Echinococcose alvéolaire ou maladie du renard - Nordnet
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RENARDS, CHIENS et CHATS<br />
et<br />
ECHINOCOCCOSE ALVEOLAIRE<br />
œuf échinocoque<br />
30-40 µm<br />
par Hervé Dizy<br />
hdizy@nordnet.fr<br />
tél :06.79.14.01.22<br />
février 2004 (révision 2.7)<br />
A) Le ver échinocoque 1 et sa larve<br />
B) Modes de contamination humaine<br />
C) Taux d’infection<br />
D) Moyens de lutte<br />
E) Recommandations dans les zones endémiques<br />
F) Thérapeutique<br />
G) Polémiques aut<strong>ou</strong>r de la présence des <strong>renard</strong>s<br />
H) Plan global de gestion scientifique des espèces<br />
I) Etude et Suivi des Renards en Ville à Annemasse<br />
J) Lexique<br />
Conclusion<br />
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<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 1
L’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> <strong>ou</strong> <strong>maladie</strong> <strong>du</strong> <strong>renard</strong> est une <strong>maladie</strong> pernicieuse car l’agent infectieux 2 , l’œuf de l’échinocoque, est<br />
microscopique (30-40 µm) donc difficile à déceler. L’œuf est très résistant au froid mais il craint la chaleur. L’œuf peut<br />
survivre quelques semaines à quelques mois entre –30°C et +30°C avant d’atteindre l’hôte 3 intermédiaire 4 : le rongeur mais<br />
aussi l’homme.<br />
D’autre part la latence <strong>du</strong> développement de la larve, de trois à quinze ans chez l’homme, rend difficile le diagnostic médical<br />
précoce car la recherche d’une échinococcose est rarement faite en première intention. L’ennemi silencieux ronge et se<br />
multiplie dans le foie sans effet apparent car cet organe qui se régénère est très résistant, jusqu’à ce que le point de rupture soit<br />
parfois atteint. Quelques mois après la déc<strong>ou</strong>verte des symptômes l’issue peut être fatale. La greffe <strong>du</strong> foie est le seul remède dans<br />
les cas les plus extrêmes. Mais dans 90% des cas, notre système immunitaire réagit efficacement contre la <strong>maladie</strong>. Les cas<br />
restent donc rares.<br />
Générer une psychose serait t<strong>ou</strong>t à fait déplacé, il convient t<strong>ou</strong>tefois de limiter les facteurs favorisant la <strong>maladie</strong> en observant<br />
des mesures de précaution très simples que la population doit connaître. Les p<strong>ou</strong>voirs publics doivent, quant à eux, se donner les<br />
moyens d’étudier l’extension cette parasitose et les modes de transmission à l’espèce humaine. Il ne faut en aucun cas déb<strong>ou</strong>cher<br />
sur des conclusions hâtives et procéder à des assimilations simplistes et ré<strong>du</strong>ctrices vis-à-vis de la présence des <strong>renard</strong>s.<br />
A) L’ÉCHINOCOQUE ET SA LARVE<br />
Le cycle de vie de l'échinocoque se décrit en deux phases :<br />
1) Des centaines, voire des milliers d’échinocoques a<strong>du</strong>ltes (de 2 à 3 mm de long) se développent<br />
dans l’intestin grêle <strong>du</strong> <strong>renard</strong>, <strong>du</strong> chien <strong>ou</strong> <strong>du</strong> chat ; hôtes définitifs que l’on qualifie de<br />
porteurs sains car la <strong>maladie</strong> n’a pas d’incidence sur leur santé. Le ver, au b<strong>ou</strong>t de quelques<br />
semaines, lâche des sacs contenant approximativement 200 œufs qui se retr<strong>ou</strong>veront dans<br />
les excréments. L’animal se lèche volontiers la région péri anale et charge sa langue d’œufs<br />
qui se déposent sur son pelage. Dans le cas des chats et des chiens, c’est le maître qui serait<br />
infecté par les œufs en caressant son compagnon à quatre pattes <strong>ou</strong> en le laissant lécher un<br />
objet (assiette, n<strong>ou</strong>rriture) que son maître portera à sa b<strong>ou</strong>che. Les œufs de l'échinocoque ne<br />
peuvent pas infecter un autre <strong>renard</strong>, un chien <strong>ou</strong> un chat car ils ont besoin d’un hôte dit<br />
intermédiaire p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>rsuivre leur cycle. Ces animaux peuvent par contre être contaminants<br />
et colporter de l’un à l’autre l’agent infectieux. Ainsi un chien qui se r<strong>ou</strong>le dans les<br />
excréments d’un <strong>renard</strong> sera porteur d’œufs. Il ne développera pas la <strong>maladie</strong> mais il p<strong>ou</strong>rra<br />
contaminer son maître. Un animal ne reste pas définitivement infecté par l’échinocoque, il<br />
peut redevenir sain en quelques mois, mais peut à n<strong>ou</strong>veau se réinfecter. D'où l'intérêt de<br />
traitements antiparasitaires (vermifuges) réguliers (t<strong>ou</strong>s les deux <strong>ou</strong> trois mois) chez les<br />
carnivores domestiques (chats, chiens).<br />
2) Une fois ingérés par l’hôte intermédiaire (rongeurs, et accidentellement l’ Homme), les œufs<br />
se retr<strong>ou</strong>vent dans l’estomac. Les sucs gastriques vont alors diss<strong>ou</strong>dre la coque des œufs et<br />
libérer les larves qu’ils contenaient. Les embryons vont j<strong>ou</strong>er les « passe murailles » en<br />
passant, par les voies sanguines, de l’intestin au foie. Arrivés au foie, ils se multiplient et<br />
l’infection se répand. P<strong>ou</strong>r permettre son développement, chaque embryon devenu une larve<br />
va former un kyste parasitaire qui va b<strong>ou</strong>rgeonner dans t<strong>ou</strong>s les sens <strong>du</strong> terme en creusant<br />
des « alvéoles » blanchâtres, d’où le nom d’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> donné à la <strong>maladie</strong>.<br />
Le foie va alors être comme « rongé », occupé par la larve <strong>du</strong> parasite et par la réaction de<br />
défense que lui oppose l’organisme. En effet, le parasite s’ent<strong>ou</strong>re d’une réaction<br />
immunitaire dite « granulomateuse » responsable <strong>du</strong> développement d’une fibrose (le foie<br />
devient <strong>du</strong>r comme <strong>du</strong> bois et ne fonctionne plus). La fibrose autant que le parasite est<br />
responsable de la destruction <strong>du</strong> foie. Ce travail de « sape » va <strong>du</strong>rer des mois (chez le<br />
rongeur) <strong>ou</strong> des années (chez l’homme), sans que l’équilibre <strong>du</strong> foie, et donc <strong>du</strong> corps entier,<br />
n’en soit perturbé, car le foie est un organe très solide qui a la capacité étonnante de se<br />
régénérer. Par contre, au fur et à mesure, chez le rongeur, les alvéoles ainsi créées ne vont<br />
mettre que quelques mois p<strong>ou</strong>r se remplir de milliers de petits grains contenant des formes<br />
larvaires appelées protoscolex 5 qui permettront au parasite de p<strong>ou</strong>rsuivre son cycle<br />
évolutif.<br />
Œuf (Taille réelle = 30 µm)<br />
Les images sont de Brigitte<br />
BARTHOLOMOT, Solange<br />
BRESSON-HADNI, Jean-Pierre<br />
CARBILLET et Dominique A.<br />
VUITTON, Centre Collaborateur<br />
Traitement des <strong>Echinococcose</strong>s<br />
humaines, Université de Franche-<br />
Comté, Besançon, France.<br />
Aspect extérieur <strong>du</strong> foie dans un<br />
cas d'échinococcose <strong>alvéolaire</strong><br />
chez l'homme; l'aspect "<strong>alvéolaire</strong>"<br />
est particulièrement typique<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 2
Une fois suffisamment affaibli le rat, la s<strong>ou</strong>ris <strong>ou</strong> le campagnol devient une proie facile p<strong>ou</strong>r le <strong>renard</strong>, le chat <strong>ou</strong> le chien. Le<br />
cycle se referme alors. Les protoscolex sont ingérés en même temps que le rongeur et deviennent des vers a<strong>du</strong>ltes dans l’intestin<br />
<strong>du</strong> prédateur. Il faut signaler que les autres espèces de carnivores (belettes, hermines, etc…) de même que les rapaces, ne sont pas<br />
réceptifs vis-à-vis de ce parasite ; ils ne peuvent pas être contaminés en mangeant les hôtes intermédiaires (rongeurs) infectés par<br />
la larve.<br />
En conclusion n<strong>ou</strong>s dirons que l'homme est un hôte intermédiaire "accidentel" (c’est cul de sac épidémiologique en terme<br />
scientifique car n’étant pas mangé par un carnivore, il ne peut pas faire « t<strong>ou</strong>rner » le cycle parasitaire), qui peut être atteint "à la<br />
place" d'un rongeur. N<strong>ou</strong>s remarquerons que l’échinocoque n’est un véritable danger que p<strong>ou</strong>r l’hôte intermédiaire, le rongeur <strong>ou</strong><br />
accidentellement l’homme (dans lequel il se fixe dans le foie où il se propage comme une tumeur) alors que chez l’hôte définitif<br />
(carnivore) il se localise dans le tube digestif).le parasite ne mesure pas plus d’un demi centimètre, et, même présent à des milliers<br />
d’exemplaires il ne fait c<strong>ou</strong>rir aucun danger à son hôte définitif. L’autopsie <strong>du</strong> <strong>renard</strong> permet de détecter ce ver mais elle nécessite<br />
un matériel spécifique dans un laboratoire spécialisé (méthode reconnue par OMS : comptage des parasites sur une portion <strong>du</strong> tube<br />
digestif après passage à – 80°C pendant une semaine. Chez l’homme, une échographie <strong>du</strong> foie permet de déceler la présence des<br />
lésions échinocoques. Il existe des tests sérologiques 6<br />
(ELISA 7<br />
, western blot) p<strong>ou</strong>r confirmer la <strong>maladie</strong> chez l’homme. Au moyen<br />
d’une échographie 8<br />
