You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
1<br />
<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong><br />
2004<br />
<strong>Ciné</strong>ma Arenberg<br />
1 6 JUIN . . . 14 SEPT<br />
90 films . 90 jours . 900 séances<br />
une autre façon de passer l’été<br />
Belgique - Belgïe<br />
PP<br />
BUREAU DE DÉPOT :<br />
1030 Bruxelles 3<br />
1 - 3209<br />
Edition spéciale<br />
n° 003 / juin 2004
LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE<br />
WALLONIE-BRUXELLES<br />
soutient la production et la diffusion du cinéma<br />
LES DOCUMENTAIRES…<br />
LES LONGS MÉTRAGES DE FICTION…<br />
LES COURTS-MÉTRAGES DE FICTION ET D’ANIMATION…<br />
COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE<br />
Centre du <strong>Ciné</strong>ma et de l’Audiovisuel<br />
2<br />
44 boulevard Léopold II<br />
B-1080 Bruxelles<br />
T +32 (0)2 413 22 19<br />
F +32 (0)2 413 20 68<br />
daav@cfwb.be<br />
www.cfwb.be/av<br />
MCF-257-pub cinedit ecran2.indd 1 27/05/04 13:47:38
L’été, les vacances, le soleil : franchement, il y a mieux<br />
à faire que d’aller se cloîtrer dans une salle obscure à<br />
mater de vieux films…<br />
Pensez donc à toutes les activités que vous rateriez en<br />
achetant un ticket pour aller It’s a Wonderful Life de<br />
Capra (de plus, vous l’avez déjà vu cinq fois) : un bon<br />
pique-nique dans le bois de la Cambre, une promenade<br />
le long du canal, une partie de badminton dans l’arrièrecour<br />
de votre appart, un verre entre amis à la terrasse<br />
d’un café du Plattesteen,…<br />
Franchement, il y a mieux à faire. De toute façon, vous<br />
êtes déjà membre du vidéo-club en bas de votre rue,<br />
et votre chaîne publique préférée a rediffusé Baby Doll<br />
la semaine dernière… Dead or Alive de Takashi Miike ?<br />
Pfff. Déjà visionné lors d’une séance délirante au BIFFF.<br />
Et puis c’est qui, ce Mathieu Amalric ? Encore un auteur<br />
dont les films sont soldés chez Carrefour ?<br />
Franchement, il y a mieux à faire que cet <strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong>. 80<br />
films, de toute façon c’est trop. Comment choisir entre<br />
Sacré Graal des Monty Python, Punishment Park de Peter<br />
Watkins et Turning Gate de Hong Sang-soo ? Il faudrait<br />
bien tous les voir, parce que ces films sont excellents, mais<br />
LES INÉDITS<br />
p.4<br />
LES CLASSIQUES<br />
p.28<br />
CYCLE<br />
MONTY PYTHON<br />
p.48<br />
3<br />
<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong><br />
CYCLE<br />
GUS VAN SANT<br />
p.52<br />
CARTE BLANCHE<br />
MATHIEU AMALRIC<br />
p.58<br />
CYCLE<br />
ELIA KAZAN<br />
p.66<br />
que faire quand le temps presse, et qu’à la télé ils passent<br />
Koh-Lanta, “La Finale”, et puis la rediff’ de “24 Heures<br />
Chrono”, version marathon (de 1h00 du mat’ à 1h00<br />
du mat’, le lendemain) ? Et c’est quand que l’Arenberg<br />
se décidera à sortir sa propre carte “Unlimited”, qu’on<br />
puisse aller voir quatre films par jour, et même sauter de<br />
l’un à l’autre si l’un d’entre eux est d’un ennui mortel ?<br />
Franchement, l’<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong>, c’est sympa, mais pourquoi<br />
qu’ils inventent pas une nouvelle formule, du genre<br />
“cinoche à la piscine, avec matelas gonflables en guise de<br />
fauteuils” ? Voilà une bonne idée : on reluquerait Jeanne<br />
Moreau dans Mademoiselle en sirotant un Daïquiri, puis,<br />
le temps d’un petit plongeon, on enchaînerait sur The<br />
Brown Bunny de Vincent Gallo. Une fois tout sec, un petit<br />
Elephant en guise d’eskimo, avant l’apothéose Gloria,<br />
splendide film de John Cassavetes. Après telle détente, ne<br />
nous resterait plus qu’à revenir tous les jours en maillot de<br />
bain, avec l’écran total en tube, pour se faire les 76 autres<br />
films encore au programme.<br />
Pas de panique : le festival dure cette année un mois de<br />
plus (du 16 juin au 14 septembre). De quoi devenir parfait<br />
maître nageur, et surtout, parfait cinéphile…<br />
CYCLE<br />
DOCUMENTAIRES<br />
p.74<br />
LES REPRISES<br />
p.80<br />
DEATH OR ALIVE<br />
(TRILOGIE)<br />
p.96<br />
HORAIRES<br />
p.98<br />
AZ<br />
p.106
4<br />
LES INÉDITS
5<br />
24 Hour Party People<br />
Michael Winterbottom fait preuve, une fois de plus, de<br />
son éclectisme avec cette évocation exubérante de la<br />
scène rock anglaise entre 1976 et 1992 : l’action se passe<br />
à Manchester, berceau du groupe Joy Division, du label<br />
Factory Records et de la discothèque l’Haçienda, dont<br />
24 Hour Party People raconte la genèse et la saga, sous la<br />
houlette du promoteur Tony Wilson. La principale qualité<br />
du film est d’épouser par sa forme même le rythme,<br />
le style et la folie de la musique dont il parle. Tony Wilson<br />
est donc le lien naturel d’une narration éclatée : ce présentateur<br />
de télévision excentrique eut l’un des chocs de<br />
sa vie en assistant à un concert des Sex Pistols, et décida<br />
de consacrer sa vie au rock. Grâce à l’interprétation volcanique<br />
de Steve Coogan, lui-même vedette de la télévision<br />
anglaise, l’énergie fiévreuse du film et son humour<br />
déjanté sont adroitement canalisés. La photo de Robby<br />
Müller emploie au mieux de ses possibilités l’image mal<br />
définie de la DV, dans un tourbillon qui raccorde sans<br />
mal avec les prises de vues authentiques de l’époque.<br />
Yann Tobin, Positif<br />
Et effectivement, on ressort de 24 Hour Party People aussi<br />
hagard qu’un Happy Mondays déboulant d’une nuit de<br />
bamboche à l’Haçienda : impression d’assister, aux premières<br />
loges, à des scènes gravées dans les livres d’histoire,<br />
de rigoler en première main de légendes colportées<br />
et magnifiées par le temps, de revisiter en Technicolor<br />
MICHAEL WINTERBOTTOM<br />
une nostalgie déjà sépia. L’occasion, aussi, de se rappeler<br />
comment l’audace et la veine d’une poignée d’hommes,<br />
leur incompétence élevée en philosophie et le souffle<br />
violent de l’air du temps peuvent suffire, dans une ville<br />
de province, à soulever des montagnes.<br />
Jean-Daniel Beauvallet, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
Het vaste duo Michael Winterbottom (regie) en Frank Cottrell<br />
Boyce (script) schetst met 24 Hour Party People (2002) de rol<br />
van Tony Wilson in de opgang (late jaren zeventig) en het verval<br />
(vroege jaren negentig) van de muziekscène in Manchester.<br />
Het wervelend verhaal – met de klassieke dosis seks, drugs<br />
en rock ’n roll – wordt verteld door Tony Wilson (uitstekend<br />
vertolkt door Steve Coogan), een energieke en gefrustreerde<br />
tv-presentator die zijn unieke stempel op het medium wil drukken.<br />
Wilson, geïnspireerd door de punkbeweging, richt Factory<br />
Records op (met ondermeer Joy Division, later New Order, en<br />
de Happy Mondays). Hij staat ook mee aan de wieg van The<br />
Hacienda, een club die qua reputatie niet moest onderdoen<br />
voor de Newyorkse Studio 54. 24 Hour Party People is een<br />
swingende komedie, die duidelijk maakt waarom Manchester<br />
op dat moment the place to be was. M.V.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : MICHAEL WINTERBOTTOM<br />
SC : FRANK COTTRELL BOYCE<br />
PHOTO : ROBBY MÜLLER<br />
MUS : SEX PISTOLS,<br />
HAPPY MONDAYS, JOY DIVISION,<br />
NEW ORDER, THE BUZZCOCKS,<br />
THE CLASH, DURUTTI COLUMN,<br />
A GUY CALLED GERALD, 808 STATE<br />
PROD : REVOLUTION FILMS<br />
AVEC :<br />
STEVE COOGAN, JOHN THOMSON,<br />
LENNIE JAMES,<br />
SHIRLEY HENDERSON<br />
ROYAUME-UNI, 2001, 112’,<br />
COULEUR, VO ST FR
C’est l’histoire d’une famille désaxée dans les faubourgs<br />
de Tel-Aviv (Haïfa), qui tente de survivre depuis la mort<br />
du père, piqué par une guêpe alors qu’il était allergique...<br />
Dafna a bien du mal avec ses quatre enfants : Ido<br />
trompe son ennui en s’amusant à sauter du haut d’une<br />
piscine vide, Yair sèche les cours pour se faire un peu<br />
d’argent de poche dans le métro (il distribue des tracts<br />
déguisé en souris), Maya chante dans un groupe de<br />
rock et s’occupe de Bar, sa petite sœur, quand sa mère<br />
travaille la nuit à l’hôpital comme sage-femme. Noir<br />
comme tableau, mais le pire encore est à venir : lorsque<br />
Ido, en plein délire acrobatique, s’écrase tragiquement<br />
sur le sol, et passe plusieurs jours dans le coma... Un<br />
événement douloureux qui pourtant se révélera bénéfique<br />
pour Dafna et sa petite famille, car c’est dans le<br />
drame – dicton connu – qu’on se serre le plus souvent<br />
les coudes. “Je voulais montrer combien une expérience<br />
collective, aussi tragique soit-elle, peut changer notre<br />
perception des choses et des autres, explique le réalisateur<br />
(dont c’est le premier film). Et surtout prouver que<br />
l’amour, dans telle situation, reste le meilleur remède à<br />
la douleur.” Loin d’être misérabiliste et putassier, Broken<br />
Wings se veut d’abord un émouvant plaidoyer en faveur<br />
de l’amour familial – un sentiment noble traité ici avec<br />
gravité mais sans pompiérisme, bref de façon crédible et<br />
pertinente. C’est aussi l’occasion pour Nir Bergman de<br />
brosser le portrait d’une jeunesse israélienne fragilisée<br />
6<br />
Broken Wings<br />
NIR BERGMAN<br />
par la guerre, qui craint l’avenir mais tente vaillamment<br />
de garder la tête haute. Pour ces jeunes, l’espoir est<br />
grand de pouvoir un jour déployer leurs ailes, même<br />
si parfois c’est la chute, même si parfois leur envol est<br />
freiné sous le poids du joug social, politique et familial.<br />
G.E.<br />
•<br />
Broken Wings (Knafayim Shvurot) speelt zich af in Haifa, de<br />
geboortestad van regisseur Nir Bergman. Met dit knap en met<br />
veel humor geobserveerde ironisch melodrama over een disfunctionele<br />
Israëlische familie tekent hij voor een opgemerkt en<br />
inmiddels meermaals gelauwerd langspeelfilmdebuut. De chaos<br />
ten huize van de met wanhoop en schuldgevoelens kampende<br />
Ullmans is voornamelijk te wijten aan de plotse dood van de<br />
vader. Moeder Dafna zit met een depressie, terwijl haar vier kinderen<br />
zich in de steek gelaten voelen. Vooral de oudste dochter<br />
Maya heeft het moeilijk met haar nieuwe verantwoordelijkheid<br />
omdat ze met een hoop frustraties zit. Het opmerkelijkste aan<br />
deze intieme film is dat Bergman de huidige politieke context<br />
mijdt om zich uitsluitend te concentreren op de emotionele<br />
claustrofobie van deze zelfdestructieve familie uit de middenklasse.<br />
Een hartverwarmende weepie ! L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC : NIR BERGMAN<br />
PHOTO : VALENTIN BELONOGOV<br />
MUS : AVI BELLELI<br />
PROD : ASSAF AMIR<br />
(NORMA PRODUCTIONS)<br />
AVEC :<br />
ORLY ZILBERSCHATZ-BANAI,<br />
MAYA MARON, NITAI GVIRTZ,<br />
DANIEL MAGON, ELIANA MAGON<br />
ISRAËL, 2002, 87’, COULEUR,<br />
VO ST BIL
7<br />
The Brown Bunny<br />
The Brown Bunny se résume à un motif décliné en<br />
moments dérisoires : Vincent mange chinois, Vincent se<br />
mouille le visage, Vincent pisse, remonte sa braguette,<br />
passe son jean, l’enlève, a un slip bleu, prend de l’essence,<br />
se fait sucer. Et surtout : conduit, taille la route, avale au<br />
volant de son inséparable van noir les centaines de milliers<br />
de kilomètres qui le conduiront à Los Angeles, Californie.<br />
Pour épingler ce genre d’entreprise, une étiquette est disponible<br />
au rayon acteur-réalisateur : ego surdimensionné.<br />
Mais si Vincent fictionnalisé en Bud prétendait à l’infini, il<br />
ne se plierait pas aux limites du plan. Or Bud est le premier<br />
à buter sur l’opacité que figure son visage. Lui-même ne<br />
sait pas trop ce qu’il fait, absence à soi qui le dédouble, le<br />
met en retard sur ses gestes. Lui-même ne prémédite pas<br />
de dire à cette Violet de station-service combien il aime<br />
son visage, ni de l’emmener avec lui ni de redémarrer<br />
sans crier gare pendant qu’elle se prépare. Quelques villes<br />
plus loin, même manège avec Rose, la prostituée, embarquée<br />
puis débarquée sur un égal coup de tête. Point<br />
d’exhibitionnisme, mais une manière de sérigraphie, de<br />
duplication d’un sujet constant dans des environnements<br />
variables. Et de fait The Brown Bunny manque à chaque<br />
seconde se dissoudre dans ses espaces dépeuplés, et<br />
Bud, qui seul le porte, s’abolir dans le monde des choses.<br />
Expérimental, puisque le mot brûle les lèvres, Gallo ne<br />
l’est véritablement qu’à cette aune, expérimentant le mort<br />
dans le vivant et réciproquement, portant l’un au point où<br />
VINCENT GALLO<br />
il s’exténue dans l’autre. A la fois home- et road-movie,<br />
empruntant équitablement au bricolage vidéo et au<br />
grand cinéma des années 1970, The Brown Bunny tente<br />
une précieuse connexion entre deux sillons. Film qui ne<br />
veut pas en être un, et pourtant n’y coupe pas, supérieur<br />
à la somme de ses vides, ouvrant la veine mineure à un<br />
horizon de puissance.<br />
d’après François Bégaudeau, Cahiers du <strong>Ciné</strong>ma<br />
•<br />
Vincent Gallo (Amerikaans van Siciliaanse afkomst) is een man<br />
van vele gaven: schilder, professioneel motorrijder, muzikant<br />
(hij heeft nog samen met Jean Michel Basquiat in een band<br />
gespeeld), model, schrijver, acteur, regisseur… Al die talenten<br />
en meer worden gecombineerd in de Vincent Gallo’s ‘one man<br />
production’ The Brown Bunny (2003). Gallo speelt Bud Clay,<br />
een professionele motorrijder op zoek naar zijn ware liefde, Daisy<br />
(Chloë Sevigny). Vermits het daarmee niet echt wil opschieten,<br />
zoekt hij op de vijfdaagse motortrip van New Hampshire naar<br />
Californië dagelijks een surrogaat. Gallo heeft een reputatie: hij<br />
is the man you love to hate, met een cultstatus. The Brown Bunny<br />
(die volgens Gallo op dat moment nog niet compleet af was) werd<br />
uitgejouwd in Cannes. Het is niet de eerste keer dat zo’n film<br />
later de status van meesterwerk krijgt. M.V.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL, SC & PHOTO :<br />
VINCENT GALLO<br />
MUS : TED CURSON,<br />
JEFF ALEXANDER GORDON,<br />
LIGHTFOOT, JACKSON C. FRANCK<br />
PROD : VINCENT GALLO<br />
PRODUCTIONS, WILD BUNCH,<br />
KINÉTIQUE INC.<br />
AVEC :<br />
VINCENT GALLO, CHLOË SÉVIGNY<br />
ÉTATS-UNIS, 2003, 120’,<br />
COULEUR, VO ST FR
8<br />
La Chose publique<br />
La Chose publique raconte que ce n’est pas facile de<br />
vivre avec un cinéaste, dès lors qu’il a tendance à porter<br />
à l’écran public des choses privées. Que ce n’est pas un<br />
paradis non plus pour le cinéaste, dévorant ainsi la vie<br />
des autres. Il dit aussi que la toute-puissance de la création<br />
est dans ce geste de transgression. À la condition<br />
nécessaire que la transgression soit à la hauteur de ce<br />
qu’elle transgresse. Question de point de vue : l’actrice<br />
Julia assène au cinéaste Philippe que le film qu’il est en<br />
train de tourner, le Lit national, est une vraie saloperie et<br />
autres synonymes de la trahison. <strong>Le</strong> cinéaste Philippe lui<br />
répond que ce film est un film d’amour.<br />
Il y a donc, coup assez classique, deux films dans le film.<br />
Moins classique, il y a aussi un vrai vertigo qui tient tout<br />
autant au yo-yo entre vidéo et cinéma qu’à leur emploi<br />
peu à peu troublé. Alors qu’à l’origine du film, l’image<br />
claire et nette (le cinéma, la noblesse de l’art) semble<br />
réservée à la fiction et l’image crado (la vidéo, le docu<br />
comme tiers-état) au réel, bien vite, entre ce film de<br />
devant et ce film de derrière, il n’y a plus de domaine<br />
réservé : un brouillage qui n’est pourtant pas brouillon.<br />
“Mais je m’égare”, pourrait dire la voix off de La Chose<br />
publique qui, gloire à lui, n’est pas un film naturaliste.<br />
Amalric se demande : “Où placer le degré zéro de la<br />
réalité ?” De fait, on se penche vers son film non pas<br />
tant pour se demander quand est-ce que c’est vrai,<br />
mais comme on tend l’oreille dans un restaurant à la<br />
MATHIEU AMALRIC<br />
conversation d’à côté. Cette futilité joyeuse n’interdit<br />
pas la politique, le film se nichant in situ de la dernière<br />
présidentielle et distribuant quelques coups de pied au<br />
cul bien venus. En latin, qu’il est doux de perdre en compagnie<br />
d’Amalric, la chose publique se dit res publica,<br />
c’est-à-dire république.<br />
d’après Gérard <strong>Le</strong>fort, Libération<br />
•<br />
Na Mange ta soupe (1997) en <strong>Le</strong> stade de Wimbledon (2002)<br />
is La chose publique de derde film van Mathieu Almaric, de<br />
acteur/regisseur die dit jaar als voorzitter van de jury van de<br />
kortfilmcompetitie van Clermont-Ferrand nog in de kijker kwam,<br />
omdat er geen prijs toegekend werd. Deze erg autobiografische<br />
film maakt deel uit van Arte’s tiendelige serie ‘Masculin-<br />
Féminin’ en Almaric neemt die opdracht van Arte ook als uitgangspunt<br />
voor een film-in-de-film over politieke gelijkheid.<br />
Drie weken voor de start van de opnamen verneemt de regisseur<br />
(een alter ego voor Almaric) echter dat zijn vrouw, die ook<br />
de hoofdrol vertolkt, een relatie met iemand anders heeft. Het<br />
project evolueert in een totaal andere richting. Almaric geeft<br />
zich volledig bloot in deze subtiele, grappige en inventieve tragikomedie,<br />
een reflectie over het artistieke creatieproces, een<br />
proces dat echter zijn betekenis verliest wanneer de liefde en<br />
het intieme beginnen te wankelen. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : MATHIEU AMALRIC<br />
SC : MATHIEU AMALRIC,<br />
CHRISTINE DORY,<br />
MARCELO NOVAIS TELES<br />
PHOTO : ISABELLE RAZAVET<br />
MUS : RODOLPHE BURGER<br />
PROD : ARTE FRANCE, GMT<br />
PRODUCTION,<br />
LES FILMS DU POISSON<br />
AVEC :<br />
JEAN QUENTIN CHÂTELAIN,<br />
ANNE ALVARO, MICHÈLE LAROQUE,<br />
BERNARD MENEZ<br />
FRANCE, 2003, 87’,<br />
COULEUR, VOF
9<br />
Elle est des nôtres<br />
Christine Blanc vit de petits boulots intérimaires. Sa<br />
place, dans le monde, n’est de ce fait pas vraiment<br />
définie : en stand-by perpétuel, elle éprouve bien des difficultés<br />
à frayer avec ses semblables, qui la connaissent<br />
seulement “de passage”, au boulot comme en-dehors.<br />
Elle tente pourtant de prendre contact, en s’inventant<br />
une vie (celle des autres) avec l’espoir d’être enfin<br />
regardée. En vain. Elle devra tuer pour se faire accepter,<br />
parce que le meurtre, selon Siegrid Alnoy, permet<br />
de sortir du rang et de changer le cours du monde.<br />
L’ordinaire ainsi bouleversé, c’est toute sa vie qui se<br />
voit chamboulée : Christine trouve enfin un travail fixe,<br />
un petit copain et, par là, une nouvelle assurance. Mais<br />
l’inspecteur du coin mène l’enquête. Elle est des nôtres<br />
n’est pas seulement un film d’une incroyable tension<br />
dramatique, c’est aussi, et surtout, un saisissant tour de<br />
force stylistique : chaque plan tente ainsi de redéfinir la<br />
grammaire cinématographique, sans qu’il s’agisse pour<br />
autant d’esbroufe formelle ou d’arrogance plastique.<br />
Montage au scalpel, caméra virevoltante (tout y passe :<br />
zooms, panoramiques, travellings, flous, accélérations,<br />
etc.), délires sonores à tout va (gros plans, bruits,<br />
silences, bourdonnements, etc.) : Siegrid Alnoy impose<br />
un style unique qui trouve sa source dans le cinéma<br />
soviétique des années vingt et la vidéo expérimentale<br />
– un cinéma de la forme et de la matière, qui raconte<br />
une histoire mais n’oublie pas le poids symbolique de<br />
SIEGRID ALNOY<br />
l’image. Quant aux personnages, s’ils semblent d’abord<br />
figés dans ces décors de zoning industriels et de malls<br />
déserts, ils n’ont finalement rien d’anormal : à cet égard<br />
Sasha Andres, impressionnante dans son rôle de “tueuse<br />
du quotidien”, est une actrice à suivre. A la fois conte<br />
mystique et politique, œuvre formelle sans compromis<br />
et chronique urbaine désenchantée, Elle est des nôtres<br />
dévoile une cinéaste hors du commun. G.E.<br />
•<br />
”Het basiselement van deze film is de reële wereld, zoals die<br />
gecreëerd door de economie. Zij heeft de wereld in een steriel,<br />
braakliggend land en de maatschappij in een woestijn getransformeerd”,<br />
aldus cineaste Sigfried Alnoy over haar debuut Elle<br />
est des nôtres. Christine (een formidabele Sasha Andres) is<br />
een gevoelige, 35-jarige interimsecretaresse uit de streek van<br />
Annecy die het leven langs haar heen voelt glippen. Ze verlangt<br />
naar vrienden en gezelschap, maar dat wil niet lukken, ook al<br />
verzint ze dingen omtrent haar privé-leven om toch maar normaal<br />
over te komen. Haar emotionele isolatie leidt op een dag<br />
tot zinloos geweld, een daad waaruit ze de energie en de kracht<br />
put om verder te leven. ”De geboorte van een cineaste”, schreef<br />
de Franse pers over deze intense, klinische en ontregelende<br />
studie met burleske kantjes over vervreemding. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : SIEGRID ALNOY<br />
SC : SIEGRID ALNOY,<br />
FRANÇOIS FAVRAT,<br />
JÉRÔME BEAUJOUR<br />
PHOTO : CHRISTOPHE POLLOCK<br />
MUS : GABRIEL SCOTTI<br />
PROD : BC FILMS<br />
AVEC :<br />
SASHA ANDRES,<br />
CATHERINE MOUCHET,<br />
CARLO BRANDT, ERIC CARAVACA<br />
FRANCE, 2003, 100’,<br />
COULEUR, VOF
Des enfants jouent dans les bois, à boire l’eau qui ruisselle<br />
des branches, à cache-cache, à rouler dans l’herbe<br />
folle, à se battre, à se balancer au bout d’une corde, à<br />
détacher les chevaux d’un adulte qui se repose... Errant<br />
tels quatre petits diables à la frimousse rougie par la brise<br />
septentrionale, ils finissent leur course folle le long d’une<br />
voie ferrée. C’est la fin de la première partie. Filmée<br />
dans un noir et blanc somptueux, cette escapade enfantine<br />
rythmée de quatre cents coups frappe directement<br />
par sa poésie : de ces plans en apesanteur, de ces focales<br />
inhabituelles, de ces jeux de lumière impressionnistes on<br />
retient d’abord la grâce et la pureté, comme en écho<br />
au charme fébrile de l’enfance, période de rêve(s) et<br />
d’innocence. Jusque-là, <strong>Le</strong> Faisan d’or pourrait presque<br />
passer pour un documentaire sur la vie de gosse au<br />
Kirghizstan, avec l’œil de Vigo et de Kalatozov. Puis<br />
débute la seconde partie, “la Route de la Soie”. Dans un<br />
train qui roule vers une destination inconnue se croisent<br />
une petite dizaine de personnages autour d’un dessinateur<br />
idéaliste qui croque la vie à pleines dents (et pleine<br />
page). Pour cet artiste que « seule la vie exalte » et que<br />
“l’amour fait voler”, mieux vaut suivre sa propre voie<br />
que celle tracée par les autres, au risque d’être “chassé<br />
du paradis” avant même d’y pénétrer. En ce sens tous les<br />
passagers qui l’entourent semblent coincés à jamais dans<br />
une existence sans espoir ni plaisir. Ainsi cette mère qui<br />
refuse que sa fille “pourrisse comme elle sur cette putain<br />
10<br />
<strong>Le</strong> Faisan d’or<br />
MARAT SARULU<br />
de ligne”, métaphore ferroviaire de la fatalité et d’un certain<br />
défaitisme auxquels personne ne semble réchapper,<br />
à part l’artiste. Éjecté (logiquement) du train par une<br />
bande de malfrats, le peintre rencontre alors les quatre<br />
enfants le long du chemin de fer. <strong>Le</strong> train, lui, continue<br />
son voyage... <strong>Le</strong> film prend fin. Un faisan vole, et du<br />
ciel se dessine l’étendue sans fin de la steppe kirghize.<br />
Comme le peintre, l’oiseau ne pense pas au lendemain.<br />
“Parce qu’un but à atteindre peut vous faire perdre votre<br />
âme, mais la vie en elle-même, jamais”. G.E.<br />
•<br />
De Kirgische steppe. Vier kinderen spelen aan de rand van een<br />
spoorweg, een spoorweg die parallel loopt met de legendarische<br />
oude zijde route. Onder de leiding van Urmat hebben deze<br />
arrogante en brutale bengels hun dorpje in de bergen verlaten<br />
om hun geluk elders te beproeven. Ze dromen ervan om een<br />
konvooi te nemen, weg van de immense vlaktes. Maar het leven<br />
van Urmat neemt een totaal andere wending wanneer hij met<br />
een van een trein geworpen artiest geconfronteerd wordt.<br />
Het adembenemend mooi gefotografeerde De gouden fazant<br />
(Altyn Kyrghol), vorig jaar in Nantes bekroond, kan zowel<br />
wat de stijl als de ruwe poëzie betreft, vergeleken worden<br />
met Beshkempir (De geadopteerde zoon), de film van Aktan<br />
Abdykalykov waarvan regisseur Marat Sarulu het scenario<br />
schreef. “Alleen al voor de schitterende zwart-witbeelden mag<br />
deze film niet gemist worden”, dixit Libération. L.J.<br />
INÉDIT<br />
ALTYN KHYRGOL<br />
RÉAL & SC : MARAT SARULU<br />
PHOTO : KADIRJAN KIDIRALIEV<br />
MUS : BAKTYBEK ALISHEROV<br />
AVEC :<br />
BUSURMAN ODURAKAEV,<br />
TYNAR ABDRAZAEVA,<br />
MUKHAMBET TOKTOBAEV,<br />
KABATAI KYZY ELMIRA,<br />
TAALAY IMANALIEV<br />
KIRGHIZSTAN-KAZAKHSTAN, 2001,<br />
75’, NOIR ET BLANC, VO ST FR
Commencé en 1979, au moment du coup d’État militaire<br />
qui aboutit à l’exécution de l’ex-Premier ministre Ali,<br />
Khamosh Pani relate en fait toute l’histoire du Pakistan.<br />
Suivant le parcours d’Aïcha, une veuve, mère de Salim,<br />
un grand adolescent, qui vit dans une petite ville,<br />
la réalisatrice Sabiha Sumar tente d’égrener, jusqu’à<br />
l’exhaustivité, la succession de chocs traumatiques qui<br />
ont fait l’histoire du pays. Bientôt, la vie de la petite<br />
communauté, encore quasi féodale, est bouleversée par<br />
l’irruption de militants fondamentalistes qui relèguent les<br />
femmes derrière de hautes murailles entourant les maisons<br />
ou les écoles et qui exacerbent l’hostilité entre communautés,<br />
puisque Charkhi, la ville d’Aïcha, est un lieu<br />
saint sikh. Au fur et à mesure que Salim se rapproche de<br />
la cause des intégristes, le récit dévoile le passé d’Aïcha,<br />
atrocement marqué par les massacres de la partition, en<br />
1948. Cette violence omniprésente fournit au film son<br />
énergie, et Sabiha Sumar, en laissant une large part à la<br />
musique et à la chronique provinciale, parvient à donner<br />
profondeur et humanité à la société et aux personnages<br />
qu’elle décrit. Et parce qu’elle a réussi à faire d’Aïcha un<br />
personnage assez complexe et attachant, la révélation<br />
du secret de cette femme frappe avec violence. De toute<br />
évidence, Khamosh Pani mènera une vie double. En<br />
Occident, il ne suscitera probablement que peu de polémiques<br />
(il a reçu le Léopard d’or à Locarno), confortant<br />
plutôt les vues de ses spectateurs. Au Pakistan, Sabiha<br />
11<br />
Khamosh Pani<br />
SABIHA SUMAR<br />
Sumar s’apprête à le montrer – en vidéo faute de salles<br />
– dans toutes les provinces du pays, proposant à ses spectateurs<br />
une image d’eux-mêmes, leur faisant découvrir<br />
par là même l’une des raisons d’être du cinéma.<br />
Thomas Sotinel, <strong>Le</strong> Monde<br />
•<br />
Net als in Osama wordt ook in het Pakistaanse Khamosh Pani<br />
(Silent Waters) het thema van het islamitisch fundamentalisme<br />
en de vrouwelijke verdrukking aangesneden. De in New York<br />
opgeleide regisseuse Sabiha Sumar won er vorig jaar de<br />
Gouden Luipaard mee op het Festival van Locarno, terwijl de<br />
Indische actrice Kiron Kher ook een prijs voor haar vertolking<br />
kreeg. Deze waardige en mooi gefotografeerde kroniek speelt<br />
zich af in Charkhi, een vreedzaam dorpje in de Punjab-regio. In<br />
Pakistan, we spreken 1979, is net de staat van beleg afgekondigd<br />
en het land is op weg om een moslimstaat te worden. De<br />
weduwe Ayesha (Kher) leeft van het pensioen van haar man,<br />
terwijl ze ook Koran-lessen aan jonge meisjes geeft. Haar leven<br />
komt in een dramatische stroomversnelling terecht, wanneer<br />
haar 18-jarige zoon Saleem in de ban van het fundamentalisme<br />
komt. Naar waar gebeurde feiten. L.J.<br />
INÉDIT<br />
SILENT WATERS<br />
RÉAL : SABIHA SUMAR<br />
SC : PAROMITA VOHRA<br />
PHOTO : RALPH NETZER<br />
MUS : MADAN GOPAL SINGH,<br />
ARSHAD MAHMUD<br />
PROD : VIDHI FILMS, UNLIMITED/<br />
FLYING MOON<br />
AVEC :<br />
KIRRON KHER, AAMIR MALIK,<br />
ARSHAD MAHMUD,<br />
SALMAN SHAHID<br />
PAKISTAN, 2003, 99’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Ceux qui se demandent de temps à autre à quoi tient la<br />
réussite d’un film n’ont souvent qu’une réponse : à un fil.<br />
Quand un cinéaste casse volontairement ce fil, le tord, le<br />
rompt pour que plus rien ne soit relié à grand-chose, estil<br />
possible que ce film soit réussi ? La réponse est oui, et la<br />
preuve est donnée par Marc Recha. Il a ainsi jeté les sept<br />
moutures de son scénario au moment de tourner, réécrivant<br />
au fur et à mesure. Ne semble plus lui importer que<br />
la rencontre d’un morceau de temps et d’un bout de pellicule.<br />
Ce qui détermine désormais le cinéma de Recha,<br />
c’est l’endroit qu’il aura choisi pour placer sa caméra et<br />
y regarder vivre douze personnages dont on ne sait rien<br />
a priori, qui ne tiennent ensemble qu’éphémèrement, et<br />
que la tramontane rapproche, pour un temps.<br />
Au centre, il y a la vieille, qui a connu la guerre civile et<br />
qui va bientôt crever ; puis Éric, qui répare un peu tout et<br />
surtout les mécaniques ; Axel, qui a braqué un cinéma et,<br />
désormais, bosse avec Éric. Il y a Sophie, la contrôleuse<br />
du train, au moment du passage à la frontière espagnole.<br />
Il y a Gérard, qui est venu par le train du matin et repartira<br />
par celui du surlendemain.<br />
En résulte un film irrésumable. Qui, loin de nous laisser<br />
interdits, nous laisserait plutôt innocents. Innocents aux<br />
mains vides, cela va de soi. Un innocent de cinéma, c’est<br />
moins quelqu’un qui n’a rien fait (et sur lequel il n’y a pas<br />
grand-chose à dire) qu’une personne qui vit dans l’attente<br />
passive d’une inévitable culpabilité. Chez Recha,<br />
12<br />
<strong>Le</strong>s Mains vides<br />
MARC RECHA<br />
c’est une menace perpétuelle qui se tient dans l’entredeux<br />
du bien et de la faute. <strong>Le</strong>s Mains vides a trouvé à<br />
Port-Vendres l’endroit de cet entre-deux : ville limitrophe<br />
(France/Espagne) en laquelle Recha voit la révélation de<br />
la condition humaine : là pour passer.<br />
d’après Philippe Azoury, Libération<br />
•<br />
Een van de hoofdrollen in het Catalaanse Las Manos Vacías<br />
(De lege handen) wordt door Olivier Gourmet vertolkt, vorig<br />
jaar in Cannes nog bekroond voor <strong>Le</strong> fils van de gebroeders<br />
Dardenne. Maar de echte hoofdrol in deze licht surrealistische<br />
en poëtische film, waarin de gekruiste lotgevallen van een<br />
twaalftal even burleske als wanhopige mannen en vrouwen<br />
in het symbolisch gebruikte grensstadje Port-Vendes gevolgd<br />
wordt, is misschien wel voor een papegaai weggelegd. Of voor<br />
een mysterieus lijk ?<br />
Alle geheimen worden niet prijs gegeven in deze vierde film van<br />
Marc Recha. Dat maak juist de charme uit van deze enigmatische<br />
ensemblefilm over het leven in een kleine gemeenschap,<br />
geplaagd door verlangens, angst en eenzaamheid. De melancholie<br />
en humor van Otar Iosseliani en Jacques Tati zijn nooit<br />
ver weg, terwijl Recha opnieuw bewijst dat hij uitgesproken<br />
formeel talent is. L.J.<br />
INÉDIT<br />
LAS MANOS VACÍAS<br />
RÉAL : MARC RECHA<br />
SC : MARC RECHA, MIREIA VIDAL,<br />
NADINE LAMARI<br />
PHOTO : HÉLÈNE LOUVART<br />
MUS : DOMINIQUE A, MIKE YOUNG<br />
PROD : JBA PRODUCTIONS,<br />
EDDIE SAETTA SA<br />
AVEC :<br />
OLIVIER GOURMET, EDUARDO<br />
NORIEGA, PIERRE BERRIAU,<br />
MIREILLE PERRIER<br />
FRANCE-ESPAGNE, 2003, 130’,<br />
COULEUR, VO ST FR
13<br />
Memories of Murder<br />
Corée du Sud, province de Gyunggi, 1986 : une jeune<br />
femme est retrouvée assassinée dans un fossé le long<br />
d’un champ. Peu de temps après, une nouvelle victime<br />
est découverte, tuée de manière similaire. Très vite est<br />
avancée la thèse d’un serial-killer, le premier que connaît<br />
le pays. Deux policiers locaux sont en charge de l’affaire,<br />
qui n’hésitent pas à magouiller des pistes et accuser des<br />
innocents par manque de preuves. Débarque alors un<br />
détective de Séoul, qui compte bien mettre de l’ordre<br />
dans ce dossier foutraque. Memories of Murder n’est pas<br />
un “serial-killer movie” comme les autres : pas d’hémoglobine<br />
ici ni de suspense haletant – on est plutôt dans<br />
la pochade décalée, la comédie au vitriol. C’est que les<br />
deux flics qui mènent l’enquête n’ont rien des policiers<br />
modèles : ils forment au contraire un beau couple de<br />
ripoux sans principes, qui tabassent d’innocents pigeons<br />
et falsifient les preuves pour à tout prix plaire à leur chef.<br />
Ce qui nous donne d’hilarantes scènes d’embrouille,<br />
comme celle de la rencontre avec leur collègue de<br />
Séoul, qu’ils prennent pour le serial killer. Cet humour<br />
noir en pleine enquête criminelle frappe d’autant plus<br />
que l’action se déroule en 1986, soit à l’époque de la dictature<br />
militaire. Memories of Murder apparaît donc aussi<br />
comme une critique acerbe du régime alors en place,<br />
connu pour ses méthodes peu orthodoxes en matière<br />
policière. Basé sur des faits réels (“le Jack l’Éventreur<br />
coréen”), Memories of Murder a fait un carton l’année<br />
BONG JOON-HO<br />
dernière en Corée du Sud. Et même si en Europe les<br />
noms des trois acteurs qui tiennent le haut de l’affiche<br />
nous sont inconnus (alors qu’ils sont là-bas des stars), il<br />
est rafraîchissant de constater qu’on peut encore réaliser<br />
un bon polar avec, à la place du sang, une bonne dose<br />
de détachement. G.E.<br />
•<br />
Voor het grappige en aangrijpende Memories of Murder<br />
(Salinui chueok), bekroond in San Sebastian en op het politiefilmfestival<br />
van Cognac, heeft regisseur Joon-Ho Bong zich<br />
laten inspireren door de nooit opgehelderde zaak over de eerste<br />
officiële seriemoordenaar van Zuid-Korea die tussen 1986 en<br />
1991 een klein dorp in de buurt van Seoul teisterde. In eigen<br />
land was deze zwarte en grimmige komedie, die zich voornamelijk<br />
concentreert op de rivaliteit tussen de politiedetectives<br />
die met de zaak belast zijn, een van de grootste bioscoopsuccessen<br />
ooit.<br />
Dat succes heeft de film ook te danken aan zijn sociaal-historische<br />
ondertoon. Het vaak schokkende en adembenemend<br />
gefotografeerde Memories of Murder gaat namelijk in op het<br />
repressieve politieke klimaat dat er toen heerste onder de<br />
dictatuur van president Chun Doo-hwan, waardoor een degelijk<br />
onderzoek niet mogelijk was. L.J.<br />
INÉDIT<br />
SALINUI CHUEOK<br />
RÉAL : BONG JOON-HO<br />
SC : BONG JOON-HO,<br />
SHIM SUNG-BO<br />
PHOTO : KIM HYUNG-KOO<br />
MUS : IWASHIRO TARO<br />
PROD : SIDUS CORPORATION<br />
AVEC :<br />
SONG KANG-HO, KIM SANG-KYUNG,<br />
PARK HAE-IL, KIM ROI-HA<br />
CORÉE DU SUD, 2003, 129’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Inde, fin des années 1940. Fin d’une époque : les studios<br />
de Bombay, fleuron de l’industrie cinématographique<br />
la plus prolifique du monde, ont sombré sous la concurrence<br />
sauvage d’affairistes à la recherche de profits<br />
rapides. Travailler pour les nouveaux venus ou s’improviser<br />
producteurs : c’est pour cette seconde solution<br />
qu’optent la plupart. Parmi eux, Guru Dutt, Raj Kapoor,<br />
Mehboob Khan, Bimal Roy, purs produits des studios,<br />
où ils ont débuté. C’est la première fois en Inde qu’une<br />
poignée d’ex-salarymen conquièrent leur indépendance<br />
et exercent un contrôle total sur leurs films, du scénario<br />
au final cut. Une décennie à peine après l’Indépendance<br />
(1947), les priorités se portent vers la construction d’un<br />
cinéma déroulant le scénario idéologique d’une nation<br />
balbutiante, encore sous le traumatisme de la partition<br />
pakistanaise. <strong>Le</strong> “all-India film” répond aussi à une<br />
autre nécessité, d’ordre commercial. Pour les nouveaux<br />
producteurs, l’indépendance artistique va de pair avec<br />
une vulnérabilité financière qui les voue à des succès<br />
d’amplitude nationale. C’est sans doute Mehboob Khan<br />
qui a donné à ces injonctions contradictoires (des films<br />
sociaux à grand spectacle) leur forme la plus grandiose.<br />
Grand admirateur de Cecil B. DeMille, Khan s’est illustré<br />
dans divers genres (mélodrame mondain dans Andaz,<br />
film d’aventures dans Mangala, fille des Indes), mais c’est<br />
Mother India qui donne la pleine mesure de son talent.<br />
Cette fresque paysanne de plus de trois heures offre à<br />
14<br />
Mother India<br />
MEHBOOB KHAN<br />
la superstar Nargis son meilleur rôle, celui de la mère<br />
courage Rhada. Ruinée par un usurier, abandonnée par<br />
son mari, obligée d’élever seule ses deux fils, Rhada n’est<br />
pas un personnage mais une allégorie : couvert de boue<br />
et de sueur, son corps est celui de l’Inde toute entière, et<br />
son sacrifice celui de toute une nation.<br />
Elisabeth <strong>Le</strong>queret, Cahiers du cinéma<br />
•<br />
Mother India, ook bekend onder z’n hindoe titel Bharat Mata,<br />
werd in 1957 gemaakt door de Indische regisseur Ranjankhan<br />
Mehboobkhan, kortweg Mehboob Khan. Met deze film, één van<br />
de laatste uit zijn rijkgevulde carrière, schetst de regisseur een<br />
portret van India’s harde dagelijkse realiteit op het platteland.<br />
Om haar zoon en schoondochters huwelijk te financieren, leent<br />
een arme vrouw geld van een woekeraar. In ruil moet zij voor<br />
lange tijd een gedeelte van haar oogst afstaan. In een gemeenschap<br />
waar haast niemand kan lezen, is de kans op misbruik<br />
erg groot : de familie moet veel meer van hun schrale oogst<br />
afstaan dan gepland. Mother India is een aangrijpend verhaal<br />
over de moed en waardigheid waarmee de schoondochter<br />
Radha (vertolkt door actrice Nargis) in een onrechtvaardige<br />
feodale maatschappij een ongelijke strijd voert om een waardig<br />
bestaan voor haar familie. M.V.<br />
INÉDIT<br />
BHARAT MATA<br />
RÉAL : MEHBOOB KHAN<br />
SC : WAJAHAT MIRZA, S. ALI RAZA<br />
PHOTO : FAREDOON A. IRANI<br />
MUS : NAUSHAD<br />
PROD : MEHBOOB KHAN<br />
AVEC :<br />
NARGIS, SUNIL DUTT,<br />
RAJENDRA KUMAR, RAAI KUMAR,<br />
KANHAIYALAL, JILLOO MAA<br />
INDE, 1957, 172’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Une histoire d’amour entre un simplet sorti de prison<br />
et une handicapée abandonnée par sa famille : voilà<br />
le genre de scénario qui a priori n’était pas du tout<br />
gagné d’avance. Rares en effet sont les films réussis sur<br />
un sujet si sensible. En général s’agit-il seulement d’un<br />
moyen certain (et odieux) pour le cinéaste lambda de<br />
faire la preuve de son empathie envers ces gens que la<br />
vie n’a pas “épargnés”… D’un racolage abject qui confond<br />
cinéma et voyeurisme, ces films n’ont d’important<br />
que leur puritanisme hypocrite. Heureusement, Oasis<br />
déroge à cette règle parce que <strong>Le</strong>e Chang-dong met<br />
d’abord en scène une bouleversante histoire d’amour,<br />
au lieu de trop appuyer là où ça fait mal : le pathétique<br />
de bon ton, qui donne bonne conscience quand à la<br />
fin du film nos yeux pleurent et compatit notre cœur.<br />
Ce qui frappe donc ici, c’est tout simplement l’amour<br />
authentique qui naît entre ces deux êtres : ils s’aiment<br />
vraiment – et c’est en fin de compte ce qui touche le<br />
plus, puisque cet amour parvient à éclipser tout le reste<br />
(le handicap de l’une, la simplicité d’esprit de l’autre,<br />
et bien sûr le dégoût et la méchanceté des gens qui les<br />
entourent). Certaines scènes montrent ainsi Gong-Ju<br />
(la femme) devenir tout à coup “normale”, comme si<br />
l’amour qu’elle éprouvait pour Jong-Du (l’homme) la<br />
transcendait un instant et lui rendait sa beauté d’origine.<br />
Oasis est ainsi basé sur le principe de la confusion :<br />
des apparences, des sentiments (leur scène d’amour est<br />
15<br />
Oasis<br />
LEE CHANG-DONG<br />
interprétée par la famille comme un viol), des destinées<br />
(Jong-Du a séjourné en prison à la place de son frère),<br />
des interprétations (l’actrice qui joue Gong-Ju n’est pas<br />
handicapée), des histoires. La seule vraie certitude,<br />
c’est le refus du cinéaste de verser dans le sensationnalisme<br />
et la thèse. Oasis est avant tout un très beau film<br />
d’amour, ni plus ni moins. Et c’est là l’essentiel. G.E.<br />
•<br />
Een origineel en hartverscheurend amour fou-verhaal, zo zou<br />
men het Zuid-Koreaanse Oasis kunnen samenvatten. Jong-du<br />
is een zwakbegaafde, net uit de gevangenis ontslagen. Hij is<br />
veroordeeld voor een vluchtmisdrijf, maar eigenlijk zat zijn<br />
broer achter het stuur. Het eerste wat de impulsieve Jong-du<br />
doet als hij terug op vrije voeten is, is een bezoek brengen aan<br />
de familie van het slachtoffer dat hij zou hebben doodgereden.<br />
Daar ontmoet hij Gong-ju, de cerebraal gehandicapte dochter.<br />
Tussen deze twee verschoppelingen ontstaat een merkwaardige<br />
en passionele liefdesband.<br />
Oasis werd vorig jaar in Venetië meermaals bekroond, onder<br />
meer met de prijs voor de beste actrice. De prestatie van de<br />
jonge Moon So-Ri is dan ook ronduit briljant. “Geen enkele<br />
recente film heeft de geheime taal van twee verliefde outcasts<br />
zo helder vertaald”, aldus de pers over deze opmerkelijke film<br />
van <strong>Le</strong>e Chang-Dong, inmiddels minister van Cultuur. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC : LEE CHANG-DONG<br />
PHOTO : CHOI YOUNG-TAEK<br />
MUS : LEE JAE-JIN<br />
PROD : EAST FILM PRODUCTION,<br />
UNIKOREA, ETC.<br />
AVEC :<br />
SOL KYUNG-GU, MOON SO-RI,<br />
AHN NAE-SANG,<br />
RYOO SEUNG-WAN,<br />
CHU GUI-JEONG, KIM JIN-JI,<br />
SOHN BYUNG-HO, YOON GA-HYUN<br />
CORÉE DU SUD, 2002, 132’,<br />
COULEUR, VO ST FR
16<br />
La Petite Prairie aux bouleaux<br />
En 1943, déportée à Birkenau (c’est la prairie aux bouleaux),<br />
Marceline Loridan avait quinze ans. En 1959,<br />
son témoignage marque Chronique d’un été de Rouch<br />
et Morin. “Quand je racontais la déportation, je ne<br />
pleurais pas. Il y avait des techniciens qui pleuraient”,<br />
confia-t-elle alors à P.L. Thirard (<strong>Le</strong>s <strong>Le</strong>ttres françaises,<br />
