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Ecran Total - Le P'tit Ciné

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1<br />

<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong><br />

2004<br />

<strong>Ciné</strong>ma Arenberg<br />

1 6 JUIN . . . 14 SEPT<br />

90 films . 90 jours . 900 séances<br />

une autre façon de passer l’été<br />

Belgique - Belgïe<br />

PP<br />

BUREAU DE DÉPOT :<br />

1030 Bruxelles 3<br />

1 - 3209<br />

Edition spéciale<br />

n° 003 / juin 2004


LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE<br />

WALLONIE-BRUXELLES<br />

soutient la production et la diffusion du cinéma<br />

LES DOCUMENTAIRES…<br />

LES LONGS MÉTRAGES DE FICTION…<br />

LES COURTS-MÉTRAGES DE FICTION ET D’ANIMATION…<br />

COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE<br />

Centre du <strong>Ciné</strong>ma et de l’Audiovisuel<br />

2<br />

44 boulevard Léopold II<br />

B-1080 Bruxelles<br />

T +32 (0)2 413 22 19<br />

F +32 (0)2 413 20 68<br />

daav@cfwb.be<br />

www.cfwb.be/av<br />

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L’été, les vacances, le soleil : franchement, il y a mieux<br />

à faire que d’aller se cloîtrer dans une salle obscure à<br />

mater de vieux films…<br />

Pensez donc à toutes les activités que vous rateriez en<br />

achetant un ticket pour aller It’s a Wonderful Life de<br />

Capra (de plus, vous l’avez déjà vu cinq fois) : un bon<br />

pique-nique dans le bois de la Cambre, une promenade<br />

le long du canal, une partie de badminton dans l’arrièrecour<br />

de votre appart, un verre entre amis à la terrasse<br />

d’un café du Plattesteen,…<br />

Franchement, il y a mieux à faire. De toute façon, vous<br />

êtes déjà membre du vidéo-club en bas de votre rue,<br />

et votre chaîne publique préférée a rediffusé Baby Doll<br />

la semaine dernière… Dead or Alive de Takashi Miike ?<br />

Pfff. Déjà visionné lors d’une séance délirante au BIFFF.<br />

Et puis c’est qui, ce Mathieu Amalric ? Encore un auteur<br />

dont les films sont soldés chez Carrefour ?<br />

Franchement, il y a mieux à faire que cet <strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong>. 80<br />

films, de toute façon c’est trop. Comment choisir entre<br />

Sacré Graal des Monty Python, Punishment Park de Peter<br />

Watkins et Turning Gate de Hong Sang-soo ? Il faudrait<br />

bien tous les voir, parce que ces films sont excellents, mais<br />

LES INÉDITS<br />

p.4<br />

LES CLASSIQUES<br />

p.28<br />

CYCLE<br />

MONTY PYTHON<br />

p.48<br />

3<br />

<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong><br />

CYCLE<br />

GUS VAN SANT<br />

p.52<br />

CARTE BLANCHE<br />

MATHIEU AMALRIC<br />

p.58<br />

CYCLE<br />

ELIA KAZAN<br />

p.66<br />

que faire quand le temps presse, et qu’à la télé ils passent<br />

Koh-Lanta, “La Finale”, et puis la rediff’ de “24 Heures<br />

Chrono”, version marathon (de 1h00 du mat’ à 1h00<br />

du mat’, le lendemain) ? Et c’est quand que l’Arenberg<br />

se décidera à sortir sa propre carte “Unlimited”, qu’on<br />

puisse aller voir quatre films par jour, et même sauter de<br />

l’un à l’autre si l’un d’entre eux est d’un ennui mortel ?<br />

Franchement, l’<strong>Ecran</strong> <strong>Total</strong>, c’est sympa, mais pourquoi<br />

qu’ils inventent pas une nouvelle formule, du genre<br />

“cinoche à la piscine, avec matelas gonflables en guise de<br />

fauteuils” ? Voilà une bonne idée : on reluquerait Jeanne<br />

Moreau dans Mademoiselle en sirotant un Daïquiri, puis,<br />

le temps d’un petit plongeon, on enchaînerait sur The<br />

Brown Bunny de Vincent Gallo. Une fois tout sec, un petit<br />

Elephant en guise d’eskimo, avant l’apothéose Gloria,<br />

splendide film de John Cassavetes. Après telle détente, ne<br />

nous resterait plus qu’à revenir tous les jours en maillot de<br />

bain, avec l’écran total en tube, pour se faire les 76 autres<br />

films encore au programme.<br />

Pas de panique : le festival dure cette année un mois de<br />

plus (du 16 juin au 14 septembre). De quoi devenir parfait<br />

maître nageur, et surtout, parfait cinéphile…<br />

CYCLE<br />

DOCUMENTAIRES<br />

p.74<br />

LES REPRISES<br />

p.80<br />

DEATH OR ALIVE<br />

(TRILOGIE)<br />

p.96<br />

HORAIRES<br />

p.98<br />

AZ<br />

p.106


4<br />

LES INÉDITS


5<br />

24 Hour Party People<br />

Michael Winterbottom fait preuve, une fois de plus, de<br />

son éclectisme avec cette évocation exubérante de la<br />

scène rock anglaise entre 1976 et 1992 : l’action se passe<br />

à Manchester, berceau du groupe Joy Division, du label<br />

Factory Records et de la discothèque l’Haçienda, dont<br />

24 Hour Party People raconte la genèse et la saga, sous la<br />

houlette du promoteur Tony Wilson. La principale qualité<br />

du film est d’épouser par sa forme même le rythme,<br />

le style et la folie de la musique dont il parle. Tony Wilson<br />

est donc le lien naturel d’une narration éclatée : ce présentateur<br />

de télévision excentrique eut l’un des chocs de<br />

sa vie en assistant à un concert des Sex Pistols, et décida<br />

de consacrer sa vie au rock. Grâce à l’interprétation volcanique<br />

de Steve Coogan, lui-même vedette de la télévision<br />

anglaise, l’énergie fiévreuse du film et son humour<br />

déjanté sont adroitement canalisés. La photo de Robby<br />

Müller emploie au mieux de ses possibilités l’image mal<br />

définie de la DV, dans un tourbillon qui raccorde sans<br />

mal avec les prises de vues authentiques de l’époque.<br />

Yann Tobin, Positif<br />

Et effectivement, on ressort de 24 Hour Party People aussi<br />

hagard qu’un Happy Mondays déboulant d’une nuit de<br />

bamboche à l’Haçienda : impression d’assister, aux premières<br />

loges, à des scènes gravées dans les livres d’histoire,<br />

de rigoler en première main de légendes colportées<br />

et magnifiées par le temps, de revisiter en Technicolor<br />

MICHAEL WINTERBOTTOM<br />

une nostalgie déjà sépia. L’occasion, aussi, de se rappeler<br />

comment l’audace et la veine d’une poignée d’hommes,<br />

leur incompétence élevée en philosophie et le souffle<br />

violent de l’air du temps peuvent suffire, dans une ville<br />

de province, à soulever des montagnes.<br />

Jean-Daniel Beauvallet, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

Het vaste duo Michael Winterbottom (regie) en Frank Cottrell<br />

Boyce (script) schetst met 24 Hour Party People (2002) de rol<br />

van Tony Wilson in de opgang (late jaren zeventig) en het verval<br />

(vroege jaren negentig) van de muziekscène in Manchester.<br />

Het wervelend verhaal – met de klassieke dosis seks, drugs<br />

en rock ’n roll – wordt verteld door Tony Wilson (uitstekend<br />

vertolkt door Steve Coogan), een energieke en gefrustreerde<br />

tv-presentator die zijn unieke stempel op het medium wil drukken.<br />

Wilson, geïnspireerd door de punkbeweging, richt Factory<br />

Records op (met ondermeer Joy Division, later New Order, en<br />

de Happy Mondays). Hij staat ook mee aan de wieg van The<br />

Hacienda, een club die qua reputatie niet moest onderdoen<br />

voor de Newyorkse Studio 54. 24 Hour Party People is een<br />

swingende komedie, die duidelijk maakt waarom Manchester<br />

op dat moment the place to be was. M.V.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : MICHAEL WINTERBOTTOM<br />

SC : FRANK COTTRELL BOYCE<br />

PHOTO : ROBBY MÜLLER<br />

MUS : SEX PISTOLS,<br />

HAPPY MONDAYS, JOY DIVISION,<br />

NEW ORDER, THE BUZZCOCKS,<br />

THE CLASH, DURUTTI COLUMN,<br />

A GUY CALLED GERALD, 808 STATE<br />

PROD : REVOLUTION FILMS<br />

AVEC :<br />

STEVE COOGAN, JOHN THOMSON,<br />

LENNIE JAMES,<br />

SHIRLEY HENDERSON<br />

ROYAUME-UNI, 2001, 112’,<br />

COULEUR, VO ST FR


C’est l’histoire d’une famille désaxée dans les faubourgs<br />

de Tel-Aviv (Haïfa), qui tente de survivre depuis la mort<br />

du père, piqué par une guêpe alors qu’il était allergique...<br />

Dafna a bien du mal avec ses quatre enfants : Ido<br />

trompe son ennui en s’amusant à sauter du haut d’une<br />

piscine vide, Yair sèche les cours pour se faire un peu<br />

d’argent de poche dans le métro (il distribue des tracts<br />

déguisé en souris), Maya chante dans un groupe de<br />

rock et s’occupe de Bar, sa petite sœur, quand sa mère<br />

travaille la nuit à l’hôpital comme sage-femme. Noir<br />

comme tableau, mais le pire encore est à venir : lorsque<br />

Ido, en plein délire acrobatique, s’écrase tragiquement<br />

sur le sol, et passe plusieurs jours dans le coma... Un<br />

événement douloureux qui pourtant se révélera bénéfique<br />

pour Dafna et sa petite famille, car c’est dans le<br />

drame – dicton connu – qu’on se serre le plus souvent<br />

les coudes. “Je voulais montrer combien une expérience<br />

collective, aussi tragique soit-elle, peut changer notre<br />

perception des choses et des autres, explique le réalisateur<br />

(dont c’est le premier film). Et surtout prouver que<br />

l’amour, dans telle situation, reste le meilleur remède à<br />

la douleur.” Loin d’être misérabiliste et putassier, Broken<br />

Wings se veut d’abord un émouvant plaidoyer en faveur<br />

de l’amour familial – un sentiment noble traité ici avec<br />

gravité mais sans pompiérisme, bref de façon crédible et<br />

pertinente. C’est aussi l’occasion pour Nir Bergman de<br />

brosser le portrait d’une jeunesse israélienne fragilisée<br />

6<br />

Broken Wings<br />

NIR BERGMAN<br />

par la guerre, qui craint l’avenir mais tente vaillamment<br />

de garder la tête haute. Pour ces jeunes, l’espoir est<br />

grand de pouvoir un jour déployer leurs ailes, même<br />

si parfois c’est la chute, même si parfois leur envol est<br />

freiné sous le poids du joug social, politique et familial.<br />

G.E.<br />

•<br />

Broken Wings (Knafayim Shvurot) speelt zich af in Haifa, de<br />

geboortestad van regisseur Nir Bergman. Met dit knap en met<br />

veel humor geobserveerde ironisch melodrama over een disfunctionele<br />

Israëlische familie tekent hij voor een opgemerkt en<br />

inmiddels meermaals gelauwerd langspeelfilmdebuut. De chaos<br />

ten huize van de met wanhoop en schuldgevoelens kampende<br />

Ullmans is voornamelijk te wijten aan de plotse dood van de<br />

vader. Moeder Dafna zit met een depressie, terwijl haar vier kinderen<br />

zich in de steek gelaten voelen. Vooral de oudste dochter<br />

Maya heeft het moeilijk met haar nieuwe verantwoordelijkheid<br />

omdat ze met een hoop frustraties zit. Het opmerkelijkste aan<br />

deze intieme film is dat Bergman de huidige politieke context<br />

mijdt om zich uitsluitend te concentreren op de emotionele<br />

claustrofobie van deze zelfdestructieve familie uit de middenklasse.<br />

Een hartverwarmende weepie ! L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC : NIR BERGMAN<br />

PHOTO : VALENTIN BELONOGOV<br />

MUS : AVI BELLELI<br />

PROD : ASSAF AMIR<br />

(NORMA PRODUCTIONS)<br />

AVEC :<br />

ORLY ZILBERSCHATZ-BANAI,<br />

MAYA MARON, NITAI GVIRTZ,<br />

DANIEL MAGON, ELIANA MAGON<br />

ISRAËL, 2002, 87’, COULEUR,<br />

VO ST BIL


7<br />

The Brown Bunny<br />

The Brown Bunny se résume à un motif décliné en<br />

moments dérisoires : Vincent mange chinois, Vincent se<br />

mouille le visage, Vincent pisse, remonte sa braguette,<br />

passe son jean, l’enlève, a un slip bleu, prend de l’essence,<br />

se fait sucer. Et surtout : conduit, taille la route, avale au<br />

volant de son inséparable van noir les centaines de milliers<br />

de kilomètres qui le conduiront à Los Angeles, Californie.<br />

Pour épingler ce genre d’entreprise, une étiquette est disponible<br />

au rayon acteur-réalisateur : ego surdimensionné.<br />

Mais si Vincent fictionnalisé en Bud prétendait à l’infini, il<br />

ne se plierait pas aux limites du plan. Or Bud est le premier<br />

à buter sur l’opacité que figure son visage. Lui-même ne<br />

sait pas trop ce qu’il fait, absence à soi qui le dédouble, le<br />

met en retard sur ses gestes. Lui-même ne prémédite pas<br />

de dire à cette Violet de station-service combien il aime<br />

son visage, ni de l’emmener avec lui ni de redémarrer<br />

sans crier gare pendant qu’elle se prépare. Quelques villes<br />

plus loin, même manège avec Rose, la prostituée, embarquée<br />

puis débarquée sur un égal coup de tête. Point<br />

d’exhibitionnisme, mais une manière de sérigraphie, de<br />

duplication d’un sujet constant dans des environnements<br />

variables. Et de fait The Brown Bunny manque à chaque<br />

seconde se dissoudre dans ses espaces dépeuplés, et<br />

Bud, qui seul le porte, s’abolir dans le monde des choses.<br />

Expérimental, puisque le mot brûle les lèvres, Gallo ne<br />

l’est véritablement qu’à cette aune, expérimentant le mort<br />

dans le vivant et réciproquement, portant l’un au point où<br />

VINCENT GALLO<br />

il s’exténue dans l’autre. A la fois home- et road-movie,<br />

empruntant équitablement au bricolage vidéo et au<br />

grand cinéma des années 1970, The Brown Bunny tente<br />

une précieuse connexion entre deux sillons. Film qui ne<br />

veut pas en être un, et pourtant n’y coupe pas, supérieur<br />

à la somme de ses vides, ouvrant la veine mineure à un<br />

horizon de puissance.<br />

d’après François Bégaudeau, Cahiers du <strong>Ciné</strong>ma<br />

•<br />

Vincent Gallo (Amerikaans van Siciliaanse afkomst) is een man<br />

van vele gaven: schilder, professioneel motorrijder, muzikant<br />

(hij heeft nog samen met Jean Michel Basquiat in een band<br />

gespeeld), model, schrijver, acteur, regisseur… Al die talenten<br />

en meer worden gecombineerd in de Vincent Gallo’s ‘one man<br />

production’ The Brown Bunny (2003). Gallo speelt Bud Clay,<br />

een professionele motorrijder op zoek naar zijn ware liefde, Daisy<br />

(Chloë Sevigny). Vermits het daarmee niet echt wil opschieten,<br />

zoekt hij op de vijfdaagse motortrip van New Hampshire naar<br />

Californië dagelijks een surrogaat. Gallo heeft een reputatie: hij<br />

is the man you love to hate, met een cultstatus. The Brown Bunny<br />

(die volgens Gallo op dat moment nog niet compleet af was) werd<br />

uitgejouwd in Cannes. Het is niet de eerste keer dat zo’n film<br />

later de status van meesterwerk krijgt. M.V.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL, SC & PHOTO :<br />

VINCENT GALLO<br />

MUS : TED CURSON,<br />

JEFF ALEXANDER GORDON,<br />

LIGHTFOOT, JACKSON C. FRANCK<br />

PROD : VINCENT GALLO<br />

PRODUCTIONS, WILD BUNCH,<br />

KINÉTIQUE INC.<br />

AVEC :<br />

VINCENT GALLO, CHLOË SÉVIGNY<br />

ÉTATS-UNIS, 2003, 120’,<br />

COULEUR, VO ST FR


8<br />

La Chose publique<br />

La Chose publique raconte que ce n’est pas facile de<br />

vivre avec un cinéaste, dès lors qu’il a tendance à porter<br />

à l’écran public des choses privées. Que ce n’est pas un<br />

paradis non plus pour le cinéaste, dévorant ainsi la vie<br />

des autres. Il dit aussi que la toute-puissance de la création<br />

est dans ce geste de transgression. À la condition<br />

nécessaire que la transgression soit à la hauteur de ce<br />

qu’elle transgresse. Question de point de vue : l’actrice<br />

Julia assène au cinéaste Philippe que le film qu’il est en<br />

train de tourner, le Lit national, est une vraie saloperie et<br />

autres synonymes de la trahison. <strong>Le</strong> cinéaste Philippe lui<br />

répond que ce film est un film d’amour.<br />

Il y a donc, coup assez classique, deux films dans le film.<br />

Moins classique, il y a aussi un vrai vertigo qui tient tout<br />

autant au yo-yo entre vidéo et cinéma qu’à leur emploi<br />

peu à peu troublé. Alors qu’à l’origine du film, l’image<br />

claire et nette (le cinéma, la noblesse de l’art) semble<br />

réservée à la fiction et l’image crado (la vidéo, le docu<br />

comme tiers-état) au réel, bien vite, entre ce film de<br />

devant et ce film de derrière, il n’y a plus de domaine<br />

réservé : un brouillage qui n’est pourtant pas brouillon.<br />

“Mais je m’égare”, pourrait dire la voix off de La Chose<br />

publique qui, gloire à lui, n’est pas un film naturaliste.<br />

Amalric se demande : “Où placer le degré zéro de la<br />

réalité ?” De fait, on se penche vers son film non pas<br />

tant pour se demander quand est-ce que c’est vrai,<br />

mais comme on tend l’oreille dans un restaurant à la<br />

MATHIEU AMALRIC<br />

conversation d’à côté. Cette futilité joyeuse n’interdit<br />

pas la politique, le film se nichant in situ de la dernière<br />

présidentielle et distribuant quelques coups de pied au<br />

cul bien venus. En latin, qu’il est doux de perdre en compagnie<br />

d’Amalric, la chose publique se dit res publica,<br />

c’est-à-dire république.<br />

d’après Gérard <strong>Le</strong>fort, Libération<br />

•<br />

Na Mange ta soupe (1997) en <strong>Le</strong> stade de Wimbledon (2002)<br />

is La chose publique de derde film van Mathieu Almaric, de<br />

acteur/regisseur die dit jaar als voorzitter van de jury van de<br />

kortfilmcompetitie van Clermont-Ferrand nog in de kijker kwam,<br />

omdat er geen prijs toegekend werd. Deze erg autobiografische<br />

film maakt deel uit van Arte’s tiendelige serie ‘Masculin-<br />

Féminin’ en Almaric neemt die opdracht van Arte ook als uitgangspunt<br />

voor een film-in-de-film over politieke gelijkheid.<br />

Drie weken voor de start van de opnamen verneemt de regisseur<br />

(een alter ego voor Almaric) echter dat zijn vrouw, die ook<br />

de hoofdrol vertolkt, een relatie met iemand anders heeft. Het<br />

project evolueert in een totaal andere richting. Almaric geeft<br />

zich volledig bloot in deze subtiele, grappige en inventieve tragikomedie,<br />

een reflectie over het artistieke creatieproces, een<br />

proces dat echter zijn betekenis verliest wanneer de liefde en<br />

het intieme beginnen te wankelen. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : MATHIEU AMALRIC<br />

SC : MATHIEU AMALRIC,<br />

CHRISTINE DORY,<br />

MARCELO NOVAIS TELES<br />

PHOTO : ISABELLE RAZAVET<br />

MUS : RODOLPHE BURGER<br />

PROD : ARTE FRANCE, GMT<br />

PRODUCTION,<br />

LES FILMS DU POISSON<br />

AVEC :<br />

JEAN QUENTIN CHÂTELAIN,<br />

ANNE ALVARO, MICHÈLE LAROQUE,<br />

BERNARD MENEZ<br />

FRANCE, 2003, 87’,<br />

COULEUR, VOF


9<br />

Elle est des nôtres<br />

Christine Blanc vit de petits boulots intérimaires. Sa<br />

place, dans le monde, n’est de ce fait pas vraiment<br />

définie : en stand-by perpétuel, elle éprouve bien des difficultés<br />

à frayer avec ses semblables, qui la connaissent<br />

seulement “de passage”, au boulot comme en-dehors.<br />

Elle tente pourtant de prendre contact, en s’inventant<br />

une vie (celle des autres) avec l’espoir d’être enfin<br />

regardée. En vain. Elle devra tuer pour se faire accepter,<br />

parce que le meurtre, selon Siegrid Alnoy, permet<br />

de sortir du rang et de changer le cours du monde.<br />

L’ordinaire ainsi bouleversé, c’est toute sa vie qui se<br />

voit chamboulée : Christine trouve enfin un travail fixe,<br />

un petit copain et, par là, une nouvelle assurance. Mais<br />

l’inspecteur du coin mène l’enquête. Elle est des nôtres<br />

n’est pas seulement un film d’une incroyable tension<br />

dramatique, c’est aussi, et surtout, un saisissant tour de<br />

force stylistique : chaque plan tente ainsi de redéfinir la<br />

grammaire cinématographique, sans qu’il s’agisse pour<br />

autant d’esbroufe formelle ou d’arrogance plastique.<br />

Montage au scalpel, caméra virevoltante (tout y passe :<br />

zooms, panoramiques, travellings, flous, accélérations,<br />

etc.), délires sonores à tout va (gros plans, bruits,<br />

silences, bourdonnements, etc.) : Siegrid Alnoy impose<br />

un style unique qui trouve sa source dans le cinéma<br />

soviétique des années vingt et la vidéo expérimentale<br />

– un cinéma de la forme et de la matière, qui raconte<br />

une histoire mais n’oublie pas le poids symbolique de<br />

SIEGRID ALNOY<br />

l’image. Quant aux personnages, s’ils semblent d’abord<br />

figés dans ces décors de zoning industriels et de malls<br />

déserts, ils n’ont finalement rien d’anormal : à cet égard<br />

Sasha Andres, impressionnante dans son rôle de “tueuse<br />

du quotidien”, est une actrice à suivre. A la fois conte<br />

mystique et politique, œuvre formelle sans compromis<br />

et chronique urbaine désenchantée, Elle est des nôtres<br />

dévoile une cinéaste hors du commun. G.E.<br />

•<br />

”Het basiselement van deze film is de reële wereld, zoals die<br />

gecreëerd door de economie. Zij heeft de wereld in een steriel,<br />

braakliggend land en de maatschappij in een woestijn getransformeerd”,<br />

aldus cineaste Sigfried Alnoy over haar debuut Elle<br />

est des nôtres. Christine (een formidabele Sasha Andres) is<br />

een gevoelige, 35-jarige interimsecretaresse uit de streek van<br />

Annecy die het leven langs haar heen voelt glippen. Ze verlangt<br />

naar vrienden en gezelschap, maar dat wil niet lukken, ook al<br />

verzint ze dingen omtrent haar privé-leven om toch maar normaal<br />

over te komen. Haar emotionele isolatie leidt op een dag<br />

tot zinloos geweld, een daad waaruit ze de energie en de kracht<br />

put om verder te leven. ”De geboorte van een cineaste”, schreef<br />

de Franse pers over deze intense, klinische en ontregelende<br />

studie met burleske kantjes over vervreemding. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : SIEGRID ALNOY<br />

SC : SIEGRID ALNOY,<br />

FRANÇOIS FAVRAT,<br />

JÉRÔME BEAUJOUR<br />

PHOTO : CHRISTOPHE POLLOCK<br />

MUS : GABRIEL SCOTTI<br />

PROD : BC FILMS<br />

AVEC :<br />

SASHA ANDRES,<br />

CATHERINE MOUCHET,<br />

CARLO BRANDT, ERIC CARAVACA<br />

FRANCE, 2003, 100’,<br />

COULEUR, VOF


Des enfants jouent dans les bois, à boire l’eau qui ruisselle<br />

des branches, à cache-cache, à rouler dans l’herbe<br />

folle, à se battre, à se balancer au bout d’une corde, à<br />

détacher les chevaux d’un adulte qui se repose... Errant<br />

tels quatre petits diables à la frimousse rougie par la brise<br />

septentrionale, ils finissent leur course folle le long d’une<br />

voie ferrée. C’est la fin de la première partie. Filmée<br />

dans un noir et blanc somptueux, cette escapade enfantine<br />

rythmée de quatre cents coups frappe directement<br />

par sa poésie : de ces plans en apesanteur, de ces focales<br />

inhabituelles, de ces jeux de lumière impressionnistes on<br />

retient d’abord la grâce et la pureté, comme en écho<br />

au charme fébrile de l’enfance, période de rêve(s) et<br />

d’innocence. Jusque-là, <strong>Le</strong> Faisan d’or pourrait presque<br />

passer pour un documentaire sur la vie de gosse au<br />

Kirghizstan, avec l’œil de Vigo et de Kalatozov. Puis<br />

débute la seconde partie, “la Route de la Soie”. Dans un<br />

train qui roule vers une destination inconnue se croisent<br />

une petite dizaine de personnages autour d’un dessinateur<br />

idéaliste qui croque la vie à pleines dents (et pleine<br />

page). Pour cet artiste que « seule la vie exalte » et que<br />

“l’amour fait voler”, mieux vaut suivre sa propre voie<br />

que celle tracée par les autres, au risque d’être “chassé<br />

du paradis” avant même d’y pénétrer. En ce sens tous les<br />

passagers qui l’entourent semblent coincés à jamais dans<br />

une existence sans espoir ni plaisir. Ainsi cette mère qui<br />

refuse que sa fille “pourrisse comme elle sur cette putain<br />

10<br />

<strong>Le</strong> Faisan d’or<br />

MARAT SARULU<br />

de ligne”, métaphore ferroviaire de la fatalité et d’un certain<br />

défaitisme auxquels personne ne semble réchapper,<br />

à part l’artiste. Éjecté (logiquement) du train par une<br />

bande de malfrats, le peintre rencontre alors les quatre<br />

enfants le long du chemin de fer. <strong>Le</strong> train, lui, continue<br />

son voyage... <strong>Le</strong> film prend fin. Un faisan vole, et du<br />

ciel se dessine l’étendue sans fin de la steppe kirghize.<br />

Comme le peintre, l’oiseau ne pense pas au lendemain.<br />

“Parce qu’un but à atteindre peut vous faire perdre votre<br />

âme, mais la vie en elle-même, jamais”. G.E.<br />

•<br />

De Kirgische steppe. Vier kinderen spelen aan de rand van een<br />

spoorweg, een spoorweg die parallel loopt met de legendarische<br />

oude zijde route. Onder de leiding van Urmat hebben deze<br />

arrogante en brutale bengels hun dorpje in de bergen verlaten<br />

om hun geluk elders te beproeven. Ze dromen ervan om een<br />

konvooi te nemen, weg van de immense vlaktes. Maar het leven<br />

van Urmat neemt een totaal andere wending wanneer hij met<br />

een van een trein geworpen artiest geconfronteerd wordt.<br />

Het adembenemend mooi gefotografeerde De gouden fazant<br />

(Altyn Kyrghol), vorig jaar in Nantes bekroond, kan zowel<br />

wat de stijl als de ruwe poëzie betreft, vergeleken worden<br />

met Beshkempir (De geadopteerde zoon), de film van Aktan<br />

Abdykalykov waarvan regisseur Marat Sarulu het scenario<br />

schreef. “Alleen al voor de schitterende zwart-witbeelden mag<br />

deze film niet gemist worden”, dixit Libération. L.J.<br />

INÉDIT<br />

ALTYN KHYRGOL<br />

RÉAL & SC : MARAT SARULU<br />

PHOTO : KADIRJAN KIDIRALIEV<br />

MUS : BAKTYBEK ALISHEROV<br />

AVEC :<br />

BUSURMAN ODURAKAEV,<br />

TYNAR ABDRAZAEVA,<br />

MUKHAMBET TOKTOBAEV,<br />

KABATAI KYZY ELMIRA,<br />

TAALAY IMANALIEV<br />

KIRGHIZSTAN-KAZAKHSTAN, 2001,<br />

75’, NOIR ET BLANC, VO ST FR


Commencé en 1979, au moment du coup d’État militaire<br />

qui aboutit à l’exécution de l’ex-Premier ministre Ali,<br />

Khamosh Pani relate en fait toute l’histoire du Pakistan.<br />

Suivant le parcours d’Aïcha, une veuve, mère de Salim,<br />

un grand adolescent, qui vit dans une petite ville,<br />

la réalisatrice Sabiha Sumar tente d’égrener, jusqu’à<br />

l’exhaustivité, la succession de chocs traumatiques qui<br />

ont fait l’histoire du pays. Bientôt, la vie de la petite<br />

communauté, encore quasi féodale, est bouleversée par<br />

l’irruption de militants fondamentalistes qui relèguent les<br />

femmes derrière de hautes murailles entourant les maisons<br />

ou les écoles et qui exacerbent l’hostilité entre communautés,<br />

puisque Charkhi, la ville d’Aïcha, est un lieu<br />

saint sikh. Au fur et à mesure que Salim se rapproche de<br />

la cause des intégristes, le récit dévoile le passé d’Aïcha,<br />

atrocement marqué par les massacres de la partition, en<br />

1948. Cette violence omniprésente fournit au film son<br />

énergie, et Sabiha Sumar, en laissant une large part à la<br />

musique et à la chronique provinciale, parvient à donner<br />

profondeur et humanité à la société et aux personnages<br />

qu’elle décrit. Et parce qu’elle a réussi à faire d’Aïcha un<br />

personnage assez complexe et attachant, la révélation<br />

du secret de cette femme frappe avec violence. De toute<br />

évidence, Khamosh Pani mènera une vie double. En<br />

Occident, il ne suscitera probablement que peu de polémiques<br />

(il a reçu le Léopard d’or à Locarno), confortant<br />

plutôt les vues de ses spectateurs. Au Pakistan, Sabiha<br />

11<br />

Khamosh Pani<br />

SABIHA SUMAR<br />

Sumar s’apprête à le montrer – en vidéo faute de salles<br />

– dans toutes les provinces du pays, proposant à ses spectateurs<br />

une image d’eux-mêmes, leur faisant découvrir<br />

par là même l’une des raisons d’être du cinéma.<br />

Thomas Sotinel, <strong>Le</strong> Monde<br />

•<br />

Net als in Osama wordt ook in het Pakistaanse Khamosh Pani<br />

(Silent Waters) het thema van het islamitisch fundamentalisme<br />

en de vrouwelijke verdrukking aangesneden. De in New York<br />

opgeleide regisseuse Sabiha Sumar won er vorig jaar de<br />

Gouden Luipaard mee op het Festival van Locarno, terwijl de<br />

Indische actrice Kiron Kher ook een prijs voor haar vertolking<br />

kreeg. Deze waardige en mooi gefotografeerde kroniek speelt<br />

zich af in Charkhi, een vreedzaam dorpje in de Punjab-regio. In<br />

Pakistan, we spreken 1979, is net de staat van beleg afgekondigd<br />

en het land is op weg om een moslimstaat te worden. De<br />

weduwe Ayesha (Kher) leeft van het pensioen van haar man,<br />

terwijl ze ook Koran-lessen aan jonge meisjes geeft. Haar leven<br />

komt in een dramatische stroomversnelling terecht, wanneer<br />

haar 18-jarige zoon Saleem in de ban van het fundamentalisme<br />

komt. Naar waar gebeurde feiten. L.J.<br />

INÉDIT<br />

SILENT WATERS<br />

RÉAL : SABIHA SUMAR<br />

SC : PAROMITA VOHRA<br />

PHOTO : RALPH NETZER<br />

MUS : MADAN GOPAL SINGH,<br />

ARSHAD MAHMUD<br />

PROD : VIDHI FILMS, UNLIMITED/<br />

FLYING MOON<br />

AVEC :<br />

KIRRON KHER, AAMIR MALIK,<br />

ARSHAD MAHMUD,<br />

SALMAN SHAHID<br />

PAKISTAN, 2003, 99’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Ceux qui se demandent de temps à autre à quoi tient la<br />

réussite d’un film n’ont souvent qu’une réponse : à un fil.<br />

Quand un cinéaste casse volontairement ce fil, le tord, le<br />

rompt pour que plus rien ne soit relié à grand-chose, estil<br />

possible que ce film soit réussi ? La réponse est oui, et la<br />

preuve est donnée par Marc Recha. Il a ainsi jeté les sept<br />

moutures de son scénario au moment de tourner, réécrivant<br />

au fur et à mesure. Ne semble plus lui importer que<br />

la rencontre d’un morceau de temps et d’un bout de pellicule.<br />

Ce qui détermine désormais le cinéma de Recha,<br />

c’est l’endroit qu’il aura choisi pour placer sa caméra et<br />

y regarder vivre douze personnages dont on ne sait rien<br />

a priori, qui ne tiennent ensemble qu’éphémèrement, et<br />

que la tramontane rapproche, pour un temps.<br />

Au centre, il y a la vieille, qui a connu la guerre civile et<br />

qui va bientôt crever ; puis Éric, qui répare un peu tout et<br />

surtout les mécaniques ; Axel, qui a braqué un cinéma et,<br />

désormais, bosse avec Éric. Il y a Sophie, la contrôleuse<br />

du train, au moment du passage à la frontière espagnole.<br />

Il y a Gérard, qui est venu par le train du matin et repartira<br />

par celui du surlendemain.<br />

En résulte un film irrésumable. Qui, loin de nous laisser<br />

interdits, nous laisserait plutôt innocents. Innocents aux<br />

mains vides, cela va de soi. Un innocent de cinéma, c’est<br />

moins quelqu’un qui n’a rien fait (et sur lequel il n’y a pas<br />

grand-chose à dire) qu’une personne qui vit dans l’attente<br />

passive d’une inévitable culpabilité. Chez Recha,<br />

12<br />

<strong>Le</strong>s Mains vides<br />

MARC RECHA<br />

c’est une menace perpétuelle qui se tient dans l’entredeux<br />

du bien et de la faute. <strong>Le</strong>s Mains vides a trouvé à<br />

Port-Vendres l’endroit de cet entre-deux : ville limitrophe<br />

(France/Espagne) en laquelle Recha voit la révélation de<br />

la condition humaine : là pour passer.<br />

d’après Philippe Azoury, Libération<br />

•<br />

Een van de hoofdrollen in het Catalaanse Las Manos Vacías<br />

(De lege handen) wordt door Olivier Gourmet vertolkt, vorig<br />

jaar in Cannes nog bekroond voor <strong>Le</strong> fils van de gebroeders<br />

Dardenne. Maar de echte hoofdrol in deze licht surrealistische<br />

en poëtische film, waarin de gekruiste lotgevallen van een<br />

twaalftal even burleske als wanhopige mannen en vrouwen<br />

in het symbolisch gebruikte grensstadje Port-Vendes gevolgd<br />

wordt, is misschien wel voor een papegaai weggelegd. Of voor<br />

een mysterieus lijk ?<br />

Alle geheimen worden niet prijs gegeven in deze vierde film van<br />

Marc Recha. Dat maak juist de charme uit van deze enigmatische<br />

ensemblefilm over het leven in een kleine gemeenschap,<br />

geplaagd door verlangens, angst en eenzaamheid. De melancholie<br />

en humor van Otar Iosseliani en Jacques Tati zijn nooit<br />

ver weg, terwijl Recha opnieuw bewijst dat hij uitgesproken<br />

formeel talent is. L.J.<br />

INÉDIT<br />

LAS MANOS VACÍAS<br />

RÉAL : MARC RECHA<br />

SC : MARC RECHA, MIREIA VIDAL,<br />

NADINE LAMARI<br />

PHOTO : HÉLÈNE LOUVART<br />

MUS : DOMINIQUE A, MIKE YOUNG<br />

PROD : JBA PRODUCTIONS,<br />

EDDIE SAETTA SA<br />

AVEC :<br />

OLIVIER GOURMET, EDUARDO<br />

NORIEGA, PIERRE BERRIAU,<br />

MIREILLE PERRIER<br />

FRANCE-ESPAGNE, 2003, 130’,<br />

COULEUR, VO ST FR


13<br />

Memories of Murder<br />

Corée du Sud, province de Gyunggi, 1986 : une jeune<br />

femme est retrouvée assassinée dans un fossé le long<br />

d’un champ. Peu de temps après, une nouvelle victime<br />

est découverte, tuée de manière similaire. Très vite est<br />

avancée la thèse d’un serial-killer, le premier que connaît<br />

le pays. Deux policiers locaux sont en charge de l’affaire,<br />

qui n’hésitent pas à magouiller des pistes et accuser des<br />

innocents par manque de preuves. Débarque alors un<br />

détective de Séoul, qui compte bien mettre de l’ordre<br />

dans ce dossier foutraque. Memories of Murder n’est pas<br />

un “serial-killer movie” comme les autres : pas d’hémoglobine<br />

ici ni de suspense haletant – on est plutôt dans<br />

la pochade décalée, la comédie au vitriol. C’est que les<br />

deux flics qui mènent l’enquête n’ont rien des policiers<br />

modèles : ils forment au contraire un beau couple de<br />

ripoux sans principes, qui tabassent d’innocents pigeons<br />

et falsifient les preuves pour à tout prix plaire à leur chef.<br />

Ce qui nous donne d’hilarantes scènes d’embrouille,<br />

comme celle de la rencontre avec leur collègue de<br />

Séoul, qu’ils prennent pour le serial killer. Cet humour<br />

noir en pleine enquête criminelle frappe d’autant plus<br />

que l’action se déroule en 1986, soit à l’époque de la dictature<br />

militaire. Memories of Murder apparaît donc aussi<br />

comme une critique acerbe du régime alors en place,<br />

connu pour ses méthodes peu orthodoxes en matière<br />

policière. Basé sur des faits réels (“le Jack l’Éventreur<br />

coréen”), Memories of Murder a fait un carton l’année<br />

BONG JOON-HO<br />

dernière en Corée du Sud. Et même si en Europe les<br />

noms des trois acteurs qui tiennent le haut de l’affiche<br />

nous sont inconnus (alors qu’ils sont là-bas des stars), il<br />

est rafraîchissant de constater qu’on peut encore réaliser<br />

un bon polar avec, à la place du sang, une bonne dose<br />

de détachement. G.E.<br />

•<br />

Voor het grappige en aangrijpende Memories of Murder<br />

(Salinui chueok), bekroond in San Sebastian en op het politiefilmfestival<br />

van Cognac, heeft regisseur Joon-Ho Bong zich<br />

laten inspireren door de nooit opgehelderde zaak over de eerste<br />

officiële seriemoordenaar van Zuid-Korea die tussen 1986 en<br />

1991 een klein dorp in de buurt van Seoul teisterde. In eigen<br />

land was deze zwarte en grimmige komedie, die zich voornamelijk<br />

concentreert op de rivaliteit tussen de politiedetectives<br />

die met de zaak belast zijn, een van de grootste bioscoopsuccessen<br />

ooit.<br />

Dat succes heeft de film ook te danken aan zijn sociaal-historische<br />

ondertoon. Het vaak schokkende en adembenemend<br />

gefotografeerde Memories of Murder gaat namelijk in op het<br />

repressieve politieke klimaat dat er toen heerste onder de<br />

dictatuur van president Chun Doo-hwan, waardoor een degelijk<br />

onderzoek niet mogelijk was. L.J.<br />

INÉDIT<br />

SALINUI CHUEOK<br />

RÉAL : BONG JOON-HO<br />

SC : BONG JOON-HO,<br />

SHIM SUNG-BO<br />

PHOTO : KIM HYUNG-KOO<br />

MUS : IWASHIRO TARO<br />

PROD : SIDUS CORPORATION<br />

AVEC :<br />

SONG KANG-HO, KIM SANG-KYUNG,<br />

PARK HAE-IL, KIM ROI-HA<br />

CORÉE DU SUD, 2003, 129’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Inde, fin des années 1940. Fin d’une époque : les studios<br />

de Bombay, fleuron de l’industrie cinématographique<br />

la plus prolifique du monde, ont sombré sous la concurrence<br />

sauvage d’affairistes à la recherche de profits<br />

rapides. Travailler pour les nouveaux venus ou s’improviser<br />

producteurs : c’est pour cette seconde solution<br />

qu’optent la plupart. Parmi eux, Guru Dutt, Raj Kapoor,<br />

Mehboob Khan, Bimal Roy, purs produits des studios,<br />

où ils ont débuté. C’est la première fois en Inde qu’une<br />

poignée d’ex-salarymen conquièrent leur indépendance<br />

et exercent un contrôle total sur leurs films, du scénario<br />

au final cut. Une décennie à peine après l’Indépendance<br />

(1947), les priorités se portent vers la construction d’un<br />

cinéma déroulant le scénario idéologique d’une nation<br />

balbutiante, encore sous le traumatisme de la partition<br />

pakistanaise. <strong>Le</strong> “all-India film” répond aussi à une<br />

autre nécessité, d’ordre commercial. Pour les nouveaux<br />

producteurs, l’indépendance artistique va de pair avec<br />

une vulnérabilité financière qui les voue à des succès<br />

d’amplitude nationale. C’est sans doute Mehboob Khan<br />

qui a donné à ces injonctions contradictoires (des films<br />

sociaux à grand spectacle) leur forme la plus grandiose.<br />

Grand admirateur de Cecil B. DeMille, Khan s’est illustré<br />

dans divers genres (mélodrame mondain dans Andaz,<br />

film d’aventures dans Mangala, fille des Indes), mais c’est<br />

Mother India qui donne la pleine mesure de son talent.<br />

Cette fresque paysanne de plus de trois heures offre à<br />

14<br />

Mother India<br />

MEHBOOB KHAN<br />

la superstar Nargis son meilleur rôle, celui de la mère<br />

courage Rhada. Ruinée par un usurier, abandonnée par<br />

son mari, obligée d’élever seule ses deux fils, Rhada n’est<br />

pas un personnage mais une allégorie : couvert de boue<br />

et de sueur, son corps est celui de l’Inde toute entière, et<br />

son sacrifice celui de toute une nation.<br />

Elisabeth <strong>Le</strong>queret, Cahiers du cinéma<br />

•<br />

Mother India, ook bekend onder z’n hindoe titel Bharat Mata,<br />

werd in 1957 gemaakt door de Indische regisseur Ranjankhan<br />

Mehboobkhan, kortweg Mehboob Khan. Met deze film, één van<br />

de laatste uit zijn rijkgevulde carrière, schetst de regisseur een<br />

portret van India’s harde dagelijkse realiteit op het platteland.<br />

Om haar zoon en schoondochters huwelijk te financieren, leent<br />

een arme vrouw geld van een woekeraar. In ruil moet zij voor<br />

lange tijd een gedeelte van haar oogst afstaan. In een gemeenschap<br />

waar haast niemand kan lezen, is de kans op misbruik<br />

erg groot : de familie moet veel meer van hun schrale oogst<br />

afstaan dan gepland. Mother India is een aangrijpend verhaal<br />

over de moed en waardigheid waarmee de schoondochter<br />

Radha (vertolkt door actrice Nargis) in een onrechtvaardige<br />

feodale maatschappij een ongelijke strijd voert om een waardig<br />

bestaan voor haar familie. M.V.<br />

INÉDIT<br />

BHARAT MATA<br />

RÉAL : MEHBOOB KHAN<br />

SC : WAJAHAT MIRZA, S. ALI RAZA<br />

PHOTO : FAREDOON A. IRANI<br />

MUS : NAUSHAD<br />

PROD : MEHBOOB KHAN<br />

AVEC :<br />

NARGIS, SUNIL DUTT,<br />

RAJENDRA KUMAR, RAAI KUMAR,<br />

KANHAIYALAL, JILLOO MAA<br />

INDE, 1957, 172’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Une histoire d’amour entre un simplet sorti de prison<br />

et une handicapée abandonnée par sa famille : voilà<br />

le genre de scénario qui a priori n’était pas du tout<br />

gagné d’avance. Rares en effet sont les films réussis sur<br />

un sujet si sensible. En général s’agit-il seulement d’un<br />

moyen certain (et odieux) pour le cinéaste lambda de<br />

faire la preuve de son empathie envers ces gens que la<br />

vie n’a pas “épargnés”… D’un racolage abject qui confond<br />

cinéma et voyeurisme, ces films n’ont d’important<br />

que leur puritanisme hypocrite. Heureusement, Oasis<br />

déroge à cette règle parce que <strong>Le</strong>e Chang-dong met<br />

d’abord en scène une bouleversante histoire d’amour,<br />

au lieu de trop appuyer là où ça fait mal : le pathétique<br />

de bon ton, qui donne bonne conscience quand à la<br />

fin du film nos yeux pleurent et compatit notre cœur.<br />

Ce qui frappe donc ici, c’est tout simplement l’amour<br />

authentique qui naît entre ces deux êtres : ils s’aiment<br />

vraiment – et c’est en fin de compte ce qui touche le<br />

plus, puisque cet amour parvient à éclipser tout le reste<br />

(le handicap de l’une, la simplicité d’esprit de l’autre,<br />

et bien sûr le dégoût et la méchanceté des gens qui les<br />

entourent). Certaines scènes montrent ainsi Gong-Ju<br />

(la femme) devenir tout à coup “normale”, comme si<br />

l’amour qu’elle éprouvait pour Jong-Du (l’homme) la<br />

transcendait un instant et lui rendait sa beauté d’origine.<br />

Oasis est ainsi basé sur le principe de la confusion :<br />

des apparences, des sentiments (leur scène d’amour est<br />

15<br />

Oasis<br />

LEE CHANG-DONG<br />

interprétée par la famille comme un viol), des destinées<br />

(Jong-Du a séjourné en prison à la place de son frère),<br />

des interprétations (l’actrice qui joue Gong-Ju n’est pas<br />

handicapée), des histoires. La seule vraie certitude,<br />

c’est le refus du cinéaste de verser dans le sensationnalisme<br />

et la thèse. Oasis est avant tout un très beau film<br />

d’amour, ni plus ni moins. Et c’est là l’essentiel. G.E.<br />

•<br />

Een origineel en hartverscheurend amour fou-verhaal, zo zou<br />

men het Zuid-Koreaanse Oasis kunnen samenvatten. Jong-du<br />

is een zwakbegaafde, net uit de gevangenis ontslagen. Hij is<br />

veroordeeld voor een vluchtmisdrijf, maar eigenlijk zat zijn<br />

broer achter het stuur. Het eerste wat de impulsieve Jong-du<br />

doet als hij terug op vrije voeten is, is een bezoek brengen aan<br />

de familie van het slachtoffer dat hij zou hebben doodgereden.<br />

Daar ontmoet hij Gong-ju, de cerebraal gehandicapte dochter.<br />

Tussen deze twee verschoppelingen ontstaat een merkwaardige<br />

en passionele liefdesband.<br />

Oasis werd vorig jaar in Venetië meermaals bekroond, onder<br />

meer met de prijs voor de beste actrice. De prestatie van de<br />

jonge Moon So-Ri is dan ook ronduit briljant. “Geen enkele<br />

recente film heeft de geheime taal van twee verliefde outcasts<br />

zo helder vertaald”, aldus de pers over deze opmerkelijke film<br />

van <strong>Le</strong>e Chang-Dong, inmiddels minister van Cultuur. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC : LEE CHANG-DONG<br />

PHOTO : CHOI YOUNG-TAEK<br />

MUS : LEE JAE-JIN<br />

PROD : EAST FILM PRODUCTION,<br />

UNIKOREA, ETC.<br />

AVEC :<br />

SOL KYUNG-GU, MOON SO-RI,<br />

AHN NAE-SANG,<br />

RYOO SEUNG-WAN,<br />

CHU GUI-JEONG, KIM JIN-JI,<br />

SOHN BYUNG-HO, YOON GA-HYUN<br />

CORÉE DU SUD, 2002, 132’,<br />

COULEUR, VO ST FR


16<br />

La Petite Prairie aux bouleaux<br />

En 1943, déportée à Birkenau (c’est la prairie aux bouleaux),<br />

Marceline Loridan avait quinze ans. En 1959,<br />

son témoignage marque Chronique d’un été de Rouch<br />

et Morin. “Quand je racontais la déportation, je ne<br />

pleurais pas. Il y avait des techniciens qui pleuraient”,<br />

confia-t-elle alors à P.L. Thirard (<strong>Le</strong>s <strong>Le</strong>ttres françaises,<br />

