Structure des Liaisons dangereuses - Les liaisons dangereuses

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Les liaisons dangereuses : Choderlos de Laclos
Résumé et structure
Laclos avait prévu, à l'origine, de diviser son roman en deux parties, avec une coupure à la
lettre 70, on l'a vu. Il se ravise, par la suite et, dans un souci d'équilibre et de symétrie, il
finit par le décomposer en quatre parties : la première de la lettre 1 à la lettre 50, la
seconde des lettres 51 à 87, la troisième des lettres 88 à 124, et la quatrième des lettres
125 à 175 (soit 50 lettres en I, 37 en II et III, et 51 en IV). Ainsi, derrière une apparence
fragmentée et décousue, propre à tous les romans épistolaires, Les Liaisons dangereuses
présentent, dans leur version définitive, une structure d'ensemble claire et cohérente
et développent une intrigue relativement simple à résumer.
Première partie : projets et désirs de vengeance
Cette première partie, comme dans le premier acte d'une pièce classique, présente les
personnages principaux et expose les intrigues amoureuses qui se nouent entre eux. On
apprend ainsi que, pour se venger du Comte de Gercourt qui vient de l'abandonner (lettre
2), la Marquise de Merteuil a décidé de l'humilier en demandant à son ancien amant, le
Vicomte de Valmont, de déflorer puis de corrompre la jeune Cécile de Volanges, tout
juste sortie du couvent et que sa mère a promise en mariage au Comte. Mais Valmont
refuse cette mission en prétextant un projet plus ambitieux, celui de séduire une jeune
dévote, mariée depuis peu, la Présidente de Tourvel (lettre 4) qui séjourne alors, comme lui,
au château de Madame de Rosemonde, en attendant le retour de son mari, parti à Dijon.
L'arrivée du jeune chevalier Danceny auprès de Cécile et la naissance d'une idylle entre les
deux jeunes gens inexpérimentés (lettre 7), favorisée par Madame de Merteuil (lettre 16),
permettent dès lors à l'auteur de jouer sur la symétrie entre la rouerie du couple de
séducteurs et la candeur des deux ingénus.
Si les progrès de la séduction de Madame de Tourvel paraissent opposer de plus en plus
la Marquise, engagée par ailleurs dans une aventure avec Belleroche, et le Vicomte de
Valmont, la révélation que Madame de Volanges cherche à nuire à ce dernier en dévoilant
à la Présidente ses pratiques libertines (lettre 32) va contribuer, en revanche, à les
rapprocher et à faire converger leurs projets : Valmont, en effet, finit par accepter de se
venger de Madame de Volanges en « perdant » sa fille (lettre 44). La première partie,
néanmoins, s'achève sur une double rupture. Cécile, sur les conseils de son confesseur,
décide de ne plus correspondre avec Danceny (lettre 49); quant à Madame de Tourvel,
elle ordonne à Valmont, revenu à Paris, de ne plus lui écrire (lettre 50).
Deuxième partie : la suprématie de Merteuil
Au début de la seconde partie, Valmont et Merteuil se trouvent donc à Paris mais ne
parviennent pas à se rencontrer. Alors que la séduction de Madame de Tourvel ne
progresse guère, et que la timidité de Danceny désespère Valmont auquel il s'est confié
(lettres 53 et 57), la Marquise prend une initiative aussi surprenante que capitale ; en
révélant à Madame de Volanges l'amour de Cécile pour le jeune Chevalier, elle réussit à
la persuader d'éloigner la jeune fille et d'aller avec elle au château de Madame de
Rosemonde (lettre 63). Elle offre ainsi à Valmont un prétexte pour retourner chez sa
tante et mener à bien la reddition de la Présidente et la « perte » de Cécile.
Commencent alors des épisodes galants dont la succession traduit une surenchère dans
le libertinage. Valmont raconte d'abord son « réchauffé » avec la Vicomtesse de ***
(lettre 71) et met en garde la Merteuil contre les agissements de Prévan, un redoutable
libertin qui a réussi à séduire, simultanément, trois amies inséparables et à les ridiculis er.
