br />

Pour se rendre compte qu’on a vécu, saisir<br />

un peu du passé, et envisager les luttes<br />

à venir. Mais ça, d’ailleurs, c’est son problème<br />

à Lui. Elle est beaucoup plus forte,<br />

concrète, capable de silence. Roman, c’est<br />

ma première pièce qui ne soit pas l’adaptation<br />

d’un texte préexistant (Dostoïevski,<br />

Brecht), alors forcément, c’est un peu<br />

autobiographique, c’est un acte de naissance,<br />

je me libère, et c’est bien sûr de ma,<br />

de notre jeunesse qu’il s’agit. C’est la genèse.<br />

Je voulais parler de tout. L’amour, la<br />

mort, le désir, l’angoisse. Dans cet état de<br />

tremblement. D’une rencontre. Devant


quelqu’un qu’on aime. Je voulais sans<br />

doute retrouver une forme de candeur.<br />

Loin du cynisme désabusé de l’époque.<br />

Roman est donc votre première pièce<br />

en tant qu’auteur-metteur en scène.<br />

Quelle est votre vision du théâtre tant<br />

par rapport à la tendance en France<br />

qu’aux références connues de la production<br />

théâtrale contemporaine ?<br />

En France, il y a depuis plusieurs années<br />

une nouvelle vague d’auteurs-metteurs<br />

en scène, de collectifs, d’écriture de plateau,<br />

dont je me sens proche. Et face à ça,<br />

des metteurs en scène de répertoire. Ce<br />

qui est très bien aussi, mais qui ne représente<br />

pas du tout le même métier, si c’est<br />

un métier. De toute façon, au fond, je me<br />

fous un peu du théâtre. Ce qui me fait<br />

vivre, ce sont les romanciers, les poètes,<br />

Clément Bondu<br />

Né en 1988, Clément Bondu écrit<br />

principalement pour le théâtre et la<br />

musique. Il est cofondateur de La<br />

Meute et de L’Impossible, structures<br />

avec lesquelles il monte ses<br />

textes depuis 2010. De ses nombreux<br />

voyages, il tire une série de<br />

poèmes qu’il porte régulièrement à<br />

la scène avec le compositeur Jean-<br />

Baptiste Cognet et le label Music<br />

for a train. En 2011, Clément<br />

Bondu reçoit l’encouragement du<br />

CNT pour sa pièce Idiots, d’après<br />

les cinéastes. Pasolini, Duras, Kateb Yacine,<br />

Roberto Bolano, etc. D’ailleurs je<br />

fais autant du théâtre que de la musique,<br />

comme avec Errances, que je prépare, qui<br />

est un truc hybride où je parle et chante<br />

pendant une heure et demie, avec huit<br />

musiciens qui m’accompagnent. Un<br />

peu comme du Ferré dernière période.<br />

En tout cas, ça me plaît, ça m’excite.<br />

J’ai envie de tout essayer, faire des films,<br />

écrire des tas de textes, changer. Je ne sais<br />

pas. Voyager. Regarder le visage des gens.<br />

Et me rentrer dans le crâne que tout ça,<br />

même si c’est important, bien sûr, ça n’est<br />

pas non plus la seule raison de vivre.<br />

propos recueillis par Sarah Haidar<br />

Algérie News, janvier <strong>2013</strong><br />

Dostoïevski, mise en espace par<br />

Frédéric Maragnani aux Rencontres<br />

d’été de la Chartreuse de<br />

Villeneuve-lez-Avignon. En 2012,<br />

en résidence à la Chartreuse, il écrit<br />

La musique la liberté d’après Baal<br />

de Brecht, qu’il met en scène à Paris<br />

au CNSAD (atelier de troisième<br />

année) et publie son recueil Premières<br />

impressions (L’Harmattan),<br />

dont deux disques sont nés : Premières<br />

impressions (EP, 2011) et Premières<br />

impressions # 2 (EP, <strong>2013</strong>).<br />

En <strong>2013</strong>, dans le cadre d’Acte zéro,<br />

résidence de la compagnie L’Impossible<br />

au Studio de la Comédie de<br />

Reims menée de pair avec Julien<br />

Allouf, il compose et interprète la<br />

musique de Prose du Transsibérien<br />

d’après Blaise Cendrars, et présente<br />

Roman dans une première étape de<br />

chantier. En <strong>2014</strong>, Clément Bondu<br />

créera Errances, poème-oratorio-rock,<br />

présentera À nos adieux,<br />

d’après Hamlet de Shakespeare, et<br />

poursuivra l’écriture d’un livret<br />

d’opéra intitulé Révolution. Il sera<br />

également intervenant au Conservatoire<br />

de Lyon (CNR) et au Studio-théâtre<br />

d’Asnières.<br />

15


16<br />

LES RENDEZ-VOUS<br />

LE TERRITOIRE ,<br />

LES HABITANTS<br />

LE BANqUET DE LA VIE<br />

P. 19<br />

LA VIE ExTÉRIEURE<br />

P. 38


LE THÉÂTRE,<br />

LE TERRITOIRE,<br />

LES HABITANTS<br />

« Le théâtre (…) même dans ses formes les plus épurées<br />

reste porteur d’un message social et (…) ne peut « passer » que sur la<br />

base d’un accord immédiat et profond avec les valeurs<br />

et les attentes du public. »<br />

Pierre Bourdieu<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’est développé sur un territoire<br />

porteur de l’imaginaire puissant<br />

d’une ville nouvelle pionnière et novatrice.<br />

Il est allé à la rencontre d’un public<br />

nourri des mythologies contemporaines<br />

d’une société d’abord fondée sur la certitude<br />

d’un progrès et d’une croissance<br />

permanente, puis désorientée par la remise<br />

en cause définitive de ces postulats,<br />

et enfin ébranlée par l’absence de projet<br />

collectif pour son avenir.<br />

Joël Dragutin et son équipe de création<br />

ont mené ici depuis des années, un travail<br />

théâtral participatif, engagé, décalé,<br />

empreint de tendresse et d’humour, un<br />

travail théâtral qui a interrogé l’histoire,<br />

l’identité, les aspirations de cette communauté<br />

qui, sous bien des aspects, représente<br />

la diversité et la singularité de notre<br />

société tout entière.<br />

Parce que le théâtre ne peut exister sans<br />

son public, parce que le public est le sujet<br />

même du théâtre, parce que rien au<br />

monde pour les êtres humains ne peut<br />

exister sans sa représentation, parce que<br />

« être et paraître coïncident » (Hannah<br />

Arendt), notre théâtre ne peut que représenter<br />

ce qu’il est, son identité profonde :<br />

un théâtre ancré dans sa cité, qui trouve<br />

son origine et sa pérennité dans un dialogue<br />

et un échange permanents avec le<br />

territoire et ses habitants.<br />

Que ce soit dans les créations de Joël<br />

Dragutin, dans les ateliers de création<br />

collective, et dans le cycle La parole des<br />

Habitants, qui suscitent, recueillent, puis<br />

interprètent la parole des Cergypontains,<br />

dans de nombreuses petites formes itinérantes,<br />

ou encore dans les cycles de<br />

conférences-débats, le public se trouve au<br />

17


18<br />

centre du projet artistique du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />

Les créations de Joël Dragutin mettent en<br />

scène des personnages aux prises avec la<br />

complexité d’une époque où le consensus<br />

autour du « sens de l’histoire » s’est effrité<br />

pour laisser place à la saturation publicitaire<br />

et aux slogans consuméristes qui<br />

tournent à vide. Ces personnages, souvent<br />

issus des classes moyennes ou aspirant à<br />

les intégrer, traversent des « crises de sens »<br />

symptomatiques des maux que nous ressentons<br />

tous, mais la nostalgie de l’utopie<br />

reste présente, une utopie illustrée par le<br />

projet de la ville nouvelle, une ville où tout<br />

est à nouveau possible dès que l’étincelle<br />

collective rallume l’espoir.<br />

Les quatre épisodes des Habitants, puis<br />

la pièce Butterfly ont ainsi raconté l’imaginaire,<br />

l’identité et l’histoire de Cergy-<br />

Pontoise et de ceux qui vivent cette ville.<br />

En donnant la parole aux habitants, en<br />

écoutant les récits de leur vie dans la ville<br />

et de la ville dans leur vie, en croisant les<br />

histoires des quotidiens individuels avec<br />

les évolutions de la communauté, en mettant<br />

à jour l’intrication des destins particuliers<br />

avec les perspectives de la cité, nous<br />

sommes revenus à l’une des sources du<br />

théâtre : représenter le chœur des citoyens<br />

au sein de la polis. Faire que le théâtre<br />

intime de chacun devienne le théâtre citoyen<br />

de tous.<br />

Cette saison, Le Banquet de la vie met<br />

en scène de façon originale et complice<br />

autour d’un dîner convivial auquel sont<br />

« invités » cinquante spectateurs, les récits<br />

et les histoires personnelles d’habitants de<br />

Cergy-Pontoise, d’Eaubonne et de Marines.<br />

Autour des nourritures de l’esprit et<br />

du corps, la diversité des expériences et la<br />

reconnaissance d’un vivre ensemble seront<br />

interprétées par les comédiens et les spectateurs<br />

attablés ensemble.<br />

Par la mise en scène d’un texte d’Annie<br />

Ernaux, nous entendrons la voix littéraire<br />

d’une auteure importante de notre<br />

époque, qui a su révéler l’extraordinaire<br />

influence de cette ville nouvelle sur son<br />

écriture et sa perception du réel. Nous assisterons<br />

à « cette expérience bouleversante<br />

d’étrangeté » de découvrir un espace sans<br />

histoire, créé ex nihilo, un espace tellement<br />

semblable à la page blanche du livre à venir,<br />

à la scène encore vide du théâtre avant<br />

la représentation. La ville comme une<br />

œuvre, les habitants comme des acteursspectateurs.<br />

Un lieu d’art et de culture est avant tout<br />

un lieu de vie, un lieu d’échanges, un lieu<br />

où l’on peut faire advenir un rapport différent<br />

au monde. Il nous invite à entretenir<br />

avec nos semblables ce « commerce<br />

non commercial », qui fonde un authentique<br />

« vivre ensemble ». C’est un lieu de<br />

« gratuité », dans la mesure où le premier<br />

de ses apports est, précisément et avant<br />

tout, simplement un apport humain.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> fait écho aux attentes exprimées<br />

par nos publics, attentifs à la qualité<br />

de nos créations et propositions artistiques,<br />

au brassage des savoirs, des idées et<br />

des esthétiques mais aussi à la qualité des<br />

rencontres qu’il permet.<br />

Les cycles de conférences-débats, les colloques,<br />

les ateliers de pratique artistique<br />

hors les murs participent à cette vocation<br />

du théâtre au service de la Cité à laquelle<br />

nous sommes profondément attachés.<br />

Le théâtre comme art vivant se doit d’inventer<br />

toujours des démarches, des pra-<br />

tiques et des ouvertures nouvelles pour aller<br />

vers un public qui, de plus en plus avec<br />

l’essor des technologies, communique,<br />

interagit, expérimente et crée des relations<br />

inédites entre le local et le global, entre sa<br />

ville et le monde.<br />

Ainsi dans la dynamique d’un théâtre qui<br />

a dû – et pu – se réinventer hors ses murs<br />

pendant les travaux du nouveau bâtiment,<br />

nous avions invité des auteurs de théâtre à<br />

visiter la ville et à écrire des petites formes<br />

autour du lien entre le théâtre et son espace<br />

urbain.<br />

Nous prolongeons de façon originale cette<br />

manière d’expérimenter notre ancrage<br />

dans le territoire et l’approche de nouveaux<br />

publics par la mise en place d’un<br />

Conseil des Jeunes Habitants qui participera<br />

à des réunions de programmation<br />

pour élaborer avec l’équipe du théâtre les<br />

futures saisons et des projets inédits. Parce<br />

que le théâtre, comme pratique de la démocratie,<br />

est un territoire de négociation,<br />

de reconnaissance, de dialogue, d’identité,<br />

notre théâtre entend ainsi renouveler sans<br />

cesse son ouverture à ses habitants, l’autre<br />

nom du public, l’autre nom de sa raison<br />

d’être.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> fortifie ainsi son lien organique<br />

avec son implantation géographique<br />

et sociologique. Son évolution<br />

accompagne, dans un rapport dialectique<br />

permanent, celle de Cergy-Pontoise et du<br />

Val-d’Oise.<br />

Valérie Battaglia


LE BANqUET DE LA VIE<br />

texte et mise en scène de Léa Dant<br />

Racontez-nous…<br />

qu’est-ce qui vaut vraiment la peine d’être vécu ?<br />

quand vous êtes-vous senti le plus vivant ?<br />

quand et qu’avez-vous osé ? Et qu’est-ce qu’une vie réussie ?<br />

Et goûtons ensemble au plaisir d’être vivants !<br />

Il paraît que nous n’en avons qu’une seule… Alors ne passons pas à côté de la vie.<br />

(Telle est l’invitation qui a été faite à ceux qui se sont prêtés au jeu de l’interview pour ce banquet…)<br />

La vie se trouve-t-elle seulement dans le<br />

bien-être, le bonheur ?<br />

Cette quête permanente semble habiter<br />

notre société et les images-mirages que<br />

l’industrie de consommation nous donne<br />

comme « nourriture ». Mais la joie pourrait-elle<br />

être éprouvée sans nos difficultés ?<br />

La vie ne se trouve-t-elle pas nichée dans<br />

toute expérience nouvelle ?<br />

Dans toute expérience pleinement vécue ?<br />

Dans la vitalité, l’intensité ?<br />

La part d’ombre dans nos vies n’est-elle<br />

pas à accepter tout simplement ?<br />

Peut-on dire oui à toutes les expériences<br />

que la vie met sur notre chemin ?<br />

La vie a beaucoup plus d’imagination que<br />

nous… Ce spectacle est une invitation à<br />

nous rappeler toutes ces nuances que la<br />

vie nous offre et à les déguster pleinement<br />

ensemble.<br />

vendredi 15 novembre à 20 h 30<br />

samedi 16 novembre<br />

à 12 h et à 20 h 30<br />

dimanche 17 novembre à 16 h<br />

avec Frank Baruk,<br />

Marie-Pascale Grenier, Estelle Kerkor,<br />

Isabelle Saudubray et Laurent Savalle<br />

costumes Candice Arnouil<br />

chorégraphie Pjilippe Lafeuille<br />

régie générale Cyrille Nitkowsky<br />

coproduction <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, l’Atelier 231, Centre national<br />

des Arts de la rue, Sotteville-lès-Rouen, Lieux Publics,<br />

Centre national de création, Marseille, le Moulin fondu,<br />

Centre national des Arts de la rue, Noisy-le-Sec, Festival<br />

théâtral du Val d’Oise / avec le soutien du ministère de<br />

la Culture (DRAC Île-de-France), du Conseil général du<br />

Val d’Oise, de la Ville d’Eaubonne, du Conseil général<br />

de la Seine-Saint-Denis<br />

Léa Dant nous invite à un banquet, pour<br />

célébrer la vie et se nourrir mais également<br />

pour partager nos expériences de vie<br />

mutuelles. Véritable création-miroir, née<br />

de paroles partagées, ce banquet est un<br />

temps de célébration, de partage, de communauté<br />

humaine, une mise en avant des<br />

différents regards portés sur l’existence.<br />

Dans la morosité ambiante, le contexte<br />

de crise, l’usure des batailles et la fatigue<br />

du quotidien, ce banquet est l’occasion<br />

de nous rappeler, ensemble, que l’on est<br />

vivant, vibrant, à chaque instant.<br />

Le concept :<br />

Cinquante spectateurs sont invités à<br />

s’attabler en cercle autour d’un banquet<br />

foisonnant et baroque. Dans ce cercle,<br />

chacun peut se voir et la rencontre peut<br />

naître. La trame du spectacle se compose<br />

d’histoires vécues et de récits d’habitants<br />

recueillis par Léa Dant lors de son processus<br />

de création et désormais incarnés par<br />

les acteurs attablés parmi les spectateurs.<br />

La nourriture est également présente,<br />

riche du sens à transmettre et véhicule<br />

de sensations et d’actions rituelles partagées.<br />

À la fois spectateurs et acteurs, les<br />

invités sont à l’écoute des récits comme<br />

lors d’une veillée mais également parties<br />

prenantes par l’intermédiaire de gestes<br />

simples tels que choisir ce qui est goûté<br />

ou simplement chuchoter un mot à son<br />

voisin.<br />

Tous dégustent ensemble les plats préparés<br />

et apportés par chacun pour terminer<br />

cette rencontre dans la convivialité. Avec<br />

ce spectacle, chacun a ainsi accès à la poésie<br />

du vivant, et tous peuvent vibrer de<br />

vie, de plaisir et d’émotion.<br />

19


20<br />

SOUS LA CEINTURE<br />

de Richard Dresser<br />

mise en scène de Delphine Salkin<br />

Une pièce qui décrit avec une remarquable acuité un certain monde de l’entreprise,<br />

un huis-clos où l’hilarité et la vivacité, loin de nuire à la gravité du propos, lui donnent un relief inattendu.<br />

Trois hommes dans un désert. Dobbitt,<br />

le nouveau venu, de nature conciliante,<br />

occupe un poste de Vérificateur dans un<br />

site industriel hautement polluant qui fabrique<br />

des unités dont on ne sait pas grand<br />

chose. Hanrahan, l’ancien, voit aussitôt<br />

en lui un possible rival et le traite comme<br />

tel. Quant au cynique Merkin, leur supérieur,<br />

il éprouve pour sa part autant de<br />

plaisir que d’intérêt à souffler les braises.<br />

Jalousies, harcèlement et manipulations<br />

en tous genres ponctués de coups bas et de<br />

mesquineries comiques jalonnent les existences<br />

de ce trio de solitudes.<br />

Mais pendant que les hommes se déchirent<br />

et s’égarent dans leurs propres pièges au<br />

milieu du désert, le monde nocturne et<br />

son peuple inquiétant accentuent silencieusement,<br />

inexorablement, leur pression<br />

sur les palissades…<br />

avec Olivier Cruveiller,<br />

Jean-Philippe Salério<br />

et François Macherey<br />

traduction Daniel Loayza<br />

lumière Daniel Lévy<br />

costumes Catherine Somers<br />

assistée de Muriel Lemaître<br />

création sonore Pascale Salkin<br />

spectacle de Nonumoï / coproduction <strong>Théâtre</strong><br />

national de Bordeaux en Aquitaine, <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

/ aide à la création des textes dramatiques du<br />

CNT / aide à la création de la Spedidam pour<br />

la bande originale / avec le soutien du <strong>Théâtre</strong><br />

Varia à Bruxelles, du <strong>Théâtre</strong> de L’Europe–<br />

Odéon et du <strong>Théâtre</strong> de Gennevilliers<br />

La traduction de la pièce est parue<br />

aux Editions Actes Sud-Papiers (<strong>2013</strong>).<br />

L’Auteur est représenté dans les pays de<br />

langue française par l’Agence MCR, Marie<br />

Cécile Renauld, Paris, en accord avec The<br />

Gersh Agency, New York.<br />

vendredi 22 novembre à 20 h 30<br />

samedi 23 novembre à 20 h 30<br />

Une rencontre avec l’auteur,<br />

le traducteur et l’équipe artistique<br />

aura lieu le vendredi 22 novembre<br />

à l’issue de la représentation.


Comment avez-vous découvert ce<br />

texte ?<br />

Delphine Salkin : Thomas Ostermeier<br />

l’avait monté en allemand en 1998-<br />

99. A l’époque, le programmateur de<br />

l’Odéon avait trouvé le texte formidable<br />

et avait demandé à Daniel Loayza<br />

de le traduire en français pour une lecture.<br />

Alors que je cherchais un texte qui<br />

me permette de particulièrement travailler<br />

sur le jeu de l’acteur, Daniel, qui<br />

est mon mari, a ressorti celui-là d’un tiroir.<br />

La pièce n’avait jamais été mise en<br />

scène en français. Richard Dresser est<br />

inédit en France : Sous la ceinture est la<br />

seule de ses pièces traduite dans notre<br />

langue. Je l’ai lue et j’ai immédiatement<br />

voulu la monter !<br />

Que raconte cette pièce ?<br />

Elle évoque un univers qui rappelle<br />

Brazil, un monde qui oscille entre Kafka<br />

et Beckett. On rit beaucoup mais,<br />

derrière le rire, se révèle une épaisseur<br />

absurde et cauchemardesque. Sur une<br />

plateforme en plein désert, travaillent<br />

trois hommes. Ils sont vérificateurs,<br />

sans qu’on sache ce qu’ils vérifient. Ils<br />

sont perdus, seuls, sans loisirs ni plaisirs<br />

; le travail est le seul point de mire.<br />

Ces trois hommes se racontent mais<br />

sont comme extirpés de ce qui fait le<br />

sens et le goût de la vie humaine. La<br />

pièce raconte une société pleine de solitude,<br />

où les hommes ne parlent pas de<br />

ce qui les anime vraiment. L’ensemble<br />

apparaît comme le cauchemar d’une<br />

fin du monde où ne resteraient que des<br />

rescapés absurdes. Ils passent le temps<br />

à s’infliger les uns aux autres, par la<br />

parole, tous les coups bas possibles.<br />

Sous la ceinture, dit le titre, désignant<br />

ainsi les coups interdits dans un combat<br />

loyal.<br />

Quels acteurs faut-il pour une telle<br />

partition ?<br />

Il faut des acteurs à la palette très large.<br />

Comme toute comédie, elle doit être<br />

jouée avec précision et vélocité. Cela<br />

requiert une grande technicité, et au-<br />

tant d’ironie et d’humour que d’épaisseur<br />

tragique. Les trois rôles sont équivalents<br />

en force et en présence : il faut<br />

donc trouver une égalité de jeu où<br />

les comédiens peuvent se renvoyer la<br />

balle et se motiver les uns les autres.<br />

Et en même temps, il faut des acteurs<br />

capables de rendre la poésie, la beauté<br />

et l’élégance du texte, qui n’est ni trivial<br />

ni vulgaire. Les personnages sont<br />

méchants avec finesse et intelligence : il<br />

faut des acteurs qui aient cette cruauté<br />

élégante, rapide et inattendue.<br />

propos recueillis par Catherine Robert<br />

La Terrasse, septembre 2012<br />

21


22<br />

LE JEUNE PUBLIC<br />

Le théâtre pour enfants c’est le théâtre pour adultes, en mieux !<br />

Constantin Stanislavski<br />

Le théâtre jeune public est devenu un espace de création déployant la liberté d’imaginaires<br />

riches et colorés à l’image de l’inventivité, de la légèreté, de l’humour, de la poésie,<br />

et aussi de l’absence de censure que le monde des rêves et des douleurs de l’enfance suggèrent<br />

aux auteurs et aux artistes de théâtre.<br />

Nombreux sont les auteurs, nombreux<br />

sont les metteurs en scène<br />

et non des moindres (Jean-Claude<br />

Grumberg, Fabrice Melquiot, Jon<br />

Fosse, Olivier Py, Joël Jouanneau,<br />

Joël Pommerat, Alfredo Arias, Eric de<br />

Dadelsen…) qui, à un moment ou<br />

un autre de leur œuvre, ont exploré<br />

cet univers.<br />

Ils accèdent par là à un public souvent<br />

nouveau, sans aucune expérience<br />

de la pratique théâtrale, ouvert à la<br />

découverte, ou qui – intimidé par la<br />

« Culture » ou le « <strong>Théâtre</strong> », avec un<br />

grand C ou un grand T – ose pourtant<br />

pousser la porte d’une maison de<br />

théâtre, accepte d’aller au spectacle,<br />

moins impressionné que face à l’affiche<br />

d’un texte classique ou contemporain,<br />

même dit « tous publics ».<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a toujours réservé une<br />