9/11/1961). Puis elle fait équipe avec Joris Ivens. A<br />

75 ans, elle signe son premier film, le retour au camp<br />

d’une survivante. C’est une fiction à maturation lente,<br />

aux acteurs parfaits, Anouk Aimée (Myriam) d’abord.<br />

Projection idéale de Marceline, la comédienne porte à<br />

incandescence le cri “Je suis vivante” que la cinéaste<br />

lui fait lancer sur l’espace muet de ce qui fut un camp<br />

de la mort. Pour en arriver là, il a fallu que Myriam<br />

accomplisse plusieurs retours, à Paris avec d’anciennes<br />

déportées, à Cracovie avec le généalogiste qui la guide<br />

vers l’appartement de son enfance. Au camp, enfin.<br />

Elle s’y introduit en douce, dépouillée de ses châles<br />

: “C’est chez moi”, dit-elle. Son errance y éveille la<br />

curiosité d’un jeune Allemand. La cinéaste réussit l’impensable,<br />

rendre plausible le dialogue entre un petit-fils<br />

de SS et cette survivante qui se libère de la culpabilité<br />

de l’oubli. L’enjeu du film est la vérité d’une mémoire<br />

que le “devoir” ne contraint pas. Comme Voyages de<br />

Finkiel l’a suggéré, la valeur de la mémoire tient à son<br />

articulation avec le présent. En 1959, ils pleuraient en<br />

filmant Marceline. Aujourd’hui, sans images d’archives,<br />

MARCELINE LORIDAN-IVENS<br />

tourné par un bel automne dans une Pologne méfiante,<br />

son film émeut. Pensé au présent, sa facture et sa portée<br />

sont magnifiques.<br />

Éric Derobert, Positif<br />

•<br />

Marceline Loridan-Ivens is het bekendst als de weduwe van de<br />

Nederlandse documentaire meester Joris Ivens. In La petite<br />

prairie aux bouleaux (een literaire vertaling van het Poolse<br />

woord Birkenau) blikt ze terug op die periode in haar leven toen<br />

ze opgesloten zat in de Duitse concentratiekampen.<br />

”Ik heb deze film gemaakt, omdat ik op 75-jarige leeftijd aan<br />

de laatste etappe van mijn leven begin en al de mensen die,<br />

zoals ik, de kampen overleefd hebben, een voor een aan het<br />

verdwijnen zijn”, aldus Loridan-Ivens. ”We moeten er over<br />

spreken, want binnenkort wordt de Shoah in de scholen<br />

bestudeerd een apart fenomeen, een stuiptrekking van de<br />

geschiedenis, zoals de Honderdjarige Oorlog.” Een aangrijpende<br />

getuigenisfilm, zonder een greintje pathos, over de<br />

horror van de holocaust met Anouk Aimée, zelf van joodse<br />

afkomst, in de rol van Loridan-Ivens. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC :<br />

MARCELINE LORIDAN-IVENS<br />

PHOTO : EMMANUEL MACHUEL<br />

PROD : CAPI FILMS, HÉRITAGE FILM<br />

AVEC :<br />

ANOUK AIMÉE, AUGUST DIEHL,<br />

ZBIGNIEW ZAMACHOWSKI<br />

FRANCE, 2003, 91’,<br />

VO ST BIL


17<br />

Retour à Kotelnitch<br />

En 2000, Emmanuel Carrère part effectuer un premier tournage<br />

à Kotelnitch, petite ville située à huit cents kilomètres<br />

à l’est de Moscou, sur les traces d’un prisonnier de guerre<br />

hongrois qui avait passé là cinquante-cinq ans, enfermé<br />

dans un hôpital psychiatrique. Pendant ce premier séjour,<br />

il rencontre un couple intrigant, Ania, francophile mythomane,<br />

et son fiancé Sacha, officier local du FSB. Il revient à<br />

Kotelnitch deux ans plus tard. Ania est devenue mère entretemps.<br />

Et puis, à l’automne 2002, Carrère apprend que la<br />

jeune femme et son bébé ont été sauvagement assassinés<br />

par un fou. Il retourne une troisième fois à Kotelnitch. Son<br />

travail prend alors une nouvelle direction. Centré sur la<br />

mère d’Ania, ce dernier matériau met en scène une famille<br />

russe d’aujourd’hui, frappée par le malheur et s’efforçant<br />

de mettre des mots sur l’inexplicable. Pour Carrère, le choc<br />

est terrible à double titre, puisque le “projet” du film consistait<br />

à attendre qu’il se passe quelque chose et que voilà,<br />

quelque chose s’était passé, qui d’une certaine façon faisait<br />

enfin exister le film. Du coup, l’écrivain cinéaste s’attelle,<br />

sur le banc de montage, moins à dresser un mausolée à la<br />

mémoire de la défunte qu’à ordonner une réflexion, par<br />

l’image, sur sa place à lui. Retour à Kotelnitch apparaît ainsi<br />

comme une enquête sur la manière dont le cinéaste est<br />

travaillé par son film, son passage progressif de l’observation<br />

distanciée (et parfois ironique) à son incorporation dans<br />

l’histoire qu’il cherche à nous raconter. Et c’est dans le dernier<br />

tiers du film que surgit une autre histoire, plus intime,<br />

EMMANUEL CARRÈRE<br />

celle du grand-père maternel du cinéaste, émigré géorgien<br />

qui a disparu à Bordeaux en 1944. C’est à ce moment que le<br />

film bascule vers son objet latent : Carrère est aussi revenu à<br />

Kotelnitch pour mettre un point final à une histoire familiale,<br />

la sienne. Son film pourrait alors n’être qu’un objet clos<br />

sur lui-même. Il s’en dégage pourtant l’impression inverse.<br />

Venu enterrer symboliquement un aïeul qu’il n’a pas connu,<br />

le cinéaste se retrouve devant la tombe d’une jeune femme<br />

qui lui était étrangère, et dont il finit par porter le deuil. La<br />

mélancolie qui s’en dégage fait de ce Retour à Kotelnitch un<br />

voyage troublant à la lisière du monde des vivants.<br />

d’après Emmanuel Chicon, L’Humanité<br />

•<br />

De Franse schrijver, gewezen Positif-criticus en documentaire<br />

filmmaker Emmanuel Carrère, onder meer bekend van Classe de<br />

neige en L’Adversaire, gaat in Retour à Kotelnich op zoek naar<br />

zijn Russische origine. Dat doet hij in het gelijknamige stadje uit<br />

de titel, gelegen op 8OO kilometer van Moskou. Aanvankelijk was<br />

het de bedoeling om de zoektocht naar een Hongaarse oorlogsgevangene,<br />

opgesloten in een psychiatrische instelling, op filmband<br />

vast te leggen. Omwille van de aangrijpende gebeurtenissen die<br />

Carrère ter plekke overkwam, namelijk de ontmoeting met een<br />

jonge mythomane die later brutaal vermoord wordt, evolueerde het<br />

project evenwel in een totaal andere richting. Net als de toeschouwer<br />

voelt ook Carrère zich verloren in het contact met de familie<br />

van Anna, maar het resultaat is een intieme, aangrijpende en even<br />

mysterieuze als fascinerende autobiografische radiografie. L.J.<br />

INÉDIT<br />

LA PROJECTION<br />

DU 23 JUIN À 19H10<br />

SERA SUIVIE D’UNE RENCONTRE<br />

AVEC LE RÉALISATEUR<br />

RÉAL : EMMANUEL CARRÈRE<br />

PHOTO : PHILIPPE LAGNIER<br />

MUS : NICOLAS ZOURABICHVILI<br />

PROD : LES FILMS<br />

DES TOURNELLES, ROISSY FILMS<br />

FRANCE, 2003, 105’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Avancer sans pouvoir deviner ce qui sera dit dans la<br />

minute qui suit, où l’on sera et avec qui, c’est le plaisir<br />

que l’on retirait du cinéma très singulier de Jean-Claude<br />

Biette, réalisateur et critique, disparu brutalement en<br />

juin 2003. Biette faisait du spectateur un flâneur sans<br />

boussole, tout juste guidé par une petite musique de<br />

mots intrigants, promesses d’escapades fortuites et de<br />

rencontres avec des atypiques, comme ces frères Saltim,<br />

banquiers tirés à quatre épingles. Frédéric, le cadet,<br />

est fringant à condition qu’on parle argent, tandis que<br />

Bruno, plus spirituel, s’accorde le plaisir de financer un<br />

théâtre. Gravitent autour de ce tandem leur nièce, confectionneuse<br />

de chaussures et comédienne géniale, leur<br />

mère par trop attachante, et un gérant de restaurant qui<br />

trafique la nuit venue.<br />

Du Fouquet’s à la banlieue parisienne en passant par<br />

Berlin, le film chemine tranquillement, au gré d’une<br />

logique qui tient à rester secrète. Qu’importe la finalité<br />

de tout cela, les dialogues sont un régal. <strong>Le</strong>s personnages,<br />

récitants de leur propre vie, disent leurs tracas et leurs<br />

desiderata, dissertent aussi bien sur la cuisine que sur<br />

Oncle Vania. Ici, on devise, on radote, parfois on n’écoute<br />

que d’une oreille ou bien l’on parle tout seul ; le vrai personnage<br />

à l’honneur ici, c’est la langue, mieux, le multilinguisme<br />

(car il y a de l’anglais, de l’italien, de l’allemand).<br />

Peu à peu, les thèmes de ce drôle de cirque poético-financier<br />

où théâtre de la vie et vie du théâtre ne font qu’un<br />

18<br />

Saltimbank<br />

JEAN-CLAUDE BIETTE<br />

affleurent : le désir de trouver son rôle et de bien le jouer,<br />

la difficulté d’en changer, le poids de la représentation<br />

sociale. Pas facile de vivre dans le monde d’aujourd’hui,<br />

de plus en plus mouvant et rapide, où ce qui est acquis<br />

ne dure plus, où le travail exclut les sentiments, où l’art<br />

dépend plus que jamais de l’argent. Théorique, politique,<br />

esthétique, le cinéma de Biette ? Oui, mais sous une forme<br />

légère, jamais absconse, une sorte d’incitation constante à<br />

la curiosité et au gai savoir.<br />

Jacques Morice, Télérama<br />

•<br />

Saltimbank is de laatste film van de juni vorig jaar overleden<br />

Franse cineast Jean-Claude Biette (°1942), bekend van onder<br />

meer Trois ponts sur la rivière. Samen met Serge Daney geldt<br />

hij ook als de geestelijke vader en stichter van het filmtijdschrift<br />

‘Trafic’. De titel van deze ludieke, Pirandello-achtige<br />

komedie over de dunne scheidingslijn tussen leven en theater<br />

slaat op twee rijke broers, de Saltims. Samen runnen ze de<br />

familiale bank, maar Bruno, de oudste van de twee, heeft ook<br />

een uitgesproken liefde voor het theater (hij werp zich op als<br />

mecenas). Terwijl hij het nicht (rol vertolkt door Jeanne Balibar)<br />

van zijn ex-vrouw ervan probeert te overtuigen om in ‘Esther’<br />

van Racine mee te spelen, tracht Frédéric op zijn beurt haar te<br />

overhalen om zijn assistente te worden. Het begin van een plot<br />

vol mini-intriges over de relatie kunst/geld met talrijke heerlijke<br />

en fijnzinnige dialogen. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC : JEAN-CLAUDE BIETTE<br />

PHOTO : CRYSTEL FOURNIER<br />

MONT : CLAUDINE MERLIN<br />

PROD : GEMINI FILMS<br />

AVEC :<br />

JEAN-CHRISTOPHE BOUVET,<br />

JEAN-MARC BARR,<br />

JEANNE BALIBAR,<br />

MICHELINE PRESLE<br />

FRANCE, 2003, 92’,<br />

COULEUR, VOF


Des tableaux en … première vision, pourrait-on dire, en<br />

empruntant au cinéma une de ses expressions les plus<br />

typiques. <strong>Le</strong> peintre italien Carlo Pizzichini expose pour<br />

la première fois en Belgique et c’est précisément une<br />

salle de cinéma qui l’accueille.<br />

D’autre part, le titre Prima visione fournit aussi la clef de<br />

lecture du travail de Carlo Pizzichini pour qui la peinture<br />

est, depuis vingt ans, quête et découverte d’espaces<br />

vierges de tout regard, de toute signification immédiate.<br />

Carlo Pizzichini inonde ses toiles d’une écriture frénétique<br />

- véritable mutinerie des signes et des couleurs<br />

- insouciante de tout repentir. <strong>Le</strong> geste de la main y est<br />

rapide, les accélérations brusques, les pauses subites.<br />

Fureur de peindre où l’instinct se dispute inlassablement<br />

avec la raison…<br />

Que Carlo Pizzichini peigne l’étendard pour le Palio di<br />

Siena (il en a eu l’honneur en 1991), ou qu’il s’engage<br />

dans de vastes décorations murales pour des demeures<br />

particulières ou pour le siège de sociétés internationales,<br />

19<br />

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Carlo Pizzichini<br />

Prima Visione<br />

(Capriccio Toscano)<br />

son œuvre manifeste sans cesse une même foi dans l’Art<br />

comme “décoration et vie”, c’est à dire illumination et<br />

accompagnement nécessaires de nos existences.<br />

La ville de Siena et sa région, avec son paysage enchanteur<br />

et sa culture artistique séculaire servent de toile de<br />

fond à sa peinture. On pourrait même dire que c’est<br />

grâce à l’attachement profond de Carlo Pizzichini à son<br />

lieu d’origine qu’une effusion passionnelle et lyrique<br />

pénètre son art : comme si, derrière ses signes véhéments,<br />

se cachaient le brin d’herbe et la motte desséchée<br />

des pentes douces de la campagne siennoise !<br />

Carlo Pizzichini est né à Monticiano (province de<br />

Siena) en 1962, vit et travaille à Siena et Zurich. Une<br />

rétrospective de son œuvre s’est tenue au Parlement<br />

Européen de Strasbourg en 1993.<br />

Avec le soutien de / Met de steun van : Banca Monte Paschi Belgio; Azienda Agraria <strong>Le</strong><br />

Chiuse di Sotto di Gianni Brunelli, Montalcino, importatore Selezione Vini Italiani,<br />

Zonhoven; Metaltex Belgio


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Il fait trop chaud<br />

dehors, la deux passe<br />

l’été au cinéma.<br />

LA DEUX SOUTIENT L’ÉCRAN TOTAL ET LE CINÉMA DES GALERIES.<br />

20<br />

Attendez-vous à plus<br />

DEUX FOIS PLUS DE PLAISIR


21<br />

<strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />

Inde, principauté de Travancore, dans les années quarante.<br />

Sukamari “Kaliyappan” (“Serviteur de Kali”) est le<br />

bourreau officiel du prince et de la déesse Kali, “Origine<br />

de tout” et mère protectrice des Indiens. Obligé de vivre<br />

à l’écart de la société, Sukamari bénéficie en retour des<br />

largesses du prince et d’avantages financiers après chaque<br />

pendaison. Une fois utilisée, la corde est conservée par le<br />

bourreau, parce que ses cendres ont le pouvoir de guérir<br />

les malades. Au début du film on apprend que Sukamari a<br />

récemment exécuté un innocent : depuis lors le bourreau<br />

noie son chagrin et sa culpabilité dans l’alcool. Quand un<br />

émissaire du prince arrive chez lui pour le prévenir d’une<br />

prochaine pendaison, son sang ne fait qu’un tour : pour<br />

lui, cette exécution sera la dernière, parce que trop lourd<br />

est le poids du péché et trop grande sa tristesse… C’est à<br />

ce moment que le film prend une toute autre tournure,<br />

des plus inattendues : alors qu’on croyait pouvoir suivre<br />

tranquillement le récit jusqu’à son terme, Gopalakrishnan<br />

lui fait subir un virage en épingle narratif qui remet tout en<br />

cause. Car la veille de l’exécution, un des geôliers décide<br />

de raconter une histoire au bourreau pour l’arracher à sa<br />

torpeur éthylique : l’histoire d’amour entre une jeune bergère<br />

et un flûtiste, dans un décor de conte digne des fables<br />

de La Fontaine. En un spectaculaire tour de main scénaristique,<br />

Gopalakrishnan retourne donc l’intrigue de son<br />

film et pose un éclairage nouveau sur les véritables raisons<br />

de l’angoisse du bourreau. Est-il nécessaire d’en dire plus<br />

ADOOR GOPALAKRISHNAN<br />

sous peine de déflorer l’intérêt principal de ce film, par<br />

ailleurs d’une beauté plastique fascinante ? Mieux vaut<br />

préserver le suspense. Et se laisser porter par ce superbe<br />

conte, plus politique qu’il n’y paraît (la question posée<br />

étant celle de la “responsabilité individuelle et collective”,<br />

à la veille de la révolution menée par Gandhi). G.E.<br />

•<br />

Adoor Gopalakrishnan (°1941) geldt als India’s meest eminente<br />

hedendaagse filmmaker.<br />

In Nizhalkkuthu (De dienaar van Kali) trekt hij van leer tegen<br />

de doodsstraf. Centraal staan de pijn en de schuldgevoelens<br />

van Kaliyappan, een professionele beul die voor de prinselijke<br />

staat van Tavancore anno 1940 werkt.<br />

Om zijn schuldgevoelens te minimaliseren, schenkt de ‘thampuran’<br />

of de heerser, vaak gratie. Die gratie is evenwel zo<br />

getimed, dat het bericht pas enkele minuten na de executie in<br />

de gevangenis toekomt. De beul, die van heel wat privileges<br />

geniet, blijft alleen achter met zijn wroeging, dilemma’s en<br />

moraal, zeker als hij weet dat hij een onschuldige gedood<br />

heeft. Gopalakrishnans nauwgezette vertelling is een ‘intelligent<br />

en ontroerend relaas over vrije wil, noodlot, maatschappij<br />

en schuld.’ De film maakt ondertussen deel uit van Amnesty<br />

Internationals globale campagne tegen de doodstraf. L.J.<br />

INÉDIT<br />

NIZHALKKUTHU<br />

RÉAL & SC : ADOOR<br />

GOPALAKRISHNAN<br />

PHOTO : RAVI VARMA,<br />

SUNNY JOSEPH<br />

MUS : ILAYARAJA<br />

PROD : ADOOR GOPALAKRISHNAN<br />

PRODUCTIONS / ARTCAM<br />

INTERNATIONAL<br />

AVEC :<br />

ODUVIL UNNIKRISHNAN,<br />

SUKUMARI, REEJIA,<br />

THARA KALYAN<br />

INDE, 2002, 92’,<br />

COULEUR, VO ST FR


22<br />

Sylvia Kristel – Paris<br />

Blanc parasite. Puis gros plan d’une femme d’âge<br />

moyen, de dos. Elle allume une cigarette puis se retourne<br />

et fixe l’objectif. C’est Sylvia Kristel. “Emmanuelle”.<br />

Film érotique des années septante qui connut un succès<br />

considérable à l’époque (neuf millions de spectateurs<br />

en huit ans d’exploitation). L’actrice commence alors à<br />

parler de sa carrière, qui débuta à Paris en 1972 : son<br />

corps disparaît pour laisser la place à des images de la<br />

ville. “Je parlais à peine français, genre ‘Papa fume une<br />

pipe’” Elle raconte en voix off ses rencontres décisives<br />

avec Brialy, Vadim, Chabrol, tandis que sur l’écran défilent<br />

la Seine, la tour Eiffel, le boulevard Saint-Michel,<br />

Saint-Germain-des-Prés et ses cinémas de quartier.<br />

Très vite se crée une ambiguïté “entre l’enregistrement<br />

objectif de la ville par la caméra panoptique et le récit,<br />

fragmenté et subjectif ”. Puis surgissent un nouveau<br />

blanc et le même plan de l’actrice fumant face-caméra.<br />

<strong>Le</strong> récit recommence, sur d’autres images parisiennes,<br />

mais les anecdotes ont changé : Sylvia Kristel reparle de<br />

son début de carrière, mais de manière sensiblement<br />

différente. La question que nous pose Manon de Boer,<br />

vidéaste expérimentale d’origine hollandaise, c’est celle<br />

de la représentation, de la vérité et de la mémoire :<br />

Sylvia Kristel nous ment-elle ou bien, tout simplement,<br />

a-t-elle du mal à se souvenir ? Mais d’abord, s’agit-il<br />

vraiment de Sylvia Kristel ? En quoi cette femme aux<br />

traits tirés apparaît-elle comme l’actrice qu’on connaît ?<br />

MANON DE BOER<br />

À la fin du film, on voit une dernière fois la fumeuse,<br />

avant qu’elle sorte du cadre pour disparaître à jamais.<br />

Que s’est-il donc passé ? Tout cela n’était-il qu’une projection<br />

illusoire de mon imagination ? C’est là tout le<br />

mérite et l’intérêt de Sylvia Kristel – Paris : insister sur le<br />

caractère éphémère de l’image, montrer que le cinéma<br />

est un art de la fugue… Mais la vie elle-même n’est-elle<br />

pas un point de fuite ? G.E.<br />

•<br />

De Nederlandse actrice Sylvia Kristel werd in de jaren 70<br />

wereldberoemd dankzij de Emmanuelle-seksfilms.<br />

Sylvia Kristel – Paris is een fascinerende biografie waarin<br />

de in een streng-calvinistisch milieu opgegroeide Kristel,<br />

ook lange tijd Mevrouw Hugo Claus, vertelt over de woelige<br />

periode van het begin van haar carrière, toen ze als jong<br />

meisje in de Parijs filmwereld belandde. Het opmerkelijke<br />

aan dit document is dat Manon de Boer, een visuele artiest<br />

die haar hart aan Brussel verpand heeft, Kristel haar verhaal<br />

twee keer laat vertellen, telkens met verschillende accenten.<br />

Met haar video- en filmportretten, waarin ze zich vooral<br />

bezighoudt met het thema geheugen en herinnering, wil De<br />

Boer in de eerste plaats immers aantonen hoe beelden in<br />

het persoonlijke en/of collectieve geheugen zijn opgeslagen,<br />

hoe denkbeeldig elk zelfbeeld is en ‘hoe machteloos<br />

we tegenover een haperend geheugen staan.’ L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : MANON DE BOER<br />

AVEC :<br />

SYLVIA KRISTEL<br />

BELGIQUE, 2003, 50’,<br />

SUPER 8 ON BETACAM,<br />

VOF, ST ANGLAIS


L’intérieur d’un métro. Parmi les navetteurs aux regards<br />

vides, une jeune fille au physique ingrat, Marcia. Elle est<br />

vendeuse dans une boutique de lingerie. Morosité du<br />

train-train quotidien. Montage parallèle : Mao et Lénine,<br />

deux lesbiennes “no future”, traînent dans les rues en<br />

quête de petits larbins pour satisfaire leur soif d’anarchie.<br />

Après quelques minutes dans un silence pesant, les trois<br />

personnages se rencontrent : Mao veut faire l’amour à<br />

Marcia, “parce qu’elle lui plaît”. Rejet en bloc de la “victime”,<br />

qui pourtant cache mal son attirance pour cette<br />

fille sans fards ni tabous, si différente d’elle mais garante<br />

d’un univers du tout-est-permis, où l’urgence de l’instant<br />

(le titre) ne tient même pas de la gageure. Kidnappée à<br />

son corps (plus ou moins) défendant, Marcia va découvrir<br />

alors qu’elle aussi peut séduire, et de là s’épanouir<br />

de manière inattendue. Sous les attraits d’un road-movie<br />

qui voit les trois filles se toiser pour mieux s’étreindre,<br />

Tan de Repente bifurque alors vers la chronique douceamère<br />

d’une vie qui s’écoule sans hâte, comme si l’action<br />

du début laissait la place à davantage d’ampleur et<br />

de plénitude. C’est la deuxième partie du film, quand<br />

le trio se pose chez la tante de Lénine, où vivent aussi<br />

deux autres locataires – un jeune étudiant et une artiste<br />

célibataire. Moments volés de la vie quotidienne argentine,<br />

qui montrent les trois filles sous un jour différent,<br />

parce qu’entre-temps leur course effrénée s’est muée<br />

en attente contemplative : maintenant qu’elles goûtent<br />

23<br />

Tan de Repente<br />

DIEGO LERMAN<br />

à la quiétude d’une vie communautaire et/ou familiale,<br />

les voilà sujettes à de nouveaux espoirs, voire à de nouveaux<br />

choix de vie. Mais il est déjà temps pour elles de<br />

repartir à l’aventure. En ce sens Diego <strong>Le</strong>rman ne donne<br />

à voir qu’un univers de possibles parmi tant d’autres. De<br />

sa fin ouverte le film tire toute sa force. Et de la mise en<br />

scène (le noir et blanc, d’une âpreté magnifique) et des<br />

acteurs (étonnants), toute sa splendeur. G.E.<br />

•<br />

Aan de recente golf van nieuwe en uitstekende Argentijnse<br />

films komt voorlopig geen einde en in het geval van Tan de<br />

Repente kan het alleen maar toegejuicht worden dat deze film<br />

nu eindelijk ook in ons land vertoond wordt.<br />

Diego <strong>Le</strong>rmans indrukwekkende debuut situeert zich immers<br />

in de lijn van Jim Jarmuschs Stranger Than Paradise. Deze<br />

in somptueus zwart-wit gefotografeerde roadmovie vertelt het<br />

verhaal van Marcia, een ietwat ronde en verlegen verkoopster<br />

in een winkel in Buenos Aires die in een gestolen taxi op reis<br />

vertrekt met twee jonge lesbische punkmeiden die luisteren<br />

naar de naam Mao en <strong>Le</strong>nin!<br />

De 26-jarige <strong>Le</strong>rman begint zijn film, die zich afspeelt tegen de<br />

achtergrond van de Argentijnse financiële crisis, als een sinistere<br />

thriller, maar al snel evolueert zijn voortdurend verrassende<br />

minimalistische kroniek tot een stijlrijke romantische komedie<br />

met een genereuze humane toets. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : DIEGO LERMAN<br />

SC : DIEGO LERMAN, MARIA MEIRA<br />

PHOTO : LUCIANO ZITO,<br />

DIEGO DEL PIANO<br />

MUS : JUAN IGNACIO BOUSCAYROL<br />

PROD : LITA STANTIC<br />

PRODUCCIONES, NYON CINÉ<br />

AVEC :<br />

TATIANA SAPHIR, CARLA CRESPO,<br />

VERONICA HASSAN,<br />

MARCOS FERRANTE,<br />

MARIA MERLINO,<br />

BEATRIZ THIBAUDIN<br />

ARGENTINE, 2000, 94’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Un chalutier dans la nuit. <strong>Le</strong> capitaine, Salvatore, est<br />

un type nerveux, il a donné l’ordre à l’équipage de<br />

s’avancer en dehors des eaux territoriales italiennes, en<br />

direction de la zone africaine. Bien que l’équipage soit<br />

contre, il obéit au patron. Mais la pêche miraculeuse<br />

tourne à la gabegie, les gardes-côtes tunisiens les prennent<br />

en chasse, il faut couper les filets pour se tirer vite<br />

au milieu des balles. D’où Tornando a casa, retour au<br />

bercail, plus tôt que prévu, avec la cale à moitié vide. Ce<br />

n’est que le début des ennuis. <strong>Le</strong> film décrit dans un style<br />

laconique le dense entrelacs des difficultés qui étouffent<br />

les personnages. Ces difficultés ne viennent pas de nulle<br />

part, elles résultent de ce que “dans notre société, close<br />

et hostile, les pauvres font naître entre eux une guerre<br />

aveugle, une guerre de haine dépourvue de toute solidarité”,<br />

comme le dit le cinéaste. <strong>Le</strong>s Napolitains veulent<br />

prendre le poisson des Tunisiens qui veulent venir vivre à<br />

Naples où personne ne veut d’eux. <strong>Le</strong>s exploités finissent<br />

toujours par tenter de se faire exploiteurs, les rapports de<br />

forces s’imbriquent dans un champ social où les individus<br />

n’ont que la dureté à partager. Déstabilisant. Marra<br />

affirme n’avoir jamais donné de scénario à ses acteurs,<br />

les mettant à brûle-pourpoint face aux situations à jouer.<br />

C’est sans doute ce qui donne aux séquences leur force<br />

déstabilisante, tous voyant par le truchement de la fiction<br />

remonter à la surface souvenirs amers, rages anciennes,<br />

désirs brutaux. Scotto D’Antuono et Abdel Aziz forment<br />

24<br />

Tornando a casa<br />

VINCENZO MARRA<br />

un duo héroïque et taiseux, Naples et la mer sont filmées<br />

sans apprêt, grises et chiffonnées. La dernière partie du<br />

film, une étonnante permutation d’identité renversant<br />

les enjeux migratoires, donne un tour de vis romanesque<br />

au récit qui parvient encore à créer de l’idéal.<br />

d’après Dider Péron, Libération<br />

•<br />

Enkele Napelse vissers doorkruisen met hun boot clandestien<br />

de territoriale wateren tussen Sicilië en Noord-Afrika op zoek<br />

naar meer vis. Vooral de kapitein Salavator stelt zich nogal roekeloos<br />

op en speelt met het leven van zijn vissers. Op een dag<br />

krijgt de Tunesische politie de vissersboot in de gaten.<br />

De 31-jarige regisseur Vincenzo Marra laat in zijn debuutfilm<br />

Tornando a casa het verhaal van deze Siciliaanse vissers<br />

parallel lopen met het lot van enkele clandestiene Tunesische<br />

immigranten die dromen van Fort Europa. Hierdoor groeit zijn<br />

mooie, bittere en met niet-professionele acteurs en zonder<br />

scenario opgenomen film uit tot een aangrijpend sociaal<br />

drama, zwevend tussen documentaire en fictie, in de lijn van<br />

het neorealisme (genre La terra trema van Visconti). “Je kan de<br />

film vergelijken met een soort mediterrane Ken Loach, zonder<br />

pathos, tegelijk concreet en universeel”, aldus Libération. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC : VINCENZO MARRA<br />

PHOTO : RAMIRO CIVITA<br />

MUS : ANDREA GUERRA<br />

PROD : AMEDEO PAGANI,<br />

GIANLUCA ARCOPINTO<br />

AVEC :<br />

SCOTTO D’ANTUONO,<br />

SALVATORE IACCARINO,<br />

GIOVANNI IACCARINO, ABDEL AZIZ<br />

ITALIE, 2001, 90’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Turning Gate s’ouvre un triste soir de pluie, à bord d’un<br />

taxi. <strong>Le</strong> téléphone portable de Gyung-soo sonne deux<br />

fois. <strong>Le</strong> premier coup de fil lui apprend qu’il n’obtiendra<br />

pas le rôle qu’il attendait. Ce n’est pas qu’il soit mauvais<br />

comédien. Simplement, le public ne l’aime pas. Il<br />

ne reconnaît pas bien la voix du second interlocuteur,<br />

un vieil ami éméché qui l’invite à Chuncheon. Mais le<br />

voyage se poursuivra au-delà ; sur la route, il rencontrera<br />

deux femmes : une belle danseuse et une mystérieuse<br />

admiratrice. Surtout, il retrouvera, puis perdra l’amour<br />

et la mémoire. Turning Gate est sans doute l’œuvre la<br />

plus drôle du cinéaste, et son plus grand succès en Corée<br />

à ce jour. On pourrait voir le héros et le film comme une<br />

jolie bulle portée au hasard du vent. Sauf que la candeur<br />

de cette bohème n’est qu’illusion, que ces femmes ne<br />

sont pas si innocentes, et que la bulle de Turning Gate<br />

renferme un labyrinthe aussi diabolique que celui de La<br />

Vierge mise à nu par ses prétendants. La dérive du héros<br />

contraste avec l’extrême précision de la mise en scène.<br />

Hong Sang-soo place systématiquement son personnage<br />

dans des situations d’équilibre précaire. Isolé dans une<br />

partie du cadre, il semble qu’il ait toujours une rue à<br />

traverser, une ligne ou une limite à franchir. Chaque<br />

plan nous invite à un basculement inéluctable, chaque<br />

instant ressemble à une transition. Il faudra attendre la<br />

dernière image pour comprendre que le parcours de<br />

Gyung-soo, les moments les plus triviaux de son voyage,<br />

25<br />

Turning Gate<br />

HONG SANG-SOO<br />

les rencontres d’un coup d’œil… le poussaient vers une<br />

situation précise. Que s’est-il passé ? On aimerait pouvoir<br />

revoir Turning Gate à l’envers mais il est trop tard. Hong<br />

Sang-soo préfère nous laisser seul, avec notre gueule de<br />

bois, planté avec son héros dans la beauté du doute : de<br />

“l’autre côté d’un souvenir obscur”.<br />

d’après Adrien Gombeaud, Positif<br />

•<br />

De Zuid-Koreaan Sang-soo Hong heeft zich met films als<br />

The Day A Pig Fell Into The Well en Virgin Stripped Bare By<br />

Her Bachelors op korte tijd een reputatie opgebouwd als een<br />

cineast die subtiel thema’s bespeelt als de eenzaamheid<br />

en de onmogelijkheid tot het communiceren. Turning Gate<br />

(Shaengwalui balgyeon), de titel is een referentie naar een<br />

oude Koreaanse legende, volgt Gyung-soo, een werkloze acteur<br />

die Seoul verlaat om een bezoek te brengen aan zijn vriend<br />

Sungwoo, een schrijver uit Chuncheon. Hij maakt er kennis met<br />

Myunh-sook, een sculpturale danseres die zich obsessioneel tot<br />

hem aangetrokken voelt.<br />

Met dit elegant en formeel sierlijk drama over verlangen en<br />

afstoten, zijn meest grappige film totnogtoe, bewijst Sang Soo<br />

Hong opnieuw dat hij de meest vernieuwende regisseur van de<br />

jonge Zuid-Koreaanse film is. Zijn stijl roept zowel het universum<br />

van Edward Yang als Hou Hsiao-hsien op. L.J.<br />

INÉDIT<br />

SAENGHWALUI BALGYEON<br />

RÉAL & SC : HONG SANG-SOO<br />

PHOTO : CHOI YOUNG-TAEK<br />

MUS : WON IL<br />

PROD : MIRACIN KOREA<br />

AVEC :<br />

KIM SANG-KYUNG, YEA JI-WON,<br />

CHU SANG-MI<br />

CORÉE DU SUD, 2002, 115’,<br />

COULEUR, VO ST FR


“En juillet 2001, une fillette accompagnée de sa mère,<br />

professeur d’histoire de renom, traverse des millénaires<br />

de civilisation à la rencontre de son père” : dès l’incrustation<br />

du début du film, tout est posé. “S’il n’y a plus<br />

de Père, à quoi bon raconter des histoires ? Raconter,<br />

n’est-ce pas toujours chercher son origine ?”, s’interrogeait<br />

Roland Barthes. Cette odyssée vers les origines se<br />

fera sur un paquebot parti de Lisbonne pour Bombay,<br />

dont le capitaine est un Américain d’origine polonaise<br />

(John Malkovich). Partout, il y a une fable, un mythe,<br />

une légende à raconter : “<strong>Le</strong>s sirènes sont des femmespoissons<br />

qui suivaient les caravelles et encourageaient<br />

les marins à découvrir l’inconnu.” Nos deux sirènes, bien<br />

réelles, nous entraînent, elles aussi, dans leur sillage pour<br />

un périple des plus didactiques, rythmé par le plan du<br />

bateau fendant les flots. Mais ce tour de Méditerranée<br />

en bateau avec une enfant va prendre un autre tour.<br />

Trois femmes très belles et célèbres sont montées lors de<br />

trois escales. Ces trois passagères incarnent trois mythes<br />

modernes : l’argent, l’apparence, la chanson populaire.<br />

<strong>Le</strong> capitaine les invite à sa table, et la conversation prend<br />

d’emblée le ton de la confidence. Dès lors, le film aborde<br />

des rivages qui dépassent la simple parabole et s’engage<br />

sur le chemin de la mélancolie. Éloge de la lenteur, de<br />

la conversation, comme rempart contre la tristesse et la<br />

barbarie. Mais Manoel de Oliveira retourne aussitôt la<br />

situation. <strong>Le</strong>s Barbares sont parmi nous pour annihiler<br />

26<br />

Un film parlé<br />

MANOEL DE OLIVEIRA<br />

nos illusions, pour nous réveiller de notre confort intellectuel<br />

de civilisés. Et dans un geste rageur mu par un<br />

instinct de mort fort surprenant, le cinéaste portugais<br />

de conclure son récit symbolique en quatre minutes<br />

chrono, avec une économie de moyens proprement<br />

stupéfiante. On reste bouche bée.<br />

d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

Eminence grise van de Portugese cinema, Manoel de Oliveira<br />

(de Oliveira is inmiddels 96 jaar oud, maar levert gemiddeld<br />

toch nog een film per jaar af), maakte met Um Filme<br />

Falado (2003) een film waarin de dialoog centraal staat (de<br />

titel betekent zoveel als ‘gesproken film’). De film start in<br />

Lissabon en volgt een aantal passagiers tijdens een cruise op<br />

de Middellandse zee. Terwijl we genieten van de prachtigste<br />

vergezichten, worden we bovendien getrakteerd op een aantal<br />

interessante conversaties : deze film is een absolute lekkernij<br />

voor iedereen ‘die iets met taal heeft’. De beschaafd doorkabbelende<br />

(doorbabbelende?) film staat in schril contrast met het<br />

onverwachte, explosieve einde. Een aantal bekende ‘hoofden’<br />

verschijnen in cameo-rolletjes: Irene Papas, John Malkovich en<br />

Catherine Deneuve zijn er een paar van (ieder spreekt z’n eigen<br />

moedertaal). M.V.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL & SC : MANOEL DE OLIVEIRA<br />

PHOTO : EMMANUEL MACHUEL<br />

PROD : GÉMINI FILMS,<br />

MIKADO FILMS, MADRAOGA FILMS<br />

AVEC :<br />

LEONOR SILVEIRA, C<br />

ATHERINE DENEUVE,<br />

JOHN MALKOVICH, IRÈNE PAPAS,<br />

STEFANIA SANDRELLI<br />

PORTUGAL/ITALIE/FRANCE,<br />

2003, 96’, COULEUR, VO ST FR


Au début l’on pense être emporté malgré nous dans un<br />

film aux allures d’enquête sociologique. Lukas (Denis<br />

Podalydès), sociologue émérite installé à Paris, mène<br />

une série d’entretiens dans le cadre d’une étude sur le<br />

célibat dans le Béarn, sa région d’origine. Pressé par son<br />

promoteur qui l’ordonne de boucler son article au plus<br />

vite, Lukas s’enlise pourtant très vite dans une réflexion<br />

sentimentale qui l’écarte de son propos scientifique. En<br />

cause, une vieille amie d’enfance, Isabelle (Natacha<br />

Régnier), qui réveille en lui de vieux démons personnels<br />

: alors qu’il s’absente quelques minutes pendant<br />

l’interview de son ancienne copine d’école, celle-ci<br />

profite de l’occasion pour lui avouer sa flamme, par<br />

magnétophone interposé. Commence alors pour Lukas<br />

une toute autre enquête, avec en point de mire non plus<br />

les affres théoriques de la solitude en Gascogne, mais sa<br />

propre destinée, partagée entre son devenir quotidien<br />

(sa carrière/sa copine à Paris) et son désir d’un retour au<br />

“vert paradis des amours enfantines” (Isabelle/le Béarn).<br />

<strong>Le</strong> film prend alors les allures d’une chronique sentimentale<br />

où le doute et l’équivoque deviennent matières<br />

à suspense : Lukas osera-t-il s’avouer son attirance pour<br />

Isabelle ou continuera-t-il à se voiler la face ? D’autant<br />

que sur cette trame romantique se tisse encore une autre<br />

histoire, un autre malentendu, en la personne de Simon<br />

(Clovis Cornillac), l’ex-fiancé d’Isabelle. Pour Lukas c’est<br />

évident : Simon aime toujours Isabelle, et vice versa<br />

27<br />

Vert Paradis<br />

EMMANUEL BOURDIEU<br />

– c’est ainsi du moins qu’il a décodé le message de la<br />

cassette. Avec ce film, Emmanuel Bourdieu tente de<br />

montrer qu’un quiproquo peut bouleverser la vie et les<br />

certitudes d’un homme, si pragmatique soit-il (Lukas,<br />

rappelons-le, est sociologue). Vert Paradis apparaît dès<br />

lors comme un film frustrant : celui d’un homme et d’une<br />

femme qui ont raté leur histoire d’amour (leur vie ?) par<br />

simple méprise. Peu rassurant, mais souvent prétexte,<br />

comme ici, à (très) bon film. G.E.<br />

•<br />

Lucas (Bruno Podalydès) is een jonge Parijse socioloog. Tijdens<br />

een enquête over het celibaat in het zuidelijke Béarn, valt<br />

hij op twee vrienden uit zijn geboortedorp, Isabelle (Natacha<br />

Régnier) en Simon (Clovis Cornillac). Tien jaar geleden zijn ze<br />

willen trouwen, maar om een of andere redenen is dat toen niet<br />

doorgegaan. Lucas probeert ze opnieuw bij elkaar te brengen.<br />

Hij is er zich echter niet van bewust dat Isabel stilletjes op hem<br />

verliefd aan het worden is. Vert Paradis is een sentimentele<br />

suspensefilm over een ongelukkige liefde, getekend Emmanuel<br />

Bourdieu, trouwe medewerker van Arnaud Desplechin, bekend<br />

als scenarist van Place Vendôme en zoon van de invloedrijke<br />

socioloog Pierre Bourdieu. L.J.<br />

INÉDIT<br />

RÉAL : EMMANUEL BOURDIEU<br />

SC : EMMANUEL BOURDIEU, DENIS<br />

PODALYDÈS, MARCIA ROMANO<br />

PHOTO : YORICK LE SAUX<br />

MUS : GRÉGOIRE HETZEL<br />

PROD : ARCAPIX, ARTE FRANCE<br />

AVEC :<br />

DENIS PODALYDÈS,<br />

NATACHA RÉGNIER,<br />

CLOVIS CORNILLAC,<br />

EMMANUELLE RIVA,<br />

NICOLAS SILBERG,<br />

CAROLINE PROUST<br />

FRANCE, 2003, 98’,<br />

COULEUR, VOF


28<br />

LES<br />

CLASSIQUES


29<br />

La Bataille d’Alger<br />

7 octobre 1957. <strong>Le</strong>s parachutistes du colonel Mathieu<br />

entrent dans la Casbah. Ils viennent s’emparer d’Ali La<br />

Pointe, le chef guérillero du Front de libération nationale.<br />

Retour en arrière. 1er novembre 1954. Un message<br />

du Front de libération nationale lance la bataille d’Alger.<br />

L’escalade terroriste démarre. <strong>Le</strong>s tortures se multiplient.<br />

<strong>Le</strong>s troupes françaises parviennent à arrêter les principaux<br />

chefs de la guérilla. La bataille d’Alger est une<br />

victoire pour les troupes françaises. Pourtant… Trois ans<br />

plus tard. La révolution gronde dans les rues de Casbah,<br />

tandis que la population algérienne réclame son indépendance.<br />

1964. L’Algérie a gagné son indépendance.<br />

Saadi Yacek s’est battu pour libérer son pays et veut<br />

mettre sur pied un film retraçant ces années de lutte.<br />

Il monte une coproduction entre l’Algérie et l’Italie, et<br />

contacte trois metteurs en scène italiens : Francesco Rosi,<br />

Luchino Visconti, Gillo Pontecorvo. Ce dernier accepte.<br />

1966. La délégation française boycotte la présentation<br />

de La Bataille d’Alger au festival de Venise – ce qui ne<br />

l’empêche pas de repartir avec le Lion d’Or. <strong>Le</strong> gouvernement<br />

interdit la sortie du film en France. Ce n’est<br />

qu’en 1971 que le film obtient son visa d’exploitation en<br />

France. A la suite de pressions politiques et de menaces<br />

de bombes, il est très vite retiré des écrans. L’histoire de<br />

La Bataille d’Alger rebondit le 27 août 2003. Comme le<br />

révèle un article du Monde, le Pentagone américain a<br />

convié officiers d’état-major et civils à une projection<br />

GILLO PONTECORVO<br />

privée du film. En clair, le haut commandement américain<br />

tente d’étudier les erreurs de l’occupation française<br />

en Algérie afin de trouver une issue aux drames suscités<br />

par la présence des troupes américaines en Irak. Selon<br />

Garry Casimir, spécialiste : “<strong>Le</strong> film peut être vu comme<br />

une expérience de cinéma-vérité de ce qui se passe<br />

quand une nation occidentale s’impose d’elle-même au<br />

peuple musulman.”<br />

Dossier de presse<br />

•<br />

La Battaglia di Algeri (1966) is een film die naar verluidt<br />

momenteel in politieke kringen druk wordt bekeken (het<br />

Pentagon zou er tips uithalen om met het verzet in Irak om<br />

te gaan). Maar het is eerst en vooral één van de weinig echt<br />

geslaagde politieke films uit de jaren zestig. Een bijzonder<br />

krachtige en realistische film (gefilmd in pseudo-documentaire<br />

stijl met weinig of geen beroepsacteurs) waarbij regisseur Gillo<br />

Pontecorvo erin is geslaagd, zonder vooroordeel beide partijen<br />

in de strijd om de onafhankelijkheid van Algerije te tonen (na<br />

meer dan een eeuw waren de Algerijnen de Franse overheersing<br />

meer dan zat). Centraal staan een aantal moslimleiders,<br />

de charismatische Franse kolonel die de Franse troepen leidt<br />

en de talloze bomaanslagen die vooral onschuldige slachtoffers<br />

maken. Een gegeven van alle tijden en momenteel bijzonder<br />

actueel, inderdaad. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA BATTAGLIA DI ALGERI<br />

RÉAL : GILLO PONTECORVO<br />

SC : FRANCO SOLINAS<br />

PHOTO : MARCELLO GATTI<br />

MUS : ENNIO MORRICONE,<br />

GILLO PONTECORVO<br />

PROD : IGOR FILM, CASBAH FILMS<br />

AVEC :<br />

BRAHIM HAGGIAG, JEAN MARTIN,<br />

SAADI YACEF<br />

ITALIE-ALGÉRIE, 1965, 123’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


30<br />

Boccace ‘70<br />

DE SICA, VISCONTI, FELLINI, MONICELLI<br />

Vittorio De Sica (La Loterie : 1), Luchino Visconti (<strong>Le</strong><br />

Travail : 2), Federico Fellini (La Tentation du docteur<br />

Antonio : 3), Mario Monicelli (Renzo et Luciana : 4).<br />

Dans les années soixante, le principe du film à sketches fit<br />

les beaux jours de la comédie à l’italienne (<strong>Le</strong>s Monstres<br />

de Dino Risi), mais permit également aux producteurs de<br />

réunir au même générique les noms de grands cinéastes<br />

dans des films très chics. Sous l’égide de Carlo Ponti, cinq<br />

ans avant <strong>Le</strong>s Sorcières de son rival De Laurentiis, le gratin<br />

de Cinecitta se prête à l’exercice du court métrage.<br />

Loin de moderniser les contes du Décaméron, dont il ne<br />

s’inspire absolument pas, Boccace ‘70 ne retient de l’écrivain<br />

que l’idée de dégager une morale d’un argument<br />

scabreux. Transposition d’une nouvelle de Maupassant<br />

dans le monde de l’aristocratie milanaise moderne, <strong>Le</strong><br />

Travail de Visconti est un chef-d’œuvre. <strong>Le</strong> cinéaste met<br />

en scène Romy Schneider en jeune comtesse décidant<br />

de faire payer ses charmes à un mari volage qui l’a<br />

épousée pour son argent. Derrière le raffinement inouï<br />

des images, Visconti propose une vision marxiste du<br />

couple et raille le pouvoir aliénant de l’argent et des<br />

carcans sociaux. La Tentation du docteur Antonio inaugure<br />

la période baroque et onirique de Fellini, qui porte<br />

à l’écran ses phobies et ses fantasmes sexuels. <strong>Le</strong> film<br />

reste à jamais célèbre grâce à une Anita Ekberg géante<br />

échappée d’un panneau publicitaire qui poursuit de ses<br />

assiduités un prude notable dans des décors urbains<br />

factices. La direction artistique est superbe, le propos<br />

légèrement fumeux. <strong>Le</strong> segment de De Sica en chute<br />

libre n’a aucun intérêt. Quant à celui de Monicelli, il fut<br />

supprimé des copies françaises en raison du manque de<br />

notoriété de l’auteur du génial Pigeon. La réédition inespérée<br />

de Boccace ‘70 en version intégrale répare ainsi<br />

une vieille injustice.<br />

Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

In Boccaccio ‘70 (1962) verfilmen drie van Italië’s beste en<br />

meest toonaangevende regisseurs elk één van Boccaccio’s<br />

erotische vertellingen (ieder met zijn favoriete leading lady).<br />

In Federico Fellini’s <strong>Le</strong> tentazioni del dottor Antonio prikkelt<br />