on révèle la présence d‘alvéoles au niveau <strong>du</strong> foie mais cet examen est fastidieux. Les organes voisins <strong>du</strong> foie<br />
sont progressivement infiltrés et des métastases parasitaires peuvent emboliser le système vasculaire et se développer à distance au<br />
niveau des p<strong>ou</strong>mons, <strong>du</strong> système nerveux central, des muscles, des os, etc. Ceci peut in<strong>du</strong>ire des récidives après la greffe d’un<br />
n<strong>ou</strong>veau foie.<br />
Il n'existe pas de symptômes précoces typiques permettant de suspecter l'infection. Au c<strong>ou</strong>rs de l'évolution, des symptômes<br />
non spécifiques (fatigue, d<strong>ou</strong>leurs abdominales, ictère) peuvent apparaître. De fait, le diagnostic est s<strong>ou</strong>vent posé tardivement<br />
quand la lésion parasitaire atteint une taille déjà conséquente. La <strong>maladie</strong> évolue sur une période de 5 à 10 ans généralement. Elle<br />
implique le plus s<strong>ou</strong>vent le rec<strong>ou</strong>rs à une chirurgie l<strong>ou</strong>rde (ablation d’une partie <strong>du</strong> foie, greffe <strong>du</strong> foie) et peut malheureusement<br />
avoir p<strong>ou</strong>r conséquence le décès <strong>du</strong> patient.<br />
HOTE DEFINITIF<br />
Renard, chien, chat<br />
Parasité par les vers<br />
Echinocoques vivants dans<br />
L’intestin<br />
Forme a<strong>du</strong>lte<br />
Cycle de développement simplifié <strong>du</strong> ver échinocoque<br />
Schéma proposé par Mme Lemarquier, professeur de biologie<br />
Le carnivore<br />
mange l’hôte<br />
intermédiaire Agent infectieux<br />
avec<br />
la larve Œufs d’échinocoques<br />
<strong>du</strong> ver Expulsés dans les excréments<br />
Présents sur le pelage<br />
HOTE INTERMEDIAIRE<br />
Rongeurs (rat, campagnol)<br />
Ou HOTE ACCIDENTEL<br />
Homme<br />
3 2 1<br />
Protoscolex « embryons » œufs dans<br />
Dans le foie dans voies l’estomac<br />
et autres sanguines<br />
organes<br />
La <strong>maladie</strong> se déclare quand le foie ne peut plus fonctionner correctement. Les protoscolex 5 peuvent aussi<br />
être localisés dans les p<strong>ou</strong>mons, le système nerveux central, les yeux, les muscles, etc.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 3
(Document fait par l’E.R.Z. : Entente interdépartementale de lutte contre la Rage et des Zoonoses, Malzéville, France)<br />
définitions de sylvatique 9 erratisme 10<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 4<br />
l
B) MODES DE CONTAMINATION HUMAINE<br />
Modes de contamination p<strong>ou</strong>r l’espèce humaine.<br />
Les nombreuses études immunologiques réalisées au c<strong>ou</strong>rs des 10 dernières années, en particulier par Mmes Isabelle Bl<strong>ou</strong>in-<br />
Emery et Véronique Godot, docteurs en biologie, confirment que l'échinococcose <strong>alvéolaire</strong>, bien que grave, est une <strong>maladie</strong> très<br />
rare qui n'affecte que relativement peu de personnes par rapport aux zones exposées. En fait, il semble que chez une majorité de<br />
sujets infectés (90%), les réactions immunitaires ab<strong>ou</strong>tiraient à une défense contre le parasite, engendrant soit des lésions de type<br />
abortif 11 , soit l'absence de t<strong>ou</strong>t signe d'infection. L'hypothèse de particularités immunologiques qui expliquerait les phénomènes de<br />
sensibilité et de résistance à l'infection a été confirmée par des études chez la s<strong>ou</strong>ris et chez l’homme par ces chercheurs, et celle<br />
d'une prédisposition immunogénétique 12 a été confirmée par des études épidémiologiques européennes.<br />
Deux scénarios principaux de contamination p<strong>ou</strong>r l’être humain peuvent être proposés, selon le Professeur Dominique<br />
Vuitton de l’Université de Franche-Comté :<br />
B1) Contamination par l’alimentation<br />
Le <strong>renard</strong>, le chien <strong>ou</strong> le chat contaminent des baies (myrtilles, mûres, framboise, fraise), des pissenlits <strong>ou</strong> des<br />
champignons, avec leurs excréments, déposés sur le sol et lavés par les pluies.<br />
Lors d’une balade les promeneurs ramassent les baies, les pissenlits <strong>ou</strong> les champignons et p<strong>ou</strong>rraient se contaminer en les<br />
mangeant crus.<br />
Remarque : N’<strong>ou</strong>blions pas que les œufs sont résistants au froid, l’oeuf peut rester infectieux pendant 2 ans au moins, si les<br />
conditions sont bonnes (fraîcheur et humidité). A l’inverse ils sont très sensibles à la chaleur et à la dessiccation 13 . Ils seront<br />
détruits rapidement dans les zones exposées au soleil, donc à la chaleur et à la dessiccation. Par la cuisson (au moins 5mn à 60°C)<br />
les œufs seront détruits. Il n’y a donc aucun problème avec les omelettes aux champignons <strong>ou</strong> les confitures et les tartes.<br />
La contamination est problématique p<strong>ou</strong>r les végétaux que n<strong>ou</strong>s consommons crus et qui viennent <strong>du</strong> potager:<br />
Le <strong>renard</strong> <strong>ou</strong> le chien porteur des échinocoques sont susceptibles de déposer leurs crottes dans un potager <strong>ou</strong> chez un maraîcher,<br />
ils peuvent ainsi contaminer les légumes et plus particulièrement les salades.<br />
L’homme mange la salade sans lavage intensif. Il reste assez d’œufs sur les feuilles p<strong>ou</strong>r qu’il en avale suffisamment p<strong>ou</strong>r être<br />
infecté. Cette hypothèse est bien sûr pessimiste car en général un lavage correct suffit à éliminer les œufs qui ne possèdent pas de<br />
système d’accroche comme c’est le cas p<strong>ou</strong>r la d<strong>ou</strong>ve <strong>du</strong> foie, le système immunitaire fera le reste si celui-ci n’est pas affaibli par<br />
une autre <strong>maladie</strong>.<br />
Dans les zones infectées il faut donc penser aussi à laver scrupuleusement les récoltes <strong>du</strong> potager quand celui-ci n’est pas<br />
clôturé. Avec ce type de précautions, le risque de s’infecter est vraisemblablement très faible en zone connue d’endémie ; il<br />
peut être considéré comme quasi nul dans les régions où jamais un cas humain d’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> n’a été décrit.<br />
Note <strong>du</strong> rédacteur :<br />
1) L’éternelle question <strong>du</strong> risque « zéro » est ainsi posée, mais on peut considérer ce risque comme minime en comparaison de<br />
ceux <strong>du</strong> tabagisme (60000 morts /an), des accidents de la r<strong>ou</strong>te (8000 morts/an), de l’alcoolisme… Une campagne de psychose<br />
comme celle que n<strong>ou</strong>s avons connu p<strong>ou</strong>r Encéphalite Spongiforme Bovine (<strong>maladie</strong> de la « vache folle ») est t<strong>ou</strong>t à fait injustifiée<br />
même si le nombre de cas d’échinococcose est plus élevé que celui de la <strong>maladie</strong> de Creutzfeld Jacob liée à l’ESB.<br />
2) Les laitues, les ch<strong>ou</strong>x, les oignons, etc p<strong>ou</strong>ssent de l’intérieur vers l’extérieur, ainsi les premières feuilles, les plus exposées,<br />
sont t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à l’extérieur et forment une sorte de coque p<strong>ou</strong>r le cœur des légumes. Les feuilles extérieures sont le plus s<strong>ou</strong>vent<br />
jaunies et jetées par le consommateur. Ceci rend encore plus improbable une quelconque contamination par les légumes<br />
consommés crus.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 5
B2) Contamination par contact avec les animaux infectés<br />
Le <strong>renard</strong>, le chien <strong>ou</strong> le chat, contaminés par l’ingestion de rongeurs malades, peuvent déposer par léchage les œufs <strong>du</strong><br />
parasite sur leur pelage. Les œufs <strong>du</strong> taenia présents sur le pelage des animaux p<strong>ou</strong>rront contaminer le chasseur, le piégeur, le<br />
promeneur, qui t<strong>ou</strong>chent à mains nues un <strong>renard</strong>, dans la nature <strong>ou</strong> sur la r<strong>ou</strong>te. Ils p<strong>ou</strong>rront aussi contaminer de la même façon le<br />
maître <strong>du</strong> chat <strong>ou</strong> <strong>du</strong> chien lors de caresses <strong>ou</strong> de léchage.<br />
Les œufs peuvent aussi être « importés » sur le pelage sans que l’animal lui-même ne soit contaminé ! C’est le cas des chiens<br />
et t<strong>ou</strong>t spécialement des chiens de terrier, qui se r<strong>ou</strong>lent dans les excréments de <strong>renard</strong>s contaminés, <strong>ou</strong> d’autres animaux à<br />
f<strong>ou</strong>rrure susceptibles d’être t<strong>ou</strong>chés par l’homme (en particulier les piégeurs), sans que l’animal lui-même ne fasse une forme<br />
contagieuse de la <strong>maladie</strong>.<br />
Les études faites en Suisse par les Professeurs J Eckert et P Deplazes ont montré que l’infection des chiens existait à bas bruit dans<br />
les zones d’endémie suisses (moins de 5%), sans qu’une étude épidémiologique précise ait pu établir le risque réel p<strong>ou</strong>r l’homme<br />
dans les zones d’endémie.<br />
M. le Dr. Denis Augot de l’AFSSA de Nancy fait observer qu’en France, il n’existe qu’une seule étude publiée en France (de<br />
Mme le Pr A F Pétavy, de Lyon) sur des chats provenant de cliniques vétérinaires dans le Nord des Alpes et le Sud <strong>du</strong> Jura. Cette<br />
étude révèle que sur 81 autopsies de chats morts 3 étaient positives p<strong>ou</strong>r l’échinocoque, avec présence des oeufs (stade infestant<br />