place privilégiée à cette rencontre entre<br />

les émotions contrastées de l’enfance<br />

et les auteurs de théâtre. Souci d’éducation<br />

d’un futur public, enthousiasme<br />

pour ces spectateurs spontanés<br />

et encore sans vernis conformiste,<br />

écriture de textes souvent très forts<br />

car influencés par les sources mêmes<br />

de la création, les racines de nos sentiments,<br />

de nos mythologies, les structures<br />

de notre inconscient, le théâtre<br />

et ce jeune public composent souvent<br />

ensemble des moments de théâtre<br />

inédits, joyeux, et prometteurs. Joël Dragutin<br />

présente cette saison une création<br />

pour les enfants autour d’un sujet qui les<br />

concerne particulièrement : leur langage,<br />

la construction de leur « micro-société »<br />

dans la nôtre, leur ressemblance avec les<br />

enfants que nous avons été, et leurs radicales<br />

différences d’enfants du XXI e siècle<br />

techno-scientifique. Une création forte,<br />

attentive, poétique, dont les enfants sont<br />

le sujet et les spectateurs à la fois : des<br />

débats passionnés et prometteurs se profilent<br />

à l’horizon.<br />

Les enfants, spectateurs d’aujourd’hui et<br />

de demain, sont souvent prescripteurs<br />

auprès de leurs parents, grands-parents,<br />

frères ou sœurs de la séance de théâtre, si<br />

proche du jeu qu’ils connaissent bien au<br />

quotidien.<br />

C’est à celle-ci que nous vous convions,<br />

car elle est ouverte à tout un chacun, à<br />

tous les âges, à toutes les inclinations,<br />

pour goûter le plaisir du spectacle vivant,<br />

savourer cette expérience collective<br />

d’entrer dans une salle et frémir, rire ou<br />

s’émouvoir aux paroles, aux sons, aux<br />

images et partager ensemble un temps<br />

hors du temps, lors d’épopées, d’histoires,<br />

de contes, de tragi-comédies pour<br />

les petits et pour les grands.<br />

Cette programmation est élaborée en<br />

partenariat avec la ville de Cergy (dans<br />

le cadre de « Pestacles »). Des séances<br />

ont lieu sur temps scolaire, mais aussi<br />

en matinées et en soirées pour que les<br />

classes, les groupes, les familles ou le<br />

public individuel puissent voir ou revoir<br />

les spectacles.<br />

À noter : les jeunes qui ont découvert un<br />

spectacle sur temps scolaire,<br />

reçoivent une invitation pour « accompagner<br />

» leurs proches à une séance tout<br />

public.<br />

Un spectacle pour le jeune public<br />

permet aux adultes de retrouver la<br />

part indestructible d’enfance qu’ils<br />

possèdent et aux enfants de laisser<br />

s’ouvrir un imaginaire dont on<br />

connaît la richesse.<br />

Jean-François Perrier<br />

LES RENDEZ-VOUS<br />

JEUNE PUBLIC<br />

UN CHIEN DANS LA TÊTE<br />

P. 23<br />

LA GRENOUILLE<br />

P. 28<br />

MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />

PP. 40-41<br />

SPIRALE<br />

P. 46<br />

DAL VIVO<br />

P. 47


UN CHIEN<br />

DANS LA TÊTE<br />

de Stéphane Jaubertie<br />

mise en scène d’Olivier Letellier<br />

« Cette histoire, dis-toi que c’est l’histoire<br />

de ce Fils. Dans un jardin, immense et inconnu,<br />

il ira s’abriter. Là, deux personnages<br />

viendront à sa rencontre. Celle qui reste,<br />

jeune fille transparente à force d’être normale,<br />

et le Fils de la Baleine, fils d’une mère<br />

tellement grosse qu’elle prend toute la place.<br />

Avec eux, dans ce jardin, peut-être apprendra-t-il<br />

à dépasser sa honte… »<br />

Stéphane Jaubertie<br />

Ce projet est né de ma rencontre avec<br />

Stéphane Jaubertie. J’ai trouvé des préoccupations<br />

d’auteur qui rejoignaient mes<br />

désirs : les thèmes, la dimension intime et<br />

intérieure, le rapport à la narration et au<br />

merveilleux, la poésie des images, le sens du<br />

dialogue, le travail sur l’oralité…<br />

Nous avons parlé de la honte : sentiment<br />

fort que je souhaitais explorer sur le plateau…<br />

nous nous sommes lancé le défi<br />

d’une commande d’écriture, qui mêlera<br />

dialogues et récit.<br />

J’ai donné à Stéphane très peu d’indications : il<br />

s’agira d’un spectacle de théâtre tout public,<br />

accessible aux jeunes spectateurs à partir de<br />

8 ans, qui réunira trois comédiens sur le<br />

plateau.<br />

Olivier Letellier<br />

lundi 25 novembre à 14 h 30<br />

mardi 26 novembre<br />

à 14 h 30 et 19 h<br />

Tous publics à partir de 8 ans<br />

(En partenariat avec la programmation<br />

« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />

avec Camille Blouet, Alexandre Ethève,<br />

et Lionel Lingelser<br />

dramaturgie Caroline Girard<br />

scénographie Antoine Vasseur<br />

costumes Nathalie Martella<br />

conseil en marionnettes Simon Delattre<br />

lumière, régie Sébastien Revel<br />

création sonore Mickael Plunian<br />

production Fanny Spiess-<strong>Théâtre</strong> du Phare /diffusion<br />

Marielle Carteron-agence SINE QUA NON<br />

23


24<br />

EDWARD ALBEE<br />

LA MAISON ET LE ZOO<br />

adaptation de Jean-Marie Besset<br />

mise en scène de Gilbert Désveaux<br />

New York. Dans le bel appartement où<br />

vivent Anne et Peter. L’éditeur manie nerveusement<br />

un pavé scolaire, tandis que sa<br />

femme lance, à l’autre bout de la pièce :<br />

« Il faut qu’on parle. » Anne, installée dans<br />

son couple, cherche des solutions à la<br />

mort du désir. De son côté, Peter ne comprend<br />

pas ce désarroi, mais finit par livrer<br />

les secrets d’une expérience qu’il a vécue<br />

dans son adolescence.<br />

On pense à Feydeau, un rire grinçant,<br />

la peinture d’une bourgeoisie un peu<br />

ridicule, ou chacun rêve de redécouvrir<br />

l’« animal » qui sommeille en lui.<br />

On retrouve ensuite Peter, assis sur un<br />

banc de Central Park où il se fait haranguer<br />

par un drôle d’individu. Jerry,<br />

d’un milieu beaucoup plus modeste,<br />

raconte les lubies de ses extravagants<br />

jeudi 28 novembre à 19 h<br />

vendredi 29 novembre à 20 h 30<br />

Au début, The Zoo Story, écrit en 1<strong>95</strong>8 par Edward Albee.<br />

Cinquante et un ans plus tard, l’auteur américain écrit Homelife.<br />

Ensemble, ces deux actes constituent La Maison et le Zoo, dans une adaptation de Jean-Marie Besset.<br />

voisins, plongeant peu à peu dans un<br />

récit proche du délire. Peter, interloqué<br />

et intéressé, est comme « sous<br />

hypnose » jusqu’à ce que la situation<br />

dégénère.<br />

Une fin imprévisible plonge la pièce<br />

dans une certaine noirceur et éclaire<br />

de manière acide la première partie.<br />

Lors des premières représentations du diptyque, un critique américain décrivit dans le New York Times : « Une expérience haletante<br />

et essentielle. Si Homelife est une gifle, The Zoo Story est un coup de poing dans l’intestin. Edward Albee n’a aucun<br />

équivalent dans le théâtre américain. »


Qui sont Peter, Ann, Jerry ? Des figures<br />

de naufragés du monde occidental ?<br />

Gilbert Désveaux : Ann et Peter sont<br />

issus de la bourgeoisie intellectuelle,<br />

blanche et chrétienne (WASP - White<br />

Anglo Saxon Protestant) qui a longtemps<br />

été (et demeure en grande partie)<br />

la classe dirigeante des États-Unis<br />

d’Amérique. Edward Albee, dans son<br />

théâtre, s’est évertué à décortiquer<br />

l’image policée et civilisée que donne,<br />

en société, ce couple hétérosexuel idéal.<br />

Car, dans l’intimité, alcool aidant, les<br />

masques tombent et les rancœurs, les<br />

aigreurs, les frustrations surgissent... Et<br />

ces puissants apparaissent misérables et<br />

fragiles. Jerry est un mystérieux agent<br />

provocateur qui vient bousculer la vie<br />

sage des gens civilisés. Est-ce un animal<br />

sauvage échappé du zoo? Peut être…<br />

En tout cas, un « mauvais garçon » qui<br />

hante le parc en quête de rencontres<br />

(sexuelles ?) nocturnes et un rebelle à<br />

tout engagement. Finalement, hors ou<br />

dans le système, il n’y a aucun espoir de<br />

vivre une vie digne et belle dans ce pays<br />

à cette période.<br />

La pièce se divise en deux parties :<br />

monde domestique et monde sauvage…<br />

Quelle est la thèse défendue<br />

par Albee ?<br />

La première partie – La Maison, ou Vie<br />

domestique – a été écrite quarante après la<br />

seconde – Le Zoo ou Vie sauvage – qui a été<br />

créée, et jouée longtemps, sous le titre de<br />

Zoo Story. La maison éclaire le zoo. Elle en<br />

est, paradoxalement, l’antichambre. Nous<br />

sommes tous, plus ou moins, prisonniers<br />

de conventions, de règles, de lois comme<br />

des animaux derrière des barreaux. Mais,<br />

nous sommes tous des animaux. Et il suffit<br />

de peu pour que nous, êtres civilisés et<br />

éduqués, retombions dans notre état sauvage<br />

originel.<br />

Il est beaucoup question de mort et de<br />

sexe, et crûment. Comment représenterez-vous<br />

cela sur le plateau ?<br />

Le travail au plateau avec les acteurs n’a<br />

pas encore commencé. Nous sommes au<br />

stade de lectures préparatoires. Donc…<br />

Des idées. Des choix. Des propositions.<br />

Nous verrons ce qui apparaît lors des répétitions.<br />

En revanche, c’est un théâtre<br />

qui s’appuie sur une langue puissante et<br />

précise qui doit être prise en charge par<br />

les acteurs. Les frustrations de Peter et<br />

Ann se retrouveront dans leurs corps.<br />

Un appel à la jouissance bestiale pour<br />

l’une. Un blocage physique, lié à une<br />

homosexualité refoulée, pour l’autre.<br />

Quant à Jerry, il est comme un lion<br />

lâché dans la jungle des villes et cette<br />

liberté doit être palpable dans une sensualité<br />

affichée. Le travail de conception<br />

de l’espace démarre. Je ne sais pas encore<br />

s’il y aura un seul lieu ou s’il se transformera...<br />

Comment raconter la ville, la<br />

nature, la prison ? L’Upper East Side et<br />

Central Park (devenus depuis territoires<br />

woody-alléniens par excellence) ?… La<br />

civilisation qui domestique la nature<br />

sauvage en croyant l’idéaliser. N’était-ce<br />

pas la chimère même de Frederick Law<br />

Olmsted (1822-1903), l’architecte-paysagiste<br />

qui inventa Central Park ?<br />

En quoi la pièce vous semble-t-elle<br />

essentielle aujourd’hui ?<br />

La pièce est un chef d’œuvre qui révélera<br />

ses secrets et ses richesses avec le<br />

temps. Mais, la question centrale est<br />

celle du vivre ensemble. À deux, en<br />

couple. À plusieurs, en société. Faut-il<br />

céder aux injonctions éternelles et se<br />

marier pour la vie avec une personne<br />

du sexe opposé? Alors que l’épanouissement<br />

sensuel passe peut être par<br />

d’autres types de relations plus fugaces<br />

et sauvages. Faut-il accepter tous les us<br />

et coutumes en vigueur pour se civiliser<br />

et vivre sagement en communauté?<br />

Mais, sans lois, l’humanité retomberait<br />

dans le chaos où la loi du plus fort serait<br />

la seule règle...<br />

propos recueillis par Pierre Notte<br />

pour le <strong>Théâtre</strong> du Rond-Point<br />

février <strong>2013</strong><br />

avec xavier Gallais, Anne Loiret<br />

et Jean-Pierre Lorit<br />

scénographie Annabel Vergne<br />

lumière Maryse Gautier<br />

son Serge Monségu<br />

costumes Annabel Vergne<br />

et Marie Delphin<br />

collaboration artistique<br />

Régis de Martrin-Donos<br />

Edward Albee<br />

Edward Albee est né à Washington<br />

en 1928. Son père étant propriétaire<br />

de théâtres, il se familiarise<br />

très jeune avec cet univers. Proche<br />

de sa grand-mère maternelle, il<br />

lui dédie en 1960 sa pièce Le Bac<br />

à sable (The Sandbox). À dix-huit<br />

ans, sa mère le chasse à cause de<br />

son homosexualité. Il écrira pour<br />

elle Trois femmes grandes.<br />

Installé dans Greenwich Village, il<br />

compose en trois semaines sa pièce<br />

The Zoo Story (1<strong>95</strong>8). Refusée à<br />

New York, elle est créée à Berlin<br />

en 1<strong>95</strong>9. Quatre mois plus tard,<br />

elle est programmée à Greenwich<br />

Village.<br />

En 1963 est présentée à Broadway<br />

son œuvre la plus connue : Qui a<br />

peur de Virginia Woolf ?, récompensée<br />

par un Prix Pulitzer.<br />

Il en sera tiré le film à succès de<br />

Mike Nichols avec ElizabethTaylor<br />

et Richard Burton. Albee obtient<br />

le prix Pulitzer également pour A<br />

Delicate Balance en 1966, Seascape<br />

en 1975, et Trois femmes grandes<br />

(Three Tall Women) en 1991. En<br />

2001, il crée The Play About the<br />

Baby.<br />

En 2005, Albee obtient un « Special<br />

Tony Award » pour l’ensemble<br />

de sa carrière.<br />

production<br />

<strong>Théâtre</strong> des 13-Vents-CDN Languedoc-Roussillon-Montpellier<br />

At Home at the Zoo est représentée dans les pays<br />

de langue française par Dominique Christophe/l’Agence,<br />

Paris, en accord avec William Morris Endeavor Entertainment,<br />

New York.<br />

Edward Albee’s At Home at the Zoo was originally<br />

produced under the title Peter and Jerry by Second Stage<br />

Theatre, New York, 2007, Carole Rothman, Artistic Director.<br />

Homelife was originally commissioned and Peter and Jerry<br />

originally produced by Hartford Stage.<br />

25


26<br />

RAVEL<br />

de Jean Echenoz<br />

mise en scène d’Anne-Marie Lazarini<br />

Ravel retrace les dix dernières années de<br />

la vie du compositeur français Maurice<br />

Ravel (1875-1937), « le musicien le plus<br />

considéré du monde ».<br />

Nourri d’un long travail de documentation<br />

sur l’homme et son époque, Jean<br />

Echenoz nous entraîne à la suite de son<br />

Ravel imaginaire et réel à la fois, dans<br />

sa « petite maison compliquée » à Montfort-l’Amaury<br />

avec sa vue sur la vallée,<br />

dans sa tournée grandiose aux États-<br />

Unis, puis dans les affres de la maladie<br />

neurologique qui le frappe et l’emportera…<br />

Une star mondiale mais aussi un<br />

homme solitaire malgré la présence de<br />

ses fidèles amis proches.<br />

Cette fiction biographique ouvre un<br />

triptyque qu’Echenoz a dédié à trois<br />

figures historiques, les deux autres, Courir<br />

(2008) et Des éclairs (2010), étant<br />

consacrées respectivement au sportif<br />

Émile Zatopek et au scientifique Nikola<br />

Tesla.<br />

Si ces incursions dans la « vraie vie » sont<br />

liées à un désir d’écrire sur une autre<br />

époque que la sienne, Jean Echenoz avait<br />

d’abord pensé inviter le personnage Ravel<br />

dans une fiction, avec d’autres figures de<br />

son temps, mais peu à peu, cette fiction<br />

s’est transformée en la biographie romancée<br />

du célèbre compositeur.<br />

Malgré « toutes les ressemblances avec un<br />

personnage ayant existé » et l’incroyable<br />

précision avec laquelle Jean Echenoz<br />

s’empare de données biographiques, de<br />

détails scrupuleusement nommés, empruntés<br />

à sa vie quotidienne comme à<br />

l’actualité navale, Ravel reste un roman,<br />

et Ravel, un personnage de fiction.<br />

Autour de cet homme et de son destin,<br />

Jean Echenoz compose, improvise, sur<br />

un fil tendu entre réalité historique et<br />

mercredi 4 décembre à 20 h 30<br />

jeudi 5 décembre à 19 h<br />

vendredi 6 décembre à 20 h 30<br />

liberté littéraire. Maître du rythme, il<br />

joue du défilé de ces années, tantôt en<br />

s’attardant à la description particulière<br />

d’une journée ou d’une heure, tantôt en<br />

précipitant son personnage vers sa fin. Et<br />

cela avec la précision d’un orfèvre.<br />

Anne-Marie Lazarini donne à voir et<br />

entendre, non une adaptation théâtrale,<br />

mais le roman même de Jean Echenoz.<br />

Avec une grande intelligence et tout<br />

son talent, elle nous offre à entendre la<br />

partition littéraire si particulière de Jean<br />

Echenoz, le rythme et le son inimitables<br />

de Maurice Ravel, la musique originale<br />

et le phrasé ravélien du jazz d’Andy<br />

Emler. Avec une mise en scène subtile et<br />

des comédiens épris du personnage et de<br />

son auteur, la pièce nous invite à entrer<br />

dans l’utopie chimérique d’un spectacle<br />

littéraire, musical et théâtral.


« J’ai lu Ravel quelques jours après sa publication<br />

et je crois que le projet d’aujourd’hui<br />

s’est dessiné dès que j’en ai eu parcouru les<br />

premières pages… quelques saisons plus<br />

tard, après avoir partagé mes sentiments<br />

de lectrice avec mes compagnons de route,<br />

imaginé avec eux une forme de représentation<br />

possible, le travail avance, ponctué de<br />

rencontres avec Jean Echenoz…<br />

Trois comédiens et… un pianiste, car il<br />

y a aussi la musique qui est au cœur du<br />

texte et que nous souhaitons présente et<br />

vivante. Celle de Ravel, bien sûr, mais pas<br />

seulement : pour la musique de scène, un<br />

compositeur d’aujourd’hui, Andy Emler,<br />

imprégné de cet univers musical et littéraire,<br />

a créé une partition nouvelle. Car, si<br />

Jean Echenoz est un grand amateur de jazz,<br />

Ravel y prêtait une oreille très attentive et les<br />

jazzmen d’aujourd’hui la lui rendent bien. »<br />

Anne-Marie Lazarini<br />

« Cette partition explore (explose !) librement<br />

le langage ravélien et ses couleurs,<br />

joue avec lui, un peu à la manière des artistes<br />

cubistes. Pour nombre de compositeurs<br />

de jazz, la musique de Ravel est une<br />

compagne de route mais chacun la réinvente<br />

sans cesse. En écho à certains des<br />

extraits ou thèmes choisis dans l’œuvre<br />

du compositeur, j’écris des « suites » libres<br />

à travers lesquelles se retrouvera mon<br />

« phrasé » particulier. Mais je souhaitais<br />

aussi renouer avec une pratique familière<br />

à Maurice Ravel : celle de composer « à la<br />

manière de… ». Il l’a fait en son temps,<br />

rappelons-nous ses compositions à la manière<br />

de Chabrier, de Borodine. »<br />

Andy Emler<br />

LA PRESSE EN PARLE…<br />

Anne-Marie Lazarini réussit<br />

admirablement cette adaptation<br />

tout ensemble abstraite et<br />

sensuelle de son Ravel, dans une<br />

délicate mise en scène aux oniriques<br />

décors bleus. La vie est un<br />

rêve.<br />

Fabienne Pascaud, Télérama<br />

Anne-Marie Lazarini orchestre<br />

avec délicatesse cette touchante<br />

partition aux lueurs d’océan…<br />

et la musique est aussi celle de<br />

Jean Echenoz.<br />

Armelle Héliot, Figaroscope<br />

avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet,<br />

Marc Schapira et, en alternance,<br />

Andy Emler et Yvan Robilliard<br />

assistant à la mise en scène<br />

Bruno Andrieux<br />

musique originale Andy Emler<br />

décors et lumière François Cabanat<br />

costumes Dominique Bourde<br />

avec la collaboration de<br />

Sophie Heurlin et Henri Lazarini<br />

création Les Athévains / coproduction La Compa-<br />

gnie aime l’air<br />

Le livre de Jean Echenoz<br />

est publié par les éditions de Minuit.<br />

27


28<br />

LA GRENOUILLE<br />

AU FOND DU PUITS CROIT qUE LE CIEL EST ROND<br />

du Vélo <strong>Théâtre</strong><br />

mise en scène de Francesca Bettini<br />

La maison natale est plus qu’un corps de logis, elle est un corps de songes.<br />

Gaston Bachelard.<br />

Nous sommes tous remplis des souvenirs<br />

de notre première maison et des<br />

premières expériences que nous y avons<br />

faites du monde. Premier terrain de jeu,<br />

lieu de rêverie.<br />

Trois employés modèles nous ouvrent les<br />

portes de l’univers plastique et sensoriel<br />

d’un cabinet de curiosités aux images et<br />

évocations oniriques. Ils nous invitent<br />

ainsi à parcourir les territoires de l’intime<br />

d’un personnage énigmatique, et pour-<br />

avec le bricoluminologue<br />

Flop Lefebvre, Tania Castaing,<br />

José Lopez et Charlot Lemoine<br />

musique Fabien Caltalade<br />

production Vélo <strong>Théâtre</strong> / avec le soutien de la<br />

Drac PACA, de la Région PACA, du Département<br />

de Vaucluse, de la Ville d’Apt-en-Luberon /<br />

coproduction 3 bis F, Lieu d’art contemporain, Aixen-Provence,<br />

<strong>Théâtre</strong> Massalia, Marseille, Centre<br />

culturel Pablo-Picasso, Homécourt, Festival Momix,<br />

Kingersheim, L’Yonne-en-Scène / avec le soutien du<br />

<strong>Théâtre</strong> Durance, Chateau-Arnoux<br />

tant si familier. L’image, comme verbe,<br />

tient une place centrale dans l’évocation<br />

de cette maison onirique où la coquille<br />

initiale devient notre pays natal.<br />

Le Velo <strong>Théâtre</strong>, fondé en 1981 et animé<br />

par Charlot Lemoine et Tania Castaing,<br />

est une compagnie essentiellement jeune<br />

public. Elle développe un travail de créations<br />

et de résidences d’artistes depuis<br />

1992 où le théâtre, la danse, la musique,<br />

les arts plastiques se croisent pour que les<br />

samedi 7 décembre à 16 h<br />

lundi 9, mardi 10<br />

et mercredi 11 décembre<br />

à 10 h et à 14 h 30<br />

<strong>Théâtre</strong> d’objets et installations<br />

Tout public dès 6 ans<br />

(En partenariat avec la programmation<br />

« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />

spectateurs et les artistes vivent à chaque<br />

fois une expérience unique et inoubliable.<br />

Elle est soutenue par le Conseil<br />

général du Vaucluse et la ville d’Apt. Elle<br />

est « Tête de réseau du Pôle départemental<br />

de création artistique en pays d’Apt ».<br />

Cette installation-spectacle est, pour le<br />

Vélo <strong>Théâtre</strong>, l’occasion de poursuivre sa<br />

collaboration avec Flop Lefevre et Francesca<br />

Bettini.


HOMMAGE ANNUEL AU CHANTEUR<br />

Cécile avait fait des guirlandes<br />

Rouges et dorées pour le 24<br />

Un pudding une truite aux amandes<br />

Elle a revu un peu Agathe<br />

Vincent Delerm Châtenay-Malabry<br />

29


30<br />

LE THÉÂTRE<br />

AU SERVICE DE<br />

LA DÉMOCRATIE<br />

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les<br />

faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.<br />

Hannah Arendt<br />

Alors qu’une extrême confusion semble<br />

oblitérer la possibilité même d’élaborer<br />

un projet de société partagé, il nous paraît<br />

plus que jamais nécessaire de continuer<br />

nos cycles de conférences-débats et nos<br />

colloques concernant les grandes problématiques<br />

de notre époque.<br />

Le théâtre, rappelons le encore, est né avec<br />

la démocratie athénienne. Il a validé et<br />

illustré cette idée, alors révolutionnaire,<br />

selon laquelle la création de la « polis »,<br />

de la Cité, de la civilisation urbaine, ne se<br />

produirait plus dans la violence, le clivage,<br />

la loi du plus fort mais dans le dialogue,<br />

dans la persuasion, dans le récit d’une<br />

histoire commune et dans la formulation<br />

contradictoire d’un avenir souhaitable.<br />

Au début, nous avons initié ces « forums »<br />

démocratiques pour mettre en discussion<br />

des thématiques d’actualité qui nourrissaient<br />

nos créations théâtrales et leurs dramaturgies.<br />

Nous voulions susciter, entre<br />

les intellectuels pertinents ou novateurs de<br />

notre époque et le public de ce théâtre, des<br />

échanges, des débats, des questionnements<br />

qui viendraient ensuite enrichir le travail<br />

dramaturgique préalable à nos créations.<br />

Petit à petit, au fil des saisons, ces rendezvous<br />

sont devenus des moments de démocratie<br />

participative incontournables car ils<br />

ont répondu à un véritable besoin d’élucidation<br />

et de sens ressenti tout autant<br />

par les penseurs invités et confrontés à des<br />

questions directes et spontanées, que par<br />

un public à la recherche de pensées fortes<br />

et efficaces qu’il peut interroger.<br />

Nous avons ainsi invité des noms qui<br />

résonnent encore dans la mémoire de ce<br />

théâtre : Edgar Morin, Albert Jacquard,<br />

Axel Kahn, Gisèle Halimi, Jacques Attali,<br />

Emmanuel Todd, Ariane Mnouchkine,<br />

Claude Hagège, Laure Adler, Armand<br />

Gatti, Bertrand Stiegler, Marcel Gauchet,<br />

Daniel Sibony, Dominique Méda, Toni<br />

Négri, Monique Canto-Sperber, Michel<br />

Wieviorka, Bernard Cassen, Catherine<br />

Breillat, Patrick Viveret… et tant d’autres<br />

que nous ne pouvons tous citer ici.<br />

Dans le même esprit que ces conférencesdébats,<br />

nous organisons chaque saison<br />

une journée de réflexion, un « colloque »,<br />

sur un thème unique autour de différentes<br />

tables rondes qui associent des intellectuels,<br />

des responsables politiques, des acteurs<br />

associatifs et des citoyens impliqués<br />

dans le sujet abordé.<br />

Nous avons ainsi proposé au public du<br />

<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> de réfléchir collectivement sur<br />

des propositions comme : « L’Éducation<br />

artistique, de quoi parle-t-on ? », « L’Humour<br />

? », ou bien : « Faut-il encore lire La<br />

Princesse de Clèves ? »<br />

Cette saison, nous explorerons, dans nos<br />

conférences-débats, des thèmes importants<br />

et actuels : le défi social inacceptable<br />

de la précarité et de la grande pauvreté, les<br />

enjeux de la santé, la nouveauté que représente<br />

dans nos sociétés l’émergence des<br />

« gender studies », des mouvements queers<br />

qui réfutent l’hétérosexisme de la pensée<br />

et de la politique.<br />

Nous avons sollicité pour nous apporter<br />

des éléments de réponse : Catherine Clément,<br />

Patrick Pelloux, Alan Sokal, Denis<br />

Podalydès…<br />

Notre colloque enfin sera consacré à la<br />

démocratie. Nous vivrions aujourd’hui<br />

une crise de la démocratie dans les pays<br />

occidentaux où elle est cependant revendiquée<br />

comme seul modèle. Étrange paradoxe<br />

que nous allons interroger dans ce<br />

colloque : qu’est-ce qui ne fonctionne pas<br />

ou ne fonctionne plus dans nos institutions<br />

et notre vie politique ? Pouvons-nous<br />

penser que la démocratie est réellement<br />

« confisquée » ? L’on incrimine les élites<br />

politiques, économiques, financières, les<br />

experts dont la légitimité serait contestable,<br />

autant de pouvoirs qui dominent le<br />

jeu politique alors que leurs liens avec le<br />

citoyen sont distendus voire inexistants.<br />

Nous analyserons cette situation, les<br />

modes de représentation et les contrepouvoirs<br />

à l’œuvre, ainsi que les formes<br />

alternatives de vie démocratique, car toute<br />

crise ouvre le champ des possibles et la<br />

démocratie est sans cesse à réinventer.<br />

Valérie Battaglia


32<br />

LA DÉMOCRATIE CONFISqUÉE, ÉBRANLÉE : à RÉINVENTER ?<br />

COLLOqUE NATIONAL<br />

samedi 7 décembre de 9 h à 19 h<br />

entrée libre sur réservation<br />

La démocratie, qui désigne un régime politique dans lequel le pouvoir<br />

est exercé par le peuple, est une invention au long cours, de la<br />

Grèce antique à Facebook.<br />

Elle a connu des accélérations et des régressions. Nous vivons aujourd’hui<br />

une période paradoxale, témoins à la fois de progrès de<br />

la démocratie et de reculs. La revendication démocratique connaît<br />

une expansion mondiale et apparait comme universelle et non le<br />

propre des nations occidentales. Nous applaudissons au réveil des<br />

pays arabes, où la population s’est battue et se bat encore contre<br />

les régimes autoritaires et dictatoriaux, et entame ce long chemin<br />

pour obtenir droits, libertés, citoyenneté. Mais au même moment<br />

les démocraties occidentales, et particulièrement la démocratie française,<br />

sont ébranlées.<br />

Nous vivons une crise de ce que l’on nomme la « démocratie représentative<br />

», qui, là où elle est dominante, est pourtant considérée<br />

comme supérieure à d’autres types de régimes.<br />

En effet, rares sont celles et ceux qui, dans les milieux populaires, se<br />

sentent vraiment représentés par les professionnels de la politique.<br />

Peu se sentent concernés par l’offre politique existante, même si<br />

l’expression de leur frustration varie, du désenchantement au sentiment<br />

d’impuissance, en passant par l’« indignation » et le refus de<br />

voter. Ils ont le sentiment que la démocratie consiste à élire à la<br />

majorité (toute relative) des représentants qui vont défendre une<br />

minorité de privilégiés. Le malaise est grand et le sentiment d’un<br />

abandon des principes démocratiques est partagé par une grande<br />

partie de la population.<br />

Aussi nous semble-t-il intéressant de nous interroger sur ce phénomène<br />

: qu’est-ce qui ne fonctionne plus dans nos institutions et<br />

notre vie politique ? Sommes-nous dans une société « post-démocratique<br />

» ?<br />

Nous analyserons les symptômes de cette crise de la représentation<br />

qui, en France mais aussi ailleurs, se manifeste par la montée de<br />

l’abstention au sein des catégories populaires et des jeunes, par de<br />

nombreux mouvements sociaux, comme celui des « indignés » qui<br />

témoignent du refus des logiques institutionnelles et politiques.<br />

Dans ce contexte, peut-on parler de « confiscation de la démocratie<br />

» ? Si oui, quelles en sont les causes ? Par qui la démocratie est-elle<br />

confisquée ? Et selon quels mécanismes ?<br />

Le pouvoir de tous n’est-il pas accaparé par une minorité qui s’« autoreproduit<br />

