FAbIENNE JUhEL Cherbourg. D’abord, il y a le nom porté par cette ville de mer : on dirait le début d’une lettre adressée à un ami : « Cher Bourg… », plutôt, une carte postale qu’on écrirait à la terrasse d’un petit café au soleil d’Octeville… Je n’étais encore jamais allée à Cherbourg. Claudie m’avait dit, quand tu seras là-bas, va voir La Hague. C’est beau, tu verras. La Hague, le décor de ses Déferlantes… Je n’ai pas vu La Hague, pas eu le temps ; je ne l’ai pas encore dit à Claudie. Parce que Cherbourg m’aura bien occupée. J’ai arpenté la ville de nuit, de nuit pour commencer. Avec Mohamed, passant d’un bar à l’autre, d’un bar à la gare, de la gare à la rade. Les troquets ferment toujours trop tôt quand on est en bonne compagnie. Alors, on a étiré la nuit jusqu’aux premières heures du petit matin. - 123 -
C’est beau une ville la nuit, dit le poète. Oui, c’est toujours beau une ville la nuit. Une ville d’eau sous un ciel étoilé, une ville où les bateaux de pêche sont allumés comme des sapins de Noël. Une ville silencieuse que l’on remplit de ses pas qui sonnent sur l’asphalte. Une ville dont on explore la moindre impasse, la petite cour dérobée, où l’on franchit des passerelles interdites, où l’on admire des coques des bateaux en rade dans des chantiers déserts… Le lendemain, au bout d’une nuit écourtée, j’ai poussé jusqu’au port de Chantereyne dans une lumière blanche qui me donnait mal à la tête, pour voir les ferries passer. Sur un bout du quai, strié de fientes de mouettes isocèles et bavardes, j’ai réfléchi à la thématique de l’enfance sur laquelle j’allais travailler ces trois jours, avec des hommes et des femmes dont certains avaient dû prendre un ferry pour venir sur cette terre des Droits de la Femme et de la Citoyenne - La Maison Olympe de Gouges a été ma première escale - quand il leur a bien fallu quitter une terre, une patrie, une langue natale, et à ces hommes, ces grands adolescents à la dérive, qui auraient bien voulu, eux, en prendre des ferries pour changer de vie, se faire la belle, la malle, l’échappée belle… La maison d’arrêt aura été ma dernière escale. Un de mes exercices en atelier d’écriture, exercice emprunté à Perec, s’inspire de ses « Je me souviens » réveillant un panel de souvenirs communs à une génération; ils sont liés à des odeurs, à des douceurs, à des figures tutélaires, aux anniversaires, aux apprentissages, aux cadeaux… surtout, ce sont des souvenirs liés à des « premières fois »… la première fois qu’on a vu son père pleurer, la première fois qu’on a fait du vélo sans roulettes, la première fois où on a pris un bateau - tiens encore ces ferries… - le premier livre, le premier film, la première grande colère, la première peine, la plus grande joie, le premier vrai baiser d’enfant, et encore la première fois où la famille réunie est partie en vacances dans le Cotentin, avant le divorce, avant la séparation, avant les larmes, avant les déchirures. Merci à ces femmes, à ces hommes, à ces jeunes lycéens de m’avoir fait partager un peu de leurs premières fois. Et merci à Brigitte d’avoir rendu cela possible. - 124 - Fabienne Juhel
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