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DOSSIER DE PRESSE<br />

Contact <strong>presse</strong> : Audrey GRISONI / 06 60 51 23 36 / audrey.grisoni@live.fr


<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

Contact <strong>presse</strong> Audrey Grisoni<br />

communication@theatregyptis.com / audrey.grisoni@live.fr<br />

Tél : 06 60 51 23 36 - 04 91 11 41 53 / Fax : 04 91 11 41 51<br />

<strong>Théâtre</strong> <strong>Gyptis</strong> 136, rue Loubon 13003 Marseil<strong>le</strong><br />

Réservations 04 91 11 00 91<br />

Toute la saison www.theatregyptis.com<br />

Durée estimée 1h20<br />

LES CAPRICES DE MARIANNE<br />

Last days<br />

Alfred <strong>de</strong> Musset – Françoise Chatôt<br />

[CREATION] Compagnie Chatôt-Vouyoucas<br />

Coproduction Compagnie Chatôt-Vouyoucas / <strong>Théâtre</strong> <strong>Gyptis</strong><br />

& Compagnie Sun of Sha<strong>de</strong> / David Llari<br />

Photos téléchargeab<strong>le</strong>s sur www.theatregyptis.com<br />

>> en page « Presse / Saison 210/2011 / créations en tournée… »<br />

Ban<strong>de</strong> annonce sur www.theatregyptis.com<br />

>> en page « Presse / Extraits vidéos… »<br />

Mise en scène Françoise Chatôt<br />

Assistante à la mise en scène Agnès Audiffren<br />

Chorégraphie David Llari / Compagnie Sun of Sha<strong>de</strong><br />

Scénographie Clau<strong>de</strong> Lemaire<br />

Lumières Roberto Venturi<br />

Costumes Éliane Tondut<br />

Musiques Dominique Viger<br />

Réalisation décor Clau<strong>de</strong> Amaru<br />

Régie lumière Éric Delarue<br />

Régie son Christophe Cartier<br />

Régie plateau Colin A<strong>le</strong>x<br />

Acteurs Agnès Audiffren : Malvolio et Ciuta<br />

Guillaume Clausse : Octave<br />

Cathy Darietto : Hermia<br />

Pierre-François Doireau : Tibia et un domestique<br />

Maïa Jarvil<strong>le</strong> : Marianne<br />

Grégoire Roger : Cœlio<br />

Philippe Séjourné : Claudio<br />

Et trois danseurs <strong>de</strong> la Compagnie Sun of Sha<strong>de</strong><br />

2


LES CAPRICES DE MARIANNE<br />

d’Alfred <strong>de</strong> Musset<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

« Les Caprices <strong>de</strong> Marianne n’ont rien du marivaudage au parfum d’enfance que ce titre, faussement ingénu<br />

comme l’héroïne <strong>de</strong> la pièce, semb<strong>le</strong>rait promettre. Octave, Cœlio et Marianne sont jeunes, beaux et débordants<br />

<strong>de</strong> passion, mais la passion, par sa vio<strong>le</strong>nce même, <strong>de</strong>vient <strong>de</strong>structrice, et jeunesse rime ici plus volontiers avec<br />

révolte et cruauté qu’avec tendresse. Comme <strong>le</strong>ur auteur, ces trois enfants mal grandis d’un sièc<strong>le</strong> qui semb<strong>le</strong>rait<br />

bien <strong>le</strong> nôtre ont une soif désespérée d’amour et <strong>de</strong> bonheur qui se heurte toutefois non seu<strong>le</strong>ment à la mora<strong>le</strong><br />

étriquée d’une société bourgeoise et conformiste, mais aussi aux ambiguïtés et aux contradictions <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs désirs<br />

et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs égoïsmes respectifs.<br />

Cœlio, ado<strong>le</strong>scent sombre et rêveur, perdu dans <strong>le</strong>s eaux troub<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ses pulsions œdipiennes et <strong>de</strong> sa fascination<br />

pour la mort, tombe amoureux fou <strong>de</strong> Marianne mais, incapab<strong>le</strong> <strong>de</strong> vivre sa vie autrement que par procuration, il<br />

charge son inséparab<strong>le</strong> ami Octave d’une conquête qu’il ne saurait faire lui-même. Octave, quant à lui, incarne la<br />

face complémentaire du même mal <strong>de</strong> vivre, <strong>de</strong> la même peur d’affronter une vie d’adulte et du même instinct<br />

d’auto<strong>de</strong>struction. Seu<strong>le</strong>ment, il a fait <strong>le</strong> choix plus cynique d’un libertinage <strong>de</strong> bon vivant, s’étourdissant <strong>de</strong> plaisirs<br />

et <strong>de</strong> fêtes, noyant ses inquiétu<strong>de</strong>s dans la gaieté et la surexcitation factices du sexe sans amour et <strong>de</strong> l’ivresse<br />

perpétuel<strong>le</strong>. Choix qui se retourne contre lui quand, face à Marianne, il découvre enfin une femme d’une trempe<br />

aussi forte, volontaire et libre d’esprit que lui. Car il serait bien naïf <strong>le</strong> spectateur qui se laisserait tromper par<br />

l’image offerte par Marianne quand el<strong>le</strong> entre en scène : cel<strong>le</strong> d’une petite épouse modè<strong>le</strong> et confite <strong>de</strong> dévotion. Il<br />

suffit en effet qu’el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> pour que la sage icône disparaisse, laissant la place à une vraie femme, d’une<br />

mo<strong>de</strong>rnité extrême dans son besoin <strong>de</strong> libre affirmation <strong>de</strong> soi et d’une audace scanda<strong>le</strong>use dans l’expression <strong>de</strong><br />

ses désirs <strong>le</strong>s plus intimes. Comme sa "sœur" Camil<strong>le</strong> d’On ne badine pas avec l’amour, el<strong>le</strong> rêve d’aimer sans<br />

souffrir et sans renoncer à sa fierté. Comme el<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> en a sans doute beaucoup appris sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> par <strong>le</strong>s récits<br />

<strong>de</strong> femmes désabusées, ou – qui sait – par la <strong>le</strong>cture <strong>de</strong> ces romans libertins que Musset prisait si fort. L’exemp<strong>le</strong><br />

n’en serait pas rare dans la littérature du XVIII e sièc<strong>le</strong>. Autrement où aurait-el<strong>le</strong> appris à tenir tête à son séducteur<br />

dans <strong>le</strong>s cinq entretiens successifs qui <strong>de</strong>ssinent la colonne vertébra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la pièce ? Son discours, audacieux et<br />

sensuel au point <strong>de</strong> mériter la censure en 1851, apparaît encore aujourd’hui étonnant d’adresse, <strong>de</strong> subtilité et <strong>de</strong><br />

vio<strong>le</strong>nce à peine retenue.<br />

La pièce entière est du reste comme ses protagonistes fascinante et toujours jeune, venue, el<strong>le</strong> aussi, trop tôt ou<br />

trop tard dans un mon<strong>de</strong> à l’esprit trop vieux pour el<strong>le</strong>, incapab<strong>le</strong> d’en apprécier la perfection épurée et d’en<br />

accepter <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong>. Sa liberté extrême <strong>de</strong> ton et <strong>de</strong> structure l’ont en effet longtemps écartée d’une scène<br />

romantique qui tout en se voulant révolutionnaire n’en avait pas moins ses propres conventions. L’enchaînement<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s scènes, guidé par la seu<strong>le</strong> logique <strong>de</strong> l’action, tient déjà du montage cinématographique ou du théâtre<br />

contemporain dégagé <strong>de</strong> toute lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> régie. Il concentre l’attention sur une intrigue simp<strong>le</strong> et intemporel<strong>le</strong>, qui<br />

progresse avec un tempo d’enfer sous l’impulsion <strong>de</strong> la paro<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s passions qu’el<strong>le</strong> exprime, laissant fina<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s personnages seuls et désemparés <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs choix. Dans <strong>le</strong>ur trajectoire flamboyante<br />

et désespérée chaque nouvel<strong>le</strong> génération saura se reconnaître. »<br />