Pour prouver sa supériorité, par rapport non seulement à Valmont mais aussi à l'ensemble
des femmes et des hommes de son temps et de son milieu (lettre 81), la Marquise décide
immédiatement de porter un coup fatal au prestige de Prévan ; elle lui tend un piège qui le
fait passer pour un « monstre » dont elle serait la victime vertueuse (lettres 86-87). La

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seconde partie s'achève ainsi sur la déconfiture du séducteur.
Troisième partie : les succès provisoires de Valmont
Dans cette partie, Valmont réussit, au moins partiellement, deux types opposés de
séduction. En premier lieu, une séduction rapide et sans gloire, celle de Cécile ; la
méthode en est simple : après avoir forcée la jeune fille à lui donner la clef de sa chambre,
avec l'aide involontaire de Danceny il est vrai, Valmont n'hésite pas à abuser d'elle
(lettre 96) et à vaincre ensuite ses réticences, avec l'aide cette fois de Merteuil, pour
parachever son entreprise de corruption (lettre 110).
Parallèlement, il poursuit avec succès une autre entreprise de séduction, autrement plus
longue et plus difficile, celle de la Présidente. Après avoir avoué son amour, l'austère
dévote, en effet, a regagné précipitamment Paris sans en avertir personne et il faudra que le
Vicomte fasse preuve dorénavant de beaucoup de maîtrise de soi pour surmonter son dépit
(lettre 100), et d'ingéniosité pour réussir à convaincre la céleste prude de le recevoir. Et là
encore, il sera contraint de faire appel à un tiers, le Père Anselme en l'occurrence, pour
parvenir à ses fins (lettres 119 à 124). Tout semble prêt, pourtant, à la fin de cette
troisième partie, pour assurer une victoire complète au séducteur, pour obliger
notamment la Marquise à tenir ses promesses et reprendre leur ancienne liaison.
Quatrième partie : l'engrenage fatal
La quatrième partie s'ouvre sur la victoire de Valmont, la capitulation de Madame de
Tourvel (lettre 125) et les mises en gardes tardives de Madame de Rosemonde (lettre
130). Désormais, les deux séducteurs sont face à face et se défient en un duel qui
ressemble de plus en plus à un règlement de comptes. Les événements se précipitent.
Valmont se dit prêt à sacrifier ses deux maîtresses, Madame de Tourvel et Cécile, pour
obtenir sa « récompense », à savoir une nouvelle liaison avec Madame de Merteuil
(lettre 133). Mais celle-ci, avant d'accorder quoi que ce soit, exige qu'il écrive à la
Présidente, sa rivale, une lettre de rupture dont elle lui propose le modèle (lettre 141).
Elle sait pertinemment que cette lettre, que Valmont s'empresse de recopier et d'envoyer
(lettre 142), anéantira la Présidente. Le zèle du Vicomte n'empêche pourtant pas la
Marquise de refuser de répondre favorablement à ses demandes de plus en plus
pressantes. Elle décide même, par provocation autant que par goût, de passer une nuit
avec Danceny, son nouvel amant (lettres 146-148).
Valmont, en apprenant cette trahison, arrange, pour se venger, un rendez-vous entre le
jeune chevalier et Cécile, à peine remise d'une fausse couche (lettre 153) : c'est la
guerre. Madame de Merteuil, humiliée d'avoir été ainsi délaissée, révèle alors à Danceny
la dépravation de sa jeune maîtresse ; sous le coup de la colère, il provoque Valmont en
duel (lettre 162) et le tue. Sa mort précipite celle de Madame de Tourvel. En
mourant, cependant, le Vicomte a remis sa correspondance à son jeune adversaire. Le
scandale éclate. Cécile, désespérée, se retire dans un couvent (lettre 170) et la Marquise
est démasquée et condamnée par l'opinion. Le châtiment, pour sa conduite infâme, ne tarde
pas : défigurée par la maladie et ruinée par la perte de son procès, elle s'enfuit en
Hollande. Danceny, quant à lui, s'exile à Malte (lettres 173 - 175) après avoir transmis
les lettres en sa possession à Madame de Rosemonde qui devient dès lors la seule
dépositaire de l'ensemble de la correspondance.