9/11/1961). Puis elle fait équipe avec Joris Ivens. A<br />
75 ans, elle signe son premier film, le retour au camp<br />
d’une survivante. C’est une fiction à maturation lente,<br />
aux acteurs parfaits, Anouk Aimée (Myriam) d’abord.<br />
Projection idéale de Marceline, la comédienne porte à<br />
incandescence le cri “Je suis vivante” que la cinéaste<br />
lui fait lancer sur l’espace muet de ce qui fut un camp<br />
de la mort. Pour en arriver là, il a fallu que Myriam<br />
accomplisse plusieurs retours, à Paris avec d’anciennes<br />
déportées, à Cracovie avec le généalogiste qui la guide<br />
vers l’appartement de son enfance. Au camp, enfin.<br />
Elle s’y introduit en douce, dépouillée de ses châles<br />
: “C’est chez moi”, dit-elle. Son errance y éveille la<br />
curiosité d’un jeune Allemand. La cinéaste réussit l’impensable,<br />
rendre plausible le dialogue entre un petit-fils<br />
de SS et cette survivante qui se libère de la culpabilité<br />
de l’oubli. L’enjeu du film est la vérité d’une mémoire<br />
que le “devoir” ne contraint pas. Comme Voyages de<br />
Finkiel l’a suggéré, la valeur de la mémoire tient à son<br />
articulation avec le présent. En 1959, ils pleuraient en<br />
filmant Marceline. Aujourd’hui, sans images d’archives,<br />
MARCELINE LORIDAN-IVENS<br />
tourné par un bel automne dans une Pologne méfiante,<br />
son film émeut. Pensé au présent, sa facture et sa portée<br />
sont magnifiques.<br />
Éric Derobert, Positif<br />
•<br />
Marceline Loridan-Ivens is het bekendst als de weduwe van de<br />
Nederlandse documentaire meester Joris Ivens. In La petite<br />
prairie aux bouleaux (een literaire vertaling van het Poolse<br />
woord Birkenau) blikt ze terug op die periode in haar leven toen<br />
ze opgesloten zat in de Duitse concentratiekampen.<br />
”Ik heb deze film gemaakt, omdat ik op 75-jarige leeftijd aan<br />
de laatste etappe van mijn leven begin en al de mensen die,<br />
zoals ik, de kampen overleefd hebben, een voor een aan het<br />
verdwijnen zijn”, aldus Loridan-Ivens. ”We moeten er over<br />
spreken, want binnenkort wordt de Shoah in de scholen<br />
bestudeerd een apart fenomeen, een stuiptrekking van de<br />
geschiedenis, zoals de Honderdjarige Oorlog.” Een aangrijpende<br />
getuigenisfilm, zonder een greintje pathos, over de<br />
horror van de holocaust met Anouk Aimée, zelf van joodse<br />
afkomst, in de rol van Loridan-Ivens. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC :<br />
MARCELINE LORIDAN-IVENS<br />
PHOTO : EMMANUEL MACHUEL<br />
PROD : CAPI FILMS, HÉRITAGE FILM<br />
AVEC :<br />
ANOUK AIMÉE, AUGUST DIEHL,<br />
ZBIGNIEW ZAMACHOWSKI<br />
FRANCE, 2003, 91’,<br />
VO ST BIL
17<br />
Retour à Kotelnitch<br />
En 2000, Emmanuel Carrère part effectuer un premier tournage<br />
à Kotelnitch, petite ville située à huit cents kilomètres<br />
à l’est de Moscou, sur les traces d’un prisonnier de guerre<br />
hongrois qui avait passé là cinquante-cinq ans, enfermé<br />
dans un hôpital psychiatrique. Pendant ce premier séjour,<br />
il rencontre un couple intrigant, Ania, francophile mythomane,<br />
et son fiancé Sacha, officier local du FSB. Il revient à<br />
Kotelnitch deux ans plus tard. Ania est devenue mère entretemps.<br />
Et puis, à l’automne 2002, Carrère apprend que la<br />
jeune femme et son bébé ont été sauvagement assassinés<br />
par un fou. Il retourne une troisième fois à Kotelnitch. Son<br />
travail prend alors une nouvelle direction. Centré sur la<br />
mère d’Ania, ce dernier matériau met en scène une famille<br />
russe d’aujourd’hui, frappée par le malheur et s’efforçant<br />
de mettre des mots sur l’inexplicable. Pour Carrère, le choc<br />
est terrible à double titre, puisque le “projet” du film consistait<br />
à attendre qu’il se passe quelque chose et que voilà,<br />
quelque chose s’était passé, qui d’une certaine façon faisait<br />
enfin exister le film. Du coup, l’écrivain cinéaste s’attelle,<br />
sur le banc de montage, moins à dresser un mausolée à la<br />
mémoire de la défunte qu’à ordonner une réflexion, par<br />
l’image, sur sa place à lui. Retour à Kotelnitch apparaît ainsi<br />
comme une enquête sur la manière dont le cinéaste est<br />
travaillé par son film, son passage progressif de l’observation<br />
distanciée (et parfois ironique) à son incorporation dans<br />
l’histoire qu’il cherche à nous raconter. Et c’est dans le dernier<br />
tiers du film que surgit une autre histoire, plus intime,<br />
EMMANUEL CARRÈRE<br />
celle du grand-père maternel du cinéaste, émigré géorgien<br />
qui a disparu à Bordeaux en 1944. C’est à ce moment que le<br />
film bascule vers son objet latent : Carrère est aussi revenu à<br />
Kotelnitch pour mettre un point final à une histoire familiale,<br />
la sienne. Son film pourrait alors n’être qu’un objet clos<br />
sur lui-même. Il s’en dégage pourtant l’impression inverse.<br />
Venu enterrer symboliquement un aïeul qu’il n’a pas connu,<br />
le cinéaste se retrouve devant la tombe d’une jeune femme<br />
qui lui était étrangère, et dont il finit par porter le deuil. La<br />
mélancolie qui s’en dégage fait de ce Retour à Kotelnitch un<br />
voyage troublant à la lisière du monde des vivants.<br />
d’après Emmanuel Chicon, L’Humanité<br />
•<br />
De Franse schrijver, gewezen Positif-criticus en documentaire<br />
filmmaker Emmanuel Carrère, onder meer bekend van Classe de<br />
neige en L’Adversaire, gaat in Retour à Kotelnich op zoek naar<br />
zijn Russische origine. Dat doet hij in het gelijknamige stadje uit<br />
de titel, gelegen op 8OO kilometer van Moskou. Aanvankelijk was<br />
het de bedoeling om de zoektocht naar een Hongaarse oorlogsgevangene,<br />
opgesloten in een psychiatrische instelling, op filmband<br />
vast te leggen. Omwille van de aangrijpende gebeurtenissen die<br />
Carrère ter plekke overkwam, namelijk de ontmoeting met een<br />
jonge mythomane die later brutaal vermoord wordt, evolueerde het<br />
project evenwel in een totaal andere richting. Net als de toeschouwer<br />
voelt ook Carrère zich verloren in het contact met de familie<br />
van Anna, maar het resultaat is een intieme, aangrijpende en even<br />
mysterieuze als fascinerende autobiografische radiografie. L.J.<br />
INÉDIT<br />
LA PROJECTION<br />
DU 23 JUIN À 19H10<br />
SERA SUIVIE D’UNE RENCONTRE<br />
AVEC LE RÉALISATEUR<br />
RÉAL : EMMANUEL CARRÈRE<br />
PHOTO : PHILIPPE LAGNIER<br />
MUS : NICOLAS ZOURABICHVILI<br />
PROD : LES FILMS<br />
DES TOURNELLES, ROISSY FILMS<br />
FRANCE, 2003, 105’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Avancer sans pouvoir deviner ce qui sera dit dans la<br />
minute qui suit, où l’on sera et avec qui, c’est le plaisir<br />
que l’on retirait du cinéma très singulier de Jean-Claude<br />
Biette, réalisateur et critique, disparu brutalement en<br />
juin 2003. Biette faisait du spectateur un flâneur sans<br />
boussole, tout juste guidé par une petite musique de<br />
mots intrigants, promesses d’escapades fortuites et de<br />
rencontres avec des atypiques, comme ces frères Saltim,<br />
banquiers tirés à quatre épingles. Frédéric, le cadet,<br />
est fringant à condition qu’on parle argent, tandis que<br />
Bruno, plus spirituel, s’accorde le plaisir de financer un<br />
théâtre. Gravitent autour de ce tandem leur nièce, confectionneuse<br />
de chaussures et comédienne géniale, leur<br />
mère par trop attachante, et un gérant de restaurant qui<br />
trafique la nuit venue.<br />
Du Fouquet’s à la banlieue parisienne en passant par<br />
Berlin, le film chemine tranquillement, au gré d’une<br />
logique qui tient à rester secrète. Qu’importe la finalité<br />
de tout cela, les dialogues sont un régal. <strong>Le</strong>s personnages,<br />
récitants de leur propre vie, disent leurs tracas et leurs<br />
desiderata, dissertent aussi bien sur la cuisine que sur<br />
Oncle Vania. Ici, on devise, on radote, parfois on n’écoute<br />
que d’une oreille ou bien l’on parle tout seul ; le vrai personnage<br />
à l’honneur ici, c’est la langue, mieux, le multilinguisme<br />
(car il y a de l’anglais, de l’italien, de l’allemand).<br />
Peu à peu, les thèmes de ce drôle de cirque poético-financier<br />
où théâtre de la vie et vie du théâtre ne font qu’un<br />
18<br />
Saltimbank<br />
JEAN-CLAUDE BIETTE<br />
affleurent : le désir de trouver son rôle et de bien le jouer,<br />
la difficulté d’en changer, le poids de la représentation<br />
sociale. Pas facile de vivre dans le monde d’aujourd’hui,<br />
de plus en plus mouvant et rapide, où ce qui est acquis<br />
ne dure plus, où le travail exclut les sentiments, où l’art<br />
dépend plus que jamais de l’argent. Théorique, politique,<br />
esthétique, le cinéma de Biette ? Oui, mais sous une forme<br />
légère, jamais absconse, une sorte d’incitation constante à<br />
la curiosité et au gai savoir.<br />
Jacques Morice, Télérama<br />
•<br />
Saltimbank is de laatste film van de juni vorig jaar overleden<br />
Franse cineast Jean-Claude Biette (°1942), bekend van onder<br />
meer Trois ponts sur la rivière. Samen met Serge Daney geldt<br />
hij ook als de geestelijke vader en stichter van het filmtijdschrift<br />
‘Trafic’. De titel van deze ludieke, Pirandello-achtige<br />
komedie over de dunne scheidingslijn tussen leven en theater<br />
slaat op twee rijke broers, de Saltims. Samen runnen ze de<br />
familiale bank, maar Bruno, de oudste van de twee, heeft ook<br />
een uitgesproken liefde voor het theater (hij werp zich op als<br />
mecenas). Terwijl hij het nicht (rol vertolkt door Jeanne Balibar)<br />
van zijn ex-vrouw ervan probeert te overtuigen om in ‘Esther’<br />
van Racine mee te spelen, tracht Frédéric op zijn beurt haar te<br />
overhalen om zijn assistente te worden. Het begin van een plot<br />
vol mini-intriges over de relatie kunst/geld met talrijke heerlijke<br />
en fijnzinnige dialogen. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC : JEAN-CLAUDE BIETTE<br />
PHOTO : CRYSTEL FOURNIER<br />
MONT : CLAUDINE MERLIN<br />
PROD : GEMINI FILMS<br />
AVEC :<br />
JEAN-CHRISTOPHE BOUVET,<br />
JEAN-MARC BARR,<br />
JEANNE BALIBAR,<br />
MICHELINE PRESLE<br />
FRANCE, 2003, 92’,<br />
COULEUR, VOF
Des tableaux en … première vision, pourrait-on dire, en<br />
empruntant au cinéma une de ses expressions les plus<br />
typiques. <strong>Le</strong> peintre italien Carlo Pizzichini expose pour<br />
la première fois en Belgique et c’est précisément une<br />
salle de cinéma qui l’accueille.<br />
D’autre part, le titre Prima visione fournit aussi la clef de<br />
lecture du travail de Carlo Pizzichini pour qui la peinture<br />
est, depuis vingt ans, quête et découverte d’espaces<br />
vierges de tout regard, de toute signification immédiate.<br />
Carlo Pizzichini inonde ses toiles d’une écriture frénétique<br />
- véritable mutinerie des signes et des couleurs<br />
- insouciante de tout repentir. <strong>Le</strong> geste de la main y est<br />
rapide, les accélérations brusques, les pauses subites.<br />
Fureur de peindre où l’instinct se dispute inlassablement<br />
avec la raison…<br />
Que Carlo Pizzichini peigne l’étendard pour le Palio di<br />
Siena (il en a eu l’honneur en 1991), ou qu’il s’engage<br />
dans de vastes décorations murales pour des demeures<br />
particulières ou pour le siège de sociétés internationales,<br />
19<br />
16.06 > 31.07<br />
SALLE D’EXPOSITION DE L’ARENBERG • TENTOONSTELLINGSZAAL<br />
Tous les jours de 14 à 22h / Alle dagen van 14 tot 22u<br />
(ENTRÉE LIBRE - GRATIS TOEGANG)<br />
Carlo Pizzichini<br />
Prima Visione<br />
(Capriccio Toscano)<br />
son œuvre manifeste sans cesse une même foi dans l’Art<br />
comme “décoration et vie”, c’est à dire illumination et<br />
accompagnement nécessaires de nos existences.<br />
La ville de Siena et sa région, avec son paysage enchanteur<br />
et sa culture artistique séculaire servent de toile de<br />
fond à sa peinture. On pourrait même dire que c’est<br />
grâce à l’attachement profond de Carlo Pizzichini à son<br />
lieu d’origine qu’une effusion passionnelle et lyrique<br />
pénètre son art : comme si, derrière ses signes véhéments,<br />
se cachaient le brin d’herbe et la motte desséchée<br />
des pentes douces de la campagne siennoise !<br />
Carlo Pizzichini est né à Monticiano (province de<br />
Siena) en 1962, vit et travaille à Siena et Zurich. Une<br />
rétrospective de son œuvre s’est tenue au Parlement<br />
Européen de Strasbourg en 1993.<br />
Avec le soutien de / Met de steun van : Banca Monte Paschi Belgio; Azienda Agraria <strong>Le</strong><br />
Chiuse di Sotto di Gianni Brunelli, Montalcino, importatore Selezione Vini Italiani,<br />
Zonhoven; Metaltex Belgio
ANN_LA PREMIERE_ECRAN TOTAL 17/05/04 11:03 Page 1<br />
www.publicis.be<br />
CULTURE CLUB SUR LA PREMIÈRE.<br />
ATTENDEZ-VOUS À PLUS DE CULTURE.<br />
> DU LUNDI AU VENDREDI DE 12.00 À 13.00<br />
Chaque jour de la semaine, Corinne Boulangier et Eric Russon vous emmènent<br />
au coeur de la vie artistique des belges. Spectacles, littérature, arts vivants,<br />
musique, cinéma, télévision, rien n’échappe à leur quête de culture.<br />
La culture. C’est leur passion, c’est leur mission.<br />
www.lapremiere.be<br />
ANN_LADEUX_ECRAN TOTAL 17/05/04 11:09 Page 1<br />
Il fait trop chaud<br />
dehors, la deux passe<br />
l’été au cinéma.<br />
LA DEUX SOUTIENT L’ÉCRAN TOTAL ET LE CINÉMA DES GALERIES.<br />
20<br />
Attendez-vous à plus<br />
DEUX FOIS PLUS DE PLAISIR
21<br />
<strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />
Inde, principauté de Travancore, dans les années quarante.<br />
Sukamari “Kaliyappan” (“Serviteur de Kali”) est le<br />
bourreau officiel du prince et de la déesse Kali, “Origine<br />
de tout” et mère protectrice des Indiens. Obligé de vivre<br />
à l’écart de la société, Sukamari bénéficie en retour des<br />
largesses du prince et d’avantages financiers après chaque<br />
pendaison. Une fois utilisée, la corde est conservée par le<br />
bourreau, parce que ses cendres ont le pouvoir de guérir<br />
les malades. Au début du film on apprend que Sukamari a<br />
récemment exécuté un innocent : depuis lors le bourreau<br />
noie son chagrin et sa culpabilité dans l’alcool. Quand un<br />
émissaire du prince arrive chez lui pour le prévenir d’une<br />
prochaine pendaison, son sang ne fait qu’un tour : pour<br />
lui, cette exécution sera la dernière, parce que trop lourd<br />
est le poids du péché et trop grande sa tristesse… C’est à<br />
ce moment que le film prend une toute autre tournure,<br />
des plus inattendues : alors qu’on croyait pouvoir suivre<br />
tranquillement le récit jusqu’à son terme, Gopalakrishnan<br />
lui fait subir un virage en épingle narratif qui remet tout en<br />
cause. Car la veille de l’exécution, un des geôliers décide<br />
de raconter une histoire au bourreau pour l’arracher à sa<br />
torpeur éthylique : l’histoire d’amour entre une jeune bergère<br />
et un flûtiste, dans un décor de conte digne des fables<br />
de La Fontaine. En un spectaculaire tour de main scénaristique,<br />
Gopalakrishnan retourne donc l’intrigue de son<br />
film et pose un éclairage nouveau sur les véritables raisons<br />
de l’angoisse du bourreau. Est-il nécessaire d’en dire plus<br />
ADOOR GOPALAKRISHNAN<br />
sous peine de déflorer l’intérêt principal de ce film, par<br />
ailleurs d’une beauté plastique fascinante ? Mieux vaut<br />
préserver le suspense. Et se laisser porter par ce superbe<br />
conte, plus politique qu’il n’y paraît (la question posée<br />
étant celle de la “responsabilité individuelle et collective”,<br />
à la veille de la révolution menée par Gandhi). G.E.<br />
•<br />
Adoor Gopalakrishnan (°1941) geldt als India’s meest eminente<br />
hedendaagse filmmaker.<br />
In Nizhalkkuthu (De dienaar van Kali) trekt hij van leer tegen<br />
de doodsstraf. Centraal staan de pijn en de schuldgevoelens<br />
van Kaliyappan, een professionele beul die voor de prinselijke<br />
staat van Tavancore anno 1940 werkt.<br />
Om zijn schuldgevoelens te minimaliseren, schenkt de ‘thampuran’<br />
of de heerser, vaak gratie. Die gratie is evenwel zo<br />
getimed, dat het bericht pas enkele minuten na de executie in<br />
de gevangenis toekomt. De beul, die van heel wat privileges<br />
geniet, blijft alleen achter met zijn wroeging, dilemma’s en<br />
moraal, zeker als hij weet dat hij een onschuldige gedood<br />
heeft. Gopalakrishnans nauwgezette vertelling is een ‘intelligent<br />
en ontroerend relaas over vrije wil, noodlot, maatschappij<br />
en schuld.’ De film maakt ondertussen deel uit van Amnesty<br />
Internationals globale campagne tegen de doodstraf. L.J.<br />
INÉDIT<br />
NIZHALKKUTHU<br />
RÉAL & SC : ADOOR<br />
GOPALAKRISHNAN<br />
PHOTO : RAVI VARMA,<br />
SUNNY JOSEPH<br />
MUS : ILAYARAJA<br />
PROD : ADOOR GOPALAKRISHNAN<br />
PRODUCTIONS / ARTCAM<br />
INTERNATIONAL<br />
AVEC :<br />
ODUVIL UNNIKRISHNAN,<br />
SUKUMARI, REEJIA,<br />
THARA KALYAN<br />
INDE, 2002, 92’,<br />
COULEUR, VO ST FR
22<br />
Sylvia Kristel – Paris<br />
Blanc parasite. Puis gros plan d’une femme d’âge<br />
moyen, de dos. Elle allume une cigarette puis se retourne<br />
et fixe l’objectif. C’est Sylvia Kristel. “Emmanuelle”.<br />
Film érotique des années septante qui connut un succès<br />
considérable à l’époque (neuf millions de spectateurs<br />
en huit ans d’exploitation). L’actrice commence alors à<br />
parler de sa carrière, qui débuta à Paris en 1972 : son<br />
corps disparaît pour laisser la place à des images de la<br />
ville. “Je parlais à peine français, genre ‘Papa fume une<br />
pipe’” Elle raconte en voix off ses rencontres décisives<br />
avec Brialy, Vadim, Chabrol, tandis que sur l’écran défilent<br />
la Seine, la tour Eiffel, le boulevard Saint-Michel,<br />
Saint-Germain-des-Prés et ses cinémas de quartier.<br />
Très vite se crée une ambiguïté “entre l’enregistrement<br />
objectif de la ville par la caméra panoptique et le récit,<br />
fragmenté et subjectif ”. Puis surgissent un nouveau<br />
blanc et le même plan de l’actrice fumant face-caméra.<br />
<strong>Le</strong> récit recommence, sur d’autres images parisiennes,<br />
mais les anecdotes ont changé : Sylvia Kristel reparle de<br />
son début de carrière, mais de manière sensiblement<br />
différente. La question que nous pose Manon de Boer,<br />
vidéaste expérimentale d’origine hollandaise, c’est celle<br />
de la représentation, de la vérité et de la mémoire :<br />
Sylvia Kristel nous ment-elle ou bien, tout simplement,<br />
a-t-elle du mal à se souvenir ? Mais d’abord, s’agit-il<br />
vraiment de Sylvia Kristel ? En quoi cette femme aux<br />
traits tirés apparaît-elle comme l’actrice qu’on connaît ?<br />
MANON DE BOER<br />
À la fin du film, on voit une dernière fois la fumeuse,<br />
avant qu’elle sorte du cadre pour disparaître à jamais.<br />
Que s’est-il donc passé ? Tout cela n’était-il qu’une projection<br />
illusoire de mon imagination ? C’est là tout le<br />
mérite et l’intérêt de Sylvia Kristel – Paris : insister sur le<br />
caractère éphémère de l’image, montrer que le cinéma<br />
est un art de la fugue… Mais la vie elle-même n’est-elle<br />
pas un point de fuite ? G.E.<br />
•<br />
De Nederlandse actrice Sylvia Kristel werd in de jaren 70<br />
wereldberoemd dankzij de Emmanuelle-seksfilms.<br />
Sylvia Kristel – Paris is een fascinerende biografie waarin<br />
de in een streng-calvinistisch milieu opgegroeide Kristel,<br />
ook lange tijd Mevrouw Hugo Claus, vertelt over de woelige<br />
periode van het begin van haar carrière, toen ze als jong<br />
meisje in de Parijs filmwereld belandde. Het opmerkelijke<br />
aan dit document is dat Manon de Boer, een visuele artiest<br />
die haar hart aan Brussel verpand heeft, Kristel haar verhaal<br />
twee keer laat vertellen, telkens met verschillende accenten.<br />
Met haar video- en filmportretten, waarin ze zich vooral<br />
bezighoudt met het thema geheugen en herinnering, wil De<br />
Boer in de eerste plaats immers aantonen hoe beelden in<br />
het persoonlijke en/of collectieve geheugen zijn opgeslagen,<br />
hoe denkbeeldig elk zelfbeeld is en ‘hoe machteloos<br />
we tegenover een haperend geheugen staan.’ L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : MANON DE BOER<br />
AVEC :<br />
SYLVIA KRISTEL<br />
BELGIQUE, 2003, 50’,<br />
SUPER 8 ON BETACAM,<br />
VOF, ST ANGLAIS
L’intérieur d’un métro. Parmi les navetteurs aux regards<br />
vides, une jeune fille au physique ingrat, Marcia. Elle est<br />
vendeuse dans une boutique de lingerie. Morosité du<br />
train-train quotidien. Montage parallèle : Mao et Lénine,<br />
deux lesbiennes “no future”, traînent dans les rues en<br />
quête de petits larbins pour satisfaire leur soif d’anarchie.<br />
Après quelques minutes dans un silence pesant, les trois<br />
personnages se rencontrent : Mao veut faire l’amour à<br />
Marcia, “parce qu’elle lui plaît”. Rejet en bloc de la “victime”,<br />
qui pourtant cache mal son attirance pour cette<br />
fille sans fards ni tabous, si différente d’elle mais garante<br />
d’un univers du tout-est-permis, où l’urgence de l’instant<br />
(le titre) ne tient même pas de la gageure. Kidnappée à<br />
son corps (plus ou moins) défendant, Marcia va découvrir<br />
alors qu’elle aussi peut séduire, et de là s’épanouir<br />
de manière inattendue. Sous les attraits d’un road-movie<br />
qui voit les trois filles se toiser pour mieux s’étreindre,<br />
Tan de Repente bifurque alors vers la chronique douceamère<br />
d’une vie qui s’écoule sans hâte, comme si l’action<br />
du début laissait la place à davantage d’ampleur et<br />
de plénitude. C’est la deuxième partie du film, quand<br />
le trio se pose chez la tante de Lénine, où vivent aussi<br />
deux autres locataires – un jeune étudiant et une artiste<br />
célibataire. Moments volés de la vie quotidienne argentine,<br />
qui montrent les trois filles sous un jour différent,<br />
parce qu’entre-temps leur course effrénée s’est muée<br />
en attente contemplative : maintenant qu’elles goûtent<br />
23<br />
Tan de Repente<br />
DIEGO LERMAN<br />
à la quiétude d’une vie communautaire et/ou familiale,<br />
les voilà sujettes à de nouveaux espoirs, voire à de nouveaux<br />
choix de vie. Mais il est déjà temps pour elles de<br />
repartir à l’aventure. En ce sens Diego <strong>Le</strong>rman ne donne<br />
à voir qu’un univers de possibles parmi tant d’autres. De<br />
sa fin ouverte le film tire toute sa force. Et de la mise en<br />
scène (le noir et blanc, d’une âpreté magnifique) et des<br />
acteurs (étonnants), toute sa splendeur. G.E.<br />
•<br />
Aan de recente golf van nieuwe en uitstekende Argentijnse<br />
films komt voorlopig geen einde en in het geval van Tan de<br />
Repente kan het alleen maar toegejuicht worden dat deze film<br />
nu eindelijk ook in ons land vertoond wordt.<br />
Diego <strong>Le</strong>rmans indrukwekkende debuut situeert zich immers<br />
in de lijn van Jim Jarmuschs Stranger Than Paradise. Deze<br />
in somptueus zwart-wit gefotografeerde roadmovie vertelt het<br />
verhaal van Marcia, een ietwat ronde en verlegen verkoopster<br />
in een winkel in Buenos Aires die in een gestolen taxi op reis<br />
vertrekt met twee jonge lesbische punkmeiden die luisteren<br />
naar de naam Mao en <strong>Le</strong>nin!<br />
De 26-jarige <strong>Le</strong>rman begint zijn film, die zich afspeelt tegen de<br />
achtergrond van de Argentijnse financiële crisis, als een sinistere<br />
thriller, maar al snel evolueert zijn voortdurend verrassende<br />
minimalistische kroniek tot een stijlrijke romantische komedie<br />
met een genereuze humane toets. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : DIEGO LERMAN<br />
SC : DIEGO LERMAN, MARIA MEIRA<br />
PHOTO : LUCIANO ZITO,<br />
DIEGO DEL PIANO<br />
MUS : JUAN IGNACIO BOUSCAYROL<br />
PROD : LITA STANTIC<br />
PRODUCCIONES, NYON CINÉ<br />
AVEC :<br />
TATIANA SAPHIR, CARLA CRESPO,<br />
VERONICA HASSAN,<br />
MARCOS FERRANTE,<br />
MARIA MERLINO,<br />
BEATRIZ THIBAUDIN<br />
ARGENTINE, 2000, 94’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Un chalutier dans la nuit. <strong>Le</strong> capitaine, Salvatore, est<br />
un type nerveux, il a donné l’ordre à l’équipage de<br />
s’avancer en dehors des eaux territoriales italiennes, en<br />
direction de la zone africaine. Bien que l’équipage soit<br />
contre, il obéit au patron. Mais la pêche miraculeuse<br />
tourne à la gabegie, les gardes-côtes tunisiens les prennent<br />
en chasse, il faut couper les filets pour se tirer vite<br />
au milieu des balles. D’où Tornando a casa, retour au<br />
bercail, plus tôt que prévu, avec la cale à moitié vide. Ce<br />
n’est que le début des ennuis. <strong>Le</strong> film décrit dans un style<br />
laconique le dense entrelacs des difficultés qui étouffent<br />
les personnages. Ces difficultés ne viennent pas de nulle<br />
part, elles résultent de ce que “dans notre société, close<br />
et hostile, les pauvres font naître entre eux une guerre<br />
aveugle, une guerre de haine dépourvue de toute solidarité”,<br />
comme le dit le cinéaste. <strong>Le</strong>s Napolitains veulent<br />
prendre le poisson des Tunisiens qui veulent venir vivre à<br />
Naples où personne ne veut d’eux. <strong>Le</strong>s exploités finissent<br />
toujours par tenter de se faire exploiteurs, les rapports de<br />
forces s’imbriquent dans un champ social où les individus<br />
n’ont que la dureté à partager. Déstabilisant. Marra<br />
affirme n’avoir jamais donné de scénario à ses acteurs,<br />
les mettant à brûle-pourpoint face aux situations à jouer.<br />
C’est sans doute ce qui donne aux séquences leur force<br />
déstabilisante, tous voyant par le truchement de la fiction<br />
remonter à la surface souvenirs amers, rages anciennes,<br />
désirs brutaux. Scotto D’Antuono et Abdel Aziz forment<br />
24<br />
Tornando a casa<br />
VINCENZO MARRA<br />
un duo héroïque et taiseux, Naples et la mer sont filmées<br />
sans apprêt, grises et chiffonnées. La dernière partie du<br />
film, une étonnante permutation d’identité renversant<br />
les enjeux migratoires, donne un tour de vis romanesque<br />
au récit qui parvient encore à créer de l’idéal.<br />
d’après Dider Péron, Libération<br />
•<br />
Enkele Napelse vissers doorkruisen met hun boot clandestien<br />
de territoriale wateren tussen Sicilië en Noord-Afrika op zoek<br />
naar meer vis. Vooral de kapitein Salavator stelt zich nogal roekeloos<br />
op en speelt met het leven van zijn vissers. Op een dag<br />
krijgt de Tunesische politie de vissersboot in de gaten.<br />
De 31-jarige regisseur Vincenzo Marra laat in zijn debuutfilm<br />
Tornando a casa het verhaal van deze Siciliaanse vissers<br />
parallel lopen met het lot van enkele clandestiene Tunesische<br />
immigranten die dromen van Fort Europa. Hierdoor groeit zijn<br />
mooie, bittere en met niet-professionele acteurs en zonder<br />
scenario opgenomen film uit tot een aangrijpend sociaal<br />
drama, zwevend tussen documentaire en fictie, in de lijn van<br />
het neorealisme (genre La terra trema van Visconti). “Je kan de<br />
film vergelijken met een soort mediterrane Ken Loach, zonder<br />
pathos, tegelijk concreet en universeel”, aldus Libération. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC : VINCENZO MARRA<br />
PHOTO : RAMIRO CIVITA<br />
MUS : ANDREA GUERRA<br />
PROD : AMEDEO PAGANI,<br />
GIANLUCA ARCOPINTO<br />
AVEC :<br />
SCOTTO D’ANTUONO,<br />
SALVATORE IACCARINO,<br />
GIOVANNI IACCARINO, ABDEL AZIZ<br />
ITALIE, 2001, 90’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Turning Gate s’ouvre un triste soir de pluie, à bord d’un<br />
taxi. <strong>Le</strong> téléphone portable de Gyung-soo sonne deux<br />
fois. <strong>Le</strong> premier coup de fil lui apprend qu’il n’obtiendra<br />
pas le rôle qu’il attendait. Ce n’est pas qu’il soit mauvais<br />
comédien. Simplement, le public ne l’aime pas. Il<br />
ne reconnaît pas bien la voix du second interlocuteur,<br />
un vieil ami éméché qui l’invite à Chuncheon. Mais le<br />
voyage se poursuivra au-delà ; sur la route, il rencontrera<br />
deux femmes : une belle danseuse et une mystérieuse<br />
admiratrice. Surtout, il retrouvera, puis perdra l’amour<br />
et la mémoire. Turning Gate est sans doute l’œuvre la<br />
plus drôle du cinéaste, et son plus grand succès en Corée<br />
à ce jour. On pourrait voir le héros et le film comme une<br />
jolie bulle portée au hasard du vent. Sauf que la candeur<br />
de cette bohème n’est qu’illusion, que ces femmes ne<br />
sont pas si innocentes, et que la bulle de Turning Gate<br />
renferme un labyrinthe aussi diabolique que celui de La<br />
Vierge mise à nu par ses prétendants. La dérive du héros<br />
contraste avec l’extrême précision de la mise en scène.<br />
Hong Sang-soo place systématiquement son personnage<br />
dans des situations d’équilibre précaire. Isolé dans une<br />
partie du cadre, il semble qu’il ait toujours une rue à<br />
traverser, une ligne ou une limite à franchir. Chaque<br />
plan nous invite à un basculement inéluctable, chaque<br />
instant ressemble à une transition. Il faudra attendre la<br />
dernière image pour comprendre que le parcours de<br />
Gyung-soo, les moments les plus triviaux de son voyage,<br />
25<br />
Turning Gate<br />
HONG SANG-SOO<br />
les rencontres d’un coup d’œil… le poussaient vers une<br />
situation précise. Que s’est-il passé ? On aimerait pouvoir<br />
revoir Turning Gate à l’envers mais il est trop tard. Hong<br />
Sang-soo préfère nous laisser seul, avec notre gueule de<br />
bois, planté avec son héros dans la beauté du doute : de<br />
“l’autre côté d’un souvenir obscur”.<br />
d’après Adrien Gombeaud, Positif<br />
•<br />
De Zuid-Koreaan Sang-soo Hong heeft zich met films als<br />
The Day A Pig Fell Into The Well en Virgin Stripped Bare By<br />
Her Bachelors op korte tijd een reputatie opgebouwd als een<br />
cineast die subtiel thema’s bespeelt als de eenzaamheid<br />
en de onmogelijkheid tot het communiceren. Turning Gate<br />
(Shaengwalui balgyeon), de titel is een referentie naar een<br />
oude Koreaanse legende, volgt Gyung-soo, een werkloze acteur<br />
die Seoul verlaat om een bezoek te brengen aan zijn vriend<br />
Sungwoo, een schrijver uit Chuncheon. Hij maakt er kennis met<br />
Myunh-sook, een sculpturale danseres die zich obsessioneel tot<br />
hem aangetrokken voelt.<br />
Met dit elegant en formeel sierlijk drama over verlangen en<br />
afstoten, zijn meest grappige film totnogtoe, bewijst Sang Soo<br />
Hong opnieuw dat hij de meest vernieuwende regisseur van de<br />
jonge Zuid-Koreaanse film is. Zijn stijl roept zowel het universum<br />
van Edward Yang als Hou Hsiao-hsien op. L.J.<br />
INÉDIT<br />
SAENGHWALUI BALGYEON<br />
RÉAL & SC : HONG SANG-SOO<br />
PHOTO : CHOI YOUNG-TAEK<br />
MUS : WON IL<br />
PROD : MIRACIN KOREA<br />
AVEC :<br />
KIM SANG-KYUNG, YEA JI-WON,<br />
CHU SANG-MI<br />
CORÉE DU SUD, 2002, 115’,<br />
COULEUR, VO ST FR
“En juillet 2001, une fillette accompagnée de sa mère,<br />
professeur d’histoire de renom, traverse des millénaires<br />
de civilisation à la rencontre de son père” : dès l’incrustation<br />
du début du film, tout est posé. “S’il n’y a plus<br />
de Père, à quoi bon raconter des histoires ? Raconter,<br />
n’est-ce pas toujours chercher son origine ?”, s’interrogeait<br />
Roland Barthes. Cette odyssée vers les origines se<br />
fera sur un paquebot parti de Lisbonne pour Bombay,<br />
dont le capitaine est un Américain d’origine polonaise<br />
(John Malkovich). Partout, il y a une fable, un mythe,<br />
une légende à raconter : “<strong>Le</strong>s sirènes sont des femmespoissons<br />
qui suivaient les caravelles et encourageaient<br />
les marins à découvrir l’inconnu.” Nos deux sirènes, bien<br />
réelles, nous entraînent, elles aussi, dans leur sillage pour<br />
un périple des plus didactiques, rythmé par le plan du<br />
bateau fendant les flots. Mais ce tour de Méditerranée<br />
en bateau avec une enfant va prendre un autre tour.<br />
Trois femmes très belles et célèbres sont montées lors de<br />
trois escales. Ces trois passagères incarnent trois mythes<br />
modernes : l’argent, l’apparence, la chanson populaire.<br />
<strong>Le</strong> capitaine les invite à sa table, et la conversation prend<br />
d’emblée le ton de la confidence. Dès lors, le film aborde<br />
des rivages qui dépassent la simple parabole et s’engage<br />
sur le chemin de la mélancolie. Éloge de la lenteur, de<br />
la conversation, comme rempart contre la tristesse et la<br />
barbarie. Mais Manoel de Oliveira retourne aussitôt la<br />
situation. <strong>Le</strong>s Barbares sont parmi nous pour annihiler<br />
26<br />
Un film parlé<br />
MANOEL DE OLIVEIRA<br />
nos illusions, pour nous réveiller de notre confort intellectuel<br />
de civilisés. Et dans un geste rageur mu par un<br />
instinct de mort fort surprenant, le cinéaste portugais<br />
de conclure son récit symbolique en quatre minutes<br />
chrono, avec une économie de moyens proprement<br />
stupéfiante. On reste bouche bée.<br />
d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
Eminence grise van de Portugese cinema, Manoel de Oliveira<br />
(de Oliveira is inmiddels 96 jaar oud, maar levert gemiddeld<br />
toch nog een film per jaar af), maakte met Um Filme<br />
Falado (2003) een film waarin de dialoog centraal staat (de<br />
titel betekent zoveel als ‘gesproken film’). De film start in<br />
Lissabon en volgt een aantal passagiers tijdens een cruise op<br />
de Middellandse zee. Terwijl we genieten van de prachtigste<br />
vergezichten, worden we bovendien getrakteerd op een aantal<br />
interessante conversaties : deze film is een absolute lekkernij<br />
voor iedereen ‘die iets met taal heeft’. De beschaafd doorkabbelende<br />
(doorbabbelende?) film staat in schril contrast met het<br />
onverwachte, explosieve einde. Een aantal bekende ‘hoofden’<br />
verschijnen in cameo-rolletjes: Irene Papas, John Malkovich en<br />
Catherine Deneuve zijn er een paar van (ieder spreekt z’n eigen<br />
moedertaal). M.V.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL & SC : MANOEL DE OLIVEIRA<br />
PHOTO : EMMANUEL MACHUEL<br />
PROD : GÉMINI FILMS,<br />
MIKADO FILMS, MADRAOGA FILMS<br />
AVEC :<br />
LEONOR SILVEIRA, C<br />
ATHERINE DENEUVE,<br />
JOHN MALKOVICH, IRÈNE PAPAS,<br />
STEFANIA SANDRELLI<br />
PORTUGAL/ITALIE/FRANCE,<br />
2003, 96’, COULEUR, VO ST FR
Au début l’on pense être emporté malgré nous dans un<br />
film aux allures d’enquête sociologique. Lukas (Denis<br />
Podalydès), sociologue émérite installé à Paris, mène<br />
une série d’entretiens dans le cadre d’une étude sur le<br />
célibat dans le Béarn, sa région d’origine. Pressé par son<br />
promoteur qui l’ordonne de boucler son article au plus<br />
vite, Lukas s’enlise pourtant très vite dans une réflexion<br />
sentimentale qui l’écarte de son propos scientifique. En<br />
cause, une vieille amie d’enfance, Isabelle (Natacha<br />
Régnier), qui réveille en lui de vieux démons personnels<br />
: alors qu’il s’absente quelques minutes pendant<br />
l’interview de son ancienne copine d’école, celle-ci<br />
profite de l’occasion pour lui avouer sa flamme, par<br />
magnétophone interposé. Commence alors pour Lukas<br />
une toute autre enquête, avec en point de mire non plus<br />
les affres théoriques de la solitude en Gascogne, mais sa<br />
propre destinée, partagée entre son devenir quotidien<br />
(sa carrière/sa copine à Paris) et son désir d’un retour au<br />
“vert paradis des amours enfantines” (Isabelle/le Béarn).<br />
<strong>Le</strong> film prend alors les allures d’une chronique sentimentale<br />
où le doute et l’équivoque deviennent matières<br />
à suspense : Lukas osera-t-il s’avouer son attirance pour<br />
Isabelle ou continuera-t-il à se voiler la face ? D’autant<br />
que sur cette trame romantique se tisse encore une autre<br />
histoire, un autre malentendu, en la personne de Simon<br />
(Clovis Cornillac), l’ex-fiancé d’Isabelle. Pour Lukas c’est<br />
évident : Simon aime toujours Isabelle, et vice versa<br />
27<br />
Vert Paradis<br />
EMMANUEL BOURDIEU<br />
– c’est ainsi du moins qu’il a décodé le message de la<br />
cassette. Avec ce film, Emmanuel Bourdieu tente de<br />
montrer qu’un quiproquo peut bouleverser la vie et les<br />
certitudes d’un homme, si pragmatique soit-il (Lukas,<br />
rappelons-le, est sociologue). Vert Paradis apparaît dès<br />
lors comme un film frustrant : celui d’un homme et d’une<br />
femme qui ont raté leur histoire d’amour (leur vie ?) par<br />
simple méprise. Peu rassurant, mais souvent prétexte,<br />
comme ici, à (très) bon film. G.E.<br />
•<br />
Lucas (Bruno Podalydès) is een jonge Parijse socioloog. Tijdens<br />
een enquête over het celibaat in het zuidelijke Béarn, valt<br />
hij op twee vrienden uit zijn geboortedorp, Isabelle (Natacha<br />
Régnier) en Simon (Clovis Cornillac). Tien jaar geleden zijn ze<br />
willen trouwen, maar om een of andere redenen is dat toen niet<br />
doorgegaan. Lucas probeert ze opnieuw bij elkaar te brengen.<br />
Hij is er zich echter niet van bewust dat Isabel stilletjes op hem<br />
verliefd aan het worden is. Vert Paradis is een sentimentele<br />
suspensefilm over een ongelukkige liefde, getekend Emmanuel<br />
Bourdieu, trouwe medewerker van Arnaud Desplechin, bekend<br />
als scenarist van Place Vendôme en zoon van de invloedrijke<br />
socioloog Pierre Bourdieu. L.J.<br />
INÉDIT<br />
RÉAL : EMMANUEL BOURDIEU<br />
SC : EMMANUEL BOURDIEU, DENIS<br />
PODALYDÈS, MARCIA ROMANO<br />
PHOTO : YORICK LE SAUX<br />
MUS : GRÉGOIRE HETZEL<br />
PROD : ARCAPIX, ARTE FRANCE<br />
AVEC :<br />
DENIS PODALYDÈS,<br />
NATACHA RÉGNIER,<br />
CLOVIS CORNILLAC,<br />
EMMANUELLE RIVA,<br />
NICOLAS SILBERG,<br />
CAROLINE PROUST<br />
FRANCE, 2003, 98’,<br />
COULEUR, VOF
28<br />
LES<br />
CLASSIQUES
29<br />
La Bataille d’Alger<br />
7 octobre 1957. <strong>Le</strong>s parachutistes du colonel Mathieu<br />
entrent dans la Casbah. Ils viennent s’emparer d’Ali La<br />
Pointe, le chef guérillero du Front de libération nationale.<br />
Retour en arrière. 1er novembre 1954. Un message<br />
du Front de libération nationale lance la bataille d’Alger.<br />
L’escalade terroriste démarre. <strong>Le</strong>s tortures se multiplient.<br />
<strong>Le</strong>s troupes françaises parviennent à arrêter les principaux<br />
chefs de la guérilla. La bataille d’Alger est une<br />
victoire pour les troupes françaises. Pourtant… Trois ans<br />
plus tard. La révolution gronde dans les rues de Casbah,<br />
tandis que la population algérienne réclame son indépendance.<br />
1964. L’Algérie a gagné son indépendance.<br />
Saadi Yacek s’est battu pour libérer son pays et veut<br />
mettre sur pied un film retraçant ces années de lutte.<br />
Il monte une coproduction entre l’Algérie et l’Italie, et<br />
contacte trois metteurs en scène italiens : Francesco Rosi,<br />
Luchino Visconti, Gillo Pontecorvo. Ce dernier accepte.<br />
1966. La délégation française boycotte la présentation<br />
de La Bataille d’Alger au festival de Venise – ce qui ne<br />
l’empêche pas de repartir avec le Lion d’Or. <strong>Le</strong> gouvernement<br />
interdit la sortie du film en France. Ce n’est<br />
qu’en 1971 que le film obtient son visa d’exploitation en<br />
France. A la suite de pressions politiques et de menaces<br />
de bombes, il est très vite retiré des écrans. L’histoire de<br />
La Bataille d’Alger rebondit le 27 août 2003. Comme le<br />
révèle un article du Monde, le Pentagone américain a<br />
convié officiers d’état-major et civils à une projection<br />
GILLO PONTECORVO<br />
privée du film. En clair, le haut commandement américain<br />
tente d’étudier les erreurs de l’occupation française<br />
en Algérie afin de trouver une issue aux drames suscités<br />
par la présence des troupes américaines en Irak. Selon<br />
Garry Casimir, spécialiste : “<strong>Le</strong> film peut être vu comme<br />
une expérience de cinéma-vérité de ce qui se passe<br />
quand une nation occidentale s’impose d’elle-même au<br />
peuple musulman.”<br />
Dossier de presse<br />
•<br />
La Battaglia di Algeri (1966) is een film die naar verluidt<br />
momenteel in politieke kringen druk wordt bekeken (het<br />
Pentagon zou er tips uithalen om met het verzet in Irak om<br />
te gaan). Maar het is eerst en vooral één van de weinig echt<br />
geslaagde politieke films uit de jaren zestig. Een bijzonder<br />
krachtige en realistische film (gefilmd in pseudo-documentaire<br />
stijl met weinig of geen beroepsacteurs) waarbij regisseur Gillo<br />
Pontecorvo erin is geslaagd, zonder vooroordeel beide partijen<br />
in de strijd om de onafhankelijkheid van Algerije te tonen (na<br />
meer dan een eeuw waren de Algerijnen de Franse overheersing<br />
meer dan zat). Centraal staan een aantal moslimleiders,<br />
de charismatische Franse kolonel die de Franse troepen leidt<br />
en de talloze bomaanslagen die vooral onschuldige slachtoffers<br />
maken. Een gegeven van alle tijden en momenteel bijzonder<br />
actueel, inderdaad. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA BATTAGLIA DI ALGERI<br />
RÉAL : GILLO PONTECORVO<br />
SC : FRANCO SOLINAS<br />
PHOTO : MARCELLO GATTI<br />
MUS : ENNIO MORRICONE,<br />
GILLO PONTECORVO<br />
PROD : IGOR FILM, CASBAH FILMS<br />
AVEC :<br />
BRAHIM HAGGIAG, JEAN MARTIN,<br />
SAADI YACEF<br />
ITALIE-ALGÉRIE, 1965, 123’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
30<br />
Boccace ‘70<br />
DE SICA, VISCONTI, FELLINI, MONICELLI<br />
Vittorio De Sica (La Loterie : 1), Luchino Visconti (<strong>Le</strong><br />
Travail : 2), Federico Fellini (La Tentation du docteur<br />
Antonio : 3), Mario Monicelli (Renzo et Luciana : 4).<br />
Dans les années soixante, le principe du film à sketches fit<br />
les beaux jours de la comédie à l’italienne (<strong>Le</strong>s Monstres<br />
de Dino Risi), mais permit également aux producteurs de<br />
réunir au même générique les noms de grands cinéastes<br />
dans des films très chics. Sous l’égide de Carlo Ponti, cinq<br />
ans avant <strong>Le</strong>s Sorcières de son rival De Laurentiis, le gratin<br />
de Cinecitta se prête à l’exercice du court métrage.<br />
Loin de moderniser les contes du Décaméron, dont il ne<br />
s’inspire absolument pas, Boccace ‘70 ne retient de l’écrivain<br />
que l’idée de dégager une morale d’un argument<br />
scabreux. Transposition d’une nouvelle de Maupassant<br />
dans le monde de l’aristocratie milanaise moderne, <strong>Le</strong><br />
Travail de Visconti est un chef-d’œuvre. <strong>Le</strong> cinéaste met<br />
en scène Romy Schneider en jeune comtesse décidant<br />
de faire payer ses charmes à un mari volage qui l’a<br />