Va<strong>le</strong>ntina Ponzetto<br />

Maître <strong>de</strong> langue, Université <strong>de</strong> Paris IV,<br />

Septembre 2008.<br />

3


LES CAPRICES DE MARIANNE Last days<br />

[CRÉATION] mise en scène <strong>de</strong> Françoise Chatôt<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

« Dans une Nap<strong>le</strong>s improbab<strong>le</strong>, Cœlio, jeune aristocrate rêveur et mélancolique, tombe amoureux <strong>de</strong> Marianne,<br />

jeune femme sortie du couvent, épouse d'un barbon jaloux et ridicu<strong>le</strong> ; Cœlio charge son meil<strong>le</strong>ur ami Octave,<br />

brillant et débauché, <strong>de</strong> faire connaître son amour à Marianne. Marianne tombe amoureuse d'Octave, et Cœlio,<br />

croyant que son ami l'a trahi, se laisse tuer dans une embusca<strong>de</strong> tendue par <strong>le</strong> mari.<br />

Pourquoi je monte Les Caprices <strong>de</strong> Marianne.<br />

Il y a quelque chose <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>mment contemporain dans cette désespérance d’un enfant du sièc<strong>le</strong> et ces jeunes<br />

gens : Octave, Cœlio mais aussi Marianne, sont <strong>le</strong>s frères et <strong>le</strong>s sœurs luci<strong>de</strong>s et désenchantés <strong>de</strong> cette frange <strong>de</strong><br />

jeunes gens d’aujourd’hui qui, pour beaucoup, ne savent où s’employer, que croire, où s’engager, que faire… ?<br />

Déjà Flaubert, à 21 ans, atteint <strong>de</strong> cette maladie d’un sièc<strong>le</strong> trop vieux pour une jeunesse venue trop tard, se<br />

<strong>de</strong>mandait :<br />

« Que faire ici-bas ? Qu’y rêver ? Qu’y bâtir ? »<br />

Et il avouait :<br />

« Je suis né avec <strong>le</strong> désir <strong>de</strong> mourir. Rien ne me paraissait plus sot que la vie et plus honteux que d’y<br />

tenir » (Novembre, 1841)<br />

Quand la mélancolie, <strong>le</strong> « sp<strong>le</strong>en », ne vont pas jusqu’au suici<strong>de</strong>, la débauche, l’alcool, la drogue, <strong>le</strong>s jeux<br />

dangereux n’en sont que <strong>de</strong>s dérivatifs qui soulagent mal cette « dou<strong>le</strong>ur » ou « fureur <strong>de</strong> vivre ».<br />

Musset, jeune homme brillant mais désespéré, avait capté dans son incan<strong>de</strong>scence la passion morbi<strong>de</strong><br />

caractéristique <strong>de</strong> cet âge et sa vanité faute d’objet digne <strong>de</strong> la comb<strong>le</strong>r.<br />

Je souhaitais donc abor<strong>de</strong>r Les Caprices, mais comment ?<br />

Et puis il y eut comme une cristallisation <strong>de</strong>s choses vues, entendues ou lues lorsqu'un projet germe en soi. Le<br />

déclic vint <strong>de</strong> la redécouverte d'un film que j'avais adoré dès sa sortie en sal<strong>le</strong>s : Last Days <strong>de</strong> Gus van Sant.<br />

Revoir ce film agit comme un révélateur <strong>de</strong> ce qu'il me fallait faire.<br />

Oui, ces <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> rock-star dont <strong>le</strong> désespoir entre errance solitaire, drogue et musique, va jusqu'au<br />

suici<strong>de</strong>, sont <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> Cœlio ; et à la mort <strong>de</strong> Cœlio, Octave, son doub<strong>le</strong>, n'a d'autre issue que <strong>le</strong> sexe<br />

sans amour, <strong>le</strong> détachement cynique et impuissant, l'ivresse et l'oubli... Jamais Musset n'a été aussi écartelé entre<br />

son désir <strong>de</strong> pureté désespéré et son penchant vers la débauche sans espoir.<br />

Variations sur <strong>de</strong>s Caprices 1 - Molto capricioso<br />

Des masques <strong>de</strong> Goya aux personnages <strong>de</strong> la pièce.<br />

[INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE]<br />

Il existe d’étranges similitu<strong>de</strong>s entre l’état amoureux et l’état <strong>de</strong> création. Dans l’un comme dans l’autre <strong>de</strong><br />

semblab<strong>le</strong>s correspondances <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s sons, s’opèrent presque à notre insu. Tout fait sens "par hasard".<br />

Ainsi cette exposition <strong>de</strong>s gravures <strong>de</strong> Goya vue alors que je préparais Les Caprices <strong>de</strong> Marianne n’aurait eu<br />

aucune résonance - sinon une admiration - vue six mois plus tôt ou six mois plus tard. Or, voilà que je me retrouve<br />

sidérée <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s Caprices <strong>de</strong> Goya, grotesques, pathétiques, fantastiques, monstrueux… Inévitab<strong>le</strong>ment l'écho<br />

du mot "Caprices" fait sens et je comprends cette évi<strong>de</strong>nce intérieure : <strong>le</strong>s visions <strong>de</strong> cauchemars d’Octave, <strong>le</strong>s<br />

visions morbi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Cœlio sont là, hurlant si<strong>le</strong>ncieusement dans ce Musée du Petit Palais ; oui ces créatures<br />

hallucinées <strong>de</strong>s Caprices <strong>de</strong> Goya doivent être <strong>le</strong>s masques <strong>de</strong> la Nap<strong>le</strong>s au temps du Carnaval fantasmée par<br />

l’auteur. Ainsi peut se lire cette trame qui court <strong>de</strong>s Caprices <strong>de</strong> Goya aux « Caprices » <strong>de</strong> Musset.<br />

Car, au vrai, dans cette pièce apparemment simp<strong>le</strong>, limpi<strong>de</strong>, brève, pour moi la plus parfaite <strong>de</strong> Musset car la plus<br />

personnel<strong>le</strong> (il ne connaît pas encore George Sand), sa petite musique, <strong>de</strong> variations en variations, va passer<br />

d’Octave à Cœlio : <strong>de</strong> la figure la plus transparente <strong>de</strong> Musset, <strong>le</strong> libertin 2 , léger, brillant, s’adonnant à la débauche<br />

qui n’attache pas et, en vrai Don Juan, ne croit qu’au plaisir passager, à la figure cachée <strong>de</strong> Musset, <strong>le</strong> passionné,<br />

l’amoureux, l’exalté, <strong>le</strong> sentimental, qui croit à l’amour comme un mystique en Dieu.<br />

1 Cf. Définition <strong>de</strong> caprices dans Le Littré : « pièce littéraire où l’on n’a pas observé <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’art » ; « volonté qui vient subitement à<br />

quelqu’un sans aucune raison ».<br />

2 Cf. Définition du libertinage <strong>de</strong> Benito Pe<strong>le</strong>grín, dans sa préface <strong>de</strong> Don Juan, <strong>le</strong> baiseur <strong>de</strong> Sévil<strong>le</strong>, <strong>de</strong> Tirso Molina, éditions <strong>de</strong> L’aube,<br />

1993 : « A Dieu, il enlève la religieuse, au Mari, la femme, la fil<strong>le</strong> au Père. […] Le libertin fait passer <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> <strong>de</strong> la liberté. »<br />