Anita Ekberg de overspannen verbeelding van een dokter.<br />

Eerste kleurenfilm voor Fellini en een teken van de dingen<br />

die nog komen gingen. Romi Schneider (opgegroeid en opengebloeid<br />

sinds Sissi) schittert in Il lavoro, LuchinoVisconti’s<br />

bittere pareltje over een vrouw (Schneider) die wraak neemt<br />

op haar overspelige minnaar. En Vittorio De Sica en ‘zijn’<br />

Sophia Loren doen met La riffa wat ze later nog vaak met<br />

succes zullen herhalen : een pittige komedie maken met een<br />

temperamentvolle madame in de hoofdrol. De lichtverteerbare<br />

moraal van Boccaccio ‘70 : waar liggen de seksuele grenzen<br />

van elkeen en hoe die te herkennen. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

SC : CESARE ZAVATTINI (1), LUCHINO<br />

VISCONTI, SUSO CECCHI D’AMICO (2),<br />

FEDERICO FELLINI, FLAIANO, PINELLI<br />

(3), GIOVANNI ARPINO, ITALO CALVINO,<br />

SUSO CECCHI D’AMICO (4)<br />

PHOTO : OTELLO MARTELLI (1),<br />

G. ROTUNNO (2), O. MARTINELLI (3),<br />

ARMANDO NANNUZZI (4)<br />

MUS : ARMANDO TROVAJOLI (1),<br />

NINO ROTA (2, 3), PIERO UMILIANI (4)<br />

PROD : CONCORDIA, CINERIZ,<br />

FRANCINEX, GRAY FILMS<br />

AVEC :<br />

SOPHIA LOREN, LUIGI GIULIANI,<br />

ALFIO VITA (1), ROMY SCHNEIDER,<br />

TOMAS MILIAN, PAOLO STOPPA (2),<br />

ANITA EKBERG, PEPPINO<br />

DE FILIPPO (3), MARISA SOLINAS,<br />

GERMANO GILIOLI (4)<br />

ITALIE, 1962, 208’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Cat People a été réalisé très rapidement ; l’ensemble, y<br />

compris la musique, le montage et tout, a coûté 130 000<br />

dollars. Un jour, Val <strong>Le</strong>wton m’a appelé pour me dire<br />

que « le patron de la RKO, Charles Koerner, était à une<br />

réception hier soir et quelqu’un lui a dit : “Pourquoi ne<br />

feriez-vous pas un film qui s’appellerait Cat People ?”. Et<br />

Koerner a dit à <strong>Le</strong>wton : “J’y ai pensé toute la nuit et ça<br />

m’a empêché de dormir.” Alors Koerner lui a demandé<br />

de faire le film.<br />

Nous avons concocté l’histoire d’une fille qui est obsédée<br />

par les félins, qui se transforme elle-même en féline.<br />

Il y a une scène en particulier dont tout le monde parle :<br />

l’héroïne se trouve dans une piscine couverte déserte,<br />

la nuit, et son ennemie, la fille qui se transforme en léopard,<br />

rôde le long de la piscine, on voit des ombres sur le<br />

mur et on éprouve un sentiment de terreur. Pour obtenir<br />

le sentiment exact de claustrophobie, nous avons choisi,<br />

dans un immeuble existant de Los Angeles, une piscine<br />

qui ressemblait à l’intérieur d’une boîte à chaussures,<br />

avec les murs blancs, un plafond bas et de puissants<br />

reflets lumineux provenant de l’eau. Nous pensions qu’il<br />

fallait suggérer l’horreur plutôt que la montrer. L’ombre<br />

du grand félin qu’on voyait sur le mur de la piscine était<br />

en réalité celle de mon poing. Nous avions une grande<br />

lampe à arc équipée d’un diffuseur dans la piscine, et il<br />

fallait que nous tournions la séquence en une matinée.<br />

Nous avons essayé d’obtenir l’effet exact de l’ombre dif-<br />

31<br />

Cat People<br />

JACQUES TOURNEUR<br />

fuse de toutes les façons possibles, et en fin de compte,<br />

c’est moi qui ai fait cette ombre. C’est comme cela qu’il<br />

faut faire les films : il faut improviser. Si vous êtes trop<br />

bien organisé, ça n’est pas bon. <strong>Le</strong> film a été réalisé<br />

pendant la guerre ; et pendant la guerre, pour je ne sais<br />

quelle raison mystérieuse, le public adore avoir peur.<br />

Inconsciemment nous aimons tous avoir peur, et en<br />

temps de guerre ce sentiment est intensifié.<br />

Jacques Tourneur<br />

•<br />

Horrorfilms zijn zo oud als het medium zelf. En vermits ‘de oudjes’<br />

technisch gezien nog niet zo sterk genoeg in hun schoenen<br />

stonden, vonden ze andere, en zeer afdoende middelen om het<br />

publiek de stuipen op het lijf te jagen. Kijk maar hoe inventief<br />

Jacques Tourneur ‘wat je niet ziet, is des te schrikwekkender<br />

(de verbeelding aan de macht, als het ware)’ aanwendt in Cat<br />

People (1942). Tourneur beschikte over een piepklein budget,<br />

maar zijn interpretatie van het klassieke weerwolfthema was en<br />

is bepaald indrukwekkend (Paul Schrader maakte veertig jaar<br />

later een nieuwe versie met Nastassja Kinski, een popdeuntje<br />

van David Bowie en een ‘hommage’ aan Tourneurs beroemde<br />

‘zwembadscène). Simone Simon is de Newyorkse ontwerpster<br />

die afstamt van een oeroud geslacht katvrouwen. Tom Conway<br />

is de psychiater die het allemaal afdoet als onzin, tot hij iets<br />

scherps voelt... M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA FÉLINE<br />

RÉAL : JACQUES TOURNEUR<br />

SC : DEWITT BODEEN<br />

PHOTO : NICHOLAS MUSURACA<br />

MUS : ROY WEBB<br />

PROD : VAL LEWTON (RKO)<br />

AVEC :<br />

SIMONE SIMON, KENT SMITH,<br />

TOM CONWAY, JANE RANDOLPH<br />

ÉTATS-UNIS, 1942, 73’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />

COPIE NEUVE


<strong>Le</strong>s films de Cronenberg racontent tous la même histoire<br />

: un organe qui, un beau matin, prend les devants, se<br />

révolte contre le corps et dérègle les fonctions normales<br />

d’un organisme. C’est de nouveau ce sujet qu’il traite<br />

dans The Dead Zone. L’histoire d’un instituteur ordinaire<br />

qui, après un accident de voiture, se réveille à l’hôpital,<br />

handicapé, après être resté cinq ans dans le coma.<br />

Commencent alors de longues séances de rééducation<br />

et surtout l’envie de renouer contact avec les autres.<br />

C’est au moment où il entame cette prise de contact<br />

par le geste le plus banal qui soit (une poignée de main)<br />

qu’il s’aperçoit qu’il ne pourra jamais plus faire partie de<br />

l’humanité. Il est un voyant et il se réveille avec un don<br />

qu’il n’a pas désiré, inhumain à son corps défendant. <strong>Le</strong>s<br />

autres le savent, mais lui refuse de mettre son pouvoir<br />

à contribution. Il vit en reclus chez son père, puis seul,<br />

coupé du monde. Ce qui est beau dans The Dead Zone,<br />

c’est la façon qu’a Cronenberg de filmer l’humain à hauteur<br />

d’étrangeté, puis l’inhumain à hauteur d’homme. <strong>Le</strong><br />

cinéaste s’intéresse moins au réapprentissage d’un corps<br />

handicapé qu’il ne se soucie d’enregistrer avec une<br />

remarquable précision la réponse d’un corps qui ne veut<br />

rien savoir de ses nouvelles possibilités tout en se voyant<br />

obligé, avec le temps, de se régler sur ses lois.<br />

The Dead Zone est bien plus qu’une étape importante<br />

dans la carrière d’un cinéaste, un virage bien négocié<br />

après l’échec commercial de Videodrome là où, sur<br />

32<br />

The Dead Zone<br />

DAVID CRONENBERG<br />

Stephen King, beaucoup de cinéastes se sont cassé le<br />

nez. C’est un beau film, superbement maîtrisé et qui a<br />

surtout le mérite de nous révéler une nouvelle dimension<br />

à laquelle le cinéma de Cronenberg ne nous avait<br />

pas habitués : la direction d’acteur, étonnante de justesse<br />

(la présence de Brooke Adams devant un Christopher<br />

Walken réellement impressionnant) et cette superbe<br />

aisance à filmer une scène intimiste au fil d’une continuité<br />

dialoguée.<br />

d’après Charles Tesson, Cahiers du cinéma<br />

•<br />

Stephen King kan geen boek plegen of het wordt verfilmd. Dat<br />

was pakweg twintig jaar geleden ook al zo. Toen verfilmde<br />

David Cronenberg The Dead Zone (1983). De overgang van<br />

Kings pen naar het grote scherm is – om het zacht uit te<br />

drukken – niet altijd succesvol verlopen, maar Cronenberg<br />

is zelf ook genoeg out there (denk maar aan Videodrome of<br />

Dead Ringers) om een interessante adaptatie te garanderen.<br />

Christopher Walken – altijd een plezier om aan het werk te zien<br />

– is de man die uit een lange coma ontwaakt met een paranormale<br />

gave. Met een blik in de toekomst kan hij misschien wel<br />

het leven van anderen redden, maar niet noodzakelijk zichzelf.<br />

Hiermee geconfronteerd, wordt het tijd voor de ultieme opoffering<br />

(lees : de wereld verlossen van corrupte president to be<br />

Martin Sheen). Klinkt misschien een beetje déjà vu, maar de<br />

finale kreeg een frisse, originele twist. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL : DAVID CRONENBERG<br />

SC : JEFFREY BOAM,<br />

D’APRÈS LE ROMAN DE<br />

STEPHEN KING<br />

PHOTO : MARK IRWIN<br />

MUS : MIKAEL KAMEN<br />

AVEC :<br />

CHRISTOPHER WALKEN,<br />

BROOKE ADAMS, MARTIN SHEEN,<br />

TOM SKERRITT, HERBERT LOM<br />

ÉTATS-UNIS, 1984, 103’,<br />

COULEUR, VO ST FR, COPIE NEUVE


33<br />

The Ghost and Mrs. Muir<br />

Veuve depuis peu, Lucy Muir quitte sa belle-famille<br />

pour aller vivre avec sa fillette au bord de la mer.<br />

Contrairement aux souhaits de l’agent immobilier, elle<br />

tient à louer un cottage qui a la réputation d’être hanté<br />

par le fantôme du capitaine Daniel Clegg. Loin d’être<br />

terrorisée, Lucy est fascinée à l’idée d’habiter avec un<br />

fantôme. Un soir, il lui apparaît.<br />

L’un des chefs-d’œuvre de Mankiewicz et l’un des plus<br />

beaux films hollywoodiens. Dans ce troisième film réalisé<br />

pour la Fox, qu’il n’a pas écrit lui-même, dont il a<br />

seulement corrigé le scénario, peaufinant notamment le<br />

personnage de Miles Fairley, Mankiewicz s’exprime aussi<br />

profondément que dans les œuvres qu’il a tirées de ses<br />

propres scripts. The Ghost of Mrs Muir offre un alliage<br />

rare, presque unique, entre l’expression d’une intelligence<br />

déliée et caustique et un goût romantique de la<br />

rêverie s’attardant sur les déceptions, les désillusions de<br />

l’existence. <strong>Le</strong> film n’appartient à aucun genre connu et<br />

crée lui-même son genre pour raconter, avec une poésie<br />

déchirante, la supériorité mélancolique du rêve sur la<br />

réalité, le triomphe de ce qui aurait pu être sur ce qui a<br />

été. C’est également un film sur la solitude, sur ces âmes<br />

insatisfaites et rêveuses à qui la solitude justement ouvre<br />

la voie vers la connaissance de la nature, vers une forme<br />

lointaine et presque immatérielle de bonheur. Tous les<br />

éléments de la mise en scène, des acteurs au décor,<br />

des dialogues à la photo, sont superbes et marqués du<br />

JOSEPH L. MANKIEWICZ<br />

sceau de la perfection. Sublime partition de Bernard<br />

Herrmann. Accompagnant la méditation de l’auteur,<br />

elle souligne jusqu’à le faire exploser parfois le lyrisme<br />

contenu de l’œuvre. Grâce à elle, par exemple, les plans<br />

de mouettes et de vagues, ceux où Gene Tierney marche<br />

le long de la plage, qui indiquent le passage du temps,<br />

figurent parmi les plus beaux du film alors qu’ils auraient<br />

pu en être les plus banals.<br />

Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />

•<br />

Gene Tierney is de jonge weduwe uit het Engeland van Queen<br />

Victoria, die zich in haar nieuwe woonst aan zee niet van haar<br />

stuk laat brengen door de geest van een kapitein (ook al slaat<br />

die bovendien ruwe taal uit). Niet helemaal verwonderlijk als je<br />

weet dat de geest de vorm aanneemt van de always dashing Rex<br />

Harrison. Hiermee zijn meteen de titelpersonages en acteurs uit<br />

The Ghost and Mrs. Muir, een charmante spookromance uit<br />

1947 van Joseph L. Mankiewicz, geïntroduceerd. Hoewel weduwe<br />

en geest het uiteindelijk uitstekend met elkaar kunnen vinden,<br />

is een romance nog niet voor nu. Mrs. Muir moet eerst haar<br />

plaatsje in de wereld ontdekken. Ondertussen kan Manckiewicz<br />

mijmeren over de invloed die het verleden op het heden heeft<br />

en de relatie tussen doden en levenden. Een piepjonge Nathalie<br />

Wood heeft een klein rolletje als Tierneys dochtertje. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

L’AVENTURE DE MME MUIR<br />

RÉAL : JOSEPH L. MANKIEWICZ<br />

SC : PHILIP DUNNE,<br />

D’APRÈS LE ROMAN DE R.A. DICK<br />

PHOTO : CHARLES LANG<br />

MUS : BERNARD HERRMANN<br />

AVEC :<br />

GENE TIERNEY, REX HARRISON,<br />

GEORGE SANDERS, EDNA BEST,<br />

VANESSA BROWN, NATALIE WOOD<br />

ÉTATS-UNIS, 1947, 104’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


C’est une histoire d’amour entre un garçonnet de sept<br />

ans et une femme, Gloria, qui en a cinquante. Toute<br />

l’ambiguïté de leurs rapports, outre les péripéties dramatiques<br />

qui les jettent l’un contre l’autre, vient de cette<br />

étonnante différence d’âge. À sa sortie, le film fut désavoué<br />

par les amateurs de Cassavetes. Gloria est pourtant<br />

un film somptueux, une histoire de gangsters transfigurée<br />

en duo d’amour, une symphonie de dialogues criards et<br />

de couleurs saturées.<br />

Une jeune femme énervée descend de l’autobus et<br />

rentre chez elle avec un caddie. Dans l’appartement, les<br />

engueulades commencent. Son mari est quelque chose<br />

comme le comptable de la mafia. Il a fait un double de<br />

leurs opérations dans un petit livre et il a peut-être été<br />

voir la police. À partir de là, tout se précipite. La panique<br />

gagne l’appartement, on devine que les tueurs vont arriver.<br />

Au dernier moment, la mère traîne son marmot dans<br />

les bras de Gloria, la voisine. <strong>Le</strong> père lui dit que c’est lui<br />

l’homme de la famille maintenant, et que le petit livre<br />

sera sa protection. On le pousse de force chez Gloria, et<br />

les deux portes se referment.<br />

Dans tout autre film, on verrait les tueurs assassiner la<br />

famille. Dans Gloria, on fait complètement l’impasse sur<br />

cette séquence. C’est donc avec le jeune orphelin que<br />

Cassavetes construit son film. Gena Rowlands joue la<br />

femme avec son humanité et sa fantaisie insensée, Juan<br />

Adames est le môme.<br />

34<br />

Gloria<br />

JOHN CASSAVETES<br />

Accompagnés par le saxophone plaintif de Tony Ortega<br />

et la bande-son sentimentalement violoneuse de Bill<br />

Conti, le garçonnet et la femme apprennent à se connaître,<br />

courent, se cachent, tirent, tuent. Gloria devient une<br />

mère déchaînée sans même l’avoir voulu. Mieux que<br />

deux amants, ces deux-là nous entraînent à leur suite. On<br />

sort de Gloria à bout de souffle. Vaincu.<br />

Louis Skorecki, Libération<br />

•<br />

Gena Rowlands is nooit een echte Hollywood-ster geworden,<br />

maar ze is ongetwijfeld een grote actrice. Ze heeft meerdere<br />

indrukwekkende en ontroerende vertolkingen neergezet, vaak<br />

in films van haar echtgenoot John Cassavetes. In Gloria<br />

(1980) speelt ze een ietwat bitse dame die dik tegen haar<br />

zin met het zoontje van de buren wordt opgezadeld, als diens<br />

familie grotendeels door gangsters wordt uitgemoord. Op haar<br />

rustige, professionele manier draagt Gena Rowlands de hele<br />

film, dit keer geen hartbrekend, maar eerder hartverwarmend<br />

(misdaad)drama. Gloria en het jochie worden immers dikke<br />

vrienden en de gangsters kunnen maar beter uitkijken als de<br />

moederleeuw in haar wakker wordt. John Cassavetes is niet<br />

langer bij ons, maar zijn weduwe duikt nog hier en daar in een<br />

film op. Ondermeer in het dit jaar te verschijnen The Note Book,<br />

onder regie van haar zoon, Nick Cassavetes. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL & SC : JOHN CASSAVETES<br />

PHOTO : FRED SCHULER<br />

MUS : BILL CONTI<br />

PROD : SAM SHAW<br />

AVEC :<br />

GENA ROWLANDS, JUAN ADAMES,<br />

JULIE CARMEN<br />

ÉTATS-UNIS, 1980, 123’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


<strong>Le</strong> succès de Brian de Palma repose sur un malentendu.<br />

Il n’est découvert qu’en 1975, avec Phantom of the<br />

Paradise, puis ses deux thrillers hitchcockiens, Sisters et<br />

Obsession, sortent deux ans plus tard. De Palma a pourtant<br />

réalisé, entre 1960 et 1970, six films (The Wedding<br />

Party ; Murder à la Mod ; Greetings ; Dionysus in ’69 ; Hi,<br />

Mom ! et Get to Know Your Rabbit), quatre courts métrages,<br />

autant de documentaires, tous inédits en France.<br />

Comme le montre Greetings, la révolution sexuelle,<br />

l’assassinat de Kennedy et l’engagement américain au<br />

Vietnam influencent davantage le cinéma de De Palma<br />

que sa découverte de Vertigo, Fenêtre sur cour d’Alfred<br />

Hitchcock ou du Voyeur de Michael Powell. Tourné en<br />

1968 en deux semaines, Greetings reflète la mentalité de<br />

l’époque, mélangeant naïveté kitsch et cynisme sur le<br />

discours de la classe politique américaine. A cela s’ajoute<br />

le goût pour le voyeurisme du personnage principal,<br />

interprété par Robert De Niro, ici dans son premier rôle<br />

vedette. “Je veux passer du pop art au peep art [art du<br />

voyeurisme]”, avance-t-il opportunément dans le film,<br />

phrase qui deviendra la pierre angulaire de l’art poétique<br />

de De Palma. La séquence de Greetings où l’un des<br />

personnages utilise le corps nu d’une fille pour expliquer<br />

le trajet des balles qui ont tué le président Kennedy est<br />

l’une des plus fortes du cinéma de De Palma. C’est une<br />

tentative folle, et condamnée à l’échec, de décortiquer<br />

un faisceau d’images, pour accumuler des preuves sans<br />

35<br />

Greetings<br />

BRIAN DE PALMA<br />

jamais pouvoir toucher à la vérité. Greetings inaugure<br />

le scepticisme grandissant de De Palma vis-à-vis de son<br />

pays et la fin de sa croyance dans une supposée innocence<br />

des images. Trente-six ans plus tard, le film n’a pas<br />

vieilli. Dans sa dénonciation du discours politique et du<br />

fonctionnement pervers de la télévision, il se pourrait<br />

même qu’il arrive à l’heure.<br />

Samuel Blumenfeld, <strong>Le</strong> Monde<br />

•<br />

In 1968 droeg regisseur Brian De Palma op zijn eigenzinnige<br />

manier een steentje bij aan het op dat moment alomheersende<br />

anti-establishmentgevoel. De Palma schreef en regisseerde<br />

Greetings, een low budget-komedie waarin de draak<br />

wordt gestoken met hippies, de oorlog in Viëtnam, de moord<br />

op JFK en... amateurfilmers. Niet alleen De Palma was op<br />

dat moment nog volop in de experimenteerfase (en op weg<br />

naar het grote werk). Robert De Niro, toen nog een onbekend<br />

broekje, test in meer dan één ‘vroege’ De Palma (waaronder<br />

deze) de acteertechnieken uit – opgestoken in Stella Adler’s<br />

Workshop – die hem niet veel later wereldberoemd zullen<br />

maken. Het lot van Jonathan Warden, die samen met Gerrit<br />

Graham en De Niro het trio vrienden uit Greetings uitmaakt,<br />

was minder fortuinlijk: Warden verdween na Greetings compleet<br />

in de obscuriteit. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL : BRIAN DE PALMA<br />

SC : BRIAN DE PALMA,<br />

CHARLES HIRSCH<br />

PHOTO : ROBERT FIORE<br />

MUS : ERIC KAZ, J. STEPHEN<br />

SOLES, ARTIE TRAUM<br />

PROD : WEST END FILMS<br />

AVEC :<br />

ROBERT DE NIRO, JONATHAN<br />

WARDEN, GERRIT GRAHAM,<br />

RICHARD HAMILTON<br />

ÉTATS-UNIS, 1968, 90’,<br />

COULEUR, VO ST FR


36<br />

It’s a Wonderful Life<br />

Ce sublime conte de Noël est le film le plus riche et le<br />

plus complet de Capra. Il combine non seulement la<br />

comédie et le drame mais fait appel au romanesque, à<br />

la poésie et même au fantastique pour relater l’histoire<br />

d’une destinée reliée à toutes les autres destinées de<br />

la communauté où elle se déroule et, par extension, à<br />

l’humanité tout entière. <strong>Le</strong> propos du film est d’ailleurs<br />

beaucoup plus de raconter l’histoire de ce lien que celle<br />

d’un individu. Dans les trois premiers quarts du film,<br />

Capra se révèle habile, prenant, parfois touchant. Dans<br />

le dernier quart, il se surpasse et le spectateur s’aperçoit<br />

qu’il n’a pas seulement affaire à un excellent film comme<br />

Capra en a réalisé beaucoup, mais à un chef-d’œuvre,<br />

tel que les meilleurs réalisateurs en donnent un ou deux<br />

dans toute leur carrière. Ce dernier quart amène le<br />

héros à revoir ce qui s’est passé jusque-là sous un autre<br />

point de vue. En lui permettant de contempler pendant<br />

quelques instants un monde où il ne serait pas né, Capra<br />

et son bon ange Clarence l’obligent à sentir le caractère<br />

irrémédiable de chacun de ses actes. Comme, pour la<br />

plupart, il s’agit d’actes utiles et inspirés par le bien, le<br />

fait de les supprimer de la surface de la Terre devient<br />

une véritable catastrophe. Mais, au-delà de la bonté du<br />

personnage, c’est bien le caractère de responsabilité<br />

absolue de chaque action humaine qui est ici démontré<br />

à travers l’infinité des réactions en chaîne qu’elle a<br />

déclenchée. Si Capra était un pessimiste (et son héros<br />

FRANK CAPRA<br />

un anti-héros), It’s a Wonderful Life serait le film le plus<br />

noir de l’histoire du cinéma, une sorte d’Invraisemblable<br />

vérité en pire. L’interprétation de James Stewart est<br />

l’une des plus étonnantes de sa carrière : elle donne au<br />

film à la fois sa crédibilité de base et son couronnement<br />

ultime dans l’authenticité et l’émotion ; on ne voit guère<br />

d’autre acteur qui aurait pu incarner aussi naturellement<br />

George Bailey.<br />

d’après Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />

•<br />

Het hoeft echt geen kerstmis te zijn om van It’s a Wonderful<br />

Life te genieten. Frank Capra’s onweerstaanbare smartlap<br />

uit 1946, over een ingoede man, George Bailey (James<br />

Stewart), die financieel gezien zo in de problemen komt dat<br />

hij zelfmoord overweegt, werkt net zo goed op een mooie<br />

zomeravond. Want van die zelfmoord komt niks in huis, daar<br />

zorgen engel-in-training Clarence en een paar van George’s<br />

goeie vrienden wel voor. Dat de ‘wie goed doet, goed ontmoet’-boodschap<br />

duimendik op deze tijdloze klassieker ligt,<br />

doet niets af aan z’n charme. De beginscène waarin Clarence<br />

van de Goede Heer een briefing krijgt over de man die hij moet<br />

redden, is nog steeds even grappig. En we dagen iedereen<br />

uit geen tranen in de ogen te krijgen, tijdens de finale waarin<br />

(ondermeer) de hardwerkende Clarence eindelijk z’n langverdiende<br />

vleugels krijgt. ’t <strong>Le</strong>ven kan mooi zijn... M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA VIE EST BELLE<br />

RÉAL : FRANK CAPRA<br />

SC : FRANCES GOODRICH,<br />

ALBERT HACKETT, JO SWERLING,<br />

D’APRÈS LA NOUVELLE DE<br />

PHILIP VAN DOREN STERN<br />

PHOTO : JOSEPH WALKER,<br />

JOSEPH BIROC<br />

MUS : DIMITRI TIOMKIN<br />

PROD : RKO, LIBERTY FILMS<br />

AVEC :<br />

JAMES STEWART, DONNA<br />

REED, HENRY TRAVERS, LIONEL<br />

BARRYMORE, GLORIA GRAHAME,<br />

THOMAS MITCHELL<br />

ÉTATS-UNIS, 1946, 130’, NOIR<br />

ET BLANC, VO ST BIL, COPIE NEUVE


Genet avait écrit une histoire, pour s’amuser, pour se<br />

venger, pour se défouler, parce qu’il avait besoin de dire<br />

certaines choses, de dénoncer, de démasquer ce qu’il<br />

hait : la benoîte hypocrisie des biens pensants. Et tous<br />

ceux qui avaient lu <strong>Le</strong>s Bonnes ou <strong>Le</strong> Balcon se disputèrent<br />

le scénario. Vaine rivalité. On décréta finalement<br />

que c’était intournable. <strong>Le</strong> sujet était atroce. Dans un village<br />

morne et perdu, les êtres sont retournés lentement<br />

à une vie immobile, dominée par le souci de la récolte<br />

ou du bétail. Trois personnages : le maire, le brigadier<br />

et l’institutrice [Jeanne Moreau] émergent du troupeau.<br />

Dans cette fadeur à relents moisis surgit soudain un beau<br />

mâle, puissant, sauvagement libre parce qu’il n’a que des<br />

besoins très simples. Il gagne sa croûte en donnant sa<br />

sueur, tâcheron dans les coupes forestières, et le plaisir<br />

lui est apporté à domicile, sans même qu’il le sollicite,<br />

par des femmes qu’il attire par son magnétisme animal.<br />

On n’a pas le droit d’être si simplement sain et heureux.<br />

<strong>Le</strong>s femmes se jalousent, les hommes sont jaloux, et alors<br />

que la seule présence de ce taureau réveille les appétits<br />

et les haines, des malheurs s’abattent sur le pays. Une<br />

ferme est inondée, une récolte flambe. Mademoiselle<br />

l’institutrice se dévoue avec un zèle peut-être suspect<br />

sur les lieux sinistrés. Qui donc peut soupçonner qu’elle<br />

y savoure l’âpre joie de la destruction, cependant quelle<br />

dirige vers le bel Italien la rancune du village ? L’étranger<br />

de malheur est traqué comme une bête et c’est hale-<br />

37<br />

Mademoiselle<br />

TONY RICHARDSON<br />

tant, suant de fatigue et d’angoisse que Mademoiselle<br />

le découvre et connaît avec lui une sauvage nuit<br />

d’amour… Jeanne Moreau est exacte au rendez-vous de<br />

son plus étrange personnage : Mademoiselle, la monstrueuse<br />

et fascinante héroïne de Jean Genet. <strong>Le</strong> film qui<br />

a scandalisé le XXe Festival de Cannes.<br />

(Communiqué de presse de l’époque)<br />

•<br />

De Britse regisseur Tony Richardson is vooral bekend als vader<br />

van de ‘Angry Young Man’-beweging, die met welgemikte<br />

trappen tegen het heersende establishment een frisse wind<br />

door de Britse cinema en theater joeg. Mademoiselle (1966),<br />

gebaseerd op een script van Jean Genet en Marguerite Duras,<br />

is dan ook geen hersenloos entertainment. Het is een bitter<br />

drama dat je aan het denken zet over vreemdelingenhaat,<br />

vrouwenhaat en seksualiteit als wapen. Jeanne Moreau speelt<br />

met schrikwekkende overtuiging de seksueel gefrustreerde<br />

oude vrijster, een lerares (vandaar de titel) die voor niks terugdeinst<br />

om het onderwerp van haar verlangen (een goedogende<br />

Italiaanse seizoenarbeider, vertolkt door Ettore Manni) volledig<br />

in haar macht te krijgen. De schitterende fotografie van David<br />

Watkins helpt de bittere pil – reken maar niet op een happy end<br />

– enigszins te verzachten. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL : TONY RICHARDSON<br />

SC : MARGUERITE DURAS,<br />

D’APRÈS JEAN GENET<br />

PHOTO : DAVID WATKINS<br />

PROD : OSCAR LEWENSTEIN,<br />

PROCINEX, WOODFALL<br />

AVEC :<br />

JEANNE MOREAU, ETTORE MANNI,<br />

JACQUES MONOD, GÉRARD<br />

DARRIEU, PIERRE COLLET<br />

FRANCE-ROYAUME UNI, 1966, 105’,<br />

NOIR ET BLANC,<br />

VOF ST NL, COPIE NEUVE


38<br />

The Merry Widow<br />

Rarement cité parmi ses œuvres majeures, The Merry<br />

Widow représente pourtant une quintessence du cinéma<br />

de Lubitsch. Son mélange chéri d’opérette désuète<br />

et de comédie contemporaine (“Après tout, nous<br />

sommes en 1885 !”, lance ironiquement l’héroïne) est<br />

porté à un point de perfection absolue. Lubitsch en<br />

fait cependant une fable cruelle où la manipulation<br />

amoureuse ne peut plus se distinguer des vertiges<br />

de la passion, et laisse les personnages quelque peu<br />

hagards. C’est le film le plus cher réalisé à Hollywood<br />

jusqu’alors : grâce aux moyens illimités qu’Irving<br />

Thalberg met à sa disposition, c’est le Lubitsch le plus<br />

opulent de la période parlante, libre de jouer à l’infini<br />

sur l’opposition thématique du noir et du blanc dans<br />

des décors et des costumes de rêve. Tout Lubitsch est<br />

là, sans restriction : sa construction favorite en trois<br />

actes, reflétée dans les trois temps d’une valse qui<br />

est jouée à trois reprises, ses mouvements géométriques<br />

obsessionnels verticaux (escaliers), horizontaux<br />

(portes et fenêtres) et circulaires (danses), sa remise<br />

en cause des conventions qu’il prend néanmoins au<br />

sérieux (des animaux de basse-cour perturbent défilés<br />

et cérémonies ; le roi menacé enveloppe sa couronne<br />

dans du papier journal ; dans le duo de “Vilia”, Danilo<br />

prend son domestique pour doublure, et Sonia défaille<br />

de désir), sa maîtrise du casting qui contredit le stéréotype<br />

par la surprise permanente : chaque habitant de<br />

ERNST LUBITSCH<br />

Marsovie, par exemple, a un accent différent. Jeanette<br />

MacDonald se surpasse, ses minauderies deviennent<br />

poèmes, ses trémolos incitent à la réflexion et son sens<br />

du timing comique est un régal.<br />

N.T. Binh et Christian Viviani, Ernst Lubitsch<br />

•<br />

The Merry Widow (1934) is regisseur Ernst Lubitsch’s<br />

betoverende filmversie van de klassieke operette van Franz<br />

Léhar. Het is een charmante fantasie waarvan de prelude in<br />

het fictieve Marsovië is gezet en de rest van het sprookje zich<br />

in Parijs afspeelt. De rijke weduwe Sonia (Jeanette MacDonald)<br />

– die grotendeels de financiering van het kleine koninkrijk<br />

voor haar rekening neemt – is immers naar Parijs verhuisd<br />

en de adel gooit alle wapens – lees, Maurice Chevalier – in<br />

de strijd om te voorkomen dat ‘hun’ weduwe een vreemdeling<br />

huwt. Champagne, mooie jurken en betoverende muziek voor<br />

iedereen! De film was een voor die tijd superdure affaire en<br />

wonderproducer Irving Thalberg en MGM ‘scheurden er hun<br />

broek aan’, maar zeventig jaren later kunnen wij dankzij hen<br />

nog steeds van deze ‘moeder van alle musicals’ met de ongeevenaarde<br />

‘Lubitsch touch’ genieten. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA VEUVE JOYEUSE<br />

RÉAL : ERNST LUBITSCH<br />

SC : ERNST VAJDA, SAMSON<br />

RAPHAELSON, D’APRÈS L’OPÉRETTE<br />

DE FRANZ LEHÁR, VICTOR LEON<br />

ET LEO STEIN<br />

PHOTO : OLIVER T. MARSH<br />

MUS : FRANZ LEHÁR<br />

PROD : ERNST LUBITSCH<br />

POUR MGM<br />

AVEC :<br />

MAURICE CHEVALIER,<br />

JEANETTE MACDONALD,<br />

EDWARD EVERETT HORTON,<br />

UNA MERKEL, GEORGE BARBIER<br />

ÉTATS-UNIS, 1934, 99’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL


Gregory Arkadin, orgueilleux comme Charles Foster<br />

Kane, cynique comme le troisième homme, fier comme<br />

George Amberson, est bien un personnage wellesien.<br />

La route qui l’a conduit à la fortune est jonchée de<br />

cadavres encore tièdes. Ayant compris que le douteux<br />

trafiquant Van Stratten ne courtise sa fille que dans le<br />

but d’en apprendre plus long sur lui et de le faire chanter,<br />

il le charge de reconstituer son fabuleux itinéraire dont<br />

il feint d’avoir perdu la mémoire ; le vieux milliardaire<br />

profite de l’opération pour assassiner tous les complices<br />

et témoins de son tumultueux passé, au fur et à mesure<br />

qu’ils sont retrouvés par Van Stratten.<br />

Tout au long du film, nous suivons ce dernier dans son<br />

enquête qui le mène dans toutes les villes du monde :<br />

Mexico, Vienne, Paris, Madrid. <strong>Le</strong>s personnages sont<br />

plaqués contre les murs d’appartements réels et la<br />

caméra de Welles, naguère si mobile, doit calmer sa<br />

fièvre et les filmer en contre-plongées, écrasés par des<br />

plafonds ceux-là inévitables. Une fête espagnole où les<br />

invités dissimulent leur visage derrière des masques<br />

à la Goya nous donne la nostalgie d’un temps qui ne<br />

reviendra plus : celui où la puissante RKO donnait<br />

carte blanche à un jeune homme de vingt-cinq ans<br />

pour réaliser comme il l’entendait son premier film,<br />

Citizen Kane. La liberté fut perdue brutalement, puis<br />

patiemment reconquise à force de volonté, mais les<br />

moyens d’aujourd’hui ne sont pas même ceux d’un<br />

39<br />

Mr. Arkadin<br />

ORSON WELLES<br />

petit western hollywoodien. Orson Welles aborde à son<br />

tour le cinéma “bouts de ficelle”, celui des cinéastes<br />

maudits. Qu’importe alors la facture et si les idées priment<br />

l’exécution, admirons les idées puisqu’elles sont<br />

vraiment admirables ! Dans ce beau film, on retrouve,<br />

derrière chaque image, le souffle d’Orson Welles, son<br />

grain de folie et son grain de génie, sa puissance, son<br />

éclatante santé et sa corpulente poésie.<br />

d’après François Truffaut, les Films de ma vie<br />

•<br />

Er zijn nogal wat punten van overeenkomst tussen Orson<br />

Welles’ meesterlijke debuut Citizen Kane, en deze Mr. Arkadin<br />

(in het Verenigd Koninkrijk uitgebracht als Confidential Report)<br />

uit 1955. Gregory Arkadin (Welles, himself) is een selfmade<br />

miljonair met een gat in z’n geheugen. Hij huurt ene Guy Van<br />

Stratten (Robert Arden) in om licht op zijn verleden te werpen.<br />

Blijkbaar is dat nogal dubieus want er beginnen doden te vallen.<br />

Mr. Arkadin is, net als Citizen Kane, het portret van een man die<br />

door zijn verleden is geobsedeerd. En Gregory Arkadin is net als<br />

Charles Foster Kane tegelijkertijd fascinerend en afschrikwekkend<br />

in zijn obsessie voor rijkdom en macht. Welles schreef<br />

zelf het scenario voor deze complexe film noir over macht en<br />

corruptie die, via inventief gebruik van licht, camera en decors<br />

extra beklemmend wordt gemaakt. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

CONFIDENTIAL REPORT<br />

RÉAL & SC : ORSON WELLES<br />

PHOTO : JEAN BOURGOIN<br />

MUS : PAUL MISRAKI<br />

PROD : WARNER-MERCURY<br />

PRODUCTION, EA<br />

AVEC :<br />

ORSON WELLES, ROBERT ARDEN,<br />

PAOLA MORI, MICHAEL REDGRAVE,<br />

AKIM TAMIROFF<br />

FRANCE-ESPAGNE, 1955, 99’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />

COPIE NEUVE


40<br />

<strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />

Billy Wilder tenait Cabiria pour le meilleur Fellini et<br />

le chef-d’œuvre absolu du cinéma. A sa sortie en<br />

Amérique, le succès du film était tel que Broadway<br />

s’emparait aussitôt du personnage de la petite putain au<br />

grand cœur joué par Giulietta Masina pour en faire une<br />

comédie musicale, Sweet Charity, adaptée à son tour<br />

par Hollywood dans une mise en scène de Bob Fosse,<br />

où Shirley MacLaine tenait le rôle principal. La France,<br />

elle, avait boudé le film qui se déroule dans un milieu<br />

très déshérité, celui des prostituées miséreuses de Rome,<br />

qui n’ont rien de glamour. L’Église, toujours en difficulté<br />

avec Marie-Madeleine, s’était en effet déchaînée et, en<br />

Italie où le Vatican pouvait alors (en 1957) exercer son<br />

droit de veto sur les films, non seulement la sortie des<br />

Nuits de Cabiria avait été interdite mais il était question<br />

de brûler le négatif. Accablé, Fellini avait puisé dans son<br />

génie, et exécuté un plan qui demeure le sommet de<br />

toutes les ruses anti-censure. La hiérarchie catholique<br />

italienne possédait à l’époque un élément vaguement<br />

cinéphile : l’archevêque de Gênes, capable de distinguer<br />

les qualités artistiques d’un film, mais néanmoins<br />

très attaché à la morale vaticane. Sur les conseils d’un<br />

ami jésuite, Fellini l’appelle, obtient de lui montrer le<br />

film et organise une projection dans une petite salle de<br />

quartier, mais très tard, à minuit passé, au motif qu’il faut<br />

attendre la fin normale de programmes. <strong>Le</strong> prélat arrive<br />

fatigué. Il s’installe dans un fauteuil aux côtés du jésuite<br />

FEDERICO FELLINI<br />

et, comme prévu, ne tarde pas à s’endormir. Son voisin<br />

le réveille alors à de rares moments choisis, quand passent<br />

sur l’écran des processions ou des images sacrées.<br />

Convaincu au réveil que <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria ont été<br />

injustement condamnées, le cardinal plaide et obtient<br />

une levée partielle de l’interdiction.<br />

Alain Riou, <strong>Le</strong> Nouvel Observateur<br />

•<br />

Dit jaar staan er 1 1/2 Fellini op het programma. Zijn aandeel<br />

in Boccaccio 70 en deze <strong>Le</strong> Notti di Cabiria (uit 1957).<br />

Cabiria (Fellini’s echtgenote en muze Giulietta Masina) is het<br />

klassieke hoertje met het gouden hart (en een mooi huisje<br />

en een gezonde bankrekening) dat alsnog hoopt in een harde<br />

wereld (en ergens in een achterbuurt van Rome) ware liefde te<br />

vinden. Helaas...Cabiria wordt vooral bestolen, belogen en bijna<br />

vermoord. Maar daarom niet getreurd. Cabiria blijft hopen. Het<br />

is moeilijk niet binnen de vijf minuten door Cabiria’s charme te<br />

worden ingepakt. Masina heeft daar, kijk maar naar La Strada,<br />

een aardig handje van weg. Dankzij Massina, een mooie bijrol<br />

van François Périer en de uistekende regie van Federico Fellini<br />

werd <strong>Le</strong> Notti di Cabiria een groot succes. Een musicalversie,<br />

Sweet Charity (uit 1969 van Bob Fosse met Shirley MacLaine)<br />

was het logische gevolg. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LE NOTTI DI CABIRIA<br />

RÉAL : FEDERICO FELLINI<br />

SC : FEDERICO FELLINI,<br />

ENNIO FLAIANO, TULLIO PINELLI<br />

PHOTO : ALDO TONTI,<br />

OTELLO MARTELLI<br />

MUS : NINO ROTA<br />

PROD : DINO DE LAURENTIIS,<br />

LES FILMS MARCEAU<br />

AVEC :<br />

GIULIETTA MASINA,<br />

AMEDEO NAZZARI,<br />

FRANÇOIS PÉRIER, FRANCA MARZI,<br />

DORIAN GRAY<br />

ITALIE-FRANCE, 1956, 115’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


41<br />

The Panic in Needle Park<br />

1971, Schatzberg reçoit le script de The Panic in Needle<br />

Park, une œuvre d’une rare violence adaptée du roman du<br />

journaliste James Mills. Il le refuse dans un premier temps,<br />

puis quand il apprend que Pacino est intéressé par le film,<br />

il revient sur sa décision. Schatzberg connaît son parcours :<br />

l’Actor’s studio et le théâtre, mais seulement un petit rôle<br />

à son actif dans un film. La Fox estime Pacino trop vieux<br />

– trente et un ans – pour le personnage de Bobby. Schatzberg<br />

insiste et Pacino décroche le contrat après audition. The<br />

Panic in Needle Park apparaît comme une œuvre naturaliste,<br />

typique de ce que l’on appelle l’Âge d’argent du cinéma<br />

américain. Pas de musique (seuls les bruits quotidiens de la<br />

rue viennent rythmer la vie des protagonistes), un budget<br />

dérisoire, une large place à l’improvisation, ce qui n’est pas<br />

sans rappeler le cinéma de John Cassavetes. Seringues, coke,<br />

héro, shoots, gros plans de veines éclatées, tout y passe. Rien<br />

ne nous est épargné, les héros doivent tout endurer. Dans ce<br />

coin du West Side, endroit unique à Manhattan où l’on peut<br />

se procurer de la came sans s’aventurer dans Harlem, Bobby<br />

et Helen traînent leurs misères avec une véracité qui n’a rien<br />

à envier au cinéma vérité. Chacun symbolise une béquille<br />

pour l’autre. Chacun enfonce l’autre toujours davantage<br />

dans le sordide. […]. <strong>Le</strong> film, surtout visuel, laisse peu de<br />

place aux dialogues. <strong>Le</strong>s joies et les peines se lisent dans les<br />

visages et les actes. <strong>Le</strong>s yeux et les corps sont les miroirs de<br />

cette descente aux enfers réaliste. Schatzberg a passé de longues<br />

heures à se documenter. “Si j’apprends quelque chose,<br />

JERRY SCHATZBERG<br />

le public doit également être de la partie”, explique le réalisateur<br />

qui a bénéficié, sur le plateau, de l’expérience de l’acteur<br />

Kiel Martin, ancien junkie. Des scènes telles que l’overdose<br />

de Bobby ou le shoot de Chico nous projettent dans l’image.<br />

<strong>Le</strong>s fausses promesses pour décrocher, des projets toujours<br />

repoussés au lendemain, le déni de l’accoutumance, le spectateur<br />

ressent l’impuissance des personnages. Un sentiment<br />

encore rehaussé par les jeux de caméra de Schatzberg,<br />

notamment ses gros plans empreints de claustrophobie ou<br />

encore son téléobjectif qui suit Bobby en quête de came dans<br />

les rues de New York.<br />

Dave Garver<br />

•<br />

Needle Park was in de vroege jaren zeventig een kruising in West<br />

Manhattan waar heroïne werd verhandeld. Het was geen gezonde<br />

plaats om rond te hangen en zeker niet de plaats waar je verliefd<br />

wil worden. Het overkomt Helen (The Excorcist’s Kitty Winn) in The<br />

Panic in Needle Park, een ijzersterk ‘liefde en pijn’-drama in<br />

documentaire stijl van Jerry Schatzberg uit 1971. Helen valt voor<br />

verslaafde Bobby (een als altijd uitstekende Al Pacino), wat betekent<br />

dat ze ook voor drugs valt. Als toeschouwer kan je niet anders<br />

dan machteloos toekijken hoe de diepmenselijke personages van<br />

kwaad tot erger verglijden. Als Helen op een gegeven moment uit<br />

Needle Park wegwil, zegt Bobby enkel: “Dit is waar ik woon”. De<br />

documentaire stijl waarin de film is gemaakt – met een soms wat<br />

beverige camera – draagt bij aan het grimmige realisme van de<br />

film, waar alsnog plaats is voor een sprankeltje hoop. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