» ? Ne sommes-nous pas comme le dit Jacques Rancière<br />

dans « un état de droit oligarchique » ?<br />

Qui sont les élites, politiques, économiques, administratives, financières,<br />

ces «experts» à la légitimité contestable, largement médiatisés,<br />

qui dominent le jeu politique alors que leurs liens avec le citoyen<br />

électeur est distendu, souvent inexistant ?<br />

N’utilisent-ils pas la complexification des processus de décisions<br />

pour éloigner le peuple de ses représentants et multiplier les processus<br />

opaques ? Les instances « supra » sont nombreuses, au niveau<br />

européen mais aussi au niveau local (l’intercommunalité en est un<br />

exemple parlant), tendant à rendre « invisibles », en tout cas « illisibles<br />

», les acteurs politiques et les processus de décision.<br />

En même temps, comme toute crise, celle de la représentation peut<br />

ouvrir un nouveau champ de possibles, dans la mesure où la démocratie<br />

n’est pas un modèle achevé mais plutôt une expérimentation<br />

qui se poursuit à travers les époques et les sociétés.<br />

Cette crise est l’occasion de réinterroger la forme actuelle de la démocratie,<br />

réduite au processus électoral, où la légitimité s’appuie sur<br />

les procédures formelles du vote et le multipartisme.<br />

Comment retrouver une vitalité démocratique ? Comment refonder<br />

la démocratie ?<br />

N’est-ce pas en redonnant aux citoyens la capacité de participer<br />

réellement aux débats et aux choix, tout autant qu’à la vie artistique<br />

et politique de leur ville, de leur région, de leur pays ?<br />

Comment, dans ce cadre, en corriger les défauts actuels par une<br />

meilleure représentation des femmes, de la diversité, des milieux<br />

sociaux, par le contrôle de l’action des élus, le développement de<br />

contre-pouvoirs dont on connait l’efficacité à travers les réseaux<br />

sociaux.<br />

Peut-on imaginer des formes alternatives, tout au moins complémentaires,<br />

à la démocratie représentative ?<br />

Ce colloque, ouvert à tous, réunira des philosophes, des sociologues<br />

et des spécialistes des sciences politiques qui dialogueront avec les<br />

participants, acteurs sociaux, culturels, citoyens porteurs d’expériences<br />

et d’interrogations.<br />

En partenariat avec<br />

Anita Weber


CONFÉRENCES / DÉBATS<br />

CATHERINE CLÉMENT<br />

LE 11 DÉCEMBRE à 20 H 30<br />

« LES QUESTIONS DU GENRE »<br />

Catherine Clément est philosophe et romancière. Normalienne, agrégée de philosophie, elle a été l’assistante de Vladimir Jankélévitch<br />

à la Sorbonne, puis, suite à ses rencontres avec Claude Lévi-Strauss et Jacques Lacan, elle s’est beaucoup consacrée à l’ethnologie et à<br />

la psychanalyse. Elle a dirigé la rubrique culture du Matin de Paris (quotidien aujourd’hui disparu) de 1976 à 1982, et l’Association<br />

française d’action artistique (aujourd’hui Institut français) de 1982 à 1987. Plusieurs de ses très nombreux livres, romans ou essais, ont<br />

rencontré un vif succès, notamment ceux qui lui ont été inspirés par ses années de vie à l’étranger (en particulier en Inde, mais également<br />

en Autriche et en Afrique). Citons entre autres Pour l’amour de l’Inde (Flammarion, 1993), Le Voyage de Théo (Seuil, 1998), Le<br />

Sang du monde (Seuil, 2004), Dix mille guitares (Seuil, 2010, prix Historia)… Elle a fondé et dirige actuellement l’Université populaire<br />

du Musée du Quai-Branly, et produit et anime une émission hebdomadaire sur France Culture : « Culture de soi, cultures des autres »…<br />

PATRICK PELLOUx<br />

LE 29 JANVIER à 20 H 30<br />

LA SANTÉ / « UNE SOIRÉE SANS ORDONNANCES »<br />

Patrick Pelloux est médecin urgentiste, et s’est fait connaître du grand public au cours de la canicule de l’été 2003, se servant des médias<br />

pour alerter sur la gravité de la situation, et ses conséquences dans les services d’urgence. Il quitte en 2008 l’hôpital Saint-Antoine où<br />

il a exercé pendant une quinzaine d’années, et exerce actuellement pour le SAMU de Paris à l’hôpital Necker. Il a été président de<br />

l’Asscociation des médecins urgentistes de France et vice-président de la Confédération des praticiens des hôpitaux. Chroniqueur<br />

dans Charlie-Hebdo et dans diverses émissions de télévision et de radio, il est notamment l’auteur de Urgentiste (Fayard, 2004), Histoires<br />

d’urgences (Cherche-Midi, 2007), Urgences pour l’hôpital (Cherche-Midi, 2008), On ne meurt qu’une fois, et c’est pour si longtemps<br />

(Robert Laffont, <strong>2013</strong>)…<br />

ALAN SOKAL<br />

LE 30 AVRIL à 20 H 30<br />

« SCIENCES, SAVOIR, VÉRITÉ : TOUT EST RELATIF ? »<br />

Alan Sokal est physicien et épistémologue. Américain, il enseigne actuellement à l’University College de Londres, après avoir enseigné<br />

longtemps à l’université de New York. Il est très connu pour l’« affaire Sokal », polémique qu’il lance en 1996 en faisant paraître dans<br />

la très sérieuse revue Social Text un article-canular où il parodie les prétentions scientifiques d’un certain nombre d’intellectuels des<br />

sciences humaines et sociales. Cet article, remplis d’énoncés absurdes, prétend mettre en évidence le peu de rigueur, voire le charlatanisme<br />

des auteurs qu’il vise. Sa démarche sera notamment interprétée comme une violente attaque contre la « french theory », dont des<br />

représentants comme Jacques Lacan, Jacques Derrida ou Bruno Latour sont très célébrés dans certains départements des universités<br />

américaines. De son côté, Alan Sokal affirme avoir surtout voulu combattre une sorte de relativisme postmoderne généralisé qui fait<br />

fi, selon lui, des principes les plus élémentaires de la recherche de la vérité, au sens scientifique du mot. Il reviendra sur l’« affaire » dans<br />

un livre coécrit avec Jean Bricmont, Impostures intellectuelles (Odile Jacob, 1997), ainsi que dans Pseudosciences et postmodernisme (Odile<br />

Jacob, 2005) et dans un livre publié en 2008 mais non encore traduit en France, Beyond the Hoax : Science, Philosophy and Culture (Audelà<br />

du canular : science, philosophie et culture).<br />

DENIS PODALYDÈS (SOUS RÉSERVE)<br />

LE 14 MAI à 20 H 30<br />

LA CULTURE<br />

Denis Podalydès est acteur de théâtre et de cinéma, metteur en scène de théâtre, scénariste, écrivain. Depuis 2000, il est sociétaire de<br />

la Comédie-Française, où il est entré comme pensionnaire en 1997. Il a joué dans de très nombreux films, notamment sous la direction<br />

de son frère Bruno (Dieu seul me voit, Liberté-Oléron, Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la dame en noir, Bancs publics,<br />

Adieu Berthe…), mais aussi sous celle, notamment, d’Arnaud Despleschins, Coline Serreau, Michel Deville, Bertrand Tavernier, Diane<br />

Kurys, Pascal Bonitzer, Robert Guédiguian, Raoul Ruiz, Emmanuel Bourdieu, Michael Haneke, Valérie Lemercier, Lætitia Masson,<br />

Xavier Durringer (son interprétation de Nicolas Sarkozy dans La Conquête reste mémorable), Noémie Lvovsky, Jean-Marie et Arnaud<br />

Larrieu… Nommé plusieurs fois aux Césars, comme acteur et comme scénariste, il a reçu deux Molières, dont celui de meilleur metteur<br />

en scène pour Cyrano de Bergerac de Rostand, créé à la Comédie-Française en 2006. Il a notamment publié, aux éditions du Seuil,<br />

Scènes de la vie d’acteur (2006) et La peur, Matamore (2010) et Voix off, au Mercure de France (2008)…<br />

33


34<br />

LE GUIDE<br />

DU DÉMOCRATE<br />

d’après Éric Arlix et Jean-Charles Massera<br />

mise en scène de Simon Delétang<br />

« Définition et objectifs des mecs et des nanas qui se font chier grave<br />

et qui ne se sentent plus porté(e)s par des trucs »<br />

Ainsi débute l’un des chapitres du Guide<br />

du démocrate, livre aux questionnements<br />

urgents et ultra-contemporains. Né de la<br />

volonté de réunir deux ouvrages Le Guide<br />

du démocrate, d’Éric Arlix et Jean-Charles<br />

Masséra, et We are l’Europe, de Jean-<br />

Charles Masséra, ce spectacle désopilant<br />

met à plat nos pratiques sociales contemporaines<br />

contaminées par l’imaginaire<br />

marchand. Deux hommes et une femme<br />

avec Lise Chevalier, Steven Fafournoux<br />

et François Rabette<br />

scénographie Daniel Fayet<br />

lumière David Debrinay<br />

son Nicolas Lespagnol-Rizzi<br />

production <strong>Théâtre</strong> Les Ateliers-Lyon<br />

se font tour à tour procureur, avocat ou<br />

cobaye d’une expérience démocratique.<br />

La pièce s’appuie sur le livre pour développer<br />

une structure dramaturgique, sous la<br />

forme d’une soirée type « connaissance du<br />

monde »…<br />

Ce qui pourrait n’être qu’un pensum<br />

politique de plus est ici une matière jubilatoire<br />

pour les acteurs grâce à la verve et<br />

l’humour des auteurs. Ils s’emparent de ce<br />

vendredi 13 décembre à 20 h 30<br />

qu’ils appellent « la langue de l’ennemi »,<br />

du marketing, des politiques et des slogans<br />

tout faits, pour mieux réinventer une<br />

langue dont nous sommes pourtant envahis<br />

ad nauseam : la langue « mdr » du<br />

démocrate, un être menacé d’auto-extinction.<br />

Simon Delétang adapte pour le<br />

théâtre cet essai à quatre mains et explore<br />

la crise existentielle de l’homo democraticus<br />

dans une sorte de catharsis drolatique.<br />

Dans le prologue du livre, vous évoquez<br />

le contexte d’un imaginaire post-politique,<br />

comme si le ou la démocrate ne<br />

vivait plus tellement en « démocratie ».<br />

Qu’est-ce qui a changé ?<br />

Éric Arlix : La plupart des démocrates<br />

sont seuls (même à plusieurs), stressés,<br />

flippés de perdre leur emploi ou de ne pas<br />

en trouver, endettés jusqu’au cou, sûrs<br />

de rien, dépolitisés, en surcharge pondérale,<br />

au régime (même sans surcharge<br />

pondérale), accros au shopping et au<br />

renouvellement incessant de leurs objets<br />

« intimes ». Un démocrate 2.0, cette foisci<br />

bien mondialisé, avec les mêmes pulsions<br />

d’achat de Rio à Osaka en passant<br />

par Limoges ou Tolmin, si tout ça n’est<br />

pas un changement radical… Ce qui a<br />

changé, c’est l’apparition d’une nouvelle<br />

culture, une culture mondiale, de facture<br />

modeste, faite d’ambitions moyennes,<br />

ayant abandonné toute idée d’actions collectives,<br />

une culture mondiale atomisante<br />

ayant enterré à jamais tout effort de transmission<br />

des savoirs. Un nouveau monde<br />

où les adolescents, le soir, pleurent parce<br />

qu’ils non pas eu le tout nouveau smartphone<br />

qui est trop bien.<br />

propos recueillis par Cyril De Graeve<br />

Chronic’art, mai 2010


LE DINDON<br />

Dindon : servir de dupe dans une affaire bancale.<br />

Pontagnac, coureur invétéré de jupons,<br />

suit une inconnue jusque chez elle pour<br />

lui faire des avances. Soudain surgit Vatelin,<br />

son mari, qui semble également<br />

reconnaitre son vieil ami. En position<br />

de faiblesse, Pontagnac voit la situation<br />

se retourner lorsqu’un événement imprévu<br />

vient semer la zizanie…<br />

mardi 17<br />

et mercredi 18 décembre<br />

à 20 h 30<br />

de Georges Feydeau<br />

mise en scène d’Hélène Lebarbier et Vica Zagreba<br />

Violons, guitares, flûtes soutiennent<br />

le tempo de la langue, et traduisent<br />

l’instabilité des rapports humains et<br />

des états, en un crescendo virevoltant.<br />

« Y a d’la folie » dans Le Dindon ! Ce<br />

délire saltimbanque nous plonge au<br />

cœur d’une partition subtile, enlevée,<br />

et provocante. Six musiciens campent<br />

LA PRESSE EN PARLE…<br />

Les jeunes acteurs en font des<br />

tonnes, mais avec brio. Ainsi Sébastien<br />

Rajon et Jean Barlerin qui ne<br />

boudent pas leur plaisir. Le public<br />

ne le boude pas non plus, il glougloute<br />

d’aise.<br />

Jacques Nerson, Nouvel Observateur<br />

Parmi les œuvres les plus connues de<br />

Georges Feydeau, ce Dindon prend ici<br />

un sacré coup de jeune grâce à l’excellente<br />

idée de l’habiller de musique<br />

tzigane. Violons, guitares, flûtes, soulignent<br />

le rythme effréné des situa<br />

sur le plateau. Ils font partie de cette famille<br />

loufoque et burlesque composée<br />

de neuf comédiens ; les corps dansent,<br />

s’emmêlent, les esprits s’échauffent,<br />

les notes volent, les personnages se<br />

fondent en irréductibles fêtards, coupejarrets,<br />

tire-bourses, et magouilleurs<br />

increvables.<br />

avec Vahid Abay en alternance avec<br />

Aurélien Osinski, Jean Barlerin,<br />

Léonard Cortana, Perrine Dauger,<br />

Aurélia Decker, Céline Hilbich,<br />

Laure Portier, Sébastien Rajon,<br />

et Clément Vieu<br />

et les musiciens Steeve Barré,<br />

Fabien Bucher, Marine Goldwaser,<br />

Aline Haelberg, Stélios Lazarou<br />

et Elodie Messmer<br />

scénographie Alice Gervaise<br />

costumes Laurence Barrès<br />

lumière Jérémy Riou<br />

graphisme Lucille Bot<br />

production le Guépard Echappé<br />

tions tout en symbolisant la versatilité<br />

des rapports humains. Sans jamais<br />

trahir Feydeau, six musiciens et neuf<br />

comédiens nous entraînent dans une<br />

sarabande d’une virevoltante vitalité.<br />

Michèle Bourcet, Télérama<br />

Pendant presque deux heures,<br />

l’énergie des jeunes comédiens ne<br />

faiblit jamais. Sautillants et tourbillonnants,<br />

ridicules quand il le<br />

faut, ils sont réjouissants.<br />

20 minutes<br />

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36<br />

DÉTAILS<br />

de Lars Norén<br />

mise en scène de Lena Paugam<br />

Détails est le troisième projet que la compagnie<br />

Lynceus-théâtre réalise dans le<br />

cadre de mon doctorat d’Art et de Création<br />

« SACRe » (PSL Research University)<br />

que j’ai intitulé La Crise du désir - états de<br />

suspension, espaces d’incertitude.<br />

Cette crise est à la fois une crise du sens<br />

(signification et direction) et des sens<br />

(sensations). Celle de ceux qui sont amenés<br />

à douter de leur existence. Celle de<br />

ceux qui ressentent la nécessité de résister<br />

contre l’accumulation des détails insignifiants<br />

de leur vie.<br />

Dans ma recherche sur la question du<br />

désir dans les écritures contemporaines,<br />

je choisis une œuvre pour ce qu’elle a de<br />

Emma, une jeune femme qui aspire à<br />

devenir écrivain, rencontre Erik, un<br />

éditeur, à qui elle a envoyé son premier<br />

roman. Ensemble, ils débutent une histoire<br />

d’amour. En parallèle, Stefan, un<br />

dramaturge talentueux, se retrouve aux<br />

urgences suite à de graves insomnies. Il<br />

est soigné par Ann, la femme d’Erik.<br />

Durant les quinze années que traverse<br />

la pièce, ces quatre visages se croisent,<br />

seuls ou en couple, dans des salons littéraires,<br />

au café, au théâtre, en salle de<br />

singulier et pour sa langue. Je m’intéresse<br />

aux manières dont les dramaturges impriment<br />

cette question dans leur dramaturgie.<br />

Monter Détails de Lars Norén, c’est faire<br />

le choix de se confronter à une langue très<br />

complexe, qui a ses faux-semblants, ses<br />

trompe-l’œil, et qui s’amuse du réel, du<br />

réalisme traditionnel. Ce théâtre ne supporte<br />

pas d’être pris au premier degré. Il<br />

tord les événements, les « réalités », les situations<br />

« normales », du quotidien ; nous<br />

surprend par des excès incontrôlables,<br />

des saillies inattendues. C’est un théâtre<br />

violent, drôle, grinçant, piégé au bord du<br />

précipice.<br />

sport, de Stockholm à New York, en<br />

passant par Florence et Tel Aviv.<br />

Le spectateur suit leurs trajectoires entrelacées,<br />

liées par le temps et l’espace<br />

dans un inévitable désastre, celui d’un<br />

bonheur ardemment recherché, sans<br />

doute jamais vraiment vécu.<br />

En une trentaine de séquences, nous<br />

sommes menés au cœur de la vie de<br />

chacun. Leurs secrets, leurs desseins,<br />

leurs mensonges, leurs espoirs et leurs<br />

abattements ont pour toile de fond la<br />

scène du monde de la fin du XX e siècle.<br />

jeudi 9 janvier à 19 h<br />

vendredi 10 janvier à 20 h 30<br />

Dans ce théâtre, la perte du désir se traduit<br />

comme la prise de pouvoir d’une<br />

absence, comme une soumission à l’invisible,<br />

comme la marque d’un vide oppressant<br />

qui investit tout. Les personnages<br />

sont des ombres explorant les territoires<br />

liminaires de la mort.<br />

Le désir de désir est un moyen de conjurer<br />

la mort. Détails pose la question du<br />

corps de l’autre, comme nécessaire lien<br />

de survie, il peut dire le désir de désir, la<br />

nécessité de réveiller son désir, le besoin<br />

de s’y confronter pour se sentir en vie.<br />

avec Ludmila Dabo, Lena Paugam,<br />

Benjamin Wangermée<br />

et Charles Zevaco<br />

traduction<br />

Camilla Bouchet et Amélie Wendling<br />

dramaturgie Sigrid Carré Lecoindre<br />

création sonore Samuel Gutman<br />

costumes Valérie Montagu<br />

production compagnie Lynceus-Theatre / avec le<br />

soutien du Jeune théâtre national, du Conservatoire<br />

national supérieur d’Art dramatique, de PSL Research<br />

University (doctorat d’art et de création SACRe),<br />

du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, du <strong>Théâtre</strong> des Cinq-Diamants, de<br />

Confluences, du Conseil général des Côtes d’Armor<br />

et de la Mairie de Binic<br />

Détails est publié en français par L’Arche Éditeur<br />

Lena Paugam<br />

Cette pièce, aussi drôle que grinçante,<br />

aussi dure que poignante, examine la<br />

crise du désir aujourd’hui comme un<br />

microcosme vu au microscope.


Le titre de la pièce Détails vous va<br />

comme un gant, si l’on considère votre<br />

œuvre dévolue à l’esprit et à l’art du<br />

détail.<br />

Lars Norén : C’est une pièce que j’ai écrite<br />

à la fin des années 90, qui s’étend sur<br />

dix ans. Des choses minimes, des détails<br />

collectés minutieusement, des fragments<br />

de vie qui, rassemblés, font une histoire.<br />

Chacun de ces événements permet de<br />

cerner les relations à l’intérieur d’un<br />

quatuor et la vie avec ses bonheurs et ses<br />

trahisons. Les intrigues ont lieu dans de<br />

grandes villes, New York, Stockholm,<br />

Florence, où j’ai pu vivre à cette époque.<br />

Détails est aussi une pièce qui parle du<br />

monde à travers des détails infimes, on<br />

sait la présence de guerres dans le Golfe,<br />

au Moyen-Orient, en Europe, on parle<br />

du sida, des problèmes de l’Afrique, etc.<br />

De la même manière, à un niveau intime<br />

ou mondial, on croit toujours qu’il s’agit<br />

de détails, mais en fait on comprend<br />

à quel point c’est important. J’ai aimé<br />

écrire cette pièce qui s’apparente à l’étrangeté<br />

d’un cauchemar fantastique même<br />

s’il ne s’agit que d’une composition faite<br />

de détails réalistes.<br />

Que diriez-vous de la question de<br />

l’amour aujourd’hui ?<br />

C’est un sentiment, une valeur, qu’il est<br />

difficile d’appréhender tant la réalité que<br />

recèle le mot « amour » varie. Quelles sont<br />

les raisons qui font que l’on reste sa vie<br />

entière avec la même personne, si ce n’est<br />

la rigueur de schémas sociaux bien ancrés ?<br />

Forcément, le désir par nature naît, grandit<br />

et meurt en chacun, mais nous cultivons<br />

aussi un idéal personnel, nous pensons à<br />

la survie de notre famille et à la sauvegarde<br />

de nos enfants. Tout aujourd’hui va si vite,<br />

la vie au jour le jour comme les passades<br />

amoureuses. On essaie de bâtir de toutes<br />

ses forces une relation avec autrui. Si l’on<br />

échoue, on souffre puisqu’on perd la maîtrise<br />

de la situation, on meurt d’un suicide<br />

mental tout en continuant à survivre dans<br />

une existence matérielle. Dans les pays<br />

pauvres africains et les pays fondamentalistes,<br />

il est plus difficile de « se séparer »,<br />

en raison de la société et de la religion. En<br />

Occident, on change de partenaire aisément,<br />

personne ne se soucie de vos liens,<br />

ce qui est aussi un problème… D’une<br />

façon générale, il est difficile de trouver<br />

l’âme-sœur tant le poids social pèse sur<br />

les individus. L’amour exige que l’on se<br />

batte pour construire une vie nouvelle ;<br />

en même temps, on fait abstraction de soi<br />

dans sa relation à l’autre et on perd ainsi<br />

un peu de sa vérité…<br />

propos recueillis par Véronique Hotte<br />

La Terrasse, septembre 2007<br />

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38<br />

LA VIE<br />

ExTÉRIEURE<br />

de Annie Ernaux<br />

mise en scène d’Hugues Demorge<br />

Quand je suis arrivée à Cergy, j’ai eu le<br />

désir d’écrire sur ce que ça signifiait de<br />

vivre ici, dans cette « ville nouvelle » de la<br />

région parisienne, moi qui avais toujours<br />

vécu en province. Je me suis mise à tenir<br />

un journal dans lequel je consignais les<br />

choses vues, entendues dans les lieux que<br />

je fréquentais habituellement, ces lieux où<br />

l’on croise les gens, le centre commercial<br />

des Trois-Fontaines, les supermarchés,<br />

la gare RER, les transports en commun.<br />

Une sorte de journal extérieur pour fixer<br />

des mots tagués sur les murs, des scènes<br />

fugitives, des conversations, ces multiples<br />

fragments d’existence saisis aux caisses de<br />

Leclerc et d’Auchan, chez le coiffeur, dans<br />

les couloirs du métro. Retenir le temps<br />

mais aussi déchiffrer les signes de plaisir ou<br />

de souffrance sociale, de la banalisation de<br />

l’exclusion. Donner à voir ce que tout le<br />

monde voit sans voir, sans vouloir voir, car,<br />

comme le dit Heidegger, « le chemin des<br />

choses proches pour nous autres hommes<br />

est de tout temps le plus long et le plus<br />

difficile ». Et sans doute le plus politique.<br />

Aujourd’hui, dans la pureté de sa mise en<br />

scène, Hugues Demorge offre à ces choses<br />

proches un surcroît d’existence et d’inter-<br />

vendredi 17<br />

et samedi 18 janvier à 20 h 30<br />

pellation. Par cette présence absolue qu’est<br />

le théâtre, il confère un accès direct, troublant,<br />

à notre vie et à la vie des autres.<br />

Annie Ernaux<br />

Lorsqu’on s’intéresse à l’œuvre novatrice<br />

d’Annie Ernaux et que, par ailleurs, on se<br />

préoccupe de théâtre, on peut – doit ? –<br />

s’interroger sur la place particulière qu’il<br />

convient de réserver aux fragments qui<br />

composent ses journaux extérieurs, Journal<br />

du dehors, publié en 1993, La Vie extérieure,<br />

en 2000.<br />

Après avoir lu au fil de son introduction :<br />

« J’ai eu envie de transcrire des scènes, des<br />

paroles, des gestes d’anonymes (…) des<br />

graffiti… », ou bien : « qu’on se découvre<br />

soi-même davantage en se projetant dans<br />

le monde extérieur que dans l’introspection<br />

du journal intime… », comment ne<br />

pas songer alors à d’autres termes ? « Adaptation<br />

», par exemple. Des « scènes… »,<br />

qui, paradoxalement, n’avaient jamais été<br />

mises en scène. A fortiori, près du théâtre<br />

des opérations…<br />

Hugues Demorge<br />

Annie Ernaux<br />

Depuis son premier roman Les Armoires<br />

vides en 1974, cette écrivaine,<br />

agrégée de lettres et originaire d’un<br />

milieu ouvrier, n’a eu de cesse de<br />

parler de sa vie, d’elle-même, et plus<br />

particulièrement de ses émotions.<br />

Souvent accusée d’impudeur, elle<br />

nie en bloc expliquant que l’exhibitionniste<br />

se cache en espérant<br />

être pris en flagrant délit. Pas Annie<br />

Ernaux qui ne cache rien, se justifiant<br />

par un simple « ça s’est passé »,<br />

même si elle avait conscience de sa<br />

tendance à vouloir écrire des livres<br />

« qui rendent le regard d’autrui<br />

insoutenable... » C’est de ce paradoxe<br />

que jaillit son écriture épurée.<br />

Non pour se singulariser ; mais pour<br />

exprimer les plaies intérieures, celles<br />

de sa difficulté à surmonter le fossé<br />

entre ses origines et ses amours littéraires,<br />

celles de ses relations passionnées<br />

et complexes avec les hommes<br />

et l’amour en général, celles de la<br />

maladie d’Alzheimer, celle de son<br />

avortement illégal dans La Honte.<br />

Prix Renaudot pour La Place,<br />

Annie Ernaux dérange, agace, fascine<br />

mais ne cède jamais aux sirènes<br />

du business qui domine tant les lois<br />

du marché littéraire.<br />

Hugues Demorge<br />

Professeur de lettres au collège de<br />

Vigny, il est aussi, parfois, auteur et<br />

metteur en scène, créant alors, au<br />

sein du collectif L’Excès inverse, des<br />

formes poétiques un rien déjantées :<br />

En jeu(x) (2001-2002), Ni l’ombre<br />

ni la lumière (2005-2007), Rare fil<br />

(2008-2009). Montrées au <strong>Théâtre</strong><br />

<strong>95</strong>, ou ailleurs. Ses rencontres avec<br />

Annie Ernaux l’incitent, depuis<br />

quelque temps, à revoir sa copie…<br />

avec Corianne Mardirossian<br />

production L’Excès inverse / avec le soutien du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>