épousée pour son argent. Derrière le raffinement inouï<br />
des images, Visconti propose une vision marxiste du<br />
couple et raille le pouvoir aliénant de l’argent et des<br />
carcans sociaux. La Tentation du docteur Antonio inaugure<br />
la période baroque et onirique de Fellini, qui porte<br />
à l’écran ses phobies et ses fantasmes sexuels. <strong>Le</strong> film<br />
reste à jamais célèbre grâce à une Anita Ekberg géante<br />
échappée d’un panneau publicitaire qui poursuit de ses<br />
assiduités un prude notable dans des décors urbains<br />
factices. La direction artistique est superbe, le propos<br />
légèrement fumeux. <strong>Le</strong> segment de De Sica en chute<br />
libre n’a aucun intérêt. Quant à celui de Monicelli, il fut<br />
supprimé des copies françaises en raison du manque de<br />
notoriété de l’auteur du génial Pigeon. La réédition inespérée<br />
de Boccace ‘70 en version intégrale répare ainsi<br />
une vieille injustice.<br />
Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
In Boccaccio ‘70 (1962) verfilmen drie van Italië’s beste en<br />
meest toonaangevende regisseurs elk één van Boccaccio’s<br />
erotische vertellingen (ieder met zijn favoriete leading lady).<br />
In Federico Fellini’s <strong>Le</strong> tentazioni del dottor Antonio prikkelt<br />
Anita Ekberg de overspannen verbeelding van een dokter.<br />
Eerste kleurenfilm voor Fellini en een teken van de dingen<br />
die nog komen gingen. Romi Schneider (opgegroeid en opengebloeid<br />
sinds Sissi) schittert in Il lavoro, LuchinoVisconti’s<br />
bittere pareltje over een vrouw (Schneider) die wraak neemt<br />
op haar overspelige minnaar. En Vittorio De Sica en ‘zijn’<br />
Sophia Loren doen met La riffa wat ze later nog vaak met<br />
succes zullen herhalen : een pittige komedie maken met een<br />
temperamentvolle madame in de hoofdrol. De lichtverteerbare<br />
moraal van Boccaccio ‘70 : waar liggen de seksuele grenzen<br />
van elkeen en hoe die te herkennen. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
SC : CESARE ZAVATTINI (1), LUCHINO<br />
VISCONTI, SUSO CECCHI D’AMICO (2),<br />
FEDERICO FELLINI, FLAIANO, PINELLI<br />
(3), GIOVANNI ARPINO, ITALO CALVINO,<br />
SUSO CECCHI D’AMICO (4)<br />
PHOTO : OTELLO MARTELLI (1),<br />
G. ROTUNNO (2), O. MARTINELLI (3),<br />
ARMANDO NANNUZZI (4)<br />
MUS : ARMANDO TROVAJOLI (1),<br />
NINO ROTA (2, 3), PIERO UMILIANI (4)<br />
PROD : CONCORDIA, CINERIZ,<br />
FRANCINEX, GRAY FILMS<br />
AVEC :<br />
SOPHIA LOREN, LUIGI GIULIANI,<br />
ALFIO VITA (1), ROMY SCHNEIDER,<br />
TOMAS MILIAN, PAOLO STOPPA (2),<br />
ANITA EKBERG, PEPPINO<br />
DE FILIPPO (3), MARISA SOLINAS,<br />
GERMANO GILIOLI (4)<br />
ITALIE, 1962, 208’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Cat People a été réalisé très rapidement ; l’ensemble, y<br />
compris la musique, le montage et tout, a coûté 130 000<br />
dollars. Un jour, Val <strong>Le</strong>wton m’a appelé pour me dire<br />
que « le patron de la RKO, Charles Koerner, était à une<br />
réception hier soir et quelqu’un lui a dit : “Pourquoi ne<br />
feriez-vous pas un film qui s’appellerait Cat People ?”. Et<br />
Koerner a dit à <strong>Le</strong>wton : “J’y ai pensé toute la nuit et ça<br />
m’a empêché de dormir.” Alors Koerner lui a demandé<br />
de faire le film.<br />
Nous avons concocté l’histoire d’une fille qui est obsédée<br />
par les félins, qui se transforme elle-même en féline.<br />
Il y a une scène en particulier dont tout le monde parle :<br />
l’héroïne se trouve dans une piscine couverte déserte,<br />
la nuit, et son ennemie, la fille qui se transforme en léopard,<br />
rôde le long de la piscine, on voit des ombres sur le<br />
mur et on éprouve un sentiment de terreur. Pour obtenir<br />
le sentiment exact de claustrophobie, nous avons choisi,<br />
dans un immeuble existant de Los Angeles, une piscine<br />
qui ressemblait à l’intérieur d’une boîte à chaussures,<br />
avec les murs blancs, un plafond bas et de puissants<br />
reflets lumineux provenant de l’eau. Nous pensions qu’il<br />
fallait suggérer l’horreur plutôt que la montrer. L’ombre<br />
du grand félin qu’on voyait sur le mur de la piscine était<br />
en réalité celle de mon poing. Nous avions une grande<br />
lampe à arc équipée d’un diffuseur dans la piscine, et il<br />
fallait que nous tournions la séquence en une matinée.<br />
Nous avons essayé d’obtenir l’effet exact de l’ombre dif-<br />
31<br />
Cat People<br />
JACQUES TOURNEUR<br />
fuse de toutes les façons possibles, et en fin de compte,<br />
c’est moi qui ai fait cette ombre. C’est comme cela qu’il<br />
faut faire les films : il faut improviser. Si vous êtes trop<br />
bien organisé, ça n’est pas bon. <strong>Le</strong> film a été réalisé<br />
pendant la guerre ; et pendant la guerre, pour je ne sais<br />
quelle raison mystérieuse, le public adore avoir peur.<br />
Inconsciemment nous aimons tous avoir peur, et en<br />
temps de guerre ce sentiment est intensifié.<br />
Jacques Tourneur<br />
•<br />
Horrorfilms zijn zo oud als het medium zelf. En vermits ‘de oudjes’<br />
technisch gezien nog niet zo sterk genoeg in hun schoenen<br />
stonden, vonden ze andere, en zeer afdoende middelen om het<br />
publiek de stuipen op het lijf te jagen. Kijk maar hoe inventief<br />
Jacques Tourneur ‘wat je niet ziet, is des te schrikwekkender<br />
(de verbeelding aan de macht, als het ware)’ aanwendt in Cat<br />
People (1942). Tourneur beschikte over een piepklein budget,<br />
maar zijn interpretatie van het klassieke weerwolfthema was en<br />
is bepaald indrukwekkend (Paul Schrader maakte veertig jaar<br />
later een nieuwe versie met Nastassja Kinski, een popdeuntje<br />
van David Bowie en een ‘hommage’ aan Tourneurs beroemde<br />
‘zwembadscène). Simone Simon is de Newyorkse ontwerpster<br />
die afstamt van een oeroud geslacht katvrouwen. Tom Conway<br />
is de psychiater die het allemaal afdoet als onzin, tot hij iets<br />
scherps voelt... M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA FÉLINE<br />
RÉAL : JACQUES TOURNEUR<br />
SC : DEWITT BODEEN<br />
PHOTO : NICHOLAS MUSURACA<br />
MUS : ROY WEBB<br />
PROD : VAL LEWTON (RKO)<br />
AVEC :<br />
SIMONE SIMON, KENT SMITH,<br />
TOM CONWAY, JANE RANDOLPH<br />
ÉTATS-UNIS, 1942, 73’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />
COPIE NEUVE
<strong>Le</strong>s films de Cronenberg racontent tous la même histoire<br />
: un organe qui, un beau matin, prend les devants, se<br />
révolte contre le corps et dérègle les fonctions normales<br />
d’un organisme. C’est de nouveau ce sujet qu’il traite<br />
dans The Dead Zone. L’histoire d’un instituteur ordinaire<br />
qui, après un accident de voiture, se réveille à l’hôpital,<br />
handicapé, après être resté cinq ans dans le coma.<br />
Commencent alors de longues séances de rééducation<br />
et surtout l’envie de renouer contact avec les autres.<br />
C’est au moment où il entame cette prise de contact<br />
par le geste le plus banal qui soit (une poignée de main)<br />
qu’il s’aperçoit qu’il ne pourra jamais plus faire partie de<br />
l’humanité. Il est un voyant et il se réveille avec un don<br />
qu’il n’a pas désiré, inhumain à son corps défendant. <strong>Le</strong>s<br />
autres le savent, mais lui refuse de mettre son pouvoir<br />
à contribution. Il vit en reclus chez son père, puis seul,<br />
coupé du monde. Ce qui est beau dans The Dead Zone,<br />
c’est la façon qu’a Cronenberg de filmer l’humain à hauteur<br />
d’étrangeté, puis l’inhumain à hauteur d’homme. <strong>Le</strong><br />
cinéaste s’intéresse moins au réapprentissage d’un corps<br />
handicapé qu’il ne se soucie d’enregistrer avec une<br />
remarquable précision la réponse d’un corps qui ne veut<br />
rien savoir de ses nouvelles possibilités tout en se voyant<br />
obligé, avec le temps, de se régler sur ses lois.<br />
The Dead Zone est bien plus qu’une étape importante<br />
dans la carrière d’un cinéaste, un virage bien négocié<br />
après l’échec commercial de Videodrome là où, sur<br />
32<br />
The Dead Zone<br />
DAVID CRONENBERG<br />
Stephen King, beaucoup de cinéastes se sont cassé le<br />
nez. C’est un beau film, superbement maîtrisé et qui a<br />
surtout le mérite de nous révéler une nouvelle dimension<br />
à laquelle le cinéma de Cronenberg ne nous avait<br />
pas habitués : la direction d’acteur, étonnante de justesse<br />
(la présence de Brooke Adams devant un Christopher<br />
Walken réellement impressionnant) et cette superbe<br />
aisance à filmer une scène intimiste au fil d’une continuité<br />
dialoguée.<br />
d’après Charles Tesson, Cahiers du cinéma<br />
•<br />
Stephen King kan geen boek plegen of het wordt verfilmd. Dat<br />
was pakweg twintig jaar geleden ook al zo. Toen verfilmde<br />
David Cronenberg The Dead Zone (1983). De overgang van<br />
Kings pen naar het grote scherm is – om het zacht uit te<br />
drukken – niet altijd succesvol verlopen, maar Cronenberg<br />
is zelf ook genoeg out there (denk maar aan Videodrome of<br />
Dead Ringers) om een interessante adaptatie te garanderen.<br />
Christopher Walken – altijd een plezier om aan het werk te zien<br />
– is de man die uit een lange coma ontwaakt met een paranormale<br />
gave. Met een blik in de toekomst kan hij misschien wel<br />
het leven van anderen redden, maar niet noodzakelijk zichzelf.<br />
Hiermee geconfronteerd, wordt het tijd voor de ultieme opoffering<br />
(lees : de wereld verlossen van corrupte president to be<br />
Martin Sheen). Klinkt misschien een beetje déjà vu, maar de<br />
finale kreeg een frisse, originele twist. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL : DAVID CRONENBERG<br />
SC : JEFFREY BOAM,<br />
D’APRÈS LE ROMAN DE<br />
STEPHEN KING<br />
PHOTO : MARK IRWIN<br />
MUS : MIKAEL KAMEN<br />
AVEC :<br />
CHRISTOPHER WALKEN,<br />
BROOKE ADAMS, MARTIN SHEEN,<br />
TOM SKERRITT, HERBERT LOM<br />
ÉTATS-UNIS, 1984, 103’,<br />
COULEUR, VO ST FR, COPIE NEUVE
33<br />
The Ghost and Mrs. Muir<br />
Veuve depuis peu, Lucy Muir quitte sa belle-famille<br />
pour aller vivre avec sa fillette au bord de la mer.<br />
Contrairement aux souhaits de l’agent immobilier, elle<br />
tient à louer un cottage qui a la réputation d’être hanté<br />
par le fantôme du capitaine Daniel Clegg. Loin d’être<br />
terrorisée, Lucy est fascinée à l’idée d’habiter avec un<br />
fantôme. Un soir, il lui apparaît.<br />
L’un des chefs-d’œuvre de Mankiewicz et l’un des plus<br />
beaux films hollywoodiens. Dans ce troisième film réalisé<br />
pour la Fox, qu’il n’a pas écrit lui-même, dont il a<br />
seulement corrigé le scénario, peaufinant notamment le<br />
personnage de Miles Fairley, Mankiewicz s’exprime aussi<br />
profondément que dans les œuvres qu’il a tirées de ses<br />
propres scripts. The Ghost of Mrs Muir offre un alliage<br />
rare, presque unique, entre l’expression d’une intelligence<br />
déliée et caustique et un goût romantique de la<br />
rêverie s’attardant sur les déceptions, les désillusions de<br />
l’existence. <strong>Le</strong> film n’appartient à aucun genre connu et<br />
crée lui-même son genre pour raconter, avec une poésie<br />
déchirante, la supériorité mélancolique du rêve sur la<br />
réalité, le triomphe de ce qui aurait pu être sur ce qui a<br />
été. C’est également un film sur la solitude, sur ces âmes<br />
insatisfaites et rêveuses à qui la solitude justement ouvre<br />
la voie vers la connaissance de la nature, vers une forme<br />
lointaine et presque immatérielle de bonheur. Tous les<br />
éléments de la mise en scène, des acteurs au décor,<br />
des dialogues à la photo, sont superbes et marqués du<br />
JOSEPH L. MANKIEWICZ<br />
sceau de la perfection. Sublime partition de Bernard<br />
Herrmann. Accompagnant la méditation de l’auteur,<br />
elle souligne jusqu’à le faire exploser parfois le lyrisme<br />
contenu de l’œuvre. Grâce à elle, par exemple, les plans<br />
de mouettes et de vagues, ceux où Gene Tierney marche<br />
le long de la plage, qui indiquent le passage du temps,<br />
figurent parmi les plus beaux du film alors qu’ils auraient<br />
pu en être les plus banals.<br />
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />
•<br />
Gene Tierney is de jonge weduwe uit het Engeland van Queen<br />
Victoria, die zich in haar nieuwe woonst aan zee niet van haar<br />
stuk laat brengen door de geest van een kapitein (ook al slaat<br />
die bovendien ruwe taal uit). Niet helemaal verwonderlijk als je<br />
weet dat de geest de vorm aanneemt van de always dashing Rex<br />
Harrison. Hiermee zijn meteen de titelpersonages en acteurs uit<br />
The Ghost and Mrs. Muir, een charmante spookromance uit<br />
1947 van Joseph L. Mankiewicz, geïntroduceerd. Hoewel weduwe<br />
en geest het uiteindelijk uitstekend met elkaar kunnen vinden,<br />
is een romance nog niet voor nu. Mrs. Muir moet eerst haar<br />
plaatsje in de wereld ontdekken. Ondertussen kan Manckiewicz<br />
mijmeren over de invloed die het verleden op het heden heeft<br />
en de relatie tussen doden en levenden. Een piepjonge Nathalie<br />
Wood heeft een klein rolletje als Tierneys dochtertje. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
L’AVENTURE DE MME MUIR<br />
RÉAL : JOSEPH L. MANKIEWICZ<br />
SC : PHILIP DUNNE,<br />
D’APRÈS LE ROMAN DE R.A. DICK<br />
PHOTO : CHARLES LANG<br />
MUS : BERNARD HERRMANN<br />
AVEC :<br />
GENE TIERNEY, REX HARRISON,<br />
GEORGE SANDERS, EDNA BEST,<br />
VANESSA BROWN, NATALIE WOOD<br />
ÉTATS-UNIS, 1947, 104’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
C’est une histoire d’amour entre un garçonnet de sept<br />
ans et une femme, Gloria, qui en a cinquante. Toute<br />
l’ambiguïté de leurs rapports, outre les péripéties dramatiques<br />
qui les jettent l’un contre l’autre, vient de cette<br />
étonnante différence d’âge. À sa sortie, le film fut désavoué<br />
par les amateurs de Cassavetes. Gloria est pourtant<br />
un film somptueux, une histoire de gangsters transfigurée<br />
en duo d’amour, une symphonie de dialogues criards et<br />
de couleurs saturées.<br />
Une jeune femme énervée descend de l’autobus et<br />
rentre chez elle avec un caddie. Dans l’appartement, les<br />
engueulades commencent. Son mari est quelque chose<br />
comme le comptable de la mafia. Il a fait un double de<br />
leurs opérations dans un petit livre et il a peut-être été<br />
voir la police. À partir de là, tout se précipite. La panique<br />
gagne l’appartement, on devine que les tueurs vont arriver.<br />
Au dernier moment, la mère traîne son marmot dans<br />
les bras de Gloria, la voisine. <strong>Le</strong> père lui dit que c’est lui<br />
l’homme de la famille maintenant, et que le petit livre<br />
sera sa protection. On le pousse de force chez Gloria, et<br />
les deux portes se referment.<br />
Dans tout autre film, on verrait les tueurs assassiner la<br />
famille. Dans Gloria, on fait complètement l’impasse sur<br />
cette séquence. C’est donc avec le jeune orphelin que<br />
Cassavetes construit son film. Gena Rowlands joue la<br />
femme avec son humanité et sa fantaisie insensée, Juan<br />
Adames est le môme.<br />
34<br />
Gloria<br />
JOHN CASSAVETES<br />
Accompagnés par le saxophone plaintif de Tony Ortega<br />
et la bande-son sentimentalement violoneuse de Bill<br />
Conti, le garçonnet et la femme apprennent à se connaître,<br />
courent, se cachent, tirent, tuent. Gloria devient une<br />
mère déchaînée sans même l’avoir voulu. Mieux que<br />
deux amants, ces deux-là nous entraînent à leur suite. On<br />
sort de Gloria à bout de souffle. Vaincu.<br />
Louis Skorecki, Libération<br />
•<br />
Gena Rowlands is nooit een echte Hollywood-ster geworden,<br />
maar ze is ongetwijfeld een grote actrice. Ze heeft meerdere<br />
indrukwekkende en ontroerende vertolkingen neergezet, vaak<br />
in films van haar echtgenoot John Cassavetes. In Gloria<br />
(1980) speelt ze een ietwat bitse dame die dik tegen haar<br />
zin met het zoontje van de buren wordt opgezadeld, als diens<br />
familie grotendeels door gangsters wordt uitgemoord. Op haar<br />
rustige, professionele manier draagt Gena Rowlands de hele<br />
film, dit keer geen hartbrekend, maar eerder hartverwarmend<br />
(misdaad)drama. Gloria en het jochie worden immers dikke<br />
vrienden en de gangsters kunnen maar beter uitkijken als de<br />
moederleeuw in haar wakker wordt. John Cassavetes is niet<br />
langer bij ons, maar zijn weduwe duikt nog hier en daar in een<br />
film op. Ondermeer in het dit jaar te verschijnen The Note Book,<br />
onder regie van haar zoon, Nick Cassavetes. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL & SC : JOHN CASSAVETES<br />
PHOTO : FRED SCHULER<br />
MUS : BILL CONTI<br />
PROD : SAM SHAW<br />
AVEC :<br />
GENA ROWLANDS, JUAN ADAMES,<br />
JULIE CARMEN<br />
ÉTATS-UNIS, 1980, 123’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
<strong>Le</strong> succès de Brian de Palma repose sur un malentendu.<br />
Il n’est découvert qu’en 1975, avec Phantom of the<br />
Paradise, puis ses deux thrillers hitchcockiens, Sisters et<br />
Obsession, sortent deux ans plus tard. De Palma a pourtant<br />
réalisé, entre 1960 et 1970, six films (The Wedding<br />
Party ; Murder à la Mod ; Greetings ; Dionysus in ’69 ; Hi,<br />
Mom ! et Get to Know Your Rabbit), quatre courts métrages,<br />
autant de documentaires, tous inédits en France.<br />
Comme le montre Greetings, la révolution sexuelle,<br />
l’assassinat de Kennedy et l’engagement américain au<br />
Vietnam influencent davantage le cinéma de De Palma<br />
que sa découverte de Vertigo, Fenêtre sur cour d’Alfred<br />
Hitchcock ou du Voyeur de Michael Powell. Tourné en<br />
1968 en deux semaines, Greetings reflète la mentalité de<br />
l’époque, mélangeant naïveté kitsch et cynisme sur le<br />
discours de la classe politique américaine. A cela s’ajoute<br />
le goût pour le voyeurisme du personnage principal,<br />
interprété par Robert De Niro, ici dans son premier rôle<br />
vedette. “Je veux passer du pop art au peep art [art du<br />
voyeurisme]”, avance-t-il opportunément dans le film,<br />
phrase qui deviendra la pierre angulaire de l’art poétique<br />
de De Palma. La séquence de Greetings où l’un des<br />
personnages utilise le corps nu d’une fille pour expliquer<br />
le trajet des balles qui ont tué le président Kennedy est<br />
l’une des plus fortes du cinéma de De Palma. C’est une<br />
tentative folle, et condamnée à l’échec, de décortiquer<br />
un faisceau d’images, pour accumuler des preuves sans<br />
35<br />
Greetings<br />
BRIAN DE PALMA<br />
jamais pouvoir toucher à la vérité. Greetings inaugure<br />
le scepticisme grandissant de De Palma vis-à-vis de son<br />
pays et la fin de sa croyance dans une supposée innocence<br />
des images. Trente-six ans plus tard, le film n’a pas<br />
vieilli. Dans sa dénonciation du discours politique et du<br />
fonctionnement pervers de la télévision, il se pourrait<br />
même qu’il arrive à l’heure.<br />
Samuel Blumenfeld, <strong>Le</strong> Monde<br />
•<br />
In 1968 droeg regisseur Brian De Palma op zijn eigenzinnige<br />
manier een steentje bij aan het op dat moment alomheersende<br />
anti-establishmentgevoel. De Palma schreef en regisseerde<br />
Greetings, een low budget-komedie waarin de draak<br />
wordt gestoken met hippies, de oorlog in Viëtnam, de moord<br />
op JFK en... amateurfilmers. Niet alleen De Palma was op<br />
dat moment nog volop in de experimenteerfase (en op weg<br />
naar het grote werk). Robert De Niro, toen nog een onbekend<br />
broekje, test in meer dan één ‘vroege’ De Palma (waaronder<br />
deze) de acteertechnieken uit – opgestoken in Stella Adler’s<br />
Workshop – die hem niet veel later wereldberoemd zullen<br />
maken. Het lot van Jonathan Warden, die samen met Gerrit<br />
Graham en De Niro het trio vrienden uit Greetings uitmaakt,<br />
was minder fortuinlijk: Warden verdween na Greetings compleet<br />
in de obscuriteit. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL : BRIAN DE PALMA<br />
SC : BRIAN DE PALMA,<br />
CHARLES HIRSCH<br />
PHOTO : ROBERT FIORE<br />
MUS : ERIC KAZ, J. STEPHEN<br />
SOLES, ARTIE TRAUM<br />
PROD : WEST END FILMS<br />
AVEC :<br />
ROBERT DE NIRO, JONATHAN<br />
WARDEN, GERRIT GRAHAM,<br />
RICHARD HAMILTON<br />
ÉTATS-UNIS, 1968, 90’,<br />
COULEUR, VO ST FR
36<br />
It’s a Wonderful Life<br />
Ce sublime conte de Noël est le film le plus riche et le<br />
plus complet de Capra. Il combine non seulement la<br />
comédie et le drame mais fait appel au romanesque, à<br />
la poésie et même au fantastique pour relater l’histoire<br />
d’une destinée reliée à toutes les autres destinées de<br />
la communauté où elle se déroule et, par extension, à<br />
l’humanité tout entière. <strong>Le</strong> propos du film est d’ailleurs<br />
beaucoup plus de raconter l’histoire de ce lien que celle<br />
d’un individu. Dans les trois premiers quarts du film,<br />
Capra se révèle habile, prenant, parfois touchant. Dans<br />
le dernier quart, il se surpasse et le spectateur s’aperçoit<br />
qu’il n’a pas seulement affaire à un excellent film comme<br />
Capra en a réalisé beaucoup, mais à un chef-d’œuvre,<br />
tel que les meilleurs réalisateurs en donnent un ou deux<br />
dans toute leur carrière. Ce dernier quart amène le<br />
héros à revoir ce qui s’est passé jusque-là sous un autre<br />
point de vue. En lui permettant de contempler pendant<br />
quelques instants un monde où il ne serait pas né, Capra<br />
et son bon ange Clarence l’obligent à sentir le caractère<br />
irrémédiable de chacun de ses actes. Comme, pour la<br />
plupart, il s’agit d’actes utiles et inspirés par le bien, le<br />
fait de les supprimer de la surface de la Terre devient<br />
une véritable catastrophe. Mais, au-delà de la bonté du<br />
personnage, c’est bien le caractère de responsabilité<br />
absolue de chaque action humaine qui est ici démontré<br />
à travers l’infinité des réactions en chaîne qu’elle a<br />
déclenchée. Si Capra était un pessimiste (et son héros<br />
FRANK CAPRA<br />
un anti-héros), It’s a Wonderful Life serait le film le plus<br />
noir de l’histoire du cinéma, une sorte d’Invraisemblable<br />
vérité en pire. L’interprétation de James Stewart est<br />
l’une des plus étonnantes de sa carrière : elle donne au<br />
film à la fois sa crédibilité de base et son couronnement<br />
ultime dans l’authenticité et l’émotion ; on ne voit guère<br />
d’autre acteur qui aurait pu incarner aussi naturellement<br />
George Bailey.<br />
d’après Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />
•<br />
Het hoeft echt geen kerstmis te zijn om van It’s a Wonderful<br />
Life te genieten. Frank Capra’s onweerstaanbare smartlap<br />
uit 1946, over een ingoede man, George Bailey (James<br />
Stewart), die financieel gezien zo in de problemen komt dat<br />
hij zelfmoord overweegt, werkt net zo goed op een mooie<br />
zomeravond. Want van die zelfmoord komt niks in huis, daar<br />
zorgen engel-in-training Clarence en een paar van George’s<br />
goeie vrienden wel voor. Dat de ‘wie goed doet, goed ontmoet’-boodschap<br />
duimendik op deze tijdloze klassieker ligt,<br />
doet niets af aan z’n charme. De beginscène waarin Clarence<br />
van de Goede Heer een briefing krijgt over de man die hij moet<br />
redden, is nog steeds even grappig. En we dagen iedereen<br />
uit geen tranen in de ogen te krijgen, tijdens de finale waarin<br />
(ondermeer) de hardwerkende Clarence eindelijk z’n langverdiende<br />
vleugels krijgt. ’t <strong>Le</strong>ven kan mooi zijn... M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA VIE EST BELLE<br />
RÉAL : FRANK CAPRA<br />
SC : FRANCES GOODRICH,<br />
ALBERT HACKETT, JO SWERLING,<br />
D’APRÈS LA NOUVELLE DE<br />
PHILIP VAN DOREN STERN<br />
PHOTO : JOSEPH WALKER,<br />
JOSEPH BIROC<br />
MUS : DIMITRI TIOMKIN<br />
PROD : RKO, LIBERTY FILMS<br />
AVEC :<br />
JAMES STEWART, DONNA<br />
REED, HENRY TRAVERS, LIONEL<br />
BARRYMORE, GLORIA GRAHAME,<br />
THOMAS MITCHELL<br />
ÉTATS-UNIS, 1946, 130’, NOIR<br />
ET BLANC, VO ST BIL, COPIE NEUVE
Genet avait écrit une histoire, pour s’amuser, pour se<br />
venger, pour se défouler, parce qu’il avait besoin de dire<br />
certaines choses, de dénoncer, de démasquer ce qu’il<br />
hait : la benoîte hypocrisie des biens pensants. Et tous<br />
ceux qui avaient lu <strong>Le</strong>s Bonnes ou <strong>Le</strong> Balcon se disputèrent<br />
le scénario. Vaine rivalité. On décréta finalement<br />
que c’était intournable. <strong>Le</strong> sujet était atroce. Dans un village<br />
morne et perdu, les êtres sont retournés lentement<br />
à une vie immobile, dominée par le souci de la récolte<br />
ou du bétail. Trois personnages : le maire, le brigadier<br />
et l’institutrice [Jeanne Moreau] émergent du troupeau.<br />
Dans cette fadeur à relents moisis surgit soudain un beau<br />
mâle, puissant, sauvagement libre parce qu’il n’a que des<br />
besoins très simples. Il gagne sa croûte en donnant sa<br />
sueur, tâcheron dans les coupes forestières, et le plaisir<br />
lui est apporté à domicile, sans même qu’il le sollicite,<br />
par des femmes qu’il attire par son magnétisme animal.<br />
On n’a pas le droit d’être si simplement sain et heureux.<br />
<strong>Le</strong>s femmes se jalousent, les hommes sont jaloux, et alors<br />
que la seule présence de ce taureau réveille les appétits<br />
et les haines, des malheurs s’abattent sur le pays. Une<br />
ferme est inondée, une récolte flambe. Mademoiselle<br />
l’institutrice se dévoue avec un zèle peut-être suspect<br />
sur les lieux sinistrés. Qui donc peut soupçonner qu’elle<br />
y savoure l’âpre joie de la destruction, cependant quelle<br />
dirige vers le bel Italien la rancune du village ? L’étranger<br />
de malheur est traqué comme une bête et c’est hale-<br />
37<br />
Mademoiselle<br />
TONY RICHARDSON<br />
tant, suant de fatigue et d’angoisse que Mademoiselle<br />
le découvre et connaît avec lui une sauvage nuit<br />
d’amour… Jeanne Moreau est exacte au rendez-vous de<br />
son plus étrange personnage : Mademoiselle, la monstrueuse<br />
et fascinante héroïne de Jean Genet. <strong>Le</strong> film qui<br />
a scandalisé le XXe Festival de Cannes.<br />
(Communiqué de presse de l’époque)<br />
•<br />
De Britse regisseur Tony Richardson is vooral bekend als vader<br />
van de ‘Angry Young Man’-beweging, die met welgemikte<br />
trappen tegen het heersende establishment een frisse wind<br />
door de Britse cinema en theater joeg. Mademoiselle (1966),<br />
gebaseerd op een script van Jean Genet en Marguerite Duras,<br />
is dan ook geen hersenloos entertainment. Het is een bitter<br />
drama dat je aan het denken zet over vreemdelingenhaat,<br />
vrouwenhaat en seksualiteit als wapen. Jeanne Moreau speelt<br />
met schrikwekkende overtuiging de seksueel gefrustreerde<br />
oude vrijster, een lerares (vandaar de titel) die voor niks terugdeinst<br />
om het onderwerp van haar verlangen (een goedogende<br />
Italiaanse seizoenarbeider, vertolkt door Ettore Manni) volledig<br />
in haar macht te krijgen. De schitterende fotografie van David<br />
Watkins helpt de bittere pil – reken maar niet op een happy end<br />
– enigszins te verzachten. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL : TONY RICHARDSON<br />
SC : MARGUERITE DURAS,<br />
D’APRÈS JEAN GENET<br />
PHOTO : DAVID WATKINS<br />
PROD : OSCAR LEWENSTEIN,<br />
PROCINEX, WOODFALL<br />
AVEC :<br />
JEANNE MOREAU, ETTORE MANNI,<br />
JACQUES MONOD, GÉRARD<br />
DARRIEU, PIERRE COLLET<br />
FRANCE-ROYAUME UNI, 1966, 105’,<br />
NOIR ET BLANC,<br />
VOF ST NL, COPIE NEUVE
38<br />
The Merry Widow<br />
Rarement cité parmi ses œuvres majeures, The Merry<br />
Widow représente pourtant une quintessence du cinéma<br />
de Lubitsch. Son mélange chéri d’opérette désuète<br />
et de comédie contemporaine (“Après tout, nous<br />
sommes en 1885 !”, lance ironiquement l’héroïne) est<br />
porté à un point de perfection absolue. Lubitsch en<br />
fait cependant une fable cruelle où la manipulation<br />
amoureuse ne peut plus se distinguer des vertiges<br />
de la passion, et laisse les personnages quelque peu<br />
hagards. C’est le film le plus cher réalisé à Hollywood<br />
jusqu’alors : grâce aux moyens illimités qu’Irving<br />
Thalberg met à sa disposition, c’est le Lubitsch le plus<br />
opulent de la période parlante, libre de jouer à l’infini<br />
sur l’opposition thématique du noir et du blanc dans<br />
des décors et des costumes de rêve. Tout Lubitsch est<br />
là, sans restriction : sa construction favorite en trois<br />
actes, reflétée dans les trois temps d’une valse qui<br />
est jouée à trois reprises, ses mouvements géométriques<br />
obsessionnels verticaux (escaliers), horizontaux<br />
(portes et fenêtres) et circulaires (danses), sa remise<br />
en cause des conventions qu’il prend néanmoins au<br />
sérieux (des animaux de basse-cour perturbent défilés<br />
et cérémonies ; le roi menacé enveloppe sa couronne<br />
dans du papier journal ; dans le duo de “Vilia”, Danilo<br />
prend son domestique pour doublure, et Sonia défaille<br />
de désir), sa maîtrise du casting qui contredit le stéréotype<br />
par la surprise permanente : chaque habitant de<br />
ERNST LUBITSCH<br />
Marsovie, par exemple, a un accent différent. Jeanette<br />
MacDonald se surpasse, ses minauderies deviennent<br />
poèmes, ses trémolos incitent à la réflexion et son sens<br />
du timing comique est un régal.<br />
N.T. Binh et Christian Viviani, Ernst Lubitsch<br />
•<br />
The Merry Widow (1934) is regisseur Ernst Lubitsch’s<br />
betoverende filmversie van de klassieke operette van Franz<br />
Léhar. Het is een charmante fantasie waarvan de prelude in<br />
het fictieve Marsovië is gezet en de rest van het sprookje zich<br />
in Parijs afspeelt. De rijke weduwe Sonia (Jeanette MacDonald)<br />
– die grotendeels de financiering van het kleine koninkrijk<br />
voor haar rekening neemt – is immers naar Parijs verhuisd<br />
en de adel gooit alle wapens – lees, Maurice Chevalier – in<br />
de strijd om te voorkomen dat ‘hun’ weduwe een vreemdeling<br />
huwt. Champagne, mooie jurken en betoverende muziek voor<br />
iedereen! De film was een voor die tijd superdure affaire en<br />
wonderproducer Irving Thalberg en MGM ‘scheurden er hun<br />
broek aan’, maar zeventig jaren later kunnen wij dankzij hen<br />
nog steeds van deze ‘moeder van alle musicals’ met de ongeevenaarde<br />
‘Lubitsch touch’ genieten. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA VEUVE JOYEUSE<br />
RÉAL : ERNST LUBITSCH<br />
SC : ERNST VAJDA, SAMSON<br />
RAPHAELSON, D’APRÈS L’OPÉRETTE<br />
DE FRANZ LEHÁR, VICTOR LEON<br />
ET LEO STEIN<br />
PHOTO : OLIVER T. MARSH<br />
MUS : FRANZ LEHÁR<br />
PROD : ERNST LUBITSCH<br />
POUR MGM<br />
AVEC :<br />
MAURICE CHEVALIER,<br />
JEANETTE MACDONALD,<br />
EDWARD EVERETT HORTON,<br />
UNA MERKEL, GEORGE BARBIER<br />
ÉTATS-UNIS, 1934, 99’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL
Gregory Arkadin, orgueilleux comme Charles Foster<br />
Kane, cynique comme le troisième homme, fier comme<br />
George Amberson, est bien un personnage wellesien.<br />
La route qui l’a conduit à la fortune est jonchée de<br />
cadavres encore tièdes. Ayant compris que le douteux<br />
trafiquant Van Stratten ne courtise sa fille que dans le<br />
but d’en apprendre plus long sur lui et de le faire chanter,<br />
il le charge de reconstituer son fabuleux itinéraire dont<br />
il feint d’avoir perdu la mémoire ; le vieux milliardaire<br />
profite de l’opération pour assassiner tous les complices<br />
et témoins de son tumultueux passé, au fur et à mesure<br />
qu’ils sont retrouvés par Van Stratten.<br />
Tout au long du film, nous suivons ce dernier dans son<br />
enquête qui le mène dans toutes les villes du monde :<br />
Mexico, Vienne, Paris, Madrid. <strong>Le</strong>s personnages sont<br />
plaqués contre les murs d’appartements réels et la<br />
caméra de Welles, naguère si mobile, doit calmer sa<br />
fièvre et les filmer en contre-plongées, écrasés par des<br />
plafonds ceux-là inévitables. Une fête espagnole où les<br />
invités dissimulent leur visage derrière des masques<br />
à la Goya nous donne la nostalgie d’un temps qui ne<br />
reviendra plus : celui où la puissante RKO donnait<br />
carte blanche à un jeune homme de vingt-cinq ans<br />
pour réaliser comme il l’entendait son premier film,<br />
Citizen Kane. La liberté fut perdue brutalement, puis<br />
patiemment reconquise à force de volonté, mais les<br />
moyens d’aujourd’hui ne sont pas même ceux d’un<br />
39<br />
Mr. Arkadin<br />
ORSON WELLES<br />
petit western hollywoodien. Orson Welles aborde à son<br />
tour le cinéma “bouts de ficelle”, celui des cinéastes<br />
maudits. Qu’importe alors la facture et si les idées priment<br />
l’exécution, admirons les idées puisqu’elles sont<br />
vraiment admirables ! Dans ce beau film, on retrouve,<br />
derrière chaque image, le souffle d’Orson Welles, son<br />
grain de folie et son grain de génie, sa puissance, son<br />
éclatante santé et sa corpulente poésie.<br />
d’après François Truffaut, les Films de ma vie<br />
•<br />
Er zijn nogal wat punten van overeenkomst tussen Orson<br />
Welles’ meesterlijke debuut Citizen Kane, en deze Mr. Arkadin<br />
(in het Verenigd Koninkrijk uitgebracht als Confidential Report)<br />
uit 1955. Gregory Arkadin (Welles, himself) is een selfmade<br />
miljonair met een gat in z’n geheugen. Hij huurt ene Guy Van<br />
Stratten (Robert Arden) in om licht op zijn verleden te werpen.<br />
Blijkbaar is dat nogal dubieus want er beginnen doden te vallen.<br />
Mr. Arkadin is, net als Citizen Kane, het portret van een man die<br />
door zijn verleden is geobsedeerd. En Gregory Arkadin is net als<br />
Charles Foster Kane tegelijkertijd fascinerend en afschrikwekkend<br />
in zijn obsessie voor rijkdom en macht. Welles schreef<br />
zelf het scenario voor deze complexe film noir over macht en<br />
corruptie die, via inventief gebruik van licht, camera en decors<br />
extra beklemmend wordt gemaakt. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
CONFIDENTIAL REPORT<br />
RÉAL & SC : ORSON WELLES<br />
PHOTO : JEAN BOURGOIN<br />
MUS : PAUL MISRAKI<br />
PROD : WARNER-MERCURY<br />
PRODUCTION, EA<br />
AVEC :<br />
ORSON WELLES, ROBERT ARDEN,<br />
PAOLA MORI, MICHAEL REDGRAVE,<br />
AKIM TAMIROFF<br />
FRANCE-ESPAGNE, 1955, 99’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />
COPIE NEUVE
40<br />
<strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />
Billy Wilder tenait Cabiria pour le meilleur Fellini et<br />
le chef-d’œuvre absolu du cinéma. A sa sortie en<br />
Amérique, le succès du film était tel que Broadway<br />
s’emparait aussitôt du personnage de la petite putain au<br />
grand cœur joué par Giulietta Masina pour en faire une<br />
comédie musicale, Sweet Charity, adaptée à son tour<br />
par Hollywood dans une mise en scène de Bob Fosse,<br />
où Shirley MacLaine tenait le rôle principal. La France,<br />
elle, avait boudé le film qui se déroule dans un milieu<br />
très déshérité, celui des prostituées miséreuses de Rome,<br />
qui n’ont rien de glamour. L’Église, toujours en difficulté<br />
avec Marie-Madeleine, s’était en effet déchaînée et, en<br />
Italie où le Vatican pouvait alors (en 1957) exercer son<br />
droit de veto sur les films, non seulement la sortie des<br />
Nuits de Cabiria avait été interdite mais il était question<br />
de brûler le négatif. Accablé, Fellini avait puisé dans son<br />
génie, et exécuté un plan qui demeure le sommet de<br />
toutes les ruses anti-censure. La hiérarchie catholique<br />
italienne possédait à l’époque un élément vaguement<br />
cinéphile : l’archevêque de Gênes, capable de distinguer<br />
les qualités artistiques d’un film, mais néanmoins<br />
très attaché à la morale vaticane. Sur les conseils d’un<br />
ami jésuite, Fellini l’appelle, obtient de lui montrer le<br />
film et organise une projection dans une petite salle de<br />
quartier, mais très tard, à minuit passé, au motif qu’il faut<br />
attendre la fin normale de programmes. <strong>Le</strong> prélat arrive<br />
fatigué. Il s’installe dans un fauteuil aux côtés du jésuite<br />
FEDERICO FELLINI<br />
et, comme prévu, ne tarde pas à s’endormir. Son voisin<br />
le réveille alors à de rares moments choisis, quand passent<br />
sur l’écran des processions ou des images sacrées.<br />
Convaincu au réveil que <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria ont été<br />
injustement condamnées, le cardinal plaide et obtient<br />
une levée partielle de l’interdiction.<br />
Alain Riou, <strong>Le</strong> Nouvel Observateur<br />
•<br />
Dit jaar staan er 1 1/2 Fellini op het programma. Zijn aandeel<br />
in Boccaccio 70 en deze <strong>Le</strong> Notti di Cabiria (uit 1957).<br />
Cabiria (Fellini’s echtgenote en muze Giulietta Masina) is het<br />
klassieke hoertje met het gouden hart (en een mooi huisje<br />
en een gezonde bankrekening) dat alsnog hoopt in een harde<br />
wereld (en ergens in een achterbuurt van Rome) ware liefde te<br />
vinden. Helaas...Cabiria wordt vooral bestolen, belogen en bijna<br />
vermoord. Maar daarom niet getreurd. Cabiria blijft hopen. Het<br />
is moeilijk niet binnen de vijf minuten door Cabiria’s charme te<br />
worden ingepakt. Masina heeft daar, kijk maar naar La Strada,<br />
een aardig handje van weg. Dankzij Massina, een mooie bijrol<br />
van François Périer en de uistekende regie van Federico Fellini<br />
werd <strong>Le</strong> Notti di Cabiria een groot succes. Een musicalversie,<br />
Sweet Charity (uit 1969 van Bob Fosse met Shirley MacLaine)<br />
was het logische gevolg. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LE NOTTI DI CABIRIA<br />
RÉAL : FEDERICO FELLINI<br />
SC : FEDERICO FELLINI,<br />
ENNIO FLAIANO, TULLIO PINELLI<br />
PHOTO : ALDO TONTI,<br />
OTELLO MARTELLI<br />
MUS : NINO ROTA<br />
PROD : DINO DE LAURENTIIS,<br />
LES FILMS MARCEAU<br />
AVEC :<br />
GIULIETTA MASINA,<br />
AMEDEO NAZZARI,<br />
FRANÇOIS PÉRIER, FRANCA MARZI,<br />
DORIAN GRAY<br />
ITALIE-FRANCE, 1956, 115’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
41<br />
The Panic in Needle Park<br />
1971, Schatzberg reçoit le script de The Panic in Needle<br />
Park, une œuvre d’une rare violence adaptée du roman du<br />
journaliste James Mills. Il le refuse dans un premier temps,<br />
puis quand il apprend que Pacino est intéressé par le film,<br />
il revient sur sa décision. Schatzberg connaît son parcours :<br />
l’Actor’s studio et le théâtre, mais seulement un petit rôle<br />
à son actif dans un film. La Fox estime Pacino trop vieux<br />
– trente et un ans – pour le personnage de Bobby. Schatzberg<br />
insiste et Pacino décroche le contrat après audition. The<br />
Panic in Needle Park apparaît comme une œuvre naturaliste,<br />
typique de ce que l’on appelle l’Âge d’argent du cinéma<br />
américain. Pas de musique (seuls les bruits quotidiens de la<br />
rue viennent rythmer la vie des protagonistes), un budget<br />
dérisoire, une large place à l’improvisation, ce qui n’est pas<br />
sans rappeler le cinéma de John Cassavetes. Seringues, coke,<br />
héro, shoots, gros plans de veines éclatées, tout y passe. Rien<br />
ne nous est épargné, les héros doivent tout endurer. Dans ce<br />
coin du West Side, endroit unique à Manhattan où l’on peut<br />
se procurer de la came sans s’aventurer dans Harlem, Bobby<br />
et Helen traînent leurs misères avec une véracité qui n’a rien<br />
à envier au cinéma vérité. Chacun symbolise une béquille<br />
pour l’autre. Chacun enfonce l’autre toujours davantage<br />
dans le sordide. […]. <strong>Le</strong> film, surtout visuel, laisse peu de<br />
place aux dialogues. <strong>Le</strong>s joies et les peines se lisent dans les<br />
visages et les actes. <strong>Le</strong>s yeux et les corps sont les miroirs de<br />
cette descente aux enfers réaliste. Schatzberg a passé de longues<br />
heures à se documenter. “Si j’apprends quelque chose,<br />
JERRY SCHATZBERG<br />
le public doit également être de la partie”, explique le réalisateur<br />
qui a bénéficié, sur le plateau, de l’expérience de l’acteur<br />
Kiel Martin, ancien junkie. Des scènes telles que l’overdose<br />
de Bobby ou le shoot de Chico nous projettent dans l’image.<br />
<strong>Le</strong>s fausses promesses pour décrocher, des projets toujours<br />
repoussés au lendemain, le déni de l’accoutumance, le spectateur<br />
ressent l’impuissance des personnages. Un sentiment<br />
encore rehaussé par les jeux de caméra de Schatzberg,<br />
notamment ses gros plans empreints de claustrophobie ou<br />
encore son téléobjectif qui suit Bobby en quête de came dans<br />
les rues de New York.<br />
Dave Garver<br />
•<br />
Needle Park was in de vroege jaren zeventig een kruising in West<br />
Manhattan waar heroïne werd verhandeld. Het was geen gezonde<br />
plaats om rond te hangen en zeker niet de plaats waar je verliefd<br />
wil worden. Het overkomt Helen (The Excorcist’s Kitty Winn) in The<br />
Panic in Needle Park, een ijzersterk ‘liefde en pijn’-drama in<br />
documentaire stijl van Jerry Schatzberg uit 1971. Helen valt voor<br />
verslaafde Bobby (een als altijd uitstekende Al Pacino), wat betekent<br />
dat ze ook voor drugs valt. Als toeschouwer kan je niet anders<br />
dan machteloos toekijken hoe de diepmenselijke personages van<br />
kwaad tot erger verglijden. Als Helen op een gegeven moment uit<br />
Needle Park wegwil, zegt Bobby enkel: “Dit is waar ik woon”. De<br />
documentaire stijl waarin de film is gemaakt – met een soms wat<br />
beverige camera – draagt bij aan het grimmige realisme van de<br />
film, waar alsnog plaats is voor een sprankeltje hoop. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
PANIQUE À NEEDLE PARK<br />
RÉAL : JERRY SCHATZBERG<br />
SC : JOAN DIDION ET JOHN<br />
GREGORY DUNNE,<br />
D’APRÈS LE LIVRE DE JAMES MILLS<br />
PHOTO : ADAM HOLENDER<br />
PROD : GADD PRODUCTIONS<br />
ET DIDION-DUNNE<br />
AVEC :<br />
AL PACINO, KITTY WINN,<br />
ALAN VINT, RICHARD BRIGHT,<br />
KIEL MARTIN, RAUL JULIA<br />
ÉTATS-UNIS, 1971, 109’,<br />
COULEUR, VO ST FR
42<br />
The Private Life of Sherlock Holmes<br />
Cette aventure de Sherlock Holmes n’est pas l’adaptation<br />
d’un roman de Conan Doyle, ni une relecture parodique<br />
du plus célèbre des détectives. <strong>Le</strong> scénario original de<br />
Wilder et de son complice I.A.L. Diamond explore les<br />
zones d’ombre de la vie de Sherlock Holmes (sa cocaïnomanie,<br />
son célibat suspect et sa cohabitation ambiguë<br />
avec le Docteur Watson) et le plonge dans une ténébreuse<br />
enquête qui l’emmène sur les bords du Loch Ness. (…)<br />
La rencontre entre Holmes, génie du vrai et du faux,<br />