<strong>du</strong> parasite) d'<strong>ou</strong> une prévalence 14 de 3,70 %. On ne connaît rien <strong>du</strong> statut des propriétaires.<br />
Il n’a pas été pr<strong>ou</strong>vé de corrélation entre un homme infesté et la présence de parasites chez les animaux domestiques (en<br />
particulier ses animaux), car le délai entre le moment de la contamination et le moment <strong>du</strong> diagnostic rend impossible t<strong>ou</strong>te<br />
extrapolation quand à l’infection d’un animal domestique (il a, au moment <strong>du</strong> diagnostic, en général disparu ; et même s’il est<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs présent, il est depuis de nombreuses années débarrassé des échinocoques qu’il p<strong>ou</strong>vait héberger à l’époque dans son<br />
intestin !). L’équipe de recherche de l’AFSSA de Nancy, avec la collaboration des équipes franc-comtoises (Centre Collaborateur<br />
de l’OMS de Besançon et Mutualité Sociale Agricole), est en train de réaliser la première étude systématique de l’infection des<br />
chiens et des chats dans une zone d’endémie15 française, dans le canton d’Amancey (25). Les résultats devraient être disponibles<br />
en fin d’année 2003.<br />
Note <strong>du</strong> rédacteur :<br />
Le principal objectif de la recherche sera donc de détecter la <strong>maladie</strong> de façon précoce au moyen d’un test sérologique qui sera d’autant moins<br />
coûteux qu’il sera pro<strong>du</strong>it en grande quantité. Une prise de sang r<strong>ou</strong>tinière ré<strong>du</strong>ira alors très fortement les risques de développement de<br />
l’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> chez l’homme. Comme le demande la ligue contre la violence r<strong>ou</strong>tière, un contrôle sanguin sur les taux de gamma<br />
GT (taux 10 à 30 fois supérieurs chez les alcooliques) et <strong>du</strong> Delta 9 tétrahydrocannabinol (principe actif <strong>du</strong> cannabis) p<strong>ou</strong>rrait se faire comme<br />
on le fait à présent p<strong>ou</strong>r le dosage <strong>du</strong> cholestérol. Les bénéfices en terme de prévention seraient alors immenses. Le coût <strong>du</strong> dépistage serait<br />
largement compensés par la diminution des prises en charge p<strong>ou</strong>r les accidents de la r<strong>ou</strong>te et les accidents <strong>du</strong> travail. Une méthode judicieuse<br />
consiste également à participer aux dons <strong>du</strong> sang.<br />
C) TAUX D’INFECTION<br />
Entre Janvier 1982 et Décembre 2000, en Europe, le registre EurEchinoReg a collecté 559 cas<br />
humains d’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> dont 235 en France, 132 en Allemagne, 118 en Suisse et 54<br />
en Autriche.<br />
En France on compte de 10 à 15 n<strong>ou</strong>veau cas par an (résultant de diagnostics t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs tardifs ;<br />
il est impossible de dater la période exacte de contamination). En France, la <strong>maladie</strong> est présente<br />
dans les régions de l’Est (Haute-Savoie et Savoie, Franche-Comté, Lorraine, Vosges) et en<br />
Auvergne. Au c<strong>ou</strong>rs des 10 dernières années, des cas ont été observés dans l’Aveyron et les<br />
Ardennes, ce qui évoque une possible progression de la <strong>maladie</strong> chez l’homme. Dans la moitié<br />
des cas français, le lieu de résidence des malades est en Franche-Comté.<br />
Dans les régions, dites « d’endémie », entre un tiers et trois quarts des <strong>renard</strong>s sont parasités par l’échinocoque. Dans les<br />
régions qui les bordent, un dixième à un tiers des <strong>renard</strong>s sont parasités. L’extension de la zone européenne d’infection des <strong>renard</strong>s<br />
est évidente au c<strong>ou</strong>rs des 15 dernières années, ainsi que l’augmentation de prévalence de l’infection dans les zones traditionnelles<br />
d’endémie. L’invasion des grandes villes par des populations stables de <strong>renard</strong>s est la règle actuellement en Europe, et dans des<br />
villes situées en zones d’endémie comme Stuttgart, Zurich <strong>ou</strong> Genève, l’infection des <strong>renard</strong>s urbains est c<strong>ou</strong>ramment présente (à<br />
des taux variant de 10 à 70% selon les zones…). Des études en France sont en c<strong>ou</strong>rs. Remarquons également que la prévalence<br />
dans une zone diminue en été et augmente en hiver car l’œuf échinocoque craint la chaleur mais pas le froid.<br />
Les proliférations de rongeurs sauvages (campagnols) semblent essentielles p<strong>ou</strong>r entretenir le cycle <strong>du</strong> parasite dans une<br />
région donnée ; ces proliférations sont importantes dans les régions où les terres agricoles sont principalement consacrées aux<br />
prairies permanentes et aux pâtures. Les régions où les autres types de cultures sont rencontrées (sur terres lab<strong>ou</strong>rées, <strong>ou</strong> forêt<br />
exclusive), ne sont pas favorables aux proliférations de rongeurs qui peuvent entretenir la présence <strong>du</strong> parasite, et sont donc à très<br />
faible risque de favoriser l’émergence de l’échinococcose <strong>alvéolaire</strong>. On ignore cependant actuellement les taux d’infection des<br />
<strong>renard</strong>s des zones où des cas humains n’ont jamais été tr<strong>ou</strong>vés (nord, <strong>ou</strong>est, et sud de la France). Une étude est en c<strong>ou</strong>rs et les<br />
données sur le taux d’infection des <strong>renard</strong>s de 36 départements en France (principalement de la moitié est et <strong>du</strong> nord) ne seront<br />
disponibles qu’en fin 2003. Le Dr Benoît Combes, de l’Entente Interdépartementale contre la rage et les zoonoses 16 , transmettra<br />
les résultats de son étude aux conseillers généraux demandeurs <strong>du</strong> rapport.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 6
L’institut Pasteur de Bruxelles par l’intermédiaire <strong>du</strong> Dr Bernard Brochier, rapporte que la prévalence de portage chez le<br />
<strong>renard</strong> dépasse 30% uniquement sur le plateau ardennais au Sud de la Meuse Cette prévalence tombe s<strong>ou</strong>s les 3% au nord de la<br />
Meuse, soit une partie de la région wallonne (dont le Hainaut occidental), la région Bruxelles capitale et la Flandre. La prévalence<br />
par région est la suivante : Ardennes 33,1 %, dans les Hautes Fagnes (Eupen, frontière allemande) 33,1%, Lorraine Belge 23,1%,<br />
condroz 12,6%, Fagne-Famenne 17.2 %. Dans la partie de la région de Bruxelles et des Flandres elle oscille entre 1 et 3 %. .<br />
Les études faites par l’Université de Liège (professeur Bertrand Losson) ont cependant montré une augmentation importante de<br />
la prévalence d’infection des <strong>renard</strong>s au c<strong>ou</strong>rs des 15 dernières années (de moins de 30 à plus de 60%) vers la frontière <strong>du</strong><br />
Luxemb<strong>ou</strong>rg. Dans le Hainaut Occidental (plus proche de la métropole Lilloise), elle est proche de 1% (mais peu de mesures y<br />
ont été effectuées). La Meuse semble donc p<strong>ou</strong>r l’instant une barrière naturelle. Il semble opportun également de confronter le<br />
taux d’infection et la quantité d’animaux car même si le taux d’infection peut être faible aut<strong>ou</strong>r des métropoles Bruxelloise et<br />
Lilloise, la surpopulation vulpine 17 y augmente quantitativement le risque de propagation de la <strong>maladie</strong>.<br />
Concernant les cas humains belges: 8 personnes ont été infectées et 2 cas de décès a été enregistré chez une personne<br />
immunodéprimée 18 . Le décès était dû à des complications postopératoires à la suite de l’ablation partielle <strong>du</strong> foie.<br />
Note <strong>du</strong> rédacteur : M. Combes d’ERZ révélera les données sur le taux d’infection des <strong>renard</strong>s de 36 départements en France en fin 2003.<br />
Grâce à l’aide de M. Jean Paul Verstraete, piégeur agréé, j’ai fait parvenir au Dr Denis Augot un lot de 35 <strong>renard</strong>s le 15 avril 2003 qui ont été<br />
autopsiés depuis. L’analyse des échantillons prélevés sera effectuée pendant le mois de juillet.<br />
Populations humaines à risque<br />
Les personnes qui sont directement en contact avec les <strong>renard</strong>s <strong>ou</strong> les chiens de chasse sont très exposées. Les chasseurs, les<br />
piégeurs et les taxidermistes doivent donc être vigilants et suivre scrupuleusement les recommandations qui seront énoncées dans<br />
la suite. Les agriculteurs peuvent également entrer en contact avec les <strong>renard</strong>s et, à l’occasion, devoir en dégager les carcasses de<br />
leurs machines agricoles. Les piégeurs de <strong>renard</strong>s devraient suivre une formation spécifique de la part de leur fédération p<strong>ou</strong>r<br />
s’informer des risques enc<strong>ou</strong>rus et p<strong>ou</strong>r s’assurer <strong>du</strong> strict respect des règles de précaution.<br />
Dans la plupart des régions françaises où des études sur les facteurs de risque ont été réalisées, les populations qui sont les plus<br />
représentées parmi les malades (comparées à leur représentation dans la population générale) sont les agriculteurs (hommes et<br />
femmes), et les artisans, commerçants et professions libérales des villages et b<strong>ou</strong>rgs ruraux. Les enquêtes faites chez les patients<br />
montrent qu’ils pratiquent la cueillette et la consommation régulière de végétaux et baies sauvages. Elles révèlent également la<br />
