30.06.2013 Views

Téléchargez Taxis associés perspectives européennes - Gescop

Téléchargez Taxis associés perspectives européennes - Gescop

Téléchargez Taxis associés perspectives européennes - Gescop

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Taxis</strong> <strong>associés</strong><br />

Perspectives <strong>européennes</strong>


MISE EN PERSPECTIVE…<br />

Gilles Boulin, Co-directeur du Groupement <strong>Gescop</strong>-Alpha <strong>Taxis</strong>.<br />

En<br />

février 2008, parmi les quelque trois cents mesures destinées à<br />

« libérer la croissance », la commission Attali préconisait l’augmentation<br />

de 6 500 autorisations de stationnement supplémentaires sur deux ans et<br />

l’ouverture du marché du transport de personnes aux véhicules de petite<br />

remise dans des proportions considérables.<br />

On peut bien dire que ces préconisations sont « tombées sur la tête » des<br />

professionnels du taxi, tant le secret avait été bien gardé. Jacques Attali<br />

lui-même avait veillé à éviter toute fuite. Cette conception de la réforme<br />

n’est pas la nôtre car, dans une démocratie moderne, nous considérons<br />

que la modernisation d’un secteur d’activité doit se faire en partenariat<br />

avec les acteurs concernés. Or, en France, trop souvent, on administre<br />

les réformes plus qu’on ne les concerte. La commission Attali n’a pas<br />

dérogé à cette règle non écrite lors de l’élaboration de ses propositions<br />

concernant l’activité du taxi. La concertation ne fut pas au cœur de<br />

son principe dynamique. D’où le ressentiment, les frustrations et, au total,<br />

l’incompréhension… La profession est donc entrée en résistance contre<br />

ces mesures inadaptées, fruit d’un constat approximatif et parfois erroné,<br />

qui révélait une outrageante méconnaissance de la complexité de notre<br />

métier et de son environnement.<br />

Notre opposition résolue aux oukases de la commission Attali signifi aitelle<br />

que, engoncés dans un conservatisme corporatif compassé, nous<br />

étions hostiles à toute réforme ? Si les « experts » de cette commission


2<br />

nous avaient consultés, ils auraient eu tout le loisir de constater que nous<br />

sommes, au contraire, de farouches partisans de la modernisation de notre<br />

activité. D’ailleurs, dès 2004, notre groupement coopératif publia un<br />

ouvrage, « <strong>Taxis</strong> parisiens, le pari des réformes », qui prônait un indispensable<br />

élan réformateur suffi samment raisonnable pour que Monsieur Rémy<br />

Enfrun, alors directeur des Transports à la Préfecture de Police, considère<br />

que nos propositions « représentent une base de réfl exion utile » pour<br />

éclairer le chemin de cette modernisation.<br />

Cette modernisation est d’autant plus indispensable que les modes de<br />

vie ont changé et, qu’en conséquence, les besoins en déplacement ont<br />

évolué. Comme le disent les sociologues patentés, nous sommes désormais<br />

à « l’ère de la mobilité » et le droit à la mobilité constitue une sorte<br />

de droit « générique » revendiqué comme tel. C’est dire que le rapport au<br />

temps et à l’espace n’est plus le même dans une société où le temps libre<br />

a augmenté de 20% en quinze ans et où les distances parcourues par les<br />

citadins se sont accrues de plus d’un tiers sur la même période. En outre,<br />

ces déplacements sont variés, multimodaux et les critères d’arbitrage des<br />

citadins entre divers modes de transport (métro, bus, vélo, taxi, etc.) changent<br />

selon les circonstances.<br />

Cette nouvelle donne, indissociable des préoccupations environnementales,<br />

façonne un nouveau rapport à la mobilité et une autre vision des<br />

villes qui toutes furent, peu ou prou, conçues au XX e siècle pour s’adapter<br />

à l’usage de l’automobile. Dans ce contexte, tous les opérateurs de<br />

transport sont questionnés sur leurs pratiques pour « fabriquer »<br />

les déplacements urbains de demain, au sein du Grand Paris notamment,<br />

tout en prenant en considération la diversité des demandes qui se<br />

sont fortement individualisées. En ce sens, et malgré ses imperfections,<br />

le protocole d’accord signé, le 28 mai 2008, entre la puissance publique


et les professionnels du taxi, qui vise à une amélioration qualitative et<br />

quantitative de l’off re de taxis, constitue un premier pas.<br />

Mais nous pensons aussi que pour fertiliser les défi s de ce nouvel horizon<br />

urbain, les professionnels de la mobilité (Sncf, Ratp, taxis), et demain<br />

de « l’éco-mobilité », devront mieux partager leurs informations pour favoriser<br />

l’intermodalité et mutualiser des moyens pour mieux s’adapter<br />

aux besoins des citadins qui, sur une même séquence de déplacement,<br />

peuvent à la fois utiliser le métro, un vélo et un taxi.<br />

Ces quelques réfl exions soulignent l’ampleur des mutations qui vont affecter<br />

les modes de déplacement urbain, ce qui représente autant de défi s<br />

et d’opportunités nouvelles pour les professionnels du transport que nous<br />

sommes. L’enjeu est donc d’importance. Pour tenter de défricher l’avenir, il<br />

nous a semblé nécessaire de porter le regard ailleurs pour observer comment<br />

nos collègues européens appréhendaient ces réalités. Et c’est ainsi<br />

que nous avons mis le cap sur Milan, capitale économique de l’Italie, où<br />

nous avions repéré des organisations dont les valeurs coopératives sont<br />

en adéquation avec les nôtres.<br />

Sur les politiques de libéralisation, de sensibilisation au véhicule propre,<br />

de développement du tramway, nous avons découvert que les problématiques<br />

du transport sont identiques au-delà et en deça des Alpes. En<br />

revanche, sur les modes de concertation et les réponses apportées, les<br />

diff érences sont sensibles et parfois édifi antes. Ce qui nous donne à penser<br />

que si, à l’échelle européenne, les logiques d’action sont globales,<br />

elles n’imposent pas pour autant des réponses uniques donc uniformes,<br />

quoi qu’en pensent certains.<br />

A l’issue de plusieurs rencontres fructueuses avec nos collègues milanais,<br />

nous avons donc décidé d’organiser une conférence en février dernier,<br />

dans le cadre du salon du taxi, pour faire connaître la richesse de nos di-<br />