misanthrope sentimental, observateur solitaire des passions<br />
humaines, et Wilder, son double artiste et farceur, fait des<br />
étincelles. <strong>Le</strong> film marque l’apogée de la collaboration<br />
entre le cinéaste et le décorateur Alexandre Trauner, qui<br />
recrée l’univers de Sherlock Holmes avec un luxe inouï. Un<br />
chef-d’œuvre d’intelligence, d’élégance et d’humour triste.<br />
Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
Toute la vérité, rien que la vérité. Une lettre posthume du<br />
Docteur Watson lève le voile sur le mystère le plus brumeux<br />
de l’Angleterre victorienne, Sherlock Holmes, tandis<br />
que le générique exhume un à un les attributs fétiches<br />
du héros de Conan Doyle. Pour la mémoire collective, le<br />
détective londonien projette aussitôt l’image d’un corps<br />
reptile, les épaules agrafées à une cape en tweed, un<br />
profil aquilin rehaussé d’une pipe et d’une visière. Quel<br />
homme de cœur se cache derrière l’analyste? <strong>Le</strong> portrait<br />
bétonné et un rien obsolète recèle-t-il des craquelures<br />
BILLY WILDER<br />
insoupçonnées? C’est à cette zone tourmentée que<br />
Billy Wilder et I.A.L. Diamond dédient leur escapade<br />
européenne la plus curieuse et la plus mésestimée. (…)<br />
L’intrigue délicieusement régressive à base de tutu, canaris,<br />
nains, acide chlorhydrique et monstre du Loch Ness,<br />
a de quoi faire tressaillir plus d’un holmesien. Billy Wilder<br />
déride la prose de Conan Doyle en expédiant le couple<br />
Holmes-Watson sur les rails du slapstick et de la parodie.<br />
(…) Près de trente ans après leur confection, les poupées<br />
gigognes de Billy Wilder intriguent toujours autant.<br />
Danielle Chou, filmdeculte.com<br />
•<br />
Het lijkt een doorsnee Sherlock Holmes-avontuur. Een schone<br />
Brusselse onbekende op zoek naar haar vermiste echtgenoot<br />
wordt gedropt in het huis van de befaamde speurneus. De<br />
plot, die ondermeer vermiste dwergen en dubieuze monniken<br />
inhoudt, voert hen naar het meer van Loch Ness. Maar als Billy<br />
Wilder de Sherlock Holmes-legende onder handen neemt, krijg<br />
je er gegarandeerd een andere kijk op. Uit The Private Life<br />
of Sherlock Holmes (1970) blijkt dat Holmes’ privé-leven<br />
interessanter is dan zijn meest opzienbarende zaak. Bekeken<br />
door de ogen van zijn vriend Dr. Watson (een grappige Colin<br />
Blakely), blijkt Holmes (Robert Stephens) een romanticus die in<br />
cocaïne soelaas zoekt voor een gebroken hart en soms eerder<br />
door toeval dan door deductie een zaak openbreekt. Ondanks<br />
gevoelig ingekort door United Artists, blijft dit Wilder op z’n<br />
best. De score is van Miklos Rozsa. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA VIE PRIVÉE<br />
DE SHERLOCK HOLMES<br />
RÉAL : BILLY WILDER<br />
SC : BILLY WILDER, I.A.L. DIAMOND<br />
PHOTO : CHRISTOPHER CHALLIS<br />
MUS : MIKLOS ROSZA<br />
PROD : MIRISCH/PHALANX/U ART<br />
AVEC :<br />
ROBERT STEPHENS,<br />
CHRISTOPHER LEE, COLIN BLAKELY<br />
GRANDE-BRETAGNE, 1970, 130’,<br />
COULEUR, VO ST FR
43<br />
The Return of the Pink Panther<br />
Un dosage presque impalpable de burlesque, d’humour,<br />
de charme et de suspense mathématique avait fait de la<br />
Panthère rose l’une des plus jolies comédies en couleurs<br />
de toute l’histoire du cinéma. Il est visible que Blake<br />
Edwards a su d’emblée qu’il ne pourrait pas nouer une<br />
seconde fois cet écheveau où la désinvolture et la folie<br />
douce s’alliaient à une percutante rigueur. Aussi n’a-t-il<br />
cherché à tricher ni avec le passé ni avec le public :<br />
Christopher Plummer n’a pas l’élégance de David Niven<br />
et le comopolitisme de Cortina d’Ampezzo ne pouvait<br />
être remplacé par le swinging London, bien loin lui<br />
aussi. C’est donc Peter Sellers qui soutient tout le poids<br />
du film. Après la scène techniquement et plastiquement<br />
fort belle du vol, l’inspecteur Clouseau (mis à pied pour<br />
son incompétence !) nous apparaît sous les traits d’un<br />
gardien de la paix parisien, vétilleux envers un musicien<br />
faux aveugle, tandis que derrière eux se déroule un holdup<br />
dont il ne s’avise même pas. L’intervention du Shah<br />
de Lugash le restitue brutalement à sa dignité d’autrefois.<br />
<strong>Le</strong> film se concentre dès lors sur le récit de ses “exploits”,<br />
plus malencontreux les uns que les autres. <strong>Le</strong>s gags font<br />
appel tantôt à des recettes éprouvées, tantôt à ce comique<br />
de situation issu du dialogue pris au pied de la lettre,<br />
dont les Marx Brothers avaient donné l’exemple, mais<br />
que la schizophrénie de Clouseau rend particulièrement<br />
efficace. On salue au passage la reprise de gestes célèbres,<br />
tel celui de s’appuyer avec emphase sur un objet<br />
BLAKE EDWARDS<br />
glissant. <strong>Le</strong> domestique oriental obstiné à enseigner à<br />
son maître les finesses du karaté donne à Edwards l’occasion<br />
d’une parodie magistrale, espérons-le définitive, des<br />
films de Bruce <strong>Le</strong>e. La fin, excellente, est amenée par le<br />
personnage hystérique d’un supérieur hiérarchique de<br />
Clouseau, qui peu à peu sombre dans la démence en<br />
décidant de l’exterminer, et au contraire lui sauve la vie<br />
à l’instant d’y parvenir. Bref, ce film sympathique n’est<br />
nullement indigne de son auteur, si malchanceux que ce<br />
dernier ait semblé ces dernières années.<br />
d’après Gérard <strong>Le</strong>grand, Positif<br />
•<br />
Sequels hebben overwegend een kwalijke reputatie. “Laten we<br />
de formule even uitmelken en het succes van nummer één xmaal<br />
overdoen”. Wel, voor The Return of the Pink Panther<br />
(uit 1975) gaat dat alvast niet op (Blake Edwards regisseerde<br />
uiteindelijk een zevental Pink Panthers. En voor wie er nog<br />
steeds niet genoeg van heeft: voor volgend jaar staat een<br />
prequel - niet geregisseerd door Edwards – op het programma,<br />
met Steve Martin die de inmiddels overleden Peter Sellers<br />
als Inspecteur Clouseau zal vervangen). Er kan nog steeds<br />
gelachen worden. Ah, die heerlijke Inspecteur Clouseau/Sellers<br />
die ‘feun’,‘reum’ en ‘leurd’ mompelend, alom onheil stichtend<br />
op zoek gaat naar een gestolen diamant (of zoals zijn arme,<br />
veelgeplaagde baas het stelt: “In vergelijking met Clouseau was<br />
Attilla De Hun een Rode Kruis-vertegenwoordiger”). Er wacht<br />
Steve Martin voorwaar een zware taak. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LE RETOUR<br />
DE LA PANTHÈRE ROSE<br />
RÉAL : BLAKE EDWARDS<br />
SC : BLAKE EDWARDS,<br />
FRANK WALDMAN<br />
PHOTO : GEOFFROY UNSWORTH<br />
MUS : HENRY MANCINI<br />
PROD : BLAKE EDWARDS,<br />
TONY ADAMS<br />
AVEC :<br />
PETER SELLERS, CATHERINE<br />
SCHELL, CHRISTOPHER PLUMMER,<br />
HERBERT LOM, BURT KWOUK<br />
GRANDE-BRETAGNE, 1975, 115’,<br />
COULEUR, VO ST FR
44<br />
River of No Return<br />
C’était au temps où Preminger ne donnait pas encore<br />
dans les grandes machines : il réalisait des films qui<br />
passaient pratiquement inaperçus et la production américaine<br />
n’aurait pas donné cher de ce metteur en scène<br />
[…]. La fascination premingérienne qui fut à la source<br />
de tant de gloses, jamais elle ne fut plus évidente que<br />
dans ces chroniques aigres-douces, ces longues et lentes<br />
marches d’un homme vers une femme ou d’une femme<br />
vers un homme, Laura, Un si doux visage, River of No<br />
Return, Bonjour tristesse.<br />
River of No Return, c’est la merveilleuse combinaison chimique<br />
de Robert Mitchum, Marilyn Monroe et du fleuve<br />
qui ne cesse de rythmer cette romance feutrée. <strong>Le</strong> fleuve,<br />
qui, à l’époque, prit une nouvelle dimension grâce<br />
à ce format dont personne, avant Preminger, n’avait su<br />
déceler les possibilités, le CinemaScope. Il faut regretter<br />
que Preminger n’ait réalisé qu’un seul western, car, dans<br />
cet espace bouillonnant, il a su glisser cette sorte de<br />
désenchantement singulier qui vient droit de ce coin<br />
d’Europe où il a vu le jour. “L’amour est le voyageur de<br />
la rivière sans retour”, dit la chanson du film. Dans cette<br />
aventure de l’homme et de la femme qui accomplissent<br />
leur apprentissage sur les eaux en furie, Preminger a inscrit<br />
tant de tendresse et de pudeur qu’on oublie presque<br />
que le personnage principal n’est autre que le torrent,<br />
photographié comme jamais torrent ne l’a été.<br />
Jean Wagner, le Western<br />
OTTO PREMINGER<br />
Ce western au ton heureux nous donne, à chaque vision,<br />
l’impression de passer des vacances. On sort de là trempé,<br />
fourbu, affamé, dans l’euphorie. Marilyn Monroe,<br />
cinémascopiquement cadrée comme jamais elle ne le<br />
fut, y créait le personnage le plus délicieux de sa carrière<br />
et y interprétait admirablement des chansons anthologiques<br />
(“One Silver Dollar”, “Down in the Meadow”,<br />
“I’m Gonna File My Claim”) avant de se faire masser par<br />
Robert Mitchum.<br />
Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier,<br />
50 ans de cinéma américain<br />
•<br />
In 1954 maakte Otto Preminger die, als het op stijl aankwam<br />
altijd al moeilijk onder één noemer was te vatten, de enige western<br />
uit zijn carrière. The River of No Return is trouwens geen<br />
doorsnee-western : het is meer een psychologisch drama dat zich<br />
afspeelt tegen een Wild West-achtergrond. Marilyn Monroe is de<br />
saloonzangeres die weduwnaar Robert Mitchum inhuurt om haar<br />
verdwenen pseudo-echtgenoot op te sporen. De avontuurlijke<br />
tocht op een vlot op de rivier uit de titel biedt het drietal – de<br />
van Mitchum’s personage vervreemde zoon maakt ook deel<br />
uit van het gezelschap – niet alleen gelegenheid om elkaar én<br />
zichzelf beter te leren kennen, maar helpt hen ook in het reine te<br />
komen met gebeurtenissen uit het verleden. De chemistry tussen<br />
Mitchum en Monroe gecombineerd met de adembenemende<br />
locatie zorgen voor eersteklas amusement. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RIVIÈRE SANS RETOUR<br />
RÉAL : OTTO PREMINGER<br />
SC : FRANK FENTON,<br />
D’APRÈS UNE HISTOIRE DE<br />
LOUIS LANTZ<br />
PHOTO : JOSEPH LA SHELLE<br />
MUS : CYRIL MOCKRIDGE,<br />
LIONEL NEWMAN<br />
(PAROLES DES CHANSONS :<br />
KEN DARBY)<br />
PROD : STANLEY RUBIN (FOX)<br />
AVEC :<br />
ROBERT MITCHUM,<br />
MARILYN MONROE,<br />
RORY CALHOUN, TOMMY RETTIG<br />
ÉTATS-UNIS, 1954, 91’,<br />
COULEUR, ST FR
La scène se déroule quelques mois après qu’un homme<br />
américain a posé pour la première fois le pied sur la<br />
Lune. C’est au milieu des terrils, dans le décor noir<br />
d’une région minière filmée dans un sale 16 mm gonflé,<br />
sur fond sonore de pelleteuses, que débute Wanda. Une<br />
petite bonne femme blonde (Barbara Loden) se réveille<br />
avec peine dans une maison en préfabriqué. Habillée de<br />
blanc, coiffée de ses bigoudis, la voilà qui traverse le paysage,<br />
petit point clair sur la terre charbonneuse, comme<br />
une astronaute flottant au-dessus de la cendre lunaire.<br />
Où va-t-elle si vaguement, Wanda ? Divorcer, laisser sans<br />
combat ses enfants à la charge de leur père, et dire bien<br />
gentiment merci au juge avant de partir errer dans une<br />
Amérique que la réalisatrice dépouille de toute trace de<br />
folklore, offrant l’image dégraissée d’un pays sans âme<br />
et sans dieu, semblable à toutes les régions ouvrières du<br />
monde. Wanda rencontre bientôt “M. Dennis”, un voleur<br />
de dernière zone qui sue l’angoisse, le désespoir, la<br />
médiocrité et se refuse à exprimer le moindre sentiment.<br />
M. Dennis va prendre en main Wanda et lui redonner<br />
un peu visage humain. Car Wanda est sans force, étrangère<br />
au monde. Elle se croit morte, nulle, stupide. Nos<br />
antihéros, Bonnie and Clyde antononiens, Zampano et<br />
Gelsomina du Middle West, préparent un coup. Foireux,<br />
bien sûr. Barbara Loden, comme on parle d’écriture<br />
blanche en littérature, a un filmage blanc, d’où naît soudain<br />
l’émotion, crue, à vif. Dans Cinquante ans de cinéma<br />
45<br />
Wanda<br />
BARBARA LODEN<br />
américain, Coursodon et Tavernier écrivent : “Wanda est<br />
un film où l’on a froid, où une gifle fait mal longtemps,<br />
où l’on a peur d’oublier l’ordre qu’on vous donne.”<br />
Wanda est bien cela, un cri de désespoir muet, un autoportrait<br />
d’autant plus violent qu’il est retenu, un portrait<br />
de femme angoissé et sans concession, une description<br />
accablée des exclus du capitalisme. Chef-d’œuvre sec et<br />
intemporel, Wanda n’a pas pris une ride.<br />
d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
Iemand zei over Barbara Loden: “Het is jammer dat zij maar<br />
één film kon maken, terwijl haar echtgenoot er meer dan<br />
twintig heeft gemaakt”. Die ‘iemand’ was duidelijk geen fan<br />
van Elia Kazan, maar wel van zijn jonggestorven echtgenote.<br />
Barbara Loden is de regisseur, schrijver en titelfiguur van<br />
Wanda (1971). Het werd inderdaad haar enige film (als regisseur,<br />
ze acteerde in meerdere films, ondermeer in Kazans<br />
Splendor in the Grass). Het werd ook een klein meesterwerk.<br />
In de beste ‘Europese traditie’ beschrijft deze Amerikaanse<br />
road movie – gemaakt met een piepklein budget – de trieste<br />
lotgevallen van Wanda, een vrouw met weinig opleiding en<br />
een rampzalige smaak als het op mannen aankomt. Loden<br />
werd een art house darling, maar haar vroege dood (ze was<br />
nog geen vijftig) en – volgens boze tongen – Kazans naijver,<br />
betekenden het einde van een beloftevolle carrière. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL & SC : BARBARA LODEN<br />
PHOTO : NICHOLAS T. PROFERES<br />
PROD : FOUNDATION<br />
FOR FILMAKERS<br />
AVEC :<br />
BARBARA LODEN,<br />
JOHN MICHAEL HIGGINS<br />
USA, 1970, 102’,<br />
COULEUR, VO ST FR
46<br />
The Woman in the Window<br />
The Woman in the Window, film important dans la carrière<br />
américaine de Fritz Lang, fait doublet avec Scarlet Street<br />
(remake de La Chienne de Renoir), dont il partage les trois<br />
acteurs principaux (Edward G. Robinson, Joan Bennett,<br />
Dan Duryea), le directeur photo (Milton Krasner) et<br />
l’ambiance de tragédie “criminelle”. Lang y montre un<br />
homme de son âge (mûr), le professeur Wanley, fasciné<br />
par le portrait d’une femme et séduit par son modèle<br />
(1944 fut l’année de la fascination par les portraits, puisque<br />
ce fut aussi celle de Laura, de Preminger). Par hasard<br />
(mauvais hasard), par faiblesse, une aventure apparemment<br />
sans conséquence tournera au meurtre. Rarement<br />
avec autant d’intensité le cinéaste aura joué de l’ambiguïté<br />
de ses personnages, du méli-mélo d’innocence et<br />
de culpabilité qui dort en chacun, et poussé le spectateur<br />
à s’identifier à un criminel. Rarement aussi le réalisme<br />
manié par Lang (avec sa touche de fantastique) n’aura été<br />
aussi inquiétant. La déchéance d’un homme mûr et arrivé<br />
était-elle le cauchemar de Fritz Lang ? Toujours est-il que<br />
ce sera encore le thème de Scarlet Street, le film qui suivit<br />
The Woman in the Window.<br />
Édouard Waintrop, Libération<br />
Lang transforme le mélodrame policier en une représentation<br />
des mécanismes de l’inconscient. <strong>Le</strong> portrait<br />
montre une femme que l’on aimerait rencontrer de la<br />
même façon que le spectateur rêve de rencontrer la<br />
FRITZ LANG<br />
femme dont l’image le fascine sur l’écran. Toute cette<br />
fiction implique une double “aventure” où l’idée de sexe<br />
se mêle à celle de la mort en une commune culpabilité.<br />
Wanley a été le spectateur du mécanisme de son inconscient,<br />
tout comme le public a subi le film dans la salle<br />
de cinéma.<br />
Noël Simsolo, Fritz Lang<br />
•<br />
Brave huisvader Edward G. Robinson werpt één blik op The<br />
Woman in the Window en zijn ordentelijke leventje loopt<br />
meteen compleet uit de hand. Een onschuldige flirt met een<br />
mysterieuze schoonheid draait uit op een moord, waarnaar het<br />
onderzoek wordt geleid door zijn beste vriend. Het was een<br />
goed jaar voor de film noir én voor Robinson, die in 1944 ook<br />
in Billy Wilder’s Double Indemnity schitterde. Al is Robinson ditkeer<br />
niet de jager maar de prooi. Volgens regisseur Fritz Lang<br />
vertelt zijn uitstekende Freudiaanse thriller ‘een universeel<br />
verhaal: iedere man kan in zulk een nachtmerrie verzeilen’.<br />
Vraag is of het onverwachte happy Hollywood-einde ook voor<br />
iedereen is weggelegd. De al bij al onschuldige femme fatale<br />
wordt vertolkt door ‘vaste’ Fritz Lang-muze Joan Bennett, wiens<br />
carrière in 1951 werd gekortwiekt toen zij bij een moordzaak<br />
betrokken raakte. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
LA FEMME AU PORTRAIT<br />
RÉAL : FRITZ LANG<br />
SC : NUNNALLY JOHNSON,<br />
D’APRÈS LE ROMAN DE J.H. WALLIS<br />
PHOTO : MILTON KRASNER<br />
MUS : ARTHUR LANGE<br />
PROD : NUNNALLY JOHNSON (RKO)<br />
AVEC :<br />
EDWARD G. ROBINSON,<br />
JOAN BENNETT,<br />
RAYMOND MASSEY, DAN DURYEA<br />
ÉTATS-UNIS, 1944, 99’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />
COPIE NEUVE
Hollywood s’est toujours intéressé aux talents étrangers.<br />
Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Victor Sjöstrom, F.W. Murnau,<br />
Alfred Hitchcock commencèrent leur carrière cinématographique<br />
dans leurs pays d’origine et la continuèrent<br />
avec génie aux États-Unis. <strong>Le</strong> succès de Blow-Up incita<br />
les dirigeants de la Metro-Goldwyn-Mayer à donner carte<br />
blanche à Antonioni, cette confiance se traduisant déjà<br />
par un budget de trois millions de dollars mis à la disposition<br />
du cinéaste italien. <strong>Le</strong> tournage eut lieu dans le plus<br />
grand mystère. Antonioni choisit comme vedettes deux<br />
inconnus et Zabriskie Point est un témoignage fulgurant<br />
sur l’Amérique de la fin des années soixante. <strong>Le</strong>s étudiants<br />
y sont au bord de la révolution. Policiers et étudiants s’affrontent<br />
violemment sur les campus et contrairement à ce<br />
qui se passe en Europe, les uns et les autres n’hésitent pas<br />
à ouvrir le feu. Antonioni décrit donc une Amérique en<br />
feu dans laquelle on achète une arme comme un paquet<br />
de cigarettes et où voler un avion semble un jeu d’enfant.<br />
A côté de cette Amérique bouillonnante, Antonioni choisit<br />
la Vallée de la mort, célèbre pour ses paysages désertiques.<br />
Ce choix est un symbole : c’est le retour à la terre<br />
américaine, sauvage et intacte, et c’est aussi un hommage<br />
à l’un des plus grands metteurs en scène américains Erich<br />
von Stroheim qui y situa la fin de son film <strong>Le</strong>s Rapaces.<br />
Dans ce cadre aussi particulier, un couple dépouillé,<br />
physiquement et intellectuellement, va vivre une passion<br />
sans retenue, créant subitement autour de lui ses propres<br />
47<br />
Zabriskie Point<br />
MICHELANGELO ANTONIONI<br />
fantasmes. Mais la société prendra sa revanche sur ces<br />
deux amants et je vous laisse découvrir comment mourra<br />
l’un d’eux, tué (on aurait presque envie de dire exécuté)<br />
par cette société qui semble elle-même en plein désarroi.<br />
La fin du film sera une apocalyptique description de<br />
l’explosion d’une luxueuse maison, véritable création de<br />
l’Amérique moderne, que l’on verra s’atomiser dans le<br />
ciel californien.<br />
André Moreau, L’Express<br />
•<br />
Na Blow-up, zijn uitstap in het Londen van de Swinging Sixties,<br />
trok regisseur Michelangelo Antonioni de Amerikaanse woestijn<br />
in om daar zijn anti-establishment-ding te doen. Het resultaat<br />
werd Zabriskie Point (1969). We volgen nieuwkomer Mark<br />
Frechette als de revolterende student die, nadat hij onterecht<br />
van de moord op een agent wordt beschuldigd, met een<br />
gestolen vliegtuig de woestijn intrekt. Daar - dit zijn immers de<br />
jaren zestig – neemt hij psychedelische drugs en bedrijft hij de<br />
vrije liefde alvorens naar Los Angeles terug te keren. Hoewel<br />
Antonioni’s bikkelharde aanval op het meedogenloze materialisme<br />
van de Amerikaanse samenleving niet door iedereen werd<br />
geapprecieerd, werd de film – alleen al om de verbluffende<br />
finale – een klassieker. Frechette nam Antonioni’s anarchistische<br />
boodschap ten harte – hij draaide later de gevangenis in<br />
na een bankoverval. M.V.<br />
CLASSIQUE<br />
RÉAL & SC :<br />
MICHELANGELO ANTONIONI<br />
PHOTO : ALFIO CONTINI<br />
MUS : THE ROLLING STONES,<br />
THE YOUNGBLOODS, ETC.<br />
PROD : CARLO PONTI, MGM<br />
AVEC :<br />
NICK FRECHETTE, DARIA RALPRIN,<br />
ROD TAYLOR, KATHLEEN CLEAVER<br />
ÉTATS-UNIS, 1969, 111’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
48<br />
CYCLE<br />
MONTY PYTHON
Il fallait certes du talent, mais il fallait surtout être gonflé.<br />
Nous sommes en 1975, l’Angleterre agonise sous le chômage<br />
et toute l’Europe se lamente. Graham Chapman,<br />
lui, se déguise en roi Arthur et se présente à la porte du<br />
château accompagné de Patsy sa servante, alias Terry<br />
Gilliam – “C’est moi, Arthur ! Fils de Pendragon, du<br />
château de Camelot. Roi des Britanniques, vainqueur<br />
des Saxons et souverain de toute l’Angleterre !” <strong>Le</strong> garde<br />
Michael Palin lui ouvrirait bien la porte, si la présence de<br />
ces deux noix de coco accrochées à sa selle n’était pas<br />
si étrange, et l’objet du premier dialogue de la première<br />
scène du premier film des Monty Python, parfait résumé<br />
du reste de leur carrière : absurde, délirante, inventive,<br />
jamais vue et, surtout, puisqu’il ne s’agit que de ça, à se<br />
tordre de rire. Bien sûr, n’en déplaise aux puristes, ces<br />
fous d’Anglais ont pris de l’âge. Bien sûr, c’est un humour<br />
bavard (pas plus que celui de Woody Allen), croquignolesque,<br />
absurde et épuisant. Mais John Cleese, Graham<br />
Chapman, Michael Palin, Terry Jones, Terry Gilliam et<br />
Eric Idle ont été les premiers. <strong>Le</strong>s premiers à s’en prendre<br />
à tout ce qui bouge – bon goût, bourgeois, religieux,<br />
puissants, Belges –, les premiers à revendiquer le plaisir<br />
d’être fous, la recherche de la pure déconne malgré<br />
des moyens et des talents exceptionnels. <strong>Le</strong>s premiers à<br />
avoir donné au “nonsense” ses lettres de noblesse. A six,<br />
ils se partagent tous les rôles : le roi, les chevaliers, les<br />
villageois, les femmes, les gardes et quelques têtes qui<br />
49<br />
Sacré Graal<br />
TERRY GILLIAM & TERRY JONES<br />
traînent. Comme d’habitude, leurs dialogues débités à<br />
cent à l’heure, intraduisibles et pourtant traduits, restent<br />
des perles. <strong>Le</strong> secret des Monty Python tenait peut-être<br />
dans leur militantisme. Quoi qu’il advienne, quelles que<br />
soient les circonstances, il faut toujours regarder du<br />
côté illuminé de la vie, comme ils le sifflotaient tous à<br />
l’enterrement de Graham Chapman. “Always look at the<br />
bright side of life”.<br />
Olivier Van Vaerenbergh, <strong>Le</strong> Soir<br />
•<br />
Goed nieuws voor fans van absurde humor. Het Britse, prettig<br />
gestoorde Monty Python-gezelschap is in town (ze zijn met<br />
maar liefst drie films vertegenwoordigd op het festival). De<br />
oudste bijdrage is Monty Python and the Holy Grail (uit<br />
1974). Zoals de titel al doet vermoeden, is het dit keer de<br />
legende van Koning Arthur die eraan moet geloven. Niet te<br />
geloven wat Arthur en zijn moedige ridders van de Ronde Tafel<br />
allemaal moeten doorstaan tijdens hun zoektocht naar de<br />
Heilige Graal. Als het voor U niet gek genoeg kan zijn, is deze<br />
door Python-leden Terry Gilliam en Terry Jones geregisseerd<br />
parodie as good as it gets. Maar één voorbeeld : ridders die<br />
‘ni’ zeggen en later evolueren tot ridders die tot voor kort ‘ni’<br />
zegden (wat ons aan het wispelturige gedrag van een zekere<br />
‘prins’ herinnert) en omgekocht moeten worden met moeilijk<br />
te lokaliseren struikgewas... M.V.<br />
MONTY<br />
PYTHON<br />
MONTY PYTHON<br />
AND THE HOLY GRAIL<br />
RÉAL : TERRY GILLIAM,<br />
TERRY JONES<br />
SC : GRAHAM CHAPMAN,<br />
JOHN CLEESE, TERRY GILLIAM,<br />
TERRY JONES, ERIC IDLE,<br />
MICHAEL PALIN<br />
PHOTO : TERRY BEDFORD<br />
MUS : NEIL INNES<br />
PROD : PYTHON PICTURES<br />
AVEC :<br />
GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />
TERRY GILLIAM, TERRY JONES,<br />
ERIC IDLE, MICHAEL PALIN<br />
ROYAUME-UNI, 1975, 91’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Attention, chef-d’œuvre ! Chef-d’œuvre de vrais iconoclastes<br />
libertaires, les seuls depuis les Marx Brothers.<br />
Une médication cinématographique à prescrire en<br />
urgence et sans modération à tout dépressif qui se<br />
connaît ou s’ignore. C’est-à-dire à tous. Plongez dans<br />
ce fatras génial de bonnes idées visuelles et de grandes<br />
trouvailles de mise en scène, cela changera votre vie,<br />
votre regard sur la vie. Car la chose est grandiose,<br />
frontale, indémodable et sacrément drôle. C’est une<br />
accélération d’intelligence, de délire, de pertinence,<br />
de surréalisme et de vulgarité traitée en finesse. Satire<br />
loufoque sur le ridicule de l’existence et de la mort,<br />
passant à la moulinette la religion, le mariage, la guerre,<br />
l’armée, la pauvreté, la naissance, la paresse, les snobs,<br />
l’éducation, l’identité, les rapports sociaux, les plaisirs<br />
du sexe... l’humanité en général. Grand prix du jury au<br />
Festival de Cannes en 1983, <strong>Le</strong> Sens de la vie est une<br />
orgie de sketches inénarrables exposant une révolte<br />
d’agents d’assurance dans un immeuble qui se transforme<br />
en paquebot, un cours d’éducation sexuelle dans<br />
une école anglaise, un quartier protestant surpeuplé,<br />
un homme se goinfrant jusqu’à l’éclatement, la guerre<br />
des Zoulous, une école militaire, une transplantation<br />
d’organes…<br />
Bref, c’est le sens de la vie et le parti d’en rire. Inventer<br />
autour du vrai pour retrouver le vrai vrai. Là est peutêtre<br />
le secret des Monty Python planchant aérienne-<br />
50<br />
<strong>Le</strong> Sens de la vie<br />
TERRY GILLIAM & TERRY JONES<br />
ment ou aquatiquement sur “Pourquoi sommes-nous<br />
là ? Que signifie la vie ? Dieu est-il vraiment réel ou y<br />
a-t-il des doutes ?” <strong>Le</strong>ur délire est sans limite.<br />
Fabienne Bradfer, <strong>Le</strong> Soir<br />
•<br />
Monty Python’s the Meaning of Life (1983) gaat over euh,<br />
de zin van het leven. Bijzonder ambitieus opzet van ‘de satirische<br />
zes’. Bijzonder geslaagd, ook. Én stout. En verfrissend<br />
politiek incorrect, zoals we onze jongens wel vaker aan de<br />
slag hebben gezien. Geen enkel heilig huisje blijft overeind. Via<br />
een aantal waanzinnige sketches worden we van ‘het wonder<br />
van de geboorte’ (piece of cake in Yorkshire) uiteindelijk naar<br />
een preview geleid van wat ons – volgens de Pythons – in de<br />
hemel te wachten staat. Wat er tussen ligt? Dat moet U zelf zien<br />
om het te geloven (hint: onthullende seksuele voorlichting op<br />
school en een bijzonder explosieve vreetpartij...slechte smaak<br />
op z’n best!). De proloog is een op zichzelf staande kortfilm van<br />
Terry Gilliam (denk Brazil), een parodie op de oude zeeroversfilms,<br />
waarbij een eerbiedwaardige Engelse bank een aanval op<br />
Wall Street waagt. M.V.<br />
MONTY<br />
PYTHON<br />
MONTY PYTHON’S<br />
THE MEANING OF LIFE<br />
RÉAL : TERRY JONES & GILLIAM<br />
SC : GRAHAM CHAPMAN, JOHN<br />
CLEESE, TERRY GILLIAM, ÉRIC IDLE,<br />
TERRY JONES, MICHAEL PALIN<br />
PHOTO : PETER HANNAN<br />
PROD : JOHN GOLDSTONE<br />
AVEC :<br />
GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />
TERRY GILLIAM, ÉRIC IDLE,<br />
TERRY JONES, MICHAEL PALIN,<br />
CAROL CLEVELAND<br />
ROYAUME-UNI, 1983, 107’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
“L’Église d’Angleterre n’est pas une religion, c’est une<br />
sorte de Country Club qui sanctifie les modes de vie du<br />
conformisme.” Signée John Cleese (c’est le plus grand<br />
en taille des Monty Python), cette petite phrase suffit à<br />
rappeler l’amour mutuel que se vouent ces deux institutions,<br />
l’Église et les Python. Avec La Vie de Brian, le<br />
sextuor de comiques le plus génial fourni par la Grande-<br />
Bretagne signe sans doute son œuvre la plus aboutie.<br />
Fondé sur l’histoire la plus célèbre de l’humanité, le film<br />
nous propose pas moins qu’un mythe alternatif. Et si tout<br />
ce qu’on nous a fait croire sur le passage de Jésus Christ<br />
sur notre planète avait eu lieu de façon légèrement différente<br />
? Ainsi, tout est revisité par les Python. De l’arrivée<br />
des rois mages à la crucifixion, en passant par le sermon<br />
sur la montagne, Jésus, le “vrai”, doit partager la vedette<br />
avec un personnage plutôt sympathique, parfois un peu<br />
benêt, devenu Messie malgré lui : Brian ! Irrésistible de<br />
drôlerie, le film se révèle à l’usage finalement moins<br />
blasphématoire qu’on ne pouvait le penser. Ce sont<br />
plutôt la bêtise, le conformisme, le moutonnisme ou<br />
la lâcheté des différents personnages qu’ils mettent en<br />
scène qui semblent amuser les auteurs. <strong>Le</strong>squels ont dû<br />
bien s’amuser durant le tournage, puisque si Graham<br />
Chapman (décédé depuis) est Brian à l’écran, les cinq<br />
autres Monty Python interprètent à eux seuls quasiment<br />
tous les autres rôles. Apeurés par le sujet et surtout par<br />
son traitement iconoclaste, les producteurs originels ont<br />
51<br />
La Vie de Brian<br />
TERRY JONES<br />
lâché les Monty Python peu de temps avant le tournage.<br />
C’est finalement George Harrison, fan de la première<br />
heure, qui est venu à la rescousse. L’ancien Beatle avait<br />
déclaré à l’époque : “Financer La Vie de Brian est le seul<br />
moyen pour moi d’être sûr de pouvoir découvrir sur un<br />
grand écran un nouveau film des Monty Python.”<br />
St.St.<br />
•<br />
Met Mel Gibsons zwaar op de hand zijnde The Passion of the<br />
Christ fris in het geheugen, is dit een lichter verteerbare evangeliefilm<br />
wellicht een welkome afwisseling. <strong>Le</strong>g ‘het leven van<br />
Christus’ in handen van het illustere Monty Python-zestal en het<br />
resultaat, Monty Python’s Life of Brian (uit 1979) werd een<br />
compleet hilarisch vertelsel over de lotgevallen van de arme<br />
stakker Brian (vertolkt door de inmiddels overleden Graham<br />
Chapman) die in het stalleke naast dat van de Messias werd<br />
geboren. “Always look at the bright side of life” krijgt Brian aan<br />
het kruis te horen. De ‘fluitserenade’ is maar één van de vele<br />
komische hoogtepunten. Of zoals één filmrecensent het stelde:<br />
“Your funny bone is overdue for a tuneup”! Alle Python-leden<br />
nemen zoals gewoonlijk verschillende personages voor hun<br />
rekening. Voor Michael Palin zijn dat er maar liefst negen. M.V.<br />
MONTY<br />
PYTHON<br />
LIFE OF BRIAN<br />
RÉAL : TERRY JONES<br />
SC : GRAHAM CHAPMAN, JOHN<br />
CLEESE, TERRY GILLIAM, MICHAEL<br />
PALIN, ÉRIC IDLE, TERRY JONES<br />
PHOTO : PETER BIZIOU<br />
MUS : GEOFFREY BURGON<br />
PROD : GEORGE HARRISON,<br />
ORION PICTURES<br />
AVEC :<br />
GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />
TERRY GILLIAM, MICHAEL PALIN,<br />
ÉRIC IDLE, TERRY JONES,<br />
GEORGE HARRISON<br />
ROYAUME-UNI, 1979, 94’,<br />
COULEUR, VO ST FR
52<br />
CYCLE<br />
GUS VAN SANT
53<br />
Drugstore Cowboy<br />
Dans Drugstore Cowboy, son troisième long métrage,<br />
Gus Van Sant raconte la drôle de vie d’un jeune camé,<br />
depuis ses hold-ups dans les pharmacies jusqu’à sa tentative<br />
de désintoxication à la méthadone. En compagnie<br />
de ses copains de dérive dont sa petite amie et son<br />
“second”, à la fois idolâtre et soumis, notre antihéros<br />
sillonne les routes américaines. La caméra sans cesse<br />
inventive du cinéaste évite parfaitement le double piège<br />
classique de ce type de sujet : le voyeurisme et aussi la<br />
complaisance. Cet étrange road-movie jalonné de seringues<br />
est une sorte d’Alice’s Restaurant de la génération<br />
shootée – il faut dire que le film d’Arthur Penn sentait<br />
bien plus l’herbe que l’héro – qui nous fait partager toutes<br />
les sensations du personnage principal, ses angoisses,<br />
ses doutes, ses crises de manque, en passant par ses exaltations,<br />
certes éphémères mais très communicatives. A<br />
l’opposé dans son traitement de l’exceptionnel Requiem<br />
For A Dream, ce film original et culotté nous montre à<br />
quel point un junkie “professionnel” doit être audacieux,<br />
imaginatif et aussi témoigner d’un sens aigu de la stratégie<br />
s’il veut éviter la souffrance du manque. Pas de problème<br />
pour notre homme qui possède toutes les qualités<br />
requises. Matt Dillon, absolument parfait dans le rôle, a<br />
trouvé là sans doute son personnage le plus passionnant<br />
à interpréter depuis Rumble Fish. Enfin, ultime cerise sur<br />
le gâteau de ce long métrage plus que recommandable,<br />
la courte mais décisive apparition à la fin de l’histoire de<br />
GUS VAN SANT<br />
William S. Burroughs. Voir l’immense écrivain américain<br />
dans le rôle d’un curé camé jusqu’à la gauche, débitant<br />
des propos mi-philosophiques mi-humoristiques est un<br />
plaisir qu’il ne s’agit pas de se refuser.<br />
St.St.<br />
•<br />
Als de boodschap ‘drugs = ellende’ na The Panic in Needle<br />
Park nog niet volledig was doorgedrongen, helpt Drugstore<br />
Cowboy (1989) je wel uit je onwetendheid (of vice versa).<br />
Niet dat regisseur Gus Van Sant de moraalridder uithangt, de<br />
beelden spreken voor zichzelf (de film is trouwens gebaseerd<br />
op de autobiografie van een drugverslaafde). Dat Matt Dillon en<br />
Kelly Lynch (ze lijken wel Bonnie & Clyde aan de heroïne) en de<br />
rest van de cast schitterend acteren, helpt natuurlijk ook. Dillon<br />
is één van een groepje verslaafden (en bijzonder bijgelovig<br />
bovendien) die hun dagen doorbrengen met apotheken overvallen,<br />
wegrennen voor de politie en scoren. Er is absoluut niets<br />
glamoureus aan het dagelijks leven van een drugverslaafde,<br />
zoveel wordt al snel duidelijk. Beatnik hogepriester William<br />
S. Burroughs, die zelf ook een stevige appetijt voor heroïne had,<br />
speelt een...junkiepriester. M.V.<br />
GUS<br />
VAN SANT<br />
RÉAL : GUS VAN SANT<br />
SC : GUS VAN SANT, DANIEL YOST,<br />
D’APRÈS LE ROMAN DE<br />
JAMES FOGLE<br />
PHOTO : ROBERT YEOMAN<br />
MUS : ELLIOT GOLDENTHAL<br />
PROD : NICK WECHSLER,<br />
KAREN MURPHY, AVENUE PICTURES<br />
AVEC :<br />
MATT DILLON, KELLY LYNCH,<br />
JAMES LEGROS,<br />
HEATHER GRAHAM, JAMES REMAR,<br />
WILLIAM S. BURROUGHS<br />
ÉTATS-UNIS, 1989, 100’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Eu égard à ses médailles, son titre imposant et sa source<br />
d’inspiration, la tuerie du lycée américain de Columbine<br />
en 1999, on pourrait s’attendre à quelque chose de<br />
massif, une force de frappe, une sorte de blockbuster<br />
d’auteur. Or le film vous étreint immédiatement de sa<br />
délicatesse et sa douceur, avec ses ciels d’automne sur<br />
fond de “Sonate au clair de lune” et ses mouvements<br />
de caméra fluides comme ceux d’un œil flottant, porté<br />
par le vent. Ce jour-là, un garçon aux cheveux presque<br />
aussi jaunes que son T-shirt arrive au lycée comme s’il<br />
y habitait depuis toujours. Une fille boulotte erre en<br />
solitaire près des terrains de sport. Un adonis interrompt<br />
son heure de football américain pour rejoindre sa<br />
petite amie à l’autre bout du campus. Trois filles lookées<br />
Jennifer Lopez le dévorent des yeux à son passage. Un<br />
apprenti photographe cherche des modèles parmi les<br />
condisciples. C’est presque rien, mais c’est aussi tout<br />
le mystère et toute la beauté du teen-age, assurance<br />
radieuse ou envie lancinante de rentrer sous terre, cool<br />
attitude ou détermination fervente à accomplir tel but<br />
personnel.. Jusqu’à l’inéluctable, le cinéaste filme les<br />
meurtriers exactement de la manière dont il filme tous<br />
leurs condisciples : Alex s’applique à jouer la “<strong>Le</strong>ttre à<br />
Élise” comme Elias, le photographe en herbe, se concentre<br />
sur ses clichés. <strong>Le</strong> monstre, ce n’est pas quelqu’un.<br />
C’est l’instant X du passage à l’acte, la seconde qui vous<br />
transforme à jamais en bourreau. Mais cette seconde, si<br />
54<br />
Elephant<br />
GUS VAN SANT<br />
elle est montrable, demeure impensable. La légende de<br />
l’aveugle et de l’éléphant se vérifie évidemment : tourner<br />
sans fin autour de la chose ne permet pas d’en déterminer<br />
la nature. L’humilité du cinéaste en la matière est<br />
absolue, mais là réside précisément la puissance du film :<br />
traiter tout le monde en adultes et ne rien dissimuler de<br />
ces abîmes que la réalité, si souvent, nous ouvre.<br />
Louis Guichard, Télérama<br />
•<br />
Gus Van Sant is al z’n hele carrière gefascineerd door hoe<br />
jongeren de wereld zien en hun plaats erin vinden. Plaats<br />
van gebeuren is dit keer een middelbare school in Portland,<br />
Oregon (Van Sants woonplaats). Voor sommige scholieren<br />
is de school best leuk, voor anderen is het de hel. Maar er<br />
is meer : twee studenten plannen een schietpartij (of zoals<br />
iemand zei : ‘They are going to Columbine the school’). Van<br />
Sant, die net als in Gerry zeer improviserend te werk ging,<br />
volgt zijn ‘acteurs’ – bijna zonder uitzondering scholieren<br />
zonder acteerervaring – in wat een ordinaire schooldag lijkt,<br />
maar voor sommigen de laatste dag van hun leven zal blijken.<br />
Van Sant neemt geen standpunt in. De titel, Elephant (2003),<br />
verwijst naar een oud, boeddhistisch verhaal dat duidelijk<br />
maakt hoe de verklaring voor iets enorm complex vaak gereduceerd<br />
wordt tot de individuele ervaring. M.V.<br />
GUS<br />
VAN SANT<br />
RÉAL & SC : GUS VAN SANT<br />
PHOTO : HARRY SAVIDES<br />
MUS : HILDEGARD WESTERKAMP<br />
PROD : PIE FILMS, HBO,<br />
MENO FILM, FEARMAKERS STUDIOS<br />
AVEC :<br />
ALEX FROST, JOHN ROBINSON,<br />
ELIAS MCCONNELL, ÉRIC DEULEN,<br />
NICOLE GEORGE,<br />
BRITTANY MOUNTAIN<br />
ÉTATS-UNIS, 2003, 81’,<br />
COULEUR VO ST BIL
Aucun titre, pas de générique. On distingue vaguement<br />
deux silhouettes dans une vieille Mercedes cabossée.<br />
D’où viennent ces deux jeunes gens ? Où vont-ils ? Ils<br />
marchent et très vite se perdent. Ces deux bonshommes<br />
s’appellent Gerry et le film est le strict récit (la description<br />
plutôt) de leur balade dans le désert. Gerry inaugure le<br />
travail sur les durées que Gus Van Sant prolongera l’année<br />
suivante avec Elephant. Dans Gerry, les deux égarés<br />
sont écrasés par le soleil et l’immensité. Ils avancent mais<br />
ils ne bougent pas, les paysages défilent, eux font du surplace.<br />
Pris “entre la réserve cool et la panique muette”,<br />
les deux Gerry sont là, ici et maintenant, et c’est tout. Ils<br />
sont perdus, et ils n’en font pas un drame. Devant ces<br />
grands blocs de durée, on se doute que Gus Van Sant<br />
s’expose au reproche de formalisme. Or Gerry, comme<br />
Elephant, est un film bouleversant. Dans les deux films,<br />
le drame est là, il plane, il aura lieu, il a déjà eu lieu,<br />
marchons avec. Il n’y a plus qu’à bien se tenir, sans hurlement<br />
ni crise d’hystérie. Mais ce qui rend Gerry encore<br />
plus attachant dans l’œuvre de Gus Van Sant est que<br />
celui-ci se débarrasse de tout attirail pour se concentrer<br />
sur son unique sujet : l’amitié. Gerry raconte une histoire<br />
de fraternité qui touche profondément au processus<br />
d’inspiration du cinéaste qui fonctionne par fratries :<br />
la maison Phoenix, River (My Own Private Idaho), Rain<br />
(Even Cowgirls Get the Blues) et Joaquin (To Die For), la<br />
famille Affleck (Ben dans Good Will Hunting, Casey ici),<br />
55<br />
Gerry<br />
GUS VAN SANT<br />
ou la relation existant réellement entre Matt Damon et<br />
Casey Affleck. Ici, à aucun moment ils ne se séparent<br />
pour multiplier les chances de survie. Impossible donc<br />
de décider du rapport de forces jusqu’au bout, jusqu’à<br />
cette fin inattendue, acte de folie pure. Casey Affleck<br />
vient chercher son compagnon, il est au bord de la mort,<br />
le soleil se lève à la verticale. L’ami offre la mort rapide, il<br />
accompagne celui qui ne peut souffrir de mourir seul.<br />
d’après Stéphane Delorme, Cahiers du cinéma<br />
•<br />
Gus Van Sant wordt een man van weinig woorden. Dat wordt<br />
ook duidelijk in z’n nieuwste, Elephant, eveneens te zien op<br />
dit festival. Maar in het geval van Gerry (2002) is hij daar niet<br />
alleen verantwoordelijk voor. De schaarse dialoog in/en het<br />
script werd mee geleverd door acteurs Matt Damon en Casey<br />
Affleck. Damon en Affleck zijn twee vrienden, ze heten blijkbaar<br />
allebei Gerry, die samen op een wandeltocht in de woestijn<br />
gaan. ‘Gerry’ blijkt ook zoveel als ‘vergissing’ te betekenen,<br />
en dat is exact waar deze film over gaat : de verstrekkende<br />
gevolgen van een kleine misstap. De Gerry’s dwalen af van het<br />
wandelpad en verdwalen. En zonder eten of water kom je in<br />
een woestijn redelijk snel in levensgevaar. De oeroude vrees te<br />
verdwalen in een vijandelijke omgeving wordt versterkt door de<br />
beelden van de uitgestrekte, onherbergzame landschappen en<br />
de summiere dialoog. M.V.<br />
GUS<br />
VAN SANT<br />
RÉAL : GUS VAN SANT<br />
SC : CASEY AFFLECK,<br />
MATT DAMON, GUS VAN SANT<br />
PHOTO : HARRIS SAVIDES<br />
MUS : ARVO PÄRT<br />
PROD : MY CACTUS<br />
AVEC :<br />
CASEY AFFLECK, MATT DAMON<br />
ÉTATS-UNIS, 2002, 103’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Anima -Lune 186x241 25/05/04 13:23 Page 1<br />
© <strong>Ciné</strong>mathèque française<br />
m a d<br />
Chaque mercredi, le MAD, Magazine des Arts et du<br />
Divertissement. Tous les arts, toutes les cultures, toute<br />
l’actualité du cinéma, de la musique, des arts plastiques,<br />
de la littérature et de la danse. Sans oublier l’indispensable<br />
agenda des spectacles et le programme<br />
complet des films et festivals à l’affiche ...<br />
56<br />
<strong>Le</strong> Mad. On n’a encore rien trouvé de<br />
mieux depuis l‘invention du cinéma.<br />
<strong>Le</strong> Soir, j’ai envie de savoir.