4


<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

Cette variation se modu<strong>le</strong> jusqu’à exalter la thématique centra<strong>le</strong> : Marianne, figure <strong>de</strong> la femme rêvée, idéa<strong>le</strong> mais<br />

incarnée en cette personne et non pas cette « mince poupée <strong>de</strong> cire qui récite <strong>de</strong>s Ave sans fin » comme <strong>le</strong> rail<strong>le</strong><br />

Octave. Marianne est cet autre moi que Musset, tel l’androgyne <strong>de</strong> Platon, va chercher éperdument pour exister<br />

comme homme. Car, si <strong>le</strong>s didascalies du texte ou <strong>le</strong>s informations données par <strong>le</strong>s autres personnages <strong>de</strong> la<br />

pièce, nous poussent à voir en Marianne une pru<strong>de</strong> <strong>de</strong> dix-neuf ans tout juste sortie du couvent, allant à Vêpres<br />

son livre <strong>de</strong> messe à la main, ne recevant personne, vrai dragon <strong>de</strong> vertu, mariée à un « pédant <strong>de</strong> village »<br />

grotesque qu’el<strong>le</strong> ne peut aimer, il n’en est que plus surprenant <strong>de</strong> l’entendre répondre, et ce dès la première<br />

réplique, en femme résolue, intelligente, convaincue <strong>de</strong> sa va<strong>le</strong>ur intrinsèque et qui sait sacrément rétorquer et,<br />

ensuite, attaquer.<br />

S’il est étonnant <strong>de</strong> voir en cette femme dès l’abord un tel aplomb, il est encore plus sidérant <strong>de</strong> l’entendre faire la<br />

<strong>le</strong>çon à ce libertin d’Octave, filant <strong>le</strong>s mêmes métaphores, y compris <strong>le</strong>s plus osées et <strong>le</strong>s plus transparentes dans<br />

<strong>le</strong>ur érotisme à peine voilé : « N’iriez-vous pas si la recette en était perdue, en chercher la <strong>de</strong>rnière goutte jusque<br />

dans la bouche du Volcan ? ». Est-ce une contamination du langage libertin d’Octave qui va gagner Marianne ? En<br />

effet, <strong>le</strong> temps d’une messe on peut rêver, surtout réfléchir, et préparer sa réponse ou son attaque. Est-ce, comme<br />

<strong>le</strong> suggère Va<strong>le</strong>ntina Ponzetto 3 , une initiation au couvent <strong>de</strong> romans libertins, sans compter <strong>le</strong>s confi<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> ces<br />

femmes abandonnées <strong>de</strong>venues religieuses par désespoir qui versent <strong>le</strong>urs expériences <strong>de</strong> femmes b<strong>le</strong>ssées<br />

dans <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> jeunes fil<strong>le</strong>s très déniaisées, comme on <strong>le</strong> voit dans On ne badine pas avec l’amour, du même<br />

Musset ?<br />

Toujours est-il que Marianne est, au sens fort, étonnante ; que Cœlio, <strong>le</strong> rêveur, <strong>le</strong> poète, en soit amoureux avec ce<br />

don <strong>de</strong> doub<strong>le</strong> vue <strong>de</strong>s illuminés, c’est normal ; qu’Octave en soit interloqué, curieux et bientôt excité<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment et sensuel<strong>le</strong>ment, c’était prévisib<strong>le</strong> ; pour la première fois, une femme lui résiste, pire, <strong>le</strong> tourne<br />

en ridicu<strong>le</strong> en empruntant son langage.<br />

Mais où en sommes-nous du doub<strong>le</strong> si Cœlio est <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> d’Octave et Marianne <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> d’Alfred ? C’est bien là<br />

l’intérêt exquis <strong>de</strong> cette pièce toute en confi<strong>de</strong>nce autobiographique, Musset prêtant son image à ses doub<strong>le</strong>s<br />

pathologiques Octave-Cœlio mais aussi à la femme merveil<strong>le</strong>use, Marianne. Cependant, quand Cœlio, <strong>le</strong><br />

ténébreux, l’inconsolé, mourra, Octave, tel un siamois privé <strong>de</strong> son autre moi-même, restera amputé à vie :<br />

« Cœlio était la bonne partie <strong>de</strong> moi ; el<strong>le</strong> est remontée au ciel avec lui ». Quant à Marianne, el<strong>le</strong> aura perdu et<br />

l’amant idéal « qui mourra sans s’être fait comprendre comme un muet dans une prison », et <strong>le</strong> libertin qui l’a<br />

révélée à el<strong>le</strong>-même dans sa féminité, mais qui ne peut l’aimer parce que libertin : « Je ne vous aime pas<br />

Marianne, c’était Cœlio qui vous aimait ».<br />

Musset souffrait, et ce très jeune, <strong>de</strong> troub<strong>le</strong>s <strong>de</strong> dédoub<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> la personnalité et d’autoscopie qui vont<br />

s’aggraver avec l’absinthe et la syphilis. Il n’empêche : Musset a vingt-trois ans lorsqu’il écrit Les Caprices <strong>de</strong><br />

Marianne. Génia<strong>le</strong>ment précoce, il a compris la <strong>le</strong>çon plus tardive <strong>de</strong> Flaubert : <strong>le</strong> poète n’est vrai et juste que<br />

lorsqu’il se projette entièrement et s’incarne dans une œuvre avec sa personnalité multip<strong>le</strong>.<br />

Au-<strong>de</strong>là du trio Octave - Cœlio - Marianne, se distingue un personnage énigmatique et séduisant : Hermia, la mère<br />

<strong>de</strong> Cœlio, figure lumineuse <strong>de</strong> la mère trop amoureuse <strong>de</strong> son fils et donc dangereuse, qui raconte sans <strong>le</strong> vouloir<br />

sa propre histoire : un amant rejeté, remplacé par <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur ami, ce qui conduira <strong>le</strong> premier à la mort. En cela, el<strong>le</strong><br />

anticipe inconsciemment la propre mort <strong>de</strong> son fils qui se croira lui aussi trompé par son ami : Octave, son doub<strong>le</strong>.<br />

Comme dans tout drame romantique <strong>le</strong>s autres personnages sont <strong>de</strong>s grotesques, comiques malgré eux :<br />

Claudio, <strong>le</strong> mari <strong>de</strong> Marianne. Comme il se doit : vieux, ridicu<strong>le</strong>, jaloux, barbon mais dangereux ; il cause<br />

la mort <strong>de</strong> Cœlio et détruit <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux autres.<br />

Tibia, <strong>le</strong> va<strong>le</strong>t bouffon directement tiré <strong>de</strong> la Comédia espagno<strong>le</strong>.<br />

Ciuta, l’inévitab<strong>le</strong> entremetteuse. Comme son nom l’indique (la chouette), el<strong>le</strong> vo<strong>le</strong>tte, aveug<strong>le</strong>, <strong>de</strong> scène<br />

en scène, sans aucun profit pour <strong>le</strong>s amours <strong>de</strong> Cœlio.<br />

Malvolio, l’intendant d’Hermia, l’empêcheur <strong>de</strong> tourner en rond, qui dans ses récriminations nous apprend<br />

que « du vivant <strong>de</strong> son père (<strong>de</strong> Cœlio), il n’en aurait pas été ainsi »…<br />

Et <strong>le</strong>s masques du carnaval, figures grotesques ou cauchemar<strong>de</strong>sques, porteront <strong>le</strong>s visions hallucinées<br />