Des os et du boudin<br />

MORTAGNE<br />

Le mois dernier, en page une du bulletin<br />

municipal L’Écho des Remparts<br />

(n° 328), un article sur cinq colonnes,<br />

signé de la belle plume de René<br />

Pichegru – président d’honneur de<br />

la Société mortagnaise d’archéologie<br />

– apprenait aux administrés une nouvelle<br />

qui depuis n’a pas manqué de<br />

se propager, telle une onde sismique,<br />

dans les milieux scientifiques internationaux.<br />

Quelques semaines plus tôt,<br />

les travaux d’excavation au 4 e niveau<br />

du futur parking souterrain, place<br />

du Général-de-Gaulle, avaient mis<br />

au jour trois squelettes d’hominiens<br />

(deux adultes et une fillette) vieux de<br />

plus de 8 millions d’années.<br />

Dépêchés sur place en toute hâte, les<br />

deux éminents paléo-anthropologues<br />

David F. Becker et Wolfgang Hugues<br />

s’accordaient aussitôt à dire qu’il<br />

s’agissait là des « plus anciens spécimens<br />

de ce qu’il est convenu d’appeler<br />

nos ancêtres ».<br />

Le défilé hautement médiatisé de personnalités<br />

issues du monde politique<br />

et du spectacle venues s’incliner sur<br />

ces restes vénérables, a permis en un<br />

second temps de les faire connaître au<br />

grand public.<br />

Depuis lors, la ville de Mortagneau-Perche,<br />

soutenue par le Conseil<br />

général de l’Orne, cherche par quels<br />

moyens valoriser ces nouvelles « ressources<br />

humaines » en termes de dé-<br />

veloppement touristique et culturel.<br />

Selon des indiscrétions émanant du<br />

conseil municipal, plusieurs projets<br />

seraient déjà à l’étude, parmi lesquels<br />

la construction d’un grand complexe<br />

muséal à vocation pédagogique<br />

(murs et projections vidéos sur écrans<br />

géants), où seraient exposées des répliques<br />

en silicone des précieux ossements.<br />

Si le choix du lieu porte encore<br />

à polémique (on a évoqué un temps<br />

le site de l’ancien centre de formation<br />

canine), il semblerait toutefois que le<br />

principe en soit acquis.<br />

Nous avons d’autre part appris par le<br />

biais de Susan MacLean, responsable<br />

du service de presse du National Museum<br />

of Natural History de Washington,<br />

que le célèbre musée américain<br />

se proposait d’acquérir le squelette<br />

de la fillette pour une somme encore<br />

tenue secrète mais que des indiscrétions<br />

situent au-delà des 3 millions de<br />

dollars. Une manne dont la ville aurait<br />

bien besoin en ces temps difficiles où<br />

le chômage frappe un actif mortagnais<br />

sur quatre et bon nombre d’exploitations<br />

agricoles.<br />

On retiendra aussi la proposition<br />

audacieuse de la présidente du Comité<br />

des fêtes, mademoiselle Céline<br />

Chartier, qui souhaiterait voir la<br />

cité mortagnaise inscrite au registre<br />

de l’UNESCO sous le titre flatteur<br />

de « berceau de l’Humanité ». Le<br />

Conseil municipal l’a d’ores et déjà<br />

assurée d’un indéfectible soutien, alors<br />

que s’élèvent les cris indignés de l’association<br />

« Laissez-les dormir en paix »,<br />

soutenue (ce n’est un secret pour personne)<br />

par le puissant lobby des producteurs<br />

de boudin noir, qui craint de<br />

voir sa célèbre spécialité charcutière<br />

passer au rang de simple faire-valoir<br />

folklorique.<br />

Quant au non moins puissant lobby<br />

des « anonymes de tous les pays » établi<br />

à Mortagne depuis le début des<br />

années 90, il n’a pas attendu sa réunion<br />

plénière annuelle pour réagir par<br />

un tweet cinglant de son président :<br />

« Nous craignons qu’une telle découverte,<br />

pour peu qu’elle soit validée<br />

(sans parler des polémiques qu’elle est<br />

en train de faire naître à l’échelle régionale),<br />

ne menace, à court ou moyen<br />

terme, la pérennité de ce beau titre de<br />

“capitale mondiale de l’anonymat”,<br />

qui continue de faire le prestige de la<br />

cité mortagnaise, et que la plupart des<br />

bourgs alentours nous envient. »<br />

Jean-Christophe Gallo<br />

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40<br />

AU DÉBUT…<br />

MYTHOLOGIES ENFANTINES<br />

texte et mise en scène de Joël Dragutin<br />

Porter un regard curieux, étonné, émerveillé,<br />

respectueux sur les enfants. Mesurer<br />

l’écart entre ceux que nous avons été et<br />

ceux dont nous avons – parents, artistes,<br />

citoyens – la responsabilité.<br />

Plus encore aujourd’hui, qu’hier peut-être,<br />

cette responsabilité nous interroge : par<br />

l’extension de son champ, par la difficulté<br />

de l’exercer.<br />

Diagnosticien des symptômes des mutations<br />

sociales, auteur de tragi-comédies sur<br />

nos mythologies contemporaines, capteur<br />

des affects exprimés dans nos mises à jour<br />

linguistiques, Joël Dragutin met ici en<br />

scène une observation attentive, inquiète<br />

parfois, amusée souvent et toujours généreuse<br />

et aimante de l’univers des enfants<br />

à l’heure de la techno-communication<br />

mondialisée. Un spectacle pour les enfants<br />

et leur liberté de rêver, d’expérimenter,<br />

d’inventer, une liberté indispensable à leur<br />

apprentissage d’adulte citoyen et émancipé.<br />

Un spectacle pour les adultes qui<br />

pensent nécessaire de préserver le temps de<br />

l’enfance comme celui de la mise en forme<br />

mardi 28<br />

et vendredi 31 janvier à 19 h,<br />

jeudi 30 et vendredi 31 janvier<br />

à 14 h 30,<br />

jeudi 6, vendredi 7, jeudi 13<br />

et vendredi 14 février à 14 h 30,<br />

samedi 8 février à 17 h,<br />

mardi 11 et vendredi 14 février<br />

à 19 h,<br />

mercredi 12 février à 10 h<br />

Centre culturel de Jouy-le-Moutier<br />

le mercredi 5 février à 9 h et 18 h<br />

à partir de 6 ans<br />

(En partenariat avec la programmation<br />

« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />

distribution en cours<br />

de leur capacité de penser, de la construction<br />

progressive de leur autonomie.<br />

À partir d’un fait divers banal de la vie<br />

quotidienne d’un enfant (le vol d’une tablette<br />

numérique), Joël Dragutin partira à<br />

la découverte de la réalité et de l’imaginaire<br />

d’un groupe d’enfants de notre début de<br />

siècle.<br />

Comment nos enfants parlent, rient,<br />

pleurent, s’effraient, aiment, rêvent,<br />

jouent, grandissent ? Sont-ils encore les<br />

enfants que nous avons été ou est-ce que<br />

notre monde – avec ses grandes mutations<br />

économiques et culturelles, sa complexité<br />

tissée de technologies, d’univers virtuels,<br />

d’images, de sons – aurait profondément<br />

modifié les petits de l’être humain ? Quels<br />

rapports entretiennent-ils avec leur famille<br />

(composée, décomposée, recomposée…) ?<br />

Comment vivent-ils l’école, le quartier, les<br />

autres ? Comment perçoivent-ils l’avenir ?<br />

Une des originalités de ce projet théâtral<br />

consiste à faire interpréter les rôles de ces<br />

enfants de 6 à 8 ans par des comédiens<br />

adultes, en étant le plus proche possible de<br />

leur langage, de leur syntaxe, de leur codes<br />

verbaux, de leurs hésitations. Ce décalage<br />

ouvrira la voie à un surréalisme de situations<br />

propices à la distanciation et aux décadrages<br />

qui permettent le surgissement de<br />

considérations inattendues, surprenantes,<br />

éclairantes.<br />

À un moment où la culture occidentale<br />

s’interroge sur le sens de son histoire,<br />

doute de ses valeurs et de ses certitudes,<br />

explorer les mythologies enfantines peut<br />

nous permettre d’apporter quelques pistes<br />

intéressantes et peut-être quelques débuts<br />

de réponses quant à notre avenir…<br />

Dans le travail dramaturgique autour de<br />

cette création, les concepts de « natalité »,<br />

d’« avènement », de « révolution » qui sont<br />

au cœur de la pensée d’Hannah Arendt<br />

sur l’éducation, la politique et l’histoire,<br />

ont trouvé un écho particulier et ont donné<br />

du sens à ce désir de porter sur la scène<br />

ces personnages enfantins depuis toujours<br />

héritiers et pionniers de notre aventure<br />

humaine.


C’est également avec l’éducation que<br />

nous décidons si nous aimons assez nos<br />

enfants pour ne pas les rejeter de notre<br />

monde, ni les abandonner à eux-mêmes,<br />

ni leur enlever leur chance d’entreprendre<br />

quelque chose de neuf, quelque chose que<br />

nous n’avions pas prévu, mais les préparer<br />

d’avance à la tâche de renouveler un<br />

monde commun.<br />

Hannah Arendt<br />

Joël Dragutin<br />

Metteur en scène, directeur du <strong>Théâtre</strong><br />

<strong>95</strong>, il est également l’auteur d’une dizaine<br />

de pièces dont La Baie de Naples,<br />

Tant d’espace entre nos baisers, Sens<br />

unique, Haute altitude, La Spectatrice,<br />

Grande vacance, Petits voyages au bout<br />

de la rue, Chantier public, Une maison<br />

en Normandie…, représentées tant en<br />

France qu’à l’étranger. Il a également<br />

met en scène une trentaine d’auteurs<br />

classiques et contemporains : Molière,<br />

Courteline, Michaux, Vinaver, Kroetz,<br />

Havel, Musset, Brecht…<br />

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LES COPRODUCTIONS DU<br />

THÉÂTRE <strong>95</strong><br />

EN TOURNÉE<br />

Chaque année, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> reçoit en Résidence et participe à la production de créations<br />

en partenariat avec les compagnies et de nombreux théâtres en France et à l’étranger.<br />

Vous pouvez les voir, revoir ou informer votre entourage que les spectacles du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

sont visibles ailleurs.<br />

Rosilyn<br />

Centre culturel, Jouy-le-Moutier le 20 septembre <strong>2013</strong><br />

La Maison et le Zoo<br />

Les 13-Vents-CDN, Montpellier, représentations du 1 er au 12 octobre <strong>2013</strong><br />

<strong>Théâtre</strong> du Rond-Point, Paris, représentations du 3 au 29 juin <strong>2014</strong><br />

Bérénice<br />

Centre Culturel Aragon, Oyonnax, quatre représentations les 26 et 27 novembre <strong>2013</strong><br />

Le Banquet de la vie<br />

Cormeilles-en-Parisis, deux représentations les 23, 24 novembre <strong>2013</strong><br />

Marines, deux représentations le 29 novembre <strong>2013</strong><br />

Saint-Gratien, deux représentations le 7 décembre <strong>2013</strong><br />

Eaubonne, deux représentations le 13 décembre <strong>2013</strong><br />

Rencontres d’ici et d’ailleurs, Noisy-le-Sec, quatre représentations en mai <strong>2014</strong><br />

Lune Jaune<br />

TNP, Villeurbanne, dix représentations du 11 au 21 février <strong>2014</strong><br />

Marie Tudor<br />

Centre culturel Aragon, Oyonnax, 20 et 21 janvier <strong>2014</strong><br />

<strong>Théâtre</strong> l’Esplanade du Lac, Divonne, 24 janvier <strong>2014</strong><br />

<strong>Théâtre</strong> de Bourg-en-Bresse, 28, 29 et 30 janvier <strong>2014</strong><br />

Sous la ceinture<br />

<strong>Théâtre</strong> des Célestins, Lyon, dix représentations du 1 er au 11 avril <strong>2014</strong><br />

L’Estivante et La Spectatrice<br />

Le Lucernaire, Paris, du 19 mars au 26 avril <strong>2014</strong><br />

Au début…<br />

Centre culturel, Jouy-le-Moutier, deux représentations le 5 février <strong>2014</strong><br />

Les 13-Vents-CDN, Montpellier, trois représentations du 22 au 24 avril <strong>2014</strong>


DAKINI Incantations<br />

La dakini, déité féminine, entre ciel et terre, entre cri et chuchotement, entre parole et chant,<br />

parle « la langue des oiseaux », la langue de la musique.<br />

Trio issu des différentes disciplines du spectacle<br />

vivant (théâtre, musique et danse),<br />

le laboratoire Dakini est une expérience<br />

collaborative entre des musiciens créant à<br />

partir d’improvisations pour aboutir à des<br />

formes écrites ou semi-écrites, voire pour<br />

inventer en public.<br />

Sur scène, ils offrent un concert littéraire<br />

autour du fourmillement des langues, de<br />

la rencontre des textes et de la musique,<br />

à la recherche de l’origine de la parole,<br />

du dire. Véritable espace vivant, à la croisée<br />

des langages et des matières sonores<br />

contemporaines, leur spectacle Incantations<br />

va à la rencontre des textes d’auteurs<br />

vivants ou plus anciens tels que : Édith<br />

Azam, Aimé Cézaire, François Cheng,<br />

Marguerite Duras, Louise Labbé, Wajdi<br />

Mouawad, Fernando Pessoa, Jean Racine,<br />

Saint-John Perse, Jean-Pierre Siméon…<br />

Leur musique flirte avec différents styles<br />

(voix chantée et parlée, guitare, percus-<br />

« Elle chantait, si c’est chanter, mais non. C’était plutôt entre voix et langage,<br />

Une façon de laisser la parole<br />

Errer, comme à l’avant incertain de soi,<br />

Et parfois ce n’étaient pas même des mots,<br />

Rien que le son dont les mots veulent naître,<br />

Le son d’autant d’ombre que de lumière<br />

Ni déjà la musique ni plus le bruit ».<br />

Yves Bonnefoy<br />

sions, piano, sons électro) et interroge,<br />

explore l’univers des mots. Texture, grain,<br />

espace sonore dessinent les contours d’une<br />

esthétique contemporaine.<br />

Incantations est une expérience entre<br />

concert, théâtre et poésie, où les mots se<br />

font musique…<br />

vendredi 28 février à 20 h 30<br />

Laboratoire de poésie sonore<br />

/ concert littéraire<br />

voix Valérie Capdepont<br />

guitare, piano électro Olivier Bobinnec<br />

percussions, batterie Anne-Laure Gros<br />

basse, ordinateur Érik Baron<br />

production Dakini création<br />

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LA PARITÉ<br />

VARIATION EN 6 PETITES FORMES THÉÂTRALES DE 15 MINUTES CHACUNE<br />

POUR 6 AUTEURS (3 F ET 3 H)<br />

POUR 6 METTEURS EN SCÈNE (3 F ET 3 H)<br />

ET 2 ACTEURS (1 F ET 1 H)<br />

Dans le cadre de leur engagement dans la Saison Égalité 1, orchestrée par l’association « H/F Île de<br />

France», le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> et le <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire à Paris proposent d’impulser la production de six<br />

courtes formes théâtrales sur l’égalité homme-femme.<br />

Ces deux théâtres soucieux de soutenir<br />

la production de textes théâtraux<br />

d’auteurs vivants se sont emparé de<br />

cette thématique qu’ils soumettront<br />

aux sociétés d’auteurs, aux associations<br />

regroupant les écrivains et auteurs de<br />

théâtre et à tous.<br />

L’objectif est de créer six formes théâtrales<br />

brèves qui seront présentées en<br />

un seul spectacle, ou de manière fragmentée<br />

pour des levers de rideau, des<br />

présentations de saison, etc.<br />

Un appel à projet a été lancé invitant<br />

des auteurs à proposer des textes courts<br />

(15 minutes environ) sur l’égalité<br />

femme/homme et sur la question de la<br />

parité.<br />

Au cours de la saison une comédienne<br />

et un comédien seront choisis. Ils joueront<br />

les six pièces qui auront été sélectionnées<br />

par un jury paritaire et mises<br />

en scènes par six metteurs en scène,<br />

trois hommes et trois femmes. Ces<br />

créations se répéteront en février et seront<br />

présentées en mars au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>,<br />

au Centre culturel de Jouy-le-Moutier<br />

et au <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire.<br />

distribution en cours


jeudi 6 mars à 19 h<br />

et le vendredi 7 mars à 20 h 30<br />

Constat et Mobilisation<br />

Depuis plusieurs années maintenant la<br />

parité femmes/hommes fait l’objet de<br />

débats et de décisions politiques pour<br />

rééquilibrer les inégalités, réduire les<br />

discriminations. Cette préoccupation<br />

touche depuis peu le monde de la<br />

culture. Au milieu des années 2000, des<br />

personnalités de notre secteur se sont<br />

penchées sur ce que l’on considère, à<br />

juste titre, comme une situation peu<br />

acceptable. Des études, notamment<br />

statistiques, révèlent un état des lieux<br />

fort défavorable quant à la place des<br />

femmes dans le monde de l’art et de<br />

la culture, au sein duquel le spectacle<br />

vivant ne fait pas figure d’exception.<br />

Quelques chiffres cités ci-dessous décrivent<br />

cette réalité.<br />

Forts de ce constat, des collectifs se sont<br />

constitués dans de nombreuses régions<br />

françaises, et militent pour développer<br />

une prise de conscience, proposer des<br />

actions et susciter des initiatives.<br />

En Île-de-France, le collectif H/F a<br />

d’ores et déjà fédéré plus de vingt<br />

théâtres, qui se sont engagés à adhérer<br />

et à appliquer une charte triennale tendant<br />

à la parité dans les programmations<br />

et productions et dans la gouvernance<br />

interne des établissements. Leur<br />

Le saviez-vous ?<br />

Dans nos institutions culturelles nationales…<br />

85% des textes représentés sont écrits par des hommes.<br />

78% des spectacles joués sont mis en scène par des hommes.<br />

97% des musiques interprétées sont composées par des hommes.<br />

81% des dirigeants de l’administration culturelle nationale sont des hommes.<br />

75% des théâtres nationaux dramatiques et lyriques sont dirigés par des<br />

hommes.<br />

96% des opéras sont dirigés par des hommes.<br />

En moyenne, les subventions et les budgets accordés aux femmes sont d’un tiers<br />

inférieurs à ceux des hommes.<br />

Pensez-vous vraiment que les femmes aient moins de talent ?<br />

(Chiffres extraits des rapports de Reine Prat en 2006 et en 2009 sur le spectacle vivant,<br />

commandés par le ministère de la Culture et de la Communication.)<br />

action emblématique sera le lancement<br />

de la Saison Égalité en <strong>2013</strong>/<strong>2014</strong>.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’inscrit avec conviction<br />

dans cette démarche, engagé tant dans<br />

l’esprit que dans sa programmation<br />

tout au cours de cette saison.<br />

Une initiative<br />

d’H/F Ile-de-France<br />

L’association H/F Île-de-France<br />

a pour objectif de parvenir à une<br />

égalité femmes/hommes dans les<br />

politiques et pratiques artistiques<br />

et culturelles. H/F Ile-de-France<br />

s’inscrit dans le mouvement H/F,<br />

fédération interrégionale.<br />

La Saison Égalité Hommes/<br />

Femmes en Île-de-France<br />

est soutenue par le Fonds social<br />

européen et la Région Île-de-<br />

France.<br />

H/F Île-de-France est soutenue<br />

par la Région Île-de-France et<br />

l’Observatoire de l’égalité entre les<br />

femmes et les hommes de la Ville<br />

de Paris.<br />

Retrouvez H/F sur Facebook<br />

et sur Twitter<br />

Informations: :<br />

http://www.hf-idf.org<br />

contact@hf-idf.org<br />

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46<br />

SPIRALE<br />

d’après le roman Vallen d’Anne Provoost<br />

adaptation et mise en scène d’Eric de Dadelsen<br />

Des vacances d’été chez sa grand-mère<br />

ou comment passer un séjour entre ennui<br />

et bonheur de retrouver Caitlin, une<br />

jeune danseuse contemporaine. Lucas,<br />

jeune adolescent, passe des vacances sans<br />

histoires, quand la maison est visitée<br />

par de petits voleurs. Dans la bourgade,<br />

aucun doute, les rumeurs circulent aussi<br />

bien du côté des villageois que des gendarmes<br />

: « trop d’étrangers, trop d’arabes,<br />

on n’est plus en sécurité ».<br />

Lors d’un passage à l’armurerie, Lucas<br />

rencontre Benoît, un garçon brillant, soidisant<br />

journaliste et défenseur de l’ordre<br />

et des valeurs occidentales. Alex, son<br />

acolyte, joue pour sa part les hommes<br />

de main. Les liens entre eux se nouent<br />

rapidement d’autant plus que Benoît et<br />

vendredi 14 mars <strong>2014</strong><br />

à 14 h 30 et 19 h<br />

À partir de 13 ans<br />

Alex semblent tout connaître du grandpère<br />

de Lucas, de ses idées, de son passé<br />

durant la guerre. Un ensemble d’histoires<br />

dont Lucas, lui, ignore tout…<br />

Une spirale se dessine, peu à peu Lucas<br />

prend conscience du secret de sa famille<br />

et du silence qui l’entoure. Sous l’emprise<br />

de Benoît et de sa vision du monde, il<br />

participe à des actes xénophobes et se<br />

transforme en un véritable activiste :<br />

cocktails molotov, ratonnades…<br />

Lucas est tiraillé… D’un côté, ses convictions<br />

humanistes et son attirance pour<br />

Caitlin, jeune fille juive issue d’une famille<br />

au passé tragique. De l’autre, sa fascination<br />

pour Benoît, pour son charisme<br />

et ses idées. Tourmenté par ces pensées<br />

antagonistes, il plonge et se laisse empor-<br />

avec Laurent Cazanave,<br />

Thomas Pasquelin, Frédéric Pichon<br />

et Lina Schlageter<br />

chorégraphie Loïc Touzé<br />

scénographie Jean-Pierre Gallet<br />

costumes Pascaline Chavanne<br />

lumière Stéphane Chesnais<br />

création vidéo Stéphane Pougnand<br />

production Goldmund <strong>Théâtre</strong> de la Bouche d’Or–<br />

Ploërmel / avec le soutien de la DRAC Bretagne, du<br />

Conseil régional de Bretagne, du Conseil général du<br />

Morbihan et de la CDC de Ploërmel<br />

d’après le roman Vallen d’Anne Provoost, paru en<br />

français sous le titre Le Piège (Seuil, 1997)<br />

ter inexorablement vers les profondeurs.<br />

En mettant en scène le texte d’Anne Provoost,<br />

Eric de Dadelsen nous présente<br />

une véritable fable contemporaine et apporte<br />

des éléments de réponse à de nombreuses<br />

questions toujours très actuelles:<br />

Comment peut-on manipuler les gens en<br />

utilisant leur propre histoire ? Sur quels<br />

mécanismes subtils jouent les idéologues<br />

du néonazisme ? Comment peut-on distiller<br />

des idées au nom du bien commun<br />

et de l’intérêt général tout en maquillant<br />

leur intolérance et en pratiquant l’ostracisme<br />

? Comment le discours populiste<br />

peut-il séduire en se déguisant habilement<br />

derrière une apparence de démocratie ?