To Die For commence par une mise en scène : Suzanne<br />
Stone s’adresse à la caméra pour nous raconter son<br />
histoire. On comprendra plus tard qu’elle se filme ellemême,<br />
en vidéo. Des unes de journaux défilent. On<br />
comprend qu’elle est mêlée à la mort de son mari. Sur<br />
un plateau de télévision genre reality show (encore une<br />
mise en scène), ses parents et beaux-parents témoignent.<br />
Nous allons tout savoir. All about Suzanne Stone : il y a<br />
du Mankiewicz dans cette narration en spirale arrière.<br />
Depuis le formidable Drugstore Cowboy, Gus Van Sant,<br />
cinéaste inventif et tourmenté, avait de plus en plus<br />
tendance à se regarder filmer. La veine classique de ce<br />
travail de commande l’oblige à une rigueur qui lui va<br />
plutôt bien. Il se laisse envahir, envoûter par le personnage<br />
de Suzanne Stone, et le tour est joué. Mais pour<br />
qu’il le soit vraiment, il fallait une actrice qui s’engage à<br />
fond, “prête à tout” elle aussi. Nicole Kidman est celle-là<br />
à contre-courant de ses rôles précédents. Comment une<br />
jeune femme aussi ravissante peut-elle ainsi cristalliser<br />
la haine du spectateur à mesure que le film avance ?<br />
En incarnant tout simplement la parfaite arriviste : une<br />
odieuse petite provinciale du New Hampshire, qui rêve<br />
de devenir star de la télé. Prête à tout, elle ira trop loin,<br />
sans jamais douter. Gus Van Sant épouse la perversité de<br />
son personnage, et c’est ce qui rend parfois son film irritant.<br />
La délectation avec laquelle il distille le venin sans<br />
jamais faire craquer le vernis pastel de la little America<br />
57<br />
To Die For<br />
GUS VAN SANT<br />
est pourtant contagieuse. Sous sa panoplie de poupée<br />
Barbie, l’héroïne devient le symbole presque ordinaire<br />
d’un nouveau “rêve” américain : se figer dans une image<br />
froide et bleutée. La fin de l’histoire vaut d’ailleurs son<br />
pesant d’ironie, mais elle ne rassure pas. Au détour de<br />
ce faux documentaire déguisé en fiction lisse aux images<br />
léchées, Van Sant nous dit bien que ce rêve est un vrai<br />
cauchemar.<br />
François Gorin, Télérama<br />
•<br />
Nicole Kidman had in 1995 al een Oscar moeten krijgen voor<br />
haar rol in To Die For, Gus Van Sants gitzwarte komedie over<br />
de nefaste gevolgen van mediageilheid. Kidman is meesterlijk<br />
als Suzanne Stone, een domme kip met maar één doel voor<br />
ogen: op tv komen. Volgens Suzanne word je daardoor een<br />
beter persoon, vermits iedereen kan zien wat je doet. Juist,<br />
ja. Haar echtgenoot – die haar carrière niet voldoende steunt<br />
– vermoorden, doet ze nog net niet op tv. Die daad laat ze<br />
over aan een naïeve, tot over z’n oren verliefde student (een<br />
heerlijke Joaquin Phoenix in één van z’n eerste rollen sinds z’n<br />
naamwijziging – voorheen heette hij <strong>Le</strong>af Phoenix). De onfortuinlijke<br />
echtgenoot wordt vertolkt door Matt Dillon. Soms vraag<br />
je je af of hij écht om zeep is gebracht. Waar is hij in godsnaam<br />
gebleven? Alvast niet in Elephant, Van Sants recente drama<br />
over schietpartijen op school. M.V.<br />
GUS<br />
VAN SANT<br />
PRÊTE À TOUT<br />
RÉAL : GUS VAN SANT<br />
SC : BUCK HENRY<br />
PHOTO : ÉRIC ALAN EDWARDS<br />
MUS : DANNY ELFMAN<br />
PROD : LAURA ZISKIN, RANK,<br />
COLUMBIA<br />
AVEC :<br />
NICOLE KIDMAN, MATT DILLON,<br />
JOAQUIN PHOENIX,<br />
ALISON FOLLAND, CASEY AFFLECK,<br />
ILLEANA DOUGLAS, DAN HEDAYA<br />
ÉTATS-UNIS, 1995, 106’,<br />
COULEUR VO ST BIL
58<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
À<br />
MATHIEU<br />
AMALRIC<br />
Mathieu Amalric viendra présenter<br />
l’ensemble de sa programmation<br />
lors de la projection de Il était une fois un merle chanteur<br />
le samedi 26 juin à 18h40
C’est l’histoire d’un éveil. Celui d’une jeune femme qui<br />
vit en 1879, à l’époque de la renaissance culturelle du<br />
Bengale, du grand bouillonnement des esprits, du règne<br />
incontesté d’une intelligentsia qui ressemble comme<br />
une sœur à l’intelligentsia russe décrite par Tchekhov à<br />
la même époque. Dans le monde entier, en cette fin du<br />
XIX e siècle, des idéalistes rêvent à un monde nouveau<br />
et croient à la noblesse du travail. “On nous appelle les<br />
riches oisifs, dit le mari de Charulata, je veux prouver<br />
le contraire.” Et ce riche bourgeois consacre son temps<br />
et sa fortune à La Sentinelle, un petit journal politique<br />
contestataire qu’il a créé. La Sentinelle, Bhupati l’avoue,<br />
est “le rival” de Charulata. Lui qui souhaite l’épanouissement<br />
de son peuple, n’a pas le temps de se soucier<br />
de celui de sa femme. Pourtant, il a reconnu en elle<br />
des dons d’écrivain. Charulata est poète. Alors Bhupati<br />
demande à Amal, un jeune cousin venu habiter chez eux<br />
et qui se destine lui-même à la littérature, de pousser sa<br />
femme à écrire. Mais, peu à peu, l’amitié fraternelle que<br />
Charulata porte à son cousin va se transformer en un<br />
autre sentiment qu’elle mettra longtemps à reconnaître.<br />
“Ce sont les demi-ombres, les notes à peine audibles<br />
que je veux capter et explorer”, a écrit Satyajit Ray. C’est<br />
exactement ce qu’il fait ici. L’éveil de Charulata à la vie,<br />
à l’amour, à l’art – poussée par le dépit amoureux, elle<br />
va enfin oser écrire – nous est conté avec une délicatesse<br />
extrême, sur la pointe des sentiments. Et les personnages<br />
59<br />
Charulata<br />
SATYAJIT RAY<br />
ne montrent pas moins de délicatesse. Satyajit Ray est à<br />
la fois le peintre du temps qui passe et de l’immuable. Il<br />
décrit moins des actes qu’il nous donne à sentir la durée.<br />
Car la vie pour lui n’est pas tissée d’événements mais<br />
d’instants. Et chacun d’eux est un morceau d’éternité.<br />
Claude-Marie Trémois, Télérama<br />
•<br />
Charulata (1964) is het titelpersonage uit Satyajit Rays<br />
– algemeen beschouwd als één van India’s toonaangevende<br />
regisseurs – meest tedere en ontroerende film. Charulata<br />
leeft in het India van rond 1870 een eenzaam bestaan. Haar<br />
echtgenoot, die al zijn tijd in z’n werk investeert, realiseert<br />
zich dat ze ongelukkig is en vraagt zijn schoonbroer haar<br />
gezelschap te houden. De jonge schrijver maakt een verborgen<br />
passie in haar wakker. Charulata roept herinneringen<br />
op aan (verfilmingen van) het werk van Henry James of<br />
Anton Tsjechov, maar is geïnspireerd op een verhaal van de<br />
Bengaalse schrijver Rabindranath Tagore. Het is een gracieus,<br />
elegant, zelfs grappige pareltje (zij het met een bijzonder ernstige<br />
ondertoon). Ray neemt niet alleen de tijd om z’n verhaal<br />
te vertellen, een verademing in deze overspannen tijden, hij<br />
haalt bovendien het beste uit zijn talentvolle cast. M.V.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL, SC & MUS : SATYAJIT RAY<br />
PHOTO : SUBRATA MITRA<br />
PROD : RD BANSAL,<br />
A NORMAN-GHOSAL<br />
AVEC :<br />
MADHABI MUKHERJEE,<br />
SAILEN MUKHERJEE,<br />
SOUMITRA CHATTERJEE<br />
INDE, 1964, 117’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL
60<br />
Il était une fois un merle chanteur<br />
<strong>Le</strong> premier long métrage de Iosseliani est de ceux qui<br />
attirent tout naturellement les sympathies, à l’image de<br />
son héros, personnage merveilleusement farfelu, charmeur<br />
et charmant, de ceux qui, par leur seule présence,<br />
mettent un rayon de soleil dans la vie des autres. Nous<br />
voilà avec ce musicien bohème à cent lieues du réalisme<br />
socialiste. Avec Guia, en tout cas, nous sommes loin du<br />
“héros positif ” cher à la culture stalinienne. Au contraire,<br />
sommes-nous mis en présence d’un personnage – antihéros<br />
par excellence – foncièrement non conformiste,<br />
et qui sera en l’occurrence un perpétuel sujet d’étonnement.<br />
Guia Agaladze, dont on nous raconte une<br />
journée qui, par accident, sera peut-être sa dernière, fait<br />
profession de timbalier dans l’orchestre philharmonique<br />
de Tbilissi, capitale de la Géorgie. <strong>Le</strong> je-m’en-foutisme<br />
amusé qu’affiche notre timbalier à l’égard d’une profession<br />
strictement alimentaire lui vaut même d’être, au<br />
moment où nous faisons sa connaissance, sérieusement<br />
menacé de renvoi. Or, il s’avérera très vite, à le suivre<br />
dans les rues d’une Tbilissi mi-orientales, mi-méridionales,<br />
que ce “mauvais sujet” est un être rare, cultivant,<br />
comme un don inné, un certain art de vivre, et dispensant<br />
autour de lui son poids de bonheur. Aimant les femmes<br />
et aimé d’elles, fait pour divertir et se divertir, connaissant<br />
le prix de l’amitié, et dès lors apprécié de tous,<br />
Guia, ce bon à rien, ce papillon un peu fou, cet amuseur,<br />
ce voltigeur, cet évaporé, nous est présenté comme le<br />
OTAR IOSSELIANI<br />
plus indispensable, le plus précieux, le plus riche en<br />
somme, des hommes. Tourné en noir et blanc dans les<br />
lieux mêmes où se passe l’action, dans un style proche à<br />
tout prendre de l’ex-nouvelle vague française ou encore<br />
des films tchèques de l’époque du Printemps de Prague,<br />
Il était une fois un merle chanteur est une œuvre illuminée<br />
comme par un sourire permanent, comme par une aura.<br />
Un film en état de grâce.<br />
Maurice-Émile Palme, <strong>Le</strong> Peuple<br />
•<br />
De percussionist van het orkest van Tbilissi heeft de slechte<br />
gewoonte om precies op het moment te arriveren dat hij zijn<br />
enkele slagen moet plaatsen, of het nu om een repetitie of<br />
concert gaat. Hij is dan ook zorgeloos man, vrij van alle sociale<br />
verplichtingen, die zijn dagen doorbrengt met zijn vrienden<br />
muzikanten en met het versieren van meisjes. Kortom, een<br />
dromerige, ondoorgrondelijke, maar sympathieke held, die zich<br />
stilletjes door het leven in slaap laat wiegen.<br />
Het poëtisch-burleske Er was eens een zingende merel<br />
(Iko shashvi mgalobeli) is een van de vroege films van de<br />
Georgische, maar inmiddels naar Frankrijk uitgewezen cineast<br />
Otar Iosseliani. Deze vederlichte, intimistische kroniek in zwartwit<br />
werd indertijd door de Russische autoriteiten voor export<br />
verboden en vormt uiteraard een blauwdruk voor Iosseliani’s<br />
later werk (van Adieu, plancher des vaches over Chasse aux<br />
papillons tot Lundi matin). L.J.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
MATHIEU AMALRIC<br />
VIENDRA PRÉSENTER<br />
L’ENSEMBLE DE<br />
SA PROGRAMMATION<br />
LE SAMEDI 26 JUIN À 18H40<br />
RÉAL & SC : OTAR IOSSELIANI<br />
PHOTO : ABESALOM MAÏSOURADZE<br />
MUS : TAÏMOURAZ BAKOURADZE<br />
PROD : Z. CHKHAIDZE<br />
AVEC :<br />
GUELA KANDELAKI, GOGUI<br />
TCHEIDZE, IRIN DJANDIERI<br />
URSS (GÉORGIE), 1970, 85’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
61<br />
Mes petites amoureuses<br />
Quelques mois de la vie d’un garçon, aux environs de<br />
sa quatorzième année. Ainsi pourrait-on (grossièrement)<br />
résumer le film. Quatorze ans, c’est l’âge où l’on est mal<br />
dans sa peau. Où il faut sortir du monde relativement<br />
protégé de l’enfance pour aborder seul, sans carte<br />
et sans boussole, le territoire inconnu des adultes et,<br />
dépendant de ce territoire, cet enclos réservé, fascinant<br />
qu’on brûle de connaître, l’enclos des filles. Plus grave<br />
que ces bagatelles – c’est l’autre aspect du film –, il y a<br />
le reste. <strong>Le</strong> reste, c’est-à-dire la découverte par Daniel<br />
du monde extérieur, des “autres”, de ce qu’on appelle<br />
la société, avec ses lois et ses rouages. La Maman et la<br />
Putain était un film de paroles. Mes petites amoureuses<br />
est un film de regards. Martin Loeb, le jeune garçon qui<br />
incarne Daniel, ne joue pas (ne singe pas le naturel) et<br />
parle à peine. Il se contente d’être présent, de regarder.<br />
Regard parfois glacial, gênant à force d’acuité et de<br />
perspicacité. Ce n’est pas un monde déformé, travesti<br />
par des yeux d’enfant, que Daniel nous fait découvrir,<br />
c’est la réalité nue, dépouillée de ses voiles et de ses oripeaux.<br />
Cette réalité, Daniel l’examine comme un objet<br />
insolite. Il s’en approche avec sérieux et méfiance. Elle<br />
l’attire et le blesse. Il la désire et la repousse. S’il fallait<br />
trouver à Jean Eustache des maîtres, c’est à Bresson et<br />
à Renoir qu’on penserait. Comme Bresson, Eustache<br />
filtre, décante, refuse le sentimentalisme, le vérisme, la<br />
décalcomanie du réel. Janséniste à sa manière, Eustache<br />
JEAN EUSTACHE<br />
dresse un constat parfois cruel. Mais sous la froideur<br />
des images percent (ce qui nous rapproche de Renoir)<br />
l’humour et la tendresse. Film lucide, dont la dureté est<br />
celle de la lucidité. Film à l’image du petit homme qui<br />
le traverse. Parfois triste, jamais geignard. Ce n’est pas<br />
facile de vivre, mais enfin on ne pleure pas tous les jours.<br />
Et, quand les petites amoureuses sont gentilles, il arrive<br />
même que le Père Noël ait les yeux bleus.<br />
d’après Jean de Baroncelli, <strong>Le</strong> Monde<br />
•<br />
Mes petites amoureuses (uit 1974) is een bedrieglijk<br />
charmant, maar beklijvend semi autobiografisch verhaal<br />
– gebaseerd op regisseur Jean Eustache’s herinneringen aan<br />
zijn eigen adolescentie – over een jongeman die, opgegroeid<br />
bij z’n oma, nu wordt versast naar een grootstad om bij z’n<br />
moeder en haar minnaar te gaan leven. In een jaar tijd evolueert<br />
hij van een schuchtere, intelligente plattelandsjongen<br />
tot een luidruchtige tiener, die school voor een stom baantje<br />
moet inruilen en rondhangt met de verkeerde vrienden.<br />
Eustache, die zich wellicht nooit goed in zijn vel heeft gevoeld<br />
(hij pleegde zelfmoord in 1981), raakt thema’s aan die elke<br />
(mannelijke) tiener herkent, of ex-tiener zich herinnert. De<br />
moeizame omgang/communicatie met het andere geslacht,<br />
ondermeer (wat zich in dit geval uit in ‘als ze ‘nee’ zeggen,<br />
bedoelen ze ‘ja’-wangedrag). M.V.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL & SC : JEAN EUSTACHE<br />
PHOTO : NESTOR ALMENDROS<br />
MUS : CHARLES TRENET,<br />
THÉODORE BOTREL<br />
PROD : ELITE FILM<br />
AVEC :<br />
MARTIN LOEB, INGRID CAVEN,<br />
JACQUELINE DUFRANNE,<br />
MAURICE PIALAT<br />
FRANCE, 1974, 123’,<br />
COULEUR, VOF
62<br />
Nous ne vieillirons pas ensemble<br />
Maurice Pialat a déjà quarante-sept ans quand il réalise<br />
Nous ne vieillirons pas ensemble qui n’est que son second<br />
long métrage. En filmant l’histoire douloureuse d’une<br />
relation amoureuse qui s’épuise jusqu’à la destruction,<br />
le futur cinéaste de Loulou et de A nos amours trouve là<br />
ce qui allait devenir son style. Filmant au plus près des<br />
sentiments humains, sans jamais en minimiser la cruauté,<br />
le cinéaste nous offre une œuvre dure, physique qui livre<br />
une vérité instantanée. La relation passionnelle, narcissique,<br />
complaisante qui unit le cinéaste Jean (Jean Yanne)<br />
et la secrétaire Catherine (Marlène Jobert) donne lieu à<br />
une saisissante chronique de l’ambiguïté des sentiments<br />
humains où “je t’aime” et “je te hais” ne font plus qu’un.<br />
Avant de devenir un film, Nous ne vieillirons pas ensemble<br />
est un livre, un livre autobiographique. Cet aspect a conditionné<br />
toute la fabrication du film pour Maurice Pialat<br />
qui déclarait à l’époque : “J’ai toujours pensé qu’il fallait<br />
pour ce film des acteurs qui aient une réelle ressemblance<br />
avec les protagonistes de la véritable histoire. Jean<br />
Yanne, je le crois du moins, a une certaine ressemblance<br />
morphologique avec moi. Et Marlène Jobert ressemble<br />
beaucoup au personnage qui a réellement vécu cette<br />
histoire.” Couronné d’un prix d’interprétation masculine<br />
au Festival de Cannes en 1972, Jean Yanne trouve là un<br />
de ces rôles qu’il adorait interpréter, celui du Français<br />
salaud mais non dépourvu d’humanité qu’il nous avait<br />
déjà proposé dans deux excellents Chabrol, <strong>Le</strong> boucher<br />
MAURICE PIALAT<br />
et Que la bête meure. Face à lui, Marlène Jobert nous<br />
livre sans doute la performance la plus émouvante de<br />
sa carrière.<br />
St. St.<br />
•<br />
“...will you still need me, will you still feed me, when I am<br />
sixty-four...”. Of was het sixty-five? Anyway...The Beatles zongen<br />
het al, en het staat hoog op de wensenlijst van de meeste<br />
koppels: samen oud worden. Jammer, maar helaas, het is Jean<br />
en Catherine (Jean Yanne en Marlène Jobert) niet gegund. In<br />
Nous ne viellirons pas ensemble, een autobiografisch liefdesdrama<br />
van Maurice Pialat uit 1972, zien we hoe er op de<br />
relatie van minnaars Jean en Catherine (Jean is getrouwd, maar<br />
niet met Catherine) na zes jaar behoorlijk sleet begint te komen.<br />
Het afscheidsproces – dat op gang komt tijdens een gezamelijke<br />
trip – uit zich in emotionele uitbarstingen van verdriet,<br />
frustratie en woede. Pialat wordt wel eens met Ingmar Bergman<br />
vergeleken. Dat wordt duidelijk in de manier waarop Pialat de<br />
twee geliefden portretteert : ze zitten in een val waaruit ze zich<br />
niet kunnen, niet willen vrijmaken. M.V.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL & SC : MAURICE PIALAT<br />
PHOTO : LUCIANO TOVOLI<br />
MUS : JOSEPH HAYDN<br />
PROD : LIDO FILMS, EMPIRE FILMS<br />
AVEC :<br />
MARLÈNE JOBERT, JEAN YANNE,<br />
MACHA MÉRIL, CHRISTINE<br />
FABREGA, JACQUES GALLAND,<br />
MUSE DALBRAY, PATRICIA<br />
PIÉRANGELI, MAURICE RISCH<br />
FRANCE, 1972, 106’,<br />
COULEUR, VOF ST NL
63<br />
Punishment Park<br />
En 1970, tandis que les États-Unis s’embourbent au<br />
Vietnam, Nixon décrète l’état d’urgence. <strong>Le</strong>s opposants<br />
à la politique du gouvernement susceptibles de mettre<br />
en danger la sécurité intérieure du pays par des actes<br />
de terrorisme (pacifistes, déserteurs, anarchistes) sont<br />
aussitôt placés en détention et jugés expéditivement par<br />
un tribunal civil. A l’énoncé de sentences pouvant aller<br />
jusqu’à vingt ans de prison, les jeunes condamnés ont<br />
la possibilité de commuer leurs peines en trois jours à<br />
Punishment Park, un centre de redressement situé dans<br />
le désert californien. Là-bas, les gardiens laissent miroiter<br />
la liberté aux détenus qui parviendront – à pied, sans<br />
eau ni nourriture – à rallier le drapeau américain situé<br />
à plusieurs dizaines de kilomètres, en pleine fournaise.<br />
Peter Watkins est l’inventeur du documentaire spéculatif,<br />
ce que l’on pourrait appeler des actualités virtuelles, qui<br />
s’attachent à la réalité probable d’un événement qui n’a<br />
pas eu lieu à des fins évidemment démonstratives. Cet<br />
acharnement à mettre en scène cette pseudo-réalité<br />
nécessite un très savant – et indiscernable – dispositif que<br />
Watkins a perfectionné de film en film : interprétation<br />
non professionnelle, filmage caméra à l’épaule, regardscaméra,<br />
etc. Punishment Park atteint une dimension<br />
paranoïaque extrême, devenant une entreprise fascinante<br />
de perversité. <strong>Le</strong>s motivations de Watkins sont claires :<br />
démontrer que le gouvernement républicain retourne à<br />
la barbarie. La paranoïa traverse donc les deux camps :<br />
PETER WATKINS<br />
Nixon et ses sbires, effrayés par quelques agitateurs inoffensifs,<br />
et les gauchistes, résignés à souffrir le martyre en<br />
se faisant courser comme des lapins. Mais pas question<br />
pour Watkins de fouiller dans les poubelles de l’actualité.<br />
<strong>Le</strong> cinéaste préfère utiliser une phobie primitive, un<br />
tabou (le gibier humain) pour étayer son raisonnement à<br />
propos d’une nation molochéenne dévorant ses enfants,<br />
monstrueuse anticipation de cannibalisme politique.<br />
d’après Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
Peter Watkins is een Brits regisseur die momenteel in<br />
Scandinavië woont en werkt als documentair filmer, maar in de<br />
jaren zestig en zeventig vooral naam maakte met pseudo-documentaires<br />
(en één relatief succesvolle langspeelfilm, Privilege,<br />
uit 1967). Eén daarvan is Punishment Park (uit 1971). Een<br />
groepje hippies wordt door soldaten door de woestijn geëscorteerd<br />
in wat een bizar spelletje lijkt. Een nieuwsploeg (onder<br />
leiding van Watkins) maakt een reportage van het gebeuren<br />
(en moet ondertussen toezien dat de soldaten ‘zich gedragen’).<br />
Naar het einde van de trip beginnen de spanningen op te<br />
lopen. En het is daar dat de lijn tussen fictie en realiteit begint<br />
te vervagen. Zijn de – meestal amateurs – nog steeds aan het<br />
acteren, of wordt het uithoudingsvermogen aan beide zijden<br />
echt op de proef gesteld? Zelden vertoond en een voorsmaakje<br />
van de huidige realityTV-epidemie. M.V.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL & SC : PETER WATKINS<br />
PHOTO : JOAN CHURCHILL,<br />
PETER SMOKLER<br />
MUS : PAUL MOTIAN<br />
PROD : SUSAN MARTIN<br />
AVEC :<br />
JIM BOHAN, CARMEN ARGENZIANO,<br />
STAN ARMSTED,<br />
FREDERIK FRANKLYN<br />
ÉTATS-UNIS, 1971, 88’,<br />
COULEUR, VO ST FR
64<br />
Richter, l’insoumis<br />
Richter dans la neige à Moscou. Son visage, ce sourire<br />
imperceptible : comment décrire l’impression d’insolence,<br />
de jeunesse solaire ? Quel charme ! Image en noir et<br />
blanc, au tout début du film de Bruno Monsaingeon, un<br />
portrait de musicien comme on n’en voit pas souvent. On<br />
a toujours envie – une furieuse envie – de revoir cette<br />
silhouette dont l’énergie semble un défi au temps. <strong>Le</strong><br />
“jeune homme incroyablement intense” a pourtant vieilli,<br />
et c’est au soir de sa vie, déjà malade et amaigri, que le<br />
pianiste légendaire lit pour Monsaingeon des extraits de<br />
son Journal. Parfois il s’arrête. Silence, une remarque.<br />
<strong>Le</strong> même humour tranchant ! Est-ce son origine complexe<br />
(russe et allemande, deux pères) qui a donné une<br />
distance à cet homme “indifférent aux événements, à la<br />
politique, aux louanges et aux biens” ? Sviatoslav Richter<br />
a traversé quatre-vingt-deux ans d’histoire soviétique en<br />
n’étant ni musicien officiel ni dissident. Enfance douloureuse,<br />
apprentissage du piano iconoclaste, l’ardent jeune<br />
homme s’impose aussitôt. <strong>Le</strong> film de Bruno Monsaingeon<br />
est une œuvre qui communique l’esprit du musicien, cette<br />
planète où ne compte que la recherche de l’interprétation<br />
parfaite. C.H., <strong>Le</strong> Monde<br />
Richter parle évidemment beaucoup de musique, avec<br />
une franchise assassine. Si Britten a droit à des mots doux,<br />
Prokofiev est déclaré “capable de vous buter contre un<br />
mur”. Quant à Karajan, c’est “une vrai mule”. A com-<br />
BRUNO MONSAINGEON<br />
parer avec le torrent de louanges que ses pairs pianistes<br />
décernent à Richter : Rubinstein voit en lui un musicien<br />
“colossal qui chante avec son piano” et Gould rend hommage<br />
à “l’un des communicateurs les plus puissants de<br />
son époque”. Mais la grande surprise de ce documentaire<br />
est de découvrir un Richter bon vivant, à rebours de son<br />
image austère et de son penchant à l’autodénigrement<br />
(“Je ne m’aime pas, voilà tout”, reconnaît-il au terme du<br />
film). Surprise et bonheur de voir le pianiste en perruque<br />
jouant le rôle de Liszt ou débouchant une bouteille de<br />
champagne… S.G., Libération<br />
•<br />
De Rus Sviatoslav Richter (1915-1997) geldt al een van<br />
de grootste pianisten aller tijden. In documentaire Richter,<br />
l’insoumis (Richter, de weerspannige) van Bruno Monsaingeon<br />
doorbreekt hij de stilte en spreekt deze anticonformist, die<br />
publiciteit meed als de pest, voor het eerst vrijuit over zijn wilde<br />
kindertijd, zijn opleiding in Odessa, zijn debuut als concertpianist<br />
in een land gefolterd door oorlog en de Stalin-terreur en<br />
zijn ontmoetingen met de allergrootsten, waaronder Prokofiev,<br />
Horowitz en Rubinstein. Autodidact Richter, een van de reuzen<br />
van de twintigste eeuw, werpt zich hier op als een geboren en<br />
ontwapenend verteller en zijn kijk op zijn tumultueus leven is<br />
tegelijk scherp en helder. Het resultaat is een adembenemend<br />
portet, doorweven met archiefmateriaal uit de jaren dertig en<br />
talrijke zeldzame, onuitgegeven concertopnamen. L.J.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL : BRUNO MONSAINGEON<br />
MUS : BACH, LISZT,<br />
PROKOFIEV<br />
AVEC :<br />
SVIATOSLAV RICHTER<br />
FRANCE, 1998, 158’,<br />
COULEUR, VO ST FR
<strong>Le</strong>s figures criminelles ont toujours exercé sur le cinéma<br />
une attraction intense, assurément productive et bien<br />
souvent ambiguë. De L’enfer est à lui à Seven, en passant<br />
par La Nuit du chasseur, L’Ombre d’un doute, Bonnie and<br />
Clyde et Pierrot le fou (pour ne citer que quelques titres<br />
marquants), les portraits ne manquent pas de ces bandits<br />
à la gâchette facile. Du livre qui lui révéla le parcours<br />
de Roberto Succo, Cédric Kahn a retenu d’abord la<br />
précision dans le récit des faits. <strong>Le</strong> jeune réalisateur de<br />
Bar des rails, de Trop de bonheur et d’une adaptation<br />
marquante du roman d’Alberto Moravia, L’Ennui, nous<br />
invite à suivre non seulement la cavale finale du tueur,<br />
mais aussi l’enquête menée par un gendarme français. Il<br />
nous emmène dans l’intimité des victimes de Succo, et<br />
dans celle de sa petite amie, une adolescente. Cette multiplication<br />
des points de vue élargit le propos en même<br />
temps qu’il place le film à l’abri de toute identification<br />
manipulatrice. Kahn ne fait pas du hors-la-loi un héros,<br />
ni une victime de la société. Il ne le réduit pas non plus<br />
à un monstre sans âme. Il nous invite plutôt à regarder<br />
le crime et le criminel en face, droit dans les yeux. Pour<br />
y apercevoir, peut-être, l’abîme d’une folie meurtrière<br />
comme l’être humain peut parfois en être saisi, et dont<br />
aucune explication socio-psychologique ne saurait totalement<br />
percer l’épais et terrifiant mystère. Servi par des<br />
interprètes très vrais (dont Stefano Cassetti, dans le rôletitre),<br />
Roberto Succo bénéficie d’une mise en scène inspi-<br />
65<br />
Roberto Succo<br />
CÉDRIC KAHN<br />
rée, jouant avec rigueur de la distance et de la proximité.<br />
Cédric Kahn s’y acquitte remarquablement du double<br />
impératif cinématographique et moral qui était le sien<br />
en abordant le film. Peu de réalisateurs avant lui avaient<br />
réussi cette délicate balance, sans lecture idéologique ni<br />
fascination morbide.<br />
Louis Danvers, <strong>Le</strong> Vif-L’Express<br />
•<br />
De ‘andere’ Kahn-film op het programma, naast Feux rouges,<br />
is Roberto Succo (2001). Succo (schitterende vertolking van<br />
nieuwkomer Stefano Casseti) is een man met een serieus<br />
probleem. Soms charmant – waardoor teveel jonge vrouwen<br />
uiteindelijk voor hem door de knieën gaan - soms extreem<br />
gewelddadig, trekt hij een spoor van dood en vernieling door<br />
een mooi stukje van Europa. Roberto Succo is het zwaardere<br />
werk – denk C’est arrivé près de chez vous – maar daarom<br />
niet minder interessant. Of zoals iemand opmerkte: “Het lijkt<br />
enkel voor Fransen weggelegd met zulke film te komen aandraven:<br />
emotioneel, uitdagend, krachtig, maar nooit goedkoop<br />
of sentimenteel”. Regisseur Cédric Kahn beperkt er zich toe te<br />
registreren: het innemen van een standpunt laat hij aan de toeschouwer<br />
over. Geen sinecure, als je weet dat serimoordenaar<br />
Roberto Succo echt heeft bestaan. M.V.<br />
CARTE<br />
BLANCHE<br />
RÉAL : CÉDRIC KAHN<br />
SC : CÉDRIC KAHN,<br />
D’APRÈS LE LIVRE DE<br />
PASCALE FROMENT<br />
PHOTO : PASCAL MARTI<br />
MUS : JULIEN CIVANGE<br />
PROD : AGAT FILMS, DIAPHANA<br />
FILMS, EX NIHILO, FRANCE 3<br />
AVEC :<br />
STEFANO CASSETTI,<br />
ISILD LE BESCO,<br />
PATRICK DELL’ISOLA,<br />
VINCENT DENERIAZ<br />
FRANCE, 2001, 124’,<br />
COULEUR, VOF
CYCLE<br />
ELIA KAZAN
A Face in the Crowd<br />
Marcia Jeffries, la nièce du directeur de la petite station<br />
de Pigott, dans l’Arkansas, mène une enquête dans<br />
divers milieux pour l’émission “Un homme dans la<br />
foule”. Elle se rend à la prison et découvre un vagabond<br />
poète, Lonesome Rhodes, incarcéré pour ivresse et tapage<br />
nocturne. Marcia fait débuter Lonesome dans son<br />
émission et, très vite, Rhodes conquiert les auditeurs. La<br />
télévision de Memphis l’engage. Il a un tel impact sur le<br />
public et un tel succès que son ambition ne connaît plus<br />
de bornes. S’il dénonce d’abord les shérifs corrompus, il<br />
finit par créer un corps d’élite réactionnaire. Son mépris<br />
pour Marcia et pour son public le mènera à sa perte.<br />
Un film remarquable, peut-être le meilleur de Kazan. Ce<br />
conte moral sur la brusque ascension et la chute tout<br />
aussi précipitée d’un quidam via les médias est d’une<br />
richesse, d’une férocité et d’une sagacité inouïes. En parfaite<br />
symbiose, Kazan et son scénariste Budd Schulberg<br />
n’ont eu qu’un souci, traquer la vérité et capter l’air du<br />
temps. Ils y ont pleinement réussi. Tout fait vrai parce<br />
que tout est vrai. Andy Griffith est un vrai chanteur, la<br />
ville décrite est la véritable ville de Pigott dans l’Arkansas,<br />
la musique a été écrite par un authentique chanteur<br />
country, et les auteurs ont engagé des gens de la partie<br />
originaire de Memphis et assisté à deux séances chez<br />
un groupe de publicitaires. Un souci de véracité aussi<br />
scrupuleux ne pouvait que porter ses fruits, et ce portrait<br />
corrosif de l’Amérique de 1957 reste parfaitement d’ac-<br />
67<br />
ELIA KAZAN<br />
tualité un demi-siècle plus tard : mythe du succès à tout<br />
prix, publicité ridicule et pourtant efficace, dangers de la<br />
télévision qui privilégie les apparences, statut honteusement<br />
privilégié des amuseurs publics… rien de tout cela<br />
– malheureusement sans doute – ne sent la naphtaline.<br />
Guy Bellinger, Guide des Films<br />
•<br />
A Face in the Crowd (1957) was de manier waarop Elia<br />
Kazan met mediageilheid en de perverse macht van de media<br />
afrekent. De titel is de naam van een radioprogramma en z’n<br />
ster is Lonesome Rhodes (een overtuigende Andy Griffith), een<br />
boerenkinkel uit Arkansas die z’n snelgroeiende populariteit<br />
niet aankan en uitgroeit tot ‘a demagogue in denim’. Neem<br />
het hem maar eens kwalijk. Populariteit was toen, net als nu,<br />
een verplichting. Patricia Neal is Marsha Jeffries, Lonesome’s<br />
manager en liefje, die aanvankelijk als een Stepford wife naar<br />
haar mannetje opkijkt, maar uiteindelijk onnuchtert (Walter<br />
Matthau zit daar voor iets tussen). Waardoor in de finale, net als<br />
in A Streetcar Named Desire, een radeloze man een vrouwennaam<br />
schreeuwt. De film roept herinneringen op aan Network,<br />
Bob Roberts en aan alle volksmenners die zich‘de stem van het<br />
volk’ aanmeten voor eigen gewin. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
UN HOMME DANS LA FOULE<br />
RÉAL : ELIA KAZAN<br />
SC : BUDD SCHULBERG<br />
PHOTO : HARRY STRADLING,<br />
GAYNE RESCHER<br />
MUS : TOM GLAZER<br />
PROD : ELIA KAZAN<br />
(NEWTON PRODUCTIONS)<br />
AVEC :<br />
ANDY GRIFFITH, PATRICIA NEAL,<br />
ANTHONY FRANCIOSA, WALTER<br />
MATTHAU, LEE REMICK<br />
ÉTATS-UNIS, 1957, 123’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
68<br />
A Streetcar Named Desire<br />
Ce film marque la première adaptation à l’écran de<br />
Tennessee Williams et de son univers. Pour Kazan c’est<br />
également un pas en avant puisque c’est une première<br />
approximation de son univers, relativement éloigné de<br />
celui de Williams mais encore plus étranger au monde<br />
des films Fox tournés jusque-là. Entre le réalisme de<br />
Gentleman’s Agreement et l’onirisme de A Streetcar<br />
Named Desire, il finira par trouver un compromis dans<br />
ses œuvres les plus harmonieuses. Mais on voit par une<br />
de ses déclarations en quoi l’œuvre de Williams pouvait<br />
le fasciner : “C’est le premier dramaturge qui ait osé<br />
décomprimer certains refoulements de l’âme américaine<br />
avec autant d’insistance et de poésie. Ses plaidoiries,<br />
sur le plan sexuel, équivalent à une croisade antiraciste,<br />
pour qui sait voir, et entendre.” L’analyse la plus précise<br />
du film par Roger Tailleur (Elia Kazan, Seghers) explique<br />
les aspects les plus outranciers du film : “Comme les<br />
Grecs tiraient de crimes leurs mythes et leurs tragédies,<br />
Williams nourrit les siens de vices. Beaucoup plus qu’un<br />
réaliste, poétique ou non, c’est un symboliste moral,<br />
de la lignée bien américaine, sinon de la stature des<br />
Hawthorne, Melville et Poe. Il est cependant une forme<br />
de réalisme chez Williams, à laquelle Kazan ne pouvait<br />
rester insensible. C’est celle qui préside à la conception<br />
de personnages dépourvus des étiquettes morales de la<br />
tradition ou du répertoire ; ni bons ni méchants chez<br />
lui, ni de juges ni de condamnés, seules des personnes<br />
ELIA KAZAN<br />
réelles, inévitablement sexuées, parfois dotées de conscience<br />
sociale, à l’ontologique ambiguïté. Si le ‘train<br />
électrique’ de Kazan prend en 1950 l’allure du tramway<br />
williamsien, c’est moins pour ralentir que pour bifurquer<br />
quelque peu. Car le plus célèbre voyageur du nouveau<br />
véhicule, Marlon Brando, apporte avec lui les éclats<br />
d’un jeu volcanique, et toute une science inégalée du<br />
paroxysme qui seront inséparables désormais du discours<br />
de l’auteur.”<br />
Roger Boussinot, Encyclopédie du cinéma<br />
•<br />
Met de verfilming van Tennessee Williams’ A Streetcar Named<br />
Desire introduceerde Marlon Brando in 1951 zowel Method<br />
Acting als het fenomeen Brando (in doorkijk t-shirt!) bij het<br />
brede filmpubliek. Voorheen had hij de rol van onweerstaanbare<br />
bruut Stanley Kowalski, die de dromen en de eerbaarheid van<br />
zijn geestelijk fragiele schoonzus ruineert, al met veel succes<br />
op Broadway gebracht. Vivien <strong>Le</strong>ighs vertolking van neurotische,<br />
zuidelijke tanende schone Blanche ‘I always depended on the<br />
kindness of strangers’ Dubois werd met een Oscar beloond.<br />
Regisseur Elia Kazan had de grootste moeite dit beladen drama<br />
– gesitueerd in zwoel New Orleans - uit de tengels van de <strong>Le</strong>gion<br />
of Decency (lees: de censuur) te houden. Van impact gesproken:<br />
op het Tennessee Williams-festival in New Orleans wordt nog<br />
jaarlijks de beste ‘Hey Stella!’-kreet bekroond. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR<br />
RÉAL : ELIA KAZAN<br />
SC : TENNESSEE WILLIAMS<br />
PHOTO : HARRY STRADLING<br />
MUS : ALEX NORTH<br />
PROD : CHARLES K. FELDMAN,<br />
WARNER BROS<br />
AVEC :<br />
VIVIEN LEIGH, MARLON BRANDO,<br />
KIM HUNTER, KARL MALDEN<br />
ÉTATS-UNIS, 1950, 124’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL
America, America<br />
Aussi étrange que cela puisse paraître, et aussi différents<br />
soient-ils, une identique rupture unit Giono à Kazan.<br />
L’écrivain a dû connaître la prison, la mise à l’index, la<br />
honte attachée à son nom, pour changer radicalement<br />
de manière, tordre le cou à un lyrisme encombrant, et<br />
introduire du scepticisme là où l’on ne trouvait que de la<br />
crédulité. Pareillement, en rompant avec un maximum<br />
de publicité ses liens avec le parti de sa jeunesse, le Parti<br />
communiste, et en se refusant à l’acte d’héroïsme en face<br />
du maccarthysme, Kazan ne fait pas que changer d’opinion<br />
(après tout, c’est son droit absolu), il change de<br />
style. Et à la certitude larmoyante de ses premiers films<br />
répond désormais une incertitude enfiévrée. De sorte<br />
qu’America, America, qui retrace l’odyssée des émigrants<br />
grecs du début du siècle, ne tire pas sa puissance émotionnelle<br />
de relents nostalgiques, mais de son actualité<br />
immédiate. Car rien n’est plus neuf que de fuir le crime<br />
pour finir soi-même criminel. America, America, c’est la<br />
boîte de Pandore. Quand on l’ouvre, le pire survient. Et<br />
le pire contraint ce jeune Grec, si pur, si désintéressé, en<br />
ses débuts dans l’existence, à tendre la main, à quêter<br />
le “quarter” qui, s’imagine-t-il, lui permettra d’humilier<br />
son prochain. Voilà pourquoi America, America n’est que<br />
la provisoire conclusion de son enquête sur ses racines,<br />
et, en l’espèce, sur l’Amérique tout entière. Pour l’achever,<br />
il y faudra le meurtre du père (L’Arrangement), le<br />
sacrifice des fils (<strong>Le</strong>s Visiteurs), et la mise en doute de la<br />
69<br />
ELIA KAZAN<br />
machinerie qui aura, à son corps défendant, permis à<br />
l’illusion critique d’exister (<strong>Le</strong> Dernier Nabab). Mais c’est<br />
dans America, America, qui célèbre, par son approche<br />
volontairement documentariste, la fin du romanesque,<br />
que tout aura été dit : à savoir que la trahison est dans<br />
la nature même de l’homme. Pour l’attester, Kazan aura<br />
payé le prix fort.<br />
d’après Gérard Guégan, Dictionnaire mondial des films<br />
•<br />
Veel van Elia Kazans werk is biografisch. Zo ook America,<br />
America (1963). Avraamelia Kazanjoglou was Elia’s oom. Op<br />
het einde van de 19e eeuw wil hij Turkije, waar de Griekse<br />
minderheid wordt onderdrukt, inruilen voor het Beloofde Land<br />
(Amerika). Dat lukt hem uiteindelijk, maar zowel vertrekken<br />
uit Turkije, als immigreren in Amerika loopt niet van een leien<br />
dakje (al zal hij uiteindelijk wel een aantal familieleden laten<br />
overkomen, wellicht ook de kleine Elia en z’n ouders). De film<br />
schetst een schitterend en – in zekere zin – tijdloos portret van<br />
emigranten: een eeuw later zijn mensen nog steeds bereid hoge<br />
offers te brengen op hun zoektocht naar een beter bestaan.<br />
De schitterende fotografie is van Haskell Wexler (die ook het<br />
camerawerk voor In the Heat of the Night, One Flew over the<br />
Cuckoo’s Nest en vele, vele anderen deed). De cast bestaat<br />
veelal uit getalenteerde nobele onbekenden. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
RÉAL & SC : ELIA KAZAN<br />
PHOTO : HASKELL WEXLER<br />
MUS : MANOS HADJIDAKIS<br />
PROD : ELIA KAZAN,<br />
CHARLES S. MAGUIRE<br />
(WARNER BROS)<br />
AVEC :<br />
STATHIS GIALLELIS, FRANK WOLFF,<br />
HARRY DAVIS, ELENA KARAM<br />
ÉTATS-UNIS, 1963, 168’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
70<br />
DROITS DE CINÉ : 30 FILMS POUR UNE DÉCLARATION<br />
www.liguedh.org<br />
La Ligue des droits de l’Homme, en collaboration avec le <strong>Ciné</strong>ma Arenberg,<br />
lancera, en septembre prochain, son ciné club mensuel : “Droits de <strong>Ciné</strong>”.<br />
<strong>Le</strong> concept : 30X1 film pour illustrer chaque article<br />
de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.<br />
<strong>Le</strong>s films : manga humaniste, fantastique visionnaire, comédie sociale...<br />
tous les goûts du cinéma!<br />
Quand ?<br />
Tous les 4 e jeudis du mois, à 21h30.<br />
POUR ÊTRE TENU INFORMÉ DU PROGRAMME ET RECEVOIR DES<br />
INFORMATIONS SUR LES FILMS, ENVOYEZ UN MAIL AVEC, EN MENTION DANS L’OBJET,<br />
“DROITS DE CINÉ” À L’ADRESSE dmorelli@liguedh.be
The Arrangement<br />
L’autobiographie d’Elia Kazan, Une Vie (Grasset, 1989),<br />
s’ouvre sur la question d’une épouse inquiète : “Pourquoi<br />
es-tu en colère ?” Tous les films de Kazan bouillonnent<br />
de rage et de remords, mais seul The Arrangement prend<br />
soin de répondre à cette question, avec une précision<br />
clinique. En 1968, sous le choc de la mort brutale de<br />
sa femme, Molly, Kazan se lance dans la rédaction d’un<br />
roman à clés, rongé par une culpabilité fiévreuse et<br />
agressive. Un best-seller. Il en tire immédiatement un<br />
film, parcouru par la même énergie du désespoir. Eddie<br />
(Kirk Douglas), publicitaire brillant et autodestructeur, ne<br />
trouve pas dans la reconnaissance publique l’apaisement<br />
auquel il aspire. Un accident de voiture – masque commode<br />
d’une tentative de suicide – le plonge dans une<br />
remise en question radicale. S’il importe de souligner la<br />
dimension autobiographique de The Arrangement, c’est<br />
que toute l’œuvre d’Elia Kazan repose sur la nécessité de<br />
se confesser. Mais, alors que Sur les Quais ou <strong>Le</strong>s Visiteurs<br />
traitent de la dénonciation d’autrui, The Arrangement est<br />
conçu comme une dénonciation de Kazan par lui-même.<br />
Avec une brutalité étonnante, il dénonce sa propre réussite<br />
financière et artistique comme la récompense d’une<br />
trahison inacceptable. Dans cette Amérique-là, plus de<br />
rédemption possible : Eddie devra payer le prix de ses<br />
arrangements avec sa conscience. La beauté du cinéma<br />
de Kazan tient à cette fascination pour la crise, l’ébranlement<br />
et la destruction. <strong>Le</strong> drame qui se joue sous nos<br />
71<br />
ELIA KAZAN<br />
yeux est psychologique, bien sûr, mais le souci constant<br />
du cinéaste est de lui trouver une traduction physique. Il<br />
invente avec The Arrangement une forme neuve, fondée<br />
sur des ruptures constantes de ton et de rythme. Déçu de<br />
n’avoir pu convaincre Marlon Brando d’incarner Eddie, il<br />
semble se méfier de Kirk Douglas et le filme avec une sorte<br />
de crispation qui, au bout du compte, porte le film. C’est<br />
là le secret le plus intime que recèle The Arrangement :<br />
cette histoire est celle d’une haine de soi créatrice.<br />
d’après Florence Colombani, <strong>Le</strong> Monde<br />
•<br />
Elia Kazan. Er zijn weinig namen in de filmwereld die zoveel<br />
gemengde gevoelens oproepen als die van Elias Kazanjoglou,<br />
geboren in Constantinopel in 1909 uit Griekse ouders, die<br />
naar de Verenigde Staten emigreerden toen Elias nog een<br />
Eliasje was. In het door paranoia geregeerde Amerika van de<br />
Koude Oorlogsjaren was Kazan namelijk één van de eersten<br />
om ‘namen te noemen’ voor de House UnAmerican Activities<br />
Committee. De Blacklist ruineerde de carrière van meer dan<br />
één collega. Maar Kazan was meer dan dat. Hij was een groot<br />
theater- en filmregisseur. Er staan zes van zijn films op het<br />
programma. The Arrangement (1969) is de ‘jongste’ (Kazan<br />
maakte er nog twee, voor hij beginjaren tachtig het filmen voor<br />
bekeken hield. Hij overleed in september van 2003). Gebaseerd<br />
op Kazans eigen autobiografische roman. Met Kirk Douglas,<br />
Faye Dunaway en Deborah Kerr. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
L’ARRANGEMENT<br />
RÉAL & SC : ELIA KAZAN<br />
PHOTO : ROBERT SURTEES<br />
MUS : DAVID AMRAM<br />
PROD : ELIA KAZAN,<br />
CHARLES H. MAGUIRE<br />
AVEC :<br />
KIRK DOUGLAS, FAYE DUNAWAY,<br />
DEBORAH KERR, RICHARD BOONE<br />
ÉTATS-UNIS, 1969, 125’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Elle est mignonne, la petite. Tellement mutine qu’on se<br />