présence de jeunes <strong>renard</strong>eaux apprivoisés, gardés dans les fermes comme animaux familiers…Il faut enfin préciser que dans t<strong>ou</strong>s<br />
les pays européens, parmi les malades, il y a autant de femmes que d’hommes, et qu’en Chine, où la contamination passe<br />
vraisemblablement plus par les chiens, il y a plus de femmes que d’hommes. Il ne faut donc pas s<strong>ou</strong>s-estimer le risque des sujets<br />
qui ne sont pas en contact direct avec les <strong>renard</strong>s, mais qui peuvent se contaminer par d’autres voies. Les personnes<br />
immunodéprimées (voir plus bas) sont des sujets particulièrement exposés car la <strong>maladie</strong> peut connaître des<br />
développements fulgurants dans leur cas.<br />
D) MOYENS DE LUTTE, PREVENTION DU RISQUE<br />
Moyens de lutte<br />
P<strong>ou</strong>r lutter contre la rage, des largages aériens d’appâts congelés contenant un vaccin antirabique ont permis d’éradiquer<br />
récemment cette <strong>maladie</strong> de France au terme de 15 ans de lutte. Contre l’échinocoque il n’y a pas de vaccin. Le seul vermifuge<br />
efficace est le praziquantel (Droncit ; Drontal) ; les autres vermifuges sont inefficaces. Et même ce médicament ne tue pas les<br />
œufs que les vers contiennent ; les vers évacués, mêmes tués par l’antiparasitaire, restent donc dangereux par les œufs qu’ils<br />
répandent. Une campagne de largage d’appâts contenant des vermifuges serait très coûteuse, son efficacité serait en <strong>ou</strong>tre ré<strong>du</strong>ite<br />
dans le temps car la réinfection possible des <strong>renard</strong>s impose des traitements réguliers à intervalle de 5 à 6 semaines, elle serait<br />
surt<strong>ou</strong>t limitée par la réintro<strong>du</strong>ction de <strong>renard</strong>s infectés des zones non traitées. C’est ce qui a été montré par une étude pilote en<br />
Allemagne <strong>du</strong> sud. Cette solution impliquerait des largages plus nombreux, plus réguliers et pendant une période de temps plus<br />
grande que p<strong>ou</strong>r les vaccins contre la rage, et une très large c<strong>ou</strong>verture <strong>du</strong> territoire, jusqu’aux zones totalement indemnes...<br />
Vermifuger au moins les chiens t<strong>ou</strong>s les deux <strong>ou</strong> trois mois est vivement conseillé et semble une mesure plus efficace, à<br />
condition d’utiliser le praziquantel (plus cher que les vermifuges habituels…) et de veiller soigneusement à la destruction des<br />
excréments <strong>du</strong> chien traité dans les j<strong>ou</strong>rs qui suivent en les brûlant.<br />
Les certitudes :<br />
- L’échinocoque ne passe pas directement d’un <strong>renard</strong> à un autre <strong>ou</strong> à un chien <strong>ou</strong> à un chat. Il n’y a pas de risque de<br />
transmission par morsure entre ces animaux. Des cas absolument exceptionnels d’échinococcose non hépatique humaine par<br />
morsure de <strong>renard</strong> ont cependant été décrits : on pense que la larve s’est développée à partir d’œufs présents dans la cavité buccale<br />
<strong>du</strong> <strong>renard</strong>…<br />
-L’infection de l’homme ne peut pas avoir lieu en consommant un rongeur infecté (cas des rats musqués, parfois consommés<br />
dans certaines régions) ; cependant, des rongeurs peuvent porter des œufs infectants sur leur pelage, à partir de crottes de <strong>renard</strong>s<br />
infectées…<br />
- Un humain porteur de larves d’échinocoques dans son foie <strong>ou</strong> un autre organe ne peut en contaminer un autre. Il n’y a<br />
donc pas de contagion possible entre êtres humains.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 7
Les pistes données par les recherches sur le cycle parasitaire et l’épidémiologie :<br />
- En exterminant les <strong>renard</strong>s on ne supprime pas ipso facto la <strong>maladie</strong>. En <strong>ou</strong>tre, l’extermination crée un vide qui sera comblé par<br />
des <strong>renard</strong>s qui ne seront peut-être pas sains (voir chapitre H). L’expérience de la destruction des <strong>renard</strong>s p<strong>ou</strong>r lutter contre la rage<br />
a montré que les zones dépeuplées étaient rapidement repeuplées par les <strong>renard</strong>s des zones voisines. L’existence de l’infection par<br />
échinocoque, à bas bruit quasiment part<strong>ou</strong>t, et avec une grande fréquence (supérieure à ½) dans les zones d’endémie qui vont de<br />
l’Auvergne à la Pologne, rend de ce fait illusoire l’éradication de la <strong>maladie</strong>. De plus, localement, les œufs restent des menaces<br />
potentielles pendant deux ans dans certains cas. Les rongeurs seront infectés, donc les chats et les chiens, comme les <strong>renard</strong>s<br />
repeuplant une zone dépeuplée, p<strong>ou</strong>rront également l’être.<br />
L'extermination n'aurait de sens qu'en exterminant également les chiens et les chats des zones à risque… Ce ne serait pas dans le<br />
goût de t<strong>ou</strong>t le monde et ni possible financièrement. De t<strong>ou</strong>te façon t<strong>ou</strong>te politique locale est v<strong>ou</strong>ée à l’échec, il faut une réponse<br />
régionale (et forcément transfrontalière, car t<strong>ou</strong>tes les zones à risque le sont), si ce n’est globale p<strong>ou</strong>r obtenir de réels résultats.<br />
- La plupart des études sur l’écologie de la circulation <strong>du</strong> parasite chez ses hôtes naturels suggèrent que le «maillon faible » serait<br />
plutôt le rongeur : la <strong>maladie</strong> humaine n’est fréquente que dans les régions où les campagnols (<strong>ou</strong> les rats musqués) sont<br />
suffisamment nombreux p<strong>ou</strong>r entretenir un taux d’infection élevé chez les <strong>renard</strong>s (<strong>ou</strong> les chiens dans des pays comme la Chine).<br />
Le contrôle, difficile au demeurant, des populations de rongeurs, serait donc logiquement plus approprié.<br />
- Les comportements humains ont vraisemblablement une grande part dans la contamination : il faut s<strong>ou</strong>ligner qu’aux Etats-Unis,<br />
l’infection des <strong>renard</strong>s dans la plupart des états <strong>du</strong> centre et <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> pays est voisine de celle qui existe dans les zones<br />
d’endémie européennes…or 2 cas humains seulement d’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> ont été rapportés dans ce pays depuis le début<br />
<strong>du</strong> XX ème siècle.<br />
E) RECOMMANDATIONS DANS LES ZONES ENDEMIQUES<br />
Ne jamais t<strong>ou</strong>cher un animal sauvage sauf avec des gants. Les chasseurs et les cultivateurs devraient t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs avoir à leur<br />
disposition des gants jetables au cas où ils auraient à manipuler des <strong>renard</strong>s.<br />
Ne jamais adopter un animal sauvage. Les <strong>renard</strong>eaux sont attendrissants mais ils sont infectés très tôt dans la vie, et sont<br />
porteurs lors de la première infection, d’un nombre de vers très important, et sont donc très contaminants, comme l’ont montré<br />
t<strong>ou</strong>tes les études faites dans plusieurs pays, de plus leurs parents p<strong>ou</strong>rront les avoir copieusement léchés et avoir chargé leur<br />
pelage d’œufs.<br />
L'adoption de ce type d'animaux est interdite par la loi sauf dérogations.<br />
Ne jamais laisser divaguer vos animaux domestiques : les chiens aiment se r<strong>ou</strong>ler dans les excréments p<strong>ou</strong>r masquer leur odeur.<br />
Lorsqu’un chien entre dans le terrier <strong>du</strong> <strong>renard</strong>, <strong>ou</strong> fréquente son domaine, son pelage se charge en œufs d’échinocoque. C’est<br />
alors qu’il peut contaminer les êtres humains par les caresses qui lui sont prodiguées, les mains portées à la b<strong>ou</strong>che les infectent.<br />
Ne les laissez pas lécher vos mains, votre visage <strong>ou</strong> votre vaisselle. P<strong>ou</strong>r les animaux familiers (chiens, chats) qui ont l’habitude<br />
de divaguer, les vermifuger t<strong>ou</strong>s les deux <strong>ou</strong> trois mois est une sage précaution.<br />
Clôturer les potagers <strong>ou</strong> les jardins isolés p<strong>ou</strong>r les rendre difficiles d’accès aux animaux errants. En zone d’endémie, une<br />
clôture efficace des jardins maraîchers dont les pro<strong>du</strong>its sont destinés à la vente semble une mesure raisonnable.<br />
Laver les chiens à leur ret<strong>ou</strong>r de chasse <strong>ou</strong> de piégeage. Quand v<strong>ou</strong>s lavez vos animaux, portez des gants. Eau chaude, séchage<br />
au sèche-cheveux contribuent à rendre ce lavage efficace contre les œufs d’échinocoque.<br />
La congélation classique à –18°C des aliments ne tue pas les œufs. Une cuisson à 60°C pendant 5 minutes, un passage au f<strong>ou</strong>r,<br />
même bref, suffit à écarter t<strong>ou</strong>t risque.<br />
Aucun antiseptique connu n’est efficace contre les œufs d’échinocoque.<br />
F) THERAPEUTIQUE<br />
Au c<strong>ou</strong>rs d’une réunion publique organisée par l’ASDCPEA, Mme le professeur Dominique Vuitton a clairement exposé<br />
l’avancement des recherches sur les échinococcoses. Ces recherches sont développées en Europe dans le cadre d’un réseau de<br />
chercheurs et de médecins de t<strong>ou</strong>s les pays (Echinorisk), s<strong>ou</strong>tenu par la Commission Européenne, mais aussi en Afrique et en<br />
