Lecture de l'Apocalypse de saint Jean Moi, Jean, j'ai vu un ange qui ...

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j'ai vu un ange qui m'entraîna par l'esprit sur une grande et haute montagne ; il me
montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu.
Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l'éclat d'une pierre très précieuse, comme le
jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes gardées par douze anges ; des noms
y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d'Israël.
Il y avait trois portes à l'orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l'occident.
La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de
l'Agneau.
Dans la cité, je n'ai pas vu de temple, car son Temple, c'est le Seigneur, le Dieu tout-puissant,
et l'Agneau.
La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine, et
sa source de lumière, c'est l'Agneau.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14,23-29)
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu'un
m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons
demeurer auprès de lui. Celui qui ne m'aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la
parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé. Je vous dis tout
cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père
enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous
ai dit.
C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne ; ce n'est pas à la manière du
monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce
que je vous ai dit : Je m'en vais, et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la
joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces
choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. »
HOMELIE
Quand l'auteur du Livre de l'Apocalypse évoque la cité sainte, la Jérusalem céleste, il prend
soin de préciser: "Dans la cité, je n'ai pas vu de temple, car son Temple, c'est Le Seigneur."
Ouf, Dieu enfin libre!
Je m'explique.
Environ 1000 ans avant Jésus-Christ, quand le roi David a fait de Jérusalem sa capitale, il a
immédiatement eu le projet d'y construire un temple, une demeure pour Dieu.
La réponse de Dieu, transmise par le prophète Natân, ne s'est pas fait attendre:
"Ainsi parle Le Seigneur: est-ce toi qui me construiras une maison pour que j'y habite? 1 "
David renonça bien vite à son projet… très provisoirement, il est vrai.
Et c'est bien tout le paradoxe:
1 2Samuel7

Alors que Dieu ne cesse de libérer l'homme,
l'homme ne cesse de vouloir enfermer Dieu.
Cela reviendrait presque à dire que Dieu croit en l'homme,
alors que l'homme ne croit pas en Dieu
C'est à travers l'expérience d'une libération, la libération de l'oppression en Egypte, que les
Fils d'Israël ont fait l'expérience de la foi, l'expérience de Dieu.
Mais très vite, eux en revanche ont voulu enfermer Dieu, l'enfermer dans un Temple, une
maison faite pour lui, ou dans une application rigide de la Loi, ou encore dans le rite de la
circoncision considéré comme un absolu.
Et n'allons pas croire que c'est de l'histoire ancienne: la tentation est toujours la même de
vouloir enfermer Dieu, le mettre à sa mesure, à sa main, à son service.
Dans le Livre des Actes des Apôtres, dans la ville d'Antioche, ce sont "certaines gens venus
de Judée" qui prétendent: "Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous
ne pouvez pas être sauvés."
Et depuis, la longue histoire de l'Eglise montre que, bien souvent hélas, des chrétiens ont
voulu enfermer Dieu, le mettre à leur main, à leur service. Et ce sont les pages peu
glorieuses des Croisades, de l'Inquisition et même aujourd'hui, de certaines formes
d'intolérance que je préfère ne pas détailler.
Mais chaque fois qu'on agit ainsi, que nous agissons ainsi, nous oublions l'essentiel:
ce n'est pas nous qui allons à Dieu, c'est Dieu qui vient à nous.
Ce n'est pas nous qui pouvons construire une demeure pour Dieu, c'est Lui qui, si nous le
voulons bien, vient établir sa demeure en nous:
"Si quelqu'un m'aime (…) mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer
auprès de lui.", littéralement: "nous nous ferons une demeure chez lui 2 ".
"Si quelqu'un m'aime…": Dieu ne veut pas se laisser enfermer, mais Lui, le Dieu libérateur il
ne veut pas non plus nous enfermer.
Il nous laisse la liberté, la liberté de l'aimer, la liberté de nous aimer.
Il vient faire sa demeure en nous, pour peu que nous acceptions de l'accueillir.
Vouloir enfermer Dieu, c'est s'enfermer soi-même.
S'enfermer dans une façon de penser et de croire qui ne mène à rien, sinon au fanatisme et
à l'incompréhension.
"Dans la cité, je n'ai pas vu de temple, car son Temple, c'est Le Seigneur."
Seigneur notre Dieu, toi qui nous as libérés du péché et de la mort, viens faire en nous ta
demeure.
Remplis nos cœurs de ta paix et de ta liberté.
Donne-nous suffisamment d'humilité pour comprendre que c'est toi qui viens à nous.
Et chaque jour, transforme-nous par la force de ton Amour.
2 Traduction de la BJ