demande, des fois, si ce ne serait pas un garçon. <strong>Le</strong>s<br />
filles ne sont pas comme ça. C’est même un principe<br />
génétique, une hypothèse théorique minimale, que de<br />
considérer que les filles, toutes les filles, sont gentilles.<br />
<strong>Le</strong>s vicieuses, ce sont toutes des garçons. Pour Tennessee<br />
Williams, pas de doute, Baby Doll est un homme. Pour<br />
Kazan, c’est une autre paire de manches. Il aimait les<br />
filles, le vieux. Avec Carroll Baker, la caméra fait des<br />
aller-retour, elle se permet des caresses interdites. Elle<br />
est vierge ou pas, la petite ? Allez savoir, avec les filles.<br />
Ce qui est sûr, c’est que le petit garçon de Tennessee<br />
Williams, là, c’est devenu une fille. Elle aguiche, elle<br />
suçote, elle miaule. Deux hommes, un violeur matois<br />
(Eli Wallach), un mari cocu (Karl Malden), amoureux<br />
fous d’une fillette à déflorer d’urgence. Ça, c’est ce que<br />
dit la caméra de Kazan à la fillette alanguie. Ouvre-moi<br />
les cuisses, petite. C’est ce qu’elle dit, la caméra. Avec<br />
gros effets languissants, elle soupire, elle râle. Faut dire<br />
que Kazan ne fait pas dans la dentelle. Il n’est pas du<br />
genre subtil, le Turc. Derrière la caméra, heureusement<br />
il y a un autre homme qui regarde la petite fille. C’est<br />
Boris Kaufman, le frère méconnu de Jean Vigo, maître<br />
des lumières de L’Atalante et de La Fièvre dans le sang.<br />
Comme James Wong Howe, Boris Kaufman est l’un<br />
des très rares chefs opérateurs de génie du cinéma hollywoodien,<br />
ce qu’on appelle un auteur. Il n’y en a pas<br />
72<br />
Baby Doll<br />
ELIA KAZAN<br />
des tonnes. Il sait que les femmes, toutes les femmes,<br />
sont gentilles. Il sait aussi que le cinéma, c’est juste une<br />
jolie lumière sur les fesses d’une jolie fille.<br />
d’après Louis Skorecki, Libération<br />
•<br />
“He bit off more, than he can chew” wordt er achter de rug<br />
van Archie <strong>Le</strong>e (Karl Malden) gefluisterd. De oudere, kalende<br />
<strong>Le</strong>e – inderdaad niet meteen de droomprins op z’n witte paard<br />
voor een jong meisje – kreeg meer dan hij zich wellicht wenste,<br />
toen hij de duimzuigende Baby Doll (Carroll Baker) huwde. Om<br />
maar één ding te noemen: met het wicht slapen mag niet tot ze<br />
twintig is. Tel daar diepe depressie in de katoenindustrie en een<br />
Siciliaanse rivaal met wraakgedachten bij en alle componenten<br />
voor een intens drama over seksueel verlangen en frustratie in<br />
het diepe zuiden van de Verenigde Staten zijn aanwezig. Met<br />
Baby Doll (1956) verfilmde Elia Kazan opnieuw Tennessee<br />
Williams (twee van zijn eenakters). Gewild of niet, is de film<br />
bovendien een onthutsend document over een Amerika waarin<br />
rassenongelijkheid eerder als een feit werd vastgesteld dan<br />
werd aangeklaagd. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
RÉAL : ELIA KAZAN<br />
SC : TENNESSEE WILLIAMS<br />
PHOTO : BORIS KAUFMAN<br />
MUS : KENYON HOPKINS<br />
PROD : ELIA KAZAN,<br />
TENNESSEE WILLIAMS<br />
AVEC :<br />
CARROLL BAKER, KARL MALDEN,<br />
ELI WALLACH, MILDRED DUNNOCK,<br />
R.G. ARMSTRONG<br />
ÉTATS-UNIS, 1956, 114’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST FR
Splendor in the Grass<br />
Kansas, 1928. <strong>Le</strong> fils d’un pétrolier, Bud Stamper, est<br />
passionnément amoureux de Deanie Loomis, une jeune<br />
fille d’une famille assez pauvre. Sa mère recommande<br />
à celle-ci de rester pure et lui parle du devoir conjugal<br />
comme d’une épreuve douloureuse qui fait partie de la<br />
destinée malheureuse des femmes. Bud, n’en pouvant<br />
plus de devoir “respecter” Deanie, lui dit qu’il préfère<br />
cesser de la voir. L’un des films les plus importants de<br />
Kazan, tourné volontairement dans les environs de New<br />
York, contre Hollywood. Cela pour des raisons morales<br />
et à des fins d’économie. C’est d’abord le triomphe,<br />
la quintessence de la direction d’acteurs style Actors’<br />
Studio, et une sorte d’adieu quasi définitif à ce style.<br />
De longues scènes, prolongées au-delà de ce que leur<br />
strict contenu dramatique exige, découpées et montées<br />
pour que l’acteur et le corps de l’acteur soient rois,<br />
montrent des personnages malades, frustrés, névrosés<br />
dont l’angoisse naît lentement, monte, explose, ou bien<br />
n’explose pas et, dans ce cas, les détruit encore plus<br />
irrémédiablement. Ce style de direction d’acteurs n’est<br />
apte qu’à décrire des univers en décomposition qu’un<br />
bouleversement de valeurs va bientôt balayer. Il chante<br />
avec une intensité parfois poignante une décadence qui<br />
n’a même pas eu sa grandeur. Transplanté ailleurs, il<br />
devient vite odieux et d’une complaisance insoutenable.<br />
Ici, il est parfaitement adapté au sujet “historique” traité<br />
par le script de William Inge : à savoir les ravages du<br />
73<br />
ELIA KAZAN<br />
puritanisme dans l’âme de l’Amérique des années trente<br />
vus à travers toutes les couches, riches et pauvres, de la<br />
société ; ses rapports avec la maladie mentale et donc<br />
avec la psychanalyse ; les tragédies individuelles qu’il<br />
engendre et l’espèce de bonheur déchirant (qui n’est<br />
pas le bonheur) auquel parviendront, avec le temps,<br />
les survivants. A cet égard, la dernière scène du film<br />
– retrouvailles entre Natalie Wood et Warren Beatty – est<br />
la plus belle de toute l’œuvre de Kazan.<br />
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du <strong>Ciné</strong>ma<br />
•<br />
Deanie (Natalie Wood) en Bud (mooie jongen Warren Beatty<br />
in zijn filmdebuut) zijn verliefd. Maar in een stadje in Kansas<br />
– waar zijn vader een hoge piet is en de hare niet – in de<br />
jaren twintig, is dat niet zo eenvoudig. Seks voor het huwelijk ?<br />
Uitgesloten! Deanie kan wachten (“No Bud, we musn’t!”), Bud<br />
niet. Daar komt dus gegarandeerd ellende van. Splendor in<br />
the Grass (de titel is geleend bij William Wordsworth) uit 1961,<br />
is Elia Kazans sombere visie op de Amerikaanse maatschappij<br />
die volgens Kazan wordt geregeerd door hypocrisie, puritanisme<br />
en materialisme. Het is ook een aandoenlijk verhaal (een<br />
zakdoek zal geen overbodige luxe blijken) over de pijn van het<br />
opgroeien en afscheid nemen van jeugdidealen. Kijk uit naar<br />
Kazans echtgenote Barbara Loden (de regisseur/actrice van<br />
Wanda, ook te zien op dit festival), die de rol speelt van “bad<br />
girl” Ginny, Buds zus. M.V.<br />
ELIA KAZAN<br />
LA FIÈVRE DANS LE SANG<br />
REAL : ELIA KAZAN<br />
SC : WILLIAM INGE<br />
PHOTO : BORIS KAUFMAN<br />
MUS : DAVID AMRAM<br />
PROD : ELIA KAZAN<br />
(NEWTON PRODUCTIONS), WARNER<br />
AVEC :<br />
NATALIE WOOD, WARREN BEATTY,<br />
PAT HINGLE, BARBARA LODEN<br />
ÉTATS-UNIS, 1961, 124’,<br />
NOIR ET BLANC, VO ST BIL
Depuis bientôt huit ans, le P’tit <strong>Ciné</strong> mène une des<br />
rares actions concrètes en faveur du documentaire<br />
en Communauté française avec la projection d’une<br />
quarantaine de films par an, le plus souvent en présence<br />
du cinéaste et accompagnés d’un débat ou<br />
d’une animation.<br />
Depuis deux ans, le cinéma Arenberg accueille le P’tit<br />
<strong>Ciné</strong> pour une de nos projections mensuelles. Cette<br />
année, vous avez pu y découvrir un bon nombre de<br />
films documentaires qui sont pour la plupart sortis<br />
en salles en France. C’est le cas d’Histoire d’un secret,<br />
Dix-sept ans, No Pasaran, Derrida, De Guerres Lasses,<br />
ou le dernier film de Rithy Panh, S-21, la machine de<br />
mort khmère rouge.<br />
Vous êtes nombreux à entendre parler de ces films<br />
quand ils sortent en France au détour d’un article de<br />
Libé, du Monde ou des Inrocks ou d’une interview<br />
sur France Inter ou France Culture. Et vous êtes aussi<br />
nombreux à nous demander quand ils vont sortir<br />
en salles en Belgique. Mais au-delà des projections<br />
ponctuelles que nous organisons, ils ne sont malheureusement<br />
jamais distribués ici. La Belgique n’est pas<br />
la France, ni en termes de “marché culturel”, ni en<br />
termes de relais dans la presse, d’aide à la diffusion<br />
du documentaire en salles ou d’équipement en matériel<br />
de projection numérique léger.<br />
74<br />
CYCLE<br />
DOCUMENTAIRES<br />
LE P’TIT CINÉ<br />
DOCUMENTAIRE SUR GRAND ÉCRAN<br />
Notre vocation a toujours été celle de passeurs plutôt<br />
que de distributeurs mais cet été, en collaboration<br />
avec l’Écran <strong>Total</strong> et le cinéma Arenberg, nous allons<br />
revenir sur quelques-uns des films documentaires<br />
marquants de notre programmation de l’année, en<br />
leur donnant le temps de vivre sur les écrans.<br />
Ce sera l’occasion de voir ou revoir Dix-sept ans de<br />
Didier Nion, d’Histoire d’un secret de Mariana Otero<br />
et de S-21, la machine de mort khmère rouge du<br />
cinéaste cambodgien Rithy Panh. Et pour ceux qui<br />
n’ont pas loupé une seule projection du P’tit <strong>Ciné</strong><br />
cette année, nous avons deux petites perles inédites :<br />
Comizi d’amore de Pier Paolo Pasolini, une succulente<br />
enquête sur la sexualité italienne des années<br />
soixante et Bright <strong>Le</strong>aves de Ross McElwee, qui est<br />
assurément un des documentaristes américains les<br />
plus intéressants du moment.<br />
<strong>Le</strong> P’tit <strong>Ciné</strong><br />
rue du fort, 5 - 1060 Bruxelles<br />
tél/fax : +32 2 538.17.57<br />
e-mail : leptitcine@belgacom.net<br />
www.leptitcine.be
Vétéran américain du documentaire (Six O’Clock<br />
News, Sherman’s March, etc.) qu’il arpente depuis<br />
la fin des années soixante-dix, Ross McElwee a<br />
pour particularité d’associer régulièrement petite et<br />
grande histoires, celle de son entourage et de son<br />
pays fusionnant dans des récits intimes et éloquents,<br />
construits avec habileté. De ce point de vue, Bright<br />
<strong>Le</strong>aves fait un peu figure d’aboutissement, ou de<br />
point de non-retour : réalisé, écrit, commenté, monté<br />
et produit par Ross McElwee, le film mélange passé<br />
et présent, comme fiction d’emprunt et réalité, ou<br />
introspection et grand déballage, pour remonter la<br />
piste d’une saga familiale tourmentée, selon laquelle<br />
l’arrière grand-père du réalisateur aurait été un<br />
riche propriétaire de plantations de tabac, floué<br />
par un concurrent déloyal. Résultat, le premier finit<br />
dans l’anonymat, quand le second allait devenir un<br />
puissant industriel, respecté et admiré dans toute<br />
l’Amérique. La preuve ? Bright <strong>Le</strong>aves, un mélo<br />
tourné en 1950 par Michael Curtiz qui, par Gary<br />
Cooper et Patricia Neal interposés, évoquerait la destinée<br />
à la fois tragique et romanesque de sa famille.<br />
Ross McElwee, guidé par un sens de l’autodérision<br />
proche de Woody Allen, étale ses incertitudes avec<br />
une complaisance n’ayant d’égale que la subtilité<br />
salutaire qui les véhicule. Oscillant sans cesse entre<br />
fierté et amertume, il ausculte aussi, au passage, une<br />
75<br />
Bright <strong>Le</strong>aves<br />
ROSS McELWEE<br />
Amérique profonde, sa Caroline du Nord natale, sur<br />
laquelle il porte un regard affectueux qui passe parfois,<br />
là encore, par l’ironie.<br />
Gilles Renault, Libération<br />
•<br />
Bright <strong>Le</strong>aves laat zich nog het best omschrijven als een<br />
‘historische roman in uitvoering’. Dit vorig jaar in Cannes<br />
warm onthaalde document van de door Frederik Wiseman en<br />
D.A. Pennebaker beïnvloede documentaire filmmaker Ross<br />
McElwee, begint met de zoektocht van Elwee naar zijn overgrootvader,<br />
een geruïneerde tabaksbaron, een figuur waarop<br />
Gary Cooper zich inspireerde voor zijn rol in Bright <strong>Le</strong>af, een<br />
door Michael Curtiz gerealiseerde Hollywood-melodrama.<br />
In de loop van McElwee’s onderzoek naar zijn eigen roots,<br />
wordt het echter duidelijk dat hij met een enorm schuldgevoel<br />
zit, omwille van de rol die zijn familie in het populariseren van<br />
de kankerstokjes gespeeld heeft, terwijl hij eigenlijk ook ergens<br />
treurt om het verdwenen familiefortuin.<br />
Bright <strong>Le</strong>aves mengt de intimistische sfeer van home-movies<br />
met sociale satire en de reflectieve kant van een historisch<br />
essay. “Een intelligente en vaak hilarische film”, dixit The New<br />
York Times. L.J.<br />
DOCU<br />
LA SPLENDEUR DES MCELWEE<br />
RÉAL, SC, IMAGE, COMMENTAIRE :<br />
ROSS MCELWEE<br />
MONT : ROSS MCELWEE,<br />
MARK MEATTO<br />
PROD : ROSS MCELWEE,<br />
HOMEMADE MOVIES,<br />
LINDA MORGENSTERN<br />
ÉTATS-UNIS, 2003, 107’,<br />
VO ST FR
Micro à la main, Pasolini interroge les Italiens sur leur<br />
sexualité : d’où viennent les bébés ? De la cigogne, d’une<br />
fleur du bon dieu, de l’oncle de Calabre. <strong>Le</strong>s femmes se<br />
sentent-elles les égales des hommes ? La virginité est-elle<br />
importante ? Pasolini se définit ici comme un “commisvoyageur”<br />
qui parcourt l’Italie, du Sud au Nord, pour<br />
sonder les idées et les mots des Italiens sur la sexualité<br />
et démonter la culture “petite bourgeoise” des années<br />
soixante.<br />
<strong>Le</strong> problème est abordé en quatre grandes parties :<br />
l’éducation sexuelle, l’homosexualité, le divorce, la prostitution.<br />
Alberto Moravia et Cesare Musatti donnent leur<br />
point de vue de penseurs progressistes sur les questions<br />
abordées.<br />
Avec la malice clairvoyante qu’on lui connaît, Pasolini se<br />
montre ici en direct tel qu’en lui-même : subtil, provocateur,<br />
débusqueur de contradictions et un brin cabotin. Et<br />
loin de prétendre à une quelconque “objectivité”, il ne<br />
76<br />
Comizi d’Amore<br />
PIER PAOLO PASOLINI<br />
se cache d’aucune appréciation sur ce que révèlent avec<br />
une affligeante unité la plupart des opinions émises.<br />
•<br />
Pier Paolo Pasolini reisde door het land en registreerde hoe<br />
Italië (in 1965) over seks dacht. Hij vraagt kinderen waar baby’s<br />
vandaan komen en mannen of voor hen maagdelijkheid een<br />
must is. Hij vraagt vrouwen hoe ze tegenover scheiding staan.<br />
Zelf homoseksueel, krijgt hij ook een aantal denigrerende<br />
opmerkingen over homoseksuelen te verteren. De documentaire<br />
Comizi d’Amore, waarin een iets andere maar daarom niet<br />
minder boeiende Pasolini voor het voetlicht treedt, maakt duidelijk<br />
hoe verschillend er in het land over seks wordt gedacht<br />
en, meer algemeen, hoe mensen maar met veel moeite hun<br />
schaamte kunnen overwinnen als het over zulk een onderwerp<br />
gaat (het maakt ook duidelijk dat er qua seksuele opvoeding<br />
nog flink wat werk aan de winkel was). Pasolini vroeg ook de<br />
opinie van enkele bekende Italianen. Dichter Giuseppe Ungaretti<br />
en journaliste Oriana Fallaci, ondermeer. M.V.<br />
DOCU<br />
ENQUÊTE SUR LA SEXUALITÉ<br />
RÉAL, ENTRETIEN<br />
ET COMMENTAIRE :<br />
PIER PAOLO PASOLINI<br />
IMAGE : MARIO BERNARDO,<br />
TONINO DELLI COLLI<br />
SON : O. DE ARCANGELIS,<br />
C. RAMUNDO<br />
MONT : NINO BARAGLI<br />
PROD : ALFREDO BONI, ARCO FILM<br />
AVEC :<br />
CESARE MUSATTI,<br />
ALBERTO MORAVIA<br />
ITALIE, 1963-1965, 90’,<br />
NOIR & BLANC, VO ST FR
Un objet comme ça, on n’en croise pas souvent dans une<br />
vie de critique. Dix-sept ans est un documentaire tout<br />
simple et très carré qui trouve sa place dans notre imaginaire<br />
aux côtés de mythologiques fictions : celles des<br />
tout premiers Truffaut, celles des derniers Rossellini ou<br />
celles des actuels Dardenne. De ses premiers récits (il a<br />
alors 13-14 ans) à sa première voiture, Jean-Benoît nous<br />
accroche ferme à son sillage buté, et parfois contre son<br />
gré : une part de la magie du film tient dans le rapport<br />
sinon agressif du moins souvent tendu entre celui qui<br />
tient la caméra et son modèle. La fermeté du premier et<br />
la nature récalcitrante du second, qu’elles soient tacites<br />
ou explicites, forment hors champ un ping-pong aussi<br />
poignant que savoureux.<br />
Olivier Séguret, Libération<br />
Jean-Benoît est fou de joie. Il vient d’être accepté<br />
dans un garage comme apprenti mécanicien, le métier<br />
dont il a toujours rêvé. Il a deux ans pour obtenir son<br />
diplôme. Deux ans pour dompter la révolte pulsionnelle<br />
qui l’habite, dépasser son aversion pour l’autorité<br />
et échapper à “une vie de merde” qu’il connaît<br />
trop bien. Deux ans durant lesquels Didier Nion l’a<br />
accompagné, patiemment, pour qu’ils fassent ensemble<br />
ce très beau film initiatique. Progressivement,<br />
77<br />
Dix-sept ans<br />
DIDIER NION<br />
il gagne sa place dans la vie privée de son héros,<br />
dans l’univers qu’il s’est construit avec la formidable<br />
Héléna, adolescente d’une maturité inouïe qui tient à<br />
la fois le rôle d’amoureuse, d’ange gardien et de mère.<br />
Dix-sept ans aurait pu être une tragédie. C’est un film<br />
sur le miracle de l’amour.<br />
Isabelle Regnier, <strong>Le</strong> Monde<br />
•<br />
De 17-jarige Jean-Benoît heeft een droom die hem al sinds<br />
zijn kindertijd bezighoudt: een in vrachtwagens gespecialiseerd<br />
mechanicus worden. Maar alvorens het zo ver komt, moet hij er<br />
eerst voor zorgen dat het opnieuw rustig wordt in zijn kop, want<br />
het voortdurend gekibbel met zijn moeder, de zelfmoord van<br />
zijn vader en het leven in een foyer heeft voor stevige littekens<br />
gezorgd (“J’ai le mal au fond de moi”).<br />
Het magnifieke Dix-sept ans is een intens ducumentair verslag<br />
over het leven van deze arme adolescent uit de buurt van<br />
Rouen. Gedurende twee jaar volgde regisseur Didier Nion, zelf<br />
een gewezen houtbewerker, het doen en laten van Jean-Benoît.<br />
Hij stelde zich daarbij als een soort substituutvader op, omdat<br />
hij een vergelijkbaar parcours achter de rug heeft. Het is juist<br />
die relatie die dit portret over een adolescent, gevangen tussen<br />
revolte en bewustwording, zo speciaal maakt. L.J.<br />
DOCU<br />
RÉAL, IMAGE : DIDIER NION<br />
SON : PASCALE MONS<br />
MONT : CATHERINE ZINS<br />
MONT SON & MIXAGE :<br />
JEAN MALLET<br />
PROD : MILLE ET UN FILMS<br />
FRANCE, 2003, 83’,<br />
COULEUR, VOF
78<br />
Histoire d’un secret<br />
Quand j’ai eu quatre ans et demi, ma mère a disparu.<br />
Notre famille nous a dit à ma sœur et à moi qu’elle était<br />
partie travailler à Paris. Un an et demi plus tard, notre<br />
grand-mère nous avouait qu’elle était morte d’une opération<br />
de l’appendicite. Par la suite durant notre enfance<br />
et notre jeunesse, notre père ne nous parla pas de notre<br />
mère, sauf pour nous répéter qu’elle avait été une peintre<br />
et une femme extraordinaires. Il avait enfermé ses<br />
tableaux dans un placard et rangé les photos dans un<br />
tiroir qu’il nous était interdit d’ouvrir.<br />
Si j’ai parfois désobéi, je n’ai jamais vraiment manifesté<br />
une grande curiosité pour celle qui avait été ma mère<br />
et dont je ne reconnaissais même pas le visage sur les<br />
photos. Il y a sept ans, quand notre père se décida enfin<br />
à nous parler de notre mère, ce fut pour nous révéler les<br />
circonstances réelles de son décès.<br />
Ce secret que mon père avait porté seul pendant vingtcinq<br />
ans l’avait empêché de nous raconter la vie et l’œuvre<br />
de notre mère. En rompant ce tabou, il nous rendait<br />
notre mère. Mais ces mensonges successifs avaient effacé<br />
de ma mémoire jusqu’au souvenir de sa disparition. J’ai<br />
éprouvé alors la nécessité de reconstruire cette histoire<br />
MARIANA OTERO<br />
et de retrouver celle qui m’avait été doublement arrachée<br />
par la mort et par le secret. Elle était peintre, je suis<br />
cinéaste. Faute de souvenirs, ce sont ses tableaux qui<br />
peuvent avec le cinéma me conduire jusqu’à elle.<br />
Mariana Otero<br />
•<br />
De documentaire filmmaakster Mariana Otero was vier jaar toen<br />
ze haar moeder verloor. De familie vertelt Mariana echter dat<br />
haar moeder naar Parijs vertrokken is om er te gaan werken.<br />
Ongeveer een jaar later geeft haar grootmoeder toe dat ze<br />
aan een appendicitis gestorven is. In al die jaren blijft haar<br />
vader zwijgen als een graf. In Histoire d’un secret probeert<br />
Mariana Otero, aan de hand van gesprekken met haar vader,<br />
haar grootmoeder, haar tante, haar oom en haar zus (de actrice<br />
Isabel Otero), te achterhalen wat er werkelijk met haar moeder,<br />
een schilderes die op het punt stond om door te breken,<br />
gebeurd is. Ze doet dat rustig en met veel respect, hoe pijnlijk<br />
de waarheid ook is (Clotilde Otero stierf aan de gevolgen van<br />
een clandestiene abortus).<br />
Een waardige en delicate enquêtefilm, schommelend tussen<br />
documentaire en fictie, die veel meer is dan een mooie hommage<br />
aan Mariana’s moeder. L.J.<br />
DOCU<br />
RÉAL : MARIANA OTERO<br />
IMAGE : HÉLÈNE LOUVART<br />
SON : PATRICK GENET<br />
MONT : NELLY QUETTIER<br />
MUS : MICHAEL GALASSO<br />
PROD : ARCHIPEL 35<br />
FRANCE, 2003, 95’,<br />
COULEUR, VOF
79<br />
S-21,<br />
La Machine de mort khmère rouge<br />
Au Cambodge, sous les Khmers rouges, S-21 était le<br />
principal “bureau de la sécurité”. Dans ce centre de<br />
détention situé au cœur de Phnom Penh, près de 17 000<br />
prisonniers ont été torturés, interrogés puis exécutés<br />
entre 1975 et 1979. Trois d’entre eux seulement sont<br />
encore en vie.<br />
S-21, la Machine de mort khmère rouge tente de comprendre<br />
comment le Parti communiste du Kampuchéa<br />
démocratique a organisé et mis en œuvre sa politique<br />
d’élimination systématique. Pendant près de trois ans,<br />
Rithy Panh et son équipe ont entrepris une longue<br />
enquête auprès des rares rescapés, mais aussi auprès<br />
de leurs anciens bourreaux. Ils ont convaincu les uns et<br />
les autres de revenir sur le lieu même de l’ancien S-21,<br />
actuellement reconverti en musée du génocide, pour<br />
confronter leurs témoignages.<br />
<strong>Le</strong>s mots ne suffisent pas pour décrire ce qui s’est passé<br />
là. L’implacable minutie de la machinerie du meurtre<br />
planifié échappe à l’entendement. Comme si la conscience<br />
refusait d’appréhender, et donc de mettre des<br />
mots d’aujourd’hui sur l’indicible. Mais il reste les preuves<br />
– les photos, les archives, les lieux – qui font ressurgir<br />
RITHY PANH<br />
les mots d’autrefois. Il y a aussi la mémoire enfouie<br />
profondément dans les corps, celle des gestes et des<br />
routines… qui peuvent surgir de l’inconscient comme<br />
dans un cauchemar.<br />
•<br />
De Cambodjaanse regisseur Rithy Panh brengt ons in S21:<br />
The Khmer Rouge Killing Machine naar Tuol Sleng ofwel<br />
tuchtkamp 21 in Pnomh Penh, nu een vervallen gebouw, maar<br />
ooit, tussen 1975 en 1977, de plaats waar tienduizenden<br />
vermeende dissidenten, zowel mannen, vrouwen als kinderen,<br />
door de Rode Khmer gefolterd, verkracht en vermoord werden.<br />
Vann Nath en Chum Mey, twee slachtoffers die het kamp hebben<br />
overleefd, worden in dit aangrijpend document opnieuw in<br />
contact gebracht met hun voormalige bewakers.<br />
Hun vroegere beulen zijn onverstoorbare mannen die geen<br />
greintje berouw tonen. Ze kunnen of willen geen antwoorden<br />
geven op de beleefde, maar hardnekkige vragen over hoe ze<br />
zulke onmensen zijn kunnen worden.<br />
Panhs ontluisterende en indrukwekkende S21 hoort zonder<br />
twijfel thuis in dezelfde categorie als Claude Lanzmans monumentale<br />
Shoah. L.J.<br />
DOCU<br />
RÉAL : RITHY PANH<br />
IMAGE : PRUM MESAR, RITHY PANH<br />
MONT : MARIE-CHRISTINE<br />
ROUGERIE, ISABELLE ROUDY<br />
SON : SEAR VISSAL<br />
PROD : CATI COUTEAU,<br />
DANA HASTIER, ARTE FRANCE<br />
FRANCE-CAMBODGE, 2002, 101’,<br />
COULEUR, VO ST FR
80<br />
LES REPRISES
Après trois films questionnant le passé d’Israël, Amos Gitai<br />
revient au présent : l’action d’Alila se situe aujourd’hui à<br />
Tel-Aviv. Et la cité bigarrée, pagailleuse, pourrait bien<br />
être le personnage principal du récit.<br />
Des nouvelles de Tel-Aviv, et donc des nouvelles d’Israël.<br />
<strong>Le</strong> problème de tout film israélien contemporain est<br />
de coexister avec l’antienne quotidienne des journaux,<br />
processus de paix sans cesse interrompu, cercle infernal<br />
des représailles et de la peur. Chez Amos Gitai, cinéaste<br />
dont on connaît l’engagement, le spectateur européen<br />
a tendance à chercher des clés pour comprendre l’actualité<br />
qui n’y sont peut-être pas. Quitte à méconnaître,<br />
souvent, ce qui fait sens pour le public israélien. On<br />
oublie peut-être trop volontiers que Gitai est d’abord un<br />
observateur, son passé de documentariste l’atteste. Alila<br />
est une histoire d’espace et de promiscuité. Dans un<br />
appartement du sud de Tel-Aviv, qui jouxte un parking,<br />
architecture mal fichue, absence totale d’intimité, coexistent<br />
tant bien que mal une dizaine de personnages, solitaires<br />
ou en couple. <strong>Le</strong> cinéaste les suit en longs plansséquences,<br />
soigneusement composés, les travellings<br />
latéraux qu’il affectionne lui permettant de passer littéralement<br />
à travers les murs. En vrac voici donc un rescapé<br />
de la Shoah, sa domestique philippine, des Chinois qui<br />
bossent au noir, un couple adultère, un entrepreneur<br />
dont le fils vient de déserter et que sa femme a quitté<br />
pour prendre un jeune amant, des magouilleurs, des flics<br />
81<br />
Alila<br />
AMOS GITAI<br />
bureaucrates, la frustration permanente des uns et des<br />
autres, leur mésentente continuelle, vues à travers des<br />
saynètes tour à tour cocasses ou plus dramatiques. On y<br />
lirait volontiers que l’identité israélienne n’est plus tout à<br />
fait ce qu’elle était, que la coexistence floue d’individus<br />
divers, inaptes à communiquer, l’a diluée, transformée.<br />
À condition, bien sûr, que cette vue en coupe d’un<br />
immeuble soit celle de la société tout entière.<br />
d’après Aurélien Ferenczi, Télérama<br />
•<br />
De Israëlische filmmaker Amos Gitai heeft zich een reputatie<br />
opgebouwd met sociaal-kritische films. Zijn bekendste film is<br />
wellicht nog altijd Kadosh. Alila, losjes gebaseerd op de roman<br />
‘Returnig Lost Loves’ van Yehoshua Knaz, is een bijtende,<br />
Altmaneske studie van het chaotische leven in een armzalig<br />
appartementsgebouw in een blakend Tel Aviv waar een twaalftal<br />
personages worden gevolgd. Tot de bewoners behoren<br />
onder meer een jonge soldaat die uit het leger gedeserteerd<br />
is, zijn ruziënde en gescheiden ouders, een nymfomane, een<br />
Filippijnse meid en een overlevende van de holocaust.<br />
Het absorberende Alila, het Hebreeuws voor verhaalplot, is<br />
misschien minder politiek expliciet in vergelijking met Gitai’s<br />
recentste films zoals Kedma en Yom Yom, maar de toon van<br />
deze duik in de etnische smeltkroes van Israël blijft sterk antiautoritair.<br />
L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : AMOS GITAI<br />
SC : AMOS GITAI, MARIE-JOSÉ<br />
SANSELME, D’APRÈS LE ROMAN<br />
DE YEHOSHUA KENAZ<br />
PHOTO : RENATO BERTA<br />
MP PRODUCTION, AGAV HAFAKOT,<br />
ETC.<br />
AVEC :<br />
YAËL ABECASSIS,<br />
URI RAN KLAUZNER,<br />
HANNA LASLO,<br />
RONIT ELKABETZ, AMOS LAVIE<br />
FRANCE-ISRAËL, 2003, 120’,<br />
COULEUR, VO ST FR
83<br />
American Splendor<br />
SHARI SPRINGER BERMAN & ROBERT PULCINI<br />
Connaissez-vous Harvey Pekar ? Harvey Pekar lui, en<br />
revanche, nous connaît par cœur. Boule de poil maugréant<br />
en marcel blanc cracra tout en caressant son<br />
début de calvitie, il lui arrive même de nous ressembler :<br />
même appartement en bordel, même collectionnite<br />
aiguë de livres, de disques incunables, de comics dégénérés,<br />
mêmes névroses à répétition, semblable inutilité<br />
en tout : la vie du côté des hypocondriaques, le monde<br />
vu par les nerds, l’univers par ceux qui le défont. L’avenir<br />
appartient-il aux inadaptés ? Harvey en a un temps<br />
douté. Il a végété pendant des années comme documentaliste<br />
dans un hôpital de Cleveland où personne, hormis<br />
un semi-débile, ne prenait au sérieux sa passion pour les<br />
78 tours de blues. Jusqu’au jour où Pekar a rencontré<br />
Robert Crumb dans une foire aux vinyles. Heureusement<br />
pour lui, Crumb fut son ange et son mentor, le premier<br />
à mettre en dessins les antiaventures de son ami, ces<br />
comics bâtis sur son quotidien qu’il baptisera ironiquement<br />
American Splendor et qui feront de lui un héros de<br />
la contre-culture.<br />
Crumb a eu droit à son film il y a six ans. Andy Kaufman<br />
aussi, et c’était le chef-d’œuvral Man on the Moon de<br />
Forman, porté jusqu’aux cieux par Jim Carrey. <strong>Le</strong>s fillettes<br />
de Ghost World, la bd de Daniel Clowes, sont elles aussi<br />
passées à l’écran l’an dernier. Et voici enfin American<br />
Splendor. Ses deux réalisateurs mordus ont superposé<br />
les éléments de la vie de Pekar, l’adaptation littérale de<br />
certains de ses strips, à des interventions directes et détachées<br />
de Pekar en personne, filmé aujourd’hui, revenu<br />
de tout : de la contre-culture, de la célébrité, des médias,<br />
du cancer. Fort de ce contrechamp entre le véritable<br />
Pekar et le génial Paul Giamatti qui l’incarne à l’image, le<br />
film s’épaissit sans perdre l’indispensable patine seventies<br />
qui en accroît le charme.<br />
d’après Philippe Azoury, Libération<br />
•<br />
“Ordinary life is pretty complex stuff”. Maak kennis met<br />
Harvey Pekar, Amerikaans fenomeen. Sinds 1976 brengt<br />
Pekar jaarlijks een stripboek uit, onder de algemene titel<br />
American Splendor, waarin de prickly poëet op een even<br />
zwartgallige als grappige wijze de uitdagingen van zijn dagelijkse<br />
leven beschrijft. Filmmakers echtpaar Shari Springer<br />
Berman en Robert Pulcini, helemaal in de ban van Pekar,<br />
besloten een film te wijden aan de compulsieve lezer en verzamelaar,<br />
jazzliefhebber en waardeloze huisman. American<br />
Splendor (2003) werd een bijzonder geslaagde combinatie<br />
van fictie (met een schitterende Paul Giamatti – waar is zijn<br />
Oscar?) als de ‘film’ Harvey Pekar en de ‘strip’ Harvey (getekend<br />
door stripgroten als Robert Crumb, Frank Stack en Joe<br />
Sacco) en de échte Harvey (geïnterviewd in de film en met<br />
archiefbeelden van Pekar bij David <strong>Le</strong>tterman). M.V.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : SHARI SPRINGER BERMAN,<br />
ROBERT PULCINI<br />
SC : SHARI SPRINGER BERMAN,<br />
ROBERT PULCINI,<br />
D’APRÈS LES BANDES DESSINÉES<br />
DE HARVEY PEKAR<br />
ET JOYCE BRABNER<br />
PHOTO : TERRY STACEY<br />
MUS : MARK SUOZZO,<br />
EYTAN MIRSKY<br />
PROD : HBO FILMS,<br />
FINE LINE PICTURES<br />
AVEC :<br />
PAUL GIAMATTI, HOPE DAVIS,<br />
JAMES URBANIAK, JUDAH<br />
FRIEDLANDER, HARVEY PEKAR<br />
ÉTATS-UNIS, 2003, 101’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Sec, concert, direct, <strong>Le</strong>s Égarés est un pur film de metteur<br />
en scène, parvenant à imprimer à chaque composante<br />
de son film (corps, objets, paysage, situation dramatique<br />
de convention) une couleur et un timbre particuliers,<br />
comme passés au travers d’un film totalement personnel.<br />
L’entêtement à être soi, et à ne faire que ce qu’on souhaite,<br />
fût-ce dans une bulle, c’est précisément le sujet des<br />
Égarés. Odile (Emmanuelle Béart), mère et institutrice,<br />
adulte professionnelle, fuit sur les routes [c’est la guerre]<br />
avec ses deux gamins. Il y a Philippe, le mauvais enfant,<br />
trop précoce pour son âge, qui juge sa mère avec dureté<br />
et s’occupe de sa petite sœur comme un parent. Et il y a<br />
Cathy, dont la relation chimérique au monde donne au<br />
film sa voix off et sa coloration de conte. Cathy a peur du<br />
diable, qui emporte les enfants. Mais il n’y a pas d’ogre<br />
dans <strong>Le</strong>s Égarés. Sur le chemin de cette jeune Lillian<br />
Gish et des deux orphelins sur lesquels elle veille, on<br />
ne trouve, virtuellement, qu’un jeune amant (Gaspard<br />
Ulliel), avec laquelle la petite famille tombe dans un trou<br />
et recompose une micro-société déracinée, à l’abri de<br />
tout. Que serait La Nuit du chasseur, ses sous-bois et ses<br />
rivières, ses nuits à la belle étoile et ses refuges, une fois<br />
soustrait le personnage de Robert Mitchum ? Mais la plus<br />
grande menace qui pèse sur cette petite communauté<br />
déracinée, c’est tout simplement le principe de réalité,<br />
qui fait toujours retour. En une heure trente, Téchiné<br />
a su camper avec une rare acuité cet émouvant pha-<br />
84<br />
<strong>Le</strong>s Égarés<br />
ANDRÉ TÉCHINÉ<br />
lanstère, cette société sans père et sans loi, et tous les<br />
horizons utopiques (sexuels, existentiels) qu’elle dégage.<br />
Et il donne aussi une force dramatique impressionnante<br />
à l’éclatement de cette bulle, lorsqu’elle bute sur les<br />
arêtes de la réalité. Ce qui est terrible, ce n’est pas de<br />
s’égarer, mais bien que toujours le monde finisse par<br />
vous retrouver.<br />
Jean-Marc Lalanne, Cahiers du cinéma<br />
•<br />
André Téchiné’s <strong>Le</strong>s égarés (2003) ademt een beetje de sfeer<br />
van Roman Polanski’s The Pianist. Al is in dit geval de waanzin<br />
van de oorlog meer op het achterplan aanwezig. Er is dan<br />
ook meer sprake van een liefdes- dan van een oorlogsdrama.<br />
Emannuelle Béart is de jonge weduwe Odile die in 1940 het<br />
oorlogsgeweld in Parijs wil ontvluchten met haar twee jonge<br />
kinderen. Ze moet een beroep doen op Yvan, een vroegrijpe<br />
zestienjarige die ze niet volledig vertrouwt, maar voldoende<br />
overlevingstechnieken heeft voor vier. Ze belanden in een verlaten<br />
buitengoed, waar de erotische spanning tussen Odile en<br />
Yvan groeit. <strong>Le</strong>s égarés is alweer een mooie Téchiné geworden,<br />
met totaal geloofwaardige personages die worden overspoeld<br />
door de verwarring en onzekerheid van het dagelijkse leven (en<br />
bovendien : wie anders doet zulke grootse dingen met ‘kleine’<br />
acteurtjes ?). M.V.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : ANDRÉ TÉCHINÉ<br />
SC : GILLES TAURAND,<br />
ANDRÉ TÉCHINÉ D’APRÈS<br />
LE GARÇON AUX YEUX GRIS<br />
DE GILLES PERRAULT<br />
PHOTO : AGNÈS GODARD<br />
MUS : PHILIPPE SARDE<br />
PROD : FIT PRODUCTIONS,<br />
FRANCE 2 CINÉMA, SPICE FACTORY<br />
LIMITED<br />
AVEC :<br />
EMMANUELLE BÉART,<br />
GASPARD ULLIEL,<br />
GRÉGOIRE LEPRINCE-RINGUET<br />
FRANCE, 2003, 95’,<br />
COULEUR, VOF ST NL
L’Esquive est un film rusé qui sait porter en lui un puissant<br />
effet de réel, mais c’est aussi une fiction, affichée,<br />
rappelée sans cesse à le rester. Il faut croire, pourtant,<br />
que les cités n’ont pas encore droit, dans l’inconscient<br />
collectif, à accéder à cette zone précise de notre histoire :<br />
le romanesque. Après La Faute à Voltaire, son premier<br />
film, Abdellatif Kechiche s’est lancé dans l’entreprise de<br />
remixer le parlé caillera avec <strong>Le</strong>s Jeux de l’amour et du<br />
hasard. Partant de là, le postulat pourrait passer pour<br />
scolaire : quelques ados répètent du Marivaux avant la<br />
kermesse de fin d’année, en tenue, ceci devant leurs<br />
classes ou en bas des immeubles. L’Esquive n’est ni un<br />
film en gros sabots sur les rapports du théâtre et de la vie,<br />
ni un (joli) film sur l’adolescence en émoi : il s’attache à<br />
l’imposture et à son corollaire, les codes de la vie qui<br />
serrent comme des cadres et dans lesquels sans armure<br />
on étouffe. Exactement comme chez Marivaux, tiens<br />
donc… Et ici, comme au XVIII e siècle, l’armure, c’est le<br />
verbe. Lydia, la belle héroïne, est à ce jeu assez forte,<br />
jusqu’à la schizophrénie. Elle sait dire Marivaux sans<br />
accent. La question de l’âge de la langue est devenue<br />
obsolète. Tout n’est qu’affaire de volonté. Or la volonté<br />
individuelle est bien ce qui manque aux Francs-Moisins<br />
ou aux 4000, où tout se règle en clan, si bien qu’il arrive<br />
à Kechiche de filmer une gentille affaire de cœur entre<br />
ados (“T’as cassé ?”, “Tu la kiffes toujours ?”) en parodie<br />
de deal mafieux, avec intervention des flics. On prend<br />
85<br />
L’Esquive<br />
ABDELLATIF KECHICHE<br />
alors la mesure de ce qui s’est joué sous nos yeux : tout<br />
ça, c’était écrit. Oui, Marivaux comme le reste, qui vaut<br />
pour premier registre d’une mutation généralisée de la<br />
langue. <strong>Le</strong> cinéma, ça sert donc à ça : photographier<br />
dans un flash tout ce qui vit à très grande vitesse.<br />
Philippe Azoury, Libération<br />
•<br />
“L’esquive gaat beslist een referentie worden”, schreef <strong>Le</strong><br />
Monde over deze zowel in Frankrijk als bij ons enthousiast<br />
onthaalde film van Abdellatif Kechiche, de acteur uit André<br />
Téchiné’s <strong>Le</strong>s innocents die enkele jaren geleden sterk<br />
debuteerde met La faute de Voltaire, een film over ‘les sanspapiers.’<br />
Het energieke en in Saint-Denis opgenomen L’esquive breekt<br />
namelijk met de clichés zoals we die kennen van films die zich<br />
in de populaire Parijse buitenwijken of HLM-cité’s afspelen.<br />
In deze grappige en indringende komedie over de dromen<br />
en verlangens van enkele dolende adolescenten, wordt er<br />
bijvoorbeeld niet over drugs, gesluierde meisjes of gedwongen<br />
huwelijken gesproken, maar wel over liefde en theater.<br />
“Ik heb in de eerste plaats de verbale agressiviteit willen<br />
demystifiëren”, aldus Kechiche over zijn uitstekende en met<br />
veel tact geobserveerde film. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : ABDELLATIF KECHICHE<br />
SC : ABDELLATIF KECHICHE,<br />
GHALIA LACROIX<br />
PHOTO : LÜBOMIR BAKCHEV<br />
PROD : LOLA FILMS,<br />
JACQUES OUANICHE, CINÉ CINÉMA<br />
AVEC :<br />
OSMAN ELKHARRAZ, SARAH<br />
FORESTIER, SABRINA OUAZANI,<br />
NANOU BENHAMOU<br />
FRANCE, 2002, 117’,<br />
COULEUR, VOF
Antoine (Jean-Pierre Darroussin) se fait une joie de<br />
rejoindre ses enfants en vacances. Hélène, sa femme<br />
(Carole Bouquet), est en retard. Il en profite pour boire<br />
quelques bières. Il fait chaud en cette fin d’après-midi…<br />
Lorsqu’ils prennent enfin la voiture, l’alcool et la chaleur<br />
commencent à faire effet.<br />
Avec Feux rouges, Cédric Kahn confirme une maîtrise<br />
digne des plus grands. Dès les premiers plans, il pose<br />
l’aspect très ordinaire de son héros, employé moyen,<br />
heureux de quitter un travail peu valorisant pour des<br />
vacances en famille. Dans cet univers, qui est aussi le<br />
nôtre, le physique simple, et presque quotidien, de Jean-<br />
Pierre Darroussin accentue l’effet de reconnaissance<br />
et, donc, d’identification, qui va nous aider à suivre sa<br />
descente aux enfers. Mais cette simplicité est un leurre<br />
car, dehors, le paysage change. De Paris à la province.<br />
Du jour à la nuit. D’une bière à trois grammes dans le<br />
sang. D’un monde à l’autre, en somme, les couleurs ne<br />
sont plus les mêmes, la réalité a basculé et nous avec.<br />
Mais quand ? Au troisième verre ? A l’apparition de cet<br />
étrange personnage qui oblige Antoine à reprendre un<br />
whisky ? Au moment de quitter l’autoroute ?<br />
Peu importe. Qu’il s’agisse d’un virage vers le film noir,<br />
d’un détour vers le fantastique ou d’une altération de<br />
la réalité due à l’alcool… Car, ce qui compte, en ces<br />
troubles contrées, est que l’on navigue à la lisière des<br />
genres, sur une corde raide, où Cédric Kahn, toujours<br />
86<br />
Feux rouges<br />
CÉDRIC KAHN<br />
à la limite de la rupture, réussit un magnifique numéro<br />
d’équilibriste. Rupture de tons, d’une part, entre les trois<br />
blocs narratifs du film (suspense, fantastique et thriller),<br />
et, rupture humaine, d’autre part, pour ce couple bourgeois,<br />
proche de l’implosion, et, surtout, pour Antoine et<br />
ses tendances suicidaires.<br />
d’après Marc Petit, Fluctuat.net<br />
•<br />
Feux rouges (2004) is de meest recente film van de jonge<br />
schrijver-regisseur Cédric Kahn. De film is gebaseerd op een<br />
roman van Georges Simenon, wat gewoonlijk een garantie biedt<br />
op suspens, zwarte humor, scheeflopende relaties en tragische<br />
helden. Jean-Pierre Darrousin, die hier duidelijk maakt dat hij<br />
niet enkel als ensemble-acteur z’n mannetje kan staan, en de<br />
immer heerlijke Carole Bouquet zijn een echtpaar in de problemen<br />
op een overdrukke autostrade op weg naar het zomerkamp<br />
van de kinderen. Hij drinkt, dus staat hij inmiddels aan het<br />
staartje van haar prioriteitenlijst. Ze krijgen ruzie, zij verdwijnt,<br />
hij pikt een lifter op. Is een drama in wording de enige manier<br />
om hun huwelijk te redden? Naast een afdoende thriller is Feux<br />
rouges (het gevaar is nooit ver weg) vooral een exploratie van<br />
liefde en intimiteit en wat je moet investeren om een succesvolle<br />
relatie op te bouwen. M.V.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : CÉDRIC KAHN<br />
SC : CÉDRIC KAHN, LAURENCE<br />
FERREIRA-BARBOSA, GILLES<br />
MARCHAND, D’APRÈS LE ROMAN<br />
DE GEORGES SIMENON<br />
PHOTO : PATRICK BLOSSIER<br />
MUS : CLAUDE DEBUSSY<br />
PROD : ALICÉLEO, GIMAGES FILMS<br />
AVEC :<br />
JEAN-PIERRE DARROUSSIN,<br />
CAROLE BOUQUET,<br />
VINCENT DENIARD,<br />
CHARLINE PAUL,<br />
JEAN-PIERRE GROS<br />
FRANCE, 2003, 106’,<br />
COULEUR, VOF
87<br />
Histoire de Marie et Julien<br />
Julien fait un rêve : il rencontre Marie. Un an auparavant,<br />
dans une soirée, Marie et Julien sont tombés amoureux<br />
l’un de l’autre, mais tous deux étaient pris à l’époque.<br />
Maintenant, ils sont libres. A son réveil, Julien croise<br />
justement Marie dans la rue. Ils se donnent rendez-vous,<br />
mais elle ne vient pas (apparition/disparition, présence/<br />
absence : érotisme de l’intermittence). Elle réapparaîtra<br />
pourtant. Julien et Marie vont s’aimer, et le film prendra<br />
souvent le ton banal et/ou réjouissant de l’amour au quotidien<br />
(qui fait la force du film). Mais un poids pèse sur<br />
Marie, un abîme la sépare de Julien, qu’elle ne sait pas<br />
comment combler. Comme dans tous les couples ? Marie<br />
est amenée à disparaître… et à réapparaître, comme<br />
les fantasmes refoulés, les blessures mal cicatrisées (ou<br />
mal cicatrisantes). Grâce à l’amour, elle parviendra à<br />
triompher de la mort. Mais peut-être ne s’agit-il que d’un<br />
rêve… Un conte pour adultes. Rien de neuf : la cinéma a<br />
toujours eu le chic de faire son miel des histoires les plus<br />
“bêtes”. Rivette, cinéaste gothique par excellence, en tire<br />
un film intense et étonnant sur l’amour fou, la mort, la<br />
terreur et la délivrance, nous entraîne subrepticement<br />
sur les chemins de l’irrationnel et du fantastique, avec<br />
une telle subtilité qu’on jurerait que tout cela est naturel.<br />
