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IAL 87 - Coordination des Groupes Anarchistes

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Infos et Analyses Libertaires - N°<strong>87</strong><br />

LOGEMENT<br />

L’action directe, comme dans toutes les luttes, est un moyen efficace<br />

pour lutter contre la dictature du fric qui prétend nous empêcher<br />

d’habiter où on veut, comme on veut.<br />

RÉAPPROPRIONS-NOUS NOS LOGEMENTS !<br />

Pour le logement comme<br />

pour le reste, en<br />

l’absence de contrôle,<br />

c’est la loi du marché qui commande.<br />

Aujourd’hui, la hausse<br />

énorme <strong>des</strong> prix de l’immobilier<br />

(augmentation de 50 % <strong>des</strong><br />

loyers entre 2005 et 2010) démontre<br />

encore une fois que<br />

pour le logement comme pour<br />

le boulot, ce marché n’existe<br />

que pour enrichir une minorité.<br />

Résultat en 2011, d'après les<br />

chiffres de la fondation Abbé<br />

Pierre : 685 000 sans abri,<br />

3,6 millions de mal logé-es, 30<br />

à 40 mort-es du froid par an, et<br />

<strong>des</strong> hommes politiques qui<br />

veillent scrupuleusement à défendre<br />

les intérêts <strong>des</strong> propriétaires<br />

…<br />

L’arnaque du droit au logement<br />

opposable<br />

Après <strong>des</strong> années de dégradation<br />

<strong>des</strong> conditions d’accès au<br />

logement, la loi du 5 mars<br />

2007 dite du « Droit Au Logement<br />

Opposable » (DALO)<br />

était censée représenter<br />

l’arme ultime pour combattre<br />

le mal-logement. C’était sans<br />

compter sur le labyrinthe administratif<br />

décourageant<br />

dont elle était dotée dès l’origine.<br />

Afin d’appliquer la loi,<br />

<strong>des</strong> commissions de médiation<br />

ont été créées auprès <strong>des</strong><br />

préfectures. Ces commissions<br />

déterminent parmi les bénéficiaires<br />

potentiel-les du DALO<br />

ceux/celles qu’elles estiment<br />

être <strong>des</strong> demandeur-euses<br />

prioritaires que le préfet a<br />

alors 6 mois pour reloger<br />

dans le parc locatif social.<br />

Dans les faits, le préfet désigne<br />

alors un bailleur chargé<br />

de proposer un logement<br />

dans les délais indiqués.<br />

Dans les faits toujours, beaucoup<br />

de demandeur-euses reconnu-es<br />

prioritaires ne se<br />

voient proposer aucun logement<br />

ou bien alors <strong>des</strong> logements<br />

tout à fait inadéquats<br />

(trop petits, insalubres etc.)<br />

Alors intervient la possibilité<br />

d’attaquer l’État en justice. Et<br />

alors ? Toujours rien. Quatre<br />

ans après la mise en place de<br />

la loi, l’État n’a été condamné<br />

qu’une fois, en décembre dernier.<br />

Le droit au logement opposable<br />

est donc à ranger parmi<br />

ces mesures qui font diversion<br />

comme d’autres encore,<br />

restées lettre morte. Depuis<br />

1958, les préfets peuvent, en<br />

théorie, procéder à la réquisition<br />

<strong>des</strong> logements vi<strong>des</strong> et –<br />

tout comme les maires - ils<br />

peuvent en principe surseoir<br />

aux expulsions locatives, attribuer<br />

<strong>des</strong> ai<strong>des</strong> financières au<br />

déménagement etc. Les communes<br />

sont également<br />

astreintes à accueillir 20 %<br />

de logements sociaux sous<br />

peine d’amende. Aujourd’hui,<br />

que sont devenues ces lois ?<br />

Les autorités font mine de les<br />

avoir oubliées et les associations<br />

mobilisées sur le logement<br />

sont bien seules à essayer<br />

d’en faire valoir<br />

l’existence.<br />

Criminaliser les pauvres,<br />

encore et toujours !<br />

À l’inverse, depuis 2008, ce<br />

sont plus de trois années de<br />

droite libérale qui se sont<br />

écoulées avec pour unique<br />

programme en matière de logement,<br />

celui de la matraque<br />

et du bulldozer. En témoigne<br />

la toute dernière loi LOPP-<br />

SI 2 votée le 8 février dernier,<br />

dont l’article 32 ter A<br />

s’attaque à tou-tes les mal-logé-es<br />

(voir <strong>IAL</strong> n°86). Sous<br />

prétexte d'« atteinte à la salubrité,<br />

à la sécurité ou à la tranquillité<br />

publiques », le préfet<br />

pourra, dans un délai de 48<br />

heures, ordonner l'évacuation<br />

de terrains ou d'habitats<br />

occupés illégalement, en menaçant,<br />

si besoin est, de<br />

détruire les installations<br />

ayant servi à l'occupation. Au-<br />

tant dire que ceux qui<br />

tentent tant bien que mal de<br />

se loger en squattant ou en<br />

baladant leurs caravanes ici<br />

ou là, seront de fait dans le<br />

collimateur <strong>des</strong> flics.<br />

Et le gouvernement ne<br />

semble pas s’arrêter en si bon<br />

chemin. Le 2 mars dernier,<br />

Dominique Perben, ancien<br />

ministre de la justice, présentait<br />

un projet de loi visant<br />

l’expulsion sans délai, sans recours<br />

et pendant la trêve hivernale,<br />

<strong>des</strong> locataires en situation<br />

d’impayés de loyer.<br />

Qualifié-es « d’escrocs » par<br />

Perben lui-même, ces dernieres<br />

se retrouveraient sur un<br />

fichier signalant les cas de<br />

« récidives », comme s’il<br />

s’agissait de criminel-les relevant<br />

du pénal… Faire appliquer<br />

le droit <strong>des</strong> propriétaires,<br />

encore et toujours,<br />

quitte à foutre toujours plus<br />

de gens à la rue, voilà le seul<br />

programme du gouvernement<br />

!<br />

On a tou-tes droit à un<br />

logement décent !<br />

Aujourd’hui les luttes pour le<br />

logement existent partout et<br />

plusieurs associations militent<br />

pour le droit au logement<br />

et la défense <strong>des</strong> locataires<br />

contre les marchands<br />

de sommeil. À côté de ce travail<br />

social indispensable, l’action<br />

directe, comme dans<br />

toutes les luttes, est un<br />

moyen efficace pour lutter<br />

contre la dictature du fric qui<br />

prétend nous empêcher d’habiter<br />

où on veut, comme on<br />

veut. Et dans de nombreux<br />

cas, les luttes pour le logement<br />

rejoignent également<br />

celles pour l'autonomie,<br />

1 Popularisés par le syndicat <strong>des</strong> locataires créé en 1909, le déménagement à la cloche de bois consiste en un départ discret d'un locataire ne pouvant<br />

plus payer son loyer, celui-ci étant aidé pour l'occasion par un ou deux copains anarchistes. A noter que l'impossibilité de payer son loyer se traduisait<br />

souvent par la confiscation <strong>des</strong> biens <strong>des</strong> locataires par les propriétaires.

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