PANIQUE À NEEDLE PARK<br />

RÉAL : JERRY SCHATZBERG<br />

SC : JOAN DIDION ET JOHN<br />

GREGORY DUNNE,<br />

D’APRÈS LE LIVRE DE JAMES MILLS<br />

PHOTO : ADAM HOLENDER<br />

PROD : GADD PRODUCTIONS<br />

ET DIDION-DUNNE<br />

AVEC :<br />

AL PACINO, KITTY WINN,<br />

ALAN VINT, RICHARD BRIGHT,<br />

KIEL MARTIN, RAUL JULIA<br />

ÉTATS-UNIS, 1971, 109’,<br />

COULEUR, VO ST FR


42<br />

The Private Life of Sherlock Holmes<br />

Cette aventure de Sherlock Holmes n’est pas l’adaptation<br />

d’un roman de Conan Doyle, ni une relecture parodique<br />

du plus célèbre des détectives. <strong>Le</strong> scénario original de<br />

Wilder et de son complice I.A.L. Diamond explore les<br />

zones d’ombre de la vie de Sherlock Holmes (sa cocaïnomanie,<br />

son célibat suspect et sa cohabitation ambiguë<br />

avec le Docteur Watson) et le plonge dans une ténébreuse<br />

enquête qui l’emmène sur les bords du Loch Ness. (…)<br />

La rencontre entre Holmes, génie du vrai et du faux,<br />

misanthrope sentimental, observateur solitaire des passions<br />

humaines, et Wilder, son double artiste et farceur, fait des<br />

étincelles. <strong>Le</strong> film marque l’apogée de la collaboration<br />

entre le cinéaste et le décorateur Alexandre Trauner, qui<br />

recrée l’univers de Sherlock Holmes avec un luxe inouï. Un<br />

chef-d’œuvre d’intelligence, d’élégance et d’humour triste.<br />

Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

Toute la vérité, rien que la vérité. Une lettre posthume du<br />

Docteur Watson lève le voile sur le mystère le plus brumeux<br />

de l’Angleterre victorienne, Sherlock Holmes, tandis<br />

que le générique exhume un à un les attributs fétiches<br />

du héros de Conan Doyle. Pour la mémoire collective, le<br />

détective londonien projette aussitôt l’image d’un corps<br />

reptile, les épaules agrafées à une cape en tweed, un<br />

profil aquilin rehaussé d’une pipe et d’une visière. Quel<br />

homme de cœur se cache derrière l’analyste? <strong>Le</strong> portrait<br />

bétonné et un rien obsolète recèle-t-il des craquelures<br />

BILLY WILDER<br />

insoupçonnées? C’est à cette zone tourmentée que<br />

Billy Wilder et I.A.L. Diamond dédient leur escapade<br />

européenne la plus curieuse et la plus mésestimée. (…)<br />

L’intrigue délicieusement régressive à base de tutu, canaris,<br />

nains, acide chlorhydrique et monstre du Loch Ness,<br />

a de quoi faire tressaillir plus d’un holmesien. Billy Wilder<br />

déride la prose de Conan Doyle en expédiant le couple<br />

Holmes-Watson sur les rails du slapstick et de la parodie.<br />

(…) Près de trente ans après leur confection, les poupées<br />

gigognes de Billy Wilder intriguent toujours autant.<br />

Danielle Chou, filmdeculte.com<br />

•<br />

Het lijkt een doorsnee Sherlock Holmes-avontuur. Een schone<br />

Brusselse onbekende op zoek naar haar vermiste echtgenoot<br />

wordt gedropt in het huis van de befaamde speurneus. De<br />

plot, die ondermeer vermiste dwergen en dubieuze monniken<br />

inhoudt, voert hen naar het meer van Loch Ness. Maar als Billy<br />

Wilder de Sherlock Holmes-legende onder handen neemt, krijg<br />

je er gegarandeerd een andere kijk op. Uit The Private Life<br />

of Sherlock Holmes (1970) blijkt dat Holmes’ privé-leven<br />

interessanter is dan zijn meest opzienbarende zaak. Bekeken<br />

door de ogen van zijn vriend Dr. Watson (een grappige Colin<br />

Blakely), blijkt Holmes (Robert Stephens) een romanticus die in<br />

cocaïne soelaas zoekt voor een gebroken hart en soms eerder<br />

door toeval dan door deductie een zaak openbreekt. Ondanks<br />

gevoelig ingekort door United Artists, blijft dit Wilder op z’n<br />

best. De score is van Miklos Rozsa. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA VIE PRIVÉE<br />

DE SHERLOCK HOLMES<br />

RÉAL : BILLY WILDER<br />

SC : BILLY WILDER, I.A.L. DIAMOND<br />

PHOTO : CHRISTOPHER CHALLIS<br />

MUS : MIKLOS ROSZA<br />

PROD : MIRISCH/PHALANX/U ART<br />

AVEC :<br />

ROBERT STEPHENS,<br />

CHRISTOPHER LEE, COLIN BLAKELY<br />

GRANDE-BRETAGNE, 1970, 130’,<br />

COULEUR, VO ST FR


43<br />

The Return of the Pink Panther<br />

Un dosage presque impalpable de burlesque, d’humour,<br />

de charme et de suspense mathématique avait fait de la<br />

Panthère rose l’une des plus jolies comédies en couleurs<br />

de toute l’histoire du cinéma. Il est visible que Blake<br />

Edwards a su d’emblée qu’il ne pourrait pas nouer une<br />

seconde fois cet écheveau où la désinvolture et la folie<br />

douce s’alliaient à une percutante rigueur. Aussi n’a-t-il<br />

cherché à tricher ni avec le passé ni avec le public :<br />

Christopher Plummer n’a pas l’élégance de David Niven<br />

et le comopolitisme de Cortina d’Ampezzo ne pouvait<br />

être remplacé par le swinging London, bien loin lui<br />

aussi. C’est donc Peter Sellers qui soutient tout le poids<br />

du film. Après la scène techniquement et plastiquement<br />

fort belle du vol, l’inspecteur Clouseau (mis à pied pour<br />

son incompétence !) nous apparaît sous les traits d’un<br />

gardien de la paix parisien, vétilleux envers un musicien<br />

faux aveugle, tandis que derrière eux se déroule un holdup<br />

dont il ne s’avise même pas. L’intervention du Shah<br />

de Lugash le restitue brutalement à sa dignité d’autrefois.<br />

<strong>Le</strong> film se concentre dès lors sur le récit de ses “exploits”,<br />

plus malencontreux les uns que les autres. <strong>Le</strong>s gags font<br />

appel tantôt à des recettes éprouvées, tantôt à ce comique<br />

de situation issu du dialogue pris au pied de la lettre,<br />

dont les Marx Brothers avaient donné l’exemple, mais<br />

que la schizophrénie de Clouseau rend particulièrement<br />

efficace. On salue au passage la reprise de gestes célèbres,<br />

tel celui de s’appuyer avec emphase sur un objet<br />

BLAKE EDWARDS<br />

glissant. <strong>Le</strong> domestique oriental obstiné à enseigner à<br />

son maître les finesses du karaté donne à Edwards l’occasion<br />

d’une parodie magistrale, espérons-le définitive, des<br />

films de Bruce <strong>Le</strong>e. La fin, excellente, est amenée par le<br />

personnage hystérique d’un supérieur hiérarchique de<br />

Clouseau, qui peu à peu sombre dans la démence en<br />

décidant de l’exterminer, et au contraire lui sauve la vie<br />

à l’instant d’y parvenir. Bref, ce film sympathique n’est<br />

nullement indigne de son auteur, si malchanceux que ce<br />

dernier ait semblé ces dernières années.<br />

d’après Gérard <strong>Le</strong>grand, Positif<br />

•<br />

Sequels hebben overwegend een kwalijke reputatie. “Laten we<br />

de formule even uitmelken en het succes van nummer één xmaal<br />

overdoen”. Wel, voor The Return of the Pink Panther<br />

(uit 1975) gaat dat alvast niet op (Blake Edwards regisseerde<br />

uiteindelijk een zevental Pink Panthers. En voor wie er nog<br />

steeds niet genoeg van heeft: voor volgend jaar staat een<br />

prequel - niet geregisseerd door Edwards – op het programma,<br />

met Steve Martin die de inmiddels overleden Peter Sellers<br />

als Inspecteur Clouseau zal vervangen). Er kan nog steeds<br />

gelachen worden. Ah, die heerlijke Inspecteur Clouseau/Sellers<br />

die ‘feun’,‘reum’ en ‘leurd’ mompelend, alom onheil stichtend<br />

op zoek gaat naar een gestolen diamant (of zoals zijn arme,<br />

veelgeplaagde baas het stelt: “In vergelijking met Clouseau was<br />

Attilla De Hun een Rode Kruis-vertegenwoordiger”). Er wacht<br />

Steve Martin voorwaar een zware taak. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LE RETOUR<br />

DE LA PANTHÈRE ROSE<br />

RÉAL : BLAKE EDWARDS<br />

SC : BLAKE EDWARDS,<br />

FRANK WALDMAN<br />

PHOTO : GEOFFROY UNSWORTH<br />

MUS : HENRY MANCINI<br />

PROD : BLAKE EDWARDS,<br />

TONY ADAMS<br />

AVEC :<br />

PETER SELLERS, CATHERINE<br />

SCHELL, CHRISTOPHER PLUMMER,<br />

HERBERT LOM, BURT KWOUK<br />

GRANDE-BRETAGNE, 1975, 115’,<br />

COULEUR, VO ST FR


44<br />

River of No Return<br />

C’était au temps où Preminger ne donnait pas encore<br />

dans les grandes machines : il réalisait des films qui<br />

passaient pratiquement inaperçus et la production américaine<br />

n’aurait pas donné cher de ce metteur en scène<br />

[…]. La fascination premingérienne qui fut à la source<br />

de tant de gloses, jamais elle ne fut plus évidente que<br />

dans ces chroniques aigres-douces, ces longues et lentes<br />

marches d’un homme vers une femme ou d’une femme<br />

vers un homme, Laura, Un si doux visage, River of No<br />

Return, Bonjour tristesse.<br />

River of No Return, c’est la merveilleuse combinaison chimique<br />

de Robert Mitchum, Marilyn Monroe et du fleuve<br />

qui ne cesse de rythmer cette romance feutrée. <strong>Le</strong> fleuve,<br />

qui, à l’époque, prit une nouvelle dimension grâce<br />

à ce format dont personne, avant Preminger, n’avait su<br />

déceler les possibilités, le CinemaScope. Il faut regretter<br />

que Preminger n’ait réalisé qu’un seul western, car, dans<br />

cet espace bouillonnant, il a su glisser cette sorte de<br />

désenchantement singulier qui vient droit de ce coin<br />

d’Europe où il a vu le jour. “L’amour est le voyageur de<br />

la rivière sans retour”, dit la chanson du film. Dans cette<br />

aventure de l’homme et de la femme qui accomplissent<br />

leur apprentissage sur les eaux en furie, Preminger a inscrit<br />

tant de tendresse et de pudeur qu’on oublie presque<br />

que le personnage principal n’est autre que le torrent,<br />

photographié comme jamais torrent ne l’a été.<br />

Jean Wagner, le Western<br />

OTTO PREMINGER<br />

Ce western au ton heureux nous donne, à chaque vision,<br />

l’impression de passer des vacances. On sort de là trempé,<br />

fourbu, affamé, dans l’euphorie. Marilyn Monroe,<br />

cinémascopiquement cadrée comme jamais elle ne le<br />

fut, y créait le personnage le plus délicieux de sa carrière<br />

et y interprétait admirablement des chansons anthologiques<br />

(“One Silver Dollar”, “Down in the Meadow”,<br />

“I’m Gonna File My Claim”) avant de se faire masser par<br />

Robert Mitchum.<br />

Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier,<br />

50 ans de cinéma américain<br />

•<br />

In 1954 maakte Otto Preminger die, als het op stijl aankwam<br />

altijd al moeilijk onder één noemer was te vatten, de enige western<br />

uit zijn carrière. The River of No Return is trouwens geen<br />

doorsnee-western : het is meer een psychologisch drama dat zich<br />

afspeelt tegen een Wild West-achtergrond. Marilyn Monroe is de<br />

saloonzangeres die weduwnaar Robert Mitchum inhuurt om haar<br />

verdwenen pseudo-echtgenoot op te sporen. De avontuurlijke<br />

tocht op een vlot op de rivier uit de titel biedt het drietal – de<br />

van Mitchum’s personage vervreemde zoon maakt ook deel<br />

uit van het gezelschap – niet alleen gelegenheid om elkaar én<br />

zichzelf beter te leren kennen, maar helpt hen ook in het reine te<br />

komen met gebeurtenissen uit het verleden. De chemistry tussen<br />

Mitchum en Monroe gecombineerd met de adembenemende<br />

locatie zorgen voor eersteklas amusement. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RIVIÈRE SANS RETOUR<br />

RÉAL : OTTO PREMINGER<br />

SC : FRANK FENTON,<br />

D’APRÈS UNE HISTOIRE DE<br />

LOUIS LANTZ<br />

PHOTO : JOSEPH LA SHELLE<br />

MUS : CYRIL MOCKRIDGE,<br />

LIONEL NEWMAN<br />

(PAROLES DES CHANSONS :<br />

KEN DARBY)<br />

PROD : STANLEY RUBIN (FOX)<br />

AVEC :<br />

ROBERT MITCHUM,<br />

MARILYN MONROE,<br />

RORY CALHOUN, TOMMY RETTIG<br />

ÉTATS-UNIS, 1954, 91’,<br />

COULEUR, ST FR


La scène se déroule quelques mois après qu’un homme<br />

américain a posé pour la première fois le pied sur la<br />

Lune. C’est au milieu des terrils, dans le décor noir<br />

d’une région minière filmée dans un sale 16 mm gonflé,<br />

sur fond sonore de pelleteuses, que débute Wanda. Une<br />

petite bonne femme blonde (Barbara Loden) se réveille<br />

avec peine dans une maison en préfabriqué. Habillée de<br />

blanc, coiffée de ses bigoudis, la voilà qui traverse le paysage,<br />

petit point clair sur la terre charbonneuse, comme<br />

une astronaute flottant au-dessus de la cendre lunaire.<br />

Où va-t-elle si vaguement, Wanda ? Divorcer, laisser sans<br />

combat ses enfants à la charge de leur père, et dire bien<br />

gentiment merci au juge avant de partir errer dans une<br />

Amérique que la réalisatrice dépouille de toute trace de<br />

folklore, offrant l’image dégraissée d’un pays sans âme<br />

et sans dieu, semblable à toutes les régions ouvrières du<br />

monde. Wanda rencontre bientôt “M. Dennis”, un voleur<br />

de dernière zone qui sue l’angoisse, le désespoir, la<br />

médiocrité et se refuse à exprimer le moindre sentiment.<br />

M. Dennis va prendre en main Wanda et lui redonner<br />

un peu visage humain. Car Wanda est sans force, étrangère<br />

au monde. Elle se croit morte, nulle, stupide. Nos<br />

antihéros, Bonnie and Clyde antononiens, Zampano et<br />

Gelsomina du Middle West, préparent un coup. Foireux,<br />

bien sûr. Barbara Loden, comme on parle d’écriture<br />

blanche en littérature, a un filmage blanc, d’où naît soudain<br />

l’émotion, crue, à vif. Dans Cinquante ans de cinéma<br />

45<br />

Wanda<br />

BARBARA LODEN<br />

américain, Coursodon et Tavernier écrivent : “Wanda est<br />

un film où l’on a froid, où une gifle fait mal longtemps,<br />

où l’on a peur d’oublier l’ordre qu’on vous donne.”<br />

Wanda est bien cela, un cri de désespoir muet, un autoportrait<br />

d’autant plus violent qu’il est retenu, un portrait<br />

de femme angoissé et sans concession, une description<br />

accablée des exclus du capitalisme. Chef-d’œuvre sec et<br />

intemporel, Wanda n’a pas pris une ride.<br />

d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

Iemand zei over Barbara Loden: “Het is jammer dat zij maar<br />

één film kon maken, terwijl haar echtgenoot er meer dan<br />

twintig heeft gemaakt”. Die ‘iemand’ was duidelijk geen fan<br />

van Elia Kazan, maar wel van zijn jonggestorven echtgenote.<br />

Barbara Loden is de regisseur, schrijver en titelfiguur van<br />

Wanda (1971). Het werd inderdaad haar enige film (als regisseur,<br />

ze acteerde in meerdere films, ondermeer in Kazans<br />

Splendor in the Grass). Het werd ook een klein meesterwerk.<br />

In de beste ‘Europese traditie’ beschrijft deze Amerikaanse<br />

road movie – gemaakt met een piepklein budget – de trieste<br />

lotgevallen van Wanda, een vrouw met weinig opleiding en<br />

een rampzalige smaak als het op mannen aankomt. Loden<br />

werd een art house darling, maar haar vroege dood (ze was<br />

nog geen vijftig) en – volgens boze tongen – Kazans naijver,<br />

betekenden het einde van een beloftevolle carrière. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL & SC : BARBARA LODEN<br />

PHOTO : NICHOLAS T. PROFERES<br />

PROD : FOUNDATION<br />

FOR FILMAKERS<br />

AVEC :<br />

BARBARA LODEN,<br />

JOHN MICHAEL HIGGINS<br />

USA, 1970, 102’,<br />

COULEUR, VO ST FR


46<br />

The Woman in the Window<br />

The Woman in the Window, film important dans la carrière<br />

américaine de Fritz Lang, fait doublet avec Scarlet Street<br />

(remake de La Chienne de Renoir), dont il partage les trois<br />

acteurs principaux (Edward G. Robinson, Joan Bennett,<br />

Dan Duryea), le directeur photo (Milton Krasner) et<br />

l’ambiance de tragédie “criminelle”. Lang y montre un<br />

homme de son âge (mûr), le professeur Wanley, fasciné<br />

par le portrait d’une femme et séduit par son modèle<br />

(1944 fut l’année de la fascination par les portraits, puisque<br />

ce fut aussi celle de Laura, de Preminger). Par hasard<br />

(mauvais hasard), par faiblesse, une aventure apparemment<br />

sans conséquence tournera au meurtre. Rarement<br />

avec autant d’intensité le cinéaste aura joué de l’ambiguïté<br />

de ses personnages, du méli-mélo d’innocence et<br />

de culpabilité qui dort en chacun, et poussé le spectateur<br />

à s’identifier à un criminel. Rarement aussi le réalisme<br />

manié par Lang (avec sa touche de fantastique) n’aura été<br />

aussi inquiétant. La déchéance d’un homme mûr et arrivé<br />

était-elle le cauchemar de Fritz Lang ? Toujours est-il que<br />

ce sera encore le thème de Scarlet Street, le film qui suivit<br />

The Woman in the Window.<br />

Édouard Waintrop, Libération<br />

Lang transforme le mélodrame policier en une représentation<br />

des mécanismes de l’inconscient. <strong>Le</strong> portrait<br />

montre une femme que l’on aimerait rencontrer de la<br />

même façon que le spectateur rêve de rencontrer la<br />

FRITZ LANG<br />

femme dont l’image le fascine sur l’écran. Toute cette<br />

fiction implique une double “aventure” où l’idée de sexe<br />

se mêle à celle de la mort en une commune culpabilité.<br />

Wanley a été le spectateur du mécanisme de son inconscient,<br />

tout comme le public a subi le film dans la salle<br />

de cinéma.<br />

Noël Simsolo, Fritz Lang<br />

•<br />

Brave huisvader Edward G. Robinson werpt één blik op The<br />

Woman in the Window en zijn ordentelijke leventje loopt<br />

meteen compleet uit de hand. Een onschuldige flirt met een<br />

mysterieuze schoonheid draait uit op een moord, waarnaar het<br />

onderzoek wordt geleid door zijn beste vriend. Het was een<br />

goed jaar voor de film noir én voor Robinson, die in 1944 ook<br />

in Billy Wilder’s Double Indemnity schitterde. Al is Robinson ditkeer<br />

niet de jager maar de prooi. Volgens regisseur Fritz Lang<br />

vertelt zijn uitstekende Freudiaanse thriller ‘een universeel<br />

verhaal: iedere man kan in zulk een nachtmerrie verzeilen’.<br />

Vraag is of het onverwachte happy Hollywood-einde ook voor<br />

iedereen is weggelegd. De al bij al onschuldige femme fatale<br />

wordt vertolkt door ‘vaste’ Fritz Lang-muze Joan Bennett, wiens<br />

carrière in 1951 werd gekortwiekt toen zij bij een moordzaak<br />

betrokken raakte. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

LA FEMME AU PORTRAIT<br />

RÉAL : FRITZ LANG<br />

SC : NUNNALLY JOHNSON,<br />

D’APRÈS LE ROMAN DE J.H. WALLIS<br />

PHOTO : MILTON KRASNER<br />

MUS : ARTHUR LANGE<br />

PROD : NUNNALLY JOHNSON (RKO)<br />

AVEC :<br />

EDWARD G. ROBINSON,<br />

JOAN BENNETT,<br />

RAYMOND MASSEY, DAN DURYEA<br />

ÉTATS-UNIS, 1944, 99’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL,<br />

COPIE NEUVE


Hollywood s’est toujours intéressé aux talents étrangers.<br />

Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Victor Sjöstrom, F.W. Murnau,<br />

Alfred Hitchcock commencèrent leur carrière cinématographique<br />

dans leurs pays d’origine et la continuèrent<br />

avec génie aux États-Unis. <strong>Le</strong> succès de Blow-Up incita<br />

les dirigeants de la Metro-Goldwyn-Mayer à donner carte<br />

blanche à Antonioni, cette confiance se traduisant déjà<br />

par un budget de trois millions de dollars mis à la disposition<br />

du cinéaste italien. <strong>Le</strong> tournage eut lieu dans le plus<br />

grand mystère. Antonioni choisit comme vedettes deux<br />

inconnus et Zabriskie Point est un témoignage fulgurant<br />

sur l’Amérique de la fin des années soixante. <strong>Le</strong>s étudiants<br />

y sont au bord de la révolution. Policiers et étudiants s’affrontent<br />

violemment sur les campus et contrairement à ce<br />

qui se passe en Europe, les uns et les autres n’hésitent pas<br />

à ouvrir le feu. Antonioni décrit donc une Amérique en<br />

feu dans laquelle on achète une arme comme un paquet<br />

de cigarettes et où voler un avion semble un jeu d’enfant.<br />

A côté de cette Amérique bouillonnante, Antonioni choisit<br />

la Vallée de la mort, célèbre pour ses paysages désertiques.<br />

Ce choix est un symbole : c’est le retour à la terre<br />

américaine, sauvage et intacte, et c’est aussi un hommage<br />

à l’un des plus grands metteurs en scène américains Erich<br />

von Stroheim qui y situa la fin de son film <strong>Le</strong>s Rapaces.<br />

Dans ce cadre aussi particulier, un couple dépouillé,<br />

physiquement et intellectuellement, va vivre une passion<br />

sans retenue, créant subitement autour de lui ses propres<br />

47<br />

Zabriskie Point<br />

MICHELANGELO ANTONIONI<br />

fantasmes. Mais la société prendra sa revanche sur ces<br />

deux amants et je vous laisse découvrir comment mourra<br />

l’un d’eux, tué (on aurait presque envie de dire exécuté)<br />

par cette société qui semble elle-même en plein désarroi.<br />

La fin du film sera une apocalyptique description de<br />

l’explosion d’une luxueuse maison, véritable création de<br />

l’Amérique moderne, que l’on verra s’atomiser dans le<br />

ciel californien.<br />

André Moreau, L’Express<br />

•<br />

Na Blow-up, zijn uitstap in het Londen van de Swinging Sixties,<br />

trok regisseur Michelangelo Antonioni de Amerikaanse woestijn<br />

in om daar zijn anti-establishment-ding te doen. Het resultaat<br />

werd Zabriskie Point (1969). We volgen nieuwkomer Mark<br />

Frechette als de revolterende student die, nadat hij onterecht<br />

van de moord op een agent wordt beschuldigd, met een<br />

gestolen vliegtuig de woestijn intrekt. Daar - dit zijn immers de<br />

jaren zestig – neemt hij psychedelische drugs en bedrijft hij de<br />

vrije liefde alvorens naar Los Angeles terug te keren. Hoewel<br />

Antonioni’s bikkelharde aanval op het meedogenloze materialisme<br />

van de Amerikaanse samenleving niet door iedereen werd<br />

geapprecieerd, werd de film – alleen al om de verbluffende<br />

finale – een klassieker. Frechette nam Antonioni’s anarchistische<br />

boodschap ten harte – hij draaide later de gevangenis in<br />

na een bankoverval. M.V.<br />

CLASSIQUE<br />

RÉAL & SC :<br />

MICHELANGELO ANTONIONI<br />

PHOTO : ALFIO CONTINI<br />

MUS : THE ROLLING STONES,<br />

THE YOUNGBLOODS, ETC.<br />

PROD : CARLO PONTI, MGM<br />

AVEC :<br />

NICK FRECHETTE, DARIA RALPRIN,<br />

ROD TAYLOR, KATHLEEN CLEAVER<br />

ÉTATS-UNIS, 1969, 111’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


48<br />

CYCLE<br />

MONTY PYTHON


Il fallait certes du talent, mais il fallait surtout être gonflé.<br />

Nous sommes en 1975, l’Angleterre agonise sous le chômage<br />

et toute l’Europe se lamente. Graham Chapman,<br />

lui, se déguise en roi Arthur et se présente à la porte du<br />

château accompagné de Patsy sa servante, alias Terry<br />

Gilliam – “C’est moi, Arthur ! Fils de Pendragon, du<br />

château de Camelot. Roi des Britanniques, vainqueur<br />

des Saxons et souverain de toute l’Angleterre !” <strong>Le</strong> garde<br />

Michael Palin lui ouvrirait bien la porte, si la présence de<br />

ces deux noix de coco accrochées à sa selle n’était pas<br />

si étrange, et l’objet du premier dialogue de la première<br />

scène du premier film des Monty Python, parfait résumé<br />

du reste de leur carrière : absurde, délirante, inventive,<br />

jamais vue et, surtout, puisqu’il ne s’agit que de ça, à se<br />

tordre de rire. Bien sûr, n’en déplaise aux puristes, ces<br />

fous d’Anglais ont pris de l’âge. Bien sûr, c’est un humour<br />

bavard (pas plus que celui de Woody Allen), croquignolesque,<br />

absurde et épuisant. Mais John Cleese, Graham<br />

Chapman, Michael Palin, Terry Jones, Terry Gilliam et<br />

Eric Idle ont été les premiers. <strong>Le</strong>s premiers à s’en prendre<br />

à tout ce qui bouge – bon goût, bourgeois, religieux,<br />

puissants, Belges –, les premiers à revendiquer le plaisir<br />

d’être fous, la recherche de la pure déconne malgré<br />

des moyens et des talents exceptionnels. <strong>Le</strong>s premiers à<br />

avoir donné au “nonsense” ses lettres de noblesse. A six,<br />

ils se partagent tous les rôles : le roi, les chevaliers, les<br />

villageois, les femmes, les gardes et quelques têtes qui<br />

49<br />

Sacré Graal<br />

TERRY GILLIAM & TERRY JONES<br />

traînent. Comme d’habitude, leurs dialogues débités à<br />

cent à l’heure, intraduisibles et pourtant traduits, restent<br />

des perles. <strong>Le</strong> secret des Monty Python tenait peut-être<br />

dans leur militantisme. Quoi qu’il advienne, quelles que<br />

soient les circonstances, il faut toujours regarder du<br />

côté illuminé de la vie, comme ils le sifflotaient tous à<br />

l’enterrement de Graham Chapman. “Always look at the<br />

bright side of life”.<br />

Olivier Van Vaerenbergh, <strong>Le</strong> Soir<br />

•<br />

Goed nieuws voor fans van absurde humor. Het Britse, prettig<br />

gestoorde Monty Python-gezelschap is in town (ze zijn met<br />

maar liefst drie films vertegenwoordigd op het festival). De<br />

oudste bijdrage is Monty Python and the Holy Grail (uit<br />

1974). Zoals de titel al doet vermoeden, is het dit keer de<br />

legende van Koning Arthur die eraan moet geloven. Niet te<br />

geloven wat Arthur en zijn moedige ridders van de Ronde Tafel<br />

allemaal moeten doorstaan tijdens hun zoektocht naar de<br />

Heilige Graal. Als het voor U niet gek genoeg kan zijn, is deze<br />

door Python-leden Terry Gilliam en Terry Jones geregisseerd<br />

parodie as good as it gets. Maar één voorbeeld : ridders die<br />

‘ni’ zeggen en later evolueren tot ridders die tot voor kort ‘ni’<br />

zegden (wat ons aan het wispelturige gedrag van een zekere<br />

‘prins’ herinnert) en omgekocht moeten worden met moeilijk<br />

te lokaliseren struikgewas... M.V.<br />

MONTY<br />

PYTHON<br />

MONTY PYTHON<br />

AND THE HOLY GRAIL<br />

RÉAL : TERRY GILLIAM,<br />

TERRY JONES<br />

SC : GRAHAM CHAPMAN,<br />

JOHN CLEESE, TERRY GILLIAM,<br />

TERRY JONES, ERIC IDLE,<br />

MICHAEL PALIN<br />

PHOTO : TERRY BEDFORD<br />

MUS : NEIL INNES<br />

PROD : PYTHON PICTURES<br />

AVEC :<br />

GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />

TERRY GILLIAM, TERRY JONES,<br />

ERIC IDLE, MICHAEL PALIN<br />

ROYAUME-UNI, 1975, 91’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Attention, chef-d’œuvre ! Chef-d’œuvre de vrais iconoclastes<br />

libertaires, les seuls depuis les Marx Brothers.<br />

Une médication cinématographique à prescrire en<br />

urgence et sans modération à tout dépressif qui se<br />

connaît ou s’ignore. C’est-à-dire à tous. Plongez dans<br />

ce fatras génial de bonnes idées visuelles et de grandes<br />

trouvailles de mise en scène, cela changera votre vie,<br />

votre regard sur la vie. Car la chose est grandiose,<br />

frontale, indémodable et sacrément drôle. C’est une<br />

accélération d’intelligence, de délire, de pertinence,<br />

de surréalisme et de vulgarité traitée en finesse. Satire<br />

loufoque sur le ridicule de l’existence et de la mort,<br />

passant à la moulinette la religion, le mariage, la guerre,<br />

l’armée, la pauvreté, la naissance, la paresse, les snobs,<br />

l’éducation, l’identité, les rapports sociaux, les plaisirs<br />

du sexe... l’humanité en général. Grand prix du jury au<br />

Festival de Cannes en 1983, <strong>Le</strong> Sens de la vie est une<br />

orgie de sketches inénarrables exposant une révolte<br />

d’agents d’assurance dans un immeuble qui se transforme<br />

en paquebot, un cours d’éducation sexuelle dans<br />

une école anglaise, un quartier protestant surpeuplé,<br />

un homme se goinfrant jusqu’à l’éclatement, la guerre<br />

des Zoulous, une école militaire, une transplantation<br />

d’organes…<br />

Bref, c’est le sens de la vie et le parti d’en rire. Inventer<br />

autour du vrai pour retrouver le vrai vrai. Là est peutêtre<br />

le secret des Monty Python planchant aérienne-<br />

50<br />

<strong>Le</strong> Sens de la vie<br />

TERRY GILLIAM & TERRY JONES<br />

ment ou aquatiquement sur “Pourquoi sommes-nous<br />

là ? Que signifie la vie ? Dieu est-il vraiment réel ou y<br />

a-t-il des doutes ?” <strong>Le</strong>ur délire est sans limite.<br />

Fabienne Bradfer, <strong>Le</strong> Soir<br />

•<br />

Monty Python’s the Meaning of Life (1983) gaat over euh,<br />

de zin van het leven. Bijzonder ambitieus opzet van ‘de satirische<br />

zes’. Bijzonder geslaagd, ook. Én stout. En verfrissend<br />

politiek incorrect, zoals we onze jongens wel vaker aan de<br />

slag hebben gezien. Geen enkel heilig huisje blijft overeind. Via<br />

een aantal waanzinnige sketches worden we van ‘het wonder<br />

van de geboorte’ (piece of cake in Yorkshire) uiteindelijk naar<br />

een preview geleid van wat ons – volgens de Pythons – in de<br />

hemel te wachten staat. Wat er tussen ligt? Dat moet U zelf zien<br />

om het te geloven (hint: onthullende seksuele voorlichting op<br />

school en een bijzonder explosieve vreetpartij...slechte smaak<br />

op z’n best!). De proloog is een op zichzelf staande kortfilm van<br />

Terry Gilliam (denk Brazil), een parodie op de oude zeeroversfilms,<br />

waarbij een eerbiedwaardige Engelse bank een aanval op<br />

Wall Street waagt. M.V.<br />

MONTY<br />

PYTHON<br />

MONTY PYTHON’S<br />

THE MEANING OF LIFE<br />

RÉAL : TERRY JONES & GILLIAM<br />

SC : GRAHAM CHAPMAN, JOHN<br />

CLEESE, TERRY GILLIAM, ÉRIC IDLE,<br />

TERRY JONES, MICHAEL PALIN<br />

PHOTO : PETER HANNAN<br />

PROD : JOHN GOLDSTONE<br />

AVEC :<br />

GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />

TERRY GILLIAM, ÉRIC IDLE,<br />

TERRY JONES, MICHAEL PALIN,<br />

CAROL CLEVELAND<br />

ROYAUME-UNI, 1983, 107’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


“L’Église d’Angleterre n’est pas une religion, c’est une<br />

sorte de Country Club qui sanctifie les modes de vie du<br />

conformisme.” Signée John Cleese (c’est le plus grand<br />

en taille des Monty Python), cette petite phrase suffit à<br />

rappeler l’amour mutuel que se vouent ces deux institutions,<br />

l’Église et les Python. Avec La Vie de Brian, le<br />

sextuor de comiques le plus génial fourni par la Grande-<br />

Bretagne signe sans doute son œuvre la plus aboutie.<br />

Fondé sur l’histoire la plus célèbre de l’humanité, le film<br />

nous propose pas moins qu’un mythe alternatif. Et si tout<br />

ce qu’on nous a fait croire sur le passage de Jésus Christ<br />

sur notre planète avait eu lieu de façon légèrement différente<br />

? Ainsi, tout est revisité par les Python. De l’arrivée<br />

des rois mages à la crucifixion, en passant par le sermon<br />

sur la montagne, Jésus, le “vrai”, doit partager la vedette<br />

avec un personnage plutôt sympathique, parfois un peu<br />

benêt, devenu Messie malgré lui : Brian ! Irrésistible de<br />

drôlerie, le film se révèle à l’usage finalement moins<br />

blasphématoire qu’on ne pouvait le penser. Ce sont<br />

plutôt la bêtise, le conformisme, le moutonnisme ou<br />

la lâcheté des différents personnages qu’ils mettent en<br />

scène qui semblent amuser les auteurs. <strong>Le</strong>squels ont dû<br />

bien s’amuser durant le tournage, puisque si Graham<br />

Chapman (décédé depuis) est Brian à l’écran, les cinq<br />

autres Monty Python interprètent à eux seuls quasiment<br />

tous les autres rôles. Apeurés par le sujet et surtout par<br />

son traitement iconoclaste, les producteurs originels ont<br />

51<br />

La Vie de Brian<br />

TERRY JONES<br />

lâché les Monty Python peu de temps avant le tournage.<br />

C’est finalement George Harrison, fan de la première<br />

heure, qui est venu à la rescousse. L’ancien Beatle avait<br />

déclaré à l’époque : “Financer La Vie de Brian est le seul<br />

moyen pour moi d’être sûr de pouvoir découvrir sur un<br />

grand écran un nouveau film des Monty Python.”<br />

St.St.<br />

•<br />

Met Mel Gibsons zwaar op de hand zijnde The Passion of the<br />

Christ fris in het geheugen, is dit een lichter verteerbare evangeliefilm<br />

wellicht een welkome afwisseling. <strong>Le</strong>g ‘het leven van<br />

Christus’ in handen van het illustere Monty Python-zestal en het<br />

resultaat, Monty Python’s Life of Brian (uit 1979) werd een<br />

compleet hilarisch vertelsel over de lotgevallen van de arme<br />

stakker Brian (vertolkt door de inmiddels overleden Graham<br />

Chapman) die in het stalleke naast dat van de Messias werd<br />

geboren. “Always look at the bright side of life” krijgt Brian aan<br />

het kruis te horen. De ‘fluitserenade’ is maar één van de vele<br />

komische hoogtepunten. Of zoals één filmrecensent het stelde:<br />

“Your funny bone is overdue for a tuneup”! Alle Python-leden<br />

nemen zoals gewoonlijk verschillende personages voor hun<br />

rekening. Voor Michael Palin zijn dat er maar liefst negen. M.V.<br />

MONTY<br />

PYTHON<br />

LIFE OF BRIAN<br />

RÉAL : TERRY JONES<br />

SC : GRAHAM CHAPMAN, JOHN<br />

CLEESE, TERRY GILLIAM, MICHAEL<br />

PALIN, ÉRIC IDLE, TERRY JONES<br />

PHOTO : PETER BIZIOU<br />

MUS : GEOFFREY BURGON<br />

PROD : GEORGE HARRISON,<br />

ORION PICTURES<br />

AVEC :<br />

GRAHAM CHAPMAN, JOHN CLEESE,<br />

TERRY GILLIAM, MICHAEL PALIN,<br />

ÉRIC IDLE, TERRY JONES,<br />

GEORGE HARRISON<br />

ROYAUME-UNI, 1979, 94’,<br />

COULEUR, VO ST FR


52<br />

CYCLE<br />

GUS VAN SANT


53<br />

Drugstore Cowboy<br />

Dans Drugstore Cowboy, son troisième long métrage,<br />

Gus Van Sant raconte la drôle de vie d’un jeune camé,<br />

depuis ses hold-ups dans les pharmacies jusqu’à sa tentative<br />

de désintoxication à la méthadone. En compagnie<br />

de ses copains de dérive dont sa petite amie et son<br />

“second”, à la fois idolâtre et soumis, notre antihéros<br />

sillonne les routes américaines. La caméra sans cesse<br />

inventive du cinéaste évite parfaitement le double piège<br />

classique de ce type de sujet : le voyeurisme et aussi la<br />

complaisance. Cet étrange road-movie jalonné de seringues<br />

est une sorte d’Alice’s Restaurant de la génération<br />

shootée – il faut dire que le film d’Arthur Penn sentait<br />

bien plus l’herbe que l’héro – qui nous fait partager toutes<br />

les sensations du personnage principal, ses angoisses,<br />

ses doutes, ses crises de manque, en passant par ses exaltations,<br />

certes éphémères mais très communicatives. A<br />

l’opposé dans son traitement de l’exceptionnel Requiem<br />

For A Dream, ce film original et culotté nous montre à<br />

quel point un junkie “professionnel” doit être audacieux,<br />

imaginatif et aussi témoigner d’un sens aigu de la stratégie<br />

s’il veut éviter la souffrance du manque. Pas de problème<br />

pour notre homme qui possède toutes les qualités<br />

requises. Matt Dillon, absolument parfait dans le rôle, a<br />

trouvé là sans doute son personnage le plus passionnant<br />

à interpréter depuis Rumble Fish. Enfin, ultime cerise sur<br />

le gâteau de ce long métrage plus que recommandable,<br />

la courte mais décisive apparition à la fin de l’histoire de<br />

GUS VAN SANT<br />

William S. Burroughs. Voir l’immense écrivain américain<br />

dans le rôle d’un curé camé jusqu’à la gauche, débitant<br />

des propos mi-philosophiques mi-humoristiques est un<br />

plaisir qu’il ne s’agit pas de se refuser.<br />

St.St.<br />

•<br />

Als de boodschap ‘drugs = ellende’ na The Panic in Needle<br />

Park nog niet volledig was doorgedrongen, helpt Drugstore<br />

Cowboy (1989) je wel uit je onwetendheid (of vice versa).<br />

Niet dat regisseur Gus Van Sant de moraalridder uithangt, de<br />

beelden spreken voor zichzelf (de film is trouwens gebaseerd<br />

op de autobiografie van een drugverslaafde). Dat Matt Dillon en<br />

Kelly Lynch (ze lijken wel Bonnie & Clyde aan de heroïne) en de<br />

rest van de cast schitterend acteren, helpt natuurlijk ook. Dillon<br />

is één van een groepje verslaafden (en bijzonder bijgelovig<br />

bovendien) die hun dagen doorbrengen met apotheken overvallen,<br />

wegrennen voor de politie en scoren. Er is absoluut niets<br />

glamoureus aan het dagelijks leven van een drugverslaafde,<br />

zoveel wordt al snel duidelijk. Beatnik hogepriester William<br />

S. Burroughs, die zelf ook een stevige appetijt voor heroïne had,<br />

speelt een...junkiepriester. M.V.<br />

GUS<br />

VAN SANT<br />

RÉAL : GUS VAN SANT<br />

SC : GUS VAN SANT, DANIEL YOST,<br />

D’APRÈS LE ROMAN DE<br />

JAMES FOGLE<br />

PHOTO : ROBERT YEOMAN<br />

MUS : ELLIOT GOLDENTHAL<br />

PROD : NICK WECHSLER,<br />

KAREN MURPHY, AVENUE PICTURES<br />

AVEC :<br />

MATT DILLON, KELLY LYNCH,<br />

JAMES LEGROS,<br />

HEATHER GRAHAM, JAMES REMAR,<br />

WILLIAM S. BURROUGHS<br />

ÉTATS-UNIS, 1989, 100’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Eu égard à ses médailles, son titre imposant et sa source<br />

d’inspiration, la tuerie du lycée américain de Columbine<br />

en 1999, on pourrait s’attendre à quelque chose de<br />

massif, une force de frappe, une sorte de blockbuster<br />

d’auteur. Or le film vous étreint immédiatement de sa<br />

délicatesse et sa douceur, avec ses ciels d’automne sur<br />

fond de “Sonate au clair de lune” et ses mouvements<br />

de caméra fluides comme ceux d’un œil flottant, porté<br />

par le vent. Ce jour-là, un garçon aux cheveux presque<br />

aussi jaunes que son T-shirt arrive au lycée comme s’il<br />

y habitait depuis toujours. Une fille boulotte erre en<br />

solitaire près des terrains de sport. Un adonis interrompt<br />

son heure de football américain pour rejoindre sa<br />

petite amie à l’autre bout du campus. Trois filles lookées<br />

Jennifer Lopez le dévorent des yeux à son passage. Un<br />

apprenti photographe cherche des modèles parmi les<br />

condisciples. C’est presque rien, mais c’est aussi tout<br />

le mystère et toute la beauté du teen-age, assurance<br />

radieuse ou envie lancinante de rentrer sous terre, cool<br />

attitude ou détermination fervente à accomplir tel but<br />

personnel.. Jusqu’à l’inéluctable, le cinéaste filme les<br />

meurtriers exactement de la manière dont il filme tous<br />

leurs condisciples : Alex s’applique à jouer la “<strong>Le</strong>ttre à<br />

Élise” comme Elias, le photographe en herbe, se concentre<br />

sur ses clichés. <strong>Le</strong> monstre, ce n’est pas quelqu’un.<br />

C’est l’instant X du passage à l’acte, la seconde qui vous<br />

transforme à jamais en bourreau. Mais cette seconde, si<br />

54<br />

Elephant<br />

GUS VAN SANT<br />

elle est montrable, demeure impensable. La légende de<br />

l’aveugle et de l’éléphant se vérifie évidemment : tourner<br />

sans fin autour de la chose ne permet pas d’en déterminer<br />

la nature. L’humilité du cinéaste en la matière est<br />

absolue, mais là réside précisément la puissance du film :<br />

traiter tout le monde en adultes et ne rien dissimuler de<br />

ces abîmes que la réalité, si souvent, nous ouvre.<br />

Louis Guichard, Télérama<br />

•<br />

Gus Van Sant is al z’n hele carrière gefascineerd door hoe<br />

jongeren de wereld zien en hun plaats erin vinden. Plaats<br />

van gebeuren is dit keer een middelbare school in Portland,<br />

Oregon (Van Sants woonplaats). Voor sommige scholieren<br />

is de school best leuk, voor anderen is het de hel. Maar er<br />

is meer : twee studenten plannen een schietpartij (of zoals<br />

iemand zei : ‘They are going to Columbine the school’). Van<br />

Sant, die net als in Gerry zeer improviserend te werk ging,<br />

volgt zijn ‘acteurs’ – bijna zonder uitzondering scholieren<br />

zonder acteerervaring – in wat een ordinaire schooldag lijkt,<br />

maar voor sommigen de laatste dag van hun leven zal blijken.<br />

Van Sant neemt geen standpunt in. De titel, Elephant (2003),<br />

verwijst naar een oud, boeddhistisch verhaal dat duidelijk<br />

maakt hoe de verklaring voor iets enorm complex vaak gereduceerd<br />

wordt tot de individuele ervaring. M.V.<br />

GUS<br />

VAN SANT<br />

RÉAL & SC : GUS VAN SANT<br />

PHOTO : HARRY SAVIDES<br />

MUS : HILDEGARD WESTERKAMP<br />

PROD : PIE FILMS, HBO,<br />

MENO FILM, FEARMAKERS STUDIOS<br />

AVEC :<br />

ALEX FROST, JOHN ROBINSON,<br />

ELIAS MCCONNELL, ÉRIC DEULEN,<br />

NICOLE GEORGE,<br />

BRITTANY MOUNTAIN<br />

ÉTATS-UNIS, 2003, 81’,<br />

COULEUR VO ST BIL


Aucun titre, pas de générique. On distingue vaguement<br />

deux silhouettes dans une vieille Mercedes cabossée.<br />

D’où viennent ces deux jeunes gens ? Où vont-ils ? Ils<br />

marchent et très vite se perdent. Ces deux bonshommes<br />

s’appellent Gerry et le film est le strict récit (la description<br />

plutôt) de leur balade dans le désert. Gerry inaugure le<br />

travail sur les durées que Gus Van Sant prolongera l’année<br />

suivante avec Elephant. Dans Gerry, les deux égarés<br />

sont écrasés par le soleil et l’immensité. Ils avancent mais<br />

ils ne bougent pas, les paysages défilent, eux font du surplace.<br />

Pris “entre la réserve cool et la panique muette”,<br />

les deux Gerry sont là, ici et maintenant, et c’est tout. Ils<br />

sont perdus, et ils n’en font pas un drame. Devant ces<br />

grands blocs de durée, on se doute que Gus Van Sant<br />

s’expose au reproche de formalisme. Or Gerry, comme<br />

Elephant, est un film bouleversant. Dans les deux films,<br />

le drame est là, il plane, il aura lieu, il a déjà eu lieu,<br />

marchons avec. Il n’y a plus qu’à bien se tenir, sans hurlement<br />

ni crise d’hystérie. Mais ce qui rend Gerry encore<br />

plus attachant dans l’œuvre de Gus Van Sant est que<br />

celui-ci se débarrasse de tout attirail pour se concentrer<br />

sur son unique sujet : l’amitié. Gerry raconte une histoire<br />

de fraternité qui touche profondément au processus<br />

d’inspiration du cinéaste qui fonctionne par fratries :<br />

la maison Phoenix, River (My Own Private Idaho), Rain<br />

(Even Cowgirls Get the Blues) et Joaquin (To Die For), la<br />

famille Affleck (Ben dans Good Will Hunting, Casey ici),<br />

55<br />

Gerry<br />

GUS VAN SANT<br />

ou la relation existant réellement entre Matt Damon et<br />

Casey Affleck. Ici, à aucun moment ils ne se séparent<br />

pour multiplier les chances de survie. Impossible donc<br />

de décider du rapport de forces jusqu’au bout, jusqu’à<br />

cette fin inattendue, acte de folie pure. Casey Affleck<br />

vient chercher son compagnon, il est au bord de la mort,<br />

le soleil se lève à la verticale. L’ami offre la mort rapide, il<br />

accompagne celui qui ne peut souffrir de mourir seul.<br />

d’après Stéphane Delorme, Cahiers du cinéma<br />

•<br />

Gus Van Sant wordt een man van weinig woorden. Dat wordt<br />

ook duidelijk in z’n nieuwste, Elephant, eveneens te zien op<br />

dit festival. Maar in het geval van Gerry (2002) is hij daar niet<br />

alleen verantwoordelijk voor. De schaarse dialoog in/en het<br />

script werd mee geleverd door acteurs Matt Damon en Casey<br />

Affleck. Damon en Affleck zijn twee vrienden, ze heten blijkbaar<br />

allebei Gerry, die samen op een wandeltocht in de woestijn<br />

gaan. ‘Gerry’ blijkt ook zoveel als ‘vergissing’ te betekenen,<br />

en dat is exact waar deze film over gaat : de verstrekkende<br />

gevolgen van een kleine misstap. De Gerry’s dwalen af van het<br />

wandelpad en verdwalen. En zonder eten of water kom je in<br />

een woestijn redelijk snel in levensgevaar. De oeroude vrees te<br />

verdwalen in een vijandelijke omgeving wordt versterkt door de<br />

beelden van de uitgestrekte, onherbergzame landschappen en<br />

de summiere dialoog. M.V.<br />

GUS<br />

VAN SANT<br />

RÉAL : GUS VAN SANT<br />

SC : CASEY AFFLECK,<br />

MATT DAMON, GUS VAN SANT<br />

PHOTO : HARRIS SAVIDES<br />

MUS : ARVO PÄRT<br />

PROD : MY CACTUS<br />

AVEC :<br />

CASEY AFFLECK, MATT DAMON<br />

ÉTATS-UNIS, 2002, 103’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Anima -Lune 186x241 25/05/04 13:23 Page 1<br />

© <strong>Ciné</strong>mathèque française<br />

m a d<br />

Chaque mercredi, le MAD, Magazine des Arts et du<br />

Divertissement. Tous les arts, toutes les cultures, toute<br />

l’actualité du cinéma, de la musique, des arts plastiques,<br />

de la littérature et de la danse. Sans oublier l’indispensable<br />

agenda des spectacles et le programme<br />

complet des films et festivals à l’affiche ...<br />

56<br />

<strong>Le</strong> Mad. On n’a encore rien trouvé de<br />

mieux depuis l‘invention du cinéma.<br />

<strong>Le</strong> Soir, j’ai envie de savoir.