3


4<br />

versités et de nos pratiques. Et puisque « les paroles s’envolent, mais que<br />

les écrits restent », nous avons souhaité en produire une synthèse.<br />

Emoustillés par ces premiers échanges, nous sommes bien résolus, avec<br />

nos amis transalpins, à élargir notre cercle de réfl exion européen avec<br />

d’autres organisations coopératives du taxi, pleinement conscients que<br />

nous devons nous engager pour maîtriser le devenir de notre activité et<br />

bâtir des partenariats afi n d’être co-<strong>associés</strong> au remodelage des politiques<br />

de mobilité urbaine.<br />

Il fut un temps pas si lointain où les élus nationaux vilipendaient les décisions<br />

venues de Bruxelles qu’ils feignaient de découvrir alors qu’ils en<br />

étaient les artisans. Puis il fut « ringard » d’inscrire sa démarche dans le seul<br />

cadre national en faisant fi de la dimension européenne. Aujourd’hui et<br />

pour demain, nos réfl exions stratégiques s’inscrivent à cette échelle. C’est<br />

dire aussi que l’inscription européenne dans nos démarches nécessitera<br />

de repenser les protocoles de concertation avec les élus pour cheminer<br />

vers l’harmonisation des bonnes pratiques <strong>européennes</strong> de l’exercice de<br />

notre métier, comme cela devrait se faire dans tous les secteurs d’activité.<br />

Fabriquer une Europe politique, donc citoyenne, c’est associer les<br />

acteurs aux décisions qui les concernent, mais c’est aussi tendre vers<br />

la mise en concordance de ces décisions afi n que l’on ne puisse plus dire<br />

comme Montaigne « vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà ».<br />

L’exemple du permis à point va me permettre d’illustrer le propos. La loi<br />

italienne crédite le permis de tous les automobilistes de 20 points, mais en<br />

raison de la spécifi cité de leur activité, les chauff eurs de taxi italiens disposent<br />

de 20 points supplémentaires. Ainsi, en cas d’infractions pendant leur<br />

service, c’est sur ce « permis professionnel » que les points sont retirés. Une<br />

législation qui prend en compte la réalité des situations nous paraît plus<br />

juste qu’un cadre législatif qui met tous les automobilistes sous la même


toise. En moyenne, un automobiliste français parcourt 15 000 kilomètres<br />

par an, un chauff eur de taxi parisien en eff ectue environ 80 000,<br />

soit deux fois le tour de la terre ! Ils sont donc évidemment beaucoup<br />

plus exposés, sans pour autant que ce « risque » accru soit pris en compte.<br />

Le groupement <strong>Gescop</strong>-Alpha <strong>Taxis</strong> demande donc la reconnaissance<br />

d’un « compte » professionnel de points de permis supplémentaires<br />

comme la législation italienne le prévoit pour les chauff eurs de taxi.<br />

Telle est, parmi d’autres, une mesure qui permettrait d’harmoniser « par le<br />

haut » des pratiques <strong>européennes</strong>, et l’on voit bien que des décisions de<br />

cette nature, parce qu’elles sont justes, auraient l’immense vertu de rapprocher<br />

les citoyens des instances bruxelloises. Chaque fois que l’Europe<br />

harmonisera ses politiques et ses décisions dans le sens de la justice,<br />

elle fera reculer le risque bureaucratique qui la menace.<br />

Comment réduire ce risque ? En associant les gens aux décisions et ce qui<br />

est vrai en politique l’est aussi dans la sphère économique. C’est par l’association<br />

des chauff eurs de taxi à la maîtrise de leur destin professionnel que<br />

s’est constitué notre groupement coopératif <strong>Gescop</strong>-Alpha <strong>Taxis</strong>, il y a plus<br />

de trente ans. Des chauff eurs <strong>associés</strong> sont plus impliqués, plus responsables,<br />

c’est un gage d’une meilleure qualité de service pour nos clients.<br />

Nous pensons aussi que, par ces temps de tourmente économique, nos valeurs<br />

de solidarité et nos pratiques démocratiques sont plus à même d’être<br />

des vecteurs de progrès social. Ce sont nos valeurs et nos spécifi cités<br />

coopératives que nous souhaitons mieux faire connaître à l’échelle<br />

européenne.<br />

En ce sens, notre rapprochement avec nos amis coopérateurs de Milan n’est<br />

qu’un premier pas…<br />

5


Les taxis<br />

milanais, un<br />

exemple<br />

dynamique<br />

Conférence organisée par<br />

GESCOP/ALPHA TAXIS (1)<br />

animée par Laurent Lasne,<br />

écrivain, auteur de <strong>Taxis</strong>, Paris solidaires (2)<br />

Laurent Lasne : Il y a un an jour pour jour la profession était en émoi<br />

en raison du rapport Attali qui préconisait la libéralisation de l’activité<br />

du taxi avec l’octroi de 6 500 licences supplémentaires sur deux ans<br />

et l’ouverture au marché aux VPR (véhicules de petite remise). La mobilisation<br />

de la profession mit en échec cette perspective funeste. En<br />

revanche, le rapport Chassigneux, qui fi t l’objet d’une réelle concertation<br />

préalable, proposa une réforme équilibrée, avec des propositions<br />

plus raisonnables. Ce rapport inspira en partie le protocole d’accord<br />

signé par les professionnels du taxi avec la puissance publique le 28<br />

mai 2008.<br />

(1) Conférence organisée le samedi 7 février 2009 lors du Salon des <strong>Taxis</strong>.<br />

(2) Editions le Tiers Livre, 2007


8<br />

Mais ne nous y trompons pas, l’ensemble de ces réformes s’inscrivent<br />

dans un contexte européen. En proposant cette conférence, <strong>Gescop</strong><br />

se propose d’examiner comment cette libéralisation a été vécue audelà<br />

des frontières, notamment en Italie, avec l’exemple de Milan et<br />

quelles réponses ont été apportées par les professionnels du taxi milanais.<br />

Participent à cette conférence :<br />

• Virginio Vargas, président de la société coopérative milanaise<br />

de services aux taxis La Fontana ;<br />

• Giovanni Valli, conseiller national de la Confcooperative<br />

et responsable du département taxi de cette organisation<br />

coopérative nationale ;<br />

• Raffaele Grassi qui siège à la Commission transports de la<br />

mairie de Milan ;<br />

• Gilles Boulin, co-directeur du groupement coopératif<br />

<strong>Gescop</strong> ;<br />

• Lucile Calmettes, directrice commerciale d’Alpha <strong>Taxis</strong> ;<br />

• Jean-Pierre Martin, conseiller national de la Confédération<br />

française des Scop, mais également vice-président de la Confédération<br />

européenne des Société coopératives de production.<br />

Pour mieux comprendre la réalité italienne, nous allons vous présenter<br />

quelques spécifi cités relatives à l’activité du taxi milanais.