Chine où sévissent les échinococcoses.<br />
Quand le diagnostic est précoce la <strong>maladie</strong> se soigne plutôt bien. P<strong>ou</strong>r ce diagnostic, une échographie <strong>du</strong> foie, et en cas de lésions<br />
suspectes, un test sérologique de l’échinococcose sont les moyens mis à disposition des personnes les plus exposées comme celles<br />
qui travaillent dans les laboratoires vétérinaires, et les professionnels de la chasse.<br />
Le foie est la cible principale de l’attaque par la <strong>maladie</strong>. Cet organe résistant va brusquement montrer des défaillances lorsqu’un<br />
seuil d’environ 70% de son volume est atteint par la fibrose <strong>ou</strong> quand des canaux biliaires principaux, <strong>ou</strong> des vaisseaux<br />
importants, sont envahis. A ce stade l’évolution est irréversible. Il y a trente ans quand elle était jeune interne un diagnostic<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 8
d’échinococcose équivalait à une condamnation à mort. Grâce aux recherches réalisées au c<strong>ou</strong>rs des 30 dernières années, on vit<br />
avec l'échinococcose, dans quelques cas grâce à une opération chirurgicale qui supprime, quand c’est possible, les lésions<br />
hépatiques, et, le plus s<strong>ou</strong>vent, en prenant le seul médicaments efficace autorisé en France, l’albendazole (Escazole) qui va stopper<br />
la progression de la <strong>maladie</strong>, mais qui ne tuera pas le parasite (d’où la nécessité d’un traitement à vie, exactement comme p<strong>ou</strong>r le<br />
SIDA). Cependant, les contraintes liées à la <strong>maladie</strong> sont importantes car la survenue de complications, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs possibles,<br />
nécessite des hospitalisations répétées, sans parler des effets secondaires associés aux prises de médicaments. La prise à vie d’un<br />
médicament est contraignante et n’est pas vécue facilement. Le coût de prise en charge d’un malade est élevé. Quand le dépistage<br />
est précoce la <strong>maladie</strong> se soigne plutôt bien. Une échographie <strong>du</strong> foie <strong>ou</strong> un test sérologique ELISA sont les moyens mis à<br />
disposition des personnes les plus exposées comme celles qui travaillent dans les laboratoires vétérinaires : de 5 à 15000 € /an<br />
p<strong>ou</strong>r les médicaments. Le coût médical total d'un patient a été estimé à 250 000 € (en excluant le rec<strong>ou</strong>rs, possible et parfois<br />
indispensable dans de rares cas, à la transplantation hépatique…).<br />
Les recherches s’orientent sur les facteurs qui permettent aux personnes de se débarrasser naturellement de la <strong>maladie</strong>. C’est ainsi<br />
que l’on peut maintenant proposer comme alternative aux médicaments qui bloquent la croissance <strong>du</strong> parasite, des médicaments<br />
qui renforcent les défenses immunitaires, comme l’interféron alpha (un médicament qui est actuellement utilisé p<strong>ou</strong>r le traitement<br />
des hépatites virales chroniques et de certains cancers). Cependant, l’expérience chez l’homme est limitée et doit faire l’objet<br />
d’études complémentaires.<br />
C’est une <strong>maladie</strong> à évolution lente mais qui peut connaître des développements rapides chez les sujets immunodéprimés (SIDA,<br />
personnes prenant des médicaments anti-rejet comme la cyclosporine, …). Dans ces cas le processus d’envahissement progressif<br />
qui met des années à progresser grâce à la résistance offerte par nos défenses immunitaires connaît une accélération quand rien ne<br />
vient contenir l’envahisseur. Ancien chirurgien, le Professeur Vuitton explique que l’on ne peut assurer qu’une opération ait<br />
complètement supprimé la <strong>maladie</strong> car il est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs possible que des parties infectées subsistent, dans la paroi abdominale, le<br />
diaphragme, par exemple ; d’où la nécessité de prendre de l’Escazole pendant 2 ans, même quand on pense que t<strong>ou</strong>tes les lésions<br />
ont été enlevées. Il y a aussi des localisations atypiques (dans le cerveau, dans les p<strong>ou</strong>mons, derrière les yeux, dans la cloison<br />
abdominale, dans les os…) qu’il est s<strong>ou</strong>vent impossible d’opérer.<br />
Avec le recul, le Professeur Vuitton est plutôt réservée vis à vis <strong>du</strong> traitement préconisé il y a quelques années : la greffe<br />
complète <strong>du</strong> foie. Ce n'est pas la solution idéale car les médicaments anti-rejets alors administrés aux patients abaissent le<br />
système immunitaire, ce qui provoque parfois des "flambées" de l'échinococcose lorsque des zones infectées laissées en place, par<br />
nécessité <strong>ou</strong> parce qu’elles étaient invisibles, lors des interventions (<strong>ou</strong> bien cachées ailleurs dans l’organisme) vont envahir le foie<br />
transplanté, parfois en trois semaines, <strong>ou</strong> vont se développer rapidement dans d’autres organes, comme le cerveau.<br />
Des pays comme la Chine où la situation sanitaire est mauvaise connaissent, dans certains villages situés dans les zones<br />
endémiques des situations catastrophiques. Jusqu’à 15% de la population de certains villages est t<strong>ou</strong>chée par la <strong>maladie</strong>, et<br />
dans certaines régions (plateaux tibétains) l’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> coexiste avec une autre forme d’échinococcose,<br />
l’échinococcose kystique. Les médicaments comme l’Escazole sont coûteux ce qui les met hors de portée de ces villageois ; la<br />
chirurgie est impossible, la mort est donc la seule issue de l’infection.<br />
Note <strong>du</strong> rédacteur :<br />
Si l’on p<strong>ou</strong>vait rapprocher les coûts de traitement et les budgets accordés au dépistage et à la recherche, il est évident que n<strong>ou</strong>s<br />
aurions intérêt à investir dans ces derniers. C’est l’argument que je présente au Conseil Général <strong>du</strong> Nord p<strong>ou</strong>r mettre en œuvre un<br />
plan de prévention.<br />
Le cas de la Chine où la proximité de l’homme et des animaux démontrent l’intérêt des mesures prophylactiques 19 dès le départ de<br />
l’épidémie. Le mutisme c<strong>ou</strong>pable des autorités est responsable de l’épidémie <strong>du</strong> syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) <strong>ou</strong><br />
pneumopathie atypique.<br />
Association de S<strong>ou</strong>tien et de Défense des Personnes Contaminées par l’<strong>Echinococcose</strong> Alvéolaire ; Contact ASDCPEA : Philippe<br />
Wartelle 55, rue de la Libération 59242 Cappelle en Pévèle - 06.70.69.04.09), le samedi 29 mars 2003 à Cappelle en Pévèle<br />
(59242). Cotisation 5 euros par an.<br />
G) POLEMIQUES AUTOUR DE LA PRESENCE DES RENARDS<br />
Le Dr Denis Augot estime que la prolifération des <strong>renard</strong>s est surt<strong>ou</strong>t <strong>du</strong>e à l’abondance de la n<strong>ou</strong>rriture (soit dans les campagnes,<br />
soit dans les villes avec les or<strong>du</strong>res liées à notre consommation). Le <strong>renard</strong> n’a pas de prédateur car il se tr<strong>ou</strong>ve en haut de la<br />
chaîne alimentaire puisque l’homme a supprimé les prédateurs <strong>du</strong> <strong>renard</strong>.<br />
Le Dr Haelewyn explique que la fécondité <strong>du</strong> <strong>renard</strong> (portée de 4 à 5 environ chaque année) est fonction de la quantité de<br />
n<strong>ou</strong>rriture qu’il peut tr<strong>ou</strong>ver. Cet effet d’autorégulation de la population en milieu naturel n’est plus de mise lorsque l’homme<br />
offre aux <strong>renard</strong>s une s<strong>ou</strong>rce d’approvisionnement abondante avec le contenu des p<strong>ou</strong>belles, les p<strong>ou</strong>laillers. La démographie de<br />
ces espèces devient exponentielle car la longévité des animaux s’accroît également. Ainsi la longévité d’un <strong>renard</strong> en milieu<br />
naturel est de deux ans, mais des animaux capturés aux alent<strong>ou</strong>rs de Lille dépassent largement cet âge. Les zones semi urbaines<br />
sont à la fois des refuges contre la traque des piégeurs et des lieux où la n<strong>ou</strong>rriture est assurée. L’explosion de la population<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 9
vulpine depuis 3 ans tr<strong>ou</strong>ve certainement là son explication. En Allemagne, les spécialistes considèrent qu’il faut se résigner à<br />
vivre avec les <strong>renard</strong>s.<br />
Un des moyens de réguler les populations de <strong>renard</strong>s est de j<strong>ou</strong>er sur leur fertilité: p<strong>ou</strong>rquoi pas un contraceptif oral spécifique au<br />
<strong>renard</strong> conditionné dans des appâts et avec largages aériens ? Mais M. Combes d’ERZ fait remarquer qu’utiliser un contraceptif à<br />
grande échelle est difficilement envisageable et peut être s<strong>ou</strong>rce de déséquilibres écologiques complexes difficilement<br />
prédictibles.<br />
Des recherches sont faites à l’AFSSA Nancy sur l’immunocontraception <strong>du</strong> <strong>renard</strong> s<strong>ou</strong>s la direction <strong>du</strong> Dr. B<strong>ou</strong>é. Il précise<br />
qu’en effet le développement de méthodes permettant de réguler la repro<strong>du</strong>ction des <strong>renard</strong>s p<strong>ou</strong>rrait être une solution<br />