To Die For commence par une mise en scène : Suzanne<br />

Stone s’adresse à la caméra pour nous raconter son<br />

histoire. On comprendra plus tard qu’elle se filme ellemême,<br />

en vidéo. Des unes de journaux défilent. On<br />

comprend qu’elle est mêlée à la mort de son mari. Sur<br />

un plateau de télévision genre reality show (encore une<br />

mise en scène), ses parents et beaux-parents témoignent.<br />

Nous allons tout savoir. All about Suzanne Stone : il y a<br />

du Mankiewicz dans cette narration en spirale arrière.<br />

Depuis le formidable Drugstore Cowboy, Gus Van Sant,<br />

cinéaste inventif et tourmenté, avait de plus en plus<br />

tendance à se regarder filmer. La veine classique de ce<br />

travail de commande l’oblige à une rigueur qui lui va<br />

plutôt bien. Il se laisse envahir, envoûter par le personnage<br />

de Suzanne Stone, et le tour est joué. Mais pour<br />

qu’il le soit vraiment, il fallait une actrice qui s’engage à<br />

fond, “prête à tout” elle aussi. Nicole Kidman est celle-là<br />

à contre-courant de ses rôles précédents. Comment une<br />

jeune femme aussi ravissante peut-elle ainsi cristalliser<br />

la haine du spectateur à mesure que le film avance ?<br />

En incarnant tout simplement la parfaite arriviste : une<br />

odieuse petite provinciale du New Hampshire, qui rêve<br />

de devenir star de la télé. Prête à tout, elle ira trop loin,<br />

sans jamais douter. Gus Van Sant épouse la perversité de<br />

son personnage, et c’est ce qui rend parfois son film irritant.<br />

La délectation avec laquelle il distille le venin sans<br />

jamais faire craquer le vernis pastel de la little America<br />

57<br />

To Die For<br />

GUS VAN SANT<br />

est pourtant contagieuse. Sous sa panoplie de poupée<br />

Barbie, l’héroïne devient le symbole presque ordinaire<br />

d’un nouveau “rêve” américain : se figer dans une image<br />

froide et bleutée. La fin de l’histoire vaut d’ailleurs son<br />

pesant d’ironie, mais elle ne rassure pas. Au détour de<br />

ce faux documentaire déguisé en fiction lisse aux images<br />

léchées, Van Sant nous dit bien que ce rêve est un vrai<br />

cauchemar.<br />

François Gorin, Télérama<br />

•<br />

Nicole Kidman had in 1995 al een Oscar moeten krijgen voor<br />

haar rol in To Die For, Gus Van Sants gitzwarte komedie over<br />

de nefaste gevolgen van mediageilheid. Kidman is meesterlijk<br />

als Suzanne Stone, een domme kip met maar één doel voor<br />

ogen: op tv komen. Volgens Suzanne word je daardoor een<br />

beter persoon, vermits iedereen kan zien wat je doet. Juist,<br />

ja. Haar echtgenoot – die haar carrière niet voldoende steunt<br />

– vermoorden, doet ze nog net niet op tv. Die daad laat ze<br />

over aan een naïeve, tot over z’n oren verliefde student (een<br />

heerlijke Joaquin Phoenix in één van z’n eerste rollen sinds z’n<br />

naamwijziging – voorheen heette hij <strong>Le</strong>af Phoenix). De onfortuinlijke<br />

echtgenoot wordt vertolkt door Matt Dillon. Soms vraag<br />

je je af of hij écht om zeep is gebracht. Waar is hij in godsnaam<br />

gebleven? Alvast niet in Elephant, Van Sants recente drama<br />

over schietpartijen op school. M.V.<br />

GUS<br />

VAN SANT<br />

PRÊTE À TOUT<br />

RÉAL : GUS VAN SANT<br />

SC : BUCK HENRY<br />

PHOTO : ÉRIC ALAN EDWARDS<br />

MUS : DANNY ELFMAN<br />

PROD : LAURA ZISKIN, RANK,<br />

COLUMBIA<br />

AVEC :<br />

NICOLE KIDMAN, MATT DILLON,<br />

JOAQUIN PHOENIX,<br />

ALISON FOLLAND, CASEY AFFLECK,<br />

ILLEANA DOUGLAS, DAN HEDAYA<br />

ÉTATS-UNIS, 1995, 106’,<br />

COULEUR VO ST BIL


58<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

À<br />

MATHIEU<br />

AMALRIC<br />

Mathieu Amalric viendra présenter<br />

l’ensemble de sa programmation<br />

lors de la projection de Il était une fois un merle chanteur<br />

le samedi 26 juin à 18h40


C’est l’histoire d’un éveil. Celui d’une jeune femme qui<br />

vit en 1879, à l’époque de la renaissance culturelle du<br />

Bengale, du grand bouillonnement des esprits, du règne<br />

incontesté d’une intelligentsia qui ressemble comme<br />

une sœur à l’intelligentsia russe décrite par Tchekhov à<br />

la même époque. Dans le monde entier, en cette fin du<br />

XIX e siècle, des idéalistes rêvent à un monde nouveau<br />

et croient à la noblesse du travail. “On nous appelle les<br />

riches oisifs, dit le mari de Charulata, je veux prouver<br />

le contraire.” Et ce riche bourgeois consacre son temps<br />

et sa fortune à La Sentinelle, un petit journal politique<br />

contestataire qu’il a créé. La Sentinelle, Bhupati l’avoue,<br />

est “le rival” de Charulata. Lui qui souhaite l’épanouissement<br />

de son peuple, n’a pas le temps de se soucier<br />

de celui de sa femme. Pourtant, il a reconnu en elle<br />

des dons d’écrivain. Charulata est poète. Alors Bhupati<br />

demande à Amal, un jeune cousin venu habiter chez eux<br />

et qui se destine lui-même à la littérature, de pousser sa<br />

femme à écrire. Mais, peu à peu, l’amitié fraternelle que<br />

Charulata porte à son cousin va se transformer en un<br />

autre sentiment qu’elle mettra longtemps à reconnaître.<br />

“Ce sont les demi-ombres, les notes à peine audibles<br />

que je veux capter et explorer”, a écrit Satyajit Ray. C’est<br />

exactement ce qu’il fait ici. L’éveil de Charulata à la vie,<br />

à l’amour, à l’art – poussée par le dépit amoureux, elle<br />

va enfin oser écrire – nous est conté avec une délicatesse<br />

extrême, sur la pointe des sentiments. Et les personnages<br />

59<br />

Charulata<br />

SATYAJIT RAY<br />

ne montrent pas moins de délicatesse. Satyajit Ray est à<br />

la fois le peintre du temps qui passe et de l’immuable. Il<br />

décrit moins des actes qu’il nous donne à sentir la durée.<br />

Car la vie pour lui n’est pas tissée d’événements mais<br />

d’instants. Et chacun d’eux est un morceau d’éternité.<br />

Claude-Marie Trémois, Télérama<br />

•<br />

Charulata (1964) is het titelpersonage uit Satyajit Rays<br />

– algemeen beschouwd als één van India’s toonaangevende<br />

regisseurs – meest tedere en ontroerende film. Charulata<br />

leeft in het India van rond 1870 een eenzaam bestaan. Haar<br />

echtgenoot, die al zijn tijd in z’n werk investeert, realiseert<br />

zich dat ze ongelukkig is en vraagt zijn schoonbroer haar<br />

gezelschap te houden. De jonge schrijver maakt een verborgen<br />

passie in haar wakker. Charulata roept herinneringen<br />

op aan (verfilmingen van) het werk van Henry James of<br />

Anton Tsjechov, maar is geïnspireerd op een verhaal van de<br />

Bengaalse schrijver Rabindranath Tagore. Het is een gracieus,<br />

elegant, zelfs grappige pareltje (zij het met een bijzonder ernstige<br />

ondertoon). Ray neemt niet alleen de tijd om z’n verhaal<br />

te vertellen, een verademing in deze overspannen tijden, hij<br />

haalt bovendien het beste uit zijn talentvolle cast. M.V.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL, SC & MUS : SATYAJIT RAY<br />

PHOTO : SUBRATA MITRA<br />

PROD : RD BANSAL,<br />

A NORMAN-GHOSAL<br />

AVEC :<br />

MADHABI MUKHERJEE,<br />

SAILEN MUKHERJEE,<br />

SOUMITRA CHATTERJEE<br />

INDE, 1964, 117’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL


60<br />

Il était une fois un merle chanteur<br />

<strong>Le</strong> premier long métrage de Iosseliani est de ceux qui<br />

attirent tout naturellement les sympathies, à l’image de<br />

son héros, personnage merveilleusement farfelu, charmeur<br />

et charmant, de ceux qui, par leur seule présence,<br />

mettent un rayon de soleil dans la vie des autres. Nous<br />

voilà avec ce musicien bohème à cent lieues du réalisme<br />

socialiste. Avec Guia, en tout cas, nous sommes loin du<br />

“héros positif ” cher à la culture stalinienne. Au contraire,<br />

sommes-nous mis en présence d’un personnage – antihéros<br />

par excellence – foncièrement non conformiste,<br />

et qui sera en l’occurrence un perpétuel sujet d’étonnement.<br />

Guia Agaladze, dont on nous raconte une<br />

journée qui, par accident, sera peut-être sa dernière, fait<br />

profession de timbalier dans l’orchestre philharmonique<br />

de Tbilissi, capitale de la Géorgie. <strong>Le</strong> je-m’en-foutisme<br />

amusé qu’affiche notre timbalier à l’égard d’une profession<br />

strictement alimentaire lui vaut même d’être, au<br />

moment où nous faisons sa connaissance, sérieusement<br />

menacé de renvoi. Or, il s’avérera très vite, à le suivre<br />

dans les rues d’une Tbilissi mi-orientales, mi-méridionales,<br />

que ce “mauvais sujet” est un être rare, cultivant,<br />

comme un don inné, un certain art de vivre, et dispensant<br />

autour de lui son poids de bonheur. Aimant les femmes<br />

et aimé d’elles, fait pour divertir et se divertir, connaissant<br />

le prix de l’amitié, et dès lors apprécié de tous,<br />

Guia, ce bon à rien, ce papillon un peu fou, cet amuseur,<br />

ce voltigeur, cet évaporé, nous est présenté comme le<br />

OTAR IOSSELIANI<br />

plus indispensable, le plus précieux, le plus riche en<br />

somme, des hommes. Tourné en noir et blanc dans les<br />

lieux mêmes où se passe l’action, dans un style proche à<br />

tout prendre de l’ex-nouvelle vague française ou encore<br />

des films tchèques de l’époque du Printemps de Prague,<br />

Il était une fois un merle chanteur est une œuvre illuminée<br />

comme par un sourire permanent, comme par une aura.<br />

Un film en état de grâce.<br />

Maurice-Émile Palme, <strong>Le</strong> Peuple<br />

•<br />

De percussionist van het orkest van Tbilissi heeft de slechte<br />

gewoonte om precies op het moment te arriveren dat hij zijn<br />

enkele slagen moet plaatsen, of het nu om een repetitie of<br />

concert gaat. Hij is dan ook zorgeloos man, vrij van alle sociale<br />

verplichtingen, die zijn dagen doorbrengt met zijn vrienden<br />

muzikanten en met het versieren van meisjes. Kortom, een<br />

dromerige, ondoorgrondelijke, maar sympathieke held, die zich<br />

stilletjes door het leven in slaap laat wiegen.<br />

Het poëtisch-burleske Er was eens een zingende merel<br />

(Iko shashvi mgalobeli) is een van de vroege films van de<br />

Georgische, maar inmiddels naar Frankrijk uitgewezen cineast<br />

Otar Iosseliani. Deze vederlichte, intimistische kroniek in zwartwit<br />

werd indertijd door de Russische autoriteiten voor export<br />

verboden en vormt uiteraard een blauwdruk voor Iosseliani’s<br />

later werk (van Adieu, plancher des vaches over Chasse aux<br />

papillons tot Lundi matin). L.J.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

MATHIEU AMALRIC<br />

VIENDRA PRÉSENTER<br />

L’ENSEMBLE DE<br />

SA PROGRAMMATION<br />

LE SAMEDI 26 JUIN À 18H40<br />

RÉAL & SC : OTAR IOSSELIANI<br />

PHOTO : ABESALOM MAÏSOURADZE<br />

MUS : TAÏMOURAZ BAKOURADZE<br />

PROD : Z. CHKHAIDZE<br />

AVEC :<br />

GUELA KANDELAKI, GOGUI<br />

TCHEIDZE, IRIN DJANDIERI<br />

URSS (GÉORGIE), 1970, 85’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


61<br />

Mes petites amoureuses<br />

Quelques mois de la vie d’un garçon, aux environs de<br />

sa quatorzième année. Ainsi pourrait-on (grossièrement)<br />

résumer le film. Quatorze ans, c’est l’âge où l’on est mal<br />

dans sa peau. Où il faut sortir du monde relativement<br />

protégé de l’enfance pour aborder seul, sans carte<br />

et sans boussole, le territoire inconnu des adultes et,<br />

dépendant de ce territoire, cet enclos réservé, fascinant<br />

qu’on brûle de connaître, l’enclos des filles. Plus grave<br />

que ces bagatelles – c’est l’autre aspect du film –, il y a<br />

le reste. <strong>Le</strong> reste, c’est-à-dire la découverte par Daniel<br />

du monde extérieur, des “autres”, de ce qu’on appelle<br />

la société, avec ses lois et ses rouages. La Maman et la<br />

Putain était un film de paroles. Mes petites amoureuses<br />

est un film de regards. Martin Loeb, le jeune garçon qui<br />

incarne Daniel, ne joue pas (ne singe pas le naturel) et<br />

parle à peine. Il se contente d’être présent, de regarder.<br />

Regard parfois glacial, gênant à force d’acuité et de<br />

perspicacité. Ce n’est pas un monde déformé, travesti<br />

par des yeux d’enfant, que Daniel nous fait découvrir,<br />

c’est la réalité nue, dépouillée de ses voiles et de ses oripeaux.<br />

Cette réalité, Daniel l’examine comme un objet<br />

insolite. Il s’en approche avec sérieux et méfiance. Elle<br />

l’attire et le blesse. Il la désire et la repousse. S’il fallait<br />

trouver à Jean Eustache des maîtres, c’est à Bresson et<br />

à Renoir qu’on penserait. Comme Bresson, Eustache<br />

filtre, décante, refuse le sentimentalisme, le vérisme, la<br />

décalcomanie du réel. Janséniste à sa manière, Eustache<br />

JEAN EUSTACHE<br />

dresse un constat parfois cruel. Mais sous la froideur<br />

des images percent (ce qui nous rapproche de Renoir)<br />

l’humour et la tendresse. Film lucide, dont la dureté est<br />

celle de la lucidité. Film à l’image du petit homme qui<br />

le traverse. Parfois triste, jamais geignard. Ce n’est pas<br />

facile de vivre, mais enfin on ne pleure pas tous les jours.<br />

Et, quand les petites amoureuses sont gentilles, il arrive<br />

même que le Père Noël ait les yeux bleus.<br />

d’après Jean de Baroncelli, <strong>Le</strong> Monde<br />

•<br />

Mes petites amoureuses (uit 1974) is een bedrieglijk<br />

charmant, maar beklijvend semi autobiografisch verhaal<br />

– gebaseerd op regisseur Jean Eustache’s herinneringen aan<br />

zijn eigen adolescentie – over een jongeman die, opgegroeid<br />

bij z’n oma, nu wordt versast naar een grootstad om bij z’n<br />

moeder en haar minnaar te gaan leven. In een jaar tijd evolueert<br />

hij van een schuchtere, intelligente plattelandsjongen<br />

tot een luidruchtige tiener, die school voor een stom baantje<br />

moet inruilen en rondhangt met de verkeerde vrienden.<br />

Eustache, die zich wellicht nooit goed in zijn vel heeft gevoeld<br />

(hij pleegde zelfmoord in 1981), raakt thema’s aan die elke<br />

(mannelijke) tiener herkent, of ex-tiener zich herinnert. De<br />

moeizame omgang/communicatie met het andere geslacht,<br />

ondermeer (wat zich in dit geval uit in ‘als ze ‘nee’ zeggen,<br />

bedoelen ze ‘ja’-wangedrag). M.V.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL & SC : JEAN EUSTACHE<br />

PHOTO : NESTOR ALMENDROS<br />

MUS : CHARLES TRENET,<br />

THÉODORE BOTREL<br />

PROD : ELITE FILM<br />

AVEC :<br />

MARTIN LOEB, INGRID CAVEN,<br />

JACQUELINE DUFRANNE,<br />

MAURICE PIALAT<br />

FRANCE, 1974, 123’,<br />

COULEUR, VOF


62<br />

Nous ne vieillirons pas ensemble<br />

Maurice Pialat a déjà quarante-sept ans quand il réalise<br />

Nous ne vieillirons pas ensemble qui n’est que son second<br />

long métrage. En filmant l’histoire douloureuse d’une<br />

relation amoureuse qui s’épuise jusqu’à la destruction,<br />

le futur cinéaste de Loulou et de A nos amours trouve là<br />

ce qui allait devenir son style. Filmant au plus près des<br />

sentiments humains, sans jamais en minimiser la cruauté,<br />

le cinéaste nous offre une œuvre dure, physique qui livre<br />

une vérité instantanée. La relation passionnelle, narcissique,<br />

complaisante qui unit le cinéaste Jean (Jean Yanne)<br />

et la secrétaire Catherine (Marlène Jobert) donne lieu à<br />

une saisissante chronique de l’ambiguïté des sentiments<br />

humains où “je t’aime” et “je te hais” ne font plus qu’un.<br />

Avant de devenir un film, Nous ne vieillirons pas ensemble<br />

est un livre, un livre autobiographique. Cet aspect a conditionné<br />

toute la fabrication du film pour Maurice Pialat<br />

qui déclarait à l’époque : “J’ai toujours pensé qu’il fallait<br />

pour ce film des acteurs qui aient une réelle ressemblance<br />

avec les protagonistes de la véritable histoire. Jean<br />

Yanne, je le crois du moins, a une certaine ressemblance<br />

morphologique avec moi. Et Marlène Jobert ressemble<br />

beaucoup au personnage qui a réellement vécu cette<br />

histoire.” Couronné d’un prix d’interprétation masculine<br />

au Festival de Cannes en 1972, Jean Yanne trouve là un<br />

de ces rôles qu’il adorait interpréter, celui du Français<br />

salaud mais non dépourvu d’humanité qu’il nous avait<br />

déjà proposé dans deux excellents Chabrol, <strong>Le</strong> boucher<br />

MAURICE PIALAT<br />

et Que la bête meure. Face à lui, Marlène Jobert nous<br />

livre sans doute la performance la plus émouvante de<br />

sa carrière.<br />

St. St.<br />

•<br />

“...will you still need me, will you still feed me, when I am<br />

sixty-four...”. Of was het sixty-five? Anyway...The Beatles zongen<br />

het al, en het staat hoog op de wensenlijst van de meeste<br />

koppels: samen oud worden. Jammer, maar helaas, het is Jean<br />

en Catherine (Jean Yanne en Marlène Jobert) niet gegund. In<br />

Nous ne viellirons pas ensemble, een autobiografisch liefdesdrama<br />

van Maurice Pialat uit 1972, zien we hoe er op de<br />

relatie van minnaars Jean en Catherine (Jean is getrouwd, maar<br />

niet met Catherine) na zes jaar behoorlijk sleet begint te komen.<br />

Het afscheidsproces – dat op gang komt tijdens een gezamelijke<br />

trip – uit zich in emotionele uitbarstingen van verdriet,<br />

frustratie en woede. Pialat wordt wel eens met Ingmar Bergman<br />

vergeleken. Dat wordt duidelijk in de manier waarop Pialat de<br />

twee geliefden portretteert : ze zitten in een val waaruit ze zich<br />

niet kunnen, niet willen vrijmaken. M.V.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL & SC : MAURICE PIALAT<br />

PHOTO : LUCIANO TOVOLI<br />

MUS : JOSEPH HAYDN<br />

PROD : LIDO FILMS, EMPIRE FILMS<br />

AVEC :<br />

MARLÈNE JOBERT, JEAN YANNE,<br />

MACHA MÉRIL, CHRISTINE<br />

FABREGA, JACQUES GALLAND,<br />

MUSE DALBRAY, PATRICIA<br />

PIÉRANGELI, MAURICE RISCH<br />

FRANCE, 1972, 106’,<br />

COULEUR, VOF ST NL


63<br />

Punishment Park<br />

En 1970, tandis que les États-Unis s’embourbent au<br />

Vietnam, Nixon décrète l’état d’urgence. <strong>Le</strong>s opposants<br />

à la politique du gouvernement susceptibles de mettre<br />

en danger la sécurité intérieure du pays par des actes<br />

de terrorisme (pacifistes, déserteurs, anarchistes) sont<br />

aussitôt placés en détention et jugés expéditivement par<br />

un tribunal civil. A l’énoncé de sentences pouvant aller<br />

jusqu’à vingt ans de prison, les jeunes condamnés ont<br />

la possibilité de commuer leurs peines en trois jours à<br />

Punishment Park, un centre de redressement situé dans<br />

le désert californien. Là-bas, les gardiens laissent miroiter<br />

la liberté aux détenus qui parviendront – à pied, sans<br />

eau ni nourriture – à rallier le drapeau américain situé<br />

à plusieurs dizaines de kilomètres, en pleine fournaise.<br />

Peter Watkins est l’inventeur du documentaire spéculatif,<br />

ce que l’on pourrait appeler des actualités virtuelles, qui<br />

s’attachent à la réalité probable d’un événement qui n’a<br />

pas eu lieu à des fins évidemment démonstratives. Cet<br />

acharnement à mettre en scène cette pseudo-réalité<br />

nécessite un très savant – et indiscernable – dispositif que<br />

Watkins a perfectionné de film en film : interprétation<br />

non professionnelle, filmage caméra à l’épaule, regardscaméra,<br />

etc. Punishment Park atteint une dimension<br />

paranoïaque extrême, devenant une entreprise fascinante<br />

de perversité. <strong>Le</strong>s motivations de Watkins sont claires :<br />

démontrer que le gouvernement républicain retourne à<br />

la barbarie. La paranoïa traverse donc les deux camps :<br />

PETER WATKINS<br />

Nixon et ses sbires, effrayés par quelques agitateurs inoffensifs,<br />

et les gauchistes, résignés à souffrir le martyre en<br />

se faisant courser comme des lapins. Mais pas question<br />

pour Watkins de fouiller dans les poubelles de l’actualité.<br />

<strong>Le</strong> cinéaste préfère utiliser une phobie primitive, un<br />

tabou (le gibier humain) pour étayer son raisonnement à<br />

propos d’une nation molochéenne dévorant ses enfants,<br />

monstrueuse anticipation de cannibalisme politique.<br />

d’après Olivier Père, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

Peter Watkins is een Brits regisseur die momenteel in<br />

Scandinavië woont en werkt als documentair filmer, maar in de<br />

jaren zestig en zeventig vooral naam maakte met pseudo-documentaires<br />

(en één relatief succesvolle langspeelfilm, Privilege,<br />

uit 1967). Eén daarvan is Punishment Park (uit 1971). Een<br />

groepje hippies wordt door soldaten door de woestijn geëscorteerd<br />

in wat een bizar spelletje lijkt. Een nieuwsploeg (onder<br />

leiding van Watkins) maakt een reportage van het gebeuren<br />

(en moet ondertussen toezien dat de soldaten ‘zich gedragen’).<br />

Naar het einde van de trip beginnen de spanningen op te<br />

lopen. En het is daar dat de lijn tussen fictie en realiteit begint<br />

te vervagen. Zijn de – meestal amateurs – nog steeds aan het<br />

acteren, of wordt het uithoudingsvermogen aan beide zijden<br />

echt op de proef gesteld? Zelden vertoond en een voorsmaakje<br />

van de huidige realityTV-epidemie. M.V.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL & SC : PETER WATKINS<br />

PHOTO : JOAN CHURCHILL,<br />

PETER SMOKLER<br />

MUS : PAUL MOTIAN<br />

PROD : SUSAN MARTIN<br />

AVEC :<br />

JIM BOHAN, CARMEN ARGENZIANO,<br />

STAN ARMSTED,<br />

FREDERIK FRANKLYN<br />

ÉTATS-UNIS, 1971, 88’,<br />

COULEUR, VO ST FR


64<br />

Richter, l’insoumis<br />

Richter dans la neige à Moscou. Son visage, ce sourire<br />

imperceptible : comment décrire l’impression d’insolence,<br />

de jeunesse solaire ? Quel charme ! Image en noir et<br />

blanc, au tout début du film de Bruno Monsaingeon, un<br />

portrait de musicien comme on n’en voit pas souvent. On<br />

a toujours envie – une furieuse envie – de revoir cette<br />

silhouette dont l’énergie semble un défi au temps. <strong>Le</strong><br />

“jeune homme incroyablement intense” a pourtant vieilli,<br />

et c’est au soir de sa vie, déjà malade et amaigri, que le<br />

pianiste légendaire lit pour Monsaingeon des extraits de<br />

son Journal. Parfois il s’arrête. Silence, une remarque.<br />

<strong>Le</strong> même humour tranchant ! Est-ce son origine complexe<br />

(russe et allemande, deux pères) qui a donné une<br />

distance à cet homme “indifférent aux événements, à la<br />

politique, aux louanges et aux biens” ? Sviatoslav Richter<br />

a traversé quatre-vingt-deux ans d’histoire soviétique en<br />

n’étant ni musicien officiel ni dissident. Enfance douloureuse,<br />

apprentissage du piano iconoclaste, l’ardent jeune<br />

homme s’impose aussitôt. <strong>Le</strong> film de Bruno Monsaingeon<br />

est une œuvre qui communique l’esprit du musicien, cette<br />

planète où ne compte que la recherche de l’interprétation<br />

parfaite. C.H., <strong>Le</strong> Monde<br />

Richter parle évidemment beaucoup de musique, avec<br />

une franchise assassine. Si Britten a droit à des mots doux,<br />

Prokofiev est déclaré “capable de vous buter contre un<br />

mur”. Quant à Karajan, c’est “une vrai mule”. A com-<br />

BRUNO MONSAINGEON<br />

parer avec le torrent de louanges que ses pairs pianistes<br />

décernent à Richter : Rubinstein voit en lui un musicien<br />

“colossal qui chante avec son piano” et Gould rend hommage<br />

à “l’un des communicateurs les plus puissants de<br />

son époque”. Mais la grande surprise de ce documentaire<br />

est de découvrir un Richter bon vivant, à rebours de son<br />

image austère et de son penchant à l’autodénigrement<br />

(“Je ne m’aime pas, voilà tout”, reconnaît-il au terme du<br />

film). Surprise et bonheur de voir le pianiste en perruque<br />

jouant le rôle de Liszt ou débouchant une bouteille de<br />

champagne… S.G., Libération<br />

•<br />

De Rus Sviatoslav Richter (1915-1997) geldt al een van<br />

de grootste pianisten aller tijden. In documentaire Richter,<br />

l’insoumis (Richter, de weerspannige) van Bruno Monsaingeon<br />

doorbreekt hij de stilte en spreekt deze anticonformist, die<br />

publiciteit meed als de pest, voor het eerst vrijuit over zijn wilde<br />

kindertijd, zijn opleiding in Odessa, zijn debuut als concertpianist<br />

in een land gefolterd door oorlog en de Stalin-terreur en<br />

zijn ontmoetingen met de allergrootsten, waaronder Prokofiev,<br />

Horowitz en Rubinstein. Autodidact Richter, een van de reuzen<br />

van de twintigste eeuw, werpt zich hier op als een geboren en<br />

ontwapenend verteller en zijn kijk op zijn tumultueus leven is<br />

tegelijk scherp en helder. Het resultaat is een adembenemend<br />

portet, doorweven met archiefmateriaal uit de jaren dertig en<br />

talrijke zeldzame, onuitgegeven concertopnamen. L.J.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL : BRUNO MONSAINGEON<br />

MUS : BACH, LISZT,<br />

PROKOFIEV<br />

AVEC :<br />

SVIATOSLAV RICHTER<br />

FRANCE, 1998, 158’,<br />

COULEUR, VO ST FR


<strong>Le</strong>s figures criminelles ont toujours exercé sur le cinéma<br />

une attraction intense, assurément productive et bien<br />

souvent ambiguë. De L’enfer est à lui à Seven, en passant<br />

par La Nuit du chasseur, L’Ombre d’un doute, Bonnie and<br />

Clyde et Pierrot le fou (pour ne citer que quelques titres<br />

marquants), les portraits ne manquent pas de ces bandits<br />

à la gâchette facile. Du livre qui lui révéla le parcours<br />

de Roberto Succo, Cédric Kahn a retenu d’abord la<br />

précision dans le récit des faits. <strong>Le</strong> jeune réalisateur de<br />

Bar des rails, de Trop de bonheur et d’une adaptation<br />

marquante du roman d’Alberto Moravia, L’Ennui, nous<br />

invite à suivre non seulement la cavale finale du tueur,<br />

mais aussi l’enquête menée par un gendarme français. Il<br />

nous emmène dans l’intimité des victimes de Succo, et<br />

dans celle de sa petite amie, une adolescente. Cette multiplication<br />

des points de vue élargit le propos en même<br />

temps qu’il place le film à l’abri de toute identification<br />

manipulatrice. Kahn ne fait pas du hors-la-loi un héros,<br />

ni une victime de la société. Il ne le réduit pas non plus<br />

à un monstre sans âme. Il nous invite plutôt à regarder<br />

le crime et le criminel en face, droit dans les yeux. Pour<br />

y apercevoir, peut-être, l’abîme d’une folie meurtrière<br />

comme l’être humain peut parfois en être saisi, et dont<br />

aucune explication socio-psychologique ne saurait totalement<br />

percer l’épais et terrifiant mystère. Servi par des<br />

interprètes très vrais (dont Stefano Cassetti, dans le rôletitre),<br />

Roberto Succo bénéficie d’une mise en scène inspi-<br />

65<br />

Roberto Succo<br />

CÉDRIC KAHN<br />

rée, jouant avec rigueur de la distance et de la proximité.<br />

Cédric Kahn s’y acquitte remarquablement du double<br />

impératif cinématographique et moral qui était le sien<br />

en abordant le film. Peu de réalisateurs avant lui avaient<br />

réussi cette délicate balance, sans lecture idéologique ni<br />

fascination morbide.<br />

Louis Danvers, <strong>Le</strong> Vif-L’Express<br />

•<br />

De ‘andere’ Kahn-film op het programma, naast Feux rouges,<br />

is Roberto Succo (2001). Succo (schitterende vertolking van<br />

nieuwkomer Stefano Casseti) is een man met een serieus<br />

probleem. Soms charmant – waardoor teveel jonge vrouwen<br />

uiteindelijk voor hem door de knieën gaan - soms extreem<br />

gewelddadig, trekt hij een spoor van dood en vernieling door<br />

een mooi stukje van Europa. Roberto Succo is het zwaardere<br />

werk – denk C’est arrivé près de chez vous – maar daarom<br />

niet minder interessant. Of zoals iemand opmerkte: “Het lijkt<br />

enkel voor Fransen weggelegd met zulke film te komen aandraven:<br />

emotioneel, uitdagend, krachtig, maar nooit goedkoop<br />

of sentimenteel”. Regisseur Cédric Kahn beperkt er zich toe te<br />

registreren: het innemen van een standpunt laat hij aan de toeschouwer<br />

over. Geen sinecure, als je weet dat serimoordenaar<br />

Roberto Succo echt heeft bestaan. M.V.<br />

CARTE<br />

BLANCHE<br />

RÉAL : CÉDRIC KAHN<br />

SC : CÉDRIC KAHN,<br />

D’APRÈS LE LIVRE DE<br />

PASCALE FROMENT<br />

PHOTO : PASCAL MARTI<br />

MUS : JULIEN CIVANGE<br />

PROD : AGAT FILMS, DIAPHANA<br />

FILMS, EX NIHILO, FRANCE 3<br />

AVEC :<br />

STEFANO CASSETTI,<br />

ISILD LE BESCO,<br />

PATRICK DELL’ISOLA,<br />

VINCENT DENERIAZ<br />

FRANCE, 2001, 124’,<br />

COULEUR, VOF


CYCLE<br />

ELIA KAZAN


A Face in the Crowd<br />

Marcia Jeffries, la nièce du directeur de la petite station<br />

de Pigott, dans l’Arkansas, mène une enquête dans<br />

divers milieux pour l’émission “Un homme dans la<br />

foule”. Elle se rend à la prison et découvre un vagabond<br />

poète, Lonesome Rhodes, incarcéré pour ivresse et tapage<br />

nocturne. Marcia fait débuter Lonesome dans son<br />

émission et, très vite, Rhodes conquiert les auditeurs. La<br />

télévision de Memphis l’engage. Il a un tel impact sur le<br />

public et un tel succès que son ambition ne connaît plus<br />

de bornes. S’il dénonce d’abord les shérifs corrompus, il<br />

finit par créer un corps d’élite réactionnaire. Son mépris<br />

pour Marcia et pour son public le mènera à sa perte.<br />

Un film remarquable, peut-être le meilleur de Kazan. Ce<br />

conte moral sur la brusque ascension et la chute tout<br />

aussi précipitée d’un quidam via les médias est d’une<br />

richesse, d’une férocité et d’une sagacité inouïes. En parfaite<br />

symbiose, Kazan et son scénariste Budd Schulberg<br />

n’ont eu qu’un souci, traquer la vérité et capter l’air du<br />

temps. Ils y ont pleinement réussi. Tout fait vrai parce<br />

que tout est vrai. Andy Griffith est un vrai chanteur, la<br />

ville décrite est la véritable ville de Pigott dans l’Arkansas,<br />

la musique a été écrite par un authentique chanteur<br />

country, et les auteurs ont engagé des gens de la partie<br />

originaire de Memphis et assisté à deux séances chez<br />

un groupe de publicitaires. Un souci de véracité aussi<br />

scrupuleux ne pouvait que porter ses fruits, et ce portrait<br />

corrosif de l’Amérique de 1957 reste parfaitement d’ac-<br />

67<br />

ELIA KAZAN<br />

tualité un demi-siècle plus tard : mythe du succès à tout<br />

prix, publicité ridicule et pourtant efficace, dangers de la<br />

télévision qui privilégie les apparences, statut honteusement<br />

privilégié des amuseurs publics… rien de tout cela<br />

– malheureusement sans doute – ne sent la naphtaline.<br />

Guy Bellinger, Guide des Films<br />

•<br />

A Face in the Crowd (1957) was de manier waarop Elia<br />

Kazan met mediageilheid en de perverse macht van de media<br />

afrekent. De titel is de naam van een radioprogramma en z’n<br />

ster is Lonesome Rhodes (een overtuigende Andy Griffith), een<br />

boerenkinkel uit Arkansas die z’n snelgroeiende populariteit<br />

niet aankan en uitgroeit tot ‘a demagogue in denim’. Neem<br />

het hem maar eens kwalijk. Populariteit was toen, net als nu,<br />

een verplichting. Patricia Neal is Marsha Jeffries, Lonesome’s<br />

manager en liefje, die aanvankelijk als een Stepford wife naar<br />

haar mannetje opkijkt, maar uiteindelijk onnuchtert (Walter<br />

Matthau zit daar voor iets tussen). Waardoor in de finale, net als<br />

in A Streetcar Named Desire, een radeloze man een vrouwennaam<br />

schreeuwt. De film roept herinneringen op aan Network,<br />

Bob Roberts en aan alle volksmenners die zich‘de stem van het<br />

volk’ aanmeten voor eigen gewin. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

UN HOMME DANS LA FOULE<br />

RÉAL : ELIA KAZAN<br />

SC : BUDD SCHULBERG<br />

PHOTO : HARRY STRADLING,<br />

GAYNE RESCHER<br />

MUS : TOM GLAZER<br />

PROD : ELIA KAZAN<br />

(NEWTON PRODUCTIONS)<br />

AVEC :<br />

ANDY GRIFFITH, PATRICIA NEAL,<br />

ANTHONY FRANCIOSA, WALTER<br />

MATTHAU, LEE REMICK<br />

ÉTATS-UNIS, 1957, 123’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


68<br />

A Streetcar Named Desire<br />

Ce film marque la première adaptation à l’écran de<br />

Tennessee Williams et de son univers. Pour Kazan c’est<br />

également un pas en avant puisque c’est une première<br />

approximation de son univers, relativement éloigné de<br />

celui de Williams mais encore plus étranger au monde<br />

des films Fox tournés jusque-là. Entre le réalisme de<br />

Gentleman’s Agreement et l’onirisme de A Streetcar<br />

Named Desire, il finira par trouver un compromis dans<br />

ses œuvres les plus harmonieuses. Mais on voit par une<br />

de ses déclarations en quoi l’œuvre de Williams pouvait<br />

le fasciner : “C’est le premier dramaturge qui ait osé<br />

décomprimer certains refoulements de l’âme américaine<br />

avec autant d’insistance et de poésie. Ses plaidoiries,<br />

sur le plan sexuel, équivalent à une croisade antiraciste,<br />

pour qui sait voir, et entendre.” L’analyse la plus précise<br />

du film par Roger Tailleur (Elia Kazan, Seghers) explique<br />

les aspects les plus outranciers du film : “Comme les<br />

Grecs tiraient de crimes leurs mythes et leurs tragédies,<br />

Williams nourrit les siens de vices. Beaucoup plus qu’un<br />

réaliste, poétique ou non, c’est un symboliste moral,<br />

de la lignée bien américaine, sinon de la stature des<br />

Hawthorne, Melville et Poe. Il est cependant une forme<br />

de réalisme chez Williams, à laquelle Kazan ne pouvait<br />

rester insensible. C’est celle qui préside à la conception<br />

de personnages dépourvus des étiquettes morales de la<br />

tradition ou du répertoire ; ni bons ni méchants chez<br />

lui, ni de juges ni de condamnés, seules des personnes<br />

ELIA KAZAN<br />

réelles, inévitablement sexuées, parfois dotées de conscience<br />

sociale, à l’ontologique ambiguïté. Si le ‘train<br />

électrique’ de Kazan prend en 1950 l’allure du tramway<br />

williamsien, c’est moins pour ralentir que pour bifurquer<br />

quelque peu. Car le plus célèbre voyageur du nouveau<br />

véhicule, Marlon Brando, apporte avec lui les éclats<br />

d’un jeu volcanique, et toute une science inégalée du<br />

paroxysme qui seront inséparables désormais du discours<br />

de l’auteur.”<br />

Roger Boussinot, Encyclopédie du cinéma<br />

•<br />

Met de verfilming van Tennessee Williams’ A Streetcar Named<br />

Desire introduceerde Marlon Brando in 1951 zowel Method<br />

Acting als het fenomeen Brando (in doorkijk t-shirt!) bij het<br />

brede filmpubliek. Voorheen had hij de rol van onweerstaanbare<br />

bruut Stanley Kowalski, die de dromen en de eerbaarheid van<br />

zijn geestelijk fragiele schoonzus ruineert, al met veel succes<br />

op Broadway gebracht. Vivien <strong>Le</strong>ighs vertolking van neurotische,<br />

zuidelijke tanende schone Blanche ‘I always depended on the<br />

kindness of strangers’ Dubois werd met een Oscar beloond.<br />

Regisseur Elia Kazan had de grootste moeite dit beladen drama<br />

– gesitueerd in zwoel New Orleans - uit de tengels van de <strong>Le</strong>gion<br />

of Decency (lees: de censuur) te houden. Van impact gesproken:<br />

op het Tennessee Williams-festival in New Orleans wordt nog<br />

jaarlijks de beste ‘Hey Stella!’-kreet bekroond. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR<br />

RÉAL : ELIA KAZAN<br />

SC : TENNESSEE WILLIAMS<br />

PHOTO : HARRY STRADLING<br />

MUS : ALEX NORTH<br />

PROD : CHARLES K. FELDMAN,<br />

WARNER BROS<br />

AVEC :<br />

VIVIEN LEIGH, MARLON BRANDO,<br />

KIM HUNTER, KARL MALDEN<br />

ÉTATS-UNIS, 1950, 124’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL


America, America<br />

Aussi étrange que cela puisse paraître, et aussi différents<br />

soient-ils, une identique rupture unit Giono à Kazan.<br />

L’écrivain a dû connaître la prison, la mise à l’index, la<br />

honte attachée à son nom, pour changer radicalement<br />

de manière, tordre le cou à un lyrisme encombrant, et<br />

introduire du scepticisme là où l’on ne trouvait que de la<br />

crédulité. Pareillement, en rompant avec un maximum<br />

de publicité ses liens avec le parti de sa jeunesse, le Parti<br />

communiste, et en se refusant à l’acte d’héroïsme en face<br />

du maccarthysme, Kazan ne fait pas que changer d’opinion<br />

(après tout, c’est son droit absolu), il change de<br />

style. Et à la certitude larmoyante de ses premiers films<br />

répond désormais une incertitude enfiévrée. De sorte<br />

qu’America, America, qui retrace l’odyssée des émigrants<br />

grecs du début du siècle, ne tire pas sa puissance émotionnelle<br />

de relents nostalgiques, mais de son actualité<br />

immédiate. Car rien n’est plus neuf que de fuir le crime<br />

pour finir soi-même criminel. America, America, c’est la<br />

boîte de Pandore. Quand on l’ouvre, le pire survient. Et<br />

le pire contraint ce jeune Grec, si pur, si désintéressé, en<br />

ses débuts dans l’existence, à tendre la main, à quêter<br />

le “quarter” qui, s’imagine-t-il, lui permettra d’humilier<br />

son prochain. Voilà pourquoi America, America n’est que<br />

la provisoire conclusion de son enquête sur ses racines,<br />

et, en l’espèce, sur l’Amérique tout entière. Pour l’achever,<br />

il y faudra le meurtre du père (L’Arrangement), le<br />

sacrifice des fils (<strong>Le</strong>s Visiteurs), et la mise en doute de la<br />

69<br />

ELIA KAZAN<br />

machinerie qui aura, à son corps défendant, permis à<br />

l’illusion critique d’exister (<strong>Le</strong> Dernier Nabab). Mais c’est<br />

dans America, America, qui célèbre, par son approche<br />

volontairement documentariste, la fin du romanesque,<br />

que tout aura été dit : à savoir que la trahison est dans<br />

la nature même de l’homme. Pour l’attester, Kazan aura<br />

payé le prix fort.<br />

d’après Gérard Guégan, Dictionnaire mondial des films<br />

•<br />

Veel van Elia Kazans werk is biografisch. Zo ook America,<br />

America (1963). Avraamelia Kazanjoglou was Elia’s oom. Op<br />

het einde van de 19e eeuw wil hij Turkije, waar de Griekse<br />

minderheid wordt onderdrukt, inruilen voor het Beloofde Land<br />

(Amerika). Dat lukt hem uiteindelijk, maar zowel vertrekken<br />

uit Turkije, als immigreren in Amerika loopt niet van een leien<br />

dakje (al zal hij uiteindelijk wel een aantal familieleden laten<br />

overkomen, wellicht ook de kleine Elia en z’n ouders). De film<br />

schetst een schitterend en – in zekere zin – tijdloos portret van<br />

emigranten: een eeuw later zijn mensen nog steeds bereid hoge<br />

offers te brengen op hun zoektocht naar een beter bestaan.<br />

De schitterende fotografie is van Haskell Wexler (die ook het<br />

camerawerk voor In the Heat of the Night, One Flew over the<br />

Cuckoo’s Nest en vele, vele anderen deed). De cast bestaat<br />

veelal uit getalenteerde nobele onbekenden. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

RÉAL & SC : ELIA KAZAN<br />

PHOTO : HASKELL WEXLER<br />

MUS : MANOS HADJIDAKIS<br />

PROD : ELIA KAZAN,<br />

CHARLES S. MAGUIRE<br />

(WARNER BROS)<br />

AVEC :<br />

STATHIS GIALLELIS, FRANK WOLFF,<br />

HARRY DAVIS, ELENA KARAM<br />

ÉTATS-UNIS, 1963, 168’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


70<br />

DROITS DE CINÉ : 30 FILMS POUR UNE DÉCLARATION<br />

www.liguedh.org<br />

La Ligue des droits de l’Homme, en collaboration avec le <strong>Ciné</strong>ma Arenberg,<br />

lancera, en septembre prochain, son ciné club mensuel : “Droits de <strong>Ciné</strong>”.<br />

<strong>Le</strong> concept : 30X1 film pour illustrer chaque article<br />

de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.<br />

<strong>Le</strong>s films : manga humaniste, fantastique visionnaire, comédie sociale...<br />

tous les goûts du cinéma!<br />

Quand ?<br />

Tous les 4 e jeudis du mois, à 21h30.<br />

POUR ÊTRE TENU INFORMÉ DU PROGRAMME ET RECEVOIR DES<br />

INFORMATIONS SUR LES FILMS, ENVOYEZ UN MAIL AVEC, EN MENTION DANS L’OBJET,<br />

“DROITS DE CINÉ” À L’ADRESSE dmorelli@liguedh.be


The Arrangement<br />

L’autobiographie d’Elia Kazan, Une Vie (Grasset, 1989),<br />

s’ouvre sur la question d’une épouse inquiète : “Pourquoi<br />

es-tu en colère ?” Tous les films de Kazan bouillonnent<br />

de rage et de remords, mais seul The Arrangement prend<br />

soin de répondre à cette question, avec une précision<br />

clinique. En 1968, sous le choc de la mort brutale de<br />

sa femme, Molly, Kazan se lance dans la rédaction d’un<br />

roman à clés, rongé par une culpabilité fiévreuse et<br />

agressive. Un best-seller. Il en tire immédiatement un<br />

film, parcouru par la même énergie du désespoir. Eddie<br />

(Kirk Douglas), publicitaire brillant et autodestructeur, ne<br />

trouve pas dans la reconnaissance publique l’apaisement<br />

auquel il aspire. Un accident de voiture – masque commode<br />

d’une tentative de suicide – le plonge dans une<br />

remise en question radicale. S’il importe de souligner la<br />

dimension autobiographique de The Arrangement, c’est<br />

que toute l’œuvre d’Elia Kazan repose sur la nécessité de<br />

se confesser. Mais, alors que Sur les Quais ou <strong>Le</strong>s Visiteurs<br />

traitent de la dénonciation d’autrui, The Arrangement est<br />

conçu comme une dénonciation de Kazan par lui-même.<br />

Avec une brutalité étonnante, il dénonce sa propre réussite<br />

financière et artistique comme la récompense d’une<br />

trahison inacceptable. Dans cette Amérique-là, plus de<br />

rédemption possible : Eddie devra payer le prix de ses<br />

arrangements avec sa conscience. La beauté du cinéma<br />

de Kazan tient à cette fascination pour la crise, l’ébranlement<br />

et la destruction. <strong>Le</strong> drame qui se joue sous nos<br />

71<br />

ELIA KAZAN<br />

yeux est psychologique, bien sûr, mais le souci constant<br />

du cinéaste est de lui trouver une traduction physique. Il<br />

invente avec The Arrangement une forme neuve, fondée<br />

sur des ruptures constantes de ton et de rythme. Déçu de<br />

n’avoir pu convaincre Marlon Brando d’incarner Eddie, il<br />

semble se méfier de Kirk Douglas et le filme avec une sorte<br />

de crispation qui, au bout du compte, porte le film. C’est<br />

là le secret le plus intime que recèle The Arrangement :<br />

cette histoire est celle d’une haine de soi créatrice.<br />

d’après Florence Colombani, <strong>Le</strong> Monde<br />

•<br />

Elia Kazan. Er zijn weinig namen in de filmwereld die zoveel<br />

gemengde gevoelens oproepen als die van Elias Kazanjoglou,<br />

geboren in Constantinopel in 1909 uit Griekse ouders, die<br />

naar de Verenigde Staten emigreerden toen Elias nog een<br />

Eliasje was. In het door paranoia geregeerde Amerika van de<br />

Koude Oorlogsjaren was Kazan namelijk één van de eersten<br />

om ‘namen te noemen’ voor de House UnAmerican Activities<br />

Committee. De Blacklist ruineerde de carrière van meer dan<br />

één collega. Maar Kazan was meer dan dat. Hij was een groot<br />

theater- en filmregisseur. Er staan zes van zijn films op het<br />

programma. The Arrangement (1969) is de ‘jongste’ (Kazan<br />

maakte er nog twee, voor hij beginjaren tachtig het filmen voor<br />

bekeken hield. Hij overleed in september van 2003). Gebaseerd<br />

op Kazans eigen autobiografische roman. Met Kirk Douglas,<br />

Faye Dunaway en Deborah Kerr. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