Présentation des spécifi cités milanaises<br />

(par Emmanuelle Frezza, chargée de communication à <strong>Gescop</strong>)<br />

C<br />

apitale économique de l’Italie, Milan a été désignée pour<br />

accueillir l’Exposition universelle 2015. Les 5500 taxis milanais<br />

ont pour zone d’activité trois provinces de la Lombardie : Milan,<br />

Bergame et Varese. Chaque province à son aéroport. C’est dans<br />

cette région que se concentre la plus grande part de trafic aérien<br />

italien.<br />

CONDITIONS DE CIRCULATION. Depuis un an un péage urbain a été<br />

mis en place pour limiter l’accès au centre historique de Milan.<br />

Avec les bus, les taxis milanais disposent de voies « préférentielles<br />

», ce qui leur permet de se rendre du centre ville de Milan<br />

jusqu’à l’aéroport de Linate en voie directe. Par ailleurs, dans<br />

une logique de mixités des transports, les taxis peuvent circuler<br />

sur les voies du tramway qui est l’un des réseaux les plus importants<br />

d’Europe.<br />

CARACTÉRISTIQUES ITALIENNES. En Italie, il n’y a pas de sociétés de<br />

taxis puisque seule une personne physique peut détenir une<br />

9


10<br />

autorisation de stationnement c’est pourquoi il n’existe que<br />

deux statuts pour exercer le métier de taxi : artisan et sociétaire<br />

d’une coopérative (95% sont des artisans, 5 % des sociétaires).<br />

Les taxis italiens sont de couleur blanche, couleur unique qu’ils<br />

revendiquent. En outre, 85% des taxis milanais sont affiliés à un<br />

central radio (il en existe 7 à Milan).<br />

Le doublage est en expérimentation depuis peu, il est encore<br />

très peu utilisé et n’est autorisé qu’avec le conjoint, l’enfant ou<br />

le père ou la mère du détenteur de l’autorisation de stationnement.<br />

AUTORITÉS DE TUTELLE ET CONTRAT D’OBJECTIFS. Les taxis milanais ont<br />

deux interlocuteurs principaux : le délégué aux transports de<br />

la Région pour les tarifs (qui varient d’une région à l’autre) et la<br />

mairie qui est en charge de l’organisation de l’activité taxi (horaires<br />

de service notamment).<br />

Pour améliorer la qualité du service rendu, un contrat d’objectifs<br />

a été signé entre les représentants du taxi milanais et les<br />

autorités de tutelle (mairie, région), ce qui leur a permis d’éviter<br />

l’augmentation du nombre de licences contrairement à ce qui<br />

s’est produit à Rome (35% d’augmentation du nombre de licences).


Le contrat d’objectifs milanais : un accord exemplaire ?<br />

Laurent Lasne : A Milan, vous avez donc échappé à l’augmentation du<br />

nombre de licences en signant un accord avec la municipalité et la région.<br />

Pourriez-vous nous préciser les spécifi cités de ce contrat d’objectifs.<br />

Giovanni Valli : Tout d’abord bonjour à tous et merci de votre accueil.<br />

Nous avons réussi à faire admettre que l’émission éventuelle<br />

de nouvelles licences ne doit pas dépendre de l’émotion, de la<br />

conjoncture politique, de conflits, d’échéance électorale, mais de<br />

données objectives. Parmi ces données objectives, il y a l’appréciation<br />

de la qualité de service. Avec l’administration municipale,<br />

nous avons voulu parier sur une co-responsabilisation collectivités/profession.<br />

La façon de rendre plus souple et plus présente la<br />

flotte de taxis aux horaires de pointe a été d’introduire de la flexibilité<br />

dans les horaires de service et au moment où il y en a besoin.<br />

Ce pari a été pour le moment accepté par la municipalité.<br />

L’une des retombées positives de la loi Bersani (1) est cet accord<br />

régional qui a été formalisé sur 2006/2008. Avec cet accord, on<br />

innove grâce à une méthodologie de discussion. Ainsi, alors que le<br />

renouvellement des tarifs était épisodique et dépendait de contingences<br />

politiques, il intervient désormais annuellement, avec des<br />

11


12<br />

paramètres précis et cohérents discutés au sein d’une commission<br />

paritaire composée de représentants de la région Lombardie et<br />

de membres d’organisations de la profession. Les paramètres retenus<br />

ne sont pas uniquement liés au coût du travail, au coût du<br />

carburant ou de l’entretien du véhicule. 40% des paramètres qui<br />

déterminent l’actualisation des tarifs sont basés sur des critères de<br />

qualité tels que la possibilité du paiement par carte bleue (ndlr :<br />

20 à 30% des taxis milanais sont équipés de terminaux de cartes<br />

bleues contre 90% à Paris) ou la connaissance d’une langue étrangère<br />

afin de mieux accueillir les visiteurs de l’Exposition universelle<br />

de 2015. Nous nous sommes donnés sept ans pour atteindre<br />

ces objectifs.<br />

Laurent Lasne : Cet engagement qualité s’accompagne aussi d’une<br />

démarche en faveur du véhicule propre. M. Grassi, en tant qu’élu de<br />

la municipalité milanaise, vous siégez au sein de la commission<br />

transport, pouvez-vous nous préciser la politique de la ville en faveur<br />

de l’extension du véhicule propre…<br />

Raff aele Grassi : Bonjour, je vous remercie de votre accueil et j’en<br />

profi te pour vous transmettre les salutations de Monsieur Croce,<br />

adjoint au maire de Milan. Avant l’adoption du décret Bersani, les


organisations syndicales et l’administration communale<br />

ont conclu un préaccord avec le candidat à la mairie<br />

L’accord insiste<br />

(ndlr : il s’agit de Mme Letizia Moratti, qui a remporté les sur la nécessité<br />