<strong>de</strong> Goya.<br />

[théâtre] musique et danse…<br />

Dans cette intuition initia<strong>le</strong>, référence au film <strong>de</strong> Gus Van Sant Last Days, j’ai apparenté la figure <strong>de</strong> Cœlio,<br />

mélancolique allant vers la mort, au personnage <strong>de</strong> ce rocker désespéré : Kurt Cobain, préparant son suici<strong>de</strong><br />

pendant ses « <strong>de</strong>rniers jours », monologuant, sous l’emprise <strong>de</strong> la drogue, jusqu’à sa mort programmée. Le rock<br />

introduira donc <strong>le</strong>s entrées et sorties <strong>de</strong> Cœlio, sur <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s poèmes <strong>de</strong> Musset.<br />

Le personnage d’Octave qui a fait <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> la rue et <strong>de</strong> la fête, entrera « en ban<strong>de</strong> », sur une autre musique (en<br />

rupture avec cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Cœlio), introduisant <strong>le</strong>s masques grotesques (portés notamment par <strong>le</strong>s danseurs) ; la danse<br />

(hip-hop) el<strong>le</strong>-même explosera dans <strong>le</strong> temps du carnaval, (<strong>le</strong>s danseurs) portant Octave dans sa frénésie. »<br />

3 Cf. Musset ou la nostalgie libertine, <strong>de</strong> Va<strong>le</strong>ntina Ponzetto, aux éditions Droz, 2007.<br />

Françoise Chatôt, Juil<strong>le</strong>t 2008.<br />

5


FRANÇOISE CHATÔT / mise en scène<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

Formation au <strong>Théâtre</strong> avec <strong>le</strong>s professeurs R. Girard, J. Charron, J. Marchat et à l’Institut d’Étu<strong>de</strong>s Théâtra<strong>le</strong>s<br />

(B. Dort). Joue très jeune avec Jean Le Poulain (metteur en scène), JP. Darras et M. Serreau, Quand épousezvous<br />

ma jeune femme? <strong>de</strong> J. B. Luc, ce qui la détourne résolument <strong>de</strong> cette forme <strong>de</strong> théâtre.<br />

Constitue avec Andonis Vouyoucas une première équipe <strong>de</strong> travail à Paris en 1966.<br />

Stage d’un an au <strong>Théâtre</strong> Laboratoire, direction Jerzy Grotowski, à Wroclaw, en 1969.<br />

Appelée à Marseil<strong>le</strong> par Antoine Bourseil<strong>le</strong>r, sur <strong>le</strong>s instances <strong>de</strong> J. Grotowski el<strong>le</strong> participe à la formation <strong>de</strong> la<br />

Compagnie Permanente d’Action Culturel<strong>le</strong> du Sud-est et co-dirige l’Éco<strong>le</strong> Nationa<strong>le</strong> avec Andonis Vouyoucas en<br />

1971.<br />

Metteur en scène et actrice, el<strong>le</strong> co-dirige actuel<strong>le</strong>ment, avec Andonis Vouyoucas, <strong>le</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>Gyptis</strong> à Marseil<strong>le</strong>.<br />

En qualité <strong>de</strong> metteur en scène, Françoise Chatôt a créé <strong>le</strong>s spectac<strong>le</strong>s suivants :<br />

1977 Yseult et Tristan d’Agnès Ver<strong>le</strong>t, sur une proposition <strong>de</strong> Françoise Chatôt, éditions l’Harmattan.<br />

1979 Scènes <strong>de</strong> la vie marseillaise pendant la peste <strong>de</strong> 1720, texte original <strong>de</strong> Dominique Cier, sur une<br />

proposition <strong>de</strong> Françoise Chatôt.<br />

1980/81 La Fail<strong>le</strong>, création et interprétation <strong>de</strong> Françoise Chatôt, musique <strong>de</strong> David Rueff.<br />

1981 L’Î<strong>le</strong> <strong>de</strong> Raison, L'Î<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Esclaves, La Colonie <strong>de</strong> Marivaux.<br />

1983 Louise/Emma Rencontre Fiction d’Anne Roche, sur une proposition <strong>de</strong> Françoise Chatôt, musique<br />

<strong>de</strong> David Rueff, éditions Tierce.<br />

1987 La Vil<strong>le</strong> Blanche <strong>de</strong> Serge Ganzl, musique <strong>de</strong> David Rueff, éditions Papiers.<br />

1993 L’Échange (1 ère version) <strong>de</strong> Paul Clau<strong>de</strong>l, repris en 2003 au <strong>Gyptis</strong> et en tournée.<br />

1994 Don Juan <strong>le</strong> Baiseur <strong>de</strong> Sévil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Tirso <strong>de</strong> Molina, adaptation française <strong>de</strong> Benito Pe<strong>le</strong>grin,<br />

éditions <strong>de</strong> L’Aube.<br />

1997 Le Journal d’un Fou <strong>de</strong> Gogol.<br />

1999 Faut pas payer <strong>de</strong> Dario Fo.<br />

2001 Britannicus <strong>de</strong> Jean Racine.<br />

2002 Orlando <strong>de</strong> Haen<strong>de</strong>l repris en 2004 au Festival d’Antibes « Musiques au cœur » et en 2006 au<br />

Festival <strong>de</strong> Chartres.<br />

2007 Ruy Blas <strong>de</strong> Victor Hugo, repris en 2008 au <strong>Gyptis</strong> et en tournée.<br />

2008 Les Caprices <strong>de</strong> Marianne d’Alfred <strong>de</strong> Musset.<br />

ROBERTO VENTURI / lumières<br />

Directeur <strong>de</strong> la photographie <strong>de</strong>puis 1980.<br />

Arrivé en France en 1979, il commence, parallè<strong>le</strong>ment à sa carrière <strong>de</strong> directeur <strong>de</strong> la photo, à travail<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong><br />

théâtre et l’opéra.<br />

A l’Opéra <strong>de</strong> Marseil<strong>le</strong> il a créé <strong>le</strong>s lumières <strong>de</strong> Sampiero Corso, <strong>de</strong> L’en<strong>le</strong>vement au Serail, et <strong>de</strong> Marius et Manon.<br />

Il a par ail<strong>le</strong>urs conçu <strong>le</strong>s lumières <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> au Grand <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Genève, <strong>de</strong> Don Quichotte à l’Opéra <strong>de</strong><br />

Metz, <strong>de</strong> L’enlèvement au sérail à l’Opéra d’Helsinki, du Château <strong>de</strong> Barbeb<strong>le</strong>ue à l’Opéra <strong>de</strong> Nancy, <strong>de</strong> La<br />

Favorite, Rheingold, Walküre, Siegfried et Die Götterdämmerung à l’Opéra Royal <strong>de</strong> Wallonie, <strong>de</strong> Semirami<strong>de</strong> au<br />

« Rossini Opéra Festival <strong>de</strong> Pesaro » et au Teatro Real <strong>de</strong> Madrid, <strong>de</strong> Aida à l’Opéra <strong>de</strong> Montecarlo, <strong>de</strong> Orfeo e<br />

Euridice e Falstaff au théâtre San Carlo <strong>de</strong> Nap<strong>le</strong>s.<br />

Pour la danse, Roberto Venturi a créé <strong>le</strong>s lumières <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chorégraphies <strong>de</strong> Karo<strong>le</strong> Armitage : Apollo e Dafne et<br />

Pinocchio, dans <strong>le</strong> cadre du « Maggio Musica<strong>le</strong> Fiorentino ».<br />

Il a éga<strong>le</strong>ment conçu <strong>de</strong>s lumières pour différentes créations du Bal<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Lorraine à Nancy.<br />

Récemment, au Parc d’Aventure Scientifique <strong>de</strong> Framerie en Belgique, il a réalisé <strong>le</strong>s lumières <strong>de</strong>s sal<strong>le</strong>s<br />

thématiques ainsi que <strong>le</strong>s éclairages <strong>de</strong> l’extension du même musée.<br />

A Lyon, au musée Gallo-Romain, il a éclairé <strong>le</strong>s expositions temporaires « Le frontières <strong>de</strong> l’empire romain » et<br />