envisageable. Cependant peu de travaux de recherches sont initiés dans ce sens, le développement de méthode contraceptif oral<br />
(p<strong>ou</strong>r la faune sauvage) est difficile et long à mettre en place. Seules deux équipes dans le monde travaillent sur cette<br />
problématique : un laboratoire Australien et l’AFSSA de Nancy. De plus, l’utilisation de telle méthode de maîtrise des naissances<br />
p<strong>ou</strong>r le <strong>renard</strong> ne p<strong>ou</strong>rrait se faire que s<strong>ou</strong>s le contrôle d’autorités compétentes et des collectivités locales : le but s<strong>ou</strong>haité<br />
n’étant pas d’éradiquer le <strong>renard</strong>.<br />
Les <strong>renard</strong>s sont d’excellents prédateurs parfaitement adaptés et parfaitement adaptables. Le Dr Franck Haelewyn considère que<br />
ce sont également des éb<strong>ou</strong>eurs de la nature puisqu’ils vont s’attaquer aux proies les plus faciles que sont les animaux malades.<br />
C’est une vue théorique que M. Combes d’ERZ ne partage pas: « il est vrai que les prédateurs mangent des proies malades mais<br />
croyez v<strong>ou</strong>s qu'ils ne se saisissent que de proies malades ? l'immense majorité des rongeurs qu'ils consomment sont parfaitement<br />
sains. Et que dire d'une c<strong>ou</strong>vée de perdrix <strong>ou</strong> de canard <strong>ou</strong> d'une rab<strong>ou</strong>illère déterrée p<strong>ou</strong>r en saisir les lapereaux ? Quel <strong>renard</strong><br />
sait quel lapereau sera defficient <strong>ou</strong> malade ? Un <strong>renard</strong> ne quitte un territoire que si la ress<strong>ou</strong>rce alimentaire a disparu <strong>ou</strong> s'il se<br />
sent menacé, pas parce qu'il en aura éliminé t<strong>ou</strong>s (et que) les animaux malades. J'ai déc<strong>ou</strong>vert une fois un terrier de <strong>renard</strong><br />
devant lequel reposait sur le sol 11 cadavres de lapins de garennes frais, un écureuil et une p<strong>ou</strong>le. Seul l'écureuil était<br />
probalement malade p<strong>ou</strong>r qu'il puisse s'en saisir mais les lapins et la p<strong>ou</strong>le étaient sains ». M. Jean Paul Verstraete, piégeur agréé,<br />
partage cette opinion. Les reliefs des repas des <strong>renard</strong>s ne laissent pas penser que le <strong>renard</strong> soit assez sélectif p<strong>ou</strong>r privilégier la<br />
consommation des animaux malades.<br />
La désaffection des villes par les citadins génère une urbanisation grandissante des périphéries urbaines ce qui offre des<br />
sanctuaires de plus en plus éten<strong>du</strong>s contre les chasseurs et les piégeurs. La pression démographique des <strong>renard</strong>s les p<strong>ou</strong>sse à<br />
s’approcher des villes dont ils se sont parfaitement accommodés, la crainte de la civilisation humaine n’est plus un rempart car<br />
notre population autrefois majoritairement paysanne est devenue principalement citadine. Les <strong>renard</strong>s ne menacent pas<br />
directement nos activités in<strong>du</strong>strielles et tertiaires. D’éb<strong>ou</strong>eurs de la nature ils sont devenus nos éb<strong>ou</strong>eurs des villes. T<strong>ou</strong>t en<br />
considérant également que croquer les animaux des p<strong>ou</strong>laillers et des basses-c<strong>ou</strong>rs mal clôturés est plus facile que traquer un rat<br />
<strong>ou</strong> un campagnol. Les habitudes de ces animaux se sont modifiées car n<strong>ou</strong>s lui avons donné l’opportunité à leurs facultés<br />
d’adaptation de tirer le meilleur parti de nos lacunes.<br />
La concurrence qu’ils font aux chasseurs<br />
p<strong>ou</strong>r le petit gibier p<strong>ou</strong>sse ces derniers à<br />
v<strong>ou</strong>loir les exterminer. Ainsi le sénateur<br />
et chasseur belge Jean-Marie Happart<br />
désire une loi permettant que l’on puisse<br />
tirer à vue sans restriction les <strong>renard</strong>s en<br />
Wallonie.<br />
Sans en arriver à ces extrémités, il paraît<br />
opportun de réguler le nombre des<br />
animaux en évitant les dommages<br />
collatéraux. Dans la métropole Lilloise,<br />
les piégeurs ont constaté 5 <strong>ou</strong> 6 fois plus<br />
d’animaux depuis 3 ans.<br />
Les piégeurs les plus chevronnés recommandent aux amateurs d’éviter un piégeage sauvage et intempestif. Ainsi les « collets à<br />
pattes » vont mutiler les animaux qui seront moins performants, se n<strong>ou</strong>rriront moins bien et seront plus facilement malades. Les<br />
dommages aux autres animaux ne doivent pas devenir une occasion de braconnage.<br />
La lutte chimique avec les poisons est proscrite, de t<strong>ou</strong>te façon, elle n’a pas par le passé donné des résultats satisfaisants dans la<br />
lutte contre la rage. Le constat a été identique vis à vis <strong>du</strong> tir à vue. Il est plus efficace de s’attaquer aux rongeurs qui infectent<br />
les <strong>renard</strong>s et surt<strong>ou</strong>t nos chiens et chats qui s’en n<strong>ou</strong>rrissent ce qui représente un grand risque car ils vivent avec n<strong>ou</strong>s et<br />
n<strong>ou</strong>s infecteront facilement à leur t<strong>ou</strong>r..<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 10
I) PLAN GLOBAL DE GESTION SCIENTIFIQUE DES ESPECES<br />
La gestion scientifique des espèces, comme le fait remarquer Monsieur Jean-Roch Gaillet, vétérinaire inspecteur, délégué aux<br />
affaires internationales, régionales et de valorisation, apparaît comme le seul moyen de réguler les fléaux causés par la<br />
surpopulation de certaines espèces. En effet, parallèlement à l’augmentation des populations de <strong>renard</strong>s, on enregistre en France<br />
une importante augmentation des populations de cervidés et de sangliers, dont les causes sont probablement différentes…et qui<br />
génèrent aussi des effets collatéraux, dont de potentiels risques p<strong>ou</strong>r la santé. Cette gestion implique des moyens importants de<br />
surveillance et de contrôle p<strong>ou</strong>r éviter les débordements, ces moyens doivent provenir de l’Etat <strong>ou</strong> des collectivités locales p<strong>ou</strong>r<br />
garantir l’objectivité de l’action menée.<br />
De même que l’ignorance de la prise en compte de l’imperméabilisation des sols par une urbanisation anarchique est la cause de<br />
crues catastrophiques, l’ignorance de l’équilibre de la faune génère des débordements d’une autre nature. Une étude approfondie<br />
des équilibres « naturels » en milieu urbanisé est impérative. L’homme a créé des déséquilibres graves par ins<strong>ou</strong>ciance,<br />
inconscience <strong>ou</strong> par avidité. Les problèmes causés par la réapparition des <strong>renard</strong>s sont alors symptomatiques de nos artifices.<br />
Le Dr Haelewyn explique que l’expérience pr<strong>ou</strong>ve que l’extermination est la plus mauvaise des méthodes. Les <strong>renard</strong>s sont une<br />
espèce colonisatrice, ils tendent dont à occuper t<strong>ou</strong>s les lieux où il y a de la n<strong>ou</strong>rriture et où ils seront tranquilles. C’est ce que l’on<br />
appelle la capacité biotique <strong>du</strong> milieu<br />
Modélisation par zone : une approche qui n’est pas satisfaisante au point de vue pratique consiste à déclarer qu’un gr<strong>ou</strong>pe de<br />
<strong>renard</strong> se sédentarise dans une zone définie. Même si cette modélisation n’est pas vérifiable sur le terrain elle permet de<br />
comprendre l’aspect migratoire et l’impact sur la fécondité. Cette approche n’a donc pas un caractère scientifique, elle vise à<br />
mettre en évidence des interactions qui seraient trop diffuses p<strong>ou</strong>r être observées réellement.<br />
Si le milieu peut supporter 10 <strong>renard</strong>s, si on tue les 10, il y a migration de <strong>renard</strong>s d’une autre zone p<strong>ou</strong>r arriver au final à 10. Si<br />
le même milieu contient plus de 10 alors le surnombre va coloniser un autre territoire (par exemple des espaces urbains….) <strong>ou</strong><br />
alors rester sur le même site avec un territoire p<strong>ou</strong>r chaque indivi<strong>du</strong> plus petit si la n<strong>ou</strong>rriture est présente en grande quantité.<br />
Quand il n’y a plus assez de n<strong>ou</strong>rriture alors le surnombre va forcément partir.<br />
Comme la fécondité des <strong>renard</strong>s est proportionnelle à la quantité de n<strong>ou</strong>rriture qu’il peut tr<strong>ou</strong>ver, créer des vides en exterminant<br />
des <strong>renard</strong>s stimule la repro<strong>du</strong>ction car les zones vidées de <strong>renard</strong>s connaissent une surpopulation parmi les rongeurs qui n’ont<br />
plus de prédateurs. Les <strong>renard</strong>s des zones limitrophes sont attirés par cette abondance de n<strong>ou</strong>rriture, les naissances sont plus<br />
nombreuses, les vides sont vite comblés comme n<strong>ou</strong>s le verrons sur le schéma suivant.<br />
De façon schématique si n<strong>ou</strong>s considérons des zones qui permettent de n<strong>ou</strong>rrir et d’héberger un nombre optimum <strong>renard</strong>s.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 11
Le ret<strong>ou</strong>r est d’autant plus rapide que la disparition des prédateurs entraîne la multiplication des rongeurs qui attireront plus de<br />
<strong>renard</strong>s. Ainsi l’état stable de départ sera dépassé, par le jeu des migrations et des naissances n<strong>ou</strong>s obtiendrons rapidement une<br />