élections) sur la base d’un partage des problèmes entre pour la fl otte de taxis<br />

de s’équiper de véhicules<br />

l’administration communale et les taxis. Cet accord in- propres à l’horizon 2015.<br />

siste sur la nécessité pour la fl otte de taxis de s’équiper Raffaele Grassi<br />

de véhicules propres à l’horizon 2015. Ce ne sont pas<br />

seulement les taxis qui ont été insérés dans cette stratégie<br />

« écologique ». Tous les transports publics ont pour objectif<br />

de réduire les émissions de polluants. Cet accord prévoit aussi une<br />

présence satisfaisante de taxis aux heures de pointe, le cas échéant,<br />

par des horaires de service supplémentaires. Une organisation du<br />

travail renouvelée, une meilleure dynamique des taxis ont permis<br />

de ne pas recourir à l’augmentation du nombre des licences.<br />

(1) Le décret Bersani porte le nom de l’ancien ministre du Développement économique<br />

du gouvernement de Romano Prodi, Pierluigi Bersani, qui vise à déréglementer<br />

des professions aussi diverses que les avocats, les boulangers et les<br />

chauff eurs de taxi. Pour cette dernière catégorie, il préconisait l’augmentation<br />

de licences et la libération du marché.<br />

13


14<br />

Le protocole d’accord signé par les taxis parisiens :<br />

le pari de la qualité de service ?<br />

Laurent Lasne : Maîtrise d’une langue étrangère, acceptation de la carte<br />

bleue dans les taxis… On comprend bien que la qualité dont vous parlez<br />

est axée sur le service au client. Monsieur Boulin : dans ce comparatif<br />

avec la réalité italienne, considérez-vous que le protocole signé en mai<br />

2008 avec la puissance publique est orienté vers le service au client ?<br />

Gilles Boulin : Eff ectivement, le protocole signé en mai 2008 va dans<br />

le sens d’une meilleure qualité de service. Par exemple, la nouvelle<br />

génération de « lumineux » apposés sur nos taxis va nous rendre plus<br />

facilement identifi able. Nous devons aussi continuer à améliorer notre<br />

qualité de service dans l’accueil du client par des moyens de paiements<br />

avec terminaux cartes bancaires qu’il faut absolument généraliser.<br />

Ce qu’on peut dire également c’est qu’à la diff érence de Milan,<br />

à Paris et en France nos autorités de tutelle sont multiples alors qu’à<br />

Milan la relation est plus directe. Toutefois, elle a aussi ses travers puisque,<br />

en raison de circonstances politiques, on a bien compris qu’en<br />

Italie le renouvellement des tarifs était plus aléatoire ce qui n’est pas<br />

le cas en France où l’augmentation régulière des tarifs permet d’être<br />

mieux lisible pour la clientèle.


Laurent Lasne : Puisque nous évoquons la qualité de service, j’aimerais<br />

que Lucile Calmettes nous dise si le fait pour <strong>Gescop</strong> d’être organisé<br />

en coopérative constitue un atout commercial identifi é comme<br />

tel par la clientèle ?<br />

Lucile Calmettes : Oui, l’atout coopératif dans l’action<br />

commerciale quand vous présentez une entreprise où<br />

l’ensemble des chauff eurs sont des actionnaires permet<br />

vraiment de sensibiliser la clientèle à notre philosophie<br />

et à la prestation que vous allez lui donner.<br />

Question de la salle : Je suis l’épouse d’un chauff eur de taxi qui exerce<br />

en Italie. J’aimerais que MM. Valli et Vargas nous donnent leur avis sur le<br />

VPR et notamment sur le central radio web qui concurrence les centraux<br />

radios et qui à Milan s’appelle « web taxis ».<br />

Virginio Vargas : Bonjour à tous, à mon tour je vous remercie pour votre<br />

accueil. Le problème des VPR, à Milan et en Italie, a été réglementé<br />

par une loi nationale qui est la loi-cadre du transport de personnes.<br />

Les VPR n’ont pas d’incidence sur notre activité de manière directe<br />

parce que le client qui veut un VPR doit appeler une société de location<br />

avec conducteur qui se trouve dans un garage. Les loueurs ne<br />

Oui, l’atout<br />

coopératif dans l’action<br />

commerciale permet<br />

de sensibiliser<br />

la clientèle à<br />

notre philosophie.<br />

Lucile Calmettes<br />

15


16<br />

peuvent pas aller et venir dans la ville à la recherche de clients, c’est<br />

le domaine des taxis, mais il est clair qu’il existe des abus que nous<br />

dénonçons. Il y a eff ectivement un « web taxis » qui est en phase<br />

initiale. Il ne fédère que 150 taxis alors que le central radio le plus important<br />

de Milan en compte 1 700. C’est une société qui s’est créée il<br />

y a quatre ans, mais qui s’est peu développée jusqu’à présent.<br />

Intervention dans la salle : Tout d’abord je voudrais saluer mes collègues<br />

français. Je suis chauff eur de taxi à Milan. A Milan, nous sommes tous<br />

artisans et nous avons eu le courage de nous organiser en consortium<br />

ou coopératives mais fondamentalement nous sommes des artisans.<br />

Je suis administrateur d’un radio taxi de 1 700 chauff eurs. Le taxiweb<br />

auquel fait allusion l’intervenante précédente, nous n’en voulons pas car<br />

nous ne voulons rien de ce qui n’est pas né de la volonté des chauff eurs<br />

de taxi. Nous sommes fi ers d’être taxis.<br />

Laurent Lasne : Monsieur Vargas, peut-être est-il utile de préciser la<br />

représentation coopérative du taxi milanais. Vous avez sans doute<br />

quelques chiff res…<br />

Virginio Vargas : J’assume la fonction de président d’un centre de<br />

services d’administratifs pour les taxis et nous avons 500 sociétaires


sur les 4 800 taxis milanais et 100 sociétaires temporaires qui utilisent<br />

certains de nos services. Au sein de notre centre de services il y a une<br />

coopérative de production où les taxis ne sont pas artisans et dépassent<br />

la centaine. Je vous laisse évaluer le pourcentage que nous représentons<br />

de la population taxi de milan à cette tribune.<br />

Question de la salle : Je suis taxi parisien, je voudrais connaître le gain<br />

moyen mensuel du taxi. Quelles sont les conditions de travail des chauffeurs<br />

et leur relation avec la police en général ?<br />

Virginio Vargas : Les conditions de travail sont de 10 heures d’exercice<br />

par jour, et les artisans comme les coopérateurs font le même<br />

quota d’heures car le règlement du service est égal pour toutes les<br />

catégories. Le gain est très relatif car il est déterminé par le nombre<br />

de courses et le nombre d’heures travaillées. Même s’il est très diffi -<br />

cile de donner un chiff re, on peut estimer que les gains voisinent les<br />

2000/2500 euros par mois.<br />

Giovanni Valli : En Italie, il y a des études de secteurs et sur la base<br />

de ces études on défi nit un revenu moyen pour les taxis en grandes<br />

et petites villes entre 27 000 et 37 000 euros bruts annuels, c’est une<br />

valeur moyenne.<br />

17


18<br />

Question de la salle : Bonjour, il y a un problème qu’il ne faut pas oublier<br />

