29.06.2013 Views

Epreuve orale - Présentation de la préparation d'une séquence d ...

Epreuve orale - Présentation de la préparation d'une séquence d ...

Epreuve orale - Présentation de la préparation d'une séquence d ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

SECONDE EPREUVE ORALE D’ADMISSION<br />

Temps <strong>de</strong> <strong>préparation</strong> : 3 heures pour les <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> l’épreuve<br />

Durée <strong>de</strong> l’épreuve : 1 heure<br />

Première partie : <strong>préparation</strong> d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français<br />

Déroulement <strong>de</strong> cette première partie notée sur 12 points :<br />

1 – Exposé du candidat (20 minutes)<br />

2 – Entretien avec le jury (20 minutes)<br />

Domaine : Lecture, littérature<br />

Niveau : Cycle 3, CM.<br />

Documents :<br />

SUJET n° 11<br />

Document A : Catherine TAUVERON, La lecture littéraire, un apprentissage essentiel, in<br />

Animations et Education, Mai/Juin 2002 n° 168, extrait pages 17 et 18.<br />

Document B : corpus <strong>de</strong> 5 textes tirés <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong> jeunesse :<br />

1. Bernard Friot, « Un martien » in Nouvelles histoires pressées, édition Mi<strong>la</strong>n poche.<br />

2. Georges Simenon, Le ticket <strong>de</strong> métro, édition Hatier, coll. Les c<strong>la</strong>ssiques du po<strong>la</strong>r (l ère page).<br />

3. D'après K. Hatakeyama, J.S. Pétofi & E. Söser, Un voleur dans <strong>la</strong> nuit Trad. <strong>de</strong> A thief in the<br />

night, in Texte, connexity, cohésion, cohérence, édition E. Söser, Hambourg 1985.<br />

4. Marie Au<strong>de</strong> Murail, Mon bébé à 210 francs, édition L'école <strong>de</strong>s loisirs, Mouche, Paris 1996<br />

(l ère page).<br />

5. Marie Sabine Roger, Voisin rime avec assassin (l ère page), Epigones 1987.<br />

Consigne :<br />

Dans un exposé <strong>de</strong> 20 mn, vous présenterez une <strong>séquence</strong> d’enseignement centrée sur <strong>la</strong> lecture<br />

<strong>de</strong>s textes littéraires en vous efforçant <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> travail permettant <strong>de</strong> dépasser les<br />

obstacles <strong>de</strong> compréhension repérés dans le corpus proposé.<br />

CONCOURS DE RECRUTEMENT DES PROFESSEURS DES ÉCOLES<br />

SECONDE ÉPREUVE ORALE D’ADMISSION – Première partie : français SUJET N° 11<br />

Session : 2011 Durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> première partie <strong>de</strong> l’épreuve : 40 minutes Page : 1/6


Document A :<br />

(....)<br />

L'habitu<strong>de</strong> sco<strong>la</strong>ire est <strong>de</strong> soigneusement éviter les obstacles, <strong>de</strong> proposer aux enfants <strong>de</strong>s textes<br />

lisses, supposés à leur portée, en réalité <strong>de</strong>s textes morts où il n'y a rien à comprendre et qui<br />

n'appellent qu'un lecteur passif. Passivité renforcée par <strong>la</strong> pratique du questionnaire (je réponds au<br />

questionnaire, ce qui consiste, pour moi, à redire les mots du texte et, le plus souvent, à ne lire que<br />

sélectivement le texte pour y trouver <strong>la</strong> réponse ; je n'ai rien d'autre à faire ; le texte reste extérieur à<br />

moi). Je pense que si l'on veut apprendre à comprendre, il faut choisir <strong>de</strong>s textes qui posent,<br />

effectivement, <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compréhension, « désautomatiser » le processus, provoquer le<br />

frottement <strong>de</strong> l'élève avec un texte qui « résiste », familiariser l'élève avec tous les obstacles à <strong>la</strong><br />

saisie <strong>de</strong> l'intrigue que peuvent inventer les auteurs, pour qu'ensuite, parce que ces obstacles sont<br />