surpopulation dans chaque zone. C’est le principe de l’action et de la réaction, mais où la réaction n’est pas contrôlée et devient<br />
incontrôlable. Au b<strong>ou</strong>t d’un certain temps chaque zone retr<strong>ou</strong>ve sa population nominale mais cela se tra<strong>du</strong>it par une augmentation<br />
de la surface totale des territoires colonisés par les <strong>renard</strong>s.<br />
L’extermination est le meilleur moyen de faire migrer les populations vulpines et de faire progresser les zoonoses. L’idée<br />
est donc de sédentariser au mieux les populations en régulant le nombre d’animaux p<strong>ou</strong>r éviter le surnombre.<br />
Directeurs de plusieurs parcs zoologiques, le Dr Haelewyn relate une expérience vécue par des collègues en milieu rural où<br />
l’intrusion des <strong>renard</strong>s est problématique p<strong>ou</strong>r la bonne gestion des animaux contenus dans les zoos. Une enceinte clôturée avec<br />
des fils électrifiés ne parvient pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à empêcher le <strong>renard</strong> opportuniste d’y pénétrer. Un piégeage intensif aut<strong>ou</strong>r <strong>du</strong> zoo<br />
était opéré sans résultat. En arrêtant le piégeage, les intrusions ont vite cessé : les <strong>renard</strong>s qui ont fait l’expérience de la clôture<br />
électrifiée intègrent la notion que le zoo n’appartient pas à leur territoire et n’y reviennent plus. En exterminant ces <strong>renard</strong>s<br />
expérimentés, le vide créé a fait venir des <strong>renard</strong>s qui chercheront à s’intro<strong>du</strong>ire dans le zoo, statistiquement certains y<br />
arriveront. Cet exemple illustre la faculté d’adaptation <strong>du</strong> <strong>renard</strong> à son milieu et que la sédentarisation est la solution de la<br />
problématique qui se pose.<br />
Cette approche est bien évidemment théorique car il n’a jamais été possible d’éliminer totalement des <strong>renard</strong>s sur une zone<br />
donnée.<br />
Le raisonnement en milieu clos invite à penser qu’il faut donc mettre en œuvre un système de gestion scientifique des espèces<br />
p<strong>ou</strong>r :<br />
1) dénombrer les animaux de chaque espèce et évaluer les seuils tolérables p<strong>ou</strong>r l’environnement<br />
2) capturer les <strong>renard</strong>s p<strong>ou</strong>r les identifier (tat<strong>ou</strong>ages), opérer une prise de sang p<strong>ou</strong>r les étudier et détecter les zoonoses,<br />
injecter le vermifuge, relâcher le nombre tolérable p<strong>ou</strong>r la zone.<br />
Cette méthode n’est en fait pas réalisable car personne n’est arrivé à ce j<strong>ou</strong>r à déterminer la densité optimale de <strong>renard</strong> dans une<br />
zone. Il a été remarqué sur le terrain que des zones similaires ne se peuplaient pas de la même façon. Les moyens humains seraient<br />
trop importants et certainement trop intrusifs (problème connu de l’observateur qui perturbe l’expérience et en fausse les<br />
mesures). Un <strong>renard</strong> p<strong>ou</strong>vant se déplacer de 30 km par j<strong>ou</strong>r, la grande mobilité rend impossible de fait le dénombrement de ces<br />
animaux plutôt nocturnes.<br />
Il importe donc de privilégier le réseau de surveillance de la <strong>maladie</strong> et informer la population de la réalité des risques. Les<br />
méconnaître est une forme d’inconscience, générer une psychose fera que la peur de la <strong>maladie</strong> fera plus de victimes que la<br />
<strong>maladie</strong> elle-même. Il convient d’établir une communication digne de ce nom en fonction des progrès réalisés par les scientifiques<br />
français.<br />
Un financement <strong>du</strong> Conseil Général <strong>du</strong> Nord sera requis p<strong>ou</strong>r cette mission dont l’intérêt sanitaire est démontré par ce<br />
rapport.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 12
I) Etude et Suivi des Renards en Ville (Communauté de communes d’Annemasse)<br />
L'Entente Interdépartementale de Lutte contre la<br />
Rage et autres Zoonoses (E.R.Z.), située à<br />
Malzéville (Meurthe et Moselle), est un<br />
établissement public interdépartemental. La lutte<br />
active de cet établissement contre la rage a<br />
permis à la France d'être totalement libérée de<br />
cette <strong>maladie</strong>. Auj<strong>ou</strong>rd'hui l'E.R.Z. s'attache au<br />
problème de l'échinococcose <strong>alvéolaire</strong>,<br />
transmise par un ver qui infecte les <strong>renard</strong>s et les<br />
campagnols. Cette <strong>maladie</strong> mortelle peut<br />
atteindre l'homme.<br />
L'Entente mène actuellement un projet de cartographie de la<br />
présence <strong>du</strong> parasite en France. En 2003, l'équipe de terrain de<br />
l'E.R.Z. avec l'aide de nombreux acteurs locaux (Fédération<br />
Départementale des Chasseurs, Lieutenants de L<strong>ou</strong>veterie,<br />
Piégeurs, Office National de la Chasse,...) vont capturer des<br />
<strong>renard</strong>s en périphérie de l'agglomération annemassienne et à<br />
l'intérieur de la commune p<strong>ou</strong>r leur poser des colliers<br />
émetteurs. Ces derniers vont permettre de suivre les <strong>renard</strong>s<br />
pendant un an et de réaliser des cartes représentant leur<br />
domaine vital.<br />
Parallèlement à cela, ils vont collecter des crottes de <strong>renard</strong>,<br />
repérer des terriers, poser des cages pièges en milieu rural et<br />
urbain et si possible, dans des jardins privés où des <strong>renard</strong>s<br />
auront été observés. La zone d'étude sera constituée de la<br />
communauté de communes de l’agglomération d’Annemasse<br />
soit les communes suivantes : Annemasse, Gaillard, Vetraz-<br />
Month<strong>ou</strong>x, Ville-la-Grand, Etrembières et Ambilly.<br />
L'E.R.Z. sollicite de<br />
la population, son<br />
participation. En<br />
effet, si des <strong>renard</strong>s<br />
sont vus en ville, si<br />
des terriers sont<br />
déc<strong>ou</strong>verts <strong>ou</strong> si ces<br />
<strong>renard</strong>s sont tr<strong>ou</strong>vés<br />
renversés par des<br />
voitures, le personnel<br />
de l'E.R.Z. serait<br />
reconnaissant<br />
d'obtenir ces<br />
informations.<br />
D'autre part, il est demandé à la population de ne pas<br />
s'inquiéter en voyant des personnes la nuit, brandissant des<br />
antennes <strong>ou</strong> des phares depuis les voitures <strong>ou</strong> encore faisant<br />
des manipulations de <strong>renard</strong>s.<br />
DANS TOUS CES CAS, IL FAUT CONTACTER :<br />
• L'Entente au 03 83 29 07 79 <strong>ou</strong> 06 07 68 56 64<br />
<strong>ou</strong> 06 18 42 78 79 <strong>ou</strong> 06 80 36 22 05<br />
• La Fédération Départementale des Chasseurs<br />
de Haute-Savoie au 04 50 46 88 89 (M. Pasquier),<br />
• L'O.N.C.F.S. au 04 50 52 49 14 (M. Herbaux),<br />
• Les Piégeurs au 04 50 59 28 66 (M. Longeray),<br />
• Les L<strong>ou</strong>vetiers au 04 50 36 44 13 (M. Oddon).<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 13
J) Lexique<br />
Il m’apparaît important de dresser un lexique des termes utilisés dans ce rapport, certains mots employés par la communauté<br />
scientifique peuvent ne pas être compréhensibles p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s. Ce lexique a été conçu par Mme Sabine Lemarquier, professeur de<br />
biologie.<br />
Page 1<br />
1 ver échinocoque : petit ver plat, de 2 à 3 mm de long. Il vit à l’état a<strong>du</strong>lte dans l’intestin des <strong>renard</strong>s, des chiens et des chats.<br />
C’est un parasite.<br />
Page 2<br />
2Agent infectieux (<strong>ou</strong> pathogène) : micro-organisme responsable d’effets morbides sur l’organisme (entraîne une <strong>maladie</strong>)<br />
3 Hôte : être vivant (homme, animal, végétal) qui abrite un parasite<br />
4 Hôte intermédiaire : hôte qui héberge la forme larvaire <strong>du</strong> parasite, éventuellement capable de se repro<strong>du</strong>ire (ce n’est pas le cas<br />
de l’échinocoque)<br />
4 Hôte définitif : organisme dans lequel le parasite atteint le stade a<strong>du</strong>lte et se repro<strong>du</strong>it<br />
Porteur sain : il ne présente pas de signe de l’infection mais est contaminé (c’est à dire non malade lui-même mais contagieux)<br />
5 Protoscolex : néologisme composé <strong>du</strong> préfixe proto et <strong>du</strong> mot scolex. Le scolex est la « tête » <strong>du</strong> ver parasite. On comprend par<br />
protoscolex la forme larvaire <strong>du</strong> ver a<strong>du</strong>lte.<br />
Page 3<br />
6 Sérodiagnostique (test sérologique) : recherche de l’agent causal d’une <strong>maladie</strong> par la mise en évidence des anticorps<br />
spécifiques dans le sang d’un patient.<br />
7 Test ELISA (sérodiagnostique) (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay)<br />
C’est un dosage immuno-enzymatique. Il permet de détecter, à l’aide d’anticorps marqués, et à l’aide d’une réaction enzymatique,<br />
la présence des anticorps spécifiques d’un antigène.<br />
8 Echographie : technique médicale permettant l’exploration d’un organisme en transformant en images, à l’aide d’un ordinateur,<br />
des signaux émis s<strong>ou</strong>s la forme d’ultra-sons.<br />
Page 4<br />
9Sylvatique : relatif aux forêts<br />
10 Erratisme : qui n’a aucune régularité – instable , inconstant, fluctuant, .<br />
Page 5<br />
11 Abortif : - se dit d’un pro<strong>du</strong>it, d’un procédé qui provoque l’avortement<br />
- qui s’arrête avant le terme de son évolution normale<br />
12Prédisposition<br />