<strong>Le</strong> film atteint à un parfait équilibre entre préoccupations<br />
intimes, respect des codes du genre fantastique,<br />
vérité psychologique et questionnement sur le cinéma,<br />
ce point de fusion où tout fait sens, plus précisément<br />
JACQUES RIVETTE<br />
où tout va dans le même sens. Ce parfait équilibre à un<br />
nom : maturité. On pourrait aussi l’appeler classicisme,<br />
avec tout ce qu’il y a de paradoxal à résumer par ce mot<br />
le film d’un cinéaste dont le nom est tellement lié à l’idée<br />
de modernité au cinéma.<br />
d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
De jongste film van Jacques Rivette, Histoire de Marie et<br />
Julien, dateert eigenlijk al van 1975. Samen met zijn assistente<br />
Claire Denis was Rivette indertijd immers al begonnen<br />
aan de opnamen van die film, met in de voornaamste rollen<br />
Albert Finney en <strong>Le</strong>slie Caran. Na drie draaidagen legde Rivette<br />
de opnamen echter stil, omwille van een ‘technisch KO van de<br />
regisseur’. Dat geaborteerde project zou bij Rivette voor heel<br />
wat wroeging zorgen, een wroeging die hem dertig jaar lang is<br />
blijven achtervolgen. Twee jaar geleden werd het scenario van<br />
de film echter uitgegeven en bij het nalezen van de drukproeven<br />
ontstond de idee om het project opnieuw op te starten, deze<br />
keer met Emmanuelle Béart in de hoofdrol.<br />
In vergelijking met Va Savoir is dit amour fou-drama opnieuw<br />
opvallend somber van toon, maar de inmiddels 76-jarige Rivette<br />
regisseert hier voor het eerst erotische scènes die volgens<br />
Cahiers du <strong>Ciné</strong>ma tot de mooiste en meest inventieve van de<br />
filmgeschiedenis behoren. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : JACQUES RIVETTE<br />
SC : JACQUES RIVETTE,<br />
PASCAL BONITZER,<br />
CHRISTINE LAURENT<br />
PHOTO : WILLIAM LUBTCHANSKY<br />
PROD : PIERRE GRISE<br />
PRODUCTIONS, ARTE FRANCE<br />
CINÉMA, VM PRODUCTIONS,<br />
FMB 2 FILMS, CINEMAUNDICI<br />
AVEC :<br />
EMMANUELLE BÉART, JERZY<br />
RADZIWILOWICZ, ANNE BROCHET,<br />
BETTINA KEE<br />
FRANCE-ITALIE, 2003, 145’,<br />
COULEUR, VOF
88<br />
My Life Without Me<br />
Anne va mourir. Elle n’a que vingt-trois ans et la<br />
tumeur se propage vite. Il ne lui reste que quelques<br />
semaines. <strong>Le</strong> temps de vivre “vraiment” et de prévoir<br />
ce que sera sa vie sans elle : celle de son mari, bon,<br />
attentionné et volontaire, mais “pas à la hauteur” ; de<br />
ses deux filles, Penny et Patsy, six et quatre ans ; de sa<br />
mère (étonnante Deborah Harry) trop lasse et amère,<br />
mais grâce à qui Anne et les siens peuvent vivre au<br />
fond du jardin dans une caravane. Elle tait sa maladie<br />
et, loin de s’apitoyer, elle liste les choses à faire.<br />
Comme avant un départ, elle prévoit : dire à mes filles<br />
que je les aime, trouver une nouvelle femme pour<br />
Don, enregistrer mes messages pour les anniversaires<br />
futurs, aller voir mon père en prison, coucher avec<br />
d’autres hommes, rendre quelqu’un amoureux de<br />
moi, dire ce que je pense… Et c’est la rencontre avec<br />
<strong>Le</strong>e, le solitaire qui laisse couler les jours entre lecture,<br />
musique et grands espaces. Elle découvre ses baisers,<br />
sa peau, ses sentiments pour cet être qu’elle met en<br />
mouvement. L’idée-force de ce film, lumineux et pâle<br />
comme son actrice principale (Sarah Polley), c’est de<br />
traiter de la mort en parlant surtout de la vie. Pas de<br />
scènes d’hôpital douloureuses, juste un médecin timide<br />
qui deviendra le passeur (vers la mort, mais aussi<br />
vers la vie, après). C’est sobre, délicat, telles les petites<br />
choses qui nous font sentir vivant : le goût d’un bonbon<br />
au gingembre, le bruit de la pluie sur les feuilles,<br />
ISABEL COIXET<br />
la texture du lait, le toucher d’une écorce d’orange,<br />
le froid sur la peau, ou les notes cristallines des verres<br />
d’un musicien, juste là pour l’envol réussi du film.<br />
d’après D.M., Positif<br />
•<br />
Het jaar is nog niet om, maar dit in het Engels opgenomen en<br />
door Pedro Almodovars productiebedrijf El Deseo geproduceerde<br />
My Life Without Me haalt beslist verschillende Top<br />
tien-lijstjes.<br />
Ann (een schitterende Sarah Polley) is een 24-jarige vrouw en<br />
moeder van twee meisjes. Ze leeft samen met haar man in een<br />
stacaravan in de tuin van haar moeder, een verbitterde vrouw<br />
die kickt op Joan Crawford-films. En dan verneemt Ann plots<br />
dat ze een fatale kanker heeft en dat ze nog maar twee of drie<br />
maanden te leven heeft. Ze besluit tegen niemand iets te zeggen<br />
en begint met het opstellen van een lijstje met de zaken die<br />
ze nog wil doen voordat ze dood gaat.<br />
Scenarist-regisseuse Isabel Coixet mijdt alle clichés, goedkoop<br />
sentimetent en manipulerende pathos in dit oprecht, ontroerend<br />
en gevoelig melodrama, een film die ‘zowel melancholie als<br />
levenslust opwekt’. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : ISABEL COIXET<br />
SC : ISABEL COIXET,<br />
D’APRÈS UNE NOUVELLE DE<br />
NANCI ICINCAID<br />
PHOTO : JEAN-CLAUDE LARRIEU<br />
MUS : ALFONSO DE VILLALONGA<br />
PROD : EL DESEO & MILESTONE<br />
PRODUCTION INC<br />
AVEC :<br />
SARAH POLLEY, SCOTT SPEDMAN,<br />
MARK RUFFALO, DEBORAH HARRY,<br />
MARIA DE MEDEIROS<br />
ESPAGNE-CANADA, 2003, 102’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Nous sommes dans une petite ville reculée de l’Ouest<br />
islandais, qui n’est pas sans faire écho à l’Ouest mythique<br />
de l’Amérique. Seulement, le désert est de neige, l’aridité<br />
de glace. Dans ce trou perdu, coupé en hiver du reste<br />
du monde, la vie se résume pour Nói à peu de chose.<br />
Une mère qui, réflexion faite, a dû se faire la malle depuis<br />
belle lurette ; une grand-mère rabougrie, gentille mais<br />
complètement tapée, qui réveille son petit-fils à coups<br />
de carabine ; un père aux allures de rocker, qui noie<br />
dans l’alcool son impuissance à faire quoi que ce soit, et<br />
dont les conseils se résument à “Et surtout : les capotes.<br />
Un enfant, c’est vite arrivé. Je suis bien placé pour le<br />
savoir.” Pour Nói, dix-sept ans, filiforme, de grands yeux<br />
vifs, pas un poil sur le caillou, des allures de dandy avec<br />
sa chemise écossaise cintrée et son bonnet péruvien, il<br />
s’agit surtout d’échapper à la monotonie. Avant tout,<br />
ne pas prendre au sérieux cette microsociété trois fois<br />
dérisoire, et faire à découvert ce que d’autres font sous<br />
cape, dans leur temps libre ou en retraite : jouer. <strong>Le</strong> jeu<br />
chez Nói est une attitude constante, une forme active<br />
de résistance au monde absurde dans lequel les adultes,<br />
qu’il toise d’une stoïque indifférence, cherchent à le<br />
compromettre ; un mouvement ascendant, lyrique, qui<br />
délivre le film de toute pesanteur. Sous le regard aiguisé<br />
de cet adolescent éthéré, à travers chacun de ses gestes<br />
contenus, impeccables de précision, les situations les<br />
moins relevées prennent aussitôt su piquant : faire des<br />
89<br />
Nói albinoi<br />
DAGUR KÁRI<br />
crêpes, affronter un psychologue scolaire, chercher une<br />
tombe sous la neige… <strong>Le</strong> personnage de Nói s’inscrit<br />
dans la grande tradition des héros comiques : il tient d’un<br />
Harry Langdon, d’un Buster Keaton pour le caractère<br />
lunaire et secret ; d’un Charlot par cette attitude merveilleuse<br />
qu’il a, par le seul trait de son esprit, de refuser<br />
la misère du monde.<br />
d’après Pascal Sennequier, Positif<br />
•<br />
Noi is helemaal geen albino, maar misschien is hij wel de<br />
dorpsgek of een genie in vermomming? De 17-jarige Noi<br />
droomt ervan om te ontsnappen uit zijn gevangenis, een dorp in<br />
een afgelegen fjord in het noorden van Ijsland dat in de winter<br />
volledig van de buitenwereld afgesloten is. Zijn vader zit zwaar<br />
aan de drank en op school heeft hij voortdurend problemen. Een<br />
ontmoeting met een meisje doet deze drop-out nog meer van<br />
vluchten dromen. Maar zijn verschillende, onhandige pogingen<br />
lopen telkens op mislukkingen uit, al zal dat ook wel met zijn<br />
eigenzinnige natuur te maken hebben.<br />
“Een dadaïst uit Ijsland”, “De revelatie van het jaar” of “Het<br />
grote Ijslandse filmtalent”: het regende complimenten voor Noi<br />
Albinoi, een op festivals onder de prijzen bedolven debuut van<br />
Dagur Karl. Zijn heerlijke absurde fabel over de verveling en<br />
revolte van een adolescente is dan ook een Kaurismaki-achtig<br />
festijn van onderkoelde, zwarte humor. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL & SC : DAGUR KÁRI<br />
PHOTO : RASMUS VIDEBAEK<br />
MUS : SLOWBLOW<br />
PROD : ZIK ZAK FILMPRODUKTION<br />
AVEC :<br />
TÓMAS LEMARQUIS,<br />
THRÖSTUR LEO GUNNARSSON,<br />
ELIN HANSDOTTIR,<br />
ANNA FRIDIKSDOTTIR<br />
ISLANDE, 2003, 93’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
90<br />
Qui a tué Bambi ?<br />
Gilles Marchand, coscénariste de Ressources humaines,<br />
Harry, un ami qui vous veut du bien et Bon voyage, réalise<br />
son premier long métrage, neuf ans après avoir remporté<br />
le grand prix du festival de Clermont-Ferrand pour<br />
un court intitulé Joyeux Noël. À l’origine de ce projet,<br />
un cliché de roman de gare : dans un hôpital isolé, une<br />
jeune infirmière est troublée par un beau chirurgien.<br />
Trouble amoureux, sans doute, mais de peur mêlé. Car<br />
des phénomènes étranges se produisent dans l’établissement<br />
: des patientes se réveillent en pleine anesthésie,<br />
d’autres disparaissent sans laisser de traces. La première<br />
habileté de Gilles Marchand est simplement d’emboîter<br />
les peurs. La crainte de l’opération se redouble d’une<br />
frayeur provoquée par le médecin lui-même. Comment<br />
savoir ce qui se passe quand on est endormi, qu’on<br />
s’abandonne aux mains de l’équipe chirurgicale, qu’on<br />
reste inconscient dans une salle de réveil ? Cet effroi est<br />
ambivalent, le spectateur n’étant pas non plus étranger<br />
au fantasme commun de la belle endormie offerte à<br />
l’inconnu. Sur cette tension classique entre peur et attirance,<br />
Qui a tué Bambi ? tient assez longtemps le public<br />
en haleine, jusqu’à ce qu’une autre question fasse irruption,<br />
magistralement mise en scène dans la séquence<br />
du jeu du rêve. Un doute s’immisce alors, qui virtualise<br />
l’enquête de notre petit chaperon rouge qui se prend soit<br />
pour Cendrillon, soit pour Fantômette. Seule contre tous<br />
les scepticismes, elle part à la conquête de ce château<br />
GILLES MARCHAND<br />
complexe aux princesses captives que devient l’hôpital.<br />
Mais ses évanouissements ne trahissent-ils pas ses désirs<br />
d’abandon ? <strong>Le</strong> film malmène le savoir, fait vaciller les<br />
certitudes. <strong>Le</strong> soin apporté à la mise en scène est très<br />
rassurant sur la capacité des jeunes cinéastes français<br />
à réaliser des films de genre comme ce thriller, à la fois<br />
intelligents et efficaces.<br />
d’après Stéphane Goudet, Positif<br />
•<br />
Voor Qui a tué bambi ? greep regisseur Gilles Marchand voor<br />
de titel terug naar de punksong ‘Who Killed Bambi’, wat meteen<br />
aangeeft dat dit een film is waarin meer met ongemak dan met<br />
onschuld geflirt wordt.<br />
Marchand citeert Hitchcock, Fritz Lang en Lynch als zijn belangrijkste<br />
invloeden. De vlag die de lading van deze intelligente en<br />
met metaforische sprookjesmotieven doorweven psychologische<br />
thriller dekt, is echter Harry, un ami qui vous veut du bien<br />
van Dominik Moll. Marchand was coscenarist van Molls akelige<br />
debuut, terwijl Moll voor dit sprookje over een sensuele aspirant-verpleegster<br />
(revelatie Sophie Quinton) en een duivelse<br />
dokter (Laurent Lucas), als regieraadgever optrad.<br />
Het nare maar onderhoudende Qui a tué bambi ? speelt op een<br />
verontrustende manier in op de angst voor medische narcose<br />
en deze fraaie, ontregelende nachtmerrie is beslist een van de<br />
betere Franse films van het afgelopen seizoen. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : GILLES MARCHAND<br />
SC : GILLES MARCHAND,<br />
VINCENT DIETSCHY<br />
PHOTO : PIERRE MILON<br />
MUS : LILY MARGOT, CARLOS<br />
DALTON, FRANÇOIS EUDES<br />
PROD : HAUT ET COURT, M6 FILMS<br />
AVEC :<br />
SOPHIE QUINTON,<br />
LAURENT LUCAS,<br />
CATHERINE JACOB,<br />
YASMINE BELMADI<br />
FRANCE, 2003, 126’,<br />
COULEUR, VOF ST NL
Scène d’ouverture. Plan fixe, interminable. Un homme<br />
acculé au désespoir braque une bijouterie des beaux<br />
quartiers de Téhéran, tue le gérant avant de se donner la<br />
mort. Insupportable cri de détresse d’un pauvre homme<br />
frappé par la misère, cet acte filmé avec retenue symbolise<br />
la lente descente aux enfers d’une population trop<br />
habituée aux humiliations d’un régime à deux vitesses<br />
(les très riches / les très pauvres). La suite du film retrace<br />
le parcours erratique d’Hussein jusqu’à cet horrible<br />
dénouement, ou comment l’hypocrisie et les tares du<br />
système conduisent le plus raisonnable des hommes à<br />
franchir le pas vers la folie, jusqu’à la mort. Pour Jafar<br />
Panahi, l’intérêt d’une telle histoire, aussi tragique soitelle,<br />
tient dans les raisons qui poussent un être humain<br />
à de telles extrémités, ou comment les erreurs d’un individu<br />
accumulées au fil de l’existence peuvent l’amener à<br />
commettre l’irréparable. En ce sens, Sang et or n’est pas<br />
l’histoire d’un crime, mais celle de ses antécédents. <strong>Le</strong><br />
criminel ne serait donc pas Hussein (incroyable Hussain<br />
Emadeddin, corps massif et mutique, à l’apparente placidité),<br />
mais la société aliénante dans laquelle il tente,<br />
tant bien que mal, de trouver sa place. Dans <strong>Le</strong> Cercle,<br />
son précédent film, Jafar Panahi soulignait déjà la fatalité<br />
sociale qui frappe le peuple iranien (dans ce cas-là, les<br />
femmes). La métaphore du cercle illustrait l’enfermement<br />
des femmes dans leur condition précaire. Dans<br />
Sang et or, c’est le cadre de la bijouterie comme prison<br />
91<br />
Sang et or<br />
JAFAR PANAHI<br />
(comme impasse), et le plan fixe de la scène, qui signifie<br />
l’enfermement social d’Hussein. Ces inventions de la<br />
mise en scène s’expliquent par la censure : pour critiquer<br />
la société iranienne, Panahi se doit d’utiliser des stratégies<br />
détournées. Comme Hussein, le cinéma iranien<br />
semble pris en embuscade. Il en devient d’autant plus<br />
nécessaire et admirable, par sa force et son opiniâtreté.<br />
G.E.<br />
•<br />
Voor Sang et or (Talaye Sorgh), vorig jaar in Cannes met de<br />
prijs van de jury “Un Certain Regard” bekroond, vertrok de<br />
Iraanse cineast Jafar Panahi (The Circle) van een door Abbas<br />
Kiarostami geschreven scenario, gebaseerd op een faits-divers.<br />
De film reconstrueert de escalatie van voorvallen die een incident<br />
voorafgaan dat zal leiden tot de zelfmoord van Hussein,<br />
een eenzame en vernederde pizzabesteller uit Teheran die zijn<br />
buik vol heeft van de menselijke ellende en onrechtvaardigheid<br />
en de groeiende kloof tussen rijk en arm waar hij dagelijks mee<br />
geconfronteerd wordt.<br />
Sang et or, gefilmd in de typische Iraanse realistische stijl die<br />
ondertussen school gemaakt heeft, is een labyrintisch geconstrueerde<br />
parabel die opvalt door zijn subtiele eenvoud, ook al<br />
haalt Panahi sterk uit naar de hypocrisie binnen de gedesillusioneerde,<br />
door sociale spanningen en klassenstrijd verdeelde<br />
Iraanse maatschappij. L.J.<br />
REPRISE<br />
TALAYE SORKH<br />
RÉAL : JAFAR PANAHI<br />
SC : ABBAS KIAROSTAMI<br />
PHOTO : HOSSEIN DJAFARIAN<br />
MUS : PEYMAN YAZDANIAN<br />
PROD : JAFAR PANAHI FILM<br />
PRODUCTIONS<br />
AVEC :<br />
HUSSEIN EMADEDDIN,<br />
KAMYAR SHEISSI, AZITA RAYEJI,<br />
SHAHRAM VAZIRI<br />
IRAN, 2003, 97’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
Comme beaucoup de films de Naomi Kawase, Shara<br />
raconte une histoire de famille, de disparition, de deuil et<br />
de renaissance. Deux petits garçons, Shun et Kei, jouent<br />
dans les ruelles de leur quartier de Nara. Un jour, lors<br />
d’une course-poursuite, Kei disparaît. Où, quand, pourquoi,<br />
comment ? On ne le saura pas. Comment Shun<br />
et sa famille vivent-ils le manque ? Comment ce trauma<br />
initial travaille-t-il Shun et son rapport aux autres ? Ces<br />
questionnements sont déjà remarquables en soi. Mais ce<br />
qui ici est grand, stupéfiant, presque irréel de délicatesse<br />
et de subtilité, c’est la façon dont Kawase s’approprie<br />
ces motifs en cinéaste visitée par la grâce. La caméra de<br />
Shara est toujours mobile, en mouvement, privilégiant<br />
la figure du travelling avant. Au lieu de mettre en place,<br />
de manière classique, un espace-scène de théâtre à trois<br />
côtés (la caméra prenant la place du quatrième côté,<br />
celle du cinéaste et des spectateurs), la caméra de Shara<br />
fore l’espace du film, avance vers le fond-horizon sans<br />
limite des plans, tourne parfois sur elle-même à 360°.<br />
L’usage de la Steadycam ajoute à cette figure dominante<br />
un aspect flottant, glissant, liquide, incertain, proche<br />
d’une vision somnambulique, onirique. Tout concourt<br />
ici a créer une espèce d’ultra-présence du réel et du<br />
monde environnant, à rendre mystérieux et important<br />
le moindre détail du quotidien, à faire entendre et voir<br />
l’invisible, à transformer ce quartier de Nara en un<br />
lieu frissonnant, hanté – par exemple par l’âme d’un<br />
92<br />
Shara<br />
NAOMI KAWASE<br />
enfant disparu. Car si la mise en scène à la fois totale<br />
et elliptique de Kawase fait autant de bien qu’un bain<br />
d’herbes parfumées, et semble nous permettre de voir et<br />
de ressentir le monde avec une acuité décuplée, elle est<br />
aussi une élégance, une pudeur, une façon d’évoquer les<br />
sujets les plus dramatiques avec retenue.<br />
d’après Serge Kaganski, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
De derde film van Naomi Kawase, speelt zich net als Suzaku en<br />
Hotaru af in haar geboortedorp Nara, een oude stad met een<br />
rijke boeddhistische geschiedenis. Het subtiele, intimistische<br />
Shara (Sharaoyjna), dat vorig jaar voor de competitie in Cannes<br />
geselecteerd werd, peilt naar de verdrukte gevoelens, de shock<br />
en verwarring van een familie, getroffen door de verdwijning<br />
van Kei, de tweelingbroer van Shun.<br />
Vijf jaar later hebben vader Taku, bezig met de organisatie<br />
van het jaarlijkse Basara-straatfestival, de zwangere moeder<br />
Reiko (rol van Kawase) en de 17-jarige introverte Shun het nog<br />
steeds moeilijk met dat verlies. Dankzij een aantal gebeurtenissen,<br />
waaronder een onthulling van de moeder, vindt iedereen<br />
opnieuw zijn geluk.<br />
Het visueel memorabele en van stemming adembenemend<br />
mooie Shara is een heel serene, poëtisch-impressionistische<br />
film vol hypnotiserende, kleurrijke rituelen. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL & SC : NAOMI KAWASE<br />
PHOTO : YUTAKA YAMAKAZI<br />
MUS : UA<br />
PROD : YOSHIYA NAGASAWA<br />
AVEC :<br />
NAOMI KAWASE, KOHEI FUKUNAGA,<br />
YUKA HYODO, KANAKO HIGUCHI,<br />
KATSUHISA NAMASE<br />
JAPON, 2003, 99’,<br />
COULEUR, VO ST BIL
La maladie, lorsqu’elle se propage, réveille chez ceux<br />
qu’elle habite de vieux souvenirs, ranime de vieilles<br />
aigreurs, creuse de troubles remords. Face à la mort, le<br />
malade ressent le besoin de tout remettre à plat, à l’image<br />
de son corps qui gît sur un lit d’hôpital, de tout mettre<br />
au clair, comme la lumière crue d’une chambre froide.<br />
Avec Son frère, Patrice Chéreau prolonge cette tradition<br />
narrative – presque une scène primitive – du rassemblement<br />
familial autour d’un lit de mort, qui n’est autre<br />
qu’un lien de vie. Comment vivre avec les autres, surtout<br />
avec ceux que l’on croit aimer ? Comment partager avec<br />
eux les secrets d’une souffrance ou d’un désir ? Défis auxquels<br />
se confronte Thomas (Bruno Todeschini, impressionnant),<br />
qui, apprenant que ses plaquettes de sang ne<br />
fonctionnent plus, décide de revoir son frère Luc (Éric<br />
Caravaca), disparu de son existence depuis longtemps.<br />
Face à son frère se regardant mourir, Luc dépasse le<br />
stade de la compassion, pour reconstruire un lien défait.<br />
Et même si, au bout de la course, les pulsions de vie s’effondrent,<br />
l’abandon aura été précédé d’une rédemption.<br />
Pas celle d’un corps mais celle d’une volonté, pas celle<br />
de la chair mais celle d’un désir. Dans cette confusion<br />
sentimentale et physique, Chéreau s’autorise des instants<br />
de répit, en s’attardant sur ses personnages. Comme ce<br />
plan fixe de Thomas allongé sur son lit d’hôpital, auprès<br />
des infirmières qui rasent ses poils de la tête aux pieds.<br />
Dans ce long plan-séquence sourd et sensuel d’un corps<br />
95<br />
Son frère<br />
PATRICE CHÉREAU<br />
crucifié s’abandonnant aux femmes qui le remodèlent, le<br />
cinéaste capte un instant de grâce. De la grâce, Son frère<br />
ne manque pas, ne serait-ce par le parcours tortueux<br />
qu’il impose avant la libération, par l’âpreté d’une mise<br />
en scène risquée, aérienne et pleine de chair.<br />
d’après Jean-Marie Durand, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />
•<br />
Het vorig jaar in Berlijn met de Zilveren Beer bekroonde Son<br />
frère is niet alleen een aangrijpend verhaal over het lijden van<br />
een zieke man, het is ook een mooi portret over de verzoening<br />
en de emotionele band tussen die zieke Thomas (Bruno<br />
Todeschini) en zijn homoseksuele broer Luc (Eric Caravaca).<br />
In Intimacy, Patrice Chéreau vorige film, zat de camera al<br />
regelmatig heel dicht op de huid van de personages. Dat soms<br />
nerveus kadreren geeft ook aan dit portret over de aftakeling<br />
van de 30-jarige Thomas een ruwe, naturalistische urgentie.<br />
Zonder een noot pathos gaat Chéreau in deze bijzonder sterke<br />
film in op dat proces van lichamelijke degradatie en de impact<br />
daarvan op familie en vrienden. Son frère is in de eerste plaats<br />
echter een intens en indringend drama waarin op een heel<br />
waardige manier het emotionele leven van twee mensen op weg<br />
naar een confrontatie met de dood gescand wordt. L.J.<br />
REPRISE<br />
RÉAL : PATRICE CHÉREAU<br />
SC : PATRICE CHÉREAU,<br />
ANNE-LOUISE TRIVIDIC, D’APRÈS<br />
LE ROMAN DE PHILIPPE BESSON<br />
PHOTO : ÉRIC GAUTIER<br />
MUS : ANGELO BADALAMENTI<br />
PROD : AZOR FILMS, LOVE<br />
STREAMS PRODUCTIONS,<br />
ARTE FRANCE CINÉMA<br />
AVEC :<br />
ÉRIC CARAVACA,<br />
BRUNO TODESCHINI, NATHALIE<br />
BOUTEFEU, MAURICE GARREL,<br />
CATHERINE FERRAN,<br />
PASCAL GREGGORY<br />
FRANCE, 2003, 95’,<br />
COULEUR, VOF ST NL
(1)<br />
DEAD OR ALIVE :<br />
HANZAISHA<br />
SC : ICHIRO RYU<br />
PHOTO : HIDEO YAMAMOTO<br />
MUS : KOJI ENDO<br />
PROD : EXCELLENT FILM,<br />
TOEI, DAIEI<br />
AVEC :<br />
RIKI TAKEUCHI, SHO AIKAWA,<br />
RENJI ISHIBASHI,<br />
HITOSHI OZAWA<br />
JAPON, 1999, 105’,<br />
COULEUR, VO ST FR<br />
96<br />
Trilogie<br />
Dead or Alive<br />
TAKASHI MIIKE<br />
(2)<br />
DEAD OF ALIVE 2 :<br />
TÔBÔSHA<br />
SC : MASA NAKAMURA<br />
PHOTO : KAZUNARI TANAKA<br />
MUS : CHU ISHIKAWA<br />
PROD : EXCELLENT FILM,<br />
TOEI, DAIEI<br />
AVEC :<br />
SHO AIKAWA, NORIKO AOTA,<br />
EDISON CHEN,<br />
KENICHI ENDO<br />
JAPON, 2000, 97’,<br />
COULEUR, VO ST FR<br />
(3)<br />
DEAD OR ALIVE :<br />
FINAL<br />
RÉAL : TAKASHI MIIKE<br />
SC : HITOSHI ISHIKAWA,<br />
YOSHINOBU KANO, ICHIRO RYU<br />
PHOTO : HIDEO YAMAMOTO<br />
MUS : KOJI ENDO<br />
PROD : EXCELLENT FILM,<br />
TOEI, DAIEI<br />
AVEC :<br />
SHO AIKAWA, MARIA CHEN,<br />
RICHARD CHEN,<br />
RIKI TAKEUCHI<br />
JAPON, 2002, 90’,<br />
COULEUR, VO ST FR
Dead or Alive plaque sur un régime de cinéma d’action<br />
une multitude de genres que réunit un excès commun :<br />
kung-fu, science-fiction, film de robots, horreur, parfois<br />
jusqu’aux ramifications les plus extrêmes du porno et les<br />
plus fauchées de la série Z. Mais Miike n’abdique jamais<br />
devant la pauvreté de ses moyens. Preuve indéniable de<br />
son talent plastique, mais plus encore, garantie que son<br />
projet dépasse largement le nihilisme dont il est crédité.<br />
Pourquoi une trilogie ? Miike répète qu’il en déteste le<br />
principe. Cette commande l’a incité, selon ses dires, à<br />
refuser la moindre continuité d’un épisode à l’autre.<br />
Ainsi DOA 1 se réduit-il au duel d’un policier japonais<br />
et d’un gangster chinois. DOA 2 reprend les mêmes<br />
acteurs dans une relation d’amitié motivée par une<br />
même enfance. DOA 3, ou Final les constitue replicants,<br />
résistant ou lieutenant à la solde d’une dictature. Quelles<br />
relations établir alors entre ces films ? Au moins trois. La<br />
première est rythmique. Lançant l’effrayante machine<br />
à images, le compte au départ de DOA 1 ramène toute<br />
forme de revendication, sérieuse ou dérisoire, à une<br />
même pulsation : la séquence qui suit, bien que confuse,<br />
est toujours prête à articuler un redémarrage. Ainsi, la<br />
série n’envisage jamais de se boucler. La seconde est un<br />
principe de balance. <strong>Le</strong> terme désigne le jeu perpétuel<br />
de deux éléments opposés et pourtant solidaires. La troisième<br />
est celle que scande le titre. Survie grotesque, qui<br />
fait jouer un ressort comique déjà vu : les deux personna-<br />
97<br />
ges meurent à chaque fin d’épisode, comme Kenny dans<br />
South Park. Mais il est peut-être inutile de croire à cette<br />
explication plus qu’à une autre : dans l’indiscernabilité à<br />
l’écran du vivant et du mort, mille scénarios s’inventent<br />
depuis toujours. Bons ou mauvais : le centre y est de<br />
toute façon écarté, et une place égale accordée aux<br />
vivants et aux fantômes, à la gravité et à la parodie.<br />
d’après Antoine Thirion, Cahiers du cinéma<br />
•<br />
Hoewel de op digitale video opgenomen Dead or Alive-cyclus<br />
van de maniakale veelfilmer en schockmeister Takashi Miike<br />
(The Audition, Ichi The Killer) als een trilogie wordt voorgesteld,<br />
gaat het hier wel degelijk om drie afzonderlijke films die inhoudelijk<br />
niets met elkaar te maken hebben, tenzij een schokkend<br />
amoreel universum en een koortsachtige, hoogstoriginele en<br />
inventieve filmstijl.<br />
Dead or Alive (1999) is een ultragewelddadige, flashy en met<br />
adrenaline geladen anarchistische thriller over de strijd tussen<br />
cops en yakuza-gangsters.<br />
In het meer nostalgisch getinte Dead or Alive 2 : Birds (2000)<br />
sluiten twee professionele killers en oude schoolvrienden<br />
opnieuw vriendschap met elkaar.<br />
Het futuristische Dead or Alive : Final (2002) concentreert dan<br />
weer op de strijd tussen een louche homoseksuele drugkoning<br />
en een rebelse guerillaleider. Of drie postmoderne actiefilms die<br />
samen een profetisch meesterwerk vormen. L.J.
16.06 . mercredi<br />
13h40 - Boccace ‘70 17h30 - Elephant 19h20 - Sacré Graal 21h10 - Oasis<br />
14h10 - 24 Hour Party People 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - Elle est des nôtres 21h40 - Noi Albinoi<br />
17.06 . jeudi<br />
13h40 - Oasis 16h10 - Gloria 18h40 - The Merry Widow 21h10 - Sacré Graal<br />
14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - Feux rouges<br />
18.06 . vendredi<br />
13h40 - Sacré Graal 15h40 - Boccace ‘70 19h30 - Elephant 21h10 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />
14h10 - Elle est des nôtres 16h40 - 24 Hour Party People 19h10 - Feux rouges 21h40 - A Streetcar Named Desire<br />
19.06 . samedi<br />
13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Oasis 18h40 - Gloria 21h10 - The Merry Widow<br />
14h10 - A Streetcar Named Desire 16h40 - Feux rouges 19h10 - Noi Albinoi 21h40 - The Ghost and Mrs Muir<br />
20.06 . dimanche<br />
13h40 - Elephant 16h10 - Sacré Graal 18h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 20h10 - Boccace ‘70<br />
14h10 - Noi Albinoi 16h40 - S-21, la machine de mort… 19h10 - 24 Hour Party People 21h40 - Elle est des nôtres<br />
21.06 . lundi<br />
13h40 - The Ghost and Mrs Muir 16h10 - The Merry Widow 18h40 - Oasis 21h10 - Gloria<br />
14h10 - Feux rouges 16h40 - Elle est des nôtres 19h10 - A Streetcar Named Desire 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />
22.06 . mardi<br />
13h40 - Gloria 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - The Merry Widow 21h10 - Elephant<br />
14h10 - Noi Albinoi 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - S-21, la machine de mort… 21h40 - 24 Hour Party People<br />
98<br />
HORAIRES<br />
PRIX DES PLACES / PRIJS VAN DE PLAATSEN<br />
6,60 €<br />
pas de réduction en après-midi /geen vermindering namiddag<br />
•<br />
REDUCTIONS / KORTINGEN<br />
5,20 €<br />
(Etudiants / Studenten & Seniors)<br />
•<br />
ABONNEMENT ECRAN TOTAL<br />
50,00 €<br />
VALABLE POUR 10 SÉANCES AU CHOIX / GELDIG VOOR 10 VOORSTELLINGEN NAAR KEUZE<br />
Passage obligatoire par la caisse pour retirer les places /<br />
De kaarten moeten wel steeds aan de kassa afgehaald worden
23.06 . mercredi<br />
13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Il était une fois un merle… 18h40 - Elle est des nôtres 21h10 - Oasis<br />
14h10 - A Streetcar Named Desire 16h40 - Feux rouges 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />
24.06 . jeudi<br />
13h40 - Gloria 16h10 - Elephant 18h10 - Boccace ‘70 22h00 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />
14h10 - The Ghost and Mrs Muir 16h40 - Noi Albinoi 19h10 - Greetings 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />
25.06 . vendredi<br />
13h40 - The Merry Widow 16h10 - Gloria 18h40 - Oasis 21h10 - Elephant<br />
14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - Greetings<br />
26.06 . samedi<br />
13h40 - Oasis 16h10 - The Merry Widow 18h40 - Il était une fois un merle… 21h30 - Elle est des nôtres<br />
14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - Feux rouges 21h40 - Sacré Graal<br />
27.06 . dimanche<br />
13h40 - Sacré Graal 15h40 - Boccace ‘70 19h30 - Elephant 21h10 - Gloria<br />
14h10 - 24 Hour Party People 16h40 - Greetings 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />
28.06 . lundi<br />
13h40 - Elephant 16h10 - Oasis 18h40 - Gloria 21h10 - Il était une fois un merle…<br />
14h10 - Feux rouges 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - 24 Hour Party People 21h40 - The Merry Widow<br />
29.06 . mardi<br />
13h40 - Il était une fois un merle… 16h10 - Sacré Graal 18h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 20h10 - Boccace ‘70<br />
14h10 - Greetings 16h40 - The Merry Widow 19h10 - Noi Albinoi 21h40 - The Ghost and Mrs Muir<br />
30.06 . mercredi<br />
13h40 - The Return of the Pink Panther 16h10 - A Face in the Crowd 18h40 - Elle est des nôtres 21h10 - Gloria<br />
14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - Noi Albinoi 19h10 - Sacré Graal 21h40 - Gerry<br />
1.07 . jeudi<br />
13h40 - Boccace ‘70 17h30 - Il était une fois un merle… 19h20 - Greetings 21h30 - Genres d’à côté<br />
14h10 - Gerry 16h40 - Feux rouges 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />
2.07 . vendredi<br />
99<br />
13h40 - Greetings 15h40 - Boccace ‘70 19h40 - Il était une fois un merle… 21h30 - The Return of the Pink Panther<br />
14h10 - Sacré Graal 16h40 - S-21, la machine de mort… 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - Feux rouges<br />
3.07 . samedi<br />
13h40 - Elle est des nôtres 16h10 - Gloria 18h40 - The Return of the Pink Panther 21h10 - A Face in the Crowd<br />
14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - Khamosh Pani<br />
4.07 . dimanche<br />
13h40 - Il était une fois un merle… 15h40 - Vert Paradis 18h00 - Boccace ‘70 22:00 - Greetings<br />
14h10 - The Merry Widow 16h40 - Sacré Graal 19h10 - Gerry 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />
5.07 . lundi<br />
13h40 - A Face in the Crowd 16h10 - Greetings 18h10 - Noi Albinoi 20h10 - Boccace ‘70<br />
14h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - S-21, la machine de mort… 21h40 - Khamosh Pani<br />
6.07 . mardi<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
13h40 - Vert Paradis 16h10 - The Return of the Pink Panther 18h40 - A Face in the Crowd 21h10 - Il était une fois un merle…<br />
14h10 - Khamosh Pani 16h40 - Gerry 19h10 - A Streetcar Named Desire 21h40 - The Merry Widow
7.07 . mercredi<br />
13h40 - America America 17h00 - Cat People 18h40 - Alila 21h10 - A Face in the Crowd<br />
14h10 - Zabriskie Point 16h40 - Khamosh Pani 19h10 - Gerry 21h40 - American Splendor<br />
8.07 . jeudi<br />
13h40 - A Face in the Crowd 16h10 - Vert Paradis 18h40 - The Return of the Pink Panther 21h10 - Alila<br />
14h10 - The Merry Widow 16h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - Gerry<br />
9.07 . vendredi<br />
100<br />
13h40 - Cat People 15h20 - America America 18h40 - Vert Paradis 21h10 - The Return of the Pink Panther<br />
14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - Zabriskie Point 19h10 - American Splendor 21h40 - The Private Life of Sh. Holmes<br />
10.07 . samedi<br />
13h40 - The Return of the Pink Panther 16h10 - A Face in the Crowd 18h40 - Histoire d’un secret 21h10 - Vert Paradis<br />
14h10 - Gerry 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - The Merry Widow 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />
11.07 . dimanche<br />
13h40 - Alila 16h10 - The Return of the Pink Panther 18h40 - America America 22h00 - Cat People<br />
14h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 16h40 - American Splendor 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Khamosh Pani<br />
12.07 . lundi<br />
13h40 - American Splendor 16h10 - Histoire d’un secret 18h40 - Cat People 20h30 - America America<br />
14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Gerry 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - Zabriskie Point<br />
13.07 . mardi<br />
13h40 - Vert Paradis 16h10 - Alila 18h40 - A Face in the Crowd 21h10 - Histoire d’un secret<br />
14h10 - Khamosh Pani 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Zabriskie Point 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />
14.07 . mercredi<br />
13h40 - Alila 16h10 - American Splendor 18h40 - Vert Paradis 21h10 - Roberto Succo<br />
14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - Khamosh Pani 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Zabriskie Point<br />
15.07 . jeudi<br />
13h40 - America America 17h00 - Cat People 18h40 - Histoire d’un secret 21h10 - Alila<br />
14h10 - Zabriskie Point 16h40 - La Vie de Brian 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />
16.07 . vendredi<br />
13h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h10 - Roberto Succo 18h40 - Alila 21h10 - Vert Paradis<br />
14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble 19h10 - Zabriskie Point 21h40 - The Private Life of Sh. Holmes<br />
17.07 . samedi<br />
13h40 - Un film parlé 16h10 - America America 19h30 - Cat People 21h10 - American Splendor<br />
14h10 - Khamosh Pani 16h40 - Zabriskie Point 19h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />
18.07 . dimanche<br />
13h40 - American Splendor 16h10 - Alila 18h40 - Roberto Succo 21h10 - Histoire d’un secret<br />
14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - La Vie de Brian 21h40 - <strong>Le</strong>s Egarés<br />
19.07 . lundi<br />
13h40 - Histoire d’un secret 16h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 18h40 - America America 22h00 - Cat People<br />
14h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - Khamosh Pani<br />
20.07 . mardi<br />
13h40 - Roberto Succo 16h10 - Un film parlé 18h40 - Cat People 20h30 - America America<br />
14h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 16h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - La Vie de Brian
21.07 . mercredi<br />
13h40 - Cat People 16h10 - Turning Gate 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Roberto Succo<br />
14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Dix-sept ans 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Punishment Park<br />
22.07 . jeudi<br />
13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Turning Gate 21h10 - The Arrangement<br />
14h10 - To Die For 16h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 19h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 21h40 - La Vie de Brian<br />
23.07 . vendredi<br />
101<br />
13h40 - American Splendor 16h10 - It’s a Wonderful Life 18h40 - Roberto Succo 21h10 - Un film parlé<br />
14h10 - Punishment Park 16h40 - To Die For 19h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 21h40 -The Private Life of Sh. Holmes<br />
24.07 . samedi<br />
13h40 - The Arrangement 16h10 - Cat People 18h40 - It’s a Wonderful Life 21h10 - Turning Gate<br />
14h10 - Zabriskie Point 16h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 19h10 - Punishment Park 21h40 - Dix-sept ans<br />
25.07 . dimanche<br />
13h40 - Turning Gate 16h10 - Roberto Succo 18h40 - The Arrangement 21h10 - Memories of Murder<br />
14h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Un film parlé 21h40 - To Die For<br />
26.07 . lundi<br />
13h40 - Roberto Succo 16h10 - The Arrangement 18h40 - American Splendor 21h10 - Sang et or<br />
14h10 - Dix-sept ans 16h40 - La Vie de Brian 19h10 - To Die For 21h40 - Zabriskie Point<br />
27.07 . mardi<br />
13h40 - Memories of Murder 16h10 - Sang et or 18h40 - Turning Gate 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />
14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Punishment Park 19h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 21h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />
28.07 . mercredi<br />
13h40 - Histoire de Marie et Julien 16h30 - Dix-sept ans 18h40 - The Arrangement 21h10 - Wanda<br />
14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Un film parlé 19h10 - Punishment Park 21h40 - <strong>Le</strong>s Egarés<br />
29.07 . jeudi<br />
13h40 - Wanda 16h10 - Memories of Murder 18h40 - The Dead Zone 21h10 - The Arrangement<br />
14h10 - Punishment Park 16h40 - Tornando a Casa 19h10 - Un film parlé 21h40 - To Die For<br />
30.07 . vendredi<br />
13h40 - The Arrangement 16h10 - Histoire de Marie et Julien 19h00 - Dix-sept ans 21h10 - Turning Gate<br />
14h10 - Tornando a Casa 16h40 - To Die For 19h10 - It’s a Wonderful Life 21h40 - La Vie de Brian<br />
31.07 . samedi<br />
13h40 - Memories of Murder 16h10 - The Arrangement 18h40 - Wanda 21h10 - The Dead Zone<br />
14h10 - To Die For 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Tornando a Casa 21h40 - Un film parlé<br />
1.08 . dimanche<br />
13h40 - Turning Gate 16h10 - Wanda 18h40 - Histoire de Marie et Julien 21h30 - Dix-sept ans<br />
14h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h40 - Punishment Park 19h10 - La Vie de Brian 21h40 - My Life Without Me<br />
2.08 . lundi<br />
13h40 - Turning Gate 16h10 - The Dead Zone 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Histoire de Marie et Julien<br />
14h10 - Sang et or 16h40 - My Life Without Me 19h10 - To Die For 21h40 - Punishment Park<br />
3.08 . mardi<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
13h40 - The Dead Zone 16h10 - Sang et or 18h40 - Turning Gate 21h10 - Wanda<br />
14h10 - Un film parlé 16h40 - It’s a Wonderful Life 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Tornando a Casa
4.08 . mercredi<br />
13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Wanda 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Turning Gate<br />
14h10 - Broken Wings 16h40 - The Dead Zone 19h10 - Sang et or 21h40 - Un film parlé<br />
5.08 . jeudi<br />
13h40 - Histoire de Marie et Julien 16h30 - Tornando a Casa 18h40 - Wanda 21h30 - Genres d’à côté<br />
14h10 - Mr Arkadin 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - The Dead Zone 21h40 - Broken Wings<br />
6.08 . vendredi<br />
13h40 - Turning Gate 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Mes petites amoureuses 21h10 - Wanda<br />
14h10 - Sang et or 16h40 - Broken Wings 19h10 - Un film parlé 21h40 - The Dead Zone<br />
7.08 . samedi<br />
13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Histoire de Marie et Julien 19h00 - Tornando a Casa 21h10 - Memories of Murder<br />
14h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 16h40 - Sang et or 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - Mr Arkadin<br />
8.08 . dimanche<br />
13h40 - Wanda 16h10 - Turning Gate 18h40 - Mr Arkadin 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />
14h10 - The Dead Zone 16h40 - Un film parlé 19h10 - Broken Wings 21h40 - My Life Without Me<br />
9.08 . lundi<br />
13h40 - My Life Without Me 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - Histoire de Marie et Julien 21h30 - Turning Gate<br />
14h10 - Un film parlé 16h40 - Bright <strong>Le</strong>aves 19h10 - Tornando a Casa 21h40 - Sang et or<br />
10.08 . mardi<br />
13h40 - Memories of Murder 16h10 - Wanda 18h40 - Turning Gate 21h10 - Histoire de Marie et Julien<br />
14h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 21h40 - Tornando a Casa<br />
11.08 . mercredi<br />
13h40 - Splendor in the Grass 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Wanda 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />
14h10 - My Life Without Me 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - The Dead Zone<br />
12.08 . jeudi<br />
13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Wanda<br />
14h10 - Broken Wings 16h40 - My Life Without Me 19h10 - La Chose publique 21h40 - Bright <strong>Le</strong>aves<br />
13.08 . vendredi<br />
13h40 - Mother India 17h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 18h40 - It’s a Wonderful Life 21h10 - Splendor in the Grass<br />
14h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 16h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 19h10 - My Life Without Me 21h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie<br />
14.08 . samedi<br />
13h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 15h20 - Mother India 18h40 - Wanda 21h10 - Memories of Murder<br />
14h10 - Mr Arkadin 16h40 - The Dead Zone 19h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 21h40 - La Chose publique<br />
15.08 . dimanche<br />
13h40 - Wanda 16h10 - It’s a Wonderful Life 18h40 - Splendor in the Grass 21h10 - Mes petites amoureuses<br />
14h10 - La Chose publique 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Broken Wings<br />
16.08 . lundi<br />
13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Wanda 18h40 - Mother India 22h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or<br />
14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - Mr Arkadin 21h40 - My Life Without Me<br />
17.08 . mardi<br />
13h40 - Memories of Murder 16h10 - Splendor in the Grass 18h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 20h40 - Mother India<br />
14h10 - The Woman in the Window 16h40 - La Chose publique 19h10 - Broken Wings 21h40 - Mr Arkadin<br />
102<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!
