6321 Complet.pdf - L'Informateur Corse Nouvelle

uPATRIMOINE
/ PAR EVA MATTEI
«
Nouveau Musée de B
La Ville et son Histoire, magnifiées et vivantes
Ils étaient un millier à s’engouffrer
dès 17h dans la cour du Palais des
Gouverneurs ce 25 juin, pour
découvrir le nouveau joyau de la
Ville, inauguré par le maire Emile
Zuccarelli, en présence du Préfet
de Haute-Corse, Jean-Luc
Nevache, et d’autres officiels ou
élus. Un moment historique,
comme l’a souligné le premier
magistrat, après plus de 10 ans
d’attente et près de 10 supplémentaires
pour la maturation préalable
du projet.
Era ora», n’auront pas manqué de souligner certains
des Bastiais ayant répondu à l’invitation et
pris d’emblée possession des lieux jusque dans
les coursives et les étages. Pour autant, «fissures de
rochers et dérobades humaines» ne resteront qu’un
mauvais souvenir, tant la «perle» dévoilée ce jour dans
son «écrin» brille par sa délicatesse et sa beauté. Le
chantier de restauration et d’extension, mené par les
architectes Jean-Michel Daubourg et Daniel Cléris, l’a
été dans le respect des constructions d’origine, jusqu’à
prendre en compte les traces mêmes de l’Histoire,
aussi destructrice soit-elle : l’échappée de lumière due,
au fond de la cour, à une explosion de la Poudrière
datant de la Libération, aura ainsi été conservée.
Autre jolie façon de penser le patrimoine : le travail
mené, à l’intérieur, par la conservatrice Elisabeth Corneto
et son équipe. Le modeste musée ethnographique
de la deuxième moitié du
XX ème siècle a ainsi fait place à un projet
A SAVOIR
muséal d’envergure, labellisé Musée de
France, dont le Bastia d’hier et d’aujourd’hui
est le véritable cœur battant. Car le
propre de ce nouveau musée du XXI ème
sicèle est son caractère vivant : à l’accrochage
se joignent des projections vidéo
lumineuses venant faire «bouger les
choses», des murs jusqu’aux plafonds, parfois
sur des supports inattendus. On le voit
d’emblée, l’esprit de modernité a présidé à
la conception, mais jamais au détriment de la
visée patrimoniale des lieux qui, par l’exposition de pièces aussi
uniques que diversifiées, offrent au regard et à l’esprit matière à une
véritable incursion dans Bastia au fil des siècles et des activités
développées. Les 18 salles d’exposition se sont ainsi organisées en
croisant exigences chronologiques et choix thématiques : l’essor des
élites bastiaises, les activités commerciales et industrielles, mais
aussi Bastia, siège du pouvoir génois, capitale culturelle ou cité
maritime, sont autant de thèmes abordés, servis par des œuvres et
12,5 Me : c’est ce qu’aura coûté
cette nouvelle version du Musée
de Bastia. 40% auront été pris
en charge par la CTC, 30% par
l’Etat dans le cadre du PEI, et
30% par la Ville elle-même.
Page 4 - L’Informateur Corse - Journal du 2 au 8 juillet 2010 - N° 6321
Dans la cour du Palais des Gouverneurs, aux «capacités insoupçonnnées»,
un milier de personnes attendent que démarre la visite du nouveau Musée
des pièces acquises au fur et à mesure, ayant
nécessité d’importants travaux de recherche et
de restauration lorsqu’elles ne sont pas prêtées
par d’autres structures telles que le Musée de la
Corse. Avec toujours des angles de traitement
réfléchis exploitant le multimédia, car on trouve
là une illustration de tous les arts dans tous les
formats, depuis les photographies (celles de
Bastiais réalisées notamment par Joseph
Moretti -1868-1957-) jusqu’aux tableaux, en
passant par le mobilier et autres éléments monumentaux
(voir le portail de la Casa Levanto, datant
de 1618). Comme l’a souligné Emile Zuccarelli, au-delà de l’ensemble
urbain remarquable dont est désormais doté Bastia et de
l’achèvement du renouveau de la Citadelle, les Bastiais ont, avec
ce nouveau musée à vocation urbaine, «rajeuni et consolidé leurs
racines». Une valeur ajoutée pour la capitale de la Haute-Corse
dont le rayonnement ne peut être qu’élargi et renforcé, pour prendre,
ainsi que le rappelait Jean-Luc Nevache, toute sa place au cœur de
l’espace méditerranéen.