connus et apprivoisés, ils puissent être traités automatiquement.<br />

Il se trouve que <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong> jeunesse, d'aujourd'hui, est remplie <strong>de</strong> ces textes « résistants » qui<br />

posent <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compréhension et/ou d'interprétation, jouent <strong>de</strong> techniques narratives, tout<br />

en offrant <strong>de</strong>s intrigues passionnantes. Elle est donc un support magnifique et rêvé pour apprendre à<br />

comprendre, à condition que le maître ait <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> choix explicites, <strong>de</strong>s indicateurs précis <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> difficulté et <strong>de</strong>s obstacles à <strong>la</strong> compréhension chez <strong>de</strong> jeunes enfants. Et donner <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

choix liés à <strong>de</strong>s objectifs d'apprentissage a bien été notre premier souci. Reste qu'il y a là, un enjeu<br />

<strong>de</strong> formation décisif : savoir repérer et i<strong>de</strong>ntifier dans les textes les problèmes <strong>de</strong> compréhension ou<br />

d'interprétation est une opération très difficile qui suppose un entraînement......<br />

Apprendre à comprendre, c'est entraîner l'enfant à investir les interstices du texte et s'investir dans<br />

l'opération : à remplir les b<strong>la</strong>ncs, à résoudre <strong>de</strong>s énigmes, à déjouer, dans <strong>la</strong> relecture, les pièges<br />

tendus, à construire <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> sens en rassemb<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s données éparses, à peser <strong>de</strong>s<br />

interprétations possibles, toutes opérations qui, bien loin du délire interprétatif doivent s'appuyer sur<br />

les données du texte (le lecteur a, certes, <strong>de</strong>s droits, mais, aussi, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs envers le texte)......<br />

Si le texte est rusé, son lecteur doit l'être plus encore. Les enfants aiment le défi intellectuel. Nous<br />

les invitons donc, en lecteurs intelligents, dès <strong>la</strong> maternelle, à remplir et à creuser, à percer <strong>de</strong>s<br />

énigmes, à construire <strong>de</strong>s interprétations en apportant, comme <strong>de</strong>s détectives, les pièces à<br />

conviction.<br />

(....)<br />

Catherine TAUVERON, La lecture littéraire, un apprentissage essentiel,<br />

in Animations et Education, Mai/Juin 2002 n° 168, extrait pages 17 et 18.<br />

Préparation d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français Sujet n° 11 Page : 2/6


Document B1 :<br />

« Un Martien »<br />

P<strong>la</strong>nète Mars, neuf heures <strong>de</strong> soir.<br />

Cher papa, chère maman,<br />

Eh oui, me voici sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète Mars. J'espère que vous vous êtes bien inquiétés <strong>de</strong>puis ce matin et<br />

que vous m'avez cherché partout. D'ailleurs je vous ai observés grâce à mes satellites espions et j'ai<br />

bien vu que vous faisiez une drôle <strong>de</strong> tête cet après-midi. Même que papa a dit : « ce n'est pas<br />

possible, il a dû lui arriver quelque chose ! »(Comme vous le voyez, mes micros longue distance<br />

sont ultra puissants). Et bien, j'ai un peu honte <strong>de</strong> le dire, mais je le dis quand même, parce que c'est<br />

<strong>la</strong> vérité : je suis ru<strong>de</strong>ment content que vous vous fassiez du souci. C'est <strong>de</strong> votre faute, après tout.<br />

Si vous ne m'aviez pas interdit d'aller au cinéma avec François, je ne serais pas parti. J'en ai marre<br />

d'être traité comme un gamin ! D'accord, je n'aurais pas dû vous traiter <strong>de</strong> vieux sadiques. Mais<br />

maman m'a bien traité <strong>de</strong> gros mol<strong>la</strong>sson, alors on est quittes. Ne me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z pas comment je suis<br />

arrivé ici, c'est un secret et j'ai juré <strong>de</strong> ne pas le dire. En tout cas je me p<strong>la</strong>is bien sur Mars. Les gens<br />

ne sont peut-être pas très agréables à regar<strong>de</strong>r, mais ils sont super sympa. Personne ne fait <strong>de</strong><br />