c’est le problème de location qui existe à Paris. Ce système nuit à la qualité<br />

du service. Si l’on veut vraiment de la qualité, il faudrait bannir la location<br />

car c’est ce qui pourrit la vie des chauff eurs.<br />

Gilles Boulin : On ne va pas entrer dans un débat sur les diff érents statuts<br />

du chauff eur de taxi parisien. Quand on parle de qualité de service<br />

c’est l’accueil que le chauff eur de taxi va réserver à sa clientèle, on va<br />

s’arrêter à cela tout simplement. Lorsque l’on se rend en Italie, un chauffeur<br />

de taxi accueille son client de la manière la plus courtoise possible,<br />

il ne vous pose pas de question pour vous demander où vous allez, il<br />

charge le client quelle que soit sa destination sans poser de questions.<br />

Intervention dans la salle : C’est parce qu’il gagne bien sa vie. Si on calcule<br />

le taux horaire d’un locataire à Paris, il est en dessous du smic…<br />

Gilles Boulin : Quand on parle de qualité de service que l’on soit locataire,<br />

artisan ou sociétaire c’est le rapport avec le client qu’on va<br />

transporter dont il s’agit et dont on débat aujourd’hui.<br />

Intervention dans la salle : Le niveau de vie du chauff eur a une répercussion<br />

sur le service qu’il assure. Les chauff eurs milanais gagnent bien leur


vie, un locataire, il est très loin de la fourchette évoquée tout à l’heure, il<br />

faut le savoir.<br />

Laurent Lasne : Je suis désolé, mais les intervenants italiens ne sont<br />

pas là pour arbitrer un débat franco-français. Je souhaite que nous<br />

poursuivions la mise en perspective des pratiques milanaises qui<br />

nous occupent aujourd’hui…<br />

Intervention dans la salle : Je suis artisan taxi parisien depuis seize ans,<br />

je voudrais savoir de combien de points de permis disposent nos collègues<br />

italiens et s’ils ont une détaxe de carburant ?<br />

Raff aele Grassi : Tous les automobilistes ont 20 points et<br />

Tous les<br />

les chauff eurs de taxi possèdent 20 points supplémentai- automobilistes ont<br />

res attribués sur le CAP (certifi cat professionnel), le « se- 20 points et les<br />

chauffeurs de taxi<br />

cond » permis. En cas d’infractions et de contraventions<br />

possèdent 20 points<br />

pendant le service, les chauff eurs perdent des points sur supplémentaires.<br />

leur « second » permis.<br />

Raffaele Grassi<br />

En revanche, si les infractions sont commises en dehors<br />

du service, les points sont retirés sur le permis principal. Il y a donc<br />

possibilité d’avoir un double « compte ». Concernant la détaxe, l’Etat<br />

reconnaît en terme de crédit, au moment où le chauff eur va payer ses<br />

19


20<br />

impôts, un pourcentage calculé sur les consommations de carburant<br />

eff ectives et la taxation sur les coûts des carburants. Les taxis peuvent<br />

en défalquer un quota.<br />

Autorités de tutelle, des visions diff érentes<br />

Laurent Lasne : Les relations avec les autorités de tutelle, vaste sujet...<br />

Les chauff eurs de taxi milanais dépendent plus directement de la<br />

commune. Lors des dernières municipales, le maire de Paris a préconisé<br />

la création d’une agence du taxi qui associerait plus étroitement<br />

les collectivités territoriales à l’organisation et à l’activité du taxi.<br />

Gilles Boulin, cette préconisation vous semble-t-elle pertinente ?<br />

Gilles Boulin : Cette agence du taxi il faudrait déjà pouvoir en déterminer<br />

le rôle. A quoi va-t-elle servir ? Quelle autorité exercera-t-elle, avec<br />

quels partenariats ? Quels seraient ses domaines de compétences, ses<br />

pouvoirs et ses moyens ? Avant de pouvoir parler de quelque chose il<br />

faut en déterminer les contours. Aujourd’hui ces contours sont fl ous<br />

et le peu de contacts que la profession entretient avec la ville de Paris<br />

ne m’incite pas à penser que cela serait une idée très pertinente.


Laurent Lasne : Vous faites sans doute allusion au manque de<br />

concertation entre les professionnels du taxi et la ville à propos<br />

de la possibilité pour les taxis d’utiliser la plateforme du tramway<br />

comme cela se pratique à Milan et dans d’autres villes…<br />

Gilles Boulin : Exactement. Lorsque le premier tronçon de tramway<br />

a été projeté, nous avons participé à des réunions, à un « cahier<br />

d’acteurs » dans lequel nous demandions pour les taxis parisiens<br />

de pouvoir circuler sur les voies du tramway comme cela se passe<br />

à Milan et dans d’autres villes. Nos propositions ont été complètement<br />

ignorées. Sachez que pour le deuxième tronçon, qui est en<br />

cours de réalisation entre la porte de Bercy et la porte de la Chapelle,<br />

même constat.<br />

En Italie, il y a des règles précises qui encadrent cette co-circulation<br />

et je crois savoir que les choses se passent bien. Nous n’avons jamais<br />

pu faire valoir notre point de vue. Et lorsqu’il y a concertation,<br />

on veut bien nous écouter, mais on ne tient pas compte de nos<br />

remarques.<br />

Laurent Lasne : Monsieur Valli, l’utilisation par les taxis milanais<br />

des plateformes du tramway est-elle concluante ? A-t-elle<br />

été remise en cause ?<br />

21


22<br />

Les autorités<br />

municipales ont pris<br />

conscience du fait que<br />

le taxi est aussi un<br />

transport public qui<br />

doit être pleinement<br />

intégré à la chaîne<br />

des transports.<br />

Giovanni Valli<br />

Giovanni Valli : Les autorités municipales ont pris conscience<br />

du fait que le taxi est aussi un transport public. Il est pleinement<br />

intégré dans la chaîne des transports publics dont il<br />

constitue un complément. Si les autorités municipales n’ont<br />

pas cela à l’esprit, alors il est diffi cile pour les taxis de faire<br />

entendre leur point de vue. Mais nous ne sommes pas là<br />

pour faire la leçon à qui que ce soit. Chaque ville a son histoire<br />

et sa culture propre du transport public.<br />

Laurent Lasne : Monsieur Grassi, en tant que représentant de la ville<br />

de Milan, que pouvez-vous dire de la mixité d’utilisation des plateformes<br />

du tramway ?<br />

Raff ale Grassi : J’ai d’abord envie de dire que « l’herbe n’est pas plus<br />

verte ailleurs ». A Milan aussi les gens se plaignent et regardent avec<br />

intérêt Paris mais je suis content que les parisiens observent avec attention<br />

notre expérience à Milan. Si on parle d’un respect de chacune<br />

des parties, il est vrai que l’administration communale prend sérieusement<br />

en considération l’activité des taxis et ces derniers dialoguent<br />

de façon très transparente avec l’administration. On est arrivé ainsi à<br />

conclure un accord qui peut servir à améliorer la qualité du service<br />

et la mobilité des personnes. Les taxis milanais circulent sur les voies


préférentielles dans certaines directions, mais tout n’est pas paradisiaque.<br />