L’ARRANGEMENT<br />

RÉAL & SC : ELIA KAZAN<br />

PHOTO : ROBERT SURTEES<br />

MUS : DAVID AMRAM<br />

PROD : ELIA KAZAN,<br />

CHARLES H. MAGUIRE<br />

AVEC :<br />

KIRK DOUGLAS, FAYE DUNAWAY,<br />

DEBORAH KERR, RICHARD BOONE<br />

ÉTATS-UNIS, 1969, 125’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Elle est mignonne, la petite. Tellement mutine qu’on se<br />

demande, des fois, si ce ne serait pas un garçon. <strong>Le</strong>s<br />

filles ne sont pas comme ça. C’est même un principe<br />

génétique, une hypothèse théorique minimale, que de<br />

considérer que les filles, toutes les filles, sont gentilles.<br />

<strong>Le</strong>s vicieuses, ce sont toutes des garçons. Pour Tennessee<br />

Williams, pas de doute, Baby Doll est un homme. Pour<br />

Kazan, c’est une autre paire de manches. Il aimait les<br />

filles, le vieux. Avec Carroll Baker, la caméra fait des<br />

aller-retour, elle se permet des caresses interdites. Elle<br />

est vierge ou pas, la petite ? Allez savoir, avec les filles.<br />

Ce qui est sûr, c’est que le petit garçon de Tennessee<br />

Williams, là, c’est devenu une fille. Elle aguiche, elle<br />

suçote, elle miaule. Deux hommes, un violeur matois<br />

(Eli Wallach), un mari cocu (Karl Malden), amoureux<br />

fous d’une fillette à déflorer d’urgence. Ça, c’est ce que<br />

dit la caméra de Kazan à la fillette alanguie. Ouvre-moi<br />

les cuisses, petite. C’est ce qu’elle dit, la caméra. Avec<br />

gros effets languissants, elle soupire, elle râle. Faut dire<br />

que Kazan ne fait pas dans la dentelle. Il n’est pas du<br />

genre subtil, le Turc. Derrière la caméra, heureusement<br />

il y a un autre homme qui regarde la petite fille. C’est<br />

Boris Kaufman, le frère méconnu de Jean Vigo, maître<br />

des lumières de L’Atalante et de La Fièvre dans le sang.<br />

Comme James Wong Howe, Boris Kaufman est l’un<br />

des très rares chefs opérateurs de génie du cinéma hollywoodien,<br />

ce qu’on appelle un auteur. Il n’y en a pas<br />

72<br />

Baby Doll<br />

ELIA KAZAN<br />

des tonnes. Il sait que les femmes, toutes les femmes,<br />

sont gentilles. Il sait aussi que le cinéma, c’est juste une<br />

jolie lumière sur les fesses d’une jolie fille.<br />

d’après Louis Skorecki, Libération<br />

•<br />

“He bit off more, than he can chew” wordt er achter de rug<br />

van Archie <strong>Le</strong>e (Karl Malden) gefluisterd. De oudere, kalende<br />

<strong>Le</strong>e – inderdaad niet meteen de droomprins op z’n witte paard<br />

voor een jong meisje – kreeg meer dan hij zich wellicht wenste,<br />

toen hij de duimzuigende Baby Doll (Carroll Baker) huwde. Om<br />

maar één ding te noemen: met het wicht slapen mag niet tot ze<br />

twintig is. Tel daar diepe depressie in de katoenindustrie en een<br />

Siciliaanse rivaal met wraakgedachten bij en alle componenten<br />

voor een intens drama over seksueel verlangen en frustratie in<br />

het diepe zuiden van de Verenigde Staten zijn aanwezig. Met<br />

Baby Doll (1956) verfilmde Elia Kazan opnieuw Tennessee<br />

Williams (twee van zijn eenakters). Gewild of niet, is de film<br />

bovendien een onthutsend document over een Amerika waarin<br />

rassenongelijkheid eerder als een feit werd vastgesteld dan<br />

werd aangeklaagd. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

RÉAL : ELIA KAZAN<br />

SC : TENNESSEE WILLIAMS<br />

PHOTO : BORIS KAUFMAN<br />

MUS : KENYON HOPKINS<br />

PROD : ELIA KAZAN,<br />

TENNESSEE WILLIAMS<br />

AVEC :<br />

CARROLL BAKER, KARL MALDEN,<br />

ELI WALLACH, MILDRED DUNNOCK,<br />

R.G. ARMSTRONG<br />

ÉTATS-UNIS, 1956, 114’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST FR


Splendor in the Grass<br />

Kansas, 1928. <strong>Le</strong> fils d’un pétrolier, Bud Stamper, est<br />

passionnément amoureux de Deanie Loomis, une jeune<br />

fille d’une famille assez pauvre. Sa mère recommande<br />

à celle-ci de rester pure et lui parle du devoir conjugal<br />

comme d’une épreuve douloureuse qui fait partie de la<br />

destinée malheureuse des femmes. Bud, n’en pouvant<br />

plus de devoir “respecter” Deanie, lui dit qu’il préfère<br />

cesser de la voir. L’un des films les plus importants de<br />

Kazan, tourné volontairement dans les environs de New<br />

York, contre Hollywood. Cela pour des raisons morales<br />

et à des fins d’économie. C’est d’abord le triomphe,<br />

la quintessence de la direction d’acteurs style Actors’<br />

Studio, et une sorte d’adieu quasi définitif à ce style.<br />

De longues scènes, prolongées au-delà de ce que leur<br />

strict contenu dramatique exige, découpées et montées<br />

pour que l’acteur et le corps de l’acteur soient rois,<br />

montrent des personnages malades, frustrés, névrosés<br />

dont l’angoisse naît lentement, monte, explose, ou bien<br />

n’explose pas et, dans ce cas, les détruit encore plus<br />

irrémédiablement. Ce style de direction d’acteurs n’est<br />

apte qu’à décrire des univers en décomposition qu’un<br />

bouleversement de valeurs va bientôt balayer. Il chante<br />

avec une intensité parfois poignante une décadence qui<br />

n’a même pas eu sa grandeur. Transplanté ailleurs, il<br />

devient vite odieux et d’une complaisance insoutenable.<br />

Ici, il est parfaitement adapté au sujet “historique” traité<br />

par le script de William Inge : à savoir les ravages du<br />

73<br />

ELIA KAZAN<br />

puritanisme dans l’âme de l’Amérique des années trente<br />

vus à travers toutes les couches, riches et pauvres, de la<br />

société ; ses rapports avec la maladie mentale et donc<br />

avec la psychanalyse ; les tragédies individuelles qu’il<br />

engendre et l’espèce de bonheur déchirant (qui n’est<br />

pas le bonheur) auquel parviendront, avec le temps,<br />

les survivants. A cet égard, la dernière scène du film<br />

– retrouvailles entre Natalie Wood et Warren Beatty – est<br />

la plus belle de toute l’œuvre de Kazan.<br />

Jacques Lourcelles, Dictionnaire du <strong>Ciné</strong>ma<br />

•<br />

Deanie (Natalie Wood) en Bud (mooie jongen Warren Beatty<br />

in zijn filmdebuut) zijn verliefd. Maar in een stadje in Kansas<br />

– waar zijn vader een hoge piet is en de hare niet – in de<br />

jaren twintig, is dat niet zo eenvoudig. Seks voor het huwelijk ?<br />

Uitgesloten! Deanie kan wachten (“No Bud, we musn’t!”), Bud<br />

niet. Daar komt dus gegarandeerd ellende van. Splendor in<br />

the Grass (de titel is geleend bij William Wordsworth) uit 1961,<br />

is Elia Kazans sombere visie op de Amerikaanse maatschappij<br />

die volgens Kazan wordt geregeerd door hypocrisie, puritanisme<br />

en materialisme. Het is ook een aandoenlijk verhaal (een<br />

zakdoek zal geen overbodige luxe blijken) over de pijn van het<br />

opgroeien en afscheid nemen van jeugdidealen. Kijk uit naar<br />

Kazans echtgenote Barbara Loden (de regisseur/actrice van<br />

Wanda, ook te zien op dit festival), die de rol speelt van “bad<br />

girl” Ginny, Buds zus. M.V.<br />

ELIA KAZAN<br />

LA FIÈVRE DANS LE SANG<br />

REAL : ELIA KAZAN<br />

SC : WILLIAM INGE<br />

PHOTO : BORIS KAUFMAN<br />

MUS : DAVID AMRAM<br />

PROD : ELIA KAZAN<br />

(NEWTON PRODUCTIONS), WARNER<br />

AVEC :<br />

NATALIE WOOD, WARREN BEATTY,<br />

PAT HINGLE, BARBARA LODEN<br />

ÉTATS-UNIS, 1961, 124’,<br />

NOIR ET BLANC, VO ST BIL


Depuis bientôt huit ans, le P’tit <strong>Ciné</strong> mène une des<br />

rares actions concrètes en faveur du documentaire<br />

en Communauté française avec la projection d’une<br />

quarantaine de films par an, le plus souvent en présence<br />

du cinéaste et accompagnés d’un débat ou<br />

d’une animation.<br />

Depuis deux ans, le cinéma Arenberg accueille le P’tit<br />

<strong>Ciné</strong> pour une de nos projections mensuelles. Cette<br />

année, vous avez pu y découvrir un bon nombre de<br />

films documentaires qui sont pour la plupart sortis<br />

en salles en France. C’est le cas d’Histoire d’un secret,<br />

Dix-sept ans, No Pasaran, Derrida, De Guerres Lasses,<br />

ou le dernier film de Rithy Panh, S-21, la machine de<br />

mort khmère rouge.<br />

Vous êtes nombreux à entendre parler de ces films<br />

quand ils sortent en France au détour d’un article de<br />

Libé, du Monde ou des Inrocks ou d’une interview<br />

sur France Inter ou France Culture. Et vous êtes aussi<br />

nombreux à nous demander quand ils vont sortir<br />

en salles en Belgique. Mais au-delà des projections<br />

ponctuelles que nous organisons, ils ne sont malheureusement<br />

jamais distribués ici. La Belgique n’est pas<br />

la France, ni en termes de “marché culturel”, ni en<br />

termes de relais dans la presse, d’aide à la diffusion<br />

du documentaire en salles ou d’équipement en matériel<br />

de projection numérique léger.<br />

74<br />

CYCLE<br />

DOCUMENTAIRES<br />

LE P’TIT CINÉ<br />

DOCUMENTAIRE SUR GRAND ÉCRAN<br />

Notre vocation a toujours été celle de passeurs plutôt<br />

que de distributeurs mais cet été, en collaboration<br />

avec l’Écran <strong>Total</strong> et le cinéma Arenberg, nous allons<br />

revenir sur quelques-uns des films documentaires<br />

marquants de notre programmation de l’année, en<br />

leur donnant le temps de vivre sur les écrans.<br />

Ce sera l’occasion de voir ou revoir Dix-sept ans de<br />

Didier Nion, d’Histoire d’un secret de Mariana Otero<br />

et de S-21, la machine de mort khmère rouge du<br />

cinéaste cambodgien Rithy Panh. Et pour ceux qui<br />

n’ont pas loupé une seule projection du P’tit <strong>Ciné</strong><br />

cette année, nous avons deux petites perles inédites :<br />

Comizi d’amore de Pier Paolo Pasolini, une succulente<br />

enquête sur la sexualité italienne des années<br />

soixante et Bright <strong>Le</strong>aves de Ross McElwee, qui est<br />

assurément un des documentaristes américains les<br />

plus intéressants du moment.<br />

<strong>Le</strong> P’tit <strong>Ciné</strong><br />

rue du fort, 5 - 1060 Bruxelles<br />

tél/fax : +32 2 538.17.57<br />

e-mail : leptitcine@belgacom.net<br />

www.leptitcine.be


Vétéran américain du documentaire (Six O’Clock<br />

News, Sherman’s March, etc.) qu’il arpente depuis<br />

la fin des années soixante-dix, Ross McElwee a<br />

pour particularité d’associer régulièrement petite et<br />

grande histoires, celle de son entourage et de son<br />

pays fusionnant dans des récits intimes et éloquents,<br />

construits avec habileté. De ce point de vue, Bright<br />

<strong>Le</strong>aves fait un peu figure d’aboutissement, ou de<br />

point de non-retour : réalisé, écrit, commenté, monté<br />

et produit par Ross McElwee, le film mélange passé<br />

et présent, comme fiction d’emprunt et réalité, ou<br />

introspection et grand déballage, pour remonter la<br />

piste d’une saga familiale tourmentée, selon laquelle<br />

l’arrière grand-père du réalisateur aurait été un<br />

riche propriétaire de plantations de tabac, floué<br />

par un concurrent déloyal. Résultat, le premier finit<br />

dans l’anonymat, quand le second allait devenir un<br />

puissant industriel, respecté et admiré dans toute<br />

l’Amérique. La preuve ? Bright <strong>Le</strong>aves, un mélo<br />

tourné en 1950 par Michael Curtiz qui, par Gary<br />

Cooper et Patricia Neal interposés, évoquerait la destinée<br />

à la fois tragique et romanesque de sa famille.<br />

Ross McElwee, guidé par un sens de l’autodérision<br />

proche de Woody Allen, étale ses incertitudes avec<br />

une complaisance n’ayant d’égale que la subtilité<br />

salutaire qui les véhicule. Oscillant sans cesse entre<br />

fierté et amertume, il ausculte aussi, au passage, une<br />

75<br />

Bright <strong>Le</strong>aves<br />

ROSS McELWEE<br />

Amérique profonde, sa Caroline du Nord natale, sur<br />

laquelle il porte un regard affectueux qui passe parfois,<br />

là encore, par l’ironie.<br />

Gilles Renault, Libération<br />

•<br />

Bright <strong>Le</strong>aves laat zich nog het best omschrijven als een<br />

‘historische roman in uitvoering’. Dit vorig jaar in Cannes<br />

warm onthaalde document van de door Frederik Wiseman en<br />

D.A. Pennebaker beïnvloede documentaire filmmaker Ross<br />

McElwee, begint met de zoektocht van Elwee naar zijn overgrootvader,<br />

een geruïneerde tabaksbaron, een figuur waarop<br />

Gary Cooper zich inspireerde voor zijn rol in Bright <strong>Le</strong>af, een<br />

door Michael Curtiz gerealiseerde Hollywood-melodrama.<br />

In de loop van McElwee’s onderzoek naar zijn eigen roots,<br />

wordt het echter duidelijk dat hij met een enorm schuldgevoel<br />

zit, omwille van de rol die zijn familie in het populariseren van<br />

de kankerstokjes gespeeld heeft, terwijl hij eigenlijk ook ergens<br />

treurt om het verdwenen familiefortuin.<br />

Bright <strong>Le</strong>aves mengt de intimistische sfeer van home-movies<br />

met sociale satire en de reflectieve kant van een historisch<br />

essay. “Een intelligente en vaak hilarische film”, dixit The New<br />

York Times. L.J.<br />

DOCU<br />

LA SPLENDEUR DES MCELWEE<br />

RÉAL, SC, IMAGE, COMMENTAIRE :<br />

ROSS MCELWEE<br />

MONT : ROSS MCELWEE,<br />

MARK MEATTO<br />

PROD : ROSS MCELWEE,<br />

HOMEMADE MOVIES,<br />

LINDA MORGENSTERN<br />

ÉTATS-UNIS, 2003, 107’,<br />

VO ST FR


Micro à la main, Pasolini interroge les Italiens sur leur<br />

sexualité : d’où viennent les bébés ? De la cigogne, d’une<br />

fleur du bon dieu, de l’oncle de Calabre. <strong>Le</strong>s femmes se<br />

sentent-elles les égales des hommes ? La virginité est-elle<br />

importante ? Pasolini se définit ici comme un “commisvoyageur”<br />

qui parcourt l’Italie, du Sud au Nord, pour<br />

sonder les idées et les mots des Italiens sur la sexualité<br />

et démonter la culture “petite bourgeoise” des années<br />

soixante.<br />

<strong>Le</strong> problème est abordé en quatre grandes parties :<br />

l’éducation sexuelle, l’homosexualité, le divorce, la prostitution.<br />

Alberto Moravia et Cesare Musatti donnent leur<br />

point de vue de penseurs progressistes sur les questions<br />

abordées.<br />

Avec la malice clairvoyante qu’on lui connaît, Pasolini se<br />

montre ici en direct tel qu’en lui-même : subtil, provocateur,<br />

débusqueur de contradictions et un brin cabotin. Et<br />

loin de prétendre à une quelconque “objectivité”, il ne<br />

76<br />

Comizi d’Amore<br />

PIER PAOLO PASOLINI<br />

se cache d’aucune appréciation sur ce que révèlent avec<br />

une affligeante unité la plupart des opinions émises.<br />

•<br />

Pier Paolo Pasolini reisde door het land en registreerde hoe<br />

Italië (in 1965) over seks dacht. Hij vraagt kinderen waar baby’s<br />

vandaan komen en mannen of voor hen maagdelijkheid een<br />

must is. Hij vraagt vrouwen hoe ze tegenover scheiding staan.<br />

Zelf homoseksueel, krijgt hij ook een aantal denigrerende<br />

opmerkingen over homoseksuelen te verteren. De documentaire<br />

Comizi d’Amore, waarin een iets andere maar daarom niet<br />

minder boeiende Pasolini voor het voetlicht treedt, maakt duidelijk<br />

hoe verschillend er in het land over seks wordt gedacht<br />

en, meer algemeen, hoe mensen maar met veel moeite hun<br />

schaamte kunnen overwinnen als het over zulk een onderwerp<br />

gaat (het maakt ook duidelijk dat er qua seksuele opvoeding<br />

nog flink wat werk aan de winkel was). Pasolini vroeg ook de<br />

opinie van enkele bekende Italianen. Dichter Giuseppe Ungaretti<br />

en journaliste Oriana Fallaci, ondermeer. M.V.<br />

DOCU<br />

ENQUÊTE SUR LA SEXUALITÉ<br />

RÉAL, ENTRETIEN<br />

ET COMMENTAIRE :<br />

PIER PAOLO PASOLINI<br />

IMAGE : MARIO BERNARDO,<br />

TONINO DELLI COLLI<br />

SON : O. DE ARCANGELIS,<br />

C. RAMUNDO<br />

MONT : NINO BARAGLI<br />

PROD : ALFREDO BONI, ARCO FILM<br />

AVEC :<br />

CESARE MUSATTI,<br />

ALBERTO MORAVIA<br />

ITALIE, 1963-1965, 90’,<br />

NOIR & BLANC, VO ST FR


Un objet comme ça, on n’en croise pas souvent dans une<br />

vie de critique. Dix-sept ans est un documentaire tout<br />

simple et très carré qui trouve sa place dans notre imaginaire<br />

aux côtés de mythologiques fictions : celles des<br />

tout premiers Truffaut, celles des derniers Rossellini ou<br />

celles des actuels Dardenne. De ses premiers récits (il a<br />

alors 13-14 ans) à sa première voiture, Jean-Benoît nous<br />

accroche ferme à son sillage buté, et parfois contre son<br />

gré : une part de la magie du film tient dans le rapport<br />

sinon agressif du moins souvent tendu entre celui qui<br />

tient la caméra et son modèle. La fermeté du premier et<br />

la nature récalcitrante du second, qu’elles soient tacites<br />

ou explicites, forment hors champ un ping-pong aussi<br />

poignant que savoureux.<br />

Olivier Séguret, Libération<br />

Jean-Benoît est fou de joie. Il vient d’être accepté<br />

dans un garage comme apprenti mécanicien, le métier<br />

dont il a toujours rêvé. Il a deux ans pour obtenir son<br />

diplôme. Deux ans pour dompter la révolte pulsionnelle<br />

qui l’habite, dépasser son aversion pour l’autorité<br />

et échapper à “une vie de merde” qu’il connaît<br />

trop bien. Deux ans durant lesquels Didier Nion l’a<br />

accompagné, patiemment, pour qu’ils fassent ensemble<br />

ce très beau film initiatique. Progressivement,<br />

77<br />

Dix-sept ans<br />

DIDIER NION<br />

il gagne sa place dans la vie privée de son héros,<br />

dans l’univers qu’il s’est construit avec la formidable<br />

Héléna, adolescente d’une maturité inouïe qui tient à<br />

la fois le rôle d’amoureuse, d’ange gardien et de mère.<br />

Dix-sept ans aurait pu être une tragédie. C’est un film<br />

sur le miracle de l’amour.<br />

Isabelle Regnier, <strong>Le</strong> Monde<br />

•<br />

De 17-jarige Jean-Benoît heeft een droom die hem al sinds<br />

zijn kindertijd bezighoudt: een in vrachtwagens gespecialiseerd<br />

mechanicus worden. Maar alvorens het zo ver komt, moet hij er<br />

eerst voor zorgen dat het opnieuw rustig wordt in zijn kop, want<br />

het voortdurend gekibbel met zijn moeder, de zelfmoord van<br />

zijn vader en het leven in een foyer heeft voor stevige littekens<br />

gezorgd (“J’ai le mal au fond de moi”).<br />

Het magnifieke Dix-sept ans is een intens ducumentair verslag<br />

over het leven van deze arme adolescent uit de buurt van<br />

Rouen. Gedurende twee jaar volgde regisseur Didier Nion, zelf<br />

een gewezen houtbewerker, het doen en laten van Jean-Benoît.<br />

Hij stelde zich daarbij als een soort substituutvader op, omdat<br />

hij een vergelijkbaar parcours achter de rug heeft. Het is juist<br />

die relatie die dit portret over een adolescent, gevangen tussen<br />

revolte en bewustwording, zo speciaal maakt. L.J.<br />

DOCU<br />

RÉAL, IMAGE : DIDIER NION<br />

SON : PASCALE MONS<br />

MONT : CATHERINE ZINS<br />

MONT SON & MIXAGE :<br />

JEAN MALLET<br />

PROD : MILLE ET UN FILMS<br />

FRANCE, 2003, 83’,<br />

COULEUR, VOF


78<br />

Histoire d’un secret<br />

Quand j’ai eu quatre ans et demi, ma mère a disparu.<br />

Notre famille nous a dit à ma sœur et à moi qu’elle était<br />

partie travailler à Paris. Un an et demi plus tard, notre<br />

grand-mère nous avouait qu’elle était morte d’une opération<br />

de l’appendicite. Par la suite durant notre enfance<br />

et notre jeunesse, notre père ne nous parla pas de notre<br />

mère, sauf pour nous répéter qu’elle avait été une peintre<br />

et une femme extraordinaires. Il avait enfermé ses<br />

tableaux dans un placard et rangé les photos dans un<br />

tiroir qu’il nous était interdit d’ouvrir.<br />

Si j’ai parfois désobéi, je n’ai jamais vraiment manifesté<br />

une grande curiosité pour celle qui avait été ma mère<br />

et dont je ne reconnaissais même pas le visage sur les<br />

photos. Il y a sept ans, quand notre père se décida enfin<br />

à nous parler de notre mère, ce fut pour nous révéler les<br />

circonstances réelles de son décès.<br />

Ce secret que mon père avait porté seul pendant vingtcinq<br />

ans l’avait empêché de nous raconter la vie et l’œuvre<br />

de notre mère. En rompant ce tabou, il nous rendait<br />

notre mère. Mais ces mensonges successifs avaient effacé<br />

de ma mémoire jusqu’au souvenir de sa disparition. J’ai<br />

éprouvé alors la nécessité de reconstruire cette histoire<br />

MARIANA OTERO<br />

et de retrouver celle qui m’avait été doublement arrachée<br />

par la mort et par le secret. Elle était peintre, je suis<br />

cinéaste. Faute de souvenirs, ce sont ses tableaux qui<br />

peuvent avec le cinéma me conduire jusqu’à elle.<br />

Mariana Otero<br />

•<br />

De documentaire filmmaakster Mariana Otero was vier jaar toen<br />

ze haar moeder verloor. De familie vertelt Mariana echter dat<br />

haar moeder naar Parijs vertrokken is om er te gaan werken.<br />

Ongeveer een jaar later geeft haar grootmoeder toe dat ze<br />

aan een appendicitis gestorven is. In al die jaren blijft haar<br />

vader zwijgen als een graf. In Histoire d’un secret probeert<br />

Mariana Otero, aan de hand van gesprekken met haar vader,<br />

haar grootmoeder, haar tante, haar oom en haar zus (de actrice<br />

Isabel Otero), te achterhalen wat er werkelijk met haar moeder,<br />

een schilderes die op het punt stond om door te breken,<br />

gebeurd is. Ze doet dat rustig en met veel respect, hoe pijnlijk<br />

de waarheid ook is (Clotilde Otero stierf aan de gevolgen van<br />

een clandestiene abortus).<br />

Een waardige en delicate enquêtefilm, schommelend tussen<br />

documentaire en fictie, die veel meer is dan een mooie hommage<br />

aan Mariana’s moeder. L.J.<br />

DOCU<br />

RÉAL : MARIANA OTERO<br />

IMAGE : HÉLÈNE LOUVART<br />

SON : PATRICK GENET<br />

MONT : NELLY QUETTIER<br />

MUS : MICHAEL GALASSO<br />

PROD : ARCHIPEL 35<br />

FRANCE, 2003, 95’,<br />

COULEUR, VOF


79<br />

S-21,<br />

La Machine de mort khmère rouge<br />

Au Cambodge, sous les Khmers rouges, S-21 était le<br />

principal “bureau de la sécurité”. Dans ce centre de<br />

détention situé au cœur de Phnom Penh, près de 17 000<br />

prisonniers ont été torturés, interrogés puis exécutés<br />

entre 1975 et 1979. Trois d’entre eux seulement sont<br />

encore en vie.<br />

S-21, la Machine de mort khmère rouge tente de comprendre<br />

comment le Parti communiste du Kampuchéa<br />

démocratique a organisé et mis en œuvre sa politique<br />

d’élimination systématique. Pendant près de trois ans,<br />

Rithy Panh et son équipe ont entrepris une longue<br />

enquête auprès des rares rescapés, mais aussi auprès<br />

de leurs anciens bourreaux. Ils ont convaincu les uns et<br />

les autres de revenir sur le lieu même de l’ancien S-21,<br />

actuellement reconverti en musée du génocide, pour<br />

confronter leurs témoignages.<br />

<strong>Le</strong>s mots ne suffisent pas pour décrire ce qui s’est passé<br />

là. L’implacable minutie de la machinerie du meurtre<br />

planifié échappe à l’entendement. Comme si la conscience<br />

refusait d’appréhender, et donc de mettre des<br />

mots d’aujourd’hui sur l’indicible. Mais il reste les preuves<br />

– les photos, les archives, les lieux – qui font ressurgir<br />

RITHY PANH<br />

les mots d’autrefois. Il y a aussi la mémoire enfouie<br />

profondément dans les corps, celle des gestes et des<br />

routines… qui peuvent surgir de l’inconscient comme<br />

dans un cauchemar.<br />

•<br />

De Cambodjaanse regisseur Rithy Panh brengt ons in S21:<br />

The Khmer Rouge Killing Machine naar Tuol Sleng ofwel<br />

tuchtkamp 21 in Pnomh Penh, nu een vervallen gebouw, maar<br />

ooit, tussen 1975 en 1977, de plaats waar tienduizenden<br />

vermeende dissidenten, zowel mannen, vrouwen als kinderen,<br />

door de Rode Khmer gefolterd, verkracht en vermoord werden.<br />

Vann Nath en Chum Mey, twee slachtoffers die het kamp hebben<br />

overleefd, worden in dit aangrijpend document opnieuw in<br />

contact gebracht met hun voormalige bewakers.<br />

Hun vroegere beulen zijn onverstoorbare mannen die geen<br />

greintje berouw tonen. Ze kunnen of willen geen antwoorden<br />

geven op de beleefde, maar hardnekkige vragen over hoe ze<br />

zulke onmensen zijn kunnen worden.<br />

Panhs ontluisterende en indrukwekkende S21 hoort zonder<br />

twijfel thuis in dezelfde categorie als Claude Lanzmans monumentale<br />

Shoah. L.J.<br />

DOCU<br />

RÉAL : RITHY PANH<br />

IMAGE : PRUM MESAR, RITHY PANH<br />

MONT : MARIE-CHRISTINE<br />

ROUGERIE, ISABELLE ROUDY<br />

SON : SEAR VISSAL<br />

PROD : CATI COUTEAU,<br />

DANA HASTIER, ARTE FRANCE<br />

FRANCE-CAMBODGE, 2002, 101’,<br />

COULEUR, VO ST FR


80<br />

LES REPRISES


Après trois films questionnant le passé d’Israël, Amos Gitai<br />

revient au présent : l’action d’Alila se situe aujourd’hui à<br />

Tel-Aviv. Et la cité bigarrée, pagailleuse, pourrait bien<br />

être le personnage principal du récit.<br />

Des nouvelles de Tel-Aviv, et donc des nouvelles d’Israël.<br />

<strong>Le</strong> problème de tout film israélien contemporain est<br />

de coexister avec l’antienne quotidienne des journaux,<br />

processus de paix sans cesse interrompu, cercle infernal<br />

des représailles et de la peur. Chez Amos Gitai, cinéaste<br />

dont on connaît l’engagement, le spectateur européen<br />

a tendance à chercher des clés pour comprendre l’actualité<br />

qui n’y sont peut-être pas. Quitte à méconnaître,<br />

souvent, ce qui fait sens pour le public israélien. On<br />

oublie peut-être trop volontiers que Gitai est d’abord un<br />

observateur, son passé de documentariste l’atteste. Alila<br />

est une histoire d’espace et de promiscuité. Dans un<br />

appartement du sud de Tel-Aviv, qui jouxte un parking,<br />

architecture mal fichue, absence totale d’intimité, coexistent<br />

tant bien que mal une dizaine de personnages, solitaires<br />

ou en couple. <strong>Le</strong> cinéaste les suit en longs plansséquences,<br />

soigneusement composés, les travellings<br />

latéraux qu’il affectionne lui permettant de passer littéralement<br />

à travers les murs. En vrac voici donc un rescapé<br />

de la Shoah, sa domestique philippine, des Chinois qui<br />

bossent au noir, un couple adultère, un entrepreneur<br />

dont le fils vient de déserter et que sa femme a quitté<br />

pour prendre un jeune amant, des magouilleurs, des flics<br />

81<br />

Alila<br />

AMOS GITAI<br />

bureaucrates, la frustration permanente des uns et des<br />

autres, leur mésentente continuelle, vues à travers des<br />

saynètes tour à tour cocasses ou plus dramatiques. On y<br />

lirait volontiers que l’identité israélienne n’est plus tout à<br />

fait ce qu’elle était, que la coexistence floue d’individus<br />

divers, inaptes à communiquer, l’a diluée, transformée.<br />

À condition, bien sûr, que cette vue en coupe d’un<br />

immeuble soit celle de la société tout entière.<br />

d’après Aurélien Ferenczi, Télérama<br />

•<br />

De Israëlische filmmaker Amos Gitai heeft zich een reputatie<br />

opgebouwd met sociaal-kritische films. Zijn bekendste film is<br />

wellicht nog altijd Kadosh. Alila, losjes gebaseerd op de roman<br />

‘Returnig Lost Loves’ van Yehoshua Knaz, is een bijtende,<br />

Altmaneske studie van het chaotische leven in een armzalig<br />

appartementsgebouw in een blakend Tel Aviv waar een twaalftal<br />

personages worden gevolgd. Tot de bewoners behoren<br />

onder meer een jonge soldaat die uit het leger gedeserteerd<br />

is, zijn ruziënde en gescheiden ouders, een nymfomane, een<br />

Filippijnse meid en een overlevende van de holocaust.<br />

Het absorberende Alila, het Hebreeuws voor verhaalplot, is<br />

misschien minder politiek expliciet in vergelijking met Gitai’s<br />

recentste films zoals Kedma en Yom Yom, maar de toon van<br />

deze duik in de etnische smeltkroes van Israël blijft sterk antiautoritair.<br />

L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : AMOS GITAI<br />

SC : AMOS GITAI, MARIE-JOSÉ<br />

SANSELME, D’APRÈS LE ROMAN<br />

DE YEHOSHUA KENAZ<br />

PHOTO : RENATO BERTA<br />

MP PRODUCTION, AGAV HAFAKOT,<br />

ETC.<br />

AVEC :<br />

YAËL ABECASSIS,<br />

URI RAN KLAUZNER,<br />

HANNA LASLO,<br />

RONIT ELKABETZ, AMOS LAVIE<br />

FRANCE-ISRAËL, 2003, 120’,<br />

COULEUR, VO ST FR


83<br />

American Splendor<br />

SHARI SPRINGER BERMAN & ROBERT PULCINI<br />

Connaissez-vous Harvey Pekar ? Harvey Pekar lui, en<br />

revanche, nous connaît par cœur. Boule de poil maugréant<br />

en marcel blanc cracra tout en caressant son<br />

début de calvitie, il lui arrive même de nous ressembler :<br />

même appartement en bordel, même collectionnite<br />

aiguë de livres, de disques incunables, de comics dégénérés,<br />

mêmes névroses à répétition, semblable inutilité<br />

en tout : la vie du côté des hypocondriaques, le monde<br />

vu par les nerds, l’univers par ceux qui le défont. L’avenir<br />

appartient-il aux inadaptés ? Harvey en a un temps<br />

douté. Il a végété pendant des années comme documentaliste<br />

dans un hôpital de Cleveland où personne, hormis<br />

un semi-débile, ne prenait au sérieux sa passion pour les<br />

78 tours de blues. Jusqu’au jour où Pekar a rencontré<br />

Robert Crumb dans une foire aux vinyles. Heureusement<br />

pour lui, Crumb fut son ange et son mentor, le premier<br />

à mettre en dessins les antiaventures de son ami, ces<br />

comics bâtis sur son quotidien qu’il baptisera ironiquement<br />

American Splendor et qui feront de lui un héros de<br />

la contre-culture.<br />

Crumb a eu droit à son film il y a six ans. Andy Kaufman<br />

aussi, et c’était le chef-d’œuvral Man on the Moon de<br />

Forman, porté jusqu’aux cieux par Jim Carrey. <strong>Le</strong>s fillettes<br />

de Ghost World, la bd de Daniel Clowes, sont elles aussi<br />

passées à l’écran l’an dernier. Et voici enfin American<br />

Splendor. Ses deux réalisateurs mordus ont superposé<br />

les éléments de la vie de Pekar, l’adaptation littérale de<br />

certains de ses strips, à des interventions directes et détachées<br />

de Pekar en personne, filmé aujourd’hui, revenu<br />

de tout : de la contre-culture, de la célébrité, des médias,<br />

du cancer. Fort de ce contrechamp entre le véritable<br />

Pekar et le génial Paul Giamatti qui l’incarne à l’image, le<br />

film s’épaissit sans perdre l’indispensable patine seventies<br />

qui en accroît le charme.<br />

d’après Philippe Azoury, Libération<br />

•<br />

“Ordinary life is pretty complex stuff”. Maak kennis met<br />

Harvey Pekar, Amerikaans fenomeen. Sinds 1976 brengt<br />

Pekar jaarlijks een stripboek uit, onder de algemene titel<br />

American Splendor, waarin de prickly poëet op een even<br />

zwartgallige als grappige wijze de uitdagingen van zijn dagelijkse<br />

leven beschrijft. Filmmakers echtpaar Shari Springer<br />

Berman en Robert Pulcini, helemaal in de ban van Pekar,<br />

besloten een film te wijden aan de compulsieve lezer en verzamelaar,<br />

jazzliefhebber en waardeloze huisman. American<br />

Splendor (2003) werd een bijzonder geslaagde combinatie<br />

van fictie (met een schitterende Paul Giamatti – waar is zijn<br />

Oscar?) als de ‘film’ Harvey Pekar en de ‘strip’ Harvey (getekend<br />

door stripgroten als Robert Crumb, Frank Stack en Joe<br />

Sacco) en de échte Harvey (geïnterviewd in de film en met<br />

archiefbeelden van Pekar bij David <strong>Le</strong>tterman). M.V.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : SHARI SPRINGER BERMAN,<br />

ROBERT PULCINI<br />

SC : SHARI SPRINGER BERMAN,<br />

ROBERT PULCINI,<br />

D’APRÈS LES BANDES DESSINÉES<br />

DE HARVEY PEKAR<br />

ET JOYCE BRABNER<br />

PHOTO : TERRY STACEY<br />

MUS : MARK SUOZZO,<br />

EYTAN MIRSKY<br />

PROD : HBO FILMS,<br />

FINE LINE PICTURES<br />

AVEC :<br />

PAUL GIAMATTI, HOPE DAVIS,<br />

JAMES URBANIAK, JUDAH<br />

FRIEDLANDER, HARVEY PEKAR<br />

ÉTATS-UNIS, 2003, 101’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Sec, concert, direct, <strong>Le</strong>s Égarés est un pur film de metteur<br />

en scène, parvenant à imprimer à chaque composante<br />

de son film (corps, objets, paysage, situation dramatique<br />

de convention) une couleur et un timbre particuliers,<br />

comme passés au travers d’un film totalement personnel.<br />

L’entêtement à être soi, et à ne faire que ce qu’on souhaite,<br />

fût-ce dans une bulle, c’est précisément le sujet des<br />

Égarés. Odile (Emmanuelle Béart), mère et institutrice,<br />

adulte professionnelle, fuit sur les routes [c’est la guerre]<br />

avec ses deux gamins. Il y a Philippe, le mauvais enfant,<br />

trop précoce pour son âge, qui juge sa mère avec dureté<br />

et s’occupe de sa petite sœur comme un parent. Et il y a<br />

Cathy, dont la relation chimérique au monde donne au<br />

film sa voix off et sa coloration de conte. Cathy a peur du<br />

diable, qui emporte les enfants. Mais il n’y a pas d’ogre<br />

dans <strong>Le</strong>s Égarés. Sur le chemin de cette jeune Lillian<br />

Gish et des deux orphelins sur lesquels elle veille, on<br />

ne trouve, virtuellement, qu’un jeune amant (Gaspard<br />

Ulliel), avec laquelle la petite famille tombe dans un trou<br />

et recompose une micro-société déracinée, à l’abri de<br />

tout. Que serait La Nuit du chasseur, ses sous-bois et ses<br />

rivières, ses nuits à la belle étoile et ses refuges, une fois<br />

soustrait le personnage de Robert Mitchum ? Mais la plus<br />

grande menace qui pèse sur cette petite communauté<br />

déracinée, c’est tout simplement le principe de réalité,<br />

qui fait toujours retour. En une heure trente, Téchiné<br />

a su camper avec une rare acuité cet émouvant pha-<br />

84<br />

<strong>Le</strong>s Égarés<br />

ANDRÉ TÉCHINÉ<br />

lanstère, cette société sans père et sans loi, et tous les<br />

horizons utopiques (sexuels, existentiels) qu’elle dégage.<br />

Et il donne aussi une force dramatique impressionnante<br />

à l’éclatement de cette bulle, lorsqu’elle bute sur les<br />

arêtes de la réalité. Ce qui est terrible, ce n’est pas de<br />

s’égarer, mais bien que toujours le monde finisse par<br />

vous retrouver.<br />

Jean-Marc Lalanne, Cahiers du cinéma<br />

•<br />

André Téchiné’s <strong>Le</strong>s égarés (2003) ademt een beetje de sfeer<br />

van Roman Polanski’s The Pianist. Al is in dit geval de waanzin<br />

van de oorlog meer op het achterplan aanwezig. Er is dan<br />

ook meer sprake van een liefdes- dan van een oorlogsdrama.<br />

Emannuelle Béart is de jonge weduwe Odile die in 1940 het<br />

oorlogsgeweld in Parijs wil ontvluchten met haar twee jonge<br />

kinderen. Ze moet een beroep doen op Yvan, een vroegrijpe<br />

zestienjarige die ze niet volledig vertrouwt, maar voldoende<br />

overlevingstechnieken heeft voor vier. Ze belanden in een verlaten<br />

buitengoed, waar de erotische spanning tussen Odile en<br />

Yvan groeit. <strong>Le</strong>s égarés is alweer een mooie Téchiné geworden,<br />

met totaal geloofwaardige personages die worden overspoeld<br />

door de verwarring en onzekerheid van het dagelijkse leven (en<br />

bovendien : wie anders doet zulke grootse dingen met ‘kleine’<br />

acteurtjes ?). M.V.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : ANDRÉ TÉCHINÉ<br />

SC : GILLES TAURAND,<br />

ANDRÉ TÉCHINÉ D’APRÈS<br />

LE GARÇON AUX YEUX GRIS<br />

DE GILLES PERRAULT<br />

PHOTO : AGNÈS GODARD<br />

MUS : PHILIPPE SARDE<br />

PROD : FIT PRODUCTIONS,<br />

FRANCE 2 CINÉMA, SPICE FACTORY<br />

LIMITED<br />

AVEC :<br />

EMMANUELLE BÉART,<br />

GASPARD ULLIEL,<br />

GRÉGOIRE LEPRINCE-RINGUET<br />

FRANCE, 2003, 95’,<br />

COULEUR, VOF ST NL


L’Esquive est un film rusé qui sait porter en lui un puissant<br />

effet de réel, mais c’est aussi une fiction, affichée,<br />

rappelée sans cesse à le rester. Il faut croire, pourtant,<br />

que les cités n’ont pas encore droit, dans l’inconscient<br />

collectif, à accéder à cette zone précise de notre histoire :<br />

le romanesque. Après La Faute à Voltaire, son premier<br />

film, Abdellatif Kechiche s’est lancé dans l’entreprise de<br />

remixer le parlé caillera avec <strong>Le</strong>s Jeux de l’amour et du<br />

hasard. Partant de là, le postulat pourrait passer pour<br />

scolaire : quelques ados répètent du Marivaux avant la<br />

kermesse de fin d’année, en tenue, ceci devant leurs<br />

classes ou en bas des immeubles. L’Esquive n’est ni un<br />

film en gros sabots sur les rapports du théâtre et de la vie,<br />

ni un (joli) film sur l’adolescence en émoi : il s’attache à<br />

l’imposture et à son corollaire, les codes de la vie qui<br />

serrent comme des cadres et dans lesquels sans armure<br />

on étouffe. Exactement comme chez Marivaux, tiens<br />

donc… Et ici, comme au XVIII e siècle, l’armure, c’est le<br />

verbe. Lydia, la belle héroïne, est à ce jeu assez forte,<br />

jusqu’à la schizophrénie. Elle sait dire Marivaux sans<br />

accent. La question de l’âge de la langue est devenue<br />

obsolète. Tout n’est qu’affaire de volonté. Or la volonté<br />

individuelle est bien ce qui manque aux Francs-Moisins<br />

ou aux 4000, où tout se règle en clan, si bien qu’il arrive<br />

à Kechiche de filmer une gentille affaire de cœur entre<br />

ados (“T’as cassé ?”, “Tu la kiffes toujours ?”) en parodie<br />

de deal mafieux, avec intervention des flics. On prend<br />

85<br />

L’Esquive<br />

ABDELLATIF KECHICHE<br />

alors la mesure de ce qui s’est joué sous nos yeux : tout<br />

ça, c’était écrit. Oui, Marivaux comme le reste, qui vaut<br />

pour premier registre d’une mutation généralisée de la<br />

langue. <strong>Le</strong> cinéma, ça sert donc à ça : photographier<br />

dans un flash tout ce qui vit à très grande vitesse.<br />

Philippe Azoury, Libération<br />

•<br />

“L’esquive gaat beslist een referentie worden”, schreef <strong>Le</strong><br />

Monde over deze zowel in Frankrijk als bij ons enthousiast<br />

onthaalde film van Abdellatif Kechiche, de acteur uit André<br />

Téchiné’s <strong>Le</strong>s innocents die enkele jaren geleden sterk<br />

debuteerde met La faute de Voltaire, een film over ‘les sanspapiers.’<br />

Het energieke en in Saint-Denis opgenomen L’esquive breekt<br />

namelijk met de clichés zoals we die kennen van films die zich<br />

in de populaire Parijse buitenwijken of HLM-cité’s afspelen.<br />

In deze grappige en indringende komedie over de dromen<br />

en verlangens van enkele dolende adolescenten, wordt er<br />

bijvoorbeeld niet over drugs, gesluierde meisjes of gedwongen<br />

huwelijken gesproken, maar wel over liefde en theater.<br />

“Ik heb in de eerste plaats de verbale agressiviteit willen<br />

demystifiëren”, aldus Kechiche over zijn uitstekende en met<br />

veel tact geobserveerde film. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : ABDELLATIF KECHICHE<br />

SC : ABDELLATIF KECHICHE,<br />

GHALIA LACROIX<br />

PHOTO : LÜBOMIR BAKCHEV<br />

PROD : LOLA FILMS,<br />

JACQUES OUANICHE, CINÉ CINÉMA<br />

AVEC :<br />

OSMAN ELKHARRAZ, SARAH<br />

FORESTIER, SABRINA OUAZANI,<br />

NANOU BENHAMOU<br />

FRANCE, 2002, 117’,<br />

COULEUR, VOF


Antoine (Jean-Pierre Darroussin) se fait une joie de<br />

rejoindre ses enfants en vacances. Hélène, sa femme<br />

(Carole Bouquet), est en retard. Il en profite pour boire<br />

quelques bières. Il fait chaud en cette fin d’après-midi…<br />

Lorsqu’ils prennent enfin la voiture, l’alcool et la chaleur<br />

commencent à faire effet.<br />

Avec Feux rouges, Cédric Kahn confirme une maîtrise<br />

digne des plus grands. Dès les premiers plans, il pose<br />

l’aspect très ordinaire de son héros, employé moyen,<br />

heureux de quitter un travail peu valorisant pour des<br />

vacances en famille. Dans cet univers, qui est aussi le<br />

nôtre, le physique simple, et presque quotidien, de Jean-<br />

Pierre Darroussin accentue l’effet de reconnaissance<br />

et, donc, d’identification, qui va nous aider à suivre sa<br />

descente aux enfers. Mais cette simplicité est un leurre<br />

car, dehors, le paysage change. De Paris à la province.<br />

Du jour à la nuit. D’une bière à trois grammes dans le<br />

sang. D’un monde à l’autre, en somme, les couleurs ne<br />

sont plus les mêmes, la réalité a basculé et nous avec.<br />

Mais quand ? Au troisième verre ? A l’apparition de cet<br />

étrange personnage qui oblige Antoine à reprendre un<br />

whisky ? Au moment de quitter l’autoroute ?<br />

Peu importe. Qu’il s’agisse d’un virage vers le film noir,<br />

d’un détour vers le fantastique ou d’une altération de<br />

la réalité due à l’alcool… Car, ce qui compte, en ces<br />

troubles contrées, est que l’on navigue à la lisière des<br />

genres, sur une corde raide, où Cédric Kahn, toujours<br />

86<br />

Feux rouges<br />

CÉDRIC KAHN<br />

à la limite de la rupture, réussit un magnifique numéro<br />

d’équilibriste. Rupture de tons, d’une part, entre les trois<br />

blocs narratifs du film (suspense, fantastique et thriller),<br />

et, rupture humaine, d’autre part, pour ce couple bourgeois,<br />

proche de l’implosion, et, surtout, pour Antoine et<br />

ses tendances suicidaires.<br />

d’après Marc Petit, Fluctuat.net<br />

•<br />

Feux rouges (2004) is de meest recente film van de jonge<br />

schrijver-regisseur Cédric Kahn. De film is gebaseerd op een<br />

roman van Georges Simenon, wat gewoonlijk een garantie biedt<br />

op suspens, zwarte humor, scheeflopende relaties en tragische<br />

helden. Jean-Pierre Darrousin, die hier duidelijk maakt dat hij<br />

niet enkel als ensemble-acteur z’n mannetje kan staan, en de<br />

immer heerlijke Carole Bouquet zijn een echtpaar in de problemen<br />

op een overdrukke autostrade op weg naar het zomerkamp<br />

van de kinderen. Hij drinkt, dus staat hij inmiddels aan het<br />

staartje van haar prioriteitenlijst. Ze krijgen ruzie, zij verdwijnt,<br />

hij pikt een lifter op. Is een drama in wording de enige manier<br />

om hun huwelijk te redden? Naast een afdoende thriller is Feux<br />

rouges (het gevaar is nooit ver weg) vooral een exploratie van<br />

liefde en intimiteit en wat je moet investeren om een succesvolle<br />

relatie op te bouwen. M.V.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : CÉDRIC KAHN<br />