réflexions quand vous avez le malheur d'avoir un 9 en géographie. Vous voyez à qui je fais<br />

allusion.....<br />

J'ai encore <strong>de</strong>s tas <strong>de</strong> choses à vous raconter, mais je préfère m'arrêter là. Portez-vous bien et à<br />

bientôt j'espère.<br />

Félicien<br />

PS : Vous seriez gentils <strong>de</strong> m'envoyer <strong>de</strong>ux sandwiches au saucisson, un yaourt à <strong>la</strong> fraise et une<br />

bouteille <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> raisin. Et dites-moi si vous êtes encore fâchés.<br />

PPS : Vous n'avez qu'à <strong>la</strong>isser le colis et <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte du grenier. Ne vous inquiétez pas,<br />

ça arrivera.<br />

Bernard Friot, « Un martien » in Nouvelles histoires pressées, édition Mi<strong>la</strong>n poche<br />

Préparation d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français Sujet n° 11 Page : 3/6


Document B2 :<br />

C'était exactement le genre <strong>de</strong> matinée à se calfeutrer dans les bureaux et à se livrer paresseusement<br />

à <strong>de</strong>s besognes <strong>de</strong> tout repos. Chacun, tour à tour, était arrivé avec le nez rouge, le bout <strong>de</strong>s doigts<br />

engourdi, et chacun avait répété avec <strong>la</strong> même conviction :<br />

- Quel brouil<strong>la</strong>rd !<br />

Les poêles ronf<strong>la</strong>ient chargés jusqu'à <strong>la</strong> gueule. A cause du brouil<strong>la</strong>rd, bien qu'il fût neuf heures, les<br />

<strong>la</strong>mpes étaient allumées. Barbet, comme chaque matin, venait <strong>de</strong> partir pour <strong>la</strong> poste. Melle Berthe<br />

avait pris p<strong>la</strong>ce dans l'antichambre, et, pour tout dire, elle mettait <strong>de</strong> l'ordre dans son sac à main dont<br />

elle faisait périodiquement le nettoyage par le vi<strong>de</strong>. Dans le grand bureau, Torrence, qui avait<br />

allumé une pipe, se tenait <strong>de</strong>bout, le dos au feu, dans une pose familière à son ancien patron<br />

Maigret.<br />

(...)<br />

Document B3 :<br />

Georges Simenon, Le ticket <strong>de</strong> métro, édition Hatier, coll. Les c<strong>la</strong>ssiques du po<strong>la</strong>r (l ère page).<br />

Pendant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière grève <strong>de</strong>s transports en commun, un jeune homme rentrait chez lui en passant<br />

par un jardin public. Il était tard, il était seul. A mi-chemin, il vit quelqu'un venir dans sa direction.<br />

Il y eut un moment <strong>de</strong> panique : il changea <strong>de</strong> côté ; l'homme aussi changea <strong>de</strong> côté et, comme ils le<br />

firent en même temps et dans le même sens, ils se heurtèrent en se croisant.<br />

Quelques instants plus tard, le jeune homme pensa que cet inci<strong>de</strong>nt pouvait difficilement être<br />

fortuit. Il mit <strong>la</strong> main à <strong>la</strong> poche où était son portefeuille. Celui-ci avait disparu.<br />

La colère l'emporta : il fit <strong>de</strong>mi-tour, rattrapa le pickpocket et lui <strong>de</strong>manda son portefeuille.<br />

L'homme le lui tendit.<br />

Quand il arriva chez lui, <strong>la</strong> première chose qu'il vit, sur son lit, ce fut son portefeuille. Il n'y avait<br />

pas moyen <strong>de</strong> se cacher <strong>la</strong> vérité : il avait volé quelqu'un.<br />

D'après K. Hatakeyama, J.S. Pétofi & E. Söser, Un voleur dans <strong>la</strong> nuit<br />

Trad. <strong>de</strong> A thief in the night, in Texte, connexity, cohésion, cohérence,<br />

édition E. Söser, Hambourg 1985.<br />

Préparation d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français Sujet n° 11 Page : 4/6