En revanche, il est important de souligner que l’approche est<br />

diff érente de la part de notre administration car, avec la région, elle<br />

est très attentive au développement de l’activité du taxi et elle met à<br />

disposition des moyens, des budgets pour les voitures écologiques,<br />

les systèmes de sécurité…<br />

Gilles Boulin : Je voulais juste dire que l’utilisation des<br />

voies de tramway par les taxis milanais c’est quand même L’utilisation des<br />

voies de tramway<br />

quelque chose d’assez considérable en gain de temps. La<br />

par les taxis milanais<br />

course moyenne d’un taxi à Milan est d’environ dix mi- c’est quand même<br />

nutes. En ayant cette facilité de rentrer et de sortir sur les quelque chose<br />

d’assez considérable.<br />

voies de tramway, même si la ville est d’une surface plus<br />

Gilles Boulin<br />

petite que celle de Paris, cela représente près de 250 km<br />

de voies utilisables par les taxis et sans compter les voies<br />

dédiées qui permettent de rejoindre les aéroports en particulier<br />

Milan Linate, c’est fabuleux. Nous, on en rêve…<br />

Question de la salle : Je me présente : Monsieur Beka de la CGT. Quelle est<br />

la vitesse moyenne d’un taxi à Milan et combien de kilomètres parcourtil<br />

? Aux heures de pointe, combien de temps doit patienter un client pour<br />

obtenir un taxi ?<br />

23


24<br />

Virginio Vargas : Hormis aux heures de pointe, le client attend à peine<br />

car dans les stations, il y a toujours des taxis en attente de clients.<br />

L’attente existe seulement dans la recherche du taxi à travers le système<br />

de radio taxi. Dans ce cas, le client attend le temps que l’aff ectation<br />

du taxi le plus proche soit faite. Mais je le répète le client dans<br />

la rue n’attend pas son taxi, il en trouve toujours un. Un taxi milanais<br />

parcoure 120 /130 km par jour. Notre zone d’activité est vaste, mais<br />

elle est concentrée dans le centre de Milan par rapport à Paris qui<br />

représente géographiquement un territoire plus vaste.<br />

Intervention dans la salle : Une précision : la vitesse du taxi parisien est<br />

en moyenne de 17 km à l’heure c’est pourquoi on ne trouve pas de taxis<br />

aux heures de pointe...<br />

Virginio Vargas : Nous aussi à Milan notre vitesse est de 17 km à<br />

l’heure…<br />

Raff aele Grassi : Avec la mise en place du péage urbain, la municipalité<br />

a voulu accroître de manière signifi cative la vitesse commerciale<br />

des taxis et des transports publics de manière générale. Mais à Milan<br />

comme à Paris, la vitesse commerciale n’est malheureusement pas<br />

très importante.


Question de la salle : Je suis taxi parisien et je me posais cette question :<br />

Quelle somme doit investir un chauff eur de taxi pour exercer sa profession<br />

? Les licences sont-elles délivrées gratuitement ou à titre onéreux ?<br />

Giovanni Valli : Depuis le vote de la loi Bersani, chaque commune<br />

à la possibilité d’émettre des licences et depuis cette loi, l’émission<br />

de licence peut être faite à titre onéreux alors qu’au préalable, elles<br />

étaient gratuites.<br />

Une partie des sommes récupérées du fait de la cession de ces licences<br />

est distribuée à un fonds de solidarité pour la profession ou à des<br />

infrastructures utiles aux taxis comme le développement des nouvelles<br />

technologies par exemple.<br />

Laurent Lasne : Il y a à Paris, deux sujets qui irritent particulièrement<br />

les professionnels du taxi : le VPR et les motos dites abusivement<br />

« taxis », taxés de concurrence déloyale. Paradoxalement, au pays de<br />

la vespa, il n’y a pas de motos taxis…<br />

Raffaele Grassi : Les motos taxis n’existent pas, mais en revanche<br />

nous subissons le problème des abus des voitures avec<br />

conducteur (VPR) qui viennent s’insérer dans le marché du transport<br />

public des taxis. C’est clair qu’il y a des sanctions mais les<br />

25


26<br />

Les motos taxis<br />

n’existent pas, mais<br />

en revanche nous<br />

subissons le problème<br />

des abus des voitures<br />

avec conducteur (VPR).<br />

Raffaele Grassi<br />

contrôles sont aussi limités. Les situations d’abus sont<br />

poursuivies et dans certains cas sont sanctionnées mais<br />

il y a une grande part de comportements incorrectes<br />

qui se manifestent dans les aéroports ou les gares. Les<br />

taxis se plaignent et naturellement les forces de l’ordre<br />

interviennent mais leur action n’est pas suffisante.<br />

Véhicule propre, des stratégies d’avenir<br />

Laurent Lasne : Dernière séquence de notre débat autour du véhicule<br />

propre.. Et sur le véhicule propre là aussi les stratégies sont<br />

diff érentes entre Milan et Paris. Je crois qu’à Milan vous avez reçu<br />

des aides de la municipalité et de la région pour les chauff eurs qui<br />

souhaitent s’équiper de véhicules hybrides.<br />

Raff aele Grassi : Le pourcentage des voitures écologiques augmente<br />

d’année en année. Depuis 2000, avec les aides fi nancières<br />

de l’administration régionale, puis avec celles, plus récentes de la


province et de la commune, sans parler des aides nationales, la situation<br />

a notablement évolué. 22% des taxis milanais sont « écologiques<br />

» aujourd’hui. S’agissant des aides, elles varient selon le modèle<br />

choisi (gpl, hybride). Pour vous donner un ordre de grandeur,<br />

elles sont ventilées de la manière suivante : environ 5 000 à 6 000<br />

euros d’aides de la part de l’administration régionale, 1 500 euros<br />

de l’Etat, 1 000 euros d’aides de la province et 1 000 euros de la<br />

commune de Milan. Un chauff eur de taxi peut ainsi obtenir 8 000<br />

ou 9 000 euros de subvention pour l’acquisition d’une voiture qu’il<br />

gardera trois ou quatre ans.<br />

Intervention dans la salle : A Paris, la situation est complètement différente.<br />