DAL VIVO<br />

de Flop Lefebvre<br />

Une escapade lumineuse<br />

Performance sur le geste et la lumière<br />

Étonnante expérience que Dal Vivo !<br />

Sous nos yeux ébahis, Flop construit<br />

des images vivantes et fragiles qui<br />

naissent du mouvement et de la rencontre<br />

entre la lumière et la matière.<br />

D’un dispositif désuet manipulé et<br />

éclairé entièrement à vue, apparaît une<br />

peinture éphémère dans laquelle les<br />

particules de lumières remplacent les<br />

pigments.<br />

Dans une baraque de bois qui lui sert<br />

d’atelier-laboratoire, plongé dans une<br />

semi-obscurité, il cherche à faire parler<br />

des objets de récupération accumulés<br />

au cours de sa vie, il redonne à ces objets<br />

du quotidien toute leur dimension<br />

poétique et nous embarque dans un<br />

monde peuplé de chimères.<br />

Avec des bricolages exposés sous nos<br />

yeux : variateur de lumière à manivelle,<br />

petites machines qui impulsent le mouvement<br />

de la matière, lentilles, miroirs,<br />

diapos, bouts de Scotch suspendus ici<br />

ou là, Flop fait parler des ustensiles de<br />

cuisine, de la vaisselle, des bougeoirs,<br />

des petits systèmes mécaniques et les<br />

transpose sur grand écran en une réalité<br />

ineffable et vibrante. Il crée en direct un<br />

paysage en perpétuelle construction, une<br />

image vivante et fragile. C’est un nouveau<br />

monde animé qu’il nous offre dans<br />

l’intimité de son atelier. Chaque reflet,<br />

mercredi 19 mars<br />

à 9 h 30 et 15 h,<br />

jeudi 20 et vendredi 21 mars<br />

à 9 h, 10 h 30 et 15 h,<br />

samedi 22 mars<br />

à 9 h 30 et 17 h<br />

À partir de 2 ans<br />

(En partenariat avec la programmation<br />

« Pestacles » de la ville de Cergy)<br />

chaque transparence, chaque ombre ou<br />

diffraction lumineuse devient la composante<br />

de tableaux animés dont nous<br />

sommes les spectateurs.<br />

Cet artiste inclassable crée un nouveau<br />

monde, hors du temps et de l’espace,<br />

dans lequel chacun se raconte son histoire.<br />

Pas à pas, comme un peintre à<br />

l’affût de l’inattendu, il provoque une<br />

émotion qui fait remonter de lointaines<br />

sensations : l’exaltation de l’enfance face<br />

à la magie.<br />

Embarquement immédiat pour une<br />

escapade lumineuse au croisement de la<br />

peinture et du cinéma qui émerveillera<br />

petits et grands.<br />

coproduction Le Channel-Scène nationale de Calais,<br />

A.T.H. Associés, Lili Désastres<br />

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48<br />

LUNE JAUNE, LA BALLADE DE LEILA ET LEE<br />

de David Greig<br />

mise en espace de Baptiste Guiton<br />

Lune Jaune est la rencontre improbable entre Leila la silencieuse et<br />

Stag-Lee le mauvais garçon, deux adolescents rejetés et stigmatisés,<br />

à l’existence fragile.<br />

Lee vit seul avec sa mère Jenni, depuis<br />

que son père est parti quand il avait cinq<br />

ans, lui laissant pour seul souvenir une<br />

casquette. Lee rêve de faire fortune grâce<br />

au crime, de devenir, tiens, pourquoi pas<br />

le premier mac d’Inverkeithing ? Leila<br />

est «une bonne petite», mais son corps<br />

l’encombre, une jeune fille qui ne se sent<br />

exister que lorsqu’elle se passe une lame<br />

de rasoir sur le corps en rêvant aux célébrités<br />

de la presse people. Quant à Billy,<br />

le beau-père de Lee, il aimerait offrir une<br />

bague à Jenni.<br />

Un mauvais départ, une erreur, un<br />

meurtre, et voilà Lee fuyant en plein<br />

hiver dans les collines hostiles, à la recherche<br />

de son père. Accompagné de<br />

Leila la silencieuse, ils sont recueillis par<br />

Frank le garde-chasse. Trois êtres perdus<br />

qui passent à ça de se trouver. Ou qui se<br />

trouvent… Et se perdent.<br />

avec Émilie Chertier,<br />

Grégoire Isvarine, Jérôme quintard<br />

et Tiphaine Rabaud Fournier<br />

traduction Dominique Hollier<br />

musique originale Sébastien quencez<br />

dramaturgie Adrien Cornaggia<br />

scénographie et costumes Gaëlle Viémont<br />

lumière Arianna Thöni<br />

régie générale Julien Imbs<br />

régie son Clément-Marie Mathieu<br />

administration<br />

Coralie Guibert et Julie Lapalus<br />

production Le <strong>Théâtre</strong> Exalté / avec le soutien du TNP,<br />

Villeurbanne, du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

L’auteur est représenté dans les pays de langue<br />

française par l’Agence MCR, Marie Cécile Renauld, Paris,<br />

en accord avec Casarotto Ramsay, London.<br />

Leila et Lee, deux destins réunis<br />

Leila est un personnage entre souffrance<br />

de la chair et quête spirituelle qui<br />

s’acharne à exister, à sortir d’elle-même.<br />

Lee, inconséquent et impulsif, ressasse le<br />

passé d’un abandon paternel. Il est celui<br />

qu’on exclut, qu’on bannit. Tous deux ne<br />

sont nulle part. Dès lors, leur rencontre<br />

féconde le projet d’un territoire commun,<br />

d’une renaissance. Lune Jaune est<br />

une mémoire, morcelée, l’élaboration<br />

d’un mythe intime dont la restitution<br />

se fait par le biais de multiples procédés<br />

narratifs : ce théâtre s’empare de la forme<br />

romanesque, du polar, du poème, de la<br />

chanson de geste, du slam, de la ballade<br />

enfin. Ce mélange des registres démultiplie<br />

les points de vue et confère à l’œuvre<br />

une dimension tragi-comique. Il s’agit<br />

moins de tout comprendre que de tout<br />

reconnaître.<br />

jeudi 20 mars à 19 h<br />

vendredi 21 et samedi 22 mars<br />

à 20 h 30<br />

Une scène comme un terrain de jeu<br />

Baptiste Guiton installe ses comédiens<br />

dans un espace homogène et escarpé,<br />

une tourbe blonde au sol que l’on peut<br />

modeler à souhait, et dont on extirpe les<br />

nécessités du plateau (table, biche, banc<br />

costumes etc.). Un espace scénique tel<br />

un bac à sable, dans lequel l’enfance sédiment<br />

ses jeux, utilisé ici comme principe<br />

inhérent à toute théâtralité : les enfants<br />

passent plus de temps à définir les règles,<br />

à organiser leur relation et leur terrain de<br />

jeu qu’à jouer, en définitive.<br />

Peut-être que personne<br />

n’imagine ce que c’est<br />

d’être nous. (Leila)


Pourquoi avoir choisi de mettre en<br />

scène Lune Jaune, la Ballade de Leila<br />

et Lee de David Greig ?<br />

Baptiste Guiton : J’ai découvert Lune<br />

Jaune dans la perspective d’une réalisation<br />

radiophonique pour France Culture.<br />

Ému par l’histoire de Leila et Lee, figures<br />

adolescentes et précaires que l’on peut retrouver<br />

notamment dans les films de Ken<br />

Loach, j’ai été immédiatement saisi par le<br />

traitement de la question identitaire : où<br />

va-t-on quand on ne sait pas d’où l’on<br />

vient ? Personne n’est à sa place dans cette<br />

histoire, et on ne fait de place pour personne<br />

– situation passionnante à mettre<br />

en scène au demeurant. Lune Jaune fait<br />

la lumière sur ces oubliés, adolescents<br />

violents ou mutiques, parents dépassés<br />

ou carrément absents. Ce sont des bouts<br />

de littérature juxtaposés : Oreste tuant<br />

son beau-père, Hamlet s’interrogeant sur<br />

le fait d’être ou de n’être pas, Ophélie<br />

se laissant couler sous les eaux. C’est un<br />

texte d’une richesse inouïe, mêlant l’ordinaire<br />

et le mythe, le profane et le sacré, la<br />

culture et la nature.<br />

Dans le texte de David Greig, on perçoit<br />

une tension saisissante entre une<br />

interrogation profonde sur le réel, le<br />

monde âpre et dur, puis une sorte de<br />

poésie étrange qui s’immisce par la<br />

forme du texte et à travers certaines<br />

situations. Comment vous situez-vous,<br />

en tant que metteur en scène, par rapport<br />

à cette dualité ?<br />

David Greig est manifestement un<br />

auteur de théâtre très concerné par le<br />

plateau, par les possibilités d’écriture<br />

au plateau de ses textes. Les ellipses par<br />

exemple sont traitées par l’auteur, nul besoin<br />

d’user d’artifices ou de nouveautés<br />

technologiques pour passer d’une scène<br />

à une autre. La langue, servie par une<br />

traduction brillante, est poétique, incisive<br />

et franche ; c’est l’apanage des grands<br />

textes de lier le réel et la fiction poétique<br />

sans complaisance. C’est pourquoi nous<br />

avons souhaité prendre notre temps pour<br />

sertir ce texte, en en faisant une première<br />

lecture publique puis une mise en espace<br />

pour enfin en proposer la création. Il<br />

fallait travailler minutieusement avec les<br />

acteurs, ne pas sombrer dans un réalisme<br />

télévisuel, éviter l’écueil de l’oratorio, clarifier<br />

les situations et laisser le verbe agir.<br />

Comment parvient-on à se saisir au<br />

théâtre et sur scène des problématiques<br />

de la marginalité et de la condition sociale,<br />

telles qu’elles sont abordées dans<br />

le texte de David Greig ?<br />

J’aurais tendance à penser que c’est là une<br />

des fonctions premières du théâtre. Cela<br />

étant dit, le terme « ballade » est à définir,<br />

il est utilisé dans l’univers de la musique<br />

populaire rock pour désigner un morceau<br />

calme et doux dans lequel la ou les<br />

voix sont accompagnée(s) d’instruments<br />

acoustiques. Il ne s’agit pas d’un docu-fiction<br />

sur la marginalité, mais d’un poème,<br />

d’une longue chanson, d’un concert<br />

presque, comme si Jeff Buckley et Léonard<br />

Cohen s’étaient passé le mot pour<br />

nous parler de deux gosses aussi détestables<br />

qu’attachants.<br />

Avec votre compagnie Le <strong>Théâtre</strong> Exalté,<br />

vous accordez énormément de place<br />

à la composition musicale dans vos<br />

spectacles. Quelle place occupe la musique<br />

dans votre processus de création<br />

autour de Lune Jaune ?<br />

Je crois que, à chaque étape de ma vie,<br />

une musique, un album m’a accompagné.<br />

La musique est une madeleine, il<br />

49<br />

suffit de l’écouter et des souvenirs jaillissent.<br />

Composer pour le théâtre, c’est<br />

donner à la représentation un souvenir<br />

commun. Pour Lune Jaune, Sébastien<br />

Quencez a arrangé des musiques des années<br />

80, citées dans le texte, et en a composé<br />

d’autres, la Ballade de Leila et Lee par<br />

exemple. Le théâtre est verbe, essentiellement,<br />

l’acteur en est le sanctuaire, il me<br />

semble cependant que les mots ne suffisent<br />

pas toujours, il faut convoquer le<br />

silence, et la musique comme liant. Je ne<br />

comprends pas toutes les langues, mais je<br />

peux entendre toutes les musiques.<br />

propos recueillis par Audrey Hadorn<br />

avril <strong>2013</strong>


50<br />

Maître Fendard (Ha !Ha !Ha !) est un avocat spécialisé dans les affaires à caractère poétiques et surréalistes.<br />

Expert dans le droit à la fantasmagorie et à l’incohérence, défenseur de l’inimaginable,<br />

il s’est distingué notamment dans l’affaire du vol du château de sable.<br />

Accompagné de Ménardeau son fidèle musicien-greffier il nous narre et chante son plus beau procès.<br />

MAÎTRE FENDARD<br />

(AH, AH, AH)<br />

de Fred Tousch et François Rollin<br />

mise en scène de François Rollin<br />

« On a volé le château de sable… »<br />

Une famille décomposée se retrouve en<br />

vacances au bord de la mer et décide<br />

de construire un château de sable. Ils<br />

s’investissent corps et âmes dans leur<br />

construction au point que petit à petit<br />

leurs liens se resserrent et un espoir de<br />

recomposition naît.<br />

Le soir venu, ils se promettent de continuer<br />

leur œuvre mais, à leur retour le<br />

lendemain matin sur la plage, ils découvrent<br />

que le château a totalement disparu<br />

!<br />

La famille décide alors de faire appel à<br />

Maître Fendard pour la défendre, trouver<br />

et punir les coupables qui ne sont<br />

autres que la mer et la lune. Le grand<br />

avocat devra à la fois trouver les arguments<br />

justes et faire preuve de détermination<br />

tout en sachant qu’il n’a jamais<br />

mis les pieds dans un tribunal… Dès<br />

lors, il est aisé de deviner que l’affaire ne<br />

sera pas si simple… Fort heureusement,<br />

Maître Fendard (Ah, Ah, Ah) possède<br />

une larme redoutable ; une larme de cristal<br />

dans laquelle sont emprisonnés tous<br />

les pleurs de l’injustice…<br />

Avec Maître Fendard, Fred Tousch<br />

poursuit son exploration de la prise de<br />

parole et du discours sous ses différentes<br />

formes. Après le discours narratif dans<br />

Benoît de Touraine, la prise de parole<br />

philosophique dans le Cabaret philosophique,<br />

son étude de la langue de bois<br />

et de l’art de la parole avec La Foirce, et<br />

plus récemment le discours politique<br />

dans Knût, il se lance ici dans la plaidoirie<br />

avec en filigrane la manipulation du<br />

langage.<br />

À l’heure où les politiques sont avocats<br />

et que les victimes deviennent des<br />

coupables, la futilité de la plaidoirie<br />

de Maître Fendard démonte ces mécanismes<br />

grâce à l’allégorie pour tenter<br />

d’affûter le regard critique.<br />

Fred Tousch ne déroge pas à sa tradition<br />

d’interpréter des personnages décalés<br />

avec Maître Fendard : un personnage<br />

à la John Cleese coincé entre rigueur<br />

judiciaire et loufoque logique. Comme<br />

un besoin de défendre l’indéfendable et<br />

l’irrationnel, ce Don Quichotte en robe<br />

accompagné d’un sancho-greffier a un<br />

but ultime, celui de donner une jurisprudence<br />

à la poésie.<br />

mercredi 2 et vendredi 4 avril<br />

à 20 h 30,<br />

jeudi 3 avril à 19 h<br />

avec Fred Tousch et Laurent Mollat<br />

collaboration artistique Joël Dragutin<br />

lumière Nicolas Gili<br />

régie Baptiste Chevalier Duflot<br />

production-diffusion<br />

Fabienne quéméneur et Claire Bidet<br />

coproduction Le Nom du Titre, L’Archipel, Granville,<br />

et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>


FRED TOUSCH ET LA PRESSE<br />

Une question universelle s’impose :<br />

par quelle énigme ces accès de délirium<br />

font-ils l’effet d’une bombe<br />

intelligente ? Sans doute notre philosophe<br />

absurdophile est-il porteur<br />

d’un gène de l’« humour jaune », qui<br />

fait rire de travers, entre ingénuité<br />

grinçante et subtilité camouflée.<br />

Télérama<br />

Révolutionnaire dans tous les sens<br />

du terme, cette conférence philosophico-burlesque,<br />

qui aborde pas<br />

mal de thèmes politiques, poétiques<br />

agit comme un exutoire<br />

jubilatoire, un défouloir général.<br />

Le Point<br />

Un show hallucinant, d’une très<br />

rare intelligence, qui explose littéralement<br />

et dans tous les sens.<br />

Criticomique<br />

Fred Tousch<br />

À la fois poète, clown, philosophe de<br />

l’absurde, imprécateur improbable,<br />

Fred Tousch passe d’un registre à<br />

l’autre en deux secondes, susurre,<br />

éructe, tremble, danse. Après des débuts<br />

sur les scènes de rock alternatif<br />

avec les Béruriers noirs puis bouinax<br />

et clown de tôle avec le cirque Archaos,<br />

il se lance dans deux créations<br />

de solistes : Oui je suis poète puis<br />

Benoît de Touraine ou la Véritable<br />

Histoire du fils du pintadier. Il créé le<br />

délirant Cabaret philosophique avec<br />

Laurent Petit et Arnaud Aymard<br />

puis fait en 2006 des interventions<br />

remarquées dans Le Grand Mezze<br />

d’Édouard Baer et François Rollin<br />

présenté au <strong>Théâtre</strong> du Rond-Point.<br />

En 2009, c’est en Jean-Claude Fischer<br />

qu’il intervient dans Looking for<br />

Mr. Castang d’Édouard Baer.<br />

Pour diffuser ses spectacles il a créé en<br />

2001 Le Nom du titre. Il assure également<br />

par ce biais la mise en œuvre<br />

de projets artistiques atypiques avec<br />

Fabienne Quéméneur : Les Enchoufflichures<br />

et Les Rendez-vous de la<br />

cervelle en sont les exemples les plus<br />

marquants. A quarante et un ans, il<br />

décide de dépasser ses limites grâce à<br />

Knüt présenté en Avignon en 2010<br />

puis réalise désormais ses rêves en<br />

créant Le Retour du grand renard<br />

blanc et Maître Fendard.<br />

François Rollin<br />

Auteur, metteur en scène, scénariste,<br />

comédien et humoriste, François<br />

Rollin a néanmoins débuté sa carrière<br />

en tant que journaliste au journal<br />

Le Monde où il restera dix ans<br />

avant de devenir chroniqueur pour<br />

Fluide glacial. Il acquiert une véritable<br />

notoriété grâce à la série télévisée<br />

Palace et forge son personnage<br />

de professeur Rollin avec lequel il va<br />

multiplier les apparitions sur scène et<br />

sur le petit écran. Il participe également<br />

aux scénarios des Guignols de<br />

l’info et intervient à la radio dans des<br />

émissions humoristiques sur France<br />

Inter, Europe 2 ou France Culture.<br />

Une de ses grandes compositions<br />

est Vertiges, un poème de huit lignes<br />

sur lequel il brode un sketch qui lui<br />

ouvrira le rôle du roi Loth dans la<br />

série Kaamelott.<br />

De septembre 2005 à juin 2006, il<br />

présente Les FMR de Rollin à l’Européen.<br />

Il y joue une série de dix<br />

spectacles uniques et inédits souvent<br />

accompagné par des invités tels que<br />

Ramzy Bedia et Emmanuel Depoix.<br />

Avec Édouard Baer il coréalise le<br />

happening théâtral Le Grand Mezze<br />

et tourne sous sa direction La Bostella<br />

et Akoibon.<br />

51


52<br />

LES<br />

CONTEM-<br />

Jon Fosse<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est un lieu dédié<br />

aux écritures d’aujourd’hui. à ce<br />

titre, il se doit de porter un regard<br />

attentif à la production des auteurs<br />

dramatiques vivants. Pour cela il<br />

a initié depuis plusieurs années<br />

le cycle « Les Contemporaines ».<br />

Ce festival est conçu comme un<br />

temps consacré à la découverte<br />

sous plusieurs de ses facettes<br />

d’un auteur majeur de la création<br />

théâtrale contemporaine, afin<br />

de s’immerger dans son univers<br />

singulier.<br />

Durant trois jours, le public pourra<br />

découvrir des spectacles, assister<br />

à des lectures ou mises en<br />

espace, à des débats autour de<br />

ses textes.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> après avoir présenté<br />

le travail de Fabrice Melquiot,<br />

de Rémi De Vos, de Véronique<br />

Olmi notamment, propose cette<br />

annéede se pencher sur l’œuvre<br />

d’un auteur norvégien de tout premier<br />

ordre, traduit et joué dans de<br />

nombreux pays : Jon Fosse.<br />

PO-<br />

RAINES<br />

LES RENDEZ-VOUS :<br />

MERCREDI 9 AVRIL<br />

À 19 H<br />

JEUDI 10 AVRIL<br />

À 19 H<br />

VENDREDI 11 AVRIL<br />

À 19 H<br />

Jon Fosse<br />

Né en 1<strong>95</strong>9 sur la côte ouest de<br />

la Norvège, Jon Fosse grandit au<br />

bord des fjords. Il n’écrit pour<br />

le théâtre qu’après une quinzaine<br />

de romans et de multiples<br />

récits, essais, recueils de poèmes et<br />

livres pour enfants. Dans ses pièces,<br />

les personnages sont souvent génériques<br />

(Lui, Elle, Le Père, La Fille,<br />

Personnage 1, Personnage 2), ils sont<br />

deux ou trois, parfois quatre, ils se<br />

confrontent à leur solitude.<br />

Avec une écriture simple, minimaliste<br />

et répétitive, mais presque baroque<br />

dans la multiplication et la transformation<br />

infinie de ses motifs, Jon Fosse<br />

capte les pensées intimes, les contradictions<br />

et les soubresauts des sentiments<br />

qui nous assaillent. Ses écrits<br />

(romans, nouvelles, poésie, essais et<br />

théâtre) ont été traduits dans plus de<br />

quarante langues, et ses pièces ont été<br />

montées par les meilleurs metteurs en<br />

scène : Thomas Ostermeier, Claude<br />

Régy… Il fait partie des plus grands<br />

auteurs contemporains.


LE MANUSCRIT<br />

DES CHIENS I : QUELLE GALèRE !<br />

de Jon Fosse<br />

mise en scène de Christophe Laluque<br />

Websterr est un chien d’appartement<br />

qui rêve d’aventures lointaines. Chez la<br />

vieille Oline, il n’en peut plus ! Impossible<br />

d’être un chien solitaire digne de ce nom<br />

lorsqu’on a une maîtresse comme Oline qui<br />

vous habitue aux effusions et aux caresses.<br />

Websterr, lui, est un chien solitaire, c’est sûr.<br />

Il rêve de voir la mer et de porter secours<br />

à la petite chienne blanche dans la forêt,<br />

comme tout chien solitaire qui se respecte.<br />

Il ne lui reste qu’une solution : partir. Au fil<br />

des rencontres, confronté à la bassesse canine,<br />

Websterr réalise que la vie d’un chien<br />

solitaire n’est pas si facile… Et quand en<br />

plus le remords le gagne, quelle galère !<br />

Christophe Laluque<br />

Il a dirigé le <strong>Théâtre</strong> de l’Envol à Viry-<br />

Chatillon de septembre 2005 à juin<br />

2011, après une résidence de deux ans<br />

en partenariat avec le Conseil général de<br />

l’Essonne.<br />

Depuis janvier 2012, il dirige La Friche<br />

des Lacs de l’Essonne, en partenariat<br />

avec le Conseil général de l’Essonne.<br />

En 1994, il monte Aden Arabie de Paul<br />

Nizan. Dans l’optique d’un théâtre de<br />

recherche accessible à tous, il monte<br />

Bertolt Brecht, Gertrude Stein, Alphonse<br />

Daudet, Rainer Maria Rilke,<br />

Robert Walser. Il intègre la vidéo à ses<br />

spectacles, puis entame des collaborations<br />

avec des auteurs vivants.<br />

Il met en scène L’Enfant prodigue,<br />

Prométhée un trou dans les nuages,<br />

Mirlababi, et Vagabonds de Marc<br />

Dans les textes pour la jeunesse de Jon<br />

Fosse, les enfants ont une incroyable détermination,<br />

des désirs qui ne cèdent à rien,<br />

un esprit de conquête prêt à toutes les<br />

épreuves. Ils représentent des forces auxquelles<br />

on a envie de s’identifier.<br />

Dans Le Manuscrit des chiens I : Quelle galère<br />

!, c’est la question du désir d’émancipation<br />

qui se dégage. Le désir de grandir, de<br />

ne plus être considéré comme un bébé, de<br />

faire partie des grands…<br />

L’âge où l’on oscille entre soif de l’inconnu et<br />

besoin de protection, c’est celui de l’enfance<br />

par excellence ! On pense à cette période où<br />

certains enfants ont un peu honte, devant<br />

Soriano, Que disent les cochons quand<br />

le ciel est gris ? de Patrick Lerch. En<br />

2008, il monte Le Manuscrit des chiens<br />

III : Quelle misère ! de Jon Fosse, puis<br />

en 2009 Au panier ! d’après l’album<br />

d’Henri Meunier et Nathalie Choux. Il<br />

met en scène Le Dernier Dodo en 2010,<br />

inspiré du texte Le Dindon et le Dodo de<br />

Gilles Clément, Noir et humide de Jon<br />

Fosse, L’Arrestation et Même l’hiver en<br />

2011. En 2012, il monte Quand à peine<br />

un nuage, « poésie contemporaine pour<br />

les jardins », Le Manuscrit des chiens I :<br />

Quelle galère ! de Jon Fosse et La Magie<br />

des marais (Work in Progress).<br />

mercredi 9 avril à 19 h<br />

leurs camarades, de l’amour prodigué par<br />

la famille. Cela se traduit concrètement<br />

par la volonté de ne pas être accompagné<br />

à l’école, ou de ne plus embrasser son père<br />

ou sa mère…<br />

C’est une étape nécessaire pour la construction<br />

de l’enfant. C’est ce qui lui permet de<br />

s’émanciper.<br />

Christophe Laluque<br />

avec Catherine Bayle, Loïc Le Roux<br />

et Bruno Pesenti<br />

traduction Terje Sinding<br />

scénographie<br />

Christophe Laluque et Franz Laimé<br />

musique et sons Nicolas Guadagno<br />

vidéo Frédéric Bonnet<br />

lumière Franz Laimé<br />

coproduction Amin <strong>Théâtre</strong> et Le <strong>Théâtre</strong> Dunois /<br />

aide à la production DRAC Île-de-France, Adami /<br />

aide à la diffusion au <strong>Théâtre</strong> Dunois de la Mairie<br />

de Paris / aide pour les actions artistiques autour<br />

de la création Arcadi<br />

L’Amin est soutenue par l’Acsé, le ministère de<br />

la Culture et de la Communication (DRAC Île-de-<br />

France), la Région Île-de-France, le Conseil général<br />

de l’Essonne et la Communauté d’agglomération<br />

Les Lacs de l’Essonne.<br />

Elle est associée au <strong>Théâtre</strong> Dunois, théâtre pour<br />

l’enfance et la jeunesse (Paris 13 e ).<br />

Elle est en partenariat artistique et pédagogique<br />

avec l’École départementale de théâtre (EDT91),<br />

et en partenariat technique avec TICE pour le<br />

Théâtrobus.<br />

Le Manuscrit des chiens (I, II, et III)<br />

est publié en français par L’Arche Éditeur<br />

53


54<br />

HIVERjeudi<br />

10 avril à 19 h<br />

de Jon Fosse<br />

mise en scène d’Émilie Anna Maillet<br />

Un homme et une femme. Un banc<br />

public puis une chambre d’hôtel. Se<br />

connaissent-ils ? Une rencontre, un vacillement,<br />

une lente disparition… Qui<br />

sont-ils ? Sont-ils bien réels ? C’est l’histoire<br />

de la rencontre d’un homme et<br />

d’une femme aux vies presque opposées.<br />

Deux êtres qui se trouvent, peut-être pour<br />

mieux se perdre, peut- être pour simplement<br />

se sentir vivants. Ils sont dans un de<br />

ces temps d’arrêts, de vide où les actes paraissent<br />

inconséquents. Jon Fosse parle de<br />

nos glissements hors du monde, de nos<br />

disparitions du réel. Ce sont des sensations<br />

de vertiges, de confusion, de doute<br />

sur notre matière même et notre réalité<br />

qui conduisent la mise en scène vers la<br />

« magie nouvelle », les hologrammes. Les<br />

spectateurs, pris dans une démultiplication<br />

des images et des illusions d’optique,<br />

nagent au travers des sensations des personnages<br />

entre fantasmes et fantômes.<br />

Pour transcrire la dimension au-delà du<br />

réel dans laquelle s’engouffre le couple,<br />

Émilie Anna Maillet crée un croisement<br />

subtil des langages : les mots et la magie<br />

nouvelle confondent peu à peu la réalité et<br />

l’illusion dans une insolite danse se jouant<br />

de nos perceptions et de notre imaginaire.<br />

Hiver devient une poésie des sens, étrangement<br />

drôle, conçue en complicité avec<br />

Raphaël Navarro, co-auteur du Manifeste<br />

pour une magie nouvelle (2010).<br />

La magie nouvelle permet de rendre<br />

visible l’invisible, d’animer l’inanimé, de<br />

matérialiser ou suggérer l’irréel, de créer<br />

le doute, de travailler sur notre identité et<br />

notre perception, de dépasser le domaine<br />

visuel pour s’adresser aux autres sens.<br />

C’est aussi l’une des rares techniques<br />

qui ne soit pas incarnée au départ : elle<br />

peut prendre n’importe quelle forme<br />

tant qu’elle arrive, dans le réel, à incarner<br />

ce qui n’existe pas. Les personnages<br />

se trouvent immergés dans des images<br />

fantomatiques, entourés d’hologrammes,<br />

pris en étau dans une réalité modifiée<br />

provoquant des sensations de confusion<br />

du réel, de troubles optiques. Une disparition<br />

des repères d’espace, du temps, des<br />

corps, de la réalité, qui pose la question<br />

de l’existence de notre matière même,<br />

de manière physique. C’est une réalité<br />

modifiée et en doute permanent que j’ai<br />

souhaité installer.<br />

Le trouble de la perception est un principe<br />

créateur.<br />

LA PRESSE EN PARLE…<br />

Des trouvailles judicieuses correspondant<br />

bien à l’écriture<br />

minimaliste du dramaturge qui<br />

joue des blancs, des silences et<br />

livre des bribes de vie saisies<br />

dans un univers fantômatique.<br />

Claude Régy, Patrice Chéreau<br />

ont porté à la scène avec bonheur<br />

cet auteur énigmatique,<br />

mais les inventions de la jeune<br />

Compagnie Ex Voto sont ici<br />

particulièrement réussies.<br />

Sylviane Bernard Gresh,<br />

Télérama<br />

avec Violaine de Carné, Airy Routier,<br />

et Clotilde Evrard<br />

traduction Terje Sinding<br />

création numérique Maxime Lethelier<br />

scénographie Émilie Anna Maillet<br />

et Maxime Lethelier<br />

conseiller magie nouvelle<br />

Raphael Navarro (Cie 14:20)<br />

musique Asaco Fujimoto<br />

production Compagnie Ex Voto, À La Lune, Résidence<br />

de création à la Ferme du Buisson-Scène nationale de<br />

Marne-la-Vallée / avec le soutien du Centquatre Paris<br />

Hiver est publié en français par L’Arche Éditeur


RAMBUKU<br />

de Jon Fosse<br />

Joël Dragutin proposera la mise en voix d’un des derniers textes inédits de Jon Fosse, Rambuku.<br />