Document B4 :<br />

Pour Noël, ma sœur avait <strong>de</strong>mandé : un <strong>la</strong>pin b<strong>la</strong>nc avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s oreilles, une cor<strong>de</strong> à sauter<br />

comme celle qu'il y a à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngerie, une dînette avec <strong>de</strong>s fleurs bleues, un livre <strong>de</strong><br />

B<strong>la</strong>nche Neige et <strong>de</strong>s chaussons <strong>de</strong> danse.<br />

- Et le jeu <strong>de</strong> l'imprimerie a ajouté Lucile<br />

Elle était en train <strong>de</strong> faire sa lettre au Père Noël avec maman.<br />

- Ce<strong>la</strong> fait seulement six ca<strong>de</strong>aux, a répondu Lucile <strong>de</strong> son ton <strong>de</strong> pleurnicheuse. Marianne en<br />

a <strong>de</strong>mandé sept !<br />

J'ai crié :<br />

- Le sept, il ne compte pas ! C'est un anorak<br />

- Alors, les chaussons <strong>de</strong> danse, ça ne compte pas non plus !<br />

Et bouboubou, voilà qu'elle pleure. Maman a dit :<br />

- Ma chérie, à six ans, on ne pleure plus pour un rien.<br />

- J'ai que cinq ans et <strong>de</strong>mi........<br />

Et bouboubou. Moi, je n'aime pas pleurer mais j'ai eu peur que maman me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> supprimer<br />

un ca<strong>de</strong>au pour faire six comme Lucile. Alors je me suis forcée à pleurer en pensant à quelque<br />

chose <strong>de</strong> pas juste. J'ai pensé que Carole, ma copine à l'école, aurait dix ca<strong>de</strong>aux pour Noël.<br />

- Carole l'aura sa poupée qui ressemble à un nouveau né !<br />

- Ma chérie, a dit maman, tu as huit ans.....<br />

- Elle a plus, elle a plus ! a crié ma sœur.<br />

- Tu as huit ans et <strong>de</strong>mi, a repris maman, tu es trop gran<strong>de</strong> pour recevoir encore <strong>de</strong>s poupées.<br />

Et tu as <strong>de</strong>s tonnes <strong>de</strong> poupées dans ta chambre : une qui pleure, une qui dit maman, celle<br />

qui est en chiffon, <strong>la</strong> Chinoise, ton baigneur, <strong>la</strong> Loli <strong>de</strong> ta marraine, Christelle...<br />

- Elle a un bras qui manque, ai-je pleurniché, et puis je veux un nouveau né comme<br />

Guil<strong>la</strong>ume.<br />

Guil<strong>la</strong>ume a trois mois. C'est mon cousin. Je ne peux jamais lui faire prendre son biberon. On me l'a<br />

donné une seule fois dans les bras. Tatie Françou avait peur que je le <strong>la</strong>isse tomber. J'ai supplié <strong>de</strong>s<br />

tas <strong>de</strong> fois : Mais si je m'assois ? Elle ne veut pas. Elle est jalouse parce que Guil<strong>la</strong>ume me fait <strong>de</strong>s<br />

tas <strong>de</strong> sourires.<br />

- Moi, je ne l'ai jamais eu dans les bras ! a crié ma sœur.<br />

Là, c'est normal. Elle n'a que cinq ans !<br />

- Et <strong>de</strong>mi, et <strong>de</strong>mi ! a crié Lucile.<br />

- Oh ma tête ! a gémi maman, en se bouchant les oreilles. J'en ai assez <strong>de</strong> toutes vos disputes.<br />

Lucile a donc écrit au père Noël qu'elle vou<strong>la</strong>it le jeu <strong>de</strong> l'imprimerie et un sac à dos (pour faire sept<br />

comme moi). Moi, j'aurai un nouveau né.<br />

- Mais alors, a crié ma sœur en recomptant mes ca<strong>de</strong>aux, elle va en avoir huit !<br />

Marie Au<strong>de</strong> Murail, Mon bébé à 210 francs, édition L'école <strong>de</strong>s loisirs,<br />

