L'histoire d'Isa « Je m'appelle Isa. Ce n'est pas Isabelle ... - Mary Genty

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U N N O U V E A U P R É N O M P O U R S E G U É R I R
À partir de ce moment-là, plus jamais je ne lui demanderai de
l’aide : ma mère est morte, elle est psychiquement morte !
Et le père ?
Le père, lui a encore plus de droits…
Vide, déchirée par les actes et les paroles de mon père et de
mes frères, perdue dans l’incohérence des lois familiales, je me
réfugie dans un monde parallèle, m’échappe, me « taire » dans les
silences ou des bavardages incessants.
Empreinte de tristesse et de souffrance, Isabelle ne pouvait se
trouver belle et honorer un tel prénom, choisi par ceux là même
qui l’abusaient.
Vers l’âge de 15 ans, je rencontre Maurice. Il est Carme 22 bibliothécaire.
Je me rends souvent au carmel à bicyclette. N’importe
quand : en fugue du lycée, en fugue de la maison paternelle, en
fugue de moi-même…
Un jour, étourdie de souffrance, hystérique, en quête de la
moindre attention, je me roule sans raison apparente sur les
pelouses de ce lieu où les carmes m’accueillent.
C’est une fin d’après-midi, sans doute en hiver car il fait presque
nuit, quand soudain j’entends une ombre m’appeler doucement
: « Isa… Isa... »
Une vive émotion me traverse. En quelques secondes, me voilà
projetée par ces trois petites lettres qui me désignent, en dehors
de la tempête dans laquelle je suis.
Trois petites lettres qui viennent mettre un peu de joie et de
gaieté au cœur de l’enfer dans lequel j’évolue depuis tant d’années.
C’est ainsi qu’Isa, petite graine de lumière est née.
Nommée par ce Carme qui deviendra plus tard psychanalyste,
j’ai souvent été hébergée et cachée, par d’autres Carmes de la
communauté. Qu’ont-ils su deviner ? Je ne sais pas, mais leur
accueil et leur bienveillance m’ont certainement permis de ne pas
sombrer dans la folie.
À l’âge de 18 ans, après bien des déboires, je quitte le domicile
familial pour entreprendre des études de psychologie. J’ai une
chambre d’étudiante et n’ayant pas le choix, je travaille pour
subvenir à mes besoins. Mais qu’importe, je découvre la joie de
ne rien devoir à personne. Quelle liberté !
22 Religieux de l’ordre du Carmel.