SC : CÉDRIC KAHN, LAURENCE<br />

FERREIRA-BARBOSA, GILLES<br />

MARCHAND, D’APRÈS LE ROMAN<br />

DE GEORGES SIMENON<br />

PHOTO : PATRICK BLOSSIER<br />

MUS : CLAUDE DEBUSSY<br />

PROD : ALICÉLEO, GIMAGES FILMS<br />

AVEC :<br />

JEAN-PIERRE DARROUSSIN,<br />

CAROLE BOUQUET,<br />

VINCENT DENIARD,<br />

CHARLINE PAUL,<br />

JEAN-PIERRE GROS<br />

FRANCE, 2003, 106’,<br />

COULEUR, VOF


87<br />

Histoire de Marie et Julien<br />

Julien fait un rêve : il rencontre Marie. Un an auparavant,<br />

dans une soirée, Marie et Julien sont tombés amoureux<br />

l’un de l’autre, mais tous deux étaient pris à l’époque.<br />

Maintenant, ils sont libres. A son réveil, Julien croise<br />

justement Marie dans la rue. Ils se donnent rendez-vous,<br />

mais elle ne vient pas (apparition/disparition, présence/<br />

absence : érotisme de l’intermittence). Elle réapparaîtra<br />

pourtant. Julien et Marie vont s’aimer, et le film prendra<br />

souvent le ton banal et/ou réjouissant de l’amour au quotidien<br />

(qui fait la force du film). Mais un poids pèse sur<br />

Marie, un abîme la sépare de Julien, qu’elle ne sait pas<br />

comment combler. Comme dans tous les couples ? Marie<br />

est amenée à disparaître… et à réapparaître, comme<br />

les fantasmes refoulés, les blessures mal cicatrisées (ou<br />

mal cicatrisantes). Grâce à l’amour, elle parviendra à<br />

triompher de la mort. Mais peut-être ne s’agit-il que d’un<br />

rêve… Un conte pour adultes. Rien de neuf : la cinéma a<br />

toujours eu le chic de faire son miel des histoires les plus<br />

“bêtes”. Rivette, cinéaste gothique par excellence, en tire<br />

un film intense et étonnant sur l’amour fou, la mort, la<br />

terreur et la délivrance, nous entraîne subrepticement<br />

sur les chemins de l’irrationnel et du fantastique, avec<br />

une telle subtilité qu’on jurerait que tout cela est naturel.<br />

<strong>Le</strong> film atteint à un parfait équilibre entre préoccupations<br />

intimes, respect des codes du genre fantastique,<br />

vérité psychologique et questionnement sur le cinéma,<br />

ce point de fusion où tout fait sens, plus précisément<br />

JACQUES RIVETTE<br />

où tout va dans le même sens. Ce parfait équilibre à un<br />

nom : maturité. On pourrait aussi l’appeler classicisme,<br />

avec tout ce qu’il y a de paradoxal à résumer par ce mot<br />

le film d’un cinéaste dont le nom est tellement lié à l’idée<br />

de modernité au cinéma.<br />

d’après Jean-Baptiste Morain, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

De jongste film van Jacques Rivette, Histoire de Marie et<br />

Julien, dateert eigenlijk al van 1975. Samen met zijn assistente<br />

Claire Denis was Rivette indertijd immers al begonnen<br />

aan de opnamen van die film, met in de voornaamste rollen<br />

Albert Finney en <strong>Le</strong>slie Caran. Na drie draaidagen legde Rivette<br />

de opnamen echter stil, omwille van een ‘technisch KO van de<br />

regisseur’. Dat geaborteerde project zou bij Rivette voor heel<br />

wat wroeging zorgen, een wroeging die hem dertig jaar lang is<br />

blijven achtervolgen. Twee jaar geleden werd het scenario van<br />

de film echter uitgegeven en bij het nalezen van de drukproeven<br />

ontstond de idee om het project opnieuw op te starten, deze<br />

keer met Emmanuelle Béart in de hoofdrol.<br />

In vergelijking met Va Savoir is dit amour fou-drama opnieuw<br />

opvallend somber van toon, maar de inmiddels 76-jarige Rivette<br />

regisseert hier voor het eerst erotische scènes die volgens<br />

Cahiers du <strong>Ciné</strong>ma tot de mooiste en meest inventieve van de<br />

filmgeschiedenis behoren. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : JACQUES RIVETTE<br />

SC : JACQUES RIVETTE,<br />

PASCAL BONITZER,<br />

CHRISTINE LAURENT<br />

PHOTO : WILLIAM LUBTCHANSKY<br />

PROD : PIERRE GRISE<br />

PRODUCTIONS, ARTE FRANCE<br />

CINÉMA, VM PRODUCTIONS,<br />

FMB 2 FILMS, CINEMAUNDICI<br />

AVEC :<br />

EMMANUELLE BÉART, JERZY<br />

RADZIWILOWICZ, ANNE BROCHET,<br />

BETTINA KEE<br />

FRANCE-ITALIE, 2003, 145’,<br />

COULEUR, VOF


88<br />

My Life Without Me<br />

Anne va mourir. Elle n’a que vingt-trois ans et la<br />

tumeur se propage vite. Il ne lui reste que quelques<br />

semaines. <strong>Le</strong> temps de vivre “vraiment” et de prévoir<br />

ce que sera sa vie sans elle : celle de son mari, bon,<br />

attentionné et volontaire, mais “pas à la hauteur” ; de<br />

ses deux filles, Penny et Patsy, six et quatre ans ; de sa<br />

mère (étonnante Deborah Harry) trop lasse et amère,<br />

mais grâce à qui Anne et les siens peuvent vivre au<br />

fond du jardin dans une caravane. Elle tait sa maladie<br />

et, loin de s’apitoyer, elle liste les choses à faire.<br />

Comme avant un départ, elle prévoit : dire à mes filles<br />

que je les aime, trouver une nouvelle femme pour<br />

Don, enregistrer mes messages pour les anniversaires<br />

futurs, aller voir mon père en prison, coucher avec<br />

d’autres hommes, rendre quelqu’un amoureux de<br />

moi, dire ce que je pense… Et c’est la rencontre avec<br />

<strong>Le</strong>e, le solitaire qui laisse couler les jours entre lecture,<br />

musique et grands espaces. Elle découvre ses baisers,<br />

sa peau, ses sentiments pour cet être qu’elle met en<br />

mouvement. L’idée-force de ce film, lumineux et pâle<br />

comme son actrice principale (Sarah Polley), c’est de<br />

traiter de la mort en parlant surtout de la vie. Pas de<br />

scènes d’hôpital douloureuses, juste un médecin timide<br />

qui deviendra le passeur (vers la mort, mais aussi<br />

vers la vie, après). C’est sobre, délicat, telles les petites<br />

choses qui nous font sentir vivant : le goût d’un bonbon<br />

au gingembre, le bruit de la pluie sur les feuilles,<br />

ISABEL COIXET<br />

la texture du lait, le toucher d’une écorce d’orange,<br />

le froid sur la peau, ou les notes cristallines des verres<br />

d’un musicien, juste là pour l’envol réussi du film.<br />

d’après D.M., Positif<br />

•<br />

Het jaar is nog niet om, maar dit in het Engels opgenomen en<br />

door Pedro Almodovars productiebedrijf El Deseo geproduceerde<br />

My Life Without Me haalt beslist verschillende Top<br />

tien-lijstjes.<br />

Ann (een schitterende Sarah Polley) is een 24-jarige vrouw en<br />

moeder van twee meisjes. Ze leeft samen met haar man in een<br />

stacaravan in de tuin van haar moeder, een verbitterde vrouw<br />

die kickt op Joan Crawford-films. En dan verneemt Ann plots<br />

dat ze een fatale kanker heeft en dat ze nog maar twee of drie<br />

maanden te leven heeft. Ze besluit tegen niemand iets te zeggen<br />

en begint met het opstellen van een lijstje met de zaken die<br />

ze nog wil doen voordat ze dood gaat.<br />

Scenarist-regisseuse Isabel Coixet mijdt alle clichés, goedkoop<br />

sentimetent en manipulerende pathos in dit oprecht, ontroerend<br />

en gevoelig melodrama, een film die ‘zowel melancholie als<br />

levenslust opwekt’. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : ISABEL COIXET<br />

SC : ISABEL COIXET,<br />

D’APRÈS UNE NOUVELLE DE<br />

NANCI ICINCAID<br />

PHOTO : JEAN-CLAUDE LARRIEU<br />

MUS : ALFONSO DE VILLALONGA<br />

PROD : EL DESEO & MILESTONE<br />

PRODUCTION INC<br />

AVEC :<br />

SARAH POLLEY, SCOTT SPEDMAN,<br />

MARK RUFFALO, DEBORAH HARRY,<br />

MARIA DE MEDEIROS<br />

ESPAGNE-CANADA, 2003, 102’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Nous sommes dans une petite ville reculée de l’Ouest<br />

islandais, qui n’est pas sans faire écho à l’Ouest mythique<br />

de l’Amérique. Seulement, le désert est de neige, l’aridité<br />

de glace. Dans ce trou perdu, coupé en hiver du reste<br />

du monde, la vie se résume pour Nói à peu de chose.<br />

Une mère qui, réflexion faite, a dû se faire la malle depuis<br />

belle lurette ; une grand-mère rabougrie, gentille mais<br />

complètement tapée, qui réveille son petit-fils à coups<br />

de carabine ; un père aux allures de rocker, qui noie<br />

dans l’alcool son impuissance à faire quoi que ce soit, et<br />

dont les conseils se résument à “Et surtout : les capotes.<br />

Un enfant, c’est vite arrivé. Je suis bien placé pour le<br />

savoir.” Pour Nói, dix-sept ans, filiforme, de grands yeux<br />

vifs, pas un poil sur le caillou, des allures de dandy avec<br />

sa chemise écossaise cintrée et son bonnet péruvien, il<br />

s’agit surtout d’échapper à la monotonie. Avant tout,<br />

ne pas prendre au sérieux cette microsociété trois fois<br />

dérisoire, et faire à découvert ce que d’autres font sous<br />

cape, dans leur temps libre ou en retraite : jouer. <strong>Le</strong> jeu<br />

chez Nói est une attitude constante, une forme active<br />

de résistance au monde absurde dans lequel les adultes,<br />

qu’il toise d’une stoïque indifférence, cherchent à le<br />

compromettre ; un mouvement ascendant, lyrique, qui<br />

délivre le film de toute pesanteur. Sous le regard aiguisé<br />

de cet adolescent éthéré, à travers chacun de ses gestes<br />

contenus, impeccables de précision, les situations les<br />

moins relevées prennent aussitôt su piquant : faire des<br />

89<br />

Nói albinoi<br />

DAGUR KÁRI<br />

crêpes, affronter un psychologue scolaire, chercher une<br />

tombe sous la neige… <strong>Le</strong> personnage de Nói s’inscrit<br />

dans la grande tradition des héros comiques : il tient d’un<br />

Harry Langdon, d’un Buster Keaton pour le caractère<br />

lunaire et secret ; d’un Charlot par cette attitude merveilleuse<br />

qu’il a, par le seul trait de son esprit, de refuser<br />

la misère du monde.<br />

d’après Pascal Sennequier, Positif<br />

•<br />

Noi is helemaal geen albino, maar misschien is hij wel de<br />

dorpsgek of een genie in vermomming? De 17-jarige Noi<br />

droomt ervan om te ontsnappen uit zijn gevangenis, een dorp in<br />

een afgelegen fjord in het noorden van Ijsland dat in de winter<br />

volledig van de buitenwereld afgesloten is. Zijn vader zit zwaar<br />

aan de drank en op school heeft hij voortdurend problemen. Een<br />

ontmoeting met een meisje doet deze drop-out nog meer van<br />

vluchten dromen. Maar zijn verschillende, onhandige pogingen<br />

lopen telkens op mislukkingen uit, al zal dat ook wel met zijn<br />

eigenzinnige natuur te maken hebben.<br />

“Een dadaïst uit Ijsland”, “De revelatie van het jaar” of “Het<br />

grote Ijslandse filmtalent”: het regende complimenten voor Noi<br />

Albinoi, een op festivals onder de prijzen bedolven debuut van<br />

Dagur Karl. Zijn heerlijke absurde fabel over de verveling en<br />

revolte van een adolescente is dan ook een Kaurismaki-achtig<br />

festijn van onderkoelde, zwarte humor. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL & SC : DAGUR KÁRI<br />

PHOTO : RASMUS VIDEBAEK<br />

MUS : SLOWBLOW<br />

PROD : ZIK ZAK FILMPRODUKTION<br />

AVEC :<br />

TÓMAS LEMARQUIS,<br />

THRÖSTUR LEO GUNNARSSON,<br />

ELIN HANSDOTTIR,<br />

ANNA FRIDIKSDOTTIR<br />

ISLANDE, 2003, 93’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


90<br />

Qui a tué Bambi ?<br />

Gilles Marchand, coscénariste de Ressources humaines,<br />

Harry, un ami qui vous veut du bien et Bon voyage, réalise<br />

son premier long métrage, neuf ans après avoir remporté<br />

le grand prix du festival de Clermont-Ferrand pour<br />

un court intitulé Joyeux Noël. À l’origine de ce projet,<br />

un cliché de roman de gare : dans un hôpital isolé, une<br />

jeune infirmière est troublée par un beau chirurgien.<br />

Trouble amoureux, sans doute, mais de peur mêlé. Car<br />

des phénomènes étranges se produisent dans l’établissement<br />

: des patientes se réveillent en pleine anesthésie,<br />

d’autres disparaissent sans laisser de traces. La première<br />

habileté de Gilles Marchand est simplement d’emboîter<br />

les peurs. La crainte de l’opération se redouble d’une<br />

frayeur provoquée par le médecin lui-même. Comment<br />

savoir ce qui se passe quand on est endormi, qu’on<br />

s’abandonne aux mains de l’équipe chirurgicale, qu’on<br />

reste inconscient dans une salle de réveil ? Cet effroi est<br />

ambivalent, le spectateur n’étant pas non plus étranger<br />

au fantasme commun de la belle endormie offerte à<br />

l’inconnu. Sur cette tension classique entre peur et attirance,<br />

Qui a tué Bambi ? tient assez longtemps le public<br />

en haleine, jusqu’à ce qu’une autre question fasse irruption,<br />

magistralement mise en scène dans la séquence<br />

du jeu du rêve. Un doute s’immisce alors, qui virtualise<br />

l’enquête de notre petit chaperon rouge qui se prend soit<br />

pour Cendrillon, soit pour Fantômette. Seule contre tous<br />

les scepticismes, elle part à la conquête de ce château<br />

GILLES MARCHAND<br />

complexe aux princesses captives que devient l’hôpital.<br />

Mais ses évanouissements ne trahissent-ils pas ses désirs<br />

d’abandon ? <strong>Le</strong> film malmène le savoir, fait vaciller les<br />

certitudes. <strong>Le</strong> soin apporté à la mise en scène est très<br />

rassurant sur la capacité des jeunes cinéastes français<br />

à réaliser des films de genre comme ce thriller, à la fois<br />

intelligents et efficaces.<br />

d’après Stéphane Goudet, Positif<br />

•<br />

Voor Qui a tué bambi ? greep regisseur Gilles Marchand voor<br />

de titel terug naar de punksong ‘Who Killed Bambi’, wat meteen<br />

aangeeft dat dit een film is waarin meer met ongemak dan met<br />

onschuld geflirt wordt.<br />

Marchand citeert Hitchcock, Fritz Lang en Lynch als zijn belangrijkste<br />

invloeden. De vlag die de lading van deze intelligente en<br />

met metaforische sprookjesmotieven doorweven psychologische<br />

thriller dekt, is echter Harry, un ami qui vous veut du bien<br />

van Dominik Moll. Marchand was coscenarist van Molls akelige<br />

debuut, terwijl Moll voor dit sprookje over een sensuele aspirant-verpleegster<br />

(revelatie Sophie Quinton) en een duivelse<br />

dokter (Laurent Lucas), als regieraadgever optrad.<br />

Het nare maar onderhoudende Qui a tué bambi ? speelt op een<br />

verontrustende manier in op de angst voor medische narcose<br />

en deze fraaie, ontregelende nachtmerrie is beslist een van de<br />

betere Franse films van het afgelopen seizoen. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : GILLES MARCHAND<br />

SC : GILLES MARCHAND,<br />

VINCENT DIETSCHY<br />

PHOTO : PIERRE MILON<br />

MUS : LILY MARGOT, CARLOS<br />

DALTON, FRANÇOIS EUDES<br />

PROD : HAUT ET COURT, M6 FILMS<br />

AVEC :<br />

SOPHIE QUINTON,<br />

LAURENT LUCAS,<br />

CATHERINE JACOB,<br />

YASMINE BELMADI<br />

FRANCE, 2003, 126’,<br />

COULEUR, VOF ST NL


Scène d’ouverture. Plan fixe, interminable. Un homme<br />

acculé au désespoir braque une bijouterie des beaux<br />

quartiers de Téhéran, tue le gérant avant de se donner la<br />

mort. Insupportable cri de détresse d’un pauvre homme<br />

frappé par la misère, cet acte filmé avec retenue symbolise<br />

la lente descente aux enfers d’une population trop<br />

habituée aux humiliations d’un régime à deux vitesses<br />

(les très riches / les très pauvres). La suite du film retrace<br />

le parcours erratique d’Hussein jusqu’à cet horrible<br />

dénouement, ou comment l’hypocrisie et les tares du<br />

système conduisent le plus raisonnable des hommes à<br />

franchir le pas vers la folie, jusqu’à la mort. Pour Jafar<br />

Panahi, l’intérêt d’une telle histoire, aussi tragique soitelle,<br />

tient dans les raisons qui poussent un être humain<br />

à de telles extrémités, ou comment les erreurs d’un individu<br />

accumulées au fil de l’existence peuvent l’amener à<br />

commettre l’irréparable. En ce sens, Sang et or n’est pas<br />

l’histoire d’un crime, mais celle de ses antécédents. <strong>Le</strong><br />

criminel ne serait donc pas Hussein (incroyable Hussain<br />

Emadeddin, corps massif et mutique, à l’apparente placidité),<br />

mais la société aliénante dans laquelle il tente,<br />

tant bien que mal, de trouver sa place. Dans <strong>Le</strong> Cercle,<br />

son précédent film, Jafar Panahi soulignait déjà la fatalité<br />

sociale qui frappe le peuple iranien (dans ce cas-là, les<br />

femmes). La métaphore du cercle illustrait l’enfermement<br />

des femmes dans leur condition précaire. Dans<br />

Sang et or, c’est le cadre de la bijouterie comme prison<br />

91<br />

Sang et or<br />

JAFAR PANAHI<br />

(comme impasse), et le plan fixe de la scène, qui signifie<br />

l’enfermement social d’Hussein. Ces inventions de la<br />

mise en scène s’expliquent par la censure : pour critiquer<br />

la société iranienne, Panahi se doit d’utiliser des stratégies<br />

détournées. Comme Hussein, le cinéma iranien<br />

semble pris en embuscade. Il en devient d’autant plus<br />

nécessaire et admirable, par sa force et son opiniâtreté.<br />

G.E.<br />

•<br />

Voor Sang et or (Talaye Sorgh), vorig jaar in Cannes met de<br />

prijs van de jury “Un Certain Regard” bekroond, vertrok de<br />

Iraanse cineast Jafar Panahi (The Circle) van een door Abbas<br />

Kiarostami geschreven scenario, gebaseerd op een faits-divers.<br />

De film reconstrueert de escalatie van voorvallen die een incident<br />

voorafgaan dat zal leiden tot de zelfmoord van Hussein,<br />

een eenzame en vernederde pizzabesteller uit Teheran die zijn<br />

buik vol heeft van de menselijke ellende en onrechtvaardigheid<br />

en de groeiende kloof tussen rijk en arm waar hij dagelijks mee<br />

geconfronteerd wordt.<br />

Sang et or, gefilmd in de typische Iraanse realistische stijl die<br />

ondertussen school gemaakt heeft, is een labyrintisch geconstrueerde<br />

parabel die opvalt door zijn subtiele eenvoud, ook al<br />

haalt Panahi sterk uit naar de hypocrisie binnen de gedesillusioneerde,<br />

door sociale spanningen en klassenstrijd verdeelde<br />

Iraanse maatschappij. L.J.<br />

REPRISE<br />

TALAYE SORKH<br />

RÉAL : JAFAR PANAHI<br />

SC : ABBAS KIAROSTAMI<br />

PHOTO : HOSSEIN DJAFARIAN<br />

MUS : PEYMAN YAZDANIAN<br />

PROD : JAFAR PANAHI FILM<br />

PRODUCTIONS<br />

AVEC :<br />

HUSSEIN EMADEDDIN,<br />

KAMYAR SHEISSI, AZITA RAYEJI,<br />

SHAHRAM VAZIRI<br />

IRAN, 2003, 97’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


Comme beaucoup de films de Naomi Kawase, Shara<br />

raconte une histoire de famille, de disparition, de deuil et<br />

de renaissance. Deux petits garçons, Shun et Kei, jouent<br />

dans les ruelles de leur quartier de Nara. Un jour, lors<br />

d’une course-poursuite, Kei disparaît. Où, quand, pourquoi,<br />

comment ? On ne le saura pas. Comment Shun<br />

et sa famille vivent-ils le manque ? Comment ce trauma<br />

initial travaille-t-il Shun et son rapport aux autres ? Ces<br />

questionnements sont déjà remarquables en soi. Mais ce<br />

qui ici est grand, stupéfiant, presque irréel de délicatesse<br />

et de subtilité, c’est la façon dont Kawase s’approprie<br />

ces motifs en cinéaste visitée par la grâce. La caméra de<br />

Shara est toujours mobile, en mouvement, privilégiant<br />

la figure du travelling avant. Au lieu de mettre en place,<br />

de manière classique, un espace-scène de théâtre à trois<br />

côtés (la caméra prenant la place du quatrième côté,<br />

celle du cinéaste et des spectateurs), la caméra de Shara<br />

fore l’espace du film, avance vers le fond-horizon sans<br />

limite des plans, tourne parfois sur elle-même à 360°.<br />

L’usage de la Steadycam ajoute à cette figure dominante<br />

un aspect flottant, glissant, liquide, incertain, proche<br />

d’une vision somnambulique, onirique. Tout concourt<br />

ici a créer une espèce d’ultra-présence du réel et du<br />

monde environnant, à rendre mystérieux et important<br />

le moindre détail du quotidien, à faire entendre et voir<br />

l’invisible, à transformer ce quartier de Nara en un<br />

lieu frissonnant, hanté – par exemple par l’âme d’un<br />

92<br />

Shara<br />

NAOMI KAWASE<br />

enfant disparu. Car si la mise en scène à la fois totale<br />

et elliptique de Kawase fait autant de bien qu’un bain<br />

d’herbes parfumées, et semble nous permettre de voir et<br />

de ressentir le monde avec une acuité décuplée, elle est<br />

aussi une élégance, une pudeur, une façon d’évoquer les<br />

sujets les plus dramatiques avec retenue.<br />

d’après Serge Kaganski, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

De derde film van Naomi Kawase, speelt zich net als Suzaku en<br />

Hotaru af in haar geboortedorp Nara, een oude stad met een<br />

rijke boeddhistische geschiedenis. Het subtiele, intimistische<br />

Shara (Sharaoyjna), dat vorig jaar voor de competitie in Cannes<br />

geselecteerd werd, peilt naar de verdrukte gevoelens, de shock<br />

en verwarring van een familie, getroffen door de verdwijning<br />

van Kei, de tweelingbroer van Shun.<br />

Vijf jaar later hebben vader Taku, bezig met de organisatie<br />

van het jaarlijkse Basara-straatfestival, de zwangere moeder<br />

Reiko (rol van Kawase) en de 17-jarige introverte Shun het nog<br />

steeds moeilijk met dat verlies. Dankzij een aantal gebeurtenissen,<br />

waaronder een onthulling van de moeder, vindt iedereen<br />

opnieuw zijn geluk.<br />

Het visueel memorabele en van stemming adembenemend<br />

mooie Shara is een heel serene, poëtisch-impressionistische<br />

film vol hypnotiserende, kleurrijke rituelen. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL & SC : NAOMI KAWASE<br />

PHOTO : YUTAKA YAMAKAZI<br />

MUS : UA<br />

PROD : YOSHIYA NAGASAWA<br />

AVEC :<br />

NAOMI KAWASE, KOHEI FUKUNAGA,<br />

YUKA HYODO, KANAKO HIGUCHI,<br />

KATSUHISA NAMASE<br />

JAPON, 2003, 99’,<br />

COULEUR, VO ST BIL


La maladie, lorsqu’elle se propage, réveille chez ceux<br />

qu’elle habite de vieux souvenirs, ranime de vieilles<br />

aigreurs, creuse de troubles remords. Face à la mort, le<br />

malade ressent le besoin de tout remettre à plat, à l’image<br />

de son corps qui gît sur un lit d’hôpital, de tout mettre<br />

au clair, comme la lumière crue d’une chambre froide.<br />

Avec Son frère, Patrice Chéreau prolonge cette tradition<br />

narrative – presque une scène primitive – du rassemblement<br />

familial autour d’un lit de mort, qui n’est autre<br />

qu’un lien de vie. Comment vivre avec les autres, surtout<br />

avec ceux que l’on croit aimer ? Comment partager avec<br />

eux les secrets d’une souffrance ou d’un désir ? Défis auxquels<br />

se confronte Thomas (Bruno Todeschini, impressionnant),<br />

qui, apprenant que ses plaquettes de sang ne<br />

fonctionnent plus, décide de revoir son frère Luc (Éric<br />

Caravaca), disparu de son existence depuis longtemps.<br />

Face à son frère se regardant mourir, Luc dépasse le<br />

stade de la compassion, pour reconstruire un lien défait.<br />

Et même si, au bout de la course, les pulsions de vie s’effondrent,<br />

l’abandon aura été précédé d’une rédemption.<br />

Pas celle d’un corps mais celle d’une volonté, pas celle<br />

de la chair mais celle d’un désir. Dans cette confusion<br />

sentimentale et physique, Chéreau s’autorise des instants<br />

de répit, en s’attardant sur ses personnages. Comme ce<br />

plan fixe de Thomas allongé sur son lit d’hôpital, auprès<br />

des infirmières qui rasent ses poils de la tête aux pieds.<br />

Dans ce long plan-séquence sourd et sensuel d’un corps<br />

95<br />

Son frère<br />

PATRICE CHÉREAU<br />

crucifié s’abandonnant aux femmes qui le remodèlent, le<br />

cinéaste capte un instant de grâce. De la grâce, Son frère<br />

ne manque pas, ne serait-ce par le parcours tortueux<br />

qu’il impose avant la libération, par l’âpreté d’une mise<br />

en scène risquée, aérienne et pleine de chair.<br />

d’après Jean-Marie Durand, <strong>Le</strong>s Inrockuptibles<br />

•<br />

Het vorig jaar in Berlijn met de Zilveren Beer bekroonde Son<br />

frère is niet alleen een aangrijpend verhaal over het lijden van<br />

een zieke man, het is ook een mooi portret over de verzoening<br />

en de emotionele band tussen die zieke Thomas (Bruno<br />

Todeschini) en zijn homoseksuele broer Luc (Eric Caravaca).<br />

In Intimacy, Patrice Chéreau vorige film, zat de camera al<br />

regelmatig heel dicht op de huid van de personages. Dat soms<br />

nerveus kadreren geeft ook aan dit portret over de aftakeling<br />

van de 30-jarige Thomas een ruwe, naturalistische urgentie.<br />

Zonder een noot pathos gaat Chéreau in deze bijzonder sterke<br />

film in op dat proces van lichamelijke degradatie en de impact<br />

daarvan op familie en vrienden. Son frère is in de eerste plaats<br />

echter een intens en indringend drama waarin op een heel<br />

waardige manier het emotionele leven van twee mensen op weg<br />

naar een confrontatie met de dood gescand wordt. L.J.<br />

REPRISE<br />

RÉAL : PATRICE CHÉREAU<br />

SC : PATRICE CHÉREAU,<br />

ANNE-LOUISE TRIVIDIC, D’APRÈS<br />

LE ROMAN DE PHILIPPE BESSON<br />

PHOTO : ÉRIC GAUTIER<br />

MUS : ANGELO BADALAMENTI<br />

PROD : AZOR FILMS, LOVE<br />

STREAMS PRODUCTIONS,<br />

ARTE FRANCE CINÉMA<br />

AVEC :<br />

ÉRIC CARAVACA,<br />

BRUNO TODESCHINI, NATHALIE<br />

BOUTEFEU, MAURICE GARREL,<br />

CATHERINE FERRAN,<br />

PASCAL GREGGORY<br />

FRANCE, 2003, 95’,<br />

COULEUR, VOF ST NL


(1)<br />

DEAD OR ALIVE :<br />

HANZAISHA<br />

SC : ICHIRO RYU<br />

PHOTO : HIDEO YAMAMOTO<br />

MUS : KOJI ENDO<br />

PROD : EXCELLENT FILM,<br />

TOEI, DAIEI<br />

AVEC :<br />

RIKI TAKEUCHI, SHO AIKAWA,<br />

RENJI ISHIBASHI,<br />

HITOSHI OZAWA<br />

JAPON, 1999, 105’,<br />

COULEUR, VO ST FR<br />

96<br />

Trilogie<br />

Dead or Alive<br />

TAKASHI MIIKE<br />

(2)<br />

DEAD OF ALIVE 2 :<br />

TÔBÔSHA<br />

SC : MASA NAKAMURA<br />

PHOTO : KAZUNARI TANAKA<br />

MUS : CHU ISHIKAWA<br />

PROD : EXCELLENT FILM,<br />

TOEI, DAIEI<br />

AVEC :<br />

SHO AIKAWA, NORIKO AOTA,<br />

EDISON CHEN,<br />

KENICHI ENDO<br />

JAPON, 2000, 97’,<br />

COULEUR, VO ST FR<br />

(3)<br />

DEAD OR ALIVE :<br />

FINAL<br />

RÉAL : TAKASHI MIIKE<br />

SC : HITOSHI ISHIKAWA,<br />

YOSHINOBU KANO, ICHIRO RYU<br />

PHOTO : HIDEO YAMAMOTO<br />

MUS : KOJI ENDO<br />

PROD : EXCELLENT FILM,<br />

TOEI, DAIEI<br />

AVEC :<br />

SHO AIKAWA, MARIA CHEN,<br />

RICHARD CHEN,<br />

RIKI TAKEUCHI<br />

JAPON, 2002, 90’,<br />

COULEUR, VO ST FR


Dead or Alive plaque sur un régime de cinéma d’action<br />

une multitude de genres que réunit un excès commun :<br />

kung-fu, science-fiction, film de robots, horreur, parfois<br />

jusqu’aux ramifications les plus extrêmes du porno et les<br />

plus fauchées de la série Z. Mais Miike n’abdique jamais<br />

devant la pauvreté de ses moyens. Preuve indéniable de<br />

son talent plastique, mais plus encore, garantie que son<br />

projet dépasse largement le nihilisme dont il est crédité.<br />

Pourquoi une trilogie ? Miike répète qu’il en déteste le<br />

principe. Cette commande l’a incité, selon ses dires, à<br />

refuser la moindre continuité d’un épisode à l’autre.<br />

Ainsi DOA 1 se réduit-il au duel d’un policier japonais<br />

et d’un gangster chinois. DOA 2 reprend les mêmes<br />

acteurs dans une relation d’amitié motivée par une<br />

même enfance. DOA 3, ou Final les constitue replicants,<br />

résistant ou lieutenant à la solde d’une dictature. Quelles<br />

relations établir alors entre ces films ? Au moins trois. La<br />

première est rythmique. Lançant l’effrayante machine<br />

à images, le compte au départ de DOA 1 ramène toute<br />

forme de revendication, sérieuse ou dérisoire, à une<br />

même pulsation : la séquence qui suit, bien que confuse,<br />

est toujours prête à articuler un redémarrage. Ainsi, la<br />

série n’envisage jamais de se boucler. La seconde est un<br />

principe de balance. <strong>Le</strong> terme désigne le jeu perpétuel<br />

de deux éléments opposés et pourtant solidaires. La troisième<br />

est celle que scande le titre. Survie grotesque, qui<br />

fait jouer un ressort comique déjà vu : les deux personna-<br />

97<br />

ges meurent à chaque fin d’épisode, comme Kenny dans<br />

South Park. Mais il est peut-être inutile de croire à cette<br />

explication plus qu’à une autre : dans l’indiscernabilité à<br />

l’écran du vivant et du mort, mille scénarios s’inventent<br />

depuis toujours. Bons ou mauvais : le centre y est de<br />

toute façon écarté, et une place égale accordée aux<br />

vivants et aux fantômes, à la gravité et à la parodie.<br />

d’après Antoine Thirion, Cahiers du cinéma<br />

•<br />

Hoewel de op digitale video opgenomen Dead or Alive-cyclus<br />

van de maniakale veelfilmer en schockmeister Takashi Miike<br />

(The Audition, Ichi The Killer) als een trilogie wordt voorgesteld,<br />

gaat het hier wel degelijk om drie afzonderlijke films die inhoudelijk<br />

niets met elkaar te maken hebben, tenzij een schokkend<br />

amoreel universum en een koortsachtige, hoogstoriginele en<br />

inventieve filmstijl.<br />

Dead or Alive (1999) is een ultragewelddadige, flashy en met<br />

adrenaline geladen anarchistische thriller over de strijd tussen<br />

cops en yakuza-gangsters.<br />

In het meer nostalgisch getinte Dead or Alive 2 : Birds (2000)<br />

sluiten twee professionele killers en oude schoolvrienden<br />

opnieuw vriendschap met elkaar.<br />

Het futuristische Dead or Alive : Final (2002) concentreert dan<br />

weer op de strijd tussen een louche homoseksuele drugkoning<br />

en een rebelse guerillaleider. Of drie postmoderne actiefilms die<br />

samen een profetisch meesterwerk vormen. L.J.


16.06 . mercredi<br />

13h40 - Boccace ‘70 17h30 - Elephant 19h20 - Sacré Graal 21h10 - Oasis<br />

14h10 - 24 Hour Party People 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - Elle est des nôtres 21h40 - Noi Albinoi<br />

17.06 . jeudi<br />

13h40 - Oasis 16h10 - Gloria 18h40 - The Merry Widow 21h10 - Sacré Graal<br />

14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - Feux rouges<br />

18.06 . vendredi<br />

13h40 - Sacré Graal 15h40 - Boccace ‘70 19h30 - Elephant 21h10 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />

14h10 - Elle est des nôtres 16h40 - 24 Hour Party People 19h10 - Feux rouges 21h40 - A Streetcar Named Desire<br />

19.06 . samedi<br />

13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Oasis 18h40 - Gloria 21h10 - The Merry Widow<br />

14h10 - A Streetcar Named Desire 16h40 - Feux rouges 19h10 - Noi Albinoi 21h40 - The Ghost and Mrs Muir<br />

20.06 . dimanche<br />

13h40 - Elephant 16h10 - Sacré Graal 18h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 20h10 - Boccace ‘70<br />

14h10 - Noi Albinoi 16h40 - S-21, la machine de mort… 19h10 - 24 Hour Party People 21h40 - Elle est des nôtres<br />

21.06 . lundi<br />

13h40 - The Ghost and Mrs Muir 16h10 - The Merry Widow 18h40 - Oasis 21h10 - Gloria<br />

14h10 - Feux rouges 16h40 - Elle est des nôtres 19h10 - A Streetcar Named Desire 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />

22.06 . mardi<br />

13h40 - Gloria 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - The Merry Widow 21h10 - Elephant<br />

14h10 - Noi Albinoi 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - S-21, la machine de mort… 21h40 - 24 Hour Party People<br />

98<br />

HORAIRES<br />

PRIX DES PLACES / PRIJS VAN DE PLAATSEN<br />

6,60 €<br />

pas de réduction en après-midi /geen vermindering namiddag<br />

•<br />

REDUCTIONS / KORTINGEN<br />

5,20 €<br />

(Etudiants / Studenten & Seniors)<br />

•<br />

ABONNEMENT ECRAN TOTAL<br />

50,00 €<br />

VALABLE POUR 10 SÉANCES AU CHOIX / GELDIG VOOR 10 VOORSTELLINGEN NAAR KEUZE<br />

Passage obligatoire par la caisse pour retirer les places /<br />

De kaarten moeten wel steeds aan de kassa afgehaald worden


23.06 . mercredi<br />

13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Il était une fois un merle… 18h40 - Elle est des nôtres 21h10 - Oasis<br />

14h10 - A Streetcar Named Desire 16h40 - Feux rouges 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />

24.06 . jeudi<br />

13h40 - Gloria 16h10 - Elephant 18h10 - Boccace ‘70 22h00 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />

14h10 - The Ghost and Mrs Muir 16h40 - Noi Albinoi 19h10 - Greetings 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />

25.06 . vendredi<br />

13h40 - The Merry Widow 16h10 - Gloria 18h40 - Oasis 21h10 - Elephant<br />

14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - Greetings<br />

26.06 . samedi<br />

13h40 - Oasis 16h10 - The Merry Widow 18h40 - Il était une fois un merle… 21h30 - Elle est des nôtres<br />

14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - The Ghost and Mrs Muir 19h10 - Feux rouges 21h40 - Sacré Graal<br />

27.06 . dimanche<br />

13h40 - Sacré Graal 15h40 - Boccace ‘70 19h30 - Elephant 21h10 - Gloria<br />

14h10 - 24 Hour Party People 16h40 - Greetings 19h10 - The Ghost and Mrs Muir 21h40 - S-21, la machine de mort…<br />

28.06 . lundi<br />

13h40 - Elephant 16h10 - Oasis 18h40 - Gloria 21h10 - Il était une fois un merle…<br />

14h10 - Feux rouges 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - 24 Hour Party People 21h40 - The Merry Widow<br />

29.06 . mardi<br />

13h40 - Il était une fois un merle… 16h10 - Sacré Graal 18h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 20h10 - Boccace ‘70<br />

14h10 - Greetings 16h40 - The Merry Widow 19h10 - Noi Albinoi 21h40 - The Ghost and Mrs Muir<br />

30.06 . mercredi<br />

13h40 - The Return of the Pink Panther 16h10 - A Face in the Crowd 18h40 - Elle est des nôtres 21h10 - Gloria<br />

14h10 - S-21, la machine de mort… 16h40 - Noi Albinoi 19h10 - Sacré Graal 21h40 - Gerry<br />

1.07 . jeudi<br />

13h40 - Boccace ‘70 17h30 - Il était une fois un merle… 19h20 - Greetings 21h30 - Genres d’à côté<br />

14h10 - Gerry 16h40 - Feux rouges 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />

2.07 . vendredi<br />

99<br />

13h40 - Greetings 15h40 - Boccace ‘70 19h40 - Il était une fois un merle… 21h30 - The Return of the Pink Panther<br />

14h10 - Sacré Graal 16h40 - S-21, la machine de mort… 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - Feux rouges<br />

3.07 . samedi<br />

13h40 - Elle est des nôtres 16h10 - Gloria 18h40 - The Return of the Pink Panther 21h10 - A Face in the Crowd<br />

14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - A Streetcar Named Desire 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - Khamosh Pani<br />

4.07 . dimanche<br />

13h40 - Il était une fois un merle… 15h40 - Vert Paradis 18h00 - Boccace ‘70 22:00 - Greetings<br />

14h10 - The Merry Widow 16h40 - Sacré Graal 19h10 - Gerry 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />

5.07 . lundi<br />

13h40 - A Face in the Crowd 16h10 - Greetings 18h10 - Noi Albinoi 20h10 - Boccace ‘70<br />

14h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - S-21, la machine de mort… 21h40 - Khamosh Pani<br />

6.07 . mardi<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

13h40 - Vert Paradis 16h10 - The Return of the Pink Panther 18h40 - A Face in the Crowd 21h10 - Il était une fois un merle…<br />

14h10 - Khamosh Pani 16h40 - Gerry 19h10 - A Streetcar Named Desire 21h40 - The Merry Widow


7.07 . mercredi<br />

13h40 - America America 17h00 - Cat People 18h40 - Alila 21h10 - A Face in the Crowd<br />

14h10 - Zabriskie Point 16h40 - Khamosh Pani 19h10 - Gerry 21h40 - American Splendor<br />

8.07 . jeudi<br />

13h40 - A Face in the Crowd 16h10 - Vert Paradis 18h40 - The Return of the Pink Panther 21h10 - Alila<br />

14h10 - The Merry Widow 16h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - Gerry<br />

9.07 . vendredi<br />

100<br />

13h40 - Cat People 15h20 - America America 18h40 - Vert Paradis 21h10 - The Return of the Pink Panther<br />

14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - Zabriskie Point 19h10 - American Splendor 21h40 - The Private Life of Sh. Holmes<br />

10.07 . samedi<br />

13h40 - The Return of the Pink Panther 16h10 - A Face in the Crowd 18h40 - Histoire d’un secret 21h10 - Vert Paradis<br />

14h10 - Gerry 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - The Merry Widow 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />

11.07 . dimanche<br />

13h40 - Alila 16h10 - The Return of the Pink Panther 18h40 - America America 22h00 - Cat People<br />

14h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 16h40 - American Splendor 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Khamosh Pani<br />

12.07 . lundi<br />

13h40 - American Splendor 16h10 - Histoire d’un secret 18h40 - Cat People 20h30 - America America<br />

14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Gerry 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - Zabriskie Point<br />

13.07 . mardi<br />

13h40 - Vert Paradis 16h10 - Alila 18h40 - A Face in the Crowd 21h10 - Histoire d’un secret<br />

14h10 - Khamosh Pani 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Zabriskie Point 21h40 - Retour à Kotelnitch<br />

14.07 . mercredi<br />

13h40 - Alila 16h10 - American Splendor 18h40 - Vert Paradis 21h10 - Roberto Succo<br />

14h10 - Retour à Kotelnitch 16h40 - Khamosh Pani 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Zabriskie Point<br />

15.07 . jeudi<br />

13h40 - America America 17h00 - Cat People 18h40 - Histoire d’un secret 21h10 - Alila<br />

14h10 - Zabriskie Point 16h40 - La Vie de Brian 19h10 - Khamosh Pani 21h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />

16.07 . vendredi<br />

13h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h10 - Roberto Succo 18h40 - Alila 21h10 - Vert Paradis<br />

14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble 19h10 - Zabriskie Point 21h40 - The Private Life of Sh. Holmes<br />

17.07 . samedi<br />

13h40 - Un film parlé 16h10 - America America 19h30 - Cat People 21h10 - American Splendor<br />

14h10 - Khamosh Pani 16h40 - Zabriskie Point 19h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 21h40 - Nous ne vieillirons pas ensemble<br />

18.07 . dimanche<br />

13h40 - American Splendor 16h10 - Alila 18h40 - Roberto Succo 21h10 - Histoire d’un secret<br />

14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Retour à Kotelnitch 19h10 - La Vie de Brian 21h40 - <strong>Le</strong>s Egarés<br />

19.07 . lundi<br />

13h40 - Histoire d’un secret 16h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 18h40 - America America 22h00 - Cat People<br />

14h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Retour à Kotelnitch 21h40 - Khamosh Pani<br />

20.07 . mardi<br />

13h40 - Roberto Succo 16h10 - Un film parlé 18h40 - Cat People 20h30 - America America<br />

14h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 16h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 19h10 - Nous ne vieillirons pas ensemble 21h40 - La Vie de Brian


21.07 . mercredi<br />

13h40 - Cat People 16h10 - Turning Gate 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Roberto Succo<br />

14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Dix-sept ans 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Punishment Park<br />

22.07 . jeudi<br />

13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Turning Gate 21h10 - The Arrangement<br />

14h10 - To Die For 16h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 19h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 21h40 - La Vie de Brian<br />

23.07 . vendredi<br />

101<br />

13h40 - American Splendor 16h10 - It’s a Wonderful Life 18h40 - Roberto Succo 21h10 - Un film parlé<br />

14h10 - Punishment Park 16h40 - To Die For 19h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 21h40 -The Private Life of Sh. Holmes<br />

24.07 . samedi<br />

13h40 - The Arrangement 16h10 - Cat People 18h40 - It’s a Wonderful Life 21h10 - Turning Gate<br />

14h10 - Zabriskie Point 16h40 - <strong>Le</strong>s Egarés 19h10 - Punishment Park 21h40 - Dix-sept ans<br />

25.07 . dimanche<br />

13h40 - Turning Gate 16h10 - Roberto Succo 18h40 - The Arrangement 21h10 - Memories of Murder<br />

14h10 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Un film parlé 21h40 - To Die For<br />

26.07 . lundi<br />

13h40 - Roberto Succo 16h10 - The Arrangement 18h40 - American Splendor 21h10 - Sang et or<br />

14h10 - Dix-sept ans 16h40 - La Vie de Brian 19h10 - To Die For 21h40 - Zabriskie Point<br />

27.07 . mardi<br />

13h40 - Memories of Murder 16h10 - Sang et or 18h40 - Turning Gate 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />

14h10 - The Private Life of Sh. Holmes 16h40 - Punishment Park 19h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 21h40 - <strong>Le</strong> Serviteur de Kali<br />

28.07 . mercredi<br />

13h40 - Histoire de Marie et Julien 16h30 - Dix-sept ans 18h40 - The Arrangement 21h10 - Wanda<br />

14h10 - La Vie de Brian 16h40 - Un film parlé 19h10 - Punishment Park 21h40 - <strong>Le</strong>s Egarés<br />

29.07 . jeudi<br />

13h40 - Wanda 16h10 - Memories of Murder 18h40 - The Dead Zone 21h10 - The Arrangement<br />

14h10 - Punishment Park 16h40 - Tornando a Casa 19h10 - Un film parlé 21h40 - To Die For<br />

30.07 . vendredi<br />

13h40 - The Arrangement 16h10 - Histoire de Marie et Julien 19h00 - Dix-sept ans 21h10 - Turning Gate<br />

14h10 - Tornando a Casa 16h40 - To Die For 19h10 - It’s a Wonderful Life 21h40 - La Vie de Brian<br />

31.07 . samedi<br />

13h40 - Memories of Murder 16h10 - The Arrangement 18h40 - Wanda 21h10 - The Dead Zone<br />

14h10 - To Die For 16h40 - The Private Life of Sh. Holmes 19h10 - Tornando a Casa 21h40 - Un film parlé<br />

1.08 . dimanche<br />

13h40 - Turning Gate 16h10 - Wanda 18h40 - Histoire de Marie et Julien 21h30 - Dix-sept ans<br />

14h10 - <strong>Le</strong>s Egarés 16h40 - Punishment Park 19h10 - La Vie de Brian 21h40 - My Life Without Me<br />

2.08 . lundi<br />

13h40 - Turning Gate 16h10 - The Dead Zone 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Histoire de Marie et Julien<br />

14h10 - Sang et or 16h40 - My Life Without Me 19h10 - To Die For 21h40 - Punishment Park<br />

3.08 . mardi<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

13h40 - The Dead Zone 16h10 - Sang et or 18h40 - Turning Gate 21h10 - Wanda<br />

14h10 - Un film parlé 16h40 - It’s a Wonderful Life 19h10 - The Private Life of Sh. Holmes 21h40 - Tornando a Casa


4.08 . mercredi<br />

13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Wanda 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Turning Gate<br />

14h10 - Broken Wings 16h40 - The Dead Zone 19h10 - Sang et or 21h40 - Un film parlé<br />

5.08 . jeudi<br />

13h40 - Histoire de Marie et Julien 16h30 - Tornando a Casa 18h40 - Wanda 21h30 - Genres d’à côté<br />

14h10 - Mr Arkadin 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - The Dead Zone 21h40 - Broken Wings<br />

6.08 . vendredi<br />

13h40 - Turning Gate 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Mes petites amoureuses 21h10 - Wanda<br />

14h10 - Sang et or 16h40 - Broken Wings 19h10 - Un film parlé 21h40 - The Dead Zone<br />

7.08 . samedi<br />

13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Histoire de Marie et Julien 19h00 - Tornando a Casa 21h10 - Memories of Murder<br />

14h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 16h40 - Sang et or 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - Mr Arkadin<br />

8.08 . dimanche<br />

13h40 - Wanda 16h10 - Turning Gate 18h40 - Mr Arkadin 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />

14h10 - The Dead Zone 16h40 - Un film parlé 19h10 - Broken Wings 21h40 - My Life Without Me<br />

9.08 . lundi<br />

13h40 - My Life Without Me 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - Histoire de Marie et Julien 21h30 - Turning Gate<br />

14h10 - Un film parlé 16h40 - Bright <strong>Le</strong>aves 19h10 - Tornando a Casa 21h40 - Sang et or<br />

10.08 . mardi<br />

13h40 - Memories of Murder 16h10 - Wanda 18h40 - Turning Gate 21h10 - Histoire de Marie et Julien<br />

14h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 21h40 - Tornando a Casa<br />

11.08 . mercredi<br />

13h40 - Splendor in the Grass 16h10 - Memories of Murder 18h40 - Wanda 21h10 - It’s a Wonderful Life<br />

14h10 - My Life Without Me 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - The Dead Zone<br />

12.08 . jeudi<br />

13h40 - It’s a Wonderful Life 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - Memories of Murder 21h10 - Wanda<br />

14h10 - Broken Wings 16h40 - My Life Without Me 19h10 - La Chose publique 21h40 - Bright <strong>Le</strong>aves<br />

13.08 . vendredi<br />

13h40 - Mother India 17h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 18h40 - It’s a Wonderful Life 21h10 - Splendor in the Grass<br />

14h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 16h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 19h10 - My Life Without Me 21h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie<br />

14.08 . samedi<br />

13h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 15h20 - Mother India 18h40 - Wanda 21h10 - Memories of Murder<br />

14h10 - Mr Arkadin 16h40 - The Dead Zone 19h10 - Bright <strong>Le</strong>aves 21h40 - La Chose publique<br />

15.08 . dimanche<br />

13h40 - Wanda 16h10 - It’s a Wonderful Life 18h40 - Splendor in the Grass 21h10 - Mes petites amoureuses<br />

14h10 - La Chose publique 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Broken Wings<br />

16.08 . lundi<br />

13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Wanda 18h40 - Mother India 22h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or<br />

14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - Mr Arkadin 21h40 - My Life Without Me<br />

17.08 . mardi<br />

13h40 - Memories of Murder 16h10 - Splendor in the Grass 18h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 20h40 - Mother India<br />

14h10 - The Woman in the Window 16h40 - La Chose publique 19h10 - Broken Wings 21h40 - Mr Arkadin<br />

102<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!


