<strong>Pierre</strong> <strong>Max</strong> DUBOIS <strong>Catalogue</strong> <strong>de</strong>s œuvres <strong>Catalogue</strong> of works Werkverzeichnis Catalogo <strong>de</strong> obras <strong>Gérard</strong> Billaudot Éditeur 14 rue <strong>de</strong> l’Échiquier - 75010 PARIS - FRANCE Tél. : (33) 01.47.70.14.46 - Télécopie : (33) 01.45.23.22.54 SEPTEMBRE 1998
PIERRE MAX DUBOIS (1930-1995) Années 50 ! Compositeurs en herbe, essuyant les bancs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> maison <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Madrid, nous étions à l’affût <strong>de</strong>s audaces <strong>de</strong> Donaueschingen et croisions verbalement le fer entre <strong>de</strong>scendants du soleil <strong>de</strong>bussyste et preux chevaliers d’un soleil, plus ascétique celui-là, qui éclairait les eaux du jeune Boulez (Le soleil <strong>de</strong>s eaux) - 1951. Les sons nouveaux <strong>de</strong> la musique concrète nous sollicitaient aussi. En un mot, nous étions tous véhémentement certains <strong>de</strong> reconstruire le mon<strong>de</strong> et d’ajouter à l’histoire <strong>de</strong> la musique un chapitre déterminant. Cependant, chez Milhaud, chez Rivier, bravant avec une apparente insouciance ces houles novatrices, un jeune homme racé, élégant, tout droit venu <strong>de</strong> son Languedoc natal via le conservatoire <strong>de</strong> Tours (où il avait glané les prix <strong>de</strong> clarinette, d’harmonie et <strong>de</strong> piano), se mouvait avec ingéniosité dans les sentiers <strong>de</strong> l’écriture tonale. Je me souviens <strong>de</strong> ces heures passées autour du piano sur lequel chacun <strong>de</strong> nous était prié par le Maître <strong>de</strong> réduire sa <strong>de</strong>rnière œuvre d’orchestre. Nonchalamment, <strong>Pierre</strong> <strong>Max</strong> <strong>Dubois</strong> prenait place au clavier. La vingtaine encore toute proche, il égrenait <strong>de</strong>vant nous, avec cette aisance pianistique qui laissait, en 1951, pantois le jury du concours <strong>de</strong> piano, les volutes légères <strong>de</strong> cette Suite humoristique qui ferait bientôt place à l’ébouriffant Divertissement valant prix <strong>de</strong> composition en 1953. Certes, ce <strong>Pierre</strong> <strong>Max</strong> <strong>Dubois</strong> était <strong>de</strong> la graine <strong>de</strong> Prix <strong>de</strong> Rome ! Et, jeunesse tourangelle oblige, dans le sillon <strong>de</strong>s Contes drolatiques <strong>de</strong> Balzac, notre ami eut l’heureux <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> «s’esbaudir» en loge à ce rabelaisien Rire <strong>de</strong> Gargantua imposé pour la finale <strong>de</strong> ce Premier Grand Prix <strong>de</strong> Rome, obtenu haut la main en 1953. Dès lors, force était bien <strong>de</strong> reconnaître à ce parfait musicien, querelles d’esthétique mises à part, la plus complète maîtrise d’écriture dans la veine d’excellence d’un mo<strong>de</strong>rne Chabrier. Le temps <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s passé, chacun prit son chemin dans la voie <strong>de</strong> la musique plurielle qui charriait son lot d’influences, <strong>de</strong> réflexions, <strong>de</strong> réalisations. J’appris que <strong>Pierre</strong> <strong>Max</strong> <strong>Dubois</strong>, tout en privilégiant la composition, opus par opus, ne négligeait pas la carrière <strong>de</strong> pianiste ni même celle <strong>de</strong> chef d’orchestre. J’appris encore que, <strong>de</strong> 1967 à 1995, il assumait la classe d’analyse et <strong>de</strong> culture musicale au C.N.S.M. <strong>de</strong> Paris. Complète connaissance donc <strong>de</strong>s divers systèmes compositionnels. Mais le compositeur, lui, ne semblait nullement hanté par les problèmes <strong>de</strong> langage qui marquaient notre époque. Toujours le même piquant, la même spontanéité, la même habileté ; aucune influence <strong>de</strong>s divers courants <strong>de</strong> la recherche, toujours cette même ironie. Les titres se moquaient <strong>de</strong> tout, <strong>de</strong> lui-même peut-être : Musique pour un western (espiègle con<strong>de</strong>nsé <strong>de</strong> toutes les recettes <strong>de</strong>s films <strong>de</strong>s années 50), une java pour orchestre, La gran<strong>de</strong> truan<strong>de</strong>rie, Quintette burlesque... Un jour, je découvris son disque <strong>de</strong> Musique ésotérique. «Quoi, pensais-je, notre damoiseau cacherait-il sous ses alertes pirouettes quelques profon<strong>de</strong>s méditations ?» La réponse vint au cours d’une conversation : «Je suis <strong>de</strong> caractère primesautier mais une partie <strong>de</strong> ma personne, cachée, est certes la plus sérieuse ; pourtant, ce caractère m’incite à écrire une musique plus gaie. J’adore l’humour et je n’ai pas la prétention <strong>de</strong> faire tourner le mon<strong>de</strong> à l’envers.» 3