On retrouvera l’atmosphère incertaine, floue mais persistante, de l’attente et de l’incertitude qui caractérise nombre de textes de<br />

l’auteur. Celle aussi, des temps, des souvenirs, des époques mêlés confusément. Un univers fantomatique nimbé des lumières du<br />

nord. Dans un nulle part rêvé. Un théâtre de la parole, de la presque immobilité physique et de l’oscillation mentale.<br />

Ici, il est question d’un homme et d’une femme : un couple, ELLE et LUI.<br />

Ils doivent partir à Rambuku.<br />

Elle se souvient de cet endroit.<br />

Où ils sont allés.<br />

À moins que Rambuku ne soit le souvenir de LUI ?<br />

L’ATELIER LES CONTEMPORAINES<br />

vendredi 11 avril à 19 h<br />

à travers différentes formes théâtrales sera appréhendé l’unviers de Jon Fosse,<br />

auteur invité des « Contemporaines » de cette saison.<br />

vendredi 11 avril à 20 h 30<br />

Une rencontre consacrée<br />

à Jon Fosse aura lieu<br />

à l’issue de la représentation.<br />

Cet atelier, sous forme de stage, sera animé par Thierry Le Gall tous les jeudis de 19 h à 21 h de novembre à avril.<br />

Thierry Le Gall a été formé à l’école internationale de Jacques Lecoq. C’est sur ces bases qu’il vous propose de découvrir<br />

ou d’approfondir les techniques de l’improvisation collective, le voyage du masque neutre, le chœur antique.<br />

55


56<br />

LES PRÉSIDENTES<br />

de Werner Schwab<br />

mise en scène de Yordan Goldwaser<br />

Ce sont des gens qui croient tout savoir, et veulent décider de tout. Je viens moi-même d’une famille de<br />

Présidentes. Werner Schwab<br />

Les Présidentes s’ouvrent sur une messe<br />

télévisée papale regardée par trois femmes<br />

dans une cuisine qui ressemble à un musée<br />

du kitsch. Les trois femmes parlent de<br />

leurs vies fracassées, de leurs enfants abrutis,<br />

de leurs animaux indomesticables, de<br />

sexe, d’argent, de religion : tout leur quotidien<br />

graisseux et vulgaire se déverse ainsi<br />

à pleins seaux, dans une langue bancale,<br />

déformée, défoncée. Erna, championne<br />

de l’épargne, est obsédée par son charcutier<br />

polonais Wojtyla et porte la charge de<br />

son fils alcoolique. Grete, ancienne reine<br />

de la séduction sur le retour, se retrouve<br />

seule avec ses rêves de nymphomane. La<br />

petite Marie, incarnation de l’innocence,<br />

règne sur le cloaque humain, en tant que<br />

spécialiste du débouchage manuel des toilettes,<br />

activité qu’elle pratique en public,<br />

sans utiliser de gants et qu’elle considère<br />

comme un don divin. Toutes trois sont<br />

des machines à évacuer les paroles, le langage,<br />

la solitude endeuillée des rêves et des<br />

espoirs.<br />

Mais lorsque l’on touche le fond du sordide,<br />

peut-être finit-on toujours par faire<br />

remonter des fragments de rédemption,<br />

d’expiation, de nostalgie du martyre… ?<br />

Avec des Présidentes aussi féroces et aussi<br />

déjantées, à l’image d’une société autrichienne<br />

que Werner Schwab vomit littéralement,<br />

tout peut arriver, l’atroce et<br />

mardi 6 et mercredi 7 mai<br />

à 20 h 30<br />

le miracle. Tout peut s’inverser aussi : la<br />

langue, les apparences, l’ordre, la société<br />

ne (se) tiennent plus. Alors, quand l’une<br />

d’entre elles, hystérisée par l’apparition<br />

cathodique divine, rompt la loi du silence<br />

et confesse les secrets les plus intimes et les<br />

plus obscènes des autres, cela ne peut que<br />

vraiment très mal tourner… Tellement<br />

mal d’ailleurs que la pièce n’en finit plus<br />

de rejouer sa propre fin comme si la société<br />

post-hitlérienne dessinée par Schwab<br />

ne savait plus sortir de ses obsessions pour<br />

s’inventer une possibilité d’avenir.


LA PRESSE EN PARLE…<br />

La nuit de la Saint-Sylvestre 1993, Werner Schwab se coucha ivre mort et le<br />

resta. Ainsi s’achevait, à 35 ans, la vie d’un dramaturge autrichien dont la réputation<br />

n’a fait que croître depuis. Les pièces de Schwab ne font pas dans la dentelle.<br />

Scatologie et pornographie sont les deux mamelles d’une écriture-chasse d’eau,<br />

où l’Autriche et ses habitants tiennent le rôle du tas de merde. À côté, Thomas<br />

Bernhard passerait presque pour un optimiste à l’eau de rose et Fassbinder pour<br />

un jeune homme BCBG. On ne voit guère que Jelinek, pour la littérature, et<br />

Hanecke, pour le cinéma, qui puissent s’aligner.<br />

René Solis, Libération<br />

Le théâtre est une sorte de déchetterie supérieure<br />

Werner Schwab<br />

Yordan Goldwaser a choisi trois angles<br />

d’attaque pour la mise en scène de ce<br />

texte décapant : le langage, l’idiotie, l’utopie.<br />

Le langage comme objet et outil<br />

de domination, comme instrument de<br />

sublimation du réel lorsque celui-ci ne<br />

peut plus masquer l’horreur. L’idiotie, qui<br />

comme dans Dostoïevski, est l’autre nom<br />

de la vérité insupportable qui appelle au<br />

sacrifice le plus violent. L’utopie, comme<br />

envers de la dénonciation d’un ordre social<br />

qui produit inéluctablement ces Présidentes<br />

maléfiques et grotesques.<br />

Pourquoi monter Schwab aujourd’hui ?<br />

Yordan Goldwaser : Parce que, derrière<br />

une tradition déjà établie, qui ferait de<br />

Schwab le pape d’un théâtre grotesque,<br />

héritier à la fois du vaudeville et de la<br />

farce populaire, se cache une matière extrêmement<br />

riche et complexe, pour peu<br />

que l’on se donne les moyens d’y regarder<br />

de plus près.<br />

La structure de la pièce, en dépit même<br />

des déclarations provocatrices de l’auteur,<br />

repose sur une architecture d’une extrême<br />

précision.<br />

Récurer des toilettes peut être un acte de<br />

foi, l’éducation d’un animal de compagnie,<br />

une raison d’être. C’est dans ce sens<br />

que nous entamerons le travail. Donner<br />

aux désirs des personnages de la pièce le<br />

même crédit qu’à ceux qui nous meuvent.<br />

Pour essayer d’ausculter avec précision les<br />

mécanismes de leurs expressions, les systèmes<br />

de défense qui les protègent.<br />

C’est pourquoi, pour rompre avec une<br />

certaine tradition schwabienne, nous extirperons<br />

les protagonistes du carcan dans<br />

lequel l’auteur lui-même les a engoncés.<br />

Pas de vieilles bigotes à la retraite, issues<br />

d’un terreau provincial et petit-bourgeois,<br />

mais des personnages indéfinis, sans âge,<br />

et sans appartenance sociale, pour que les<br />

enjeux de la pièce puissent être lus sans la<br />

distance que provoque le grotesque.<br />

Mais plus profondément encore nous<br />

serons amenés à entendre cette œuvre<br />

comme une mise en garde face à l’abdication<br />

de nos rêves, de nos désirs fondamentaux.<br />

Une remise en question de<br />

notre capacité à les faire vivre et fructifier<br />

dans un monde régi par la concurrence,<br />

avec comme seul contrôle, celui des règles<br />

d’une société dont nous ne maîtrisons pas<br />

l’évolution.<br />

Schwab nous pose ainsi à nouveau la<br />

question de notre capacité à vivre ensemble,<br />

en bonne intelligence, et nous<br />

offre avec Les Présidentes un espace de<br />

réflexion à l’échelle d’une microsociété.<br />

Un espace que nous voulons habiter, avec<br />

le plus d’acuité possible.<br />

Ce projet concerne la pièce de Schwab,<br />

mais il est aussi, à notre échelle, un moyen<br />

de créer une zone éphémère d’expérimentation<br />

de notre capacité à nous entendre,<br />

C’est déjà assez grave<br />

comme ça que l’homme soit<br />

obligé de toujours faire caca et<br />

d’avoir souvent des sensations si<br />

mauvaises. Je me suis souvent demandée<br />

pourquoi l’homme<br />

doit-il avoir un derrière.<br />

Ce n’est pas beau du tout,<br />

un derrière comme ça.<br />

Mais les hommes n’arrêtent<br />

pas de fabriquer des derrières et s’en font<br />

des images.<br />

(Erna)<br />

nous comprendre, et à faire cohabiter nos<br />

désirs.<br />

La scène finale, qui voit les trois femmes<br />

assister elles mêmes à la représentation<br />

des Présidentes, nous pousse à questionner<br />

notre capacité d’identification à la scène,<br />

pour que le théâtre que nous voulons<br />

ne soit pas qu’une parenthèse, le temps<br />

d’une représentation, mais plutôt une<br />

invitation à l’engagement, une pierre sur<br />

laquelle pourront s’ériger nos utopies.<br />

propos recueillis par le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

avec Pauline Huruguen, Sofia Teillet,<br />

et Tamaïti Torlasco<br />

assistant à la mise en scène<br />

Barthélémy Meridjen<br />

création lumière Samaël Steiner<br />

création vidéo Robin Fresson<br />

production compagnie Jackie Pall<br />

57


58<br />

NORMA JEAN<br />

d’après Blonde de Joyce Carol Oates<br />

adaptation et mise en scène de John Arnold<br />

Norma Jean, c’est l’histoire d’une Blonde-<br />

Cendrillon de la côte Ouest. Si les citrouilles<br />

se transforment en carrosses,<br />

elles carburent au whisky et à la vodka et<br />

laissent dans leurs sillages des traînées de<br />

cocaïne, les rôles des petites souris sont<br />

tenus par des rats et des porcs, et le prince<br />

charmant ne l’est pas du tout.<br />

LA PRESSE EN PARLE…<br />

Montrer sur scène l’histoire de Marilyn<br />

Monroe, par le biais d’un monologue de<br />

sa mère internée ou d’un dialogue avec un<br />

médecin ou des infirmières, la voir, elle, en<br />

chair et en os, avec tous les autres, Di Maggio,<br />

Miller, Kennedy, Zanuck…, célèbres<br />

ou pas, bref, Hollywood, tout un monde<br />

qui, l’instant d’une représentation, redescend<br />

sur terre et s’incarne.<br />

À la manière de Dogville, le film de Lars Von Trier, cette pièce de presque trois<br />

heures donne une place centrale aux treize acteurs excellents et à leurs mouvements.<br />

« Marilyn est la Cendrillon du XX e siècle », souligne John Arnold. La pièce<br />

se déroule comme un conte, et débute comme un thriller.<br />

Claire Baudéan, France Info<br />

La jeune actrice menue, Marion Malenfant, brûle véritablement les planches.<br />

En nuisette et chaussettes blanches, elle compose une femme-enfant poignante<br />

avant de s’imposer dans le rôle d’une star qui semble s’être toujours punie de<br />

n’avoir pas été aimée. Marion Malenfant sait restituer la complexité de Norma<br />

Jean Baker, devenue une icône qui « appartient au regard du monde ».<br />

Nathalie Simon, Le Figaro<br />

C’est le grand carnaval carnivore qui dévore<br />

des yeux la déesse avant de l’immoler<br />

et de faire de son cadavre une légende et,<br />

cette Blonde, c’est la fille sur qui tombe la<br />

malédiction.<br />

jeudi 15 mai à 19 h<br />

vendredi 16 mai à 20 h 30<br />

John Arnold<br />

avec Aurélia Arto, Philippe Bérodot,<br />

Bruno Boulzaguet,<br />

Jean-Claude Bourbault, Samuel Churin,<br />

Evelyne Fagnen, Antoine Formica,<br />

Jocelyn Lagarrigue, Marion Malenfant,<br />

Olivier Peigné, Fabienne Périneau,<br />

Maryse Poulhe et John Arnold<br />

assistant à la mise en scène<br />

Grégory Fernandes<br />

scénographie et costumes Aurélie Thomas<br />

lumière et direction technique Olivier Oudiou<br />

couturière Magali Angélini<br />

assistant lumière et régie générale<br />

Thomas Cottereau<br />

création sonore Marc Bretonnière<br />

vidéo Michel Ferry<br />

administration Laurent Pousseur<br />

production déléguée Théodoros Group / coproduction<br />

<strong>Théâtre</strong> des Quartiers d’Ivry / avec l’aide à la production<br />

de la DRAC Ile-de-France, ministère de la Culture<br />

et de la Communication et le soutien de l’ADAMI / avec<br />

la participation artistique du Jeune théâtre national /<br />

avec le soutien du <strong>Théâtre</strong> Firmin-Gémier-La Piscine,<br />

du Fonds d’insertion pour jeunes artistes dramatiques,<br />

DRAC et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de<br />

Scènarts et de Tango Prod<br />

Le spectacle Norma Jean est librement<br />

inspiré du roman Blonde de Joyce Carol<br />

Oates (Stock, 2000), des écrits de Don<br />

Wolfe, des rapports d’autopsie du F.B.I., de<br />

la police du comté de Los Angeles et des<br />

interviews de Marilyn Monroe.


Monsieur le directeur,<br />

COURRIER DES SPECTATEURS<br />

Déjà, permettez moi de vous dire que je ne comprends pas très bien pourquoi un théâtre donne pour noms, à ses différentes<br />

salles, ceux d’un cinéaste italien et d’une philosophe allemande, comme s’il n’y avait pas assez d’auteurs de « théâtre », français<br />

ou mêmes étrangers, plus adaptés !<br />

Bon, passons, on aura sans doute voulu se montrer original… Mais, au-delà de cette confusion délibérément<br />

entretenue, faut-il rappeler que, la plupart du temps, nous n’apprenons qu’au dernier moment dans quelle salle<br />

se joue le spectacle que nous allons voir ? D’où une certaine irritation, car comme vous pouvez l’imaginer, nous<br />

ne nous préparons pas de la même façon à entrer dans la salle Visconti que quand nous pénétrons la salle Arendt.<br />

Si cela vous est égal, il aurait fallu leur donner le même nom ou leur affecter un simple numéro, (salle 1 et salle 2).<br />

Mais les choses malheureusement ne s’arrêtent pas là : il fait souvent très froid dans la salle Visconti et très chaud dans la<br />

salle Arendt. Pourquoi cette différence de température ? Est-ce que cela relève d’un choix délibéré ? Serait-ce une mise en<br />

condition particulière ? Quelle en est la perspective dramaturgique, sans doute trop subtile pour moi ? Pourquoi fait-il très<br />

froid pour Tartuffe et très chaud pour Mère Courage ? J’avoue qu’à ce degré d’aberration j’ai du mal à vous suivre… Pouvezvous<br />

nous donner (car je ne suis pas le seul à m’interroger sur ces extravagances diverses) quelques explications cohérentes<br />

et recevables ?<br />

Cordialement,<br />

Mesdames et messieurs les artistes,<br />

J.-P. Faideau, Cergy<br />

Permettez-moi de vous soumettre une petite suggestion : il ne vous a pas échappé que la télévision propose quotidiennement<br />

de nombreuses émissions qui s’attachent à aider les familles à imaginer chaque jour des plats originaux, équilibrés, en<br />

prenant toujours soin de nous montrer qu’il suffit de quelques euros et de quelques minutes pour s’affranchir des surgelés,<br />

des livreurs et des fast-food. La presse, elle aussi, ne manque jamais, fût-ce habilement dissimulées par des articles-prétextes<br />

sur des sujets prétendument d’actualité, de réserver ses plus belles pages à des recettes colorées et appétissantes. Les librairies<br />

regorgent d’ouvrages s’attachant à répertorier les multiples facettes de la créativité humaine dans les domaines de la bouche.<br />

Aussi ai-je pensé que le théâtre, lui aussi, pourrait, de temps à autre, nous offrir des conseils culinaires et des astuces pour<br />

reconnaître les ingrédients sains et goûteux auxquels nous aspirons tous. Car, si nous votre public est avide des nourritures<br />

de l’esprit, celles du corps, sachez-le, ne le laisse pas non plus indifférent. Je vois déjà la scène : au centre un fourneau, de<br />

la vaisselle et divers ustensiles ; derrière ce dispositif, un personnage en toque, qui, devant nos yeux ébahis, découperait,<br />

désosserait, émincerait, ébarberait, farcirait, larderait, glacerait, napperait, panerait, assaisonnerait, braiserait, pocherait,<br />

grillerait, ferait revenir, enfournerait, désenfournerait, que sais-je, enfin – bref, cuisinerait pour nous apprendre à le faire.<br />

J’ajoute que vous, artistes de théâtre, avez sur ce terrain des atouts uniques : vous seuls en effet pouvez nous faire sentir la<br />

présence encore palpitante de la viande et des légumes, la chaleur de la marmite où ils mijotent et le fumet qui s’en dégage…<br />

Car, je dois vous le dire, c’est bien souvent qu’il nous arrive de nous rendre au spectacle le ventre vide et le cœur lourd.<br />

En espérant qu’il vous sera possible de donner suite à cette modeste idée, bien à vous,<br />

K. Hamsun, Puiseux-Pontoise<br />

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60<br />

PORTRAITS<br />

texte et mise en scène de Joël Dragutin<br />

mardi 20, mercredi 21<br />

et vendredi 23 mai à 20h30,<br />

jeudi 22 mai à 19h<br />

Deux impromptus, deux adresses au public, deux récréations dans les langues de communication de notre époque.<br />

Deux portraits de femmes, deux consommatrices de la culture, de l’espace et du temps,<br />

prisonnières de leurs représentations symboliques contemporaines.<br />

La Spectatrice, créée en 2006, connaît un grand succès public lors de chacune de ses reprises.<br />

Elégant et ironique clin d’œil au public des salles de théâtre, des festivals, et des événements culturels en général.<br />

Quand la société du spectacle métamorphose spectaculairement le spectacle lui-même, la Spectatrice se libère…<br />

Cette Estivante, créée cette saison, poursuit ainsi le projet de Joël Dragutin, de composer une série<br />

de « miniatures ». L’Estivante est une héroïne « hype » dans l’air de notre temps : une femme en quête d’émotions fortes<br />

dans l’espace spectaculaire de la société globalisée. Il nous propose une nouvelle variation<br />

autour du tourisme, qui consomme le monde et son histoire, jusqu’à paraître devenir l’abîme de tous les mythes.<br />

avec Stéphanie Lanier<br />

production <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>


L’ESTIVANTE<br />

De la France, Olga ne connaissait au fond que Paris, se dit Jed en feuilletant le guide French Touch ; et lui-même, à vrai dire,<br />

guère davantage. À travers l’ouvrage, la France apparaissait comme un pays enchanté, une mosaïque de terroirs superbes<br />

constellés de châteaux et de manoirs, d’une stupéfiante diversité mais où, partout, il faisait bon vivre.<br />

