Nacrier - Institut National des Métiers d'Art
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Environnement<br />
Une corporation de tabletiers s’est développée en France dès le Moyen-âge. La tabletterie est<br />
quant à elle beaucoup plus ancienne : les aiguilles en os préhistoriques pouvant être<br />
considérés comme <strong>des</strong> objets de tabletterie et les gallo-romains pratiquants également<br />
l’industrie de la tabletterie à grande échelle. Le travail de la nacre n’apparaît dans les<br />
statuts <strong>des</strong> tabletiers qu’en 1741, mais il connaît un réel engouement avec le style Louis XV<br />
notamment, puis sous la Restauration et le Second Empire et enfin avec le développement<br />
<strong>des</strong> accessoires de mode au XIX ème siècle. La région de Méru, dans l’Oise, devient ainsi le<br />
centre névralgique de l’activité nacrière en boutonnerie et accueille également de nombreux<br />
ateliers de tabletiers (dominos, éventails…).<br />
Il existe aujourd’hui très peu d’artisans nacriers. La plupart travaille exclusivement pour<br />
l’industrie du luxe, à laquelle elle fournit <strong>des</strong> pièces en nacre qui seront utilisées en<br />
joaillerie, orfèvrerie, lutherie, art de la table... D’autres se sont spécialisés dans la<br />
fabrication de bijoux en nacre, fabrication de petits sujets, réalisation de tableaux.... Les<br />
nacriers interviennent également en restauration de pièces anciennes dont la nacre doit être<br />
remplacée. Les rares artisans spécialisés dans le travail de la nacre ont souvent développé<br />
parallèlement <strong>des</strong> compétences dans le secteur plus général de la tabletterie, ce qui leur<br />
permet d’intervenir sur différents projets tels que restaurations d’objets en nacre, mais<br />
également ivoire, écaille, bois précieux etc. Le marché requiert aujourd’hui une certaine<br />
polyvalence.<br />
Les boutonniers ont quant à eux presque disparu mais leur savoir-faire reste prisé dans la<br />
haute couture ou le prêt-à-porter du luxe. Les boutons de nacre sont également demandés<br />
dans les domaines <strong>des</strong> loisirs créatifs qui se développent largement en France. Malgré tout,<br />
nombre d’entre eux a subi l’industrialisation de la profession (la grande majorité <strong>des</strong> boutons<br />
étant désormais réalisés par <strong>des</strong> machines automatiques), la concurrence de matières<br />
nouvelles comme le rhodoïd et plus généralement le raz-de-marée <strong>des</strong> matières plastiques à<br />
partir <strong>des</strong> années 1960. Aujourd’hui la quasi-totalité <strong>des</strong> boutons de nacre est produite en<br />
Asie.<br />
L’approvisionnement en matière première est également un point sensible car les mollusques<br />
dont elle est extraite sont pour la plupart protégés, comme les ormeaux. Elle est également<br />
très sensible à la pollution du milieu marin qui peut altérer son orient.<br />
Le travail de certaines nacres est effectivement soumis à la Convention sur le commerce<br />
international <strong>des</strong> espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES)<br />
appelée également « Convention de Washington ». Des contrôles sont dans ce cadre effectués<br />
lors de l’utilisation de ces matières. Les artisans doivent par exemple signaler leurs stocks qui<br />
devront obligatoirement être constitués de matière prélevée dans la nature avant la<br />
Convention en 1976.<br />
Heureusement, dans ce domaine de la tabletterie, toute la matière première n’est pas<br />
protégée et plusieurs coquillages à nacre tels que trocas (bien que de plus en plus<br />
réglementé) ou agoyas se trouvent encore en grande quantité, ce qui permet de travailler<br />
sereinement ou effectuer <strong>des</strong> substitutions le cas échéant.<br />
L’association COMURNAT a été créée en France afin de protéger et faire valoir les droits <strong>des</strong><br />
artisans dont la survie dépend de l’utilisation de ces matières vivantes. Elle n’est aujourd’hui<br />
plus en activité.