18.08 . mercredi<br />

13h40 - Mother India 17h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 18h40 - Splendor in the Grass 21h10 - Broken Wings<br />

14h10 - L’Esquive 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - La Chose publique 21h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie<br />

19.08 . jeudi<br />

13h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 15h20 - Mother India 18h40 - Mes petites amoureuses 21h10 - Drugstore Cowboy<br />

14h10 - La Chose publique 16h40 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 19h10 - Mademoiselle 21h40 - The Woman in the Window<br />

20.08 . vendredi<br />

13h40 - The Brown Bunny 16h10 - Broken Wings 18h40 - <strong>Le</strong> Faisan d’or 20h40 - Mother India<br />

14h10 - Mr Arkadin 16h40 - L’Esquive 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Tan de Repente<br />

21.08 . samedi<br />

13h40 - Drugstore Cowboy 16h10 - Mes petites amoureuses 18h40 - The Brown Bunny 21h10 - La Bataille d’Alger<br />

14h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 16h40 - La Chose publique 19h10 - Tan de Repente 21h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />

22.08 . dimanche<br />

13h40 - Broken Wings 16h10 - Splendor in the Grass 18h40 - Mother India 22h00 - <strong>Le</strong> Faisan d’or<br />

14h10 - The Woman in the Window 16h40 - Mr Arkadin 19h10 - L’Esquive 21h40 - Mademoiselle<br />

23.08 . lundi<br />

13h40 - Mes petites amoureuses 16h10 - Drugstore Cowboy 18h40 - Broken Wings 21h10 - The Brown Bunny<br />

14h10 - Tan de Repente 16h40 - Mademoiselle 19h10 - <strong>Le</strong> Sens de la vie 21h40 - La Chose publique<br />

24.08 . mardi<br />

13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - The Brown Bunny 18h40 - Drugstore Cowboy 21h10 - Mes petites amoureuses<br />

14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - Tan de Repente 19h10 - The Woman in the Window 21h40 - L’Esquive<br />

25.08 . mercredi<br />

13h40 - Saltimbank 16h10 - Broken Wings 18h40 - Comizi d’Amore 21h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides<br />

14h10 - The Woman in the Window 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Mademoiselle 21h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria<br />

26.08 . jeudi<br />

13h40 - Drugstore Cowboy 16h10 - Qui a tué Bambi? 18h40 - The Brown Bunny 21h10 - Broken Wings<br />

14h10 - Charulata 16h40 - Shara 19h10 - Tan de Repente 21h40 - The Panic in Needle Park<br />

27.08 . vendredi<br />

13h40 - Son Frère 16h10 - Comizi d’Amore 18h40 - Drugstore Cowboy 21h10 - La Bataille d’Alger<br />

14h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 16h40 - The Woman in the Window 19h10 - Charulata 21h40 - L’Esquive<br />

28.08 . samedi<br />

13h40 - Splendor in the Grass 16h10 - La Bataille d’Alger 18h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 21h10 - Saltimbank<br />

14h10 - L’Esquive 16h40 - Mademoiselle 19h10 - The Woman in the Window 21h40 - Tan de Repente<br />

29.08 . dimanche<br />

13h40 - The Brown Bunny 16h10 - Drugstore Cowboy 18h40 - La Bataille d’Alger 21h10 - Comizi d’Amore<br />

14h10 - Tan de Repente 16h40 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 19h10 - Shara 21h40 - Charulata<br />

30.08 . lundi<br />

13h40 - Qui a tué Bambi? 16h10 - Saltimbank 18h40 - Broken Wings 21h10 - Drugstore Cowboy<br />

14h10 - Mademoiselle 16h40 - Charulata 19h10 - L’Esquive 21h40 - The Woman in the Window<br />

31.08 . mardi<br />

13h40 - Comizi d’Amore 16h10 - Son Frère 18h40 - Saltimbank 21h10 - Splendor in the Grass<br />

14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - Tan de Repente 19h10 - <strong>Le</strong>s Nuits de Cabiria 21h40 - Mademoiselle<br />

103


104


1.09 . mercredi<br />

13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Son Frère 18h40 - Saltimbank 21h10 - Qui a tué Bambi?<br />

14h10 - L’Esquive 16h40 - Mademoiselle 19h10 - Comizi d’Amore 21h40 - River of No Return<br />

2.09 . jeudi<br />

13h40 - Richter, l’insoumis 17h00 - Sylvia Kristel - Paris 18h40 - La Bataille d’Alger 21h30 - Genres d’à côté<br />

14h10 - River of No Return 16h40 - Baby Doll 19h10 - Tan de Repente 21h40 - Shara<br />

3.09 . vendredi<br />

105<br />

13h40 - Saltimbank 16h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides 18h40 - Qui a tué Bambi? 21h10 - Dead or Alive<br />

14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - Charulata 19h10 - Mademoiselle 21h40 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />

4.09 . samedi<br />

13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - Saltimbank 18h40 - Dead or Alive II 21h10 - The Brown Bunny<br />

14h10 - Mademoiselle 16h40 - Tan de Repente 19h10 - Baby Doll 21h40 - Charulata<br />

5.09 . dimanche<br />

13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - Richter, l’insoumis 19h20 - Sylvia Kristel - Paris 21h10 - Saltimbank<br />

14h10 - Charulata 16h40 - River of No Return 19h10 - The Panic in Needle Park 21h40 - L’Esquive<br />

6.09 . lundi<br />

13h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 16h10 - La Bataille d’Alger 19h00 - Wild Side (avant-première) 21h30 - Son Frère<br />

14h10 - Shara 16h40 - Comizi d’Amore 19h10 - River of No Return 21h40 - Baby Doll<br />

7.09 . mardi<br />

13h40 - Qui a tué Bambi? 16h10 - The Brown Bunny 18h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 21h10 - Dead or Alive III<br />

14h10 - Baby Doll 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Charulata 21h40 - River of No Return<br />

8.09 . mercredi<br />

13h40 - River of No Return 16h10 - La Bataille d’Alger 18h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 21h10 - La Petite Prairie aux bouleaux<br />

14h10 - Qui a tué Bambi? 16h40 - Shara 19h10 - Comizi d’Amore 21h40 - Son Frère<br />

9.09 . jeudi<br />

13h40 - La Petite Prairie aux bouleaux 16h10 - River of No Return 18h40 - Richter, l’insoumis 22h00 - Sylvia Kristel - Paris<br />

14h10 - Son Frère 16h40 - Baby Doll 19h10 - The Panic in Needle Park 21h40 - Comizi d’Amore<br />

10.09 . vendredi<br />

13h40 - <strong>Le</strong>s Mains vides 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - Dead or Alive II 21h10 - La Bataille d’Alger<br />

14h10 - Comizi d’Amore 16h40 - Qui a tué Bambi? 19h10 - The Brown Bunny 21h40 - Shara<br />

11.09 . samedi<br />

13h40 - River of No Return 16h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides 18h40 - Sylvia Kristel - Paris 20h20 - Richter, l’insoumis<br />

14h10 - Baby Doll 16h40 - The Panic in Needle Park 19h10 - Qui a tué Bambi? 21h40 - The Brown Bunny<br />

12.09 . dimanche<br />

13h40 - La Bataille d’Alger 16h10 - La Petite Prairie aux bouleaux 18h40 - River of No Return 21h10 - Dead or Alive<br />

14h10 - Shara 16h40 - Comizi d’Amore 19h10 - Son Frère 21h40 - Baby Doll<br />

13.09 . lundi<br />

13h40 - Richter, l’insoumis 17h00 - Sylvia Kristel - Paris 18h40 - La Bataille d’Alger 21h10 - River of No Return<br />

14h10 - The Panic in Needle Park 16h40 - The Brown Bunny 19h10 - Shara 21h40 - Qui a tué Bambi?<br />

14.09 . mardi<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

13h40 - Sylvia Kristel - Paris 15h20 - Richter, l’insoumis 18h40 - Dead or Alive III 21h10 - <strong>Le</strong>s Mains vides<br />

14h10 - The Brown Bunny 16h40 - Son Frère 19h10 - Baby Doll 21h40 - The Panic in Needle Park


24 Hour<br />

Party People p.5<br />

MICHAEL WINTERBOTTOM - 1H52 - VO ST. FR<br />

mercredi 16/6 14h10<br />

vendredi 18/6 16h40<br />

dimanche 20/6 19h10<br />

mardi 22/6 21h40<br />

dimanche 27/6 14h10<br />

lundi 28/6 19h10<br />

A Face<br />

in the Crowd p.67<br />

ELIA KAZAN - 2H03 - VO ST. FR<br />

mercredi 30/6 16h10<br />

samedi 3/7 21h10<br />

lundi 5/7 13h40<br />

mardi 6/7 18h40<br />

mercredi 7/7 21h10<br />

jeudi 8/7 13h40<br />

samedi 10/7 16h10<br />

mardi 13/7 18h40<br />

A Streetcar<br />

Named Desire p.68<br />

ELIA KAZAN - 2H04 - VO ST. BIL<br />

jeudi 17/6 16h40<br />

vendredi 18/6 21h40<br />

samedi 19/6 14h10<br />

lundi 21/6 19h10<br />

mercredi 23/6 14h10<br />

vendredi 25/6 16h40<br />

samedi 3/7 16h40<br />

mardi 6/7 19h10<br />

Alila p.81<br />

AMOS GITAI - 2H00 - VO ST. FR<br />

mercredi 7/7 18h40<br />

jeudi 8/7 21h10<br />

dimanche 11/7 13h40<br />

mardi 13/7 16h10<br />

mercredi 14/7 13h40<br />

jeudi 15/7 21h10<br />

vendredi 16/7 18h40<br />

dimanche 18/7 16h10<br />

America America p.69<br />

ELIA KAZAN - 2H48 - VO ST. FR<br />

mercredi 7/7 13h40<br />

vendredi 9/7 15h20<br />

dimanche 11/7 18h40<br />

lundi 12/7 20h30<br />

jeudi 15/7 13h40<br />

samedi 17/7 16h10<br />

lundi 19/7 18h40<br />

mardi 20/7 20h30<br />

American Splendor p.83<br />

SHARI SPRINGER BERMAN ET ROBERT PULCINI<br />

- 1H41 - VO ST. BIL<br />

mercredi 7/7 21h40<br />

vendredi 9/7 19h10<br />

dimanche 11/7 16h40<br />

lundi 12/7 13h40<br />

mercredi 14/7 16h10<br />

samedi 17/7 21h10<br />

dimanche 18/7 13h40<br />

vendredi 23/7 13h40<br />

lundi 26/7 18h40<br />

The Arrangement p.71<br />

ELIA KAZAN - 2H05 - VO ST. FR<br />

jeudi 22/7 21h10<br />

samedi 24/7 13h40<br />

dimanche 25/7 18h40<br />

lundi 26/7 16h10<br />

mercredi 28/7 18h40<br />

jeudi 29/7 21h10<br />

vendredi 30/7 13h40<br />

samedi 31/7 16h10<br />

Baby Doll p.72<br />

ELIA KAZAN - 1H54 - VO ST. FR<br />

jeudi 2/9 16h40<br />

samedi 4/9 19h10<br />

lundi 6/9 21h40<br />

mardi 7/9 14h10<br />

jeudi 9/9 16h40<br />

samedi 11/9 14h10<br />

dimanche 12/9 21h40<br />

mardi 14/9 19h10<br />

106<br />

A-Z<br />

La Bataille d’Alger p.29<br />

GILLO PONTECORVO - 2H03 - VO ST. FR<br />

samedi 21/8 21h10<br />

mardi 24/8 13h40<br />

vendredi 27/8 21h10<br />

samedi 28/8 16h10<br />

dimanche 29/8 18h40<br />

jeudi 2/9 18h40<br />

dimanche 5/9 13h40<br />

lundi 6/9 16h10<br />

mercredi 8/9 16h10<br />

vendredi 10/9 21h10<br />

dimanche 12/9 13h40<br />

lundi 13/9 18h40<br />

Boccace ‘70 p.30<br />

COLLECTIF (DE SICA, FELLINI, MONICELLI,<br />

VISCONTI) - 3H28 - VO ST. FR<br />

mercredi 16/6 13h40<br />

vendredi 18/6 15h40<br />

dimanche 20/6 20h10<br />

jeudi 24/6 18h10<br />

dimanche 27/6 15h40<br />

mardi 29/6 20h10<br />

jeudi 1/7 13h40<br />

vendredi 2/7 15h40<br />

dimanche 4/7 18h00<br />

lundi 5/7 20h10<br />

Bright <strong>Le</strong>aves p.75<br />

ROSS MCELWEE - 1H47 - VO ST. FR<br />

samedi 7/8 14h10<br />

lundi 9/8 16h40<br />

mardi 10/8 19h10<br />

jeudi 12/8 21h40<br />

vendredi 13/8 14h10<br />

samedi 14/8 19h10<br />

Broken Wings p.6<br />

NIR BERGMAN - 1H27 - VO ST. BIL<br />

mercredi 4/8 14h10<br />

jeudi 5/8 21h40<br />

vendredi 6/8 16h40<br />

dimanche 8/8 19h10<br />

jeudi 12/8 14h10<br />

dimanche 15/8 21h40<br />

mardi 17/8 19h10<br />

mercredi 18/8 21h10<br />

vendredi 20/8 16h10<br />

dimanche 22/8 13h40<br />

lundi 23/8 18h40<br />

mercredi 25/8 16h10<br />

jeudi 26/8 21h10<br />

lundi 30/8 18h40<br />

The Brown Bunny p.7<br />

VINCENT GALLO - 2H00 - VO ST. FR<br />

vendredi 20/8 13h40<br />

samedi 21/8 18h40<br />

lundi 23/8 21h10<br />

mardi 24/8 16h10<br />

jeudi 26/8 18h40<br />

dimanche 29/8 13h40<br />

samedi 4/9 21h10<br />

mardi 7/9 16h10<br />

vendredi 10/9 19h10<br />

samedi 11/9 21h40<br />

lundi 13/9 16h40<br />

mardi 14/9 14h10<br />

Cat People p.31<br />

JACQUES TOURNEUR -<br />

1H13 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />

mercredi 7/7 17h00<br />

vendredi 9/7 13h40<br />

dimanche 11/7 22h00<br />

lundi 12/7 18h40<br />

jeudi 15/7 17h00<br />

samedi 17/7 19h30<br />

lundi 19/7 22h00<br />

mardi 20/7 18h40<br />

mercredi 21/7 13h40<br />

samedi 24/7 16h10


Charulata p.59<br />

SATYAJIT RAY - 1H57 - VO ST. BIL<br />

jeudi 26/8 14h10<br />

vendredi 27/8 19h10<br />

dimanche 29/8 21h40<br />

lundi 30/8 16h40<br />

vendredi 3/9 16h40<br />

samedi 4/9 21h40<br />

dimanche 5/9 14h10<br />

mardi 7/9 19h10<br />

La Chose publique p.8<br />

MATHIEU AMALRIC - 1H27 - VO FR<br />

jeudi 12/8 19h10<br />

samedi 14/8 21h40<br />

dimanche 15/8 14h10<br />

mardi 17/8 16h40<br />

mercredi 18/8 19h10<br />

jeudi 19/8 14h10<br />

samedi 21/8 16h40<br />

lundi 23/8 21h40<br />

Comizi d’Amore p.76<br />

PIER PAOLO PASOLINI - 1H30 - VO ST. FR<br />

mercredi 25/8 18h40<br />

vendredi 27/8 16h10<br />

dimanche 29/8 21h10<br />

mardi 31/8 13h40<br />

mercredi 1/9 19h10<br />

lundi 6/9 16h40<br />

mercredi 8/9 19h10<br />

jeudi 9/9 21h40<br />

vendredi 10/9 14h10<br />

dimanche 12/9 16h40<br />

Dead or Alive p.97<br />

TAKASHI MIIKE - 1H45 - VO ST. FR<br />

vendredi 3/9 21h10<br />

dimanche 12/9 21h10<br />

Dead or Alive II p.97<br />

TAKASHI MIIKE - 1H37 - VO ST. FR<br />

samedi 4/9 18h40<br />

vendredi 10/9 18h40<br />

Dead or Alive III p.97<br />

TAKASHI MIIKE - 1H30 - VO ST. FR<br />

mardi 7/9 21h10<br />

mardi 14/9 18h40<br />

The Dead Zone p.32<br />

DAVID CRONENBERG - 1H43 - VO ST. FR /<br />

COPIE NEUVE<br />

jeudi 29/7 18h40<br />

samedi 31/7 21h10<br />

lundi 2/8 16h10<br />

mardi 3/8 13h40<br />

mercredi 4/8 16h40<br />

jeudi 5/8 19h10<br />

vendredi 6/8 21h40<br />

dimanche 8/8 14h10<br />

mercredi 11/8 21h40<br />

samedi 14/8 16h40<br />

Dix-sept ans p.77<br />

DIDIER NION - 1H23 - VO FR<br />

mercredi 21/7 16h40<br />

samedi 24/7 21h40<br />

lundi 26/7 14h10<br />

mercredi 28/7 16h30<br />

vendredi 30/7 19h00<br />

dimanche 1/8 21h30<br />

Drugstore Cowboy p.53<br />

GUS VAN SANT - 1H40 - VO ST. BIL<br />

jeudi 19/8 21h10<br />

samedi 21/8 13h40<br />

lundi 23/8 16h10<br />

mardi 24/8 18h40<br />

jeudi 26/8 13h40<br />

vendredi 27/8 18h40<br />

dimanche 29/8 16h10<br />

lundi 30/8 21h10<br />

<strong>Le</strong>s Egarés p.84<br />

ANDRÉ TÉCHINÉ - 1H35 - VO FR ST. NL<br />

vendredi 16/7 13h40<br />

dimanche 18/7 21h40<br />

lundi 19/7 14h10<br />

mardi 20/7 16h40<br />

jeudi 22/7 19h10<br />

samedi 24/7 16h40<br />

mardi 27/7 19h10<br />

mercredi 28/7 21h40<br />

dimanche 1/8 14h10<br />

Elephant p.54<br />

GUS VAN SANT - 1H21 - VO ST. BIL<br />

mercredi 16/6 17h30<br />

vendredi 18/6 19h30<br />

dimanche 20/6 13h40<br />

mardi 22/6 21h10<br />

jeudi 24/6 16h10<br />

vendredi 25/6 21h10<br />

dimanche 27/6 19h30<br />

lundi 28/6 13h40<br />

Elle est des nôtres p.9<br />

SIEGRID ALNOY - 1H40 - VO FR<br />

mercredi 16/6 19h10<br />

vendredi 18/6 14h10<br />

dimanche 20/6 21h40<br />

lundi 21/6 16h40<br />

mercredi 23/6 18h40<br />

samedi 26/6 21h30<br />

mercredi 30/6 18h40<br />

samedi 3/7 13h40<br />

107<br />

L’Esquive p.85<br />

ABDELLATIF KECHICHE - 1H57 - VO FR<br />

mercredi 18/8 14h10<br />

vendredi 20/8 16h40<br />

dimanche 22/8 19h10<br />

mardi 24/8 21h40<br />

vendredi 27/8 21h40<br />

samedi 28/8 14h10<br />

lundi 30/8 19h10<br />

mercredi 1/9 14h10<br />

dimanche 5/9 21h40<br />

<strong>Le</strong> Faisan d’or p.10<br />

MARAT SARULU - 1H15 - VO ST. FR<br />

vendredi 13/8 17h00<br />

samedi 14/8 13h40<br />

lundi 16/8 22h00<br />

mardi 17/8 18h40<br />

mercredi 18/8 17h00<br />

jeudi 19/8 13h40<br />

vendredi 20/8 18h40<br />

dimanche 22/8 22h00<br />

Feux rouges p.86<br />

CÉDRIC KAHN - 1H46 - VO FR<br />

jeudi 17/6 21h40<br />

vendredi 18/6 19h10<br />

samedi 19/6 16h40<br />

lundi 21/6 14h10<br />

mercredi 23/6 16h40<br />

samedi 26/6 19h10<br />

lundi 28/6 14h10<br />

jeudi 1/7 16h40<br />

vendredi 2/7 21h40<br />

Gerry p.55<br />

GUS VAN SANT - 1H43 - VO ST. BIL<br />

mercredi 30/6 21h40<br />

jeudi 1/7 14h10<br />

dimanche 4/7 19h10<br />

mardi 6/7 16h40<br />

mercredi 7/7 19h10<br />

jeudi 8/7 21h40<br />

samedi 10/7 14h10<br />

lundi 12/7 16h40<br />

The Ghost<br />

and Mrs Muir p.33<br />

JOSEPH L. MANKIEWICZ - 1H44 - VO ST. FR<br />

mercredi 16/6 16h40<br />

jeudi 17/6 19h10<br />

samedi 19/6 21h40<br />

lundi 21/6 13h40<br />

mardi 22/6 16h40<br />

jeudi 24/6 14h10<br />

vendredi 25/6 19h10<br />

samedi 26/6 16h40<br />

dimanche 27/6 19h10<br />

mardi 29/6 21h40<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

Gloria p.34<br />

JOHN CASSAVETES - 2H03 - VO ST. BIL<br />

jeudi 17/6 16h10<br />

samedi 19/6 18h40<br />

lundi 21/6 21h10<br />

mardi 22/6 13h40<br />

jeudi 24/6 13h40<br />

vendredi 25/6 16h10<br />

dimanche 27/6 21h10<br />

lundi 28/6 18h40<br />

mercredi 30/6 21h10<br />

samedi 3/7 16h10<br />

Greetings p.35<br />

BRIAN DE PALMA - 1H30 - VO ST. FR<br />

jeudi 24/6 19h10<br />

vendredi 25/6 21h40<br />

dimanche 27/6 16h40<br />

mardi 29/6 14h10<br />

jeudi 1/7 19h20<br />

vendredi 2/7 13h40<br />

dimanche 4/7 22h00<br />

lundi 5/7 16h10<br />

Histoire<br />

de Marie et Julien p.87<br />

JACQUES RIVETTE - 2H25 - VO FR<br />

mercredi 28/7 13h40<br />

vendredi 30/7 16h10<br />

dimanche 1/8 18h40<br />

lundi 2/8 21h10<br />

jeudi 5/8 13h40<br />

samedi 7/8 16h10<br />

lundi 9/8 18h40<br />

mardi 10/8 21h10<br />

Histoire<br />

d’un secret p.78<br />

MARIANA OTERO - 1H35 - VO FR<br />

samedi 10/7 18h40<br />

lundi 12/7 16h10<br />

mardi 13/7 21h10<br />

jeudi 15/7 18h40<br />

dimanche 18/7 21h10<br />

lundi 19/7 13h40<br />

Il était une fois<br />

un merle chanteur p.60<br />

OTAR IOSSELIANI - 1H25 - VO ST. FR<br />

mercredi 23/6 16h10<br />

samedi 26/6 18h40<br />

lundi 28/6 21h10<br />

mardi 29/6 13h40<br />

jeudi 1/7 17h30<br />

vendredi 2/7 19h40<br />

dimanche 4/7 13h40<br />

mardi 6/7 21h10


It’s a<br />

Wonderful Life p.36<br />

FRANK CAPRA -<br />

2H10 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />

jeudi 22/7 13h40<br />

vendredi 23/7 16h10<br />

samedi 24/7 18h40<br />

mardi 27/7 21h10<br />

vendredi 30/7 19h10<br />

mardi 3/8 16h40<br />

mercredi 4/8 13h40<br />

dimanche 8/8 21h10<br />

mercredi 11/8 21h10<br />

jeudi 12/8 13h40<br />

vendredi 13/8 18h40<br />

dimanche 15/8 16h10<br />

Khamosh Pani p.11<br />

SABIHA SUMAR - 1H39 - VO ST. BIL<br />

vendredi 2/7 19h10<br />

samedi 3/7 21h40<br />

lundi 5/7 21h40<br />

mardi 6/7 14h10<br />

mercredi 7/7 16h40<br />

jeudi 8/7 19h10<br />

dimanche 11/7 21h40<br />

mardi 13/7 14h10<br />

mercredi 14/7 16h40<br />

jeudi 15/7 19h10<br />

samedi 17/7 14h10<br />

lundi 19/7 21h40<br />

Mademoiselle p.37<br />

TONY RICHARDSON -<br />

1H45 - VO FR ST. NL / COPIE NEUVE<br />

jeudi 19/8 19h10<br />

dimanche 22/8 21h40<br />

lundi 23/8 16h40<br />

mercredi 25/8 19h10<br />

samedi 28/8 16h40<br />

lundi 30/8 14h10<br />

mardi 31/8 21h40<br />

mercredi 1/9 16h40<br />

vendredi 3/9 19h10<br />

samedi 4/9 14h10<br />

<strong>Le</strong>s Mains vides p.12<br />

MARC RECHA - 2H10 - VO ST. FR<br />

mercredi 25/8 21h10<br />

samedi 28/8 18h40<br />

vendredi 3/9 16h10<br />

lundi 6/9 13h40<br />

mercredi 8/9 18h40<br />

vendredi 10/9 13h40<br />

samedi 11/9 16h10<br />

mardi 14/9 21h10<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

Memories<br />

of Murder p.13<br />

BONG JOON-HO - 2H09 - VO ST. BIL<br />

mercredi 21/7 18h40<br />

jeudi 22/7 16h10<br />

dimanche 25/7 21h10<br />

mardi 27/7 13h40<br />

jeudi 29/7 16h10<br />

samedi 31/7 13h40<br />

lundi 2/8 18h40<br />

mercredi 4/8 18h40<br />

vendredi 6/8 16h10<br />

samedi 7/8 21h10<br />

mardi 10/8 13h40<br />

mercredi 11/8 16h10<br />

jeudi 12/8 18h40<br />

samedi 14/8 21h10<br />

mardi 17/8 13h40<br />

The Merry Widow p.38<br />

ERNST LUBITSCH - 1H39 - VO ST. BIL<br />

jeudi 17/6 18h40<br />

samedi 19/6 21h10<br />

lundi 21/6 16h10<br />

mardi 22/6 18h40<br />

vendredi 25/6 13h40<br />

samedi 26/6 16h10<br />

lundi 28/6 21h40<br />

mardi 29/6 16h40<br />

dimanche 4/7 14h10<br />

mardi 6/7 21h40<br />

jeudi 8/7 14h10<br />

samedi 10/7 19h10<br />

Mes petites<br />

amoureuses p.61<br />

JEAN EUSTACHE - 2H03 - VO FR<br />

vendredi 6/8 18h40<br />

samedi 7/8 13h40<br />

lundi 9/8 16h10<br />

jeudi 12/8 16h10<br />

dimanche 15/8 21h10<br />

lundi 16/8 13h40<br />

jeudi 19/8 18h40<br />

samedi 21/8 16h10<br />

lundi 23/8 13h40<br />

mardi 24/8 21h10<br />

Mother India p.14<br />

MEHBOOB KHAN - 2H52 - VO ST. FR<br />

vendredi 13/8 13h40<br />

samedi 14/8 15h20<br />

lundi 16/8 18h40<br />

mardi 17/8 20h40<br />

mercredi 18/8 13h40<br />

jeudi 19/8 15h20<br />

vendredi 20/8 20h40<br />

dimanche 22/8 18h40<br />

108<br />

Mr Arkadin p.39<br />

ORSON WELLES -<br />

1H39 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />

jeudi 5/8 14h10<br />

samedi 7/8 21h40<br />

dimanche 8/8 18h40<br />

mardi 10/8 16h40<br />

mercredi 11/8 16h40<br />

samedi 14/8 14h10<br />

lundi 16/8 19h10<br />

mardi 17/8 21h40<br />

vendredi 20/8 14h10<br />

dimanche 22/8 16h40<br />

My Life<br />

Without Me p.88<br />

ISABEL COIXET - 1H42 - VO ST. BIL<br />

dimanche 1/8 21h40<br />

lundi 2/8 16h40<br />

dimanche 8/8 21h40<br />

lundi 9/8 13h40<br />

mercredi 11/8 14h10<br />

jeudi 12/8 16h40<br />

vendredi 13/8 19h10<br />

lundi 16/8 21h40<br />

Noi Albinoi p.89<br />

DAGUR KARI - 1H33 - VO ST. BIL<br />

mercredi 16/6 21h40<br />

samedi 19/6 19h10<br />

dimanche 20/6 14h10<br />

mardi 22/6 14h10<br />

jeudi 24/6 16h40<br />

mardi 29/6 19h10<br />

mercredi 30/6 16h40<br />

lundi 5/7 18h10<br />

Nous ne vieillirons<br />

pas ensemble p.62<br />

MAURICE PIALAT - 1H46 - VO FR ST. NL<br />

jeudi 1/7 19h10<br />

samedi 3/7 19h10<br />

dimanche 4/7 21h40<br />

lundi 5/7 14h10<br />

jeudi 8/7 16h40<br />

samedi 10/7 21h40<br />

dimanche 11/7 14h10<br />

vendredi 16/7 16h40<br />

samedi 17/7 21h40<br />

mardi 20/7 19h10<br />

<strong>Le</strong>s Nuits<br />

de Cabiria p.40<br />

FEDERICO FELLINI - 1H55 - VO ST. FR<br />

vendredi 13/8 16h40<br />

dimanche 15/8 19h10<br />

lundi 16/8 14h10<br />

vendredi 20/8 19h10<br />

samedi 21/8 21h40<br />

mardi 24/8 14h10<br />

mercredi 25/8 21h40<br />

vendredi 27/8 14h10<br />

dimanche 29/8 16h40<br />

mardi 31/8 19h10<br />

Oasis p.15<br />

LEE CHANG-DONG - 2H12 - VO ST. FR<br />

mercredi 16/6 21h10<br />

jeudi 17/6 13h40<br />

samedi 19/6 16h10<br />

lundi 21/6 18h40<br />

mercredi 23/6 21h10<br />

vendredi 25/6 18h40<br />

samedi 26/6 13h40<br />

lundi 28/6 16h10<br />

The Panic<br />

in Needle Park p.41<br />

JERRY SCHATZBERG - 1H49 - VO ST. FR<br />

mercredi 25/8 16h40<br />

jeudi 26/8 21h40<br />

mardi 31/8 14h10<br />

vendredi 3/9 14h10<br />

dimanche 5/9 19h10<br />

mardi 7/9 16h40<br />

jeudi 9/9 19h10<br />

samedi 11/9 16h40<br />

lundi 13/9 14h10<br />

mardi 14/9 21h40<br />

La Petite Prairie<br />

aux bouleaux p.16<br />

MARCELINE LORIDAN-IVENS - 1H31 - VO ST. BIL<br />

vendredi 18/6 21h10<br />

samedi 19/6 13h40<br />

dimanche 20/6 18h10<br />

mardi 22/6 16h10<br />

mercredi 23/6 13h40<br />

jeudi 24/6 22h00<br />

mardi 29/6 18h10<br />

mercredi 1/9 13h40<br />

vendredi 3/9 21h40<br />

samedi 4/9 13h40<br />

mardi 7/9 18h40<br />

mercredi 8/9 21h10<br />

jeudi 9/9 13h40<br />

vendredi 10/9 16h10<br />

dimanche 12/9 16h10<br />

The Private Life<br />

of Sherlock Holmes p.42<br />

BILLY WILDER - 2H10 - VO ST. FR<br />

vendredi 9/7 21h40<br />

dimanche 11/7 19h10<br />

lundi 12/7 14h10<br />

mardi 13/7 16h40<br />

mercredi 14/7 19h10<br />

vendredi 16/7 21h40<br />

dimanche 18/7 14h10<br />

lundi 19/7 16h40<br />

mercredi 21/7 19h10<br />

vendredi 23/7 21h40<br />

dimanche 25/7 16h40<br />

mardi 27/7 14h10<br />

samedi 31/7 16h40<br />

mardi 3/8 19h10


Punishment Park p.63<br />

PETER WATKINS - 1H28 - VO ST. FR<br />

mercredi 21/7 21h40<br />

vendredi 23/7 14h10<br />

samedi 24/7 19h10<br />

mardi 27/7 16h40<br />

mercredi 28/7 19h10<br />

jeudi 29/7 14h10<br />

dimanche 1/8 16h40<br />

lundi 2/8 21h40<br />

Qui a tué Bambi ? p.90<br />

GILLES MARCHAND - 2H06 - VO FR ST. NL<br />

jeudi 26/8 16h10<br />

lundi 30/8 13h40<br />

mercredi 1/9 21h10<br />

vendredi 3/9 18h40<br />

mardi 7/9 13h40<br />

mercredi 8/9 14h10<br />

vendredi 10/9 16h40<br />

samedi 11/9 19h10<br />

lundi 13/9 21h40<br />

Retour<br />

à Kotelnitch p.17<br />

EMMANUEL CARRÈRE - 1H45 - VO ST. FR<br />

mercredi 23/6 19h10<br />

jeudi 24/6 21h40<br />

vendredi 25/6 14h10<br />

lundi 28/6 16h40<br />

jeudi 1/7 21h40<br />

samedi 3/7 14h10<br />

lundi 5/7 16h40<br />

vendredi 9/7 14h10<br />

samedi 10/7 16h40<br />

lundi 12/7 19h10<br />

mardi 13/7 21h40<br />

mercredi 14/7 14h10<br />

dimanche 18/7 16h40<br />

lundi 19/7 19h10<br />

The Return of<br />

the Pink Panther p.43<br />

BLAKE EDWARDS - 1H55 - VO ST. FR<br />

mercredi 30/6 13h40<br />

vendredi 2/7 21h30<br />

samedi 3/7 18h40<br />

mardi 6/7 16h10<br />

jeudi 8/7 18h40<br />

vendredi 9/7 21h10<br />

samedi 10/7 13h40<br />

dimanche 11/7 16h10<br />

Richter, l’insoumis p.64<br />

BRUNO MONSAINGEON - 2H38 - VO ST. FR<br />

jeudi 2/9 13h40<br />

dimanche 5/9 16h10<br />

jeudi 9/9 18h40<br />

samedi 11/9 20h20<br />

lundi 13/9 13h40<br />

mardi 14/9 15h20<br />

River of No Return p.44<br />

OTTO PREMINGER - 1H31 - VO ST. FR<br />

mercredi 1/9 21h40<br />

jeudi 2/9 14h10<br />

dimanche 5/9 16h40<br />

lundi 6/9 19h10<br />

mardi 7/9 21h40<br />

mercredi 8/9 13h40<br />

jeudi 9/9 16h10<br />

samedi 11/9 13h40<br />

dimanche 12/9 18h40<br />

lundi 13/9 21h10<br />

Roberto Succo p.65<br />

CÉDRIC KAHN - 2H04 - VO FR<br />

mercredi 14/7 21h10<br />

vendredi 16/7 16h10<br />

dimanche 18/7 18h40<br />

mardi 20/7 13h40<br />

mercredi 21/7 21h10<br />

vendredi 23/7 18h40<br />

dimanche 25/7 16h10<br />

lundi 26/7 13h40<br />

S-21, la machine de<br />

mort khmère rouge p.79<br />

RITHY PANH - 1H41 - VO ST. FR<br />

jeudi 17/6 14h10<br />

dimanche 20/6 16h40<br />

lundi 21/6 21h40<br />

mardi 22/6 19h10<br />

mercredi 23/6 21h40<br />

samedi 26/6 14h10<br />

dimanche 27/6 21h40<br />

mercredi 30/6 14h10<br />

vendredi 2/7 16h40<br />

lundi 5/7 19h10<br />

Sacré Graal p.49<br />

TERRY JONES ET TERRY GILLIAM - 1H31 - VO<br />

ST. FR<br />

mercredi 16/6 19h20<br />

jeudi 17/6 21h10<br />

vendredi 18/6 13h40<br />

dimanche 20/6 16h10<br />

samedi 26/6 21h40<br />

dimanche 27/6 13h40<br />

mardi 29/6 16h10<br />

mercredi 30/6 19h10<br />

vendredi 2/7 14h10<br />

dimanche 4/7 16h40<br />

Saltimbank p.18<br />

JEAN-CLAUDE BIETTE - 1H32 - VO FR<br />

mercredi 25/8 13h40<br />

samedi 28/8 21h10<br />

lundi 30/8 16h10<br />

mardi 31/8 18h40<br />

mercredi 1/9 18h40<br />

vendredi 3/9 13h40<br />

samedi 4/9 16h10<br />

dimanche 5/9 21h10<br />

109<br />

Sang et or p.91<br />

JAFAR PANAHI - 1H37 - VO ST. BIL<br />

lundi 26/7 21h10<br />

mardi 27/7 16h10<br />

lundi 2/8 14h10<br />

mardi 3/8 16h10<br />

mercredi 4/8 19h10<br />

vendredi 6/8 14h10<br />

samedi 7/8 16h40<br />

lundi 9/8 21h40<br />

<strong>Le</strong> Sens de la vie p.50<br />

TERRY JONES ET TERRY GILLIAM - 1H47 - VO<br />

ST. BIL<br />

jeudi 5/8 16h40<br />

samedi 7/8 19h10<br />

mardi 10/8 14h10<br />

mercredi 11/8 19h10<br />

vendredi 13/8 21h40<br />

dimanche 15/8 16h40<br />

mercredi 18/8 21h40<br />

jeudi 19/8 16h40<br />

samedi 21/8 14h10<br />

lundi 23/8 19h10<br />

<strong>Le</strong> Serviteur<br />

de Kali p.21<br />

ADOOR GOPALAKRISHNAN - 1H32 - VO ST. FR<br />

jeudi 15/7 21h40<br />

samedi 17/7 19h10<br />

lundi 19/7 16h10<br />

mardi 20/7 14h10<br />

jeudi 22/7 16h40<br />

vendredi 23/7 19h10<br />

dimanche 25/7 14h10<br />

mardi 27/7 21h40<br />

Shara p.92<br />

NAOMI KAWASE - 1H39 - VO ST. BIL<br />

jeudi 26/8 16h40<br />

dimanche 29/8 19h10<br />

jeudi 2/9 21h40<br />

lundi 6/9 14h10<br />

mercredi 8/9 16h40<br />

vendredi 10/9 21h40<br />

dimanche 12/9 14h10<br />

lundi 13/9 19h10<br />

Son Frère p.95<br />

PATRICE CHÉREAU - 1H35 - VO FR ST. NL<br />

vendredi 27/8 13h40<br />

mardi 31/8 16h10<br />

mercredi 1/9 16h10<br />

lundi 6/9 21h30<br />

mercredi 8/9 21h40<br />

jeudi 9/9 14h10<br />

dimanche 12/9 19h10<br />

mardi 14/9 16h40<br />

HEURE<br />

DE SÉANCE<br />

VOORSTELLING-<br />

UUR !!!<br />

Splendor<br />

in the Grass p.73<br />

ELIA KAZAN - 2H04 - VO ST. BIL<br />

mercredi 11/8 13h40<br />

vendredi 13/8 21h10<br />

dimanche 15/8 18h40<br />

mardi 17/8 16h10<br />

mercredi 18/8 18h40<br />

dimanche 22/8 16h10<br />

samedi 28/8 13h40<br />

mardi 31/8 21h10<br />

Sylvia Kristel -<br />

Paris p.22<br />

MANON DE BOER - 0H50 - VO FR ST. ANG<br />

jeudi 2/9 17h00<br />

dimanche 5/9 19h20<br />

jeudi 9/9 22h00<br />

samedi 11/9 18h40<br />

lundi 13/9 17h00<br />

mardi 14/9 13h40<br />

Tan de Repente p.23<br />

DIEGO LERMAN - 1H34 - VO ST. FR<br />

vendredi 20/8 21h40<br />

samedi 21/8 19h10<br />

lundi 23/8 14h10<br />

mardi 24/8 16h40<br />

jeudi 26/8 19h10<br />

samedi 28/8 21h40<br />

dimanche 29/8 14h10<br />

mardi 31/8 16h40<br />

jeudi 2/9 19h10<br />

samedi 4/9 16h40<br />

To Die For p.57<br />

GUS VAN SANT - 1H46 - VO ST. BIL<br />

jeudi 22/7 14h10<br />

vendredi 23/7 16h40<br />

dimanche 25/7 21h40<br />

lundi 26/7 19h10<br />

jeudi 29/7 21h40<br />

vendredi 30/7 16h40<br />

samedi 31/7 14h10<br />

lundi 2/8 19h10<br />

Tornando a Casa p.24<br />

VINCENZO MARRA - 1H30 - VO ST. FR<br />

jeudi 29/7 16h40<br />

vendredi 30/7 14h10<br />

samedi 31/7 19h10<br />

mardi 3/8 21h40<br />

jeudi 5/8 16h30<br />

samedi 7/8 19h00<br />

lundi 9/8 19h10<br />

mardi 10/8 21h40


Turning Gate p.25<br />

HONG SANG-SOO - 1H55 - VO ST. FR<br />

mercredi 21/7 16h10<br />

jeudi 22/7 18h40<br />

samedi 24/7 21h10<br />

dimanche 25/7 13h40<br />

mardi 27/7 18h40<br />

vendredi 30/7 21h10<br />

dimanche 1/8 13h40<br />

lundi 2/8 13h40<br />

mardi 3/8 18h40<br />

mercredi 4/8 21h10<br />

vendredi 6/8 13h40<br />

dimanche 8/8 16h10<br />

lundi 9/8 21h30<br />

mardi 10/8 18h40<br />

Un film parlé p.26<br />

MANOEL DE OLIVEIRA - 1H36 - VO ST. FR<br />

samedi 17/7 13h40<br />

mardi 20/7 16h10<br />

vendredi 23/7 21h10<br />

dimanche 25/7 19h10<br />

mercredi 28/7 16h40<br />

jeudi 29/7 19h10<br />

samedi 31/7 21h40<br />

mardi 3/8 14h10<br />

mercredi 4/8 21h40<br />

vendredi 6/8 19h10<br />

dimanche 8/8 16h40<br />

lundi 9/8 14h10<br />

Vert Paradis p.27<br />

EMMANUEL BOURDIEU - 1H38 - VO FR<br />

dimanche 4/7 15h40<br />

mardi 6/7 13h40<br />

jeudi 8/7 16h10<br />

vendredi 9/7 18h40<br />

samedi 10/7 21h10<br />

mardi 13/7 13h40<br />

mercredi 14/7 18h40<br />

vendredi 16/7 21h10<br />

La Vie de Brian p.51<br />

TERRY JONES - 1H34 - VO ST. FR<br />

jeudi 15/7 16h40<br />

vendredi 16/7 14h10<br />

dimanche 18/7 19h10<br />

mardi 20/7 21h40<br />

mercredi 21/7 14h10<br />

jeudi 22/7 21h40<br />

lundi 26/7 16h40<br />

mercredi 28/7 14h10<br />

vendredi 30/7 21h40<br />

dimanche 1/8 19h10<br />

Genres d’à Côté<br />

•<br />

1 er juillet - 21h30<br />

Deux de Werner Schroeter<br />

(vo. fr. st. ang)<br />

•<br />

5 août - 21h30<br />

The City of No Limits de Antonio Hernandez<br />

(vo. st. bil)<br />

•<br />

2 septembre - 21h30<br />

<strong>Le</strong> Soleil assasiné de Abdelkrim Bahloul<br />

(vo. fr. st. nl)<br />

110<br />

Wanda p.45<br />

BARBARA LODEN - 1H42 - VO ST. FR<br />

mercredi 28/7 21h10<br />

jeudi 29/7 13h40<br />

samedi 31/7 18h40<br />

dimanche 1/8 16h10<br />

mardi 3/8 21h10<br />

mercredi 4/8 16h10<br />

jeudi 5/8 18h40<br />

vendredi 6/8 21h10<br />

dimanche 8/8 13h40<br />

mardi 10/8 16h10<br />

mercredi 11/8 18h40<br />

jeudi 12/8 21h10<br />

samedi 14/8 18h40<br />

dimanche 15/8 13h40<br />

lundi 16/8 16h10<br />

The Woman<br />

in the Window p.46<br />

FRITZ LANG - 1H39 - VO ST. BIL / COPIE NEUVE<br />

lundi 16/8 16h40<br />

mardi 17/8 14h10<br />

mercredi 18/8 16h40<br />

jeudi 19/8 21h40<br />

dimanche 22/8 14h10<br />

mardi 24/8 19h10<br />

mercredi 25/8 14h10<br />

vendredi 27/8 16h40<br />

samedi 28/8 19h10<br />

lundi 30/8 21h40<br />

CINÉMA ARENBERG<br />

GALERIE DE LA REINE, 26 KONINGINNEGALERIJ<br />

BRUXELLES 1000 BRUSSEL<br />

RENSEIGNEMENTS ET HORAIRES :<br />

02 512 80 63<br />

WWW.ARENBERG.BE<br />

EDITÉ PAR CINÉDIT ASBL<br />

EDITEUR RESPONSABLE : THIERRY ABEL, 28<br />

GALERIE DE LA REINE 1000 BRUXELLES<br />

DIRECTION : THIERRY ABEL<br />

EMAIL : INFO@CINEDIT.BE<br />

•<br />

ECRAN TOTAL<br />

PROGRAMMATION : BERNARD NOËL –<br />

INÈS DELVAUX – EMMANUEL GASPART<br />

COORDINATION : BERNARD NOËL<br />

RÉDACTION ET COMPILATION (TEXTES FR) :<br />

GRÉGORY ESCOUFLAIRE, THIERRY HORGUELIN,<br />

STÉPHAN STREKER<br />

Zabriskie Point p.47<br />

MICHELANGELO ANTONIONI - 1H51 - VO ST. BIL<br />

mercredi 7/7 14h10<br />

vendredi 9/7 16h40<br />

lundi 12/7 21h40<br />

mardi 13/7 19h10<br />

mercredi 14/7 21h40<br />

jeudi 15/7 14h10<br />

vendredi 16/7 19h10<br />

samedi 17/7 16h40<br />

samedi 24/7 14h10<br />

lundi 26/7 21h40<br />

Wild Side<br />

SÉBASTIEN LIFSHITZ<br />

1H35 -VOF ST NL<br />

lundi - 6/9 - 19h00<br />

Avant-première<br />

en présence<br />

de l’équipe du film<br />

RÉDACTION (TEXTES NL) : LUC JORIS,<br />

MARTINE VANCUTSEM<br />

CRÉDIT PHOTO :<br />

LA CINÉMATHÈQUE ROYALE DE BELGIQUE<br />

GRAPHISME : DESIGNLAB<br />

UN GRAND MERCI À<br />

JEAN-CHARLES TATUM POUR<br />

SA PRÉCIEUSE COLLABORATION<br />

•<br />

AVEC LE SOUTIEN DE :<br />

L’ÉCHEVINAT DE LA CULTURE<br />

DE LA VILLE DE BRUXELLES,<br />

LA COMMISSION COMMUNAUTAIRE FRANÇAISE<br />

DE LA RÉGION BRUXELLOISE,<br />

LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE,<br />

EUROPA CINEMAS - UNE INITIATIVE<br />

DU PROGRAMME MÉDIA DES COMMUNAUTÉS<br />

EUROPÉENNES.


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