Michel Houellebecq<br />

Elle voyage, globe-trotte, excursionne,<br />

randonne, admire, flâne, explore, déguste,<br />

découvre, s’émerveille…<br />

Elle a déjà « à son actif » un safari-photo au<br />

Kenya, un trekking au Népal, un city-trip<br />

à Londres, un stage de yoga en Californie,<br />

un festival de musique sacrée à La Chaise-<br />

Dieu, le tour des villes impériales japonaises,<br />

une croisière-conférences « grandes<br />

civilisations de l’Antiquité ».<br />

Elle s’est laissée tenter par une semaine gastronomique<br />

le long de la route des vins de<br />

Bourgogne, elle a expérimenté un séjour de<br />

tourisme durable en Namibie et repéré un<br />

circuit « châteaux et cyclotourisme » dans la<br />

vallée de la Loire, elle s’est offert un weekend<br />

shopping et spas à Florence, avant de se<br />

décider pour une cure de remise en forme<br />

et une chirurgie plastique mammaire dans<br />

un vieux palace de Budapest.<br />

Elle s’entraîne à l’utilisation des épices<br />

dans la cuisine ayurvédique en Inde, elle<br />

participe à un atelier sur la reforestation<br />

amazonienne à Manaus, avant de goûter<br />

aux charmes des nuits étoilées sous une<br />

yourte avec d’authentiques nomades dans<br />

l’Atlas, mais ressent par ailleurs le besoin<br />

LA SPECTATRICE<br />

Soudain, nous assistons à son lever et à sa<br />

prise de parole. Elle, toujours assise, toujours<br />

silencieuse, toujours anonyme, se<br />

retrouve maintenant debout, en pleine<br />

lumière, dans une des travées du théâtre.<br />

La voici en scène, investie des mots du<br />

théâtre. Et cette femme, qui brûle du désir<br />

de l’art et qui maîtrise brillamment une<br />

langue chauffée à blanc par l’attente du<br />

plaisir esthétique, que nous dit-elle ?<br />

Que le désir ne donne plus signe de vie,<br />

que le désir déserte les scènes et aussi les<br />

salles, que les signes du désir s’évaporent<br />

dans un murmure inaudible.<br />

Avec l’humour provocateur et la tendresse<br />

humaniste, qui sont la griffe de son écriture<br />

libertaire et vivifiante, Joël Dragutin<br />

dresse ici le portrait de cette femme d’au-<br />

de témoigner sur les lieux de mémoire qui<br />

ont marqué l’histoire polonaise, puis part<br />

se recueillir et rechercher la vraie sagesse<br />

dans une retraite monastique en attendant<br />

de s’échapper pour assouvir une libido<br />

cougar sur les plages cubaines.<br />

Elle a « fait » Bali, la Grèce, la Thaïlande, le<br />

Brésil, le Périgord noir, Avignon, Vienne,<br />

New York…<br />

Le menu de la consommation des espaces<br />

et du temps sur notre planète tombée sous<br />

l’empire de la société du tourisme est absolument<br />

infini.<br />

Au début du XXI e siècle, le tourisme a absorbé<br />

et saturé toute l’histoire humaine, la<br />

terre entière, et toutes les pratiques sociales<br />

et culturelles imaginables.<br />

De loisir, il est devenu une pratique existentielle<br />

qui donne du sens à la vie d’occidentaux<br />

gavés, stressés et désorientés, et donne<br />

du travail et des revenus, non seulement<br />

aux populations des pays émergents, mais<br />

de plus en plus à celles des pays désindustrialisés<br />

et démotivés, comme ceux de l’Europe<br />

du Sud, dont la France. Et les voyages<br />

« équitables » ou « humanitaires ne dérogent<br />

pas à cette dynamique de consommation.<br />

jourd’hui, de cette spectatrice éponyme.<br />

Plutôt intelligente, plutôt raffinée, en<br />

quête de sensations rares, elle combat pour<br />

discerner encore, sous un clinquant et<br />

luxueux « packaging », le produit culturel<br />

courant de l’authentique chef-d’œuvre.<br />

Elle s’aventure ainsi, (dés)enchantée, dans<br />

l’immense galerie des glaces de l’art et de<br />

la culture, elle se sent perdre pied dans le<br />

vertige de la consommation effrénée, en<br />

proie au pire des cauchemars : non, elle<br />

ne pousse pas un caddie en folie ! Oui, elle<br />

a bien le programme entre ses mains et<br />

attend son ami dans le hall du théâtre… !<br />

Que reste-t-il du théâtre dans nos vies saturées<br />

d’images, toujours plus médiatisées et<br />

surexposées ? Cet espace civilisé, où le désir<br />

de l’altérité et de la séduction des symboles<br />

Paradoxalement, cette quête d’aventure,<br />

de dépaysement dans de nouveaux espaces<br />

à découvrir contribue à leur destruction.<br />

Nature et culture sont progressivement<br />

aménagées, préfabriquées et standardisées<br />

pour garantir le succès de ce tourisme de<br />

masse, exportation de l’idéologie occidentale<br />

du « développement et de la croissance<br />

illimités ».<br />

Tourisme culturel, écologiste, humanitaire,<br />

sexuel, gastronomique, historique,<br />

médical, sportif, religieux, industriel,<br />

scientifique… la liste est impossible à compléter<br />

tant le tourisme se love désormais<br />

dans l’ensemble des activités humaines. Le<br />

dernier homme, la dernière femme seront<br />

à n’en pas douter les derniers touristes…<br />

Joël Dragutin nous livre là l’instantané<br />

d’une « vacancière » d’aujourd’hui, égarée<br />

dans l’immensité de la grande vacance du<br />

consommable.<br />

Valérie Battaglia<br />

NB : Le tourisme est devenu la première industrie mondiale,<br />

devant l’agro-alimentaire, l’industrie du pétrole et<br />

celle de l’armement. Il représente 200 millions d’emplois,<br />

730 milliards de dollars de CA (OMC, 2012).<br />

triomphent de la violence et de la brutalité,<br />

peut-il encore exister ?<br />

Courageuse, naïve et obstinée, la Spectatrice<br />

ne se résigne pourtant pas à l’illusoire,<br />

au factice et à la standardisation de la<br />

production artistique. Elle veut continuer<br />

malgré tout à rechercher et à éprouver des<br />

sensations inédites.<br />

Et si la confusion qu’elle exprime nous fait<br />

sourire, son désir, allumé et encore vivace,<br />

nous réconcilie avec nous-mêmes.<br />

Valérie Battaglia<br />

(extraits de la préface<br />

à La Spectatrice, éditions de l’Amandier)<br />

61


62<br />

MARIE TUDOR<br />

de Victor Hugo<br />

mise en scène groupe LA gALERIE<br />

Marie Tudor, reine d’Angleterre malade et<br />

vieillissante, s’entiche du jeune et séduisant<br />

Fabiano Fabiani, un aventurier sans scrupules.<br />

Elle lui offre une fortune, des titres<br />

et lui ouvre son lit. Mais elle doit épouser<br />

le roi d’Espagne, qui a envoyé son ambassadeur<br />

Simon Renard pour organiser le<br />

mariage. Quand il s’aperçoit que la reine<br />

a un favori, il va comploter pour éliminer<br />

Fabiani. Le hasard lui fait alors rencontrer<br />

Gilbert, ouvrier ciseleur à la cour d’Angleterre,<br />

fou de douleur parce que Jane, sa<br />

fiancée, s’est laissée séduire par Fabiani.<br />

Renard va utiliser Gilbert et son désir de<br />

vengeance pour organiser l’assassinat du<br />

jeune aventurier. Lorsqu’elle apprend la<br />

trahison de son amant, Marie Tudor accepte<br />

d’entrer dans le complot, avant de<br />

tout tenter pour le sauver finalement…<br />

Dans Marie Tudor, le drame amoureux se<br />

superpose à la tragédie où le véritable enjeu<br />

est la prise de pouvoir, où les rancœurs<br />

privées servent un dessein politique, où<br />

un homme, au demeurant condamnable,<br />

est exécuté pour un crime qu’il n’a pas<br />

commis.<br />

<strong>Théâtre</strong>, politique et passion amoureuse<br />

– thèmes récurrents chez Hugo –<br />

s’imbriquent dans ce drame qu’il a rêvé<br />

comme un modèle du genre. Écrite trois<br />

ans seulement après les Trois Glorieuses<br />

(révolution de juin 1830), Marie Tudor ne<br />

met pas en scène le soulèvement théâtral<br />

d’un peuple contre le despotisme, mais,<br />

sur fond d’émeutes et d’exécutions arbitraires,<br />

une révolte populaire en coulisse,<br />

rythmées par le son de la cloche, les passions<br />

d’une femme qui est aussi la reine.<br />

mardi 27 et mercredi 28 mai<br />

à 20 h 30<br />

Un parti pris scénique<br />

résolument moderne<br />

Dans cette mise en scène, le groupe<br />

LA gALERIE a choisi de raconter<br />

Marie Tudor dans un espace littéral,<br />

sans artifice. Sur scène, un décor<br />

constitué principalement du matériel<br />

technique et des objets sortis tout droit<br />

de notre quotidien manufacturé. Les<br />

matériaux sont choisis et exploités pour<br />

leurs propriétés plastiques. La mise en<br />

jeu de ces quelques éléments scénographiques,<br />

associée à la lumière, permet<br />

aux images d’advenir et sont des tremplins<br />

à la fiction. Les volumes, objets et<br />

matières servent d’obstacles aussi bien<br />

que d’appuis concrets aux corps des<br />

comédiens.


AVANT-PROPOS<br />

En 1827, Victor Hugo entreprend la composition de Cromwell, œuvre<br />

dont la préface est un véritable manifeste du drame romantique ; six ans<br />

plus tard, des notes conservées sur le XVI e siècle anglais nourriront son<br />

nouveau projet, Marie Tudor, un drame sur Marie I re d’Angleterre dite<br />

Marie la Sanglante…<br />

Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai.<br />

Le grand prend les masses, le vrai saisit l’individu. [...] L’écueil du vrai, c’est le petit,<br />

l’écueil du grand, c’est le faux. [...] Le drame selon le dix-neuvième siècle, ce n’est pas<br />

la tragi-comédie hautaine, démesurée, espagnole et sublime de Corneille ; ce n’est pas<br />

la tragédie abstraite, amoureuse, idéale et divinement élégiaque de Racine ; ce n’est<br />

pas la comédie profonde, sagace, pénétrante, mais trop impitoyablement ironique,<br />

de Molière ; ce n’est pas la tragédie à intention philosophique de Voltaire ; ce n’est pas<br />

la comédie à action révolutionnaire de Beaumarchais ; ce n’est pas plus que tout cela,<br />

mais c’est tout cela à la fois ; ou, pour mieux dire, ce n’est rien de tout cela. Ce n’est pas,<br />

comme chez ces grands hommes, un seul côté des choses systématiquement et perpétuellement<br />

mis en lumière, c’est tout regardé à la fois sous toutes les faces.<br />

Victor Hugo, préface de Marie Tudor<br />

Groupe LA gALERIE<br />

avec André Antébi,<br />

Sébastien Chassagne, Thomas Favre,<br />

Maëva Husband, Élise Marie<br />

et Adrienne Winling<br />

création collective<br />

dirigée par Céline Champinot<br />

scénographie Émilie Roy<br />

son Samuel Favart Mikcha<br />

lumière Claire Gondrexon<br />

coproduction <strong>Théâtre</strong> de Bourg en Bresse (EPCC) et le<br />

Centre culturel Louis-Aragon (Oyonnax) / avec l’aide<br />

de la DRAC Rhône-Alpes, de la région Rhône-Alpes<br />

et du Conseil général de l’Ain / avec le soutien à la<br />

Jeune création du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> et du Moulin de l’Etang<br />

de Billon (63)<br />

Nous.<br />

Nous croyons à une histoire, celle de l’instant qui rassemble acteurs et spectateurs<br />

dans un espace unique<br />

Un humain qui parle à un autre humain Tout part de là Pour nous 1+1+1+1+1<br />

etc. c’est toujours mieux que 1 (même quand c’est raté)<br />

Nous croyons que la manifestation artistique n’est que la partie visible d’un processus<br />

plus global<br />

Nous aimons voir émerger du collectif, de ses frictions, de son fatras, l’œuvre<br />

inattendue que nous n’imaginions pas<br />

Chacun d’entre nous sera garant de cette machination collective<br />

Nous sommes un groupe<br />

63


64<br />

LA CHUTE<br />

d’après Albert Camus<br />

mise en scène Géraud Bénech<br />

Cette année, le centenaire de la naissance<br />

d’Albert Camus est l’occasion de revisiter<br />

de façon théâtrale ce récit écrit par l’une<br />

des figures les plus marquantes de la pensée<br />

du XX e siècle.<br />

Aujourd’hui, La Chute est devenu un classique,<br />

et son auteur l’archétype de l’intellectuel<br />

à la française, naviguant en solitaire<br />

entre liberté philosophique et engagement<br />

humaniste.<br />

Cette étrange confession s’inscrit à présent<br />

dans un autre contexte historique, loin<br />

des affrontements idéologiques des années<br />

50 (Guerre froide, décolonisation, forte<br />

influence du marxisme dans les courants<br />

de pensée en Europe) qui lui donnaient<br />

des allures de manifeste. Nous l’abordons<br />

avec nos préoccupations et notre sensibilité<br />

contemporaines, davantage tournées<br />

vers l’intime et les enjeux à court terme.<br />

Elle résonne dans notre quotidien avide de<br />

coming out et où les médias et les réseaux<br />

sociaux ont banalisé jusqu’à saturation le<br />

déballage de l’intime.<br />

Que signifie, pour notre temps envahi par<br />

la toute-puissance de la communication et<br />

la manipulation des images, cette « entreprise<br />

» émanant d’un homme rompu à<br />

l’art de la parole, brillant avocat comme il<br />

se décrit, comédien comme il se prétend,<br />

et qui va se mettre à nu dans un « jeu de la<br />

vérité » sans concession ?<br />

La mise en perspective théâtrale de ce texte<br />

s’appuie sur la stratégie d’écriture de Camus.<br />

Le spectateur, tout comme le lecteur,<br />

n’est pas pris à partie directement. La parole<br />

de Jean-Baptiste Clamence, portée par<br />

le comédien Stanislas de la Tousche, est<br />

adressée à cet interlocuteur invisible qu’il<br />

tente de convertir et d’entraîner dans sa<br />

chute salvatrice. Mais, dans ce miroir qu’il<br />

lui tend, chacun d’entre nous est conduit,<br />

par étapes, à reconnaître sa propre image.<br />

On ne peut porter seul le poids de sa<br />

condition d’homme.<br />

Un ancien avocat réfugié à Amsterdam<br />

sert de guide à un Français de passage,<br />

rencontré dans un bar du port. Jour après<br />

jour, il se raconte et se dévoile, se faisant de<br />

plus en plus intime. Au cœur de sa révélation,<br />

un événement catalyseur : le suicide<br />

par noyade, sous ses yeux, d’une jeune<br />

femme, un soir, alors qu’il traversait un<br />

pont parisien. Mais, au-delà de sa propre<br />

expérience, il rend compte de cette com-<br />

Durée du spectacle : 1 h<br />

Installation dans les lieux :<br />

2 h avant la représentation au minimum.<br />

La Cie25ter propose également<br />

un débat d’une vingtaine de minutes<br />

après le spectacle.<br />

Ce spectacle est proposé dans le cadre d’une programmation Hors les Murs, tout particulièrement à<br />

l’intérieur des établissements scolaires.<br />

Pour l’accueillir dans votre lycée ou collège vous pouvez joindre le service des relations publiques<br />

au 01 34 20 11 07 ou à l’adresse resp.relations.publiques@theatre<strong>95</strong>.fr<br />

plexité irréductible que nous partageons<br />

tous, des choix qui composent la trame de<br />

nos existences, de nos intentions, de nos<br />

actes ou nos immobilités, face au regard<br />

de l’autre, face aux injonctions sociales ou<br />

aux intrusions fracassantes de l’Histoire<br />

dans nos vies.<br />

L’homme se confie : il a été un avocat<br />

brillant, un séducteur, un homme du<br />

monde, vivant pour et par les autres,<br />

n’existant qu’au travers du jeu des regards.<br />

Puis soudain, à la faveur de ce suicide, la<br />

lucidité l’a saisi. Le sentiment de sa lâcheté<br />

intrinsèque, de sa vanité, s’est mis à affleurer.<br />

Toutes ses tentatives pour le refouler<br />

ont échoué. Sa carapace d’être social s’est<br />

fissurée puis brisée. C’est un écorché vivant<br />

qui se voit en transparence, à la fois<br />

sujet et objet de cette « leçon d’anatomie »<br />

qu’est La Chute.<br />

En s’affranchissant ainsi du mensonge<br />

qui est notre lot commun et grâce auquel<br />

il nous est possible de vivre avec nousmêmes<br />

et en société, Jean-Baptiste Clamence<br />

accède à un statut supérieur, omniscient.<br />

Mais il est condamné à errer dans<br />

les limbes en quête d’individus à convertir.<br />

avec Stanislas de la Tousche<br />

adaptation Stanislas de la Tousche<br />

et Géraud Bénech<br />

scénographie, création sonore et vidéo<br />

Géraud Bénech<br />

lumière Rémy Chevillard<br />

production Cie25ter (cie25ter.fr)


CNSAD<br />

Les autres « Journées de juin »<br />

du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique<br />

Le Conservatoire de Paris, désormais très<br />

engagé dans le paysage de l’enseignement<br />

supérieur français, a créé en 2012 un nouveau<br />

cycle d’études, de niveau deuxième<br />

cycle. C’est ainsi que, pour la première<br />

fois en 2012-<strong>2013</strong>, il a ouvert, par un<br />

concours spécifique réservé aux acteurs<br />

titulaires du diplôme national supérieur<br />

professionnel de comédien, l’accès à une<br />

quatrième année d’études (les études « traditionnelles<br />

» durent trois ans au Conservatoire).<br />

Ces élèves, d’un genre tout à fait<br />

nouveau dans une école supérieure d’art<br />

dramatique, effectueront donc leur cinquième<br />

année en <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong>.<br />

Ce deuxième cycle d’études est organisé<br />

selon une logique analogue à un deuxième<br />

cycle universitaire (aboutissant à un diplôme<br />

de Master), mais adaptée à un établissement<br />

d’enseignement artistique.<br />

Les jeunes artistes dramatiques en formation<br />

dans ce cadre, interprètes ou metteurs<br />

en scène, poursuivent pendant deux ans, au<br />

travers d’enseignements spécifiques, d’ateliers<br />

de recherche pratique et d’un accompagnement<br />

artistique et intellectuel, la réalisation<br />

d’un projet théâtral personnel, qui<br />

leur permettra d’obtenir un diplôme, dit<br />

de cinquième année, et dont la vocation est<br />

d’être reconnu au grade de Master.<br />

du mardi 2 au dimanche 8 juin<br />

Chaque année, le Conservatoire de Paris présente au mois de juin les travaux<br />

de ses classes d’interprétation. Ce sont les « Journées de juin » du Conservatoire.<br />

Ce moment fort de la vie théâtrale parisienne s’augmente cette année d’un volet nouveau<br />

– et c’est à Cergy !<br />

C’est au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> que seront présentés<br />

ces premiers travaux de fin d’études, véritables<br />

spectacles proposés par certains des<br />

plus prometteurs parmi les jeunes artistes<br />

dramatiques français. Pour la plupart, ils<br />

sont du reste déjà engagés dans la vie professionnelle<br />

de façon très active.<br />

Pendant une semaine, leurs spectacles se<br />

succéderont dans les deux salles du théâtre,<br />

selon un programme qui sera commu-<br />

niqué ultérieurement.<br />

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66<br />

PARTENARIATS<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> s’adresse au public, aux publics, sous différentes formes, il lui paraît important<br />

de s’ouvrir à d’autres approches de la scène, à d’autres disciplines, et il a, dans cette optique,<br />

noué depuis longtemps de nombreux partenariats, sur le territoire cergypontain et bien au-delà.<br />

C’est ainsi qu’il s’associe aux programmations et aux activités du Conservatoire national supérieur<br />

d’Art dramatique, du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise,<br />

du Festival d’Auvers-sur-Oise et à de nombreux autres encore…<br />

CONCERT DANS LE CADRE DE VAL D’OISE OCÉAN<br />

Un concert interprété par l’Orchestre symphonique du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise<br />

avec les solistes Sarah Brayer, François Ducasse, Pierre Dutrieu, et Isabelle Lagors.<br />

Au programme de ce concert exceptionnel, La Mer, La Cathédrale engloutie, la Rhapsodie pour clarinette et le Trio pour flûte et<br />

harpe de Claude Debussy, ainsi que deux Gymnopédies d’Erik Satie orchestrées par ce même Debussy.<br />

Les œuvres seront ponctuées par des poèmes ou d’autres textes de contemporains de Debussy et par des odes maritimes.<br />

Cette soirée est organisée en partenariat entre le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise, le Conservatoire à<br />

rayonnement départemental d’Argenteuil et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, dans le cadre de Val d’Oise Océan, opération du Conseil général du<br />

Val d’Oise.<br />

samedi 28 septembre <strong>2013</strong> à 20 h 30<br />

SOMEWHERE<br />

Bernstein – Gershwin – Sondheim<br />

piano Bruno Perbost / percussions Franck Steckar / contrebasse Bernard Lanaspèze<br />

trompette : Fabien Mary / saxophone David Sauzay<br />

avec les 23 interprètes du Chœur des CRÉA’tures<br />

direction musicale Didier Grojsman / arrangements Bruno Perbost<br />

textes et mise en scène Christian Eymery / chorégraphie Linda Faoro<br />

scénographie : Claire Belloc / costumes Isabelle Pasquier<br />

lumières Marie Hélène Pinon / son Laurent Dujarric<br />

régisseur général Saïd Mechehar<br />

Trois compositeurs, une même passion : « The musical ».<br />

Somewhere nous entraîne dans l’univers des années 50 et nous invite le temps d’un réveillon de la Saint-Sylvestre à partager<br />

les retrouvailles d’un groupe d’amis. Au cours de la soirée, petites histoires, confidences et révélations vont se mêler pour nous<br />

transporter à des milliers de kilomètres dans le monde de la comédie musicale américaine made in Broadway.<br />

Les jeunes interprètes du CRÉA, accompagnés par cinq musiciens, rendent hommage à trois compositeurs mythiques du<br />

« musical ».<br />

Somewhere livrera des standards incontournables issus de West Side Story, Porgy and Bess, Un Américain à Paris, mais aussi des<br />

airs injustement méconnus du grand public comme le sont la plupart des œuvres de Stephen Sondheim, le plus estimé des<br />

compositeurs de Broadway encore vivants !<br />

samedi 21 décembre <strong>2013</strong> 20 h 30


BLUE MONDAYS JAZZ APÉRO<br />

Fort du large succès du précédent Cycle Jazz qui a vu s’exprimer de jeunes musiciens au talent remarquable. Art vivant par excellence,<br />

art de l’instant saisi au vol, le jazz présente plus d’une analogie avec l’art théâtral : prise de parole, improvisation, écoute<br />

mutuelle, émotion livrée ou retenue, autant de termes que l’une et l’autre discipline ont en partage. De leurs multiples unions,<br />

toutes librement consenties, sont nées plusieurs formes hybrides dont le cabaret est sans doute l’une des plus anciennes et des<br />

plus familières. Leurs publics, proches en sensibilité et en attentes, y puisent la même énergie et y goûtent la même sincérité du<br />

geste offert. Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> poursuit sa recherche de la « note bleue » en proposant cinq lundis soirs répartis de janvier à mai au<br />

Café de la Plage, dans une atmosphère empreinte de cabaret, de club ou de cave de jazz, et consacrés à la découverte de jeunes<br />

artistes issus de l’excellente classe de jazz du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise…<br />

lundis 13 janvier, 10 février, 10 mars, 7 avril, 12 mai à 19 h<br />

PIANO CAMPUS, PRIx DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />

RÉCITAL DANIEL PETRICA CIOBANU<br />

Ce festival, consacré à la découverte de jeunes talents et à leur promotion, est une Grande « fête du piano »,<br />

un concours international dans un esprit d’audace, de dynamisme et de jeunesse.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> offre cette soirée permettant au Lauréat du Piano Campus de Bronze et Prix du Public <strong>2013</strong><br />

de se produire. Ce prix scelle un peu plus encore le partenariat entre Piano Campus et le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />

Diplomé de la Victor Brauner’s Music Highschool de Roumanie, Daniel Petrica Ciobanu totalise quarante premiers prix et vingt<br />

deuxièmes prix de concours de piano en Roumanie. Il participe à de nombreux concours nationaux et internationaux de musique.<br />

Il a obtenu notamment le Premier prix des Olympiades nationales de Roumanie, le Grand Prix du concours Carl Czerny<br />

et le Premier prix du Carpinetto in Musica d’Italie. À partir de 2005, il intègre la fondation humanitaire Musica in Amicizia<br />

dirigée par Iulian Arcadi Trofin. Pendant trois ans, il donne une série de concerts en Italie, en Suisse, en Hongrie et aux États-<br />

Unis. Il joue dans des académies prestigieuses : la Musik Hochschule Winterthur de Zurich, l’Accademia Nazionale di Santa<br />

Cecilia en Italie, la Romanian Embassy de Budapest et le Musicians Institute College of Contemporary Music à Hollywood.<br />

En 2007, il obtient la bourse Constantin Silvestri qui lui permet d’étudier dans la prestigieuse université Stewarts Melville en<br />

Ecosse. Puis il est récompensé en 2008 par le Rotary Club d’Edimbourg en tant que « Jeune Musicien de l’Année ». La même<br />

année il obtient une bourse de quatre ans pour étudier à la l’Académie royale d’Écosse. Il gagne le Premier prix du concours<br />

Morey d’Elgin. Il est invité à se produire aux côtés de Lang Lang au Royal Festival Hall. En juin 2012 il gagne le Deuxième prix<br />

du concours internatonal Adilia Alieva à Gaillard en France.<br />

vendredi 24 janvier <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />

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LES 13 E RENCONTRES INTERNATIONALES<br />

DE COMPOSITION MUSICALE DE CERGY-PONTOISE<br />

Ce festival de musique contemporaine qui se déroule durant une semaine sur notre territoire permet à de jeunes compositeurs<br />

venus des quatre coins du monde de travailler ensemble, et d’échanger leurs savoir-faire.<br />

C’est l’occasion pour eux de faire entendre pour la première fois une œuvre originale créée lors de ces rencontres par<br />

un ensemble professionnel de grande qualité.<br />

CONCERT DE CRÉATION<br />

samedi 5 avril <strong>2014</strong> 18 h<br />

Les rencontres reçoivent cette année des jeunes compositeurs d’Argentine, du Liban, d’Italie, de Belgique et de France,<br />

et seront inspirées par des poèmes de Max Jacob.<br />

Création des œuvres par l’Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise.<br />

CONCERT DE CLôTURE<br />

dimanche 6 avril <strong>2014</strong> à 17 h<br />

Lors de ce concert de clôture, les trois pièces retenues par le Comité de sélection seront données à entendre,<br />

suivies de la création d’un opéra de poche commandé à la compositrice Xu Yi, en partenariat avec le Grame de Lyon.<br />

Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise et Conservatoire à rayonnement Régional de C-P.<br />

Tarif plein 11 e, Réduit : 8 e, Etudiants 5 e<br />

CHANTIER DE LA CLASSE DE THÉÂTRE<br />

DU CONSERVATOIRE à RAYONNEMENT RÉGIONAL<br />

DE CERGY-PONTOISE<br />

Ils sont une douzaine, issus de la classe de théâtre du Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise.<br />

Ils vont travailler au théâtre et se produire dans le cadre d’un chantier qui les plongera dans un environnement<br />

artistique professionnel. C’est un metteur en scène de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> qui les dirigera dans ce travail.<br />

vendredi 9 mai <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />

samedi 10 mai à 20 h 30<br />

Dans le cadre de ses diverses collaborations avec le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

ouvre à nouveau ses portes à une partie des étudiants de théâtre du CRR dirigés par Coco Felgeirolles, afin de leur donner<br />

l’occasion de réaliser un spectacle dans un cadre pré-professionnel.<br />

L’aventure commencera en début d’année avec la constitution d’un comité de lecture.<br />

Le but sera de choisir un texte contemporain qui les mobilisera dans un processus de création.<br />

Véritable engagement individuel et collectif dans le temps avec le regard d’un metteur en scène sur le travail du groupe et de<br />

chacun et in fine, la possibilité de répéter avec celui-ci et de le présenter au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.