« Le vin dans l’antiquité ».<br />

http://www.robertoventuri.com/pages/about.php<br />

6


DAVID LLARI / chorégraphie<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

Il est aujourd’hui directeur artistique <strong>de</strong> la Maison du Hip Hop à Paris qu’il a fondé en 2006. Danseur et<br />

chorégraphe, il a travaillé entre autres avec Tony Maskot, figure emblématique <strong>de</strong> la danse Hip-Hop en France et<br />

avec Franck II Louise, dont il est <strong>le</strong> chorégraphe assistant <strong>de</strong>puis 2005 ; il développe aussi un travail personnel et<br />

monte sa compagnie Sun Of Sha<strong>de</strong>, dont <strong>le</strong> premier spectac<strong>le</strong> a été présenté à la Maison <strong>de</strong>s métallos en<br />

ouverture <strong>de</strong> la saison 2003. Il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’instal<strong>le</strong>r à Marseil<strong>le</strong> en 2007, où il développe cours <strong>de</strong> danse, ateliers<br />

d’échanges artistiques, spectac<strong>le</strong>s et centre <strong>de</strong> ressources pour la culture hip hop. Éc<strong>le</strong>ctique et curieux, il est vite<br />

entré en contact avec l’équipe du <strong>Gyptis</strong> dont il est voisin à la Bel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Mai, rencontre qui aboutit à cette<br />

collaboration sur Les Caprices.<br />

www.sunofsha<strong>de</strong>.com<br />

http://maisonduhiphop.com/mh2<br />

« C’est après une heureuse rencontre avec l’équipe du théâtre <strong>Gyptis</strong> lors <strong>de</strong> mon installation à<br />

Marseil<strong>le</strong>, que Françoise Chatôt m’a proposé <strong>de</strong> contribuer au projet théâtre, musique et danse <strong>de</strong><br />

sa création Les Caprices <strong>de</strong> Marianne, en coproduisant, chorégraphiant <strong>le</strong>s danseurs <strong>de</strong> ma<br />

compagnie Sun Of Sha<strong>de</strong> et <strong>le</strong>s acteurs du spectac<strong>le</strong>. Fiers <strong>de</strong> participer à cette nouvel<strong>le</strong> aventure<br />

humaine sur ce nouveau territoire, c’est avec envie et enthousiasme que nous relèverons ce défi.<br />

Conscients <strong>de</strong> la difficulté à mê<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s disciplines artistiques, nous travail<strong>le</strong>rons pour que <strong>le</strong>s<br />

interventions musica<strong>le</strong>s et dansées prennent tout <strong>le</strong>ur sens, en évitant l’anecdote formel<strong>le</strong> ou<br />

esthétique, restant au service <strong>de</strong> la pièce et <strong>de</strong> ce qu’el<strong>le</strong> veut dire, sous-tendant son énergie<br />

explosive qui doit parvenir à tous <strong>le</strong>s publics. » David Llari, septembre 2008.<br />

DOMINIQUE VIGER / musique<br />

Instrumentiste, auteur, compositeur, comédien, créateur multiformes et prolixe, il suscite et participe à <strong>de</strong> très<br />

nombreuses expériences artistiques, <strong>de</strong> la plus confi<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> à la plus grand public, sans cloison ni chapel<strong>le</strong> ; il est<br />

aussi <strong>le</strong> régisseur général <strong>de</strong> la Compagnie Chatôt-Vouyoucas ; Les Caprices sont sa 4 ème collaboration à une<br />

création théâtra<strong>le</strong> au <strong>Gyptis</strong> après Britannicus, Liliom et Les Larmes amère <strong>de</strong> Petra von Kant.<br />

http://www.myspace.com/bawonsamdi<br />

http://www.myspace.com/carnasse<br />

« Avec Françoise, on a beaucoup parlé. De musique, <strong>de</strong> théâtre, d’art… Puis on a parlé <strong>de</strong> la pièce<br />

et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux thèmes principaux, évoquant chacun l’âme <strong>de</strong> Cœlio et d’Octave.<br />

Le premier avec une musique rock, lancinante, <strong>le</strong> second avec <strong>de</strong>s fulgurances <strong>de</strong> musique hip<br />

hop sur <strong>le</strong>quel dansera la « ban<strong>de</strong> » d’Octave lors <strong>de</strong> ses apparitions : un groupe <strong>de</strong> trois danseurs<br />

interprète une partition chorégraphique modulab<strong>le</strong>, en active <strong>le</strong>s enjeux, mettant en mouvement <strong>le</strong>s<br />

corps physiques et sociaux.<br />

J’ai dû faire différentes recherches autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux thèmes musicaux. J’en suis au début du<br />

travail. Mais ça peut al<strong>le</strong>r très loin.<br />

Le rock, la dark folk, la musique répétitive et entêtante pour <strong>le</strong> personnage <strong>de</strong> Cœlio et <strong>le</strong> carnaval,<br />

<strong>le</strong> rap, <strong>le</strong> downbeat pour <strong>le</strong> personnage d’Octave.<br />

En travaillant je matérialise <strong>de</strong>s espaces mentaux qui évoquent <strong>le</strong> voyage, <strong>le</strong> parcours. La poésie<br />

naît d'un déplacement contrarié, impossib<strong>le</strong>, voire inconcevab<strong>le</strong>.<br />

Par un effet <strong>de</strong> contamination mesurée ou amplifiée, rythme et espace sont orchestrés d'une<br />

manière organique, démocratique et sémantique. Et là ça se corse. C’est plus <strong>de</strong>s enfantillages.<br />

Faut al<strong>le</strong>r au charbon. » Dominique Viger, septembre 2008.<br />

7


CLAUDE LEMAIRE / scénographie<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

Diplômée <strong>de</strong> l’Éco<strong>le</strong> Nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Arts décoratifs, sa carrière la conduit à collaborer à près <strong>de</strong> trois cents<br />

spectac<strong>le</strong>s. Avec notamment Jean-Marie Serreau, Jean-Louis Barrault, Antoine Vitez, Roger Planchon, Jacques<br />

Rosner et Jean-Paul Roussillon, à la Comédie Française, à Chaillot ou à l’Odéon. De 1981 à 1988, el<strong>le</strong> est<br />

responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la section scénographie à l’éco<strong>le</strong> du <strong>Théâtre</strong> National <strong>de</strong> Strasbourg. C’est sa 3 ème collaboration<br />

avec Françoise Chatôt après La Vil<strong>le</strong> blanche et Ruy Blas ; au <strong>Gyptis</strong> el<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment signé la scénographie <strong>de</strong><br />

Liliom <strong>de</strong> Molnar création <strong>de</strong> la Cie Vol plané.<br />

« Au cours d’une journée entière, du petit matin à la nuit, l’action se situe entre <strong>de</strong>ux lieux<br />

i<strong>de</strong>ntifiés : chez Cœlio et chez Claudio, ce sont <strong>de</strong>s lieux clos, <strong>de</strong>s espaces privés.<br />

Mais c’est l’espace public qui est <strong>le</strong> lieu principal, c’est la rue, la place, <strong>le</strong> coin, l’élément essentiel à<br />

la mise en mouvement <strong>de</strong> l’acteur car c’est là que l’action prend sens et que se mesure <strong>le</strong> temps.<br />