immunogénétique : Certaines pathologies se déclarent plus facilement chez certaines personnes en fonction de<br />
leurs gènes. T<strong>ou</strong>t le monde n’est pas égal face aux <strong>maladie</strong>s. Dans le cas de l’échinococcose <strong>alvéolaire</strong> la majorité de la population<br />
restera insensible à l’exposition à l’agent infection qu’est l’œuf d’échinocoque. Le système immunitaire est préprogrammé p<strong>ou</strong>r se<br />
débarrasser <strong>du</strong> parasite. Certaines personnes seront infectées car elles ne possèdent pas ces moyens de défense. La recherche<br />
génétique a permis récemment d’inventorier l’ensemble <strong>du</strong> génome humain.<br />
Des particularités <strong>ou</strong> caractéristiques héritées des ascendants montrent que certaines familles sont plus t<strong>ou</strong>chées par des<br />
pathologies, c’est ainsi que l’on peut tenter d’isoler les gènes liés à celles-ci. Un gène étant une sorte de programmation de<br />
messagers chimiques, déc<strong>ou</strong>vrir le gène responsable permet de définir la sensibilité à un agent infectieux <strong>ou</strong>, au contraire, la<br />
résistance à cet agent. Ceci permettra de créer de n<strong>ou</strong>velles molécules p<strong>ou</strong>r combattre une <strong>maladie</strong> <strong>ou</strong> permettre de mieux y<br />
résister en apportant à l’organisme les défenses qui lui font défaut. C’est une voie de recherche prometteuse dans le cas de<br />
l’échinococcose <strong>alvéolaire</strong>. (Note de Hervé Dizy)<br />
13 Dessication : élimination de l’humidité d’un corps.<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 14
Page 6<br />
14 Prévalence : rapport <strong>du</strong> nombre de cas d’un tr<strong>ou</strong>ble morbide à l’effectif total d’une population, sans distinction entre les cas<br />
n<strong>ou</strong>veaux et les cas anciens, à un moment <strong>ou</strong> pendant une période donnés. Dans notre cas n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vons l’assimiler à un taux<br />
d’infection.<br />
15 Endémie : présence habituelle d’une <strong>maladie</strong> dans une région géographique déterminée et qui s’y manifeste soit constamment,<br />
soit épisodiquement.<br />
Page 7<br />
16 Zoonose : <strong>maladie</strong> infectieuse atteignant les animaux et qui peut être transmise à l’homme (exemple : rage, peste)<br />
17 Vulpine : Le <strong>renard</strong> est désigné par l’appellation vulpus vulpus en zoologie. L’adjectif a été créé p<strong>ou</strong>r désigné le <strong>renard</strong> bien<br />
qu’il ne figure pas dans le Lar<strong>ou</strong>sse 2002.<br />
18 Immunodéprimé : caractérise une personne, un indivi<strong>du</strong> dont le système immunitaire (barrières de défense de l’organisme) est<br />
affaibli. Les transplantés prennent des médicaments anti-rejets p<strong>ou</strong>r éviter que le système immunitaire ne rejettent le transplant. Le<br />
virus <strong>du</strong> SIDA détruit le système immunitaire. Dans les deux cas, la résistance aux agents pathogènes est moindre, l’organisme ne<br />
peut réguler la prolifération de ces agents pathogènes, l’infection se développe ainsi très vite. Le traitement de l’échinococcose<br />
<strong>alvéolaire</strong> consistait auparavant à greffer un n<strong>ou</strong>veau foie. Les chirurgiens sont plus réservés vis à vis de cette méthode car des<br />
récidives fulgurantes ont été constatées à cause des traitements anti-rejet.<br />
Page 10<br />
19 Prophylaxie : t<strong>ou</strong>te pratique préventive destinée à prévenir une <strong>maladie</strong> (exemple : mesures d’hygiène).<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 15
Conclusions <strong>du</strong> rapporteur :<br />
Il n’est pas possible d’associer systématiquement la présence des <strong>renard</strong>s à l’échinococcose. Il faut procéder à une étude sur<br />
la prévalence (taux d’infection) dans la région avant t<strong>ou</strong>t. T<strong>ou</strong>t ce qui peut être affirmé est qu’une profusion de <strong>renard</strong>s constitue<br />
un élément favorable à l’apparition de cette <strong>maladie</strong>, élément qui, en soi, n’est ni simplement nécessaire et ni simplement<br />
suffisant. Remarquons également que la prévalence dans une zone diminue en été et augmente en hiver car l’œuf échinocoque<br />
craint la chaleur mais pas le froid.<br />
Il faut t<strong>ou</strong>tefois prendre en considération que le <strong>renard</strong> a changé son comportement, il se rapproche de plus en plus des zones<br />
urbanisées où une n<strong>ou</strong>rriture abondante lui est assurée. Le <strong>renard</strong> s’adapte très facilement, il est opportuniste et rusé. Il grimpe<br />
aisément les clôtures <strong>ou</strong> les murs, il creuse mais il ne fera pas d’efforts inutiles, le bilan énergétique doit rester positif. En lui<br />
rendant la tâche difficile, il ira voir ailleurs. La fécondité <strong>du</strong> <strong>renard</strong> est proportionnelle à la quantité de n<strong>ou</strong>rriture qu'il peut<br />
tr<strong>ou</strong>ver, l'abondance de n<strong>ou</strong>rriture n<strong>ou</strong>s fait donc craindre que cette population vulpine continuera à progresser.<br />
Une prolifération de <strong>renard</strong>s est problématique parce qu’elle multiplie le risque de contact entre les agents infectieux de la faune<br />
sauvage et l’homme. La prolifération augmente la pression sur l’environnement <strong>du</strong> prédateur qui se t<strong>ou</strong>rne vers d’autres s<strong>ou</strong>rces<br />
de n<strong>ou</strong>rriture. Un <strong>renard</strong> croque à lui seul près de 6000 rongeurs par an. Le <strong>renard</strong> peut n<strong>ou</strong>s aider efficacement à éliminer les<br />
campagnols qui ruinent les cultures, les rats musqués qui minent les berges de c<strong>ou</strong>rs d’eaux et de nos fossés. Certaines pratiques<br />
agricoles favorisent le développement des rongeurs qui sont la plaie des agriculteurs. Actuellement ceux-ci se livrent à une guerre<br />
chimique contre les rongeurs par l’intermédiaire de poisons (anticoagulants) qui finissent forcément à nuire à d’autres espèces<br />
(lapins, lièvres, sangliers, oiseaux) qui seront chassés et consommés par des êtres humains. Le <strong>renard</strong> par cet aspect représente<br />
une alternative sé<strong>du</strong>isante p<strong>ou</strong>r réguler la population de rongeurs, mais les faits montrent que dans les zones de<br />
pullulation, il n’est pas suffisant p<strong>ou</strong>r contenir la prolifération des rongeurs. De plus, le <strong>renard</strong> est opportuniste, s’il lui faut<br />
attendre pendant des heures p<strong>ou</strong>r débusquer des rats, des taupes, des s<strong>ou</strong>ris et qu’il ne lui faut que quelques minutes p<strong>ou</strong>r piller un<br />
p<strong>ou</strong>lailler, v<strong>ou</strong>s devinerez facilement où se portera sa préférence. Nos habitudes de gaspillage n<strong>ou</strong>s amènent à remplir nos<br />
p<strong>ou</strong>belles d’aliments dont les rats et les <strong>renard</strong>s feront leur quotidien comme c’est le cas dans les grandes métropoles comme<br />
Londres, et, en zone urbaine, le <strong>renard</strong> n’a pas de prédateur naturel.<br />
Il n'existe pas de solution radicale p<strong>ou</strong>r lutter contre le problème de l’échinococcose. N<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vons limiter les facteurs<br />
favorisant la <strong>maladie</strong> en observant des mesures de précaution très simples que la population doit connaître et en luttant<br />
contre les rongeurs qui vont infecter les <strong>renard</strong>s et nos chiens et chats qui, s’ils sont infectés, représentent un grand risque<br />
car ils vivent avec n<strong>ou</strong>s. N<strong>ou</strong>s attendons une brochure d’information préparée et financée par les ministères de la Santé, de<br />
l’Agriculture, et de l’Ecologie et <strong>du</strong> Développement Durable, p<strong>ou</strong>r juin 2003. Une brochure détaillée d’information, préparée par<br />
l’Observatoire de l’Environnement de la Région de Franche-Comté, avec la participation de t<strong>ou</strong>s les chercheurs et acteurs<br />
régionaux, et financée par le Conseil Régional de Franche-Comté est disponible à l’adresse suivante : obs-envir@cr-franchecomte.fr<br />
Site internet sur le sujet : http://www.eurechinoreg.org<br />
Notes réalisées à partir de documents établis par Mme le Professeur Dominique Vuitton, de l’université de Franche-Comté,<br />
directeur <strong>du</strong> Centre Collaborateur de l’OMS p<strong>ou</strong>r la prévention et le traitement des échinococcoses humaines, Madame le<br />
Docteur Isabelle Bl<strong>ou</strong>in-Emery, Mme le Docteur Florence Cliquet, Directrice de l’AFSSA de Nancy, le Dr. Denis Augot de<br />
l’AFSSA de Nancy, le Dr. Franck B<strong>ou</strong>é de l’AFSSA de Nancy, M. Benoît Combes de l’ERZ (Entente interdépartementale de lutte<br />
contre la Rage et des Zoonoses de NANCY commissionné par les Conseils Généraux de 20 départements p<strong>ou</strong>r l’étude de<br />
l’échinococcose), le Dr Bernard Brochier de l’institut Pasteur de Bruxelles, le Dr vétérinaire Franck Haelewyn, directeur <strong>du</strong><br />
parc zoologique de Lille, Mme Sabine Lemarquier, professeur de biologie.<br />
Contact : Hervé DIZY<br />
hdizy@nordnet. fr<br />
<strong>Echinococcose</strong> <strong>alvéolaire</strong> – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 16