Mouche, Paris 1996 (l ère page).<br />

Préparation d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français Sujet n° 11 Page : 5/6


Document B5 :<br />

« Magie noire dans l'armoire »<br />

Quand j'ai trouvé cette lettre, je ne me doutais pas <strong>de</strong> ce que je venais <strong>de</strong> découvrir. Parce que sinon,<br />

jamais, je le jure, je ne me serais baissé pour <strong>la</strong> ramasser. Seulement, je ne me doutais <strong>de</strong> rien. C'est<br />

toujours comme ça que les catastrophes arrivent.<br />

Je marchais en sifflotant. Il faisait bleu jusqu'à l'horizon. J'avais fini mes révisions <strong>de</strong> maths. Valérie<br />

m'avait souri dans le car, ce matin. Bref, c'était pas pour me vanter, mais ma vie était drôlement<br />

belle ! Et puis soudain, sans savoir pourquoi, j'ai posé les yeux sur quelque chose, là, dans le<br />

caniveau. C'était un simple bout <strong>de</strong> papier froissé. Moi, j'ai pas l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ramasser <strong>de</strong>s trucs qui<br />

ont été tripotés par on ne sait pas qui. Mais j'ai remarqué un détail....un <strong>de</strong> ces détails bêtes qui<br />

bouleversent votre vie. La feuille était couverte <strong>d'une</strong> écriture serrée, raturée par endroits, nerveuse.<br />

Elle était tachée, en boule, pourtant.... Pourtant un mot m'a sauté aux yeux. Un mot qui m'a fait<br />

mettre ce papier dans ma poche, en regardant tout autour <strong>de</strong> moi comme un voleur. Et qui m'a fait<br />

courir vite jusqu'à <strong>la</strong> maison, jusqu' à ma chambre, en jetant <strong>de</strong>s regards inquiets <strong>de</strong>rrière moi. Un<br />

simple petit mot, écrit là, bien net, effarant. Le mot « meurtre ». Une fois dans ma chambre, j'ai<br />

posé <strong>la</strong> lettre toute froissée sur mon bureau. Je l’ai regardée un moment, sans y toucher. Puis, du<br />

bout <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>x, je l'ai fait tourner un peu, jusqu'à ce que le mot soit en face <strong>de</strong> moi. Là !<br />

« meurtre ». Je n'avais pas rêvé. Allez savoir pourquoi, j'ai ressenti comme vin ma<strong>la</strong>ise. Et si c'était<br />

une lettre envoûtée, avec <strong>de</strong>s pouvoirs mystérieux ?<br />

Imaginons.....Je lirais « meurtre » sans me douter <strong>de</strong> rien, et soudain <strong>la</strong> pièce se remplirait <strong>de</strong><br />

fumée, l'armoire se dép<strong>la</strong>cerait d'un bon mètre, et, <strong>de</strong> l'intérieur, une voix caverneuse s'exc<strong>la</strong>merait :<br />

- Qu'as-tu fait là, misérable ? avec un écho qui ferait « âble ....âble....âble .......» J'ai fixé <strong>la</strong><br />

lettre et, un peu inquiet, j'ai chuchoté :<br />

- - meuuuuur-tre !... .<br />

Rien. J'ai saisi <strong>la</strong> lettre infernale du bout <strong>de</strong>s doigts. Je l'ai défroissée len-te-ment, en surveil<strong>la</strong>nt<br />

l'armoire du coin <strong>de</strong> l'œil....<br />

A <strong>la</strong> fin, comme je commençais à m'énerver, j'ai déplié <strong>la</strong> lettre d'un coup Frchtt, et frchtt, et toc !<br />

Alors ?.... Alors : rien du tout !<br />

L'armoire m'a fait le coup du mépris. Aucune voix sépulcrale n'est sortie <strong>de</strong> l'intérieur. Aucun<br />

mort-vivant n'a frappé à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> ma chambre.<br />

Marie Sabine Roger, Voisin rime avec assassin (l ère page), Epigones 1987.<br />

Préparation d’une <strong>séquence</strong> d’enseignement en français Sujet n° 11 Page : 6/6

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!