Cet espace public offre la pluralité <strong>de</strong>s fonctions : <strong>le</strong> théâtre intérieur pour l’un, <strong>le</strong> lieu <strong>de</strong> l’intime, <strong>de</strong><br />

l’attente, <strong>de</strong> la présence et <strong>de</strong> l’absence. Pour l’autre celui du mouvement, du parcours, <strong>de</strong> la<br />

rencontre opportune.<br />

Mais c’est aussi <strong>le</strong> lieu du langage du corps, car s’y donne une fête dont <strong>le</strong>s participants se jouent,<br />

dans un désordre joyeux, <strong>de</strong> l’espace en l’inventant ; mettant en adéquation <strong>le</strong> mouvement et la<br />

mobilité, révélant <strong>le</strong>s lieux <strong>de</strong> transition entre <strong>le</strong> <strong>de</strong>dans et <strong>le</strong> <strong>de</strong>hors, entre <strong>le</strong> privé et <strong>le</strong> public.<br />

Le choix <strong>de</strong>s murs, qui ne sont qu’eux-mêmes sans portes ni fenêtres, n’appartient pas à une<br />

architecture figurative, mais offre comme un jeu <strong>de</strong> construction différentes figures architectura<strong>le</strong>s,<br />

aux volumes remo<strong>de</strong>lés par l’ombre et la lumière <strong>de</strong>vant un ciel qui par ses changements <strong>de</strong><br />

tonalité ouvre à l’imaginaire et propose l’architecture comme paysage.<br />

C’est en faisant <strong>le</strong> choix dramaturgique <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> cet espace intermédiaire, cet "entre<br />

lieux" où se joue <strong>le</strong> théâtre, que s’est imposée la cinétique <strong>de</strong> l’espace scénographique en<br />

imaginant une scénographie amovib<strong>le</strong>, construite et déconstruite par <strong>le</strong>s acteurs qui donnent ainsi<br />

à voir l’espace du jeu s’inventer dans l’action. » Clau<strong>de</strong> Lemaire, septembre 2008.<br />

ÉLIANE TONDUT / costumes<br />

Peintre et sculpteur <strong>de</strong> formation, el<strong>le</strong> est une fidè<strong>le</strong> collaboratrice du <strong>Théâtre</strong> <strong>Gyptis</strong>.<br />

C’est pour <strong>de</strong>s danseurs qu’el<strong>le</strong> réalise ses premières créations <strong>de</strong> costumes. Suite à sa rencontre avec Françoise<br />

Chatôt et Andonis Vouyoucas, el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vient l’assistante <strong>de</strong> plusieurs scénographes : Claire Belloc, Jean-Pierre<br />

Berthier, André Acquart, Max Schoendorff et collabore avec différents metteurs en scène. El<strong>le</strong> signe avec<br />

Françoise et Andonis la scénographie et/ou <strong>le</strong>s costumes <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s phares <strong>de</strong> la Compagnie dont Créanciers,<br />

Œdipe roi et Antigone, Faut pas payer, La vie est un songe, Orlando, Hécube, Ruy Blas.<br />

http://eliane.tondut.free.fr/in<strong>de</strong>x.htm<br />

« J’ai travaillé par "strates" successives, gardant à l’esprit une volonté <strong>de</strong> stylisation plutôt que <strong>de</strong><br />

retranscription réaliste.<br />

Inévitab<strong>le</strong>ment Musset, son dandysme et son romantisme ont été à la base <strong>de</strong> mon travail ; s’y est<br />

greffé (selon <strong>le</strong> désir <strong>de</strong> Françoise Chatôt), l’univers du rock, <strong>de</strong> la marginalité, à travers Cœlio et<br />

son désespoir mais aussi à travers Octave, son doub<strong>le</strong> lumineux : aristocrates bohèmes et<br />

asociaux (ou considérés comme tels par la bourgeoisie.)<br />

Cette esthétique est donc <strong>de</strong>venue un appui essentiel dans la conception <strong>de</strong>s costumes.<br />

Puis l’univers <strong>de</strong> Goya est venu se surimprimer à ces indications : représenté par <strong>de</strong>s masques en<br />

latex que portent <strong>le</strong>s danseurs ainsi que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux domestiques <strong>de</strong> la pièce. Ils sont plus qu’une<br />

référence : une vraie signature empruntée à une série <strong>de</strong> gravures nommée comme par hasard <strong>le</strong>s<br />

"Caprices" par Goya lui-même… Là aussi la force <strong>de</strong> son univers est venue imprégner ma<br />

recherche, la difficulté pour moi étant <strong>de</strong> synthétiser ces divers éléments tout en conservant une<br />

forme d’expression cohérente et personnel<strong>le</strong>.<br />

Le costume <strong>de</strong> Marianne suit l’évolution <strong>de</strong> son personnage dans la pièce : c’est une femme qui se<br />

dévoi<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> passe d’une image <strong>de</strong> poupée dévote toute <strong>de</strong> noir vêtue et entièrement dissimulée<br />

aux regards (symbo<strong>le</strong> du carcan social dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> est enfermée par son mariage), à cel<strong>le</strong><br />

d’une femme audacieuse et accomplie.<br />

Claudio <strong>le</strong> mari jaloux, vieillard maléfique et Tibia son va<strong>le</strong>t sont traités d’une manière caricatura<strong>le</strong> :<br />

un coup<strong>le</strong> à la "Laurel et Hardy" … » Éliane Tondut, septembre 2008.<br />

8


LA DISTRIBUTION présentée par Françoise Chatôt<br />

Agnès Audiffren / Ciuta, Malvolio<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

J’ai rencontré Agnès par un beau soir d’été. El<strong>le</strong> était serveuse dans un restaurant…si bel<strong>le</strong> et si maladroite,<br />

renversant <strong>le</strong>s plats, faisant <strong>de</strong>s tâches, tota<strong>le</strong>ment prise dans un rêve intérieur, ses yeux b<strong>le</strong>us contemplant tout<br />

autre chose que <strong>le</strong>s clients du restaurant. Mue par je ne sais quel<strong>le</strong> intuition, je lui <strong>de</strong>mandai si el<strong>le</strong> était actrice<br />

« en vrai ». El<strong>le</strong> l’était, encore au conservatoire. Le <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main el<strong>le</strong> passait une audition avec Andonis Vouyoucas<br />

pour <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> Varia dans « la Cerisaie » <strong>de</strong> Tchékhov. Depuis el<strong>le</strong> n’a cessé <strong>de</strong> jouer au <strong>Gyptis</strong> <strong>le</strong>s plus grands<br />

rô<strong>le</strong>s du répertoire. Avec moi, el<strong>le</strong> fut une Marthe inoubliab<strong>le</strong> dans « l’échange » <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>l, Junie dans<br />

« Britannicus » <strong>de</strong> Racine et <strong>de</strong>rnièrement la reine d’Espagne dans « Ruy Blas » <strong>de</strong> Hugo ; <strong>de</strong>s spectateurs m’en<br />

par<strong>le</strong>nt encore ! Dans une distribution, el<strong>le</strong> est l’élément modérateur qui sait apaiser <strong>le</strong>s tensions, dire un mot <strong>de</strong><br />

réconfort, une indication juste aux acteurs angoissés. J’avais décidé qu’el<strong>le</strong> ne jouerait pas dans « <strong>le</strong>s Caprices <strong>de</strong><br />

Marianne » et lorsque je <strong>le</strong> lui dis (je voulais une très jeune héroïne), el<strong>le</strong> proposa aussitôt <strong>de</strong> m’assister à la mise<br />

en scène puis <strong>de</strong> jouer <strong>le</strong>s petits rô<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la pièce ; je ne pouvais que m’incliner. Agnès une fois <strong>de</strong> plus<br />

m’accompagne, c’est rassurant…<br />

Guillaume Clausse / Octave et Grégoire Roger / Cœlio<br />

Je <strong>le</strong>s ai rencontrés tous <strong>de</strong>ux lors <strong>de</strong>s auditions pour la reprise <strong>de</strong> « Ruy Blas ». Malgré <strong>le</strong>ur ta<strong>le</strong>nt évi<strong>de</strong>nt, il me<br />

paraissait diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> confier à l’un ou à l’autre ce rô<strong>le</strong>-titre marathonien au cœur d’une distribution homogène<br />

d’acteurs « matures » présents <strong>de</strong>puis la création. Mais dès que je <strong>le</strong>s ai vus, j’ai pensé qu’il fallait créer un<br />

spectac<strong>le</strong> pour ces jeunes gens qui avaient la fougue, la passion et aussi une certaine mélancolie, une façon d’être<br />

habités <strong>de</strong> désirs inassouvis … autant <strong>de</strong> caractéristiques propres aux héros <strong>de</strong> Musset ; c’est pour eux et pour<br />