L’HISTOIRE DU SOLDAT<br />

musique de Igor Stravinsky<br />

texte de Charles-Ferdinand Ramuz<br />

mercredi 18 juin <strong>2014</strong> à 20 h 30<br />

L’Histoire du soldat est née en 1918 de la rencontre d’Igor Stravinsky, réfugié en Suisse pour échapper aux horreurs de la Première<br />

guerre mondiale, avec Charles-Ferdinand Ramuz, écrivain suisse francophone. S’inspirant d’un conte russe d’Afanassiev,<br />

Le Déserteur et la Diable, Ramuz conçoit un livret qui dépasse le caractère spécifiquement russe du texte en lui donnant une<br />

portée universelle qui rejoint le mythe faustien. « C’est d’ailleurs ce côté essentiellement humain qui nous tenta, Ramuz et moi,<br />

dans cette tragique histoire du soldat devenant fatalement la proie du diable… » (Stravinsky)<br />

En dépit de son apparente simplicité, c’est l’un des chefs-d’oeuvre les plus secrets de Stravinsky, offrant un modèle de pure<br />

musique dont les matériaux sonores, qui subissent des torsions imperceptibles, lui confèrent une fraîcheur absolue.<br />

Il fallait bien réunir un des plus grands comédiens français, Didier Sandre et un des meilleurs ensembles de l’Hexagone pour<br />

donner vie à ce bijou du répertoire du XX e siècle qui allie texte et musique.<br />

L’Histoire du soldat est présenté au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> en partenariat avec le Festival d’Auvers-sur-Oise.<br />

Philippe Berrod<br />

Didier Sandre<br />

Olivier Charlier<br />

Jean Christophe Gayot<br />

avec Didier Sandre<br />

et les musiciens de l’Orchestre de Paris :<br />

violon Olivier Charlier<br />

clarinette Philippe Berrod<br />

contrebasse Axel Salles<br />

basson Giorgio Mandolesi<br />

cornet à pistons Bruno Tomba<br />

trombone Guillaume Cottet-Dumoulin<br />

percussions Éric Sammut<br />

direction musicale Jean-Christophe Gayot<br />

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ÊTRE SPECTA(C)TEUR,<br />

L’ECOLE DU SPECTATEUR, UN ENJEU MAJEUR…<br />

Depuis sa création, le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a toujours placé la rencontre avec le public au cœur de son projet. Le brassage des<br />

savoirs, des idées et des esthétiques nourrissent le public et notre démarche artistique. Mais fréquenter la création ne<br />

va pas de soi, cela se prépare, s’accompagne pour s’épanouir et enrichir le public. La transmission et la pratique<br />

artistique des jeunes, des enseignants et du public constituent naturellement un enjeu majeur de notre projet.<br />

Nous souhaitons que chacun invente avec l’équipe des relations publiques les conditions de la sensibilisation et de<br />

l’échange avec pertinence, en adéquation avec les exigences des uns et des autres.<br />

Les Parcours spectacles scolaires et associatifs<br />

Allier le plaisir du spectacle et l’apprentissage<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> propose aux enseignants relais, à leurs élèves ainsi qu’aux responsables de groupes associatifs de cheminer<br />

au fil de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> à travers des parcours, articulés autour d’un abonnement de 3 spectacles, qui les conduiront à<br />

découvrir les créations de Joël Dragutin, celles des artistes en résidence ou les spectacles accueillis.<br />

Des outils sont à votre disposition pour composer suivant les spécificités de chaque groupe :<br />

> Un abonnement à au moins 3 spectacles,<br />

> Un dossier pédagogique,<br />

> Une visite guidée permettant de découvrir l’envers du décor ainsi que les métiers du théâtre : artistiques, techniques, administratifs, etc.,<br />

> Des rencontres en amont ou en aval des spectacles,<br />

> Des ateliers de sensibilisation.<br />

De nombreux enseignants proposent ces parcours où sensibilisation, rencontres, travail en classe, exploration des textes et<br />

analyse des représentations sont la base de nos partenariats, dans le cadre d’une démarche éducative par laquelle les élèves<br />

apprennent à devenir des spectateurs actifs et désirants et acquièrent jugement esthétique et esprit critique.<br />

Les Ateliers et options théâtre : université, lycées, collèges, écoles…<br />

Apprendre en jouant et en regardant !<br />

Partager, transmettre, s’éveiller aux côtés des équipes artistiques sont les objectifs des ateliers de pratique artistique.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> a à cœur de développer les espaces de « jeu » : écriture, théâtre, expression corporelle…<br />

Ces espaces sont nécessairement mis en perspectives avec une pratique de spectateurs,<br />

par la fréquentation des œuvres jouées au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />

Vivre la représentation en tant que spectateur conscientise d’une autre manière l’épreuve du plateau.<br />

Pour la plupart, les travaux réalisés au sein de ces établissements sont présentés en fin d’année au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />

Ateliers de pratique artistique, options facultatives et « lourdes », modules de formation, projets d’établissements :<br />

Un certain nombre d’établissements partenaires du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> sont engagés dans des dispositifs de longue durée :<br />

Université de Cergy-Pontoise, lycée Jacques-Prévert (Taverny), institution Saint-Martin-de-France (Pontoise), ESSEC (Cergy-Pontoise),<br />

lycée Paul-Emile-Victor (Osny), lycée Camille Claudel (Vauréal), lycée Jeanne d’Arc - Fondation Cognacq Jay (Argenteuil),<br />

lycée Kastler (Cergy-Pontoise), lycée Notre-Dame de la Compassion (Pontoise), lycée Jules-Verne (Cergy le Haut),<br />

lycée Louise-Michel (Gisors), école des Plants (Cergy).<br />

D’autres établissements sont engagés dans des dispositifs ponctuels (classes à Projets artistiques et culturels)…<br />

Des ateliers se développent aussi au sein de structures telles que le Centre d’insertion Césame (Eragny), l’EPSS (Cergy), l’OPEJ<br />

(Saint-Ouen-l’Aumône), le Centre social de Marcouville (Pontoise).


Les Ateliers de pratique amateur au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

De la même manière, au sein du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, des ateliers d’écriture ou de pratique théâtrale hors temps scolaire sont proposés dès la<br />

rentrée, les participants y développent une pratique et une connaissance par la fréquentation des œuvres en tant que spectateurs :<br />

> Enfants (7/13 ans) les mercredis matins<br />

> Adolescents (14/17 ans) les mercredis après-midi<br />

> Adultes les lundis soirs<br />

> Atelier d’écriture (5 journées tout au long de l’année)<br />

Inscriptions à partir du 21 mai <strong>2013</strong><br />

Réunion de présentation des ateliers le mercredi 25 septembre <strong>2013</strong> à 18h30<br />

Un Conseil consultatif des jeunes<br />

« S’approprier le théâtre, c’est peut-être la meilleure façon d’apprendre à l’aimer »<br />

Antoine Vitez<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> constitue chaque année le Conseil consultatif des jeunes en partenariat avec les chefs d’établissements scolaires,<br />

les bureaux des étudiants de l’agglomération et plus largement des associations environnantes.<br />

Un ou deux délégués par structure sont ainsi conviés à participer à des rencontres. Référents culturels des établissements scolaires,<br />

enseignants, relais d’associations de l’agglomération de Cergy-Pontoise sont invités à contacter le service des relations<br />

publiques afin de constituer ce Conseil consultatif des jeunes.<br />

Des tarifs attractifs pour les jeunes<br />

> Pour les -18 ans : les 3 spectacles dans le cadre de l’abonnement, soit 6e le spectacle,<br />

spectacle supplémentaire au même tarif.<br />

Avantages abonnés :<br />

> Priorité de réservation aux groupes abonnés,<br />

> Une boisson au tarif préférentiel de 2i au Café de la Plage tout au long de la saison,<br />

> Une visite du théâtre<br />

> Une rencontre avec l’équipe artistique<br />

> 8i le spectacle (12/25 ans)<br />

> 5i le spectacle (moins de 12 ans)<br />

> 3i le spectacle jeune public (repérage des spectacles JP)<br />

Renseignements : service des relations publiques 01 34 20 11 07<br />

Un centre ressources : la librairie du théâtre<br />

Afin de préparer ou de prolonger les découvertes théâtrales, un centre documentaire / librairie est à la disposition du public.<br />

Il propose principalement les textes des pièces présentées au cours de la saison, et un fond documentaire riche d’ouvrages<br />

modernes et anciens, théoriques et théâtraux.<br />

La librairie est ouverte aux heures d’ouverture de la billetterie.<br />

Amateurs et professionnels<br />

Les associations<br />

Des partenariats sont mis en place avec des associations de pratiquants amateurs dans le domaine du théâtre et de la<br />

musique. Elles sont accueillies au <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> pour des répétitions et certaines de leurs représentations publiques. Elles sont<br />

régulièrement spectateurs (à des tarifs préférentiels) des créations et des accueils du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>.<br />

MUSAÏQUES, groupe vocal mixte de 150 choristes amateurs, animé par un chef de chœur, Rosario Pulcini, et un pianiste professionnels,<br />

chante exclusivement des chansons en français, et son répertoire comprend aussi bien des grands classiques<br />

de la variété française (Aznavour, Brel, Goldman, Cabrel, Souchon, Bénabar, Dutronc, Julien Clerc, Françoise Hardy…) que des<br />

œuvres moins célèbres (Romain Didier, Zaza Fournier, Ours, Juliette…).<br />

CODEVOTA, L’association est l’intermédiaire entre professionnels, collectivités et troupes amateurs. Elle a pour mission de proposer<br />

des manifestations, de la formation et de la mise à disposition de matériel aux troupes amateurs du Val d’Oise.<br />

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INFOS PRATIqUES<br />

THÉÂTRE <strong>95</strong> / ALLÉE DU THÉÂTRE / BP 70098 / <strong>95</strong>021 CERGY-PONTOISE CEDEx 01<br />

LOCATION, RÉSERVATION<br />

Sur place : aux heures d’ouverture de l’accueil, du mardi au vendredi, de 14h à 18h30, le samedi de 14h à 17h.<br />

Par téléphone : 01 30 38 11 99<br />

Autres modalités : FNAC 08 92 68 36 22 ou www.fnac.com ou www.billetreduc.fr<br />

RÈGLEMENT<br />

Par chèque bancaire ou postal, à l’ordre de « <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> » • Par carte bleue, à l’accueil du théâtre<br />

Par téléphone au 01 30 38 11 99 • Par internet, directement sur notre site www.theatre<strong>95</strong>.fr<br />

Les billets réservés doivent être réglés impérativement 15 jours avant la date de la représentation, faute de quoi ils seront remis à la vente.<br />

COMMENT NOUS JOINDRE<br />

Réservations : 01 30 38 11 99 • E-mail : reservation@theatre<strong>95</strong>.fr • Administration : 01 34 20 11 00 • Fax : 01 30 38 73 32<br />

COMMENT SE RENDRE AU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />

Le parvis du théâtre se trouve avenue Bernard-Hirsch, face à la Préfecture et à l’ESSEC.<br />

En voiture :<br />

À partir de La Défense ou de la porte de Clignancourt, prendre l’autoroute A15, direction Cergy-Pontoise,<br />

Sortie n°9 « Cergy-Préfecture ». Suivre le fléchage « Préfecture », puis « <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ».<br />

Les soirs de spectacles, stationnement au parking de la Préfecture.<br />

En RER :<br />

Ligne A3, direction Cergy-le-Haut, arrêt Cergy-Préfecture (35 minutes de Charles-de-Gaulle-Étoile,<br />

départ toutes les 20 minutes). Depuis le parking de la gare RER, suivre « Préfecture » par l’avenue de la Poste.<br />

Le parvis du théâtre est juste après le tunnel, sur la gauche.<br />

directeur de la publication Joël Dragutin<br />

édition xavier Maurel, Romaric Doublet<br />

rédaction Valérie Battaglia, Joël Dragutin, xavier Maurel, Géraud Bénech, Jean-Philippe Lucas Rubio<br />

secrétariat de rédaction Émilie Barneff<br />

conception graphique La Vache Noire - Alexandre Petitmangin<br />

impression Digi-France Impression Masson<br />

Crédits photographiques<br />

La Maison et le Zoo © Marc Ginot<br />

Le Banquet de la Vie © Alessandra Cabral<br />

Dakini © Lou is<br />

Détails © Lie xie, Martin Skoog<br />

Hiver © Juliette Guénon<br />

Les Présidentes © Jean Gaumy<br />

Marie Tudor © LA gALERIE<br />

Norma Jean © Hervé Bellamy<br />

Ravel © Marion Duhamel<br />

Portrait Ravel © D.R.<br />

Sous la Ceinture © Frédéric Desmesure<br />

Un chien dans la tête © Christophe Raynaud de Lage<br />

Fred Tousch © Philippe Cibille<br />

Lune Jaune © Roxane Kasperski<br />

Le Guide du démocrate © Davic Aménian<br />

Se souvenir des belles choses, Un théâtre de création, Le territoire et les habitants © Jean Piard<br />

Hommage annuel au chanteur, Spirale, Rambuku, Au début… © Souhir Boujday<br />

Dal Vivo © Lila Lütah<br />

Le théâtre au service de la démocratie © Alexandre Petitmangin<br />

Portraits © Inès Noussa<br />

CNSAD © Philippe Chardon<br />

Partenaires et Abonnez-vous ! © Dominique Chauvin


LE CLUB ENTREPRISES<br />

DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />

Investir dans l’art et la culture, c’est investir dans les savoirs et les idées, les formations, les capacités de création et d’initiative.<br />

C’est pourquoi il nous semble capital d’y associer certains acteurs importants de ce territoire par le biais d’un Club Entreprises<br />

associé au théâtre.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est lié de façon organique à son contexte géographique et sociologique et son évolution est parallèle à celle de<br />

l’agglomération de Cergy-Pontoise, important centre économique riche de ses 5000 entreprises, devenue en quarante ans<br />

une cité porteuse d’imaginaire et de modernité. Ce nouvel espace urbain dédié à l’art et à la démocratie est plus que jamais<br />

ouvert à tous et à tous les possibles.<br />

Une agglomération comme Cergy-Pontoise, un département comme celui du Val-d’Oise, et plus largement une région comme<br />

celle de l’Ile-de-France doivent garantir l’accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance en soutenant la création<br />

artistique, un des enjeux majeurs pour nous projeter collectivement dans l’avenir.<br />

Enfin, le nouveau <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> est un lieu plus vaste, avec son grand Hall (l’Atrium) ses 2 salles de spectacle (Arendt et Visconti),<br />

son convivial espace de restauration : le Café de la Plage. Adapté aux scénographies contemporaines, notre équipement permet<br />

d’engager des partenariats importants ou prestigieux tout en captivant un public à la fois plus nombreux mais aussi plus diversifié.<br />

LES PARTENAIRES<br />

De nombreuses entreprises, médias et associations ont déjà construit des partenariats ponctuels ou pérennes avec le<br />

<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> alors n’hésitez plus et rejoignez-les !<br />

Nous pouvons à tout moment mettre en place des actions sur mesure pour chaque entreprise ou groupe d’entreprises<br />

au gré de nos volontés communes.<br />

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ABONNEZ


-VOUS !<br />

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PARTENAIRES<br />

Le <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, scène conventionnée aux écritures contemporaines, est subventionné par la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise,<br />

le ministère de la Culture et de la Comunication/DRAC Île-de-France, le Conseil général du Val d’Oise,<br />

le Conseil régional d’Île-de-France, et est en convention avec la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale du Val d’Oise.<br />

Le <strong>Théâtre</strong> national populaire de Villeurbanne (CDN)<br />

www.tnp-villeurbanne.com<br />

Le Centre dramatique national de Reims<br />

www.lacomediedereims.fr<br />

Le Centre dramatique national de Montpellier<br />

www.theatre-13vents.com<br />

Le Jeune théâtre national<br />

www.jeune-theatre-national.com<br />

Le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique<br />

www.cnsad.fr<br />

Le <strong>Théâtre</strong> du Lucernaire<br />

www.lucernaire.fr<br />

Le <strong>Théâtre</strong> 13 – Paris<br />

www.theatre13.com<br />

La ville de Cergy<br />

www.ville-cergy.fr<br />

La ville de Jouy-le-Moutier<br />

www.jouylemoutier.fr<br />

La ville de Menucourt<br />

www.menucourt.fr<br />

La ville de Courdimanche<br />

www.ville-courdimanche.fr<br />

La ville de Vauréal<br />

www.vaureal.fr<br />

La ville d’Eragny<br />

www.eragny.fr<br />

Le lycée Jacques-Prévert, Taverny<br />

Le lycée Paul-Emile-Victor, Osny<br />

Le lycée Camille-Claudel, Vauréal<br />

Le lycée Alfred-Kastler, Cergy<br />

L’institut Saint-Martin-de-France<br />

Le lycée Jeanne-d’Arc<br />

Le collège des Explorateurs, Cergy<br />

L’école des Plants, Cergy<br />

compagnie ACTA, Festival Premières Rencontres<br />

L’université de Cergy-Pontoise<br />

www.u-cergy.fr<br />

L’ESSEC<br />

www.essec.fr<br />

Le Festival d’Auvers-sur-Oise<br />

www.festival-auvers.com<br />

Piano Campus<br />

www.piano-campus.com<br />

Le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise<br />

www.cergypontoise.fr<br />

Le Festival théâtral du Val d’Oise<br />

www.thea-valdoise.org<br />

La Fondation Royaumont<br />

www.royaumont.com<br />

H / F Île-de-France<br />

www.hf-idf.org<br />

France Culture<br />

www.franceculture.fr<br />

VO News<br />

www.vonews.fr<br />

Radio RGB<br />

www.radiorgb.net<br />

La ligue de l’enseignement<br />

www.ligue<strong>95</strong>.com<br />

La Ruche<br />

www.assolaruche.fr<br />

Espace Cesame<br />

www.espace-cesame.org<br />

CODEVOTA<br />

www.fncta.fr<br />

MUSAIQUES<br />

www.musaiques.com<br />

MGEN<br />

www.mgen.fr


ABONNEMENTS<br />

Carte Pass Intégral : 100e €<br />

valable pour toutes les manifestations de la saison <strong>2013</strong>-<strong>2014</strong> (possibilité de payer en plusieurs fois)<br />

Carte Pass Intégral pour les « Amis du <strong>Théâtre</strong> » : 90e €<br />

Abonnement 3 spectacles : 30e €<br />

Spectacles supplémentaires : 12e €<br />

Abonnement 6 spectacles : 48e €<br />

Spectacles supplémentaires : 12e €<br />

Offre spéciale partenaires :<br />

A partir de 50 places, un spectacle/une place : 8e €<br />

Achat en une seule fois, places valables pour tous les spectacles<br />

Abonnement 3 spectacles - scolaires et associatifs<br />

Moins de 25 ans ou groupes (min. 10 personnes) : 18e €<br />

Spectacle supplémentaire : 6e €<br />

TARIFS HORS ABONNEMENT<br />

Tarif plein : 16e €<br />

Tarifs réduit*: 12e €<br />

Tarif plein pour les spectacles « jeunes publics » : 8e<br />

Demandeurs d’emploi, intermittents, étudiants, 12-25 ans : 8e €<br />

Conférence-débat, Pass Culture, moins de 12 ans : 5e €<br />

Spectacles jeune public : 3e € (sous conditions)<br />

* Amis du <strong>Théâtre</strong>, plus de 65 ans et +, familles nombreuses, groupe de plus de 10 personnes et +, CE et collectivités, carte<br />

SACD, adhérents Fnac, CODEVOTA, abonnés des structures partenaires : sur présentation d’un justificatif.<br />

DEVENEZ UN AMI DU THÉÂTRE <strong>95</strong><br />

Adhésion : 10e €<br />

Vous avez envie d’entrouvrir des portes inconnues, de passer la tête par l’entrée des artistes, de vous glisser dans les<br />

coulisses, de rencontrer des équipes artistiques,<br />

de débattre, d’échanger, de partager un peu la vie de la « maison », de participer à des soirées conviviales au Café<br />

de la plage, de rencontrer de nouveaux interlocuteurs ?<br />

En devenant membre de l’association, vous bénéficiez des offres suivantes : un tarif préférentiel sur tous les spectacles,<br />

des invitations à des répétitions publiques et à des rencontres avec les artistes, une réduction – 50% pour un<br />

spectacle dans un théâtre-partenaire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, participation au soirées des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, autour d’un<br />

buffet dînatoire.<br />

En devenant membre de l’association, vous bénéficiez des offres suivantes : un tarif préférentiel sur tous les spectacles,<br />

des invitations à des répétitions publiques et à des rencontres avec les artistes, une réduction – 50% pour un<br />

spectacle dans un théâtre-partenaire du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, participation au soirées des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong>, autour d’un<br />

buffet dînatoire.<br />

Pour cela, il vous suffit d’adhérer à l’association des « Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> ». Envoyez sur papier libre vos<br />

noms, prénoms, adresse, téléphone, e-mail et profession (facultatif), ainsi qu’une cotisation de 10e à l’ordre<br />

de : Association des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

à l’adresse suivante : Association des Amis du <strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong> / BP 70098 / <strong>95</strong>021 Cergy-Pontoise Cedex 01<br />

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78<br />

THÉÂTRE <strong>95</strong> – BULLETIN DE RÉSERVATION<br />

Je coche mes choix (spectacles et dates) dans le calendrier. Chaque abonnement est nominatif.<br />

Merci de nous préciser les noms des personnes concernées pour chaque abonnement.<br />

Vous pouvez également télécharger des formulaires d’abonnement directement sur notre site www.theatre<strong>95</strong>.fr.<br />

Nom Prénom<br />

Adresse<br />

Code postal Ville<br />

Téléphone Téléphone portable<br />

E-mail<br />

ABONNEMENTS<br />

Carte Pass intégral x 100 i = i<br />

Carte Pass intégral<br />

« Amis du <strong>Théâtre</strong> » x 90 i = i<br />

Abonnement 3 spectacles<br />

Tarif plein x 30 i = i<br />

Spectacle supplémentaire x 12 i = i<br />

Abonnement 6 spectacles<br />

Tarif plein x 48 i = i<br />

Spectacle supplémentaire x 12 i = i<br />

Abonnement 3 spectacles x 18 i = i<br />

(scolaires, association, -25 ans +groupes)<br />

réservations à retourner au<br />

<strong>Théâtre</strong> <strong>95</strong><br />

Allée du <strong>Théâtre</strong><br />

BP 70098<br />

<strong>95</strong>021 Cergy-Pontoise cedex 01<br />

HORS ABONNEMENTS<br />

Tarif plein x 16 i = i<br />

Tarif réduit x 12 i = i<br />

Demandeurs d’emploi, intermittents, étudiants, 12-25 ans<br />

x 8 i = i<br />

Conférence-débat, Pass Culture, moins de 12 ans<br />

x 5 i = i<br />

Spectacle jeune public*<br />

Concert Clôture du C.R.R.<br />

x 3 i = i<br />

x 11 i = i<br />

* Un Chien dans la tête, Dal Vivo, Grenouille et Au début…


SEPTEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />

VENDREDI 20 LES DÉCALÉS 21h > minuit<br />

SAMEDI 21 LES DÉCALÉS 12h > minuit<br />

DIMANCHE 22 LES DÉCALÉS 21h > 18h<br />

SAMEDI 28 CONCERT VAL D’OISE OCÉAN 20h30<br />

OCTOBRE SPECTACLE HORAIRES<br />

MARDI 8 BÉRÉNICE 20h30<br />

MERCREDI 9 BÉRÉNICE 20h30<br />

JEUDI 10 BÉRÉNICE 19h<br />

VENDREDI 11 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />

SAMEDI 12 BÉRÉNICE 20h30<br />

DIMANCHE 13 BÉRÉNICE 16h<br />

MARDI 15 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />

JEUDI 17 BÉRÉNICE 19h<br />

VENDREDI 18 BÉRÉNICE 14h30 20h30<br />

NOVEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />

MERCREDI 6 ROMAN 20h30<br />

JEUDI 7 ROMAN 19h<br />

VENDREDI 8 ROMAN 20h30<br />

VENDREDI 15 LE BANQUET DE LA VIE 20h30<br />

SAMEDI 16 LE BANQUET DE LA VIE 12h 20h30<br />

DIMANCHE 17 LE BANQUET DE LA VIE 16h<br />

VENDREDI 22 SOUS LA CEINTURE 20h30<br />

SAMEDI 23 SOUS LA CEINTURE 20h30<br />

LUNDI 25 UN CHIEN DANS LA TÊTE 14h30<br />

MARDI 26 UN CHIEN DANS LA TÊTE 14h30 19h<br />

JEUDI 28 LA MAISON ET LE ZOO 19h<br />

VENDREDI 29 LA MAISON ET LE ZOO 20h30<br />

DÉCEMBRE SPECTACLE HORAIRES<br />

MERCREDI 4 RAVEL 20h30<br />

JEUDI 5 RAVEL 19h<br />

VENDREDI 6 RAVEL 20h30<br />

SAMEDI 7 COLLOQUE 9h > 19h<br />

SAMEDI 7 GRENOUILLE 16h<br />

LUNDI 9 GRENOUILLE 10h 14h30<br />

MARDI 10 GRENOUILLE 10h 14h30<br />

MERCREDI 11 GRENOUILLE 10h 14h30<br />

MERCREDI 11 CONFÉRENCE-DÉBAT / CATHERINE CLÉMENT 20h30<br />

VENDREDI 13 LE GUIDE DU DÉMOCRATE 20h30<br />

MARDI 17 LE DINDON 20h30<br />

MERCREDI 18 LE DINDON 20h30<br />

SAMEDI 21 SOMEWHERE 20h30<br />

JANVIER SPECTACLE HORAIRES<br />

JEUDI 9 DÉTAILS 19h<br />

VENDREDI 10 DÉTAILS 20h30<br />

LUNDI 13 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />

VENDREDI 17 LA VIE EXTÉRIEURE 20h30<br />

SAMEDI 18 LA VIE EXTÉRIEURE 20h30<br />

VENDREDI 24 PIANO CAMPUS 20h30<br />

MARDI 28 AU DÉBUT… 19h<br />

MERCREDI 29 CONFÉRENCE-DÉBAT / PATRICK PELLOUX 20h30<br />

JEUDI 30 AU DÉBUT… 14h30<br />

VENDREDI 31 AU DÉBUT… 14h30 19h<br />

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FÉVRIER SPECTACLE HORAIRES<br />

JEUDI 6 AU DÉBUT… 14h30<br />

VENDREDI 7 AU DÉBUT… 14h30<br />

SAMEDI 8 AU DÉBUT… 17h<br />

LUNDI 10 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />

MARDI 11 AU DÉBUT… 19h<br />

MERCREDI 12 AU DÉBUT… 10h<br />

JEUDI 13 AU DÉBUT… 14h30<br />

VENDREDI 14 AU DÉBUT… 14h30 19h<br />

VENDREDI 28 DAKINI 20h30<br />

MARS SPECTACLE HORAIRES<br />

JEUDI 6 LA PARITÉ 19h<br />

VENDREDI 7 LA PARITÉ 20h30<br />

LUNDI 10 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />

VENDREDI 14 SPIRALE 14h30 19h<br />

MERCREDI 19 DAL VIVO 9h30 15h<br />

JEUDI 20 DAL VIVO 9h 10h30 15h<br />

JEUDI 20 LUNE JAUNE 19h<br />

VENDREDI 21 DAL VIVO 9h 10h30 15h<br />

VENDREDI 21 LUNE JAUNE 20h30<br />

SAMEDI 22 DAL VIVO 9h30 17h<br />

SAMEDI 22 LUNE JAUNE 20h30<br />

AVRIL SPECTACLE HORAIRES<br />

MERCREDI 2 MAÎTRE FENDARD 20h30<br />

JEUDI 3 MAÎTRE FENDARD 19h<br />

VENDREDI 4 MAÎTRE FENDARD 20h30<br />

SAMEDI 5 RENCONTRES CRR 18h<br />

DIMANCHE 6 RENCONTRES CRR 17h<br />

LUNDI 7 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />

MERCREDI 9 LE MANUSCRIT DES CHIENS 19h<br />

JEUDI 10 HIVER 19h<br />

VENDREDI 11 RAMBUKU 19h<br />

MERCREDI 30 CONFÉRENCE-DÉBAT / ALAN SOKAL 20h30<br />

MAI SPECTACLE HORAIRES<br />

MARDI 6 LES PRÉSIDENTES 20h30<br />

MERCREDI 7 LES PRÉSIDENTES 20h30<br />

VENDREDI 9 CHANTIER DU CRR 20h30<br />

SAMEDI 10 CHANTIER DU CRR 20h30<br />

LUNDI 12 BLUE MONDAY APERO JAZZ 19h<br />

MERCREDI 14 CONFÉRENCE-DÉBAT / DENIS PODALYDèS (sous réserve) 20h30<br />

JEUDI 15 NORMA JEAN 19h<br />

VENDREDI 16 NORMA JEAN 20h30<br />

MARDI 20 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />

MERCREDI 21 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />

JEUDI 22 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 19h<br />

VENDREDI 23 L’ESTIVANTE ET LA SPECTATRICE 20h30<br />

MARDI 27 MARIE TUDOR 20h30<br />

MERCREDI 28 MARIE TUDOR 20h30<br />

JUIN SPECTACLE HORAIRES<br />

DU 2 AU 8 CNSAD horaires à préciser<br />

MERCREDI 18 HISTOIRE DU SOLDAT 20h30


RÉSERVATION<br />

01 30 38 11 99<br />

reservation@theatre<strong>95</strong>.fr<br />

WWW.THEATRE<strong>95</strong>.FR

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