18.08 . mercredi<br />
13h40 - Mother India 17h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 18h40 - Splendor in the Grass 21h10 - Broken Wings<br />
14h10 - L’Esquive 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - La Chose publique 21h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie<br />
19.08 . jeudi<br />
13h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 15h20 - Mother India 18h40 - Mes petites amoureuses 21h10 - Drugstore Cowboy<br />
14h10 - La Chose publique 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - Mademoiselle 21h40 - The Woman in the Window<br />
20.08 . vendredi<br />
13h40 - The Brown Bunny 16h10 - Broken Wings 18h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 20h40 - Mother India<br />
14h10 - Mr Arkadin 16h40 - L’Esquive 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Tan de Repente<br />
21.08 . samedi<br />
13h40 - Drugstore Cowboy 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - The Brown Bunny 21h10 - La Bataille d’Alger<br />
14h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 16h40 - La Chose publique 19h10 - Tan de Repente 21h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />
22.08 . dimanche<br />
13h40 - Broken Wings 16h10 - Splendor in the Grass 18h40 - Mother India 22h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or<br />
14h10 - The Woman in the Window 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - L’Esquive 21h40 - Mademoiselle<br />
23.08 . lundi<br />
13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Drugstore Cowboy 18h40 - Broken Wings 21h10 - The Brown Bunny<br />
14h10 - Tan de Repente 16h40 - Mademoiselle 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - La Chose publique<br />
24.08 . mardi<br />
13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - The Brown Bunny 18h40 - Drugstore Cowboy 21h10 - Mes petites amoureuses<br />
14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - Tan de Repente 19h10 - The Woman in the Window 21h40 - L’Esquive<br />
25.08 . mercredi<br />
13h40 - Saltimbank 16h10 - Broken Wings 18h40 - Comizi d’Amore 21h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides<br />
14h10 - The Woman in the Window 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Mademoiselle 21h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />
26.08 . jeudi<br />
13h40 - Drugstore Cowboy 16h10 - Qui a tué Bambi? 18h40 - The Brown Bunny 21h10 - Broken Wings<br />
14h10 - Charulata 16h40 - Shara 19h10 - Tan de Repente 21h40 - The Panic in Needle Park<br />
27.08 . vendredi<br />
13h40 - Son Frère 16h10 - Comizi d’Amore 18h40 - Drugstore Cowboy 21h10 - La Bataille d’Alger<br />
14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - Charulata 21h40 - L’Esquive<br />
28.08 . samedi<br />
13h40 - Splendor in the Grass 16h10 - La Bataille d’Alger 18h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 21h10 - Saltimbank<br />
14h10 - L’Esquive 16h40 - Mademoiselle 19h10 - The Woman in the Window 21h40 - Tan de Repente<br />
29.08 . dimanche<br />
13h40 - The Brown Bunny 16h10 - Drugstore Cowboy 18h40 - La Bataille d’Alger 21h10 - Comizi d’Amore<br />
14h10 - Tan de Repente 16h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 19h10 - Shara 21h40 - Charulata<br />
30.08 . lundi<br />
13h40 - Qui a tué Bambi? 16h10 - Saltimbank 18h40 - Broken Wings 21h10 - Drugstore Cowboy<br />
14h10 - Mademoiselle 16h40 - Charulata 19h10 - L’Esquive 21h40 - The Woman in the Window<br />
31.08 . mardi<br />
13h40 - Comizi d’Amore 16h10 - Son Frère 18h40 - Saltimbank 21h10 - Splendor in the Grass<br />
14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - Tan de Repente 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Mademoiselle<br />
103
104
1.09 . mercredi<br />
13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Son Frère 18h40 - Saltimbank 21h10 - Qui a tué Bambi?<br />
14h10 - L’Esquive 16h40 - Mademoiselle 19h10 - Comizi d’Amore 21h40 - River of No Return<br />
2.09 . jeudi<br />
13h40 - Richter, l’insoumis 17h00 - Sylvia Kristel - Paris 18h40 - La Bataille d’Alger 21h30 - Genres d’à côté<br />
14h10 - River of No Return 16h40 - Baby Doll 19h10 - Tan de Repente 21h40 - Shara<br />
3.09 . vendredi<br />
105<br />
13h40 - Saltimbank 16h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides 18h40 - Qui a tué Bambi? 21h10 - Dead or Alive<br />
14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - Charulata 19h10 - Mademoiselle 21h40 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />
4.09 . samedi<br />
13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Saltimbank 18h40 - Dead or Alive II 21h10 - The Brown Bunny<br />
14h10 - Mademoiselle 16h40 - Tan de Repente 19h10 - Baby Doll 21h40 - Charulata<br />
5.09 . dimanche<br />
13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - Richter, l’insoumis 19h20 - Sylvia Kristel - Paris 21h10 - Saltimbank<br />
14h10 - Charulata 16h40 - River of No Return 19h10 - The Panic in Needle Park 21h40 - L’Esquive<br />
6.09 . lundi<br />
13h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 16h10 - La Bataille d’Alger 19h00 - Wild Side (avant-première) 21h30 - Son Frère<br />
14h10 - Shara 16h40 - Comizi d’Amore 19h10 - River of No Return 21h40 - Baby Doll<br />
7.09 . mardi<br />
13h40 - Qui a tué Bambi? 16h10 - The Brown Bunny 18h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 21h10 - Dead or Alive III<br />
14h10 - Baby Doll 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Charulata 21h40 - River of No Return<br />
8.09 . mercredi<br />
13h40 - River of No Return 16h10 - La Bataille d’Alger 18h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 21h10 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />
14h10 - Qui a tué Bambi? 16h40 - Shara 19h10 - Comizi d’Amore 21h40 - Son Frère<br />
9.09 . jeudi<br />
13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - River of No Return 18h40 - Richter, l’insoumis 22h00 - Sylvia Kristel - Paris<br />
14h10 - Son Frère 16h40 - Baby Doll 19h10 - The Panic in Needle Park 21h40 - Comizi d’Amore<br />
10.09 . vendredi<br />
13h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - Dead or Alive II 21h10 - La Bataille d’Alger<br />
14h10 - Comizi d’Amore 16h40 - Qui a tué Bambi? 19h10 - The Brown Bunny 21h40 - Shara<br />
11.09 . samedi<br />
13h40 - River of No Return 16h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides 18h40 - Sylvia Kristel - Paris 20h20 - Richter, l’insoumis<br />
14h10 - Baby Doll 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Qui a tué Bambi? 21h40 - The Brown Bunny<br />
12.09 . dimanche<br />
13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - River of No Return 21h10 - Dead or Alive<br />
14h10 - Shara 16h40 - Comizi d’Amore 19h10 - Son Frère 21h40 - Baby Doll<br />
13.09 . lundi<br />
13h40 - Richter, l’insoumis 17h00 - Sylvia Kristel - Paris 18h40 - La Bataille d’Alger 21h10 - River of No Return<br />
14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - The Brown Bunny 19h10 - Shara 21h40 - Qui a tué Bambi?<br />
14.09 . mardi<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
13h40 - Sylvia Kristel - Paris 15h20 - Richter, l’insoumis 18h40 - Dead or Alive III 21h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides<br />
14h10 - The Brown Bunny 16h40 - Son Frère 19h10 - Baby Doll 21h40 - The Panic in Needle Park
24 Hour<br />
Party People p.5<br />
MICHAEL WINTERBOTTOM - 1H52 - VO ST. FR<br />
mercredi 16/6 14h10<br />
vendredi 18/6 16h40<br />
dimanche 20/6 19h10<br />
mardi 22/6 21h40<br />
dimanche 27/6 14h10<br />
lundi 28/6 19h10<br />
A Face<br />
in the Crowd p.67<br />
ELIA KAZAN - 2H03 - VO ST. FR<br />
mercredi 30/6 16h10<br />
samedi 3/7 21h10<br />
lundi 5/7 13h40<br />
mardi 6/7 18h40<br />
mercredi 7/7 21h10<br />
jeudi 8/7 13h40<br />
samedi 10/7 16h10<br />
mardi 13/7 18h40<br />
A Streetcar<br />
Named Desire p.68<br />
ELIA KAZAN - 2H04 - VO ST. BIL<br />
jeudi 17/6 16h40<br />
vendredi 18/6 21h40<br />
samedi 19/6 14h10<br />
lundi 21/6 19h10<br />
mercredi 23/6 14h10<br />
vendredi 25/6 16h40<br />
samedi 3/7 16h40<br />
mardi 6/7 19h10<br />
Alila p.81<br />
AMOS GITAI - 2H00 - VO ST. FR<br />
mercredi 7/7 18h40<br />
jeudi 8/7 21h10<br />
dimanche 11/7 13h40<br />
mardi 13/7 16h10<br />
mercredi 14/7 13h40<br />
jeudi 15/7 21h10<br />
vendredi 16/7 18h40<br />
dimanche 18/7 16h10<br />
America America p.69<br />
ELIA KAZAN - 2H48 - VO ST. FR<br />
mercredi 7/7 13h40<br />
vendredi 9/7 15h20<br />
dimanche 11/7 18h40<br />
lundi 12/7 20h30<br />
jeudi 15/7 13h40<br />
samedi 17/7 16h10<br />
lundi 19/7 18h40<br />
mardi 20/7 20h30<br />
American Splendor p.83<br />
SHARI SPRINGER BERMAN ET ROBERT PULCINI<br />
- 1H41 - VO ST. BIL<br />
mercredi 7/7 21h40<br />
vendredi 9/7 19h10<br />
dimanche 11/7 16h40<br />
lundi 12/7 13h40<br />
mercredi 14/7 16h10<br />
samedi 17/7 21h10<br />
dimanche 18/7 13h40<br />
vendredi 23/7 13h40<br />
lundi 26/7 18h40<br />
The Arrangement p.71<br />
ELIA KAZAN - 2H05 - VO ST. FR<br />
jeudi 22/7 21h10<br />
samedi 24/7 13h40<br />
dimanche 25/7 18h40<br />
lundi 26/7 16h10<br />
mercredi 28/7 18h40<br />
jeudi 29/7 21h10<br />
vendredi 30/7 13h40<br />
samedi 31/7 16h10<br />
Baby Doll p.72<br />
ELIA KAZAN - 1H54 - VO ST. FR<br />
jeudi 2/9 16h40<br />
samedi 4/9 19h10<br />
lundi 6/9 21h40<br />
mardi 7/9 14h10<br />
jeudi 9/9 16h40<br />
samedi 11/9 14h10<br />
dimanche 12/9 21h40<br />
mardi 14/9 19h10<br />
106<br />
A-Z<br />
La Bataille d’Alger p.29<br />
GILLO PONTECORVO - 2H03 - VO ST. FR<br />
samedi 21/8 21h10<br />
mardi 24/8 13h40<br />
vendredi 27/8 21h10<br />
samedi 28/8 16h10<br />
dimanche 29/8 18h40<br />
jeudi 2/9 18h40<br />
dimanche 5/9 13h40<br />
lundi 6/9 16h10<br />
mercredi 8/9 16h10<br />
vendredi 10/9 21h10<br />
dimanche 12/9 13h40<br />
lundi 13/9 18h40<br />
Boccace ‘70 p.30<br />
COLLECTIF (DE SICA, FELLINI, MONICELLI,<br />
VISCONTI) - 3H28 - VO ST. FR<br />
mercredi 16/6 13h40<br />
vendredi 18/6 15h40<br />
dimanche 20/6 20h10<br />
jeudi 24/6 18h10<br />
dimanche 27/6 15h40<br />
mardi 29/6 20h10<br />
jeudi 1/7 13h40<br />
vendredi 2/7 15h40<br />
dimanche 4/7 18h00<br />
lundi 5/7 20h10<br />
Bright <strong>Le</strong>aves p.75<br />
ROSS MCELWEE - 1H47 - VO ST. FR<br />
samedi 7/8 14h10<br />
lundi 9/8 16h40<br />
mardi 10/8 19h10<br />
jeudi 12/8 21h40<br />
vendredi 13/8 14h10<br />
samedi 14/8 19h10<br />
Broken Wings p.6<br />
NIR BERGMAN - 1H27 - VO ST. BIL<br />
mercredi 4/8 14h10<br />
jeudi 5/8 21h40<br />
vendredi 6/8 16h40<br />
dimanche 8/8 19h10<br />
jeudi 12/8 14h10<br />
dimanche 15/8 21h40<br />
mardi 17/8 19h10<br />
mercredi 18/8 21h10<br />
vendredi 20/8 16h10<br />
dimanche 22/8 13h40<br />
lundi 23/8 18h40<br />
mercredi 25/8 16h10<br />
jeudi 26/8 21h10<br />
lundi 30/8 18h40<br />
The Brown Bunny p.7<br />
VINCENT GALLO - 2H00 - VO ST. FR<br />
vendredi 20/8 13h40<br />
samedi 21/8 18h40<br />
lundi 23/8 21h10<br />
mardi 24/8 16h10<br />
jeudi 26/8 18h40<br />
dimanche 29/8 13h40<br />
samedi 4/9 21h10<br />
mardi 7/9 16h10<br />
vendredi 10/9 19h10<br />
samedi 11/9 21h40<br />
lundi 13/9 16h40<br />
mardi 14/9 14h10<br />
Cat People p.31<br />
JACQUES TOURNEUR -<br />
1H13 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />
mercredi 7/7 17h00<br />
vendredi 9/7 13h40<br />
dimanche 11/7 22h00<br />
lundi 12/7 18h40<br />
jeudi 15/7 17h00<br />
samedi 17/7 19h30<br />
lundi 19/7 22h00<br />
mardi 20/7 18h40<br />
mercredi 21/7 13h40<br />
samedi 24/7 16h10
Charulata p.59<br />
SATYAJIT RAY - 1H57 - VO ST. BIL<br />
jeudi 26/8 14h10<br />
vendredi 27/8 19h10<br />
dimanche 29/8 21h40<br />
lundi 30/8 16h40<br />
vendredi 3/9 16h40<br />
samedi 4/9 21h40<br />
dimanche 5/9 14h10<br />
mardi 7/9 19h10<br />
La Chose publique p.8<br />
MATHIEU AMALRIC - 1H27 - VO FR<br />
jeudi 12/8 19h10<br />
samedi 14/8 21h40<br />
dimanche 15/8 14h10<br />
mardi 17/8 16h40<br />
mercredi 18/8 19h10<br />
jeudi 19/8 14h10<br />
samedi 21/8 16h40<br />
lundi 23/8 21h40<br />
Comizi d’Amore p.76<br />
PIER PAOLO PASOLINI - 1H30 - VO ST. FR<br />
mercredi 25/8 18h40<br />
vendredi 27/8 16h10<br />
dimanche 29/8 21h10<br />
mardi 31/8 13h40<br />
mercredi 1/9 19h10<br />
lundi 6/9 16h40<br />
mercredi 8/9 19h10<br />
jeudi 9/9 21h40<br />
vendredi 10/9 14h10<br />
dimanche 12/9 16h40<br />
Dead or Alive p.97<br />
TAKASHI MIIKE - 1H45 - VO ST. FR<br />
vendredi 3/9 21h10<br />
dimanche 12/9 21h10<br />
Dead or Alive II p.97<br />
TAKASHI MIIKE - 1H37 - VO ST. FR<br />
samedi 4/9 18h40<br />
vendredi 10/9 18h40<br />
Dead or Alive III p.97<br />
TAKASHI MIIKE - 1H30 - VO ST. FR<br />
mardi 7/9 21h10<br />
mardi 14/9 18h40<br />
The Dead Zone p.32<br />
DAVID CRONENBERG - 1H43 - VO ST. FR /<br />
COPIE NEUVE<br />
jeudi 29/7 18h40<br />
samedi 31/7 21h10<br />
lundi 2/8 16h10<br />
mardi 3/8 13h40<br />
mercredi 4/8 16h40<br />
jeudi 5/8 19h10<br />
vendredi 6/8 21h40<br />
dimanche 8/8 14h10<br />
mercredi 11/8 21h40<br />
samedi 14/8 16h40<br />
Dix-sept ans p.77<br />
DIDIER NION - 1H23 - VO FR<br />
mercredi 21/7 16h40<br />
samedi 24/7 21h40<br />
lundi 26/7 14h10<br />
mercredi 28/7 16h30<br />
vendredi 30/7 19h00<br />
dimanche 1/8 21h30<br />
Drugstore Cowboy p.53<br />
GUS VAN SANT - 1H40 - VO ST. BIL<br />
jeudi 19/8 21h10<br />
samedi 21/8 13h40<br />
lundi 23/8 16h10<br />
mardi 24/8 18h40<br />
jeudi 26/8 13h40<br />
vendredi 27/8 18h40<br />
dimanche 29/8 16h10<br />
lundi 30/8 21h10<br />
<strong>Le</strong>s Egarés p.84<br />
ANDRÉ TÉCHINÉ - 1H35 - VO FR ST. NL<br />
vendredi 16/7 13h40<br />
dimanche 18/7 21h40<br />
lundi 19/7 14h10<br />
mardi 20/7 16h40<br />
jeudi 22/7 19h10<br />
samedi 24/7 16h40<br />
mardi 27/7 19h10<br />
mercredi 28/7 21h40<br />
dimanche 1/8 14h10<br />
Elephant p.54<br />
GUS VAN SANT - 1H21 - VO ST. BIL<br />
mercredi 16/6 17h30<br />
vendredi 18/6 19h30<br />
dimanche 20/6 13h40<br />
mardi 22/6 21h10<br />
jeudi 24/6 16h10<br />
vendredi 25/6 21h10<br />
dimanche 27/6 19h30<br />
lundi 28/6 13h40<br />
Elle est des nôtres p.9<br />
SIEGRID ALNOY - 1H40 - VO FR<br />
mercredi 16/6 19h10<br />
vendredi 18/6 14h10<br />
dimanche 20/6 21h40<br />
lundi 21/6 16h40<br />
mercredi 23/6 18h40<br />
samedi 26/6 21h30<br />
mercredi 30/6 18h40<br />
samedi 3/7 13h40<br />
107<br />
L’Esquive p.85<br />
ABDELLATIF KECHICHE - 1H57 - VO FR<br />
mercredi 18/8 14h10<br />
vendredi 20/8 16h40<br />
dimanche 22/8 19h10<br />
mardi 24/8 21h40<br />
vendredi 27/8 21h40<br />
samedi 28/8 14h10<br />
lundi 30/8 19h10<br />
mercredi 1/9 14h10<br />
dimanche 5/9 21h40<br />
<strong>Le</strong> Faisan d’or p.10<br />
MARAT SARULU - 1H15 - VO ST. FR<br />
vendredi 13/8 17h00<br />
samedi 14/8 13h40<br />
lundi 16/8 22h00<br />
mardi 17/8 18h40<br />
mercredi 18/8 17h00<br />
jeudi 19/8 13h40<br />
vendredi 20/8 18h40<br />
dimanche 22/8 22h00<br />
Feux rouges p.86<br />
CÉDRIC KAHN - 1H46 - VO FR<br />
jeudi 17/6 21h40<br />
vendredi 18/6 19h10<br />
samedi 19/6 16h40<br />
lundi 21/6 14h10<br />
mercredi 23/6 16h40<br />
samedi 26/6 19h10<br />
lundi 28/6 14h10<br />
jeudi 1/7 16h40<br />
vendredi 2/7 21h40<br />
Gerry p.55<br />
GUS VAN SANT - 1H43 - VO ST. BIL<br />
mercredi 30/6 21h40<br />
jeudi 1/7 14h10<br />
dimanche 4/7 19h10<br />
mardi 6/7 16h40<br />
mercredi 7/7 19h10<br />
jeudi 8/7 21h40<br />
samedi 10/7 14h10<br />
lundi 12/7 16h40<br />
The Ghost<br />
and Mrs Muir p.33<br />
JOSEPH L. MANKIEWICZ - 1H44 - VO ST. FR<br />
mercredi 16/6 16h40<br />
jeudi 17/6 19h10<br />
samedi 19/6 21h40<br />
lundi 21/6 13h40<br />
mardi 22/6 16h40<br />
jeudi 24/6 14h10<br />
vendredi 25/6 19h10<br />
samedi 26/6 16h40<br />
dimanche 27/6 19h10<br />
mardi 29/6 21h40<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
Gloria p.34<br />
JOHN CASSAVETES - 2H03 - VO ST. BIL<br />
jeudi 17/6 16h10<br />
samedi 19/6 18h40<br />
lundi 21/6 21h10<br />
mardi 22/6 13h40<br />
jeudi 24/6 13h40<br />
vendredi 25/6 16h10<br />
dimanche 27/6 21h10<br />
lundi 28/6 18h40<br />
mercredi 30/6 21h10<br />
samedi 3/7 16h10<br />
Greetings p.35<br />
BRIAN DE PALMA - 1H30 - VO ST. FR<br />
jeudi 24/6 19h10<br />
vendredi 25/6 21h40<br />
dimanche 27/6 16h40<br />
mardi 29/6 14h10<br />
jeudi 1/7 19h20<br />
vendredi 2/7 13h40<br />
dimanche 4/7 22h00<br />
lundi 5/7 16h10<br />
Histoire<br />
de Marie et Julien p.87<br />
JACQUES RIVETTE - 2H25 - VO FR<br />
mercredi 28/7 13h40<br />
vendredi 30/7 16h10<br />
dimanche 1/8 18h40<br />
lundi 2/8 21h10<br />
jeudi 5/8 13h40<br />
samedi 7/8 16h10<br />
lundi 9/8 18h40<br />
mardi 10/8 21h10<br />
Histoire<br />
d’un secret p.78<br />
MARIANA OTERO - 1H35 - VO FR<br />
samedi 10/7 18h40<br />
lundi 12/7 16h10<br />
mardi 13/7 21h10<br />
jeudi 15/7 18h40<br />
dimanche 18/7 21h10<br />
lundi 19/7 13h40<br />
Il était une fois<br />
un merle chanteur p.60<br />
OTAR IOSSELIANI - 1H25 - VO ST. FR<br />
mercredi 23/6 16h10<br />
samedi 26/6 18h40<br />
lundi 28/6 21h10<br />
mardi 29/6 13h40<br />
jeudi 1/7 17h30<br />
vendredi 2/7 19h40<br />
dimanche 4/7 13h40<br />
mardi 6/7 21h10
It’s a<br />
Wonderful Life p.36<br />
FRANK CAPRA -<br />
2H10 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />
jeudi 22/7 13h40<br />
vendredi 23/7 16h10<br />
samedi 24/7 18h40<br />
mardi 27/7 21h10<br />
vendredi 30/7 19h10<br />
mardi 3/8 16h40<br />
mercredi 4/8 13h40<br />
dimanche 8/8 21h10<br />
mercredi 11/8 21h10<br />
jeudi 12/8 13h40<br />
vendredi 13/8 18h40<br />
dimanche 15/8 16h10<br />
Khamosh Pani p.11<br />
SABIHA SUMAR - 1H39 - VO ST. BIL<br />
vendredi 2/7 19h10<br />
samedi 3/7 21h40<br />
lundi 5/7 21h40<br />
mardi 6/7 14h10<br />
mercredi 7/7 16h40<br />
jeudi 8/7 19h10<br />
dimanche 11/7 21h40<br />
mardi 13/7 14h10<br />
mercredi 14/7 16h40<br />
jeudi 15/7 19h10<br />
samedi 17/7 14h10<br />
lundi 19/7 21h40<br />
Mademoiselle p.37<br />
TONY RICHARDSON -<br />
1H45 - VO FR ST. NL / COPIE NEUVE<br />
jeudi 19/8 19h10<br />
dimanche 22/8 21h40<br />
lundi 23/8 16h40<br />
mercredi 25/8 19h10<br />
samedi 28/8 16h40<br />
lundi 30/8 14h10<br />
mardi 31/8 21h40<br />
mercredi 1/9 16h40<br />
vendredi 3/9 19h10<br />
samedi 4/9 14h10<br />
<strong>Le</strong>s Mains vides p.12<br />
MARC RECHA - 2H10 - VO ST. FR<br />
mercredi 25/8 21h10<br />
samedi 28/8 18h40<br />
vendredi 3/9 16h10<br />
lundi 6/9 13h40<br />
mercredi 8/9 18h40<br />
vendredi 10/9 13h40<br />
samedi 11/9 16h10<br />
mardi 14/9 21h10<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
Memories<br />
of Murder p.13<br />
BONG JOON-HO - 2H09 - VO ST. BIL<br />
mercredi 21/7 18h40<br />
jeudi 22/7 16h10<br />
dimanche 25/7 21h10<br />
mardi 27/7 13h40<br />
jeudi 29/7 16h10<br />
samedi 31/7 13h40<br />
lundi 2/8 18h40<br />
mercredi 4/8 18h40<br />
vendredi 6/8 16h10<br />
samedi 7/8 21h10<br />
mardi 10/8 13h40<br />
mercredi 11/8 16h10<br />
jeudi 12/8 18h40<br />
samedi 14/8 21h10<br />
mardi 17/8 13h40<br />
The Merry Widow p.38<br />
ERNST LUBITSCH - 1H39 - VO ST. BIL<br />
jeudi 17/6 18h40<br />
samedi 19/6 21h10<br />
lundi 21/6 16h10<br />
mardi 22/6 18h40<br />
vendredi 25/6 13h40<br />
samedi 26/6 16h10<br />
lundi 28/6 21h40<br />
mardi 29/6 16h40<br />
dimanche 4/7 14h10<br />
mardi 6/7 21h40<br />
jeudi 8/7 14h10<br />
samedi 10/7 19h10<br />
Mes petites<br />
amoureuses p.61<br />
JEAN EUSTACHE - 2H03 - VO FR<br />
vendredi 6/8 18h40<br />
samedi 7/8 13h40<br />
lundi 9/8 16h10<br />
jeudi 12/8 16h10<br />
dimanche 15/8 21h10<br />
lundi 16/8 13h40<br />
jeudi 19/8 18h40<br />
samedi 21/8 16h10<br />
lundi 23/8 13h40<br />
mardi 24/8 21h10<br />
Mother India p.14<br />
MEHBOOB KHAN - 2H52 - VO ST. FR<br />
vendredi 13/8 13h40<br />
samedi 14/8 15h20<br />
lundi 16/8 18h40<br />
mardi 17/8 20h40<br />
mercredi 18/8 13h40<br />
jeudi 19/8 15h20<br />
vendredi 20/8 20h40<br />
dimanche 22/8 18h40<br />
108<br />
Mr Arkadin p.39<br />
ORSON WELLES -<br />
1H39 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />
jeudi 5/8 14h10<br />
samedi 7/8 21h40<br />
dimanche 8/8 18h40<br />
mardi 10/8 16h40<br />
mercredi 11/8 16h40<br />
samedi 14/8 14h10<br />
lundi 16/8 19h10<br />
mardi 17/8 21h40<br />
vendredi 20/8 14h10<br />
dimanche 22/8 16h40<br />
My Life<br />
Without Me p.88<br />
ISABEL COIXET - 1H42 - VO ST. BIL<br />
dimanche 1/8 21h40<br />
lundi 2/8 16h40<br />
dimanche 8/8 21h40<br />
lundi 9/8 13h40<br />
mercredi 11/8 14h10<br />
jeudi 12/8 16h40<br />
vendredi 13/8 19h10<br />
lundi 16/8 21h40<br />
Noi Albinoi p.89<br />
DAGUR KARI - 1H33 - VO ST. BIL<br />
mercredi 16/6 21h40<br />
samedi 19/6 19h10<br />
dimanche 20/6 14h10<br />
mardi 22/6 14h10<br />
jeudi 24/6 16h40<br />
mardi 29/6 19h10<br />
mercredi 30/6 16h40<br />
lundi 5/7 18h10<br />
Nous ne vieillirons<br />
pas ensemble p.62<br />
MAURICE PIALAT - 1H46 - VO FR ST. NL<br />
jeudi 1/7 19h10<br />
samedi 3/7 19h10<br />
dimanche 4/7 21h40<br />
lundi 5/7 14h10<br />
jeudi 8/7 16h40<br />
samedi 10/7 21h40<br />
dimanche 11/7 14h10<br />
vendredi 16/7 16h40<br />
samedi 17/7 21h40<br />
mardi 20/7 19h10<br />
<strong>Le</strong>s Nuits<br />
de Cabiria p.40<br />
FEDERICO FELLINI - 1H55 - VO ST. FR<br />
vendredi 13/8 16h40<br />
dimanche 15/8 19h10<br />
lundi 16/8 14h10<br />
vendredi 20/8 19h10<br />
samedi 21/8 21h40<br />
mardi 24/8 14h10<br />
mercredi 25/8 21h40<br />
vendredi 27/8 14h10<br />
dimanche 29/8 16h40<br />
mardi 31/8 19h10<br />
Oasis p.15<br />
LEE CHANG-DONG - 2H12 - VO ST. FR<br />
mercredi 16/6 21h10<br />
jeudi 17/6 13h40<br />
samedi 19/6 16h10<br />
lundi 21/6 18h40<br />
mercredi 23/6 21h10<br />
vendredi 25/6 18h40<br />
samedi 26/6 13h40<br />
lundi 28/6 16h10<br />
The Panic<br />
in Needle Park p.41<br />
JERRY SCHATZBERG - 1H49 - VO ST. FR<br />
mercredi 25/8 16h40<br />
jeudi 26/8 21h40<br />
mardi 31/8 14h10<br />
vendredi 3/9 14h10<br />
dimanche 5/9 19h10<br />
mardi 7/9 16h40<br />
jeudi 9/9 19h10<br />
samedi 11/9 16h40<br />
lundi 13/9 14h10<br />
mardi 14/9 21h40<br />
La Petite Prairie<br />
aux bouleaux p.16<br />
MARCELINE LORIDAN-IVENS - 1H31 - VO ST. BIL<br />
vendredi 18/6 21h10<br />
samedi 19/6 13h40<br />
dimanche 20/6 18h10<br />
mardi 22/6 16h10<br />
mercredi 23/6 13h40<br />
jeudi 24/6 22h00<br />
mardi 29/6 18h10<br />
mercredi 1/9 13h40<br />
vendredi 3/9 21h40<br />
samedi 4/9 13h40<br />
mardi 7/9 18h40<br />
mercredi 8/9 21h10<br />
jeudi 9/9 13h40<br />
vendredi 10/9 16h10<br />
dimanche 12/9 16h10<br />
The Private Life<br />
of Sherlock Holmes p.42<br />
BILLY WILDER - 2H10 - VO ST. FR<br />
vendredi 9/7 21h40<br />
dimanche 11/7 19h10<br />
lundi 12/7 14h10<br />
mardi 13/7 16h40<br />
mercredi 14/7 19h10<br />
vendredi 16/7 21h40<br />
dimanche 18/7 14h10<br />
lundi 19/7 16h40<br />
mercredi 21/7 19h10<br />
vendredi 23/7 21h40<br />
dimanche 25/7 16h40<br />
mardi 27/7 14h10<br />
samedi 31/7 16h40<br />
mardi 3/8 19h10
Punishment Park p.63<br />
PETER WATKINS - 1H28 - VO ST. FR<br />
mercredi 21/7 21h40<br />
vendredi 23/7 14h10<br />
samedi 24/7 19h10<br />
mardi 27/7 16h40<br />
mercredi 28/7 19h10<br />
jeudi 29/7 14h10<br />
dimanche 1/8 16h40<br />
lundi 2/8 21h40<br />
Qui a tué Bambi ? p.90<br />
GILLES MARCHAND - 2H06 - VO FR ST. NL<br />
jeudi 26/8 16h10<br />
lundi 30/8 13h40<br />
mercredi 1/9 21h10<br />
vendredi 3/9 18h40<br />
mardi 7/9 13h40<br />
mercredi 8/9 14h10<br />
vendredi 10/9 16h40<br />
samedi 11/9 19h10<br />
lundi 13/9 21h40<br />
Retour<br />
à Kotelnitch p.17<br />
EMMANUEL CARRÈRE - 1H45 - VO ST. FR<br />
mercredi 23/6 19h10<br />
jeudi 24/6 21h40<br />
vendredi 25/6 14h10<br />
lundi 28/6 16h40<br />
jeudi 1/7 21h40<br />
samedi 3/7 14h10<br />
lundi 5/7 16h40<br />
vendredi 9/7 14h10<br />
samedi 10/7 16h40<br />
lundi 12/7 19h10<br />
mardi 13/7 21h40<br />
mercredi 14/7 14h10<br />
dimanche 18/7 16h40<br />
lundi 19/7 19h10<br />
The Return of<br />
the Pink Panther p.43<br />
BLAKE EDWARDS - 1H55 - VO ST. FR<br />
mercredi 30/6 13h40<br />
vendredi 2/7 21h30<br />
samedi 3/7 18h40<br />
mardi 6/7 16h10<br />
jeudi 8/7 18h40<br />
vendredi 9/7 21h10<br />
samedi 10/7 13h40<br />
dimanche 11/7 16h10<br />
Richter, l’insoumis p.64<br />
BRUNO MONSAINGEON - 2H38 - VO ST. FR<br />
jeudi 2/9 13h40<br />
dimanche 5/9 16h10<br />
jeudi 9/9 18h40<br />
samedi 11/9 20h20<br />
lundi 13/9 13h40<br />
mardi 14/9 15h20<br />
River of No Return p.44<br />
OTTO PREMINGER - 1H31 - VO ST. FR<br />
mercredi 1/9 21h40<br />
jeudi 2/9 14h10<br />
dimanche 5/9 16h40<br />
lundi 6/9 19h10<br />
mardi 7/9 21h40<br />
mercredi 8/9 13h40<br />
jeudi 9/9 16h10<br />
samedi 11/9 13h40<br />
dimanche 12/9 18h40<br />
lundi 13/9 21h10<br />
Roberto Succo p.65<br />
CÉDRIC KAHN - 2H04 - VO FR<br />
mercredi 14/7 21h10<br />
vendredi 16/7 16h10<br />
dimanche 18/7 18h40<br />
mardi 20/7 13h40<br />
mercredi 21/7 21h10<br />
vendredi 23/7 18h40<br />
dimanche 25/7 16h10<br />
lundi 26/7 13h40<br />
S-21, la machine de<br />
mort khmère rouge p.79<br />
RITHY PANH - 1H41 - VO ST. FR<br />
jeudi 17/6 14h10<br />
dimanche 20/6 16h40<br />
lundi 21/6 21h40<br />
mardi 22/6 19h10<br />
mercredi 23/6 21h40<br />
samedi 26/6 14h10<br />
dimanche 27/6 21h40<br />
mercredi 30/6 14h10<br />
vendredi 2/7 16h40<br />
lundi 5/7 19h10<br />
Sacré Graal p.49<br />
TERRY JONES ET TERRY GILLIAM - 1H31 - VO<br />
ST. FR<br />
mercredi 16/6 19h20<br />
jeudi 17/6 21h10<br />
vendredi 18/6 13h40<br />
dimanche 20/6 16h10<br />
samedi 26/6 21h40<br />
dimanche 27/6 13h40<br />
mardi 29/6 16h10<br />
mercredi 30/6 19h10<br />
vendredi 2/7 14h10<br />
dimanche 4/7 16h40<br />
Saltimbank p.18<br />
JEAN-CLAUDE BIETTE - 1H32 - VO FR<br />
mercredi 25/8 13h40<br />
samedi 28/8 21h10<br />
lundi 30/8 16h10<br />
mardi 31/8 18h40<br />
mercredi 1/9 18h40<br />
vendredi 3/9 13h40<br />
samedi 4/9 16h10<br />
dimanche 5/9 21h10<br />
109<br />
Sang et or p.91<br />
JAFAR PANAHI - 1H37 - VO ST. BIL<br />
lundi 26/7 21h10<br />
mardi 27/7 16h10<br />
lundi 2/8 14h10<br />
mardi 3/8 16h10<br />
mercredi 4/8 19h10<br />
vendredi 6/8 14h10<br />
samedi 7/8 16h40<br />
lundi 9/8 21h40<br />
<strong>Le</strong> Sens de la vie p.50<br />
TERRY JONES ET TERRY GILLIAM - 1H47 - VO<br />
ST. BIL<br />
jeudi 5/8 16h40<br />
samedi 7/8 19h10<br />
mardi 10/8 14h10<br />
mercredi 11/8 19h10<br />
vendredi 13/8 21h40<br />
dimanche 15/8 16h40<br />
mercredi 18/8 21h40<br />
jeudi 19/8 16h40<br />
samedi 21/8 14h10<br />
lundi 23/8 19h10<br />
<strong>Le</strong> Serviteur<br />
de Kali p.21<br />
ADOOR GOPALAKRISHNAN - 1H32 - VO ST. FR<br />
jeudi 15/7 21h40<br />
samedi 17/7 19h10<br />
lundi 19/7 16h10<br />
mardi 20/7 14h10<br />
jeudi 22/7 16h40<br />
vendredi 23/7 19h10<br />
dimanche 25/7 14h10<br />
mardi 27/7 21h40<br />
Shara p.92<br />
NAOMI KAWASE - 1H39 - VO ST. BIL<br />
jeudi 26/8 16h40<br />
dimanche 29/8 19h10<br />
jeudi 2/9 21h40<br />
lundi 6/9 14h10<br />
mercredi 8/9 16h40<br />
vendredi 10/9 21h40<br />
dimanche 12/9 14h10<br />
lundi 13/9 19h10<br />
Son Frère p.95<br />
PATRICE CHÉREAU - 1H35 - VO FR ST. NL<br />
vendredi 27/8 13h40<br />
mardi 31/8 16h10<br />
mercredi 1/9 16h10<br />
lundi 6/9 21h30<br />
mercredi 8/9 21h40<br />
jeudi 9/9 14h10<br />
dimanche 12/9 19h10<br />
mardi 14/9 16h40<br />
HEURE<br />
DE SÉANCE<br />
VOORSTELLING-<br />
UUR !!!<br />
Splendor<br />
in the Grass p.73<br />
ELIA KAZAN - 2H04 - VO ST. BIL<br />
mercredi 11/8 13h40<br />
vendredi 13/8 21h10<br />
dimanche 15/8 18h40<br />
mardi 17/8 16h10<br />
mercredi 18/8 18h40<br />
dimanche 22/8 16h10<br />
samedi 28/8 13h40<br />
mardi 31/8 21h10<br />
Sylvia Kristel -<br />
Paris p.22<br />
MANON DE BOER - 0H50 - VO FR ST. ANG<br />
jeudi 2/9 17h00<br />
dimanche 5/9 19h20<br />
jeudi 9/9 22h00<br />
samedi 11/9 18h40<br />
lundi 13/9 17h00<br />
mardi 14/9 13h40<br />
Tan de Repente p.23<br />
DIEGO LERMAN - 1H34 - VO ST. FR<br />
vendredi 20/8 21h40<br />
samedi 21/8 19h10<br />
lundi 23/8 14h10<br />
mardi 24/8 16h40<br />
jeudi 26/8 19h10<br />
samedi 28/8 21h40<br />
dimanche 29/8 14h10<br />
mardi 31/8 16h40<br />
jeudi 2/9 19h10<br />
samedi 4/9 16h40<br />
To Die For p.57<br />
GUS VAN SANT - 1H46 - VO ST. BIL<br />
jeudi 22/7 14h10<br />
vendredi 23/7 16h40<br />
dimanche 25/7 21h40<br />
lundi 26/7 19h10<br />
jeudi 29/7 21h40<br />
vendredi 30/7 16h40<br />
samedi 31/7 14h10<br />
lundi 2/8 19h10<br />
Tornando a Casa p.24<br />
VINCENZO MARRA - 1H30 - VO ST. FR<br />
jeudi 29/7 16h40<br />
vendredi 30/7 14h10<br />
samedi 31/7 19h10<br />
mardi 3/8 21h40<br />
jeudi 5/8 16h30<br />
samedi 7/8 19h00<br />
lundi 9/8 19h10<br />
mardi 10/8 21h40
Turning Gate p.25<br />
HONG SANG-SOO - 1H55 - VO ST. FR<br />
mercredi 21/7 16h10<br />
jeudi 22/7 18h40<br />
samedi 24/7 21h10<br />
dimanche 25/7 13h40<br />
mardi 27/7 18h40<br />
vendredi 30/7 21h10<br />
dimanche 1/8 13h40<br />
lundi 2/8 13h40<br />
mardi 3/8 18h40<br />
mercredi 4/8 21h10<br />
vendredi 6/8 13h40<br />
dimanche 8/8 16h10<br />
lundi 9/8 21h30<br />
mardi 10/8 18h40<br />
Un film parlé p.26<br />
MANOEL DE OLIVEIRA - 1H36 - VO ST. FR<br />
samedi 17/7 13h40<br />
mardi 20/7 16h10<br />
vendredi 23/7 21h10<br />
dimanche 25/7 19h10<br />
mercredi 28/7 16h40<br />
jeudi 29/7 19h10<br />
samedi 31/7 21h40<br />
mardi 3/8 14h10<br />
mercredi 4/8 21h40<br />
vendredi 6/8 19h10<br />
dimanche 8/8 16h40<br />
lundi 9/8 14h10<br />
Vert Paradis p.27<br />
EMMANUEL BOURDIEU - 1H38 - VO FR<br />
dimanche 4/7 15h40<br />
mardi 6/7 13h40<br />
jeudi 8/7 16h10<br />
vendredi 9/7 18h40<br />
samedi 10/7 21h10<br />
mardi 13/7 13h40<br />
mercredi 14/7 18h40<br />
vendredi 16/7 21h10<br />
La Vie de Brian p.51<br />
TERRY JONES - 1H34 - VO ST. FR<br />
jeudi 15/7 16h40<br />
vendredi 16/7 14h10<br />
dimanche 18/7 19h10<br />
mardi 20/7 21h40<br />
mercredi 21/7 14h10<br />
jeudi 22/7 21h40<br />
lundi 26/7 16h40<br />
mercredi 28/7 14h10<br />
vendredi 30/7 21h40<br />
dimanche 1/8 19h10<br />
Genres d’à Côté<br />
•<br />
1 er juillet - 21h30<br />
Deux de Werner Schroeter<br />
(vo. fr. st. ang)<br />
•<br />
5 août - 21h30<br />
The City of No Limits de Antonio Hernandez<br />
(vo. st. bil)<br />
•<br />
2 septembre - 21h30<br />
<strong>Le</strong> Soleil assasiné de Abdelkrim Bahloul<br />
(vo. fr. st. nl)<br />
110<br />
Wanda p.45<br />
BARBARA LODEN - 1H42 - VO ST. FR<br />
mercredi 28/7 21h10<br />
jeudi 29/7 13h40<br />
samedi 31/7 18h40<br />
dimanche 1/8 16h10<br />
mardi 3/8 21h10<br />
mercredi 4/8 16h10<br />
jeudi 5/8 18h40<br />
vendredi 6/8 21h10<br />
dimanche 8/8 13h40<br />
mardi 10/8 16h10<br />
mercredi 11/8 18h40<br />
jeudi 12/8 21h10<br />
samedi 14/8 18h40<br />
dimanche 15/8 13h40<br />
lundi 16/8 16h10<br />
The Woman<br />
in the Window p.46<br />
FRITZ LANG - 1H39 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />
lundi 16/8 16h40<br />
mardi 17/8 14h10<br />
mercredi 18/8 16h40<br />
jeudi 19/8 21h40<br />
dimanche 22/8 14h10<br />
mardi 24/8 19h10<br />
mercredi 25/8 14h10<br />
vendredi 27/8 16h40<br />
samedi 28/8 19h10<br />
lundi 30/8 21h40<br />
CINÉMA ARENBERG<br />
GALERIE DE LA REINE, 26 KONINGINNEGALERIJ<br />
BRUXELLES 1000 BRUSSEL<br />
RENSEIGNEMENTS ET HORAIRES :<br />
02 512 80 63<br />
WWW.ARENBERG.BE<br />
EDITÉ PAR CINÉDIT ASBL<br />
EDITEUR RESPONSABLE : THIERRY ABEL, 28<br />
GALERIE DE LA REINE 1000 BRUXELLES<br />
DIRECTION : THIERRY ABEL<br />
EMAIL : INFO@CINEDIT.BE<br />
•<br />
ECRAN TOTAL<br />
PROGRAMMATION : BERNARD NOËL –<br />
INÈS DELVAUX – EMMANUEL GASPART<br />
COORDINATION : BERNARD NOËL<br />
RÉDACTION ET COMPILATION (TEXTES FR) :<br />
GRÉGORY ESCOUFLAIRE, THIERRY HORGUELIN,<br />
STÉPHAN STREKER<br />
Zabriskie Point p.47<br />
MICHELANGELO ANTONIONI - 1H51 - VO ST. BIL<br />
mercredi 7/7 14h10<br />
vendredi 9/7 16h40<br />
lundi 12/7 21h40<br />
mardi 13/7 19h10<br />
mercredi 14/7 21h40<br />
jeudi 15/7 14h10<br />
vendredi 16/7 19h10<br />
samedi 17/7 16h40<br />
samedi 24/7 14h10<br />
lundi 26/7 21h40<br />
Wild Side<br />
SÉBASTIEN LIFSHITZ<br />
1H35 -VOF ST NL<br />
lundi - 6/9 - 19h00<br />
Avant-première<br />
en présence<br />
de l’équipe du film<br />
RÉDACTION (TEXTES NL) : LUC JORIS,<br />
MARTINE VANCUTSEM<br />
CRÉDIT PHOTO :<br />
LA CINÉMATHÈQUE ROYALE DE BELGIQUE<br />
GRAPHISME : DESIGNLAB<br />
UN GRAND MERCI À<br />
JEAN-CHARLES TATUM POUR<br />
SA PRÉCIEUSE COLLABORATION<br />
•<br />
AVEC LE SOUTIEN DE :<br />
L’ÉCHEVINAT DE LA CULTURE<br />
DE LA VILLE DE BRUXELLES,<br />
LA COMMISSION COMMUNAUTAIRE FRANÇAISE<br />
DE LA RÉGION BRUXELLOISE,<br />
LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE,<br />
EUROPA CINEMAS - UNE INITIATIVE<br />
DU PROGRAMME MÉDIA DES COMMUNAUTÉS<br />
EUROPÉENNES.
111
112