Alice que je crée ces « Caprices ».<br />

Cathy Darietto / Hermia<br />

Lorsque j’ai vu Cathy la première fois en audition pour Hermia, je l’ai trouvée bel<strong>le</strong>, accomplie mais trop jeune pour<br />

<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> ; j’oubliais pourtant <strong>de</strong> <strong>le</strong> lui annoncer (un « signe ») et lorsqu’el<strong>le</strong> même vint aux nouvel<strong>le</strong>s, je résolus <strong>de</strong> lui<br />

faire repasser l’audition. El<strong>le</strong> avait retravaillé sur <strong>le</strong>s premières indications que je lui avais proposées et el<strong>le</strong> s’est<br />

imposée. Avec l’allure sensuel<strong>le</strong>, la classe et la sensibilité d’une femme qui pouvait marquer à vie ou à mort un fils<br />

trop amoureux <strong>de</strong> sa mère…<br />

Pierre-François Doireau / Tibia<br />

Hypersensib<strong>le</strong>, imaginatif, l’esprit sans cesse en éveil et d’une virtuosité étonnante pour son âge, Pierre-François<br />

est un acteur à part, inclassab<strong>le</strong>, indispensab<strong>le</strong> au théâtre où l’on a tendance aujourd’hui à ne prendre que <strong>de</strong>s<br />

acteurs formatés et trop lisses.<br />

Pierre-François a joué avec moi dans « Ruy Blas » et je sais qu’il donnera une empreinte très particulière au<br />

personnage loufoque <strong>de</strong> Tibia.<br />

Maïa Jarvil<strong>le</strong> / Marianne<br />

Maïa Jarvil<strong>le</strong> reprend ce rô<strong>le</strong> (créé avec une autre comédienne en 2008). El<strong>le</strong> a suivi la formation <strong>de</strong> l’E.R.A.C.,<br />

promotion 2008 et cel<strong>le</strong> du C.N.R. <strong>de</strong> Montpellier <strong>de</strong> 2003 à 2005. J’ai rencontré Maïa Jarvil<strong>le</strong> lors d’une audition<br />

pour <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> Marianne je l’ai trouvé remarquab<strong>le</strong> <strong>de</strong> par sa présence et sa créativité son sens <strong>de</strong> l improvisation<br />

personnel ; il est rare qu’une jeune actrice, sortant <strong>de</strong> l’éco<strong>le</strong>, montre une tel<strong>le</strong> personnalité.<br />

Philippe Séjourné / Claudio<br />

Je n’avais pas pensé immédiatement à Philippe pour jouer ce rô<strong>le</strong> mais quand il m’a fallu remplacer l’acteur prévu<br />

au débotté et en cours <strong>de</strong> répétitions, il s’est imposé naturel<strong>le</strong>ment. J’avais pris beaucoup <strong>de</strong> plaisir à travail<strong>le</strong>r<br />

avec lui sur « Ruy Blas », et <strong>le</strong> public avait plébiscité son ta<strong>le</strong>nt ; rapi<strong>de</strong>, précis et très inventif, je ne doute pas qu’il<br />

trouvera à s’accor<strong>de</strong>r à ma vision du personnage : Claudio est un barbon grotesque, un vrai « cake » marseillais<br />

caricaturé dont je suis sûre que Philippe s’amusera beaucoup à l’interpréter.<br />

9


ALFRED DE MUSSET & LE CONTEXTE<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

« Freud étendrait sur <strong>le</strong> divan l’ado<strong>le</strong>scent Musset. Mais celui-ci a déjà choisi. Á 17 ans, son jeu est<br />

fait : se détruire, plutôt qu’accepter. Il veut tout ou rien. La société <strong>de</strong> son temps lui offre <strong>le</strong>s michemins<br />

? Il déci<strong>de</strong> donc : l’abîme. L’histoire lui propose un palier qui ressemb<strong>le</strong> à un purgatoire : il<br />

opte pour l’enfer. » Clau<strong>de</strong> Roy, préface à la Confession d’un enfant du sièc<strong>le</strong> <strong>de</strong> Musset.<br />

Né <strong>le</strong> 11 décembre 1810 à Paris dans un milieu aisé et cultivé, doué <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s facilités, <strong>le</strong> jeune Musset mena<br />

une ado<strong>le</strong>scence dissipée <strong>de</strong> dandy. Il entreprit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> droit et <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, qu’il ne termina pas, et<br />

fréquenta, dès 1828, <strong>le</strong> Cénac<strong>le</strong> romantique chez Hugo et chez Nodier, où il rencontra notamment Vigny, Mérimée<br />

et Sainte-Beuve. Précoce, brillant, célébré, il publia son premier recueil <strong>de</strong> vers, Contes d’Espagne et d’Italie<br />

(1829), à l’âge <strong>de</strong> dix-neuf ans et remporta un succès immédiat. Malgré cette gloire précoce, il connut une infortune<br />

relative avec ses pièces <strong>de</strong> théâtre, tel<strong>le</strong>s la Quittance du diab<strong>le</strong>, qui ne put être représentée, et la Nuit<br />

vénitienne (1830), qui fut un échec retentissant. La mort <strong>de</strong> son père en 1832 l’amena à se consacrer entièrement<br />

à la littérature et à en faire son métier.<br />

Auteur doué et sûr <strong>de</strong> son ta<strong>le</strong>nt, il fut cependant profondément b<strong>le</strong>ssé et échaudé par ses <strong>de</strong>rniers échecs ; il<br />

décida alors que <strong>le</strong>s pièces qu’il écrirait seraient désormais <strong>de</strong>stinées non pas à la représentation, mais - fait<br />

original et presque unique dans la littérature française -, exclusivement à la <strong>le</strong>cture. En effet, parmi <strong>le</strong>s comédies <strong>de</strong><br />

mœurs romantiques qu’il publia entre 1932 et 1934, À quoi rêvent <strong>le</strong>s jeunes fil<strong>le</strong>s, La Coupe et <strong>le</strong>s Lèvres et<br />

Les Marrons du feu, furent regroupées sous <strong>le</strong> titre Un spectac<strong>le</strong> dans un fauteuil, qui traduisait son choix<br />

d’écrire un théâtre <strong>de</strong>stiné à être lu chez soi et non pas représenté. Les Caprices <strong>de</strong> Marianne (1833), Fantasio<br />

(1834) et On ne badine pas avec l’amour (1834) virent ainsi <strong>le</strong> jour dans "La Revue <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s".<br />

En 1833 (après son écriture <strong>de</strong>s Caprices <strong>de</strong> Marianne, soulignons-<strong>le</strong>), Musset rencontra cel<strong>le</strong> qui <strong>de</strong>vait être <strong>le</strong><br />

grand amour <strong>de</strong> sa vie, la romancière George Sand, <strong>de</strong> six ans son aînée. Tumultueuse, orageuse, <strong>le</strong>ur relation<br />

s’interrompit momentanément en 1834, lorsque George Sand entama une nouvel<strong>le</strong> liaison avec <strong>le</strong> docteur Pagello,<br />

qui soignait Musset lors <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur voyage en Italie. En 1835, après plusieurs ruptures vio<strong>le</strong>ntes, cette passion prit<br />

définitivement fin, laissant à Musset la dou<strong>le</strong>ur d’un échec sentimental cuisant.<br />