Le seul modèle hybride disponible est la Prius de Toyota, mais<br />

c’est un modèle essence sur lequel on ne récupère pas la TVA. Sur ce sujet,<br />

je trouve que les partenariats tissés entre les diff érents acteurs milanais<br />

sont plus intelligents et responsables, chacun se sent vraiment<br />

concerné.<br />

Gilles Boulin : A Paris, l’aide de la mairie pour les véhicules hybrides<br />

est soumise à condition. On peut en eff et obtenir une aide de<br />

3000 euros pour l’acquisition d’un véhicule hybride mais on est<br />

entièrement d’accord : sur le seul modèle existant, on ne peut pas<br />

27


28<br />

récupérer la TVA sur le carburant. A chaque fois que l’on se rend<br />

au ministère des Finances ou à l’Intérieur, nous évoquons la question.<br />

En outre, les conditions posées par la mairie de Paris sont telles<br />

qu’il n’est pas certain que vous puissiez bénéfi cier de cette aide<br />

de 3000 euros tout simplement parce que vous êtes contraint de<br />

garder ce véhicule trois ans (ou 300 000 km) et de transmettre un<br />

rapport annuel d’activité. Si vous ne remplissez pas ces conditions,<br />

si vous devez vous séparer de ce véhicule au bout d’un an et demi<br />

vous devrez restituer les 3000 euros. On est loin des partenariats et<br />

des aides évoqués par nos collègues italiens.<br />

Laurent Lasne : Si je comprends bien la version actuelle de l’hybride<br />

ne correspond pas aux attentes de la profession et concernant<br />

le véhicule électrique, dont Renault a fait sa priorité, il pose des problèmes<br />

en termes d’autonomie. Alors, dans ce contexte, quelle est la<br />

réfl exion de <strong>Gescop</strong> vis-à-vis du véhicule propre ?<br />

Gilles Boulin : Nous avons créé une « cellule de veille » sur ces<br />

sujets pour suivre les évolutions au plus près. Mais actuellement<br />

aucun véhicule ne répond aux critères de l’activité taxi. Nous ne<br />

pouvons pas récupérer la TVA sur les hybrides essence, quant au<br />

véhicule électrique, son autonomie limitée à 150 km est insuffi -


sante pour répondre à nos attentes. Les réponses des<br />

constructeurs sont donc insuffi santes. Nous attendons Actuellement, aucun<br />

véhicule propre ne<br />

la sortie de modèles hybrides diesel sur lesquels nous répond pleinement aux<br />

pourrons récupérer la TVA. Le véhicule électrique, nous critères de notre activité.<br />

Les constructeurs<br />

y serons favorables le jour où il répondra à nos critères<br />

ont pris du retard.<br />

d’exploitation. A savoir une autonomie suffi sante d’au<br />

Gilles Boulin<br />

moins 300 km par jour avec la possibilité de trouver<br />

des bornes afi n de recharger rapidement parce que<br />

nous n’avons pas la possibilité de faire revenir l’ensemble du parc<br />

automobile vers des points de charge comme peuvent le faire<br />

aujourd’hui les municipalités.<br />

Laurent Lasne : L’une des clauses du contrat d’objectifs signé avec<br />

la mairie de Milan prévoit une conversion de la fl otte taxis à l’hybride<br />

en vue de l’Exposition universelle de 2015. Monsieur Grassi,<br />

pourriez-vous nous préciser comment cet objectif va être atteint.<br />

Giovanni Valli : Cette question est d’actualité. Le nombre de taxi<br />

ayant opté pour l’hybride est bien supérieur à nos prévisions c’est la<br />

raison pour laquelle nous avons émis récemment une nouvelle demande<br />

à la région pour refi nancer l’année 2009, en plus des 2 millions<br />

d’euros déjà prévus, pour couvrir les personnes concernées<br />

29


30<br />

qui n’ont pas été pris en compte en 2008. Nous ne prévoyons pas<br />

que 100 % du parc soit équipé en hybride ou en électrique, mais<br />

nous souhaitons créer des conditions favorables pour que la majorité<br />

de la fl otte s’équipe graduellement de véhicules propres.<br />

Raff aele Grassi : Dans la perspective de 2015, les accords avec l’administration<br />

communale et les organisations syndicales ne parlent<br />

pas d’un renouvellement total du parc des taxis en mode hybride.<br />

Nous nous sommes donnés pour objectif que les véhicules répondent<br />

aux normes standard fi xées par l’Union européenne en matière<br />

d’émission de CO2 .<br />

Aujourd’hui, à Milan, 10% des taxis sont électriques, 9 % roulent<br />

au méthane et 3,40% au GPL. Une dynamique s’est mise en place et<br />

l’essentiel c’est que la fl otte taxi soit équipée des modèles les moins<br />

polluants.<br />

Laurent Lasne : Cette prise de conscience « écologique » est en train<br />

de modifi er notre rapport à la voiture et à la mobilité. Elle infl uera<br />

sur l’off re de service. Ceci nous ramène à la question de la qualité de<br />

la prestation. Comment percevez-vous cette évolution ? Ne doit-elle<br />

pas s’accompagner d’un eff ort accru en formation pour les chauffeurs<br />

?


