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Ceux qui se demandent de temps à autre à quoi tient la<br />
réussite d’un film n’ont souvent qu’une réponse : à un fil.<br />
Quand un cinéaste casse volontairement ce fil, le tord, le<br />
rompt pour que plus rien ne soit relié à grand-chose, estil<br />
possible que ce film soit réussi ? La réponse est oui, et la<br />
preuve est donnée par Marc Recha. Il a ainsi jeté les sept<br />
moutures de son scénario au moment de tourner, réécrivant<br />
au fur et à mesure. Ne semble plus lui importer que<br />
la rencontre d’un morceau de temps et d’un bout de pellicule.<br />
Ce qui détermine désormais le cinéma de Recha,<br />
c’est l’endroit qu’il aura choisi pour placer sa caméra et<br />
y regarder vivre douze personnages dont on ne sait rien<br />
a priori, qui ne tiennent ensemble qu’éphémèrement, et<br />
que la tramontane rapproche, pour un temps.<br />
Au centre, il y a la vieille, qui a connu la guerre civile et<br />
qui va bientôt crever ; puis Éric, qui répare un peu tout et<br />
surtout les mécaniques ; Axel, qui a braqué un cinéma et,<br />
désormais, bosse avec Éric. Il y a Sophie, la contrôleuse<br />
du train, au moment du passage à la frontière espagnole.<br />
Il y a Gérard, qui est venu par le train du matin et repartira<br />
par celui du surlendemain.<br />
En résulte un film irrésumable. Qui, loin de nous laisser<br />
interdits, nous laisserait plutôt innocents. Innocents aux<br />
mains vides, cela va de soi. Un innocent de cinéma, c’est<br />
moins quelqu’un qui n’a rien fait (et sur lequel il n’y a pas<br />
grand-chose à dire) qu’une personne qui vit dans l’attente<br />
passive d’une inévitable culpabilité. Chez Recha,<br />
12<br />
<strong>Le</strong>s Mains vides<br />
MARC RECHA<br />
c’est une menace perpétuelle qui se tient dans l’entredeux<br />
du bien et de la faute. <strong>Le</strong>s Mains vides a trouvé à<br />
Port-Vendres l’endroit de cet entre-deux : ville limitrophe<br />
(France/Espagne) en laquelle Recha voit la révélation de<br />
la condition humaine : là pour passer.<br />
d’après Philippe Azoury, Libération<br />
•<br />
Een van de hoofdrollen in het Catalaanse Las Manos Vacías<br />
(De lege handen) wordt door Olivier Gourmet vertolkt, vorig<br />
jaar in Cannes nog bekroond voor <strong>Le</strong> fils van de gebroeders<br />
Dardenne. Maar de echte hoofdrol in deze licht surrealistische<br />
en poëtische film, waarin de gekruiste lotgevallen van een<br />
twaalftal even burleske als wanhopige mannen en vrouwen<br />
in het symbolisch gebruikte grensstadje Port-Vendes gevolgd<br />
wordt, is misschien wel voor een papegaai weggelegd. Of voor<br />
een mysterieus lijk ?<br />
Alle geheimen worden niet prijs gegeven in deze vierde film van<br />
Marc Recha. Dat maak juist de charme uit van deze enigmatische<br />
ensemblefilm over het leven in een kleine gemeenschap,<br />
geplaagd door verlangens, angst en eenzaamheid. De melancholie<br />
en humor van Otar Iosseliani en Jacques Tati zijn nooit<br />
ver weg, terwijl Recha opnieuw bewijst dat hij uitgesproken<br />
formeel talent is. L.J.<br />
INÉDIT<br />
LAS MANOS VACÍAS<br />
RÉAL : MARC RECHA<br />
SC : MARC RECHA, MIREIA VIDAL,<br />
NADINE LAMARI<br />
PHOTO : HÉLÈNE LOUVART<br />
MUS : DOMINIQUE A, MIKE YOUNG<br />
PROD : JBA PRODUCTIONS,<br />
EDDIE SAETTA SA<br />
AVEC :<br />
OLIVIER GOURMET, EDUARDO<br />
NORIEGA, PIERRE BERRIAU,<br />
MIREILLE PERRIER<br />
FRANCE-ESPAGNE, 2003, 130’,<br />
COULEUR, VO ST FR