À la fin <strong>de</strong> l’année 1834, il enrichit son théâtre d’un chef-d’œuvre, <strong>le</strong> drame historique Lorenzaccio, puis du<br />

Chan<strong>de</strong>lier, l’année suivante. Dramaturge incompris, il avait en revanche obtenu un immense succès, en 1833,<br />

avec son poème romantique Rolla ; <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Nuits, écrit après sa rupture, et ancré dans son expérience<br />

sentimenta<strong>le</strong>, conforta sa réputation <strong>de</strong> grand poète. Cette œuvre allégorique, où <strong>le</strong> poète dialogue avec sa Muse,<br />

parut <strong>de</strong> 1835 à 1837 (la Nuit <strong>de</strong> mai, la Nuit <strong>de</strong> décembre, la Nuit d’août, la Nuit d’octobre). Refusant la<br />

mission socia<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’écrivain prônée par <strong>le</strong> nouvel esprit romantique, il y privilégiait l’émotion, s’attachant à décrire<br />

la variété et la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong>s sentiments qui accompagnent la passion amoureuse.<br />

Éga<strong>le</strong>ment composée après la passion, son œuvre narrative principa<strong>le</strong>, la Confession d’un enfant du sièc<strong>le</strong><br />

(1836), est une autobiographie romancée qui analyse l’âme tourmentée du poète. On y trouve surtout l’expression<br />

du sentiment <strong>de</strong> trahison que ressentait la génération <strong>de</strong> 1830, cel<strong>le</strong> qui vit ses espoirs anéantis par l’échec du<br />

soulèvement <strong>de</strong> Juil<strong>le</strong>t et son avenir confisqué par <strong>le</strong>s notab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la monarchie Louis-philippar<strong>de</strong>.<br />

Mala<strong>de</strong> et épuisé précocement, Musset poursuivit alors sa carrière d’auteur dramatique avec <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s pièces,<br />

tel<strong>le</strong>s que Il ne faut jurer <strong>de</strong> rien (1836), Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845). Un Caprice (écrit<br />

en 1937 et joué en 1947) marqua <strong>le</strong> retour à la scène <strong>de</strong> Musset et obtint un franc succès. Malgré cela, la vie du<br />

dramaturge ne cessa <strong>de</strong> décliner et ses œuvres se firent plus rares et moins origina<strong>le</strong>s. En 1938, il fut nommé<br />

conservateur d’une bibliothèque ministériel<strong>le</strong>, ce qui lui permit <strong>de</strong> mener une vie tout à fait décente, quoique moins<br />

brillante qu’à ses débuts. La perte <strong>de</strong> son emploi, en 1848, sans <strong>le</strong> réduire à la misère, <strong>le</strong> conduisit à écrire <strong>de</strong>s<br />

œuvres <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>. En 1852, il fut élu à l’Académie alors que <strong>le</strong> public s’était détourné <strong>de</strong> lui, que son théâtre<br />

commençait timi<strong>de</strong>ment à être représenté et qu’il n’écrivait pratiquement plus.<br />

Il mourut à Paris <strong>le</strong> 2 mai 1857.<br />

Source : http://www.chez.com/damienbe/biomus.htm<br />

Encyclopédie Encarta (c) Microsoft<br />

10


EXTRAITS DE PRESSE.<br />

<strong>Théâtre</strong> GYPTIS - MARSEILLE<br />

« F. Chatôt réussit son pari <strong>de</strong> nous faire entendre cette paro<strong>le</strong> toujours présente dans nos sociétés du<br />

21 ème sièc<strong>le</strong>. D’autant mieux réussi qu’il est porté par <strong>de</strong>s comédiens très percutants et <strong>de</strong>s danseurs <strong>de</strong><br />

ta<strong>le</strong>nt. » J-P. Bourcier (Pst du Syndicat <strong>de</strong>s Journalistes), Rue du théâtre.com<br />

« L’idée <strong>de</strong> mê<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s danseurs hip hop à la jeunesse tragique <strong>de</strong>s Caprices <strong>de</strong> Marianne donne un<br />

relief évi<strong>de</strong>nt à l’œuvre. » D. Bonnevil<strong>le</strong>, La Marseillaise<br />

« De ce vau<strong>de</strong>vil<strong>le</strong> qui finit en tragédie, <strong>de</strong> cette pièce crépusculaire, Françoise Chatôt fait un hymne<br />

printanier à la vie. » B. Pe<strong>le</strong>grin, la Revue marseillaise du théâtre<br />

« Du rythme, la pièce n’en manque pas ! Avec un son rock et une ambiance hi hop, F. Chatôt a misé sur<br />

la mo<strong>de</strong>rnité pour la mise en scène <strong>de</strong>s Caprices <strong>de</strong> Marianne. » A. Thézan, Marseil<strong>le</strong> l’Hebdo<br />

« Y al<strong>le</strong>r carrément al<strong>le</strong>gro vivace, à cent à l’heure, comme dans un film d’action ? Pour exprimer<br />

"l’enchantement et <strong>le</strong>s rigueurs <strong>de</strong> la passion", F. Chatôt a privilégié cette approche. C’était un pari. Il est<br />

réussi. […] on marche à fond à l’histoire qu’el<strong>le</strong> nous raconte » J. Bonnadier, Radio Dialogue<br />

« Françoise Chatôt a eu plusieurs idées origina<strong>le</strong>s pour abor<strong>de</strong>r Les Caprices <strong>de</strong> Marianne : […] une<br />

création musica<strong>le</strong>, […] une présence chorégraphique hip hop […] qui est un apport essentiel à l’intensité<br />

<strong>de</strong> la mise en scène. » Olga Bibiloni, La Provence (Marseil<strong>le</strong>)<br />

« Les nombreux lycéens ainsi que <strong>le</strong>s adultes […] ont été littéra<strong>le</strong>ment séduits. La coproduction <strong>de</strong> la<br />

compagnie Chatôt-Vouyoucas et du théâtre <strong>Gyptis</strong> a réussi à restituer la force <strong>de</strong> ce drame du XIXe<br />

sièc<strong>le</strong> tout en <strong>le</strong> rendant accessib<strong>le</strong> à un public contemporain. […] L’exhibition <strong>de</strong> hip hop <strong>de</strong>s danseurs<br />

<strong>de</strong> Sun Sha<strong>de</strong>, a été très applaudie […]. » I.C., La Provence (Salon <strong>de</strong> Provence)<br />

« La distribution <strong>de</strong>s trois jeunes rô<strong>le</strong>s est idéa<strong>le</strong> : d’abord parce qu’ils en ont l’âge, ensuite parce qu’ils<br />

ont du ta<strong>le</strong>nt, enfin parce qu’ils ressemb<strong>le</strong>nt paradoxa<strong>le</strong>ment aux rô<strong>le</strong>s. […] Une gran<strong>de</strong> unité se dégage<br />

<strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> : la danse intervient comme un théâtre <strong>de</strong> masque à la fois carnava<strong>le</strong>sque et lugubre, <strong>le</strong>s<br />

scènes comiques sont dé<strong>le</strong>stées <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs lour<strong>de</strong>urs, <strong>le</strong>s trois éléments <strong>de</strong> décor bougent simp<strong>le</strong>ment<br />

pour ménager <strong>de</strong>s espaces symboliques… » Agnès Freschel, Zibeline<br />

Photos téléchargeab<strong>le</strong>s sur www.theatregyptis.com<br />

>> en page « Presse / Saison 210/2011 / créations en tournée… »<br />

Ban<strong>de</strong> annonce sur www.theatregyptis.com<br />

>> en page « Presse / Extraits vidéos… »<br />

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