Lucile Calmettes : Il n’y a pas de secret. Dès lors que l’environnement<br />

dans lequel évolue le chauff eur est favorable, sa prestation<br />

est de meilleure qualité.<br />

La possibilité de redescendre des aéroports sur des voies privilégiées,<br />

l’utilisation mixte des plateformes du tramway, la fl uidité de<br />

la circulation, tout cela contribue à la qualité. La formation est également<br />

un point essentiel.<br />

Justement, dans les modules de formation, lors de la préparation à<br />

l’examen ou dans le cadre de la formation continue, il serait intéressant<br />

de proposer aux chauff eurs des modules sur la « relation commerciale<br />

» ou la « gestion de confl it » pour faire face et savoir réagir<br />

face au stress d’une clientèle de plus en plus pressée.<br />

Virginio Vargas : Un des services auxquels nous tenons<br />

le plus dans notre coopérative c’est précisément la formation<br />

des nouveaux chauff eurs.<br />

Nous avons une école que nous gérons au sein de<br />

notre coopérative. Le socle de cette formation professionnelle<br />

est axé sur la dimension « commerciale »<br />

parce que nous considérons que la qualité de service<br />

est meilleure lorsque le chauff eur sait gérer sa relation<br />

avec les clients.<br />

Le socle de la<br />

formation professionnelle<br />

est axé sur la<br />

dimension commerciale<br />

pour que le chauffeur<br />

gère mieux sa<br />

relation avec les clients.<br />

Virginio Vargas<br />

31


32<br />

Fédération européenne du taxi associé, une utopie ?<br />

Laurent Lasne : Nous arrivons au terme de nos échanges. Il est temps<br />

de vous demander, Monsieur Jean-Pierre Martin, dont je rappelle que<br />

vous êtes vice-président de la Confédération européenne des coopératives<br />

de production, ce que vous inspire cet échange franco-italien. La<br />

dimension européenne est souvent abstraite, mais là nous voyons bien<br />

que des partenariats européens concrets pourraient se nouer entre des<br />

coopératives de taxis.<br />

Jean-Pierre Martin : Ce que j’ai envie de dire tout de suite<br />

Le fait d’échanger<br />

c’est qu’on retrouve dans un certain nombre de réunions<br />

entre professionnels de<br />

différents pays permet et dans d’autres secteurs professionnels autant de pas-<br />

d’avoir une réfl exion sion qu’on vient d’en trouver ici. Nous sommes en train de<br />

plus riche et de coordonner<br />

des réponses à changer de modes d’organisation, de moyens technologi-<br />

l’échelle européenne. ques et cela vient bousculer nos habitudes dans toutes les<br />

Jean-Pierre Martin<br />

professions.<br />

L’Europe est une chance unique pour progresser en comparant<br />

des pratiques. Aujourd’hui, on voit bien que le fait d’échanger<br />

entre pays peut permettre eff ectivement d’avoir une réfl exion plus riche<br />

et de coordonner des réponses à l’échelle européenne. Des partenariats<br />

peuvent être scellés autour d’une approche consensuelle et


transnationale. Il est important d’organiser des réunions comme celles-là<br />

car elles permettent de multiplier des échanges pour construire<br />

ensemble car notre horizon est européen.<br />

Laurent Lasne : Pourtant, et c’est paradoxal, l’Europe apparaît souvent<br />

comme une menace. Est-ce que cela signifi e que les organisations<br />

professionnelles n’ont pas suffi samment pris en compte la dimension<br />

européenne dans leur stratégie ? S’agissant des organisations coopératives<br />

du taxi, pensez-vous qu’au-delà des partenariats qui s’ébauchent,<br />

elles devraient créer une fédération européenne pour mieux faire prendre<br />

en compte leurs spécifi cités par Bruxelles ?<br />

Jean-Pierre Martin : C’est essentiel. Nos partenaires italiens sont<br />

d’ailleurs meilleurs que nous en ce qui concerne le lobbying bruxellois.<br />

Les Italiens vont s’installer à Bruxelles, nous, les Français, on prend<br />

le train et on revient le soir.<br />

Je n’ai pas d’information sur les organisations professionnelles de taxi<br />

au niveau européen, mais sur toute l’approche transport au sens général,<br />

qu’il soit public ou privé, il est nécessaire que les institutions<br />

<strong>européennes</strong> aient connaissance des propositions et des spécifi cités<br />

de vos organisations afi n de mieux les prendre en compte.<br />

D’ores et déjà, je peux vous dire que je vais faire part des échanges<br />

33


34<br />

d’aujourd’hui au sein du CECOP. Il est également nécessaire d’identifi<br />

er l’existence d’organisations coopératives du taxi dans d’autres<br />

pays européens afi n d’approfondir le travail que nos amis italiens et<br />

français ont déjà engagé.<br />

Laurent Lasne : Gilles Boulin, est-ce que les propos de Jean-Pierre<br />

Martin vont vous inciter à donner une réelle dimension européenne à<br />

cette ébauche de partenariats avec vos collègues milanais ?<br />

Gilles Boulin : Il est évident que nous allons poursuivre nos échanges<br />

parce que l’on a beaucoup appris en communiquant ensemble<br />

et en se rendant visite. Il nous faut désormais ap-<br />

Nous sommes<br />

profondir nos échanges pour examiner ce que nous<br />

conscients de la<br />

nécessité de nous rap- pourrions bâtir en commun à l’échelle européenne.<br />

procher d’organisations Nous sommes conscients de la nécessité de nous rap-<br />

coopératives d’autres<br />

procher d’organisations coopératives d’autres pays<br />

pays pour porter une<br />

réfl exion à Bruxelles. pour porter une réflexion à Bruxelles.<br />

Gilles Boulin<br />

Face à la « directive services », qui va impacter notre<br />

profession, il est indispensable que nous fédérions<br />

nos énergies pour faire entendre nos spécificités pour avancer,<br />

mais également pour protéger notre profession face à une<br />

concurrence pas toujours loyale.


Raff aele Grassi : En réponse aux propos de Jean-Pierre Martin à<br />

propos de lobbying en Europe, j’ai envie de dire que la conférence<br />

d’aujourd’hui constitue une première étape. Il serait opportun d’organiser<br />

dans les prochaines années un salon du taxi annuel itinérant<br />

une fois à Paris, une fois à Madrid, une fois à Milan pour chercher à<br />

coordonner les professionnels du taxi en Europe sur les idées plutôt<br />

que sur les protestations.<br />

35


GESCOP<br />

56, rue Albert - 75013 Paris<br />

www.gescop.fr<br />

01 53 60 63 33<br />

gescop@gescop.fr<br />

56, rue Albert - 75013 Paris<br />

www.alphataxis.com<br />

01 45 85 85 85<br />

commercial@alphataxis.com<br />

LA FONTANA Centro Servizi Taxi<br />

Piazza Perego, 9 - 20154 MILAN<br />

www.lafontana-taxi.it<br />

(0039) 02 349 20 63<br />

centroservizi@lafontana-taxi.it<br />

RADIO TAXI 85 85<br />

Torre Velasca, 5 - 20122 MILAN<br />

www.radiotaxi8585.com<br />

(0039) 02 85 85<br />

presidenza@taxi8585.it


Design graphique : Philem Despiney, Scop In Studio 4

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!